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Les Splendeurs de La Foi (Tome 3)

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LES

SPLENDEURS
DE LA FOI
ACCORD PARFAIT DE LA RVLATION ET DE LA SCIENCE DE LA FOI ET DE LA RAISON P a r M. l'abb MOIGNO

CHANOINE DE SAINT-DENIS

Fondateur-Directeur du Journal K02M02-LES MONDES


Il faut que LUI croisse, moi que je diminue! {Saint Jean, ch. m , 5.)

TOME III

LA

RVLATION ET L A Deuxime Partie

SCIENCE

PARIS BLRIOT FRRES, LIBRAIRES-DITEURS

5 5 , QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 5 5

1879
Tout droit rserv.

Biblio!que Saint Libre


http://www.liberius.net Bibliothque Saint Libre 2009. Toute reproduction but non lucratif est autorise.

LES

SPLENDEURS
DE LA FOI

III

TYPOGRAPHIE E D M O N D M O N N O Y E P

AU MANS (SARTHE)

CHAPITRE NEUVIME

Vrit absolue des Livres saints

tat de la question. Comme nous l'avons dj vu, les divers interprtes des Livres saints, les saints Pres, les commentateurs, les thologiens ont exprim relativement la vracit et l'infaillibilit de la sainte Bible, des opinions trs-diffrentes les unes des autres, et nous demandons instamment qu'on relise avec la plus grande attention ce que nous avons tabli relativement la porte vritable de l'inspiration page 210 et suivantes. Nous disions alors et nous rptons aujourd'hui : l'inspiration accorde aux crivains sacrs n'a pas eu pour but direct de les constituer l'tat d e s a v a n t s , de faire sortir de leur plume la connaissance dogmatique des phnomnes de l'univers et de leurs causes. Nous pourrions aussi accorder qu'ils noncent simplement les faits et les lois de la nature, comme le ferait un crivain qui raconte ses observations et exprime ses penses, avec la seule volont de se faire entendre de ceux auxquels il parle, et que l'assistance spciale qu'ils ont reue s'est borne les prserver de toute erreur personnelle, au moins dans le domaine du dogme et de la morale. On pourrait mme admettre que beaucoup de faits sont rapports dans les saintes critures d'aprs l'opinion reue l'poque o ils furent accomplis et non d'aprs la vrit* intrinsque des .choses ; avec saint Thomas, que certains passages de la Bible sont simplement l'exposition d'une opinion populaire qu'il ne m
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des crivains sacrs,

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LES SPLENDEUHS DE LA FOI.

faut pas trop presser; avec Kepler, que la sainte criture se sert de locutions usuelles et des termes employs par le c o m mun des hommes; avec des crivains considrs comme orthodoxes, par exmple avec le P . Matignon S. T., que la sainte criture s'accommode aux ides du temps, celles des auteurs et des multitudes, se conformant dans l'expression a leur manire de prsenter les phnomnes de la nature, etc.
LA LIUERT/s DE L'ESPRIT HUMAIN DANS LA FOI CATHOLIQUE. Paris Adrien Lcclre, 1854, page 187, ligne 17. la page 19(5, le P. Matignon cite comme exemple le commandement de Josu : Mose n'a pas parlle langage scientifique; il ne le devait pas. L'exemple est mal choisi et tout autre le serait aussi mal. Mose parlait rellement le langage des savants qui disent encore aujourd'hui et qui diront toujours forcment : le soleil se lve, le soleil se couche, le soleil passe au m ridien, le soleil s'arrte (solstice, station du soleil). Parlant aux hommes, les crivains sacrs doivent leur parler forcment leur langue, la langue humaine. C/est la seule raison pour laquelle son langage est si souvent mtaphorique, pourquoi tant de textes doivent tre pris, non dans le sens propre et littoral des moLs, niais dans le sens figur. Oc n'est l ni une erreur proprement parler, comme on Ta rpt si improprement, une accommodation l'intelligence de la multitude ; mais une ncessit rigoureuse de langage. Pour Mose, videmment et pour tous les crivains sacrs, Dieu est un pur esprit, ternel, Infini, Immense, qui^agit par le seul acte de sa volont, qui commande et tout est fait. Mose avait fait entendre tout le peuple assembl un langage minemment spirituel : Gardez soigneusement vos mes ! Vous n'avez vu aucune reprsentation au jour o le Seigneur vous parla Horcb, du milieu du feu, de peur que sduits vous ne vous fissiez aucune reprsentation taille au ciseau, ou quelque image d'homme et de femme. (Dculronome, chap. iv, jrjr. 15 et 16.) Et cependant quand elle parle aux hommes de Dieu, la sainte criture est bien force do lui donner des yeux, des oreilles, une bouche, des lvres, une langue, des mains, des pieds, etc.; parce qu'elle n'a pas moyen d'exprimer autrement que Dieu voit, entend, agit, etc., etc. C'est ainsi encore que pour nous rvler les sentiments de Dieu l'gard de l'homme, son amour, sa satisfaction, son mcontentement, etc., elle est force de lui donner une mc, un cur, etc., et de lui prter en quelque sorte nos passions, le regret, le repentir, la colore, etc. 11 faut tre Voltaire et de mauvaise foi pour a se rvolter ride d'un tre, c'est-dire d'un tre essentiellement invisible, qui se promne dans un jardin, appelle Adam, fait Adam et Eve nus des vlements, etc. Un philosophe juif Aristobulc, il y a deux mille ans, faisait avec infiniment de bon sens Ptolmc-Philadclphc celte rponse premptoire : Vous me d e mandez, prince, ce que veut dire notre Ecriture, lorsqu'elle attribue . Dieu des mains, des bras, une face, des pieds, la marche, le repos. Toutes ces expressions bien entendues ne nous donnent paa une fausse,
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TAT DE I A QUESTION,

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mais une vritable ide de Dieu. Le -lgislateur se sert des choses sensibles pour exprimer ce qui ne peut pas tomber sous les sens. On peut sans outrager le souverain tre appeler son repos la constante dure de ses cratures et le cours invariable du monde, car le Seigneur a tellemont rgl toutes choses que le ciel n'a pas t chang en terre, la terre en ciel, le soleil en lune, la lune en soleil, la ble en homme et l'homme en bte... Avis h M. Darwin.

Mais je ne pouvais, je ne devais accepter ces mnagements qu'autant que la ncessit en aurait t rigoureusement dmontre, qu'autant qu'on aurait constat l'existence dans la sainte Bible d'une erreur scientifique vidente. Or le moment est venu de prouver que cette constatation n'a pas t faite, que les prtendues erreurs reproches h la sainte Bible ne sont rien moins que dmontres, que tout ce qu'elle affirme en fait de science et d'histoire est la vrit absolue. Tel est l'objet de ce consolant chapitre, un des plus importants peuttre de mon livre.

Dj, page 2 1 0 , je disais : J'ose aller plus loin que tous ces auteurs beaucoup trop timides. Je n'hsite pas dire avec Ampre et Marcel de Serre : la science des divines critures suppose souvent ou une rvlation directe venue d'en haut, ou du moins un coup d'il d'aigle qui devine les mystres de la nature, perce les tnbres dont ils sont entours et constitue la vritable inspiration qui apporte aux hommes un rayon de l'ternelle vrit. J'avais affirm, en outre, que dans une multitude de passages les livres sacrs noncent les faits, ou font allusion aux thories de plusieurs des sciences modernes, la cosmogonie, l'ethnologie, l'astronomie, la physique et la chimie, la mtorologie, l'histoire naturelle, l'histoire et la gographie physique, etc., dans des termes vraiment extraordinaires, et je montrais, en les rappelant, que toutes ces pages savantes des livres saints sont si tonnantes de vrit,

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et de vrit en si parfaite harmonie avec les oracles de la science la plus avance, qu'on ne peut se dfendre de les regarder comme divinement inspires. J'avais ajoute enfin, que si sur certains points la Rvlation et la science semblent tre en dsaccord, c'est souvent, c'est s u r t o u t , parce que la science n'a pas fait encore assez de progrs, parce qu'elle n'a pas dit son dernier mot. J'avais mme cit dj plusieurs exemples de cette vrit hardie l'excs : le rle dans la vie et le mouvement des animaux du sang que Mose appelle leur me ; la thorie des vents alizs ; la gnration de la pluie par la foudre ; la formation du soleil ou grand luminaire au quatrime jour, aprs l ' a p parition de la lumire ; la nouveaut de Tarc-en-ciel aprs le dluge ; le feu associ aux tnbres et brlant sans matire inflammable, etc. Depuis que j ' a i crit ces pages, la science a fait de nouveaux progrs, et nous a fourni, en mme t e m p s , de nouveaux exemples, plus ques-uns. Le firmament. Que de difficults n'a pas cres le mot de frappants encore, de cette tonnante vrit. Qu'il me soit permis d'en citer encore quel-

firmament que Dieu tend ou dveloppe dans l'espace, et qui par consquent devait tre une sorte de matire diffuse ! Or le croirait-on, la matire firmamentaire n'a t reconnue et mise hors de doute que depuis deux ou trois annes, par le plus clbre et le plus ingnieux des physiciens de la gnration actuelle, M. Tyndall, dans son charmant discours sur le rle de l'Imagination dans l'tude des sciences. (Les savant que cette matire firmamentaire, Mondes, tome XXIV, page 347 et suiv.) Quelle surprise pour le monde si innombrable et si infiniment tnue, qui, quoique diffuse dans l'immensit de l'atmosphre terrestre, pourrait tre contenue tout entire

TAT DE LA QUESTION.

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clans un sac de voyage, et qui rend seule compte des p h n o mnes si importants et si dlicats du bleu du ciel et de la polarisation de la lumire atmosphrique ! Quelle rvlation mystrieuse et quel dlicieux commentaire des premiers versets de la Gense! Cilons quelques-unes des paroles rvlatrices de M. T y n dalf : Si des particules petites relativement aux dimensions des ondes de l'ther, sont en suspension dans notre a t m o sphre, la lumire disperse ou diffuse par ces particules sera certainement celle que nous observons dans notre azur. Quelle est-la quantit de matire de notre firmament firmament?

J'ai pens quelquefois que la caisse de voyage d'une lady pourrait la contenir. J'ai pens aussi que la petile malle d'un gentleman, peut-tre mme sa tabatire, suffirait la renfermer. Quelle est la nature de ces particules qui diffusent si admirablement la lumire, la tamisent, la colorent et la polarisent ? Je me borne dire que dans l'atmosphre nous trouvons des particules qui dfient la fois le microscope et la balance, qui n'obscurcissent pas l'air, et qui cependant sont en nombre assez grand pour faire plir l'hyperbole isralitique des grains de sable des rivages des mers. Voil le et la matire firmamentaire. firmament

Les eaux suprieures.

