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AGREGATION DE PHYSIQUE

MONTAGES DE PHYSIQUE

2018-2019

Rédacteur principal :

Philippe NOUET
Professeur agrégé à l’université de Rennes 1

Collaborateurs :
Alain Gellé
Jérome Lambert
Denis Rouède
Christophe Beaugendre
Jean René Thébault
Claude Ecolivet
SOMMAIRE

M 01 Dynamique du point et du solide….…………………………..…... p. 1


M 02 Surfaces et interfaces…………………………………………........ p. 35
M 03 Dynamique des fluides ………………………………………........ p. 55
M 04 Capteurs de grandeurs mécaniques ……………………………..... p. 63
M 05 Mesure de température …………………………...……………..... p. 73
M 06 Transitions de phase ………………………………………….…... p. 91
M 07 Instruments d’optique ……………………………….………..…... p. 103
M 08 Interférences lumineuses ………………………………….…….… p. 123
M 09 Diffraction des ondes lumineuses …………………….……….….. p. 141
M 10 Spectrométrie optique …………………………………….………. p. 159
M 11 Emission et absorption de la lumière ……………………...……… p. 167
M 12 Photorécepteurs …………………….…………………….…..…… p. 177
M 13 Biréfringence, pouvoir rotatoire ………….……………..………… p. 195
M 14 Polarisation des ondes électromagnétiques….…………………..... p. 221
M 15 16 Magnétisme …………………………………..…………………… p. 237
M 17 18 Métaux, Matériaux Semi-conducteurs ……………………….…… p. 265
M 19 Effets capacitifs …………………………………………………… p. 285
M 20 Induction, auto-induction ………………………………………… p. 303
M 21 Production et conversion d'énergie électrique...……………..….… p. 329
M 22 Amplification de signaux ……………………………………….… p. 355
M 23 Mise en forme, transport et détection de l’information ………..…. p. 375
M 24 Signal et bruit ......................................................…..……………… p. 395
M 25 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) ... p. 437
M 26 Mesure de longueurs …………………….………………………… p. 449
M 27 (1) Systèmes bouclés (Oscillateurs exclus) ………..……………….…. p. 459
M 27 (2) Systèmes bouclés (Oscillateurs auto entretenus) ………………….. p. 507
M 28 Instabilités et phénomènes non – linéaires ………………………… p. 537
M 29 Ondes : propagation et conditions aux limites …..………………… p. 559
M 30 Acoustique ………………………………………………………… p. 593
M 31 Résonance ……………………………………….………………… p. 609
M 32 Couplage des oscillateurs …………………………………….…… p. 625
M 33 Régimes transitoires ………………………………………….…… p. 641
M 34 Phénomènes de transport …………………………………….….… p. 669
M 35 Moteurs ……………………………………………………….…… p. 683
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

DYNAMIQUE DU POINT ET DU SOLIDE

I Mouvements de translation (rectiligne, curvilignes)


Dans ce cas, le mouvement d’un solide se
ramène à l’étude de celui de son centre de gravité → Dynamique du point pure et dure !

Exemple de la chute libre (mouvement de translation rectiligne) : enregistrement vidéo, exploitation


sous latis pro, vérification de dp/dt = ΣFext, étude énergétique

II Mouvements de rotation

2.1 Solide en rotation autour d’un axe soumis à un couple constant


V.2 du topo

L’idée est de montrer que la masse n’est plus le seul paramètre d’influence pour décrire les
mouvements de rotation puisqu’il faut aussi prendre en compte les moments d’inertie → faire la
manip deux fois avec les mêmes masses mais avec distances différentes → la masse est la même
mais les résultats ne sont pas les mêmes puisque l’inertie change.

2.2 Le pendule pesant


Cf. nouveau topo

L’idée est de voir dans quel cas on peut négliger l’inertie pour pouvoir décrire le phénomène avec la
mécanique du point.

DYNAMIQUE DU POINT ET DU SOLIDE


2014, 2015, 2016 Dynamique newtonienne : Contrairement à une idée apparemment répandue chez les candidats, les
mesures précises en mécanique ne sont pas nécessairement hors d'atteinte, et il est possible de discuter quantitativement
une loi de conservation en prenant en compte les incertitudes expérimentales. Par ailleurs, le jury constate que les
mobiles autoporteurs donnent le plus souvent lieu à des expériences trop simples, mal exploitées quantitativement et
coûteuses en temps, au détriment d’expériences plus en accord avec le niveau attendu à l’agrégation ; une
informatisation de ces expériences serait profitable pour éviter des erreurs de mesures et limiter leurs durées.
2013 Quantité de mouvement, moment cinétique et énergie en mécanique classique : Contrairement à une idée
apparemment répandue chez les candidats, les mesures précises en mécanique ne sont pas nécessairement hors
d'atteinte. L'étude quantitative du moment cinétique est très peu abordée. L'étude des solides en rotation est
essentiellement limitée au gyroscope, dont le principe est par ailleurs souvent mal compris.
2012 Quantité de mouvement, moment cinétique et énergie en mécanique classique : Il faut bien différencier mécanique
du point et mécanique du solide pour valider un modèle théorique. Les trois aspects de l'intitulé sont d'égale importance.
Les systèmes isolés ou pseudo-isolés ne sont pas les seuls pouvant illustrer ce montage. On se reportera aussi au
paragraphe (ci-dessus) « Comment élargir l'éventail des expériences » (accéléromètres des appareils grand public, effet
Doppler...)
1998 Les lois de la mécanique newtonienne sont celles correspondant aux propriétés de la quantité de mouvement, du
moment cinétique et de l'énergie mécanique. Une au moins des expériences présentées doit concerner la rotation du
solide, mouvement dont l'importance est considérable. Les lois phénoménologiques (résistance des matériaux, loi de
HOOKE, lois du frottement, ...) sont souvent utilisées dans les sciences appliquées mais n'ont pas à être évoquées dans
ce montage.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SURFACES ET INTERFACES

2017 Le jury a vu de bons montages dans ce domaine. La notion d’hystérèse de l’angle de contact pour améliorer la
mesure de la tension de surface par l’étude de la loi de Jurin a été appréciée.
2015, 2016 Surfaces et interfaces : Le principe de certaines mesures est mal maîtrisé. Par exemple, la mesure de la
tension de surface par la balance d’arrachement nécessite d’avoir compris avec précision la nature des forces en jeu lors
de la rupture du ménisque pour pouvoir justifier la formule qui est utilisée. Plus généralement, il convient de préciser
clairement l’interface étudiée lorsqu’une expérience fait intervenir plus de deux phases. Enfin, il faut veiller à nettoyer
le mieux possible les surfaces étudiées plutôt que de justifier de mauvais résultats par une « saleté » sensée excuser des
écarts parfois excessifs aux valeurs tabulées. Une alternative à laquelle les candidats pourraient penser serait d’utiliser
des fluides de plus basse tension superficielle que l’eau et donc moins sensibles aux pollutions.
2014 Surfaces et interfaces : De bons montages ont été vus sur ce sujet. Toutefois, le principe de certaines mesures est
mal maîtrisé. Par exemple, la mesure de la tension de surface par la balance d’arrachement nécessite d’avoir compris
avec précision la nature des forces en jeu lors de la rupture du ménisque pour pouvoir justifier la formule qui est
utilisée. Plus généralement, il convient de préciser clairement l’interface étudiée lorsqu’une expérience fait intervenir
plus de deux phases. Enfin, il faut veiller à nettoyer le mieux possible les surfaces étudiées plutôt que de justifier de
mauvais résultats par une « saleté » sensée excuser des écarts parfois excessifs aux valeurs tabulées.
2013 Phénomènes de surface : Ce montage se limite trop souvent aux liquides et a l'étude de la tension Superficielle. Le
titre est pourtant large et n'exclut pas les surfaces solides.
2011, 2012 Phénomènes de surface : La tension superficielle (intitulé 2010) n'est pas le seul phénomène de surface
pouvant être mis en évidence.
2010 Tension superficielle : Ce montage comporte des mesures délicates qui, si elles sont bien exécutées avec un
protocole précis, peuvent mettre en valeur l'habileté expérimentale du candidat. Il peut par contre donner lieu à des
prestations décevantes si les candidats ignorent les difficultés de ces mesures. L’intitulé devient phénomènes de surface
en 2011. Le jury espère ainsi augmenter la variété des expériences possibles.
2009 Tension superficielle : Ce montage est choisi par de nombreux candidats et donne lieu, le plus souvent, à des
prestations décevantes lorsque les candidats ignorent la difficulté des mesures de tension superficielle.
2008 Tension superficielle : Les balances d’arrachement sont délicates à utiliser, il est nécessaire de bien comprendre
leur fonctionnement. Les ondes capillaires ne s’observent que pour un certain domaine de longueurs d’onde.
2007 Tension superficielle : Si le candidat souhaite utiliser une balance d’arrachement, il est invité à en choisir une dont
il maîtrise le fonctionnement. L’utilisation d’une webcam pour la loi de Jurin donne de meilleurs résultats qu’une
projection à l’aide d’une lentille.
2006 Tension superficielle. Ce sujet, souvent choisi, cette année a été réussi de manière inégale. Il demande un soin
expérimental tout particulier. Les mesures nécessitent de se placer en régime statique.
2005 Dans la détermination de tensions superficielles par arrachement, une meilleure maîtrise du protocole de mesure
permettrait une discussion des incertitudes.
2000 Les modes à la surface libre d'un liquide sont rarement évoqués.
1999 La notion de longueur capillaire semble inconnue à la plupart des candidats. De simples considérations
dimensionnelles permettent d'en retrouver l'expression.
1997 Dans le montage sur la tension superficielle, il est dommage de se limiter à des mesures en régime statique. On
peut élargir l'étude à la propagation des ondes de surface (relation de dispersion, atténuation).
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURE DE TEMPERATURE
Principe du thermomètre a gaz
→ § 2.1 et 2.2

Résistance de platine
Mesure de R0, stabilité du milieu → § 3.1.1

Mesure de la t° d’ébullition de l’eau → § 3.1.2

Mesure 4 fils → § 3.1.3

Les Camera IR
C’est une méthode actuelle de mesure (dans le bâtiment pour l’isolation).
Problème une seule disponible a rennes et envoyée à l’oral du capes…

La thermistance
Mesures et exploitation
→ § 4.2.1 et 4.2.2 (on peut faire les mesures avec le
thermocouple en même temps).

Thermocouple
→ § 4.3.2

Rapports :
2014 2015 Mesure de température : De nombreux candidats utilisent à bon escient les échelles secondaires de
température (résistance de platine) et ont compris que la notion de point fixe est essentielle pour l’établissement d’une
échelle thermométrique. En revanche, certains ignorent encore les mécanismes physiques mis en jeux dans les différents
capteurs qu’ils utilisent et ne réfléchissent pas suffisamment à la précision requise lors de l’utilisation d’un thermomètre
« de référence ». Enfin, il serait intéressant de faire intervenir des capteurs de température plus modernes, comme des
caméras infra-rouge.
2013 Thermométrie : Les candidats utilisent en général à bon escient les échelles secondaires de température (résistance
de platine). Les mécanismes physiques mis en jeux dans les différents capteurs utilisés doivent être connus. La notion
de point fixe est essentielle pour l’établissement d’une échelle thermométrique.
2012 Thermométrie : Ce montage est trop souvent réduit à un catalogue de capteurs thermométriques sans hiérarchie :
la notion de points fixes est trop souvent inexploitée, ou mal exploitée. En 2013, il devient « Echelles et mesures de
température ». Lors de l'utilisation de thermocouples, il faut en connaître le principe, la température de référence, et le
domaine de validité. Ceci vaut aussi pour le montage suivant.
2011Thermométrie : Ce montage est trop souvent réduit à un catalogue de capteurs thermométriques sans hiérarchie.
2010 Thermométrie : Comme recommandé dans les précédents rapports, les candidats utilisent en général à bon escient
les échelles secondaires de température (résistance de platine). Les mécanismes physiques mis en jeux dans les
différents capteurs utilisés doivent être connus. La notion de point fixe est essentielle pour l’établissement d’une échelle
thermométrique. Il est important de faire la différence entre mesure et repérage de température.
2009 Thermométrie : On attend dans ce montage des manipulations plus pertinentes que l’étalonnage d’une résistance
de platine par un thermomètre à mercure. La notion de point fixe doit être connue.
2008 Thermométrie : Ce montage ne peut pas se résumer à une simple comparaison de capteurs. La notion d’échelle de
température doit être dégagée. Le jury rappelle le statut particulier des thermomètres de référence (thermomètre à gaz et
résistance de platine) et des points fixes.
2006 Thermométrie. Il est important de dominer les notions de bases de la thermométrie ainsi que le principe de
fonctionnement des différents thermomètres utilisés.
2000 Thermométrie : capteurs, points fixes, étalonnages, mesures : Deux types de thermistances existent, dénommées
CTP lorsque la résistance augmente avec la température, et CTN dans le cas contraire. Certains candidats ont fait des
confusions à ce sujet. Dans le cas des CTN à semi-conducteur, il convient d'explorer une gamme de températures
suffisamment large si l'on veut vérifier la relation R = R0 exp(Eg/kT) sur l'étendue 20'C 50'C, la courbe donnant R -
g(T) peut tout à fait s'avérer aussi proche d'une droite que la courbe donnant Log (R) = f(I/T)...
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

TRANSITIONS DE PHASE

Equilibre S ↔ L
Mono variance de l’équilibre
Solidification de l’étain → § II.1 : attention, manip
dangereuse !!
Phénomène de surfusion
→ § II.2 (avec l’acide acétique) pas nécessaire si c’est
visible sur l’étain !!

Equilibre L ↔ G
Mesure d’une chaleur latente de vaporisation
Indispensable → par Calorimétrie III.2
(cf. remarque du jury) et/ou par Clapeyron III.3.
Influence de la pression
Peut se faire avec la manip du point triple

Etude des points particuliers du diagramme P(T)

Etude du point triple


→ § IV.1 : on peut se servir de la manip Clapeyron en
l’allégeant

Etude du point critique


→ § IV.2 (plus longue et interprétation plus délicate). A
noter qu’il existe un autre dispositif à l’ENS ULM (cf. poly présent dans le dossier étudiant)
permettant cette étude qui sera à l’oral. Elle est présente à Rennes en TP de L2 mais on ne peut pas
la transporter à cause du bain de mercure. On peut envisager de faire une séance particulière pour
voir cette expérience (pendant la séance de révision par exemple).

Transitions structurelles et magnétiques


Petites manip qui permettent de « passer le temps »
en attendant les résultats des manips quantitatives

Transition Fe  Fe


→ § V.1

Transition ferro- para du Fer


→ § V.2

Effet supra

2015 Transitions de phase : Ce montage doit être quantitatif et il ne faut donc pas se limiter à une série d’expériences
qualitatives mettant en évidence des transitions de phases dans différents systèmes. Il faut, lors des mesures, avoir bien
réfléchi aux conditions permettant d'atteindre l'équilibre thermodynamique. Dans ce domaine, les mesures « à la volée »
sont souvent très imprécises. Une grande attention doit être apportée à la rigueur des protocoles employés. Enfin, il faut
rappeler aux candidats que le diazote n’est pas le seul liquide dont il est possible de mesurer la chaleur latente de
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

vaporisation et que plonger un corps solide dans un liquide conduit à l’existence d’une force appelée poussée
d’Archimède.
2013 2014 Transitions de phase : Ce montage doit être quantitatif. Il faut pour cela avoir bien réfléchi aux conditions
permettant d'atteindre l'équilibre thermodynamique. Dans ce domaine, les mesures « à la volée » sont souvent très
imprécises. Une grande attention doit être apportée à la rigueur des protocoles employés. Dans les expériences de
calorimétrie, il est important de tracer l'évolution temporelle de la quantité mesurée (température, masse) avant et après
le phénomène étudié afin d'estimer les fuites thermiques
2010, 2011, 2012 Transitions de phase : Ce montage peut et doit être quantitatif. Il faut pour cela avoir bien réfléchi aux
conditions permettant d'atteindre l'équilibre thermodynamique. Dans ce domaine, les mesures « à la volée » sont
souvent très imprécises. La chaleur latente peut provenir de mesures calorimétriques, pas seulement de la courbe p(T).
2009/2007/2005
Transitions de phase : Ce montage peut et doit être quantitatif. La notion de chaleur latente est trop souvent absente.
2008
Transition de phase : Ce montage doit faire l’objet de mesures. L’établissement des équilibres thermiques étant parfois
long, il est nécessaire de bien gérer le temps et d’anticiper le démarrage des expériences. La durée des régimes
transitoires doit être prise en compte dans les interprétations.
1999
Le montage ne saurait se limiter à la détermination de quelques points du diagramme de phase d'un corps pur. Il est
souhaitable de mesurer, par exemple, une chaleur latente. Lorsqu'il s'agit de la chaleur latente de vaporisation
(enthalpie) Lv de l'azote liquide à la pression atmosphérique, le protocole souvent mis en œuvre consiste à introduire
une résistance chauffante dans le calorimètre Dewar, la détermination de l'énergie électrique consommée pendant un
certain temps et la mesure de la masse du liquide vaporisé permettent de trouver l'enthalpie cherchée , même si on se
place, le plus souvent à tort, dans l'hypothèse très défavorable des grandeurs corrélées, la détermination classique de
l'incertitude (portant sur les mesures de masse, de temps, de tension et d'intensité) ne permet pas en général de justifier
l'écart important entre la valeur de Lv ainsi déterminée et la valeur tabulée : le mode opératoire introduit en effet des
erreurs systématiques qui doivent être prises en compte pour aboutir à un résultat corrigé . La manipulation est même un
bel exemple pour illustrer ce sujet : l'hypothèse qui sous-tend la mesure est que toute l'énergie électrique consommée
sert à vaporiser le liquide, or, en général, la résistance chauffante est loin de plonger toute entière dans celui-ci, à défaut
de pouvoir résoudre totalement ce problème, on se placera dans les conditions les moins défavorables possibles. Si on
n'y prête pas attention, la pesée du calorimètre contenant l'azote liquide prend en compte la poussée d'Archimède
exercée sur la résistance chauffante qui varie évidemment avec le niveau du liquide. La vaporisation a lieu même si on
ne chauffe pas, la correction nécessaire est facile à déterminer. Elle peut être non négligeable. Ce n'est qu'après avoir
corrigé tous ces biais qu'on peut commencer à évaluer l'incertitude.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INSTRUMENTS D’OPTIQUE
Premier montage d’optique de l’année → commencer par savoir projeter correctement l’image d’une fente, d’un trou ou
d’un objet étendu car c’est la base de n’importe quel montage (cf. remarques du Jury) → connaître la règle des 4 P,
l’influence de la surface éclairée d’une lentille sur les aberrations, la profondeur de champ et la coma pour corriger les
montages et les notions de diaphragme de champ et d’ouverture.

Pour le montage : il faut sans doute mieux étudier un instrument réel (cf. remarques du Jury) → microscope, lunette
astro, objectif photo, ... Le microscope ou l’objectif photo sont les plus simples à étudier (pas besoin de créer un objet à
l’infini. Il faut aussi aborder le problème des aberrations sans faire un catalogue complet.

Formation image d’une fente, d’un objet de grande taille


§ 1.2.1 et 1.2.2 à faire en TP mais pas en montage.

Etude d’un instrument d’optique


microscope (§ III), téléobjectif (§ IV ou cf. Sextant) ou lunette astronomique

Pour le téléobjectif : calcul de f’ par grandissement, détermination de H et H’. On peut montrer que f’ change avec la
distance de MAP avec un objectif flottant (zoom).

Pour le microscope, mesurer son grossissement commercial

Ouverture et profondeur de champ


§ IV.3 tracer une courbe V = f(1/NO^2)

Eventuellement § IV.4 si on a traité l’objectif. Manip qualitative possible à


l’œil ou de manière plus réaliste avec une barrette CCD et une mire.

Notion de diaphragme
§ V à connaître car sert pour corriger ses montages et application au microscope

Aberrations
Pour l’objectif, on peut s’intéresser à la distorsion, aux AC, et au vignettage (champ de contour) car
défauts les plus visibles sur les photos. Pour le microscope, aberration de sphéricité, les AC ou le diaphragme de champ.

Sphérique → § VI.1.1 (quantitatif possible mais délicat)

Coma (§ VI.1.2) ou distorsion (§ VI.1.3) → à connaître pour corriger ses montages

Aberrations chromatiques → § VI.2 quantitatif possible mais délicat.

Diffraction
Limite ultime de résolution → quantitatif possible → § 5 mais peut être vue lors du montage diffraction

2015, 2016,2017 Instruments d'optique : Les candidats doivent connaître et comprendre les conditions d’obtention
d’images de bonne qualité. L'étude des limitations et de défauts des instruments présentés est attendue. Les candidats
doivent comprendre quelles sont les conditions pour que la mesure du grossissement puisse se ramener à la mesure d’un
grandissement lorsqu’ils présentent des dispositifs afocaux. Enfin, dans certains cas, les candidats peuvent envisager
l’utilisation de lunette de visée afin d’améliorer leurs mesures.
2013, 2014 Instrument(s) d'optique : Les candidats doivent connaitre et comprendre les conditions d’obtention
d’images de bonne qualité. L'étude des limitations et de défauts des instruments présentés est attendue. De bons exposés
ont été observés sur ce sujet.
2012 Instrument(s) d'optique : Les candidats doivent connaître et comprendre les conditions d'obtention d'images de
bonne qualité. Il ne faut pas appliquer sans discernement un protocole trouvé dans un livre. Les conditions de
stigmatisme (approché ou rigoureux), les conditions de Gauss, les aberrations géométriques et les aberrations
chromatiques ... doivent être connues. Les manipulations proposées doivent illustrer réellement le fonctionnement de
l'instrument choisi.
2009, 2010, 2011 Les candidats doivent connaitre et comprendre les conditions d’obtention d’images de bonne qualité.
Il n’est pas suffisant d’appliquer aveuglement un protocole trouve dans un livre.
2008 Il ne faut pas se limiter à une énumération des aberrations des lentilles. Les objets et leurs images peuvent aussi
être étendus. Le jury apprécierait l’étude d’un instrument d’optique. C’est pourquoi, dans la liste 2009, le titre de ce
montage est changé
2004, 2005, 2007 Ce montage ne se résume pas à un catalogue exhaustif des aberrations des lentilles.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INTERFERENCES LUMINEUSES

Ce montage semble classique mais les remarques du Jury laissent à penser qu’il ne faut pas négliger les problèmes de
cohérence. La principale difficulté du montage est la maitrise du Michelson et la compréhension des différentes
techniques de projection suivant qu’on est en anneaux ou en coin d’air.

Expérience d’introduction
§1.1 et 1.2 avec anneaux de Newton

Dispositif à division d’amplitude : Bi fentes d’Young


§ 2.1 : exploitation quantitative de la figure avec une
Camera CCD. Problèmes de cohérence spatiale ; application à la mesure de la largeur angulaire d’une source ou de
l’écart angulaire entre deux sources (§ 2.1.2 et Sextant, p. 176).

Application possible : mesure de la taille des pixels d’un smartphone

Dispositifs à division du front d’onde


Michelson en anneaux
Insensibilité à la cohérence spatiale → § 2.3

Application : mesure de λmoy de la raie verte du mercure (enregistrement possible) et estimation du ∆λ de cette radiation
(§ 3.2.2). On peut aussi regarder l’influence de la pression.

Michelson en coin d’air


Sensibilité à la cohérence spatiale → § 2.2.1 si on
est à l’aise car manip assez technique !

Application : estimation de la longueur de cohérence de la lumière blanche (manip sympa mais assez technique elle
aussi).

Problème de polarisation → § 4.2

Rapports
2017 Les connaissances théoriques sur les cohérences spatiale et temporelle doivent être reliées aux observations
expérimentales. Enfin, il est judicieux de réaliser des expériences simples avant de se lancer dans des expériences sur
les notions de cohérence.
2015, 2016 Interférences lumineuses : Il n’est pas raisonnable d’envisager d’apprendre à régler un interféromètre de
Michelson devant le jury. Par ailleurs, les connaissances théoriques sur les cohérences spatiale et temporelle doivent
être reliées aux observations expérimentales. Enfin, il est judicieux de réaliser des expériences simples avant de se
lancer dans des expériences sur les notions de cohérence.
2014 Interférences lumineuses : Certains candidats ne font pas le rapport entre leurs connaissances théoriques sur les
cohérences spatiale et temporelle, et leurs observations expérimentales. Il en résulte alors des montages mal réglés ou
mal utilisés. Pourtant ce montage peut fournir des résultats quantitatifs précis. Il est en particulier intéressant de se
placer dans des cas limites où la cohérence spatiale ou la cohérence temporelle peuvent être étudiées indépendamment.
Enfin, il n’est pas raisonnable d’envisager d’apprendre à régler un interféromètre de Michelson devant le jury.
2010, 2011, 2013 Interférences lumineuses ; conditions d'obtention : Trop de candidats ne font pas le rapport entre leurs
connaissances théoriques sur les cohérences spatiale et temporelle, et leurs observations expérimentales. Il en résulte
souvent des montages mal réglés ou mal utilises. Pourtant ce montage peut fournir des résultats quantitatifs précis. Il est
en particulier intéressant de se placer dans des cas limites ou la cohérence spatiale ou la cohérence temporelle peuvent
être étudiée indépendamment.
2012 Interférences lumineuses ; conditions d'obtention : Les dispositifs d'interférences sont très divers. En choisir deux
biens maîtrisés permet des présentations de qualité sur les cohérences spatiale et temporelle, et une analyse du lien
entre les considérations théoriques et les observations expérimentales. Des montages bien réglés et bien utilisés
fournissent des résultats quantitatifs précis si le candidat s'y prend bien. Il ne faut pas confondre les annulations
périodiques de contraste obtenues avec un doublet (souvent le doublet jaune du sodium) et la teinte plate de fin de
cohérence temporelle due à une trop grande différence de marche. Les battements de contraste donnent des informations
sur l'écart de longueurs d'onde entre les 2 raies du doublet, mais ne donnent pas d'information sur la longueur de
cohérence de la source lumineuse.
1997 Cohérence spatiale et temporelle des ondes lumineuses : Pour illustrer la cohérence temporelle, il est maladroit de
mesurer l'écart d'un doublet. Il convient plutôt d'illustrer cette notion à partir de la largeur d'une raie.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

DIFFRACTION DES ONDES LUMINEUSES

Différence Fraunhofer/Fresnel
§ I.1

Diffraction par une fente


Quantitatif → § I.2 (manip possible en lumière blanche)

Application possible :
Mesure du diamètre d’un cheveu. Comparaison par mesure au palmer et/ou
grandissement

Diffraction par un motif répété régulièrement


§ II.1 (bifente) ou II.2.1 ou diffraction par écran
de smartphone (dalle IPS de l’Iphone)

Diffraction par un motif répété aléatoirement


§ III.3 Spores de lycopodes en lumière blanche.
Comparaison par une mesure par grandissement

On peut ensuite choisir ensuite un des deux thèmes suivants (la théorie sur le pouvoir séparateur est
peut-être plus simple (cf. remarque du jury sur le filtrage spatial)

Influence sur le pouvoir séparateur


→ § IV.1

Filtrage des fréquences spatiales


→ § IV.2.1 ou IV.2.2 ou IV.2.3 ou IV.2.4 application
possible : Nettoyage d’un faisceau laser

Rapports
2017 Ce montage a parfois été très bien présenté. Une condition nécessaire est de connaître la différence entre
diffraction de Fraunhofer et diffraction de Fresnel, et on doit s'assurer que les conditions de Fraunhofer sont remplies si
l'on utilise les formules associées. La détermination de la taille d’un fil ou d’un cheveu est d’autant plus intéressante que
la valeur mesurée peut être comparée à une valeur tabulée ou mesurée par une technique complémentaire. Le jury voit
trop souvent des expériences de diffraction par des fentes, généralement mal calibrées, servir à mesurer des longueurs
d’ondes de lasers !
2015 2016 La différence entre diffraction de Fraunhofer et diffraction de Fresnel doit être connue, et on doit s'assurer
que les conditions de Fraunhofer sont remplies si l'on utilise les formules associées. Attention aux expériences de
filtrage spatial qui sont souvent mal comprises. La détermination de la taille d’un fil ou d’un cheveu est d’autant
plus intéressante que la valeur mesurée peut être comparée à une valeur tabulée ou mesurée par une technique
complémentaire. Le jury voit trop souvent des expériences de diffraction par des fentes, généralement mal calibrées,
servir à mesurer des longueurs d’ondes de lasers!
2014 Diffraction des ondes lumineuses : La différence entre diffraction de Fraunhofer et diffraction de Fresnel doit être
connue, et l'on doit s'assurer que les conditions de Fraunhofer sont remplies si l'on utilise les formules associées.
Attention aux expériences de filtrage spatial qui sont souvent mal comprises.
2010, 2011, 2012, 2013 La différence entre diffraction de Fraunhofer et diffraction de Fresnel doit être connue, et l'on
doit s'assurer que les conditions de Fraunhofer (tant sur l'onde incidente que sur le plan d'observation) sont remplies si
l'on utilise les formules associées. Rappelons que les phénomènes de diffraction peuvent s’observer avec d’autres
sources lumineuses que des lasers, dont le « speckle » peut parfois nuire à la précision des mesures.
2009 Diffraction des ondes lumineuses : La diffraction de Fraunhofer est souvent évoquée sans que ses conditions
d’obtention soient bien connues. Rappelons que les phénomènes de diffraction peuvent s’observer avec d’autres sources
lumineuses que des lasers.
2008 Diffraction des ondes lumineuses : Dans toute expérience d’optique, les figures sont de bien meilleure qualité
quand les appareils sont convenablement alignés. Ce fut tout particulièrement le cas pour ce montage.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SPECTROMETRIE OPTIQUE

Le topo actuel de rennes sur ce sujet est assez ancien. Il s'intéresse plutôt à l'étude des systèmes
dispersifs au début avec des mesures souvent imprécises sur le prisme à l'aigle d'une règle. Il faut
améliorer les choses compte tenu des remarques du jury que voici :

2015, 2016, 2017 Quel que soit l’appareil de mesure utilisé, notamment le spectromètre à entré fibrée interfacée avec
l’ordinateur, son principe de fonctionnement et ses caractéristiques d’utilisation, en particulier son pouvoir de
résolution, doivent être connus. S’il souhaite utiliser un réseau en incidence normale, le candidat doit s’assurer de la
réalisation expérimentale correcte de cette incidence particulière.
2014 Quel que soit l’appareil de mesure utilisé, notamment le spectromètre à entré fibrée interfacée avec l’ordinateur,
son principe de fonctionnement et ses caractéristiques d’utilisation, en particulier son pouvoir de résolution, doivent être
connus. Dans le cas où un candidat souhaite utiliser un spectromètre qu’il a réalisé lui-même, il est rappelé que la
mesure des angles au goniomètre est bien plus précise que le simple pointé avec une règle sur un écran ; en outre,
s’il souhaite utiliser un réseau en incidence normale, le candidat doit s’assurer de la réalisation expérimentale correcte
de cette incidence particulière.
2013 Quel que soit l’appareil de mesure utilise, notamment le spectromètre a entrée fibrée interface avec l’ordinateur,
son principe et sa manipulation doivent être connus. Le prisme à vision directe doit être réservé aux observations
qualitatives. Enfin, le pouvoir de résolution des appareils doit être connu et leurs limitations discutées. Dans le cas où
un candidat souhaite utiliser un spectromètre qu’il a réalisé lui-même, il est rappelé que la mesure des angles au
goniomètre est bien plus précise que le simple pointé avec une règle sur un écran.
2009, 2011, 2012 Quel que soit l’appareil de mesure utilisé, notamment le spectromètre à entrée fibrée interface avec
l'ordinateur, son principe, sa manipulation et sa résolution doivent être connus. Le prisme à vision directe doit être
réservé aux observations qualitatives.
2010 Quel que soit l’appareil de mesure utilisé, notamment le spectromètre à entrée fibrée interfacé avec l’ordinateur,
son principe et sa manipulation doivent être connus. Le prisme à vision directe doit être réservé aux observations
qualitatives. Enfin, le pouvoir de résolution des appareils doit être connu et leurs limitations discutées. Dans le cas où
un candidat souhaite utiliser un spectromètre qu’il a réalisé lui-même, il est rappelé que la mesure des angles au
goniomètre est bien plus précise qu’avec une règle sur un écran.

Les dernières présentations à l'ancienne comme dans le topo n’étant pas convaincantes, j'avais
proposé en correction d’utiliser plutôt un goniomètre pour mesurer une longueur d'onde. On avait
revu ça ensemble en fin d'année lors des révisions en regardant comment utiliser cet appareil en
s'appuyant sur le topo de l'ENS (regarder la page 6 et suivantes) pour mieux coller aux remarques
du jury. Les étudiants avaient été convaincus et bien leur en a pris car il y en a un qui est tombé sur
ce sujet à l'oral (Vianney Saint Raymond) et il a eu 16 en présentant le goniomètre (cf. son compte
rendu d'oral ci-dessous). Je pense qu'il faut donc mieux laisser tomber l'étude imprécise des
systèmes dispersifs comme on le faisait jusqu'à maintenant et plutôt prendre sur le goniomètre (avec
une étude de la série de balmer de l’hydrogène par exemple) + Michelson pour ce montage en
s'aidant du poly de l'ENS avec éventuellement une dernière partie sur le problème de résolution d'un
spectro fibré ou de type jobin yvon ( j'ai des docs pour ca mais en version papier). Concernant le
spectre de l'hydrogène, il y a des infos intéressantes dans le fruchard/ le diffon (bouquin de manip
de l'ENS cachan)

Compte rendu de Vianney saint Raymond sur son montage :

Bonjour,

En montage (spectrométrie optique) j'ai eu 16, les deux manips sur le gonio m'ont rapporté la
majorité des points, le jury m'a dit que là-dessus il n'y avait rien à redire (du point de vue manip et
pédagogie, c'était un sujet que je maîtrisais). En revanche pour eux le doublet du sodium c'est une
manip un peu trop simple (ils préfèrent la raie verte du mercure), ils ont trouvé que j'avais mal réglé
le Michelson pour le doublet du sodium, d'après eux la compensatrice était mal réglée (???) ce qui
serait à l'origine de l'asymétrie des brouillages, bon je ne suis pas convaincu pour moi c'était le
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Michelson de Lyon qui se dérèglait, la lentille à 1.4 mètres ils n'ont pas compris non plus et moi non
plus. De toute façon j'étais passé trop vite sur le Michelson, et je n'avais pas eu le temps de parler
des incertitudes. Donc au final je m'en suis très bien sorti grâce au montage (merci Philippe !!!!).
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

PRODUCTION MESURE CHAMP MAGNETIQUE

30 minutes de présentation → faire des choix. Le jury conseille différents ordres de grandeurs → peut être faire
l’électroaimant (champ fort et utilisation possible du fluxmètre) et faire un choix entre les bobines de Helmotz
(exploitation plus compliquée) et le champ créé par une bobine (champ faible) avec l’application à BHT (champ très
faible)

Appareils de mesure
Cotton, Fluxmètre, Hall → § 1.4. On conseille surtout le fluxmètre et Hall

Fluxmètre → Quaranta IV, p. 90-98 et 192 et Quaranta III, p. 232 : intérêt → mesure de B à
l’intérieur d’un matériau.

Rem : si les mesures sur les bobines ne recoupent pas les valeurs attendues, c’est que le teslamètre utilisé a
probablement un défaut d’étalonnage (assez fréquent avec les vieux appareils). Si ça vous arrive à l’oral, vous pouvez
vérifier l’étalonnage de l’appareil en faisant une étude au centre d’un solénoïde long en fonction du courant avec
l’hypothèse du solénoïde infini pour voir si c’est un écart constant ou une erreur proportionnelle à la mesure → ça peut
être un moyen de se démarquer.

Champ crée par une bobine (champ faible)


§ 2.1

Application à la mesure de BHT (champ très faible)


§ 2.2, Quaranta IV, p. 68 et 226
Berty fagot Martin : Tome I, p. 263

Bobines Helmholtz
§ 2.3, Quaranta IV, p. 268-269 et 273-275 ou Berty fagot Martin : Tome I, p. 227 à 235

Parlez des applications possibles, et lorsqu’on les branche en inverse

Electroaimant
§ 3.2 Intérêt : permet de produire des champs forts et on peut se servir du fluxmètre pour changer de la
sonde a effet Hall (cf remarque du jury). On peut utiliser un fluxmètre à intégration numérique.

Mesure en alternatif : § 7.3

Application possible
Principe d’une pince ampère métrique (demander à l’enseignant).

Rapports
2017 La mesure de champs de différents ordres de grandeur peut être intéressante. L’utilisation d’un électro-aimant
nécessite de savoir justifier le choix des pièces polaires, les non-linéarités champ-courant.
2014, 2015,2016 Production et mesure de champs magnétiques : La sonde à effet Hall est souvent le seul instrument de
mesure présenté dans ce montage. D’autre part, les mesures de champs magnétiques ne sont pas limitées à ceux qui
règnent dans l’entrefer d’un électro-aimant.
2013 Production et mesure de champs magnétiques : La sonde à effet Hall est souvent le seul instrument de mesure
présente dans ce montage. Trop de candidats ignorent son principe de fonctionnement. D’autre part, les mesures de
champs magnétiques ne sont pas limitées à ceux qui règnent dans l’entrefer d’un électro-aimant. L'étalonnage de
l'électroaimant permet cependant une étude quantitative.
2012 Production et mesure de champs magnétiques : Cette année encore, l'utilisation de la sonde à effet Hall a été
mieux maîtrisée et les expériences présentées plus variées. Les différentes stratégies de production de champ
magnétique peuvent être mises en regard des applications éventuelles.
2010 Production et mesure de champs magnétiques : La sonde à effet Hall est souvent le seul instrument de mesure
présenté dans ce montage. Trop de candidats ignorent son principe de fonctionnement. D’autre part, les mesures de
champs magnétiques ne sont pas limitées à ceux qui règnent dans l’entrefer d’un électro-aimant…
2009 Production et mesure de champs magnétiques : La sonde à effet Hall est souvent le seul instrument de mesure
présenté dans ce montage. Trop de candidats ignorent son principe de fonctionnement.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

2007, 2008 Production et mesure de champs magnétiques : Il est nécessaire de bien maîtriser le maniement de la sonde
à effet Hall et pour cela connaître son principe de fonctionnement
2006 Production et mesure de champs magnétiques : Cette étude ne doit pas se limiter aux champs de l'ordre du milli
tesla. Par ailleurs, les solénoïdes disponibles dans la collection ne sont pas de longueur infinie.
2005 L’ordre de grandeur de la composante horizontale du champ magnétique terrestre doit être connu. Il en est de
même de l’existence d’un décalage systématique du zéro d’une sonde à effet Hall également.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MILIEUX MAGNETIQUES

Attention aux résistances de faibles valeurs !! Attention à la fixation des pièces polaires

Dia, par, ferro


Quaranta IV, p. 140 ou § 5.2 topo (ou avec pièces tronconiques)

Mesure χ FeCl3
Important car mesure quantitative et on fait autre chose que du ferromagnétique
Quaranta IV, p. 341 ou § 6.2 topo

Milieux ferromagnétiques
Qualitatif : Quaranta IV, p. 113

Première aimantation : Quaranta IV, p. 185 ou § 7.2 topo

Hystérésis : Quaranta IV, p. 491 ou § 7.3.1 topo (manip sympa mais délicate)

Barkausen : Quaranta IV, p. 188 ou § 7.4 topo

Influence T : Quaranta II, p. 215 ou § 7.5 topo

Supraconducteur
§ 8 topo (pas de référence)

Applications
Cf. topo → manip au choix.
Principe d’une pince ampère métrique sympa (demander à l’enseignant).
Force portante électroaimant → Quaranta IV, p. 151

Manip avec azote liquide (dioxygène, supra) → les faire pendant le montage transition de phase. On ne peut faire que
du qualitatif à Rennes

Rapports
2017 Il n’est pas souhaitable de se limiter aux milieux ferromagnétiques. Dans l’expérience de mesure de la
susceptibilité paramagnétique du chlorure de fer (III), le mécanisme de montée, ainsi que la position du ménisque dans
l’entrefer de l’électroaimant doivent pouvoir être justifiés par les candidats.
2010, 2013, 2014, 2015, 2016 Milieux magnétiques : Ne pas se limiter aux milieux ferromagnétiques. L’étude du
transformateur est marginale dans ce montage.
2011, 2012 Milieux magnétiques : Ne pas se limiter aux milieux ferromagnétiques. L'étude exhaustive du
transformateur n'a pas sa place dans ce montage ; cet appareil n'a d'intérêt que dans la mise en évidence des propriétés
des ferromagnétiques.
2008 Milieux magnétiques : L’effet Meissner ne se résume pas à une « expulsion de ligne de champ ». Les grandeurs
mesurées, telles que les champs rémanent et coercitif, doivent être comparées et/ou commentées.
2007 Milieux magnétiques : Il faut pouvoir justifier la forme des pièces polaires de l’électro-aimant choisi.
2006 Milieux magnétiques : Dans la mesure de la hauteur d'ascension du FeCl3, l'évaluation du champ B doit être
menée avec précision.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

METAUX

Propriétés électriques
Mesure de la conductivité électrique avec le fil de cuivre de 3 m par la méthode 4 fils

Dépendance en température : plonger un fil fin dans la régulation de température et mesurer sa


résistance en 4 fils pour montrer que sa résistance augmente avec la température (différence fondamentale avec les
semi-conducteurs. On peut éventuellement Vérifier qu’on peut approximer localement la résistivité par une loi affine
V(T) = V(T0)[1 + α(T – T0)] (loi de Matthiessen). Le coefficient α, appelé coefficient de température, est donné dans le
Handbook.

Concentration en porteurs
→ § 3.1.3 (manip délicate). En déduire la mobilité

Propriétés thermiques
Mesure λCu par comparaison avec le dural (cf. montage transport). Comparer à la valeur
tabulée pour le cuivre et aux autres odg de conductivité thermique (gaz, liquides, semi-conducteurs)

Loi de Weidemann Franz


On vient de montrer que les métaux sont à la fois des bons conducteurs thermiques
et électriques. Normal car ce sont à chaque fois les électrons qui assurent cette conduction. Ces 2 phénomènes sont
reliés par la loi de Weidemann-Franz (la vérifier).

Propriétés mécaniques : mesure d’un module d’Young


Deux manipulations possibles

Mesure de la flèche d’une poutre soumise à une masse (manip Denis) → cf Bruhat Mécanique

Mesure de la masse critique lors du ralentissement critique pour le flambage d’une poutre → § V.I du
montage phénomènes non linéaire. Mc = k/gL avec k = π2EI/4L

Rapports
2017 Ce montage doit mettre en évidence différentes caractéristiques propres aux métaux. L’étude de caractéristiques
mécaniques, par exemple, nécessite une mise en perspective par rapport aux propriétés équivalentes d’autres matériaux.
Notons que pour les mesures de résistance, le principe et l’intérêt d’un montage quatre fils doivent être connus : il
subsiste une confusion chez de nombreux candidats entre ce montage à quatre fils et la distinction entre courte et longue
dérivation. Un montage à quatre points n’a pas pour but de seulement s’affranchir de la résistance des fils,
contrairement à ce que pensent de nombreux candidats.
2010 2013 2014, 2015, 2016 Ce montage doit mettre en évidence différentes caractéristiques propres aux métaux.
L’étude de caractéristiques mécaniques, par exemple, nécessite une mise en perspective par rapport aux propriétés
équivalentes d’autres matériaux. Notons que pour les mesures de résistance, le principe et l’intérêt d’un montage quatre
fils doivent être connus.
2012 Ce montage doit mettre en évidence différentes caractéristiques propres aux métaux (conductivités thermiques et
électriques, élasticité...), et leurs liens éventuels. Les mesures doivent être particulièrement soignées. Il est intéressant
de montrer la spécificité des valeurs obtenues.
2011 Ce montage doit mettre en évidence différentes caractéristiques propres aux métaux. Les expériences présentées
se réduisent souvent aux conductivités thermiques et électriques.
2009 La mesure de la conductivité thermique d’un métal par sa réponse en température à une excitation alternative a
posé problème à de nombreux candidats par suite de l’analyse des mesures à l’aide d’une loi non valide avec les
conditions aux limites concernées. Le régime permanent implicitement mis en jeu doit être précisé, de même que son
temps d’établissement.
2008 La mesure de la conductivité thermique d’un métal par sa réponse en température en régime variable a posé des
problèmes à de nombreux candidats. Les études menées en régime permanent sont plus simples et ont donné de
meilleurs résultats.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MATERIAUX SEMI CONDUCTEURS

Propriétés transport Tambiante


Résistivité → § 4.1.1
→ Déduire mobilité
Concentration en porteurs → § 4.1.2

Comportement en température
R = f(T) → Gap → 4.2.1 avec une Webcam
UH = f(T) → 4.4.2
Effet thermoélectrique → 4.3 Comparer à un métal

La détermination du Gap avec un échantillon dopé est délicate car il faut aller très haut en
température pour vraiment être dans le régime intrinsèque → on peut à la place étudier une
thermistance CTN. Ce n’est pas un SC classique mais on peut vérifier les résultats obtenus avec une
datasheet (cf. remarque du jury)

Propriétés optiques
Absorption Optique → 4.4.1 avec Spectro Ovio

Photoconductivité → 4.4.2

Rem : B sort par le rouge d’une boussole

2014, 2015, 2016, 2017 La variété des matériaux semi-conducteurs fait qu'il est parfois difficile de savoir quel est le
matériau utilisé dans un composant commercial, ou quel est le dopage dans certaines plaquettes. Les candidats mesurent
alors des propriétés sans pouvoir les comparer à quoi que ce soit. Il vaut donc mieux utiliser des composants de
caractéristiques connues. Par ailleurs, il est essentiel de connaître quelques ordres de grandeur, en particulier celui de
l’énergie de gap et de la densité de porteurs.
2010 2011 2012 2013 La variété des matériaux semi-conducteurs fait qu'il est parfois difficile de savoir quel est le
matériau utilise dans un composant commercial, ou quel est le dopage dans certaines plaquettes. Les candidats mesurent
alors des propriétés sans pouvoir les comparer à quoi que ce soit. Il vaut donc mieux utiliser des composants de
caractéristiques connues.
2008 Il est essentiel de savoir différencier les régimes de conduction intrinsèque et extrinsèque.
2002 Ce montage est volontiers choisi par les candidats qui sont vraisemblablement rassurés par l’existence de «
plaquettes » permettant la détermination par mesure de conductivité et tension Hall des caractéristiques essentielles d’un
matériau semi-conducteur extrinsèque ou intrinsèque. Il est regrettable que le signe des porteurs ne soit que très
rarement déterminé. Il serait raisonnable de ne pas se limiter à l’étude de la dite plaquette et de présenter au moins une
application.
2000 Il est important de distinguer matériaux dopés et semi-conducteurs intrinsèques.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

EFFETS CAPACITIFS

Centrer le montage sur l’effet capacitif et les effets capacitifs apparaissant dans certains composants.

L’effet capacitif
Les condensateurs sont des armatures métalliques séparées par un isolant (diélectrique). La
conséquence première de cet arrangement est la possibilité de condenser des charges sur les armatures par influence
électrostatique : c’est l’effet capacitif.

Manip d’introduction
Très facultatif. Ça doit être rapide et simple à monter si on en présente une.

Une manip plus simple que celle du § I.1 consiste à appliquer (via une résistance r) une tension U à un condensateur
pour montrer les différences avec le comportement d’une résistance R. On propose la manip avec synchronie mais on
peut prendre un voltmètre si on veut faire encore plus simple (on montre juste le régime permanent dans ce cas) :

K K
r r

U U
R Synchronie C Synchronie

Prendre une durée d’acquisition suffisamment longue pour pouvoir fermer et ouvrir K pendant l’enregistrement et
prendre une constante de temps τ = rC ≈ 10 fois plus faible que la durée d’acquisition (r = 100 kΩ et C = 5 F par
exemple).

Comportement d’une résistance R :


Il apparait instantanément une tension U’ au bornes de R qui n’est pas égale à U
(U’ dépend du rapport R/(r + R)). Cette tension U’ disparait instantanément lorsqu’on ouvre K.

Comportement d’une capacité C :


La tension aux bornes du condensateur ne se stabilise pas tout de suite, elle tend
vers U et cette tension se maintient une fois qu’on ouvre l’interrupteur → Lorsqu’on lui applique une tension U, le
condensateur semble accumuler des charges Q à ses bornes qu’il conserve ensuite si on débranche l’alimentation.

Charge accumulée par un condensateur


→ § I.2

Montrer de quoi dépend Q : mesurer Q1 pour une tension U1, mesurer Q2 pour une tension U2 double → vérifier que
Q2/Q1 = U2/U1 → conclusion : Qaccumulé semble proportionnel à U. Le confirmer en traçant une courbe Q = f(U). Le
paramètre de proportionnalité correspond à la capacité (puisque ça chiffre l’aptitude à accumuler des charges sous une
tension donnée)

On peut aussi vérifier que l’énergie emmagasinée par le condensateur vaut ½ CU2 en mesurant l’énergie dissipée dans
la résistance (il suffit d’intégrer Ri2)

Effets capacitifs dans des appareils ou des composants


On peut traiter le cas d’un appareil (cf. III.1), d’une
bobine (cf. III.2.2), d’une photodiode (cf. III.3 et montage photorécepteur) ou d’un câble coaxial (III.4).

L’effet capacitif dans un câble coaxial peut aussi être montré sur la manip de la photodiode → on peut présenter
l’influence d’un câble coaxial sur les résultats de cette manip et en déduire la capacité parasite du câble coaxial. Si on
n’est pas à l’aise avec la photodiode, présenter la bobine et la manip du câble coaxial.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Rapports
2016 Le montage ne se résume pas à l’étude du circuit RC. Les modèles de condensateurs et les effets capacitifs sont
nombreux et aisément accessibles à l'expérimentation. Le jury constate que l’étude de la propagation d’une impulsion
dans un câble coaxial est, à juste titre, souvent proposée dans ce montage, mais que les propriétés physiques de ce
phénomène sont souvent mal maîtrisées.
2015 Effets capacitifs : Les modèles de condensateurs et les effets capacitifs sont nombreux et aisément accessibles à
l'expérimentation. Le jury constate que l’étude de la propagation d’une impulsion dans un câble coaxial est, à juste titre,
souvent proposée dans ce montage, mais que les propriétés physiques de ce phénomène sont souvent mal maîtrisées.
2014 Effets capacitifs : Les modèles de condensateurs et les effets capacitifs sont nombreux et aisément accessibles à
l'expérimentation ; il est souhaitable que les candidats ne se limitent pas à l'étude du condensateur d'Aepinus et au
circuit R-C. Le jury constate que l’étude de la propagation d’une impulsion dans un câble coaxial est, à juste titre,
souvent proposée dans ce montage, mais que les propriétés physiques de ce phénomène sont souvent mal maîtrisées.
2010 2013 Effets capacitifs. Applications : Les modèles de condensateurs et les effets capacitifs sont nombreux et
aisément accessibles à l'expérimentation. Il est dommage que les candidats se limitent le plus souvent à l'étude du
condensateur d'Aepinus et à celle d'un circuit R-C.
2011 2012 Condensateurs et effets capacitifs. Applications : Les expériences ne se réduisent pas à celle du circuit RC
ou du condensateur modèle.
2009 Condensateurs ; effets capacitifs : Le stockage d’énergie n’est pas typique des effets capacitifs. L’intitulé de ce
montage change en 2010 ; il devient « Condensateurs ; effets capacitifs. Applications » afin d’agrandir le champ
d’études.
2007 Condensateurs et effets capacitifs. Le principe de fonctionnement d'un capacimètre doit être connu. Les mesures
ne doivent pas se limiter à l’étude du condensateur d’Aepinus ou à des mesures de capacité : les effets capacitifs de
certains composants peuvent être abordés.

Remarque : expression de la capacité d’un câble coaxial


La capacité linéique d’un câble coaxial est celle d’un
condensateur cylindrique. Elle vaut par conséquent : Cl = 2πε/ln(R2/R1). On peut estimer la valeur de C en mesurant le
diamètre du conducteur central (0,9 mm de diamètre pour le coax de 50 Ω) et de la tresse (4 mm de diamètre
typiquement) mais il faut le εr de l’isolant (du polyéthylène en général). L’indice de réfraction du polyéthylène vaut
1,54. Si on suppose le milieu non magnétique, on a µr ≈1 → n = √(εrµr) ≈ √εr → εr ≈ 2,37. Si on prend cette valeur, on
trouve typiquement 90 pF. Le problème, c’est que l’indice n est donné pour le visible, donc à des fréquences bien
différentes de celles utilisées en électronique.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INDUCTION AUTO INDUCTION

Phénomènes inductifs
C’est l’analogue magnétique de l’effet capacitif. La capacité mesure l’aptitude d’un système à
accumuler de l'énergie électrique sous l'action de charges en influence mutuelle. L’inductance mesure celle d'un
système à accumuler de l'énergie magnétique sous l'action d'un flux magnétique variable dans le temps.

Précautions à respecter !!
Attention aux résistances faibles → résistances de puissance dans ce cas. Penser à U =
RI !!!!!!

Couper progressivement les alimentations dans ce montage pour éviter des di/dt forts

Induction
Mise en évidence → § II.1.2 et II.1.3 manip simple mais délicate à présenter

Loi e = - Mdi/dt → On conseille la II.2 (plus visuelle mais attention aux remarques du jury).

Quelle que soit la manip, en déduire M (cf. rapport Jury).

Auto induction
Mise en évidence → § III.1.1 ou III.1.2 ou III.1.3
Loi e = - Ldi/dt → On conseille la III.2.1 (plus simple à mettre en œuvre et peut servir à mettre
en évidence l’énergie stockée)
Energie stockée → § III.3 (on peut aussi utiliser Synchronie)
Impédance Bobine → § III3.4 a titre informatif

Applications
Plusieurs choix possibles. Celle du fluxmètre (cf. montage mesure de champs magnétiques) sert aussi
dans le montage « mesure de B » → rentable. Lissage d’un courant bien aussi car beaucoup d’applications de
l’induction sont dans le domaine de la puissance. On peut aussi penser au transformateur (cf. remarque du jury 2016).

Choisir entre une application et la manip sur l’énergie stockée

Rapports
2017 Les notions d’induction, auto-induction, induction mutuelle sont souvent mal comprises rendant l’interprétation
délicate de certains résultats.
2016 Lors de ce montage, trop de candidats abusent des expériences qualitatives et transforment la séance en une série
d’expériences de cours sur l’induction et obtiennent de ce fait une note médiocre. Les mesures ne doivent pas se
résumer à l’étude d’un circuit RL. Par ailleurs, la notion d'inductance mutuelle est souvent mal dégagée, en particulier à
cause de mauvais choix dans les composants utilisés et dans la fréquence d'excitation. Le transformateur aurait sa place
dans ce montage.
2014, 2015 Induction, auto-induction : Lors de ce montage, trop de candidats abusent des expériences qualitatives et
transforment la séance en une série d’expériences de cours sur l’induction et obtiennent de ce fait une note médiocre.
Par ailleurs, la notion d'inductance mutuelle est souvent mal dégagée, en particulier à cause de mauvais choix dans les
composants utilisés et dans la fréquence d'excitation.
2010, 2013 Induction, auto-induction : La notion d'inductance mutuelle est souvent mal dégagée, par suite en particulier
de mauvais choix dans les composants utilisés et dans la fréquence d'excitation.
2011, 2012 Induction, auto-induction : La notion d'inductance mutuelle est souvent oubliée ou mal dégagée, par suite de
mauvais choix dans les protocoles expérimentaux.
2009 Induction, auto-induction L’observation subjective d’un retard à l’allumage d’une lampe ne peut être qu’une
introduction qualitative du phénomène d’auto-induction qui doit être illustré par des mesures précises et une
confrontation entre la mesure et le modèle décrivant le phénomène. L’étude du rendement du transformateur n’a pas sa
place dans ce montage.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

PRODUCTION ET CONVERSION D'ENERGIE


ELECTRIQUE

Choisir deux conversions parmi les trois. Le hacheur et l’onduleur sont bien adaptés si on présente
le panneau photovoltaïque mais le hacheur est un montage assez technique et compliqué à
comprendre → Il vaut mieux présenter le transformateur si on a du mal avec le hacheur (il permet
en plus un calcul d’incertitude).

PRODUCTION D’ENERGIE ELECTRIQUE


Cellule photovoltaïque (I.1 avec D = 50 cm) ou
la génératrice (I.2). La thermopile peut être remplacée par le solarimètre qui vient d’être acheté.

HACHEUR (CC CC)


II.1.2 → insuffisance de la charge directe
II.2.2 → Utilisation d’un hacheur et rendement. On peut aussi identifier les
pertes dans les différents composants si on est particulièrement à l’aise.

ONDULEUR (DC AC)


III.2. Pilotage possible par multivibrateur

TRANSFORMATEUR (AC AC)


Lois des tensions et courants
IV.2.1 (pas faire trop de
mesures). Important : définir un point de fonctionnement nominal (cf. rapport Jury) ! → l’étude du
transformateur est bien adaptée pour répondre à ce souhait.

Pertes fer, pertes cuivre


IV.3.1 et IV.3.2

Rendement → IV.4.3 ; faire un calcul d’incertitude sur la


relation Pprimaire = Psecondaire + PFer + PCuivre

Rapports
2014,2015, 2016 Production et conversion d'énergie électrique : Le principe de fonctionnement des dispositifs utilisés
(moteurs, tachymètres, variateurs…) doivent être connus afin que la présentation illustre pleinement le sujet et ne se
limite pas à des mesures de rendement. D’autre part, lors de l’étude de dispositifs de production et de conversion
d’énergie électrique, la notion de point de fonctionnement nominal est importante ; en particulier, des mesures de
puissance de l'ordre du mW ne sont pas réalistes. Enfin, les modèles utilisés pour décrire ces dispositifs ne doivent pas
être trop simplifiés, au risque d’obtenir des écarts excessifs entre les modèles et les systèmes réels.
2009 2010 2013 Conversion de puissance électrique-électrique : Comme l'an dernier, le jury regrette de ne pas voir plus
souvent de réelles mesures de puissance et de rendement, pour des convertisseurs utilises en régime nominal. Dans ce
montage, des mesures de puissance de l'ordre du mW ne sont pas réalistes.
2011 2012 Conversion de puissance électrique-électrique : Suite aux remarques des années précédentes l'utilisation du
régime nominal de fonctionnement a été plus répandue cette session. Le transformateur n'est pas le seul dispositif
pouvant être présenté dans ce montage.
2008 Conversion de puissance électrique–électrique : Le transformateur est souvent utilisé pour les montages 16, 20,
21, 40. Les candidats ignorent généralement l'origine de la loi sur les courants pour le transformateur idéal ainsi que la
notion de courant magnétisant. En outre, la visualisation à l'oscilloscope du cycle d'hystérésis est trop souvent assortie
d'erreurs de calibration des axes (H, B), conduisant ainsi à des estimations de pertes par mesure d’aires dénuées de sens.
2006 Conversion de puissance électrique-électrique : Ce montage n’est pas souvent choisi. Pourtant les exemples
simples ne manquent pas (il faut penser au transformateur, par exemple).
2005 Les hacheurs (même sous la forme série, la plus simple) ne sont pas utilisés pour alimenter les moteurs à courant
continu.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

AMPLIFICATION

Le jury indique que les montages a AO peuvent être présentés. Néanmoins, ils signalent dans leur dernier rapport que
des montages a transistors peuvent être abordés et qu’on peut s’intéresser aux impédances caractéristiques (pas
forcément faciles à mesurer sur les montages à AO) et au rendement (mesure intéressante surtout pour un étage de
puissance). On a donc pris le parti de présenter des montages à transistors mais la pré amplification peut être remplacée
par un montage à amplificateur opérationnel si on n’est pas à l’aise avec les transistors.

Nécessité de l’amplification
§I

Pré amplification
Choix des composants
Connaître le principe

Réglage point de polarisation statique


§ II.2 et II.4 observer les signaux VGBF, VB, VE et VC.
II.5 Etude du gain

Réglage du gain
I.6 : problème de distorsion notamment (cf. remarques du Jury)

Signal issu d’un GBF de ≈ même amplitude que le signal délivré par le micro. Se fixer un taux de distorsion maximum
admissible en sortie → ajuster la capacité de découplage pour augmenter le gain jusqu’à atteindre cette limite.

Impédance de sortie
II 2.7 (important pour le jury)

Amplification de puissance
Montage push pull (cf. Duffait, p. 129 ou Quaranta, p. 381)
III.2

Distorsion de croisement ; amélioration possible avec AO


III.3

Rendement
III.5 On peut aussi estimer son impédance de sortie

Montage global
Pour le fun. Montage pas nécessaire

Rapports :

2017 L’amplificateur opérationnel (AO) permet l’étude de systèmes d’amplification dans le contexte de
l’instrumentation, dont l’étude peut être envisagée dans ce montage. Ce dernier comporte néanmoins de nombreux
circuits internes de compensation, résultant en des limitations techniques qu’il faut connaître ; ainsi si l’étude de circuits
à AO pour l’amplification de signaux peut être abordée dans ce montage, d’autres circuits simples à bases de
transistor(s) peuvent être également envisagés. D’autre part, de nombreux aspects des amplificateurs sont éludés,
comme la distorsion, les impédances caractéristiques et le rendement.
2015 2016 Amplification de signaux : L’amplificateur opérationnel, comportant de nombreux circuits internes de
compensation, n'est pas l'objet idéal pour aborder ce montage. On peut, au contraire, envisager des circuits simples à
base de transistor(s). D’autre part, de nombreux aspects des amplificateurs sont éludés, comme la distorsion, les
impédances caractéristiques et le rendement.
2010 2011 2013, 2014 Amplification de signaux : Il y a de trop nombreux aspects des amplificateurs qui sont éludés :
distorsion, impédance, rendement, en particulier. D'autre part, l'amplificateur opérationnel, comportant de nombreux
circuits internes de compensation, n'est pas l'objet idéal pour aborder ce montage. Un circuit simple à transistors
pourrait être plus illustratif.
2012 Amplification de signaux : De nombreux aspects des amplificateurs sont éludés : distorsion, impédance,
rendement, en particulier.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

2009 Amplification de signaux : Les notions d’impédance et de rendement sont trop souvent éludées.
2008 Amplification de signaux : La limite de linéarité de l’amplificateur opérationnel n’a pas pour seule origine la
saturation en tension.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MISE EN FORME, TRANSPORT ET DETECTION DE


L'INFORMATION

Modulation d’amplitude
Ne pas faire que ça !!

Production → § I.3.1 (multiplieur) ou 1.3.2 (diode) → avantages inconvénients de


chaque méthode. Mesure de m par deux méthodes (temporelle et spectrale). La méthode par multiplieur est préférable
pour la suite.
Démodulation → § I.5.1 (plus simple) ou I.5.2 (mieux, il existe un module Pierron tout
fait qu’on peut envoyer à l’oral, mais plus délicat)

Modulation de fréquence
Intéressante (les PLL servent dans les systèmes modernes des telecom) mais plus délicate
→ Pour les gens à l’aise
Production → § II.2.2
Démodulation → § II.3.1 et II.3.2 application à la modulation FSK (répond au souhait du
jury)
Une autre méthode est aussi possible (par transfert modulation fréquence →
modulation d’amplitude) → cf. Duffait ou Quaranta

Transport
Par fibre optique
Manip simple mais qualitative (production → III.1 ; Transmission → III.2)

Transport aérien → § I.4 avec uniquement la porteuse. Calcul d’incertitude possible sur la fréquence
d’accord du filtre

2017 Mise en forme, transport et détection de l'information : La transmission de signaux numériques n’est
malheureusement jamais abordée.
2013, 2014, 2015, 2016 Mise en forme, transport et détection de l'information : Ce montage ne se restreint pas à la
modulation d’amplitude. Il semble en particulier important d’aborder le cas des signaux numériques modernes. Dans le
cas de la démodulation synchrone, le problème de la récupération de la porteuse est systématiquement passé sous
silence.
2012 Mise en forme, transport et détection de l'information : Comme l'indique son titre, ce montage comporte 3 parties
d'égale importance ; il se prête bien à la réalisation d'une chaîne complète traitant des 3 aspects. Il est souhaitable de
connaître les différentes solutions technologiques employées dans les applications de la vie quotidienne. Ce montage ne
doit pas se restreindre à la modulation et démodulation d'amplitude. Dans le cas de la démodulation synchrone, le
problème de la récupération de la porteuse doit être soigneusement étudié. Ce montage suppose une connaissance
argumentée des choix en radio AM, radio FM, téléphonie mobile... Il convient aussi de se demander comment passer de
l'étude élémentaire d'un signal informatif purement sinusoïdal au cas d'une ou plusieurs conversations téléphoniques par
exemple. Rappelons enfin l'importance des fibres optiques en télécommunications.
2008 Télécommunication : mise en forme, transport et détection de l’information : Une expérience qualitative de
transmission par fibre optique n’a d’intérêt que si elle fait intervenir des dispositifs dont l’un au moins a été étudié par le
candidat. Dans la liste 2009, le titre de ce montage est modifié.
1999 Plusieurs candidats ont confondu filtrage et démodulation d'amplitude. Les deux fonctions ont des points
communs (en plus, un filtrage est souvent nécessaire après détection) mais présentent des différences. En effet, le
filtrage correspond à des phénomènes linéaires: si on envoie la somme de 2 signaux de fréquences différentes sur un
filtre, celui-ci réagit en donnant la somme des réponses qu'il fournirait s'il recevait séparément chaque signal, il est
entendu que le rapport sortie/entrée varie avec la fréquence. Au contraire, la démodulation n'est pas un phénomène
linéaire: la porteuse et le signal modulant ne sont pas additionnés mais le plus souvent multipliés. La fréquence la plus
faible est en quelque sorte mieux cachée. La démodulation nécessite une diode de détection qui est un composant non
linéaire; c'est une opération plus complexe que le filtrage. Nombreux sont les cas où elle n'a pas pu être réalisée. La
démodulation synchrone est trop souvent absente. Le problème de la récupération de la porteuse n'a jamais été évoqué.

Remarque du Jury sur la récupération de la porteuse à relativiser car ils ont reconnu qu’elle était un peu excessive.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SIGNAL ET BRUIT

Principe de l'échantillonneur-bloqueur ; conséquences fréquentielles


§ 1.3.2 Utiliser des GBF numériques de
préférence. On peut aussi utiliser le GBF Wavegen présents dans certains oscilloscopes pour générer les pulses de
commande.

Numérisation des échantillons


Quantum de conversion et RSB du convertisseur idéal → § 1.3.4 ; noter
l’importance d’acquérir un signal avec la pleine échelle.

Filtrage d’un bruit blanc


Théorie un peu nouvelle pour vous mais relativement simple et colle bien aux souhaits du
jury.

Caractérisation du générateur de bruit → § III.2.1. Voire si on peut faire un histogramme


pour mettre en évidence le caractère gaussien du bruit (cf topo cachan)

Filtrage du bruit → § III.2.5 Cette manip permet de faire un calcul d’incertitude (pas facile
dans ce montage). On peut mesurer le bruit pour deux fréquences de coupure du filtre différentes et calculer le rapport
B1/B2. Comme B est en racine de la DSP et de la bande passante (limitée ici par le filtre passe bas), on doit avoir B 1/B2 =
√(fC1/fC2) = √(C2/C1). On peut aussi tracer la courbe du § III.2.5 mais le coefficient directeur obtenu est fonction de la
DSP et on ne connait pas sa valeur exacte même si on peut l’estimer (cf. III.2.3).

Influence du filtrage sur le RSB → § III.2.6

Réduction du bruit par les outils de traitement du signal présents dans les oscilloscopes numériques
§ III.3 : la
plus facile en pratique, on traite des fonctions souvent utilisées dans la réalité avec les oscilloscopes numériques, colle
bien aux souhaits du jury, mais les principes mis en œuvre réellement ne sont pas aussi simple qu’il y parait

Rapports
2017 Signal et bruit : La mesure du bruit thermique d’une résistance est une très jolie expérience à la condition de
comprendre les différents étages d’amplification nécessaires dans ces expériences. L’utilisation de boîtes noires non
justifiée a été sanctionnée par le jury.
2013,2014, 2015 Acquisition, analyse et traitement des signaux : Les notions d’erreur de quantification et de rapport
signal/bruit ne sont pas bien dégagées. Pour la numérisation d'un signal, il faut mettre en évidence le rôle de
l’échantillonnage et ses conséquences.
2011, 2012 Acquisition, analyse et traitement des signaux : Les caractéristiques de la numérisation d'un signal ont été
mieux illustrées cette année. L’analyse des signaux ne se limite pas à une FFT sur un oscilloscope. L’aspect traitement
du signal est trop souvent absent notamment le rapport signal/bruit.
2010 Acquisition, analyse et traitement des signaux : L'étude exhaustive d'un circuit RLC série n'a pas sa place dans ce
montage, même si ce circuit peut servir à illustrer la réduction du bruit sur un signal de fréquence donnée. Les notions
d’erreur de quantification et de rapport signal/bruit ne sont pas bien dégagées. Pour la numérisation d'un signal, il faut
mettre en évidence le rôle de l’échantillonnage et ses conséquences.
2008 Acquisition, analyse et traitement des signaux : La partie « acquisition » est souvent omise.
2004 Les candidats ont très souvent recours à la « périodisation » du signal préalablement à l’analyse de Fourier par
certains logiciels. Cette démarche est pour le moins étrange : périodiser suppose connue la période du signal et on peut
dès lors s’interroger sur la pertinence de l’analyse de Fourier subséquente. Les candidats perdent du coup de vue le rôle
de la durée totale d’enregistrement sur la résolution spectrale associée à la transformée de Fourier.
1999 Au moins pour une partie du montage, le signal que l'on étudie devrait être relié à une grandeur que l'on cherche à
mesurer et non fournie par un générateur BF.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURE DES FREQUENCES TEMPORELLES

Mesure d’une fréquence unique : Le compteur


Etude d’une base de temps → § II.1.4 → intérêt du comptage puisqu’on a des
références de temps très stable

Etude de la stabilité en fréquence d’un GBF analogique (peut servir pour la


manip sur l’effet doppler)

Limite du comptage
Problème des signaux bruites ou complexes → § II.3 :
on peut juste utiliser additionner deux signaux sinusoïdaux et monter que le compteur devient
inopérant alors qu’une TF bien faite permet de les voir.

Mesure par analyse spectrale (fréquences courantes)

Technique intéressante quand le signal est bruité ou quand le spectre est complexe → montrer la
condition à respecter pour que la TF soit bonne (Shannon) et l’influence de la durée d’observation
sur la résolution du spectre calculé et l’allure de ce spectre.

Condition sur l’échantillonnage : Critère de Shannon → § III.2 si pas déjà vu


avant. Le faire avec un oscilloscope type Agilent DSO 5012 (plus simple)

Influence de la durée d’observation → § III.3 si pas déjà vu avant. Le faire


avec synchronie ou latis pro (plus simple).

Mesure par translation de fréquence (haute fréquence)


§ V.1. Manip sympa, recommandée par
le jury et on peut faire un calcul d’incertitude. Application aux oscilloscopes THF.

Montrer qu’une mesure par comptage est impossible si on utilise un GBF analogique et une vitesse
basse car le décalage en fréquence est alors de l’ordre de grandeur de l’instabilité du GBF

Technique des battements (haute fréquence)


Technique intéressante quand on veut mesurer
une fréquence précisément par rapport à une fréquence considérée comme un étalon → cf. manip du
quartz dans le topo régime transitoire ou celle des diapasons. Manip redondante avec la précédente
→ choisir une des deux

Mesure indirecte par λ (très hautes fréquences)


§ IV Les fréquences des ondes cm sont très
élevées donc il est plus simple de les mesurer via la longueur d’onde puisque la vitesse de la
lumière est une constante fixée conventionnellement.

Rapports
2016, 2017 Le principe de ce montage est de présenter les techniques de mesure de fréquences dans une large gamme. Il
ne s’agit pas de réaliser différentes expériences faisant intervenir des phénomènes périodiques et de parvenir à une
détermination de fréquence moins précise que celle obtenue avec le fréquencemètre présent sur la paillasse. Ainsi le
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

jury souhaiterait que le stroboscope ne soit plus utilisé comme fréquencemètre pour l’étude des résonances de la corde
de Melde.
2015 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) : Le principe de ce montage est de présenter les
techniques de mesure de fréquences. Il ne s’agit pas de réaliser différentes expériences faisant intervenir des
phénomènes périodiques et de parvenir à une détermination de fréquence moins précise que celle obtenue avec le
fréquencemètre présent sur la paillasse.
2014 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) : Ce montage ne consiste pas en l’étude d’une
succession de phénomènes périodiques à l’aide d’un fréquencemètre commercial, ce qui serait beaucoup trop
élémentaire et redondant, mais bien aux techniques de mesure de fréquences.
2010/2013 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) : La résolution spectrale lors d’une
transformée de Fourier discrète n’est pas toujours connue. Les candidats gagneraient à connaitre les méthodes de
détermination de fréquence par multiplication (translation) ou hétérodynage.
2011/2012 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) : La résolution spectrale lors d'une
transformée de Fourier discrète n'est pas toujours connue. Même si un stroboscope présente un intérêt pédagogique, il
ne saurait être préféré à un fréquencemètre. Lorsqu'on dispose d'une méthode plus précise, l'utilisation du chronomètre
n'est pas recommandée.
2007 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l'optique exclu) : Le candidat doit avoir un minimum de
connaissances sur la fonction FFT des logiciels spécialisés ou des oscilloscopes.
2006 Mesure des fréquences temporelles (domaine de l’optique exclus) : L'étude du principe de la mesure d'une
fréquence est attendue. Une mesure de fréquence utilisant la fonction FFT du logiciel « Synchronie » sur un nombre
entier mais faible de périodes est peu judicieux.

Remarque :
Sur les oscilloscopes DSO 2002 (les derniers), la résolution de la TF annoncée ne
correspond pas à ça mais à :

𝑓𝑒𝑐ℎ /2
𝛥𝑓𝑟𝑒𝑠𝑜𝑙 = 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑁𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡𝑠 𝐹𝐹𝑇 = 65 536
𝑁𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡𝑠 𝐹𝐹𝑇

Avec féch la fréquence d’échantillonnage affichée en haut à droite. Ça correspond donc à la


résolution du spectre sur la fenêtre affichée (comprise entre 0 et féch/2 pour détecter le repliement)
compte tenu du nombre de points sur lequel il calcule la FFT. Ça marche comme ça dès qu’il
décime (ce n’est pas tout à fait la même chose aux vitesses d’observation les plus courtes comme
avec des calibres de la ns ou là, il peut y avoir un facteur 2). Comme il fait ses observations
temporelles sur 50 000 points par voie en mode normal, on peut montrer que le pas de calcul de la
TF est alors :
𝑁𝑡𝑒𝑚𝑝𝑜𝑟𝑒𝑙
𝛥𝑓𝑟𝑒𝑠𝑜𝑙 =
2. 𝑁𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡𝑠 𝐹𝐹𝑇 𝑇𝑜𝑏𝑠

Due au nombre de points (N) :


Ttot = N.Téch = N/féch

1 2f max
→ N = Ttot f éch = f éch = d’après Shannon
Δf résol Δf résol

→ Pour avoir à la fois une bonne analyse des HF (pas de repliement) et une bonne résolution, il faut
un grand nombre de points. Le nombre de points N définit donc la dynamique de l’analyse spectrale
(rapport entre fréquence maximale analysée et la résolution

Dynamique = fmax/Δfrésol = N/2


Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURE DE LONGUEURS

Mesure de longueurs d’ondes HS (cf. remarques du jury)

Mesure de petites longueurs


→ § II.1 (cheveu ou fil calibré) ou II.2 (lycopodes)

On conseille le cheveu ou le fil car comparaison possible avec palmer et observation au microscope
(lycopodes → palmer en moins). Le fil est en plus donné avec une incertitude.

Pour la mesure par diffraction, une technique consiste à utiliser un laser (prendre celui logé dans un
tube et avec l’alimentation à clé), le fil, une photodiode polarisée en inverse sur un petit banc
d’optique avec une résistance de mesure assez forte, et une observation à l’oscilloscope (prendre
une BT assez grande, genre 100 µs/div et moyenner un peu pour ne pas être gêné par le 50 Hz)

Pour la technique par grossissement avec un microscope utiliser image J pour étalonner les mesures
avec une mire

Télémètre
→ § III

Mesure par triangulation

Autre manip possible (à tester)


Mesure d'une distance par luminosité (méthode des chandelles
standards) : Ampoule de QI à l'équilibre thermique. Mesure de luminosité par
thermopile/solarimètre/puissancemètre ou photodiode sur banc d'optique. Fitter la puissance reçue
par A/(r - B)2. Application en astronomie

Rapports
2017 Des mesures de longueurs dans une large gamme sont appréciées et là encore les candidats ne doivent pas se
contenter du réglet comme outil de mesure. L’utilisation de mesures utilisant des interférences optiques conduit à des
mesures intéressantes dont on pourra discuter la précision par rapport à des mesures plus directes.
2015 2016 Mesure de longueurs : Des mesures de longueurs dans une large gamme sont appréciées et là encore les
candidats ne doivent pas se contenter du réglet comme outil de mesure. Par ailleurs, la mesure d’une longueur de
cohérence n’a pas en soi sa place dans ce montage.
2014 Mesure de longueurs : Ce montage n’est ni un montage de spectroscopie, ni un montage de focométrie ; en
particulier, la mesure de longueurs d’ondes en tant que telle ne semble pas indiquée. On peut en revanche discuter des
méthodes de mesure de longueurs adaptées à grande et à petite échelle. Rappelons que des objets micrométriques
peuvent être mesurés avec un instrument optique adapté.
2013 Mesure de longueurs : Il est dommage de voir tant de montages à prétention métrologique ou les incertitudes sont
très mal gérées. Lors d'utilisation de « boites noires », il est indispensable de connaitre leur fonctionnement.
2012 Mesure de longueurs : Le jury a pu assister à des montages variés et bien structurés, balayant les diverses échelles
de longueurs, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Cependant, les incertitudes, malgré leur importance dans ce
montage, sont souvent encore mal gérées et mal hiérarchisées.
2011 Mesure de longueurs : Le jury a pu assister cette année a des montages varies et bien structures. Cependant, les
incertitudes, malgré leur importance dans ce montage, sont souvent très mal gérées et mal hiérarchisées.
2010 Mesure de longueurs : Il est dommage de voir tant de montages à prétention métrologique où les incertitudes sont
très mal gérées.
2009 Mesure de longueurs : Il est inutile d’utiliser un interféromètre de Michelson pour déterminer la différence de
marche engendrée par une lame de microscope si on cherche à déterminer son épaisseur avec un indice peu précis !
2005 Les appareils de mesure traditionnels (palmer, mètre-ruban) permettent de vérifier les valeurs obtenues par des
méthodes dont on cherche à illustrer le principe.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SYSTEMES BOUCLES

Ce montage regroupe deux anciens sujets, asservissements et oscillateurs. Les deux topos (font plus de 75 pages → On
ne peut pas découvrir ça le lundi matin. Il faut absolument les lire avant.

Quelles manips choisir ?


Regarder le dernier rapport : Ce montage concerne la physique des asservissements et/ ou
celle des oscillateurs auto-entretenus. Une maîtrise minimale des montages élémentaires est requise. Un oscillateur à
quartz serait le bienvenu, compte tenu de son fort facteur de qualité.

→ Un oscillateur à quartz serait le bienvenu et le « et/ou » implique qu’on n’est pas obligé de traiter les deux aspects.
Ça peut arranger ceux qui ne maitrisent pas les asservissements mais, d’un autre côté, c’est l’occasion d’aborder un
sujet inconnu, qui peut tomber aux écrits et qui permet notamment de voir les ampli op sous un nouveau jour. D’où mon
conseil pour les TP : faire un système bouclé stable (moteur ou ampli) et un instable (Wien ou quartz). Pour le système
bouclé stable, l’amplificateur est le plus simple. Pour l’instable, le quartz est préférable.

INFLUENCE DU BOUCLAGE SUR UN MODELE D’AMPLIFICATEUR

Etude de la chaine directe


Pas le cœur du sujet → Donner simplement les caractéristiques du montage
(gain statique, fréquence de coupure, valeur rS) en supposant les formules connues.

Etude du système bouclé


Retour unitaire (plus simple) ou ajusté (pour ceux qui maitrisent)
II.3.3 Influence d’une charge → valeur rS en BF
Rajouter éventuellement l’étude de l’influence du bouclage lors de la
variation du gain de la chaine directe (cf. II.3.1).

Etude dynamique
Réponse à un échelon avec correction P, I et PI. Si on veut faire plus simple, on peut
se limiter à la correction P sur le montage du § II.3.1 en jouant directement sur la valeur de A et en allant jusqu’à
l’instabilité.

Si on fait l’étude dynamique, monter directement le montage global avec le correcteur réglé à C = 1 pour commencer →
moins d’interventions nécessaires sur le montage donc moins de risque de se planter

SYSTEME BOUCLES OSCILLANTS

Oscillateur a pont de Wien


§ II.2.1 Etude du filtre
§ II.2.3 Bouclage → stabilité
§ II.2.4 Démarrage de l’oscillateur

Oscillateur à Quartz
§ II.3.1 Etude FTBO ; En déduire les paramètres du circuit résonant (fréquence propre et
facteur de qualité → cf. montage résonance)
Bouclage
Stabilité ; Temps de réponse

Remarque :
L’oscillateur peut avoir du mal à démarrer si l’étage amplificateur inverseur déphase un peu à cause de
son gain important et du produit G.BP de l’AO. Si c’est le cas, scinder l’amplification en 2 étages se répartissant le gain
global avec un ampli non inverseur et un amplificateur inverseur pour que le tout compense toujours le déphasage de π
de l’étage contenant le quartz.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Rapports
2017 Systèmes bouclés : Ce montage concerne la physique des asservissements et/ou celle des oscillateurs auto-
entretenus. Une maîtrise minimale des montages élémentaires est requise. Certains aspects des systèmes bouclés
peuvent être élégamment illustrés par des montages comme l'oscillateur à quartz, compte tenu de son fort facteur de
qualité.
2014, 2015, 2016 Systèmes bouclés : Ce montage concerne la physique des asservissements et / ou celle des oscillateurs
auto-entretenus. Une maîtrise minimale des montages élémentaires est requise. Un oscillateur à quartz serait le
bienvenu, compte tenu de son fort facteur de qualité.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ONDES / PROPAGATION ET CONDITIONS AUX


LIMITES

Sujet vaste → on peut faire un choix parmi ces manips

Propagation libre

Ondes acoustiques
Mesure de vitesse dans l’air (par déphasage ou par interferences)
Influence du milieu : mesure dans la barre de fer (cf résumé
acoustique)
Z = ρc → calculer et comparer les Z

Ondes à la surface de l’eau


Manip cuve à ondes → phénomène de dispersion

Influence de conditions aux limites

Conditions aux limites longitudinales


Changement d’impédance → phénomène de
réflexion / réfraction
Lois de Snell-Descartes en optique
Mesure de l’impédance d’un câble coaxial
Ondes stationnaires (1 CL) ou ondes stationnaires résonnantes (2CL ; corde
de melde).

Conditions aux limites transversales


Diffraction avec une cuve à ondes ou des US
Guidage : influence de la taille du guide avec les
US (notion de mode). Ondes cm → étude mode dans le guide (mesure λg, comparer à λ0). Câble
coaxial : mesure de vitesse

2015, 2016 Ondes : propagation et conditions aux limites : Ce montage est riche, car l’existence de conditions aux
limites permet l’apparition de phénomènes aussi variés que la réflexion, la réfraction, la diffraction, les interférences…
Dans ce contexte, on veillera à bien distinguer ondes stationnaires et ondes stationnaires résonantes. Notons enfin que la
notion d'impédance caractéristique n'est pas limitée au câble coaxial. Enfin, la détermination de la fréquence de
résonance de la corde de Melde à l’aide d’un stroboscope n’a pas de sens quand la corde est utilisée avec un générateur
basse fréquence muni d’un fréquencemètre avec cinq digits.
2014 Ondes : propagation et conditions aux limites : Ce montage est riche car l’existence de conditions aux limites
permet l’apparition de phénomènes aussi variés que la réflexion, la réfraction, la diffraction, les interférences… Dans ce
contexte, on veillera à bien distinguer ondes stationnaires et ondes stationnaires résonantes. Notons enfin que la notion
d'impédance caractéristique n'est pas limitée au câble coaxial.
2013 Ondes : propagation et conditions aux limites : L’existence de conditions aux limites permet aussi l’apparition de
phénomènes de réflexion, réfraction, diffraction, interférence… La notion d'impédance caractéristique n'est pas limitée
au câble coaxial.
2010 2011 2012 Ondes : propagation et conditions aux limites : L'existence de conditions aux limites permet aussi
l'apparition de phénomènes de réflexion, réfraction, diffraction, interférence, propagation guidée... La notion
d'impédance caractéristique n'est pas limitée au câble coaxial.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ONDES ACOUSTIQUES

Manips en audible pénibles à l’écoute et galères car polluées par le bruit environnant. Pas ces soucis
avec les ultrasons et ça colle avec le rapport du jury : pas se restreindre aux fréquences audibles.

Remarques du Jury : ne pas faire que des mesures de vitesse, ne pas se limiter à une propagation
dans l’air, les phénomènes d’interférences, diffraction, réflexion/transmission et d'impédance et des
applications peuvent être abordés. On n’a pas de dispositif pour mesurer les impédances acoustiques
à Rennes mais on peut en parler quand on mesure la vitesse du son dans un milieu puisque Zacoustique
caractéristique = ρc). Compte tenu de cette contrainte, on propose deux plans possibles.

Premier plan

I Diagramme d’émission d’un émetteur US


Manip I.3.2 du poly acoustique : diagramme
d'émission normalisé en coordonnées polaires → cône d’émission serré (utile pour télémètre et
sonar). Vérifier que l'ouverture angulaire, définie comme l'atténuation à 3 dB vaut 2θ0 ≈
50λ/(0,85d) en degré (cf. composition de physique 2014 ou mario rossi électroacoustique § 2.7.5
2.76)

II Vitesse de propagation des ondes acoustiques

2.1 Dans l’air libre


Plusieurs méthodes envisageables. Celle par déphasage est facile et
précise mais il vaut peut-être mieux le faire par interférences pour répondre aux souhaits du jury :
tracer I/I0 = f(θ) en champ lointain avec un émetteur et deux fentes dans son cône d’émission (→
intérêt de l’avoir fait avant). On peut aussi utiliser deux émetteurs alimentés par le même signal.

2.2 Dans un solide


Manip simple qui donne des résultats précis. Monter une tige de fer
sur un pied/noix en mettant le point de fixation au milieu. Frotter une extrémité de la tige avec un
chiffon imbibé d’alcool → émission d’une onde acoustique par créations d’ondes stationnaires dans
la tige → mesurer la fréquence de l’onde sonore, en déduire c sachant que L = λ/2

On peut finir cette partie en calculant l’impédance caractéristique des ondes longitudinales dans
l’air et dans un solide/liquide pour comparer les ordres de grandeur (explique les ondes stationnaires
dans la barre par exemple).

III Applications
Télémètre (influence de T) → cf. poly « mesure des longueurs », paragraphe III

Mesure de vitesse par effet Doppler → cf. poly « mesure des fréquences
temporelles », paragraphe V.1

IV Influence de conditions aux limites transversales sur la propagation


→ Ondes guidées avec US
(cf poly ondes pour la manip)

Autre plan possible


Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les manips sont à peu près les mêmes mais avec une logique de
présentation différente.

I) Caractère propagatif des ondes sonores, vitesse du son.

1) Production/propagation dans l’air et dépendance en température de la vitesse du son


2) Vitesse de propagation dans un liquide et un solide

II) Caractère ondulatoire des ondes sonores

1) Interférences (Trombone de Kœnig)


2) Diffraction

III) Impédances, réflexions, transmissions et toutes ces sortes de choses.

2014, 2015, 2016 Acoustique : Les phénomènes d’interférences, de réflexion/transmission et d'impédance ont aussi leur
place dans ce montage. En outre, le jury apprécie qu'on ne se limite pas à la propagation dans l’air ni à une gamme de
fréquences restreinte aux fréquences audibles. En tout état de cause, le montage ne doit pas se limiter à des mesures de
la célérité du son. Signalons enfin que les mesures d’atténuation des ondes acoustiques dans l’air qui ont été proposées
par les candidats n’ont pas donné de résultats probants.
2010 2011 2013 Ondes acoustiques : Les phénomènes de réflexion/transmission et d'impédance ont aussi leur place
dans ce montage. En outre le jury apprécie qu'on ne se limite pas à la propagation dans l’air ni à une gamme de
fréquences restreinte aux fréquences audibles. Le montage ne doit pas se limiter à des mesures de la célérité.
2012 Ondes acoustiques : Le jury attend des notions plus variées que les seules mesures de célérité. On peut penser :
- aux phénomènes de réflexion-transmission, d'interférences et de diffraction, de modes...
- aux notions d'impédance acoustique, de timbre, de hauteur, d'effet Doppler...
- aux nombreuses applications : instruments de musique, sonar, échographie
2007 2008 Ondes acoustiques : Il est conseillé de ne pas se limiter à la propagation dans l’air ni à une gamme de
fréquences restreinte aux fréquences audibles.
2000 Ondes acoustiques sonores et ultrasonores : Le rôle de la caisse de résonance d'un diapason reste méconnu. Les
fonctionnements des microphones et haut-parleurs électrodynamiques présentent des analogies, mais la force de
Laplace et la loi de l'induction sont deux phénomènes physiques à propos desquels il est difficile de parler réellement de
" réversibilité " -1 est-ce d'ailleurs si important ? L'emploi du tube de Kundt et la mise en œuvre de l'expérience de
Melde donnent lieu à de surprenantes confusions entre les notions de résonance et d'ondes stationnaires la résonance,
ici, ne fait que rendre plus apparent le phénomène d'ondes stationnaires : c'est pourquoi on préfère placer le haut-parleur
à un nœud de pression, ce qui impose une contrainte à la fréquence du son si l'autre extrémité du tube est bouchée. Pour
étudier l'influence d'un paramètre d'environnement (la température, par exemple) il est préférable de ne pas faire varier
la longueur d'onde, et donc d'ajuster la fréquence. D'autres dispositifs, qui ne fixent qu'une seule condition aux limites,
sont d'emploi plus aisé.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

RESONANCE
Expérience d’introduction
Les diapasons → § II ou Quaranta I à « Oscillations Forcées » (résonance acousto
mécanique) ou une série de pendule de différentes longueurs excités par un pendule plus lourd (résonance mécanique)

Résonance à 1 DL : le circuit R, L, C ou le quartz


Etude du circuit RLC classique. On peut la remplacer par
l’étude du quartz → étudier le circuit RLC en TP et faire le quartz en montage

Circuit RLC
Réponse en intensité → § III.2.2 (étude de la phase) ; Facteur de qualité → § III.2.3 (IMPORTANT)

La wobbulation pour l’étude des différentes réponses n’est pas obligatoire. Si on s’en sert, montrer qu’une wobbulation
rapide déforme les courbes et ce d’autant plus que Q est fort (illustre le rapport entre la largeur de la résonance et la
durée du transitoire). Si on mesure f0, utiliser la phase (critère plus pertinent). Pour mesurer Q, prendre un GBF
numérique et un multimètre précis.

Quartz
Etude de sa résonance série → § III.3 ATTENTION A NE PAS METTRE UNE TENSION TROP FORTE
FAIRE ATTENTION AU PRODUIT GAIN BANDE PASSANTE DE L’AO !
Lien avec le régime transitoire → II.4 du montage régime transitoire

Choisir ensuite un thème parmi les suivants. La résonance paramétrique plait au Jury mais il faut être à l’aise avec. Si
on ne le sent pas, prendre la corde de Melde ou les systèmes couplés (ces manips servent dans un autre montage)

Résonance à 2 DL : circuits couplés


§ Montage « couplage des oscillateurs »

Résonance « avec propagation »


§ V.1 ou V.2 : manipulations classiques. La corde de Melde permet d’aborder le
domaine de la mécanique.

Résonance paramétrique
§ 6.2

Manip d’application
Illustrer le principe de la recharge des téléphones portables par couplage de circuits résonant
(demander conseil au professeur). Intérêt par rapport à de simple bobines : on travaille avec des circuits de plus faibles
impédances → On produit un champ plus fort et le récepteur a une impédance plus faible, donc est un meilleur
générateur de tension.

Rapports
2014 2015 2016 2017 Résonance : Le lien qui existe entre la largeur de la résonance d’un oscillateur et la durée du
régime transitoire est souvent ignoré par les candidats. Des phénomènes non linéaires ou paramétriques pourraient
également être abordés.
2013 Résonance : Les phénomènes non linéaires, paramétriques pourraient aussi être abordés. Les critères de
détermination expérimentale de la fréquence de résonance ne sont pas toujours pertinents. Le rapport entre la largeur de
la résonance et la durée du transitoire est trop souvent ignorée.
2011 2012 Résonance : La résonance ne se limite pas à l'étude du circuit RLC. Les critères de détermination
expérimentale de la fréquence de résonance ne sont pas toujours pertinents. Le rapport entre la largeur de la résonance
et la durée du transitoire est trop souvent ignoré. La notion de facteur de qualité ou un équivalent est trop souvent
absente.
2010 Résonance : Les phénomènes non linéaires, paramétriques pourraient aussi être abordés. Les critères de
détermination expérimentale de la fréquence de résonance ne sont pas toujours pertinents. Le rapport entre la largeur de
la résonance et la durée du transitoire est trop souvent ignoré.
2008 Résonance : Le phénomène de résonance n’apparaît pas qu’en électricité. En outre, le circuit RLC est souvent mal
connu. Le jury apprécierait de voir des résonances dans d’autres domaines de la physique, ainsi que des facteurs de
qualité importants.
2004 Montages 38 et 39 : L’étude de la phase est trop souvent absente de ces montages alors qu’elle fournit des
relations complémentaires non redondantes à celle de l’amplitude
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

COUPLAGE DES OSCILLATEURS

Couplage par élasticité


→ § I ou II car ce sont les mêmes types de couplage. Le I est sans douté
préférable pour ne pas faire que de l’électrique.

Remarque :
Les pendules pesants couplés seront disponibles à l’oral
On peut faire la TF du régime transitoire pour observer la présence de deux fréquences
propres.
On peut faire un calcul énergétique mais c’est assez long et galère (demander conseil
au professeur)

Couplage par inertie


Oscillateurs accordés en régime forcé → III.2.2 avec mesure d’une
constante de couplage (Important) ; comparer les deux méthodes de mesure.

Oscillateurs désaccordés
→ § III.3
Remarque :
On peut aussi faire une étude en régime transitoires (f = 20 Hz, U = 0,8 V) et faire la
TF de UC1 en partant de l’absence de couplage puis en rapprochant B2. On a un pic au départ qui se
dédouble.

Couplage de plusieurs oscillateurs identiques


→ § IV
Rapport
2014, 2015, 2016,2017 Couplage des oscillateurs : Les pendules utilisés dans le cadre de ce montage sont
souvent loin d'être des pendules simples, et les candidats doivent en tirer les conclusions qui s’imposent. Les
expériences de couplage inductif sont souvent difficiles à exploiter car les candidats ne maitrisent pas la valeur de la
constante de couplage. Enfin, il n’est pas interdit d’utiliser plus de deux oscillateurs dans ce montage, ou d’envisager
des couplages non linéaires, qui conduisent à des phénomènes nouveaux comme l'accrochage de fréquence, et ont de
nombreuses applications.
2013 Couplage des oscillateurs : Les pendules utilises dans le cadre de ce montage sont souvent loin d'être
des pendules simples. Enfin, les couplages non linéaires conduisent à des phénomènes nouveaux comme l'accrochage
de fréquence, qui ont de nombreuses applications.
2012 Couplage des oscillateurs : Les candidats peuvent présenter des systèmes couplés simples, en
mécanique, en électricité ... mais il faut analyser correctement les couplages pour éviter une mauvaise utilisation de
formules toutes faites. Le jury met en garde les candidats contre l'utilisation de dispositifs dont la modélisation n'est pas
comprise.
2011 Couplage des oscillateurs : Le jury met en garde les candidats contre l’utilisation de dispositifs dont la
modélisation n’est pas comprise.
2010 Couplage des oscillateurs : Les pendules utilisés dans le cadre de ce montage sont souvent loin d'être
des pendules simples. D'autre part, il faut réaliser le montage correspondant aux équations que l'on écrit (ou l'inverse),
sinon l'interprétation n'est pas correcte. Enfin, les couplages non linéaires conduisent à des phénomènes nouveaux
comme l'accrochage de fréquence, qui ont de nombreuses applications.
1999 L'étude du couplage d'oscillateurs identiques ne permet pas de couvrir la totalité du sujet.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Couplage
Ca consiste à rendre deux entités dépendantes l’une de l’autre → l’évolution de l’une des entités influence
l’évolution de l’autre entité. Plus le couplage est fort, plus l’influence est forte.

Conséquence du couplage
Dans les équations : apparition de termes de 2 dans 1 et vice versa (si couplage
symétrique).
Au niveau énergétique : ça ouvre un « canal » permettant d’échanger de l’énergie (si
le mouvement est quelconque).

A montrer
Expérience d’intro : Transfert d’énergie (sauf sur les modes propres)
Existence de modes propres ; autant de modes propres que d’oscillateurs couplés. Les fréquences propres
ne peuvent plus être attribuées à un oscillateur particulier, ce sont les fréquences propres du système entier
Si le système est excité initialement dans un de ses modes propres, il le reste par la suite.
Mouvement quelconque = combinaison linéaire des modes propres.
Le couplage permet le transfert alternatif d’énergie d’un pendule à l’autre (les oscillations d’un pendule
sont en quadrature par rapport à l’autre), alors que dans un mode propre l’énergie de chaque pendule est stationnaire s’il
n’y a pas de dissipation.
Le couplage d’oscillateurs accordés provoque une levée de dégénérescence (deux oscillateurs identiques
couplés = un système à deux fréquences propres). Les fréquences propres s’écartent d’autant plus que le couplage est
fort.
Le couplage a pour effet d’écarter les fréquences propres, et ce d’autant plus qu’elles sont proches au
départ (cas des circuits désaccordés).
Régime forcé → résonance sur les modes propres
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

REGIMES TRANSITOIRES
Choisir 3 manip parmi toutes ces propositions. Les expériences classiques se trouvant facilement dans des livres comme
le Quaranta IV d’électricité (nouvelle édition), elles ne sont pas décrites dans le topo. Seules des expériences plus
« exotiques » y sont présentées.

Transitoire d’ordre 1
Circuit RC → cf. Quaranta IV, p. 475 par exemple ou topo sur condensateurs.

Temps de réponse d’une photodiode (montage photorécepteurs) ; transitoire rapide.

Transitoire d’ordre 2 avec amortissement fluide


Circuit RLC (Quaranta IV, p. 479) : montrer les différents régimes,
la différence entre UR et UC. Pour UC, insister sur la possibilité d’avoir des surtensions (avantage : allumage des néons,
démarrage des voitures à essence ; inconvénient : étincelles de rupture sur les interrupteurs). Pour le quantitatif, préférer
l’étude sur R car les transitoires sont autour de 0 (plus facile pour l’acquisition et les zooms). Acquérir le signal en
régime pseudo périodique, faire une modélisation, mesurer f, comparer avec f0 (pas pareil), mesurer λ, comparer avec
R/2L.
Le diapason (résonance mécanique, transitoire lent) → § II.2 du
topo : mesure f, Δf et facteur de qualité sur une FFT → dualité régime transitoire régime forcé pour les systèmes LIT.

Régime transitoire d’ordre 2 avec amortissement sec


Pendule Pendulor (résonance mécanique) → § II.3 du topo

Régime transitoires précédent un régime forcé

Réponse précédent un régime sinusoïdal


(Quaranta IV, p. 482 ou Krob, p. 52). On peut montrer le cas
f ≈ f0 sur la résonance série du quartz (résonance électromécanique) et s’en servir pour mesurer précisément cette
fréquence de résonance série (on gagne un facteur 10 en précision par rapport au GBF numérique). On peut citer
l’exemple des régimes transitoires lors d’une wobbulation trop rapide.

Etablissement d'un régime permanent sinusoïdal


Démarrage de l’oscillateur à pont de Wien (cf poly
systèmes bouclés 2). Réponse exponentielle quand R2 pas trop fort. Mesure de λ. On peut aussi tracer τ = f(R2).

Régime transitoires non linéaires


Mesure du Slew Rate d’un Ampli. Op. → cf. § I.1 du topo → application au
redressement sans seuil ou à l’oscillateur de relaxation.

Suppression du régime transitoire d’un interrupteur → cf. § IV du topo

Diffusion du glycérol dans l'eau


Mécanique des fluides, transitoire très lent

Rapports
2014 2015, 2016, 2017 Régimes transitoires : Il existe des régimes transitoires dans plusieurs domaines de la physique
et pas uniquement en électricité ; de même, l’établissement de régimes forcés peut conduire à une physique bien plus
variée que le retour à une situation d’équilibre. Par ailleurs, bien que le régime transitoire des systèmes linéaires,
évoluant en régime de réponse indicielle, puisse parfois se ramener à l’étude d’un circuit RC, la simple mesure du temps
de réponse d’un tel circuit ne caractérise pas l’ensemble des propriétés des régimes transitoires. Enfin, varier les
échelles de temps dans la présentation serait appréciable.
2009, 2010, 2013 Régimes transitoires : Il existe des régimes transitoires dans plusieurs domaines de la physique et pas
uniquement en électricité. Bien que le régime transitoire des systèmes linéaires, évoluant en régime de réponse
indicielle, puisse parfois se ramener à l’étude d’un circuit RC, la simple mesure du temps de réponse d’un tel circuit ne
caractérise pas l’ensemble des propriétés des régimes transitoires. D’autre part, l’établissement de régimes forces peut
conduire a une physique bien plus variée que le retour à une situation d’équilibre. Varier les échelles de temps.

Autres manips possibles : courant de pointe dans un pont de diode d’une alim stabilisée au démarrage, surtension à
l’ouverture d’une bobine (suppression par diode de roue libre), transitoires de pendules couplés, ...
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

PHENOMENES DE TRANSPORT

Diffusion
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑇)
Thermique (𝑗⃗ − 𝜆𝑔𝑟𝑎𝑑
Transport de chaleur sans transport de matière → § I.2 ou Quaranta IV p. 100
nouvelle édition. Fiter T f(x) par une exponentielle avec la formule de la barre infinie mais en mettant la température
finale et l’origine des x comme variables d’ajustement. Ne pas passer par les log car c’est moins bon

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑐)
De particules (𝑗⃗ = −𝐷𝑔𝑟𝑎𝑑
Transport de matière → Diffusion du glycérol : § IV.1 ou BUP 819 ou
Quaranta IV p. 466 nouvelle édition

Conduction électrique
Transport de charge → § II.1 avec un fil d’électricien. On peut éventuellement regarder
l’influence de T en plongeant le fil dans un bain thermostaté et en mesurant sa résistance en 4 fils (§ II.2).

Remarque : la loi de la conduction électrique en régime permanent (𝑗⃗ = −𝛾 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉) est analogue à une loi de diffusion
mais ce sont des phénomènes différents car quand on est en régime variable, les ondes diffusives sont toujours
décroissantes alors qu’en électricité, la loi d’ohm 𝑗⃗ = 𝛾 𝐸⃗⃗ reste valable mais le champ électrique n’est plus à
circulation conservative (on passe de 𝐸⃗⃗ = − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉 − 𝜕𝐴⃗/𝜕𝑡) → il se rajoute les phénomènes
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉 à 𝐸⃗⃗ = − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
d’induction et/ou des phénomènes de propagations pas forcément amortis.

Convection
Poiseuille (transport de quantité de mouvement par convection forcée) → § III.2.1

Rayonnement
Vérification de la loi de Stéphan → § I.1.2 du montage émission absorption (matériel disponible à
Montrouge) ou Quaranta IV p. 381 nouvelle édition. On n’a plus de circulation d’eau → mettre quand même le cache
prévu ou une plaque de bois recouverte d’alu pour minimiser l’émission.

Ce mode de transport à la particularité de ne pas être proportionnel à la cause par rapport aux autres
(courants proportionnels aux gradients) → il faut montrer la dépendance en T4 → Fiter par une fonction en Tn et
montrer qu’on a pas n = 1 mais n = 4. On peut aussi montrer avec une caméra thermique que le rayonnement dépend de
l’émissivité si le corps n’est pas noir

2015, 2016, 2017 Des transports autres que diffusifs peuvent faire l’objet de ce montage. Lors de la mesure du
coefficient de diffusion du glycérol, par la déviation d’une nappe laser, les candidats doivent être à même d’expliquer
précisément la nature de l’image observée sur l’écran et son origine physique.
2014 Des transports autres que diffusifs peuvent faire l’objet de ce montage.
2010 2011 2013 Le choix des expériences doit veiller à souligner l’aspect transport. Il existe d’autres phénomènes de
transport que ceux régis par une équation de type j = α grad V.
2012 Ce montage est ouvert à de nombreux domaines, pouvant donner lieu à des études comparées ; on pensera à
exploiter les régimes transitoires et les régimes permanents. Le choix des expériences doit veiller à souligner l'aspect
transport. Il existe d'autres phénomènes de transport que ceux régis par une équation de type j = α.grad V.
2009 La mesure de la conductivité thermique d’un métal par sa réponse en température à une excitation alternative a
posé problème à de nombreux candidats par suite de l’analyse des mesures à l’aide d’une loi non valide avec les
conditions aux limites concernées. Le régime permanent implicitement mis en jeu doit être précisé, de même que son
temps d’établissement.
2008 plusieurs candidats ont voulu présenter une étude dynamique du transport de la chaleur. Cette expérience est
sophistiquée et assez délicate. Pour certains candidats, l'étude statique, bien plus simple à réaliser, doit être préférée.
2007 Le jury attend au moins une mesure de coefficient de diffusion. Le candidat doit savoir évaluer un temps
caractéristique de ce phénomène.
2006 Il faut savoir évaluer un temps caractéristique de diffusion.
2000 Il faut garder à l'esprit qu'on distingue, dans certains domaines, plusieurs modes de transport : conduction,
convection, diffusion... Connaître a priori l'ordre de grandeur de quelques coefficients de diffusion est indispensable.
Les dispositifs dédiés permettant d'étudier l'effet Hall sur des échantillons sélectionnés semblent poser, malgré leur
simplicité, de gros problèmes d'utilisation.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MOTEURS

MOTEUR A COURANT CONTINU

Principe de fonctionnement
§ II.2.2

Pour comprendre le principe de fonctionnement des MCC (rôle des collecteurs). C’est qualitatif
mais il n’est pas inutile de présenter le principe de fonctionnement des moteurs (cf. rapport 2007).

Vérification de la proportionnalité entre E et ω


II.3.4 →
détermination du kΦ du moteur (facultatif).

Etude à vide
II.3.5 : Courbe U0 = f(ω0) ; Montrer que E0 = f(ω0)
droite
Etude du couple de perte global en fonction de la
vitesse → ≈ constant.

Etude en charge à U = cte


II.3.6

Courbe ωC = f(ΓU) :
Ce graphique permet de voir le peu d’influence qu’a une demande de couple
mécanique sur la vitesse de rotation du moteur → intérêt que peuvent avoir les MCC dans le
domaine de la traction.
Montrer que ω dépend d’autant moins de la charge que R et kΦ est faible →
qualité d’un moteur.

Courbe ΓU = f(IC) :
Ce graphique permet de vérifier que le couple mécanique est proportionnel au
courant demandé comme l’indique la relation (3)

Rendement direct :
Ce graphique permet de définir le domaine de fonctionnement nominal
(rendement max).

Rendement par pertes séparées


On peut faire un calcul d’incertitude sur la relation Pprimaire =
Psecondaire + PFer + PCuivre

MOTEUR A COURANT ALTERNATIF

Asynchrone
III.1

Synchrone
→ § 2.2.2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Rapports
2015,2016 Moteurs : Ce montage a été présenté plusieurs fois lors de cette session et a conduit à plusieurs prestations de
bonne qualité. Nous rappelons que les moteurs thermiques font partie des dispositifs qui peuvent être présentés dans ce
montage.
2014 Moteurs : Ce nouveau montage n’a été choisi par aucun candidat cette année. Il est toutefois maintenu pour la
session 2015 compte tenu de la grande richesse et de l’importance industrielle de la physique des moteurs, en particulier
des moteurs thermiques.
2013 Exemples de conversion électrique mécanique : Comme pour le montage 21, la notion de point de fonctionnement
nominal est importante. D'autre part, les modèles utilises pour décrire les convertisseurs sont souvent trop simplifies. Il
faut être capable d'interpréter l'écart entre le système idéal et le système réel.
2012 Exemples de conversion électrique mécanique : Même si l'étude d'un haut-parleur relève du thème, il existe bien
d'autres exemples, et souvent d'intérêt industriel (le moteur électrique est à l'ordre du jour). Il convient d'insister sur
l'aspect quantitatif de la conversion électrique-mécanique.
2010 Conversion de puissance électro-mécanique : Comme pour le montage 21, la notion de point de fonctionnement
nominal est importante. D'autre part, les modèles utilisés pour décrire les convertisseurs sont souvent trop simplifiés. Il
faut être capable d'interpréter l'écart entre le système idéal et le système réel.
2009 Exemples de conversion électromécanique / Comme pour le montage 21, la notion de point de fonctionnement
nominal est importante.
2007 Conversion de puissance électro-mécanique : Un effort pédagogique incluant une approche physique des
phénomènes impliqués dans le fonctionnement des moteurs permet d’éviter un montage constitué d’une série de
mesures sans logique apparente.
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

FILTRAGE (ancien montage)

Filtre passe bas


Caractérisation → § I.2
Application → § I.3 enchaîner deux filtres
On peut comparer ce filtrage a un filtre numérique (cf. montage acquisition
analyse et traitement du signal).
On peut aussi présenter une version active de ce filtre (cf. Krob, p. 45).

Filtre passe bande


Vérification du modèle → § II.1 ou Krob, p. 47
Dualité sélectivité temps de réponse → § II.3
Application au signal qui sort du Michelson (cf. § IV.3, manip de synthèse)
→ prendre 100k, 10k (Q =10) et C = 5,6 μF pour avoir F = 2,82 Hz

Filtrage en optique
§ 4.1 ou 4.2
4.2 → vérification des caractéristiques du filtre avec Spectrovio et mesures
de l’absorption d’une lampe HG avec spectrovio

FILTRAGE
2012 Filtrage de signaux : Un filtre RC passif ne permet qu'une présentation parcellaire de la notion de filtrage. Par
contre, le clignotement d'une lampe à basse fréquence est un problème réel, qui est un exemple du lien science-société
évoqué précédemment. La notion de suiveur, et son utilisation pour transformer un filtre passif en filtre actif est trop
souvent méconnu. En optique, un montage de filtrage des fréquences spatiales est bienvenu, mais l'utiliser pour mesurer
le pas d'un réseau n'est pas pertinent.
2011 Filtrage de signaux : Ce montage se limite bien trop souvent à une étude d’un filtre RC. Rappelons que d’autres
filtres existent, y compris des filtres actifs.
2008 Filtrage : Dans la liste 2009, le titre change car le jury tient à voir du filtrage et non pas seulement l’étude de
filtres. Par ailleurs, un filtre RC suivi d’un suiveur ne peut être considéré comme un filtre actif.
2007 Filtrage : Le titre du montage est « filtrage » et non « filtres ». Il ne faut donc pas se limiter à l’étude du
diagramme de Bode des circuits présentés mais étudier le filtrage des signaux. Le jury apprécie de voir d’autres filtres
que de simple filtres RC ou RLC. Les candidats peuvent aborder d’autres domaines que l’électronique.
2006 Filtrage : Ce montage ne peut pas se limiter à une mauvaise étude d'un filtre passif RC ou RLC en électricité.
2005 Ce montage ne doit pas se limiter aux filtres passifs. D’autres domaines que l’électronique peuvent également être
abordés
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

OSCILLATEURS AUTO ENTRETENUS (ancien montage)

Oscillateurs quasi sinusoïdaux


→ § II.2 (Wien) ou II.4 (Résistance négative)
Consulter le montage « phénomènes non linéaires si vous faites le II.4. Pensez à montrer le passage
en mode relaxé.

Application : oscillateur à quartz


II.3

Oscillateur de Van de Pol


Régime quasi sinusoïdal → § III.5.1
Passage en relaxé → § III.5.2

Rem : Van der Pol pour les gens a l’aise

Oscillateurs de relaxation
Oscillateur a cellule RC
Mesure période (§ 3.2.2) et diagramme de
phase (§ 3.2.3) à comparer avec celui des oscillateurs quasi sinusoïdaux. Application au
capacimètre

Possibilité de synchronisation → § 3.2.4 (Important)


Application aux VCO → § 3.3
Rem : choisir l’un des deux (synchro ou VCO).

2012 Oscillateurs auto-entretenus : Un oscillateur à quartz serait le bienvenu avec son fort facteur de qualité. Le rôle de
la phase pour la détermination de la fréquence d'oscillation est rarement utilisé. Penser aussi aux nombreuses
applications.
2010 2011 Oscillateurs auto-entretenus : Un oscillateur à quartz serait le bienvenu avec son fort facteur de qualité. Le
rôle de la phase dans le critère de Barkhausen pour la détermination de la fréquence d’oscillation est rarement compris.
2009 Oscillateurs auto-entretenus : De nombreux candidats ignorent l’importance des retards de phase dans l’étude de
la stabilité des systèmes.
2008 Oscillateurs auto entretenus : Les conditions d’oscillation auto-entretenues doivent être maîtrisées.
2007 Oscillateurs. Les oscillateurs amortis sont de peu d’intérêt au niveau de l’agrégation. En 2008, le titre de ce
montage devient « Oscillateurs auto-entretenus ».
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

DYNAMIQUE DU POINT ET DU SOLIDE

I INTRODUCTION
La dynamique Newtonienne a pour objet l’étude du mouvement des corps en
relation avec les causes (forces) qui en sont l’origine. Elle est construite autour de 3 grands principes,
les lois de Newton.

I.1 Première loi de Newton


Le principe d’inertie

On peut l’énoncer de la façon suivante : dans un référentiel galiléen, le centre d’inertie d’un système
isolé ou pseudo-isolé est soit immobile, soit animé d’un mouvement rectiligne uniforme (vecteur
vitesse v⃗ constant).

Remarques :
Un système est isolé s’il n’est soumis à aucune force : 𝐹⃗ = 0⃗ ∀ 𝑖. Un système est
pseudo isolé si la somme totale des forces vectorielles qu’il subit s’annule : 𝛴𝐹⃗ = 0⃗. Le référentiel
terrestre, pour autant que les expériences soient de courtes durées et que les vitesses ne soient pas
trop grandes, peut être considéré comme un référentiel galiléen (dans le cas contraire, il faut tenir
compte de l’accélération de Coriolis 2Ω⃗ ∧ v⃗ ).

I.2 Deuxième loi de Newton


Le principe fondamental de la dynamique.

Cette loi introduit le concept de quantité de mouvement qui regroupe les notions de vitesse et de
masse. Elle relie l’accélération d’un corps à l’ensemble des forces auxquelles il est soumis. On peut
l’énoncer de la façon suivante : dans un repère galiléen, le mouvement d’un point matériel de masse
m et d'accélération 𝑎⃗ soumis à un ensemble de forces de somme vectorielle 𝛴𝐹⃗ satisfait à la relation :
𝑑𝑝⃗
𝛴𝐹⃗ = = 𝑚. 𝑎⃗
𝑑𝑡
La masse m caractérise l'inertie du système, c'est à dire la "résistance" à sa mise en mouvement ou à
la modification de celui-ci sous l'action de l’ensemble des forces ∑ 𝐹⃗ .

I.3 Troisième loi de Newton


Principe de l’action et de la réaction ou loi d’opposition
des actions réciproques.

Cette loi générale énonce qu’il n’y a pas de forces isolées dans la nature mais que chaque force existe
de pair avec une force symétrique contraire. On peut en donner l’énoncée suivante : un corps exerçant
une force 𝑓⃗ / sur un autre corps subira en retour une force 𝑓⃗ / de même intensité, de même direction
mais de sens opposé. On a donc 𝑓⃗ / + 𝑓⃗ = 0.

II PREMIERE LOI DE NEWTON


Le principe d’inertie est vérifiable dans le cas d’expériences
terrestres lorsque la pesanteur est compensée par la réaction sans frottements d’un support. On peut
utiliser des mobiles sur coussin d’air. Il suffit alors de vérifier que le centre d’inertie d’un mobile une

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

fois lancé laisse des traces équidistantes alignées sur une droite. Cette manipulation étant triviale, on
propose de l’enrichir un peu en utilisant deux mobiles solidaires. On s’intéresse au centre d’inertie de
l’ensemble et on souhaite vérifier la relation v⃗ = 𝑐𝑡𝑒.

II.1 Manipulation
[1], p. 51-53.

feuille blanche avec papier


conducteur gris au-dessous
M
M’

alimentation
des mobiles

On conseille de lire la notice de la table et des accessoires (principe de fonctionnement de l’ensemble,


branchement des mobiles, …). On vérifie l’horizontalité de la table avec un niveau à bulle ou en
constatant qu’un mobile abandonné immobile sur la table reste dans sa position lorsque la soufflerie
est en marche. On peut solidariser les deux mobiles à l’aide de bagues circulaires recouvertes de
bandes velcro ou les lier solidement avec du fil. Il faut mieux s’entrainer sans feuille de papier blanc
avant de faire un enregistrement pour avoir un mouvement correct. L’ensemble doit être lancé avec
une vitesse initiale adaptée pour que le marquage soit exploitable. Les marques doivent être
suffisemment espacées pour être lisibles mais pas trop pour en avoir suffisemment afin de déterminer
les vitesses en différentes régions de la trajectoire. Il est préférable que les centres d’inertie I et I’ ne
se croisent pas pour ne pas mélanger les marques dues à chaque mobile et le mouvement imprimé à
l’ensemble ne doit pas être pas trop prononcé pour que la liaison entre les deux mobiles reste rigide.

II.2 Exploitation de l’enregistrement


On récupère sur la feuille les marques I et I’ des
deux mobiles autoporteurs. On repère pour chaque mobile le début du marquage et on numérote les
marques à partir de cette origine.

I6 I7 I8
I3 I4 I5
I0 I1 I2

trajectoire du
centre d’inertie

Le centre d’inertie IG de l’ensemble s’obtient en reliant deux à deux les marques enregistrées au même
instant. IG se trouve au milieu des segments si les masses M et M’ des mobiles sont identiques. Si ce
n’est pas le cas, on l’obtient par la relation barycentrique :

𝑀
𝐼 𝐼⃗ = 𝐼 𝐼⃗
𝑀+𝑀

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On doit constater que la trajectoire de IG est une droite avec des points successifs équidistants → v⃗
et p⃗ = ctes. La trajectoire du centre d’inertie est rectiligne uniforme et la quantité de mouvement du
centre d’inertie du système pseudo isolé s’est conservée.

Remarques :
Si l’on déplace la table en cours d’enregistrement, on constate que la loi n’est plus
vérifiée (cas d’un référentiel non galiléen). On peut aussi s’intéresser au mouvement d’un point
quelconque du système. Le plus simple avec l’expérience réalisée consiste à étudier la trajectoire de
I ou I’ dans le référentiel barycentrique de l’ensemble. Pour ce faire, on utilise une feuille de papier
calque avec un repère orthonormé tracé dessus. On place le centre de ce repère sur les traces
successives de I0 en conservant à chaque fois l’orientation de repère orthonormé et on reporte les
positions successives de I ou I’ dans ce repère. Si l’on veut réaliser cette étude, il vaut mieux lancer
les mobiles en leur imprimant un mouvement de rotation un peu plus marqué pour avoir des points
un peu plus espacés (les erreurs dues à une translation imparfaite de la feuille de papier calque sont
moins visibles dans ce cas). On obtient alors une figure de ce type :

I1
I2
Les différentes traces du point choisi dessinent un cercle et les I3
marques sont toutes équidistantes → le mouvement d’un point
I4
périphérique dans le référentiel barycentrique est circulaire
I5
uniforme → le moment cinétique 𝐿⃗ se conserve. I
I9 I8 I7

III ETUDE D’UN MOUVEMENT DE TRANSLATION


En l’absence de rotation, le
mouvement d’un solide indéformable est entièrement défini par celui de son centre d’inertie puisque
le mouvement des autres points est identique (à une constante près pour la position). Ces problèmes
peuvent donc être traités dans le cadre de la mécanique du point. On propose d’étudier la chute libre
d’une balle de ping-pong.

III.1 Equation du mouvement


Si on étudie la chute d’un corps suffisamment dense sur
une distance raisonnable, on peut négliger les influences de l’air environnant. Dans ce cas,
l’application de la relation fondamentale de la dynamique donne :

𝑚𝑎⃗ = 𝛴𝐹⃗ = 𝑃⃗ = 𝑚𝑔⃗ → 𝑎⃗ = 𝑔⃗

Soit, lorsque l’axe z est dirigé vers le haut :

1
𝑧̈ = −𝑔 𝑧̇ = 𝑣 − 𝑔(𝑡 − 𝑡 ) 𝑒𝑡 𝑧 = 𝑧 − 𝑔(𝑡 − 𝑡 ) − 𝑣 (𝑡 − 𝑡 )
2
Les balles de ping-pong certifiées mesurent 40 mm de diamètre et pèsent 2,7 g donc on est loin d’un
corps dense puisque ρ = 80 kg.m-3. Cette valeur étant assez proche de la masse volumique de l’air
(1,2 kg.m-3 à 20 °C), on peut regarder l’influence qu’a ce fluide sur le mouvement. Le premier effet
est la poussée d’Archimède (force de flottabilité due au gradient de pression subi par le corps). Le
mouvement de la balle à une vitesse v entraine un déplacement de l’air environnant, donc une force
supplémentaire due au cisaillement visqueux et a des forces de pression différentes de celles du cas
statique. Cet effet correspond aux calculs classiques des forces de trainée visqueuses en fonction du
nombre de Reynolds (régime de Stockes, Newton, ou intermédiaire). Une dernière force, dite trainée

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

dynamique, apparait à cause de l’accélération 𝑔⃗ subie par la balle car cela entraine une accélération
des particules environnantes, d’où un effet d’inertiel dans l’air1 contre lequel la balle doit lutter.

III.1.1 Poussée d’Archimède et trainée dynamique


On commence par ces
deux forces car elles peuvent être regroupées dans un même terme dans l’équation du mouvement.
La poussée d’Archimède exerce sur la balle une force dirigée vers le haut proportionnelle au poids
du volume d’air déplacé :
𝜋⃗ = − 𝑚 𝑔⃗ = −𝜌 𝑉 𝑔⃗

La trainée dynamique correspond à la force à fournir pour accélérer les particules d’air autour de la
balle. Elle est liée à l'inertie du fluide donc elle est proportionnelle à l’accélération de la balle et à la
masse d’air déplacée. On peut montrer (cf. [8], p. 567, [9], chapitre 5.10.3 ou [10]) qu’elle vaut, pour
une sphère :
1
𝐹⃗ = − 𝑚 𝑎⃗
2
La quantité mair/2 est appelée masse ajoutée, ou masse entrainée par la balle, puisqu’on peut l’ajouter
à sa masse dans le terme inertiel de la RFD (cf. ci-après).

RFD compte tenu de ces corrections :


1
𝑚𝑎⃗ = 𝑃⃗ + 𝜋⃗ + 𝐹⃗ = 𝑚𝑔⃗ − 𝑚 𝑔⃗ − 𝑚 𝑎⃗
2
1
𝑚+ 𝑚 𝑎⃗ = (𝑚 − 𝑚 )𝑔⃗
2
La pesée d’un objet avec une balance prend en compte la poussée d’Archimède donc les 2,7 grammes
d’une balle de ping-pong correspondent à sa masse apparente2 mapp = m – mair. La RFD devient, en
fonction de cette masse :
3
𝑚 + 𝑚 𝑎⃗ = 𝑚 𝑎⃗ = 𝑚 𝑔⃗
2
𝑚
𝑧̈ = − 𝑔
𝑚
𝑚
𝑆𝑜𝑖𝑡 𝑧̈ = − 𝑔′ 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑔′ = 𝑔
𝑚

→ l’équation du mouvement a la même forme que précédemment, mais avec une constante
d’accélération g’ inférieure à g. On a :
4
𝑚 =𝜌 𝑉 =𝜌 𝜋𝑅 = 0,04 𝑔 à 20 °𝐶
3
3 3
𝑚 =𝑚 + 𝑚 = 2,7 + 0,04 = 2,76 𝑔
2 2

1
Cette force est différente de la trainée visqueuse puisqu’elle est non dissipative et cesse lorsqu’il n’y a plus
d’accélération.
2
Une balance affiche en toute rigueur la masse conventionnelle de l’objet, c’est-à-dire la masse d’un corps de densité
fixée conventionnellement à 8 équilibrant l’objet pesé dans un air de masse volumique ρ = 1,2 kg/m3. La correction à
apporter à la masse apparente est négligeable ici.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

D’où :
2,7
𝑔′ = 9,81 = 9,6 𝑚. 𝑠
2,76

La poussée d’Archimède et la trainée dynamique conduisent à une erreur systématique facilement


corrigeable mais très faible puisqu’il n’y a que 2,2 % d’écart avec g → il faut des mesures précises
pour détecter cet effet.

III.1.2 Frottements dus à l’air


La force de trainée dépendant du type
d’écoulement, il faut calculer le nombre de Reynolds Re = ρvd/η pour savoir dans quel régime on se
trouve. On peut estimer sa valeur en considérant une chute démarrant à t0 = 0 avec une vitesse nulle.
La hauteur de chute h et la vitesse atteinte 𝑣 = |𝑧̇ | à un temps t donné valent alors :
1
ℎ = 𝑧 − 𝑧 = 𝑔′𝑡 𝑣 = 𝑔′. 𝑡
2
L’ordre de grandeur sur la vitesse permet d’estimer Re connaissant la viscosité dynamique de l’air (η
= 18.10-6 Pa.s à 20 °C) et le rayon de la balle (R = d = 20 mm) Les valeurs obtenues montrent qu’on
est très rapidement dans le régime turbulent de Newton. On peut donc considérer que la force de
trainée au cours du mouvement a une dépendance quadratique à la vitesse (avec Cx ≈ 0,4 pour une
sphère dans la gamme de Reynolds obtenus) :

𝜌𝑣 𝜌𝑣
𝐹=𝐶 𝑆 = 𝛼𝑣 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛼=𝐶 𝑆 = 3,02. 10 𝑆𝐼
2 2
t (ms) 50 100 150 200 250 300 320 350
h (cm) 1,2 4,8 10,8 19,2 30,0 43,2 49,1 58,7
v (m/s) 0,48 0,96 1,44 1,92 2,40 2,88 3,07 3,36
Reynolds 1279 2559 3838 5118 6397 7677 8188 8949
F (mN) 0,07 0,28 0,62 1,11 1,74 2,5 2,84 3,4

La force de frottement représentant déjà ≈ 5 % du poids de la balle après 20 cm de chute, on peut


regarder son influence sur le mouvement en reprenant la RFD :

𝑚 𝑧̈ = − 𝑚 𝑔 + 𝛼𝑧̇

𝑚 𝛼 𝛼
𝑧̈ = − 𝑔+ 𝑧̇ = − 𝑔′ + 𝑧̇
𝑚 𝑚 𝑚

Résoudre cette équation est compliqué car la vitesse intervient au carré. Il est plus simple de la traiter
par la méthode d’Euler ou, comme on le fait ici, par un traitement perturbatif3.

Equation à l’ordre zéro :


On enlève le terme en 𝑧̇ → on revient à l’équation du § précédent.
1
𝑧̈ = − 𝑔′ → 𝑧̇ ( ) (𝑡) = −𝑔′𝑡 𝑒𝑡 𝑧 ( ) (𝑡) = 𝑧 − 𝑔′𝑡
2
Correction à l’ordre 1 :
On garde cette fois-ci uniquement le terme en 𝑧̇ avec l’expression de la
vitesse à l’ordre zéro qu’on vient d’obtenir.
3
On a testé les deux méthodes et les résultats sont très proches.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝛼 𝛼
𝑧̈ = 𝑧̇ = (−𝑔′𝑡)
𝑚 𝑚

𝛼 𝑡 𝛼 𝑡
→ 𝑧̇ ( ) (𝑡) = (𝑔′) 𝑒𝑡 𝑧 ( ) (𝑡) = (𝑔′) = 0,84𝑡
𝑚 3 𝑚 12

III.1.3 Bilan et conclusion


Le tableau suivant calcule la hauteur de chute pour
différentes durées en fonction des hypothèses effectuées. La première ligne correspond au cas le plus
simple (aucune influence de l’air). Les valeurs h’ sont obtenues en prenant en compte la poussée
d’Archimède et la trainée dynamique (g’ à la place de g). La dernière ligne correspond au calcul le plus
complet (poussée d’Archimède, trainée dynamique et visqueuse) :

temps de chute t (ms) 100 150 200 250 300 320 350
h (cm) 4,9 11,0 19,6 30,7 44,1 50,2 60,0
h' (cm) 4,8 10,8 19,2 30,0 43,2 49,1 58,7
h'' (cm) 4,8 10,8 19,1 29,7 42,5 48,3 57,4

On a, comme attendu, un écart relatif constant de 2,2 % entre les valeurs h et h’ lié à la différence
entre g et g’. Les écarts absolus sont assez faibles au début mais deviennent significatifs pour des
hauteurs plus importantes (plus d’un centimètre d’écart vers 60 cm). L’effet des forces de frottements
est minime au début (moins d’un millimètre d’écart jusqu’à 20 cm) et notable au-delà. On peut
s’étonner d’un impact si faible au départ quand on compare F à mg. Cela est dû au fait que le poids
intervient via l’accélération et conduit à une évolution de z en t2, alors que la dépendance en v2 de F
aboutit à une évolution approchée de z en t4.

Conclusion :
La correction la plus délicate étant celle des frottements, il vaut mieux limiter l’analyse
du mouvement sur des distances qui permettent de les négliger. Si on ne dépasse pas 20 cm de chute,
l’écart avec h’ ne dépasse pas le millimètre. Il est peu probable qu’on puisse pointer le centre d’inertie
de la balle avec une telle précision donc on peut se fixer cette limite pour l’exploitation des résultats.

III.2 Dispositif expérimental


[7], chapitre 10.

Règle

Balle

webcam
h≈
50 cm

h/2

Source lumineuse puissante

On filme la chute de la balle avec une webcam et on relève image par image la position de son centre
d’inertie pour vérifier l’équation du mouvement, calculer l’énergie cinétique, potentielle et totale de
la balle ainsi que son coefficient de restitution lors des rebonds. Il faut prendre certaines précautions

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

si on veut obtenir de bons résultats. L’objet étalon (une règle ou une tige avec deux repères) servant
de référence de longueur pour le pointage des positions de la balle doit être placé avec soin dans le
plan du mouvement pour éviter les erreurs de grossissement. La caméra doit être placée de façon à
minimiser les erreurs de parallaxe (webcam horizontale à h/2). Ces deux réglages sont importants. Il
faut aussi que le mouvement reste au mieux dans le plan de chute initial pour l’étude des rebonds.
Cela implique :
- une surface d’impact plate, lisse, stable et horizontale (on peut prendre une plaque
épaisse en métal, en medium ou en verre si la table présente des irrégularités).
- un milieu sans courant d’air.
- une balle bien ronde (on peut prendre une balle certifiée 3 étoiles pour avoir une
garantie sur la sphéricité).
- un lâcher « très propre » (chute verticale, avec un minimum de rotation, dans le
plan de l’objet étalon). Ce n’est pas forcément facile à réaliser manuellement. On peut, si on le
souhaite, bricoler un système de largage très simple avec un petit tube relié à un tuyau (cf. photo) :
on retient la balle sur l’orifice en aspirant dans le tuyau et on démarre la chute en cessant d’aspirer.

Webcam :
La chute est rapide donc il faut une vitesse d’obturation élevée pour limiter les effets de
flou. Cela se faisant au détriment de la lumière captée, il faut éclairer fortement la scène (lampe
halogène 500 W par exemple). Il faut beaucoup d’images par seconde avec une résolution suffisante
pour décrire précisément le mouvement mais on est vite limité par la bande passante de la connexion
USB de la caméra donc il y a un compromis à faire. On utilise ici une Webcam commercialisée par
Sordalab (référence HDCM). Elle peut enregistrer jusqu’à 60 images/seconde et génère des fichiers
au format AVI directement exploitables par les logiciels de pointage courant. La résolution peut
monter jusqu’à 1280 × 720 en MJPG avec 30 images/s, mais il faut descendre à 432 × 240 pixels si
on souhaite avoir 60 images/s. Il vaut mieux privilégier la deuxième solution pour avoir une
exploitation correcte (notamment sur l’énergie). Voici la liste des réglages à faire dans les menus de
la caméra :
- choisir la fréquence d’images et la résolution4 dans le menu « Options »,
« Video Capture Pin »

- confirmer la fréquence d’image dans le menu « Capture », « Set Frame Rate » et


cocher la case « Use Frame Rate » pour forcer le logiciel à faire l’acquisition au nombre d’images
par seconde souhaité (important).

- décocher l’exposition automatique dans le menu « Options », « Video Capture


Filter », « Contrôle de la caméra ». Une exposition réglée à un niveau bas (- 10 par exemple) permet
d’éviter les flous de mouvement pour une chute de 50 cm de haut mais il faut avoir suffisamment de

4
Le choix du format de compression (YUY2 ou MJPG) n’a pas d’importance si on exploite la vidéo avec Latis Pro.
D’autres logiciels peuvent par contre avoir des problèmes avec le format MJPG.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

lumière pour que l’image ne soit pas trop sombre (on peut jouer sur les paramètres de luminosité,
contraste et gamma de la caméra pour limiter ce problème).

Traitement de la vidéo :
On exploite la vidéo avec Latis Pro car ce logiciel permet le pointage
automatique du mouvement. L’opération marche bien si la scène est suffisamment contrastée (on peut
mettre un drap noir derrière le plan de chute pour que la balle se détache bien du fond). On procède
de la manière suivante :
- on clique sur l’icône « lecture de séquences AVI », puis sur « Fichiers » pour ouvrir la
séquence souhaitée.
- on recherche manuellement l’image correspondant au premier impact de la balle pour
fixer une référence de hauteur. On clique sur « sélection de l’origine » et on place le curseur sur le
centre de gravité de la balle à cet instant. Si on n’a pas d’image correspondant exactement à l’impact,
on estime au mieux la position de G avec l’image la plus proche.
- on clique sur « sélection de l’étalon », on tire la flèche entre deux points de l’objet de
référence et on entre la valeur en mètre entre ces points.
- on peut alors lancer la « Sélection auto des points ». On se place au tout début de la
chute, on sélectionne l’objet à pointer (la balle), la zone dans laquelle doit se faire la recherche de
l’objet, puis on lance la détection. Une fois l’opération terminée, on dispose des mouvements
horizontaux et verticaux de la balle en fonction du temps dans la partie courbe du logiciel. Voici à
titre indicatif un exemple de résultat pour z quand on a de la chance :

Plusieurs essais ont été nécessaires pour obtenir une trajectoire à peu près plane5 sur un aussi grand
nombre de rebonds malgré le soin apporté au dispositif expérimental. Il ne faut donc pas espérer
obtenir un tel résultat à chaque fois et s’estimer satisfait quand on a deux ou trois rebonds corrects.

5
Le décalage du zéro sur certains rebonds (comme à la fin du mouvement) est lié à un effet de perspective sur le pointage
quand le rebond se déroule en avant (minimum négatif) ou en arrière (minimum positif) du plan de chute initial.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

III.3 Exploitation

III.3.1 Equation du mouvement ; détermination de g


On peut utiliser l’équation
du § III.1 en limitant le fit à une hauteur de l’ordre de 20 cm pour négliger les frottements. Voici à
titre indicatif le résultat des modélisations effectuées sur les trois premiers rebonds :

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On a guidé le logiciel en lui donnant des estimations sur Y0, et t0 pour qu’il donne une équation
centrée sur le sommet des paraboles et on l’a forcé à avoir une vitesse nulle en ce point. On a obtenu
g = 9,68 m.s-2 avec un écart-type de 0,06 m.s-2 sur les 5 premiers rebonds. Ce résultat est très proche
de 9,81 m.s-2 et, comme prévu, légèrement inférieur à cette valeur. Il faut cependant noter qu’on n’a
pas une telle reproductibilité si on répète l’expérience plusieurs fois. De nombreux paramètres
peuvent influer sur la qualité du résultat (mauvais placement de la caméra, de l’étalon, lâché, chute
et rebonds mal contrôlés, problèmes de pointage, ...) et on peut vite avoir des écarts plus conséquents
si on manipule mal. On peut espérer un encadrement de g à ± 5 % en travaillant correctement. Si on
est dans ce cas de figure, la prise en compte de la poussée d’Archimède et de la trainée dynamique
n’est pas nécessaire puisque ces effets apportent des corrections inférieures à la précision des mesures.

Remarque :
La chute initiale n’a pas été exploitée vu l’allure particulière des premiers points
(problème probablement lié au pointage automatique). Mais il est de toute façon plus judicieux
d’utiliser les rebonds car l’exploitation de la chute initiale donne souvent de moins bon résultats sur
g, même lorsque son allure semble correcte. Ceci est lié au fait que la modélisation doit se faire sur
une demi parabole avec la chute initiale alors qu’on a une parabole complète sur un rebond, donc une
courbe avec un sommet mieux défini.

III.3.1 Etude énergétique


L’énergie potentielle de pesanteur vaut EP = mgz.
L’énergie cinétique vaut 𝐸 = 𝑚𝑣 /2 si la trajectoire de la balle reste parfaitement droite. On peut
l’obtenir en dérivant z avec les fonctions de Latis pro (il suffit d’écrire vz =Deriv(z) dans la feuille de
calcul). La somme EP + EC donne l’énergie totale ET de la balle. On peut alors tracer l’évolution de
ces trois termes (cf. ci-après). Le graphique permet d’observer les échanges entre l’énergie potentielle
de pesanteur et l’énergie cinétique, avec une somme qui doit se conserver entre chaque rebond si les
frottements sont négligeables.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

L’énergie totale ET n’a pas l’allure attendue, avec une tendance étonnante à l’augmentation en début
et fin de rebond6. L’énergie cinétique présente aussi des défauts. Si on regarde la fin d’un rebond et
qu’on suppose une absence de frottements, EC devrait remonter à la valeur maximum de EP sur ce
rebond, chuter au moment de l’impact (dissipation par choc partiellement mou), puis se mettre à
diminuer en partant d’un niveau correspondant à la valeur maximum de EP du rebond suivant. Ces
défauts sont liés en partie à la difficulté de décrire précisément le mouvement aux moments des
impacts, avec notamment un nombre d’images/s trop faible (les défauts empirent avec 30/images/s),
mais un autre facteur, plus subtil, intervient. La croissance apparente de ET en cours de rebond est lié
au processus séquentiel d’enregistrement des images par la Webcam (Rolling Shutter). On explique
ce point en annexe ou on montre que le résultat précédent est corrigeable en redéfinissant une échelle
de temps. On peut aussi mettre en évidence expérimentalement que cet effet est dû à la caméra en la
retournant de 180° (image de gauche) ou de 90° (image de droite) par rapport à son orientation
d’origine lors de l’enregistrement :

Les courbes présentées sont moins bonnes car on n’a pas pris le même soin qu’auparavant mais on
voit clairement que le sens d’orientation de la caméra a une influence sur la forme de l’énergie totale.
La courbe la plus juste est celle obtenue lorsque l’axe vertical de la caméra est aligné avec l’axe

6
On pourrait, au pire, avoir une légère baisse de EP à cause de phénomènes dissipatifs mais surement pas une
augmentation.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

horizontal de l’expérience car la lecture ligne par ligne n’induit pas d’erreur sur le temps dans ce cas
(cf. annexe pour plus d’explications).

Perte d’énergie au moment des rebonds :


Une étude intéressante consiste à tracer l’évolution du
logarithme de l’énergie totale de la balle entre chaque rebond en fonction du numéro du rebond. La
courbe de ET n’étant pas parfaite, on prend pour ET les valeurs correspondants aux maximums
successifs de EP. On obtient alors le graphique suivant (les logarithmes ont été calculés avec l’énergie
en mJ) :

La droite obtenue s’explique si on suppose qu’il y a toujours la même déperdition d’énergie à chaque
choc car on a alors :
𝐸 = 𝐾𝐸
𝐸 = 𝐾𝐸 = 𝐾 𝐸
...
𝐸 =𝐾 𝐸 d’où 𝐿𝑜𝑔(𝐸 ) = 𝑁𝐿𝑜𝑔(𝐾) + 𝐿𝑜𝑔(𝐸 )

𝐿𝑜𝑔(𝐾) = - 0,0827 ici, d’où K = 0,827 → chaque rebond s’accompagne d’une perte d’énergie de
l’ordre de 17 %.

Coefficient de restitution :
Ce coefficient a été introduit par Isaac Newton en 1687 pour l’étude des
collisions. Il correspond à la valeur absolue du rapport des vitesses relatives d’un objet avant et après
un choc. Il est compris entre 0 (choc parfaitement mou) et 1 (choc parfaitement élastique). Il
correspond à la racine carré du coefficient qu’on a vient de calculer7 puisque EC = ½ mv2. On trouve
C = 90,9 % avec un écart type de 1,6 % sur les 8 premiers rebonds. Ce résultat peut être comparé aux
spécifications des balles certifiées ITTF8. Elles doivent rebondir à une hauteur h’ comprise entre 240
et 260 mm lorsqu’on les lâche d’une hauteur h de 305 mm, d’où 𝐶 = ℎ′/ℎ = 90,5 ± 1,8 %. Cette
valeur est en accord avec notre mesure.

7
On peut aussi l’obtenir en faisant la racine carré du rapport des hauteurs maximum entre chaque rebond si on se
contente de l’étude du mouvement sans tracer les courbes en énergie.
8
On peut trouver un pdf sur internet concernant la certification des balles de ping-pong en tapant « ITTF Technical
Leaflet T3 The Ball ».

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

IV ETUDE D’UN PENDULE PESANT


Le calcul de la période des petites oscillations d’une
masse ponctuelle étant simple et rapide, on souhaite vérifier si ce calcul de dynamique du point peut
s’appliquer au cas d’un pendule réel. On commence par rappeler les résultats des calculs de période
des pendules développés dans le montage sur les régimes transitoires.

IV.1 Pendule simple (mécanique du point)


C’est une masse ponctuelle m reliée à un
axe par un fil sans masse et située à une distance L de cet axe. La période pour de petites oscillations
est donnée par la relation :
𝑇 = 2𝜋 𝐿/𝑔

La masse n’influe pas sur la période mais la longueur intervient au numérateur → les oscillations sont
d’autant plus rapides que la masse est proche de l’axe de rotation et la période tend vers zéro quand
le centre de gravité coïncide avec l’axe. Ce résultat est en contradiction avec l’expérience puisque la
période d’un pendule réel qu’on équilibre tend plutôt vers l’infini. Il y a donc au moins une limite au
modèle de la dynamique du point.

IV.2 Pendule pesant (dynamique du solide)


Le pendule d’étude est principalement
constitué d’une tige cylindrique A (rayon RA, hauteur hA) et d’une masse cylindrique B (rayon
intérieur R1, rayon extérieur R2, hauteur hB) pouvant coulisser sur la tige. Le centre de gravité GA de
la tige est situé à une distance LA de l’axe de rotation O. Le centre de gravité GB de la masse est situé
à une distance LB de O :
O

GA
θ

GB

Si on suppose un amortissement de type fluide, la période des petites oscillations est donnée par la
relation :
𝑚 𝐿 +𝐼 +𝑚 𝐿 +𝐼
𝑇 = 2𝜋
(𝑚 𝐿 + 𝑚 𝐿 )𝑔

Avec les moments d’inertie :


𝑅 ℎ
𝐼 =𝑚 + (1)
4 12

𝑅 +𝑅 ℎ
𝐼 =𝑚 + (2)
4 12

La période ne tend plus vers zéro lorsque LB devient nul mais s’approche de la période propre de la
tige si on peut négliger le moment d’inertie propre de la masse B9. On veut voir maintenant s’il y a
des cas où cette expression peut se ramener à celle du pendule simple.
9
C’est le cas pour le pendule d’étude car IB est négligeable par rapport à mALA2 + IA dans les exemples qui suivent.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

IV.2.1 Premier cas


La comparaison des expressions des deux périodes permet
de voir que T est exactement égal à T0 si on a :

𝑚 𝐿 +𝐼 +𝑚 𝐿 +𝐼 𝐿
=
(𝑚 𝐿 + 𝑚 𝐿 )𝑔 𝑔

Soit : 𝑚 𝐿 + 𝐼 + 𝑚 𝐿 + 𝐼 = (𝑚 𝐿 + 𝑚 𝐿 )𝐿

D’où :
𝑚 𝐿 +𝐼 +𝐼 𝐼 +𝐼 (3)
𝐿 = =𝐿 +
𝑚 𝐿 𝑚 𝐿

→ Il existe une certaine position de la masse B pour laquelle le pendule pesant se comporte comme
un pendule simple. Cette position se situe après le centre de gravité de la tige puisque LB1 est
supérieure à LA.

IV.2.2 Deuxième cas


On a T ≈ T0 si on peut faire les deux approximations
suivantes :
𝑚 𝐿 ≫𝑚 𝐿 +𝐼 +𝐼

𝑚 𝐿 ≫𝑚 𝐿

Soit :
𝑚 𝐿 +𝐼 +𝐼
𝐿 ≫ = 𝐿
𝑚

𝑚 𝐿
𝐿 ≫ =𝐿
𝑚

→ La période d’un pendule pesant tend vers celle du pendule simple lorsque la masse B est
suffisamment éloignée de l’axe de rotation compte tenu de mA, mB, IA, IB et LA. Il y a deux valeurs
limites LB2 et LB3 mais la première est la plus contraignante à respecter lorsque mB est supérieure à mA
(cas des pendules pesant en général) car on a :

𝑚 𝐼 +𝐼
𝐿 = 𝐿 +
𝑚 𝑚

IV.3 Expérience

IV.3.1 Caractéristiques du dispositif d’étude


La tige a un diamètre de 8 mm et
mesure 63 cm de long → LA = 31,5 cm. On ne peut pas la peser car elle est solidaire de l’axe de
rotation via un système non démontable. On peut estimer sa masse par la relation m = ρV en prenant
la masse volumique de l’acier dans un Handbook. On obtient mA = 250 g avec ρ = 7900 kg/m3. Son
moment d’inertie par rapport à l’axe passant par son centre de gravité vaut alors IA = 8,27.10-3 kg.m2
d’après (1).

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On utilise deux surcharges B. La première est un cylindre monobloc possédant les caractéristiques
suivantes : mB = 1974 g, D1 = 2R1 = 8,5 mm, D2 = 2R2 = 6 cm, hB = 9 cm, d’où IB = 1,79.10-3 kg.m2
d’après (2). Une deuxième étude est réalisée avec deux cylindres plus petits accolés. L’ensemble a
les caractéristiques suivantes : mB = 699 g, D1 = 8,5 mm, D2 = 4 cm et hB = 6,9 cm, d’où IB = 3,50.10-
4
kg.m2 d’après (2).

IV.3.2 Mesures
On mesure la période T pour différentes positions de la masse
B. On lâche à chaque fois le pendule avec un même angle initial (θi ≈ 5 ° pour rester dans l’hypothèse
des oscillations harmoniques). On place une barrière photoélectrique au point d’équilibre du pendule
et on envoie le signal sur un oscilloscope numérique en mode Roll pour obtenir T. On observe alors
une succession d’échelon. On mesure le temps séparant trois fronts identiques puisque le pendule
traverse deux fois la barrière par période. Une fois les mesures effectuées, on trace l’évolution de T2
en fonction de mB qu’on compare à celles de 𝑇 et 𝑇 :

On peut faire plusieurs remarques :


- les mesures recoupent le modèle de T obtenu dans le cadre de
la dynamique du solide pour les deux masses. Le fait d’avoir négligé le cylindre sur lequel est fixé le
pendule n’est donc pas gênant dans cette expérience.
- on a, comme attendu, un désaccord notable avec le pendule
simple lorsque la masse est proche de l’axe de rotation : la période diminue, passe par un minimum,
puis augmente lorsque LB diminue alors que T0 tend vers 0 → le modèle de la dynamique du point
n’est pas adapté si le pendule est « trop court ».
- T se rapproche de T0 quand on écarte la masse B de l’axe de
rotation et il y a bien un point pour lequel les périodes sont identiques. La concordance a lieu entre
40 et 45 cm pour les deux pendules. C’est en accord avec les valeurs de LB1 calculables d’après (3)
puisqu’on a LB1α = 44,3 cm et LB1γ = 42,4 cm.
- les courbes expérimentales passent en dessous de celle du
pendule simple au-delà du point de concordance. L’effet est faible pour la masse la plus lourde mais
notable pour la surcharge de 699 gr. Cette différence est à mettre en rapport avec les valeurs de LB2
et LB3 pour chacune des masses puisqu’il faut que LB soit très supérieure à LB2 et LB3 si on souhaite
décrire le pendule pesant avec l’approximation de la dynamique du point.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

masse (g) LB2 (cm) LB3 (cm)


1974 13,3 4,0
699 22,3 11,3

La condition sur LB2 est bien la plus contraignante des deux et on voit qu’elle n’est pas vraiment
vérifiée dans les deux cas puisque LB ne peut pas dépasser 60 cm avec le pendule d’étude. Le problème
est moins gênant avec la masse la plus lourde, d’où la différence entre les deux courbes.

IV.3.3 Conclusion
Cette étude montre que la description du comportement
d’un pendule réel avec les résultats de la dynamique du point peut s’avérer délicat. Cela ne marche
évidemment pas pour les distances LB les plus courtes mais on peut aussi détecter des écarts pour des
distances plus importantes avec un système de mesure assez basique. L’expression de LB2 montre
qu’il faut minimiser mA et/ou augmenter mB pour limiter le problème. On aura donc des résultats qui
recoupent la mécanique du point si on a mB ≫ mA et LB ≫ LB2. Ce n’est pas forcément facile en
pratique car on a dû prendre une masse ≈ 10 fois plus lourde que la tige pour avoir des écarts faibles
aux distances les plus grandes.

V THEOREME DU MOMENT CINETIQUE


𝑑𝐿⃗
= 𝑀⃗
𝑑𝑡
Ce théorème découle du principe fondamental de la dynamique. Il n’en est qu’une application aux
systèmes en rotation.

V.1 Cas d’un système isolé


La première conséquence de ce théorème est la suivante :
le moment cinétique total d’un système soumis à aucun couple extérieur est constant. En particulier,
un solide mobile autour d’un axe soumis à des couples de moment total nul présente, s’il n’est pas au
repos, un mouvement de rotation uniforme. Ce cas est traité dans l’étude complémentaire du § II.2.
On peut faire l’analogie avec un système soumis à une force totale nulle : il reste en repos ou est
animé d’un mouvement de translation uniforme.

V.2 Solide en rotation autour d’un axe soumis à un couple constant


[1], p. 334 –
337 ; [2], p. 231.

V.2.1 Dispositif d’étude


L’appareil utilisé est constitué d’une tige sur laquelle
peuvent coulisser deux masses M1 et M2 de 200 g. La tige est susceptible de tourner autour d’un axe
sur lequel est fixé un cylindre C de rayon R = 2 cm. L’ensemble est entraîné par une masse m soumise
à la gravité. Le dispositif peut être utilisé en plaçant l’axe de rotation verticalement ou
horizontalement. On représente ci-dessous le montage dans la première configuration :

M1 M2 P
C

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

RFD appliqué à la masse m :


∑ 𝐹⃗ = 𝑚𝑔⃗ + 𝑇⃗ = 𝑚𝑎⃗ → 𝑚𝑔 − 𝑇 = 𝑚𝑥̈ = 𝑚𝑅θ̈ car x = R.

Théorème du moment cinétique appliqué au système en rotation :


𝑑𝐿⃗
= 𝑀⃗ + 𝑀⃗
𝑑𝑡
Si les masses M1 et M2 sont placées symétriquement par rapport à l’axe de rotation, le centre de gravité
du système est sur cet axe donc le moment dû au poids est nul et on a :

𝑑𝐿⃗
= 𝑀⃗
𝑑𝑡
La position des masses M1 et M2 étant fixe pendant l’expérience, le moment d’inertie I du système
est constant donc on a 𝐼𝜃̈ = 𝑇. 𝑅 suivant l’axe vertical. L’équation du mouvement s’obtient en
combinant les deux relations précédentes :

𝑔
𝜃̈ = = 𝑐𝑡𝑒
𝐼
𝑚𝑅 + 𝑅

L’accélération angulaire 𝜃̈ est donc constante et il en est de même pour l’accélération linéaire 𝑥̈
puisque x = R. → Le mouvement est uniformément accéléré et décrit par l’équation :

1
𝜃 = 𝜃̈𝑡 + 𝜃̇ 𝑡 + 𝜃
2

V.2.2 Manipulation
La poulie P et l’axe de rotation du dispositif doivent avoir
le moins de frottements possible si on veut obtenir de bons résultats. On peut vérifier qu’ils tournent
suffisamment longtemps une fois lancé avant de s’arrêter (critère assez subjectif). Si l’amortissement
semble important, on a intérêt à lubrifier les roulements à bille.

L L
Vers oscilloscope
et synchronie M1 M2 P
Barrière
photoélectrique
électrome
m = 200 g

On peut réaliser l’expérience avec un angle et une vitesse nuls au départ pour simplifier l’exploitation.
La loi à vérifier se ramène alors à :

1
𝜃= 𝜃̈𝑡
2

Pour ce faire, on place la barrière photoélectrique de manière à ce que le bout de la tige passe à travers
elle. On bloque le dispositif avec la masse m relevée à l’aide d’un pied. On ajuste la position de la
barrière pour qu’elle soit en limite de déclenchement. On lance alors l’acquisition, puis on enlève le
pied qui retient le dispositif.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Première mesure :
Voici le résultat d’un enregistrement effectué sur 10 000 points pendant ≈ 15 s
avec les masses M1 et M2 placées symétriquement aux deux extrémités de la tige (L = 26 cm) :

On peut ensuite se servir des outils de calcul de Synchronie pour calculer l’évolution de l’angle de
rotation θ en fonction du temps :

La première ligne utilise la fonction seuil du logiciel. Elle permet d’obtenir les valeurs Z du temps T
pour lesquelles le signal EA0 atteint une valeur donnée (0,2 V dans notre exemple) dans le sens
spécifié par le signe de la dernière variable (+1 ici donc sens positif). Les temps correspondants aux
différents déclenchements de la barrière s’affichent alors automatiquement dans la table des valeurs.
La deuxième ligne définit une échelle de temps ts dont l’origine correspond au moment où le système
est abandonné à lui-même (1,718 s correspond au temps Z du premier top dans notre expérience). La
troisième ligne permet d’avoir le nombre de top comme variable dans la table des valeurs (on enlève
une unité pour que le premier top corresponde au temps ts = 0). On calcule alors les angles θ en
multipliant N par π (la tige passe 2 fois dans la barrière à chaque tour, donc le temps entre deux tops
successifs correspond à un demi-tour, soit π radian). La dernière ligne est juste une élévation au carré
de ts pour le tracé de la deuxième courbe ci-dessous. Une fois les calculs faits, on peut tracer
l’évolution de θ en fonction du temps et/ou du temps au carré :

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

La courbe θ = f(t) est modélisée par une fonction du type θ = Bt2/2 pour vérifier la loi d’évolution
simplifiée. Le modèle obtenu s’adapte très biens aux mesures et le coefficient B correspond à 𝜃̈. La
courbe θ = f(t2) est une autre manière de vérifier la loi. On doit avoir une droite, et c’est ce que l’on
obtient. Le coefficient B du modèle correspond encore à l’accélération angulaire et on retrouve
pratiquement la même valeur 𝜃̈ = 1,06 rad.s-2. On en déduit le moment d’inertie du système en rotation
par la relation :
𝑔
𝐼 = 𝑚𝑅 −1
𝑅𝜃̈

On a m = 200 g et Rcylindre = 2 cm d’où :

𝐼 = 3,69. 10 𝑘𝑔. 𝑚

Deuxième mesure :
On peut recommencer l’expérience en modifiant la position des masses M1 et
M2. Voici le résultat obtenu pour la courbe θ = f(t2) avec une distance L = 19 cm :

La masse globale du système est inchangée mais l’accélération angulaire a été modifiée puisque le
déplacement de M1 et M2 modifie l’inertie du système. C’est la différence avec les mouvements de
translation où la masse est le seul paramètre d’influence. On a θ̈ = 1,61 rad.s-2 cette fois ci, soit :

𝐼 = 2,43. 10 𝑘𝑔. 𝑚

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Vérification des résultats obtenus :


On peut faire une comparaison avec les valeurs attendues
compte tenu des formules des moments d’inertie. Le calcul est effectué en annexe et on obtient :

𝐼 = 3,67. 10 𝑘𝑔. 𝑚 pour L = 26 cm

𝐼 = 2,41. 10 𝑘𝑔. 𝑚 pour L = 19 cm

→ Les valeurs expérimentales recoupent ces résultats à ≈ 1 % près.

V.3 Le gyroscope
Le système utilisé ici est un gyroscope à deux degrés de liberté de
marque Eurosap Deyrolles. Il est principalement constitué d’un bloc moteur mettant en rotation un
disque et d’un contrepoids dont la position est ajustable. Il permet d’observer le mouvement d’un
solide autour d’un point fixe O. On s’intéresse plus particulièrement aux mouvements obtenus lorsque
le disque est en rotation très rapide autour de l’axe principal d’inertie du système (approximation
gyroscopique). On ne développe pas la théorie sur le sujet. On rappelle juste les résultats essentiels.
On peut se reporter aux références suivantes pour plus d’information : [1], p. 158-164, [3] ; [4], p.
213 et suivantes ; [5], p. 85. On peut aussi consulter la documentation technique du Gyroscope (tous
les résultats principaux y sont rappelés).

V.3.1 Gyroscope équilibré


Le gyroscope étant préalablement éteint, on réalise
équilibre le système en jouant sur le contrepoids jusqu’à ce que le centre de gravité G du gyroscope
soit confondu avec le point fixe O. On bloque la position du contrepoids à l’aide de la vis, puis on
lance le disque de l’appareil en rotation. Si le gyroscope est bien équilibré, son axe principal doit
rester immobile et il doit toujours pointer dans la même direction lorsqu’on déplace sa base (on peut
poser l’appareil sur un tabouret tournant pour faire cette manipulation). Cette propriété essentielle
découle de l’application du théorème du moment cinétique. Si les axes de liaison sont parfaits (pas
de frottements) et si le centre de gravité coïncide exactement avec le point fixe, le gyroscope est
soustrait aux moments des forces extérieurs. Le théorème du moment cinétique en G dans un
référentiel galiléen donne alors :

𝑑𝐿⃗
= 𝑀⃗ = 0⃗
𝑑𝑡

→ Le moment cinétique 𝐿⃗ par rapport à un référentiel galiléen R est une constante vectorielle. L’axe
du gyroscope pointe donc constamment une même direction dans R. Cette stabilité de la direction
pointée peut aussi s’expliquer en écrivant le théorème du moment cinétique d’une autre manière :
𝑑(𝐼 𝜔⃗) = 𝑀⃗ . 𝑑𝑡

On voit alors que si le moment d’inertie du système en rotation et sa vitesse angulaire sont
suffisamment grands, le vecteur moment cinétique ne peut subir de modification sensible que si le
moment d’une force appliquée est suffisamment grand et durable → il n’y a donc pas de changement
notable dans la direction pointée par l’appareil sans un effort appréciable et prolongé sur l’axe du
gyroscope. C’est pour cette raison que les frottements n’ont pratiquement aucune influence sur la
direction pointée lorsque l’on modifie l’orientation du support.

Effet d’une percussion :


On lance le gyroscope équilibré, on repère la direction OX pointée par son
axe principal et on applique une percussion verticale dirigée vers le bas sur l’axe du gyroscope du
côté du contrepoids : l’axe du gyroscope doit alors décrire un cercle en partant de sa position d’origine

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

centré autour d’un point A, le plan OXA étant horizontal si la percussion est verticale. C’est le
mouvement de nutation (précession libre)

X
Percussion
O


OA X
OX

V.3.2 Gyroscope soumis à un couple extérieur


On peut commencer par
observer l’effet d’une force appliquée sur l’axe principal du gyroscope. Si la force appliquée est
verticale (horizontale), elle tend à faire tourner l’axe principal du gyroscope comme le ferait un couple
de moment 𝑀⃗ horizontal (vertical). C’est le mouvement de précession.

Conclusion :
Il apparaît à chaque fois un moment perpendiculaire à la force appliquée.

On peut faire une étude quantitative du mouvement de précession du gyroscope en le déséquilibrant


à l’aide du contrepoids. Le gyroscope est alors soumis au couple de son poids et entre en mouvement
de précession autour d’un axe vertical. Si la vitesse angulaire de précession est faible devant celle de
rotation  et si le mouvement de nutation est négligeable, l’application du théorème du moment
cinétique donne la relation suivante (cf. [3], chapitre 26 ou la documentation technique du gyroscope)
:
mgx
P 
IOX .0

Ou x représente le décalage du contrepoids par rapport à sa position lorsque le gyroscope est


équilibré et m la masse du contrepoids.

Manipulation :
On commence par repérer la position du contrepoids sur l’axe du gyroscope
équilibré. On modifie cette position de x, on lance le gyroscope puis on le lâche en l’accompagnant
de façon à minimiser la nutation. L’axe OX du gyroscope doit alors tourner lentement à la vitesse 
autour de la verticale. On mesure cette vitesse à l’aide d’un chronomètre pour plusieurs valeurs de x
et on trace la courbe P = f(x) :
précession d'un gyroscope déséquilibré
0,6

0,5
Wp (rad.s-1)

0,4 mesures

0,3

0,2
y = 17,212x
R² = 0,9995
0,1

0
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03 0,035

delta(x) (m)

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Le coefficient directeur de la droite permet de calculer le moment d’inertie du gyroscope suivant son
axe principal (la mesure de 0 peut se faire à l’aide d’un stroboscope). On peut comparer le résultat
obtenu à un calcul approché utilisant les formules classiques de moments d’inertie.

Remarque :
Plus on déséquilibre le gyroscope, plus la nutation résiduelle est importante.

VI CAS D’UN REFERENNTIEL NON GALILEEN

VI.1 Introduction
Si le repère R’ (O’; x’, y’, z’) utilisé n’est pas galiléen, la RFD peut
encore s’appliquer en la développant à l’aide de la loi de composition des accélérations.
L’accélération absolue a dans un repère galiléen R (O ; x, y, z) et l’accélération relative r dans le
repère d’étude sont alors reliées par la relation :

𝛾 ⃗ = 𝛾⃗ + 𝛾⃗ + 𝛾⃗

Avec 𝛾⃗ l’accélération d’entraînement et 𝛾⃗ l’accélération complémentaire de Coriolis. La RFD


devient alors :
𝑚𝛾⃗ = Σ𝐹⃗ + 𝐹 ⃗ + 𝐹 ⃗

Force d’inertie complémentaire :

𝐹 ⃗ = − 𝑚𝛾⃗ 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛾⃗ = 2𝜔 ⃗ ∧ 𝑣⃗

Cette force est nulle lorsque 𝑣⃗ = 0⃗ , donc quand le système est immobile dans le référentiel R’
(équilibre relatif). Elle s’annule aussi lorsque 𝜔⃗ = 0⃗, donc quand le mouvement de R’ par rapport à
R est un mouvement uniquement de translation.

Force d’inertie d’entraînement :

𝑑 𝑂𝑂′⃗ 𝑑 𝚤′⃗ 𝑑 𝚥′⃗ 𝑑 𝑘′⃗


𝐹 ⃗ = − 𝑚𝛾⃗ 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛾⃗ = + 𝑥′ + 𝑦′ + 𝑧′
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

Cette force est nulle si les dérivées secondes des vecteurs unitaires du repère R’ sont nulles. Cela
interdit les rotations au référentiel R’. Il faut aussi que la dérivée seconde du vecteur reliant les
origines des repères R et R’ soit nulle → le mouvement de R’ par rapport à R doit être un mouvement
de translation uniforme pour qu’il n’y ait pas de force d’inertie d’entraînement. Dans ce cas, la force
d’inertie complémentaire est aussi nulle et R’ est aussi un référentiel Galiléen.

VI.2 Mouvement circulaire uniforme


On considère un point matériel en mouvement
de rotation uniforme ( = cte). Le point matériel étant en équilibre relatif dans le référentiel tournant
R’, l’accélération complémentaire 𝛾⃗ est nulle (cf. ci-dessus) ainsi que la force d’inertie
complémentaire. Le calcul de l’accélération d’entraînement se fait assez simplement compte tenu du
mouvement étudié. Il suffit de développer son expression générale :

𝑑 𝚤′⃗ 𝑑 𝚥′⃗
𝛾⃗ = 𝑥′ + 𝑦′
𝑑𝑡 𝑑𝑡

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

⃗ ⃗ ⃗
𝛾⃗ = 𝑅 +0 = 𝑅
y
y’
𝚤′⃗ = 𝑐𝑜𝑠𝜃𝚤⃗ + 𝑠𝑖𝑛𝜃𝚥⃗ ; 𝜃̇ = 𝑐𝑡𝑒
x
𝑑 𝚤′⃗
→ = − 𝜃̇ 𝑐𝑜𝑠𝜃𝚤⃗ − 𝜃̇ 𝑠𝑖𝑛𝜃𝚥⃗ = − 𝜃̇ (𝑐𝑜𝑠𝜃𝚤⃗ + 𝑠𝑖𝑛𝜃𝚥⃗) 
𝑑𝑡 x
O R
= − 𝜃̇ 𝚤′⃗

D’où finalement : 𝛾⃗ = −𝑅𝜃̇ 𝚤⃗ = −𝑅𝜔 𝚤⃗

Conclusion :
La force d’inertie complémentaire est nulle. L’accélération d’entraînement est réduite
à sa composante normale (accélération tangentielle nulle) et dirigée vers le centre du cercle que défini
la trajectoire. La force d’inertie d’entraînement est centrifuge et vaut :

𝑣
𝐹⃗ = −𝑚𝛾⃗ = 𝑚𝜔 𝑅𝚤′⃗ = 𝑚 𝑅𝚤′⃗
𝑅

VI.2.1 Vérification de la loi 𝐹⃗ = 𝑚𝜔 𝑅𝚤⃗


Des appareils didactiques permettent
de vérifier cette relation (Matlabo N 169AM par exemple). Se reporter à leur documentation
technique pour la manipulation. On peut aussi glaner quelques informations en [2], p. 229.

VI.2.2 Equilibre d’un liquide soumis à la force centrifuge


Une cuve fixée sur
un axe permet d’étudier la forme de la surface libre d'un liquide soumis à un mouvement de
rotation uniforme : y

 = cte

x
-b b

Pour étudier cette forme, il suffit d’appliquer la relation fondamentale de la dynamique à une particule
dans un référentiel lié à la cuve :

𝑑𝑚𝛾⃗ = 𝑑𝑚𝑔⃗ + 𝑑𝐹⃗ + 𝑑𝐹⃗ + 𝑑𝐹⃗

On a 𝛾⃗ = 0⃗ et 𝑑𝐹⃗ = 0⃗ puisque la particule est en équilibre relatif dans le référentiel considéré d’où :
0⃗ = 𝑑𝑚𝑔⃗ + 𝑑𝐹⃗ + 𝑑𝐹⃗ = 𝑑𝑚𝑔⃗ − 𝑔𝑟𝑎𝑑⃗ 𝑃. 𝑑𝑉 + 𝑑𝑚𝜔 𝑥⃗

𝑔𝑟𝑎𝑑⃗ 𝑃. 𝑑𝑉 = 𝑑𝑚(𝑔⃗ + 𝜔 𝑥⃗)

𝑔𝑟𝑎𝑑⃗ 𝑃 = 𝜌(𝑔⃗ + 𝜔 𝑥⃗)

𝜕𝑃 1
→ = 𝜌𝜔 𝑥 ⇔ 𝑃(𝑥) = 𝜌𝜔 𝑥 + 𝐾
𝜕𝑥 2

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝜕𝑃
→ = −𝜌𝑔 ⇔ 𝑃(𝑦) = −𝜌𝑔𝑦 + 𝐾
𝜕𝑦
𝜔 𝑥
𝑆𝑜𝑖𝑡 𝑃(𝑥, 𝑦) = 𝜌 − 𝑔𝑦 + 𝐾
2

Surfaces isobares :
𝜔 𝑥 𝜔
𝑃(𝑥, 𝑦) = 𝑐𝑡𝑒 ⟺ 𝜌 − 𝑔𝑦 = 𝑐𝑡𝑒 ⟹ 𝑦= 𝑥 +𝐾
2 2𝑔

Les surfaces isobares, et donc la surface du liquide, se construisent autour de paraboles.

Calcul de K :
K = y ⟺ x = 0 → K = ymin : point le plus bas de la parabole.

Si l’axe des x correspond au niveau de la surface du liquide pour  = 0 et si l’axe des y correspond à
l’axe de rotation, la conservation de la masse de liquide (supposé incompressible) implique la relation
suivante (2b = largeur de la cuve) :

𝑦. 𝑑𝑥 = 0

𝜔 𝜔 𝑥
𝑥 +𝑦 . 𝑑𝑥 = 0 = +𝑦 .𝑥
2𝑔 2𝑔 3

𝑏
→ 𝐾=𝑦 =− 𝜔
6𝑔

Montage :

Cuve centrifuge
Phywe

Barrière
photoélectrique
électrome
Moteur universel
alimenté en continu Oscilloscope en
mode roll

Courroie
transparente

La cuve et le moteur doivent être solidement fixés sur la paillasse. Il vaut mieux alimenter le moteur
en continu afin d’avoir une vitesse de rotation la plus stable possible. La verticalité et l’horizontalité
et de la cuve doivent être vérifiés avec un niveau à bulle pour que l’axe de rotation soit confondu avec
les axes dessinés sur les transparents qui se placent sur la cuve. On insère la plaque en plexiglas sur
laquelle 3 paraboles sont dessinées et on remplit la cuve avec un liquide éventuellement coloré
jusqu’au trait horizontal dessiné sur la plaque. La vitesse de rotation du dispositif est mesurée à l’aide
d’une barrière photoélectrique en plaçant un repère sur le bas de la cuve. On conseille d’utiliser un
oscilloscope numérique en mode roll pour mesurer ω car les vitesses de rotation sont assez lentes.

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Manipulation 1 :
Les 3 paraboles dessinées sur la plaque correspondent à des vitesses de rotation
croissantes (0, 1 = 1,50 et 2 = 20). On peut vérifier la forme parabolique prise par la surface du
liquide en augmentant progressivement la vitesse de rotation de la cuve. On note les valeurs 0, 1
et 2 pour lesquelles la forme de la surface se confond avec les paraboles (noter que toutes les
paraboles ont toujours deux points communs). On peut alors vérifier que ces pulsations sont dans les
rapports indiqués. Une feuille transparente (feuille n° 1) peut compléter l’observation à la pulsation
2. Elle se glisse entre la cuve et la plaque de plexiglas et elle reproduit une série de points calculés
à partir de l’équation d’une parabole avec comme origine des ordonnées le point minimum.

Manipulation 2 :
b2 2
Vérification de la loi y min   
6g

Une autre feuille transparente (feuille n° 2) comporte un axe vertical gradué à partir du niveau du
liquide à  = 0. Elle permet la mesure de y pour différentes valeurs de . On peut tracer la courbe
ymin = f(2) qui doit être une droite. Son coefficient directeur permet de retrouver la valeur de g
connaissant b (demi-largeur de la cuve).

Bibliographie :
[1] : Quaranta I : Mécanique
[2] : Duffait : Expériences de Physique au CAPES
[3] : Pérez de mécanique, chapitre 26
[4] : Fleury Mathieu : Mécanique Physique, chapitre 12
[5] : BUP n° 587, p. 85
[6] : Bertin Faroux Renault : Mécanique I
[7] : Bellier : Montage de physique au capes (Optique, Mécanique, Statique des
fluides, Calorimétrie)
[8] : Perez : Mécanique : fondements et applications, 7ème édition, p. 567
[9] : Ryhming, « Dynamique des fluides », Presse polytechnique et universitaire
romande
[10] : L. Landau, E. Lifshitz, Mécanique des fluides.

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ANNEXE : ROLLING SHUTTER D’UNE CAMERA

I QU’EST-CE QUE LE ROLLING SHUTTER


La plupart des caméras actuelles procèdent à
une lecture séquentielle des données du capteur10. L’enregistrement se fait ligne par ligne, en
commençant par le bas (soit le haut de l’image puisque l’objectif produit une inversion). Par
conséquent, tous les pixels d’une même ligne sont enregistrés au même moment mais il y a un
petit décalage temporel entre une ligne et la suivante. Cela ne pose pas de problème pour des
scènes statiques mais ce n’est plus le cas avec des mouvements rapides car le Rolling Shutter fausse
la représentation suivant l’axe vertical puisque chaque ligne correspond à des instants différents (les
objets en haut de l’image sont détectés avant ceux situés en bas). Il n’y a en revanche aucune
déformation suivant l’axe horizontal puisque l’enregistrement d’une ligne est quasi instantané. On
peut trouver de nombreux exemples sur le net comme ceux-ci :

Sur cet exemple d’une photo prise dans une voiture en mouvement, le déplacement du véhicule de la
gauche vers la droite associée à l’enregistrement de haut en bas de l’image engendre une inclinaison
vers la droite des bâtiments (on peut faire le test avec son smartphone)

Un autre exemple de représentation faussée par le Rolling Shutter sur un mouvement de rotation

10
Il existe aussi des modèles exposant l'intégralité du capteur en une seule fois (Global Shutter) mais ils sont plus rares.

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

II CONSEQUENCE SUR L’ETUDE D’UN MOUVEMENT


Supposons qu’on enregistre une
vidéo du mouvement d’un disque circulaire tournant à vitesse constante sur lequel se trouve un point
de repère.
z
ω

a
x
0

II.1 Lecture instantanée des données du capteur (global shutter)


Tous les pixels
d’une image sont enregistrés au même moment donc les coordonnées (xi ; zi) d’un point quelconque
dans l’image correspondent bien au temps ti d’acquisition et la trajectoire enregistrée pour le point de
repère correspond à celle d’un mouvement circulaire uniforme d’équation :

𝑥 = 𝑎𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑 )

𝑧 = 𝑎𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡 + 𝜑 )

Avec ti = N×Tentre chaque image = N×Téch = N×nombre d’images/seconde avec N le numéro de l’image
depuis l’instant initial pris comme référence.

II.2 Lecture séquentielle des données (rolling shutter)


La lecture ligne par ligne fait
que les données suivant z ne sont pas enregistrées au même instant donc les coordonnées (xi ; zi) d’un
point quelconque dans l’image ne correspondent plus au temps ti puisqu’il se rajoute un temps
supplémentaire lié à la coordonnée zi du point considéré. Supposons que la caméra mette un temps
TB pour balayer l’image de haut en bas et que la hauteur maximale visible à l’écran soit LZ. La vitesse
de balayage verticale de l’image en mètre observé par seconde vaut VBE = LZ/ TB. Si un objet en z =
LZ sur l’image est filmé à un instant t = 0, un objet en z est filmé à l’instant :
L −z L −z
𝑡 = =T
V 𝐿

Les coordonnées (xi ; zi) correspondent donc au temps :


L −z
𝑡 =𝑡 +𝑡 =𝑡 +T
𝐿

La camera associant l’ensemble des coordonnées (xi ; zi) de l’image au temps ti, cela cause des
déformations dans sa retranscription. Si on veut corriger cet effet lors de l’étude d’un mouvement, il
faut redéfinir l’échelle des temps à l’aide de la formule précédente mais ce n’est faisable que si on
connait la valeur de TB.

III TEMPS DE BALAYAGE DE LA WEBCAM


La procédure décrite ici est longue à mettre en
œuvre donc on peut se contenter du résultat pour corriger l’étude sur la balle de Ping Pong.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Pour obtenir TB, on a enregistré une vidéo du


disque en rotation décrit précédemment sur lequel
sont aussi dessinés des rayons. Voici le genre
d’image que l’on obtient en rotation horaire :

III.1 Première méthode de mesure


On commence par estimer la période de rotation TR
du disque en faisant défiler la vidéo image par image tout en suivant le point rouge (on peut mesurer
le temps que met le point pour revenir à sa position initiale après un certain nombre de tour pour
augmenter la précision). On repère ensuite sur quelques tours la position du point rouge par rapport
au centre du disque dans Latis Pro (même protocole que pour la balle de Ping Pong). On obtient un
ensemble de coordonnées (xi ; zi ; ti) permettant de tracer l’évolution temporelle du point. Celle-ci
doit correspondre au mouvement circulaire uniforme corrigé en temps :
2𝜋 L −z 2𝜋 z
𝑥 = 𝑎𝑐𝑜𝑠 𝑡 + T +𝜑 = 𝑎𝑐𝑜𝑠 𝑡 −T + 𝜑′
𝑇 𝐿 𝑇 𝐿
2𝜋 L −z 2𝜋 z
𝑧 = 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 + T +𝜑 = 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 −T + 𝜑′
𝑇 𝐿 𝑇 𝐿

Les fonctions xi(ti ; zi) et zi(ti ; zi) ne peuvent pas être modélisées dans les logiciel type Latis Pro ou
Regressi car ils n’acceptent que des relations du type y(x). On contourne le problème en utilisant une
approche perturbative pour modéliser zi. On note z0 la solution sans correction et z1 la correction à
l’ordre 1 :
2𝜋
𝑧 = 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 + 𝜑′
𝑇

2𝜋 z 2𝜋 T 2𝜋
𝑧 = 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 −T + 𝜑′ = 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 − 𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑡 + 𝜑′ + 𝜑′
𝑇 𝐿 𝑇 𝐿 𝑇

L’ajustement sur les mesures permet d’obtenir les valeurs de TR et TB (l’exploitation a été faite sur
Regressi car Latis Pro n’arrivait pas à converger) :

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

La déformation du signal par rapport à une sinusoïde due à la lecture séquentielle des données est
bien visible et l’accord entre les mesures et le modèle d’équation corrigé est correct. On a cependant
peu de points par période (c’est une condition nécessaire pour que l’effet du Rolling Shutter soit
visible) donc on propose une deuxième méthode pour trouver TB.

III.2 Deuxième méthode


Une solution plus simple à mettre en œuvre consiste à étudier
la forme d’un rayon sur une des images de la vidéo. Les rayons seraient droits en l’absence de Rolling
Shutter donc on pourrait définir un rayon avec un angle α unique par rapport à un axe. La courbure
apparente des rayons résulte de l’enregistrement séquentiel de l’image donc l’idée est de mesurer cet
angle en différent point d’un rayon à l’aide de Regressi (fichier → nouveau → image → courbe) :

X Z

On commence par définir l’échelle. Dans l’exemple ci-dessus, on a placé l’origine sur le coin inférieur
gauche de l’image et étiré les axes X et Z pour décrire la totalité de l’image. L’enregistrement ayant
été effectué avec une résolution de 640×480 pixels, on a normalisé l’étalonnage suivant les deux axes
avec LZ = 1 et LX = 1×4/3 = 1,3333. On a ensuite pointé différents points du rayon, dont le centre, en
continuant de l’autre côté pour faire l’étude sur un diamètre. On en déduit l’angle α de rotation par
rapport à la verticale avec la relation suivante où (x0, y0) est le centre de la roue :
𝑥−𝑥
𝛼 = atan
𝑧−𝑧

Cet angle peut s’exprimer à partir de l’équation du mouvement corrigé avec une phase initiale de
π/2 puisque α est défini par rapport à la verticale avec l’expression précédente :

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

2𝜋 2𝜋
𝑥 𝑎𝑐𝑜𝑠 𝑇 𝑡 + 𝜋/2 𝑠𝑖𝑛 𝑇 𝑡 2𝜋
𝑡𝑔𝛼 = = =− = −𝑡𝑔 𝑡
𝑧 2𝜋 2𝜋 𝑇
𝑎𝑠𝑖𝑛 𝑇 𝑡 + 𝜋/2 𝑐𝑜𝑠 𝑇 𝑡

L’angle étant donné en degré par défaut sur Regressi, les images de chaque point sont donc prises à
l’instant :
𝛼
𝑡 =− 𝑇
360
Il suffit alors de représenter z en fonction de 𝑡 et ajuster la courbe par une fonction du type :

𝑡 𝑡
𝑧= 𝑧 + 𝐿 = 𝑧 +
𝑇 𝑇

puisque LZ a été normalisé à 1

Cette méthode est plus rapide, elle permet d’utiliser plus de points pour obtenir le résultat et ne
nécessite pas d’approximation comme dans l’étude précédente (équation approchée de z).

Résultats :
Les mesures ont été effectuées avec les deux méthodes pour différents formats
d’enregistrement (certains au format 11/9 donc penser à prendre en compte ce facteur pour
l’étalonnage de la méthode 2) :

taille 640×480 640×480 352×288 352×288 352×288


N (nombre d’image/s) 30 15 60 30 15
Téch = 1/N (ms) 33,3 66,7 16,7 33,3 66,7
TR (ms) 354,0 (0,3) 342,3 (0,2) 332,8 (0,1) 3262,5 (0,1) 322,5 (0,1)
TB fit rot (ms) 26,9 (0,4) 51,2 (2,5) 13,3 (0,3) 26,6 (0,5) 48,4 (0,7)
TB fit ligne (ms) 25,4 (0,3) 52,8 (0,2) 12,7 (0,4) 24,3 (0,5) 49,0 (0,5)
Tb/Te 0,76 0,78 0,76 0,73 0,74

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Le point remarquable à noter est que le rapport TB/Téch est à peu près constant. Le temps de balayage
du capteur correspond à ≈ 76 % de la durée entre deux images. La formule de correction du temps
devient donc :
L −z
𝑡 = 𝑡 + 0,76 × T
𝐿

L −z
𝑡 = 𝑡 + 0,76
𝑁 / ×𝐿

IV APPLICATION A LA CHUTE DE LA BALLE DE PING PONG


On a repris les données
de la chute de la balle dans Regressi, redéfini l’échelle des temps corrigée par la formule précédente,
recalculé la vitesse (dérivation de z par rapport au temps corrigé), l’énergie cinétique et l’énergie
totale. Des défauts subsistent aux moments des impacts mais l’allure de l’énergie totale est plus
satisfaisante :

On peut se demander si la correction du temps a un impact sur la mesure de l’accélération de


pesanteur. On a refait des modélisations dans les deux cas et voici les résultats sur le premier rebond :

31
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

La modélisation s’ajuste un peu mieux aux mesures sur la courbe corrigée (première image) mais on
ne constate pas d’écart significatif sur la valeur de g (même constat sur d’autres rebonds). Cela
s’explique probablement par le fait que la modélisation sur la courbe non corrigée (deuxième image)
conduit à une courbe très légèrement en dessous des mesures au début du rebond et juste au-dessus à
la fin (idem en inversé autour du sommet) donc à des petits défauts qui se compensent. La correction
du Rolling Shutter n’est donc pas indispensable si on se contente d’étudier g.

32
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ANNEXE : MOMENT D’INERTIE DU DISPOSITIF POUR


L’ETUDE D’UN SOLIDE EN ROTATION AUTOUR D’UN
AXE SOUMIS A UN COUPLE CONSTANT

I DESCRIPTION DU DISPOSITIF
L L
M1 M2
C

Le système en rotation est principalement composé :


- d’une tige cylindrique de longueur ℓ = 57
cm, de rayon Rt = 0,5 cm et pesant mt = 356 grammes.
- de deux masses identiques M1 et M2 en
forme de cylindres creux. Chaque masse pèse mM = 200 grammes, a une longueur ℓ = 3 cm, avec un
rayon inférieur R1 = 1 cm et un rayon extérieur R2 = 1,7 cm.
-d’un cylindre C de rayon R = 2 cm et de
masse inconnue.

II MOMENT D’INERTIE DE LA TIGE

II.1 Calcul détaillé


y
On a pour un cylindre plein les relations suivantes :

R
1 𝑅 ℓ
z
𝐼 = 𝑚𝑅 𝐼 =𝐼 =𝑚 +
G
2 4 12

x La tige tourne suivant l’axe y dans l’expérience → on a :



𝑅 ℓ
𝐼 =𝑚 + = 0,964. 10 𝑘𝑔. 𝑚
4 12

II.2 Calcul simplifié


On peut, comme souvent avec les moments d’inertie, simplifier
les calculs en comparant en comparant les longueurs mises en jeu car elles interviennent au carré. La
tige utilisée ici à une longueur plus grande que son rayon, donc on peut faire l’approximation :

1
𝐼 ≈ 𝑚ℓ
12

On peut vérifier que l’écart avec le calcul complet ne dépasse pas 0,03 %.

33
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

III MOMENT D’INERTIE DES MASSES M1 ET M2


Les moments d’inertie d’un cylindre
creux de longueur ℓ et de rayons intérieur et extérieur R1 et R2 sont les suivants :

1 𝑅 +𝑅 ℓ
𝐼 = 𝑚(𝑅 + 𝑅 ) 𝐼 =𝐼 =𝑚 +
2 4 12

Les masses M1 et M2 tournent autour d’un axe décalé d’une distance L par rapport à leur axe propre
y donc leur moment d’inertie par rapport à l’axe de rotation comprend un terme de Huygens s’ajoutant
au moment d’inertie propre des masses :

𝑅 +𝑅 ℓ
𝐼 = 𝑚 .𝐿 + 𝑚 +
4 12

On a R1 = 0,5 cm, R2 = 1,7 cm, ℓ = 3 cm et mM = 200 grammes → le second terme vaut 3,07.10-5
kg.m2. Le premier terme vaut 1,35.10-2 kg.m2 pour L = 26 cm et 0,725.10-2 kg.m2 pour L = 19 cm →
on fait une erreur maximale de 0,4 % dans l’expérience si on néglige le moment d’inertie propre des
masses par rapport au terme de Huygens.

IV MOMENT D’INERTIE TOTAL


Il faudrait aussi tenir compte du moment d’inertie du cylindre
sur lequel on enroule le fil mais on ne connait pas sa masse. Ce n’est cependant pas gênant car ses
dimensions sont faibles et il tourne autour d’un de ses axes propre (pas de terme de Huygens) → on
peut le négliger par rapport aux autres moments d’inertie et on a au final :

Itotal ≈ Itige + 2.Imasse M

1
𝐼 ≈ 𝑚 ℓ + 2𝑚 . 𝐿
12

Soit :
𝐼 ≈ 3,67. 10 𝑘𝑔. 𝑚 pour L = 26 cm

𝐼 = 2,41. 10 𝑘𝑔. 𝑚 pour L = 19 cm

Les écarts avec le calcul plus détaillé ne dépassent pas 0,3 %

34
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

SURFACES ET INTERFACES

I INTRODUCTION
Lorsqu'on compare les prévisions théoriques de la mécanique des fluides,
notamment celles de la statique des fluides, à ce que l'on observe réellement, on constate dans
certaines conditions des écarts importants. On interprète ces désaccords en introduisant des forces
supplémentaires qui apparaissent à l'interface séparant le liquide du gaz environnant. Ces forces,
appelées forces de tension superficielles, ont pour origine l'attraction moléculaire de type Van Der
Waals dont l'énergie varie en r-6.

Au sein du liquide, une molécule subit de la part de ses voisines


des forces d’attraction qui se compensent par symétrie. Il n'en est
pas de même sur la surface : la résultante des forces d’attractions
intermoléculaires est cette fois ci dirigée vers l’intérieur du liquide.
Il en résulte au niveau macroscopique une tendance des molécules à entrer dans le liquide. La
couche superficielle va donc avoir tendance à s’enfoncer en comprimant le liquide qui réagit pour
stabiliser la surface libre. Cette couche aura, entre autres propriété, une densité légèrement
supérieure.

I.1 Notion de tension superficielle


La non compensation des forces de Van Der Waals
à l'interface liquide-gaz fait qu’une molécule à la surface est moins stable qu’à l’intérieur du
liquide. On conçoit ainsi que le liquide va avoir tendance à minimiser sa surface libre pour diminuer
son énergie et qu’il faudra fournir du travail pour augmenter la surface d’un liquide. Supposons par
exemple une lame de savon formée dans un cadre métallique ABCD dont l’un des côtés CD est
mobile sans frottement :
x dx
B D
l Fsup F

A C
La lame ayant donc tendance à se rétracter (un peu comme le ferait une membrane élastique bien
qu’il faille se méfier de cette analogie), il faudra exercer sur CD une force F pour maintenir sa
surface constante. Cette force, nécessaire au maintien de l’équilibre, doit donc en contrebalancer
une autre : c’est la force de tension superficielle. Une propriété remarquable de cette force de
« surface » est que sa valeur ne dépend pas de l’importance de la surface considérée, ni de
« l’étirement » qu’on lui fait subir (ce qui la rend très différente des forces élastiques), mais
uniquement de la longueur l sur laquelle elle s’exerce

𝐹⃗ = 𝛾ℓ𝑛⃗⃗

Avec 𝐹⃗ : force crée par une interface


𝑛⃗⃗ : tangente à l'interface orientée dans le sens qui réduit la surface
γ : tension superficielle du liquide ; cette grandeur dépend du liquide, du fluide qui le
surmonte (si le fluide est un gaz, γ varie peu ; par contre si le fluide est un liquide, γ change
complètement) et de la température.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

L'expression de la force ci-dessus est valable pour une interface ; dans de nombreux cas, comme
l’exemple qu’on vient de traiter, on est amené à en considérer deux (lames minces, bulles …) → la
force à prendre en compte est alors 2γl :
F = γ.l

F = γ.l

Une autre façon d’appréhender la notion de tension superficielle est de considérer le phénomène
d’un point de vue énergétique. La surface de la lame représentée sur le schéma compte tenu de ses
deux faces vaut 2𝑥ℓ. Si on veut déplacer le côté CD d’une longueur dx dans des conditions
réversibles, il faut fournir le travail 𝑑𝑊 = 𝐹𝑑𝑥, d’où un travail à fournir par unité de surface créée :

𝑑𝑊 𝐹𝑑𝑥 2𝛾ℓ
= = =𝛾
𝑑𝑆 2ℓ𝑑𝑥 2ℓ

La tension superficielle γ correspond donc à l’énergie à fournir pour créer un mètre carré de
surface. Elle a donc indifféremment la dimension d’une force par unité de longueur ou d’une
énergie par unité de surface (la première dimension est la plus employée). De plus, on peut montrer
que ce travail correspond d'un point de vue thermodynamique à l'énergie libre F de l'interface si T =
cte. De façon rigoureuse, on doit écrire (attention, S correspond à la surface dans la dérivée partielle
et à l’entropie dans l’énergie libre) :
𝜕F
𝛾=( ) Avec F = U − 𝑇S
𝜕S T,V,n

Comme on sait que les seules structures thermodynamiques stables à température constante sont
celles pour lesquelles l'énergie libre est minimale, on justifie ainsi le fait que les structures stables
seront celles qui minimisent la surface de l'interface.

I.2 Manifestation des effets de surface


Ces effets ne sont plus négligeables lorsque
le volume de la masse liquide, auquel sont proportionnelles les forces de pesanteur, est faible par
rapport à sa surface. II en est ainsi :
- dans les très petites gouttes, car leur surface (4r2) devient de
plus en plus grande par rapport à leur volume (4πr3/3) lorsque leur rayon r diminue. Ainsi, les très
petites gouttes sont presque rigoureusement sphériques (on rappelle que la sphère est la figure qui a
la surface minimum pour un volume donné), tandis que dans les plus grosses, la pesanteur joue un
rôle de plus en plus important. C'est sur ce phénomène qu'est fondée la fabrication des grains de
plomb, qui se solidifient brusquement en tombant dans l'eau.
- dans les lames liquides dont l'épaisseur est très faible par
rapport aux deux autres dimensions. Les formes que prennent ces lames tendent à réduire le plus
possible la surface de la lame liquide.
- dans les tubes de faible diamètre (capillaires) ou dans toute
autre couche fine de liquide.

I.3 Pression due à la courbure d'une interface


Un petit contour circulaire pris dans
la surface libre plane d'un liquide en équilibre est soumis à des forces de tension superficielle
situées dans son plan et dont la résultante est nulle. Si en revanche la surface est incurvée, par
exemple si elle limite une goutte de liquide ou une bulle de gaz dans le liquide, le même contour
limite une calotte sphérique, et les forces de tension superficielle auxquelles il est soumis ont
maintenant une résultante dirigée vers l'intérieur.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Il en résulte qu'il doit régner dans une goutte ou une bulle sphérique en équilibre, une pression
supérieure à la pression externe. Cette surpression est donnée par la formule de Laplace qui s'écrit
dans le cas d'une bulle :
𝛥P = 4. 𝛾/R

Cette formule peut se généraliser au cas d'une surface de courbure quelconque en définissant
localement deux rayons de courbure suivant deux directions orthogonales (cf. [2], p. 320 ou [3], p.
388). La formule de Laplace s’écrit alors :
1 1
𝛥P = 𝛾 ( + )
R1 R2

I.4 Compétition avec les forces de gravité


Lorsqu'il y a compétition entre la tension
superficielle et la gravité, on peut déterminer une longueur caractéristique. En effet, la force
gravitationnelle par unité de volume est donnée par ρg, alors que la tension superficielle est donnée
par γL. Si on compare les deux forces on peut faire ressortir une longueur caractéristique appelée
longueur capillaire :
1 𝛾
= √
𝑘 𝜌𝑔

Si la dimension de l'objet (rayon du capillaire, largeur d'une goutte, …) est inférieure à 1/k, les
forces de tension superficielle vont dominer (montée capillaire importante, goutte quasi-sphérique,
…). Dans le cas contraire, ce sont les forces gravitationnelles qui domineront (peu de montée
capillaire, goutte aplatie, …).

I.5 Aspects pratiques


La plupart des manipulations proposées ci-après peuvent être
réalisées pour un ensemble de liquides avec des tensions superficielles différentes. Voici à titre
indicatif les valeurs de tensions superficielles pour différents liquides (source : Handbook 91ème
édition ; % donnés en masse de soluté) :

Eau + 10 % Eau + 40%


Eau Eau Eau Éthanol Glycérol
Liquide Ethanol Ethanol
(20°C) (25°C) (50°C) (25°C) (25°C)
(25°C) (25°C)
γ (mN.m-1) 72,74 71,97 67,94 47,53 30,16 21,97 62,5

Malgré sa tension superficielle plus faible, on conseille d’utiliser de l'alcool pour les expériences de
monté capillaire car il mouille mieux le verre et il est moins sensible aux impuretés sur les parois. Il
monte ainsi mieux que l'eau.

Nettoyage des surfaces :


Les expériences sont très sensibles à la présence d'impuretés. Il est donc
impératif d’utiliser du matériel propre ! Pour le nettoyage, on peut utiliser de l'alcool qui permet
de dissoudre les graisses (traces de doigt, …). On peut aussi se servir de vinaigre blanc qui permet
quant à lui de dissoudre les dépôts calcaires.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

II EXPERIENCES QUALITATIVES

II.1 Mise en évidence du phénomène


On illustre par une expérience simple
l'apparente contradiction aux lois de l'hydrostatique. Cette expérience peut servir d'introduction lors
de la présentation du montage.

Manipulation :
[1], p. 39

Une aiguille pas trop lourde ou une lame de rasoir posée sur sa plus
Eau grande surface flotte. La densité de l’acier étant voisine de 8, il y a une
contradiction apparente avec le principe d’Archimède.

Analyse :
Si on observe la surface du liquide autour du corps flottant, on constate que cette surface
est déformée par le poids apparent (compte tenu de la poussée d’Archimède) de l’objet, un peu
comme le serait une membrane élastique :
Rsup
Le liquide présentant une tension de surface, il exerce
des forces sur tout le périmètre de l’objet qui sont
tangentes à la surface de l’eau et qui tendent vers la Fsup Fsup
verticale si le poids de l’objet est suffisant. On peut, sur
l’exemple de l’aiguille, estimer le diamètre maximal
assurant la flottaison compte tenu de son poids. Si on
néglige la poussée d’Archimède (hypothèse raisonnable Papp
vu la densité de l’acier), on aura à la limite de flottaison :
𝑃𝑎𝑖𝑔𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒 = 𝜌𝑉𝑔 ≈ 𝜌𝜋𝑟 2 𝑙𝑔 = 𝐹𝑠𝑢𝑝 = 𝛾(2𝑙 + 4𝑟) ≈ 2𝑙𝛾

2𝛾
On peut en déduire une estimation du rayon maximal de l'aiguille 𝑟𝑚𝑎𝑥 = √ ≈ 0,8 𝑚𝑚
𝜋𝜌𝑔

L’expérience peut cependant être délicate à réussir même si l’on respecte cette condition. On peut
graisser ou cirer l’aiguille pour diminuer le mouillage (mauvaise affinité entre l’eau et les corps
gras). On peut aussi faciliter la dépose sur la surface de l’eau en plaçant d’abord une feuille de
papier Joseph ou un morceau de mouchoir en papier à défaut. On pose l’aiguille dessus puis on fait
délicatement couler le papier. L’expérience est nettement plus facile avec une lame de rasoir car elle
présente un périmètre plus important (bords extérieurs + bord des « dentelures » intérieures) → les
forces de tension superficielles sont plus fortes. De plus, c’est une structure moins compacte et la
poussée d’Archimède se fait plus sentir lorsque la lame s’enfonce. On peut assez facilement rajouter
de petites surcharges sans la faire couler.

Remarques :
On peut réaliser une boussole flottante en aimantant l’aiguille. L’intérêt d’un tel
système est que l’aiguille est soumise à un frottement fluide lorsqu’elle s’oriente dans le champ
magnétique terrestre. Ce frottement retarde l’alignement mais ne l’empêche pas. Il n’en est pas de
même lorsqu’une boussole est montée sur un pivot : il y a frottement solide et la flèche peut
s’immobiliser dans une direction légèrement différente de celle prévue. La boussole flottante est
donc plus fiable de ce point de vue.

Le mouillage faible et les forces de tension superficielle expliquent pourquoi certains


insectes sont capables de « marcher » sur l'eau. Le bout de leurs pattes est recouvert d’une

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

substance cireuse ou huileuse qui repousse les molécules d’eau et les empêche de couler (des griffes
non enduites de cires leur permettent de se déplacer).

II.2 Caractérisation des forces de tension superficielles


Expériences sur les lames de
savon.

Solution :
Faire un mélange d'eau (65 %), de liquide vaisselle (20 %), de glycérine (10 %) et de
sucre (5 %). Le savon contient des acides gras qui produisent une couche mono moléculaire de
chaque côté de la lame d'eau qu'on forme. Ces couches protègent et stabilisent la lame d'eau (cf. [4],
p. 484). La glycérine et le sucre quant à eux limitent l’évaporation de la lame (cf. [2], p. 314). On
obtient ainsi facilement des lames liquides stables.

Cadres :
On dispose des objets suivants

A B C D E F

Fils

On rendra l'expérience visible de loin en formant une ombre qui agrandit les lames à l'aide du
montage suivant (on peut aussi utiliser une caméra reliée à un vidéo projecteur) :
Trou fin Lame E

C  10
QI

Première expérience :
On plonge l’objet A dans l'eau savonneuse et on perce un des côtés de la
lame : le fil prend la forme d'un demi-cercle. On plonge de même l’objet B et on perce la lame du
centre : la boucle centrale prend la forme d’un cercle. Ces deux expériences montrent que les forces
de tension superficielles agissent également sur chaque élément de fil et normalement à celui-ci, ce
qui illustre la loi𝑑𝐹⃗ = 𝛾. 𝑑ℓ. 𝑛⃗⃗. Ces forces tendent à diminuer l'aire de la surface liquide → on
illustre la loi W = γ.S. L'observation des gouttes de très petites dimensions confirme ce fait : la
sphère est la figure qui a la surface minimum pour un volume donné.

Deuxième expérience :
On plonge l'objet C et on perce les parties supérieures et inférieures de la
lame. Si on tire sur le fil inférieur, on constate que cela n'a aucune action sur la forme du fil
supérieur. On illustre ainsi que la force par unité de longueur ne dépend pas de la surface de la
lame. Le comportement est donc très différent de celui d'une lame élastique usuelle (ballon de
baudruche). Cette affirmation, toujours vraie dans le cas d’un corps pur, est à nuancer dans le cas
d’un ajout de produit surfactant (produit qui abaisse γ). La tension superficielle dépend alors de la
concentration surfacique de savon. Cependant, le caractère moléculaire de ce type de produit (cf. §
3.5) fait qu’une très faible quantité suffit en général pour saturer la surface (la tension superficielle

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

devient très vite indépendante de la quantité ajoutée) donc la lame de savon à le comportement
d’une lame de corps pur.

Troisième expérience :
On plonge les objets D et E. On peut interpréter les formes obtenues en
termes de surface minimum et la symétrie observée doit obéir aux lois de Curie (cf. [5]). On peut
vérifier que l'angle de raccordement vaut 120° lorsque 3 lames se raccordent sur une arête
commune (attention, les lames ne sont pas planes) :

Ceci est encore une conséquence de la loi 𝐹⃗ =


𝛾. ℓ. 𝑛⃗⃗l : quelle que soit sa taille, chaque lame
exerce la même force sur cette arête de longueur l.
120
Les trois forces agissant sur cette arête étant alors °
égales, elles doivent faire des angles de 120° pour
s’annuler (l’équilibre entre 3 forces identiques est
impossible sinon).

Quatrième expérience :
Avec l'objet F, on obtient généralement une lame sur chaque anneau. Pour
obtenir une lame unique les liant (ce qui correspond à une surface plus faible s'ils sont suffisamment
proches - cf. [6], p.294), il faut transitoirement les rapprocher et souffler pour que les deux lames
adhèrent l'une à l'autre. Le signe des rayons de courbure principaux (cf. [2], p. 320) en un point de
la lame doivent être opposés (les deux côtés de la lame étant à la pression atmosphérique, la loi de
Laplace impose 1/R + 1/R' = 0) mais il est cependant difficile de le vérifier quantitativement.

II.3 Illustration de la formule de Laplace


Rappelons que c'est une loi générale de la
tension superficielle. Dans le cas d'une bulle de savon, elle s'écrit :

𝛥𝑃 = 4𝛾/𝑅

Où R est le rayon de la bulle et P la surpression à l'intérieur de la bulle.

Manipulation 1 :
On peut mettre en évidence cette surpression par l’expérience suivante : on forme
une bulle avec un petit entonnoir puis on présente sa petite embouchure devant une bougie allumée.
La bulle se dégonfle spontanément et le souffle qui en résulte perturbe la flamme.

Manipulation 2 :
On peut montrer la dépendance en 1/R de la surpression en accolant deux bulles
de rayon de courbure respectifs R1 et R2. Elles sont alors séparées par une calotte sphérique de
rayon de courbure R3. Le côté convexe de l’interface est toujours dirigé vers la bulle la plus grosse
et cette interface devient plane lorsque les deux bulles ont le même rayon :

R3
R1 = R2  R3 → ∞
R1
R2

Ces observations se justifient facilement par la formule de Laplace. L’interface intermédiaire est en
effet soumise à la différence de pression :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

1 1 1
𝑃1 − 𝑃2 = 4𝛾 ( − ) = 4𝛾
𝑅1 𝑅2 𝑅3

Accoler des bulles peut être une opération délicate. On peut faciliter l’expérience en posant les
bulles sur une plaque de verre mouillée (si on utilise un miroir, on s’apercevra que la bulle une fois
posée prend la forme d’un hémisphère car elle donne une sphère avec son image).

Manipulation 3 :
C’est la manipulation classique de la grosse bulle qui mange la petite.

Souffler Souffler

On place le dispositif décrit ci-dessus sur un pied. On forme successivement à chaque extrémité du
"générateur de bulles" des bulles de tailles différentes. On les met en communication et on observe
la conséquence.

Manipulation 4 :
Si on dispose d’un micro manomètre, on peut mesurer la surpression dans une
bulle pour vérifier quantitativement la formule de Laplace. On peut utiliser à défaut un manomètre
différentiel en utilisant un tube coudé rempli d’alcool dont une extrémité sera à l’air libre et l’autre
sera reliée à la bulle.

α
Tube fin

h’

On a alors ΔP = ρ.g.h. La différence de pression à mesurer étant très faible (de l’ordre de la dizaine
de Pascal pour une bulle de 1 cm de rayon), on incline le tube pratiquement à l’horizontale pour
augmenter la sensibilité de la mesure ce qui conduit à ΔP = ρ.g.h’.sinα. La difficulté consiste alors à
mesurer l’angle α qui est faible. L’idéal est de disposer d’un inclinomètre. Si on n’en a pas, on peut
poser le tube sur une surface parfaitement horizontale (contrôle avec un niveau précis) et surélever
un coté du dispositif avec une cale de hauteur connue pour en déduire l’angle d’inclinaison. Il ne
faut pas s’attendre à une grande précision mais on peut vérifier l’ordre de grandeur. Voici à titre
d’exemple le résultat d’une mesure pour une bulle de rayon R = 1 cm :

α=5°
h’ = 2 cm → ΔP = 13,5 Pa
ρéthanol = 790 kg.m-3

L’eau savonneuse ayant typiquement une tension de surface γ = 30 mN.m-1 (cf. § III.5), on trouve
par la formule de Laplace ΔP = 12 Pa.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

III TENSIOMETRE A LAME MOUILLEE


Ce dispositif sert à mesurer la tension superficielle
des liquides. Les mesures étant très sensibles à la présence d'impuretés, il faut utiliser du matériel
propre et nettoyé à l'alcool (cf. § I.5).

III.1 Principe de la mesure : méthode de Wilhelmy


On mesure avec un dynamomètre
la force qui s'exerce sur une lame solide lorsqu'elle affleure la surface libre d'un liquide → la lame
mince est soumise de la part du liquide à une force dirigée vers le bas qui vaut :

𝐹𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝐿𝛾𝑐𝑜𝑠𝜃

L : périmètre total de la lame


 : angle de raccordement du liquide sur la lame
γ : tension superficielle du liquide étudié.

La mesure de la force conduit directement à la valeur de γ cos. 


F F
III.2 Dispositif expérimental
Contrepoids
Index
0 mg
Lame

Liquide à étudier Chaînette

1000 mg
Fil à plomb

Deux points importants doivent être pris en compte :


La lame doit être complètement mouillée
pour que l’angle de raccordement tende le plus possible vers 0 afin d’avoir cos ≈ 1. Pour ce faire,
on utilise une lame spécialement traitée pour être parfaitement mouillée par les liquides étudiés
usuellement. Cette lame est fragile et, pour lui conserver ses caractéristiques, il faut en prendre le
plus grand soin (ne pas la poser directement sur la table) !
On doit s’assurer que le bord inférieur de
la lame affleure la surface du liquide au moment de la mesure (c’est le point le plus délicat de la
manipulation) sinon on doit prendre en compte la poussée d’Archimède si la lame est enfoncée ou
la masse de liquide soulevée dans le cas contraire.

Réalisation pratique des mesures :


On réglé l'horizontalité du dispositif à l'aide du fil à plomb. La
lame cylindrique doit être nettoyée à l'alcool ordinaire avant toute mesure. Ceci permet d'éliminer
toute trace de graisse et de savon (la graisse empêche le mouillage parfait et le savon abaisse
considérablement la tension superficielle de l'eau (voir ci-dessous). On la sèche ensuite sans la
poser à l'aide d’un sèche-cheveux (attention à ne pas envoyer de gouttes d'alcool dans l'appareil !) et
on la replace sur la balance.
La chaînette étant sur zéro, on règle au mieux les contrepoids
pour ajuster l'horizontalité du bras de la balance (flèche de la balance au niveau de l’index). Une

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

fois ce réglage effectué, on maintient manuellement le fléau dans cette position puis on remonte le
bécher jusqu’à ce que l’anneau affleure la surface du liquide (on peut s’aider d’une caméra vidéo
pour cette opération). La lame est alors attirée vers le liquide et plonge dedans. On relâche le fléau
de la balance, on rétablit l'horizontalité du fléau au moyen de la chaînette et on lit la valeur de la
masse qui équilibre la force de tension superficielle.

On conseille de refaire plusieurs fois la mesure : on redescend le bécher, on replace à la main la


flèche de la balance au niveau de l’index puis on répète le mode opératoire précédent.

Exploitation :
On a m.g  L.γ lorsqu'on rétablit l'horizontalité (cos  1). Le cylindre a un diamètre
extérieur Øext = 1,9 cm et un diamètre intérieur Øint = 1,7 cm soit un diamètre moyen Ømoy = 1,8 cm.
On a donc L = 2×Circonférence = 2πØmoy et la valeur de γ se calcule par la relation numérique :
𝛾(mN.m-1 ) = 86,74 × 𝑚(𝑔)

III.3 Autre dispositif possible


On peut aussi effectuer une mesure à la limite de
l’arrachement (méthode de Du Nouy) en utilisant un dynamomètre très sensible pour mesurer la
force d’arrachement. Il faut alors retrancher le poids de l’anneau à vide.

Manipulation :
On nettoie l’anneau comme indiqué
précédemment puis on le place sur un dynamomètre 0 - 5 grammes
(graduation minimum : 0,05 g). On note la masse à vide m0 du
dispositif puis on remonte le liquide jusqu’à ce que sa surface touche
l’anneau qui plonge alors dans le liquide. On redescend ensuite le
plus régulièrement possible le bécher à l’aide du plateau jusqu’à la
limite de l’arrachement. On note la nouvelle masse m affichée par le
dynamomètre et on en déduit γ par la relation :

(𝑚 − 𝑚0 ). 𝑔 = 2. 𝜙𝑚𝑜𝑦 . 𝛾

On peut comparer la précision et la reproductibilité de cette méthode avec la précédente.

III.4 Exemples de résultats


Voici à titre indicatif une série de mesure effectuée avec
de l’eau distillée par la méthode de Wilhelmy à 21 ° C :

m (mg) 790 795 810 780 785 800 830 805 770
γ (mN.m-1) 68,5 69 70,3 67,7 68,1 69,4 72 69,8 66,8

On obtient sur ces neufs mesures une valeur moyenne de 69,1 mN.m-1 avec un écart type de 1,55
mN.m-1 → on a donc (cf. [11], p. 8) :
γ = 69 ± 2 mN.m-1

On pourrait étudier l'influence de la température en mesurant la tension superficielle d’une eau


chaude (cf. [3], p. 388) mais les variations sont faibles :

T (°C) 0 20 40 60 80 100
γ (mN/m) 75,6 72,7 69,5 66,2 62,6 58,9
→ Il faut un système de mesure précis et reproductible pour espérer montrer une différence
significative (délicat en pratique). Il faut noter que l’abaissement de la tension superficielle avec la

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

température pour un corps pur va jusqu'à l’annulation au point critique : les phases liquide et
gazeuse deviennent alors totalement miscibles et n’en forment plus qu’une seule. On peut donc
présenter l’expérience du point critique comme une illustration.

On peut aussi mesurer aussi la tension superficielle de l'éthanol qui sera utilisé pour la loi de Jurin.
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure à 21 ° C :

m (mg) 285 275 275 260 260 265 275


γ (mN.m-1) 24,7 23,9 23,9 22,6 22,6 23,0 23,9

On obtient sur ces sept mesures une valeur moyenne de 23,5 mN.m-1 avec un écart type de 0,81
mN.m-1 → on a donc :
γ = 23,5 ± 0,8 mN.m-1

On peut comparer cette valeur à celle donnée dans le Handbook (rechercher à « Surface Tension » -
les valeurs sont données en dynes/cm ce qui correspond à des mN/m).

III.5 Influence d’un agent surfactant


Ce type de produit (savon, liquide vaisselle…)
diminue de façon notable la tension superficielle de l’eau (qui, il faut le noter, est très supérieure
aux autres liquides courants).

III.5.1 Expériences qualitatives


Cet abaissement de la valeur de γ peut
facilement être mis en évidence par les expériences suivantes.

Manipulation 1 : Rsup

Produit
vaisselle Fsup savon Fsup eau

Aiguille
Papp

On reprend l’expérience du § II.1 : si on dépose une goutte de produit vaisselle d’un côté d’une
aiguille qui flotte en équilibre à la surface de l’eau, on s’aperçoit que l’aiguille est violemment
repoussée du côté opposé et coule ensuite.

Sur le schéma, le produit vaisselle diminue fortement la tension de surface du côté gauche → la
force de tension superficielle à droite devient plus forte et l’équilibre précédent est rompu : la
nouvelle résultante des forces provoque le déplacement de l’aiguille vers la droite. Le produit
vaisselle se répand ensuite sur toute la surface de l’eau (on reviendra sur ce point un peu plus loin),
la tension superficielle redevient uniforme mais elle est beaucoup plus faible qu’auparavant. Elle
n’est plus suffisante, en général, pour permettre à l’aiguille de flotter.

Manipulation 2 :
On peut aboutir à la même conclusion en réalisant une boucle avec un morceau de
fil très fin et très souple (type fil à coudre) d’environ 15 cm qu’on dépose à la surface d’une eau
pure (faire en sorte que la totalité du fil soit en contact avec la surface). Elle adopte en général une
forme quelconque et reste en équilibre, ce qui signifie que l’ensemble des forces qui agissent sur
elle admet une résultante nulle. Si on fait alors tomber une goutte de liquide vaisselle au milieu de
la boucle, elle prend dans un premier temps la forme d’un cercle (cette forme ne se maintient pas en

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

général à cause de la diffusion du savon à l’extérieur de la boucle ; c’est aussi pour cette raison qu’il
faut bien poser le fil). Ce résultat s’explique par l’abaissement de la tension de surface que
provoque le liquide vaisselle à l’intérieur de la boucle → les forces de tension superficielles sont
plus fortes à l’extérieur et l’emportent sur celles qui agissent à l’intérieur. La forme adoptée par la
boucle justifie la loi𝑑𝐹⃗ = 𝛾. 𝑑ℓ. 𝑛⃗⃗et la tendance du système à minimiser la surface de la partie
présentant la plus forte tension superficielle.

III.5.2 Mesures
On reprend l’un ou l’autre des dispositifs de mesure de γ avec
de l’eau distillée. On ajoute du savon goutte par goutte et on mesure à chaque fois la nouvelle
valeur de γ. On mesure aussi la tension superficielle du liquide servant à réaliser les lames de savon.
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :
Une goutte Deux gouttes Trois gouttes Six gouttes Liquide à bulle
γmoy (mN.m ) -1
54 35 32 31 30,5

On s’aperçoit que la tension superficielle chute très rapidement puis devient ≈ indépendante de la
quantité ajoutée de savon. Ce comportement s’explique par la structure moléculaire du tensioactif.
Tous les agents surfactants ont en effet une structure commune : ce sont des molécules dites
amphiphile, c'est-à-dire qu'elles comportent au moins deux entités au comportement opposé vis à
vis du solvant :
- une tête polaire (chargée ou non) hydrophile qui favorise la dissolution de la
molécule dans les solvants fortement associés comme l’eau. L'interaction solvant/tête hydrophile
est de nature électrostatique (liaisons hydrogène...).
- une queue, formée de chaînes ou cycles hydrocarbonés, qui est hydrophobe ou
plutôt lipophile et qui assure l’effet détergent.

Tête hydrophile Queue lipophile


(polaire) (chaîne carbonée)

Lorsqu’on introduit une telle molécule dans l’eau, sa partie hydrophobe a tendance à fuir la
solution ; elle se place spontanément à l’interface qui lui procure un espace disponible et lui permet
de se stabiliser. Il se forme alors un film mono moléculaire à la surface de l’eau qui provoque un
abaissement rapide de la tension superficielle. Mais très vite, l’interface ne se voit plus capable
d’accueillir de nouvelles molécules. Elle se sature et, à partir de là, la tension superficielle ne
diminue plus. Les nouvelles molécules ont ensuite tendance à se regrouper en micelle au sein du
liquide pour se stabiliser :

Film mono moléculaire

Micelles (formes sphériques,


cylindriques, bicouches …)

Retour sur les lames de savon :


Les lames de savon que l’on réalise sont de ce fait des membranes
constituées principalement d’eau qui sont recouvertes de molécules de tensioactifs sur les deux
faces (cf. [4], p. 484). C’est cette constitution qui permet de créer plus facilement des lames qu’avec
de l’eau pure. L’abaissement de la tension superficielle permet de créer de la surface plus
facilement mais c’est la structure même de la lame qui est responsable de sa stabilité. Imaginons par
exemple que l’on déchire localement la couche mono moléculaire : de l’eau apparaît alors
temporairement en surface, ce qui provoque une augmentation locale de γ et de l’énergie de surface.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Les forces de tension superficielles réagissent alors de façon à faire disparaître cette zone qui
« coûte cher » en refermant la couche mono moléculaire. Cela explique pourquoi on peut assez
facilement traverser une lame de savon avec un objet préalablement mouillé. De même, si une lame
de savon est brusquement déformée et étirée localement, la concentration de savon dans la partie
qui a augmentée de surface est plus faible, la tension de surface locale y devient plus forte
qu’ailleurs et il apparaît une force de rappel qui tend à lutter contre la déformation initiale. Cet effet,
qui n’existe pas avec les liquides purs, explique aussi la longévité des bulles de savon. Le facteur
qui limite ensuite la durée de vie des bulles est l’évaporation vu la grande surface de contact avec
l’atmosphère pour le peu de liquide mis en jeu. On atténue ce phénomène en rajoutant dans l’eau
des produits qui augmentent sa viscosité.

IV LOI DE JURIN
On propose de vérifier la loi de Jurin qui prévoit l'ascension des liquides
dans les tubes capillaires. Dans le cas d’un mouillage parfait la hauteur d’ascension est donnée par
la relation (cf. [4], p. 469 ou [2], p. 324) :
2𝛾
ℎ=
𝜌𝑔𝑟

Manipulation :
Il vaut mieux réaliser l'expérience avec de l'alcool pur car l'eau pose trop de
problèmes de mouillage. On utilise plusieurs tubes de différents diamètres (ils doivent être propres
et secs au départ). On fait l'image des tubes avec une lentille pour mesurer l'ascension dans les
tubes.
Tubes
250

QI

Diaphragme noir vissé sur E


Calque
la lentille

On place le récipient contenant les tubes sur un plateau ajustable


en vertical et horizontal pour permettre de placer successivement
les différents tubes au centre de l'image. On limite ainsi les
aberrations géométriques susceptibles de fausser les mesures. Tous
les tubes doivent être dans un même plan afin que chaque image
soit nette au cours du déplacement. On mesure sur l'écran les
différentes dénivellations ainsi que le diamètre des tubes.

Afin de connaître le grandissement de la projection, on remplace ensuite les tubes par une règle
graduée transparente et on ajuste sa position pour avoir une image nette sans toucher à la lentille
ni à l'écran ! On trace ensuite la courbe h = f(1/r) où h est l'ascension du liquide dans le tube et r le
rayon du tube. Comme on a h = 2γ/rg, on déduit γ de la pente de la courbe obtenue. On s'affranchit
ainsi de l'incertitude sur la position de la surface libre du liquide. On peut comparer le résultat
obtenu à celui donné dans les tables.

Remarque :
Les diamètres d'origine des tubes capillaires étaient  = 1 ; 1,5 ; 2 ; 3 et 4 mm mais il
se peut qu'ils aient été remplacés donc le plus sûr est de les mesurer (ne pas oublier qu'il faut le
rayon dans la formule). Il faut alors effectuer la mesure sur la partie immergée du tube
(pourquoi à votre avis ?).

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Autre manipulation possible :


On peut aussi montrer l'ascension d'un liquide entre deux lames
planes très voisines. La hauteur d'ascension est toujours donnée par la formule h = 2γ/dg ou d est
la distance entre les lames. Elle varie donc en inverse de cette distance. Si l'angle est très petit, on
observe alors une hyperbole équilatère (cf. [4], p. 471 ou [1], p. 45).

V LIQUIDE AU CONTACT D'UN SOLIDE ; ANGLE DE RACCORDEMENT

V.1 Mise en évidence


Il s'agit de comparer l'étalement d'une goutte d'eau sur deux
matériaux différents : le verre et le Téflon. Ces matériaux doivent être bien nettoyés à l’alcool avant
toute expérience. On dispose une grosse goutte d'eau distillée (= 2 cm de diamètre) sur le
parallélépipède en verre et sur celui en Téflon. On forme l'image des gouttes comme indiqué sur le
schéma ci-dessous en utilisant les faces les moins épaisses des parallélépipèdes pour améliorer
l'image et en diaphragmant éventuellement la lentille pour augmenter la profondeur de champ :

θ
QI

La comparaison des angles de contact montre que l'eau mouille le verre (θ < π/2) alors qu'elle ne
mouille pas le Téflon (θ > π/2). Les vêtements en Goretex sont une application directe de ce
phénomène : il s'agit d'un tissu de Téflon percé de très petits trous (diamètre = 0,2 m) qui laisse
passer la vapeur d'eau dégagée par le corps humain mais pas l'eau sous forme liquide. On retiendra
donc que les vêtements en Goretex se nettoient toujours à l'alcool !!

Remarque :
L'expérience avec le verre dépend de l'état de surface, l'eau mouille moins si le verre
est sale car, comme c'est un mauvais solvant pour les composés organiques, la sensibilité des
résultats aux contaminations chimiques est très grande. On peut aussi reprendre l'expérience avec la
face diffusante du bloc de verre ; l'eau mouille-t-elle autant ? On met ainsi en évidence l’effet
important de l’état de surface (effet mis à profit en super hydrophobie).

V.2 Mesure de la tension superficielle du mercure (θ > π/2)


[4], p. 472.

On peut exploiter quantitativement le cas d'une goutte de mercure sur du verre (le mercure ne
mouille pas le verre). On projette son image comme précédemment (mettre la goutte sur une face
translucide de la cuve en verre) et on mesure les valeurs de h et h' indiquées ci-dessous :

h
h'
 θ

On ramène ces mesures à leur taille réelle en tenant compte du grossissement du montage (on
détermine le grandissement de la projection en remplaçant la goutte par une règle graduée
transparente et en ajustant sa position pour avoir une image nette sans toucher à la lentille et à

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

l'écran). On en déduit une valeur approchée de la constante de tension superficielle du mercure et


de l'angle de mouillage  =  -  à l'aide des relations suivantes (attention : ces formules ne sont
valables que pour une goutte suffisamment large pour qu'on puisse la considérer comme plane dans
sa partie supérieure) :

2𝛾 2𝛾(1 + 𝑐𝑜𝑠 𝛼)
ℎ=√ ℎ′ = √ (cf. [4], p. 474)
𝜌𝑔 𝜌𝑔

On peut comparer la valeur obtenue pour  ou  à celle estimée sur la projection.

V.3 Mesures en cas de mouillage (θ < π/2)


On peut reprendre la manipulation
précédente avec d'autres liquides (eau, alcool, ...) mouillant le support à condition que le liquide ne
mouille pas trop la surface (θ ≈ 45 °). Il vaut mieux utiliser une surface métallique plutôt que du
verre car le mouillage est alors trop important, et déposer une goutte suffisamment grosse afin que
son sommet soit plat (condition nécessaire pour que la formule ci-dessous soit valable) :

QI θ

Manipulation 1 :
On peut mesurer l'angle de contact θ ainsi que la hauteur h de la goutte qui
doivent théoriquement vérifier la relation (cf. [12], p.41) (où k est la longueur capillaire) :
2 𝜃
ℎ= 𝑠𝑖𝑛 ( )
𝑘 2

Manipulation 2 :
Profil de la goutte ; équilibre hydrostatique (plus délicat)
γ
γSG γSL

On ne peut pas ajuster directement la forme de la goutte par une fonction, car l'équation
différentielle qui la définie est un peu compliquée. Par contre on peut vérifier que la forme de la
surface vérifie bien cette équation (ce qui, au final, revient au même). Si on considère une portion
de fluide (en gris sur la figure), il est soumis aux forces de pression exercées par le reste de la
goutte. Si la goutte est suffisamment aplatie, on peut considérer que la courbure est nulle au
sommet, et donc que la pression du liquide en ce point vaut la pression atmosphérique. On en déduit
ensuite la pression en fonction de l'altitude. Finalement, l'intégration des forces de pression sur la
surface de séparation donne :

𝜌𝑔(𝑒𝑧 − 𝑧 2 /2)

Où z est l'épaisseur de la goutte en un point et e l'épaisseur maximale.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Les forces de tensions superficielles sur la portion de fluide doivent compenser les forces de
pression. On obtient donc l'égalité :

𝜌𝑔(𝑒𝑧 − 𝑧 2 /2) = 𝛾𝑐𝑜𝑠𝜃𝑧 + 𝛾𝐿𝑆 − 𝛾𝑆𝐺

où θz est l'inclinaison de la surface en ce point. On peut relier cet angle à la pente de la surface.
Celle-ci vaut tan(θz). En utilisant les relations entre cosinus et tangente, on obtient :
1
𝑐𝑜𝑠𝜃𝑧 =
2
√1 + ( 𝑑𝑧 )
𝑑𝑥
On peut prendre une image de l'écran à l'aide d’une webcam, faire un relevé des points et les calculs
sur synchronie (ne pas prendre des points trop serrés pour pouvoir calculer la dérivée). On trace
cos(θ) en fonction de z pour remonter à la longueur capillaire et γSG – γSL.

V.4 Mesure de l'angle de contact par réflectométrie optique


[12], p. 43 ou [7], p.
64.

Cette manipulation permet de mesurer des angles de contact faibles (θ < 45°), comme typiquement
celui de l’eau sur du verre (dans le cas contraire, il vaut mieux effectuer une observation directe
comme indiqué précédemment). Dans l’expérience décrite en [12] page 43, la goutte est éclairée par
un faisceau laser vertical, et elle réfléchit un cône de lumière dont l'ouverture dépend directement
de l'angle de contact. Cependant, dans le cas d'une goutte d'eau, l'angle de contact vaut ≈ 30° et
l'ouverture du cône vaut donc ≈ 120° ! La tache lumineuse est donc très large et si peu intense
qu’on ne peut la voir avec les lasers utilisés en TP. Pour pallier à cet inconvénient, on peut réaliser
le montage alternatif suivant :

On règle l'horizontalité de la plaque de verre au moins dans la direction de l'écran et on ajuste


l’orientation du laser de façon à ce que son faisceau arrive perpendiculairement sur la plaque (le
faisceau réfléchi doit revenir sur le laser ; erreur inférieure dans ce cas à 1°). On place alors la
goutte de liquide en s’arrangeant pour que le faisceau laser touche la ligne de raccordement.

Mesures :
La figure en dents de scie que l'on observe alors sur l’écran est due aux variations de
l'inclinaison de la surface sur le bord de la goutte (dues à la rugosité de la surface ou à la présence
d'impuretés). Pour un écran placé à une distance d = 20 cm, on trouve généralement une hauteur h
variant entre 4 et 6 cm. On peut facilement en déduire l’angle φ, puis l’angle de contact θ. On
trouve avec ces valeurs un angle de contact variant entre 36,6° et 39,3°, avec une précision sur ces 2
valeurs de l'ordre de 3%.

Remarques :
On peut noter qu’il est possible, avec cette mesure, de remonter à la différence de
tension superficielle solide/liquide (γSL) et air/solide (γSG) puisque l'angle de contact vérifie la
relation (cf. § V.3 avec z = 0 à la ligne de raccordement) : 𝛾𝑐𝑜𝑠𝜃 = 𝛾𝑆𝐺 − 𝛾𝐿𝑆 . Cela suppose

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

évidemment d'avoir mesuré au préalable γ (par une méthode citée au § III par exemple). Cependant,
le résultat obtenu n’est pas comparable avec des données tabulées car les informations disponibles
dans la littérature sur ce sujet font plutôt référence aux valeurs typiques d’angles de contact.

On peut en revanche se servir de ce résultat pour effectuer une vérification de la loi


de Jurin avec de l’eau. Il suffit de mesurer la tension superficielle liquide/air (par exemple par
arrachement), de mesurer l'angle de contact (pour du verre) par la méthode que l’on vient d’indiquer
et enfin, de mesurer la montée capillaire h pour le mêmes liquide (dans des tubes en verre). On peut
alors comparer la mesure de h avec son calcul par la formule suivante ou l’on tient compte de
l’angle de contact (au contraire de la manipulation du § IV ou l’on a pris de l’alcool pour pouvoir
supposer un angle θ tendant vers 0) :
2𝛾𝑐𝑜𝑠𝜃
ℎ=
𝜌𝑔𝑅

VI INFLUENCE DE LA TENSION SUPERFICIELLE SUR LA PROPAGATION DES


ONDES A LA SURFACE D’UN LIQUIDE
Ce type d’onde dépend de la gravité
(prépondérante à basse fréquence) et de la tension superficielle (prépondérante à haute fréquence).
Dans le cas de l’eau, la tension de surface intervient de manière notable lorsque la longueur d'onde
 devient inférieure à ≈ 1,5 cm. Cela oblige à travailler des fréquences relativement importantes
pour les cuves à ondes. La vitesse de propagation est alors donnée par la relation (cf. [4], p. 566-569
ou [10], p. 163-169) :
𝑔𝜆 𝛾 2𝜋 ℎ
𝑣 = √( + ) 𝑡ℎ (2𝜋 )
2𝜋 𝜌 𝜆 𝜆

La tangente hyperbolique peut être assimilée à l’unité lorsque la hauteur d’eau devient supérieure à
/2 (cas de la houle en eau profonde). La relation devient alors :

𝑔𝜆 𝛾 2𝜋
𝑣=√ +
2𝜋 𝜌 𝜆

On peut réaliser l’expérience avec une onde progressive plane ou circulaire (cf. [1], p. 220 et 388).
Il faut alors stabiliser l’image à l’aide d’un stroboscope. On propose plutôt de réaliser la mesure sur
un système d’interférence obtenu entre deux ondes circulaires. On peut alors utiliser un éclairage
continu puisqu’on observe alors des maxima et des minima hyperboliques stationnaires.

Montage :
Miroir
écran

Cuve à ondes Phywe vis de réglage


du vibreur

On met la cuvette à niveau avec les vis de réglage en plaçant un niveau à bulles sur le fond de la
cuvette. On remplit la cuvette avec de l'eau propre et on ajuste le niveau d'eau de façon à ce qu'il

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

se termine dans la partie à pente faiblement croissante du talus de la cuvette afin de minimiser les
reflexions. On place les deux pointes du vibreur à environ 7 cm l'un de l'autre et à quelques
centimètres d'un bord de la cuve. On joue sur les vis de réglage du vibreur de façon à ce que les
deux pointes touchent l'eau au même moment lorsqu'on les descend (sources de même amplitude).

Manipulation :
Les phénomènes capillaires devenants prépondérants aux petites longueurs d’ondes,
on règle la fréquence du vibreur  au maximum. On augmente progressivement l'amplitude du
vibreur en éclairage continu. La figure d'interférences est facilement observable entre les deux
sources et on doit globalement observer sur l’écran une figure ayant l'allure suivante :

On peut placer une feuille sur l’écran pour recopier les traces correspondants aux maximum ou aux
minimum de luminosité entre S1 et S2.

Analyse :
On suppose que les deux sources S1 et S2 émettent des vibrations sinusoïdales de même
amplitude, même fréquence et en phase (donc synchrones) :
𝑧1 = 𝐴𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝑧2 = 𝐴𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡

En un point quelconque P de la surface tel que S1P = d1 et S2P = d2, les élongations à l'instant t des
ondes provenant de S1 et S2 sont respectivement :

𝑧1 = 𝐴𝑐𝑜𝑠[𝜔(𝑡 − 𝑑1 /𝑐)] 𝑧2 = 𝐴𝑐𝑜𝑠[𝜔(𝑡 − 𝑑1 /𝑐)]

L'élongation résultante vaut alors 𝑧 = 𝑧1 + 𝑧2 = 2𝐴𝑐𝑜𝑠[𝜔(𝑑2 − 𝑑1 )/2𝑐]. 𝑐𝑜𝑠[𝜔(𝑡 − (𝑑2 +


𝑑1 )/2𝑐].

Cette élongation est encore sinusoïdale mais déphasée par rapport aux sources. Son amplitude vaut
2𝐴𝑐𝑜𝑠[𝜔(𝑑2 − 𝑑1 )/2𝑐] = 2𝐴𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝑑2 − 𝑑1 )/𝜆]. Elle est maximale en des points pour lesquels d2
- d1 = k et nulle en des points pour lesquels d2 - d1 = (k + 1/2)λ.

Il est important de noter que ces conditions ne dépendent pas du k=0 k=1
temps mais uniquement de la position des points. Le lieu des P
points d'amplitude maximum correspond à la condition d2 - d1 = d1
k. Pour k = 0, on a d2 = d1 ; cette relation définit la droite d2
perpendiculaire au milieu de S1S2. Pour k = 1, on a d2 - d1 =  ;
c'est l'équation d'une hyperbole de foyers S1 et S2. Il en est de S1 S2
même pour toutes les intersections des cercles centrés sur les
deux sources S1 et S2 qui correspondent aux différentes valeurs
de k. Ces rides hyperboliques (dégénérées en droites à proximité
de l'axe) sont fixes à la surface du liquide. Le même
raisonnement avec les points d'amplitude minimum donnerait le
même type de résultat.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Mesures :
On mesure l'interfrange entre S1 et S2 (égal à /2 !). On en déduit la longueur d'onde des
ondes circulaires en tenant compte du grossissement de la projection (calculé en mesurant la
distance entre les deux pointes du vibreur et celle sur l'écran). On mesure la fréquence du vibreur
pour en déduire la vitesse de propagation des ondes et on compare le résultat obtenu au calcul
compte tenu de la hauteur d’eau. Il peut y avoir un écart notable entre la mesure et le calcul car la
valeur de γ est très sensible à la présence d’impuretés donc seul l’ordre de grandeur compte. On
peut aussi faire le calcul de v en négligeant le terme dû à la capillarité dans son expression et
comparer le résultat au précédent.

Remarques :
Pour plus d'explication sur la visualisation de zones sombres et lumineuses sur
l'écran, se reporter en [1], p. 220 ou en [10], p. 166.

VII ETUDE DES GOUTTES ET STALAGMOMETRIE


[12], p. 59 + introduction

VII.1 Introduction
L'industrie utilise quotidiennement des gouttes de liquide (point
de colle ou d'huile, mélanges de petite quantité de produits). La taille de ces gouttes peut être
calibrée grâce aux phénomènes capillaires avec une très bonne reproductibilité. On propose ici
d'étudier la taille (ou masse) de gouttes de liquide produites par une pipette. On peut ainsi étalonner
le montage et s'en servir à pour déterminer la tension superficielle d'un liquide. On parle alors de
stalagmométrie.

On peut facilement retrouver le rayon (ou le poids) d'une goutte à la sortie d'un tube fin. Si le
diamètre extérieur du tube est suffisamment petit (inférieur à celui de la goutte), l’interface eau/air
est verticale au moment de la chute de la goutte :
d

𝐹⃗𝑆

Rg
𝑃⃗⃗

La force de tension superficielle à ce moment-là vaut :

𝐹⃗𝑆 = 𝜋𝑑𝛾𝑈
⃗⃗𝑧

Et le poids de la goutte est égal à :


4 3
𝑃⃗⃗ = −𝑚𝑔𝑈
⃗⃗𝑧 = − ⃗⃗𝑧
𝜋𝑅 𝜌𝑔 𝑈
3 𝑔
Ces deux forces ont la même norme juste avant la chute de la goutte (forces encore en équilibre).
On peut donc trouver la relation entre Rg et d (on trouve cette relation en [12], p. 60 avec une faute
de frappe : il y a une puissance - 2 sur le k) :

3 𝑑𝛾 1/3 3 2 3
𝑅𝑔 = ( ) = ( 𝑑𝑘 )
4 𝜌𝑔 4

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Une relation plus simple et plus utile ici est la relation entre m et d :

𝜋𝛾𝑑
𝑚=
𝑔

Dans les faits, seule une fraction de la sphère va se détacher et former une goutte. On a donc en
pratique la relation suivante (ou α est légèrement inférieur à 1) :
𝜋𝛾𝑑
𝑚= 𝛼
𝑔

VII.2 Stalagmométrie
On réalise le montage suivant en utilisant une balance la
plus précise possible et une pipette de faible diamètre :

On aspire le liquide dans la pipette à l'aide de la seringue puis on serre la vis de la pince. On enleve
ensuite la seringue et on dévisse légèrement la pince pour faire un goutte à goutte. On mesure le
poids M d'un nombre de gouttes N donné (10 à 20). On en déduit le poids d'une goutte m = M/N.

Il faut dans un premier temps étalonner la manipulation (pour une pipette donnée), c'est à dire
trouver la relation linéaire m = f(γ) = aγ. On peut par exemple utiliser de l'eau, en supposant sa
tension superficielle γ connue. Dans un deuxième temps, on refait la manipulation avec de l'alcool
et on en déduit la tension superficielle de l'alcool par la relation suivante supposant un coefficient
correcteur α identique pour les deux types de liquide :
𝑚𝑎𝑙𝑐𝑜𝑜𝑙
𝛾𝑎𝑙𝑐𝑜𝑜𝑙 = 𝛾
𝑚𝑒𝑎𝑢 𝑒𝑎𝑢

Le tableau suivant montre les résultats obtenus avec 6 pipettes de rayon croissant (en supposant γeau
= 73 mN/m) :

rayon pipette (mm) Meau (g) Neau Malc (g) Nalc meau (g) malc (g) γalc (mN/m)
1,36 0,53 20 0,12 20 0,0265 0,0060 16,5
1,70 0,61 20 0,15 20 0,0305 0,0075 18,0
2,28 0,78 20 0,23 20 0,0390 0,0115 21,5
2,88 0,67 15 0,26 20 0,0447 0,0130 21,2
2,93 0,89 20 0,28 20 0,0445 0,0140 23,0
3,47 0,81 15 0,32 20 0,0540 0,0160 21,6

On voit que, excepté pour la pipette la plus fine, on obtient des valeurs très proche de la valeur
tabulée (gamma de l'alcool ≈ 22 mN/m à 20°C). On peut aussi comparer ces résultats avec la
mesure du § III.4.

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

VII.3 Manipulation 2 : mesure de la taille des gouttes (plus long)


L’idée consiste ici
à refaire la manipulation décrite précédemment en n'utilisant cette fois-ci qu'un seul liquide mais
avec plusieurs pipettes ayant des diamètres différents. La manipulation a été testée avec de l’eau (2
séries de mesures) et de l’alcool (une série de mesure) en utilisant à chaque fois un jeu de 6 pipettes.
Sur le graphique suivant, les traits pleins représentent la prédiction théorique pour α = 1. Les traits
pointillés représentent l'ajustement obtenu en optimisant la valeur du coefficient α :

Analyse :
Tout d'abord, on peut voir que les résultats présentent une bonne reproductibilité : les
deux séries de mesures effectuées sur l'eau (ronds noirs) donnent des résultats vraiment très
proches.
On peut aussi noter que la prédiction théorique marche correctement pour une valeur de α
qui est très proche dans le cas de l'eau et dans le cas de l'alcool (environ 2/3). Cette constatation
justifie donc l’hypothèse utilisée au § précédent.

Bibliographie :
[1] : Quaranta I p. 39 et suivantes ; p. 386 et suivantes
[2] : Fleury Mathieu : Mécanique Physique ; ch. 18
[3] : Pérez : Thermodynamique ; ch. 21
[4] : Bruhat : Mécanique (6èm e édition) ; ch. 20
[5] : BUP n° 689
[6] : Landau : Mécanique des fluides
[7] : Etienne Guyon : Hydrodynamique physique (1ère édition)
[8] : Ingel L Ryhming : Dynamique des fluides (Presses Polytechniques Romandes)
1ère édition
[9] : Sébastien Candel : Mécanique des Fluides (Dunod) 2ème édition
[10] : Barchiesi : Comprendre la physique en expérimentant
[11] : Jean Paul Bellier : Capes de Physique ; Montages de Physique (Dunod)
[12] : Pierre-Gilles de Gennes : Gouttes, bulles, perles et ondes (Belin)

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

DYNAMIQUE DES FLUIDES

Toutes les expériences proposées portent sur des écoulements stationnaires.

I RELATION DE BERNOULLI
Si le fluide est parfait (sans viscosité) et incompressible, on a
le long d'une ligne de courant en régime permanent :

1
𝑝 + 𝜌𝑣 2 + 𝜌𝑔𝑧 = 𝑐𝑡𝑒
2

Cette relation exprime la conservation de l'énergie mécanique. Le premier terme correspond à la


pression statique, le deuxième à la pression dynamique et le troisième à la pression de pesanteur.

I.1 Effet Venturi


Lorsqu'un fluide incompressible s'écoule dans une canalisation,
l'équation de continuité impose la relation S.v = S'v' = cte. La vitesse augmente donc là où la section
diminue. Si la différence de niveau entre deux sections du tube de courant est nulle, l'équation de
Bernoulli devient :
1 1
𝑝 + 𝜌𝑣 2 = 𝑝′ + 𝜌𝑣 ′2 = 𝑃𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝑐𝑡𝑒
2 2
Par conséquent, la pression statique sera plus faible là où la vitesse est plus grande, c'est à dire là où
la section du tube de courant est plus faible. C'est ce que l'on propose de vérifier.

Manipulation :
Attention à bien installer la canalisation Venturi pour éviter qu’elle tombe.

Canalisation pour effet


Venturi
Soufflerie grise
Leybold B
A

Manomètres en U avec eau colorée

Notez l'évolution de la pression statique le long de la canalisation à l'aide des manomètres en U (on
peut aussi utiliser pour mesurer les faibles P le manomètre en verre Leybold qui sert au tube de
Pitot en laissant une de ses extrémités à l'air libre). Mesurez PA - PB ; sachant que le diamètre des
sections A et B vaut respectivement 10 et 5 cm, en déduire la vitesse v A à la sortie de la canalisation
en utilisant la relation suivante (cf. [4], p. 463 ou [2], p. 369) :

𝜌𝑣𝐴2 𝑆𝐴2
𝑃𝐴 − 𝑃𝐵 = ( − 1)
2 𝑆𝐵2

Comparez le résultat obtenu avec une mesure à l'anémomètre à fil chaud (on peut aussi déduire de
l'équation de continuité la vitesse vB dans l'étranglement).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Remarques :
Cet effet sert en pratique à mesurer les vitesses dans les canalisations horizontales.
Si l'hypothèse d'incompressibilité semble raisonnable pour les liquides à des vitesses
pas trop grandes, on peut se poser la question pour les gaz → pour plus de précision à ce sujet, se
reporter en [2], p. 370 (§ 21.8) ou en [4], p. 445.

I.2 Balle de Ping-pong


Expériences qualitatives mais spectaculaires. Dans ce qui suit,
on négligera les variations de air.g.h dans l'équation de Bernoulli.

Expérience 1 :
Air comprimé Placez la balle dans l'entonnoir → la balle est aspirée. L'explication est
à peu près la même que précédemment : la surface augmente lorsque
Tuyau orange
l'air débouche dans l'entonnoir → la vitesse diminue (cf. éq. de
continuité) → si on néglige la variation de pression de pesanteur, la
pression statique est plus faible à l'embouchure de l'entonnoir (cf.
équation de Bernoulli).
Entonnoir
Cette expérience peut aussi être réalisée avec une feuille de papier (cf.
Balle de [2], p. 371).
Ping-pong

Expérience 2 :
La balle se maintient en équilibre. La encore, on a p + ρv2/2 = cte le
B long d'une ligne de courant. Comme la vitesse est nulle en A (point
Balle de
Ping-pong d'arrêt), la pression y est maximum : pA = p + ρv2/2 → il existe donc
A une position de la balle (qui dépend du débit) pour laquelle cette
surpression permet de compenser le poids de la balle. Ce qui est
surprenant, c'est la stabilité de cet équilibre. En effet, si la balle se
déplace vers la gauche, les lignes de courant s'évasent sur ce côté (cf.
[4], p. 466) provoquant une diminution de la vitesse (cf. effet Venturi)
Tuyau et par conséquent une augmentation de pression. A droite, on a l'effet
inverse donc une pression plus faible. Il en résulte une force latérale
Air comprimé dirigée en sens inverse du déplacement. On remarquera que la balle
tourne sur elle même du fait de la viscosité de l'air (comportement
imparfait du fluide).

Expérience 3 :
Inclinez le tuyau → la balle reste en équilibre

Attention aux erreurs d'interprétation : l'air ne passe pas sous la balle pour
la soutenir !
Les lignes de courant se resserrent à gauche → la vitesse augmente → la
pression est plus faible. Les lignes de courant s'évasent à droite → la
vitesse diminue → la pression est plus forte. On a donc globalement une force de pression qui
maintient encore en équilibre la balle. Vous pouvez vérifier expérimentalement avec votre doigt ou
avec un bout de papier que le débit est plus important à gauche qu'à droite. Le sens de rotation que
prend alors la balle dû à la viscosité confirme ce fait (la mise en rotation de la balle accentue encore
l'effet de sustentation par effet Magnus - cf. [2], p. 393).

Remarque :
Cette expérience explique l'arrachement des toits par les ouragans (cf. [2], p. 371), la

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

déflexion du jet d'un robinet lorsqu'on y place un doigt dedans (cf. [6], p. 199). De nombreuses
autres manipulations de ce genre sont encore possibles (pulvérisateur, jet entre deux sphères
légères, effet de sol, syphon …). Se reporter en [4], p. 466 et en [1], p. 113. Dans le même esprit,
on peut citer la trompe à eau ([4], p. 463, [2], p. 370), qui a le mérite sur l'expérience précédente
d'être réellement utilisée.

I.3 Mesure de la vitesse d'un fluide - Tube de Pitot


[1], p. 111

C'est un double tube qui permet de mesurer la vitesse v du fluide à partir de la différence de
pression entre l'orifice O, où la vitesse est négligeable (point d'arrêt), et l'orifice O' placé
latéralement ou la vitesse du fluide n'est pas modifiée. Si on applique en effet la relation de
Bernoulli à une ligne de courant passant par ces deux points, on a :

O
vers
O' manomètre

1
𝑃𝑂 + 0 = 𝑃𝑂′ + 𝜌𝑎𝑖𝑟 𝑣 2
2
On a donc :
2(𝑃 − 𝑃′ )
𝑣=√
𝜌𝑎𝑖𝑟

Avec 𝑃 − 𝑃′ = 𝜌𝑙𝑖𝑞𝑢𝑖𝑑𝑒 𝑔ℎ → la différence entre les pressions en O et O' donne accès à la vitesse
en O’.

Manipulation :
Expérience à réaliser avec le gros collecteur.

vers manomètre incliné


Soufflerie Leybold

Anémomètre à fil chaud à


affichage digital

La sonde de l'anémomètre à fil chaud est extrêmement fragile → remettre le capuchon dès
qu'on ne s'en sert plus ! Il faut faire attention à la position du tube et de l'anémomètre à fil chaud
car ils donnent une valeur locale de la vitesse → fixez les sondes sur des trépieds, explorez la
distribution de la vitesse à l'embouchure avec l'anémomètre à fil chaud puis ajustez la position des
deux sondes en conséquence. Mesurez pour différentes valeurs de la vitesse la dénivellation obtenue
avec le tube de Pitot ; tracer la courbe h = f(v2) → vous devez obtenir une droite.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II REGIME LAMINAIRE

II.1 Mise en évidence des forces de viscosité


[2], p. 328

Ces forces peuvent être mises en évidence dans les liquides ou les gaz. La manipulation avec l'air
(cf. [1], p. 134) est cependant délicate à réaliser car les forces de viscosité sont faibles → on
propose ici la mise en évidence avec des liquides (une autre manipulation simple permettant de
mettre en évidence ces forces de viscosité consiste à faire rouler un œuf dur et un œuf frais sur une
table) :

Fixez fortement le fil de torsion sur le trépied à l'aide


d'une noix circulaire. Mesurez dans un premier temps la Fil de torsion
période du pendule avec 100 gr d'eau. Videz le bêcher et
l'essuyer. Refaire une nouvelle mesure avec cette fois ci
100 gr de glycérine. Conclure. Bêcher 150ml

Plateau de
Précautions à prendre :
balance
Lancez à chaque fois le pendule
avec le même angle initial. Effectuez les mesures sur
plusieurs périodes pour plus de précision.

Conséquence sur un écoulement dans une canalisation horizontale :


L'application du théorème de
Bernoulli impliquerait que la pression serait uniforme dans la canalisation, l'expérience montre que
non. En effet sur l'expérience ci-dessous, les tubes verticaux mesurent la pression statique ; comme
la vitesse est constante le long du tube, il en est de même pour la pression dynamique et les
variations de la pression statique mesurent aussi celles de la pression totale.

Robinet Évier

Observez la perte de charge. Vérifiez expérimentalement qu'elle est proportionnelle à la distance


des tubes verticaux considérés (cf. [1], p. 137 et [3], p. 496). Un étranglement produit une grande
perte de charge ; vous pouvez le vérifier sur un tube similaire au précédent mais présentant une
diminution de sa section au centre (cf. [2], p. 379).

II.2 Loi de Stockes


Cette loi s'établit par intégration des forces de pression
(l'expression de la pression étant obtenue en résolvant l'équation de Navier Stockes dans le cas d'un
écoulement à petit nombre de Reynolds ; cf. [5], p. 85 à 89) qu'exerce l'écoulement d'un fluide sur
une sphère → on obtient l'expression de la force s'opposant au mouvement F = 6πηrv. On peut s'en
servir pour mesurer la viscosité d'un fluide en laissant tomber dedans une bille judicieusement
choisie de façon à obtenir un mouvement uniforme. La force précédente est alors compensée par le
poids apparent de la bille (c'est le poids diminué de la poussée d'Archimède) et on a :

4 3
𝜋𝑟 (𝜌𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒 − 𝜌𝑓𝑙𝑢𝑖𝑑𝑒 )𝑔 = 6𝜋𝑟𝜂𝑣𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒
3

L’expression F = 6πηrv n'est valable que pour des nombres de Reynolds très inférieurs à 1 → Il
faudra le vérifier sur la manip (cf. [5], p. 86 formule 20.17). Quelles valeurs de r sont à préférer ?

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation : Entonnoir
On laisse tomber une bille d'acier. Quand le
mouvement est uniforme (s'en assurer), on mesure la vitesse v
en prenant le temps que la bille met à parcourir une distance
fixée au préalable. Répétez l'expérience avec des billes de
différents rayons r. Calculez la viscosité de la glycérine en Glycérine
utilisant la formule ci-dessus (densité de l'acier = 7,81 ; densité
de la glycérine 1,261) et comparer à la valeur attendue (cf. [1],
p. 142).

II.3 Ecoulement laminaire dans un tube fin


Lorsque le tube dans lequel se passe
l'écoulement est assez fin pour avoir un débit assez faible pour rester en régime laminaire (nombre
de Reynolds inférieur à 103 → s’en assurer lors des mesures), il s'établit à l'intérieur de la conduite
un régime laminaire particulier, l'écoulement de Poiseuille. Le profil radial de vitesse est
parabolique et le débit volumique varie alors linéairement avec la chute de pression suivant la
relation :
𝜋𝑟 4 𝛥𝑃
𝐷𝑚 = 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛥𝑃 = 𝜌𝑔ℎ
8𝜂𝐿

Manipulation :
Se reporter au montage sur les phénomènes de transport. S'assurer que le tube et le
récipient sont bien propres sinon l'écoulement risque d'être perturbé.

II.4 Changement de régime

II.4.1 Visualisation d'un écoulement autour d'un obstacle


Il y a à l'oral une
cellule permettant de visualiser des écoulements bidimensionnels autour d'un objet circulaire. La
cellule se place sur un rétroprojecteur. La visualisation se fait à l'aide de filets d'encre injectés en
amont de l'obstacle. A Rennes, on dispose d’un système similaire mais aux performances limitées
→ demander conseil au professeur.

II.4.2 Transition laminaire turbulent


Il suffit de reprendre un dispositif
similaire à celui employé pour l'étude de l'écoulement de Poiseuille en prenant un tube de plus
grande section → Se reporter au montage sur les phénomènes de transport .

III ECOULEMENTS A HAUT NOMBRE DE REYNOLDS

III.1 Résistance de l'air


[3], p. 502 ; [1], p. 324

La force de traînée F exercée par l'air sur le corps immobile dépend de nombreuses grandeurs dont
principalement :
S la surface de la section du corps perpendiculaire à v
les dimensions parallèles à v
v la vitesse moyenne du fluide loin du corps
 la masse volumique du fluide
la viscosité du fluide

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Pour réduire le nombre de paramètres, on travaille avec des grandeurs sans dimension (l'idée étant
que les phénomènes physiques sont indépendants des unités de mesure choisies). On définit alors le
coefficient de traînée CX tel que :

𝜌𝑆𝑣 2
𝐹 = 𝐶𝑋 (𝑅𝑒 )
2

CX dépend du nombre de Reynolds Re (cf. [4], p. 482) et d'un nombre qui caractérise la forme
aérodynamique de l'objet (difficile à quantifier en pratique). ρSv2/2 correspond à la force F dans le
cas complètement turbulent (plus de dépendance avec la viscosité moléculaire), ce qui signifie que
CX devient constant dans ces conditions (très grand Re). Dans le cas laminaire, F va dépendre de la
viscosité ce qui implique que CX va varier avec Re (construit avec la viscosité).

Système d'étude :
B A

P Soufflerie
P : profil d'étude

On propose d'étudier ici la dépendance de la force en fonction des différents paramètres (faire des
choix en montage). Le profil P dont on veut mesurer la traînée est placé dans la veine d'air d'une
soufflerie à axe horizontal (la forme "tube de Venturi" donnée à cette chambre assure le
parallélisme des filets d'air). II est fixé au fléau d'une balance de torsion qui permet de mesurer la
force nécessaire pour rétablir l'équilibre rompu par la poussée de l'air (ne pas toucher au réglage
du ressort !). Le fléau de la balance de torsion comporte, à sa partie inférieure, un système
amortisseur composé d'une palette plongeant dans un godet d'huile et, à sa partie supérieure, une
flèche rouge A devant être verticale à l'équilibre. Un axe commandé par un bouton noir permet de
contraindre le ressort de la balance pour équilibrer la force agissant sur le profil ; une aiguille
blanche B, solidaire de cet axe, indique l'intensité de cette force sur le cadran lorsqu'on rétablit
l'équilibre.

Réglage du zéro de la balance de torsion :


Fixez le profil d'étude sur le fléau en soignant son
positionnement par rapport à l'axe de l'écoulement ; agissez sur le bouton noir de façon à aligner
la flèche rouge A avec la verticale (graduation 4 cN). Une fois ce réglage effectué, placez
manuellement la flèche blanche B sur la graduation 0 cN en bloquant le bouton noir. Vérifiez
ensuite si le réglage est correct : bouton noir relâché → B est sur 0 cN et A est sur 4 cN.

Précaution lors d'une mesure :


Lorsque la soufflerie est en marche, le tube d'écoulement à tendance
à se décaler du fait des vibrations du moteur ; il peut alors fausser les mesures en gênant le
mouvement du fléau → Regarder toujours si le fléau n'est pas entravé !

Dépendance en v2 :
Utilisez par exemple le disque de diamètre moyen (mesurer son diamètre).

Faire varier le débit d'air au moyen de l'alternostat ; mesurer la vitesse du flux à l'entrée de la
conduite à l'aide de l'anémomètre à fil chaud et la force de traînée du profil. Tracez la courbe F =
f(v2). Voici à titre le résultat d'une série de mesures :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

F = f(v2)
6

F (cN)
3

y = 0,2725x - 0,2847
2
R² = 0,9984

0
0 5 10 15 20 25

v2 (m.s-2)

Il faudrait en toute rigueur tenir compte de l'effet Venturi pour la mesure de v ; cette correction n'est
pas critique en pratique.

Dépendance en S :
Mesurez la force de traînée pour les trois disques ; ajustez l'alternostat pour avoir
à chaque fois la même vitesse. La courbe F = f(S) est approximativement une droite.

Influence de la forme :
Comparez pour une même vitesse la traînée de différents profils ayant la
même section principale. On illustre l'influence du CX.

III.2 Etude d'une aile d'avion


[3], p. 506 ; [1], p. 327

III.2.1 Répartition des pressions


Utilisez le profil d'aile Leybold prévu à cet
effet (notée "Répartition des pressions sur une aile). Placez-le en sortie de la grosse soufflerie grise
Leybold munie du collecteur de 18 cm. Des trous sur les faces latérales permettent de mesurer la
pression au-dessus et au-dessous du profil. Y raccorder le manomètre en verre Leybold à l'aide des
petits raccords en plastique (ne pas les perdre !) en laissant une de ses extrémités à la pression
atmosphérique (inversez les branchements suivant que l'on mesure une surpression ou une
dépression). Reproduire le profil de l'aide sur un calque et représenter les différentes pressions par
des flèches (cf. [1], p. 327). Conclusions ?

III.2.2 Résultante des forces de pression : Traînée et portance


 La résistance de
l'air R peut se décomposer en deux forces : R

P
une force T parrallèle à la vitesse 
une force P perpendiculaire à la vitesse T

La résistance de l'air étant proportionnelle au carré de la vitesse, on peut mettre P et T sous les
formes suivantes :

𝜌𝑆𝑣 2 𝜌𝑆𝑣 2
𝑃 = 𝐶𝑍 𝑇 = 𝐶𝑋
2 2

La finesse de l'air correspond au rapport des deux grandeurs :

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑃 𝐶𝑍
𝐹𝑎𝑖𝑙𝑒 = = = 𝑓(𝛼)
𝑇 𝐶𝑋
Manipulation :
On propose de mesurer la portance et la trainée d'une aile afin de déterminer
l'évolution de la finesse en fonction de l'angle ; utilisez le dispositif prévu à cet effet. Modifiez le
montage comme indiqué ci dessous suivant la grandeur à mesurer.

Mesure de la portance Mesure de la traînée

Le dynamomètre à torsion est gradué en pond ; un pond correspond à 1 gramme force soit 0.01
Newton. La zone de mesure 0-160 pond correspond à une utilisation du dynamomètre avec le fil
enroulé sur le petit tambour ; la zone 0-80 pond correspond à une utilisation avec le fil enroulé sur
le grand tambour (le cordon doit être enroulé des trois quart à une fois et demie autour du tambour
si on veut employer entièrement la zone de mesure choisie). Equilibrez préalablement l'aile à l'aide
du contrepoid lorsque vous mesurez la portance ; le contrepoid est sans effet sur la mesure de la
traînée. Placez l'aile dans le flux de la grosse soufflerie grise (collecteur de 18 cm , rhéostat à 50 %
de puissance environ) ; mesurez P et T pour différents angles  (de moins 15 à + 90 °). Faire plus
de mesures entre -15 et 20 °. Tracez les courbes P = f(), T= f() et F= f(). En déduire l'angle
d'attaque optimal de l'aile à la vitesse considérée et la finesse maximale .Voici à titre indicatif une
série de mesures :
PORTANCE ET TRAINEE EN FONCTION DE ALPHA FINESSE EN FONCTION DE ALPHA
14
0.9

0.8
12
Portance
0.7
trainée 10
0.6
force (N)

FINESSE

8
0.5

0.4
6

0.3
4
0.2

0.1 2

0
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

alpha (degré) alpha (degré)

On peut aussi tracer la polaire de l'aile et comparer le résultat obtenu à la courbe donnée dans [3], p.
507 (la courbe en pointillé correspond à l'approximation P prop  et T prop à 2).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Quaranta I p. 108, 133 et 320
[2] : Fleury Mathieu : Mécanique physique p.360 à 388
[3] : Bruhat : Mécanique p. 487 à 514
[4] : Pérez : Mécanique
[5] : Landau : Mécanique des fluides
[6] : E. Guyon, J.P. Hulin et L. Petit : Hydrodynamique physique
[7] : Giles : Mécanique des fluides et hydraulique (série Schaum)
[8] : BUP 814 (mai 1999)

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Denis Rouède

CAPTEURS DE GRANDEURS MECANIQUES

I INTRODUCTION
Un capteur est dispositif permettant de convertir une grandeur physique non
électrique (la mesurande notée m) en grandeur électrique (notée V) afin de la quantifier à l’aide
d’appareils électriques ou électroniques. La relation 𝑉 = 𝑆. 𝑚 doit être univoque, monotone et
reproductible. Les propriétés permettant la conversion se regroupent en 2 familles :

- variation d’une impédance (résistance, capa …) → capteurs passifs


- la génération d’un courant, d’une tension ou d’une charge (capteurs actifs)

En bout de chaîne, le signal mesuré peut-être de deux sortes : une fréquence (le conditionneur est
alors un oscillateur) ou une tension (multiples possibilités de conditionnement). Tout capteur étant
soumis à des grandeurs d’influence (la température notamment), il faut vérifier que leur effet est
négligeable pour valider la mise en pratique d’un capteur.

II MESURE D'UNE DEFORMATION


Le capteur est une jauge de déformation (et non de
contrainte comme c’est écrit souvent). On met à profit la variation de résistance d’un fil fin avec sa
longueur (cf. [1], p 378).

II.1 Dispositif d’étude


On utilise une barre rectangulaire en Dural sur laquelle sont
collées 3 jauges (dispositif de chez Vishay Micromesures). La face supérieure comporte une jauge
orientée suivant la plus grande longueur de la barre et une autre collée perpendiculairement. La
troisième jauge se trouve sur la face inférieure avec la même orientation que la première. La
résistance de chaque jauge fait environ 350 Ω.

Effet d’une déformation sur la résistance des jauges :


On fixe solidement une des extrémités de la
barre sur le bord d’une paillasse à l’aide d’un système permettant de définir un point fixe sur toute
la largeur de la poutre. On peut alors appuyer sur l’autre extrémité de la barre et observer
l’évolution de la résistance d’une jauge à l’aide d’un ohmmètre numérique affichant au moins 4
digits. On obtient typiquement des variations de l’ordre du 1/10ème d’ohm pour des déformations
raisonnables1. Les jauges de contraintes sont donc des capteurs peu sensibles et une mesure directe
de la résistance n’est pas optimale puisqu’elle se fait autour d’une valeur non nulle. Pour contourner
ce problème, on a recours à une mesure par pont.

II.2 Montage de mesure


[2], § V.3.2

L’utilisation d’un pont de Wheastone préalablement équilibré simplifie les choses puisqu’il permet
de faire des mesures autour d’une valeur nulle.

1
Les jauges doivent travailler dans un domaine de déformation   /  inférieur à 1%.

1
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R1, R2 : 350 Ω
R1 R2
R4 : jauge 350  
R3 : résistance d’équilibrage (cf. ci-dessous) mV E

E : alimentation continue stable


R4 R3
mV : multimètre sensible

Les résistances R1 et R2 doivent être sélectionnées ou réglées pour être les plus proches possibles
afin de pouvoir utiliser les formules démontrées en annexe. Une valeur correspondant à la résistance
nominale de la jauge permet d’optimiser la sensibilité du pont (cf. annexe).

Equilibrage du pont :
Il faut ajuster la résistance R3 pour annuler au mieux la tension ε en
l’absence de déformation. Cela revient à avoir R3 = R4 ≈ 350 Ω puisque la condition d’équilibre est
R1R3 = R2R3 et on a R1 = R2. La difficulté consiste à obtenir au mieux cette condition. Une solution
possible consiste à associer en parallèle une résistance R’ légèrement supérieure à 350 Ω et un
potentiomètre multitour de forte valeur (Rpot max = 100 kΩ par exemple). La résistance équivalente
vaut alors R3 = R’Rpot/(R’+ Rpot) ≈ 350 Ω si Rpot est grand et on peut ajuster très finement sa valeur
en jouant sur le potentiomètre.

II.3 Effet d’une déformation


Une fois le pont équilibré, on ajoute des masses à
l’extrémité libre de la poutre et on mesure la tension ε :

M (g) 0 100 200 300 400 500


 (mV)

La tension  doit être proportionnelle à la masse M pour de faibles déformations, ce que confirment
les calculs faits en annexe :

𝑅1
𝜀=𝑉 Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2

II.4 Comparaison avec la théorie


On admet que l’expression théorique de la
déformation de la barre (jauge collée sur face supérieure à la distance x du point d'ancrage) soumise
à une force extérieur appliquée sur son extrémité x = L est donnée par :

𝑏 6𝐹
𝜀𝑥𝑥 = 𝐹 (𝐿 − 𝑥) = = 𝐹 (𝐿 − 𝑥)
2𝐸𝐼 𝐸𝑎𝑏 2

Où I = ab3/12 est le moment quadratique de la section droite et L - x est la distance entre la jauge et
l'extrémité libre de la barre. Noter que x = 0 correspond à la position du point d’ancrage où la
déformation est la plus forte.

2
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Une mesure rapide de l'ordre de grandeur de la déformation est obtenue à partir de la variation de
résistance de jauge. Pour cela, il faut suspendre une masse (500g – 1kg) à l'extrémité de la barre et
mesurer la tension ε aux bornes du pont. On en déduit la valeur de la variation ΔR de la résistance
de jauge à l’aide de la formule du § précédent puis la valeur de la déformation εxx compte tenu de la
relation suivante :

∆𝑅 ∆ℓ
=𝐾 = 𝐾𝜀𝑥𝑥
𝑅 ℓ

Avec le facteur de jauge K = 2,1 (cf. fiche constructeur).

II.5 Doublement de la sensibilité


On remplace la résistance R’ par la jauge située au-
dessous de la poutre. On équilibre une nouvelle fois le pont sans déformation en jouant sur Rpot, on
remet les masses et on mesure de nouveau ε. Le signal doit être deux fois plus fort qu’auparavant
pour une même masse M, ce que confirme le calcul effectué en annexe :

2𝑅1
𝜀=𝑉 Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2

II.6 Compensation en température


La résistance d’un métal dépend de la
température (cf. montage métaux) et les ΔR induits sont du même ordre de grandeur que ceux dus à
une déformation. On peut corriger ce biais en utilisant comme résistance R3 la seconde jauge collée
perpendiculairement à la première car elle subit la même contrainte thermique sans être trop
affectée par la déformation. Les calculs développés en annexe montrent qu’on a alors :

𝑅1
𝜀=𝑉 Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2 1

Manipulation :
On commence avec le pont équilibré sans déformation du § II.3. On ajoute une
masse M et on note la valeur de ε. On chauffe alors la jauge avec un sèche-cheveux ou une lampe
QI focalisée sur la jauge → La tension  doit augmenter.

On attend que la barre se refroidisse. On remplace R’ par la jauge collée


perpendiculairement. On équilibre une nouvelle fois le pont avec Rpot, on ajoute la masse M et on
note . Cette tension doit maintenant rester constante si on chauffe de nouveau les jauges.

Cette manipulation est délicate à réussir si le refroidissement est imparfait entre les deux
manipulations. Il faut attendre que le signal revienne à sa valeur d’origine avant de passer au 2ème
montage. L’autre difficulté est d’avoir un échauffement homogène dans la barre (c’est la source
d’erreur la plus difficile à éliminer).

II.7 Expérience complémentaire : mesure du module d'Young


On peut évaluer le
module de rigidité ou module d'Young d'une barre encastrée à l'une de ses extrémités par la mesure
de sa flèche h quand on exerce une force F sur l’autre extrémité :

3
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Soit E le module d’Young (en N/m2), une barre de longueur L, d’épaisseur b et de largeur a. Si le
poids propre de la barre est négligeable, on peut montrer que la valeur de la flèche est donnée par
l’expression suivante (cf. [3], § 448 « calcul de la flèche d'une poutre fléchie », pages 634 et 635) :

𝐹𝐿3 4𝐹𝐿3
ℎ = =
3𝐸𝐼 𝐸𝑎𝑏 3
Manipulation :
Mesurer la flèche h sous l'action d'une masse m. Retourner la barre, mesurer sa
flèche h'. Faire la moyenne de h et h'. En déduire E et comparer aux données constructeur
(Aluminium 5754 H111: E = 70,5 GPa, PVC : E = 2,5 - 4 GPa).

III CAPTEUR DE POSITION


On peut réaliser un capteur de position capacitif → se reporter au
montage sur les effets capacitifs. Une autre idée simple de capteur de position basé sur l’induction
est aussi proposée dans le montage sur le magnétisme (§ IX.3).

Bibliographie :
[1] : Georges Hasch : Capteurs en instrumentation
[2] : Duffait : Expériences d’électronique
[3] : Georges Bruhat : Cours de physique générale, Mécanique, Sixième édition,
Masson

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Denis Rouède

ANNEXE : JAUGE DE DEFORMATION - CALCULS

I MONTAGE
I1 I2 I
R1 R2
R
R4 : jauge
V
R1 = R2
R3
R3 = R4 R4
I’ = 0

II EXPRESSION DE  SANS DEFORMATION


 = R2I2 –R1I1 = R4I1 – R3I2

V = (R1+R4) I1 = (R2 + R3) I2

𝑅4 𝑅3
→ 𝜀 = 𝑉( − )
𝑅1 + 𝑅4 𝑅2 + 𝑅3

ε s’annule lorsque R4 (R2 +R3) = R3 (R1 +R4), soit R2R4 + R3R4 = R1R3 + R3 R4, d’où :

𝑅4 𝑅3
𝜀=0⇔ = ⇔ 𝑅1 𝑅3 = 𝑅2 𝑅4
𝑅1 + 𝑅4 𝑅2 + 𝑅3

L’extrême sensibilité du montage permet de calculer directement R4 avec une bonne précision si on
a de bons étalons pour R1, R2 et R3.

III EXPRESSION DE  AVEC DEFORMATION

𝑅4 + Δ𝑅 𝑅3
𝜀 = 𝑉( − )
𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅 𝑅2 + 𝑅3
𝑅3 𝑅4
= suite à l'équilibrage du pont d'où :
𝑅2 + 𝑅3 𝑅1 + 𝑅4
𝑅4 + Δ𝑅 𝑅4
𝜀 = 𝑉( − )
𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅 𝑅1 + 𝑅4

En mettant le même dénominateur puis en développant le numérateur, on obtient2 :

2
Si on souhaite refaire le calcul, il ne faut pas simplifier trop vite le quotient en effectuant l’hypothèse R1 + R4 +  R4 
R1 + R4 à partir de la deuxième ligne car on obtient dans ce cas ε = V.ΔR/(R 1 + R4)2. Cela revient alors à négliger deux

5
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𝑅1 Δ𝑅
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅)(𝑅1 + 𝑅4 )

Or R  0,1   R1 + R4 + R  R1 + R4 d’ou:

𝑅1
𝜀=𝑉 Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2

Remarque :
L’analyse de l’expression de ε en fonction de R1 montre que ε est maximum si R1 =
R4. Il vaut donc mieux prendre des résistances R1 et R2 qui correspondent à la valeur de la jauge
pour avoir un maximum de signal.

IV DOUBLEMENT DE LA SENSIBILITE
On remplace R3 par une jauge de même nature
située en dessous de la barre. Avec déformation, on remplace R4 par R4 + R et R3 par R3 - R. On
obtient alors :

𝑅4 + Δ𝑅 𝑅3 − Δ𝑅
𝜀 = 𝑉( − )
𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅 𝑅2 + 𝑅3 − Δ𝑅

En mettant de nouveau au même dénominateur, puis en développant le numérateur, on trouve :


𝑅2 𝑅4 + 𝑅2 Δ𝑅 − 𝑅1 𝑅3 + Δ𝑅𝑅1
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅)(𝑅2 + 𝑅3 − Δ𝑅)

R2R4 = R1R3 à l’équilibre, d’où :

(𝑅1 + 𝑅2 )Δ𝑅
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅)(𝑅2 + 𝑅3 − Δ𝑅)

Et avec R2 = R1 :
2𝑅1 Δ𝑅
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 )(𝑅2 + 𝑅3 )

Comme R2R4 = R1R3 et R2 = R1, on a R4 = R3, d’où finalement :

2𝑅1
𝜀 = 𝑉( ) Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2

On voit que la sensibilité est doublée par rapport à l’expression précédente de .

V COMPENSATION EN TEMPERATURE
On ne traite que le cas le plus simple où R3 est une
jauge de même nature que R4, soumise à la grandeur d’influence mais pas à la déformation (jauge
collée perpendiculaire à la déformation). Avec déformation et grandeur d’influence, on remplace R4
par R4 + R + RT et R3 par R3 + RT

fois R au lieu d’une. De plus, si on identifie les deux expressions obtenues pour , cela revient à faire l’hypothèse R1 +
R4 ≈ R1.

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𝑅4 + Δ𝑅 + Δ𝑅𝑇 𝑅2 + Δ𝑅𝑇 (𝑅2 𝑅4 + 𝑅2 Δ𝑅 + 𝑅2 Δ𝑅𝑇 − 𝑅1 𝑅3 − 𝑅1 Δ𝑇


𝜀 = 𝑉( − ) = 𝑉( )
𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅 + Δ𝑅𝑇 𝑅2 + 𝑅3 + Δ𝑅𝑇 (𝑅1 + 𝑅4 + Δ𝑅 + Δ𝑅𝑇 )(𝑅2 + 𝑅3 − Δ𝑅𝑇 )

(𝑅2 𝑅4 + 𝑅2 Δ𝑅 + 𝑅2 Δ𝑅𝑇 − 𝑅1 𝑅3 − 𝑅1 Δ𝑇
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 )(𝑅2 + 𝑅3 )

R2R4 = R1R3 suite au 1er premier équilibrage :

𝑅2 Δ𝑅 + (𝑅2 − 𝑅1 )Δ𝑅𝑇
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 )(𝑅2 + 𝑅3 )

𝑅2 Δ𝑅
𝜀 = 𝑉( )
(𝑅1 + 𝑅4 )(𝑅2 + 𝑅3 )

Comme R1+ R4 = R2 +R3, on a au final :


𝑅1
𝜀=𝑉 Δ𝑅
(𝑅1 + 𝑅4 )2

On retrouve la même expression → la grandeur d’influence ne modifie pas le résultat avec cette
configuration. On pourrait démontrer qu’en prenant pour R3 la jauge collée au-dessous, on aurait
doublement de la sensibilité et compensation en température. Pour ce faire, il suffit de faire les
permutations R3 → R3 + R + RT et R4 → R4 + R + RT.

VI CALCUL DE LA DEFORMATION D'UNE BARRE SOUMISE A UNE FORCE


EXTERIEURE (POIDS NEGLIGEABLE)

VI.1 Flexion circulaire


[3], § 446 p. 631.

On considère une barre (supposée de poids négligeable) soumise à une flexion circulaire pure
obtenue par pincement de la barre à chaque extrémité en exerçant un couple de flexion C identique
en tout point de la barre. Dans ce cas, le rayon de courbure R est le même en tout point de la barre
et Ω est le centre de courbure unique de la barre (flexion circulaire).

VI.1.1 Ligne neutre


Il existe une ligne centrale AoBo (ligne en pointillée) qui
ne change pas de longueur. Cette ligne est appelée la ligne neutre et elle a une circonférence de
rayon R. Après déformation, un petit élément en gris et de longueur initiale dx = Rdα s’allonge en
(R-y)dα. L’allongement est donc ydα (y < 0) et l’allongement relatif qui représente la déformation
longitudinale εxx est donc :

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𝑑𝛼 𝑦
𝜀𝑥𝑥 = −𝑦 =− (1)
𝑑𝑥 𝑅

Le petit élément en gris qui s’allonge (y < 0) est donc soumis en M à une contrainte positive
σ (N/m2) normale à sa section droite d'expression :
𝜎 𝑦
=− (2)
𝐸 𝑅

Les deux points essentiels à retenir sont (i) la contrainte σ change de signe de part et d'autre de la
ligne neutre centrale (ii) la valeur de cette contrainte σ dépend du rayon de courbure de la barre qui
est ici constant dans le cas d'une section circulaire.

VI.1.2 Equilibre de la barre en flexion circulaire


Les forces σds qui s'exercent
en tout point d'une section droite en Co sont égales et opposées de telle sorte que leur résultante est
nulle. L'ensemble des forces σds qui s'exercent en tout point d'une section droite en Co constituent le
couple de rappel (-C).

En écrivant que le moment des forces –yσds sur l’ensemble de la section S forme le couple de
rappel –C, on obtient :

𝐸
∫ 𝑦𝜎𝑑𝑆 = −𝐶 → − ∫ 𝑦 2 𝑑𝑆 = −𝐶
𝑆 𝑅 𝑆

On note que 𝐼 = ∫𝑆 𝑦 2 𝑑𝑆 est le moment quadratique de la section droite de la barre. On obtient le


résultat important suivant, que le moment fléchissant C est reliée à la courbure dα/dx de la barre par
la relation suivante :

𝐸𝐼 𝑑𝛼
𝐶= = 𝐸𝐼 (3)
𝑅 𝑑𝑥

VI.2 Flexion plane non circulaire


La barre (supposée de poids négligeable) est
encastrée à une extrémité et est fléchie sous l’action d'une force extérieure F. La partie supérieure
de la barre s'allonge tandis que la partie inférieure se rétrécie. On admet qu'il existe toujours une
"ligne neutre" non déformée (en pointillé). L'origine des axes x et y est pris par rapport à cette ligne.
Dans ce cas, la flexion n'est plus circulaire et le rayon de courbure change en tout point de la ligne
neutre. R en x = L et R = infini en x = 0. Sous l'action de la force extérieure F, un cisaillement T de
la barre apparait. La section en gris sur la figure est en équilibre sous l’action de forces de
cisaillement T et de couples de flexion + C et de rappel - C qui sont exercés par le reste de la barre
sur ses sections droites en C0 et D0 :

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Bilan des forces sur la partie en gris :


(- T) + (T + dT) = 0 → T = cte

Remarque : le cisaillement est constant sur chaque section droite. C'est le résultat de
l'approximation du poids négligeable.

Bilan des moments au point D0 (sens + horaire) :


(- C) + (C + dC) + Tdx = 0 → dC/dx = - T

L’existence de l’effort tranchant T entraîne (i) une variation du moment fléchissant C d’une section
à l’autre de la barre, (ii) une variation du rayon de courbure R de la barre (R = dx/dα).

Bilan des forces en x = 0 :


F = T, on a donc dC/dx = - F à partir de l'équation précédente, d’où C =
- Fx + cte

Bilan des moments en x = 0 :


C = FL → FL = cte. On a donc l'expression suivante du moment
fléchissant :

C = F(L – x) (4)

Déformation longitudinale εxx de la barre de poids négligeable sous l'action d'une force extérieure
F:
Soient b l’épaisseur et a la largeur a de la barre de longueur L

𝑑𝛼
(1) 𝜀𝑥𝑥 = −𝑦
𝑑𝑥
𝑑𝛼 𝐶 𝐹(𝐿 − 𝑥) 𝑦 = −𝑏/2 𝐹𝑏(𝐿 − 𝑥) 6𝐹
(3) = → 𝜀𝑥𝑥 = −𝑦 → 𝜀𝑥𝑥 = = (𝐿 − 𝑥)
𝑑𝑥 𝐸𝐼 𝐸𝐼 2𝐸𝐼 𝐸𝑎𝑏 2
(4) 𝐶 = 𝐹(𝐿 − 𝑥)

VII FLECHE h D'UNE BARRE DE LONGUEUR L SOUMISE A UNE FORCE


EXTERIEURE F (POIDS NEGLIGEABLE)
[3], § 447, p. 633 ; Flexion non circulaire.

Soit deux points voisins C0 et D0 de la ligne neutre séparés par dx. R et α sont respectivement le
rayon de courbure et l'angle de courbure en C0. R et α varient le long de la barre car la flexion n'est
plus circulaire. Si les courbures sont grandes et les déplacements verticaux dy suivant y sont faibles,
on a :

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dy ≈ αdx (5)

𝑑𝛼
(3) 𝐶 = 𝐸𝐼
𝑑𝑥
𝑑2 𝑦 𝐹 𝑥=𝐿 𝐹𝐿3
(4) 𝐶 = 𝐹(𝐿 − 𝑥) → = (𝐿 − 𝑥) → 𝑦𝑚𝑎𝑥 =ℎ=
𝑑𝑥 2 𝐸𝐼 3𝐸𝐼
𝑑𝑦
(5) 𝛼 =
𝑑𝑥

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MESURE DE TEMPERATURE

I INTRODUCTION

I.1 Définitions
[1], p. 12 ; [2], p. 116 ; [5], ch. 20 ; [11], p. 13 à 16.

La température est une variable d'état intensive traduisant l'état thermique d'un milieu, à savoir le
degré d'agitation des particules. C'est une grandeur macroscopique non réductible aux autres
paramètres (mécaniques, électriques...), dont l'introduction est nécessaire pour décrire complètement
le système considéré au niveau macroscopique. Elle est spécifique de la théorie thermodynamique,
l'autre grandeur étant l'entropie. Il y a plusieurs définitions équivalentes de la température :
- la température thermodynamique est celle introduite à l'énoncé du second principe.
Il en découle sa définition fondamentale liée à l'énergie interne et à l'entropie du système considéré :

𝜕𝑈
𝑇=( )
𝜕𝑆 𝑋
X désignant l'ensemble des autres paramètres extensifs maintenus constants. Telle quelle, cette
grandeur n'est pas facile à utiliser en pratique.
- la température cinétique est celle introduite lors de l'étude microscopique du gaz
parfait ([1], ch. 2, § 3 ; [5], ch. 2, § III). C'est une mesure de son énergie cinétique microscopique,
donc de son énergie interne. Elle est basée sur un modèle théorique de gaz.
- les propriétés des gaz réels aux faibles pressions permettent de définir une échelle
expérimentale de température appelée température absolue.
On peut démontrer l'équivalence de l'échelle thermodynamique et de l'échelle des gaz parfait (cf. [1],
ch. 8, § 2.5). L'extrapolation aux pressions nulles permettant de faire coïncider la température absolue
avec la température cinétique ([1], ch. 3, § 3). On achève ainsi l'unicité de ces 3 grandeurs.

I.2 Echelle internationale de température


Les mesures thermométriques utilisent
actuellement l'échelle internationale de température de 1990 (EIT 90). Sa logique est la suivante :
- on définit l'unité de température en posant que celle du point triple de l'eau est exactement
273,16 K. Il est alors possible de définir le rapport de deux températures par celui des valeurs prises
par la grandeur thermométrique PV d'un gaz parfait à ces deux températures. La température devient
alors une grandeur mesurable.
- on mesure avec une très grande précision les températures de 16 points fixes de référence
(qui vont du point triple de l'hydrogène vers 14 K, au point de fusion de l'or vers 1337 K) en utilisant
un thermomètre a gaz entre 14K et 1235 K (point de fusion de l'argent), puis un pyromètre optique
fondé sur la loi du rayonnement de Planck au-delà.
- on définit des instruments légaux d'interpolation (et d'extrapolation pour les basses et
hautes températures) dont les indications donnent accès à toute température au moyen de formules de
conversion. Ces instruments légaux sont le thermomètre à gaz d'hélium (3 K à 24,5561 K), le
thermomètre à résistance de platine (13,8033 K à 1243,93 K) et le pyromètre optique au-delà. A partir
de ces instruments légaux, on peut étalonner toutes sortes de thermomètres (à dilatation de mercure,
à thermocouple, à thermistance, etc.…).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Remarque :
La mesure d’une température n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Il faut respecter les
consignes suivantes :
- s’assurer que le milieu étudié est en équilibre thermique.
- pour les liquides, agiter le milieu afin d'éviter les gradients de température.
- éviter les ponts thermiques.
- utiliser de la glace pilée pour réaliser les bains à 0 °C.

II PRINCIPE DU THERMOMETRE A GAZ

II.1 Montage
On utilise la relation de proportionnalité entre la pression d’un gaz parfait
et la température à volume constant. Le matériel est constitué d'un flacon en verre Pyrex relié à un
manomètre électronique différentiel Digitron 2083P. Pour mesurer une température inconnue (celle
de l'ébullition de l'eau dans notre exemple), on procède en 2 étapes :
- mesure de la pression du gaz dans le thermostat de référence : point de fusion de
la glace à 273,15 K (à défaut du point triple de l'eau).
- mesure de sa pression dans la source de température inconnue T.

Réalisation des thermostats :


THERMOSTAT EAU/GLACE THERMOSTAT EAU A L’EBULLITION

potence + pince pour


maintenir le ballon
Bêcher 600 ml
d'eau distillée

Dewar large rempli d’un


mélange glace pilée + eau Plateau
chauffant tournant

Mélange eau-glace : il vaut mieux utiliser de la glace pilée pour favoriser les échanges thermiques
avec la phase liquide. Comme eau, on peut prendre de la glace fondue pour faire durer le mélange
(n’en mettre qu’une quantité suffisante). Laisser l'équilibre thermique s'installer.
Thermostat eau à l’ébullition : il faut une ébullition franche et établie depuis suffisamment longtemps
(il y a un dégazage initial qui peut être confondu avec l’ébullition). On peut contrôler la température
du bain avec un thermomètre de précision en cas de doute.

Précautions à respecter :
Cette expérience est facilement perturbée par la présence d'eau dans le
ballon car sa pression de vapeur saturante varie très vite avec la température → Une simple goutte
dans le flacon peut introduire une surpression très importante à 100 °C (risquée pour le matériel et
l'opérateur) et un peu de buée suffit déjà à fausser les mesures. → Il faut sécher l'intérieur du ballon
ainsi que le bouchon avec un sèche-cheveux avant de fermer le flacon.

L’ensemble du ballon doit plonger complètement dans le thermostat (c’est


la source d’erreur la plus fréquente) → il faut plonger le ballon jusqu’au niveau du bouchon, mais
sans le recouvrir pour éviter les entrées d’eau.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2 Mesures
Si on néglige la dilatation du ballon, l'équation des gaz parfaits donne :
𝑃é𝑏 𝑉 𝑇𝑒𝑏 𝑃é𝑏
= =
𝑃𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑎𝑙𝑐𝑒 𝑉 𝑇𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑎𝑙𝑐𝑒 𝑃𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑎𝑙𝑐𝑒

Le manomètre utilisé étant différentiel1, il mesure Px = Patm + Px. On obtient donc la température
par la relation suivante (avec la température en Kelvin) :

𝑃𝑎𝑡𝑚 + 𝛥𝑃𝑒𝑏
𝑇é𝑏 = 𝑇
𝑃𝑎𝑡𝑚 + 𝛥𝑃𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒 𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒

Remarques :
Le volume du tuyau de liaison entre le ballon et le manomètre engendre une erreur
systématique sur la mesure de pression car le gaz contenu à l’intérieur du tuyau n'est pas à la
température de mesure → on a intérêt à utiliser un tuyau très court pour minimiser cette erreur.
Si la pression atmosphérique n'est pas normale (1013 mbar) au moment de l’expérience,
il faut consulter un Handbook pour connaitre la valeur de la température d'ébullition de l'eau qu’on
doit obtenir dans les conditions de l’expérience.
L'air contenu dans le ballon n'est pas rigoureusement un gaz parfait. Il s'agit donc d'une
expérience de principe. Il faudrait idéalement réaliser les mesures avec une pression de remplissage
du ballon de plus en plus faible et extrapoler le rapport 𝑃é𝑏 /𝑃𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒 lorsque cette pression tend vers
zéro2 (cf. [1], p. 57). Les écarts à l'idéalité ne peuvent cependant pas être mis en évidence
expérimentalement car ils sont inférieurs à la précision des mesures.

Retour sur l'unité de température :


Elle a été définie en posant que celle du point triple de l'eau est
exactement 273,16 K. La fusion de la glace sous la pression atmosphérique normale est alors 273,15
K. L'extrapolation aux pressions nulles du rapport 𝑃é𝑏 /𝑃𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒 valant 1,36610, on obtient pour la
température d'ébullition de l'eau sous atmosphère normale la valeur Téb = 273,15  1,36610 = 373,15
K, soit une différence de 100 degrés entre les deux températures comme dans l'échelle Celsius. C'est
pour obtenir cet ajustement entre les deux échelles que la valeur numérique particulière de 273,16 K
pour le point fixe de référence a été choisie.

III THERMOMETRES D'INTERPOLATION LEGAUX

III.1 Thermomètre à résistance de platine

III.1.1 Introduction
C'est l'instrument légal d'interpolation entre 13,8 K et 962
°C. On met à profit la variation de la résistance d'un conducteur métallique en fonction de la
température. Pour les thermomètres industriels à résistance de platine (TIRP) qu’on rencontre le plus
souvent, les équations d'interpolation retenues (cf. [2], p. 279 ou [12], p. 204 - 220) sont encore celles
de l'EIPT 68 (ancienne échelle de température) à savoir :

1
On peut trouver la valeur de la pression atmosphérique au moment de l’expérience sur le site internet de Météo France
par exemple.
2
Attention à ne pas confondre pression dans le ballon et pression dans l’expérience : il faudrait utiliser un ballon contenant
de moins en moins de gaz (Pballon → 0), et mesurer sa pression dans un mélange eau/glace et dans une eau portée à
ébullition sous une pression qui reste égale à une atmosphère.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑅𝑇 = 𝑅0 (1 + 𝐴𝑇 + 𝐵𝑇 2 ) Pour 0 °𝐶 ≤ 𝑇 ≤ 962 °𝐶
𝑅𝑇 = 𝑅0 [1 + 𝐴𝑇 + 𝐵𝑇 2 + 𝐶𝑇 3 (𝑇 − 100)] Pour − 200 °𝐶 ≤ 𝑇 ≤ 0 °𝐶

Attention, dans ces équations connues sous le nom de Callendar et Callendar - Van Dusen, la
température doit être exprimée en degré Celsius !
Les résistances de platine utilisées en thermométrie industrielle sont normalisées. On les nomme en
général par la valeur qu’elles prennent à 0 °C. Les plus courantes sont les Pt 100 ou les Pt 1000
(respectivement 100 et 1000  à 0 °C). Une classe est aussi indiquée pour informer sur le degré de
précision garanti sur la valeur de la résistance. Les deux normes les plus courantes sont les normes
européennes (IEC 751) et américaines (ASTM 1137). Les résistances utilisées ici sont des Pt 100 de
classe A suivant la norme IEC 751.Elles doivent alors respecter les valeurs suivantes :

𝑅0 = 100 ± 0,06  à 0 °C 𝑅100 = 138,5 ± 0,13  à 100 °C


La norme indique aussi la valeur numérique des coefficients A, B, C des équations de Callendar Van
Dusen. Pour une Pt 100 de classe A, norme IEC 571, on doit prendre :

𝐴 = 3,90802 10−3 °𝐶 −1
𝐵 = − 5,775 10−7 °𝐶 −2
𝐶 = − 4,274 10−12 °𝐶 −4
La détermination d’une température T se ramène alors à la mesure de la valeur 𝑅𝑇 . Il suffit ensuite,
pour des mesures au-dessus de 0 °C, de résoudre l’équation du 2nd degré :

𝑅
𝑅𝑇 −𝐴 + √𝐴2 − 4𝐵 (1 − 𝑅𝑇 )
0
𝐵. 𝑇 2 + 𝐴. 𝑇 + (1 − )=0 → 𝑇=
𝑅0 2𝐵
Le calcul de T peut alors s’effectuer à l’aide d’un tableur. On l’a effectué entre 0 et 100 °C pour une
résistance valant exactement 100  à 0 °C. On s’aperçoit alors que la résistance de platine à un
comportement pratiquement linéaire (l’écart à la linéarité ne dépasse pas 0,3 %) :

La sensibilité est donc pratiquement constante dans cette gamme de température et vaut ≈ 2,6 °C/Ω,
soit ≈ 0,39 Ω/°C → la résistance de platine est un capteur peu sensible et il faut un ohmmètre
performant pour déterminer une température avec précision. Il faut aussi noter que le rapport ΔR/ΔT
n’est pas le meilleur critère pour évaluer la sensibilité thermique d’un capteur car on conçoit qu’une
variation de 0,39 Ω/°C autour de 100 Ω soit plus facile à mesurer précisément que la même variation
autour de 10 000 Ω. On préfère donc définir la sensibilité thermique relativement à la valeur de la

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

résistance du capteur à la température considérée :

1 𝑑𝑅
𝛼=
𝑅 𝑑𝑇

Ce paramètre, appelé aussi coefficient de température du capteur, vaut par exemple ≈ 3,6.10-3 (°C)-1
pour une résistance de platine à 20 °C → Comme 𝛥𝑅/𝑅 = 𝛼. 𝛥𝑇, il faut mesurer sa résistance à ≈
0,4 % près si on veut une température précise à 1 °C près, ou à ≈ 0,04 % près si on veut un résultat
au dixième de degré près. Cela confirme qu’il faut un multimètre performant pour faire des mesures
précises. Il sera intéressant de comparer la sensibilité d’une Pt100 à celle d’une thermistance.

III.1.2 Manipulations possibles


L’étude de la résistance de platine peut
s’aborder de deux façons :
- on peut montrer le principe d’étalonnage d’une résistance de platine par
la méthode des points fixes. Pour une étude au-dessus de 0 °C, il faut au moins trois mesures pour
déterminer 𝑅0 , 𝐴 et 𝐵. Deux équilibres mono variants sont facilement accessibles : le mélange
eau/glace (0 °C) et l’ébullition de l’eau (100 °C sous 1 atm). Le point fixe suivant aisément réalisable
est la fusion de l'étain (231,928 °C) mais le capteur doit supporter cette température, ce qui est
rarement le cas avec les sondes courantes3. L’affaire n’est donc pas simple. Une alternative consiste
à se limiter à une étude entre 0 et 100 °C, et réduire l’équation d’interpolation de la résistance à une
loi linéaire. Il n’y a alors plus que deux coefficients à déterminer (R0 et A) et on peut le faire
simplement avec le mélange eau-glace et l’eau bouillante. Cette solution induit cependant une erreur
systématique supplémentaire liée à la linéarisation.
- une autre solution consiste à vérifier qu’on peut obtenir une valeur de
température fiable en utilisant l’équation de Callendar avec les coefficients recommandés pour la
résistance. C’est facilement réalisable avec le mélange eau/glace et l’eau bouillante. Il suffit de
mesurer 𝑅0 à 0 °C4, sa valeur 𝑅é𝑏 à l’ébullition, calculer 𝑇é𝑏 avec l’équation d’interpolation, et vérifier
la cohérence du résultat obtenu avec la valeur attendue. Si l’accord est vérifié, on peut ensuite utiliser
la résistance de platine comme thermomètre étalon. C’est la solution adoptée ici.

Remarque :
Le mélange eau/glace et l’ébullition de l’eau ne sont pas des points fixes dans l’EIT
90 car les transitions de phases retenues dans cette échelle sont des points triples ou des équilibres
solides/liquides. Les premiers ont été choisis car ils sont parfaitement définis (𝑃𝑇 , 𝑇𝑇 fixés), les
seconds parce qu’ils sont moins sensibles à la pression que les équilibres liquide/vapeur. Il est donc
plus judicieux de parler d’équilibres monovariants pour le mélange eau/glace et l’ébullition de l’eau.
A noter aussi qu’il existe deux points fixes à des températures raisonnables, la fusion du Gallium à
29,7646 °C et celle de l’Indium à 156,5985 °C, mais ces produits sont assez chers. On ne peut donc
présenter que des expériences de principe sur des équilibres monovariants.

III.1.3 Mesure de Téb


Il suffit de reprendre les deux thermostats du § II.1 et d’y
plonger les résistances de platine. Voici à titre indicatif une série de mesure effectuée sur 5 capteurs
industriels Pt100 de classe A5, sous une pression de 1013 mbar, en utilisant une méthode 4 fils, avec

3
Le platine n’est pas en cause ici. On est surtout limité par la tenue en température des soudures et des fils de liaison.
4
Ce n’est pas nécessaire si la précision des mesures de résistances est inférieure à la classe de la sonde. Il est alors plus
simple de prendre la valeur de 100 Ω avec la tolérance de 0,06 Ω pour une classe A à condition que le capteur respecte
encore cette classe.
5
Sondes 4 fils de marque Correge disponibles chez Radiospares sous la référence 407-1387.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

le multimètre le plus performant à notre disposition6. Les mesures ont été moyennées sur 200
acquisitions pour limiter l’incidence des fluctuations, notamment à l’ébullition :

Résistance 1 2 3 4 5
Reau/glace () 99,49 100,00 99,80 99,99 99,71
Réb () 137,62 138,51 138,23 138,53 138,44
Téb (°C) 99,53 100,04 100,01 100,12 99,95

Ces résultats amènent plusieurs commentaires.

Classe des capteurs :


Les sondes étant des Pt100 de classe A, on devrait avoir 99,94 Ω < 𝑅0 °𝐶 <
100,06 Ω. Si on tient compte de la précision du multimètre, on constate que certaines résistances ne
respectent pas cette classification. Cela s’explique par l’âge des capteurs (le n° 1 est le plus ancien)
et l’utilisation qui en est faite. Ils sont parfois plongés dans de l’azote liquide (plus ou moins
brutalement suivant l’expérimentateur) alors que le constructeur garanti une plage d’utilisation entre
– 20 et + 200 °C. Les contraintes thermiques et mécaniques qui en résultent peuvent donc avoir
dégradé les performances de certaines sondes et c’est pourquoi on préfère ici mesurer les valeurs à 0
°C plutôt que de faire confiance à la classe annoncée.

Dispersion des résultats sur Téb :


Les températures d’ébullition obtenues avec les différentes sondes
sont très proches les unes des autres si on prend les valeurs mesurées pour R0 : l’écart maximum est
de 0,6 %, et il tombe à 0,2 % si l’on enlève la sonde n° 1→ la résistance de platine est un capteur
facilement interchangeable (cela aura peu d’influence sur le résultat de la mesure).

Exactitude :
On doit obtenir une température d’ébullition de 100 °C puisque la pression
atmosphérique correspondait aux conditions normales dans l’expérience7. On obtient des résultats
très proches de cette valeur (écart maximum de 0,12 % si on enlève la sonde n°1). Les résistances de
platine permettent donc des mesures précises. Il faut le confirmer en estimant les incertitudes. Le
calcul exact est assez lourd puisque la valeur de deux résistances intervient dans une équation du
second degré. On peut simplifier le problème en réduisant l’équation de Callendar à l’ordre 1
puisqu’on a pratiquement une droite dans la gamme de température explorée. On a alors8 :

2
1 𝑅é𝑏 1 𝑅
𝑇é𝑏 = ( − 1) → 𝛥𝑇é𝑏 = √(𝛥𝑅é𝑏 )2 + ( é𝑏 𝛥𝑅0 )
𝐴 𝑅0 𝐴. 𝑅0 𝑅0

L’appareil utilisé donnant les valeurs de R0 et Réb à 0,02 Ω près → On obtient : 𝛥𝑇é𝑏 ≈ 0,1°𝐶

Les résultats obtenus sont donc cohérents avec la valeur attendue si on exclut la sonde n° 1 (on a aussi
un léger écart avec la résistance n°4 mais il se justifie si on tient compte de la dispersion des mesures ;
cf. § suivant). On voit donc sur cette expérience tout l’intérêt des résistances de platine comme
instrument légal d’interpolation : on peut faire des mesures précises, reproductibles et sans problèmes
d’interchangeabilité si le capteur est de qualité. Le platine a été choisi car c’est un métal noble (il
vieillit bien, bonne inertie chimique, pas d’oxydation), on peut l’obtenir avec une très grande pureté
(99,999 % ; ce qui permet de « fixer » avec une grande précision ses caractéristiques électriques) et

6
Multimètre 6 ½ Digits Keithley 2000 ; les mesures de Reau/glace et Réb sont alors précises à 0,02 Ω près.
7
Si ce n’est pas le cas, il faut chercher la température d’ébullition attendue dans un Handbook.
8
On a utilisé une combinaison quadratique des incertitudes car les mesures de R 0 et Réb ne sont pas faites sur le même
calibre de l’appareil et il y a aussi des erreurs aléatoires dont il faudrait tenir compte (cf. § suivant).

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

sa température de fusion (1769 °C) autorise un emploi jusqu'à des températures élevées avec une
sonde adaptée. La faible sensibilité thermique des métaux oblige par contre à disposer d’un ohmmètre
performant si on veut des mesures précises.

III.1.4 Stabilité des thermostats


Le multimètre utilisé permettant l’acquisition
et le traitement de données, on peut s’en servir pour étudier la stabilité des thermostats. Il faut noter
qu’on caractérise ainsi la stabilité de l’ensemble bain/sonde/appareil9 et non pas celle du bain seul
(on obtient donc une valeur par excès). Voici à titre indicatif les écarts types obtenus sur les
acquisitions précédentes réalisées à la vitesse de mesure la plus lente (précaution importante à
respecter sinon la dispersion des mesures est beaucoup plus forte) :

Résistance 1 2 3 4 5
Écart type 𝑅0 () 380 250 220 310 540
Écart type 𝑇0 (°C) 0,001 0,0007 0,0006 0,0008 0,0014
Écart type 𝑅é𝑏 (m) 70 13 10 12 13
Écart type 𝑇é𝑏 (°C) 0,13 0,03 0,02 0,03 0,03

Les instabilités de mesure sont très faibles. Les fluctuations sur 𝑅0 sont seulement de quelques
centaines de µΩ, soit une variation de température10 équivalente de l’ordre du 1 m°C pour le mélange
eau/glace (on rappelle qu’on caractérise la stabilité de l’ensemble appareil-sonde-bain) ! Le résultat
est moins bon pour l’équilibre liquide/vapeur (≈ 30 m°C si on excepte la sonde n°111), mais c’est
assez logique puisque cette transition de phase est turbulente, au contraire de la transition
solide/liquide. On voit donc ici tout l’intérêt des équilibres monovariants : s’ils sont bien réalisés, on
a un milieu très stable en température et qui peut servir de référence. On a alors intérêt à privilégier
les équilibres solides/liquides pour leur plus grande stabilité et pour leur plus grande insensibilité à la
pression (problème qui disparait totalement avec les points triples).

Remarque :
Il faudrait en toute rigueur reprendre le calcul d’incertitude sur Téb en tenant compte de
ces variations aléatoires de résistance. La correction est minime pour 𝛥𝑅0 (≈ 300 µΩ, à comparer
aux 0,02 Ω de l’appareil) mais c’est moins le cas pour 𝛥𝑅é𝑏 (les fluctuations sont de l’ordre de
grandeur de la précision du multimètre) → il faudrait recalculer Réb en ajoutant en quadratique
l’incertitude de l’appareil et celle liée aux fluctuations (qui se calcule par la relation ≈ 2𝜎𝑇é𝑏 /√𝑁𝑚𝑒𝑠 ).
L’encadrement serait élargi mais l’effet est assez minime.

III.1.5 Intérêt du montage 4 fils


Les capteurs à résistance métallique ont des
avantages mais ils ont aussi des inconvénients. On a déjà vu qu’ils étaient peu sensibles. Un autre
souci est leur faible résistivité électrique. Cette caractéristique fait qu’il est difficile d’avoir une
résistance forte dans un encombrement réduit → la valeur peu élevée d’une Pt 100 associée à une
sensibilité limitée oblige à tenir compte de la résistance des câbles de liaison si on veut éviter une
erreur systématique importante. On peut éliminer ce biais en procédant à une mesure dite en 4 fils.
Le schéma de gauche sur la figure suivante représente le principe de mesure d’une résistance avec un
ohmmètre :

9
Equilibre thermique, milieu homogène, … pour le bain. Stabilité, vitesse de la mesure, … pour le multimètre.
10
Ces valeurs s’obtiennent à partir de la sensibilité thermique de la résistance de platine par la relation ΔT = ΔR/(α.R).
11
On peut raisonnablement exclure cette sonde car la dispersion sur ses mesures est beaucoup plus forte que celle des 4
autres capteurs qui ont, pour leur part, un comportement assez proche les uns des autres.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesure classique (2 fils) Mesure 4 fils Montage de principe

V V V

I I I I i E I
A Rp
r r r r r r

Rà mesurer Rà mesurer Rà mesurer

V = rI + RI + rI Zvoltmètre   → i ≈ 0
→ V/I = r + R + r → V = ri + R(I + i) + ri ≈ RI

L’appareil envoie un courant I de valeur connue dans la résistance via deux bornes et mesure la
tension V apparaissant sur ces mêmes bornes. Il en déduit alors R en calculant le rapport V/I. En
procédant de la sorte, il surestime la tension aux bornes de R puisqu’il prend aussi en compte les
chutes de tension intervenant le long des fils de liaison12 → le rapport V/I lui donne R + rfils de liaison et
non pas R. On peut éliminer cette erreur systématique en mesurant la tension avec des fils différents
de ceux qui servent à envoyer le courant (schéma du centre). L’impédance d’un voltmètre étant
idéalement infinie, on peut considérer qu’il n’y a pas de courant circulant dans ces cordons. Il n’y a
par conséquent aucune chute de potentiel dans le circuit de mesure de V → La rapport V/I donne
alors une estimation plus juste de R13. Voici à titre indicatif les résultats obtenus avec les capteurs
utilisés précédemment :

Résistance 1 2 3 4 5
𝑅𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒 () en 2 fils 100,05 100,058 100,35 100,55 100,29
𝑅𝑒𝑎𝑢/𝑔𝑙𝑎𝑐𝑒 () en 4 fils 99,49 100,00 99,80 99,99 99,71

On constate que la mesure en 2 fils donne systématiquement un résultat supérieur d’environ 0,5 - 0,6
Ω sur la mesure en 4 fils14. C’est un écart faible dans l’absolu mais il entraine une erreur systématique
de plus de 1 °C si on tient compte de la sensibilité de la résistance de platine ! Il faut donc corriger ce
biais si on veut une mesure précise.

Remarque :
Si on ne dispose pas de multimètre 4 points, on peut réaliser un montage de principe à
l’aide d’appareils classiques. Il suffit de reproduire le schéma de droite en remplaçant le générateur
de courant par un générateur de tension de quelques volts. Le plus gros souci alors est de ne pas
envoyer un courant trop fort dans le capteur → on peut rajouter une résistance de protection de l’ordre
de 1000 Ω pour limiter l’intensité de mesure.

III.1.6 Mesure à un autre équilibre monovariant


Si on dispose d’azote liquide,
on peut mesurer sa température d’ébullition. Si on souhaite réaliser cette expérience, il vaut mieux
prendre un « vieux » capteur qui ne risque plus grand-chose et l’introduire progressivement dans
l’azote liquide afin de limiter le choc thermique et les contraintes mécaniques. On peut alors mesurer

12
On a supposé que les fils de liaisons ont tous la même résistance pour simplifier les écritures.
13
Mais il reste encore les résistances des contacts.
14
Cette valeur dépend de la longueur des câbles de liaison et de leur section ; elle dépend donc du modèle de sonde
utilisé.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

sa résistance par la méthode des 4 fils, en déduire la température par l’équation de Callendar Van
Dusen appropriée a cette gamme de température, et comparer à la valeur attendue (-195,8 °C sous
une pression de 1 bar). A noter que le point fixe le plus proche retenu dans l’EIT 90 est le point triple
de l’argon (-189,344 °C).

III.1.7 Phénomène d'auto échauffement


Ce phénomène, commun à tous les
capteurs de température résistif (élément métallique ou thermistance), est lié l’injection d’un courant
I pour mesurer R : la circulation de I dans R s’accompagne d’une dissipation de puissance électrique
P = R.I2 sous forme de chaleur dans le composant → l’échauffement qui en résulte provoque une
augmentation de sa résistance15 qui fausse alors la mesure de température. Cet effet est cependant
délicat à mettre en évidence car les courants utilisés par les multimètres sont faibles (de l’ordre du
mA pour mesurer 100 ) → la puissance dissipée est inférieure au mW et il faut une sonde en
équilibre thermique depuis suffisamment longtemps, dans un milieu de température très stable pour
observer sans ambiguïté l’auto échauffement qui en résulte. Ces conditions étant difficiles à réunir
expérimentalement, on ne propose pas de manipulation16. Il faut cependant savoir que cet effet existe
et qu’il peut être source d’erreur sauf aux points fixes où l’invariance/mono variance des équilibres
assure une température fixe.

III.2 Pyromètre optique


Au-delà d’une certaine température, les mesures s’effectuent
par l’étude du rayonnement des corps. On illustre ici le principe du pyromètre à radiation totale. Cette
expérience est déjà proposée dans le montage « Emission, Absorption » → s’y reporter pour plus de
précisions.

Montage :
[8], p.103
Diaphragme
Thermomètre à refroidi par eau
thermocouple

FOUR
220 V
Thermopile
Transfo Alternostat Multimètre
d'isolement 6 ½ Digit
20 cm max

On alimente le four avec une tension comprise entre 200 et 220 V et on note la tension aux bornes de
la thermopile pour des températures de four comprises entre 100 et 500 °C par pallier de 50°.

Exploitation :
Le détecteur devant mesurer un flux énergétique total, il doit avoir une réponse
spectrale plate, d'où le choix de la thermopile malgré sa faible sensibilité. Ce détecteur, de par son
principe de fonctionnement (cf. [8], p. 78), mesure en fait la différence entre la température T du four
et celle du milieu ambiant (plus précisément la température à l’arrière de la sonde). On peut le vérifier
lorsque le four est à l’ambiante : la tension aux bornes de la thermopile doit alors être nulle.

15
Raisonnement valable pour un métal ; C’est l’inverse pour une thermistance CTN.
16
Si on tient à faire une expérience, il vaut mieux utiliser le montage de principe, diminuer la valeur de RP pour augmenter
le courant de mesure, et faire une étude dans l’air ambiant qui est un gaz (un milieu qui évacue beaucoup moins bien la
chaleur qu’un liquide). La mesure initiale de la résistance doit alors être inférieure aux mesures suivantes.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Surface noircie Thermocouples en série


chauffée
par le flux extérieur
Flux extérieur Surface à la température
ambiante

L'expérience doit donc permettre de vérifier que le signal aux bornes de la thermopile est
proportionnel à 𝑇 4 − 𝑇04 . Le facteur de proportionnalité dépend de la sensibilité de la thermopile, de
la géométrie du montage et est proportionnelle à la constante de Stéfan. Se reporter au montage
« Emission, Absorption » pour un exemple de résultat.

Remarque :
On peut illustrer simplement le principe de fonctionnement d’une thermopile :
Milli Voltmètre
C
Thermocouple avec
QI extrémité noircie

Pour que l'expérience soit probante, il faut condenser un maximum de lumière sur le capteur pour
avoir un échauffement important → il faut utiliser un condenseur de très courte focale, ajuster le
tirage de lampe au maximum et placer l'extrémité du thermocouple à l'endroit précis du point de
convergence. Pour ce faire, il est préférable de fixer le thermocouple sur un support stable. On peut
alors rechercher l'échauffement maximum en déplaçant progressivement le capteur tout en notant
l’évolution de la tension aux bornes du thermocouple.

IV AUTRES THERMOMETRES
Il existe de nombreux systèmes permettant de mesurer des
températures ; il n'est pas question d'en faire une présentation exhaustive. On s'intéressera plus
particulièrement à deux capteurs couramment employés, les thermistances et les thermocouples.

IV.1 Les thermistances CTN


[2], p. 279 ; [5], p. 365 ; [9], p. 111 ; [11], p. 129.

IV.1.1 Introduction
Il existe différents types de thermistances. Les plus
courantes sont celles à coefficient de température négatif (CTN). Ce sont des céramiques constituées
d’un agglomérat d’oxydes métalliques semi-conducteurs poly cristallins (MgO, Mn2O3, Fe3O4,
ZnTiO4, NiMn2O4, …). Les mécanismes de conduction électrique dans ce type de matériau sont assez
complexes17 mais si la dépendance en température de la résistivité d’un métal est due à la variation
de la mobilité d’un nombre constant de porteurs de charge, c’est surtout la concentration en porteurs
qui est modifiée ici. L’agitation thermique agit de manière similaire au cas des semi-conducteurs
classiques18 en faisant apparaitre des porteurs de charges supplémentaires qui participent à la

17
Différents processus activés thermiquement peuvent intervenir : la création de paires électrons/trous comme dans le
silicium ou le germanium, mais aussi un phénomène de « hopping », c'est-à-dire le saut d’électrons positionnés sur des
ions positifs de valence n (donneurs) vers des ions positifs de même nature mais de valence n + 1 (accepteurs). Cela est
rendu possible par la présence d’oxydes de métaux de transition (Mn, Co, Ni, Cu, Fe, ...) sous différents degrés
d'oxydation, situés à proximité les uns des autres dans des sites d’insertion d’une structure cristalline de type spinelle.
18
On peut glaner des informations sur ce point dans le montage consacré aux semi-conducteurs.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

conduction électrique → La résistivité de l’élément diminue lorsque T augmente, d’où le qualificatif


de capteurs CTN.

Loi de variation approchée :


On peut décrire la courbe 𝑅 = 𝑓(𝑇) des thermistances CTN avec une
précision raisonnable dans une gamme de température restreinte par la relation suivante19 :

1 1
𝑅 = 𝑅𝑁 . 𝑒𝑥𝑝 [𝐵 ( − )] avec la température en Kelvin
𝑇 𝑇𝑁

B est l'indice de sensibilité thermique. Il est spécifique au matériau mais n’est pas constant en toute
rigueur → Les constructeurs donnent sa valeur calculée à partir de deux points20 (R1, T1) et (R2, T2)
de la courbe 𝑅(𝑇) avec une formule déduite de la relation précédente :
𝑇1 . 𝑇2 𝑅1
𝐵1/2 = 𝑙𝑛 ( ) avec la température en Kelvin
𝑇2 − 𝑇1 𝑅2
Les variations de B étant faibles entre 0 et 100 °C et on peut considérer en première approximation
que B est constant dans cette gamme de température. La courbe 𝑅 = 𝑓(1/𝑇) doit donc présenter une
évolution en forme d’exponentielle.
Coefficient de température :
On obtient son expression en dérivant la loi exponentielle par rapport à
T:
𝐵
𝛼=−
𝑇2
On constate que la sensibilité thermique n’est pas constante. Elle est plus forte aux basses
températures et diminue quand T augmente. La zone de forte sensibilité dépend de la valeur de B. La
plupart des thermistances rencontrées dans le commerce ont un coefficient B compris entre 3000 et
4000 K qui leur permet d’être typiquement 10 fois plus sensibles que les résistances métalliques aux
températures proches de l’ambiante. C’est le principal intérêt de ce type de capteur. On s’en sert
couramment pour faire de la régulation de température ou pour produire des thermomètres sensibles
à peu de frais. L’interchangeabilité est par contre moins bonne si on ne procède pas à une sélection
des composants car les tolérances de fabrication sont généralement de l’ordre de 10 %.

IV.1.2 Mesures
Il faut explorer une gamme de température suffisamment large
pour observer le caractère exponentiel de la caractéristique. Un indice de sensibilité thermique B
d’environ 3500 K permet une étude entre 0 et 100 °C → La manipulation a été testée avec une
thermistance possédant les caractéristiques suivantes21 :

𝑅25 (Ω) 𝛥𝑅25 /𝑅25 (%) 𝐵25/100 (K) 𝛥𝐵25/100 /𝐵25/100 (%)
1 000 5 3730 3

19
Si on veut des mesures plus précises, il faut utiliser les courbes caractéristiques R(T) éventuellement fournies par le
constructeur ou recourir à l’équation de Steinhart-Hart.
20
Ils se réfèrent souvent aux températures de 25 °C et 100 °C et donnent la valeur B 25/100 dans leur datasheet. On peut
parfois trouver B0/100, B100/200. Ces valeurs sont aussi calculées avec l’expression de B1/2.
21
Composant disponible chez Radiospares sous la référence 191-2235.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesure de Tambiante à 100 °C :


On peut profiter de cette manipulation pour étalonner dans le même
temps un thermocouple (cf. § IV.2.2 pour le montage).
Thermocouple
Pt 100 Thermistance 1k
4 fils
Bêcher 400 ml

Multimètre
Ohmmètre
6 ½ Digit
Plateau chauffant tournant

On porte de l’eau à ébullition, on arrête alors le chauffage et on prend les mesures pendant le
refroidissement en agitant pour avoir un milieu homogène. La température est mesurée à l’aide d’une
sonde de platine, la conversion R → T étant faite avec l’équation de Callendar. On peut gagner du
temps en filmant l’affichage des appareils avec une webcam. Une fois le refroidissement terminé, on
n’a plus qu’à repasser le film pour prendre les mesures. A noter qu’on peut remplacer l’eau par de
l’huile (de friture par exemple) si on souhaite faire des mesures au-dessus de 100 °C.

Mesure entre 0 °C et Tambiante :


On peut descendre en dessous de la température ambiante et aller
jusqu’à une température proche de 0 °C en rajoutant progressivement des petites quantités de glace
pilée (cette méthode peut aussi servir à accélérer la redescente en température dans l’expérience
précédente lorsqu’on s’approche de l’ambiante). Il faut maintenir l’agitation et attendre à chaque fois
que la glace fonde totalement avant de prendre une mesure. On peut terminer par un mélange
eau/glace pour avoir les données à 0 °C.

IV.1.3 Résultats
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure.

L'analyse de la courbe R = f (T) permet de faire les constatations suivantes : la réponse est non linéaire
et la sensibilité absolue est plus grande à basse température. La courbe lnR = f(1/T) est une droite, ce
qui valide l’hypothèse simplificatrice B = cte :

1 1 𝐵 𝐵
𝑅 = 𝑅𝑁 . 𝑒𝑥𝑝 [𝐵 ( − )] → 𝑙𝑛𝑅 = 𝑙𝑛𝑅𝑁 − +
𝑇 𝑇𝑁 𝑇𝑁 𝑇

La pente de la droite lnR = f(1/T) permet d’obtenir l’indice de sensibilité thermique. On trouve B =
3650 K avec nos mesures, une valeur qui concorde avec celle annoncée par le constructeur (2 %

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

d’écart22). On peut en déduire la sensibilité thermique α pour quelques températures (𝛼𝑇ℎ = −𝐵/𝑇 2 )
et la comparer à celle d’une résistance de platine (𝛼𝑃𝑡 = 0,38/𝑅𝑇 ) :

T (°C) 0 20 40 60 80 90 100
𝛼𝑇ℎ (K-1) -0,049 -0,042 -0,037 -0,033 -0,029 -0,028 -0,026
𝛼𝑃𝑡 (K-1) 0,0039 0,0036 0,0033 0,0031 0,0029 0,0029 0,0028

On constate que la thermistance est environ 10 fois plus sensible que la résistance de platine →
Comme 𝛥𝑅/𝑅 = 𝛼𝛥𝑇, la détermination d’une température au dixième de degré près nécessite une
mesure de résistance à 0,4 % alors qu’il faut un appareil 10 fois plus précis avec le platine. On peut
donc utiliser un appareil moins onéreux, en gardant une bonne précision de mesure si on connait bien
les caractéristiques de la thermistance. Cette sensibilité est aussi mise à profit dans la réalisation de
régulations de température (thermostats d’ambiance par exemple).

IV.1.4 Dispersion
L’utilisation d’une résistance de platine respectant la classe
A est un avantage en cas de changement de sonde car la dispersion tolérée dans cette classe conduit
a des différences de température assez faibles23 suivant le capteur. C’est moins le cas avec les
thermistances car les constructeurs garantissent les caractéristiques avec une tolérance plus lâche. On
peut comparer plusieurs exemplaires d’un même modèle pour s'en convaincre.

Manipulation :
On à 6 exemplaires de la thermistance utilisée précédemment. Le constructeur
donnant des tolérances à 25 °C, il serait préférable de faire les mesures à cette température. L’absence
de régulation de température nous a conduits à faire cette étude à 0 °C et 100 °C :

Thermistance 1 2 3 4 5 6
𝑅0 () 3079 3065 2934 2944 2906 2977
𝑅100 () 84,3 84,2 78,6 78,6 78,4 79,6
𝐵0/100 (K) 3667 3664 3690 3693 3682 3691
𝑇100 (°C) 99,5 99,4 100,3 100,4 100,0 100 ,4

Analyse :
La dispersion24 sur 𝑅0 et 𝑅100 est de l’ordre de 3 %, ce qui est cohérent avec les 5 %
annoncés pour R25. On s’est servi des valeurs 𝑅0 et 𝑅100 pour calculer l'indice de sensibilité thermique
de chaque capteur avec l’expression du § IV.1.1. La dispersion sur 𝐵 est alors de l’ordre de 0,3 %,
une valeur assez faible comparée à celle annoncée par le constructeur (3 %). Ces écarts sont cependant
suffisants pour poser des problèmes d’interchangeabilité si on veut des mesures précises. Pour le
vérifier, on a calculé la température de l’eau à ébullition pour chaque thermistance en prenant leurs
valeurs de 𝑅0 et 𝑅100 , mais avec l’indice moyen de sensibilité thermique calculé sur les 6 capteurs →
On trouve une température moyenne de 100 °C cohérente avec le fait que la pression atmosphérique
était alors de 1013 mbar, mais la dispersion est un peu plus forte qu’avec les Pt 100. Les résultats sont
donc assez bons dans l’absolu mais ils n’atteignent pas ceux obtenus avec les Pt 100.

IV.1.5 Applications
On peut illustrer le principe d'une régulation de
température (cf. [3], p.452) ou mesurer une très faible variation de température. On peut par exemple
réaliser un montage à transistor à émetteur commun et faire varier légèrement sa température en

22
Il tombe à 0,5 % si on calcule B25/100 à partir des valeurs R25 et R100 mesurées.
23
Inférieures à 0,2 °C.
24
Les dispersions ont été calculées en faisant le rapport de l’écart type à la valeur moyenne.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

modifiant la valeur du courant IC (cf. [3], p. 160). On fixe un radiateur sur le transistor qu’on remplit
de graisse thermo conductrice et dans lequel on place la thermistance pour mesurer T. On doit alors
observer que la tension VBE varie en fonction de la température. Cette propriété est mise à profit pour
réaliser des thermomètres à jonction semi-conductrice (cf. [9], p. 113 ; [5], p. 369 ; [12], p. 185).

IV.2 Les thermocouples


[2], p. 177 à 188 ; [11], p. 82-85 et 132 ; [5], ch. 19 et 20 ;
montage « Métaux - Semi-conducteurs »

IV.2.1 Introduction
Les thermocouples mettent à profit l’effet Seebeck, un des
trois effets thermoélectriques autre que l'effet Joule :

- l'effet Thomson est l'effet thermique qui accompagne le passage d'un courant électrique
stationnaire dans un conducteur ohmique soumis à un gradient de température. Il y a absorption ou
dégagement de chaleur suivant le sens du courant et du gradient de température.

Q Q

ሱۛۛۛሮ ሱۛۛۛሮ
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇 I 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇 I

- l'effet Peltier est l'effet thermique qui accompagne le passage d'un courant électrique à travers
une jonction de deux milieux conducteurs A et B à la même température. Il y a absorption ou
dégagement de chaleur suivant le sens du courant et la nature des matériaux.

I
A B

- l'effet Seebeck est l'apparition d'une force électromotrice aux bornes aux bornes d’un
échantillon conducteur soumis à un gradient de température25 :
dE

T ሱۛۛۛሮ
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇 T + dT 𝑑𝐸 = − 𝜀. 𝑑𝑇

La mesure absolue de cette f.é.m. n’est pas possible avec du matériel courant car l’utilisation de
cordons de liaison induit des effets thermoélectriques supplémentaires (cf. montage métaux). On doit
donc considérer au minimum l’association de deux conducteurs A et B :
E
I N M

A J2 T0
J1 A A
T1 B
T2
B J1 J2
T1 T2

25
Il n’y a pas d’incompatibilité entre l’expression de dE et les orientations du schéma car le sens réel de la f.é.m. dépend
du signe des coefficients thermoélectriques (cf. montage métaux).

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

S’ils forment deux jonctions J1 et J2 maintenues à des températures différentes T1 et T2 en étant en


circuit fermé, il apparait alors un courant (expérience historique de Seebeck). Si on interpose un
voltmètre, on mesure une f.é.m E. On a alors :
𝐽1 𝐽2 𝑀
𝐸 = 𝑉𝑀 − 𝑉𝑁 = ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉
𝑁 𝐽1 𝐽2

𝑇 𝑇 𝑇 𝑇 𝑇
𝐸 = ∫𝑇 1 −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫𝑇 2 −𝜀𝐵 𝑑𝑇 + ∫𝑇 0 −𝜀𝐴 𝑑𝑇 = ∫𝑇 1 −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫𝑇 2 −𝜀𝐵 𝑑𝑇
0 1 2 2 1

𝑇2 𝑇2
Soit finalement 𝐸 = ∫ (𝜀𝐴 − 𝜀𝐵 )𝑑𝑇 = ∫ 𝑄𝑑𝑇
𝑇1 𝑇1

La f.é.m. dépend des coefficients thermoélectriques  des deux métaux et de l’écart de température
entre les deux jonctions. Q correspond au pouvoir thermoélectrique du thermocouple. La relation 𝐸 =
𝑓(𝑇) n'est en général pas linéaire car la valeur de Q peut varier en fonction de la température. Il existe
de nombreux thermocouples (l’effet est présent dans n'importe quel milieu conducteur). Un des plus
courant est le thermocouple de type K qui consiste en une jonction Chromel (borne + : alliage 90 %
nickel, 10 % chrome) et Alumel (borne - : alliage 95% nickel, 2 % aluminium, 2 % manganèse, 1 %
silicium). C'est un thermocouple très stable avec une loi 𝐸(𝑇) pratiquement linéaire (Q ≈ 40 V.K-
1
) et qui peut s'utiliser de -200 °C jusqu'à 1260 °C si la constitution de la sonde le permet. Des tables
donnent aussi sa f.é.m. en fonction de la température (cf. Handbook par exemple) mais attention, il
faut parfois ajouter un décalage aux valeurs qu’elles donnent selon la température de référence de la
table.

Remarques :
- Ajouter des fils de liaison C ne perturbe pas les mesures s’ils sont de même nature et
si leurs extrémités sont à la même température car on a alors :
𝐽 𝐽1 𝐽2 𝐽 𝑀
E
𝐸 = 𝑉𝑀 − 𝑉𝑁 = ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉 + ∫ 𝑑𝑉 N M
𝑁 𝐽 𝐽1 𝐽2 𝐽

𝑇 𝑇1 𝑇2 𝑇 𝑇0
C T0 C
𝐸 = ∫ −𝜀𝐶 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐵 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐶 𝑑𝑇
𝑇0 𝑇 𝑇1 𝑇2 𝑇 J T J

𝑇1 𝑇2 𝑇 A A
B
𝐸 = ∫ −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐵 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐴 𝑑𝑇
𝑇 𝑇1 𝑇2 J1 J2
𝑇2 𝑇2 T1 T2
𝐸 = ∫ (𝜀𝐴 − 𝜀𝐵 )𝑑𝑇 = ∫ 𝑄𝑑𝑇
𝑇1 𝑇1

- On peut envisager une mesure avec un seul E


thermocouple mais il faut dans ce cas connaitre la température N M
T à l’autre extrémité de la sonde :
C T0 C
𝑇 𝑇2 𝑇 𝑇0
𝐸 = ∫ −𝜀𝐶 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐵 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐴 𝑑𝑇 + ∫ −𝜀𝐶 𝑑𝑇 J T J
𝑇0 𝑇 𝑇2 𝑇

𝑇2 𝑇 𝑇2 𝑇2 B A
𝐸 = ∫ (−𝜀𝐵 )𝑑𝑇 + ∫ (−𝜀𝐴 )𝑑𝑇 = ∫ (𝜀𝐴 − 𝜀𝐵 )𝑑𝑇 = ∫ 𝑄𝑑𝑇
𝑇 𝑇2 𝑇 𝑇
J
T2

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les thermomètres électroniques à un seul thermocouple fonctionnent sur ce principe. Le capteur est
alors directement connecté à l’instrument de mesure. L’absence de fils intermédiaires de liaison fait
qu’il faut connaitre la température T0 de l’appareil, ce qui est fait grâce à une thermistance placée à
l’intérieur du boitier. La méthode peut sembler étonnante car il faut quand même un deuxième capteur
et on peut se demander pourquoi on n’utilise pas directement la thermistance. L’avantage d’un tel
système est qu’on dispose d’une sonde de mesure (le thermocouple) robuste pouvant faire des
mesures sur une gamme plus étendue (les thermistances ont une plage d’utilisation limitée).

IV.2.2 Mesures
Le protocole est le même que pour la thermistance :

mV
Attention au sens de
branchement des Métal A Métal
thermocouples ! Métal B A

Thermostat de référence Eau chaude en train


mélange eau/glace de refroidir

IV.2.3 Exploitation
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure
effectuée avec des thermocouples de type K :

La courbe obtenue est approximativement une droite (cf. [2], p. 120 et 287) → avec cette hypothèse,
la pente de la régression linéaire correspond au pouvoir thermoélectrique. On trouve ici Q = 40,1
µV/°C, la valeur typique des thermocouples de type K. Q correspond à la sensibilité thermique du
capteur26. Elle est très faible et il faut un voltmètre sensible pour effectuer les mesures. On peut
terminer en remarquant que le thermocouple est, au contraire des capteurs résistifs, un capteur actif
qui n’est pas soumis au phénomène d’auto échauffement.

IV.2.4 Application
Une fois vérifié l'accord entre les tables et l'expérience, on
peut utiliser les thermocouples pour mesurer la température de fusion de l'étain (cf. montage transition
de phase).

26
Elle n’est donc n’est donc pas définie tout à fait de la même manière que pour les capteurs résistifs

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Bertin Faroux : Thermodynamique ; chapitres 2 et 3 (clair et succinct)
[2] : Quaranta ; tome II : La thermodynamique (nouvelle édition)
[3] : Quaranta III
[5] : Pérez : Thermodynamique
[7] : BUP n° 687
[8] : Sextant : optique expérimentale
[9] : Duffait : Expériences d’électronique à l’agrégation de physique
[10] : Georges Asch : Les capteurs en instrumentation industrielle (5ème édition)
[11] : Labether : Mesures thermiques ; température et flux
[12] : Bureau national de métrologie (BNM) : l'EIT 90

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

TRANSITIONS DE PHASE

I INTRODUCTION
Une transition de phase consiste en un changement d’une ou de plusieurs
propriétés physiques d’un corps. Elle est provoquée par la variation d'un paramètre extérieur
particulier (température, champ magnétique...) lorsqu’il atteint une valeur seuil. Les transitions
auxquelles on pense en premier lieu sont bien évidemment celles qui affectent l’état d’un corps pur.
Chaque phase a un domaine d’existence fonction de P, V et T. On peut représenter ces domaines sur
différents diagrammes, comme par exemple le diagramme P(T) à V = cte :

P
Sublimation C
Fusion Vaporisation S L
SOLIDE LIQUIDE GAZ
Solidification Liquéfaction T G
Condensation
T

On peut donc étudier ces changements d’états ainsi que les points particuliers T et C qui sont des
caractéristiques des corps étudiés. On peut aussi envisager des transitions entre des phases autres
que les 3 états de la matière S, L et G (cf. [2], p. 452) ou l’on observe des changements affectant des
propriétés magnétiques ou électriques (transition ferro/para, transition supra, …). Il faut enfin noter
que les transitions de phase ont lieu lorsque des dérivées de l'énergie libre du système considéré
présentent une discontinuité pour certaines variables thermodynamiques, et que l'étude de la
continuité des dérivées nème de l'énergie libre a conduit à la classification d'Ehrenfest de ces
transitions (cf. [2], p. 452 et ci-après).

II EQUILIBRES SOLIDES – LIQUIDES DES CORPS PURS

II.1 Mono variance de l'équilibre


On propose d'enregistrer l'évolution de la
température lors du refroidissement d'un échantillon d'étain préalablement fondu.

Montage :
[2], p. 239
Métal 1

Métal 2 Métal 1
U

Sn liquide

Chauffa Dewar rempli d’un


ge mélange glace + eau

Il faut un capteur capable de supporter des températures assez élevées car la solidification a lieu à
232 °C. On peut prendre des thermocouples de type K constitués par l’association d’une tige en
Chromel (alliage nickel/chrome) et d’une autre en Alumel (alliage nickel/aluminium). Ces capteurs
mettent à profit l'effet Seebeck (cf. [1], p. 118 et [2], p.178 ou le montage Thermométrie) et la d.d.p.
mesurée aux bornes de l’ensemble est de la forme dU = (ε1 - ε2).dT avec ε1 et ε2 les pouvoirs

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

thermoélectriques des deux alliages. Ces coefficients dépendent de la température mais ceux des
types K sont pratiquement constants dans la plage de température explorée (ε1 - ε2 = 40 µV.K-1)
donc on a U  Δε.(T - Tref). Le coefficient de proportionnalité étant très faible, il faut amplifier le
signal obtenu avant de l’envoyer vers un système d’acquisition. Le plus simple consiste à faire
passer U dans un amplificateur non inverseur :
R2

R1
_ 
Vers système
+ d’acquisition
U

Le gain G du montage vaut 1 + R2/R1 et on peut par exemple l’ajuster à 101 en prenant R2 = 100 kΩ
et R1 = 1 kΩ pour avoir un signal d’environ 1 V sur le palier de solidification de l’étain.

Manipulation :
Le gain de l’amplificateur étant important, il y a de fortes chances d’observer une
tension non nulle en sortie quand l’entrée + est à la masse à cause de la tension d’offset de l’AO
(elle est multipliée par G). Si c’est le cas, on peut mesurer ou enregistrer rapidement la tension de
sortie du montage quand l’entrée est court-circuitée ou quand les deux thermocouples sont plongés
dans le bain de glace pour retrancher cette valeur à la courbe enregistrée par la suite. Le choix de la
durée d’acquisition pour la courbe de refroidissement dépend de nombreux paramètres (quantité
d’étain, température atteinte après avoir dépassé la fusion, ...). Voici à titre indicatif le résultat d’une
acquisition effectuée avec une petite quantité d’étain :

La courbe en rouge correspond au signal d’origine. Celle en rose correspond au signal lissé pour
atténuer le bruit1 et corrigé du signal d’offset (négatif dans l’exemple) de l’amplificateur. On peut
ensuite convertir cette courbe en température compte tenu de la relation :

U = K×T avec K = 40 µV.°C-1

On obtient alors le résultat suivant :

1
On a testé par la suite le filtrage passe bas numérique du logiciel avec une fréquence de coupure de 0,1 Hz et c’est
encore plus efficace.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On observe un palier lors du refroidissement au moment où l’étain se solidifie. Il est lié à la mono
variance de ce type d'équilibre pour un corps pur (cf. [2], p. 234 et 262). On a v = c + 2 -  = 1 + 2 -
2 = 1 et comme la pression est fixée à 1 atmosphère, la température de fusion Tf est imposée par le
système SnS  SnL. Ce palier est caractéristique d’un changement d'état de première espèce pour
lequel on a :
- continuité de l'enthalpie libre GS(T, P) = GL(T, P)
- discontinuité des dérivées premières de ces mêmes fonctions.

On a donc : S

S = Ltrans/T
𝜕𝐺 𝜕𝐺
𝑉 = ( )𝑇 ≠ 0 𝑒𝑡 𝑆 = − ( ) 𝑃 ≠ 0
𝜕𝑇 𝜕𝑇
T
Ttrans

Par conséquent, il y a forcément une discontinuité du volume (donc une modification de la masse
volumique), et une discontinuité S de l'entropie, donc l’existence d’une chaleur latente de
changement d'état (relation de Clapeyron L = T.S) pour ce type de transition. Cette chaleur
latente explique le palier en température observé au refroidissement (la chaleur dégagée maintient la
température constante tant que la solidification n’est pas complète). On obtient dans notre exemple
une température conforme à la valeur attendue (213,9 °C).

Remarques :
Quand on chauffe l’étain, il s’oxyde à l’air et une couche solide peut apparaître à la
surface du liquide (Tf oxyde > Tf Sn pur). Ces traces d’oxydes peuvent perturber le palier de re-
solidification (corps impur). L’échantillon ne doit donc pas être chauffé plus que nécessaire et il
vaut mieux enlever les traces d’oxydes si l’échantillon en présente.

Si les thermocouples donnent des valeurs étranges, il faut vérifier qu’ils sont de
même nature et que leur branchement est correct (le câble qui les relie doit être connecté au même
métal). On peut aussi vérifier le coefficient thermoélectrique en plongeant le thermocouple de
mesure dans de l’eau bouillante (on doit avoir U = 4 mV à 100 °C). A noter que si on souhaite le
remettre dans l’étain liquide juste après, il faut impérativement le sécher avant sinon les traces
d’eau entreraient immédiatement en ébullition avec pour conséquence des risques de projections
incontrôlées en dehors du creuset.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2 Phénomène de surfusion


Il peut y avoir un certain retard à la transition lors du
passage de l’état liquide à l’état solide. Ce phénomène, appelé surfusion, peut s’observer avec
l’étain s’il est bien propre et si le refroidissement assez lent mais c’est assez discret (cf. le début du
palier sur l’enregistrement précédent). L’effet est nettement plus spectaculaire avec d’autres corps
(cf. [2], p. 142-209-320) comme le Salol (Tf = 42° C sous 1 bar) ou l’acide acétique (Tf = 16,6 ° C
sous 1 bar). On présente ici la manipulation avec l’acide acétique. Il faut alors le refroidir en
dessous de 16 °C dans un bain de glace.

Manipulation :
[2], p. 242
Thermomètre
électronique

Bain de glace

L’acide acétique doit rester liquide bien en dessous de sa température de solidification si on ne


bouge pas le tube en U ou le thermomètre. On sort le tube du bain de glace quand on est vers 5°C
ou plus bas et on gratte la paroi avec le capteur du thermomètre. La solidification s’amorce de façon
spectaculaire en se propageant rapidement dans le tube et la température remonte jusqu’à ≈ 16-
17°C. Si on observe attentivement la solidification, on voit qu'elle commence autour de l’endroit ou
l’on amorce le processus, et qu’elle se propage ensuite à partir de là dans toutes les directions. Il
peut être intéressant de le montrer en filmant le tube avec une caméra.

Remarques :
La plupart des substances peuvent prendre cet état surfondu si on les chauffe au-dessus
de leur point de fusion suffisamment longtemps pour éliminer les germes cristallins, et si on les
refroidit très lentement et sans vibrations. Cet état métastable est cependant plus facilement
observable avec des composés anisotropes visqueux à l’état liquide. En effet, la solidification
correspond au passage d’un état désordonné à ordonné → les particules (atomes, molécules, …)
doivent « s’ordonner » les unes par rapport aux autres selon une disposition géométrique régulière.
Celle-ci dépend de leur forme et des points où s’exercent les forces inter-particulaires (cf. modèle
cristallin de la glace par exemple) → les grosses molécules anisotropes auront du mal à s’orienter
pour s’empiler, la viscosité augmentant la difficulté (cas du Salol par exemple, de formule chimique
C13H10O3, qui est une molécule cyclique possédant un groupement phényle).

On observe un retard à la solidification, jamais à la fusion (cf. [2], p.234). On peut en


revanche observer des retards à la vaporisation (cf. [2], p. 496, [3], p.246 ou [4], p. 206).

III EQUILIBRE LIQUIDE - GAZ

III.1 Influence de la pression


On déconseille l’expérience du bouillant de Franklin
(cf. [2], p. 484) car c’est une manipulation potentiellement dangereuse. L'expérience de la glace
coupée (cf. [2], p. 241) est aussi à éviter car son interprétation est discutable. On propose de
montrer l'influence de la pression sur la température d'ébullition de l'eau.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
[2], p. 170 cloche à vide

thermomètre avec
sonde intégrée H2O à 20 °C

On place de l’eau distillée dans un bêcher et on fait le vide. On peut relier la cloche à vide à un
manomètre digital pour noter l’évolution de la pression ou, à défaut, utiliser le manomètre à
mercure relié à la cloche. A bout d’un certain temps, l’eau commence à bouillir à 20 °C et la
pression se stabilise. On mesure T et P et on compare les valeurs obtenues aux données consultables
dans un Handbook.

Si on répète la manipulation plusieurs fois, l'ébullition finit par devenir brutale car il n'y a plus d'air
dissous dans l'eau ou adhérant à la paroi qui permette son amorçage et il vaut mieux changer l'eau
dans ce cas. La cocotte-minute est une application directe de l’influence de la pression sur la
température d’ébullition de l’eau. On travaille cette fois ci dans l’autre sens pour avoir une cuisson
plus rapide des aliments (𝑃𝑐𝑜𝑐𝑜𝑡𝑡𝑒 > 𝑃𝑎𝑡𝑚 → 𝑇𝑒𝑏 > 100 °𝐶).

Manomètre à Mercure :
Le système de mesure encore présent sur certaines cloches à vide est un
manomètre raccourci mettant à profit la faible pression de vapeur saturante du mercure (cf.
Handbook). Lorsqu’on fait le vide, le mercure remonte dans la section du tube reliée à la cloche.
Soit h la différence de niveau entre les deux cotés du tube. On a alors :

𝛥𝑃 = 𝜌𝐻𝑔 𝑔ℎ = 𝑃𝑐𝑙𝑜𝑐ℎ𝑒 − 𝑃𝑆𝐴𝑇 → 𝑃𝑐𝑙𝑜𝑐ℎ𝑒 ≈ 𝜌𝐻𝑔 𝑔ℎ

III.2 Mesure de la chaleur latente de vaporisation du diazote par calorimétrie

On a vu au § II.1 qu’un changement d'état du premier ordre s'accompagne de l’existence d'une


chaleur latente à la transition. On peut en mesurer une et l’azote liquide se prête bien à cette étude.

Montage :
[2], p. 55 A

V Alimentation continue
30 V/1 A

R ≈ 50 Ω
Pmax ≈ 50 W Dewar
léger R N2 liquide

Balance électronique

On chauffe de l’azote liquide avec une résistance chauffante et on mesure la quantité vaporisée par
unité de temps. On en déduit la chaleur latente de vaporisation connaissant la puissance P = U.I
cédée à l’azote par la résistance. La balance doit pouvoir supporter le poids du Dewar rempli
d’azote tout en permettant des mesures au dixième de gramme près au minimum pour avoir des
resultats corrects. La puissance de chauffe doit être suffisante pour provoquer une perte de masse
significative sur des temps relativement courts, mais sans être excessive pour que l’ébullition soit
maitrisée. Une puisssance d’environ 20 W est un bon compromis. L’expérience a été réalisée avec
une résistance de 46 Ω alimentée sous une tension continue d’environ 30 V.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesures :
On mesure la perte de masse du système en fonction du temps avec et sans chauffage.
On peut filmer les appareils de mesure avec une webcam pendant la manipulation pour reprendre
ensuite tranquillement des points de mesures en relisant le film. Voici à titre indicatif le résultat
d’une série de mesures obtenue de cette manière :
Détermination Lv du di azote par méthode calorimétrique
5

0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000

-5
y = -0,00923x + 0,02260
R² = 0,99922
masse (gramme)

-10

-15

-20
y = -0,11397x + 75,18940
R² = 0,99990
-25

-30

-35
Temps (secondes)

La pente de la courbe avant chauffage permet d’évaluer les pertes thermiques du système
(|dm/dt|0LV = PP avec LV en J/g). La pente de la courbe après la mise en route du chauffage
correspond aux pertes thermiques auxquelles s’ajoute désormais la vaporisation d’azote par la
résistance chauffante (|dm/dt|CLV = PC + PP = U I + PP). On peut donc en déduire la chaleur latente
de vaporisation de l’azote par la relation :

𝑈𝐼
𝐿𝑉 (𝑁2 ) =
𝑑𝑚 𝑑𝑚
| | −| |
𝑑𝑡 𝑐 𝑑𝑡 0

AN :
|dm/dt|C = 0,114 g/s
|dm/dt|0 = 0,0092 g/s → 𝐿𝑉 (𝑁2 ) = 201 J. g −1
UC = 31,45 V ; IC = 0,668 A

On a un écart de 2,3 % avec la valeur attendue LV(N2) = 196,5 J.g-1 sous Patm.

III.3 Mesure via la relation de Clapeyron


Une autre méthode plus délicate pour
mesurer la chaleur latente de vaporisation du diazote LV consiste à mettre à profit la relation de
Clapeyron :

𝜕𝑃 𝜕𝑃
𝐿𝑉 = 𝑇(𝑉𝐺 − 𝑉𝐿 ) ≈ 𝑇𝑉𝑉
𝜕𝑇 𝜕𝑇
VG correspond au volumique massique de l’azote gazeux et VL à celui de la phase liquide, d’où
l’approximation faite (VG ≫ VL). Si on assimile l’azote gazeux à un gaz parfait, on a un volume
molaire Vmolaire = RT/P. Comme m = n×M, on a Vmassique = Vmolaire/M = RT/(PM) et la relation de
Clapeyron s’écrit :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑅𝑇 2 𝜕𝑃
𝐿𝑉 ≈
𝑃𝑀𝑁2 𝜕𝑇

Si les conditions expérimentales permettent de supposer un déplacement sur la courbe L ↔ G (azote


liquide en équilibre avec sa vapeur), on peut calculer la chaleur latente de vaporisation en mesurant
les variations de température qu’engendre une modification de pression.

III.3.1 Montage et protocole expérimental

Cloche à vide
Ohmmètre
Résistance de Platine
Pt 100 n°1

Robinet N2 liquide
Pompe à vide
Petit Dewar
Manomètre
digital

On peut là aussi filmer les appareils de mesure avec une webcam pour reprendre ensuite
tranquillement des points de mesures.

Mesure de la température :
Une première difficulté consiste à mesurer la température de l’azote
liquide à l’intérieur de la cloche. Bien qu’on soit en limite de sa plage d’utilisation, le plus simple
consiste à utiliser une résistance de platine. La valeur d’une Pt 100 étant assez faible à cette
température (≈ 20 Ω à -200°C), il est difficile de négliger la résistance des fils. L’idéal consiste à
faire une mesure en 4 fils si la cloche à vide possède des connecteurs permettant de relier le capteur
à un instrument situé à l’extérieur. Si ce n’est pas possible, on peut à défaut faire une mesure en 2
fils avec un multimètre numérique placé directement dans la cloche à vide et on mesure au préalable
la valeur de la résistance plongée dans l’azote liquide en 4 fils et en 2 fils pour corriger les mesures
faites en 2 fils. Le capteur de température ne doit pas toucher les parois du Dewar, le multimètre
doit être précis (50 000 points par exemple) et il faut pouvoir couper sa fonction d’auto extinction
pour éviter qu’il s’éteigne en cours d’expérience (multimètre FI 919X par exemple).

Protocole expérimental :
On commence par mettre de l'azote liquide dans le Dewar. On plonge
progressivement la résistance de platine dans l’azote liquide et on place le tout dans la cloche à
vide, la pompe n’étant pas encore raccordée et le robinet étant ouvert. On attend un peu que de
l’azote s’évapore, on note la valeur de RPt et on vérifie, compte tenu de la correction à apporter à
cette mesure, qu’on obtient bien une température proche de -196 °C (cf. § suivant pour la
conversion) correspondant à l’équilibre L ↔ G pour N2 sous 1 atmosphère. On lance
l’enregistrement de la webcam et on fait baisser lentement et continument la pression en ouvrant
au minimum le robinet de la cloche à vide. L’opération est délicate car la chute de pression doit être
très lente pour qu’on puisse considérer qu’on reste au mieux sur la courbe L ↔ G de N2. On peut
s’arrêter lorsqu’on atteint ≈ 700 hPa si on ne veut que LV, ou continuer jusqu’au point triple si on
veut le montrer. Il suffit ensuite de prendre des couples de points en relisant le film.

Deux points importants doivent être respectés : il ne faut pas faire les mesures en remontée de
pression et on ne peut pas recommencer l’expérience tout de suite après une première
manipulation si on ne change pas d'azote liquide. Les seules mesures susceptibles de donner de
bons résultats sont celles à la première baisse de pression car on est alors dans des conditions

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

proches d’un déplacement sur la courbe L ↔ G, donc là où la relation de Clapeyron est valable. On
est initialement à -196 °C sous Patm avec une atmosphère riche en azote si on a attendu un peu que
l’azote se vaporise, donc dans des conditions proches d’un équilibre liquide/vapeur. Si on baisse
alors la pression avec la pompe à vide, la température doit baisser si on se déplace sur la droite L ↔
G d’après le diagramme d’équilibre P(T). Or, cette baisse de température peut se faire
naturellement car le pompage provoque la vaporisation d’azote liquide, donc son refroidissement
puisque la transformation est exothermique. L’hypothèse d’un déplacement sur la courbe L ↔ G est
donc raisonnable si le processus est assez lent (équilibre à tout instant). Par contre, ce n’est pas le
cas lorsqu'on remonte la pression en créant un appel d'air dans la cloche à vide. La température
devrait remonter si on se déplace toujours sur cette droite mais c’est plus difficile car le diazote doit
se réchauffer en étant dans un Dewar isolé et en contact avec un gaz, donc un isolant lui aussi. Il n’y
a par conséquent aucun processus permettant un réchauffement rapide, donc il y a de fortes chances
d’être dans une situation hors équilibre → on ne se déplace plus sur la droite L ↔ G du diagramme
d’équilibre et la relation de Clapeyron n’est pas applicable. On peut le vérifier facilement en
mesurant la température de l’azote liquide une fois revenu à la pression atmosphérique : si on est
descendu au préalable suffisamment bas en pression, et si la remontée a été assez rapide, l’azote
liquide peut facilement se retrouver à une température de - 205 °C sous Patm, donc hors des
conditions d’équilibre.

III.3.2 Mesures et résultats


Il faut convertir les valeurs de la résistance de
Platine en température. Pour les capteurs industriels, l’équation d'interpolation retenue pour - 200
°C  T  0 °C est encore celle de l'EIPT 68 (cf. [2], p. 442) :

𝑅𝑇 = 𝑅𝑜 [1 + 3,90802.10−3 𝑇 − 5,80195.10−7 𝑇 2 − 4,2735.10−12 𝑇 3 (𝑇 − 100)]

R0 est la résistance à 0 °C et T la température exprimée en degré Celsius. La relation n’étant pas


simple, la conversion R → T peut se faire à l’aide d’un solveur. Une autre solution consiste à
calculer la fonction R(T) au voisinage de - 196 °C dans un tableur, puis tracer la courbe T(R). On
s’aperçoit alors qu’on a quasiment une droite donc il suffit de faire une régression linéaire pour
obtenir une relation de conversion plus simple dans cette zone de température. C’est la méthode
utilisée ici et voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesures :

Diagramme P(T) N2
1200

1000
y = 102,2x - 6972
R² = 0,9929
800
P (hPa)

600

400

200

0
60 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80
T (K)

La résistance de platine a été mesurée à 0 °C dans un bain de glace pour faire le tracé de la courbe
R = f(T) autour de -196 °C. La linéarisation de cette caractéristique a donné la relation T(°C) =
2,2966×R(Ω ) - 242,62. On a mesuré R2 fils = 21,816 Ω et R4 fils = 20,472 Ω avec un multimètre 6 ½
Digits pour la résistance de platine plongée dans l’azote liquide à la pression atmosphérique. La

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

différence de 1,34 Ω donnant la correction à apporter aux mesures faites en 2 fils n’était donc pas
négligeable (erreur systématique de l’ordre de 3 K).

La linéarisation de la caractéristique au début de la courbe donne une pente dP/dT = 102,2 Pa.K -1
permettant de calculer LV à partir de la relation de Clapeyron. Voici les résultats pour les premiers
points de mesure :

T (K) 78,13 78,09 78,04 77,99 77,95 77,88 77,81 77,63 77,51 77,40 77,28 77,17 77,12
P(hPa) 1030 1024 1015 1007 989 976 967 956 946 935 926 919 911
Lv (J/g) 180 181 182 183 187 189 190 191 193 195 196 197 198

On obtient LV ≈180 J.g-1 au voisinage de la pression atmosphérique, soit un écart d’environ 7 %


avec la valeur attendue.

IV POINT TRIPLE ET POINT CRITIQUE

IV.1 Etude du point triple


Cette manipulation peut se faire avec l'eau ou le diazote
mais les mesures sont plus faciles avec le diazote car la pression du point triple de l’eau est à la
limite de ce que peuvent atteindre les pompes à vide courantes (cf. [2], p. 361) :
H2O → TT = 0,01 °C ; PT = 4,58 mm Hg = 6,1 mbar
N2 → TT = - 210 °C ; PT = 94 mm Hg = 125,32 mbar

Montage :
Il suffit de reprendre le montage du § précédent et poursuivre la baisse de pression
jusqu’à atteindre ≈ 125 mbar. Lorsqu’on atteint cette valeur, de l’azote solide doit commencer à se
former dans le Dewar et la pression doit se stabiliser ainsi que la température (on peut essayer de
moduler l’intensité du pompage pour se maintenir au mieux sur le point triple). L’observation est
facilitée si on dispose d’un Dewar transparent. Si on n’en a pas, on peut filmer l’intérieur du Dewar
avec une caméra.

IV.2 Etude du point critique


On utilise une cellule spéciale qui contient de
l'hexafluorure de soufre (SF6). Les coordonnées critiques pour cette molécule sont PC = 37,6 bars,
TC = 45,5 °C.

Montage :

Cellule Leybold Thermomètre

QI

E
Régulation de f = 20 cm
température Évier

La principale difficulté est de contrôler finement le chauffage de la cellule. Le constructeur


préconise un chauffage à la vapeur d’eau mais il est nettement plus simple d’utiliser une régulation
de température. On règle la régulation vers 47 °C jusqu’à atteindre le point critique et on baisse tout

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de suite la régulation de quelques degrés. On peut accélérer le refroidissement avec un sèche-


cheveux à air froid.

Observation à la montée en température (T  TC) :


La lumière transmise se teinte en jaune : c'est
l'opalescence critique. La compressibilité du gaz devient infinie au point critique. Les fluctuations
de densité, donc d'indice, deviennent très grandes et cela provoque une diffusion importante de la
lumière. Le gaz prend donc une couleur bleue (intensité transmise en 1/4) et la lumière transmise,
initialement blanche, devient légèrement jaune.

T = TC :
Le ménisque disparaît car les deux phases deviennent identiques (même masse
volumique).

T > TC :
Une seule phase ; la lumière transmise redevient progressivement blanche.

Descente en température :
Lorsque T devient très légèrement inférieur à TC, le système redevient
diphasique. Il apparait un brouillard dense formé par des « gouttelettes » des deux phases. Les
gouttelettes d'une même phase coalescent et les phases liquides et vapeur se séparent nettement
avec apparition d'un ménisque au milieu de la cellule. Le brouillard est, comme un nuage, opaque à
la lumière : celle-ci ne traverse plus la cellule qui prend une couleur gris-marron (phénomène à ne
pas confondre avec l'opalescence critique). Il faut noter que l’observation du point critique est
conditionnée par des valeurs PC, TC, VC fixées qui ne ne dépendent que du produit (cf. diagramme
PV) alors que pour le point triple, PT et TT sont fixés mais le volume V peut être quelconque.
L’expérience des tubes de Natterer (cf. [2], p. 144) illustre bien cette contrainte sur le volume.

Isothermes
C

T  TC
liq T = TC
liq + vap
vap
T  TC
VC V

V TRANSITIONS STRUCTURELLES ET MAGNETIQUES

V.1 Transition Fe ⇌ Fe


On montre le changement de variété allotropique du fer.

Manipulation :
[2], p. 144

Pince en bois Fil de fer  1 mm

m = 50 g M = 5 kg

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage électrique :

Rhéostat 11 6 A
Pinces crocodiles V Alternostat
sans plastique

Il faut éviter de toucher les pinces crocodiles (dangereux) et monter en tension lentement jusqu’à
ce que le fil soit rouge, quasiment jusqu’à la masse. On maintient cette tension pendant quelques
secondes puis on coupe brusquement le courant. Le fil doit commencer par se contracter et
remonter. Au cours du refroidissement (à 906 °C mais non mesurable ici), la masse cesse
brusquement de remonter et redescendre avant de reprendre son ascension (dilatation puis reprise de
contraction).

Analyse :
Le fer subit une modification de sa structure cristalline. Il a une structure CFC lorsque T
est supérieur à 906 °C (Fe). À T = 906 °C, le fer change de structure : Fe ⇌ Fe. Lorsque T
devient inférieur à 906 °C, le fer adopte une structure CC (Fe). Or un réseau CC est moins
compact qu’un CFC. Comme la masse du fil reste constante, on a VCC > VCFC donc VFe > V Fe et
LFe > LFe si on suppose que la section du fil reste constante. Ceci explique la dilatation du fil à la
transition. On peut noter qu’il existe aussi une dilatation anormale dans le cas de l'acier mais qui est
due dans ce cas à la décomposition de la cémentite Fe3C qui est un des composants de l'acier (cf.
[2], p. 145).

Conclusion :
A la transition, on observe une discontinuité du volume du fer solide. Cette transition
est bien de première espèce (cf. § II.1). Cette manipulation montre directement le V. La
modification du volume lors d'une transition du premier ordre peut aussi se montrer avec d'autres
expériences (cf. [2], p.236). On peut par exemple montrer la modification de la masse volumique de
la paraffine ou des glaçons qui flottent dans l'eau.

V.2 Transition ferro- para du Fer

Manipulation :
[2], p. 459 ; [5], p. 326 Coupelle
réfractaire

Aimant puissant

Bec Mecker

Analyse :
T < 770°C : le fer est ferromagnétique ; les moments magnétiques sont ordonnés en
domaines → la susceptibilité  est forte.
T = 770°C : transition ferro - para : l’agitation thermique « casse » les domaines.
T > 770°C : le fer est paramagnétique → les moments magnétiques µ ⃗ des atomes sont
désordonnés en l'absence de champ magnétique. En présence d'un champ, ils s'orientent de façon à
minimiser l'énergie potentielle d'interaction 𝑈 = −µ ⃗ compte tenu de l'agitation thermique →  ≈
⃗ .𝐵
1000 fois plus faible → faible aimantation.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

A la différence des transitions précédentes (excepté le point critique), celle-ci est de deuxième
ordre. Ce type de transition se caractérise par :
- la continuité de G (P, T)
- la continuité de ses dérivées premières
- la discontinuité de ses dérivées secondes

Conséquences :
Continuité des 1ères → pas de V, S, L à la transition.

Discontinuité des 2ndes

𝜕 2𝐺 𝜕𝑆 𝐶𝑝
2
=− =
𝜕𝑇 𝜕𝑇 𝑇

𝜕 2𝐺 𝜕𝑉
2
=− = −𝑉𝜒
𝜕𝑃 𝜕𝑃

→ 𝐶𝑝 et le coefficient de compressibilité isotherme 𝜒 subissent des variations discontinues

Remarque :
On n’observe pas deux phases séparées par une surface nette (comme pour le premier
ordre). La transformation se produit à l’intérieur d’une phase unique (cf. [7], p.340).

Autres exemples de transformation de seconde espèce :


Le point critique (cf. [2], p 357)
Plastique isotrope ↔ Plastique
anisotrope.
Transformation  de l’hélium → cf.
[7], p 270 ou [5], p. 327.

Enfin, le cas important correspondant au passage à l'état supraconducteur.

Bibliographie :
[1] : Gréhant : Physique des semi-conducteurs
[2] : Quaranta II : Thermodynamique et applications
[3] : Pérez de thermodynamique
[4] : Bertin Faroux Renault de thermodynamique
[5] : Bruhat, Thermodynamique, cinquième édition, p. 252- 338
[6] : Berty Escault, Physique pratique, tome II p. 229-287
[7] : Fleury Matthieu, Thermodynamique - Chaleur
[8] : Archambault : montages de physique Capes p. 69-70

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INSTRUMENTS D’OPTIQUE

I INTRODUCTION
Un instrument d'optique présente un certain nombre de caractéristiques :
- le grandissement, le grossissement ou la puissance permettent de comparer les dimensions
linéaires ou angulaires de l’image et de l'objet.
- le champ définit le domaine de l'espace-objet dont l'instrument donne des images
satisfaisantes.
- la clarté compare les grandeurs photométriques de l'image et de l'objet.
- le pouvoir séparateur exprime la capacité d'un instrument à percevoir les petits détails.

I.1 Effet « d’agrandissement »


La définition relative à cette qualité dépend du type
d’instrument utilisé.

I.1.1 Instruments objectifs : grandissement


Les instruments objectifs donnent
des images réelles (image d’une fente sur un écran par une lentille, objectif photographique,
agrandisseur photographique, ...). Le grandissement γ du système optique est alors définit par la
relation sans dimension :
𝐴'𝐵'
𝛾=
𝐴𝐵

Avec 𝐴𝐵 la taille de l’objet et 𝐴'𝐵' la taille de l’image (grandeurs algébriques).

I.1.2 Instruments subjectifs : grossissement - puissance


Ces instruments
donnent des images virtuelles. Tous les systèmes destinés à la vision humaine (lunette astronomique,
télescope, microscope, loupe, …) rentrent dans cette catégorie car un œil normal ne peut voir
nettement que des objets situés devant lui. L’image en sortie étant virtuelle, on n’utilise plus le
grandissement car on ne peut pas mesurer directement 𝐴'𝐵'. On a alors recours à la notion de
grossissement ou de puissance.

Grossissement :
𝐺 = 𝛽/𝛼 Sans dimension

Avec
 = angle sous lequel on voit l'objet à travers l'instrument
 = angle sous lequel on voit l'objet à l’œil nu

Remarque :
La valeur de α dépend de l’endroit où se situe l’objet par rapport à l’œil. Il doit être placé
au punctum proximum de l’œil pour une observation optimale. La position du punctum proximum
dépendant de la personne et de l’âge, on a fixé une distance standard de 25 cm. Lorsqu’on calcule α
avec cette distance, on obtient le grossissement commercial GC. La valeur de β dépend aussi des
conditions d’utilisation. L’image finale donnée par l’instrument doit être dans la zone

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

d’accommodation de l’œil et il vaut mieux qu’elle soit rejetée à l’infini pour qu’un œil normal (œil
emmétrope) puisse l’observer sans effort (pas d’accommodation nécessaire). On parle dans ce cas de
grossissement intrinsèque.

Puissance :

𝑃 = 𝛽/𝐴𝐵 en m-1 ou dioptries

 et 𝐴𝐵 ont les même définitions que précédemment. La valeur de la puissance dépend des
caractéristiques de l’instrument et des conditions d’utilisation. La puissance intrinsèque Pi correspond
là aussi au cas où l’image est rejetée à l’infini.

I.2 Expériences de bases


Les manipulations qui suivent sont les plus simples que l’on
puisse faire en optique mais les plus fréquentes que l’on réalise en montage. Il est donc indispensable
de savoir les maîtriser parfaitement.

I.2.1 Formation de l’image d’une fente, d’un trou


La projection de l’image
d’une fente ou d’un trou doit respecter certaines règles pour que cette image soit « propre ». Dans la
plupart des cas, on procède de la façon suivante :
L
E
O

QI
C

Utilisez une source de lumière blanche disposant d’un condenseur. Placez l’écran a une distance d’au
moins 4f (f = distance focale de L) pour pouvoir former une image réelle. Commencez par mettre
l’objet O (fente par exemple) au voisinage de la sortie de la lampe. Placez la lentille sur l’axe optique
en respectant la règle des 4P (cf. [1], p. 39) et translatez là suivant l’axe optique jusqu’à obtenir une
image nette sur l’écran. Otez alors l’objet et ajustez le tirage du condenseur de façon à former l’image
du filament sur la lentille L. Replacez ensuite l’objet à la sortie de la lampe et réajustez la position de
la lentille L pour avoir une image parfaitement nette. Réglez enfin l’orientation de la lentille pour que
la normale a sa surface soit alignée avec l’axe optique (on minimise ainsi la coma ; cf. [2], p. 29). On
peut s'entraîner à projeter l'image d'une fente sur un écran en modifiant la convergence du condenseur
(6,10, 20 cm), celle de la lentille de projection (150, 250 mm) et la position de l'écran. Il est
indispensable de réussir à retrouver à chaque fois une image de bonne qualité sinon vous ne réussirez
aucun montage en optique !

Explications du réglage :
La méthode proposée n’est pas la plus lumineuse mais elle permet de
minimiser les différentes aberrations. Le placement de l’objet à la sortie de la lampe permet de couvrir
l’objet au maximum (important pour une fente). La focalisation de l’image du filament de la lampe
sur la lentille de projection L a plusieurs avantages :
- elle permet d’éliminer
l’éventuelle image parasite du filament donnée par la lentille L.
- les rayons lumineux traversent L
au voisinage de son centre optique → On satisfait au mieux les conditions de Gauss (on minimise les
aberrations de sphéricité). On limite aussi les distorsions en coussinet ou en barillet (cf. [2]; p. 31)
puisque que l’image du filament, qui est un diaphragme naturel, est situé sur la lentille L.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le choix du condenseur C dépend principalement de la distance focale de la lentille L utilisée (les


distances mises en jeu interviennent aussi mais dans une moindre mesure). La distance focale de C
doit être un peu plus faible que celle de L en général. Un condenseur de 6 cm convient bien à une
lentille L de 15 cm de focale, un condenseur de 10 ou 20 cm est mieux adapté pour les lentilles de 25
cm, ... On peut tester différentes combinaisons de lentilles et condenseurs pour le vérifier.

Remarque :
Cette méthode a l’inconvénient d’être peu lumineuse (notamment lorsqu’on projette
l’image d’un trou) et elle conduit à une grande profondeur de champ (cf. [1], § 1.7.3) puisqu’on utilise
une petite portion de la lentille L. Lorsqu’une expérience nécessite plus de lumière ou une faible
profondeur de champ, on peut placer le trou au voisinage du point de convergence du condenseur
pour en faire l’image :
L E
O

QI

On a alors plus de lumière mais on est gêné par l’image du filament, les aberrations chromatiques du
condenseur et les aberrations de sphéricité de la lentille L puisqu’on éclaire une plus grande partie de
sa surface.

I.2.2 Projection d'un objet de grande taille


Les montages précédents ne
conviennent pas aux objets de grande taille car ils ne sont plus uniformément éclairés et ne se
comporte pas comme une « vrai source » pour la lentille L. Il faut alors placer un verre dépoli
diffusant entre la lampe et l'objet. Le condenseur n'a théoriquement plus d'utilité si le dépoli est
parfaitement diffusant mais il peut cependant permettre de rabattre une partie de la lumière. On peut
s’entrainer à faire l'image d'une grille ou de n'importe quoi d'assez étendu pour le vérifier et comparer
l’image avec et sans dépoli. Un exemple d’application de cette technique de projection est la
formation de l’image du tube lors de la mesure de la susceptibilité de FeCl3 (cf. montage
« Magnétisme »).

Une autre alternative consiste à remplacer le condenseur de la lampe par une lentille de courte focale
et de plus grande ouverture. C’est sur ce principe que fonctionnent les rétroprojecteurs (le condenseur
est une lentille de Fresnel accolée sur la vitre ; cf. [1], p. 19 et 20).

I.2.3 Obtention d'un faisceau de lumière parallèle

Manipulation :

D L M E
f

QI
C

Prendre un condenseur C assez convergent (6 cm par exemple), reculer l'ampoule de la lampe au


maximum. Placer un petit diaphragme D au point de convergence du faisceau (où se trouve l'image
du filament de la lampe). Il faut bien centrer le trou pour limiter les irisations. On place ensuite D au
foyer de la lentille L en procédant par auto collimation : on se sert d'un miroir plan M placé à la suite

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de L pour renvoyer le faisceau sur lui-même et on déplace l’ensemble lentille/miroir jusqu’à ce que
le faisceau réfléchi reconverge sur D. Chaque point source donne alors un faisceau parallèle en sortie
de L mais la section globale du faisceau tend à augmenter au fur et à mesure de la propagation et ce
d’autant plus que le trou est gros. Pourquoi à votre avis ?

II LA LOUPE
[1], p, 28-29.

C’est une lentille convergente permettant une « vision agrandie » de l’objet. Sa distance focale doit
être inférieure au punctum proximum de l’œil pour obtenir un effet d’agrandissement et une personne
emmétrope doit placer l’objet dans le plan focal objet de la loupe pour qu’il puisse voir son image
sans effort :
LOeil Rétine LLoupe LOeil Rétine
B B

α A’ β >α A’
A A= β
B’ Floupe
B’
δ f’loupe < δ

OBSERVATION DIRECTE AVEC UNE LOUPE

La loupe fait partie des instruments subjectifs puisqu’elle donne une image virtuelle. On la caractérise
donc par le grossissement ou la puissance. On montre facilement les relations suivantes :

𝑃𝑖 = 1/𝑓'𝑙𝑜𝑢𝑝𝑒 𝐺𝐶𝑖 = 𝑃𝑖 /4 = 1/(4𝑓'𝑙𝑜𝑢𝑝𝑒 )

Les loupes du commerce ont typiquement des grossissements commerciaux compris entre 3 et 12,
soit des focales comprises entre 8 et 2 cm (valeurs inférieures au punctum proximum d’une personne
normale).

Manipulation :
On peut étudier une loupe du commerce et vérifier la valeur de son grossissement
commercial intrinsèque en mesurant sa distance focale avec le montage suivant :
Loupe E

QI
C

O ≈2m

Objet : mire micrométrique en verre ou pied à coulisse réglé sur 1 mm à défaut.

Exploitation :
𝐴'𝐵' E
L
𝛾= B
𝐴𝐵
α O A’
𝐴𝐵 𝐴'𝐵' 𝑂𝐴' A α
𝑡𝑔𝛼 = = → 𝛾=
𝑂𝐴 𝑂𝐴' 𝑂𝐴 B’

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

1 1 1 𝑂𝐴' 𝑂𝐴'
− = → 𝛾 =1− → 𝑂𝐹' = 𝑓' =
𝑂𝐴' 𝑂𝐴 𝑂𝐹' 𝑂𝐹' 1−𝛾

→ La mesure du grandissement permet d’obtenir la distance focale de la loupe et son grossissement


commercial intrinsèque 𝐺𝐶𝑖 . Le choix d’une distance 𝑂𝐴' importante permet de minimiser
l’incertitude sur la mesure.

Remarque :
La position de l’œil par rapport à la loupe n’influe pas sur le grossissement si l’objet est
dans le plan focal objet de la loupe mais on a intérêt à placer son œil assez près de la loupe pour ne
pas limiter le champ d’observation en largeur.

III LE MICROSCOPE
L’appareil est schématiquement constitué de deux lentilles. La première,
nommée objectif, est une lentille de très courte focale destinée à former une image intermédiaire
agrandie de l’objet. La deuxième, l’oculaire, joue le rôle d’une loupe. L’image intermédiaire est
placée dans son plan focal objet pour obtenir une image finale rejetée à l’infini (image visible sans
effort pour un emmétrope). L’intervalle optique est la distance entre le foyer image de l’objectif et le
foyer objet de l’oculaire (valeur standard : 160 mm). C’est un paramètre important du microscope car
il intervient dans l’expression du grandissement de l’objectif. La valeur du grandissement inscrit sur
un objectif n’est donc valable que si on respecte cet intervalle. Le chiffre marqué sur l’oculaire
correspond à son grossissement commercial intrinsèque. On obtient le grossissement commercial
intrinsèque total du microscope en multipliant ces deux chiffres.
LOc
R
LObj
Δ
B’’
B
F’Obj FOc β F’Oc β
α A’’
A A’

B’
Image Intermédiaire Oeil

III.1 Mesure directe du grossissement


[1], § 1.10.2.5

Montage : L E
O × 6,3
× 10 β x’
QI
C

f’
L: f’=1m
O : mire micrométrique

Il vaut mieux prendre un grossissement raisonnable et un objectif à une seule lentille pour simplifier
les mesures. On a utilisé ici un objectif de grandissement γob = × 40 et un oculaire de grossissement
Goc = × 6,3. On s’attend donc à avoir un grossissement global Gmicro = γobj . Gobj = 252.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On place l’écran dans le plan focal image de la lentille convergente L pour simuler une observation à
l’infini. On ajuste la mise au point du microscope pour avoir une image nette sur l’écran. On mesure
la distance x’ séparant deux traits sur l’image de la mire. On en déduit l’angle β ≈ x’/f ’ sous lequel
un observateur voit cette image. On calcule l’angle α ≈ x/δ sous lequel l’observateur verrait la mire à
l’œil nu en la plaçant au punctum proximum (valeur standard : δ = 25 cm). On en déduit alors le
grossissement commercial intrinsèque du microscope Gmicro = β/α. On a obtenu par cette méthode un
grossissement de 259, soit une valeur proche de la valeur attendue. Si on trouve un écart notable, c’est
que l’intervalle optique Δ n’est probablement pas totalement respecté. Il faut alors mesurer la
longueur D du tube du microscope (elle doit être proche de 160 mm si le microscope est standard) et
corriger cette distance compte tenu de la position du foyer image de l’objectif et du foyer objet de
l’oculaire pour obtenir l’intervalle optique réellement employé.

III.2 Etude de l’oculaire

Vérification du grossissement :
Il suffit de mesurer sa distance focale par la méthode du § II. Si
l’oculaire employé est négatif (cf. [1], § 1.10.2.3), son foyer objet n’est pas directement accessible →
le placer sur l’axe optique du montage en mettant le verre d’œil du côté objet (sens inverse de la
normale). Mesurez le grandissement γ du montage, en déduire la focale de l’oculaire puis son
grossissement commercial. On doit trouver une valeur proche de celle annoncée.

Foyer objet :
Le foyer objet de l’oculaire est, par principe, au niveau du diaphragme de champ. Ce
diaphragme est situé entre le verre de champ et le verre d’œil dans un oculaire négatif. On peut le
vérifier en retirant le verre de champ et en plaçant son doigt ou un bout de papier au niveau du
diaphragme (on doit le voir net). C’est ici que l’objectif doit former l’image intermédiaire.
d

On peut alors mesurer la distance d séparant le


Verre de champ diaphragme de l’épaulement de l’objectif.
Verre d’oeil

Diaphragme de champ

III.3 Etude de l’objectif

Mesure de la distance focale :


Même manipulation qu’au § II.1. Placer cette fois ci l’objectif dans
son sens normal d’utilisation sur l’axe optique. En déduire sa distance focale f’.

Position du foyer image :


Elle est simple à trouver si l’objectif est constitué d’une seule lentille (F’
est à la distance f’ de la lentille). Dans le cas contraire, se reporter à la référence [1], § 1.10.2.2 pour
une méthode de détermination de cette position.

III.4 Calcul de l’intervalle optique


On l’obtient avec les mesures précédentes :
Δ d
Une fois Δ connu, on peut calculer le grandissement
de l’objectif dans les conditions d’utilisation, FOc
F’Obj
recalculer la valeur du grossissement du microscope
et comparer à la mesure directe du § II.2.1. D

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV LES OBJECTIFS PHOTOGRAPHIQUES


[1], p. 31 et suivantes.

IV.1 Introduction
Un objectif photographique est un assemblage plus ou moins
complexe de plusieurs éléments qu’on ne peut pas assimiler à une lentille mince → pour décrire la
formation d’une image par ce système optique « épais », on le modélise en donnant la position de ses
plans principaux et de ses foyers (cf. [1], p. 31 et [3], § 6.2) :
PH PH’

F H H’ F’

Plan principal objet Plan principal image

Le plan principal image PH’ se trouve à l'intersection fictive d'un rayon incident parallèle à l'axe
optique (ou son prolongement symbolique) avec le rayon émergent correspondant (ou son
prolongement symbolique). Par définition, ce rayon émergent (ou son prolongement dans le cas des
systèmes divergents) passe par le foyer image F’ puisque le rayon incident est parallèle à l’axe
optique. De même, le plan principal objet PH se trouve à l'intersection fictive d'un rayon émergent
parallèle à l'axe optique (ou son prolongement symbolique) avec le rayon incident correspondant (ou
son prolongement symbolique). Par définition, ce rayon incident (ou son prolongement dans le cas
des systèmes divergents) passe par le foyer objet F puisqu’il correspond à un rayon émergent parallèle
à l’axe optique. Ces plans principaux sont perpendiculaires à l’axe optique et leurs intersections H et
H’ avec cet axe sont appelés points principaux objet et image. Ces points et plans principaux sont
conjugués par le système optique, avec un grandissement transversal γ = 1 pour les plans. Ils n'ont
qu'une signification symbolique permettant de déterminer la position et la grandeur des images et
définir les distances focales objets et images. La construction d’une image se fait alors en suivant les
mêmes principes que ceux utilisés pour les lentilles minces, mais avec des rayons réels ou équivalents
s'appuyant sur les foyers et les plans principaux :
PH PH’

B I1 I1’

F H H’ F’ A’
A
I2 I2’ B’

Les distances focales ne sont plus définies par rapport à un point unique O comme dans le cas des
lentilles minces, mais par rapport aux points principaux H et H’. On a donc :

𝑓 = ̅̅̅̅ ̅̅̅̅̅̅ Avec, dans l’air : ̅̅̅̅


𝐻𝐹 ; 𝑓 ′ = 𝐻′𝐹′ 𝐻𝐹 = − ̅̅̅̅̅̅
𝐻′𝐹′ soit 𝑓 = −𝑓′

La position de l’image par rapport à l’objet peut s’obtenir grâce à la relation de conjugaison du
système épais avec origine aux points principaux :
1 1 1 1
− = ′ ′=
̅̅̅̅̅̅
′ ′
𝐻 𝐴 𝐻𝐴 ̅̅̅̅ 𝐻
̅̅̅̅̅̅
𝐹 𝑓′
̅̅̅̅̅̅
𝐴′𝐵′ ̅̅̅̅̅̅
𝐻′𝐴′
Le grandissement principal est, quant à lui, donné par : 𝛾= =
̅̅̅̅
𝐴𝐵 ̅̅̅̅
𝐻𝐴

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On retrouve évidemment les formules des lentilles minces lorsqu’on suppose que H et H’ sont
confondus en un point unique, le centre optique O.

Remarque :
Les plans principaux ne sont pas forcément situés à l’intérieur du système optique. Le
plan principal objet PH peut être à droite ou à gauche du plan principal image PH’ et l’un ou l’autre,
voire même les deux, peuvent être à l’extérieur des limites physiques de l’objectif dans l’espace objet
ou image. Par exemple, un téléobjectif a, de par sa nature, un plan principal image PH’ situé à l’avant
de l’objectif, donc dans l’espace objet (cf. [1], p. 32).

IV.2 Mesure de f’ ; recherche de PH et PH’


̅̅̅̅̅̅ = 𝑓′ ou ̅̅̅̅
Les distances 𝐻′𝐹′ 𝐻𝐹 = 𝑓
correspondent à ce qu’on appelle couramment la focale d’un objectif photographique. Ce type de
système optique a cependant une contrainte importante à respecter : il doit former l’image de l’objet
sur une surface réceptrice (pellicule, capteur) située toujours au même endroit, et ce quelle que soit
la position de l’objet par rapport à l’appareil. Dans les objectifs dits figés, cette opération de mise au
point s’effectue par une translation en bloc du système optique pour faire coïncider l’image avec la
surface réceptrice → leurs points cardinaux F, H, H’ et F’ se déplacent conjointement et la distance
focale reste constante. Par contre, la mise au point s’effectue par déplacement d’un ou plusieurs
éléments du système optique par rapport aux autres pour les objectifs dits flottants (majoritaires dans
les optiques modernes) → dans ce cas, elle entraine obligatoirement une modification relative de la
position des points cardinaux qui peut impacter la valeur de la distance focale. Celle annoncée par le
constructeur correspond alors à une mise au point à l’infini. On en tire une conséquence pratique en
cas de doute sur la nature de l’objectif : il vaut mieux régler l’objectif à l’infini pour mesurer
expérimentalement sa distance focale. Une expérience particulièrement simple permet de mesurer
la distance f’. Il suffit d’utiliser l’objectif pour projeter l’image d’un petit objet avec un très fort
grandissement. On a alors1 :
̅̅̅̅̅̅
𝐴′ 𝐵 ′ ̅̅̅̅̅̅
𝐻 ′ 𝐴′ 1 𝛾
𝛾= = → = ′ ′
̅̅̅̅
𝐴𝐵 ̅̅̅̅
𝐻𝐴 ̅̅̅̅
𝐻𝐴 ̅̅̅̅̅̅
𝐻𝐴
1 1 1 1 𝛾 1−𝛾 1 ̅̅̅̅̅̅
𝐻 ′ 𝐴′ ̅̅̅̅̅̅
𝐻 ′ 𝐴′
− = → − ′ ′= ′ ′ = → 𝑓′ = =
̅̅̅̅̅̅
′ ′
𝐻 𝐴 𝐻𝐴 ̅̅̅̅ 𝑓′ ̅̅̅̅̅̅
𝐻 𝐴 ̅̅̅̅̅̅
′ ′ 𝐻𝐴 ̅̅̅̅̅̅
𝐻𝐴 𝑓′ 1−𝛾 1 + |𝛾|

Un grandissement important améliore la précision sur la mesure de f’ (image plus grande, donc plus
facile à mesurer) et permet de déterminer les positions de PH et PH’ avec une bonne approximation.
On suppose la position de PH’ connue pour commencer (on verra comment l’obtenir par la suite).

Montage :
[1], p. 23
PH PH’ E
O

QI A H H’ A’

|HA |≈ f Objectif ̅̅̅̅̅̅


𝐻′𝐴’ → plusieurs mètres

O : objet de petite dimension connue précisément → exemple : pied à coulisse réglé sur 5 mm.

1
Le grandissement γ est négatif dans cette formule (une image réelle fournie par un système convergent est inversée).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L’objectif doit être placé avec sa face d’entrée dirigée vers l’objet. On a intérêt à prendre un objectif
lumineux et ouvert au maximum afin de réduire la profondeur de champ pour apprécier plus
facilement le moment où on conjugue exactement l’objet avec l’écran (variation plus rapide de la
netteté → mesure plus précise de γ). La manipulation a été testée avec un Zeiss Sonnar 85 mm f/2
ouvert au maximum et réglé à l’infini. Il y a un compromis à faire pour avoir une image exempte
d’aberrations qui conditionne la façon dont on éclaire l’objet.

Exemple de résultat :
Pied à coulisse : d = 5 ± 0,1 mm (précision évaluée sur le pointé des
graduations secondaires de l’instrument).
̅̅̅̅̅̅
𝐻′𝐴′ = 𝐿 = 452 ± 3 𝑐𝑚 (mesuré au mètre ruban sur une paillasse avec H’
connu).
Image de O sur E : D = 26,1 ± 0,3 cm (précision évaluée par répétition de
la mise au point et prise en compte des aberrations résiduelles).
𝐿 𝐿𝑑
→ 𝑓′ = = = 85 𝑚𝑚
𝐷 𝑑+𝐷
1+
𝑑
Si on utilise la méthode des incertitudes indépendantes, le calcul d’incertitude sur f’ donne :

𝛥𝑓′ 𝛥𝐿 2 1 2
𝐷2 2 𝛥𝐿 2 1 2+
𝐷2 2
= √( ) + (𝛥𝐷 + 𝛥𝑑 ) ≈ √( ) + (𝛥𝐷 𝛥𝑑 ) = 2 𝑚𝑚
𝑓′ 𝐿 (𝑑 + 𝐷)2 𝑑2 𝐿 𝐷2 𝑑2

On a donc au final : 𝑓’ 85 ± 2 mm. On voit que le résultat obtenu corrobore la donnée constructeur.

Recherche de PH :
Comme on a formé une image à une distance très éloignée de l’objectif comparée
à sa focale, on peut considérer que l’objet est quasiment dans le plan focal objet de l’instrument. La
relation de conjugaison permet en effet de monter qu’on a, avec les distances mises en jeu dans
l’expérience2 :
̅̅̅̅̅̅
𝐻 ′ 𝐴′ 452
̅̅̅̅ =
𝐻𝐴 𝑓′ = 𝑓′ = − 1,02. 𝑓′
𝑓′ − 𝐻 ̅̅̅̅̅̅
′ 𝐴′ 8,5 − 452

L’hypothèse d’un objet situé dans le plan focal objet de l’objectif est donc valable ici à 2 % près →
On trouve la position de PH en comptant ≈ 85 mm à partir de l’objet. On s’aperçoit alors qu’il est
situé 1 cm après le début de l’objectif.

Recherche de PH’ :
On a supposé connue la position de PH’ dans l’expérience précédente. Pour
trouver ce plan, il suffit de refaire la manipulation en inversant le sens de l’objectif.
PH’ PH E
O

QI A H’ H A’

|H’A |≈ f’ ̅̅̅̅̅
HA’ → plusieurs mètres

2
Le signe – dans l’expression suivante est liée au fait que HA est compté négativement par rapport à l’axe optique.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le principe est le même ; on forme une image nette de l’objet sur l’écran éloigné. L’objet est alors
pratiquement dans le plan focal image de l’objectif et il suffit de compter ≈ 85 mm à partir de l’objet
pour trouver PH’. L’expérience montre qu’il se situe dans l’objectif, à ≈ 42 mm de sa monture → les
plans PH et PH’ sont distants de moins d’1 cm et ils sont tous les deux situés dans l’objectif, plutôt vers
l’avant.

Tirage mécanique :
L’objet étant pratiquement situé en F’, la distance entre l’objet et la monture de
l’objectif nous donne son tirage mécanique (c’est la distance à laquelle doit être placée la surface
réceptrice de l’appareil photo par rapport à la monture). La mesure de cette distance montre que le
tirage mécanique vaut ≈ 40 mm. C’est sensiblement plus court que le tirage mécanique des montures
les plus courantes, généralement compris 44 et 47 mm. L’objectif utilisé est cependant assez
particulier puisqu’il s’agit d’une optique Zeiss Ikon développée dans les années 60/70 pour les
boitiers Contarex de la même marque. Le tirage mécanique annoncé est 46 mm mais la forme
particulière de la monture sur ce type de boitier laisse à penser qu’il ne correspond pas à une mesure
depuis le bord externe de l’objectif mais depuis le bord interne → il faut alors rajouter 6 mm à notre
résultat et on retrouve alors la donnée constructeur.

Influence de la mise au point :


La mesure de f’ a été faite en ayant réglé la mise au point à l’infini.
On peut recommencer l’expérience en réglant l’objectif à sa distance minimale de MAP. On
s’aperçoit alors que le grandissement reste le même. La distance focale ne change donc pas avec la
mise au point → cette focale fixe fait partie des systèmes optiques figés3.

Comparaison avec un zoom :


On a refait les mêmes expériences avec un téléobjectif Pentax 28-200
mm f/3,8-5,6 utilisé sur un boitier argentique. Avec l’objectif calé à 200 mm, ouvert au maximum et
la mise au point faite sur l’infini, on a pour d = 5 mm et L = 435 cm une image de largeur D = 10,4
cm → On obtient f’ = 199,5 mm, une valeur très proche de celle annoncée. La position du plan PH se
trouve alors à ≈ 8 cm en avant de l’objectif.

L’expérience fait avec l’objectif placé en sens inverse montre que le


plan PH’ est situé quant à lui à 1 cm en avant de l’objectif → les deux plans sont dans le milieu objet
et sont séparés d’environ 7 cm. La distance entre l’objet et la monture nous donne le tirage mécanique
de la monture Pentax. On trouve une valeur de ≈ 45 mm cohérente avec la donnée constructeur (45,46
mm). On peut aussi comparer ce résultat à la profondeur, par rapport à la monture, à laquelle se situe
l’obturateur du boîtier reflex accompagnant l’objectif (il faut soulever délicatement le miroir de
renvoi d’image pour accéder à l’obturateur). Là aussi, on trouve un résultat très proche de 45 mm.

On peut aussi regarder l’influence de la mise au point. On a refait


l’expérience avec le zoom calé à 200 mm, mais avec la mise au point au minimum. Le grandissement
est notablement modifié cette fois ci et on trouve que la distance focale ne vaut plus 200 mm dans ces
conditions mais est plus proche de 145 mm !

IV.3 Influence de l‘ouverture sur la luminosité des objectifs


Un intérêt fondamental
des lentilles (ou des miroirs) dans la formation d’une image est leur aspect collecteur de lumière. Un
appareil à fort grossissement ne sert à rien si, compte tenu de la sensibilité du récepteur, il n’est pas
suffisamment lumineux. On peut jouer sur la luminosité d’un objectif en modifiant son nombre
d’ouverture NO (cf. [1], p. 34 ou [3], p. 683). Les valeurs des nombres d’ouvertures NO sont

3
Cela semble cohérent avec le fait que le bloc optique semble se déplacer en bloc lorsque l’on modifie la mise au point.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

standardisées selon une progression géométrique en √2 afin de modifier l’éclairement du récepteur


par un facteur 2 lorsqu’on passe d’un nombre d’ouverture au suivant.

Manipulation :
Cf. [1], p. 34 pour le montage.

Il faut disposer d’un objectif permettant le contrôle manuel de l’ouverture. On a utilisé ici un objectif
Leica 35 mm (l’expérience est aussi possible avec le Pentax 28-200). On peut faire varier
manuellement son NO de 2 à 16. On place cet objectif à 50 cm minimum du calque et on éclaire le
calque avec une lampe Quartz Iode alimentée en continu (alimentation 30 V – 10 A réglée à 12 V)
afin d’avoir un éclairement le plus stable possible. On place une photodiode dans le plan image du
calque en la polarisant en inverse4 avec une tension de 12 V. On ajuste la résistance de charge de
façon à avoir un signal assez fort à ses bornes à l’ouverture de 2. On mesure ensuite la tension aux
bornes de cette résistance pour différentes valeurs du nombre d’ouverture. On mesure aussi le signal
avec le cache vissé sur l’objectif pour voir s’il faut corriger les mesures. On calcule alors le rapport
des tensions éventuellement corrigées pour deux valeurs successives du NO. Voici à titre indicatif le
résultat d’une série de mesure pour une distance entre le calque et l’objectif de 57 cm et une résistance
de charge de 20 000 Ω :

NO 2 2,8 4 5,6 8 11 16
Vd (V) 7,41 4,08 2,05 1,01 0,49 0,25 0,09
Vr (V) 7,33 3,63 1,80 0,90 0,45 0,24 0,09
Vd/Vd' 1,81 2,00 2,03 2,05 1,96 2,74
Vr/Vr' 2,02 2,02 2,00 1,98 1,91 2,59

Signal au noir : 0,8 mV

On a constaté une variation dans les mesures suivant que l’on « descendait » ou « remontait » les NO.
L’expérience a été répétée trois fois. On a constaté à chaque fois le même problème avec une très
bonne reproductibilité des résultats, ce qui laisse supposer un défaut systématique dans le calage du
diaphragme au NO souhaité suivant le sens de rotation de la bague d’ouverture. On présente donc ici
la moyenne sur les 3 expériences (3 descentes, 3 montées). Les valeurs Vd correspondent aux tensions
mesurées lorsqu’on « descendait » les NO, les valeurs Vr correspondent aux mesures en « remontant »
les NO. Quoi qu’il en soit, et quel que soit le sens de parcours, le rapport des tensions entre deux NO
successifs est bien voisin de 2 à l’exception notable du rapport V11/V16 (vu sa valeur, le signal au noir
n’a pas été pris en compte dans les calculs). Cet écart avec les NO les plus grands est probablement
dû à une petite erreur sur le diamètre du diaphragme d’ouverture. Par définition (cf. [3], p. 682) le
nombre d’ouverture est égal au rapport de la distance focale de l’objectif sur le diamètre de la pupille
d’entrée :

𝑓'
𝑁𝑂 =
2𝑅𝑃𝐸

Le diamètre de la pupille d’entrée pour l’objectif proposé (f’ = 35 mm) a donc les valeurs suivantes :

NO 2 2,8 4 5,6 8 11 16
2RPE (mm) 17,5 12,5 8,75 6,25 4,37 3,2 2,2

On conçoit donc qu’une petite erreur sur le diamètre du diaphragme d’ouverture a des conséquences
plus importantes sur la quantité de lumière reçue avec les NO les plus grands, et ce d’autant plus que

4
Elle se comporte alors comme un détecteur linéaire en éclairement tant qu’on ne la dépolarise pas et que le courant
inverse est négligeable.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

la quantité de lumière reçue est, dans les conditions usuelles de la photographie, proportionnelle à la
surface de la pupille, donc à son diamètre au carré.

Précaution à respecter :
Il faut éloigner suffisamment l’objectif du calque pour que les résultats aux
faibles NO, donc aux grandes ouvertures, soient conformes à ce que l’on attend. On a par exemple
rapproché l’objectif à 10 cm du calque et on a répété les mesures avec le même protocole (la résistance
a été réajustée de façon à obtenir approximativement le même signal à NO = 2) :

NO 2 2,8 4 5,6 8 11 16
Vd (V) 7,414 4,500 2,292 1,142 0,566 0,295 0,114
Vr (V) 7,415 3,991 2,011 1,017 0,524 0,281 0,114
Vd/Vd' 1,649 1,967 2,013 2,031 1,940 2,698
Vr/Vr' 1,859 1,988 1,984 1,953 1,886 2,568

On avait cette fois ci un signal au noir de 6,7 mV dont on a tenu compte dans le calcul des rapports
de tension. On constate cette fois ci une dégradation des résultats sur le rapport V2/V2,8 (il n’est plus
tout à fait égal à 2). Cela est lié au fait que l’éclairement d’un instrument objectif est, en toute rigueur,
proportionnel au carré de l’ouverture numérique n.sinu (cf. [3], p. 510, 566 et 682-685). Dans les
conditions courantes de la photographie (objets éloignés par rapports à la focale de l’objectif),
l’ouverture numérique est proportionnelle au diamètre de la pupille d’entrée, donc inversement
proportionnelle à NO et ce jusqu’à des ouvertures assez importantes (1,4). On est loin de ces
conditions ici : l’objet est très proche de l’objectif et on ne peut assimiler le sinus à l’angle u.

Remarques :
L’ouverture maximale d’un objectif a souvent un impact direct sur son prix et son poids.
A titre d’exemple, la société Leica commercialise une focale fixe de 50 mm ouvrant à 0.95 (record
pour les objectifs « grand » public). Il pèse 630 grammes et coûte 8 000 euros. Un 50 mm de la même
marque ouvrant jusqu’à 1.4 coûte 2600 euros et pèse 490 grammes. Celui n’ouvrant qu’à 2 au
minimum ne coûte que 1200 euros pour 290 grammes. Chez Canon, les 50 mm ouvrant à 1.2, 1.4 et
1.8 valent respectivement 1400 euros (545 gr), 425 euros (290 g) et 110 euros (130 g).

La luminosité n’est pas le seul intérêt à l’emploi d’objectif très ouvert. Cela permet aussi
de réduire la profondeur de champ pour s’affranchir de l’arrière-plan en photographie de portrait.

IV.4 Influence de l‘ouverture sur la profondeur de champ


La profondeur de champ
correspond à la zone de l'espace dans laquelle l’objet doit se trouver pour que l'on puisse en obtenir
une image comme nette sur le récepteur → elle dépend de la limite de résolution du capteur.

Expérience :
L'objet est une grille contrastée de pas 1 mm accolée à un calque. On l’incline à 45°
autour d'un axe vertical et on forme une image nette de son centre sur l'écran. On peut alors regarder
l’influence qu’à l’ouverture sur l’image :

Objectif photo Écran éloigné

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut vérifier que le nombre de traits vus nettement est une fonction croissante du nombre
d’ouverture (cf. [1], p. 35-36 pour plus de détails) → Plus le diaphragme est fermé plus la profondeur
de champ est grande. Cela s’explique facilement car l'influence de l'ouverture sur la profondeur de
champ est un phénomène purement géométrique :

Diamètre du cercle de moindre


Profondeur de champ
confusion

B A C
B A’ C’
Diaphragme Objectif ’

La mise au point étant faite sur A, son image A’ sur la pellicule est ponctuelle si on suppose
l’instrument parfait. L’image sur la pellicule d’un point de l’axe différent de A est une tâche et les
points pour lesquels cette tâche à un diamètre inférieur à celui du cercle de moindre confusion sont
ceux du segment BC. Si le diamètre ε correspond à la limite de résolution du récepteur, tous les points
entre B et C seront considérés comme nets → la profondeur de champ est la distance BC. Elle est
d’autant plus grande que le diaphragme est petit.

V CHAMP EN LARGEUR ET OUVERTURE


Le champ d'un instrument d'optique est la portion
d'espace visible à travers l'instrument et dont l'image est "satisfaisante" ; il se définit donc par deux
dimensions : sa largeur (angulaire ou linéaire) et sa profondeur.

V.1 Pré requis


Un instrument d'optique comporte un certain nombre de lentilles et de
diaphragmes qui ont chacun leur "conjugué optique" dans l'espace objet et dans l'espace image
(conjugué par rapport à la partie du système situé en avant ou en arrière). Ceux de l'espace objet
portent le qualificatif « d'entrée » ceux de l'espace image le qualificatif de « sortie ». Raisonnons par
exemple dans l'espace objet. Les lentilles et diaphragmes de l'instrument (œil compris) y ont leur
conjugué C1, C2, C3 ... :
O3
C1 C2 C3
O2
O1

B Axe optique
O

Plan objet

V.1.1 Diaphragme d'ouverture


De O, point central du plan objet, celui qui est
vu sous le plus petit angle constitue la pupille d'entrée de l'instrument (C3 ici). La lentille ou le
diaphragme réel qui lui correspond dans l'instrument est le diaphragme d'ouverture. C'est lui qui
limite l'éclairement de l'image. A titre d’exemple, dans un appareil photographique simple, le

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

diaphragme placé tout contre l'objectif constitue à la fois de diaphragme d'ouverture et la pupille
d'entrée (son image dans l'espace objet est confondue avec lui-même).

V.1.2 Diaphragme de champ


De B, point central de la pupille d'entrée, le
conjugué vu sous le plus petit angle constitue la lucarne d'entrée de l'instrument (C1 ici) ; le
diaphragme qui lui correspond dans l'instrument est dit diaphragme de champ. C'est lui qui détermine
la fraction du plan objet dont le système forme l'image.

Détermination des champs en largeur :


Sur la figure précédente la portion O-O1 définit le champ de
pleine lumière : dans cette zone, tous les rayons issus d’un point et passants dans la pupille d'entrée
ne sont arrêtés par aucun diaphragme. La portion O1-O3 définit le champ de contour : un certain
nombre de rayons peuvent passer à travers l'instrument sans être arrêtés par aucun diaphragme, mais
ils sont de moins en moins nombreux quand on s’approche de O3, d’où une gradation de la lumière
dans la portion image correspondant à la partie objet O1-O3.

V.2 Mise en évidence


On réalise un instrument d'optique artificiel avec deux lentilles
et deux diaphragmes. Il est intéressant en montage de coupler cette étude à l’observation des éléments
constitutifs d’un instrument réel (une lunette de visée par exemple).
A L2
L1

A’
QI A’’

 2 f1 D1 Écran éloigné
D2

A : grille de pas 5 mm sur calque


L1 : lentille 250 mm avec écran bois adapté
L2 : lentille 150 mm avec écran bois adapté
D1 D2 : diaphragmes → les fixer sur des pieds latéraux pour pouvoir les accoler aux lentilles

On place Dl le plus près possible de Ll ; D2 aura diverse positions. Pour raisonner, on se placera dans
« l'espace intermédiaire », entre les deux lentilles, c'est à dire dans une portion d'espace où les
différents diaphragmes sont directement accessibles sans qu'on ait besoin de chercher leurs conjugués
optiques.

V.2.1 Recherche du diaphragme d’ouverture


Ouvrir D2 au maximum. Si on
agit sur D1 en le fermant de plus en plus, l’image sur E reste sensiblement de même dimension, mais
son éclairement diminue. D1 est donc diaphragme d’ouverture et, comme il est son propre conjugué
dans l’espace objet, il est aussi pupille d’entrée. La pupille de sortie D’1 est l’image de D1 donnée par
L2 ; la rechercher en plaçant un petit objet sur L1 et en recherchant son image. La pupille de sortie
constitue le cercle oculaire. Tous les rayons lumineux contribuant à la formation de l’image qui ont
traversé D1 passent dans ce cercle. C’est ici qu’on placera l’œil dans le cas d’un appareil subjectif.

V.2.2 Recherche du diaphragme de champ


On ôte D1, on ferme D2. L’image
sur l’écran diminue en dimension, l’éclairement restant sensiblement constant. D2 est donc
diaphragme de champ et, puisqu’il est son propre conjugué dans l’espace image, il est aussi lucarne
de sortie. La lucarne d’entrée est l’image de D2 donnée par L1. Si on diminue trop le diamètre de D2,

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

il viendra un moment ou l’angle sous lequel on le voit depuis A’ sera inférieur à celui sous lequel on
voit D1. D2 sera alors aussi diaphragme d’ouverture. Ne pas atteindre ce cas car il ne correspond pas
à un cas réel. C’est à peu près toujours la monture de la première lentille (objectif) qui est diaphragme
d’ouverture (sauf quelques fois quand il y a intervention de l’œil) et celle du premier verre de
l’oculaire (en général composé) qui est diaphragme de champ.

V.2.3 Suppression du champ de contour


On ôte D1 et D2. L’image sur l’écran
n’a pas un éclairement uniforme (les bords sont plus sombres). Pour supprimer le champ de contour,
on peut placer un diaphragme dans le plan de l’image intermédiaire A’ (son image sur E doit être
nette) et le refermer jusqu'à ce que la luminosité de l’image soit homogène. Ceci se produit lorsque
D2 recouvre juste la partie champ de contour (cf. [2], p.104 –105).
Champ de pleine Champ de contour
L1 lumière L2

Diaphragme Diaphragme
Plan image
d’ouverture D1 de champ D2
intermédiaire
Les instruments d'optique réels correspondent à ce cas : la luminosité est limitée par l'objectif et un
diaphragme de champ est placé dans le corps de l'instrument pour supprimer le champ de contour et
réduire la lumière parasite (lunette astronomique, microscope, etc...).

V.2.4 Utilisation d'une lentille de champ


On ôte les diaphragmes et on ajoute
dans le plan de l'image intermédiaire A' une lentille L3 de grand diamètre dont la focale est telle que
l'image de L1 soit à peu près sur L2 (une focale de 10-15 cm convient ici). On constate que le champ
en largeur de l'appareil est augmenté et que les aberrations sont réduites (image plus nette et moins
déformée). Cela est lié au fait que la lentille de champ renvoie vers la lentille L2 les rayons qui
s'écartent de l'axe optique (cf. [2], p.106). Une application importante du verre de champ se rencontre
dans les oculaires (oculaire de microscope par exemple).

VI ABERRATIONS

VI.1 Aberrations géométriques


Elles résultent des écarts à l’optique de Gauss (une
lentille sphérique n’est stigmatique et aplanétique que dans ces conditions) → elles apparaissent
pour des points objets non axiaux, une grande ouverture des faisceaux, et des pinceaux lumineux très
inclinés. Dans ce cas, l'écart entre l'image paraxiale et l'image effectivement obtenue est une fonction
de h, distance entre le rayon et l'axe optique dans la pupille d'entrée, et de y', distance entre l’image
et l'axe optique. En se limitant au début du développement, on obtient (cf. [2], p.25) des termes en :
- h3 qui correspond à l’aberration sphérique. Elle apparaît lorsqu’on a un faisceau très
ouvert (ordre 3 en h) et c’est la seule aberration qui existe pour un point situé sur l’axe optique (ordre
0 en y’).
- h2y’ qui correspond à la coma. Elle apparaît lorsque le point image est légèrement
décalé de l'axe (ordre 1 en y') avec une ouverture de faisceau relativement importante (ordre 2 en h).

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- hy’2 qui correspond à l’astigmatisme et à la courbure de champ. Cette aberration


apparaît lorsque le point image est encore plus décalé de l'axe optique (ordre 2 en y') avec un
diaphragme peu ouvert (ordre 1 en h).
- y’3 qui correspond à la distorsion. Ce défaut s’observe avec une très faible ouverture
(ordre 0 en h) lorsque le point image est très décalé de l'axe optique (ordre 3 en y'). Cette dernière
aberration est différente des autres car elle n'influe pas sur la netteté de l'image puisqu'elle est
indépendante de h. Par ailleurs, dans le cas d'une lentille unique, elle s'annule quand la pupille d'entrée
est située sur la lentille. Pour la voir, il faudra donc écarter le diaphragme de celle-ci.
On ne présentera pas ici toutes les aberrations possibles mais celles que l’on rencontre le plus
fréquemment en montage : l’aberration sphérique, la coma (aberrations d’ouverture : points axiaux
ou quasi axiaux envoyant des faisceaux larges) et la distorsion (aberration d’inclinaison : points
éloignés de l’axe envoyant des rayons inclinés en pinceaux fins).

VI.1.1 Aberration sphérique (h3)


y’o → c’est la seule pour un point axial
h3 → grande ouverture du faisceau

Manipulation :
[1], p.37-39 ; [2], p. 27 L1 L2 Nappe tangentielle
Nappe sagittale
F
T
C
QI

Cuve diffusante
f1 (fluorescéine)
C : 6 cm
F : filtre jaune gélatine
TS : trou  1mm
L1 : lentille Leybold 50 cm
L2 : lentille plan convexe de focale 10 – 20 cm

Le trou source doit être petit (point axial). On ajuste le tirage de la lampe pour éclairer totalement la
lentille L1. Cette lentille sert à former un faisceau parallèle pour exploiter quantitativement cette
manipulation (l’aberration s’observe même si le faisceau d’entrée n’est pas parallèle). On conseille
la lentille Leybold car son grand diamètre permet d’éclairer totalement la lentille L2. On conseille de
prendre une lentille plan-convexe pour L2 car elle présente une forte aberration sphérique.

On commence en ne respectant pas la règle des 4 P. On observe l’apparition de la nappe tangentielle


en premier puis la nappe sagittale en déplaçant la cuve. Le rajout d’un diaphragme (le centrer avec
soin) ou le respect de la règle des 4 P doit atténuer ces aberrations. On peut exploiter quantitativement
cette manipulation en mesurant la longueur l1 de la nappe sagittale lorsque l’on respecte les 4P et cette
même longueur l2 lorsqu’on ne respecte pas cette règle. Le rapport l2/ l1 vaut 3,86 avec une plan
convexe lorsque le faisceau incident est parallèle. Le calcul aboutissant à ce résultat n’est pas simple
mais il consiste dans le principe à déterminer dans chaque cas la trajectoire du faisceau qui passe à
une distance donné du centre optique en utilisant directement la loi de Descartes sans simplification.
On conseille de remplacer la cuve diffusante par un écran translucide dépoli monté sur un banc
d’optique pour effectuer les mesures de l1 et l2.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Conclusion :
Lorsqu’on utilise une lentille, on placera toujours la face la plus plate du côté de ce
qu’il y a de plus proche entre l’écran et l’objet pour réduire l'aberration sphérique.

On peut refaire l’expérience avec une lentille sur support laiton. On constate une aberration nettement
moins importante. Toutes ces lentilles sont des achromats : elles sont constituées de deux lentilles
(une convergente, une divergente) de dispersion différente liées par du baume du canada (demander
à l’enseignant d'en démonter une). Cette disposition permet d’atténuer à la fois les aberrations
chromatiques et géométriques → ces lentilles sont à utiliser en priorité dans les montages d’optique,
les lentilles simples étant moins bonnes du point de vue des aberrations.

VI.1.2 La coma (h2y’)


y’1 → point objet voisin de l’axe
h2 → faisceau moins ouvert

Mise en évidence :

C
QI

F TS
L E
C : 6 cm 15 cm 55 cm
F : filtre gélatine jaune
TS : trou source  1 mm
L : lentille  15 cm avec écran noir adapté

On déplace E pour trouver l’image de TS (L doit être parfaitement perpendiculaire à l’axe optique en
horizontal et vertical). Une fois sur cette image, on incline la lentille pour observer la coma.5

Explication :
C’est l’aberration de sphéricité par continuité quand on décale O.
 ’
L

A’
O
O’
A

Elle intervient souvent dans les montages lorsqu’on forme l’image d’un trou ou d’une fente (un bord
est alors net et pas l’autre). Si l’image présente cette aberration, on la corrige en alignant l’axe optique
de la lentille avec le trou source. Le sens dans lequel se développe la coma renseigne sur l’axe à
corriger (vertical ou horizontal).

VI.1.3 La distorsion (y’3)


ho → diaphragme très fermé
y’3 → objet étendu

5
Incliner la lentille revient au même que décaler le trou source de l’axe optique.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
E
D’ L
C
QI

DG
C : condenseur x 6
D : dépoli
G : grille pas 0,5 cm
D’ : diaphragme
L : plan convexe x 20 grand diamètre

On place le diaphragme D à différents endroits sur l’axe optique. On s’aperçoit alors qu’il n’y a pas
de distorsion lorsque D est sur L. On a de la distorsion en barillet lorsque D est placé avant L et de la
distorsion en coussinet lorsque D est situé au-delà de L. Se reporter à [2], p. 31 pour l’explication de
ces phénomènes. Cette aberration perturbe fréquemment la projection d’un objet transparent étendu
avec une source ponctuelle car c’est alors l’image de S (par le condenseur) qui joue le rôle de pupille
limitante. Pour y remédier, il faut ajuster le tirage de la lampe pour placer S’ sur L : la distorsion est
éliminée et la luminosité est accrue.

VI.2 Aberrations chromatiques


Cette aberration provient de la dispersion du
verre (formule de Cauchy) :
𝐵
𝑛2 = 𝐴 +
𝜆2
1 1 1
Or : = (𝑛 − 1) ( − ) → 𝑓 = 𝑓(𝜆)
𝑓 𝑅1 𝑅2

1 1 Δ𝑓 Δ𝑛
= (𝑛 − 1)𝐴 → 𝑓= → 𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑎𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒𝑠 log =−
𝑓 (𝑛 − 1)𝐴 𝑓 𝑛−1

𝛥𝑛/(𝑛 − 1) représente le pouvoir dispersif du verre (cf. [1], p. 41). On le calcule par convention de
la façon suivante :
𝑛𝐵 − 𝑛𝑅
𝑃𝐷 =
𝑛𝐽 − 1

Ou nB , nJ , nR sont les indices pour les radiations B = 486 nm, J = 589 nm et R = 656 nm (ces
radiations correspondent à des raies de lampes spectrales au mercure et sodium).

Mise en évidence :
L

FI

QI

O
E

O : rapporteur quadrillé sur dépoli


L : lentille Leybold 500 mm
FI : filtres interférentiels bleu 453,7nm T = 82 % et rouge 650 nm
E écran placé à 2 m

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les écarts de mise au point étant assez faibles, on conseille de placer l'objet et la lentille sur banc
d'optique. On commence par faire une image la plus nette possible avec un des filtres interférentiels
puis on passe à l’autre filtre. L’image doit alors être légèrement floue et il faut réajuster la position
de L pour retrouver une image nette. On met ainsi en évidence une différence de distance focale
suivant la longueur d'onde. On ne propose pas d’exploitation quantitative pour cette manipulation car
les résultats sont peu précis.

VII ROLE DE LA DIFFRACTION


Ce phénomène, résultant de la limitation latérale du faisceau,
constitue la limite ultime au pouvoir séparateur d’un instrument (cette qualité exprime l'aptitude d'un
instrument d'optique à séparer et à percevoir des détails rapprochés linéairement ou angulairement).
Se reporter au montage « Diffraction » pour la manipulation.

Si la diffraction constitue la limite ultime, il faut savoir que d’autres facteurs interviennent avant dans
la pratique :
- les aberrations du système optique (aberrations géométriques et chromatiques).
Ce sont souvent ces aberrations qui limitent la résolution des montages expérimentaux lorsqu’ils sont
mal faits !

- la structure discontinue du récepteur intervient aussi (structure granulaire de


l’œil ou d’une plaque photographique).

- dans les spectroscopes à fentes, la largeur des fentes utilisées peut aussi limiter
la résolution (si l’image géométrique d’une fente est plus grande que le  que l’on veut résoudre par
exemple).

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique expérimentale
[2]: Duffait : Expériences d’optique – Agrégation de Physique
[3]: Balland : Optique Géométrique ; Imagerie et Instruments
H PREPA : Optique 1ère année MPSI - PCSI – PTSI

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INTERFERENCES LUMINEUSES

I INTRODUCTION
Le phénomène d’interférence est un phénomène ondulatoire dû à l'addition de
vibrations de même longueur d'onde et cohérentes (c'est-à-dire présentant une différence de phase
constante). Les interférences s'expliquent en termes de déphasage ou de différence de marche entre
deux rayons cohérents arrivant au même point ; les interférences destructives se produisent lorsque
la différence de marche (d.d.m.) est égale à une demi-longueur d'onde (à un nombre entier de longueur
d'onde près) ; les interférences sont constructives lorsque la différence de marche est égale à la
longueur d'onde (à un nombre entier de longueur d'onde près).

Les interférences créées par l'émission de deux sources ponctuelles cohérentes S 1 et S2 forment des
surfaces d'interférence constructive. Ces surfaces d'interférences constructives sont définies par la
relation 𝑆1 𝑃 − 𝑆2 𝑃 = 𝑘 où 𝑘 est un entier, vérifiée par tout point P de la surface. Ce sont en fait des
hyperboloïdes de révolution (d'axe la médiatrice du segment 𝑆1 𝑆2), dont les intersections avec un plan
orthogonal à l'axe sont des hyperboles (dégénérées en droites à proximité de l'axe).

Les phénomènes d'interférences entre les vibrations émises par deux sources sont faciles à mettre en
évidence en acoustique et en mécanique où les problèmes de cohérence sont moins critiques.
L'obtention d'interférences en optique est plus délicate et fait apparaître de façon fondamentale la
notion de cohérence entre les vibrations qui doivent interférer. Si on considère une nouvelle fois le
cas de deux sources, l'intensité lumineuse résultant de la superposition en un point P des deux
vibrations (supposées de même amplitude) est donnée par la relation :
𝐼(𝑃) = 2𝐼0 {1 + 𝑐𝑜𝑠[𝜑2 (𝑃) − 𝜑1 (𝑃)]}
On doit s'attendre à ce qu'elle varie de 0 à 4𝐼0 . En général il n'en est rien ; on obtient la plupart du
temps un éclairement correspondant à la somme des éclairements obtenus séparément. Autrement dit,
si l'on ne prend pas de précautions, le terme d'interférence est nul. Cette difficulté, propre à l'optique,
est due au mécanisme d'émission de la lumière : dans une source classique, l'émission est produite en
excitant des atomes. Ceux-ci passent à un niveau d'énergie supérieur puis retombent à leur niveau
fondamental en émettant un train d'onde, etc., etc.…La durée des trains d'ondes est typiquement de
l'ordre de 10-6 à 10-9 s et, d'une émission à l'autre (cohérence temporelle) ou d'un atome à l'autre
(cohérence spatiale), la phase varie de manière aléatoire. La plupart des détecteurs utilisés ayant un
temps de réponse long devant la durée des trains d'ondes, ils ne peuvent détecter instantanément
l'intensité en une position donnée. Par conséquent, ils donnent une mesure moyenne de cette intensité.
La phase variant de manière aléatoire, on a alors 〈𝑐𝑜𝑠[𝜑2 (𝑃) − 𝜑1 (𝑃)]〉 = 0 ce qui explique qu’on
n’observe pas le terme d'interférence.

Il est important de comprendre qu'aucune source n'est intrinsèquement incohérente. L'incohérence


résulte simplement d'un processus de mesure qui rejette une information présente dans la figure
d'interférence mais qu'on atteint effectivement qu’à l'aide d'un dispositif de détection sensible à des
durées inférieures à celles des trains d'ondes (extrêmement difficile à réaliser en pratique).

Obtention de vibrations cohérentes en optique


On peut remédier à la difficulté précédente en
obtenant deux ondes à partir d'une même source, soit par division d'amplitude (interféromètre de
Michelson …), soit par division du front d'onde (fentes d'Young …). Dans ce cas, bien que la phase
de chaque source soit erratique, leur phase relative reste constante et de nature purement géométrique

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

; on le comprend facilement sur l'expression du déphasage dans le cas d'un dispositif à division du
front d'onde :
2𝜋
𝜑2 (𝑃) − 𝜑1 (𝑃) = 𝜑2 (𝑆2 ) − 𝜑1 (𝑆1 ) + [𝑆 𝑃 − 𝑆1 𝑃]
𝜆 2
Terme dépendant du temps Terme géométrique
lié au processus d'émission indépendant du temps

Le premier terme varie de façon aléatoire et très rapide. Les interférences qui en résultent ne sont
donc pas observables avec les détecteurs classiques. Le second terme donne un phénomène
d'interférences stable dans le temps puisque ne dépendant que des coordonnées géométriques. On
propose d'étudier les problèmes liés à l'obtention d'interférences contrastées sur les deux types de
dispositifs interférentiels.

I.1 Cas d’une source quasi ponctuelle et quasi monochromatique


Lorsqu’on éclaire
un dispositif interférentiel avec une source ponctuelle (cohérence spatiale parfaite) et
monochromatique (cohérence temporelle parfaite), on obtient des interférences avec un contraste
maximum et sensiblement constant dans tout l’espace de superposition des ondes →
l’observation des interférences ne pose alors aucun problème. La source s’approchant le plus de ce
cas de figure est le laser.

Montage :
On propose de vérifier la propriété énoncée précédemment en éclairant un système
interférentiel avec un faisceau laser élargi à l’aide d’un objectif de microscope. Le faisceau obtenu
présente alors des variations d’intensité résultant d’interférences dues aux poussières, traces
d’empreintes sur l’objectif, ... qui diffractent la lumière. Si on veut éliminer ce speckle, il faut faire
passer le faisceau dans un trou microscopique pour éliminer les rayons diffractés (cf. § IV.2.4 du
montage diffraction) mais il faut un matériel spécifique qui est délicat à régler donc cela n’a rien
d’indispensable.
E

laser
20
TS Système interférentiel

On peut utiliser différents systèmes interférentiels. Il vaut mieux placer le dispositif choisi assez près
de la source (10 - 20 cm) et éloigner suffisamment l’écran (1 - 2 m) pour avoir un interfrange
appréciable.

Bi prisme de Fresnel :
Ce dispositif à dispositif du front d’onde est le plus simple à mettre en
œuvre. Il suffit de le placer dans le faisceau laser élargi et regarder le résultat sur l’écran. Pour plus
de précision sur le principe du bi prisme, se reporter à [3], p. 154.

Miroir de Fresnel :
L’obtention de la figure d’interférence est plus délicate à obtenir. La principale
difficulté est d’identifier les deux faisceaux réfléchis par les miroirs et de les faire se recouvrir. On
peut commencer en donnant un angle assez important entre les miroirs (quelques tours de vis). On
place le dispositif dans le faisceau avec les miroirs  parallèles à l’axe optique jusqu’à masquer
environ la moitié du faisceau laser (phase 1). On pivote ensuite les deux miroirs autour d’un axe
vertical (phase 2). Si l’angle entre les deux miroirs est suffisamment important, on doit voir à côté de

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

la moitié du faisceau d’origine deux bandes lumineuses correspondant aux faisceaux déviés par les
miroirs. On desserre alors la vis donnant l’angle pour rapprocher les deux images jusqu’à ce qu’elles
se recouvrent entièrement.
1 E
2

Fentes d’Young :
Il faut des bi fentes suffisamment fines pour avoir une figure de diffraction large
et suffisamment proches pour obtenir un interfrange appréciable. Les bifentes commercialisées par la
société Didalab (jeu de 3 doubles fentes d’écartements 0,2/0,3/0,5 mm, de largeur 0,07 mm)
répondent bien à ces critères. A défaut, on peut utiliser les bifentes métalliques commercialisées par
la société Leybold (réf. 469 92 ; prendre la bi fente A sur cette diapositive). Dans tous les cas, la
figure obtenue est peu lumineuse car seule une faible partie de la lumière est utilisée. Si on souhaite
une expérience plus lumineuse, on peut éclairer directement les bifentes avec un laser non élargi :

Bi fente E
laser He - Ne

d1 d2

Les bifentes métalliques ont une meilleure fonction de transparence donc le facteur de forme
correspond le mieux à celui prévu par la théorie. En revanche, l'espacement important des fentes sur
ce modèle donne un petit interfrange et leur largeur donne un facteur de forme assez resserré (pour
ces notions, se reporter au montage sur la diffraction). Les bi fentes Didalab quant à elles ont une
fonction de transparence moins bonne mais elles donnent des interfranges plus importants avec un
terme de diffraction plus étalé → A vous de choisir celle qui vous convient le mieux.

On ajuste d1 de façon à éclairer largement la bi fente (au moins 1 mètre, voire plus suivant le laser
utilisé) et d2 de façon à avoir un interfrange assez important (2 mètres au minimum). Si la figure
d’interférence n’est pas très belle, il faut retouchez le centrage latéral de la bifente par rapport à l’axe
optique pour que les deux fentes soient éclairées de la même manière. Pour y parvenir, on peut s’aider
d’un pied à déplacement latéral car cette condition est délicate à réaliser avec un faisceau laser non
élargi vu sa petite section et le caractère Gaussien de son profil en intensité.

Dispositif à anneaux de Newton :


Par rapport aux systèmes précédents, celui-ci est à division
d’amplitude. Son emploi est simple avec un faisceau laser élargi ; il suffit de le placer dans le faisceau,
lui faire subir une rotation suivant l’axe de son pied jusqu’à observer correctement les anneaux. Ceux-
ci peuvent être observés en transmission (Imax au centre, faible contraste) ou en réflexion (Imin au
centre, meilleur contraste).

Manipulation :
Quel que soit le dispositif employé, il faut montrer en déplaçant l’écran que les
franges d'interférences ne sont pas localisées et qu’elles s'observent avec un contraste sensiblement
constant dans tout le domaine ou les ondes interfèrent.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2 Cas d’une source large et poly chromatique


Si on refait la même manipulation
avec une lumière blanche non diaphragmée, les figures d’interférences ne sont plus visibles (à nuancer
sur le dispositif à anneaux de Newton → cf. § II.2.1).

Conclusion :
Si on veut observer des interférences avec une source autre qu’un laser, il faut prendre
certaines précautions et respecter certaines conditions.

II INFLUENCE DE LA COHERENCE SPATIALE


On suppose dans ce chapitre qu’il n’y a pas
d’effets de cohérence temporelle. On s’en affranchit en pratique en considérant des d.d.m. faibles et
en employant des sources à spectre réduit.

La cohérence spatiale est un concept traduisant l’influence de l’extension d’une source lumineuse sur
le contraste des franges. Lorsqu'on utilise une source spatialement étendue, le contraste des franges
diminue, mais cette diminution peut être faible, voire nulle, dans certaines régions de l'espace : on dit
qu'il y a localisation.

II.1 Bi fentes d’Young


Si on veut observer des interférences avec une source large, il
faut s’en éloigner ou la diaphragmer pour se rapprocher d’une source ponctuelle. Plutôt que d’utiliser
un trou source, on prend une fente pour accroître la luminosité de la figure d’interférence.

Remarque :
Les manipulations suivantes peuvent aussi se faire avec des miroirs de Fresnel. On
gagne en luminosité car, contrairement aux bifentes d’Young, on ne fait pas appel à la diffraction
pour obtenir les faisceaux qui interfèrent. On peut alors utiliser un filtre gélatine jaune pour montrer
la figure d’interférences à une assemblée ou un filtre interférentiel peu sélectif en groupe restreint.
Par contre, l’exploitation quantitative des phénomènes est plus difficile car on ne connaît pas l’angle
entre les miroirs (il existe cependant une méthode pour le mesurer mais elle est délicate).

II.1.1 Influence de l’orientation de la fente source


La première condition à
réaliser pour visualiser les interférences est d’avoir une fente source bien parallèle aux bifentes.

C
QI

FS BF E
20 cm 2m

C : condenseur de 6 cm
FS : fente source réglable en largeur et en orientation
BF : prendre une bifente type Didalab ou la bifente métallique Leybold n° A (cf. § I.1)

On ajuste dans un premier temps le tirage du condenseur de façon à former l’image du filament sur
la bifente (meilleure luminosité). On place ensuite une fente source assez fermée contre la lampe et
on modifie son orientation jusqu’à observer les interférences. Si on n’en voit pas malgré ce réglage,

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

il faut refermer un peu plus la fente source. La figure d’interférence étant peu visible, on peut la
visualiser en utilisant une barrette CCD.

II.1.2 Influence de la largeur de la fente source


On part de l’expérience
précédente et on augmente progressivement la largeur de FS. On constate alors une annulation du
contraste puis son inversion (on peut ensuite observer une deuxième annulation mais c’est plus
délicat). Là aussi, une barrette CCD peut permettre la visualisation de l’inversion de contraste.

Explication :
On peut simuler l'effet d'un élargissement de la source en déplaçant une fente source
fine perpendiculairement à l’axe optique (on peut placer la fente source sur un pied à translation
latérale pour faciliter la manipulation).

E
QI

FS BF 2m
20 cm

On remarque alors que le système de franges se déplace en bloc. On comprend ainsi qu'une source
large va donner lieu à une juxtaposition de franges décalées, incohérentes entre elles, d'où un
affaiblissement du contraste : Si la source S éclaire les fentes F1 et F2 telles que SF1 = SF2 (cf. figure
ci-après), la frange centrale du système d’interférence est en O car les trajets SF1O et SF2O sont alors
égaux. Si la fente se déplace en S’, la frange centrale se déplace en O’ telle que SF1O’ = SF2O’.
Supposons que 𝑆 et 𝑆’ existent simultanément : lorsque 𝑦 est égal à une demie interfrange (on suppose
qu’on travaille en lumière monochromatique), la somme des éclairements sur l’écran est alors
constant puisqu’à 𝐼𝑚𝑎𝑥 de 𝑆 correspond 𝐼𝑚𝑖𝑛 de 𝑆’ et vice versa → les franges disparaissent pour une
valeur 𝑥 = 𝑥0 . Lorsque 𝑦 est égal à une interfrange, la somme des éclairements sur l’écran
correspond alors au double de celui donné par une seule fente car alors à 𝐼𝑚𝑎𝑥 de 𝑆 correspond aussi
𝐼𝑚𝑎𝑥 de 𝑆’→ les franges réapparaissent.

E
F1
S’
x
O
S
y
F2

BF O’
Si on considère maintenant une fente source de largeur égale à 2𝑥0 , on peut la décomposer en série
de raies élémentaires telle qu’à toute fente du côté supérieur de l’axe optique corresponde une fente
dans la partie inférieure, dont la somme des éclairements sur l’écran se compense → le système de
franges disparaît complètement pour cette largeur de FS. Si on continue à élargir la fente source au-
delà de 2𝑥0 , les franges réapparaissent : les parties au-delà de 2𝑥0 , tant qu’elles sont suffisamment
petites, donnent un système de franges qui se superpose en intensité au fond continu dû à la partie
2𝑥0 → les franges sont très peu contrastées.

Mesures :
Lors du premier brouillage, on a (cf. annexe) 𝑎 = 𝜆𝑑/𝑏 → connaissant la valeur de 𝑏
(distance entre les bi fentes) et en mesurant 𝑑 (distance FS – BF), on peut en déduire la valeur de 𝑎

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

(largeur FS) et comparer à la lecture donnée par la FS étalonnée. Pour ce faire, il faut travailler en
lumière ≈ monochromatique. On peut utiliser un filtre interférentiel mais s’il abaisse trop la
luminosité du phénomène, on peut se contenter d’un filtre coloré en verre ou en gélatine.

Remarque importante :
Au-delà de cette largeur, la source n’est plus suffisamment cohérente
spatialement pour obtenir des interférences contrastées. Il faut cependant avoir conscience que cette
largeur ne vaut que pour le montage considéré ! On peut s’en convaincre en faisant la manipulation
suivante :
- on ajuste la largeur de FS pour avoir un contraste correct. On déplace alors l’écran. Le
contraste de la figure d’interférence doit rester sensiblement constant.
- on replace l’écran dans sa position d’origine. On ajuste cette fois-ci la largeur de FS
pour avoir le brouillage puis on déplace la bifente suivant l’axe optique de part et d’autre de son
emplacement d’origine → on voit réapparaître les franges.

On peut justifier ces observations à la vue des considérations effectuées ci-après sur j.

II.1.3 Influence sur la localisation


On reprend le montage avec une FS
suffisamment fermée. Les franges s’observent alors avec un contraste sensiblement identique quelle
que soit la position de l’écran et elles se déplacent toujours si on déplace la FS → il y aura toujours
un affaiblissement du contraste quand on augmente la largeur de la FS. Si règle la FS pour avoir une
annulation du contraste, on peut vérifier que cette annulation s’observe quelque que soit la position
de l’écran → le brouillage des franges a lieu dans tout l’espace ou les faisceaux diffractées se
recouvrent donc les franges d’Young ne sont pas localisées.

Explication :
BF E
S’
x
S
q

Le déplacement 𝑥 de 𝑆 à 𝑆′ introduit au point M une variation de phase, qui vaut au premier ordre :
2𝜋𝛥𝜃𝛥𝑥
𝛥𝜙 = Où q est l'angle sous lequel on voit la bi fente depuis S
𝜆
Dans cette limite, j est indépendant de la position de l'écran et le contraste des franges a donc la
même valeur en tous points de l'espace au-delà des bi fentes. En revanche, j dépend de 𝑥 ce qui
permet aussi de justifier le brouillage.

II.2 Michelson en coin d’air


On règle préalablement le Michelson au voisinage du
contact optique.

Manipulation :
On accole une lentille L1 de 150 mm de focale contre la face d’entrée du Michelson
(cf. schéma ci-après). On prend un condenseur de 6 cm logé dans un tube cylindrique pour minimiser
l’éclairement parasite qu’on accole à la sortie de la lampe. On place l’ensemble à une vingtaine de
centimètres de la lentille de 150 mm. On intercale un petit trou source entre les deux et on le déplace
suivant l’axe optique jusqu’à voir le faisceau réfléchi par le miroir du Michelson reconverger vers le

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

diaphragme → le diaphragme est alors dans le plan focal de la 150 mm et on éclaire le coin d’air en
lumière parallèle. On déplace alors l’ensemble lampe + condenseur de façon à faire converger un
maximum de lumière dans le trou. On place ensuite une lentille de courte focale (≈ 15 cm) en sortie
du Michelson pour faire l’image des miroirs sur un écran placé à environ 1 m de la sortie de l’appareil.
On règle alors le coin d’air de façon à ce que les franges soient verticales.

M1 M2

C 2

Trou variable
L1
Hg BP
L2

L1, L2 : 150 mm

E 1

II.2.1 Influence de la cohérence spatiale sur la localisation des franges

Manipulation 1 :
On ouvre progressivement le trou source et on note l’évolution de la figure
d’interférence. Le contraste doit rester sensiblement le même quand l’écran est dans le plan conjugué
des miroirs par rapport à L2. Par contre, il doit fortement chuter quand l’écran est en avant ou au-delà
du plan de conjugaison (mouvement 1) et il faut alors refermer le trou source pour retrouver du
contraste.

Conclusion :
Lorsque la source est suffisamment petite, les interférences sont délocalisées (à
rapprocher de la manipulation du § I.1 sur les anneaux de Newton). Lorsque la source est large, les
interférences sont localisées sur les miroirs. Les manipulations suivantes permettent de comprendre
pourquoi.

Manipulation 2 :
On ferme le trou source au maximum. Si on déplace le trou source dans une
direction perpendiculaire à l’orientation des franges (mouvement 2 si les franges sont verticales), on
doit faire les constations suivantes :
- les franges doivent se déplacer en bloc en suivant les
mouvements du TS lorsque l’écran est avant ou après le plan conjugué des miroirs.
- les franges doivent se déplacer nettement moins lorsque
l’écran est dans le plan conjugué des miroirs.

Cela explique pourquoi le Michelson en coin d’air est moins sensible à la cohérence spatiale lorsque
l’on observe les interférences au niveau des miroirs.

Il faut noter que cette propriété se retrouve dans tous les systèmes interférentiels donnant des franges
d’égale épaisseur. C’est la raison pour laquelle les fines lames de savon donnent des franges
contrastées même lorsqu’on les éclaire avec une source large. On peut aussi le vérifier sur le dispositif
des anneaux de Newton (cf. § I.1). Lorsqu’on l’éclaire avec le laser, on observe des interférences

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

partout ; si on l’éclaire avec une source de lumière blanche, on n’en voit plus sauf à l’interface entre
les lames et on peut les projeter à l’aide d’une lentille en faisant l’image de l’interface sur un écran.

II.2.2 Influence de la différence de marche


L’effet d’un déplacement latéral est
faible lorsque l’écran est dans le plan conjugué des miroirs par rapport à L2 mais il est plus important
si on s’éloigne du contact optique.

Manipulation :
On s’éloigne suffisamment du contact optique et on refait la manipulation 2 du §
précédent : lorsque l’écran est avant ou après le plan conjugué des miroirs, l’effet est encore plus fort.
Lorsque l’écran est dans le plan conjugué des miroirs, l’effet qui était peu perceptible auparavant est
maintenant plus visible.

Conclusion :
Le Michelson est d’autant moins sensible à la cohérence spatiale que l’on est près du
contact optique. Là encore, cette propriété est valable pour tous les systèmes interférentiels donnant
des franges d’égale épaisseur.

Autre manipulation possible :


Elargir au maximum le trou source. Charioter jusqu'à ce que les
franges deviennent peu visibles. Fermer le trou. On doit voir réapparaître les fanges (cette
manipulation n’apporte pas grand-chose de nouveau par rapport aux précédentes).

Remarque :
Ce phénomène ne s’explique pas par une augmentation de la profondeur de champ
(profondeur de champ → on diaphragme la lentille ; cohérence spatiale → on diaphragme la source).

II.3 Michelson en anneaux


Pour le réglage du Michelson en anneaux, se reporter au
topo « Principe et réglage des interféromètres ».

Manipulation 1 :
M1 M2
C : condenseur 6 cm pour Michelson
L2 : lentille de grande ouverture de focale C
importante (50 cm – 1 m)

Partant du contact optique, charioter jusqu’à


dépasser la première anti coïncidence et
retrouver des anneaux contrastés (→ pas de L2
problème de cohérence temporelle). On déplace Na BP
alors l’écran de part et d’autre du foyer de la
f2
lentille L2 → les franges doivent se brouiller
dans les deux cas. Le contraste est maximum
lorsque l’écran est dans le plan focal de la E
lentille. On peut aussi enlever la lentille L2 et
commencer par mettre l’écran juste à la sortie du Michelson → les franges doivent être brouillées.
On éloigne alors l’écran → on retrouve du contraste sur le système d’anneaux.

Conclusion :
Le Michelson en anneaux est moins sensible à la cohérence spatiale de la source si on
observe les interférences au loin. Il est en toute rigueur complètement insensible à la cohérence

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

spatiale lorsque l’on effectue une observation à l’infini. L’observation dans le plan focal d’une
lentille correspond à ce cas de figure. Une justification simple de cette propriété se trouve dans [4],
p. 64. Une manipulation plus poussée sur ce sujet est proposée dans [1], p. 164 → s’y reporter.

Remarque :
Cette propriété a une importance capitale en spectroscopie car elle permet d’étudier
les problèmes de cohérence temporelle d’une source indépendamment de sa cohérence spatiale. On
la met à profit dans le § III.3.2.

Manipulation 2 :
Refaire le même type d’observation en étant cette fois-ci plus près du contact
optique → les problèmes de cohérence sont moins marqués (à rapprocher du § II.2.2).

II.4 Influence de la cohérence spatiale d’une source sur l’observation d’un


hologramme
Le laser n’est pas indispensable pour l’observation d’un hologramme (alors qu’il l’est
pour son enregistrement). On peut prendre une lampe à vapeur de sodium (bonne mono chromaticité).

Manipulation :

Na BP

TS
Hologramme

H : hologramme Phywe 08578.00


TS : diaphragme circulaire réglable en diamètre

Pour que l’observation puisse être visible de l’ensemble d’une salle, on peut utiliser une caméra vidéo.

Placez l’hologramme à environ 50 cm de la lampe. Ouvrir le TS au maximum et observez à travers


l’hologramme. L’image observée est floue. Refermez TS ; qu’observe-t-on ? Ré ouvrir TS jusqu'à la
moitié et éloignez progressivement l’hologramme de la lampe. Qu’observe-t-on ? Justifiez à la vue
des paragraphes précédents.

III INFLUENCE DE LA COHERENCE TEMPORELLE


On étudie uniquement dans ce
paragraphe l’influence de l’étendue spectrale d’une source sur le contraste de la figure d’interférences
que peut fournir un dispositif interférentiel. On supposera donc qu’il n’y a pas de problème de
cohérence spatiale.

Si les sources secondaires qui interfèrent ont même longueur d’onde, elles présentent une différence
de phase constante → l'intensité lumineuse résultant de la superposition en un point P des deux
vibrations (supposées de même amplitude) est donnée par la relation
𝐼(𝑃) = 2𝐼0 {1 + 𝑐𝑜𝑠[𝜑2 (𝑃) − 𝜑1 (𝑃)]} → Elle varie de 0 à 4𝐼0 . En revanche, deux ondes
monochromatiques de fréquences très légèrement différentes ne peuvent interférer de façon cohérente
à l'échelle des temps de réponse caractéristique des détecteurs optique car la différence de phase varie
alors trop rapidement (d’autant plus vite que les fréquences sont différentes) : elles sont dites
temporellement incohérentes entre elles ; en conséquence, leurs intensités s'ajoutent (au lieu des
amplitudes). Ce problème interviendra tout le temps avec une source réelle puisqu’elle émet toujours
dans un spectre plus ou moins étendu. Pour comprendre le résultat que l’on obtient à l'aide d’une telle
source, il suffit de la considérer comme une collection de raies élémentaires, quasi monochromatiques

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

et incohérentes entre elles. Chaque raie contribue à la figure d'interférences par une figure
élémentaire, dont l'interfrange dépend de la longueur d'onde ; chaque figure élémentaire s'ajoute aux
autres en intensité et affaiblit ainsi le contraste de la figure totale.

En pratique, lorsque l'on réalise une expérience interférométrique avec une source donnée, il est bon
de connaître la différence de marche maximale 𝑚𝑎𝑥 pouvant être atteinte sans avoir un brouillage
complet des franges. Lorsqu’une seule longueur de cohérence L suffit à décrire le spectre de la source,
on a alors 𝐿 = 𝑚𝑎𝑥 . Dans le cas de sources à raies multiples, la longueur de cohérence devient une
notion délicate à manipuler (cf. [1], p.242).

Remarque :
Il est tentant de vouloir montrer sur un dispositif interférentiel type Fentes d’Young,
Miroirs de Fresnel ou bi prisme de Billet la réduction du champ d’interférences lorsque la poly
chromaticité de la source augmente. On déconseille ce genre de manipulation pour plusieurs raisons :
- la différence d’intensité de ces sources rend délicate l’interprétation (voit-on plus de
franges parce que la lumière est plus monochromatique ou parce qu’elle est plus intense ?). De plus,
il est difficile d’obtenir des interférences lumineuses visibles avec certaines sources (lampe à vapeur
de sodium).
- ces systèmes sont sensibles à la cohérence spatiale ce qui rend délicate l’interprétation
des résultats.
L’emploi du Michelson en anneaux est en fait la méthode qui permet l’approche la plus rigoureuse
de ce problème car il est complètement insensible à la cohérence spatiale si l’on observe à l’infini (cf.
§ II.3) → on peut dès lors utiliser une source large et observer les phénomènes interférentiels dans
les meilleures conditions.

III.1 Mesure de longueurs de corrélation


Par longueur de corrélation, on entend
l’étendue maximum de différence de marche que l’on peut parcourir en observant des franges. Cette
manipulation permet de se fixer des ordres de grandeur pour chaque source.

III.1.1 Etude de quelques sources

C : condenseur  6 cm logé dans


tube métallique

L : lentille Leybold  500 mm C


S
S : sources diverses

L
On place un écran au foyer de la lentille L et un écran noir entre la source et l’écran pour éliminer la
lumière parasite. On règle l’interféromètre en anneaux d’égale inclinaison. Pour chaque source, on
chariote jusqu’à diminution significative du contraste. La longueur de cohérence L est le double de
la distance de chariotage mesurée.

Lampe Na BP :
Lorsqu’on chariote de part et d’autre du contact optique, on s’aperçoit que le
contraste est modulé en fonction de  et s'annule périodiquement pour un chariotage 𝑒 ≈ 0,3 𝑚𝑚.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Cette source est principalement constituée d’une raie jaune ( = 589,3 nm) qui est en fait un doublet
de raies fines distantes de  = 0,6 𝑛𝑚 et 𝐿𝑑𝑜𝑢𝑏𝑙𝑒𝑡 = 2𝑒. La largeur de ces raies module
également le contraste des franges (cf. [1], ou topo sur les interféromètres) ce qui fait qu’au-delà d’un
chariotage total d’environ 7 mm, on n’observe plus de franges.

Lampe Hg BP (20 W) :
Les franges sont colorées car plusieurs raies sont présentes, les plus intenses
étant la raie verte à 546 nm et le doublet jaune à 577 et 579 nm. Le contraste des anneaux diminue
progressivement à partir de l'ordre zéro et devient imperceptible à l’œil nu après environ 4 mm de
chariotage total (cette estimation est d'autant plus imprécise que les anneaux sont peu lumineux).

Lampe Hg MP (50 W) :
Les raies sont identiques à la précédente mais comme la pression est plus
forte, elles sont plus larges → le contraste s’annule plus rapidement : 𝐿𝑚𝑎𝑥 ≈ 0,3 𝑚𝑚

Lampe Hg HP (150 W) :
La pression est telle qu’on n’observe des franges qu’autour du contact
optique. La longueur de corrélation n’est pas mesurable ici.

III.1.2 Cohérence temporelle de la raie verte du mercure


Pour toutes les
expériences qui suivent, on sélectionne la raie verte en plaçant un filtre interférentiel centré sur 546
nm à la sortie de l’interféromètre pour ne pas l’endommager.

Influence de T :
Même montage que précédemment. Placez l’interféromètre au contact optique.
Prendre comme source la lampe à vapeur de Hg HP 150 W préalablement éteinte (elle doit être froide
au départ !) munie d’un condenseur de 6 cm. Allumez la lampe, ajustez rapidement le tirage de la
lampe et sa position de façon à éclairer la totalité des miroirs avec un faisceau le plus convergent
possible. Chariotez. Au bout d’environ 0,2 mm de translation, le contraste devient nul. Revenir en
arrière à un endroit où les anneaux sont visibles. Attendre quelques minutes. Qu’observe-t-on ?
Conclusion ?

Influence de P :
Partir de l’expérience précédente à un endroit où l’on n’observe plus d’anneaux.
Remplacez la Hg HP par une Hg BP. Que constatez-vous ? Justifiez.

Evaluation de la largeur de la raie :


Utilisez une lampe Hg MP ou Hg BP. Chariotez en partant du
contact optique. Observez que le contraste sur l'écran diminue progressivement lorsque l'on augmente
la différence de marche de part et d'autre de la différence de marche nulle. Repérez la valeur de 
correspondant à une réduction sensible du contraste. Le critère visuel n'étant pas précis, seul l'ordre
de grandeur de  a un sens. Cette décroissance étant monotone, le contraste n'est important que dans
un intervalle symétrique [− , + qui est égal à la longueur de cohérence de la raie. Pour le calcul
de  (principe et résultats), se reporter au montage « Principe et réglage des interféromètres ».

III.2 Cas de la lumière blanche


Les valeurs de d.d.m. pour lesquelles on observe des
interférences en lumière blanche sont tellement faibles qu’elles ne sont pas mesurables avec le
Michelson en anneaux. On peut cependant l’évaluer en utilisant l’appareil en coin d’air. Il devient
alors sensible à la cohérence spatiale mais ce n’est pas très gênant avec la lumière blanche car on doit
se placer au voisinage du contact optique. De plus, on regardera au voisinage des miroirs et on
diaphragmera la source ce qui minimise l’influence de la cohérence spatiale (cf. § II.2).

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Préréglage du Michelson :
La principale difficulté pour observer des franges en lumière blanche est
d’avoir des différences de marche extrêmement faibles (c’est ce qui doit ressortir en montage) → il
faut se placer au mieux au contact optique. Si vous êtes auparavant en anneaux, chariotez de façon à
faire défiler les anneaux jusqu’au contact optique. Lorsque vous êtes très proches (anneaux
« énormes »), donnez un petit angle aux miroirs (boutons de réglage A1 ou A2) de façon à observer
plusieurs franges rectilignes ( 10). Si vous êtes en coin d’air, faire de même en passant
progressivement d’une lampe à vapeur de sodium à une lampe à vapeur de mercure (la moins bonne
cohérence temporelle de cette source permet de lieux repérer le contact optique). Une fois au contact
optique, ajustez l’angle entre les miroirs pour avoir de même une dizaine de franges. Passez alors en
lumière blanche pour commencer la manipulation.

Manipulation :
Se reporter au § II.2 pour le réglage de l’appareil.
M1
C : 6 cm
L1, L2 : 150 mm
C
Si tout se passe bien, on doit observer des QI
interférences. Dans le cas contraire, trou
chariotez très lentement et très peu source
L1
autour du contact optique pour les
trouver. On observe alors au centre du M2
L2
système d’interférences une frange noire
puis, en s’en écartant, des franges irisées.
Au bout de quelques franges, la figure
d’interférence se brouille. Réajustez si E
nécessaire l'inclinaison des miroirs pour
placer dans le champ toutes les franges visibles à l’œil nu. Placez alors en sortie du Michelson un
filtre interférentiel afin d'étalonner le coin d'air. Mesurez sur l’écran la distance séparant plusieurs
interfranges ; en déduire la conversion longueur sur l’écran  différence de marche. Otez alors le
filtre interférentiel, mesurez sur l’écran la longueur totale du domaine où l’on voit des interférences ;
en déduire la différence de marche totale 𝑚𝑎𝑥 ( 8 m).

Conclusion :
Une translation d'un miroir de 4 m (moins d'une demi-graduation de vernier au 1/100
mm) suffit donc à faire disparaître les franges en lumière blanche, ce qui explique les difficultés
rencontrées pour les observer.

Remarque :
Si l'on interprète cette longueur comme une caractéristique de la cohérence temporelle
de la source, il est nécessaire de tenir compte, non seulement du spectre d'émission de la source, mais
également de la réponse spectrale du détecteur, en l'occurrence ici l'œil, qui pondère la contribution
de chaque longueur d'onde à la figure d'interférence. Pour plus de précision à ce sujet, se reporter à
[1], p. 91 et 170).

III.3 Cas des lasers


Ce sont les sources lumineuses les plus cohérentes dont on dispose.
Cela a ici un inconvénient : l’étude de leur longueur de cohérence est très difficile. On peut cependant
montrer certaines choses (cf. montage sur les lasers ou la réf. [1], p. 171).

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.4 Influence de la cohérence temporelle d’une source sur l’observation d’un


hologramme
Reprendre le montage du § II.4 avec un trou source assez fermé (hologramme bien
visible) ; remplacez la lampe à vapeur de sodium par une lampe Hg BP. Qu’observez-vous ?

IV CONDITION A RESPECTER SUR LA POLARISATION DES ONDES


Expérience
importante dans la théorie des interférences (cf. [2], p. 50 et 52 pour une introduction au problème).
L'expérience classiquement décrite dans les livres est celle de Fresnel-Arago avec l'interféromètre de
Michelson ([1], p. 165 ou [2], p. 89). Elle nécessite des polariseurs prévus à cet effet. On propose une
manipulation plus simple ou n'intervient pas le problème de cohérence temporelle de polarisation (cf.
[1], p. 165, 263) et qui met en œuvre une bi-lentille de Billet (cf. [3], p. 155, 159).

IV.1 Principe de la bi-lentille de Billet


C'est un dispositif constitué de deux demi-
lentilles convergentes rigoureusement identiques séparées par une cale opaque de 5/10ème de mm. Le
décalage entre les axes optiques est volontairement exagéré sur le dessin ci-dessous pour plus de
visibilité.

P P1 A

S1
S
S2

P2

On peut avoir des interférences dans la zone où les pinceaux lumineux issus des deux sources réelles
S1 et S2 se recoupent. L'idée est de modifier la polarisation de ces deux sources à l'aide des polaroïds
P1 et P2. On verra l'utilité de P et A par la suite.

IV.2 Montage
Les deux sources S1 et S2 étant très proches l'une de l'autre, il faut qu'elles
soient ponctuelles pour pouvoir les séparer → on utilisera comme source S un laser. On agrandira
son faisceau à l'aide d'un objectif de microscope pour avoir un champ d'interférences étendu :

BL E
laser He Ne

O :  10 ou  20

Placez le laser et l'écran aux extrémités de la paillasse. Ajustez la position de BL pour avoir une tache
sur l'écran de 1-2 cm environ. Vous devez constater la présence d'interférences (alignez BL  à l'axe
optique par réflexion). Recherchez entre BL et E les images S1 et S2 du laser ; réajustez alors la
position de BL pour les placer à 1 m environ de S (bon compromis entre leur écartement et un
interfrange pas trop petit).

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
L'expérience consiste à observer l'absence ou la présence de figure d'interférences en
fonction des positions respectives des polariseurs P, A, P1 et P2.
P P1 P2 A Franges
Cas 1 absent 0° 0° absent oui
Cas 2 absent 0° 90° absent non
Cas 3 absent 0° 90° 45° non
Cas 4 absent 0° 90° 45° non
Cas 5 45° 0° 90° ± 45° oui
Pour les configurations où P1 et P2 sont croisés, utilisez la diapositive notée "Fresnel-Arago" et placez
là au niveau de S1 et S2 en faisant passer S1 dans un polaroïd et S2 dans l'autre (alignez cette diapositive
 à l'axe optique par réflexion). Utilisez pour P et A des polaroïds de bonne qualité.

Cas n° 1 :
La présence de franges contrastées dans cette configuration garantit qu'on s'est bien
affranchi des problèmes de cohérence temporelle et spatiale de la source pour n'étudier que les effets
liés à la polarisation (ce n'est pas étonnant avec un laser).

Cas n° 2 :
On n'observe pas de franges. En effet, les deux ondes qui se superposent sont polarisées
orthogonalement et ne peuvent donc interférer.

Cas n° 3 :
Ajoutez A en position 45° : on n'observe toujours pas de franges (si on en observe, c'est
que P1 et P2 ne sont pas rigoureusement croisés  on ne peut pas y retoucher avec le système utilisé).
Cela est dû au fait que le laser employé est polarisé verticalement  l'onde issue de P2 est éteinte (le
vérifier en regardant à la sortie de ce polaroïd).

Cas n° 4 :
Cette fois-ci, la projection de P sur P1 et P2 donne deux faisceaux d'amplitudes identiques
qui se recombinent grâce à l’analyseur A : les franges réapparaissent.

Conclusion :
On n'obtient un phénomène d'interférences que si les vibrations qui se composent sont
cohérentes et non perpendiculaires ; le contraste est maximum lorsque les vibrations sont parallèles.

Si on veut réaliser l'expérience complète de Fresnel-Arago avec ce système, il faut utiliser une source
de lumière naturelle (lumière blanche). La difficulté réside alors dans l'obtention d'une source
suffisamment ponctuelle. L'explication du cas n° 3 est alors différente (ce cas n'est pas à faire en
montage).

IV.3 Interférences obtenues par biréfringence


[1], p. 279 et suivantes ; [2], p. 145 et
suivantes.

Certains matériaux présentent une anisotropie optique liée à une anisotropie de structure. Dans ce
type de composés, la biréfringence se manifeste par un comportement optique différent suivant
l'orientation du champ électrique de la vibration lumineuse. Si on se limite aux milieux uniaxes, on
peut montrer que la vibration lumineuse incidente va se décomposer en 2 vibrations rectilignes
(dirigées suivant les 2 lignes neutres du cristal) qui vont se propager avec des vitesses différentes
(𝑣 = 𝑐/𝑛 avec 𝑛𝑜 et 𝑛𝑒′ les indices ordinaire et extraordinaire). A la sortie de la lame, elles
présenteront donc un certain déphasage 𝜑 = 2𝜋𝛿/𝜆 = 2𝜋(𝑛𝑒′ – 𝑛𝑜 )𝑒/𝜆 et pourront par conséquent

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

donner lieu à un phénomène d'interférences si on les recompose → les interférences avec des lames
anisotropes peuvent s’observer avec de la lumière polarisée et en utilisant un analyseur pour
recomposer les vibrations.

IV.3.1 Lames minces : expérience des couleurs complémentaires


L'idée est de
placer polariseur et analyseur croisés à 45° des lignes neutres de la lame comme indiqué ci-dessous
(axe lent noté Y, axe rapide noté X) :

Y 𝑃 = 𝐸0 𝑐𝑜𝑠𝑡 pour une vibration monochromatique


P
Entrée de la lame : 𝑋 = 𝐸0 𝑐𝑜𝑠(45)𝑐𝑜𝑠𝑡 = 𝐸′𝑐𝑜𝑠𝑡
𝑌 = 𝐸0 𝑠𝑖𝑛(45)𝑐𝑜𝑠𝑡 = 𝐸′𝑐𝑜𝑠𝑡
45°
 Sortie de la lame : 𝑋 = 𝐸′ 𝑐𝑜𝑠𝑡
X 𝑌 = 𝐸′ 𝑐𝑜𝑠(𝑡 − j)

A Sortie de l'analyseur : 𝐸𝑐𝑜𝑠𝑡 + 𝐸𝑐𝑜𝑠(𝑡 − j)

Les deux vibrations étant cohérentes, l'intensité est de la forme 𝐴2 + 𝐵 2 + 2𝐴𝐵𝑐𝑜𝑠j soit 𝐼 =
2𝐸 2 (1 + 𝑐𝑜𝑠j) = 𝐼0 sin2 (𝜑/2). Si on utilise de la lumière blanche, on a (puisque les longueurs
d'onde sont incohérentes entre elles) :

𝜙
𝐼𝑇𝑜𝑡𝑎𝑙 = ∫ 𝐼(𝜆)𝑑𝜆 soit 𝐼𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠é = ∫ 𝐼(𝜆) 𝑠𝑖𝑛2 𝑑𝜆
2

Un calcul similaire montre qu'on a, entre P et A parallèle :

𝜙
𝐼𝑝𝑎𝑟𝑎𝑙𝑙è𝑙𝑒 = ∫ 𝐼(𝜆) 𝑐𝑜𝑠 2 𝑑𝜆
2

Ces deux teintes sont complémentaires puisque leur somme redonne ITotal.
Une manière élégante de se rendre compte de cette complémentarité des couleurs est d'utiliser à la
place de l'analyseur une lame de spath de forte épaisseur qui jouera le rôle de double analyseur (cf.
montage « Production et analyse d’une lumière polarisée »).
Montage :
[1], p. 286 ; [2], p.147
150 2m
TS P PS

QI

TS : trou source variable Q


Q : lame biréfringente notée couleurs complémentaires (une est en cellophane, les autres sont en mica
; attention à ces dernières  fragiles !) ; la placer sur un support tournant.
PS : prisme de spath sur support tournant.

Faire l'image du trou source TS (faible diamètre pour commencer) sur l'écran E. Placez P (sens passant
vertical par exemple). Placez le prisme de spath PS assez près de la lentille. On observe alors deux
images du trou source. Faire tourner le prisme dans son support à l'aide de la molette jusqu'à faire

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

disparaître une des images ; on a alors deux analyseurs parallèle et croisé avec P. Placez la lame
biréfringente Q entre L et PS ; faire tourner Q jusqu'à faire disparaître une des images de TS  les
lignes neutres de la lame sont alors alignées avec P et A. Partant de cette configuration, tournez de
nouveau la lame pour mettre ses lignes neutres à 45° de P  vous devez obtenir deux images colorées
de TS. Agrandir TS jusqu'à ce que les images se recouvrent partiellement  l'intersection des deux
images doit être blanche (réajustez le tirage du condenseur et la position des différents éléments pour
avoir un éclairement uniforme).

Remarques :
La complémentarité des couleurs démontre qu'on a bien 𝐼𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠é + 𝐼𝑝𝑎𝑟𝑎𝑙𝑙è𝑙𝑒 = 𝐼𝑇𝑜𝑡𝑎𝑙 .
Or cette formule a été établie sur la base d'une addition en amplitude des vibrations (𝐼 = 𝐴2 + 𝐵 2 +
2𝐴𝐵𝑐𝑜𝑠j et non pas 𝐼 = 𝐴2 + 𝐵 2) → c'est un phénomène typiquement interférentiel.

La couleur obtenue renseigne sur la différence de marche optique 𝑛. 𝑒 de la lame 


évaluez l’épaisseur optique de la lame d'après la couleur observée en se reportant au tableau des
teintes de Newton ([2], p. 148). On utilise cette échelle pour visualiser les variations d'épaisseurs
d'une lame. On peut fabriquer une telle lame en utilisant du ruban adhésif transparent qui est
légèrement biréfringent (à votre avis, où sont les lignes neutres du scotch ?). En superposant quelques
épaisseurs, on obtient un résultat spectaculaire.

Manipulation :
2m E
PQ

QI

150

A
Q : lame de scotch à plusieurs épaisseurs  la placer sur un support tournant.

Envoyez un faisceau grossièrement parallèle sur Q. Faire l'image de Q sur l'écran ; placez ensuite A
perpendiculaire à P ; repérez les lignes neutres de Q en la faisant tourner jusqu'à éteindre le faisceau
transmis ; tournez alors la lame Q d'un angle de 45° pour avoir un contraste maximum. Mettre ensuite
A parallèle à P pour observer les couleurs complémentaires.

Remarque :
Cette technique sert couramment en minéralogie pour visualiser des différences locales
d'orientation cristalline.

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique expérimentale
[2] : Duffait : Expériences d'optique à l'agrégation
[3] : Berty Fagot Martin : Physique pratique, tome 3 : Optique
[4] : Françon : Vibrations lumineuses ; Optique cohérente p. 64.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 : INVERSION DE CONTRASTE

Hypothèse :
On suppose les bifentes infiniment fines par rapport à la largeur de la fente source FS.
x

BF

X q 
a b

FS
d D

Chaque point source 𝑋 donne une figure d’interférence en 𝑥 avec la d.d.m.  = 𝑏𝑠𝑖𝑛 q + 𝑏𝑠𝑖𝑛 ≈
𝑏𝑋/𝑑 + 𝑏𝑥/𝐷. On a 𝐼 = 𝐴2 + 𝐵 2 + 2𝐴𝐵𝑐𝑜𝑠j = 2𝐴2 (1 + 𝑐𝑜𝑠𝜑) si 𝐴 = 𝐵. Tous les points sources
étant incohérents entre eux, on ajoute les intensités :
𝑋=a/2 a/2
𝐼(𝑥) = ∫ 2A2 (1 + cos𝜑)𝑑𝑋 = 2A2 (𝑎 + ∫ cos𝜑𝑑𝑋)
𝑋=−a/2 −a/2

Calcul de l’intégrale :

∫ cos𝜑𝑑𝑋 = ∫ cos(𝑢𝑋 + 𝑣𝑥)𝑑𝑋 avec 𝑢 = 2𝑏/𝑑 et 𝑣 = 2𝑏/𝐷

Comme 𝑐𝑜𝑠(𝑎 + 𝑏) = 𝑐𝑜𝑠𝑎 𝑐𝑜𝑠𝑏 – 𝑠𝑖𝑛𝑎 𝑠𝑖𝑛𝑏 et qu’ici 𝑥 est une constante, l’intégrale devient :

𝑐𝑜𝑠𝑣𝑥 ∫ cos(𝑢𝑋) 𝑑𝑋 − sin(𝑣𝑥) ∫ sin(uX)𝑑𝑋

La deuxième intégrale donne un cosinus. Comme on intègre entre 𝑎/2 et – 𝑎/2, le résultat est nul.
On a alors pour le terme restant :
𝑎/2
1 1 𝑢𝑎 𝑢𝑎
𝑐𝑜𝑠𝑣𝑥 [ sin(𝑢𝑋)] = 𝑐𝑜𝑠𝑣𝑥 ( ) 2 sin ( ) = 2acos(𝑣𝑥) 𝑠𝑖𝑛𝑐 ( )
𝑢 −𝑎/2 𝑢 2 2

Finalement :

𝜋𝑏𝑎 2𝜋𝑏𝑥
𝐼(𝑥) = 2𝑎𝐴2 [1 + sinc ( ) 𝑐𝑜𝑠 ( )]
𝜆𝑑 𝜆𝐷

Conclusion :
Le terme d’interférence est multiplié par une constante qui peut s’annuler. Le premier
brouillage a lieu quand :

𝑏𝑎 𝑑
= → 𝑎=
𝑑 𝑏

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

DIFFRACTION DES ONDES LUMINEUSES

I DIFFRACTION PAR UNE FENTE

I.1 Etude qualitative


On commence par quelques manipulations simples mettant en
évidence les propriétés importantes de la diffraction de Fraunhofer et la limite entre cette diffraction
et celle de Fresnel.
x
Montage :
X

Laser He Ne
z

O : objectif microscope 150


 20 ou  40 ≈1m E

Placez le laser, la lentille de 150 mm et la fente diffractante sur un petit banc d’optique. Prendre une
fente d’épaisseur variable et placez-la sur un pied de translation latéral. En l’absence de la fente,
minimisez les aberrations en centrant bien les différents éléments, en choisissant le meilleur sens pour
la lentille (respect de la règle des 4P) et en minimisant la coma. La réduction de la coma peut se faire
en plaçant dans un premier temps l’écran en dehors du plan conjugué du point source. On a alors une
tache sur l’écran au lieu d’un point. Tournez ensuite la lentille autour de l’axe z (cf. schéma) jusqu’à
obtenir une tache bien symétrique : la normale à la surface de la lentille est alors parallèle à l’axe
optique. Une fois ce réglage effectué, vous pouvez replacer la fente en l’accolant à la lentille. Dans
les expériences qui suivent, l’observation de la figure de diffraction peut se faire de deux façons :
- observation directe sur l’écran (méthode la plus simple). La figure n’étant pas très
grande, on a alors intérêt à incliner l’écran pour dilater la figure. On peut rendre l’expérience encore
plus visible en utilisant une caméra vidéo type Didacam.
- observation à l’aide de la barrette CCD Caliens. Cette méthode marche très bien mais
est plus délicate à mettre en œuvre (plus de réglage donc temps de manipulation plus long). Se reporter
au § I.2 pour plus de précision sur l’utilisation de Caliens.

Propriétés générales de la diffraction :


Les observations suivantes peuvent se faire pour une position
quelconque de l’écran. Montrez l’évolution du phénomène en fonction de la largeur de fente,
l’influence de l’orientation de la fente. Vous devez constater que la figure de diffraction se développe
principalement dans la direction parallèle à la plus petite dimension de l’objet diffractant et qu’elle
s’étale d’autant plus que cette dimension est petite.

Propriété particulière de la diffraction de Fraunhofer :


Ce type de diffraction s’observe au
voisinage de l’image géométrique d’une source ponctuelle (cf. annexe) → enlevez la fente
diffractante et recherchez le plan conjugué du point source par la lentille. Placez l’écran à cet endroit.
Translatez latéralement la fente ; la figure de diffraction doit rester immobile.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Explication :
Le calcul de l’amplitude diffractée dans les conditions de Fraunhofer montre qu’elle
correspond à la transformée de Fourier de la fonction de transparence de l’écran diffractant (cf.
annexe) :
+∞
−𝑖2𝜋 𝑠𝑖𝑛 𝜃 𝑋
𝐴(𝜃) = ∫ 𝑡(𝑋). 𝑒𝑥𝑝( ). 𝑑𝑋
−∞ 𝜆

La présence du produit 𝑠𝑖𝑛. 𝑋 justifie le fait que l’extension de la figure de diffraction soit
inversement proportionnelle à la largeur de la fente (cf. l’expression de l’intensité diffractée en
annexe). La plus grande dimension de la figure de diffraction est perpendiculaire à la plus grande
dimension de l’objet diffractant. L’insensibilité de la figure de diffraction à une translation de la fente
dans son plan peut se justifier à partir des propriétés de la transformée de Fourier (cf. annexe). On
peut aussi le justifier à l’aide d’un schéma dans les conditions rigoureuses de la diffraction de
Fraunhofer (onde incidente plane, diffraction à l’infini) :

Pour un point d’observation P donné, la translation ne modifie pas la


d.d.m. donc la figure en P restera inchangée. Cela aura des P
conséquences lors de la diffraction d’un motif répété de façon régulière.

Passage de Fraunhofer à Fresnel :


Les deux diffractions supposent d’avoir des distances
suffisamment grandes par rapport à la taille de l’objet diffractant et à la tache de diffraction pour
pouvoir faire les hypothèses 𝑡𝑔  𝑠𝑖𝑛  . On est en Fraunhofer si la figure de diffraction est
beaucoup plus large que la tache géométrique (cf. annexe). Dans le cas contraire, elle doit être décrite
par la diffraction de Fresnel.

On reprend le montage précédent. Fermez la fente jusqu'à obtenir sur l'écran une figure de diffraction
largement étalée dans la direction horizontale. Rapprochez progressivement l'écran de la fente : si on
effectue une translation de la fente dans son plan, la figure de diffraction doit dorénavant bouger : on
passe en diffraction de Fresnel. Vous pouvez vérifier que cet effet apparaît lorsque la tache de l’image
géométrique de la source a une taille comparable à la tache centrale de la figure de diffraction. Plus
on rapproche l'écran, plus la figure s'allonge verticalement et se resserre dans la direction horizontale.
Si on rapproche beaucoup l'écran de la fente, la forme de la figure de diffraction se modifie : on voit
apparaître des franges sombres à l'intérieur de la frange centrale (ceci peut s’interpréter comme la
somme des figures de diffraction des bords de la fente – cf. [2], p. 41). Si l'on n'observe pas cette
dernière propriété, c'est que la fente diffractante est trop étroite et qu'il faut l'élargir. La figure de
diffraction étant alors très petite on peut la dilater en inclinant l’écran. Eloignez ensuite l'écran au-
delà du point image de la source et vérifier qu’on est aussi en diffraction de Fresnel.

I.2 Enregistrement de la figure de diffraction


On propose de vérifier
quantitativement l’expression de l’intensité diffractée dans l’approximation de Fraunhofer.

Montage : F
P
capteur CCD
Laser polarisé


O :  40
P : polariseur 150 D≈1m

F : diapositive métallique Leybold réf. 469 91 ; prendre la fente de largeur a = 0,12 mm.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Faire un montage soigné (cf. conseils de réglages du § précédent). L’utilisation du capteur CCD
présente deux difficultés car il est très sensible et il est très fin. Il faut donc éviter de le saturer par un
excès de lumière et bien aligner la figure de diffraction sur la barrette de pixel.
Contrôle de la luminosité :
Travaillez dans le noir le plus complet. Prendre un laser polarisé peu
puissant et un objectif de microscope suffisamment divergent pour ne faire passer qu’une petite
fraction du faisceau dans la fente. On modulera son intensité lumineuse à l’aide d’un polariseur de
bonne qualité placé avant la lentille (si ce n’est pas suffisant, on peut placer contre le capteur CCD
un filtre interférentiel centré sur la longueur d’onde du laser).
Alignement de la figure sur le capteur :
Ajustez la hauteur du capteur CCD de façon a le saturer,
jouez sur le polariseur jusqu’à bien voir les pics latéraux et affinez le réglage de la hauteur pour avoir
un signal maximum. Ajustez alors l’orientation de la fente de façon à ce que les pics latéraux soient
bien symétriques. Ajustez ensuite l’intensité avec le polariseur jusqu’à voir la totalité de la figure sur
l’écran. Utilisez la fonction « auto calibration » pour utiliser la totalité de l’écran et la fonction
« filtrer » pour améliorer l’allure de la figure. Figez la représentation en appuyant sur « acquérir »
puis « temps réel ». Voici à titre indicatif le résultat d’une acquisition :

Exploitation :
Mesurez le rapport de l’intensité du pic secondaire à celle du pic central avec les
curseurs (cf. schéma) et comparez à la valeur théorique de 4,44% (les résultats sur notre exemple
recoupent cette valeur compte tenu de la précision des curseurs). Mesurez à sa base la largeur du pic
central et vérifier qu’elle vaut le double de la largeur des pics latéraux (on peut augmenter la
luminosité pour l’étude des pics secondaires). Mesurez l’interfrange de la figure de diffraction en
dilatant l’échelle des intensités et comparez à la valeur théorique 𝑖 = 𝜆𝐷/𝑎. Vous pouvez aussi
superposer une courbe théorique grâce au mode « interférences » du logiciel. Il suffit de rentrer dans
le mode « simulation » la valeur de λ, D et a.

On conseille ici de prendre une fente métallique car les fentes sur plaque de verre ou diapositive n’ont
pas une opacité suffisante lorsqu’on utilise un laser (surtout si on les éclaire sans élargisseur) → la
figure de diffraction obtenue est « moins bonne ». On déconseille aussi les fentes réglables graduées
car on peut avoir des problèmes de parallélisme entre les deux bords et la mesure de la largeur peut
être faussée si le mécanisme a été abîmé.

II DIFFRACTION PAR UN MOTIF REPETE REGULIEREMENT

II.1 Diffraction par une bifente


Conservez le montage précédent, remplacez la fente
simple par la diapositive métallique Leybold réf. 469 92 et sélectionnez la bi fente a = 0,12 mm
(largeur des fentes), b = 0,6 mm (distance entre les fentes). Ajustez comme précédemment

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’orientation de la bi fente pour aligner la figure de diffraction sur la barrette CCD. Voici à titre
indicatif le résultat d’une acquisition :

Si la figure d’interférence (mais pas l’enveloppe) reste déformée lors de l’alignement de la figure sur
le capteur, cela peut provenir d’un mauvais centrage latéral de la bi fente par rapport à l’axe optique.
Pour que le raisonnement théorique soit en effet validé (cf. annexe), les deux fentes doivent en être
équidistantes.

Mesures :
Mesurez la largeur centrale du pic de diffraction (vous devez retrouver la même chose
qu’au § précédent puisque les fentes sont de même largeur), l’interfrange de la figure d’interférence.
Comparez aux valeurs théoriques. Pourquoi les minimums de la figure d’interférence ne sont pas nuls
au centre ? On peut là aussi superposer une courbe théorique sur l’enregistrement grâce au mode
« interférences » du logiciel (cf. figure de droite).

Analyse :
L’enveloppe des franges ressemble à la figure de diffraction par une seule fente étudiée
précédemment. Elle est modulée par un terme d’interférence dû à la présence de deux fentes. Ce
résultat concorde avec le calcul théorique de l’intensité diffractée (cf. annexe) :

𝜋. 𝑠𝑖𝑛𝜃. 𝑏 𝜋. 𝑠𝑖𝑛𝜃. 𝑎
𝐼 = 4 𝑎2 𝐴2𝑜 cos2 ( ) 𝑠𝑖𝑛𝑐 2 ( )
𝜆 𝜆
On identifie clairement le terme de diffraction par une seule fente I0 sin c2(π.sinθ.a/λ) et un terme
d’interférence entre deux sources ponctuelles 4 a2Ao2cos2(π.sinθ.b/λ). La diffraction de Fraunhofer
étant insensible à une translation dans le plan latéral de l’objet diffractant, les enveloppes se
superposent. Le terme d’interférence y est en revanche sensible (cf. remarque précédente). Ce résultat
peut aussi se justifier à l’aide des propriétés de la transformée de Fourier. Pour plus de détail, se
reporter à [1], p.116-117.

Remarque importante :
L’expression de l’intensité peut s’écrire sous la forme compacte
suivante 𝐼(𝜃) = 𝑆(𝜃) 𝐹(𝜃) où 𝑭(𝜽) est le terme de diffraction que l’on appelle facteur de forme
et 𝑺(𝜽) est le terme d’interférence que l’on appelle facteur de structure. Cette décomposition est
générale pour un même motif qui se répète.

II.2 Diffraction par un réseau de N fentes

II.2.1 Evolution de la figure quand N augmente


On peut mener cette étude avec
Caliens ; on se contentera ici d’une observation qualitative avec une plaque de verre Phywe
comportant 4 motifs diffractant constitués successivement de 2, 3, 4 et 5 fentes de même largeur a et
espacées de la même distance b.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage : Plaque Phywe


réf. 08526.00

Laser

O : × 10 ou × 20 150
D≈4–5m

On conseille ici de prendre un objectif de microscope moins convergent pour n’éclairer qu’un seul
motif à la fois. La figure de diffraction à observer étant petite, il est préférable d’éloigner l’écran pour
l’agrandir (refocalisez l’image de la source sur l’écran pour rester en Fraunhofer) et de projeter
l’image de l’écran avec une caméra type Didacam reliée à un téléviseur pour rendre l’expérience plus
visible (si la caméra sature en intensité, atténuer le faisceau avec des filtres gris ou à l’aide d’un
polariseur si le laser est polarisé). On doit faire les constatations suivantes lorsqu’on observe la figure
de diffraction pour N = 2, 3, 4 et 5 fentes :
- l’enveloppe reste identique car les traits ont la même
épaisseur a → le facteur de forme reste inchangé.
- le nombre de maximums secondaires augmente quand
N augmente : il est égal à N – 2 (le vérifier expérimentalement).
- la largeur des maximums principaux diminue quand
N augmente car elle est inversement proportionnelle à Na.

La dernière remarque permet de comprendre l’intérêt d’éclairer la plus grande surface possible d’un
réseau en spectroscopie pour augmenter le pouvoir de résolution (cet effet n’est cependant pas
perceptible en général sur les montages que l’on réalise en TP).

II.2.2 Le réseau (N grand)


Même montage. Visualisez successivement la figure
de diffraction obtenue avec des réseaux comportant de plus en plus de traits. Vous devez faire les
constatations suivantes :
- Même avec un réseau peu dispersif, les maximums secondaires sont peu
apparents.
- L’enveloppe de la figure d’interférences s’étale rapidement au fur et à
mesure que le nombre de traits augmente. Cela est dû au fait qu’une augmentation du nombre de traits
s’accompagne logiquement d’une diminution de leur épaisseur → le facteur de forme devient
négligeable.
- La dispersion dans un même ordre augmente avec le nombre de traits.

2.2.3 Application à la spectroscopie


Manipulation facultative.

lampe
HG HP

TS E
150 R 1000

Prendre un réseau d’environ 1000 traits/cm. Veillez à ce qu’il soit bien perpendiculaire à l’axe
optique. Mesurez pour les différentes longueurs d’onde du Mercure la distance les séparant de l’ordre

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

zéro. Vérifiez en calculant 𝛥𝑥/𝛥𝜆 que la dispersion linéaire est constante (ce n’est vrai qu’en
incidence nulle et tant que  reste petit).

Remarque :
Les réseaux à traits simples ne sont pas employés en spectroscopie car ils dispersent les
longueurs d’onde dans plusieurs ordres et le maximum de l’intensité diffractée se situe dans l’ordre
zéro (cf. manipulation précédente) qui n’a aucun intérêt. On préfère concentrer la majeure partie de
l’énergie incidente dans un seul ordre en utilisant des réseaux blasés (pour plus de détails sur ces
réseaux, se reporter à [1], p. 120-121).

III DIFFRACTION PAR UN MOTIF A REPETITION ALEATOIRE

III.1 Diffraction par un trou


Eclairez directement un trou à l’aide d’un faisceau laser
et observez la figure de diffraction sur un écran relativement éloigné pour se placer au mieux dans les
conditions de Fraunhofer. L’idéal est d’utiliser un trou suffisamment fin pour avoir une figure de
diffraction suffisamment grande ; on peut réaliser cette expérience avec le nettoyeur de faisceau laser
( = 30 m) mais faire passer le faisceau dedans s’avère délicat (on peut utiliser la platine de
translation) et la tâche de diffraction est peu lumineuse (la majeure partie du faisceau est arrêtée). A
défaut, on peut mener cette expérience avec des trous de 0,2 et 0,3 mm. Eloignez alors suffisamment
le laser du trou pour l’éclairer de manière ≈ uniforme.

Mesures :
Mesurez le rayon du premier anneau noir et vérifiez la formule d’Airy :

1,22𝜆 𝑅𝐴𝑁𝑁𝐸𝐴𝑈
𝑠𝑖𝑛𝜃 = ≈ 𝑡𝑔𝜃 =
𝑎 𝐷𝑇𝑅𝑂𝑈−𝐸𝐶𝑅𝐴𝑁

III.2 Ecrans complémentaires - Théorème de Babinet


Cette partie n’a pas de relation
directe avec le § III mais il permet de comprendre la manipulation suivante. Utilisez la diapositive
comportant des trous et des disques opaques complémentaires. Reprendre le montage du § précédent
et éclairez successivement le plus petit trou et son complémentaire (éloignez suffisamment le laser
de la diapositive pour éclairer largement chaque motif diffractant). On constate que les figures de
diffraction sont les mêmes à l’ordre zéro près ; confirmez en mesurant et comparant les interfranges.
Se reporter au § II de l’annexe 2 pour une explication sur ce point. A titre d’application, vous pouvez
mesurer le diamètre d’un de vos cheveux en réalisant sa figure de diffraction et en s’aidant des
résultats pour une fente. L’ordre zéro est alors nettement visible.

III.3 Diffraction par la poudre de lycopode


Les lycopodes sont une sorte de mousse
dont les spores, grossièrement sphériques, ont surtout une très faible dispersion de taille. Elles
permettent donc d’observer le résultat d’une diffraction par un très grand nombre d’objets identiques
mais répartis cette fois-ci de façon aléatoire.

Manipulation n° 1 :
On dispose de deux lames de microscope accolées entre lesquelles on a déposé
des spores de lycopode. Eclairez directement ce dispositif par un faisceau laser non élargi et observez
la figure de diffraction sur un écran éloigné. Vous devez observer une tache d’Airy modulée par une
« granularité » assez importante.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation n° 2 :
Réalisez un montage similaire à celui du § I.1. Remplacez la fente par les lames
renfermant les spores de Lycopodes. On observe de nouveau une tache d’Airy mais la « granularité »
est cette fois ci nettement plus fine.

Analyse :
La figure de diffraction que l’on observe dans les deux expériences correspond à celle d’un
trou circulaire de faible diamètre car, dans le cadre de la diffraction de Fraunhofer, les enveloppes de
diffraction se superposent pour n’en donner qu’une : c’est le facteur de forme F(). Cette tache de
diffraction est, conformément à la remarque du § 2.1, modulé par un terme d’interférence dû à la
présence de nombreux motifs diffractant. Ce terme étant sensible à une translation dans le plan latéral
de l’objet diffractant, la répartition ici aléatoire des motifs fait que le facteur de structure S() tend à
« s’annuler par moyennage ». La « granularité » observée dans les deux expériences précédentes
correspond à ce facteur de structure. Elle est nettement plus « fine » dans la deuxième expérience car
on éclaire une plus grande surface de la lamelle donc une plus grande quantité de spores → le
« moyennage » est plus efficace et le facteur de structure tend à s’annuler → cf. [1], p.116 -117 pour
plus de précisions. On y montre que la figure de diffraction par un grand nombre d’objets identiques
répartis de façon aléatoire est la même que pour un seul objet mais elle est N fois plus intense. Cela
à une conséquence pratique ; lorsque l’on étudie la figure de diffraction d’un motif, on a intérêt à le
reproduire de façon aléatoire un grand nombre de fois pour augmenter le signal.

Remarque :
Cette figure de diffraction est nettement visible en lumière blanche. Il suffit de réaliser
le montage suivant (l’intérêt alors est qu’on utilise une autre source que le laser) :
E
Trou spores
fin

QI
C×6

150 D≈1m

Cette expérience est à rapprocher de ce que l’on peut observer le matin en hiver lorsque l’on croise
en voiture un autre véhicule avec des phares allumés. Si les vitres du véhicule dans lequel on se trouve
sont recouvertes de buée, on distingue alors nettement un halo autour des phares qui disparaît si on
ouvre la vitre.

Mesure :
Quel que soit le montage réalisé, mesurez le rayon du premier anneau noir et en déduire la
taille moyenne des spores de lycopodes. On peut comparer cette mesure à celle réalisée avec un
microscope. On peut utiliser la caméra Didacam reliée à un téléviseur pour rendre cette mesure
visuelle. Remplacez l’oculaire standard par l’oculaire × 10 « spécial Didacam » (celui fourni avec la
caméra) et montez la caméra sur cet oculaire. Un objectif × 60 permet d’obtenir un grandissement
optimum des spores de lycopodes mais il faut alors déposer directement des spores sur une lamelle,
le dispositif à deux lames avec les spores en sandwich étant trop épais pour assurer la mise au point.
Placez une lampe au-dessous de la lame et intercaler un morceau de calque pour diffuser la lumière.
Mesurez la taille des spores directement sur le téléviseur (on peut en mesurer plusieurs pour faire une
exploitation statistique). Pour tenir compte du grossissement, le plus simple consiste à remplacer la
lamelle de spores par une mire micrométrique et comparer l’espacement des graduations sur le
téléviseur à la taille réelle (les plus petites graduations de la mire à Rennes sont espacées de 10 μm).
La recherche directe des graduations sur la mire peut s’avérer délicate avec l’objectif × 60. On

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

conseille donc de commencer par un objectif de plus faible grandissement (× 10 par exemple) pour
centrer la plus petite partie de la mire.

IV APPLICATIONS DE LA DIFFRACTION

IV.1 Influence sur le pouvoir séparateur


Le pouvoir séparateur exprime l'aptitude
d'un instrument d'optique à séparer et à percevoir des détails rapprochés (linéairement ou
angulairement). Quand l'instrument d'optique est parfait (il ne présente pas d'aberration), le pouvoir
de résolution est limité par la diffraction qui résulte de la limitation en largeur du faisceau entrant
dans l’instrument d’optique (on suppose ici que le récepteur ne limite pas cette résolution). Elle
interviendra d'autant plus rapidement que la pupille d'entrée du système optique sera plus étroite.

Manipulation :
[1], p. 136

On souhaite former à l’aide d’une lentille l’image de deux fentes très proches l’une de l’autre et
étudier l’influence d’un diaphragme sur la résolution de ces deux images. Dans la plupart des
instruments d’optique, les pupilles sont des diaphragmes circulaires (les spectroscopes à fentes sont
une exception). Pour des raisons de luminosité, on modélisera la pupille par une fente au lieu d'un
diaphragme circulaire. Réalisez un montage soigné pour minimiser les aberrations (c’est souvent
ce qui limite la résolution dans vos montages !).

C
QI
Camera
CCD
C :  6 cm O LF
O : diapositive Leybold réf. 469 92 ; sélectionnez la bi fente a = 0,12 mm, b = 0,6 mm
L : 250 mm
F = fente étalonnée réglable parallèle aux bi fentes : ce réglage peut s‘effectuer en inversant F et O
(la lentille n’est pas nécessaire pour ce réglage). On observe la figure d’interférence par les bi fentes
→ on ajuste alors le parallélisme jusqu’à avoir un contraste maximum.

Accolez la bi fente contre la lampe et placez l'écran à environ 2 m de l'objet. Ajustez la position de la
lentille (respectez la règle des 4 P en la plaçant) pour avoir une image nette sur la CCD. Ajustez alors
le tirage de la lampe pour former l'image de la lampe sur L. Placez ensuite la fente étalonnée contre
la lentille et ajustez sa position pour avoir une image des bi fentes lumineuse et homogène sur la
CCD. Placez devant un filtre interférentiel pour travailler en lumière ≈ monochromatique et pour
ajuster la luminosité (prendre un filtre bleu s’il y a beaucoup de lumière, un filtre rouge dans le cas
contraire).

Principe :
O F L E
L
a e 
x

l1 l2

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On se propose de vérifier le critère de Rayleigh (cf. [1], p. 136). Chaque fente source donne une tache
de diffraction. Le premier minimum correspond à 𝑠𝑖𝑛 𝜃 = 𝜆/𝑒. On est au critère de Rayleigh lorsque
𝑚𝑖𝑛1 = 𝑚𝑎𝑥 2 → 𝑠𝑖𝑛𝜃 = 𝜆/𝑒 = 𝑥/𝐿 → 𝑥 = 𝜆𝐿/𝑒.

𝑙2 𝜆𝐿𝑙1
Or 𝑥 = 𝑎 × 𝐺𝐿 = 𝑎. → 𝑒=
𝑙1 𝑎 ⋅ 𝑙2

Mesure :
Réduire la largeur e de la fente diffractante jusqu'à avoir un minimum entre les deux taches
correspondant à 80 % de l'intensité des maximums ; on est alors au critère de Rayleigh. Notez la
valeur de e et comparer au calcul théorique.

IV.2 Filtrage des fréquences spatiales


[1], p. 129 et suivantes ; [3]

IV.2.1 Expérience d'Abbe


B
Lampe
A'
QI S'
S
L1 A L2 E
A : toile métallique
B : fente fine
L1 : 15 cm → permet d'obtenir un faisceau parallèle (réglage par auto collimation)
L2 : 25 cm → forme l'image de A sur l'écran

On a en S' (plan focal de L2) l'image de S sous forme de figure de diffraction due à A (dans le plan
de S’, on est dans l'espace transformé de Fourier du plan de A). Si on place une fente B dans le plan
de S', on modifie la figure de diffraction de A, et, sur l'écran E (où on est repassé dans l'espace réel,
E étant le plan conjugué de A par rapport à L2), on observe une modification de l'image A' de A. Si
B est verticale, on ne voit en A' que les traits horizontaux et vice-versa. Dans la transformée de Fourier
de la grille, qui est une croix en première approximation, on supprime la branche horizontale. En A'
ne subsistent alors que les traits dont la figure de diffraction est verticale, c'est-à-dire les traits
horizontaux.

Remarque :
Elargir le trou source S ; on constate que cela ne modifie pas le résultat. En réalité, dans
les conditions de l'expérience, l'éclairage est toujours partiellement incohérent. L'interprétation est
plus délicate. Pour plus de précision, se reporter à [4], p. 80 ou à [5], p. 36.

IV.2.2 Strioscopie

Lampe
A'
QI
S'
S
L1 A L2 E
S : trou-source (pas trop petit)

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

S' : pastille noire sur plaque de verre couvrant entièrement mais sans déborder l'image de S (en
l'absence de A, l'écran doit être parfaitement sombre).
A : objet diffractant : plume ou empreinte digitale sur une plaque de verre très propre.
A' : image de A.

On observe la lumière diffractée par les bords de A en blanc sur fond noir. Les mises au point doivent
être soignées. Reliez l'interprétation de cette expérience à celle de la précédente.

IV.2.3 Détramage d’une photo


Réalisez le montage suivant en utilisant pour
objet la diapositive avec la photo tramée d’un dragon asiatique.

150 O 440 T
Laser Melles Griot
S
O'
 20 S'
3m
E

Formez un faisceau de lumière parallèle avec la lentille de 150. Placez la diapositive derrière cette
lentille et formez l’image du dragon sur un écran placé à trois mètres de la diapositive → l’image est
tramée. Recherchez à l’aide d’un écran le point S’ ; vous devez observer une succession de traces
lumineuses :

Sélectionnez un seul point lumineux à l’aide d’un trou T


→ Conséquence sur l’image ?

Explication :
On est dans l’espace de Fourier en S’. Le spectre des fréquences spatiales de l’objet est
convolué par une trame spatiale qui est la TF de la trame de la diapositive (celle-ci équivaut à un
échantillonnage de la photo d’origine). Il y a une forte analogie avec ce que l’on observe en
électronique avec les oscilloscopes numériques ou les systèmes d’acquisition (le spectre fréquentiel
calculé est convolué par le peigne de Dirac de l’échantillonnage). Se reporter au montage sur
l’acquisition de signaux.

IV.2.4 Nettoyage d’un faisceau laser


Dans ce montage, on utilise beaucoup le
laser pour bénéficier de sa grande cohérence mais il y a un revers à la médaille : les speckles. On les
observe dès que le laser traverse un système optique. Ce phénomène inévitable est souvent gênant
(notamment lorsque l’on veut enregistrer des hologrammes). On peut l’éliminer en mettant à profit
les résultats de la diffraction de Fraunhofer.

Montage :
Prendre un objectif de microscope  20 ou  40. Placez le trou microscopique ( = 30m)
sur la platine de translation micrométrique 3 axes.
E
TS
Laser He Ne

 20

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
Eclairez directement l'objectif avec le laser. On observe sur l'écran une zone
lumineuse dont la répartition d'intensité semble gaussienne mais qui contient des irrégularités locales.
Le filtrage s'effectue en plaçant un petit trou au niveau du waist (le point de convergence - cf. [1], p.
184) du faisceau issu de la lentille. Etant donné la taille du trou, l’opération s’avère délicate d’où la
nécessité de recourir à la platine de translation. Commencez par faire passer le faisceau dans le trou
en jouant sur les verniers verticaux et horizontaux (il faut regarder de part et d’autre du trou pour
effectuer ce réglage – attention aux yeux !). On observe alors généralement sur l’écran une figure de
diffraction ressemblant à une tâche d’Airy, signe qu’une partie du faisceau est arrêtée par le trou.
Translatez ensuite le trou suivant l’axe optique à l’aide du troisième vernier pour se placer au waist.
On s’en approche lorsque la luminosité de la tache sur l’écran subit des variations brutales d’intensité
et de netteté. Affinez alors les réglages suivant les trois axes de proche en proche. Une fois le réglage
terminé, constatez que sur l'écran le faisceau gaussien est « propre ».

Explication :
Les « taches » indésirables observées sur l’écran résultent des interférences entre le
faisceau direct et les rayons diffractés par les imperfections que le faisceau rencontre sur son trajet
(poussières, traces de doigts et rayures sur l’objectif, …). Supposons pour simplifier que le faisceau
issu du laser soit parfaitement parallèle. Après la lentille, il converge alors en un seul point (ordre
zéro du spectre des fréquences spatiales) et l’intensité lumineuse de la tache sur l’écran est uniforme
car un seul rayon arrive en chaque point de la tache (la répartition d’intensité est gaussienne en
réalité). Supposons alors qu’une poussière sur l’objectif diffracte une partie du faisceau avant le point
de convergence. → Les rayons diffractés ne passent plus forcément par ce point (fréquences spatiales
élevées) et ils interfèrent avec le faisceau direct (cf. schéma). Une très faible fraction de l'énergie
lumineuse est diffractée mais, étant donnée la grande cohérence du laser, elle donne sur l'écran une
figure de diffraction très contrastée :

Sortie de Le trou permet d’éliminer les rayons diffractés


l’objectif indésirables (filtrage passe bas des fréquences spatiales)
de sorte que le faisceau qui en est issu retrouve sa pureté
originelle. Plus il est petit, meilleur est le filtrage (il faut
cependant tenir compte du caractère gaussien du
faisceau).
Spectre des fréquences spatiales
(Plan de Fourier)

4.3 Autres applications possibles


On peut penser au Speckle (se reporter au montage
sur les lasers), à l’holographie (se reporter au même montage) ou à la mesure d’objets de petites
dimensions → Vous pouvez mesurer le diamètre de vos cheveux (cf. § 3.2).