La Gense encore dans un langage

mystrieux et rest longtemps incompris, parce que la science ne l'avait pas illumin de ses rayons, nous parle de ce mme firmament comme tabli au milieu des eaux, pour diviser les eaux situes au-dessus du ciel ou suprieures des eaux situes au-dessous ou infrieures. E t le roi prophte, dans un de ces hymnes sublimes qu'il fait chanter par la nature entire h la gloire de son crateur, invite toutes les eaux qui sont au-dessus du ciel bnir Je Seigneur. Et aqu omnes quee super

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.


t

clos sunt laudent Do?ninum. *

Que pouvaient tre ces eaux

mystrieuses et mystiques. Le moyen ge, qui ne connaissait que Veau a l'tat liquide, installa dans l'espace au-dessus du firmament une nappe ou couche liquide, et pour la soutenir inventa cette vote solide et transparente, de verre ou de glace, sur laquelle les toiles seraient implantes, et Ton a os faire un crime la sainte Ecriture de cette fiction par trop g r o s sire. Mystre ou draison ! Mais la science a march, le spectroscope est dcouvert, et l'il de M, Janssen d'abord, du R. P . Secchi ensuite, d'Angsrm et de tant d'autres, arm de ce magique instrument, nous rvle le secret des eaux suprieures de la sainte B i b l e ; il nous les montre a l'tat de firmament, vapeur, dans les hauteurs de l'espace et des cieux, bien a u del des limites de l'atmosphre terrestre et de son dans les plantes, dans le voisinage du soleil, et jusque dans les toiles les plus lointaines. E t voici que des sommets de l'Himalaya, de Darjeeling Sicchin, M. Janssen crit a noire Acadmie des sciences, le 12 mai 1869 : Des considrations thoriques m'avaient amen chercher si les spectres de certaines toiles ne prsenteraient pas les caractres optiques de la vapeur d'eau. J'ai t confirm dans mes opinions. Il parat non douteux aujourd'hui qu'il existe une classe d'toiles possdant une atmosphre aqueuse ; ces toiles appartiennent en gnral h la classe des toiles rouges, et les traces de l'hydrogne y font le. plus souvent dfaut. JJC spectre solaire esl couvert des raies qu'on a appeles telluriques et qui sont dues la vapeur d'eau, k l'tat de fluide lastique. {Comptes rendus de VAcadmie des sciences, tome LXVII, p . 1 5 4 5 , 1 8 0 9 . ) Quand, page 4 3 7 , je dfendais la sainte Ecriture contre un savant physiologiste, M. Bence Jones, qui lui faisait un crime de mettre au-dessus des cieux des eaux semblables aux eaux de la terre, M. Janssen n'avait pas crit sa lettre de l'cxtr-

TAT DE LA. QUESTION.

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mit des Indes, et ma dfense tait incomplte. Aujourd'hui c'est M. Bence Joncs, mort, hlas! qui est en contradiction avec la science, et les Livres saints ont remport un triomphe clatant. L'ther lumineux, immdiatement aprs le chaos* et lorsque
F I A T LUX, ET FACTA EST LUX.

le moment est venu de le faire cesser en l'organisant, la sainte criture fait intervenir la lumire : La lumire jaillit aussitt, avant le soleil qui n'existe pas encore. Pourquoi ? Dans quel but ? C'est peine si la science commence soulever le coin du voile qui couvrait ce mystre. Pendant deux cents ans, cette science orgueilleuse, non pas la science des lves, mais la science des matres, et des plus grands matres, non pas la science d'un coin de la terre, mais la science de toutes les nations et de tous les peuples, a profess la plus grossire, la plus ridicule des erreurs, dcore pompeusement du grand et beau nom
SELLE d'ATTRACTION UNIVER-

! On a donc cru et enseign universellement que les

corps se sentaient en quelque sorte travers l'espace, qu'ils s'enchanaient l'un l'autre dans un mouvement commun, ce qui est rigoureusement impossible et absurde, puisque c'est vouloir unir l'inertie et l'activit qui sont plus opposes que l'eau et le feu. L'heure de cette trange thorie a enfin sonn. Le grand Euler, savant d'un bon sens extrme, et -chrtien, a repouss le premier l'attraction universelle, cleste ou molculaire, et parl hautement d'impulsion. On a pressenti plus lard que l'impulsion qui fait comme graviter les corps les uns vers les autres, avait sa raison d'etre et sa cause dans la p r e s sion de l'lher ou la lumire de Mose, fluide dont la densit est infiniment petite et l'lasticit infiniment grande, qui remplit tout l'espace et pntre jusqu'au sein de la matire la plus condense. Lesage de Genve d'abord, et tout reem-

O'i'

LUS SLM.ENEliKS DE U

FOI.

ment M. l'abb Le Rav ont trouv, dans une tude m a t h m a tique approfondie des pressions de l'ther, l'explication de la prtendue attraction proportionnelle aux masses et en raison inverse du carr d e l distance. Ges jours-ci enfin, M. Emile Chase, astronome amricain, en intgrant directement les ondulations infiniment petites de l'ther, a retrouv les n o m bres ou donnes fondamentales des mouvements des corps clestes. (Les Mondes, juillet 1874.) On peut regarder comme absolument certain aujourd'hui, que le fluide lumineux ou ther, infiniment tnu, mais infiniment lastique, dont les molcules ou atomes anims de-vibrations trs-rapides font des excursions infiniment petites, mais infiniment nombreuses, est la source vritable des attractions apparentes ou explicatives des corps clestes, de la condensation et de la matire et de la formation des mondes stellaires et planlaires. E l comme, en outre,il est rigoureusement dmontre aujourd'hui que tous les phnomnes de la nature, la chaleur, la lumire, l'lectricit, le magntisme, l'action chimique, etc., sont essentiellement des phnomnes thrs, ou qui ont leurs conditions d'existence dans ce mme ther ou fluide l u m i neux, le fat Lux de Mose brille son tour d'un clat blouissant et constitue a lui seul la grande synthse de l'univers. II serait bien plaindre celui qui, la vue de ce magnifique commentaire que la science moderne rservait la parole inspire de Mose, ne se sentirait pas profondment mu et ne tomberait pas genoux pour adorer! La loi et le mouvement du Livre des Proverbes gyratoire. Cette mme synthse

grandiose est formule dans un texte non moins extraordinaire (chap. v m , jK 2 7 ) , qu'une science parvenue ses dernires limites pouvait seule nous faire comprendre pleinement. C'est la sagesse divine qui, prenant la

TAT DE LA QUESTION.

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parole, nous raconte la pari qu'elle a prise h la cration et l'organisation des mondes. Les abmes n'taient pas encore que j'tais dj conue ; les eaux souterraines n'avaient pas fait encore irruption ; les montagnes ne s'taient pas encore assises dans leur masse norme ; j'tais engendre avant les collines. 11 n'avait pas encore fait la terre cl les fleuves, il n'avait pas encore donn a la terre ses gonds. Quand il s'apprtait organiser les cieux; quand par une certaine loi (d'attraction apparente cause par une impulsion relle) et par le mouvement gyratoire il donnait aux abmes (aux amas informes de matire nbuleuse) leurs circonvallations ou leurs formes. Quand il tendait et affermissait le firmament (la matire firmamentairc de Tyndall), et mettait en quilibre les sources des eaux (les vapeurs et les nuages) ; quand il assignait la mer ses bornes, quand il donnait aux eaux leurs lois pour qu'elles ne franchissent pas leurs limites ; quand il tablissait la terre sur ses fondements, j'tais avec lui, arrangeant tout. Quel magnifique langage! Cette certaine loi d'attraction cause par l'impulsion et ce mouvement gyratoire qui donnent aux mondes leurs formes, ont toujours excit en moi une admiration profonde, un tonnement divin. Et j'ai t bienheureux d'avoir t appel l'honneur de proclamer presque le premier la synthse de l'univers : matire, ther, mouvements de translation, de rotation, ou d'ondulation.

Mesure,

nombre,

poids. E t cette autre dclaration de la

Sagesse que le Crateur a tout dispos in mensur et numro, et pondre I Avec mesure (la loi des volumes), avec nombre la loi des proportions multiples), avec poids (la loi des quivalents), qu'elle est belle aussi et qu'elle est profonde ! Mesure, nombre, poids, c'est encore, un autre point de vue, la s y n thse detous les phnomnes de la nature !
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LES SPLENDEURS DE L'A FOI.

Incommensurabilit,

du nombre

des toiles. Quelle R v -

lation encore et quelle avance sur la science de l'avenir, que celle du nombre indfini des toiles du firmament ! Au moment ou le patriarche Abraham se plaignait de n'avoir pas de postrit, le Seigneur lui apportait cette promesse : Regarde le ciel et, si tu le peux, compte les toiles ! il en sera ainsi de ta race (Gense, chap. xv, v. 5 ;chap. xxn, v. 10) : Je multiplierai la race comme les toiles du ciel et comme le sable de la mer. Dieu avait dj.dit (chap. xin, v. 10) : J e ferai crotre ta postrit comme la poussire de la terre ; celui-l seul qui pourrait compter le nombre des grains de poussire de la terre pourra, compter ta postvit. Dans la pense de Dieu rvle a Abraham, le nombre des toiles du ciel est c o m parable au nombre des grains de sable du rivage des mers, au nombre des grains de poussire de la terre. videmment Dieu dans ces comparaisons grandioses ne faisait pas allusion au nombre des toiles visibles l'il nu, nombre qui ne s'tend pas au del de six mille ; et ce n'est pas celte petite arme qu'il invitait sou serviteur Abraham dnombrer. C'tait donc ncessairement une vue anticipe de ce que les tlescopes gigantesques des Herschell, des Lassell, des lord Rosse, etc., devaient nous rvler un jour de rincommensurabilit des toiles, et des astres qui composent les amas slellaires et les nbuleuses. Clart diffrente des astres. Et puisque nous sommes aux astres du firmament, n'est-il pas incontestable que le spectroscope, cet outil incomparable de l'astronome des derniers temps, pouvait seul donner toute sa vrit, toute sa signification, toute sa porte cette parole singulire de saint Paul, dans son ptre aux Corinthiens : Autre est la clart du soleil, autre est la clart de la lune, et autre est la clart des toiles ; car l'toile diffre de l'toile par sa clart, c'est--dire, vi-

KTAT DE .A QUESTION.