Bibliographie:
[1] : Sextant : Optique expérimentale.
[2] : Duffait : Expériences d’optique
[3] : Werner Lauterborn : Optique cohérente
[4] : Françon : Diffraction, cohérence en optique
[5] : Maréchal et Françon : Diffraction et structure des images

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 : LIMITE FRAUNHOFFER – FRESNEL

On considère la diffraction d’une onde sphérique issue d’une source ponctuelle S par un objet
diffractant. D’après le principe de Huygens-Fresnel, chaque point de l’écran diffractant se comporte
comme une source secondaire émettant une onde sphérique.
x
X P
d'
d''
S s' 
s d

L’amplitude totale en P s’obtient en ajoutant toutes les ondes provenant du diaphragme de


transparence 𝑡(𝑋) :

𝑒 𝑖𝑘𝑠′ 𝑒 𝑖𝑘𝑑′ 𝐴0
𝐴(𝑥) = ∫ 𝐴0 𝑡(𝑋) 𝑑𝑋 ≈ ∫ 𝑡(𝑋)𝑒 𝑖𝑘(𝑠′+𝑑′) 𝑑𝑋
𝑠′ 𝑑′ 𝑠𝑑
On peut poser 𝑠’ = 𝑠 + (𝑠’ − 𝑠) et 𝑑′ = 𝑑′′ + (𝑑′ − 𝑑′′). On a alors :

𝐴(𝑥) = 𝐴0 𝑒 𝑖𝑘(𝑠+𝑑′′) ∫ 𝑡(𝑋). 𝑒 𝑖𝑘[(𝑠′−𝑠)+(𝑑′−𝑑′′)] . 𝑑𝑋 = 𝐴0 𝑒 𝑖𝑘(𝑠+𝑑′′) ∫ 𝑡(𝑋). 𝑒 𝑖𝛷 . 𝑑𝑋

Où  est la phase de l’onde diffractée en P arbitrairement décalée d’un terme indépendant de X (s et


𝑑’’ sont constants par rapport à X). Cet arrangement permet de ne conserver dans l’intégrale que des
termes correspondant à la différence de marche entre les rayons réels (𝑠’ et 𝑑’) et les rayons
correspondant au cas idéal de la diffraction de Fraunhofer (𝑠 et 𝑑’’).
Calcul de (s’ – s) :
Etant donné qu’on se place au minimum dans les conditions de Fresnel, on
supposera que 𝑠𝑖𝑛𝑖 ≈ 𝑡𝑔𝑖 ≈ 𝑖 et on se limitera à un développement au deuxième ordre.

s'
X
i
s

𝑠 𝑖2 𝑋 𝑠 𝑋2
𝑐𝑜𝑠 𝑖 = ≈ 1 − et 𝑠𝑖𝑛 𝑖 = ≈ 𝑖 → ≈ 1− 2
𝑠′ 2 𝑠′ 𝑠′ 2𝑠′
D’où :
𝑋2 𝑋2
𝑠′ − 𝑠 ≈ ≈ car s' ≈ s puisque sin ≈ tgte
2𝑠′ 2𝑠
Calcul de (d’ – d’’) :
d P

i’
d’ x
Xsin ’
X 
d
12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On fait encore les mêmes hypothèses de calculs.

𝑖′2 𝑑′𝑖′2
𝑑’’ = 𝑋𝑠𝑖𝑛 + 𝑑’𝑐𝑜𝑠𝑖’ ≈ 𝑋 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + 𝑑′ (1 − ) → 𝑑 ′ − 𝑑′′ ≈ −𝑋 𝑠𝑖𝑛 𝜃 +
2 2
′′
𝑋 𝑐𝑜𝑠 𝜃 𝑋
′ ′ ′′
𝑋2 𝑋2
Or 𝑠𝑖𝑛𝑖 = ≈ ≈ 𝑖′ → 𝑑 − 𝑑 ≈ −𝑋 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + ′ ≈ −𝑋 𝑠𝑖𝑛 𝜃 + car d' ≈ d
𝑑′ 𝑑′ 2𝑑 2𝑑
Calcul de  :
𝑋2 1 1
 = 𝑘[(𝑠’– 𝑠) + (𝑑’– 𝑑’’)] = −𝑋𝑠𝑖𝑛 + ( + )
2 𝑠 𝑑
Le premier terme correspond au cas limite de la diffraction de Fraunhofer. On passe en diffraction de
Fresnel lorsque le deuxième terme n’est plus négligeable. Commençons par étudier les configurations
expérimentales permettant d’observer la diffraction de Fraunhofer.

I DIFFRACTION D’UNE ONDE PLANE À L’INFINI


1/s = 1/d = 0

Seul le terme linéaire en X est non nul. Cette condition est rigoureusement réalisée uniquement dans
le montage suivant :

Source ponctuelle
S Onde plane S’
F1 F’2

L1 Écran diffractant L2

Avec un tel montage, la d.d.m. est strictement égale à Xsin.

II DIFFRACTION D’UNE ONDE PLANE À GRANDE DISTANCE


1/s = 0 et 1/d  0

L’utilisation d’un laser éclairant directement l’objet diffractant correspond à ces conditions.

Objet diffractant
x
Laser 

D1m Ecran

Pour avoir l’onde la plus plane possible (1/s = 0), il faut prendre un laser ayant la plus grande
cohérence spatiale possible. Il faut donc prendre un laser He-Ne possédant une grande cavité optique
(pas à S.C.). Il faut alors placer l’écran diffractant assez loin du laser pour qu’il l’éclaire totalement
de façon homogène (le faisceau est gaussien). Enfin, l’écran d’observation doit être très éloigné (au
moins 1 m) pour valider au mieux l’hypothèse 1/d  0.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III DIFFRACTION AU VOISINAGE DE L’IMAGE GÉOMÉTRIQUE DE LA SOURCE

1/s + 1/d = 0

Cette condition, qui s’écrit s = - d, signifie que la source se trouve sur l’écran ! Cette configuration
correspond au montage classique que l’on utilise. La source image S’étant sur l’écran, ce montage
réalise la condition ci-dessus :

P
d'
d'' s'
S S'
O s=d

Remarque importante :
Il faut bien voir que seul le premier montage permet d’observer
rigoureusement la diffraction de Fraunhofer. Les deux autres le permettent si on vérifie les hypothèses
qu’ils impliquent. Le deuxième montage suppose d grand, le troisième n’en impose pas apparemment
mais il ne faut pas non plus oublier de vérifier pour eux que le deuxième ordre du développement
limité est négligeable (sinon on passe en Fresnel !). On va donc essayer de trouver pour les montages
approchés un critère permettant de vérifier cette dernière condition.

IV LIMITE FRAUNHOFFER – FRESNEL

x
X
i

s d
On réécrit l’expression de la d.d.m :

𝑋2 1 1
𝛿 = (𝑠’– 𝑠) + (𝑑’– 𝑑’’) = −𝑋𝑠𝑖𝑛 + ( + )
2 𝑠 𝑑
𝑠𝑖𝑛 ≈  ≈ 𝑥/𝑑 dans l’approximation des petits angles, d’où :
𝑋𝑥 𝑋 𝑠+𝑑
𝛿=− (1 + )
𝑑 2𝑥 𝑠
La limite de Fraunhofer correspond à un terme entre crochets égal à 1. Cela revient à comparer x à
X(s+d)/s. Or ce dernier facteur à une interprétation géométrique simple :
𝑋 𝑥 𝑋(𝑑 + 𝑠)
𝑡𝑔 𝑖 = = → 𝑥 =
𝑠 𝑠 + 𝑑 𝑠
𝑋(𝑑 + 𝑠)/𝑠 représente la largeur sur l’écran de la tache géométrique, projection de la source à travers
le diaphragme en l’absence de diffraction. On a donc un critère :
- si la figure de diffraction est
beaucoup plus large que la tache géométrique, elle peut être décrite par la diffraction de Fraunhofer.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- si la figure de diffraction est


incluse dans la tache géométrique, elle doit être décrite par la théorie de Fresnel.

tache figure de
géométrique x diffraction

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 2 : DIFFRACTION A L’INFINI (FRAUNHOFER)

I DIFFRACTION PAR UNE FENTE


On fait les hypothèses suivantes :

- fente infiniment longue


- faisceau incident parallèle
- l’écran diffractant ne modifie pas l’état vibratoire (vrai si a >>  → A0 = cte)
- la lentille ne fait pas intervenir de différence de marche supplémentaire (vrai au premier ordre)
- les vibrations sont cohérentes → At = Ai

X x

a/2 II

X I P
α α

-a/2

2𝜋𝛿 2𝜋 𝑠𝑖𝑛 𝛼
𝛿𝐼𝐼.𝐼 = 𝑋 𝑠𝑖𝑛 𝛼 → 𝜑= = 𝑚𝑥 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑚=
𝜆 𝜆

Intensité en P :
𝑎/2
𝛿𝜔𝑡 𝑗(𝜔𝑡−𝜑)
𝐴𝐼 = 𝐴𝑜 𝑒 𝐴𝐼𝐼 = 𝐴𝑜 𝑒 → 𝐴totale = ∫ 𝐴𝑜 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑚𝑋) 𝑑𝑋
−𝑎/2
𝑎/2
𝑚𝑎 𝑗𝜔𝑡
𝐴totale = 𝐴𝑜 𝑒 𝑗𝜔𝑡 ∫ 𝑒 −𝑗𝑚𝑋 𝑑𝑋 d'ou 𝐴𝑡 = 𝑎𝐴𝑜 𝑠𝑖𝑛𝑐 𝑒
−𝑎/2 2

𝑚𝑎
𝐼 = 𝐴 𝐴∗ = 𝑎2 𝐴20 𝑠𝑖𝑛𝑐 2 ( )
2

Courbe :
I
𝐼0 = 𝑎2 𝐴20

I = 0,044I0

- D/a - 2D/a x
Etude des maximums :
𝑚𝑎
𝑥 = 0 → 𝑠𝑖𝑛 = 0 → =0 𝑜𝑟 lim 𝑠𝑖𝑛𝑐𝑥 = 1 → 𝐼(0) = 𝑎2 𝐴20
2 𝑥→0

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑚𝑎 𝜋
Maximums secondaires quand = (2𝐾 + 1) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝐾 ≠ 0
2 2
𝐾 = 1 → 𝐼1 = 0,044 𝐼0 𝐾 = 2 → 𝐼1 = 0,016 𝐼0
Etude des minimums :

𝑚𝑎 𝐾𝜆 𝑥 𝜆𝐷
𝐼 = 0  𝑠𝑖𝑛𝑐 = 0  = 𝐾𝜋 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝑠𝑖𝑛 𝛼 = ≈ → 𝑖=
2 𝑎 𝐷 𝑎

II ECRAN COMPLEMENTAIRE
L’amplitude diffractée par une fente de largeur a dans les
conditions de Fraunhofer s’écrit :
+∞
𝑎 𝑎
𝐴𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝐴0 𝑒 𝑗𝜔𝑡 ∫ 𝑡(𝑋). 𝑒 −𝑗𝑚𝑋 . 𝑑𝑋 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑡(𝑋) = 1 pour − <𝑋<
−∞ 2 2
=0 ailleurs

Le trait a une fonction de transparence complémentaire. On peut donc la redéfinir à partir de celle de
la fente. Elle vaut 1 – 𝑡(𝑋). L’amplitude diffractée est alors égale à :
+∞ +∞ +∞
𝐴′𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝐴0 𝑒 𝑗𝜔𝑡 ∫−∞ [1 − 𝑡(𝑋)]. 𝑒 −𝑗𝑚𝑋 . 𝑑𝑋 = 𝐴0 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [∫−∞ 𝑒 −𝑗𝑚𝑋 . 𝑑𝑋 − ∫−∞ 𝑡(𝑋). 𝑒 −𝑗𝑚𝑋 . 𝑑𝑋]

(0) = faisceau direct

On retrouve donc la même intégrale au signe près (mais il disparaît quand on passe à l’intensité) →
la figure de diffraction sera la même.

III CAS D'UNE FENTE DECENTREE


Le calcul est le même que pour une fente centrée à un
décalage d’origine près. Soit X0 le décalage du centre de la fente par rapport à l’axe optique. On a
alors :
𝑥 +𝑎/2
𝐴''𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝐴𝑜 𝑒 𝑗𝜔𝑡 ∫𝑥 𝑜−𝑎/2 𝑒 −𝑗𝑚𝑥 𝑑𝑥
𝑜

On procède à un changement de variable :

𝑋 = 𝑋0 𝑋′ = 0 ⇔ 𝑋 ′ = 𝑋 − 𝑋0

L’intégrale devient :
𝑎
2 ′
∫ 𝑒 −𝑗𝑚(𝑥 +𝑥𝑜) 𝑑(𝑥' + 𝑥𝑜 ) → 𝐴'𝑡 = 𝑒 𝑗𝜔𝑥𝑜 𝐴𝑡
𝑎

2

𝐼 = 𝐴𝐴∗ → 𝐼 ′′ = 𝐼 La figure est inchangée.

IV DIFFRACTION PAR DEUX FENTES


On garde le résultat précédent et on additionne les
amplitudes.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

x
b/2

-b/2

𝑗𝑚𝑏
𝑗𝑚𝑏 𝑚𝑏 𝑚𝑏
𝐴’𝑡 = 𝐴𝑡 (𝑒 2 + 𝑒 −𝑒 2
) = 𝐴𝑡 2𝑐𝑜𝑠 ( ) 𝐼 ′ = 𝐴𝐴∗ → 𝐼′ = 4 𝑐𝑜𝑠 2 ( ) . 𝐼
2 2

La figure de diffraction due à une fente est modulée par un terme d’interférence dû aux deux fentes.

Minimums des interférences :


𝜋 2𝐾 + 1 𝜆 𝑥
𝐼 ′ = 0  𝑐𝑜𝑠 = 0  𝑚𝑏 = (2𝐾 + 1)  𝑠𝑖𝑛 𝛼 = ≈
2 4 𝑏 𝐷
2𝑘 + 1 𝜆𝐷
 𝑥=
4 𝑏

Courbe :
I
I0

x
- D/4b - D/a

La tache centrale de diffraction est deux fois plus grande. Pas celle d’interférence.

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SPECTROMETRIE OPTIQUE

I SPECTROSCOPES A FENTES

I.1 Etude des systèmes dispersifs


On se contente ici d’observations qualitatives sur
deux systèmes présents dans les collections d’enseignement, les réseaux et le prisme à vision directe.

I.1.1 Les réseaux

Montage :
E
L

C
θ
QI
FS
R
1à2m

Source : lampe blanche 100 W


C : condenseur 6 cm
FS : fente source
L : 150 mm
R : réseau

Le montage proposé n’est pas le plus lumineux mais c’est celui qui présente le moins d’aberrations
(on conseille une fente source assez large pour une observation confortable). On souhaite voir le
spectre dans différents ordres donc il faut un réseau peu dispersif. Voici à titre indicatif des résultats
obtenus avec des réseaux à 78 traits/mm (à gauche) et 140 traits/mm (à droite) :

Observations :
- Le réseau disperse le spectre de la lampe dans différents ordres. La dispersion dans
un ordre donné est d’autant plus forte que la longueur d’onde est grande et elle augmente avec le
nombre de traits. Ces observations sont en accord avec la formule des réseaux (avec 𝑛 = nombre de
traits par mètre ou 𝑎 la distance entre deux traits et 𝑘 l’ordre de dispersion) :

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑘 𝑘
𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑠𝑖𝑛𝑖 = 𝑘𝑛 = → 𝑠𝑖𝑛𝜃 = 𝑘𝑛 = si 𝑖 = 0
𝑎 𝑎
- Des longueurs d’ondes proches sont d’autant plus séparées que l’ordre est grand.
On peut le confirmer en différenciant la formule des réseaux :

𝑑𝜃 𝑘𝑛
𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑠𝑖𝑛𝑖 = 𝑘𝑛 → 𝑐𝑜𝑠𝜃. 𝑑𝜃 = 𝑘𝑛. 𝑑𝜆 → 𝐷𝑎 = =
𝑑𝜆 𝑐𝑜𝑠𝜃

La dispersion angulaire 𝐷𝑎 augmente bien avec 𝑘 car il augmente le numérateur et diminue le


dénominateur puisque l’angle de dispersion 𝜃 augmente avec l’ordre.

- Plus l’ordre augmente, plus la luminosité du spectre diminue. Ceci est lié au fait
que le profil d’intensité du réseau est modulé par la figure de diffraction de son motif élémentaire (cf.
[1], page 118 ou [2], page 356 par exemple). Il y a donc, avec un réseau classique, un compromis
résolution/luminosité à faire sur l’ordre utilisé.

Remarque :
Avec les réseaux proposés, les angles de dispersion maximum dans le visible sont
d’environ 6 ° dans l’ordre 1 et 12 ° dans l’ordre 2. Dans ces conditions, l’approximation 𝑠𝑖𝑛𝜃 ≈ 𝜃
est correctement vérifiée et le réseau disperse les longueurs d’onde de manière linéaire1. On se servira
de cette propriété, valable uniquement aux angles faibles, pour l’étude du prisme à vision directe.

Cas des réseaux blazés :


Ce sont les réseaux employés dans les spectroscopes modernes. Par rapport
aux réseaux classiques, ils présentent l'avantage de concentrer une bonne partie de l'énergie incidente
dans un ordre du spectre grâce à la forme particulière de leur motif élémentaire (cf. [1], p. 120 – 122
ou [2], page 360 par exemple). A Rennes, on dispose de deux réseaux blazés en réflexion avec
lesquels on peut réaliser le montage suivant :

1,5 mètre

C
QI
FS R
L

C : condenseur 6 cm E 50 cm
FS : fente source
L : 150 mm
E : écran d’observation
R : réseau par réflexion ; le mettre perpendiculairement à l'axe optique pour commencer

On commence par ajuster la position de la lentille et l’angle d’inclinaison du réseau pour former
l'image de la fente source FS sur l'écran (attention, l’image n’est pas forcément très lumineuse). Il
faut ensuite régler le tirage de la lampe en essayant de faire un compromis entre la luminosité et les
aberrations (l’idée est de réussir à éclairer au mieux la fente source tout en limitant la portion de
surface éclairée sur la lentille de projection). On tourne ensuite le réseau pour faire défiler les
différents ordres. On doit alors observer un ordre nettement plus lumineux que les autres.

1
La linéarisation induit une erreur inférieure à 1 % si les angles sont inférieurs à 8 %.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.1.2 Le prisme a vision directe (PVD)


Le PVD est un instrument pratique en
enseignement car il permet d’obtenir des spectres lumineux tout en conservant l’axe optique, chose
impossible avec un prisme unique. Il est constitué de trois prismes dont un en Flint (celui du milieu ;
verre très dispersif) et deux en Crown (verre peu dispersif). Les angles des prismes sont calculés pour
avoir une déviation nulle à une longueur d’onde donnée (la raie jaune sur le schéma) :

Manipulations :
On peut remplacer le réseau par un PVD dans la première manipulation pour voir
la différence. On a évidemment un seul spectre et il est nettement plus lumineux.

On peut montrer la courbe de dispersion du PVD en mettant à profit la linéarité en


dispersion pour les premiers ordres d’un réseau à faible nombre de traits. Il suffit de reprendre le
premier montage en remplaçant la fente pour un trou et de rajouter le PVD à la suite du réseau mais
en l’orientant de manière à ce qu’il disperse dans une direction perpendiculaire au réseau (noter
l’orientation du PVD sur la photo de gauche) :
E
L
PVD
C
QI
TS
R 1à2m

C : condenseur 6 cm
TS : trou source de faible diamètre
L : 150 mm
R : 140 traits/mm avec axe de déviation horizontal
PVD : axe de déviation vertical

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Il faut bien aligner la lentille avec le réseau et le PVD en les accolant au mieux pour laisser passer un
maximum de lumière dans les trois éléments. On peut ensuite jouer sur le tirage de la lampe pour
optimiser la luminosité (l’image du filament de la lampe doit être dans la zone comprise entre la
lentille et le PVD). La photo de droite représente le genre de résultats qu’on peut obtenir. Le spectre
situé à gauche correspond à la dispersion du prisme sur l’ordre zéro du réseau. Il permet de voir que
le PVD dévie plus le bleu que le rouge (à l’inverse du réseau) et une comparaison avec et sans PVD
permet de repérer la couleur qui ne subie pas de déviation. Les deux spectres suivants correspondent
à la dispersion du prisme dans l’ordre 1 et 2 du réseau. On a vu que c’est une zone ou le réseau utilisé
disperse les longueurs d’onde de manière linéaire. Ils donnent donc l’allure de la courbe de dispersion
𝐷 = 𝑓(𝜆) du PVD. L’allure incurvée de la courbe met par conséquent en évidence une dispersion
non linéaire du PVD. Elle dépend ici des trois prismes, de leur forme et de la dépendance en longueur
d’onde des indices de réfraction. Il n’y a donc pas de loi théorique toute faite permettant de prédire
le comportement du PVD. C’est une des raisons pour laquelle le réseau est préféré au prisme en
spectrométrie car la formule des réseaux permet de relier précisément l’angle 𝜃 à la longueur d’onde,
sans devoir utiliser une propriété d’un milieu. Les réseaux permettent aussi d’avoir de meilleurs
pouvoirs de résolution, avec en plus un encombrement réduit par rapport aux prismes.

I.2 Spectrométrie avec un goniomètre à réseau


La détermination précise de
longueurs d’ondes avec un réseau nécessite un repérage soigné des différentes raies. La mesure des
distances de déviation par rapport à l’ordre zéro sur un écran n’est à ce titre pas optimum car on peut
obtenir de bien meilleurs résultats avec un goniomètre (le SIMPO Bouty utilisé ici permet un pointage
des angles à la demi-minute près). La principale difficulté consiste à régler correctement l’appareil.
Pour ce faire, on peut se reporter à l’annexe qui détaille une procédure possible.

I.2.1 Mesures des longueurs d’une lampe spectrale


On peut utiliser l’une des
deux méthodes indiquées dans l’annexe (celle du minimum de déviation ou de l’incidence normale).
On présente ici la deuxième mais on ne la conseille que s’il est possible d’ajuster l’incidence nulle
précisément (cf. méthode du § III.1 en annexe). Si on ne connait pas le nombre de traits du réseau
avec précision, il vaut mieux le mesurer au préalable avec une lampe prise comme étalon.

Montage :

Lunette Collimateur

Lampe Mercure
basse pression
Réseau

Réseau : n = 5750 traits/cm réglé en incidence normale

On peut tenter de rendre l’expérience plus visuelle en fixant une webcam à la sortie de la lunette2
mais les résultats ne sont pas forcément extraordinaires.

2
On peut réaliser une bague d’adaptation si on a une imprimante 3 D.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On ajuste la largeur de la fente source du collimateur au plus fin tout en conservant une luminosité
suffisante pour pouvoir observer les principales raies de la lampe. On pointe les raies d’un côté et de
l’autre puis on calcule les angles à partir de la différence des mesures. Voici à titre indicatif une série
de résultat obtenus dans l’ordre 1 avec le réseau proposé :

Couleur Violette faible Violette Bleu vert Verte Jaune 1 Jaune 2


Mesures à gauche 𝑀𝑔 (°) 193,40 194,47 196,37 198,25 199,33 199,41
Mesures à droite 𝑀𝑑 (°) 166,49 165,44 163,53 161,65 160,58 160,51
𝜃1 = (𝑀𝑔 − 𝑀𝑑 )/2 (°) 13,454 14,515 16,419 18,302 19,375 19,450
𝜆 = 𝑠𝑖𝑛(𝜃1 )/(𝑘𝜆) (nm) 404,61 435,84 491,54 546,13 576,96 579,10
Valeurs attendues3 (nm) 404,66 435,83 491,61 546,07 576,96 579,07

Un calcul d’incertitude tenant compte de la précision sur la mesure des angles et la valeur annoncée
du nombre de traits du réseau montre qu’il ne faudrait garder qu’un chiffre après la virgule sur les
longueurs d’ondes calculées mais on en a conservé un de plus pour mieux voir les très faibles
différences avec les valeurs attendues.! Ces résultats montrent qu’on peut avoir des mesures précises
avec un goniomètre si on manipule bien (réglage correct de l’appareil notamment) et que l’utilisation
d’un réseau dispense d’avoir à faire un étalonnage si son nombre de traits est bien défini.

I.2.2 Influence de l’ordre


On peut reprendre les mesures sur le doublet jaune
du Mercure pour vérifier que la dispersion angulaire est plus forte dans l’ordre 2 :

Couleur Jaune 1 Jaune 2


Mesures à gauche 𝑀𝑔 (°) 221,53 221,72
Mesures à droite 𝑀𝑑 (°) 138,40 138,21
𝜃2 = (𝑀𝑔 − 𝑀𝑑 )/2 (°) 41,565 41,754

L’écart angulaire dans l’ordre 2 vaut 𝛥𝜃2 = 0,189 ° à comparer à celui dans l’ordre 1 𝛥𝜃1 = 0,075 °.
On a donc une dispersion angulaire 2,5 fois plus importante dans l’ordre 2. On peut vérifier que ce
résultat est conforme à la valeur attendue compte tenu de l’expression de 𝐷𝑎 :

𝑘𝑛 𝐷𝑎2 𝑐𝑜𝑠𝜃1 𝑐𝑜𝑠19,4


𝐷𝑎 = → =2 ≈2 = 2,5
𝑐𝑜𝑠𝜃 𝐷𝑎1 𝑐𝑜𝑠𝜃2 𝑐𝑜𝑠41,6

I.2.3 Pouvoir de résolution


Le pouvoir de résolution d'un spectroscope est
défini par la relation :
𝜆
𝑃𝑅 =
𝛥𝜆

Il peut être limité par le pouvoir de résolution intrinsèque de l'élément dispersif, la largeur des fentes
d'entrée et de sortie (et les problèmes de luminosité associés) ou par des problèmes d’aberrations dans
le dispositif. La largeur éclairée du réseau impose son pouvoir de résolution théorique en fixant la

3
Données issues d’un Handbook.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

finesse des pics de diffraction associés à chaque longueur d’onde. On peut montrer (cf. [2], p. 358 par
exemple) qu’on a, avec N le nombre total de traits éclairés :

𝑃𝑅𝑡ℎé𝑜𝑟𝑖𝑞𝑢𝑒 = 𝑘𝑁

Le réseau est éclairé par une fente fine au foyer de la lentille du collimateur4. La largeur éclairée du
réseau en son centre correspond ≈ au diamètre de cette lentille, soit environ 2 cm. Avec le réseau
utilisé ici, cela conduit à un pouvoir théorique minimum de 11 500 permettant normalement de
séparer le doublet du sodium (𝜆𝑚𝑜𝑦 = 589,3 𝑛𝑚 𝛥𝜆 = 0,6 𝑛𝑚 → 𝜆𝑁𝑎 /𝛥𝜆𝑁𝑎 = 980).

Influence de la largeur de la fente source :


Fente
source
Collimateur

𝜃𝐹𝑆

Réglage de
sa largeur

Elle est au foyer de la lentille du collimateur (qui a une focale de 160 mm sur les goniomètres SIMPO-
Bouty) donc son diamètre angulaire vaut :

𝐿𝐹𝑆
𝜃𝐹𝑆 = ′
𝑓𝑐𝑜𝑙

L’écart angulaire entre deux longueurs d’ondes très proches peut s’obtenir à partir de l’expression de
la dispersion angulaire du réseau :

𝑑𝜃 𝑘𝑛 𝑘𝑛
𝐷𝑎 = = → 𝛥𝜃 = 𝛥𝜆
𝑑𝜆 𝑐𝑜𝑠𝜃 𝑐𝑜𝑠𝜃

Le diamètre angulaire de la fente source doit être inférieur à l’écart angulaire pour pouvoir résoudre
un écart en longueur d’onde donné. On est en limite de résolution lorsque 𝜃𝐹𝑆 = 𝛥𝜃, d’où :

𝑘𝑛𝑓𝑐𝑜𝑙
𝐿𝐹𝑆 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = 𝛥𝜆
𝑐𝑜𝑠𝜃

Manipulation :
On peut vérifier cette relation sur le doublet jaune du Mercure dans l’ordre 1 avec le
réseau proposé. Les mesures précédentes montrent qu’on a 𝜃𝑚𝑜𝑦 ≈ 19,4 ° pour un écart en longueur
d’onde 𝛥𝜆 = 2,1 𝑛𝑚, d’où :

1 × 575.103 × 0,16
𝐿𝐹𝑆 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = 2,1.10−9 → 𝐿𝐹𝑆 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = 0,205 𝑚𝑚
cos (19,4)

Pour comparer ce résultat à la valeur expérimentale, on commence par positionner la lunette sur
l’ordre zéro de la fente source. On ferme la fente puis on recherche sa limite d’ouverture pour détecter
un éventuel offset sur le barillet de lecture de son ouverture. Sur le goniomètre utilisé, la fente source

4
On rappelle qu’il est réglé à l’infini.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

a commencé à s’ouvrir pour une petite graduation (chaque division correspond à 1/100 de mm). On
pointe ensuite le doublet Jaune du mercure dans l’ordre 1 et on ouvre la 𝐹𝑆 jusqu’à ce que les images
des deux longueurs d’onde se touchent (limite de résolution). Cela s’est produit dans notre expérience
pour 22 graduations sur le tambour, d’où :

𝐿𝐹𝑆 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = 0,22 − 0,01 = 0,21 𝑚𝑚

Ce résultat est conforme à la valeur attendue. Il faut noter que cela correspond à une image de la fente
source dans la lunette particulièrement large donc la taille de FS n’est pas vraiment discriminante
pour résoudre le doublet jaune du Mercure avec le réseau utilisé. On peut chercher la limite pour le
doublet du sodium en calculant au préalable 𝜃 avec la formule du réseau en incidence normale :

Ordre 1 Ordre 2
𝜃𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑𝑢 = 𝑎𝑟𝑐𝑠𝑖𝑛(𝑘𝑛𝜆) 19,806 42,663
𝐿𝐹𝑆 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 (𝑚𝑚) 0,06 0,12

Ces valeurs sont plus contraignantes, spécialement dans l’ordre 1. On peut cependant y parvenir en
referment suffisamment la fente source et tenter des mesures dans les deux ordres (elles sont
particulièrement délicates vu la finesse des raies et leur faible luminosité) :

Ordre 1 Ordre 2
Orange 1 Orange 2 Orange 1 Orange 2
Mesures à gauche 𝑀𝑔 (°) 199,750 199,775 222,600 222,658
Mesures à droite 𝑀𝑑 (°) 160,158 160,133 137,308 137,250
𝜃 = (𝑀𝑔 − 𝑀𝑑 )/2 (°) 19,796 19,821 42,646 42,704
𝜆 = 𝑠𝑖𝑛(𝜃)/(𝑘𝜆) (𝑛𝑚) 588,95 589,66 589,06 589,71

On obtient des longueurs proches des valeurs attendues (589 et 589,6 nm). L’écart du doublet du
sodium calculé avec les résultats des ordres 1 et 2 donne 𝛥𝜆1 = 0,71 𝑛𝑚 et 𝛥𝜆2 = 0,65 𝑛𝑚 pour
0,6 𝑛𝑚 attendu. On a donc 20 % d’écart pour 𝑘 = 1 et 9 % pour 𝑘 = 2 alors qu’on était à moins de
2 % pour le doublet jaune du Mercure dans l’ordre 1. On atteint donc une limite dans la précision des
mesures sur le doublet du sodium.

Remarque :
Les résultats présentés ici ont été obtenus avec un réseau de qualité et un goniomètre
très bien réglé. On peut évidemment avoir des résultats moins bons dans le cas contraire.

I.3 Utilisation d’un spectromètre USB


On utilise un appareil Spectrovio II ayant les
caractéristiques suivantes :
- Montage type Czerny Turner
- Fente d'entrée 40 µm
- Réseau : 600 traits/mm blasé à 500 nm
- Gamme spectrale : 350 – 900 nm
- Barrette CCD de détection 3600 pixels ; 1 pixel tous les 0,15 nm5
- Résolution : 1 nm

5
Cette valeur correspond à l’intervalle spectral divisé par 3600 pixels.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Il est très simple d’emploi (il suffit de la connecter à un PC pour que son programme se lance). On
commence par une expérience de spectrométrie avec un lampe à vapeur d’hydrogène comme source.

I.3.1 Mesure de la constante de Rydberg


Si un atome est excité (dans un tube
à décharge par exemple), il passe à un niveau d’énergie supérieure 𝐸𝑓 . La désexcitation, ou retour à
un niveau d’énergie inférieure 𝐸𝑖 , se fait avec émission de rayonnement dont la fréquence est telle
que :
ℎ𝜐𝑓→ 𝑖 = 𝛥𝐸 = 𝐸𝑓 − 𝐸𝑖

Pour l’atome d’hydrogène, l’énergie d’un niveau de nombre quantique principal 𝑛 est donné par la
relation :

ℎ𝑐ℜ𝐻
𝐸𝑛 = −
𝑛2
Son spectre lumineux est donc composé de longueurs d'onde dont les valeurs sont données par la
relation suivante (formule de Rydberg) :

1 1 1
= ℜ𝐻 ( 2− )
𝜆𝑓→ 𝑖 𝑛𝑖 𝑛𝑓2

Celles présentes dans le visible correspondent à une redescente au niveau 𝑛 = 2, d’où, pour cette
série dite de Balmer :

1 1 1
= ℜ𝐻 ( − 2 )
𝜆𝑓→2 4 𝑛𝑓

Seules les trois premières raies de la série sont présentes dans le visible. Elles ont les caractéristiques
suivantes :

𝑛𝑓 3 4 5
Couleur Rouge Vert/Bleu Bleu/Violet
Longueur d’onde (nm) 656,3 486,1 434,0

On peut utiliser le spectromètre USB pour étudier ces raies et en déduire la constante de Rydberg.

Manipulation :

Spectromètre USB PC

Lampe
spectrale

On utilise une lampe Leybold référence 45113. Elle contient de la vapeur d’eau qui est dissociée par
les décharges électriques provoquée dans l’ampoule. La manipulation ne pose pas de problèmes
particuliers. On utilise la fibre optique fournie avec le spectromètre pour collecter la lumière et on
obtient les spectres suivants dans le visible en ajustant le temps d’intégration :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On observe une raie forte vers 650 nm, une plus faible vers 480 nm et il faut augmenter le temps
d’intégration pour pouvoir observer la raie vers 430 nm :

On mesure les longueurs d’ondes en zoomant sur chaque raie et on détermine à chaque fois leur
largeur à mi-hauteur pour obtenir un encadrement (𝛥𝜆 correspond à la moitié de l’encadrement) :

𝑛𝑓 3 4 5
𝜆𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é𝑒 (𝑛𝑚) 656,9 486,8 434,6
𝛥𝜆 (𝑛𝑚) 0,5 0,5 0,5

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut remarquer que les longueurs d’ondes obtenues sont systématiquement légèrement
supérieures d’environ 0,5 nm par rapport aux valeurs attendues6. On peut en tenir compte en
effectuant une modélisation affine sur les valeurs de 𝜆 avec 𝑌 = 1/(1/4 − 1/𝑛2 ) comme variable :

On obtient une droite conforme à la formule de Rydberg avec, comme prévu, une constante 𝑐 de
l’ordre de 0,5 nm. On obtient ℜ𝐻 = (10 969 ± 17). 102 𝑚−1 en accord avec la valeur attendue ℜ𝐻 =
10 974.102 𝑚−1 .

I.3.2 Résolution de l’appareil


On peut observer les mesures prises par
l’appareil en désactivant les liaisons entre les points7 :

6
Des mesures sur d’autres raies avec d’autres lampes ont confirmé ce décalage.
7
Il faut cliquer sur la flèche située à côté de l’affichage nommé « Brut » situé en haut à gauche de la courbe pour ouvrir
le menu adapté.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Une mesure entre plusieurs points montre qu’il y en a un tous les 0,17 nm. Il y a un léger écart avec
ce qu’annonce le constructeur (0,15 nm) mais un coup d’œil dans le tableau des valeurs explique ce
résultat puisqu’il y a seulement 3096 mesures sur un domaine compris entre 365 et 895 nm. Cette
résolution due aux pixels du capteur ne limite cependant pas celle de l’appareil puisqu’on obtient des
largeurs à mi-hauteur de l’ordre de 1 nm sur les raies (résultat en accord avec la donnée du fabricant).
Cela suffit pour résoudre le doublet du Mercure mais c’est trop faible pour résoudre celui du Sodium :

Cette largeur n’est pas due aux raies car une lampe spectrale basse pression donne des raies beaucoup
plus fines (cf. l’étude précédente du doublet du Sodium avec le goniomètre ou le § suivant sur la
spectroscopie interférométrique). Le pouvoir de résolution théorique du réseau n’est pas en cause non

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

plus vu son nombre de traits donc un autre facteur limite le pouvoir de résolution de l’appareil. On
peut logiquement penser songer à la fente source et une observation du capteur sur lequel se projette
les spectres va dans ce sens. Le spectromètre Spectrovio peut s’ouvrir, ce qui permet de voir
l’ensemble des éléments le constituant :

Miroir
Miroir de collimateur
focalisation

Réseau Fente
Barette CCD source

On reconnait la structure Czerny Turner avec un premier miroir concave en haut à droite servant de
collimateur pour éclairer le réseau avec la fente source située en bas à droite et un deuxième miroir
concave destiné à focaliser l’image de la fente source sur le capteur CCD. On peut envoyer un faisceau
de lumière blanche à l’aide d’une lampe quartz-iode et observer son spectre sur la barrette de
détection :

On s’aperçoit que la partie visible (≈ 400 nm d’étendue) s’étale sur environ 1,3 cm donc la gamme
spectrale de l’appareil (530 nm) occupe ≈1,7 cm et 1 nm correspond à ≈ 30 µm sur la barrette. Cette
valeur d’un nanomètre correspond à la largeur à mi-hauteur mesurée sur les raies des spectres donc

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

on peut en déduire que l’image de la fente source sur le capteur à une largeur d’environ 30 microns.
Cet ordre de grandeur est proche de la taille réelle de la fente source (40 µm), ce qui semble logique
puisque le diamètre angulaire de la fente source doit être proche de celui de son image compte tenu
de la configuration de l’appareil. L’estimation proposée ici est bien entendu grossière. L’idéal serait
de pouvoir modifier la largeur de la fente source pour confirmer son influence sur la résolution mais
ce n’est pas possible avec le spectromètre d’étude.

II SPECTROSCOPIE INTERFERENTIELLE
Consulter la référence [1], p. 229 et suivantes
pour une introduction à ce type d'interférométrie et les manipulations proposées. On utilise ici un
interféromètre de Michelson réglé en anneaux d’égale inclinaison (miroirs objet 𝑀1 et image 𝑀2′
parfaitement parallèles) avec une observation en sortie dans le plan focal image d’une lentille pour
qu’elle soit insensible à la cohérence spatiale.

II.1 Principe de la spectroscopie par transformée de Fourier

II.1.1 Cas d’une source monochromatique


On considère un rayonnement
monochromatique de nombre d'onde 0 = 1/0 et on s’intéresse au phénomène d’interférence au
centre des anneaux (𝑖 = 0) entre l’onde réfléchie par le miroir 𝑀1 et celle réfléchie par 𝑀2 (ou son
équivalent image 𝑀2′ via la séparatrice du côté de 𝑀1 ) :
𝑒

𝐴𝑐𝑜𝑠𝑡

𝐴0 𝑐𝑜𝑠𝑡

𝐴𝑐𝑜𝑠(𝑡 − )

𝑀1 𝑀2′

On a, à la sortie de l’interféromètre :

2𝜋𝛿
𝐴𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 𝐴[𝑒 𝑖𝜔𝑡 + 𝑒 𝑖(𝜔𝑡 − 𝜑) ] avec 𝜑= et 𝛿 = 2𝑒
𝜆0

D’où l’intensité :

𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 〈𝐴𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 × 𝐴∗𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 〉 = 𝐴2 〈[𝑒 𝑖𝜔𝑡 + 𝑒 𝑖(𝜔𝑡 − 𝜑) ][𝑒 − 𝑖𝜔𝑡 + 𝑒 −𝑖(𝜔𝑡 − 𝜑) ]〉

2
𝑒 𝑖𝜑 + 𝑒 − 𝑖𝜑
𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 2𝐴 〈1 + 〉
2
Soit, en prenant la partie réelle :

2𝜋𝛿
𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 2𝐴2 (1 + 𝑐𝑜𝑠𝜑) = 2𝐴2 (1 + 𝑐𝑜𝑠 ) = 2𝐴2 (1 + 𝑐𝑜𝑠2𝜋𝛿𝜎0 )
𝜆0

Si on fait varier la différence de marche  en déplaçant un des miroirs, on observe par rapport à un

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

éclairement moyen la variation d’intensité 𝐼() suivante :

𝐼()
𝐵()


0 

II.1.2 Cas d’un doublet


On suppose une source émettant deux raies
monochromatiques très proches de même intensité et de nombres d'onde 1 et 2 . Ces radiations étant
incohérentes temporellement, leur intensité s’ajoute. On a donc 𝐼 = 𝐼𝜎1 + 𝐼𝜎2 avec des expressions
similaires à celle du § précédent pour 𝐼𝜎1 et 𝐼𝜎2 :

𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 2𝐴2 (2 + 𝑐𝑜𝑠2𝜋𝛿𝜎1 + 𝑐𝑜𝑠2𝜋𝛿𝜎1 ) = 2𝐴2 {2 + 2𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝜎1 − 𝜎2 )𝛿]𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝜎1 + 𝜎2 )𝛿]}

𝜎1 + 𝜎2
𝐼𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 = 4𝐴2 {1 + 𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝜎1 − 𝜎2 )𝛿]𝑐𝑜𝑠 [2𝜋 𝛿]}
2

Si on fait varier la différence de marche  en déplaçant un des miroirs, la partie variable de l'intensité
est une oscillation de nombre d’onde 𝜎𝑚𝑜𝑦 = (𝜎1 + 𝜎2 )/2 modulée par l’oscillation basse fréquence
𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝜎1 − 𝜎2 )𝛿]. On a donc une succession régulière de brouillages des anneaux pour 1 , 2 , 3 , . ..

𝐼()
𝐵()


1 2 

Avec une périodicité telle que :

1 1 1
𝑐𝑜𝑠[𝜋(𝜎1 − 𝜎2 )𝛿] = 0 → 𝜋(𝜎1 − 𝜎2 )𝛿 = (𝑘 + ) 𝜋 → 𝛿 = (𝑘 + )
2 2 𝜎1 − 𝜎2

D’où :
1 1 𝜆1 𝜆2 𝜆2𝑚𝑜𝑦
𝛥𝛿 = 𝛿𝑘+1 − 𝛿𝑘 = = = → 𝛥𝛿 = 2𝛥𝑒 ≈
𝜎1 − 𝜎2 1 1 𝜆 2 − 𝜆 1 𝛥𝜆

𝜆1 𝜆2

II.1.3 Cas d’une raie large


Si la source émet de la lumière dans un intervalle
spectral s'étendant de 1 à 2 avec la répartition spectrale 𝐵(𝜎), l'intensité vaut alors :

𝐼(𝛿) = ∫ 𝐵(𝜎)[1 + 𝑐𝑜𝑠2𝜋𝛿𝜎]𝑑𝜎

Soit :
𝐼(𝛿) = 𝐼𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 + 𝛥𝐼(𝜎) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝛥𝐼(𝜎) = ∫ 𝐵(𝜎)𝑐𝑜𝑠2𝜋𝛿𝜎𝑑𝜎

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On retrouve la propriété générale des interférences à deux ondes : la variation d'intensité 𝛥𝐼(𝜎) autour
de la valeur moyenne est donnée par la transformée de Fourier de la répartition spectrale 𝐵(𝜎). Si on
considère le cas d'une raie à 0 = 1/0 avec un profil de largeur à mi-hauteur , la transformée de
Fourier est une sinusoïde de période 0 = 1/0 = 0 modulée par une enveloppe de largeur à mi-
hauteur de l’ordre de  = 1/ :

𝐵() 𝐼()
1/


0 

II.1.4 Cas de deux raies larges, proches, de même largeur et de même intensité

On observe une combinaison des deux résultats précédents :

𝐵() 𝐼()


1 2 

C'est typiquement8 le genre d’interférogramme qu’on obtient avec le doublet du mercure ou du


sodium.

II.2 Mesure du doublet du sodium


On a vu que cette source est principalement
constituée dans le visible d’un doublet à 𝜆𝑚𝑜𝑦 = 589,3 𝑛𝑚 et séparé de 𝛥𝜆 = 0,6 𝑛𝑚. Des données
plus précises trouvées dans un Handbook annoncent 𝛥𝜆𝑁𝑎 = 0,597 𝑛𝑚.

Manipulation :
𝑀1 𝑀2

𝐿2

Na BP
𝑓2′

C : condenseur 6 cm

8
Il peut être légèrement différent si les raies non pas la même largeur ou la même intensité (cf. [1], p. 235).

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L2 : lentille de grande ouverture et de grande focale (50 cm – 1 m)


Michelson réglé en anneaux
Si on chariote un Michelson réglé en anneaux d’égale inclinaison avec cette source, on doit voir
autour du contact optique une succession de brouillage des anneaux avec une périodicité donnée par
la relation :
𝜆2𝑚𝑜𝑦
𝛥𝛿 = 2𝛥𝑒 ≈
𝛥𝜆

Le phénomène étant périodique, on a intérêt à repérer plusieurs anti coïncidences pour améliorer la
précision de la mesure. On peut en général voire trois ou 4 anti coïncidences de part et d’autre du
contact optique avant que la chute de contraste due à la largeur des raies nuise à la visibilité des
anneaux. Les résultats suivants ont été obtenus avec un Michelson équipé d’un vernier électronique.
La mesure de l’écart entre 8 anti coïncidences autour du contact optique nous a donné le résultat
suivant :
𝐿
𝐿 = 2,328 𝑚𝑚 → 𝛥𝑒 = = 0,291 𝑚𝑚 entre 2 anti coïncidences
8

𝜆2𝑚𝑜𝑦 (589,3.10−9 )2
Et 𝛥𝜆 = = → 𝛥𝜆 = 0,597 𝑛𝑚
2𝛥𝑒 2 × 0,291.10−3

Calcul d’incertitude :
On a évalué l’encadrement du repérage visuel de la première et la dernière
anti coïncidence à ± 0,032 𝑚𝑚, d’où :

𝐿 = 𝑥2 − 𝑥1 → 𝛥𝐿 = 2𝛥𝑥 = 0,06 𝑚𝑚

𝐿 𝛥(𝛥𝑒) 𝛥𝐿 0,06
𝛥𝑒 = → = = = 2,7 %
8 𝛥𝑒 𝐿 2,328

Cette incertitude est plus forte que celle sur la longueur d’onde moyenne donc on néglige cette
dernière d’où :

𝛥(𝛥𝜆) 𝛥(𝛥𝑒)
= → 𝛥(𝛥𝜆) = 0,027𝛥𝜆 = 0,027 × 0,597 ≈ 0,02 𝑛𝑚
𝛥𝜆 𝛥𝑒

Soit, au final :
𝛥𝜆 = 0,60 ± 0,02 𝑛𝑚

On retrouve bien la valeur annoncée et avec une bien meilleure précision que lors de la mesure au
goniomètre. On voit ainsi tout l’intérêt des spectroscopes interférentiels concernant l'étude des détails
fins d'un spectre car c’est le domaine ou les spectroscopes à fente trouvent leur limite (plus les détails
sont fins, plus il devient difficile de les séparer). Il n’y a pas ce problème avec les interféromètres car
le besoin de chariotage est en inverse de l’écart de longueur d’onde à mesurer. Il faut cependant noter
que le gain de résolution obtenu en augmentant la différence de marche se fait au détriment de
l’intervalle spectral libre9

II.3 Evaluation d'une largeur de raie


On reprend le montage précédent mais avec une
lampe a vapeut de mercure cette fois ci. On isole sa raie verte à 546 nm à l’aide d’un filtre

9
Domaine de longueur d’onde sur lequel un spectre optique peut être analysé sans ambigüité.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

interférentiel (attention, ce type de filtre est très sensible à la chaleur donc ne pas le mettre trop près
de la lampe ni sur un point de convergence du faisceau et placer sa face miroitée du côté de la
source). On chariote de part et d’autre jusqu’à voir une baisse notable du contraste. Cette décroissance
étant monotone pour une raie, le contraste doit être significatif dans un intervalle symétrique
[− 𝛿 ; + 𝛿] qui définit la longueur de cohérence de la source. Le critère visuel n’étant pas précis et le
résultat dépendant du profil spectral de la raie, seul l’ordre de grandeur à un sens.

Estimation de  :
Le repérage étant grossier, on garde comme critère de calcul la relation  =
1/. Avec une Mercure moyenne pression, on observe une décroissance notable du contraste pour
un chariotage autour du contact optique 𝐿  0,4 𝑚𝑚 d’où :

1 2 2
𝛥𝛿 = 2𝐿  = → 𝛥𝜆 ≈
 𝛥𝜆 2𝐿

(546.10−9 )2
𝐴𝑁 ∶ 𝛥𝜆 ≈ → 𝛥𝜆 = 0,37 𝑛𝑚
2 × 0,4.10−3

Avec une mercure basse pression on a obtenu 𝐿  4 𝑚𝑚, d’où   0,04 𝑛𝑚.

Ces valeurs sont données à titre indicatif ; elles dépendent entre autres du temps depuis lequel la
lampe a été allumée.

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique expérimentale
[2] : Pérez : Optique, fondements et applications 7ème édition

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : REGLAGE DU GONIOMETRE

I DESCRIPTION DE L’APPAREIL
Le goniomètre est un instrument permettant une mesure
précise d’angles (à la minute près, si on manipule bien). Le modèle sur la photo correspond à un
instrument de la société SIMPO-Bouty :

Lunette de visée Collimateur


O T BL BC F
Platine
Vis V
H

B2
Lunette de D2
lecture des
angles D1
B1
Plateau principal

Pieds

Il est composé :

- d’un plateau principal pouvant tourner autour d’un axe 𝛥𝑂 . On peut bloquer sa
rotation avec la vis 𝐵1. La molette 𝐷1 permet ensuite d’ajuster finement sa position.
- d’un collimateur destiné à fournir un faisceau éclairant l’élément dispersif à partir
de la source lumineuse étudiée. Une fente 𝐹 laisse passer la lumière. La bague 𝐵𝐶 permet de régler
l’objectif pour avoir des rayons parallèles en sortie. L’axe optique 𝛥𝐶 du collimateur est, par
construction, orthogonal à l’axe de rotation 𝛥𝑂 du plateau principal et n’est pas modifiable.

- d’une platine tournante atour d’un axe 𝛥𝑃 sur laquelle on pose l’élément dispersif
(prisme ou réseau). Trois vis 𝑉1 , 𝑉2 , 𝑉3 permettent d’ajuster l’horizontalité de la platine. La vis 𝐵2
permet de bloquer sa rotation, la molette 𝐷2 permet ensuite d’ajuster finement sa position.
- d’une lunette de visée solidaire du plateau principal. Elle est constituée d’un
oculaire 𝑂, d’un réticule (deux fils fins perpendiculaires) et d’un objectif. Une bague 𝐵𝐿 permet
d’ajuster la position de l’objectif pour que l’image de la fente 𝐹, située à l’infini, se forme dans le
plan du réticule. Une tirette 𝑇 permet d’intercaler une lame semi réfléchissante inclinée à 45° par

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

rapport à l’axe optique 𝛥𝐿 de la lunette pour faciliter ce réglage. La vis 𝐻 sert à ajuster l’horizontalité
de la lunette.
- d’une lunette de lecture des angles pour repérer la position des raies visées. Elle
permet d’observer une graduation circulaire devant laquelle se déplace un micromètre solidaire de la
lunette. La position de la lunette de visée est donnée, pour les degrés, par le chiffre de la graduation
principale se trouvant dans la plage du micromètre et, pour les minutes d’arc, par la division du
micromètre coïncidant avec cette même graduation.

La graduation principale 251 coïncide avec la graduation 43 du micromètre d’où θ = 251° 43’

II REGLAGE DU GONIOMETRE
La suite indique comment régler les différents éléments du
goniomètre avec un réseau comme élément dispersif.

II.1 Horizontalité du plateau principal


Ce réglage n’est pas une nécessité absolue
pour faire de la spectrométrie mais il est rapide à faire et permet d’associer certains axes de l’appareil
à l’horizontale et la verticale ce qui allège les discussions par la suite.

Le goniomètre à 3 pieds. L’un d’eux n’est pas modifiable, les deux autres ont une molette permettant
d’ajuster leur hauteur. On place un niveau à bulle entre le pied fixe et un des pieds réglables puis on
règle le niveau sur cet axe à l’aide de la molette. On répète cette procédure avec le deuxième pied
réglable. Le plateau est alors quasiment horizontal (on peut vérifier que la bulle du niveau reste
centrée lorsqu’on tourne le plateau) et sera considéré comme tel même si le réglage n’est pas parfait.
Avec cette hypothèse, l’axe de rotation 𝛥𝑂 du plateau principal est vertical et l’axe optique 𝛥𝐶 du
collimateur est horizontal.

Remarque :
𝛥𝐶 est, par construction, orthogonal à 𝛥𝑂 . Par contre, l’axe optique 𝛥𝐿 de la lunette de
visée n’est pas forcément orthogonal à 𝛥𝑂 (donc parallèle à 𝛥𝐶 ) et l’axe 𝛥𝑃 de la platine n’est pas
forcément aligné avec 𝛥𝑂 :
𝛥𝑂 𝛥𝑃

𝛥𝐿
𝛥𝐶

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2 Lunette de visée


Elle est correctement réglée si on peut viser des objets situés à
l'infini. Le réticule doit donc être dans le plan focal image (PFI) de l'objectif et l’oculaire doit
conjuguer le réticule avec le plan dans lequel se situe le punctum remotum de l’observateur pour une
observation sans fatigue visuelle.

Réticule

Oculaire
PFI de l’objectif Objectif
Lunette correctement réglée pour un emmétrope (le foyer objet de l’oculaire est alors confondu
avec le foyer image de l’objectif et la lunette est afocale)

II.2.1 Réglage de l’oculaire


On joue sur le tirage de l’oculaire O jusqu’à voir
nettement le réticule sans faire d’effort. L’oculaire conjugue alors le réticule avec le punctum
remotum de l’observateur.

II.2.2 Réglage de l'objectif


Pour viser des objets à l’infini, le plan focal image
de l’objectif doit être dans celui du réticule. Ce réglage s’effectue par auto collimation :
- on plaque un miroir contre la face d’entrée de la lunette.

- on bascule la tirette 𝑇 vers l’avant pour intercaler la lame semi transparente entre
l’oculaire et le réticule. Une lampe éclaire alors le réticule qui sert d’objet pour l’objectif.
- l’objectif envoie les rayons lumineux vers le miroir qui les renvoie dans la lunette.
On voit alors un cercle lumineux à travers l’oculaire (si on ne voit rien, il faut bien plaquer le miroir
contre la lunette pour qu’il soit perpendiculaire à l’axe optique de la lunette). On ajuste la position de
l’objectif avec la bague 𝐵𝐿 jusqu’à voir nettement l’image du réticule renvoyée par le miroir. Le
réticule et son image sont alors dans le plan focal image de l’objectif (principe de l’auto collimation)
et la lunette est réglée pour observer à l’infini.

- le réglage étant terminé, on retire la lame semi réfléchissante en basculant la tirette 𝑇


vers l’arrière et on ne touche plus à la bague 𝐵𝐿 par la suite.

Réticule
Miroir

Oculaire
PFI de l’objectif Objectif

Réglage de l’objectif par auto collimation (oculaire réglé pour un emmétrope)

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.3 Collimateur
Il doit envoyer des faisceaux de lumière parallèle vers l’objet dispersif
(prisme ou réseau) donc la fente F doit être dans le plan focal objet de la lentille du collimateur. On
effectue ce réglage via la lunette de visée puisqu’elle est maintenant réglée pour observer à l’infini :
on aligne la lunette avec le collimateur, on éclaire F avec une source quelconque et on ajuste le tirage
du collimateur avec la bague 𝐵𝐶 jusqu’à voir nettement l’image de 𝐹 dans la lunette. Le collimateur
produit alors une image de la fente qui est à l’infini et 𝐵𝐶 ne doit plus être retouché par la suite.

II.4 Réglage de l’inclinaison de la lunette


L’axe optique 𝛥𝐿 de la lunette doit être
aligné avec celui du collimateur. Ce réglage peut s’effectuer à l’aide d’une lame de verre à faces
parallèles (cas de figure présenté ici) ou avec un réseau s’il est bien plan (réseau sur plaque de verre).
On commence par régler les vis 𝑉1 , 𝑉2 , 𝑉3 à mi-course pour rendre la platine mobile à peu près
horizontale. On aligne la lunette avec le collimateur en visant sa fente éclairée par une source à l’aide
du réticule vertical puis on bloque le plateau principal dans cette position à l’aide de la vis 𝐵1 et on
enlève la source. On place ensuite la lame en alignant ses faces avec l’axe passant par une vis (𝑉3 sur
le schéma) et le centre de la platine On regarde à travers la lunette en éclairant le réticule via la tirette
𝑇 et on tourne la platine jusqu’à voir revenir l’image du réticule :

V3

Lunette Collimateur

V2 V1

Première étape : ajustement via VL et V1

On cherche alors à aligner les traits horizontaux du réticule et de son image en jouant pour moitié sur
la vis de réglage 𝐻 de la lunette et pour l’autre moitié sur la vis de la platine en opposition de la
lunette10 (la plus éloignée, soit 𝑉1 sur le schéma) :

Réticule image

Ajustement

Réticule objet

10
Le protocole de réglage proposé peut aussi s’effectuer en utilisant systématiquement la vis la plus proche de la
lunette.

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

A ce stade, l’axe optique 𝛥𝐶 de la lunette est orthogonal aux faces de la lame mais rien ne prouve que
cet axe soit horizontal. Pour y parvenir, on tourne la platine à 180 ° pour éclairer la deuxième face de
la lame. Si les traits horizontaux du réticule et de son image ne sont pas confondus, on répète la
procédure précédente en jouant pour moitié sur 𝐻 et l’autre moitié sur la nouvelle vis en opposition
de la lunette (soit 𝑉2 sur le schéma).

V1 V2

Lunette Collimateur

180 °

V3

Deuxième étape : ajustement via VL et V2 après une rotation de 180 °

On pivote de nouveau la platine de 180 °, on refait le réglage et on poursuit les rotations jusqu’à ce
que la coïncidence des traits horizontaux du réticule et de son image persiste. L’axe 𝛥𝐿 est alors
orthogonal aux faces de la lame et à l’axe 𝛥0 , donc horizontal avec l’hypothèse du § I. 𝛥𝐿 étant
désormais aligné avec 𝛥𝐶 , il ne faut plus retoucher au réglage de 𝐻 par la suite.

𝛥𝑂 𝛥𝑂 𝛥𝑂

𝛥𝐿 𝛥𝐿 𝛥𝐿

Cas de figure possible à l’issue Après rotation de 180 ° : le A la fin du processus de


du premier réglage : le réticule réticule et son image ne sont plus convergence : 𝛥𝐿 est orthogonal
et son image sont alignés alignés horizontalement, il faut aux faces et à 𝛥0 , l’inclinaison de
horizontalement mais 𝛥𝐿 n’est poursuivre le réglage la lunette est désormais réglée
pas forcément orthogonal à 𝛥0

Remarques :
On a réglé l’horizontalité de la lunette mais pas forcément celui de l’axe 𝑉1 /𝑉2 de la
platine si la base de la lame n’est pas perpendiculaire à ses faces11. Ce genre de défaut n’affecte
cependant pas le réglage de l’horizontalité de la lunette.

11
Un tel défaut d’angle, même minime, est facilement détectable avec le goniomètre : on perd la coïncidence des traits
horizontaux du réticule et de son image si on retourne la lame pour la poser sur sa base supérieure. On peut la retrouver
sur cette nouvelle base en agissant seulement sur V1 ou V2 et on doit la conserver avec des rotations de 180 ° de la platine
si les faces de la lame sont bien parallèles.

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝛥𝑂 𝛥𝑂

𝛥𝐿 𝛥𝐿

Cas d’un réglage avec une lame à faces parallèles ayant des bases qui ne sont pas parfaitement perpendiculaires
aux faces : 𝛥𝐿 doit forcément être horizontal et orthogonal aux faces et à 𝛥0 pour qu’une rotation de 180 ° n’affecte
pas la coïncidence des traits horizontaux du réticule et de son image mais le plateau n’est pas horizontal

Par contre, il faut des faces bien parallèles pour que la lunette soit horizontale à la fin
du réglage.
𝛥𝑂
𝛥𝐿

Cas d’un réglage avec une lame ayant des faces non parallèles : la fin du processus de convergence aboutit à la
coïncidence des traits horizontaux du réticule quelle que soit la face éclairée mais la lunette n’est pas horizontale

II.5 Mise en place du réseau


Si le réglage précédent a été fait avec le réseau, il reste
juste à régler la dernière vis de la platine sur laquelle on n’a pas encore agit (𝑉3 ). Si on a utilisé une
lame, il faut la remplacer par le réseau en le positionnant de la même manière (faces alignées avec
l’axe passant par 𝑉3 et le centre de la platine) et rendre ses faces verticales12 en reprenant la procédure
précédente mais en jouant cette fois ci uniquement sur les vis 𝑉1 et 𝑉2 puisque la lunette est désormais
horizontale. On rebascule la tirette 𝑇 vers l’arrière une fois ces réglages effectués.

Réglage de la vis 𝑉3 :
Les faces du réseau sont désormais perpendiculaires à l’axe optique commun
du collimateur et de la lunette mais ses traits ne sont pas forcément verticaux. Une solution pour y
parvenir consiste à diaphragmer la fente source 𝐹 du collimateur (à l’aide de Post It par exemple) :

Il suffit alors de regarder le spectre d’une source à travers la lunette et ajuster 𝑉3 pour qu’il s’étale
horizontalement de chaque côté de l’ordre zéro. Le réglage du goniomètre est désormais terminé : les
axes optiques 𝛥𝐶 du collimateur et 𝛥𝐿 de la lunette sont dans un même plan horizontal. Les faces du
réseau sont orthogonales à ce plan et ses traits sont verticaux.

12
i.e. parallèles à 𝛥0 et orthogonales à l’axe optique 𝛥𝐶 désormais commun au collimateur et à la lunette.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Remarque :
Les réglages conduisent à un réseau bien perpendiculaire à l’axe optique du collimateur
mais rien ne garantit qu’il soit sur le centre de rotation du plateau principal (le réseau a été positionné
à la main au départ). On peut se demander si un décalage du réseau par rapport à l’axe 𝑉3/centre du
plateau ne risque pas de fausser les mesures. Ça n’a en fait aucune conséquence car on observe à
l’infini donc on mesure bien le bon angle quand on vise une raie comme le montre le schéma suivant.

Objectif de la
lunette
𝛥𝐶

O
Rayons envoyés
par le collimateur
𝛥𝐿
V3

Réticule dans le
PFI de l’objectif

III MODES D’UTILISATION DU RÉSEAU

III.1 En incidence normale


C’est l’utilisation à laquelle on pense naturellement car
elle permet de simplifier la formule du réseau (𝑛 correspond au nombre de traits par mètre et 𝑘 à
l’ordre du spectre) :

𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑠𝑖𝑛𝑖 = 𝑘𝑛𝜆 → 𝑠𝑖𝑛𝜃 = 𝑘𝑛𝜆 si 𝑖=0

Mais un réglage « à l’œil » de cette incidence particulière est insuffisant pour des mesures précises
donc on procède de la manière suivante :
- on éclaire la fente source 𝐹 (réglée très fine) avec une
source quelconque et on aligne précisément la lunette avec le collimateur en visant l’ordre zéro de 𝐹
avec le trait vertical du réticule. On note alors la valeur 𝜃0 de l’axe optique collimateur/lunette (très
proche de 180 ° sur les goniomètre SIMPO-Bouty).
- on bascule la tirette 𝑇 vers l’avant pour éclairer le
réticule puis on tourne la platine jusqu’à faire coïncider son trait vertical avec celui de l’image
renvoyée par le réseau. Les faces du réseau sont alors perpendiculaires à l’axe optique
collimateur/lunette donc il est éclairé en incidence normale.

III.2 Au minimum de déviation


La déviation du faisceau incident par rapport à sa
trajectoire initiale correspond à 𝐷 = 𝜃 − 𝑖. On peut calculer sa valeur en fonction de l’angle
d’incidence en calculant 𝜃 pour différentes valeurs de 𝑖 avec la formule du réseau. On obtient alors

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

le genre de courbe suivante (simulation effectuée dans l’ordre 1 pour la raie verte du mercure avec
un réseau de 575 traits/mm) :

On s’aperçoit que la déviation dépend de l’angle d’incidence et passe par un minimum qu’on peut
trouver en recherchant l’annulation de la dérivée de 𝐷 par rapport à 𝑖 :

𝑑𝐷 𝑑𝜃
=0= −1 d'ou 𝑑𝜃 = 𝑑𝑖
𝑑𝑖 𝑑𝑖
On a aussi, compte tenu de la formule du réseau (pour 𝑘 et 𝜆 donnés) :

𝑑(𝑠𝑖𝑛𝜃 − 𝑠𝑖𝑛𝑖) = 𝑑(𝑘𝑛𝜆) = 0 = 𝑐𝑜𝑠𝜃𝑑𝜃 − 𝑐𝑜𝑠𝑖𝑑𝑖 → 𝑐𝑜𝑠𝜃 = 𝑐𝑜𝑠𝑖

On en déduit que la déviation minimale est atteinte lorsque :

𝜃 =±𝑖

La solution positive est sans intérêt puisque qu’elle correspond à une déviation nulle. La solution
négative aboutit à :

𝐷𝑚𝑖𝑛 = 𝜃𝑚𝑖𝑛 − 𝑖𝑚𝑖𝑛 = 𝜃𝑚𝑖𝑛 − (−𝜃𝑚𝑖𝑛 ) → 𝐷𝑚𝑖𝑛 = 2𝜃𝑚𝑖𝑛

Le réseau est alors un plan de symétrie entre le collimateur et la lunette (critère utile à retenir pour la
recherche expérimentale de 𝐷𝑚𝑖𝑛 ) :

𝐷𝑚𝑖𝑛 = 2𝜃𝑚𝑖𝑛

𝑖𝑚𝑖𝑛 = −𝜃𝑚𝑖𝑛 𝜃𝑚𝑖𝑛

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Et la formule du réseau devient :

𝐷𝑚𝑖𝑛
𝑠𝑖𝑛𝜃𝑚𝑖𝑛 − 𝑠𝑖𝑛(−𝜃𝑚𝑖𝑛 ) = 𝑘𝑛𝜆 = 2𝑠𝑖𝑛𝜃𝑚𝑖𝑛 → 2𝑠𝑖𝑛 ( ) = 𝑘𝑛𝜆
2

Recherche pratique du minimum de déviation :


Pour le trouver facilement, on peut démarrer avec la
lunette dans l’axe du collimateur et le réseau perpendiculaire à cet axe (un réglage grossier suffit).
On recherche la raie souhaitée à gauche ou à droite dans l’ordre qu’on veut. Partant de là, on tourne
le réseau vers le plan de symétrie entre la lunette et le collimateur tout en suivant le déplacement de
la raie avec la lunette. Elle doit aller dans un sens, s’arrêter et puis rebrousser chemin. Le minimum
de déviation vient d’être passé.

Collimateur Lunette Collimateur Collimateur

On tourne le réseau vers le


Point de départ On cherche la raie plan de symétrie et on regarde
l’évolution de la raie

III.3 Comparaison entre les deux méthodes


La méthode du minimum de déviation
est plus longue à mettre en œuvre car il faut régler la position du plateau à chaque mesure. Par contre,
elle présente deux avantages. Le premier concerne l’angle à mesurer : la déviation est définie par
rapport à quelque chose d’invariant dans le dispositif (l’angle 𝜃0 de la trajectoire du faisceau incident)
donc l’origine de mesure de 𝐷 n’est pas affectée par un éventuel mauvais placement du réseau. 𝐷𝑚𝑖𝑛
correspond aussi à un point d’inflexion de la courbe 𝐷 = 𝑓(𝑖) donc sa mesure est peu affectée par un
petit défaut de positionnement du réseau. Le tableau suivant présente les valeurs de déviation autour
de 𝐷𝑚𝑖𝑛 obtenues avec la simulation précédente :

𝑖° -7 - 7,5 -8 - 8,5 -9 - 9,5 - 10 - 10,5 -11


𝐷° 18,077 18,072 18,069 18,067 18,066 18,067 18,069 18,072 18,077
𝜆𝑐𝑎𝑙𝑐𝑢𝑙é𝑒 (𝑛𝑚) 546,43 546,29 546,18 546,12 546,10 546,12 546,18 546,29 546,43

On s’aperçoit qu’une modification d’un ou deux degrés autour de l’incidence adéquate (qui vaut 9 °
pour la raie verte du mercure dans l’ordre 1 avec un réseau à 575 traits/mm) a très peu d’impact sur
la déviation et le calcul de 𝜆 avec la formule du minimum de déviation. De plus, l’orientation du
réseau peut être ajustée très finement avec la vis de réglage de rotation de la platine 𝐷2 donc il est
facile de repérer finement la position du minimum de déviation. Cette méthode permet par conséquent
des mesures précises de longueurs d’onde.

Celle de l’incidence nulle est plus rapide à faire car on peut enchainer les mesures sur les différentes
raies une fois la condition 𝑖 = 0 réalisée. Par contre, un défaut sur ce réglage introduit un 𝑠𝑖𝑛𝑖 dans
la formule des réseaux et les angles mesurés sur le goniomètre ne correspondent plus exactement aux
angles de dispersion des ordres puisque la normale au réseau (référence de mesure de 𝜃) est décalée
par rapport à la trajectoire du faisceau incident (l’angle 𝜃0 ) :

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Faisceau
incident
Normale
au réseau i

Réseau

𝜃𝑘 𝜃−𝑘

i
𝜃𝑘 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é
𝜃− 𝑘 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é
𝜃0

On a donc pour une mesure dans un ordre donné :

𝑠𝑖𝑛𝜃𝑘 = 𝑠𝑖𝑛𝑖 + 𝑘𝑛𝜆

Avec des angles en valeurs algébriques :

𝜃𝑘 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é = 𝜃𝑘 − 𝑖

On peut éliminer les biais dans chaque formule en effectuant des différences dans les ordres ± 𝑘 mais
on ne peut pas combiner les résultats obtenus pour faire un calcul de λ sans erreur. La méthode de
l’incidence nulle avec un défaut de réglage conduit donc à des biais systématiques qu’on ne peut pas
entièrement corriger. On peut regarder l’impact que cela a sur les résultats obtenus. La réponse n’est
pas unique car elle dépend de plusieurs paramètres (niveau d’erreur sur 𝑖, ordre, nombre de traits et
longueur d’onde). Si on considère toujours le réseau de 575 traits/mm avec la raie verte du mercure
dans l’ordre 113 et pour des erreurs de l’ordre de 1 ou 2 degrés sur l’incidence, une simulation des
calculs donne les résultats suivants (tous les angles sont en degrés) :

𝑖 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2


𝜃1 16,21 16,73 17,25 17,78 18,30 18,83 19,36 19,89 20,42
𝜃−1 -20,42 -19,89 -19,36 -18,83 -18,30 -17,78 -17,25 -16,73 -16,21
𝜃1 𝑚𝑒𝑠 = 𝜃1 − 𝑖 18,21 18,23 18,25 18,28 18,30 18,33 18,36 18,39 18,42
𝜃−1 𝑚𝑒𝑠 = 𝜃−1 − 𝑖 -18,42 -18,39 -18,36 -18,33 -18,30 -18,28 -18,25 -18,23 -18,21
𝛥𝜃 = (𝜃1 𝑚𝑒𝑠 − 𝜃−1 𝑚𝑒𝑠 )/2 18,31 18,31 18,30 18,30 18,30 18,30 18,30 18,31 18,31
𝜆 = (𝑠𝑖𝑛𝛥𝜃)/𝑛 546,47 546,31 546,19 546,12 546,10 546,12 546,19 546,3 546,5

Un point intéressant à noter est qu’une erreur sur l’incidence dissymétrise les angles de dispersion 𝜃𝑘
dans des ordres opposés mais qu’elle a moins d’effet sur les angles 𝜃𝑘 𝑚𝑒𝑠 car la dissymétrie est
partiellement compensée par le fait que les angles mesurés sont retranchés de 𝑖 par rapport à 𝜃𝑘 . Cela

13
C’est l’ordre où le biais est le plus gênant.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

veut dire en pratique qu’une raie pointée à la lunette se déplace assez peu lorsqu’on tourne légèrement
le réseau autour de l’incidence nulle. On peut encore réduire les écarts par rapport aux valeurs
attendues (celles de l’incidence nulle) en effectuant l’une des différences proposées précédemment.
Le tableau présente la correction sur les angles14 et on voit qu’elle permet d’obtenir des valeurs de 𝜆
très proches de la valeur tabulée.

Les deux méthodes peuvent donc donner de bons résultats si on manipule bien. Celle du minimum
de déviation est fondamentalement plus précise car on dispose d’un critère visuel pour s’y placer et
il n’y a pas de biais systématique sur les mesures. Celle de l’incidence nulle est plus rapide mais
nécessite un placement rigoureux du réseau à cette incidence. Si l’opération est difficile à réaliser (on
peut avoir du mal par exemple à voir l’image du réticule renvoyée par la face du réseau dans le
protocole proposé au § 3.1), un positionnement à l’œil n’est pas suffisant et il vaut mieux utiliser alors
la première méthode.

14
La correction par différence sur les sinus donne des résultats très proches mais nécessite la mesure de trois angles au
lieu de deux donc on retient plutôt la correction par différence d’angle pour limiter l’influence des erreurs de pointage.

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

EMISSION ET ABSORPTION DE LA LUMIERE

I EMISSION

I.1 Par échauffement thermique


C’est le mode d’émission des lampes à incandescence
ordinaires ou des Quartz-Iode. Leur fonctionnement est basé sur l'émission lumineuse d'un corps
chauffé à haute température. Les matériaux employés (tungstène, carbone) émettent un rayonnement
voisin de celui du corps noir. Le spectre est continu et s'étend au-delà du visible, notamment dans
l'infrarouge (cf. [1], p.2).

I.1.1 Spectre d'une lampe Quartz-Iode

Montage :
[1], p.225
L 250 mm
FS PVD ou réseau E

QI
C
 10
30 cm 1m

Spectre visible :
On peut le montrer à l'aide d’un PVD (prisme à vision directe).

Spectre IR :
Une bonne partie du spectre de ce genre de lampe se situe dans l’infrarouge. On peut le
montrer en déplaçant le long du spectre projeté sur l’écran une photodiode type OSD 5 T polarisée
en polarisation inverse (𝑈𝑎𝑙𝑖𝑚 = 12 𝑉, 𝑅𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒 à adapter). Il faut soigner le montage optique pour
avoir un signal maximum (l'image du filament de la QI doit notamment être focalisée sur la lentille
de projection). On doit constater que le signal aux bornes de 𝑅 au-delà du visible du côté des grandes
longueurs d’ondes est plus fort que dans le rouge. Pour tenir compte de plus grande sensibilité de la
photodiode dans l'infrarouge, on peut repérer à l'aide d'un filtre interférentiel une longueur d'onde
dans le rouge, placer la photodiode à cet endroit et mesurer le signal après avoir enlevé le filtre
interférentiel. On recherche ensuite le maximum de signal dans l'infrarouge et on compare le rapport
des signaux à celui des sensibilités de la photodiode en prenant pour l'infrarouge sa sensibilité
maximale (consulter la datasheet de la photodiode).

I.1.2 Vérification de la loi de Stéphan


Les sources thermiques émettent un
rayonnement proche de celui du corps noir (on rappelle qu’un corps noir est un corps absorbant
l'intégralité du flux incident et qui, à l'équilibre, réémet un flux total égal au flux incident). On propose
de vérifier la loi de Stéphan qui reliant l'exitance de la source à sa température absolue :

𝑀(𝑇) = 𝑇 4

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
[1], p.103

Diaphragme refroidi par eau


Thermomètre à
thermocouple
Four
Thermopile
Multimètre
220 V sensible
30 cm
Alternostat

Cette manipulation est longue et délicate. Le signal de la thermopile est faible ( 100 V) donc il faut
un multimètre sensible et allumé depuis suffisamment longtemps pour qu’il soit stable. Le
diaphragme doit être accolé au four et l'alignement four-diaphragme-thermopile doit être soigné. Le
débit d'eau doit être suffisant pour que le diaphragme soit efficacement thermostaté (ce point est
crucial) et il faut minimiser les lumières parasites entrant dans la thermopile (on peut éclairer la
thermopile avec une lampe pour s'en convaincre).

Mesures :
On note la température 𝑇0 à l’arrière de la thermopile, on alimente le four avec une tension
comprise entre 200 et 220 V puis on note la tension aux bornes de la thermopile pour des températures
de four comprises entre 100 et 500 °C par pallier de 50°. L'exitance mesure le flux total rayonné dans
un demi-espace par unité de surface de la source donc il faut un détecteur à réponse spectrale plate
d'où le choix de la thermopile. Si 𝛴𝑓 est la surface de l'orifice libre du four et  l’angle solide sous
lequel cet orifice voit la thermopile, le flux reçu est 𝛴𝑓 𝜎𝑇 4 (𝛺/2𝜋). Le détecteur n’est sensible qu’à
la différence de température entre le four et l’ambiante (cf. [1], p. 78) donc si 𝑅 est sa sensibilité, le
signal aux bornes de la thermopile vaut :

𝛺
𝑉 = 𝑅∑𝑓 𝜎(𝑇 4 − 𝑇04 )
2𝜋

L'expérience doit donc permettre de vérifier que la proportionnalité de V à 𝑇 4 − 𝑇04 . Voici à titre
indicatif le résultat d’une série de mesures :

On constate que l’accord entre les mesures et la modélisation est loin d’être optimal. On peut être
tenté de retrouver la constante de Stefan mais c’est peu pertinent vu le résultat obtenu.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2 Par décharge dans les gaz

I.2.1 Spectre d'émission d’une lampe


On peut étudier dans cette partie le
spectre d’une lampe à vapeur de Mercure ou d’Hydrogène. Ces expériences sont présentées dans le
montage sur la spectrométrie optique. S’y reporter pour plus d’informations. Pour la lampe a vapeur
de mercure, on peut aussi montrer qu’elle a des raies dans l’UV à l’aide du montage suivant :

LQ 250 R E
FS

Hg C
BP

30 cm 1,5 m

Réseau : 4000 ou 8000 traits/inch (1 inch = 2,54 cm)

On utilise une lentille en quartz pour améliorer la transmission dans cette zone spectrale 1. Les UV
peuvent être mis en évidence à l'aide d’un écran fluorescent ou plus simplement à l'aide d'une feuille
de papier très blanche2. On peut recouvrir la moitié de l’image du spectre sur l’écran pour voir la
différence avec ou sans la feuille.

I.2.2 Estimation d'une largeur de raie


Cette étude est aussi faite dans le montage
sur la spectrométrie optique.

I.3 Emission induite


Les processus étudiés jusque-là sont des processus d’émission
spontanée. Les lasers, eux, mettent à profit l’émission induite donc on peut s’intéresser à certaines de
leurs caractéristiques. Un chapitre complet leur est consacré dans la référence [1] → s’y reporter pour
des idées de manipulations.

II ABSORPTION

II.1 Absorption par un liquide


On étudie le spectre d'absorption d'un colorant en
solution, le permanganate de potassium en concentration faible (cf. [2], p. 131).

II.1.1 Visualisation directe du spectre


Le spectre peut s’observer à l'aide d'un
PVD. On ajoute très progressivement quelques cristaux de 𝐾𝑀𝑛𝑂4 dans une cuve pleine d'eau
distillée en homogénéisant la solution. Si la concentration est assez faible, on observe 5 bandes
d'absorption dans la zone centrale (région verte) du spectre visible. Quand on augmente la
concentration, la structure en bandes disparaît. La substance absorbe dans le vert et un peu dans le
bleu. Au bout d'une certaine concentration ≈ seul le rouge est présent d'où la couleur de 𝐾𝑀𝑛𝑂4.

1
Se reporter à [1], p. 12-13 pour plus de précision sur le comportement des verres.
2
Le papier contient des azurants optiques qui renforcent sa « blancheur » en absorbant le proche UV et en le réémettant
dans le visible (comme dans les lessives).

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L 250
E
FS Cuve

QI

40 cm 1m

II.1.2 Utilisation d’un spectromètre fibré


On peut faire une étude quantitative
à l’aide d’un spectromètre fibré, type Spectrovio. La manipulation ne présente pas de difficulté
particulière. On commence par faire un « noir » (enregistrement sans aucune lumière), puis un
« blanc » avec une cuve pleine d'eau distillée éclairée par la source et on termine par un
enregistrement avec la solution de permanganate. On combine les trois pour obtenir le spectre de
𝐾𝑀𝑛𝑂4 et on peut vérifier le résultat obtenu en consultant la référence [2], p. 131.

II.1.3 Loi de Beer-Lambert


Pour une substance absorbante, l'intensité
−𝑙𝑐
lumineuse transmise 𝐼 est de la forme 𝐼 = 𝐼0 𝑒 où 𝑙 est l'épaisseur de solution traversée, 𝛼 un
coefficient proportionnel à la section efficace d'absorption et 𝑐 la concentration de la solution. Pour
simplifier l'analyse des résultats on raisonne en termes de densité optique (grandeur adoptée par les
spectroscopistes car additive) :
𝐼
𝐷 = 𝑙𝑛 = . 𝑙. 𝑐
𝐼0

Manipulation :

LASER
OSD 5T
Solution
𝐶𝑢𝑆𝑂4 E
R

On utilise ici du 𝐶𝑢𝑆𝑂4 car il absorbe dans le rouge donc on peut utiliser comme source un laser type
He-Ne. La longueur d'onde à laquelle on travaille est alors bien définie et le signal est assez fort. On
peut mettre en évidence l'influence de l'épaisseur traversée et/ou de la concentration. Il faut des
solutions pas trop concentrées et bien homogènes et les faces des cuves doivent être parfaitement
propres. On note la tension 𝑉0 aux bornes de la résistance 𝑅 avec une cuve pleine d'eau. On mesure
ensuite 𝑉 pour différentes concentrations dans des cuves de même longueur, et on calcule les densités
par la relation 𝐷 = ln (𝑉/𝑉0 ) puisque 𝑉 est proportionnel à 𝐼 avec la photodiode polarisée en inverse
On vérifie alors que le rapport des densités correspond au rapport des concentrations (les écarts
deviennent vite importants si on manipule mal). Pour l'influence de l'épaisseur, on peut associer
plusieurs cuves en parallèles, mesurer 𝑉0 avec une cuve remplie d'eau distillée puis deux cuves et
refaire ensuite les mêmes mesures avec la solution de 𝐶𝑢𝑆𝑂4.

II.2 Absorption par un gaz


Suivant le matériel disponible, on peut montrer le spectre
d'absorption de 𝐼2 ou 𝑁𝑂2 .

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
250
FS PVD E

QI

Pour 𝐼2 , on chauffe du di-iode solide dans un ballon avec un léger vide pour éviter son oxydation à
l'air. On observe plusieurs bandes d'absorption grâce au PVD. Pour 𝑁𝑂2, on place des morceaux de
cuivre dans le ballon et on ajoute de l’acide nitrique via une ampoule à décanter (il faut une ampoule
à retour pour éviter les surpressions). Des vapeurs rousses de 𝑁𝑂2 se forment et au fur et à mesure de
leur apparition et le bleu puis le vert disparaissent.

II.3 Détermination optique du gap d'un semi-conducteur


Un semi conducteur est
transparent lorsque les photons ont une énergie insuffisante pour exciter des électrons de la bande de
valence vers la bande de conduction et devient opaque lorsque les photons ont une énergie qui dépasse
ce seuil. On propose ici de mesurer le Gap d’un semi-conducteur présentant une transition directe (se
reporter au montage « Métaux Semi conducteurs » pour plus de précision sur le sujet). On dispose de
deux échantillons de séléniure de zinc dopé au manganèse d'aspect « orange » déposés sous forme de
mince pellicule sur plaque de verre. On peut déduire de cette couleur une estimation du gap de ces
semi-conducteurs.

Montage :

C : 6 cm
QI Spectromètre USB PC

Echantillon
SC
La manipulation ne pose pas de problèmes particuliers. On utilise la fibre optique fournie avec le
spectromètre pour collecter la lumière et on observe le spectre avec et sans l’échantillon pour prendre
en compte la réponse spectrale de la source et celle de l’appareil. On obtient alors la fonction de
transmission de l’échantillon dont l’allure est schématiquement la suivante :

Signal
transmis


GAP

III COMBINAISON ABSORPTION-EMISSION

III.1 Résonance optique du sodium


On éclaire une vapeur de sodium avec une lampe
à vapeur de sodium et on observe la diffusion résonante des atomes.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
[2], p. 132
Condenseur de
courte focale

Na2 Na1

La vapeur qu'on excite est celle d'une lampe sans son carter qu'on laisse allumer pendant 15 mn avant
l'expérience (sinon le sodium est solide à température ambiante dans l'ampoule). On peut couvrir la
lampe excitatrice 𝑁𝑎2 et le condenseur pour que les rayonnements incidents ne gênent pas
l’observation. Si on coupe l'alimentation de la lampe 𝑁𝑎1, elle apparait encore légèrement lumineuse,
comme s’il y avait une brume dans l'ampoule. C’est un phénomène de diffusion élastique. Il y a
absorption par résonance de la lumière reçue par la lampe 𝑁𝑎2 et réémission isotrope. On peut vérifier
qu’il n’y a pas ce phénomène si on éclaire la vapeur avec une autre lampe (Hg par exemple),.

Remarque :
Ce phénomène ne se produit pas avec deux lampes à vapeur de mercure car les raies dans
le visible correspondent à des transitions entre états excités. Elles ne trouvent donc pas (ou très peu)
d'atomes dans l'état inférieur pour induire une résonance alors que pour le sodium, l'état inférieur de
la radiation principale est l'état fondamental fortement peuplé :

III.2 Réémission avec changement de longueur d'onde


On étudie ce phénomène de
fluorescence avec de la fluorescéine (on peut aussi utiliser de la rhodamine ; cf. [1], p. 225 et [3], p.
259 et 263). Ce phénomène se distingue du précédent par la différence entre les longueurs d'ondes
absorbées et celles qui sont réémises.

III.2.1 Mise en évidence du phénomène


La fluorescéine absorbe le bleu et
réémet dans le vert. On peut le montrer en éclairant par une lampe blanche (QI) une solution de
fluorescéine et en observant les différences entre la lumière transmise et la lumière diffusée avec un
spectromètre USB. On peut aussi faire l’observation avec un filtre bleu, jaune et rouge et regarder les
conséquences en notant que le photon excitateur doit avoir une énergie supérieure au photon réémis.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.2.2 Spectre d'absorption, d'émission

Montage :
Le montage proposé permet l'observation simultanée du phénomène d'absorption (suivant
l'axe optique) et de réémission (perpendiculaire à l'axe optique) :

40 cm 80 cm

FS PLATEAU

cuve
HG HP

E
150 L 250

E’

Suivant le spectre que l'on veut observer, on place un PVD après l'une ou l'autre des lentilles. La
source est une lampe à vapeur de mercure car la fluorescéine absorbe l'UV (et une QI n’en émet pas
beaucoup). On prend une lampe pression car elle possède un spectre continu en plus du spectre de
raies. La cuve doit être propre pour minimiser la lumière diffusée et on ajuste sa hauteur de façon à
avoir la moitié du spectre direct avec fluorescéine, l'autre moitié sans. On place l’axe optique de
transmission près du bord de la cuve pour avoir un maximum de lumière dans le spectre transverse.

Observations :
On observe le spectre direct avec la cuve remplie d'eau dans un premier temps, puis
avec la fluorescéine. On en déduit le domaine spectral dans lequel la fluorescéine absorbe. On peut
modifier la quantité de fluorescéine dissoute pour observer l'effet de la concentration. On regarde
ensuite le spectre de réémission. Le phénomène étant peu lumineux, on a intérêt à recouvrir la partie
directe du montage avec un drap noir. On en déduit le domaine spectral dans lequel la fluorescéine
réémet.

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique expérimentale
[2] : Duffait : Expériences d'optique - Agrégation de physique
[3] : Françon : Expériences d'optique physique

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

PHOTORECEPTEURS

I LA PHOTODIODE

I.1 Détermination du GAP d'un semi-conducteur


On peut déterminer le gap d'un
semi-conducteur CdS (2 à 2,5 eV) à l'aide d’un spectromètre fibré type Spectrovio. On enregistre le
spectre d’une lampe quartz iode pour avoir une référence, puis on intercale le semi-conducteur. On
normalise le spectre obtenu à l’aide de la référence pour avoir la fonction de transmission de
l’échantillon en fonction de la longueur d'onde (cf. montage sur les semi-conducteurs pour plus de
précision sur la manipulation).

I.2 Mesure du rendement quantique et de la sensibilité spectrale d’une photodiode


au silicium
On utilise un monochromateur Jobin Yvon éclairé avec une lampe quartz/iode. On
commence par étalonner la puissance de sortie du monochromateur en fonction de la longueur d'onde
λ à l'aide d’un détecteur étalonné (puissance mètre) afin de connaître la puissance lumineuse en Watt
à la sortie du monochromateur en fonction de 𝜆.

On place ensuite une photodiode au silicium OSD5T polarisée en inverse au niveau de la fente de
sortie du monochromateur et on mesure via la résistance de charge le courant photo-créé en fonction
de 𝜆 (choisir la résistance de charge pour que la tension max à ses bornes ne dépasse pas la tension
d’alimentation du circuit). On peut alors comparer la sensibilité en 𝐴/𝑊 obtenue à la documentation
constructeur et estimer la longueur d'onde de coupure. On peut ensuite déterminer le rendement
quantique η à partir de la puissance incidente et du courant mesuré.

Remarque :
Une autre technique de mesure peut consister à prendre des filtres interférentiels à la
place du monochromateur. On peut aussi mesurer directement le courant 𝐼(𝐴) débité dans un micro-
ampèremètre. Dans ce cas on branche directement la diode sur le micro-ampèremètre (prendre un
Keithley) et on en déduit directement la sensibilité en 𝐴/𝑊.

I.3 Courant de court-circuit


On met la diode en court-circuit et on mesure le courant
avec un micro-ampèremètre en fonction de l’éclairement.

I.4 Linéarité du courant photo induit avec l’éclairement


La lumière crée des
porteurs dans la photodiode. Pour qu’ils puissent contribuer à un courant, ils ne doivent pas se
recombiner. Ceci n’est possible que dans la zone de déplétion de la jonction. Le courant photo-induit
dans la photodiode est donc un courant inverse de même sens que le courant lié aux porteurs
minoritaires. Ce courant étant faible, on ne le mesure pas directement. On mesure plutôt la d.d.p. qu’il
produit aux bornes d’une résistance. Le mode photovoltaïque ne fournissant pas une réponse linéaire
en tension, on utilise un montage en polarisation inverse (le plus répandu) :

Montage :
Prendre une photodiode au silicium sans filtre de correction de sensibilité (cas des
diodes BPW21 par exemple) pour avoir un maximum de sensibilité dans l’IR, donc une bonne
réponse avec la lumière rouge du laser He Ne. Choisir une valeur de 𝑅 pour avoir des tensions de

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

l’ordre du volt et recouvrir l’ensemble d’un drap noir pour éliminer les lumières parasites.

Filtres gris
Laser

E
U : alimentation 10 V V R
Photodiode : OSD5T

Manipulation 1 :
On travaille sans filtre gris (éclairement constant). On mesure 𝑉 pour différentes
valeurs de 𝑅. La tension doit être proportionnelle à 𝑅 → le courant mesuré est indépendant des
caractéristiques du circuit. On mesure donc bien le photo courant.

Manipulation 2 :
On fait varier l'éclairement en intercalant des filtres gris de densité ND1 :

𝑁𝐷 = 𝐿𝑜𝑔(𝛷𝑖𝑛𝑐 /𝛷𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠 ) → 𝛷𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠 = 𝛷𝑖𝑛𝑐 10−𝑁𝐷

Où 𝛷𝑖𝑛𝑐 est le flux incident et 𝛷𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠 est le flux transmis par le filtre.

On mesure la tension 𝑉 et on en déduit le courant 𝐼. On trace alors 𝑙𝑜𝑔𝐼 en fonction de 𝑁𝐷.

Résultats :
1er filtre : 𝛷𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠 = 𝛷𝑖𝑛𝑐 10−𝑁𝐷1
→ log I =f(𝑁𝐷)= droite si I prop Φ
ème −𝑁𝐷2
2 filtre : 𝛷𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠 = 𝛷𝑖𝑛𝑐 10

Remarques :
Quand on place plusieurs filtres, les 𝑁𝐷 s’ajoutent.

Il faut placer toujours un filtre de petite valeur de 𝑵𝑫 devant un filtre de grande


valeur de 𝑵𝑫 pour ne pas « brûler » le filtre le plus absorbant.

I.5 Caractéristique courant/ tension


Se reporter en [1], p. 62 pour cette manipulation.
Elle permet une visualisation directe de la caractéristique courant/tension d'une photodiode.

I.6 Temps de réponse


Les photodiodes sont obtenues en déposant une couche de type
P sur un substrat de type N. Le processus de diffusion des charges P et N à l’interface entre les deux
milieux créé alors une zone dépourvue de charge libre (zone de déplétion) → on a donc une structure
de type capacitif (deux milieux conducteurs séparés par un isolant) qui limite les performances
dynamiques du circuit de mesure via la constante 𝜏 = 𝑅𝐶𝑝ℎ du montage. On montre en annexe que
la capacité 𝐶𝑝ℎ de jonction de la photodiode polarisé en inverse dépend de la tension aux bornes du
composant. Il en est donc de même pour la constante de temps 𝜏. On propose de le vérifier avec une
photodiode OSD5-5T. Le constructeur annonce une capacité 𝐶𝑝ℎ ≈ 35 𝑝𝐹 pour une tension inverse
de 12 𝑉 sur la diode. C’est une valeur très faible donc délicate à mesurer. Il faut une source lumineuse

1
𝑁𝐷 = Neutral Density.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

avec un temps de réponse très court car le circuit de détection est potentiellement rapide (𝜏 = 3,5 µ𝑠
avec 𝑅 = 100 𝑘𝛺 par exemple). On doit aussi minimiser les capacités parasites dans le montage de
mesure du flux pour éviter qu’elles augmentent le temps de réponse du circuit2.

Montage :
On utilise une diode laser modulée en tout ou rien par un GBF (𝑓 = 1 𝑘𝐻𝑧). On peut
aussi prendre une LED rouge alimentée par un GBF via une résistance de 1 𝑘𝛺 (cf. [1], p. 69).

Filtres gris
X Modulation
externe
GBF Laser modulable Y E
R

La capacité de la photodiode dépend de la tension à ses bornes → il faut ajuster le flux lumineux
qu’elle reçoit avec les filtres gris pour que la tension 𝑌 reste faible (on a alors 𝑉𝑝ℎ𝑜𝑡𝑜𝑑𝑖𝑜𝑑𝑒 ≈ 𝐸 ≈
𝑐𝑡𝑒) La tension 𝑌 aux bornes de 𝑅 ne doit pas être observée avec un câble coaxial sinon il rajoute
une capacité importante (on peut faire le test ; le câble augmente le temps de réponse en rajoutant ≈
100 𝑝𝐹 par mètre de câble). Il vaut mieux utiliser une sonde différentielle car elles ont généralement
une capacité d’entrée très faible3 (on doit alors tenir compte du facteur d’atténuation quand on évalue
𝑌, ce qui est fait sur les oscillogrammes ci-dessous). Le montage du capteur peut aussi avoir un impact
important sur le temps de réponse mesuré :

L’oscillogramme de gauche a été obtenu avec une OSD5-5T enfichée sur une plaque de PVC (pattes
écartées, connecteurs éloignés), celui de droite avec le même modèle de photodiode placée dans un
boitier métallique compact. La différence de temps de réponse est spectaculaire4 alors que la
résistance de mesure était la même (700 𝑘𝛺). Le type de résistance (boite a décades, boite AOIP,
composant sur support, …) peut aussi affecter le temps de réponse mais dans une moindre mesure.

I.6.1 Evolution de τ en fonction de R.


Cette étude permet de voir si le temps de
réponse de la source n’est pas un facteur limitant. Celui-ci étant d’autant moins gênant que la
constante 𝜏 = 𝑅𝐶 du circuit de mesure est grande, on privilégie les fortes valeurs de 𝑅. On a utilisé
une boite de résistance × 100 𝑘𝛺 et calculé la résistance effective du montage de mesure compte tenu
de la résistance d’entrée de la sonde (𝑅𝑣𝑟𝑎𝑖 = 𝑅 en parallèle avec 𝑅𝑠𝑜𝑛𝑑𝑒 ). La constante 𝜏 a été

2
Un oscilloscope a une capacité d’entrée d’environ 10 𝑝𝐹 par exemple.
3
𝑅𝑒 = 8 𝑀𝛺, 𝐶𝑒 = 1,2 𝑝𝐹 pour la sonde différentielle Ediltest GE 8100 utilisée ici.
4
La deuxième mesure conduit à une capacité effective de 80 𝑝𝐹 !

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

obtenue à partir du temps de descente5. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesures
effectuées avec une tension 𝐸 = 12 𝑉 :

La constante 𝜏 est proportionnelle à 𝑅 → le temps de réponse du laser n’affecte pas les mesures. La
pente de la droite correspond à 𝐶. On trouve 𝐶 = 38,2 𝑝𝐹, une valeur en accord avec la donnée
constructeur pour 𝐸 = 12 𝑉.

I.6.2 Influence de la tension aux bornes de la photodiode


On fixe 𝑅 et on
mesure le temps de descente pour différentes valeurs de la tension de polarisation inverse E en ajustant
à chaque fois le flux lumineux avec des filtres gris pour que 𝑌 reste faible comparé à 𝐸. Voici à titre
indicatif une série de mesure effectuées avec une résistance 𝑅 de 200 𝑘𝛺 :

On constate que la capacité est d’autant plus faible, donc que le circuit est d’autant plus rapide, que
la tension 𝐸 est forte. On peut tenter de vérifier la dépendance de 𝐶 en fonction de 𝐸 indiquée en
annexe en modélisant la courbe par une expression du type6 :

5
Le temps de descente 𝑇𝐷 est une mesure automatique proposée par les oscilloscopes correspondant au temps nécessaire
pour passer de 90 % à 10 % de la valeur initiale. 𝑇𝐷 = 𝜏𝑙𝑛9 pour un circuit du premier ordre.
6
Le signe dans la parenthèse est inversé par rapport à la formule indiquée en annexe car on est en polarisation inverse
donc 𝑉 = − 𝐸. On rajoute aussi 𝐶𝑃 pour tenir compte des capacités parasites.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

𝐶0
𝐶 = 𝐶𝑝 +
𝐸 𝑚
(1 + 𝑉 )
𝑏

On peut faire le calcul avec 𝑚 = 1/2 et 𝑚 = 1/3 pour essayer d’identifier le profil de la jonction.
Les résultats qu’on obtient pour 𝐶𝑝 et 𝐶0 semblent plutôt militer pour une jonction graduelle mais les
écarts entre les deux modèles sont trop faibles pour l’affirmer avec certitude.

Remarque :
Il faut noter l’incompatibilité entre rapidité et sensibilité. Si on veut un détecteur
rapide, il faut polariser fortement la photodiode en inverse pour diminuer C et prendre une résistance
de mesure 𝑅 minimum mais la tension à détecter est alors très faible. Si on veut des signaux plus
forts, il faut augmenter R mais on perd en vitesse.

I.6.3 Variante : mesure de la bande passante


A partir du même montage, on
peut étudier la réponse en fréquence. Faire varier la fréquence 𝑓 et mesurer la tension crête à crête 𝑉
aux bornes de 𝑅 en fonction de 𝑓. Tracer la courbe 𝑉 en fonction de 𝑓. La réponse en fréquence d’une
capacité 𝐶 et d’une résistance 𝑅 en parallèle est du premier ordre, d’où :

𝑉 1
=
𝑉𝑚𝑎𝑥 √1 + (𝑓/𝑓𝑐 )2

Avec 𝑓𝐶 la fréquence de coupure. Mesurer 𝑓𝑐 . En déduire le temps de réponse 𝜏𝑟 (on a 𝑓𝐶 = 0,35/𝜏𝑟 ).

II LE PHOTOMULTIPLICATEUR
[1], p. 73 et suivantes.

La caractéristique majeure d'un PM est sa grande sensibilité entre cathode et anode qui lui confère
une grande sensibilité permettant de mesurer des flux lumineux très faibles. Un montage intéressant
sur le PMT est donc la mesure de son gain G. On utilise en général un PMT avec une tension de
cathode de l'ordre de −1000 𝑉. Comme le PMT est très sensible, il est impératif de travailler dans le
noir quand il est alimenté. D'autre part, Il est essentiel de contrôler le flux lumineux incident pour ne
pas dépasser le courant d’anode maximum. Si on considère que la valeur limite de la tension d’anode
est de 5% du max et qu’on utilise un laser HeNe de 1 𝑚𝑊, alors compte tenu de la sensibilité
cathodique il faut atténuer le flux incident par 1 million. On utilise un filtre gris de densité 𝑁𝐷 = 6
qui est déjà en place devant la cathode et sa valeur exacte est écrite sur le PMT. D’autre part, l'anode
est en l'air et doit être branchée sur une résistance de charge 𝑅 quand la haute tension est présente. Il
faut choisir 𝑅 pour que la tension max à ses bornes ne dépasse pas 1% de la tension inter dynode qui
est environ de 100 𝑉.

Manipulation :
Brancher l’anode sur la résistance de charge 𝑅. Eclairer le PMT avec le laser He-Ne
(élargir le faisceau). Mesurer la tension aux bornes de 𝑅 en fonction de 𝑉𝐻𝑇 . En déduire le courant
d’anode 𝐼𝐴 . Estimer le courant de cathode 𝐼𝐾 à partir de la sensibilité cathodique à 633 𝑛𝑚. En déduire
le gain G du PMT en fonction de 𝑉𝐻𝑇 . Tracer 𝐺 en fonction de 𝑉𝐻𝑇 en log-log et estimer le nombre
de dynodes 𝑛.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Rappels :
𝐼𝐴 = 𝐺𝐼𝐾 avec 𝐺 le gain du PMT

𝐺 = 𝛿 𝑛 (𝛿 = coefficient d’émission secondaire ; 𝑛 = nombre de dynodes)

𝛿 = 𝑎(𝑉𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 )𝑏 (𝑉𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟 = tension inter dynode ; 𝑎 = constante ; 𝑏 = coefficient


dépendant du matériau ≈ 0,7 – 0,8).

𝑉𝐻𝑇 𝑏 𝑉𝐻𝑇 𝑏𝑛 𝑎𝑛 (𝑉𝐻𝑇 )𝑏𝑛


𝛿 = 𝑎( ) → 𝐺 = 𝑎𝑛 ( ) =
𝑛+1 𝑛+1 (𝑛 + 1)𝑏𝑛

III LE PHOTOTRANSISTOR
Il se comporte comme un transistor bipolaire classique. C’est un
générateur de courant commandé par un courant mais son courant de base est photo induit par la
lumière. On peut donc le représenter par le schéma suivant pour un phototransistor NPN :
+V
R

iph
C

B β.iph
E

III.1 Sensibilité
On peut mesurer la tension aux bornes de la résistance R pour en
déduire courant IC = (β + 1)Iph. La mesure de la puissance lumineuse envoyée sur le capteur À l’aide
d’un puissance-mètre optique permet alors d’obtenir la sensibilité en A/W du phototransistor utilisé
(BPX43, BPW14…). On peut comparer le résultat obtenu à la donnée constructeur et à la sensibilité
de la photodiode au silicium. Mesurer à l’aide des filtres gris la plage de linéarité. Conclure.

III.2 Linéarité
On peut étudier à l'aide de filtres gris la plage de linéarité du
phototransistor (même protocole que pour la photodiode).

IV THERMOPILE
Une thermopile est un détecteur thermique peu sensible mais à réponse
spectrale plate en comparaison d’une diode au Silicium (détecteur quantique). Avec la thermopile
CA2, on peut difficilement mesurer sa sensibilité mais on peut mesurer facilement le temps de
réponse en mesurant à l’oscilloscope le temps de décroissance (90% 10%) en bloquant le faisceau
quand le capteur est éclairée avec une QI. Comparer à la documentation constructeur. Comparer avec
une diode au silicium.

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique Expérimentale

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

ANNEXE : PHOTORECEPTEURS

I CARACTERISTIQUES COMMUNES A TOUS LES PHOTORECEPTEURS


La sensibilité
𝑆 (𝐴/𝑊) est la grandeur la plus importante d’un photorécepteur. Il traduit sa capacité à transformer
le signal lumineux en signal électrique. Il s’exprime par le rapport du signal électrique de sortie
(courant en 𝐴) au flux énergétique incident (en 𝑊). La réponse spectrale 𝑅(𝜆) exprime les variations
de la sensibilité du photorécepteur en fonction de la longueur d’onde. Le temps de réponse est un
temps caractéristique de l'évolution du signal électrique détecté lorsque le flux lumineux incident
varie brusquement.

II TYPE DE PHOTORECEPTEUR
Il existe deux grandes familles de photorécepteurs.

Détecteurs quantiques :
Il y a interaction directe entre un photon et le milieu photosensible par effet
photoélectrique. On trouve dans cette famille la photodiode, le phototransistor et la photorésistance
(semi-conducteurs très répandus et peu chers). On trouve aussi les tubes photoémissifs
(photomultiplicateur) qui ont un temps de réponse bref, une réponse spectrale sélective et une
détectivité (ou sensibilité) élevée.

Détecteurs thermiques :
Il y a conversion de l'énergie lumineuse en chaleur puis en courant ou
tension électrique. La réponse spectrale est étendue, le temps de réponse est élevé, mais la sensibilité
reste faible. Nécessité de modulation du flux lumineux pour assurer un échange thermique. On trouve
dans cette famille le Bolomètre, le calorimètre et le pyromètre.

III DETECTEUR QUANTIQUE/THERMIQUE : REPONSE SPECTRALE

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

IV LA PHOTODIODE

IV.1 Effet photoélectrique


C’est le principe de base de la photodiode. L’effet
consiste en l’interaction directe d'un photon avec le réseau cristallin du semi-conducteur. Un
photoélectron est généré si l'énergie du photon 𝐸(𝐽) = ℎ𝜐 = ℎ𝑐/𝜆, soit 𝐸(𝑒𝑉) = 1,24/𝜆(𝜇𝑚), est
supérieure à l'énergie du gap 𝐸𝑔𝑎𝑝 du semi-conducteur (ℎ𝜐 > 𝐸𝑔𝑎𝑝 ) :

- Bande de conduction

𝐸𝑔𝑎𝑝

+ Bande de valance
ℎ𝜐

Cet effet seul est insuffisant car les porteurs photo-créés finissent spontanément par se recombiner.

IV.2 Jonction PN
Une photodiode est une jonction PN formée par un cristal semi-
conducteur transparent à la lumière (Si, Ge). On expose dans ce qui suit le principe de
fonctionnement d'une photodiode au silicium.

IV.2.1 Porteurs majoritaires


Chaque région P et N du semi-conducteur
possède une concentration importante de porteurs mobiles de charges opposées appelés porteurs
majoritaires. On a un excès d'électrons dans la région dopée N et inversement un excès de trous dans
la région P :
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
P N

Quand les deux régions sont réunies les charges mobiles migrent par diffusion : des électrons en excès
de la région N migrent vers la région P et des trous de la région P migrent vers la région N. Cette
double migration correspond à un courant de diffusion 𝐼𝑑 :

+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
+ + + + + - - - - -
+ + + + +
P N
𝐼𝑑

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

La forte diffusion des porteurs de part et d'autre de la zone de contact s'accompagne d'une
recombinaison entre ces charges. En conséquence la neutralité de chacune des régions P et N est
supprimée localement. Appauvrie en trous, la partie de la région P située juste à gauche de la jonction
se charge négativement tandis que la région N se charge positivement :

Zone de transition
+ + + - - -
+ + + + +
+ + + - - -
+ + + + +
+ + + - - -
+ + + + +
+ + + - - -
+ + + + +
+ + + - - -
+ + + + +
P N
𝐸𝑖𝑛𝑡
Ce phénomène de diffusion entraîne l'apparition d'une zone dépeuplée en porteurs libres (zone de
transition) et d'un champ interne 𝐸𝑖𝑛𝑡 créé par le défaut de neutralité de chacune des régions P et N
due aux ions fixes. Ce champ interne induit une force électrique qui s'oppose à la diffusion des
porteurs mobiles et freine le phénomène de diffusion. A l'équilibre, la zone de transition a une
épaisseur de l’ordre du micron et une différence de potentiel électrostatique de diffusion 𝑉𝑏 apparaît.
Cette ddp est spécifique du semi-conducteur considéré (600 𝑚𝑉 environ pour le silicium).

IV.2.2 Porteurs minoritaires


Un porteur minoritaire est un électron libre de
la région P ou un trou de la région N. Le nombre des porteurs minoritaires est bien plus faible que
celui des porteurs majoritaires mais leur action est fondamentale dans le mécanisme de photo-
détection. L'apparition du champ interne induit par les porteurs majoritaires agit sur les porteurs de
charges minoritaires. En effet un porteur minoritaire qui se trouve au voisinage de la zone de
transition est attiré dans la région opposée sous l'action du champ interne :

_
+

𝐼𝑆
P N
𝐸𝑖𝑛𝑡

Un des rares électrons de la région P est attiré vers la région N et le trou de la région N est lui attiré
vers la région opposée. Le courant associé aux porteurs minoritaires 𝐼𝑆 est de sens opposé à celui lié
au déplacement des porteurs majoritaires 𝐼𝑑 . L'équilibre de la jonction est instauré entre le mouvement
de diffusion des porteurs majoritaires, très nombreux mais gênés par 𝐸𝑖𝑛𝑡 , et donc rares à traverser la
zone de transition, et celui des porteurs minoritaires, rares en quantité mais passant à coup sûr. Dans
le noir, les deux courants sont égaux 𝐼𝑑 = |𝐼𝑆 |.

IV.2.3 Action d'un champ extérieur


Supposons qu’on applique une tension
extérieure 𝑈 aux bornes de la diode. Si 𝑈 est positif (pôle + appliqué du côté P), le champ externe
𝐸𝑒𝑥𝑡 associé à la tension 𝑈 appliquée s'oppose au champ interne et réduit la largeur de la zone de
transition → Le courant de diffusion des porteurs majoritaires augmente : la diode est polarisée en

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

direct. Si 𝑈 est négatif, le champ externe 𝐸𝑒𝑥𝑡 associé à 𝑈 s’ajoute au champ interne et augmente la
largeur de la zone de transition → Le courant de diffusion des porteurs majoritaires diminue : la
diode est polarisée en inverse.

Polarisation directe Sans polarisation Polarisation inverse


Eint Eint
Eint
Eext Eext

P N P N P N
U>0 U=0 U<0

Le courant des porteurs majoritaires 𝐼𝑑 dépend de la tension appliquée 𝑈 (𝑉𝐷𝑖𝑜𝑑𝑒 ici). On admet qu'il
est donné par l'expression suivante :
𝑞𝑉𝐷 𝑞𝑈
𝐼𝑑 (𝑈) = 𝐼𝑑 (𝑈 = 0)𝑒 𝑘𝑇 = 𝐼𝑑 (𝑈 = 0)𝑒 𝑘𝑇

On admet également que le courant des porteurs minoritaires 𝐼𝑆 n'est pas affecté par la présence du
champ externe et que, pour une jonction donnée, il ne dépend que de la température. On a |𝐼𝑆 | =
𝐼𝑑 (𝑈 = 0). Le courant total 𝐼(𝑈) circulant dans la diode sous l'action d'une tension externe est la
somme des courants des porteurs minoritaires et majoritaires. Il est donné par la relation :
𝑞𝑉𝐷 𝑞𝑈
𝐼(𝑈) = 𝐼𝑑 (𝑈) − |𝐼𝑆 | = 𝐼𝑑 (𝑈 = 0)𝑒 𝑘𝑇 − |𝐼𝑆 | = |𝐼𝑆 | (𝑒 𝑘𝑇 − 1)

Et a l'allure suivante en l'absence d'éclairement :

nA
U
600 mV

Quand la tension appliquée est négative, la hauteur de la barrière est forte et le courant 𝐼 (de l'ordre
du nA) est lié aux porteurs minoritaires. La diode est alors bloquée. Quand la tension est positive, la
barrière s'abaisse et le courant est dominé par la diffusion des porteurs majoritaires (le terme
exponentiel devient prépondérant). La diode est passante.

IV.2.4 Effet photoélectrique


Un photon d'énergie ℎ𝜐 supérieure à l'énergie du
gap 𝐸𝑔𝑎𝑝 peut donner naissance par effet photoélectrique à des photo-porteurs dans chaque région
de la diode. Pour que ces porteurs puissent contribuer à un courant, il faut éviter qu'ils se recombinent.
Ceci n'est possible que dans la zone de transition car un électron et un trou créés dans cette zone sont
aussitôt accélérés par le champ interne et passent dans les régions N et P respectivement, ce qui se
traduit par l'apparition d'un courant photo-induit 𝐼𝑝ℎ .

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

ℎ𝜐

+ -
𝐼𝑝ℎ

P N
𝐸𝑖𝑛𝑡

Ce courant photo-induit a le même sens que le courant inverse lié aux porteurs minoritaires.
Son intensité augmente avec le nombre de photons incidents sur la barrière et le courant dans la diode
en présence d'un éclairement 𝐸 vaut :
𝑞𝑈
𝐼 = 𝐼𝑝ℎ (𝐸) − |𝐼𝑆 | (𝑒 𝑘𝑇 − 1)

L'éclairement de la zone de transition a donc pour effet de translater la caractéristique de la diode


vers le bas :
I E =0

E >0

VD

E’ > E

IV.3 Principe de la détection d'un flux lumineux


En général, on ne mesure pas
directement le courant photo-induit directement mais la tension s'établissant aux bornes d'une
résistance de charge 𝑅𝐿 . La tension 𝑉𝑅𝐿 est normalement proportionnelle au nombre de photons
incidents et le schéma de principe de détection est le suivant :
| 𝐼𝑝ℎ |

N P

U
RL

𝑉𝑅𝐿

Le courant photo-induit étant négatif par rapport à la convention récepteur adoptée pour les diodes,
on le représente ici en valeur absolue pour indiquer son sens réel (noter aussi que le générateur 𝑈 est
inversé par rapport au § IV.2.3). On distingue alors trois modes de fonctionnement.

IV.3.1 Mode photovoltaïque (𝑈 = 0)


Dans ce cas, aucune tension n'est
appliquée à la diode et la tension mesurée 𝑉 représente directement la chute de potentiel de la zone
de transition. Celle-ci ne peut donc pas dépasser la hauteur initiale 𝑉𝑏 de la barrière (≈ 600 𝑚𝑉 pour
le silicium).

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

𝑉𝑏 𝑉𝑏 𝐸 ≠ 0
𝐸=0

P N P N
|𝐼𝑝ℎ |

𝑅𝐿 𝑅𝐿
𝑉𝑅 𝐿

Si la diode est en court-circuit ou si 𝑅𝐿 est faible, la tension 𝑉𝑅 𝐿 = 𝑉𝐷 est faible et le courant qui
circule est le courant photo-induit 𝐼𝑝ℎ proportionnel au flux lumineux incident d’après l’expression
de 𝐼. Par contre, si la résistance de charge est quelconque, une tension induite 𝑉𝑅 𝐿 non négligeable
apparaît à ses bornes et s’applique sur la jonction. Le champ associé à cette tension ayant un sens
opposé au champ interne, il réduit la barrière de potentiel, ce qui favorise le passage des porteurs
majoritaires. Le courant des porteurs majoritaires vient réduire le courant photo-induit et la réponse
n'est plus linéaire :
I
600 mV VD

Iph(E) 𝑅𝐿′ > 𝑅𝐿


Régime de saturation

Iph(2E) 𝑅𝐿
Limite de régime de saturation
𝑅𝐿′ < 𝑅𝐿
Régime linéaire

Pour ce type de fonctionnement, il est donc nécessaire d'ajuster parfaitement la résistance de charge
utilisée au signal lumineux à mesurer : une trop forte valeur entraîne un défaut de linéarité de la diode
et une valeur trop petite conduit à des signaux mesurés très faibles, donc non significatifs.

IV.3.2 Mode photoconducteur (𝑈 > 0) : Diode bloquée


La diode est alors
bloqué et courant I circulant dans la photodiode est donné par :
𝑞𝑉𝐷 𝑛𝑞𝜆
𝐼 = 𝐼𝑝ℎ (𝐸) − |𝐼𝑆 | (𝑒 𝑘𝑇 − 1) avec 𝐼𝑝ℎ = 𝑃
ℎ𝑐
Ou 𝑃 est la puissance lumineuse incidente en 𝑊.

Pour une tension de polarisation en inverse de quelques volts, on a 𝐼 ≈ 𝐼𝑝ℎ + |𝐼𝑆 | = 𝐼𝑝ℎ . Le courant
photo-induit est compris en général entre 1 𝜇𝐴 et 1 𝑚𝐴, ce qui est grand devant 𝐼𝑆 donc le courant
mesuré est encore proportionnel à l'éclairement 𝐸. Dans ce cas, le champ extérieur appliqué est dans
le même sens que le champ interne et s'ajoute à celui-ci ce qui a pour effet de renforcer la barrière de
potentiel. Celle-ci est maintenue plus longtemps que dans le régime précédent donc l'intérêt de
polariser la diode en inverse est de pouvoir obtenir un comportement qui reste linéaire pour des
éclairements plus intenses.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

IV.3.3 Montage en transimpédance


Le schéma de principe qui comprend un
amplificateur opérationnel est le suivant :
R
N

P |𝐼𝑝ℎ |
_ 

+
V

Montage sans tension de polarisation (𝑈 = 0) :


Dans ce cas, les deux bornes P et N de la jonction
sont fixées à un potentiel égal à zéro car l’AO est en régime linéaire (rétroaction négative). La
photodiode est donc court-circuitée et le courant photo-induit traverse la résistance de charge 𝑅.

Montage avec tension de polarisation (𝑈 > 0) :


La diode est alors maintenue à un potentiel
négatif ce qui a pour effet de diminuer la capacité de la jonction et de réduire son temps de réponse.

IV.3.4 Résumé des différents principes de détection


La caractéristique 𝐼(𝑉)
pour chaque type de montage est représentée ci-dessous :

1.I1.1 P

L’intérêt d’utiliser une tension inverse est sa plage de linéarité et la diminution du temps de réponse
de la diode. Le montage en transimpédance permet de court-circuiter quasiment la diode ce qui la
maintient à un potentiel constant qui ne dépend pas de la mesure et en particulier du choix de la
résistance de charge. Le meilleur montage est celui en transimpédance avec tension de polarisation.

IV.4 Temps de réponse


Une photodiode est équivalente en régime dynamique à un
générateur de courant en parallèle avec une capacité de jonction 𝐶𝑗 . Quand la diode est reliée à une
résistance de charge 𝑅𝐿 , on a le montage suivant :

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

iph Cj V
RL

𝑉 𝑅𝐿 𝑉 𝑅𝐿 1
= → | |= 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜔𝐶 =
𝑖𝑝ℎ 1 + 𝑗𝑅𝐿 𝐶𝑗 𝜔 𝑖𝑝ℎ 𝜔 2 𝑅𝐿 𝐶𝐿
√1 + (
𝜔𝐶 )

La largeur 𝐿 de la zone dépeuplée d’une jonction dépend de la tension 𝑉 à ses bornes en suivant une
loi du type :
𝑉 𝑚
𝐿 = 𝐿0 (1 − )
𝑉𝑏
Le paramètre 𝑚 est compris entre 1/3 pour une jonction progressive linéaire, et 1/2 pour une jonction
abrupte. La capacité de la jonction 𝐶𝑗 se déduit de l’expression du condensateur plan :

𝜀0 𝜀𝑟 𝑆 𝐶0
𝐶𝑗 = =
𝐿 𝑉 𝑚
(1 − 𝑉 )
𝑏

Avec 𝐶0 la capacité de la jonction à tension nulle, 𝑉 la tension de polarisation de la photodiode.

IV.5 Sensibilité
Si l’énergie d'un photon est ℎ𝜐, alors la puissance optique associée
pendant 𝛥𝑡 est 𝑃 = ℎ𝜐/𝛥𝑡. La probabilité 𝜂 de générer un photoélectron (le rendement quantique) a
une valeur comprise entre 0 et 1. Le courant photo-induit dans le semi-conducteur pendant 𝛥𝑡 est 𝑖 =
𝜂𝑞/𝛥𝑡. La sensibilité s’exprime par :
𝜂𝑞 𝛥𝑡 𝜂𝑞𝜆
𝑆(𝐴/𝑊) = =
𝛥𝑡 ℎ𝜐 ℎ𝑐

Réponse d’une photodiode en fonction de la longueur d’onde : rendement quantique (QE) et


sensibilité en A/W

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

V LE PHOTOMULTIPLICATEUR
C’est un détecteur photoémissif, photosensible, avec une
grande rapidité, un faible bruit et un large domaine d'utilisation : spectroscopie UV, visible et
infrarouge, fluorescence, spectrophotométrie Raman, diffractométrie X, …

V.1 Principe
Quand la lumière pénètre dans le tube et frappe la photocathode, des
photoélectrons sont arrachés et émis dans l'enceinte sous vide du tube. Ces électrons sont attirés vers
des électrodes secondaires (dynodes) portées à un potentiel supérieur. Des électrons secondaires sont
émis sur chacune de ces dynodes par choc mécanique. On obtient alors une amplification du signal
d'entrée. Le signal amplifié apparaît en sortie sur l'anode.

Si le courant de cathode est 𝑖𝑘 , le courant d'anode 𝑖𝑎 est donné par 𝑖𝑎 = 𝐺. 𝑖𝑘 où 𝐺 est le gain du PMT.
Si 𝛿 est le coefficient d'émission secondaire sur chaque dynode et si 𝑛 est le nombre de dynodes, le
gain s'écrit 𝐺 = 𝛿 𝑛 . 𝛿 varie de 1 à 2 et 𝑛 est de l'ordre de 10 donc 𝐺 varie de 104 à 109 .

Relation entre le niveau d’éclairement et le nombre de dynodes


Niveau de lumière Photocourant Gain requis Nombre de dynodes
Faible < 10 pA > 106 14 -12
Intermédiaire 10 pA – 1 nA 106 - 104 11 - 9
Elevé > 1 nA <104 8-6

V.2 Type de cathodes


Il existe deux types de cathodes "side-one" ou "head-one".

Dans le premier cas, les photoélectrons sont émis en réflexion et dans le deuxième cas, ils sont émis
en transmission.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

V.3 Réponse spectrale


La photocathode convertit l'énergie lumineuse en
photoélectrons. L'efficacité de conversion (efficacité quantique 𝜂) varie avec la longueur d'onde de
la lumière incidente. Cette caractéristique est imposée à faible longueur d'onde par la fenêtre d'entrée
et par le type de cathode à forte longueur d'onde. Ce paramètre est relié à la sensibilité de la
photocathode 𝑆 exprimée en 𝐴/𝑊. L'efficacité quantique est la probabilité pour qu'un photon génère
un électron et sa valeur est comprise entre 0 et 1 (la longueur 𝜆 est exprimée en nanomètre dans la
formule suivante) :
𝑆 × 1240
𝜂= × 100 %
𝜆

V.4 Pont diviseur


En régime continu, les résistances du pont diviseur sont en général
égales.

Condition de linéarité :
Le courant de pont
(circulant dans les dynodes) doit être 100 fois
supérieur au courant d'anode. La tension aux bornes
de la résistance de charge doit être inférieure à la
tension entre les dynodes. En fonctionnement
impulsionnel des capacités sont ajoutées pour
permettre un plus fort courant d'anode ce qui permet
de maintenir un potentiel entre les dynodes constant.
La valeur de la capacité est au moins cent fois
supérieure à la charge de sortie par impulsion
lumineuse :
𝑡
𝐶 > 100𝐼.
𝑉

Où 𝐼 est le pic de courant de sortie en Ampère, 𝑡 est la durée du pulse en seconde et 𝑉 est la tension
aux bornes de la capacité en volts.

V.5 Schéma équivalent de l’anode


Le circuit équivalent est une source de courant en
parallèle avec une résistance 𝑅0 > 1012 𝛺 et une capacité 𝐶0 < 10 𝑝𝐹). Le temps de réponse du
circuit est 𝜏 = 𝑅𝐶 avec 𝐶 = 𝐶0 + 𝐶𝐿 et :
𝑅0 𝑅𝐿
𝑅=
𝑅0 + 𝑅𝐿

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Il convient de convertir cette source de courant en une source de tension sans détériorer la bande
passante du système. La fréquence de coupure est donnée par 𝑓𝐶 = 1/(2𝜋𝑅𝐶). La présence d'un
ampli op permet d'augmenter la résistance 𝑅 vue par l'anode (𝑅𝑖𝑛 doit être choisit la plus grande
possible). Le montage à réaliser est donc le suivant. Dans le cas où la résistance interne de l'ampli op
est très grande, alors tout le photo-courant passe dans la résistance de contre réaction.

Dans le cas où la réponse en fréquence est importante alors la résistance de charge doit être la plus
petite possible. Dans le cas où la tension de sortie doit être la plus linéaire possible alors la résistance
de charge doit être telle que la tension de sortie ne dépasse pas quelques volts. Pour la détection
d'impulsions lasers ultra courtes le schéma suivant doit être utilisé :

V.6 Datasheet du PM de Rennes

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Sensibilité du PMT 9780 = courbe 𝑓

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

BIREFRINGENCE, POUVOIR ROTATOIRE

I PREAMBULE
Des rappels sont disponibles en annexe.

II MISE EN EVIDENCE DE L'ANISOTROPIE OPTIQUE


On peut montrer le phénomène de
double réfraction dans un cristal de calcite en l'éclairant avec un laser non polarisé. On obtient deux
rayons, ce qui met en évidence la présence de deux indices.

III ANISOTROPIE LINEAIRE : CAS DES LAMES MINCES


Mettre en évidence les deux
lignes neutres rectilignes d’une lame mince dans du quartz taillé // à l’axe optique C. Monter qu'une
polarisation rectiligne incidente reste rectiligne à la traversée de la lame mince uniquement quand elle
est orientée suivant deux directions perpendiculaires (lignes neutres).

III.1 Détermination des lignes neutres d'une lame mince

L Q E
P

QI

TS A
TS : trou source

Q : lame de phase /4, /2…

On commence par croiser le polariseur et l’analyseur pour avoir un fond sombre sur l’écran. On
intercale la lame Q et on la tourne. On s’aperçoit alors qu'il existe deux directions qui rétablissent
l'extinction. Ce sont les lignes neutres de la lame.

IV DÉTERMINATION D'UNE DIFFÉRENCE DE MARCHE D’UNE LAME MINCE AU


COMPENSATEUR DE BABINET
[1], p. 292 et [2], p. 150.

Mesure d’une différence de marche (-3λ à 3λ) d’une lame mince au compensateur de Babinet
(différence de marche de quelques λ avec l'axe optique dans le plan de la lame).

Un compensateur de Babinet est formé de deux lames prismatiques de quartz de même épaisseur,
d'angle  très petit, et dont les axes optiques sont croisés. Les indices du quartz sont ne et no. On
dispose le compensateur entre polariseur et analyseur croisés orientés à 45° des lignes neutres des axes
optiques du compensateur. Pour un déplacement d entre les bi prismes, la différence de marche  entre

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

les deux vibrations propres se propageant dans le compensateur à une d


côte y par rapport au centre du compensateur est donnée par la relation :
 = (2 y +d) tg(ne - no) e1 e2
y
La transmission entre polariseur et analyseur croisés est donnée par O
sin2(πδ/λ)

Manipulation : A
C
L Q
P E

QI

T f
S

Étalonnez le compensateur en lumière monochromatique (en utilisant des filtres interférentiels ou un


monochromateur) en mesurant le déplacement d0 associé au déplacement d'une frange noire (notez que
d0 correspond ici à 2i avec i = interfrange). Mesurez d pour différentes valeurs de λ. Tracez la courbe
d0 en fonction de . Calculez le rapport d0. Pourquoi ce rapport est-il constant ? Montrez qu’il est
égal à (no - ne).tgα si α est l'angle du prisme et (no - ne) la biréfringence du compensateur. Repassez
ensuite en lumière blanche. Positionnez la frange noire au centre du Babinet (indiqué par le double
liseré gravé). Notez alors la position correspondante sur le barillet tournant de l’appareil : la valeur lue
correspond à la position zéro du Babinet. Placez la lame biréfringente et ramenez la frange noire au
centre du Babinet en tournant le barillet qui déplace les deux lames prismatiques. Notez la valeur d du
déplacement. En déduire la différence de marche dd0 introduite par la lame.

Attention au choix de la lame inconnue. Prendre une lame quart d'onde λ/4 ou demi-onde λ/2 mais
d’ordre zéro (k = 0). Dans ce cas, la différence de marche de la lame est exactement δ = λ/4 ou δ =
λ/2. Dans le cas d'une lame de phase d'ordre multiple on a δ = λ/4 + kλ ou δ = λ/2 + kλ avec k ≫1. Les
franges sont alors invisibles à travers le compensateur de Babinet car il ne peut mesurer que quelques
ordres d’interférences (k = 3 ici).

IV.1 Mise en évidence des couleurs d'interférence d'une lame mince


cf. [1], p. 286.

IV.2 Détermination de la direction lente ou rapide d'une lame mince biréfringente

IV.2.1 Principe
On peut déterminer l'axe lent ou rapide d'une lame mince à
partir de la figure de d'interférence d’ un cristal de quartz ou de calcite placé entre polariseur (P) et
analyseur (A) croisés et éclairé en lumière très convergente (méthode dite de conoscopie optique).

IV.2.2 Montage
[2], p.157

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

L'exemple suivant représente la figure d'interférence de la calcite :

E
P A
C
QI

C : × 6 (ou oculaire de microscope)

Q : lame de Spath (ou Quartz) taillée perpendiculairement à l'axe optique d’épaisseur e = 3 – 4 mm

Faire converger le faisceau de la lampe QI au maximum. Placer polariseur et analyseur croisés de part
et d’autre du point de convergence (pas trop près pour éviter de les endommager. Si la lampe est trop
puissante, on conseille alors de placer un filtre anti calorique à la sortie de la source. Placer la lame Q
au point de convergence du faisceau et observer sur un écran éloigné à un ou deux mètres. Le cristal
biréfringent crée une différence de marche δ = (ne – no).e.sin2θ (cf. équation A16 de l’annexe) entre
deux ondes polarisées orthogonalement qui croit avec l'inclinaison θ du rayon par rapport au centre
correspondant à la direction de l'axe optique C (cf. schéma dans la figure). La figure d’interférence
présente en lumière blanche (cf. photo dans la figure) des anneaux colorés qui se resserrent de plus en
plus au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’axe optique (cf. anneaux de Newton). Ces anneaux sont
barrés par une croix noire orientée suivant les directions de P et A.

On interpose la lame mince inconnue entre les polariseurs et analyseurs croisés avant ou après le quartz
(ou la calcite), mais entre P et A, avec ses lignes neutres « n » et « n' » à 45° de P et de A (figure
suivante). En pratique pour placer la lame à 45°, il faut commencer par placer P à 45° de la verticale et
placer A pour obtenir l'extinction. Mettre la lame, obtenir l'extinction à nouveau. Tourner P et A de 45°
exactement pour les replacer vertical (NS) et horizontal (OE).

Observations :
- dans deux cadrans du système d’anneaux (à ± 45°, dans les directions SO-NE et
NO-SE) les cercles isochromatiques s’éloignent du centre alors qu’ils s’en éloignent dans les deux
autres.
- le centre noir du système d’anneaux se dédouble (cf. [2], p. 159, figure 23). L’axe
rapide de la lame inconnue est orienté suivant la direction de ces deux nouveaux centres (i.e. à ± 45°).
Le centre de la figure n’est plus noir car on a retranché un certain déphasage dans le plan d’incidence
qui contient cet axe. Le centre noir qui correspond à un déphasage global nul est maintenant obtenu
pour une incidence différente de zéro.
- dans les directions ± 45° (SO-NE), les deux lignes neutres de la lame mince
inconnue sont alors confondues avec les projections des lignes neutres « no » et « ne » du
quartz/calcite dans le plan de la figure d'interférence (cf. figure A10). Dans la direction SO-NE de la
figure d'interférence (et NO-SE), les différences de marche de la lame inconnue et du cristal de quartz
ou de calcite s'ajoutent ou se retranchent. La modification de la figure d'interférence permet d'identifier
les axes rapide et lent de la lame mince inconnue.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Position de la lame mince de signe inconnu entre P et A avec ses lignes neutres à 45°.

IV.2.3 Exemples de résultats expérimentaux

Calcite en lumière blanche :

Dans la direction NE/SO, la frange bleue s'éloigne (bleu d'ordre 1 dans les teintes de Newton) et la
biréfringence globale (calcite + lame) diminue. Il faut aller plus loin en angle d'inclinaison θ pour
« récupérer » l'ordre 1 et donc parcourir une épaisseur de calcite plus grande. Dans la direction NE/SO,
on a retranché les différences de marches calcite + lame et donc superposé l'axe lent (n) de la lame
mince avec l'axe rapide (ne) de la calcite. A l'inverse, on a un rapprochement dans la direction NW/SE.

Calcite en lumière monochromatique :


On obtient la même figure en lumière monochromatique
(lumière blanche + filtre vert).

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Quartz en lumière monochromatique :


Pour le quartz, tout est inversé car ne > n0.

La croix n'est pas visible au centre en raison de la présence du pouvoir rotatoire.

V ANISOTROPIE LINEAIRE : CAS DES LAMES EPAISSES DE QUELQUES MM

V.1 Mesure de la biréfringence du quartz (et/ou calcite) par la mesure de l’angle du


1er anneau noir de la figure de conoscopie d’une lame épaisse.

V.1.1 Principe
On place le cristal de quartz ou calcite entre P et A croisés. La
figure suivante représente la propagation dans un cristal de quartz/calcite en vue de dessus. θext = angle
d'incidence dans l'air, θ = angle de réfraction dans le cristal. Ici θ représente l'angle du 1 er anneau noir à
l'intérieur du cristal. ρ = e/cos θ représente la distance parcourue dans le cristal. L'écart angulaire
entre les deux rayons « o » et « e » est faible et pour cette raison un seul rayon est représenté à
l'intérieur du cristal (cf. figure A6 de l’annexe) :

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Soit un rayon incident (angle θ dans le cristal) correspondant à un point du premier anneau noir de la
figure d'interférence visualisé sur l'écran. La biréfringence est estimée à partir de l'équation :

𝜆
(𝑛𝑒 − 𝑛0 ) =
𝑒𝑠𝑖𝑛2 𝜃
La mesure de θext permet donc d'estimer θ puis la biréfringence (ne – n0).

Mesure pour un quartz :


- e = 4,00 ± 0,01 mm (mesure effectuée au palmer)
- distance cristal / écran = 35,5 cm
- diamètre du premier anneau noir : 13 cm avec filtre interférentiel à λ = 546
nm

→ θext = 10,4° → θ = 6,7° avec n = no = 1,544

546.10−9
(𝑛𝑒 − 𝑛0 ) = = 0,01
4.10−3 𝑠𝑖𝑛2 (6,7)

On a un bon accord avec la biréfringence tabulée dans un Handbook (no=1,544 ; ne = 1,553 ; ne - no =


0,009 à 589 nm). La biréfringence varie peu entre 546 nm et 589 nm mais il aurait été préférable de
prendre un filtre à 589 nm correspondant à la valeur du Handbook.

Mesure pour de la calcite :


- e = 4,59 ± 0,01mm (mesure effectuée au palmer)
- distance cristal / écran = 87 cm
- diamètre du 1er anneau noir = 10 cm avec filtre interférentiel à λ = 580
nm

tanθext = 5/87 → θext = 3,3 °

Attention le choix de n est critique pour le calcul de θ à partir de sinθext = nsinθ. Pour un rayon
extraordinaire proche de l'axe optique C, l'indice du rayon extraordinaire est alors voisin de n o. Si on
prend n égal à no = 1,66 alors θ = 2 ° et :

580.10−9
(𝑛𝑒 − 𝑛0 ) = = 0,1
4,59.10−3 𝑠𝑖𝑛2 (2)

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

On a un accord moins bon avec la biréfringence tabulée dans un Handbook (no = 1,658, ne = 1,486, ne
- no = - 0,17 à 589 nm) mais l'ordre de grandeur est respecté.

En pratique, prendre le quartz car l'accord est meilleur. Le choix de la valeur de n pour le calcul de
l'angle n à partir de sinθext = nsinθ est critique et dans le quartz la biréfringence est plus faible, donc
l'erreur est plus faible.

V.2 Mesure de l'épaisseur optique d'une lame épaisse par la méthode du spectre
cannelé
[1], p. 289 et [2], p. 152 pour la manipulation et des explications.

V.3 Mesure de l'épaisseur optique d'une lame épaisse avec un Michelson


Le principe
consiste à compenser la différence de marche introduite par la lame biréfringente par une différence de
marche géométrique obtenue en pratique avec un interféromètre de Michelson.

Montage :
[2], p. 154. M1 M2
P A
C
QI
trou
source L1 Q
C : 6 cm L2
L1, L2 : 150 mm

Réglez au préalable le Michelson en coin d’air. Placez ensuite une lame épaisse (quartz ∕∕ de 4 mm)
entre polariseur et analyseur croisé en orientant ses lignes neutres à 45°. On observe encore des
franges. Translatez alors le miroir mobile. Les franges irisées disparaissent, on passe à un blanc d’ordre
supérieur, puis elles réapparaissent après un certain déplacement avec un contraste plus faible. Vérifiez
que le phénomène se reproduit pour les deux sens de déplacement du miroir.

V.4 Mise en évidence du phénomène de double réfraction avec une lame épaisse d’un
cristal de spath
[1], p. 282.

VI BIREFRINGENCE CIRCULAIRE

VI.1 Mise en évidence


[2], p. 168

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

P Vibration après Q
P Q A E

LASER A

Rotation de A pour
un dextrogyre

Commencer par tester différentes lames de quartz avec le montage proposé. Vérifiez que certaines
lames font tourner le plan de polarisation dans un sens, d’autres dans le sens opposé : il existe des
lames dextrogyres et des lames lévogyres. Choisir une lame de chaque type et de même épaisseur.
Vérifiez par une mesure rapide que les rotations du plan de polarisation sont égales en valeur absolue
mais de sens contraire. Vérifiez que le sens d’utilisation d’une lame ne change pas son caractère
lévogyre ou dextrogyre.

Influence de l’épaisseur :
Utilisez des lames de quartz de même nature (lévogyre ou dextrogyre) et
d’épaisseurs différentes mais pas trop épaisses (cf. remarque suivante). Mesurez rapidement l’angle α
de rotation du plan de polarisation. Vous devez constater que cet angle est proportionnel à l’épaisseur
de la lame. On peut donc définir un pouvoir rotatoire spécifique du matériau en ramenant cet angle à
l’unité d’épaisseur : [α] = α/e.

Remarque :
Le quartz a un pouvoir rotatoire spécifique assez important ([α] ≈19 °/mm). Il peut donc y
avoir une ambiguïté sur le sens de rotation avec des lames de forte épaisseur : une rotation à droite de
50° donne une vibration émergente de même nature qu’une rotation à gauche de 130 °.

Cas d’une solution de saccharose :


On peut vérifier de la même façon qu’une telle solution présente
aussi les mêmes propriétés. On y reviendra plus en détail par la suite.

VI.2 Mesure du pouvoir rotatoire dans un Quartz taillé perpendiculairement à l'axe


optique

VI.2.1 Introduction
Lorsqu'on place entre deux polariseurs croisés une lame de
quartz, taillée perpendiculairement à l'axe optique (absence de biréfringence linéaire pour une onde à
l'incidence normale), l'extinction est détruite et pour la rétablir, en lumière monochromatique, il faut
tourner l'analyseur d'un angle α convenable. La lame de quartz perpendiculaire fait tourner le plan de
polarisation de la lumière qui la traverse sans que cette vibration cesse d'être rectiligne; on dit que le
quartz est optiquement actif.

Dispersion du pouvoir rotatoire :


Le physicien Biot, qui découvrit que le pouvoir rotatoire croit
rapidement quand la longueur d'onde diminue, a établi que la rotation produite par une lame de
quartz peut s'exprimer en première approximation sous la forme α = A/λ2, où A est une constante. Cette
relation montre que la dispersion est très forte : la rotation est multipliée par un facteur de l'ordre de 3
d'une extrémité à l'autre du spectre visible. Cette dispersion est beaucoup plus grande que la dispersion
de l'indice de réfraction ou que celle du retard produit par une lame biréfringente. Malheureusement,

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

pour un cristal de quartz de quelques centimètres de longueur, cette rotation est très supérieure à 180°,
et n'est donc pas directement mesurable à partir de la simple détermination de l'angle de rotation de
l'analyseur rétablissant l'extinction. Une méthode simple pour mesurer est d'utiliser la dispersion du
pouvoir rotatoire. Si on place un tel cristal entre polariseurs croisés et qu'on éclaire l'ensemble en
lumière blanche, le spectre de la lumière transmise présente des cannelures (franges noires) aux
longueurs d'onde pour lesquelles la rotation est égale à un nombre entier de fois 180°. Une cannelure
d'ordre k1 (k1 entier) à la longueur d'onde  correspond à une rotation = k1 de la polarisation, alors
qu'une cannelure d'ordre k1 + n (n entier) à la longueur d'onde λn + 1 correspond à une rotation αn + 1 =
(k1 + n).π. Dans cette équation, k1 est une inconnue et n est le nombre d’interfranges entre λ1 et λn + 1.
D’après la loi de Biot, on a :

1 1 ′
𝜆12 𝜆2𝑛+1
𝛼𝑛−1 − 𝛼1 = 𝑛𝜋 = 𝐴 ( 2 − 2 ) 𝑑 𝑜𝑢 𝐴 = 𝑛 × 180° × 2
𝜆𝑛+1 𝜆1 𝜆1 − 𝜆2𝑛+1

VI.2.2 Mesures

Détermination du sens de rotation de la polarisation :


Observez dans la lunette d’un spectroscope le
spectre cannelé produit par le canon de quartz. La rotation α augmentant avec la diminution de la
longueur d'onde, une rotation de l'analyseur dans le même sens que l'angle α doit déplacer les
cannelures vers les courtes longueurs d'onde (violet), une rotation de l'analyseur dans le sens opposé
déplaçant les cannelures vers les grandes longueurs d'onde (rouge). En déduire le sens de la rotation α
de la polarisation de la lumière à la traversée de l'échantillon proposé.

Mesure de α et de A :
Afin de tester la validité de la loi de Biot, comparez les valeurs de A obtenues
en mesurant les longueurs d'onde de deux cannelures successives (n = 1) dans le rouge et dans le bleu,
puis celles de deux cannelures situées aux deux extrémités du spectre (n >1). Conclure. Tracez alors la
courbe α = f(λ) en prenant la valeur de A qui correspondrait à une lame de quartz de 1mm d'épaisseur.

VI.3 Dispersion rotatoire


Se reporter à [2], p. 70 pour la manipulation.

VI.4 Mesure du pouvoir rotatoire spécifique du saccharose avec un polarimètre de


Laurent

VI.4.1 Loi de Biot pour les liquides


La rotation produite par une solution de
concentration C est proportionnelle à la longueur traversée par la lumière :

𝛼 = [𝛼]. 𝐿. 𝐶

La quantité [α] est une constante pour une substance active donnée et une radiation de longueur d'onde
déterminée ; [α] s'appelle le pouvoir rotatoire spécifique (il dépend de la longueur d’onde).
Généralement, on calcule [α] en exprimant α en degrés, L en décimètres et C en grammes de substance
par cm3 de solution. Pour comparer diverses substances entre elles, on a défini par convention le
pouvoir rotatoire moléculaire par la relation [M] = M[α]/100. Le pouvoir rotatoire moléculaire est alors
égal à la rotation produite par un décimètre d'une solution contenant une molécule gramme de

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

substance active pour 100 cm3 de solution. La rotation produite par un mélange est la somme des
rotations correspondant aux différentes substances considérées isolément :

𝛼 = ([𝛼1 ]. 𝐶1 + [𝛼2 ]. 𝐶2 + [𝛼3 ]. 𝐶3 + ⋯ )𝐿

Remarque :
La loi de Biot est très utile en chimie analytique pour doser la teneur d’une solution en
substances optiquement actives. Elle est particulièrement utile pour le dosage d’isomères optiques
(énantiomères). En effet, ceux-ci possèdent les mêmes propriétés chimiques et beaucoup de propriétés
physiques (point d'ébullition, de fusion, indice de réfraction, conductivité électrique, etc…) identiques
ce qui rend difficile leur dosage séparé. Ces propriétés sont dites scalaires parce qu'elles sont
représentées en un point de l'espace par un nombre. Par contre, les propriétés physiques de nature
vectorielles (polarisation rotatoire de la lumière, piézo-électricité) seront différentes pour les deux
énantiomères. Elles permettent donc un dosage séparé des deux isomères.

VI.4.2 Analyseur et polariseur à pénombre


La rotation à mesurer pour un liquide
étant nettement plus faible (compte tenu des concentrations usuelles) que pour un quartz épais, on
pourrait songer à mesurer le pouvoir rotatoire des liquides en utilisant une méthode de rétablissement
d’extinction comme celle indiquée au début du § III.2.1. Il est cependant difficile pour l'œil de
distinguer le minimum parmi les éclairements successifs qu’il perçoit autour de l’extinction
(l'éclairement varie en effet très lentement au voisinage de ce minimum → cf. loi de Malus). Ceci
associé à l'existence de lumière parasite (dépolarisation de la lumière par la substance, imperfection des
nicols, etc...) a pour effet de rendre à peu près impossible les pointés d'une vibration rectiligne par
extinction avec une erreur inférieure à plusieurs minutes d'arc. C'est pourquoi on emploie toujours en
métrologie des analyseurs et polariseurs à pénombre, dans lesquels l'appréciation d'un minimum est
remplacée par l'appréciation de l'égalité d'éclairement de deux plages séparées par une ligne nette.

Principe du polariseur à pénombre :


Se reporter au & III.1.2 du montage « Production et Analyse
d’une lumière polarisée ».

Polarimètre de Laurent : cercle


de mi-o nd e
so urce gra dué oe il
tu be pol arim étri que
P A

Il emploie un polariseur à pénombre et un analyseur mobile dont on peut mesurer la rotation grâce à un
cercle gradué. Le polariseur à pénombre est fixe, la ligne de séparation des plages l'est donc aussi. Le
polariseur fournit une vibration OP, la lame une vibration OP'. Il y a donc égalité d'éclairement
lorsqu’OA est suivant Ox (, grand éclairement), ou suivant Oy (= 0, petit éclairement). C'est
dans cette dernière configuration que le polarimètre est utilisé. Si on introduit le tube polarimétrique
contenant la substance active, les deux vibrations OP et OP' subissent des rotations égales α, et il faut,
pour rétablir l'égalité d'éclairement, tourner l'analyseur d'un angle α, de façon que la direction de la
vibration que laisse passer l'analyseur soit orthogonale à la bissectrice des deux vibrations transmises
par la substance (γ = α). C'est donc cette rotation γ = αque l'on lit sur le cercle qui porte l'analyseur.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Remarque :
La rotation produite par la substance dépendant de la longueur d'onde, les polarimètres ne
peuvent être employés qu'en lumière monochromatique (ici raie D du sodium).

VI.4.3 Mesures
On prépare une solution de saccharose de concentration
déterminée (avec par exemple 10g de sucre dans 100 cm3 d'eau distillée). On place le tube
polarimétrique le plus court rempli de la solution sucrée dans le polarimètre, on met l'oculaire au point
sur la ligne de séparation des deux plages lumineuses et on mesure la rotation (le réglage du zéro de
l'appareil en l'absence de tube peut être réalisé à l'aide de la vis située sous l'oculaire). On peut alors :
a) Vérifier que la rotation est proportionnelle à la longueur L du tube polarimétrique en
traçant α = f(L). Pour cette manipulation, on dispose de cinq tubes de longueurs différentes qui seront
remplis de la même solution de saccharose.
b) Vérifier que la rotation est aussi proportionnelle à la concentration en sucre en traçant α
= f(C). Pour ce faire, on réalisera deux dilutions successives à partir de la solution d'origine.
c) Calculer le pouvoir rotatoire spécifique [ du saccharose à la longueur d’onde utilisée.

VII BIREFRINGENCE ARTIFICIELLE

VII.1 Effet Pockels : biréfringence induite par un champ électrique (effet linéaire)

Remarque :
À Rennes, la cellule de Pockels donne de meilleurs résultats que la cellule de Kerr.

Allumer le laser He-Ne (= 633 nm) et éclairer la cellule de Pockels à l'indice normale. Regarder la
réflexion et faire revenir le faisceau sur l'axe du laser. Ce réglage est important car, comme le cristal
est biréfringent sans champ appliqué alors la différence de marche δ est très dépendante de son
inclinaison ainsi que sa transmission T entre polariseur P et analyseur A croisés. Une fois que le
cristal est placé et ajusté angulairement sur son axe, il ne faut en aucun cas le tourner.

Placer la cellule de Pockels d'épaisseur ℓ entre deux polariseurs croisés et l'orienter pour que ses lignes
neutres soient à 45° des axes passants des polariseurs P et A. Mettre en place le puissance mètre1.

1/ Faire varier la haute tension VHT (de 0 à 800 V par pas de 50 V) et mesurer pour chaque
valeur VHT la puissance sur le power meter. Fixer avec soin la valeur de VHT pour laquelle
Vdiode est maximum. Soit Vdiode(max) cette valeur. En déduire la transmission. Tracer la courbe
T =f (HT).

2/ La transmission T obéit à la relation suivante :

1
Une variante possible consiste à utiliser une photodiode + résistance de charge + alim DC : Fixer la résistance de charge
de la diode pour que la tension max mesurée à ses bornes soit de l'ordre de quelques volts quelle que soit la haute tension
appliquée sur la cellule. Ne plus toucher au laser et à la cellule de pockels)

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

𝜋. 𝛥𝑛. 𝑙 𝜙
𝑇 = sin2 ( ) = sin2 ( )
𝜆 2

où la variation d'indice Δn = Δn0 + Δn(VHT) est la somme de deux termes :

Δn0 = biréfringence naturelle de la cellule et


Δn(VHT) = biréfringence induite par la tension VHT.

On peut aussi écrire que le déphasage correspondant  est la somme de deux termes :

 = 0 + (VHT)

Il est important de noter que la valeur de la transmission T pour une tension appliquée nulle (VHT=0)
correspond à la biréfringence naturelle Δn0 de la cellule ou à ϕ0 = 2πΔn0l/λ. La transmission n'est donc
pas forcément nulle.

A partir de la courbe précédente T =f (HT) et du tableau de mesure, calculer alors (VHT) pour
chaque valeur de tension appliquée.

Tracer la courbe correspondante (VHT) = f (HT). Commenter l'allure de la courbe.

En déduire la variation d'indice induite pour la tension max.

Remarque :
La biréfringence naturelle n'étant pas nulle, le déphasage 0 est de l'ordre de 853 radians
pour une incidence normale du laser sur la cellule. Comme dit précédemment, il est important de noter
que la transmission obtenue sans champ appliqué va dépendre fortement du moindre défaut
d'orientation de la cellule par rapport à l'incidence normale. Le point de départ de la courbe T= f(HT)
va donc dépendre de la position de la lame mais la loi de variation reste périodique à partir de cette
position :

A partir de la courbe obtenue de transmission périodique, il faut extraire le déphasage induit (VHT)
en fonction de la tension appliquée qui doit varier de façon monotone. Attention au fait que deux
valeurs identiques successives de T correspondent à un déphasage croissant (le déphasage croit avec la
HT, attention donc à la périodicité de la fonction sinus)

VII.2 Biréfringence induite par un champ électrique (effet quadratique)


Effet Kerr
→ cf. [2], p. 163.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

VII.3 Biréfringence induite par une contrainte mécanique


Effet élasto-optique → cf.
[1], p. 312.

VII.4 Biréfringence d'orientation dans une cellule de cristal liquide


Cf. [2], p. 164.

VII.5 Biréfringence induite par un champ magnétique


Effet Faraday → cf. [2], p.

Bibliographie :
[1] : Sextant : Optique expérimentale, ch. 6.3, 6.5 et 6.6
[2] : R. Duffait : Expériences d’optique ; Agrégation de sciences physiques, ch. 7 et 8
[3] : J.P. Pérez : Optique ; Masson 5ème édition, ch. 32.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

ANNEXE : RAPPELS D'OPTIQUE ANISOTROPE

I INTRODUCTION
Un milieu transparent, non conducteur et non magnétique est appelé milieu
diélectrique. Il se caractérise par son indice de réfraction optique n. L'indice de réfraction d'un milieu
traduit la réponse microscopique des électrons de valence à un champ électrique E d'une onde
électromagnétique (EM) se propageant avec la vitesse de phase c/n où une polarisation électronique P
est induite. La polarisation induite sous l'action du champ électrique E est en générale petite et dans le
cadre de l'optique classique linéaire, on peut effectuer un développement limité de P à l’ordre 1 en E :

P = ε0χE + ε0G∇∧E A1

χ et G sont respectivement la susceptibilité électrique (sans dimension) et la constante de gyration du


milieu. ∇ est l'opérateur nabla (𝜕/𝜕𝑥, 𝜕/𝜕𝑦, 𝜕/𝜕𝑧). Dans un milieu isotrope, χ et G sont des
constantes mais dans un milieu anisotrope alors ce sont des tenseurs. Le premier terme représente
l'anisotropie linéaire tandis que le deuxième terme représente l'anisotropie circulaire (activité
optique ou pouvoir rotatoire caractérisant un milieu optiquement actif). Si on considère un milieu
isotrope où χ et G sont des constantes, le premier terme traduit le fait que P est toujours parallèle à E
tandis que le deuxième terme traduit le fait que P tourne autour de E. Ces deux effets traduisent des
réponses électroniques très différentes liées à des organisations atomiques spécifiques. Par exemple, la
présence d'activité optique dans un cristal de quartz (SiO2) est lié au fait que les atomes Si et O sont
disposées sur une hélice avec son axe dans la direction de l'axe cristallographique d'ordre 3 du quartz.
La présence du champ E pour une onde se propageant suivant cet axe induit des déplacements de
charges le long de cette hélice qui a pour effet de faire tourner le champ E. En suivant les liaisons Si–
O–Si, on tourne soit vers la droite, soit vers la gauche suivant le type de quartz droit ou gauche.

Les deux effets peuvent exister simultanément dans la matière. Pour comprendre les conséquences sur
la propagation de la lumière, on considère dans un premier temps chacun des effets pris séparément.

II PROPAGATION DE LA LUMIERE DANS UN MILIEU DIELECTRIQUE ANISOTROPE

Dans un cristal isotrope ou dans un milieu amorphe, les propriétés optiques sont les mêmes quel que
soit la direction de propagation de l’onde (l’indice de réfraction est unique). Par contre dans un milieu
anisotrope, les propriétés optiques et l’indice de réfraction vus par l’onde électromagnétique dépendent
de la direction de propagation du vecteur d’onde 𝑘 ⃗ . Les équations de Maxwell et l'équation traduisant
la réponse du milieu sont données respectivement par :

𝜕𝑫 𝜕𝑩
∇. 𝑫 = 0 , ∇⋀𝑯 = , ∇⋀𝑬 = − ,
𝜕𝑡 𝜕𝑡
∇. 𝑩 = 0 𝐴2

Et :
D = ε0E + P A2

En combinant ces équations, on obtient immédiatement l'équation de propagation pour le champ E :

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

1 𝜕 2𝑬
𝛁⋀(𝛁⋀𝑬) + 2 2
𝑐 𝜕𝑡
1 𝜕 2𝑷
=− 𝐴4
𝜀0 𝑐 2 𝜕𝑡 2

Dans le cadre de l'approximation des champs à enveloppe lentement variables (SVEA : slow
varying envelope approximation en anglais), on peut faire les deux approximations suivantes :

∇ ≡ -ik , d/dt ≡ iω A3

Dans ce cas, l'équation Erreur ! Source du renvoi introuvable. devient :

𝒌 ∧ (𝒌 ∧ 𝑬) + 𝜔2 𝜇0 𝑫 = 0 A4

En admettant que la relation entre P et E peut se mettre sous la forme P = ε0[χ]E où [χ] est le tenseur de
susceptibilité électrique du milieu. On obtient finalement l'équation de propagation pour le champ D

𝒌𝟎 ∧ (𝒌𝟎 ∧ [𝜂]𝑫) + 𝑛−2 𝑫 = 0 A5

Où [εr] = [1] + [χ] est le tenseur diélectrique relatif et [η] = [εr]-1 le tenseur d'imperméabilité. k0 est un
vecteur unitaire dans la direction de propagation. 𝐤 = 𝐤 𝟎 ωnc et n est l'indice vu par l'onde EM qui est
à déterminer. L'équation précédente est l'équation de propagation pour le champ D où les inconnus sont
donc n et D pour une direction de propagation k fixée. Le tenseur d'imperméabilité [η] caractérisant le
milieu et est quant à lui connu. Dans une base quelconque (x, y, z) il est donné par l'expression
générale suivante :

[𝜂]
𝜂𝑥𝑥 η𝑥𝑦 𝜂𝑥𝑧
𝜂
= ( 𝑥𝑦 𝜂𝑦𝑦 𝜂𝑦𝑧 ) 𝐴8
𝜂𝑥𝑧 𝜂𝑦𝑧 𝜂𝑧𝑧 𝑥𝑦𝑧

Si on prend le cas particulier d'une onde se propageant dans la direction z l'équation A5 devient :
𝜂𝑥𝑥 η𝑥𝑦 𝐷𝑥
(𝜂 𝜂𝑦𝑦 ) (𝐷𝑦 )
𝑥𝑦
𝐷𝑥
= 𝑛−2 (𝐷 ) 𝐴9
𝑦

en prenant en compte que l'onde est transverse pour le champ D. Cette équation fondamentale est
l'équation aux valeurs et vecteurs propres pour le champ D. La résolution de cette équation conduit à
deux solutions n+ et n- :

−2
1 2 2
𝜂± = 𝑛± = [(𝜂𝑥𝑥 + 𝜂𝑥𝑦 ) ± √(𝜂𝑥𝑥 − 𝜂𝑥𝑦 ) + (2𝜂𝑥𝑦 ) ] 𝐴10
2

Le milieu est donc biréfringent. A ces deux solutions n+ et n- correspondent deux vecteurs propres D+ et
D- qui sont appelées les états propres pour la direction de propagation considérée et qui sont situées
dans le plan d’onde  qui par définition est le plan perpendiculaire à k. Ces directions
perpendiculaires entre elles (au sens mathématique du terme) sont les lignes neutres du milieu. Une

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

onde polarisée suivant l'une ou l'autre de ces deux directions (D+, D-) se propagera sans déformation
dans le milieu avec une vitesse de propagation (c/n+, c/n-). L'expression exacte de D+ et D- dépend du
type d'anisotropie (linéaire ou circulaire).

III ANISOTROPIE LINEAIRE


Dans le cas d'un milieu possédant uniquement de l'anisotropie
linéaire, l'équation A1 devient :

P = ε0[χ]E A6

Où [𝜒] est un tenseur dans le cas général. C'est le tenseur de susceptibilité électrique dont les
composantes sont toutes réelles. Il existe une base (x, y, z) appelée la base principale (BP) du milieu
pour laquelle les tenseurs [𝜒] , [𝜀𝑟 ] et [𝜂] sont des tenseurs diagonaux.
L'équation Erreur ! Source du renvoi introuvable. s'écrit alors :

[𝜂]
𝜂𝑥 0 0
= (0 𝜂𝑦 0) 𝐴12
0 0 𝜂𝑧
𝐵𝑃(𝑥𝑦𝑧)

et on définit les trois indices principaux du milieu 𝑛𝑥 = 𝜂𝑥−2 , 𝑛𝑦 = 𝜂𝑦−2 , 𝑛𝑧 = 𝜂𝑧−2 . Les milieux sont
alors classés selon la typologie suivante :
- milieu isotrope. Dans ce cas, les trois coefficients sont égaux et le milieu est isotrope au même
titre qu’un verre ou un liquide avec un indice unique nx = ny = nz.
- milieu anisotrope uniaxe. Le milieu possède deux indices principaux différents nx = ny, nz. La
direction propre associée à z est appelée axe optique qui est unique. Les cristaux de symétrie
hexagonale (quartz par exemple), rhomboédrique (spath) et quadratique se rangent dans cette
catégorie. La direction de l’axe optique est celle de l’axe cristallin de plus haute symétrie.
- milieu anisotrope biaxe. Les trois coefficients sont différents (nx ≠ ny ≠ nz). C’est le cas du
mica par exemple. Dans ce cas, le milieu possède deux axes optiques.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

III.1 Ellipsoïde des indices


L’ellipsoïde des indices est une surface définie à partir des
trois indices principaux nx, ny, nz du milieu. L’ensemble des points M de coordonnées x, y, z de cette
surface satisfait l’équation suivante :

𝑥2 𝑦2 𝑧2
+ +
𝑛𝑥2 𝑛𝑦2 𝑛𝑧2
=1 𝐴13
x
qui est l'équation de l'ellipsoïde des indices. Dans le nx M
cas d’un milieu uniaxe, deux des indices sont égaux
(nx = ny) et l’ellipsoïde est de révolution autour de z
O
l’axe z. La distance OM de cette surface représente nz
l’ensemble des valeurs possibles pour l’indice ny
susceptibles d’être « vus » par une onde
électromagnétique qui se propage dans le milieu. y
Figure A1. Ellipsoïde des indices

III.2 Vecteurs et valeurs propres de propagation pour le champ D


Prenons l'exemple
d'une onde EM qui se propage dans la direction z dans un milieu dont la BP est défini par le repère x, y,
z. Dans ce cas, les deux valeurs propres sont données à partir de l'équation
Erreur ! Source du renvoi introuvable. :

𝜂+ = 𝑛+−2 = 𝜂𝑥 → 𝑛+ = 𝑛𝑥 → 𝐷𝑦 = 0

𝜂− = 𝑛−−2 = 𝜂𝑦 → 𝑛− = 𝑛𝑦 → 𝐷𝑥 = 0

Ce qui montre que les deux vecteurs propres sont des vibrations rectilignes perpendiculaires à la fois
entre elles et au vecteur d'onde k. A chacune de ces deux vibrations rectilignes, est associé un indice
différent et le milieu est biréfringent. Dans le cas particulier considéré où l'onde se propage dans la
direction z de la BP du milieu, les deux modes propres et valeurs propres sont donc définis par :

0 𝐷𝑥 0
𝒌( 0 ) → 𝑫+ ( 0 ) , 𝑛𝑥 𝑒𝑡 𝑫− (𝐷𝑦 ) , 𝑛𝑦
𝑘𝑥 0 0
Ce résultat se généralise pour une direction quelconque du vecteur d'onde k. Les deux modes propres
sont toujours deux vibrations rectilignes D+ et D- perpendiculaires à la fois entre elles et à k avec deux
indices propres 𝑛+ et 𝑛− , le milieu est dit biréfringent. La polarisation est donc représenté par le
champ D et non le champ E dans un milieu anisotrope (dans un milieu isotrope D//E).

Quand une onde électromagnétique traverse une lame biréfringente, les deux modes de propagation D+
et D- se propagent dans le milieu sans altération de leur direction mais avec des vitesses de propagation
différentes c/n+ et c/n-. A la sortie du milieu, les deux vibrations oscillantes à la fréquence  présentent
un retard t = n/c et donc un retard angulaire (déphasage) = 2/n.e où e est l’épaisseur du
milieu traversée et  la longueur d’onde de la vibration électromagnétique. Si le milieu est mince, ces
deux vibrations interfèrent à la sortie du cristal pour produire une vibration elliptique.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

III.3 Propagation de la lumière dans un milieu uniaxe


Les résultats obtenus dans le
cas d'un milieu uniaxe sont très importants car la plus part des milieux utilisés en pratique et en
montage sont des milieux uniaxes (quartz, calcite). Les résultats obtenus peuvent se généraliser aux
milieux biaxes. La construction suivante dite de l'ellipsoïde des indices est très utile car elle permet de
trouver graphiquement le résultat du paragraphe précédent :

D+ k

n+
 C//z
n-
ellipsoïde
П
D- D
Figure A2. Position du plan d'onde  et de l'Ellipsoïde des indices

Il faut représenter à la fois l'ellipsoïde des indices et le vecteur d'onde k avec son origine au centre. A
cette direction k est associé un plan d'onde qui lui est perpendiculaire. D+ et D- ont des directions
portées par les deux axes propres de l’ellipse formée par l’intersection du plan d’onde  et de
l’ellipsoïde des indices. Les deux demi-axes de l’ellipse 𝑛+ et 𝑛− dans chacune des directions
propres de l’ellipse représentent les deux indices associés. La différence 𝑛+ − 𝑛− est la biréfringence
n du milieu pour la direction de propagation considérée.

Les solutions D+ , 𝑛+ et D- , 𝑛− dépendent uniquement de l'angle polaire  entre k et l'axe optique C.


Dans un milieu uniaxe, une des solutions « ordinaire » Do est toujours dans le plan équatorial et a une
direction à la fois perpendiculaire à k et à l'axe optique C, c’est-à-dire que D0 ∕∕ k ∧ C. L'autre solution
représente l'onde « extraordinaire » De. Elle a une direction qui reste dans le plan d'onde et qui est
perpendiculaire à l'onde « ordinaire », c’est-à-dire que De ∕∕ D0 ∧ k. Elle est donnée par la projection
de l'axe optique C dans le plan d'onde .

Figure A3. Lignes neutres Do et De pour la direction k

L'indice associé à l'onde « extraordinaire » est aussi appelé l'indice « extraordinaire » 𝑛𝑒 (𝜃) et sa
valeur comprise entre no et ne est obtenue à partir de l'équation A13 et est donnée par :

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

1
𝑛𝑒2 (𝜃)
cos2 (𝜃)
=
𝑛02
sin2 (𝜃)
+ 𝐴14
𝑛𝑒2

III.4 Propagation de la lumière dans un milieu uniaxe mince


Une lame est dite mince
si elle présente une différence de marche de quelques λ (épaisseur de quelques centaines de microns).
Dans ce cas, les deux vibrations qui se propagent sans altération sont en phase et peuvent interférer à la
sortie pour produire une vibration elliptique. Les lames minces servent essentiellement à réaliser des
lames de phase /2, /4… et pour lesquelles on néglige le phénomène de double réfraction.

Figure A4. Vibration elliptique à la traversée d'une lame biréfringente éclairée par une polarisation
rectiligne à 45° de ses lignes neutres

On peut montrer que la transmission T d'une lumière monochromatique de longueur d'onde  à


travers une lame mince d'épaisseur e, placée entre polariseur P et analyseur A croisés avec ses lignes
neutres x et y à 45° des axes passants de P et A, est donnée par :

T = sin2ϕ/2 A15

𝜙 = 2𝜋𝛿/𝜆 est le déphasage entre les deux lignes neutres et 𝛿 = (𝑛𝑥 − 𝑛𝑦 )𝑒 est la différence de
marche associée pour la lumière se propageant dans une direction z quelconque (k//z). Comme on l'a
vu, nx – ny dépend de la direction de k par rapport à l'axe optique C du milieu, et varie donc entre 0 et
ne-no. Une lame de phase /2, /4 est en général taillée avec son axe optique dans le plan de la lame.

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Figure A5. Transmission à travers une lame biréfringente placée avec ses lignes neutres à 45° de P et
A perpendiculaires

III.5 Propagation de la lumière dans un milieu uniaxe épais


Une lame est dite épaisse
lorsque son épaisseur e est de quelques millimètres. Dans ce cas, le déphasage peut être très important
et les deux ondes propres ne peuvent plus interférer car il y a en général deux rayons qui se séparent.
Les lames épaisses servent essentiellement à produire de la lumière polarisée par double réfraction. On
s'intéresse au cas d'un rayon qui possède un angle non nul avec l'axe optique. A l'entrée dans un milieu
anisotrope uniaxe, en vertu du prince d'Huygens, le phénomène de double réfraction intervient et la
lumière non polarisée incidente en dehors de la direction de l'axe optique C se décompose en deux
rayons « ordinaire » et « extraordinaire » qui se séparent. L'angle est en général faible entre ces deux
rayons, de telle sorte qu’on considère qu'ils font un angle  avec l'axe optique.

Figure A6. Double réfraction à l'entrée d'une lame biréfringente taillée perpendiculairement à l'axe
optique C.

Le rayon ordinaire a l'indice no tandis que le rayon extraordinaire a, comme on l'a vu un indice 𝑛𝑒 (𝜃)
dont la valeur est donnée par l'équation A14. La différence de marche  entre les rayons "o" et "e" est
donnée par 𝛿 = (𝑛𝑒 (𝜃) − 𝑛𝑜 )𝜌 si  est la distance parcourue dans le milieu. Si l'angle θ est faible,
alors ρ ≈ e et 𝛿 = (𝑛𝑒 (𝜃) − 𝑛𝑜 )𝑒. A partir de l'équation A14, on a :

1 1 2
1 1 1 2
𝑛𝑒2 − 𝑛02 1 2
𝑛𝑒 − 𝑛0
= 2 − sin 𝜃 ( 2 − ) = 2 − sin 𝜃 ( 2 ) ≈ 2 − 2sin 𝜃
𝑛𝑒2 (𝜃) 𝑛0 𝑛0 𝑛𝑒2 𝑛0 𝑛0 𝑛𝑒2 𝑛0 𝑛03

Et
𝑛𝑒 − 𝑛0
𝑛𝑒 (𝜃) ≈ 𝑛0 (1 + sin2 𝜃 )
𝑛0

Finalement, on obtient la différence de marche entre les ondes « o » et « e »

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

𝛿 = (𝑛𝑒 (𝜃) − 𝑛0 )𝑒 = (𝑛𝑒 − 𝑛0 )𝑒𝑠𝑖𝑛2 𝜃 A16

Si la lame épaisse est placée entre polariseur et analyseur croisés alors la transmission est donnée par :

𝑇
𝜋𝛿
= sin2 ( )
𝜆
2
𝜋(𝑛𝑒 − 𝑛0 )𝑒𝑠𝑖𝑛 𝜃
= sin2 ( ) 𝐴17
𝜆

On obtient les figures d'interférences ci-dessous en lumière convergente (figure de conoscopie). A


partir du centre, on a un cercle noir à chaque fois que le numérateur est un multiple de la longueur
d'onde , (k).

Figure A7. Figure d'interférence de la calcite en lumière monochromatique et lumière blanche.


La croix représente la trace des polariseurs.

De même, on a pour le quartz les figures d'interférences suivantes en lumière convergente :

Figure A8. Figure d'interférence du quartz en lumière monochromatique (filtre rouge) et lumière
blanche. La croix représente la trace des polariseurs. Il est à noter que la croix disparaît au centre en
raison de la présence du pouvoir rotatoire.

III.6 Mesure de la biréfringence du quartz ou de la calcite


La mesure angulaire θ du
premier anneau noir permet d'estimer la biréfringence du milieu. A partir de l’équation
Erreur ! Source du renvoi introuvable., on a

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

|𝑛𝑒 − 𝑛0 |
𝜆
= 𝐴18
𝑒𝑠𝑖𝑛2 𝜃

III.7 Identification d'une lame mince inconnue en lumière convergente


En un point
de la figure d'interférence sur l'écran d'observation, le contraste est donné par la différence de marche δ
entre l'onde « o » et « e ». Pour le premier anneau noir, on a δ = λ. Pour une direction quelconque dans
le cristal (Figure A9), en considérant que les plans d'ondes ordinaire et extraordinaire sont confondus
(Π), les polarisations « o » et « e » sont dans ce plan d'onde Π. « o » est toujours perpendiculaire à C et
« e » est perpendiculaire à « o » :

Figure A9. Ondes « o » et « e » pour un rayon d'angle polaire θ

Le point essentiel est que si on regarde la figure d'interférence de face (suivant l'axe optique, figure
A10), alors pour chaque point de cette figure, les directions de polarisation « o » et « e » sont
parfaitement connues. L'onde « o » en bleu est toujours tangente au cercle (donc perpendiculaire à
l'axe optique C) et la projection de l'onde « e » en rouge dans la figure d'interférence (i.e. sur l'écran)
rencontre l'axe optique C :

Figure A10. Projection des ondes « o » et « e » dans le plan de la figure d'interférence sur le cercle δ =
cste

III.7.1 Utilisation d’une lame de quartz pour identifier la lame inconnue


Le quartz
est un cristal positif (ne > no). En M, la direction SO/NE (en rouge) qui porte l'indice extraordinaire
« voit » un indice plus fort que la direction NO/SE (en bleu) toujours en M :

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

On place le quartz taillé perpendiculairement à l'axe optique en ajoutant la lame inconnue entre P et A
avec les lignes neutres de la lame à 45° des directions de P et A.

Figure A11. Position de la lame mince de signe inconnu entre P et A avec ses lignes neutres à 45°.

Supposons que les indices principaux de la lame sont n et n' avec n' > n, et que la superposition soit la
suivante n' // ne et n // no :

Figure A12. Contraction ou dilatation de la figure d'interférence d'une lame n' > n avec le quartz. Les
croix correspondant aux axes des deux polariseurs ne sont pas représentées.

Les indices forts et faibles du quartz et de la lame s’ajoutent entre eux. La biréfringence augmente en
M. Il faut du centre de la figure d'interférence aller moins loin dans la direction SO/NE pour obtenir la
1ere frange. On a donc une contraction dans cette direction en M. On a donc une dilatation dans l'autre
direction. Contraction et dilatation s'inversent si on tourne la lame de 90°.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

III.7.2 Utilisation d’une lame de calcite (ne < no)


Si on remplace le quartz par la
calcite de signe opposé alors contraction et dilatation s'inversent aussi :

Figure A13. Contraction ou dilatation de la figure d'interférence d'une lame n'>n avec la calcite. Les
croix correspondant aux axes des deux polariseurs ne sont pas représentées.

IV ANISOTROPIE CIRCULAIRE
La rotation de la polarisation d'une lumière polarisée
rectilignement fut observée au début du 19ème siècle, notamment par Jean-Baptiste Biot :

- Certains corps isotropes transparents, traversés par un faisceau parallèle de lumière


monochromatique polarisé rectilignement, font tourner d'un certain angle ρ la direction de la vibration
lumineuse autour de celle du rayon. La même loi est valable pour certains cristaux uniaxes ou biaxes
traversés par la lumière suivant la direction d'un axe optique.
- La grandeur ρ de la rotation est proportionnelle à l'épaisseur traversée. Certaines
substances optiquement actives peuvent exister sous la forme dextrogyre et lévogyre.
- La rotation produite ne dépend pas de l'azimut de la vibration incidente ni du sens dans
lequel la lumière se propage suivant une direction donnée.
- La rotation dépend de la longueur d'onde: c'est le phénomène de dispersion rotatoire. Pour
un corps incolore, la rotation croit généralement en valeur absolue depuis le rouge jusqu'au violet.

On peut formaliser ces résultats à partir des équations de Maxwell. Dans le cas d'un milieu isotrope
d'indice n0 ne possédant pas d'anisotropie linéaire mais uniquement de l'anisotropie circulaire,
l'équation A2 devient :

𝑫 = 𝜀0 𝑛02 𝑬 + 𝜀0 𝐺𝛁 ∧ 𝐄 A19

En explicitant le produit vectoriel et dans le cadre de l'approximation SVEA (Eq. A3), on obtient
l'expression suivante entre D et E pour une direction de propagation k = k0ωn/c donnée :

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

2𝜋𝑛 2𝜋𝑛
𝑛02 −𝑖𝐺 𝑘 𝑖𝐺 𝑘
𝜆 𝑜𝑧 𝜆 𝑜𝑦
2𝜋𝑛 2𝜋𝑛
𝑫 = 𝜀0 𝑖𝐺 𝑘 𝑛02 −𝑖𝐺 𝑘 𝑬 = 𝜀0 [𝜀𝑟 ]𝑬 𝐴20
𝜆 𝑜𝑧 𝜆 𝑜𝑥
2𝜋𝑛 2𝜋𝑛
(−𝑖𝐺 𝜆 𝑘𝑜𝑦 𝑖𝐺 𝑘 𝑛02
𝜆 𝑜𝑥 )

Dans un milieu isotrope, le pouvoir rotatoire est identique quel que soit la direction de propagation. On
peut considérer sans restreindre la généralité du résultat le cas particulier d'une onde se propageant dans
la direction z (k0x = k0y = 0, k0z =1). On en déduit alors l'expression du tenseur diélectrique relatif :

[𝜀𝑟 ]
2𝜋𝑛
𝑛02 −𝑖𝐺 0
𝜆
= 2𝜋𝑛 𝐴21
𝑖𝐺 𝑛02 0
𝜆
( 0 0 𝑛02 )

Puis du tenseur d'imperméabilité en faisant l'approximation 2πGλ-1 ≪ 1 toujours réalisée en pratique :

[𝜂] = [𝜀𝑟 ]−1


2𝜋𝑛𝐺 −4
𝑛0−2 𝑖 𝑛0 0
𝜆
= 2𝜋𝑛𝐺 −4 𝐴22
−𝑖 𝑛0 𝑛0−2 0
𝜆
( 0 0 𝑛0−2 )

On obtient à partir de l'équation Erreur ! Source du renvoi introuvable., l'équation aux valeurs et
vecteurs propres pour le champ D (Dx, Dy, 0) dans le cas d'un milieu possédant de l'anisotropie
circulaire :

2𝜋𝑛𝐺 −4
𝑛−2 − 𝑛0−2 −𝑖 𝑛0 𝐷𝑥
( 𝜆 ) (𝐷 )
2𝜋𝑛𝐺 −4 𝑦
𝑖 𝑛0 𝑛−2 − 𝑛0−2
𝜆
0
=( ) 𝐴23
0
Les solutions pour n sont données par :
2
1 1
( 2 − 2)
𝑛 𝑛0
2
2𝜋𝑛𝐺
=( ) 𝐴24
𝜆𝑛04

Comme la biréfringence circulaire est faible on obtient, en remplaçant n par n0 dans le deuxième terme
et en faisant un développement limité au premier ordre, on obtient les deux solutions suivantes pour
l'indice n :

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

𝑛∓
= 𝑛0 (1
𝜋𝐺
∓ ) 𝐴25
𝜆𝑛0

En remplaçant ces valeurs dans l'équation A23, on obtient finalement les deux solutions suivantes pour
le champ D :
𝐷
√2 1
= ( ) 𝐴2
2 ∓𝑖
qui représentent une vibrations circulaire droite (↻, signe -) et gauche (↺, signe +). On en déduit que
les lignes neutres du milieu sont deux vibrations gauche ↺ et droite ↻, et que la biréfringence circulaire
Δn est donnée par :
𝛥𝑛
2𝜋𝐺
= 𝐴27
𝜆
𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
On en déduit la propriété importante suivante : une vibration rectiligne de la forme ( ) incidente
0
sur le cristal peut toujours être décomposée en une somme de deux vibrations circulaires gauche ↺
1 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 1 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
( ) et droite ↻ 2 ( ).
2 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 −𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡
Ces deux vibrations se propagent avec des vitesses différentes dans le milieu. Si le coefficient de
gyration G est positif (G > 0), alors la vibration droite est plus rapide (signe moins dans l'équation
A25). En introduisant tout le retard de phase ϕ = 4π2Gλ-2L dans la vibration gauche qui est la plus
lente, on obtient à la sortie du milieu optiquement actif d'épaisseur L la vibration suivante :

𝜙
1 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 − 𝜙) 1 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝜙 𝑐𝑜𝑠 (− )
( )+ ( ) = 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 − ) ( 2 ) = 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 − 𝜙) (𝑐𝑜𝑠𝛼)
2 𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡 − 𝜙) 2 −𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 2 𝜙 2 𝑠𝑖𝑛𝛼
𝑠𝑖𝑛 (− )
2

qui représente une vibration polarisée rectilignement qui a tournée d’un angle α = - ϕ/2. La vibration
rectiligne tourne donc dans la direction de la vibration circulaire la plus rapide.

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Denis Rouède

Figure A14. Milieu optiquement actif positif (G > 0) pour lequel la vibration circulaire droite D est
plus rapide.

La rotation spécifique ou pouvoir rotatoire ρ = α/L est l'angle de rotation par unité de longueur donnée
par :
𝜌
𝐴
= 2
𝜆
Avec A = 2π2G. La dépendance de la rotation avec l'inverse du carré de la longueur d'onde représente
la loi de BIOT.

Le quartz possède à la fois de la biréfringence circulaire et linéaire. Dans le quartz, on a ρ ≈ 20°/mm,


alors la biréfringence circulaire est de l'ordre de Δncirculaire = 10-4 qui est deux ordres de grandeurs
inférieur à la biréfringence linéaire Δnlinéaire = 10-2. Pour apprécier la biréfringence circulaire du quartz,
il faut rendre négligeable la biréfringence linéaire et donc éclairer suivant l'axe optique.

Remarque :
On peut montrer que dans un milieu possédant à la fois de la biréfringence linéaire et
circulaire, les lignes neutres de propagation sont des vibrations elliptiques avec les grands axes
perpendiculaires entre eux et orientés dans la direction des lignes neutres de biréfringence linéaire avec
une ellipticité qui dépend du rapport entre la biréfringence circulaire et la biréfringence linéaire.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

POLARISATION DES ONDES ELECTROMAGNETIQUES

On présente séparément la production et l’analyse" d'une lumière polarisée mais une synthèse est
sûrement nécessaire pour une présentation de ces expériences.

I PRODUCTION D'UNE LUMIERE POLARISEE RECTILIGNEMENT

I.1 Par biréfringence


On utilise une lame à faces parallèles très épaisse en calcite
taillée avec un angle inconnu par rapport à l'axe optique et fixée dans un dispositif tournant. On envoie
à travers ce cristal biréfringent le faisceau d’un laser non polarisé.
cristal E
rayon extraordinaire
LASER rayon ordinaire
directions
de polarisation
Manipulation :
On repère les rayons ordinaire et extraordinaire en faisant tourner la lame autour de
l’axe optique (le rayon extraordinaire doit suivre la rotation alors que l’ordinaire ne doit pas bouger
si les faces du cristal sont bien perpendiculaires). On peut vérifier que les deux vibrations sont
polarisées rectilignement et perpendiculairement entre elles en intercalant un polariseur dichroïque.

Explication :
La calcite (CaCO3) est un cristal uniaxe négatif (𝑛𝑜 = 1,658 et 𝑛𝑒 = 1, 486). Sa forte
biréfringence permet une séparation nette des deux rayons dont la trajectoire dans et après la lame
cristalline peut s'obtenir à l'aide du schéma classique suivant :

𝑇𝐾
𝑛0
𝑛𝑒 ሬԦ𝑒
𝐷
1 ሬԦ0 , 𝑅ሬԦ0
𝑁 ሬԦ0
𝐷
I K J ሬԦ0 , 𝑅ሬԦ0
𝑁
ሬԦ0
𝐷
ሬԦ𝑒
𝐷

𝑅ሬԦ𝑒 ሬԦ𝑒 , 𝑅ሬԦ𝑒


𝑁

Avant l'apparition des Polaroïds, on utilisait ces types de cristaux pour réaliser des polariseurs
rectilignes (prisme de Nicol, Glan, Rochon, … → cf. [4], p. 195 ou [1], § 294 pour plus de précisions).
On s’en sert encore si on souhaite obtenir une polarisation rectiligne de grande qualité car c’est avec
les cristaux biréfringents que l’on obtient les taux de polarisation les plus élevés (on se sert de cette
propriété dans le paragraphe suivant).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2 Par dichroïsme


Le dichroïsme rectiligne est à la base du polariseur le plus
couramment utilisé à l'heure actuelle : le Polaroïd. Les polariseurs dichroïques modernes ont en effet
des caractéristiques proches de celles des polariseurs rectilignes cristallins pour un coût beaucoup
plus faible. On propose ici de mesurer les performances d’un tel polariseur. Pour ce faire, il faut
disposer d’un faisceau lumineux polarisé rectilignement avec un taux de polarisation supérieur à celui
que peut fournir un Polaroïd. On obtient un tel faisceau en utilisant un laser polarisé suivi d’un
polariseur cristallin (on peut en mettre deux à suivre si l’on veut).

Montage :
P
N

LASER Photodiode

E
R

Laser : laser polarisé rectilignement allumé pendant suffisamment longtemps pour être stable.
N : prisme de Nicol
P : polariseur dichroïque de qualité
Photodiode : OSD 5 T polarisée en inverse (mesure de la tension aux bornes de la résistance à l’aide
multimètre lumineux).
Prévoir un drap noir.

Polarisation du faisceau incident :


On enlève le polariseur 𝑃, on fait tourner le prisme de Nicol
jusqu’à obtenir un signal maximum aux bornes de la photodiode. Le sens passant du Nicol est alors
aligné avec l’axe de polarisation du Laser. On peut à ce stade mesurer le signal avec et sans le Nicol
pour en déduire (cf. [3], p.264) le coefficient de transmission 𝐻0 lorsqu’il est passant. On pourra le
comparer avec celui du polaroïd.

Mesures :
On commence sans le Polaroïd. On ajuste la valeur de la résistance 𝑅 pour avoir un signal
fort mais sans saturation. On note alors le signal 𝑉1 reçu par la photodiode dans le noir en la recouvrant
par le drap. On remet ensuite le Polaroïd et on l’oriente pour avoir le signal le plus fort possible (P
est alors parallèle à la vibration incidente). On note au noir le signal 𝑉2 dans ces conditions puis on
tourne le Polaroïd pour avoir un signal minimum (P est alors perpendiculaire à la vibration incidente).
On note au noir le signal 𝑉3 et on vérifie que celui donné par le courant inverse d'obscurité de la
photodiode est négligeable en masquant la photodiode avec le drap noir1.

Exploitation :
On tire des mesures précédentes les coefficients de transmission en configuration
croisée 𝐻90 et parallèle 𝐻0 :

𝑉2 𝑉3
𝐻90 = 𝐻0 =
𝑉1 𝑉1

1
Si ce n’est pas le cas, il faut corriger les formules qui suivent.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les Polaroïd courants ont un 𝐻0 pouvant monter jusqu’à 60 % (ce qui est bon) et un 𝐻90 d’environ
3.10-4. On peut éventuellement vérifier la loi de Malus (cf. [3], p. 265).

Explication :
Une substance dichroïque est biréfringente (i.e. 2 indices) mais, de plus, elle absorbe de
manière très inégale les vibrations selon leur direction. Ces matériaux ont donc deux indices
complexes correspondant à chacune des lignes neutres. A la sortie de chacune de ces lignes, l'onde
résultante est du type :

𝑒 𝑖𝑛𝑘𝑧 = 𝑒 𝑖(𝑛′+𝑖.𝑛")𝑘𝑧 = 𝑒 𝑖𝑛 𝑘𝑧 + 𝑒 −𝑛"𝑘𝑧

terme de propagation terme d'absorption

Vibrations Vibrations
incidentes émergentes

La différence de comportement suivant la direction provient de la constitution du Polaroïd. Il se


présente sous la forme d'une feuille en matière plastique de quelques dixièmes de millimètre
d'épaisseur. Cette feuille est constituée de longues chaînes de polymères étirées majoritairement dans
une direction. En outre, des molécules de colorant absorbant dans un large domaine spectral sont
attachées sur ces chaînes. Les liaisons chimiques colorant/chaîne sont toutes orientées de la même
façon ce qui fait que l'absorption de la feuille dépend très fortement de la direction de la vibration
incidente.

Remarque :
Les Polaroïds sont souvent très mauvais dans l’infrarouge (cf. [3], p. 265). On peut le
vérifier en mesurant le 𝐻90 en utilisant une lampe QI avec et sans filtre infrarouge.

I.3 Par réflexion vitreuse


On utilise un miroir de verre noir 𝑀 dont seule la face avant
est réfléchissante.

QI

TS 𝑖
Écran
L : 15 ou 25 cm
Analyseur
Analyseur : Polaroïd

On réalise un faisceau de lumière blanche parallèle à l’aide d’une lentille et d’un trou source fin
réglés par auto collimation. On l’envoie sur le miroir 𝑀 et on étudie la polarisation du faisceau réfléchi
à l'aide d'un polariseur en fonction de l'angle d'incidence 𝑖. On doit vérifier qu’on a l’extinction totale

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

du faisceau réfléchi pour une certaine incidence 𝑖 = 𝑖𝐵 lorsque le sens passant de l’analyseur est
parallèle au plan d’incidence. On peut alors en déduire l’indice 𝑛 du verre par la relation :

𝑡𝑔𝑖𝐵 = 𝑛

Et le coefficient de réflexion de la composante perpendiculaire au plan d’incidence pour cet angle


𝑖𝐵 (cf. [3], p. 270 ou [1], § 205) :
2
𝑛2 − 1
𝑅⊥ = ( 2 ) à 𝑖 = 𝑖𝐵
𝑛 +1

Remarques :
Pour une bonne mesure, il faut que le faisceau incident ainsi que la normale au miroir
soient horizontaux. Lorsque le miroir est parallèle au faisceau incident, il faut aussi que l'angle indiqué
soit nul ou corriger la mesure si ce n’est pas le cas. On peut aussi utiliser comme source un laser
polarisé.
Explication :
Le calcul des coefficients de réflexion et de transmission en intensité (cf. [1], § 202 et
203) conduit aux formules de Fresnel :

𝑠𝑖𝑛2 (𝑖 − 𝑟) 𝑡𝑔2 (𝑖 − 𝑟)
𝑅⊥ = 𝑅∕∕ =
𝑠𝑖𝑛2 (𝑖 + 𝑟) 𝑡𝑔2 (𝑖 + 𝑟)

𝑇⊥ = 1 − 𝑅⊥ 𝑇∕∕ = 1 − 𝑅∕∕

On peut représenter l'évolution de ces coefficients en fonction de l'angle d'incidence (𝑟 se déduit de


𝑖 à l'aide de la loi de Snell Descartes pour la réfraction connaissant 𝑛) ; on obtient les courbes suivantes
(cf. [4], p. 186) :

𝑇⊥ 𝑇∕∕

𝑅⊥ 𝑅∕∕

𝑖𝐵

On s’aperçoit, hormis pour 𝑖 = 0 et 𝑖 = 90°, qu’il y a toujours une prépondérance de la vibration


perpendiculaire au plan d'incidence pour la réflexion vitreuse de la lumière naturelle. On constate
aussi que la lumière réfléchie devient totalement polarisée à l'incidence de Brewster (polarisation
perpendiculaire au plan d'incidence). En ce qui concerne la lumière transmise, on ne peut jamais avoir
de lumière totalement polarisée, sauf si on empile plusieurs couches (cf. § III.1.3).

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Application :
Le phénomène de polarisation par réflexion est utilisé pour réaliser des photographies
d'objets à travers une vitrine en s'affranchissant des réflexions gênantes. La lumière réfléchie de
manière diffuse par les objets mats reste peu polarisée et est moins absorbée par le Polaroïd. On s’en
sert aussi dans les films pour montrer le reflet d’une personne regardant à travers une fenêtre.

I.4 Par diffusion


Par beau temps, le ciel vu de la terre est bleu alors qu’il apparait noir
sur la lune. Cette teinte est due à l'atmosphère, dont est privée la lune, qui diffuse la lumière solaire
de manière différente suivant la longueur d’onde. Le bleu du ciel, le rouge-orangé des couchers de
soleil sont des manifestations chromatiques de cette diffusion. Les propriétés de polarisation de la
lumière diffusée peuvent aussi être facilement mises en évidence à l’aide d’un Polaroïd. Si on observe
un ciel bleu sans nuages à travers lui, on s'aperçoit que l'intensité transmise est maximale pour une
direction perpendiculaire au plan défini par le soleil, l’œil et la direction de visée de l'observateur. On
propose ici l'illustration des propriétés de la lumière diffusée à l'aide d'une suspension diluée de
particules microscopiques.

Manipulation :
La suspension est réalisée en diluant un peu de lait en poudre dans de l’eau. Il faut
l’ajouter progressivement par petites pincées en mélangeant à chaque fois jusqu’à obtenir le résultat
escompté. Le lait en poudre doit être parfaitement sec et récent sinon il se dissout mal et l’expérience
n’est pas démonstrative.
Cuve

QI
𝜃
D E

Observation

On éclaire la cuve par un faisceau ≈ parallèle de lumière blanche. On peut éventuellement


diaphragmer la lampe QI pour réduire la section du faisceau. Celui-ci doit être visible dans la cuve,
signe que la suspension diffuse la lumière.

Observations :
La lumière diffusée dans la direction perpendiculaire à l’axe optique du faisceau doit
être bleutée. Si ce n’est pas le cas, il faut rajouter un peu de lait. Si elle est blanchâtre, c'est qu'il y en
a de trop et il faut diluer la suspension. La lumière transmise sur l’écran 𝐸 doit être fortement orangée
comme l’est un coucher de soleil. Si on analyse la lumière à l’aide d’un polariseur, on s’aperçoit qu’il
n’y a pas de direction de polarisation privilégiée pour la lumière transmise. Par contre, la lumière
diffusée à 90 ° est polarisée rectilignement dans la direction perpendiculaire au plan de diffusion2
(attention, la polarisation n'est plus totale dès qu'on regarde un peu de coté). On peut le confirmer en
polarisant le faisceau incident dans le plan de diffusion. L'intensité diffusée pour  = 90 ° est nulle
dans ce cas et on ne voit plus la trace du faisceau dans la cuve. Elle est par contre nettement visible
si on polarise le faisceau incident perpendiculairement au plan de diffusion.

Explication :
La plupart des propriétés mises en évidence dans l'expérience précédente s'interprètent
dans le cadre de la diffusion Rayleigh par de petites particules diélectriques (cf. [3], p. 275 ou [6], p.

2
Plan constitué par l’axe optique du faisceau et l’axe d’observation.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

236-240). L'intensité diffusée par une particule diélectrique de dimension 𝑎 ≪  , à une distance 𝐷 ≫
 et dans une direction faisant un angle  avec le vecteur d'onde incident est la somme de deux
termes 𝐼⊥ (𝜃) et 𝐼∕∕ (𝜃) correspondants respectivement à une onde polarisée perpendiculairement et
parallèlement au plan de diffusion ( est la polarisabilité de la particule) :

𝜋 2 |𝛼|2
𝐼⊥ (𝜃) = 𝐼 et 𝐼∕∕ (𝜃) = 𝐼⊥ cos2 𝜃
2𝑅 2 𝜆4 0

La dépendance en 1/𝜆4 des deux intensités conduit à une diffusion beaucoup plus forte de la lumière
bleue que de la lumière rouge (d’un facteur ≈16) et celle en 𝜃 de 𝐼∕∕ (𝜃) justifie la polarisation totale
de la lumière lorsque 𝜃 = 90 °. Cette théorie, obtenue en considérant un seul centre diffusant,
s'applique tant que le milieu est suffisamment dilué (les particules peuvent alors être considérées
comme indépendantes et les ondes diffusées par chaque centre comme incohérentes entre elles). Cette
situation est l'analogue, à trois dimensions, de l'expérience de diffraction par des spores de lycopode
(cf. montage sur la diffraction). Les intensités diffusées s'ajoutent et l'intensité totale est
proportionnelle à N. Dans un milieu contenant de nombreux centres diffuseurs, la probabilité est
importante qu'une onde déjà diffusée par un premier centre le soit de nouveau par un second, et ainsi
de suite. Cette diffusion multiple aboutit à une onde observée dans le plan de diffusion qui n'est plus
dans l'état de polarisation initial (onde dépolarisée). La taille des particules a aussi un rôle. Pour plus
de précision se reporter à [3], p. 276 et à [6], p. 240-242. Cet effet explique pourquoi l'expérience est
peu concluante si le lait est mal dissous. On a un effet similaire avec la fumée du tabac. Elle paraît
bleue lorsqu'on l'examine latéralement sur fond noir dans un faisceau de lumière alors qu’elle devient
blanche lorsqu'on la recrache après l'avoir inhalée.

II PRODUCTION D'UNE LUMIERE ELLIPTIQUE

II.1 Par biréfringence

II.1.1 Lame d’épaisseur quelconque


On peut prendre un cristal biaxe comme
le mica ou uniaxe comme le quartz. Dans ce dernier cas, il faut éviter de prendre une lame taillée
perpendiculairement à l'axe optique car on n'observe alors aucun effet de biréfringence.

F L Q E
P

QI

TS A
TS : trou source
F : filtre gélatine jaune
Q : lame cristalline → à Rennes, prendre la lame notée "Production d'une lumière polarisée
elliptiquement" ou une lame de mica (dans les supports carton vert).
L : 250 mm
P, A : polariseur et analyseur

Observations :
On place l'écran assez loin pour attaquer la lame en lumière  convergente et on
croise P et A. On introduit la lame Q et on la fait tourner autour de l’axe optique. On doit obtenir

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

quatre positions pour lesquelles l'extinction est rétablie. On oriente ensuite Q dans une position où il
n'y pas d'extinction. Si on tourne alors l'analyseur, on constate la présence de deux maximums et deux
minimums. Les minimums sont d'autant plus marqués qu'on est près d'une extinction avant la rotation
de l'analyseur.
Explication :
Les deux axes pour lesquels l'extinction est rétablie lorsque A et P sont croisés
correspondent aux lignes neutres de la lame (axes de propagation sans déformation de l'onde
incidente) :
LN1 LN2

P P

A A
LN2 LN1

Les rayons se propagent avec des vitesses de phase différentes suivant ces deux axes, (axe lent noté
Y, axe rapide noté X). Soit un angle  quelconque entre le polariseur et l'axe rapide de la lame :
Y
P


X
A

Soit 𝑃 = 𝑎. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 l’amplitude de la vibration issue de 𝑃 et arrivant sur la lame. Sa projection sur les
lignes neutres donne :
𝑋 = 𝑎. cos  cos 𝜔𝑡 = 𝐴. cos 𝜔𝑡
𝑌 = 𝑎. sin  cos 𝜔𝑡 = 𝐵. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
Et on a en sortie de lame :
𝑋 = 𝐴. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
2𝜋𝑒𝛥𝑛
𝑌 = 𝐵. 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 − ) avec 𝜑 =
𝜆
On a donc une vibration elliptique à la sortie de la lame cristalline (cf. [2], p.184) mais il faut noter
que l'observation des deux minimums et des deux maximums ne permet pas de conclure qu'on a une
polarisation elliptique (cf. l'organigramme décrivant la recherche systématique d'une polarisation
inconnue ci-après).

II.1.2 Action d'une lame /4 sur une vibration rectiligne


Le principe de la
manipulation est le même que précédemment sauf que cette fois-ci, il faut impérativement se placer
en lumière monochromatique pour utiliser la lame /4. On peut alors utiliser un laser polarisé si on
a une /4 accordé à sa longueur d'onde. Dans le cas contraire, on peut utiliser une lampe spectrale
avec un filtre interférentiel et une lame /4 accordée à une des longueurs d'onde de la lampe. Le filtre
n’est pas nécessaire si on a une lame accordée au doublet jaune du Sodium d'où un gain en luminosité.
C’est le choix qui a été fait ici.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :

TS L E
Q

Na BP

P A

L : 250 mm (placer l'écran assez loin pour attaquer la lame en lumière  convergente)
P : polariseur
TS : trou source → le placer le plus près possible de la lampe (gain en luminosité)
Q : lame /4 accordée au doublet du sodium
A : analyseur

On croise P et A, on introduit la lame /4 et on repère ses lignes neutres. On tourne ensuite la lame
de manière à placer ses lignes neutres à 45° de la polarisation incidente. Si on tourne l’analyseur, on
doit constater que l'intensité lumineuse est constante. Les méthodes proposées au § III permettent de
vérifier que la vibration obtenue est polarisée circulairement.

Explication :
Elle découle de celle donnée au § précédent. On a 𝐴 = 𝐵 lorsque  = 45 °. Une lame
quart-d’onde correspondant à une épaisseur optique 𝑒𝑛 = /4, elle introduit un déphasage  = /2.
Les composantes de la vibration sortant de la lame sont 𝑋 = 𝐴. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 et 𝑌 = 𝐴. 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡. Si  =
+ 45 °, on a 𝑋 = |𝐴|. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡, 𝑌 = |𝐴|𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 et l'onde est circulaire gauche3. Si  = − 45 °, on a 𝑋 =
|𝐴|. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡, 𝑌 = −|𝐴|𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 et l'onde est circulaire droite. Le passage d'une gauche à une droite
s'effectue expérimentalement en tournant P de 90° ou en permutant les axes rapide et lent de la lame
/4. Une application des lames /4 est donnée dans la référence [3], p. 289.

II.2 Par réflexion métallique


[3], p. 273 ; [1], § 213 à 225

II.2.1 Introduction
Les propriétés optiques d'un diélectrique transparent et
isotrope peuvent être décrites à l'aide d'un indice de réfraction réel. Un matériau conducteur, quant à
lui, à un indice complexe. L’application des formules de Fresnel donnant le coefficient de réflexion
avec cet indice complexe montre que la réflexion métallique a des propriétés très différentes de la
réflexion vitreuse :
- le coefficient de réflexion en intensité est proche de 1 quelle que soit l'incidence
𝑖 (effet de miroir) ce qui n'est pas le cas pour la réflexion vitreuse (forte dépendance en 𝑖 → cf. § I.3).
- la réflexion vitreuse s'accompagne d'un déphasage de  (milieu moins → plus
réfringent) quelle que soit l'incidence 𝑖 et la polarisation du faisceau incident, alors que la réflexion
métallique introduit un déphasage à la réflexion entre les deux composantes de la polarisation
incidente (perpendiculaire et parallèle au plan d'incidence). Cet effet, nul en incidence normale, est
maximal pour une incidence oblique relativement élevée, appelée incidence principale, variant entre
70° et 80° selon les métaux. Cela signifie qu'un faisceau polarisé rectilignement peut donner, par
réflexion métallique, un faisceau totalement polarisé elliptiquement.

3
On peut s’en convaincre en calculant la valeur des composantes 𝑋 et 𝑌 à 𝑡 = 0 puis en regardant leur évolution lorsque
𝑡 augmente à partir de zéro.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2.2 Manipulation
[3], p. 299

On emploie un miroir métallisé sur la face avant pour éviter les phénomènes liés à la réflexion vitreuse
et on l'éclaire sous incidence principale.

Montage :

TS L

Na BP M

P i
A
E

L : 250 mm
P, A : polariseur, analyseur
M : miroir optique à 𝒊 ≈ 𝟕𝟓 ° (réglage important)
TS : trou source

Le trou source doit être fin et l'écran placé assez loin pour que le faisceau incident sur le miroir soit
pratiquement parallèle (même incidence pour tous les rayons). On note  l'angle de polarisation de la
lumière incidente par rapport au plan d'incidence :

𝐸ሬԦ𝑖


i
𝐸ሬԦ𝑟

Observations :
On oriente le polariseur P pour avoir  = 0 ou 90 ° . Si on tourne l’analyseur A, on
constate la présence de deux minimums nuls. La lumière réfléchie dans ces conditions est rectiligne
totale.
On oriente P pour tester les cas 0 <  < 45 ° et 45 ° <  < 90 °. Cette fois ci, on
doit avoir deux minimums non nuls lorsqu’on tourne l'analyseur. La lumière est elliptique dans ce
cas, mais l’expérience ne permet pas de le démontrer
On termine en ajustant 𝛼 à 45 °. Dans ce cas, il n’y a aucun minimum lorsqu’on
fait tourner l’analyseur.

Pour justifier toutes ces observations, il suffit de projeter P sur les axes perpendiculaire et parallèle
au plan d'incidence.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III ANALYSE D'UNE LUMIERE


Pour déterminer une polarisation inconnue, on peut utiliser la
démarche systématique suivante :

POLARISATION
INCONNUE
Polariseur

Minimum nul Minimum non nul Pas de minimum

Lame /4 placée avant le polariseur


avec un de ses axes  à la direction du Lame /4 placée avant le polariseur
minimum

Minimum dans
Minimum dans la Pas de
Minimum une direction oblique Minimum Minimum
même direction // que minimum
nul par rapport à la nul non nul
précédemment
précédente

Lumière
Rectiligne Elliptique Rectiligne Elliptique Circulaire Circulaire non
totale totale partielle partielle totale partielle polarisée

Symbolise un élément ajouté sur le trajet de la vibration


Symbolise l'observation
Symbolise la conclusion sur le type d'observation

Pour une vibration elliptique, il faut aussi déterminer son degré d’ellipticité et le sens droite ou gauche
de la vibration. Pour une lumière partiellement polarisée, il faut quantifier son taux de polarisation.

III.1 Vibration rectiligne

III.1.1 Analyseur à extinction

L E

Hg MP

L : 150 TS P A F
F : filtre vert coloré
P : Polaroïd

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La lampe à vapeur de mercure moyenne pression est une lampe assez puissante donc il ne faut pas
placer le Polaroïd sur son point de convergence sous peine de l’abîmer. On travaille en lumière
grossièrement monochromatique avec la raie verte du mercure bien que ce ne soit pas nécessaire ici
pour pouvoir comparer le résultat avec le paragraphe suivant. La manipulation est triviale, il suffit de
rechercher l’extinction. On peut estimer la précision sur le pointé de la vibration.

III.1.2 Analyseur à pénombre

Hg HP

F P AP
L E
F : filtre coloré vert
P : Polaroïd
AP : analyseur à pénombre
L : 150 mm

Manipulation :
On ajuste le tirage de la lampe pour obtenir un faisceau grossièrement parallèle et on
forme l'image de l’analyseur à pénombre sur l'écran. On observe alors deux zones différentes sur cette
image et leur éclairement respectif change, en passant d’une différence nette à l'égalité d'éclairement,
lorsqu’on tourne l’analyseur. Il y a deux cas où la luminosité est identique dans les deux plages. Un
premier, dans la pénombre, ou la flèche de l'AP pointe dans la direction de polarisation P de l'onde
incidente, et un deuxième, dans la clarté, ou la flèche est perpendiculaire à P. Le pointé d’une
vibration est plus précise si on recherche l’égalité dans la pénombre car l’œil détecte plus facilement
des écarts de luminosité en basse lumière. On peut donc faire cette recherche et estimer la précision
du pointé pour comparer le résultat avec celui d’un analyseur à extinction unique.

Description de l'analyseur à pénombre :


[2], p. 182 ; [1], p. 488 et suivantes

Il est constitué d'un ensemble solidaire comportant un analyseur 𝐴 et une lame /2 couvrant la moitié
de la surface, l’autre étant couverte par une lame de verre. On note  l'angle que fait le sens passant
de l'analyseur avec une des lignes neutres de la lame /2, notée Ox. Cet angle peut être fixe ou
variable suivant le modèle d’analyseur mais il reste faible dans tous les cas. L'autre ligne neutre de la
lame /2 est parallèle à la flèche indicatrice de l'appareil. Pour simplifier l'analyse, on supposera que
cette ligne neutre (notée Oy) est aussi perpendiculaire à la séparation lame cristalline-lame de verre.

y Flèche
indicatrice

Lame
/2
x
O 
A
Verre

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Effet de la lame /2 :


On considère que la vibration incidente fait un angle  avec la ligne neutre Ox.
Entrée /2 : 𝑋 = 𝑎. 𝑐𝑜𝑠 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝑌 = 𝑎. 𝑠𝑖𝑛 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡

Sortie /2 : 𝑋 = 𝑎. 𝑐𝑜𝑠 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝑌 = 𝑎. 𝑠𝑖𝑛 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 − ) = − 𝑎. 𝑠𝑖𝑛 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡


→ La lame /2 transforme la vibration rectiligne 𝑃 en une vibration rectiligne 𝑃′ symétrique à 𝑃
par rapport à Ox :

y P


O
x

P'

Passage dans l'analyseur :


Il reçoit la vibration 𝑃 ayant traversée la demi-lame en verre. On en
récupère, par projection sur l'analyseur, la composante 𝑉1. Il reçoit aussi la vibration 𝑃′ résultant du
passage de 𝑃 à travers la demie lame /2. On en récupère, par projection sur l'analyseur, la
composante 𝑉2.
y P

Lame
/2
x
O 𝑉1 𝑉2
A
Verre

P'
Dans le cas général, ces vibrations n'ont pas la même intensité. On obtient l'égalité d'éclairement pour
deux valeurs particulières de l'angle . Elles correspondent au cas où Oy est parallèle ou
perpendiculaire à la direction de la vibration rectiligne à analyser :
y y
P

𝑉2 P = P'
x x
𝑉1
A A
𝑉1 = 𝑉2
P'

La configuration où Oy est parallèle à la direction de la vibration rectiligne à analyser correspond à


l'égalité d'éclairement dans la pénombre qui est la mieux détectée par l’œil.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Sensibilité de l'analyseur :
A l'égalité d'éclairement dans la pénombre, on a 𝐼1 = 𝐼2 = 𝐼 = 𝐼0 sin2 𝛼.
Lorsqu'on en est proche ( ≈ /2), on a alors (𝛽′ étant le complémentaire de  par rapport à /2) :
𝜋
𝐼1 = 𝐼0 cos2 ( − 𝛼 + 𝛽′) = 𝐼0 sin2 (𝛼 − 𝛽′)
2
𝜋
𝐼2 = 𝐼0 cos 2 ( − 𝛽 ′ − 𝛼) = 𝐼0 sin2 (𝛼 + 𝛽′)
2
Les angles  et 𝛽′ étant faibles, on peut exprimer la différence relative d'éclairement sous la forme :

𝐼2 − 𝐼1 (𝛼 + 𝛽′)2 − (𝛼 − 𝛽′)2 𝛽′
≈ 2
=4
𝐼 𝛼 𝛼
→ On détecte d'autant mieux l'égalité d'éclairement dans la pénombre que  est petit.

III.1.3 Etude d'une lumière partiellement polarisée rectilignement


[3], p.271,
[4], p. 187.

Une transmission vitreuse unique ne permet pas l’obtention d’une lumière totalement polarisée
rectilignement. Par contre, une succession d’interfaces air/verre éclairée en incidence de Brewster
(dispositif dit « pile de glace ») peut augmenter le taux de polarisation de la lumière émergente car la
composante parallèle au plan d'incidence de la vibration est intégralement transmise à cette incidence
puisque 𝑅∕∕ = 0 (cf. § I.3) alors que la composante perpendiculaire est atténuée à chaque passage de
dioptre d’un coefficient 𝑅⊥ (= 15 % si 𝑛 = 1,5). Ce coefficient étant identique pour une interface air-
verre et verre-air, on a après la traversée d'une lame (donc deux dioptres) la situation suivante :
n=1 n = 1,5 n=1

𝐸ሬԦ⊥
𝐸ሬԦ⊥

𝐸ሬԦ∕∕
𝐸ሬԦ∕∕

Avec des coefficients en intensité 𝑇∕∕ = 1 et 𝑇⊥ = (0,85)2 pour 𝑛 = 1,5 → On a 𝑇⊥ = (0,85)2𝑁


pendant que 𝑇∕∕ reste unitaire si on empile 𝑁 lames donc une pile de glace peut théoriquement fournir
une lumière totalement polarisée si N est très grand.

Montage :
A

𝑖𝐵
QI D
𝑈
TS 𝑅
L « Pile de glace »
L : 150 mm
A : analyseur
TS : trou source suffisamment petit pour avoir un faisceau incident bien parallèle
D : photodiode avec résistance R polarisée en inverse

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesures :
On ajuste par auto collimation la position de la lentille L pour avoir un faisceau émergent
parallèle puis on oriente la pile de glace à l’incidence de Brewster 𝑖 = 𝑖𝐵 . Si on fait tourner l'analyseur,
on observe deux maximums et deux minimums formant deux axes à 90 ° l’un de l’autre. Le taux de
polarisation rectiligne d'une vibration se calcule par la relation 𝜏 = (𝐼𝑚𝑎𝑥 – 𝐼𝑚𝑖𝑛 )/(𝐼𝑚𝑎𝑥 + 𝐼𝑚𝑖𝑛 ) avec
𝐼 les intensités des deux composantes de la vibration. La photodiode étant polarisée en inverse, sa
réponse est linéaire en intensité donc on mesure avec un voltmètre les tensions 𝑉𝑚𝑖𝑛 et 𝑉𝑚𝑎𝑥 et on en
déduit le taux de polarisation de la vibration transmise par la relation :

𝑉𝑚𝑎𝑥 − 𝑉𝑚𝑖𝑛
𝜏=
𝑉𝑚𝑎𝑥 + 𝑉𝑚𝑖𝑛

Remarque :
La pile de glace utilisée ici n’est pas constituée de lames de verre mais d’une succession
de film transparents, ce qui limite les performances du système. La mauvaise qualité de poli des
surfaces (rayures, perte de transparence avec le temps) entraîne la diffusion de la lumière qui
dépolarise la lumière, les feuilles sont un peu gondolées et se touchent probablement par endroit, …
→ de la lumière passe toujours en ⊥.

III.2 Vibration elliptique


Pour analyser une polarisation elliptique, il faut d'abord la
produire. On peut le faire par biréfringence (emploi d'une /4 par exemple → § II.1.2) ou par
réflexion métallique (§ II.2). L'analyse d'un tel type de polarisation nécessitant l'emploi d'une lame
quart d'onde, on la produit ici par réflexion métallique pour éviter d’utiliser deux fois le même
principe.

Montage :

TS L

Na BP M
𝜆
P i 4
A
E

P : polariseur 0    90° (sauf 45°)


L : 250 mm
M : miroir optique à i  75° (réglage important)
/4 : lame calée sur le doublet du Sodium
A : analyseur
Si on n'a pas de lame /4 adaptée au doublet du sodium, on peut toujours utiliser une lampe QI ou
une Hg avec un filtre interférentiel adapté à la lame dont on dispose.

Manipulation :
On commence sans la lame /4. On repère avec l'analyseur la direction ou l’intensité
est minimale (petit axe de l'ellipse). On place la lame quart-d'onde devant l’analyseur en faisant
coïncider son axe rapide avec la direction que l'on vient de repérer. On a alors une vibration rectiligne
à la sortie de la lame quart d'onde (le vérifier en tournant l'analyseur). On replace l'analyseur dans son

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

orientation initiale (petit axe de l'ellipse) puis on cherche le sens de rotation permettant de retrouver
l'extinction en le tournant d'un angle  <  /2.

Exploitation :
On regarde dans un premier temps l’effet de la lame /4 sur la vibration elliptique
d'axes principaux Ox (grand axe 𝑎) et Oy (petit axe 𝑏). L’axe rapide 𝑅 de la lame est aligné avec Oy,
l’axe lent 𝐿 avec Ox. Si on considère une vibration elliptique gauche, la projection de la vibration
sur les lignes neutre de la lame donne :
𝐸𝑥 = 𝑎. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝐸𝑦 = 𝑏. 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡
D’où, en sortie de lame :

𝐸𝑥 = 𝑎. 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 − 𝜋/2) = 𝑎𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 𝐸𝑦 = 𝑏. 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡

On a donc une vibration 𝑉 polarisée rectilignement suivant la diagonale du rectangle dans lequel est
inscrite l'ellipse :
y
R
b V

a x
O L

Cette vibration arrive ensuite sur l’analyseur réglé de manière à ce que son sens passant coïncide avec
le petit axe Oy de l'ellipse donc la rotation qu’on doit lui faire subir pour retrouver l’extinction
correspond à l’angle d’ellipticité 𝛽 de la vibration :
y
A V
b

 a
x
O

On voit immédiatement sur le schéma que cet angle vérifie la relation :

𝑎
𝑡𝑔 =
𝑏

Et que le caractère ou droite de la vibration est donné par le sens de rotation de l'analyseur.

Remarques :
Si la vibration d'origine est circulaire, l'angle  vaut  / 4. L'analyse peut aussi se faire
avec un analyseur à pénombre.

III.3 Utilisation d'un polariseur tournant


La méthode précédente n’est pas
forcément très précise car il faut repérer visuellement deux extinctions. Une technique alternative
consiste à utiliser un polariseur tournant et une photodiode polarisée en inverse pour récupérer un

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

signal sur un oscilloscope. Si on suppose que la vibration à analyser est complètement polarisée,
l'allure de la trace récupérée sur l’oscilloscope indique immédiatement l'état de polarisation :
- elle est rectiligne si le signal est sinusoïdal avec un minimum nul
- elle est elliptique si le signal est sinusoïdal avec un minimum non nul
- elle est circulaire si le signal est continu

Montage :
[3], p. 301

Polaroïd
Moteur

D
Moteur
Laser polarisé Polariseur U
Lame R
Signal Fourche optique

Laser : He-Ne polarisé


PLAQUE P 60
Moteur : 12V continu
Lame : /4 accordée au laser
Photodiode : OSD 5T (U = 12 V ; R à ajuster)
La réalisation pratique du polariseur tournant peut s'effectuer avec le matériel Electrome.

Observations :
On peut vérifier que le signal est conforme à celui d’une vibration rectiligne quand
on intercepte directement le faisceau du laser et qu’il est en accord avec une vibration elliptique
lorsqu’on intercale la lame 𝜆/4. Le signal étant proportionnel au flux reçu, donc à 𝐸 2 (𝐸 = champ
électrique de la vibration), la mesure des valeurs extrêmes 𝑉𝑚𝑎𝑥 et 𝑉𝑚𝑖𝑛 de la tension détectée permet
d’obtenir le degré d'ellipticité :

𝑎 𝑉𝑚𝑎𝑥
𝑡𝑔 = =√
𝑏 𝑉𝑚𝑖𝑛

I y 𝑎

x
𝑉𝑚𝑎𝑥 𝑏
Vmin
t

Remarques :
Dans le cas d'une polarisation rectiligne, la direction de polarisation peut s'obtenir à
partir de la phase du signal par rapport à un signal de synchronisation. On peut obtenir ce signal en
plaçant un petit morceau d’adhésif opaque sur le Polaroïd tournant pour assurer le déclenchement du

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

signal de synchronisation via une fourche optique. On détermine de même la direction du grand axe
d'une polarisation elliptique.

III.4 Analyse de la lumière naturelle


On peut utiliser comme source une lampe
Quartz-Iode. On applique alors le protocole indiqué au début du § III :
- on place un polariseur sur
le trajet du faisceau et pour vérifier qu'on a une intensité lumineuse constante lorsqu’on le tourne.
- on ajoute avant le
polariseur une lame /4 avec un filtre gélatine centré sur sa longueur d'onde. L’intensité doit rester
constante lorsqu’on tourne l’analyseur → la lumière naturelle n'est donc pas polarisée.

Bibliographie :
[1] : Bruhat – Kastler : Optique (sixième édition)
[2] : Duffait : Expériences d’optique à l'agrégation de Physique, p.177 à 189
[3] : Sextant : Optique expérimentale, p. 263 à 277 et 298 à 301
[4] : Serge Huard : Polarisation de la lumière
[5] : Françon : Vibrations lumineuses, p. 240 à 256
[6] : Fleury Matthieu : Lumière

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MAGNETISME

I PRESENTATION DES APPAREILS DE MESURE


Le champ magnétique étant une
grandeur vectorielle, il est caractérisé par une direction, un sens et une intensité. Les deux premières
propriétés peuvent être déterminées à l’aide d’une boussole. La mesure de l’intensité peut se faire de
différentes façons suivant le champ étudié. Si 𝐵 ⃗ est uniforme, étendu et de faible intensité, on utilise
une technique basée sur le couple 𝜏 = 𝑀 ⃗⃗ ∧ 𝐵
⃗ (boussole → cf. § II.1). Si le champ est localisé et
d’intensité plus forte, on peut mettre à profit la force de Laplace 𝑑𝐹 = 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗ ∧ 𝐵
⃗ (balance de Cotton,
𝑑𝜙 𝑑
capteur à Effet Hall) ou la loi de l’induction 𝑒 = − 𝑑𝑡 = − 𝑑𝑡 ∬ 𝐵 ⃗ . 𝑑𝑆 (fluxmètre). La balance de
Cotton permet une mesure absolue du champ magnétique mais elle n’est plus utilisée en pratique car
peu précise donc on ne la présente pas ici.

I.1 Sonde à effet Hall


C’est l’instrument de choix pour mesurer un champ magnétique.
Tous les teslamètre d’enseignement utilisent ce genre de capteur (les appareils les moins onéreux
étant souvent limités à des champs ne dépassant pas la centaine de milli Tesla). Ils permettent une
mesure locale mais nécessitent un étalonnage préalable (fait par le constructeur) et un réglage
préalable du zéro (fait par l’opérateur) pour compenser l’offset du capteur et les dérives de la chaine
de mesure. L’effet Hall est expliqué brièvement en annexe (ou en [4], p. 96). On peut montrer le
principe d’un tel capteur à l’aide d’un échantillon de semi-conducteur (cf. montage « Semi-
conducteur »).

I.2 Fluxmètre
Le capteur est tout simplement une bobine et on se sert de la loi de
l’induction pour obtenir 𝐵 à partir de la f.é.m. induite. Si le champ magnétique est alternatif, la f.é.m.
apparait naturellement dans la bobine. S’il est continu, il faut plonger ou retirer la bobine de la zone
où se trouve le champ à mesurer pour engendrer une variation de flux. Cette technique de mesure
peut être intéressante pour accéder au champ magnétique au sein d’un matériau. Par contre, elle n’est
pas ponctuelle puisque liée à la surface de l’enroulement. L’accès à B par intégration de la f.é.m. peut
se faire de deux manières (on considère la mesure d’un champ statique dans ce qui suit).

I.2.1 Fluxmètre à intégration numérique


On enregistre l’évolution de la
tension 𝑉 aux bornes de la bobine à l’aide d’un système d’acquisition. On a, avec 𝑁 le nombre de
spires de la bobine et 𝑆 sa section ou celle dans laquelle on a le champ 𝐵 :

𝑑𝜙 𝑁𝑆𝑑𝐵
𝑉=𝑒=− =−
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑉 étant proportionnelle à la dérivée du champ magnétique, on obtient B en intégrant 𝑉. Cette
opération peut s’effectuer numériquement avec les fonctions de calculs d’un logiciel comme Latis
Pro. On a alors :
𝑡 𝑡
𝑑𝐵
𝐼𝑛𝑡é𝑔𝑟𝑎𝑙𝑒(𝑉) = − 𝑁𝑆 ∫ 𝑑𝑡 = −𝑁𝑆 ∫ 𝑑𝐵 = − 𝑁𝑆[𝐵(𝑡) − 𝐵(0)]
0 𝑑𝑡 0

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Si le champ magnétique est nul au début de l’intégration (bobine dans une zone où on le champ est
négligeable), on a alors :

𝐼𝑛𝑡é𝑔𝑟𝑎𝑙𝑒(𝑉)
𝐵(𝑡) = −
𝑁𝑆

Cette méthode simple nécessite un enregistrement de V avec une bonne sensibilité (le signal peut être
amplifié au besoin avec un montage à AO) et une fréquence d’échantillonnage suffisamment élevée
pour décrire au mieux la f.é.m. induite puisque l’acquisition est discrète et non pas continue.

Remarque :
On intègre à la base une variation de flux, d’où la dénomination de fluxmètre
𝑡 𝑡
𝑑𝜙
𝐼𝑛𝑡é𝑔𝑟𝑎𝑙𝑒(𝑉) = − ∫ 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝜙 = −[Φ(t) − Φ(0)]
0 𝑑𝑡 0

I.2.2 Fluxmètre électronique


L’intégration peut aussi s’effectuer de manière
analogique.

Principe du montage :
[4], p. 192 ; [3], p. 232.
K

bobine exploratrice R i
_ 
ε
+
e VS

L’amplificateur opérationnel fonctionne en régime linéaire (𝜀 = 0) tant que le sortie du montage ne


sature pas. On a alors 𝑉− = 0, d’où :

1
𝑉𝑆 = −𝑉𝐶 = − ∫ 𝑖. 𝑑𝑡
𝐶

On commence avec l’interrupteur fermé → 𝑉𝐶 = 0 → 𝑉𝑆 = 0 𝑉. On place la bobine dans le champ


à mesurer. Dès qu’on ouvre l’interrupteur, on sort la bobine de la zone de champ magnétique pour
faire apparaitre une f.é.m. d’auto induction. Comme 𝑉− = 0, on a 𝑖 = 𝑒/𝑅, d’où :

1 𝑡 1 𝑡 1
𝑉𝑆 = − ∫ 𝑒. 𝑑𝑡 = ∫ 𝑑Φ d'ou 𝑉𝑆 = [Φ(t) − Φ(0)]
𝑅𝐶 0 𝑅𝐶 0 𝑅𝐶

t = 0 : la bobine est dans le champ B → Φ(0) = NSB 𝑁𝑆𝐵


→ 𝑉𝑆 = −
t : la bobine est dans un champ nul → Φ(t) = 0 𝑅𝐶

Ce montage permet la mesure d’un champ 𝑩 mais il a l’inconvénient de présenter une dérive dans le
temps due aux imperfections des amplificateurs.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Dérive due au courant de polarisation :


Un des écarts de l’AO réel au modèle idéal est la présence
de courants aux entrées + et – du composant. Si la tension aux bornes de 𝑹 est nulle, 𝒊− circule
uniquement dans le condensateur, d’où :

1 𝑡 𝑖− 𝑡 𝑖−
𝑉𝑆 = − ∫ 𝑖− 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝑡 → 𝑉𝑆 = − 𝑡
𝐶 0 𝐶 0 𝐶

La dérive étant proportionnelle à 𝑖− , on a intérêt à prendre un AO avec des courants de polarisation


les plus faibles possibles. Un AO 071 ou 081 est donc préférable car il a des courants de polarisation
de l’ordre de 100 pA (transistors JFET en entrée) contre 100 nA pour un 741(transistors bipolaires en
entrée).

Dérive due à l’offset :


Un autre écart au modèle idéal est la présence d’une petite différence de
potentiel (tension d’offset) entre les deux entrées de l’AO. Cette tension de décalage, positive ou
négative, provient essentiellement d’une légère dissymétrie des transistors d’entrée. Elle dépend des
tensions d’alimentation et de la température, donc elle fluctue légèrement au cours du temps. Si on
ne tient compte que de cette tension, le montage se modélise de la façon suivante :
K
𝑒𝐷 1 𝑡 𝑒𝐷 𝑡
C 𝑖= → 𝑉𝑆 = − ∫ 𝑒𝐷 . 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝑡
𝑅 𝑅𝐶 0 𝑅𝐶 0

i eD
_ 𝑒𝐷
 → 𝑉𝑆 = − 𝑡
R =0 𝑅𝐶
+
VS La tension d’offset fait aussi dériver le montage.

On peut exprimer le rapport de la tension due à la mesure de 𝐵 sur celles liées aux dérives :

𝑉𝑆 𝐵 𝑁𝑆𝐵
=
𝑉𝑆 𝑂𝐹𝐹 + 𝑉𝑆𝐼 𝑝𝑜𝑙𝑎 (𝑒𝐷 + 𝑅𝑖− )𝑡

On s’aperçoit que les dérives sont d’autant moins gênantes que 𝑁𝑆𝐵 est grand. Ce système est donc
mieux adapté à la mesure de champs forts et, pour un champ 𝐵 donné, on a intérêt à prendre une
bobine avec la valeur 𝑁𝑆 la plus importante possible (inconvénient : la mesure est d’autant moins
locale). On peut limiter la dérive due au courant de polarisation en prenant une valeur de R
relativement faible et atténuer la dérive globale en rajoutant un circuit de compensation de l’offset :
K K
C C

R R
_  _ 
+ +
100 k VS 100 k VS
multitour monotour
-Ualim
 1 k monotour -Ualim

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Pour un AO 071 ou 081, le constructeur préconise l’emploi d’un potentiomètre de 100 k relié sur
les deux entrées OFF du composant. On peut utiliser un potentiomètre multitour (montage de gauche)
pour une compensation fine de la dérive, ou réaliser sinon le montage de droite (réglage grossier avec
le potentiomètre de 100 k, puis fin avec le 1 k). On observe 𝑉𝑆 avec un oscilloscope en mode
ROLL pour visualiser sans temps de latence l’évolution de la dérive du montage. On remet
l’intégrateur à zéro en shuntant temporairement le condensateur C avec l’interrupteur K puis on joue
sur le potentiomètre pour limiter la dérive du montage.

II CHAMP MAGNETIQUE CREE PAR DES BOBINES


Plusieurs études sont possibles
suivant le matériel disponible : champ créé par un solénoïde long, champ créé par des bobines plates,
.... On considère ici une bobine plate, circulaire de rayon R et possédant N spires. Le champ B créé
suivant l’axe perpendiculaire à sa surface a pour expression :

R 3
⃗𝑥
𝐵 µ0 𝑁𝐼 𝑥 2 −2
O x 𝐵(𝑥) = ൤1 + ቀ ቁ ൨
2𝑅 𝑅

II.1 Manipulation
L’étude suivante est faite avec le dispositif Jeulin (réf. 292 014) et le
teslamètre du même constructeur. Ce matériel est simple à mettre en œuvre : le teslamètre se fixe
directement sur un support prévu à cet effet et la sonde est directement centrée sur l’axe Ox de la
bobine → on est limité à une étude suivant cet axe et l’analyse du champ dans un plan normal à Ox
lors de l’étude des bobines de Helmholtz (cf. § II.3) n’est pas possible.

Montage :
Les bobines ont un rayon moyen de 6,5 cm et comportent 95 spires chacune. On en
alimente une seule via une source pouvant fonctionner en générateur de courant (réglage tension à
fond, contrôle sur le bouton intensité). Il faut éloigner toute source magnétique et tout élément
ferromagnétique. On commence par ajuster le 0 du teslamètre sur le calibre approprié en éloignant la
sonde de tout champ magnétique. On centre ensuite avec soin la sonde sur l’axe de la bobine et on
mesure le champ B pour différentes valeurs de x. Voici à titre indicatif une série de mesures pour I =
5 A (la partie de la courbe pour x < 0 a été obtenue par symétrie) :
champ créé par une bobine
5

4,5
mesures
modèle 4

3,5

3
B1 (mT)

2,5

1,5

0,5

0
-25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25
x (cm)

L’accord entre les mesures et la courbe théorique est correct → l’étude du champ créé par une bobine,
si elle est rigoureusement menée, constitue un bon moyen pour vérifier l’étalonnage d’une sonde à
effet Hall (l’étalonnage est par contre limité ici aux champs faibles).

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2 Mesure de la composante horizontale du champ terrestre


On se sert des
résultats vérifiés précédemment. On peut noter que cette partie illustre la mesure d’un champ très
faible (BHT = 2.10-5 T) en produisant un champ magnétique du même ordre de grandeur.

Manipulation :
[4], p. 68-266 ; [1], p. 263.

3 bobines
Ri Ni
I A
Alimentation Ri : 16 cm
Boussole continue Ni : 6 spires
I2A!
Inverseur

On éloigne toute source magnétique et élément ferromagnétique. En l’absence de courant, on oriente


le plan de la bobine dans la direction Nord-Sud (plan du méridien local du champ magnétique
terrestre). L’axe de la boussole est alors parallèle au plan de la bobine. Le bouton de réglage de la
tension de l'alimentation étant tourné à fond, on ajuste le réglage de l'intensité I pour avoir une
déviation notable de l'aiguille de la boussole. On mesure l’angle α de déviation de la boussole par
rapport au plan de la bobine. On ramène 𝑉 à zéro sans toucher à 𝑰 (pour pouvoir retrouver exactement
la même valeur de courant), on permute le sens de branchement des fils avec l’interrupteur pour
inverser le courant, puis on remet 𝑉 à fond. On mesure de nouveau . On obtient ainsi 2 pour plus
de précision.

Analyse :
Plan bobine
⃗0
𝐵

⃗ 𝐻𝑇
𝐵 ⃗𝑇
𝐵
On a 𝐵0 = µ0 𝑁𝐼/2𝑅 au centre de la bobine (cf. § précédent). 𝐵 ⃗ 0 est perpendiculaire au plan de la
bobine. Ce champ s’ajoute à 𝐵 ⃗ 𝐻𝑇 qui est dans le plan de la bobine. Le champ total est 𝐵 ⃗𝑇 =𝐵 ⃗0+
⃗ 𝐻𝑇 . L’aiguille aimantée subit un couple de torsion 𝜏 = 𝑀
𝐵 ⃗⃗ ∧ 𝐵
⃗ 𝑇 qui tend à l’orienter dans le sens de
⃗ 𝑇 . On a, à l’équilibre :
𝐵

𝐵0 𝐵0
𝑡𝑔𝛼 = → 𝐵𝐻𝑇 =
𝐵𝐻𝑇 𝑡𝑔𝛼

On peut donc mesurer 2 pour un courant donné et calculer 𝐵0 pour en déduire 𝐵𝐻𝑇

Calcul d’incertitude :
Si on suppose les incertitudes indépendantes et aléatoires, on a (cf. [9],
chapitre 3) :

𝛥𝐵𝐻𝑇 𝛥𝐵0 2 2𝛥𝛼 2 𝛥𝐵0 𝛥𝐼 2 𝛥𝑅 2


= √( ) +( ) avec : √
= ( ) +( )
𝐵𝐻𝑇 𝐵0 𝑠𝑖𝑛2𝛼 𝐵0 𝐼 𝑅

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Pour l'incertitude sur la mesure du courant, on se reporte à la documentation du multimètre utilisé.


L'incertitude sur le rayon des bobines est à évaluer. Signalons aussi qu'on commet une erreur
systématique puisque toutes les bobines n'ont pas le même rayon et ne sont pas au même endroit
(consulter la notice des bobines Jeulin à ce propos). Voici à titre indicatif une série de mesures pour
R = 16 cm, N = 6 et I = 1 A :

𝐵0 µ0 𝑁𝐼 4𝜋. 10−7 × 6 × 1
2𝛼 = 47° + 45° → 𝛼 = 46° → 𝐵𝐻𝑇 = = =
𝑡𝑔𝛼 2𝑅𝑡𝑔𝛼 2 × 0,16 × 𝑡𝑔46

𝐵𝐻𝑇 = 2,28.10−5 𝑇

On trouve dans la littérature la valeur suivante : BHT = 2.10-5 T (on peut aussi trouver des valeurs à
l’adresse internet suivante : http://swdcwww.kugi.kyoto-u.ac.jp/igrf/point/index.html).

Application :
Magnétomètres à aimant mobile : ces instruments permettent la mesure de champs
faibles comme les anomalies du champ magnétique terrestre (cf. [4], p. 72).

II.3 Etude des bobines de Helmholtz


[4], p. 268-269 et 273-275 ; [1], p. 227 à 235.

x
O

Bobine (1) Bobine (2)

Les deux bobines doivent être parallèles entre elles et séparées d’une distance correspondant à leur
rayon R pour être en configuration de Helmholtz. Si elles sont parcourues par un même courant
(même intensité, même sens), les deux champs magnétiques s’ajoutent et on peut reprendre pour
chaque bobine l’expression de B(x) donnée en début de chapitre, avec un changement de variable
pour la bobine (2) puisque son origine est décalée par rapport à la première :
3 3
2 −2 2 −2
µ0 𝑁𝐼 𝑥 µ0 𝑁𝐼 𝑥−𝑅
𝐵1 (𝑥) = ൤1 + ቀ ቁ ൨ 𝐵2 (𝑥) = [1 + ( ) ]
2𝑅 𝑅 2𝑅 𝑅

On peut calculer le champ au centre des bobines ainsi que le champ au milieu du dispositif :

1 + 2√2 µ0 𝑁𝐼
𝐵(0) = 𝐵1 (0) + 𝐵2 (0) = = 𝐵(𝑅)
4√2 𝑅

𝑅 𝑅 𝑅 8 µ0 𝑁𝐼
𝐵 ( ) = 𝐵1 ( ) + 𝐵2 ( ) =
2 2 2 5√5 𝑅

Manipulation :
On branche les bobines distantes de R en série pour que les champs s’ajoutent (le
champ axial au milieu des bobines est nul si le branchement est fait dans le mauvais sens). Voici à
titre indicatif une série de mesures effectuées avec le même courant qu’auparavant (5 ampères) :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On constate que le champ est relativement constant au sein des bobines. C’est l’intérêt des bobines
de Helmholtz : elles permettent la production d’un champ magnétique relativement faible mais
pratiquement constant dans une région assez grande avec du matériel courant. Une application
typique dans l’enseignement est le dispositif permettant la mesure du rapport 𝑒/𝑚 de l’électron par
la déviation d’un faisceau électronique soumis à un champ magnétique uniforme1. Une autre étude
intéressante consiste à mesurer le champ le long de l’axe quand on branche les bobines en inverse (on
a alors un gradient de champ magnétique2).

III CHAMP CREE PAR UN ELECTRO-AIMANT

III.1 Théorie
On propose d'étudier le champ créé dans l'entrefer. On considère un
électro-aimant à pièces plates. On appelle I le courant circulant dans le bobinage, ℓ la longueur
moyenne du circuit magnétique et e l’épaisseur de l'entrefer :

NI

Longueur de fer ℓ
e

⃗ . 𝑑𝑙 = ∑ 𝐼
Théorème d'ampère : ∮ 𝐻 → 𝐻𝑓 ℓ + 𝐻𝑒 𝑒 = 𝑁𝐼  hypothèse (1)

Dans l’entrefer : 𝐵𝑒 = µ0 𝐻𝑒 𝐵𝑓 𝐵𝑒
→ ℓ + 𝑒 = 𝑁𝐼
Dans le fer : 𝐵𝑓 = µ0 µ𝑟 𝐻𝑓 𝜇0 𝜇𝑟 𝜇0

1
Il serait d’ailleurs intéressant à cet égard, d’essayer de quantifier la zone spatiale dans laquelle on peut considérer que
le champ est constant avec un % de variation admissible mais c’est délicat à faire dans le cadre d’un montage.
2
Une application importante, avec des dispositifs plus sophistiqués, est la réalisation des gradients de champ de codage
spatial dans les appareils IRM.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

⃗ . 𝑑𝑆 = 𝐵𝑆 = 𝑐𝑡𝑒
Or 𝜙 = ∯ 𝐵  hypothèse (2) → 𝐵𝑓 𝑆𝑓 = 𝐵𝑒 𝑆𝑒

Si l’épaisseur de l’entrefer est faible, sa section reste un tube de flux pour 𝐵. Cette surface étant la
même que celle du circuit magnétique, on a par conséquent 𝐵𝑓 = 𝐵𝑒 , d’où :

ℓ 𝑒 µ0 𝑁𝐼
→ ( + ) = 𝑁𝐼 → 𝐵=
𝜇0 𝜇𝑟 𝜇0 ℓ
𝜇𝑟 + 𝑒

Remarque :
Le calcul est très simplifié. L’hypothèse (1) suppose 𝐻 ⃗ ∕∕ 𝑑𝑙 , 𝐵
⃗ ∕∕ 𝑑𝑆, ce qui est
discutable aux coudes de l’électroaimant. L’hypothèse (2) 𝜙 = 𝑐𝑡𝑒 n'est valable que si les fuites
magnétiques sont négligeables. On suppose aussi que la section de l’entrefer reste un tube de flux
pour 𝐵 ce qui n’est plus vrai si e est grand. Il faut aussi remarquer que r n’est pas constant mais
dépend de l’excitation 𝐻.

Application numérique :
Supposons ℓ = 1 m, e = 3 mm, r = 1000 et calculons la force
magnétomotrice NI (cf. [5], p. 325) nécessaire pour réaliser un champ magnétique de 1 Tesla dans
l'entrefer.

𝐵 ℓ 1 1
𝑁𝐼 = ( + 𝑒) = ( + 3.10−3 ) ≈ 3200 𝐴. 𝑡𝑜𝑢𝑟𝑠
µ0 𝜇𝑟 4𝜋 1000

Sans entrefer, le terme en e disparait de la formule et NI devient alors égal à 795 A.tours → un
entrefer, même faible, entraîne un accroissement très important de la force magnétomotrice nécessaire
pour réaliser un champ magnétique donné.

III.2 Manipulation
On souhaite vérifier la relation 𝐵 ≈ µ0 𝑁𝐼/𝑒 si 𝑒 ≫ ℓ/µ𝑟 . On peut
utiliser un électroaimant si on connait son nombre de spires ou en faire un à l’aide d’une carcasse de
transformateur Leybold et deux bobines de 500 spires en série (attention aux courants qu’elles
peuvent supporter !). L’entrefer doit être suffisamment grand pour avoir e >> l/μr mais pas trop pour
avoir 𝐵𝑓 = 𝐵𝑒 . 𝐵 peut être mesuré avec un teslamètre ou un fluxmètre électronique car les champs
sont forts donc les dérives du montage sont peu gênantes (produit RC assez grand ; R = 100 k, C =
10 F par exemple). Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesures effectuées avec un gros
électro aimant pour un entrefer de 1,3 cm :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Il faut faire attention à la mesure de I car certains multimètres sont limités à 10 A. On a utilisé ici
un appareil supportant jusqu’à 20 ampères et équipé d’un fusible de sécurité (les appareils bas de
gamme n’en ont pas forcément sur le calibre le plus élevé ; dans ce cas, l’appareil porte la mention
« UNFUSED »).

Analyse :
Le champ magnétique commence par augmenter linéairement avec le courant, puis semble
tendre vers une limite. La linéarité initiale est due au fait que µ𝑟 est grand lorsque 𝐼 est faible (cf.
courbe de première aimantation dans la partie sur les milieux ferromagnétiques) donc l'hypothèse
𝑒 ℓ/µ𝑟 est assez bien vérifiée. Pour des intensités plus fortes, µ𝑟 diminue et l'hypothèse est de moins
en moins valable, d’où le tassement de la courbe. Si on atteignait la saturation complète du matériau
ferromagnétique, la courbe B = f(H) évoluerait avec une pente locale µ0 = 4𝜋. 10−7 (courbe
pratiquement horizontale). On peut faire une régression linéaire sur la première partie (points en bleu)
pour en déduire une estimation du nombre de spires N du bobinage de l'électroaimant. La pente
obtenue ici vaut 𝑎 = 104.10−3 𝑆𝐼, d’où :

µ0 𝑁 𝑒. 𝑎 1,3.10−2 × 104.10−3
𝐵 = 𝑎. 𝐼 ≈ 𝐼 → 𝑁≈ = 𝑁 ≈ 1076 𝑠𝑝𝑖𝑟𝑒𝑠
𝑒 µ0 4𝜋. 10−7

L’électroaimant était équipé de deux bobines en série de 630 et 510 spires. On trouve donc un résultat
assez proche de la valeur attendue (𝑁 = 1140) malgré toutes les approximations faites lors du calcul
théorique. La valeur expérimentale est logiquement un peu plus faible à cause notamment des pertes
de flux.

IV MESURE D'UN CHAMP ALTERNATIF AU SEIN D'UN MATERIAU


FERROMAGNETIQUE
Se reporter au § 7 pour plus de précision.