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dminent, non pas seulement par l'intensit, mais par la nature de sa lumire. Je le rpte, ce texie si simple n'a pu tre compris, sa vrit n'est devenue clatante, qu'aprs les immenses dcouvertes des Wollaston, des -Frciunhofcr, des Kirchhoff, des Bunsen, des Iluggins, des Secchi, des Janssen et des Lockycr, qui nous ont montr dans le spectre de chaque astre des raies lumineuses ou obscures, ou du moins variant considrablement d'un astre a l'autre, comme pour la lune des reflets divers et absolument caractristiques. L'origine et la fin du monde. Saint Pierre, lui, avait t

assez hardi ou, mieux, assez inspir pour nous enseigner les origines et la fin inconnues de la terre. Il nous avait dit trsclairement que la terre avait t forme de l'eau et par l'eau; la-majorit des gologues s'est prononce aujourd'hui pour la thorie neptunienne, contre la thorie plutonienne dont Bulbn tait si fier et qui lit tant de tracas au xviii sicle. Il avait affirm plus clairement encore que la terre finirait par le feu : or la dissociation par la chaleur des lments de la terre est un dogme fondamental des gomtres et des mcaniciens du
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sicle. Quelle splendeur ! simples. On avait trouv trange que

Les ensemencements

Mose ft aux Hbreux la dfense formelle de semer leur champ avec des semences mlanges (Lvitique, chap. ix, v. 19) ; et la raison de cette prohibition fut longtemps un m y s tre. 11 fallut attendre que la science, par une tude approfondie de Thybridit, arrivt h constater que les hybrides sont le plus souvent striles; que chez les plantes, le croisement attaque profondment l'organe maie, les lamines ou le pollen, et aussi l'organe femelle, le pistil. Quand, plus tard, M. Naudin eut dmontr par l'exprience que si, pour certains genres ou espces, Thybridit n'tait pas absolue, que certains

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LES SPLENDEURS DE LA F O I .

hybrides taient fconds, il dmontra en mme temps qu'ils, taient variables h l'excs et revenaient bientt Tune des deux espces croises. Pour donner une ide de ce que sera un jour le commentaire de la science de la Bible fait par les grands matres de la science humaine convertie, qu'il me soit permis de reproduire ici la rponse de M. Ch. Naudin, de l'Institut de France, le lgislateur des Hybrides, a la consultation que j e lui avais adresse sur ce mme texte du Lvitiquc. 11 n'est pas trs-facile de donner la raison de ce commandement de Mose : N'ensemence pas ton champ de semences diverses; nanmoins on ne peut douter qu'il n'ait eu de srieux motifs pour le faire ; celle raison tait-elle Tordre moral? Considr comme prcepte agricole, ce commandement prle a deux interprtations.. La premire serait celle-ci : Mose a voulu faire entendre que chaque genre de culture doit tre homogne, d'abord parce que le travail en est plus u n i forme et plus facile, ensuite parce que la rcolte arrivant a maturit simultanment sur tous les points du champ, on choisit mieux le moment o il convient de l'enlever, que si clic tait mle a d'autres plantes dont les poques de maturit seraient diffrentes. L'autre interprtation, toujours dans le sens agricole, est peut-tre plus conforme aux vues de Mose. Elle reposerait sur ce principe qu'il ne faut point mlanger, dans les semis, des graines de races et de varits diffrentes, par exemple, des bls tendres et des bls d u r s , parce que, ainsi rapproches et fleurissant* en mme temps, les races s'altreraient par croisement, et perdraient en un petit nombre de gnrations les qualits propres et particulires a chacune d'elles, ce qui, en outre, pourrait favoriser les fraudes cornsimplement agricole, ou symbolisait-elle quelque grande loi de

TAT T>E LA GlIESTION.

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merciales. Mose connaissait indubitablement la sexualit des plantes, au moins chez les dattiers, les pistachiers cl autres plantes dioques cultives de toute antiquit en Egypte et en Orient, et dont la fcondation n'est assure que par le concours de r h o m m e . Trs-vraisemblablement aussi il connaissait, ou au moins souponnait la diversit des sexes dans les crales, et mme dans le reste du rgne vgtal. Ceci admis, le commandement de Mose s'explique pour ainsi dire de lui-mme. Mais outre le sens agricole pur et simple, il me semble qu'on pourrait en trouver un autre, d'un ordre plus lev et d'intrt plus gnral, dans ce mme commandement. Il se peut qu'en dfendant le mlange des grains dans les semis, Mose ait voulu faire sentir aux Hbreux, par une figure matrielle, combien il leur importait de ne point se mler aux nations idoltres et corrompues qui les environnaient. De mme que les races vgtales dgnrent en se croisant entre elles, de mme aussi le peuple hbreu, dpositaire des dogmes les plus essentiels de la religion et de la morale, n'aurait pas manqu de se dissoudre et cle laisser prir ces germes du christianisme dans son mlange avec les nations idoltres. Je crois qu'on peut supposer que c'tait l la vise principale de Mose et que la question agricole, tout en tant parfaitement fonde, n'tait que secondaire. Le commandement de Mose tait dono minemment sage et savant. Qu'on le remarque bien, je pourrais tendre ce commentaire inattendu et merveilleux d e l science moderne tout ce que j'ai appel la science de la Bible, ces centaines de textes plus tonnants les uns que les autres, extraits par moi des Livres inspirs, et que je prie instamment mes lecteurs de relire attentivement. Ce tableau fidle avait confondu mon imagination, prcisment parce queje suis autant qu'on peut l'tre au cou-

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

rant des progrs de la science de mon temps; il devra faire la mme impression profonde sur les amis de la vrit. En le publiant, comme aussi dans la comparaison des passages que je viens de citer avec les rsultats de la science moderne, je n a i en aucune manire la prtention d'affirmer que les auteurs
sacrs et l'EspritSaint qui les assistait ou les i n s p i r a i t a i e n t

eujiourhiil principal et direct de faire de la science, de nous rvler les phnomnes et les mystres de la nature. J'ai tenu seulement montrer que toutes les fois qu'ils touchent incidemment la science, les Livres saints en parlent del manire la plus comptente, et sont bien loin en avant de ce qu'on croit avoir t la science de leur temps. 11 me reste prouver maintenant qu'ils n'ont jamais commis d'erreur scientifique, qu'ils ne se sont jamais faits les chos des
e r r e u r s p o p u l a i r e s , g n r a l e m e n t a d m i s e s , ou que ce qui, d a n s

la Bible, touche h,la science est absolument vrai.

Histoire naturelle.
Abeilles. Livre des Juges, ch. xiv, v. 8 : Aprs quelques jours Samson se dtourna pourvoir le corps du lion, et voil qu'un essaim d'abeilles tait dans la gueule du lion avec un rayon de miel. Des abeilles qui forment du miel dans la gueule du lion, c'est, dit Voltaire, la chose la plus impertinente du monde. Les abeilles ne font jamais leur cire et leur miel que dans des ruches, ou dans le creux des arbres. Il faut une anne entire pour qu'on trouve du miel dans les ruches. Les abeilles ont une aversion insurmontable pour les cadavres. Voil l'objection, voici la rponse. La llc du lion tait sans doute dessche, aprs que les chairs eurent t dvores par les renards, trs-nombreux alors en Palestine et si carnassiers qu'au rapport des voyageurs, Hasselquist entre

VRIT ABSOLUE lES LIVRES SAINTS.

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autres, ils s'attaquaient aux troupeaux vivants. Trouvant cette gueule dcharne et ouverte, des abeilles errantes, qui sont en si grande quantit dans la Jude, s'y logrent comme elles se logeaient dans le creux des arbres et des rochers. Pline parle de visu d'abeilles qui donnaient du miel au bout de trente jours, et qui en faisaient ensuite deux fois le mois ; elles taient si ardentes l'ouvrage, que lorsqu'un essaim sortait de la ruche, si on l'abandonnait a lui-mme cinq ou six heures, on trouvait dj dans son sein quelques gteaux de cire. Voltaire exagre donc, et commet une grosse erreur quand il dit qu'il faut une anne entire pour qu'on trouve du miel dans la ruche. J'avais pu constater moi-mme en Suisse, dans des ruches compartiments superposs, que le travail du dpt de la cire et du miel se faisait rapidement, surtout dans une saison trs-chaude et trs-abondante en fleurs. Mais j'ai voulu faire ce qu'aucun apologiste d e l liblen'a encore fait, il me semble : j ' a i consult sur cette question technique un homme spcial et comptent, M. Hamcl, professeur d'apiculture au jardin du Luxembourg, et voici ses rponses en date du 6 et du 0 juillet. Un essaim Ttai sauvage et un essaim domestique btis sent des rayons dans le mme temps. Par une journe de mielle abondante, des essaims peuvent btir assez de cellules pour loger un, deux ou trois kilogrammes de miel. Quand les abeilles n'ont pas btir les rayons, par consquent a p r o duire <la cire, elles peuvent rcolter jusqu' 8 ou 10 kilogrammes par une journe exceptionnelle, quand la colonie est trs-populeuse et qu'on lui donne des rayons vides. En une heure ou deux une colonie d'abeilles peut, dans certaines circonstances, btir un rayon d'un dcimtre carr et l'emplir de miel. Tout cela dpend du nombre des abeilles et du temps favorable a la production du miel dans les fleurs.

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Ordinairement les abeilles btissent les rayons la nuit et les emplissent le j o u r . La mchoire du'lion de Samson a pu tre emplie en vingt-quatre heures, comme il se peut qu'elle ait t huit jours et plus l'tre. Est-ce assez catgorique? Des commentateurs de la sainte- Bible auraient donc pu se dispenser d'allonger outre mesure le temps coul entre les deux visites de Samson ; de le faire d'une anne, dure qui spare q u e l quefois les fianailles des noces. Autruche. Livre de Job, c h . x x x i x , v . l 4 : Quand l'autruche

abandonne ses ufs sur la terre, sera-ce toi par hasard qui les rchaufferas dans la poussire ? Elle oublie qu'un pied les foulera, ou que la bte des champs les dvorera; elle est dure pour ses petits, comme s'ils n'taient pas les siens; elle a rendu son travail inutile en les abandonnant, car aucune crainte ne l'y obligeait. Mais Dieu l'a prive de sagesse et ne lui a pas donn l'intelligence. Jrmic avait dit de son ct (Thrnes, ch. iv, v. 3) : La fille de mon peuple est cruelle comme l'autruche dans le dsert. Chose singulire ! parce que la science n'tait pas assez avance, parce que les murs de l'autruche sauvage n'avaient pas t assez srieusement et assez compltement tudies, les apologistes mmes de la Reli- gion, comme M. l'abb Du Clot, dans la Sainte Bible venge (t. II, p . 5-17), sont tout disposs penser que Job s'est lait l'cho d'une erreur d'observation ; parce que Kolbe, cit par Baumur (Description du cap de Bonne-Esprance, t. III, p. 170), fait couver les autruches comme les autres oiseaux, la femelle et le mle se succdant tour tour ; parce qu'enfin il en est de mme dans-nos jardins d'acclimatation, les n a t u r a listes ont conclu qu'il doit en tre ainsi partout, et que Job accuse tort l'autruche d'insensibilit et de cruaut envers ses petits. E t cependant rien ne dmontre que son rcit soit faux ou

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exagr, et que dans les dserts auxquels il fait allusion l'autruche n'abandonne pas rellement ses ufs sur le sable, laissant au soleil le soin de les couver. Kolbc reconnat d'ailleurs que les ufs n'ont pas besoin d'tre rchauffs par la mre, qu'elle aurait plutt les couvrir de sable pour les dfendre de la trop grande ardeur du soleil. Mais quelle n'a pas t ma surprise quand, par hasard, M. Darwin, traduction de M dans VOrigine des espces de
m e

Clmence Roycr (premire plusieurs

dition, page 313), j'ai trouv cette rponse premptoire aux objections d'une demi-science. J'ai vu, dit-il, femelles d'autruche pondre chacune quelques ufs dans un nid commun. Les ufs sont ensuite couvs par les mles seuls...
CEPENDANT CET INSTINCT DE L'AUTRUCHE AMRICAINE N'A PAS ENCORE EU LE TEMPS DE SE FIXER ET DE SE PERFECTIONNER, CAR

un nombre considrable d'ufs demeurent sems a et l dans les plaines, si bien qu'en un seul jour de chasse j'en ai trouv au moins une vingtaine ainsi perdus et gts. Donc, nous l'avons dj dit page 4 7 3 , au dix-neuvime sicle aprs JsusChrist, comme au dix-huitime sicle avant Jsus-Christ, - l'autruche femelle ne couve pas tous ses ufs, et elle les abandonne souvent sur le sable. C'est un adversaire, en principe du moins, de la Rvlation, un naturaliste d'ailleurs trs-minent, qui vient ainsi rendre pleine et entire justice au talent d'observation de Job. Ce que Darwin a vu dans les dserts de l'Amrique, tous nos officiers et nos soldats dtachs dans le Sahara Tout vu dans les dserts d'Afrique. Le colonel du 4C , M. Aubry, me disait il y a quelques jours, Saint-Denis, que cent fois il avait vu des ufs d'autruche abandonns sur le sable et crass. L'impit et la demi-science choisissent bien mal leurs armes ! Quant au dfaut de sagesse et d'intelligence de l'autruche, il est encore aujourd'hui proverbial, on la cite partout et
ft

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LES SPLEN1HSU11S DE LA FOI.

toujours comme un type de btise et de stupidit. Si les auteurs anciens ont exagr son inintelligence, il est impossible de prouver qu'il n'y a pas un fond de vrit dans ce qu'ils ont dit. On lit dans le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle (t. III, p. 20) : L'autruche a l'oreille fine et la vue perante; mais en mme temps les sens de l'odorat et du got presque nuls. C'est a cette oblitration des sens, autant qu' son excessive voracit, qu'il faut attribuer son peu de discernement dans le choix de sa nourriture. Il est certain que l'estomac de l'autruche digre ou dissout en partie les corps durs ; mais ces animaux sont souvent victimes de leur aveugle et insatiable gloutonnerie. On lit encore dans le mme ouvrage... Si l'autruche apportait plus d'intelligence dans sa fuite, sa course plus rapide que celle du cheval le plus lger l'aurait bientt, mise hors des atteintes et mme hors de la'porte de ses ennemis... Dj Buffon avait dit (uvres compltes, t. XVIII, p . 103) : L'autruche est un des oiseaux dont les sens du got, de l'odorat, et mme celui du toucher dans les parties internes de la bouche, sont les plus mousss et les plus obtus... La Fourmi. Livre des Proverbes, ch. vi, v. S et 8 : Regarde

la fourmi, paresseux, considre ses voies et appreuds d'elle la sagesse. La fourmi, quoiqu'elle n'ait ni chef, ni matre, ni prince, prpare dans l't fa nourriture et rassemble durant la moisson ce qu'elle doit manger. La science, dit-on, dment cette prtendue prvoyance del fourmi. R a u m u r d i t expressment : Quelque tabli qu'il soit que l'industrieuse et p r u dente fourmi se fait pendant l't des magasins qui doivent servir la nourrir pendant l'hiver, tous ces prtendus m a g a sins n'ont rien de rel; cent et cent recherches m'ont appris que les fourmis ne savent ce que c'est que de faire des pro-

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visions. Quand elles portent des grains de bl et d'autres grains a leur habitation, elle les y portent prcisment comme les brins de bois, pour les faire entrer dans la construction de leur difice... Raumur ajoute, . comme s'il voulait rendre plus cruel le dmenti donn aux Livres saints : Il n'y a peut-tre pas d'insectes qui toute cette prvoyance et tout ce travail fussent plus en pure perte. quoi serviraient des amas de bl pendant l'hiver des fourmis qui le passent amonceles les unes sur les autres, et si immobiles qu'elles semblent mortes? Bien loin qu'elles eussent la force d'entraner des grains de bl, elles n'ont pas alors celle de se mouvoir.); Franois Carr disait de son ct, dans le Mercure de France de mai 1749 : J'ai fait fouiller, dans le primptemps et l'automne, une infinit de fourmilires, sans jamais avoir dcouvert ces prtendus magasins dont les rameaux s'tendent au large, ces greniers souterrains composs de plusieurs chambres qui s'entrecommuniquent par des galeries..., ce qui m'autorise dcider que le sentiment commun n'est qu'une e r r e u r . . . Puisque les fourmis passent une partie de l'automne, l'hiver entier, et une partie du primptemps dans le sommeil, elles n'ont pas besoin de provisions... Pierre Hubert, qui a observ avec plus de soin et de sagacit qu'aucun autre naturaliste les murs des fourmis, disait peu prs les mmes choses. Le clbre Latreille, qui avait fait aussi une lude particulire de ces insectes ajoutait : On a clbr avec raison la prvoyance de ces insectes et leur amour insatiable pour le travail. Mais on se mprend en partie sur leur but. Ils n'amassent pas de provisions de bouche pour l'hiver, puisqu'ils sont alors engourdis et incapables de prendre de la nourriture. Les grains de bl et les autres diffrentes substances qu'ils charroient dans les beaux temps, ne sont que des matriaux de construction destins tendre et consolider leur ouvrage. Tous

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

les naturalistes de nos jours crivent dans le mme sentiment ; quelques-uns mme, comme M. Blanchard, tournent en ridicule les assertions de Salomon et des anciens. En prsence d'affirmations si tranchantes, que pouvaient faire les apologistes les plus clairs et les plus' sincres, mais qui n'avaient pas foi comme moi dans la vracit absolue des Livres saints, mme en fait de science, qui admettaient qu'ils ont per- se faire les chos des erreurs scientifiques populaires ? Ils se rsignaient a dire avec le savant auteur des Livres saints venges, M. l'abb Glaire : Les hommes voient les fourmis emporter pendant l't quantit de grains dans leurs fourmilires; ils ne les voient point sortir l'hiver pour chercher de la nourriture, ils les voient reparatre pleines de vie au p r i n t e m p s ; ils ont naturellement conclu de l qu'elles s'taient nourries pendant l'hiver du bl qu'elles avaient rcolt au temps de la moisson. Telle a t jusqu' nos jours l'opinion de tous les hommes sans exception. Cette opinion ainsi tablie, on a pu, sans faire de plus amples recherches, proposer la fourmi pour modle aux paresseux... Il y a plus, alors mme qu'on a reconnu la
FAUSSET DE CES CRANCES VULGAIRES,

on ne laisse pas saints vengs,

de les conserver dans le langage. (Livres t. II, p. 153.)

Eh bien ! non ! 11 ne s'agit pas ici d'une crance populaire fausse, dont les Livres saints se seraient faits les chos, mais bien d'une bvue de la fausse science, d'une lgret de ces demi-savants qui parlent comme s'ils n'avaient jamais quitt leur village, et qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ! Quelle inconsquence impardonnable d'tendre aux fourmis du monde entier, mme des contres o l'hiver n'existe pas, ou du moins o l'hiver a pour symptme des pluies chaudes, les murs des fourmis indignes que la rigueur du climat c o n damne l'hibernation. Il tait temps, grand temps, que l'heure

VTUT

ABSOLUE OES L1YHES SAINTS.

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de la justice et de la vrit sonnt enfin. II est heureusement arriv qu'un jeune Anglais,M. Trahcrn Moggridge, oblig pour cause de sant de passer l'hiver a Mantouc, s'est vou avec ardeur a l'lude des murs des fourmis, et a abord de front la solution par les faits de ces trois questions : 1 Los graines transportes dans les foumilires sont-elles employes comme matriaux de construction, ou bien sont-elles dposes dans l'intrieur comme provisions? 2Les fourmis qui rcoltent tant les graines, recherchent-elles les pucerons comme les autres fourmis? 3 Toutes les fourmis du midi de l'Europe, ou seulement quelques espces, transportent-elles des graines? Nous nous contenterons d'numrer rapidement a vu seulement la rponse faite par l'observation des faits a ces trois questions. M. Moggridge trois espces de fourmis transporter des Y Alla barhara, la Pleidole megagraines, YAlla structor,

cephala. De nombreuses fourmis se rendant une petite p r a i rie en revenaient charges de graines et de capsules qu'elles avaient prises diverses plantes avec un instinct merveilleux. Pour cueillir, par exemple, une capsule.de bvrsa posions^ thlaspi commun, une fourmi monte le long de la grappe, et ngligeant les capsules de la base qui, trs-sches, laisseraient trop facilement sortir leurs graines, elle s'attaque celles du milieu, vertes et bien remplies; mordant ensuite vigoureusement le pdoncule h sa base, tandis qu'une autre fourmi s'efforce-de le tordre, elle ne tarde pas le dtacher; la capsule tombe alors sur le sol, et elle est reprise par d'autres fourmis. Raumur a prtendu que les fourmis se trompaient souvent et rapportaient au logis de petits bois n'ayant que l'apparence 'd'une graine. Pour s'clairer sur ce point, M. Moggridge rpandit sur le sol de trspetits grains de porcelaine de diverses couleurs ; quelquesuns furent emports au logis, mais bientt les intelligentes