V MILIEUX MAGNETIQUES

V.1 Introduction
Toute matière mise en présence d’un champ magnétique extérieur
subit un effet d’aimantation plus ou moins important. On le traduit au niveau macroscopique par le
champ d’aimantation volumique 𝑀 ⃗⃗ (𝑀
⃗⃗ a alors la même dimension3 que 𝐻 ⃗ ). Lorsque le milieu est
linéaire, homogène et isotrope, ces deux vecteurs sont liés par la relation :

⃗⃗ = 𝜒 𝐻
𝑀 ⃗ avec  la susceptibilité magnétique du matériau, grandeur sans dimension

Le champ magnétique global n’est plus le même qu’en l’absence de matière. L’aimantation induite
⃗ et on a :
s’ajoute à 𝐻
𝐵⃗ = 𝜇0 (𝐻
⃗ +𝑀
⃗⃗ )

𝐻⃗ est souvent appelée excitation magnétique car elle est directement reliée aux courants d’excitation
imposés ou aux sources de champ extérieures au système étudié. C’est le champ magnétique qu’il y

3
L’aimantation macroscopique correspondant à un moment magnétique par unité de volume (𝑀 ⃗⃗ = 𝑑µ
⃗ /𝑑𝑉) et l’unité de
moment magnétique étant l’ampère par mètre carré (µ ⃗⃗ s’exprime en A.m-1, soit la
⃗ = 𝐼. 𝑆 pour une boucle de courant), 𝑀
⃗ d’après le théorème d’ampère.
même dimension que celle de 𝐻

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

aurait en absence de matière. 𝐵⃗ , quant à lui, correspond au champ compte tenu de l’aimantation du
⃗ = 𝜇0 𝐻
matériau. La relation 𝐵 ⃗ dans le vide n’est plus valable en présence d’un milieu. On la remplace
par :

⃗ = 𝜇𝐻
𝐵 ⃗ = 𝜇0 𝜇𝑟 𝐻

On peut alors exprimer la perméabilité magnétique à partir de la susceptibilité magnétique en


combinant les trois relations précédentes :

µ = µ0 (1 + 𝜒) = µ0 µ𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 µ𝑟 = 1 + 𝜒

Les milieux matériels sont donc caractérisés magnétiquement par la valeur de ,  ou r. Suivant la
nature du milieu, ces grandeurs peuvent être constantes ou dépendantes de la température, de la valeur
du champ excitateur, de l’histoire du matériau, du point considéré (milieux inhomogènes) ou de la
direction du champ excitateur (milieux anisotropes). Dans ce dernier cas, la relation entre
l’aimantation et l’excitation magnétique est tensorielle.

V.2 Action d'un champ non uniforme sur différentes substances


Cette expérience
permet de distinguer trois grands types de comportement des matériaux vis à vis d’un champ
magnétique et un classement en trois familles : diamagnétiques ( négatif, faible), paramagnétiques
( positif, plus grand) et ferromagnétiques ( positif, nettement plus important). Placée dans un
champ inhomogène 𝐵, une substance magnétique de volume τ subit la force (cf. [6], p.131) :

𝜒
𝐹=( ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝐵 2 ) 𝜏
2µ0

Cette expression montre que les matériaux diamagnétiques (χ négatif) sont attirés vers les zones de
champ faible alors que les milieux para et ferromagnétiques (χ positif) sont attirés vers celles de
champ fort, la distinction para/ferro se faisant sur la différence d'intensité dans la réponse.

Montage :
[4], p. 140

500 500
spires spires

Alimentation 30V 10 A

L’entrefer doit être ajusté au minimum et les bobines branchées en série pour que leurs champs
s'ajoutent. On attache les petits échantillons cylindriques de Bismuth (diamagnétique), Aluminium
(paramagnétique) et Nickel (ferromagnétique) avec des fils fins, assez longs, de même longueur et on
les suspend successivement dans l’entrefer de l’électroaimant. La manipulation est assez délicate :

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

les échantillons doivent être orientés si possibles à 45° de l’axe de l’entrefer et il faut attendre qu’ils
se stabilisent. On allume alors l’alimentation, on impose le courant maximum admissible par les
bobines et on observe le comportement des échantillons (on arrête le courant progressivement dès
que les constatations sont faites). On peut utiliser une webcam pour rendre l’expérience visible par
une assemblée. Le Bismuth est idéalement censé s’orienter perpendiculairement aux lignes de champ,
l’Aluminium parallèlement à ces lignes et le Nickel doit en faire de même en l’absence de courant
grâce au faible champ rémanent.

Explication :
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝐵2

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝐵2

Le gradient de 𝐵 2 est principalement dirigé suivant le centre de l’électroaimant avec les pièces
tronconiques.  est négatif pour l’échantillon diamagnétique donc la force qu’il subit dès qu'il est
hors de l'axe de l'électro-aimant est dirigée vers l’extérieur de l’entrefer (cf. figure). Il en résulte un
couple de forces ayant tendance à l’orienter perpendiculairement à l’axe de l'électro-aimant.  est
positif pour les échantillons para et ferro donc les forces sont dirigées dans l'autre sens et le couple
de forces a tendance à les ramener vers l'axe de l'électro-aimant. Si les échantillons ne sont pas
parfaitement centrés dans l’entrefer (et c’est souvent le cas en pratique), ils peuvent se retrouver
entièrement d’un côté ou de l’autre de l’axe. Les forces sont alors dirigée dans le même sens et le
diamagnétique a tendance à fuir la zone de champ fort (centre de l’entrefer) alors que c’est l’inverse
pour les para et ferro.

Remarques :
Les forces mise en jeu sont très faibles pour les dia et paramagnétiques. L'expérience
n'est pas démonstrative si on tient les échantillons à la main. L’expérience la plus délicate est celle
avec le dia car c'est là où la force est la plus faible, d’où l’intérêt d’un grand fil ≈ sans torsion.
Une variante de l’expérience précédente consiste à remplacer une pièce tronconique par
une pièce polaire plate : l’échantillon para a alors tendance à se diriger vers la partie pointue de la
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐵 2 fort) alors que le dia a tendance à s’en écarter, voire se diriger vers la
pièce tronconique (𝑔𝑟𝑎𝑑
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐵 2 plus faible). Les effets peuvent être plus importants avec cette méthode,
pièce plate (zones à 𝑔𝑟𝑎𝑑
mais l’analyse du gradient est plus délicate.
Les plaques permettant la visualisation des lignes de champ magnétique sont une
application de cette expérience (s’interroger sur la nature magnétique des aiguilles).

VI MILIEUX PARAMAGNETIQUES

VI.1 Paramagnétisme du dioxygène


On peut facilement obtenir du dioxygène
liquide si on dispose de diazote. Il suffit de plonger un tube à essai vide dans de l'azote liquide pendant
un moment pour en condenser puisque sa température de liquéfaction est plus élevée (-183°C pour
O2 ; -196°C pour N2). Le tube doit bien tremper dans l’azote tout en ayant son extrémité à l’air libre
sinon l'atmosphère est constituée essentiellement d'azote au-dessus du tube et la condensation de O2
est plus difficile.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
Le but est de montrer la lévitation du dioxygène dans l'entrefer. On reprend le
montage du § précédent, on filme ou on fait une image de l'entrefer sur un écran, on refroidit un peu
les pièces polaires en versant de l’azote liquide dessus puis on fait couler du dioxygène le long d'une
des pièces polaires. On voit alors le dioxygène liquide rester en suspension dans l’entrefer avant de
se vaporiser. Le versement de diazote permet de retarder la vaporisation de O2 et de montrer que le
diazote n'est pas paramagnétique.

VI.2 Mesure de la susceptibilité de FeCl3

VI.2.1 Principe de la mesure

Électroaimant à pièces
tronconiques

A
h
C
Δh

On utilise la méthode de Quincke (cf. [5], p. 295). On place un des côté d’un tube coudé rempli d’une
solution concentrée de FeCl3 dans l’entrefer d’un électroaimant puissant en positionnant la surface
libre du liquide légèrement en dessous du milieu des pôles. Le FeCl3 étant paramagnétique, il est
attiré par les champs forts donc l’application d’un champ magnétique provoque une montée du niveau
dans l’entrefer, d’où une dénivellation h entre les deux surfaces libres A et C.

Exploitation :
Soit P la pression hydrostatique en un point du fluide, sol sa masse volumique et g le
champ de pesanteur. A l'équilibre, la somme des densités volumiques des forces de pression, de
gravitation et magnétique auxquelles est soumis un petit élément de volume doit être localement nulle,
d'où (cf. [6], p. 134) :
𝜒𝑠𝑜𝑙
− ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑃 + 𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝐵 2 = 0
2µ0

𝑔𝑟𝑎𝑑 (𝑔𝑧), l'intégration de cette expression dans le fluide (ou  = cte) conduit à :
Comme 𝑔 = − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝜒𝑠𝑜𝑙 2
𝑃 + 𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔𝑧 − 𝐵 = 𝑐𝑡𝑒
2µ0

En l'absence de champ magnétique, cette relation exprime la loi fondamentale de l'hydrostatique. Si


on l’exprime aux points A et C des surfaces libres où PA et PC sont identiques, on obtient :

1
𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔(𝑧𝐴 − 𝑧𝐶 ) = 𝜒 (𝐵2 − 𝐵𝐶2 )
2µ0 𝑠𝑜𝑙 𝐴

En notant h la dénivelée et en supposant que 𝐵𝐶 = 0, on obtient :

𝜒𝑠𝑜𝑙
ℎ= 𝐵2
2µ0 𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔 𝐴

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut déduire la susceptibilité de FeCl3 pur à partir de 𝜒𝑠𝑜𝑙 en appliquant une loi approchée
d'additivité des moments magnétiques (loi de Wiedman)4. Comme on considère des densités
volumiques de forces et qu’on raisonne avec des moments magnétiques par unité de volume, on
obtient la relation suivante en faisant intervenir les masses volumiques :
𝑚𝑠𝑜𝑙 𝑚 𝑚
⃗⃗ 𝑠𝑜𝑙 = 𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑀
𝑀 ⃗⃗ 𝐹𝑒𝐶𝑙 + 𝑒𝑎𝑢 𝑀
⃗⃗
𝜌𝑠𝑜𝑙 𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3 3
𝜌𝑒𝑎𝑢 𝑒𝑎𝑢

⃗⃗ = 𝜒 𝐻
Comme 𝑀 ⃗ , on trouve le résultat suivant en divisant l'expression précédente par 𝐻
⃗ :

𝑚𝑠𝑜𝑙 𝑚𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑚𝑒𝑎𝑢


𝜒𝑠𝑜𝑙 = 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 + 𝜒
𝜌𝑠𝑜𝑙 𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝜌𝑒𝑎𝑢 𝑒𝑎𝑢

En pratique, on peut vérifier que le rôle de l'eau est négligeable en mesurant la déviation obtenue avec
un tube identique contenant de l'eau pure. Avec cette hypothèse, on a alors :

𝑚𝑠𝑜𝑙 𝑚𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3


𝜒𝑠𝑜𝑙 ≈ 𝜒 d'ou 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 = 𝑚𝐹𝑒𝐶𝑙 𝜒𝑠𝑜𝑙
𝜌𝑠𝑜𝑙 𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝜌𝑠𝑜𝑙 × 𝑚 3
𝑠𝑜𝑙

VI.2.2 Manipulation
[4], p. 341

On utilise un tube de diamètre ∅ = 7 mm et on règle la taille de l’entrefer au minimum mais sans


risque de casse pour le tube. L'électroaimant doit être testé en charge avant de mettre le tube !
On place la surface libre du liquide légèrement en dessous du milieu des pôles, on applique un champ,
le liquide monte et on prend soin de mesurer la valeur de 𝐵 au niveau de sa surface libre. Pour
connaitre la dénivellation ℎ, on mesure la baisse du niveau 𝛥ℎ dans la partie du tube située hors de la
zone du champ magnétique (on a alors 𝒉 = 𝟐𝜟𝒉). La principale difficulté dans cette manipulation
est la mesure précise de 𝛥ℎ car elle est de l’ordre de quelques mm. Pour ce faire, on conseille de
placer une règle graduée exactement au niveau du tube, prendre des photos à l’aide d’un APN ou
d’une webcam avec et sans le champ et d’exploiter les images avec le logiciel Image J (on peut mettre
un morceau de scotch sur le tube pour avoir une référence de position sur laquelle on se base pour
faire les mesures de la position de la surface libre de la solution). Voici à titre indicatif le résultat
d’une série de mesure effectuées de cette manière :

4
Cela suppose que les moments magnétiques n’interagissent pas.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La courbe ℎ = 𝑓(𝐵 2 ) est une droite conformément à l’expression obtenue précédemment. On peut
déduire 𝜒𝑠𝑜𝑙 de la valeur de la pente (𝜌𝑠𝑜𝑙 = 1480 𝑘𝑔/𝑚3 pour la solution utilisée) :
𝜒𝑠𝑜𝑙
𝑎= → 𝜒𝑠𝑜𝑙 = 2µ0 𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔𝑎 = 2 × 4𝜋. 10−7 × 1480 × 9,81 × 19,3.10−3
2µ0 𝜌𝑠𝑜𝑙 𝑔

𝜒𝑠𝑜𝑙 = 7,04.10−4

Puis celle de FeCl3 pur (𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑝𝑢𝑟 = 2900 𝑘𝑔/𝑚3 ; solution utilisée à 45 % de titre massique en
FeCl3) :
𝜌𝐹𝑒𝐶𝑙3 2900
𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 = 𝑚𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝜒𝑠𝑜𝑙 = 7,04.10−4 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 = 3,06.10−3
𝜌𝑠𝑜𝑙 × 𝑚 1480 × 0,45
𝑠𝑜𝑙

On peut comparer ce résultat à la valeur tabulée dans un Handbook mais ça n’est pas simple car les
données sont basées sur une définition molaire 𝑀′ de l’aimantation (au lieu de volumique) et une
expression de 𝐻 non rationnalisée (𝐻𝑛𝑜𝑛 𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑎𝑙𝑖𝑠é = 4𝜋𝐻𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑎𝑙𝑖𝑠é = 4𝜋𝐻𝑆𝐼 ). On a donc :

𝑀 𝑑µ 𝐴. 𝑚2
𝜒𝑆𝐼 = = = 3 → 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑑𝑖𝑚𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛
𝐻 𝑑𝑉. 𝐻 𝑚 𝐴. 𝑚−1

𝑀′ 𝑑µ 𝐴. 𝑚2
𝜒𝐻𝑎𝑛𝑑𝑏𝑜𝑜𝑘 = 𝜒𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑁𝑅 = = = −1
→ 𝑢𝑛𝑖𝑡é ∶ 𝑚3 𝑚𝑜𝑙𝑒 −1
𝐻𝑁𝑅 𝑑𝑛. 𝐻𝑁𝑅 𝑚𝑜𝑙𝑒. 𝐴. 𝑚

D’où

𝜒𝑆𝐼 𝑑µ 𝑑𝑛. 𝐻𝑁𝑅 𝑑𝑛 (4𝜋𝐻𝑅 ) 4𝜋 4𝜋


= = = → 𝜒𝑆𝐼 = 𝜒𝐻𝑎𝑛𝑑𝑏𝑜𝑜𝑘
𝜒𝐻𝑎𝑛𝑑𝑏𝑜𝑜𝑘 𝑑𝑉. 𝐻𝑅 𝑑µ 𝑑𝑉 𝐻𝑅 𝑉𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑉𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒

On peut exprimer le volume molaire à partir de la masse volumique 𝜌 et la masse molaire 𝑀 du


corps :

𝑚 𝑀 𝜌
𝜌= = d'ou 𝜒𝑆𝐼 = 4𝜋 𝜒
𝑉 𝑉𝑚𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑀 𝐻𝑎𝑛𝑑𝑏𝑜𝑜𝑘

Quand on regarde les tableaux du Handbook pour chercher la valeur de 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑝𝑢𝑟 , il faut là encore
bien comprendre la logique d’écriture. On trouve la donnée suivante fournie dans le système d’unité
cgs (centimètre, gramme, seconde) :

𝜒𝑚 /10−6 𝑐𝑚3 𝑚𝑜𝑙 −1 = 13450

Cela veut dire que 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 = 13450.10−6 𝑐𝑚3 𝑚𝑜𝑙 −1 = 13450.10−12 𝑚3 𝑚𝑜𝑙 −1

On trouve finalement après ces quelques considérations la valeur attendue suivante (𝑀𝐹𝑒𝐶𝑙3 =
162 𝑔. 𝑚𝑜𝑙 −1 ) :

2900
𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑆𝐼 = 4𝜋 13450.10−12 → 𝜒𝐹𝑒𝐶𝑙3 𝑆𝐼 = 3,02.10−3
162

Le résultat expérimental est donc conforme à la valeur tabulée.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VII MILIEUX FERROMAGNETIQUES

VII.1 Expérience qualitative


[4], p. 113

1–2A

Inductance de puissance
BOUSSOLE avec noyau amovible
10 - 20 cm

En l’absence de courant, la boussole s'oriente dans le champ magnétique terrestre s’il n'y a aucun
autre champ. On place alors la bobine perpendiculairement à la boussole comme indiqué sur le
schéma et on applique un courant de l’ordre de 1 A. La boussole doit dévier faiblement si l’inductance
n’a pas de noyau et fortement lorsqu’on insère complètement le noyau dans la bobine.

Analyse :
Le sens de la déviation étant le même dans les deux cas, l’aimantation induite est dans le
sens de l'excitation magnétique. La déviation est forte avec le noyau ferromagnétique → l’aimantation
induite semble importante. On doit donc s’attendre à des grandes valeurs de r pour ce type de
matériau. La suite permet de préciser ce point.

VII.2 Etude des caractéristiques d’un matériau ferromagnétique

VII.2.1 Montage d’étude


Le milieu magnétique est la carcasse du
transformateur et on souhaite obtenir les courbes 𝐵, 𝑀 = 𝑓(𝐻) en continu et en alternatif de ce
matériau.
Transformateur Leybold
N1 = 500 sp
N2 = 250 sp R2

Alimentation R3 UY
UX V

R1

R1 : rhéostat 10 Ω ; point milieu réglé sur 5 Ω (résistance de mesure)


R2 : AOIP 100 kΩ
R3 : AOIP 5 ou 10 kΩ
Alimentation : alternostat 0/220 V ou source continue 30 V / 5 A

Signal image de H :
On a 𝑈𝑋 = 𝑅1 𝐼1 où 𝐼1 est l'intensité dans le primaire et 𝑅1 la partie du rhéostat
sur laquelle on effectue la mesure de 𝑈𝑋 . D'après le théorème d'ampère, on a ∮ 𝐻 ⃗ . 𝑑𝑙 = ∑ 𝐼 ≈ 𝑁1 𝐼1

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

puisqu’on peut négliger 𝐼2 par rapport à 𝐼1 vu que 𝑅2 + 𝑅3 est grand. Soit ℓ la longueur totale du
circuit magnétique, on a :
𝑁1 𝑈𝑋
𝐻=
𝑅1 ℓ

→ La résistance 𝑅1 permet d’avoir une tension 𝑈𝑋 proportionnelle à 𝐻.

Remarque :
Avec les alimentations utilisées, une résistance totale de 10 Ω est nécessaire pour limiter
le courant dans le circuit primaire à une valeur acceptable pour la bobine de 500 spires
(𝐼𝑚𝑎𝑥 𝑎𝑣𝑒𝑐 10 𝛺 ≈ 2 𝐴 pour 2,5 A supporté par cette bobine). Cela conduit à avoir une tension
maximum à ses bornes de l’ordre de 20 V qui est trop importante pour la carte d’acquisition (calibre
maximum ± 10 V sur la carte SYSAM SP5 utilisée ici). C’est pour cette raison qu’on ne prend qu’une
partie du rhéostat pour effectuer la mesure de 𝑈𝑋 . A noter qu’il faut bien identifier les différents
branchements sur le rhéostat (le courant doit circuler dans la totalité de la résistance). En cas de
doute, il vaut mieux vérifier à l’ohmmètre la résistance entre les différents connecteurs pour ne pas
faire d’erreurs.

Signal image de B :
𝑑𝜙 𝑑𝐵
Au secondaire du transformateur, on a 𝑉 = 𝑑𝑡 = 𝑁2 𝑆 𝑑𝑡 où 𝑆 est la section de
la carcasse ferromagnétique (on suppose qu’elle canalise entièrement les lignes de champ). On peut
intégrer cette tension pour obtenir B mais sa valeur est élevée lorsqu’on alimente le transformateur
en alternatif (𝑉 ≈ 110 V si on applique 220 V au primaire avec les nombres de spires 𝑁1 /𝑁2
proposés). Le pont diviseur R2/R3 permet d’abaisser la tension à une valeur compatible avec la carte
d’acquisition :

𝑅3
𝑈𝑌 = 𝑉
𝑅2 + 𝑅3

D’où, avec l’expression de 𝑉 :


𝑅3 𝑑𝐵
𝑈𝑌 = 𝑁2 𝑆
𝑅2 + 𝑅3 𝑑𝑡

Comme on l’a vu en introduction, l’opération peut s’effectuer numériquement avec les fonctions de
calculs d’un logiciel comme Latis Pro. On a alors :

𝑁2 𝑆𝑅3 𝑡 𝑑𝐵 𝑁2 𝑆𝑅3 𝑡 𝑁2 𝑆𝑅3


𝐼𝑛𝑡é𝑔𝑟𝑎𝑙𝑒(𝑈𝑌 ) = ∫ 𝑑𝑡 = ∫ 𝑑𝐵 = [𝐵(𝑡) − 𝐵(0)]
𝑅2 + 𝑅3 0 𝑑𝑡 𝑅2 + 𝑅3 0 𝑅2 + 𝑅3

Si le champ magnétique est nul au début de l’intégration, on a alors :

𝑅2 + 𝑅3
𝐵(𝑡) = 𝐼𝑛𝑡é𝑔𝑟𝑎𝑙𝑒(𝑈𝑌 )
𝑁2 𝑆𝑅3

On peut donc obtenir la courbe 𝐵 = 𝑓(𝐻) à l’aide des tensions 𝑈𝑋 , 𝑈𝑌 et 𝑀 = 𝑓(𝐻) peut s’en déduire
point par point à partir de la relation 𝐵 = µ0 (𝐻 + 𝑀)

VII.2.2 Courbe de première aimantation


Elle s’obtient avec la source continue
30 V / 5 A mais le matériau ferromagnétique doit être préalablement désaimanté car il peut présenter
une aimantation résiduelle. Pour ce faire, il suffit d’alimenter le transformateur avec l’alternostat et

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de monter puis abaisser la tension. Cela permet d’effectuer des cycles d’hystérésis décroissants
aboutissant au point de coordonnées (0 ; 0) sur la courbe B(H). Cette opération doit être effectuée
après chaque essai.

Manipulation :
𝑹𝟑 = 𝟏𝟎 𝒌𝜴
Observation de 𝑼𝑿 en mode différentiel5 (calibre standard ± 10 V)
Calibre ± 200 mV pour 𝑈𝑌 6

Le choix des paramètres d’acquisition n’est pas critique. Il faut se laisser suffisamment de temps pour
pouvoir augmenter puis diminuer manuellement la tension d’alimentation de 0 à ≈ 30 V (s’arrêter
juste avant que 𝑈𝑋 ne sature). Une fois l’acquisition de 𝑈𝑋 et 𝑈𝑌 réalisée, on calcule 𝐻 et 𝐵 avec les
formules précédentes après avoir mesuré 𝑅2 , 𝑅3 et la valeur de 𝑅1 utilisée pour l’observation de 𝑈𝑋 ,
déterminé la section de la carcasse du transformateur et estimé sa longueur moyenne (ℓ = 2 × (11 +
13) 𝑐𝑚 et 𝑆 = 3,9 𝑐𝑚 × 3,9 𝑐𝑚 typiquement pour les transformateurs Leybold). Voici à titre
indicatif le résultat d’une acquisition réalisée avec 10 000 points sur une durée de 10 secondes (les
tensions étant entachées de bruit, notamment 𝑈𝑌 vu son niveau, on a procédé à un lissage des signaux
avant de passer aux calculs de 𝐻 et 𝐵) :

5
L’observation de 𝑈𝑋 en mode différentiel n’est pas nécessaire lorsqu’on utilise l’alimentation continue mais ça l’est
quand on désaimante le matériau avec l’alternostat car il délivre sa tension entre la phase et le neutre donc le branchement
d’une masse pour la mesure de 𝑈𝑋 peut faire sauter le disjoncteur différentiel de l’installation dans ce cas !
6
Il faut adapter le calibre pour la mesure de 𝑈𝑌 car le choix du pont diviseur de tension 5 kΩ/100 kΩ conduit à une tension
très faible (≈ 100 mV). Ce pont n’est, là aussi, pas nécessaire avec l’alimentation continue mais il est préférable de l’avoir
quand on utilise l’alternostat car la tension au secondaire est alors nettement plus forte. Le fabricant de la carte
d’acquisition indique une protection des entrées contre des surtensions accidentelles jusqu’à 250 V en alternatif mais sans
préciser la durée d’application donc on met le pont par principe de précaution.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Analyse des résultats :


La première partie du graphique en fenêtre 3 représente, à µ0 près7, la courbe
de première aimantation du matériau. Elle montre que 𝑀 n’évolue pas de façon linéaire avec 𝐻.
L’allure de la courbe dépend du matériau utilisé mais elle présente trois parties distinctes (cf. [6]).
Pour les faibles valeurs de 𝐻, le déplacement des parois de Bloch est réversible et l’aimantation
augmente de manière linéaire (difficilement observable ici). La croissance de 𝑀 est ensuite plus
rapide (début du déplacement irréversible des parois de Bloch) et il finit par apparaitre une tendance
à la saturation qui conduirait, lorsqu’il n’y a plus qu’un seul domaine d’aimantation, à une croissance
de 𝐵 avec une pente locale égale à 0 comme dans le vide. Cette zone n’est pas atteinte dans
l’expérience mais on peut cependant donner un ordre de grandeur du champ à saturation (𝐵𝑆𝐴𝑇 ≈
1,25 𝑇 ici).

Les courbes µ0 𝑀 = 𝑓(𝐻) et 𝐵 = 𝑓(𝐻) sont très similaires et non


distinguables si on les trace sur un même graphique8. On a donc 𝐵 = µ0 (𝐻 + 𝑀) ≈ µ0 𝑀 ce qui
implique que l’aimantation induite 𝑀 dans un matériau ferromagnétique est très supérieure au champ
𝐻 qui lui a donné naissance. On peut quantifier cet effet en déterminant les valeurs de µr via la
relation9 µ𝑟 = 𝐵/(µ0 𝐻) mais le bruit présent sur les acquisitions donne une courbe µ𝑟 = 𝑓(𝐻) peu
satisfaisante pour les valeurs de H les plus faibles. On peut, à défaut, estimer un encadrement de µ r
en cherchant les pentes minimales et maximales sur la courbe 𝐵 = 𝑓(𝐻). On a 𝐵 = µ𝐻 avec µ𝑚𝑖𝑛 ≈
8.10−4 𝐻. 𝑚−1 et µ𝑚𝑎𝑥 ≈ 4.10−3 𝐻. 𝑚−1 dans notre exemple d’où, en divisant par µ0 :

µ𝑟 𝑚𝑖𝑛 ≈ 600 et µ𝑟 𝑚𝑎𝑥 ≈ 3000

Ces valeurs peuvent être comparées aux données trouvables dans un Handbook ou en [6] pour les
matériaux ferromagnétiques doux. On peut aussi voir la différence avec la susceptibilité magnétique
des milieux dia et paramagnétiques (µ𝑟 = 1 + 𝜒 ).

Conclusion :
L’aimantation que peuvent prendre les composés ferromagnétiques est importante
surtout en comparaison avec celle des matériaux dia et para. Ceci explique le renforcement notable
du champ provoqué par le matériau ferromagnétique dans l’expérience qualitative d’introduction.
Cette forte perméabilité a aussi pour conséquence la canalisation des lignes de champ. On peut le
montrer avec l’expérience suivante si on dispose d’un solénoïde encastré dans une plaque de Plexiglas
(dispositif Jeulin 292006 par exemple) :

Bobine
Pastille ferromagnétique
Lignes de
champ

On saupoudre la plaque avec de la très fine limaille de fer en essayant d’avoir une répartition la plus
homogène possible. On envoie un courant assez fort (5 à 10 A suivant le dispositif). La limaille de
fer s’oriente alors suivant les lignes de champ magnétique. On place ensuite un matériau
ferromagnétique au bord du solénoïde et on observe l'évolution les lignes de champ → elles semblent
être « attirées » par lui (cf. [5], p. 304 pour plus d’explication).

7
On a représenté µ0 𝑀 au lieu de 𝑀 pour pouvoir faire une comparaison directe avec 𝐵.
8
𝐵 étant alors une image de 𝑀 à µ0 près, on ne représente plus que 𝐵 = 𝑓(𝐻) dans les expériences suivantes.
9
Bien que 𝐵 = 𝑓(𝐻) ne soit pas linéaire, il est toujours possible de définir la perméabilité par la relation 𝐵 = µ𝐻 mais
avec un  dépendant de la valeur de 𝐻.

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VII.2.3 Phénomène d’hystérésis


Les courbes précédentes montrent que
l’aimantation ne repasse pas par les mêmes valeurs quand on rabaisse le niveau d’excitation. 𝑀
dépend donc aussi de l’histoire du matériau (phénomène d’hystérésis magnétique10) et il existe un
champ rémanent lorsqu’on revient à 0 (𝐵𝑟𝑒𝑚 ≈ 0,6 𝑇 dans notre exemple). La présence de ce champ
explique pourquoi les pièces de la carcasse d’un transformateur démontable restent « collées » quand
on annule le courant avec une source continue. Une désaimantation complète nécessite l’application
d’un champ en sens inverse appelé champ coercitif 𝐻𝐶 .

Tracé en continu :
Le montage est toujours le même. On désaimante d’abord le matériau avec
l’alternostat puis on fait une acquisition avec la source continue en 3 étapes (prendre une durée
d’acquisition plus longue, genre 30 secondes). On augmente manuellement la tension, on la ramène
à zéro, on inverse le sens de branchement de l’alimentation, on répète le processus, on inverse une
nouvelle fois le branchement et on refait un dernier aller-retour en tension afin d’avoir un cycle
d’hystérésis complet. On obtient alors la courbe suivante :

Le point remarquable à noter est la valeur champ coercitif car elle permet de distinguer deux types de
milieux ferromagnétiques. 𝐻𝐶 est faible ici11 ce qui, associé à une aimantation forte, conduit à un
cycle d’hystérésis fin typique d’un ferromagnétique doux. L’aimantation de ces matériaux peut donc
être facilement modifiée et la finesse du cycle induit des pertes magnétiques faibles, d’où leur emploi
pour la réalisation des carcasses de transformateurs. Les ferromagnétiques durs ont un champ coercitif
beaucoup plus fort (𝐻𝐶 = 1 000 au minimum), donc un cycle nettement plus large. Il est par
conséquent plus difficile de modifier leur aimantation ce qui en fait des matériaux de choix pour
fabriquer des aimants permanents. Il serait intéressant de refaire l’expérience précédente avec un tel

10
C’est une conséquence de l’irréversibilité du déplacement des parois de Bock.
11
Cf. Handbook ou [6] pour des ordres de grandeurs de 𝐻𝐶 ; les tôles de transformateur sont généralement faites avec
des aciers au silicium.

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

matériau pour pouvoir comparer les cycles d’hystérésis mais une carcasse équivalente en ferro dur
n’existe pas (aimantation/désaimanation difficile, pertes énormes).

Tracé en alternatif :
Source : alternostat 0 - 220 V
𝑹𝟑 = 𝟓 𝒌𝜴
Observation de 𝑈𝑋 en mode différentiel (calibre standard ± 10 V)
Calibre ± 10 V pour 𝑼𝒀
Acquisition sur 10 000 points ; durée d’enregistrement 20 ms

On diminue la valeur de 𝑅3 et on repasse le calibre de la carte d’acquisition pour 𝑈𝑌 sur sa valeur


standard car la tension 𝑉 est nettement plus forte maintenant. On modifie aussi les paramètres
d’acquisition pour enregistrer un seul cycle complet d’hystérésis compte tenu de la fréquence du
secteur. Voici à titre indicatif le type résultat que l’on obtient12 :

On peut remarquer que la tension 𝑈, proportionnelle au flux donc à 𝐵, a une allure proche d’une
sinusoïde. Ceci est lié au fait qu’on impose une tension avec l’alternostat et que le circuit au primaire
est principalement inductif13 :

𝑑Φ 𝑑Φ
𝑈1 = 𝑅1 𝐼1 + 𝑁1 ≈ 𝑁1
𝑑𝑡 𝑑𝑡

12
L’intégrale de 𝑈𝑌 représentée par 𝑈 en fenêtre 3 ayant une valeur moyenne non nulle, on a retranché cette valeur à U
(grandeur notée 𝑈𝐶 notée 𝑈𝐶 dans la feuille de calcul) pour avoir une évolution de B centrée autour de zéro.
13
Cf. l’annexe sur le transformateur du montage sur la conversion électrique-électrique pour plus de détails.

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

→ Comme la tension du secteur est ≈ sinusoïdale, Φ et 𝐵 le sont aussi. Par conséquent, 𝐻 ne peut
par l’être aussi puisqu’on a vu que la relation 𝐵 = 𝑓(𝐻) d’un matériau ferromagnétique n’est pas
linéaire. Cela explique la forme particulière de la tension 𝑈𝑋 = 𝑅1 𝐼1 car elle proportionnelle au
courant enlacé par le circuit magnétique, donc à 𝐻 d’après le théorème d’ampère.

Le cycle d’hystérésis diffère légèrement de celui obtenu en régime statique (cf. les croisements de la
courbe sur les axes d’origine) car la tension 𝑈𝑌 , proportionnelle au flux, n’est plus dû uniquement à
l’aimantation statique de la carcasse du transformateur14. Le matériau étant conducteur, il est le siège
de courants induits résultant du champ variable à la fréquence du secteur et ces courants participent
au flux résultant, ce qui conduit à un élargissement du cycle par rapport au cas statique. On limite cet
effet en pratique en fabriquant les carcasses de transformateurs avec des tôles feuilletées. La présence
d’un vernis isolant électrique déposé sur chaque tôle permet de limiter la circulation des courants de
Foucault, et donc de réduire la taille du cycle d’hystérésis en alternatif par rapport au même circuit
massif. L’échauffement s’en trouvant diminué, cela améliore le rendement par diminution des pertes
fer et donc le dimensionnement des inductances, transformateurs ou machines qui les utilisent.

Pertes par hystérésis :


On peut les estimer en calculant l’aire du cycle. La puissance perdue par le
transformateur sur un cycle complet effectué à la fréquence du secteur15 s’en déduit par la relation
(cf. [7], p. 484) :

𝑃(𝑊) = 𝐴𝑖𝑟𝑒𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒 × 50 𝐻𝑧 × 𝑆 × ℓ

L’aire s’obtient avec la fonction intégration du logiciel. La syntaxe est indiquée dans la dernière ligne
de la feuille de calcul sur la figure précédente (les deux derniers chiffres correspondent aux bornes
d’intégration ; on a pris des valeurs supérieure aux extrémums de 𝐻 pour être sûr de calculer l’aire
totale16). Nous avons obtenu 𝐴𝑖𝑟𝑒𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒 = 1068 avec le transformateur proposé pour une tension
d’alternostat d’environ 220 V. Le calcul de la puissance donne 𝑃𝐻 = 1068 × 50 × (0,039)2 ×
0,48 = 39 𝑊. Pour vérifier ce résultat, nous avons mesuré la puissance consommée par le
transformateur dans les conditions de l’expérience à l’aide d’un wattmètre inséré après la résistance
R1 et obtenu 43,6 W. L’écart entre les deux valeurs est dû au fait que les pertes mesurées sur le cycle
d’hystérésis correspondent à celles dans la carcasse (pertes « Fer ») alors que la mesure au Wattmètre
prend aussi en compte la dissipation par effet Joule dans le bobinage du primaire17 (pertes « Cuivre »).
On peut corriger le deuxième résultat en mesurant la résistance de la bobine ainsi que le courant
circulant en son sein (prendre un ampèremètre RMS vu la forme du signal). On a obtenu 𝐼1 =
1,25 𝐴, 𝑅1 = 2,5 𝛺 d’où 𝑃𝐶𝑢 = 𝑅1 𝐼12 = 3,9 𝑊. Si on retranche ces pertes à la puissance consommée,
on obtient une puissance de 39,7 W plus proche de la valeur mesurée sur le cycle d’hystérésis (moins
de 2 % d’écart).

Remarque :
On peut terminer cette partie en étudiant les conséquences de l’ajout d’un petit entrefer
dans le circuit ferromagnétique. Pour ce faire, on intercale quelques feuilles de papiers entre les deux
parties du transformateur démontables. On refait ensuite des cycles d’hystérésis mais en augmentant
progressivement la tension d’alimentation. L’entrefer modifie profondément le résultat. Le courant

14
Les croisements de la courbe sur les axes d’origine ne correspondent donc plus au champ rémanent et au champ
coercitif.
D’où le choix d’une durée d’acquisition de 20 ms (on peut en fait prendre des multiples de 20 ms mais il faut alors
15

modifier l’expression de P).


16
Prendre des limites plus larges simplifie la tâche (pas besoin de chercher les valeurs max) et on a vérifié que cela ne
modifiait pas le résultat.
17
On a vu qu’on pouvait négliger les pertes Joules au secondaire avec les valeur de 𝑅2 et 𝑅3 .

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

au primaire est nettement plus fort pour une tension donnée (𝐻 plus grand), il est plus proche d’une
sinusoïde et le cycle se rapproche d’une droite (relation 𝐵(𝐻) plus linéaire). Ces observations sont à
mettre en relation avec l’étude menée au préalable sur l’électroaimant (perméabilité magnétique de
l’air plus faible comparé au ferro, donc entrefer « µ𝑟 fois plus important »). C’est pour cette raison
que les faces des blocs de transformateurs destinées à être mise en contact sont polies.

VII.3 Expérience de Barkhausen


[4], p.188 ; [7], p. 491

L’hystérésis magnétique des matériaux ferromagnétiques est une conséquence de l’irréversibilité du


déplacement des parois entre domaines d’aimantation uniforme. Le déplacement discontinu de ces
parois peut être mis en évidence par l’expérience de Barkhausen.

Manipulation :

HP
A B Amplificateur de
puissance
MATELCO

A : aimant Ticonal en U
B : bobine cylindrique avec un noyau ferromagnétique
Amplificateur de puissance : gain préampli → 100

On déplace dans un premier temps l’aimant à proximité de la bobine sans son noyau. On ajuste alors
le gain des graves pour éliminer les bruits de la membrane liés aux phénomènes d’induction que l’on
provoque en bougeant l’aimant. On refait ensuite la même manipulation en plaçant le noyau
ferromagnétique dans la bobine et on joue sur le filtre des aigus jusqu’à entendre des petits
crépitements. Ceux-ci sont dus à l’aspect irrégulier et discontinu du déplacement des parois de Bloch.
Les variations d’aimantation dans le noyau ferromagnétique dues au déplacement de l’aimant
permanent font apparaitre des f.é.m. induites très brèves dans la bobine (impulsions électriques), d’où
un son haché.

VII.4 Influence de la température


L’aimantation d’un matériau ferromagnétique
décroit lorsqu’on augmente la température. Le ferromagnétisme disparaît au-dessus d’une certaine
température TC (température de Curie) variable selon les corps et le matériau devient alors
paramagnétique. On peut mettre en évidence cette transition Ferro-Para avec le fer.

Manipulation :
[8], p. 326
[2], p. 215

On se contente d’une manipulation qualitative car la transition a lieu vers 800 °C, ce qui pose des
problèmes pour mesurer la température (le capteur doit pouvoir supporter une telle valeur). On
observe donc le comportement d’un clou en fer mis en présence d’un aimant lorsqu’on le chauffe.

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Fil en
Coupelle acier
réfractaire
Clou
Aimant en fer

Camping-gaz

Le fer est ferromagnétique lorsque 𝑇 < 770 °𝐶 → il est fortement attiré par les champs fort donc il
se colle à l’aimant. Ce faisant, il se retrouve juste au-dessus de la flamme qui échauffe alors sa
température. Le fer devient paramagnétique lorsque 𝑇 = 𝑇𝐶 = 770 °𝐶. Il est encore attiré par l’aimant
mais la force d’attraction vers l’aimant qu’il subit est très inférieure à celle qui existait lorsque le
matériau était ferromagnétique (cf. valeur de χ). Elle n’est plus suffisante pour compenser le couple
de rappel du au fil en acier et le clou se détache pour se remettre à la verticale du point de fixation du
fil. Le clou se refroidit, il redevient ferromagnétisme, se recolle à l’aimant et ainsi de suite (on a un
oscillateur de relaxation).

VIII COMPORTEMENT MAGNETIQUE D’UN SUPRACONDUCTEUR


La caractéristique
la plus connue des supraconducteurs est le fait que leur conductivité est infinie en-dessous d’une
certaine température critique 𝑇𝐶 . Il en résulte que le champ électrique est nul dans le matériau. Une
autre propriété qui distingue un supraconducteur d’un conducteur parfait est la nullité du champ
magnétique 𝐵 à l’intérieur du matériau, ce qui en fait un matériau diamagnétique parfait. Le fait qu’un
champ magnétique ne puisse pas pénétrer dans le volume d'un supraconducteur a des conséquences
étonnantes. La plus spectaculaire est la lévitation d’un aimant au-dessus de sa surface lorsqu’il est
maintenu à une température inférieure à 𝑇𝐶 .

VIII.1 Manipulation
On utilise un matériel spécifique de chez Leybold. L’aimant et
le supraconducteur sont fragiles donc ils doivent manipulés avec précaution !

Aimant
Azote liquide
Supraconducteur

On verse de l’azote liquide dans le récipient jusqu’à ce que le niveau affleure l’échantillon
supraconducteur puis on pose l’aimant sur le supra. Il se met à léviter lorsque la température du supra
est suffisamment basse. Si on laisse l’azote s’évaporer suffisamment longtemps, la lévitation disparaît
car l’échantillon n’est plus assez froid. On met ainsi en évidence l’existence d’une température
critique au-dessus de laquelle l’état supraconducteur disparaît. Il serait intéressant de mesurer
l’évolution de la résistance de l’échantillon en cours de manipulation mais ce n’est pas possible avec
le dispositif employé.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VIII.2 Explications
[7], chapitre 27
Comme on l’a signalé, un supraconducteur a pour propriété essentielle la répulsion des lignes de
champ à l’extérieur du matériau (effet Meissner) qui conduit à avoir :

⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0
𝐵

VIII.2.1 Première conséquence


La relation de continuité de la composante
normale de 𝐵 à la traversée d’une interface est donnée dans le cas général par la relation
⃗ 𝑒𝑥𝑡 − 𝐵
𝑛⃗𝑒𝑥𝑡 . (𝐵 ⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0), elle devient :
⃗ 𝑖𝑛𝑡 ) = 0. Dans le cas d’un supraconducteur (𝐵

⃗ 𝑒𝑥𝑡 = 0
𝑛⃗𝑒𝑥𝑡 . 𝐵

→ Les lignes de champ à l’extérieur du matériau sont tangentes à sa surface.

VIII.2.2 Mise en présence avec un champ magnétique


En présence d’un
champ extérieur 𝐵 ⃗ 0, le supraconducteur réagit en créant un champ 𝐵
⃗ 𝐶 permettant de réaliser la
⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0. On a donc :
condition 𝐵

𝐵 ⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0
⃗0+ 𝐵 Soit ⃗ 𝐶 𝑖𝑛𝑡 = − 𝐵
𝐵 ⃗0

Pour ce faire, des courants surfaciques prennent naissance à la surface du matériau (dans un supra,
les courants volumiques sont nuls ; cf. [7], p. 512). L’expression de ces courants s’obtient à partir de
la relation de discontinuité de la composante tangentielle de B à l’interface supra-milieu extérieur :

⃗ 𝑒𝑥𝑡
𝑛⃗𝑒𝑥𝑡 ⋀𝐵
⃗ 𝑒𝑥𝑡 − 𝐵
𝑛⃗𝑒𝑥𝑡 ⋀(𝐵 ⃗ 𝑖𝑛𝑡 ) = 𝜇0 𝐽𝑆 → 𝐽𝑆 =
𝜇0

⃗ 𝑒𝑥𝑡 correspond à la composante tangentielle du champ ; c’est en accord


Le produit vectoriel 𝑛⃗𝑒𝑥𝑡 ⋀𝐵
avec le caractère surfacique des courants.

VIII.2.3 Conséquence sur l’aimant


L’aimant, de forme cylindrique, est
aimanté perpendiculairement aux surfaces circulaires. Il est équivalent, comme source de champ
extérieur, à une boucle de courant cylindrique :


𝐵 𝜇
Équivalent à
I

Le moment dipolaire magnétique d’une telle boucle est 𝜇 = 𝑆. 𝐼 ; le champ rayonné par un tel dipôle
à l’allure suivante :

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

⃗ 𝑒𝑥𝑡 = 𝐵
𝐵 ⃗𝜇 + 𝐵
⃗ 𝐶 𝑒𝑥𝑡
⃗𝜇
𝐵
⃗ 𝐶 𝑒𝑥𝑡
𝐵

⃗𝜇
𝐵 𝐽𝑆

⃗ 𝐶 𝑖𝑛𝑡 = −𝐵
𝐵 ⃗𝜇 ⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0
𝐵

La force qui s’exerce sur l’aimant est celle que subit un dipôle magnétique dans un champ extérieur
(cf. [10], p. 368) :

⃗𝑧
𝜕𝐵 𝜕𝐵𝑒𝑥𝑡 𝜕(𝐵𝜇 + 𝐵𝐶 𝑒𝑥𝑡 )
𝐹=𝜇 =𝜇 𝑒𝑧 = 𝜇 𝑒𝑧
𝜕𝑧 𝜕𝑧 𝜕𝑧

C’est cette force qui compense le poids de l’aimant.

VIII.2.4 Remarques
Le champ magnétique à l’intérieur du matériau s’obtient
toujours à partir de l’expression générale 𝐵 ⃗ = 𝜇0 (𝐻
⃗ +𝑀
⃗⃗ ). Cette expression s’écrit dans le cas d’un
supraconducteur : 𝐵 ⃗ 𝑖𝑛𝑡 = ⃗0 = 𝜇0 (𝐻
⃗ 𝑖𝑛𝑡 + 𝑀
⃗⃗ )

⃗ 𝑖𝑛𝑡 = − 𝑀
→ 𝐻 ⃗⃗

Comme 𝑀 ⃗⃗ = 𝜒𝑚 𝐻⃗ (cf. introduction), on a par conséquent m = - 1 et  = r = 0. D’un point de vue


magnétique, un supraconducteur est donc un diamagnétique parfait.

Dans tout ce qui précède, on a parlé de matériau supraconducteur. Il est en fait plus juste de parler de
matériaux dans l’état supraconducteur. L’état supraconducteur est, au sens thermodynamique, une
phase dans lequel le matériau peut se trouver. Cet état n’est possible que si l’on respecte certaines
conditions. Il faut se situer en dessous d’une certaine température critique 𝑇𝐶 (valeur caractéristique
du matériau considéré) et le matériau ne doit pas être en présence d’un champ magnétique 𝐵0 trop
fort. En effet, l’expérience montre qu’en appliquant un champ magnétique 𝐵0 à un matériau
supraconducteur maintenu à une température inférieure à la température 𝑇𝐶 , on observe que le milieu
retourne à son état normal dès que le champ est supérieur à une valeur critique 𝐵𝐶 caractéristique du
matériau considéré.

VIII.2.5 Quelques éléments de la théorie des supraconducteurs


L’explication
de la supraconductivité trouve son origine dans la mécanique quantique.

Supraconductivité à très basse température :


L’interprétation permettant d’expliquer la
supraconductivité de certains métaux à très basse température repose sur le modèle BCS parce
qu'élaborée en 1957 par Bardeen, Cooper et Schrieffer (ce qui leur valut le prix Nobel en 1972). Dans
un conducteur ordinaire, le courant est transmis grâce au mouvement à travers le réseau d'électrons
indépendants et tous dans des états différents. Ce sont des fermions. Ce mouvement peut être
facilement freiné par des processus de collisions désordonnées entre le nuage d'électrons libres et les
atomes du réseau, produisant ainsi l'effet Joule. La résistance électrique diminue lorsque la

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

température diminue parce que, dans ce cas, les atomes vibrent moins vite et sur des distances plus
courtes. A température absolue nulle, la résistance d'un conducteur ne s'annule pas, car le mouvement
du réseau ne s'annule pas, ce qu'explique la mécanique quantique. Il subsiste l'énergie-zéro ("zéro
point energy"), qui entraîne notamment l'existence d'une résistivité résiduelle de l'ordre de 0,02 10-8
.m. Or la résistivité d'un supraconducteur est inférieure à 10-25 .m. La supraconductivité est
attribuée au pairage d'électrons se produisant à très basse température dans certains matériaux : le
courant est transporté par des ensembles formés de deux électrons qui restent en relation l'un avec
l'autre via les vibrations des atomes du matériau. Toutes les paires sont dans le même état (ce sont
des bosons) : c'est cette cohérence qui empêche la dissipation d'énergie lorsque ces paires sont en
mouvement. Cet appariement entre électron peut s’expliquer de la façon suivante : lorsqu'un électron
(négatif) se déplace à travers certains réseaux, ceux-ci (positifs) se déforment par attraction vers
l'électron. Un autre électron, situé à distance adéquate, voit donc un accroissement de charges
positives, ce qui l'attire et le "lie" en quelque sorte à l'électron cause de déformation. La distance entre
électrons pairés, dite "longueur de cohérence", est grande par rapport aux dimensions du réseau : elle
est de l'ordre de 0,1 m alors que la distance entre ions dans le réseau est de l'ordre de 0.l nm. On en
arrive dès lors à ne plus considérer le mouvement des électrons mais bien des paires d'électrons
("paires de Cooper"). La supraconductivité apparaît lorsqu'il y a synchronisation entre les vibrations
des atomes du réseau et le mouvement des paires, composées de deux électrons de spin et de moments
opposés. Cette synchronisation n'est possible que dans le calme relatif existant à très basse
température. Si la température augmente, l'énergie thermique rompt les liens de pairage, la
synchronisation disparaît et le supraconducteur devient conducteur. Puisque le réseau contribue à la
supraconductivité, il n'est pas étonnant de constater que ce ne sont pas les meilleurs conducteurs qui
deviennent le plus facilement supraconducteurs. En effet, parmi les métaux supraconducteurs à très
basse température, de l'ordre de quelques degrés Kelvin, on trouve notamment le mercure (c’est sur
ce métal que l’effet a été découvert en 1911), l'aluminium, le plomb, le zinc et 1'étain. Par contre le
cuivre, l'or et l'argent ne sont pas supraconducteurs, même à 0,1 K.

Supraconductivité à plus haute température :


En 1986 et 1987, A. Müller et G. Bednorz démontrent
la supraconductivité à température plus élevée en faisant usage d'oxyde de terres rares dans un
mélange lanthane, barium et cuivre. D'autres chercheurs obtiennent ensuite les mêmes propriétés par
des oxydes d’YbaCuO. La théorie expliquant la supraconductivité à très basse température dans les
métaux, ne s'applique pas telle à ce type de matériaux. Il semble que la théorie explicative nécessite
un modèle, déjà esquissé par Bardeen vers 1972, basé sur des couches conductrices entre lesquelles
est intercalée une couche semi-conductrice, polarisable, qui produit une attraction entre paires
d'électrons dans les couches conductrices. On pourrait dire qu'un électron polarise la couche semi-
conductrice, un autre électron tirant avantage de la situation, afin d'obtenir une énergie plus faible
lorsque les deux électrons sont au voisinage l'un de l'autre. Les agents interactifs dans la céramique
sont des électrons manquants, c'est à dire des trous, créés par des électrons absents de la bande de
valence, qui s’apparient et produisent ainsi l'état supraconducteur hautement ordonné. Ce type
d'attraction serait suffisamment fort pour résister aux températures élevées.

IX APPLICATIONS
Elles sont nombreuses (notamment pour les matériaux ferromagnétiques).
On peut citer entre autre la fabrication d’aimants avec des matériaux durs), la réalisation de champs
intenses dans l'air (cf. § III.2), la linéarisation des coefficients d'auto-inductance (cf. [4], p. 61), le
chauffage par induction ([4], p. 491), la pince ampère métrique ([4], p. 503), l'adaptation d'impédance
([4], p. 501), … La difficulté est de faire apparaître le rôle du matériau ferromagnétique. On présente
deux idées de manipulation à titre indicatif mais des expériences intéressantes peuvent aussi être
effectuées sur la pince ampère métrique (demander au professeur).

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IX.1 Force portante d'un électro-aimant


Cette manipulation spectaculaire illustre le
principe des systèmes de levage (dans les casses par exemple).

Montage :
[4], p. 151 I

Transformateur Leybold : en prendre un avec une

U
carcasse de grande section (force portante plus
250 sp I 250 sp
importante). Le suspendre à une potence solide la tête
en bas. I
Alimentation : 30 V / 5 A continu

M = 5 kg
M

On alimente les bobines de 250 spires de façon à ce que leur champ s'ajoute et on mesure le courant
passant dans les bobines à l’aide d’un multimètre (calibre 500 mA) pour. On maintient la pièce polaire
collée au reste de la carcasse du transformateur et on augmente progressivement le courant sans
dépasser le courant que peut supporter le milliampèremètre jusqu'à ce que la pièce polaire reste
"attachée". On diminue ensuite progressivement le courant et on estime sa valeur minimum
permettant le maintien de la pièce polaire et de la masse M. La force portante par unité de surface est
donnée par la relation suivante (cf. [4]) :
1 µ2𝑟 𝑁 2
𝐹 = µ0 2 𝐼 2
2 ℓ
On pourrait être tenté de vérifier cette relation mais comme r dépend de l'excitation, cela s'avère
difficile → cette manipulation est qualitative mais spectaculaire.

IX.2 Réalisation de capteurs

Montage :

Règle

Bobines 1000
spires
Tige d’acier

Support à crémaillère

On alimente la première bobine (à droite sur le schéma) avec un signal sinusoïdal d'environ une
centaine de Hz. On mesure avec un multimètre la tension aux bornes de la bobine exploratrice au fur
et à mesure que la tige de fer à souder rentre dedans puis on trace une courbe d'étalonnage. On peut
ensuite vérifier la reproductibilité et la sensibilité du système.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Berty Fagot Martin : Electricité pratique, Tome I
[2] : Quaranta : Dictionnaire de Physique, Tome II
[3] : Quaranta : Dictionnaire de Physique, Tome III
[4] : Quaranta : Dictionnaire de Physique, Tome IV
[5] : Fleury Mathieu : Electrostatique, Courants continus, magnétisme
[6] : Bertin Faroux Renault : Electromagnétisme 4
[7] : Pérez : Electromagnétisme
[8] : Bruhat : Thermodynamique
[9] : John Taylor : Incertitudes et analyse des erreurs dans les mesures Physiques
[10] : Berkeley : Tome 2

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : PRINCIPE DE LA SONDE A EFFET HALL

On fait passer un courant constant dans un barreau contenant des porteurs de charge (𝒆− ou trou),
lequel est soumis à un champ magnétique. Il apparaît alors une d.d.p. sur les côtés latéraux que l’on
mesure par un voltmètre à très haute impédance d'entrée.

On considère ici une conduction par 𝒆− dans un barreau de dimensions a, b et c. Les électrons
circulant dans le barreau mis en présence du champ 𝑩 sont soumis à la force :

⃗ = −|𝑒|𝑣 ∧ 𝐵
𝐹𝑚𝑎𝑔 = 𝑞𝑣 ∧ 𝐵 ⃗ = 𝐼𝑑𝑙 ∧ 𝐵


𝐵
I +++++++++
𝑣 a
𝐸⃗𝐻 UH

𝐹𝑚𝑎𝑔 - - - - - - - - -
=
c

Elle tend à dévier les porteurs qui s’accumulent sur la face latérale du barreau (figure de droite). Il se
crée alors un champ électrique donc une force à laquelle vont être soumis tous les porteurs de charge
du barreau :

𝐹𝑒𝑙 = 𝑞𝐸⃗𝐻 = 𝑁|𝑒|𝐸⃗𝐻

En régime permanent, les 2 forces se compensent : ‖𝐹𝑚𝑎𝑔 ‖ = ‖𝐹𝑒𝑙 ‖

𝑈𝐻
→ ⃗ ‖ = 𝑁|𝑒|‖𝐸⃗𝐻 ‖
‖𝐼𝑑𝑙 ∧ 𝐵 → 𝐼. 𝑐. 𝐵 = 𝑁|𝑒|
𝑎
𝑈𝐻 se mesure avec un voltmètre à très haute impédance d'entrée pour qu'aucun courant latéral ne soit
admis à circuler.

Remarque :
S'il n’existe qu’un type de porteurs, 𝑁 correspond à la concentration en porteurs de
charges. On peut l’exprimer à partir de la densité de porteur 𝑛 (nombre d’𝑒 − / unité de volume). Si 𝑐
est l'épaisseur du barreau, on a :

𝑈𝐻 𝐼𝐵
𝑁 = 𝑛𝑎𝑏𝑐 → 𝐼𝑐𝐵 = 𝑛𝑎𝐵𝑐|𝑒| d'ou 𝑈𝐻 =
𝑎 𝑛𝑏|𝑒|

S’il existe deux types de porteurs, la formule est plus compliquée car la mobilité des différents
porteurs intervient (cf. montage semi-conducteur), mais les sondes utilisent des semi-conducteurs
judicieusement dopés pour qu’à température ambiante, on n’ait à considérer qu’un seul type de
porteurs. De plus, comme 𝑈𝐻 est inversement proportionnel à la concentration, l’effet Hall est plus
grand dans les semi-conducteur que dans les métaux.

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

METAUX ; MATERIAUX SEMI-CONDUCTEURS

I INTRODUCTION

I.1 Métaux
L'état métallique est défini par ses propriétés électroniques dues à la
liaison métallique qui, contrairement à la liaison covalente ou la liaison ionique, est assurée par des
électrons délocalisés. C’est l’état préféré des éléments chimiques : plus des deux tiers le sont. Dans
le tableau périodique des éléments, la diagonale partant du Bore et allant jusqu'au Polonium sépare
les éléments métalliques (à gauche) des éléments métalloïdes (dont font partie les semi-
conducteurs) et des isolants.

Propriétés physico chimiques communes


Signalons au préalable qu’il
n’y a aucune propriété totalement partagée par l’ensemble des métaux. Il existe des points communs
mais il y a souvent des exceptions. Les métaux sont en général des solides cristallins (le mercure est
toutefois une exception notable puisqu'il est le seul métal à l'état liquide dans les conditions
normales) malléables et ductiles. Ils reflètent la lumière (éclat métallique) sauf lorsqu'ils se
recouvrent d'oxyde et ils conduisent bien la chaleur et l'électricité (mais pas tous). La principale
raison à la bonne conduction de l’électricité par ces matériaux vient de la liaison métallique : les
atomes forment des structures 3D, les mailles, qui se répètent. A l'intérieur, des électrons à peu près
libres circulent dans un réseau de cations. A une conductivité électrique élevée est associée une
bonne conductivité de la chaleur. Les propriétés magnétiques des métaux sont diverses :
diamagnétisme, paramagnétisme, ferromagnétisme, antiferromagnétisme. Aucune de ces propriétés
n’est donc une caractéristique intrinsèque à l’état métallique.

Approche Quantique
Elle permet de préciser la différence entre métaux,
isolants et semi-conducteurs. L’influence périodique du réseau d’ions positifs sur le mouvement des
électrons (électrons « quasi libres » soumis à un potentiel périodique en opposition au modèle des
électrons dits « libres », soumis à un potentiel constant) conduit à la notion de structure de bandes
d’énergies permises ou interdites pour les électrons. Les électrons étant des fermions (particules de
fonction d’onde antisymétrique, nombre quantique de spin demi entier et obéissant par conséquent
au principe d’exclusion de Pauli), la probabilité d’occupation p(E) d’un niveau d’énergie E dans
cette structure de bande est donnée par la statistique de Fermi Dirac :

1
𝑝(𝐸) =
𝐸−𝜇
1 + 𝑒𝑥𝑝 ( )
𝑘𝑇

Ou μ est le potentiel chimique, appelé aussi niveau de Fermi (cf. remarque ci-après).

Cette fonction est en forme d’échelon à T = 0 K. Pour des températures de l’ordre de l’ambiante,
elle continue de varier brusquement autour de μ dans un intervalle d’énergie d’environ 2.k.T assez
faible (kTamb ≈ 25 meV) → seule une faible fraction d’électrons peut être excitée thermiquement
depuis des états situés juste en dessous du niveau de fermi vers les états situés juste au-dessus.

Distinction métal, isolant, semi-conducteur :


Elle est liée à la position du niveau de Fermi par

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

rapport aux bandes d'énergie autorisées aux électrons comme on peut le voir sur le schéma suivant
(on a aligné les niveaux de Fermi pour simplifier et dilaté l’intervalle 2kT pour plus de visibilité) :
E E E
0,5 1
0 0 0
p(E)

μ
≈ ± 2kT

Métal SC Isolant Métal SC Isolant

T=0K T≠0K

Le niveau de Fermi μ se situe entre la bande de valence (dernière bande permise totalement remplie
à 0 K) et la bande de conduction (première bande permise inoccupée ou partiellement remplie à 0
K) pour les isolants et les semi-conducteurs alors qu’il est dans la bande de conduction pour un
métal. Il faut donc peu d'énergie pour exciter un métal : les électrons dans le haut de la bande de
conduction disposent de places vides proches en énergie qu’ils peuvent venir occuper sous l’action
d’un champ électrique pour participer à un courant. Les isolants et les semi-conducteurs ayant leur
niveau de Fermi dans une bande interdite, les bandes permises à 0 K sont soit entièrement pleines,
soit entièrement vides → elles ne permettent pas la conduction électrique a cette température car les
électrons ne disposent pas de places vacantes proches en énergie. Pour T > 0K, l’agitation
thermique peut envoyer des électrons de la bande de valence vers la bande de conduction, créant
ainsi des électrons de conduction et des places vides en même quantité dans la bande de valence
(processus de création de paires électrons-trou). Cela n’est possible que si le « gap » à franchir entre
les deux bandes n’est pas trop important par rapport à kT. La distinction entre isolant et semi-
conducteur est donc liée à la hauteur de cette « barrière ». Le gap très élevé des isolants (3 eV ou
plus) empêche la création de paires électrons trou et donc la conduction électrique alors que le gap
moins important des semi-conducteurs (≈ 1 eV voire moins) le permet. Les électrons dans les deux
bandes disposent alors de places vides facilement accessibles et l’application d’un champ électrique
permet la conduction dans les deux bandes (conduction par électrons dans la bande de conduction et
par trou dans la bande de valence). La conduction dans les semi-conducteurs est moins forte que
dans les métaux car le nombre de porteurs est nettement plus faible (il y a peu de places vides dans
la bande de valence et peu d’électrons dans la bande de conduction).

Remarque :
Il ne faut pas confondre niveau de Fermi μ et énergie de fermi EF. L’étude de la
statistique de Fermi Dirac à T = 0 K appliquée à un métal permet de définir l’énergie de Fermi :
c’est l’énergie maximale des électrons à 0 K → EF = μ à T = 0 K pour un métal. Cette définition
pose un problème dans le cas des isolants et des semi-conducteurs car l’énergie de fermi devrait
alors correspondre à l’énergie EV du haut de la bande de valence. On préfère dans ce cas revenir à la
notion plus générale de potentiel chimique, ou niveau de Fermi, μ. La position de ce niveau
s’obtient alors en intégrant la densité d’état D(E) (cf. [11], ch. 2 ou [5], ch. 6 pour plus de précision
sur cette notion) multipliée par le facteur d’occupation p(E) de chacun de ces états (la statistique de
Fermi Dirac) et en écrivant que le résultat doit correspondre au nombre total d’électrons dans le
système. On peut alors montrer (cf. [11], ch. 28 et [7], ch. 8) qu’il se situe pratiquement au milieu
de la bande interdite pour les isolants et les semi-conducteurs purs.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2 Semi-conducteurs
Les semi-conducteurs sont donc des matériaux dont la
conductivité est intermédiaire entre celles des isolants et des conducteurs. Elle peut varier sur
plusieurs ordres de grandeur sous l'effet de la température et/ou de l'éclairement. Un autre facteur
modifiant fortement la conductivité est la présence d'impuretés (dopage). Le dopage consiste à
ajouter en faible proportion des atomes d’une valence supérieure (donneurs d’électrons) ou
inférieure (accepteurs d’électrons) à celle du substrat. On favorise ainsi une conduction par
électrons (SC de type N) ou par trous (SC de type P). Le dopage se manifeste sur la structure de
bandes du matériau par l’apparition d’un nouveau niveau d’énergie proche de la bande de
conduction (type N) ou de la bande de valence (type P) et un relèvement (type N) ou un
abaissement (type P) du niveau de Fermi du cristal :

Ec Ec
Ed Ei

μ
Eg Eg
μ
Ea
Ei
Ev Ev

Energie d'ionisation des impuretés (donneurs et accepteurs) : ≈ 10 meV

A T = 0 K, la bande de conduction est vide d'électrons, la bande de valence est pleine, et les atomes
dopants sont neutres : le matériau est isolant. Quand la température augmente, les impuretés
s’ionisent en premier en libérant des électrons dans la bande de conduction (donneurs) ou en
capturant des électrons de la bande de valence (accepteurs), y créant ainsi des trous. Lorsque toutes
les impuretés sont ionisées, la concentration en porteurs libres devient constante et la conduction est
principalement assurée par des électrons dans la bande de conduction (SC de type N) ou par des
trous dans la bande de valence (SC de type P) : on est en régime extrinsèque de conduction
(propriétés gouvernées par les impuretés). C’est le domaine d’utilisation du semi-conducteur. A
plus haute température, des atomes du substrat s’ionisent à leur tour par agitation thermique créant
des paires électron-trou. Très vite, ces nouvelles charges dépassent en nombre celles apportées au
préalable par les impuretés (on rappelle que le nombre d’atomes dopants est très faible par rapport
aux atomes du substrat) et on passe en régime intrinsèque de conduction. Le rôle des impuretés
devenant négligeable, on peut exprimer (cf. [7], p. 175) la concentration en porteurs à partir des
concentrations intrinsèques ni en électrons dans la bande de conduction et pi en trous dans la bande
de valence (μi représente le niveau de fermi intrinsèque du substrat non dopé) :
3/2
1 (𝐸𝐶 −𝜇𝑖 ) 2𝜋𝑚𝑛* 𝑘𝑇
𝑛𝑖 = 𝑁𝐶 ≈ 𝑁𝐶 𝑒 − 𝑘𝑇 avec 𝑁𝐶 = 2 ( )
𝐸 − 𝜇𝑖 ℎ2
1 + 𝑒𝑥𝑝 ( 𝐶 )
𝑘𝑇
3/2
1 (𝐸𝑉 −𝜇𝑖 ) 2𝜋𝑚𝑝* 𝑘𝑇
𝑝𝑖 = 𝑁𝑉 ≈ 𝑁𝑉 𝑒 + 𝑘𝑇 avec 𝑁𝑉 = 2 ( )
𝜇 − 𝐸𝑉
1 + 𝑒𝑥𝑝 ( 𝑖 ) ℎ2
𝑘𝑇

Remarques :
Compte tenu du gap des semi-conducteurs usuels et de la position du niveau de Fermi
(cf. remarque du § 1.1.2), il est facile de vérifier qu’on a EC – μi et μi - EV >> kT aux températures

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

usuelles → on peut remplacer la statistique de Fermi Dirac par celle de Boltzmann.


Les masses m* sont des masses effectives ; elles rendent compte du fait que les
porteurs de charges ne sont pas dans le vide mais dans un cristal. Elles tiennent compte de l’action
de la structure cristalline sur la particule (cf. [7], p. 46, [10], p.27).

Du fait de la neutralité électrique du semi-conducteur, les densités intrinsèques ni et pi sont égales et


on a :
1 1 𝐸𝐶 −𝐸𝑉 1 𝐸𝑔
𝑛𝑖 = 𝑝𝑖 = (𝑛𝑖 𝑝𝑖 )2 = (𝑁𝐶 𝑁𝑉 )2 𝑒 − 2𝑘𝑇 = (𝑁𝐶 𝑁𝑉 )2 𝑒 −2𝑘𝑇

Si on représente l’évolution du logarithme des densités en porteurs de charge en fonction de 1/T, on


obtient en pratique les courbes suivantes :
Log n Log p

Ec + Ec
Ed P Ec + Ec 0 Ec Ec
Ed P Ed P
Ea B -
Ev Ev Ea B - Ea B0
Ev Ev Ev Ev
n  ni n = ND p ≈ pi p = NA
épuisement du saturation du
intrinsèque ionisation intrinsèque ionisation
niveau donneur niveau accepteur
1/T 1/T

La partie intrinsèque est une droite alors que les concentrations dépendent de la température à
travers de (NC NV)1/2 et du terme exponentiel → c’est donc l’exponentielle qui fixe la loi de
variation dans cette partie. La conductivité du matériau se déduit de la concentration en porteurs de
charges par la relation suivante (cf. § III.1.4) :
 = n(T) .q. (T)
(.m)-1 = m-3.C.ms-1/Vm-1
Ou  représente cette fois ci la mobilité des porteurs de charge sous l’effet du champ électrique
appliqué (cf. [7], p. 202). Dans la partie intrinsèque de la conductivité, le terme dominant est encore
le terme exponentiel, les autres facteurs ayant une variation plus lente en température. Dans le
plateau extrinsèque (zone d’épuisement des donneurs ou de saturation des accepteurs), c’est
l’évolution de la mobilité des porteurs en fonction de T qui gouverne la conductivité σ. Celle-ci
ayant tendance à diminuer lorsque la température augmente, la résistivité  = 1 / présente donc
l’évolution suivante :
Ln()
Plateau
extrinsèque

pente
1/T

I.3 Effet Hall


Lorsqu’un échantillon conducteur est placé dans un champ magnétique
B // Oz et qu’il est parcouru par un courant I longitudinal // Ox, il apparaît un champ électrique
transversal // Oy, dit champ de Hall : chaque porteur du courant électrique est soumis à la force

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

magnétique de Lorentz 𝐹⃗ = 𝑞𝑣⃗ ∧ 𝐵 ⃗⃗ qui tend à les dévier sur la face latérale du barreau créant ainsi
le champ électrique 𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 et une force électrique 𝑞𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 parallèle à 𝑦⃗. En régime permanent, les
deux forces se compensent exactement et les trajectoires des porteurs redeviennent parallèles à 𝑥⃗ :
C C
+++++++++++++++++ - - - - - - - - - -------
⃗⃗
𝐵 𝑞𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 ⃗⃗
𝐵 𝑞𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙
I I 𝑣⃗
𝑣⃗ _ 𝐸⃗⃗𝐻 + 𝐸⃗⃗𝐻
𝑞𝑣⃗ 𝑞𝑣⃗
⃗⃗
𝑞𝑣⃗ ∧ 𝐵 ⃗⃗
𝑞𝑣⃗ ∧ 𝐵
𝑦⃗ - - - - - - - - - ------- +++++++++++++++++
- D D
𝑥⃗
Le raisonnement peut se faire avec n’importe quel type de charges (électrons ou trous). On voit
tout de suite sur les schémas qu’elles vont être déviées dans le même sens (car q et 𝑣⃗ s’inversent
donc les effets se compensent). En revanche, leur signe étant opposé, le champ de Hall change
de sens et la tension de Hall change de signe.

Expressions EHall , UHall :


On considère un échantillon de longueur L, de largeur l et d’épaisseur e.
On a 𝑞𝑣⃗ ∧ 𝐵 + 𝑞𝐸𝐻𝑎𝑙𝑙 = ⃗0⃗ en régime permanent → 𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 = − 𝑣⃗ ∧ 𝐵
⃗⃗ ⃗⃗ ⃗⃗. Soient n la densité de
porteurs, q leur charge algébrique et 𝑣⃗ leur vitesse limite moyenne (ou vitesse de dérive) acquise
sous l’effet du champ de conduction 𝐸⃗⃗𝑐𝑜𝑛𝑑 . La densité de courant 𝑗⃗ dans la section S = ℓ.e du cristal
vaut alors :
𝐼 𝐼
𝑗⃗ = 𝑥⃗ = 𝑥⃗ = 𝑛𝑞𝑣⃗
𝑆 𝑙𝑒

𝑗⃗ 𝐼 𝐼𝐵 𝐸𝐻𝑎𝑙𝑙 𝐼𝐵
→ 𝑣⃗ = = 𝑥⃗ → 𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 = 𝑦⃗ 𝑑 ′ 𝑜𝑢 𝑈𝐻𝑎𝑙𝑙 = 𝑉𝐷 − 𝑉𝐶 = =
𝑛𝑞 𝑛𝑞𝑙𝑒 𝑛𝑞𝑙𝑒 𝐼 𝑛𝑞𝑒

Les formules obtenues pour 𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 et UHall confirment le changement de signe car q est une grandeur
algébrique → La mesure de UHall donne ainsi directement accès à la fois au type de porteurs (par
son signe) et à leur concentration n (par sa valeur).

Remarque :
On notera que plus la concentration en porteurs est élevée, plus l'effet Hall est petit. Or
n est de l’ordre de 1028 e-/m3 pour les métaux contre 1015 à 1024 e-/m3 pour les semi-conducteurs (en
tenant compte du dopage) → l’effet est donc au minimum 10 000 fois inférieur dans les
métaux ! → Il existe donc aussi dans les métaux mais la tension de Hall est très faible et difficile à
mesurer. Une autre façon d’appréhender cette différence est de raisonner sur la vitesse de dérive des
porteurs : pour un même courant I traversant une même section (même 𝑗⃗), cette vitesse sera d’autant
plus basse que la densité de porteurs n est grande (𝑗⃗ = 𝑛𝑞𝑣⃗) → le champ de Hall 𝐸⃗⃗𝐻𝑎𝑙𝑙 = − 𝑣⃗ ∧ 𝐵 ⃗⃗
sera alors d’autant plus faible. Les porteurs dans un métal étant très nombreux, leur vitesse de
dérive est donc nettement plus petite que dans les semi-conducteurs à densité de courant égale et
l’effet Hall dans les métaux est donc plus faible.

II EXPERIENCE D’INTRODUCTION : VARIATION DE  AVEC T


La dépendance de la
résistivité vis-à-vis de la température est une différence fondamentale entre un métal et un semi-
conducteur et peut facilement être mise en évidence.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
On peut prendre une résistance de Platine et une thermistance CTN et comparer la
valeur de leur résistance pour deux températures différentes (à la température ambiante et dans de
l’eau chaude par exemple). La résistance doit augmenter avec la température dans le cas du platine
alors que c’est l’inverse pour la thermistance CTN (pourquoi à votre avis ?). On peut remplacer la
CTN par un échantillon de silicium ou de germanium comme celui utilisé au § IV. On peut alors
élever sa température en le chauffant simplement avec un sèche-cheveux ou par contact avec les
mains. Comme autre métal possible, on peut utiliser une lampe à filament de tungstène : on
commence par mesurer avec un ohmmètre la résistance de la lampe à la température ambiante. On
peut ensuite utiliser le montage suivant pour mesurer sa résistance lorsqu’elle produit de la lumière
(la température du filament est alors plus forte) :
Alternostat
A

A : commencer sur le calibre 10 A ! Secteur Lampe V

On ajuste la tension délivrée par l'alternostat pour avoir un éclairement conséquent mais non
excessif. On mesure U et I pour en déduire la résistance de la lampe à haute température pour
comparer l'évolution par rapport à la température ambiante.

III EXPERIENCES SUR LES METAUX

III.1 Caractéristiques électriques

Mesure de la conductivité du cuivre


Se reporter au montage
« Phénomènes de transport », § II.1. On dispose aussi d’une barre d’aluminium permettant de faire
une mesure similaire. On peut comparer les résultats obtenus à la littérature (cf. Handbook à «
Electrical Résistivity »).

Variation de la résistivité avec la température


Par nature, un métal voit
sa résistance augmenter avec la température. C’est là une différence fondamentale avec les semi-
conducteurs. Se reporter à l’expérience du § II.

Application :
On peut mettre à profit cette dépendance pour réaliser un capteur de température. Se
reporter au montage « Thermométrie » pour plus de précision à ce sujet.

Concentration en porteurs
On a vu au § I.3 que la mesure de la tension
de Hall permet de déterminer la nature des porteurs du courant électrique et leur concentration.

Dispositif d’étude :
On utilise une plaquette de chez Leybold sur laquelle se trouve un ruban
d’argent de dimension L = 65 mm, l = 20 mm et e = 0,05 mm. Deux fiches permettent de faire
circuler un courant longitudinal I. Deux autres fiches permettent la mesure de la tension transversale
UHall. Cette tension étant extrêmement faible, un potentiomètre P permet d’annuler, lorsque le

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

courant circule en l’absence de champ magnétique, la chute de tension longitudinale liée à


l’alignement imparfait des contacts sur une même équipotentielle :
I
Électroaimant

l Ag

Vue de face Vue de profil

La tension de hall étant proportionnelle à I, on a intérêt à avoir un courant longitudinal le plus fort
possible. Le constructeur du dispositif indique qu’il peut supporter jusqu’à 20 A → prendre une
alimentation pouvant débiter au moins 15 A. A Rennes, prendre l’alimentation Pierron servant
habituellement pour l’électroaimant. Etant donné la valeur du courant, on le mesurera à l’aide d’une
pince ampère métrique.

Production du champ B :
Prendre un électroaimant avec des pièces polaires suffisamment larges
pour produire un champ ≈ homogène sur l’ensemble du ruban d’argent. Ajustez l’entrefer au
minimum pour avoir un champ le plus fort possible. A Rennes, prendre le gros électroaimant avec
les pièces plates (vérifiez la fixation des pièces). On l’alimentera avec un courant d’environ 10 A
(alimentation ELC AL 924A par exemple).

Mesure de UHall :
La tension est de l’ordre de 10 μV → cette expérience est impossible à exploiter
si on ne dispose pas d’un appareil suffisamment sensible. L’idéal consiste donc à utiliser un
microvoltmètre. A défaut, on peut utiliser un multimètre possédant au moins 6 ½ Digits et
permettant de moyenner les mesures. A Rennes, prendre le Keithley 2000 allumé depuis au moins
30 minutes. Utilisez des fils courts pour le connecter au ruban et éloigner le des différentes
alimentations pour minimiser les parasites électromagnétiques.

Manipulation :
Placez le dispositif Leybold dans l’entrefer de l’électroaimant. Vérifiez avec un
teslamètre qu’il n’y a pas de champ magnétique. Mesurez la tension aux bornes latérales de
l’échantillon avec le Keithley 2000 sur son calibre le plus faible (choisir la vitesse de mesure la plus
lente : RATE → SLOW). Alimentez progressivement le ruban d’argent (calibre 80 V ; 20 A sur
l’alimentation Pierron ; ne pas faire saturer l’alimentation, opération délicate !). Opérez avec
un courant continu compris entre 15 et 20 A. Jouez sur le potentiomètre P de la plaquette pour
annuler au mieux la tension parasite sur le voltmètre due à l’alignement imparfait des contacts. Ne
pas y passer trop de temps car le Keithley permet une mesure relative → faire le zéro avec la
fonction REL de l’appareil. Alimentez alors l’électroaimant avec un courant continu d’environ 10 A
puis lancez une mesure de UHall moyennée sur 50 acquisitions (fonction STORE). Lorsque
l’acquisition est terminée, mesurez le champ B avec un teslamètre. Arrêtez progressivement le

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

champ B, mesurez le courant I circulant dans le ruban avec la pince ampère métrique (faire le zéro
au préalable) puis arrêtez le progressivement (ne pas laisser circuler ce courant trop
longtemps).

Résultats :
Vérifiez que le signe de la tension que vous mesurez, compte tenu de l’orientation de i
et B, est en accord avec des charges négatives → le transport du courant dans un métal est assuré
par des électrons. Calculez la concentration en porteurs par la relation du § I.3. Voici à titre indicatif
le résultat d’une série de mesure :

I (A) 17 18,2 16,8


B (mT) 523 524 525
UHall (μV) - 21,24 - 19,01 -16,86
n (e-/m3) 5,23 1028 6,27 1028 6,54 1028

Comparaison avec la valeur attendue :


L’argent cristallise dans le système CFC. Il y a donc 4
atomes par maille en moyenne. Chaque atome d’argent cède un électron dans le métal. Le
paramètre de maille de l’argent vaut aAg = 4,0862 Å. On a donc :
𝑛é/𝑚𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑛𝑎𝑡𝑜𝑚𝑒𝑠/𝑚𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 4
𝑛𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 = = 3 = → 𝑛𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 = 5,86.1028 𝑒 − /𝑚3
𝑉𝑚𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑎𝐴𝑔 (4,086210−10 )3

Les résultats obtenus concordent avec cette valeur, l’ordre de grandeur est respecté. On constate une
certaine dispersion dans les résultats mais ce n’est guère étonnant. Le multimètre est notamment
utilisé dans le bas de sa gamme → la précision sur la mesure de UHall n’est donc pas très bonne.
Faites le calcul d’incertitude.

Mobilité des porteurs


La détermination de la concentration en porteurs
d’un matériau associée à la mesure de sa conductivité permet d’en déduire la mobilité μ des
porteurs. On a vu (cf. § I.3) que :

𝑗⃗ = 𝑛𝑞𝑣⃗𝑑 𝑛. 𝑞. 𝑣𝑑 𝑣𝑑 𝜎 1
→ 𝜎= = 𝑛. 𝑞. 𝜇 on a donc 𝜇 = = =
Or 𝑗⃗ = 𝜎𝐸⃗⃗ loi d’ohm locale 𝐸 𝐸 𝑛. 𝑞 𝑛. 𝑞. 𝜌

Il aurait donc été intéressant de mesurer ρ et n pour le même métal afin d’en déduire μ. L’argent et
le cuivre ont cependant des valeurs de ρ et n assez proches, qui sont typiques de la plupart des
métaux et c’est surtout l’ordre de grandeur qui compte. On a (cf. [11], chapitre I) :

ρCu = 1,56 μ.cm nCu= 8,47 1028 m-3 → μCu = 4,7 10-3 m2/V.s
ρAg = 1,51 μ.cm nAg= 5,86 1028 m-3 → μAg = 7,06 10-3 m2/V.s

Si on compare ces mobilités à celles des porteurs de charge dans un semi-conducteur (cf. § IV.1.3
ou [5], P. 201), on s’aperçoit alors contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, qu’elles sont
nettement plus faibles. La meilleure conductivité des métaux est donc surtout due à la concentration
en porteurs plus élevée (≈ un milliard de fois plus importante que dans le Germanium, ≈ 1012 fois
plus que dans le silicium) qui compense très largement leur faible mobilité. Cette « lenteur » dans
les métaux est principalement due au fait que les électrons de conduction se déplacent dans un
réseau d’ions positifs, donc attractifs (électrons quasi libres), alors que les porteurs dans un semi-
conducteur se déplacent dans un réseau plutôt neutre (substrat faiblement ionisé).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.2 Caractéristique thermique


La plupart des métaux (mais pas tous) sont de bons
conducteurs de la chaleur. Lorsqu’on leur applique un gradient de température, ils réagissent de
façon linéaire par un flux de chaleur qui s’y oppose. Ce comportement s’exprime dans un milieu
linéaire et isotrope par la relation de Fourier :

𝑗⃗ = −𝜆𝑔𝑟𝑎
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑇

Cette loi n’est évidemment pas exclusive aux métaux mais leur conductivité thermique  est en
général élevée. On propose donc de la mesurer. Plusieurs méthodes sont possibles suivant le
matériel dont on dispose (cf. [2], p. 61 à 66). On propose d’effectuer une mesure par comparaison
en régime permanent en utilisant l’hypothèse de la barre infinie.

Manipulation :
Se reporter au montage sur les Phénomènes de transports.

III.3 Caractéristiques thermoélectriques

Vérification de la loi de Wiedemann - Franz


Les propriétés de
conduction thermique et électrique des métaux résultent de la présence de charges quasiment libres
dans ces matériaux. La loi de Wiedemann-Franz montre qu’il existe une relation entre la
conductivité thermique  d'un métal et sa conductivité électrique . Elle n'est valable que si le
transport thermique dans un métal est assuré par les électrons de conduction. On a alors la relation :

𝜆 𝜋 2 𝑘𝐵 2
= 𝜆𝜌 = ( ) 𝑇
𝛾 3 𝑒

Connaissant dorénavant  (cf. § III.1.1) et  (cf. § III.2.2), vérifiez cette relation pour le cuivre.

Effets Thermoélectriques
Se reporter au montage « Thermométrie »
pour une présentation des différents effets thermoélectriques. On propose ici d’étudier une des
applications les plus connues, la réalisation de thermocouples comme capteurs de température.

Mise en évidence du phénomène :


Branchez un thermocouple aux bornes d’un voltmètre sensible
sur son calibre le plus faible et attendre que l’équilibre thermique s’installe. Une fois cet équilibre
atteint, vous devez constater que la tension aux bornes du thermocouple est pratiquement nulle.
Posez alors votre doigt sur la jonction du thermocouple : une différence de potentiel apparaît et
augmente au fur et à mesure que la jonction s’échauffe.

Mesures :
On peut mesurer le coefficient thermoélectrique d’un thermocouple. Se reporter au § IV.3
du montage « Thermométrie » pour la manipulation.

Analyse :
Le fonctionnement d’un thermocouple repose sur l’effet Seebeck. Il consiste en
l’apparition d’une différence de potentiel aux bornes d’un échantillon conducteur soumis à un
gradient de température. C’est la conséquence directe d’une différence de potentiel chimique entre
deux points considérés. On peut en donner une explication qualitative en considérant un problème à
une dimension ou les électrons ne peuvent se déplacer que suivant une seule direction :

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

T x T TF x TC > TF

Lorsque la température est uniforme, les électrons ont tous la même énergie thermique, donc la
même vitesse moyenne. Il y a par conséquent autant d’électrons passants dans un sens que dans
l’autre en un point x donné et l’effet est globalement nul. Si on impose un gradient de température,
les électrons dans la zone chaude ont maintenant une énergie thermique plus forte et une vitesse
moyenne plus grande que ceux situés dans la zone froide. Les deux courants électroniques ne se
compensent plus exactement et on assiste en circuit ouvert à une accumulation de charge sur les
faces de l’échantillon, donc à l’apparition d’une d.d.p. à ses bornes qui finit par annuler le courant
électronique dû au gradient de température (phénomène analogue à celui de l’effet Hall ; cf. § I.3) :
U
_ 𝐸⃗⃗ +
_ +
_ +
e-
TF ሱۛۛۛሮ TC
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇

La théorie d’Onsager modélisant linéairement le couplage des phénomènes électriques et


thermiques, le champ thermoélectrique de Seebeck est alors donné par la relation1 :

𝐸⃗⃗ = 𝜀𝑔𝑟𝑎
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑇 Avec ε (μV.K-1), le pouvoir thermoélectrique absolu du conducteur

Comme 𝐸⃗⃗ = − 𝑔𝑟𝑎


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑉, la tension qui apparaît est donnée par la relation : 𝑑𝑉 = − 𝜀. 𝑑𝑇
Il faut noter que la mesure de cette différence de potentiel ne peut pas être directe car la connexion à
l’instrument de mesure ajoute un effet thermoélectrique supplémentaire comme on peut le voir sur
ces deux exemples possibles de branchement :

A D A B
V V

T T
métal 1 métal 1 métal 1 métal 2

T1 T2 TC
métal 2
B C C

𝑉𝐴 − 𝑉𝐷 = (𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 ) + (𝑉𝐵 − 𝑉𝐶 ) + (𝑉𝐶 − 𝑉𝐷 ) (𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 ) = (𝑉𝐴 − 𝑉𝐶 ) + (𝑉𝐶 − 𝑉𝐵 )


𝑇𝐴 𝑇𝐵 𝑇𝐶 𝑇𝐴 𝑇𝐶
= − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀2 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 = − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀2 𝑑𝑇
𝑇𝐵 𝑇𝐶 𝑇𝐷 𝑇𝐶 𝑇𝐵

𝑇 𝑇1 𝑇2 𝑇 𝑇𝐶
= − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀2 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 = − ∫ 𝜀1 𝑑𝑇 − ∫ 𝜀2 𝑑𝑇
𝑇1 𝑇2 𝑇 𝑇𝐶 𝑇

𝑇2 𝑇2 𝑇 𝑇
= ∫ (𝜀2 − 𝜀1 )𝑑𝑇 = ∫ 𝜀21 𝑑𝑇 = ∫ (𝜀2 − 𝜀1 )𝑑𝑇 = ∫ 𝜀21 𝑑𝑇
𝑇1 𝑇1 𝑇𝐶 𝑇𝐶

1
Cette définition implique que ε est négatif dans notre exemple.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Une mesure absolue est donc impossible (sauf si on utilise des cordons supraconducteurs ; cf. [11],
p. 304) car on récupère une d.d.p. qui apparaît entre l’échantillon et le ou les cordons de liaison.
L’expression de la tension amène aussi deux commentaires :
- elle est nulle si les métaux utilisés
sont identiques (ε1 = ε2). L’effet Seebeck n’est donc exploitable qu’avec deux métaux de nature
différente (de coefficients thermoélectriques différents plus précisément) reliés en eux par une
jonction. L’ensemble, appelé thermocouple, est alors caractérisé par un coefficient thermoélectrique
ε21 caractéristique du couple de métaux associés.
- elle est proportionnelle à ΔT si on
peut supposer ε21 = cte. L’effet Seebeck peut donc servir à la réalisation de thermomètres à
condition d’avoir une température de référence. Cela peut être celle de l’appareil (montage de
droite). C’est la méthode employée par les instruments permettant les mesures avec un seul
thermocouple. Ils disposent alors d’un capteur interne (une thermistance) pour réaliser la
« compensation de soudure froide ». L’autre solution (montage de gauche) nécessite un milieu dont
la température est connue avec précision. On le réalise en général avec un mélange eau glace (Tréf =
0 °C). On utilise alors deux thermocouples montés judicieusement en série (cf. montage
« Thermométrie », § IV.3.1). Il faut noter que le rajout de cordon de liaison pour le branchement
des thermocouples à l’appareil ne change pas la mesure s’ils sont à la même température (cf. §
IV.1.2 du même montage).

Remarque :
Notre explication de l’effet Seebeck laisse à penser que tous les métaux ont un pouvoir
thermoélectrique négatif mais ce n’est pas toujours le cas.

III.4 Propriété optique : réflexion métallique


La présence de porteurs libres en très
grande quantité confère aussi des propriétés de réflexion spéculaire (réflexion sur une surface lisse
par opposition à la réflexion diffuse sur surface rugueuse) particulières au métal. Les phénomènes
de réflexion et réfraction ont la même origine que pour un milieu diélectrique : la vibration
électronique induite par le champ électromagnétique incident. Dans un métal, il existe un grand
nombre d’électrons quasi-libres → ils sont susceptibles de vibrer plus facilement et se comportent
comme des sources secondaires en phase avec les ondes électromagnétiques incidentes (ce qui n’est
pas le cas pour toutes les longueurs d'onde de la lumière dans les isolants car les électrons sont liés
aux noyaux atomiques). Ceci se traduit physiquement par un grand indice de réflexion. Ce faisant,
ils font écran aux champs électromagnétiques extérieurs → une onde électromagnétique pénètre peu
à l’intérieur d’un métal (effet de peau) → l’indice de réfraction est complexe et la partie imaginaire
de l’indice est nettement plus grande que la partie réelle :
′ ′′ ) 𝑘𝑧 ′
𝑒 𝑖𝑛𝑘𝑧 = 𝑒 𝑖(𝑛 + 𝑖.𝑛 = 𝑒 𝑖𝑛 𝑘𝑧 + 𝑒 − 𝑛" 𝑘𝑧

terme de propagation terme d'absorption

De plus, cette réflexion ne conduit pas à la même polarisation que dans le cas d'un diélectrique. En
général, il y a un changement de phase de l'onde lors de la réflexion métallique. Ceci conduit alors à
une polarisation elliptique de la lumière réfléchie.

Manipulation :
Se reporter au montage « Production et Analyse d’une Lumière Polarisée ».

III.5 Propriétés mécaniques


D’un point de vue mécanique, les métaux sont des
matériaux plutôt compacts. Ils sont donc difficilement compressibles (surtout si on les compare aux
gaz). Une autre propriété souvent commune aux métaux est leur malléabilité : l’or pur est très mou

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

par exemple. Cela s’explique par la délocalisation de la liaison métallique qui ne gêne pas le
glissement des plans cristallographiques les uns par rapport aux autres. C’est pourquoi on est
souvent amené à réaliser des alliages pour renforcer leur rigidité (on insère des « impuretés dans le
réseau qui bloque le glissement des couches atomiques). Il serait donc intéressant de montrer leur
grande plasticité (domaine de déformation plastique important par rapport au domaine élastique
d’élongation) ou de mesurer un coefficient de cisaillement.

Manipulation :
On ne propose rien de quantitatif. On dispose à Rennes d’une plaque d’étain pur.
Testez sa malléabilité et comparez là aux alliages métalliques classiques !

Remarque :
Tous les métaux n’ont cependant pas cette propriété (le fer n’est pas vraiment mou par
exemple). Certains métaux, comme le carbone graphite (alors que le carbone diamant est isolant)
adoptent des structures cristallines défavorables à ces déformations. C’est aussi le cas pour certains
métaux de transition qui possèdent des orbitales 3D qui jouent un rôle de structure figeante.

IV EXPERIENCES SUR LES SEMI CONDUCTEUR


On utilisera principalement les deux
plaquettes de démonstration Phywe comportant respectivement un échantillon de Germanium dopé
P et dopé N. Le faible gap du germanium et le dopage des échantillons permettent l'observation à
des températures pas trop élevées de la conduction intrinsèque. Les cristaux de germanium sont
très fragiles et peuvent très facilement se casser. Il est donc impératif de manier les plaques
avec précautions, notamment lorsque l’on branche et débranche les fils de connexion ou qu’on
place l’échantillon dans l’entrefer d’un électroaimant.

IV.1 Propriétés de transport à la température ambiante

Mesure de la résistivité
Les échantillons de Germanium dont on
dispose ont pour dimension L = 20 mm, l = 10 mm, e = 1 mm

Manipulation :
L'échantillon est alimenté entre A et B par une tension continue comprise entre 12
et 30 V. Une régulation de courant située entre B et B' (intégrée dans la plaque) fournit un courant
constant à travers l'échantillon (on peut l’ajuster à l’aide d’un potentiomètre situé au-dessous de la
plaque). Les bornes A et B' permettent de mesurer la d.d.p. longitudinale UL :

A
C

A B’ B

I = cte
D

UL

Mesurez I et UAB’ = UL. En déduire la résistivité de l’échantillon dopé N et de l’échantillon dopé P.


Voici à titre indicatif des résultats obtenus à la température de 17,6° C.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Germanium dopé P :
UL = 1,1469 V ; I = 20,02 mA → R = 57,29 

𝑅. 𝑆 57,29 × (10 × 1)10−6


→ 𝜌= = = 0,0286 Ω. 𝑚 = 2,86 Ω. 𝑐𝑚
𝐿 20.10−3
La valeur mesurée corrobore celle annoncée par le constructeur (cf. doc. Phywe n° 5.3.2) :  = 2,25
.cm (la température de mesure n’est pas indiquée).

Germanium dopé N :
UL = 674,8 mV ; I = 20,01 mA → R = 33, 73 

𝑅. 𝑆 33,73 × (10 × 1)10−6


→ 𝜌= = = 0,0169 Ω. 𝑚 = 1,69 Ω. 𝑐𝑚
𝐿 20.10−3
La valeur obtenue recoupe celle annoncée par le constructeur (cf. doc. Phywe LEP 5.3.02) :  =
2,28 .cm. On note un écart un peu plus important qui peut s’expliquer par une différence des
températures de mesure (le constructeur ne l’indique pas) ou par une différence de dopage. Ces
résistivités sont à comparer à celles des métaux ou des isolants (cf. Handbook à « Résistivity of
metal », « Résistivity of elements »). Une manipulation alternative mais plus limitée est proposée en
[8], p. 432.

Concentration en porteurs
Le principe de la mesure est le même que
pour les métaux (cf. § III.1.3) : l’étude de l’effet Hall. La mesure est en revanche plus simple à
mettre en œuvre car la tension à mesurer est nettement plus forte (cf. § I.3).

Manipulation :
Reprendre le montage du § précédent et mesurez cette fois VD - VC. Comme les
deux contacts C et D ne sont pas exactement sur une même équipotentielle (même problème
qu’avec l’échantillon d’agent), la d.d.p. comporte une partie de chute ohmique lorsque le courant
circule dans l'échantillon. Annulez-la en l'absence de champ magnétique en agissant sur le
potentiomètre de compensation. Placez ensuite avec précaution le barreau de germanium dans
l'entrefer du gros électroaimant alimenté en continu (pièces plates ; VERIFIEZ LA FIXATION
DES POLES !). Repérez le sens du champ magnétique à l’aide d’une boussole (il sort par le pôle
rouge). Mesurez le champ magnétique B à l’aide d’un teslamètre, le courant I (notez sons sens) et la
différence de potentiel VD - VC = UHall sur l’échantillon de type N et sur l’échantillon de type P.
Déduire le signe des porteurs majoritaires à partir de ceux de I, B et UH. Calculez la concentration
en porteurs libres par la relation :
𝐼𝐵
𝑛=
𝑞𝑒𝑈𝐻

A titre d’exemple, on a trouvé à T = 17,6 °C : p = 8,02.1020 porteurs/m3 pour l’échantillon de type P


et n = 10,14.1020 porteurs/m3 pour l’échantillon de type N. C’est est en accord avec les valeurs
annoncées par le constructeur : 9,7.1020 porteurs/m3 pour le type P et 7.1020 porteurs/m3 pour le type
N. On retrouve là encore une différence plus marquée avec l’échantillon de type N qui confirme
l’hypothèse d’un dopage plus important car si on est dans la zone extrinsèque de conduction
(l’étude en température du § IV.4.1 le confirmera), ces concentrations sont celles en impuretés
dopantes.

Mobilité des porteurs


On y accède, comme pour les métaux, en

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

combinant les mesures d'effet Hall et de résistivité. On a :


1
𝜇=
𝜌. 𝑛. 𝑞

On trouve ici avec les valeurs mesurées : 𝜇𝑃 = 0,272 𝑚2 /𝑉. 𝑠 et 𝜇𝑁 = 0,365 𝑚2 /𝑉. 𝑠

Là encore, on retrouve les valeurs annoncées par le constructeur dans ses fiches techniques (μ P =
0,283 m2/V.s et μN = 0,389 m2/V.s). Il est intéressant de noter que la mobilité des électrons est
supérieure à celle des trous. C’est toujours le cas car les électrons responsables du « déplacement
des trous » sont des électrons de valence, donc liés au noyau → ils se déplacent plus difficilement
que les électrons de la bande de conduction qui ont déjà quitté leur site atomique (électrons quasi-
libres). De plus, la conduction par trou est un mouvement d’ensemble (le mouvement d’un trou
nécessite en quelque sorte le déplacement successif de différents électrons) → on conçoit qu’il soit
plus difficile. On verra une conséquence de cette propriété au § IV.2.2.

IV.2 Comportement en température

Evolution de la résistivité : calcul du Gap


Le germanium, de par son
faible gap, permet d’observer le passage de la conduction extrinsèque à la conduction intrinsèque à
des températures pas trop élevées.

Montage :

5V
15 V
A
C
E F
A B’ B
UH
I = cte

D
G H
Uth
UL

Les plaquettes permettant de travailler à courant I constant, la mesure de U L donne directement


accès à l’évolution de la résistivité. Un thermocouple cuivre constantan placé au niveau du cristal
délivre une tension Uth entre les bornes G et H qui permet d’accéder à la température de
l’échantillon par la relation :

𝑈𝑡ℎ (𝑚𝑉)
𝑇(𝐾) = + 𝑇𝑎𝑚𝑏𝑖𝑎𝑛𝑡𝑒 (𝐾)
40.10−3
Le chauffage du cristal de germanium s’effectue en branchant une alimentation continue de
puissance entre les bornes E et F de la plaquette (tension de chauffage ≈ 5V). La température de
la plaque ne doit pas dépasser 175 °C → on veillera à ne jamais dépasser une tension Uth = 6
mV (la tension Uth étant faible, utilisez un multimètre performant pour cette mesure). La
manipulation étant longue, on conseille aussi de mesurer la tension UHall en même temps que Uth et
UL (les valeurs de UHall serviront dans le paragraphe suivant). Pensez alors à annuler la chute
ohmique sur la mesure de UHall.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mode opératoire :
La principale difficulté consiste à effectuer les mesures de UH, VL et Vth à la
volée. On peut essayer de le faire en réalisant une montée en température progressive en jouant sur
la tension de chauffage mais c’est délicat. Une autre alternative assez pratique consiste à utiliser une
caméra ou une Webcam pour filmer les différents multimètres lors de la redescente en température.
On n’a plus ensuite qu’à repasser le film pour prendre tranquillement les mesures.

Exploitation :
Calculez les températures de vos prises de mesure à partir des valeurs de Uth puis
tracez la courbe ln(UL) = f(1/T). Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure effectuée sur
l’échantillon dopé P :
ln U = f(1/T) SC dopé P lnU = f(1/T) SC dopé P
0,8 0,2

0,6
0,0
0,00230 0,00235 0,00240 0,00245 0,00250 0,00255 0,00260 0,00265 0,00270
0,4
-0,2
0,2

0,0 -0,4
ln(U)

0,0022 0,0024 0,0026 0,0028 0,0030 0,0032 0,0034 LnU


-0,2 y = 3931,6x - 10,33
-0,6 R² = 0,9996
-0,4
-0,8
-0,6

-0,8 -1,0

-1,0
-1,2
-1,2

-1,4 -1,4
1/T (K-1) 1/T (K-1)

On note que la caractéristique tend vers une droite lorsque la température augmente ce qui est en
accord avec les résultats du § I.2 → lorsque la température est élevée, le germanium dopé se
comporte comme un semi-conducteur intrinsèque. La conductivité peut alors s’écrire avec une
bonne approximation sous la forme :

𝜎 = 𝜎0 . 𝑒 −𝐸𝐺/2𝑘𝑇
𝐿𝐼 𝐸 /2𝑘𝑇
→ 𝑈𝐿 = 𝑒 𝐺
𝜌𝐿𝐼 𝐿𝐼 𝜎0 𝑆
Comme 𝑈𝐿 = 𝑅𝐼 = =
𝑆 𝜎𝑆
La pente de la droite 𝐿𝑛𝑈𝐿 = 𝑓(1/𝑇) à haute température vaut donc 𝐸𝐺 /2𝑘. Une régression
linéaire sur la fin de la courbe donne pour la série de mesure une pente α = 3932 K soit :
2. 𝑘
𝐸𝐺 (𝑒𝑉) = .𝛼 → 𝐸𝐺 = 0,68 eV
|𝑒|
Cette valeur est en accord avec ce qu’on trouve dans la littérature pour le Germanium (0,67 eV)
mais il faut noter que le résultat est assez sensible au choix de la partie de la courbe sur laquelle on
fait la linéarisation bien que la différence ne saute pas aux yeux sur le graphique : on trouve 0,68 V
sur notre série de mesure en ne conservant que les points au-delà de 102 °C alors qu’on obtient 0,63
V si on prend les points à partir de 85 °C → il faut se placer suffisamment haut en température pour
être vraiment dans la zone intrinsèque.

Remarque :
Le faible gap du germanium ne le prédispose pas à une utilisation dans les dispositifs
de puissance puisqu’il passe rapidement en conduction intrinsèque lorsque la température
augmente. Le silicium est mieux adapté à cette application (gap plus élevé → début de conduction
intrinsèque à environ 500 ° C).

Evolution de UH en fonction de T
Cette étude est intéressante car elle

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

est permet de contrôler sans ambiguïté le signe des porteurs de charge majoritaire si on monte
suffisamment haut en température pour atteindre le régime intrinsèque (ce qui est le cas ici avec le
germanium). Il est en effet fréquent de faire des erreurs avec la méthode employée au § IV.1.2 car il
ne faut pas se tromper sur le sens de U, I et B. Une autre solution est encore possible (cf. § suivant).

Manipulation :
Elle consiste à mesurer la tension de Hall en fonction de la température (d’où
l’intérêt d’avoir fait les mesures au paragraphe précédent). L’idéal consiste étudier les deux
échantillons (l’utilisation d’une Webcam fait gagner du temps). Si on ne peut qu’en faire qu’un,
l’échantillon dopé P est le plus intéressant. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :
Uhall = f(T) SC dopé P Uhall = f(T) SC Dopé N
70 0
300 320 340 360 380 400 420 440

60 -10

50
-20

40

U Hall
-30
U Hall

30
-40
20

-50
10

-60
0
300 320 340 360 380 400 420 440

-10 -70

T (K) T (K)
Analyse :
A basses températures, les tensions des deux échantillons sont de signe opposé ce qui est
conforme à l’expression de 𝑈𝐻𝑎𝑙𝑙 . Elles sont maximum en valeur absolue puis elles commencent à
diminuer lorsque la température augmente. Ce comportement s’explique par le fait qu’on passe
progressivement d’un régime de conduction extrinsèque ou un porteur de charge est majoritaire (N
ou P), à un régime de conduction intrinsèque ou les porteurs de charges apportés par les impuretés
deviennent négligeables par rapport aux paires électron trou du substrat créées par agitation
thermique → la tension de Hall diminue en valeur absolue car on tend vers une égalité du nombre
de trous et d’électrons de conduction. Le plus étonnant alors est l’inversion de signe présentée par
l’échantillon de type P à partir d’une certaine température. La nature des porteurs majoritaires ne
peut en effet s’inverser. On aura toujours plus de trou dans un SC dopé P et plus d’électrons dans un
SC dopé N. L’explication réside en fait dans la différence de mobilité entre les trous et les électrons
de conduction (cf. § IV.1.3). Les électrons allant plus vite que les trous pour un champ électrique
donné, leur contribution au champ de Hall est plus forte (𝐸⃗⃗𝐻 = − 𝑣⃗ ∧ 𝐵
⃗⃗) → ils peuvent inverser la
tension de Hall même s’ils sont moins nombreux, chose que ne peuvent pas faire les trous →
L’inversion de UH à haute température est typique d’un semi-conducteur de type P.

Remarque :
On a établi l’expression de 𝑈𝐻𝑎𝑙𝑙 en supposant l’existence d’un seul type de charge.
Son expression doit être modifiée si des trous et des électrons contribuent simultanément à la
conductivité (cf. [7], p. 214).

IV.3 Effets Thermoélectriques


Le couplage des effets thermique et électrique existe
aussi dans les semi-conducteurs. On peut le montrer facilement sur les plaquettes de démonstration
Phywe et mettre ainsi en évidence la différence de comportement entre des semi-conducteurs de
type N et P. Il suffit de mesurer la tension UAB’ aux bornes de l’échantillon de germanium avec un
voltmètre. Si le cristal est à l’équilibre thermique, vous devez constater que la d.d.p. est quasiment
nulle.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Chauffer au fer à souder

C
E F
A B’ B

D
G H
UAB’

Chauffez alors l’extrémité B’ de l’échantillon à l’aide d’un fer à souder (ne pas toucher la soudure
pour ne pas la faire fondre !). Vous devez constater l’apparition d’une tension dont le signe
dépend du dopage du semi-conducteur. Elle est, compte tenu du schéma, positive avec l’échantillon
de type N et négative avec l’échantillon de type P → le potentiel est plus élevé du côté chaud
pour un semi-conducteur de type N. Il est plus bas du côté chaud pour un semi-conducteur de
type P.

Explication :
Cette différence s’explique par le signe du coefficient thermoélectrique des
échantillons. Dans le semi-conducteur de type N, les porteurs majoritaires sont des électrons → il
réagit de façon similaire à un métal (cf. § III.3.2) → il a un pouvoir thermoélectrique ε négatif. Le
signe des porteurs de charges est inversé dans un semi-conducteur de type P → il réagit dans un
sens opposé et présente par conséquent un pouvoir thermoélectrique positif (cf. [2], p. 179 et [5], p.
235 pour plus de précisions sur ce point) → L’étude de la fém Seebeck permet aussi de déterminer
le type de porteurs majoritaires dans un semi-conducteur.

Remarque :
On ne mesure pas en toute rigueur la fém absolue du semi-conducteur puisqu’on
utilise des cordons métalliques pour relier l’échantillon au voltmètre → On mesure en fait 𝑑𝑉 =
− 𝜀𝑆𝐶 𝑀 . 𝑑𝑇 (cf § III.3.2). Ce n’est pas gênant cependant car les semi-conducteurs ont des pouvoirs
thermoélectriques plus élevées que les métaux, de l’ordre d’un facteur 100 (la raison n’est pas
simple, elle est en partie due à une plus grande sensibilité du niveau de fermi à la température dans
les semi-conducteurs). On mesure donc 𝑑𝑉 = − 𝜀𝑆𝐶 𝑀 . 𝑑𝑇 ≈ − 𝜀𝑆𝐶 . 𝑑𝑇. Il est difficile de faire du
quantitatif avec la manipulation proposée mais on peut estimer la valeur des tensions observées et
les comparer à celles mesurées sur un thermocouple métallique pour vérifier la différence d’ordre
de grandeur.

Application :
Les semi-conducteurs sont employés dans la réalisation de modules à effet Peltier
destinés à la réfrigération ou la production de chaleur car leur plus faible conductivité thermique,
leur plus grand pouvoir thermoélectrique et le fait qu’ils peuvent avoir des signes opposés grâce au
dopage permet d’atteindre des valeurs de rendements de conversion énergétiques plus élevés (cf.
[2], p. 179, 190 à 200 pour plus de précision). Par contre, on ne les utilise pas en thermométrie car
ils n’ont pas la stabilité et l’aptitude à être produits de façons reproductible qu’on les thermocouples
métalliques.

IV.4 Propriétés optiques

Absorption optique d'un semi-conducteur


Un semi-conducteur est
transparent lorsque les photons ont une énergie insuffisante pour exciter des électrons de la bande

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de valence vers la bande de conduction et devient opaque lorsque les photons ont une énergie qui
dépasse ce seuil. Pour que la transition ait lieu dans ce cas, il faut qu'il y ait conservation de
l'énergie E et du vecteur d'onde k (quantité de mouvement). Le seuil d’absorption optique dépend
alors de la structure de bande du matériau considéré. On peut rencontrer deux cas de figure suivant
que la transition est directe ou indirecte :
Gap direct Gap indirect
(E varie, k constant) (E varie, k varie)
E E
B
B C
C
E
E

B B
V k V k

La transition est directe lorsque le maximum de la bande de valence et le minimum de la bande de


conduction sont au même endroit dans l’espace des 𝑘 ⃗⃗ . Dans ce cas, le seuil d’absorption optique
donne accès directement au gap du semi-conducteur par la relation 𝐸𝐺 = ℎ. 𝜐. Les semi-conducteurs
présentant ce type de transition sont les alliages de type III/V avec les éléments des colonnes III et
V du tableau périodique. La transition est indirecte lorsque le maximum de la bande de valence et le
minimum de la bande de conduction sont en des points différents dans l’espace des 𝑘 ⃗⃗ . Le processus
faisant intervenir des électrons et des trous séparés par un vecteur d’onde 𝛥𝑘 ⃗⃗ non négligeable, la loi
de conservation de l’impulsion impose alors la participation des vibrations du réseau sous la forme
d’une absorption ou d’une émission d’un phonon de quantité de mouvement adéquate (le vecteur
d’onde des photons étant négligeable ici, les phonons doivent vérifier la relation 𝑘 ⃗⃗𝑃 = −𝛥𝑘 ⃗⃗ ). Le
phonon possédant aussi une énergie EP, le seuil d’absorption optique met en œuvre cette fois ci un
photon d’énergie ℎ𝜐 = 𝐸𝐺 ± 𝐸𝑃 . Les semi-conducteurs présentant ce type de transition sont les
éléments de la colonne IV du tableau périodique comme le silicium et le germanium. L’évolution
du facteur de transmission de ces deux types de matériaux a par conséquent l’allure suivante :
T T seuil d’absorption

Gap indirect
Gap direct direct

h.υ h.υ
EG EG
→ La détermination du gap d’un semi-conducteur à partir de l’étude de sa transmission requière un
matériau à Gap direct pour que l’analyse soit simple. On dispose ici de deux échantillons
de séléniure de zinc dopé au manganèse d'aspect "orange" déposés sous forme de mince pellicule
sur plaque de verre. Déduire de cette couleur une estimation du gap de ces semi-conducteurs par
rapport aux limites du visible.

Estimation du gap :
E
C : 6 cm

QI MONOCHROMATEUR
F H 10 VIS F

F = 1 mm SC

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ajustez le tirage de la lampe de façon à avoir la convergence du faisceau incident la plus forte
possible. Ajustez la position la lampe QI afin d’avoir le point de convergence sur la fente d’entrée
du monochromateur. L'échantillon de semi-conducteur est placé dans un support contre la fente de
sortie. Placez un écran blanc une vingtaine de cm plus loin. Eliminez les lumières parasites avec des
écrans ou des tissus noirs (si vous recouvrez la lampe, ne le faites que le temps de l’observation
pour éviter qu’elle surchauffe). Faites défiler à la main les longueurs d'onde avec et sans le semi-
conducteur. Observez que le rouge est transmis  sans absorption, le jaune et le vert sont transmis
avec une certaine atténuation, puis l'échantillon devient opaque aux longueurs d'onde plus courtes.
Déduire du seuil de l'absorption fondamentale ainsi mis en évidence une estimation de la valeur du
gap de l’échantillon. On obtient ainsi qu’une estimation car on ne passe pas brusquement d’une
absorption nulle à une absorption totale et on ne tient en effet pas compte de la réponse spectrale de
l'œil et du spectromètre. Une manipulation avec photo détecteur est aussi possible. Se reporter au
montage « Emission et Absorption » pour plus de précision sur cette manipulation.

Influence de l’éclairement sur les propriétés électriques


Comme on
vient de le voir précédemment, l'absorption des photons d'énergie supérieure au gap génère des
paires électron-trou lorsqu’on éclaire un échantillon de semi-conducteur. L'apparition de ces
porteurs excédentaires provoque l'augmentation de la conductivité du matériau (photoconductivité).
Lorsque l'éclairement s'interrompt, les concentrations de porteurs retournent vers leur valeur à
l'équilibre avec une constante de temps caractéristique qui est le temps de vie des porteurs photo
créés. Dans le domaine visible, on utilise les photorésistances (ou cellules photoconductrices) au
CdS. Le domaine de variation des résistances des cellules photoconductrices est important : de
quelques M pour la résistance d'obscurité à quelques k pour les niveaux d'éclairement usuels.

Mise en évidence de la photoconductivité :


Elargir un faisceau laser (Melles-Griot + objectif de
microscope  10) pour éclairer entièrement la photo résistance. Interposez des filtres de densité
variable. Mesurez au noir la résistance pour différentes valeurs de l’atténuation (𝛷𝑡 = 𝛷𝑖. 10−𝑁𝐷 ;
utilisez un minimum de filtre pour une atténuation donnée afin de minimiser l’incertitude sur
l’atténuation totale). On remarquera que les mesures fluctuent car le capteur est sensible → il
détecte la moindre lumière parasite. De plus, la puissance émise par le laser n’est pas parfaitement
stable. On notera la non linéarité de la résistance pour les faibles éclairements.

Temps de réponse :
On utilise un montage imposant une ddp constante aux bornes de la cellule et
permettant de mesurer directement le courant la traversant :

E = - 12 V
R=1 V0
V
LDR k

_ 
I V0/e
+ t
LDR : Photo V = R.I 0 τ
résistance Phy 9

Eclairez la photo résistance à l’aide d’un stroboscope électronique à une fréquence de l'ordre de 10
Hz. Le placer à une distance suffisamment grande de façon à ne pas saturer la LDR ni l’ampli op.
La fréquence étant basse, observez le signal de sortie V avec un oscilloscope à mémoire. On
observe alors que la création de porteurs s’effectue très rapidement. Par contre, la recombinaison
électron-trou n’est pas immédiate (décroissance exponentielle). La constante de temps  du
phénomène est appelée temps de recombinaison. On obtient un temps de réponse de l'ordre de 10

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ms. Il n'est pas ici nécessaire de mesurer précisément ce temps de réponse, car il dépend du niveau
d'éclairement (cf. [9], p. 70). Si la courbe n’est pas une belle exponentielle, c’est que les flashes
stroboscopiques sont trop puissants : la photorésistance est éblouie, il y a saturation et la
recombinaison se fait plus mal.

Bibliographie :
[1] : Bernard Gréhant : Physique des SC
[2] : Quaranta II : Thermodynamique (nouvelle édition)
[3] : Quaranta III, p. 427-436
[4] : Vapaille et Castagné : Dispositifs et circuits intégrés SC
[5] : Kittel : Physique de l’état solide (7ème édition)
[6] : Mathieu Henry : Physique des SC
[7] : Tessier-Brunet : Physique des SC
[8] : Georges Hasch : Capteurs en instrumentation
[9] : Sextant : Optique expérimentale
[10] : Colinge: Physique des dispositifs SC
[11] : Ashcroft : Physique des solides

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

EFFETS CAPACITIFS

I CARACTERISTIQUES D’UN CONDENSATEUR

I.1 Mise en évidence de la condensation de l’électricité


La manipulation proposée est
l’expérience historique d’Aepinus.

Montage :
[4], p. 116-117 ; [2], p. 82.

A Électroscope
0 Eurosap Eyrolles
3 kV

Alimentation haute
tension Condensateur d’Aepinus

Il faut prendre certaines précautions car on travaille avec une haute tension:
- l’interrupteur K doit avoir des contacts protégés (pas de contacts à l’air libre…).
- la borne + de l’alimentation doit être relié au plateau isolé fixe (celui relié au
bâtit par un manchon transparent). Il est conseillé de respecter un code des couleurs lors des
connexions pour bien repérer les fils reliés à la haute tension.
- les deux plateaux ne doivent pas se toucher en cours d’expérience sous peine de
court-circuit (certains condensateurs d’Aepinus disposent d’un réglage permettant de limiter la
course du plateau mobile pour éviter ce cas de figure).

L’expérience est très sensible à l’humidité de l’air (la capacité mise en œuvre est très faible et la
moindre fuite diélectrique provoque sa décharge). Il faut donc placer un radiateur soufflant
derrière le condensateur d’Aepinus pour assécher l’air.

Manipulation :
On règle l’écartement des plateaux du condensateur à quelques mm. On ferme K et
on applique une tension d’environ 2 kV. Les deux feuilles de l’électroscope doivent s’écarter et
rester dans cet état lorsqu’on ouvre K (si ce n’est pas le cas, c’est que l’air n’est pas assez sec). On
rapproche alors les deux plateaux → les deux feuilles de l’électroscope doivent se rapprocher.

Analyse :
On charge positivement et uniformément le plateau fixe et les deux feuilles de
l’électroscope quand on applique la haute tension. Les feuilles de l’électroscope s’écartent l’une de
l’autre par répulsion entre charges de même signe. L’ouverture de K permet d’isoler électriquement
le système pour travailler ensuite à charge Q constante. La répulsion entre les feuilles de
l’électroscope diminue quand on approche le plateau mobile → des charges positives présentes sur
ces feuilles sont parties pour aller se « condenser » sur le plateau du condensateur en raison de
l’augmentation de l’attraction électrostatique avec les charges négatives présentes sur l’autre
plateau dorénavant plus proche (une quantité égale de charge négative a aussi migré sur ce plateau).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Il faut noter que la quantité de charge initialement stockée sur les feuilles de l’électroscope est très
faible comparée à celle stockée sur le plateau vu la différence de taille entre les deux éléments.
Dans ces conditions, on peut considérer que l’écartement des feuilles donne une image de la
différence de potentiel V de l’ensemble (cf. [2], p. 81) → le fait que les feuilles se rapprochent
lorsque les plateaux se rapprochent montre que V a diminué → comme Q = C.V et que Q est
constant ici, c’est bien le signe d’une augmentation de la capacité à accumuler des charges.

I.2 Charge emmagasinée ; notion de capacité


On cherche à déterminer la charge
emmagasinée par un condensateur chargé sous une tension U constante. Pour ce faire, on étudie la
décharge de cette capacité dans une résistance R.

Montage :
K

1 k 081
U:5V _ 
R : 100 k U R Synchronie
C +
C : 5 F

La résistance de 1 kΩ sert à limiter le courant de charge. Le choix d’une constante de temps de


décharge importante (τ = RC = 0,5 s) permet de simplifier l’acquisition (on peut la lancer
manuellement). La résistance de mesure R étant importante, on place un montage suiveur avant la
carte d’acquisition pour que le condensateur se décharge exclusivement dans R (impédance d’entrée
de la carte = 1 MΩ). On choisit une durée d’acquisition convenable compte tenu de la constante de
temps τ du circuit RC. On commence par charger le condensateur sous la tension U, on lance
l’acquisition puis on bascule rapidement l’interrupteur K sur R. Voici à titre indicatif le résultat
d’une acquisition réalisée avec Npoints = 5000, Téch = 1 ms, Ttotal = 5 s :

Exploitation :
Le signal enregistré EA1 correspond à l’évolution de la tension aux bornes de R.
C’est une image du courant i de décharge du condensateur à R près.

𝑑𝑞 𝑈𝑅 𝐸𝐴1 𝑈𝑅 𝐸𝐴1
𝑖= = = ici, d'où : 𝑞=∫ 𝑑𝑡 = ∫ 𝑑𝑡
𝑑𝑡 𝑅 𝑅 𝑅 𝑅

Cette relation permet le calcul de la charge stockée dans le condensateur. Cette intégrale peut
s’obtenir sur Synchronie avec les lignes de calcul suivantes :

I=EA1/R (avec la valeur numérique de R)

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VALEUR Q=INTEG(I,T,0,5000)
Q=INTEG(I,T)
La première ligne donne l’intensité. La deuxième calcule la valeur numérique de l’intégrale avec la
syntaxe du logiciel : on indique la grandeur à intégrer (l’intensité), la variable d’intégration (le
temps T), le numéro de l’échantillon de départ et de fin d’intégration. On peut aussi enlever les
deux dernières informations (troisième ligne) pour obtenir une table de valeur permettant le tracé de
l’évolution temporelle de Q :

Notion de capacité :
La capacité d’un condensateur est définie par la relation C = Q/U → on peut
calculer cette capacité et la comparer à une valeur mesurée avec un RLC mètre. On donne à titre
indicatif le résultat de l’acquisition précédente :
Umes = 5,07 V ; Rmes = 100,4 kΩ ; Cmes = 5,08 μF
Qmesuré = 25,8 µC → C = Q/U = 5,09 μF

Capacité d’un condensateur plan :


Le fait que le potentiel diminue lorsque l’on approche le
plateau dans l’expérience du § I.1 laisse à penser que la capacité varie en inverse de l’épaisseur e.
On peut le vérifier en mesurant la capacité du condensateur d’Aepinus avec un RLC mètre pour
différentes valeurs de e. Le tracé de la courbe C = f(1/e) doit être une droite, ce qui justifie
l’expression de la capacité d’un condensateur plan C = ε0S/e. Il y a cependant un léger décalage
entre les valeurs mesurées et attendues avec cette formule. Il est dû à la capacité parasite du support
et aux effets de bords sur les plateaux. Le constructeur annonce dans sa notice (notice Leybold n°
544 22) les corrections suivantes :

d (mm) 1 2 3 4 5 6 8 10 20
Cth (pF) 463 231,5 154,3 115,7 92,6 77 57,8 46,3 23,1
CR + CK (pF) 21,5 20 19 18,5 18 18 17 16,5 15

La capacité du condensateur étant faible, on s’aperçoit que ces effets sont loin d’être négligeables
dès que l’épaisseur dépasse le mm.

I.3 Influence du diélectrique


On peut montrer cette influence en reprenant le
montage du § I.1. Il suffit d’insérer une plaque en plastique ou en carton dans le condensateur
d’Aepinus initialement chargé puis isolé. Cet ajout doit conduire à un rapprochement des feuilles de
l’électroscope. C’est le signe que V diminue et, comme on travaille à charge Q constante dans cette
expérience, cela signifie que le diélectrique a augmenté la capacité du condensateur.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesures :
[4], p. 119

On mesure au RLC mètre la capacité du condensateur d’Aepinus avec (C’) et sans la plaque (C). On
commence par mesurer C’en ajustant l’écartement des plateaux du condensateur au minimum (le
diélectrique doit remplir tout l’espace). On mesure ensuite C en enlevant la plaque sans modifier
l’écartement. On en déduit la constante diélectrique relative du matériau par la relation :

𝐶'
𝜀𝑟 =
𝐶
On peut consulter un Handbook pour savoir si les ordres de grandeur sont corrects.

I.4 Energie stockée dans un condensateur


Un condensateur chargé sous une tension
U emmagasine une énergie E = C.U2/2. On peut le vérifier en poursuivant l’exploitation de
l’acquisition précédente. La puissance dissipée dans la résistance vaut R.i2 et l’énergie s’en déduit
par intégration. On ajoute donc les lignes suivantes dans la feuille de calcul de Synchronie :
P=R*I*I (avec la valeur numérique de R)
ENERGIE=INTEG(P,T)

Exploitation :
On mesure Edissipée = 65,4 μJ sur le graphique. L’énergie dissipée dans la résistance R
doit correspondre à l’énergie emmagasinée par le condensateur. On avait dans l’expérience :
Umes = 5,07 V ; Cmes = 5,08 μF → Eemmagasinée = 65,3 µJ

Cette valeur recoupe bien celle de l’énergie dissipée.

II MESURE DES CAPACITES


Il existe plusieurs méthodes permettant la mesure d’une
capacité. On présente deux montages de principe utilisés pour la réalisation de la fonction
capacimètre dans certains multimètres.

II.1 Par la mesure de la période d’un oscillateur


On réalise un oscillateur de
relaxation dont la période dépend de la valeur de la capacité. Cette méthode se prête bien à la
réalisation d’un capacimètre car on sait mesurer très précisément un temps. Ce montage a aussi
l’intérêt de mettre à profit un effet capacitif fondamental : le retard à l’établissement d’une tension.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
[1], p. 189 ou [4], p. 126
Rvariable

Cvariable
741
_ 
+ Vsat
+
+ kVsat Ve
t
10 k
Ve Vs
- kVsat
VS
10 k - Vsat

Le principe de fonctionnement du circuit est décrit dans le montage sur les systèmes bouclés ou
dans les références indiquées ci-dessus. On peut visualiser Ve et Vs à l’oscilloscope et comparer la
tension aux bornes + et – de l’amplificateur opérationnel pour observer la différence de
comportement entre la branche purement résistive et celle contenant la capacité. Il faut noter que ce
montage n’est pas adapté à la mesure des condensateurs électrochimiques car le signal aux bornes
de C est alternatif.

R = 5000  C = 1 F :
On mesure la période de Vs. On en déduit la valeur de C par la relation
suivante (cf. annexe pour la démonstration) :
𝑇 = 2𝑅𝐶 𝑙𝑛 3

Le résultat obtenu doit être comparable à une mesure effectuée avec un RLC mètre ou un
capacimètre compte tenu des incertitudes.

R = 5000  C = 0,04 F :
Les deux valeurs ne doivent pas se recouper cette fois-ci (on peut
diminuer encore un peu la capacité si la différence n’est pas significative compte tenu des
incertitudes). Le problème est dû au Slew Rate (SR) de l’amplificateur opérationnel. Cette
caractéristique du composant correspond à son excursion dynamique maximum en sortie (SRtypique =
0,5 V/s pour un 741). La tension de sortie devant évoluer entre ± 𝑉𝑆𝐴𝑇 au moment des
basculements, il faut une durée minimum 𝛥𝑡 = 2. 𝑉𝑆𝐴𝑇 /𝑆𝑅. Ce phénomène, négligeable en basse
fréquence, invalide le calcul théorique de la période en haute fréquence puisqu’on ne peut plus
considérer que la charge du condensateur s’effectue à tension constante lors du changement d’état
de Vs. On s’en rend compte sur l’évolution des tensions : les basculements en sortie ne sont plus
« instantanés » et le passage d’une exponentielle à l’autre n’est plus aussi tranché au niveau de Ve.

On peut améliorer les performances du montage en prenant un amplificateur opérationnel plus


rapide comme le 071 ou 081 (Slew Rate typiquement 20 fois plus faible). On doit retrouver un
accord entre la valeur mesurée et la valeur calculée. On peut aussi diminuer la tension
d'alimentation de l'AO ou augmenter la valeur de R pour abaisser la période des oscillations
(illustration du rôle des différents calibres sur un multimètre).

II.2 Par étude de la charge à courant constant


On met à profit le caractère
intégrateur de courant des capacités. On propose deux manipulations : la première est un montage
de principe, la deuxième utilise la fonction capacimètre d’un multimètre du commerce.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2.1 Principe du montage


On a V(t) = V- = 0 quand la capacité est shuntée
car l’A.O. est alors en régime linéaire (contre réaction totale sur la patte -). Lorsqu’on ouvre
l’interrupteur, on a V(t) = -VC (t) et le condensateur se charge : K
VC
C
i 𝑞(𝑡)
⇒ 𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 = (a)
𝐶
q -q
R i
i _
On a 𝜀 = 0 tant qu’on est en régime linéaire 
donc 𝑉− = 𝑉+ = 0 d’où : +
E
𝐸 − 𝑉− 𝐸 V(t)
i= = = cte
𝑅 𝑅
On a donc un générateur de courant constant.
𝑑𝑞
𝑖= → ∫ 𝑑𝑞 = ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 = 𝑖. ∫ 𝑑𝑡 𝑐𝑎𝑟 𝑖 = 𝑐𝑡𝑒 → 𝑞 = 𝑖. 𝑡 (𝑏)
𝑑𝑡

𝑖 𝐸
(b) dans (a) → 𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 = − . 𝑡 = − .𝑡
𝐶 𝑅𝐶

La tension à la sortie du montage évolue de façon linéaire en fonction du temps. Il suffit de mesurer
la pente de cette courbe pour en déduire la valeur de la capacité par la relation suivante :

𝐸 Δ𝑡
𝐶= .
𝑅 Δ𝑉

II.2.2 Manipulation 1
[1], p. 269 ou [3], p. 231

On peut mesurer des capacités électrochimiques avec ce montage si on respecte leur polarité car la
tension aux bornes de C n’est pas alternative. C’est ce que l’on propose ici.

+
R = 5 k
C
R
_ C = 1000 F électrochimique ; respectez sa

polarité !
+
V 081 Envoyez le signal V(t) sur une table traçante ou
E V(t)
sur Synchronie.

On commence par shunter la capacité, on ouvre K et on enregistre V(t) sur un oscilloscope en mode
roll pendant une dizaine de seconde (on peut éventuellement vérifier avec un ampèremètre que I
reste constant pendant la charge). On mesure la pente α = Δt/ΔV de la courbe obtenue et on en
déduit C par la relation :
𝐸 Δ𝑡
𝐶= .
𝑅 Δ𝑉

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut comparer le résultat obtenu à celui donné par un appareil pouvant mesurer des capacités
électrochimiques (le condensateur doit être préalablement déchargé et il faut respecter sa polarité).

Remarque :
On peut mesurer des capacités de plus faible valeur avec ce montage. La charge est
alors plus rapide et il faut veiller à ne pas être limité par le Slew Rate de l’AO. Si c’est le cas, on
peut ralentir le processus en augmentant R (illustration du rôle du calibre). Le courant de charge
diminuant, il faut alors vérifier que le courant de polarisation de l’AO et celui du à l’Offset restent
négligeables par rapport à I = E/R.

II.2.3 Manipulation 2
Certains multimètres, comme les Métrix MX 54 ou
56, utilisent cette technique. Il suffit d’observer la tension aux bornes de la capacité lorsqu’on
effectue une mesure (on intercale un amplificateur opérationnel monté en suiveur pour que
l’oscilloscope ne perturbe pas l’appareil) :

MX 54
ou 56
081
_ 
+ vers oscillo
à curseurs
C

On observe une série de rampes correspondant à des mesures successives (oscillogramme enregistré
pour une capacité de 0,9 µF). La pente des rampes change lorsqu’on modifie la valeur de la capacité
et quand on change de calibre de mesure (modification du courant de mesure).

Mesures :
On a fait une étude sur la gamme 0,5-5 F du Métrix. Le courant de mesure annoncé
dans la notice du constructeur est de 10 A pour cette gamme. On a mesuré avec les curseurs de
l’oscilloscope la pente  = t/V du signal aux bornes du condensateur pour différentes valeurs de
C, puis calculé la capacité par la relation 𝐶 = 𝑖 𝑡/𝑉 avec i = 10 A :

Cannoncé (F) 1 2 3 4
t (ms) 220 219 281 334
V (V) 2,15 1,07 0,918 0,818
 (s.V-1) 0,102 0,205 0,306 0,408
Ccalculée 1,02 2,05 3,06 4,08

Le résultat du calcul recoupe la valeur annoncée sur la boite variable si on tient compte de sa
tolérance (1 %). On peut faire un calcul d’incertitude sur la valeur de  en consultant la notice de
l’oscilloscope. On ne connaît pas en revanche l’incertitude sur le courant de mesure.

III EFFETS CAPACITIFS

III.1 Dans un instrument de mesure


Les bornes d’entrée des oscilloscopes et
multimètres sont légèrement capacitives. L’effet est généralement négligeable mais il faut parfois
en tenir compte comme dans l’expérience suivante de mesure d’impédance par la méthode I, V.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.1.1 Montages amont, aval


Lorsqu’on veut mesurer simultanément le
courant circulant dans un dipôle et la tension à ses bornes, on peut placer les appareils de mesure de
deux manières différentes :
Montage aval (courte dérivation) Montage amont (longue dérivation)

V V

I I

Les deux solutions induisent des erreurs systématiques si on tient compte des impédances d’entrée
des appareils. Le montage aval surestime le courant circulant dans le dipôle puisqu’une partie du
courant mesuré circule dans le voltmètre et le montage amont surestime la tension aux bornes du
dipôle puisque la mesure prend en compte la chute de tension apparaissant aux bornes de
l’ampèremètre (V = Zamp.I). Le montage aval est généralement le plus juste car l’impédance
d’entrée sur la fonction voltmètre est énorme (typiquement 10 MΩ et jusqu’à 1000 MΩ sur les
appareils courants). Un voltmètre peut donc être considérée comme « parfait » tant qu’on se limite à
des impédances raisonnables mais cette règle peut être mise en défaut lorsqu’on effectue une
mesure en alternatif. La manipulation suivante, consistant à mesurer une faible capacité par la
méthode I,V (cf. [4], p. 125-126), en est un exemple.

III.1.2 Expérience
On utilise ici un condensateur d’Aepinus mais tout autre
condensateur de faible capacité peut convenir.
Montage aval Montage amont

V V

A A

GBF GBF

GBF = signal sinusoïdal  5 kHz, amplitude  maximum


A, V : Métrix MX 54 ou MX 56 (cf. deuxième remarque ci-après)

Mesurer une petite capacité par cette méthode n’est pas trivial. Les fils doivent être courts pour
limiter les capacités parasites et il faut utiliser la fréquence la plus grande possible compte tenu de
la bande passante des appareils pour que I soit mesurable (I = UC). On a réglé le condensateur
d’Aepinius pour avoir une capacité de 436 pF (valeur mesurée au RLC mètre en montage 4 fils). On
a obtenu 432 pF avec le montage amont et 491 pF avec le montage aval → la mesure amont
recoupe celle du RLC mètre compte tenu des incertitudes, ce qui n’est pas le cas de la mesure aval
(écart d’environ 60 pF). Ce résultat est étonnant si on suppose que le voltmètre a une impédance
d’entrée purement résistive car l’impédance 1/C du condensateur à la fréquence d’étude (≈ 70
kΩ) est plus faible que celle du voltmètre (10 MΩ). Il faut donc faire appel à un modèle plus fin de
l’impédance d’entrée de l’appareil en alternatif. Le constructeur annonce dans la notice qu’elle est
constituée d’une résistance de 10 MΩ en parallèle avec une capacité d’environ 100 pF. Cette valeur
ne peut pas être négligée avec le condensateur étudié et on doit revoir les deux montages en
considérant un voltmètre parfait associé principalement à une capacité CV en parallèle :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage aval Montage amont

A A

GBF C CV V GBF V CV C

Voltmètre Voltmètre

On mesure toujours la « vraie tension » aux bornes de C avec le montage aval mais le courant
mesuré circule dans les deux capacités → l’impédance déduite du rapport V/I correspond à celle des
deux capacités en parallèle soit 𝐶’ = 𝐶 + 𝐶𝑉 (on ne retrouve pas tout à fait le résultat si on prend
100 pF mais la mesure de la capacité d’entrée de l’appareil au RLC mètre a donné 60 pF). On ne
fait pas d’erreur sur le courant circulant dans C avec le montage amont. On rajoute par contre la
chute de tension dans l’ampèremètre à la mesure de V, mais on peut vérifier à l’aide d’un voltmètre
que cette chute est négligeable par rapport à la tension à mesurer. Cela explique pourquoi le
montage amont donne de bons résultats dans cette expérience.

Remarques :
Ce cas de figure est peu fréquent. Le montage aval est celui qui marche le mieux en
général et un modèle résistif pour l’impédance d’entrée d’un voltmètre est souvent suffisant.

Le multimètre proposé a une capacité parasite d’entrée assez importante qui facilite
l’expérience. Si on n’a pas cette référence, il faut mesurer la capacité d’entrée de plusieurs appareils
et prendre celui qui a la valeur la plus forte. On peut aussi mesurer V avec un oscilloscope muni
d’un câble coaxial car ce type de câble présente une capacité linéique d’environ 100 pF/m.

III.2 Dans une bobine d’induction


Une inductance sans noyau étant constituée par
l’enroulement d’un fil conducteur recouvert d’isolant, il y a une capacité repartie dans l’ensemble
de la bobine due à l’effet d’influence entre spires proches. On peut modéliser cet effet par une
capacité globale en parallèle avec le circuit L,r de l’inductance (cf. [1], p. 16 – 17). On a donc un
circuit RLC parallèle possédant une fréquence d’antirésonance (cf. [4], p. 400). L’ensemble se
comporte comme une inductance en dessous de cette fréquence puis devient capacitif au-delà.

III.2.1 Mise en évidence en régime transitoire

Signal 1000 sp
GBF Y
triangulaire
1000 sp
R = 10 k I

X
La manipulation est déjà présentée dans le montage sur l’induction. S’y reporter pour plus
d’informations. On utilise ici des bobines Leybold de 1000 spires. Le circuit de gauche crée un
champ magnétique triangulaire subi par la bobine de droite → La f.é.m. induite apparaissant aux
bornes de cette bobine doit être un signal carré. On le vérifie expérimentalement mais avec des
oscillations au moment des transitions :

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ce phénomène, incompatible avec un simple modèle RL, est principalement dû à la capacité


parasite de la bobine. On peut estimer sa valeur en mesurant la pseudo période des oscillations (cf.
[4], p. 407). On trouve T = 14,9 µs sur l’oscillogramme de droite (mesure sur 6 périodes), soit C ≈
156 pF si on assimile T à la période propre T0 (il faut en toute rigueur tenir compte de
l’amortissement mais la mesure du décrément logarithmique montre que l’effet est négligeable dans
l’expérience). On peut corriger le résultat compte tenu de la capacité d’entrée de l’oscilloscope
(≈13 pF avec l’appareil utilisé). On obtient alors 143 pF.

III.2.2 Mise en évidence en régime harmonique

I
GBF L Y
X

R = 1 kΩ

On reprend la bobine Leybold de 1000 spires de droite dans l’expérience précédente. On observe les
tensions X et Y avec un oscilloscope avec une sonde différentielle sur Y pour éviter de court-
circuiter la résistance. X est une image du courant (X = RI), Y représente UL. La phase de Y par
rapport à X correspond donc à l’argument de l’impédance de la bobine. On regarde l’évolution de
cette phase et du courant en fonction de la fréquence (X correspond au signal jaune et Y correspond
au signal vert sur les oscillogrammes suivants) :

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

UL est en avance de 90° sur le courant en basse fréquence et l’intensité diminue quand on augmente
f. Ces observations sont cohérentes avec un modèle inductif d’impédance. A partir d’un certain
moment, la phase diminue et s’annule pour une fréquence f0 d’environ 75 kHz. La bobine étudiée a
alors un comportement résistif, et il est très prononcé car le courant est très faible. La phase devient
positive et le courant se met à augmenter si on dépasse f0. La bobine est alors majoritairement
capacitive. Ces observations sont compatibles avec un modèle de circuit RLC parallèle
(antirésonance à 𝜔02 = 1/(𝐿𝐶)). La fréquence de transition permet de déterminer l’ordre de
grandeur de la capacité parasite. On a L = 36 mH pour la bobine de 1000 spires, soit C ≈ 120 pF.
Ce résultat est proche de celui obtenu en régime transitoire, la différence s’expliquant par
l’utilisation de la sonde différentielle1 (on trouve C ≈ 124 pF si on reprend l’expérience du III.2.1).

Remarque :
La résistance R a été abaissée d’un facteur 10 par rapport à l’expérience en régime
transitoire. On peut rester sur 10 kΩ si on observe X avec des fils classiques mais la mesure de la
tension X avec un câble coaxial modifie légèrement la phase mesurée dans l’expérience proposée
car l’impédance capacitive du câble à 32 kHz n’est pas négligeable par rapport à 10 kΩ.

III.3 Dans une photodiode


Les photodiodes courantes à base de silicium sont
obtenues en déposant une couche de type P sur un substrat de type N. Le processus de diffusion à
l’interface créé une zone dépourvue de charge libre (zone de déplétion) séparant les deux parties
semi-conductrices. On a donc une structure équivalente à un condensateur (un milieu isolant
séparant deux milieux conducteurs). On peut montrer que cette capacité, et donc le temps de
réponse du circuit, dépend de la tension aux bornes de la photodiode lorsqu’elle est polarisée en
inverse. Se reporter au montage photorécepteur pour la manipulation.

Remarque :
Le temps de réponse mesuré augmente si on utilise un câble coaxial pour observer la
tension aux bornes de la résistance de charge car la capacité du câble s’ajoute à celle de la jonction
de la photodiode et elles sont du même ordre de grandeur.

III.4 Dans un câble coaxial


Les câbles coaxiaux d’enseignement présentent une
capacité linéique d’environ 100 pF/m. Elle est généralement négligeable mais il faut parfois en tenir
compte (cf. remarques des expériences précédentes).

III.4.1 Mesure au RLC mètre


Cette mesure ne pose pas de problème
particulier. Il suffit de brancher les deux bornes du câble sur un RLC mètre en montage 4 fils. On
propose une étude un peu plus poussée sur un câble coaxial de grande longueur. Le modèle à
constantes réparties (cf. montage sur les ondes) donne le schéma suivant pour la partie réactive de
l’impédance du câble :

RLC mètre

Le courant de mesure passe par les capacités lorsque le câble coaxial est ouvert en bout de ligne.
Les RLC mètres d’enseignement fonctionnent à basse fréquence (1 kHz typiquement) et

1
Le modèle utilisé (Ediltest GE8100) à une impédance d’entrée constituée d’une résistance de 8 MΩ en parallèle avec
une capacité de 1,2 pF ≈ négligeable par rapport à celle de la bobine.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’inductance linéique d’un câble coaxial est de l’ordre de la centaine de nH → l’impédance Lω de


l’inductance linéique est très faible par rapport à celle de la capacité linéique 1/(Cω). L’appareil de
mesure voit donc principalement une capacité Ctot égale à la capacité linéique multipliée par la
longueur du câble. La manipulation a été testée avec un câble de 30,8 mètres. On a obtenu Ctot =
2,07 nF, d’où une capacité linéique Cl = 67 pF.m-1.

Remarque :
On peut mesurer l’inductance linéique en court-circuitant l’extrémité du câble avec un
fil :

RLC mètre

Le courant circule cette fois ci dans les inductances et dans le court-circuit ou l’impédance est
faible plutôt que de passer par les capacités ou l’impédance est forte → on mesure ≈ Ltot égale
à l’inductance linéique multipliée par la longueur du câble. On a mesuré Ltot = 12,7 µH sur le câble
d’étude2, soit Ll = 412 nH.m-1. On peut alors vérifier les hypothèses faites sur les impédances. On a
Llω = 2,6 mΩ.m-1 et 1/(Clω) = 2,3 MΩ m-1 (mesures à 1 kHz), donc on a bien ZL ≪ ZC à la
fréquence de mesure du RLC mètre.

III.4.2 Mesure par une expérience de propagation


On montre dans l’annexe
du montage sur les ondes que la vitesse de propagation dans un câble coaxial vaut 𝑣 = 1/√𝐿ℓ 𝐶ℓ et
que son impédance caractéristique vaut 𝑍𝐶 = √𝐿ℓ /𝐶ℓ → la mesure de ces deux paramètres permet
d’obtenir la capacité linéique (𝐶ℓ = 1/(𝑣 × 𝑍𝐶 ).

Mesure de v :
Oscilloscope câble coaxial

On injecte un créneau de courte durée (≈ 100 ns) dans le câble et on observe le retour du signal
réfléchi en bout de ligne :

L’onde ayant parcourue 2 fois la longueur du câble avant de revenir à l’oscilloscope, on a 𝑣 =


2𝑙/𝑡 = 2 × 30,8/(316.10−9 ) = 1,95.108 𝑚. 𝑠 −1 dans notre exemple.

2
Le facteur de dissipation donné par le RLC mètre permet d’obtenir la résistance du câble. On avait D = 66,6 dans
l’expérience, soit une résistance R = DLω ≈ 5 Ω.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesure de ZC :
On l’obtient en branchant une résistance variable en bout de ligne et on ajuste sa
valeur pour annuler le signal de retour :

Le signal réfléchi disparait avec une résistance de 75 Ω dans notre exemple mais l’extinction n’est
pas complète lorsqu’on utilise une boite à décades car il reste deux petits pulses, (oscillogramme de
gauche3). On peut les atténuer en remplaçant la boite variable par une petite résistance de 75 Ω
fixée au câble coaxial via un adaptateur BNC/fiches bananes (oscillogramme de droite). On a donc :
1 1
𝐶ℓ = = = 68,4 𝑝𝐹. 𝑚−1
(𝑣 × 𝑍𝐶 ) 1,95.108 × 75

Cette valeur est cohérente avec celle obtenue au RLC mètre (67 pF).

Origine de l’onde de retour résiduelle :


Les pulses positif et négatif qu’on observe ressemblent à
la dérivée d’un signal carré et ils coïncident respectivement aux fronts montants et descendant du
signal de retour quand R est infini (circuit ouvert). Ce phénomène peut s’expliquer si on suppose
qu’il y a un petit effet inductif sur la charge mise en bout de ligne car il faut alors un courant
supplémentaire pour alimenter l’inductance quand le pulse arrive et se termine. Cela n’est pas
possible avec l’onde incidente seule puisque la résistance de 75 Ω correspond à l’impédance
caractéristique du câble coaxial donc il faut forcément une onde retour pour « gérer » cet effet
supplémentaire (sa forme est justifiée en annexe). On peut vérifier la nature de la composante
réactive à prendre en compte en ajoutant une petite capacité en parallèle ou une petite inductance en
série sur la résistance de 75 Ω fixée directement en bout de ligne :

L’oscillogramme de gauche a été obtenu en fixant une capacité de 220 pF en parallèle sur la
résistance adaptée et celui de droite en ajoutant une inductance de 1µH en série4. Les résultats
confirment la nature inductive des pulses observées avec la boite a décade.

3
On a augmenté la durée du pulse pour mieux voir le phénomène.
4
Ces valeurs peuvent s’estimer à partir des expressions de Ur développées en annexe compte tenu de la pente 𝑑𝑈𝑖 /𝑑𝑡
des fronts de basculement de l’onde incidente et de la hauteur des pulses observés avec la boite a décade.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV APPLICATION : CAPTEUR DE POSITION


Les capteurs capacitifs sont utilisés dans le
positionnement de précision (interférométrie, micro lithographie, positionnement de wafers,
de masque, …) ou dans les systèmes d’absorption active des vibrations. Une des armatures du
condensateur sert de référence de position et l’autre est solidaire de l'objet à contrôler. On présente
une manipulation de principe avec un condensateur d’Aepinius en mettant à profit l’expression du
condensateur plan 𝐶 = 𝜀𝑆/𝑒 pour mesurer une distance e. La dépendance en 1/e permet d’avoir un
système particulièrement sensible pour les petites distances (on peut atteindre une résolution de
l'ordre nm, voire moins, avec des dispositifs spécialisés). La capacité C peut être mesurée avec un
RLC mètre mais on l’intègre ici dans l’oscillateur à relaxation présenté au § II.1. On présente ainsi
simultanément deux applications du condensateur : son emploi comme détecteur de position et
comme conditionneur de mesure via un oscillateur. La période de l’oscillateur proposé valant T =
2RCln3, on a, pour un condensateur plan :
1 1
𝑓= = 𝑒
2𝑅𝐶𝑙𝑛3 2𝑅𝜀0 𝑆𝑙𝑛3

La fréquence de l’oscillateur est donc proportionnelle à la distance entre les deux plaques.

IV.1.1 Montage
On a vu au § II.1 que le Slew Rate de l’amplificateur
opérationnel limite les performances du montage en haute fréquence. Comme les capacités à
mesurer sont faibles (de l’ordre de quelques centaines de pF), on prend un amplificateur
opérationnel rapide et on augmente la valeur de R pour limiter la fréquence des oscillations :
2 MΩ
Attention au branchement du condensateur
si ses deux plateaux ne sont pas isolés 081
_ 
(anciens modèles Leybold par exemple) :
relier le plateau non isolé à la masse du +
montage sinon la capacité parasite du A
support doit être prise en compte. 10 k
Vs
Si le condensateur dispose de vis de réglage
prévues à cet effet, ajuster au mieux le Condensateur d’Aepinus
10 k
parallélisme entre les deux plateaux pour
avoir une épaisseur bien définie.

La principale difficulté consiste à mesurer l’épaisseur du condensateur autour du millimètre avec


une précision suffisante. On peut utiliser le vernier de mesure du condensateur, se servir d’un pied à
coulisse permettant la mesure d’écartement (pied à coulisse à bec extérieurs), ou procéder à une
mesure par grossissement à l’aide d’une caméra couplée à un oculaire de microscope. Les trois
méthodes ont été testées et les meilleurs résultats ont été obtenus avec la dernière. Ce sont donc
ceux qui sont présentés ici. On a utilisé une webcam couplée à un oculaire ×10 pour la mesure par
grossissement (la distance de mise au point est alors très courte, de l’ordre du mm). L’image
obtenue a été envoyé sur un téléviseur sur lequel ont été effectuées les mesures d’épaisseur. Le
grandissement G de l’image a été mesuré en projetant l’image d’un pied à coulisse réglé sur
quelques millimètres (G valait 22 dans l’expérience réalisée). La fréquence de l’oscillateur a été
obtenue avec oscilloscope numérique en moyennant le signal VS pour atténuer les instabilités :

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

emes (mm) f (Hz) Cfréq (pF) Cep (pF)


2,26 963 236 208
2,03 882 258 231
1,81 772 295 260
1,58 689 331 297
1,35 609 374 347
1,13 511 445 416
0,90 414 550 520
0,68 304 750 693
0,45 220 1036 1040

Analyse des résultats :

On obtient bien une droite mais la pente vaut 436 Hz/ mm alors qu’on attend 1/(2𝑅𝜀0 𝑆𝑙𝑛3) =
485 𝐻𝑧/𝑚𝑚 (R = 2 MΩ, condensateur à armatures circulaires de 13 cm de rayon). Pour
comprendre cette différence, on donne dans le tableau les valeurs 𝐶𝑓𝑟𝑒𝑞 = 1/(2𝜋𝑅𝑓) obtenues
compte tenu des fréquences mesurées et les valeurs 𝐶𝑒𝑝 = 𝜀0 𝑆/𝑒 attendues compte tenu des
épaisseurs calculées. On constate qu’il y a un décalage systématique d’une vingtaine de pF entre ces
deux calculs si on excepte les plus faibles valeurs de e. Cet écart est dû aux capacités parasites du
système, notamment celles du condensateur d’Aepinus. La correction indiquée au § I.2 est en effet
de l’ordre de grandeur des écarts observés, les quelques pF supplémentaires pouvant être attribués
au reste du montage (cordons de liaison, …). Un point important à noter est la sensibilité de cette
méthode. La précision sur la mesure de f autour de 400 Hz a été évaluée à 1 Hz avec la fonction
statistique de l’oscilloscope (instabilités de l’oscillateur). Cela conduit à une incertitude Δe = e Δf/f
de l’ordre de quelques microns pour une épaisseur de l’ordre du mm ! Ce système est donc
particulièrement bien adapté à la mesure de faibles distances et il fournit une grandeur facilement
exploitable par un système électronique d’où son intérêt dans la conception de systèmes
d’asservissement de position.

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d’électronique à l’agrégation
[2] : Fleury Mathieu : Electrostatique, Courants continus, Magnétisme
[3] : Quaranta III : L’électronique
[4] : Quaranta IV : L’électricité

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE :
CALCUL DE LA PERIODE DE L’OSCILLATEUR

C
_ 
+ Vsat
+
+ kVsat Ve
R2
t
Vs
- kVsat
R1 VS
- Vsat

La borne + de l’AO a son potentiel imposé par le pont R1/R2 :


𝑅1 𝑅1
𝑉+ = 𝑉 = 𝑘𝑉𝑆 avec 𝑘=
𝑅1 + 𝑅2 𝑆 𝑅1 + 𝑅2

La réaction étant positive, l’AO fonctionne en commutation → VS =  Vsat , d’où V+ =  k Vsat

VS =  Vsat → le condensateur se charge ou se décharge à travers R sous  Vsat → La sortie


basculera dès que V- = VC atteindra la valeur V+ =  k Vsat

Calcul de T :
Cas d’une charge

𝑉− = 𝑉𝐶 = 𝐴 + 𝐵𝑒 −𝑡/𝑅𝐶

𝑉𝐶 = − 𝑘𝑈 à 𝑡 = 0 → 𝐴 + 𝐵 = − 𝑘𝑈

𝑉𝐶 → 𝑈 𝑙𝑜𝑟𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑡 → ∞ → 𝐴 = +𝑈 → 𝐵 = −(1 + 𝑘)𝑈

𝑉𝐶 = 𝑈(1 − (1 + 𝑘)𝑒 −𝑡/𝑅𝐶 )

Or 𝑉𝐶 = 𝑘𝑈 à 𝑡 = 𝑇/2
𝑇
− 𝑇 1−𝑘 1+𝑘
→ 𝑘 = 1 – (1 + 𝑘)𝑒 𝑒 2𝑅𝐶
d'ou 𝑒 −2𝑅𝐶 = 𝑒𝑡 𝑇 = 2𝑅𝐶 𝑙𝑛 ( )
1+𝑘 1−𝑘
Soit, finalement :

𝑅1
𝑇 = 2𝑅𝐶 𝑙𝑛 (1 + 2 )
𝑅2

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : CABLE COAXIAL


REFLEXION EN BOUT DE LIGNE

I DESCRIPTION DES ONDES ALLER/RETOUR


Les deux ondes sont décrites par les
courants 𝐼𝑖 , 𝐼𝑟 et les tensions 𝑈𝑖 , 𝑈𝑟 . Ces grandeurs sont liées par l'impédance caractéristique du
câble :

𝑈𝑖 = 𝑍𝐶 𝐼𝑖

𝑈𝑟 = 𝑍𝐶 𝐼𝑟
Les tensions s’ajoutent mais les courants se propagent en sens inverse. On a donc :

𝑈𝑡 = 𝑈𝑖 + 𝑈𝑟

𝐼𝑡 = 𝐼𝑖 − 𝐼𝑟

II REFLEXION EN BOUT DE LIGNE

II.1 Calcul général


Soit 𝑍 l’impédance en bout de ligne. On connaît 𝑈𝑖 et on cherche
𝑈𝑟 → il faut résoudre 𝑈𝑡 = 𝑍𝐼𝑡 :
𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 = 𝑍(𝐼𝑖 – 𝐼𝑟 )
𝑍
𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 = (𝑈 − 𝑈𝑟 )
𝑍𝐶 𝑖
𝑍 𝑍
𝑈𝑟 (1 + ) = 𝑈𝑖 ( − 1)
𝑍𝐶 𝑍𝐶
D’où le résultat déjà obtenu dans l’annexe du montage sur les ondes :
𝑍 − 𝑍𝐶
𝑈𝑟 = 𝑈𝑖
𝑍 + 𝑍𝐶

II.2 Cas ou l’extrémité est en circuit ouvert


L’impédance Z est alors infinie → 𝑍 ≫
𝑍𝐶 , d’où 𝑈𝑟 = 𝑈𝑖 . Une onde identique à l’onde incidente repart dans le câble coaxial.

II.3 Cas de la charge adaptée


L’impédance caractéristique 𝑍𝐶 d’un câble coaxial est
purement résistive (cf. annexe du montage sur les ondes) → On a 𝑈𝑟 = 0 si l’impédance 𝑍 en bout
de ligne est une résistance 𝑅 égale à 𝑍𝐶 . L’onde incidente est absorbée par la charge et il n’y a pas
d’onde retour.

II.4 Conséquence d’un effet capacitif supplémentaire


Supposons qu’il y ait une
petite capacité C en parallèle sur la résistance adaptée (𝑅 = 𝑍𝐶 ). Le courant total en bout de ligne
vaut alors :

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑈𝑡 𝑑𝑈𝑡
𝐼𝑡 = + 𝐶 = 𝐼𝑖 − 𝐼𝑟
𝑅 𝑑𝑡
Si on remplace 𝐼𝑖 , 𝐼𝑟 et 𝑈𝑡 par leur expression en fonction de 𝑈𝑖 et 𝑈𝑟 , on obtient :
𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 𝑑(𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 ) 𝑈𝑖 − 𝑈𝑟
+ 𝐶 =
𝑅 𝑑𝑡 𝑍𝐶

D’où, avec 𝑅 = 𝑍𝐶 :
𝑈𝑟 𝑑(𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 ) 𝑑𝑈𝑖 𝑑𝑈𝑟
2 = −𝐶 = −𝐶( + )
𝑍𝐶 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
On envoie une tension en forme de créneau dans le câble coaxial → la dérivée de Ui diverge lors de
ses fronts montants et descendant et elle est nulle en dehors → si on suppose que la dérivée de Ui
est beaucoup plus grande que celle de Ur au voisinage de ces points, on a, à ces instants :
𝑍𝐶 𝐶 𝑑𝑈𝑖
𝑈𝑟 ≈ −
2 𝑑𝑡
→ L’onde de retour présente un pic négatif au moment où l’onde incidente arrive, et un pic de
positif au moment où l’onde incidente se termine.

II.5 Conséquence d’un effet inductif


On considère cette fois ci une petite
inductance L en série avec la résistance adaptée 𝑅 = 𝑍𝐶 . La tension en bout de ligne est maintenant
donnée par :
𝑑𝐼𝑡
𝑈𝑡 = 𝐿 + 𝑅𝐼𝑡
𝑑𝑡
𝑑(𝐼𝑖 − 𝐼𝑟 )
𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 = 𝐿 + 𝑅(𝐼𝑖 − 𝐼𝑟 )
𝑑𝑡
𝐿 𝑑(𝑈𝑖 − 𝑈𝑟 ) 𝑅
𝑈𝑖 + 𝑈𝑟 = + (𝑈𝑖 − 𝑈𝑟 )
𝑍𝐶 𝑑𝑡 𝑍𝐶

D’où, avec 𝑅 = 𝑍𝐶 :
𝐿 𝑑(𝑈𝑖 − 𝑈𝑟 ) 𝐿 𝑑𝑈𝑖 𝑑𝑈𝑟
2𝑈𝑟 = = ( − )
𝑍𝐶 𝑑𝑡 𝑍𝐶 𝑑𝑡 𝑑𝑡

On peut faire la même approximation qu’avec l’effet capacitif aux moments ou l’onde incidente
arrive et se termine :
𝐿 𝑑𝑈𝑖
𝑈𝑟 ≈ +
2𝑍𝐶 𝑑𝑡

→ L’onde de retour présente un pic positif au moment où l’onde incidente arrive, et un pic négatif
au moment où l’onde incidente se termine.

II.6 Comparaison avec l’expérience


L’oscillogramme du § III.4.2 obtenu avec la
boite variable réglée à 75 Ω permet de voir que la dérivée temporelle de 𝑈𝑖 est approximativement 5
fois plus importante que celle de 𝑈𝑟 au moment des transitions → l’approximation 𝑑𝑈𝑖 /𝑑𝑡 ≫
𝑑𝑈𝑟 /𝑑𝑡 faite à ces instants est assez grossière mais permet de prédire simplement l’allure de 𝑈𝑟 .

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INDUCTION, AUTO-INDUCTION

I INTRODUCTION

I.1 L’induction
C’est un phénomène lié à la variation d’un champ magnétique dans un
circuit. La variation de flux 𝑑𝛷 de ce champ pendant la durée 𝑑𝑡 entraîne l’apparition d’une f.é.m.
𝑒 = − 𝑑𝛷/𝑑𝑡 (loi de Lenz-Faraday). Le circuit subissant l’effet est appelé induit, le champ
magnétique le provoquant est appelé inducteur. Les phénomènes d’induction peuvent être classés en
deux catégories (ces effets pouvant se combiner) :
- le champ inducteur est statique ; le phénomène
d’induction est lié au déplacement relatif de l’induit par rapport à l’inducteur ou à la déformation du
circuit induit (induction de Lorentz).

- le circuit induit est fixe ; le phénomène


d’induction est lié à une variation dans le temps du champ inducteur (induction de Neumann).

La f.é.m. induite peut être détectée directement aux bornes de la bobine en circuit ouvert ou par le
courant induit 𝑖 = 𝑒/𝑅 passant dans un circuit fermé de résistance 𝑅. Si la variation de flux dans le
circuit induit est due à une variation d'intensité di pendant la durée 𝑑𝑡 dans le circuit inducteur, la
f.é.m. d'induction a pour expression 𝑒 = − 𝑀𝑖/𝑑𝑡 ou 𝑀 est le coefficient d'inductance mutuelle
entre les deux circuits (grandeur purement géométrique à 0 près).

I.2 L’auto-induction
C’est un cas particulier du phénomène d'induction ou un circuit
électrique est à la fois inducteur et induit. Ce phénomène est aussi régi par la loi de Lenz – Faraday.
Il se traduit par l'apparition d'une f.é.m. d'auto-induction liée à la variation du flux que le circuit
s'envoie à travers lui-même :
𝑑𝛷𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒
𝑒=−
𝑑𝑡
Si la variation de flux est due à une variation d'intensité di pendant la durée 𝑑𝑡, la f.é.m. d'auto-
induction a pour expression 𝑒 = − 𝐿𝑑𝑖/𝑑𝑡 ou L est l'inductance propre du circuit. L'auto-induction
a pour effet de retarder les variations de courant. Ainsi, à la fermeture du circuit, cette f.é.m. retarde
l'établissement du régime permanent caractérisé par l'intensité I. L'énergie emmagasinée pendant ce
régime transitoire est 𝐸 = 𝐿𝐼 2 /2. A l'ouverture du circuit, la f.é.m. tend à prolonger le passage du
courant et la bobine restitue l'énergie qu'elle avait emmagasinée.

I.3 Conseil préliminaire avant de commencer les manipulations


Comme on vient
de le rappeler, tout circuit électrique inductif s’oppose aux variations magnétiques qu’on lui fait
subir. Il est particulièrement important de s’en rappeler lorsque l’on utilise des systèmes
fortement inductifs et peu résistifs dans lesquels des courants importants circulent (transformateurs,
moteurs, … en pleine charge). Dans ce cas, de très fortes f.é.m. peuvent apparaître et endommager
les circuits si on coupe brutalement l’alimentation. Il est donc impératif de couper
progressivement l’alimentation avec de tels systèmes. Cette consigne est toujours valable mais
c’est très gênant de faire une telle erreur lors de la présentation de ce montage car cela montre que
l’on n’a pas vraiment compris les effets de l’auto-induction.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II L’INDUCTION

II.1 Mise en évidence du phénomène


On peut faire varier le flux 𝛷 = 𝐵 ⃗ . 𝑆 d’un
champ magnétique 𝐵 ⃗ à travers un circuit de surface 𝑆 de nombreuses manières (cf. [4], p. 224 ou
[10], p. 70) mais il est plus judicieux de limiter le nombre d’expériences qualitatives et exploiter au
mieux celles que l’on présente. On propose ici de montrer la conséquence qu’à l’introduction d’un
aimant dans une bobine.

II.1.1 Matériel
Il faut un aimant droit ou les pôles N et S sont connus (le pôle
nord est, en général, peint en rouge). Si ce n’est pas le cas, on peut les déterminer avec une
boussole :

𝐵
S N
S N

Pour la bobine, on peut utiliser une bobine de transformateur démontable Leybold de 1000 spires.
On conseille les anciens modèles (carcasse en Bakélite) car le sens de l’enroulement du bobinage
est facile à repérer. C’est aussi possible avec les nouveaux modèles (carcasse plastique) si on a
quelques notions d’allemand : le sens de l’enroulement est repéré par un schéma des deux côtés de
la bobine. Ce sens correspond au parcours de la borne A (A : Anfang = début) vers la borne E (E :
Ende = fin) de la bobine. Si on utilise ce type de bobine, on peut prendre une 5 000 ou 10 000 spires
pour avoir un signal plus fort.

II.1.2 Vérification de la loi de Lenz

Manipulation :
1 S
2
Oscilloscope numérique
N
Signal : entrée E de la bobine 1
Masse : sortie A de la bobine
sens de l’enroulement 2 voie
1

On fait entrer et sortir brusquement l’aimant de la bobine et on observe le signal résultant à l’aide
d’un oscilloscope permettant l’affichage du signal en mode Roll. Ce mode fait défiler le signal de la
droite vers la gauche de l’écran sans temps de latence (pas de mise en mémoire préalable) et est
donc bien adapté aux phénomènes lentement variables. On peut observer en temps réel l’évolution
du signal et figer l’observation lorsqu’on entre l’aimant dans la bobine.

Analyse :
Le courant induit est converti en tension via la résistance d’entrée de l’oscilloscope. Le
signal détecté est positif lorsqu’on entre le pôle Nord de l’aimant dans la bobine → le courant sort
de E → il va dans le sens inverse de l’enroulement du bobinage → connaissant le sens de parcours
du courant, on en déduit qu’il apparaît une face Nord sur la face supérieure de la bobine (règle de la
main droite).
Le signal est négatif lorsqu’on retire le pôle Nord de l’aimant de la bobine → le courant
part de E → il va dans le sens de l’enroulement du bobinage → connaissant le sens de parcours du
courant, on en déduit qu’il apparaît une face Sud sur la face supérieure de la bobine.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Dans les deux cas de figure, l’effet s’oppose à la cause : le rapprochement du pôle Nord provoque la
circulation d’un courant qui fait apparaître un pôle de même nature (effet répulsif) sur la face
supérieure de la bobine. De même, il apparaît un pôle Sud sur la face supérieure de la bobine
lorsque l’on éloigne le pôle Nord (la création d’un pôle Sud tendant à s’opposer à l’éloignement de
la face Nord de l’aimant). On illustre ainsi le signe négatif de la loi de Lenz – Faraday : le sens du
courant induit est tel qu’il tend, par ses effets, à s’opposer à la cause qui lui a donné naissance (loi
de Lenz). On peut recommencer l’expérience avec le pôle Sud de l’aimant et les conclusions
doivent être les mêmes.

II.1.3 Influence de la rapidité d’exécution


Même montage. On place l’aimant
dans la bobine. Une fois positionné, le signal ne varie plus → le phénomène d’induction est lié au
mouvement → ce n’est pas le flux qui compte mais sa variation. Si on entre ou on retire l’aimant
plus ou moins rapidement, on s’aperçoit que l’amplitude de la f.é.m. induite est d’autant plus
importante que l’on va rapidement. On montre ainsi qualitativement l’influence de la durée de la
variation du flux sur la valeur de la f.é.m. (e varie en inverse de dt).

II.1.4 Autre expérience


On peut faire une manipulation sans avoir à créer de
champ magnétique inducteur en se servant du champ magnétique terrestre. Sa valeur étant faible (
50 T pour le champ total), il faut une bobine avec un nombre de spires élevé. Une bobine Leybold
de 23 000 spires fait l’affaire.

Manipulation 1 :

Rotation 23 000 spires


face 2
face 1

N S

Rotation
face 1

N S

face 2

La détermination du sens de l’enroulement est délicate sur cette bobine car les entrées ne sont pas
repérées sur les nouveaux modèles. Le plus simple est de noter le signe de la f.é.m. induite
lorsqu’on approche ou on éloigne un pôle connu d’un aimant droit afin d’avoir un point de
comparaison. On place l’aimant en orientant par exemple le pôle Sud du côté de la bobine. On relie
celle-ci à l’oscilloscope via un câble coaxial pour avoir un signal le plus propre possible. On fait
subir des rotations de 90° à la bobine (le schéma correspond à une vue de dessus) et on note le signe
de la f.é.m. induite. On s’aperçoit dans notre exemple qu’elle est positive lorsque l’on éloigne la
face 1 de la bobine du pôle Sud, et qu’elle est négative lorsqu’on rapproche cette face du pôle Sud.
On peut refaire la même manipulation en mettant cette fois ci le pôle Nord du côté de la bobine, les
résultats doivent s’inverser. Le résultat dépend bien évidemment du sens de branchement de la
bobine et de l’orientation des faces.

Manipulation 2 :
On recherche à l’aide d’une boussole la direction du champ magnétique terrestre.
On place la bobine suivant l’axe du champ en dirigeant sa face 1 vers le pôle Nord (on conserve

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’orientation des faces et le branchement de la bobine de l’expérience 1). On incline la bobine vers
le bas d’un angle d’environ 60° ( inclinaison du champ magnétique terrestre en France) :

face 1 dirigée
vers le Nord

axe du champ magnétique terrestre

Dans cette position, le flux du champ magnétique terrestre à travers la bobine est maximum. On
tourne alors rapidement la bobine d’un quart de tour de façon à annuler ce flux et on note le signe
f.é.m. induite. Le signe positif dans l’exemple choisi permet par comparaison avec l’expérience
précédente d’en déduire la nature du pôle en vis à vis avec la face 1 et on trouve que le pôle Nord
indiqué par la boussole est en fait un pôle Sud (cf. [4], p. 66-67, [5], p. 218 et [6], p. 52 pour plus
d’explications). Lorsque la bobine est dans la direction de flux maximum ou minimum, une
translation conservant ce flux ne doit faire apparaître aucune f.é.m.

II.2 Vérification quantitative de la loi de Lenz

II.2.1 Principe de l’expérience


[4], p. 227 ; [10], p. 70.

Cette manipulation classique utilise deux bobines. La première crée un champ magnétique
inducteur 𝐵1 par l’intermédiaire d’un courant 𝑖1 . La seconde bobine, de diamètre plus petit, est
insérée dans la première pour subir l’effet de 𝐵1. La f.é.m. induite dans 𝐵2 s’exprime alors par la
relation 𝑒2 = − 𝑀𝑑𝑖1 /𝑑𝑡. On excite 𝐵1 par un courant triangulaire 𝑖1 = ± 𝑘𝑡 → si on peut
considérer la bobine 𝐵1 comme un solénoïde infini, le champ magnétique à l’intérieur vaut 𝐵1 =
0 𝑛1 𝑖1 = ± 0 𝑛1 𝑘𝑡 (𝑛1 = 𝑁1 /𝐿1 = nombre de spires par unité de longueur). Le flux de ce champ
à travers la bobine 𝐵2 vaut 𝛷 = 𝑁2 𝑆2 𝐵1 et la f.é.m. induite aux bornes de 𝐵2 vaut 𝑒2 = −𝑑𝛷/𝑑𝑡 =
∓ 𝜇0 𝑁2 𝑆2 𝑛1 𝑘. La tension aux bornes de 𝐵2 a donc l’allure d’un carré, le signe du carré étant
inversé par rapport au signe de la pente du signal triangulaire (loi de Lenz).

II.2.2 Montage
Le principe de l’expérience suppose un inducteur assimilable
à un solénoïde infiniment long par rapport à l’induit donc il faut bien choisir les bobines pour que
cette hypothèse soit valable. On trouve souvent ce type de produit dans les collections
d’enseignement pour illustrer le phénomène d’induction :

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On le déconseille pour une vérification quantitative du phénomène car le rapport diamètre/longueur


de la bobine inductrice et le fait que les deux enroulements aient la même longueur ne permet pas
de supposer que la bobine B2 subisse un champ 𝐵1 créé par un solénoïde infiniment long. On utilise
ici comme inducteur un solénoïde Jeulin référence 292 012 de rayon R1 = 2,5 cm, longueur L1 =
40,5 cm et N1 = 200 spires. La bobine 𝐵2 est quant à elle constituée de N2 = 135 spires de rayon R2
= 2 cm enroulées sur une longueur L2 = 7,5 cm.

Manipulation 1 :
On peut éventuellement vérifier si le champ magnétique à l’intérieur du
solénoïde peut être décrit par la relation 𝐵1 = 0 𝑛1 𝑖1 . La valeur de µ0 étant faible, il faut un
courant suffisamment fort pour que le champ magnétique soit mesurable par un teslamètre courant
donc on utilise une alimentation continue de puissance réglée en générateur de courant.

i1
I

Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure du champ magnétique au centre du solénoïde
en partant du milieu jusqu’à une de ses extrémités pour un courant i1 = 4,8 A (le solénoïde peut
supporter jusqu’à 7 A mais sur une durée limitée) :

Le champ attendu calculé par la relation 𝐵1 = 0 𝑛1 𝑖1 est de 2,98 mT et c’est ce que l’on obtient
dans une zone s’étendant jusqu’à environ 10 cm en partant du centre. Notre bobine B2 mesurant
seulement 7,5 cm de long, il n’y a donc pas de problème si on la place au milieu du solénoïde.

Manipulation 2 :
On place la bobine B2 au centre du solénoïde et on remplace l’alimentation
continue par un GBF en signal triangulaire.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

B2 : bobine intérieure

Y
GBF

R =100  i1 B1 : bobine extérieure

La résistance R ajoutée permet d’observer à l’oscilloscope une image du courant 𝑖1 dans l’inducteur
(𝑋 = 𝑅𝑖1). Elle transforme aussi le GBF en générateur de courant car c’est cette grandeur qu’il faut
maitriser puisqu’elle est la source du champ magnétique. Or le solénoïde a par nature un caractère
auto inductif qui peut modifier l’allure du courant (principalement lors des changements de pente de
la tension triangulaire délivrée par le GBF). La résistance R permet d’atténuer ce phénomène si la
chute ohmique à ses bornes est très supérieure au caractère auto inductif de la bobine :

Solénoïde
R i1

GBF u eauto ind

On a en effet 𝑢 = 𝑅. 𝑖1 – 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 ≈ 𝑅𝑖1 si 𝑅𝑖1 ≫ 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 → le courant est triangulaire si la
tension l’est. La valeur de R dépend de la bobine utilisée et des fréquences explorées. Une valeur de
100 Ω proposée ici est suffisante pour négliger l’influence du solénoïde sur la forme du courant
autour de 1000 Hz et elle n’est pas trop forte pour éviter de diminuer trop fortement l’intensité du
champ magnétique créé. La f.é.m. induite en Y est malgré tout assez faible et il vaut mieux utiliser
un câble coaxial pour l’observer sur un oscilloscope afin de limiter le bruit et les perturbations. On
obtient alors un oscillogramme ayant approximativement la forme suivante :

Ce résultat est conforme aux prévisions : la f.é.m. induite est un signal carré. Elle est négative
lorsque la pente du triangle est positive et vice versa (loi de Lenz). Si ce n’est pas le cas, il suffit
d’inverser le sens de branchement d’une des bobines pour obtenir le résultat souhaité. On peut en
toute rigueur justifier le sens du branchement permettant d’obtenir le bon résultat mais c’est délicat
car il faut tenir compte du sens d’enroulement des deux bobines, du sens de leur branchement, de la
convention récepteur pour la résistance R et de la convention générateur pour la f.é.m. qui apparaît
dans 𝐵2. Il y a donc de nombreuses sources d’erreurs possibles dans cette analyse et il faut une
bonne maitrise du sujet pour justifier de façon claire et rigoureuse le sens correct des branchements.

Mesures :
On peut mesurer la f.é.m. à l’aide des curseurs de l’oscilloscope. La valeur crête-crête
de Y vaut alors 2𝑒2. Il faut aussi mesurer la pente de X pour avoir une image de 𝑑𝑖1 /𝑑𝑡 (𝑋 = 𝑅𝑖1).
Une astuce pour le faire rapidement consiste à utiliser la fonction de mesure « temps de montée » ou
« temps de descente » de l’oscilloscope car elle cale automatiquement les curseurs sur le signal et il
suffit ensuite de réactiver les curseurs pour obtenir 𝛥𝑋 et 𝛥𝑡. Voici à titre indicatif le résultat d’une

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

série de mesure effectuée entre 1 et 2 kHz :

On a bien une relation linéaire entre la f.é.m. induite et 𝑑𝑖1 /𝑑𝑡. La pente de la régression
correspond au coefficient d’inductance mutuelle entre les deux bobines et il vaut ici M = 101 µH.
On peut comparer ce résultat avec l’expression théorique de M obtenue avec l’hypothèse du
solénoïde infini pour 𝐵1 :

𝑀 = µ0 𝑁2 𝑆2 𝑛1 = 105 µ𝐻

L’écart entre la valeur calculée et la valeur mesurée est de 4 %. Pour information, la manipulation a
été testée avec le jeu de bobines indiqué au début de ce paragraphe (dispositif Jeulin 292 023). On a
obtenu une droite de coefficient directeur M = 0,83 mT pour une valeur attendue de 1,18 mT, soit
un écart d’environ 30 %.

II.3 Autre manipulation possible


On peut aussi vérifier la loi de Lenz en plongeant
une bobine de N spires de surface S dans un champ magnétique alternatif sinusoïdal. Dans ce cas, la
f.é.m. induite vaut :
dΦ d(NSB0 cosωt)
e=- =- = NSωB0 sinωt
dt dt
Soit, en valeur efficace :

𝑒𝑒𝑓𝑓 = 𝑁𝑆𝜔𝐵𝑒𝑓𝑓

→ la f.é.m. induite est proportionnelle à la surface totale 𝑁𝑆 de la bobine, à l’intensité du champ


magnétique ainsi qu’à sa fréquence. Le montage suivant permet au choix de montrer la dépendance
de e en 𝑁𝑆, 𝐵𝑒𝑓𝑓 ou 𝜔.

II.3.1 Montage
Les bobines subissant le phénomène d’induction sont des
bobines de transformateur démontable type Leybold. L’estimation de leur surface est délicate mais
elles permettent de changer le nombre de spires (il vaut mieux prendre un enroulement plus facile à
analyser si on ne souhaite pas faire varier N). Pour vérifier quantitativement la loi de Lenz, il faut
créer un champ magnétique constant dans une zone suffisamment grande par rapport à leur taille.
Pour ce faire, on utilise une grande paire de bobines de Helmholtz (bobines parallèles entre elles,
distantes de leur rayon R et parcourues par un courant de même intensité et de même sens).

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bobines de Helmholtz Vers


R = 20 cm oscilloscope
N = 154 spires par bobine et voltmètre
numériques

GBF de A≈ Bobine de transformateur


puissance Leybold

Dans cette configuration, les champs magnétiques s’ajoutent et le champ au centre des bobines vaut
(cf. [4], p. 274) :
8 𝜇0 𝑁𝐼
𝐵(0) =
5√5 𝑅

Le champ crée étant généralement faible, il faut utiliser un GBF de puissance ou un GBF classique
suivit d’un amplificateur de puissance pour envoyer le plus de courant possible.

Réglages :
On place une bobine Leybold de 1000 spires reliée à un oscilloscope au centre des
bobines de Helmholtz. Le dispositif servant à ajuster sa position ne doit pas comporter de pièces
ferromagnétiques afin d’éviter de perturber les lignes de champ magnétique (élévateur en
aluminium par exemple). On alimente les bobines de Helmholtz avec le GBF de puissance (f ≈ 100
Hz). On augmente progressivement la tension appliquée tout en observant le signal aux bornes de la
bobine Leybold. Si on ne voit rien, c’est que les bobines de Helmholtz sont probablement branchées
en opposition (cf. [4], p. 275) et il faut inverser un des branchements. Une fois que les connexions
sont correctes, on peut vérifier avec un teslamètre que le champ magnétique créé au niveau de la
bobine est pratiquement constant (attention, le champ est alternatif). On peut alors comparer sa
valeur à celle calculée par l’expression de 𝐵(0) ci-dessus (attention : N est le nombre de spires dans
une bobine et comme le courant mesuré est alternatif, on obtient la valeur efficace de 𝐵).

II.3.2 La f.é.m. induite est proportionnelle à NS


On prend des bobines avec
un nombre de spires différent → la proportionnalité à 𝑁𝑆 sera vérifiée si la section moyenne des
spires est la même. Une observation visuelle des bobines de 250, 500 et 1000 spires montre qu’elles
ont des sections assez comparables. On a estimé la surface moyenne des spires à un carré de 6 cm
de côté. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure effectuée à 120 Hz avec un courant
Ieff = 180 mA dans les bobines (→ Beff = 125 μT) :
Loi de l'induction a N variable
350

300

250
e eff (mV)

200
y = 0,3209x
150 R² = 0,9991

100

50

0
0 200 400 600 800 1000
Nombre de spires

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La proportionnalité entre la f.é.m. induite dans la bobine et le nombre de spires est relativement
bien vérifiée malgré l’approximation assez grossière faite sur l’égalité des surfaces des spires. On
peut comparer le coefficient directeur obtenu au calcul de 𝑆𝜔𝐵𝑒𝑓𝑓 dans les conditions de
l’expérience avec une section estimée à 6 cm2. On obtient alors un coefficient directeur de 0,339
(avec la f.é.m. en mV) soit un écart de 5,5 % assez raisonnable vu la difficulté à estimer S.

II.3.3 La f.é.m. induite est proportionnelle à Beff


On mesure cette fois ci la
f.é.m. induite dans une bobine de 1000 spires à fréquence constante lorsqu’on modifie l’intensité du
courant 𝐼𝑒𝑓𝑓 (donc 𝐵𝑒𝑓𝑓 ) délivrée par le GBF. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure
effectuée à 119 Hz :
Loi de l'induction a Beff variable
400

350

300

250
e eff (mV)

200

150 y = 2,5822x
R² = 1
100

50

0
0 50 100 150
B eff (μT)

La relation de proportionnalité est bien vérifiée. Là encore, le coefficient directeur obtenu (2,58) est
assez proche de la valeur 𝑁𝑆𝜔 = 2,69 calculée dans les conditions de l’expérience avec S = 6 cm2.

II.3.4 La f.é.m. induite est proportionnelle à la fréquence


Le montage doit
être modifié car il faut pouvoir changer la fréquence sans modifier 𝐵𝑒𝑓𝑓 , donc sans changer le
courant délivré par le GBF. Or, celui-ci délivre une tension constante et ce sont les bobines qui
imposent le courant avec un terme en 𝐿𝜔 dans leur impédance → ce terme doit être négligeable
dans l’impédance totale du circuit. On peut y parvenir en rajoutant une résistance en série comme
dans la manipulation 2 du § II.2.2. Une résistance de 200 Ω convient au montage proposé ici dans
une gamme restreinte de fréquences autour de 100 Hz. On mesure alors la f.é.m. induite dans la
bobine de 1000 spires pour différentes fréquences en vérifiant que le courant délivré par le GBF
reste constant. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure effectuée avec un courant
𝐼𝑒𝑓𝑓 = 28 𝑚𝐴 (→ 𝐵𝑒𝑓𝑓 = 19,4 𝜇𝑇) :
Loi de l'induction a fréquence variable
60

55

50
eeff (mV)

45

40 y = 0,4179x
R² = 0,9995
35

30
80 90 100 110 120 130 140

f (Hz)

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L’excursion en fréquence des mesures est assez faible mais cela était nécessaire pour conserver un
courant constant avec les éléments choisis. Dans ces conditions, la relation de proportionnalité entre
la f.é.m. et la fréquence est vérifiée et le coefficient directeur obtenu par la régression linéaire est
proche de la valeur 𝑁𝑆2𝜋𝐵𝑒𝑓𝑓 = 0,439 calculée dans les conditions de l’expérience avec S = 6 cm2
(on obtient 0,424 avec la section calculée au § II.2.2).

III L’AUTO INDUCTON

III.1 Mise en évidence du phénomène


Les manipulations suivantes illustrent
qualitativement les propriétés du phénomène d’auto induction.

III.1.1 Etincelle de rupture


[4], p.38

L’expérience suivante montre la différence de comportement entre un rhéostat et une self lors de
brusques variations de courant :
1
K R
R : rhéostat 10  (pas d’AOIP !)
2
L : bobine 1.1 H, 10  avec noyau E=5V L
Pointe
Râpe
E : alimentation de puissance

Il suffit de regarder ce qu’il se passe lorsqu'on déplace la pointe sur la râpe. On n’observe rien de
particulier lorsque l’interrupteur est relié à la résistance alors qu’il y a des étincelles au niveau de la
pointe lorsqu’elle est reliée à la self. Ces étincelles sont créées par la f.é.m. d'auto-induction due à la
variation très rapide du courant i lorsque l’on passe d’une crête à l’autre sur la râpe. Si cette f.é.m.
est suffisamment importante, elle ionise l’air entre la pointe et la crête (claquage diélectrique par
haute tension) d’où le choix d’une self à noyau pour avoir un effet fort.

III.1.2 Retard à l'établissement d'un courant


[4], p.40

La réussite de cette expérience dépend beaucoup du choix des ampoules et de la self.


L A

E : alimentation de puissance
utilisée en générateur de tension
R
R : rhéostat 10  A K
E
A : ampoules identiques

Ampoules :
Il faut des ampoules pour lampe de poche avec une résistance à froid la plus faible
possible pour avoir une constante de temps élevée. Une résistance de l’ordre de l’Ω convient bien
mais si les ampoules ont une résistance à froid de 10  ou plus, la manipulation est peu
convaincante (on peut faire l’expérience avec les deux types d’ampoules pour constater la
différence).

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Self :
L’inductance doit être forte et avec la plus faible résistance possible pour avoir une
constante de temps élevée. On peut prendre une bobine à noyau de fer doux (L  1 H, R  10 )
mais on peut faire mieux avec un transformateur démontable type Leybold :

Entré Sortie
e 500 500
spires spires

Il faut brancher les bobines en série pour que leurs effets s’ajoutent (on s’en rend compte lors de la
manip : s’il n’y a pas de différence notable entre les deux ampoules, il suffit d’inverser les
branchements sur une des bobines). Ce dispositif permet d’obtenir une inductance très forte (sa
valeur dépend du courant) avec une résistance d’environ 5 .

Manipulation :
On mesure à l'ohmmètre la résistance de la self et on ajuste celle du rhéostat à la
même valeur. On ferme K et on ajuste la tension de l’alimentation jusqu’à ce que les ampoules
brillent normalement. On regarde alors ce qui se passe lorsqu’on ouvre ou on ferme l’interrupteur.
Lorsqu’on ferme K, l’ampoule L1 s'allume instantanément tandis que L2 s'allume
avec un certain retard. Ce retard est d'autant plus grand que L est élevé et R faible. On peut le
montrer en remplaçant la self réalisée à partir du transformateur par une self à noyau 1,1 H 10  ou
en prenant des ampoules plus résistives. A l'ouverture de K, il n’y a pas de différence notable.

Explication :
La réponse d’un circuit RL à un échelon de tension est régie par l’équation suivante
(cf. [2], p. 25) :
𝐸 𝑅𝑇
𝑖(𝑡) = [1 − 𝑒𝑥𝑝 (− 𝑡)]
𝑅𝑇 𝐿

Ce régime transitoire est caractérisé par la constante de temps  = 𝐿/𝑅𝑇 avec 𝑅𝑇 la résistance
totale du circuit considéré. A la fermeture de K, un courant doit circuler dans la branche L/A et
comme l’ampoule est froide initialement, sa résistance est minimale donc 𝜏𝐹 = 𝐿(𝑅𝐿 + 𝑟𝐴 𝑚𝑖𝑛 ) est
maximum. Lorsqu’on ouvre K, la self doit évacuer l’énergie accumulée et le courant circule dans
les deux branches L/A et R/A. On a donc 𝜏𝑂 = 𝐿(𝑅 + 𝑅𝐿 + 2𝑟𝐴 ) avec 𝑟𝐴 maximum puisque les
ampoules sont chaudes (cf. [7], p. 105). La constante de temps est donc beaucoup plus faible qu’à la
fermeture.

III.1.3 Surtension à l'ouverture d'un circuit


[4], p. 39

1 R

E : alimentation de puissance utilisée en K’ K


générateur de courant (calibre 1 A !)

R : rhéostat 10  (pas d’AOIP !) 2


L
I
A
L : Self à noyaux amovible 1,1 H 10 

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La réussite de cette expérience dépend encore beaucoup du choix de l’ampoule A. Sa résistance à


froid ne soit pas trop faible cette fois-ci sinon la majeure partie du courant circule dans l’ampoule
donc la self n’emmagasine que peu d’énergie et la surtension est peu visible. Une résistance à froid
de l’ordre de l’ohm ne convient pas. Il faut une résistance de 10  ou un peu plus (on peut faire
l’expérience avec les deux types d’ampoules pour constater la différence).

Manipulation :
On mesure la résistance de la self à l'ohmmètre et on ajuste celle du rhéostat R à la
même valeur. On ferme K sur R (position 1). On ferme K' et on ajuste le courant de l'alimentation
pour que l'ampoule brille faiblement. On ouvre K’ → l'ampoule s'éteint « normalement ».

On passe K en position 2. On ferme K' puis on l'ouvre → l'ampoule émet un vif


éclat dû à l'apparition de la f.é.m. induite 𝑒𝐿 = −𝐿𝛥𝐼/𝛥𝑡. On peut mettre en évidence l'influence de
𝐿 et 𝐼 sur la surtension en faisant varier 𝐿 (avec le noyau plongeur) à courant constant et en faisant
varier 𝐼 à 𝐿 constant. Dans ce dernier cas, il faut modifier le courant dans des proportions
raisonnables pour ne pas griller l’ampoule à l’ouverture ! Le courant à considérer alors n'est pas
celui affiché par l'alimentation (qui circule dans L et la lampe) mais celui qui circule dans la bobine
(à mesurer avec un ampèremètre).

III.2 Caractérisation de la f.é.m. d'auto-induction


On propose deux manipulations.
La deuxième reprend le principe de la manipulation du § II.2. La première utilise une méthode
différente ou le caractère dérivateur de courant de la bobine apparaît moins clairement mais elle met
cependant en évidence l’opposition à l’arrêt du courant et peut aussi servir à calculer l’énergie
stockée dans la bobine (§ III.3).

III.2.1 Expérience 1
On vérifie quantitativement la loi de Lenz pour l’auto
induction par l’étude du régime transitoire quand on coupe le courant circulant dans une bobine.

Montage :
K
E = alimentation de puissance (quelques volts)
E V= L, r R X
R : résistance de puissance non inductive  10 
L : self de puissance 1 H, 10 Ω sans noyau

L’interrupteur doit être de bonne qualité pour minimiser les transitoires parasites lors de son
ouverture. Les valeurs proposées pour la résistance et la self permettent d’avoir une constante de
temps 𝐿/𝑅𝑇 assez grande qui limite aussi cette influence. Le circuit étant faiblement résistif, il faut
travailler avec des composants de puissance (pas de composants étalons type AOIP !). Le noyau
ferromagnétique de la self doit être enlevé pour que ses paramètres L, r soient mieux définis. Il faut
donc les mesurer sans le noyau à l’aide d’un RLC mètre.

Vérification de la loi de Lenz :


Il s’agit de montrer que la f.é.m. auto induite dans la bobine tend à
s’opposer à l’arrêt du courant qui circule en son sein. On ouvre l’interrupteur K et on observe le
signal X aux bornes de la résistance. On utilise ici un oscilloscope en déclenchement mono coup
mais on peut aussi se servir d’un système d’acquisition type Latis Pro (c’est d’ailleurs préférable si
on souhaite faire l’étude énergétique) :

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On constate que le signal aux bornes de la résistance passe par des valeurs négatives avant de
s’annuler. Ce comportement est une conséquence de la loi de Lenz.

Explication :
Lorsque l’interrupteur K est fermé, le générateur 𝐸 débite instantanément un courant
𝐼’ = 𝐸/𝑅 dans la résistance 𝑅 et un courant 𝐼 = 𝐸/𝑟 en régime permanent dans la bobine (cf. figure
1). Lorsqu’on ouvre K, le courant 𝐼’ s’arrête immédiatement. Le courant 𝑖(𝑡) circulant dans la
bobine ne s’arrête tout de suite par contre car la loi de Lenz indique que la bobine va essayer de s’y
opposer par l’apparition d’une f.é.m. tendant à prolonger le courant initialement présent :

K I = E/r I’ = E/R K I’ = 0

E R E R R.iauto ind
eauto ind
L, r
iauto ind

Figure 1 Figure 2
K fermé, régime permanent Ouverture de K

Le courant auto induit 𝑖𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 circule donc dans le sens qui était celui de 𝐼. Comme K est ouvert, il
ne peut circuler que dans R avec le sens indiqué en figure 2. On en déduit le sens de la tension
𝑅𝑖𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 aux bornes de la résistance 𝑅 en respectant la convention récepteur. Cette tension est
dans le sens opposé de la prise de mesure du signal X → la tension observée sur l’oscilloscope doit
donc être négative → le signe négatif de la tension X est une preuve indirecte de la Loi de Lenz : la
bobine réagit à l’arrêt du courant 𝐼 circulant en son sein en générant un courant 𝑖𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 qui tend à
s’opposer à l’arrêt de 𝐼.

Mesures
L’étude quantitative du régime transitoire permet de vérifier la loi de l’auto induction.
Si on suppose que la f.é.m. est donnée par la relation 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 = −𝐿𝑑𝑖/𝑑𝑡, l’équation électrique du
circuit lorsqu’on ouvre K est :
𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 − (𝑅 + 𝑟)𝑖 = 0
i(t)
di di R+r t R+r
→ L + (R + r)i = 0 → ∫ = − ∫ dt → i = i0 e− L
t
dt i0 i L 0

𝑖0 correspond au courant circulant dans la bobine lorsqu’on ouvre K et il vaut 𝐼 = 𝐸/𝑟 à cet instant.
L’évolution de 𝑢𝑅 doit donc vérifier la relation suivante (le signe – est lié au sens de branchement
de l’oscilloscope par rapport au sens du courant induit) :

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑅 −𝑅+𝑟𝑡
𝑢𝑅 (𝑡) = − 𝑅. 𝑖(𝑡) = − 𝐸𝑒 𝐿
𝑟

Et sa valeur initiale lorsqu’on ouvre K vaut :


𝑅
𝑢𝑅 (0) = − 𝐸
𝑟

On peut mesurer cette valeur pour différentes valeurs de E et comparer au résultat attendu (on peut
aussi travailler à E constant et faire varier R). Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure
avec une résistance R = 10,48 Ω et une bobine ayant une résistance r = 9,69 Ω :

E (V) 1,98 3,42 4,84


uR(0) mesurée (V) 2,12 3,69 5,18
uR(0) calculée (V) 2,13 3,69 5,22

On peut aussi déterminer la valeur de l’inductance L de la bobine en mesurant le temps de réponse


du circuit. C’est assez facile et rapide à faire avec les mesures automatiques des oscilloscopes
numériques. On peut utiliser la fonction « RISE TIME » qui mesure le temps mis par le signal
partant de sa valeur initiale pour passer de 10 % à 90 % de sa valeur finale. Un calcul rapide pour la
loi exponentielle montre que ce temps vaut :
L
∆t = t 90 % − t10 % = ln9
R+r

Pour que la fonction Rise Time mesure ce temps, il faut enlever de l’écran la partie du signal
antérieure à l’ouverture de l’interrupteur sinon l’oscilloscope tente (sans succès) la mesure sur le
front très raide du passage 𝐸 → 𝑢𝑅 (0) (cf. oscillogramme de gauche). Pour remédier au problème,
il suffit de prendre un calibre vertical plus sensible et/ou décaler la courbe afin de n’avoir que la
partie négative du signal sur l’écran (cf. oscillogramme de droite). On peut alors en déduire L
connaissant R et r. Avec les valeurs de l’expérience (R = 10,48 Ω, r = 9,69 Ω) on a obtenu un Rise
Time de 7,02 ms en décalibrant la base de temps de l’oscilloscope pour optimiser la mesure, soit
une inductance L = 64,4 mH pour 65,1 mH mesuré au RLC mètre. Si on fait cette manipulation
sous Latis Pro, il vaut mieux modéliser la décroissance par une loi exponentielle pour obtenir L.

III.2.2 Expérience 2
[4], p. 44 ; [10], p. 73

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

i
Bobine : AOIP L = 0,1 H ; r = 32 Ω 5 k R X
R = 500 Ω pour commencer
GBF
GBF : signal triangulaire
amplitude maximum L, r Y
f = 200 Hz

On observe les tensions X et Y avec un oscilloscope numérique mais il faut utiliser une sonde
différentielle pour X sinon on court-circuite la bobine puisque les bornes – des oscilloscopes sont
reliées à la masse.

Le principe de la manipulation est le même qu’au § II.2. La résistance R sert à mesurer le courant
circulant dans la bobine. On rajoute une résistance de 5 kΩ pour « convertir » le générateur de
tension en générateur de courant → le courant dans le circuit a la même forme triangulaire que la
tension délivrée par le GBF et la f.é.m. 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 = −𝐿𝑑𝑖/𝑑𝑡 a l’allure d’un signal carré. Le choix
d’une résistance de 5 kΩ conduit à des signaux assez faibles qui ne posent pas de problème si
l’oscilloscope permet le moyennage (cas des oscillogrammes ci-dessous). Si on souhaite des
signaux plus forts, on peut l’abaisser à 1 kΩ sans trop de problèmes même si les basculements des
signaux s’arrondissent légèrement à cause de la réaction de la self. Si on néglige en première
approximation le caractère partiellement résistif de la bobine, on a avec l’orientation du courant et
en respectant les conventions récepteur pour R et générateur pour la f.é.m. :
𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑
𝑅𝑖
→ 𝑋 = 𝑅𝑖 𝑒𝑡 𝑌 = − 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑
i
X Y
Observations :

Le signal X à une forme triangulaire conforme à ce qui est prévu. Par contre, Y n’a pas l’allure d’un
signal carré. C’est le signe que sa chute ohmique n’est pas négligeable comparé au terme d’auto
induction.

Visualisation de la f.é.m. seule :


Les signaux aux bornes de X et Y sont en fait les suivants :
𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑
𝑅. 𝑖 r.i
→ 𝑋 = 𝑅𝑖 𝑒𝑡 𝑌 = − 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 + 𝑅𝑖
i
X Y

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut utiliser les fonctions mathématiques des oscilloscopes numériques pour visualiser
directement la f.é.m. d’auto-induction en effectuant l’opération X–Y à condition que 𝑹𝒊 soit
numériquement égal à 𝒓𝒊. Il faut pour cela tenir compte du facteur d’atténuation 𝐺 de la sonde
servant à observer le signal 𝑋. On doit donc mesurer la valeur de la résistance 𝑟 de la bobine puis
ajuster 𝑅 pour avoir 𝑅 = 𝐺𝑟. L’opération 𝑋– 𝑌 fournit alors le résultat 𝑅. 𝑖/𝐺 − (− 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 +
𝑟. 𝑖) = 𝐺. 𝑟. 𝑖/𝐺 + 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 – 𝑟𝑖 = + 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 :

𝑋– 𝑌 a bien l’allure d’un signal carré. Son amplitude est positive lorsque la pente du courant est
négative puisque l’opération 𝑋– 𝑌 donne directement + 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 . Le résultat est donc conforme aux
lois de l’induction. On peut vérifier que l’amplitude de la f.é.m. est proportionnelle à celle délivrée
par le GBF à fréquence constante ou travailler à amplitude constante et faire varier la fréquence. On
présente ici la deuxième solution. On peut obtenir f.é.m. via la mesure crête à crête de l’oscilloscope
comme. On a alors 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 = 𝑉𝑝𝑒𝑎𝑘−𝑝𝑒𝑎𝑘 /2. Le terme 𝑑𝑖/𝑑𝑡 s’obtient en mesurant la pente k du
signal en 𝑋 avec les curseurs de l’oscilloscope. Comme 𝑋 = 𝑅𝑖/𝐺 et 𝑘 = 𝛥𝑋/𝛥𝑡, on a 𝛥𝑖/𝛥𝑡 =
𝐺𝑘/𝑅. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure effectuée entre 100 et 800 Hz :
Vérification de la loi de Lenz Faraday pour l'auto induction
600

500

400
e (mV)

y = 95,033x
300
R² = 0,9999

200

100

0
0 1 2 3 4 5 6
di/dt (A/s)

On constate que la f.é.m. est bien proportionnelle à 𝑑𝑖/𝑑𝑡. La pente de la courbe correspond à
l’inductance de la bobine. On obtient 95 mH contre 99,4 mH mesuré au RLC mètre. On a constaté
que cette petite différence provenait de la sonde différentielle. Nous avons mesuré avec un
multimètre précis le facteur d’atténuation G de la sonde dans les conditions de l’expérience (mesure
du signal avant et après la sonde). Nous avons obtenu G = 19,3 pour un facteur affiché de 20. La
courbe corrigée donne alors une pente de 98,4 mH plus proche de la valeur attendue.

Remarque :
Si on n’a pas d’oscilloscope numérique permettant d’effectuer l’opération 𝑋– 𝑌, on
peut quand même effectuer les mesures de la f.é.m. en remarquant que le signal 𝑌 = − 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 +
𝑟𝑖 vaut exactement − 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑 lorsque le courant passe par zéro :

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La valeur du signal Y au moment où le courant i passe par zéro correspond bien à l’amplitude de la
f.é.m. obtenue par l’opération 𝑋– 𝑌 (pour que la vérification soit directe sur l’écran, il faut que la
sensibilité de la fonction 𝑋– 𝑌 soit la même que celle de la voie Y). Passer par l’opération 𝑋– 𝑌
n’est donc pas strictement nécessaire pour effectuer les mesures mais on se prive d’une vérification
visuelle de la loi de l’induction (courant triangulaire donne f.é.m. carrée) sans elle.

III.3 Energie emmagasinée


L’idée est de montrer que l’énergie stockée par une
bobine en régime permanent vaut 𝐸𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘é𝑒 = 𝐿𝐼2 /2. On peut le faire en poursuivant l’exploitation
du régime transitoire présenté au § III.2.1. Il suffit de mesurer le courant I circulant dans la bobine
lorsque l’interrupteur est fermé pour connaitre l’énergie stockée en régime permanent et on peut
vérifier que c’est bien l’énergie qui est dissipée dans la bobine et la résistance lors du régime
transitoire à l’ouverture du circuit.

Manipulation : EA0
K
A=
E = alimentation de puissance (quelques volts)
E
R : résistance de puissance non inductive  10  R

L : self de puissance 1 H, 10 Ω sans noyau L, r

L’exploitation peut se faire avec un oscilloscope numérique et ses fonctions mathématiques ou sur
Latis pro. On présente ici la deuxième solution car elle est plus simple à mettre en œuvre.

Paramètres d’acquisition et traitement des données :


Les oscillogrammes du § III.2.1 montrent
que le régime transitoire dure une trentaine de ms donc on peut prendre par exemple 5000 points et
Téch = 5 µs avec un pré-déclenchement à 25 % sur un front descendant du signal pour avoir l’instant
où l’on ouvre l’interrupteur. On a 𝑃𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = (𝑅 + 𝑟)𝑖 2 et 𝐸𝐴0 = 𝑅𝑖, d’où :

(𝑅 + 𝑟)
𝑃𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = (𝐸𝐴0)2
𝑅2
On peut entrer cette fonction dans la feuille de calcul de Latis Pro puis l’intégrer avec le formalisme
suivant pour avoir l’énergie dissipée :

𝐸𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = 𝐼𝑁𝑇𝐸𝐺(𝑃𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 )

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On obtient alors le type de résultat suivant :

L’écart en énergie entre le temps t = 0 et le moment ou E atteint un palier nous donne l’énergie
dissipée dans le circuit1 :

On obtient ici Edissipée = 7,56 mJ. On peut comparer ce résultat à l’énergie qu’avait stockée la bobine
en régime permanent. La bobine ayant une inductance L = 65,0 mH2 et le courant valant I = 0,478
A dans l’expérience, on a :

1
𝐸𝑠𝑡𝑜𝑐𝑘é𝑒 = 𝐿. 𝐼 2 = 7,42 mJ
2

L’égalité entre l’énergie stockée et l’énergie dissipée est donc vérifié à 2 % près

1
L’énergie croît linéairement avant t = 0 car on intègre alors un terme constant puisque EA0 = E = cte avant t = 0.
2
On rappelle qu’on utilise l’inductance sans son noyau donc il est tout à fait normal de ne pas avoir 1 H

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.4 Impédance d’une bobine


Une bobine n’est pas seulement inductive. Elle
présente des pertes modélisables par une résistance en série. Les pertes et l’inductance dépendent de
l’élément considéré (bobine seule ou à noyau). L’enroulement présente aussi une capacité répartie
entre les spires (le fil du bobinage est recouvert d’une pellicule de vernis isolant correspondant au
diélectrique). On la modélise par une capacité globale en parallèle sur le dipôle r, L qu’il faut
prendre en compte en haute fréquence d’où le schéma global suivant :

r L

III.4.1 Bobine sans noyau à basses fréquences


On étudie une bobine de
transformateur démontable Leybold de 1000 spires.

En continu :
L’impédance de la bobine se ramène alors à la résistance de l’enroulement et on peut
la mesurer avec un multimètre (pas de RLC mètre puisqu’ils fonctionnent en alternatif).

En alternatif :
[4], p. 55, 62 et 351-353 ; [2], p. 53-56

On réalise un pont de mesure car il permet la détermination de la partie réelle et de la partie


imaginaire de la bobine à différentes fréquences avec un matériel limité (les RLC mètres
multifréquences coûtent très cher). C’est une méthode potentiellement sensible puisqu'elle est basée
sur la détection d'un signal nul et elle peut être précise si on a des composants étalons de bonne
qualité. On se limite au modèle r, L donc on mesure donc l’impédance de notre bobine à l’aide d’un
pont de Maxwell.

P L, r

P : 100  AOIP de précision RV


V

Q : 1000  AOIP de précision


L, r : bobine Leybold 1000 spires Q
CV
RV, CV : boites étalons variables

GBF

On a à l’équilibre :
1
( + 𝑗𝐶𝑉 𝜔) . 𝑃𝑄 = (𝑟 + 𝑗𝐿𝜔)
𝑅𝑉

Soit, en séparant les parties réelles et imaginaires :

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑃. 𝑄
𝑟= et 𝐿 = 𝑃𝑄. 𝐶𝑉
𝑅𝑉

D’où, avec les valeurs proposées :

100
𝑟(𝛺) = 𝐿(𝑚𝐻) = 100𝐶𝑉 (𝜇𝐹)
𝑅𝑉 (𝑘𝛺)

Mesure de V :
On ne peut pas utiliser directement un oscilloscope pour cette mesure s’il n’est pas
différentiel car on a alors un problème de masse dans le montage. On peut y remédier en utilisant
une sonde différentielle mais on perd en sensibilité à cause de l'atténuation de la sonde. Il vaut donc
mieux se servir d’un voltmètre sensible à condition qu'il suive en fréquence (certains multimètres
bas de gamme ne sont garantis que jusqu’à 400 Hz en alternatif !). On a utilisé ici un Keithley 2000
car il permet d’ajuster le nombre de digit à la résolution nécessaire et on peut moyenner le signal
lorsqu’il est faible et instable.

Mesures :
On commence par débrancher la résistance variable (RV ) et on minimise le signal
détecté en jouant sur R. On branche ensuite la résistance variable RV et on ajuste sa valeur pour
diminuer encore le signal détecté. Une fois le minimum atteint, on ajuste de nouveau CV.

Voici à titre indicatif une série de mesure. Les résultats peuvent comparés à ceux d’un RLC mètre
sur ses fréquences de mesure. Ce type d’appareil donne directement la valeur de l’inductance L. La
valeur de la résistance r s’obtient à partir du facteur de dissipation ou de qualité par la relation 𝐷 =
1/𝑄 = 𝑡𝑔𝛿 = 𝑟/(𝐿𝜔) :

f (Hz) 120 1000 2000 5000 10000 20000


RV (k) 10,83 10,502 9,62 6,015 2,491 0,659
CV (F) 0,366 0,366 0,3663 0,3675 0,3719 0,391
r () 9,29 9,52 10,39 16,62 40,14 151
L (mH) 36,6 36,6 36,63 36,75 37,19 39,1

Analyse :
L’inductance est pratiquement constante jusqu’à 10 kHz puis elle semble augmenter
légèrement au-delà (cf. explication au § suivant). La résistance de la bobine quant à elle, augmente
de façon notable à partir de quelques kHz. Cette évolution peut avoir deux origines :
- les pertes par rayonnement. Elles évoluent en 4 donc elles sont très faibles
en basses fréquences et on peut les négliger ici.
- les pertes par effet Joules due à la résistance du bobinage. Elles augmentent
avec la fréquence à cause de l’effet de peau qui limite la section utile du fil conducteur. La longueur
de pénétration pour un conducteur cylindrique unique est donnée par la relation suivante (
représente la conductivité du matériau) :

2
ℓ𝑃 = √
𝜔𝛾𝜇0

AN :
ℓ𝑃 (𝑚𝑚) ≈ 65,23/√(𝑓𝐻𝑧) pour le cuivre pur (Cu = 1.68.10-8 .m)

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Cet effet ne devrait donc commencer à apparaître qu’à partir de 10 kHz environ pour des fils de
cuivre d’un diamètre de l’ordre du mm (cas des bobines de 1000 spires). Ça ne semble donc pas
compatible avec l’augmentation de r observée bien avant cette fréquence. En fait, l’effet de peau est
renforcé par la présence des spires voisines. La circulation du courant dans chaque spire crée un
champ magnétique influençant les électrons dans les spires proches et la résultante a pour effet de
diminuer la section utile de conduction plus rapidement que dans le cas d’un conducteur unique.

Conclusion :
Lorsqu’on est en basses fréquences, on peut représenter le comportement électrique
d’une inductance par le schéma suivant :
r L

L’inductance est pratiquement constante, la résistance augmente avec la fréquence.

III.4.2 Etude en hautes fréquences


Il faut alors tenir compte de la capacité
répartie entre les spires. Dans ce cas, si le facteur de qualité Q est suffisamment grand (cf. [2], p.
133-134 et 145-150), l’impédance globale passe par un maximum résistif (antirésonance) pour 𝜔 ≈
𝜔0 = 1/√(𝐿𝐶) puis elle devient capacitive pour   0 → Une inductance ne fonctionne comme
telle que lorsque l’on est en dessous de sa pulsation d’antirésonance.

Manipulation :
Se reporter au montage sur les effets capacitifs (partie « effet capacitif dans une
bobine d’induction »). On trouve une capacité parasite de l’ordre de 100 pF pour une bobine de
1000 spires.

Remarque :
Le calcul des parties réelle et imaginaire de l’impédance globale aboutit au résultat
suivant :
𝑟 𝜔[𝐿(1 − 𝐿𝐶𝜔2 ) − 𝑟 2 𝐶]
𝑅𝑒(𝑍) = 𝐼𝑚(𝑍) =
(1 − 𝐿𝐶𝜔 )2 + (𝑟𝐶𝜔)2
2 (1 − 𝐿𝐶𝜔 2 )2 + (𝑟𝐶𝜔)2

Une simulation de ces fonctions pour la bobine de 1000 spires à différentes fréquences montre que
le circuit bouchon contribue à l’augmentation de la partie réelle de l’impédance mais dans des
proportions négligeables jusqu’à 20 kHz → c’est bien l’effet de peau qui est responsable de
l’augmentation de r observée au § précédent. La prise en compte de la capacité parasite contribue
aussi à l’augmentation de la partie imaginaire de l’impédance de la bobine et on peut vérifier que le
calcul de 𝐼𝑚(𝑍) aux fréquences utilisées pour la mesure par pont explique l’impression de faible
augmentation de l’inductance observée au § précédent (calculer 𝐿𝑒𝑞 = 𝐼𝑚(𝑍)/).

III.4.3 Effet d’un noyau


L’ajout d’un noyau ferromagnétique au sein d’une
bobine modifie profondément son comportement. Il augmente la valeur de l’inductance car la
circulation du courant I crée un champ H qui aimante le matériau et cette aimantation 𝑀 ⃗⃗ renforce le
champ magnétique (𝐵 ⃗ = 𝜇0 (𝐻 ⃗ +𝑀⃗⃗ )), donc le flux 𝛷 = 𝐵𝑆 et L puisque 𝑒 = − 𝑑𝛷/𝑑𝑡 =
− 𝐿𝑑𝑖/𝑑𝑡. C’est tout l’intérêt du noyau. En revanche, la valeur de L n’est plus aussi bien maitrisée
et il y a des pertes supplémentaires dues aux courants de Foucault circulants dans le noyau qui
dissipent de l’énergie par effet Joule ainsi que d’autres liées à la magnétisation du matériau. Les
valeurs de L et R sont fonction du matériau, de sa construction (feuilletage), de l’excitation et de la
fréquence.

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
On mesure l’évolution des paramètres de la bobine de 1000 spires avec un RLC
mètre lorsqu’on introduit un bloc ferromagnétique massif puis un bloc feuilleté servant à boucler le
noyau des transformateurs démontables (on rappelle que 𝐷 = 1/𝑄 = 𝑡𝑔𝛿 = 𝑟/(𝐿𝜔)).

bobine seule bobine + bloc massif bobine + bloc feuilleté


F = 120 Hz : L (mH) 36,63 164,5 215,7
D 0,323 0,329 0,074
r () 8,9 40,8 12,03

bobine seule bobine + bloc massif bobine + bloc feuilleté


F = 1000 Hz : L (mH) 36,58 93,36 208,2
D 0,042 0,474 0,054
r () 9,65 278 70,6

On constate que l’ajout d’un matériau ferromagnétique massif dans la bobine renforce le coefficient
d’auto-inductance mais la valeur de L varie notablement avec la fréquence et les pertes augmentent
fortement à 1 kHz (on rappelle que le facteur de dissipation D exprime le rapport de l’énergie
perdue à l’énergie stockée). L’ajout d’un matériau ferromagnétique feuilleté provoque lui aussi une
augmentation de L mais avec de meilleures performances. L varie peu entre les deux fréquences et
le facteur de dissipation reste correct (il s’est même amélioré à 120 Hz). Le matériau feuilleté a
donc augmenté l’inductance de la bobine en gardant des pertes réduites d’où son l’emploi pour
réaliser des inductances de forte valeur.

Remarques :
Le renforcement de l’inductance observé ici est notable mais pas considérable car la
réluctance du circuit magnétique est faible puisque les lignes de champ doivent se boucler dans
l’air. On peut l’augmenter encore plus en canalisant ≈ complètement les lignes de champ dans un
milieu ferromagnétique. On peut le vérifier en insérant la bobine dans une carcasse complète de
transformateur démontable de type Leybold. L’inductance mesurée au RLC mètre doit être
supérieure à 1 H si le noyau est bien fermé. En revanche, le facteur de dissipation est moins bon et
le comportement dépend beaucoup de l’excitation.

IV APPLICATIONS

IV.1 De l’induction
Les applications de l’induction sont très nombreuses (alternateurs,
transformateurs, ...) donc le choix est vaste ! On présente quelques exemples.

IV.1.1 Moteurs asynchrones


C’est une application importante de l’induction.
Le principe consiste à créer un champ magnétique tournant dans lequel une bobine refermée sur
elle-même est plongée. Le flux variable qu’elle coupe créé des courants induit en son sein qui
circulent de façon s’opposer à la variation de flux. Cette circulation créée des forces (au sens
mécanique du terme) qui mettent la bobine en rotation.

Manipulation :
Se reporter au montage sur les moteurs. On peut remplacer le rotor bipolaire par
celui en cage d’écureuil pour plus de simplicité. Si présente cette manipulation, il est important de
montrer que la rotation du rotor s’effectue toujours à une vitesse inférieure à celle du champ

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

magnétique tournant (d’où le nom de moteur asynchrone) car c’est typique du phénomène
d’induction puisque lorsque la vitesse du rotor s’approche de celle du champ tournant, les
phénomènes d’induction diminuent ainsi que les forces qui le mettent en mouvement.

IV.1.2 Courants de Foucault


Ces courants peuvent prendre naissance dans un
conducteur se déplaçant dans un champ magnétique fixe ou dans un conducteur immobile soumis à
un champ magnétique variable. Dans le premier cas, c’est la force de Lorentz 𝑞𝑣𝑒 − ∧ 𝐵 ⃗ qui met les
charges en mouvement et créée les courants induits. Dans le deuxième cas, c’est le champ
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐸⃗ = −𝜕𝐵
électrique induit (𝑟𝑜𝑡 ⃗ /𝜕𝑡) qui en est responsable. La façon dont ces courants circulent est
complexe à analyser mais cette circulation donne par nature des effets qui s’opposent à la cause qui
les a engendrées conformément à la loi de Lenz.

Montage :
L’expérience consiste à placer une plaque métallique pleine d’un côté et striée de l’autre
dans un champ magnétique crée par un électroaimant.

Plaque d’essai

Vue de profil

500 500
spires spires

On commence par placer la partie pleine de la plaque d’essai dans l’entrefer ajusté au minimum
d’épaisseur. On branche les bobines de façon à ce que leurs champs s’ajoutent (si la plaque ne
s’arrête pas dans l’expérience qui suit, il suffit d’intervertir les branchements d’une des bobines).
On alimente l’électroaimant par une source de puissance réglée en générateur de courant pour
imposer le champ magnétique. La source étant initialement éteinte, on écarte le pendule de sa
position d’équilibre pour le faire osciller. On envoie un courant de quelques ampères dans les
bobines et le pendule s’amorti alors très rapidement car les courants induits soumettent le matériau
à des forces qui s’opposent au mouvement. On refait ensuite la manipulation en plaçant la partie
striée dans l’entrefer et les oscillations doivent s’amortir nettement moins rapidement. Le
découpage de la plaque réduit la circulation des courants induits, donc les phénomènes d’induction.

Remarque :
Ce type de freinage est d’autant plus efficace que la vitesse est grande mais il est
inopérant à faible vitesse puisque les phénomènes d’induction diminuent au fur et à mesure du
ralentissement. Il ne peut donc pas remplacer entièrement un système classique de freins mais il
peut le compléter. Il sert par exemple à éviter l’emballement des poids lourds dans les descentes
(ralentisseurs électromagnétiques). Les courants de Foucault sont aussi mis à profit pour réaliser des
systèmes de chauffage. On s’en sert dans les plaques de cuisine à induction ou dans les processus de
purification des métaux car ce procédé de chauffage n’apporte aucune impureté chimique. Il existe
une manipulation classique sur ce sujet (cf. [4], p. 494). Les courants de Foucault ont aussi des
effets indésirables, notamment dans les transformateurs. Des courants induits circulent dans la
carcasse ferromagnétique soumise au champ magnétique alternatif et provoquent un échauffement

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

par effet Joule. C’est pour cette raison que les noyaux en fer doux des transformateurs sont en tôle
feuilletée. Le feuilletage diminue l’importance des courants induits. L’emploi de ferrites isolantes
en haute fréquence répond à ce même souci.

IV.1.3 Réalisation de capteurs

Mesure d’un champ magnétique à l’aide d’un fluxmètre :


Toute variation du flux d’un champ
magnétique au sein d’une bobine provoque l’apparition d’une f.é.m. induite. On peut donc mettre à
profit cet effet pour réaliser un dispositif de mesure de champ. Pour le principe et la réalisation
pratique du fluxmètre, se reporter au montage sur le magnétisme. On peut par exemple mesurer le
champ magnétique d’un électroaimant et comparer le résultat à celui donné par un teslamètre.

Réalisation d’un capteur inductif :


Une idée simple de capteur de position basé sur l’induction est
proposée dans le montage sur le magnétisme. S’y reporter.

IV.2 De l’auto-induction

IV.2.1 De la surtension
Expérience de l’allumage d'un néon (cf. [4], p. 38).

Montage :
E =5 V
C
L : bobine avec noyau amovible 0,14 - 1.1 H
K
L
C : 5 F environ
condensateur robuste (pas d’étalons)
NEON
Alimentation : 30 V 10 A

On retire le noyau de fer doux de la self et on ajuste la tension de façon à ne pas avoir d'étincelle au
niveau du néon quand ouvre K. On enregistre alors sur un oscilloscope à mémoire via une sonde
atténuatrice le régime transitoire du signal aux bornes du néon au moment de l'ouverture du
circuit. On réinsère ensuite le noyau et on recommence la manipulation. Une étincelle apparait
maintenant aux bornes du néon et on peut comparer les régimes transitoires dans les deux cas.

Explication :
Lorsqu'on ferme le circuit, le courant dans la bobine croit jusqu'à la valeur I = E/r et
la bobine stocke l’énergie LI2/2. Lorsqu'on ouvre K, l’arrêt brutal du courant provoque une forte
f.é.m. induite. Le circuit étant ouvert, elle se manifeste par une importante d.d.p. aux bornes du
néon. Si la valeur de la self est suffisamment importante (bobine avec le noyau de fer doux), la
d.d.p. peut devenir supérieure à la tension de claquage du néon et on observe une étincelle
d'allumage. Le générateur n'alimentant plus le circuit dans le montage proposé, le néon redevient
ensuite un condensateur et l'on observe dans le circuit r, L, C un régime oscillant.

Remarque :
La capacité en parallèle sur K permet d’éviter une étincelle de rupture à ses bornes.

IV.2.2 Lissage d'un courant


C'est une application importante de l'auto-

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

induction. Une inductance s'opposant aux variations de courant, elle est particulièrement bien
adaptée au lissage des courants forts au contraire du lissage par capacité.

Manipulation :
[9], p. 63 ; [3], p. 255-260 "Lissage par inductance"

Il faut une inductance forte et faiblement résistive pour avoir un bon lissage. On peut prendre une
inductance classique type 1 H 10 Ω. On peut alors montrer l'influence de la valeur de L sur le
lissage en jouant sur la position du noyau, calculer le taux d'ondulation résiduel dans le cas d'un bon
lissage et comparer aux calculs proposés en [4].

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d'électronique ; Agrégation de physique
[2] : Berty-Fagot-Martin : Electricité pratique, tome II
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV
[5] : Pérez : Electromagnétisme, édition 1991
[6] : Physique terminale S : collection Durandeau, Hachette
[7] : Berty-Fagot-Martin : tome I
[8] : Archambault : Montages de physique ; Capes de physique chimie
[9] : JP Bellier : Montages de physique ; Capes de physique et chimie
[10] : R. Duffait : Expériences de Physique ; Capes de Sciences Physiques ; Bréal.

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

PRODUCTION ET CONVERSION D'ENERGIE


ELECTRIQUE

I PRODUCTION D’ENERGIE ELECTRIQUE

I.1 Avec un générateur photovoltaïque (GPV)


[7], p. 84 ; [8], p. 381.

Le dispositif d’étude est un panneau solaire commercialisé par la société Jeulin sous la référence
282 0451. Il est constitué de 36 cellules en silicium poly cristallin associées en série. Chaque cellule
est une jonction PN équivalente à une photodiode mais optimisée pour la production d’énergie
électrique. Le constructeur annonce les caractéristiques suivantes :

𝑉𝐶0 (𝑉) 𝐼𝐶𝐶 (𝐴) 𝑃𝑚𝑎𝑥 (𝑊) 𝑉𝑃 𝑚𝑎𝑥 (𝑉) 𝐼𝑃 𝑚𝑎𝑥 (𝐴)
21,72 0,31 5 17,4 0,29

𝑉𝐶0 est la tension en circuit ouvert, 𝐼𝐶𝐶 le courant en court-circuit, 𝑃𝑚𝑎𝑥 la puissance maximum que
peut fournir le panneau et (𝑉𝑃 𝑚𝑎𝑥 ; 𝐼𝑃 𝑚𝑎𝑥 ) les coordonnées du point de fonctionnement à la puissance
maximum. Ces paramètres dépendent de l’éclairement et la température. Les valeurs indiquées sont
données à 25 °C pour un rayonnement solaire standardisé de 1 000 W/m2.

I.1.1 Caractéristique I = f(V) à éclairement constant

I
+
D
V Rvariable
-

Halogène 500 W

On peut placer le panneau à 50 cm ou 1 mètre de la lampe. La seconde solution permet d’avoir un


éclairement un peu plus homogène mais l’effet photoélectrique est plus important avec la distance de
50 cm. On commence par mesurer la tension 𝑉𝐶0 en circuit ouvert (𝑅 infini) et le courant 𝐼𝐶𝐶 en court-
circuit (𝑅 = 0) pour estimer la valeur de la résistance de charge autour de laquelle les mesures doivent
être faites. On obtient typiquement les valeurs suivantes avec l’éclairage proposé :

𝑉𝐶0 (𝑉) 𝐼𝐶𝐶 (𝑚𝐴) 𝑅 = 𝑉𝐶𝑂 /𝐼𝐶𝐶 (𝛺)


𝐷 = 50 𝑐𝑚 19,5 80 250
𝐷 = 1𝑚 18 25 700

1
Il a été équipé d’une diode antiretour en vue de son utilisation avec une batterie (cf. § II) car il n’est pas conçu pour
recevoir de l’énergie. Cette diode se comporte ≈ comme un interrupteur fermé quand le panneau débite du courant et
empêche la batterie de lui envoyer du courant si l’éclairement est insuffisant car la tension aux bornes du GPV peut alors
devenir inférieure à celle de la batterie.
2
On peut noter que cette valeur est cohérente avec l’association de 36 jonctions PN en silicium associées en série
(𝑉𝑗𝑜𝑛𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 ≈ 0,6 𝑉).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On mesure alors 𝑉 et 𝐼 en modifiant 𝑅 autour de ces valeurs pour tracer la caractéristique 𝐼(𝑉) du
GPV. Voici à titre indicatif des résultats pour les deux distances :

On retrouve une courbe similaire à celle du cadran inférieur droit de la caractéristique d’une
photodiode, mais représentée en convention générateur. Elle se translate vers le haut lorsque
l’éclairement augmente3 et l’aire sous la courbe a une forme proche d’un rectangle. La puissance
maximum que peut fournir le panneau est donc de l’ordre de 𝑉𝐶𝑂 × 𝐼𝐶𝐶 .

I.1.2 Puissance délivrée par le GPV


Les mesures précédentes permettent de
représenter l’évolution de 𝑃 = 𝑉. 𝐼 en fonction de 𝑉 :

La puissance passe par un maximum qui a, dans cette expérience, les coordonnées suivantes :

𝑃𝑚𝑎𝑥 (𝑊) 𝑉𝑃 𝑚𝑎𝑥 (𝑉) 𝐼𝑃 𝑚𝑎𝑥 (𝐴) 𝑅𝑎𝑑𝑎𝑝𝑡é𝑒 (𝛺)


𝐷 = 50 𝑐𝑚 1,13 15 75 200
𝐷 = 1𝑚 0,31 14 22 600

3
Le décalage de 𝐼𝐶𝐶 est théoriquement proportionnel au flux lumineux (cf. [7], p. 61- 65).

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑉𝑃 𝑚𝑎𝑥 et 𝐼𝑃 𝑚𝑎𝑥 sont proches de 𝑉𝐶0 et 𝐼𝐶𝐶 . On constate aussi que la valeur de la résistance de charge
permettant de récupérer un maximum de puissance dépend de l’éclairement.

I.1.3 Rendement du panneau


Le GPV étant destiné à fournir de l’énergie
électrique, il est important de s’attacher à son rendement. On doit donc mesurer la puissance
lumineuse reçue pour la comparer à l’énergie électrique maximum récupérable. La source étant
polychromatique, on peut utiliser une thermopile4 pour mesurer la puissance totale issue de la lampe.

Utilisation de la thermopile :
Il suffit de reculer le GPV, placer la face d’entrée de la thermopile à
la distance voulue et mesurer la tension 𝑉𝑇ℎ à ses bornes à l’aide d’un milli voltmètre. Le corps de la
thermopile doit être en équilibre thermique avec le milieu ambiant pour que la mesure soit fiable (on
doit notamment avoir idéalement un signal stable à 0 mV dans l’obscurité, qui sert de référence avant
de démarrer la mesure).

D
mV

Thermopile
Halogène

L’éclairage n’étant pas parfaitement homogène, on peut déplacer la thermopile sur le lieu où se trouve
le panneau pour « estimer » une valeur moyenne de 𝑉𝑇ℎ (il faut attendre à chaque fois que la mesure
se stabilise car le temps de réponse du détecteur est assez important).

Puissance lumineuse reçue :


La sensibilité 𝐾𝑇ℎ d’une thermopile est donnée en mV/W. La
puissance lumineuse 𝑃𝑇ℎ qu’elle intercepte s’en déduit par la relation 𝑃𝑇ℎ = 𝑉𝑇ℎ /𝐾𝑇ℎ . Ce résultat
correspond à la puissance récoltée sur la surface 𝑆𝑇ℎ du détecteur. La puissance lumineuse reçue au
niveau du panneau par unité de surface vaut par conséquent :

𝑃𝑇ℎ 𝑉𝑇ℎ
𝑃𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑖𝑞𝑢𝑒 = =
𝑆𝑇ℎ 𝐾𝑇ℎ 𝑆𝑇ℎ

Et la puissance arrivant sur le panneau constitué de 𝑁 cellules de surface individuelle 𝑆1 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒 vaut :

𝑉𝑇ℎ 𝑁𝑆1𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒
𝑃𝑟𝑒ç𝑢𝑒 = 𝑃𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑁𝑆1𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒 =
𝐾𝑇ℎ 𝑆𝑇ℎ

Résultats :
On donne ci-dessous la tension moyenne mesurée pour les deux distances. La sensibilité
de la thermopile utilisée vaut 𝐾𝑇ℎ = 59 𝑚𝑉/𝑊. Sa surface d’entrée est un cercle de 2,5 cm de
diamètre. Les 36 cellules du panneau KS5T sont des rectangles de 7,5×1,3 cm de côté donc la surface
active vaut 𝑁𝑆1 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑢𝑙𝑒 = 351 𝑐𝑚2 . On en déduit la puissance lumineuse reçue par le GPV qu’on
compare à la puissance électrique maximum qu’il délivre (mesures du § précédent).

4
C’est un détecteur à réponse plate (se reporter à [7], p. 77 pour plus de précision sur ce point). Le modèle utilisé ici est
la référence CA2 de chez Kipp Zonen.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑃𝑚𝑎𝑥 (𝑊) 𝑉𝑇ℎ (𝑚𝑉) 𝑃𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑖𝑞𝑢𝑒 (𝑊. 𝑚−2 ) 𝑃𝑟𝑒ç𝑢𝑒 (𝑊) 𝜂 (%)
𝐷 = 50 𝑐𝑚 1,13 13,9 480 17 6,6
𝐷 = 1𝑚 0,31 4,35 150 5,3 5,9

Le rendement 𝜂 peut être comparé à la valeur annoncée par le constructeur. Il indique qu’on peut
récupérer jusqu’à 5 W d’électricité avec un éclairement de 1 000 W/m2, soit une puissance lumineuse
interceptée par le panneau de 35 W compte tenu de sa surface active. Ces chiffres conduisent à un
rendement de 14,3 %5. Il y a une différence notable avec les résultats obtenus mais les spécifications
du fabricant correspondent à un éclairement solaire standardisé6 qui n’a pas le même spectre que celui
de la lampe halogène :
Spectre solaire Spectre typique d’une lampe halogène

Réponse spectrale d’une cellule


photovoltaïque au silicium
Le spectre solaire est proche de celui d’un
corps noir à 5 900 K et présente une émissivité
importante dans la zone de sensibilité des
cellules photovoltaïques. La lampe halogène a
une température de couleur plus basse
(maximum d’émissivité vers 1 000 nm), ce qui
fait qu’une bonne partie de son spectre n’est
pas utilisé par le GPV alors qu’il est pris en
compte par la thermopile. Il est donc normal
qu’on obtienne un rendement différent de
celui annoncé.

I.2 Avec une génératrice


Le principe de l’étude est semblable à celui d’un moteur
sauf qu’on inverse les rôles des sources d’énergie (on fournit une énergie mécanique au convertisseur
qui la transforme en énergie électrique). On peut utiliser le banc d’essais utilisé dans l’étude des

5
C’est une valeur dans la fourchette haute pour les panneaux en silicium poly cristallin. Le rendement est moins bon avec
du silicium amorphe (6 % environ) et un peu plus élevé avec du silicium monocristallin (16 %).
6
La courbe noire représente le spectre solaire extraterrestre (masse d’air traversée nulle, d’où le qualificatif AM 0). La
bleue représente le spectre arrivant à la surface de la terre (global tilt signifiant la prise en compte des phénomènes
d’absorption dans l’atmosphère, le rayonnement diffus et réfléchi). Ce spectre dépend de la masse d’air traversée, donc
de l’angle d’incidence des rayons. La masse d’air unitaire correspond au soleil au zénith (épaisseur minimale de la couche
d’atmosphère). Le spectre de référence servant de standard pour l’étalonnage des GPV correspond à un soleil situé à 42°
au-dessus de l’horizon, soit une masse d’air relative AM = 1,5.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

moteurs → s’y reporter pour plus d’informations sur les branchements, les protocoles expérimentaux
et la théorie.

I.2.1 Etude de la f.é.m. à vide


[4], p. 166

On mesure la f.é.m. induite aux bornes de la génératrice pour différentes vitesses de rotation imposées
par le moteur. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

On une droite passant par l’origine → La relation 𝐸 = 𝑘𝛷𝜔 est donc vérifiée : la f.é.m. apparaissant
aux bornes de la génératrice est proportionnelle à la vitesse de rotation. La pente de la droite
correspond à 𝑘𝛷. On trouve ici :

𝑘𝛷 = 0,05293 V/(rad.s-1 )

I.2.2 Etude en charge à ω = cte


[9], p. 54, § 3.3

On commence par se fixer une vitesse de rotation à vide puis on charge progressivement la génératrice
avec un rhéostat de résistance de plus en plus faible en réajustant à chaque fois la tension alimentant
du moteur pour maintenir la vitesse de rotation constante. On mesure la tension délivrée par la
génératrice, le courant débité dans le rhéostat et on trace la courbe 𝑈 = 𝑓(𝐼). On doit avoir une droite
de coefficient directeur égal à la résistance de l’induit de la génératrice.

I.2.3 Etude du rendement


[4], p. 166

On peut faire une mesure du rendement pour différentes résistances de charge et comparer ce résultat
à celui qu’on obtient par la méthode des pertes séparées.

II CONVERSION CONTINU - CONTINU : LES HACHEURS


Ce sont des convertisseurs à
haut rendement fournissant une tension de sortie continue 𝑉𝑆 à partir d’une tension d’entrée continue
𝑉𝐸 . Ils mettent en œuvre un ou plusieurs interrupteurs commandés qui « découpent » à haute
fréquence la tension d’entrée. Le hacheur est dévolteur (ou abaisseur, ou Buck) si 𝑉𝑆 est inférieure à
𝑉𝐸 et survolteur (ou élévateur, ou Boost) dans le cas contraire. Certains hacheurs sont aussi capables
de travailler des deux manières (Boost-Buck). Ces systèmes ont de nombreuses applications. Ils
permettent notamment d’optimiser la charge d’une batterie par un GPV.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.1 Charge d’une batterie par un GPV


On reprend le panneau solaire éclairé par la
lampe halogène située à 50 cm. Il peut fournir jusqu’à ≈ 1 W d’électricité dans ces conditions et on
souhaite s’en servir pour charger une batterie au plomb de 6 V.

II.1.1 Information sur les batteries au plomb


Elles sont constituées de cellules
élémentaires dans lesquelles se déroulent les réactions électrochimiques suivantes :

Anode 𝑃𝑏(𝑠) + 𝐻𝑆𝑂4− (𝑎𝑞) ⇌ 𝑃𝑏𝑆𝑂4 (𝑠) + 𝐻 + + 2𝑒 − 𝐸 0 = − 0,356𝑉

Cathode 𝑃𝑏𝑆𝑂2 (𝑠) + 𝐻𝑆𝑂4− (𝑎𝑞) + 3𝐻 + + 2𝑒 − ⇋ 𝑃𝑏𝑆𝑂4 (𝑠) + 2𝐻2 𝑂(𝑙) 𝐸 0 = 1,685𝑉
Chaque cellule présente donc une tension d’environ 2 V et une batterie de 6 V est obtenue en associant
3 modules en série. L’énergie massique de ces accumulateurs est assez faible (≈ 40 Wh/kg) mais ils
peuvent fournir un courant de grande intensité. Il faut donc faire attention aux courts-circuits. La
capacité du modèle utilisé7 vaut C = 4,5 A.h et le constructeur préconise une charge de type CC/CV :

C’est la méthode la plus courante pour ce type de batterie car elle est rapide et sans risque. Elle se
déroule en deux étapes :
- un courant constant (égal à C/10 en général) est appliqué dans un premier
temps (phase CC), et ce tant que la tension est inférieure à 2,25 V/élément.
- une deuxième phase dite CV (Constant Voltage), appelée aussi « phase
d'absorption » commence quand on atteint 2,25 V/élément. Le chargeur passe en générateur de
tension et impose 2,25 V/élément, soit 6,75 V pour une batterie de 6 V. Le courant diminue
progressivement avec le temps et tend théoriquement vers 08.

Il faut donc éviter de dépasser 6,75 V lorsqu’on procède à une charge. Une décharge complète
peut faire chuter la f.é.m. de façon plus ou moins importante (la valeur dépend du courant débité)
mais il vaut mieux éviter les décharges profondes car elles réduisent la durée de vie de l’accumulateur9
(la sulfatation des électrodes peut devenir nocive et irréversible). Il est difficile de donner une tension
minimale à ne pas dépasser car cette grandeur n’est pas un indicateur fiable de la capacité mais on
peut se fixer une limite à 6,2/6,3 V.

7
Batterie NX référence AMP9015.
8
Il se stabilise en fait à une valeur faible mais non nulle qui n'accroît plus l'état de charge mais électrolyse l'eau de
l'électrolyte. Il vaut donc mieux interrompre la charge à ce stade, ou, si on veut appliquer une charge permanente
d'entretien (dite de « floating ») pour compenser le phénomène d’autodécharge, de baisser très légèrement la tension de
consigne.
9
Le constructeur annonce respectivement 200, 600 et 1200 cycles possibles pour des décharges à 100, 50 et 30 %.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.1.2 Charge par connexion directe du GPV


Il faut mesurer la f.é.m. de la
batterie avant de commencer. Si elle est trop élevée, on peut décharger l’accumulateur en branchant
un rhéostat d’une trentaine d’ohm à ses bornes et s’arrêter lorsqu’on atteint ≈ 6,3 V.

Montage :
𝐼
+ +
50 cm
Batterie 𝑉
-
Halogène 500 W

Le courant doit rester ≈ constant et proche de 𝐼𝐶𝐶 quand le panneau est éclairé. La tension augmente
très légèrement en cours de charge mais reste proche de 6,5 V (débrancher la batterie une fois ces
observations faites). Ce comportement s’explique en regardant l’intersection des caractéristiques des
deux éléments. Le § I.1.1 donne celle du GPV. La caractéristique de la batterie s’obtient avec sa f.é.m.
𝐸 et sa résistance interne 𝑟. Le constructeur annonce une résistance de 25 mΩ → on a10 𝑈 = 𝐸 +
𝑟𝐼 ≈ 𝐸 dans la plage de courant étudiée. La caractéristique 𝐼(𝑉) de l’accumulateur est donc une droite
quasi-verticale, d’où l’obtention graphique du point de fonctionnement :

Ce point se situe dans la zone ou le panneau fonctionne pratiquement comme un générateur de courant
( 𝐼 ≈ constant) et il est assez loin du point de puissance maximum trouvé au § I.1.2. La zone en jaune
correspond à la puissance 𝑃 = 𝑉. 𝐼 que le panneau fournit à la batterie en charge (≈ 6,5 V×80 mA =
0,52 W) alors que la zone en mauve représente la puissance maximum qu’il peut fournir dans les
conditions d’éclairement utilisées (≈ 15 V×75 mA = 1,13 W). La connexion directe de la batterie sur
le GPV conduit donc à une charge peu optimale puisque moins de 50 % du potentiel du panneau est
utilisé. On va voir qu’un hacheur permet d’améliorer le transfert de puissance entre les deux systèmes.

II.2 Utilisation d’un hacheur


La batterie a une f.é.m. inférieure à la tension aux bornes
du GPV lorsqu’il travaille au point de puissance maximum (PPM). On doit donc utiliser un hacheur
abaisseur.

10
La relation est 𝑈 = 𝐸 + 𝑟𝐼 car on se place dans le cas où on charge la batterie. On a 𝑈 = 𝐸– 𝑟𝐼 lorsque qu’elle
fonctionne en générateur.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2.1 Principe de fonctionnement


[3], p. 205 ; [9], p. 250

Plusieurs structures sont possibles. On présente un hacheur série non réversible en courant.
𝑈𝐿
𝑖𝑃 𝑉𝐴 𝑖𝐵
𝐾
+ 𝑖𝐷 𝐿 +
𝑉𝑃 GPV 𝑉𝐷 Batterie 𝐸𝐵
-

L’interrupteur 𝐾 est commandé périodiquement avec un rapport cyclique de hachage 𝛼 (i.e. il est
fermé pendant un temps 𝛼𝑇 et ouvert durant le reste de la période). On suppose les éléments du
hacheur idéaux11, les tensions 𝑉𝑃 et 𝐸𝐵 constantes avec 𝑉𝑃 > 𝐸𝐵 , la résistance interne de la batterie
négligeable et la bobine en régime de conduction continu (𝑖𝐵 jamais nul).

0 < t < αT :
𝑉𝐴 = 𝑉𝑃 car 𝐾 est fermé → La diode est polarisée en inverse, donc bloquée (𝑖𝐷 = 0) et
𝑈𝐿 = 𝑉𝑃 – 𝐸𝐵 = 𝐿𝑑𝑖𝐵 /𝑑𝑡. Les tensions 𝑉𝑃 et 𝐸𝐵 étant supposées constantes, on a :
𝑉𝑃 − 𝐸𝐵 𝑉𝑃 − 𝐸𝐵
𝑑𝑖𝐵 = 𝑑𝑡 → 𝑖𝐵 (𝑡) = 𝑡 + 𝑐𝑡𝑒
𝐿 𝐿
𝑉𝑃 − 𝐸𝐵
Le courant augmente linéairement avec le temps pendant cette phase → 𝑖𝐵 (𝑡) = 𝐼𝑀𝐼𝑁 + 𝑡
𝐿

αT < t < T :
L’interrupteur est ouvert. La batterie ne peut pas débiter de courant car il devrait circuler
dans la diode qui est bloquée dans ce sens. Le panneau n’alimente plus la batterie (𝑖𝑃 = 0) mais la
self s’oppose par nature à l’arrêt du courant et 𝑖𝐵 circule en revenant par la diode car elle est
conductrice dans ce sens. On a 𝑉𝐴 = −𝑉𝐷 ≈ 0, donc 𝑈𝐿 ≈ 0 – 𝐸𝐵 = 𝐿𝑑𝑖𝐵 /𝑑𝑡 d’où :

𝐸𝐵 𝐸𝐵
𝑑𝑖𝐵 = − 𝑑𝑡 → 𝑖𝐵 (𝑡) = − 𝑡 + 𝑐𝑡𝑒
𝐿 𝐿

𝐸𝐵
Le courant décroit linéairement avec le temps pendant cette phase → 𝑖𝐵 (𝑡) = 𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝑡
𝐿

Le chronogramme du courant 𝑖𝐵 est donc le suivant :

𝑖𝐵
𝐼𝑀𝐴𝑋
− 𝐸𝐵 /𝐿
𝑏
(𝑉𝑃 − 𝐸𝐵 )/𝐿
𝐼𝑀𝐼𝑁
𝑎 𝑐

0 𝛼𝑇 𝑇 𝑡

11
Interrupteur parfait (𝑉 = 0 dans l’état fermé, 𝐼 = 0 dans l’état ouvert), tension de seuil et résistance de conduction
négligeable pour la diode, bobine purement réactive (𝑟 = 0).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

1 𝑇
On peut calculer la valeur moyenne de 𝑖𝐵 : 𝐼𝐵 = ∫ 𝑖𝐵 (𝑡). 𝑑𝑡
𝑇 0

L’intégrale correspond la surface sous la courbe bleue pour une période et vaut :
𝑎. 𝑏 𝑏. 𝑐 𝑏 (𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝐼𝑀𝐼𝑁 ) (𝐼𝑀𝐴𝑋 + 𝐼𝑀𝐼𝑁 )
𝐼𝑀𝐼𝑁 . 𝑇 + + = 𝐼𝑀𝐼𝑁 . 𝑇 + (𝑎 + 𝑐) = 𝐼𝑀𝐼𝑁 . 𝑇 + 𝑇= 𝑇
2 2 2 2 2
(𝐼𝑀𝐴𝑋 + 𝐼𝑀𝐼𝑁 )
On a donc : 𝐼𝐵 =
2

L’ondulation de 𝑖𝐵 s’obtient en raisonnant sur sa phase de croissance pendant 𝛼𝑇 ou sur celle de


décroissance pendant (1 − 𝛼)𝑇 :

𝑉𝑃 − 𝐸𝐵 𝐸𝐵 𝑉𝑃 − 𝐸𝐵 𝐸𝐵
𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝐼𝑀𝐼𝑁 = 𝛼𝑇 = (1 − 𝛼)𝑇 → 𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝐼𝑀𝐼𝑁 = 𝛼= (1 − 𝛼)
𝐿 𝐿 𝐿. 𝑓 𝐿. 𝑓

→ L’ondulation de 𝒊𝑩 est d’autant plus faible que 𝑳 et la fréquence de hachage 𝒇 sont grandes.