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LES SPLENDEURS DE L FOI.

petites btes comprirent leur erreur, et, retournant leurs p l a n t e s , ne firent plus aucune attention h ces objets sans utilit pour elles. Les graines et les capsules rapportes sont ou dposes momentanment h r e n t r e , ou aussitt i n t r o duites clans l'intrieur de la fourmilire. A r e n t r e de Tt, le sol, une fort grande distance, est recouvert par un amas souvent considrable de graines et de capsules vides, continuellement rapportes de l'intrieur o les graines seules sont conserves. M. Moggridge a fini par trouver une fourmilire parallle au mur d'une terrasse et qui pouvait tre facilement explore sur toute sa longueur. En suivant les galeries il a pu constater alors que les graines, appartenant plus de dixhuit familles diffrentes, taient accumules avec soin dans de petites cavits ou greniers dont le volume varie entre celui d'une montre et celui de la paume de la main. Ces greniers ont un plancher soigneusement fait avec de petits grains de mica et de quartz ciments ensemble ; la partie suprieure a, en gnral, la forme d'une vote. Les graines de ces greniers ne prsentent presque jamais, peu prs une sur des milliers, un commencement de germination, quoique places dans des conditions d'humidit, de profondeur et de temprature trsfavorables leur dveloppement... Lorsque, par exception, une graine germe dans le grenier, la radicule est coupe par les fourmis son extrmit libre, puis la graine est sortie du nid, expose au soleil, et ensuite rapporte h l'intrieur pour tre mange avec d'autant plus d'avidit qu'elle renferme ce moment une substance sucre. M. Moggridge a pu se convaincre que les graines accumules dans les greniers servent rellement la nourriture des fourmis; car il a eu plus d'une fois l'occasion de voir ces insectes dtacher, avec leurs mandibules, les particules d'un grain de millet humide et dbarrass de son prisperme pour les introduire dans la

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bouche. En meltanl leurs dispositions des graines diverses, il a vu que les unes taient manges immmdialcment, tandis que les autres -taient pralablement humectes. Jamais, en tous cas, les fourmis n'taient attires par les pucerons placs dans leur voisinage. Dans d'autres circonstances, cependant, M . Moggridge a vu Y Alla barbara faire la chasse aux petits et insectes qu'elle dvore immdiatement, ou qu'elle transporte dans rintricur de son habitation. (Murs des fourmis des araignes du midi de la France, par M. T. Notes et observations sur leurs habitudes et leurs
ie

MOGGRIDGE.

habitations,

1 vol. avec planches. L. Reeve et C , 5, Henrietta Street, Covcnl Garden.) {Bibliothque son du 15 mai J 8 7 4 . ) Le journal anglais Nature, pas trop libre penseur cependant, termine ainsi son analyse de ce volume: Les anciens auteurs
y

universelle

de Genve, Livrai-

ont dit que les fourmis grimpent sur les tiges des crales, en font tomber les tigelles ; que d'autres les poussent a terre et les entranent ainsi jusquedans leur nid; qu'elles en enlvent les graines, et tranent, aprs les pluies, leurs provisions au soleil pour les faire scher. Latrcillc, Hubert, Kisby, Blanchard et d'autres auteurs moins clbres tournent ces observations en ridicule.. M. Moggridge les a toutes vrifies dans les plus grandsdtails.
R I E N N'EST PLUS BIZARRE QUE LA TNACIT AVEC LAQUELLE CERTAINS SAVANTS s'BSTINENT A TIRER DS CON^ CLUSIONS GNRALES DE LEURS CULIRES, EN SE SERVANT PROPRES OBSERVATIONS P A R T I POUR ANNIHILER tOU-

DE CES DERNIRES

LES TRAVAUX DE LiURS MULES OU DEVANCIERS.

)) C'est

jours le journal de M. Huxley qui parle! On le voit, la vrit des Livres saints est absolument venge, elle aurait du Teire sans tant de discussions. Il aurait suffi que, cessant d'couter la voix des prjugs, la demi-science et cout la voix du bon sens, et se ft dit elle-mme: videmment dans les

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

contres o le froid n'engourdit pas les fourmis, o l'hiver plus ou moins pluvieux les retient captives dans leurs demeures, ces petites botes doivent se nourrir des provisions qu'elles ont faites au grand jour, en t. Salomon, le grand naturaliste des temps anciens, crivait dans une de ces rgions plus que tempres ; ce qu'il a dit des approvisionnements d e s
fourmis est donc ncessairement v r a i . Mais rptons-le encore

quand la Rvlation est en jeu, le bon sens mme s'efface !!! C'est une des tristes destines de la Rvlation, mais c'est en mme temps une Splendeur d e l foi. Salomon pour exalter l'instinct de la pourvoyeuse fourmi, fait remarquer qu'elle agit sans chef, sans matre, sans prince. Comme M. Moggridgc parle quelquefois de la mre des fourmis qu'il semble comparer la reine des abeilles, j'ai cru devoir lui demander si l'influence de la mre n'entrait pas
pour q u e l q u e chose d a n s l'exercice de ce merveilleux instinct.

11 m'a rpondu que l'existence de la mre des fourmis tait toute intrieure, qu'elle n sortait jamais, qu'il ne l'avait entrevue qu'une fois, et qu'elle ne commandait en aucune faon les volutions de ses filles. La Licorne. Sauvez-moi de la gueule des lions et de la

corne des licornes. (Psaume XXI, v. 2 2 . ) Des licornes descendront avec cux.(Isae, xxxiv,v. 7.)Dans ces deux passages,
et dans quelques autres encore, la sainte Bible parle de la

licorne ou monocorne comme d'un animal rellement existant. Cependant depuis Buffon les naturalistes ont toujours considr l'animal une seule corne comme un animal fabuleux, ou mme depuis Cuvier comme un animal impossible. On tait all jusqu' dire, dans des thses clbres, queleslois fondamentales de l'anatomie compare ne permettaient pas d'admettre l'existence d'un quadrupde ayant une corne unique, non sur

VKIU'IK ABSOLUE llES LIVRES SAINTS.

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l'extrmit du nez, mais a la base de l'os frontal. Qu'est-il advenu de ces vaines rpulsions de la science? Les journaux anglais et franais annonaient il y a trente ans {Annales philosophie de chrtienne de M. Bonnelty, t. I) que la dpouille

d'une licorne, morte dans la mnagerie du Radjah de Npal, et n'ayant rellement qu'une corne, avait t envoye la Socit asiatique de Calcutta par les soins de M. Hodgson. C'est un animal appel Chirou qui se plat principalement dans la belle valle de Tingri, province thibtaine de Dzang. 11 semble lre de la famille des antilopes, et on lui a donn le nom de Antilope ffodgsonn. Aristote avait dj dit que l'ne s a u monoceros. vage qu'il appelait Oryx ou ne indien n'avait qu'une corne: Pline aussi parle de la fera D'autre part, M. Fresnel, consul de France Djedda, rencontra au printemps de 184G un guerrier des Arabes Madjabrahs du Djalou, homme grave et intelligent qui lui dit sans aucune provocation: LoKcrthit que j'ai vu Tama est arm de deux cornes, Tune au bout du nez, l'autre plus haut ; Tune grande, l'autre petite. Il ne faut pas le confondre avecl'bou-karhn du pays des Noirs-Payens, qui n'a qu'une corne entre les yeux. Fort, de ce premier renseignement, M. Fresnel acheta Bengazi deux cornes d'Abou-karhn ; il les mil entre les mains d'un de ses domestiques, Abdallah, et lui ordonna de se p r senter, ces cornes la main, des plerins du Waday, rcemment arrivs de Djedda. A peine Abdallah eut-il fait son entre au Maschhad portant une corne de chaque main, qu'il se forma un rassemblement autour de lui, et que le nom d'Aboukarhn rsonna son oreille. Cet animal, dit un des plerins, est trs-commun chez nous, ou le prend en creusant sur son passage des fosses recouvertes de branchages o il tombe, et d'o il ne peutsortir. Cet animal, dit Abdallah, est-il pourvu d'une seule corne o de deux? D'o viens-tu donc, rpondit le

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

scheik, si lu ne sais pas que l'Abou-karlm n'a qu'une corne ? Mais il y a des gens qui disent qu'outre la corne situe entre les deux yeux, TAbou-karlin en a une autre sur le bout du nez. Ces gens-l ne disent pas vrai, s'cria le scheik, l'Abou-karlm a bien deux bosses sur le front, l'une droite, l'autre gauche, mais ces bosses-l ne peuvent point passer pour des cornes. Enfin le 28 fvrier 1848, M. Roulin au nom de M. Frosncl dposa sur le bureau de l'Acadmie des sciences quatre cornes de licorne de 31 85 centimtres de longueur. J'tais p r sent aux sances de l'Acadmie dans lesquelles ces diverses communications furent faites. Voil comment aprs prs de trois mille ans l'existence relle d'une espce de rhinocros unicorne est affirme dans les comptes rendus de l'Acadmie ! Une masse de tmoignages les plus imposants mettent hors de doute l'existence en Afrique d'un rhinocros unicorne, parfaitement distinct du rhinocros bicorne des frontires de l'Abyssinie, Rhinocros africanus. Certaines parties des r e n seignements d'Abdallah et d'Ibrahim se trouvent infirmes, mais le fait important subsiste, savoir l'existence d'un animal portant une corne unique non sur l'extrmit du nez, mais au bas du front. (Comptes rendus de l'Acadmie des sciences, t. XXVI, p . 2 8 1 . Juin 1848.) Chose remarquable, la science moderne d'aprs les documents que nous venons d'enregistrer, aurait constat l'existence de deux licornes trs-diffrentes, Tune serait une antilope, l'autre un rhinocros. La premire forme a t adopte presque par tous les auteurs qui ont tudi et dcrit les animaux de la Bible. La seconde s'accorde mieux avec la lettre et le sens des passages o il est parl de l'animal une seule corne ; car ils font en gnral allusion un animal froce et dangereux. D'ailleurs, le mot hbreu traduit par licorne, est

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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quelquefois traduit aussi par rhinocros. Nous croyons donc que la licorne de la Dible est vraisemblablement l'Abou-karlin ou le rhinocros a une seule corne la base du front. Livre. Le livre est impur, car il rumine lui aussi,

mais il n'a pas l'ongle fendu. (Lvitique, chap. xi, v. U.) Le livre, dit-on, n'est pas un ruminant, mais un rongeur; comment aussi aurait-il l'ongle fendu, puisqu'il n'a pas de sabot, mais des doigts tres-diviscs. La science avance a fait cette objection une rponse premptoire. L'animal dont il est question dans ce verset est un petit mammifre connu chez les Hbreux sous le nom de Daman ou Hyrax, et appel livre ou lapin par la plupart des traducteurs; il n'est, dit M. Mil ne Edwards (Comptes rendus de V Acadmie des sciences, t. LXIX, p . 1285), ni un lapin, ni un livre, ni un rongeur quelconque, mais une espce appartenant un autre ordre zoologique. Les versions de la Bible, celle des S e p tante et mme la Vulgate, ne sont nullement infaillibles, elles ont pu donner a un animal, un peuple, une ville, que les traducteurs ne connaissaient pas, un nom qui ne leur appartient point. Il faut, dit M. Milne Edwards au mme endroit (p. 1285), tre trs-rserv dans les conclusions tirer des noms employs non-seulement par les traducteurs, mais par tous les auteurs anciens, lorsqu'ils parlent d'animaux qu'ils ne connaissent qu'imparfaitement ; car les crivains qui ne sont pas des naturalistes sont toujours disposs appliquer aux espces nouvelles pour eux les noms d'espces avec lesquels les premires ont plus ou moins de ressemblance. Ainsi il est trs-probable que les quadrupdes aperus dans le dsert et appels mulets par la plupart des traducteurs, n'taient pas des mulets proprement dits, mais des hmiones, animaux qui, par leur taille et leurs formes, sont intermdiaires au cheval

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

cL l'ne, bien qu'ils soient compltement distincts de l'un et de l'autre, comme espce zoologique. Nouvelle preuve de l'erreur possible des traducteurs ! la Vulgate a traduit par eaux chaudes, aqnas calidas, l'objet de la dcouverte de TIana. C'est ainsi encore que le Chamar des Hbreux est appel ne sauvage par quelques traducteurs de la Bible, tandis que c'est probablement une race locale de Ver/uns hemiomis Vequus asinus. et non de

Il n'est pas inutile d'ajouter qu'en raison du mouvement frquent de ses mchoires, la plupart des naturalistes anciens et quelques-uns des naturalistes modernes, commeValmont de Bomare, qui a crit aprs Buffon, rangent le livre, le lapin et la marmotte parmi les ruminants. Animaux dfendues. dfendu purs et impurs, mondes et immondes. Viandes

On a fait un crime a Mose de la distinction entre rigoureusement aux Hbreux de toucher c e r -

les animaux purs et impurs, mondes et immondes, et d'avoir tains animaux dont la chair est cependant excellente. Cette distinction est presque vieille comme le monde, plus vieille que le dluge ; puisqu'elle est formule dans le septime chapitre de la Gense; et je ne crains pas d'affirmer quelle se fonde sur les principes d'une science trs-avance, dont nous n'avons pas encore le secret. Chose remarquable ! les animaux qu'aujourd'hui encore l'homme a de la rpugnance a manger, le chameau, le rat, les serpents, le corbeau, l'aigle, dont la chair n'est pas nuisible la sant et est quelquefois assez dlicate, taient presque tous regards comme immondes par les Hbreux. E t chez nous, cette abstinence est une pure convention gastronomique, ou mme un pur caprice, tandis que la prescription imspire de Mose tait fonde sur des raisons graves, encore caches pour nous, mais que des

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expriences hyginiques bien faites et bien suivies mettraient certainement en vidence. C'est un tort que de ne pas les faire, elles conduiraient des rsultats nouveaux et importants. Il est vident d j a q u e , dans un pays ou la lpre tait un mal commun et dangereux, qu'il fallait conjurer tout prix, la viande de porc pouvait et devait tre dfendue. La rpugnance qu'ont pour la viande de cheval presque tous les peuples civiliss et surtout les peuples de l'Orient, a certainement sa raison inconnue. Nous la recommandons aujourd'hui, nous voudrions la voir entrer de plus en plus dans les habitudes des populations ; mais qui nous dit que nous n'avons pas tort, cl qu' la longue ce rgime n'aura pas des consquences fatales. Une chair d'ailleurs saine dans une contre donne peut, quoique provenant de la mme espce animale, avoir des proprits trs-diffrentes et devenir malsaine dans une contre plus chaude ou plus froide. Trs-probablement Mose n'a pas proscrit la chair du livre, mais bien celle du daman ; qui ne sait cependant que la chair du livre, mme en Europe, est une chair noire, plus ou moins indigeste, qui a besoin d'tre mortifie et mari ne? Qui ne sait aussi qu'il y a livre et livre, que la chair, par exemple, du livre vendu a Paris sous le nom de livre d'Allemagne, n'a* pas du tout la qualit et la saveur du livre de France ? Au dire des voyageurs, d'Hasselquist, en particulier, les gyptiens et es Arabes de nos jours font peu de cas du livre. Ils laissent en paix, dit-il, ces animaux si perscuts en d'autres pays. Sauterelles. ((Jean avait un habillement de poil de cha-

meau, sa nourriture tait des sauterelles et du miel sauvage. (S. Mathieu, chap. m , v. 4.)Que n'a-t-on pas dit de cet aliment impossible? E t cependant c'tait une nourriture, nonseulement permise, mais presque commande par Mose.

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LUS SPLENDEURS DE Ik F O I .

(Lcvitique, ch. n , v . 21 2 2 . ) Tout ce qui marche sur quatre pattes, mais a les jambes de derrire plus longues avec lesquelles il saute sur la terre, vous devez en manger, le bruchus, la sauterelle, etc. J'ajoute que c'est un aliment historique dont on plaisante tort. 11 est trs-vrai, dit Cuvicr, que dans certaines contres de la zone lorride, les sauterelles sont assez grandes cl arrivent en assez grande quantit p o u r
fournir un aliment m o m e n t a n . L e s p e u p l e s de l'Arabie, dit

M. Lalreillc, et ceux de quelques autres contres de l'Orient en prennent beaucoup pour les faire scher, les faire m o u d r e , et en faire une sorte de pain, lorsque les rcoltes leur m a n quent. On en apporte au march de Bagdad; elles ont un got de pigeon ; un homme peut en manger deux cents dans un repas. La manire de les apprter varie. Les Bdouins de l'Egypte les font rtir vivantes sur des charbons; et les m a n gent ensuite aprs leur avoir t les ailes et les pattes. Tavcrnier eu a vu de frites au b e u r r e . L e s habitants du Maroc les

font scher sur le sol des terrasses de leurs maisons et les mangent fumes, grilles ou bouillies. D'autres peuples de la Barbarie les mettent en saumure. Shaw affirme que le got des sauterelles se rapproche du got des crevisses. [Annales de philosophie chrtienne, l
p 0

srie, t. IV, p . 5 4 . )

Poisson de Tobie.

Tobie alla pour se laver les pieds, et

voici qu'un poisson norme sortit pour le dvorer. ) (Livre de >


Tobie, ch. vi, v. 2.) Trouver d a n s le T i g r e des poissons assez

gros et assez voraces pour effrayer un jeune homme, et qui se laissent cependant prendre par les branchies! Tout cela est fabuleux! Dj Thvenon dans son Voyage du Levant (t. JII, livre 1 , ch. vi), avait dit : Un des hommes de notre kelec prit le soir, sur les huit heures, au clair de lune, un gros poisson ; il avait plus de cinq pieds de long, et quoiqu'il ft gros comme un
er

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homme, il me dit que c'tait un jeune, et qu'ordinairement ils sont beaucoup plus grands. Il avait la tle longue d'un pied, les yeux quatre pouces au-dessus de la gueule, ronds et grands comme un demi-denier, la gueule ronde, et quant elle tait ouverte, elle tait grande comme la bouche d'un canon, ma tte y aurait bien entr, etc. Mais voici un tmoignage plus rcent et plus concluant encore : En 1853, M. Victor Place, consul de France Mossoul, dans une lettre l'un de ses vnrs matres, et dont j'ai eu l'original entre les mains, crivait : Vous vous rappelez le fameux poisson du jeune Tobie, dont l'existence a t si difficile admettre dans un fleuve o Ton ne s'attend pas trouver un poisson capable d'effrayer un homme. Eh bien! le poisson existe, on le pche souvent dans le Tigre. Lorsque je serai moins occup, j'irai avec quelques hommes en prendre un de la plus grosse (aille qu'il sera possible, et si je russis, je porterai sa peau au Musum d'histoire naturelle*. On m'en a bien apport un hier, mais d'abord ce n'tait pas moi qui l'avais pch, et ensuite il pesait peine 300 livres, c'est trop petit, je l'ai distribu a mes ouvriers chrtiens qui font maigre. (Cosmos,, t. III, p . 314.), Ne quittons pas le livre de Tobic sans rpondre encore quelques autres objections. On trouve singulier que l'ange ait dit au jeune Tobie de prendre le poisson p a r l e s oues ou par les branchies. C'tait cependant le moyen le plus sr de s'en emparer sans avoir redouter ses dents, le moyen aussi le plus efficace, parce que les branchies sont les organes de la respiration ; en saisissant l'animal par l, on gnait sa respiration, et on l'affaiblissait considrablement.