Les deux expressions de l’ondulation permettent d’obtenir la relation entre 𝑉𝑃 et 𝐸𝐵 :

𝐸𝐵
(𝑉𝑃 − 𝐸𝐵 )𝛼 = 𝐸𝐵 (1 − 𝛼) → 𝑉𝑃 =
𝛼

𝐸𝐵 est ≈ constant car la caractéristique 𝐼(𝐸) de la batterie est une droite pratiquement verticale. Par
contre, le GPV n’impose pas de contraintes particulières sur 𝑉𝑃 car il se comporte plutôt comme un
générateur de courant quand il débite → le choix du rapport cyclique 𝜶 fixe la tension de
fonctionnement 𝑽𝑷 du panneau. On peut donc le forcer à travailler à son optimum de puissance
pour accélérer la recharge de la batterie en réglant 𝑉𝑃 à sa valeur au PPM. On a 𝐸𝐵 ≈ 6,5 𝑉 et
𝑉𝑃 𝑚𝑎𝑥 ≈ 15 𝑉 dans notre exemple → il faut régler 𝛼 à ≈ 43 %.
Chronogramme de iP :
Le panneau ne délivre aucun courant quand l’interrupteur est ouvert → 𝑖𝑃 =
0 de 𝛼𝑇 à 𝑇. La diode est polarisée en inverse, donc bloquée, quand l’interrupteur est fermé → 𝑖𝑃 =
𝑖𝐷 + 𝑖𝐵 = 𝑖𝐵 entre 0 et 𝛼𝑇. On a donc le chronogramme suivant.

𝑖𝑃
𝐼𝑀𝐴𝑋
𝑏
𝐼𝑀𝐼𝑁
𝑎

0 𝛼𝑇 𝑇 𝑡

On obtient le courant moyen de la même manière que pour 𝑖𝐵 :


1 𝑎. 𝑏 1 𝛼𝑇(𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝐼𝑀𝐼𝑁 )
𝐼𝑃 = [𝐼𝑀𝐼𝑁 𝑎 + ] = [𝐼𝑀𝐼𝑁 𝛼𝑇 + ]
𝑇 2 𝑇 2
𝐼𝑀𝐴𝑋 − 𝐼𝑀𝐼𝑁 𝐼𝑀𝐴𝑋 + 𝐼𝑀𝐼𝑁
𝐼𝑃 = 𝛼 [𝐼𝑀𝐼𝑁 + ]=𝛼
2 2
Si on compare ce résultat à l’expression de 𝐼𝐵 , on voit qu’on a : 𝐼𝑃 = 𝛼𝐼𝐵

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut faire les remarques suivantes :


- on a 𝑉𝑃 = 𝐸𝐵 /𝛼 d’un côté et 𝐼𝑃 = 𝛼𝐼𝐵 de l’autre, d’où
𝑉𝑃 𝐼𝑃 = 𝐸𝐵 𝐼𝐵 → la puissance moyenne fournie par le panneau correspond à la puissance moyenne
absorbée par le panneau. C’est tout à fait logique puisqu’il n’y a aucun composant actif dans le
hacheur (c’est un convertisseur) et on a supposé l’absence de phénomènes dissipatifs.
- les relations entrée/sortie du hacheur parfait ressemblent à
celles du transformateur idéal. Le rapport cyclique 𝛼 joue le même rôle que le rapport du nombre de
spires dans la loi des tensions et des courants du transformateur.
- on veut que le panneau travaille à son PPM → cela revient
à lui faire débiter un courant 𝐼𝑃 𝑚𝑎𝑥 ≈ 75 𝑚𝐴 dans notre exemple → le courant 𝑰𝑩 de charge du
panneau sera égal à 𝑰𝑷 𝒎𝒂𝒙 /𝜶 ≈ 𝟕𝟓/𝟎, 𝟒𝟑 = 𝟏𝟕𝟓 𝒎𝑨 → le hacheur permet d’obtenir un courant
de charge plus important qu’une connexion directe du GPV sur la batterie.

II.2.2 Réalisation pratique


Un transistor MOSFET joue le rôle d’interrupteur.

Prise en main du transistor :


[3], p. 150 et 328
D
G T Ω
T : MOSFET canal N de puissance IRF 830 S
𝐸

Si on fait varier la tension continue 𝐸 entre 0 et 10 V, on constate que la résistance 𝑅𝐷𝑆 est très grande
lorsque 𝑉𝐺𝑆 = 0 𝑉 et qu’elle est très faible (≈ 1 𝛺) lorsque 𝑉𝐺𝑆 dépasse ≈ 5 𝑉. Le transistor se
comporte donc comme un interrupteur ouvert quand 𝑽𝑮𝑺 est nul et fermé lorsque 𝑽𝑮𝑺 est
supérieur à 𝟓 𝑽. On peut donc s’en servir en commutation avec un bon rendement car la puissance
dissipée dans le canal drain source est faible (un des paramètres 𝐼/𝑉 est à chaque fois ≈ nul) et la
commande ne consomme pas car la tension est appliquée sur une électrode (la grille G) électriquement
isolée du canal de conduction12.

Montage :

D S
𝐼𝑃 𝐼𝐵
+ G
𝐿 +
+
GPV 𝑉𝑃 GBF 𝐷 Batterie 𝐸𝐵
- 𝐶

D : diode 1N4148
L : bobine Leyblod 250 spires L = 2,2 mH ; r = 0,6 Ω
GBF : signal carré 0 - 10 V ; f = 50 kHz
C : capacité électrochimique 1000 µF (respecter sa polarité !)

12
Le montage E 23 en [3], p. 154 illustre l’extrême sensibilité avec laquelle on peut piloter ce genre de transistor.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La structure proposée diffère légèrement du schéma de principe et du montage donné en [3], p. 206.
Le transistor servant d’interrupteur est ici directement piloté par le GBF. C’est plus simple mais on
introduit alors une masse dans la ligne de potentiel supérieure du hacheur. C’est tout à fait faisable
car le panneau et la batterie sont flottants. Par contre, l’observation des signaux à l’oscilloscope
nécessite l’utilisation d’une sonde différentielle si on ne se rapporte pas à la masse du GBF ! Un
condensateur électrochimique de forte valeur est aussi ajouté en parallèle sur le panneau. Il sert à
stabiliser la tension 𝑉𝑃 car elle est supposée constante dans les calculs et c’est impossible avec le
panneau seul. Il y a en effet un problème de débit quand l’interrupteur est fermé car la source doit
fournir un courant moyen égal à 𝐼𝐵 13 pendant cette phase, soit 175 mA dans notre exemple, alors que
le panneau ne peut donner au maximum que 80 mA avec l’éclairement utilisé. Le condensateur pallie
à cette insuffisance en constituant un réservoir d’énergie. Il fournit le supplément de courant durant
la phase de conduction en maintenant le potentiel constant grâce à sa forte capacité, et le panneau le
recharge quand l’interrupteur est ouvert. Le GPV travaille ainsi tout le temps à son PPM en
fournissant en permanence un courant 𝑖𝑃 constant qui devient haché après le condensateur en
conservant la même valeur moyenne.

Observations et mesures :
La batterie doit être partiellement déchargée avant de commencer et
il faut la débrancher quand on ne fait pas d’observation.

On branche le panneau éclairé avec l’halogène à 50 cm. On modifie le rapport cyclique de hachage
et on observe l’influence sur 𝐼𝐵 (mesuré en CC). 𝐼𝐵 doit passer par un maximum pour une certaine
valeur de 𝛼. On note alors les courants et tensions. Voici à titre indicatif un exemple de résultats14 :

𝛼 (%) 𝐼𝑃 (𝑚𝐴) 𝑉𝑃 (𝑉) 𝐼𝐵 (𝑚𝐴) 𝑉𝐵 (𝑉)


53 84 14,4 160 6,5

On voit immédiatement l’intérêt du hacheur. Le courant de charge de la batterie atteint maintenant


160 mA au lieu des 80 mA en connexion directe. L’efficacité du processus est donc doublée. On n’a
pas tout à fait les 175 mA escomptés mais ce n’est pas étonnant car on a supposé un système idéal
(aucun terme dissipatif) alors que les pertes sont inévitables. On peut aussi noter que le rapport
cyclique optimum diffère sensiblement de la valeur attendue (53 % contre 43 %). Cela provient encore
une fois des hypothèses simplificatrices employées.

Rendement du convertisseur :
Il reçoit du panneau la puissance 𝑉𝑃 𝐼𝑃 = 1210 𝑚𝑊 et fournit
𝑉𝐵 𝐼𝐵 = 1040 𝑚𝑊 à la batterie → le rendement est de 86 % dans cet exemple. C’est un résultat correct
vu les composants utilisés mais pas exceptionnel (les hacheurs industriels peuvent atteindre 95 %).

Estimation des pertes :


Elles ont trois origines et peuvent être estimés plus ou moins facilement. Il
ya:
- les pertes par effet Joule dans l’inductance de lissage.
- les pertes par conduction dans le transistor et dans la diode (la tension à leurs bornes n’est pas
nulle quand ils sont passants).

13
On le démontre facilement à l’aide du chronogramme de 𝑖𝑃 : le courant moyen vaut 𝛼𝐼𝐵 sur une période, mais le calcul
sur la durée 𝛼𝑇 de conduction donne 𝐼𝐵 . Ce résultat est d’ailleurs logique puisque le hacheur ne fournit pas d’énergie
(c’est un convertisseur) → le courant moyen qu’il sort doit provenir de l’entrée pendant la phase de conduction.
14
Ces valeurs diffèrent légèrement de celles du § I car elles n’ont pas été effectuées au même moment. Les conditions
expérimentales n’étaient donc pas tout à fait les mêmes.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- les pertes par commutation dans ces mêmes composants (la tension et le courant ne sont pas
nuls en même temps aux moments des phases de blocage/déblocage). Ce sont les plus délicates à
mesurer et on ne le fera pas ici.

La puissance dissipée dans la bobine s’obtient en mesurant la valeur efficace de 𝑖𝐵 qui, dans les faits,
est très proche du courant moyen car 𝑖𝐵 est ≈ constant (ondulation faible) → on a dans notre exemple
2
𝑃𝑏𝑜𝑏𝑖𝑛𝑒 = 𝑟𝑏𝑜𝑏𝑖𝑛𝑒 (𝐼𝑒𝑓𝑓 𝐵) ≈ 0,6 × (160)2 ≈ 15 𝑚𝑊.

Les pertes par conduction dans la diode et le transistor sont plus délicates à obtenir car ces composants
ne conduisent pas en permanence. On peut considérer qu’ils ne consomment rien lorsqu’ils sont
ouverts et estimer la puissance dissipée quand ils sont fermés en observant la tension à leurs bornes
avec une sonde différentielle. On obtient alors les oscillogrammes suivants (le signal jaune
correspond à la tension de commande 𝑉𝐺𝑆 du transistor, le signal vert aux tensions 𝑉𝐷𝑆 et 𝑉𝐷 atténuées
d’un facteur 20 par la sonde) :
Tension aux bornes DS du transistor Tension aux bornes de la diode

On a ≈ 15 V aux bornes des deux composants quand ils sont bloqués et les tensions sont faibles mais
non nulles en régime de conduction15. On a 𝑉𝐷𝑆 𝑂𝑁 ≈ 68 𝑚𝑉 et 𝑉𝐷 𝑂𝑁 ≈ 120 𝑚𝑉 sur les
enregistrements. La sonde différentielle présentait un offset de 48 mV en court-circuit. On a donc
𝑉𝐷𝑆 𝑂𝑁 ≈ 0,4 𝑉 et 𝑉𝐷 𝑂𝑁 ≈ 1,44 𝑉 compte tenu de ce décalage et de l’atténuation de la sonde. Le
transistor conduit entre 0 et 𝛼𝑇 en étant parcouru par un courant moyen égal à 𝐼𝐵 16. La diode est
passante de 𝛼𝑇 à 𝑇 en étant traversée par le même courant moyen. On a donc :

1 𝛼𝑇 𝑉𝐷𝑆𝑂𝑁 𝐼𝐵 𝛼𝑇
𝑃𝑇 = ∫ 𝑉𝐷𝑆𝑂𝑁 𝐼𝐵 𝑑𝑡 ≈ ∫ 𝑑𝑡 → 𝑃𝑇 ≈ 𝛼𝑉𝐷𝑆𝑂𝑁 𝐼𝐵 ≈ 0,54 × 0,4 × 160 ≈ 35 𝑚𝑊
𝑇 0 𝑇 0

1 𝑇 𝑉𝐷𝑂𝑁 𝐼𝐵 𝑇
𝑃𝐷 = ∫ 𝑉𝐷𝑂𝑁 𝐼𝐵 𝑑𝑡 ≈ ∫ 𝑑𝑡
𝑇 𝛼𝑇 𝑇 𝛼𝑇

→ 𝑃𝐷 ≈ (1 − 𝛼)𝑉𝐷𝑂𝑁 𝐼𝐵 ≈ (1 − 0,54) × 1,44 × 160 ≈ 106 𝑚𝑊

On a donc au final le bilan suivant (en mW) :

𝑃𝑝𝑎𝑛𝑛𝑒𝑎𝑢 = 𝑉𝑃 𝐼𝑃 𝑃𝑇 𝑃𝐷 𝑃𝑏𝑜𝑏𝑖𝑛𝑒 𝑃𝑏𝑎𝑡𝑡𝑒𝑟𝑖𝑒 = 𝑉𝐵 𝐼𝐵


1210 35 106 15 1040

On peut noter que les plus grosses pertes sont au niveau de la diode. La puissance semble conservée
puisqu’on a 𝑃𝑝𝑎𝑛𝑛𝑒𝑎𝑢 ≈ 𝑃𝑇 + 𝑃𝐷 + 𝑃𝑏𝑜𝑏𝑖𝑛𝑒 + 𝑃𝑏𝑎𝑡𝑡𝑒𝑟𝑖𝑒 mais il faut nuancer cette affirmation car le
calcul des pertes est assez grossier (les signaux sont loin d’être parfaits) et on ne tient pas compte des
pertes par commutation.

15
Le transistor conduit et 𝐷 est bloqué quand 𝑉𝐺𝑆 est au niveau haut et c’est l’inverse quand 𝑉𝐺𝑆 est au niveau bas.
16
Cf. note de bas de page n° 16.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ondulation de IB :
On peut l’observer en remplaçant l’ampèremètre servant à mesurer 𝐼𝐵 par une
résistance de quelques ohms et en prenant la tension à ses bornes avec une sonde différentielle (les
oscillogrammes suivants ont été enregistrés en mode AC pour ne garder que l’ondulation) :

La forme diffère sensiblement de celle attendue (un triangle). On a des oscillations parasites
importantes au moment des basculements de 𝑉𝐺𝑆 suivies d’évolutions qui ne sont pas tout à fait des
droites (allures exponentielles dues à la résistance de la bobine). On a essayé d’estimer au mieux
l’ondulation pour une fréquence de hachage de 50 et 75 𝑘𝐻𝑧. La résistance de mesure valant 𝑅 =
5 𝛺, on a, compte tenu de l’atténuation de la sonde, ∆𝑖𝐵 = ∆𝑈𝑅 × 20/𝑅 = 59 𝑚𝐴 pour 𝑓 = 50 𝑘𝐻𝑧
et 43 𝑚𝐴 pour 𝑓 = 75 𝑘𝐻𝑧. L’ondulation diminue donc avec la fréquence comme le prévoit les
calculs du § II.2.1. On peut comparer ces valeurs aux résultats obtenus grâce à la relation ∆𝑖𝐵 =
(𝑉𝑃 – 𝐸𝐵 )𝛼/(𝐿𝑓). On trouve respectivement 42 𝑚𝐴 et 28 𝑚𝐴. Les écarts sont donc significatifs, ce
qui n’est guère étonnant vu la forme du signal. On peut aussi calculer directement le rapport des
tensions car on doit avoir ∆𝑖𝐵 𝑓1 /∆𝑖𝐵 𝑓2 = 𝑓2 /𝑓1 puisque l’ondulation est inversement proportionnelle
à 𝑓. On a ici :
𝛥𝑖𝐵𝑓1 14,75 𝑓2 75
= = 1,4 ≈ = = 1,5
𝛥𝑖𝐵𝑓2 10,675 𝑓1 50

Le rapport des courants recoupe assez bien le rapport des fréquences.

III CONVERSION CONTINU – ALTERNATIF


Ce type de conversion est assuré par les
onduleurs. Ils utilisent aussi des composants fonctionnant en commutation17 (thyristors, transistors).
La fréquence du courant alternatif produit est commandée par un générateur à faible puissance
(multivibrateur) dans les cas des onduleurs autonomes, ou par l’intermédiaire du secteur pour les
onduleurs assistés. Ces convertisseurs ont de nombreuses applications comme les alimentations de
secours (pour les PC par exemple) ou pour la restitution des énergies renouvelables (solaire, éolien).

III.1 Introduction
L’obtention d’un signal sinusoïdal avec un onduleur nécessite une
électronique de commande délicate à mettre en place dans le cadre d’un montage. On se limite donc
18

ici à la l’obtention d’un signal carré monophasé. Le principe de base est alors très simple :

17
On pourrait créer un signal alternatif et l’amplifier mais le rendement serait nettement moins bon (un amplificateur
push pull à un rendement maximum de 78 % par exemple).
18
Commande MLI (à modulation de largeur d’impulsion).

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝐾1
fermé ouvert fermé

𝐾1 𝐸1 𝑇/2 𝑇
𝐾2
𝑅𝐶
ouvert fermé ouvert
charge
𝑈𝐶
𝐾2 𝑈𝐶 𝐸1
𝐸2

− 𝐸2

Les interrupteurs 𝐾1 𝐾2 fonctionnent de façon complémentaire. 𝐾1 est fermé de 0 à 𝑇/2 pendant que
𝐾2 est ouvert. La tension 𝑈𝐶 aux bornes de la charge vaut alors 𝐸1 . On inverse les rôles entre 𝑇/2 et
𝑇. On a alors 𝑈𝐶 = −𝐸2 . On obtient ainsi un signal alternatif aux bornes de la charge à partir de
sources de tensions continues avec un rendement de 100 % si les interrupteurs sont parfaits. Les
commutateurs peuvent être des transistors MOSFET (cf. [3], p. 328) ou bipolaires (cf. [10], p. 189).
On choisit la deuxième solution car l’utilisation de transistors complémentaires (NPN, PNP) permet
une commande plus simple (le même signal commande les deux interrupteurs).

III.2 Montage
[10], p. 189 ; [5], p. 290 et 300.

La réalisation doit être soignée. Il faut bien identifier la ligne de masse (le respect d’un code des
couleurs comme sur le schéma est fortement conseillé) et remarquer que le pôle – de l’alimentation
de puissance n’y est pas relié → La source doit être flottante. Il faut aussi faire attention aux
branchements des transistors et des diodes. Les deux émetteurs doivent être reliés entre eux.
C’est indiqué clairement sur le schéma mais on peut facilement se tromper quand on utilise des
transistors montés sur supports car le collecteur du PNP peut se retrouver en face de l’émetteur du
NPN. Pour finir, les diodes D ne sont pas indispensables si la charge est purement résistive19 mais
elles assurent un effet de roue libre sur les transistors qui permet d’éviter les surtensions sur 𝑈𝐶 aux
moments des commutations20.

C
𝑅𝐵 +
B D alimentation
𝐶 𝐸
de puissance
T1 2 E = 15 V
E
charge
+
GBF 𝑅 W
-

E 𝑈𝐶
𝑅𝐵 𝐸
+ −
B D 𝐶 2
T2
C

19
On peut le vérifier si on dispose de résistances de puissances non inductives.
20
Ces surtensions sont dues au caractère faiblement inductif du rhéostat. L’effet est peu visible à 50 Hz mais bien présent
si on enlève les diodes.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

GBF : signal carré 50 Hz 10 V Pk-Pk


𝑅𝐵 : 500 Ω
𝑇1 𝑇2 : transistors NPN MJ 15024 et PNP MJ 15025 sur radiateur
𝐷 : 1N4148
𝑅 = rhéostat 150 Ω ou 33 Ω
𝐶 : condensateurs électrochimiques 1000 µF si 𝑅 = 150 Ω, 4700 µF si 𝑅 = 33 Ω. Respecter la polarité
de branchement indiquée.
W : wattmètre

Les condensateurs permettent d’obtenir deux sources de tensions de signe opposé à partir d’une
seule21. Ils se chargent lorsqu’on met en route l’alimentation en se répartissant équitablement la
tension 𝐸 puisqu’ils sont identiques et associés en série. Leur capacité doit être suffisamment
importante pour maintenir un potentiel constant quand ils sont connectés à la charge, d’où les
propositions indiquées en fonction de 𝑅. Le montage à transistor, du type push pull, est déjà étudié
dans le montage amplification (s’y reporter pour plus d’informations) mais les composants travaillent
ici en bloqué/saturé. Ils fonctionnent de manière complémentaire : 𝑇1 conduit pendant que 𝑇2 est
bloqué quand la tension du GBF est positive, et c’est l’inverse quand la tension est négative → la
charge est successivement alimentée par les tensions 𝐸/2 et – 𝐸/2.

Observation et mesure du rendement :


On peut vérifier que la tension aux bornes de la charge est
un signal carré synchrone de celui du GBF. Le wattmètre W donne la puissance fournie par
l’alimentation. Celle reçue par la charge s’obtient en mesurant la tension efficace à ses bornes avec
un voltmètre RMS (𝑃𝑅 = 𝑈𝐶2 𝑒𝑓𝑓 /𝑅). Le rapport des deux puissances donne le rendement et on obtient
facilement plus de 95 %. Cette performance supérieure à celle du hacheur s’explique par l’absence
de bobine et de diode dans le circuit. Les seules sources de dissipation sont les transistors bipolaires
mais ils ont des pertes de conduction plus faibles que les MOSFET (résistance 𝑅𝑂𝑁 moins grande).
Ils ont l’inconvénient d’être pilotés par des courants22 (commande potentiellement plus énergivore),
mais ce n’est pas très visible ici car le courant dans la charge est peu important.

Estimation des pertes dans les transistors :


On peut mesurer la tension 𝑈𝐶𝐸 aux bornes d’un des
transistors quand il conduit en prenant soin de mettre la masse de l’oscilloscope sur la borne 𝐸 du
composant. Cette tension doit être proche de zéro mais pas nulle quand le transistor conduit. La
mesure efficace de 𝑈𝐶 𝑒𝑓𝑓 effectuée précédemment permet de connaitre le courant 𝐼𝐶 𝑒𝑓𝑓 = 𝑈𝐶 𝑒𝑓𝑓 /𝑅𝐶
dans la charge, donc la valeur du courant circulant dans le transistor quand il est passant puisque le
signal est carré (𝐼𝐶 𝑒𝑓𝑓 = 𝐼𝐶 𝑚𝑎𝑥 ). La puissance dissipée dans les deux transistors vaut alors 𝑃𝑇 =
𝑈𝐶𝐸 𝐼𝐶 𝑒𝑓𝑓 si on suppose que les deux transistors ont la même valeur absolue de tension 𝑈𝐶𝐸 quand ils
conduisent et on peut vérifier que 𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 = 𝑃𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 + 𝑃𝑇 .

Remarque :
On peut avoir une conversion continu-alternatif complète en commandant ce montage
avec un multivibrateur (cf. [5], p. 300) mais il faut utiliser une alimentation spécifique pour le
multivibrateur si on veut simplifier la gestion des masses.

21
On peut alors imaginer de remplacer l’alimentation par une batterie de secours.
22
Un compromis est obtenu avec les transistors IGBT. C’est, dans le principe, un transistor bipolaire commandé par un
transistor à effet de champ. On cumule ainsi les avantages des deux familles de composants : la simplicité de commande
du transistor à effet de champ et les faibles pertes par conduction des bipolaires. Ce type de transistor s’est largement
imposé dans l’électronique de puissance depuis quelques années.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV CONVERSION ALTERNATIF – ALTERNATIF : LE TRANSFORMATEUR


Les
transformateurs permettent de modifier la valeur efficace d’une tension alternative avec un bon
rendement. On conseille de lire l’annexe avant d’aborder ce chapitre.

IV.1 Mesures en charge


[4], p. 495.

On considère une charge résistive. L’étude est menée sur un transformateur industriel car les systèmes
pédagogiques type Leybold présentent trop de fuites magnétiques. On utilise un modèle 24 V/12 V
de puissance nominale apparente 50 VA (dispositif Pierron MD02054). A cette donnée correspond
des valeurs nominales de courant au primaire (𝒊𝟏 𝒏𝒐𝒎 = 50𝑉𝐴/24𝑉 ≈ 𝟐, 𝟏 𝑨) et au secondaire
(𝒊𝟐 𝒏𝒐𝒎 = 50 𝑉𝐴/12 𝑉 ≈ 𝟒, 𝟐 𝑨) qu’il ne faut pas trop dépasser sous peine de griller le fusible de
protection présent sur la maquette.

𝐼2

Source W 𝑈2 𝑅𝐶

Source : alimentation Phywe 30V/12A AC/DC


W : wattmètre ISW 8000 (il permet de mesurer la puissance, la tension et le courant au primaire)
Transformateur : 24V/12V 50 VA Pierron MD02054
𝑈2 , 𝐼2 : multimètres RMS en mode AC. Attention au choix du calibre de l’ampèremètre avec une
résistance de charge faible.
𝑅𝐶 : rhéostats 330 , 35  et 10 Ω pour explorer une gamme de courant importante.

On mesure 𝑈1 , 𝐼1 , 𝑃1 , 𝐼2 et 𝑈2 pour différentes valeurs de 𝑅𝐶 sans dépasser 𝐼2 𝑛𝑜𝑚 en maintenant 𝑈1 à


sa valeur nominale de 24 V.

IV.2 Lois des courants et tensions


On trace l’évolution des rapports 𝐼1 /𝐼2 et 𝑈2 /𝑈1 en
fonction de 𝐼2 :

La loi des tensions est bien vérifiée. L’accord est optimum à faible courant et il y a un très léger

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

fléchissement quand le courant augmente comme le prévoit le modèle de Kapp (cf. expression de 𝑈2
en annexe). La loi des courants recoupe celle des tensions à courant fort mais il y a un désaccord
important à courant faible (ce point est aussi expliqué en annexe). On peut regarder le courant 𝐼1 en
observant à l’oscilloscope la tension aux bornes d’une résistance de puissance de faible valeur insérée
dans le circuit primaire (attention aux problèmes de masse). Le courant (représenté en vert sur les
exemples) est pratiquement sinusoïdal et en phase avec 𝑈1 quand on est à pleine charge alors qu’il
est très déformé et déwatté quand le débit est faible (cf. annexe) :

Transformateur en charge Transformateur à vide

IV.3 Rendement
Le wattmètre mesure la puissance 𝑃1 absorbée au primaire. Le
produit 𝑈2 𝐼2 donne celle débitée par le transformateur puisque la charge est résistive. On peut donc
calculer le rendement du transformateur et représenter son évolution en fonction de 𝐼2 :

Le rendement est mauvais à courant faible car la puissance fournie pour magnétiser le matériau n’est
pas négligeable par rapport à la puissance débitée. Un transformateur surdimensionné par rapport à
des besoins donnés est donc inutile car il y a beaucoup de pertes pour un cout à l’achat plus important.
Le rendement augmente rapidement avec la demande en courant et se stabilise à ≈ 86 % lorsque les
lois des tensions et courant sont simultanément vérifiées. Cette zone ou le fonctionnement est
optimum démarre à environ 2 A pour le transformateur d’étude. Elle correspond à une puissance
apparente en sortie comprise entre ≈ 24 et 50 V.A.

IV.4 Mesure par la méthode des pertes séparées


Des phénomènes dissipatifs
apparaissent dans les deux parties du transformateur. La circulation des courants dans les bobines
provoque des pertes par effet Joule appelées pertes cuivre (𝑃𝐶𝑢 = 𝑅1 𝐼12 + 𝑅2 𝐼22 ). Le champ
magnétique alternatif régnant au sein de la carcasse ferromagnétique entraine des pertes par hystérésis
et courants de Foucault appelées pertes fer. Elles dépendent de la tension appliquée puisque c’est la

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

valeur de 𝑈1 qui fixe 𝛷 et 𝐵 (cf. annexe). La méthode des pertes séparées consiste à mesurer la
puissance absorbée par le transformateur au cours de deux essais :
- le premier est réalisé sous tension nominale avec le secondaire ouvert (essai à
vide). Les pertes fer sont les mêmes qu’en charge puisque le flux est pratiquement identique (𝑈1 fixe
𝛷) et il y a très peu de pertes cuivre car les courants sont minimums (courant magnétisant au primaire)
→ 𝑃1 𝑐𝑜 ≈ 𝑃𝐹𝑒𝑟 .
- le deuxième est effectué avec le secondaire en court-circuit en faisant circuler le
courant I2 prévu en charge. Les pertes cuivre correspondent alors à celle du régime nominal (mêmes
courants) et il y a très peu de pertes fer car on travaille avec une tension 𝑈1 beaucoup plus faible
puisque 𝑈2 ≈ 0 → 𝑃1 𝑐𝑐 ≈ 𝑃𝐶𝑢 .
Ces deux essais permettent donc la mesure séparée des deux types de pertes.

IV.4.1 Essai à vide


Secondaire ouvert, tension nominale au primaire.

Source W

On a mesuré 𝑃1 𝑐𝑜 ≈ 𝑃𝐹𝑒𝑟 = 3,02 𝑊 pour 𝑈1 = 24 𝑉 avec le modèle d’étude. On peut estimer les
pertes par effet Joule dans cet essai en mesurant la résistance 𝑅1 du primaire (mesure 4 fils,
transformateur chaud) ainsi que le courant à vide 𝐼1 0 . On a obtenu 𝑅1 = 0,422 𝛺, 𝐼1 0 = 0,533 𝐴,
d’où 𝑃𝐶𝑢 = 𝑅1 𝐼12 0 = 0,04 𝑊 𝑃𝐹𝑒𝑟 comme attendu.

Remarque :
Les pertes Fer peuvent aussi se mesurer en mesurant la surface du cycle d’hystérésis du
transformateur → se reporter au montage « Magnétisme » pour plus de précision sur ce point.

IV.4.2 Essai en court-circuit


Secondaire en court-circuit, courant prévu en
charge au secondaire.

Il vaut mieux faire cette mesure avec un transformateur chaud car la résistance des enroulements
dépend de la température. Cet essai est très risqué pour le matériel car le secondaire est en court-
circuit donc le courant 𝐼2 est seulement limité par l’impédance de sortie 𝑍𝑆 du transformateur et elle
est faible → Il faut augmenter très progressivement 𝑼𝟏 en surveillant 𝑰𝟐 . Le courant au secondaire
peut être mesuré avec un ampèremètre mais la petite chute de potentiel apparaissant aux bornes de
l’appareil peut induire une erreur systématique non négligeable (on n’est pas tout à fait en court-
circuit) donc il vaut mieux mesurer la tension 𝑈2 pour corriger le résultat :

𝐼2

Source W 𝑈2

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Une autre solution consiste à court-circuiter réellement le secondaire et mesurer 𝐼2 avec une pince
ampèremétrique. Le résultat est plus juste (pas d’erreur systématique) mais moins précis car on se
retrouve généralement dans le bas de la gamme de mesure de la pince. Les deux solutions ont été
testées avec le modèle d’étude en prenant un courant de charge 𝐼2 = 3 𝐴 pour ne pas trop s’approcher
de la limite de rupture du fusible de sécurité. On a obtenu les résultats suivants :

Avec un ampèremètre :

𝑈1 (𝑉) 𝑃1 𝑐𝑐 (𝑊) 𝑈2 (𝑉) 𝐼2 (𝐴) 𝑃1 𝑐𝑐 𝑐𝑜𝑟𝑟𝑖𝑔é = 𝑃1 – 𝑈2 𝐼2 (𝑊)


2,45 3,82 0,487 3,07 2,32

Avec une pince :


𝑈1 (𝑉) 𝑃1 𝑐𝑐 (𝑊) 𝐼2 (𝐴) 𝑃1 (𝑊)
1,74 2,5 3 2,5

La correction sur la première mesure est bien nécessaire ici car la puissance 𝑈2 𝐼2 dissipée dans
l’ampèremètre n’est pas négligeable. On obtient alors un résultat cohérent avec celui de la pince
ampèremétrique. On voit aussi que la tension à appliquer au primaire pour obtenir le courant
𝑰𝟐 est très faible. Il faut donc faire très attention quand on réalise cet essai.

Comparaison avec l’essai en charge :


On a obtenu 𝑃1 = 42,8 𝑊 et 𝑃2 = 37,4 𝑊 pour un courant
𝐼2 = 3,05 𝐴 lors des mesures du § IV.1. On doit avoir 𝑃1 = 𝑃2 + 𝑃𝐹𝑒 + 𝑃𝐶𝑢 ≈ 𝑃2 + 𝑃1 𝑐𝑜 + 𝑃1 𝑐𝑐
d’après la méthode des pertes séparées. On a ici 𝑃2 + 𝑃𝐹𝑒 + 𝑃𝐶𝑢 ≈ 37,4 + 3,02 + 2,4 = 42,82 𝑊 ≈
𝑃1 → Cette méthode donne donc de bons résultats et permet d’estimer le rendement du transformateur
sans avoir à faire d’essais en charge.

IV.5 Détermination des paramètres du modèle de Kapp


Les essais précédents
permettent aussi la détermination de ces paramètres définis en annexe.

Détermination de m :
On a 𝑈2 = – 𝑚 𝑈1 – (𝑍2 + 𝑚2 𝑍1 )𝐼2 = – 𝑚 𝑈1 lorsque le secondaire est
ouvert → le rapport 𝑈2 /𝑈1 à vide permet d’obtenir le rapport de transformation (𝑚 ≈ 0,54 ici).

Détermination de RS :
On l’obtient à partir de la puissance dissipée dans l’essai en court-circuit
puisqu’il permet d’estimer les pertes par effet Joule. On a :

𝑃1𝑐𝑐  𝑅𝑆 𝐼2𝑐𝑐
2

On a 𝑃1𝑐𝑐 ≈ 𝑃𝐶𝑢 ≈ 2,4 𝑊 pour un courant 𝐼2 𝑐𝑐 = 3 𝐴 sur notre essai, d’où 𝑅𝑆 ≈ 0,267 𝛺. Ce résultat
peut être comparé à la valeur qu’on obtient avec la relation 𝑅𝑆 = 𝑅2 + 𝑚2 𝑅1 . On a mesuré 𝑅1 =
0,106 𝛺 et 𝑅2 = 0,422 𝛺 avec un ohmmètre en montage 4 fils, d’où 𝑅𝑆 = 0,229 𝛺.

Détermination de LS :
On l’obtient à partir des valeurs de 𝑈1 et 𝐼2 de l’essai en court-circuit. On a
𝑈2 = 0 = – 𝑚 𝑈1 – 𝑍𝑆 𝐼2 , d’où :
2
√(𝑚𝑈1 ) − 𝑅𝑆2
𝑚𝑈1 𝐼2
|𝑍𝑆 | = √𝑅𝑆2 + (𝐿𝑆 𝜔)2 = → 𝐿𝑆 =
𝐼2 𝜔

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

√(0,54 × 1,74/3)2 − 0,232


𝐴𝑁 ∶ 𝐿𝑆 = = 0,7 𝑚𝐻
2. 𝜋. 50

Validation du modèle :
Les mesures sous tension nominale du § IV.1 montrent que 𝑈2 baisse
légèrement lorsque le courant 𝐼2 augmente. On a mesuré 𝑈2 𝑣𝑖𝑑𝑒 = 13,02 𝑉 et 𝑈2 = 12,27 𝑉 pour un
courant 𝐼2 = 3 𝐴. On peut vérifier si ce résultat est en accord avec le modèle de Kapp. On trace le
diagramme de Fresnel du secondaire en prenant le courant comme origine des phases :

𝐸2 = 𝑚𝑈1
𝐿𝑆 𝜔𝐼2

𝑈2 𝑅𝑆 𝐼2

𝐸2 = 𝑚𝑈1 correspond à la tension à vide au secondaire. La circulation de 𝐼2 fait apparaitre 𝑅𝑆 𝐼2 (réel)


et 𝐿𝑆 𝐼2 (imaginaire) et le résultat 𝑈2 est en phase avec 𝐼2 car on considère une charge résistive. On
a donc :

(𝑚𝑈1 )2 = (𝑈2 + 𝑅𝑆 𝐼2 )2 + (𝐿𝑆 𝜔𝐼2 )2 → 𝑈2 = √(𝑚𝑈1 )2 − (𝐿𝑆 𝜔𝐼2 )2 − 𝑅𝑆 𝐼2

𝐴𝑁 ∶ 𝑈2 = √(0,54 × 24)2 − (0,7.10−3 × 2 × 𝜋 × 50 × 3)2 − 0,23 × 3 = 12,27𝑉

Le modèle du transformateur envisagé permet donc de prédire son comportement en charge à partir
d’un essai en court-circuit et d’un essai à vide. Ce principe est appliqué au niveau industriel puisqu’il
permet de prédire à l’avance les performances d’une association transformateur/charge.

Remarque :
On peut aussi construire le diagramme pour une charge quelconque. Voici à titre
indicatif les diagrammes pour une charge purement inductive ou capacitive.

charge inductive charge capacitive

𝑅𝑆 𝐼2 𝐿𝑆 𝜔𝐼2

𝐸2 = 𝑚𝑈1 𝑈2
𝑈2
𝐸2 = 𝑚𝑈1

𝐿𝑆 𝜔𝐼2
𝑅𝑆 𝐼2
D’autres exemples de diagrammes sont présentés dans [6], p. 112 et suivantes.

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Berty, Fagot, Martin ; Electricité pratique, Tome I.
[2] : Duffait ; Agrégation de Sciences Physiques, Expériences d'électronique.
[3] : Quaranta III ; Electronique.
[4] : Quaranta IV : Electricité et Applications (nouvelle édition)
[5] : Dubos, Lafargue, Le Goff : Electrotechnique - Electronique de puissance,
Terminale F3
[6] : Niard : Machines Electriques, Term F3
[7] : Sextant : Optique expérimentale
[8] : Fouchet, Pérez, Mas : Electronique pratique (Dunod)
[9] : Collection Herbert Le technicien : Machines électriques ; Electronique de
puissance (édition 1985)
[10] : Pierre Garot : Mesures et Essais, Tome 2.

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : LE TRANSFORMATEUR

I FORMULE D’HOPKINSON
On considère un circuit magnétique isotrope, sans pertes et
entouré de conducteurs parcourus par des courants d’intensité 𝐼 :


𝐵
𝑆

Théorème d'ampère :
⃗ . 𝑑ℓ = 𝛴𝐼
∮𝐻


⃗ . 𝑑ℓ
𝐵
⃗ = 𝜇. 𝐻
𝐵 ⃗ → 𝛴𝐼 = ∮
𝜇
𝐵. 𝑑ℓ
=∮ si on suppose que 𝐵 ⃗ sur tout le contour d' intégration.
⃗ est parallèle à 𝑑ℓ
𝜇

⃗ .→
Or 𝛷 = 𝐵 𝑆 = 𝐵. 𝑆 dans ce cas, d’où :
𝛷 𝛷. 𝑑ℓ
𝐵= et ∮ = 𝛴𝐼
𝑆 𝜇. 𝑆
Comme le flux 𝛷 est constant à travers le tube d’induction (pas de pertes), on a :
𝑑ℓ
𝛷∮ = 𝛴𝐼
𝜇. 𝑆
Soit la formule dite d’Hopkinson :

𝑑ℓ
𝛴𝐼 = ℜ. 𝛷 avec ℜ=∮ la réluctance du circuit
𝜇. 𝑆

Analyse du résultat :
La circulation des courants 𝐼 dans les conducteurs provoque l’apparition d’un
champ magnétique qui aimante le matériau. Il en résulte un champ 𝐵 global donc un flux 𝛷 = 𝐵. 𝑆
dans le tube d’induction. La formule d’Hopkinson montre que la réluctance relie la cause 𝐼 à la
conséquence 𝛷 → cette loi est l’analogue pour les circuits magnétiques à la loi d’Ohm 𝑈 = 𝑅𝐼 pour
les circuits électriques. Le terme 𝛴𝐼 est la force magnétomotrice qui engendre le flux 𝛷 et une
réluctance faible est intéressante car les courants peuvent alors engendrer des flux forts et donc des
champs magnétiques intenses. Cette condition peut s’obtenir en utilisant des matériaux de forte
perméabilité  (matériaux ferromagnétiques). En contrepartie, l’aimantation est non linéaire de
l’aimantation car  n’est pas une constante puisqu’elle dépend de l’excitation 𝐻 (cf. montage sur le
magnétisme).

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II MODÉLISATION DU TRANSFORMATEUR

II.1 Le transformateur idéal

𝐼1 𝐼2
𝛷
𝐸1 N1 N2 𝐸2
𝛷

On fait les hypothèses suivantes :


- la perméabilité 𝑟 du circuit magnétique est supposée infinie
→ la réluctance du circuit est nulle (hypothèse 1) et les lignes de champ sont entièrement canalisées
dans le matériau ferromagnétique. Le flux au primaire est par conséquent le même que celui au
secondaire (hypothèse 2).
- les pertes dans le circuit magnétique (par hystérésis, courant
de Foucault) et celles dans les enroulements (par effet Joule) sont supposées nulles (hypothèse 3).

On adopte la convention générateur pour le primaire et la convention récepteur pour le secondaire.


La formule d’Hopkinson appliquée au transformateur s’écrit 𝑁1 𝐼1 + 𝑁2 𝐼2 = ℜ𝛷. Elle devient 𝑁1 𝐼1 +
𝑁2 𝐼2 = 0 avec l’hypothèse 1, d’où la loi suivante appelée loi des courants :

𝐼1 𝑁2
=− = −𝑚 avec m = rapport de transformation
𝐼2 𝑁1

𝑑𝛷1 𝑑𝛷2
L’hypothèse 3 permet d'écrire les relations : 𝐸1 = 𝑁1 et 𝐸2 = − 𝑁2
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑑𝛷 𝑑𝛷
L’hypothèse 2 permet la simplification suivante : 𝐸1 = 𝑁1 et 𝐸2 = − 𝑁2
𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝐸2 𝑁2
On en déduit la loi des tensions du transformateur idéal : =− =−𝑚
𝐸1 𝑁1

Les lois des courants et tensions sont simultanément vérifiées avec ces hypothèses, et le rendement
est égal à 1 puisque 𝑃1 /𝑃2 = (𝐸1 𝐼1 )/(𝐸2 𝐼2 ) = 1.

II.2 Le transformateur dans l’hypothèse de Kapp


On suppose toujours que la
réluctance du circuit est nulle donc le transformateur reste parfait pour les courants. On tient compte
en revanche de la résistance des enroulements et des pertes de flux. Si 𝛷 est le flux commun aux deux
enroulements, les flux au primaire et au secondaire s’écrivent :

𝛷1 = 𝑛1 𝛷 + 1

𝛷2 = 𝑛2 𝛷 + 2

𝜑1 et 𝜑2 correspondent aux flux de fuites propre à chaque enroulement. On les suppose proportionnel
au courant car cela permet de les modéliser par des inductances 𝐿1 et 𝐿2 . Le transformateur peut alors
être représenté par un transformateur parfait associé à deux impédances en série, l’une au primaire et
l’autre au secondaire :

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

transformateur parfait

𝑅1 𝐿1 𝐼1 𝐿2 𝑅2
𝐼2

𝑈1 𝐸1 𝐸2 𝑈2

On a alors :

𝑈1 = 𝑍1 𝐼1 + 𝐸1 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑍1 = 𝑅1 + 𝑗𝐿1 
𝑈2 = − 𝑍2 𝐼2 + 𝐸2 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑍2 = 𝑅2 + 𝑗𝐿2 

Réduction au secondaire :
On cherche un modèle équivalent de Thévenin du transformateur
alimenté par 𝑈1 vu par la charge :

𝑚𝑈1 = 𝑍1 𝑚𝐼1 + 𝑚𝐸1


Lois des courants et des tensions
𝑚𝑈1 = – 𝑍1 𝑚2 𝐼2 − 𝐸2
D’ou :

𝐸2 = – 𝑚 𝑈1 – 𝑍1 𝑚2 𝐼2

En réinjectant cette expression dans celle de 𝑈2 , on obtient :

𝑈2 = – 𝑚 𝑈1 – (𝑍2 + 𝑚2 𝑍1 )𝐼2

Ce résultat montre qu’on peut considérer le secondaire comme un générateur de f.é.m. égale à – 𝑚 𝑈1
et d’impédance interne 𝑍𝑆 = 𝑍2 + 𝑚2 𝑍1 = 𝑅𝑆 + 𝑗𝐿𝑆 𝜔 avec 𝑅𝑆 = 𝑅2 + 𝑚2 𝑅1 et 𝐿𝑆 = 𝐿2 + 𝑚2 𝐿1 .
On peut ainsi représenter le transformateur dans l’hypothèse de Kapp à l’aide d’un transformateur
parfait et d’une seule impédance au secondaire23 :

𝐼2 =– 𝐼1 /𝑚
𝐼1 𝑅𝑆 𝐿𝑆
𝐸2 =
𝑈1 = 𝐸1 𝐸1 – 𝑚𝑈1
𝑍𝑆 charge 𝑈2

III UTILISATION PRATIQUE DU TRANSFORMATEUR

III.1 Alimentation par une source de tension


C’est le mode d’alimentation le plus
courant dans les montages. Comme un transformateur est par nature conçu pour être essentiellement
inductif à la fréquence de travail, on peut faire la plupart du temps l’approximation quantitative
suivante :

23
On peut aussi ramener les impédances au primaire (cf. [4], p. 497 ou [6], p. 118).

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑑𝛷1 𝑑𝛷1 𝑑𝛷
𝑈1 = 𝑅1 𝐼1 + 𝑁1 ≈ 𝑁1 ≈ 𝑁1
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
→ La tension au primaire impose le flux dans le circuit, donc le champ magnétique puisque 𝛷 =
⃗ .→
𝐵 𝑆 . Si 𝑈1 est sinusoïdale (𝑈1 = 𝑈𝑀 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡), on a alors :

𝑈𝑀 𝑈𝑀
𝛷= 𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡 et 𝐵= 𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡
𝑁1 𝜔 𝑁1 𝑆𝜔

Le flux sera par conséquent sinusoïdal, de même que le champ magnétique.

III.2 Fonctionnement à vide


Il n’y a pas de courant débité au secondaire dans ce cas
(secondaire ouvert). La formule d’Hopkinson s’écrit alors :

𝑁1 𝐼1 0 = ℜ𝛷

On peut développer l’expression du courant primaire à vide (courant magnétisant) 𝐼1 0 avec


l’expression de 𝛷 obtenue précédemment :

𝑈𝑀 ℜ 𝑈𝑀 ℜ 𝜋
𝐼10 = 𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡 = 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 − )
𝑁12 𝜔 𝑁12 𝜔 2

On voit qu’il dépend de l’amplitude de 𝑈1 et des propriétés du circuit. On peut aussi faire deux
remarques importantes :
- le courant est déwatté par rapport à la tension (déphasage de π/2). Il n’y
a donc pas de puissance consommée. Ce n’est pas tout à fait vrai en pratique car il y a évidemment
des pertes qui rewattent un peu le courant mais il faut retenir qu’un transformateur consomme
très peu à vide. C’est un de ses avantages par rapport à un pont potentiométrique qui pourrait lui
aussi servir d’abaisseur de tension.
- le courant magnétisant est faible dans un bon transformateur car il se
déduit de la tension en procédant à une division par 𝑁1 (généralement grand) au carré et une
multiplication par la réluctance ℜ qui est faible (cf. l’analyse du § I). Le courant est sinusoïdal si ℜ
est constante mais ce n’est pas le cas avec les noyaux ferromagnétiques en cas d’excitation importante
(cas du régime nominal) car l’aimantation (donc  et ℜ) dépend alors du niveau d’excitation → le
courant à vide dans un transformateur en régime nominal est faible mais fortement non
sinusoïdal.

Retour sur la loi des courants :


On comprend facilement que cette loi ne puisse être vérifié à vide
car on a 𝐼2 = 0 dans ce cas et il faut malgré tout un certain courant 𝐼1 0 pour magnétiser le matériau
→ la loi des courants diverge forcément quand 𝑰𝟐 → 𝟎.

III.3 Fonctionnement en charge


On demande cette fois ci du courant au secondaire
(𝑁1 𝐼1 + 𝑁2 𝐼2 = ℜ𝛷). Si on peut encore négliger la chute ohmique 𝑅1 𝐼1 par rapport à 𝐸1 (et c’est le
cas en pratique dans un transformateur industriel), le flux 𝛷 reste pratiquement le même qu’à vide
puisqu’on a vu que c’est la tension au primaire qui l’impose dans ces cas. Il en est de même pour la
réluctance ce qui fait que ℜ𝛷 reste ≈ constant quand on passe en charge. On peut donc écrire 𝑁1 𝐼1 +
𝑁2 𝐼2 = ℜ𝛷 ≈ 𝑁1 𝐼1 0 d’où :

𝑁1 (𝐼1 0 + 𝐼1 ) + 𝑁2 𝐼2 ≈ 0

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Une demande de courant 𝐼2 au secondaire provoque un appel de courant au primaire et 𝐼1 devient


rapidement très supérieur au courant magnétisant 𝐼1 0 . La loi des courants 𝑁1 𝐼1 + 𝑁2 𝐼2 = 0 est donc
bien vérifiée quand les courants sont forts car le courant magnétisant est alors négligeable. Il faut
aussi noter que la mise en charge a un impact sur la forme du courant au primaire. Il augmente, devient
sinusoïdal et se rewatte quand on demande de plus en plus de puissance au secondaire. Le
comportement du transformateur tend alors vers celui du transformateur parfait (loi des tensions et
courants ≈ simultanément vérifiées).

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

AMPLIFICATION DE SIGNAUX

I NECESSITE DE L’AMPLIFICATION
Ce besoin apparait naturellement lorsqu’on observe le
signal issu d’un capteur tel un microphone ou celui provenant d’un lecteur CD :

Signal récupéré sur une des sorties RCA Signal issu d’un microphone Europsonic ECM
d’une platine CD 505-2 en prononçant un « A » de façon continue

Les signaux sont de l’orde de 100 mVRMS pour le lecteur CD1 et 10 mV RMS pour le microphone, ce
qui est très faible comparé aux valeurs demandées par une enceinte acoustique. Les enceintes ayant
typiquement une impédance de 8 Ω, on peut calculer la tension nécéssaire pour un niveau de puissance
donné (P = V2/R) :

P (W) 5 10 20 30 40 60 80 100
V (V) 6 9 13 15 18 22 25 28

Les dispositifs précédents sortent donc des niveaux trop faibles et ce ne sont pas des sources de
tension idéales car ils ont une impédance de sortie trop élevée2. L’amplification a pour but de palier
à ces deux limites. Elle se déroule en deux temps :
- on commence par amplifier le signal en tension
(phase de pré amplification). On obtient un signal de plus forte amplitude, mais sous forte impédance.
- une deuxième étape est nécessaire quand on
souhaite alimenter un dispositif de puissance (cas des enceintes). L’impédance de sortie élevée de
l’étage préamplificateur pose alors un problème puisque son raccordement à un système à basse
impédance d’entrée fait chuter le signal. Dans ce cas, on ajoute un étage supplémentaire permettant
de sortir le même signal, mais sous faible impédance (phase d’amplification de puissance).

II PREAMPLICATION DU SIGNAL
On présente une réalisation simple et classique à transistor
bipolaire fonctionnant en classe A3, le montage à émetteur commun. L’émetteur est censé être
directement relié à la masse dans un tel montage mais le système est alors instable. L’ajout d’une

1
Le niveau des sorties des appareils HiFi grand public est normalisé à – 10 dBV (niveau de référence 1 VRMS), soit 316
mVRMS.
2
600 Ω pour le microphone utilisé, et de l’ordre de quelques centaines d’ohms pour un lecteur CD.
3
Cf. [1], p. 119 pour plus de précision sur les notions de classe de fonctionnement.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

résistance RE de faible valeur corrige ce problème en effectuant une contre réaction courant → tension
(cf. [3], p. 158-160 pour plus de précisions sur ce point) :

+U
RC
R2
C IC Vs
U = 15 V continu I1 B
IB
2N 1711
RC = 1 000  I2
RE  200  E IE
R1
R2 = 10 000  RE
R1  1000 

II.1 Choix des composants


[1], p. 121 ou [3], p.161.

Il est fait compte tenu du choix du transistor et de la tension d’alimentation. Le graphique ci-dessous
représente le réseau de caractéristiques du transistor NPN 2N 1711 :
IC (mA)
U/(RC + RE)
: Points de polarisation
en classe A

IB (µA) 0 U
VCE (V)
U/2

≈ 600

VBE (mV)

La première chose à noter est qu’il faut transmettre un signal alternatif avec un système alimenté de
manière non symétrique (source 0 ; + U). Il faut donc polariser le signal, c'est-à-dire lui rajouter une
composante continue, pour « l’amener » dans la plage d’alimentation du transistor. Le
fonctionnement en classe A consiste à choisir la tension VCE = U/2 comme point de repos pour avoir
une excursion en amplitude la plus grande possible.

Une caractéristique importante des transistors bipolaires est la relation liant IB à IC. Le cadran
supérieur gauche du réseau de caractéristique montre que IC ≈ β.IB avec β ≫ 1 (≈ 150 pour le 2N
1711). Le courant IB est donc négligeable par rapport à IC ce qui permet de simplifier la loi des nœuds
appliquée au transistor : on a IE = IC + IB ≈ IE. La loi des mailles appliqué à la branche RC/RE du
montage avec cette hypothèse donne alors U ≈ (RC + RE)IC + VCE, soit :
1
𝐼𝐶 = (𝑈 − 𝑉𝐶𝐸 )
𝑅𝐶 + 𝑅𝐸
La relation IC = f(VCE) est donc une affine décroissante. L’intersection de cette droite, appelée droite
de charge, avec la caractéristique IC = f(VCE) du transistor détermine le point de fonctionnement du
montage4. La classe A imposant d’avoir VCE = U/2, on choisit alors une valeur de RC + RE compatible

4
Le signal alternatif à transmettre va se superposer autour de ce point.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

avec la puissance maximale que peut supporter le transistor. On a Ptransistor = VCEIC = (U/2)IC en
continu d’où IC max = Pmax/(U/2) ≈ 100 mA avec le composant proposé (Pmax = 0,8 W pour le 2N
1711). Cette valeur limite impose un choix convenable de RC + RE puisqu’on a :

𝑈 − 𝑉𝐶𝐸 (𝑈 − 𝑈/2) 𝑈
𝐼𝐶 = = =
𝑅𝐶 + 𝑅𝐸 𝑅𝐶 + 𝑅𝐸 2. (𝑅𝐶 + 𝑅𝐸 )
Les valeurs proposées pour RC et RE conduisent à un courant de repos IC ≈ 6 mA sans risque pour le
transistor. Ce choix sur IC conduit alors à devoir imposer un potentiel bien déterminé sur sa base
puisqu’on a VB = VBE + REIE  VBE + REIC. La différence de potentiel VBE de la jonction base/émetteur
valant approximativement 0,6 V d’après le réseau de caractéristiques (cadran en bas à gauche), il faut
fixer VB à ≈ 0,6 + 2006 10-3 ≈ 1,8 V. C'est le rôle du pont diviseur constitué par l’association R1R2.
On a, si on suppose que le courant circulant dans R1 passe intégralement dans R2 :
𝑅1 𝑉𝐵
𝑉𝐵 = 𝑈 soit 𝑅1 = 𝑅 ≈ 0,14. 𝑅2 ≈ 1400 𝛺
𝑅1 + 𝑅2 𝑈 − 𝑉𝐵 2
Ce calcul n’est valable que si la condition I2 = I1 + IB ≈ I1 est bien respectée5. Le courant de base vaut
IC/β ≈ 6 mA/150 = 40 µA dans notre exemple et la valeur proposée pour R1 conduit à avoir I1 = (U-
VB)/R2 = 1,3 mA ≫ IB. L’approximation I2 ≈ I1 est donc bien remplie.

II.2 Réglage du point de fonctionnement

+U
RC
R2
U : 15 V C
RC : 1 000  B Voltmètre
2N 1711 VCE
RE : potentiomètre 220 6 continu
R2 : 10 000  E
R1 : boite à décades R1
RE

On utilise la totalité du potentiomètre7 pour RE. On règle VCE à U/2 en ajustant la valeur de R1 avec
la boite à décades. On doit obtenir une valeur proche de 0,15R2 = 1 400 Ω8. Une fois ce réglage
effectué, on peut vérifier qu’on a VE = RE.IE ≈ 220×6.10-3 ≈ 1,4 V et VB = VBE + VE ≈ 2 V.

II.3 Branchement de la source


On remplace le micro ou le lecteur CD par un GBF
pour simplifier les observations. On ajuste la tension qu’il délivre à une centaine de mV pour être
dans des conditions réalistes de signal.

5
Cela revient à considérer le pont diviseur comme un bon générateur de tension puisque les éventuelles variations de I B
n’ont pas d’impact sur le potentiel imposé par le pont vu que IB est négligeable.
6
220 Ω est la valeur standardisée la plus proche de 200 Ω pour les potentiomètres.
7
Le caractère potentiométrique de cette résistance n’a pas d’utilité ici mais servira par la suite.
8
Cette valeur ne vaut que pour le montage proposé. Tout changement sur U, les résistances ou le transistor oblige à refaire
le calcul.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

+U
RC
R2
Ve C1 C Vs
Ve : sinusoïde 1 kHz B
+ 2N 1711
200 mV Pk-Pk
E
C1 : capacité électrochimique Source R1
100 F ou plus (respecter la RE
polarité indiquée !)

L’entrée est le point milieu du pont diviseur R1/R2 mais on ne peut pas brancher directement le GBF
dessus puisqu’il délivre un signal à valeur moyenne nulle (signal alternatif) incompatible avec la
polarisation statique du montage qui conduit à imposer un potentiel VB d’environ 2 V. On règle le
problème en intercalant un condensateur électrochimique C1 de forte capacité9. Il faut alors le
brancher en respectant sa polarité (→ pôle + relié à l’entrée du montage).

II.4 Observation des signaux


On peut comparer la tension d’entrée avec les signaux
en différents points du montage . On peut déclencher l’oscilloscope en mode externe sur la sortie
10

TTL du GBF si l’appareil a du mal à synchroniser ses balayages.

VB U
RC Vs
U/2 +VE
C
Ve B
VE + VBE
VE
E
Ve
RE
0

Signal sur la base :


Il est identique au signal délivré par le GBF, mais décalé d’environ 2 V
puisqu’il se superpose au point de polarisation statique de la base.

Signal sur l’émetteur :


Il est très proche du signal délivré par le GBF, mais décalé d’environ 1,3 V
puisqu’on a VB = VBE + VE ≈ 0,6 V + VE → le potentiel d’émetteur est simplement une image du
potentiel de base à ≈ 0,6 V près.

Signal sur le collecteur :


Il est centré sur une valeur moyenne proche de 9 V car VC = VCE + REIE
avec VCE = U/2 = 7,5 V suite au réglage du point de polarisation, et REIE ≈ 1, 3 V d’après ce qui
précède. La partie alternative de VC est une image du signal d’entrée déphasée de π, mais avec une
plus forte amplitude. On peut donc récupérer le signal amplifié aux bornes du collecteur.

9
Il découple en continu la source du montage puisque son impédance 1/Cω est alors infinie, et une valeur importante
permet de le considérer ≈ équivalent à un court-circuit vis à vis du signal à transmettre (1/C1ω < à 2 Ω à 1 kHz si C1 =
100 µF).
10
Les échelles en tension ne sont pas respectées sur le schéma.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.5 Gain en tension


On montre en annexe que le gain du montage vaut AV = –RC/(RE
+ rBE). Le signe – explique le déphasage de π mais on peut aussi le justifier à partir des équations du
montage. On a :
𝑉𝐸 𝑅𝐶
𝑉𝐶 = 𝑈 − 𝑅𝐶 𝐼𝐶 ≈ 𝑈 − 𝑅𝐶 𝐼𝐸 = 𝑈 − 𝑅𝐶 =𝑈− (𝑉 − 𝑉BE ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑉𝐵𝐸 ≈ 𝑐𝑡𝑒 ≈ 0,6 𝑉
𝑅𝐸 𝑅𝐸 𝐵
VC = f(– VB) → le potentiel du collecteur évolue en sens inverse du potentiel de base, lui-même image
du signal d’entrée, d’où le déphasage de 180 °.

II.5.1 Mesure du gain


Il suffit de mesurer au multimètre les valeurs RMS des
signaux d’entrée et de sortie en s’assurant que l’appareil ne prend pas en compte la composante
continue de Vs. On doit obtenir un gain AV proche de RC/RE = 4,5. L’amplification est donc
relativement faible. Ce résultat peut être comparé avec la valeur théorique RC/(RE + rBE), la
résistance dynamique base émetteur rBE pouvant se calculer via la relation suivante (cf. annexe), avec
IE le courant continu circulant dans l’émetteur :

25,3𝑚𝑉
𝑟𝐵𝐸 =
𝐼𝐸 (𝐴)

Le choix du point de polarisation et des résistances RC et RE ayant conduit à un courant IE ≈ IC ≈ 6


mA avec U = 15 V, on doit trouver une valeur proche de 4 Ω pour rBE.

Remarque :
Certains supports à transistors d’enseignement possèdent une résistance rP reliée à la
base qui sert à protéger le composant. Dans ce cas, le calcul du gain AV doit être corrigé en rajoutant
rp/β au dénominateur. On peut mesurer rp à l’ohmmètre en débranchant le transistor du montage. Le
gain en courant β peut s’obtenir avec un transistor mètre ou un multimètre possédant cette fonction.
Si la mesure de β n’est pas possible, on peut à défaut prendre la valeur typique annoncée dans la
datasheet du transistor (≈ 150 pour le 2N 1711).

II.5.2 Distorsion
On souhaite que Vs soit une image amplifiée de Ve. Le
montage ne doit donc pas dégrader la forme du signal (phénomène de distorsion). On peut vérifier en
effectuant une FFT que les spectres de Ve et Vs sont comparables → le montage amplifie peu mais
il ne déforme pas le signal. La raison en est simple : on a AV = RC/(RE + rBE) avec RE = 220 Ω ≫
rBE ≈ 4 Ω → Le gain en tension est quasiment fixé par le rapport RC/RE, donc par des composants au
comportement bien linéaire.

II.5.3 Saturation
Le montage est alimenté entre 0 et + U. Le point de
fonctionnement en sortie est à ≈ U/2 et le signal alternatif se superpose autour de ce point → son
amplitude ne peut évoluer dans le meilleur des cas qu’entre 0 et + U. On peut augmenter
progressivement l’amplitude du GBF pour voir apparaitre les saturations. La saturation haute
intervient bien lorsque Vs = VC atteint la tension d’alimentation U. Le transistor se bloque alors car
on a IC = (U – VC)/RC = (U – U)/RC = 0. Le montage ne fonctionne plus de façon linéaire et la relation
donnant le gain n’est plus valable.

Saturation basse :
Si le réglage du point de polarisation effectué au § II.2 est correct, elle apparait
en même temps que la saturation haute. Par contre, elle se produit avant que Vs = VC n’atteigne 0 V

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

car il faut tenir compte du potentiel d’émetteur VE qui est une image du signal d’entrée mais centré
autour d’un potentiel statique RE.IE d’environ 1,3 V :

Montage en début de saturation Saturation plus forte

On voit sur la figure de gauche11 que la saturation basse intervient quand les signaux VC et VE
déphasés de π se « rejoignent ». Le transistor est alors saturé (VCE = 0), le montage ne fonctionne plus
de façon linéaire et la relation donnant le gain n’est plus valable. On peut encore augmenter
l’amplitude du GBF pour accentuer le phénomène. La partie basse de VC se met à « suivre »
l’évolution de VE qui sature à 0 V au niveau bas.

II.6 Montage à résistance d’émetteur couplé


Le montage précédent permet une
amplification sans distorsion tant qu’on ne sature pas la sortie, mais le gain en tension est faible. On
peut augmenter le gain en plaçant une capacité C2 en parallèle sur la résistance d’émetteur. Elle
permet de shunter une partie de RE en alternatif pour augmenter AV, tout en conservant son rôle de
contre réaction en continu qui stabilise le point de fonctionnement puisque la capacité se comporte
alors comme un circuit ouvert (1/C2ω → ∞) :

+U
RC
R2
Ve C1 C Vs
B
+ 2N 1711

E
Source R1
RE +
C2

La capacité C2 doit être très forte pour être équivalente à un court-circuit à la fréquence du signal. Un
condensateur électrochimique de 100 µF, voire plus, convient bien. On le branche sur le point milieu
du potentiomètre RE pour pouvoir ajuster le gain (respecter la polarité indiquée).

II.6.1 Augmentation du gain ; influence sur la distorsion


On reprend un signal
d’entrée d’amplitude faible (200 mV Pk-Pk par exemple) et on note l’évolution de Vs lorsqu’on joue

11
Les deux oscillogrammes représentent l’évolution de VE et VC avec un même calibre et en ayant aligné la référence de
potentiel des deux voies au même niveau.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

sur le potentiomètre. Le gain en tension AV du montage augmente progressivement puisque l’action


revient à ne conserver qu’une partie de RE dans l’expression de AV :

C
B

E
Partie intervenant dans
RE l’expression du gain
+
C2

Un gain trop fort a cependant des effets néfastes car à partir d’un certain niveau, il apparait une
distorsion difficile à voir sur l’allure temporelle, mais clairement visible sur le spectre :

Ve (signal jaune) VC (signal vert) FFT de VC

On a un gain de AV = 9,42/0,188 = 50 dans cet exemple mais VC présente des harmoniques assez
fortes. La plus importante est à ≈ – 26 dB alors que les harmoniques dans le signal d’entrée sont à –
50 dB au maximum :
FFT de Ve

On pourrait penser que cette distorsion est due au fait que le niveau haut de VC s’approche de la
tension d’alimentation U, amorçant ainsi un début de saturation. Ce n’est cependant pas le cas car on
peut vérifier sur le montage sans capacité C2 qu’il est possible de sortir un signal d’un tel niveau sans
déformations. L’expérience a été faite en envoyant un signal de 685 mV RMS pour compenser la
chute du gain. Le signal de sortie flirte alors avec la tension U à son niveau le plus haut mais sans
être distordu pour autant :

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ve (signal jaune) VC (signal vert) FFT de VC

Ve (signal jaune) VC (signal vert) FFT de VC

La distorsion sur le montage à résistance d’émetteur couplé a donc une autre origine. Elle est liée au
fait que le gain devient dépendant de rBE lorsqu’on shunte une trop grande partie de RE (AV tend vers
RC/rBE en alternatif lorsque RE est complètement shunté). Or, cette résistance dynamique n’est pas
une constante puisqu’elle dépend de l’endroit où on se trouve sur la caractéristique VBE = f(IB) du
transistor12. On voit sur le réseau de courbe du § II.1 qu’elle est plus forte lorsque Ve est faible et plus
faible lorsque Ve est forte13 → Le gain dépend d’un paramètre non linéaire qui déforme le signal de
sortie.

Réglage du gain à un niveau acceptable :


Le montage d’origine est fidèle mais amplifie peu. C’est
le contraire avec celui ou RE est fortement shunté par C2 → un compromis consiste à augmenter le
gain en se fixant un niveau de distorsion acceptable. L’expérience montre qu’on peut conserver une
qualité sonore relativement correcte avec des harmoniques à – 40 dB14. On peut donc régler le gain
en jouant sur le potentiomètre RE jusqu'à ce que l’harmonique la plus forte atteigne ce seuil. On a dû
se limiter à un gain AV de l’ordre de 25 avec le montage proposé :

II.6.2 Comportement fréquentiel


Une étude complète dépasse le cadre de cet
exposé mais on peut regarder rapidement les performances du montage quand on change la fréquence
du signal.

12
La résistance dynamique ne correspond pas au rapport V BE/IB, mais à la dérivée locale dVBE/dIB de la courbe.
13
L’effet est d’autant plus marqué qu’on est près du coude de la caractéristique V BE = f(IB). Des courants de polarisation
trop faibles ne sont donc pas souhaitables car ils favorisent l’apparition de la distorsion. La valeur de I C dans notre montage
(6 mA) n’est d’ailleurs pas optimale et il vaudrait mieux diminuer les valeurs de RC et RE comme c’est proposé [3], p.161,
mais ce choix permet une mise en évidence plus facile du phénomène de distorsion.
14
C’est déjà très élevé dans le domaine de l’audio. Les amplificateurs Hi-fi ont souvent un taux de distorsion harmonique
à 1 kHz qui atteint les 90 dB.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Comportement en haute fréquence :


Il est possible d’aller jusqu’à ≈ 100 kHz sans perte de gain,
modification de phase, ou déformation15. C’est l’intérêt des à transistor comparé aux montages à
amplificateurs opérationnels. Un amplificateur inverseur à Ampli. Op. (cf. [3], p.32) est beaucoup
plus simple à mettre en œuvre, mais son comportement en haute fréquence est limité par le produit
gain×bande passante du composant. On a testé ce type de montage à 100 kHz avec un gain de 25 en
utilisant un 081 (produit gain×bande passante ≈ 3 MHz → fréquence de coupure d’environ 120 kHz).
On l’a comparé au montage à transistor avec le même signal d’entrée de 200 mV Pk-Pk :
Montage a Ampli. Op Montage a transistor

On voit sur ces oscillogrammes que le montage à transistor continue à avoir un gain de 25 et un
déphasage de 180 ° à 100 kHz. Le montage à amplificateur opérationnel sort un signal sans
composante continu comparé au montage a transistor mais le gain, qui valait 25 en basse fréquence,
ne vaut plus que 3,125/0,197 = 15,9 à 100 kHz et le déphasage, qui était de 180 ° en basse fréquence,
vaut 232 ° à 100 kHz. Le montage inverseur n’arrive donc pas à assurer un comportement constant
sur une aussi grande plage de fréquence que le montage à transistor.

Comportement en basse fréquence :


[2], ch. 14.

Les amplificateurs à ampli op peuvent fonctionner en continu. Ce n’est pas le cas du montage à
émetteur commun. Il suffit d’abaisser suffisamment la fréquence du GBF pour se rendre compte que
le gain finit par chuter. Cette tendance provient du comportement passe bas des condensateurs C1 et
C2 :
- l’impédance 1/C1ω du condensateur d’entrée augmente lorsque la fréquence diminue.
Le signal à amplifier est donc atténué lorsqu’il franchit C1, ce qui conduit à une valeur plus faible du
signal de sortie, d’où une baisse apparente de l’amplification.
- l’impédance de C2 suit la même évolution lorsque la fréquence diminue. Ce
condensateur ne court-circuite donc plus de façon aussi efficace la partie de RE avec laquelle il est en
parallèle. Cela provoque une diminution du gain par augmentation du terme au dénominateur.

Chaque capacité donnant une fréquence de coupure basse16, il faut regarder l’association de chacune
avec les impédances qu’elles voient dans le montage pour trouver le composant limitant (cf. [2], p.
434-440). Si on ne veut pas faire le calcul, on peut le trouver expérimentalement en se plaçant au
moment où le gain commence à chuter. Il suffit alors de remplacer C1 puis C2 par une capacité plus
grande (1000 F par exemple). Le condensateur dont le changement provoque une remontée du gain
est celui qui limite le montage en basse fréquence.

15
On peut aller plus loin si on accepte un peu plus de distorsion.
16
On peut même en avoir une troisième si on met un condensateur de couplage en sortie comme on le fait au § suivant.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.7 Raccordement du montage à une enceinte


On se place à une fréquence de 1
kHz, avec un signal de 200 mV Pk-Pk et un gain d’environ 25. Le signal de sortie étant polarisé
autour de 9 V, on ne peut pas brancher directement l’enceinte sur le collecteur. On procède donc
comme pour l’entrée en intercalant un condensateur de découplage d’environ 100 µF en respectant
son sens de polarisation :

+U
RC
R2 C3

Ve C1 C +
B
+ 2N 1711

E
Source R1
RE +
C2

Le raccordement de l’enceinte provoque une chute importante de l’amplitude du signal. Cette baisse
est liée à la différence d’impédance entre le Haut-Parleur et la sortie du montage. On le comprend
facilement si on modélise la sortie du montage par un générateur de Thévenin équivalent :
Générateur équivalent

Rs 𝑅𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒
E
→ On en déduit que : 𝑉𝑠 = 𝐸
Rcharge Vs 𝑅𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 + 𝑅𝑠

On montre en annexe que l’impédance de sortie du montage à émetteur commun vaut simplement
RC, soit 1000  ici → Si le Haut-Parleur à une impédance de 8 Ω on a alors Vs/E = 8/1008 = 0,8 %,
d’où l’effondrement du signal lorsqu’on branche l’enceinte.

Mesure de rs :
On ne peut pas mesurer rs directement à l’ohmmètre car on a un système actif. On
peut en revanche utiliser une méthode basée sur la formule qu’on vient d’obtenir (méthode applicable
à tous les systèmes actifs). Cette expression montre17 que Vs = E lorsque R charge → ∞ et qu’on a pour
une charge quelconque :

𝐸
𝑅𝑠 = 𝑅𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 ( − 1)
𝑉𝑠

On peut donc obtenir Rs avec cette formule en mesurant la tension de sortie du montage en circuit
ouvert (Rcharge infinie → on obtient E) puis avec une valeur quelconque de RCharge. On peut aussi
utiliser une résistance variable et l’ajuster jusqu’à avoir Vs = E/2. On a alors Rcharge = Rs. Quel que
soit la méthode employée, on doit vérifier que l’impédance de sortie du montage vaut Zs = RC = 1000
Ω dans notre exemple.

17
On voit aussi qu’on a Vs = E quelle que soit Rcharge si on a Rs = 0 → un générateur de tension parfait a une résistance
de sortie nulle.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Conclusion :
Le montage proposé amplifie le signal mais est incapable d’alimenter une charge de
faible impédance, donc de débiter de la puissance.

Remarque :
On pourrait mesurer l’impédance d'entrée du montage par une méthode similaire. On
trouverait une valeur qui n’est pas très grande. Cela peut poser des problèmes avec une source à forte
impédance de sortie mais ce n’est pas le cas ici (on peut vérifier que le branchement de la source sur
l’entrée du montage ne modifie pas l’amplitude du signal). On ne propose donc pas cette mesure.

III ETAGE DE PUISSANCE


Son rôle n'est pas d'accroître la tension mais de permettre un débit
sur une charge de faible impédance. De nombreux montages sont possibles suivant la classe
d’amplification choisie, les types de transistors utilisés et le degré de raffinement souhaité. On
présente le montage Push-Pull, qui à l’intérêt d’avoir un bon rendement (point important pour un
étage de puissance).

III.1 Principe de fonctionnement


[1], p. 129 et suivantes ; [3], p. 381 et suivantes.

Le Push-Pull utilise des transistors montés en collecteur commun, c’est-à-dire avec le collecteur
directement relié à l’alimentation U. Ce type de montage peut être utilisé en classe A (polarisation à
VCE = U/2 via une résistance d’émetteur et une résistance de base ou un pont R1/R2) mais on l’utilise
en classe B dans un Push-Pull. Cela consiste à n’utiliser aucune polarisation statique, consommatrice
d’énergie, pour augmenter le rendement. La résistance de charge est alors directement reliée à
l’émetteur, ce qui aboutit au schéma suivant avec un transistor NPN18 :

+U IC (mA)
U/Rcharge
C
B
Ve
IB
0 U
VCE (V)
E (µA)
Source
Rcharge : Points de repos
en classe B
VBE

La loi des mailles appliquée en sortie donne U = Rcharge.IE + VCE ≈ Rcharge.IC + VCE puisque IE = IB +
IC ≈ IC. On a donc :
1
𝐼𝐶 = (𝑈 − 𝑉𝐶𝐸 )
𝑅𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒

On a, comme pour le montage à émetteur commun, une affine décroissante pour la droite de charge,
mais avec une pente qui vaut 1/Rcharge cette fois ci. On peut chercher les points de repos du
montage sur le réseau de caractéristique : le potentiel de base VB est nul lorsque le signal d’entré Ve
est nul → IB = 0, d’où VBE = 0 (cf. cadran inférieur gauche) et IC ≈ βIB = 0 (cf. cadran supérieur

18
Il n’y a pas besoin de condensateur de découplage entre la source et l’entrée du montage puisque la classe B n’impose
aucun potentiel statique à la base.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

gauche) → VE ≈ Rcharge.IC = 0 et VCE = U (cf. cadran supérieur droit). L’absence de polarisation


conduit donc à avoir le transistor bloqué dans son état de repos.

Examinons les conséquences qui en découlent lorsqu’on applique un signal alternatif à l’entrée du
montage. La jonction base émetteur se comportant comme celle d’une diode19, elle reste bloquée tant
que VBE est inférieur à ≈ 0,6 V → comme on part de VE = 0 V, il faut appliquer un potentiel de base
VB = Ve supérieur à ≈ 0,6 V pour amorcer la conduction du transistor. Une fois ce seuil dépassé, le
signal aux bornes de l’émetteur (donc de la charge) devient une image du signal d’entrée Ve à VBE ≈
0,6 V près → le montage peut donc retranscrire les alternances positives du signal d’entrée au-delà
d’un certain seuil, au prix d’une petite chute de tension. Par contre, les alternances négatives ne
conduisent à aucun signal en sortie puisqu’une tension négative appliquée à la base ne fait que
renforcer le blocage de la jonction base émetteur → la classe B ne permet pas de traiter l’intégralité
du signal d’entrée avec un seul transistor. On résout le problème en utilisant un second transistor,
mais de type PNP. Son principe de fonctionnement est formellement identique à celui du NPN mais
on l’alimente avec une tension – U et il se charge des parties négatives du signal. Les deux transistors
travaillent donc conjointement, de manière complémentaire.

III.2 Montage Push-Pull


Le système étant destiné à débiter du courant, il faut des
éléments de puissance, d’où les choix indiqués.
+U
R : 10 Ω
C
résistance de puissance non
B
bobinée NPN
R
E
NPN : MJ 15024 sur radiateur
E
PNP MJ 15025 sur radiateur B Vs
Ve GBF PNP
+U/-U : alimentation symétrique de C
puissance (U = 15 V)
-U

Attention à bien relier les émetteurs entre eux ! C’est indiqué clairement sur le schéma mais on
peut facilement se tromper lors du câblage avec des transistors montés sur supports (l’émetteur du
NPN peut se trouver en face du collecteur du PNP). La résistance de 10 Ω simule une charge proche
de celle d’un Haut-Parleur. On déconseille l’emploi de rhéostats bobinés car ils présentent une
impédance parasite imaginaire pouvant être source d’oscillations à haute fréquence.

On augmente progressivement l’amplitude du signal d’entrée Ve et on observe Vs (cf. oscillogrammes


ci-après). Le signal de sortie n’apparait que lorsque Ve dépasse un seuil d’environ 0,6 V. Au-delà de
cette valeur, la tension Vs est une image de Ve amputée de la tension de seuil20. On peut tester le rôle
de chaque transistor en déconnectant successivement leur base pour vérifier que le NPN se charge
des alternances positives du signal alors que le PNP s’occupe des alternances négatives. Toutes ces
observations sont conformes avec l’étude du § précédent.

19
Cf. le comportement d’une diode, en [1] p. 56 et 59, ou [3] p. 125 par exemple.
20
La chute de tension dépend en toute rigueur du courant circulant dans le transistor mais comme l’effet est faible et
difficilement observable dans l’expérience, on peut le négliger en première approximation.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Conclusion :
Le gain en tension du montage est inférieur à 1 à cause des chutes de tension dans les
jonctions base/émetteur des transistors → Le Push-Pull n’amplifie pas en tension. Par contre, il réussit
à alimenter une charge de faible impédance sans que le signal ne s’écroule, chose que le montage à
émetteur commun était incapable de faire. Il peut donc fournir le courant demandé par la charge
compte tenu de la tension qu’on lui applique, et réalise en ce sens une « amplification en courant »
par rapport à ce que délivre la source. Le signal de sortie n’est cependant pas un reflet exact du signal
d’entrée (c’est d’autant plus flagrant que le signal est faible) puisqu’il présente une déformation
autour de 0 V (distorsion de croisement). Ce défaut intervient dans la zone ou aucun des transistors
ne conduit et est inhérent à la polarisation en classe B.

III.3 Correction de la distorsion de croisement


On peut la corriger en insérant le
Push-Pull dans la boucle de rétroaction d’un amplificateur opérationnel.

Montage :
[1], p. 132.

+U

C
B

_  R
E
+ (1) E (2)
B Vs
Ve GBF
C

-U

On utilise ici un simple suiveur (l’ampli op peut être alimenté avec la source du Push-Pull). Ce n’est
pas la configuration la plus stable mais le montage peut fonctionner correctement si le signal d’entrée
n’est pas trop important21 et si on ne va pas trop loin en fréquence (se placer à 1 kHz par exemple).
On peut tester plusieurs ampli-op si on constate l’apparition d’oscillations parasites ou passer à un
amplificateur inverseur si le problème persiste. On peut boucler l’ampli op sur l’entrée du Push-pull
(branchement n° 1), ou sur sa sortie (branchement n° 2).

21
L’ampli op peut avoir du mal à alimenter les transistors aux amplitudes les plus fortes.

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bouclage en (1) :
Le suiveur est simplement intercalé entre le générateur et le Push-Pull. La
distorsion présente sur le signal Vs n’est pas éliminée. Le seul effet est d’améliorer l’impédance de
sortie du générateur22 qui alimente le Push-Pull (tant que l’ampli op arrive à fournir le courant
demandé par les transistors).

Bouclage en (2) :
La distorsion en croisement disparait complétement cette fois ci et les signaux
d’entrée et de sortie sont identiques23.

On obtient ce résultat car la jonction base/émetteur des transistors (équivalente à une diode) est
insérée dans la rétroaction → le bouclage peut être représenté par deux schémas suivant le signe de
la tension d’entrée :

Alternances positives : Alternances négatives :


Transistor NPN actif (PNP bloqué) Transistor PNP actif (NPN bloqué)

_  R _  R

Ve + Ve +
VD Vs VD Vs

On peut facilement montrer qu’une telle structure annule pratiquement le seuil de conduction des
jonctions. Prenons par exemple le cas des alternances positives avec le transistor NPN initialement
bloqué. La résistance de la jonction base/émetteur est si grande dans ce cas que l'amplificateur est en
boucle ouverte :

_  R

Ve +
Vs

→ L’impédance d’entrée des amplis op étant infini, il n’y a aucun courant qui circule dans la
résistance R, d’où Vs = V- = R.I = 0 V. Partant de cet état, on peut regarder la condition à satisfaire
pour que la jonction devienne passante. Soit A le gain en boucle ouverte de l’ampli op et VS AO sa
tension de sortie. On a :
22
Les GBF d’enseignements ont une impédance de sortie de 50 Ω ; un suiveur à une impédance de sortie quasiment nulle
(dans la limite du courant qu’il peut débiter).
23
Ils ont été décalés pour pouvoir les observer tous les deux.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VS AO = Aε = A(V+ - V-) = A(Ve -0) = AVe lorsque la jonction est bloquée


Et VS AO = VD + Vs = VD + 0 = VD dans le même temps

La jonction se débloque lorsque VD > 0,6 V, soit VS AO = AVe > 0,6 V ici, d’où :

0,6𝑉
𝑉𝑒 >
𝐴
L’insertion de la jonction dans la boucle de rétroaction divise donc son seuil de conduction par le
gain en boucle ouverte de l’ampli op (typiquement 105 pour un AO 81), ce qui l’amène à un niveau
quasiment nul → le transistor NPN devient actif dès que Ve dépasse 0 V, l’amplificateur se retrouve
alors en boucle fermée puisque la jonction base/émetteur est passante → on a ε ≈ 0 → V- = Vs = Ve
→ la tension de sortie suit le signal d’entrée. Un raisonnement du même type s’applique aussi au
transistor PNP (il se charge des alternances négatives dès que Ve passe en dessous de 0 V et se
comporte en suiveur au-delà) → la distorsion de croisement est totalement éliminée et le montage
global retranscrit fidèlement le signal d’entrée quelle que soit l’alternance.

III.4 Impédance de sortie du montage corrigé


On reprend la méthode du générateur
de Thévenin utilisée au § II.7 mais il est impossible de rechercher une tension de sortie divisée par
deux comparé à la tension à vide car l’impédance de sortie du push-pull est bien trop faible. On
procède donc de la manière suivante :
- on mesure avec un multimètre sensible la tension de sortie
en circuit ouvert avec un signal d’entrée relativement important qu’on note Vs ∞.
- on branche la résistance de charge de 10 Ω. On mesure de
nouveau la tension de sortie Vs = Vs 10. On en déduit RS par la relation :

𝑉𝑠∞
𝑅𝑠 = 𝑅10 ( − 1)
𝑉𝑠10

Résultats :
La chute de tension entre les deux mesures est extrêmement faible si le montage
fonctionne correctement. Elle est de l’ordre de 10 mV (d’où la nécessité d’un multimètre sensible) ce
qui conduit à une résistance RS de l’ordre de la dizaine de mΩ (à comparer à celle de l’étage pré
amplificateur) → la résistance de sortie du Push-Pull corrigé est pratiquement nulle24.

III.5 Rendement

III.5.1 Mesure directe


Il vaut mieux faire cette mesure avec un signal fort
(sans que l’ampli op ne sature) pour se mettre dans des conditions réalistes d’utilisation.

24
Donner une expression à l’impédance de sortie du montage avec le modèle classique des petits signaux est délicat car
il suppose un fonctionnement linéaire autour d’un point de fonctionnement, alors que les transistors travaillent ici
alternativement entre blocage et forte conduction. On peut donner une expression en régime de conduction, mais ce
résultat est à prendre avec précaution (les paramètres hybrides des transistors varient de manière notable, particulièrement
en début de conduction) : le Push-Pull utilisant des montages en collecteurs commun, son impédance de sortie en régime
de conduction vaut (cf. [1], p.135) rs = rBE + rG/(β +1) avec rG = impédance de sortie du générateur alimentant les
transistors = rS AO de l’ampli op ici (de l’ordre de la centaine d’ohms). Le montage étant inséré dans la boucle de rétroaction
d’un suiveur, l’impédance de sortie du Push-Pull corrigé vaut (cf. montage système bouclé) rs’ = rs/(1+AB) avec B = taux
de réaction de la chaine de retour (1 ici car suiveur) et A = gain en boucle ouverte de l’ampli op (10 5 typiquement). On a
donc rs’ = [rBE + rS AO/(β +1)]/(1+A), soit une valeur pratiquement nulle vu la valeur de A.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

+U
I+
Imoy

C Is

_ 
E
R
+ E
B
Vs
Ve GBF
C
I-
Imoy

-U
Puissance reçue par la charge :
2
𝑉𝑠𝑒𝑓𝑓 2
La charge est résistive→ 𝑃𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 = = 𝑅. 𝐼𝑠𝑒𝑓𝑓
𝑅

Il suffit de mesurer la tension ou le courant aux bornes de la charge avec un multimètre RMS pour
obtenir cette puissance.

Puissance fournie par l'alimentation :


On utilise une alimentation symétrique continue. Les
tensions +U/-U sont constantes mais ce n’est pas le cas des courants I+ et I-. Les transistors NPN et
PNP fonctionnant de manière complémentaire, l’alimentation + U fournit les alternances positives de
IS et l’alimentation – U fournit les alternances négatives → chaque source débite un courant moyen
non nul et la puissance totale délivrée par l’alimentation vaut :

⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ = ⟨𝑈+ 𝐼+ + 𝑈− 𝐼− ⟩ = ⟨𝑈𝐼+ − 𝑈𝐼− ⟩ = 𝑈(⟨𝐼+ ⟩ − ⟨𝐼− ⟩)

→ ⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ = 𝑈(𝐼+𝑚𝑜𝑦 + 𝐼−𝑚𝑜𝑦 ) puisque les courants sont de sens opposés

On obtient Palim en mesurant les courants moyens circulant dans chaque transistor avec des
ampèremètres continus. On a intérêt à vérifier la valeur des tensions + U/– U avec un voltmètre
continu (les régler au mieux à la même valeur).

Rendement :
2
𝑃𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 𝑉𝑠𝑒𝑓𝑓
On a : 𝜂= =
𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 𝑅𝑈(𝐼+𝑚𝑜𝑦 + 𝐼−𝑚𝑜𝑦 )

III.5.1 Comparaison avec la valeur attendue


Le Push pull corrigé permet de
fournir un signal sinusoïdal à la charge → on a Is eff = Is max/√2, d’où :
2
𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 𝑅. 𝐼𝑠2𝑚𝑎𝑥
𝑃𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 = 𝑅 ( ) =
√2 2

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On calcule la puissance moyenne débitée par l’alimentation compte tenu de la forme des courants I+
et I- sur une période :

1 𝑇/2 1 𝑇
⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ = 𝑈(⟨𝐼+ ⟩ − ⟨𝐼− ⟩) = 𝑈 ( ∫ 𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡. 𝑑𝑡 − ∫ 𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡. 𝑑𝑡)
𝑇 0 𝑇 𝑇/2

𝑈𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 𝑇/2


⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ = ([−𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡]0 − [−𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡]𝑇𝑇/2 )
𝑇𝜔
𝑈𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 4𝑈𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥
⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ = ([−𝑐𝑜𝑠𝜋 + 𝑐𝑜𝑠0] − [−𝑐𝑜𝑠2𝜋 + 𝑐𝑜𝑠𝜋]) =
2𝜋 2𝜋
2𝑈𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥
⟨𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 ⟩ =
𝜋

D’où l’expression du rendement :


𝑃𝑐ℎ 𝑎𝑟𝑔 𝑒 𝑅. 𝐼𝑠2𝑚𝑎𝑥 /2 𝜋. 𝑅. 𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥
𝜂= = =
𝑃𝑎𝑙𝑖𝑚 2𝑈. 𝐼𝑠 𝑚𝑎𝑥 /𝜋 4𝑈
Soit :
𝜋 𝑈𝑠 𝑚𝑎𝑥
𝜂=
4 𝑈
Le rendement du montage dépend de l’amplitude du signal aux bornes de la charge. Il tend vers une
limite qui vaut π/4 = 78 % lorsqu’on se place à l’excursion à l’excursion maximum (Vs max = U ;
transistors en limite de saturation). On retrouve ce résultat dans les ouvrages traitant le cas du Push-
Pull classique (cf. [1], p. 136 par exemple). Le montage corrigé permet toutefois le calcul du
rendement à une autre valeur de Vs sans qu’il y ait besoin de négliger la chute de tension aux bornes
des jonctions base/émetteur puisque la contre-réaction permet de corriger ce problème de seuil (la
tension Vs aux bornes de la charge est vraiment sinusoïdale et les courants I+/I- sont des sinusoïdes
redressées mono alternance). L’alimentation symétrique doit cependant aussi alimenter l’ampli op
mais les courants qu’il demande sont faibles (qqs mA pour chaque source +U/-U) comparé à ce qui
circule dans les transistors lorsqu’on travaille avec des signaux forts (qqs centaines de mA pour I+ moy
et I-moy). On peut donc les négliger dans ce cas.

IV MONTAGE GLOBAL
On peut terminer par un montage global associant l’étage
préamplificateur et l’étage de puissance. Il faut alors intercaler un condensateur de découplage
électrochimique entre les deux étages car le préamplificateur est polarisé (classe A) alors que le Push
Pull ne l’est pas (classe B) → On doit mettre la patte + du condensateur du côté du préamplificateur
puisque VC a une composante continue d’environ 9 V. On peut remplacer la résistance de charge par
un Haut-Parleur et le GBF par le lecteur CD ou le micro afin d’apprécier la « musicalité » du système.

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d’électronique à l’agrégation ; chapitre VI
[2] : Malvino : Principe d'électronique ; 3ème édition
[3] : Quaranta : tome 3
[4] : Niard : Electronique (Terminales F2)
[5] : Auvray : Circuits et composants électroniques

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES SUR


LES TRANSISTORS BIPOLAIRES

Cette partie n’a pas pour but de développer une théorie complète sur ce type de composant et les
montages dans lesquels ils interviennent (il existe des livres entiers sur le sujet). On présente juste
des manipulations simples pouvant être effectuées en TP pour ceux qui ont de grosses lacunes sur le
sujet. D’autres informations peuvent être glanées dans [1], p. 133 et suivantes.

I CARACTERISTIQUE D’UN TRANSISTOR BIPOLAIRE


[4], p. 19

On étudie seulement la caractéristique IC fonction de VCE à IB constant d’un transistor NPN.

Montage :
C IC
IB B X
2N 1711
E = 10 V RB
RE = 100  E IE GBF + OFFSET
RB  100 k (boite à décades) E
RE
Y

La tension Y aux bornes de RE est proportionnelle à IE (Y = RE.IE). On a IE = IC + IB en appliquant la


loi des nœuds au point B du montage. Une caractéristique importante des transistors est le gain
statique en courant25 β = IC/IB. Il dépend du point de fonctionnement mais vaut typiquement 200 pour
un 2N1711 → on a donc IC ≫ IB d’où IE ≈ IC. La tension aux bornes de l’émetteur est donc une image
du courant IC. La tension X correspond à VCE mais elle doit être observée par l’intermédiaire d’une
sonde différentielle pour éviter de court-circuiter RE. L’observation en Lissajous des tensions X et Y
permet donc d’étudier la caractéristique IC = f(VCE) du transistor.

Choix des composants :


- La puissance et le courant maximum admissible par un transistor 2N1711
est Pmax = 0,8 W et IC max = 0,5 A. Le GBF peut délivrer un signal allant jusqu’à 10 V → on peut
limiter IC à 0,05 A puisqu’on a alors P = VCE.IC max = 0,5 W dans le pire des cas (toute la tension aux
bornes du transistor). Cette limite en impose une à respecter sur la base : IB = IC/β = 250 µA.

- Choix de RE : cette résistance donne accès à IC mais on veut aussi observer


le comportement du transistor pour différentes valeurs de VCE. Une résistance de 100 Ω permet de
limiter la tension REIE à 0,5 V lorsque le courant est maximum → le GBF permet d’observer le
comportement du transistor jusqu’à VCE ≈ 9,5 V.

- Choix de RB : elle a pour but d’imposer IB (donc IC puisque β = IC/IB). La


loi des mailles entre le générateur de tension continue E et la résistance RE permet d’écrire la relation
E = RBIB + VBE + REIE ≈ RBIB + VBE + REIC = (RB + βRE)IB + VBE. On a donc :

25
Il est donné dans les datasheets sous la dénomination hFE.

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝐸 − 𝑉𝐵𝐸
𝐼𝐵 ≈
𝑅𝐵 + 𝛽𝑅𝐸

Une jonction PN est présente entre la base et l’émetteur et elle est polarisée en direct si le signal du
GBF est compris entre 0 et 10 V → la tension VBE est de l’ordre de 0,6 V lorsque cette jonction est
conductrice. Si IC = 0,05 A, le choix d’une résistance RB = 100 kΩ aboutit donc à un courant IB
valant :
10 − 0,6
𝐼𝐵 ≈ 5 ≈ 80 𝑚𝐴
10 + 200 × 100
On respecte largement la limite fixée → Le montage proposé permet d’observer la caractéristique IC
= f(VCE) sans risque pour le transistor.

Expérience :
On peut enregistrer la caractéristique IC = f(VCE) pour différentes valeurs de IB avec
un oscilloscope numérique. Les courbes obtenues ont l'allure suivante :

IC

IB ↗

VCE

L’intérêt des transistors découle de la forme de cette caractéristique. Elle montre que ce composant
peut délivrer un courant IC à peu près indépendant de la tension à ses bornes, et que sa valeur dépend
de celui qu'on impose à la base → Le transistor bipolaire est une source de courant commandé
par un courant. C'est cet aspect qui est mis à profit dans les montages amplificateurs.

Modèle utilisé pour les transistors basse puissance :


[2], ch. 6 et 8 ; [5], p. 151.

La caractéristique IC = f(VCE) du transistor se rapprochant de celle d’une source de courant, on


modélise la jonction base-collecteur par un générateur de courant IC = IB. La jonction base/émetteur
correspond à une diode polarisée en direct. On peut la remplacer par sa résistance dynamique locale
rBE calculée autour du point de fonctionnement choisit. On a donc le schéma équivalent suivant,
valable en petits signaux et à fréquence pas trop élevée :
C C
IC = IB
C IC = IB IC = IB
IB Schéma IB Schéma IB
B B B
équivalent final
rBE
E
IE  IC IE  IC IE  IC
E E
 étant grand (c’est surtout vrai pour les transistors faible puissance), on néglige en général la
contribution de IB. On calcule la valeur de rBE en prenant pour la diode le modèle de Shockley :

𝐼𝐸 = 𝐼0 (𝑒 𝑉𝐵𝐸 /𝜆𝑉𝑇 − 1) Avec : VT = kT/e = 25,3 mV à 20 °C


 = 1 (jonction abrupte)

Il suffit de dériver cette expression par rapport à VBE pour avoir l’inverse de cette résistance. Pour ce
faire, on néglige le terme – 1 (cela revient à supposer la diode suffisamment conductrice). On obtient

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

alors rBE = 25,3 mV/ IE où IE est le courant émetteur continu du transistor.

Cette modélisation permet de déterminer les caractéristiques en alternatif des montages à transistor.
Il suffit de réarranger le schéma du montage en ne faisant apparaître que les grandeurs variables →
le + de l’alimentation étant à un potentiel constant, il est considéré comme une masse car il n’apporte
aucun courant en alternatif.

II MONTAGE A EMETTEUR COMMUN


[1], p. 13426.

+U
RC is
R2
C IC  iB
Vs
IB B ie iB
Ve Schéma RC vs
équivalent rBE
E IE (+1) iB
ve R1 R2
R1
RE RE

II.1 Gain en tension


On a 𝑣𝑠 = 𝑅𝐶 𝑖𝑠 = − 𝑅𝐶 𝑖𝐵 en alternatif et 𝑣𝑒 = (𝑅𝐸 + 𝑟𝐵𝐸 )( +
1)𝑖𝐵 , d’où :
𝑣𝑠 𝑅𝐶 𝛽 𝑅𝐶
𝐴𝑉 = =− ≈−
𝑣𝑒 𝑅𝐸 + 𝑟𝐵𝐸 𝛽 + 1 𝑅𝐸 + 𝑟𝐵𝐸

II.2 Impédance d’entrée


On la calcule par la méthode de Thévenin (générateurs de
tension à zéro ; générateurs de courant équivalents à des circuits ouverts). L’entrée peut alors se
modéliser par le schéma suivant : ie
iB
L’impédance du montage correspond à la
ve R1 R2
mise en parallèle des résistances R1, R2 et ( ( + 1)(RE + rBE)
+1).(RE + rBE). C’est une impédance
moyenne.

II.3 Impédance de sortie


On voit tout de suite sur le schéma qu’elle vaut RC.

26
Cette référence donne les résultats de gain et d’impédance avec un modèle un peu plus développé et les paramètres
hybrides du transistor. On retrouve les mêmes formules grâce aux relations r BE = h11/(β+1), h21 = β et h22 ≈0.

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MISE EN FORME, TRANSPORT ET DETECTION DE


L'INFORMATION

I MODULATION D'AMPLITUDE

I.1 Caractéristiques générales d'un signal modulé en amplitude


On adopte les
conventions d'écriture suivantes :
Signal modulant vm(t) = A0 + Am cos m t
Signal modulé (porteur) vp (t) = Ap cos p t

Dans le cas le plus général, un signal de modulation d'amplitude s'exprime alors en fonction du
temps par la relation suivante :
s(t) = [A0 + Am cosm t] Ap cos(p t)

I.1.1 Représentation temporelle du signal


Il a l'allure générale suivante :
Amax Amax = Ap (A0 + Am)

Amin
Amin = Ap (A0 - Am)

On définit le taux de modulation par

A max  A min Am
m Soit m
A max  A min A0

I.1.2 Représentation fréquentielle du signal


En développant le produit des
 A A 
cosinus, s(t) peut s'écrire : s(t)  A p  A 0 cosp t  m cos(p  m )t  m cos(p - m ) t 
 2 2 
amplitude

Le spectre en fréquence d'un tel signal A0 Ap


comprend donc les fréquences fP, fP + fm Ap Am/2 = mA0Ap/2
et fP - fm mais pas la fréquence fm :
f
fp - fm fp fp + fm
Remarque :
Ne pas confondre modulation et addition ! La modulation d'amplitude est une
opération multiplicative alors que dans l'addition, l'amplitude est constante et le spectre comprend
les fréquences fp et fl :

I.1.3 Evolution du signal en fonction de m


La valeur du taux de modulation m
influe sur la forme des représentations temporelle et fréquentielle.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Signal modulé avec porteuse (A0  0) :


Plusieurs cas de figure sont possibles.

0 m1
L'amplitude Amin est toujours supérieure à zéro dans ce cas. L'allure du signal à
la forme représentée au § I.1.1. Le principal intérêt de ce type de modulation réside dans la facilité
de la démodulation car les « enveloppes » du signal modulé (la porteuse) permettent de retrouver le
signal informatif garce à un simple redressement par diode (cf. chapitre détection).

m = 100 % (Amin = 0)
On a alors A0 = Am et le signal vaut s(t) = A0 Ap [cosp t +
1 1
cos(p + m) t + cos(p - m) t ]. Il a l'allure suivante :
2 2
T1 = 1/f1

m  1 (surmodulation)
Amin devient négatif

Ce cas de figure est plus compliqué car les enveloppes ne


permettent pas de retrouver directement le signal informatif. Une démodulation synchrone permet
cependant de retrouver l'information (le signal modulant vm).

Signal modulé sans porteuse (A0 = 0) :


On a dans ce cas m =  ; le signal modulé prend la forme

s(t) =
Ap Am
2
 cos( p   m ) t  cos( p -  m ) t 
La fréquence centrale ωp disparaît du spectre en fréquence. C’est de la modulation sans porteuse. La
représentation temporelle du signal correspond à une figure de battements (attention à ne pas la
confondre avec le cas m = 1 !) :

T1 = 1/f1
Quel est son avantage ?

I.2 Méthodes pratiques pour mesurer m


Trois solutions sont possibles.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2.1 A partir de la représentation temporelle


Il suffit d'utiliser un
oscilloscope à curseurs pour mesurer Amax et Amin. On en déduit m = (Amax – Amin)/(Amax + Amin).

Attention : Amin est négatif dans le cas d'une sur modulation (m  1) !

I.2.2 Par la méthode du trapèze


Le principe de mesure est analogue au
précédent. On réalise une figure de Lissajous sur oscilloscope en injectant vm sur la voie X (mode
AC) et le signal modulé s(t) sur la voie Y. On observe alors la figure suivante :

B BD  AC
m Avec encore AC  0 si m1
A BD  AC

Cette méthode à l'avantage de permettre le contrôle de la


C
proportionnalité entre le signal modulé et le signal modulant (AB et CD
D
doivent être des droites).

I.2.3 Par analyse spectrale


Le principe de la mesure est différent cette fois-ci
car on la réalise dans l'espace des fréquences. Les oscilloscopes numériques donnent généralement
des mesures d'amplitude en dBV par la relation :
V 
amplitude A(dBV) = 20 log  RMS  avec Vref = 1 V RMS
A1  Vref 
A1(dBV) = 20 log(kA0 Ap)
A2 A2(dBV) = 20 log k m A 0 A p / 2
A 2  A1

fP - fm fP fP + fm f → m  2 10 20

Les deux pics latéraux doivent avoir la même amplitude.

I.3 Production d'un signal modulé en amplitude

I.3.1 Utilisation d'un multiplieur analogique


C'est la solution la plus simple.
Elle permet d'avoir une modulation à fort taux et de bonne qualité.

Manipulation :
vm : Am = 4 V AD 633
fm = 5 kHz vm X1
W W = k vm vp
A0 variable X2

vp Y1 Oscilloscope
vp : Ap = 5 V Z numérique
fp = 100 kHz Y2

A0 est la tension continue de décalage (offset) du GBF ; en réglant cette tension de décalage, le taux
de modulation peut varier de 0 à l'infini en passant par 100 %. Pour plus de confort, on conseille
d’utiliser des GBF numériques car ils permettent d’afficher les différents paramètres du signal
qu’ils génèrent (fréquence, amplitude peak peak et tension d’offset). Etudiez le spectre en fréquence

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

du signal modulé : comparez les amplitudes des différentes composantes pour différents taux de
modulation.

I.3.2 Modulation par diode


Cette méthode est proposée en [1], p. 213 mais
elle n'est pas utilisée en pratique car si on change la valeur de la fréquence porteuse, il faut modifier
les éléments du filtre. On indique ici une variante de ce montage plus simple de réalisation ; on fait
suivre la sommation de courant (point A du montage) par un redressement sans seuil. Le signal
obtenu attaque alors un circuit bouchon de fréquence propre réglée sur fp.

Le principe consiste à mettre à profit la non linéarité de la diode ; on commence par réaliser
l’addition de la fréquence à moduler fm avec la porteuse fp. Le résultat est envoyé dans la diode.
Celle ci étant un dipôle non linéaire, le signal de sortie peut être mis sous la forme d’un
développement polynomial :
VS = f(Vm +Vp) = a(Vm +Vp) + b(Vm +Vp)2 + c(Vm +Vp)3 + …

Les fréquences contenues dans le signal redressé sont nombreuses ; pour s’en convaincre, il suffit
de développer les deux premiers termes du polynôme de VS :
a(Vm +Vp) = aVm + a Vp → on aura les fréquences fm et fp .

b(Vm +Vp)2 = bV2m + bV2p + 2bVmVp

V2m = cos2mt = 1/2(1 + cos2mt) → on aura la fréquence 2fm

V2p = cos2pt = 1 / 21 cos 2 p t  → on aura la fréquence 2fp

2bVmVp = 2cosmt cospt =


1
2

cos  m t   p  t  cos  m t   p  t  → on aura les fréquences fp
+ fm et fp - fm

On comprend qu’un développement complet du polynôme puisse donner à priori toutes les
fréquences de la forme qfp + nfm où q et n sont des entiers → le circuit bouchon permet de
sélectionner celles qui réalisent la modulation d’amplitude (les fréquences fp , fp-fm et fp+fm).

Montage :
Réalisez le montage sur une plaque type P 60 pour minimiser les fils de liaison

Vp R
_ D
_  C
R  B
Vm + RC
+ A
R 081
081 RD C L
R : 10 k
RD : 1 k
RC : 5 k
D : diode 1N 4148
L : bobine Leybold 250 spires (2,2 mH)
C : capacité variable calibre 0,1 – 1,5 nF
vm : sinusoïde 5 kHz ; Am = 4 V
vp : sinusoïde 100 kHz ; Ap = 5 V

Prendre un oscilloscope numérique possédant la fonction FFT pour visualiser les signaux. Les
amplificateurs opérationnels ne sont pas indispensables mais permettent de bien découpler les

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

différentes fonctions du montage → les résultats de l’analyse spectrale correspondent mieux à ce


qu’on attend.

Observation en A :
En temporel → On observe une figure correspondant à celle indiquée dans la
remarque du § I.1.2 → la première partie du montage réalise une addition des deux signaux. On
peut le confirmer par une étude du spectre fréquentiel du signa en effectuant une FFT avec Féch ≈
500 kHz : vous devez constater la présence des deux raies à fm et fp (le redressement qui suit
perturbe un peu le signal → enlevez temporairement la résistance RD pour y remédier) →
l’additionneur obéit au principe de superposition ; c’est un circuit linéaire (cf. [3], p. 255).

Observation en B :
Remettre la résistance RD. En temporel, on a le même signal sans les alternances
négatives. Effectuez la FFT du signal à Féch ≈ 1 MHz. Vous devez constater la présence de
nombreuses raies à nfm + qfp :

La sortie n’est pas une fonction affine des deux 95 105


195 205
signaux d’entrée → le circuit redresseur n’obéit 10
190 210
pas au principe de superposition (cf. [3], p. 255)
; c’est un circuit non linéaire.
5 100 200 300
Observation en C :
Partir de C = 0,1 nF ; stabilisez le signal temporel ; effectuez sa FFT →
augmentez alors la valeur de C pour atténuer les fréquences à  200 et 300 kHz. S’arrêter lorsque
les deux pics latéraux autour de la porteuse à 100 kHz ont même amplitude. Conclure quant à la
qualité de la modulation d’amplitude.

Remarque :
La non linéarité de la diode peut aussi servir à la démodulation → cf. [1], p. 215 pour
la manipulation et [5], p. 307 pour la théorie ainsi qu’au paragraphe détection.

I.4 Transport et détection


Le principe de base consiste à convertir à l’aide d’une
antenne le signal électrique s(t) en un signal électromagnétique propice à une transmission aérienne,
puis le détecter à l’aide d’une autre antenne reliée a un cuit résonnant accordé à la fréquence de la
porteuse. La puissance rayonnée augmentant avec la fréquence, on a intérêt, par rapport aux valeurs
proposées aux § I.3.1 et I.3.2, à augmenter celle de la porteuse. Cela oblige alors à modifier les
paramètres du circuit LC pour le montage du § I.3.2. On propose donc deux montages suivant le
type de modulation réalisée.

I.4.1 Premier montage


Si on produit la modulation d’amplitude avec le
multiplieur, il suffit de brancher l’antenne à sa sortie :

C : condensateur à lame d’air 20-1000 pF


L : bobine ferrite R1 R2
R2 : résistance variable Antennes
R1 : 1 kΩ _
AD 633 
vp : fp → cf. ci après vm X1 s(t)
W + vd
Ap = 5 V X2
081
vp Y1 L C
Y2 Z
vm : fm = 5 kHz
Am = 4 V, A0 = 5 V

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut prendre comme antennes de grands pieds métalliques de laboratoire qu’on relie à la bobine
et au multiplieur par des pinces crocodiles ou, à défaut, de simples fils d’environ 1 mètre. La bobine
proposée pour le circuit de détection est constituée d’un bâton de ferrite de 1 cm de diamètre et de
10 cm de long récupéré dans un poste radio sur lequel on a enroulé environ 150 spires de fil fin
isolé. Son inductance mesurée au RLC mètre à 1 kHz vaut L = 245 μH. Associée au condensateur à
lame d’air, elle permet d’obtenir un circuit bouchon résonnant entre ≈ 320 kHz et ≈ 1,5 MHz → Il
faut ajuster la fréquence de la porteuse à cette gamme de fréquence. Si on veut par la suite encore
distinguer les pics latéraux du pic central dans le spectre de la modulation d’amplitude, on à intérêt
à prendre la fréquence la plus basse possible (fP ≈ 320 kHz). Si on ne dispose pas d’une telle
bobine, on peut utiliser comme circuit de détection celui proposé au § I.4.3.

Le montage à la suite du circuit bouchon est un amplificateur non inverseur de Gain G = 1 + R2/R1
(cf. [3], p. 32). Il peut donc fonctionner en suiveur (R2 = 0 Ω) ou en amplificateur (R2 ≠ 0) si on
souhaite amplifier le signal détecté. Etant donné la fréquence de la porteuse, il faut alors utiliser un
amplificateur opérationnel 081 pour limiter la distorsion du signal récupéré par le Slew Rate du
composant et ne pas monter trop haut en gain (un gain de 2-3 fonctionne dans la plupart des cas).
Cet étage est nécessaire pour découpler le circuit de détection de la suite du montage pour deux
raisons : l’impédance du circuit LC de détection est maximal à la résonance et le branchement d’un
appareil directement sur le circuit d’accord peut atténuer le signal. De plus, la moindre capacité
parasite apportée par un appareil ou par un câble coaxial suffit à désaccorder le circuit. Le plus
simple consiste donc à observer le signal récupéré à la suite de cet étage afin de ne pas perturber le
circuit de détection.

Important :
L’expérience montre que cette manipulation peut aussi être perturbée par la présence de
long fils s’ils véhiculent la porteuse ou le signal modulé (le rayonnement de ces fils parasite celui
des antennes). On conseille donc de réaliser les montages sur des plaques de type P 60 en utilisant
des fils courts (l’emploi de fils longs pour relier l’alimentation au multiplieur et à l’A.O. ne pose en
revanche pas de problème) et des câbles coaxiaux pour observer les signaux à l’oscilloscope.

I.4.2 Réglage
Placez les deux antennes à une vingtaine de cm l’une de
l’autre. Réglez la fréquence de la porteuse à fP ≈ 320 kHz. Commencez par mettre l’amplitude Am
du signal modulant à zéro et l’amplitude A0 à 5 V environ. Visualisez avec un oscilloscope
numérique le signal détecté vd à la sortie de l’amplificateur réglé en suiveur (R2 = 0 Ω) : ajustez
alors la capacité d’accord à lame d’air pour obtenir un signal maximum (l’accord doit se réaliser du
côté noté « Grandes Ondes » sur ce condensateur). Mesurez au RLC mètre la valeur de C à l’accord
ainsi que celle de L et calculez la fréquence de résonance fP = 1/[2π√(LC)] du circuit : elle doit être
proche de la fréquence fP de la porteuse. L’écart à cette valeur s’explique par le fait que les
paramètres sont mesurés à une fréquence très différente de celle de la porteuse. De plus, la capacité
mise en œuvre est assez faible → il faudrait tenir compte de celle de la bobine et du câblage.

Une fois l’accord trouvé, faites la FFT du signal → vous devez retrouver la fréquence de la
porteuse. On peut alors amplifier le signal vd en jouant sur la valeur de R2. On s’aperçoit alors qu’il
se déforme si on impose un gain trop fort. La FFT montre l’apparition d’harmoniques et l’allure du
signal temporel tend vers un triangle à cause du Slew Rate de l’amplificateur opérationnel →
ajustez le gain en conséquence pour éviter ce phénomène (ce point est à revérifier si on modifie par
la suite AP, Am, A0 ou fP). On peut alors remettre l’amplitude Am du signal modulant et observer le
signal vd. Il y a des chances qu’il soit déformé par rapport au signal émis si l’accord du circuit de
détection n’est pas idéal. Cette déformation est due à la différence d’atténuation par le circuit
bouchon LC des deux bandes latérales de la modulation d’amplitude → le vérifier sur le spectre
FFT du signal. On peut y remédier en jouant finement sur le circuit d’accord mais ce réglage
s’avère délicat en pratique car le simple fait de toucher le condensateur avec les doigts perturbe

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’accord. Le plus simple consiste donc à retoucher finement la fréquence fP de la porteuse pour
obtenir des pics latéraux d’égales amplitudes.

Mesures :
Vous pouvez mesurer le taux de modulation du signal émis et celui du signal détecté. Ils
doivent être différents : le taux de modulation du signal reçu doit être inférieur à celui du signal
émis. Pourquoi à votre avis (pensez à l’action du filtre LC) ?

Vous pouvez étudier l’influence de l’amplitude de la porteuse sur l’amplitude du signal


détecté, tous les autres paramètres restant identiques. Pour ce faire, le plus simple consiste à
remettre l’amplitude Am du signal modulant à zéro tout en conservant une composante continue A0
puis mesurer l’amplitude de la porteuse et du signal détecté à l’oscilloscope en moyennant les
signaux. Pour éviter tout problème de comportement du montage amplificateur, on conseille de le
régler en suiveur (R2 = 0 Ω) : vous devez constater que le signal détecté est proportionnel à
l’amplitude de la porteuse. On conçoit ainsi que pour réaliser une émission sur de plus grandes
distances, il faudrait amplifier la tension du signal délivré par le multiplicateur.

On peut de la même façon étudier l’influence de la fréquence de la porteuse sur


l’amplitude du signal détecté. Le montage suiveur limite alors l’excursion vers les hautes
fréquences à cause de son Slew Rate. On a alors intérêt à travailler avec une amplitude de la
porteuse AP pas trop grande pour limiter le problème. On réaccorde alors grossièrement le circuit
bouchon à chaque changement de fréquence de la porteuse puis on ajuste finement cette fréquence
pour obtenir un signal vd maximum. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

On constate que l’amplitude du signal détecté augmente fortement avec la fréquence de la porteuse.
On voit ainsi l’intérêt de travailler avec de grandes fréquences pour augmenter le rayonnement du
signal. Il faut noter que ces mesures sont très sensibles à l’environnement, notamment l’endroit ou
l’expérimentateur se trouve par rapport aux antennes. L’idéal est donc de s’en écarter et se placer
toujours au même endroit.

Récupération directe sur un poste de radio :


On peut placer un poste recevant les grandes ondes à
proximité de l’antenne émettrice. La plus petite fréquence AM que ce type de poste peut détecter est
en général de l’ordre de 500 kHz → ajustez la fréquence de la porteuse f P à cette valeur. Modifiez
légèrement l'accord du poste de radio ; vous devez capter le signal vm. Pour en avoir confirmation,
modifiez fm et constatez l'évolution du signal reçu par le poste. Le résultat est encore plus
spectaculaire si on utilise la voix comme signal modulant (prendre le micro ME 107 B).

I.4.3 Deuxième montage


Si on réalise la modulation d’amplitude avec le
circuit utilisant une diode (§ I.3.2), l’augmentation de la fréquence de la porteuse oblige à modifier

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

les paramètres du filtre LC servant à sélectionner les fréquences correspondant à la modulation


d’amplitude. Si on dispose de plusieurs bobines à ferrite et condensateurs à lames d’air, on peut
utiliser un circuit LC du même type que celui utilisé pour la détection au § I.4.1. On propose ici un
montage faisant appel à des composants plus « classiques » :

L1, L2 : bobines Leyblod 250 spires R1 R2


C1 : 33 pF
Antennes
C2 : condensateur variable
_ 
s(t)
+ vd
RC 081
C1 L1 L2 C2

Pour la production de la modulation d’amplitude, on reprend le montage du § I.3.2 (seule la fin est
représentée ici). Les antennes et le circuit suiveur-amplificateur sont les mêmes qu’au § I.4.1. Pour
les deux circuits bouchon LC, on prend des bobines d’enseignement type Leybold de 250 spires au
maximum. La plus grande valeur de leur inductance (≈ 2,2 mH par rapport à 250 μH avec la bobine
a ferrite) impose en effet d’avoir une capacité d’accord encore plus faible que précédemment si on
veut travailler avec une porteuse de l’ordre de la centaine de kHz, et qui est de l’ordre de grandeur
de la capacité parasite de l’enroulement de la bobine. La fréquence propre d’une telle bobine
mesurée par la méthode proposée en [1], p. 17 donne une valeur de l’ordre de 300 kHz → les
bobines seules peuvent donc servir de circuit bouchon si on travaille à cette fréquence. Les bobines
L1 et L2 n’étant pas forcément strictement identiques (ainsi que les capacités parasites du câblage),
on rajoute une petite capacité C1 de 33 pF sur L1 afin de pouvoir régler l’accord du circuit de
détection à l’aide d’un petit condensateur C2 variable de 6-60 pF (composants disponibles chez
Radiospares par exemple). Là encore, il faut travailler avec des fils courts et utiliser ces câbles
coaxiaux pour observer les signaux pour éviter de parasiter les antennes.

I.4.4 Réglage
Reprendre les paramètres de modulation d’amplitude du § I.3.2.
Envoyez le signal s(t) à l’oscilloscope via le montage amplificateur réglé en suiveur (R2 = 0)
pour limiter l’influence de capacités parasites. Jouez alors sur la fréquence fp de la porteuse pour
obtenir un signal s(t) maximum (elle doit être de l’ordre de 250 kHz) : la fréquence de la porteuse
est alors calée sur la fréquence de résonnance du circuit L1C1. Placez les deux antennes à une
vingtaine de cm l’une de l’autre. Visualisez avec un oscilloscope numérique le signal détecté vd à
la sortie de l’amplificateur réglé en suiveur : ajustez alors la capacité d’accord C2 pour obtenir un
signal vd maximum. On peut ensuite jouer sur R2 pour amplifier le signal détecté. Pour terminer,
effectuez la FFT du signal récupéré : si les amplitudes des deux pics latéraux de la modulation
d’amplitude qu’on vient de récupérer ne sont pas symétriques, réglez finement C 2 pour corriger le
problème ou modifiez légèrement la fréquence fP de la porteuse. On peut ensuite faire les deux
premières études proposées au § I.4.2. L’influence de la fréquence de la porteuse est plus délicate à
faire car la modification de la fréquence propre des circuits bouchons est plus compliquée ici.

I.5 Démodulation
On propose deux possibilités pouvant s’appliquer aux 3 montages
précédents. La première, d'apparence plus simple, est aussi plus limitée puisqu'elle ne permet pas
théoriquement la détection de signaux surmodulés (m  1).

I.5.1 Par détection d'enveloppe


Pour le principe du montage, se reporter à [1],

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

p. 215 et 216. Celui qu’on propose ici permet de séparer l’action de la diode de celle du filtre. On
renforce aussi le filtrage en mettant en série deux filtres passe-bas du premier ordre.

Montage :
D : Diode au Germanium A B C D
R' : 1 k R R
R’ C C
R = 10 k
C = 1 nF

La résistance R' est indispensable (elle permet à la diode de conduire en régime passant). Justifiez le
choix des valeurs pour R et C (cf. [1]). Injectez en A le signal récupéré vd. Vérifiez qu’il est
compatible avec une détection par diode : le taux de modulation doit être inférieur à 1 et l’amplitude
minimale de l’enveloppe du signal détecté doit être au moins supérieure à la tension de seuil de la
diode. Si ce n’est pas le cas, amplifiez le signal en jouant (modérément) sur R2 ou rapprochez les
antennes.

Observation en temporel :
Visualisez à l'oscilloscope les différentes étapes (B, C, D) de la
démodulation. Comparez le signal récupéré en D avec le signal vm du GBF. S’il y a une distorsion
du signal, optimisez l'accord à la réception. Vérifiez, en jouant sur A0, que la démodulation devient
inopérante pour un taux de modulation proche de 1.

Observation en fréquentiel :
Analysez le signal aux différents points (A, B, C, D) de la chaîne de
traitement en observant son spectre de Fourier à l'aide d’un oscilloscope numérique. Interprétez
dans l'espace des fréquences, le rôle de la diode de signal et celui des filtres. Cette partie est
importante à développer si l'on choisit de présenter ce mode de démodulation.

Optimisation du signal reçu :


Dans le cas ou la démodulation est effective (m  1), vous devez
constater que l’amplitude du signal démodulé est assez faible. On peut l’augmenter en jouant sur les
amplitudes Ap et Am de la porteuse et du signal modulant → partant des valeurs proposées au § I.4,
commencez par augmenter l’amplitude Ap de la porteuse au maximum de ce que peut délivrer le
GBF en observant simultanément le signal émis s(t) et le signal démodulé : on constate logiquement
une augmentation du signal émis et du signal détecté. Augmentez alors l’amplitude Am du signal
modulant : l’amplitude du signal modulé augmente encore mais le signal émis se met à saturer
lorsque Am est trop fort et on passe en surmodulation → Notez que la démodulation reste effective
alors que la démodulation par diode ne fonctionne que si m  1 ! Ceci est tout simplement dû à
l’action filtrante du circuit bouchon de détection qui abaisse le taux de modulation en atténuant
composantes latérales de la modulation d’amplitude (cf. § I.4.2). La saturation du signal s(t)
n’empêche pas non plus la démodulation car elle se manifeste au niveau du spectre par l’apparition
d’harmoniques autour de 2fp, 3 fp, … qui sont elles aussi filtrées par le circuit de détection. Cette
saturation est cependant à proscrire pour éviter de « polluer » les bandes d’émission avec ces
harmoniques → ajustez la valeur de Am pour obtenir un signal démodulé maximum sans pour autant
faire saturer le signal émis s(t). On pourra comparer les performances de ce réglage à celui obtenu
par la méthode suivante.

I.5.2 Démodulation par détection synchrone


[1], p. 217-220

C'est la méthode la plus efficace car elle s'applique à tous les taux de modulation (m  ou  à 1). Le
principe consiste à multiplier le signal modulé en amplitude par le signal porteur ; on a donc à la
suite de cette opération k.vd(t). Ap cos p t. D'où, avec l'expression initiale du § I.1 :

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

A 2p
k A 2p  A0 + Am cos m t  cos2 p t = k  A0 + Am cos m t  1 + cos 2p t 
2
A 2p
→k  A0 + Am cos m t + A0 cos 2p t + Am cos m t . cos 2p t 
2
A 2p Am A
→k  A0 + Am cosm t + A0 cos2p t + cos(2p + m)t + m cos(2p - m)t 
2 2 2

L'expression obtenue montre que le spectre en fréquence du signal issu de la multiplication


comprend une composante continue et des raies de fréquence fm, 2fp, 2fp + fm, 2fp - fm. On peut donc
récupérer le signal informatif au moyen d'un filtre passe bas dont la fréquence de coupure est
comprise entre fm et 2fp - fm.

Montage :
AD 633 10 k
vd X1 X
vp : Ap = 5 V, fp ≈ 320 kHz X2 W
vm : Am = 4 V, A0 = 5V, fm = 5 kHz vp Y1
Z 1 nF
Y2

Si vous démodulez le signal produit avec le multiplieur, prendre une fréquence de porteuse assez
basse pour l’étude des spectres FFT. Quelque soit le montage utilisé pour produire la modulation,
réglez le pour obtenir un signal vd maximum tout en restant dans un régime linéaire de
fonctionnement pour le montage.

Multipliez le signal vd par la porteuse (prendre un câble coaxial pour envoyer la porteuse à
l’entrée du démodulateur car un simple fil, s’il est long, risque de faire antenne et peut perturber
la détection du signal vd). Le filtrage du signal résultant est réalisé à l’aide d’un filtre RC passe-bas
de fréquence de coupure fC  1/(2 RC)  16kHz (justifiez ce choix). Comparez en temporel et en
fréquentiel l'allure du signal vd avec celui issu du multiplieur. La FFT du signal vd correspond à
celui d’une modulation d’amplitude si le réglage de l’accord est correct. Une FFT du signal à la
sortie du multiplieur fait apparaître plusieurs raies à fp, 2fp et à 3 fp. On distingue aussi la fréquence
fm à la gauche de l’écran:
Spectre du signal vd Spectre du signal à la sortie du multiplieur
FFT à 1 MHz FFT à 2 MHz

Il suffit donc de récupérer la fréquence fm et d’éliminer les autres avec le filtre passe bas. Vérifiez
qu’on récupère bien le signal vm à la sortie du filtre. On peut quantifier l’atténuation des raies à fp et
2fp en effectuant une FFT du signal (comparez la différence en dB entre la raie fm et les raies à 2fp
avant et après le filtrage). Si on le souhaite, on peut rajouter un deuxième filtre identique en série
pour les atténuer encore plus mais l’apport n’est pas très significatif. Comparez enfin la phase du

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

signal filtré par rapport au signal modulant vm. Abaissez la fréquence du signal Vm. Le déphasage
reste-il constant ? Cela peut-il être gênant (pour la réponse, se reporter à [3], p.165) ?

Influence du taux de modulation :


On rappelle qu’on peut le modifier en jouant sur A0. Avec la
valeur proposée au § I.4, le taux de modulation m est inférieur à 1 (m = Am/A0 = 4/5 = 0,8).
Diminuez A0 pour passer en surmodulation et vérifier que le montage fonctionne toujours. Annulez
A0 : on a dans ce cas m =  et on a une modulation sans porteuse (on peut le vérifier sur le spectre
FFT de vd). L’intérêt de ce cas de figure apparaît alors en regardant le signal modulé s(t) que l’on a
produit à l’aide du multiplieur et le signal filtré récupéré en X. Si, comme pour ce qui a été fait pour
la détection d’enveloppe, on veut recevoir un signal maximum, on a intérêt à produire un signal s(t)
le plus fort possible → partant des réglages initiaux (Am = 4 V, A0 = 5 V et Ap = 5 V), commencez
par augmenter au maximum l’amplitude AP de la porteuse → vous devez constater une
augmentation de l’amplitude du signal récupéré en X. Ceci est logique car ce signal à une amplitude
proportionnelle à AP×Am → On peut obtenir en X un signal encore plus fort en augmentant Am mais
on s’aperçoit alors que cette augmentation est limitée par la présence de la composante A0 : la sortie
s(t) du multiplieur se met à saturer si on augmente trop Am. Si on travaille alors avec un taux de
modulation infini (A0 à 0 V), on peut continuer à augmenter Am au maximum de ce que peut
délivrer le GBF et on récupère alors en X un signal maximum compte tenu des capacités de notre
émetteur. C’est là tout l’avantage de la modulation sans porteuse.

II MODULATION DE FREOUENCE

II.1 Modulation par un signal sinusoïdal


[1], p. 222 ; [2], ch. 5 ; [3]

Pour un signal modulé en fréquence, la fréquence instantanée est une fonction affine du signal
informatif. Dans le cas d'un signal informatif sinusoïdal, cette fréquence a pour expression f(t) = fp
+ f cosmt. Celle du signal modulé se déduit de la fréquence instantanée grâce aux relations
suivantes :
vp(t) = Ap cos(t)
1 d ( t )
Avec (t) = phase instantanée telle que f ( t ) 
2 dt

(t) s'obtient en intégrant l'expression de f(t). En choisissant convenablement l'origine des temps,
on obtient pour vp(t) la relation :
 f 
s(t) = vp(t) = Ap cos  p t  sin  m t 
 fm 

f est l'excursion en fréquence. Elle est en général proportionnelle à l'amplitude du signal basse
fréquence. Le rapport sans dimension Δf/fm correspond au taux de modulation m.

Spectre en fréquence :
Contrairement à la modulation d'amplitude, il est beaucoup plus difficile de
déterminer le spectre d'un signal modulé en fréquence et il faut bien distinguer les deux notions de
fréquence (qui ne coïncident que pour un signal sinusoïdal pur) :
- fréquence instantanée f(t) dépendante du temps, et associée à la
représentation temporelle du signal.
- fréquence spectrale fi, indépendante du temps et associée à la
représentation fréquentielle du signal.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Pour obtenir le spectre en fréquence de s(t), il faut effectuer la décomposition de son expression. On
l'obtient en utilisant les fonctions de Bessel d'ordre entier n, Jn(x) (cf. [1], p. 223-224). Le calcul
montre que le spectre contient une infinité de raies mais celles qui ont une amplitude importante se
trouvent dans un intervalle de fréquence appelé bande de Carson (elle correspond à l’intervalle
spectral qui contient 98% de la puissance totale). De plus, des composantes spectrales disparaissent
pour certaines valeurs particulières du taux de modulation m, (cf. [1], p.229).

II.2 Réalisation pratique


Plusieurs solutions sont possibles ; parmi les plus simples,
on peut citer l'emploi d'un oscillateur sinusoïdal (type Wien) accordable en fréquence grâce à des
diodes varicap ou l'emploi d'un oscillateur contrôlé par une tension (OCT → cf. montage
« Oscillateurs »). La deuxième méthode est plus simple au niveau de la réalisation pratique puisque
les OCT constituent le cœur des GBF analogiques.

II.2.1 Etude préliminaire de l'OCT


Différents GBF permettent le contrôle de
leur fréquence par une tension. On étudie ici le Métrix GX 245.

Montage :
VCF GX 245
INPUT OUT
U
OSCILLOSCOPE

Le GBF est réglé initialement à une fréquence f0 de 100 kHz. On appuie sur SWEEP puis sur EXT
pour piloter l'OCT du GBF par la tension U envoyée sur l’entrée VCF INPUT située à l’arrière de
l’apareil. On mesure alors la fréquence délivrée par le GBF pour différentes valeurs de U. Voici à
titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

U (V) -1,468 -0,999 -0,494 0 0,493 0,997 1,462


fOCT (kHz) 173,38 149,97 124,75 99,97 75,35 50,06 26,75

Le tracé de fOCT en fonction de U montre que la relation est du type :

fOCT = fo - kOCTU avec kOCT = 50,05 kHz.V-1

Cette relation n'est valable que si la valeur de U n'aboutit pas à des valeurs négatives pour f OCT (U
 2 V ici) et si fmax ne dépasse pas la valeur maximum qui peut être atteinte sur le calibre de
fréquence choisi ! Il faut aussi noter que la valeur de kOCT dépend du calibre de fréquence sur
lequel on travaille (elle dépend aussi légèrement de la valeur de f0 dans un même calibre). On peut
vérifier que kOCT vaut ≈ 5 kHz.V-1 sur le calibre 10 kHz et 500 Hz.V-1 sur le calibre 1 kHz avec ce
GBF.

II.2.2 Réalisation de la modulation


On propose de moduler la fréquence d'un
signal porteur par un signal modulant sinusoïdal pour vérifier les résultats du § II.1.

Montage :
GBF 1 GBF 2
VCF OSCILLOSCOPE
OUT OUT NUMERIQUE
INPUT

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

GBF 2 : Métrix GX 245


fp = 10 kHz ; amplitude Vp = 5 V

GBF 1 : sinusoïde 1 kHz ; amplitude Vm  1 V (utiliser l'atténuation - 20 dB)

On commence par une amplitude vm nulle puis on l’augmente progressivement. On observe alors
l'évolution du spectre en fréquence du signal délivré par le GBF.

Disparition de la raie associée à la porteuse :


Cela intervient en théorie lorsque m = 2,4. Or m =
Δf/fm où f est l'excursion maximale de la fréquence instantanée. Comme fOCT = fo - kOCTU = fp -
kOCTVm cos mt ici, on a :
k V
m exp = OCT m
fm

On peut calculer m en mesurant l'amplitude Vm avec un oscilloscope numérique ou à partir de la


valeur efficace de vm mesurée au multimètre (Vm vaut alors Veff×√2).

Disparition des deux premières raies latérales :


Cela intervient en théorie lorsque m = 3,8. Là
encore, on peut mesurer l'amplitude Vm, calculer m et vérifier l’accord avec cette valeur.

Remarque :
On observe toujours la disparition des raies si on prend des fréquences plus élevées (fp
= 100 kHz et fm = 5 kHz pour fm par exemple) mais les résultats sur la valeur de m sont moins bon.
Car on atteint la limite des performances des OCT des GBF (ils sont moins bons que des circuits
spécialisés dans ce genre de tâche) → On peut abaisser fp et fm si les résultats sont mauvais.

II.2.3 Vérification de la règle de Carson


[1], p. 225 ; [2], p. 150

La largeur B du spectre contenant 98 % de la puissance totale est reliée au taux de modulation par la
relation approchée suivante :

B  2(1 + m) fm

Le problème consiste alors à évaluer sur la FFT du signal modulé la largeur B compte tenu de sa
définition. Le plus simple consiste à vérifier sur les deux valeurs de m repérables (2,4 et 3,8) que le
rapport B3,8/B2,4 est égal à (1 + 3,8)/(1 +2,4) en se fixant un critère pour mesurer B.

II.3 Démodulation
Là encore, plusieurs solutions sont possibles (cf. [1], p. 230 ou [2],
p. 155). On étudie ici la démodulation par boucle à verrouillage de phase (PLL) ; elle permet une
étude quantitative (plage de verrouillage, plage de capture) et peut aussi servir dans le montage
« Systèmes bouclés ».

II.3.1 Réalisation simple d'une PLL


[1], p. 233

Montage :
GBF 1 : GBF numérique si possible (réglage fin de f)

GBF 2 : GX 245 = OCT f0 = 100 kHz

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

GBF 2
AD 633 _
ve  VCF vS
X1 v vF OUT
W + vF INPUT
X2
R
GBF 1 Y1 C
Z
Y2

Ajuster l’amplitude des signaux des deux GBF à une valeur précise (5 V par exemple)

R : 10 k 1
 fF   5kHz
C : 3nF 2RC

On se contente ici de développer les expressions nécessaires à la compréhension du phénomène. Se


reporter à [3], p. 53 et surtout à [7] pour plus de précision sur la théorie des PLL.

Plage de verrouillage fV :


On suppose la boucle verrouillée (fs = fe) → ve = Ve coset et vs = Vs
cos(et + ) avec  = e - r.

k m .Ve .Vs
On a donc à la sortie du multiplieur : v = km ve vs = cos   cos  2e t    
2
k m .Ve .Vs
Le filtre élimine la composante haute fréquence : v F = cos 
2
k OCT k m Ve Vs
Ce signal commande la fréquence de l'OCT : fs = f0 - kOCT vF = f0 - cos 
2

k OCT k m Ve Vs
-1 < cos < 1 → on en déduit la plage de verrouillage f V 
2

Plage de capture fC :


Le phénomène de capture est un processus plus complexe à analyser (cf. [7],
p. 8, 13 et 104). Une étude simplifiée montre que si fV ≫ à fC, fC est approximativement
déterminée par la relation :
ΔfC ≈ √(ΔfV.fF)

Application numérique :
Les valeurs de kOCT, km, Ve, Vs et fF permettent le calcul des plages de
verrouillage et de capture. Avec les valeurs indiquées précédemment (dont 5 V pour les
amplitudes), on obtient :
fV = 62,5 kHz fC = 18,2 kHz

Notez que ces plages changent dès qu'on a des valeurs différentes pour Ve, Vs et fF.

Observations :
Commencez par régler la fréquence du GBF 1 à 100 kHz. Visualisez à
l’oscilloscope les signaux générés par les deux GBF : quelque soit la précision du réglage, les deux
signaux ne sont pas synchrones. Si on déclenche l’oscilloscope sur le premier GBF, le signal du
GBF 2 n’est pas stable. Appuyez alors sur SWEEP, puis sur EXT sur le GBF 2 → l'OCT du GBF 2

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

devient piloté par vF et l’affichage des deux signaux doit devenir stable. Ils sont donc désormais
parfaitement synchrones :
GBF 1 et 2 à 100 kHz : GBF 1 et 2 à 100 kHz, PLL mise en route :
signaux non synchrones signaux synchronisés

Observez le signal vF : sa valeur est


quasiment nulle. Ceci est logique puisqu’on Signal et spectre du signal vF lorsque fe = fs = f0 = 100 kHz
demande alors au GBF 2 de suivre une
fréquence qui correspond pratiquement à sa
valeur « naturelle » f0 (celle qu’on a réglé
avant de lancer le pilotage) → le signal VCF
INPUT de modification de sa fréquence doit
être ≈ nul. Si on effectue la FFT du signal
vF, on constate qu’elle révèle une
composante à 2fe = 200 kHz (moyennez le
signal si cette composante est noyée dans le
bruit) : c’est la composante cos(2ωet + Δφ)
du signal vφ atténuée par le filtre RC.

Augmentez ou diminuez la valeur de la fréquence du GBF1 tout en restant dans la plage de


verrouillage. Vous devez constater que les deux signaux restent parfaitement synchrones (même
fréquence). Notez l’évolution de leur phase relative : elle doit être voisine de 90 ° quand la
fréquence est de 100 kHz (cf. l’oscillogramme de droite ci dessus). Elle doit tendre vers 0 ou 180 °
lorsqu’on s’approche respectivement des limites basses et hautes de la plage de verrouillage. Ces
observations sont en accord avec l’expression de la fréquence fs de l'OCT du GBF 2 obtenue dans le
calcul de la plage de verrouillage. Observez aussi le signal vF lorsque l’on modifie la fréquence du
GBF 1, le GBF 2 restant verrouillé. Il reste grossièrement continu (à la composante 2ωe près,
atténuée par le filtre) mais il est positif ou négatif suivant que la fréquence imposée est inférieure ou
supérieure à 100 kHz.
PLL calée sur ≈ 84 kHz (vF = signal jaune) PLL calée sur ≈ 116 kHz (vF = signal jaune)

Ceci est en accord avec l’expression de la fréquence délivrée par l’OCT du GBF 2 : fOCT = fo -

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

kOCTU avec ici U = vF. La tension vF étant fonction de cosΔφ, on comprend qu’il existe une limite
aux fréquences de verrouillage puisque ce terme ne peut pas aller au delà de 1 → le décrochage de
la PLL intervient lorsque Δφ tend vers 0 ou 180 °.

Déverrouillage et capture :
Avec les valeurs proposées pour Ve, Vs et fF, le déverrouillage de la
PLL doit intervenir vers 37,5 ou 162,5 kHz. Lorsqu’il intervient, on constate alors que le GBF 2
« décroche » et retourne à sa fréquence « naturelle » f0 (les signaux n’étant plus cohérents, il n’y a
plus de composante continue dans vF pour piloter sa fréquence). Si on souhaite recaler la PLL, on
constate alors que retourner dans la plage de verrouillage ne suffit pas : il faut se rapprocher
nettement plus de la fréquence naturelle f0 de l’OCT du GBF 2. Pour comprendre ce phénomène, il
faut observer le signal vF lorsque la boucle est déverrouillée. Supposons par exemple que le GBF 1
délivre une fréquence fe = 180 kHz. La boule étant déverrouillé, le GBF 2 retourne ≈ a sa fréquence
naturelle fs ≈ f0 = 100 kHz → on a à la sortie du multiplieur une fréquence fe – fs ≈ 80 kHz et une
fréquence fe + fs ≈ 280 kHz. Vérifiez-le en effectuant la FFT du signal vφ :

Ces deux fréquences étant supérieures à la fréquence de coupure du filtre fF, elles sont atténuées par
celui-ci et il n’y a aucune composante continue pouvant servir à l’OCT du GBF 2 pour se caler sur
la fréquence du GBF 1. Si on abaisse alors la fréquence du GBF 1 (130 kHz par exemple) pour
essayer de recaler la PLL, le signal vφ conserve toujours le même spectre constitué de fe – fs et fe +
fs mais la basse fréquence fe – fs (30 kHz dans notre exemple) s’approche maintenant de la
fréquence de coupure du filtre. Elle est donc moins atténuée et ce d’autant plus que f e s’approche de
f0. Confirmez ce fait en observant l’allure temporelle du signal vF : on voit nettement un signal de
fréquence fe – fs (auquel s’ajoute une faible composante fe + fs) dont l’amplitude augmente au fur et
à mesure que la fréquence du GBF 1 s’approche de la fréquence « naturelle » du GBF 2 (fe – fs
s’approche de la bande passante du filtre RC). On comprend alors mieux le phénomène de capture :
l’amplitude de ce signal principalement sinusoïdal à fe – fs constitue un « signal de scan en
fréquence » pour l’OCT du GBF 2 qui doit lui servir pour se recaler sur le GBF 1. Tant que l’écart
fe – fs est important par rapport à fF, ce signal de scan a une faible amplitude et ne permet pas au
GBF 2 de balayer un domaine suffisant pour se recaler sur le GBF 1. Au fur et à mesure qu’on
rapproche fe de f0, cet écart diminue et se rapproche de fF → l’amplitude du signal de scan augmente
→ le GBF 2 balaye un domaine plus grand en fréquence → il pourra se recaler sur le GBF 1 dès
que l’amplitude du signal de scan sera suffisamment importante pour lui permettre d’atteindre la
fréquence du GBF 1. Si on observe le signal vF quand on s’approche de la capture, on voit bien son
amplitude augmenter, puis se déformer d’un côté correspondant au signe de la tension nécessaire
pour asservir le GBF 2 au GBF 1 (du côté négatif dans notre exemple puisque que fOCT = fo -
kOCTVF – cf. les oscillogrammes qui suivent ; notez l’amplitude plus forte du signal vF par rapport à
l’oscillogramme à 180 kHz). Lorsque l’accrochage se fait, vF devient alors pratiquement continu à
la valeur correspondant ≈ au sommet du signal de scan juste avant la capture. Notez que ces
observations sont plus ou moins concluantes suivant le GBF 2 employé (testez plusieurs GX 245 en
cas de problème). Pour terminer, on peut remarquer que pour une valeur fe – f0 donnée, l’amplitude
du signal de scan vF dépend de la fréquence de coupure fC du filtre passe bas (plus fC est bas, moins

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

le filtre atténuera la composante fe – fs) → il parait donc logique que la fréquence fC interviennent
dans l’expression de la plage d’accrochage.
Signal de scan vF juste avant la capture Signal de scan vF juste après l’accrochage

Mesures :
Modifiez la fréquence du GBF 1 ; vérifiez pour fV et fC l'accord entre les valeurs
théoriques et expérimentales. La aussi, testez plusieurs GX 245 comme GBF 2 si les résultats
posent problème.

II.3.2 Application à la démodulation de fréquence


Il suffit d'envoyer à l'entrée
X1 de la PLL (montage du § 2.3.1) le signal modulé en fréquence généré par le montage du § II.2.2.
Prendre une porteuse fp de 100 kHz → fe = fp - 0,5.fp Vm cos mt.

k m Ve Vs
Comme vF = cos 
2 f0  fs
 vF =
k k VV k OCT
Et fs = f0 - OCT m e s cos 
2

Si la vitesse de variation de la fréquence de fe n'est pas trop grande, on peut supposer que la boucle
reste verrouillée à chaque instant → fs = fe. Par conséquent :

f 0  f p  0,5.f p Vm cos  m t
vF =
k OCT

→ Le signal vF est bien proportionnel au signal informatif à une constante près.

Observation :
Visualisez vF à l'oscilloscope et comparez son allure à celle du signal informatif.
Prendre un signal informatif triangulaire et vérifiez que la démodulation reste correcte. On constate
en général dans vF un peu de bruit HF qu'on pourrait éliminer par filtrage ultérieur (en dehors de la
boucle). On peut l'atténuer en augmentant un peu la valeur de C (on diminue alors la plage de
capture) ou en diminuant la fréquence du signal informatif. On peut aussi employer la voie comme
signal informatif (utilisez le micro 457B) et envoyer le signal vF dans un HP via un amplificateur de
puissance (ampli Matelco 2465).

II.4 Application à la modulation numérique de fréquence


Les modulateurs et
démodulateurs qui viennent d'être présentés peuvent servir à la transmission numérique
d'informations ; il suffit d'attribuer deux valeurs différentes de fréquence pour le 0 et le 1. Ce
procédé de modulation est connu sous la dénomination FSK (Fréquency Shift Keying). Des idées de
manipulation sont développées dans [1], chapitre IX, p. 237).

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III TRANSMISSION PAR FIBRE OPTIQUE


On utilise pour illustrer ce mode de transport le
matériel électrome (consulter la notice "Fibre Optique").

Les montages sont à réaliser sur les plaques


C
P60. L'émission s'effectue avec une diode + + C
haute luminescence (DL) ; on utilise un DL PHT
phototransistor (PHT) pour la réception. La - - E
transmission s'effectue au choix par une fibre E
optique de 2 ou 30 mètres.

III.1 Module d'émission


On propose la mise en évidence du seuil de l’émission.
Réalisez le montage suivant avec la résistance de 1 k prévue à cet effet :

0  VD  1 V → DL  pas lumineuse
1 k 1.I1.1 +
VD  1,5 V → DL lumineuse U DL
VD  2.5 V → DL très lumineuse 2.I1.1 -

→ Il faudra donc polariser le signal avant de le transmettre.

III.2 Module de réception


Réalisez le montage suivant en prenant sur une deuxième
plaque P 60 (prendre la résistance de 47 k prévue à cet effet) :
+ 12 V
VC  0 V lorsque la base du phototransistor est à la lumière du
47 k jour (l’éclairer avec une lampe si l’effet n’est pas sensible) → le
phototransistor est saturé lorsque la base est éclairée.
C oscilloscope
PHT VC  0 V si on masque la base du phototransistor avec la main →
le phototransistor devient bloqué lorsque la base n'est pas
E
éclairée.

III.3 Transmission d'un signal simple + 12 V


47 k

1 k 3.I1.1 2+ mètres
Fibre optique C oscilloscope
GBF DL
4.I1.1 - PHT

E
GBF → signal sinusoïdal : f = 500 Hz ; amplitude 2 V

Dans cette configuration, le phototransistor reste bloqué puisque le signal d'entrée n'a pas une
amplitude suffisante pour activer la diode (VD min  2,5 V). Ajoutez progressivement un offset au
signal d'entrée → le phototransistor se met à conduire dès qu'on atteint le seuil de l’émission
(visualisez VC en AC pour éliminer la composante continue). Dès que le signal ne descend plus en
dessous de 2,5 V, la transmission se fait sans déformation (remarquez que le signal récupéré est
déphasé de  en raison du principe de fonctionnement du phototransistor). On peut calculer
l’atténuation du système de transmission en mesurant la tension délivrée par le GBF et celle
récupérée aux bornes du phototransistor. On en déduit l’atténuation par la relation suivante :

A dB   20 log VS VE 

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut la mesurer avec la fibre de 2 m et comparer le résultat avec celle de 30 m.

III.4 Montage final


Cette manipulation doit être spectaculaire → utilisez la fibre la
plus longue et placer les modules émetteurs et récepteurs aux deux extrémités de la salle ! On peut
alors envoyer le signal récupéré dans le module amplificateur électrome "AMP 8" pour l'amplifier
et éliminer sa composante continue.
+ 12 V + 12 V
micro CHIR 3
457 B PREAMPLI 47 k AMP8
1 k
E S
C E S
Fibre optique
DL
PHT

E GAIN

Le préamplificateur CHIR 3 permet d'augmenter l'amplitude du signal du microphone ; il rajoute


aussi une tension de décalage pour attaquer la diode d’émission.

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d'électronique ; ch. IX
[2] : Manneville Esquieu : Systèmes bouclés linéaires de communication et de
filtrage.
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV
[5] : Auvray : Circuits et composants électroniques
[6] : Malvino : Principes d’électronique
[7] : Michel Girard : Boucles à verrouillage de phase

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SIGNAL ET BRUIT

Les trois parties acquisition, analyse et traitement du signal sont présentées séparément afin de
d’étudier les spécificités liées à chaque thème. Il faut cependant se méfier de ce genre de
cloisonnement car les trois aspects sont souvent liés (l’acquisition correcte d’un signal demande une
analyse préalable de ses caractéristiques par exemple).

I ACQUISITION D’UN SIGNAL TEMPOREL

I.1 Intérêt
L’acquisition est indispensable pour étudier des signaux transitoires. Ceux
ci sont en effet impossibles à étudier avec un oscilloscope analogique puisque, par nature, ils ne se
répètent pas. On est donc obligé de mettre en mémoire des échantillons du signal pour pouvoir
ensuite le retranscrire sur un écran.

Manipulation :
On peut facilement observer les signaux issus d’une télécommande à infrarouge
grâce à une photodiode et un oscilloscope numérique. Il suffit de prendre le signal directement aux
bornes de la photodiode (on l’utilise alors en mode photovoltaïque). Suivant le sens de
branchement, les pulses sont positifs ou négatifs. On peut commencer par observer en mode
automatique le signal émis par la télécommande lorsqu’on appuie sur une touche quelconque. On
doit voir des trains de pulses se répéter furtivement. On peut alors ajuster les calibres de
l’oscilloscope pour observer convenablement les pulses (typiquement 0,2 V/div et 20 ms/div avec la
plupart des télécommandes), ajuster le niveau de déclenchement sur les pulses, puis passer en
déclenchement mono coup. Voici à titre indicatif des acquisitions correspondant à 2 touches
différentes :

On peut comparer ces deux signaux numériques (codage en largeur d’impulsion avec un premier
front d’initialisation), indiquer sur combien de bit est codée l’information (12 ici) et montrer les
différences. Les trains de pulses peuvent être plus ou moins long suivant la télécommande choisie. Il
vaut mieux en tester plusieurs et en choisir une avec des trains de pulses assez courts pour faciliter
l’analyse.

I.2 Cas des signaux périodiques


L’intérêt de l’acquisition ne se limite évidemment
pas aux phénomènes transitoires. On peut aussi enregistrer des signaux périodiques pour étudier leur
spectre grâce aux possibilités de calculs des systèmes numériques. L’idée ici est de montrer un des
intérêts fondamentaux de l’analyse spectrale par rapport à l’observation temporelle du signal. Une
déformation imperceptible dans le domaine temporel l’est dans le domaine fréquentiel.

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Manipulation :
La mesure du taux de distorsion du signal sinusoïdal produit par GBF est une bonne
illustration de l’intérêt d’une analyse spectrale : il est effectivement impossible de repérer les
défauts d’un signal sinusoïdal issu d’un GBF sur son allure temporelle alors qu’ils sont facilement
détectables sur son spectre.

I.3 Conséquences de l’échantillonnage du signal


Pour numériser le signal, on utilise
un convertisseur analogique-numérique (CAN) mais l’opération n'est pas instantanée → le signal
doit être maintenu constant le temps que le CAN réalise la conversion. C'est le rôle de
l'échantillonneur-bloqueur.

I.3.1 Principe de l'échantillonneur-bloqueur


Le principe de base consiste à
utiliser un interrupteur commandé par un signal d'horloge, la tension à l'ouverture étant gardée
constante grâce à un condensateur :

Une fois le contact fermé, la capacité se charge à la valeur du


signal et conserve cette valeur le temps de la conversion. Le VE VS
contact réalise l'échantillonnage. La capacité réalise le blocage.

I.3.2 Manipulation
[1], p. 280.

Le montage proposé en [1] peut être allégé si on dispose d'un GBF permettant de produire des
signaux avec un rapport cyclique suffisamment faible (inférieur à 10 %) :

Circuit 4066 : interrupteur logique alimenté en 0/+5 V WAVETEK FG3B

GBF : sinusoïde 50 ou 100 Hz entre 0 et 5 V EA1


EA0 1
C : 10 nF (valeur non critique) 13
2
Wavetek : pulses TTL à 1 kHz GBF
Rapport cyclique au maximum I1.1.1 C
_ 
circuit 4066
Acquisition : 10 000 points, Tech = 2 s 081
+ EA2

Pour plus de simplicité, on utilise la sortie TTL du GBF pour commander l’interrupteur logique du
circuit 4066 → il doit être alimenté entre 0 et 5 V pour assurer la commande logique de
l’interrupteur. Le circuit ne pouvant traiter que des signaux compris dans sa plage d’alimentation, il
faut que le signal à échantillonner (la sinusoïde) soit compris entre 0 et 5 V (utiliser le réglage
d’OFFSET du GBF). L'amplificateur opérationnel 081 monté en suiveur permet d’éviter une
décharge du condensateur dans le système de mesure étant donné la faible valeur de C. On prend
une valeur Téch suffisamment faible pour décrire correctement les « pulses » de commande de
l’interrupteur. On choisit alors le nombre de points pour obtenir une durée totale d’observation Tobs
telle que 1/Tobs soit un sous multiple de la fréquence du signal sinusoïdal et de celle des pulses (cf.
ci-après). On obtient alors les courbes suivantes lorsqu’on prend un signal sinusoïdal de 50 Hz (pour
faciliter l’observation, les signaux EA0 et EA2 ont été « recentrés » sur zéro lors de l’acquisition et
les pulses ont été décalés) :

2
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On peut faire l'analyse spectrale du signal d'entrée EA0 et du signal échantillonné EA2 pour
observer les différences. Le spectre du signal échantillonné contient, en plus de la fréquence du
signal, des fréquences à Féch - Fsignal et Féch + Fsignal, à 2Féch - Fsignal et 2Féch + Fsignal, … :

Attention, la fréquence du signal sinusoïdal et celle des pulses doivent être exactement des
multiples de 1/Tobs pour que le spectre obtenu ait l’allure ci-dessus, sinon il apparaît des raies
parasites. Ceci est lié au fait que les algorithmes FFT calculent le spectre des signaux à des
fréquences qui sont des multiples de 1/Tobs. Le résultat donne alors uniquement les fréquences du
signal si ces fréquences correspondent à un point de calcul (cf. § II.2.2). Le réglage de fsignal et
fpulses doit donc être soigné.

I.3.3 Explication
[5], p. 710-715


 (t  k Te )

x*(t)
t
x(t)

t
 t

D'un point de vue mathématique, échantillonner un signal x(t) revient à le multiplier par un peigne
de Dirac :

x * (t )  x t    (t  kTéch ) Où Téch est la période d’échantillonnage.
k  

Pour afficher le spectre, le logiciel calcule la transformée de Fourier (TF) du signal échantillonné
x*(t). Or la TF d'un produit de fonctions correspond au produit de convolution (noté ⊗) des TF de
chaque fonction (cf. § II.2 de l'annexe 1). Comme la TF d'un peigne de Dirac temporel est un
peigne de Dirac fréquentiel, le spectre calculé du signal échantillonné est :

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 

X* (f )  TF x * t   X(f )   (f  nf éch ) ×féch
n  

Ou X(f) le spectre du signal analogique et féch = 1/Téch la fréquence d’échantillonnage. On peut


résumer ce produit de convolution à l’aide des représentations suivantes :

spectre du
peigne de Dirac
-3fe -2fe -fe 0 fe 2fe 3fe

spectre du
signal réel
0

spectre du
signal échantillonné
-3fe -2fe -fe 0 fe 2fe 3fe

→ L’échantillonnage conduit à une périodisation du spectre du signal

Remarque :
La forte atténuation des spectres d'ordre 2 et d'ordre supérieur qu'on constate
expérimentalement résulte du temps de blocage non nul : le peigne de Dirac représentant
l'échantillonnage temporel est convolué par une fonction rectangle de durée Tblocage  Téch → On a :
x*(t) = x(t).[(peigne temporel)⨂rect(t/Téch)]

→ X*(f) = X(f)⨂TF[(peigne temporel)⨂rect(t/Téch)] = X(f)⨂[TF(peigne temporel)×TF(rect(t/Téch))]

= X(f)⨂[(peigne fréquentiel)×(sinc(πf/féch))]

→ Le peigne de Dirac fréquentiel est modulé en amplitude par un sinus cardinal. Au final, on peut
résumer le tout de la façon suivante :

REPRESENTATIONS TEMPORELLES SPECTRES


x(t)
A
A

0 t

-A ECHANTILLONNAGE f0 f
x*(t)
Fe+f 2Fe+f
Te A/Te
0 t

f0 Fe-f 2Fe-f 3Fe-f f


BLOCAGE

x*(t)

0 t

f0 Fe 2Fe 3Fe f

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I.4 Numérisation des échantillons : quantum de conversion et rapport signal/bruit


du convertisseur idéal
La quantification remplace une grandeur continue par une valeur discrète
appartenant à un ensemble fini de valeurs possibles. Le codage sur N bits permettant de distinguer n
= 2N niveaux séparés par 2N – 1 intervalles, le pas de description de l’échelle ±Vmax d’un CAN,
appelé quantum, vaut :
2. V
q  N max
2 1

Il correspond à la hauteur des « marches d’escalier » visibles sur l’allure des signaux échantillonnés.
Sa mesure permet de connaitre le nombre de bits du convertisseur.

Avec un oscilloscope :
Le quantum est facile à observer avec un oscilloscope récent. Il suffit de
stopper l’acquisition d’un signal effectuée en mode normal (sans moyennage ou lissage). On dilate
ensuite les échelles de temps et d’amplitude jusqu’à observer l’allure en forme de marche d’escalier
de l’oscillogramme :

On peut désactiver l’option de vectorisation qu’utilise par défaut l’appareil pour relier les différents
échantillons1 afin de rendre l’effet encore plus visible (cf. figure de droite). Le signal ci-dessus a été
enregistré avec un calibre de 2V/division. L’écran comportant 8 divisions verticales, l’acquisition
s’est faite sur une plage 2Vmax = 16 V. Une mesure avec les curseurs donne q = 63,75 mV →
l’échelle verticale est décrite sur n = 2N = 16V/63,75mV + 1 = 252 niveaux, valeur proche de 256
(la gamme complète des valeurs possibles n’est pas entièrement reportée sur l’écran) →
l’oscilloscope utilise donc un convertisseur 8 Bits pour enregistrer les signaux.

Avec Synchronie :
On peut procéder de la même façon. Une méthode encore plus simple (utilisable
aussi avec l’oscilloscope) consiste à lancer un enregistrement avec l’entrée court-circuitée. Il suffit
de zoomer ensuite très fortement autour de la valeur nulle :

1
On peut noter au passage les sauts incessants entre un niveau et ses plus proches voisins.

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On aperçoit nettement la quantification grâce aux petites perturbations provoquant des sauts
incessants entre les niveaux les plus proches de zéro. L’enregistrement ci-dessus a été fait sur le
calibre ± 10 V de la carte. On a mesuré q = 4,99 mV donc l’échelle verticale est décrite sur n =
20V/4,99mV + 1 = 4009 niveaux, valeur proche de 4096 → la carte d’acquisition SYSAM SP5 de
Synchronie échantillonne les signaux sur 12 Bits.

Bruit induit par la quantification :


La quantification conduit par nature à des écarts entre le signal
réel et le signal équivalent aux valeurs numériques obtenues à l’issue du processus :
x(t) x*(t)

0 t

ε(t) = b(t)
+q
-q
t

On peut regrouper ces écarts dans un signal d’erreur ε(t) = x*(t) – x(t). Cela permet de considérer le
signal digital comme la superposition du signal réel avec ce signal d’erreur ε(t) qu’on considère
équivalent à un bruit b(t) lié au processus de quantification. Ce mode de description étonnant de
prime abord est assez logique car le quantum limitant la résolution du CAN, il empêche
l’observation de plus fins détails donc il se comporte de la même manière qu’un bruit parasitant un
signal. Si la conversion est suffisamment fine, b(t) évolue majoritairement en dent de scie, avec une
amplitude maximale égale à q. Sa valeur efficace Bq n’a pas d’expression unique puisque b(t)
dépend de la règle d’arrondi, de la forme du signal et de la différence de fréquence entre le signal et
le convertisseur. On l’estime généralement en considérant une erreur totalement en dent de scie
obtenue par arrondi au plus proche (cf. [6], p. 133) :

Bq  q /( 2 3 )

On peut comparer ce résultat avec le bruit réellement présent sur l’entrée d’un système d’acquisition
en l’absence de signal2. Voici à titre indicatif des résultats obtenus sur différents calibres pour 4
oscilloscopes différents, utilisant tous des convertisseurs 8 Bits et allumés depuis une heure (les
valeurs efficaces ont été obtenues à l’aide des fonctions de mesures automatiques des appareils) :

Calibre (V/div) 5 2 1 0,5 0,2 0,1 0,05


Beff (mV) DSO 5012 A 125 97 33 17 3,6 1,76 0,992
Beff (mV) DSO 5012 A 86 42 27 20,5 3,5 2 1,7
Beff (mV) DSO-X 2002A 137 64 32 17 5 2,9 1,7
Beff (mV) DSO-X 2002A 240 143 58 27 8 4,9 3
moyenne 147,0 86,5 37,5 20,4 5,0 2,9 1,8
Quantum 8 Bits (mV) 156,3 62,5 31,3 15,6 6,3 3,1 1,6
Bq (mV) 45,1 18,0 9,0 4,5 1,8 0,9 0,5

2
Noter qu’on ne mesure pas Bq dans ce cas : on mesure une valeur efficace qui résulte d’instabilités provoquant des
sauts entre des niveaux proches alors que Bq, qui chiffre l’écart entre un signal idéal et une fonction de transfert du CAN
toute aussi idéale (aucunes fluctuations des deux côtés), est fondamentalement nul dans cette expérience (pas de signal).

6
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Il y a des écarts dans une même famille mais Beff suit l’évolution du calibre et est de l’ordre du
quantum (c’est particulièrement remarquable lorsqu’on moyenne les résultats sur les 4 appareils).
Le bruit expérimental Beff est systématiquement supérieur à Bq, ce qui est normal puisque les
perturbations provoquent des sauts entre des niveaux voisins alors que Bq est calculé sur un signal
d’erreur normalisé en l’absence de perturbations. La manipulation a aussi été testée sur Synchronie
avec une carte d’acquisition SYSAM SP5 (l’entrée utilisée doit être absolument court-circuitée
sinon on récupère trop de bruit d’influence sur les plus faibles calibres3). On obtient des résultats
similaires :

Calibre +/- (V) 10 5 1 0,2


Beff (mV) 1,80 1,40 0,27 0,098
Quantum 12 Bits (mV) 4,88 2,44 0,49 0,098
Bq (mV) 1,41 0,70 0,14 0,03

Les mesures de bruit sur un signal réel sont donc proches Bq sans toutefois l’atteindre puisque du
bruit supplémentaire s’ajoute toujours au signal d’erreur ε(t) → En l’absence de tout traitement
du signal ultérieur, Bq donne une estimation du seuil minimum de bruit pour un convertisseur
à nombre de bits donné.

Rapport signal sur bruit induit par la quantification :


Le RSB4 correspond au rapport entre la
puissance moyenne du signal et celle du bruit (cf. [6], p. 103). Il s’exprime en dB par la relation (cf.
annexe 3) :
RSB  20 log Seff / Beff 

Connaissant la valeur plancher Bq du bruit d’un convertisseur, on peut calculer le RSB pour un
signal donné. On considère par convention un signal sinusoïdal parcourant la pleine échelle d’un
CAN à N bits. Dans ce cas, on montre facilement (cf. [6], p. 133) que le RSB vaut 5 :

RSB  6,02  N  1,76



Ce résultat montre qu’un bit supplémentaire fait gagner 6 dB de RSB → les CAN utilisés dans
les oscilloscopes numériques d’enseignement les plus courants ont un RSB d’environ 50 dB (CAN
8 Bits) et ceux des cartes d’acquisition de Synchronie ont un RSB de 74 dB (CAN 12 Bits).

II INFLUENCE DES PARAMETRES TEMPORELS D’ACQUISITION

II.1 Condition à respecter sur la fréquence d’échantillonnage


La périodisation du
spectre du signal autour de  kféch impose, par rapport au spectre à analyser, un critère sur le choix
de la fréquence d'échantillonnage. Il faut respecter le critère de Shannon pour éviter que les spectres
des différents ordres ne se recouvrent :

f éch  2. f max du spectre

On peut montrer sur deux exemples simples ce qu'entraîne le non-respect de ce critère.


3
Problème lié à la nature flottante des alimentations de ce type de carte.
4
Noté SNR en anglais pour « Signal to Noise Ratio ».
5
La constante du premier terme correspond à 20log(2) et il donne déjà une bonne estimation du RSB si on oublie le
supplément de 1,76 dB.

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II.1.1 Cas d’un signal sinusoïdal

Observation à l’oscilloscope :
La manipulation est plus simple à réaliser avec un GBF numérique et
un oscilloscope d’ancienne génération (cf. remarque ci-après). On peut démarrer par exemple avec
un signal sinusoïdal d’environ 200 Hz et régler la fréquence d’échantillonnage à 20 kHz :

OSCILLOSCOPE
GBF X HP 54603 B

On obtient alors un oscillogramme correspondant à la première figure à gauche ci-dessous. On peut


vérifier à l’aide des curseurs que l’appareil donne une représentation fréquentielle comprise entre 0
et 10 kHz6, soit entre 0 et féch/2. La base de temps utilisée dans ces conditions étant de 5 ms/division
et l’écran s’étalant horizontalement sur 10 carreaux, on observe le signal pendant 50 ms. On peut en
déduire le nombre d’échantillons utilisés pour le calcul de la FFT puisqu’on a Tobs = Néch×Téch =
Néch/féch → On trouve Néch = Tobs×féch= 50.10-3×20.103 = 1 000 points, résultat conforme aux
informations données en annexe 47. On peut aussi remarquer qu’on a une assez bonne
représentation temporelle du signal, mais que le spectre en fréquence est assez « tassé »8.

Modification de la fréquence fS du signal :


On note l’évolution du spectre calculé en conservant la
même fréquence d’échantillonnage de 20 kHz pour l’oscilloscope (base de temps inchangée).:
fS = 200 Hz fS = 2000 Hz

fS = 9000 Hz fS = 12000 Hz

6
9766 Hz exactement car l’intervalle 0 - féch/2 est calculé sur 1024 points avec l’oscilloscope proposé mais l’appareil
affiche seulement 1000 points.
7
On peut au noter au passage que l’appareil prend 2 fois moins d’échantillons que ne le permet sa profondeur mémoire
lorsqu’il doit effectuer une FFT du signal car c’est une opération lourde en termes de calculs.
8
C’est inévitable vu la double contrainte sur T obs : d’un côté, l’observation temporelle correcte du signal suppose qu’on
l’affiche sur quelques périodes (Nper = 2 ou 3 en général). On a donc Tobs = Nper×Tsignal = Nper/fS. Or, on a aussi Tobs =
Néch/féch avec Néch = 1 000 pour l’oscilloscope considéré. On a donc féch = (Néch/Nper).fS ≫ fS. Le résultat est somme
toute logique (il vaut mieux échantillonner le signal à une fréquence très élevée pour pouvoir le reproduire
correctement), mais il engendre en contrepartie une mauvaise représentation fréquentielle puisque l’appareil affiche par
défaut le spectre entre 0 et féch/2.

8
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fS = 17000 Hz fS = 19640 Hz

fS = 20500 Hz fS = 23300 Hz

Lorsqu’on augmente la fréquence du signal tout en la maintenant en dessous du critère de Shannon


(10 kHz ici), la représentation temporelle devient mauvaise mais n’est pas fausse (cf. figures fS = 2
000 Hz, fS = 9 000 Hz). La représentation fréquentielle quant à elle s’améliore progressivement
puisque l’échelle est de mieux en mieux adaptée à la fréquence du signal.
Si on augmente encore fS, le spectre devient faux (cf. figures fS = 12 000 Hz, fS = 17 000 Hz) : la
fréquence qui se déplaçait jusqu’alors de gauche à droite réapparaît en se déplaçant maintenant de la
droite vers la gauche. On est en sous échantillonnage car on ne respecte plus alors le critère de
Shannon. On peut vérifier à la vue des fréquences mesurées qu’on observe le repliement de l’ordre
+ 1. A ce stade, la représentation temporelle est mauvaise mais n’induit pas en erreur.
Lorsque fS s’approche de féch, il apparaît en plus des fausses représentations temporelles du signal9
(cf. figure fS = 19 640 Hz10 par exemple). On observe un signal apparemment correct mais
évidemment faux puisqu’il résulte d’un battement entre fS et féch analogue au phénomène de
stroboscopie 11(cf. [1], p. 46). La fréquence apparente de cette fausse représentation diminue au fur
et à mesure que fS s’approche de féch, et s’annule lorsque fS vaut féch, de la même manière que l’on
fige un mouvement périodique avec un stroboscope lorsqu’il est calé exactement sur la fréquence du
mouvement. On a les mêmes phénomènes pour une fréquence du signal supérieure à féch (figure fS
= 20500 Hz) mais les fréquences observées se déplacent de nouveau de la gauche vers la droite :
c’est le spectre d’ordre – 1 qui se replie cette fois ci.

En conclusion, il faut faire attention à la fréquence à laquelle on échantillonne un signal et respecter


le critère de Shannon. Et lorsqu’on utilise un oscilloscope réglé par défaut, un compromis doit être
fait entre une bonne représentation temporelle ou une bonne représentation fréquentielle du signal.

Remarque :
Certains oscilloscopes récents utilisent beaucoup plus de points lorsqu’ils calculent
une FFT → Comme Tobs = Néch/féch, il faut alors une durée d’observation nettement plus longue

9
Si on coupe la FFT lorsqu’on observe une fausse représentation, celle-ci disparait car l’oscilloscope réutilise alors
2000 points → Il faut envoyer un signal à une fréquence deux fois plus grande pour retrouver une fausse représentation.
10
Dans la pratique, la figure n’est pas forcément parfaitement stable à l’écran mais on peut réduire son défilement en
jouant finement sur la fréquence du GBF.
11
On peut d’ailleurs vérifier sur la figure que la fréquence apparente vaut bien féch - Fsignal.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

pour obtenir la même fréquence d’échantillonnage12. La manipulation proposée reste évidemment


faisable mais les fausses représentations temporelles sont plus délicates à obtenir car il faut une
fréquence fS encore plus proche de féch pour observer facilement une fausse fréquence sur une durée
Tobs plus grande. Certains oscilloscopes compliquent encore plus la tâche en utilisant un nombre de
points différents pour le calcul du spectre et pour l’affichage du signal. C’est le cas par exemple de
l’Agilent DSO 5012A qui emploie 1 000 points pour calculer la FFT qu’il affiche, alors qu’il
représente temporellement le signal avec 500 000 points13 ! La fréquence d’échantillonnage
temporelle réelle est donc 500 fois plus grande que le FFT Sample Rate annoncé, et si le FFT
Sample Rate est calé sur 20 kHz, il faut envoyer un signal à ≈ 10 MHz pour observer des fausses
représentations temporelles14 ! Les performances modestes des anciennes générations
d’oscilloscopes facilitent donc grandement la manipulation proposée.

Observation avec Synchronie :


Pour faire l’expérience précédente, il suffit de prendre Téch = 50 μs
pour se caler sur une fréquence d’échantillonnage de 20 kHz, et prendre Néch = 1 000 points pour
observer le signal sur une même durée. On a aussi intérêt à utiliser une fenêtre de pondération de
type Hanning15 lors du calcul de la FFT pour limiter le phénomène de fuites spectrales (cf. § II.2).

II.1.2 Cas d'un signal contenant des harmoniques


Le critère de Shannon doit
s'appliquer à tout le spectre du signal. On propose cette fois ci d’utiliser plutôt le logiciel Synchronie
car il permet une observation entre 0 et Féch → on peut mieux montrer l'évolution vers le repliement.

Montage :
[1], p. 49.
Carte SYNCHRONIE
GBF
d’acquisition

Paramètres d'acquisition : 1000 points, Téch = 40 s → Féch = 25 kHz


Paramètres FFT : périodes → auto ; limite d'affichage → 0 - Fe

Si on procède à l’acquisition d’un signal carré de fréquence Fsignal  500 Hz, on observe deux
spectres symétriques distincts (pas de repliement). Ce n’est plus le cas pour des fréquences
supérieures : les deux spectres commencent à s’imbriquer l’un dans l’autre. Voici par exemple le
résultat d’une acquisition obtenue pour une fréquence du signal d’environ 2 000 Hz :

12
La différence est particulièrement spectaculaire avec l’oscilloscope DS0-X 2002A puisqu’il peut prendre jusqu’à
65000 points → échantillonner un seul signal à 10 kHz avec cet appareil impose par exemple d’observer pendant 5
secondes, alors que 100 ms suffisent avec l’HP 54603B lorsqu’il calcule une FFT !
13
Si une seule voie est activée en mode Normal.
14
On peut le vérifier plus facilement en prenant un FFT Sample Rate de 200 Hz → les premières fausses représentations
apparaissent alors pour des signaux autour de 100 kHz sur cet appareil.
15
Par défaut, Synchronie utilise la fenêtre rectangle lorsqu’il calcule une FFT.

10
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On peut mesurer avec les curseurs la fréquence fondamentale, celles des harmoniques et des autres
raies (harmoniques repliées de l'ordre 2 pour la plupart) et déterminer l'ordre de ces harmoniques
repliées par la relation :
f app  f éch  n. f fondamental

Remarques :
L’allure du repliement dépend beaucoup de la valeur de la fréquence du signal. Pour
plus de clarté, il vaut mieux ajuster sa fréquence de façon à ce que les raies d’ordre supérieur se
replient entre les harmoniques du spectre d’ordre 016. On peut aussi ajuster si nécessaire le niveau
de validité de la TF (dans le menu options avancées) pour éliminer des raies gênantes.
Si on effectue cette manipulation avec un oscilloscope numérique, il vaut mieux
utiliser un signal triangulaire car les spectres sont calculés par défaut en dB sur ces appareils → on
observe beaucoup trop d’harmoniques avec un signal carré, ce qui rend difficile une présentation
claire du phénomène de repliement.

II.1.3 Conclusion
Le critère de Shannon doit s’appliquer à la fréquence
maximale contenue dans le spectre si on veut en avoir une représentation correcte. Lorsqu’on ne
connaît pas le spectre du signal, il vaut mieux dans un premier temps prendre une fréquence
d’échantillonnage très importante, puis l’abaisser jusqu’à voir les plus grandes fréquences du
spectre se rapprocher du côté droit de l’écran, sans toutefois l’atteindre.

II.2 Influence de la durée de l’acquisition


L’échantillonnage du signal sur une durée
finie d’enregistrement a deux conséquences sur le spectre du signal obtenu.

II.2.1 Sur l’allure du spectre

Manipulation 1 :
GBF : signal sinusoïdal ; f  500 Hz ; prendre si possible un GBF numérique pour
pouvoir régler finement la fréquence.
Paramètres d'acquisition17 : 2048 points, Téch = 5 s → Ttotale = 10,24 ms

L’important est d’avoir une fin d’enregistrement correspondant le moins possible au début de
l’acquisition18 → On peut lancer une acquisition en la déclenchant sur le signal avec un niveau nul
et modifier légèrement la fréquence pour obtenir un enregistrement similaire à la figure suivante (on
peut commencer en mode permanent d’acquisition pour obtenir ce résultat) :

16
Si la fréquence du signal est particulièrement mal choisie, les raies d’ordre supérieur peuvent au pire se replier dans
les harmoniques du spectre d’ordre 0, ce qui masque complètement le phénomène de repliement.
17
Les valeurs proposées sont indicatives ; d’autres paramètres peuvent être choisis.
18
Si on colle bout à bout cet enregistrement, on obtient une sinusoïde se répétant à l’infini mais avec des « brisures ».

11
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Si on effectue la FFT sur la totalité du signal, on obtient un spectre dont l’allure est la suivante :

On observe un pic central entouré de raies parasites alors qu’on avoir une seule fréquence puisque la
TF d’une sinusoïde pure est un pic de Dirac. De plus, si on mesure avec le pointeur les différentes
fréquences, on s’aperçoit qu’aucune des raies affichées ne correspond à la fréquence réelle du signal
(on reviendra sur ce point dans le § suivant).

Manipulation 2 :
On modifie légèrement la fréquence du GBF pour obtenir un enregistrement
similaire à celui-ci :

L’important est d’avoir une fin d’enregistrement correspondant le plus possible au début de
l’acquisition19.

Le spectre calculé correspond cette fois ci au résultat attendu et la fréquence obtenue correspond à la
bonne valeur car on élimine le problème de fenêtrage de l’acquisition du signal (cf. [1], p. 49 et
suivantes pour des explications sur ce point). Synchronie permet aussi de sélectionner
automatiquement ou manuellement la partie du signal sur lequel on veut effectuer la FFT. La
sélection automatique permettant un calcul sur un nombre entier de périodes, elle élimine ainsi le
problème de fenêtrage. Si on reprend la première manipulation et qu’on lance le calcul en effectuant
une sélection automatique du nombre de périodes (dans le menu « Paramètres avancés »), on obtient
bien le résultat attendu. Il faut noter que cette méthode de calcul de spectre ne résout pas tous les
problèmes, notamment lorsque le signal contient plusieurs fréquences qui ne sont pas dans un
rapport entier. Le logiciel Synchronie ou les oscilloscopes numériques disposent aussi de fenêtres de
pondération (Hanning, Blackman, …) pour atténuer ces effets de bords. On peut tester leur
influence sur le calcul du spectre. Pour plus de précision sur ce point, se reporter à [1], p. 51.

19
Si on colle bout à bout cet enregistrement, on obtient cette fois ci une sinusoïde se répétant à l’infini sans « brisures ».

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2.2 Sur la résolution en fréquence


Les systèmes d’acquisitions calculent le
spectre d’un signal par un algorithme FFT (Fast Fourier Transform) de type Cooley-Turkey
permettant un calcul rapide du spectre. En revanche, le calcul n’est effectué que pour certaines
fréquences qui sont des multiples de l’incrément fréquentiel20 :

1 1
f0  
N .Téch Ttotale acquisition

Cela réduit considérablement le temps de calcul si le nombre d'échantillons est une puissance de 2
mais la discrétisation du spectre qui en découle limite sa résolution et peut fausser les mesures si
l’on ne prend pas certaines précautions (cf. manipulation 1 du § précédent).

Manipulation 1 :
Pour étudier l’influence de la durée d’observation sur le résultat du calcul de la
FFT, on procède à l’acquisition d’un signal sinusoïdal de 500 Hz à féch constante (prendre Téch = 20
s) avec successivement 1024, 2048, 4096 et 8192 points. La FFT est faite sur la totalité du signal,
en utilisant le style de spectre continu :
N = 1024 pts N = 2048 pts

N = 8192 pts N = 8192 pts - sélection automatique

On peut vérifier que l’incrément fréquentiel affiché par Synchronie sur la fenêtre FFT correspond
bien à 1/Ttotale21 → on obtient une valeur plus juste pour la fréquence du signal quand on augmente
la durée de l’acquisition car le spectre est calculé avec un incrément plus fin. Le résultat est même
quasi parfait si on effectue la FFT sur un nombre entier de période (cf. acquisition avec N = 8192
points, sélection automatique). On note aussi que le pic de la FFT s’affine lorsque Ttotale augmente

20
Le logiciel Synchronie affiche cet incrément lorsqu’il calcule un spectre.
21
Attention, Synchronie ne modifie pas la valeur de l’incrément fréquentiel qu’il affiche lorsqu’on modifie la durée
totale d’acquisition. Il faut fermer la fenêtre FFT et la rappeler dès que les paramètres ont été modifiés et qu’une
nouvelle acquisition a été faite (on peut alors la conserver tant qu’on ne change pas la durée d’observation).

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

(la largeur de ce pic vaut quelques f = 1/Ttotale), et qu’il en est de même pour la base du pic 22.

Manipulation 2 :
Prendre deux diapasons de 440 Hz. Désaccorder un des diapasons à l’aide d’une
masselotte. Ajuster sa position pour avoir une fréquence de l’ordre de 425 Hz (on peut relier un
micro sensible à un multimètre possédant la fonction fréquencemètre pour cette mesure) :

micro
MDT 457 B
multimètre
fréquencemètre

On souhaite maintenant mesurer ces deux fréquences par une analyse spectrale. On va montrer
l’influence de la durée d’acquisition sur la résolution de ces deux fréquences :

440 Hz
Carte SYNCHRONIE
d’acquisition
425 Hz micro
MDT 457 B

Si le signal récupéré par le microphone est faible, on peut l’amplifier d’un facteur 10 ou 100 dans
Synchronie. On effectue ensuite une acquisition avec une durée Téch = 40 s sur 2048 puis sur 8192
points en effectuant à chaque fois la FFT sur la totalité du signal. Voici à titre indicatif les résultats
d’une série d’acquisition (on a zoomé sur le spectre en fréquence pour la deuxième acquisition) :
N = 2048 pts N = 8192 pts

L’acquisition avec 2048 points ne permet pas de résoudre les deux fréquences car l’incrément
fréquentiel est alors trop grand (1/Ttot = 12,2 Hz). La deuxième acquisition permet de les résoudre
car le pas de calcul est suffisant cette fois-ci23 (1/Ttot = 3,1 Hz). On peut encore augmenter la
précision sur la mesure des fréquences en augmentant la durée totale de l’enregistrement.

III TRAITEMENT DU SIGNAL


Un signal est, par définition, une grandeur physique dont la
variation est porteuse d’information. Un signal n’est cependant jamais parfait et peut être dégradé
lorsque des perturbations d’origine interne et/ou externe s’ajoutent de façon non négligeable aux
variations à observer. Les notions de signal et de bruit sont donc indissociables et il est fondamental

22
On retrouve le problème du calcul de la FFT sur une durée qui n’est pas un multiple de la période du signal étudié.
23
On peut remarquer au passage qu’on voit alors au moins un battement complet.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de connaitre leur importance relative dans une chaine de transmission ou dans un système
d’acquisition. C’est le rôle du RSB déjà entrevu au § I.3.4. Il mesure la « qualité » du signal, et des
interventions sont à envisager lorsqu’il est insuffisant. C’est l’objet du traitement du signal. Cette
discipline a pour but24 « d’améliorer » les signaux en réduisant le bruit, voire même de les extraire
du bruit dans le pire des cas. On propose de commencer par une expérience ou le bruit est assez
simple à appréhender.

III.1 Filtrage d’un signal issu d’une photodiode


Il est possible d’étudier le spectre
lumineux d’une source en enregistrant son interférogramme à l’aide d’un Michelson. On peut en
déduire la longueur d’onde d’une radiation ou de faibles écarts entre deux longueurs d’onde (cf. [8],
p. 238 et 241–242). Mais comme l’expérience est en général peu lumineuse, on a souvent un
mauvais rapport signal/bruit et on est aussi gêné par une modulation en intensité à 100 Hz du flux
lumineux provoquée par l’alimentation de la lampe. Un traitement du signal est donc nécessaire
pour récupérer un interférogramme « propre » sur un système d’acquisition.

III.1.1 Observation du signal a traiter


On s’intéresse surtout ici à l’aspect
traitement du signal. On se contera donc d’étudier la longueur d’onde moyenne d’une lampe à
vapeur de sodium pour voir comment éliminer la modulation à 100 Hz de la lampe spectrale.

Montage :
On règle le Michelson en anneaux puis on s’écarte du contact optique jusqu’à obtenir un
système d’anneaux convenable (rayons pas trop grands mais bien contrastés). On réalise ensuite le
montage suivant :

f’
P 12 V
L2
_  R Y
L1
081
+ X
Rmes
C
Na BP

L1 : condenseur de 6 cm
L2 : lentille f’ ≈ 25 cm accolée contre la sortie de l’interféromètre
P : photodiode OSD 5T dans le plan focal image de L2
Rmes : quelques MΩ (valeur non critique du moment qu’elle soit forte)
R, C : 10 kΩ / 1,7 μF par exemple

L’expérience étant peu lumineuse, la lentille L2 formant l’image des anneaux a une focale plus
courte que celle conseillée habituellement en projection (50 cm - 1 m). Cela permet de concentrer

Elle englobe en fait d’autres domaines comme le codage de l’information, la compression/décompression de données,
24

…, mais ces points ne sont pas abordés ici.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

un peu plus de lumière sur le photorécepteur. Le courant photo induit par l’éclairement reste malgré
tout assez faible (de l’ordre du μA) → on utilise une résistance Rmes très forte pour le convertir en
une tension de valeur conséquente. On va traiter le signal par un simple filtre RC. Le suiveur
intercalé entre la résistance Rmes et le filtre sert à découpler les deux montages.

Observation du signal en X :
Si on le souhaite, on peut observer la modulation du flux lumineux
de la lampe spectrale à l’aide d’un oscilloscope en prenant une base de temps adapté à la fréquence
du secteur. On obtient alors les enregistrements ci-après. L’oscillogramme de gauche correspond au
flux sortant directement de la lampe25, celui de droite correspond au flux détecté à la sortie de
l’interféromètre lorsqu’on est sur un maximum de lumière26. On observe bien une modulation
temporelle à 100 Hz de l’intensité lumineuse de la source. Elle se retrouve aussi sur le signal en
sortie du Michelson, mais on note alors qu’un maximum d’intensité sur deux est plus faible. La FFT
de ce signal met en évidence la modulation à 100 Hz ainsi qu’une raie à 50 Hz liée à la périodicité
de l’intensité :

Si on enclenche la motorisation du Michelson, les anneaux se mettent à défiler et on constate que


l’amplitude du signal sur l’oscilloscope suit le défilement. On peut calculer la fréquence de cette
modulation due au chariotage du miroir : la longueur d’onde moyenne du doublet jaune du Sodium
vaut λNa = 589 nm → lorsque le miroir mobile se déplace, l’intensité lumineuse à la sortie du
Michelson passe par un maximum à chaque fois que la différence de marche δ correspond à kλNa →
si on note Δe le chariotage effectué entre deux maximums successifs, on a δ = 2.Δe = λNa. La
motoristation de l’interféromètre déplaçant le miroir mobile a une vitesse V, la périodicité de
modulation de l’intensité correspondant au déplacement vaut alors T = Δe/V = λNa/(2V). La vitesse

25
On a diminué la valeur de Rmes pour ne pas saturer le signal.
26
Le signal est nettement plus faible malgré l’emploi d’une résistance de mesure nettement plus forte.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

de défilement des miroirs des dispositifs d’enseignement valant généralement 0,05 mm/mn,
l’interférogramme du doublet du sodium doit donc être un signal à la fréquence :

2V 2  0,05.103
f    2,8 Hz C’est cette fréquence qu’on souhaite récupérer.
Na 589.109  60

Acquisition sur Synchronie :


Il faut des paramètres d’acquisition permettant d’observer à la fois la
modulation à 2,8 Hz et celle à 100 Hz. De nombreux choix sont possibles : on peut prendre par
exemple N = 10 000 points et Téch = 400 µs. On observera ainsi convenablement la modulation
basse fréquence puisque Tobs = N.Téch = 4 s ≈ 10 TBF, et la fréquence d’échantillonnage sera
suffisamment élevée (féch = 2 500 Hz) pour enregistrer convenablement la modulation parasite à 100
H. Voici à titre indicatif ci-dessous le résultat d’une acquisition (le signal récupéré est celui noté
« signalbrut » ; on verra par la suite à quoi correspondent les autres signaux) :

On récupère bien un signal basse fréquence fortement parasité. La FFT du signal confirme la
présence d’une modulation du signal vers 2,8 Hz ainsi que les fréquences parasites à 50 et 100 Hz.

III.1.2 Traitement analogique du signal


Il faut éliminer le 50 Hz et le 100 Hz
tout en conservant le signal à 2,8 Hz → On peut prendre par exemple un filtre passe bas dont la
fréquence de coupure fC = 1/(2πRC) ≈ 10 Hz, d’où le choix possible des valeurs proposées pour R
et C au § III.1.1. Le résultat d’un tel filtrage, récupéré en Y sur le schéma du montage, est noté
« filtragean » ci-dessus27. On constate qu’on récupère un signal nettement plus propre. On peut
quantifier la qualité du filtrage en effectuant la FFT du signal filtré pour mesurer l’atténuation des
raies à 50 Hz et 100 Hz par rapport au signal d’origine, et comparer le résultat obtenu à l’atténuation
théorique donnée par le filtre RC aux deux fréquences :
Y 1
H    0,196 à 50 Hz et 0,1 à 100 Hz
X 1   f / fC 
2

Le résultat du filtrage est loin d’être parfait. Si on souhaite un traitement plus performant, on peut
remplacer le filtre RC par un filtre actif comme celui proposé en [4] p. 47, en prenant par exemple
R2 = R3 = R4 = R5 = 10 kΩ et C = 5,6 μF pour avoir une fréquence centrale f0 ≈ 2,8 Hz. On peut
ensuite jouer sur R1 pour modifier le facteur de qualité du filtre. On récupère alors un signal plus

27
Ce signal a été décalé pour plus de visibilité.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

propre mais la mesure des atténuations sur Synchronie devient délicate. Des informations et des
idées de manipulations sur ce filtre sont données dans le montage « Filtrage ».

III.1.3 Filtrage numérique du signal


[2], p. 126

Un filtre analogique est un quadripôle réactif caractérisé par sa réponse en fréquence. Dans le
domaine numérique, un système peut également fournir une réponse fonction de la fréquence du
signal. Cette propriété est exploitée dans les filtres numériques : une unité de calcul utilise un
algorithme qui permet, à chaque instant d'échantillonnage nTéch, de calculer le nombre Ns en sortie
connaissant le nombre Ne à l'entrée. Le filtrage étant une opération linéaire, seule une combinaison
linéaire des échantillons d'entrée et de sortie peut conduire à cette propriété essentielle pour un filtre
numérique. On distingue alors :
- les filtres non récursifs pour lesquels la sortie sn à l'instant n Téch
est calculée uniquement à partir des échantillons d'entrée en - k pris aux instants antérieurs (n - k)
Téch. Par exemple : sn = Aoen + A1en-1 + A2en-2.
- les filtres récursifs pour lesquels la sortie sn est calculée à partir
des échantillons d'entrée en - k et de sortie sn - k pris respectivement aux instants (n - k)Téch et (n -
p)Téch. Par exemple : sn = Aoen + A1en-1 + A2en-2 + B1sn-1 + B2 sn-2.

Algorithme d’un filtre passe bas du premier ordre :


La transformée en z se prête bien à la
détermination des algorithmes modélisant les filtres mais on peut s’en dispenser ici : il suffit en
effet de partir de l’équation différentielle du filtre :

e(t)
Passe Bas s(t) .s ' (t )  s(t )  e(t ) Avec   RC
Ordre 1

On suppose que les variations de s(t) sont suffisamment lentes par rapport à la période
d’échantillonnage Téch → le résultat obtenu n’est valable que si f ≪ féch. Avec cette condition, on
peut remplacer s’(t) par :
ds( t ) s n t   s n 1 t 
s ' (t)  
dt Téch


L’équation différentielle devient alors : (s n _ s n 1 )  s n  e n
Téch

    Téch 
→   1 s n  e n  s n 1 → sn  en  s n 1
 Téch  Téch Téch   Téch  

Téch
Soit, en posant a  : s n  a.e n  (1  a )s n 1
Téch  

Cet algorithme récursif permet donc de modéliser un filtre passe bas du premier ordre tant qu’on
l’utilise avec des signaux de fréquence très inférieure à la fréquence d’échantillonnage. Il faut noter
que le paramètre a de l’algorithme dépend de cette fréquence féch.

Test de l’algorithme :
On peut facilement vérifier à l’aide d’un tableur que la fonction obtenue
simule bien un filtre passe bas du premier ordre. Il suffit par exemple de « produire » un signal

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

sinusoïdal de 50 Hz échantillonné à une fréquence féch ≫ 50 Hz , et lui appliquer l'algorithme


précédent en prenant par exemple une fréquence de coupure de 50 Hz pour calculer le coefficient a.
Le résultat doit alors donner un signal atténué de 3 dB et déphasé de – π/4 puisque fsignal = fcoupure.
On a fait cette simulation en choisissant une fréquence d’échantillonnage de 5 000 Hz → on a créé
dans le tableur une colonne de temps téch incrémentée par pas de 2.10-4 s sur 400 lignes pour pouvoir
observer 4 périodes28. On a ensuite calculé le signal sinusoïdal normalisé échantillonné à 50 Hz
sin(2π.50.téch). Le signal filtré par l’algorithme a été écrit dans une dernière colonne avec un
coefficient a = 0,059117429 et en définissant une valeur initiale nulle en première ligne30 pour
permettre à l’algorithme de démarrer sa récursivité. On a obtenu ainsi les courbes suivantes :
signal 50Hz dans passe-bas à 50 Hz
1

signal d'origine signal filtré


0,5
amplitude normalisée

0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,08 0,09

-0,5

-1
Temps (s)

L'amplitude du signal filtré correspond bien celle du signal d’origine divisée par √2, et le déphasage
entre les deux signaux vaut bien - 45° mais l’allure initiale s’écarte du résultat attendu. Cela
provient de la nature récursive du calcul effectué. Le résultat sn dépendant de l’état antérieur sn-1, il y
a forcément un souci au démarrage : quel état antérieur va être utilisé par l’algorithme pour
démarrer le processus ? On a choisi ici d’imposer s0 = 0 mais ce n’est pas pertinent si on réfléchit au
cas étudié. Le signal filtré doit avoir une amplitude divisée par √2 et être déphasé de – π/4. Il doit
donc être régit par une expression du type :

st   sin 2f .t   / 4 s0  sin   / 4    0,5


1 1
d' ou
2 2

Le choix d’une valeur initiale nulle n’est donc pas bon. Si on met - 0,5 à la place, on obtient :
signal 50Hz dans passe-bas à 50 Hz
1

signal d'origine signal filtré

0,5
amplitude normalisée

0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,08 0,09

-0,5

-1
Temps (s)

28
téch = n×Téch = n×0,0002 avec n = 0, 1, 2, …, 400.
29
a = Téch/(Téch + τ) = Téch/(Téch + 1/(2πfC)) = 0,0002/(0,0002 + 1/(2π×50)) avec les paramètres choisis.
30
On peut même laisser cette case vide, car c’est la valeur que prennent par défaut les tableurs si on ne donne rien.

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On récupère alors parfaitement le résultat escompté, mais la correction est à revoir dès que le signal
d’origine change d’amplitude, de phase, ou contient une composante continue. Il n’y a donc pas de
valeur unique de s0 qui puisse résoudre dans tous les cas ce problème de démarrage inhérent à la
nature même de l’algorithme. Une phase transitoire sera donc toujours présente, tout comme il
existe des régimes transitoires pour les filtres analogiques.

Application au signal à traiter :


La première solution peut consister à enregistrer sous Synchronie
les données du signal à traiter au format TXT pour qu’elles soient reconnues par les tableurs les plus
courants31. Il suffit ensuite d’appliquer l’algorithme précédent de la même manière. Une alternative
plus simple consiste à utiliser les fonctions prédéfinies de filtrage numérique disponibles dans
Synchronie. C’est l’option retenue ici : on a appliqué trois filtrages successifs d’ordre 1 au signal
brut obtenu au § III.1.1, avec à chaque fois une fréquence de coupure fC de 10 Hz. Le résultat obtenu
correspond à la courbe notée « Filtragenum3 » sur le graphique. On récupère un signal très propre à
2,8 Hz typique du doublet du Sodium sur cet interféromètre, précédé d’un régime transitoire. Le
signal obtenu peut être ensuite très facilement amplifié sans ajout de bruit (une simple
multiplication suffit) et débarrassé de sa composante continue résiduelle.

Conclusion :
On voit sur cet exemple très simple que ce type d’opération logicielle peut donner
d’excellents résultats. Le filtrage numérique peut avoir des inconvénients (circuits devant travailler
à fréquence élevée dans certains cas, charges de calculs importantes avec certains algorithmes
pouvant poser des problèmes pour un emploi en temps réel, problème de stabilité des algorithmes
récursifs lié à la rétroaction du processus, …) mais il a aussi de nombreux avantages comparé aux
filtres analogiques :
- la stabilité des caractéristiques. Il n’y a pas de composants qui peuvent
affecter les performances du filtre par leur vieillissement ou leur dérive en température.
- la reproductibilité de la fonction de transfert. Les filtres basés sur le même
algorithme auront des performances rigoureusement identiques.
- l’absence d’interactions lors d’associations. La mise en série de filtres
numériques ne pose aucun problème car elle n’affecte pas leur comportement fréquentiel individuel,
ce qui n’est pas forcément le cas avec des filtres analogiques passifs pour lesquels il peut se poser
des problèmes d’adaptation d’impédances (cf. montage Filtrage).
- la souplesse dans les ajustements. La réponse en fréquence d’un filtre
numérique s’ajuste facilement en changeant les coefficients de l’algorithme. On peut aussi ajuster le
domaine de fréquence étudiable en changeant la fréquence d’échantillonnage.
- la possibilité de concevoir des filtres à phase linéaire en fréquence32 ce qui,
en toute rigueur, est impossible à faire en analogique33.

Remarque :
On signale pour finir l’influence que peut avoir féch sur l’allure du signal qu’on
récupère. On peut s’en apercevoir en effectuant des acquisitions avec les paramètres suivants (les
combinaisons N,Téch proposées permettent d’avoir la même durée d’observation) :

31
Manipulation testée avec LibreOffice et Excel. Pour LibreOffice, il faut juste indiquer que le séparateur qu’utilise
Synchronie par défaut est une tabulation. Pour Excel, il suffit de valider les choix qu’il propose automatiquement.
32
Cette caractéristique est très intéressante car elle assure un temps de transit identique pour toutes les fréquences
comprises dans la bande passante du filtre, donc la non déformation du signal transmis.
33
Car cette contrainte impose d’avoir des réponses impulsionnelles paires ou impaires, donc incompatibles avec le
principe de causalité des filtres analogiques.

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

N 600 300 200 150


Téch (ms) 5 10 15 20

On constate alors que le signal est nettement moins parasité lorsqu’on échantillonne à 10 ou 20 ms.
La raison est toute simple : ces valeurs correspondent respectivement à féch = 100 Hz et 50 Hz, soit
des multiples de la fréquence du secteur → si l’accord est parfait, les différents points de mesure
sont repris à un même niveau de modulation d’intensité de la lampe par le secteur, ce qui conduit à
la disparition de cette modulation dans le spectre du signal au profit d’une composante continue. On
conçoit donc qu’on puisse éliminer ainsi une fréquence indésirable en échantillonnant exactement à
la même fréquence. C’est ce que font certains logiciels, comme Caliens par exemple, pour limiter
l’instabilité des courbes obtenues lorsqu’on étudie des lampes spectrales. La méthode n’est
cependant efficace que si l’accord entre les fréquences est parfait. Dans le cas contraire, elle fait
apparaitre une fausse fréquence correspondant au battement entre féch et fparasite qui peut être gênante
ici car elle est dans l’ordre de grandeur (le Hz) de la fréquence que l’on veut récupérer.

III.2 Filtrage d’un bruit blanc


Le bruit étudié précédemment est un cas assez
particulier car son spectre est majoritairement composé de deux fréquences. Or, le bruit apparait le
plus souvent sous forme de fluctuations aléatoires et a, par conséquent, une richesse spectrale
beaucoup plus grande. Une première approche pour le décrire consiste alors à recourir à la notion de
bruit blanc. L’objet de ce chapitre est d’étudier l’influence que peut avoir un filtrage sur un tel bruit.
On conseille de lire au préalable l’annexe 3 de ce document.

III.2.1 Quelques considérations sur le bruit


On peut observer du bruit en
regardant la tension aux bornes d’une résistance R avec un oscilloscope réglé sur une grande
sensibilité (cf. annexe 3). Le signal récupéré est alors très faible et il dépend beaucoup des
conditions expérimentales. Il vaut donc mieux utiliser un générateur de bruit pour avoir plus de
contrôle sur l’expérience. Les oscillogrammes suivants présentent un bruit b(t) d’amplitude 5 VPk-Pk
généré par le module WaveGen disponible en option sur les oscilloscopes Agilent DSO-X 2002A.
b(t) se présente comme un signal d’apparence totalement aléatoire centré sur zéro :

Si on peut le considérer comme gaussien, la valeur efficace du bruit Beff correspond à l’écart type σ
de la distribution de b(t) et vaut ≈ VPk-Pk/6. La mesure de VPk-Pk est cependant délicate car
l’estimation à l’œil de la « hauteur » de la bande lumineuse est assez subjective (la visibilité des
crêtes de bruit dépend de la brillance de la trace, de sa durée d’observation, …). Une astuce consiste
à utiliser la fonction de persistance d’affichage de l’oscilloscope : la juxtaposition d’acquisitions
successives finit par dessiner une bande de hauteur mieux définie et plus grande (cf. figure de
droite) : on a ainsi obtenu VPk-Pk = 4,94 V, un résultat en accord avec l’amplitude délivrée par le
générateur. On en déduit Beff ≈ VPk-Pk/6 = 823mV. Cette valeur corrobore à ≈ 10 % près celle

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

mesurée à l’oscilloscope (900 mV sur l’oscillogramme de gauche). On peut aussi utiliser un


multimètre pour mesurer Beff mais le résultat dépend alors beaucoup de l’appareil utilisé :

Oscilloscope Keithley Keithley Française Metrix Velleman Française


Appareil
DSO 2002 A 2000 199 FI919X MTX 3250 DVM 890 FI 125
Beff (mV) 900 340 153 96 46 26 5
Fmax mesurable (kHz) 300 100 100 100 0,4 0,5

On constate que la valeur obtenue est sensiblement liée au niveau de performance de l’appareil. Elle
est théoriquement liée à la bande passante du système de mesure (cf. § I.5 de l’annexe 3), mais ce
n’est pas simple à vérifier en pratique car cette donnée n’est généralement pas fournie dans les
notices des multimètres34. Il faut surtout retenir que le résultat sur la mesure d’un bruit est
indissociable de la bande passante du système limitant le spectre dans l’expérience.

Un bruit parfaitement aléatoire a un spectre composé d’une infinité de raies de même amplitude. On
parle de bruit blanc35. Le générateur utilisé réalise un signal conforme au modèle sur une bande de
fréquence assez large (oscillogramme de gauche), mais on constate une chute du spectre si on
pousse un peu plus loin le domaine d’analyse en fréquence36 (oscillogramme de droite). On a estimé
grossièrement à 24 MHz la bande passante à -3 dB du bruit généré. Cette valeur concorde avec la
donnée constructeur (20 MHz typique) et elle est largement suffisante pour l’expérience proposée.

III.2.2 Montage d’étude


[1], p. 89 ; [3], p. 61

Signal 10 kΩ
10 kΩ _  C
Bruit 081
+ A R
10 kΩ
C VRMS
R = 1 kΩ
10 nF < C < 1 μF
Signal S : sinusoïde 1 kHz ; VPk-Pk = 4 V (valeurs non critiques)
Bruit B : via l’oscilloscope DSO 2002 ; VPk Pk = 5 V (valeur maximale)
Voltmètre : appareil sensible et à large bande passante (Keithley 2000 par exemple)
Le montage à amplificateur opérationnel est un simple additionneur. Il permet d’obtenir le signal à
traiter. Dans la suite des expériences, relier à la masse toute entrée non alimentée par un signal.

34
Faute de mieux, on indique en troisième ligne du tableau la fréquence maximale pour laquelle le constructeur garanti
encore une incertitude sur les mesures.
35
C’est un concept théorique impossible à réaliser en pratique puisqu’il serait de puissance infinie.
36
On échantillonne tout de même à 25 MHz, et on passe ensuite à 250 MHz.

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.2.3 Influence de l’additionneur sur le bruit


Si on observe en A sans que S
soit connecté au montage, on constate une atténuation notable du bruit par rapport à l’entrée :

La valeur efficace du bruit passe en effet de 1,01 V à 288 mV sur notre exemple. Cette baisse
provient d’une réduction de la bande passante due à l’amplificateur opérationnel (on peut s’en
convaincre en remplaçant l’AO 081 par un 741 moins performant → l’amplitude du bruit diminue
encore). La FFT du signal en A le confirme : la bande passante à – 3 dB du bruit est maintenant de
l’ordre de 2 MHz, une valeur en accord avec le produit Gain×Bande Passante de l’AO 08137. On
montre en annexe 3 que la valeur efficace d’un bruit blanc tronqué idéalement est liée à la bande
passante par la relation Beff = √(DSPbruit×Δf). Si cette relation est vérifiée, on doit avoir ici :

BPen A
Beff en A  Beff à l 'entré
BPen entrée

Soit, avec nos mesures : Beff en A = 1,01 2 / 24 ,6 = 290 mV

Le résultat est assez proche de la valeur expérimentale, ce qui est assez remarquable vu les
hypothèses simplificatrices et l’estimation très grossière des bandes passantes. On peut alors donner
une estimation de la DSP. Lorsqu’il est réglé sur 5 V Pk-Pk, le générateur délivre un bruit dont la
densité spectrale de puissance vaut :

DSPbruit 
2
Beff

1,01
2
 40 nV 2 / Hz
f 24,6.10 6

Elle est très largement supérieure à celle du bruit généré par l’agitation thermique dans les
résistances du montage (DSPagitation = 4.kB.T.R = 4×1,38.10-23×300×104 = 0,1 fV2/Hz), et à celle de
l’amplificateur opérationnel qui vaut typiquement 4 fV2/Hz38.

III.2.4 Observation du signal bruité


Il suffit de connecter les signaux S et B
aux entrées de l’additionneur pour observer le signal bruité en A (cf. ci-après). On peut calculer le
RSB du signal ainsi obtenu : on mesure avec un voltmètre RMS39 la tension efficace Seff du signal
en déconnectant le bruit à l’entrée de l’additionneur et en mesurant la tension efficace du signal en

37
Il vaut typiquement 3 MHz et on a ici un gain de 1 puisque les résistances de l’additionneur sont toutes égales.
38
On ne prend en compte ici que l’« equivalent input noise voltage » donné dans la datasheet du composant, que l’on
élève au carré puisqu’on raisonne ici en puissance.
39
On pourrait continuer à utiliser l’oscilloscope pour ces mesures mais le filtrage qu’on va réaliser ultérieurement
conduit à un bruit très faible → les mesures avec un multimètre sensible sont plus précises.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

A. On mesure de même Beff en déconnectant le signal


à l’entrée de l’additionneur et en mesurant la tension
efficace du signal en A avec le voltmètre. On a ainsi
obtenu Seff = 1,366 V et Beff = 0,252 V pour notre
exemple40, soit :

 S eff 
RSB  20.Log    20.Log  1,366   14,7 dB
B   0,252 
 eff 

A titre d’exemple, les bons lecteurs CD, baladeurs mp3, ou amplificateurs atteignent facilement 90
dB, soit un RSB plus de 5000 fois plus faible ! On part donc ici avec un signal fortement bruité.

III.2.5 Influence du filtrage sur le bruit


On montre en annexe 3 que si la bande
passante du bruit Δf est très grande devant la fréquence de coupure fC du filtre, la puissance du bruit
vaut :
.f C .DSPbruit
P' bruit  Beff 2  → la valeur efficace du bruit est proportionnelle à √fC
2

Le bruit en A ayant une bande passante d’environ 2 MHz, les valeurs R, C proposées au § III.2.2
pour le filtre passe bas conduisent à des fréquences fC comprises entre 160 Hz et 16 kHz qui
remplissent la condition Δf ≫ fC. On a donc mesuré au point C la valeur de Beff en déconnectant le
signal S pour différentes valeurs de la capacité et on a tracé la courbe Beff = f(√fC) :
Bruit et bande passante du filtre
35

30

25
y = 0,2414x + 0,4108
R² = 0,9999
Beff (mV)

20

15

10

0
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0 120,0 140,0
√(fc) (√(Hz))

La relation de proportionnalité entre Beff et √fC est très bien vérifiée si on excepte un petit décalage
de 0,4 mV du à l’Offset du montage à amplificateur opérationnel → Le bruit résiduel à l’issu du
filtrage sera d’autant plus faible que la fréquence de coupure du filtre sera basse. C’est somme toute
logique puisqu’on réduit alors son spectre, donc sa puissance globale.

III.2.6 Influence du filtrage sur le RSB


On vient de voir qu’il vaut mieux
prendre la fréquence de coupure la plus basse possible pour atténuer le bruit. Mais il faut aussi
penser à récupérer l’information ! Or, si on diminue trop la fréquence de coupure, le filtre va
commencer à atténuer le signal. Un compromis est donc souhaitable, et on peut le trouver en
40
On devrait en toute rigueur avoir Seff = 1,414 V si VPk-Pk = 4 V mais l’additionneur avait un gain légèrement inférieur
à 1 (résistances de 10 kΩ légèrement différentes). On note aussi une petite différence sur la mesure de bruit comparée à
celle faite précédemment à l’oscilloscope, probablement due à une réduction de la bande passante par le multimètre.

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

regardant l’évolution du RSB en fonction de fC. On a donc, pour les mêmes valeurs de capacité que
précédemment, mesuré la valeur de Seff au point C en déconnectant cette fois ci le signal de bruit.
On en a déduit le RSB par la relation RSB = 20.Log(Seff/Beff) et tracé la courbe RSB = f(fC) :
Evolution du RSB en fonction de fc
44

42

40

38
RSB (dB)

36

34

32

30
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Fc (Hz)

On s’aperçoit alors que le RSB passe par un maximum lorsque la fréquence de coupure du filtre
passe bas est égale à la fréquence f0 du signal qu’on souhaite récupérer (résultat en accord avec le
calcul développé au § III.3 de l’annexe 3). Le filtrage est alors optimal et on atteint ici un RSB
proche de 42 dB lorsque fC = f0, soit un gain d’environ 27 dB par rapport au signal d’entrée → le
RSB est environ 500 fois plus fort dans ces conditions. On peut terminer en remarquant qu’un
filtrage de type passe bande à fort facteur de qualité centré sur f0 serait encore plus performant
puisqu’on réduirait encore plus la bande passante. On ne le présente pas ici car les mesures sur le
bruit sont alors trop délicates.

III.3 Quelques informations sur des outils de traitement du signal présents dans les
oscilloscopes numériques

III.3.1 Le moyennage
C’est probablement l’opération de traitement du signal
la plus utilisée sur les oscilloscopes numériques. On s’en sert pour débarrasser un signal répétitif du
bruit qui l’accompagne. Le principe de base consiste à réaliser plusieurs acquisitions (N = 4 dans
l’exemple ci-dessous) sur K points du même phénomène (acquisitions synchronisées). On effectue
ensuite une moyenne point par point des différents enregistrements :

K-4 K -3 K-2 K -1 K

Acquisitions successives
+ Addition des N échantillons

÷4 Division par N acquisitions


Echantillons moyennés

K-4 K-3 K-2 K-1 K

On conçoit facilement que l’opération appliquée à un signal bruité tende à renforcer ses
caractéristiques systématiques au détriment des fluctuations aléatoires : si le déclenchement des
différentes acquisitions est synchronisé sur un signal s(t) supposé parfaitement reproductible, les
valeurs Si du signal à un instant ti de l’acquisition sont toujours les mêmes quel que soit
l’enregistrement. s(t) sort donc indemne de l’opération de moyennage, et sa valeur efficace Seff reste

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

inchangée. Il n’en est pas de même pour le bruit b(t) s’il est parfaitement aléatoire car il n’y a
aucune corrélation entre les échantillons des différentes acquisitions : les valeurs Bi à un instant ti
des N acquisitions sont toutes différentes, tantôt positives ou négatives pour un bruit centré autour
de zéro → leur accumulation lisse progressivement le signal <b(t)>. On alors peut montrer (cf. [8],
p. 107) que la valeur efficace du bruit Beff diminue en racine carré du nombre d’acquisition.

Vérification :

Générateur OSCILLOSCOPE
de bruit NUMERIQUE

La manipulation a été testée avec un oscilloscope Agilent DSO-X 2002A et son module intégré
WaveGen comme générateur de bruit. On a mesuré la valeur efficace du bruit à l’aide des mesures
automatique de l’appareil, pour un signal moyenné sur un nombre d’acquisition N compris entre 4
et 256. Voici à titre indicatif le résultat des mesures effectuées sur différentes bases de temps BT,
l’amplitude du bruit n’ayant pas été modifiée au cours de l’expérience :

Attention, il y a une précaution importante à respecter lorsqu’on fait ces mesures : on peut être
tenté de changer le calibre de l’oscilloscope en cours de manipulation pour améliorer la précision
des mesures car l’amplitude du bruit devient de plus en plus faible au fur quand on augmente le
moyennage. C’est une erreur à ne pas commettre car le bruit a toujours la même amplitude ! → Si
on augmente la sensibilité verticale de l’appareil lorsque le signal moyenné apparait trop faible, on
tronque chaque acquisition individuelle, ce qui fausse la mesure de <Beff>.

Analyse des résultats :


Les mesures confirment l’atténuation en 1/√N, mais on note aussi que le
bruit dépend de la base de temps : on obtient toujours à peu près la même droite lorsque la BT est
suffisamment faible (cela a été vérifié sur notre exemple pour des BT inférieures à 5 μs/div). En
revanche, la pente de la droite diminue lorsque la BT devient trop importante → le bruit subit une
atténuation pour les durées d’acquisition les plus longues. Cet effet est dû à un processus de
décimation qu’enclenche alors l’appareil41 car il n’a plus assez de mémoire pour conserver tous les
échantillons issus de son convertisseur.

41
Cf. chapitre « Modes d’acquisition » dans les notices des oscilloscopes Agilent DSO 5012A ou DSO 2002A par
exemple, et annexe 3 de ce document.

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Remarque :
L’atténuation en √N explique pourquoi le moyennage est surtout efficace au début →
Dans la plupart des cas, une moyenne sur un faible nombre d’acquisition (4 ou 8) suffit
généralement pour « nettoyer » un signal de manière notable.

III.3.2 Le mode Haute Résolution


Ce mode d’acquisition utilise encore une
méthode basée sur le moyennage mais le calcul se fait cette fois ci sur les échantillons adjacents
d’une seule acquisition :
Echantillons issus d’un processus d’échantillonnage à f éch

+ +
Moyennage de N échantillons
successifs (4 dans cet exemple)
÷4 ÷4

Echantillons issus du processus


Signal résultant équivalent à un signal échantillonné a féch/N = féch/4 dans cet exemple

Contrairement au mode précédent qui préservait la fréquence d’échantillonnage, le mode haute


résolution réduit féch et limite ainsi la bande passante des fréquences que peut observer
l’oscilloscope42. On doit donc s’attendre, de manière similaire au § III.2.2, à une baisse du bruit
proportionnelle à √féch.

Vérification :
Même montage que précédemment. On a mesuré cette fois ci la valeur efficace d’un
bruit observé en mode Haute Résolution en augmentant progressivement la base de temps de
l’oscilloscope pour diminuer sa fréquence d’échantillonnage effective43 :

42
Il est en contrepartie plus réactif puisqu’il n’est pas nécessaire d’attendre la compilation de N acquisitions pour
obtenir un résultat.
43
L’oscilloscope Agilent DSO-X 2002A affiche cette fréquence en haut et à droite de l’écran.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le générateur de bruit ayant une bande passante d’environ 20 MHz, on a commencé les mesures
avec une base de temps de 100 µs/div (car cela correspond a une fréquence d’échantillonnage
effectif de 25 MHz sur l’oscilloscope utilisé) pour que les changements ultérieurs de base de temps
affectent directement la bande passante du bruit.

Analyse des résultats :


Les mesures confirment une atténuation du bruit en √féch.

Remarque importante :
L’opération de moyennage sur des échantillons successifs permet de
réduire le bruit aléatoire en produisant une trace plus lisse mais elle présente aussi l’avantage
d’augmenter le rapport signal sur bruit de l’acquisition et ce, paradoxalement, grâce au bruit
aléatoire présent sur les entrées du dispositif d’acquisition44 ! Pour le comprendre, il suffit
d’imaginer un convertisseur analogique - numérique 1 bit travaillant sur des tensions comprise entre
0 et 1 V. Si on applique une tension de 0,25 V à l’entrée de ce CAN et qu’on fait plusieurs mesures,
il se contentera de donner une succession de 0 en sortie et l’information sur la tension sera perdue a
cause du quantum trop fort45 du convertisseur. Imaginons maintenant qu’on ajoute à la tension de
0,25 V un bruit aléatoire centré, d’amplitude légèrement supérieure à + 0,5 V. Dans ce cas, le CAN
donnera sur plusieurs mesures une succession de 0 et de 146, mais avec une plus forte probabilité
d’obtenir des 0. On comprend alors facilement qu’une moyenne sur un nombre suffisant de résultats
permette d’aboutir à la valeur de 0,25 V pour la tension étudiée. On peut donc ainsi récupérer
grâce au bruit une information inférieure au quantum. C’est de cette manière que les
oscilloscopes modernes, équipés le plus souvent de convertisseurs 8 Bits et donc normalement
plafonnés à un RSB de 50 dB (cf. § I.3.4), peuvent dépasser largement ce seuil dans l’analyse des
signaux.

Bibliographie :
[1] : Duffait ; Expériences d’électronique, Agrégation de physique (Bréal)
[2] : Mérat Moreau ; Physique appliquée - Electronique, Electronique de puissance -
Term F2 – Nathan
[3] : Quaranta, Tome III : Electronique
[4] : Michel Krob : Electronique expérimentale
[5] : BUP 754, p. 707-730 et 775-799
[6] : Francis Cottet ; Traitement du signal ; aide-mémoire ; 2ème édition, p. 50 et
suivantes (version abrégée de la référence suivante).
[7] : Francis Cottet ; Traitement des signaux et acquisition de données ; 3ème édition,
p. 54 et suivantes.
[8] : Skoog : Principes d'analyse instrumentale ; cinquième édition
[9] : Effects of Averaging to Reject Unwanted Signals in Digital Sampling
Oscilloscopes - Teradyne Application Note (disponible sur Internet)

44
C’est le principe du dithering.
45
On retrouve ici un point soulevé au § I.3.4 : le quantum limite la résolution du CAN en empêchant l’observation des
détails qui sont plus fins que lui.
46
On suppose que ce CAN génère un 0 pour une tension comprise entre – 0,5 V et + 0,5 V et un 1 pour une tension
comprise entre + 0,5 V et + 1,5V.

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 : LA TRANSFORMEE DE FOURIER

I RAPPELS MATHEMATIQUES
Soit un signal s(t) dépendant de la variable t et satisfaisant les
conditions de Dirichlet :



 s(t ) dt   Absolument intégrable et s(t) continu par morceau

Dans ces conditions, s admet une transformée de Fourier définie par :



 j2 ft
TF[s(t)]  S(f )   s(t)e

dt Pour les signaux temporels.

 jkr
TF[s(r)]  S(k)   s(r)e

dr Pour des signaux spatiaux (k = vecteur d’onde = 2/).

II PROPRIETES UTILES DE LA TRANSFORMEE DE FOURIER

II.1 Propriété 1 : Translation dans l’espace


Nous allons calculer l’influence d’une
translation r0 de r sur la TF d’un signal spatial. Soit S(k) la TF de s(r) ; on a alors dans ce cas :

 jkr
TF[s(r  r0 )]   s(r  r ).e

0 dr

 jkR  jkr0
Il vient, avec le changement de variable R = r - r0 : TF s(r  r0 )    s(R).e e dR

Ce qui conduit à :
 jkr0
TF[s(r  r0 )]  e TF[s(t)]

Conclusion :
Toute translation dans l’espace (ou dans le temps pour les signaux temporels) ne
produit qu’un déphasage de la TF.

II.2 Propriété 2 : TF du produit de deux fonctions

TF[r(t).s(t)] = ∫r(t).s(t).e-2πjft.dt = ∬R(f’). e-2πjf’t.df’.s(t). e-2πjft.dt = ∫R(f’)∫s(t). e-2πj(f – f’).dt.df’

= ∫R(f’)S(f – f’)df’

D’où :
TF[r(t).s(t)] = TF[r(t)]⊗TF[(s(t)] (voir la définition du produit de convolution)

Conclusion :
La TF du produit de deux fonctions est le produit de convolution des TF.

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 2 : LE PRODUIT DE CONVOLUTION

I RAPPELS MATHEMATIQUES
Soient f(x) et g(x) deux fonctions sommables. Leur produit de
convolution, qu’on note h(x) = f(x)⊗g(x), est la fonction :

h(x)   f ( y).g(x  y)dy


Signification géométrique :
Le produit de convolution peut se décomposer de la manière suivante.
Supposons que f(x) et g(x) aient pour graphes :
f(x) g(x)

0 x 0 x

g(y), g(-y) et g(x0-y) sont représentées par :


g(y) g(-y) g(x0 -y)

0 y 0 y 0 x0 y

Sur un même graphe portons f(y) ; g(x0-y) et leur produit de f(y).g(x0-y) :


g(x0 - y)

La surface hachurée représente f(y) f(x).g(x0 - y)



h(x 0 )   f ( y).g(x

0  y)dy
y
0 x0

Quand x0 prend toutes les valeurs possibles, c’est à dire varie de - ∞ à +∞, nous obtenons la
fonction h(x), convolution de f(x) et g(x). En pratique les fonctions sont non nulles sur un support
fini, donc l’intégrale a des bornes finies.

L’exemple qui suit permet de comprendre comment s’effectue le produit de convolution dans le cas
de signaux numériques où les signaux h et g sont numériques et définis par les suites {f(n)} et
{g(n)}, le produit de convolution s’écrit alors :
s(n) = h(n)⊗g(n) = k f (k ).g (n  k )
On considère les signaux suivants :
h(0) = 1 g(0) = 1 dimension de h : N = 3
h(1) = 2 g(1) = 1 dimension de g : M = 4
h(2) = 3 g(2) = 2
g(3) = 2

→ s(0) = 1, s(1) = 3, s(2) = 7, s(3) = 9, s(4) = 10 et s(5) = 6. La dimension du signal convolué est
N+M-1

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II PROPRIETES UTILES DU PRODUIT DE CONVOLUTION

II.1 Propriété 1 : Elément neutre du produit de convolution


L’élément neutre du
produit de convolution est la distribution de Dirac :
h(t)⊗δ(t) = ∫h(u).δ(t – u).du = h(t)

La convolution par un pic de Dirac renvoie donc le signal dans son entier. Il en résulte que
convoluer un signal par une distribution de Dirac décalée permet de translater le signal. En effet :
h(t)⊗δ(t – a) = h(t – a) qui est une fonction de t

II.2 Propriété 2 : Convolution par un peigne de Dirac

s( t )  peigne ( t )  s( t )   ( t  n )    s( u )( t  n  u )du   s( t  n )


n n n

Il en résulte que la convolution d’un signal par un peigne de Dirac permet de périodiser le signal.
Cette application est extrêmement utile pour décrire mathématiquement le phénomène de
périodicité.

II.3 Propriété 3 : Transformée de Fourier du produit de convolution


Soient deux
signaux s(t) et r(t) dont les transformées de Fourier sont respectivement S(f) et R(f). Nous allons
calculer la transformée du produit de convolution de s par r :

TF[s(t)⊗r(t)] = ∫[s(t)⊗r(t)]e-2πjft.dt = ∬s(u).r(t – u)e-2πjft.dt.du = ∫s(u)∫r(t – u)e-2πjft.dt.du

= ∫s(u)∫r(t – u)e-2πjf(t – u).dt.e-2πjfu du = ∫s(u).e-2πjfu du∫r(p)e-2πjfp.dp où p = t - u

= S(f).R(f)
Donc TF[s(t)⊗r(t)] = TF[s(t)]. TF[r(t)]

II.4 Propriété 4 : Transformée de Fourier d’un produit de fonction


On sait (voir
l'annexe sur la transformée de Fourier) que : TF[r(t).s(t)] = TF[r(t)]⊗TF[(s(t)]

III UTILISATION DU PRODUIT DE CONVOLUTION

III.1 Application en diffraction


Réseau d’amplitude :
On appelle ainsi une
succession périodique de traits noirs et de traits transparents, présentant donc une transparence t
représentée par la figure ci-après, où a est le pas du réseau, d la largeur d’un trait transparent et T la
longueur du réseau.
t a

d
x
L

D’après le principe de Huyghens-Fresnel, si ce réseau est éclairé par une onde plane

31
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

monochromatique de longueur d’onde , l’amplitude complexe diffractée à une distance D (très


grande par rapport aux dimensions du réseau) est T, transformée de Fourier de t.

Construction mathématique de t :
Une fente est représentée mathématiquement par la fonction
rect(x/d). On veut périodiser cette fonction dans l’espace. D’après la propriété 2, on fait un produit
de convolution par un peigne de Dirac. Le réseau est de largeur finie L, il faut donc limiter
l’extension de la fonction entre -L/2 et L/2 : on multiplie donc par rect(x/L).

t = [rect(x/d)⊗peigne(x/a)].rect(x/L)

x
peigne   =
a


 (x  na)

rect(x/d) = 1 si x ∈ [- d/2 ; + d/2] et 0 sinon

rect(x/L) = 1 si x ∈ [- L/2 ; + L/2] et 0 sinon

D’après les propriétés 3 et 4 : T = {TF[rect(x/d)].TF[peigne(x/a)]}⊗TF[rect(x/L)]

= [d.sinc(dfx).peigne(afx)]⨂L.sinc(Lfx)

1  n

px
Avec peigne (a f x ) =   fx   et fx =
a   a D

Interprétation physique de ce calcul :


Signification de [sinc(dfx).peigne(afx)] :
On a un peigne de
Dirac modulé en amplitude par un sinus cardinal. Le peigne signifie que la lumière est concentrée
en des points de fréquence fx = k/a où k est un entier relatif représentant les différents ordres du
réseau. Le sinus cardinal correspond à une modulation de l’amplitude de ces pics : plus les fentes d
seront petites, plus on pourra observer d’ordre. L’observateur étant sensible à │T│2, on peut
résumer le tout par la figure suivante :
 T2 
sinc2(dfx)

fx
1/a 1/d 2/a 2/d

Signification de sinc(Lfx) :
Chaque point est remplacé par
une tache de diffraction, dont le premier zéro est à une distance 1/L du maximum.

fx
1/L

32
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On peut s’entrainer à retrouver les figures de diffraction de deux fentes. On suivra la


méthode suivante : construire t mathématiquement, établir l’expression de T en utilisant les
différentes propriétés de la convolution et de la transformée de Fourier puis interprétation physique
du résultat. On trouvera la solution page 116 du Sextant, Optique expérimentale de chez Hermann.

III.2 Application en spectroscopie


On peut recueillir l’interférogramme ci-dessous à
l’aide d’un Michelson dont le chariot est motorisé. On souhaite en déduire le spectre de la lampe
utilisée.
I()
L = 1/

Afin de pouvoir résoudre ce problème à la main, on suppose que l’enveloppe de l’interférogramme


est une Gaussienne et que sous l’enveloppe on a un sinus. On peut donc exprimer
mathématiquement l’interférogramme comme le produit d’une Gaussienne par un sinus :

Interférogramme = Gaussienne.Sinus

On sait que le spectre en nombre d’onde est la transformée de Fourier de l’interférogramme.

D’après la propriété 4 : Spectre = TF[Gaussienne(δ)]⊗TF[Sinus(δ0)]

On sait que la transformée de Fourier d’une Gaussienne dans le domaine temporel est une
Gaussienne dans le domaine spectral → Spectre = Gaussienne()⊗ ( - 0).

D’après la propriété 1 : Spectre = Gaussienne( - 0)

On retrouve le résultat connu : B()



0 

III.3 Application en traitement du signal : effet du fenêtrage temporel


On veut
étudier le spectre d’un signal s(t) à l’aide d’un analyseur de spectre. L’opération mathématique
effectuée par l’appareil (une transformée de Fourier discrète) est obligatoirement limitée à N
échantillons, c’est à dire à une durée α = N/fe où fe est la fréquence d’échantillonnage de l’analyseur
de spectre). On peut exprimer mathématiquement cet effet :
sΠ(t) = s(t).Πα(t)
sΠ(t) est le signal fenêtré

Πα(t) est la fenêtre et vaut 1 pour t ∈ [0 ; α] et 0 ailleurs

D’après la propriété 4, le spectre en fréquence SΠ(f) de sΠ(t) est donc donné par :

SΠ(f) = S(f)⨂sinc(παf) Où S(f) est le spectre du signal s(t)

Dans le cas d’un signal périodique, S(f) est un spectre discret que l’on peut exprimer
mathématiquement comme une somme de Dirac. D’après la propriété 1, le spectre du signal fenêtré

33
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

est donc un ensemble de fonctions sinc(f) centrées sur les fréquences qui composent le signal.

Exemple :
La figure ci-dessous représente le spectre d’un signal périodique composé de deux
signaux sinusoïdaux purs de fréquence 1 kHz et 1,5 kHz et d’amplitude égale. La fenêtre
temporelle de mesure ou de calcul est de 20 ms soit respectivement 20 périodes pour le signal à
1kHz et 30 périodes pour le signal à 1,5 kHz.

A la place de deux raies spectrales théoriques aux deux fréquences considérées, nous obtenons donc
deux fonctions sinc qui donnent un spectre continu présentant un maximum pour les deux
fréquences 1 kHz et 1,5 kHz.

III.4 Application en traitement de signal : échantillonnage et FFT


Les analyseurs de
spectres que l’on utilise sont numériques. Ils échantillonnent le signal et c’est à partir du signal
échantillonné qu’ils calculent le spectre du signal. Cela à une influence importante sur le résultat
obtenu : l’échantillonnage temporel provoque la périodisation du spectre autour de la fréquence
d’échantillonnage.

Remarque importante :
Selon le support fréquentiel de x(f) et fe, les motifs spectraux périodisés de
X(f) sont à supports disjoints ou se recouvrent. Dans le second cas, la présence d’un recouvrement
spectral partiel entraîne la non - réversibilité de la transformation : on parle d’effet de repliement. Le
théorème de Shannon précise les conditions de validité de l’opération d’échantillonnage : si la
fréquence maximum contenu dans le signal est fmax la condition de non repliement est assurée si fe =
1/Te  2fmax.

f
-fmax 0 fmax

-fe 0 fe < 2fmax

34
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 3 : FILTRAGE ET RAPPORT SIGNAL/BRUIT

I GRANDEURS CARACTÉRISTIQUES D’UN SIGNAL

I.1 Valeur moyenne


La moyenne d’un signal s(t) est définie dans le cas le plus
général par la relation :
tT
1
S moy  lim
T  T  s(t ).dt
t

Cette grandeur n’est pas utile ici car elle est nulle pour les signaux envisagés : le résultat est trivial
pour un signal sinusoïdal, et on peut facilement le concevoir pour un bruit. Il suffit d’observer à
l’oscilloscope la tension aux bornes d’une résistance R47 de valeur quelconque :

On remarque que la tension de bruit b(t) semble


être totalement aléatoire (bruit blanc48), et aussi
souvent positive que négative (donc centrée
autour de 0). Dans ces conditions (bruit blanc
centré), la valeur moyenne <b(t)> est aussi nulle.
Il faut donc bien trouver une grandeur plus
pertinente pour caractériser ces 2 signaux.

I.2 Valeur efficace


Elle correspond à la racine carrée de la valeur moyenne de s2(t) :

tT
1
S eff  s
2
lim (t ).dt
T  T
t

Cette grandeur est plus intéressante car l’élévation au carré permet d’obtenir un résultat non nul.

I.2.1 Cas d’un signal sinusoïdal


On considère un signal s(t) = Acosω0t. On a
alors :
tT
1
 lim A cos2 0 t.dt
2 2
S eff
T T
t

Le signal étant périodique de période T0, le calcul se ramène à celui sur une période49 :
47
Le signal obtenu ici ne correspond pas uniquement au bruit lié à l’agitation thermique dans la résistance car il vaut
√(4kBTRΔf) en valeur efficace, soit ≈ 100 μV dans l’expérience (résistance de 10 kΩ ; oscilloscope à 70 MHz de bande
passante) → Ce niveau est tellement faible qu’il est facilement pollué par des bruits externes d’influences et donc
difficilement observable seul.
48
Cette notion sera précisée au § I.5.2.
49
C’est le cas dès que T ≫ T0 car on a alors T = NT0 + un rajout, avec N grand → on intègre le signal N fois sur T0 et 1
fois sur le rajout → même si la deuxième intégrale donne une valeur différente, sa contribution à la moyenne est
négligeable comparée aux N autres calculs. Il n’y a même plus d’approximations à faire avec un signal parfaitement
sinusoïdal car il est de durée infinie.

35
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

A2  0 
t  T0 t  T0 tT t  T0
1 A2 1  cos 20 t
 t    .dt    dt   cos 20 t.dt 
2 2 2
S eff A cos 0 t .dt
T0 T0 t
2 2T0  t t 

Le deuxième terme est nul car il correspond au calcul de l’intégrale d’un cosinus sur 2 de ses
périodes. On obtient donc le résultat classique Seff = A/√2.

I.2.2 Cas du bruit


Le bruit étant une grandeur aléatoire, b(t) ne peut pas avoir
d’expression analytique et seule une description statistique est adaptée. Si on considère que la loi de
distribution des valeurs possibles pour b(t) est une Gaussienne, Beff correspond alors à l’écart-type σ
de la distribution, et 99 % des valeurs prises par le bruit sont comprises dans un intervalle de largeur
6σ. On peut donc, sous cette hypothèse, estimer la valeur Beff d’un bruit en divisant par 6 la valeur
crête-crête du signal.

I.3 Puissance
On peut s’appuyer sur deux exemples piochés en Physique pour voir
comment appliquer ce concept à un signal : la puissance électrique instantanée aux bornes d’une
résistance R vaut Pél = u(t)×i(t) = v2(t)/R ; la puissance acoustique d’une onde plane progressive
s’écrit Pa = S.p(t).v(t) = p2(t)/(ρc/S). Dans les deux cas, cette grandeur correspond au signal au carré,
pondéré par un coefficient caractéristique de la nature physique du signal et du milieu où il
s’applique (l’impédance) → la notion de puissance peut être généralisée en la définissant
simplement par50 :
1 tT 2
Pinst  s 2 (t ) D’ou Pmoy  lim  s (t ).dt  S eff
2
T  T t

On peut l’appliquer ainsi directement à un signal51. La puissance moyenne correspond alors


simplement à la valeur efficace au carré du signal, soit S2eff = A2/2 pour le signal sinusoïdal, et B2eff
pour le bruit, soit sa variance si on le suppose Gaussien.

I.4 Energie
t2

Comme P = W/t, on a : W   s (t ).dt W totale   s 2 (t ).dt
2
Et

t1

L’énergie est embarrassante à manipuler pour le cas étudié52 car sa valeur dépend de la durée
d’observation et tend vers l’infini lorsque t → ∞. La puissance ne pose pas ce genre de problème
donc c’est la grandeur privilégiée pour cette étude.

I.5 Description dans l’espace fréquentiel


On a l’habitude de caractériser les filtres par
leur action dans cet espace. Ce mode de description appliqué au bruit est aussi très instructif.

Un signal s peut être décrit en termes de fréquences : il suffit de faire la transformée de Fourier de
s(t) pour obtenir S(f)53. L'énergie totale d'un signal ne dépendant pas du mode de représentation
choisi pour le décrire, on a (égalité de Parseval) :

50
En électricité on peut voir cette grandeur comme la puissance débitée sur une résistance de charge de 1 Ω.
51
Tout en gardant à l’esprit qu’il faut pondérer le résultat pour obtenir une valeur réelle de la puissance.
52
C’est l’inverse pour les signaux transitoires.
53
Il faut en toute rigueur que le signal soit de carré sommable pour avoir une énergie finie.

36
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

 
W totale   s 2 (t ).dt   S 2 ( f ).df
 

Ou S2(f) représente la densité spectrale d’énergie (l’énergie par unité de fréquence, notée DSE) du
signal considéré54. Ce mode de description peut aussi s’appliquer à la puissance. On a alors :


Pmoyenne  S
2
P ( f ).df


S2( f )
Ou S ( f )  lim
2
P représente la densité spectrale de puissance (puissance par unité de
T  T
fréquence, notée DSP) du signal.

DSP d’un bruit blanc :


Un phénomène parfaitement aléatoire ne présente aucune corrélation avec
lui-même, même sur des échelles de temps très longues → il n’a aucune périodicité et sa fonction
d’autocorrélation est tout le temps nulle, sauf lorsque le temps de corrélation vaut 0. C’est donc un
pic de Dirac centré sur 0. La densité spectrale correspondant à la TF de cette fonction, on aura un
spectre continu et plat → b(t) va contenir toutes les fréquences possibles55, avec des amplitudes
identiques (DSP constante) :
Bruit blanc idéal Bruit blanc tronqué
DSP DSP
DSPbruit DSPbruit

Δf
f f

Le bruit blanc n’a cependant pas d’existence physique puisqu’il serait de puissance infinie. Il est
limité en pratique par le système qui possède la bande passante la plus faible. Pour les observations
à l’oscilloscope dans l’expérience proposée, le dispositif limitant est le générateur de bruit puisque
le constructeur annonce une bande passante de 20 MHz pour le module contre 70 MHz pour
l’oscilloscope. Par contre, si on utilise un multimètre pour les mesures, c’est lui qui sera le facteur
limitant. Dans tous les cas de figure, on considèrera pour simplifier une fonction de transfert
idéalisée conduisant à une DSP constante jusqu’à une certaine fréquence, suivie d’une
coupure franche au-delà. On a alors :

Pmoyenne bruit   S P2 ( f ).df  DSPbruit  f


La puissance moyenne correspondant au carré de la valeur efficace (cf. I.3), on a, pour le bruit :

Beff  DSPbruit  f

Conclusion importante :
La valeur efficace d’un bruit dépend de la bande passante Δf. C’est
logique car si Δf augmente, on prend plus de bruit puisqu’on limite moins son spectre (plus de bruit
HF) → la DSP étant supposée constante, la puissance et la valeur efficace du bruit augmentent. Cela

54
On peut montrer que cette densité spectrale correspond à la transformée de Fourier de la fonction d’autocorrélation du
signal s(t).
55
Dans tout ce qui suit, il faudrait en toute rigueur représenter la partie négative des spectres. On ne le fait pas ici pour
plus de simplicité.

37
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

entraine plusieurs conséquences pratiques :


- quand on mesure un bruit, la bande passante de
l’appareil de mesure peut le filtrer, et donc modifier sa valeur → Il n’y a donc pas de résultat
absolu à cette mesure. On peut en revanche en déduire la DSP du bruit si on connait la bande
passante puisqu’on a DSPbruit = (Beff)2/Δf.
- on peut diminuer une tension de bruit en filtrant
le signal → si on veut minimiser le bruit, on a intérêt à limiter si possible la bande passante à la
largeur utile du spectre du signal à transmettre (filtrage optimisé ; cf. III.4).

II RAPPORT SIGNAL SUR BRUIT (RSB)


C’est, pour les raisons invoquées précédemment,
un rapport exprimé en puissance :
2
Puissance moyenne du Signal S 
RSB    eff 
Puissance moyenne du Bruit  Beff 
2
P  S  S 
Soit en dB : RSB  10 log  S   10 log  eff
56
  20 log  eff 
 PB   Beff   Beff 

Pour un signal sinusoïdal noyé dans un bruit blanc tronqué idéalement, on a :

S eff  A / 2 2
 S eff  A2
→ RSB    

 Beff  2.DSPbruit  f
Beff  DSPbruit  f

Le résultat dépend lui aussi de la bande passante Δf dans l’expérience : le RSB se dégrade lorsque
Δf augmente puisqu’on prend alors plus de bruit, avec toujours le même signal.

III ACTION D’UN FILTRE SUR LE RSB


On suppose dans cette partie qu’on traite le signal
57
bruité par un filtre passe bas du premier ordre de fréquence de coupure fC.

III.1 Puissance du signal en sortie


Le calcul est assez simple car on connait la valeur
efficace d’un signal sinusoïdal (Seff = A/√2), et on sait qu’elle est « concentrée spectralement » sur
la fréquence f0 de ce signal. Un filtre agissant par nature de façon linéaire sur le spectre, il suffit de
multiplier Seff par la valeur de la fonction de transfert du filtre à la fréquence f0 pour connaitre la
tension efficace S’eff en sortie de filtre :

A 1
S' eff  S eff  H ( 0 ) 
2 1  f 0 / f C 2

56
On peut remarquer qu’on obtient une expression similaire aux fonctions de transferts des filtres → ces fonctions
expriment donc un rapport de puissance sortie/entrée si les impédances d’entrée et de sortie de filtre sont identiques.
57
Ce n’est pas le filtre le plus efficace pour le problème posé. Un passe bande centré sur f0 permettrait une réduction
plus forte du bruit, mais l’efficacité est alors si grande que les mesures pratiques de RSB sont trop délicates.

38
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La puissance s’en déduit aisément puisque P = S2.

III.2 Puissance du bruit en sortie


Le principe du calcul est le même sauf que le bruit
contient toutes les fréquences comprises entre 0 et Δf avec une amplitude constante :
 f f
1 df
  DSPbruit  1  f / f 2
2
P' bruit  S 2P (f ). H ( ) df  df  DSPbruit
 0 1  f / f C  2
0 C

Soit, en posant x = f/fC :


f / f C
 DSPbruit  f C arctg x 0f / fC  DSPbruit  f C  arctg f / f C 
dx
P' bruit  DSPbruit  f C  1 x 2
0

On peut simplifier le résultat si on suppose la bande passante Δf très grande devant la fréquence
de coupure fC du filtre. L’arc tangente tend alors vers π/2, d’où :

.f C .DSPbruit
P' bruit  ⟺ f  f C
2

Contrairement à l’entrée, la puissance du bruit en sortie ne dépend plus de la bande passante ce qui
est normal puisqu’on suppose Δf ≫ fC → on peut rajouter en entrée autant de bruit HF que l’on
veut, ça ne changera rien s’il est suffisamment haut en fréquence par rapport à fC puisqu’il sera alors
totalement éliminé par le filtre passe bas. La puissance est en revanche d’autant plus faible que la
fréquence de coupure sera basse, ce qui est tout aussi logique puisqu’on réduit alors le spectre du
bruit, donc sa puissance globale.

III.3 RSB en sortie ; filtrage optimisé


On obtient, par combinaison des expressions
précédentes :
S' eff 2
2 2
A 2 H ( 0 ) 2 A 2 H ( 0 )
RSB'   
P' buit 2.f C .DSPbruit .f C .DSPbruit

On peut se poser la question de savoir si on peut optimiser ce RSB par un choix judicieux de la
bande passante du filtre, donnée ici par fC puisqu’on à un filtre passe bas. Pour le savoir, on peut
développer le RSB avec l’expression de H(ω0) :

1 f C2 A2 fC
→ RSB' 
2
H(0 )  
1  f 0 / f C 2 f C2  f O2 .DSPbruit f C  f O2
2

Il suffit alors de chercher l’extrémum de RSB’ en regardant la condition :

  fC 
 2   0 

f C2  f O2  f C 2f C 


f O2  f C2
⟺ fC  f0
f C f  f2 
 C O  f C2  f O2
2
f C2  f O2   2

 
On a tracé le graphique de la fonction f C / f C2  f O2 avec une fréquence f0 normalisée à 1 pour
vérifier que cet extrémum correspond bien à un maximum :

39
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

→ L’amélioration du RSB vis-à-vis d’un bruit blanc est bien maximale lorsque la fréquence
de coupure du filtre est égale à la fréquence du signal. On dit alors que le filtre est optimisé.