Vhirondelle

et le fiel du poisson de Tobie. Il se coucha au

pied d e l muraille et s'endormit... Pendant qu'il dormait, il tomba d'un nid d'hirondelle de la fiente chaude sur ses yeux

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

et il devint aveugle. ( Ch. 11, v. H . ) Quelle odieuse plaisanterie Voltaire a faite sur ce petit vciL historique! La cause, dit-on, est sans proportion avec l'effet! Qu'en sait-on? A-t-on l'ait l'exprience? Elle serait cependant bien facile, et g r a n dement intressante. J'ai pri un de nos plus habiles oculistes, M. Galzowski, de la faire et il la fera. La fiente d'hirondelle dont je n'ai pas trouv l'analyse, peut, comme le guano, qui se compose d'excrments d'oiseaux, contenir une forte proportion d'acide urique ou d'ammoniaque, et cet acide ou cet alcali peuvent exercer une action dltre sur la corne de l'il, la coaguler et la rendre opaque. Surtout frache et chaude, en tombant sur un il largement ouvert, ne peut-elle pas dterminer la ccit ? On raconte qu'on trouve assez souvent, dans les nids, de petites hirondelles aveugles; ne le seraient-elles pas par une cause analogue celle de la ccit deTobie? L'ange avait ajout : ventre le poisson, et rservet'en le cur, le foie et le fiel, parce que ces choses sont ncessaires pour des remdes utiles...)) Puis : Ayant fait rtir de la chair, ils en emportrent pour la route; ils salrcntle reste qui leur devait suffire j usqu'a ce qu'ils arrivassent Bags. (Tobie, ch. v i , v. 5 et 6.) Tobie ayant demand h quels remdes pouvait servir ce qu'on lui avait command de conserver du poisson, l'ange lui dit, v. 9 : Le fiel est bon pour rendre les yeux ou il y a u n e taie;et ils seront guris. On lit enfin (ch. xi, v. 13 et suivant) : Ayant ador Dieu, et lui ayant rendu grces, ils s'assirent. Alors Tobie prenant du fiel du poisson en frotta les yeux de son pre Il attendit environ une demi-heure, et la taie commena sortir de l'il, comme la pellicule d'un uf. Tobie la saisissant, la sortit de ses yeux et recouvra aussitt la vue. Ce passage est remarquable plusieurs points de vue. Il nous apprend qu'aux jours de Tobie comme de nos jours, le gros poisson du Tigre servait d'aliment ;

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qu'alors, comme aujourd'hui, on grillait et salait les chairs; que le foie de poisson servait la prparation d'un mdicament, dont l'huile de l'oie de morue et d'autres animaux marins n'est peut-tre qu'une rminiscence. Ce que Ton ignore de nos jours, c'est que le (ici de certains poissons puisse gurir les kratites et faire tomber des yeux les taies sous forme de membranes minces. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi? La ccit de Tobie, comme celle de Saul (saint Paul), avait pour cause videmment l'opacit de la corne transparente. Or cette corne estquivalemment sinon absolument forme de couches ou lamelles spares ou separables, les unes intrieures, les autres extrieures, et c'est rpaississetaent de l'une ou plusieurs de ces lamelles qui cause les taies ou taches de la corne, dont les varits principales sont Y albugo la nubcule ou nphlion, le leucome, etc.; et l'un des moyens d e g u rison de ces taies est l'abrasion, opration par laquelle avec un bistouri scarificateur on enlve la lamelle de la corne ou se trouve la tache. Or ce que le bistouri peut faire, le miracle plus forte raison peut le raliser, et rien, scientifiquement, ne s'oppose ce que la taie ou la couche envahie par la tache ait .pu se dtacher, sous forme de pellicule trs-mince pour Tobie, sous forme d'une sorte d'caill pour Saul. Je ne dirai rien de cet autre verset (ch. vj, v. 8) : Si le [oie du poisson est brlt le dmon sera enfui, parce que ce serait sortir du domaine de la science, pour entrer dans le domaine du surnaturel et du miracle, dont nous traiterons ailleurs ; nous n'avions parler ici que du poisson de Tobie.

Poisson

de Jouas,

Le Seigneur tint prt un grand

poisson afin, qu'il engloutt Jonas; et Jonas fut dans le ventre de la baleine pendant trois jours et trois nuits. (Livre de Jonas, ch. 11, v. 1.) Ici encore on crie \\ l'impossible. Voyous

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un peu. Remarquons d'abord qu'il s'agit d'un personnage historique, d'un fait solennel qui nous a t transmis par une tradition non interrompue, dont le souvenir tait encore tout vivant aux premiers temps de l'vangile, dont l'existence relle nous est affirme par Jsus-Christ lui-mme : Et comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, de mme le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois n u i t s ; d'un fait enfin, dont la mmoire, aux lieux o il se passa, est aussi frache qu'aux premiers jours. Dans la lettre crite de Ninivc, et que nous rappelions tout h l'heure, M. Victor Place disait : Ce pays est plein des souvenirs les plus curieux, eu voici un qui vous s u r p r e n dra sans doute. La semaine dernire la ville de Ninive a clbr trois jours d j e u n e , suivis d'un jour de rjouissance en commmoration de la pnitence impose aux Ninivitfes par Jonas. Vous pouvez dire que vous tenez d'un consul prsent sur les lieux qu'une ville entire consacre tous les ans un des faits les plus tranges et les plus anciens de la Bible. Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que les musulmans eux-mmes respectent cette tradition et font la ftc en mme temps que les chrtiens. Il est vrai que Je Coran renferme un chapitre entier consacr Jonas, et qu'en face de Mossoul, il y a sur un monticule artificiel une mosque trs-vnre qui passe pour recouvrir le tombeau de Jonas. Elle est mme si vnre que quoique nous ayons la preuve que ce monticule renferme tes plus prcieux restes d'archologie assyrienne, il ne nous a pas t possible d'y faire des fouilles. Toucher la terre qui supporte le tombeau de Jonas, ce serait s'exposer h faire clater une rvolution. Chaque vendredi, l'heure de la prire, on vient en m i s s e de Mossoul y faire un plerinage. Rapprochez ces faits du respect qui entoure encore le tombeau de Daniel Suzc, o les hommes de toutes les religions vont

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prier, et qu'on ne violerait qu'en s'exposant tre massacr. Et c'est de traditions si respectables et si saintes que la libre pense se joue effrontment. Ici nous avons deux problmes k rsoudre. 1* Peut-il exister et exisie-t-il un poisson assez gros pour avaler un homme sans le broyer et lui donner asile dans ses entrailles ? 2 Avec ou sans miracle Jonas a-t-il pu sortir vivant du ventre de ce gros poisson? La rponse faite la premire question par la science est premptoire. Le poisson choisi et envoy par Dieu pour engloutir Jonas peut exister et existe. L'espce du poisson n'est pas dsigne par la Bible ; le texte hbreu l'appelle dog gaddol (grand
t

poisson); le terme grec kelos et le oetus de la Vulgate dsignen

un ctac, mais sans dire le genre et l'espce de ctac. Pourquoi ne serait-ce pas une baleine? Quelques baleines certainement ont le gosier trop petit pour avaler un homme, mais rien ne prouve qu'il n'existe pas de baleine gosier plus large : le gosier, eu gnral, crot avec le volume de l'animal. On voyait autrefois, et Ton voit encore aujourd'hui des baleines dans la Mditerrane et, comme la baleine de Jnas, on les voyait s'chouer sur les ctes. En janvier 1854, une baleine suivie de son baleineau se hasarda dans le port de Saint-Sbastien, a la mme saison, dit M. Eschricht, le lgislateur des baleines (Comptes sciences, rendus de VAcadmie des t. L, p. 927), oii jadis en arrivaient des troupes

entires. Ce pourrait tre unlamie de Tordrcdessquales, assez' gros pour avaler un homme entier. On en a trouv dans la Mditerrane qui pesaient jusqu' quinze mille kilogrammes, et on en a pris dans le corps desquels on a trouv des hommes entiers mme tout arms. Rondelet dans son Histoire des poissons (liv. 111, c. n), dit avoir vu en Saintonge un lamie dont la gueule tait assez grande pour qu'un homme gros et gras y pt entrer. Enfin ce pourrait tre un requin, car

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ce que l'histoire naturelle nous apprend de ce monstre marin rend possibles tous les traits du rcit biblique. Le seul point qui, scientifiquement parlant, ferait une difficult srieuse, c'est l'existence de Jonas, pendant trois jours et trois nuits, dans le ventre du poisson. Peut-on conce voir que Jonas ait pu vivre trois jours et trois nuits sans autre communication avec l'air ? Quoique bien peu avance encore dans cette direction, la science cependant nous fournit les lments ncessaires pour affirmer que la prtendue impossibilit n'existe pas. La position de Jonas peut tre compare acellcd'un enfant qui vit dans le sein de sa mrfe, sans aucun exercice de la respiration, par le seul acte de la circulation qui peut mme avoir t suspendue chez Jonas, comme dans certains tats de lthargie ou de syncope, avec persistance des mouvements du cur. La situation de Jonas peut tre compare aussi, avec de grands avantages, celle des crapauds rests enfouis au sein de pierres trs-dures, et sortir vivants aprs des centaines ou des qu'on en a vu

milliers d'annes. Un fait de ce genre, trs-mmorable, a t soumis au jugement de l'Acadmie des sciences, et a t, dans la sance du lundi 4 aot 1 8 5 1 , l'objet d'un rapport solennel fait par M. Dumril au nom d'une commission compose de MM.. Elie deBcaumonl, Flourens, Milne Edwards et Dumril, les plus clbres des naturalistes franais. La Commission dclare avoir vu dans la cavit d'un gros silex un crapaud vivant, pos sur le ventre, affaiss et tapi sur lui-mme, dans un espace trs-born, qu'il remplissait entirement, pelotonn, raccourci et resserr. Us ont vu le crapaud extrait de sa cavit s'allonger. Les ouvriers qui l'avaient dcouvert l'avaient vu courir. C'est en vain que les commissaires ont cherch une voie de communication avec l'extrieur, quelque pertuis ou canal qui aurait laiss pntrer l'air jusqu' l'animal. L'occlu-

V R I T ARSOUJE OES UVRES SAINTS.