Bibliographie :
Jacques Max, Jean Louis Lacoume ; Méthodes et techniques de traitement du
signal : p. 55 et suivantes.
Francis Cottet ; Traitement du signal ; aide-mémoire ; 2ème édition, p. 50 et
suivantes.
Francis Cottet ; Traitement des signaux et acquisition de données ; 3ème édition, p.
54 et suivantes.

40
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 4 : QUELQUES SPECIFICATIONS DE CERTAINS OSCILLOSCOPES

OSCILLOSCOPE HP 54603B TDS 2002 Agilent DSO5012A Agilent DSO-X 2002A


Mode Single : 1 000 000 Mode Single : 100 000 points par
2000 points par voie points pour les 2 voies voie
Profondeur mémoire 2500 points pour chaque voie
(avec vecteurs actifs en
maximum58 59 (mode Normal ou mode Single)
mode Normal ou Single) Mode Normal : 500 000 points Mode Normal : 50 000 points par
pour les 2 voies voie
Max Sample Rate60 20 MSa/s 1 Géch/s 2 Géch/s 2 Géch/s
Base de calcul par défaut de la Calcul avec 2048 échantillons
1000 points 1000 points 65 536 points
FFT Affichage sur 1024 points
Système d’affichage
255 V × 500 H 240 V × 320 H 640 V × 1000 H61 480 V × 800 H
Vertical × Horizontal
Résolution verticale acquisition 8 bits 8 bits 8 bits 8 bits
Precision gain vertical 2,4 % Full Scale 3 % Full Scale 2 % Full Scale 3 % Full Scale
Précision mesure verticale à 2
2,8 % Full Scale 3 % Full Scale + 0,1 division 2,4 % Full Scale 3,5 % Full Scale
curseurs
0,01 % valeur mesurée 1 intervalle d’échantillonnage 62
0,0025 % valeur mesurée 0,0025 % valeur mesurée
Precision mesure Δt
+ 0,2 % Full Scale + 100 ppm×lecture + 0,4 ns + 0,1 % Full Scale + 0,16 % Full Scale

58
La profondeur annoncée pour l’Agilent DSO5012A est à répartir entre les 2 voies : il y a par exemple 500 000 points de disponibles pour une seule voie active DSO5012A en
mode Normal. Si les 2 voies sont activées dans ce mode, il y a alors 250 000 points de disponibles pour chaque voie.
59
La profondeur annoncée pour l’Agilent DSO-X 2002A n’est valable que depuis la version 02.31 du microprogramme de l’appareil. Pour toute version antérieure, il y a 100 kpts
pour les 2 voies en mode Single et 50 kpts pour les 2 voies en mode Normal.
60
Les fréquences annoncées sont les fréquences réelles auxquelles travaillent les convertisseurs mais elles ne sont effectives que pour des durées d’observation suffisamment courtes.
En effet, un oscilloscope travaillant à la fréquence d’échantillonnage féch rempli une profondeur mémoire donnée N en un temps T R = N×Téch = N/féch → Si la durée d’observation
Tobs est inférieure à TR, l’oscilloscope échantillonne effectivement à féch sans remplir totalement sa mémoire (et il doit interpoler le signal acquis si il veut la remplir). Par contre, si
Tobs > TR, il y a trop d’échantillons pour la profondeur mémoire disponible → dans ce cas, en mode Normal, des échantillons supplémentaires sont décimés (rejetés) et la fréquence
d’échantillonnage effective de l’oscillogramme vaut féch eff = N/Tobs.
61
Zone d’affichage des signaux.
62
Intervalle d’échantillonnage = (s/div)/250.

41
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

42
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURE DES FREQUENCES TEMPORELLES


(DOMAINE DE L'OPTIQUE EXCLU)

I INTRODUCTION
Pratiquement toutes les mesures directes de fréquence se ramènent à la
comparaison avec une autre fréquence prise comme référence. Seule la méthode change. Sur ce
principe, on peut distinguer différentes méthodes de comparaison : par comptage (principe des
fréquencemètres numériques, des montres …), par battements, par translation de fréquence, ou par
stroboscopie. Il existe cependant d'autres techniques de mesures ne faisant pas appel à un étalon
temporel. On peut utiliser un phénomène dépendant directement de la fréquence (ondemètre à cavité
résonante) ou obtenir indirectement la fréquence en mesurant la longueur d'onde et en utilisant la
relation 𝑓 = 𝑐/ connaissant 𝑐.

II PRINCIPE D'UN FREQUENCEMETRE NUMERIQUE

II.1 Obtention de la fréquence de référence


Elle est obtenue avec un oscillateur à
quartz. On met à profit l'acuité des résonances de ce type de cristal pour obtenir une fréquence
d'oscillation extrêmement stable. Les 3 premiers paragraphes qui suivent sont donnés à titre indicatifs
car les manipulations proposées sont longues à mettre en place et d’un intérêt limité pour ce montage

II.1.1 Résonance série d’un quartz d’horlogerie


Cette étude est déjà présentée
dans le montage sur la résonance. S’y reporter pour plus d’informations.

II.1.2 Réalisation d’un oscillateur à quartz


Un exemple d’oscillateur est
proposé dans le montage sur les systèmes bouclés oscillants (il oscille à une fréquence proche de
32768 Hz). S’y reporter pour plus de précision.

II.1.3 Abaissement de la fréquence


Cette opération peut s’effectuer à l'aide de
bascules JK ou, plus simplement, à l'aide de compteurs binaires en comptage permanent. On présente
plutôt la deuxième solution étant donné le nombre de division à effectuer1. On peut utiliser des circuits
HCF 4520 ; chaque circuit comporte deux compteurs sur 4 bits → chaque compteur permet une
division maximale de 24 → il faudra 4 compteurs soit deux circuits. Pour utiliser ces compteurs, on
procède de la manière suivante :
- on met les entrées CK1 des compteurs au 1 logique.
- on met les entrées RAZ des compteurs au 0 logique
- on envoie le signal à ≈ 32768 Hz sur l’entrée CK0 du compteur 1
- on envoie la sortie Q4 du compteur 1 sur l’entrée CK0 du compteur 2
- on envoie la sortie Q4 du compteur 2 sur l’entrée CK0 du compteur 3
- on envoie la sortie Q4 du compteur 3 sur l’entrée CK0 du compteur 4

1
Il faut procéder à 15 divisions par un facteur 2 pour arriver à une période proche d’une seconde en partant d'une fréquence
de ≈ 32768 Hz.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Un signal à une période proche de 1 seconde est alors disponible sur la sortie Q3 du compteur 4. On
n'est pas obligé d'aller jusqu'à la seconde ; on peut n'utiliser qu'un circuit. On a alors à la sortie du
deuxième compteur un signal de 128 Hz.

II.1.4 Utilisation directe d’une base de temps


Le système précédent peut
avantageusement être remplacé par un signal d’horloge tout fait ou un GBF à synthèse numérique de
fréquence pour se consacrer davantage à l’étude de la stabilité de ce type d’oscillateur. On propose
ici l’étude de la base de temps « Signal d’horloge à quartz », référence 222 032, de chez Jeulin.

Manipulation :
A Base de temps Jeulin
APOLLO 100
ou GBF numérique

On relie la base de temps Jeulin au compteur via un câble coaxial pour avoir le signal le plus propre
possible et on mesure la période du signal sur le calibre 1 seconde. La stabilité doit être de l’ordre de
10- 6 à 10- 7 seconde. Il peut y avoir un décalage systématique très faible entre la valeur attendue et le
résultat affiché par le compteur2. Il est important de noter qu’il est impossible d’attribuer ces défauts
uniquement à la base de temps car on est sur les limites de précision et de stabilité du compteur.

II.2 Mesure d'une fréquence : principe du comptage


Important

Le fréquencemètre est un compteur qui totalise le nombre d’impulsion reçue pendant un temps connu
très précisément obtenu à partir d’un oscillateur à quartz :

REFERENCE AND

SIGNAL

La période de la référence étant connue avec précision, on peut en déduire celle du signal en comptant
le nombre d’impulsions N en sortie de porte à l’aide d’un compteur binaire. Les afficheurs actuels
étant la plupart à 7 segments, il suffit alors de retranscrire l’information numérisée à l’aide d’un
décodeur BCD (pour plus de détails sur cette dernière partie, cf. [3], p. 19 et 20). La mise en forme
du signal ne sera pas étudiée ; on utilisera directement des signaux carrés ou TTL.

II.2.1 Signal étalon


Pour que le résultat du comptage corresponde directement
la fréquence, il faut une référence à 0,5 Hz précisément. On peut utiliser l’oscillateur du § II.1.2 avec
les diviseurs du §II.1.3 (mais il faut une division supplémentaire de la fréquence) ou le signal
d’horloge Jeulin du § II.1.4 (plus simple). Une autre alternative consiste à prendre un GBF à synthèse
numérique de signal. Ce type de GBF permet le réglage de la fréquence au digit près avec en
supplément une très bonne stabilité.

II.2.2 Mesure d’une fréquence


On utilise directement la fonction comptage
d’un compteur (modèle Apollo 100 ici).

2
On peut calculer le temps nécessaire pour avoir une erreur d’une seconde avec ce décalage.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :

Signal d’horloge : B A GBF numérique :


Signal étalon 0,5 Hz APOLLO 100 Signal à mesurer

Pour le signal à mesurer, prendre si possible un GBF numérique pour sa stabilité et pour faciliter le
réglage des différentes fréquences. Utiliser un signal carré de forte amplitude et des câbles coaxiaux.

Réglage du compteur :
L’appareil doit compter un nombre de période du signal étudié pendant
une durée imposée par le signal étalon. Sur l’Apollo 100, l’entrée de comptage est la voie A, l’entrée
de commande est la voie B (on note au passage que les entrées d’un compteur n’ont pas le même
rôle). Pour procéder à un comptage efficace, mettre l’appareil en mode COUNT et choisir le couplage
LPF (Low Pass Frequency) pour l’entrée B et DC pour l’entrée A. On remet manuellement à zéro le
compteur après chaque mesure avec la touche RESET.

Mesures :
On teste le comptage sur des fréquences de plus en plus grandes (10, 100, 1 000, 10 0000,
…par exemple). On vérifie à chaque fois que le résultat du comptage correspond à la fréquence
affichée par le GBF (tenir compte de la période de l’étalon si nécessaire). On peut répéter la mesure
plusieurs fois pour chaque fréquence afin d’évaluer la reproductibilité du résultat. On peut comparer
les différences de performance entre un GBF à synthèse numérique et un GBF à oscillateur
analogique.

Conclusion :
La mesure est d’autant plus précise que le temps de comptage est long par rapport à
la période à mesurer.

Précision globale = précision intrinsèque du comptage + précision horloge


 
1 coup avec quartz → très bonne
Si on utilise un GBF à oscillateur analogique comme signal d’étude, on constate que la stabilité de la
mesure commence à se dégrader pour un comptage de l’ordre de 105 (bon GBF allumé depuis
suffisamment longtemps) alors qu’on atteint 106 à 107 avec un GBF à synthèse numérique (sur une
durée d’expérience de quelques minutes). Quel que soit le cas, on atteint alors la limite du comptage
avec une précision de 1 digit. Avec le GBF numérique, la question se pose de savoir quel est alors le
facteur limitant : le GBF, le compteur ou la base de temps (stabilités similaires).

II.2.3 Utilisation en périodemètre


Lorsque la fréquence est basse par rapport au
temps de comptage, le fréquencemètre fournit un nombre entier faible donc peu précis (10 ± 1 est
évidemment moins précis que 10 000 ± 1).

Manipulation 1 :
On peut montrer le problème de la mesure d’une basse fréquence avec un compteur
en mesurant par exemple la fréquence du secteur (utiliser un transformateur abaisseur). On peut
alors mesurer successivement la fréquence (choisir le calibre optimum) et la période et comparer la
résolution et la durée de chaque mesure (en profiter pour évaluer la stabilité de la fréquence du
secteur). On doit en conclure qu’il vaut mieux mesurer la période du signal quand on a une basse
fréquence. Pour réaliser une mesure de période par comptage, il suffit d’inverser le fonctionnement
du montage précédent : le signal à mesurer fournit la porte pendant laquelle on compte le nombre de
tops d’une horloge interne haute fréquence.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation 2 :
Le montage est le même que pour le fréquencemètre, seuls les rôles sont inversés :
le GBF délivre en A la fréquence de référence servant à mesurer le signal d’horloge en B.

Signal d’horloge : B A GBF numérique :


Signal à mesurer APOLLO 100 Signal étalon

Signal à mesurer :
Prendre une fréquence assez basse pour avoir le temps de lire le résultat du
comptage : avec la base de temps Jeulin, on peut choisir un signal de période 2, 4 ou 8 secondes par
exemple. Là encore, on peut remplacer ce dispositif par un GBF numérique.

Signal étalon :
Le compteur affiche un nombre 𝑛 = 𝑇à 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒𝑟 /(2𝑇𝐻𝐹 )

Pour qu’il corresponde (à une puissance de 10 près) à la valeur de la période à mesurer, on peut régler
le GBF numérique à une fréquence de 20 Hz pour commencer.

Mesures :
Il faut montrer l’influence de la valeur de la HF sur la précision du résultat → on peut
augmenter cette fréquence par décade jusqu'à 200 kHz en partant de 20 Hz. Pour chaque fréquence,
on répète la mesure plusieurs fois pour évaluer la reproductibilité des résultats. Les constatations
doivent être les mêmes que pour le mode de fonctionnement en fréquencemètre.

II.3 Limite du fréquencemètre


On propose de mettre en évidence l'influence d'un
signal parasite sur la mesure d'une fréquence. On simule un signal bruité en ajoutant un signal
sinusoïdal HF de faible amplitude à un signal BF dont on veut connaître la fréquence. L'addition est
réalisée avec un montage à amplificateur opérationnel (cf. [1], p. 89 ou [3]).

Montage :
R R
_ 
VS COMPTEUR 2615
R + TRIG A
GBF 1 SCHLUMBERGER
Oscilloscope
A
GBF 2

R = 10 k
GBF 1 : signal carré  1 kHz
GBF 2 : signal sinusoïdal  50 kHz de faible amplitude

On observe VS à l'oscilloscope et on mesure sa fréquence avec un compteur. L’appareil proposé sur


le schéma dispose d’une sortie Trigger Level située à l’arrière qui permet de visualiser le niveau de
déclenchement sur lequel le compteur fait sa mesure. On constate alors qu’il varie de -1,5 V à + 1,5
V lorsque l’atténuateur d’entrée est sur le calibre 1. On peut comparer ce signal à VS en utilisant le
même calibre en ajustant l’amplitude du signal basse fréquence à environ 1,5 V. Si on déconnecte,
on peut vérifier que la mesure au fréquencemètre corrobore celle du GBF 1. Si on rebranche le GBF
2, on doit constater que la mesure du compteur reste insensible au bruit HF qu’on vient d’introduire

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

si on règle le niveau du compteur à zéro et qu’elle devient fausse si on règle le niveau de


déclenchement à ± 1,5 V :

On peut changer la forme du signal basse fréquence et passer en sinusoïdal. On voit alors sur le
schéma suivant que le signal parasite HF risque de perturber la mesure et ce quel que soit le niveau
de déclenchement :

On peut le vérifier en commençant par une amplitude très faible pour le signal HF puis en
l’augmentant progressivement. On s’aperçoit alors que l’erreur commise est plus faible si on place le
niveau de déclenchement au milieu du signal plutôt que sur ses sommets. On retiendra que l’on a
toujours intérêt à mettre le niveau de déclenchement là où la pente est la plus forte pour minimiser
l’influence des bruits.

Conclusion :
La mesure d'une fréquence au fréquencemètre numérique est très sensible aux parasites.
Dans le cas du signal étudié, seule une observation temporelle ou mieux, une analyse spectrale,
permet de retrouver les fréquences qu'il contient.

III MESURES DE FREQUENCES PAR ANALYSE SPECTRALE


Cette partie est déjà
abordée dans le montage sur l’acquisition, l’analyse et le traitement du signal. S’y reporter pour les
protocoles expérimentaux. Le point important ici est de se limiter à l’étude de fréquences temporelles.
L’analyse des harmoniques d’un signal périodique est donc à proscrire (ce sont des fréquences
spectrales).

III.1 Intérêt de l’analyse spectrale


La dernière manipulation du paragraphe précédent
peut constituer une bonne transition : une mesure de fréquence par comptage devient inopérante
lorsque le signal à analyser comporte plusieurs fréquences. Seule une observation temporelle du
signal (et le traitement ultérieur que l’on peut en faire) permet de lever l’indétermination. L’analyse
spectrale ne s’impose pas forcément si le signal ne contient que deux fréquences mais elle devient
indispensable pour des signaux plus complexes.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
On reprend le montage du § II.3 avec deux signaux sinusoïdaux. On effectue
l’analyse de Fourier du signal de sortie avec un oscilloscope numérique pour montrer qu’on peut
retrouver les deux fréquences en effectuant une FFT judicieuse du signal.

III.2 Condition à respecter


Les systèmes d’acquisition actuels étant numériques,
l’échantillonnage des signaux impose de respecter le critère de Shannon pour que l’analyse spectrale
ne soit pas fausse.

Manipulation :
On peut s’inspirer des manipulations proposées dans le montage « Signal et Bruit ».
On prend un signal sinusoïdal de fréquence 𝐹 et un oscilloscope numérique réglé de façon à observer
correctement le signal temporel puis on lance une FFT. On constate alors que le spectre est très écrasé
vers la gauche de l’écran. Si on regarde la fréquence d’échantillonnage 𝐹é𝑐ℎ de l’oscilloscope, on
s’aperçoit qu’elle est très supérieure à la fréquence 𝐹 à mesurer. Si on modifie la base de temps de
façon à resserrer la représentation temporelle, on observe une dilatation du spectre avec un
déplacement de la fréquence 𝐹 vers la droite (on peut mettre le signal temporel hors service pour
faciliter l’observation) avec une diminution progressive 𝐹é𝑐ℎ . Ceci est lié au fait que l’oscilloscope
travaille avec un nombre de points d’acquisition constant (→ une durée d’observation plus longue
oblige à diminuer la fréquence d’échantillonnage). On peut mesurer à chaque fois la fréquence 𝐹 sur
le spectre et comparer à la valeur attendue. Il y a accord au début mais si on diminue trop la fréquence
d’échantillonnage (durée d’observation très longue), la fréquence 𝐹 qui se déplaçait vers la droite
semble repartir vers la gauche et la valeur qu’on mesure alors ne correspond plus au résultat prévu.
On peut vérifier que ce problème apparaît dès que l’on a 𝐹é𝑐ℎ < 2𝐹. Se reporter au montage « Signal
et bruit » pour plus d’explications sur ce point.

III.3 Résolution du spectre calculé


Les systèmes numériques n’effectuent pas la
« vraie » transformée de Fourier du signal mais utilisent l’algorithme FFT (Fast Fourier Transform).
Il permet un gain de temps et de calcul considérable si on utilise 2N échantillons avec un calcul du
spectre à des fréquences multiples de 1/𝑇𝑡𝑜𝑡 ou 𝑇𝑡𝑜𝑡 correspond à la durée totale de l’acquisition →
le pas fréquentiel du spectre calculé par ces systèmes est d’autant plus faible qu’on observe
longtemps.

Manipulation :
Se reporter aux manipulations du montage « Signal et bruit ». La mesure des
fréquences des deux diapasons est particulièrement intéressante car elle permet de présenter une autre
méthode pour mesurer deux fréquences proches : par analyse de la figure de battement lorsqu’on les
additionne. On a en effet sur ce type de figure :
𝜔1 + 𝜔2 𝜔1 − 𝜔2
𝛺1 = et 𝛺2 =
2 2
Avec 𝛺1 = pulsation des oscillations et 𝛺2 = pulsation des battements (mesure entre 3 minimas !). On
peut donc comparer les résultats des deux types de mesures (et les comparer à une troisième mesure
fait avec un micro branché directement sur un fréquencemètre).

IV MESURE INDIRECTE PAR f = c/λ


Cette méthode est intéressante si la vitesse est connue de
façon exacte → on peut l’appliquer aux ondes électromagnétiques. L’optique étant hors sujet, on
propose une mesure en hyperfréquence avec un Michelson ou un Pérot Fabry.

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
Millivoltmètre Alimentation

DEN 100

TGN 100
ND 100 TM 100 SO SG 100

2 mètres minimum

On conseille plutôt pour des raisons d’encombrement de réaliser un interféromètre de Pérot-Fabry.


Les lames semi-réfléchissantes sont constituées d’une plaque de plexiglas et d’une plaque noire
diélectrique. Le matériel est extrêmement coûteux donc il faut manipuler l’appareil avec
beaucoup de précautions et demander des conseils au professeur avant d’alimenter la diode
Gunn.

On fixe une règle graduée sur la paillasse. On commence par mettre l’atténuation au maximum. On
alimente ensuite la diode gun et on règle l’émission à une fréquence donnée à l’aide du vernier de
réglage (consulter la courbe de conversion de la diode pour trouver la fréquence correspondant à la
lecture du vernier). On translate ensuite une des plaques de l’interféromèrre et on observe l’évoltuion
du signal au bornes du millivoltmètre On doit observer la succession des maximum et minimum. On
déduit la longueur d’onde de la distance entre deux extérmums (en mesurer plusiseurs pour améliorer
la précision), puis la fréquence compte tenu de la vitesse de la lumière.

V AUTRES MESURES POSSIBLES

V.1 Par translation de fréquence


Le principe consiste à élaborer une fréquence
spectrale ou temporelle facilement mesurable à partir d’une fréquence connue et de celle que l’on
souhaite mesurer. Cette technique est souvent utilisée pour ramener dans la gamme de mesure d’un
appareil des signaux de fréquences très élevées (oscilloscopes THF par exemple) ou pour mesurer
des fréquences très proches. Plusieurs solutions sont possibles pour effectuer cette opération : la
mesure de la période des battements signalée au § II.3 en est une. Une autre méthode consiste à
multiplier les deux signaux puis filtrer le résultat. C’est ce qu’on propose ici, appliqué à la mesure
d’une vitesse par effet Doppler.

Principe de la manipulation :
Ecran solidaire
du bras mobile

Émetteur : fréquence υ

Table traçante
Récepteur : fréquence υ’

Le but consiste à mesurer la vitesse de défilement d’une table traçante. Pour ce faire, on envoie une
onde ultrasonore sur un écran solidaire du chariot de la table traçante. L’onde réfléchie est récupérée
et on compare sa fréquence à celle du signal émis. La fréquence reçue par effet Doppler dans un
problème à une dimension en incidence normale peut se calculer par la formule suivante :

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑐 − 𝑣𝑜𝑏𝑠
𝜐′ = 𝜐
𝑐 − 𝑣𝑠𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒

Les vitesses vobs et vsource sont algébriques : on les compte positivement lorsqu'elles ont le même sens
que la propagation du son, négativement dans le cas contraire. Pour un problème d’écho, l’écran
réfléchissant se comporte successivement comme l’observateur lorsqu’il reçoit l’onde et comme la
source lorsqu’il la renvoie → Si l’écran se déplace à la vitesse V on trouve alors :
𝑐 − |𝑉|
𝜐′ = 𝜐 lorsque l'écran s'éloigne de l’émetteur
𝑐 + |𝑉|
𝑐 + |𝑉|
𝜐′ = 𝜐 lorsque l'écran s'approche de l’émetteur
𝑐 − |𝑉|
La vitesse à mesurer étant ici très inférieure à celle des ultrasons, la différence de fréquence est
donnée dans les deux cas par la relation approchée :

2. 𝜐𝑉
𝛥𝜐 ≈
𝑐
Si la vitesse de défilement de la table traçante est de l’ordre du cm.s- 1, la variation de fréquence est
de l’ordre du Hz avec des cellules piézo-électriques travaillant à 40 000 Hz → Une détermination
précise de la vitesse par la mesure des fréquences émises et reçues nécessite une précision qui
correspond à la limite des compteurs courants. Il est alors plus simple de procéder à une multiplication
des deux signaux puis à un filtrage de type passe bas. La multiplication fait apparaître les fréquences
𝜐 + 𝜐’ ≈ 2𝜐 et 𝛥𝜐 = 𝜐’– 𝜐, le filtrage permet de récupérer la composante basse fréquence.

Montage :
Y1 Ecran solidaire
du bras mobile
GBF
Émetteur

Table traçante
Récepteur
AD 633
Y2 X1 R
Y 2’
X2 W

Y1 C
Z
Y2
R = 20 kΩ
C = 0,47 μF

Les valeurs R, C proposées permettent d’avoir une fréquence de coupure de 17 Hz mais ce choix
n’est pas critique car il faut juste que le filtre élimine la fréquence 2𝜐 ≈ 80 kHz par rapport à 𝛥𝜐 (de
l’ordre du Hz) donc d’autres couples de valeurs peuvent convenir.

On commence par placer le récepteur en face de l’émetteur et on ajuste finement la fréquence


d’émission autour de 40 kHz pour obtenir un signal maximum aux bornes du récepteur. On réalise
ensuite le montage proposé. L’écran peut être constitué par une plaque métallique posée sur le bras
de la table traçante. On place l’émetteur et le récepteur assez près de la table traçante et on ajuste leur
orientation par rapport à la plaque pour avoir un signal réfléchi le plus fort possible.

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Observations et mesure :
Les deux signaux sont stables à l’écran quand l’écran est immobile → ils
ont la même fréquence. On démarre la table traçante avec une vitesse de l’ordre de 1 cm/s. Si
l’oscilloscope est synchronisé sur la voie 𝑌1 , le signal 𝑌2 se met à défiler sur l’écran → c’est la
manifestation d’une légère différence de fréquence entre les deux signaux, le défilement de 𝑌2 étant
d’autant plus rapide que 𝛥𝜐 est important (phénomène analogue à l’éclairage stroboscopique). On
visualise ensuite le signal 𝑌2 ’ issu de la multiplication et du filtrage. Sa fréquence étant faible, on
conseille de l’afficher en mode Roll. L’écran pouvant osciller légèrement au démarrage, il vaut mieux
attendre un peu avant de figer l’affichage du signal 𝑌2 ’. On mesure alors sa fréquence 𝛥𝜐, calcule la
vitesse 𝑉 de la table traçante et on compare le résultat à la valeur annoncée. Le calcul de la fréquence
𝜐’ est intéressant pour montrer qu’elle est très proche 𝜐 et qu’un calcul de 𝑉 par la mesure directe des
fréquences aurait été délicat.

V.2 Mouvements de vibration : la Corde de Melde


Lorsque les phénomènes de
propagation entrent en jeu, c'est-à-dire lorsque les dimensions du système sont telles que le temps de
propagation de l'excitation est comparable à (ou plus grand que) la période, il s'établit un système
d'ondes stationnaires et, pour certaines fréquences, il y a un phénomène de résonance. Dans ce cas, il
apparait une succession de ventre et de nœuds de déplacement le long de la corde, chaque type
d’extrémum étant séparés /2. Comme une des extrémités est fixe, cela se produit lorsque la longueur
de la corde est égale à un nombre entier de fuseaux (𝐿 = 𝑘/2) si on peut négliger l’amplitude du
mouvement de l’autre extrémité comparée à celle des ventres. La longueur d'onde est égale à  =
𝑐/𝑁 où 𝑐 est la célérité de l'onde (𝑐 = √(𝑇/𝜇) dans une corde de masse linéique  soumise à une
tension 𝑇), d'où les fréquences de résonance :

𝑘 𝑚𝑔
𝑁= √
2𝐿 𝜇

On a donc un résonateur à fréquences multiples. Ce phénomène est général dans tous les dispositifs
de type cavité ; on le retrouve en acoustique (tuyaux sonores, tube de Kundt), en optique
(interféromètre Fabry-Pérot, cavité Laser), en mécanique (figures de Chladni) et en hyperfréquences
(ondemètre pour ondes centimétriques).

Montage :

Fil de Nylon
GBF

Vibreur
M = 200 gr

La manipulation est classique, le tout est de la faire correctement. Il vaut mieux prendre un GBF
numérique pour disposer d’un réglage fin et simple de la fréquence. Plusieurs types de mesures sont
possibles suivant ce que l'on fait varier. On propose ici d’utiliser une longueur de corde fixée (entre
1 et 2 mètres par exemple) et de mesurer la fréquence de résonance correspondant à l'apparition d’un
ou plusieurs fuseaux. On trace la courbe 𝑁 = 𝑓(𝑘). On en déduit la masse linéique de la corde de
Nylon et on compare ce résultat à la valeur annoncée pour la corde.

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d’électronique à l’agrégation
[2] : Vauchelles : TP d'électronique Agrégation de sciences physiques
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV
Patrick Charmont : Montages de Physique, Agrégation de physique.

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Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURES DE LONGUEURS

I INTRODUCTION
Ce montage ne présente pas de difficulté particulière quant au contenu. De
nombreuses manipulations déjà vues dans d’autres montages peuvent être présentées. Les expériences
étant classiques, il faut porter son attention sur la précision des résultats obtenus et effectuer une
analyse critique des résultats (c’est toujours valable mais ça l’est encore plus ici).

II MESURE DE PETITES LONGUEURS


On peut utiliser une méthode interférométrique.

II.1 Diamètre d’un fil de cuivre


On dispose d’un fil de cuivre très fin calibré en
diamètre (∅ = 40 µm à ± 3 %) mais on peut aussi utiliser un cheveu à défaut. Se reporter au montage
« Diffraction » pour plus d’explications. Deux montages sont possibles :
- placer directement le fil dans le faisceau d’un laser assez puissant et observer suffisamment
loin (quelques mètres) pour mesurer la tache centrale de diffraction. C’est le montage le plus simple
à mettre en place.
- faire un montage rigoureux (avec lentille) pour observer la diffraction de Fraunhofer et
utiliser une caméra CCD pour mesurer précisément la tache centrale de diffraction.

On peut comparer la précision du résultat obtenu avec une mesure à l’aide d’un palmer (attention à
ne pas écraser le fil). Si on dispose d’une mire micrométrique, on peut aussi faire une mesure par
comparaison à l’aide du microscope. On peut rendre l’expérience visible en fixant une webcam sur
l’oculaire de l’appareil pour projeter l’image sur un écran. On mesure la distance entre deux traits sur
l’image de la mire micrométrique pour en déduire le grossissement de l’observation. On remplace la
mire par le fil, on mesure la taille de son image et on en déduit sa taille réelle. On peut comparer ces
résultats à la donnée constructeur pour le diamètre du fil.

II.2 Mesure du diamètre des spores de Lycopodes


Se reporter là aussi au montage
sur la diffraction. On peut, de la même façon que précédemment, comparer le résultat à une mesure
effectuée à l’aide d’un microscope et d’une mire étalon. On peut faire une étude statistique pour
déterminer le diamètre moyen des spores de lycopodes ainsi qu’un encadrement sur cette valeur.

III PRINCIPE D’UN TELEMETRE


Ce système facilement trouvable dans le commerce est
particulièrement pratique pour mesurer des longueurs assez grandes (taille d’une pièce par exemple).
Le principe consiste à envoyer un train d’onde ultrasonore sur un obstacle réfléchissant. On récupère
le faisceau réfléchi et la mesure du temps mis par l’onde pour faire un aller-retour permet de connaître
la distance entre l’appareil et l’écran. On peut montrer le principe de ce type d’appareil avec des
transducteurs ultrasonores d’enseignement (ce sont les mêmes que ceux présents dans les télémètres).
On conseille d’utiliser un oscilloscope à curseur avec une fonction zoom pour faire une mesure
précise.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.1.1 Montage
Écran
Générateur de salves Émetteur
12 V

Sortie test
≈2m
Y
X Récepteur

Emetteur, récepteur : éléments moduson de chez Jeulin par exemple


Générateur de salves : module EME 40 de chez électrome

On place l’émetteur et le récepteur proches l’un de l’autre à 1 ou 2 mètres d’un écran métallique. On
envoie la sortie test du module EME 40 vers la voie X de l’oscilloscope. On règle le générateur en
mode « salve » et « rapide » afin de créer des salves se répétant toutes les 15 ms environ (cette durée
permet d’observer sans ambiguïté le signal de retour compte tenu de la vitesse des ultrasons). On
ajuste le rapport cyclique du générateur pour avoir quelques pulses. Le signal de retour est alors très
faible donc il faut utiliser la sensibilité maximum de l’oscilloscope et moyenner le signal. Voici à titre
indicatif le résultat d’une acquisition :

La mesure du temps entre le signal émis et le signal renvoyé par écho se fait avec les curseurs de
l’oscilloscope. On peut améliorer la précision en dilatant la figure si l’oscilloscope possède une
fonction zoom (modèles HP ou Agilent par exemple). On peut alors pointer très précisément les
débuts de l’émission et de la réception. La mesure de la durée d’un aller-retour Δt permet d’en déduire
la distance séparant les transducteurs piézo électriques de l’écran connaissant la vitesse du son
(consulter un Handbook).

III.1.2 Origine des distances et temps de réponse du système


La mesure de la
distance entre l’écran et l’ensemble émetteur/récepteur se heurte à la difficulté de savoir où se
trouvent précisément les transducteurs dans les boitiers. Un autre souci concerne l’appréciation du
moment où l’on considère que le signal es détecté sur le récepteur. Une solution pour éliminer ces
biais consiste à faire une mesure préalable en mettant le récepteur en face de l’émetteur avec les
boitiers accolés l’un à l’autre. On règle ainsi le problème d’origine des distances (il suffit de faire la
mesure à partir de la base des deux boitiers alignés) et on peut se donner un niveau de seuil pour la
mesure de l’instant de détection Δt0 de l’onde retour identique à la mesure précédente. On retranche
ensuite Δt0 à Δt pour prendre en compte notre origine de position. Un point intéressant à noter est que
si on converti Δt0 en distance via la vitesse de l’onde, on trouve une valeur un peu plus grande que la
distance apparente réelle entre les deux capteurs. Cet écart est dû entre autre au temps que met le
capteur piezo à sortir un signal après avoir reçu une excitation mécanique. La mesure de Δt0 permet
aussi d’éliminer ce biais.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.1.3 Prise en compte de la température dans les télémètres


Le principal
inconvénient à l’utilisation d’ondes acoustiques en télémétrie est la dépendance en température de
leur vitesse. Les appareils du commerce possèdent un système de mesure de la température ambiante
pour tenir compte de ce problème. On peut le vérifier par l’expérience suivante :
Écran

Télémètre COGEX SW 104J 1m

On place un réglet métallique de 1 m sur une paillasse entre un écran et l’extrémité du télémètre
servant de référence à la mesure (attention, on peut choisir cette référence par rapport à une extrémité
ou l’autre de l’appareil). On effectue une première mesure à l’ambiante. Si tout se passe bien, le
résultat doit concorder avec l’indication de la règle. On chauffe ensuite modérément le télémètre avec
un sèche-cheveux en l’éloignant de l’espace de mesure, puis on relance une mesure en remettant le
télémètre à la même place. La nouvelle valeur doit alors être supérieure à la précédente. Cet écart
s’explique par le fait qu’on « trompe » l’appareil en le chauffant. Si l’air dans l’espace de mesure est
toujours à l’ambiante, le temps d’un aller-retour est inchangé. Mais comme le télémètre à un capteur
de température, il pense qu’il fait plus chaud donc il calcule la distance à partir d’une valeur de la
vitesse plus élevée d’où la distance affichée plus importante (𝑑 = 𝑣 × 𝑡).

IV PRINCIPE D’UNE MESURE PAR TRIANGULATION


C’est sur ce principe que
fonctionne le système GPS. On propose ici une illustration simple dans un plan. Dans ce cas, la
triangulation consiste à déterminer la position d'un point O à partir des deux références A et B dont
la position est connue. On considère O comme le troisième sommet d'un triangle ABO dont la
longueur du côté AB est connue et les angles 𝐴𝐵𝑂 ̂ et 𝐵𝐴𝑂 ̂ sont mesurés. Cette technique est
particulièrement adaptée à la mesure de grandes longueurs pour lesquelles l’utilisation des techniques
courantes (mètre ruban par exemple) est délicate, voire impossible.

IV.1 Principe de la mesure


On considère un triangle quelconque et on note α, β et γ les
angles des trois sommets de ce triangle :
O
Soit H la base d’une des hauteurs du triangle correspondant à un γ
des sommets pris comme point de référence (B dans notre H
exemple).

On peut alors écrire les relations suivantes : α β


A B
- Triangle ABH : 𝑠𝑖𝑛𝛼 = 𝐵𝐻/𝐴𝐵 → 𝐵𝐻 = 𝐴𝐵𝑠𝑖𝑛𝛼
→ 𝐴𝐵𝑠𝑖𝑛𝛼 = 𝑂𝐵𝑠𝑖𝑛𝛾
- Triangle OBH : 𝑠𝑖𝑛𝛾 = 𝐵𝐻/𝑂𝐵 → 𝐵𝐻 𝑂𝐵𝑠𝑖𝑛𝛾

On obtient l’amorce de la loi des sinus dans un triangle : côté/(sinus de l’angle opposé) = constante
= 2 R avec R le rayon du cercle dans lequel est inscrit le triangle.

Les points A et B sont des références et on cherche à déterminer la distance à laquelle se situe le point
O par rapport à ces points en mesurant les angles α et β. On peut remplacer dans l’expression obtenue

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

précédemment l’angle γ sachant qu’on a α + β + γ = π dans un triangle et exprimer la distance OB.


On a :
𝑠𝑖𝑛𝛼
𝑂𝐵 = 𝐴𝐵
sin[π − (α + β)]

Comme on a aussi sin(π – a) = sin(a), on obtient finalement :

𝑠𝑖𝑛𝛼
𝑂𝐵 = 𝐴𝐵
sin(α + β)

IV.2 Montage
On propose de mesurer la longueur d’une salle de cours à l’aide d’une
mesure par triangulation. Les points A et B de référence seront pris aux deux extrémités d’une
paillasse et le point O à repérer sera constitué d’une croix dessinée sur une feuille de papier accroché
sur le mur opposé de la paillasse. Selon le matériel dont on dispose, la mesure des angles peut se faire
avec des goniomètres ou, à défaut, avec des spectroscopes à prisme sur lesquels on aura enlevé
l’élément dispersif.

Mise en place des différents éléments :

A B
Paillasse

Salle

On installe deux goniomètres aux extrémités de la paillasse en les alignant sur un des bords. Un repère
est placé au centre du plateau des deux appareils (on peut prendre par exemple des supports d’aiguille
aimanté de boussole de démonstration). Ces repères constituent les points A et B de notre triangle
ABO. On accroche une feuille avec une croix (point O) sur le mur opposé à la paillasse de façon à
obtenir au mieux un axe OB perpendiculaire à ce mur (on peut s’aider d’un laser placé en B et d’un
miroir plaqué contre le mur en O pour affiner ce réglage : le rayon réfléchi doit retourner sur le laser
lorsque l’axe OB est perpendiculaire au mur, si le miroir est bien plaqué au mur). Les plateaux des
goniomètres doivent être horizontaux, situés à la même hauteur et le point central de la croix (point
O) soit doit être au même niveau pour que la mesure des angles se fasse dans le plan du triangle ABO.

Mesure des angles avec un goniomètre :


L’appareil est représenté sur la photographie suivante. Le
collimateur ne servant pas ici, il faut ajuster la position du goniomètre afin qu’il ne gêne pas la mesure
des angles.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On ajuste l’horizontalité de l’appareil avec les vis situées sous le goniomètre en s’aidant d’un niveau
à bulle. La mesure des angles s’effectue avec la lunette et l’oculaire de visé des angles :

A : tirage du tube portant l'oculaire de la lunette (bague de réglage de la lunette)


C : réglage de l'inclinaison de la lunette (ne pas modifier)
D : blocage de la plate-forme de la lunette
D’ : vis micrométrique déplaçant le support de lunette le long du cercle gradué
G : mise au point pour la lecture du vernier
H : basculement de la lame semi-transparente (ou semi-réfléchissante) inclinée à 45°
L : lampe éclairant le réticule
O : bague de réglage de l'oculaire

La lunette est constituée d’un objectif, d’un oculaire et d’un réticule (deux fils fins perpendiculaires).
On modifie la mise au point avec la bague A pour voir nettement le point que l’on vise. Cette lunette
peut tourner autour de l'axe vertical du goniomètre et sa direction angulaire est déterminée à l’aide
d’une graduation circulaire fixe observable avec l’oculaire de visé des angles G. Cette graduation
circulaire, visible à travers l'oculaire G du goniomètre, est graduée en degrés. Un micromètre solidaire
de la lunette, gradué en minutes d’arc (symbole :’ ; 1° = 60’) se déplace devant cette échelle. La
position de la lunette est donnée, pour les degrés, par le chiffre de la graduation principale se
trouvant dans la plage du micromètre et, pour les minutes, par la division du micromètre coïncidant
avec cette même graduation. Ainsi sur la figure ci-dessous, la valeur lue sera θ = 251° 43’ :
251 Graduation 252
circulaire

60 50 40 30 20 10 0 Micromètre

On peut noter que dans le cas où les deux graduations principales visibles dans l’oculaire G coïncident
chacune avec une extrémité de la plage du micromètre, on a alors deux lectures possibles 251° 60' ou
252° 00' mais elles sont évidemment équivalentes.

Manipulation :
̂ et 𝐵𝐴𝑂
On mesure précisément la distance AB avec un mètre ruban et les angles 𝐴𝐵𝑂 ̂
avec les goniomètres. On en déduit la distance OB avec la relation du § I.1 (on peut éventuellement
mesurer la distance BC avec un mètre ruban ou un télémètre à Ultrason pour en déduire la longueur
de la salle). On peut comparer le résultat obtenu avec une mesure au télémètre à ultrasons.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Calcul d’incertitude :
La mesure de la distance OB dépend des angles α et β ainsi que de la distance
AB → On a OB = f(AB , α, β). Si on suppose les incertitudes indépendantes, on a :

𝜕𝑓 2 𝜕𝑓 2 𝜕𝑓 2
𝑑𝑂𝐵 = √( ) (𝑑𝐴𝐵) + ( ) (𝑑𝛼) + ( ) (𝑑𝛽)2
2 2
𝜕𝐴𝐵 𝜕𝛼 𝜕𝛽

2 2 2
𝑠𝑖𝑛𝛼 𝑐𝑜𝑠𝛼. 𝑠𝑖𝑛(𝛼 + 𝛽) − 𝑠𝑖𝑛𝛼. 𝑐𝑜𝑠(𝛼 + 𝛽) 𝑠𝑖𝑛𝛼. 𝑐𝑜𝑠(𝛼 + 𝛽)
𝑑𝑂𝐵 = √( 𝑑𝐴𝐵) + 𝐴𝐵2 [( 2
) (𝑑𝛼)2 + ( ) (𝑑𝛽)2 ]
sin(𝛼 + 𝛽) sin (𝛼 + 𝛽) sin2 (𝛼 + 𝛽)

Or, sin(a)cos(b) – sin(b)cos(a) = sin(a – b), d’ou :

2
𝑠𝑖𝑛𝛼 𝑠𝑖𝑛2 𝛽. (𝑑𝛼)2 + 𝑠𝑖𝑛2 𝛼. 𝑐𝑜𝑠 2 (𝛼 + 𝛽). (𝑑𝛽)2
𝑑𝑂𝐵 = √( 𝑑𝐴𝐵) + 𝐴𝐵 2 [ ]
sin(𝛼 + 𝛽) sin4 (𝛼 + 𝛽)

Soit, avec l’expression de OB :

𝑑𝑂𝐵 𝑑𝐴𝐵 2 𝑠𝑖𝑛𝛽. 𝑑𝛼 2


𝑑𝛽 2
= √( ) + ( ) +( )
𝑂𝐵 AB 𝑠𝑖𝑛𝛼. sin(𝛼 + 𝛽) 𝑡𝑔(𝛼 + 𝛽)

On a sinβ = 1 si on a exactement β = π/2 dans notre montage. On a aussi sin(α + β) = sin(α + π/2) =
cosα et tg(α + β) = tg(α + π/2) = -1/tgα, d’où :

𝑑𝑂𝐵 𝑑𝐴𝐵 2 𝑑𝛼 2
𝑑𝐴𝐵 2 2. 𝑑𝛼 2

= ( ) + ( 2 √
) + (𝑡𝑔𝛼. 𝑑𝛽) = ( ) + ( ) + (𝑡𝑔𝛼. 𝑑𝛽)2
𝑂𝐵 AB 𝑠𝑖𝑛𝛼. 𝑐𝑜𝑠𝛼 AB 𝑠𝑖𝑛2𝛼

Si, de plus, on considère que les incertitudes de mesure sur les deux angles α et β sont identiques (Δα
= Δβ), on obtient finalement :

∆𝑂𝐵 ∆𝐴𝐵 2 4
= √( ) + ( 2 + 𝑡𝑔2 𝛼) (∆𝛼)2
𝑂𝐵 AB 𝑠𝑖𝑛 2𝛼

On rappelle que cette formule n’est valable que pour un angle β = π/2 et avec des incertitudes de
mesures identiques sur les deux angles α et β exprimées en radians.

V MESURES DE LONGUEURS D’ONDES


On présente quelques manipulations possibles par
branche de la physique. Une autre méthode consiste à effectuer une présentation par rapport à la
méthode de mesure (par déphasage, à l’aide d’ondes stationnaires, par interférences, …). Si vous
choisissez la première méthode de présentation, il peut être bon de signaler la méthode de mesure que
vous utilisez. Une présentation peut aussi s’articuler autour des différents facteurs susceptibles
d’influencer la longueur d’onde : le milieu, la dispersion éventuelle et les conditions aux limites dans
le cas d’une propagation guidée.

V.1 En mécanique

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V.1.1 Ondes à la surface de l’eau


La mesure d’une longueur d’onde peut se
faire de trois façons :
- avec une onde progressive → cf. montage sur les ondes.
- avec une onde stationnaire → cf. même montage.
- à l’aide d’une figure d’interférence → cf. montage sur les phénomènes de
surface.

Remarque :
Les ondes à la surface de l’eau présentent un phénomène de dispersion → On peut
mesurer la vitesse de propagation des ondes à deux longueurs d’ondes différentes pour mettre en
évidence une modification de la vitesse (cf. montage sur les ondes).

V.1.2 Corde de Melde


On peut présenter la corde de Melde en travaillant à
fréquence constante et en faisant varier la tension ou la longueur (la deuxième solution est plus
simple). On peut en déduire la masse linéique de la corde utilisée → cf. montages « Mesures de
fréquences temporelles » et « Résonance » pour la manipulation.

V.2 Ondes acoustiques

V.2.1 Ondes sonores


On peut utiliser des ondes stationnaires, une figure
d’interférences ou une méthode par déphasage. On indique trois manipulations possibles utilisant un
système d’ondes stationnaires : la première consiste simplement à placer un écran métallique devant
une onde incidente, la deuxième utilise le tube de Kundt → se reporter au § II.2.4 du montage « Ondes
Acoustiques » pour ces manipulations. La troisième solution consiste à observer la répartition des
pressions dans un tuyau sonore. C’est la manipulation que l’on propose ici.

Montage : Vers
[1], p. 358 oscilloscope

On conseille de prendre un GBF numérique Tube carton


pour régler finement et simplement la
fréquence. On peut faire passer au préalable le
signal issu du micro par un amplificateur pour Micro
avoir un signal plus fort (c’est un plus s’il peut explorateur
aussi filtrer le signal).

HP

Principe :
Le bas du tube étant au niveau du haut-parleur, on a dans ce plan une amplitude de
vibration correspondant à celle du HP → le déplacement des tranches de fluide et leur vitesse est
maximum, la surpression p est minimum. Le haut du tube étant ouvert, on peut supposer en première
approximation qu’il y règne une pression égale à la pression atmosphérique → la surpression p est
nulle, le déplacement des tranches de fluide et leur vitesse est maximum. Le phénomène d’ondes
stationnaire est par conséquent maximum lorsque l’on a :

𝐿 = 𝑘𝜆/2
La vitesse du son à 20 °C vaut 343 ms . Le tube de l’expérience mesurant 75 cm, on a résonance
-1

pour des fréquences proches des valeurs suivantes :

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

k 1 2 3 4 5 6 7
fréquence (Hz) 229 457 686 915 1143 1372 1600

On conseille de faire une observation avec k = 4 au moins pour observer plusieurs minimums. On
peut repérer la distance séparant plusieurs minimums, en déduire  (/2 = distance entre 3 minimums
successifs) puis la vitesse du son.

Observation :
Faire varier la fréquence du GBF autour des valeurs correspondant à k = 5, 6 ou 7.
Ecoutez à la sortie du tube → le signal doit se renforcer pour une certaine fréquence. Si cela ne vous
paraît pas convaincant, on peut repérer ce renforcement en plaçant un micro explorateur à la sortie du
tube. Le micro utilisé étant sensible à la pression, remarquez alors que celle-ci n’est pas tout à fait
nulle en ce point. De même, la fréquence ne correspond pas tout à fait à celle prévue. Déplacez le
micro à l’intérieur du tube. Vous devez constater que le signal est très faible au niveau du HP
(attention à ne pas enfoncer le micro dedans !) et qu’il est assez faible à la sortie du tube mais pas
autant qu’un minimum à l’intérieur du tube.

Explication :
L’hypothèse d’une surpression nulle à la sortie ouverte du tube n’est qu’une première
approximation. Elle suppose que l’onde rayonnée par l’ouverture est faible donc que l’énergie perdue
est négligeable. Il faut noter à ce propos que si l’on avait effectivement une surpression p nulle en ce
point, il n’y aurait pas production de son dans l’espace libre au-delà de la sortie du tube. L’expérience
montre qu’il faut considérer que l’endroit où p est nulle est un peu en dehors du tube. Cela revient à
considérer un tube un peu plus long qu’il ne l’est en réalité. Un critère empirique (cf. [3], p. 236)
donne un ordre de grandeur pour la correction à apporter : la longueur à prendre en compte est de
l’ordre de 𝐿 + 𝐷/3 où 𝐷 est le diamètre du tube.

V.2.2 Par déphasage


Le principe consiste à utiliser une onde progressive qu’on
détecte avec deux micros, l’un fixe (A) et l’autre mobile (B). On mesure la distance d qui sépare A et
B lorsque les signaux sont n fois de suite en coïncidence sur l'écran (passez en Lissajous au début et
à la fin). On en déduit  = d/n.

V.2.3 Par interférences


On peut utiliser le trombone de Koenig. Se reporter au
montage sur les ondes acoustiques ou en [1], p. 352.

V.3 Ondes ultrasonores


On peut faire une mesure de dans l’air et dans l’eau pour
comparer la différence de vitesse (cf. montage acoustique).

VI EN ELECTROMAGNETISME

VI.1 Optique

VI.1.1 Utilisation d’un monochromateur


On peut étudier le spectre d’émission
de l’hydrogène dans le visible. On observe alors la série de Balmer (transitions p → n = 2) et les
longueurs d'ondes émises vérifient la relation :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

1 1 1
= ℜ𝐻 ( − 2 ) avec ℜ𝐻 la constante de Rydberg
𝜆 4 𝑝

Cf. [2], p. 4 pour leurs valeurs.

Montage :
[2], p. 228.

Lampe à MONOCHROMATEUR
Hydrogène H 10 VIS PM
F F - table traçante
F = 0,5 mm IF 3400
Câble +
coaxial
Le visible se situe entre 400 et 750 nm. Sachant que le vernier du monochromateur affiche un nombre
N = λ/1,5, en déduire les limites du visible dans l’unité du vernier.

Réglages :
Appliquez 5 V entre les bornes noire et rouge du potentiomètre multitour linéaire situé
derrière le monochromateur → on aura entre les bornes noire et blanche un signal proportionnel à la
longueur d'onde → l'envoyer sur la voie X de la table traçante (calibre  50 mV/div). Vissez le
photomultiplicateur (PM) sur le monochromateur. Mesurez l'impédance d'entrée de la voie Y de la
table traçante. Sachant que le courant débité par le PM ne doit pas dépasser 5 A, en déduire la tension
maximum ne devant pas être dépassée sur la table traçante. Ajustez la sensibilité de la voie Y en
conséquence. Alimentez le PM (U  150 V pour commencer). Balayez le visible. Se placer sur la raie
d'émission la plus intense. Ajustez la position de la lampe pour avoir un signal maximum puis
augmentez la tension d'alimentation pour avoir un signal suffisamment fort sans qu'il dépasse
toutefois la valeur maximum calculée précédemment. Réalisez l'enregistrement du spectre d'émission
dans le visible. Une fois le spectre obtenu, repassez sur les différentes raies et notez sur le vernier la
valeur précise de la graduation correspondant au signal maximum.

VI.1.2 Spectrographe à Réseau


Une alternative à la manipulation précédente
consiste à faire une projection de spectre et réaliser un étalonnage avec une lampe spectrale en
supposant connues les longueurs d’ondes de la lampe. Une fois l’étalonnage effectué, on peut en
déduire les longueurs d’onde d’une autre source.

Montages :
On peut s’inspirer des expériences présentées dans les montages sur la spectrométrie
optique ou la diffraction pour mesurer la longueur d’onde d’un laser à semi-conducteur (celle d’un
He Ne est parfaitement connue, celle d’un laser à SC l’est moins). On peut aussi mesurer la longueur
d’onde moyenne du doublet du sodium, la partie qui suit permettant de mesurer l’écart entre les deux
longueurs d’ondes de ce doublet. On peut éventuellement montrer l’influence de la largeur de la fente
source sur la résolution du spectromètre.

VI.1.3 Spectroscopie interférentielle


On peut mesurer un écart entre deux
raies ou estimer une largeur de raie à l’aide d’un interféromètre de Michelson utilisé en anneaux. La
mesure de l’écart du doublet du sodium est assez simple à faire (cf. [2], p. 239).

VI.1.4 Par l’étude d’une figure de diffraction ou d’interférences

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ce type de
figure peut éventuellement permettre la détermination de la longueur d’onde d’une source
monochromatique (cf. montage sur la diffraction ou [2]).

VI.2 En hyperfréquences
Pour l’emploi et des explications sur le banc d’ondes
centimétriques, se reporter au montage sur les ondes. Les notices des constructeurs (Oritel ou Philips)
sont aussi de bonnes sources d’informations. Ce banc d’onde coûte très cher → respectez les
consignes de prudence indiquées !

VI.2.1 Propagation libre


La mesure de la longueur d’onde 0 dans l’air peut se
faire en réalisant un interféromètre de Michelson ou un Pérot-Fabry. On conseille pour des raisons
d’encombrement de réaliser un interféromètre de Pérot-Fabry.

Montage :
Se reporter au montage sur la mesure des fréquences temporelles. Laissez une plaque fixe
et déplacez l'autre ; le signal capté passe par des maximum et des minimum. On peut repérer la
position de plusieurs minimums et en déduire la longueur d'onde des ondes centimétriques (/2 entre
deux minimums successifs).

Remarque :
On peut comparer le résultat obtenu à celui que l’on peut déduire de la mesure effectuée
avec l’ondemètre OND 100 (cf. montage sur les ondes pour la manipulation). Une fois obtenue la
fréquence à l’aide de la courbe d’étalonnage, on peut en déduire la longueur d’onde 0 dans l’air à
l’aide de la vitesse de la lumière (l’indice de l’air est très proche de 1). Il faut noter que la mesure se
fait ici sur la longueur d’onde dans le guide et que l’on en déduit celle dans l’air (la vitesse n’est pas
la même suivant le type de propagation).

VI.2.2 Propagation guidée


La mesure de la longueur d’onde dans le guide
peut s’effectuer en utilisant un système d’ondes stationnaires → se reporter au montage sur les ondes
pour le protocole. On peut mesurer la valeur de 𝑔 et vérifier la relation entre 𝜆𝑔 et 𝜆0 .

Bibliographie :
[1] : Quaranta I
[2] : Sextant ; Optique Expérimentale
[3] : Faroux Renault : Mécanique des fluides et ondes mécaniques

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SYSTEMES BOUCLES

I INTRODUCTION
Un système bouclé est un dispositif dans lequel on renvoie à l’entrée la
totalité ou une partie du signal de sortie. On peut viser deux objectifs diamétralement opposés avec
une telle action :
- permettre à un montage d’atteindre une consigne donnée en s’auto corrigeant
en cas de perturbation interne ou extérieure (action tempérante par réaction négative).
- maintenir un dispositif dans un état instable par réaction positive pour obtenir
un oscillateur (sinusoïdal ou de relaxation) ou un comparateur.

On présente ici quelques systèmes qu’on souhaite stabiliser (systèmes à contre réaction). Un
deuxième chapitre sera consacré aux systèmes oscillants.

II INFLUENCE D’UNE CONTRE RÉACTION SUR LES CARACTÉRISTIQUES D’UN


AMPLIFICATEUR
Les systèmes bouclés à réaction négative ont une grande importance
pratique puisqu’ils sont à la base de tous les asservissements. La contre réaction permet entre autres
la réalisation des fonctions les plus courantes demandées aux montages à amplificateurs
opérationnels (amplificateurs inverseur, non inverseur, suiveurs, dérivateurs, …). Le bénéfice que
peut apporter un bouclage en réaction négative sur un montage à amplificateur opérationnel peut
facilement être mis en évidence par l’expérience suivante.

II.1 Introduction
Les amplificateurs opérationnels peuvent fonctionner dans
deux régimes :
- un régime linéaire ou le signal de sortie est proportionnel au signal d’entrée ε
- un régime saturé ou la tension de sortie est en saturation positive ou négative.

Le très grand gain des amplificateurs opérationnels (A = 105 typiquement) fait que le premier mode
de fonctionnement n’est possible qu’avec une contre réaction. On peut facilement le vérifier par
l’expérience suivante :
Premier cas Deuxième cas Troisième cas
_  _  
+
_
+ +
GBF GBF GBF

Le premier montage (système en boucle ouverte) conduit toujours à une saturation du signal de
sortie quelle que soit l’amplitude du signal d’entrée. On ne peut donc pas avoir de relation de
proportionnalité entre VE et VS, donc un fonctionnement linéaire, dans cette configuration. Le
bouclage peut y remédier s’il est fait de la bonne manière. Une rétroaction sur la patte + (deuxième
montage) conduit encore à une saturation du signal de sortie. Par contre, la troisième solution

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

(rétroaction sur la patte -) aboutit à un montage stable classique, le suiveur1. On a donc un


fonctionnement linéaire si on renvoie le signal de sortie en opposition de phase par rapport au signal
d’entrée alors qu’on a un régime saturé dans le cas contraire. L’action déstabilisante de la réaction
positive est simple à comprendre puisqu’elle provoque un effet d’avalanche conduisant
inévitablement à la saturation. L’effet stabilisant de la réaction négative s’explique aussi facilement.
Il suffit par exemple d’imaginer une perturbation dans l’amplificateur qui conduirait à une
augmentation du signal de sortie et les conséquences de la rétroaction.

Remarque :
Le bouclage étudié ici est une réaction de type tension-tension mais il y a d’autres
façons de boucler un système en électronique (réaction tension-tension, tension-courant2, courant-
tension, courant-courant). Certaines caractéristiques sont communes à tous ces bouclages mais il
existe aussi des différences (cf. [10] pour plus de précisions sur ce point).

II.2 Montage d’étude ; comportement en boucle ouverte


[8], p. 2019 à 2039

L’étude est impossible à faire avec un véritable amplificateur opérationnel en raison de ses
paramètres internes (gain énorme, fréquence de coupure très basse, composant instable). On élabore
donc un montage simulant un tel composant mais avec des caractéristiques plus faciles à mesurer.
L’ensemble des expériences proposées s’inspire de la référence indiquée ci-dessus mais avec une
structure allégée.

II.2.1 Structure de l’amplificateur (chaine directe)


C

E-
R2
R1
_  RS S

+
R1

E+

R2 C

L’élément de base du montage est l’association de l’amplificateur opérationnel avec les résistances
R1 et R2. Elle constitue un amplificateur différentiel3 de gain A = R2/R1. Le rajout des capacités C
lui confère un comportement de type passe bas4 de fréquence de coupure fC = 1/2πR2C → Le
montage proposé permet d’obtenir un amplificateur de gain statique A0 = – R2/R1 facilement

1 La valeur de ε est extrêmement faible dans ce cas compte tenu de la valeur de A, à la différence du régime saturé ou ε
est alors pratiquement tout le temps différent de zéro.
2
Le montage à transistor bipolaire à émetteur commun avec résistance d’émetteur est un exemple de réaction de type
tension courant (cf. montage « Amplification »).
3
cf. [6], p. 90.
4
Le montage aurait déjà cette propriété sans les capacités à cause du produit Gain×Bande Passante de l’amplificateur
opérationnel (cf. [6], p. 81 ou annexe 1), mais la fréquence de coupure serait beaucoup plus grande, donc plus difficile à
mesurer avec le gain choisi dans cette manipulation, notamment lors du bouclage.
2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

mesurable et chutant assez rapidement lorsque la fréquence augmente. La résistance RS augmente


l’impédance de sortie de l’amplificateur pour faciliter l’étude de l’influence d’une charge.

II.2.2 Diagramme de Bode


C

E- R2
R1
_  RS S
VE GBF 1 V Pk-Pk
+
R1
E+
VS
AO : 071 ou 081
R1 : 10 kΩ ; R2 : 50 kΩ R2 C
RS : 120 Ω
C : 3,3 nF

Le GBF est représenté avec sa masse vers le haut car le brochage classique des amplificateurs
opérationnels fait que la borne + de l’entrée du montage est en bas → s’en souvenir pour toute
la suite des expériences !

On peut visualiser les signaux VE et VS avec un oscilloscope numérique, mesurer pour différentes
fréquences leurs valeurs crête-crête ainsi que la phase entre les deux signaux, et tracer les
diagrammes de Bode :

Le gain chute de – 20 dB par décades en HF et la phase évolue entre 0 et – 90°. Ces résultats sont
en accord avec un passe bas d’ordre 1. On a A0 = R2/R1 = 5,01et fC = 1/2πR2C = 950 Hz avec les
valeurs retenues pour R1, R2 et C (composants sélectionnés pour avoir des valeurs les plus proches
possibles). On a mesuré un gain statique A0 = 5,02 et une fréquence de coupure f0 = 948 Hz
(recherchée à A0 – 3 dB avec un multimètre) → l’accord est à moins de 1 %.

II.2.3 Limites du système en boucle ouverte

Influence d’une charge :


On se place dans la bande passante du système, on alimente une
résistance de charge variable et on note l’influence du courant demandé par la charge sur la tension
délivrée par l’amplificateur.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

E- R2
R1
_  RS S
VE GBF
+
R1 µA
E+
VS
R2 C

Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure effectuée à 20 Hz avec une tension d’entrée
de 400 mV Pk-Pk5 pour une résistance comprise entre 5000 et 400 Ω6 (tension de sortie mesurée en
valeur RMS avec un multimètre) :

La courbe VS = f(IS) est une affine décroissante en accord avec la relation VS = VS0 - RS.IS d’un
générateur de résistance de sortie RS. Le coefficient directeur de la droite vaut 121 Ω. Il recoupe la
valeur de RS choisie pour le montage.

Influence d’une variation d’un paramètre interne :


Bien que le résultat semble évident, on peut
simuler une variation de l’amplification en modifiant la valeur des résistances R2 pour noter
l’influence sur la fonction de transfert. On a remplacé les résistances de 50 kΩ par des 60 kΩ et
remesuré le gain statique de l’amplificateur. On a mesuré un gain A0’ = VS/VE = 5,99 à 50 Hz
contre A0 = 5,02 auparavant → Une variation ΔR2/R2 de 20 % a donc engendré une variation du
gain ΔA0/A0 de 19,3 %, une valeur proche de 20 %.

Conclusion :
Ces manipulations montrent la sensibilité d’un système en boucle ouverte aux
perturbations (évolution d’un paramètre interne, application d’une charge) et son incapacité à l’auto
correction pour les atténuer. On va voir les bénéfices qu’apporte la contre réaction.

5
La tension d’entrée a dû être abaissée pour éviter des oscillations parasites qui apparaissaient lorsque la résistance de
charge était trop basse.
6
On peut raccourcir cette étude en n’effectuant une mesure que pour une seule valeur de la résistance de charge. On
peut en déduire la résistance de sortie par un calcul indiqué en [6], p. 117.
4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.3 Bouclage de l’amplificateur

II.3.1 Bouclage direct par retour unitaire


Le plus simple consiste à renvoyer
directement le signal de sortie sur l’entrée du système7. Le gain de l’amplificateur différentiel étant
positif, on doit le faire sur l’entrée – du montage pour avoir un système stable :

R2
E- R1
_  RS
S
+
E+ R1

VS
VE GBF 1 V Pk-Pk
R2 C

L’étude complète n’a pas été menée. On s’est contenté de refaire le diagramme de Bode en
amplitude tout en vérifiant que la phase présentait une évolution similaire au système en BO, mais
avec un basculement de 0 à 90 ° plus tardif en fréquence :

Le gain H0 du système bouclé dans la bande passante diminue et la fréquence de coupure augmente.
Ces résultats sont en accord avec les calculs développés au § V.2 de l’annexe 1. Une mesure précise
de H0 et fBF a donné les résultats suivants :

H0 = 0,832 (mesuré à 5 Hz) fBF = 5730 Hz (mesurée à H0 – 3 dB)

On peut comparer ces résultats aux valeurs calculées. La chaine directe a un gain statique A0 = 5,01
et une fréquence de coupure f0 = 950 Hz. Le retour étant unitaire, on obtient H0 = A0/(1 + A0B) =
0,834 et fBF = f0(1 + A0B) = 5710 Hz. Ces valeurs sont en accord avec les mesures.

7
On allège là aussi le montage proposé en [8] sans dégrader ses performances car l’impédance d’entrée de
l’amplificateur vaut R1 + R2 en continu et seule la partie R2 peut être shuntée en HF par les capacités C → L’impédance
d’entrée minimale du montage vaut R1 = 10 kΩ, une valeur que la sortie de l’amplificateur peut facilement alimenter.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Un des paramètres a été divisé par 1 + A0B et l’autre a été multiplié par le même facteur. Ce
système bouclé présente donc la propriété suivante, typique d’une rétroaction de type tension-
tension sur un amplificateur ayant une fonction de transfert d’ordre 1: son produit Gain×Bande
Passante est une constante. Ce résultat important s’applique aux amplificateurs opérationnels
réels. Une diminution de leur gain statique s’accompagne automatiquement d’une augmentation de
leur bande passante.

Influence d’une perturbation :


On simule de nouveau une variation d’amplification en modifiant
la valeur des résistances R2 et on observe l’influence sur la fonction de transfert H du système
bouclé. On a mesuré un gain statique H0’ = 0,858 avec des résistances R2 de 60 kΩ contre H0 =
0,832 avec des 50 kΩ → Un ΔR2/R2 de 20 % engendre cette fois ci une variation ΔH0/H0 de 3,1 %.
Le bouclage a donc diminué la sensibilité du système à une modification d’un paramètre
interne. On montre au § I.3.1 de l’annexe 1 que la variation relative de la fonction de transfert
en BF est atténuée du facteur F = 1+AB par rapport au système en BO. On peut le vérifier sur
notre exemple. On a A0 = 5 au départ et on fait un retour unitaire. On a donc F = 1 + A.B = 68 → La
variation ΔA/A = 20 % doit conduire à une variation ΔH0/ H0 = 20/6 = 3,33 %, une valeur proche
du résultat obtenu. On voit ainsi l’importance du coefficient F : il conditionne le taux
d’atténuation de la perturbation, d’où le nom de facteur de régulation donné à ce terme. On
peut aussi montrer son rôle sur l’influence d’une résistance de charge mais on réserve cette étude au
montage suivant.

II.3.2 Réglage de l’asservissement


Le bouclage précédent apporte des
bénéfices mais nous fait perdre la relation d’origine entre le signal de sortie et le signal d’entrée, à
savoir un gain statique de 5. On peut cependant conserver cette relation de proportionnalité en
ajustant le taux de réaction.

=E-R chaîne directe


E + S
- amplificateur de gain A
consigne sortie
(grandeur à réguler)
R chaîne retour
retour gain B

On montre en annexe 1 que la fonction de transfert en boucle fermée (FTBF) du système bouclé
vaut :

S A A
H= = = → Un gain statique de 5 en boucle fermée impose H0 = 5.
E 1 + AB F

S
On a H = A/F → Le choix de F impose le gain statique de la chaîne directe : A 0  H 0 .F 

F -1 R
On a F = 1 + A.B → Le choix de F impose aussi le gain de la chaîne retour : B  
A0 S

→ Le choix des paramètres H et F déterminent des valeurs pour A et B.

8
Il faut noter que F varie au cours de cette expérience puisqu’on modifie la valeur de A → le raisonnement est valable
en toute rigueur si les variations de A sont suffisamment faibles.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Paramètres pour F = 2 :
Il faut avoir A0 = H0.F = 5×2 = 10 → On peut par exemple remplacer les
résistances R2 de 50 kΩ par des 100 kΩ pour obtenir ce résultat.
Il faut avoir B = (F – 1)/A0 = (2 – 1)/10 = 0,1 → On peut remplacer le
retour unitaire par un pont diviseur potentiométrique :
S
RA
R RB B
On a alors : B = = → RB  R A  0,111.R A R
S RB + RA 1 B
RB

Si on part comme précédemment de E = 1 V Pk–Pk, on doit alors avoir S = H0.E = 5×1 = 5 V Pk–
Pk, R = B.S = 0,1×5 = 0,5 V Pk–Pk et ε = E – R = 0,5 V Pk–Pk.

Montage :
R1 : 10 kΩ ; R2 : 100 kΩ
RB = résistance variable 0/1000 Ω C
C : 3,3 nF ; RS : 120 Ω

R2
R E- R1
_  RS
ε
+
R1 RA
E+

S
E GBF 1 V Pk-Pk RB
R2 C

Si la condition sur la chaine de retour impose seulement un rapport à respecter pour RA et RB,
l’allègement de la boucle proposée en [8], p 2024 oblige quand même à certaines précautions. Il
faut que le branchement du retour R sur l’entrée E- ne modifie pas le potentiel imposé par le pont
diviseur, et il faut dans ce cas que la résistance RA + RB soit assez forte pour que la sortie de
l’amplificateur puisse se comporter de manière idéale (chute de potentiel négligeable sur RS). Il n’y
a pas de solution parfaite au problème mais une valeur RA = 5 000 Ω est un bon compromis.

Réglage pratique du système :


On mesure la tension VE en basse fréquence. On regarde ensuite VS
et on ajuste RB pour avoir VS = 5.VE. On a alors un système bouclé avec un gain de 5 dans sa bande
passante et régulé à F = 2. Voici le résultat d’un réglage obtenu sur notre montage :

A0 = R2/R1 = 10,0 avec les valeurs mesurées pour R1 et R2


RA = 5020 Ω
→ B = RB/(RB + RA) = 0,094 (à comparer à 0,1)
RB = 522 Ω pour avoir H0 = 5

→ Fexp = 1,94 ≈ 2. On a mesuré les valeurs de R et ε pour une tension d’entrée de 1 V Pk–Pk. On a

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

obtenu R = 0,48 V Pk–Pk (pour 0,5 V attendu) et ε = 0,49 V Pk–Pk (pour 0,5 V attendu) 9. Les
écarts sont assez faibles et attribuables à la simplification extrême de la boucle de retour. On obtient
de meilleurs résultats en plaçant le pont diviseur entre deux montages suiveurs mais la réalisation
pratique de l’ensemble est alourdie pour une amélioration assez minime10.

II.3.3 Influence d’une résistance de charge


On refait les même mesures qu’au
§ II.2.3 avec une tension d’entrée de 400 mV Pk–Pk :

On voit que le système bouclé est moins affecté par la charge. La régression linéaire sur les mesures
donne une résistance de sortie deux fois plus faible qu’auparavant, un résultat conforme avec le
calcul développé en [10] pour une réaction de type tension-tension11 :

RS R
RS'   S → L’influence d’une charge est d’autant plus faible que F est grand.
1  A 0 .B F

II.3.4 Influence du facteur de régulation. Qualité de l’asservissement


La
contre réaction limite l’influence de certaines perturbations . On le comprend facilement en
12

raisonnant sur le schéma de principe du § II.3.2 : supposons par exemple qu’une charge demande du
courant au système. On a vu qu’il en résultait une chute de la tension de sortie S → le signal de
retour R va diminuer → le signal d’erreur ε = E – R va augmenter, entrainant ainsi une
augmentation de S qui va s’opposer à l’influence de la charge. Un raisonnement similaire sur une
évolution contraire aboutit au même résultat → Le bouclage apporte à chaque fois une stabilisation
→ la contre réaction permet au système de s’auto corriger. Le paramètre important est alors le
facteur de régulation F = 1 + A0B car les perturbations sont d’autant plus atténuées que F est grand
→ un facteur de régulation F élevé est le gage d’un système précis. Comme F = 1 + A0B, cela
revient à avoir A0B ≫ 0. Dans ce cas, on peut simplifier l’expression de la FTBF :

S A0 A0 1 1
A0.B >> 0 → H       → S .E
 E  BF 1 A 0 .B A 0 .B B B

9
Attention, on ne peut pas mesurer ε avec un oscilloscope car l’entrée du montage est différentielle ! → Il faut utiliser
un multimètre (attention à la conversion si on raisonne en V Pk–Pk).
10
La manipulation a été testée. La nouvelle valeur de RB permet alors d’obtenir la valeur de 0,1 attendue pour B.
11
A noter que l’impédance d’entrée du montage est alors augmentée du même facteur F = 1 + A.B.
12
Toutes les perturbations ne sont pas concernées → cf. § I.3 annexe 1.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La fonction de transfert H du système bouclé est imposée uniquement par B13 lorsque A0.B >>
0 → Si on souhaite donner une valeur à H, on ne peut pas jouer sur B pour garantir la condition
A0.B >> 0 → La solution pour garantir un bon asservissement est d’avoir un gain statique A0
élevé. Cela se vérifie sur notre exemple : on a réglé la chaine de retour à 0,1 pour avoir VS = 5.VE
avec F = 2 → la valeur 1/B = 10 est assez différente de H = 5, mais l’asservissement est assez
moyen. Imaginons qu’on prenne F = 10 pour améliorer les performances. On a alors A0 = H.F = 50
et B = (F – 1)/A0 = 0,18 = 1/5,55 → L’augmentation de F fait bien tendre 1/B vers la relation de
proportionnalité souhaitée entre S et E, et elle impose une valeur beaucoup plus forte pour A. On
peut finir en notant la conséquence qu’a une augmentation de F sur ε :
A 0 .B 1
  E  R  E  B.S  E  E E0 Lorsque A0.B >> 0.
1  A 0 .B 1  A 0 .B

→ Une valeur faible de ε est le signe d’un asservissement précis.

Les montages à amplificateurs opérationnel en contre réaction sont un exemple typique de tels
systèmes. La valeur extrême du gain A0 en boucle ouverte de l’amplificateur opérationnel (A0 ≈
105) peut paraitre étonnant au premier abord, mais l’intérêt est qu’il y a alors peu chance qu’A0B
soit faible lors d’un bouclage14 ! → La condition d’asservissement est toujours vérifiée avec un
amplificateur opérationnel en contre réaction. Cela justifie l’hypothèse classique ε ≈ 0 V faite dans
ces montages et explique pourquoi on ne voit jamais apparaitre les caractéristiques propres du
composant (gain, impédances d’entrées et de sortie).

II.4 Etude dynamique


Cette étude permet de voir comment réagit le système à
un changement de consigne. Elle permet aussi d’identifier le type d’asservissement15.

II.4.1 Réponse à un échelon


On applique un signal carré basse fréquence (20
Hz par exemple) au système bouclé réglé à F = 2. On ne compare plus S et E, mais on compare
plutôt E à R. Cela revient au même puisque R = B.S avec B = RB/(RB + RA) → R et S sont
identiques à une constante près. De plus, observer R à la place de S permet d’apprécier directement
le signal d’erreur ε à l’oscilloscope si E et R sont sur le même calibre, d’où l’intérêt de la méthode.
Voici à titre indicatif des résultats obtenus sur notre montage (la courbe jaune correspond au signal
d’entrée, la verte au signal de retour, et il en est de même pour les acquisitions suivantes) :

13
C’est pourquoi on obtient un montage suiveur avec un amplificateur opérationnel si le retour est unitaire.
14
Pour que ce ne soit pas vérifié, il faudrait un taux de réaction B extrêmement faible → le bouclage serait quasi
inexistant et n’aurait donc pas d’intérêt.
15
cf. § I.4 et II.1 de l’annexe 1 pour plus de précision sur ce point.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On constate sur l’oscillogramme de gauche que l’erreur statique εS en régime permanent est
constante et non nulle. Ce comportement est typique d’un asservissement de type 0 pour lequel
on a (cf. § II.1.1, annexe 1) :
E E
S  
1  A0B F

Cette relation est vérifiée ici puisque le signal de retour est ≈ 2 fois plus faible que le signal
d’entrée avec un bouclage réglé à F = 2. Le signal d’erreur est assez fort, signe d’un asservissement
peu précis. L’oscillogramme de droite montre la réponse typique en forme d’exponentielle
croissante des systèmes d’ordre 1 (attention aux différences de calibres entre les 2 figures). La
mesure du temps de montée16 du signal permet d’en déduire la constante de temps du circuit en
boucle fermé. On a TM = 369 µs = τ.ln9 pour un circuit d’ordre 1 ; soit τBF = 168 µs. On peut faire
le lien avec le comportement dynamique du système en boucle ouverte. On montre au § V.2 de
l’annexe 1 qu’un système du premier ordre une fois bouclé conserve son ordre mais avec une
constante de temps :
0 
 BF   0
1  A0B F

La chaine directe étant réalisée avec C = 3,35 nF et R2 = 100 kΩ, on a : 0  R 2C  335 s

Le système bouclé est réglé à F = 2. On doit donc avoir τBF = τ0/2 = 167,5 µs. Ce résultat est
conforme à la mesure en régime transitoire. Le système bouclé (H0 = 5) est plus rapide que la
chaine directe (A0 = 10), ce qui est logique puisqu’un gain plus faible augmente la bande-passante.

II.4.2 Réponse à une rampe


Ce type de réponse permet aussi d’identifier le
type d’asservissement . La manipulation est la même que précédemment, mais avec un signal
17

triangulaire :

Le signal de retour à la même forme que le signal d’entré, mais avec une amplitude plus faible
(résultat logique puisque R = AB.E/(1+AB) = E/2 ici). Les deux signaux ayant des pentes
différentes, on conçoit qu’une consigne en forme de rampe aboutira à un signal d’erreur augmentant
continuellement → l’erreur pour une consigne en forme de rampe, appelée erreur de trainage,
tend vers l’infini. Ce comportement est typique d’un asservissement de type 0.

II.5 Amélioration des performances ; principe des correcteurs


On a vu que la
contre réaction permet l’auto correction, et que le processus est d’autant plus efficace qu’on a un

16
Temps mis pour passer de 10 à 90 % de la valeur finale.
17
§ II.1.2 de l’annexe 1
10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

signal d’erreur faible → l’idéal est d’annuler ε pour obtenir un système précis, en y arrivant le plus
rapidement possible pour avoir un système réactif, et sans créer d’instabilités de préférence. Ces
exigences étant souvent incompatibles, on utilise des correcteurs pour aboutir au meilleur
compromis possible → on insère un bloc de fonction de transfert C dans la chaine directe dont le
rôle est de construire un signal de commande qui puisse être :
- proportionnel au signal d’erreur ε : correction proportionnelle (type P)
- proportionnel à l’intégrale du signal d’erreur ε : correction intégrale (type I)
- proportionnel à la dérivée du signal d’erreur ε : correction dérivée (type D)
- une combinaison des 3 effets précédents : correction PI, PD ou PID

Ce bloc est généralement placé à la suite du comparateur mais ça n’est pas possible ici car la chaine
directe sert aussi de comparateur (amplificateur différentiel) → On insère le correcteur après
l’amplificateur18 :
E  chaîne directe correcteur S
consigne +- A C sortie

R chaîne retour
retour B

II.5.1 Correction proportionnelle P


Cette action consiste à multiplier le signal
d’erreur ε par une constante. On choisit l’amplificateur inverseur car il est simple à réaliser et on
peut facilement modifier sa structure pour transformer la correction P en une action I ou PI. Par
contre, sa fonction de transfert CP = - R’/R oblige à inverser le sens du retour pour conserver un
système en contre réaction19. On aboutit alors au montage suivant à réaliser à partir du système
bouclé réglé à F = 2 (la résistance RS a été enlevée pour alléger la structure puisqu’elle est de toute
façon négligeable par rapport à RA) :
C
R : 10 kΩ ; R’ : 100 kΩ – 1 MΩ
R’
E+ R2
R1
GBF _ 
E R
ε _  S
+
R1 +
E- RA

R2 C RB
R

Action d’une correction P = 10 (R’ = 100 kΩ) :


L’action proportionnelle diminue bien l’erreur
statique puisqu’on a maintenant ε = 977 – 882 = 95 mV :

18
Cela ne change rien car on a A.C.ε en sortie de chaine directe, que C soit placé avant ou après A.
19
Si on ne permute pas les entrées + et – du montage, l’inversion apportée par le correcteur renverrait le signal de
retour en phase sur l’entrée, conduisant ainsi le système bouclé à la saturation.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On le comprend facilement puisque la correction revient à multiplier la FTBO A0B du système par
un coefficient CP constant. On doit donc avoir, par analogie avec la formule du § II.4.1 :

E
SP 
1  A 0 BC P

On a ici A0 = 10, B = 0,1 et CP = 10 avec un signal d’entré E = 1 V Pk–Pk → On s’attend à εSP =


1/(1+10×0,1×10) = 1/11 = 91 mV. Ce résultat est proche de la valeur expérimentale.

La précision est améliorée et la réactivité l’est aussi puisque le régime permanent est atteint
beaucoup plus rapidement (TM = 64 µs contre 369 µs auparavant). Cette vélocité accrue est logique
puisque l’action proportionnelle « amplifie » ε → on simule une erreur plus importante qu’elle n’est
en réalité, donc la chaine directe répond de manière beaucoup plus forte qu’elle ne l’aurait fait sans
la correction. Le dénominateur de τ dans l’expression du § II.4.1 étant le même que celui de εS, les
deux grandeurs subissent la même évolution :

 BO
 BFP 
1  A 0 BC P

On doit donc avoir τBFP = 335/(1+10×0,1×10) = 335/11 = 30,5 µs. L’expérience donne TM = 64 µs
= τBFP.ln9, soit τBFP = 29,1 µs. Ce résultat est assez proche de la valeur attendue.

On peut observer l’effet sur l’erreur de trainage


en passant en signal triangulaire. On constate là
aussi une diminution de l’erreur de trainage
(pentes plus proches) :

La correction proposée améliore nettement la précision et la rapidité mais elle n’est pas encore
parfaite (εS n’est pas totalement nulle) → Il est tentant d’augmenter encore plus la correction.

Action d’une correction P = 100 (R’ = 1 MΩ) :


L’erreur statique devient très faible. Les
basculements sont plus rapides mais ils deviennent instables, avec un dépassement assez important :

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On a gagné en précision et en rapidité mais au détriment de la stabilité, ce qui n’est pas souhaitable.
Il faut donc envisager une autre méthode pour annuler complètement ε.

Remarque :
Ces oscillations sont incompatibles avec les modèles envisagés car un système d’ordre
1 bouclé et corrigé par une fonction de transfert réelle conserve son ordre (cf. § V.2 et V.4 de
l’annexe 1). Un système d’ordre 1 ne pouvant pas osciller, il faut revoir la modélisation pour
expliquer ce phénomène. Le problème vient en fait du correcteur P : son gain élevé ne permet plus
de négliger le caractère passe bas naturel de l’amplificateur opérationnel utilisé dans sa conception
(cf. § V.3.3 de l’annexe 1). Si on tient compte du caractère complexe de la fonction de transfert du
correcteur, le système global devient d’ordre 2 et il peut alors être le siège d’oscillations (on
reviendra sur ce point au § II.6).

II.5.2 Correction intégrale I


Son but est d’annuler l’erreur statique. Pour la
réaliser sur notre montage, il suffit de remplacer la résistance R’ par un condensateur C :
C
R = 10 kΩ ; C = 3,3 nF
C

E+ R2
R1
_ 
E GBF R
ε _  S
+
R1 +
E- RA

R2 C RB
R

Le montage correcteur devient un intégrateur à amplificateur opérationnel20. Sa fonction de transfert


est, si on omet son inversion :
1 1 j.f
CI    I
jRC  j2RCf f

Observation :
Les figures suivantes résument l’avantage et l’inconvénient de la correction
intégrale : elle annule l’erreur statique mais peut conduire à des instabilités :

20
Cf. [6], p. 90.
13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L’annulation de εS est fondamentalement liée au caractère persévérant de cette action : l’effet


intégral étant cumulatif dans le temps (∫ε.dt), il ne peut se satisfaire d’une erreur statique non nulle
car il irait alors en divergeant21 → la seule solution stable est d’aboutir à εS = 0. L’association de
cette correction à l’effet dérivateur de l’amplificateur dû à son caractère passe bas explique quant à
elle l’apparition des oscillations (on reviendra sur ce point au § II.6). On montre au § V.4 de
l’annexe 1 que la fonction de transfert du système corrigé devient d’ordre 2 avec les coefficients
caractéristiques :
1 I A0 B
m 0 
2 A 0 B 0 0  I

 I 
et D%   100  exp     en cas de régime pseudoperiodique.

 4A 0 B 0   I 

Le montage est réalisé ici avec A0B = 1, τ0 = R2C = 330 µs et τI = RC = 33 µs. On a donc m = 0,158
(une valeur inférieure à 1 justifiant le régime oscillatoire amorti observé), f0 = 1520 Hz (≈ fpseudo vu
la valeur de m), et un dépassement D = 60 %. Ces résultats recoupent à 10 % près les valeurs
expérimentales (fpseudo ≈ 1430 Hz ; D ≈ 50 %).

II.5.3 Correction PI
C
C : 3,3 nF
R’ : 30 kΩ ; 100 kΩ
C
R’
E+ R2
R1
_ 
GBF R
E ε _  S
+
R1 +
E- RA

R2 C RB
R

On peut regarder ce que donne une combinaison des deux précédentes actions en associant R’ et C
en série dans la boucle de rétroaction du correcteur. Un calcul simple montre que sa fonction de

21
A la différence des corrections P et D qui agissent via une grandeur instantanée (ε ou sa dérivée temporelle), et qui
peuvent par conséquent rester stationnaires avec une erreur statique différente de 0.
14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

1 1 
transfert est alors, si on omet l’inversion : C PI   R '  
R jC 

On peut jouer sur la valeur de R’ pour modifier l’action. Voici à titre indicatif ce qu’on obtient avec
les deux valeurs proposées pour R’ :

Action PI : R’ = 30 kΩ Action PI : R’ = 100 kΩ

L’effet combiné des deux actions conduit à un bon compromis précision/rapidité/stabilité. On a


encore un léger dépassement avec R’ = 30 kΩ, mais il disparait totalement avec R’ = 100 kΩ. Le
système est alors rapide (TM = 74 µs), précis (εS = 0 V) et stable → on n’a pas besoin d’envisager
une action de type dérivée avec ce système.

II.6 Lien avec la FTBO du système


On montre au § III de l’annexe 1 (à lire
avant d’aborder cette partie) qu’on peut appréhender la stabilité d’un système en boucle fermé à
partir de l’étude de sa fonction de transfert en boucle ouverte. Il est donc intéressant de mettre les
observations précédentes en rapport avec la FTBO du montage dans chaque cas de figure. Une
méthode d’analyse visuelle particulièrement instructive consiste à représenter la FTBO dans un
diagramme de Black22. C’est un plan (x, y) = (φ, GdB) ou la pulsation n’apparait pas (mais où
chaque point de la courbe correspond à une valeur de ω), et dans lequel le point de coordonnées (-
180°, 0) représente le point critique à ne pas approcher si on souhaite avoir un système stable → on
peut commencer par tracer la FTBO du système non corrigé réglé à F = 2 (les courbes qui suivent
ne résultent pas de mesures mais de calculs effectués avec les formules du § V.3 de l’annexe 1) :

On constate que la courbe passe loin du


point critique. La phase maximale étant de -
90° (système passe bas d’ordre 1), la marge
de gain est infinie. On n’a pas non plus de
problème avec la marge de phase → il n’y a
donc pas de risque d’instabilité lors du
bouclage.

On peut ensuite tracer les courbes pour le


système avec les différentes corrections
envisagées. On obtient alors les graphiques
suivants :

22
Il existe aussi une abaque de Black Nichols ou une deuxième série de courbes permet d’obtenir les paramètres en
boucle fermée à partir de ceux en boucle ouverte (graphique à double système de coordonnées liées).

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Effet de l’action proportionnelle :


La conséquence sur le diagramme de Black est une translation
de la courbe vers le haut d’autant plus forte que la correction est importante. Ce décalage en bloc
augmente le gain statique du système, ce qui le rend plus précis. L’évolution de la rapidité peut
s’apprécier pour les gains élevés par la valeur de la pulsation correspondant au passage de la FTBO
par G = 0 dB23. La translation de la courbe augmente par conséquent la rapidité du système. On voit
aussi que la correction diminue la marge de phase mais sans que cela soit vraiment un problème
puisqu’elle ne descend pas en dessous de 90°24. L’apparition d’oscillations en boucle fermée lors
des régimes transitoires est donc impossible si la correction est idéale, même avec un gain élevé. La
prise en compte du caractère passe bas naturel de l’amplificateur opérationnel utilisé dans le
correcteur modifie en revanche fortement la courbe à haute fréquence. Elle s’approche
dangereusement du point critique. La marge de phase est réduite à 30 ° dans l’expérience, une
valeur trop faible pour éviter les oscillations.

Effet de l’action intégrale :


Les conséquences de cette action sur la FTBO sont spectaculaires. Les
deux principaux faits à retenir sont :
- un décalage de la courbe vers la gauche dû au fait que la
correction ajoute – 90 ° de phase (CI = KI/jωτI = – jKI/ωτI). Cela rapproche la courbe du point
critique (la marge de phase n’est plus que de 20 ° dans notre exemple). On perçoit ici tout l’intérêt
de la représentation de black puisqu’on y voit très simplement l’effet potentiellement déstabilisant
de l’action intégrale25.
- une divergence de la courbe vers les basses fréquences
(liée à la dépendance en 1/ω de la correction) qui conduit à un gain statique infini, donc à une erreur
εS nulle (précision parfaite26).

Effet de l’action PI :
La correction P ne dépend pas de la fréquence, l’action I est en 1/ω →
L’action intégrale impose le gain en basse fréquence, l’effet proportionnel l’impose plutôt en haute
fréquence. La transition a lieu pour fPI = 1/(2πR’C) d’après l’expression de CPI du § II.5.3. Cette
répartition des rôles est clairement visible sur le graphique tracé pour R’ = 30 kΩ : la courbe
s’apparente à celle de l’action intégrale en basse fréquence puis elle se dirige vers celle de l’action
proportionnelle aux pulsations les plus élevées. La FTBO passe entre temps par un maximum de
phase aux alentours de 900 Hz (qui ne correspond pas à fPI = 1600 Hz car il faut tenir compte du
comportement fréquentiel de A(ω) dans l’évolution de la FTBO). Cette transition disparait
totalement avec R’ = 100 kΩ. La fréquence de transition est alors égale à celle de l’amplificateur et
les évolutions de phase du correcteur compensent celles de A(ω).

II.7 Conclusion
Le montage proposé permet d’appréhender les notions de base
des systèmes bouclés à réaction négative (précision, stabilité et temps de réponse) avec des
manipulations relativement simples. Il offre aussi la possibilité de découvrir le principe des
correcteurs. Il permet enfin d’observer une propriété spécifique à la rétroaction sur un amplificateur
modélisable par une fonction de transfert du premier ordre, à savoir la constance du produit
Gain×Bande Passante dans ces systèmes.

23
Cf. § IV.1, annexe 1.
24
La correction P étant réelle, elle n’affecte pas la phase de la FTBO → Le système restant passe bas d’ordre 1, il ne
peut dépasser - 90 °.
25
On y verrait tout aussi simplement l’effet stabilisant que peut avoir l’action dérivée puisqu’elle aurait tendance à
éloigner la courbe représentative de la FTBO du point critique en rajoutant + 90 ° de phase.
26
Dans la limite des modèles.
17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III ASSERVISSEMENT DE VITESSE


Il n’y a pas de différence de principe entre ce système
et l’amplificateur étudié précédemment. On peut donc faire le même genre de manipulation → les
principales observations et conclusions ayant déjà été faites, l’étude sera plus succincte.

III.1 Présentation de la maquette


Les expériences sont faites sur une maquette
de marque Didalab (réf. 3786B). Les différents éléments sont résumés sur le schéma suivant :

Commande en boucle ouverte


SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp CHARGE
Sc
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

AMPLIFICATEUR M1
COMPARATEUR LIMITATION
EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca

Oscilloscope
Le système à asservir est un moteur à courant continu accouplé à une génératrice pour permettre un
fonctionnement en charge. Une roue à 5 pôles associée à un capteur à effet Hall permet de mesurer
la vitesse du moteur. La relation entre la fréquence détectée et la vitesse de rotation est :

 tours / s   f Hz  / 5

Le signal de sortie du capteur Ca constitue l’entrée de la chaîne de retour. Cette chaîne convertit le
signal alternatif Ca en une tension continu Sr constituant une image de la vitesse. On peut envoyer
ce signal sur l’entrée E2 d’un soustracteur pour le comparer au signal de commande Sc envoyé à
l’entrée E1. Le signal d’erreur Se pilote alors la chaîne directe via l’amplificateur (entrée Ea). Un
module noté « correcteur » peut servir à l’étude dynamique de l’asservissement. Les deux modules
notés « limitation de courant » et « commande en courant » ne seront pas utilisées. Il faut juste
régler le potentiomètre de limitation de courant au minimum.

III.2 Fonctionnement du moteur en boucle ouverte


On peut observer le signal
Ca avec un oscilloscope numérique et noter l’évolution de sa fréquence lorsqu’on modifie la tension
de commande Sc. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure (l’amplificateur a été réglé
à 1 dans cette expérience) :

La vitesse de rotation du moteur est proportionnelle à


SC à un seuil près. La modélisation du moteur donnée
en annexe 3 montre que ω est liée à la tension
d’alimentation Vm par une relation du type ω =
A.(Vm – B). Le résultat obtenu semble donc cohérent.
Il faut cependant noter que le moteur n’est pas
directement alimenté par la tension continue Sc mais
par le signal SP issu d’un hacheur qui est une tension
18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

en créneaux de période T. Sa décomposition en série de Fourier donne un premier terme


correspondant à la valeur moyenne de SP et des termes multiples de la pulsation ω = 2π/T → La
période T étant très petite devant le temps de réponse du moteur, la relation ω = A.(Vm – B) reste
valable à condition de remplacer Vm par sa valeur moyenne <Vm> = <Sp>. Le hacheur délivrant une
tension moyenne <Sp> proportionnelle à Sc, il permet donc de contrôler la vitesse du moteur à
courant continu. La régression linéaire sur la courbe donne la relation entre la vitesse de rotation du
moteur et la tension de commande SC.

III.3 Etude statique : régulation de vitesse


On souhaite faire tourner le moteur
à une vitesse constante ω0 imposée par Sc. On choisit par exemple le point de fonctionnement
suivant :
ω0 = 40 tours/seconde pour Sc = 4 V

Cette relation n’étant pas vérifiée sur la courbe précédente, il faut régler le gain de l’amplificateur
de la chaîne directe pour obtenir ce résultat → On ajuste la tension de commande SC à 4 V et on
règle le potentiomètre de l’amplificateur pour faire tourner le moteur à vide à ω0 = 40 tours/s.

III.3.1 Etude en charge en boucle ouverte


On étudie l’influence d’une charge
sur la vitesse de rotation ω du moteur (manipulation similaire à l’expérience du § II.2.3) en faisant
débiter du courant dans un rhéostat à la génératrice couplée au moteur :

SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE I=
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp Rhéostat
Sc
330 Ω
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

AMPLIFICATEUR M1
COMPARATEUR LIMITATION
EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca

Oscilloscope

Remarque :
Les grandeurs ω et I ne sont
pas très stables → on conseille de mesurer
la fréquence de rotation du moteur avec un
oscilloscope numérique permettant un
moyennage efficace du signal. Un
multimètre possédant cette fonction est
aussi un plus pour mesurer l’intensité.

Conclusion :
La vitesse du moteur chute lorsqu’on le charge → la structure en boucle ouverte ne
permet pas une régulation efficace de la vitesse du moteur. Ce résultat est à rapprocher de celui
obtenu au § II.2.3.
19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.3.2 Etude en charge en boucle fermée


Même type d’étude qu’au § II.3.3.

Calculs préliminaires :
Il faut régler le système bouclé à un facteur de régulation donné tout en
conservant la relation entre la tension de commande et la vitesse de rotation. Le raisonnement est
similaire à celui du § II.3.2. On détaille les calculs pour F = 2.

S
On veut S = ω0 = 40 tours/s pour E = Sc = 4 V → cela fixe la valeur de la FTBF27 : H   10
E

S
On a H = A/F → Le choix F = 2 impose le gain statique de la chaîne directe : A 0  H 0 .F  20 

F -1 R
Le choix de F = 2 impose aussi le gain de la chaîne retour : B   0,05 
A0 S

Réglage pratique :
La méthode diffère légèrement de celle employée pour l’amplificateur car on
n’a pas la même facilité de contrôle sur les valeurs de A et de B → Il est plus simple d’utiliser les
valeurs attendues pour les signaux ε et R. On doit avoir ici ε = S/A0 = 2 V et R = B.S = 2 V. Le
réglage du système se fait alors en deux étapes :

SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp
Sc
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

AMPLIFICATEUR M1
COMPARATEUR LIMITATION
EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca

Vers oscilloscope

On simule le signal d’erreur ε pour ajuster A. On envoie directement un signal de 2 V sur l’entrée
Ea de l’amplificateur avec le potentiomètre de commande Sc puis on ajuste le gain de
l’amplificateur pour faire tourner le moteur à S = ω0 = 40 tours/s. La chaine directe est alors réglée
à H = 10 pour un facteur de régulation F = 2. On règle ensuite la chaine de retour en ajustant son
gain pour avoir un signal Sr = R = 2 V. Elle est alors réglée pour un facteur de régulation F = 2 avec
H = 10.

Les deux chaines sont désormais réglées. On peut boucler le système et ajuster la tension de
commande Sc (égale à E maintenant) à 4 V → Si le réglage est correct, le moteur doit tourner à une
vitesse ω0 = 40 tours/s à vide, et on doit avoir ε = Se = 2 V, Ea = 2 V et Sr = 2 V :

27
Il faut noter que les fonctions de transfert ont cette fois ci une dimension puisqu‘on fait le lien entre des tensions et
une vitesse de rotation. On ne les note pas ici dans un souci de concision.
20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp
Sc
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

AMPLIFICATEUR M1
COMPARATEUR LIMITATION
EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca

Vers oscilloscope

Mesures en charge :
On charge le moteur via la génératrice à l’aide du rhéostat (cf. § III.3.1) et on
reprend les mesures. Le système étant désormais asservi, les variations de vitesse sont plus faibles
et l’instabilité des signaux rend les mesures délicates. Le moyennage des signaux (surtout celui du
capteur de vitesse) est particulièrement appréciable ici.

Etude pour F = 4 :
On peut faire une autre série de mesure avec un facteur de régulation plus
important. Un facteur F = 4 avec H = 10 impose A4 = 40, B4 = 0,075, ε4 = 1 V et R2 = 3 V → il faut
reprendre le protocole de réglage précédent avec ces nouvelles valeurs avant de passer aux mesures.

Exploitation des résultats :


On trace sur un même graphique l’évolution de la vitesse de rotation
du moteur en fonction du courant débité dans la charge pour le fonctionnement en boucle ouverte et
pour les deux facteurs de régulation :

On obtient le même type de résultat qu’au § II.3.3. On peut calculer le rapport entre la pente en
boucle ouverte et les pentes pour les deux facteurs de régulation. On a sur notre exemple :
 BO  BO
BO = – 0,07 ; F = 2 = – 0,034 ; F = 4 = – 0,016 →  2 et  4,4  4
F  2 F  4

→ Le rapport des pentes correspond au facteur de régulation (l’accord n’est pas très bon pour F = 4
mais ce n’est guère étonnant car les variations de vitesse sont délicates à mesurer). On peut
21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

démontrer ce résultat avec les calculs développés au § I.3.2 de l’annexe 1. Soit X le courant débité
dans la charge et S la grandeur à réguler (la vitesse ici), on a :

Relation en boucle ouverte : S   A2X S / X BO


→ F
A
Relation en boucle fermée : S   2 X S / X BF
F
Conclusion :
On peut tirer les mêmes conclusions qu’au § II.3.4 → s’y reporter.

III.4 Etude harmonique de la FTBO


On montre au § III de l’annexe 1 qu’on
peut prévoir la stabilité d’un système en boucle fermé si on connait sa fonction de transfert en
boucle ouverte. Les études des annexes 2 et 3 prédisent un modèle d’ordre 2 pour la FTBO de notre
système sous réserve d’hypothèses simplificatrices. On peut confronter cette théorie à l’expérience.
L’étude a été menée avec le potentiomètre de l’amplificateur à 1 et celui de la chaîne de retour à
100 % (un GBF numérique et un oscilloscope numérique utilisé en mode Roll facilite les mesures) :

SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp
Sc
X Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

AMPLIFICATEUR M1
COMPARATEUR LIMITATION
GBF EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca
Y

On peut commencer avec un signal X d’amplitude ≈ 2 V Pk-Pk et de fréquence f ≈ 0,5 Hz. Le


moteur ne doit alors pratiquement pas tourner puisqu’il y a un certain seuil d’alimentation à
dépasser (cf. graphique du § III.2) → On ajoute une tension d’offset positive jusqu’à ce que le
moteur tourne avec une modulation de sa vitesse mais sans jamais s’arrêter. Le signal Y doit être
sinusoïdal (on rappelle que Sr est l’image de la vitesse de rotation). On peut alors mesurer pour des
fréquences comprises entre 0,5 et 6 Hz, la tension d’entrée X, la tension de sortie Y et le déphasage
entre les deux signaux. On en déduit le diagramme de Bode en gain et en phase :

Les courbes se rapprochent grossièrement de celles d’un circuit du second ordre : le gain en haute
fréquence tend vers – 40 dB/décades (on a obtenu 39,8 par une régression linéaire sur les derniers
22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

points de la courbe) et la phase évolue de 0 vers –180 °. Il y a cependant des écarts notables avec
les courbes théoriques d’un système d’ordre 2 (c’est particulièrement net pour la phase). Ce n’est
guère étonnant car le système est beaucoup plus complexe à modéliser que ne l’était l’amplificateur
du § II. On n’a donc pas cherché à obtenir de coefficients caractéristiques à partir de ces mesures.

On peut aussi représenter l’évolution dynamique du système en boucle ouverte dans le plan de
Black. On obtient le résultat suivant :

On peut alors observer les marges de gain et


de phase. La marge de phase vaut environ
120 °. La marge de gain semble elle aussi
suffisante pour garantir un fonctionnement
stable du système en boucle fermé.

III.5 Etude dynamique : asservissement

III.5.1 Réponse à un échelon


Etude similaire à celle du § II.4.1 :
caractérisation de la précision et identification du type d’asservissement.

Montage :
SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg

X Ss Ep Sp
Sc
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

GBF COMPARATEUR
AMPLIFICATEUR
LIMITATION
M1
EN COURANT

E2
CORRECTEUR COMMANDE
Sr EN COURANT
m

MOTEUR
Er Cs CHAINE DE RETOUR
Y Ca

On commence avec le potentiomètre de l’amplificateur à 1 et celui de la chaîne de retour à 100 %.


On envoie un signal créneaux d’environ 0,5 Hz à l’entrée E1 du système bouclé. On ajuste son
amplitude et son offset pour le moteur tourne sans jamais s’arrêter. On visualise la consigne X et le
retour Y en utilisant le même calibre et la même origine pour les deux voies. On observe alors
l’influence du gain de l’amplificateur sur la réponse du système :
Gain = 1 Gain = 11

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Analyse :
Le signal X est la consigne en X et le signal de retour Y est une image de la vitesse, la
grandeur à réguler → si l’asservissement était parfait, les deux signaux devraient être identiques
(erreur nulle), ce qui n’est pas le cas. L’erreur en régime permanent est non nulle mais elle est
d’autant plus faible que le gain est grand. Ce comportement est caractéristique d’un asservissement
de type zéro (cf. § II.1 de l’annexe 1). On peut aussi noter que le signal de retour est toujours
inférieur au signal d’entrée → la vitesse réelle est toujours inférieure à la vitesse de consigne).
L’augmentation du gain rend aussi le système plus réactif mais il commence à avoir une réponse
oscillante. Ces comportements sont conformes aux résultats du § III.3 de l’annexe 1 et § III de
l’annexe 3 et similaires à ceux observés sur le montage amplificateur.

III.5.2 Réponse à une rampe


Même manipulation que précédemment avec un
signal triangulaire :
Gain = 1 Gain = 11

Les constats sont encore une fois les même que pour l’amplificateur : l’erreur de trainage n’est pas
constante mais elle diminue quand on augmente le gain statique (on a décalé la réponse vers le haut
tout en conservant la même sensibilité sur chaque voie pour le gain de 1 afin de faciliter la
comparaison avec la consigne). Ce comportement est typique d’un asservissement de type zéro.

III.5.3 Etude des correcteurs


Le but ici est de concilier les exigences souvent
contradictoires que sont la précision, la rapidité et la stabilité.

Prise en main des correcteurs :


Le correcteur disponible sur la maquette permet d’obtenir
différentes actions suivant les connexions qu’on réalise (il n’y a pas d’erreur sur le schéma : la
correction PI ne nécessite aucun brochage) :
Action P Action PI Action PD Action PID

CORRECTEUR CORRECTEUR CORRECTEUR CORRECTEUR

On peut regarder rapidement le résultat des différentes actions en envoyant un signal carré
d’environ 1 Hz sur l’entrée R1 ou R2 du correcteur. Le signal corrigé est récupéré sur la sortie R6.

Influence sur l’asservissement :


L’idée est de vérifier les propriétés essentielles des différentes
actions correctives rappelées au § IV de l’annexe 1. On réalise les branchements suivants (le
comparateur ne sert plus car le correcteur assure aussi ce travail) et on utilise un signal carré
compris entre 2 et 5 V et de fréquence f  0,1 – 0,2 Hz.

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

SOMMATEUR
GENERATEUR GENERATRICE
COMMANDE DE RAMPE Sg
Ss Ep Sp
Sc
Sa Es
ETAGE DE
E1 Se Ea
PUISSANCE

X COMPARATEUR
AMPLIFICATEUR
LIMITATION
M1
EN COURANT

E2
COMMANDE
GBF CORRECTEUR EN COURANT
Sr m

MOTEUR
Y Er Cs CHAINE DE RETOUR Ca

On visualise les signaux X et Y avec un oscilloscope numérique en mode Roll et on observe les
différentes actions correctives avec un retour réglé à 50 puis 100 %28. On peut mesurer dans chaque
cas les temps de montée et de descente, ainsi que le dépassement sur le signal Y.

Correction proportionnelle P :
Retour à 50 % Retour à 100 %

On s’apercoit que l’erreur statique diminue sans s’annuler quand le retour augmente et qu’elle
est toujours négative (vitesse réelle inférieure à la vitesse désirée). Le système est aussi plus rapide
(cf. rise time et fall time) mais il tend à osciller (cf dépassement).

Correction proportionnelle dérivée PD :


Retour à 50 % Retour à 100 %

L’erreur statique diminue encore mais sans pout autant s’annuler quand le retour augmente. En
revanche, le dépassement est nettement plus faible qu’auparavant → le système gagne en stabilité
avec cette correction. Il n’y a en revanche pas d’amelioration sur la rapidité du système comme on
pourrait s’y attendre.

28
Il faudrait jouer sur le degré de correction et non pas sur le niveau du retour mais la maquette ne le permet pas.
25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Correction proportionnelle intégrale PI :


Retour à 50 % Retour à 100 %

On arrive cette fois ci à annuler complètement l’erreur statique avec un retour à 100 % mais on a
alors un dépassement important (c’est le plus fort de toute les acquisitions). On met ainsi en
évidence l’effet déstabilisateur de la correction intégrale. Le ralentissement attendu du système est
visible sur le retour à 50 %. C’est plus délicat a quantifier pour un retour à 100 % car la mesure
automatique est preturbée par la présence du dépassement.

Correction proportionnelle intégrale dérivée PID :


Retour à 50 % Retour à 100 %

C’est évidemment la correction la plus complète. On a une erreur statique nulle pour un retour à
100%. Les performances en rapidité sont bonnes et le dépassement est raisonnable. Ce correcteur
offre donc le meilleur compromis précision, rapidité, stabilité.

IV ASSERVISSEMENT DE POSITION
On peut montrer (cf. [2], p. 24 ; [6], p. 330 et suivantes)
que cet asservissement est du type 1. Ce genre de système bouclé est caractérisé par la présence
d’un intégrateur pur dans la FTBO. Il a pour effet en théorie d’annuler l’erreur statique et de rendre
l’erreur de traînage constante une fois le régime transitoire passé (cf. [2], p.58 et annexe 1).

Montage :
On utilise une maquette de marque Didalab (réf. 3787). La grandeur à contrôler est la
position angulaire d’un disque. Un potentiomètre multitour linéaire permet de récupérer un signal Sr
image de cette position angulaire. Le disque est entraîné à l’aide d’une courroie élastique par un
moteur à courant continu. La plus grosse partie de la maquette est consacrée à la partie correctrice.
Les trois actions de base P, I et D sont réalisables et on peut jouer séparément sur les trois
corrections. Les performances de cette maquette sont cependant plus limitées → on se contentera
d’observations qualitatives. On indique en traits gras les connections à réaliser. L’observation à
basse fréquence des signaux X et Y s’effectue avec un oscilloscope numérique et on conseille
d’utiliser un GBF numérique pour régler finement la fréquence. On peut enlever les deux
masselottes situées sur le disque dont on asservit la position.

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Sa
E3
Sp
COMMANDE E4 Ss Ep
Xp Em

Sc E5
Si
Xi E6
X E1 Se AMPLIFICATEUR
DE PUISSANCE
Ed E7
GBF Sd
E8
E2 Xd

COMPARATEUR CORRECTEUR PID


E2

Sr

CHAINE DE RETOUR
Er Sp
Y

IV.1 Réponse à un échelon


GBF : signal carré d’amplitude  2 V ; f  0, 2 Hz.

IV.1.1 Commande proportionnelle seule


On met les potentiomètres des
commandes intégrales et dérivées à zéro et on augmente progressivement celui de la commande
proportionnelle en partant de zéro. On note l’évolution du signal de retour Sr (Y), image de la
position du disque et on le compare à la tension de consigne E1 (X). Voici le résultat d’une série
d’acquisitions avec une action P de plus en plus forte. P1 correspond pratiquement à la valeur
minimum qui permet la mise en déplacement du disque. P2 correspond à une valeur proche de P1 :
P1 P2

P4  50 % Pmax Pmax

L’asservissement étant de type 1, on s’attend à avoir une erreur statique nulle. On le vérifie pour des
gains forts mais ça n’est pas le cas pour les gains faibles : εS n’est pas nulle, mais elle peut en
revanche être positive ou négative. Autrement dit, la position réelle du disque peut être avant ou
après la position désirée. C’est une différence avec l’asservissement de vitesse (asservissement de
type zéro) ou l’erreur statique était toujours négative. L’augmentation de la correction tend aussi à
accélérer le système (surtout pour les gains faibles) mais finit par aboutir là encore à une réponse
oscillante. On retrouve les mêmes constats que pour les asservissements précédents.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV.1.2 Commande proportionnelle intégrale


On peut rapidement vérifier que
cette commande n’apporte pas vraiment d’améliorations, et qu’elle peut même rendre le système
instable. C’est assez logique car cette action n’apporte théoriquement aucun bénéfice à un
asservissement de type 1 soumis à un échelon.

IV.1.3 Commande proportionnelle dérivée


On peut régler la commande
proportionnelle à 50 % et augmenter progressivement la commande dérivée de 0 à 100 %. On note
une amélioration sensible de la stabilité pour 0 %  D  50 % mais sans augmentation notable de la
rapidité. Le disque se met en général à osciller si on dépasse 50 %, ce qui n’est pas franchement
logique par rapport à la correction apportée (l’action dérivée est censée stabiliser et accélérer le
système) → La maquette montre ici ses limites.

IV.2 Réponse à une rampe


Comme l’asservissement de position est un
asservissement de type 1, on s’attend à avoir une erreur de traînage constante.

GBF : signal triangulaire d’amplitude  2 V ; on peut jouer plus ou moins sur la fréquence (cf.
acquisitions).

IV.2.1 Commande proportionnelle seule


P1  25 – 30 % P2  P1

P3  P2 P4  max

On observe que l’erreur de traînage diminue lorsque le gain statique augmente et qu’elle est positive
ou négative suivant le signal de la pente. L’erreur de traînage n’est pas vraiment constante mais on
n’observe pas de divergence dans un sens ou dans l’autre. Le système devient là encore instable si
on augmente trop le gain.

IV.2.2 Commande proportionnelle dérivée


On peut commencer en mettant la
commande proportionnelle à 50 % environ et on augmente progressivement la commande dérivée.

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

P  50 % P  50 % ; D  50 %

Le système a encore tendance à osciller si on augmente trop la correction dérivée. En revanche, on


le stabilise si l’action n’est pas trop forte. L’erreur de traînage semble alors tendre vers une
constante.

IV.2.3 Commande proportionnelle intégrale


P  50 % P  50 %, I  50 %

L’action intégrale à cette fois ci un intérêt car le système ainsi ajusté tend à avoir en moyenne une
erreur de traînage nulle : le signal de retour est en effet situé maintenant de part et d’autre de la
consigne et ce sur les deux pentes. L’action proportionnelle intégrale peut donc améliorer la
précision dynamique du montage.

IV.2.4 Action combinée des 3 commandes


On conçoit qu’une action
judicieusement combinée des trois effets puisse donner un bon compromis. C’est en effet le cas
comme le montre l’acquisition suivante :
P = I = D  50 %

L’erreur de traînage est nulle une fois le transitoire passé. L’ondulation résiduelle est minimisée. On
peut trouver un meilleur compromis en jouant sur les différents potentiomètres mais il n’y a pas de
solution idéale : on peut trouver un bon réglage pour une certaine fréquence et celui-ci peut s’avérer
moins performant pour une autre.

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V CONCLUSION
On vient d’étudier des systèmes bouclés dont le but est d’obtenir un effet
régulateur. Il faut savoir que le bouclage peut aussi servir à obtenir un effet de mémorisation d’une
information, comme dans les bascules utilisées en logique séquentielle. On peut présenter en
conclusion de ce montage le principe d’une bascule RS. Se reporter aux § II.2 et II.3 du montage
« Régime Transitoire ».

Bibliographie :
[1] : Yves Granjon : Automatique (Dunod)
[2] : Manneville Esquieu : Systèmes bouclés linéaires, de communication et de
filtrage (Dunod)
[3] : Destombes, Boutoille : Manipulations et simulations, tome 2
[4] : Quaranta, tome IV
[5] : P. Codron, S. Le Ballois : Automatique (Dunod)
[6] : Duffait : Expériences d’électronique
[7] : J.C. Chauveau : Systèmes Asservis Linéaires (Educalivre)
[8] : BUP n° 779, p. 2019 à 2039
[9] : Quaranta III
[10] : Cours en ligne de Freddy Mudry à l’adresse : http://www.iai.heig-vd.ch/fr-
ch/Enseignement/Supports/O_Electronique%20analogique%20%28EAN%29/Chap.07%20Etude%
20de%20la%20contre-r%C3%A9action.pdf

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 : QUELQUES NOTIONS SUR LES SYSTEMES


BOUCLES EN CONTRE REACTION

On rappelle les propriétés importantes de ces systèmes (structures asservies). L’exposé est assez
développé mais pas exhaustif (il existe des livres entiers sur le sujet). On se contente de donner les
résultats nécessaires à la compréhension des manipulations présentées.

I STRUCTURE GENERALE D’UN SYSTÈME BOUCLE


Le schéma fonctionnel d’un système
bouclé est le suivant :

E  chaîne directe S
+ sortie
consigne - A(p)
(grandeur à réguler)

R chaîne retour
retour B(p)

A, B : fonctions de transfert des chaînes directe et retour.

I.1 Fonction de transfert en boucle ouverte (FTBO)


La FTBO est définie par
la relation G = R/E lorsque le retour est coupé (ε = E). On voit immédiatement qu’on a :
R
G     A.B
 E BO

I.2 Fonction de transfert en boucle fermée (FTBF)


On a S = A. = A.(E – R)
= A.(E – B.S), d’ou :
S A A
H   
 E BF 1  A.B 1  G

On précise dans ce qui suit les avantages d’une telle structure.

I.3 Influence de la rétroaction sur la stabilisation


La contre réaction a une
action fondamentale sur le système : elle permet d’insensibiliser sa fonction de transfert.

I.3.1 Vis à vis d’une fluctuation de A


Supposons que la fonction de transfert
directe A fluctue légèrement, les paramètres E et B restant constants :

dH  A  11  A.B   B.A


'
1 H 1 dH 1 dA
     . → 
dA  1  A.B  1  A.B  2
1  A.B  A 1  A.B
2 H 1  AB A

31
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

dS 1 dA
S = H.E avec E constant → 
S 1  AB A

dS dA
L’expression peut être comparée au résultat obtenu sans le bouclage : S = AE → 
S A

On s’aperçoit que la variation relative de S est nettement plus faible en boucle fermée si on a A.B
>> 1. Cette condition entraîne un effet de stabilisation, d’où le nom de facteur de régulation donné
au coefficient F = 1 + A.B.

I.3.2 Vis à vis d’une perturbation


On peut quantifier l’influence du bouclage
sur une perturbation X qui s’ajoute en cours d’amplification dans la chaine directe :
X

-
E + A1(p) + A2(p) S
-

R B(p)

A1A 2 A2
S  A2 A1  E  R   X  A2 A1  E  B.S  X  → S  E X
1  A1A 2 B 1  A1A 2 B
Si on suppose les systèmes linéaires, on peut appliquer le théorème de superposition, et donc étudier
l’influence de la perturbation X sur la sortie S en annulant E :
A2 dS A2 dX
S X → 
1  A1A 2 B S 1  A1A 2 B X

L’expression obtenue peut être comparée au résultat que l’on aurait sans le bouclage en annulant E
pour les mêmes raisons :
dS dX
S = - A2X →   A2
S X
La structure en boucle fermée réduit une nouvelle fois l’influence de la perturbation lorsque 1+
A1A2B est grand29. On retrouve l’influence du facteur de régulation F mais il faut noter que ça n’est
valable que si la perturbation apparait en cours de chaine directe. Il n’y a en effet aucun bénéfice
lorsque la perturbation apparait en début de chaine puisque E et X sont alors amplifiés de la même
manière (on peut le vérifier par le calcul).

I.3.3 Vis à vis d’une fluctuation de B


De manière analogue au § I.3.1, on
montre facilement qu’on a :

dH dS A.B dB dB
  .  Si AB >> 1
H S 1  A.B B B

Cette fois ci, le bouclage n’a pas d’effet stabilisant vis-à-vis d’une fluctuation de la chaîne de retour.
La conception de cette chaîne doit être par conséquent être soignée.

29
Car l'amplification du signal E est tout simplement A1 fois plus grande que celle de la perturbation X.
32
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.3.4 Conclusion
On a un effet régulateur vis à vis des perturbations si on a
AB >> 1. C’est la condition pour qu’un système bouclé permette l’asservissement d’une
grandeur physique. Il en découle des conséquences importantes :

A 1 1
- AB >> 1 impose alors : H   → S .E
1  A.B B B

→ Le gain statique du système bouclé est imposé par la chaîne de retour.

A  A.B 
- AB >> 1 impose aussi :  = E - R = E - B.S = E - B. E  E  1  0
1  A.B  1  A.B 

→ Le signal d’erreur est faible lorsqu’on a un bon asservissement.

I.4 Classe d’un asservissement


Dans le cas le plus général, la FTBO d’un
système bouclé peut se mettre sous la forme suivante :
G 0 1  a1p  a 2p2  ...
G  p  →   classe ou type de l'asservissement
p 1  b1p  b2p2  ..

On utilise ici le formalisme de Laplace avec la variable p = jω. Le terme 1/p correspond alors à une
intégration → La classe (ou le type) d’un asservissement est lié au nombre d’intégrateur purs
présents dans la FTBO30 :
1  a1p  a 2p2  ...
- asservissement type 0 ⟺ G  p   G0 .
1  b1p  b2p2  ..
G 0 1  a1p  a 2p2  ...
- asservissement type 1 ⟺ G  p   .
p 1  b1p  b2p2  ..

Attention à ne pas confondre le « type » et « l’ordre » d’un asservissement ! On peut par exemple
avoir un asservissement de type 0 et d’ordre 1 ou 2.

II PERFORMANCES DES SYSTEMES BOUCLES


Les qualités demandées à un système
bouclé dépendent de la phase de fonctionnement :
- en régime permanent, on demande au système
d’être précis. La notion d’erreur quantifie cette qualité.
- en régime transitoire, on demande au système
de passer d’un régime permanent à un autre le plus rapidement possible, et sans avoir de
dépassements excessifs s’il y en a. La rapidité sera caractérisée par un temps de réponse.

II.1 Erreur
Un asservissement a pour but d’obtenir une valeur S qui soit une
image fidèle de la consigne E → on recherche une relation du type S = k.E avec k une constante
indépendante de toute perturbation. Si ce n’est pas le cas, la grandeur de sortie aura une valeur S’
différente de celle souhaitée. On peut donc chiffrer l’erreur par la relation :

30
On fait cette distinction car la présence d’intégrateurs purs a des conséquences importantes sur le comportement des
systèmes.
33
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

erreur  S  S'

Or, on a vu au § I.3.4 qu’un asservissement parfait conduit à avoir la relation S = E/B. Par ailleurs,
la sortie réellement obtenue S’ conduira à un signal de retour R = BS’. L’erreur peut donc
s’exprimer par la relation :
erreur  E  R   
1 1
B B
→ Le signal d’erreur ε est équivalent à l’erreur en sortie à une constante 1/B près → la précision
sera dorénavant définie par ε et on s’intéressera a sa valeur en régime permanent :

erreur    lim (t)  lim  E(t)  R(t) 


t  t 

Or, on a lim X(t)  lim pX(p) d’après le théorème de la valeur finale →   lim p.(p)
t  p 0 p 0

E(p)
On a par ailleurs ε(p) = E(p) – R(p) = E(p) – G(p). ε(p) → (p)  , soit :
1  G(p)
 p.E(p) 
  lim  
p  0  1  G(p) 

→ L’erreur dépend donc de la forme de la consigne d’entrée et de la limite du gain en boucle


ouverte quand p tend vers zéro.

II.1.1 Erreur statique


Cette erreur, notée S, correspond à une consigne
d’entrée en forme d’échelon. Si son amplitude est E0, sa transformée de Laplace est E0/p.

 p   p Eo   Eo 
On a alors : S  lim  .E(p)   lim    lim  
p  0  1  G(p)  p  0  1  G(p) p  p  0  1  G(p) 

Asservissement de type 0 :
1  a1p  a 2p2  ...
On a G  p   G0 . dans ce cas.
1  b1p  b2p2  ..
E0
→ lim G(p)  G 0 D’ou S 
p 0 1  G0

L’erreur statique est constante et non nulle pour un asservissement de type 0. Elle est
d’autant plus faible que le gain statique en chaîne ouverte G0 est fort.

Asservissement de classe supérieure :


G 0 1  a1p  a 2p2  ...
On a alors G  p   avec   1
p 1  b1p  b2p2  ..
G 
→ lim G(p)  lim  0    D’ou S  0
p0 p0  p 

L’erreur statique est nulle pour un asservissement de type 1 ou supérieur.

34
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.1.2 Erreur de traînage


Cette erreur T correspond à une consigne en forme de
rampe. Elle chiffre l’aptitude du système à suivre une consigne variable (asservissement) alors que
l’erreur statique évalue la capacité à respecter une consigne constante (régulation). Si la rampe à un
coefficient directeur E0, sa transformée de Laplace est E0/p2 et on a :
 Eo 
T  lim  
p  0  p 1  G  p   
  
Asservissement de type 0 :
Le développement du dénominateur de εT donne :
 p  a1p 2  a 2 p3  ... 
p 0
 
lim p 1  G  p    lim  p  G 0
p 0 
0
1  b1p  b 2 p 2  .. 
→ T  

L’erreur de traînage tend progressivement vers l’infini pour un asservissement de type 0.

Asservissement de type 1 :
On a dans ce cas :
 1  a1p  a 2 p  ... 
 
E0
lim p 1  G  p    lim  p  G 0   G0 → T 
p0 p0 
 1  b1p  b 2 p 2  ..  G0

L’erreur de traînage est constante et non nulle pour un asservissement de type 1. Elle est
cependant d’autant plus faible que le gain statique est important.

II.2 Rapidité
On se limite à l’étude d’une réponse à un échelon appliqué à un
système d’ordre 1 ou 2.

II.2.1 Système du premier ordre


On considère une fonction de transfert du
type A/(1 + τ.p). La réponse indicielle a alors l’allure suivante :

La constante de temps τ quantifie la rapidité du S/Sfinal


1
système. On peut l’obtenir avec un oscilloscope 0,95
numérique en mesurant le temps de montée TM 0,9
du signal (durée nécessaire pour passer de 10 à
90 % de la valeur finale). Un calcul simple
montre qu’on a :
0,1 t
TM  . ln 9  2,2.
tr
Tm
II.2.2 Système du deuxième ordre
A0
2m.p p 2
1  2
0 0
Avec A0, m et 0 le gain statique, le facteur d’amortissement et la pulsation propre du système.

Le calcul des temps caractéristiques est assez lourd et dépend de la valeur de m (cf. [5], p. 46 à 55).
Une observation temporelle permet cependant d’esquisser l’influence de l’amortissement.
35
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

m  1 ; réponse apériodique :
Dans ce cas, le signal de sortie évolue comme sur le graphique de
gauche31 → le système sera d’autant plus lent que le coefficient d’amortissement m est fort.

m  1 ; réponse pseudo-périodique :
Dans ce cas, le signal de sortie évolue comme représenté sur le
graphique de droite. On note la présence d’oscillations qui persistent d’autant plus que m est faible.
Le temps de réponse par rapport a la valeur finale n’a pas d’expression simple. Une grandeur plus
facile à calculer est le temps correspondant au premier maximum :

 
t max1   Avec ω = pseudo pulsation
0 1  m2 

Une grandeur intéressante à mesurer est le dépassement D = (Smax – Sfinal)/Sfinal. Ce n’est pas un
paramètre qui caractérise la rapidité du système mais c’est en revanche un indicateur important de
sa stabilité (un dépassement supérieur à 50 % est rarement souhaitable). Son expression est assez
simple et ne dépend que de m, et on peut la mesurer facilement avec les oscilloscopes modernes :

  
m.
D(%)  100  exp    
  1  m2 
  

III STABILITE DES SYSTEMES BOUCLES


Un système est stable si la grandeur de sortie
tend vers une valeur finie lorsque l’on injecte un signal fini en entrée (pas de divergence). Pour
satisfaire cette condition d’un point de vue mathématique, il faut que la FTBF du système n’ait
aucun pôle32 à partie réelle positive ou nulle (tous les pôles doivent donc être à partie réelle
strictement négative) → cela revient à étudier les solutions de l’équation :

1  A(p)B( p)  0

AB correspondant à la FTBO, on peut appréhender la stabilité du système en boucle fermé à


partir de l’étude de sa fonction de transfert en boucle ouverte. On voit par exemple facilement
qu’il apparait un point particulier, le point critique, de coordonnées complexes (-1 ; 0), pouvant
amener à une divergence de la FTBF en régime harmonique.

31
Toutes les courbes ont été tracées pour une pulsation 0 = 1 rd.s-1.
32
Les pôles d’une fonction de transfert sont les valeurs pour lesquelles le dénominateur de la fonction de transfert
(mise sous forme irréductible) s’annule.
36
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.1 Critère de stabilité


Il existe des tests algébriques permettant d’étudier la
stabilité d’un système (critères de Routh – Hurwitz) mais leur emploi est assez lourd. On se
contentera d’un critère graphique moins rigoureux mais suffisant pour les fonctions de transfert
rencontrées ici. Son emploi en représentation de Black33 GdB = f est particulièrement intuitif pour
voir les marges de stabilité et l’effet des correcteurs :
G (dB)
Un système linéaire est stable en boucle fermé si, en parcourant
le lieu de la réponse harmonique de la FTBO dans le sens des
C φ°
pulsations croissantes, on laisse le point critique C sur la droite. 0
(2) -180 °
Sur l’exemple ci-contre, le premier cas de figure correspond à un (1)
système stable alors que le deuxième cas correspond à un système
instable (les flèches indiquent le sens de parcourt en  croissant).

III.2 Marges de stabilité


Le critère énoncé précédemment est binaire mais son
respect au sens strict est insuffisant car un système respectant cette condition en passant trop près du
point critique sera stable mais présentera des oscillations en régime transitoire. Il vaut donc mieux
se donner des marges de sécurité → On définit une marge de gain et une marge de phase pour
chiffrer l’éloignement de la FTBO par rapport à C :

- Marge de gain MG = 0 – |GdB| pour GdB correspondant à  = –180°.


- Marge de phase M = 180° - ||pour  correspondant à G = 0 dB.
G (dB)
Ces marges apparaissent alors simplement en représentation de Black :

Il n’y a pas de limites absolues mais on admet en général qu’un C M φ°


système possédant une marge de phase de 45 ° et une marge de 0
gain de 12 dB en BO aura une stabilité convenable en BF (on MG
peut encore avoir un léger dépassement) mais on peut prendre
des conditions plus restrictives.

III.3 Influence du gain statique sur la stabilité


Supposons qu’on augmente le
gain statique d’un système bouclé → la nouvelle FTBO peut s’écrire G’ = K.G.
G (dB)
K étant réel, on a alors ’() = () et │G’(ω)│= K.│G(ω)│→
la fonction de transfert G’ se déduit de G par une simple C φ°
translation de 20.logK sur l’abaque de Black → une valeur trop 0
importante de K peut rapprocher la fonction de transfert du point
critique et rendre ainsi le système instable. C’est une propriété G’
importante à retenir. G

IV CORRECTIONS DES SYSTEMES BOUCLES


Les correcteurs ont pour but de concilier les
exigences contradictoires de précision, rapidité et stabilité.

33
Ce mode de représentation peut surprendre au départ car la pulsation ω ne sert pas comme axe pour le graphique
comme c’est le cas les diagrammes de Bode. Mais il faut bien voir que chaque point dans le diagramme de black
correspond à un couple de points (G ; φ) mesuré a une pulsation ω donnée.
37
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV.1 Principe général de la correction


On place un bloc correcteur de fonction
de transfert C(p) dans la boucle directe :

 correcteur c chaîne directe


E + S
- C(p) A(p)

chaîne retour
R
B(p)

Cet ajout modifie les fonctions de transfert en boucle ouverte et fermée. On a :

A.C A.C
G'  A.B.C  G.C Et H '  
1  A.B.C 1  G.C

Le problème consiste à trouver une fonction C(p) qui augmente les performances sans créer
d’instabilités → Il faut effectuer des actions localisées sur la FTBO du système compte tenu des
améliorations souhaitées :
- la précision est caractérisée par l’erreur statique εS → elle dépend du
gain statique de la FTBO34, donc de sa « forme » en basse fréquence. Si la FTBO présente au moins
un intégrateur pur, elle diverge lorsque ω → 0. On a alors εS = 0 et aucune correction n’est
nécessaire. Dans le cas contraire (asservissement de type zéro), il faut augmenter le gain statique
pour améliorer la précision.
- la stabilité est liée au comportement de la FTBO au voisinage du point
critique → on a intérêt si nécessaire à « déformer la FTBO » à l’approche de C pour augmenter les
marges de phase et de gain. Si on se limite à des systèmes ne dépassant pas l’ordre 2 (φmax = -180°
lorsque ω → ∞), la marge de gain est infinie et seule la condition sur Mφ est importante.
- la rapidité est plus délicate à traiter rigoureusement, mais elle est en
général liée à la bande passante du système en boucle fermée35. Si on se limite encore une fois à des
systèmes ne dépassant pas l’ordre 2, on peut montrer pour un système à gain statique élevé qu’elle
exige une bande passante en boucle ouverte 0 dB(BO) la plus grande possible36.

G (dB)

précision
stabilité
φ°
-180 ° 0
0 dB
rapidité

34
cf. § II.1.1.
35
On le vérifie facilement sur une fonction de transfert du premier ordre puisqu’on on a f C = BP = 1/(2pτ).
36
Attention aux erreurs d’interprétations sur le diagramme de Black : cette condition ne veut pas dire qu’il faut que la
courbe passe sur l’axe horizontal en étant le plus à gauche possible ! Il faut juste que la pulsation a laquelle se fait le
passage soit la plus grande possible, et ce quelque soit l’endroit ou se fait le passage.
38
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV.2 Actions correctives élémentaires


On indique juste les conséquences
potentielles des différentes actions élémentaires sans entrer dans des explications détaillées mais il
faut savoir que le résultat dépend aussi des caractéristiques de la FTBO et qu’une correction mal
utilisée sur un système mal maitrisé peut donner le contraire de l’effet souhaité.

IV.2.1 Action proportionnelle P

C  KP . → CP (j) = KP en régime harmonique

Cette action agit de façon constante sur l’ensemble du spectre → elle translate la FTBO vers le
haut dans le diagramme de Black → elle a pour conséquence :
- une amélioration de la précision en diminuant l’erreur statique mais sans l’annuler.
- une amélioration de la rapidité par augmentation de la bande passante.
- un effet potentiellement déstabilisant par réduction de la marge de phase.

IV.2.2 Action intégrale I

KI KI K
I 
C  .dt → C I (j) =  j I en régime harmonique
jI I

Cette action est en –j/ω → elle ajoute - 90 ° de phase et amplifie en basse fréquence (son action
tend vers l’∞ lorsque ω → 0) → elle a pour conséquence :
- une annulation de l’erreur statique37 (précision « parfaite »).
- une diminution de la stabilité (réduction de la marge de phase par rajout de - 90 °).
- un ralentissement du système (par diminution de la bande passante puisque l’action est
en 1/ω).

IV.2.3 Action dérivée D


Elle se caractérise par la fonction de transfert :

d
C = K D  D → C D (j) = jK D  D en régime harmonique
dt

Cette action est en + jω → elle ajoute + 90 ° de phase et amplifie en haute fréquence (son action
tend vers l’∞ lorsque ω → ∞) → elle a pour conséquence :
- aucune augmentation de la précision (peu d’effet à basse fréquence).
- une amélioration de la stabilité (augmentation de la marge de phase par rajout de + 90 °).
- une amélioration de la rapidité (par augmentation de la bande passante puisque l’action
est en ω).
- une augmentation de la sensibilité au bruit par renforcement des hautes fréquences.

On voit qu’aucune correction élémentaire n’est idéale → il faut les combiner pour aboutir au
meilleur compromis possible.

37
Il faut noter que cette correction n’a aucune utilité s’il y a déjà un intégrateur pur dans la FTBO (asservissement de
type 1).

39
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V APPLICATION À UN AMPLIFICATEUR MODÉLISABLE PAR UNE FONCTION DE


TRANSFERT D’ORDRE 1

V.1 Comportement fréquentiel en boucle ouverte


Il se déduit de la fonction
A0
de transfert A  .
1  j f / f 0 
Cette fonction se réduit à A = A0 en basse fréquence, soit A(dB) = 20LogA0. Son module en haute
fréquence se ramène à :

→ A dB  20LogA 0  20Log


A0 f
A 
f / f0 f0
On a donc le diagramme asymptotique suivant :

A (dB)
20logA0 BO
- 20 dB/décade

20logH0 BF

0
f0 fBF fT

La fréquence de transition ft = A0f0 correspond à un gain nul en dB (A = 1). On peut considérer en


première approximation qu’un amplificateur opérationnel a, de par sa conception interne, un tel
comportement38 avec un gain statique A0 ≈ 105 et une fréquence de coupure f0 ≈ 10 Hz pour les
741, 071 et 081 → fT vaut typiquement 1 MHz pour ces composants.

V.2 Comportement en boucle fermée


La FTBF d’un système en contre
réaction valant H = A/(1 + AB), on a ici :
A0 A0
1  j f / f 0  A0 A0 1  A0 B H0
H    
A0B 1  j f / f 0   A 0 B 1  A B  j f 1 j
f
1 j
f
1
1  j f / f 0  f 0 1  A 0 B
0
f0 f BF

La FTBF est formellement identique à la FTBO → le système bouclé reste d’ordre 1, mais avec
un nouveau gain statique H0 et une nouvelle fréquence de coupure fBF :
A0
H0 = f BF = f 0 (1 + A0 B)
1 + A0 B

→ Le gain statique a diminué d’un facteur 1 + A0B pendant que la fréquence de coupure a
augmentée de 1 + A0B. On a donc :
H 0 .f BF  A0 .f 0  f T  cte

→ Le produit Gain×Bande Passante d’un amplificateur opérationnel en contre réaction est


une constante égale au produit Gain×Bande Passante en Boucle ouverte (qui vaut fT). On

38
Cf. [6], p. 81 ou [9], p. 30.

40
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

retiendra donc qu’une diminution du gain d’un amplificateur opérationnel s’accompagnera


forcément d’une augmentation de sa bande passante dans des mêmes proportions, et vice versa.

V.3 FTBO pour le montage d’étude


On a vu § III qu’on peut appréhender la
stabilité d’un système en boucle fermé à partir de l’étude de sa FTBO → on propose de calculer la
FTBO du montage étudié au § II de la partie expérimentale avec et sans les correcteurs.

V.3.1 FTBO sans correcteurs


La chaine de retour B dans le montage étant
réelle et A étant du type passe bas d’ordre 1, on a :
A 0 .B
G  A.B  .
1  j f / f 0 

→ G dB  20 log A 0 .B  20 log 1  f / f 0  arg G     atg f / f 0 


2
et

Le bouclage de l’amplificateur à H = 5 avec F = 2 a conduit à avoir A0 = 10 et B = 0,1, soit A0.B =


1 → On peut tracer le diagramme de black de l’amplificateur grâce aux relations :


G dB    10 log 1  f / f 0 2  et    atg f / f 0 

Avec f0 = 1/(2πR2C) = 482 Hz compte tenu du choix des composants (R2 = 100 kΩ et C = 3,3 nF).

V.3.2 FTBO avec les correcteurs


G '  G.C  G .e j . C .e jC  G . C .e j  C 

→ Le gain et la phase de la FTBO corrigée se déduit de la FTBO d’origine par les relations :

G' dB  20. log C  GdB et '  C  

Le correcteur utilisé à la structure suivante :


Z

i’
R i _ 

ε +
εc

L’amplificateur étant en contre réaction, on a V+ -V- ≈ 0 V, d’où V- ≈ 0 V puisque V+ = 0 V. Les


impédances d’entrées d’un amplificateur opérationnel étant très grandes, on a i- = 0, d’où i = i’,
soit :
  V V  C    Z
    C d’où C  C  
R Z R Z  R

Le signe – dans C correspond à une inversion qu’il faut prendre en compte au moment du bouclage
pour éviter de transformer la contre réaction en réaction positive. On l’annule facilement dans
l’expérience en effectuant le retour non pas sur l’entrée - de l’amplificateur, mais sur son entrée +
→ on omet le signe – de C dans la suite des calculs.

41
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Action proportionnelle :
On a Z = R’ → C P  R ' / R et φP = 0 °

On peut donc tracer le diagramme de black de la FTBO corrigée P grâce aux relations :

G' P dB  20. log R ' / R   GdB ' P  

Avec R’/R = 10 ou 100 compte tenu du choix des composants dans le montage.

Action intégrale :
Z = 1/jCω → CI = – j/(2πRCf) = – jfI/f → C I  f I / f et φI = – 90 °
On peut donc tracer le diagramme de black de la FTBO corrigée I grâce aux relations :

G' I dB  20. log f I / f   GdB ' I   90  

Avec fI = 1/2πRC = 4820 Hz compte tenu du choix des composants (R = 10 kΩ et C = 3,3 nF).

Action proportionnelle intégrale :


Z = R’ – j/Cω = R’(1 – j/2πR’Cf) = R’(1 – jfPI/f)
2
R' f  f 
CPI = Z/R → C PI  1   PI  et  PI   atg  PI 
R  f   f 

On peut donc tracer le diagramme de black de la FTBO corrigée PI grâce aux relations :

 
G' PI dB  20. log R ' / R   10. log 1  f PI / f 2  GdB ' PI   atg f PI / f   

Cette correction a été testée avec R = 10 kΩ, R’ = 30 kΩ, C = 3,3 nF, puis avec R = 10 kΩ, R’ =
100 kΩ, C = 3,3 nF → on a respectivement R’/R = 3, fPI = 1610 Hz et R’/R = 10, fPI = 480 Hz.

V.3.3 Calcul plus développé de la FTBO pour P = 100


Les oscillations qu’on
observe en régime transitoire sur le système en boucle fermée corrigé à P = 100 ne s’expliquent pas
avec un modèle d’amplificateur d’ordre 139. Le gain élevé du correcteur oblige à tenir compte du
caractère passe bas d’ordre 1 de son amplificateur opérationnel. Un gain P = 100 conduit à une
fréquence de coupure fAO ≈ 1 MHz/100 ≈ 10 kHz avec le produit Gain × Bande Passante du
composant. On a alors :

R' 1 R' 1  f 
C' P  → C' P  et ' P   atg  
R 1  jf / f AO  R 1  f / f 2  f AO 
AO

On peut donc modifier le diagramme de black de la FTBO corrigée à P = 100 grâce aux relations :


G' P  100 dB  20. log R' / R   10. log 1  f / f AO 2  GdB  ' P  100   atgf / f AO   

V.3.4 Représentation graphique


Les expressions obtenues précédemment
permettent de tracer les diagrammes de Black présentés au § II.6 de la partie expérimentale.

39
Le système bouclé restant d’ordre 1 (cf. § V.2), il ne peut pas osciller.
42
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V.4 Evolution de la FTBF avec les correcteurs


Cette étude sert à juger du
comportement du système en régime transitoire → on utilise les constantes de temps comme
paramètres dynamiques.

Comportement de l’amplificateur d’étude :


Le montage réalisé expérimentalement a pour fonction
de transfert :
A p  
A0
ou 0  R 2C  330 µs avec R2 = 100 kΩ et C = 3,3 nF
1  0 p

Comportement en boucle fermée :


On a montré au § 5.2 que le comportement restait d’ordre 1 avec
fBF = f0(1 + A.B).
O
→  BF   165 µs
1  A0B

Comportement avec correcteur P :


AC
On a H  avec ici CP = R’/R = cte.
1  ABC

A0 A 0C P
CP
1  0 p A 0C P 1  A 0 BC P H 0P
→ H   
A0 1   0 p  A 0 BC P 0 1   BFP p
1 BC P 1 p
1  0 p 1  A 0 BC P

Le système reste d’ordre 1 avec les paramètres caractéristiques :

A 0C P O
→ H 0P  et  BFP 
1  A 0 BC P 1  A 0 BC P

Correction intégrale I :
1 1
On a ici C I   avec τI = RC.
jRC  I p
A0 1
1  0 p  I p A0 A0 1/ B
→ H   
1
A0
B
1 1  0 p I p  A 0 B A 0 B   I p   0  I p 2   
1  I p  0 I p2
1  0 p  I p A0B A0B

La correction intégrale transforme cette fois ci l’amplificateur en boucle fermée en un système


d’ordre 2. L’identification avec l’équation caractéristique donnée au § II.2.2 de cette annexe permet
d’obtenir les expressions de la pulsation propre et de l’amortissement du système ainsi que du
dépassement à prévoir en régime transitoire :

A0 B I  I 
D%   100  exp   
1 
0  m 
0  I 2 A 0 B 0  4A 0 B 0   I 

43
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 2 : MODELISATION DU MOTEUR

I EQUATIONS DE FONCTIONNEMENT
On présente dans un premier temps une modélisation
assez complète. On indique ensuite les simplifications possibles.

I.1 Schéma et équation électrique


Le schéma électrique équivalent du moteur est le
suivant :
L R
L et R, sont l’inductance et la résistance de l’induit
Im (rotor). « e » est la fem induite par la rotation. Elle est
V e proportionnelle
I1.1.1 à ela vitesse angulaire de rotation (cf.
m annexe 3 du montage sur les transducteurs) et l’on a : e
= k.ω

La loi d’ohm appliquée au circuit donne : Vm = R.Im + L.dIm/dt + k.ωm

I.2 Schéma et équation mécanique


On applique le théorème du moment cinétique à
dm
la partie tournante du moteur : J m
dt
  Couples
Les couples à prendre en compte sont les suivants :
- le couple moteur Cm. Celui-ci est
proportionnel au courant consommé. On a (cf. [4], p. 279) Cm = k.Im
- le couple Cf du aux frottements visqueux
(frottements fluides). On a Cf = f.m
- le couple résistant Cr exercé sur l’arbre du
moteur (frottements solides). Il est principalement dû à la génératrice en charge. On supposera ce
couple constant.

On a alors : Jm.dωm/dt = k.Im – f.ωm - Cr

II FONCTION DE TRANSFERT
On réécrit les équations dans le formalisme de Laplace :
Vm R  p.L
Vm   R  p.L  Im  k.m → m   .I m (1)
k k
 p.J m  f   Cr
p.Jm.m  k.Im  f.m  Cr →  p.J m  f  .m  k.Im  Cr → Im  (2)
k

m . 1 
 R  p.L  p.J m  f    Vm  R  p.L .C
(2) dans (1) :  r
 k2  k k2

44
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

k  R  p.L 
D’où : m   Vm  .Cr 
k  R.f   R.J m
2
 L.f  .p  L.J m .p  k22

On reconnaît une fonction de transfert du second ordre. On peut identifier les différents termes avec
l’équation canonique classique :
Am
2m.p p 2
1  2
0 0

On trouve : Am 
k
02 
k 2
 R.f  m
R.J m  L.f
k 2
 R.f  L.J m

2 L.J m k 2  R.f 
III SIMPLIFICATIONS POSSIBLES

III.1 Frottements fluides négligés


En reprenant les équations de départ et en
supprimant le terme f.m, on obtient encore après calculs une fonction de transfert du second ordre
avec les coefficients caractéristiques suivants :
1 k2 R Jm
Am  02  m .
k L.J m 2k L

III.2 Inductance négligée


En reprenant les équations de départ et en supprimant les
termes f.m et p.L.Im, on obtient cette fois ci-après calculs une fonction de transfert du premier
ordre :
k  R  Am  R 
m  2  Vm  2 .Cr    Vm  2 .Cr 
k  R.f  R.J m .p  k  1  m .p  k 

k J m .R
Avec les coefficients caractéristiques : Am  et m 
k 2  R.f k 2  R.f

IV SCHEMATISATION DU MOTEUR EN BLOCS FONCTIONNELS


Le schéma est alors le
suivant :

Cr

r  p.L
k2
- moteur
Vm + m
M(p)

45
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 3 : ASSERVISSEMENT DE VITESSE

I SCHEMATISATION DE L’ASSERVISSEMENT
On peut séparer les grandeurs d’influence
si on suppose que tous les sous-systèmes sont linéaires → on ne tiendra pas compte du couple
résistant dans la schématisation, ni de l’effet de seuil dans l’expression de la tension délivrée par le
hacheur.
ampli hacheur moteur
E-R AV (E – R) kH AV (E – R)
E + m
- AV kH M(p)
consigne

chaîne de retour (conversion fréquence  tension)


R
retour kR

On prend la forme standard du second ordre pour modéliser la fonction de transfert M(p) du moteur.

II FONCTION DE TRANSFERT EN BOUCLE OUVERTE


R
On a G     A.B
 E BO

Ici : A = kH.AV.M(p) k R .k H .A V .A m G0
G D’ou G
2m.p p 2
2m.p p 2
B = kR 1  2 1  2
0 0 0 0

Avec : G0 = kR.kD = gain statique en boucle ouverte.

Et : kD  k H .AV .Am = gain statique de la chaîne directe

Conclusion importante :
L’asservissement de vitesse est un asservissement de type zéro (et
d’ordre 2 avec le modèle adopté).

III FONCTION DE TRANSFERT EN BOUCLE FERMEE


  A
H m
 E  1  A.B
kD
On trouve après calculs : H 
2m.p p 2
1  k R .k D   2
0 0

46
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ho
Le résultat peut facilement se mettre sous la forme : H
2m '.p p2
1 
0 ' 0 ' 2

kD m
Avec : H 0  m'  et 0 '  0 1  G 0
1  G0 1  G0

Conclusion :
La fonction de transfert vis à vis de la consigne d’entrée en boucle fermée est
identique du point de vue du formalisme à celle en boucle ouverte. Seules les expressions des
coefficients caractéristiques sont modifiées : le gain statique et l’amortissement diminuent. La
pulsation propre augmente.

Remarque importante :
On peut noter que l’amortissement du système en boucle fermée diminue
lorsque le gain statique G0 augmente → une augmentation du gain statique peut faire évoluer le
système vers un régime oscillatoire (ce résultat est cohérent avec celui de l’annexe 1, § III.5). Or on
a vu (cf. annexe 1, § II.1.2) que l’erreur statique d’un asservissement de type 0 était d’autant plus
faible que le gain statique était grand. On voit donc apparaître ici une contradiction
fondamentale entre deux exigences : précision et stabilité.

47
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

48
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

OSCILLATEURS AUTO-ENTRETENUS

I INTRODUCTION
Un oscillateur auto-entretenu est un dispositif au sein duquel règne un
phénomène physique périodique dans le temps, obtenu sans action extérieure et entretenu par une
source d’énergie continue. Des expériences peuvent être présentées dans différentes branches de la
physique (§ IV.1, vase de Tantale, …) mais l’étude menée ici porte principalement sur les
oscillateurs électroniques. On présente séparément les oscillateurs quasi-sinusoïdaux et les
oscillateurs de relaxation pour dégager leurs caractéristiques propres, mais il n’y a pas de frontière
stricte entre ces deux familles. On présente en transition l’oscillateur de Van der Pol car il peut
fonctionner dans les deux régimes et permet de montrer l’influence des non linéarités sur la
limitation de l’amplitude des oscillateurs quasi-sinusoïdaux.

II OSCILLATEURS QUASI SINUSOIDAUX

II.1 Introduction
Ces dispositifs délivrent, comme leur nom l’indique, un signal
pratiquement sinusoïdal. Ils sont constitués de deux cellules bouclées. La première est un filtre
passe bande qui fixe la fréquence des oscillations. La deuxième est un amplificateur qui sert à
ajuster exactement le gain global du système pour que le système fonctionne de manière autonome
(sans signal d’entrée). Les oscillateurs quasi sinusoïdaux sont donc des systèmes bouclés devant
remplir la condition d’oscillation de Barkhausen et leurs propriétés générales découlent de cette
structure :
- la source d’énergie n’a pas d’influence sur la fréquence des oscillations puisque c’est
le filtre qui impose cette fréquence. Elle agit seulement sur l’amplitude des oscillations.
- ils sont très sensibles à l’environnement car leur fonctionnement suppose un respect
strict du critère de Barkhausen. Cela complique les études car la moindre intervention, comme le
branchement d’un oscilloscope, suffit à perturber l’oscillateur et peut conduire à son arrêt. La
synchronisation sur une fréquence extérieure est délicate pour la même raison (la moindre
modification de la fréquence d’oscillation oblige à recaler l’amplification).
- les régimes transitoires sont longs car ils sont oscillants par nature.
- les éléments travaillent pratiquement tout le temps en régime linéaire, mais les
phénomènes non-linéaires sont fondamentaux car ils fixent l'amplitude des oscillations.

II.2 Oscillateur à pont de Vien


[2], p. 181

Ce n’est pas l’oscillateur le plus performant mais il est simple à réaliser, donc idéal pour
appréhender les principes de base des oscillateurs quasi sinusoïdaux. C’est un système bouclé à
réaction positive :

E  amplificateur A S
-
+ (Chaîne directe)
A(p)
R Filtre passe bande B
re (Chaîne de retour)

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On a 𝑆 = 𝐴𝜀 = 𝐴(𝑅 − 𝐸) = 𝐴(𝐵𝑆 − 𝐸) donc la fonction de transfert en boucle fermée (FTBF) est


la suivante1 :
𝑆 𝐴
𝐻= ( ) =
𝐸 𝐵𝐹 𝐴𝐵 − 1

On déduit de cette FTBF la condition d’oscillation spontanée du système (critère de Barkhausen)


relative à sa fonction de transfert en boucle ouverte (FTBO) AB :

𝐴𝐵 = 1 → |𝐴𝐵| = |𝐴||𝐵| = 1 𝑒𝑡 𝜑𝐴𝐵 = 𝜑𝐴 + 𝜑𝐵 = 0

→ Pour que le système donne naissance de façon autonome à des oscillations sinusoïdales de
fréquence f0, le module de la FTBO doit être égal à l’unité et son déphasage doit être nul à cette
fréquence. L’association des chaînes directe A et retour B doit satisfaire ces deux conditions, et ce
uniquement à la fréquence f0.

II.2.1 Etude du filtre


Le filtre sélectif constituant la chaine de retour de
l’oscillateur à pont de Win est très simple. Il consiste en l’association d’un filtre passe bas et d’un
filtre passe haut réalisés avec des cellules RC :

X
Y
R
R = 10 k C
GBF C R
C = 10 nF

Passe haut Passe bas

On peut choisir d’autres valeurs pour R et C. Par contre, les résistances et les capacités doivent être
identiques dans les deux cellules (il est préférable de sélectionner les composants). Les valeurs
proposées ici donnent une fréquence centrale f0 = 1/(2πRC) ≈ 1590 Hz proche de la fréquence de
mesure des RLC mètre les plus courants.

Mesures :
On peut étudier le gain et le déphasage du filtre pour des fréquences comprises entre
200 et 10 000 Hz avec un oscilloscope numérique2. On en déduit les diagrammes de Bode en gain et
en phase. On doit trouver un gain maximum égal à 1/3 à 𝑓0 = 1/(2𝜋𝑅𝐶) avec un déphasage nul à
cette fréquence et un facteur de qualité 𝑄 = 1/3 d’après la fonction de transfert du filtre :

1 1/3
𝐵= =
3 + 𝑗(𝑅𝐶𝜔 − 1/𝑅𝐶𝜔) 1 + 𝑗𝑄(𝑅𝐶𝜔 − 1/𝑅𝐶𝜔)

Pour obtenir un oscillateur quasi-sinusoïdal, il faut donc associer cette boucle de rétroaction à une
chaîne directe réalisant une amplification de gain A = 3 sans inversion (𝜑𝐴 = 0) pour satisfaire au
critère de Barkhausen.

II.2.2 Chaîne directe


[2], p. 182
1
On peut noter la différence d’expression du dénominateur par rapport à la FTBF d’un système à réaction négative
résultant de l’inversion du sens de la réaction (cf. annexe 1 du montage sur les systèmes bouclés stables).
2
Les oscilloscopes numériques les plus courants donnent une incertitude qui n’est fonction que de la pleine échelle. Il
faut donc utiliser au mieux la totalité de l’écran pour optimiser la précision des mesures.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

R2
R1
_ 
R1 : 10 k 081 VS
VE +
R2 : potentiomètre 0 - 100 k multi-tours
GBF

On peut vérifier que ce montage réalise une amplification sans inversion de gain A = 1 + R2/R1.

II.2.3 Système bouclé


On branche le filtre passe-bande à la sortie de
l’amplificateur (attention au sens de branchement du filtre, il n’est pas indifférent !). On compare à
l’oscilloscope le signal Y à la sortie du filtre au signal X injecté à l’entrée de l’amplificateur et on
note les évolutions en fonction de la fréquence :
R2 R2

R1 R1
_  _  VS
081 Bouclage 081
X + V+ +
Y C C
GBF R R

R C R C

On constate que Y et X sont en phase à 𝑓 = 𝑓0 . Le critère de Barkhausen sur 𝜑 est donc respecté à
cette fréquence, mais on peut aussi noter que le phase varie très peu autour de cette fréquence vu le
faible facteur de qualité du filtre (environ 2 ° à ± 100 Hz). On ajuste alors le gain A de
l’amplificateur avec R2 pour obtenir des signaux de même amplitude en X et Y. La condition
|𝐴||𝐵| = 1 est maintenant respectée et le bouclage de la sortie du filtre sur la patte + de
l’amplificateur opérationnel donne un système pouvant entretenir une oscillation à la fréquence 𝑓0 .
Il se peut que l’oscillateur ne démarre une fois le bouclage effectué car il faut « extraire » le signal
du bruit, ce que ne permet pas le respect strict du critère de Barkhausen (il n’autorise que
l’entretien). Dans ce cas, il faut augmenter légèrement le gain A en retouchant finement R2 pour
lancer les oscillations (|𝐴||𝐵| très légèrement supérieur à 1). Cela entraine forcément une
divergence de l’amplitude qui s’arrête lorsque la sortie de l’amplificateur sature. On peut alors
retoucher une nouvelle fois R2 pour se placer en limite de saturation. C’est à ce moment-là qu’on
respecte au mieux la condition de Barkhausen sur le gain.

La limitation de l’amplitude des oscillations par un effet non linéaire (saturation de VS à Ualim ici)
est un point fondamental des oscillateurs quasi sinusoïdaux. On peut atténuer la saturation en
réglant finement A, mais sans l’annuler complètement donc VS n’est pas parfaitement sinusoïdal.
On peut récupérer un signal un peu plus pur en observant la tension sur la patte + de l’amplificateur
opérationnel car le filtre passe bande calé sur 𝑓0 atténue les harmoniques de VS (cf. figures pages
suivantes). Il y a des chances pour que le branchement de l’oscilloscope sur cette patte fasse
décrocher l’oscillateur si on est en limite d’entretien (illustration de l’extrême sensibilité à
l’environnement des oscillateurs quasi sinusoïdaux) mais il suffit de recaler le gain A pour retrouver
un signal. On peut aussi introduire un élément non linéaire sous la forme d’une résistance variable

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

avec l’amplitude pour adoucir le phénomène de saturation (cf. [2], p.184).

Signaux VS (jaune) et V+ (vert) pour un réglage


légèrement au-dessus du seuil d’oscillation

FFT de VS FFT de V+

II.2.4 Démarrage de l’oscillateur


Le principe de fonctionnement des
oscillateurs quasi sinusoïdaux fait qu’ils ont des régimes transitoires longs comparés aux
oscillateurs de relaxation. On peut le vérifier ici en développant le critère de Barkhausen avec
l’expression de la fonction de transfert de la chaine de retour. On a, avec 𝑝 = 𝑗𝜔 et 𝜔0 = 1/𝑅𝐶 :

1 𝑝 𝜔0
𝐵= 𝑝 𝜔0 → la condition d’instabilité AB = 1 devient : 3 + 𝜔 + 𝑝 = 𝐴
3+ 𝜔 + 𝑝 0
0

Soit, après développement : 𝑝2 + (3 − 𝐴)𝜔0 𝑝 + 𝜔02 = 0 ⇔ 𝑝2 + 2𝜆. 𝑝 + 𝜔02 = 0

On a l’équation caractéristique d’un système régi par une équation différentielle du second ordre à
coefficients constants. Des oscillations amorties ou divergentes sont donc possibles. Le régime de
croissance correspond à un coefficient d’amortissement 𝜆 négatif et les oscillations pseudo
périodiques correspondent aux valeurs négatives du discriminant 𝛥 = 4(𝜆2 − 𝜔02 ) de l’équation
(cf. [6], p. 160). On a donc :

(3 − 𝐴)𝜔0
Démarrage de l’oscillateur3 ↔ 𝜆= <0 → 𝐴>3 → 𝑅2 > 2𝑅1
2

3
On peut noter qu’on retrouve la condition de démarrage A ≥ 3 obtenue au § II.2.1 lors de l’étude du filtre constituant
la chaine de retour de l’oscillateur.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Régime pseudo périodique ⟷ 𝜆 < 𝜔0 → 𝐴<5 → 𝑅2 < 4𝑅1

Dans ces conditions, la loi d’évolution des oscillations au démarrage est :

V(t) = Vm e−λt sin(ωt + φ) avec ω = √ω20 − λ2

Manipulation :

R2

R1
_  VS
081
+
C
R

R C

On augmente légèrement R2 pour se placer au-dessus du seuil de démarrage des oscillations (|A|.|B|
> 1). On shunte cette résistance à l’aide d’un fil pour arrêter le système, puis on retire le shunt pour
relancer l’oscillateur. On ajuste alors les paramètres d’enregistrement pour observer correctement le
régime transitoire. Les oscillations ont une croissance exponentielle d’autant plus rapide que R2 est
fort et on peut vérifier le caractère exponentiel en effectuant une modélisation. On a alors intérêt à
ajuster R2 pour avoir une durée du régime transitoire de l’ordre d’une dizaine de périodes du signal.
Voici à titre indicatif le résultat d’une acquisition (déclenchement commandé par un seuil proche de
zéro) :

On peut modéliser le régime transitoire avec la fonction prédéfinie « sinus amorti »4. L’optimisation
échoue généralement si on laisse le logiciel se débrouiller tout seul car le nombre de paramètre à
ajuster est important. On peut l’aider en lui donnant des estimations : la valeur moyenne du signal

4
On a enlevé l’expression de la pulsation propre dans le modèle et défini la fréquence f dans le sinus. On a en revanche
conservé le signe – dans l’exponentielle pour conserver un amortissement négatif.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V0 est évidemment nulle. Sa valeur initiale fournie une estimation de 𝑉𝑚 car on a 𝑉(𝑡 = 0) = 𝑉0 +
𝑉𝑚 𝑠𝑖𝑛𝜑 = 𝑉𝑚 𝑠𝑖𝑛𝜑. La croissance des oscillations étant relativement lente par rapport à leur
période, le déclenchement de l’acquisition la première fois que le seuil demandé est atteint se fait
par conséquent près d’un maximum du signal :

Déclenchement
Seuil On a donc 𝑉(𝑡 = 0) = 𝑉𝑠𝑒𝑢𝑖𝑙 ≈ 𝑉𝑚
t
0 Cela implique que 𝑠𝑖𝑛𝜑 ≈ 1 → 𝜑 ≈ 𝜋/2

La fréquence f doit être mesurée soigneusement et le coefficient d’amortissement peut s’estimer en


mesurant le décrément logarithmique (𝑉𝑛 et 𝑉𝑛+1 correspondent à deux maximums d’amplitude
successifs) :

𝑉𝑛
𝛿 = ln ( )= 𝜆𝑇
𝑉𝑛+1

Fournir toutes ces estimations ne garantit pas forcément une convergence de la modélisation car le
nombre relativement important de périodes corrèle fortement l’optimisation de la phase initiale et
celle de la fréquence5. En cas de soucis, il faut procéder par étapes en découplant les deux
ajustements :
- on impose les estimations pour 𝑉0 , 𝑉𝑚 , 𝜆, 𝑓 et on lance une optimisation avec la
phase comme seul degré de liberté. Si les estimations sont bonnes, le logiciel finit par converger et
donne une valeur finale pour 𝜑.
- on remplace l’estimation sur 𝜑 par la valeur obtenue et on relance le processus en
activant tous les paramètres sauf 𝜑. Le logiciel doit finir par converger et donne des valeurs pour
𝑉0 , 𝑉𝑚 , 𝜆 et 𝑓. On peut tenter une dernière optimisation en remplaçant toutes les estimations par les
valeurs finales et en activant tous les paramètres.

Résultats :
Le modèle s’ajuste très bien à la courbe expérimentale sur notre exemple. L’hypothèse
d’une croissance exponentielle est donc vérifiée, avec un coefficient d’amortissement 𝜆𝑚𝑜𝑑é𝑙𝑖𝑠é =
−362 𝑠 −1. On peut comparer ce résultat à celui calculé compte tenu des valeurs de R, C, R1 et R2 :

R1 = 10,00 kΩ (3 − 𝐴)𝜔0 𝑅2
R2 = 20,94 kΩ → 𝜆𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑𝑢 = = (1 − ) 𝜔 = − 453 𝑠 −1
f0 = 1534 Hz 2 2𝑅1 0

Il y a un écart significatif (≈ 25 %) mais la formule implique une grande sensibilité aux valeurs des
résistances. Le calcul montre qu’un amortissement 𝜆 = −362 𝑠 −1 avec les mêmes valeurs de R1 et
𝑓0 correspond à une valeur R2 = 20,75 kΩ, soit un écart de 1 % avec la valeur expérimentale.

II.2.5 Stabilité en fréquence


On peut étudier la stabilité de l’oscillateur en
mesurant sa fréquence à l’aide d’un compteur (l’appareil doit être allumé suffisamment longtemps à
l’avance pour un fonctionnement optimal). On a une stabilité d’environ 10 ppm pour un gain

5
On conçoit assez facilement qu’une petite modification sur la fréquence du modèle puisse aboutir à d’importants
changements sur la phase initiale. De même, une modification de la phase initiale peut obliger le logiciel à devoir
recaler de manière notable la fréquence pour coller au mieux à la courbe expérimentale. Les itérations successives du
processus d’optimisation le conduisent donc souvent à tourner en rond sans parvenir à une convergence.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

statique de la chaine directe fixé, ce qui est assez remarquable vu la piètre sélectivité du filtre passe
bande utilisé (𝑄 = 1/3). En revanche, la fréquence des oscillations est sensible au réglage du gain
de la chaine directe. Il suffit pour s’en convaincre d’augmenter légèrement la valeur de R2 à partir
du seuil d’entretien des oscillations :

R (Ω) 2053 2063 2073 2083 2093 2103


F (Hz) 1587,94 1587,35 1586,27 1585,35 1584,34 1583,21

Les variations sont faibles dans l’absolu (≈ 1000 ppm) mais fortes si on les compare à la stabilité
des bases de temps courantes utilisées en électronique (stabilité de l’ordre du ppm, voire moins).
Ces changements de fréquences sont possibles car ils ont très peu d’impact sur la phase vu la valeur
de 𝑄6 (cf. § II.2.3). La stabilité de cet oscillateur est donc médiocre vis-à-vis d’éventuelles
fluctuations de paramètres internes et il faut un filtre à plus grand facteur de qualité (résonateur à
Quartz) pour avoir un dispositif plus performant.

II.2.6 Passage en mode relaxé


On l’obtient en augmentant encore R2. Le
signal de sortie sature de plus en plus et tend vers un signal carré qui n’est plus à la fréquence
propre du filtre. L’observation du régime transitoire montre qu’il s’accélère jusqu’à devenir
apériodique lorsque R2 est supérieur à 4R1 (cf. § II.2.4). L’oscillateur fonctionne en mode relaxé.

II.3 Oscillateur à Quartz


[7]

On utilise un Quartz d’horlogerie car il travaille à une fréquence assez basse (33 kHz environ). Cela
permet l’emploi d’amplificateurs opérationnels courants si on limite leur gain pour limiter les
déphasages qu’ils introduisent en raison de leur comportement de type passe bas7. La résonance
série du Quartz peut servir à la conception d’un oscillateur quasi sinusoïdal mais il faut protéger le
composant car il n’est pas prévu pour fonctionner sur cette fréquence.

II.3.1 Cellule servant de filtre


Ce montage et les suivants doivent être
alimentés en +/- 5 V pour limiter les gains des amplificateurs.
R

Q I
I _
Q = Quartz d’horlogerie VE 

R = 100 kΩ + VS
AO : 081 ou 071 GBF

Ce circuit est déjà présenté dans le montage sur la résonance. On se contente de rappeler les points
principaux :
- son étude nécessite un GBF extrêmement stable en fréquence et pouvant être
piloté à 0,1 Hz près au voisinage de 32 kHz.
- la puissance maximum supportée par le Quartz est de l’ordre de 1 µW. Cela oblige
à ne pas lui appliquer une tension supérieure à 0,2 V lorsqu’il est à sa résonance série. Il faut
donc régler l’amplitude du GBF en conséquence.

6
On peut montrer à partir de la fonction de transfert du filtre que 𝜕𝜑/𝜕𝑓 ≈ −2𝑄/𝑓0 = − 4.10−4 𝑟𝑎𝑑/𝐻𝑧
7
On revient sur ce point en fin de chapitre.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- le montage est de type passe bande avec un facteur de qualité très important. Sa
fonction de transfert 𝐵 passe par un maximum 𝐵0 à la fréquence de résonance série 𝑓𝑟𝑠 du Quartz
qui vaut
𝑉𝑆 − 𝑅. 𝐼 𝑅. 𝐼 𝑅 𝑅
𝐵0 = = = − =− =−
𝑉𝐸 𝑉𝑄 𝑍𝑄 . 𝐼 𝑍𝑄 𝑅𝑄𝑠

On peut le vérifier en traçant le diagramme de Bode du circuit autour de 𝑓𝑟𝑠 par pas de 0,1 Hz.
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure pour le module de 𝐵0 :

La courbe est modélisée par une fonction passe bande (on peut définir la fréquence sous la forme f
= 32764 + ε pour faciliter la convergence en cas de soucis). Le résultat permet d’obtenir les
caractéristiques du filtre :

- la fréquence correspondant au maximum de B vaut 𝑓𝑟𝑠 = 32764,2 𝐻𝑧


- le maximum de 𝐵 vaut 𝐵0 ≈ 6 (résistance série du Quartz 𝑅𝑄𝑠 = 𝑅/𝐵0 ≈ 17𝑘𝛺)
- le facteur de qualité est énorme (80 000 environ).

Un point important à noter est la variation très rapide de la phase8 autour de 𝑓𝑟𝑠 (ne pas oublier
qu’on fait des modifications de 0,1 Hz autour de 32 kHz). Cette propriété donne une contrainte très
forte à l’oscillateur pour respecter le critère de Barkhausen qui va l’obliger à fonctionner à une
fréquence très précise, donc de façon très stable :

8
La phase du montage varie autour de -180° à cause du signe moins dans H0. Il ne faut pas la confondre avec celle du
quartz qui, elle, varie autour de 0° (cf. montage résonance).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.3.2 Réalisation de l’oscillateur


Le montage précédent peut servir de boucle
de rétroaction puisqu’il a un comportement de filtre passe bande. Sa fonction de transfert étant
réelle et négative à 𝑓𝑟𝑠 , il faut l’associer à une chaine directe constituée d’un amplificateur inverseur
pour satisfaire la condition |𝐴||𝐵| = 1, d’où le schéma de principe suivant :

Chaîne directe
R2

E R1
_ 
S
+

Q
R  _

+

Chaîne de retour

Cette structure doit cependant être adaptée pour protéger le Quartz car elle conduit à une amplitude
des oscillations limitée par la saturation de l’amplificateur opérationnel de la chaine directe. Il y
aurait par conséquent une tension trop forte aux bornes du Quartz (VQ max = Smax ≈ Ualim = 5 V
puisque ε = 0) qui conduirait à sa destruction. On rajoute donc un pont diviseur de tension à la sortie
de l’amplificateur inverseur et un montage suiveur pour le découpler de la boucle de rétroaction, ce
qui aboutit au schéma suivant :

R
R2
Q
_  R E
R1
 _  S1
+
+
RA _  S2
+
Chaîne de retour
RB

Chaîne directe

R : 100 kΩ
R1 : 10 kΩ ; R2 : résistance variable
RA : 100 kΩ ; RB : 5 kΩ
AO 081 ou 071 alimentés en +/- 5 V

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La valeur maximum du signal d’un AO 081 alimenté en +/- 5 V étant proche de 4 V, la tension en
S2 ne peut pas dépasser :

𝑅𝐵 5
𝑆2 𝑚𝑎𝑥 = 𝑆1 𝑚𝑎𝑥 ≈ 4 ≈ 0,19 𝑉
𝑅𝐴 + 𝑅𝐵 105

Soit une valeur acceptable pour le Quartz utilisé.

Réglage de la chaine directe :


On peut le faire de deux façons. La première est similaire au
protocole utilisé pour l’oscillateur à pont de Wien. On déconnecte R et E et on branche le GBF
utilisé au § II.3.1 à l’entrée de la chaine directe (amplitude ≈ 1 V).
R
R2
Q
_  R E R1
 _  S1
+
GBF +
RA _  S2
+
RB

On recherche la fréquence pour laquelle les signaux R et E sont au mieux en phase (ça doit être 𝑓𝑟𝑠 ).
On modifie alors la valeur de R2 pour qu’ils aient la même amplitude afin de satisfaire au critère de
Barkhausen sur le gain.

La deuxième solution consiste à brancher le GBF à l’entrée de la chaine de retour (sur Q), relier R à
E et regarder S2 :
R
R2
Q
_  R E R1
 _  S1
GBF +
+
RA _  S2
+
RB

Le signal du GBF doit être plus faible (inférieur à 0,2 V) pour protéger le Quartz. Le principe du
réglage reste le même. On recherche la mise en phase optimale puis on ajuste R2 pour que S2 ait la
même amplitude que celle du GBF.

Bouclage du système :
On enlève le GBF, on boucle les deux chaines et on observe S1. Le montage
doit osciller spontanément à la fréquence 𝑓𝑟𝑠 après un régime de croissance plus ou moins long. Si
aucun signal n’apparait, il suffit d’augmenter R2 pour lancer l’oscillateur puis réajuster sa valeur
pour se placer à la limite d’entretien des oscillations. La résistance R2 ainsi obtenue peut être

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

comparée à la valeur attendue. On a |𝐴||𝐵| = 1. La chaine directe est composée de l’amplificateur


inverseur et du pont diviseur d’où :

𝑆2 𝑆1 𝑆2 𝑅2 𝑅𝐵
𝐴= = × =− ×
𝐸 𝐸 𝑆1 𝑅1 𝑅𝐴 + 𝑅𝐵

B correspond au maximum de la fonction de transfert de la chaine de retour. R2 doit donc vérifier la


condition suivante :

𝑅2 𝑅𝐵 𝑅1 (𝑅𝐴 + 𝑅𝐵 )
|𝐴||𝐵| = 𝐵 =1 → 𝑅2 =
𝑅1 𝑅𝐴 + 𝑅𝐵 0 𝑅𝐵 𝐵0

Il a fallu régler R2 à 34,2 kΩ sur notre montage pour assurer l’entretien des oscillations. Ce résultat
est cohérent avec la valeur attendue de 33,6 kΩ compte tenu des différentes résistances.

II.3.3 Stabilité en fréquence


Les variations de fréquence ne sont pas
mesurables avec du matériel courant une fois l’oscillateur lancé et en régime d’équilibre thermique.
Il en est de même si on modifie R2 dans les mêmes proportions que pour l’oscillateur à pont de
Wien. Des mesures pour R2 compris entre 34 200 et 37000 Ω ont toujours abouti à la même
fréquence de 32764, 22 Hz avec le compteur le plus performant à notre disposition. La stabilité de
l’oscillateur est donc au pire de l’ordre du ppm, ce qui est une nette amélioration par rapport à
l’oscillateur à pont de Wien. Cela est dû à l’énorme facteur de qualité du Quartz qui l’oblige à rester
à une fréquence précise pour respecter le critère de Barkausen sur la phase9. On peut aussi comparer
les signaux en S1 et en R pour voir l’impact qu’a le quartz sur le filtrage des harmoniques du signal
saturé (il est, sans surprise, plus performant) :

9
La fonction de transfert du Quartz est formellement identique à celle du filtre de l’oscillateur à pont de Wien donc on a
𝜕𝜑/𝜕𝑓 ≈ − 2𝑄/𝑓0 = − 5 𝑟𝑎𝑑/𝐻𝑧 pour le quartz utilisé ici.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.3.4 Déphasages liés aux amplificateurs opérationnels


Ces composants ont,
par nature, un comportement de type passe bas d’ordre 1 qui les conduit à avoir un produit
Gain×Bande Passante égal à une constante lorsqu’on les boucle (typiquement 3 MHz pour les AO
071 ou 081). Les AO introduisent donc une rotation de phase liée au gain du montage réalisé et à la
fréquence de travail via les relations :

𝑓
𝑡𝑔𝜑 = − avec 𝑓𝐶 𝐴𝑂 × 𝐺𝑚𝑜𝑛𝑡𝑎𝑔𝑒 = 𝐺 × 𝑃𝐵
𝑓𝐶 𝐴𝑂

On peut regarder la conséquence qu’a cet effet sur l’amplificateur inverseur du montage précédent :

Les signaux jaune et vert correspondent respectivement à E et S1 une fois l’oscillateur lancé. Le
déphasage sortie/entrée ne correspond pas tout à fait aux 180 ° attendus pour un inverseur idéal. On
a une perte de 6 ° due au comportement passe bas de l’amplificateur opérationnel (𝐺 ×
𝑃𝐵 effectif d′environ ≈ 1 𝑀𝐻𝑧 vu que le gain du montage vaut ≈ 3,4). Cet effet n’empêche pas
l’oscillateur de fonctionner mais l’oblige à travailler à une fréquence un peu plus basse pour que la
chaine de retour10 compense cette baisse de phase (𝜑𝐴 + 𝜑𝐵 = 0). La modification de fréquence est
cependant extrêmement faible, donc difficilement détectable, car le saut de phase est très brutal
autour de 𝑓𝑟𝑠 (≈ 30 ° pour 0,1 Hz d’après 9), ce qui fait que les résultats obtenus sont proches de
ceux attendus. L’effet est plus notable si on alimente les AO en ± 15 V car il faut augmenter
l’atténuation du pont diviseur pour protéger le quartz vu que S1 va saturer à S1 max ≈ Ualim = 15 V
cette fois ci, donc cela oblige à avoir un gain plus grand sur l’inverseur pour respecter la condition
|𝐴||𝐵| = 1, ce qui induit un déphasage plus important. On peut le vérifier en reprenant l’oscillateur
avec RB = 1 kΩ et Ualim = ± 15 V (𝑆2 𝑚𝑎𝑥 ≈ 1 × 15/101 = 150 𝑚𝑉 sans danger pour le quartz).
La valeur attendue de R2 pour être en limite d’entretien des oscillations vaut alors :

𝑅1 (𝑅𝐴 + 𝑅𝐵 ) 10(100 + 1)
𝑅2 = = = 168 𝑘𝛺
𝑅𝐵 𝐵0 1×6

Notre montage n’a pas réussi à démarrer sur cette valeur. Il a fallu la dépasser assez largement pour
lancer les oscillations et ajuster ensuite 𝑅2 à 222 kΩ pour être en limite d’entretien (30 % d’écart de
30 % avec la valeur attendue). On a aussi détecté une très légère différence de fréquence (32764,10
Hz contre 32764, 22 Hz pour le montage alimenté en ± 5 V). Ceci s’explique par l’évolution du
déphasage aux bornes du montage inverseur. On a maintenant une perte de phase de 34 ° :

10
Qui subit elle aussi une rotation de phase à cause de son AO mais qui est déjà prise en compte dans l’étude de son
diagramme de Bodel.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ce résultat est compatible avec le nouveau gain statique du montage compte tenu du produit
Gain×Bande Passante estimé précédemment11 :

222
𝑓 𝑓 × 𝐺𝑚𝑜𝑛𝑡𝑎𝑔𝑒 32764 × 10
𝜑 = −𝑎𝑡𝑔 ( ) = −𝑎𝑡𝑔 ( ) ≈ −𝑎𝑡𝑔 ( ) ≈ −36 °
𝑓𝐶 𝐴𝑂 𝐺 × 𝐵𝑃 106

Cette perte de phase conduit l’oscillateur à travailler à une fréquence encore plus basse pour avoir
𝜑𝐴 + 𝜑𝐵 = 0 ce qui une baisse de fréquence détectable et un gain nécessaire plus fort que celui
attendu puisqu’on se trouve dans une zone ou le gain de la chaîne retour est inférieur à 𝐵0.

II.3.5 Arrêt de l’oscillateur


L’idée est encore une fois de montrer qu’un
oscillateur quasi sinusoïdal a un régime transitoire long. On propose d’étudier cette fois ci l’arrêt
des oscillations pour faire le lien avec le facteur de qualité du résonateur à Quartz.

Manipulation :
La valeur élevée de Q implique une décroissance très lente du signal. dizaines de
milliers d’oscillations sont donc nécessaires pour avoir une chute notable, ce qui complique
l’enregistrement détaillé du régime transitoire. Une solution plus simple consiste à récupérer
uniquement l’enveloppe du signal avec un oscilloscope numérique en mode roll. On shunte la
résistance RB pour arrêter l’oscillateur et on stoppe l’acquisition lorsque S1 est proche de zéro :

On estime la constante de temps de décroissance de l’enveloppe en supposant qu’elle suit une loi
exponentielle. τ correspond à la durée nécessaire pour que l’enveloppe du signal atteigne 36,8 % de

11
On peut aussi noter que le gain du montage à la fréquence d’étude ne correspond plus tout à fait au gain statique
donné par le rapport 𝑅2 /𝑅1 .

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

sa valeur initiale et vaut ≈ 850 ms dans notre exemple. On peut comparer ce résultat à la valeur
déduite du facteur de qualité du Quartz (cf. [4], p. 463) :

2𝑄 2 × 82600
𝜏= = = 800 𝑚𝑠
𝜔0 2𝜋 × 32 764

L’ordre de grandeur est bien respecté.

II.4 Oscillateur à résistance négative


Cet oscillateur est aussi un système bouclé
réglé au seuil d’instabilité (cf. [2], p. 179 pour une description en ces termes), mais on peut aussi le
décrire comme un circuit RLC mis en série avec un dipôle à résistance négative chargé d’annuler
son amortissement. Ce dipôle est réalisé à l’aide d’un convertisseur d'impédance négative en
courant (cf. [2], p. 169). Plus d’explications et d’autres manipulations sur cet oscillateur sont
disponibles dans le montage sur les phénomènes non linéaires.

II.4.1 Montage
[2], p. 170 ; [3], p. 334
R
L : 0,1 H AOIP (r = 32 )

C : 0,1 F AOIP i
_ 
081
R : 10 k AOIP +
L, r
R' : résistance variable
R VS
On montre facilement que l’impédance R’
C
équivalente à la partie encadrée en pointillé
vaut Zeq = - R’

On augmente R' en partant de 0 jusqu'à observer le démarrage des oscillations en V S. On réduit


ensuite R’ pour se placer à la limite de l’entretien du signal. On peut mesurer la fréquence des
oscillations et comparer à la valeur théorique f0 = 1/2π√(LC). On a des oscillations quasi-
sinusoïdales quand R’ est exactement égale à la résistance r de l’inductance L. Dans les faits, R' est
très légèrement supérieure à la valeur attendue car le constructeur donne la valeur à 50 Hz et la
résistance de la bobine augmente avec la fréquence à cause de l'effet de peau. On peut le vérifier en
changeant la capacité (C = 0,01 µF par exemple) pour augmenter la fréquence des oscillations. La
valeur de R' doit augmenter.

II.4.2 Pureté spectrale du signal


La résistance du montage est globalement
nulle si on est à la limite d’entretien des oscillations → Le circuit R, L, C doit avoir un facteur de
qualité qui tend vers l'infini et on devrait par conséquent obtenir une sinusoïde parfaitement pure.
Ce n’est évidemment pas le cas (on peut le vérifier en faisant la FFT du signal) car la saturation de
l'amplificateur opérationnel limite encore une fois l’amplitude du signal de sortie et le déforme
lorsqu’il attient la tension d’alimentation du composant.

Etude des tensions VR , VC et VL :


𝑉𝑅 = 𝑅𝐼 permet de visualiser le courant, 𝑉𝐿 = 𝐿𝑑𝑖/𝑑𝑡 permet
1
d’observer sa dérivée et 𝑉𝐶 = 𝐶 ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 son intégrale.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Il est intéressant de comparer ces 3 signaux (on peut augmenter légèrement R' pour accentuer les
différences). VC peut s’observer directement mais il faut utiliser une sonde différentielle pour VL et
VR sinon l’oscilloscope introduit une masse dans le montage qui créé des courts-circuits. La FFT
des signaux montre que VC est le signal le plus pur. VR est un peu moins bon et VL est la tension la
moins sinusoïdale. Cela est dû au fait que les harmoniques causées par la saturation et présentes
dans l'intensité instantanée sont, vis à vis du fondamental, renforcées par l’opération de dérivation
(d’un facteur 𝑛 puisque 𝑠𝑖𝑛′ (𝑛𝜔𝑡) = 𝑛𝜔cos(𝜔𝑡)), et atténuées par l’opération d’intégration (d’un
facteur n puisque ∫ sin(𝑛𝜔𝑡) = −cos(𝑛𝜔𝑡)/(𝑛𝜔)). Il vaut donc mieux observer la tension aux
bornes du condensateur si on souhaite avoir la sinusoïde la plus pure possible.

II.4.3 Régime transitoire


C’est le même type d’étude que pour les deux
oscillateurs précédents mais on utilise un transistor pour démarrer ou arrêter les oscillations (ce
système n’est pas nécessaire si on veut seulement observer le régime de croissance car la
déconnexion d’un simple fil de shunt sur R’ suffit pour lancer l’oscillateur).

Montage :
[2], p. 172
C L, r R
r’
_ 
081
+
VC
R
C
L, r + r’ : 10 mH 75  RB
T1 B
T1 : transistor NPN 2N2219 R’
E GBF
RB : 1 k
GBF : signal carré d'amplitude 5 V ; f  300 Hz

L’observation des oscillogrammes représentés en [2] nécessite un changement d’inductance pour


que les régimes transitoires aient une constante de temps de l’ordre de grandeur de la période des
oscillations. Si on n’a pas l'inductance proposée, on peut réaliser un équivalent en associant une
boite de self à une résistance en série r’ : on ajuste la boite à la valeur voulue pour L, on mesure sa
résistance r avec un multimètre, puis on ajuste r’ pour avoir globalement r + r’ = 75 . Le transistor
permet d’allumer et d’éteindre l’oscillateur via une tension de commande. Il fonctionne en
bloqué/saturé :
- iB est positif lorsque VGBF est positif, ce qui rend le transistor passant. Comme
VE est à la masse, on a alors V+ = 0 ce qui revient à faire R' = 0. La résistance négative est hors-
service.
- iB est négatif lorsque VGBF est négatif. Le transistor est bloqué dans ce cas et il
est équivalent à un circuit ouvert. La résistance négative fonctionne.

On peut donc facilement synchroniser l’observation sur l’événement souhaité (croissance ou


décroissance des oscillations).

Observation :
On visualise VC en synchronisant l'oscilloscope avec la sortie TTL du GBF. On joue
sur fGBF et R' pour observer sur l'écran la zone de croissance des oscillations, la zone de saturation
par effets non - linéaires et le régime de décroissance (cf. [2], p. 173, figure 13). Comme pour
l’oscillateur à pont de Wien, les régimes transitoires semblent croitre ou décroitre de façon
exponentielle et on peut le vérifier en faisant une modélisation. On peut aussi noter que la
décroissance des oscillations est plus rapide que la croissance. Cette différence s’explique par les

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

constantes de temps qui régissent les deux phénomènes. L'équation différentielle décrivant
l'évolution du courant est :

𝑑2 𝑖 (𝑟 + 𝑟 ′ ) − 𝑅 ′ 𝑑𝑖 1
+ + 𝑖=0
𝑑𝑡 2 𝐿 𝑑𝑡 𝐿𝐶
Le régime de croissance correspond à 𝜆 > 0, soit 𝑅 ′ > 𝑟 + 𝑟′ mais comme l’oscillateur est proche
du seuil d’instabilité, on a 𝑅 ′ ≈ 𝑟 + 𝑟′, donc une constante de temps 𝜏 = 2𝐿/[𝑅 ′ − (𝑟 + 𝑟 ′ )] assez
grande au démarrage. On observe en revanche le régime de décroissance en annulant 𝑅′ avec le
transistor (l’amortissement 𝜆 devient alors > 0). La constante de temps vaut 𝜏′ = 2𝐿/(𝑟 + 𝑟 ′ ) cette
fois ci et elle est par conséquent plus petite.

II.4.4 Diagramme de phase


Le montage permet une observation directe de ce
diagramme qui est une description classique de l'état d'un oscillateur ou l'on représente son
évolution par un point M de coordonnées 𝑋 = 𝑥 et 𝑌 = 𝑑𝑥/𝑑𝑡, 𝑥 étant un paramètre caractéristique
de l'oscillateur.

Montage :
Y
C L, r i
i r’ R
_ 
q 081
+
X
R

R’ K

La variable caractéristique correspondant à la charge peut s’observer aux bornes du condensateur


(𝑋 = 𝑉𝐶 = 𝑞/𝐶). Sa dérivée correspond au courant donc on en a une image en visualisant 𝑌 = 𝑉𝑅 =
𝑅𝑖 = 𝑅𝑑𝑞/𝑑𝑡 à l’aide d’une sonde différentielle12.

On reprend le montage précédent en ajustant R’ pour avoir des régimes transitoires assez rapides.
On observe les tensions 𝑋 et 𝑌 à l’oscilloscope en mode XY. Les diagrammes de phase
correspondant à la décroissance ou la croissance des oscillations s’obtiennent en shuntant ou dé-
shuntant 𝑅′. On obtient des oscillogrammes proches de ceux donnés en [2], p. 174 et le régime
transitoire apparait en forme de spirale dans les deux cas de figure. Le régime de croissance aboutit
à une courbe fermée qui, dans l’espace des phases, est le signe d’une évolution périodique du
système. Cette courbe à la forme d’une ellipse si on est au seuil d’instabilité (𝑅 ′ ≈ 𝑟 + 𝑟′), signe
d’un régime permanent harmonique. Le système s’étant « dirigé » vers cette courbe et s’y
maintenant par la suite, on l’appelle l’attracteur du système. Si on augmente un peu 𝑅′, cet
attracteur tend à tend à se déformer en raison de la saturation de l’AO, et ce principalement sur
l’axe Y correspondant au courant (problème lié à l’opération de dérivation ; cf § II.4.2). Le régime
de décroissance abouti quant à lui à un autre attracteur, le point de coordonnées (0 ; 0). On peut
donc retenir que l’évolution d’un oscillateur quasi sinusoïdal en régime transitoire est progressif
(trajectoires en forme de spirales), et qu’il aboutit une fois lancé à un attracteur en forme d’ellipse.
On pourra comparer ce comportement à celui des oscillateurs à relaxation.

12
On se dispense ainsi du convertisseur courant - tension proposé dans la référence [2].

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.4.5 Passage en mode relaxé


Il s'effectue facilement en augmentant la
valeur de R’. Le signal VS se déforme (ainsi que le diagramme des phases) en étant écrêté par les
tensions d'alimentation de l'AO. On finit par obtenir un signal carré dont la fréquence ne correspond
plus à la fréquence propre du circuit RLC. Elle dépend en plus de R’, mais de façon plus ou moins
complexe : l'oscillateur relaxe. On illustre là encore une propriété générale des oscillateurs quasi -
sinusoïdaux : lorsque l'apport d'énergie est trop important, ils évoluent vers la relaxation.

III OSCILLATEUR DE VAN DER POL


[2], p 175 ; BUP n° 744, 785, 787

III.1 Introduction
Les études précédentes sur les oscillateurs quasi sinusoïdaux avec
des modèles linéaires permettent d’appréhender une bonne partie de leur comportement. Ces
modèles ont toutefois une limite car ils ne donnent pas d’informations sur l’amplitude des
oscillations (l’application stricte du respect du critère de Barkhausen conduit en effet à une sortie
indéterminée puisque S = H.E = ∞.0). L’observation expérimentale a montré que c’est la saturation
d’un AO qui fixe cette amplitude. L’oscillateur de Van der Pol permet de préciser les choses en
montrant l’influence fondamentale des non linéarités sur la limitation de l’amplitude des oscillateurs
auto entretenus. Il permet aussi de montrer le passage d’un régime quasi sinusoïdal d’oscillations
vers un régime de relaxation grâce à la variation d’un seul paramètre.

III.2 Equations de l’oscillateur


L’oscillateur de Van Der Pol est régi par une
équation différentielle du type :

𝑑2𝑥 𝑥2 𝑑𝑥
2
+ µ ( 2 − 1) + 𝜔02 𝑥 = 0
𝑑𝑡 𝑥0 𝑑𝑡

𝑑2𝑥 𝑑𝑥 𝑥2
Soit 2
+ 2𝜆(𝑥) + 𝜔02 𝑥 = 0 avec 2𝜆(𝑥) = µ ( 2 − 1)
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑥0

C’est donc un oscillateur non linéaire par son amortissement puisque la valeur et le signe de λ
peuvent changer suivant l’amplitude x des oscillations. La forme donnée à λ fait que le
comportement du système dépend du rapport x/x0 :
- le terme entre parenthèse est négatif lorsque
x est inférieur à 𝑥0 (et  tend vers −µ lorsque 𝑥 ≪ 𝑥0 ) → si μ > 0, l’équation de Van der Pol se
ramène à celle d’un système linéaire du second ordre à amortissement négatif (oscillations croissant
exponentiellement). µ > 0 correspond pour sa part à la condition de démarrage de l’oscillateur.
- on a λ = 0 lorsque 𝑥 = 𝑥0 → le terme du
premier ordre en x disparaît de l’équation et on retrouve l’équation classique d’un système oscillant
rigoureusement de façon sinusoïdale à la pulsation 0 (on peut remarquer que la condition  = 0
peut aussi être obtenue par l’annulation de ).
- le terme entre parenthèse est positif lorsque
x est supérieur à 𝑥0 → si μ > 0, l’équation de Van der Pol se ramène à celle d’un système linéaire
du second ordre à amortissement positif (oscillations décroissant exponentiellement).

On conçoit qu’une non linéarité de cette forme aboutisse à un système auto modérateur délivrant
des oscillations périodiques d’amplitude xm bien déterminée. On pourrait penser que xm se stabilise à
x0 mais ce n’est pas le cas car 𝑥0 correspond seulement au seuil d’amplitude instantanée où on passe

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

d’un régime où l’apport d’énergie est supérieur à l’énergie dissipée à un état ou l’amortissement
l’emporte alors que xm est l’amplitude qui permet, sur une période, d’avoir la juste compensation
entre l’énergie dissipée dans le système et l’apport extérieur d’énergie. Le calcul de xm dans le cas le
plus général n’est pas simple mais on montre en annexe que xm tend vers 2x0 lorsque les oscillations
sont sinusoïdales, et ce résultat reste à peu près valable lorsque les oscillations commencent à se
déformer. Le coefficient μ joue quant à lui sur le caractère plus ou moins sinusoïdal des oscillations.
Pour le comprendre, il faut d’abord noter que l’amortissement n’est pas constant en cours
d’oscillations puisque 𝜆 = 𝑓(𝑥) → le système est foncièrement régi par une équation non linéaire et
il n’y a, à priori, aucune raison d’avoir de solutions sinusoïdales. L’influence de la non linéarité
peut cependant être minime si μ est faible car le terme du premier ordre en x dans l’équation est
alors tout le temps négligeable et on se retrouve avec une équation proche de celle d’un oscillateur
harmonique. On peut donc retenir qu’il est possible de modifier doublement et de manière
indépendante le comportement de l’oscillateur de Van Der Pol :

- on obtient des oscillations plus ou moins sinusoïdales en jouant sur .


- on contrôle l’amplitude sans modifier la nature des oscillations en jouant sur xo.

III.3 Réalisation pratique de l’oscillateur


Plusieurs montages sont possibles (cf.
BUP 785, BUP 787 et [2], p. 175). On présente une version allégée de celui présenté en [2] :

V2
i −𝑘 2 𝐾𝑈𝐶2 𝑅 ′ 𝑖
L,r

Multiplieur 𝑘𝑈𝐶2 Multiplieur −𝑘 2 𝑈𝐶2 𝑅 ′ 𝑖 Amplificateur


C 𝑈𝐶 Gain = k Gain = k Gain = K

−𝑅 ′ 𝑖

- R’

On part du circuit r, L, C en série avec la résistance négative R’. On forme, à une constante près, le
terme 𝑈𝐶2 𝑑𝑈𝐶 /𝑑𝑡 pour le réinjecter dans la boucle r, L, C. On y arrive à l’aide de multiplieurs
analogiques. Ces circuits affectant la multiplication d’un coefficient atténuateur k, on insère un
amplificateur pour compenser l’atténuation.

Multiplieurs :
Le premier élève la tension 𝑈𝐶 au carré. Le second multiplie 𝑘𝑈𝐶2 par la tension
−𝑅′𝑖, i étant le courant circulant dans la boucle r, L, C :

1 𝑑𝑈𝐶 𝑖 𝑑𝑈𝐶 𝑑𝑈𝐶


𝑈𝐶 = ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 → = d'ou − 𝑅 ′ 𝑖 = −𝑅 ′ 𝐶 → 𝑘𝑈𝐶2 × (−𝑅 ′ 𝑖) = −𝑘 2 𝑅 ′ 𝐶𝑈𝐶2
𝐶 𝑑𝑡 𝐶 𝑑𝑡 𝑑𝑡

On obtient ainsi le terme 𝑈𝐶2 𝑑𝑈𝐶 /𝑑𝑡 à une constante près

Amplificateur :
On utilise un montage type amplificateur non inverseur (cf. circuit à droite sur le
montage suivant). On a :

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑉+ 𝑉2 − 𝑉+ 𝑅2
= → 𝑉2 = (1 + ) 𝑉 = 𝐾𝑉+
𝑅1 𝑅2 𝑅1 +

𝑑𝑈𝐶
𝑉+ correspond à la sortie de X2, d'ou : 𝑉2 = −𝑘 2 𝐾𝑅 ′ 𝐶𝑈𝐶2
𝑑𝑡

Association finale :
L’amplificateur alimente le circuit r, L, C avec sa résistance négative. La loi
des mailles donne :
𝑑𝑖
𝑉2 = 𝑈𝐿,𝑟 + 𝑈𝐶 + 𝑈𝑅𝑁 = 𝐿 + 𝑈𝐶 + (𝑟 − 𝑅′)𝑖
𝑑𝑡
𝑑𝑈𝐶 𝑑 2 𝑈𝐶 𝑑𝑈𝐶
𝑖=𝐶 𝑑 ′ 𝑜𝑢 𝑉2 = 𝐿𝐶 2
+ 𝑈𝐶 + (𝑟 − 𝑅′)𝐶
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡

𝑑 2 𝑈𝐶 1 𝑑𝑈𝐶 1
Avec l'expression de 𝑉2 ∶ + [𝑟 − 𝑅′(1 − 𝑘 2 𝐾𝑈𝐶2 )] + 𝑈 =0
𝑑𝑡 2 𝐿 𝑑𝑡 𝐿𝐶 𝐶

𝑑2 𝑈𝐶 1 𝑈𝐶2 𝑑𝑈𝐶 1
Soit : 2
+ [𝑟 + 𝑅′ ( 2 − 1)] + 𝜔02 𝑈𝐶 = 0 avec 𝑈0 =
𝑑𝑡 𝐿 𝑈0 𝑑𝑡 𝑘√𝐾

Ce résultat s’identifie facilement à l’équation de Van der Pol. On a 𝑥 = 𝑈𝐶 et les expressions de 


et x0 sont :

𝑅′ − 𝑟 𝑅′ − 𝑟 𝑅′ − 𝑟
µ= 𝑥0 = √ 𝑈0 𝑑′ 𝑜𝑢 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 2𝑥0 = 2𝑈0 √
𝐿 𝑅′ 𝑅′

III.4 Montage expérimental

L, r R1
R2
AD 633 AD 633
X X _ 
C X W W +
Y Y

C’ R0, R1 : 1 k
R2 : 50, 100 ou 200 k
R0 R’ : boite variable
_ 
L : AOIP 0,1 H 32 
+
C : 0,22 F
R0
R’
C’: 1 à 5 nF
Y= - R’i
AO : 081 ou 071

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La réalisation pratique du montage est assez lourde et pas forcément très stable. Il faut donc faire
un montage soigné sous peine de déboires (fils courts, …). On conseille de le réaliser entièrement
sur des plaques type P 60 pour alléger le câblage, à l’exception de la bobine et de la résistance
variable R’. La capacité C’ ajoutée ne change pas le comportement attendu du montage mais évite
des oscillations indésirables. Il est préférable de prendre des AO sans réglage intégré d’offset car le
montage peut entrer en saturation s’ils sont mal réglés13

III.5 Observations et mesures


On observe 𝑋 = 𝑉𝐶 avec une sonde différentielle pour
éviter les problèmes de masse et la tension 𝑌 = −𝑅𝑖, qui est une image du courant, en inversant
cette voie sur l’oscilloscope pour annuler le signe moins.

III.5.1 Résistance R’ faible


On commence avec R’ ≈ 60 ou 80 . Les
signaux obtenus doivent être ≈ sinusoïdaux, la tension 𝑋 = 𝑉𝐶 s’en rapprochant le plus (cf. §
II.4.2). On peut mesurer la fréquence des oscillations et comparer à la valeur attendue 𝑓0 =
1/2𝜋√𝐿𝐶. On a une ellipse lorsqu’on visualise les signaux X et Y en Lissajous. L’oscillateur
fonctionne en régime ≈ quasi sinusoïdal. On teste ensuite le montage avec R2 = 50, 100 et 200 k.
Les signaux restent sinusoïdaux mais leur amplitude varie. On peut mesurer l’amplitude de la
tension aux bornes du condensateur dans chaque cas en tenant compte du facteur d’atténuation de la
sonde et comparer à la valeur théorique. Voici à titre indicatif une série de mesures effectuées avec
R’ = 80 . Pour la valeur r, il vaut mieux prendre celle mesurée sur l’oscillateur à résistance
négative seul (connecter la sortie V2 de la bobine à la masse et ajuster R’ pour être au seuil des
oscillations ; on a alors R’  r).

R2 = 50 k
1 1 𝑅′ − 𝑟
𝑈0 = = = 1,4 𝑉 → 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 2𝑈0 √ = 2,17 𝑉
𝑘√𝐾 0,1√51 𝑅′

Mesure expérimentale : 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 2,02 𝑉

R2 = 100 k
1
𝑈0 = = 0,995 𝑉 → 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 1,44 𝑉
0,1√101

Mesure expérimentale : 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 1,438 𝑉

R2 = 200 k
1
𝑈0 = = 0,705 𝑉 → 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 1,02 𝑉
0,1√201

Mesure expérimentale : 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 0,975 𝑉

III.5.2 Augmentation de R’
Prendre R2 = 100 ou 200 k.

On fait varier R’ de 100 à 1000  et on observe l’évolution des signaux en temporel et en Lissajous.
Les signaux se déforment progressivement, la figure de Lissajous passe d’une ellipse à un cycle
déformé, et l’amplitude de la tension aux bornes du condensateur tend vers une limite. Voici à titre

13
Les signaux peuvent être un peu décalés par rapport au zéro étant donné le gain de l’amplificateur (offset amplifié).

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

indicatif le résultat d’une acquisition effectuée sur un oscilloscope numérique, puis transférée sous
Excel. Les courbes obtenues peuvent être comparées avec une simulation :
Représentation temporelle Figure de Lissajous
4 4

3 3

Uc
2 2
R'i

1 1
tension

R'i
0 0
2,40E-04 7,40E-04 1,24E-03 1,74E-03 2,24E-03 -8.E-02 -6.E-02 -4.E-02 -2.E-02 0.E+00 2.E-02 4.E-02 6.E-02 8.E-02

-1 -1

-2 -2

-3 -3

-4 -4
temps Uc (V)

La figure de Lissajous a été obtenue par l’acquisition du signal temporel au démarrage de


l’oscillateur. Il suffit de shunter la résistance R’ à l’aide d’un fil et d’effectuer une acquisition en
mode monocoup. On peut mesurer l’amplitude maximum vers laquelle tend UC. Voici à titre
indicatif une série de mesures effectuée avec R’ = 1000 .
R2 = 100 k
𝑈0 = 0,995 𝑉 → 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 ≈ 2𝑈0 = 1,99 𝑉

Mesure expérimentale : 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 1,97 𝑉

R2 = 200 k
𝑈0 = 0,705 𝑉 → 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 ≈ 2𝑈0 = 1,41 𝑉

Mesure expérimentale : 𝑈𝐶 𝑚𝑎𝑥 = 1,41 𝑉

Là encore, les mesures expérimentales recoupent les valeurs attendues. C’est d’ailleurs remarquable
car le calcul développé en annexe suppose des signaux sinusoïdaux alors qu’on en est loin ici.

III.5.3 Conclusion
L’oscillateur de Van Der Pol permet de passer d’un
oscillateur sinusoïdal à un oscillateur de relaxation de manière progressive. On peut ajuster
l’amplitude et le caractère plus ou moins sinusoïdal des oscillations de façon indépendante. On
passe d’une ellipse à un cycle déformé en agissant sur R’ → R’ influe sur le caractère plus ou moins
sinusoïdal des oscillations) et on contrôle (dans une certaine limite) l’amplitude des oscillations en
jouant sur l’amplification via R2.

III.6 Retour sur l’oscillateur à résistance négative


L’équation de Van der Pol est un
modèle d’étude d’oscillateurs non linéaires qui s’applique entre autre à l’oscillateur à résistance
négative. Pour ce faire, il suffit de regarder la caractéristique (I, V) de la résistance négative (cf.
montage sur les phénomènes non linéaires). Elle peut se modéliser par une équation du type 𝑉 =
−𝑅 ′ 𝑖 + 𝑘𝑖 3 . Le coefficient k se détermine à l’aide des points d’inflexion de la caractéristique (I, V).
Les extremums ont lieu (cf. montage indiqué) pour 𝑖𝑚𝑎𝑥 = ± 𝑉𝑆𝐴𝑇 /(𝑅 + 𝑅 ′ ). Cela correspond pour
le modèle à 𝑑𝑉/𝑑𝑖 0 soit :
𝑅′
−𝑅 ′ + 3𝑘𝑖 2 = 0 → 𝑖 = ±√
3𝑘

𝑅′(𝑅 + 𝑅 ′ )
En combinant ce résultat avec le précédent on obtient : 𝑘=
3𝑉𝑆𝐴𝑇

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑅 ′ (𝑅 + 𝑅 ′ ) 3
V peut donc être modélisé par l'équation suivante : 𝑉 = −𝑅 ′ 𝑖 + 𝑖
3𝑉𝑆𝐴𝑇

La comparaison entre la caractéristique réelle est le modèle est représentée sur le diagramme
suivant :

On peut alors montrer avec un tel modèle que l’oscillateur à résistance négative est régi par une
équation du type Van der Pol. Le montage global obéit en effet à l’équation suivante :

i
L, r UL, r
Résistance
V négative

C UC

𝑑𝑖 𝑞 𝑑𝑖 𝑞
𝐿 + 𝑟𝑖 + + 𝑉 = 0 = 𝐿 + 𝑟𝑖 + − 𝑅 ′ 𝑖 + 3𝑘𝑖 3
𝑑𝑡 𝐶 𝑑𝑡 𝐶

𝑑2𝑖 𝑑𝑖 𝑖 𝑑𝑖
Soit, en dérivant par rapport au temps : 𝐿 2
+ (𝑟 − 𝑅 ′ ) + + 3𝑘𝑖 2 = 0
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝐶 𝑑𝑡

𝑑2 𝑖 𝑅 ′ − 𝑟 𝑅′(𝑅 ′ + 𝑅) 2 𝑑𝑖
D'où, après réarrangement : 2
+ [ ′ 𝑖 − 1] + 𝜔2 𝑖 = 0
𝑑𝑡 𝐿 (𝑅 − 𝑟)𝑉𝑆𝐴𝑇 𝑑𝑡

→ Dans la limite du modèle envisagé pour le dipôle à résistance négative, l’intensité du courant
dans l’oscillateur à résistance négative vérifie une équation du type Van der Pol.

IV OSCILLATEURS A RELAXATION

IV.1 Introduction
Un oscillateur à relaxation est un système évoluant alternativement
entre deux états d’énergie différents. Le retour périodique vers un état de plus basse énergie
(phénomène de relaxation) explique sa dénomination. Il s’articule autour de trois éléments
fondamentaux :
- un « réservoir » pouvant accumuler et restituer de l’énergie

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- une source extérieure d’énergie continue destinée à « remplir » le réservoir


- un dispositif à seuil déclenchant le remplissage et la vidange du réservoir une
fois un certain niveau atteint, pour aboutir à une évolution périodique du système.

Leurs propriétés découlent aussi de leur mode de fonctionnement et les différences avec les
oscillateurs harmoniques sont notables :
- la fréquence des oscillations dépend de paramètres
intrinsèques au système (taille du réservoir, seuils des basculements dans certains cas) mais elle
peut aussi dépendre de la source d’énergie.
- ils s’arrêtent dès qu’on coupe l’alimentation car leur
fonctionnement dépend d’un apport d’énergie. Les régimes transitoires sont donc courts comparés à
ceux des oscillateurs quasi sinusoïdaux et ils ne sont pas oscillants.
- ils sont moins sensibles à l’environnement que les
oscillateurs quasi sinusoïdaux car ils ne sont pas soumis comme eux au respect d’un critère strict
pour fonctionner. On peut les synchroniser assez facilement sur une fréquence extérieure ou les
piloter par un signal de commande.
- la présence d’un dispositif à seuil rend ces systèmes
foncièrement non linéaires. Ils fonctionnent quasiment tout le temps dans le régime associé, ne
passant brièvement en régime linéaire qu’au moment des basculements. Leur évolution est donc
anharmonique et leur trajectoire des phases en régime permanent n’est pas elliptique (il n’y a pas
d’allure générale mais la trajectoire se rapproche souvent d’une forme rectangulaire).

Les études suivantes s’attachent à mettre en évidence ces propriétés spécifiques. Les trois éléments
(réservoirs, source, dispositif a seuil) étant toujours présents quel que soit l’oscillateur (mécanique,
électronique, …), il est intéressant de les identifier dans les montages étudiés.

IV.2 Expérience d’introduction


Des exemples classiques en mécanique permettent
d’introduire les principes de base de ces oscillateurs (cf. [1], p. 316 et suivantes - on conseille de
lire l’introduction). On peut présenter un vase de tantale ou le pendule relaxateur. On présente ici la
deuxième solution avec l’expérience de la transition ferro/para du Fer :

Creuset réfractaire

Aimant Clou

Bec Mecker

Le fer est paramagnétique à haute température et ferromagnétique à basse température. La


susceptibilité magnétique est beaucoup plus forte dans le deuxième état, ce qui fait que le clou a
tendance à se coller à l’aimant à température ambiante. Le chauffage élève la température du clou
jusqu’à le faire passer dans l’état paramagnétique. Sa susceptibilité magnétique chute fortement, il
se détache de l’aimant, s’éloigne de la flamme, se refroidit, redevient ferromagnétique, se recolle à
l’aimant et ainsi de suite.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les 3 éléments de base d’un oscillateur à relaxation sont facilement identifiables : le réservoir
d’énergie est le clou qui accumule de la chaleur, la source d’énergie est le dispositif de chauffage et
le seuil est fourni par la transition ferro/para du clou. Les propriétés propres aux oscillateurs de
relaxation sont aussi facilement observables : un changement dans la puissance de chauffe suffit
pour modifier la période du phénomène. Ce montage illustre donc bien le rôle que peut avoir la
source d’énergie sur la fréquence des oscillations. Le mouvement du clou n’est évidemment pas
harmonique et le régime transitoire de l’oscillateur est très court puisqu’il s’arrête dès qu’on coupe
le chauffage. La dernière propriété (sensibilité/synchronisation/commande) est moins facile à mettre
en évidence mais on peut imaginer une commande électronique agissant sur la puissance de chauffe
qui permettrait de contrôler la période de l’oscillateur.

IV.3 Montage à amplificateurs opérationnels


[2], p. 166 ; [3], p. 313

IV.3.1 Montage
R
C
_  + Vsat
081
+ + kVsat Ve
R1 t
Ve
Vs
- kVsat
R2 VS
- Vsat

Cet oscillateur est très simple. Le condensateur C est le réservoir qu’on remplit et qu’on vide par sa
charge et décharge à travers la résistance R sous la tension VS. Le pont diviseur R1/R2 fournit quant
à lui une tension de seuil en V+ qu’on compare à la tension instantanée aux bornes de C. La réaction
sur la patte + est instantanée (aucun élément réactif), celle sur la patte – ne l’est pas (régime
transitoire de charge/décharge de C). L’amplificateur opérationnel travaille donc la plupart du
temps en régime non linéaire (𝜀 ≠ 0 → 𝑉𝑆 = ±𝑉𝑆𝐴𝑇 ) et l’association AO/R1/R2 constitue un
comparateur à hystérésis puisque V+ peut avoir deux valeurs possibles :

𝑅2
𝑉+ = 𝑉 = 𝑘𝑉𝑆 avec 𝑉𝑆 = ± 𝑉𝑆𝐴𝑇 → 𝑉+ = ± 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇
𝑅1 + 𝑅2 𝑆

On peut envisager les deux cas de figure (on suppose que C est initialement déchargé et que l’AO
est en saturation positive) :
- 𝑉𝑆 = + 𝑉𝑆𝐴𝑇 → 𝑉+ = + 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 . Le condensateur se charge via 𝑅
sous la tension 𝑉𝑆𝐴𝑇 . Cette charge continue jusqu’à ce que 𝑉𝐶 = 𝑉− atteigne + 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 . A cet instant,
un faible dépassement de ce seuil provoque le basculement de l’AO à 𝑉𝑆 = − 𝑉𝑆𝐴𝑇 .
- 𝑉𝑆 = − 𝑉𝑆𝐴𝑇 . On a alors 𝑉+ = − 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 . Le condensateur se décharge
via R sous la tension − 𝑉𝑆𝐴𝑇 jusqu’à ce que 𝑉𝐶 = 𝑉− atteigne − 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 . Un très léger dépassement de
ce seuil provoque alors le basculement de l’AO à 𝑉𝑆 = + 𝑉𝑆𝐴𝑇 .
- on revient à la situation précédente mais avec une charge qui
démarre cette fois ci à partir d’une tension 𝑉𝐶 = − 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 . On obtient ainsi un système évoluant de
façon périodique.

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Calcul de la période :
𝑡
Cas d'une charge exponentielle : 𝑉− = 𝑉𝐶 = 𝐴 + 𝐵𝑒 −𝑅𝐶

𝑡 → ∞ ∶ 𝑉𝐶 → 𝑉𝑆𝐴𝑇 → 𝐴 = +𝑉𝑆𝐴𝑇

𝑡 = 0 ∶ 𝑉𝐶 = −𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 → 𝐴 + 𝐵 = −𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 → 𝐵 = −(1 + 𝑘)𝑉𝑆𝐴𝑇


𝑡
D'ou : 𝑉𝐶 = 𝑉𝑆𝐴𝑇 [1 − (1 + 𝑘)]𝑒 −𝑅𝐶

𝑇 𝑇 1+𝑘
Or 𝑉𝐶 = 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 à 𝑡 = → 𝑘 = 1 − (1 + 𝑘)𝑒 −2𝑅𝐶 → 𝑇 = 2𝑅𝐶𝑙𝑛 ( )
2 1−𝑘

𝑅2
Soit finalement : 𝑇 = 2𝑅𝐶𝑙𝑛 (1 + 2 )
𝑅1

Contrairement au pendule relaxateur, la période de cet oscillateur ne dépend de la source d’énergie


car la tension d’alimentation intervient dans les processus de remplissage/vidange du réservoir (via
𝑉𝑆𝐴𝑇 dans l’expression de 𝑉𝐶 ) et dans la définition des seuils de basculement (± 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 )14.

IV.3.2 Observations
R1 = R2 = 10 k
R, C : boites variables

On peut commencer par observer les tensions 𝑉𝑆 , 𝑉+ et 𝑉− pour comprendre le rôle de chaque
branche (bloc R1/R2 → comparateur à hystérésis ; bloc RC → réservoir qu’on remplit ou qu’on
vidange). On peut ensuite faire varier les paramètres RC du montage pour montrer qu’il peut
facilement osciller à différentes fréquences. On peut aussi regarder le régime transitoire de cet
oscillateur en plaçant un shunt (un simple fil) sur la capacité qu’on enlève pour lancer l’oscillateur,
et le comparer à celui d’un oscillateur quasi sinusoïdal. On peut enfin s’intéresser au diagramme de
phase de phase de l’oscillateur en prenant comme variable caractéristique la tension aux bornes du
condensateur. Pour obtenir sa dérivée, on peut prendre la tension de sortie de l'AO en modifiant la
valeur de certains composants. On a en effet 𝑉𝑆 = 𝑉𝐶 + 𝑅𝑖.

1 𝑑𝑉𝐶 𝑑𝑉𝐶 𝑑𝑉𝐶


Or, 𝑉𝐶 = ∫ 𝑖𝑑𝑡 → 𝑉𝑆 = 𝑉𝐶 + 𝑅𝐶 ≈ 𝑅𝐶 si |𝑅𝐶 | ≫ 𝑉𝐶
𝐶 𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
Cette condition est remplie en prenant les valeurs proposées en [2], p. 166. On peut le vérifier par le
calcul, ou en visualisant les tensions 𝑉𝐶 et 𝑉𝑆 : la première est un triangle alors que la deuxième est
un carré. Pour visualiser le diagramme de phase, on passe en mode XY avec 𝑋 = 𝑉𝐶 et 𝑌 = 𝑉𝑆 . On
s’aperçoit alors que l’allure est très éloignée d’une ellipse et a plutôt la forme d’un rectangle. On
voit deux phases très différentes : la première, progressive, correspond aux deux trajectoires
horizontales ou 𝑉𝐶 passe de ± 𝑘𝑈 à ∓ 𝑘𝑈 (remplissage et vidange du réservoir) pendant que 𝑉𝑆
reste constant. Une deuxième, rapide, correspond aux deux trajectoires verticales, ou 𝑉𝐶 reste
constant pendant que 𝑉𝑆 est pratiquement discontinue (basculement rapide d'une phase de
remplissage à une phase de vidange par le dispositif à seuil). On peut noter que c’est le seul instant
ou l’AO est en régime linéaire (au Slew Rate près) puisqu’on a alors 𝜀 = 𝑉+ − 𝑉− ≈ 0 𝑉.

14
Le réservoir se remplit d’autant plus vite que la tension d’alimentation est forte (en raisonnant sur la valeur absolue
de VC car son évolution relative ne dépend évidemment que de la constante de temps 𝜏 = 𝑅𝐶) mais cela s’accompagne
d’une augmentation des seuils ± 𝑘𝑉𝑆𝐴𝑇 qui compense l’effet précédent.

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV.3.3 Mesures
On peut mesurer la période de l’oscillateur avec R = 10 k et
C = 0,1 F et comparer à la valeur théorique. Il est bon de connaitre les limites du montage :
- le signal tend à se déformer si la résistance R est trop faible à cause de la saturation en
courant de l’AO.
- la période expérimentale recoupe moins bien la valeur attendue aux fréquences élevées
à cause du Slew Rate de l'AO (cf. [2], p. 86) qui n’est plus négligeable. Le signal de sortie n’est
plus carré et présente une certaine pente au moment des basculements (prendre C = 5 nF, R = 5 k
par exemple). Cela fausse la valeur de T car les transitions ne sont plus instantanées comme
supposé lors du calcul théorique de la période. Il faut donc se limiter aux basses fréquences si on
veut des résultats corrects.

Applications :
Ce montage peut servir comme capacimètre ou comme conditionneur pour capteur
capacitif (cf. montage Condensateurs). Pour le capacimètre, on peut montrer l’intérêt de jouer sur la
valeur de R pour maintenir l’oscillateur dans des conditions de fonctionnement telles que le Slew
Rate soit négligeable (R a alors le rôle du calibre de mesure).

IV.3.4 Synchronisation des oscillations


[3], p. 313
C
10 k

_ 
081
+
C = 0,1 μF
5 nF 10 k
GBF : signal carré
GBF

10 k

L’idée est de provoquer le basculement anticipé du multivibrateur en abaissant le potentiel de seuil


V+ à l’aide de pulses obtenus en dérivant un signal rectangulaire avec un condensateur de 5 nF.

Visualisation de V+ et V- :
On commence avec des pulses d’amplitude ≈ nulle et tels que 𝑓𝑝𝑢𝑙𝑠𝑒𝑠 =
10𝑓𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑖𝑏𝑟𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 . On a alors 𝑇 = 𝑇𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑣𝑖𝑏𝑟𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑠𝑒𝑢𝑙 .

On augmente progressivement l’amplitude du GBF. On voit sur le


2 1
schéma qu’on provoque l’anticipation des basculements de la V+
tension de sortie lorsque le pulse n° 1 atteint le potentiel 𝑉− . Si on t
augmente encore l’amplitude, l’anticipation du basculement est
provoquée par le pulse n° 2, et ainsi de suite → Le potentiel limite V-
de charge du condensateur suit donc l’amplitude d’un des pulses.

Visualisation de Vs :
On règle l’amplitude du GBF au maximum pour pouvoir contrôler la
fréquence sur une large gamme. On modifie 𝑓𝐺𝐵𝐹 entre 10𝑓𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖 et 𝑓𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖 et on mesure la période
des oscillations. On constate alors que la période du multivibrateur suit les variations de fréquence
du GBF (𝑇𝐺𝐵𝐹 = 𝑘𝑇𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖 ). Cette expérience montre la facilité avec laquelle on peut synchroniser un

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

oscillateur de relaxation sur un signal extérieur. Elle illustre aussi le principe de la synchronisation
des traces sur un oscilloscope. Le signal observé est mis en forme pour donner des pulses qui sont
envoyés à la base de temps de l’appareil (fournie par un multivibrateur) afin qu’elle devienne un
multiple de la période du signal à observer → l’image est stable.

IV.3.5 Obtention d'un oscillateur quasi - sinusoïdal


[2], p. 167-168

Cet oscillateur peut être vu comme l'association d'un pont diviseur et d'un filtre actif passe bas
d’ordre 1. Il ne peut donc pas y avoir d'oscillations sinusoïdales théoriquement. Le filtre s'identifie
cependant à un système du second ordre si on tient compte du comportement passe bas de l'AO en
hautes fréquences. Le système bouclé peut donc être oscillant.

Manipulation :
On reprend le montage en abaissant la valeur de R215 à quelques ohms. On obtient
alors des oscillations quasi sinusoïdales. Se reporter à la référence indiquée pour l'interprétation.

IV.4 Application à la réalisation d’un VCO


Un VCO (Voltage Control Oscillator)
est un dispositif permettant le contrôle de la fréquence d’un signal par l’intermédiaire d’une tension
continue. C’est le cœur des GBF analogiques. Plusieurs réalisations sont possibles (cf. [3], p. 347,
[5], p.178). On propose la plus simple : on reprend le principe du montage précédent en séparant la
cellule RC du dispositif à hystérésis et on ajoute un bloc multiplieur pour que la charge et la
décharge du condensateur soit une fonction linéaire d’une tension de commande 𝑉𝐶 .

IV.4.1 Montage
[2], p. 192

C
R2
R
_  R1
AD 633
+ 
+ X
V1 _
AO1 V2 W
AO2
V3 Y
Vcom

Bloc AO1 :
Il fonctionne en régime linéaire (rétroaction patte -). C’est un intégrateur à courant
constant. On a (cf. montage « Condensateur ») :

𝑉1
𝑉2 = − 𝑡 (1)
𝑅𝐶
Ce dispositif génère un signal triangulaire si l’on suppose V1 = cte.

Bloc AO2 :
Il fonctionne en régime non linéaire (rétroaction patte +). C’est un comparateur à
hystérésis non inverseur. On indique succinctement son principe de fonctionnement :

15
Notée R1 dans [2].

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V3
R2 VSAT

R1 i2
i1
+ 
ε - V seuil V seuil V2
_
V2 V3

- VSAT

L’ampli op est supposé parfait donc on a i1 = i2, d’où :

𝑉2 − 𝑉+ 𝑉+ − 𝑉3 1
= → 𝑉+ = (𝑅 𝑉 + 𝑅1 𝑉3 ) (2)
𝑅1 𝑅2 𝑅1 + 𝑅2 2 2

La sortie de l’amplificateur opérationnel est en saturation positive ou négative. On étudie


successivement les deux cas de figure.

- V+  0 :
La patte – est à la masse → ε est positif, d’où 𝑉3 = + 𝑉𝑆𝐴𝑇

1
(2) → 𝑉+ = (𝑅 𝑉 + 𝑅1 𝑉𝑆𝐴𝑇 )
𝑅1 + 𝑅2 2 2

𝑅1
𝑉+ ≥ 0 ⇔ 𝑉2 ≥ − 𝑉 = − 𝑉𝑠𝑒𝑢𝑖𝑙 (3)
𝑅2 𝑆𝐴𝑇

- V+  0 :
La patte – est à la masse → ε est négatif, d’où 𝑉3 = − 𝑉𝑆𝐴𝑇

1 𝑅1
(2) → 𝑉+ = (𝑅 𝑉 − 𝑅1 𝑉𝑆𝐴𝑇 ) ≤ 0 ⇔ 𝑉2 ≤ 𝑉 = 𝑉𝑠𝑒𝑢𝑖𝑙 (4)
𝑅1 + 𝑅2 2 2 𝑅2 𝑆𝐴𝑇

Le montage présente par conséquent un hystérésis (inversé par rapport au montage précédent). La
tension d’entrée étant généralement inférieure à ± 𝑉𝑆𝐴𝑇 , ce comparateur ne fonctionne comme tel
que si 𝑅1 < 𝑅2 .

Bloc multiplieur :
Il rend la tension V1 intégrée dépendante d’une tension continue. On a 𝑉1 =
± 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇 en sortie, avec k = 1/10 pour le multiplieur AD 633.

Période de l’oscillateur :
On suppose le condensateur initialement déchargé et la sortie du bloc
AO2 en saturation positive → 𝑉1 = 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇 . En réinjectant dans (1) :

𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇
𝑉2 = − 𝑡
𝑅𝐶
La tension V2, initialement nulle, diminue jusqu’à atteindre la condition (3). Le bloc AO2 bascule
alors et sa sortie passe en saturation négative. Partant de t = 0, le basculement à lieu lorsque :

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇 𝑅1 𝑅1 𝑅𝐶
𝑉2 = − 𝑡 = − 𝑉𝑆𝐴𝑇 soit 𝑡=
𝑅𝐶 𝑅2 𝑅2 𝑘𝑉𝐶𝑂𝑀

Ce temps correspond au quart de la période du signal obtenu. On peut s’en convaincre en


poursuivant le raisonnement précédent avec 𝑉1 = − 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇 , 𝑉2 = 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇 𝑡/𝑅𝐶 et en utilisant
(4) comme nouvelle condition de basculement. On trouve finalement :

𝑘 𝑅2
𝑓𝑠𝑖𝑔𝑛𝑎𝑙 = 𝑉 La fréquence est une fonction linéaire de 𝑉𝑐𝑜𝑚
4𝑅𝐶 𝑅1 𝑐𝑜𝑚

IV.4.2 Réalisation pratique


R = 10 k ; R1 = 5,1 k ; R2 = 10 k
C = 10 nF
AO → 081 sans réglages d’offset
Multiplieur → AD 633

Vcom peut s’obtenir avec une alimentation continue réglable mais ce type de source ne fonctionne
pas forcément très bien à bas niveau. On peut remédier au problème en reliant un potentiomètre à
une alimentation continue fixe :

Multiplieur

U R V

Le choix du potentiomètre n’est pas critique. Sa résistance ne doit être ni trop faible ni trop grande
(10 k par exemple). Un potentiomètre multitour est préférable (réglage plus fin).

Problèmes de symétrie :
Il est probable que le rapport cyclique des signaux ne soit pas égal à 50
%. La légère dissymétrie des niveaux de saturation haut et bas des amplificateurs opérationnels en
est la cause (on a souvent une différence de 1 V). Cela se comprend si on reprend le raisonnement
précédent en supposant 𝑉𝑆𝐴𝑇+ différent de 𝑉𝑆𝐴𝑇− .
V3 V2

VSAT
+

- VSAT -
T1 T2
T1 T2

𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇−
Lorsque le bloc AO2 est en saturation négative, on a : 𝑉2 = 𝑡
𝑅𝐶

Le triangle reste sur cette pente de 𝑉2 = −𝑅1 /(𝑉𝑆𝐴𝑇+ 𝑅2 ) à 𝑉2 = 𝑅1 /(𝑉𝑆𝐴𝑇− 𝑅2 ). La demi-période


correspondante vaut :

𝑉𝑆𝐴𝑇+ + 𝑉𝑆𝐴𝑇− 𝑅𝐶 𝑅1
𝑇1 =
𝑉𝑆𝐴𝑇− 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑅2

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑉𝑆𝐴𝑇+
Lorsque le bloc AO2 est en saturation positive, on a : 𝑉2 = − 𝑡
𝑅𝐶
Le triangle reste sur cette pente de 𝑉2 = 𝑅1 /(𝑉𝑆𝐴𝑇− 𝑅2 ) à 𝑉2 = − 𝑅1 /(𝑉𝑆𝐴𝑇+ 𝑅2 ). La demi-période
correspondante vaut :

𝑉𝑆𝐴𝑇+ + 𝑉𝑆𝐴𝑇− 𝑅𝐶 𝑅1
𝑇2 =
𝑉𝑆𝐴𝑇+ 𝑘𝑉𝑐𝑜𝑚 𝑅2

Les expressions de T1 et T2 ne sont donc pas les mêmes si 𝑉𝑆𝐴𝑇+ est différent de 𝑉𝑆𝐴𝑇− . On peut
corriger ce problème en rajoutant deux diodes Zener tête bêche à la sortie du bloc AO2 pour limiter
la tension V3 à une valeur symétrique  VZ :

R2
C
R AO2
_  R1
 AD 633
+
+ X
V1 _
AO1 V2 DZ W
V3
Y
DZ
Vcom
DZ : BZX 6,2 V

On peut visualiser la tension V3 (signal carré) et vérifier que les amplitudes Vmax et Vmin sont
symétriques (on peut tester plusieurs diodes Zener de la même famille pour y parvenir aux mieux).
Si le rapport cyclique n’est toujours pas à 50 %, ou s’il change lorsqu’on modifie la tension de
commande, cela peut provenir de l’offset des AO. C’est le cas si la pente positive du signal
triangulaire V2 est différente de la pente négative (l’offset s’ajoute à la tension à intégrer sur une des
pentes alors qu’il se retranche sur l’autre). Il faut changer d’amplificateur opérationnel dans ce cas
ou compenser les offset (à faire si c’est vraiment nécessaire). La procédure de réglage est alors la
suivante : on visualise V2 (signal triangulaire), on modifie l’offset de l’AO2 jusqu’à obtenir un
signal symétrique par rapport à la masse. On modifie ensuite l’offset de l’AO1 jusqu’à avoir un
signal triangulaire possédant les mêmes pentes croissantes et décroissantes.

IV.4.3 Mesures
On mesure la fréquence du signal V1 ou V3 pour différentes
valeurs de la tension de commande et on trace la courbe 𝑓𝑠𝑖𝑔𝑛𝑎𝑙 = 𝑓(𝑉𝑐𝑜𝑚 ). On donne en page
suivante le résultat d’une série de mesures.

On constate un excellent accord avec une loi linéaire. Le dispositif permet donc de générer un
signal carré et un signal triangulaire dont la fréquence peut être contrôlée de façon linéaire par un
potentiomètre. C’est sur ce principe que sont conçus les oscillateurs des GBF analogiques (pour le
passage à un signal sinusoïdal, se reporter à [2], p. 193-195).

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Quaranta : tome I
[2] : Duffait : Expériences d'électronique
[3] : Quaranta : tome III
[4] : Quaranta : tome IV (nouvelle édition)
[5] : Datté della Maestra : Ampli Op
[6] : Jean Paul Bellier : Montages de Physique
[7] : BUP 799, p. 2023 et suivantes
Tomasino : Physique term. S, enseignement obligatoire, Nathan, p. 288
H Prépa : Mécanique I, 1ère année MPSI, PCSI, PTSI, Hachette, p. 132
BUP n° 744, 785, 787

31
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : DETERMINATION DE L’AMPLITUDE POUR


L’OSCILLATEUR DE VAN DER POL

On part de l’équation de Van der Pol et on la multiplie par 𝑥̇ 𝑑𝑡 :

𝑥2 𝑥2
𝑥̈ + 𝜇 ( − 1) 𝑥̇ + 𝜔2 𝑥 = 0 → 𝑥̈ 𝑥̇𝑑𝑡 + 𝜔2 𝑥𝑥̇ 𝑑𝑡 = − 𝜇 ( 2 − 1) 𝑥̇ 2 𝑑𝑡
𝑥02 𝑥0

On réarrange l’équation obtenue grâce aux relations suivantes :

1
𝑑𝑓 = 𝑓 ′ . 𝑑𝑡 → 𝑑(𝑥̇ 2 ) = [𝑥̇ 2 ]′ 𝑑𝑡 = 2𝑥̇ 𝑥̈𝑑𝑡 → 𝑥̇ 𝑥̈𝑑𝑡 = 𝑑(𝑥̇ 2 )
2
1
𝑑(𝑥 2 ) = [𝑥 2 ]′ 𝑑𝑡 = 2𝑥𝑥̇ 𝑑𝑡 → 𝑥𝑥̇ 𝑑𝑡 = 𝑑(𝑥 2 )
2
1 2)
𝜔2 𝑥2
On obtient alors : 𝑑(𝑥̇ + 𝑑(𝑥 = − 𝜇 ( 2 − 1) 𝑥̇ 2 𝑑𝑡
2)
2 2 𝑥0

Intégrons cette équation sur une période. La partie gauche de l’équation devient :

1 𝑇 𝜔2 𝑇 1 𝜔2 2 𝑇 1 2 𝜔2 2
∫ 𝑑(𝑥̇ 2 ) + ∫ 𝑑(𝑥 2 ) = [𝑥̇ 2 ]𝑇0 + [𝑥 ]0 = [𝑥̇ (𝑇) − 𝑥̇ 2 (0)] + [𝑥 (𝑇) − 𝑥 2 (0)]
2 0 2 0 2 2 2 2

La périodicité du signal aux bornes du condensateur et aux bornes de la résistance fait qu’on a les
conditions suivantes en régime permanent :

𝑥 2 (0) = 𝑥 2 (𝑇)
𝑥̇ 2 (0) = 𝑥̇ 2 (𝑇)

Dans ces conditions, le résultat de l’intégration du membre de gauche de l’équation donne un


résultat nul. Reste à intégrer le membre de droite sachant que le résultat doit être nul. Pour ce faire,
on suppose pour x(t) une solution sinusoïdale :

𝑥 = 𝑥𝑚 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 → 𝑥̇ = −𝜔𝑥𝑚 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡


𝑇 𝑇 𝑇
𝑥2 2 2 2
𝑥𝑚2
2
→ 𝜇∫ ( − 1) 𝑥̇ 𝑑𝑡 = 𝜇𝜔 𝑥𝑚 [ ∫ (𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡. 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡) 𝑑𝑡 − ∫ sin2 𝜔𝑡 𝑑𝑡] = 0
0 𝑥02 𝑥02 0 0

1 1 1
𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 = 𝑠𝑖𝑛2𝜔𝑡 𝑒𝑡 sin2 𝜔𝑡 = (1 − 𝑐𝑜𝑠2𝜔𝑡) → (𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡)2 = (1 − 𝑐𝑜𝑠4𝜔𝑡)
2 2 8
𝑇
2
𝑥𝑚 2
1 𝑇
On a alors : ∫ (1 − 𝑐𝑜𝑠4𝜔𝑡) 𝑑𝑡 − ∫ (1 − 𝑐𝑜𝑠2𝜔𝑡)𝑑𝑡 = 0
8𝑥02 0 2 0
2 𝑇 𝑇
𝑥𝑚 𝑇
1 𝑇
1
([𝑡]0 + [ 𝑠𝑖𝑛4𝜔𝑡] ) − [𝑡]0 + [ 𝑠𝑖𝑛2𝜔𝑡] = 0
4𝑥02 4𝜔 0 2𝜔 0

32
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

2
𝑥𝑚
(𝑇 + 0) − 𝑇 + 0 = 0
4𝑥02
2 2
𝑥𝑚 𝑥𝑚
Soit finalement : 𝑇−𝑇 =0 ∀ 𝑇 → =1 → 𝑥𝑚 = 2𝑥0
4𝑥02 4𝑥02

33
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

INSTABILITES ET PHENOMENES NON LINEAIRES

I INTRODUCTION

I.1 Phénomène linéaire


On dit d’un phénomène qu’il est linéaire lorsque les
grandeurs caractéristiques du phénomène sont reliées entre elles par une simple relation de
proportionnalité :
y = f(x) = k.x

→ Un système est linéaire si l’effet est proportionnel à la cause qui lui a donné naissance. Le
phénomène est alors décrit par des équations linéaires c’est à dire des équations dont les coefficients
sont constants.

Cas des systèmes dynamiques :


L’évolution est alors régie par une équation différentielle. Dans ce
cas, l’équation est dite linéaire lorsqu’elle ne fait intervenir les variables ou leur dérivée qu’au
premier degré. Les coefficients affectant les variables ou leurs dérivées peuvent être des constantes
ou dépendre du temps (dans ce cas, l’équation est dite paramétrique). En régime sinusoïdal, où la
dérivation par rapport au temps s’effectue en multipliant par j, on peut alors définir une fonction
de transfert pour le système.

Principe de superposition :
Ce principe s’applique aux phénomènes et aux équations linéaires au
sens large :
- à une excitation x1(t) correspond une réponse univoque y1(t)
- à une excitation A.x1(t) correspond une réponse A.y1(t)
- à une excitation x1(t) + x2(t) correspond une réponse y1(t) + y2(t)
- les deux dernières propriétés impliquent qu’à une excitation A.x1(t) + B.x2(t)
correspondra une réponse A.y1(t) + B.y2(t)

Dans ces conditions, il n’y a pas d’interaction entre les différentes excitations x ainsi qu’entre
les différentes influences A, B, …C’est une propriété fondamentale des systèmes linéaires car
grâce à ce principe, le système se laisse analyser relativement facilement : une excitation
quelconque peut se décomposer en excitations élémentaires dont on étudie les réponses qu’en
donnent le système. En recomposant linéairement ces réponses élémentaires, on obtient la réponse à
l’excitation quelconque.

I.2 Phénomène non linéaire


Un phénomène est dit non linéaire lorsque des grandeurs
caractéristiques du phénomène reliées entre elles ne varient pas de façon proportionnelle. Son
comportement peut être alors décrit par un modèle ou des équations faisant intervenir les variables
autrement qu'au premier degré et(ou) une constante.

Propriété essentielle qu’implique la non linéarité :


Un système non linéaire ne satisfait pas au
principe de superposition. On s’en rend compte facilement en étudiant par exemple la réponse
d’un phénomène décrit par la fonction y = f(x) = x2 à une excitation x = x1 + x2. La réponse est
alors : f(x1 + x 2 ) = (x1 + x 2 )2 = x12 + x 22  2x1 x 2  f (x1 )  f (x 2 )  2x1 x2

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

→ La réponse globale ne correspond pas à la somme des réponses individuelles ; il existe


maintenant un terme d’interaction 2.x1.x2 dit terme d’interférence entre les différentes excitations.
C’est une propriété générale des phénomènes non linéaires qui rend l’étude plus compliquée
puisqu’on peut ne peut plus superposer de solutions (toute combinaison linéaire de solutions n’est
plus solution). Certains phénomènes ou équations sont «naturellement» non linéaires (comme les
équations de Navier-Stokes en mécanique des fluides) mais il faut garder à l’esprit que de
nombreuses lois physiques ne sont linéaires que pour des niveaux d’excitation pas trop élevés et
qu’à partir d’un certain seuil, l’approximation linéaire n’est plus suffisante.

La non linéarité d’un phénomène peut être mis en évidence de différentes manières. Le plus simple
consiste à étudier directement la fonction y = f(x) mais on peut aussi utiliser les différentes
«signatures» que peut apporter la non linéarité d’un phénomène : l’existence d’un seuil, la présence
d’hystérésis (à une excitation donnée ne correspond plus une réponse univoque), l’apparition de
nouvelles fréquences dans le spectre d’un signal ou l’apparition possible de chaos lorsque le
système non linéaire est non intégrable.

II INFLUENCE DES NON LINEARITES SUR L’AMPLITUDE D’UN OSCILLATEUR


QUASI SINUSOIDAL
[1], p. 169 ; [3], p. 34 et 334 ; [4], p. 409, 410 ; [5], p.
1047

Les oscillateurs quasi sinusoïdaux électroniques sont des systèmes instables délivrant un signal
pratiquement sinusoïdal à partir d’une source continue. Ces dispositifs fonctionnent la plupart du
temps en régime linéaire mais les effets non linéaires, même s’ils interviennent peu, sont
fondamentaux car ce sont eux qui limitent l’amplitude des oscillations. L’étude porte sur un
oscillateur RLC à résistance négative. Dans ce type d’oscillateur, l'idée est d'annuler
l'amortissement d'un circuit RLC par une résistance négative afin d’entretenir les oscillations. On se
propose de mener cette étude sur un circuit RLC série en utilisant un convertisseur d'impédance
négative en courant. Ce montage est aussi étudié en détail dans le montage « Oscillateurs »  s’y
reporter pour plus de précision.

II.1 Etude de la résistance négative


On cherche à savoir sous quelles conditions le
dipôle suivant se comporte comme une résistance négative c’est à dire lorsque Zeq = V/i = - RN :
R

_ i
2i

+ i

V i R
VS
R’

II.1.1 Etude en régime linéaire


Lorsque l’amplificateur opérationnel
fonctionne en régime linéaire, on a  = 0 donc V+ = V-. Dans ces conditions, les deux résistances
R sont soumises aux mêmes potentiels V et VS à leurs bornes → le courant circulant dans ces deux
résistances a la même valeur et le même sens (le courant de sortie de l’amplificateur vaut alors i S =
2 i). Ce courant i circule aussi dans la résistance R’ puisque i+ = 0. Comme V = V- = V+, on voit
immédiatement que l’impédance du montage en régime linéaire vaut :

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Zeq  V / i   R '  R N La tension de sortie correspond alors à VS = - (R’ + R).i

Le montage se comportera comme une résistance négative tant que la sortie de l’amplificateur
opérationnel ne saturera pas c’est à dire tant que l’on a :  R  R '  i  VSAT

VSAT R'
→ Les valeurs maximum de i et V seront donc : i max  Vmax  VSAT
R  R' R  R'

II.1.2 Etude en régime saturé


Lorsque l’AO est saturé, on a VS =  VSAT et 
 0. On a alors : V  R i VSAT

Attention, le courant dans la branche R’- R n’est pas le même ! Il vaut  VSAT/(R + R’).

II.1.3 Caractéristiques globales


On les déduit des raisonnements précédents.
Les évolutions de V et de VS en fonction de i sont les suivantes :
V VS
Vmax VSAT
+ R
imax i imax i
- imax - imax
- R’ - (R’+R)
+ R
- Vmax - VSAT

Le dipôle est non linéaire : son impédance ne vaut – R’ qu’en régime linéaire.

II.1.4 Visualisation des caractéristiques


Réalisez le montage suivant avec Rg
= 2 k, R = 2 k et R’ compris entre 100 et 1000 Ω :
VR

GBF : fréquence de l’ordre de 100 Hz Rg R


i _
Visualisez VR à l’aide d’une sonde différentielle !! 
081
+
VR → voie X de l’oscilloscope
GBF
V ou VS → voie Y de l’oscilloscope R
V R’ VS
Observez en mode XY

Remarque :
La résistance Rg sert à assurer la stabilité du montage. Celui ci subit en effet une
rétroaction positive et une rétroaction négative → il n’est stable que si le taux de réaction négatif τ-
= V-/VS est supérieur au taux de réaction positive τ+ = V+/VS. Ces deux taux sont, avec la
résistance Rg :
τ- = Rg/(R + Rg) et τ+ = R’/(R + R’)
→ Les valeurs proposées pour R, Rg et R’
permettent d’avoir τ- > τ+ et d’assurer ainsi la stabilité du montage.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Caractéristique VS = f(i) :
Ajustez la valeur de R’ à 1 k par exemple. Vérifiez que la
caractéristique observée correspond à celle attendue. Mesurez VSAT+, VSAT-, imax + et imax -.
Comparez les valeurs de imax mesurées à celles calculées. Attention au calcul de imax déduit des
mesures : on a sur l’oscilloscope la tension VR = Ri divisée par l’atténuation de la sonde !

Caractéristique V = f(i) :
Vérifiez que la caractéristique observée correspond à celle attendue. Les
valeurs de imax doivent rester inchangées. Mesurez les valeurs de Vmax et comparez aux valeurs
attendues. Modifiez la valeur de R’ dans le rapport proposé → la pente du régime linéaire doit
changer (pente = - R’), pas celles des régimes saturés (pente = + R). On peut vérifier pour une
valeur de R’ que la pente observée correspond effectivement à – R’.

II.2 Etude de l’oscillateur


On insère la résistance négative dans le circuit r, L, C.
VR
Montage :
R
i _
L : 0,1 H AOIP (r = 32 ) + 
081
L
C : 0,1 F AOIP R
V R’
C V
S

Observations :
Augmentez R' en partant de 0 jusqu'à observer en VS le démarrage des oscillations.
Mesurez la fréquence des oscillations et comparez à la valeur théorique f0 = 1/[2π√(LC)]. Comparez
la valeur obtenue pour R' à celle de la self. On trouve en général une valeur supérieure car la
résistance de la bobine augmente avec la fréquence à cause de l'effet de peau or celle indiquée par le
constructeur l'est à 50 Hz. Visualisez de nouveau la caractéristique VS = f(i) à l’oscilloscope en
mode XY ; on retrouve la caractéristique de la résistance négative mais où la saturation est juste
amorcée. C’est cet effet non linéaire qui limite en pratique l’amplitude des oscillations.

Analyse :
Le schéma équivalent du circuit est le suivant (le sens des tension U L,r et UC est choisit
pour respecter la convention récepteur avec le sens de i que l’on a pris jusqu’à maintenant) :

UL,r  UC  V  0 i
q L, r UL, r
 e  ri 
V0 RN
C V
di q C
L  ri   V  0 UC
dt C

Avant l’amorçage des oscillations, i = 0 et V = 0 → l’AO est en régime linéaire et le dipôle à


résistance négative obéit à la loi V = - R’i. On a alors :

di q d 2i (r  R ') di 1
L   r  R ' i   0 → En dérivant par rapport au temps : 2   i0
dt C dt L dt LC
Tant que r  R’, l’équation différentielle correspond à un système oscillant amorti. Comme la valeur

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

initiale de i est quasi nulle, elle ne peut que décroître → le système n’oscille pas. Si r = R’,
l’équation différentielle correspond à un système qui oscille de façon sinusoïdale. Cependant,
aucune condition ne précise l’amplitude de ces oscillations. Celles ci étant nulles au départ, il faut
dépasser ce seuil pour qu’elles puissent apparaître. Si R’  r, l’équation différentielle correspond à
un système oscillant dont l’amplitude croit exponentiellement. C’est la condition qu’il faut réaliser
pour voir apparaître les oscillations.

Influence de la non linéarité du dipôle sur l’amplitude :


Une fois dépassé le seuil critique, les
oscillations croissent de façon exponentielle. Rien ne limite à priori cette croissante. Dans la
pratique, c’est la saturation de l’amplificateur opérationnel (effet non linéaire) qui limite cette
amplitude. En effet, lorsque que le courant atteint la valeur │imax│ = VSAT/(R + R’), la relation V =
-R’i cesse d’être valable et est remplacée par V = Ri ∓ VSAT. L’équation du circuit devient alors :
di q
L   r  R  i    VSAT
dt C

d 2i (r  R) di 1
Soit en dérivant par rapport au temps : 2   i0
dt L dt LC
Cette fois ci, l’amortissement devient fortement positif → il tend à diminuer la valeur de i mais en
redescendant au dessous de imax, l’ampli op retrouve son régime linéaire → l’oscillation repart vers
– imax ou le même phénomène limitera l’amplitude.

Conclusion :
Les non linéarités interviennent peu au cours du fonctionnement d’un oscillateur quasi
sinusoïdal mais elles jouent un rôle fondamental dans la limitation de l’amplitude de ce type
d’oscillateur. Le caractère fini de l’amplitude ne peut s’expliquer sans considérer le caractère non
linéaire du montage à résistance négative.

III REALISATION PRATIQUE D’UNE NON LINEARITE


La non linéarité précédente
permet d’expliquer la stabilisation en amplitude de l’oscillateur à résistance négative. Un
développement sur le sujet développé dans le montage « Oscillateurs » montre qu’on peut modéliser
cette non linéarité de façon approchée par un polynôme d’ordre 3. On propose dans ce chapitre de
réaliser un montage électronique dont la caractéristique est un polynôme de même ordre pouvant
servir à la réalisation d’un oscillateur de Van Der Pol ou un oscillateur anharmonique à double puit.
Cette partie est tiré de la réf. [2] → s’y reporter, notamment pour les schémas de montage.

III.1 Montage
[2], p. 167

Le circuit étant relativement lourd et devant être intégré par la suite dans un montage du même
niveau, réalisez-le sur une petite plaque P 60 pour minimiser le câblage et en faire un bloc
fonctionnel facilement insérable. Prendre :
V0 = 0,5 V ; R1 = R3 = 5,1 kΩ ; R2 = 75 kΩ ; R4 = 2,2 kΩ ; AO 741 ; Multiplieur AD 633

On réalise ainsi un polynôme d’ordre 3 avec (cf. [2], p. 168) : αprévu = - 0,237 et βprévu = 0,147

Attention au câblage des multiplieurs ! Le second multiplieur doit réaliser une multiplication
avec un changement de signe !

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.2 Observations et mesures


Injectez un signal sinusoïdal de 100 Hz et visualisez la
tension d’entrée et la tension de sortie. Etudiez l’influence de l’amplitude de VE :
Circuit non linéaire d'ordre 3 Circuit non linéaire d'ordre 3
2 2,5

2
1,5
1,5

1
1

0,5
0,5
Volts

Volts
0

0
-0,5

-0,5 -1

V -1,5
V
-1 e
-2 e

-1,5 -2,5

-0,03 -0,02 -0,01 0 0,01 0,02 0,03 -0,03 -0,02 -0,01 0 0,01 0,02 0,03
Secondes Secondes

Passez en mode XY, observez la fonction de transfert VS = f(VE) du circuit et vérifiez qu’elle
s’accorde avec un polynôme d’ordre 3. Pour le confirmer, réalisez la FFT du signal de sortie : on
doit observer les fréquences fE et 3fE (diminuez l’amplitude de VE si vous voyez apparaître la
fréquence 2fE).

Vérification des paramètres du modèle :


Les oscilloscopes numériques HP 54603 et 54621
permettent un transfert de données en format Texte vers un tableur (demandez conseil au
professeur).
caractéristique du dipôle non linéaire
0,15

On peut alors en profiter pour effectuer une 0,1


y = 0,1456x3 - 0,2204x
R2 = 0,9999
modélisation de la fonction de transfert du circuit 0,05
afin de vérifier les paramètres du modèle. Voici à
titre indicatif ce que l’on obtient Excel : 0
Vs (V)

-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5

-0,05

On trouve αexp = - 0,220 et βprévu = 0,146 ce qui -0,1

est en accord avec les valeurs prévues. -0,15

-0,2

Ve (V)

IV OSCILLATEUR DE VAN DER POL


Se reporter à [1], p. 175, [2], p. 170, [6], [7], [8] et au
montage « Oscillateurs » pour des précisions sur cet oscillateur.

d2 x  x2  dx
Son équation est du type : 2
   2  1  02 x  0
dt  x O  dt

L’intérêt de cet oscillateur est de proposer une modélisation permettant d’expliquer le démarrage et
la stabilisation en amplitude d’un oscillateur. Il permet en plus de jouer de façon indépendante sur
le caractère plus ou moins sinusoïdal des oscillations :
- la condition de démarrage de
l’oscillateur est  > 0.
- on peut obtenir des oscillations plus ou
moins sinusoïdales en jouant sur la valeur de  ( ≈ 0 → oscillateur quasi-sinusoïdal ;  grand →
oscillateur de relaxation).
- on peut contrôler l’amplitude des
oscillations sans influer sur leur caractère plus ou moins sinusoïdal en jouant sur la valeur de x o. La
limitation de l’amplitude est liée au caractère non monotone du pré facteur de x . Si  > 0, le

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

composant non linéaire qui fournit ce pré facteur (la résistance négative au § II) fonctionne en
générateur lorsque |x| < x0 et permet d’augmenter l’amplitude des oscillations jusqu’à la valeur
critique x0. Au-delà, le mécanisme de dissipation l’emporte sur celui qui alimente les oscillations : à
la phase rapide d’amplification succède une phase de freinage plus lente ou le signal passe par un
maximum avant de décroître. Cette décroissance de l’oscillation fait rentrer de nouveau l’oscillateur
dans une phase d’amplification lorsque x atteint la valeur critique x0 qui dirige cette fois ci
l’oscillation vers une saturation négative jusqu’à ce que l’amplitude atteigne la valeur critique – x0.
Le mécanisme de dissipation redevient prépondérant, une nouvelle phase de freinage commence et
le signal passe par un maximum (négatif) avant de décroître. Un raisonnement énergétique (cf.
montage « Oscillateurs ») montre que l’amplitude des oscillations tend vers 2x0 pour des valeurs de
 proches de 0 (ce résultat reste valable pour  grand mais la démonstration est plus complexe). On
peut remarquer que l’oscillateur de Van der Pol constitue la modélisation la plus simple permettant
d’expliquer la limitation en amplitude d’un oscillateur, le pré facteur du terme en x étant une
fonction du type parabole, la plus simple des fonctions paires susceptible de changer de signe autour
de |x| = x0.

IV.1 Réalisation pratique de l’oscillateur


Deux solutions peuvent être envisagées :
utiliser le montage du § II du montage « Oscillateur » ou le circuit non linéaire du § précédent → cf.
[2], p. 171. Réalisez alors la deuxième partie montage proposé sur une seconde plaque P 60 avec les
valeurs suivantes : R = 1 kΩ ; C1 = C2 = 0,1 μF ; R1 = R2 = 10 kΩ ; RC1 = 100 kΩ. Se reporter au
montage « Oscillateur » ou a la référence [2] pour plus de précision sur les manipulations suivantes.

IV.2 Oscillateur en régime quasi-sinusoïdal


L’oscillateur de Van Der Pol est dans ce
régime lorsque le coefficient  (noté ε dans [2]) est proche de 0.

A montrer :
- Vérifiez la condition de démarrage de l’oscillateur  (ε) ≥ 0. Cela revient à vérifier la
relation R’ ≥ r avec le circuit proposé dans le montage « Oscillateurs » (circuit 1). Avec le montage
de la référence [2] (circuit 2), on doit vérifier la condition RNL ≤ α.RC1.
- Pour de faibles valeurs de  (ε), montrez que le circuit oscille à la pulsation ω0 =
1/√(LC) avec le premier circuit, ω0 = 1/√(R1R2C1C2) avec le deuxième.
R'  r
- Montrez que l’amplitude des oscillations tend vers UC  2.x 0  2 U0 avec
R'
.R C1R NL
le premier circuit, 2.s0  2  avec le deuxième circuit.
3..R C1

- Visualisez la trajectoire de phase de l’oscillateur avec un oscilloscope en mode XY et


vérifiez qu’on a des cycles quasi-elliptiques.

IV.3 Oscillateur en régime de relaxation


L’oscillateur de Van Der Pol est dans ce
régime lorsque le coefficient  (ε) devient grand.

A montrer :
Montrez le passage progressif à des oscillations de relaxation lorsqu’on augmente 
(ε) : augmentez R’ avec le premier circuit ; diminuez RNL avec le second. Vérifiez que la période T
des oscillations augmente lorsque  (ε) augmente. On peut montrer que ω0.T tend à devenir

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

proportionnel à  (ε) (cf. [2], p.175). Visualisez la trajectoire de phase de l’oscillateur avec un
oscilloscope en mode XY et comparez avec celui du § précédent.

V NOTION DE BIFURCATION - BRISURE SPONTANNEE DE SYMETRIE

V.1 Introduction
Les systèmes dynamiques non linéaires dissipatifs évoluent plus ou
moins vite vers des états singuliers dont la nature dépend de certains "paramètres de contrôle".
Lorsque ces états particuliers sont stables (ils résistent à des perturbations), on parle d'attracteurs.
Un changement de nature dans le(s) attracteur(s) est appelé une bifurcation. Elle surgit lorsque la
valeur d’un paramètre de contrôle franchit une valeur critique. Deux exemples permettent
d’appréhender simplement ces notions (cf. [11], ch. 42). Imaginons pour commencer un âne qui n’a
pas faim, placé face à deux tas de foins identiques situés à égale distance :
y potentiel subi
foin foin t < tC

t > tC

- x0 x0
x x
- x0 x0
âne

Tant qu’il n’a pas faim, il n’y a aucune raison pour qu’il bouge (l’âne est un animal paisible …). Il
reste donc dans sa position stable et symétrique à x = 0. Au bout d’un certain temps t C, la faim va se
faire sentir et l’âne devra se diriger au hasard vers l’un ou l’autre des tas pour se nourrir. Il quittera
sa position symétrique devenue instable pour occuper une des deux positions d’équilibre stables non
symétrique x0 ou – x0 → il brisera la symétrie du système sans aucune action extérieure d’où le
nom de brisure spontanée de symétrie. On peut aussi prendre l’exemple d’une vallée symétrique par
rapport à un chemin rectiligne horizontal situé en son fond. On conçoit aisément que le chemin soit
un bassin d’attraction pour une bille soumise uniquement à la pesanteur. Supposons que la vallée se
subdivise en deux sous vallées symétriques par rapport au chemin au bout d’une certaine distance
dC parcourue sur celui-ci. Une bille située sur le chemin se trouve dorénavant en position instable.
La moindre perturbation lui fera quitter cette position symétrique devenue instable pour l’une des
deux positions stables non symétriques (nouveaux attracteurs). Cet exemple est formellement
identique en termes d’énergie potentielle de pesanteur au schéma de droite ci-dessus. Le paramètre
de contrôle qui gouverne l’apparition d’une instabilité conduisant à la rupture de symétrie est cette
fois ci la distance parcourue sur le chemin, le seuil critique étant le point ou la vallée se sépare en
deux. A chaque fois, l’instabilité provoquant une brisure spontanée de symétrie apparaît à partir
d’un certain seuil. Le phénomène est donc fondamentalement non linéaire (cf. § I). Ces concepts
sont généraux. Ils se retrouvent dans l’exemple précédent de l’oscillateur de Van Der Pol. Dans ce
cas, le paramètre de contrôle est le facteur μ(ε). La valeur μ = 0 correspond à un changement de
nature de l’attracteur (bifurcation) : l’attracteur pour μ < 0 est le point de coordonnées (0 ; 0) dans
l’espace des phases (il correspond à une annulation des oscillations). Lorsque μ devient positif,
l’attracteur devient, dans l’espace des phases, une courbe fermé en forme d’ellipse si μ est faible, de
forme plus complexe autrement. Elle correspond à des oscillations quasi sinusoïdales ou de
relaxation. On note alors une différence entre les deux types de bifurcation : l’exemple de l’âne et
de la bille conduisent à des solutions stationnaires alors que le Van der Pol peut conduire à des
solutions oscillantes. Les premiers exemples sont partie des bifurcations de type fourche alors que
l’oscillateur de Van Der Pol fait partie des bifurcations de Hopf (cf. [12], chapitre 2).

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Diagramme de Bifurcation :
Ce diagramme représente l’évolution de la grandeur qui caractérise le
ou les attracteur(s) en fonction du paramètre de contrôle. Dans le cas de l’âne, le paramètre de
contrôle est le temps et la grandeur caractéristique des attracteurs est la position x de l’âne. Dans le
cas de l’oscillateur de Van der Pol, le paramètre de contrôle est le coefficient μ(ε) et la grandeur
caractéristique des attracteurs est l’amplitude des oscillations. Pour μ < 0, cette amplitude tend vers
0, pour μ > 0, elle tend vers xmax = 2x0 avec pour  et x0 les expressions suivantes (cf. montage
« Oscillateurs ») :
  R '  r / L x0   R '  r  / R ' .U0
On peut donc en déduire, pour μ > 0, l’expression de l’amplitude en fonction du paramètre de
contrôle :
x max  2 L / R '. U 0 . 

Si on utilise le modèle d’oscillateur de Van der Pol proposé par le Krob, on montre facilement que
l’amplitude des oscillations dans le cas ε > 0 tend vers :
R NL C1
x max  2 . 
3 R 1R 2 C 2

Dans les deux cas de figure, on a une relation du type : x max  A.  

On a donc les diagrammes de bifurcation suivants (on suppose ici que l’âne se dirige en ligne droite
à vitesse constante vers le tas de foin qu’il choisi …) :
Ane Oscillateur de Van der Pol
x xmax

x0

0
tC t μ(ε)

- x0

V.2 Expérience proposée


On propose pour changer de domaine d’illustrer le
phénomène de bifurcation par une expérience mécanique tirée de la référence [10], chapitre 2. Le
problème consiste à analyser la position d’équilibre d’une bille placée dans un guide circulaire que
l’on fait tourner autour d’un axe vertical à vitesse constante :
ω

Etudions le mouvement de la bille dans le référentiel R’ lié au


guide circulaire. Lorsque la bille est en équilibre, elle est
soumise à son poids P, à la réaction R normale au support 0
(frottements négligés) et à la force d’inertie d’entraînement Fie θ R
(la force d’inertie de Coriolis est en effet nulle à l’équilibre), F ie
toutes trois de somme vectorielle nulle. La projection de cette
somme sur la tangente au cercle au point de contact M de la P
bille sur le guide donne :
(Fie)T + (P)T = 0 = Fie.cosθ - mg.sin θ

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Or, on a Fie = m.r.ω2 avec r = rayon de la trajectoire de la bille. Comme on a r = R.sinθ, on en


déduit :
m.R.sinθ.ω2.cosθ - mg.sin θ = 0 → sin θ [ω2.R.cosθ – g] = 0

Soit, en posant c  g / R : R.sin . 2 .cos   c2   0


 
On en conclut que :
- si ω < ωC, il existe a priori deux positions d’équilibre θ = 0 et θ = π
- si ω > ωC, il existe une position d’équilibre supplémentaire vérifiant la
relation :
cos  0  C / 
2

On peut étudier la stabilité de ces positions d’équilibre par une étude énergétique des forces mises
en jeu (les résultats sont cependant prévisibles intuitivement …). Le poids dérive de l’énergie
potentielle de pesanteur m.g.z = -m.g.R.cosθ. La réaction en l’absence de frottement est normale à
la trajectoire de la bille → son travail est nul. La force d’inertie d’entraînement dérive de l’énergie
potentielle centrifuge :
2 2 2 2
EP C   m r m R sin 2 
2 2
→ La bille a l’énergie potentielle :
 2 R 2   2 
E PB   m.g.R  cos   sin     m.g.R  cos   sin 2  
 2.g   2.c2 
   
L’évolution de cette énergie est représentée sur la courbe suivante dans les deux cas de figure (ω <
ωc et ω > ωc). Il y a équilibre lorsqu’elle passe par un extrémum. On voit alors que :
- la position θ = 0 est stable pour ω < ωc, instable sinon.
- la position θ = π est toujours instable.
 
- la position 0  ar cos c2 / 2 est stable lorsqu’elle existe soit pour ω > ωc.

L’ensemble de ces résultats permet de tracer le diagramme de bifurcation du comportement de la


bille (le paramètre de contrôle est ici la vitesse de rotation du guide circulaire) :

Energie potentielle de la bille Diagramme de bifurcation


θ
EP B ω < ωC

mgR π/2

- θ0 θ0 θ
-π π 0 ω
ωC

ω > ωC - π/2

- mgR

V.3 Manipulation
On propose de tracer expérimentalement le diagramme de
bifurcation de la bille.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :

Bille dans guide


circulaire
θ

Moteur universel
alimenté en continu Barrière photoélectrique
électrome
Vers oscilloscope
courroie à curseurs
transparente

La barrière photoélectrique permet de mesurer la période de rotation du guide circulaire. On


conseille d’alimenter le moteur universel en continu afin d’avoir une vitesse de rotation la plus
stable possible. Réglez au mieux la verticalité de l’axe de rotation du guide circulaire.

Mesures :
Mesurez l’angle que fait la bille en fonction de la vitesse angulaire de rotation du guide
circulaire. Essayez de repérer le plus précisément possible la pulsation critique correspondant au
changement d’attracteur. Tracez la courbe θ = f(ω).
diagramme de bifurcation de la bille
90

80

70

Voici à titre indicatif le résultat d’une 60

série de mesure (on n’a représenté


angle (°)

50

qu’un côté du diagramme, l’autre partie 40

devant être symétrique) : 30

20

10

0 10 20 30 40 50 60
-10

vitesse de rotation (rad.s-1)

Comparez la valeur de la pulsation critique obtenue expérimentalement à la valeur attendue ωC =


√(g/R). Si le tableur utilisé le permet, on peut modéliser avec la valeur de ωC que l’on a trouvé la
partie du diagramme correspondant à la fonction 0  ar cos c2 / 2   et vérifier si le modèle
recoupe les valeurs mesurées. Un moyen plus robuste de valider le modèle est de représenter cosθ
en fonction de 1/ω2 et de déduire ωC de la pente de la droite obtenue.

Conseil :
La mesure « a l’œil » de l’angle qu’adopte la bille pour une vitesse de rotation donnée est
assez délicate. On peut faciliter cette mesure en filmant l’expérience à l’aide d’une webcam. On
repasse ensuite le film (on conseille un lecteur type Synchronie ou Régressi pour une avance image
par image) en s’arrêtant dès que l’on a une image où l’on voit la bille avec les graduations. On peut
alors, pour une vitesse de rotation donnée, s’arrêter sur différentes images pour voir si la valeur de
l’angle est reproductible. S’il y a des différences notables, on peut moyenner les mesures et estimer
un encadrement de la valeur obtenue.

Remarque :
Si on traçait l’évolution de l’énergie potentielle de la bille à la pulsation critique grâce

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

à l’expression établie précédemment, on verrait qu’elle présente alors un point méplat. Cela a des
conséquences sur la vibration de la bille autour de sa position stable symétrique. Tant que l’on est à
ω < ωc, la courbe de l’énergie potentielle est incurvée → si on pouvait écarter la bille de sa position
d’équilibre, les forces de rappel auraient tendance à la ramener vers cette position et ce d’autant
plus rapidement que la courbe d’énergie potentielle est « creuse ». On assisterait alors dans un
référentiel lié au guide circulaire à une oscillation de la bille autour de sa position d’équilibre. Plus
on se rapproche de la pulsation critique, plus la fréquence de cette vibration tend à diminuer en
raison de l’aplatissement de la courbe d’énergie potentielle (les forces de rappels diminuent) jusqu’à
s’annuler à la pulsation critique. On a alors l’apparition d’un mode mou de vibration : la fréquence
de vibration de la bille autour de sa position stable symétrique s’annule à la bifurcation. Ce
comportement est général pour un oscillateur au voisinage d’une bifurcation fourche mais n’est pas
facile à étudier avec le dispositif de la bille. Le paragraphe suivant présente l’étude de ce
phénomène sur l’exemple de la poutre d’Euler.

VI APPARITION D’UN MODE MOU DE VIBRATION AU VOISINAGE D’UNE


BIFURCATION FOURCHE
[11], § 3.2, ch. 42 ; [13], ch. 3

VI.1 Principe de la manipulation


La première brisure spontanée de symétrie a été
étudiée par Euler en 1744 sur le flambage d’une poutre. L’expérience consiste à appliquer à l’aide
d’une masse m une force de plus en plus importante sur le haut d’une poutre verticale. Tant que la
masse est inférieure à une certaine valeur (charge critique), la poutre reste verticale et conserve cette
symétrie. Dès que l’on dépasse cette charge critique, la poutre s’incurve subitement. Le flambage
est un phénomène d'instabilité élastique : à partir d’un certain seuil de compression, il se développe
un moment parasite amplifié par les déformations et déplacements de la poutre chargée. Si la poutre
à la forme d’une plaque, elle s’incurve alors suivant l’axe de la plus faible épaisseur et présente
deux nouvelles positions d’équilibre possibles situées de part et d’autre de la position précédente.
On a donc un comportement analogue à celui de la bille ou de l’âne mais on peut cette fois ci
étudier facilement la période des oscillations de la poutre au voisinage de sa position d’équilibre.

Energie potentielle de la poutre due


à la force de rappel élastique

m < mC

m < mC m > mC θ
Oscillations autour de θ = 0° Oscillations autour de θ ou - θ m > mC

Pour une poutre d'inertie constante encastrée dans sa partie inférieure et soumise à son extrémité
supérieure à un effort normal de compression, la charge critique à partir de laquelle il y a flambage
est donnée par la formule d'Euler :
2
   .e3
Fc    E.I Avec I 
 2L  12

Dans ces formules, E est le module de Young du matériau et I est le moment quadratique de la
poutre (e = épaisseur de la poutre ; l = largeur).

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le phénomène qui nous intéresse ici est l’évolution de la fréquence des oscillations de la poutre
autour de sa position d’équilibre. Au fur et à mesure que l’on augmente la charge sur la poutre, cette
fréquence diminue pour s’annuler à la charge critique (oscillations infiniment lentes). Si, a partir de
là, on continue à augmenter la charge, les oscillations reprennent avec une fréquence qui augmente
de nouveau. L’évolution de la courbe d’énergie potentielle de la barre en fonction de la masse
appliquée représentée ci-dessus explique qualitativement ce phénomène : lorsque m est très
inférieur à mC, on a un seul puits de potentiel qui est « assez creux » → lorsque la règle s’écarte de
sa position d’équilibre θ = 0°, la force de rappel est conséquente et donne une fréquence
d’oscillation assez grande. Au fur et à mesure qu’on s’approche de la charge critique, le puits de
potentiel s’aplatit pour préparer la transition avec le cas de figue m > mC → la force de rappel
diminue, ce qui provoque une augmentation de la période des oscillations. Lorsqu’on dépasse mC,
on a maintenant deux puits (→ oscillations autour de ± θ) dont la forme devient de plus en plus
abrupte quand on augmente la charge → la fréquence des oscillations se remet à croître. L’étude de
la période en fonction de la charge appliquée au voisinage du flambage en utilisant une
approximation quadratique pour les puits de potentiels conduit aux expressions suivantes (cf. [13] -
attention cependant à la formule proposée avec ω0 qui n’est pas fausse mais qui peut induire en
erreur sur le type de loi à vérifier) ou L correspond à la longueur de la barre :

g  mC 
m < mC : 2    1
L m 
g m 
m > mC : 2  2 1  C 
L m 

On s’aperçoit alors que ω2 est inversement proportionnel à la charge m lorsque m < mC, puis
inversement proportionnel à 2m après le flambage (une étude à charge m constante est aussi
possible en faisant varier longueur de la poutre).

Un calcul plus rigoureux des modes d’oscillation de la poutre permet de montrer que la période des
oscillations avant la bifurcation obéit à

l 2 mc  m  
T  2  tan    1 ,
g   m 2 mc  

dont on peut déduire qu’en fait pour m < mC


2 2 g  m C 
    1 .
8 L m 

VI.2 Montage
Il faut disposer d’une lame rectangulaire suffisamment fine et souple
pour pouvoir observer le flambage avec des charges pas trop importantes. On utilise ici une lame
servant à la mise en évidence des ondes stationnaires (à défaut, on peut utiliser une règle métallique
souple de 1 mètre). Le point délicat de la manipulation est le réglage de la verticalité de la poutre.
On conseille donc d’enlever la lame de son support habituel pour en réaliser un permettant
l’ajustement de la verticalité de la lame :

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Vue de face Vue de profil

Table
Tige
Noix ronde
Serres Joints

Réglage de la verticalité de la poutre :


Ajustez la fixation de la poutre pour qu’elle soit à peu près
verticale. Placez sur la partie supérieure de la lame une chaînette métallique. Fixez sur cette
chaînette des masses à crochets de plus en plus lourdes (pour chaque charge, placez des masses de
chaque côté de la lame de façon à conserver la symétrie du système et solidarisez les à la lame avec
un élastique) et notez qualitativement l’évolution de la période des oscillations. Rechercher
grossièrement la masse qui provoque le flambage. Se placer alors légèrement en dessous de cette
valeur et ajustez au mieux la verticalité de la poutre pour qu’elle oscille de façon symétrique par
rapport à θ = 0 °. Une fois ce réglage effectué, serrez fortement le blocage de la poutre.

Mesures :
Mesurez à l’aide d’un chronomètre la période des oscillations de la poutre de part et
d’autre du flambage. Tracer l’évolution de ω2 en fonction de 1/m. Vérifier l’accord des résultats
obtenus avec les formules du § VI.1. On fera attention au fait que la masse critique et les périodes
des oscillations dépendent de la position des masses à l’extrémité de la barre : il est parfois difficile
de retrouver les valeurs obtenues en préparation.

Remarque :
Une autre expérience permet d’aborder la notion de bifurcation fourche : l’oscillateur
paramétrique → cf. BUP 747 pour la manipulation.

VII OSCILLATEUR ANHARMONIQUE A DOUBLE PUITS


L’oscillateur de Van der Pol
était non linéaire par son amortissement. Cette fois ci, on étudie un oscillateur non linéaire par sa
force de rappel : l’oscillateur anharmonique à double puits. L’équation qui régit ce type
d’oscillateur est de la forme :
d2x dx
2
 .  a.x  b.x 3  0
dt dt

Le potentiel dont dérive la force de rappel est de la forme Vx  


1 1
a.x 2  b.x 4
2 4
On s’intéressera au cas où b est positif. L’allure du potentiel dépend alors du signe de a. Lorsque a
est positif, l’oscillateur possède un seul attracteur x = 0 vers lequel il converge toujours quelque soit
les conditions initiales appliquées. Lorsque a est négatif, l’oscillateur présente deux attracteurs x =
± √(- a/b). Dans ces conditions, l’équation différentielle de l’oscillateur correspond au mouvement

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

à une dimension d’une particule de masse unité freinée par une force de frottement visqueux -
μ.dx/dt dans un potentiel simulant un double puits symétrique. Elle peut donc décrire l’exemple de
la bille dans les deux vallées symétriques séparées par un col introduit au § V.1 avec la prise en
compte des frottements (le diagramme du potentiel présente approximativement la même évolution)
→ suivant les conditions initiales, le système (qui est déterministe) convergera en régime libre vers
l’un ou l’autre des attracteurs.

VII.1 Etude en régime libre


Dans ce cas, le système peut évidemment être vu comme
un système dynamique autonome de dimension deux. En effet, en posant x1 = x et x2 = dx/dt, on a :

dx1/dt = F1(X) = x2
dx2/dt = F2(X) = - μ.x2 - a.x1 - b.x13.

Manipulations :
Cf. [2], p. 176 à 181.

Montrez l’allure du signal temporel, l’allure de son spectre et la trajectoire des phases dans le cas
d’un amortissement faible suivant les conditions initiales imposées. Montrez l’existence des
différents régimes : anharmonique à faible amplitude, anharmonique à forte amplitude puis
oscillations dans les deux puits au delà. Voici à titre indicatif des portraits de phase correspondant
au dernier cas de figure :

On peut préciser l’allure de ces trajectoires : au début, comme on utilise des conditions initiales
éloignées des attracteurs, les trajectoires chevauchent périodiquement les deux puits car le système
possède une énergie totale qui est encore supérieure à l’énergie potentielle correspondant au col
entre les deux puits. On observe ainsi une trajectoire qui oscille entre les deux puits de potentiel.
Progressivement, le système perd de l’énergie à cause du terme de frottement de l’équation
différentielle → il plonge dans le relief du double puits de potentiel. Lorsque l’énergie mécanique
du système passe en dessous de celle du col d’énergie potentielle, le système est capturé par l’un
des deux puits et oscille alors à l’intérieur de celui-ci selon une trajectoire en forme de spirale qui
converge vers le point fixe stable (l’attracteur) qui est au fond du puits. L’allure en spirale elliptique
de la trajectoire au voisinage des points fixes stables confirme que ceux-ci sont des foyers stables.
On peut considérer les conditions initiales de ces manipulations comme ayant un caractère pseudo-
aléatoire vu le bruit électrique qui intervient lors du court-circuit du système qui initialise les
trajectoires. Ce caractère aléatoire, associé au fait que le puits soit symétrique dans notre modèle,
laisse penser que le système convergera vers l’un ou l’autre des points fixes avec un caractère
aléatoire, ce qui est effectivement observé lors des expériences.

Visualisation du potentiel :
Ouvrez la boucle de rétroaction de l’oscillateur. Alimentez le dipôle
non linéaire par un signal triangulaire basse fréquence (≈ 5 Hz). A la sortie du premier intégrateur,
on a l’intégrale de x (= force) par rapport à t et donc par rapport à e (= position) car e est

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

proportionnel à t. On a donc une image du potentiel que l’on peut tracer en fonction de e (position)
sur un oscilloscope en mode XY.

VII.2 Etude en régime forcé


On étudie cette fois ci la réponse du système à un terme
de forçage sinusoïdal :
d2x dx
2
 .  a.x  b.x 3  .cos  .t 
dt dt

Ce système peut être vu comme un système dynamique non-autonome de dimension deux, ce qui
marque une différence fondamentale avec le système libre qui était autonome :
dx1/dt = F1(X) = x2
dx2/dt = F2(X, t) = - μ.x2 - a.x1 - b.x13 + cos(t).

Cette fois-ci, la non invariance du système dans le temps va permettre aux trajectoires de se
recouper dans l’espace des phases. C’est ce point précis qui va permettre l’apparition du chaos
déterministe. On peut aussi voir ce système comme un système dynamique autonome à trois
dimensions :
dx1/dt = F1(X) = x2
dx2/dt = F2(X) = - μ.x2 - a.x1 - b.x13 + cos(x3) avec x3 = t
dx3/dt = F3(X) = 1.

Sous ce point de vue (étude des systèmes autonomes), la troisième dimension de l’espace des
phases est une condition nécessaire à l’apparition du chaos déterministe. Pour les systèmes
dynamiques autonomes (et tout système non autonome peut se ramener à un système autonome), à
cause du déterminisme, les trajectoires dans l’espace des phases ne peuvent se couper. Si un tel
point d’intersection existait, en le prenant comme condition initiale, on aurait deux avenirs possibles
pour le système, ce qui est contradictoire avec la notion de déterminisme.

VII.2.1 Courbe de résonance de l’oscillateur

Manipulation :
[2], p. 182 - 183

Observez simplement la résonance en faisant varier manuellement la fréquence du forçage (sans


wobbuler et sans détecteur de crête pour simplifier). Montrez le phénomène d’hystérésis en variant
la fréquence dans les deux sens près de la résonance.

VII.2.2 Oscillations en régime forcé avec un forçage faible : Oscillations dans


un seul puits
On étudie cette fois ci les trajectoires dans le plan de phase (x1, x2) du système (point
de vue des systèmes non-autonomes). Le système va être paramétré par l’amplitude du forçage .
On étudie les trajectoires stationnaires (après relaxation des régimes transitoires) et leur évolution
lorsque le paramètre de contrôle  augmente (en partant d’un forçage nul), tout cela étant fait à
pulsation d’excitation constante. Le fait d’étudier les trajectoires stationnaires (ou plus
rigoureusement asymptotiques) dans l’espace des phases revient en pratique à n’étudier que les
points fixes stables et les cycles limites stables du flot dynamique non-autonome considéré. Nous
allons donc nous intéresser uniquement aux bifurcations de point fixe et de cycle limite (ce qui est
déjà un domaine très riche).

Manipulations :
[2], p. 185 - 188

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Lorsqu’il n’y a pas de forçage ( = 0), les trajectoires stationnaires de l’oscillateur se réduisent
simplement aux deux points fixes du système dynamique libre; le système est dans l’un ou l’autre
de ces états en fonction de son passé. Lorsque le forçage est enclenché à partir de la valeur nulle de
, on observe tout d’abord l’apparition d’un cycle limite stable d’allure ellipsoïdal qui entoure le
point fixe du système libre :

La présence de ce cycle induit par symétrie la présence d’un autre cycle limite stable symétrique
autour de l’autre point fixe du système libre. Ainsi, le passage de  nul, à des valeurs de  non
nulles (mais faibles) a vu la déstabilisation de deux points fixes stables au profit de l’apparition de
deux cycles limites stables. On est en présence d’une bifurcation de Hopf puisqu’un point fixe
stable perd sa stabilité en donnant naissance à un cycle limite stable dont le rayon augmente en 
(cf. § 5.1 et [12], chapitre 2). On peut ici simplement se rendre compte que le rayon du cycle limite
augmente avec .

On peut dans un deuxième temps s’intéresser à l’aspect fréquentiel du signal oscillant. On observe
principalement un pic important à la fréquence de forçage ainsi que des harmoniques (manifestation
du caractère non linéaire de l’oscillateur). Ainsi, le cycle limite est parcouru avec la même
fréquence que la fréquence de forçage. Le forçage fournit donc de l’énergie au système qui lui
permet d’osciller dans le puits de potentiel de façon permanente en compensant (exactement en
moyenne sur un cycle) les pertes dues à la force de frottement visqueuse.

VII.2.3 Cascade sous harmonique - Transition vers le Chaos


Lorsqu’on dépasse
une certaine valeur de l’excitation, on constate une deuxième bifurcation : on observe dans l’espace
des phases l’apparition d’un cycle limite composé de deux boucles, qui sont proches l’une de
l’autre, et toujours centré approximativement autour d’un des points fixes du système libre Le cycle
limite de départ semble, en fait, s’être dédoublé (tout ce qui est dit a lieu évidemment de façon
symétrique dans les deux puits, mais nous ne pouvons expérimentalement observer le phénomène
que dans un des deux puits à la fois) :

L’étude spectrale du signal fait apparaître un pic correspondant à la fréquence d’excitation, mais on
voit aussi apparaître une sous-harmonique à la fréquence moitié. Cette dernière constatation nous
montre que la double boucle du cycle limite est parcourue avec une fréquence moitié de la

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

fréquence d’excitation. On a donc eu un doublement de période. Ce type de bifurcation dans


laquelle un cycle limite stable de période T perd sa stabilité et donne naissance à un cycle limite
stable de période double 2T est analogue à une bifurcation de Hopf. Si on augmente
progressivement l’amplitude du forçage, la double boucle se déforme (figure de droite ci-dessus) ;
une des boucles devient de plus en plus grande tandis que l’autre rétrécit. A partir d’un certain seuil,
la courbe dans l’espace des phases se dédouble une nouvelle fois. La période du signal double et
ainsi de suite.

VII.2.4 Régime Chaotique


Cf. [2], p. 185 pour la manipulation.

On atteint ce régime lorsque l’excitation à une amplitude suffisante pour franchir le col. La
trajectoire dans l’espace des phases devient chaotique :

Sur le spectre en fréquence, on peut maintenant observer un continuum, même si on discerne encore
un pic correspondant à la fréquence d’excitation f. Le fait que toutes les fréquences soient
présentes dans le signal est une des caractéristiques du chaos. On vient donc d’assister à une
transition vers le chaos dans un système déterministe. Ce que l’on vient de mettre en évidence sur
l’exemple d’un oscillateur anharmonique forcé est, en fait, un comportement que l’on retrouve
souvent dans les systèmes non-linéaires de dimension supérieure à trois. C’est ce qu’on appelle la
cascade de doublement de période. Cette cascade intervient pour des systèmes dont le flot dépend
d’un paramètre de contrôle . Pour  faible, on observe un cycle limite stable dans l’espace des
phases. Il intervient une première bifurcation en 0 qui se traduit par un dédoublement du cycle
limite et un doublement de sa période. Ce phénomène se reproduit lorsque  augmente en 1, 2,
3… Les valeurs i du paramètre pour lesquelles les bifurcations ont lieu sont de plus en plus
proches et elle tendent vers une limite . C’est ce phénomène que l’on appelle cascade de
doublement de période. Au delà de , apparaît un régime chaotique caractérisé par la présence de
toutes les fréquences dans le spectre du signal d’observation et par une trajectoire qui semble
explorer totalement une partie de l’espace des phases de façon anarchique. Cette cascade a donc
abouti à une transition vers le chaos du système.

VII.2.5 Remarque
On parle ici de chaos déterministe car les phénomènes mis
en jeu sont régis par des lois parfaitement déterminées. Dans ces conditions, si on pouvait répéter
les expériences avec des conditions initiales rigoureusement identiques, on obtiendrait à chaque fois
les mêmes résultats. C’est la une différence fondamentale avec un phénomène aléatoire. Il est
cependant impossible dans la pratique de répéter strictement une expérience avec les mêmes
conditions de départ. Dans ces conditions la moindre variation des conditions initiales engendre à
plus ou moins long terme une différence de comportement qui rend impossible toute prédiction à
long terme. Cette sensibilité aux conditions initiales est typique des systèmes chaotiques. Tous ces
concepts peuvent facilement s’appréhender avec des suites récurrentes. Ce sont des systèmes on ne
peut plus déterministes : on a une valeur initiale U0 et une relation reliant Un + 1 à Un. Ainsi, toutes

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

les valeurs de la suite sont parfaitement déterminées et donc prédictibles. On peut prendre par
exemple la suite suivante appelée suite logistique :
U0
Un +1 = a.Un(1 – Un)
On peut faire des simulations avec un tableur en prenant systématiquement U0 = 0,6 et en faisant
varier la valeur du paramètre a.

Illustration du chaos déterministe :


Si on représente le comportement de la suite pour a = 3,75, le
comportement observé a l’air complètement imprévisible, comme s’il était le fruit du hasard.
Pourtant, il est parfaitement déterminé par la relation de récurrence qui définit Un et la valeur de U0.
Pour s’en convaincre, il suffit de relancer le calcul de Un en gardant les même valeurs : on obtient
toujours le même résultat → le comportement de la suite n’est donc pas aléatoire. Ce
comportement, qui prend une allure aléatoire, et qui pourtant provient d’un phénomène entièrement
déterministe, correspond au chaos.

Sensibilité aux conditions initiales :


Conservez la valeur a = 3,75 et calculer les termes de la suite
pour U0 = 0,61 ; 0,601 ; 0,6001 ; 0,60001 ; 0,600001 ; 0,6000001. On s’aperçoit alors que la suite
présente, à plus ou moins long terme, une évolution différente. Citons à ce propos une remarque
d’Henri Poincaré dans « Science et Méthodes » (1908) : « Il peut arriver que de petites différences
dans les conditions initiales en engendrent de très grandes dans les phénomènes finaux. Une petite
erreur sur les premières produirait une erreur énorme sur les dernières. La prédiction devient
impossible et nous avons le phénomène fortuit ... Une cause très petite qui nous a échappé,
détermine un effet considérable que nous ne pouvons pas ne pas voir, et alors nous disons que cet
effet est dû au hasard ». C’est ce qui rend par exemple impossible toute prévision fiable à plus ou
moins long terme de la météo. Quelque soit la complexité du modèle et la puissance des
calculateurs utilisés, l’écart le plus infime dans les conditions de départ aboutira inexorablement à
des différences. Le caractère chaotique de la météorologie du fait de l’extrême sensibilité aux
conditions initiales fut découvert par le météorologue Edward Lorenz en 1961 au M.I.T. Il en
déduisit la métaphore devenue célèbre de l’effet Papillon connue sous la forme : le battement d’aile
d’un papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas. Il faut cependant se méfier de cette
énoncée qui semble attribuer un caractère causal au battement d’aile (ce serait le battement d'aile du
papillon qui déclencherait la tempête) ce qui est inexact. Lorentz écrivit cette proposition sous la
forme interrogative en ajoutant par sécurité : « Si un seul battement d'ailes d'un papillon peut avoir
pour effet le déclenchement d'une tornade, alors, il en va ainsi également de tous les battements
précédents et subséquents de ses ailes, comme de ceux de millions d'autres papillons, pour ne pas
mentionner les activités d'innombrables créatures plus puissantes, en particulier de notre propre
espèce. Si le battement d'ailes d'un papillon peut déclencher une tornade, il peut aussi l'empêcher. ».

Illustration de l’effet Papillon :


On peut encore utiliser la suite logistique en prenant cette fois ci U0
- 9
= 10 avec a = 2 ; 3 ; 4 ou 4,5. En observant le comportement de ces suites, on observe à plus ou
moins long terme une convergence (a = 2), une périodicité (a = 3), un désordre (a = 4) ou une
divergence (a = 4,5).

VIII CHAOS DANS UN SYSTEME DISSIPATIF


[14], p. 64

Le circuit proposé est simple à mettre en œuvre et permet de faire une démonstration d’une
transition vers le chaos par une cascade de doublement de période. Il s’agit donc d’un scénario

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

identique à celui qui peut être observé dans le cas de l’oscillateur anharmonique à double puits. Il
existe néanmoins d’autres scénarios de transition vers le chaos (cf. [15] pour une introduction
simple et rapide). La modélisation de l’expérience est néanmoins difficile : cette expérience ne peut
donc servir que pour illustrer qualitativement la notion de chaos.

Montage :
X Y
R = 200 Ω

GBF : signal sinusoïdal ≈ 2-2,2 Mhz


Amplitude variable (paramètre de contrôle)
L = 0,1 mH
GBF Visualisez les signaux X et Y avec un oscilloscope
diode numérique.
1N4007

Le dispositif est un circuit RL-diode forcé. La non linéarité est introduite par la diode. Le paramètre
de contrôle dans ce système est l’amplitude de la tension de forçage. Tant que cette amplitude est
faible, la réponse est sinusoïdale. Lorsqu’on augmente l’amplitude de la tension d’excitation, le
signal observé double, puis quadruple de période. Si on observe les portraits de phase (oscilloscope
en mode XY) on peut voir le dédoublement des orbites comme pour l’oscillateur anharmonique à
double puits. Le mieux est d’utiliser un oscilloscope numérique de manière à pouvoir faire la FFT
du signal et observer les pics des sous-harmoniques qui apparaissent successivement.

Lorsqu’on augmente suffisamment la tension de forçage, on peut observer des comportements


chaotiques. La mise en évidence peut se faire soit en XY : dans ce cas le mieux est de partir d’un
régime périodique, de « zoomer » sur une zone de l’orbite puis d’augmenter peu à peu le paramètre
de contrôle de manière à observer l’apparition de boucles supplémentaires jusqu’à l’apparition
d’une figure plus complexe : au lieu de s’aligner le long de quelques lignes, les points s’étalent sur
de larges zones qu’ils visitent de manière irrégulière. Ce que l’on voit alors correspond à un
attracteur étrange : c’est un attracteur car le système, déterministe, va converger vers cet objet pour
tout un ensemble de conditions initiales. Par contre c’est un objet plus compliqué qu’un point, une
ellipse ou un tore : entre autres caractéristiques, c’est un objet fractal : sa dimension n’est pas
entière.

Une autre manière d’observer la transition vers le chaos est d’observer l’évolution du spectre :
lorsque le système est périodique, le spectre est formé de pics. On peut notamment observer
l’apparition des sous-harmoniques pour les premiers doublements de période lorsqu’on augmente le
paramètre de contrôle. Le régime chaotique est caractérisé par un spectre au moins en partie
continu, même si un certains nombre de pics restent visibles, notamment celui de la fréquence
d’excitation.

Le mieux est de basculer entre les trois visualisations à l’oscilloscope : signal temporel, portrait de
phase (XY) et FFT.

Lorsqu’on continue d’augmenter le paramètre de contrôle, on observe une succession de régimes


chaotiques et de régimes périodiques : au-delà de la première zone de chaos, il existe des « fenêtres
de périodicité » correspondant à des régimes périodiques. La fenêtre la plus facile à observer est la
fenêtre 3T. Ces fenêtres de périodicité peuvent aussi s’observer en utilisant la suite logistique
introduite dans la partie précédente. Ainsi, en prenant par exemple a = 3,83, on pourra observer la
fenêtre 3T.

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d’électronique à l’agrégation
[2] : Michel Krob : Electronique expérimentale
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV
[5] : BUP 727 p. 1047
[6] : BUP 744
[7] : BUP 785
[8] : BUP 787
[9] : L’ordre du chaos : Pour la science
[10] : Guyon : Hydrodynamique ; Chapitre 2
[11] : Jean Sivardière : La symétrie en Math., Physique et Chimie
[12] : Cours Internet DEA sur le Chaos de Vincent Croquette :
http://www.phys.ens.fr/cours/notes-de-cours/croquette/index.html
[13] : DJ. Barber ; R. London : An Introduction to the Properties Of Condensed
Matter.
[14] : Dossier Pour La Science n°6 : Le Chaos.
[15] : Panorama de la physique, sous la direction de Gilbert Pietryk ; p. 214 à 219.

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ONDES : PROPAGATION ET CONDITIONS AUX


LIMITES

De nombreuses expériences dans différents domaines de la physique peuvent être abordées donc il
faut faire des choix. On présente quelques manipulations mais il y en a d’autres. On peut s’intéresser
par exemple au profil d’émission d’une source (cf. montage acoustique).

I PROPAGATION LIBRE : ETUDE DE QUELQUES CARACTERITIQUES

I.1 Ondes planes - ondes sphériques


On peut mette en évidence ces deux types de
vibration avec une cuve à ondes.

I.1.1 Propagation par onde plane

Écran
Miroir

Plaque plane

Cuve à ondes
Vis de réglage
du vibreur

On remplit la cuve avec une hauteur d’eau d’environ 1 cm et on l’éclaire de façon continue. On règle
la plaque plane parallèlement à la surface de l’eau en la faisant juste affleurer sur cette surface. On
règle la fréquence du vibreur suffisamment bas pour bien voir le phénomène de propagation et on
ajuste son amplitude pour avoir des franges sombres et brillantes contrastées mais pas trop déformées.

Observations et mesure :
On voit les franges se déplacer → l’ébranlement généré par la lame
vibrante est une onde plane progressive. On peut alors stroboscoper l’image en ajustant la fréquence
de l’éclairage à celle du vibreur pour observer une figure stable. On voit alors que les lieux équiphases
sont des plans et on peut noter que l’amplitude de l’onde n’est pas trop atténuée en cours de
propagation (à comparer avec l’onde sphérique ci-après). On peut mesurer la distance entre plusieurs
raies brillantes lorsque l’image est bien stable et en déduire la distance entre deux raies successives.
Cette distance est égale à  si la fréquence de l’éclairage est égale à celle du vibreur ou un de ses sous
multiples. Il faut bien entendu tenir compte du grossissement de l’image. On peut l’obtenir en plaçant
à la surface de l’eau un objet transparent de dimension connue et en mesurant sa taille sur l’écran
pour obtenir la longueur d’onde réelle. La vitesse de propagation de l’onde s’en déduit connaissant la
fréquence du vibreur via la relation :
𝑐 = 𝜆𝑓

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Remarque :
Il est important de bien comprendre le processus de formation de l’image sur l’écran.
Les franges observées sur l’écran sont dues à un effet de lentille dû aux rides qui se forment à la
surface de l’eau (cf. [1], p. 220). Pour observer une belle figure, il faut que l’eau mouille au mieux la
lame et l’amplitude de vibration ne doit pas être trop importante pour que l’effet de focalisation de la
lumière soit suffisamment délocalisé.

I.1.2 Onde sphérique


On reprend la manipulation précédente en remplaçant
la plaque vibrante plane par une pointe. On observe encore un phénomène de propagation qu’il faut
une nouvelle fois stroboscoper pour l’observer de manière stable. On peut remarquer la décroissance
plus rapide de l’amplitude de l’onde avec la distance typique des ondes sphériques et noter qu’on tend
vers une onde plane à grande distance.

I.2 Vitesse des ondes

I.2.1 Ondes acoustiques


La mesure de la vitesse des ondes acoustiques peut se
faire de différentes façons : par interférences avec un trombone de Koenig, à l’aide d’ondes
stationnaires, avec des ondes ultrasonores, … Se reporter au montage sur l’acoustique pour des idées
de manipulation. On peut remarquer que la vitesse de la vitesse du son à deux fréquences très
différentes est quasiment la même ce qui semble montrer que l’air est un milieu non dispersif pour
les ondes sonores (il faudrait faire des mesures à plusieurs fréquences pour pouvoir l’affirmer sans
ambiguïté).

Influence du milieu :
On peut montrer que la vitesse du son dépend du milieu dans lequel l’onde se
propage. Des dispositifs spécifiques permettent la mesure de la vitesse du son dans l’eau avec des
ultrasons. Une manipulation très simple permet aussi une mesure de vitesse dans une tige métallique
(cf. montage acoustique).

Impédance caractéristique :
La vitesse dans un milieu permet, si on connaît sa masse volumique, le
calcul de son impédance acoustique caractéristique1 pour une onde progressive plane par la relation
(cf. [2], p. 228) :

𝑍𝑎 𝑐 (𝑁. 𝑠. 𝑚−3 ) = 𝜌. 𝑐

On peut faire ce calcul pour l’air ( = 1,205 kg.m-3 à 20 °C) et pour l’eau ( = 998 kg.m-3 à 20 °C).
La différence d’impédance permet alors de comprendre pourquoi la transmission d’une onde sonore
se fait mal entre ces deux milieux.

I.2.2 Ondes à la surface de l’eau


La propagation des ondes à la surface de
l’eau dans une cuve à ondes est dispersive (cf. [6], p. 568 ou le montage surfaces et interfaces). La
dépendance en fréquence de la vitesse à l’allure suivante (graphique tracé dans l’hypothèse d’une
houle peu profonde avec une hauteur ℎ = 1 𝑐𝑚 typique pour une cuve à ondes) :

1
Ne pas confondre impédance acoustique caractéristique, impédance acoustique et impédance mécanique (cf. [2]).

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On peut mesurer la vitesse de propagation des ondes à deux longueurs d’ondes différentes pour mettre
en évidence une modification de la vitesse mais c’est délicat avec les cuves à ondes courantes car on
se situe souvent autour du point d’inflexion de la courbe avec leur gamme de fréquence. L’idéal est
de pouvoir faire une mesure aux environs de 10 Hz et une autre vers 50-60 Hz pour avoir une
différence notable (on peut utiliser un autre vibreur si celui de la cuve est trop limité en fréquence).

II INFLUENCE D’UN OBSTACLE SUR LA PROPAGATION

II.1 Phénomène de diffraction

II.1.1 En mécanique
On peut reprendre la manipulation du § I.1.1 et disposer
les obstacles prévus à cet effet sur le front d’onde pour limiter latéralement la propagation. Ils doivent
bien se raccorder aux parois latérales de la cuve pour éviter des transmissions partielles de l’onde sur
les côtés qui perturberaient l’observation. On peut se reporter en [1], p. 222 pour les observations à
effectuer. Il faut montrer l’influence du rapport 𝑎/ sur le phénomène de diffraction.

II.1.2 En Acoustique
On peut aussi montrer le phénomène de diffraction avec
des ultrasons à l’aide de dispositifs adaptés (consulter leur notice pour la manipulation).

II.1.3 En optique
C’est un phénomène classique en optique. Consulter la
montage « Diffraction » pour l’expérience.

II.2 Ondes Stationnaires


Lorsqu’une onde progressive monochromatique est
totalement réfléchie2 par un obstacle, sa superposition avec l’onde régressive aboutit à une onde
stationnaire. La forme générale décrivant ce type d’onde correspond au produit d’une fonction du
temps par une fonction d’espace d’où, dans le cas d’un problème est à une dimension :

𝑓(x, t) = u(𝑥) × v(𝑡)

2
Le cas d’une réflexion partielle est abordé dans la partie sur les ondes centimétriques.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

II.2.1 Ondes à la surface de l’eau


[7] : p. 763

Montage :
On reprend le montage du § I.1.1. On place un obstacle plan en face du vibreur et on
éclaire la cuve de façon continue.
Écran
Miroir

Cuve à ondes
Vis de réglage
du vibreur
Obstacle Plaque plane

Si on compare avec l’expérience du § I.1.1, on observe encore une succession de franges brillantes et
sombres mais elles ne se déplacent pas donc l’onde résultant de l’addition des vibrations incidente et
réfléchie est une onde stationnaire. On remarque aussi que la distance entre deux franges brillantes
successives est deux fois plus petite qu’auparavant (on peut le vérifier quantitativement en mesurant
l’interfrange dans les deux cas de figure) → la périodicité spatiale de l’onde stationnaire comparée à
l’onde plane progressive vaut 𝜆/2.

Interprétation :
On suppose que l’ébranlement généré par le vibreur à la surface de l’eau est une onde
progressive de la forme 𝑢𝑖 = 𝑎 𝑐𝑜𝑠(𝑡 − 𝑘𝑥) avec 𝑘 = 2𝜋/𝜆 et 𝜔 = 2𝜋/𝑇. Cette onde se réfléchit
sur la paroi supposée parfaitement rigide et donne naissance à une onde régressive 𝑢𝑟 = 𝑎 𝑐𝑜𝑠(𝑡 +
𝑘𝑥). L'onde résultante vaut :

𝑢𝑡 = 𝑢𝑖 + 𝑢𝑟 = 𝑎[𝑐𝑜𝑠(𝑡 − 𝑘𝑥) + 𝑐𝑜𝑠(𝑡 + 𝑘𝑥)] Soit 𝑢𝑡 = 2𝑎 𝑐𝑜𝑠(𝑘𝑥). 𝑐𝑜𝑠(𝑡)

L'expression obtenue montre que toutes les tranches de fluide vibrent en phase avec une amplitude
dépendant de l'abscisse 𝑥 de la tranche considérée. Elle est maximale pour les positions telles que
𝑘𝑥 = 𝑛, soit 𝑥 = 𝑛𝜆/2. Elle est minimale pour les positions telles que 𝑘𝑥 = (2𝑛 + 1)𝜋/2 soit 𝑥 =
(2𝑛 + 1)𝜆/4. Deux nœuds ou deux ventres consécutifs sont donc bien séparés par une distance de
/2. Il est intéressant d’observer une figure animée du phénomène d’onde stationnaire et de le
comparer à une onde progressive (on trouve facilement ce type d’animation sur internet).

II.2.2 Corde de Melde


On peut se reporter aux montages sur la mesure des
fréquences temporelles et sur la résonance pour la manipulation. Cette expérience permet une
observation visuelle de l’onde stationnaire et de ses caractéristiques.

II.2.3 Avec un ressort


Cette manipulation simple à mettre en œuvre nécessite
un ressort long et assez souple (longueur au repos d’environ 20 cm et constante de raideur 𝑘 ≈
4 𝑁. 𝑚−1 par exemple). Les caractéristiques typiques du mouvement de l’onde stationnaire sont
faciles à montrer à une audience si on fait une projection agrandie du ressort.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Montage :
Vibreur 100 Hz

Ressort

On alimente le vibreur électromagnétique avec un alternostat. La fréquence étant fixe, on recherche


manuellement la résonance des ondes stationnaires en ajustant la longueur « active » du ressort ».
Pour ce faire, on bloque avec la main une des spires situées en bas du ressort puis on remonte
progressivement jusqu’à observer des vibrations notables dans le ressort. On bloque alors la spire qui
donne le meilleur résultat à l’aide d’une pince pour observer les nœuds et les ventres de vibrations
stationnaires dans le ressort. Les oscillations autour d’un nœud peuvent s’observer à l’aide d’un
stroboscope réglé aux alentours de 6000 et 12000 éclairs par minutes (cela correspond à 100 Hz et
200 Hz). L’expérience est assez spectaculaire si on projette une portion du ressort à l’aide d’une
webcam. Pour une exploitation et plus d’explications, se reporter à la référence [7], p. 764.

III REFLEXION / TRANSMISSION A UNE INTERFACE


Le comportement de l’onde est
alors régi par les lois de Snell Descartes rappelées ci-dessous. Leur étude est particulièrement simple
en optique. De nombreux dispositifs pédagogiques plus ou moins similaires se servent d’un demi
cylindre en plexiglas pour pouvoir étudier les deux cas de figure suivant les valeurs respectives de 𝑛1
et 𝑛2 . Par contre, le cas de l’onde évanescente ne peut pas être abordé car les longueurs d’onde
optiques sont trop petites (se reporter en fin de topo pour une expérience possible avec des ondes
centimétriques).

Loi 1 : les rayons incident, réfléchis et réfractés sont dans le plan d’incidence.
Loi 2 : les angles d’incidence et de réflexion (définis par rapport à la normale au point
d’incidence) sont égaux en valeur mais de signe opposé (𝑖1 = − 𝑟)
Loi 3 : les angles d’incidence et de réfraction vérifient la relation 𝑛1 𝑠𝑖𝑛𝑖1 = 𝑛2 𝑠𝑖𝑛𝑖2 où 𝑛 sont
les indices des milieux.

III.1 Milieu moins réfringent → milieu plus réfringent (𝒏𝟏 < 𝒏𝟐 )

𝑖2

LASER
𝑖1
𝑟

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Le faisceau laser doit passer au centre de rotation du plateau tournant. La face plate du demi-cylindre
doit être orienté vers le Laser et son centre doit aussi coïncider avec l’axe de rotation du plateau. Dans
ces conditions, seule la première interface air/plexiglas joue un rôle dans la déviation du faisceau
puisqu’il arrive en incidence normale sur la deuxième interface et les trois angles 𝑖1 , 𝑟 et 𝑖2 sont
clairement déterminés. On fait alors tourner le plateau pour 𝑖1 compris entre 0 et 90 °, on mesure 𝑟 et
𝑖2 et on vérifie la deuxième loi 𝑖1 = − 𝑟. Pour la troisième loi, on peut remarquer que 𝑖2 est
systématiquement inférieur à 𝑖1 et qu’il y a par conséquent toujours un rayon réfracté puisqu’on a ici,
avec 𝑛𝑎𝑖𝑟 ≈ 1 :

1
𝑠𝑖𝑛𝑖2 = 𝑠𝑖𝑛𝑖1
𝑛𝑝

On peut alors tracer la courbe 𝑠𝑖𝑛𝑖2 = 𝑓(𝑠𝑖𝑛𝑖1 ) pour obtenir l’indice 𝑛𝑝 du plexiglas :

III.2 Milieu plus réfringent → milieu moins réfringent (𝒏𝟏 > 𝒏𝟐 )


Pour cette étude,
il suffit d’inverser le sens du demi-cylindre en respectant les mêmes précautions que précédemment.

𝑖2
LASER
𝑖1
𝑟

Cette fois-ci, seule la deuxième interface plexiglas/air joue un rôle dans la déviation du faisceau car
la première est attaquée en incidence normale. La loi sur la réflexion reste inchangée mais 𝑖2 est
maintenant systématiquement supérieur à 𝑖1 et il y a par conséquent une limite au-delà de laquelle il
n’y a plus de rayon réfracté :
𝜋 1
𝑛𝑝 𝑠𝑖𝑛𝑖1 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = sin = 1 → 𝑖1 𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒 = 𝑎𝑟𝑐𝑠𝑖𝑛 ( )
2 𝑛𝑝

On peut estimer expérimentalement l’angle d’incidence pour lequel le rayon réfracté disparaît et
comparer à la valeur théorique obtenue avec l’indice du plexiglas obtenue précédemment. Une autre
solution consiste à tracer et exploiter la courbe 𝑠𝑖𝑛𝑖2 = 𝑓(𝑠𝑖𝑛𝑖1 ) :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

IV PROPAGATION DANS UN CABLE COAXIAL


[3], p. 250/254 ; [4], p. 258.

IV.1 Introduction

Conducteur extérieur
Conducteur central
Isolant

Un câble coaxial est constitué de deux conducteurs séparés par un matériau isolant. Le conducteur
extérieur sert de référence de potentiel en étant relié à la masse lorsque le câble est connecté. On a
ainsi un effet de blindage vis à vis des champs électromagnétiques extérieurs perturbateurs. Lorsqu’on
travaille en hautes fréquences et que la longueur du câble est grande devant la longueur d’onde, la
tension et le courant (ou les champs électriques et magnétiques) varient le long du câble. Le mode de
propagation dans les câbles coaxiaux est un mode TEM (Transversal Electric and Magnetic fields) :
les champs 𝐸⃗ et ⃗⃗⃗⃗
𝐻 se trouvent dans des plans parallèles à la section du câble. Les phénomènes de
propagation peuvent alors être facilement analysés à partir des concepts de tension et courant. Les
résultats utilisés ci-après sont démontrés en annexe.

IV.2 Mesure de la vitesse de propagation du signal dans le câble


Le principe de la
mesure consiste à injecter des impulsions dans le câble et observer la réflexion avec l’extrémité du
câble en court-circuit ou en circuit ouvert. Les pulses doivent être très brefs (≈100 ns) pour éviter
une superposition des signaux. On peut utiliser un générateur spécifique ou celui intégré dans certains
oscilloscopes comme on l’a fait ici avec un Keysight DSO 2002.

IV.2.1 Première méthode


Onde incidente Onde réfléchie
Oscilloscope numérique
Câble coaxial 50 m 50 Ω Ligne
ouverte
Pulse
Ligne en
court-circuit
𝑡

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On commence par régler le générateur pour obtenir des pulses d’environ 100 ns. Lorsqu’on branche
le câble coaxial, une onde réfléchie apparait et s’inverse de sens quand on met l’extrémité du câble
en court-circuit. Ces résultats s’expliquent avec le coefficient de réflexion introduit en annexe 1 :
𝑍 − 𝑍𝐶
𝛤=
𝑍 + 𝑍𝐶
L’impédance 𝑍 est infinie quand la ligne est ouverte d’où 𝛤 = +1 et une réflexion sans inversion.
Elle est nulle si la ligne est en court-circuit d’où 𝛤 = −1. L’onde est totalement réfléchie mais en
étant inversée cette fois-ci. On peut obtenir la vitesse de propagation 𝑣 en mesurant le décalage entre
les pulses. L’onde ayant parcourue 2 fois la longueur du câble avant d’être détectée à l’oscilloscope,
on a 𝑣 = 2𝑙/𝑡. Un exemple de résultat est donné dans le montage sur les effets capacitifs.

IV.2.2 Deuxième méthode

Oscilloscope numérique
Câble coaxial 50 m 50 Ω
R
Pulse

Dans l’expérience précédente, l’impulsion de tension réfléchie est absorbée lorsque qu’elle arrive
dans le GBF puisqu’il a une impédance interne identique à celle du câble coaxial. On peut envisager
une variante en plaçant une résistance 𝑅 × 100 𝛺 entre le générateur et l’entrée du câble. Dans ce
cas, l’impulsion de retour repart de nouveau dans le câble et on observe des réflexions multiples sans
changement de signe puisque 𝑅 est supérieure à l’impédance caractéristique du câble. On a 𝛥𝑡 =
2𝑙/𝑣 entre chaque impulsion observée donc on peut augmenter la précision sur 𝑣 en mesurant
plusieurs allers et retours.

IV.3 Mesure de l’impédance caractéristique


Oscilloscope numérique

Câble coaxial 50 m 50 Ω

Pulse R

Cette fois ci, on place une résistance variable 𝑅 en bout de ligne et on modifie sa valeur jusqu’à faire
disparaitre l’onde réfléchie. On a alors 𝑅 = 𝑍𝐶 = 50 𝛺 dans notre exemple puisque 𝛤 = 0. On peut
noter que l’onde ne disparait pas complètement si on utilise une boite à décade pour 𝑅. Ce point est
expliqué dans le montage sur les effets capacitif.

V PROPAGATION GUIDEE DES ULTRASONS


Dans un tuyau cylindrique de diamètre 𝑑 =
2𝑎, le guidage d'une onde acoustique de longueur d'onde dans l'air libre  peut s'effectuer suivant
différents modes de propagation. Chacun de ces modes, notés 𝑛𝑚, est caractérisé par une longueur
d’onde guidée 𝜆𝑔 donnée par la relation (cf. annexe 2 pour les coefficients 𝜇𝑛𝑚 ) :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

1 1 𝜇𝑛𝑚 2
= − ( )
𝜆𝑔2 𝜆2 2𝜋𝑎

Et une vitesse de groupe qui peut être nettement inférieure à celle dans l'air donnée par :

𝜆
𝑣𝑔 = 𝑐
𝜆𝑔

Le nombre de modes susceptibles de se propager diminue avec le diamètre du tuyau. Seul le mode
fondamental 01 peut se propager lorsque 𝑑 < 0,59 (transmission monomode). La longueur d'onde
dans l'air des cellule ultrasonores d’enseignement étant de l’ordre de 8,5 mm, on observe ce type de
transmission si le diamètre du tuyau est inférieur à 5 mm.

V.1 Intérêt du guidage

Récepteur US
Émetteur US
12 V Générateur Y
de salves
Tuyau PVC ; L = 2 m, = 12,2 mm
X

On règle le générateur de salves pour produire 5 à 10 pulses et on observe l'amplitude du signal


transmis Y avec et sans le tube. On doit récupérer un signal plus fort avec le tube (intérêt du guidage)
et constater la présence d’au moins deux trains d’ondes si on augmente la sensibilité de la voie Y. On
peut mesurer leur temps de parcours pour obtenir les vitesses de groupe de chaque mode mais il faut
s’affranchir du temps de réponse du couple émetteur/récepteur et de l’intrication des deux paquets
d’ondes. Pour s’affranchir au mieux de ces deux problèmes, on peut accoler le récepteur à l’émetteur
et mesurer le décalage temporel 𝑡𝑑 entre le début du premier pulse émis et le maximum du signal
reçu. On mesure ensuite les temps de parcours des deux trains d’onde de la même façon et on les
corrige de 𝑡𝑑 pour calculer les vitesses de groupe. Les valeurs de 𝑣𝑔 permettent alors d’en déduire les
modes de propagation observés. On peut aussi regarder l'effet de l'inclinaison de l'émetteur par rapport
à l'axe du tuyau et de la position latérale du récepteur sur l'intensité relative des modes.

Remarques :
Tous les modes susceptibles de se propager dans ce tuyau ne sont pas observés (celui
dont la vitesse de groupe est proche du fondamental peut notamment être noyé dans la réponse de
celui-ci). On peut aussi montrer la transmission monomode en utilisant un tube de verre de 4,5 mm
de diamètre mais qu’on ne récupère pas plus de signal à cause de l'inadéquation entre le diamètre du
tube et celui des blocs émetteur et récepteur.

V.2 Influence du diamètre du guide


On reprend la manipulation précédente avec un
tuyau de plus grand diamètre (20,7 mm à Rennes) et on identifie au mieux les modes observés. On
peut encore regarder l'effet de l'inclinaison de l'émetteur par rapport à l'axe du tuyau sur l'intensité
relative des modes de propagation ainsi que l'influence du déplacement du récepteur sur la section de
sortie du tuyau. L'amplitude du mode fondamental L01 doit être  indépendante de la position du
récepteur puisque sa propagation s'effectue selon une onde plane. Pour le deuxième paquet d'ondes,
la densité d'énergie acoustique décroît lorsqu'on s’éloigne de l'axe du tuyau. Le nombre de modes
observables est encore plus important si on augmente la taille du tuyau (34 mm de diamètre par
exemple) et on doit constater qu’il est possible de transférer beaucoup plus d'énergie acoustique sur
des modes autres que le fondamental suivant le positionnement de l'émetteur.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

VI PROPAGATION GUIDEE DES ONDES CENTIMETRIQUES

VI.1 Introduction
On utilise ici un dispositif pédagogique permettant l’étude de la
propagation des ondes centimétriques dans un guide de section rectangulaire 𝑎 = 22,86 𝑚𝑚 et 𝑏 =
11 𝑚𝑚. Ces dimensions permettent la propagation monomode fondamentale 𝑇𝐸10 . Le champ
électrique dans une section transversale du guide a l’allure suivante :

a
Et la longueur d’onde dans le guide est donnée par la relation suivante, avec 𝜆0 = 𝑐/𝑓 la longueur
d’onde dans le vide :
𝜆0
𝜆𝑔 =
√1 − (𝜆0 /2𝑎)2

VI.2 Etude du mode de propagation dans le guide


Le banc d’onde (Oritel/Chauvin
Arnoux BDH R100) est extrêmement coûteux et les diodes d’émission et de détection sont très
fragiles donc il doit être manipulé avec beaucoup de précautions.

Mesure
Alimentation
DEL 100
Différentes
charges
OSG 100 ISO 100 ATM 100 OND 100 LAF 100

On indique succinctement les caractéristiques des différents éléments du montage. On peut utiliser
un oscilloscope numérique en mode Roll pour observer visuellement le signal détecté et rajouter
éventuellement un millivoltmètre continu pour des mesures plus précises.

Source OSG 100 :


Cette partie comporte une diode Gunn insérée dans une cavité résonante. Ce n’est
pas une diode au sens classique du terme (jonction PN). Son fonctionnement est basé sur un effet de
volume se produisant dans un barreau d’Arséniure de Gallium (GaAs) de quelques m d’épaisseur et
présentant trois zones d’un même dopage 𝑁 à des concentrations différentes (𝑁𝑓𝑜𝑟𝑡 − 𝑁𝑓𝑎𝑖𝑏𝑙𝑒 − 𝑁𝑓𝑜𝑟𝑡
). L'application d'une différence de potentiel continue de valeur suffisante aux bornes du barreau fait
entrer la diode dans une zone de résistance négative où le courant est formé d’impulsions dont la
cadence 1/τ est principalement fixée par le rapport entre la vitesse de migration des porteurs et la
longueur du barreau. La diode est insérée dans une cavité résonante. Sa longueur peut être ajustée à
l’aide d’un vernier pour modifier, dans une certaine gamme, la fréquence d’émission.

Alimentation :
Il faut une source de tension continue pouvant délivrer au moins 1 A avec un
affichage du courant. On alimente la diode en augmente progressivement la tension en partant de
zéro. L’intensité doit suivre l’évolution de la tension au début puis elle se met à diminuer à partir d’un

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

certain seuil (≈ 6 V sur le banc d’étude). On rentre alors dans la zone de résistance négative de la
diode ou elle oscille et produit des ondes centimétriques. Si dépasse un peu de 9 V (sans aller trop
loin pour limiter les risques), le courant se remet à augmenter et on sort de la zone d’oscillation du
composant. On peut donc se fixer une tension d’environ 8 V pour alimenter la diode (cette tension
doit être baissée progressivement lorsqu’on éteint la source).

Isolateur ISO 100 :


Ce bloc contient un isolateur à ferrite. Il laisse passer l'onde dans un seul sens et
absorbe les éventuelles ondes réfléchies dans la ligne pour protéger l’oscillateur Gunn. Il faut faire
attention à le mettre dans le bon sens.

Atténuateur ATM 100 :


Cet élément permet le contrôle de l’énergie transmise dans la ligne.
L’atténuation est provoquée par l’insertion d’une lame métallique absorbante parallèle au petit côté
du guide et placée au milieu de la section. Une courbe donne l’atténuation en dB en fonction de la
lecture du vernier de contrôle de la lame.

Ondemètre OND 100 :


Il est constitué d'une cavité cylindrique dont la hauteur peut être modifiée à
l’aide d'un vernier micrométrique. L’ondemètre absorbe une partie de l’énergie électromagnétique de
l’onde lorsque sa fréquence propre de résonance est accordée à la longueur d’onde dans le guide. Cela
se manifeste par une baisse plus ou moins forte du signal dans la ligne de mesure.

Ligne de mesure LAF 100 :


C’est une portion de guide fendue longitudinalement dans laquelle une
sonde (antenne) prélève une partie de la puissance HF qui est ensuite détectée par une diode.

Détecteur DEL 100 :


Ce bloc contient une diode à jonction métal/semi-conducteur (diode Schottky)
permettant la conversion du signal hyperfréquence en un signal continu. Elle a une réponse non
linéaire qu’on peut considérer comme ≈ quadratique lorsque le niveau détecté est faible. La tension
𝑉 mesurée est alors ≈ proportionnelle au carré du champ électrique dans le guide. Ce détecteur est
très fragile. La tension a ses bornes ne doit pas dépasser 50 millivolts !

VI.2.1 Mesure de la fréquence


Oscilloscope
Alimentation
DEL 100

OSG 100 ISO 100 ATM 100 OND 100 LAF 100 CHG 100

On termine la ligne de mesure par l’impédance adaptée CHG 100. Dans ces conditions, le signal est
à peu près constant dans toute la ligne de mesure. On règle l’atténuation au maximum sur le module
ATM100 avant d’alimenter la diode pour protéger le détecteur. On ajuste la fréquence d’émission à
une valeur quelconque (𝑙𝑣𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟 compris entre 6 et 14 mm), on lance l’émission puis on diminue
l’atténuation jusqu’à observer un signal suffisant mais inférieur à 50 mV. On tourne alors le vernier
de l’ondemètre jusqu’à observer une diminution sensible du signal détecté. On en déduit la fréquence
émise compte tenu de la courbe d’étalonnage de l’ondemètre et la longueur d’onde 0 dans l’air libre :

𝜆0 = 𝑐/𝑓

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Remarque :
L’efficacité de l’ondemètre est plus ou moins bonne suivant la fréquence d’émission
donc on peut modifier cette fréquence si on a du mal à observer une baisse du signal. D’autres
dispositifs à ondes centimétriques (comme ceux de chez Philips) disposent d’un détecteur placé
directement dans la cavité. On repère alors un maximum de signal quand la cavité est adaptée et
l’observation est plus franche puisque le signal est très faible en dehors de l’accord.

VI.2.2 Longueur d’onde dans le guide

Oscilloscope + millivoltmètre
Alimentation
DEL 100

OSG 100 ISO 100 ATM 100 OND 100 LAF 100 CC 100

On revient à l’atténuation maximale. On remplace la charge adaptée par la plaque métallique CC100.
L’onde incidente est alors pratiquement entièrement réfléchie et il se forme un système d’ondes
stationnaires dans le guide avec des minimums ou des maximums séparés de 𝑔 /2. On diminue
progressivement l’atténuation tout en déplaçant la sonde de mesure pour trouver une position ou le
signal est maximum. On ajuste alors l’atténuation de façon à obtenir une amplitude suffisante mais
sans dépasser 50 mV. On peut dorénavant étudier le système d’onde stationnaire en toute sécurité et
mesurer 𝜆𝑔 en déplaçant la sonde de mesure le long de la ligne pour repérer la distance entre 3
minimums successifs. Cette longueur d’onde, inférieure à 𝜆0 , peut être comparée à celle calculée avec
la formule donnée en introduction pour confirmer que la propagation se fait bien dans le mode 𝑇𝐸10 .

VI.3 Mesure des caractéristiques d’une charge


Une charge quelconque placée en
bout de ligne provoque une réflexion plus ou moins forte de l’onde incidente. Il s’établit alors un
régime d’onde plus ou moins stationnaire dans le guide. Son étude permet d’en déduire l’impédance
de la charge.

VI.3.1 Prérequis

Coefficient de réflexion :

𝐸𝑖
Générateur 𝑍𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒
𝐸𝑟

x
0
Il est défini, pour un plan de référence donné, par la relation :

𝐸𝑟
𝛤= = |𝛤|𝑒 𝑗𝜃
𝐸𝑖

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝛤 est relié à l’impédance caractéristique de la ligne 𝑍𝐶 et celle de la charge 𝑍 par la relation :

𝑍 − 𝑍𝐶 𝑍𝑟 − 1 𝑍
𝛤= = avec 𝑍𝑟 = impédance réduite
𝑍 + 𝑍𝐶 𝑍𝑟 + 1 𝑍𝐶

La mesure de 𝛤 permet donc le calcul de l’impédance réduite de la charge (c’est tout l’intérêt de cette
impédance). Cette détermination s’effectue en étudiant le régime établi dans la ligne.

Champ électrique global :

𝐸(x,𝑡) = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) + 𝐸𝑟 𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝑘𝑥) = 𝐸𝑖 [(1 + 𝛤 − 𝛤)𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) + 𝛤𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝑘𝑥) ]

𝐸(x,𝑡) = 𝛤𝐸𝑖 [𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) + 𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝑘𝑥) ] + (1 − 𝛤)𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥)

𝐸(x,𝑡) = 𝛤𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝑒 −𝑗𝑘𝑥 + 𝑒 𝑗𝑘𝑥 ] + (1 − 𝛤)𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥)

Soit :

𝐸(x,𝑡) = 2𝛤𝐸𝑖 cos 𝑘𝑥 𝑒 𝑗𝜔𝑡 + (1 − 𝛤)𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥)

Le résultat correspond donc à la combinaison d’un champ stationnaire (le premier terme car les
coordonnées de temps et d’espace sont découplées) et d’un champ progressif. Le champ est purement
progressif et se propage avec une amplitude 𝐸𝑖 constante dans tout le guide lorsque 𝛤 = 0 (charge
adaptée en bout de ligne). Le champ est totalement stationnaire si 𝛤 = +1 (charge infinie). Il oscille
alors dans le guide en faisant du surplace avec une modulation spatiale de son amplitude. Les
maximums (qui valent 2𝐸𝑖 ) et les minimums (égaux à 0) sont séparés de 𝑔 /2, avec un premier
maximum en 𝑥 = 0. Si 𝛤 = −1 (court-circuit en bout de ligne), on a, en reprenant l’équation qui
précède la dernière :

𝐸(x,𝑡) = −𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝑒 −𝑗𝑘𝑥 + 𝑒 𝑗𝑘𝑥 ] + 2𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [−𝑒 −𝑗𝑘𝑥 − 𝑒 𝑗𝑘𝑥 + 2𝑒 −𝑗𝑘𝑥 ]

𝐸(x,𝑡) = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝑒 −𝑗𝑘𝑥 − 𝑒 𝑗𝑘𝑥 ] = −2𝑗𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 sin 𝑘𝑥 = 2𝐸𝑖 sin 𝑘𝑥 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝜋/2)

On a de nouveau un champ stationnaire mais avec un premier minimum en 𝑥 = 0.

Charge infinie (𝛤 = +1) Court-circuit (𝛤 = −1)

2𝐸𝑖 2𝐸𝑖

x x
0 0

−2𝐸𝑖 −2𝐸𝑖
𝜆𝑔 /2 𝜆𝑔 /2

Le champ est partiellement stationnaire et progressif si 𝛤 est quelconque. On peut réécrire son
expression pour mieux appréhender l’évolution de l’amplitude le long du guide :

𝐸(x,𝑡) = 𝛤𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝑒 −𝑗𝑘𝑥 + 𝑒 𝑗𝑘𝑥 ] + (1 − 𝛤)𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥)

𝐸(x,𝑡) = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝛤𝑒 −𝑗𝑘𝑥 + 𝛤𝑒 𝑗𝑘𝑥 + (1 − 𝛤)𝑒 −𝑗𝑘𝑥 ] = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗𝜔𝑡 [𝛤𝑒 𝑗𝑘𝑥 + 𝑒 −𝑗𝑘𝑥 ]

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝐸(x,𝑡) = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) [𝛤𝑒 2𝑗𝑘𝑥 + 1] = 𝐸𝑖 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥) [1 + |𝛤|𝑒 𝑗𝜃 𝑒 2𝑗𝑘𝑥 ]


Soit :

𝐸(x,𝑡) = 𝐸𝑖 [1 + |𝛤|𝑒 𝑗(𝜃+2𝑘𝑥) ]𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝑘𝑥)

On voit sous cette forme que l’amplitude du champ global est modulée spatialement par le terme 1 +
|𝛤|𝑒 𝑗(𝜃+2𝑘𝑥) . Il passe par des maximums 𝐸𝑖 (1 + |𝛤|) lorsque que 𝜃 + 2𝑘𝑥 = 2𝑝𝜋 et par des
minimums 𝐸𝑖 (1 − |𝛤|) quand 𝜃 + 2𝑘𝑥 = (2𝑝 + 1)𝜋. Chaque type d’extrema est encore séparé de
/2 mais l’ensemble est décalé à cause du terme de phase 𝜃 du coefficient de réflexion donc il n’y a
pas de minimum ou de maximum en 𝑥 = 0. Si on compare au cas d’une terminaison en court-circuit
(𝛤 = −1 → 𝜃 = 𝜋), on a, pour un ordre donné :

𝜋 + 2𝑘𝑥𝑐𝑐 − (𝜃 + 2𝑘𝑥) = (2𝑝 + 1)𝜋 − (2𝑝 + 1)𝜋 = 0 = 𝜋 − 𝜃 + 2𝑘(𝑥𝑐𝑐 − 𝑥)

𝜆𝑔
→ 𝛥𝑥 = 𝑥𝑐𝑐 − 𝑥 = (𝜃 − 𝜋)
4𝜋

𝛥𝑥
2𝐸𝑖
Court-circuit
𝐸𝑖 (1 + |𝛤|)

Charge quelconque
𝐸𝑖 (1 − |𝛤|)

𝑥 𝑥𝑐𝑐 0 x

−2𝐸𝑖

On conseille de rechercher une animation sur internet pour bien visualiser ce cas de figure et le
comparer à une onde purement stationnaire ou progressive.

Rapport d’onde stationnaire (ROS) :


Le caractère plus ou moins stationnaire ou progressif en cas de
réflexion quelconque est quantifié par ce rapport. Il correspond au quotient des amplitudes du champ
aux ventres et aux nœuds :
|𝐸𝑚𝑎𝑥 | 1 + |𝛤|
𝑅𝑂𝑆 = =
|𝐸𝑚𝑖𝑛 | 1 − |𝛤|

Il évolue entre 1 lorsque 𝛤 = 0 (pas d’onde réfléchie, onde purement progressive) et l’infini lorsque
|𝛤| = 1 (réflexion totale, onde parfaitement stationnaire).

VI.3.2 Mesure du ROS et exploitation


Sur un banc d’onde centimétrique, le
ROS s’évalue de deux manières différentes suivant qu’il est fort ou faible.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ROS faible ; Mesure directe :


On peut considérer que le détecteur a une réponse quadratique lorsque
les niveaux à mesurer sont peu différents. La tension 𝑉 est alors proportionnelle au carré du champ
électrique donc il suffit de repérer les valeurs 𝑉𝑚𝑎𝑥 et 𝑉𝑚𝑖𝑛 en déplaçant le détecteur dans la ligne de
mesure pour obtenir la valeur du ROS par la relation :

𝑉𝑚𝑎𝑥
𝑅𝑂𝑆 = √
𝑉𝑚𝑖𝑛

Cette méthode donne des résultats corrects pour des ROS inférieurs à ≈ 3 d’après le constructeur.

ROS élevé ; Mesure indirecte :


L’hypothèse d’une réponse quadratique n’est plus valide sur une
grande dynamique de mesure donc la méthode précédente ne convient pas si le ROS est grand. Dans
ce cas, on utilise un atténuateur calibré pour travailler à niveau détecté constant afin de s’affranchir
de la loi de réponse du détecteur. On commence par rechercher un minimum dans la ligne. On ajuste
le niveau de l’atténuateur ATM 100 pour obtenir un signal de mesure suffisant et on note la valeur
𝐺1 de l’atténuation en dB à l’aide de la courbe d’étalonnage. On repère ensuite un maximum, on
ajuste le niveau de l’atténuateur pour obtenir le même signal que précédemment et on note la nouvelle
valeur 𝐺2 de l’atténuation. On a alors :

𝑉𝑚𝑎𝑥 𝐺2 −𝐺1
𝐺2 − 𝐺1 = 20𝑙𝑜𝑔 ( ) = 20𝑙𝑜𝑔𝑅𝑂𝑆 → 𝑅𝑂𝑆 = 10 20
𝑉𝑚𝑖𝑛

Coefficient de réflexion en amplitude :


1 + |𝛤| 𝑅𝑂𝑆 − 1
𝑅𝑂𝑆 = → |𝛤| =
1 − |𝛤| 𝑅𝑂𝑆 + 1

Coefficient de réflexion en énergie :


L’énergie d’une onde électromagnétique étant proportionnelle à
𝐸 , la proportion d’énergie réfléchie est égale à (𝐸𝑟 /𝐸𝑖 )2 = |𝛤|2donc le coefficient de réflexion en
2

énergie vaut :
𝑅𝑂𝑆 − 1 2
( )
𝑅𝑂𝑆 + 1

Déphasage  :
On met à profit le décalage des extrema quand on passe d’une charge quelconque à
un court-circuit. On commence par repérer un minimum avec la charge étudiée. On la remplace
ensuite par un court-circuit et on recherche de nouveau le minimum en se déplaçant vers la charge.
On a alors, à 2𝑝𝜋 près :
𝜆𝑔 𝛥𝑥
𝛥𝑥 = 𝑥𝑐𝑐 − 𝑥 = (𝜃 − 𝜋) → 𝜃 = 𝜋 + 4𝜋
4𝜋 𝜆𝑔

Impédance réduite :
On connait désormais |𝛤| et 𝜃 donc on peut calculer 𝑍𝑟 .

𝑍𝑟 − 1 1 + 𝛤 1 + |𝛤|𝑒 𝑗𝜃
𝛤= d'ou 𝑍𝑟 = =
𝑍𝑟 + 1 1 − 𝛤 1 − |𝛤|𝑒 𝑗𝜃

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

1 + |𝛤|𝑒 𝑗𝜃 1 − |𝛤|𝑒 −𝑗𝜃 1 − |𝛤|2 + |𝛤|(𝑒 𝑗𝜃 − 𝑒 −𝑗𝜃 ) 1 − |𝛤|2 + 2𝑗|𝛤| sin 𝜃


𝑍𝑟 = × = =
1 − |𝛤|𝑒 𝑗𝜃 1 − |𝛤|𝑒 −𝑗𝜃 1 + |𝛤|2 − |𝛤|(𝑒 𝑗𝜃 + 𝑒 −𝑗𝜃 ) 1 + |𝛤|2 − 2|𝛤| cos 𝜃
D’où :
1 − |𝛤|2 2|𝛤| sin 𝜃
𝑅𝑒[𝑍𝑟 ] = 𝐼𝑚[𝑍𝑟 ] =
1 + |𝛤|2 − 2|𝛤| cos 𝜃 1 + |𝛤|2 − 2|𝛤| cos 𝜃

VI.3.3 Manipulation
Il est possible d’étudier différentes terminaisons (charge
adaptée CHG 100, cornet d’émission ANC 100/15 ou guide simplement ouvert en bout de ligne). La
comparaison entre le cornet et le guide directement ouvert est intéressante car elle permet de montrer
l’intérêt du cornet en tant qu’adaptateur d’impédance (maximum de puissance transférée).

Méthodes de mesures à employer :


Les différences de niveau dans le guide sont faibles lorsque le
ROS est proche de 1. La méthode de l’atténuateur calibré est alors peu précise puisqu’il est gradué
en dB donc il faut privilégier une mesure directe avec la charge adaptée. La méthode de l’atténuateur
est adaptée aux mesures de ROS élevé donc c’est celle qu’il faut utiliser avec la terminaison en court-
circuit. On est dans une situation intermédiaire lorsque le guide est simplement ouvert ou raccordé à
un cornet. Dans ce cas, on peut comparer les résultats obtenus avec les deux protocoles. Dans tous
les cas, il faut veiller à ne jamais dépasser la valeur maximum du signal que peut supporter la diode
de détection (il faut notamment remettre l’atténuateur à fond quand on change de terminaison).

VII ONDE EVANECENTE, REFLEXION TOTALE FRUSTREE


On a vu au § III.2 qu’il
peut y avoir réflexion totale lorsqu’une onde se réfracte sur un milieu moins réfringent. Le but ici est
de montrer qu’il existe alors une onde évanescente dans le milieu émergent dont l’intensité décroît
exponentiellement (on utilise pour cela la réflexion totale frustrée). Les ondes centimétriques sont
particulièrement adaptées à cette étude car la longueur de pénétration de l’onde dans le deuxième
milieu est de l’ordre de grandeur de 𝜆.

VII.1 Montage
On couple un émetteur et un récepteur à des cornets3 pour travailler
en propagation libre (attention au branchement du dispositif à ondes centimétriques ; cf. § VI.2). On
intercale deux prismes en paraffine à base triangle isocèle rectangle sur le trajet de l’onde comme
indiqué sur le schéma. Le prisme 𝑃1 est attaqué en incidence normale donc l’angle d’incidence sur sa
face inclinée en sortie (interface paraffine → air) vaut 45 ° :

Prismes de paraffine
Émetteur Récepteur
𝑃2

𝑃1 d

VII.2 Manipulation
On commence avec uniquement le prisme 𝑃1 . On doit constater
que l’intensité transmise au récepteur est nulle, ce qui semble cohérent avec une réflexion totale sur

3
On peut en monter sur le banc Oritel (consulter la notice des cornets ANC 100 pour l’installation de l’ensemble).

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

la deuxième interface de 𝑃1 . Si c’est le cas, il existe une onde évanescente dont la longueur de
pénétration vaut (cf. annexe 3) :

𝜆0 𝜆0
𝑙= → 𝑙=
2𝜋√𝑛12 𝑠𝑖𝑛2 𝑖1 − 𝑛22 2
2𝜋√𝑛𝑝𝑎𝑟𝑎𝑓𝑓𝑖𝑛𝑒 𝑠𝑖𝑛2 𝑖1 − 1

Pour mettre en évidence cette onde, on rajoute le prisme 𝑃2 afin de frustrer la réflexion totale. On doit
alors avoir un signal non nul sur le récepteur lorsque les deux prismes sont proches et on peut mesurer
l’évolution de la tension en fonction de la distance 𝑑 qui les sépare pour mettre en évidence la
décroissance exponentielle. La manipulation doit être soignée car la longueur de pénétration est très
sensible à l'angle d'incidence et donc l'orientation des prismes.

VII.3 Exploitation
Lorsque 𝑑 est supérieur à 𝑙, le champ électrique transmis varie
suivant la loi (cf. § VI de l’annexe 3) :
𝑑
𝐸𝑡 = 𝐴𝐸1 𝑒 − 𝑙
Si on suppose que le récepteur a une réponse quadratique, on doit récupérer une tension
proportionnelle à 𝑒 −2𝑑/𝑙 . Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

On estime la valeur de 𝑙 en effectuant une modélisation sur toutes les mesures puis on relance le fit
en ne gardant que les points correspondants à la condition 𝑑 > 𝑙. On obtient 𝑙 = 2,3 𝑐𝑚 avec cette
expérience et cette valeur permet d’obtenir l'indice de la paraffine en inversant l’expression de la
longueur de pénétration (la longueur d’onde 𝜆0 a été mesurée avec l’ondemètre) :

1 𝜆0 2 1 3,26 2
𝑛𝑝𝑎𝑟𝑎𝑓𝑓𝑖𝑛𝑒 = √ ( ) + 1= √( ) + 1 = 1,45
sin 𝑖1 2𝜋𝑙 sin 45 2𝜋 × 2,3

Il faut noter qu’on est près de l'angle critique de réflexion totale avec cet indice :
𝑛2 1
𝑖1𝑐 = arcsin ≈ arcsin ≈ 43,6 °
𝑛1 1,45
La longueur de pénétration est donc relativement importante dans cette expérience (on n’est pas loin
de la divergence).

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Bibliographie :
[1] : Quaranta I
[2] : Faroux Renault : Mécanique des fluides et ondes mécaniques
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV
[5] : BUP 742
[6] : Bruhat : Mécanique (sixième édition)
[7] : BUP 662
[8] : Perez : Electromagnétisme, 4eme édition

Pour les ondes centimétriques :

P.F. Combes : Ondes métriques et centimétriques, Dunod Université


P.F. Combes : Transmission en espace libre et sur les lignes, Dunod Université
J. P. Mathieu : Vibrations et phénomène de propagation, tome 2, Masson
F. Gardiol : Traité d’électricité, tome 13, Hyperfréquences, Ed Georgi, Ecole Polytechnique
Fédérale de Lausanne

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ANNEXE 1 : CABLE COAXIAL

I CAPACITE LINEIQUE DU CABLE


Le câble est constitué de 2 cylindres conducteurs, l'un
creux de rayon 𝑅2 , l'autre plein de rayon 𝑅1 , de même axe, séparés par un isolant de permitivité 𝑟 .

𝑅2 r Conducteur extérieur
𝑅1 Conducteur central
Isolant

Cette disposition à la structure d’un condensateur cylindrique. La capacité 𝐶 d'un condensateur


portant les charges +𝑄/−𝑄 sur les armatures portées respectivement aux potentiels 𝑉1 /𝑉2 est définie
par 𝑄 = 𝐶(𝑉1 − 𝑉2 ). Pour déterminer l’expression de cette capacité, on détermine d’abord le champ
électrique en un point 𝑀 de l'isolant situé à une distance 𝑟 du centre. 𝐸⃗ est radial compte tenu de la
symétrie du problème donc on applique le théorème de Gauss à un cylindre de rayon 𝑟 compris entre
𝑅1 et 𝑅2 et de longueur ℎ :
𝐸⃗ r 𝑆1

𝑆2
2r

h
Le flux à travers les bases du cylindre est nul (vecteurs champ et surface perpendiculaires). Sur la
surface latérale on a :
𝑄 𝑄
2𝜋𝑟ℎ𝐸 = → 𝐸=
𝜀0 𝜀𝑟 2𝜋𝑟ℎ𝜀0 𝜀𝑟
On exprime dans un deuxième temps la circulation du champ le long d'un rayon :
𝑅2 𝑅2
𝑄 𝑑𝑟 𝑄 𝑅2 𝑄
∫ 𝐸⃗ . 𝑑𝑟 = ∫ = 𝑙𝑛 ( ) = 𝑉1 − 𝑉2 =
𝑅1 𝑅1 2𝜋ℎ𝜀0 𝜀𝑟 𝑟 2𝜋ℎ𝜀0 𝜀𝑟 𝑅1 𝐶

On obtient alors l’expression suivante pour la capacité linéique du câble :

2𝜋𝜀0 𝜀𝑟
𝐶𝑙𝑖𝑛 =
𝑙𝑛(𝑅2 /𝑅1 )

AN :
On a typiquement 𝑅1 ≈ 0,5 𝑚𝑚 et 𝑅2 ≈ 1,5 𝑚𝑚 dans un câble coaxial. Le diélectrique le
plus courant étant le polyéthylène de permittivité 𝜀𝑟 ≈ 2,25, l’ordre de grandeur pour la capacité
linéique d’un câble est d’environ 100 𝑝𝐹. 𝑚−1

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

II INDUCTANCE PROPRE LINEIQUE DU CABLE


Les courants à haute fréquence qui se
propagent dans un câble sont pratiquement surfaciques si le métal est très bon conducteur (effet de
peau). On cherche dans un premier temps l'expression du champ magnétique crée par le fil central,
parcouru par un courant 𝐼, en un point situé à la distance 𝑅1 < 𝑟 < 𝑅2 du centre. Le champ
magnétique est ortho radial par symétrie et ne dépend que de 𝑟. Son sens est obtenu à partir de la
règle du bonhomme d'Ampère et son expression s’obtient à partir du théorème d'Ampère (circulation
du champ sur un contour circulaire) :


𝐵
𝑅2
𝑅1
I r

𝜇0 𝐼
⃗ . 𝑑𝑙 = ∮ 𝐵𝑟𝑑𝜃 = ∑ 𝜇0 𝐼𝑒𝑛𝑙𝑎𝑐é𝑠 →
∮𝐵 2𝜋𝑟𝐵 = 𝜇0 𝐼 → 𝐵=
𝐶 𝐶 2𝜋𝑟

Le résultat s'applique pour 𝑅1 < 𝑟 < 𝑅2 . Si 𝑟 > 𝑅2, la somme des courants enlacés est nulle (𝐼 dans
le conducteur central et − 𝐼 dans le conducteur extérieur) et le champ magnétique est nul à l'extérieur
du câble. Pour calculer l’inductance propre du circuit, on calcule le flux du champ magnétique à
travers le contour ABCD :

A B

D C
h
𝑅2
𝜇0 𝐼ℎ 𝑑𝑟 𝜇0 𝐼ℎ 𝑅2
⃗ . 𝑑𝑆 = ∫
𝛷 = ∬𝐵 . = 𝑙𝑛 ( )
𝑅1 2𝜋 𝑟 2𝜋 𝑅1

L’inductance propre s’obtient par la relation 𝛷 = 𝐿𝐼 donc le coefficient d’inductance propre linéique
du câble vaut :

𝜇0 𝑅2
𝐿𝑙𝑖𝑛 = 𝑙𝑛 ( )
2𝜋 𝑅1

AN :

𝜇𝑜 = 4𝜋10−7 𝐻. 𝑚−1 ; 𝑅1 ≈ 0,5 𝑚𝑚 ; 𝑅2 ≈ 1,5 𝑚𝑚 ; 𝜀𝑟 ≈ 2,25 → 𝐿 ≈ 0,22𝜇𝐻. 𝑚−1

III EQUATION D'ONDE DANS LE CABLE


Si on néglige les pertes, un élément du câble
coaxial de longueur 𝑑𝑥 peut être représenté par le schéma ci-dessous avec 𝐿 et 𝐶 les grandeurs
linéiques) :

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝐼(𝑥, 𝑡) 𝐿𝑑𝑥 𝐼(𝑥 + 𝑑𝑥, 𝑡)

𝑉(𝑥, 𝑡) 𝐶𝑑𝑥 𝑉(𝑥 + 𝑑𝑥, 𝑡)

𝑥 𝑥 + 𝑑𝑥

La loi des mailles donne :


𝜕𝐼(𝑥, 𝑡)
𝑉(𝑥, 𝑡) = 𝑉(𝑥 + 𝑑𝑥, 𝑡) + 𝐿𝑑𝑥
𝜕𝑡
𝑉(𝑥, 𝑡) − 𝑉(𝑥 + 𝑑𝑥, 𝑡) 𝜕𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕𝑉(𝑥, 𝑡) 𝜕𝐼(𝑥, 𝑡)
=𝐿 → = −𝐿
𝑑𝑥 𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝜕𝑡
La loi des nœuds donne :
𝜕𝑉(𝑥, 𝑡)
𝐼(𝑥, 𝑡) = 𝐼(𝑥 + 𝑑𝑥, 𝑡) + 𝐶𝑑𝑥
𝜕𝑡
Soit de même :
𝜕𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕𝑉(𝑥, 𝑡)
= −𝐶
𝜕𝑥 𝜕𝑡
On dérive les résultats précédents respectivement par rapport à 𝑥 et à 𝑡 :
𝜕 2 𝑉(𝑥, 𝑡) 𝜕 2 𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕 2 𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕 2 𝑉(𝑥, 𝑡)
= −𝐿 = −𝐶
𝜕𝑥 2 𝜕𝑥𝜕𝑡 𝜕𝑡𝜕𝑥 𝜕𝑡 2
Soit, en combinant :
𝜕 2 𝑉(𝑥, 𝑡) 𝜕 2 𝑉(𝑥, 𝑡)
= −𝐿𝐶
𝜕𝑥 2 𝜕𝑡 2
On trouve de même :
𝜕 2 𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕 2 𝐼(𝑥, 𝑡)
= −𝐿𝐶
𝜕𝑥 2 𝜕𝑡 2
On obtient l’équation de propagation classique dite des télégraphistes. La solution générale de cette
équation est la combinaison d’une onde progressive et une onde régressive. La vitesse de propagation
est donnée par la relation 𝑐 2 = 1/𝐿𝐶. On obtient avec les expressions de 𝐿 et 𝐶 trouvées
précédemment :
1 𝑐0 1
𝑐= = avec 𝑐0 = ≈ 3.108 𝑚. 𝑠 −1
√𝜇0 𝜀0 𝜀𝑟 √𝜀𝑟 √𝜇0 𝜀0

AN :
𝜀𝑟 ≈ 2,25 → 𝑐 ≈ 2.108 𝑚. 𝑠 −1

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

IV IMPEDANCE CARACTERISTIQUE DE LA LIGNE


On considère une onde sinusoïdale,
progressive, de pulsation 𝜔, se propageant le long du câble supposé très long. L’impédance
caractéristique 𝑍𝐶 est celle qui annule le coefficient de réflexion en bout de ligne. Dans ce cas, on a
un régime d’onde progressive dans le câble et l’impédance est constante dans toute la ligne et égale
à l’impédance caractéristique (𝑍(𝑥) = 𝑍𝐶 ).

Calcul de l’impédance caractéristique :


𝑥 𝜕𝑉(𝑥, 𝑡) 𝜔 𝑥
𝑉(𝑥, 𝑡) = 𝑉0 𝑐𝑜𝑠𝜔 (𝑡 − ) → = 𝑉0 𝑠𝑖𝑛 𝜔 (𝑡 − )
𝑐 𝜕𝑥 𝑐 𝑐
𝜕𝑉(𝑥, 𝑡) 𝜕𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜕𝐼(𝑥, 𝑡) 𝜔𝑉0 𝑥 𝑉0 𝑥
Or = −𝐿 ⇒ =− 𝑠𝑖𝑛 𝜔 (𝑡 − ) → 𝐼(𝑥, 𝑡) = 𝑐𝑜𝑠 𝜔 (𝑡 − )
𝜕𝑥 𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝐿𝐶 𝑐 𝐿𝐶 𝑐

𝑉(𝑥, 𝑡) 𝐿 1 𝜇0 𝑅2
→ 𝑍𝐶 = = 𝐿. 𝐶 = √ = √ 𝑙𝑛 ( )
𝐼(𝑥, 𝑡) 𝐶 2𝜋 𝜀0 𝜀𝑟 𝑅1

Cette impédance est purement résistive et indépendante de la fréquence.

V CAS D’UNE TERMINAISON QUELCONQUE

Générateur
Câble

𝑍𝑔
𝐸𝑔 𝑍

0 𝐿 z

Dans ce cas, il y a une réflexion en 𝑥 = 𝐿 donc le courant en un point 𝑥 de la ligne est de la forme :

𝐼(𝑥, 𝑡) = 𝐼𝑖 (𝑥, 𝑡) – 𝐼𝑟 (𝑥, 𝑡) (1)


On a aussi (cf. ci-dessus) :
𝑉𝑖 (𝑥, 𝑡) = 𝑍𝐶 𝐼𝑖 (𝑥, 𝑡) et 𝑉𝑟 (𝑥, 𝑡) = 𝑍𝐶 𝐼𝑟 (𝑥, 𝑡) (2)
Et, en bout de ligne :
𝑉(𝐿, 𝑡) = 𝑉𝑖 (𝐿, 𝑡) + 𝑉𝑟 (𝐿, 𝑡) = 𝑍𝐼(𝐿, 𝑡) (3)
Avec (1) dans (3) :
𝑉𝑖 (𝐿, 𝑡) + 𝑉𝑟 (𝐿, 𝑡) = 𝑍[𝐼𝑖 (𝑥, 𝑡) – 𝐼𝑟 (𝑥, 𝑡)]
Et (2) :
𝑍𝐶 𝐼𝑖 (𝐿, 𝑡) + 𝑍𝐶 𝐼𝑟 (𝐿, 𝑡) = 𝑍[𝐼𝑖 (𝐿, 𝑡) + 𝐼𝑟 (𝐿, 𝑡)]
On en déduit le coefficient de réflexion :

𝐼𝑟 (𝐿, 𝑡) 𝑍 − 𝑍𝐶
𝛤= =
𝐼𝑖 (𝐿, 𝑡) 𝑍 + 𝑍𝐶

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ANNEXE 2 : PROPAGATION GUIDÉE DES ONDES


ACOUSTIQUES

I MODE FONDAMENTAL
Une onde acoustique plane peut se propager dans un tuyau
cylindrique de section quelconque sans modification de sa structure ni de sa célérité si son vecteur
d'onde 𝑘⃗ est parallèle à l'axe du tuyau. En effet, la seule condition aux limites imposée par une paroi
rigide est que le vecteur vitesse 𝑣 des particules soit parallèle à elle en son voisinage immédiat4. Or,
cette condition est automatiquement remplie si 𝑘 ⃗ est colinéaire à l’axe du tuyau puisque les ondes
acoustiques sont longitudinales (vecteur vitesse des molécules colinéaires à 𝑘 ⃗ . On appelle mode
fondamental ce type de propagation particulier où l'énergie acoustique est répartie uniformément sur
la section du tuyau et où la célérité 𝑐 est celle des ondes se propageant à l'air libre.

II AUTRES MODES
On considère une onde acoustique plane se propageant dans l’air avec un
vecteur d'onde 𝑘 ⃗ parallèle au plan 𝑂, 𝑥, 𝑧 et faisant un angle 𝛼 avec le vecteur unitaire 𝑒𝑧 de l'axe 𝑧.
Représentons, à un instant 𝑡 donné, les plans d'ondes correspondants à une norme maximale du
vecteur vitesse 𝑣 des particules d'air. Ces plans sont distants de /2, avec 𝑣 dans le sens de 𝑘 ⃗ pour les
uns (traits pleins sur le schéma), et dans le sens opposé à 𝑘⃗ pour les autres (traits pointillés) :

𝑣
𝑣

𝑘

y z
𝑒𝑧

 /2

Supposons qu’une deuxième onde acoustique de même type se propage avec un vecteur d’onde 𝑘 ⃗′
symétrique à 𝑘 ⃗ par rapport au plan 𝑂, 𝑦, 𝑧. Représentons, comme précédemment à l’instant 𝑡, les deux
séries de plans d'onde où 𝑣 a une norme maximale et déterminons les vecteurs vitesses des particules
soumises à la superposition des deux ondes. On constate alors sur les figures suivantes que les
particules d'air aux points 𝐴1 , 𝐴1′ , 𝐴2 , 𝐴′2 et 𝐶1 , 𝐶1′ , 𝐶2 , 𝐶2′ , … ont une vitesse parallèle à 𝑂𝑧, tandis
que celles aux points 𝐵1 , 𝐵1′ , 𝐵2 , 𝐵2′, … en ont une suivant 𝑂𝑥. Ce comportement se conserve en cours
de propagation, les séries de points 𝐴, 𝐵 et 𝐶 se déplaçant juste vers la droite. Par conséquent, toutes
les particules d'air situées dans le plan 𝑂𝑦𝑧 ont des vitesses dirigées selon 𝑂𝑥, et toutes celles situées
dans les plans parallèles à 𝑂𝑦𝑧 et contenant respectivement les points 𝐴1 , 𝐴1′ , … et 𝐶1 , 𝐶1′ , … ont
des vitesses dirigées selon Oz :

4
Les particules devraient traverser la paroi ou il y aurait création d’un vide dans le cas contraire.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

𝑥 ⃗
𝑘
𝛼 𝑒𝑧
𝐴1 𝐴1′ 𝐴2 𝐴′2

𝑦 𝐵1 𝐵1′ 𝐵2 𝐵2′ 𝑎
𝑧

𝐶1 𝐶1′ 𝐶2 𝐶2′
−𝛼 𝑒𝑧
⃗′
𝑘

𝑣 −𝑣′
𝐴1 𝑣 𝐵1 𝑣′
−𝑣′ 𝐵1′ −𝑣 𝐶1′
𝑣′ −𝑣

III GUIDAGE DE L'ONDE PAR DEUX PAROIS PARALLELES


Une paroi rigide imposant
au vecteur vitesse des molécules d’être parallèle à elle en son voisinage immédiat, on peut mettre
deux plans parallèles à 𝑂𝑦𝑧 au niveau des séries de points 𝐴 et 𝐶 sans que cela ne change rien puisque
la condition y est réalisée. Notons a la plus petite distance séparant les deux parois qui auront dès lors
pour effet de guider l'onde composite précédente. A l'intérieur de l'espace ainsi délimité, les 2 ondes
planes se réfléchissent sur les parois sans changer la situation initialement envisagée car on obtient
toujours, en tout point, la superposition de 2 ondes planes de vecteurs d'onde 𝑘 ⃗ et 𝑘
⃗ ′ symétriques par
rapport au plan 𝑂𝑦𝑧. On a alors une situation vibratoire (un mode) se propageant selon 𝑂𝑧 et
caractérisé par la longueur d'onde guidée 𝑔 telle que 𝜆𝑔 /2 = 𝐴1 𝐴1′ = 𝐵1 𝐵1′ = 𝐶1 𝐶1′ = …
Considérons alors le schéma suivant représentant l'agrandissement d’un un détail de la figure
précédente. La distance 𝐵1 𝐻 est celle qui sépare deux plans d'onde dont les états vibratoires sont en
opposition de phase :
𝐴1

/2 H

𝐵1 𝐾 𝐵1′

On a :
𝜆 𝜆𝑔 𝜆
𝐵1 𝐻 = = 𝐵1 𝐵1′ cos 𝛼 = cos 𝛼 → 𝜆𝑔 =
2 2 𝑐𝑜𝑠 𝛼

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On a aussi 𝐴1 𝐾 = 𝑎/2, d’où :

𝐾𝐵1′ 𝐵1 𝐵1′ 𝜆/ 𝑐𝑜𝑠 𝛼 𝜆


𝑎 = 2𝐴1 𝐾 = 2 =2 = d'ou 𝑎=
𝑡𝑎𝑛 𝛼 𝑡𝑎𝑛 𝛼 𝑡𝑎𝑛 𝛼 𝑠𝑖𝑛 𝛼

La combinaison des deux résultats précédents conduit à la relation suivante :

1 1 1
2
= 2− 2
𝜆𝑔 𝜆 4𝑎

Le guidage de l'onde composite par les deux plans parallèles à 𝑂𝑦𝑧 situés en 𝑥 = 𝑎/2 et 𝑥 = − 𝑎/2
fait apparaître une longueur d'onde guidée 𝑔 supérieure à . Le calcul fait avec la plus petite distance
possible pour 𝑎 peut se généraliser au cas d’un écartement multiple de 𝑎 avec un entier positif 𝑚. La
distance 𝑎 entre les deux parois planes rigides destinées à guider l'onde peut donc être choisie de
manière à vérifier la relation 𝑎 = 𝑚𝜆/ sin 𝛼 qui conduit à :

1 1 𝑚2
= −
𝜆𝑔2 𝜆2 4𝑎2

IV CAS D'UN GUIDE RECTANGULAIRE


On peut ajouter deux autres parois parallèles à 𝑂𝑥𝑧
formant avec les deux premières un guide rectangulaire sans modifier l'onde résultante étudiée
précédemment. En effet, les vecteurs d'ondes 𝑘 ⃗ et 𝑘
⃗ ′ initiaux sont parallèles à 𝑂𝑥𝑧 et les vecteurs
vitesses des particules gazeuses sont en tout point parallèles à 𝑂𝑥𝑧 donc les conditions aux limites
imposées par ces nouvelles parois sont satisfaites par avance. Si on généralise au cas d’une onde plane
de vecteur d'onde 𝑘 ⃗ (𝑘𝑥 ; 𝑘𝑦 ; 𝑘𝑧 ) quelconque, on peut montrer qu’il est possible de former une onde
composite satisfaisant aux conditions aux limites d’un guide de section rectangulaire de côtés 𝑎 et 𝑏
et d’axe 𝑂𝑧, en lui associant 3 ondes de vecteurs d'onde (−𝑘𝑥 ; 𝑘𝑦 ; 𝑘𝑧 ), (𝑘𝑥 ; −𝑘𝑦 ; 𝑘𝑧 ),
(−𝑘𝑥 ; −𝑘𝑦 ; 𝑘𝑧 ). La longueur d'onde de l'onde guidée vérifie alors la relation suivante où 𝑚 et 𝑛 sont
des entiers positifs :
1 1 𝑚2 𝑛2
= − ( + )
𝜆𝑔2 𝜆2 4𝑎2 4𝑏 2

Remarque :
On a 𝑔 =  lorsque 𝑚 = 𝑛 = 0, soit le mode fondamental se propageant à la vitesse
de l’onde en propagation libre. Si l'un des deux entiers 𝑚 ou 𝑛 est nul, l'onde composite se propageant
dans le guide peut être considérée comme la superposition de deux ondes planes et uniformes de
⃗ et 𝑘
vecteurs d'ondes 𝑘 ⃗ ′ parallèles à 𝑂𝑥𝑧 ou à 𝑂𝑥𝑦 (cas étudié au § III).

V CAS D'UN GUIDE DE SECTION CIRCULAIRE


Dans le cas où le guide utilisé a une section
circulaire de rayon 𝑎, l'étude simplifiée précédente ne peut plus être conduite. Les résultats essentiels
sont cependant conservés : la longueur d'onde 𝑔 de l'onde guidée est encore liée à la longueur d'onde
 à l'air libre par la relation :
1 1 𝜇𝑛𝑚 2
= − ( )
𝜆𝑔2 𝜆2 2𝜋𝑎

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Où 𝜇𝑛𝑚 est la valeur de la variable 𝑟 pour laquelle la fonction de Bessel 𝐽 d'ordre 𝑛 admet son 𝑚𝑖è𝑚𝑒
maximum. Ainsi, la fonction de Bessel d'ordre zéro 𝐽𝑜 (𝑟), admet un premier maximum pour 𝑟 =
01 = 0. On a alors à 𝑔 = , soit le mode fondamental d'onde plane déjà évoqué. Ce mode est
souvent noté 𝐿01 (𝐿 parce qu'il s'agit d'une onde longitudinale, 01 parce qu'on s'intéresse à la fonction
de Bessel d'ordre 0 dont il s'agit du premier maximum). Dans le cas général, on parle d'un mode 𝑛𝑚.

VI CELERITE DES ONDES GUIDEES


Le guidage d'une onde acoustique fait apparaître une
longueur d'onde guidée 𝑔 reliée à  et à un terme dépendant des caractéristiques transversales du
guide. On peut regarder la conséquence sur le module du vecteur d'onde correspondant à la
propagation guidée dans le cas d’un guide circulaire :

2 4 2 1 𝜇𝑛𝑚 2
𝑘𝑔 = → 𝑘𝑔2 = = 42 [ − ( ) ]
𝑔 𝑔 𝜆2 2𝜋𝑎

Or, 𝜔 = 2𝜋𝑐/𝜆, d’où :


𝜔2 𝜇𝑛𝑚 2 𝜔2 𝜇𝑛𝑚
2
𝑘𝑔2 = 42 [ − ( ) ] → 𝑘𝑔2 = −
4𝜋 2 𝑐 2 2𝜋𝑎 𝑐2 𝑎2

On voit qu’il n’y a pas de proportionnalité entre 𝑘𝑔 et 𝜔 donc la propagation guidée s'accompagne de
dispersion. La vitesse de groupe 𝑣𝑔 d'une onde composite est alors donnée par la relation :
𝑑𝜔
𝑣𝑔 =
𝑑𝑘𝑔

Qu’on peut développer en dérivant la relation obtenue pour 𝑘𝑔2 :

𝜔𝑑𝜔 𝑘𝑔 𝑐
𝑘𝑔 𝑑𝑘𝑔 = → 𝑣𝑔 = 𝑐 2 = 𝑐 𝑘𝑔
𝑐2 𝜔 𝜔
D'où :
𝜆
𝑣𝑔 = 𝑐
𝜆𝑔

A l’exception du mode fondamental, 𝑔 est toujours supérieure à  donc la célérité des ondes guidées
est toujours inférieure à la célérité des ondes se propageant à l'air libre.

VI.1 Valeurs des nm


Le tableau suivant dresse la suite des valeurs 𝑛𝑚 de la
variable 𝑟 pour lesquelles les premières fonctions de Bessel admettent des maximas :

Ordre 𝑛 de la fonction 𝑛1 𝑛2 𝑛3 𝑛4


0 0 3,83 7,01 10,2
1 1,84 5,33 8,54
2 3,05 6,71 9,97
3 4,20 8,01
4 5,32 9,28
5 6,42
6 7,50

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

On peut alors calculer les modes de propagation possibles pour un tuyau de diamètre 𝑑 donné (ceux
qu’on propose correspondent à des tuyaux présents à Rennes) pour des ultra-sons produits avec les
émetteurs d’enseignements (𝑓 = 40 𝑘𝐻𝑧 ; 𝜆 = 8,5 𝑚𝑚) à partir de la relation :

1 1 𝜇𝑛𝑚 2
= − ( )
𝜆𝑔2 𝜆2 𝜋𝑑

Et calculer la vitesse de groupe 𝑣𝑔 .

VI.2 Tuyau de 4,5 mm de diamètre


Aucun mode autre que le fondamental ne peut s'y
propager car la plus petite valeur 𝑛𝑚 en dehors de 01 est 11 = 1,84 et aboutit déjà à une valeur
négative pour 𝑔 . La seule célérité observée est celle des ondes libres soit 340 m/s dans les conditions
habituelles de pression et de températures. On peut en conclure que pour qu'une onde acoustique de
longueur d'onde  à l'air libre puisse se propager un tuyau cylindrique de diamètre 𝑑 selon un autre
mode que le fondamental 𝐿01 , il faut avoir :

𝜋𝑑
𝜆 < 𝜆𝐶 = → 𝑑 > 0,59𝜆
µ11

VI.3 Tuyau de 12,2 mm de diamètre


On trouve quatre modes autres que le
fondamental.

Mode 𝑛𝑚 𝑔 (𝑚𝑚) 𝑣𝑔 (𝑚𝑠 −1 )


02 16,1 179
11 9,3 310
21 11,5 251
31 23,4 124

VI.4 Tuyau de 20,7 mm de diamètre

Mode 𝑛𝑚 𝑔 (𝑚𝑚) 𝑣𝑔 (𝑚𝑠 −1 ) Mode 𝑛𝑚 𝑔 (𝑚𝑚) 𝑣𝑔 (𝑚𝑠 −1 )


11 8,8 330 61 43 67,1
21 9,3 312 02 9,8 295
31 10,2 284 12 11,8 244
41 11,8 244 22 17,7 163
51 15,6 185 13 21,2 136

VI.5 Tuyau de 34 mm de diamètre


On trouve les modes suivants et ce ne sont pas
les seuls :

Mode 𝑔 𝑣𝑔 Mode 𝑔 𝑣𝑔 Mode 𝑔 𝑣𝑔 Mode 𝑔 𝑣𝑔


11 8.59 336.4 51 9.89 292.3 12 9.39 307.9 03 10.24 282.2
21 8.76 329.8 61 10.59 272.8 22 10.05 287.5 13 11.59 249.4
31 9.02 302.4 71 11.63 248.4 32 11.03 262 23 13.96 207
41 9.38 308 02 8.92 323.8 42 12.61 229.2 04 14.55 198.6

Bibliographie : BUP n° 742

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

ANNEXE 3 : ONDE EVANESCENTE ET REFLEXION


TOTALE FRUSTREE

I ONDE PLANE AMORTIE


On considère une onde plane 𝐸⃗ = 𝐸⃗0 𝑒 𝑖(𝑘⃗.𝑟 − 𝜔𝑡) de vecteur d'onde
⃗ = 𝑘𝑥 𝑈
𝑘 ⃗ 𝑥 + 𝑘𝑦 𝑈
⃗ 𝑦 + 𝑘𝑧 𝑈
⃗ 𝑧 avec 𝑘𝑥 , 𝑘𝑦 et 𝑘𝑧 des nombres complexes. On montre facilement que :

𝑟𝑜𝑡 ⃗ ⋀ 𝐸⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝐸⃗ = 𝑘 et ⃗ . 𝐸⃗
𝑑𝑖𝑣𝐸⃗ = 𝑘
Pour trouver la relation de dispersion, on utilise les lois de Maxwell-Faraday et Maxwell-Ampère. La
première s'écrit (à un facteur 𝑖 près) 𝑘 ⃗ ⋀𝐸⃗ = 𝜔𝐵 ⃗ , ce qui définit le champ 𝐵 ⃗ . La seconde loi
⃗ ⋀𝐵
s'écrit 𝑘 ⃗ = − 𝜔𝜀𝜇𝐸⃗ . En combinant les deux relations et en posant 𝜀𝜇 = 𝑛 /𝑐 , on obtient :
2 2

𝜔 2 𝑛2
⃗ ⋀(𝑘
𝑘 ⃗ ⋀𝐵
⃗)=− ⃗
𝐵
𝑐2
On peut ensuite montrer que cette relation se réduit à :

𝜔 2 𝑛2
𝑘𝑥2 + 𝑘𝑦2 + 𝑘𝑧2 =
𝑐2
Il faut faire attention à la nature complexe des termes de gauches. Si on prend par exemple une onde
évanescente de la forme 𝑘𝑦 = 𝑘𝑟 (réel) et 𝑘𝑥 = 𝑖/𝑙 (imaginaire pur), ce qui correspond à une onde
selon 𝑦 amortie dans la direction 𝑥 :

𝐸⃗ = 𝐸⃗0 𝑒 𝑖(𝑘𝑟 𝑦− 𝜔𝑡) 𝑒 − 𝑥/𝑙


On obtient :
1 𝜔 2 𝑛2
𝑘𝑟2 − 2= 2
𝑙 𝑐
On a donc une partie réelle du vecteur d'onde 𝑘𝑟 plus grande que si le vecteur d'onde 𝑘 était réel.

II REFLEXION ET REFRACTION SUR UN DIOPTRE

On considère une onde partiellement réfléchie et diffractée par un dioptre séparant deux milieux LHI
d'indices différents, comme décrit sur le schéma. La condition de continuité de 𝐸⃗ sur le dioptre s'écrit :

𝐸⃗01 𝑒 𝑖(𝑘⃗1𝑝 − 𝜔1𝑡) + 𝐸⃗0𝑟 𝑒 𝑖(𝑘⃗𝑟 𝑝 − 𝜔𝑟 𝑡) = 𝐸⃗0𝑡 𝑒 𝑖(𝑘⃗𝑡𝑝 − 𝜔𝑡𝑡)

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

Où on note 𝑝 = 𝑦𝑈 ⃗ 𝑦 + 𝑧𝑈⃗ 𝑧 un point du dioptre. La relation étant vérifiée à tout instant 𝑡, les
fréquences doivent être identiques (on peut donc les simplifier). De plus, la relation étant vérifiée
pour toute valeur de 𝑦 et 𝑧, cela impose (puisque 𝑘1 est dans le plan {𝑥, 𝑦}) :

𝑘1,𝑦 = 𝑘𝑟,𝑦 = 𝑘𝑡,𝑦 et 𝑘1,𝑧 = 𝑘𝑟,𝑧 = 𝑘𝑡,𝑧 = 0

Dans le cas où les vecteurs d'ondes sont réels, on peut réécrire la première équation en fonction des
angles :
𝑘1 𝑠𝑖𝑛𝑖1 = 𝑘𝑟 𝑠𝑖𝑛𝑖𝑟 = 𝑘𝑡 𝑠𝑖𝑛𝑖𝑡

III LOIS DE SNELL DESCARTES ET ANGLE CRITIQUE


L'onde incidente étant réelle, il
en va de même pour l'onde réfléchie qui vérifie alors :
𝑛12 𝜔2
𝑘𝑟2 = 𝑘𝑖2 = 2
𝑐
On en déduit 𝑖𝑟 = − 𝑖1 et si l'onde réfractée est réelle, elle doit vérifier :

𝜔2 𝑛22
𝑘𝑡2 = 2
𝑐
En utilisant les relations de dispersion et de continuité on obtient après simplification 𝑛1 𝑠𝑖𝑛𝑖1 =
𝑛2 𝑠𝑖𝑛𝑖𝑡 . Cette relation n'est vérifiée que si 𝑠𝑖𝑛𝑖𝑡 < 1, donc si 𝑛2 < 𝑛1 , elle n'est vrai que pour des
angles incidents inférieur à 𝑖1 𝑐 = 𝑎𝑟𝑐𝑠𝑖𝑛(𝑛1 /𝑛2 ).

IV REFLEXION TOTALE ET ONDE EVANESCENTE


Dans le cas contraire 𝑖1 > 𝑖1 𝑐 , on
considère une onde réfractée complexe. La relation de continuité impose toujours :
𝑛1 𝜔
𝑘𝑡,𝑦 = 𝑘1,𝑦 = 𝑘1 𝑠𝑖𝑛𝑖1 = 𝑠𝑖𝑛𝑖1
𝑐
Exceptée que la relation de dispersion peut maintenant être vérifiée en rajoutant une composante
𝑘𝑡,𝑥 = 𝑖/𝑙 imaginaire pure :
2
1 𝜔2 𝑛22
𝑘𝑡,𝑦 − 2= 2
𝑙 𝑐
Ou encore, en remplaçant 𝑘𝑡,𝑦 par son expression :

1 𝜔2 2 2
2
= 2 (𝑛1 𝑠𝑖𝑛 𝑖1 − 𝑛22 )
𝑙 𝑐
𝑙 est bien sur la longueur de pénétration et l'onde sera qualifiée d'évanescente. En utilisant le fait que
𝑐/𝜔 = 𝜆0 /2𝜋, on peut mettre son expression sous la forme :
𝜆0
𝑙=
2𝜋√𝑛12 𝑠𝑖𝑛2 𝑖1 − 𝑛22

On remarquera que lorsque 𝑖1 se rapproche de la valeur critique (par valeur supérieure), la valeur de
𝑙 diverge. Pour observer correctement l'onde évanescente, il faut donc être suffisamment proche de
l'angle critique pour que la longueur 𝑙 soit observable.

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

V REFLEXION TOTALE FRUSTREE

On considère maintenant deux dioptres parallèles, l'angle incident étant supérieur à l'angle critique.
Le milieu intermédiaire contient deux ondes amorties. La première est décroissante et la seconde,
issue de la réflexion sur le second dioptre, est croissante :

𝐸⃗0𝑒 𝑒 𝑖(𝑘𝑒,𝑦 − 𝜔𝑡) 𝑒 − 𝑥/𝑙 + 𝐸⃗0𝑒 ′𝑒 𝑖(𝑘′𝑒,𝑦 − 𝜔𝑡) 𝑒 𝑥/𝑙

Pour satisfaire aux conditions de continuité la composante des vecteurs d'onde selon 𝑦 doit être égale
à 𝑘1,𝑦 . Ces derniers peuvent donc s'écrire :
𝑖 𝑖
⃗𝑒 =
𝑘 ⃗ + 𝑘1,𝑦 𝑈
𝑈 ⃗𝑦 𝑒𝑡 ⃗⃗⃗ 𝑒 = − 𝑈
𝑘′ ⃗ + 𝑘1,𝑦 𝑈
⃗𝑦
𝑙 𝑥 𝑙 𝑥
La valeur de 𝑙 est imposée par la relation de dispersion et reste inchangée. Par ailleurs les mêmes
conditions de continuité imposent 𝑘𝑡,𝑦 = 𝑘1,𝑦 et les relations de dispersion 𝑘𝑡 = 𝑘1 . On en
⃗𝑡 = 𝑘
déduit 𝑘 ⃗ 1.

VI COEFFICIENT DE TRANSMISSION POUR ⃗𝑬 ∕∕ ⃗𝑼


⃗𝒛
Pour obtenir le coefficient de
transmission, il faut calculer le champ 𝐸𝑡 et donc utiliser les relations de continuité pour 𝐸⃗ et 𝐵
⃗ en
𝑥 = 0 et 𝑥 = 𝑑. Si le champ 𝐸⃗ est parallèle à 𝑈
⃗ 𝑧 , les relations de continuité sont triviales :

𝐸01 + 𝐸0𝑟 = 𝐸0𝑒 + 𝐸0′ 𝑒

𝐸0𝑡 = 𝐸0𝑒 𝑒 − 𝑑/𝑙 + 𝐸0′ 𝑒 𝑒 𝑑/𝑙


⃗ en utilisant la relation de Maxwell-Faraday :
On calcule ensuite le champ 𝐵

1 1 𝑘𝑥 0 𝐸 𝑘𝑦
⃗ =
𝐵 ⃗ ⋀ 𝐸⃗ = (𝑘𝑦 ) ⋀ ( 0 ) = (− 𝑘 )
𝑘
𝜔 𝜔 𝜔 𝑥
0 𝐸 0
On écrit ensuite les équations de continuité pour les deux composantes non nulles de 𝐵 ⃗ . Comme la
valeur de 𝑘𝑦 est identique pour toutes les ondes, la composante de 𝐵 ⃗ selon 𝑥 donne des équations
identiques à celles obtenues pour 𝐸⃗ . Par contre la continuité de la composante de 𝐵⃗ selon 𝑦 impose :
𝑖 𝑒
𝑘1,𝑥 (𝐸01 − 𝐸0𝑟 ) = (𝐸0 − 𝐸0′ 𝑒 )
𝑙
𝑖 𝑒 −𝑑 𝑑
𝑘1,𝑥 𝐸0𝑡 = (𝐸0 𝑒 𝑙 − 𝐸0′ 𝑒 𝑒 𝑙 )
𝑙
Il faut ensuite résoudre ce système de 4 équations linéaire pour obtenir 𝐸⃗𝑡 en fonction de 𝐸⃗1 . Après
quelques lignes de calcul on obtient (avec 𝛼 = 𝑘1,𝑥 𝑙) :

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet, Alain Gellé

2𝛼
𝐸⃗𝑡 = 𝐸⃗1
𝑑 𝑑
2𝛼 cosh ( ) + 𝑖(𝛼 2 − 1)sinh ( )
𝑙 𝑙
On s'intéresse ici au coefficient de transmission (et non au déphasage). Ce coefficient est égal à la
norme 𝜏 de 𝐸⃗𝑡 /𝐸⃗1 :
2𝛼
𝜏=
√4𝛼 2 cosh2 (𝑑 ) + (𝛼 2 − 1)2 sinh2 (𝑑 )
𝑙 𝑙
Ce coefficient a une forme un peu compliquée, mais on peut aisément le simplifier en remarquant que
sinh 𝑥 et cosh 𝑥 tendent très rapidement vers 0,5𝑒 𝑥 . En fait, on peut raisonnablement faire cette
approximation dès que 𝑥 > 1 (et non pas 𝑥 ≫ 1). Donc :
4𝛼 −
𝑑
𝜏≈ 𝑒 𝑙 si 𝑑 >𝑙
𝛼2 + 1
Expérimentalement on observera donc pour 𝑑 > 𝑙 un champ électrique transmis dont l'intensité est
de la forme :
𝑑
𝐸𝑡 = 𝐴𝐸1 𝑒 − 𝑙

VII COEFFICIENT DE TRANSMISSION POUR ⃗𝑩


⃗ ∕∕ ⃗𝑼
⃗𝒛
Dans le cas où 𝐸⃗ est dans le plan
⃗ est selon 𝑧. Il est plus simple dans ce cas de commencer par écrire la continuité du champ
{𝑥, 𝑦}, 𝐵
⃗ , puis celle de 𝐸⃗ en utilisant la relation de Maxwell-Ampère :
𝐵

𝐵01 + 𝐵0𝑟 = 𝐵0𝑒 + 𝐵0′ 𝑒

𝐵0𝑡 = 𝐵0𝑒 𝑒 − 𝑑/𝑙 + 𝐵0′ 𝑒 𝑒 𝑑/𝑙


𝑘1,𝑥 𝑖
1 𝑟
2 (𝐵0 − 𝐵0 ) =
(𝐵 𝑒 − 𝐵0′ 𝑒 )
𝑛1 𝑙𝑛22 0
𝑘1,𝑥 𝑡 𝑖 𝑒 −𝑙
𝑑 𝑑
2 𝐵0 = 2 (𝐵0 𝑒 − 𝐵0′ 𝑒 𝑒 𝑙 )
𝑛1 𝑙𝑛2
Ces équations sont quasi-identiques à celles trouvées précédemment. On montre facilement que le
⃗ est égal à 𝜏, à condition de remplacer 𝛼 par :
coefficient de transmission du champ 𝐵
𝑛2 2
𝛼 ′ = 𝑘1,𝑥 𝑙 ( )
𝑛1

On obtient ensuite immédiatement le coefficient de transmission de 𝐸⃗ en remarquant que :


𝐸𝑡 1 𝐵𝑡
=
𝐸1 𝛼′ 𝐵1

31
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ACOUSTIQUE

I PRODUCTION D’ONDES ACOUSTIOUES

I.1 Avec un diapason


[1], [2], [3], [4], [5], [6]

I.1.1 Etude spectrale


On peut étudier le spectre du son produit par un
diapason sans sa caisse de résonance à l’aide d’un micro sensible relié à un oscilloscope numérique.
On peut tenir le diapason à la main ou le fixer sur un pied via sa queue pour plus de commodité :

Micro
Branches MDT 457
B
Talon Oscilloscope
Queue numérique

On observe la fréquence fondamentale du diapason (440 Hz ici) et une deuxième qui s’amortit plus
vite en général. Ces deux fréquences ne sont pas dans un rapport exactement entier (2760/440 =
6,27) et leur importance relative dépend de l’endroit où l’on frappe le diapason.

Explication :
Un diapason possède plusieurs modes de vibration (cf. [4]). La figure suivante
représente ceux dans le plan de ses branches.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les modes où les deux branches vibrent de manière symétrique conduisent à des mouvements ou le
talon et la queue ne bougent pratiquement pas (premier, troisième et sixième cas sur la figure). Ces
modes, dits équilibrés, sont compatibles avec l’expérience puisqu’on impose un point fixe à la
queue du diapason. Le talon étant quasi immobile, le mouvement de chaque branche correspond
pratiquement à celui d’une verge encastrée à une de ses extrémités et libre à l’autre. 0n peut montrer
(cf. [1], § 458 et suivants ou [3]) que l’équation du mouvement est du type :

𝜕 4 𝑦 𝜌𝑆 𝜕 2 𝑦
− =0
𝜕𝑥 4 𝐸𝐼 𝜕𝑡 2

Où ρ est la masse volumique du matériau, E son module d’Young, S la section de la tige, et I le


moment quadratique de la section par rapport à l’axe de flexion. Cette équation ressemble à
l’équation de d’Alembert utilisée pour les cordes vibrantes sauf que la dérivée partielle spatiale
intervient à l’ordre 4 ici. La recherche des modes propres compte tenu des conditions aux limites est
donc différente et aboutit à une relation plus compliquée entre les fréquences successives :

𝑓2 𝑓3
≈ 6,26 ≈ 17,6
𝑓1 𝑓1

Les fréquences observées expérimentalement correspondent donc aux deux premiers modes
équilibrés dans le plan du diapason. On peut noter qu’il est possible d’atténuer l’importance du
partiel d’ordre deux en frappant le diapason à l’endroit où il y a un nœud de vibration pour ce mode.

I.1.2 Intensité et profil d’émission


Une simple écoute suffit pour constater la
faible efficacité sonore du diapason lorsqu’il n’est pas couplé à sa caisse de résonance. Ceci est lié
au fait que chaque branche produit deux ondes en opposition de phase1 qui interfèrent2. On peut
étudier qualitativement le profil d’émission du diapason lorsqu’on le tourne autour de l’axe de sa
queue :

(a) (b)

Axe d’écoute
Observateur

Le profil évolue avec la distance. Quand le diapason est éloigné (à bout de bras par exemple), le son
est maximum lorsque les deux branches sont alignées sur l’axe d’écoute (cas a) et minimum
lorsqu’elles sont dans un plan perpendiculaire à cet axe (cas b). Si le diapason est près de l’oreille, il
y a toujours un maximum dans le cas (a) mais il y en a aussi un, un peu moins fort, dans la
configuration (b) et des minimums sont observés lorsque les branches du diapason sont dans des
plans proches de +/- 45 ° par rapport à l’axe d’écoute.

Explication :
La longueur d’onde dans l’air du mode fondamental du diapason à 440 Hz vaut
environ 77 cm. Cette valeur est relativement importante comparée à ses dimensions donc chaque
branche peut être considérée en première approximation comme la réunion de deux sources

1
Si le mouvement engendre une compression d’un côté de la branche, il engendre une dépression de l’autre côté.
2
Le problème est le même avec un haut-parleur nu. Il produit une intensité faible à cause des interférences entre l’onde
avant et l’onde arrière. Le son est nettement plus fort quand on le fixe sur une enceinte car elle supprime l’onde arrière.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ponctuelles très proches et en opposition de phase (dipôle acoustique). Les deux branches vibrant de
manière symétrique (elles se rapprochent ou s’éloignent l’une de l’autre de manière synchrone), on
peut assimiler l’ensemble au quadripôle aligné suivant :
y

r
θ
S1 S2 S3 S4
x
O
+ - - +
La modélisation d’un tel système donne les diagrammes de rayonnement normalisés suivants :

Celui de gauche représente le diagramme du quadripôle à 5 cm de distance (kr = 2πr/λ ≈ 0,4 < 1 ;
début de champ proche). Celui du milieu à 1 m (kr ≈ 8 > 1) et celui de droite à très grande distance
(kr ≫1 ; champ lointain). Le premier est cohérent avec l’expérience où on met le diapason près de
son oreille3. Le deuxième correspond à une distance d’écoute proche de celle du bras tendu. Il est
lui aussi en accord avec l’expérience puisqu’il y a un affaiblissement notable de la pression
acoustique dans le plan perpendiculaire à l’axe du quadripôle (presque 20 dB).

L’évolution du profil d’émission avec la distance est liée à l’importance respective des amplitudes
et des phases à l’endroit où s’ajoutent les vibrations. La différence de position entre les sources
n’est pas négligeable en champ proche donc le critère prépondérant dans ce cas est la proximité car
l’amplitude d’une onde sphérique évolue en 1/r → les sources S1 et S4 (celles produites par les faces
extérieures des branches du diapason) sont prédominantes dans le cas d’écoute (a) puisque ce sont
les plus proches, d’où les maximas observés pour θ = 0° (S4 la plus forte) et 180° (S1 la plus forte).
Les sources S2 et S3 (faces internes des branches) sont les plus proches du plan Oyz, donc elles
dominent et conduisent à des maximas puisqu’elles sont en phase et symétrique par rapport à ce
plan. Les écarts de position entre sources deviennent négligeables en champ lointain et c’est leur
différence de phase qui l’emporte alors car les amplitudes sont ≈ identiques (1/r ≈ ct) → le son
devient très faible4 puisqu’à l’effet géométrique de décroissance en 1/r s’ajoute des interférences
destructives entre un nombre égal de sources positives et négatives. L’annulation est totale dans le
plan Oyz en champ lointain puisqu’il est plan de symétrie pour les sources. On conserve des
maximas très faibles en θ = 0 et 180° à cause des résidus de différence de position entre les sources.

I.1.3 Couplage à une caisse de résonance


Le diapason seul est une source
sonore peu efficace mais on peut améliorer les choses grâce à sa queue car elle n’est pas tout à fait

3
On peut remarquer que les plans des minimas ne sont pas exactement à +- 45 ° mais plus proches de 55 °.
4
Ça n’apparait pas sur les diagrammes puisqu’ils sont normalisés en amplitude.

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

immobile dans le mode fondamental de vibration. Il y règne une petite onde longitudinale qu’on
peut facilement mettre en évidence en appliquant la queue sur une surface rigide comme une table.
On sent immédiatement une vibration se communiquer à la surface et celle-ci engendre alors un son
beaucoup plus fort :

La figure de gauche montre une simulation du rayonnement de la pression acoustique en dB pour un


diapason à 440 Hz seul. Celle de droite représente le rayonnement du même diapason posé au
milieu d’une plaque carrée de 2 cm d’épaisseur et d’un mètre de côté. La différence est
spectaculaire. La plaque est un meilleur émetteur sonore car c’est une source plus grande donc elle
met en mouvement l’air de manière plus efficace.

Remarques :
Le son produit peut avoir une fréquence double quand on fait cette expérience mais
ce n’est pas toujours le cas car cela dépend de la force de l’impact, la manière d’appliquer la queue
sur la table, la forme du diapason et sa fréquence5. Cet effet non linéaire peut s’expliquer par un très
léger déplacement du centre de gravité des branches lorsqu’elles oscillent. Il a tendance à baisser
quand elles s’écartent de leur position d’équilibre (cas A et C) alors qu’il monte quand elles y
reviennent (cas B et D). Ces déplacements sont compensés par celui de la queue ce qui explique
qu’elle puisse avoir un mouvement d’oscillation vertical à la fréquence double (deux montées et
deux descentes par période).

Le son perçu est plus fort avec la plaque mais elle n’a pas de rôle amplificateur.
L’énergie devant se conserver, l’augmentation de l’intensité s’accompagne forcément d’une
disparition plus rapide des vibrations dans le diapason.

Utilisation d’une caisse de résonance :


Il suffit de coupler un diapason à sa caisse de résonance
pour voir l’intérêt d’une telle opération. L’excitation de la caisse par les mouvements très faibles de

5
Le phénomène est plus fréquent avec les diapasons de grande taille, donc de basse fréquence.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

la queue génère un son beaucoup plus fort (au prix d’un régime transitoire plus court).

≈ λ/4
Les dimensions latérales de la caisse sont suffisamment petites par rapport à la longueur d’onde
pour considérer uniquement la propagation d’ondes planes suivant la plus grande dimension. Si on
mesure la profondeur de la caisse, on s’aperçoit qu’elle est proche du quart de la longueur d’onde de
la fréquence à laquelle elle est destinée. Ces dimensions permettent donc l’établissement d’une onde
stationnaire dans l’air qu’elle contient compte tenu des conditions aux limites aux deux extrémités
puisqu’on a un nœud de déplacement à l’extrémité fermée et un ventre de déplacement si on
considère qu’on a un nœud de pression du côté ouvert de la caisse (extrémité à l’air libre, donc à la
pression atmosphérique). Ce modèle n’est qu’approché dans la réalité car il n’y a pas tout à fait un
nœud de pression sur l’ouverture (c'est d’ailleurs parce que la pression y est variable qu'elle peut
agir sur l'air extérieur pour donner naissance à une onde sonore nettement audible puisqu’il n’y a
pas d’interférences avec d’autres sources). Il faut donc tenir compte d'une correction à l'extrémité
(petite longueur a supplémentaire) pour le calcul de la fréquence (cf. [1], p. 610 ou [2], p. 245),
comme si le ventre de déplacement n'apparaissait pas exactement à l'ouverture de la caisse mais
légèrement en dehors. On peut vérifier sur différentes caisses de diapason que cette correction, dite
des organistes, est de l’ordre du dixième de la longueur intérieure de la caisse. On peut aussi mettre
un diapason sur une caisse qui n’est prévu pour sa fréquence. Il y aura toujours un bénéfice par
rapport au diapason seul, mais pas aussi important qu’avec une caisse adaptée.

Influence sur le spectre :


On peut refaire l’étude spectrale du § I.1.1 avec le diapason fixé sur sa
caisse. Il est plus difficile cette fois-ci d’observer le partiel d’ordre 2 à 6,26×f1 puisque la longueur
de la caisse n’est pas adaptée à cette fréquence (N non entier).

I.2 Production des ultrasons


[6], n° 649

On ne propose pas l’étude d’un haut-parleur dans le domaine audible car l’écoute est pénible à la
longue et les expériences sont très sensible aux bruits parasites environnants. Il n’y a pas ce
problème avec les ultrasons et les mesures sont plus simples car les longueurs d’ondes sont plus
courtes. Les transducteurs US les plus courants en enseignement ont la structure suivante :

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Les ultrasons sont produits par un résonateur piézoélectrique constitué d'un disque en céramique
diélectrique collé sur une plaque métallique avec deux faces métallisées faisant office d’électrodes.
Ce corps est fixé élastiquement sur une base en plastique et logé dans un étui. L’application d’une
tension continue entre les électrodes provoque une déformation radiale de l’élément piézoélectrique
qui entraine une flexion de l’ensemble comme indiqué sur les cas (a) et (b)6. Une tension alternative
créée des oscillations mécaniques notables si on travaille à la fréquence de résonance propre de la
plaque piézo. Un petit cône collé au centre de la face supérieure du disque métallique convertit les
vibrations de flexion en un champ acoustique ultrasonore directif dans l'air. La conversion
électrique - mécanique de ces transducteurs est réversible, ce qui permet de les utiliser comme
émetteur ou récepteur d'ultrasons7.

I.2.1 Diagramme d'émission

Récepteur
→ vers oscilloscope

Émetteur

On utilise un matériel adapté de marque JEULIN (maquette « évoluson 2 »). Il faut soigner la
position de l’émetteur pour qu’il soit bien au centre de courbure des canaux dans lesquels on
déplace le récepteur. On doit aussi vérifier qu’aucun obstacle environnant ne produise des
réflexions qui pourraient perturber les mesures. Il suffit ensuite de régler la fréquence d’émission
autour de 40 kHz pour récupérer un maximum de signal aux bornes du récepteur (on peut en tester
plusieurs et choisir celui qui donne le signal le plus fort). On note ensuite l'évolution du signal V en
fonction de l'angle  entre la source et le récepteur puis on trace le diagramme de rayonnement
normalisé V/V0 = f(θ) :

6
Les positions de la plaque métallique et la pastille piézo sont inversées par rapport au schéma de gauche.
7
Certains dispositifs d’enseignements différencient les émetteurs des récepteurs car il y a une résistance en parallèle sur
les bornes de sortie du boitier récepteur pour filtrer le signal détecté.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le diagramme de rayonnement obtenu n’est pas tout à fait symétrique. Les mesures pour un angle
donné dans la partie basse du diagramme sont systématiquement plus fortes que celles dans la partie
haute et le maximum n’est pas à 0 ° mais à – 5 °. Ce problème est dû à un défaut d’orientation de
l’émetteur par rapport à l’axe de son socle qui n’était pas corrigeable (problème de construction).
Hormis ce souci, on constate que le rayonnement est assez directif. On peut caractériser cette
directivité en cherchant les angles pour lesquels le niveau a chuté de – 3 dB, soit V/V0 = 1/√2. On
trouve 15,4 ° d’un côté et 22,2 ° de l’autre, d’où un cône d’émission de 37,6 °. On peut essayer de
comparer ce résultat à une valeur attendue mais c’est délicat car l’émission de l’onde acoustique se
fait via un cône enfermé dans une capsule recouverte d’une sorte de grille. Le plus simple qu’on
puisse envisager est une comparaison avec le diagramme d’émission d’un piston plat circulaire de
rayon a encastré dans un plan infini parfaitement rigide. On peut montrer (cf. [7], § 2.7.6) que
l’angle de rayonnement à demi puissance en champ lointain (r ≫ a et a2/λ) et quand ka > 2 d’un tel
système vaut :

𝜆
𝛥𝜃− 3 𝑑𝐵 (°) ≈ 29,5
𝑎

Le diamètre en sortie de l’émetteur US vaut ≈ 1,3 cm donc si on l’assimile à celui du piston


équivalent, on a a ≈ 6,5 mm. La fréquence des ultrasons est proche de 40 kHz donc λ ≈ 8,5 mm à
20 °C. La distance à laquelle on a fait les mesures étant de l’ordre de 30 cm, les conditions de
champ lointain sont respectées et on a aussi ka ≈ 5 > 2. On remplit les conditions de la formule et
le calcul de l’angle d’émission donne Δθ- 3B ≈ 38,6 °. Ce modèle simple donne donc un résultat
cohérent avec l’expérience.

I.2.2 Influence de la distance


Les conditions de champ lointain ne sont pas
très contraignantes avec les émetteurs US d’enseignements car on les respecte dans l’air dès qu’on
dépasse la dizaine de centimètre. On peut montrer que l’amplitude de la pression le long de l’axe θ
= 0 évolue alors comme celui d’une onde sphérique, à savoir en 1/𝑟. On peut le vérifier
expérimentalement mais il faut prendre certaines précautions.

Manipulation :
D

La principale difficulté est de s’affranchir d’éventuelles réflexions parasites car il peut y en avoir
sur la table quand la distance D devient importante étant donné le profil d’émission de la source (le
niveau détecté peut alors remonter). On a donc intérêt à surélever l’émetteur et le récepteur, et
éloigner toute autre source de réflexion parasite le long du trajet (dont soi-même). On peut aussi
poser un matériau absorbant sur la paillasse le long du trajet si ce n’est pas suffisant. Voici ci-
dessous le résultat d’une série de mesure obtenue de cette façon pour des distances comprises entre
10 et 70 cm (la courbe représente le signal détecté en fonction de l’inverse de la distance). On
constate que la dépendance en 1/𝑟 du signal détecté aux bornes du récepteur est relativement bien
vérifiée :

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II PROPAGATION DES ONDES ACOUSTIQUES

II.1 Mesure de la vitesse du son dans l'air libre


La vitesse dépend de la
température à laquelle on effectue la mesure (cf. [8], p. 193-194 ou consulter un Handbook pour des
données). On propose plusieurs méthodes basées sur différents principes. On peut utiliser des ondes
sonores (HP + micro) ou ultrasonores, la deuxième solution étant plus simple à mettre en œuvre
(mesures non perturbées par l’environnement).

II.1.1 Par temps de vol

M
Récepteur A Récepteur B
X
Y
Émetteur US D

On utilise le matériel Jeulin adapté (émetteur, récepteur et rail Moduson). On alimente l'émetteur
avec des salves, on écarte les deux récepteurs d’une distance D et on visualise les signaux X et Y
sur un oscilloscope numérique. La mesure du décalage temporel Δt est plus précise si on choisit un
point de repère anguleux du signal de salve (point M) et il vaut mieux prendre une distance D assez
grande pour optimiser le résultat sur la vitesse 𝑣 = 𝐷/𝛥𝑡.

II.1.2 Par déphasage


On exploite cette fois-ci la relation 𝑣 = 𝜆. 𝑓. On
reprend le dispositif précédent mais on alimente l’émetteur avec un signal sinusoïdal de 40 kHz
(signal X). On ne garde qu’un seul récepteur et on ajuste finement la fréquence d’émission pour
avoir un signal reçu maximum (signal Y). On déplace le récepteur jusqu’à trouver une concordance
de phase avec l’émetteur (position d’origine). On déplace de nouveau le récepteur et on mesure la
distance d correspondant à la répétition de n coïncidences de phase. On en déduit 𝜆 = 𝑑/𝑛 puis 𝑣
connaissant 𝑓. On conseille d’observer les signaux en mode XY pour repérer précisément les mises
en phase initiale et finale.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.1.3 Par interférences


[1], tome I, p. 352
HP
Trombone de Koenig Leybold

Micro Oscilloscope
457 B

L’onde est cette fois-ci guidée dans un tuyau mais une fréquence pas trop grande permet une
propagation uniquement dans le mode fondamental du tube, donc à la vitesse du son dans l’air libre.
La principale difficulté de la manipulation réside dans le repérage précis des minimum d'intensité
qui peut être perturbée par la présence de bruits extérieurs parasites (on peut moyenner le signal
reçu sur l’oscilloscope). Le signal passe par des maximums et des minimums quand on déplace la
branche mobile du trombone. Un déplacement d du bras coulissant entraine un chemin
supplémentaire à parcourir deux fois plus long pour l’onde. On a donc une différence de marche 𝛿
entre deux maximums ou deux minimums égale à :

𝛿 = 2𝑑 = 𝜆

Il vaut mieux repérer plusieurs minimums si c'est possible pour augmenter la précision des mesures.
On en déduit 𝜆 puis 𝑣 = 𝜆. 𝑓. Voici à titre indicatif une série de mesures effectuées à 23 °C :

f (Hz) 1018 1523 2090 2522 3004


mesuré (cm) 34,2 22,85 16,75 13,68 11,61
c (m.s-1) 348 348 350 345 349
On peut comparer ces résultats à la valeur donnée dans un Handbook

II.1.4 A l’aide d’ondes stationnaires (tube de Kundt)


[1], tome I, p. 225 et 357

Micro
P d
Excitation 457 B

L Fréquencemètre

On excite une tige fixée en son milieu à l’aide d’un chiffon ou d’un morceau de papier essuie tout
imbibé d’alcool. La colonne d’air dans le tube entre en vibration. Les réflexions multiples aux
extrémités créent un système d’ondes stationnaires que l’on renforce en adaptant la longueur du
tube via le piston P pour obtenir la résonance. La poudre de liège s’accumule là où il y a un nœud
de pression (maximum de déplacement). L’espacement des tas permet d’en déduire la longueur
d’onde dans l’air (𝑑 = 𝜆/2). On mesure la fréquence du son émis à l’aide d’un fréquencemètre ou
d’un oscilloscope et on en déduit la vitesse du son dans l’air par la relation 𝑣 = 𝜆. 𝑓.

II.2 Mesure de la vitesse d’une onde acoustique dans un solide


La manipulation
précédente permet aussi la détermination de la vitesse de l’onde dans la tige de laiton. Celle-ci est
en effet excitée de façon longitudinale avec un nœud de vibration en son centre (point de fixation)

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

et des ventres aux extrémités (libres). Dans ces conditions, elle donne un son fondamental dont la
longueur d’onde correspond à 𝜆 = 2𝐿 avec 𝐿 la longueur de la tige. On peut donc en déduite 𝜆
connaissant 𝐿, puis la vitesse via 𝑣 = 𝜆. 𝑓 et comparer le résultat à la vitesse donnée dans un
Handbook pour une onde se propageant dans une tige cylindrique de diamètre nettement plus petit
que la longueur d’onde (chercher à « Velocity of sound » ou « Sound velocity » suivant le
Handbook).

Remarque :
On peut aussi faire cette manipulation avec une tige métallique fixée sur un pied à
l’aide d’une noix (cf. figure ci-après ; le point de fixation doit être fort et situé au milieu de la tige).
Le plus dur est de réussir à exciter la barre (il faut un peu d’entrainement). Le chiffon ou le bout de
papier doit être bien imbibé d’alcool et il ne faut pas hésiter à en remettre fréquemment. On le passe
en partant du point de fixation tout en serrant modérément la tige (la main ne doit pas empêcher la
vibration). On répète ce mouvement plusieurs fois assez rapidement pour produire et entretenir une
vibration assez forte. On enregistre le signal sonore émis par la barre sur un oscilloscope numérique
avec un micro assez sensible (micro MDT 457 B par exemple) pour mesurer la fréquence.
L’enregistrement du signal peut se faire en mode monocoup (SINGLE) ou, plus simplement, en
mode défilement (ROLL). Il suffit alors de stopper l’acquisition et zoomer sur l’enregistrement pour
observer le signal.

II.3 Propagation guidée des ultrasons


Se reporter au montage sur les ondes.

III APPLICATIONS

III.1 Principe du télémètre acoustique


Se reporter au montage sur les mesures de
longueurs.

III.2 Mesure de vitesse par effet Doppler


Se reporter au montage sur les mesures de
fréquences temporelles.

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Bibliographie :
[1] : Bruhat : Mécanique, sixième édition
[2] : Fleury et Mathieu : Vibrations mécaniques, Acoustique
[3] : Barchiesi : Comprendre la physique en expérimentant
[4] : Illustrations des modes de vibration d’un diapason (simulation)
https://www.youtube.com/watch?v=m7xUtR2qevA
https://www.acs.psu.edu/drussell/Demos/TuningFork/fork-modes.html
[5] : Daniel A. Russell : On the sound field radiated by a tuning fork (document pdf
disponible sur internet)
[6] : https://www.comsol.com/blogs/finding-answers-to-the-tuning-fork-mystery-
with-simulation/
[7] : Rossi : Electro-acoustique

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

RESONANCE

I INTRODUCTION
La résonance est un phénomène se produisant lorsqu'un système oscillant
est excité en régime permanent par un signal périodique dont la fréquence est égale à une fréquence
propre du système. L'énergie absorbée par le système est alors maximale et il répond à l’excitation
de manière privilégiée. Les fréquences propres peuvent être en nombre fini (systèmes à nombre fini
de degrés de liberté) ou en nombre infini (suite dénombrable en général) dans le cas des systèmes
avec propagation. On peut commencer par étudier la résonance d'un système à un degré de liberté.
On peut aussi s’intéresser à un système à plusieurs degrés de liberté (oscillateurs couplés à deux
degré de liberté par exemple), aux phénomènes de résonance pouvant apparaitre avec des ondes ou
à la résonance paramétrique. Le sujet est donc vaste et il faut faire des choix.

II MISE EN EVIDENCE DU PHENOMENE


Une expérience simple avec des diapasons permet
d’introduire rapidement les points importants du phénomène de résonance (notion de fréquence
propre, influence de la fréquence d’excitation sur la réponse du système.

Réponse d’un diapason à une percussion :


microphone
MDT 457 B

Synchronie
ou Latis pro diapason
440 Hz

Il faut une fréquence d’échantillonnage suffisamment grande pour décrire correctement une période
et prendre assez de points pour en observer plusieurs → on peut utiliser Téch = 20 µs et N = 1 000
points par exemple. On excite le diapason en le frappant avec un marteau et on observe le signal
obtenu : le système répond de manière harmonique à une fréquence bien précise, sa fréquence
propre, qu’on peut obtenir avec les mesures automatiques du logiciel.

Excitation du diapason à différentes fréquences :


On peut l’exciter en utilisant d’autres diapasons
ou un Haut-Parleur relié à un GBF.

diapasons de différentes diapason 440 Hz


fréquences (excitateur) (excité)

Dans le premier cas, on place les diapasons en vis-à-vis, on frappe l’excitateur à l’aide d’un
marteau, on l’arrête à la main et on écoute la réponse du diapason de 440 Hz. On répète cette
expérience avec plusieurs excitateurs (256, 320, 440 Hz) pour voir les différences. On ne doit
entendre pratiquement aucun bruit provenant du diapason excité, sauf lorsque l’excitateur est un
440 Hz → La réponse du diapason excité est très faible sauf lorsque la fréquence excitatrice

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

correspond à sa fréquence propre. Ce phénomène correspond à la résonance. On peut introduire


qualitativement la notion d’acuité de la résonance en désaccordant l’excitateur à l’aide d’une
masselotte prévue à cet effet. Un désaccord léger suffit pour faire atténuer fortement la réponse,
signe d’une résonance aigue.

III OSCILLATEUR SINUSOIDAL AMORTI ET LINEAIRE EN REGIME SINUSOIDAL


FORCE
Un système peut être soumis à différentes actions. La réponse à une excitation
sinusoïdale est particulièrement importante pour les systèmes à réponse linéaire puisqu’ils obéissent
au principe de superposition → comme toute excitation peut se décomposer en série de Fourier
(série discrète si l'excitation est périodique, continue dans le cas contraire), la réponse de ces
systèmes à une excitation quelconque est la somme des réponses aux fréquences qui la compose.

III.1 Préliminaires
On rappelle les principaux résultats sur l'étude des oscillateurs
sinusoïdaux amortis à un degré de liberté en régime sinusoïdal forcé. L'équation d'un tel oscillateur
est de la forme :
𝑥̈ + 2𝜆𝑥̇ + 𝜔02 𝑥 = 𝐴𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡

La solution générale de cette équation est de la forme 𝑥(𝑡) = 𝑥𝑡𝑟𝑎𝑛𝑠𝑖𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 (𝑡) + 𝑥𝑝𝑒𝑟𝑚𝑎𝑛𝑒𝑛𝑡 (𝑡). Au
bout d'un temps suffisamment long devant la constante de temps du système, la seule solution non
nulle est celle correspondant au 2nd membre 𝑥𝑝𝑒𝑟𝑚𝑎𝑛𝑒𝑛𝑡 (𝑡) = acos⁡(𝜔𝑡 + 𝜑𝑎 ). Dans tout ce qui suit,
le régime transitoire est supposé terminé (il faut s'en assurer dans la pratique, surtout pour les
oscillateurs mécaniques faiblement amortis).

III.1.1 Réponse en amplitude


La solution du régime permanent s'obtient en
utilisant la représentation complexe. On met l'excitation sous la forme 𝐴𝑒 𝑗𝜔𝑡 et on recherche une
solution du type 𝑥 = 𝑎. 𝑒 𝑗𝜔𝑡 avec⁡𝑎 = |𝑎|𝑒 𝑗𝜑𝑎 . La réponse en amplitude est alors :

𝐴/𝜔02 𝜔 𝜔0
𝑎= ⁡⁡⁡⁡𝑎𝑣𝑒𝑐⁡𝑙𝑎⁡𝑝𝑢𝑙𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛⁡𝑟é𝑑𝑢𝑖𝑡𝑒⁡⁡⁡⁡ 𝑢 = ⁡⁡⁡⁡𝑒𝑡⁡⁡⁡⁡⁡ 𝑄 = ⁡⁡𝑙𝑒⁡𝑓𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟⁡𝑑𝑒⁡𝑞𝑢𝑎𝑙𝑖𝑡é
𝑗𝑢 𝜔0 2𝜆
(1 − 𝑢2 ) +
𝑄

D’où un module et un déphasage de l'amplitude par rapport à l'excitation :

𝐴/𝜔02 𝑢
|𝑎| = ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝜑𝑎 = −𝑎𝑟𝑐𝑡𝑔 ( )
2 2 𝑢 2 𝑄(1 − 𝑢2 )
√(1 − 𝑢 ) + ( )
𝑄

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L'étude de cette fonction montre qu'elle passe par un maximum pour 𝑢 = √1 − 1/2𝑄 2 si 𝑄 >
1/√2. On a alors résonance en amplitude. L'amplitude est en phase avec l'excitation lorsque⁡𝜔 ≪
𝜔𝑟𝑎 , en opposition de phase lorsque 𝜔 ≫ 𝜔𝑟𝑎 et en quadrature à la résonance. Lorsque le système a
un facteur de qualité élevé (𝑄 ≫ 1 ⟷ oscillateur faiblement amorti), on a u  1 soit 𝜔 ≈ 𝜔0 et
l'amplitude vaut alors⁡𝑎𝑚𝑎𝑥 ≈ 𝐴𝑄/𝜔02 .

III.1.2 Réponse en vitesse


Si on s'intéresse à 𝑥̇ , on a la réponse suivante :

𝐴/𝜔0 𝐴/𝜔0 1 − 𝑢2
𝑏 = 𝑗𝜔𝑎 = ⁡⁡⁡𝑎𝑣𝑒𝑐⁡⁡⁡|𝑏| = ⁡⁡⁡⁡𝑒𝑡⁡𝜑𝑏 = 𝑎𝑟𝑐𝑡𝑔 (𝑄 )⁡
1 1 𝑢
+ 𝑗 (𝑢 − 𝑢)
2
𝑄 √ 12 + (𝑢 − 1)
𝑄 𝑢

La résonance en vitesse a lieu pour⁡𝒖 = 𝟏, soit 𝝎 = 𝝎𝟎 et ce quel que soit 𝑸 (𝑏𝑚𝑎𝑥 = 𝐴𝑄/𝜔0 )..
Les fréquences correspondant à une amplitude 𝑏 = 𝑏𝑚 /√2 vérifient la relation⁡𝜔0 /(𝜔2 − 𝜔1 ) = 𝑄.
Enfin, le déphasage de la vitesse par rapport à l'excitation vaut⁡𝜑𝑏 = 𝜑𝑎 + 𝜋/2.

III.1.3 Puissance moyenne transférée à l'oscillateur


La puissance transférée
par l'excitateur à l'oscillateur a pour expression 𝑃 = 𝐹. 𝑣 = 𝐴𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 × |𝑏|cos⁡(𝜔𝑡 + 𝜑𝑏 ) ; la
puissance moyenne vaut par conséquent :

1 1 𝐴2 /𝜔0
〈𝑃〉 = 𝐴|𝑏|𝑐𝑜𝑠𝜑𝑏 = 𝑐𝑜𝑠𝜑𝑏
2 2 2
√ 12 + (𝑢 − 1)
𝑄 𝑢

Elle est nulle pour les pulsations extrêmes et passe par un maximum pour 𝜔 = 𝜔0 :

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.1.4 Analyse des résultats


Il y a une différence notable entre les réponses
en vitesse et en amplitude. La première passe toujours par un maximum, et ce quel que soit
l'amortissement. De plus, ce maximum a toujours lieu lorsque la pulsation excitatrice  correspond
à la pulsation propre 0 du système, donc à un moment où la puissance moyenne transférée à
l’oscillateur est maximum. La réponse en amplitude quant à elle ne passe pas toujours par un
maximum (il faut avoir⁡𝑄 > 1/√2), et lorsqu’il y en a un et que 𝑄 n’est pas infini, il se produit à
𝜔𝑟𝑎 ≠ 𝜔0, donc à une pulsation ou la puissance transférée n’est pas maximum. La définition de la
résonance donnée en introduction1 ne s'applique donc en toute rigueur qu’à la réponse en vitesse.
On ne peut cependant pas ignorer complètement le comportement en amplitude, surtout en
mécanique ou c’est la réponse la plus facilement observable. Il faut aussi remarquer que le
maximum des réponses en amplitude et en vitesse a lieu ≈ à la même fréquence lorsque 𝑄 est élevé.

III.2 Système électrique : circuit RLC série


L’équation électrique de ce circuit est :

𝑑𝑖 1 1
𝐿 + 𝑅𝑖 + ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 = 𝐿𝑞̈ + 𝑅𝑞̇ + 𝑞 = 𝑈𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
𝑑𝑡 𝐶 𝐶

Elle est formellement identique à l’équation générale du § précédent avec les coefficients
caractéristiques :

1 𝑅 𝐿𝜔0 1
𝜔02 = ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝜆 = ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑄 = =
𝐿𝐶 2𝐿 𝑅 𝑅𝐶𝜔0

La charge q est équivalente à l'amplitude donc la réponse en amplitude s’observe aux bornes du
condensateur (𝑎 ≡ 𝐶𝑈𝐶 ).

L'intensité i est équivalente à la vitesse donc la réponse en vitesse s’observe aux bornes de la
résistance (𝑏 ≡ 𝑈𝑅 /𝑅).

III.2.1 Réponse en amplitude

Montage :
Amplificateur de puissance
type Généboost
L, r R
C : 220 nF Y
L : 0,1 H 32  AOIP
R : boite à décades SWEEP GBF C
X OUT

On peut prendre d'autres valeurs pour L et C. Celles qu’on propose donnent une fréquence de
résonance d'environ 1000 Hz correspondant généralement à une des fréquences de mesure des RLC
mètre les plus courants. On intercale un amplificateur de puissance entre le GBF et le circuit pour
pouvoir étudier la réponse du circuit lorsqu’il est faiblement amorti (R faible).

1
C’est la définition d’usage en physique moderne où l'on privilégie le transfert maximal d'énergie moyenne entre
l'excitateur et l'oscillateur pour définir la résonance.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Réalisation d’une wobbulation :


La plupart des GBF disposent d’une fonction wobbulation2. Elle
permet de sortir un signal d’amplitude constante mais de fréquence variable3, accompagné sur une
autre voie4 d’un signal proportionnel à la fréquence instantanée. On peut alors visualiser
directement une image de la fonction de transfert d’un circuit sur un oscilloscope numérique. Il
suffit d’envoyer la réponse du circuit en voie Y, le signal proportionnel à la fréquence en voie X, et
de mettre l’oscilloscope en mode XY avec un affichage persistant. Ce procédé demande un certain
savoir-faire (consulter la notice du GBF pour l’utilisation de la wobbulation) mais il permet
d’observer très rapidement le comportement du circuit lorsqu’on change un paramètre.

Rôle de l’amplificateur :
On peut commencer par faire une wobbulation lente entre ≈ 100 et 2000
Hz avec R = 40  pour le circuit d’étude en utilisant un signal d’entrée de 2 VPk-Pk maximum
pour éviter tout risque de destruction de la boite à décade 5 ! On observe alors un phénomène de
résonance en amplitude assez marqué. On peut vérifier que le signal qui alimente le circuit (celui
qui sort de l’amplificateur de puissance) reste constant en amplitude6 en l’envoyant sur la voie Y de
l’oscilloscope. On peut faire le même type d’observation en alimentant directement le circuit avec
le GBF pour comprendre le rôle de l’amplificateur : on s’aperçoit alors que le signal du GBF
« s’écroule » lorsqu’on passe sur la fréquence de résonance7.

Influence du coefficient de qualité Q :


On remet le signal aux bornes du condensateur sur la voie
Y de l’oscilloscope et on observe la courbe de réponse du circuit pour différentes valeurs de Q
réglée par R :
- R = 40  (Q  10) : on observe une résonance assez aiguë. On peut repérer la
position du pic de résonance sur l'écran.

- R = 500  (Q  1,3) : la résonance est plus « plate » et le pic de la résonance


s'est légèrement déplacé vers les basses fréquences.

- R = 1000  (Q ≈ 0,65 1/2) : l'amplitude ne passe plus par un maximum cette


fois ci. On peut éventuellement rechercher la valeur de R correspondant à la disparition du
maximum (détermination délicate) et comparer à la valeur théorique sans oublier de tenir compte
de la résistance de la bobine dans le calcul de Q.

On peut arrêter la wobbulation et rechercher manuellement la fréquence de résonance pour R = 40


et 500  et comparer le résultat à la fréquence propre du circuit. On peut aussi regarder le
déphasage entre l'excitation et la tension UC à la résonance ; il doit être proche de - /2 pour R = 40
Ω (UC en retard par rapport à U) et inférieure à cette valeur pour R = 500 Ω.

2
Notée SWEEP en anglais.
3
Il vaut mieux utiliser un GBF analogique car les GBF numériques donnent une wobbulation discrétisée.
4
Souvent notée SWEEP OUT.
5
L’impédance du circuit passe par un minium qui vaut R + r à la résonance. Le courant maximum vaut alors U max/(R+r)
= 1V/(72 Ω) = 14 mA avec les valeurs proposées, une intensité qui est sans risque pour la boite à décade.
6
Cette condition est nécessaire pour affirmer que le signal aux bornes du condensateur est une image de la fonction de
transfert du circuit.
7
Les GBF ont une impédance de sortie de 50 Ω en général → Le circuit RLC faiblement amorti a une impédance trop
faible à la résonance (72 Ω ici) pour qu’on puisse considérer le générateur comme une source idéale de tension
(impédance de sortie négligeable) → le GBF seul est incapable d’alimenter correctement le montage lorsqu’on est à la
résonance.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.2.2 Réponse en intensité


Il suffit de faire la permutation suivante :
Amplificateur de puissance
type Généboost C
L, r
Y

SWEEP GBF
X R
OUT

On reprend l’expérience précédente en resserrant la wobbulation. Cette fois-ci, la résonance a


toujours lieu à la fréquence propre ω0, même lorsque l’amortissement est important (R = 1000 
par exemple). On peut arrêter la wobbulation et remplacer le GBF par un GBF numérique pour
rechercher manuellement la résonance. L’observation à l’oscilloscope du déphasage entre UR et U
permet de vérifier qu’il est nul (conclure quant au transfert de puissance). On peut se servir de cette
propriété pour mesurer précisément la fréquence de résonance pour R = 50 Ω, et comparer le
résultat obtenu à la fréquence propre du circuit.

III.2.3 Mesure du facteur de qualité


C’est une mesure importante car le facteur
de qualité quantifie l’acuité de la résonance, donc il en est une caractéristique. Mesurer précisément
𝑄 n’est pas si facile. On trouve souvent des différences notables avec le résultat attendu. Il faut
manipuler soigneusement, ce qui prend du temps. On conseille donc de ne faire qu’une mesure.

Manipulation :
On doit évidemment faire la mesure sur la réponse en intensité. On conseille une
valeur intermédiaire pour 𝑄 ( 5). On se place à la résonance par la méthode de Lissajous. On
mesure alors 𝑈𝑅 avec un multimètre précis. Si l’appareil permet les mesures en dB, on affecte 0 dB
à la valeur lue pour 𝑈𝑅 à la résonance. On recherche ensuite les fréquences 𝑓1 < 𝑓0 et 𝑓2 > 𝑓0
correspondant précisément à – 3 dB. On en déduit Q par la relation :

𝑓0
𝑄= ⁡
𝑓2 − 𝑓1

On peut comparer le résultat obtenu à la valeur calculée = 𝐿𝜔0 /𝑅 en n’oubliant pas de tenir compte
de la résistance 𝑟 de la bobine à la fréquence considérée.

III.3 Etude de la résonance série d’un quartz d’horlogerie


[6]

III.3.1 Introduction
Les résonateurs à quartz sont l’exemple typique de circuits
résonants à très fort facteur de qualité. Ceux utilisés en horlogerie sont conçus pour fournir une
fréquence très stable à 32768 Hz permettant l’obtention d’un signal à exactement 1 Hz après 15
divisions de la fréquence par un facteur 2, (cf. Montage « Mesure des Fréquences temporelles »).

Modélisation électrique :
Un résonateur à quartz est, très schématiquement, une lame de quartz
avec des faces métallisées → il est électriquement équivalent à un condensateur C0. Pour tenir
compte des caractéristiques piézo-électriques du cristal en régime dynamique, on ajoute un circuit
RLC série en parallèle à C0 :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

C0

LS CS
RS

Si C0 représente réellement une capacité (deux conducteurs séparés par un isolant), les éléments
motionnels RS, LS et CS n’ont en revanche pas de réalité physique. Ce sont des équivalents
électriques représentant le couplage électromécanique dans le matériau lié à l'effet piézoélectrique
(ce type d’équivalence se rencontre aussi dans l’étude des haut-parleurs). L’étude de ce modèle
montre (cf. [3], p. 389 ou [6], p. 2042) que son impédance passe successivement par un minimum
correspondant à la résonance du circuit RLC série, puis par un maximum (anti résonance parallèle).
Les fréquences correspondant à ces extrema valent respectivement :

1 1
𝑓𝑟𝑠 = ⁡ ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑒𝑡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑓𝑎𝑟𝑝 = ⁡ ⁡⁡⁡
2𝜋√𝐿𝑠 𝐶𝑠 𝐶𝐶
2𝜋√𝐿𝑠 𝐶 0+ 𝑠𝐶
0 𝑆

On a typiquement les valeurs suivantes pour les quartz fonctionnant à 32768 Hz :

C0 RS CS LS Qs
2-3 pF 40 kΩ maximum 2-3 fF 7 000 H 50 000 minimum

On voit immédiatement que les constantes motionnelles ne correspondent pas aux valeurs usuelles
des composants électriques : CS est extrêmement faible alors que l’inductance est énorme (ceci
résulte de la très grande élasticité du matériau). Par ailleurs, on peut remarquer que CS est beaucoup
plus petit que C0. Cela entraine une très grande proximité entre les fréquences de résonance et
d'antirésonance (on peut le vérifier par le calcul).

III.3.2 Principe du montage


[6], p. 2029

L’amplificateur opérationnel fonctionne en régime linéaire car il est rétro actionné par la résistance
R. On a donc ε = 0 V et V- = 0 V car la patte + est relié à la masse → la tension aux bornes du
Quartz est directement la tension VE du GBF.
R

Q I
I _
VE 

+ VS
GBF

Le courant I circulant dans le quartz va intégralement dans R car l’impédance d’entrée de


l’amplificateur opérationnel est énorme. On a donc VS – V- = VS = - R.I → VS est une image du
courant circulant dans le quartz à R et au signe près. L’amplificateur opérationnel associé à la
résistance R réalise par conséquent une conversion courant-tension. Le courant étant maximal à la
résonance série, l’amplitude de VS doit donc passer un maximum à cette fréquence.

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.3.3 Réalisation pratique


Le facteur de qualité 𝑄 = 𝑓0 /𝛥𝑓⁡du quartz vaut
50 000 au minimum, d’où une largeur du pic de résonance de l’ordre du Hz. La principale difficulté
pour tracer la courbe de résonance est d’avoir un GBF extrêmement stable en fréquence. Il faut
pouvoir le piloter à au moins 0,1 Hz près au voisinage de 32 kHz, ce qui est impossible à réaliser
avec un GBF analogique ou les GBF numériques d’enseignement les plus courants. On utilise ici un
appareil à synthèse numérique directe (Instek SFG 2110).
R

Q
Q : quartz 32768 Hz VE _ 
 081
R : 100 kΩ VS
+
VE : 400 m VPeak-Peak maximum ! GBF

On peut mesurer VE et VS à l’aide d’un oscilloscope numérique permettant le moyennage des


signaux et la mesure de déphasage. Le GBF doit être allumé depuis longtemps pour être à
l’équilibre thermique afin d’avoir une fréquence la plus stable possible. L’amplitude du signal VE
ne doit pas être trop forte sous peine de détruire le quartz lorsqu’on passe à la résonance !

On déconseille la réalisation du montage sur une platine pour circuit intégré car on obtient alors une
courbe qui n’est pas conforme aux prédictions (on a des signaux anormalement forts en dehors de la
fréquence de résonance, et qui persistent si on retire le quartz de la platine8 !). Les résultats sont
nettement meilleurs si on réalise un montage sur un plateau type P60 de chez électrome en soudant
le quartz sur un support composant. Il faut aussi éviter d’utiliser des câbles coaxiaux pour ne pas
rajouter des capacités parasites au montage.

Mesures :
On commence par rechercher la fréquence proche de 32768 Hz donnant un signal de
sortie maximal. On modifie ensuite cette fréquence par pas de 0,1 Hz, on attend à chaque fois que
les signaux se stabilisent (le facteur de qualité étant énorme, les régimes transitoires sont longs) et
on mesure l’amplitude de VE et VS ainsi que le déphasage entre les deux signaux (il faut tenir
compte du signe – entre le signal mesuré VS et la grandeur étudiée I et on peut inverser VS sur
l’oscilloscope pour compenser ce signe).

III.3.4 Exploitation des résultats


On calcule le module de l’impédance du
quartz ainsi que son admittance par les relations :
𝑈𝑄 𝑉𝐸 𝑉𝐸 1
𝑍𝑄 = ⁡ =⁡ = 𝑅 ⁡⁡⁡𝑒𝑡⁡⁡⁡⁡𝑌 = ⁡
𝐼𝑄 𝑉𝑆 /𝑅 𝑉𝑠 𝑍𝑄

La courbe 𝑌(𝑓) obtenue pour l’admittance, image de la résonance en intensité, peut être comparée à
une modélisation de type R LC série :
𝑌0
𝑌 =⁡
2
√1 + ⁡ 𝑄 2 ( 𝑓 − ⁡ 𝑓0 )
𝑓0 𝑓

8
Influence probable des capacités parasites entre les plaques de connexion.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L’acuité extrême de cette résonance fait que le logiciel a souvent des problèmes pour caler le
modèle à la courbe expérimentale. On peut l’aider en lui donnant des valeurs estimées pour Y0, f0 et
Q. Voici le résultat d’une série de mesure (exploitation faite sous régressi, puis exportée sur Excel) :

L’accord entre le modèle de l’admittance et les mesures est très correct. L’évolution de la phase
aussi conforme aux résultats du § III.1.2. On déduit de la modélisation la fréquence de résonance
série du quartz ainsi que son facteur de qualité :

frs = 32764,5 Hz et Q ≈ 70 000

On peut aussi estimer les valeurs des paramètres motionnels RS, CS et LS. RS correspond à
l’impédance du quartz à la résonance. On obtient LS connaissant Q par la relation Q = Lω0/R. Enfin,
on peut calculer CS par la relation ω0 = 1/LC. On trouve avec nos mesures :

RS ≈ 20 000 Ω ; LS ≈ 7 000 H ; CS ≈ 3 fF

Ces valeurs concordent avec les données constructeurs (cf. § III.3.1). Les résultats sur Q, RS, LS et
CS ont été arrondis car des variations de quelques milliers sur Q ont des conséquences assez faibles
sur la modélisation.

La phase nous renseigne sur la façon dont se comporte le quartz en fonction de la fréquence. Le
déphasage courant/tension est positif et se cale rapidement à ≈ + 90 ° quand on descend en dessous
de frs. C’est le signe d’un comportement capacitif (I/U = jCω pour un condensateur, donc φI/U = + 90
°). Le déphasage est négatif et proche de - 90 ° quand la fréquence est comprise entre frs et farp. Le
quartz est alors inductif (I/U = - j/Lω pour une self, donc φI/U = - 90 °). Si on poursuit le diagramme
au-delà de farp, le déphasage repasse à ≈ + 90 °. On retrouve un comportement capacitif.

III.3.5 Comparaison avec la fréquence de travail


Le Quartz doit osciller
exactement à 32 768 Hz pour obtenir une base de temps de 1 seconde. La fréquence de résonance
série ne correspond pas tout à fait à cette valeur. La différence est faible (3,5 Hz), mais c’est déjà
trop par rapport à la tolérance en fréquence annoncée par le constructeur (20 ppm). La précision du
GBF ne peut pas être incriminée non plus puisqu’elle est de l’ordre de 20 ppm. On peut en conclure
que les quartz d’horlogerie ne travaillent pas sur leur résonance série. On peut alors se demander
s’ils travaillent plutôt sur l’anti résonance parallèle. Un calcul rapide de la fréquence farp avec la
valeur de C0 indiquée au § III.3.1 montre que ce n’est pas le cas (on obtient farp = 32783 Hz9) →
aucune de ces fréquences n’est donc mise à profit. On utilise en fait le caractère fortement inductif

9
On peut mesurer cette fréquence avec le montage d’étude. Elle correspond au minimum de signal pour V S lorsqu’on
est au-dessus de frs. On a trouvé farp = 32780 Hz, soit une valeur proche de celle calculée. On peut en déduire la valeur
C0 du composant étudié (C0 = 3,6 pF dans notre exemple). On peut vérifier ce résultat à l’aide d’un RLCmètre
d’enseignement, type ELC 3131D mais la mesure est très grossière car on est sur le dernier digit du plus bas calibre de
l’instrument. On a obtenu 0,003 nF par une mesure 4 fils à 1 kHz après avoir fait le zéro de l’appareil.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

du résonateur lorsqu’il oscille entre frs et farp.. On associe le quartz à deux condensateurs pour
former un filtre de type π très sélectif qui sert de boucle de rétroaction à un oscillateur de relaxation.
La fréquence est alors ajustée par le choix de la valeur des condensateurs (cf. [8], p. 155 par
exemple ou le montage « Mesures des fréquences temporelles »).

IV CAS DES SYSTEMES COUPLES


L'étude des systèmes couplés peut soit se faire en
mécanique ou en électricité. On conseille plutôt d'étudier un système électrique car les systèmes
mécaniques ont en général des fréquences propres assez basses et les transitoires durent longtemps
s’ils sont peu amortis d'où des durées d'expériences parfois prohibitives.

IV.1 Système d'étude

M
L1, R1 L2, R2
GBF
Y1 Y2

C1 C2

Le couplage est ici assuré par l'influence mutuelle M entre deux selfs. Les cellules de bases sont des
circuits de type LC à fort coefficient de qualité. Ils permettent d'avoir des signaux pas trop faibles
lorsqu'on désaccorde les circuits, ce qui facilite les mesures. Les résonances en intensité et en
amplitude (cf. § II.1.1 et II.1.2) sont aussi pratiquement confondues. On rappelle que la constante de
couplage est définie par la relation :

𝑀
𝐾=
√𝐿1 𝐿2

IV.2 Manipulation
Elle est décrite dans le montage « Couplage des oscillateurs » →
s’y reporter. Il faut l’adapter au montage : influence du couplage sur la résonance du système étudié
lorsqu’on le couple avec un oscillateur accordé ou non.

V RESONANCE AVEC DES ONDES STATIONNAIRES


Lorsque le milieu dans lequel se
propage une perturbation est limité, il y a un phénomène de réflexion aux interfaces et il se crée un
phénomène d'ondes stationnaires. Celui-ci est maximal lorsque les dimensions du milieu ont
certaines valeurs particulières. C’est un phénomène de résonance. Le système possède alors
plusieurs fréquences de résonance, en théorie une infinité discrète. On peut remarquer que la
manipulation d’introduction de ce montage utilisait un oscillateur (le diapason) associé à une cavité
accordée (la caisse). On peut y revenir pour illustrer la nécessité d’accorder la caisse au diapason en
écoutant la différence de niveau sonore lorsque l’on change la caisse.

V.1 Corde vibrante excitée sinusoïdalement


C’est le système classique de la corde de
Melde dans laquelle se propagent des ondes transversales. L'excitation sinusoïdale permet
d'observer les modes propres de résonance.

V.1.1 Rappels

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On rappelle l’équation générale du mouvement transversal


d’une corde :
𝜕 2𝑦 1 𝜕 2𝑦 𝑇
2
− 2 2 = 0⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑎𝑣𝑒𝑐⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑐 = √
𝜕𝑥 𝑐 𝜕𝑡 µ

Où T est la tension de la corde et  la masse linéique de la corde. La solution générale du


mouvement est une combinaison d’une onde progressive et d’une onde régressive :

𝑦(𝑥, 𝑡) = 𝑓(𝑡 − 𝑥/𝑐) ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡ + ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑔(𝑡 + 𝑥/𝑐)


Propagation suivant Propagation suivant
les x croissants les x décroissants

Expérience proposée :
g
L 0
x
f

On excite en régime sinusoïdal forcé une corde tendue et fixe à une de ses extrémités à l’aide d’un
vibreur et on observe le résultat de la superposition des ondes incidente et réfléchie. On a :

𝑦(𝑥, 𝑡) = 𝑓(𝑥, 𝑡) + 𝑔(𝑥, 𝑡) = asin(𝜔𝑡 − 𝑘𝑥) + 𝑏𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡 + 𝑘𝑥)

Corde fixe en x = 0 :
→ 𝑦(0, 𝑡) = 0⁡⁡∀⁡𝑡⁡ ⟷ asin(𝜔𝑡) + 𝑏𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡) = 0⁡⁡∀⁡𝑡 ⟷ 𝑏 = −𝑎

On en déduit facilement que l’expression générale peut se mettre sous la forme :

𝑦(𝑥, 𝑡) = −2 asin(𝑘𝑥) cos⁡(𝜔𝑡) C’est l’expression d’une onde stationnaire.

Corde excitée en x = L :
𝑦(𝐿, 𝑡) = 𝐴𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡)⁡⁡∀⁡𝑡⁡ ⟷ −2asin(𝑘𝐿) cos(𝜔𝑡) = 𝐴𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡)⁡⁡∀⁡𝑡
⟷ −2asin(𝑘𝐿) = 𝐴

D’où :
𝐴
𝑦(𝑥, 𝑡) = sin(𝑘𝑥) cos⁡(𝜔𝑡)
𝑠𝑖𝑛𝑘𝐿

L’amplitude du phénomène d’ondes stationnaire vaut :

𝐴 𝐴
=
𝑠𝑖𝑛𝑘𝐿 sin (2𝜋𝐿)
𝜆

Elle tend vers une valeur minimum égale à A lorsque L = (2p + 1).λ/4. Elle tend théoriquement vers
l’infini lorsque L = p.λ/2. Le phénomène d’ondes stationnaires est alors nettement visible, la corde
se séparant en p fuseaux de longueur /2 : il y a résonance. L’amplitude à la résonance est limitée
dans la pratique par les amortissements et les non linéarités du système négligés lors de
l’établissement de l’équation d’onde (elle n’est valable que pour de petits déplacements).

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V.1.2 Manipulation
Se reporter au montage « Mesure des fréquences
temporelles » pour le montage ou en [1], p. 258.

Observation des ondes stationnaires :


On prend une longueur L d’environ 1 m. On augmente
progressivement la fréquence du GBF et on observe successivement les fréquences de résonance
correspondant à p = 1, 2 et 3. La corde est immobile (nœuds de vibration) en des points séparés de
/2, et vibre avec une amplitude maximum (ventres) en des points séparés de la même distance. On
peut éclairer la corde avec un stroboscope lorsqu’on observe 3 ventres. La corde semble bouger très
lentement si la fréquence du stroboscope est proche de celle du vibreur (on rappelle que Nstrobo
(coup/min) = fGBF (Hz) 60). On peut alors vérifier que les points entre deux nœuds consécutifs de
la corde vibrent en phase, l’amplitude A/sin kL gardant le même signe. Par contre, de part et d’autre
d’un nœud, l’amplitude prend des signes opposés et les points de la corde vibrent en opposition de
phase. Toutes ces observations sont caractéristiques d’un phénomène d’ondes stationnaires :

L
0 x

En conclusion, on a une amplitude maximale pour certaines valeurs de la fréquence excitatrice →


phénomène de résonance. Ces valeurs forment une suite discrète. Elles dépendent de la longueur et
de la tension de la corde.

Remarque :
La corde de Melde est un résonateur à fréquences multiples. Ce phénomène est général
dans tous les dispositifs de type cavité ; on le retrouve en acoustique (tuyaux sonores, tube de
Kundt), en optique (interféromètre Fabry-Pérot, cavité Laser), en mécanique (figures de Chladni) et
en hyperfréquences (ondemètre pour ondes centimétriques).

V.2 Réalisation à l’aide d’ondes acoustiques

V.2.1 Tube de Kundt


Expérience classique → cf. [1], p. 357.

V.2.2 Tuyaux sonores


Plusieurs solutions sont possibles. Se reporter à [1], p.
404 et suivantes pour des idées de manipulations.

VI RESONANCE EN OPTIQUE
L'expérience est classique ; elle s'effectue avec de la vapeur de
sodium → se reporter au montage « Emission – Absorption » pour la manipulation. Ce phénomène
peut être assimilé à une résonance puisque qu'on excite la vapeur par une radiation de fréquence
correspondant à sa fréquence propre.

VII RESONANCE PARAMETRIQUE


[1], p.283 ; [4], p.142 ; [5], ch. 27 ; [7]

Le principe consiste à modifier périodiquement la fréquence propre d'un oscillateur passif pour
entretenir, voire amplifier les oscillations dont il est le siège. L'équation régissant le système prend

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

alors la forme :
𝑥̈ + 2𝜆𝑥̇ + 𝜔2 (𝑡)𝑥 = 0

L'équation est dite de Hill lorsque l'excitation est périodique (cas général) ou de Mathieu lorsqu'elle
est sinusoïdale. Dans tous les cas, la résolution mathématique n'est pas simple (cf. [5]) et ne sera pas
abordée. On retiendra que la façon la plus efficace d'amplifier les oscillations du système consiste à
l'exciter à une fréquence double de sa fréquence propre. Ce faisant, on doit fournir à l'oscillateur
plus d'énergie que celle qu'il consomme dans ses parties dissipatives d'où l'existence d'un seuil.

VII.1 Mise en évidence du phénomène


L'expérience suivante permet une approche
intuitive du phénomène de résonance paramétrique. Elle consiste à entretenir et amplifier les
oscillations d'un pendule pesant par variation périodique de sa longueur.

poulie

Pendule P : masse de ≈ 100 grammes l =1 m

M : poids de 5 kg pour caler la potence

P M table

On commence par lancer le pendule. On tire ensuite sur le fil lorsqu’il passe par  = 0 et on lui
redonne sa longueur initiale lorsqu'il oscille avec une amplitude maximum. Avec un peu
d'entraînement, on arrive à accroître fortement l'amplitude du pendule. On illustre ainsi l'entretien
d'une oscillation de période T0 par une action de période T0/2.

Analyse :
Considérons dans un premier temps la variation du moment cinétique par rapport à l'axe
O de la poulie lorsqu'on modifie brutalement la longueur du pendule. Soient 𝑅⃗ la réaction de l'axe et
𝑃⃗ le poids du pendule ; le théorème du moment cinétique s'écrit : \vec

𝑑𝜎0 = [𝑀0 (𝑅⃗ ) + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⋀𝑃⃗)𝑑𝑡


𝑂𝑀⋀𝑃⃗]𝑑𝑡 = (𝑂𝑀 car 𝑅⃗ est sur l’axe = 0 si dt → 0

Le moment cinétique se conserve au moment de la variation de longueur si elle est brutale → On a


donc :
𝑚𝑙𝑣 = 𝑐𝑡𝑒 au moment de la variation de longueur.

Examinons dans un deuxième temps l'évolution énergétique du pendule lorsqu'il oscille librement :

B : v = 0 → Ecin = 0 = min
h max → Epot = mgh = max
B
A : v = max → Ecin = = max
h
A h min → Epot = min

On tire brutalement sur le fil du pendule lorsqu'il est en A → l diminue. Comme mlv = cte à cet
instant, on augmente la vitesse en A, donc l'énergie cinétique. La diminution de l augmentant h
d'une même quantité, l'énergie potentielle du pendule s'accroît elle aussi → l'action en A fournie de

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l'énergie au pendule. Il faut noter que cette action fournie de l'énergie quel que soit l'endroit où on la
réalise mais c'est en A qu'on a un maximum d'efficacité car c’est là où la vitesse est la plus grande
et où une variation de l donne la variation d’altitude h la plus forte.

On augmente l lorsqu'on relâche le pendule en B → h diminue, de même que l'énergie potentielle


→ le pendule redonne de l'énergie mais en moins grande quantité que celle qu'il avait reçu en A (l
donne h en A alors que l donne h.cos en B). L'action en B n'a pas d'influence sur l'énergie
cinétique puisque la vitesse en B est nulle. L’action en B reprend donc de l'énergie au pendule mais
moins que celle qu'on lui avait donné en A, et c'est là ou en reprend le moins. On conçoit ainsi que
la résultante de ces deux actions répétées périodiquement permettent d'amplifier les oscillations du
pendule. L'apport global d'énergie doit bien entendu compenser les pertes par frottement, d'où
l'existence d'un seuil minimal d'excitation en dessous duquel l'amplification n'a pas lieu.

VII.2 Système électrique


U
L, r : inductance à décades DL 0,7
Prendre 0.1 H ; mesurer sa résistance r
L
i
C : capacité variable Multiplieur
AD 633
Prendre 253 nF  f0 = 1000 Hz
VC
GBF : signaux carrés VE GBF k V E VC
Prendre un GBF avec un
réglage fin de la fréquence

Le circuit électrique proposé permet une étude plus quantitative du phénomène de résonance
paramétrique (le montage et des explications plus poussées se trouvent dans le BUP n° 747).

Equations :
𝑉𝐶 + 𝑈 − 𝑘𝑉𝐸 𝑉𝐶 = 0

1 𝑞 𝑑𝑖
𝑉𝐶 = ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 = ⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡⁡𝑈 = ⁡⁡𝐿 + 𝑟𝑖 = 𝐿𝑞̈ + 𝑟𝑞̇
𝐶 𝐶 𝑑𝑡

La combinaison de ces trois équations donne :

1 − 𝑘. 𝑉𝐸
𝐿𝑞̈ + 𝑟𝑞̇ + 𝑞=0
𝐶

La charge du condensateur (analogue de l'amplitude du pendule) obéit donc à l'équation classique


du circuit RLC (cf. § III.2) avec 𝐶 ′ = 𝐶(1 − 𝑘. 𝑉𝐸 ) → tout se passe comme si la capacité varie dans
le temps au rythme de VE. On aurait le même effet en imposant à l'épaisseur d’un condensateur plan
une variation de la forme⁡𝑒 = 𝑒0 (1 − 𝑘. 𝑉𝐸 ).

Manipulation :
On règle la période des signaux carrés à TE  T0/2. Si l’amplitude du signal est
suffisante, on observe l'oscillation quasi sinusoïdale du circuit. On peut alors ajuster finement TE
pour avoir un maximum d'amplitude (cf. remarque suivante). On observe un facteur 2 entre les
périodes et on doit constater l'existence d'un seuil : il faut une valeur minimum d’amplitude pour
que l'oscillation prenne naissance (la recherche de cette limite est délicate ; on peut utiliser un
potentiomètre multitour de 10 k pour ajuster l'amplitude de VE). On peut noter l’analogie avec le
pendule : VE croît lorsque q = 0, et décroît lorsque q est maximum. On peut modifier légèrement TE

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

et regarder la conséquence sur le niveau du seuil. Les oscillations disparaissent quand on s’écarte de
T0/2 et il faut un seuil d’autant plus grand qu’on est loin de cette valeur pour faire réapparaitre les
oscillations.

Explication :
Etudions la conséquence des basculements de VE sur l'énergie emmagasinée par le
condensateur :

1 1 𝑄2 1 𝑄2
𝐸 = 𝐶 ′ 𝑉𝐶2 = = (1 − 𝑘𝑉𝐸 )
2 2 𝐶′ 2 𝐶
Les variations de VE étant très rapides, on supposera que la charge Q reste constante au cours du
basculement.
VE

VC
1 5

2 4 6

Basculements 1 ; 3 ; 5 : La charge Q est maximum en ces points. VE diminue → (1− kVE )


augmente → l'énergie stockée dans le condensateur augmente.

Basculements 2 ; 4 ; 6 : UE augmente → (1 − 𝑘. 𝑉𝐸 ) diminue mais cela n'a aucune influence sur


l'énergie stockée dans le condensateur car la charge Q est nulle en ces points.

Comme pour le pendule, on fournit de l'énergie au moment optimal sans en reprendre si l'action se
produit avec la périodicité 𝑇𝐸 = 𝑇0 /2. L'apport global doit compenser les pertes par effet Joule pour
avoir amplification, d'où l'existence d'un seuil. Si la condition 𝑇𝐸 = 𝑇0 /2⁡ n'est pas respectée, les
apports et les retraits d'énergie se font de manière moins efficace. Le seuil d'amplification
commence par augmenter, puis l'apparition et l'entretien des oscillations deviennent impossibles. On
peut néanmoins observer des résonances lorsque 𝑇𝐸 = 𝑛𝑇0 /2 mais elles ne sont plus sinusoïdales.
Si l'on veut retrouver les conditions optimums d'entretien (variation de C lorsque Q = Qmax et Q =
0), il faut pouvoir ajuster le rapport cyclique des créneaux. Dans le cas contraire, l'apparition des
résonances est plus délicate à interpréter.

Remarque :
Lorsqu’on accorde la fréquence excitatrice pour obtenir la résonance, on s’aperçoit
que les basculements 2, 4, … se font pour une tension VC voisine de 0. On est exactement à l’accord
lorsque VC est exactement égal à zéro au moment du basculement. Cette constatation permet de
régler finement l’accord de la fréquence excitatrice au double de la fréquence propre du circuit.
C’est alors que la tension de seuil VE est minimum.

Etude quantitative du seuil :


On considère que la condition 𝑇𝐸 = 𝑇0 /2 est réalisée. Au moment du
basculement UE → - UE, le condensateur emmagasine une énergie :
2 2
1 𝑄𝑚𝑎𝑥 𝑄𝑚𝑎𝑥 𝑘𝑈𝐸
𝐸𝑓𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖𝑒 = [1 (1 )]
+ 𝑘𝑈𝐸 − − 𝑘𝑈𝐸 =
2 𝐶 𝐶

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Cela se produit toutes les demi-périodes de l'oscillation. Dans le même intervalle de temps, l'énergie
dissipée par effet Joule vaut :
𝑇0 /2
2
𝑇0 /2
𝑑𝑄 2 2
𝑇0 /2
𝐸𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = ∫ 𝑅𝑖 𝑑𝑡 = ∫ 𝑅 ( ) 𝑑𝑡 = 𝑅𝑄𝑚𝑎𝑥 𝜔2 ∫ cos 2 𝜔𝑡 𝑑𝑡
0 0 𝑑𝑡 0

Car Q est sinusoïdal, soit :


𝜋 2
𝐸𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = 𝑅𝜔𝑄𝑚𝑎𝑥
2
Le bilan énergétique est donc :

𝑘𝑈𝐸 𝜋 2
𝐸𝑓𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖𝑒 − 𝐸𝑑𝑖𝑠𝑠𝑖𝑝é𝑒 = [ − 𝑅𝜔] 𝑄𝑚𝑎𝑥
𝐶 2

L'amplification pourra donc avoir lieu si :

𝜋𝑅𝐶𝜔
𝑈𝐸 ≥
2𝑘

Manipulation :
On se place au mieux à TE = T0/2. On ajuste l'amplitude du signal créneaux pour
être à la limite des oscillations avec le potentiomètre multitour. On mesure l'amplitude de UE et on
compare à la théorie.

Bibliographie :
[1] : Quaranta I, paragraphe « Oscillations Forcées, Résonance
[2] : Sextant : Optique Expérimentale
[3] : Quaranta III
[4] : Pérez : Mécanique
[5] : Landau : Mécanique
[6] : BUP 799, p. 2023 et suivantes
[7] : BUP 747 p. 1267 et BUP 661
[8] : Marguerite Vauschelles : TP d’électronique
Quaranta IV p. 395 à 402

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

COUPLAGE DES OSCILLATEURS

On se limitera dans ce montage aux couplages entre oscillateurs à un degré de liberté. Deux
systèmes sont couplés lorsqu'il y peut avoir transfert d'énergie entre eux. Cela se manifeste dans les
équations par l’apparition de termes croisés : dans le cas des circuits électriques, si on prend comme
variable l'intensité, on trouve dans l'équation qui régit un circuit un terme dépendant de l'intensité
dans l'autre circuit et inversement. On peut alors distinguer trois types de couplage :

Résistif → le terme de couplage est proportionnel à une intensité.


Inductif → le terme de couplage est proportionnel à la dérivée de l'intensité.
Capacitif → le terme de couplage est proportionnel à une primitive de l'intensité.

Quand un couplage existe entre oscillateurs, les fréquences propres du système sont toujours en
nombre égal à celui des oscillateurs individuels que l'on a couplés.

I OSCILLATEURS PESANTS COUPLES PAR UN FIL DE TORSION


Le système d’étude
est composé de deux pendules pesants pouvant être couplés par un fil de torsion. On peut faire
varier sa longueur pour modifier le couplage.
B
A
Fil de
torsion

Sur chaque pendule se trouve deux axes de part et d'autre de


l'axe de rotation. L'axe supérieur permet de réaliser l'équilibre
indifférent du pendule considéré (centre d'inertie confondu avec
l'axe de rotation). L'axe inférieur permet de placer des
surcharges afin d'obtenir le pendule pesant.
α2
α1

I.1 Oscillateurs libres : détermination de J


On cherche à déterminer ici le moment
d'inertie de chaque pendule. On réalisera au préalable l'équilibre indifférent (cela permet par la suite
de simplifier l'interprétation).
P
Vérifiez que les deux pendules ne sont pas couplés sinon dévissez les
boulons maintenant le fil de torsion. Placez une charge P de 200 gr sur x
l'axe supérieur, l'axe inférieur étant placé à a = 30 cm de l'axe de rotation
sans charge. Réalisez l'équilibre indifférent en ajustant au mieux la
valeur de x. Ceci étant réalisé, le centre de gravité du pendule déchargé a
est alors sur l'axe de rotation. Faire ce réglage sur les deux pendules.

Le dispositif dont on dispose à Rennes est vieux et présente beaucoup de


jeux dans les roulements → la réalisation de l’équilibre indifférent
quelque soit la position du pendule est impossible à obtenir. Ne pas
passer par conséquent trop de temps sur ce réglage et faire au mieux
autour de la position d’équilibre (domaine dans lequel on va l’utiliser).

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Mesure de J :
Placez une masse m = 1 000 gr sur l'axe inférieur de chaque pendule. Dans ces
conditions, la période d'oscillations T du pendule est donnée par la relation (cf. [1], p. 282) :

T0  2
J
mga
Avec J = J0 + ma2 + j et j 
1
2

m R 12  R 22 
Sans la réalisation préalable de l'équilibre indifférent, on ne connaîtrait pas a (car il est défini à
partir du centre de gravité du système) et on aurait par conséquent une inconnue en plus ce qui
poserait un problème lors de l'étude des pendules couplés.

Mesurez au chronomètre la période d'oscillations de chaque pendule. Prendre 10 périodes pour plus
de précision. Vérifiez la reproductibilité en refaisant chaque mesure deux ou trois fois. Vérifiez que
cette période est indépendante de l'amplitude initiale tant que celle-ci est faible. On peut alors en
déduire J et éventuellement déterminer la seule grandeur inconnue, J0.

Remarque :
Une autre solution pour mesurer la période consiste à utiliser une cuve
potentiométrique. Se reporter au § I.3.3 pour le protocole expérimental.

I.2 Détermination de la constante de torsion du fil


Le plus simple consiste à utiliser
l'oscillateur précédent. Mettre le fil de torsion (soigner le serrage des vis) et maintenir le second
pendule bloqué. On obtient alors un pendule à la fois pesant et de torsion de période :

J
T  2
C  mga

Mesurez T, déterminez C. Ramenez cette dernière grandeur à l'unité de longueur car la constante de
torsion d’un fil dépend de sa longueur. On a en effet (cf. [2], p. 144 ou [1], p. 279) :
 d4
C 
32 l

I.3 Couplage des oscillateurs


On a maintenant deux pendules pesants identiques,
couplés par le fil de torsion qui assure un transfert d'énergie entre les deux systèmes. On peut avoir
différentes réponses suivant les conditions initiales d’excitation des deux pendules,. Il faut montrer
les modes symétriques et anti-symétriques du système global ainsi que la possibilité d'avoir des
battements. Pour plus de précision sur les formules employées, se reporter à [1], p. 81.

I.3.1 Mode symétrique


Ce mode consiste à donner à l'instant initial le même
angle aux deux pendules. Mesurez la période des oscillations (en mesurer 10 pour plus de précision)
et vérifiez qu'elle est identique à T0 et ce quelle que soit la valeur du couplage (on le modifie en
modifiant la longueur du fil de torsion). Ce résultat est logique puisque le fil de torsion n'a aucun
effet dans ce mode (α = 0). Si on se réfère à la valeur T mesurée au § I.2, on peut vérifier que :

1 1 C
 1 K Avec K = constante de couplage
TSYM T C  mga

I.3.2 Mode antisymétrique


Ce mode consiste à donner à l'instant initial des

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

angles identiques mais opposés aux deux pendules. Pour différentes longueurs de fil de torsion
(qu'il faut mesurer) donc pour différents couplages, mesurez la période des oscillations. Faire
deux à trois mesures (sur 10 périodes) dans chaque cas de figure pour vérifier la reproductibilité.
Vérifiez qu'on a, par rapport à la mesure de T effectuée au § I.2 :

1 1
 1 K
TANTISYM T

Ces calculs doivent prendre en compte la longueur du fil de torsion puisque C.l est une constante.

I.3.3 Battements
En déplaçant à l'instant initial l'un des pendules, l'autre étant
à l'équilibre, on observe une superposition des deux modes donc un phénomène de battements.

Enregistrement :
On enregistrera l'évolution des oscillations des deux pendules à l'aide de cuves
potentiométriques de CuSO4.
vers oscilloscope
Placez aux extrémités de chaque cuve des électrodes
plates en cuivre reliées à une alimentation continue
d'environ 12 V. Mettre un peu de CuSO4 solide dans les
cuves remplies d'eau (ne pas en mettre de trop pour ne
pas faire débiter l'alimentation). Accrochez sur chaque
pendule un fil conducteur plongeant dans une cuve et
reliez-le à un oscilloscope numérique disposant du mode
« ROLL » (reliez la masse de l’oscilloscope à la borne
moins de l’alimentation). On dispose ainsi d’un signal
qui est « l’image » de la position du pendule.
U
Bloquez initialement un des pendules dans sa position d’équilibre et donnez un angle quelconque à
l’autre oscillateur. Relâchez ensuite les deux pendules et enregistrez leur mouvement en mode
« ROLL ». Vous devez obtenir une figure classique de battement (cf. § II.3.1). Vérifiez que :

1   2 1   2
1  et 2 
2 2

Avec 1 = pulsation des oscillations et 2 = pulsation des battements (mesure entre 3 minima !)

II COUPLAGE PAR CAPACITE DE DEUX CIRCUITS OSCILLANTS

II.1 Circuit d'étude


On considère deux circuits oscillants LC identiques, couplés par
un condensateur C' (constitué dans la pratique par deux capacités C' en série afin d'avoir accès au
point milieu M). Ce circuit est l’analogue en électricité du montage précédent :
A M B

C’ C’
L C C L

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

En l'absence de couplage (C’ = 0), les deux circuits LC ont la même fréquence de résonance f 0
lorsqu'ils sont séparés. Par le couplage, on remplace f0 par deux nouvelles fréquences propres
communes aux deux circuits. Ces deux fréquences propres du circuit global correspondent aux deux
modes propres suivants :

Mode symétrique :
VA(t) = VB(t)

Dans ce mode la capacité de couplage ne joue aucun rôle (tout comme le fil de torsion au § I.3.1).
Le circuit équivalent est donc le suivant :
A B

L 1
C C L D’où f SYM  f 0 
2 LC

Mode antisymétrique :
VA(t) = - VB(t)

Dans ce mode, les points A et B sont en opposition de phase et le point M est à tout instant au
potentiel nul. Le schéma équivalent est dans ce cas :
A B

1
L C C’ C’ C L f ANTISYM  f 0' 
2 LC  C'
M

II.2 Réalisation pratique


[3], p. 109

Lorsque le circuit a un facteur de qualité élevé, la fréquence de résonance correspond quasiment à la


fréquence propre f0 = 1/2π√(LC). L’impédance du circuit passe alors par un maximum d'autant plus
important que Q est élevé. En dehors de la résonance, l'impédance du circuit est d'autant plus faible
que Q est fort.

Ces constatations amènent les remarques suivantes :


- il vaut mieux prendre une bobine de
transformateur plutôt qu'une self AOIP ou à décade pour avoir une résonance aiguë (comparez leur
résistance en continu). Le circuit ayant alors une faible impédance en dehors de la résonance, il est
préférable d’exciter les circuits via une résistance assez forte pour protéger le GBF.
- le circuit étant attaqué en courant et
l'impédance passant par un maximum à la résonance, on mesurera VA.

L'étude du mode antisymétrique nécessitant deux tensions identiques en opposition de phase, on


utilisera un montage inverseur à amplificateur opérationnel d'où le montage global suivant :
R A B R
M
R2
C’ C’ R1
L C C _ 
U L V
+

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

L : bobines Leybold 500 tours (L ≈11 mH)


C : une AOIP 0,1 F et une boite de capacité à décades  0,1 F
C' : boites à décades
R : AOIP 1 k R1 : AOIP = 1 k
R2 : boite de résistance à décades  1 k

Réglage de l'accord des circuits sur une fréquence commune :


Les deux circuits oscillants doivent
avoir exactement la même fréquence propre. Avec les valeurs approximatives de L et de C, elle est
d'environ 5000 Hz.
→ Découplez les deux circuits. Injectez en U une tension sinusoïdale,
visualisez les tensions U et VA en Lissajous et recherchez précisément la fréquence de résonance
du premier circuit (celui avec la capacité AOIP de 0,1 F). Une fois la résonance trouvée, ajustez R
pour avoir au point A une tension sensiblement inférieure à U (5000  convient bien).

→ Passez au circuit n°2 sans modifier la fréquence du GBF ! Cette fois-ci,


ajustez la valeur de C (boite à décade) pour avoir un signal maximum en B. Prendre la même valeur
de R que pour le premier circuit afin d’avoir des circuits identiques.

Connaissant C (prendre la valeur de la capacité AOIP étalon) et f0, en déduire la valeur de L à la


fréquence de résonance.

II.3 Etude en régime transitoire


Couplez les deux oscillateurs. Utilisez comme
source excitatrice une tension créneau ayant une fréquence d'environ une centaine d’Hertz.
Visualisez VA(t) et VB(t) avec un oscilloscope numérique.

II.3.1 Mise en évidence du couplage


On excite un seul circuit.

Partir d'un couplage nul (C' = 0) et injectez les créneaux en U et faire V = 0.

Sans couplage :
VA(t) évolue de façon harmonique à la fréquence f0. Le vérifier en mesurant cette
fréquence et comparez à la valeur théorique. La sinusoïde est amortie en raison de la résistance non
nulle du circuit LC. VB(t) est nulle ; il n'y a aucun transfert d'énergie entre les deux circuits. Ces
observations sont à rapprocher des résultats obtenus au & I.1 pour le pendule pesant.

Avec couplage :
Augmentez progressivement le couplage → on constate un transfert progressif
d'énergie du primaire au secondaire qui augmente avec la valeur de C'. VA(t) et VB(t) n'évoluent
pas de façon harmonique mais on reconnaît pour certaines valeurs du couplage (couplage faible C' =
= 40 nF par exemple) un phénomène de battements amortis :

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Dans cette configuration, on observe facilement en dilatant l'échelle des temps que l'extremum d'un
signal correspond à un signal nul pour l'autre. Cela exprime la conservation de l'énergie au cours
des transferts. On peut le confirmer en additionnant les deux signaux : le signal résultant correspond
au signal observé en l'absence de couplage.

Conclusion :
Le phénomène de battements et le fait que la somme des deux signaux évolue de
façon harmonique montre que l'évolution de ces signaux est une combinaison simple de deux
signaux harmoniques. Cette propriété est générale lorsqu'on couple deux oscillateurs identiques (cf.
[6], ch. 27, p. 401-402). On peut montrer que les deux signaux qui se combinent sont les modes
propres (symétrique et antisymétrique) du système → pour C = C' = 40 nF par exemple, mesurez
précisément la pseudo période des signaux et la période des battements (entre 3 minima).
L’exploitation de ces mesures sera faite au § II.3.3.

II.3.2 Mode symétrique


On excite de façon symétrique les deux circuits

Injectez le signal créneaux en U et en V → cette fois-ci, les deux signaux VA(t) et VB(t) sont
identiques et on peut vérifier que les capacités de couplages sont sans effet (un effet résiduel peut
apparaître si les deux résistances R ne sont pas parfaitement égales). Ceci est normal car chaque
côté des capacités de couplage est attaqué par le même signal → aucune ddp ne leur étant
appliquée, elles n'ont aucun rôle. On peut alors vérifier que la réponse harmonique des deux
systèmes dans ce mode se fait à la fréquence f0 (faire une mesure). Cette observation est à
rapprocher du § I.3.1 pour le pendule.

II.3.3 Mode antisymétrique


On excite de façon antisymétrique les deux
circuits.

Injectez directement le signal créneau en U. Le faire passer dans l'amplificateur inverseur de gain 1
pour l'excitation en V. On constate évidemment que les deux signaux sont identiques mais en
opposition de phase (utilisez la touche INVERT de l'oscilloscope). Si on visualise le point milieu
des capacités de couplage (celles-ci ayant toutes les deux la même valeur), on constate que son
potentiel est pratiquement nul (rigoureusement si les deux systèmes et l'amplitude de l'excitation
sont parfaitement identiques). Justifiez. Mettre en évidence l'importante influence des capacités de
couplage sur la fréquence des signaux. Ces observations sont à rapprocher du § I.3.2.

Mesures :
Mesurez la fréquence fANTISYM pour la valeur de C' utilisée au § II.3.1 et comparez cette
valeur à la formule :
1
f ANTISYM  cf. § II.1
2 L(C  C )'

Prendre la valeur de L obtenue au § II.2 pour le calcul théorique.

Retour au § II.3.1 :
De la même manière que pour le pendule, il faut vérifier qu'on a les relations
suivantes :

f SYM  f ANTISYM f SYM  f ANTISYM


f PSEUDOPERIODE  Et f BATTEMENTS 
2 2

On justifie ainsi les remarques faites en conclusion au § II.3.1.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.4 Régime forcé


On envoie maintenant un signal sinusoïdal dont on fait varier la
fréquence. On peut là aussi exciter les modes symétriques et antisymétriques ; on retrouve les
mêmes phénomènes que précédemment mais avec des signaux harmoniques.

Influence du couplage sur les fréquences de résonance :


On excite en U et on fait V = 0. On obtient
alors une superposition des deux modes. Visualisez VA(t) et VB(t). Montrez que les fréquences des
maxima sont les mêmes pour les deux points de mesure. Dans le cas d'un couplage fort (C'  150
nF), comparez les phases de VA(t) et VB(t) aux deux fréquences de résonance. Interprétez.
Effectuez une wobbulation et observez la réponse en fréquence en B. Faire varier le couplage en
jouant sur C' (autour de 20 nF). Pour un couplage faible mais non nul, on obtient un seul pic de
résonance. Pour un couplage plus fort, le pic se dédouble. Un pic est à la fréquence f 0 = fSYM, l'autre
est à la fréquence fANTISYM.

Remarque :
Le couplage que l'on vient de voir est un des plus simples qui puissent être étudié. Il a
en revanche la particularité de faire apparaître un dédoublement de la fréquence où une des deux
nouvelles fréquences correspond à la fréquence propre des deux circuits pris séparément (fSYM = f0).
Ce n'est pas toujours le cas. Le couplage fait très souvent apparaître deux nouvelles fréquences
situées de part et d’autre de la fréquence f0. C'est l'objet du chapitre suivant.

III CIRCUITS COUPLES PAR MUTUELLE INDUCTANCE

III.1 Système d'étude


Le couplage est ici assuré par l'influence mutuelle M entre deux
selfs :

M
L1, R1 L2, R2
GBF
Y1 Y2

C1 C2

Les cellules de bases sont des circuits de type LC à fort coefficient de qualité. Ils permettent d'avoir
des signaux pas trop faibles lorsqu'on désaccorde les circuits d'où des mesures plus faciles. Les
résonances en intensité IR et en tension UC (cf. montage sur la résonance) sont aussi pratiquement
confondues. La constante de couplage dans ce circuit est définie par la relation :

K  M / L1L 2 .

III.2 Oscillateurs accordés en régime forcé

III.2.1 Introduction
On considère deux circuits identiques (L1 = L2 = L ; C1 =
C2 = C ; R1 = R2 = R) et on s’intéresse à l’évolution des tensions UC1 et UC2 en fonction de la
fréquence. Une étude complète est menée dans l’annexe en fin de topo. Les résultats sont assez
lourds si l’on ne fait pas d’approximation mais, comme on va le voir, l’expérience montre que les
fréquences qui apparaissent lors du couplage sont assez proches de la fréquence f0. Dans ces

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

conditions, si on pose   0 1  avec  1 , on obtient les résultats approchés suivants :

1/ 2
 2
162 
UC1 1 2   1 2
  4 .   K 2
 4  
U Q2   Q2  Q2 
 
1/ 2
UC2  1 
2
162 

 K.  2  K  4  
2 2
U  Q  Q2 
 

L'étude de la deuxième fonction (cf. [5], p. 135) montre qu'elle passe par un seul maximum pour  =
0 si K < 1/Q. Si K > 1/Q, elle passe par deux maximums pour ε = ± (1/2)√(K2 – 1/Q2) ≈ ± K/2 si K
> 1/Q (circuits à fort coefficient de qualité). Bien que légèrement différente au niveau du
numérateur, la première fonction présente une évolution à peu près similaire, surtout lorsque l’on
est au dessus du couplage critique K = 1/Q (le fait que les évolutions dans les deux circuits soient
assez proches est typique d’un couplage entre oscillateurs accordés). A Rennes, un petit programme
sous Excel permet de simuler ces fonctions de transfert pour voir les similitudes et les différences. Il
permet aussi de comparer les résultats avec et sans simplification → le demander au professeur.

III.2.2 Montage d'étude


On étudie un circuit LC série. Son impédance est
minimum à la fréquence f0 = 1/2π√(LC) (cf. [3], p.109). Le courant passe donc par un maximum.
L'impédance du montage étant faible à la résonance, il faut un ampli de puissance pour éviter que
le GBF ne s'écroule pas. Pour la même raison, injectez un signal de faible amplitude pour ne pas
avoir de surtensions excessives dans les circuits à la résonance !

GBF : Métrix GX 245


AP
atténuation - 40 dB !
M
AP : ampli de puissance L L
GBF
L : 500 spires Leybold
Y1 Y2
C1, C2 : boites de capa MC 1001 C2
C1
Utilisez un oscilloscope numérique.

Réglage des circuits sur une fréquence commune :


Prendre C1 = 0,5 F ; faire une wobbulation
entre 2200 et 2500 Hz environ. Repérez en Y1 la résonance du circuit 1 non couplé et placez là au
centre de l'écran de l'oscilloscope (le placer en mode AUTO STORE). Notez la valeur f0 =
1/2π√(LC) en arrêtant la wobbulation à la résonance. Alimentez le deuxième circuit de la même
façon et ajustez la valeur de la capacité C2 pour avoir la résonance en Y2 au même endroit →
l'accord est réalisé.

A montrer en présentation :
Affichez les courbes de résonance de chaque circuit séparé pour
montrer qu'ils sont identiques. Alimentez ensuite le circuit 1 et refermez le circuit 2 sur lui-même
(cf. schéma précédent). Visualisez la tension Y1 et approchez progressivement la bobine 2 de la
bobine 1 → montrez que le couplage fait apparaître deux nouvelles fréquences pratiquement
symétriques par rapport à f0 et que ces fréquences s'écartent de f0 à mesure qu'on augmente le
couplage. Se placer au couplage maximum et repérez sur l'oscilloscope les deux pics de résonance ;

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

visualisez alors le signal Y2 → mêmes fréquences de résonance. En déduire dans ce cas la constante
de couplage K par la relation approchée :

f   f 0 1  K / 2 

Ecartez de nouveau la bobine 2 de la bobine 1 → montrez le couplage critique (cf. [5], p. 110 et [4],
p. 136). Citez l'application possible de ce couplage particulier.

Remarque :
On constate expérimentalement une légère dissymétrie des deux fréquences par
rapport à f0. Elle s'explique par le fait que le calcul effectué à partir duquel les conclusions ont été
tirées est une approximation. La différence n’est pas trop gênante ici car l’expérience montre qu’on
ne dépasse pas en pratique un coefficient de couplage de l’ordre de 0,1 → l’écart entre les relations
approchées et les calculs exacts est assez faible (cf. Annexe).

Vérification :
On peut comparer la valeur de K que l’on a obtenue à celle que l’on peut calculer en
mesurant le coefficient de mutuelle inductance M (le principe de la mesure est développé dans le
montage sur l’induction) :

Placez les bobines en couplage maximum


(accolées). Injecter un signal triangulaire dans
la première bobine. On a aux bornes de R une
tension X proportionnelle au courant. Mesurez GBF 1 kHz L, r
Y
la pente de ce signal avec un oscilloscope à
curseurs. En déduire celle du courant. La
tension en Y correspondant à la fém induite eind R = 1 kΩ
doit être un signal carré ; mesurez son
amplitude. Déduire de ces mesures la valeur de
X
M par la relation eind = - M.di/dt

III.3 Oscillateurs désaccordés


Modification d'une des fréquences propres.

Manipulation :
Reprendre le montage du § III.2.2 avec le couplage maximum (accoler les deux
bobines). Faire varier la valeur de C1 et mesurez à chaque fois les valeurs des deux fréquences de
résonance en Y2 (cette mesure peut se faire en wobbulant lentement et en arrêtant le balayage en
fréquence lorsqu'on est sur les pics de résonance). Faire le graphique 2 = f(1/C1) et tracez aussi
l’évolution des pulsations de résonance des deux circuits si ils n'étaient pas couplés :

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Analyse :
On peut dégager quelques idées importantes :
- les courbes du système couplé ne se
croisent pas comme c'est le cas de celle du système non couplé : quand les oscillateurs sont couplés,
ils forment un seul système et on ne peut plus assimiler une courbe de résonance à un seul circuit.
- les courbes du système couplé tendent
vers celle du système non couplé quand on désaccorde les deux circuits : quand les oscillateurs ne
sont pas accordés, le couplage a peu d'effet sur la valeur des fréquences de résonance ; elles sont
proches des fréquences propres des deux circuits. L'effet maximum sur les fréquences de résonance
a lieu lorsque les circuits sont accordés. Cet effet se fait aussi sentir sur l'énergie transférée au
deuxième circuit. Observez les pics de résonance en Y2 : ils ont une amplitude maximum à l'accord
et diminuent au fur et à mesure qu'on augmente le désaccord. Visualisez ensuite Y1 et observez
l'évolution de l'amplitude des pics de résonance lorsqu'on désaccorde les circuits → la résonance est
très forte sur sa pulsation propre, très faible sur celle du deuxième circuit

Remarque :
Ces courbes sont caractéristiques d'un système de deux oscillateurs couplés. Sur un
piano par exemple, chaque note est constituée de deux (ou trois) cordes frappées par un même
marteau. Une fois frappées, ces cordes se comportent comme des oscillateurs couplés au niveau du
chevalet. Si on trace les fréquences propres du système formé de deux cordes en fonction du
désaccord entre les fondamentales des cordes, on obtient le même type de courbe.

IV PULSATIONS PROPES D'UN SYSTEME DE N OSCILLATEURS COUPLES


On peut
utiliser pour ce chapitre une échelle de perroquet mais nous n’en disposons pas à Rennes.

IV.1 Présentation du système

vibreur

masse

Le système étudié est une corde de masse m portant


yn
N plombs de masse individuelle M situés aux yn-1 yn+1
abscisses z = a, 2a, 3a, …, Na :
a a
La corde a pour longueur totale L = (N+1)a ; chaque
plomb a la masse M et l’on a N.M >> m. Ici M = 1,3 g et m = 0.7 g ; on travaillera avec N = 4
ou 6. La corde est fixée à ses extrémités et tendue par une masse mt. On suppose que la corde est
tendue uniformément. Soit  la tension de la corde ; on a alors :  = mt g. L’équation différentielle
du mouvement de chacun des plombs s’écrit :
d2 yn y  yn y  y n 1
M 2
  n 1  n
dt a a

Le système est donc constitué de N masses couplées par le terme de tension. La résolution de
l’équation différentielle amène, en recherchant des solutions de type yn(z, t) = An.cosωt, à la relation
suivante :
4  k.a 
k   sin  
Ma  2 

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ainsi, les fréquences propres des modes de vibration ne sont plus dans des rapports entiers comme
c’est la cas avec une corde continue. Le but de l’expérience est de vérifier cette relation de
dispersion qui est caractéristique d’un système de N oscillateurs couplés.

IV.2 Manipulation

IV.2.1 Vérification de la loi de dispersion pour N = 4


La corde est excitée par
un vibreur alimenté par un GBF ayant un réglage fin et un affichage précis de la fréquence. La
fréquence de travail est comprise entre 5 et une centaine d’Hertz. Recherchez les fréquences de
résonances de la corde plombée en faisant varier la fréquence. On veillera à choisir une amplitude
suffisamment élevée de la tension pour repérer les résonances mais pas trop. En effet, aux fortes
amplitudes de vibrations, les cordes faiblement tendues comme celles-ci se mettent à tourner ; ainsi
les conditions aux limites ne sont plus vraiment stables, la longueur vibrante de la corde varie et
cela modifie les fréquences de résonances.

mode 1
fondamental
Pour chaque fréquence de résonance,
visualiser le mode de vibration.
mode 2

Placez sur un même graphique :


- vos mesures de f = /2 en fonction de k (calculez k à partir du
nombre de fuseaux observés sur la longueur de la corde qui vaut 1 m).
- f en fonction de k pour la corde continue qui aurait la même
fréquence fondamentale.
- les valeurs théoriques simulées (sur Excel) d’après la formule de
dispersion de f en fonction de k.

Exemple de résultats pour mt =1240 g :

Vecteur d'onde Fréquences mesurées en Hz fréquence sans dispersion en Hz Simulation en Hz


3,14 23 23 21,3
6,28 44 46 40,5
9,42 53 69 55,7
12,56 70 92 65,5
12,56 70 92 65,5

Corde avec 4 plombs


100
Mesures
80 sans dispersion
simulation
f en Hertz

60

40

20

0
0 5 k en m-1 10 15

IV.2.2 Influence du nombre d’oscillateurs sur la dispersion


Prévoir l’effet d’une

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

augmentation du nombre d’oscillateur et recommencez l’opération pour N = 6. A priori, on doit


observer 6 modes puisqu'il y a 6 oscillateurs. En pratique, il est difficile d'observer les modes élevés
(5 et 6) qui ne présentent pas suffisamment d'amplitude.

Exemple de résultats pour mt =1240 g :

Vecteur d’onde Fréquence Mesurées en Hz Fréquence Sans dispersion en Hz Simulation en Hz


3,14 20 20 18,1
6,28 40 40 35,3
9,42 57 60 50,7
12,56 73 80 63,6

V CONCLUSION
On a mis en évidence les différentes caractéristiques des oscillateurs couplés :

- le couplage écarte les fréquences propres du système d'oscillateurs


- dans un système d'oscillateurs couplés, les fréquences propres ne peuvent plus être
attribuées à un oscillateur particulier, ce sont les fréquences propres du système entier.

Dans ce montage, on s'est limité aux oscillateurs couplés de même nature. Un haut-parleur par
exemple met en jeu un oscillateur mécanique couplé avec un oscillateur électrique. De même,
quand on place un haut-parleur dans une enceinte et que l'on observe une modification de la
fréquence de résonance de l'ensemble, on forme un système d'oscillateurs couplés (haut-parleur et
résonateur d'Helmholtz).

Il y a peu d'applications technologiques directes de ces caractéristiques. On peut noter toutefois le


sismographe constitué de deux oscillateurs couplés. Par contre les oscillateurs couplés interviennent
dans l'interprétation de la propagation des ondes mécaniques dans les cristaux (cf. leçon sur N
oscillateurs couplés). De plus, on peut établir des analogies entre deux oscillateurs couplés en
mécanique ou en électricité avec une particule oscillant dans un puits de potentiel à deux états.
L'étude dans le domaine classique permet de mieux comprendre ce qui se passe en mécanique
quantique. Les applications de cette étude en mécanique quantique sont nombreuses (cf. leçon sur
les systèmes à deux états). Enfin on retrouve un cas analogique au cas de N oscillateurs couplés en
mécanique quantique. Ceci permet de comprendre comment des atomes aux niveaux discrets
d'énergie associés dans un solide forment un système avec des bandes d'énergies (cf. leçon sur la
conduction).

Bibliographie :
[1] : Quaranta I p. 83, 235, 244, 254, 265, 279
[2] : Berty Escaut : Physique Pratique, Tome 2 (Vuibert)
[3] : Berty Fagot Martin : Electricité pratique, Tome 2 (Vuibert)
[4] : Quaranta IV p. 107
[5] : J. P. Mathieu : Oscillateurs
[6] : Pérez : Mécanique ch. 27 p. 406
[7] : Fleury Mathieu : Electricité (pour le & II)

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE : CALCULS SUR LES CIRCUITS COUPLES PAR


MUTUELLE INDUCTANCE

On présente ici les calculs dans le cas ou les circuits que l’on couple sont identiques.

I CIRCUIT D’ETUDE

M
L, R L, R

GBF
Y1 Y2

C C

Les équations des deux circuits sont alors les suivantes :

  1 
Circuit 1 : R  j L  C  I1  j M I 2  U  Z I1  j M  I 2
  

  1 
Circuit 2 : R  j L  C  I 2  j M I1  0  Z I 2  j M  I1
  

ZU  jM  U
On en déduit les expressions de I1 et I2 : I1  I2 
Z M 
2 2 2
Z2  M2 2

 2  
On pose   0 1    ; l’expression de Z devient alors : Z  R  jL0
1 

II CALCUL DU RAPPORT UC1/U


On a UC1 = I1/(jCω). En réinjectant dans cette
expression celles de I1, Z et  et en mettant à profit les relations M  K.L , Q  L0 / R et
0  1/ LC , on trouve après arrangement la relation suivante :
1/ 2
 2 2 2
 2   2  2     4 2    2  
2 2
UC1

1
  1
.   2  K 1    
2 2
 
2 
Q2 1    1   4  1     Q2    1 
U 2 2
 Q
 

Simplification :
Si l’on s’intéresse à des pulsations proches de la pulsation 0, on a alors ε << 1.
Dans ce cas :

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

1/ 2
  1
2
2  16 2 
2
UC1 1
  4 .   2  K  4 
2
U Q2  Q2 Q  

II CALCUL DU RAPPORT UC2/U


On a UC2 = I2/(jCω). En réinjectant dans cette expression
celles de I2, Z et  et en mettant à profit les relations M = K.L, Q = Lω0/R et ω0 = 1/√(LC), on
trouve après arrangement la relation suivante :
1/ 2
 2 2 2
UC2  1
 K.   2  K 1    
2 2  2
 2     
4 2  2    
2 
U 

 Q  1    2
 Q2 1    

Simplification :
Si l’on s’intéresse à des pulsations proches de la pulsation 0, on a alors ε << 1.
La relation précédente devient:
1/ 2
UC2  1 
2
162 
 K.   2  K  4  
2 2
U  Q  Q2 
 

III COMPARAISON DES DIFFERENTES EXPRESSIONS


Un petit programme sous Excel
permettant de simuler l'évolution des fonctions de transfert simplifiées et non simplifiées existe à
Rennes → vous pouvez le demander au professeur. On présente ici quelques courbes pour
différentes valeurs de la constante de couplage. Le facteur de qualité que l’on a pris correspond à
celui des circuits utilisés dans les manipulations.

III.1 Évolution pour K = 0,025

Uc1/U en fonction de espsilon Uc2/U en fonction de epsilon


35. 000 30. 000

calcul simplif ié
30. 000 calcul simplifié 25. 000
calcul non simplif ié
calcul non simplifié
25. 000
20. 000
Uc1/U

Uc2/U

20. 000
15. 000
15. 000

10. 000
10. 000

5. 000
5. 000

0. 000 0. 000
-0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2 -0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2

epsilon epsilon

On voit ici que les formules approchées recoupent bien l’évolution réelle des fonctions de transfert.
Ce n’est pas vraiment étonnant puisque la condition ε << 1 est assez bien respectée.

III.2 Évolution pour K = 0,1


Ce cas est particulièrement intéressant car c’est celui
qui correspond à peu près au couplage maximum que l’on peut avoir dans notre montage. Les
courbes sont légèrement différentes cette fois ci. Les expressions simplifiées font apparaître des pics
symétriques ce qui n’est pas tout à fait le cas avec le calcul complet : les pics de résonance n’ont pas

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

tout à fait la même amplitude et ils ne sont pas tout à fait symétriques par rapport à f 0 ( = 0).
L’écart reste faible cependant.
Uc2/U en fonction de epsilon
Uc1/U en fonction de espsilon
30. 000 30. 000

calcul simplifié calcul simplif ié 25. 000


25. 000
calcul non simplifié calcul non simplif ié

20. 000 20. 000

Uc2/U
Uc1/U

15. 000 15. 000

10. 000 10. 000

5. 000 5. 000

0. 000 0. 000
-0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2 -0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2

epsilon epsilon

III.3 Évolution pour K = 0,2

Uc1/U en fonction de espsilon Uc2/U en fonction de epsilon


35. 000 35. 000

calcul simplifié
30. 000 30. calcul
000 simplifié
calcul non simplifié
calcul non simplifié
25. 000 25. 000
Uc2/U
Uc1/U

20. 000 20. 000

15. 000 15. 000

10. 000 10. 000

5. 000 5. 000

0. 000 0. 000
-0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2 -0. 2 -0. 15 -0. 1 -0. 05 0 0. 05 0. 1 0. 15 0. 2
epsilon epsilon

Les différences entre le modèle simplifié et le calcul exact commencent à s’accentuer.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

REGIMES TRANSITOIRES

Les régimes transitoires correspondent au comportement d’un système quand il passe d’un état
permanent à un autre. Ces états peuvent être stationnaires (grandeurs invariables dans le temps),
mais pas forcément. L’étude des régimes transitoires se résume souvent à la relaxation1 des
systèmes linéaires d’ordre 1 ou 2 mais c’est un domaine beaucoup plus vaste. On peut aussi
s’intéresser à l’établissement de régimes forcés non stationnaires ou au temps de réponse d’un
composant ou d’un système asservi soumis à un changement de consigne.

I REGIME TRANSITOIRE D’UN SYSTEME LINEAIRE D’ORDRE 1

I.1 Etude du phénomène de relaxation avec un circuit RC


Cette expérience est
classique et se trouve dans de nombreux ouvrages (cf. [4], p. 476 par exemple) donc on peut s’y
reporter pour plus de précisions. Il faut montrer que la réponse est monotone (pas d’oscillations
possibles), en forme d’exponentielle2, avec une constante temporelle caractéristique τ = RC. Cette
étude étant assez classique, on peut la compléter ou la remplacer par quelque chose d’un peu plus
ambitieux. On peut s’intéresser par exemple au temps de réponse d’une photodiode (se reporter au
montage « Photorécepteur » pour plus de précision ou en [6], p. 69). Les paragraphes suivants
peuvent aussi être des alternatives.

I.2 Lien entre le régime transitoire et la réponse harmonique pour les systèmes
linéaires et invariants dans le temps
[1], p. 142 ; [2]

L’expérience suivante met en évidence une propriété essentielle des filtres linéaires et invariants
dans le temps : ils sont entièrement caractérisés par leur réponse impulsionnelle et la réponse à une
entrée quelconque est donnée par le produit de convolution entre l’entrée et cette réponse. La
fonction de transfert d’un tel système correspond à la transformée de Fourier de sa réponse
impulsionnelle (cf. annexe 1) → le comportement d’un filtre en régime harmonique peut se déduire
de sa réponse en régime transitoire.

I.2.1 Montage

X EA0
R = 10 k
GBF X : vers un oscilloscope
C = 20nF EA0 : vers synchronie

Le filtre a pour fonction de transfert :


𝑉𝑆 1
=
𝑉𝐸 1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔

1
Retour à une situation d’équilibre.
2
On peut modéliser le régime transitoire pour le montrer, ou tracer le logarithme de la réponse : le fait qu’on obtienne
une droite prouve alors le caractère exponentiel de cette réponse.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Sa fréquence de coupure vaut fC = 1/(2πRC). Le gain chute de – 20 dB/décade en haute fréquence.


Le déphasage évolue entre 0 et – π/2 et vaut – π/4 à la fréquence de coupure.

Manipulation :
L’idéal consiste à utiliser un générateur de pulses. Si on n’en a pas, on peut prendre
un GBF classique et di-symétriser au maximum un signal carré (rapport cyclique inférieur à 10 % si
possible). Quelle que soit la méthode employée, il faut s’arranger pour produire au mieux des pulses
compris entre 0 et 5 V qui se répètent à une fréquence d’environ 30 Hz. Une fois ces réglages
effectués, on peut lancer l'acquisition sur Synchronie avec les paramètres suivants :

Npoints = 2048 ; Téch = 6 s ; déclenchant sur le front montant de EA0

On obtient un signal dont seule la partie en exponentielle décroissante nous intéresse (on veut la
réponse à une impulsion). Le plus simple pour conserver uniquement cette partie consiste à décaler
le signal obtenu : il suffit d’aller dans le tableur, ajouter la variable EA0 et rechercher la valeur N du
point d’acquisition correspondant au début de la décroissance exponentielle. On définit ensuite une
nouvelle variable décalée dans la feuille de calcul avec la syntaxe suivante (en écrivant bien
entendu la valeur numérique pour N) :

X=AVANCE(EA0,N)

On peut alors relancer une acquisition et vérifier que la courbe X démarre bien au début de
l’exponentielle décroissante en zoomant sur le début de la courbe. Ce réglage est important si on
veut que le logiciel réalise une exploitation conforme à ce que l’on souhaite.

I.2.2 Traitement du signal acquis


Le logiciel Synchronie peut calculer
différentes TF :
+∞ +∞
𝑗𝜔𝑡
TF complexe d’un signal 𝑆(𝑗𝜔) = 𝑇𝐹[𝑠(𝑡)] = ∫ 𝑠(𝑡)𝑒 𝑑𝑡 = ∫ 𝑠(𝑡)(𝑐𝑜𝑠 𝜔 𝑡 + 𝑗 𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡)𝑑𝑡
−∞ −∞
+∞
TF en cosinus : 𝑆𝑐𝑜𝑠 (𝜔) = ∫−∞ 𝑠(𝑡) 𝑐𝑜𝑠 𝜔 𝑡𝑑𝑡
+∞
TF en sinus : 𝑆𝑠𝑖𝑛 (𝜔) = ∫ 𝑠(𝑡) 𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡𝑑𝑡
−∞

2 + 𝑆2
TF en module : 𝑆𝑚𝑜𝑑 = √𝑆𝑐𝑜𝑠 𝑠𝑖𝑛

𝑆𝑚𝑜𝑑
TF en puissance : 𝑆𝑝𝑢𝑖𝑠 = 20 𝑙𝑜𝑔 ( )
𝑅é𝑓
𝑆𝑠𝑖𝑛
TF en argument : 𝜃 = 𝐴𝑟𝑐 𝑠𝑖𝑛 ( )
𝑆𝑚𝑜𝑑

La TF en puissance permet d’obtenir le diagramme de Bode en gain du filtre puisqu’elle correspond


à la TF en module exprimée en échelle logarithmique. La TF en argument est censée nous donner
l’évolution de la phase mais le résultat obtenu présente généralement des défauts. Ce problème est
lié au double échantillonnage induit par le processus numérique de calcul de la TF3. Les

3
Le logiciel utilise un signal échantillonné au lieu du signal réel variant continument dans le temps et il ne calcule le
spectre que pour certaines valeurs de la fréquence. Cette double discrétisation fait qu’il réalise une transformée de
Fourier discrète (TFD) et non pas une TF.
2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

approximations qui en découlent affectent particulièrement le calcul de la phase. Le résultat est très
sensible à la position des échantillons dans les intervalles de mesure. Le meilleur compromis
consiste à prélever les mesures au milieu des intervalles, c'est à dire aux instants tk = (k + 1/2)Téch,
chose que ne fait pas le logiciel puisqu’il les prend aux instants tk = kTéch. La FFT qu’il réalise peut
cependant être corrigée avec un résultat convenable pour ce filtre en la multipliant par le terme
exp(-jπfTéch) (cf. [2] et annexe 1). Il suffit donc de recalculer l’argument en entrant les lignes
suivantes dans la feuille de calcul du logiciel4 :

sa=-S_Sin×cos(pi×f×6E-6)-S_Cos×sin(pi×f×6E-6)
sav=sa/S_Module
theta=asin(sav)

I.2.3 Exploitation

On peut mesurer la fréquence de coupure du filtre à – 3 dB sur le diagramme en puissance et


vérifier que la pente de l'asymptote en hautes fréquences est proche de - 20 dB/décades. La phase
évolue entre 0 à - /2 avec  = - /4 à la fréquence de coupure5. On peut refaire une acquisition sur
4096 points sans changer la fréquence d’échantillonnage. Le pas de calcul du spectre est alors plus
fin car les algorithmes FFT utilisent un incrément qui vaut 1/Ttot = 1/(NTéch)6.

I.2.4 Temps de réponse d’un système bouclé


Une autre manière d’enrichir ce
chapitre peut consister à étudier la réponse d’un système bouclé à un changement de consigne, et
voir comment l’ajout de correcteurs peut améliorer les performances dynamiques du système. Une
expérience de ce genre est menée sur un amplificateur modélisable par une fonction de transfert du
premier ordre dans le montage sur les systèmes bouclés (§ II.4 et II.5) → s’y reporter pour des idées
de manipulations.

II REGIME TRANSITOIRE D’UN SYSTEME LINEAIRE D’ORDRE 2

II.1 Influence du coefficient d’amortissement


Cette étude est classique avec un
circuit électrique RLC. On la trouve là encore dans de nombreux ouvrages (cf. [4], p. 479 par
exemple). Il faut alors montrer que la réponse peut être monotone ou oscillante suivant le degré
d’amortissement du circuit, et qu’il existe un régime critique délimitant les deux types de réponse

6.10-6correspond à la période d’échantillonnage Téch.


4
Cette valeur doit être modifiée si on change féch !
5
On peut d’ailleurs se servir de cette position pour mesurer fC.
6
Ce point est expliqué dans le montage sur l’analyse et le traitement des signaux.
3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

→ se reporter à la référence proposée pour des idées de manipulation. Le système étant là aussi
linéaire et invariant dans le temps, sa réponse en régime transitoire est encore intimement liée à sa
réponse harmonique, notamment à sa sélectivité. L’expérience suivante permet de le vérifier.

II.2 Etude du régime transitoire d’un diapason


On peut commencer par montrer que
le régime transitoire d’un diapason se modélise de la même manière que pour un circuit RLC
faiblement amorti, à savoir par une sinusoïde décroissant de manière exponentielle. L’opération est
cependant délicate car les diapasons vibrent pendant plusieurs secondes après une percussion, soit
une durée énorme comparée à celle d’une oscillation. Il faut donc observer un très grand nombre de
périodes pour voir une décroissance significative du signal :

Exemple du diapason La3 à 440 Hz : T = 2,3 ms


→ Noscillations≈ 1000 !
Temps de décroissante typique avec une caisse de résonance : τ ≈ 2 s

Une modélisation sur autant de périodes n’est pas simple. Elle nécessite notamment une
connaissance précise de la fréquence des oscillations (on le comprend facilement en imaginant le
décalage temporel que peut induire une erreur de l’ordre du % au bout de 1000 périodes).

II.2.1 Enregistrement de la décroissance

Micro
MDT 457 B Téch = 20 µs
Latis Pro N = 150 000 points

Il faut une fréquence d’échantillonnage suffisamment grande pour décrire correctement une période
et prendre assez de points pour observer la décroissance des oscillations. Les valeurs proposées
pour Téch et N permettent d’observer le signal pendant 3 secondes avec environ 100 points par
période. Un tel nombre de points requiert l’utilisation du logiciel d’acquisition Latis Pro au lieu de
Synchronie7. Voici à titre indicatif le résultat d’un enregistrement suite à une percussion du
diapason (l’échelle de conversion du CAN été réglée à +1/-1 V pour assurer une bonne conversion
analogique numérique du signal compte tenu de son amplitude) :

Latis pro permet d’enregistrer jusqu’à 256 000 points alors que Synchronie est limité à 10 000 points.
7

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La décroissance du signal est visible mais l’observation des oscillations nécessite de zoomer
fortement sur une partie de l’acquisition.

II.2.2 Modélisation du signal


Latis Pro propose des fonctions prédéfinies
pour modéliser des oscillations décroissant exponentiellement, mais avec de nombreux paramètres
qui ne facilitent pas la convergence vers un résultat. Il vaut donc mieux réduire au maximum le
nombre variable. Pour ce faire, on peut partir du modèle sinusoïdal :

Y0 + Ym×Exp(-m×2×pi×Fo×Temps)×sin(2×pi×Fo×Temps+Phi)

Le signal récupéré étant centré sur zéro, on peut supprimer Y0. On peut aussi éliminer le terme de
phase Phi en déclenchant l’acquisition sur un front montant du signal avec un seuil nul (cf. les
paramètres en bas à gauche sur la figure), car φ(t = 0) doit alors être nul avec une sinusoïde8.
L’expression se résume ainsi à9 :

Ym×Exp(-m×Temps)×sin(2×pi×Fo×Temps)

Il faut aussi aider le logiciel en lui donnant une estimation correcte des paramètres Ym, m et F0. Le
plus important est de lui fournir une estimation précise de la fréquence. On peut l’obtenir
simplement en utilisant la fonction « Mesures automatiques » du logiciel. On trouve dans notre
exemple une fréquence10 :

F0 = 440,097 Hz

On mesure Ym en zoomant sur le début de l’acquisition (Ym = 305 mV sur notre figure). Le
coefficient m peut s’estimer en cherchant le temps t pour lequel l’enveloppe du signal atteint 36,8 %
de la valeur initiale Ym. On a alors m = 1/t (m ≈ 1/1,85 = 0,54 s-1 ici). On entre alors ces valeurs de
F0, m et Ym dans le logiciel et on lance un premier calcul en désactivant l’ensemble des paramètres.
On peut ensuite affiner le résultat en activant successivement Ym et m. Une fois le calcul effectué,
on peut alors zoomer sur différents points de l’acquisition pour comparer l’enregistrement à la
courbe modélisée :

Si on estime que la fréquence doit être retouchée, il faut éviter de relancer une modélisation avec la
fréquence comme degré de liberté car le logiciel n’arrive généralement pas à converger. Cette
incapacité est liée à des modifications trop fortes de ce paramètre au cours des différentes itérations
(imaginer les décalages induits par un changement très faible de fréquence au bout de 1 000

8
On peut aussi prendre un modèle en cosinus mais il faut alors ajouter φ = – π/2 dans le cosinus.
9
L’expression du terme exponentiel a été aussi allégée pour faire apparaitre directement le coefficient d’amortissement
m homogène a l’inverse d’un temps (le coefficient noté λ dans de nombreux ouvrages).
10
Ce résultat n’est pas une garantie de valeur exacte pour F D. C’est la valeur « vue » par le logiciel qui est nécessaire
pour caler sa modélisation sur l’acquisition réalisée.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

périodes). Une solution consiste à redéfinir la fréquence avec un paramètre d’ajustement A centré
autour de 440 Hz :

Ym×Exp(-m×Temps)×sin(2×pi×(440 + A)×Temps)

Le logiciel arrive alors généralement à converger :

On obtient ici A = 0,093, soit F0 = 440,093 Hz (résultat très proche de la mesure automatique).
L’ajustement du coefficient d’amortissement conduit à m = 0,56, une valeur cohérente avec celle
estimée auparavant.

Remarque :
Il faut frapper le diapason avec une force raisonnable pour rester dans un modèle de
réponse linéaire sinon on ne peut pas caler l’amplitude du modèle sur celle du signal réel pour la
durée totale de l’acquisition. C’est le cas de l’enregistrement ci-dessus : le modèle a été ajusté sur le
début du signal avec un très bon accord mais il décroit plus rapidement que le signal réel vers la fin
de l’enregistrement. Cette observation laisse à penser que l’amortissement diminue avec le niveau
des oscillations et la force avec laquelle on frappe le diapason semble en être la cause car on a repris
l’expérience en frappant beaucoup moins fort et on n’a pas retrouvé le même genre d’écarts. La
modélisation a d’ailleurs donnée un coefficient d’amortissement plus faible (0,39 s-1), ce qui semble
confirmer l’hypothèse d’un amortissement non linéaire.

II.2.3 Transformée de Fourier de la réponse transitoire


On peut, comme
pour le § I.2, faire la TF de la réponse impulsionnelle du diapason afin d’obtenir son comportement
en régime harmonique :

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

La TF du signal acquis dans les conditions précédentes est cependant grossière car la durée totale
d’observation ne permet pas d’avoir un pas de calcul Δf = 1/Ttot = 0,33 Hz suffisamment fin compte
tenu du facteur de qualité du diapason. Il faut donc augmenter la durée d’acquisition pour obtenir un
meilleur résultat. On peut relancer un nouvel enregistrement avec le maximum de points possible
(256 000) et une durée d’observation à 30 secondes (le pas de calcul de la TF est diminué d’un
facteur 10 dans ce cas). Le spectre obtenu peut alors être modélisé par la fonction de transfert d’un
système du deuxième ordre (cf. [4], p. 463) :

𝑆0
𝑆=
2
√1 + 𝑄 2 ( 𝐹 − 𝐹0 )
𝐹 0 𝐹

L’amplitude S0 à la résonance s’estime à partir du spectre (≈ 7,5 mV ici). On peut utiliser la valeur
de F0 déduite de l’étude en régime transitoire ou définir F0 à partir d’une variable d’ajustement
centrée autour de 440 Hz. Le facteur de qualité peut se calculer à partir du coefficient
d’amortissement m obtenu précédemment. On a :

𝜔0 𝜋𝐹0 𝜋440
𝑄= = = ≈ 2500 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑒𝑥𝑒𝑚𝑝𝑙𝑒
2𝑚 𝑚 0,56
On lance alors la modélisation sur la partie de la courbe proche du pic de résonance en activant
successivement les différents paramètres. Voici à titre indicatif le type de résultat qu’on peut obtenir
par cette méthode :

On s’aperçoit que le modèle recoupe le calcul du spectre de manière satisfaisante. On obtient F 0 =


440,098 Hz, un résultat proche de celui obtenu précédemment. Le facteur de qualité vaut Q = 3250.
L’ordre de grandeur est respecté mais l’écart avec la valeur estimée est notable. Deux raisons
peuvent expliquer cette différence. Il faut déjà remarquer que le nombre de points autour de la
résonance est assez limité : la bande passante du diapason vaut ΔF = F0/Q ≈ 0,15 Hz et une durée
de 30 secondes conduit à un pas de calcul de 0,033 Hz. On ne prend donc que 5 points dans cette
zone, ce qui n’est pas optimum pour calculer Q. Il faudrait donc envisager un enregistrement plus
long, avec un nombre de points plus important pour obtenir un calcul plus précis. La puissance de

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’impact sur le diapason peut aussi intervenir. Le diapason a été frappé moins fort cette fois ci (cf. la
différence d’amplitude initiale entre les deux enregistrements). Or, on a signalé à la fin du
paragraphe précédent que cela pouvait avoir des conséquences sur le degré d’amortissement : un
impact plus léger avait conduit à obtenir une valeur m = 0,39, ce qui correspond à un facteur de
qualité Q ≈ 3500 ce qui est plus en accord avec le résultat obtenu ici.

II.3 Etude de l’amortissement d’un pendule pesant


L’amplitude des oscillations
d’un système du deuxième ordre ne diminue pas obligatoirement de manière exponentielle. L’allure
de la décroissance dépend du type de processus dissipatif et elle est linéaire dans le cas où on peut
supposer que les frottements s’opposent au mouvement avec une norme constante (cf. annexe 2).
Une autre propriété remarquable dans ce cas est que le système ne revient pas obligatoirement à la
position d’équilibre qu’il adopterait en l’absence de pertes. On propose de mettre en évidence les
caractéristiques de ce type de frottements (dits « secs » ou « solides ») avec un pendule mécanique.

II.3.1 Pendule d’étude


On utilise le dispositif Pendulor de chez Micrelec. Il
est constitué d’une tige cylindrique A (masse mA = 42,7 g,
x longueur hA = 57 cm, rayon RA = 3 mm) et d’une masse
O
x cylindrique creuse B (masse mB = 149 g, hauteur hB = 3,2 cm,
y O rayon intérieur R1 = 3 mm, rayon extérieur R2 = 1,4 cm). La tige
traverse un cylindre de plastique blanc solidaire d’un
potentiomètre mono tour linéaire de 10 k dont l'axe monté sur
roulements à billes constitue l'axe de rotation du pendule11. Le
GA
θ potentiomètre est censé se situer à mi-course lorsque le pendule
est vertical. Un disque de plastique noir emboîté à force sur l'axe
du potentiomètre permet d'ajuster manuellement ce point milieu.
GB En branchant une alimentation symétrique +U/-U sur la résistance
totale du potentiomètre, on obtient une tension proportionnelle à
l’angle θ sur la partie variable, le zéro angulaire (position
z d’équilibre du pendule) étant ajusté via le disque noir.

Le point O de rotation est normalement situé à 8,5 cm du haut de


la tige A → le centre de gravité GA de la tige est situé à une distance LA = OGA= 20 cm de l'axe de
rotation Oy. On peut ajuster la position de la masse mB sur la tige A pour régler la position de son
centre de gravité GBà une distance LB = OGB donnée.

II.3.2 Moments d’inertie


On peut calculer les moments d’inertie de la tige A
et de la masse B du pendule d’étude12 par rapport à leurs centres de gravités respectifs :

0,0032 0,572
𝐼𝐺𝑦 𝐴 = 42,7.10−3 ( + ) → 𝐼𝐺𝑦𝐴 = 1,16.10−3 𝑘𝑔. 𝑚−3
4 12

0,0032 + 0,014^2 0,0322


𝐼𝐺𝑦 𝐵 = 0,149 ( + ) → 𝐼𝐺𝑦𝐵 = 2,03.10−5 𝑘𝑔. 𝑚−3
4 12

11
C’est dans ce potentiomètre que sont localisés les frottements solides.
12
On néglige le moment d'inertie du cylindre qui assure la fixation du pendule sur l'axe de rotation.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le moment d’inertie de la masse B est particulièrement faible → Le calcul montre qu’on peut le
négliger devant le terme de Huygens 𝑚𝐵 𝐿2𝐵 dès que la distance LB dépasse 10 cm.

II.3.3 Pré réglages et paramétrage de l’acquisition


Les deux extrémités du
potentiomètre peuvent être reliées aux tensions +U/-U d’une source pour amplificateur
opérationnel13. Le réglage du zéro angulaire peut se faire en plaçant une masse lourde en bas de la
tige afin de minimiser l’influence des frottements solides sur la position d’équilibre du pendule. Il
suffit alors d’annuler la tension14 UP sur le point milieu du potentiomètre en tournant le disque noir.
La relation θ = f(UP) peut s’obtenir en mesurant la tension UP 90 lorsque le pendule est à angle droit
par rapport à la verticale (on doit avoir environ 7,5 V). Le potentiomètre étant linéaire, on a alors :
𝜋 𝑈𝑃
𝜃(𝑟𝑎𝑑𝑖𝑎𝑛) =
2 𝑈 𝑃 90

L’acquisition du signal UP ne pose pas de problèmes particuliers. Il faut juste choisir un calibre sur
la carte d’acquisition adapté à des tensions de l’ordre du Volt car il faut lancer le pendule avec une
amplitude initiale faible pour respecter la condition sinθ ≈ θ. Les paragraphes suivants montrent des
résultats obtenus avec Synchronie sur des acquisitions de 20 secondes avec 10 000 points, puis
transférées sous Excel (le démarrage des enregistrements a été commandé par un front montant
passant par zéro).

II.3.4 Acquisition pour LB = 30 cm

On observe bien une décroissance linéaire des oscillations → l’hypothèse d’une prédominance des
frottements solides à norme constante semble vérifiée. L’arrêt du pendule à une position θ ≠ 0
conforte aussi cette hypothèse. La période expérimentale des pseudos oscillations vaut T = 1,114s.
On peut comparer ce résultat au calcul théorique de la période T0 du pendule en l’absence de
frottements si on néglige IGy B :

𝐼𝑇𝑂𝑦 𝑚𝐴 𝐿2𝐴 + 𝐼𝐺𝑦𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿2𝐵


𝑇0 = 2𝜋√ = 2𝜋 √
(𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔 (𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔

13
Vérifier que les tensions +U/-U sont bien symétriques. Si ce n’est pas le cas, prendre une source symétrique réglable
et ajuster manuellement les valeurs +U/-U pour qu’elles soient égales en valeur absolues.
14
Prise par rapport au zéro de la source +U/-U
9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On obtient alors T0 = 1,109 s pour LB = 30 cm15. Ce résultat recoupe la valeur expérimentale à


moins de 0,5 % près → le pendule soumis à des frottements solides oscille bien à une fréquence qui
correspond à celle du pendule libre. On montre en annexe 2 que l’amplitude θ M diminue d’un
facteur 4θA entre deux maximas ou deux minimas, soit sur une durée T0 → la valeur absolue de la
pente α des droites enveloppant les oscillations vaut par conséquent :
4 4 𝐶𝐹𝑠
|𝛼| = 𝜃𝐴 =
𝑇0 𝑇0 (𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔

On peut donc déduire le couple de frottement avec les pentes obtenues sur le graphique. On obtient
ici :
𝐶𝐹𝑠 = 1,69.10−3 𝑁. 𝑚

Ce résultat ne pouvant être comparé avec aucune donnée constructeur, on peut répéter l’expérience
avec une position différente de la masse MB pour voir si on retrouve la même chose.

Remarque :
L’angle d’arrêt a été mesuré et vaut θ = 5,65 mrad, une valeur légèrement supérieure
à l’angle θA qu’on peut calculer avec la formule donnée en annexe 2 (θA = 3,2 mrad). Cet écart est
cependant « pardonnable » vu la faible valeur de θA et la difficulté à ajuster avec une telle précision
le zéro angulaire correspondant à la position d’équilibre du pendule sans frottements.

II.3.5 Acquisition pour LB = 40 cm

La décroissance des oscillations est toujours linéaire mais un peu plus lente (la pente moyenne des
deux enveloppes vaut maintenant 8,42.10-3 rad/s). L’expression de |α| permet de le comprendre
puisque LB, qui a augmenté, y intervient au dénominateur. C’est aussi assez logique car le couple
de rappel dû au poids est plus important → le couple de frottement étant supposé constant, il faut
plus de temps pour annuler le mouvement du pendule si on le lance dans les mêmes conditions que
précédemment (on s’est servi d’une petite cale pour y parvenir au mieux). La période expérimentale
des pseudos oscillations vaut maintenant T = 1,260 s, une valeur comparable à la période T0 = 1,256
s calculée avec la nouvelle valeur de LB (recoupement à 0,3 % près) → on vérifie encore une fois
que T = T0. On peut calculer de nouveau le couple de frottement compte tenu de la pente moyenne
|α|. On trouve :

𝐶𝐹𝑠 = 1,77.10−3 𝑁. 𝑚

15
La prise en compte de IGy B ne change pas grand-chose puisqu’on trouve T0 = 1,110 s avec le calcul complet.
10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Cette valeur recoupe le résultat précédent à moins de 5 % près. D’autres acquisitions ont confirmé
cette valeur de CFs :

LB (cm) 0,2 0,25 0,47


Pente (rad/s) 0,0194 0.0151 6,98.10-3
CFs (N.m) 1,75.10-3 1,76.10-3 1,82.10-3

II.4 Régime transitoire précédent l’établissement d’un régime forcé


[4], p. 481

Les régimes transitoires ne se limitent pas aux phénomènes de relaxation. On peut étudier le
comportement d’un système quand on lui impose un régime forcé non stationnaire. On propose
d’étudier le régime transitoire d’un quartz soumis à une excitation sinusoïdale proche de sa
fréquence de résonance série. Ce composant est présenté et étudié dans le montage résonance. S’y
reporter pour plus d’informations.

II.4.1 Montage
[7], p. 2029
R

Q I
I _
VE : 0,2 V maximum VE 
Q : quartz d’horlogerie (frs≈ 32764 Hz) 
+ VS
AO : 081 GBF
R : 100 kΩ

L’expérience nécessite un générateur de fonction très stable en fréquence (GBF à synthèse


numérique de fréquence) sans quoi l’expérience est impossible.

L’amplificateur étant en contre réaction, on a ε = 0 donc V-≈ 0 V → La tension qu’impose le GBF


se retrouve intégralement sur le quartz. Le courant I passe entièrement dans la résistance R et une
simple loi des mailles montre que VS = - RI. La tension VS est donc une image du courant circulant
dans le quartz. On observe cette tension lorsqu’on applique un signal sinusoïdal à une fréquence
proche de celle de sa résonance série et on observe l’évolution de VS avec un oscilloscope
numérique en mode Roll. Voici à titre indicatif le résultat d’une acquisition faite avec fGBF =
32760,0 Hz :

On reconnait une figure de battements puisque la réponse globale du quartz correspond à la somme
de sa réponse en régime libre à frs et celle en régime forcée à fGBF avec fGBFtrès proche de frs. La
durée entre trois maximum ou minimum donne accès à la fréquence fB des battements avec fB = (frs
– fGBF)/2 puisque frs est supérieure ici à fGBF. On peut donc en déduire frs et on trouve ici frs =
32760,0 + 2×2,128 = 32764,256 Hz.
11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Ce qui est remarquable, c’est la reproductibilité des résultats qu’on obtient lorsqu’on utilise une
fréquence d’excitation très proche de frs. On a mesuré frs avec des fréquences fGBF comprises entre
32760 et 32762 Hz par pas de 0,5 Hz, puis entre 32766 et 32768 Hz avec le même pas. Les 10
mesures ont donné une fréquence moyenne frs = 32764,252 Hz16 avec un écart type de 0,012 Hz !
On peut donc gagner un digit sur la détermination de frs par rapport à l’étude directe de la
résonance17. Cela peut être intéressant pour caler une modélisation de la courbe de réponse du
quartz autour de frs (cf. montage résonance).

III TEMPS DE COMMUTATION D’UN COMPOSANT


Un composant électronique ne
bascule jamais instantanément d’un état à un autre. On peut donc étudier un régime transitoire de
commutation. On propose de mesurer la vitesse de commutation d’un amplificateur opérationnel
741, de le comparer à un 081 ou 071, et de confronter les résultats obtenus aux Slew Rate donnés
par le constructeur (le Slew Rate est la vitesse maximum de variation de la tension de sortie dVS/dt).

III.1 Mesure du Slew Rate


Elle peut s’effectuer à l’aide d’un montage suiveur :

Ampli. Op. : 0741 puis 081 ou 071


_ 
VE : signal carré 5 000 Hz d’amplitude assez forte VS
VE +

Il suffit de visualiser VE et VS avec un oscilloscope numérique pour observer le régime transitoire


de l’amplificateur. On peut comparer la différence de comportement entre un AO 741 et un 081:
AO 741 - f = 5000 Hz AO 741 - f = 5000 Hz - zoom

AO 081 - f = 5000 Hz AO 081 - f = 5000 Hz - zoom

16
Attention, on ne peut pas garantir que cette valeur soit exacte puisqu’une telle précision dépasse celle annoncée pour
le GBF. Elle n’a de sens que rapportée au GBF utilisé.
17
Le GBF utilisé donne la fréquence à 0,1 Hz près quand on travaille autour de 32 760 Hz. L’expérience de résonance a
été effectuée et on observait un maximum de V S pour une fréquence comprise entre 32764,1 et 32764,3 Hz.
12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le signal de basculement de l’AO 741 est une droite si on excepte le début (le régime transitoire du
GBF influe alors sur la réponse de l’AO). On peut utiliser les curseurs de l’oscilloscope pour
mesurer la pente de cette droite et vérifier rapidement qu’elle ne dépend pas de la fréquence du
signal et de son amplitude. Le basculement est nettement plus rapide avec un 081 ou un 71 et il faut
dilater beaucoup plus l’échelle des temps pour voir la commutation. La transition ressemble un peu
moins à une droite mais on est sur des durées très courtes donc le régime transitoire du GBF est plus
gênant18 (le comportement des AO est aussi plus complexe). On peut estimer au mieux la pente du
régime de basculement pour ces deux composants et comparer les résultats aux données fournies
par le constructeur : le Slew Rate vaut typiquement S = 0,5 V/s pour un 741 et 13 V/s pour un
081. Ces valeurs sont indépendantes du gain du montage considéré tant que l’on reste dans le
produit Gain×Bande passante du circuit.

III.2 Explication
Le Slew Rate est lié à l’architecture interne du composant. Le
schéma suivant est celui d’un AO 071 :

Etage d’entrée différentiel

Etage intermédiaire de pré amplification

Etage de puissance

Le système semble complexe mais il faut surtout retenir que la structure interne d’un amplificateur
opérationnels s’articule autour de trois étages en cascade : un étage d’entré différentiel (cf. [1], p.
126), un étage intermédiaire de pré amplification de grand gain et un étage de puissance. Comme
chaque étage présente approximativement une réponse en fréquence d’ordre 1, la transmittance
globale du système peut se mettre sous la forme :

𝐴
𝐴(𝑗𝜔) = 𝜔 𝜔 𝜔
(1 + 𝑗 𝜔 ) (1 + 𝑗 𝜔 ) (1 + 𝑗 𝜔 )
1 2 3

L’amplificateur opérationnel en boucle ouverte a donc un comportement de filtre passe bas avec un
gain statique A0 énorme (2 105typiquement) et un déphasage pouvant aller au-delà de - 180° en
hautes fréquences. Ces caractéristiques font qu’il peut présenter des risques d’instabilités en boucle
fermé (cf. montage sur les systèmes bouclés). Si on a une contre réaction avec une chaine de retour
de gain B (supposé indépendant de la fréquence ici), la fonction de transfert en boucle fermée
H(jω), notée FTBF, vaut :

𝐴 𝐴(𝑗𝜔)
𝐻(𝑗𝜔) = =
1 + 𝐴(𝑗𝜔)𝐵 1 + 𝐺(𝑗𝜔)

18
On a d’ailleurs intérêt à tester plusieurs GBF pour prendre celui qui donne un signal carré le plus propre possible.
13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

G(jω) = A(jω).B désigne la fonction de transfert en boucle ouverte, notée FTBO, du système. Or, la
FTBF n’est stable que si la FTBO à la pulsation critique ωπ pour laquelle on a un déphasage de π
vérifie la condition │G(jωπ )│< 1. Il faut donc avoir │A(jωπ )│< 1/B à la pulsation critique, ce qui
est rarement le cas à cause du gain statique énorme du composant. Pour remédier à ce problème, les
constructeurs réalisent une compensation interne (les automaticiens parlent de correction) en
insérant une capacité dans l’étage préamplificateur (la capacité C1 de 18 pF sur le schéma). Son rôle
consiste à faire chuter le gain en haute fréquence pour assurer la stabilité du système bouclé. Cela
limite en revanche les performances dynamiques car C1doit se charger/décharger à courant constant
lors des changements de consignes. C’est ce phénomène qui donne l’apparence de droites au signal
VS dans l’expérience réalisée et qu’on appelle le Slew Rate. La différence de rapidité entre les 741
et les 071/081 est simplement liée à l’importance de la compensation : elle est plus forte sur le 741
que sur les 071/081 → le 741 est plus « lent » que les 071/081, mais il est plus stable (les montages
réalisés avec des 071/081 présentent plus facilement des oscillations parasites hautes fréquences).

III.3 Application au montage redresseur sans seuil


[5], p. 163

III.3.1 Introduction
Le redressement mono alternance avec une diode est un
montage classique mais il s’accompagne d’une baisse du signal due à la tension de seuil de la diode
qui peut être gênant avec les signaux de faible amplitude. On peut s’en affranchir en insérant la
diode dans le circuit de rétroaction d’un AO (mais cela ne fonctionne correctement qu’à basse
fréquence).

Principe du montage :

_ D

+
VD
VE R
VS0 VS

Lorsque la diode est bloquée, on a VS = Ri = R(i- + iinv. diode)  0 V


La diode commence à conduire dès que VD  0,6 V (tension de seuil de la diode). Comme on a VS 
0 V au départ, la diode commence à conduire lorsque VS0 = 0,6 V.
Si on néglige l’impédance de sortie de l’A.O., on a VS0 = A0(V+ - V-) = A0(VE - 0) car on a au
départ V- = VS = 0 V → Le début de conduction aura lieu dès que VE  0,6/A0 → le seuil de
conduction est divisé par le gain en boucle ouverte de l’amplificateur opérationnel. Comme le
gain A0 est énorme, le seuil de conduction est donc quasiment nul.
Une fois en régime de conduction, la contre réaction est effective → l’A.O. est en régime linéaire (
= 0 V) → VS = V- = V+ = VE : le montage se comporte en suiveur et ce jusqu’à ce qu’on revienne a
une valeur nulle ou on recommence depuis le point de départ.

Le montage permet donc de réaliser un redressement « sans seuil » idéal. Il y a cependant un


problème lors du retour à une alternance positive dû au Slew Rate de l’ampli. Op.

Lors des alternances négatives VS0 = G0(V+ - V-) = G0(VE – 0)


→ VS0 = –VSAT
On a alors VE  0 avec G0 très grand

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

VS0 vaut donc - VSAT quand VE est négatif et il doit suivre VS à 0,6 V près lors des alternances
positives → la sortie de l’amplificateur doit passer « instantanément » de – VSAT à ≈ + 0,6 V lorsque
VE devient positif ce qui n’est pas possible à cause du Slew Rate. Il y a par conséquent un régime
transitoire au début des alternances positives qui limite le comportement en fréquence du montage.

III.3.2 Manipulation
On peut réaliser le montage précédent avec un 741 et
une diode au Silicium type 1N 4148. La fonction de redressement sans seuil doit fonctionner
correctement à basse fréquence (figure de gauche19) mais les performances se dégradent
progressivement quand f augmente. On observe un régime transitoire de plus en plus important au
début des alternances positives : VS ne suit plus tout à fait le signal VE au début de la reprise de
conduction alors qu’on n’a pas ce problème à la fin des alternances positives (figure du centre). On
peut comparer VS0 à VS pour comprendre la déformation du signal au début des alternances
positives (figure de droite) :
AO 741 - f = 500 Hz AO 741 - f = 5 000 Hz

On voit la sortie passer de - VSAT à + 0,6 V au début des alternances positives, une transition qui
prend du temps à cause du Slew Rate de l’AO20.

III.3.3 Amélioration des performances


On peut atténuer le problème en
réalisant le montage suivant (cf. [5], p. 167) :

_ D

+
VE VD’ D’ R
VS

La nouvelle diode D’ (diode 1N 4148 par exemple) est bloquée lors des alternances positives. Elle
n’a donc aucune influence dans ce cas-là. Elle est en revanche polarisée en direct lors des
alternances négatives et limite alors la valeur de VS0 à sa tension de seuil → On améliore ainsi les
performances en fréquence du montage puisque l’AO n’a plus besoin de repasser de – Vsat à + 0,6 V

19
Les signaux VE et VS, observés sur le même calibre, ont été décalés sinon ils se superposeraient parfaitement lors des
alternances positives, au régime transitoire du début de conduction près.
20
On note aussi un léger décalage entre les deux signaux du au seuil de la diode si on observe les deux tensions avec le
même calibre et si on met le niveau du zéro au même endroit.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

au début des alternances positives (le saut est limité à ≈ 2×0,6 V). Le problème étant lié au Slew
Rate de l’AO, on peut encore améliorer les performances en prenant un amplificateur plus rapide :
AO 081 - f = 5000 Hz

La reprise de conduction est améliorée, mais le


phénomène existe toujours → Ce montage ne
fonctionne correctement que pour des
fréquences inférieures à la dizaine de kHz.

IV SUPPRESSION DU REGIME TRANSITOIRE D’UN INTERRUPTEUR

IV.1 Introduction
Lorsqu’on ouvre ou on ferme un interrupteur mécanique, on a
toujours un régime transitoire bref au cours duquel le signal présente des « rebonds » entre la valeur
initiale et finale. Cela peut être gênant si on doit par exemple commander des processus logiques.
Dans ce cas, on utilise des dispositifs anti-rebond comme la bascule RS. C’est un circuit à logique
séquentielle21 : le signal de sortie dépend non seulement de l'état présent aux entrées mais aussi de
l'état précédent de la sortie → à une combinaison des variables d'entrées peut correspondre
plusieurs états possibles en sortie en fonction de l’histoire antérieure du circuit. Cette logique
s'oppose à la logique combinatoire22dont les résultats sont seulement fonction des données
actuellement traitées → la logique séquentielle utilise la notion de mémoire de stockage alors que la
logique combinatoire n'en a pas. La bascule RS est aussi souvent utilisée pour commander la mise
en marche et l'arrêt d'un dispositif par des actions fugitives (boutons poussoirs, touches d’un
clavier). La mémoire de la bascule permet en effet de maintenir la marche ou l'arrêt d’un système
alors qu'il n'y a plus de boutons actionnés, ou de signaux de commande actifs.

IV.2 Principe des Bascules – Effet mémoire


Une bascule a pour rôle de mémoriser
une information élémentaire . La sortie d’une bascule devant dépendre de l’état actuel des entrées
23

et de l’état précédent de la sortie, il y a nécessité de réinjecter la sortie à l’entrée du système → on


réalise les bascules en retro actionnant des portes logiques. Cette structure permet d’obtenir des
états stables, prélude à l’obtention d’un effet de mémoire. Pour le comprendre, on peut regarder
l’exemple suivant réalisé à partir de portes logiques inverseuses (portes NON) :

A 1 Q

B 1 Q

Supposons qu’on impose temporairement un état logique 1 en Q :

𝑄 = 1 → 𝐵 = 1 → 𝑄̅ = 0 → 𝐴 = 0 → 𝑄 = 1

21
Les bascules constituent la base de cette logique.
22
Basée sur les portes logiques.
23
C’est une mémoire à 1 bit, l’élément de base des mémoires d’ordinateurs
16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Supposons de même qu’on impose temporairement un état logique 0 en Q :

𝑄 = 0 → 𝐵 = 0 → 𝑄̅ = 1 → 𝐴 = 1 → 𝑄 = 0
Ce système permet donc de conserver durablement deux états temporaires et leur complémentaires
(on parle de verrou) :
Etat « 0 » : 𝑄 = 0 ; 𝑄̅ = 1

Etat « 1 » : 𝑄 = 1 ; 𝑄̅ = 0

C’est le bouclage qui réalise la fonction de mémorisation propre à la logique séquentielle. On


voit aussi qu’on ne peut imposer simultanément une même valeur à Q et Q .Ce type de circuit
permettant de conserver uniquement deux états stables, on l’appelle encore circuit bistable. Il
faut voir maintenant comment on peut changer d’état.

IV.3 La Bascule RS
C’est le même montage que précédemment mais avec deux
entrées supplémentaires : une entrée de mémorisation S (SET), et une entrée d’effacement de la
mémoireR (RESET) :

S & Q

& Q
R

Les portes NAND réalisant en sortie la fonction logique ̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅


𝐸1 × 𝐸2 , on peut vérifier que ce circuit
possède encore 2 états stables (bascule bistable).

Etat R = S = Q = 1 :
R = Q = 1 → 𝑄̅ = 0
S=1 → Q =1 → 𝑄̅ = 0
or R = 1

Cet état est stable : Q et 𝑄̅ restent inchangés et complémentaires


Etat R = S = 𝑄̅ = 1 :
S = 𝑄̅ = 1 → Q = 0
S=1 → 𝑄̅ =1 →Q=0
or S = 1

Cet état est stable : Q et 𝑄̅ restent inchangés et complémentaires

On pourrait vérifier que l’application simultanée de R = S = 0 est interdite car elle conduit à deux
sorties qui ne sont plus complémentaires. On peut examiner maintenant la conséquence d’une
modification, même temporaire, de l’état logique des entrés S et R.

Action sur S :
- On part de l’état R = S = Q = 1 → 𝑄̅ = 0

S mis à 0
→ Q =1
Q =0 → Q= 0
or R = 1 →Q=1
S = 0 ou 1
17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

→ Une mise à zéro de S, même temporaire, conserve Q = 1 et 𝑄̅ = 0


- On part de l’état R = S = 𝑄̅ = 1 → Q = 0

S mis à 0
→ Q =1
𝑄̅ = 1 → 𝑄̅ = 0
or R = 1 →Q=1
S = 0 ou 1

→ Une mise à zéro de S, même temporaire, met Q à 1 et 𝑄̅ à 0 : les états ont été inversés et le
restent par la suite.
̅ = 0 et ce quel que soit
En conclusion, une mise à 0 de S, même temporaire, impose Q = 1 et 𝑸
̅.
l’état précédent des sorties Q et 𝑸

Action sur R :
- On part de l’état R = S = Q = 1 → 𝑄̅ = 0

R mis à 0
→ 𝑄̅ =1 →Q=0
Q=1
or S = 1
R = 0 ou 1 → 𝑄̅ = 1

→ Une mise à zéro de R, même temporaire, met Q à 0 et 𝑄̅ à 1 : les états ont été inversés et le
restent par la suite.
- On part de l’état R = S = 𝑄̅ = 1 → Q = 0

R mis à 0
→ 𝑄̅ = 1
Q=0 →Q=0
or S = 1 → 𝑄̅ = 1
R = 0 ou 1

→ Une mise à zéro de R, même temporaire, conserve Q = 0 et Q = 1

En conclusion, une mise à 0 de R, même temporaire, impose Q = 0 et Q = 1 et ce quel que soit


l’état précédent des sorties Q et Q .

Table de vérité :
Elle se déduit de l’étude précédente (le cas R = S = 0 n’est pas représenté car il
correspond à une action interdite) :

S R Q 𝑄̅
1 1 Qn 𝑄̅𝑛 Inchangé
0 1 1 0 Set (Q à « 1 »)
1 0 0 1 Reset (Q à « 0 »)

On voit que cette bascule est commandée par des zéros. L'application d'un 1 sur les entrées
n’entraîne aucun changement. L’application d'un zéro sur S fait basculer la sortie Q à 1 si elle n'y
était pas déjà. L'application d'un zéro sur R fait basculer la sortie Q à 0 si elle n'y était pas déjà. Une
telle bascule est mieux définie par le chronogramme ci-dessous :

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

t
S
S = 0 provoque le basculement  Q = 0
t avant → Set à 1
Q
R = 0 provoque le basculement  Q = 1
t avant → Reset à 0
Q
t
R agit S agit R agit S agit

Remarque :
Une bascule du même genre peut être réalisée avec des portes NOR (opération logique
̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅
𝐸1 + 𝐸2 ). Elle a un comportement similaire mais est alors commandée par des 1.

IV.4 Manipulation
[1], p. 256 ; [3], p. 47.
+U

R1, R2 : 1 kΩ R1
S
& Q
Pour les portes NAND, on peut prendre un
K
circuit CMOS 40011. Il comporte 4 portes
NAND et s’alimente entre 0 V et une tension U
comprise entre 5 et 15 V. Les différents signaux R
& Q
peuvent s’observer avec un oscilloscope
R2
numérique en mode Roll.
+U
Lorsque l’interrupteur K est relié à S, il lui impose une tension nulle, donc un zéro logique. Lorsque
S n’est pas relié à la masse par K, il ne circule aucun courant dans la résistance R1 (l’impédance
d’entrée d’une porte logique est très grande). Il n’y a donc pas de chute de potentiel à ses bornes et
S est à la tension + U, donc à un 1 logique. L’entrée R fonctionne de la même façon.

Etude de la bascule :
On peut vérifier la table de vérité de la bascule à l’oscilloscope et mettre en
évidence sa commande par des zéros. La mise à zéro de S met Q à 1 et S n’a plus aucun effet par la
suite. La remise à zéro de Q doit se faire par R.

Application : interrupteur anti-rebond :


On peut comparer le régime transitoire de commutation
des signaux S et Q en en dilatant l’échelle des temps et en passant l’oscilloscope en mode Single.
L’enregistrement de la transition 0 → 1 sur S présente alors de nombreux rebonds (figure de
gauche). On peut enregistrer la transition 0 → 1 sur Q en partant d'un état initial ou R = S = 1 et Q =
0 (on force Q à zéro en faisant préalablement R = 0). Il suffit ensuite de fermer l'interrupteur sur S
→ S passe à 0 → Q passe à 1. On n'observe plus de rebonds cette fois - ci car S n'a plus d'influence
sur Q après le premier passage à zéro (Q ne repasse à zéro que si on fait R = 0) ; on met à profit
l'effet mémoire de la bascule.

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Signal S aux bornes de l’interrupteur Signal Q en sortie de bascule

Le signal Q présente encore une petite oscillation résiduelle mais elle n’est pas gênante si Q doit
commander des systèmes logiques car elle est largement dans les normes d’immunité au bruit de
ces circuits24.

Bibliographie :
[1] : Duffait ; Expériences d’électronique a l’Agrégation
[2] : BUP n° 795, cahier n°2
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV : Electricité et Applications
[5] : DattéDellaMaestra : Amplificateurs Opérationnels
[6] : Sextant : Optique Expérimentale
[7] : BUP 799, p. 2023 et suivantes

24
La transition 0 ↔ 1 a lieu à Ualim/2 pour les circuits CMOS.
20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 :
REPONSE IMPULSIONNELLE D'UN FILTRE

Un filtre analogique est un système de transmission causal, linéaire et invariant dans le temps
(système LIT). On précise rapidement ces 3 propriétés.

Causalité :
Un système est causal si la conséquence d'un événement ne peut précéder l’événement
lui-même. Pour les filtres, l’événement est le signal d'entrée e(t) et la conséquence est la réponses(t)
du filtre. La propriété de causalité apparaît alors comme évidente.

Linéarité :
Soit s1(t) la réponse à une excitation el(t) et s2(t) la réponse à une excitation e2(t). Un
système de transmission est linéaire si l’excitation a.el(t) + b.e2(t) a pour réponse a.s1(t) + b.s2(t).
C'est le principe de superposition. Un tel système s’analyse assez facilement puisqu’il suffit de
décomposer le signal d'entrée en signaux élémentaires et d’étudier la réponse à chaque signal
élémentaire. La réponse globale est alors la somme des réponses individuelles.

Invariance dans le temps :


Un système est invariant dans le temps si son comportement ne
change pas au cours du temps → si e(t) a pour réponse s(t), e(t-) aura pour réponse s(t-).

I REPONSE IMPULSIONNELLE D'UN FILTRE


Une impulsion brève (modélisable par un
pic de Dirac) injectée à l'entrée d'un système de transmission LIT ne donne jamais une impulsion
infiniment brève en sortie mais un signal de durée finie. Cette réponse est appelée réponse
impulsionnelle (ou percussionnelle) du filtre et est notée h (t) :
e(t) s(t)
h(t)
1 (t)

0 t 0 t

Si l'impulsion a lieu à un temps t', la réponse du système se déduit de la précédente grâce au


principe d'invariance dans le temps :
e(t) s(t)
(t - t') h(t - t')
1
0 t 0
t' t' t
Un signal quelconque peut se décrire comme une suite continue d'impulsions, l'impulsion au temps
t' ayant une amplitude e(t') :
e(t)
→ la réponse du système en fonction du temps t à l'impulsion
e(t')
e(t')(t-t') est par conséquent :
1
(t - t') s'(t) = e(t')h (t-t')
t
0 t'
21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le système étant linéaire, on peut lui appliquer le principe de superposition → la sortie s(t) sera la
somme des différentes réponses dues aux différentes impulsions :
+∞ +∞
𝑠(𝑡) = ∫ 𝑠′(𝑡). 𝑑𝑡 ′ = ∫ 𝑒(𝑡′) × ℎ(𝑡 − 𝑡′). 𝑑𝑡′
0 0

Le système étant causal, on peut étendre l'intégration à - . On a donc :


+∞
𝑠(𝑡) = ∫ 𝑒(𝑡′) × ℎ(𝑡 − 𝑡′). 𝑑𝑡′ = 𝑒(𝑡) ⊗ ℎ(𝑡)
−∞

L'intégrale obtenue correspond au produit de convolution25 du signal d'entrée par la réponse


impulsionnelle → Les filtres LIT, sont des systèmes de convolution. On va voir quelle est la
conséquence du résultat obtenu sur l'expression de la fonction de transfert d'un filtre.

II FONCTION DE TRANSFERT D'UN FILTRE


Le spectre fréquentiel d'un signal s(t)
correspond à sa transformée de Fourier (cf. [1], p. 19 et 20).

→ S(jω) = TFs(t) = TF[e(t)⨂h(t)]

Or, la TF d'un produit de convolution correspond au produit des TF de chaque fonction.

→ S(jω ) = TFe(t) TFh(t) = E(jω)  TFh(t) d'ou :

𝑆(𝑗𝜔)
𝐻(𝑗𝜔) = = 𝑇𝐹[ℎ(𝑡)]
𝐸(𝑗𝜔)

La fonction de transfert d'un filtre correspond donc à la TF de sa réponse impulsionnelle.

III ESTIMATION DE LA PHASE


La fonction de transfert H(j) correspondant à la TF de la
réponse impulsionnelle, il faut normalement calculer l'intégrale suivante pour chaque valeur de la
pulsation :
+∞
𝐻(𝑗𝜔) = ∫ ℎ(𝑡)𝑒 𝑗𝜔𝑡 𝑑𝑡
−∞

Avec par exemple pour le filtre RC passe-bas (avec u(t) l’échelon de Heaviside) :

1 𝑡
ℎ(𝑡) = 𝑒𝑥𝑝 (− ) 𝑢(𝑡)
𝑅𝐶 𝑅𝐶

III.1 Signal réellement utilisé


L’acquisition de h(t) n'est pas continue. Le signal est
échantillonné à la période Téch sur une durée totale Ttot = N. Téch → on a une séquence de N
échantillons [h(tk)] avec tk = k.Téch et k = 0, 1, …, (N - 1). La manière la plus simple d'estimer
l'intégrale précédente consiste alors à calculer la somme suivante pour chaque valeur de ω :

25
Cf. montage « Analyse et traitement du signal », annexe sur le produit de convolution.
22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑁−1
̂ (𝑗𝜔) = ∑[ℎ(𝑘𝑇é𝑐ℎ ) 𝑒𝑥𝑝(−𝑗𝜔𝑘𝑇é𝑐ℎ )] × 𝑇é𝑐ℎ
𝐻
𝑘=0

III.2 Calcul de la TF
Il est évidemment impossible de faire cette sommation pour
toutes les pulsations. L'algorithme FFT employé dans la plupart des logiciels réalise cette opération
pour des fréquences bien particulières26 qui sont multiples de 1/Ttot, soit pour des pulsations ωn =
2πfn = 2πn/Ttot = 2πn/(NTéch). Il calcule donc27 :
𝑁−1
2𝜋𝑛
̂ (𝑗𝜔𝑛 ) = ∑ [ℎ(𝑘𝑇é𝑐ℎ ) 𝑒𝑥𝑝 (−𝑗
𝐻 𝑘𝑇 )] × 𝑇é𝑐ℎ
𝑁𝑇é𝑐ℎ é𝑐ℎ
𝑘=0

Il réalise ainsi une transformée de Fourier discrète (TFD) du signal.

III.3 Position des instants d'échantillonnage


Ce problème est délicat à traiter. Nous
n'en donnons qu'une explication succincte (cf. [2] pour plus de précisions sur ce point).

Echantillonner h(t) à la période Téch revient à définir N sous intervalles dans lesquels on prélève un
échantillon. L’estimation de la phase est alors très sensible à l’endroit où on prend la mesure. La
meilleure solution pour éviter des surestimations ou des sous-estimations de 𝐻 ̂ (𝑗𝜔𝑛 ) consiste à
28
prélever les échantillons au milieu des sous intervalles , c'est à dire aux instants tk = (k + 1/2)Téch
→ Il faudrait mieux calculer :
𝑁−1
0 2𝜋𝑛
𝐻 (𝑗𝜔𝑛 ) = ∑ [ℎ((𝑘 + 1/2)𝑇é𝑐ℎ ) 𝑒𝑥𝑝 (−𝑗 (𝑘 + 1/2)𝑇é𝑐ℎ )] × 𝑇é𝑐ℎ
𝑁𝑇é𝑐ℎ
𝑘=0

𝑁−1
0 𝜋𝑛𝑇é𝑐ℎ 2𝜋𝑛
𝐻 (𝑗𝜔𝑛 ) = 𝑒𝑥𝑝 (−𝑗 ) × ∑ [ℎ((𝑘 + 1/2)𝑇é𝑐ℎ ) 𝑒𝑥𝑝 (−𝑗 𝑘𝑇 )] × 𝑇é𝑐ℎ
𝑁𝑇é𝑐ℎ 𝑁𝑇é𝑐ℎ é𝑐ℎ
𝑘=0

→ Si le logiciel calculait la FFT en prenant les mesures au milieu des intervalles, on pourrait
estimer au mieux la phase du signal à la pulsation ωn = 2πn/NTéch, en multipliant le résultat de sa
𝜋𝑛𝑇
FFT à cette pulsation par le terme 𝑒𝑥𝑝 (−𝑗 𝑁𝑇 é𝑐ℎ ) = 𝑒𝑥𝑝(−𝑗𝜋𝑓𝑛 𝑇é𝑐ℎ ) . On ne peut cependant pas
é𝑐ℎ
contrôler le moment ou sont pris les échantillons mais ça n’est pas très gênant avec un circuit RC
car un décalage temporel sur une exponentielle décroissante ne change pas grand-chose au résultat
(la courbe apparait toujours avec la même forme d’évolution temporelle, qu’on démarre à t = 0 ou à
t + Δt) → le terme correctif proposé donne des résultats satisfaisants avec ce circuit.

Bibliographie :
[1] : Françis Cottet : Traitement du signal
[2] : J. M. Lemasquerier : Calcul numérique de la TF.
Bernard Picinbono : Théorie des signaux et des systèmes

26
Il en résulte alors un gain énorme en temps de calcul si le nombre d'échantillons est une puissance de 2.
27
On pourrait évidemment supprimer les T éch dans l’exponentielle mais on les garde pour conserver une meilleure
lisibilité du terme correctif que l’on va obtenir par la suite.
28
On l’imagine aisément sur le cas d’une décharge exponentielle : les erreurs se compensent lorsque qu’on calcule
h(tk)×Téch avec des valeurs de h prises au milieu des sous intervalles alors que la prise de mesure au début des sous
intervalles conduit à une surestimation systématique du produit.
23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 2 :
AMORTISSEMENT D’UN PENDULE PESANT

I ETUDE THEORIQUE

I.1 Pendule simple


L’approche la plus simple d’un pendule consiste à le considérer
comme un point matériel G de masse m relié à un point fixe O par un fil sans masse de longueur L.

On considère que le pendule oscille dans un plan vertical Oxz avec O


y x
Oz l’axe vertical descendant, le référentiel Oxyz étant supposé
Galiléen. L’équation différentielle du mouvement peut s’obtenir par
une approche énergétique ou à l’aide du théorème du moment
cinétique. Si on utilise la deuxième méthode, on a, pour un solide en
rotation autour d’un axe fixe : θ 𝑣⃗
𝑑𝜎⃗0 𝑒⃗𝜃
⃗⃗⃗𝑂
= Σ𝑀 G
𝑑𝑡
𝑃⃗⃗ 𝑒⃗𝑟
⃗⃗⃗𝑃 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑀 𝑂𝐺 ⋀𝑚𝑔⃗ = −𝑚𝑔𝐿𝑠𝑖𝑛𝜃𝑒⃗𝑦 ou 𝑒⃗𝑦 est le vecteur unitaire sur Oy
z
𝜎⃗0 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑂𝐺 ⋀𝑚𝑣⃗ = 𝐿𝑒⃗𝑟 ⋀𝑚𝐿𝜃̇𝑒⃗𝜃 = 𝑚𝐿2 𝜃̇𝑒⃗𝑦 = 𝐼𝑂𝑦 𝑒⃗𝑦

D’où, en projetant sur Oy : 𝐼𝑂𝑦 𝜃̈ = −𝑚𝑔𝐿𝑠𝑖𝑛𝜃

Si les oscillations sont de faible amplitude, on peut remplacer sin par sa valeur  en radians.
L'équation différentielle se simplifie et devient :

𝑚𝑔𝐿 𝑚𝑔𝐿
𝜃̈ + 𝜃 = 𝜃̈ + 𝜔02 𝜃 = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜔02 =
𝐼𝑂𝑦 𝐼𝑂𝑦

La solution revient à chercher une fonction du temps qui, dérivée deux fois, restitue à un facteur
près la même fonction → La solution  = 0cos(0t + ) répond à cette condition et elle devient  =
0cos0t si  = 0 et ddtà t = 0. On peut finir en explicitant le moment d’inertie de la masse
ponctuelle. On a IOy = mL2 d’où, au final :

𝑔 𝐿
𝜔02 = → 𝑇0 = 2𝜋√
𝐿 𝑔

I.2 Pendule pesant


Le pendule d’étude n’est évidemment pas ponctuel. Il est constitué
d’une tige cylindrique A sur laquelle coulisse une masse cylindrique creuse B. Si on connait la
position du centre de gravité des deux entités, on peut calculer leur moment d’inertie par rapport à
l’axe coaxial à Oy passant par ces centres, et calculer le moment d’inertie de l’ensemble par rapport
à Oy en utilisant le théorème de Huygens.

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

I.2.1 Moments d'inertie d'un cylindre


Les calculs par rapports au centre de
gravité sont classiques et se trouvent dans les livres de classes préparatoires (Perez de mécanique
par exemple). Pour un cylindre plein de hauteur h, de rayon R et d’axe principal Oz, on a :

𝑅2 𝑅 2 ℎ2
𝐼𝐺𝑧 = 𝑚 𝑒𝑡 𝐼𝐺𝑥 = 𝐼𝐺𝑦 = 𝑚 ( + )
2 4 12

Si le cylindre est creux (rayon intérieur R1, rayon extérieur R2) :

𝑅12 + 𝑅22 𝑅12 + 𝑅22 ℎ2


𝐼𝐺𝑧 =𝑚 𝑒𝑡 𝐼𝐺𝑥 = 𝐼𝐺𝑦 = 𝑚( + )
2 4 12

Les moments d’inertie qui nous intéressent ici sont ceux par rapport à l’axe Gy.

I.2.2 Moment d'inertie du pendule pesant


Soit LA la distance entre le centre
de gravité GA de la tige cylindrique A et l’axe de rotation Oy et LB la distance entre le centre de
gravité GB de la masse cylindrique et Oy. Le moment d’inertie de l’ensemble par rapport à l'axe de
rotation Oy du pendule est, compte tenu du théorème de Huygens :

𝐼𝑇𝑂𝑦 = 𝑚𝐴 𝐿2𝐴 + 𝐼𝐺𝑦𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿2𝐵 + 𝐼𝐺𝑦𝐵

I.2.3 Equation différentielle du mouvement


Elle s’obtient de la même
manière que précédemment, avec la somme des moments par rapport à Oy des forces de pesanteur
appliquées aux centres de gravités GA et GB des deux éléments du pendule pesant. On obtient alors,
pour des oscillations de faible amplitude :

(𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔 (𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔
𝜃̈ + 𝜃 = 𝜃̈ + 𝜔02 𝜃 = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜔02 =
𝐼𝑇𝑂𝑦 𝐼𝑂𝑦

La solution est encore de la forme  = 0cos(0t + ). Seule l’expression de ω0 est modifiée.

I.3 Oscillations avec frottement fluide


Les oscillations d’un pendule finissent
toujours par s’arrêter. Il faut donc prendre en compte les phénomènes dissipatifs. Les frottements
fluides dépendent par nature de la vitesse et ils sont proportionnels à v pour les écoulements à faible
nombre de Reynolds → Avec cette hypothèse, le couple de freinage est du type − 𝐶𝐹𝑣 𝜃̇𝑒⃗𝑦 .
L’équation différentielle du mouvement devient alors, pour de petites oscillations :

𝐶𝐹𝑣 𝐶𝐹𝑣
𝜃̈ + 𝜔02 𝜃 = − 𝜃̇ 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝜃̈ + 2𝜆𝜃̇ + 𝜔02 𝜃 = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜆=
𝐼𝑇𝑂𝑦 2𝐼𝑇𝑂𝑦

Cette équation est classique. Si l’amortissement est faible, la solution est de la forme :

𝜃 = 𝜃0 𝑒 −𝜆𝑡 cos(𝜔𝑡 + 𝜑) 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜔2 = 𝜔02 − 𝜆2

La prise en compte de frottements fluides proportionnels à la vitesse aboutit à :


- des oscillations pseudopériodiques qui décroissent de façon exponentielle.
25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

- une pseudopériode qui dépend des frottements et diffère de la période propre T0.
- des oscillations qui s’arrêtent nécessairement à θ0, la position d’équilibre du pendule
sans frottement.

I.4 Oscillations avec frottement solide


Les hypothèses précédentes conduisent à des
calculs simples mais les termes dissipatifs prépondérants dans le dispositif d’étude sont des
frottements solides. Dans ce cas, la force s’oppose toujours au mouvement (son signe est donc
toujours opposé à celui de la vitesse angulaire 𝜃̇) mais sa norme ne dépend plus de la vitesse. Si on
suppose en première approximation que cette norme est constante au cours du mouvement, le
couple de freinage du pendule est alors du type− 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒(𝜃̇)𝐶𝐹𝑠 𝑒⃗𝑦 et l’équation différentielle du
mouvement devient, pour de petites oscillations :

𝐶𝐹𝑠
𝜃̈ + 𝜔02 𝜃 = −𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒(𝜃̇)
𝐼𝑇𝑂𝑦

On a alors :
𝐶𝐹𝑠
𝜃̈ + 𝜔02 [𝜃 + 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒(𝜃̇)𝜃𝐴 ] = 0 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝜔02 𝜃𝐴 =
𝐼𝑇𝑂𝑦

Le fait que le terme en θA change de signe à chaque extrémum du mouvement oblige à traiter le
problème par demi-périodes. Dans ce cas, l’équation dans chaque intervalle est comparable à celle

du pendule sans frottements au changement de variable X =   signe  A près puisque θA est une
constante avec nos hypothèses → le mouvement dans chaque demie période a la même forme que
celle de l’oscillateur libre, soit :

𝜃 + 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑒(𝜃̇)𝜃𝐴 = 𝜃𝑀 𝑐𝑜𝑠(𝜔0 𝑡 + 𝜑)

Le mouvement se fait donc à la même pulsation que celle de l’oscillateur libre. Par contre, il est
alternativement centré autour de la valeur fixe ±θA. De plus, la valeur de θM diminue entre chaque
demi-période à cause des frottements. La perte d’amplitude s’évalue facilement en considérant le
mouvement entre deux extrémums consécutifs. Supposons par exemple que le pendule approche un
maximum d’amplitude avec une vitesse angulaire positive. Au moment t1où il atteint ce maximum
repéré par l’angle θ1, sa vitesse angulaire devient négative → à partir de cet instant, le mouvement
du pendule est régi par l’équation :

𝜃 − 𝜃𝐴 = 𝜃𝑀 𝑐𝑜𝑠[𝜔0 (𝑡 − 𝑡1 )]

L’évolution de θ est donc centrée autour de + θA et son amplitude initiale θ1 correspond à :

𝜃1 − 𝜃𝐴 = 𝜃𝑀 𝑐𝑜𝑠[0] = 𝜃𝑀

L’amplitude θ2 à la fin de cette demie période correspond à : 𝜃2 − 𝜃𝐴 = 𝜃𝑀 𝑐𝑜𝑠[𝜋] = − 𝜃𝑀

On a donc θ2  θA =  (θ1  θA) en combinant les deux résultats, soit θ2 =  (θ1  2θA)

La valeur du minium θ2 ne correspond donc pas à la valeur opposée à θ1 comme dans un pendule
sans frottements, mais elle diminue d’un facteur 2θA. On peut faire un raisonnement similaire sur la
demi-période suivante. L’évolution de θ est alors centrée autour de  θA et on montre facilement
qu’on perd encore une fois 2θA quand on arrive au nouveau maximum de θ.

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

θ
θ1
θ1 – 4θA

θ1 – 8θA

t1 t1+T0/2 t1+T0 t1 +2T0 t

- (θ1 – 6θA)

- (θ1 – 2θA)

Au final, un pendule présentant des frottements solides de norme constante est caractérisé par :
- des oscillations pseudopériodiques qui décroissent de façon linéaire, l’amplitude θM
entre deux extrémums diminuant de 2θA, celle entre deux maximas ou minimas diminuant de 4θA.
- une pseudopériode correspondant à la période propre du pendule sans frottements.

Il faut aussi noter que l’arrêt des oscillations ne se fait pas nécessairement à la position d’équilibre θ
= 0 de l'oscillateur sans frottement. Dans les faits, le pendule s’arrête dans une position pour
laquelle le moment du poids est inférieur au couple de frottement solide, soit :

𝐶𝐹𝑠
(𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔𝜃 < 𝐶𝐹𝑠 → 𝜃 <
(𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔

Or, on a :

𝐶𝐹𝑠 (𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔 𝐶𝐹𝑠


𝜔02 𝜃𝐴 = = 𝜃𝐴 → 𝜃 < = 𝜃𝐴
𝐼𝑇𝑂𝑦 𝐼𝑇𝑂𝑦 (𝑚𝐴 𝐿𝐴 + 𝑚𝐵 𝐿𝐵 )𝑔

→ Le pendule pourra s’arrêter pour n’importe quelle valeur de θ comprise entre ±θA.

Il existe donc des différences notables entre les frottements solides et les frottements fluides.

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

PHENOMENES DE TRANSPORT

I CONDUCTION THERMIQUE
[2], p.57 et 223 ; [3], p.18 ; [4], p.244.

Il existe 3 modes de transfert de la chaleur : la convection (transfert via un déplacement de matière),


le rayonnement (énergie véhiculée par les ondes) et la conduction (transport par les électrons ou
phonons). Ces différents modes de propagation coexistent le plus souvent. L'étude porte ici sur le
phénomène de conduction. Il est régi par la loi de Fourier qui s’exprime, dans un milieu homogène
et isotrope, sous la forme :

𝑗⃗ = −𝜆. ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇

Avec 𝑗⃗ la densité de flux thermique (W.m-2) et  la conductivité thermique (W.m-1.K-1).

On peut l’illustrer par une expérience simple comme celle d'Ingen-Housz (cf. [2], p.58). On propose
ici une manipulation permettant de calculer un coefficient de conductivité thermique. Plusieurs
méthodes sont possibles suivant le matériel disponible (cf. [2], p. 61 à 66). Celle qu’on utilise
repose sur une mesure par comparaison en régime permanent avec l’hypothèse de la barre infinie.

I.1 Equation de diffusion thermique


On considère une tige métallique placée dans
un milieu à la température Tambiante. On chauffe une de ses extrémités à une température TC > Tamb et
on étudie en régime permanent l’évolution de la température le long de la tige.

Bilan thermique :
On considère le régime permanent établi. Il n’y a donc pas d’accumulation de
chaleur dans les barres d’où 𝑄𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑛𝑡 = 𝑄𝑙𝑎𝑡é𝑟𝑎𝑙 + 𝑄𝑠𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 :

Qlatéral
Qentrant Qsortant

x x + dx x

On a alors, en considérant la densité de flux thermique j uniquement fonction de x :

𝑄𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑛𝑡 = 𝑗(𝑥). 𝑆𝑏𝑎𝑟𝑟𝑒 . 𝑑𝑡 = 𝑗(𝑥). 𝜋𝑅 2 . 𝑑𝑡 et 𝑄𝑠𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 = 𝑗(𝑥 + 𝑑𝑥). 𝜋𝑅 2 . 𝑑𝑡

On suppose aussi que la quantité de chaleur échangée à travers la surface latérale de la barre
cylindrique est proportionnelle à la différence de température entre elle et le milieu ambiant :

𝑄𝑙𝑎𝑡é𝑟𝑎𝑙 = ℎ(𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ). 𝑆𝑙𝑎𝑡é𝑟𝑎𝑙 . 𝑑𝑡 = ℎ(𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ). 2𝜋𝑅𝑑𝑥. 𝑑𝑡

Le bilan de chaleur devient :

𝑗(𝑥). 𝜋𝑅 2 . 𝑑𝑡 = ℎ(𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ). 2𝜋𝑅𝑑𝑥. 𝑑𝑡 + 𝑗(𝑥 + 𝑑𝑥). 𝜋𝑅 2 . 𝑑𝑡

[𝑗(𝑥 + 𝑑𝑥) − 𝑗(𝑥)]𝑅 + 2ℎ(𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ). 𝑑𝑥 = 0

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

𝑗(𝑥 + 𝑑𝑥) − 𝑗(𝑥) 2ℎ 𝜕𝑗 2ℎ


+ (𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ) = + (𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ) = 0
𝑑𝑥 𝑅 𝜕𝑥 𝑅

Le problème considéré étant supposé à une dimension, la loi de Fourier se ramène à :

𝜕𝑇 𝜕 2 𝑇 2ℎ
𝑗 = −𝜆 𝑑′ 𝑜𝑢 𝜆 − (𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ) = 0
𝜕𝑥 𝜕𝑥 2 𝑅

Ou, comme Tamb est supposée constante :

𝜕 2 (𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ) 2ℎ
− (𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 ) = 0
𝜕𝑥 2 𝜆𝑅

On obtient alors, en recherchant des solutions du type exp(r.x) :

√2ℎ 𝑥 2ℎ
−√ 𝑥
𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 = 𝐴𝑒 𝑅𝜆 + 𝐵𝑒 𝑅𝜆

Hypothèse de la barre infinie :


Si la tige est suffisamment longue, la chaleur injectée à l’entrée de
la barre se dissipe complètement avant d’atteindre l’autre extrémité laissée à l’air libre, donc celle-
ci reste à Tamb. La constante A doit être nulle sinon la température divergerait. La constante B
s’obtient en considérant que la tige en x = 0 est à la température TC. On obtient alors :

2ℎ
−√ 𝑥
𝑇 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 = (𝑇𝐶 − 𝑇𝑎𝑚𝑏 )𝑒 𝑅𝜆

La température décroît suivant une loi exponentielle avec une constante d’atténuation fonction de la
conductivité thermique λ et du coefficient latéral d’échange h. Comme on ne connait pas h, la
mesure de la conductivité thermique d’un matériau ne peut se faire que par comparaison avec un
autre matériau pris comme référence en supposant le même coefficient latéral pour les deux tiges.

I.2 Manipulation
Le dispositif utilisé permet d’étudier la répartition de température
le long de trois tiges (cuivre, laiton jaune, dural) encastrées à une de leur extrémité dans un récipient
chauffé par une circulation d’eau chaude :

Arrivée d’eau Réservoir d’eau chaude

Evacuation

Régulation de Tiges Laiton, Dural, Cuivre


température

Embout de
circulation Supports
Cuve inox

Les conductivités thermiques pour ces trois matériaux autour de la température ambiante sont les
suivantes :

𝜆𝐶𝑢 = 390 𝑊𝑚−1 𝐾 −1 𝜆𝐷𝑢𝑟𝑎𝑙 = 160 𝑊𝑚−1 𝐾 −1 𝜆𝐿𝑎𝑖𝑡𝑜𝑛 𝐽𝑎𝑢𝑛𝑒 = 110 𝑊𝑚−1 𝐾 −1

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

Mise en route de l’expérience :


Le dispositif doit être surélevé par rapport à la régulation de
température pour assurer une purge efficace du réservoir d’eau chaude sous peine de débordement.
Le débit d’eau doit être contrôlé à l’aide d’un clamp sur le tuyau d’arrivée d’eau pour la même
raison. Une fois la circulation mise en route, il faut s’assurer qu’il reste suffisamment d’eau
dans la cuve en inox pour faire flotter le ballon de sécurité de la régulation sinon le chauffage
s’arrête. On peut se donner une marge de 3 cm de hauteur d’eau supplémentaire par rapport à la
limite de flottaison pour éviter tout arrêt du chauffage en cours d’expérience. Les tiges comportent
des petits trous pour mesurer la température en différents points qu’il faut remplir de graisse thermo
conductrice afin d’assurer un bon contact thermique avec le capteur de température. Les traces
résiduelles de graisse sur les tiges doivent être éliminées à l’aide d’un chiffon imbibé d’alcool pour
éviter de perturber les échanges latéraux de chaleur.

Source chaude :
Sa température doit être suffisamment importante pour avoir des différences de
températures significatives par rapport à l’ambiante mais sans être excessive pour vérifier au mieux
l’hypothèse de la barre infinie (T ≈ Tamb en bout de tige). Une température de 40 - 50 °C est un bon
compromis. Les mesures peuvent commencer une fois le régime permanent établi soit environ au
bout d’une ou deux heures.

Mesures :
Il faut un thermomètre précis, sensible et le capteur doit être petit pour qu’il se mette
rapidement en équilibre thermique sur les différents points de contact. Les mesures suivantes ont été
réalisées avec un multimètre FI 919X muni de son thermocouple à fil fins. Les distances des points
de contact ont été mesurées à partir de la face de la cuve encore en contact avec l’eau chaude
(mesures faites sur chaque tige car les points ne sont pas exactement tous au même endroit). Les
courbes ont été modélisées par la relation précédente avec TC = 41,7 °C et Tamb = 18,2 °C (valeurs
mesurées en cours d’expérience).

On peut noter, compte tenu des incertitudes estimées, que l’accord est correct pour le laiton, moins
bon avec le Dural et mauvais pour le cuivre. Cette évolution est logique en bout de tige car on voit
que l’hypothèse de la barre infinie est de moins en moins bien vérifiée (TLaiton = 18,2 °C, TDural =
18,9 °C et TCu = 20,6 °C). Les tiges ne sont donc pas assez longues compte tenu du flux de chaleur
envoyé pour vérifier cette hypothèse, et cela marche d’autant moins bien que le matériau est un bon
conducteur thermique puisque les pertes sont d’autant plus faibles le long de la barre. On pourrait

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

atténuer le problème en diminuant la température de chauffage pour envoyer un flux de chaleur


moins important mais on est vite limité par la précision des mesures. On peut cependant obtenir des
résultats corrects avec cette expérience en donnant des degrés de liberté au modèle. Le premier est
la température ambiante. On ne respecte plus alors l’hypothèse ayant permis d’établir la fonction de
modélisation mais les écarts à Tamb qu’on obtient sont faibles et la liberté de pouvoir ajuster ce
paramètre permet au modèle de mieux se caler sur les mesures en bout de tige. On peut aussi donner
un degré de liberté sur la position d’origine x0 à laquelle la barre se trouve à la température de
chauffage TC. Ce choix peut paraitre étonnant mais il faut voir que la partie de la barre dans le bain
d’eau chaude ne peut pas être intégralement à TC car si c’était le cas, il n’y aurait aucun flux de
chaleur en son sein puisque T = cte et cela impliquerait que le transfert de toute la chaleur qui part
dans la tige se fasse juste au niveau de sa section de sortie en x = 0 ce qui n’est pas réaliste. Cela se
voit d’ailleurs sur les courbes précédentes puisque le modèle a aussi du mal à se caler sur les
premières mesures en voulant forcément converger vers TC en x = 0. Le profil thermique dans la
partie de la tige en contact avec l’eau chaude est donc plus complexe et la définition d’une position
effective x0 dans le bain ou on considère que la barre est encore à la température TC permet d’en
tenir compte au mieux. Voici alors ce qu’on obtient de cette façon (on peut rentrer Tamb, un x0 de
l’ordre du cm et les valeurs de α précédentes pour aider le logiciel si les modélisations ont du mal à
converger) :

Les modèles s’accordent cette fois ci nettement mieux aux mesures avec une position effective de
l’ordre du cm dans le bain d’eau chaude d’autant plus grande que le matériau est bon conducteur
(c’est logique car le flux envoyé est d’autant plus important). La comparaison des coefficients α
permet d’obtenir les conductivités thermiques du Dural et du Laiton à partir de celle du cuivre en
supposant le coefficient h identique :

2ℎ 𝛼2 2
𝛼𝑖 = √ d' ou 𝜆1 = ( ) 𝜆2
𝑅𝜆𝑖 𝛼1

AN :
3,5 2 3,5 2
𝜆𝐷𝑢𝑟𝑎𝑙 = ( ) 390 = 164 𝑊𝑚−1 𝐾 −1 𝜆𝐿𝑎𝑖𝑡𝑜𝑛 = ( ) 390 = 110 𝑊𝑚−1 𝐾 −1
5,4 6,6

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

Les résultats sont donc corrects malgré les limites du dispositif. On peut les comparer aux valeurs
trouvées avec la première modélisation pour voir l’apport des degrés de liberté supplémentaires :

3,3 2 3,3 2
𝜆𝐷𝑢𝑟𝑎𝑙 = ( ) 390 = 135 𝑊𝑚−1 𝐾 −1 𝜆𝐿𝑎𝑖𝑡𝑜𝑛 = ( ) 390 = 82 𝑊𝑚−1 𝐾 −1
5,6 7,2

II CONDUCTON ÉLECTRIQUE DANS UN METAL


On propose d’étudier le transport de
charges dans un métal en mesurant la conductivité électrique σ d’un fil de cuivre d’électricien (S ≈
1,5 mm2) en mesurant la différence de potentiel provoquée par le passage d’un courant. Le cuivre
étant un bon conducteur de l’électricité, il faut un courant important et un voltmètre sensible.

II.1 Mesure à température ambiante

R I
R : rhéostat 10 Ω A

V : multimètre 6 ½ Digits
V
I : source de courant continue (I = quelques ampères)

Le rhéostat de 10 Ω permet de mieux contrôler le courant et évite à l’alimentation de débiter dans


une charge de très faible impédance. Le fil, d’environ 3 m de long, est dénudé tous les 40 cm pour
permettre le branchement du voltmètre via des pinces crocodiles. On mesure la tension entre un
point de départ et les points successifs de prise de mesure. Voici à titre indicatif des résultats
obtenus pour un courant I = 2,01 A (x correspond à la distance entre le premier point et les
suivants) :

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑉, la dépendance au potentiel en


On obtient une droite conforme à la loi d’ohm 𝑗⃗ = 𝜎𝐸⃗⃗ = −𝜎𝑔𝑟𝑎𝑑
régime continu étant formellement identique à la loi de Fourier de la diffusion thermique.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

Résultat :
𝐼 𝑈 𝐼 𝐼
𝑗= =𝜎 d'ou 𝑈= 𝑥= 𝑥 = 𝛼. 𝑥
𝑆 𝑥 𝑆𝜎 𝜋𝑅 2 𝜎

→ la pente de la droite permet d’obtenir la conductivité électrique du cuivre

Le diamètre du fil de cuivre a été mesuré au pied à coulisse (∅ = 1,35 mm), d’où :

𝐼 2,01 × 4
𝜎= = = 58,9.106 𝛺 −1 𝑚−1
𝜋𝑅 𝛼 𝜋(1,35.10−3 )2 23,82.10−3
2

On trouve dans le Handbook une résistivité électrique ρ = 1,68.10-8 Ω.m pour du cuivre pur à 20 °C
soit σ = 58,4.106 Ω-1m-1. On est donc très proche de cette valeur.

II.2 Influence de la température


[11], p. 399

Dans une gamme de température restreinte, la résistivité électrique d’un métal est donnée par la
relation suivante (avec T en Kelvin) :

𝜌(𝑇 − 𝑇0 ) = 𝛼(𝑇 − 𝑇0 ) + 𝜌0

La résistivité d’un métal augmente donc avec la température selon une loi affine. La consultation
d’un Handbook donne α = 67,6.10-12 Ω.m.K-1 pour le cuivre autour de l’ambiante. On propose de
vérifier cette loi avec un fil de cuivre d’électricien de diamètre ∅ = 0,5 mm et de longueur L = 15 m
en le plongeant dans un bain thermostaté. On mesure alors sa résistance pour différentes
températures à l’aide d’un multimètre en 4 fils (mesures effectuées ici avec un Keithley 2000) :

La dépendance affine de la résistance avec la température est bien vérifiée. Si on prend T0 = 273,15
K comme référence, on peut exprimer directement T – T0 avec la température en °C :

𝐿 𝐿 𝛼𝐿
𝑅=𝜌 = (𝛼𝑇 + 𝜌0 ) 2 = 𝑇 + 𝑅0
𝑆 𝜋𝑅 𝜋𝑅 2

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

→ La pente a de la droite permet d’obtenir la valeur du coefficient α :

𝜋𝑅 2 −3
𝜋(0,25.10−3 )2
𝛼=𝑎 = 4,78.10 = 62,6.10−12 𝛺. 𝑚. 𝑘 −1
𝐿 15

On a un écart de 7 % avec la valeur attendue.

II.3 Loi de Weidemann - Franz


Cette loi relie la conductivité thermique  d'un
métal à sa conductivité électrique σ :

𝜆 𝜋 2 𝑘𝐵 2
= ( ) 𝑇
𝜎 3 𝑒

Elle n'est valable que si le transport thermique dans le métal est assuré par les électrons de
conduction. La conductivité thermique du cuivre n’a pas été mesurée dans la première partie
puisqu’il servait de référence étant donné que c’était le seul corps pratiquement pur mais on a λ/σ =
6,6.10-6 W.Ω.K-1 avec notre mesure de σ et la valeur tabulée pour λ contre 7,2.10-6 W.Ω.K-1 pour le
rapport calculé à 20 °C avec la constante de Boltzmann et la charge de l’électron. La loi de
Weidemann Franz est donc correctement vérifiée avec le cuivre.

III CONVECTION
Ce mode de transport implique un déplacement de matière. Ce processus n'a
donc lieu que dans les fluides. On peut distinguer deux types de convection : la convection naturelle
lorsque le mouvement est provoqué par des différences de température, donc de masse volumique,
et la convection forcée ou le fluide est mis en mouvement par une action mécanique extérieure.

III.1 Convection naturelle


C’est un mode de transport complexe. Les lois qui le
décrivent sont plus expérimentales que théoriques. De nombreuses expériences qualitatives peuvent
illustrer ce phénomène mais il est difficile de faire du quantitatif. On peut illustrer la convection
dans les liquides en chauffant de l'eau contenue dans un cristallisoir ([2], p. 75 -76). On voit très
nettement les courants ascendants ; l'observation est facilitée si on met de petites particules de
densité légèrement supérieure à celle de l'eau (poudre de lycopodes ou sciure par exemple). On peut
visualiser ces courants à l’aide d’une caméra ou en faisant une projection strioscopique. La
convection peut se montrer d'une manière plus traditionnelle à l'aide d’un dispositif appelé
thermosiphon. On ajoute un peu de permanganate de potassium pour matérialiser les courants de
convection :

KmnO4

eau

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

III.2 Convection forcée


[1], p. 138 ; [6], chapitre 21 p. 498, [8] et [9], p. 181.

Dans ce cas, le fluide est mis en mouvement par une action mécanique extérieure. Ce mouvement
peut être laminaire ou turbulent suivant les conditions de l'expérience. On s’intéresse ici au premier
régime en étudiant la loi de Poiseuille

III.2.1 Ecoulement laminaire ; loi de Poiseuille


On considère l’écoulement
stationnaire d’un fluide visqueux induit par une différence de pression entre les deux extrémités
d’un tube cylindrique horizontal. La loi de Poiseuille peut s'obtenir en résolvant l'équation de
Navier - Stockes régissant la dynamique de l'écoulement d'un fluide visqueux et incompressible (cf.
[8], chapitre 30). On propose ici de l'établir plus simplement en effectuant un bilan des forces
exercées sur un cylindre de fluide de rayon r et d'épaisseur dx contenu dans le tube :
y
r
FP (x) FP (x+dx) x
S’
dx

On commence par étudier les forces auxquelles est soumis le fluide. L’écoulement considéré
s’effectuant dans un tube horizontal supposé de section faible, on négligera les forces de pesanteur.

Force de viscosité :
Elle s’exerce sur la paroi latérale du cylindre et elle tend par nature à le freiner
dans son mouvement. Si on suppose le fluide Newtonien, l’expression de la norme de cette force est
donnée par la loi de Newton (le signe moins dans l’expression de cette norme est lié au fait que
dv/dy est négatif, la vitesse d’écoulement du fluide diminuant lorsqu’on s’approche de la paroi du
tube) :
𝑑𝑣 𝑑𝑣
𝑑𝐹𝑣𝑖𝑠𝑐𝑜𝑠𝑖𝑡é = − 𝜂 𝑑𝑆 = − 𝜂 𝑑𝑆 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑑𝑆 = surface latérale du cylindre = 2𝜋𝑟𝑑𝑥
𝑑𝑦 𝑑𝑟

On a donc :

𝑑𝑣 𝑑𝑣
𝑑𝐹𝑣𝑖𝑠𝑐𝑜𝑠𝑖𝑡é = − 2𝜋𝜂 𝑟 𝑑𝑥 soit, sur la longueur L du tube : 𝐹𝑣𝑖𝑠𝑐𝑜𝑠𝑖𝑡é = − 2𝜋𝜂 𝑟 𝐿
𝑑𝑟 𝑑𝑟

Force de pression :
Du fait de la viscosité, la pression diminue le long de l'axe x. La norme de la
différence de force de pression 𝑑𝐹𝑝 à l’origine du mouvement s’écrit :

𝐹𝑝 (𝑥) = 𝑃(𝑥)𝑆 ′ = 𝑃(𝑥)𝜋𝑟 2


→ 𝑑𝐹𝑝 = 𝜋𝑟 2 [𝑃(𝑥) − 𝑃(𝑥 + 𝑑𝑥)] = −𝜋𝑟 2 𝑑𝑃
𝐹𝑝 (𝑥 + 𝑑𝑥) = 𝑃(𝑥 + 𝑑𝑥)𝜋𝑟 2 < 𝐹𝑝 (𝑥)

Soit, avec 𝑃1 − 𝑃2 la chute de pression dans le tube de longueur L : 𝐹𝑝 = 𝜋𝑟 2 (𝑃1 − 𝑃2 )

Bilan :
L’écoulement étant supposé stationnaire, le cylindre ne subit aucune accélération donc les
deux forces précédentes doivent se compenser. On a alors :

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

𝑃1 − 𝑃2 𝑃1 − 𝑃2 2
𝑑𝑣 = − 𝑟𝑑𝑟 soit : 𝑣=− 𝑟 + 𝑐𝑡𝑒
2𝜂𝐿 4𝜂𝐿

Hypothèse de la couche limite :


La condition 𝑣 = 0 lorsque 𝑟 = 𝑅 donne accès à la constante et on
obtient finalement l'expression de la vitesse au sein d'une tranche de fluide :

𝑃1 − 𝑃2 2
𝑣(𝑟) = (𝑅 − 𝑟 2 )
4𝜂𝐿

Le profil des vitesses dans une section droite dans le cas d'un écoulement horizontal, laminaire et
stationnaire d'un fluide visqueux et incompressible est donc parabolique. Connaissant l'expression
de la vitesse, on peut maintenant en déduire le débit massique en intégrant la relation :
𝑅
𝑃1 − 𝑃2 𝑅 𝜌𝜋𝑅 4
𝐷𝑚 = ∫ 𝜌𝑣(𝑟)𝑑𝑆 = 𝜌 ∫ 2𝜋𝑟𝑑𝑟 d'ou 𝐷𝑚 = (𝑃 − 𝑃2 )
0 4𝜂𝐿 0 8𝜂𝐿 1

Remarque :
Le rapport (𝑃1 − 𝑃2 )/𝐿 est appelé perte de charge linéique. Elle peut facilement être
mise en évidence par une expérience classique (cf. [1], p. 137).

La formule n’étant valable qu’en régime laminaire, il faut le vérifier en calculant dans
l'hypothèse la plus défavorable le nombre de Reynolds (d représente ici le diamètre du tuyau) :

𝜌𝑣𝑑
ℜ=
𝜂

On est en régime laminaire si    1000

III.2.2 Montage
[1], p. 153

vase de Mariotte

L
h

Tube horizontal
Eau de section S et de diamètre d

Il est difficile d'obtenir un débit suffisamment faible avec un tuyau de grand diamètre pour rester en
régime laminaire. Il vaut donc mieux utiliser un tube assez fin pour cette expérience. Le vase de
Mariotte permet d'obtenir un débit à hauteur d'eau h constante. Cette hauteur h fixe alors la valeur
de la perte de charge dans la canalisation. En effet, lorsque le tube vertical est ouvert, la pression
statique à l’entrée du tube dans lequel se fait l’écoulement vaut P1 = Patm + .g.h . La sortie de ce
même tube étant à la pression atmosphérique, la pression statique en ce point vaut P2 = Patm. La
perte de charge P1 – P2 vaut donc .g.h. La formule de poiseuille devient alors :

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

𝜌2 𝑔𝜋𝑅 4
𝐷𝑚 = ℎ
8𝜂𝐿

L’étude du débit massique 𝐷𝑚 en fonction de la hauteur h permet donc de calculer le coefficient de


viscosité de l’eau.

Mesures :
On modifie h en faisant glisser le tube du vase de Mariotte dans le bouchon. On pèse à
chaque fois la masse d'eau récupérée dans le récipient pendant un temps t (on prend soin d’attendre
un peu avant de procéder à la mesure pour être en régime stationnaire). On calcule le débit massique
𝐷𝑚 = 𝑚/𝑡 pour chaque hauteur et on trace la courbe 𝐷𝑚 = 𝑓(ℎ). Voici à titre indicatif le résultat
d’une série de mesures effectuées à 20 °C :

débit massique en fonction de la hauteur d'eau


1,8E-03

1,6E-03

y = 0,0111x
débit massique (kg/s)

1,4E-03
R² = 0,9895
1,2E-03

1,0E-03

8,0E-04

6,0E-04

4,0E-04

2,0E-04

0,0E+00
0,03 0,05 0,07 0,09 0,11 0,13 0,15 0,17

hauteur d'eau (m)

On a une droite de pente 𝜌2 𝑔𝜋𝑅 4 /(8𝜂𝐿) qui permet d’obtenir le coefficient de viscosité. Après
calculs, on obtient 𝜂 = 1,01 10-3 Pa.s.

IV DIFFUSION DE PARTICULES

IV.1 Mesure du coefficient de diffusion du glycérol dans l'eau ; principe


[2], p.
466, [10], p. 1885.

L'eau et le glycérol ayant des indices optiques différents, la diffusion de l'un dans l'autre crée un
gradient de concentration, et donc d'indice, dans la zone de mélange. On propose d'étudier la
déviation d'un faisceau lumineux par le gradient d'indice pour mesurer la diffusivité du glycérol
dans l'eau.

Eau (ne) x
Rayon
incident

n(x)

Glycérol (ng)

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

Si la déviation  du rayon est petite et dans la limite où l'indice est proportionnel à la concentration,
la déviation maximum vaut alors :

(𝑛𝑔𝑙𝑦 − 𝑛𝑒𝑎𝑢 )𝑐0 𝑑


𝛼𝑚𝑎𝑥 =
2√𝜋𝐷𝑡

Où D est la diffusivité, t le temps (avec t = 0 correspondant à l'instant où les 2 liquides n'ont pas
encore diffusé) et c0 la fraction volumique initiale du glycérol.

IV.1.1 Réalisation de l'expérience


La différence d’indice entre l’eau et le
glycérol pur est telle qu’on sort du domaine de validité de la formule précédente. Il faut donc diluer
la glycérine pour obtenir des résultats acceptables. On peut réaliser un mélange à 50/50 avec 10 ml
d’eau et 10 ml de glycérine pour une cuve à face parallèle d’enseignement standard (80×20×40
mm). Le mélange doit être bien homogène.

Cuve

Faisceau hmax
incident

Lentille cylindrique
(agitateur) Écran

On élargit un faisceau laser avec un agitateur en verre pour réaliser une nappe inclinée à 45° par
rapport à l’horizontale. On place un écran recouvert d'un papier millimétré à environ 50 cm de la
cuve (pas plus car la déviation est très forte). La cuve doit être placée suffisamment haut pour
pouvoir mesurer ≈ 30 cm de déviation au maximum. On repère à l’aide d’un crayon la trace de la
nappe sur l'écran en l’absence de liquide (trait pointillé sur la figure ci-dessus) puis on remplit la
cuve à moitié d’eau. On met la glycérine diluée à 50% dans une burette en prenant soin de purger
son extrémité de toute bulle d’air. Ce mélange étant plus dense que l’eau on place la burette dans un
coin de la cuve en plongeant son extrémité pratiquement jusqu'au fond pour pouvoir introduire le
mélange en limitant les phénomènes de convection. On vide alors lentement la burette. On observe
alors une forte déformation de la nappe lumineuse à l’interface entre les deux milieux (cf. figure).
On lance un chronomètre et on mesure l’évolution de la hauteur hmax toutes les 15 minutes. La cuve
ne doit pas être bougée pendant toute la durée de l'expérience, il ne faut surtout pas essayer
d'enlever la burette et il faut tout reprendre à zéro en cas de soucis car le processus de diffusion est
un phénomène irréversible.

Exploitation des résultats :


Les angles n'étant pas petits (surtout au début), on calcule 𝛼𝑚𝑎𝑥
2
sachant que 𝑡𝑔𝛼𝑚𝑎𝑥 = ℎ𝑚𝑎𝑥 /𝐿 avec 𝐿 la distance cuve /écran. On peut alors tracer 1/𝛼𝑚𝑎𝑥 en
fonction du temps. Si l’expérience s’est bien déroulée, on obtient une droite , mais qui ne passe pas
1

par l’origine comme attendu compte tenu de l’expression de 𝛼𝑚𝑎𝑥 .

1
Les premiers points peuvent poser problème et on peut ne pas les prendre en compte car c’est là où la déviation est
maximum donc où on est limite par rapport au modèle.

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

On peut invoquer un temps initial mal défini puisqu’il faut verser lentement le glycérol pour éviter
les remous mais une modélisation affine avec un temps t0 d’ajustement abouti à un résultat qui n’a
rien à voir avec la durée nécessaire pour vider la burette (t0 ≈ 1000 s dans notre exemple, ce qui
voudrait dire que la diffusion a commencé ≈ 15 minutes avant le début des mesures !). On peut
avancer deux raisons à ce problème :
- la démonstration de la formule suppose une déviation
progressive du faisceau sur la largeur de la cuve dans un gradient d’indice vertical, ce qui n’est pas
possible dans un cas de figure idéal ou les deux milieux sont mis en présence avec une interface
parfaite (passage direct d’un indice à l’autre). Le modèle ne peut donc pas décrire ce qu’il se passe
aux temps les plus courts. Si la transition est en pratique très brutale, la déviation est très forte en
début de cuve, ce qui fait que le faisceau atteint rapidement une zone où il n’y a pas encore de
gradient d’indice, donc plus de déviation. Il faudrait donc considérer une distance d effective
beaucoup plus faible que l’épaisseur de la cuve en début d’expérience.
- un autre souci est la difficulté à verser initialement la
glycérine sans faire de remous. Il y a inévitablement des mouvements de convection qui provoquent
déjà un mélange des deux phases et il peut être plus ou moins important suivant la manière dont a
été versée la glycérine. On se retrouve donc initialement avec deux milieux déjà plus ou moins
mélangés, ce qui justifie aussi en partie le t0 puisque le point de départ est ≈ équivalent à un
système ou une diffusion s’est déjà opérée depuis un temps plus ou moins long2.

Il faut donc passer par un modèle du type 1/𝛼 2 = 𝑎(𝑡 + 𝑡0 ) pour exploiter les mesures. La pente
de la droite permet d'obtenir le coefficient de diffusivité D de la glycérine :

2
1 4𝜋𝐷 [(𝑛𝑔𝑙𝑦 − 𝑛𝑒𝑎𝑢 )𝑐0 𝑑]
2
= 2
(𝑡 + 𝑡0 ) → 𝐷= 𝑎
𝛼𝑚𝑎𝑥 [(𝑛𝑔𝑙𝑦 − 𝑛𝑒𝑎𝑢 )𝑐0 𝑑] 4𝜋

Avec c0 = 0,5 puisque la glycérine a été diluée à 50 %

2
La répétition de cette expérience avec la même cuve l’a confirmé. Un versement très lent de la glycérine conduisant à
une interface relativement propre donne des t0 plus courts qu’une expérience ou l’ajout de la glycérine est moins bien
maitrisé.

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet Alain Gelle

AN :

[(1,47 − 1,33) × 0,5 × 0,024]2


𝐷= 2,26.10−3 = 5,1.10−10 𝑚2 𝑠 −1
4𝜋

On peut comparer cette valeur à celle indiquée dans [2], p. 469 ou dans un Handbook (donnée pour
une dilution infinie).

Remarque :
Le coefficient de diffusion étant homogène à une longueur au carré que divise un
temps, on peut associer une durée caractéristique τ à une distance de diffusion donnée :

𝐿2
𝜏=
𝐷

On peut ainsi estimer qu’il faut environ 2 jours pour que la glycérine diffuse dans l’eau sur une
distance de l’ordre du cm.

V TRANSPORT D’ÉNERGIE PAR RAYONNEMENT


On peut vérifier la relation de Stefan
pour illustrer ce phénomène. La particularité de ce mode de transfert est qu’il dépend
principalement de la température du corps et non pas d’un quelconque gradient. Se reporter au
montage « Emission et absorption de la lumière » ou [2], p.374 et suivantes.

Bibliographie :
[1] : Quaranta, Tome I
[2] : Quaranta, Tome II nouvelle édition (Thermodynamique et Applications)
[3] : Patrick Charmont : montages de Physique à l’agrégation de Physique
[4] : Berty Escault : Physique pratique ; Tome 2 : Méca – Thermo
[5] : Fleury Mathieu chaleur, thermo, état de la matière
[6] : Bruhat : Mécanique
[7] : Fleury Mathieu : mécanique Physique
[8] : Pérez : Mécanique
[9] : Barchiesi : Comprendre la physique en expérimentant
[10] : BUP 819
[11] : Fruchart Lidon Le Diffon : Physique expérimentale

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MOTEURS

I INTRODUCTION
Les moteurs ont pour but de convertir de l’énergie électrique en énergie
mécanique. Si on excepte les moteurs linéaires, ils sont tous constitué d’une partie en mouvement de
rotation appelée rotor (induit) et d’une partie fixe, le stator (inducteur). On peut classer les moteurs
en deux grandes familles suivant le type de source employée : les moteurs à courant continus (MCC)
et ceux à courant alternatif (MCA) pour lesquels on distingue les machines synchrones et
asynchrones.

II MCC A EXCITATION SEPAREE


[1] ; [2] ; [4], p. 277 ; [6], p. 5 à 7
II.1 Introduction
Le stator (inducteur) crée un champ magnétique statique subi par le
rotor (induit). Ce champ peut être crée par des aimants permanents ou par des bobines. Le rotor est
composé d'au moins un enroulement (souvent beaucoup plus) parcouru par un courant continu. Placé
dans le champ du stator, il subit un couple de forces qui s'annule et s'inverse suivant l'angle de rotation
→ un mouvement continu dans un seul sens n'est possible que si le sens du moment magnétique du
rotor change en cours de rotation. L'alimentation du rotor s'effectue donc par un système
collecteur-balais permettant cette inversion. Il existe plusieurs types de MCC suivant le mode
d’excitation : à excitation séparée (deux sources différentes alimentent le stator et le rotor), MCC
shunt (une seule source alimente en parallèle le stator et le rotor), MCC série (moteur universel : une
seule source alimente en série le stator et le rotor), MCC Compound (excitation hybride). Le banc
d’essai utilisé dans cette partie permet d’étudier le premier type de moteur. L’intérêt principal du
moteur à courant continu est la facilité avec laquelle on peut contrôler sa vitesse dans des proportions
importantes (rapport de 1 à 300 sans problèmes). Son inconvénient majeur est le prix : à puissance
égale, il est 2 fois plus cher qu’un moteur asynchrone. Il est aussi plus fragile que ce dernier en raison
du système de collecteur balais.

II.2 Principe de fonctionnement

II.2.1 Réalisation du stator


On utilise un moteur de démonstration Leybold. Le

champ inducteur statique 𝐵 est créé à l’aide d’aimants permanent :
N

On peut observer les lignes de champ dans l’entrefer1 avec des plaques
d’aiguilles ferromagnétiques et repérer le sens du champ à l’aide d’une

𝐵
boussole. Il est important pour la suite de vérifier avec le disque
prévu à cet effet que les pièces polaires sont parfaitement centrées.
S

II.2.2 Utilisation avec un rotor bipolaire


L’axe et le collecteur du rotor doivent
être propres et lubrifiés pour minimiser les frottements. On utilise une alimentation pouvant
travailler en générateur de courant et on alimente les bobines du rotor avec un courant I = 1,5 A

1
Tout en sachant qu’elles seront modifiées par la présence du rotor.

1
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

maximum via le collecteur continu constitué des deux bagues pleines :



𝐵
⃗⃗
𝑀 

Collecteur et balais

Rotor

Si on tourne le rotor à la main, on constate l’existence d’une position d’équilibre stable et une position
d’équilibre instable. Pour le comprendre, il suffit d’imaginer le rotor dans une position  quelconque
par rapport au champ 𝐵 ⃗ créé par le stator. Le flux magnétique de 𝐵 ⃗ traversant le bobinage du rotor
vaut 𝛷 = 𝑁𝑆. 𝐵 ⃗ = 𝑁𝑆𝐵𝑐𝑜𝑠𝛼. La circulation du courant dans le bobinage créé quant à lui un moment
magnétique 𝑀 ⃗⃗ = 𝑁𝑆𝐼 orienté suivant l’axe principal du rotor (son sens dépend de celui du courant)
→ Ce moment mis en présence de 𝐵 ⃗ créé un couple |Γ| = |𝑀⃗⃗ ⋀𝐵
⃗ | = 𝑁𝑆𝐼𝐵𝑠𝑖𝑛𝛼 sur le rotor qui tend
à orienter son axe principal dans le sens de 𝐵 ⃗ pour avoir un flux coupé maximum2 𝛷0 = 𝑁𝑆𝐵.

II.2.3 Mise en rotation du rotor


Une rotation permanente est impossible avec
le mode d’alimentation précédent puisque le rotor n’a aucune raison de continuer sa course lorsqu’il
atteint la position d’équilibre stable3. Par contre, le mouvement peut se poursuivre si on inverse le
sens du courant à cet instant car cela permute le rôle des deux pôles (la position stable devient instable
et vice versa) et oblige le rotor à continuer sur sa lancée pour se diriger vers le pôle opposé devenu
maintenant attracteur (il faut modifier une nouvelle fois le sens du courant lorsqu’il y parvient). Le
moteur peut donc tourner en permanence si on inverse périodiquement le sens du courant. Pour ce
faire, on alimente les bobines du rotor avec le collecteur à deux demi-bagues en orientant les balais
d’arrivée du courant de façon à ce que les commutations se fassent aux moments adéquats, c’est-à-
dire aux instants ou le rotor atteint une position d’équilibre stable. Dans ce cas, les inversions
périodiques de 𝐼 condamnent le rotor à la rotation permanente en recherche d’un d’équilibre stable
impossible à trouver.

Manipulation :
On reprend la manipulation précédente avec cette fois-ci le collecteur constitué des
deux demi-bagues. On ajuste le courant dans le rotor à 0,5 A max. Le démarrage peut être plus ou
moins facile suivant la position initiale des balais. On commence par les orienter horizontalement
(position la moins favorable), puis on passe progressivement en position verticale. Le rotor doit alors
se mettre à tourner dans un sens4. On peut rechercher la position des balais qui maximise la vitesse
de rotation en ajustant la valeur du courant si le moteur tourne trop vite. L’orientation optimale
doit correspondre à la position verticale. Si on dépasse cette position, la vitesse commence à diminuer
jusqu’à s’annuler lorsque les balais sont ≈ horizontaux, puis elle s’inverse jusqu’à atteindre de
nouveau une valeur maximum lorsque les balais sont à 180 ° de la position initiale. Si le moteur

2
Il faut noter que la constitution du bobinage du rotor de ce moteur de démonstration est assez différente de celle d’un
moteur réel. Cela oblige à une analyse différente de celle menée classiquement sur les MCC où on raisonne plutôt sur les
forces de Laplace appliquées sur des conducteurs parallèles à l’axe de rotation. Se reporter par exemple aux références
[1], [2], [3] p. 128 pour plus de précision.
3
Le couple devient en effet résistant quand cette position est dépassée.
4
On peut le lancer manuellement dans un sens puis dans l’autre en cours d’orientation afin de déterminer le sens de
rotation naturel.

2
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

tourne très vite, on s’aperçoit que l’orientation optimale des balais ne correspond plus à la verticale.
Elle se décale dans le sens de rotation du rotor. Cet effet est dû à la réaction d’induit qui déforme les
lignes de champ (cf. [7], p. 353-378 pour plus de précision).

II.2.4 Utilisation avec un rotor multipolaire


L'introduction du collecteur en
demi-bagues donne une valeur moyenne non nulle au couple mais il varie beaucoup avec l'angle de
rotation (cf. annexe 1). On peut le maintenir au voisinage de sa valeur maximale en multipliant le
nombre de pôles. Cela permet d’utiliser à chaque instant une paire de pôles produisant le couple le
plus fort → On peut reprendre la manipulation précédente avec un rotor à 12 pôles en fixant le
courant à 0,2 A max. Une fois les balais correctement orientés, le moteur doit tourner de manière
plus régulière (moins d’à-coups) et moins bruyante (baisse des vibrations).

Influence d’une charge :


On alimente maintenant le rotor en tension (mode d’alimentation
« naturel » des moteurs à courant continu) en inversant le rôle des potentiomètres sur le générateur
(potentiomètre courant à fond, potentiomètre tension comme contrôle). On augmente
progressivement la tension aux bornes de l’induit jusqu’à faire tourner le moteur avec une vitesse
raisonnable. On note la valeur du courant en régime permanent, puis on freine manuellement le rotor.
Le courant doit augmenter et devenir très important si on bloque complètement le rotor (cette action
doit être temporaire sous peine d’endommager le moteur).

Explication :
La vitesse de rotation ω diminue lorsqu’on freine le moteur. Or, l’équation électrique
du rotor est 𝑈– 〈𝑒〉 = 𝑈 − 𝑘𝛷𝑜  = 𝑅𝐼 (cf. annexe 1). Le courant doit donc augmenter si 𝑈 est
constant5 → cette manipulation met en évidence le couplage électromagnétique (influence du
mécanique sur l’électrique). Elle montre aussi qu’il n’est pas souhaitable d’alimenter directement un
moteur sous tension nominale lorsqu’il est à l’arrêt car cela provoque de très fortes intensités qui
peuvent endommager le moteur. De même, il faut arrêter immédiatement un moteur qui se retrouve
bloqué par une demande de couple résistant trop important.

II.3 Etudes quantitatives à l’aide d’un banc d’essais


Le banc est constitué d’un
moteur relié par une transmission à une génératrice montée en dynamo balance. Un dispositif de
mesure de la vitesse est situé entre les deux machines. Pour des raisons de sécurité, il est conseillé de
ne pas dépasser une vitesse de rotation de 4 000 tours/minutes.
Mesure de la vitesse

Alimentation Signal
Moteur Génératrice

Le moteur utilisé est un moteur d'essuie-glace pour poids lourds SEV Marchal. Le champ magnétique
de l’inducteur que subit le rotor n’est pas obtenu avec des aimants permanents mais via des bobines6.

5
C’est pourquoi il est impératif de travailler avec une source de tension lors de cette manipulation.
6
Les aimants permanents peuvent convenir dans les petits MCC mais ils ne sont pas adaptés aux machines de plus forte

3
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On a donc besoin de deux alimentations, une pour le stator (l’inducteur), l’autre pour le rotor
(l’induit).

Inducteur (stator) :
Résistance ≈ 30 Ω
Imax ≈ 1 A (pendant un temps bref) → Tension maximale ≈ 30 V

Induit (rotor) :
Tension nominale : 12 V ; tension maximale : 24 V
Résistance ≈ 0,5 Ω
Imax ≈ 6 A (jusqu’à 10 A pendant un temps bref)

II.3.1 Dispositif de mesure de la vitesse


Le système s'alimente en 12 V continu
(alimentation faible puissance) via une embase coaxiale UHF. Le pôle positif est au centre, la carcasse
extérieure correspond à la masse. Le signal de sortie est récupéré sur une sortie coaxiale classique.
Les masses sont communes entre l'entrée UHF et la sortie coaxiale. On peut donc relier le pôle - de
l'alimentation à la masse de la sortie coaxiale pour plus de simplicité. Le dispositif envoie un faisceau
lumineux sur un tambour solidaire de l’axe de transmission comportant 6 encoches noires. Lorsque
les machines sont en rotation, la lumière réfléchie par le tambour frappe une photodiode qui donne
un signal ressemblant grossièrement à un signal carré centré sur une valeur moyenne d’environ 2-3
V. Grace aux 6 encoches, la vitesse de rotation 𝑁 en tours/minutes des machines s’obtient simplement
en multipliant la fréquence du signal par 10. La pulsation ω s’obtient par la relation :

2𝜋
𝜔(𝑟𝑎𝑑. 𝑠 −1 ) = 𝑁(𝑡𝑜𝑢𝑟𝑠/𝑚𝑖𝑛𝑢𝑡𝑒𝑠)
60

II.3.2 Génératrice Frein


C’est un moteur d'essuie-glace Bosch modifié. Le
stator est constitué de deux aimants en ferrite. Il n’a donc pas besoin d’être alimenté. Le rotor est
solidaire de l’axe de rotation du moteur. Des balais placés sur les contacts tournants du rotor
permettent de faire débiter la génératrice sur une résistance de charge. La puissance électrique débitée
demande alors du couple au rotor7, ce qui charge mécaniquement le moteur (rôle de frein). Des rajouts
sur la carcasse permettent de mesurer en régime permanent le couple utile délivré par le moteur à la
génératrice. Le principe utilisé est celui de la dynamo balance8 (cf. [1], p. 88 pour plus de précision
sur ce point). La mesure d’un couple utile se fait en deux étapes.

Équilibrage statique de la balance :

Génératrice vue de côté

Contrepoids d’équilibrage LS Masse de mesure M

Repère
d’horizontalité
Bras de mesure

Il faut commencer par repérer la position d’horizontalité du bras de mesure en plaçant un niveau à

puissance.
7
Principe du couplage électromécanique mis en œuvre dans les convertisseurs électromécaniques.
8
C’est le premier système à avoir été utilisé dans l’industrie ou dans les laboratoires pour les mesures de couple.

4
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

bulle sur le bras. On place alors un repère (tige fine fixée sur un pied par exemple) à l’extrémité du
bras pour repérer cette position. L’équilibrage statique de la balance se fait à l’aide du contrepoids
situé sur la tige opposée au bras. On peut placer la masse de mesure sur une graduation entière9 LS
pour faciliter les lectures ultérieures, puis on déplace le contrepoids pour rétablir l’horizontalité.
L’existence de frottements secs sur la machine complique un peu cette tache10 → on peut secouer
légèrement le banc en cours de réglage pour trouver au mieux la position d’équilibre.

Mesure d’un couple utile :


Le fait de charger la génératrice avec un rhéostat pour demander du
couple mécanique au moteur entraine un déséquilibre de la balance qui s’explique de la manière
suivante : le moteur entraine le rotor de la génératrice plongé dans le flux du champ magnétique BS
de son stator → la rotation fait apparaitre une f.é.m. induite dans les spires du rotor qui entraine la
circulation d’un courant puisque l’induit est refermé sur une résistance de charge. Ce courant circulant
en présence de 𝐵𝑆 ¸ des forces le Laplace apparaissent et créent un couple au niveau du rotor11 qui
s’applique aussi au stator en raison du principe de l’action et de la réaction. Pour mesurer ce couple
qui déséquilibre la balance, il suffit de déplacer la masse 𝑀 jusqu’à retrouver l’horizontalité. Le
moment dû au poids sur le bras égalise alors le moment du couple des forces électromagnétiques
agissant sur le stator, donc celui agissant sur le rotor. Celui-ci étant pratiquement égal au couple utile
délivré par le moteur, on a, si 𝐿𝐶 est la nouvelle position de la masse 𝑀 :

𝐶𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 𝑓𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑚𝑜𝑡𝑒𝑢𝑟 ≈ 𝐶𝑏𝑎𝑙𝑎𝑛𝑐𝑒 = 𝑀𝑔(𝐿𝐶 − 𝐿𝑆 )

La masse sur le dispositif d’étude fait environ 100 grammes, soit un poids d’environ 1 N.
Couple résiduel demandé par la génératrice à vide :
Le déséquilibre étant provoqué par la
circulation d’un courant dans le rotor, on peut s’attendre à ce que la balance reste en équilibre lorsque
la génératrice en circuit ouvert. Ce n’est pas le cas en pratique car la machine présente des frottements
assez importants (frottements secs sur les axes et paliers, pertes de ventilation liées aux brassages des
couches d’air dans l’entrefer, …). Le moteur doit donc fournir en permanence un couple pour vaincre
ces phénomènes dissipatifs qui déséquilibrent la balance même lorsque la machine est à vide.
L’expérience montre que ce couple résiduel est loin d’être négligeable sur la maquette d’étude → Il
faut en tenir compte dans le calcul du rendement du moteur.

II.3.3 Formules de bases pour le MCC


On rappelle les équations en régime
permanent avec quelques remarques sur les différentes relations :

F.é.m. aux bornes de l’induit : 𝐸 = 𝑘𝛷𝜔 (1)

Tension aux bornes de l’induit du moteur : 𝑈 = 𝑅𝐼 + 𝐸 = 𝑅𝐼 + 𝑘𝛷𝜔 (2)

Couple mécanique généré sur l’axe du rotor du moteur : 𝛤𝑚é𝑐𝑎 = 𝑘𝛷𝐼 (3)

Couple utile récupéré : 𝛤𝑈 = 𝛤𝑚é𝑐𝑎 – 𝛤𝐶 – 𝐾𝑉 𝜔 (4)

La relation (1) montre que la f.é.m. aux bornes de l’induit est proportionnelle à la vitesse de
rotation. 𝑘 est un paramètre constitutif du moteur, donc une constante pour une machine donnée. 𝛷

9
Des marques sont gravées tous les cm.
10
Ils peuvent, à la différence des frottements fluides, provoquer un arrêt avant la position d’équilibre statique.
11
Cela explique pourquoi la génératrice demande du couple mécanique au moteur.

5
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

est le flux magnétique utile sous un pôle du rotor. Il dépend du champ magnétique créé par l’inducteur,
donc de sa tension d’alimentation12. 𝛷 peut aussi dépendre du courant circulant dans l’induit13. On
supposera cet effet négligeable donc la machine sera considérée à flux 𝛷 constant si 𝑈𝑖𝑛𝑑𝑢𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 est
fixé.

La relation (3) montre que le couple mécanique développé sur l’axe du moteur est proportionnel
au courant 𝑰 circulant dans l’induit. Le principe de la conversion électromécanique d’énergie fait
que la constante reliant 𝛤𝑚é𝑐𝑎 à 𝐼 est la même que celle reliant 𝐸 à 𝜔.

Le couple utile 𝛤𝑈 réellement récupéré n’est pas le couple mécanique 𝑘𝛷𝐼 car un moteur tournant à
vide ne devrait consommer aucun courant. Ce n’est pas le cas en pratique car les pertes dans le moteur
(frottements secs, frottements fluides, pertes magnétiques par hystérésis et courants de Foucault, …)
l’obligent à fournir en permanence un couple pour maintenir le rotor en rotation, donc à demander du
courant, même à vide. La modélisation de ces pertes d’origines multiples et complexes est délicate.
Une approximation classique consiste à supposer qu’elles engendrent une demande de couple
constante avec la vitesse (d’où la dénomination de pertes constantes rencontrée dans les ouvrages).
Les expériences sur la maquette d’étude montrent cependant une légère tendance à l’augmentation
avec la vitesse. On a donc développé le couple de pertes en deux termes :

- un couple 𝛤𝐶 indépendant de 𝜔 (donc provoquant une dissipation de puissance 𝑃𝐶 = 𝛤𝐶 𝜔


proportionnelle à la vitesse) qui inclut les frottements secs (la légère résistance qu'on peut ressent
quand on essaye de faire tourner un rotor à la main) et toutes les pertes équivalentes à un couple
constant comme les pertes par hystérésis.

- un couple 𝛤𝑉 = 𝐾𝑉 𝜔 proportionnel à la vitesse (donc provoquant une dissipation de


puissance 𝑃𝑉 = 𝛤𝑉 𝜔 proportionnelle au carré de la vitesse) qui inclut les frottements visqueux et
toutes les pertes ayant ce type de propriété (courants de Foucault par exemple).

II.3.4 Vérification de la relation proportionnalité entre 𝐸 et 𝜔


Elle s’effectue
généralement sur un essai à vide car c’est là ou l’appel en courant est minimum puisque le couple
mécanique sert juste à compenser les pertes (pas de couple utile demandé). On peut alors considérer
qu’on a 𝑈𝑣𝑖𝑑𝑒 ≈ 𝐸 = 𝑘𝛷𝜔 d’après (2) car les rotors ont généralement une résistance faible. Cette
simplification n’est pas possible avec le banc d’étude car le moteur doit vaincre ses pertes et celles
de la génératrice qu’il entraine donc la demande de courant à vide est trop importante pour pouvoir
négliger le terme 𝑅𝐼. On peut cependant contourner le problème en inversant le rôle des deux
machines. On utilise la génératrice pour entrainer le moteur à la vitesse 𝜔 et on mesure la tension 𝑈
aux bornes de l’induit. L’impédance d’entrée d’un voltmètre étant énorme, il n’y a pas de courant 𝐼 à
circuler dans l’induit et la relation (2) se résume directement à 𝑈 = 𝐸 = 𝑘𝛷𝜔. Cette solution garantie
aussi un travail à flux 𝛷 constant puisqu’il n’y a pas de réaction d’induit lorsque 𝐼 = 0.

Montage :
La température des machines a une influence notable sur les résultats. Il faut donc faire
tourner le moteur pendant au moins une dizaine de minutes avant de commencer les mesures.

12
𝛷 à vide est proportionnel au courant dans l’inducteur si le milieu magnétique n’est pas saturé.
13
C’est la réaction d’induit → cf. [1], p. 51.

6
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

12 V = 𝜔

Moteur Génératrice

Alimentation 30 V / 10 A
20 V = Polarité inversée par
V rapport à la génératrice

Alimentation de l’inducteur :
Source 30V/5A ; Elle sert à créer le champ 𝐵 du stator responsable de
𝛷. Il n’y a pas de choix strict sur la tension à appliquer mais il vaut mieux prendre une valeur assez
élevée pour avoir un flux important. Cela permet de limiter les demandes en courant pour une charge
donnée d’après (3). On peut donc entrainer des charges plus importantes compte tenu du courant
maximum supporté par l’induit. Un flux important limite aussi l’influence de la réaction d’induit et
celle d’une charge sur la vitesse de rotation (cf. § II.3.6). Le courant maximal admissible dans
l’inducteur étant de 1 A, on a choisi une tension de 20 V= (le stator demande alors ≈ 0,6 A à chaud).
Cette tension doit être fixée une fois pour toutes et ne plus être modifiée par la suite !

Mesure de ω :
La mesure de fréquence est délicate car le signal est peu stable et fortement bruité.
Le plus simple consiste à utiliser un oscilloscope numérique pour filtrer et moyenner le signal.

Manipulation :
Il vaut mieux alimenter la génératrice en inversant la polarité afin de faire tourner
le moteur dans le même sens que par la suite car on a constaté une légère différence dans la constante
de flux 𝑘𝛷 suivant le sens de rotation. On mesure la f.é.m. induite (qui doit être positive) dans le rotor
du moteur avec un voltmètre pour différentes vitesses de rotation, sans dépasser 4 000 tours/minutes.
Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

On une droite passant par l’origine → La relation (1) est donc vérifiée : la f.é.m. aux bornes de
l’induit est proportionnelle à la vitesse de rotation. La pente de la droite correspond à 𝑘𝛷. On
trouve ici :
𝑘𝛷 = 0,0373 V/(rad.s-1 )

7
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.3.5 Etude du moteur « à vide »


Le terme « à vide » signifie que le moteur
n’a pas à fournir de couple utile (il doit juste vaincre ses propres phénomènes dissipatifs).
L’affirmation est à nuancer avec le banc d’étude car le moteur doit fournir du couple pour entrainer
le rotor de la génératrice. L’essai avec la génératrice en circuit ouvert n’est donc pas réellement un
essai à vide (l’idéal serait de pouvoir découpler les deux machines mais c’est impossible) → les pertes
totales obtenues à partir des mesures sont dues aux phénomènes dissipatifs présents dans le moteur,
la génératrice et dans l’arbre de transmission.

Montage :
L’alimentation de l’inducteur n’est pas représentée pour plus de clarté mais elle doit
évidemment être conservée avec les mêmes caractéristiques que précédemment. Cette alimentation
ne doit pas être arrêtée avant celle de l’induit (risque d’emballement du moteur). En cas de
besoin, les sources doivent être arrêtées progressivement !
12 V = 𝜔
Moteur Génératrice

V U0 : alimentation variable 30 V / 10 A
A I : ampèremètre continu calibre 20 A
U0

L’inducteur ayant une résistance inférieure à 1 Ω, les demandes en courant peuvent être importantes
(surtout lors de l’étude en charge) → il faut mesurer la tension directement aux bornes de l’induit
(montage courte dérivation) pour ne pas prendre en compte les chutes de potentiel aux bornes de
l’ampèremètre et des fils de liaison.

Mesures :
On laisse tourner le moteur sous tension nominale (U = 12 V=) pendant ≈ 10 minutes
pour le mettre en température avec la génératrice en circuit ouvert. On mesure ensuite, pour
différentes valeurs de 𝑈0 :
- la vitesse de rotation 𝜔0 du moteur
- le courant 𝐼0 absorbé par l’induit
- le couple 𝛤 demandé au moteur en rééquilibrant la balance

La machine étant chaude, on peut mesurer dans la foulée la résistance de l’induit (sa valeur est
nécessaire pour la suite). On propose deux méthodes simples mais imparfaites14.

Mesure à l’ohmmètre :
Il faut utiliser une méthode en 4 fils car la résistance est faible, et effectuer

Elles ont l’inconvénient d’être statique, donc 𝑅 n’est pas mesuré dans des conditions normales de fonctionnement du
14

moteur, à savoir en rotation.

8
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

plusieurs mesures en modifiant la position du rotor15 pour moyenner les résultats. On a obtenu :

𝑅𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 = 0,62 ± 0,03 𝛺

Mesure par U = RI :
Le moteur ne démarre qu’à partir d’une certaine tension 𝑈0 → on a 𝑈 =
𝑅𝐼 d’après (2) tant qu’on reste en dessous de ce seuil puisque 𝑘𝛷𝜔 = 0. On peut alors obtenir 𝑅 en
faisant le rapport 𝑈/𝐼 pour plusieurs valeurs de 𝑈 inférieures à 𝑈0 . L’expérience a été réalisée pour
deux positions différentes du rotor. On a obtenu les résultats suivants :

𝑅𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 = 0,68 ± 0,03 𝛺 𝑅𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 = 0,62 ± 0,03 𝛺

Ces deux résultats recoupent la valeur précédente. Le premier diffère légèrement des deux autres mais
on était probablement sur une position de plus forte résistance au niveau du rotor. On a donc préféré
retenir le résultat de 0,62 Ω. Il faut noter que cette méthode permet de détecter la présence éventuelle
d’une chute de tension aux bornes des contacts glissants du rotor (on aurait alors 𝑈 = 𝑅𝐼 + 𝛥𝑈𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡 ,
soit une affine). On a tracé les courbes 𝑈 = 𝑓(𝐼) et constaté qu’elles étaient quasiment linéaires. On
peut donc supposer que la chute aux bornes des balais est négligeable.

Courbe U0 = f(ω0) :
On l’obtient à partir des mesures sur l’essai « à vide » :

On constate que la vitesse à vide augmente régulièrement avec la tension appliquée. Ce résultat
important montre la facilité avec laquelle on peut contrôler la vitesse d’un moteur à courant continu
(c’est moins simple avec des moteurs synchrones ou asynchrones). On peut changer son sens de
rotation en appliquant une tension négative et le moteur en charge tourne pratiquement à la même
vitesse qu’à vide si 𝑅 est faible puisqu’on a alors 𝑈 ≈ 𝑘𝛷𝜔, donc 𝜔 indépendant de 𝐼, donc du couple
demandé. Le moteur à courant continu est donc idéal pour la traction électrique (pas d'embrayage,
pas de boite de vitesses). Ces qualités expliquent l’intérêt porté au MCC pendant de nombreuses
années16. Par contre, il lui faut une alimentation continue variable et son système de collecteur le rend
plus fragile et plus cher à fabriquer que les autres moteurs.

On peut noter que la courbe ne passe pas par l’origine et que la pente de la régression linéaire est
différente de celle obtenue au § II.3.4 pour la f.é.m. Ce dernier point peut sembler étonnant puisque
la relation (2) indique qu’on a 𝑈0 = 𝑅𝐼0 + 𝐸 = 𝑅𝐼0 + 𝑘𝛷𝜔0 . On pourrait donc s’attendre à retrouver
la constante 𝑘𝛷 comme pente de la droite 𝑈0 = 𝑓(𝜔0 ). Mais c’est oublier que le courant 𝐼0 dépend

15
On peut le faire en alimentant la génératrice par à coup.
16
Ce n’est plus autant le cas aujourd’hui. Les progrès en électronique de puissance ont permis de réaliser des commandes
de vitesses performantes pour les moteurs synchrones ou asynchrones.

9
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

du couple demandé au moteur, donc des frottements et de sa vitesse de rotation.

Courbe E = f(ω0) :
La connaissance de la résistance d’induit permet de tracer la courbe 𝐸 =
𝑈0 – 𝑅𝐼0 = 𝑓(𝜔0 ) avec les mesures précédentes :

On obtient une droite passant par l’origine, avec un coefficient de pente proche du résultat du §
II.3.4 (écart relatif d’environ 4 %) :

𝑘𝛷 = 0,0388 V/(rad.s-1 )

Le fait qu’on retrouve une droite malgré le courant demandé par le rotor montre que la réaction
d’induit est négligeable sur cet essai.

Analyse des pertes :


Le bilan en puissance des différentes pertes dans un moteur peut se résumer par
le schéma suivant :
Conversion électromécanique de la puissance

𝑃𝑎𝑏𝑠 = 𝑈. 𝐼 𝑃𝑒𝑚𝑎𝑔 = 𝐸. 𝐼 = 𝛤𝑚é𝑐𝑎 𝜔 = 𝑃𝑚é𝑐𝑎 𝑃𝑈 = 𝛤𝑈 𝜔

𝑃𝑐𝑜𝑙𝑙𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠 = 𝑃𝐹𝑒𝑟 + 𝑃𝑀é𝑐𝑎


𝑃𝐽𝑜𝑢𝑙𝑒 = 𝑅. 𝐼 2

Le principe de la conversion électromécanique fait que la puissance mécanique développée par le


moteur correspond à la puissance électromagnétique 𝐸. 𝐼, donc à la puissance électrique absorbée
diminuée de l’effet Joule. Dans notre dispositif d’étude, cette puissance permet le maintien en rotation
de l’ensemble moteur/génératrice en compensant les pertes d’origine mécanique et électromagnétique
présentes dans les deux machines → ces pertes collectives peuvent s’estimer en termes de couple par
la relation :

𝑈0 𝐼0 − 𝑅𝐼02
𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑔𝑙𝑜𝑏𝑎𝑙𝑒𝑠 à 𝑣𝑖𝑑𝑒 =
𝜔0

Les mesures de couple obtenues en rééquilibrant la dynamo balance sont quant à elles caractéristiques
des pertes dans la génératrice car celle-ci ne reçoit que le couple utile du moteur :

10
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝛤𝑑𝑦𝑛𝑎𝑚𝑜 𝑏𝑎𝑙𝑎𝑛𝑐𝑒 à 𝑣𝑖𝑑𝑒 = 𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑔é𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑖𝑐𝑒 à 𝑣𝑖𝑑𝑒

On peut alors estimer le couple de pertes du moteur en faisant la différence entre les deux termes :

𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑡𝑒𝑢𝑟 = 𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑔𝑙𝑜𝑏𝑎𝑙𝑒𝑠 − 𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑔é𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑖𝑐𝑒

On s’est donc servi des mesures sur l’essai à vide pour représenter l’évolution des différents couples
en fonction de la pulsation 𝜔0 :

On note une légère tendance à l’augmentation justifiant l’hypothèse faite au § II.3.3 sur les couples
de pertes, avec un terme constant et l’autre proportionnel à 𝜔. Ce modèle n’est pas parfait mais il
permet une meilleure description des phénomènes observés. Les pertes sont du même ordre de
grandeur dans les deux machines.

On peut regarder la conséquence d’une telle évolution sur la relation entre la tension à vide et la
vitesse de rotation. On a vu que la prise en compte de la chute ohmique 𝑅𝐼 permettait de retrouver la
relation 𝐸 = 𝑘𝛷𝜔, mais on peut s’interroger sur l’origine physique du seuil présent sur la courbe
𝑈0 = 𝑓(𝜔0 ) ainsi que sur la différence de pente. Pour y répondre, il faut se rappeler que 𝐼 est lié au
couple mécanique (équation 3). Les phénomènes dissipatifs présents dans le moteur ont donc une
influence sur son comportement électrique puisqu’ils le forcent à demander du courant pour fournir
le couple nécessaire à la compensation de ses pertes :

(3) et (4) → 𝛤𝑚é𝑐𝑎 𝑘𝛷𝐼0 = 𝛤𝑈 + 𝛤𝐶 + 𝐾𝑉 𝜔0

On aurait 𝛤𝑈 = 0 si le moteur était réellement à vide mais il doit entrainer la génératrice sur le banc
d’étude. On a donc 𝛤𝑢 = 𝛤𝑝𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑔é𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒 . Le graphique précédent montrant qu’on peut
développer ce couple d’une manière similaire à celui du moteur (𝛤𝑔é𝑛é𝑟𝑎𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒 = 𝛤𝐶 𝑔é𝑛é + 𝐾𝑉 𝑔é𝑛é 𝜔),
on peut regrouper les termes de même nature dans l’équation précédente. L’équation finale reste
formellement la même, mais avec des coefficients 𝛤𝐶 et 𝐾𝑉 représentatifs de l’ensemble moteur/axe
de transmission/génératrice :
𝛤𝐶 + 𝐾𝑉 𝜔0
𝑘𝛷𝐼0 = Γ𝐶 + 𝐾𝑉 𝜔0 → 𝐼0 =
𝑘𝛷
𝛤𝐶 + 𝐾𝑉 𝜔0 𝛤𝐶 𝑅𝐾𝑉
𝐷𝑎𝑛𝑠 (2) → 𝑈0 = 𝑅 + 𝑘𝛷𝜔0 = 𝑅 + 𝑘𝛷 (1 + )𝜔
𝑘𝛷 𝑘𝛷 (𝑘𝛷)2 0

𝛤𝐶 𝑅𝐾𝑉
Soit 𝑈0 = 𝑈seuil + 𝑘𝛷(1 + 𝑓)𝜔0 avec 𝑈seuil = 𝑅 et 𝑓=
𝑘𝛷 (𝑘𝛷)2

11
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On voit que les pertes à couple constant (type frottements secs) justifient l’existence d’une tension de
seuil 𝑈𝑠𝑒𝑢𝑖𝑙 au démarrage, et que les pertes à couple proportionnel à la vitesse peuvent expliquer la
différence de pente par rapport à 𝐸(𝜔0 ) via le paramètre sans dimension 𝑓. On a ici :

𝑈seuil = 1,33 𝑉 Et 𝑘𝛷(1 + 𝑓) = 0,041V/(rad.s -1 ) → 𝑓 = 0,041/k𝛷 − 1

On a 𝑘𝛷 = 0,038 𝑉/(𝑟𝑎𝑑. 𝑠 −1 ) et 𝑅 = 0,62 𝛺 dans notre exemple. On peut en déduire 𝛤𝐶 , 𝑓 et 𝐾𝑉 :

𝛤𝐶 = 𝑈seuil 𝑘𝛷/𝑅 = 0,081 𝑁. 𝑚 𝑓 = 0,075 𝐾𝑉 = 𝑓(𝑘𝛷)2 /𝑅 = 1,7.10−4 𝑁. 𝑚/(rad.s-1 )

Ces résultats peuvent être comparés aux coefficients obtenus sur la régression linéaire du couple de
perte global :

𝛤𝐶 = 0,084 𝑁. 𝑚 𝐾𝑉 = 1,3.10−4 𝑁. 𝑚/(rad.s -1 )

Les valeurs sont assez proches pour le couple de perte constant. La différence est un peu plus marquée
pour 𝐾𝑉 mais il faut noter que le calcul de 𝐾𝑉 est très sensible à la valeur de 𝑘𝛷 (on peut faire
l’application numérique avec les deux valeurs de 𝑘𝛷 pour s’en convaincre).

II.3.6 Etude en charge à 𝑈 = 𝑐𝑡𝑒


On branche une résistance de charge aux
bornes de la génératrice. Le courant qui circule va demander un surplus de couple mécanique au
moteur.

Montage :
L’alimentation de l’inducteur doit être conservée avec les mêmes caractéristiques que
précédemment. Elle ne doit pas être arrêtée avant celle de l’induit. Les sources doivent être
arrêtées progressivement ! Le moteur doit être « chaud » avant de commencer les mesures.

12 V = 𝜔
Moteur Génératrice

R
V
A U = 12 V
U : alimentation variable 30 V / 10 A
I : ampèremètre continu calibre 20 A
R : rhéostats 300, 33, et 10 Ω

On commence avec la génératrice en circuit ouvert. La tension d’alimentation de l’induit fixe la


vitesse à vide. On choisit la tension nominale de la machine (12 V). Le moteur tourne alors à ≈ 2 500
tours/mn pour une tension d’inducteur de 20 V sans échauffement excessif. On attend que le courant
se stabilise pour mesurer le couple à vide. On éloigne ensuite la masse de mesure en la plaçant sur
une graduation entière, on connecte la résistance de charge et on ajuste sa valeur pour rétablir

12
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

l’horizontalité de la balance17. On mesure alors :


- le courant 𝐼𝐶 absorbé par l’induit pour la charge demandée
- la pulsation 𝜔𝐶 pour cette charge
On répète ce protocole en éloignant progressivement la masse, sans dépasser un courant de 6 A
dans l’induit. La tension prise directement aux bornes de l’induit ayant légèrement tendance à
chuter18, il faut réajuster le niveau d’alimentation pour qu’elle reste à 12 V.

Courbe ωC = f(ΓU) :
Ce graphique permet de voir l’influence qu’à une demande de couple
mécanique sur la vitesse de rotation du moteur.

La vitesse chute avec le couple mais l’affaissement est relativement limité puisqu’il ne dépasse pas
20 % de la vitesse initiale au maximum des capacités en courant du rotor → le couple demandé à
peu d’influence sur la vitesse de rotation. On confirme ainsi l’intérêt que peuvent avoir les MCC
dans le domaine de la traction (cf. § II.3.5). La diminution de vitesse est proportionnelle à
l’augmentation du couple. Cette propriété peut se vérifier avec les équations du moteur :

(2) → 𝑈𝐶 = 𝑅𝐼𝐶 + 𝑘𝛷𝜔𝐶 → 𝑘𝛷𝑈𝐶 = 𝑅𝑘𝛷𝐼𝐶 + (𝑘𝛷)2 𝜔𝐶

Avec (3) : 𝑘𝛷𝑈𝐶 = 𝑅𝛤𝑚é𝑐𝑎 + (𝑘𝛷)2 𝜔𝐶

Le couple mécanique se répartit entre le couple utile et le couple de pertes. Ce dernier a une légère
dépendance en vitesse qui peut être négligée ici puisque le moteur garde une vitesse relativement
constante en charge (le couple de pertes global varie de moins de 4 % entre 200 et 250 rad/s d’après
la courbe du § précédent et vaut 0,113 N.m en moyenne) :

→ 𝑘𝛷𝑈𝐶 = 𝑅(𝛤𝑈 + 𝛤𝐶 ) + (𝑘𝛷)2 𝜔𝐶

On a donc, avec cette hypothèse :


𝑘𝛷𝑈𝐶 − 𝑅𝛤𝐶 𝑅
𝜔𝐶 = − 𝛤
(𝑘𝛷) 2 (𝑘𝛷)2 𝑈

Ce résultat confirme la relation affine entre la vitesse de rotation et le couple demandé, et il montre

17
On pourrait fixer arbitrairement la résistance de charge et ajuster ensuite la masse pour rétablir l’horizontalité mais la
lecture de la position de la masse est moins facile dans ce cas car elle peut se retrouver n’importe où entre deux
graduations.
18
Ce phénomène est dû aux chutes de tension dans les fils de liaison et dans l’ampèremètre (il faut se rappeler que l’induit
à une résistance très faible).

13
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

que la dépendance est d’autant moins marquée que la résistance d’induit est faible et que 𝒌𝜱
est fort. Ces deux caractéristiques sont donc des qualités pour un MCC. Les coefficients de la
régression linéaire peuvent être comparés aux expressions qu’on vient d’obtenir :

𝑅 0,62
= = 428 𝑟𝑎𝑑. 𝑠 −1 /(𝑁. 𝑚) pour 454 rad.s-1 /(N.m) expérimentalement
(𝑘𝛷)2 (0,038)2

𝑘𝛷𝑈𝐶 − 𝑅𝛤𝐶 0,038 × 12 − 0,62 × 0,113


= = 267 𝑟𝑎𝑑. 𝑠 −1 pour 284 rad/s expérimentalement
(𝑘𝛷)2 (0,038)2

Courbe ΓU = f(IC) :
Ce graphique permet de vérifier si le couple est proportionnel au courant
demandé comme l’indique la relation (3) :

Si c’est le cas, on a, avec l’hypothèse d’un couple de perte constant :

𝛤𝑚é𝑐𝑎 = 𝑘𝛷𝐼 = 𝛤𝑈 + 𝛤𝐶 → 𝛤𝑈 = 𝑘𝛷𝐼𝐶 − 𝛤𝐶

La pente de la courbe doit donc correspondre à 𝑘𝛷. On obtient le bon ordre de grandeur mais la valeur
obtenue est inférieure à celle attendue. Les courants étant plus forts dans cette expérience, on pourrait
invoquer la réaction d’induit pour expliquer cette différence car elle tend à diminuer le flux vu par le
rotor, donc à abaisser la valeur de 𝛷. Mais on devrait alors avoir un fléchissement progressif de la
courbe (cf. [1], p. 61) qu’on ne détecte pas vraiment sur le graphique. L’explication est donc à
chercher ailleurs.

Le terme constant de la régression linéaire doit correspondre au couple de perte mais il faut considérer
le couple du moteur seul puisque celui de la génératrice est inclus dans la mesure du couple utile (cf.
§ II.3.2). Le graphique du § II.3.5 montre qu’il vaut ≈ 0,05 N.m dans la gamme de vitesse de cette
étude, soit une valeur proche des 0,04 N.m obtenus ici.

Mesure directe du rendement :


Il suffit de faire le rapport entre la puissance électrique absorbée par
le moteur et la puissance mécanique qu’il délivre. Le moteur utilisant des bobines pour créer le champ
magnétique inducteur, la puissance fournie au stator doit être pris en compte dans la puissance
consommée. On a donc19 :

On peut s’étonner de voir des puissances exprimées sous la forme 𝑃 = 𝑈. 𝐼 pour des systèmes fortement inductifs,
19

mais on travaille ici en continu et en régime permanent. Les coefficients d’auto induction sont donc sans effets.

14
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝑃𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 𝛤𝑈 . 𝜔𝐶 𝛤𝑈 . 𝜔𝐶
𝜂= = = (5)
𝑃𝑎𝑏𝑠 𝑃𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 + 𝑃𝑖𝑛𝑑𝑢𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑈𝐶 𝐼𝐶 + 𝑈𝑆𝑡𝑎𝑡𝑜𝑟 𝐼𝑆𝑡𝑎𝑡𝑜𝑟

Voici à titre indicatif la courbe obtenue avec les mesures précédentes :

Le rendement est compris entre 40 et 50 % sur l’étendue de mesure. Il augmente quand on demande
plus de couple au moteur et semble tendre vers une limite lorsqu’on s’approche du courant maximal
admissible dans le rotor. Les phénomènes dissipatifs relativement importants dans le dispositif
d’étude empêchent d’avoir des points au début du graphique car le couple utile demandé vaut déjà ≈
0,06 N.m quand la génératrice est à vide. On peut noter que le rendement tendrait vers 0 lorsque 𝛤𝑈 →
0 puisqu’on fournit alors de l’énergie pour vaincre des pertes sans récupérer de couple utile.

Mesure indirecte :
Le schéma du § II.3.5 résume les transferts de puissance dans le moteur. La
puissance 𝑈𝐶 𝐼𝐶 fournie en charge à l’inducteur se sépare en trois formes :

- des pertes par effet Joule dans l’inducteur →𝑃𝐽 = 𝑅. 𝐼𝐶2

- des pertes collectives 𝑃𝐶 dans le moteur incluant les pertes mécaniques et les pertes fer.
- la puissance utile 𝑃𝑈 délivrée par le moteur

D’où le bilan : 𝑈𝐶 . 𝐼𝐶 = 𝑃𝑈 + 𝑅. 𝐼𝐶2 + 𝑃𝐶

𝑃𝑈 𝑈𝐶 . 𝐼𝐶 − 𝑅. 𝐼𝐶2 − 𝑃𝐶
Et l’expression du rendement : 𝜂= =
𝑈𝐶 𝐼𝐶 + 𝑈𝑆 𝐼𝑆 𝑈𝐶 𝐼𝐶 + 𝑈𝑆 𝐼𝑆
Le terme qui pose problème dans ce calcul est celui des pertes collectives. La méthode des pertes
séparées consiste à les estimer en réalisant un essai à vide. Dans ce cas, il n’y a pas de puissance utile
demandé au moteur et le bilan de puissance permet d’exprimer 𝑃𝐶 20 : 𝑃𝐶 = 𝑈𝑉 𝐼𝑉 − 𝑅𝐼𝑉2 . Le rendement
pour l’expérience en charge peut alors se réécrire sous la forme :

𝑈𝐶 . 𝐼𝐶 − 𝑈𝑉 𝐼𝑉 − 𝑅(𝐼𝐶2 − 𝐼𝑉2 )
𝜂=
𝑈𝐶 𝐼𝐶 + 𝑈𝑆 𝐼𝑆

Pour utiliser cette formule, il faut faire l’essai à vide avec la même vitesse qu’en charge car on a
vu que les pertes collectives du moteur dépendent de la vitesse. Le banc d’essai utilisé oblige aussi à
apporter une correction car le moteur entraine la génératrice et lui fournit déjà de la puissance pour

20
L’expression se résume à 𝑈𝑉 𝐼𝑉 si on peut négliger la chute ohmique.

15
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

compenser ses pertes lors de l’essai à génératrice en circuit ouvert → le bilan de puissance du moteur
sur cet essai « à vide » doit s’écrire :

𝑈0 𝐼0 = 𝑃𝑈0 + 𝑅. 𝐼02 + 𝑃𝐶 = 𝛤𝑈0 . 𝜔 + 𝑅. 𝐼02 + 𝑃𝐶

On en déduit l’expression de 𝑃𝐶 qu’on réinjecte dans celle du rendement. On obtient alors :

𝑈𝐶 . 𝐼𝐶 − (𝑈0 𝐼0 − 𝛤𝑈0 . 𝜔) − 𝑅(𝐼𝐶2 − 𝐼02 )


𝜂= (6)
𝑈𝐶 𝐼𝐶 + 𝑈𝑆 𝐼𝑆

On peut comparer les deux méthodes en appliquant le protocole suivant :


- on mesure 𝑈𝑆𝑡𝑎𝑡𝑜𝑟 et 𝐼𝑆𝑡𝑎𝑡𝑜𝑟 .
- on alimente l’induit sous une tension 𝑈𝐶 . On place la masse sur une graduation entière
du bras de mesure pour fixer une valeur de couple. On charge la génératrice avec un rhéostat jusqu'à
ce que la balance retrouve son équilibre. Le moteur fourni alors le couple utile souhaité. On mesure
𝑈𝐶 , 𝐼𝐶 , et 𝜔𝐶 .
- on calcule 𝛤𝑈 avec l’éloignement de la masse par rapport à l’équilibre statique de la
balance. On en déduit la mesure directe du rendement avec la relation (5).
- on passe à l’essai « à vide » en enlevant le rhéostat de charge et on modifie 𝑈 pour
retrouver la même vitesse qu’auparavant. On ajuste alors la position de la masse pour retrouver
l’équilibre de la balance. On mesure 𝑈0 , 𝐼0 , et on calcule le couple utile à vide 𝛤𝑈 0 . On en déduit le
rendement par la relation (6).

Exemple de résultats (US = 20 V ; IS = 0,57 A) :

Essai en charge
𝑈𝐶 (𝑉) 𝐼𝐶 (𝐴) 𝑁𝐶 (𝐻𝑧) 𝜔𝐶 (𝑟𝑎𝑑/𝑠) 𝛤𝑈 (𝑁. 𝑚)
12 4,82 2220 232 0,133

On obtient un rendement de 45 % avec (5).

Essai « à vide »
𝑈0 (𝑉) 𝐼0 (𝐴) 𝑁0 (𝐻𝑧) 𝜔0 (𝑟𝑎𝑑/𝑠) 𝛤𝑈 0 (𝑁. 𝑚)
10,73 2,94 2216 232 0,0696

On obtient un rendement de 48 % avec (6).

III MOTEURS A COURANT ALTERNATIF


Le champ magnétique créé par le stator est
tournant dans ce type de moteur. Ce champ à un rôle vis-à-vis du rotor qui dépend du mode de
fonctionnement (asynchrone ou synchrone). Ces machines peuvent fonctionner en monophasé aux
faibles puissances, ou en triphasé pour les plus fortes puissances21. On se limitera à une étude simple
du principe et des propriétés des deux modes de fonctionnement avec le moteur de démonstration
Leybold.

III.1 Moteur asynchrone


Aux faibles puissances (< 1 kW), le rotor est constitué de

21
L’utilisation du triphasé augmente le rendement à puissance égale.

16
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

barres conductrices mises en court-circuit et noyées dans des tôles ferromagnétiques pour réduire
l’entrefer au minimum et augmenter l’induction. Aux puissances plus élevées, il est constitué d’un
bobinage refermé sur une résistance de démarrage extérieure. Le rotor subit dans les deux cas des
phénomènes d’inductions du au champ tournant du stator → Il est parcouru par des courants induits
souvent intenses qui le poussent à accompagner la rotation du champ magnétique pour s’opposer à la
cause qui a créé ces courants. Le rotor tourne donc toujours à une vitesse inférieure à celle du champ
car les phénomènes d’induction qui le mette en mouvement diminuent au fur et à mesure qu’on
s’approche du synchronisme. On propose ici de réaliser un moteur fonctionnant en triphasé.

III.1.1 Constitution du stator


[4], p 287

R
1
R
2 ⃗2
𝐵
R ⃗3
𝐵
3
⃗1
𝐵

1 , 2 , 3 : alimentation triphasée Genetri Pierron 3×12 V/2 A


𝑅 : rhéostats 11,5 Ω/8,5 A ajustés à ≈ 3 Ω chacun.

Le générateur proposé est légèrement sous dimensionné car l’impédance des bobines du stator fait
qu’elles demandent pratiquement 2 A sous 12 V. On a donc rajouté des résistances de quelques ohms
en série sur chaque bobine pour éviter de surcharger l’alimentation. Cela influe sur l’intensité du
champ statorique qui est plus faible que prévu → Le moteur ne fonctionnera pas dans des conditions
optimales.

Le courant circulant dans chaque bobine créé un champ magnétique alternatif renforcé par les pièces
ferromagnétiques du rotor. L’orientation des bobines fait que les trois champs sont orientés à 120 °
l’un de l’autre. Ils sont aussi déphasés temporellement d’un même angle puisqu’on utilise une source
triphasée. On peut alors montrer (cf. [4], p 101) que la résultante donne un champ magnétique
tournant à la fréquence de la source (50 Hz ici).

III.1.2 Manipulation
La puissance limitée de l’alimentation et l’âge du
dispositif limite les expériences possibles. Plusieurs rotors sont disponibles avec cette maquette mais
seul celui en cage d’écureuil22 arrive à démarrer facilement. La mise en œuvre est alors très simple
puisqu’il suffit de placer le rotor sur l’axe du moteur pour qu’il se mette à tourner. On en déduit tout
de suite l’intérêt d’une telle machine. Elle est relativement simple à fabriquer, moins chère et moins
fragile qu’un MCC puisqu’elle n’a pas besoin de balais et collecteurs. Par contre, le réglage en vitesse
est moins simple qu’avec un MCC puisqu’il faut modifier la fréquence de la source, alors que le
paramètre d’ajustement pour les moteurs à courant continu est la tension.

22
Cf. [4], p 101 pour une explication sur ce type d’induit.

17
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Vitesse de rotation à vide :


On peut la mesurer en régime permanent à l’aide d’un stroboscope ou
d’un tachymètre laser (la deuxième solution est plus simple et plus rapide à mettre en œuvre mais
moins visuelle). La machine doit forcément tourner à moins de 3 000 Tours/ min, valeur
correspondant à la fréquence de 50 Hz du secteur, ce qui justifie la qualification de moteur
asynchrone. Pour modifier le sens de rotation, il faut inverser le sens de rotation du champ statorique.
On peut vérifier qu’il suffit de permuter deux phases pour y parvenir. On peut aussi calculer le
glissement de la machine, qui correspond à l’écart relatif au synchronisme :
𝜔𝑠𝑒𝑐 𝑡𝑒𝑢𝑟 − 𝜔𝑚𝑜𝑡𝑒𝑢𝑟
𝑔= avec 0<𝑔<1
𝜔𝑠𝑒𝑐 𝑡𝑒𝑢𝑟

On obtient typiquement de l’ordre de 5-10 % avec le dispositif d’étude. A noter qu’un glissement
faible est une qualité pour la machine car cela a un impact bénéfique sur son rendement et sur sa
sensibilité à la charge.

Mesure du couple :
[4], p 288

𝐹1 : dynamomètre 1 N max

Fil nylon
𝐹2 : dynamomètre 0,1 N max

On lance le moteur à vide et on attend qu’il atteigne sa vitesse de croisière. Le couple de force 𝛤
agissant sur le rotor peut alors se mesurer à l’aide de deux dynamomètres reliés par un fil en nylon
enroulé sur la poulie du rotor (rayon R = 12,5 mm). On fixe les deux dynamomètres sur des pieds et
on commence à les éloigner du moteur pour tendre le fil à minima. On recule alors le dynamomètre
𝐹1 pour appliquer une force résistante donnée et on réajuste éventuellement la position du
dynamomètre 𝐹2 pour maintenir la partie inférieure du fil en tension. On a alors :

𝛤 = (𝐹1 − 𝐹2 )𝑅

On calcule 𝛤 pour différentes valeurs de force 𝐹1 appliquée. On mesure à chaque fois la vitesse de
rotation et on trace la courbe 𝛤 = 𝑓(𝜔). Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure :

18
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

On constate que le moteur tourne à une vitesse proche du synchronisme lorsque la demande de couple
est faible, et que la vitesse diminue lorsqu’on demande plus de couple, jusqu’à décrocher lorsqu’on
freine trop le moteur (cette partie ou le moteur décroche n’est pas représentée sur les graphiques car
elle ne correspond pas a un régime de fonctionnement stable). Ces résultats sont à comparer à la
théorie développée en [4], p 287 et au § II de l’annexe 2 (attention, l’axe du glissement y est inversé).
On pourrait calculer la puissance mécanique 𝑃 = 𝛤𝜔 développée par le moteur et calculer le
rendement en mesurant la puissance électrique23 mais la puissance utile ne dépasse pas 1 W pour une
consommation de l’ordre de 25 W. Le rendement de cette machine de démonstration est donc très
faible et limite l’intérêt d’une telle mesure.

III.2 Moteur synchrone


Le rotor a cette fois-ci le comportement d’un aimant bipolaire
ou multipolaire qui le soumet, en présence d’un champ magnétique, à un couple Γ = 𝑀 ⃗⃗ ⋀𝐵
⃗ tendant
à l’orienter dans le sens de ce champ. Il faut donc lancer le rotor jusqu’à la vitesse de synchronisme
pour faire fonctionner un moteur synchrone. Lorsqu’il est calé sur cette vitesse, le couple Γ = 𝑀 ⃗⃗ ⋀𝐵

auquel il est soumis lui permet alors d’accompagner le champ tournant dans sa rotation.

III.2.1 Première manipulation possible


On reprend le stator utilisé au §
précédent pour produire le champ tournant. On reprend aussi le rotor bipolaire mais on l’alimente
maintenant avec un courant continu. On a alors intérêt à y faire passer le courant maximum 1,5 A
(utiliser une alimentation de puissance réglée en générateur de courant) :

Transmission manuelle

Le couple au démarrage étant nul, il faut accrocher le rotor à la fréquence du champ tournant avec
une poulie et une courroie24. L'ensemble doit être fortement fixé sur la paillasse, l’axe et le collecteur
du rotor doivent être parfaitement lubrifiés et la courroie doit être assez lâche pour que le moteur
ne soit pas trop freiné après le lancement. Les poulies d’entraînement de la transmission manuelle et
du rotor sont dans un rapport 1/50ème. Il faut donc tourner la manivelle à 1 tours/seconde pour
entraîner le rotor à 50 tours/seconde. Un stroboscope réglé à la fréquence du secteur permet de
vérifier l'accrochage du moteur synchrone. La difficulté consiste alors à tourner la manivelle le plus
régulièrement possible pour permettre l’accrochage, et il faut la lâcher lorsqu’on est à la vitesse de
synchronisme. Le rotor doit alors continuer à tourner en entraînant la transmission manuelle. Si
l’accrochage ne se fait pas, il faut vérifier qu’on entraine le rotor dans le bon sens (repéré en mode
asynchrone). Que se passe-t-il si on inverse le sens du courant dans le rotor ?

III.2.2 Deuxième possibilité


Ce montage est moins conventionnel mais plus
simple à mettre en œuvre (pas besoin d’alimentation triphasée). Le rajout d’une lampe permet aussi
de repérer visuellement l’approche du synchronisme, la synchronisation, et le moment optimal pour
abandonner le rotor à lui-même. On conseille donc cette solution plutôt que la première.
23
Cette mesure s’effectue en intercalant un wattmètre monophasé entre deux fils amenant deux phases au stator.
L’alimentation du moteur étant en triangle, la puissance totale consommée vaut alors 𝑃𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟é𝑒 × √3.
24
C’est une opération assez délicate à réussir lorsqu'on n'a pas l'habitude.

19
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Montage :
K
Alternostat

L
220 V 
20 V 

Transmission manuelle
L : lampe 24 V≈/4 W

Principe de fonctionnement :
On utilise le stator à aimant permanent du § II.2.1. Le champ inducteur
⃗ étant statique, on alimente le rotor bipolaire avec une source de tension alternative via les bagues
𝐵
continues. Cela crée un moment magnétique 𝑀 ⃗⃗ variant sinusoïdalement dans le temps. On peut
facilement montrer (cf. [4], p. 100) que ce moment est équivalent à deux moments 𝑀 ⃗⃗ 1 et 𝑀
⃗⃗ 2 de norme
constante deux fois plus petite, tournants en sens inverse à la pulsation de la source :
⃗⃗ = 𝑀𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡𝑒𝑧
𝑀

𝜔 𝜔
⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 2
𝑀

On inverse ainsi les rôles : il faut faire tourner le rotor à la pulsation de la source pour que, suivant le
sens de rotation choisi, le moment 𝑀 ⃗⃗ 1 ou 𝑀
⃗⃗ 2 reste en permanence « accroché » au champ statique 𝐵 ⃗.
Un entraînement dans le sens trigonométrique permet l’accrochage sur 𝑀 ⃗⃗ 2 . Inversement, un
entraînement dans le sens horaire conduit à l’accrochage sur 𝑀 ⃗⃗ 1.

Rôle de la lampe :
Le rotor tournant dans un champ magnétique constant, il est le siège d’une f.é.m.
induite se superposant à la tension appliquée par l’alternostat. Tant que le rotor ne tourne pas à la
fréquence du synchronisme, le courant résultant de l’addition des deux tensions présente un
phénomène de battement qui provoque un scintillement de la lampe. Lorsque le rotor tourne
lentement, la f.é.m. induite est très faible et sa fréquence est très différente de celle du secteur. La
tension globale présente un battement très léger et rapide donc le scintillement est imperceptible.
Lorsque la vitesse augmente, la f.é.m. induite augmente et sa fréquence se rapproche du
synchronisme : la fréquence des battements diminue, jusqu’à s’annuler au synchronisme. Si on
continue alors à augmenter la vitesse de rotation du rotor, le scintillement de la lampe réapparaît et
s’accélère de plus en plus. L’observation du scintillement de l’éclat de la lampe permet donc de
repérer facilement le synchronisme.

Manipulation :
Il faut minimiser les frottements si on veut que le moteur ait une chance de rester en
rotation une fois lancé. Il faut donc lubrifier l’axe avant de mettre le rotor et nettoyer ses collecteurs.
On a aussi intérêt à prendre des balais les plus souples possibles. L’ensemble moteur/manivelle doit
être fortement fixé à la paillasse et la courroie doit être lâche. On commence en laissant l’interrupteur
𝐾 ouvert et on applique une tension alternative de 20 V sur le rotor. La lampe doit se mettre à briller.
On lance progressivement le rotor avec la transmission manuelle. La lampe doit se mettre à scintiller
rapidement, puis de plus en plus lentement. Quand on est près du synchronisme, il faut entrainer le

20
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

rotor le plus régulièrement possible et ajuster finement la vitesse de rotation pour faire disparaître le
battement. Il faut à alors lâcher la manivelle lorsque l’éclat de la lampe est stable et faible tout en
fermant au même moment l’interrupteur 𝐾 pour éviter que la lampe ne consomme inutilement. Le
rotor reçoit alors tout le courant et continue à tourner tout seul en entraînant la transmission manuelle.
On peut mesurer la vitesse de rotation du moteur au tachymètre. Elle doit être synchronisée à la
fréquence de l’alimentation. On peut vérifier que le moteur arrive à tourner dans les deux sens suivant
le sens d’entraînement choisi initialement.

Remarque :
L’angle 𝜃 entre le champ 𝐵 ⃗ et le moment magnétique 𝑀 ⃗⃗ doit être optimal, c'est-à-dire
compris entre 0 et 𝜋/2, pour que l’accrochage se fasse au synchronisme (cf. annexe 2, § I). C’est
pour cette raison qu’il faut lâcher la manivelle lorsque l’éclairement de la lampe est stable et faible
car la f.é.m. induite s’oppose alors à la tension appliquée et cela correspond, d’après la loi de
l’induction 𝑒 = − 𝑑𝛷/𝑑𝑡, au moment où le moment magnétique choisi s’aligne avec le champ
⃗ (𝜃 = 0). Le système adopte ensuite l’angle 𝜃 permettant de compenser le couple résistant.
statique 𝐵
On peut vérifier que l’accrochage ne se fait pas si on lâche la manivelle lorsque l’éclat de la lampe
est stable et brillant. Pour plus d’explication sur ce point, se reporter à l’annexe 3.

Bibliographie :
[1] : Collection Herbert Le technicien : Machines électriques ; Electronique de
puissance (édition 1985)
[2] : Niard : Machines électriques Term F3
[3] : Précis Bréal : Electrotechnique PSI
[4] : Quaranta IV
[5] : Châtelain : Machines électriques, tome 2
[6] : Milsan : Machines électriques
[7] : Théodore Wildi : Electrotechnique (deuxième édition)

21
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 1 : MOTEUR A COURANT CONTINU

I ROTOR BIPOLAIRE AVEC BAGUES CONTINUES


En rotation, le rotor coupe un flux
valant 𝛷 = 𝑁𝑆𝐵𝑐𝑜𝑠𝑡 = 𝛷𝑜 𝑐𝑜𝑠𝑡.
Ce flux engendre une f.é.m. induite :
𝑑𝛷
𝑒=− → 𝐸 = 𝛷0 𝜔𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡
𝑑𝑡
La loi d’ohm appliquée au rotor en régime permanent est :

𝑈 − 𝐸 = 𝑅𝐼

⃗⃗ ⋀𝐵
La norme du couple mécanique auquel est soumis le rotor vaut |Γ| = |𝑀 ⃗ | = 𝑁𝑆𝐼𝐵𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡

→ |Γ| = 𝛷0 𝐼𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡

La valeur moyenne du couple sur un tour est nulle d’où l’impossibilité de rotation avec des bagues
continues.

II ROTOR BIPOLAIRE AVEC DEMI-BAGUES


𝛷 = 𝑁𝑆𝐵𝐼𝑐𝑜𝑠𝑡 sur un demi-tour. Après
inversion, 𝛷 = −𝑁𝑆𝐵𝐼𝑐𝑜𝑠𝑡 puisque 𝑆 change de sens avec le courant. On a donc sur un tour
complet :

⃗ | = 𝛷0 |𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡|
|𝛷 d'ou 𝐸 = 𝛷0 𝜔|𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡| et |Γ| = 𝛷0 𝐼|𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡|

Le collecteur en demi bagues permet d’obtenir un couple moyen non nul ayant idéalement la forme
d’une sinusoïde redressée double alternance. Il en est de même pour la f.é.m. induite. On peut en
déduire l’expression de la vitesse de rotation du rotor :

2 𝑈 − 𝑅𝐼
𝑈 − 〈𝐸〉 = 𝑅𝐼 avec 〈𝐸〉 = 𝛷𝑜 𝜔 < |𝑠𝑖𝑛 𝜔 𝑡| > = 𝛷𝑜 𝜔 = 𝑘𝛷𝑜 𝜔 → 𝜔=
𝜋 𝑘𝛷𝑜

Remarque :
L'introduction du collecteur en demi-bagues donne une valeur moyenne non nulle au
couple mais il varie beaucoup avec l'angle de rotation (sinusoïde redressée double alternance). Pour
maintenir ce couple en permanence au voisinage de sa valeur maximale, on bobine plusieurs
enroulements différemment orientés sur le rotor. Le collecteur possède alors autant de lames que
d'enroulements, ce qui permet de donner au moment magnétique du rotor autant d'orientations
différentes et on alimente à chaque instant l’enroulement qui donne la valeur la plus élevée au couple.
La f.é.m. évolue de manière similaire. Au lieu de se composer d'arches de sinusoïdes (𝐸 =
𝐸𝑀 |𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡|), elle reste voisine de sa valeur maximale 𝐸𝑀 , l'ondulation résiduelle qui s'y superpose
étant toujours négligée. La formule donnant l’expression de la vitesse de rotation reste la même ;
seule la valeur du coefficient 𝑘 change.

22
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III RENDEMENT D’UN MCC A EXCITATION SEPAREE

III.1 Bilan de la conversion électromécanique


Ce bilan est classique (cf. [3], p. 123
par exemple). Il suffit de développer le calcul de la puissance de la force de Lorentz 𝐹 = 𝑞(𝑣 + 𝑉 ⃗ )⋀𝐵⃗
s’exerçant sur les porteurs qui se déplacent à la vitesse 𝑣 dans un conducteur lui-même en mouvement
⃗ pour démontrer l’égalité des puissances électromagnétiques et mécaniques (résultat
à la vitesse 𝑉
fondamental pour toute conversion électromécanique). Appliqué au moteur, cela donne :

𝑃𝑒𝑚𝑎𝑔 = 𝐸. 𝐼 = 𝑃𝑚é𝑐𝑎 = 𝛤𝑚é𝑐𝑎 . 𝜔

III.2 Inventaire des différentes pertes


Les pertes peuvent être classées en deux
catégories :
- les pertes par effet Joule dues aux chutes ohmiques dans les bobinages de l’induit et
de l’inducteur dues. Dans le cas d’un moteur à aimants permanents, on ne tient compte que de la
résistance de l’induit :

𝑃𝐽𝑜𝑢𝑙𝑒 = 𝑅. 𝐼 2

Les enroulements doivent être faiblement résistifs pour minimiser ces pertes. On a aussi intérêt à
assurer un bon refroidissement du rotor pour éviter l’augmentation de la résistance 𝑅 avec la
température (cf. [1], p. 377).

- les pertes collectives 𝑃𝐶 . On regroupe sous cette dénomination deux types de pertes :
les pertes mécaniques dues aux frottements des différentes pièces en mouvement et les pertes
ferromagnétiques (pertes fer) dues à l’hystérésis et aux courants de Foucault. On a donc :

𝑃𝐶 = 𝑃𝑚é𝑐𝑎 + 𝑃𝐹𝑒𝑟

Ces pertes sont dites « collectives » ou « constantes » (dénomination ambigüe) car le couple
équivalent est approximativement constant et indépendant de la charge si le moteur travaille à flux
constant25.

III.3 Résumé
Le bilan des puissances peut se résumer par le schéma synoptique
suivant :

Conversion électromécanique de la puissance

𝑃𝑎𝑏𝑠 = 𝑈. 𝐼 𝑃𝑒𝑚𝑎𝑔 = 𝐸. 𝐼 = 𝛤𝑚é𝑐𝑎 𝜔 = 𝑃𝑚é𝑐𝑎 𝑃𝑈 = 𝛤𝑈 𝜔

𝑃𝑐𝑜𝑙𝑙𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠 = 𝑃𝐹𝑒𝑟 + 𝑃𝑀é𝑐𝑎


𝑃𝐽𝑜𝑢𝑙𝑒 = 𝑅. 𝐼 2

25
Les pertes mécaniques dépendent de la vitesse. Les pertes fer dépendent par nature du champ inducteur 𝐵 et de la
vitesse de rotation du moteur → si on considère que ces évolutions sont proportionnelles à 𝜔, le couple de pertes
collectives 𝛤𝐶 = 𝑃𝐶 /𝜔 est alors effectivement constant si le champ inducteur est constant.

23
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III.4 Mesure du rendement par la méthode des pertes séparées


Cette méthode de
mesure indirecte du rendement consiste à évaluer les différentes pertes.

III.4.1 Mesure des pertes Joules


On calcule ce terme en mesurant le courant
d’induit dans les conditions de fonctionnement, la résistance d’induit 𝑅 ayant été préalablement
mesurée sur la courbe 𝑈 = 𝑓(𝐼) de l’essai en charge 𝜔 = 𝑐𝑡𝑒.

III.4.2 Mesure des pertes Fer


Les pertes Fer se mesurent sur un essai à vide, le
moteur tournant à la même vitesse qu’en charge. Dans ces conditions, la puissance dissipée par effet
Joule est minimum car il n’y a aucun couple résistant appliqué (𝛤 = 𝑘𝛷𝑜 𝐼) et le courant est donc très
faible (en théorie) → la puissance utile sert juste à vaincre les pertes collectives. On a avec cette
hypothèse :

𝑃𝒂𝑏𝑠 = 𝑈𝑉 . 𝐼𝑉 ≈ 𝑃𝐶

Cette mesure à vide doit se faire impérativement avec la même vitesse qu’en charge puisque les
pertes collectives sont fonction de la vitesse.

III.4.3 Calcul du rendement


Il vaut :

𝑃𝑚é𝑐𝑎 𝑃𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒
𝜂= =
𝑃𝑎𝑏𝑠 𝑃𝑎𝑏𝑠

La puissance absorbée en charge se calcule à partir des valeurs 𝑈𝐶 et 𝐼𝐶 dans les conditions de
fonctionnement : 𝑃𝑎𝑏𝑠 = 𝑈𝐶 𝐼𝐶 . La puissance utile correspond à la puissance absorbée diminuée des
différentes pertes : 𝑃𝑢𝑡𝑖𝑙𝑒 = 𝑃𝑎𝑏𝑠 – 𝑃𝐽𝑜𝑢𝑙𝑒 − 𝑃𝐶 . On a donc, compte tenu des expressions des
différentes pertes :

𝑈𝐶 . 𝐼𝐶 − 𝑅. 𝐼𝐶2 − 𝑈𝑉 . 𝐼𝑉
𝜂≈
𝑈𝐶 . 𝐼𝐶

24
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 2 : MOTEURS A COURANT ALTERNATIF

I MACHINE SYNCHRONE
[2], p. 218-219

⃗ tournant à la pulsation 0 . Le rotor,


Le stator, alimenté en triphasé, fournit un champ magnétique 𝐵
un aimant permanent ou un bobinage alimenté en continu, est assimilable à un moment dipolaire 𝑀 ⃗⃗
et tourne à la vitesse .
Décrochage


𝐵 ⃗⃗
𝑀
−
  

Décrochage

Pour un moteur, 𝑀⃗⃗ est
⃗ fonctionnement fonctionnement
en retard sur 𝐵
en moteur en alternateur
(synchrone avec le synchrone
réseau)

Le couple moyen n'est non nul que si  = 0 . Il vaut alors  = 𝑀𝐵𝑠𝑖𝑛. Pour le démarrage, se
reporter à [2], p. 219.

II MOTEUR ASYNCHRONE
[4], p.180 à 186

Le stator est identique à celui des moteurs synchrones (il fournit un champ magnétique 𝐵 tournant à
la pulsation 0 ). Le rotor est constitué d'un bobinage de 𝑁 spires de surface individuelle 𝑆, fermé sur
une résistance 𝑅′ (résistance totale 𝑅, inductance 𝐿). En supposant qu’il tourne à la vitesse angulaire
 dans le champ tournant du stator et en prenant l’origine des temps à l’instant où l'angle (𝐵 ⃗ , 𝑆) est
nul, le flux embrassé par le rotor vaut :

⃗ . 𝑆 = 𝑁𝐵𝑆 𝑐𝑜𝑠[(𝜔0 − 𝜔)𝑡]


𝛷 = 𝑁𝐵
La f.é.m. induite dans le rotor est donnée par la loi de Lenz :

𝑑𝛷
𝑒=− = 𝑁𝐵𝑆(𝜔0 − 𝜔) 𝑠𝑖𝑛[(𝜔0 − 𝜔)𝑡] = 𝐸𝑀 𝑠𝑖𝑛[(𝜔0 − 𝜔)𝑡] avec 𝐸𝑀 = 𝑁𝐵𝑆(𝜔0 − 𝜔)
𝑑𝑡

Le courant induit correspond est 𝐼 = 𝐼𝑀 𝑠𝑖𝑛[(𝜔0 − 𝜔)𝑡 + 𝜑] avec (le dénominateur de 𝐼𝑀 correspond
à l'impédance du rotor à la pulsation des courants induits) :

𝐸𝑀 L(ω0 − ω)
𝐼𝑀 = et 𝜑 = − 𝑎𝑟𝑐𝑡𝑔 [ ]
√𝑅 2 + 𝐿2 (𝜔0 − 𝜔)2 R

25
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

⃗⃗ = 𝑁𝑆𝐼, donc un couple de force de module :


Ce courant crée un moment magnétique 𝑀
⃗⃗ ∧ 𝐵
|𝛤 | = |𝑀 ⃗ | = 𝑀𝐵 𝑠𝑖𝑛( 𝑀
⃗⃗ ; 𝐵
⃗ ) = 𝑁𝑆𝐵𝐼 𝑠𝑖𝑛(𝜔0 − 𝜔) 𝑡

1
= 𝑁𝑆𝐵𝐼𝑀 𝑠𝑖𝑛[(𝜔0 − 𝜔)𝑡] 𝑠𝑖𝑛[(𝜔0 − 𝜔)𝑡 + 𝜑] = 𝑁𝑆𝐵𝐼𝑀 [𝑐𝑜𝑠 𝜑 − 𝑐𝑜𝑠(2(𝜔0 − 𝜔)𝑡 + 𝜑)]
2
La valeur moyenne de ce couple vaut :
1
⟨|𝛤 |⟩ = 𝑁𝑆𝐵𝐼𝑀 𝑐𝑜𝑠 𝜑
2
Avec l'expression de 𝐼𝑀 et 𝐸𝑀 , on obtient :

1 (𝑁𝑆𝐵)2 (𝜔0 − 𝜔)
⟨|𝛤 |⟩ = 𝑐𝑜𝑠 𝜙
2 √𝑅 2 + 𝐿2 (𝜔0 − 𝜔)2

L'expression de 𝑐𝑜𝑠 se déduit du diagramme de fresnel :


𝑈

𝐿 ( 0 −  ) 𝐼

𝑅𝐼
𝑅 → 1 (𝑁𝑆𝐵)2 𝑅(𝜔0 − 𝜔)
𝑐𝑜𝑠𝜑 = d'ou ⟨|𝛤 |⟩ =
√𝑅 2 + 𝐿2 (𝜔0 − 𝜔)2 2 𝑅 2 + 𝐿2 (𝜔0 − 𝜔)2

En introduisant la grandeur sans dimension 𝑔 = (𝜔0 – 𝜔)/𝜔0 appelée glissement, on obtient


finalement :
1 𝑅𝑔𝜔0
⟨|𝛤 |⟩ = (𝑁𝑆𝐵)2 2
2 𝑅 + 𝐿2 𝑔2 𝜔0 2

L'évolution du couple moyen en fonction du glissement à l'allure générale suivante :


Courbe (1) : R’r = 0 ; rotor en court-circuit
max B B’
Courbe (2) : R’r  0 ; rotor débitant dans une résistance
(2)
démarrage   max max ne dépend pas de R’r (cf. [2], p. 184 – 186)
A’ (1)

ext P : point de fonctionnement normal


démarrage impossible
  max A

0 g
1
( = 0) ( = 0)

Ce schéma indique pourquoi on utilise un rhéostat de démarrage. On le supprime ensuite sinon la


vitesse dépendrait beaucoup de la charge. En fonctionnement normal, le glissement est très faible
(inférieur à 10%). On peut terminer en signalant que le partie A B (ou A'B') de la courbe n’est pas
étudiable en régime permanent car elle correspond à un fonctionnement instable du moteur (un
accroissement de vitesse provoque un accroissement du couple moteur qui accroît la vitesse etc...).

26
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

ANNEXE 3 : CONDITION D’ACCROCHAGE POUR LE


MOTEUR SYNCHRONE

I COURANT DANS LE BOBINAGE D’UN ROTOR

𝐼
𝑟𝐼
𝑈
𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜 𝑖𝑛𝑑

𝑑𝐼
𝑈– 𝑟𝐼 + 𝑒𝑎𝑢𝑡𝑜𝑖𝑛𝑑 = 0 = 𝑈 − 𝑟𝐼 – 𝐿
𝑑𝑡
Dans les bobinages d’un moteur, comme dans ceux des transformateurs, on peut négliger le terme
résistif par rapport au terme auto inductif d’où :
𝑑𝐼 𝑈0 𝑈0 𝑈0 𝜋
𝑈 = 𝑈0 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 ≈ 𝐿 → 𝐼= ∫ 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡𝑑𝑡 = 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡 = 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 − )
𝑑𝑡 𝐿 𝐿𝜔 𝐿𝜔 2
→ Le courant dans le bobinage d’un rotor est déphasé de π/2 par rapport à la tension U aux bornes
de la bobine :
𝑈

II FEM INDUITE PAR LA ROTATION DU ROTOR


⃗ .𝑆
𝑒𝑖𝑛𝑑 = −𝑑𝛷/𝑑𝑡 avec 𝛷 = 𝐵

𝐵 ⃗
𝐵 𝑆 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵
𝑆
𝑆 𝑆
𝛷 𝑆

𝜃

𝐵
𝑆
𝑑𝛷/𝑑𝑡
𝜃
𝜃

𝑒𝑖𝑛𝑑
𝑚𝑎𝑥

𝜃
𝑚𝑖𝑛

27
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

III ECLAIRAGE FAIBLE DE LA LAMPE


Deux sources de tensions sont présentes : la tension
𝑈 imposée par le générateur (de pulsation 𝜔) et la f.é.m. induite 𝑒𝑖𝑛𝑑 générée par la rotation du rotor
dans le champ du stator (de pulsation 𝑑𝜃/𝑑𝑡) → Pour que la lampe brille peu, il faut que ces 2 sources
s’opposent mutuellement à tout instant pour avoir un courant global 𝐼 = 𝐼𝑈 + 𝑖𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡 minimum →
elles doivent être synchrones (𝑑𝜃/𝑑𝑡 = 𝜔) et déphasées de 𝜋 :


𝐵 ⃗
𝐵 𝑆 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵
𝑆
𝑆 𝑆
𝑒𝑖𝑛𝑑 𝑆
𝑆
𝑚𝑎𝑥

𝜃
𝑚𝑖𝑛
𝑈

𝜔𝑡 = 𝜃

𝜔𝑡 = 𝜃

On suppose que la tension 𝑈 délivrée par le générateur est supérieure en amplitude à la fém induite
𝑒𝑖𝑛𝑑 générée par la rotation du rotor dans le champ du stator → comme elles doivent être synchrones
et déphasées de 𝜋 pour que la lampe brille peu, la tension globale 𝐸 = 𝑈 + 𝑒𝑖𝑛𝑑 présente donc la
même évolution que U en étant plus faible. L’allure du courant global 𝐼 se déduit de celle de 𝐸, donc
celle de 𝑈, par un déphasage de 𝜋/2 (cf. § I) → 𝐼(𝑡) = 𝐼0 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 – 𝜋/2) = 𝐼0 𝑠𝑖𝑛𝜔𝑡.

IV ORIENTATION DU MOMENT MAGNETIQUE


⃗⃗ = 𝐼. 𝑆 → le courant 𝐼(𝑡) crée un
𝑀
moment magnétique 𝑀 ⃗⃗ (𝑡) aligné avec 𝑆 et variable dans le temps à la pulsation 𝜔. Ce vecteur peut
se décomposer en deux moments magnétiques 𝑀 ⃗⃗ 1 et 𝑀
⃗⃗ 2 constants dans le temps et d’amplitude deux
fois plus faible mais tournants spatialement à la pulsation 𝜔 en sens inverse l’un de l’autre par rapport
à𝑀⃗⃗ :

𝑀0
𝑀1 =
2
𝑀0

𝑀0
𝑀(𝑡)
𝑀2 =
2

28
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝜔𝑡

⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 2
𝑀
⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 0 ⃗⃗ 2
𝑀 ⃗⃗ 1
𝑀
𝑀
⃗⃗ 2
⃗⃗ = 0
𝑀
⃗⃗ 2
𝑀
⃗⃗ 0
𝑀 ⃗⃗ 1
𝑀

⃗⃗ = 0
𝑀 ⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 2 M = 0
𝑀
𝑀

Si on tourne le rotor dans le sens trigonométrique à la pulsation 𝜔, on voit que cette rotation compense
celle du moment magnétique 𝑀 ⃗⃗ 1 qui garde alors une direction constante dans le temps. S’il est dans
une position favorable, il donne un couple moteur. Le moment magnétique 𝑀 ⃗⃗ 2, lui, tourne à la
pulsation 2𝜔 et n’a pas d’effet de couple.

V ORIENTATION DE M1 SUIVANT L’ANGLE DE ROTATION



𝐵 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵 ⃗
𝐵
𝑆

𝑆 𝑆 𝑆 𝑆
𝑑𝛷
𝑒𝑖𝑛𝑑 =−
𝑑𝑡
𝑚𝑎𝑥

π/2 π 3π/2 2π
0 𝜃

𝑚𝑖𝑛

𝜔𝑡 = 𝜃

𝜔𝑡 = 𝜃

⃗⃗ 2
𝑀 ⃗⃗ 1
𝑀
⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 2
𝑀 ⃗⃗ 0
M1 𝑀

⃗⃗⃗⃗ = 0 ⃗⃗⃗⃗ ⃗ ⃗
⃗⃗⃗⃗ = 0
𝑀
⃗⃗ 2
𝑀
𝑀 ⃗⃗ 2
𝑀
⃗⃗ 0
𝑀 ⃗⃗ 1 𝑀 = 0
𝑀 ⃗⃗ 1
𝑀 ⃗⃗ 2
𝑀 Avec 𝑆 !!!

𝜃 = 0 → bobine orientée à − 90° par rapport à 𝐵⃗ , 𝑒𝑖𝑛𝑑 minimum → 𝑈 maximum pour que la lampe
⃗⃗ 1 orienté à + 90 ° par rapport à 𝑆 → orienté suivant 𝐵
brille peu → 𝐼𝑈 = 0 car déphasé de 𝜋/2 → 𝑀 ⃗.

𝜃 = 𝜋/2 → bobine orientée suivant 𝐵 ⃗ , 𝑒𝑖𝑛𝑑 = 0 → 𝑈 = 0 pour que la lampe brille peu → 𝐼𝑈
maximum car déphasé de 𝜋/2 → 𝑀⃗⃗ 1 orienté suivant 𝑆 → orienté suivant 𝐵
⃗.

29
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

𝜃 = 𝜋 → bobine orientée à + 90° par rapport à 𝐵⃗ , 𝑒𝑖𝑛𝑑 maximum → 𝑈 minimum pour que la lampe
⃗⃗ 1 orienté à − 90 ° par rapport à 𝑆 → orienté suivant 𝐵
brille peu → 𝐼𝑈 = 0 car déphasé de 𝜋/2 → 𝑀 ⃗.

𝜃 = 3𝜋/2 → bobine orientée à l’opposé de 𝐵 ⃗ , 𝑒𝑖𝑛𝑑 = 0 → 𝑈 = 0 pour que la lampe brille peu → 𝐼𝑈
maximum car déphasé de 𝜋/2 → 𝑀 ⃗⃗ 1 orienté à l’opposé de 𝑆 → orienté suivant 𝐵
⃗.

Conclusion :
On s’aperçoit que quel que soit l’angle que fait la bobine avec le champ 𝐵 ⃗ , la condition
pour que la lampe brille peu correspond à chaque fois à l’alignement de 𝑀 ⃗⃗ 1 avec 𝐵
⃗ , ce qui correspond
à la condition d’accrochage du moteur synchrone. On peut remarquer dans ce cas que suivant la valeur
de cet angle (position du rotor), le courant global I peut être max, nul, min, ….

30
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

MESURES ELECTRIQUES

I PRINCIPE DE MESURE DES TENSIONS ET DES COURANTS CONTINUES

I.1 Mesure d’une tension continue


De nombreux systèmes de conversion sont
possibles suivant le système envisagé (cf. [1], chapitre XI). On propose ici d'illustrer le principe
simplifié de la conversion tension → temps simple rampe : on compare la tension continue à
mesurer à une tension en forme de rampe dont on connaît la pente avec précision. On mesure le
temps entre le démarrage de la rampe et le moment ou elle atteint la valeur à mesurer. Connaissant
la pente de la rampe, la mesure du temps permet d’en déduire la valeur de la tension à mesurer.

I.1.1 Première réalisation possible


La plus simple : on génère la rampe à
l’aide d’un GBF. La mesure du temps peut s’effectuer en réalisant une acquisition sur synchronie ou
sur un oscilloscope numérique en mode Roll. On peut aussi utiliser un compteur. On présente la
dernière solution.

Montage : VR
VM
_  B COMPTEUR 2615 te
081 SCHLUMBERGER
+ 0 te
TTL
GBF VS
VM A
+ Vsat
te

- Vsat

L'amplificateur opérationnel en boucle ouverte constitue un comparateur simple. La tension à


mesurer Vm (fournie par une alimentation continue) est appliquée à l'entrée +. On applique à l'entrée
- une tension de référence VR en dents de scie. En sortie, la tension bascule entre –VSAT et + VSAT
lorsque VM = VR → On a VM = k.te et la mesure se ramène au comptage du temps te.

Production de VR
La dent de scie VR doit être bien linéaire et croître à partir de zéro (on conseille
d’utiliser un GBF numérique type Métrix MTX 3240 pour faciliter les réglages). On peut la
produire à partir d’un signal triangulaire (f  100 Hz, amplitude crête à crête de 10 V) que l’on
dissymétrise et auquel on ajoute une composante continue pour faire démarrer la rampe à zéro. Ce
dernier réglage est crucial pour valider la relation entre VM et te. Contrôlez que pour VR = VM =
0, on est à la limite du basculement (ajustez éventuellement l'offset de l’A.O.).

Mesure de te :
On utilise la fonction chronomètre du compteur. Il doit se déclencher au démarrage
de la rampe et s’arrêter au basculement de l’AO. → Utilisez le compteur en mode chrono AB avec
les entrées séparées. Sur la position CHR AB SEP, le comptage commence lorsque A est modifiée
et s'arrête lorsque B est modifiée (sur la position COM, c’est A ou B qui effectue les deux
commandes). Envoyez sur A le signal TTL du GBF. Visualisez-le à l’oscilloscope pour repérer le
front (montant ou descendant) correspondant au démarrage de la rampe. Ajustez en conséquence le

679
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

front de déclenchement pour l’entrée A du compteur. Envoyez sur B la sortie de l’A.O. et ajustez en
conséquence le front de déclenchement pour l’entrée B du chronomètre.

Réglage du convertisseur :
Choisir une tension VM  à 10 V, remettre le compteur à zéro puis lire
le résultat qui s’affiche. En ajustant la pente de VR, on peut obtenir une valeur numérique du temps
correspondant à la valeur de la tension. Ce réglage peut s’effectuer en modifiant l’amplitude du
GBF mais il faut alors retoucher à chaque fois l’offset. Mieux vaut donc retoucher la fréquence.
Une fois ce réglage terminé, modifiez la valeur de VM et vérifiez qu’on a de nouveau VM = te.

I.1.2 Deuxième réalisation possible


[1], p. 269, 270

On génère cette fois ci la rampe à l’aide d’un intégrateur à amplificateur opérationnel qu’on
compare à la tension à mesurer. La mesure du temps peut encore se faire sur Synchronie, avec un
oscilloscope numérique en mode Roll (si ca ne va pas trop vite) ou à l’aide d’un compteur.

Montage : K R2
U

C
A
COMPTEUR 2615
R1 i _
i _  SCHLUMBERGER
 081
081 + B
E +
VS VM

E:-5V ; R1 : 500 kΩ ; C : 1 μF
K : double interrupteur
R2 : de l’ordre du kΩ
Vm : tension à mesurer (positive) → alimentation réglable, pile, ….

Si on peut négliger les imperfections de l’AO, on a à la sortie du premier AO une tension de la


forme (cf. montage « Condensateurs », § II.2.1) :
E
VS = − .t → VS est une rampe linéaire en t
R1C

Comme on souhaite mesurer une tension VM positive, VS doit l’être aussi → on prend une tension E
négative. Avec les valeurs proposées (d’autres sont possibles) pour E, R1 et C, la pente de la rampe
vaut ≈ 10 V.s-1. Dès que cette rampe dépassera la valeur à mesurer VM, la sortie du deuxième AO
(comparateur simple) basculera de + Vsat à – Vsat. Ce signal devra commander l’arrêt du comptage
→ il faut l’envoyer sur l’entrée B du compteur proposé (cf. § précédent) et sélectionner un front
descendant sur cette entrée. Il reste à envoyer au compteur un signal de démarrage. On peut utiliser
l’interrupteur servant à shunter le condensateur C pour redémarrer la rampe de zéro. On peut
prendre par exemple un double interrupteur K. Le premier interrupteur sert à shunter C, le deuxième
sert à élaborer un signal synchrone de cette action. Lorsque K est fermé, on note facilement que la
tension aux bornes de R2 vaut U ; lorsqu’il est ouvert, la tension aux bornes de R2 est nulle
puisqu’aucun courant ne circule dedans → on peut envoyer ce signal sur l’entrée de démarrage A

680
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

du compteur proposé. Si on prend une tension U positive (prendre par exemple la tension
d’alimentation + U de l’AO), il faut sectionner en A un front descendant avec un niveau de
déclenchement positif pour démarrer le chronomètre.

Manipulation :
Mesurez le temps t pour une valeur de VM. On peut éventuellement ajuster un ou
des paramètres E, R1 ou C pour obtenir une correspondance à la puissance près entre la valeur
numérique du temps mesuré et la valeur de la tension VM. Répétez la mesure de t pour différentes
valeur de VM et vérifiez l’accord avec l’étalonnage précédent. On peut aussi tracer la courbe t =
f(VM), vérifier que c’est une droite et déterminer le coefficient de conversion par une régression
linéaire. Si on souhaite exploiter le montage sur Synchronie ou sur un oscilloscope en mode roll,
choisir des paramètres E, R1, C pour avoir une pente plus lente.

I.2 Mesure d’un courant continu


On vient de voir une méthode mise en œuvre dans
les multimètres pour mesurer une tension continue. En ce qui concerne les autres grandeurs, leur
mesure est toujours ramenée à celle d'une tension continue ou d'un temps. L'élément de base du
multimètre étant un voltmètre, on peut transformer l'intensité I à mesurer en une tension V au
moyen d'une SCI → V. La solution la plus simple consiste à utiliser le montage suivant :

I
R
On ne l’adopte pas en pratique. Pourquoi à votre avis ?
V

Un meilleur choix consiste à prendre un montage à amplificateur opérationnel ([4], p. 283) :

L'impédance d'entrée est pratiquement nulle. En effet :


R
I
_  Ze = Ve / Ie = - / Ie
+ V = - RI
Or Vs = G0  → Ze = Vs / Ie G0
→ Ze = R/G0
Comme V- = -   0 → Vs = - R Ie

On ne propose pas de manipulation sur le sujet ici, ce montage étant utilisé pour la mesure de
faibles courants (cf. § III.1).

II MESURES EN ALTERNATIF
On se limitera au problème de la mesure d’une tension, la
mesure d’un courant s’en déduisant par des procédés similaires au § précédent.

II.1 Influence de la forme du signal


L’idée ici est de mettre en évidence la différence
entre les appareils RMS et non RMS.

Montage :
[4], p. 542
L’oscilloscope permettra de visualiser la forme
du signal (prendre si possible un oscilloscope
GBF SCOPE V1 V2 numérique à curseurs). Prendre deux
multimètres : l’un RMS, l’autre pas.

681
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.1.1 En sinusoïdal
Utilisez un signal sinusoïdal de fréquence 100 Hz. Ajustez
précisément à l’oscilloscope l’amplitude de la tension à Vmax = 1 V par exemple (ne plus retoucher
l’amplitude par la suite !). En déduire Veff = Vmax/2. Mesurez V avec les 2 multimètres :

Oscilloscope V1 V2
Vmes
V
V/V %
<V<

Pour chaque mesure, calculez à l’aide des notices des appareils, l’incertitude absolue et relative et
l’encadrement de V. Les mesures doivent se recouper (si ce n’est pas le cas, changez l’appareil
défectueux). Vous devez constater que l'oscilloscope n’a pas la meilleure précision. Il ne faut pas
s'en servir lors d'un montage si on veut faire la mesure précise d'un signal.

Remarque :
Bien que cela semble évident, il faut choisir le calibre le mieux adapté pour effectuer
une mesure. Pour s’en convaincre, refaire une mesure avec un seul multimètre sur un calibre plus
élevé. Comparez la précision des deux mesures en effectuant les calculs d’incertitudes.

On insiste sur ce point car on voit trop souvent des étudiants faire des mesures en ne respectant
pas cette condition. C’est particulièrement flagrant lors de l’emploi d’un oscilloscope à curseurs.
Ca n’est déjà pas l’instrument le plus précis mais la mesure l’est encore moins si l’on utilise qu’une
petite partie de l’écran !

II.1.2 Signal carré


Changez la forme du signal sans changer l’amplitude !
Mesurez Vmax à l’oscilloscope. En déduire Veff = Vmax. Mesurez V avec les deux voltmètres. Refaire
les mêmes calculs que précédemment. Vous devez constater que le multimètre RMS donne la bonne
valeur. L’autre pas.

II.1.3 Cas des multimètres NRMS


Vérifiez que ces appareils affichent la
valeur suivante (prendre pour Vmax la valeur mesurée à l’oscilloscope) :
V 
Vmes = max
2 2
Explication :
La structure de base des ces multimètres est la suivante :

_  R
_ D

+
+
C
GBF R’ VS
Ve

redressement sans seuil suiveur filtre passe - bas

Le premier étage effectue un redressement mono alternance de la tension à mesurer (diode sans
seuil ; cf. [2], p. 163). Si le signal d’entrée est sinusoïdal, on a alors en sortie un signal dont la
valeur moyenne vaut Vmoy = Vmax/ (cf. [7], p.35 et 36). Le filtre passe-bas RC sert à extraire cette

682
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

valeur moyenne. En effet, le signal redressé étant toujours périodique mais plus sinusoïdal, il peut
être décrit en termes de transformée de Fourier comme la somme d’une valeur moyenne plus des
harmoniques. Si la fréquence de coupure du filtre est suffisamment basse par rapport à celle du
signal, on récupère à la sortie du filtre la valeur VS = Vmoy . On peut en déduire la valeur efficace du
signal d’entrée puisqu’on a Veff = Vmax/2 pour un signal sinusoïdal. Comme ici VS = Vmax/, on
a alors Veff = .VS/2. Cette conversion s’effectue en pratique en plaçant à la sortie du filtre un
ampli non-inverseur de gain adapté pour effectuer la multiplication de VS par le facteur convenable.
Le suiveur réalise un découplage entre les deux étages car le redressement sans seuil ne doit pas
perturber le filtre. Or le premier étage a une impédance qui vaut, suivant l’alternance zéro (diode
bloquée → Vs = 0 → Zs = 0) ou 10 k (diode passante → Ve = Vs = R Is → Zs = 10 k) → Il
modifierait la constante de temps du filtre. Le suiveur ayant une impédance d’entrée forte et une
impédance de sortie faible, il ne perturbe ni l’entrée, ni la sortie.

Cas des signaux alternatifs non sinusoïdaux :


Les multimètres usuels, de par leur principe de
mesure, donnent des résultats faux. En effet, comme on vient de le voir, ils mesurent la valeur
moyenne de la tension redressée. Pour afficher la valeur efficace correspondante, ils doivent donc
multiplier le résultat de leur mesure par un facteur convenable que l’on appelle le facteur de forme :
VEFF.SIGNAL.SINUSOIDAL
F=
VMOY.SIGNAL.REDRESSE .SIMPLE .ALTERNANCE

Dans le cas d’une sinusoïde, ce facteur vaut /2 mais pour un signal carré ou triangulaire, cette
valeur change (cf. [7], p.35 et 36) ! → Le multimètre multipliant la valeur moyenne redressée
simple alternance par le facteur de forme sinusoïdal quelque soit la forme du signal, le résultat est
automatiquement faussé dans le cas des signaux non sinusoïdaux (vous pouvez constater ce
problème sur les multimètres les plus courants). Il faut donc se méfier des multimètres non RMS
lorsque les signaux ne sont pas sinusoïdaux. Si on veut alors la bonne valeur avec ce type
d’appareil, il faut effectuer une conversion sachant l’erreur qu’introduit leur principe de mesure.

II.1.4 Cas des multimètres RMS


Le principe de mesure change complètement.
Différentes méthodes sont possibles.

Première méthode :
T
1
La valeur efficace étant définie par Veff2 =
T0 V 2 ( t )dt , on associe plusieurs

opérateurs pour réaliser cette fonction. L’élément de base est le multiplieur analogique. Le schéma
de principe est le suivant :

x 2 (t ) Extracteur x 2 (t)
x(t) Multiplieur x 2 (t) Filtre analogique de
analogique passe bas racine carré

L’extracteur de racine carrée est aussi réalisé à l’aide d’un multiplieur.

Montage :
[1], p. 98 et 277

A la sortie du premier multiplieur, on a : W1 = k.Ve2 . Le filtre RC qui suit en extrait la valeur

683
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

moyenne → on a VZ = k . Ve2 pour le deuxième multiplieur. Sa fonction de transfert donne alors


W2 = − k.VS2 + k Ve2 . Si l'amplificateur opérationnel est en régime linéaire, on a  = 0 → W2 = 0
d'où au final :
VS = Ve2 On a en sortie la valeur efficace du signal d'entrée.

_ 
081
+
Multiplieurs : AD 633
R : 47 k X1
C, C’ : 1 F W2
X2
R’ : 10 k R
X1 Y1
X2 W1 Z
Y2
VS
R’ C’
Y1 C
GBF Z
Ve Y2

Manipulation :
Testez le dispositif avec des tensions de formes différentes (mesurez Ve et VS avec
un oscilloscope numérique. Vérifiez qu'on obtient bien en sortie une tension moyenne VS dont la
valeur correspond à la valeur efficace de Ve. Recherchez les limites en fréquences du montage.
Conclure quant à ses performances.

Il est fréquent que le montage sature lorsqu'on l’allume. Pour y remédier, déconnectez puis
reconnectez la sortie de l'A.O. Le filtre R'C’ en sortie n'a aucune utilité en apparence. Il est
cependant indispensable dans la pratique sinon l'AO reste en saturation négative.

Autre méthode :
D’autres multimètres RMS utilisent une méthode totalement numérique : ils
échantillonnent la tension d'entrée, convertissent chaque échantillon en numérique et calculent
numériquement la valeur efficace du signal. Cette méthode nécessite des circuits extrêmement
rapides d’où le prix élevé de ces appareils.

II.1.5 Multimètres RMS TRMS


Dans le cas le plus général, un signal peut
comporter une partie alternative et une composante continue. La mesure de la valeur efficace doit
alors normalement englober la totalité de ce signal mais ce n’est pas toujours le cas : certains
multimètres mesurent la valeur efficace de la totalité du signal, d’autres en revanche ne mesurent
que la valeur efficace de la composante alternative. La logique voudrait plutôt qu’on appelle les
premiers des appareils TRMS (True RMS) et les seconds des appareils RMS. Dans la pratique,
l’appellation retenue diffère suivant les constructeurs : de nombreux appareils notés TRMS ne
mesurent en réalité que la partie alternative du signal. Le plus sur est donc de vérifier la mesure
effectuée en étudiant par exemple une tension alternative issue d’un GBF auquel on rajoute un
offset. Un calcul simple montre cependant que les deux types de mesures sont reliés par la relation
2
suivante : Veff (totale) = V2 (moyenne) + Veff
2
(composantealternative) → on peut obtenir la valeur
efficace totale d’un signal avec un multimètre RMS « simple » en combinant une mesure en mode
continu (DC) et une mesure en mode alternatif (AC). Certains appareils permettent les deux types
de mesures (efficace « vrai » et efficace « simple). C’est le cas par exemple des multimètres Métrix
MX 54 et 56. Une idée de manipulation sur le sujet est proposée dans le § IV.2.

684
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

II.2 Comportement en fréquence

Montage :
[4], p. 542

GBF SCOPE V1 V2 V3

L’idée ici est de comparer des multimètres ayant des performances plus ou moins bonnes en
fréquence. On s’intéressera surtout à la limite en HF car c'est le problème le plus fréquemment
rencontré (limite en BF ↔ valeur instable). L’oscilloscope permettra de visualiser la forme du
signal (prendre si possible un oscilloscope numérique à curseurs). V1, V2 et V3 devront représenter
les différentes classes de multimètres :
V1→ multimètre de base non RMS (les plus courants).
V2 → multimètre RMS de catégorie moyenne.
V3 → multimètre RMS performant.

Remarques :
Cette partie comportant de nombreuses mesures et calculs d’incertitude, il vaut mieux
ajuster une fois pour toute l’amplitude du GBF en préparation lors du montage, faire les mesures et
calculs qu’on réutilisera lors de la présentation (ne plus éteindre le GBF).
Plutôt que de considérer la BP à - 3dB (qui ne signifie rien pour une mesure puisque
alors V/V = 40%), on s’arrêtera dès que l’erreur dépasse 3 %, ceci afin de tenir compte de la
précision intrinsèque des multimètres et de celle du GBF. Ce choix étant arbitraire, il faut signaler
que les limites en fréquences que l'on va obtenir sont indissociables de l'erreur maximale admissible
que l'on s'est fixé

Manipulation :
Travailler en sinusoïdal. Pour chaque appareil, calculez pour la valeur efficace les
valeurs de Vmes à  3 %. Augmentez la fréquence jusqu’à sortir de l’encadrement.
Scope V1 V2 V3
Vmes
Encadrement à 3%
Fsup

Comparez ces résultats avec les données du constructeur (cf. notice des appareils). Quel instrument
peut-on considérer comme un étalon concernant le comportement en fréquence ?

II.3 Montages amont, aval


Lorsqu’on veut mesurer simultanément le courant
circulant dans un dipôle et la tension à ses bornes, deux solutions sont possibles pour disposer les
appareils de mesure :
montage aval (courte dérivation) montage amont (longue dérivation)

V V

I I

Les deux solutions induisent des erreurs systématiques si on tient compte des impédances d’entrée
des appareils. Le montage aval conduit à surestimer le courant circulant dans le dipôle étudié

685
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

puisque le courant mesuré est susceptible de circuler dans le dipôle et le voltmètre. Le montage
amont conduit à surestimer la tension aux bornes du dipôle étudié puisqu‘elle tient compte de la
chute de tension apparaissant aux bornes de l’ampèremètre (VC = Zamp.I). Compte tenu des
performances actuelles des appareils numériques, le montage aval est celui qui introduit en général
le moins d’erreur car l’impédance d’entrée sur la fonction voltmètre est très forte (typiquement 10
M et jusqu’à 1000 M pour certains) → tant qu’on ne mesure pas des impédances trop fortes, on
peut alors considérer que la fonction voltmètre est plus « parfaite » que la fonction ampèremètre. Si
c’est le cas la plupart du temps, il faut cependant faire attention, notamment lorsqu’on utilise les
appareils en alternatif. La manipulation suivante en est un exemple. Elle consiste à mesurer une
capacité par la méthode du voltmètre ampèremètre (cf. [4], p. 125-126).

Montage :
On applique cette méthode au condensateur d’Aepinius (son étude peut permettre de
vérifier la formule fondamentale du condensateur plan). Cependant, du fait de la faible valeur que
l’on va mesurer (de l’ordre de la centaine de pF), cette mesure apparemment simple doit être
réalisée avec certaines précautions. Pour le comprendre, testez les deux montages suivants :

montage aval montage amont

V V

A A

GBF GBF

GBF = signal sinusoïdal  5 kHz, amplitude  maximum


A, V : Métrix MX 54 et MX 56
C : condensateur d’Aepinius (e = 1 ou 2 mm)

Prendre les fils les plus courts possibles. Pour que la valeur de I soit mesurable, il faut prendre la
fréquence la plus grande possible (car I = U.C.) compte tenu de la bande passante des
appareils (consultez leur notice) ce qui justifie le choix de la fréquence. Mesurez I et U dans les
deux cas de figure. En déduire la valeur de la capacité par la relation C = I/(Uω). Comparez les
résultats à une mesure au RLC mètre ELC 3131D (calculs d’incertitude à faire).

Analyse :
Par rapport à ce qui est préconisé en [4], p. 126, c’est le montage amont (courte
dérivation) qui doit donner ici le meilleur résultat. Cela veut dire alors que l’impédance du
voltmètre n’est pas assez forte. Ce résultat peut sembler étonnant car si vous calculez l’impédance
1/C du condensateur, vous devez trouver une valeur nettement inférieure à celle du voltmètre !
L’explication fait appel à un modèle plus fin de l’impédance d’entrée du voltmètre en alternatif.
Elle est en réalité constituée d’une résistance et d’une capacité en parallèle. Le constructeur
(consultez la notice de l’appareil) donne les valeurs suivantes :
11 M en parallèle avec 100 pF environ.

Si vous calculez l’impédance 1/C du multimètre à la fréquence de travail, vous constaterez qu’elle
est nettement plus faible que sa résistance et qu’elle est dans l’ordre de grandeur de celle à mesurer.
On peut alors redessiner les deux montages en considérant un voltmètre parfait associé
principalement avec une capacité en parallèle :

686
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

montage aval montage amont

A A

GBF C CV V GBF V CV C

voltmètre voltmètre

On comprend alors pourquoi le montage aval donne de mauvais résultats puisqu’on a alors
l’association de deux capacités en parallèle qui s’ajoutent. Dans le cas du montage amont, la tension
mesurée est pratiquement la même sur les deux condensateurs (à la chute de tension dans
l’ampèremètre près) mais le courant que l’on mesure est uniquement celui qui circule dans la
résistance de mesure.

Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure : mesure au RLC mètre → C = 436 pF
mesure aval → C = 491 pF
mesure amont → C = 432 pF

On a un bon accord entre la mesure au RLC mètre et la mesure amont (calculs d’incertitude à
faire !). La mesure aval donne une valeur supérieure. La mesure de la capacité d’entrée du voltmètre
au RLC mètre donne 60 pF. La mesure aval correspond donc bien à la somme des deux capacités
(Voltmètre + condensateur d’Aepinius).

Remarque :
La chute de tension dans l’ampèremètre doit être négligeable pour que le montage
amont marche → vous pouvez le vérifier expérimentalement en mesurant cette chute de tension
(comparez avec la tension à mesurer). Le cas que l’on vient de voir est cependant assez
exceptionnel. La plupart du temps, le montage aval est celui qui marche le mieux et on peut souvent
se contenter d’un modèle résistif pour l’impédance d’entrée d’un voltmètre.

III CAS DES SIGNAUX HORS GAMME COURANTE


Dans ce cas, on à deux types de
solutions pour pouvoir les mesurer : l’amplification (l’atténuation) pour les signaux faibles (forts)
ou le recours à une méthode de mesure indirecte.

III.1 Mesure d’un faible courant


Les multimètres les plus courants deviennent
inopérants lorsqu’il s’agit de mesurer des courants de l’ordre du micro ampère ou moins. Il faut
alors avoir recours à des appareils spécifiques. A Rennes, on dispose pour ce faire d’un nano
ampèremètre à aiguille. On s’en servira pour tester un montage permettant la mesure à peu de frais
d’un courant continu pouvant aller jusqu’au nano ampère.

III.1.1 Prise en main du nano ampèremètre


L’appareil dont on dispose (Métrix
VX 102A) permet la mesure de faibles courants et de faibles tensions (se placer en position
courant : I 1). Il met a profit la grande sensibilité d'un galvanomètre associé à un amplificateur
électronique → Il possède deux réglages de zéro, l’un mécanique pour le galvanomètre, l’autre
électronique pour l’amplificateur.

687
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Réglage du zéro :
L’appareil étant éteint, ajustez le zéro mécanique de l’appareil en tournant la vis
noire située juste en dessous de l’affichage. Allumez l’appareil, laissez le chauffer une vingtaine de
minutes afin qu’il atteigne un régime d’équilibre thermique. Le câble de mesure étant en circuit
ouvert, ajustez alors le zéro de l’appareil en utilisant les molettes situées à droite de l’appareil ;
commencez par le calibre le plus élevé puis augmentez progressivement la sensibilité. Revenir au
calibre le plus élevé une fois ce réglage effectué.

III.1.2 Réalisation du montage de mesure


Il est déjà décrit au § 1.2 :
R
Si on suppose l’impédance d’entrée de l’ampli op comme infinie, le
courant à mesurer I circule intégralement dans la résistance R. Si on
I _ 
suppose l’ampli op parfait, on a  = 0  V- = V+ = 0

+ VS On a donc V- - VS = R.I d’ou VS = − R.I puisque V- = 0.

Le courant à mesurer est converti en tension. Sa multiplication par R


peut permettre une mesure avec un appareil classique.

Montage réel :
Les amplificateurs opérationnels ne sont pas parfaits dans la pratique → il faut
compenser leur offset en réalisant le montage suivant (cf. [1], p. 82) :

AO : 081 ou 071 (pourquoi à votre avis ?)


Si possible, l’alimenter avec une source symétrique possédant R
aussi une sortie 5 V pour la suite (cf. ci après)
_ 
R : 500 k AOIP +
mV
P
P : potentiomètre multi tour 100 k

Ajustez le réglage du potentiomètre pour annuler au mieux la - Ualim


tension de sortie. On conseille de faire ce réglage une fois que le
montage est en régime d’équilibre thermique.

III.1.3 Mesure d’un faible courant


On propose de tester le montage pour des
courants allant du A jusqu’au nA et comparer le résultat à celui du nA dont on dispose.

Montage :
[4], p. 283
R
R’ R’
_ 

P’ + P’
U mV U nA
V I1.1.2 P
V

- Ualim

U : alimentation 0-5 V → prendre celle de l’alimentation MT 133


P’ : potentiomètre 0 – 200 
R’ : AOIP  100 k, AOIP  1 M, résistances tubes AOIP 10 M

688
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le courant à mesurer I est produit à l’aide d’un générateur de tension V alimentant une résistance
R’ (I = V/R’). Etant donné la valeur des courants que l’on veut étudier, il faut une tension V faible
et des résistances R’ fortes. La faible tension est obtenue à partir d’une alimentation continue U
alimentant un potentiomètre P’. On mesure le courant ainsi produit à l’aide du montage précédent
ainsi qu’avec le nano ampèremètre. La manipulation peut être allégée en n’utilisant que le montage
et en comparant la mesure effectuée au calcul I = V/R’.

Ajustez le potentiomètre P’ de façon à avoir une tension V d’environ 200 mV (mesurez de temps en
temps la tension V pour vérifiez qu’elle reste stable). Calculez l’incertitude sur cette valeur. Ne pas
conserver le voltmètre qui a servit à la mesure par la suite (pourquoi à votre avis ?). Pour différentes
valeurs de R’, mesurez le courant à l’aide du montage (on rappelle que V S = - R.I) ainsi qu’avec le
nano ampèremètre. Voici à titre indicatif le résultat d’une série de mesure avec V = 187 mV.

R’ (M) 0,1 0,3 1 5 10 20 30


Icalc. (nA) 1870 623 187 37,4 18,7 9,35 6,2
Imont. (nA) 1870 625 185 37 18,3 9,1 6
IVX 102A (nA) 1900 620 185 37,5 18,5 9,4 6,3

Il faut bien entendu calculer les incertitudes sur les différentes valeurs. Conclure alors quant à
l’efficacité du montage proposé. Peut on considérer le générateur V comme une source de tension
parfaite (comparez la résistance interne de la source par rapport aux valeurs de R’) ?

Applications possibles :
On peut mesurer le courant inverse d’une diode (1N4148 par exemple) et
comparer le résultat obtenu avec la donnée constructeur (Vinv = 20V, T = 25°C → Iinv = 25 nA au
max). Il est fort probable qu’il y ait une différence notable. Ceci est dû principalement au fait que le
courant inverse dépend fortement de la température (on peut le montrer en chauffant la diode avec
un sèche-cheveux → Iinv doit fortement augmenter). On peut aussi mesurer le courant inverse d’une
photodiode (cf. [6]) et montrer que Iinv est proportionnel à l’éclairement E en interposant des filtres
gris de densité connue ou mesurer le courant issu d’un ohmmètre sur un faible calibre et comparer à
la donnée constructeur.

III.2 Mesure d’une faible tension


Les très bons multimètres permettent des mesures
allant jusqu’à la centaine de V ce qui nous suffit en général. Si on veut effecteur des mesures en
dessous de cette valeur, on a recours à des microvoltmètres. Ceux ci sont basés sur un principe
similaire au nano ampèremètre (amplificateur + détecteur sensible).

Manipulations possibles :
Les mesures de la conductivité électrique du cuivre (cf. montage
« Phénomènes de transport ») ou de l’effet Hall dans un métal (cf. montage « Métaux ») nécessitent
la mesure d’une faible tension. Celle-ci se situant dans le bas de la gamme de l’appareil, on peut
amplifier le signal à mesurer à l’aide d’un amplificateur inverseur à AO par exemple (il faut alors
compenser l’offset).

III.3 Courants forts : la pince ampère métrique


La plupart des multimètres courants
ne permettent pas la mesure de courant supérieur à 10 – 20 A. Au delà, on a recours aux pinces
ampère métriques. Ces instruments effectuent une mesure indirecte du courant.

III.3.1 Pinces fonctionnant en alternatif


Celles ci utilisent les lois du
transformateur. Le fil dans lequel circule le courant à mesurer passe dans un noyau ferromagnétique

689
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

et constitue le primaire du transformateur. Le secondaire est constitué d’un bobinage inclus dans la
pince et refermé sur un détecteur de courant à faible impédance → on utilise alors la loi sur les
courants. Le principal problème ici consiste à créer un courant suffisamment fort pour que la
mesure soit réaliste.

Manipulation :
Transfo d’isolement
A
1 sp
220 V 250 sp

alternostat

Ce montage permet de faire circuler un courant très fort. Il illustre le principe du chauffage par
induction (cf. [4] à « Transformateurs »). Bien ajuster le montage du transformateur pour éviter les
fuites. Centrez avec soin la pince de chauffage par induction autour du noyau du transformateur. La
fixer sur un pied. Augmentez la tension au primaire avec l’alternostat jusqu’à atteindre 0,8 A au
primaire (mesurez ce courant avec un multimètre RMS). Insérez la pince ampère métrique dans le
secondaire. Notez la valeur du courant dès que la valeur est stable. Le secondaire étant ici en court-
circuit, on peut utiliser la loi des courants I2 = N1I1/N2 pour vérifier le résultat. Il y a cependant de
fortes chances que vous ayez un écart notable entre la mesure et la valeur attendue. Ceci est
principalement du au transformateur utilisé qui s’éloigne considérablement du modèle idéal. Il faut
cependant savoir que la loi des courants se vérifie assez bien sur un transformateur industriel en
court circuit (cf. montage « Conversion de puissance électrique »). Pour mieux valider le résultat
obtenu, on peut faire la mesure avec d’autres pinces pour vérifier que les mesures se recoupent.

Remarque :
Le secondaire étant fermé sur lui-même, ce courant circule sous une tension
pratiquement nulle → pas de danger d’électrocution. Par contre, comme la spire a une résistivité
faible, mais non nulle, elle s’échauffe par effet Joule → Risques de brûlures.

III.3.2 En continu
Certaines pinces ampère métriques permettent même des
mesures en continu. Elles utilisent alors une sonde à effet Hall qui mesure le champ magnétique
créé par la circulation du courant dans le fil. Pour le confirmer, passez l’alimentation précédente en
continu ; utilisez une pince de ce genre (Chauvin Arnoux F 25 par exemple). Notez l’influence de
l’alignement de la sonde sur la mesure.

III.4 Hautes tensions : les sondes atténuatrices


Le principe qui régit ce type de
mesure fait appel à l’atténuation du signal.

III.4.1 Pour voltmètre


L’impédance d’entrée d’un voltmètre étant
principalement résistive en basses fréquences, il suffit de faire un pont diviseur avec des résistances
étalons. On ne propose pas de manipulations sur le sujet.

III.4.2 Pour oscilloscope


Si dans le cadre des montages, on a rarement besoin
de mesurer des signaux forts qui sortent de la gamme des multimètres, c’est plus fréquent pour les
oscilloscopes (surtout avec certains oscilloscopes numériques ou le calibre maximum est de 5

690
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

V/div). Le principe de mesure consiste encore à atténuer le signal à observer. On propose ici
d’étudier une sonde atténuatrice particulière : la sonde différentielle.

Montage :
[1], § 6.1.5, page 90.
R2 Si on suppose l’AO parfait, on a : V+ = V- = V.

R1 L’application de la loi des courants en V+ et V- donne :


V1 _ 
V1 − V V − VS
VE = (a)
+ VS R1 R2
V2 R1
V2 − V V R2
R2 = (b) → V = V (c)
R1 R2 R1 + R 2 2

 R1 + R 2 V1 
(c) dans (a) → VS = R 2  V. −  (d)
 R1.R 2 R1 
R2 R
→ (b) dans (d)  VS =
R1
( V2 − V1 ) = − 2 VE
R1

Pour que la relation soit valable, il faut que le rapport des résistances R2/R1 soit exactement le
même dans les deux branches du circuit → testez les résistances au multimètre (prendre R1 = 1 M
et R2 = 100 k). On peut se servir de ce montage pour visualiser directement la tension du secteur
(passer par une multriprise avec interrupteur pour plus de sécurité). En déduire de Vmax la
valeur Veff ≈ 220 V. Comparez le résultat obtenu à celui que donne un multimètre RMS. Ce
montage présente plusieurs avantages : il est différentiel et il atténue mais on peut aussi réaliser une
amplification en inversant le rapport des résistances (sa bande passante sera cependant d’autant plus
limitée que l’amplification sera grande). Son impédance d’entrée est en revanche moins bonne que
celle d’un appareil classique.

IV AUTRES CARACTERISATIONS DES TENSIONS ET COURANTS

IV.1 Etude d’un régime transitoire


[4], p. 40

Montage :
On propose l’expérience classique de la râpe. Prendre une alimentation de puissance et
une self pouvant supporter les pointes de courant lors des contacts. Utilisez un cordon d’adaptation
BNC-circuit imprimé pour faire le contact avec la râpe. Envoyez le signal à un oscilloscope à
mémoire via une sonde atténuatrice (on peut atteindre des surtensions de 200 V !). Observez au
noir les étincelles lorsque l’on passe la pointe sur la râpe et enregistrez un transitoire (oscilloscope
en mode SINGLE).

6V self
An
PIERRON MT 3820 An + 1

vers oscillo

691
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Le signal obtenu est du type v(t) = Ae-mtcos(ωt + φ) avec m le coefficient d'amortissement. On peut
mesurer ce coefficient (qui est une caractéristique du signal observé) en mesurant le décrément
logarithmique  avec un oscilloscope à curseurs :
An  A e-mnT →  = mT = ln
An
An+1  A e-m(n + 1)T A n +1

Déduire de la mesure de T, An et An+1, la valeur de  puis celle de m.

Cette manipulation illustre le principe d’un démarrage de voiture (batterie 6 V → transitoire 50V).
Le décrément logarithmique caractérise l’atténuation du transitoire.

IV.2 Mesure du taux d’ondulation d’une alimentation continue


Ce type de source
fourni une tension continue à partir du secteur qui est alternatif. Il peut subsister une ondulation
résiduelle lors du lissage de la tension alternative. Le taux d’ondulation quantifie le degré du
lissage. Les alimentations du commerce ont en général un taux d’ondulation très réduit ce qui rend
difficile l’observation de l’ondulation résiduelle. On propose deux manipulations possibles.

Manipulation 1 :
Testez plusieurs alimentation et prendre celle qui à l’ondulation la plus forte. On
peut augmenter l’ondulation en faisant débiter l’alimentation dans une résistance de charge :

U : alimentation ABT 1512 → prendre la sortie


R
variable 0 - + 12 V.
U OSCILLOSCOPE
R : prendre un rhéostat de l’ordre d’une centaine
d’ohm

Visualisez l'ondulation résiduelle de cette alimentation continue en augmentant fortement la


sensibilité de l'oscilloscope en position AC. Notez la fréquence de cette ondulation et comparez-la à
celle du secteur. Justifiez.

Manipulation 2 :
On peut aussi utiliser une ébauche d’alimentation continue (cf. [5], p. 97) et
effectuer les mêmes observations que précédemment :

T
+

+
220 V 12 V  PD C R Y

-

T : transformateur 220/12 V  ; PD pont de diode RB 154 ; R : rhéostat 1000 


C : capacité électrochimique 1000 F - Respectez sa polarité !

Mesure :
Le taux d'ondulation vaut :  ondulation = Vondulée.efficace / Vmoy

La mesure de la valeur moyenne se fait simplement à l'aide d'un multimètre en position continu. La
valeur efficace de l'ondulation peut être mesurée à l’oscilloscope s’il possède des curseurs. On peut
aussi utiliser un multimètre RMS ne prenant en compte que la composante alternative du signal s’il

692
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

est suffisamment sensible. Le résultat peut être comparé au calcul approché suivant (cf. [1], p.
294) :
1
=
2 3RCf

IV.3 Mesure d'un taux de distorsion harmonique d’un GBF


Le signal sinusoïdal
délivré par un GBF n'est pas parfaitement pur. On ne peut le mettre en évidence que par une analyse
spectrale. On propose de mesurer son taux de distorsion et de le comparer à la donnée constructeur.

Manipulation :
GBF : GX 245 ; signal sinusoïdal
OSCILLOSCOPE
GBF Utilisez un oscilloscope numérique possédant la
fonction FFT (analyse de Fourier du signal).

Le taux de distorsion harmonique est défini de la


 Vi
façon suivante : T = i

V
0
Avec Vi = tension efficace de l'harmonique i et Vo = tension efficace du fondamental.

  Vi    Vi 
   
Comme on raisonne sur des sinusoïdes,  i  = i 
 V0   V0 
  EFF   MAX

L'analyseur de spectre donne des tensions en dB :


Ai − Ao
V V
A i = 20 log i → Ai - Ao = 20 log i D'ou : T =
Vref Vo
10
i
20

Mesure :
Faire l'analyse spectrale du signal ; mesurer l’amplitude du fondamental et des
harmoniques détectés. En déduire le taux de distorsion harmonique du GBF. Comparer à sa donnée
constructeur. On peut, sur cette mesure, comparer les performances des différents oscilloscopes à
notre disposition en termes d’analyse spectrale. Si le GBF est de bonne qualité et allumé depuis
suffisamment longtemps, on détecte en général une seule harmonique avec les oscilloscopes
Tektronix TDS 2002 ou HP 54603 B. Si l’on utilise en revanche un Agilent 54621 A et si on
effectue une bonne FFT, on peut en observer plusieurs (mais d’amplitude très faible) en moyennant
le signal un grand nombre de fois :

La fonction moyennage est aussi disponible sur les oscilloscopes Tektro ou HP mais on n’arrive pas
à avoir une dynamique de mesure aussi importante (jusqu’à 80 dB pour l’Agilent contre 60 dB
environ pour les HP ou les Tektro TDS).

693
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

IV.4 Mesure de déphasage

IV.4.1 Principe d’un phasemètre


On peut réaliser un phasemètre en utilisant
des portes logiques (cf. [3], p. 358 et 359) ou un multiplieur analogique (cf. [3], p. 355) → On peut
comparer les résultats donnés par de tels montages à des mesures réalisées avec un oscilloscope
numérique disposant de la mesure de phase. Une autre méthode de mesure de déphasage peut être
envisagée à l’aide d’un oscilloscope en étudiant la figure de Lissajous entre les deux signaux → cf.
[1], p. 35. Elle conserve surtout un avantage pour des mesures précises autour de kπ. C’est
notamment la méthode de choix pour repérer précisément la fréquence de résonance en « vitesse »
d’un oscillateur sinusoïdal amorti à un degré de liberté en régime sinusoïdal forcé (cf. montage
« Résonance », § II).

IV.4.2 Application
On peut aussi se servir du montage présenté pour régler le
déphaseur dans l’expérience illustrant le principe d’un RLC mètre pour l’étude d’une inductance
(cf. § 4.3 et [1], p. 14). On a alors un montage ou on peut illustrer simultanément deux types de
mesure électrique (phases, impédance). D’autres expériences sont possibles.

V MESURES D’IMPEDANCES ELECTRIQUES

V.1 Mesure de résistance

V.1.1 Principe d’un ohm mètre


La mesure dans un multimètre se ramenant
généralement à celle d’une tension continue (cf. § I), l’idée pour constituer la fonction ohm mètre
dans un tel appareil est de mesurer la tension V = Rx I aux bornes de la résistance R à mesurer,
l'intensité I étant fournie par une source de courant stabilisée intégrée dans l’appareil :
I
« contenu » de la fonction
ohm mètre
V
RX

Montages de principe :
RX RX
100 
I1.1.11 I I1.1.5 I
_  I1.1.6 E _ 
+ VSI1.1.4 R + VSI1.1.1 R
I1.1.12 E VZ

E : tension continue de quelques volts


Rx : AOIP  1 k ; R : 1 k à 0,5 % ; Zener : BZX 6,2 V

Le montage de gauche est le plus simple (il s’inspire du montage « C 40 a » de [3], p. 94).
L’association E, R constitue un générateur de courant parfait tant que l’amplificateur opérationnel
ne sature pas : on a en effet dans ce cas ε = V+ - V- = 0 → I = (E – V-)/R = E/R tant que l’on peut
négliger les courants de polarisation de l’AO et sa tension d’offset. Le problème consiste alors à

694
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

avoir une source de tension E bien définie (problématique si l’appareil est alimenté par piles). On y
remédie avec le montage de droite ou on met à profit la bonne stabilité de la tension inverse des
diodes Zéner (on conseille la BZX 6,2 V car c’est celle qui présente la meilleure caractéristique
dans sa famille). Expliquez pourquoi l’association de la diode Zéner et de la résistance R permet
d’obtenir une source de courant (cf. montage « Conversion de puissance électrique-électrique », §
I.3.1) ? A quoi sert la résistance de 100  ?

Manipulation :
Tant que l’AO ne sature pas, on a VS = - RX E/R = - RX VZ /R suivant le montage
→ Mesurez VS et E ou VZ avec un multimètre précis, en déduire RX. Si on utilise un multimètre
précis, l’incertitude sur RX est alors celle sur R soit 0,5 % avec la résistance proposée. Comparez à
la donnée constructeur ou à une mesure à l’ohm mètre. Dégagez la notion de calibre : il faut choisir
R selon l'ordre de grandeur de RX.

On peut dégager les limites du montage : plus la résistance à mesurer RX est forte, plus on doit
augmenter la valeur de la résistance R pour que VS reste en dessous de la tension de saturation de
l’AO. Quelle imperfection de l’amplificateur opérationnel peut alors fausser le résultat du calcul de
RX ? Quel type d’AO choisir dans ce cas ? Plus la résistance à mesurer RX est faible, plus on doit
diminuer la valeur de R pour que VS reste mesurable. Quels problèmes peuvent alors survenir du
côté de l’AO et du côté de la diode Zéner ?

Remarque :
Un autre montage peut se trouver en [3], p. 416. Il repose sur un principe similaire
mais il est un peu plus lourd à monter. Une alternative pour la mesure des faibles résistances est
aussi proposée.

V.1.2 Mesure 4 fils


Cette méthode ne s’applique pas uniquement aux
résistances (on peut en montrer le principe sur la mesure d’une capacité ou d’une inductance avec le
RLC mètre 3131D). On y a recourt dès que l’impédance à mesurer est faible et qu’on souhaite un
mesure très précise. On peut illustrer simplement l’intérêt de cette méthode sur la mesure de la
valeur d’une résistance de platine utilisée en Thermométrie.

Manipulation :
Cf. montage « Thermométrie », § III.1

On peut se contenter ici de vouloir mesurer la résistance d’une PT 100 de classe A avec le montage
précédent dans un mélange eau glace (T = 0 °C). La valeur pour un capteur de cette classe à cette
température vaut R0 = 100 ± 0,06 Ω → mesurez la valeur R0 de la résistance de platine plongée
dans un mélange eau glace avec le montage précédent et calculez l’incertitude : le résultat ne doit
pas recouper la valeur attendue. Refaites la mesure avec un multimètre type Keithley 2000 en 2 fils
→ le résultat doit recouper celui de la mesure effectuée avec le montage à AO. Reprendre alors la
mesure avec l’appareil branché en 4 fils : le résultat doit maintenant recouper la donnée
constructeur. Sachant que la sensibilité d’un tel capteur est d’environ 2,6 degré par ohm dans cette
gamme de température, estimez l’erreur systématique qu’engendrerait une mesure en 2 fils avec
cette sonde.

V.1.3 Mesure de faibles variations de résistance


Ce type de mesure est
nécessaire lorsqu’on utilise des jauges de déformation. On peut alors avoir à mesurer des variation
de l’ordre du dixième d’ohm sur des résistances de l’ordre de quelques centaines d’ohm → la
précision requise sur la mesure de ΔR est alors hors de portée d’un ohmmètre, même numérique.

695
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

Manipulation :
Cf. montage « Capteurs », § III.2. Mesurez ε pour une charge assez faible ; en
déduire ΔR. Estimez la précision de cette mesure et comparez-la à celle que donnerait un ohmmètre.
On peut retrouver cette manipulation en [4], p 424 et en [1], p. 104.

V.2 Mesure de capacités


Cf. montage « Condensateur » pour les manipulations. On
peut présenter une mesure par oscillateur de relaxation ou par charge à courant constant (méthodes
employées dans les multimètres). La manipulation du § II.3 de ce montage rentre aussi dans cette
partie.

V.3 Mesure d’inductance


L’inductance se prête bien à la présentation des techniques
de mesure des parties réelle et imaginaire d’une impédance (la mesure de la partie réelle d’une
capacité est en effet nettement plus difficile avec un montage didactique) comme les méthodes par
pont ou par détection synchrone, même si ces techniques peuvent fondamentalement s’appliquer à
toute autre impédance (un appareil dédié type RLC mètre est alors nécessaire).

V.3.1 Par pont


C’est une méthode de zéro, donc potentiellement sensible. Se
reporter au montage sur l’induction et l’auto induction pour la manipulation ou à [1], p. 20 ; [3], §
« Ponts ».

Avec le développement des appareils numériques, l’intérêt des ponts de mesures a diminué pour les
mesures courantes car ce sont des systèmes assez lourds à mettre en œuvre (réglage assez long). Ils
conservent toutefois certains avantages : ils restent d’actualité dans les laboratoires de métrologie de
haute précision, ils permettent des mesures pour différentes fréquences et ce avec un matériel limité
(les RLC mètres travaillant à plus de 2 fréquences différentes coûtent très cher). Le pont de
Wheatstone permet aussi la mesure de très faibles variations de résistances (cf. § V.1.3) ou la
réalisation de thermomètres très sensibles (cf. [3], p. 356).

V.3.2 Technique du pont auto équilibré


Une autre technique dérivée des ponts
de mesures, le pont auto équilibré, est à la base des RLC mètres les plus courants (cf. [9]). Le
montage de principe a déjà été présenté dans le § V.1.1 pour la mesure d’une résistance. On parle de
pont auto équilibré car le montage peut se ramener à une structure en pont pour laquelle la tension
de déséquilibre est ajustée automatiquement à zéro par les propriétés de l’AO en rétroaction (il
ajuste automatiquement le courant dans R pour contrebalancer celui dans Z afin de maintenir V- à
un potentiel nul afin d’avoir ε = 0) :
R I1.1.13 B
Z R
I1.1.7 Z
A B _ 
ε=0 I1.1.10 C ε = 0 I1.1.8 A I1.1.14
+
VE VS I1.1.9 D
VE VS

I1.1.15 D
La condition d’équilibre du pont ou un raisonnement similaire au § V.1.1 conduit à la relation |Z|.VS
= R.VE. On en tire le module de l’impédance inconnue Z. Les parties réelle et imaginaire de Z s’en
déduisent en mesurant le déphasage φ entre VS (qui est une image du courant circulant dans Z à π
près puisque VS = - R.I car V- et i - sont nuls) et VE (qui vaut VZ puisque V- = 0). On a alors Re(Z) =

696
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

|Z|cosφ et Im(Z) = |Z|sinφ. Cette mesure est réalisée par un phasemètre (cf. § IV.4.1) intégré dans le
RLC mètre.

Manipulation :
[4], p. 263 et suivantes.

La difficulté consiste à trouver une inductance permettant d’obtenir un déphasage facilement


mesurable à la fréquence d’étude. Avec les inductances courantes en montage (type AOIP), cela
conduit à choisir une fréquence assez basse pour éviter que φ soit trop proche de 90 ° → On peut
prendre une fréquence de 120 Hz pour comparer ensuite au résultat donné par le RLC mètre 3131D.
Il faut alors prendre une self d’assez forte impédance pour ne pas surcharger le GBF délivrant VE.
La résistance R ne doit pas être trop faible pour que l’AO puisse fournir le courant nécessaire et elle
ne doit pas être trop forte pour que la sortie de l’AO ne sature pas en tension. Toutes ces
considérations aboutissent au montage suivant :

L : 0,2 H AOIP R I1.1.16 L


_ 
R : 300 Ω à 0,5 % +
GBF VS
GBF : 120 Hz, VPeak Peak = 5 V

Mesures :
Mesurez les paramètres de l’inductance avec un RLC mètre, la tension aux bornes du
GBF et celle en sortie du montage avec un multimètre précis. Mesurez le déphasage entre ces deux
tensions à l’aide d’un oscilloscope numérique permettant ce type de mesure. Voici à titre indicatif le
résultat d’une série de mesure :

Mesure à 120 Hz des paramètres de l’inductance : L = 199 mH et r = 71 Ω

Mesure des tensions avec un multimètre 50 000 points : VE = 1,519 V et VS = 2,726 V.

Mesure de la phase : φ = 114 °. Comme VS = - R.I, la mesure de la phase doit être corrigée d’un
facteur π → φ = 180 – 114 = 66 °.
R.VE
On en déduit alors : r = |Z|cosφ = cos  = 68 Ω
VS
R.VE R.VE
Lω = |Z|sinφ = sin  → L = sin  = 202 mH
VS VS

On constate que la valeur de L recoupe celle du RLC mètre à moins de 2 %. Le résultat est un peu
moins bon pour r avec un peu plus de 4 % d’écart (les calculs d’incertitude sont à faire). Ceci
s’explique en partie par la sensibilité du résultat sur le calcul de la partie réelle à la mesure de φ. Un
écart de 1 degré sur la mesure donne des différences sensibles : on obtient par exemple r = 70,6 Ω si
on prend φ = 65 ° ou r = 65 Ω avec φ = 67 °. L’erreur sur φ est moins gênante sur le calcul de la
partie imaginaire car le sinus est proche de 1.

V.3.3 Par détection synchrone


Se reporter au montage sur l’induction et l’auto
induction ou à [1], p. 14 pour la manipulation

V.4 Cas des systèmes actifs


Les méthodes classiques ne peuvent pas s’appliquer à de

697
Préparation à l’agrégation de Physique de Rennes Philippe Nouet

tels systèmes On a alors recours en général à une méthode basée sur la comparaison avec une autre
impédance (cf. [1], p. 117).

Manipulation :
On peut utiliser la méthode de la tension moitié pour mesurer la résistance de sortie
d’un GBF. On peut aussi mesurer les impédances d’entrée et de sortie d’un amplificateur à
transistor monté en émetteur commun et comparer aux valeurs attendues (cf. montage
« Amplification » ou [1], p. 124 ou [3], p. 160). Cette méthode peut aussi servir à étudier
l’impédance d’entrée d’un oscilloscope (cf. [1], p. 26).

VI MESURE DE PUISSANCE
La mesure des puissances peut aussi rentrer dans le cadre de ce
montage. Des idées de manipulation peuvent être trouvées dans les montages « Amplification », §
III.5.3 ou « Conversion de puissance électrique-électrique », § 2.4. On trouve d’autres montages en
[3], p. 385 ou [4], p. 430 et suivantes. On y présente aussi le principe de fonctionnement des
wattmètres numériques qu’il est bon de connaître.

Bibliographie :
[1] : Duffait : Expériences d’électronique - Agrégation de physique – Bréal
[2] : Datté Della Maestran : Ampli. Op. - Vuibert
[3] : Quaranta III
[4] : Quaranta IV nouvelle édition (Electricité et Applications)
[5] : Vauschelles : TP d’électronique - Agrégation de Sciences Physiques
[6] : Sextant : Optique instrumentale
[7] : Berty Fagot Martin : Electricité pratique - Tome 1
[8] : Quaranta I
[9] : Dossiers « Impedance Measurement Handbook » et « LCR/Impedance
Measurement Basics » disponibles sur le site Agilent

698
PRINCIPE DES MULTIMETRES NUMERIQUES

I CONVERTISSEUR ANALOGIQUE NUMERIQUE (CAN)


La grandeur de base mesurée
dans un multimètre est la tension continue. Pour ce faire, on utilise des CAN

I.1 Les différents types de CAN


Il existe différentes techniques de conversion.

I.1.1 Convertisseurs à intégration

CAN simple rampe


CAN double rampe

I.1.2 Convertisseurs à comptage

CAN à rampe numérique


CAN à poursuite
CAN à conversion tension/fréquence

I.1.3 Autres techniques de conversion

CAN flash
CAN à approximations successives

I.2 Le CAN simple rampe


Le principe est le suivant : on compare la tension à
mesurer (Vm) à une tension (Vr) uniformément croissante au cours du temps (rampe), et on mesure le
temps que met Vr à atteindre Vm
Création de la rampe avec un intégrateur a courant constant :
K
C

i R i _ 
+
E
V(t)

𝜀 = 0 tant qu’on est en régime linéaire donc 𝑉− = 𝑉+ = 0, d’où :


𝐸 − 𝑉− 𝐸
i= = = cte
𝑅 𝑅
On a donc un générateur de courant constant.

On a 𝑉(𝑡) = 𝑉− = 0 quand la capacité est shuntée (A.O. en régime linéaire car contre réaction totale
sur la patte -). Lorsqu’on ouvre l’interrupteur, on a 𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 (𝑡) et le condensateur se charge :
VC
𝑞(𝑡)
i → 𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 = (𝑎)
𝐶
q -q

𝑑𝑞
𝑖= → ∫ 𝑑𝑞 = ∫ 𝑖. 𝑑𝑡 = 𝑖. ∫ 𝑑𝑡 𝑐𝑎𝑟 𝑖 = 𝑐𝑡𝑒 → 𝑞 = 𝑖. 𝑡 (𝑏)
𝑑𝑡

𝑖 𝐸
(b) dans (a) → 𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 = − . 𝑡 = − .𝑡
𝐶 𝑅𝐶

On a une rampe décroissante ou croissante suivant le signe de 𝐸.

Limites du CAN simple rampe :


Sensibilité aux variations du produit RC (dispersion de fabrication
et vieillissement dans le temps)

I.3 Amélioration : le CAN double rampe

𝑡2
0 𝑡1

𝑉1

On applique la tension à mesurer 𝑉𝑋 (supposée positive ici) sur l’intégrateur (initialement à zéro)
pendant un temps prédéterminé 𝑡1 . On obtient alors une tension 𝑉1 = − 𝑉𝑋 𝑡1 /𝑅𝐶.
On commute l'intégrateur sur une tension de référence 𝐸 de polarité opposée à 𝑉𝑋 . La tension décroît
linéairement de 𝑉1 jusqu'à 0 et on compte ce temps de décroissance. On obtient 𝑉1 = − 𝐸𝑡2 /𝑅𝐶.

On obtient 𝑉𝑋 = 𝐸. 𝑡2 /𝑡1 en égalant les deux relations → le résultat ne dépend plus de 𝑹𝑪 → une
variation de la constante de temps 𝑅𝐶 n’introduit plus d’erreur sur le résultat.

I.3.1 CAN a rampe numérique


La rampe de tension peut être générée non pas
par un intégrateur mais par un convertisseur numérique analogique (CNA) alimenté par un compteur.
Ce montage est intéressant puisqu'il a la linéarité et la stabilité du CNA ce qui est plus facile à garantir
que celle d'un intégrateur à circuit 𝑅𝐶. La sortie du CNA est comparée à la tension à convertir, et le
comparateur en changeant d'état lors de l'égalité, arrête le comptage. On obtient alors à la sortie du
compteur un nombre 𝑁 proportionnel à 𝑉𝑋 .

Exemple de CNA (R/n) :


CNA R/2R :
Le réseau de résistances (R/n) n’est pas utilisé en pratique, essentiellement pour des
raisons de précision. Pour obtenir un convertisseur à 8 bits, il faudrait utiliser des résistances allant
de 𝑅 à 𝑅/27 , or la précision des composants est généralement de l’ordre de 5 à 10 %. On utilise plutôt
un réseau (𝑅 − 2𝑅) plus simple car il n’utilise que 2 résistances 𝑅 et 2𝑅 (cf. Duffait, p.283).

I.4 Le CAN à approximations successives


La plupart des techniques précédentes ont
l’inconvénient commun d’un temps de conversion important et dépendant de la valeur 𝑉𝑋 de la tension
à convertir. En effet, il faut dans la majorité des cas « attendre » qu’un compteur atteigne une valeur
numérique suffisante. Le CAN à approximations successives est intéressant quand on a besoin de
rapidité.

Le principe est de déterminer successivement les n bits du nombre représentatif de la tension d’entrée
en n coups d'horloge grâce à une logique générant celui-ci par approximations successives en
commençant par le bit de poids fort (MSB) et en finissant par le bit de poids faible (LSB).

Ce convertisseur présente l’avantage d’avoir un temps de conversion fixe, indépendant de la valeur


de l’information analogique à convertir, ce qui se prête bien à l’acquisition de données pour un
traitement informatique (oscilloscope, carte d’acquisition, multimètre à échantillonnage, …).

II MESURE D’UN COURANT


L'élément de base du multimètre étant un voltmètre, on peut
transformer l'intensité I à mesurer en une tension V au moyen d'un convertisseur I → V :
Le courant I mesurable ainsi est limité à environ 10 mA à cause de la saturation en courant de l’AO.
De plus, il est risqué de faire passer du courant dans l’électronique de l’appareil → en pratique, on
fait passer l’intensité I dans une résistance de shunt RS :

La résistance d’entrée de l’ampèremètre est 𝑅𝑆 (ampèremètre non idéal). On peut la réduire grâce au
facteur d’amplification 1 + 𝑅2 /𝑅1 . Dans les faits, elle est ≈ nulle sur le calibre 10 A mais augmente
au fur et à mesure que le calibre baisse (≈ 10 Ω sur 100 mA, 100 Ω sur 1 mA, 1kΩ sur 1 A).

III MESURE DE GRANDEURS ALTERNATIVES


Les voltmètres alternatifs numériques les
plus performants échantillonnent la tension à mesurer (acquisition d’un grand nombre de valeurs
instantanées avec un échantillonneur bloqueur), numérisent (discrétisation des valeurs instantanées,
codage binaire et mémorisation), et effectuent les calculs nécessaires pour extraire la valeur efficace,
qui est envoyée sur un afficheur (multimètres RMS ou TRMS).

Les multimètres basiques quant à eux, utilisent un principe plus simple car moins couteux :
Pour mesurer une tension alternative (pour un courant, on le fait d’abord passer dans un convertisseur
I → V), on peut imaginer la structure de base suivante :

_  R
_ D

+
+
C
GBF R’ VS
Ve

Redressement sans seuil Suiveur Filtre passe - bas

Le premier étage effectue un redressement mono alternance de la tension à mesurer (diode sans
seuil) :

Si le signal d’entrée est sinusoïdal, on a alors en sortie un signal de valeur moyenne 𝑉𝑚𝑜𝑦 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 /.

Le filtre passe-bas 𝑅𝐶 sert à extraire cette valeur moyenne. En effet, le signal redressé étant toujours
périodique mais plus sinusoïdal, il peut être décrit en termes de transformée de Fourier comme la
somme d’une valeur moyenne plus des harmoniques.

Si la fréquence de coupure du filtre est suffisamment basse par rapport à celle du signal, on récupère
à la sortie du filtre la valeur 𝑉𝑆 = 𝑉𝑚𝑜𝑦 .

On peut en déduire la valeur efficace du signal d’entrée puisqu’on a 𝑉𝑒𝑓𝑓 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 /√2 pour un signal
sinusoïdal. Comme 𝑉𝑆 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 / ici, on a alors 𝑉𝑒𝑓𝑓 = 𝜋𝑉𝑆 /√2. Cette conversion s’effectue en
pratique en plaçant à la sortie du filtre un ampli non-inverseur de gain adapté pour effectuer la
multiplication de 𝑉𝑆 par le facteur de forme convenable :

𝑉𝐸𝐹𝐹.𝑆𝐼𝐺𝑁𝐴𝐿.𝑆𝐼𝑁𝑈𝑆𝑂𝐼𝐷𝐴𝐿
𝐹=
𝑉𝑀𝑂𝑌.𝑆𝐼𝐺𝑁𝐴𝐿.𝑅𝐸𝐷𝑅𝐸𝑆𝑆𝐸.𝑆𝐼𝑀𝑃𝐿𝐸.𝐴𝐿𝑇𝐸𝑅𝑁𝐴𝑁𝐶𝐸

Cas des signaux alternatifs non sinusoïdaux :


Dans le cas d’une sinusoïde, le facteur de forme 𝐹
facteur vaut 𝜋/√2 mais pour un signal carré ou triangulaire, cette valeur change ! → Le multimètre
multipliant la valeur moyenne redressée simple alternance par le facteur de forme sinusoïdal quel que
soit la forme du signal, le résultat est automatiquement faussé dans le cas des signaux non sinusoïdaux
(on peut le vérifier sur les multimètres basiques). Si on veut alors la bonne valeur, il faut effectuer
une conversion sachant l’erreur qu’introduit leur principe de mesure.
Multimètres RMS TRMS :
Un signal peut comporter une partie alternative et une composante
continue. La mesure de la valeur efficace doit alors normalement englober la totalité de ce signal mais
ce n’est pas toujours le cas : certains multimètres mesurent la valeur efficace de la totalité du signal,
d’autres en revanche ne mesurent que la valeur efficace de la composante alternative.

La logique voudrait qu’on appelle les premiers des appareils TRMS (True RMS) et les seconds des
appareils RMS. Dans la pratique, l’appellation retenue diffère suivant les constructeurs : de nombreux
appareils notés TRMS ne mesurent en réalité que la partie alternative du signal. Le plus sûr est donc
de vérifier la mesure effectuée en étudiant par exemple une tension alternative issue d’un GBF auquel
on rajoute un offset.

Un calcul simple montre cependant que les deux types de mesures sont reliés par la relation suivante :
2 2
𝑉𝑒𝑓𝑓 (𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒) = 𝑉 2 (𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑛𝑒) + 𝑉𝑒𝑓𝑓 (𝑐𝑜𝑚𝑝𝑜𝑠𝑎𝑛𝑡𝑒 𝑎𝑙𝑡𝑒𝑟𝑛𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒)

→ on peut obtenir la valeur efficace totale d’un signal avec un multimètre « RMS simple » en
combinant une mesure en mode continu (DC) et une mesure en mode alternatif (AC). Certains
appareils permettent les deux types de mesures (efficace « vrai » et efficace « simple).

IV MESURES D’AUTRES GRANDEURS

IV.1 Résistance
La mesure dans un multimètre se ramenant généralement à celle
d’une tension continue, l’idée pour constituer la fonction ohm mètre dans un tel appareil est de
mesurer la tension V = Rx I aux bornes de la résistance R à mesurer, l'intensité I étant fournie par
une source de courant stabilisée intégrée dans l’appareil :

On peut raffiner le montage avec 4 connecteurs pour obtenir un montage 4 fils


IV.2 Capacité

IV.2.1 Par la mesure de la période d’un oscillateur


On réalise un oscillateur
de relaxation dont la période dépend de la valeur de la capacité. Cette méthode se prête bien à la
réalisation d’un capacimètre car on sait mesurer très précisément un temps.
Rvariable

Cvariable
741
_ 
+ Vsat
+
+ kVsat Ve
t
10 k
Ve Vs
- kVsat
VS
10 k - Vsat

Le principe de fonctionnement du circuit est décrit dans le montage sur les systèmes bouclés
(oscillateurs autoentretenus). On mesure la période de Vs. On en déduit la valeur de C par la relation

𝑇 = 2𝑅𝐶 𝑙𝑛 3

IV.2.2 Par une charge a courant constant


On a vu comment réaliser un
intégrateur a courant constant lors de l’étude du CAN simple rampe. Il fournit une tension du type :

𝑖 𝐸
𝑉(𝑡) = −𝑉𝐶 = − . 𝑡 = − .𝑡
𝐶 𝑅𝐶

La tension à la sortie du montage évoluant de façon linéaire en fonction du temps, il suffit de mesurer
la pente de cette courbe pour en déduire la valeur de la capacité par la relation suivante :

𝐸 𝛥𝑡
𝐶= .
𝑅 𝛥𝑉

Certains multimètres, comme les Métrix MX 54 ou 56, utilisent cette technique. Il suffit d’observer
la tension aux bornes de la capacité lorsqu’on effectue une mesure (on intercale un amplificateur
opérationnel monté en suiveur pour que l’oscilloscope ne perturbe pas l’appareil) :

MX 54
ou 56
081
_ 
+ vers oscillo
à curseurs
C

La pente des rampes change lorsqu’on modifie la valeur de la capacité et quand on change de calibre
de mesure (modification du courant de mesure).
V AUTRES INSTRUMENTS DE MESURE

V.1 Courants forts : la pince ampère métrique


La plupart des multimètres courants
ne permettent pas la mesure de courant supérieur à 10 – 20 A. Au-delà, on a recours aux pinces
ampère métriques. Ces instruments effectuent une mesure indirecte du courant.

V.1.1 Pinces fonctionnant uniquement en alternatif


Elles utilisent la loi sur le
courant du transformateur. On fait passer le fil dans lequel circule le courant à mesurer dans un noyau
ferromagnétique. Il constitue le primaire du transformateur. Le secondaire est constitué d’un bobinage
inclus dans la pince et refermé sur un détecteur de courant à faible impédance.
.
V.1.2 En continu
Certaines pinces permettent des mesures en continu. Elles
utilisent alors une sonde à effet Hall qui mesure le champ magnétique créé par la circulation du
courant dans le fil. Il y a toujours une carcasse ferromagnétique dans la pince pour renforcer le champ
⃗ crée par le fil car il est très faible (cf. loi de Biot et savart). Par contre, elle n’est pas refermée
𝐵
intégralement pour linéariser la relation entre B et I (on le remarque d’ailleurs quand on ouvre la
pince, on voit le revêtement plastique de la pince et pas la carcasse ferro comme dans une pince
purement alternative).

V.2 RLC mètres


Ce montage est équivalent à un pont avec deux branches pour ZX et R et les deux autres branches
pour les deux voltmètres.

𝑅 𝑉−

𝑍𝑋 𝑍𝑋 𝑅
𝑉𝐸
_ 

+ 
GBF 𝑉𝑆
𝑉𝐸 𝑉𝑆

𝑉+

Le signal d’erreur correspond à la tension 𝜀 de l’AO. Elle est nulle puisque la rétroaction via 𝑅 est
faite sur la patte -, d’où le terme de pont auto-équilibré.

L’égalité des courants dans ZX et R (car aucun courant ne rentre dans l’AO) aboutit à la relation :

𝑉𝐸
𝑍𝑋 = − 𝑅
𝑉𝑆

Les tensions 𝑉𝐸 et 𝑉𝑆 sont envoyées successivement dans une détection synchrone qui les multiplie
par un signal de référence en phase puis déphasé de 90 °. Cette opération permet de récupérer la partie
réelle et imaginaire des deux tensions, ce qui permet d’obtenir après calcul la partie réelle et
imaginaire de l’impédance 𝑍𝑋 :
Bibliographie :
Keysight Technologies Impedance Measurement Handbook A guide to
measurement technology and techniques 6th Edition (disponible sur internet)
V.3 Mesure d’un déphasage
Il existait des appareils dédiés à une époque
(phasemètres) mais les oscilloscopes numériques et leurs fonctions de mesures automatiques les
remplacent avantageusement maintenant. Le déphasage entre deux signaux peut être obtenu avec le
montage de principe suivant :

Les signaux sont mis en forme par des comparateurs en tout ou rien qui sortent un signal carré 0/+𝑈
synchrone des tensions 𝑈1 , 𝑈2 .

Les ddp 𝑉1 et 𝑉2 sont appliquées aux entrées d'un OU EXCLUSIF → La tension de sortie 𝑉3 est donc
à + U lorsqu’une seule des ddp des deux entrées est à un niveau + U et elle est à 0 dans les autres
cas.

0 T

On obtient la valeur moyenne de la ddp V3 en sortie du filtre passe-bas RC. Si t correspond au


décalage temporel entre les deux signaux de période T, on montre facilement que sa valeur est une
fonction linéaire du déphasage entre les tensions U1, U2 :

1 𝑡 𝑡 𝑡 𝑉𝑆
𝑉𝑆 = 2 × ∫ 𝑈 𝑑𝑡 = 2𝑈 → 𝜑 = 2𝜋 = 2𝜋
𝑇 0 𝑇 𝑇 2𝑈

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