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sion hors de l'accs de l'air tait vidente, et quoiqu'il s'agisse d'un fait, parce que ce fait est extraordinaire et merveilleux, la Commission ne se prononce pas sur sa ralit. Elle ne soumet aucune conclusion h l'approbation de l'Acadmie; elle se conteute de dire : a Nous n'aurions pas mis tant d'importance au rcit et l'tude du fait que l'Acadmie nous avait chargs d'examiner, si depuis plus de deux sicles pareils exemples extraordinaires, dont les causes sont difficiles concevoir et les rsultats restent, jusqu'ici, sans explication, ne s'taient prsents aux recherches des naturalistes et des physiologistes, dont aucun, il faut l'avouer, n'a pu en fournir de plausibles explications. La Commission cependant juge utile de dresser le catalogue d'une trentaine de faits semblables avec une courte analyse de quelques-uns de ces rcits et des observations principales. videmment le rapporteur et la majorit de la Commission croyaient a la ralit de crapauds vivants au sein de blocs solides sans communication aucune avec l'air, mais le respect humain et l'apparence du merveilleux les ont arrts. L'incertitude heureusement ne devait pas durer longtemps. Un savant correspondant de l'Institut de France, M. Seguin, le clbre ingnieur, s'empressa de la lever par la communication, dans la sance du 15 septembre, des rsultats d'expriences directes faites par lui. Il avait plac une dizaine de crapauds, les uns dans des vases de terre, les autres dans des dbris d'arrosoirs en fer-blanc, en les "enveloppant de pltre gch trs-dur. Au bout de quelques mois il visita les vases, et ayant trouv un crapaud vivant, il rsolut de conserver les autres pendant un assez grand nombre d'annes, L'opinion de ma maison, dit M. Seguin, est qu'ils y restrent dix ans. Au bout de-ce temps prsum, mais qui n'a pas t moins de cinq six ans, je rompis le pltre qui tait trs-dur,

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et je trouvai dans un des pots un crapaud en parfait tat de sant; le pltre tait exactement moul sur lui, et il en r e m plissait toute les cavits. Au moment o je brisai le pltre, il s'lana pour sortir de son troite prison; mais il fut retenu par une de ses pattes qui restait engage. Je brisai cette partie du pltre, Tanimal s'lana terre, et reprit ses mouvements habituels comme s'il n'y avait eu aucune interruption dans son mode d'existence. (Comptes sciences, t. LU, 1 8 5 1 , p . 10'].) Le fait contest ou par trop difficile croire ne pouvait plus tre rvoqu en doute. Il tait prouv une fois encore que la science a peur d'elle-mme dans son contact avec la religion. Nous verrons ailleurs qu'elle n'a pas consenti a admettre comme possible et comme rel, le fait aujourd'hui bien avr et bien commun de pierres tombes du ciel, que la sainte Bible a consign il y a prs de trois mille ans. Donc, scientifiquement, le tait de Jonas vivant et priant dans le sein de la baleine, n'a plus rien d'impossible. M. Babinet n'hsitait p a s a regarder comme authentique, et rappelait souvent dans ses articles de journaux, le fait de ces Indiens qui pour une somme (l'argent consentent a se laisser enfouir, sur le corps desquels on sme du riz, et que Ton dterre vivants aprs la moisson ! C'est physiquement, comme aussi le crapaud vivanl, bien plus extraordinaire que le fait de Jonas rest enferm trois jours et trois nuits dans le ventre flexible de la baleine. Les savants sont loin d'tre aussi timides, ils sont par trop tmraires, au contraire, quand il s'agit de contredire un fait biblique, le fait, par exemple, de Jonas, ou de lui donner un dmenti sans raison. Un jeune naturaliste qui porte un nom illustre et, en mme temps, un nom cher a la religion, M. Edouard Van Beneden, dans un rapport sommaire sur les rsultats d'un voyage au Brsil et la Plata, consacr rendus de VAcadmie des

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en partie fies observations sur les murs des dauphins, n'hsita pas insrer la sourdine cette note qu'il ne savait pas tre, nous aimons le croire, blasphmatoire et impie, puisqu'elle est un dmenti donn la parole de Jsus-Christ : Une ancienne croyance rpandue en Europe attribue au dauphin l'habitude de ramener au rivage les cadavres humains que leur instinct leur fait dcouvrir. La fable de
REPRODUIT CETTE ANTIQUE CROYANCE. JONAS

Quelle lgret scienCADAVRE

tifique pour ne rien dire de p l u s ! Faire plaisir du gros ctacde la Bible un dauphin qui reporte au rivage le de Jonas, et voir dans un miracle invoqu par Jsus-Christ une fable, la corruption d'une lgende populaire !! C'est triste, bien trisle. Les collgues chrtiens de M. Van Beneden l'Acadmie des sciences de Belgique ne pouvaient pas, en conscience, se dispenser de protester. Ils Je firent en termes trsmodrs et trs-dignes. Mais ce qu'il y eut de plus triste encore quertourderie dcM. Edouard Van Beneden, c'est que la majorit et le bureau refusrent de communiquer l'Acadmie celte protestation si honorable, et prfrrent accepter la dmission de deux des membres de l'illustre corps, un mathmaticien minent, M. Gilbert, et un chimiste trs-habile, M. Henry ; c'esl--dire que l'Acadmie se rsigna les exclure de son sein. Presque en mme temps, la Socit Royale de Londres forait son tour l'illustre astronome Royal d'Ecosser rompre avec elle parce que son bureau refusait de prsenter en sance publique, un mmoire dans lequel M. Piazzi Smyth rectifiait des mesures fausses d'une des dimensions de la grande Pyramide, et les rectifiait autant a la gloire des savants franais de l'Institut d'Egypte, dont le directeur de la triangulation anglaise amoindrissait les recherches, que dans l'intrt de la thorie scientifique de la grande Pyramide, il laquelle les nouvelles mesures, videmment fausses, enle-

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vaient une

de ses principales bases. Mais, hlas ! trop de

corps savants sont sous la tyrannie de la libre pense, et ne s'aperoivent pas que cette tyrannie s'exerce, comme dans le cas de Jonas, aux dpens de la science et de la vrit. Renard. Samson alla et prit trois ' cents renards ; il

lia les queues des uns aux queues des autres et attacha des torches au milieu. Mettant le (eu aux torches, il lcha les renards, afin qu'ils courussent et l. Ceux-ci se jetrent aussitt dans les moissons des Philistins, lesquelles une fois embrases, les bls dj coups et ceux qui taient encore sur pied furent brls. La flamme consuma mme les vignes et les plants d'oliviers. (Livre des Juges, ch. xv, v. 4.) Q u e d e plaisanteries encore sur cette arme de renards, sur le temps norme exig pour les prendre et les attacher ensemble par la queue. Remarquons d'abord que les renards dont il est question ici, appels en hbreu shakals, sont les chacals, animaux qui tiennent le milieu entre le renard ordinaire, le chien et le loup. Aujourd'hui encore, on les rencontre par troupes dans la Palestine : loin d'tre sauvages comme le renard, ils cherchent la socit des hommes et se laissent prendre facilement. Jrusalem, Mrison {Voyage au mont Sina et page 487), nous apprend que la partie del Pales-

tine habite par les Philistins tait encore, de son temps, remplie de renards ou chacals. Sur le chemin de Rame, d i t il, nous emes pendant plus de quatre heures sous les yeux et main gauche une trs-belle campagne, d'un trs-bon terrain et d'une tendue prodigieuse, qu'on dit tre celle dans laquelle Samson, pour se venger des Philistins, ennemis dclars du peuple d'Isral, voulut mettre le feu leurs moissons, leurs vignes et leurs oliviers. Les critiques insolents ne demanderaient pas comment et dans quel lieu

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Samson a pu attraper tant de renards pour l'excution de son dessein, s'ils savaient comme moi que la Palestine en fourmille pour ainsi dire, et s'ils avaient ou comme moi leurs glapissements dans les halliers et particulirement dans les ruines des btiments o ils font leurs tanires et o ils sont pour ainsi dire sans nombre. Brebis blanches et tachetes. Jacob donc, prenant des

branches vertes de peuplier, d'amandier et de platane, les cora en partie. Les corces enleves, il apparut une blancheur dans les endroits qui en avaient t dpouills, tandis que les autres endroits qui taient entiers restrent verts. De cette manire, la couleur des rameaux devint varie, et il les plaa dans les canaux o on versait l'eau, afin que lorsque les troupeaux viendraient boire, ils eussent les branches sous les yeux, et qu'ils conussent leur aspect. Il arriva, en effet, que dans la chaleur mme de l'accouplement, les brebis regardaient les branches, et faisaient des petits tachets, mouchets et parsems de diverses couleurs. [Gense, ch. xxxvn et suiv.) Cette particularit de l'histoire de Jacob a trait un p r jug impertinent, mais trs-ancien, rien n'est aussi ancien que Terreur en tout genre, disent encore avec Voltaire les ennemis de la Rvlation. Traiter de prjug impertinent le fait de l'influence de l'imagination d e l mre sur le ftus, c'est plus qu'une impertinence, c'est afficher une ignorance honteuse :1a science a enregistr des exemples sans nombre des influences profondes exerces sur le ftus par des objets extraordinaires, soit attrayants, soit effrayants, qui se sont trouvs sous les yeux des mres au moment de la conception ou mme aprs la conception. Le R. P . Humilia, de la Compagnie de Jsus, dans sa Description de VOrnoque^ cite un exemple trs63

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

frappant

de celle influence mystrieuse de la vue sur la

conception. La fille d'une ngresse, ge de cinq ans, est tachete de b l a n c et de noir depuis le sommet de la tte jusqu'aux pieds, avec tant de symtrie et de varit qu'on dirait que c'est l'ouvrage du compas et du pinceau. Sa tte, pour la plus grande partie, est couverte de cheveux noirs boucls, d'entre lesquels s'lve une pyramide de poil crpu aussi blanc que la neige, dont la pointe vient aboutir au jusqu'au milieu de l'un et sommet mme de la tle, d'o elle descend, en largissant ses deux lignes collatrales , l'autre sourcil, avec tant de rgularit dans les couleurs,

que les deux moitis des sourcils, qui servent de base aux deux angles de la pyramide" sont de. poil blanc et boucl, tandis que les deux autres moitis qui sont du ct des oreilles sont d'un poil noir et crpu.... Depuis l'extrmit des doigts des mains jusqu'au-dessus du poignet, et depuis les pieds jusqu' la moiti des jambes, elle parait avoir des gants et des bottines naturelles, ce qui produit une admiration sans gale, d'autant plus que ces extrmits sont parsemes d'un grand nombre de mouches aussi noires que du j a i s . . . . Ayant pris un jour cette fille entre mes bras, pour mieux observer la varit des couleurs dont j ' a i parl, je remarquai qu'il sauta en mme temps sur les genoux de la ngresse une chienne noire et blanche. Je comparai ses taches avec celles de la fille, et, ayant trouv beaucoup de ressemblance entre elles, je me suis mis les examiner en dtail, si bien que je trouvai une conformit totale entre les unes et les autres, non-seulement pour la forme, la figure et la couleur, mais encore par rapport aux endroits o elles taient places. J'interrogeai la ngresse... elle me dit... que la chienne lui tenait toujours compagnie. Je crus alors et je crois encore que la vue continuelle de cet animal, jointe au plaisir qu'elle avait

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jouer avec elle, avait t plus que suffisante pour tracer celte varit de couleurs dans son imagination, et l'imprimer la fille qu'elle allait concevoir ou qu'elle portait dans son sein. Ce fait dont beaucoup de personnes avaient t tmoins est dj une rponse suffisante l'affirmation gratuite des incrdules ; mais, dans ces derniers temps, le Journal de ture pratique d'Agriculture, sur l'autorit d'un crivain l'Agriculbien et le Bulletin de la Socit nationale et centrale agricole

connu, M. F . R. de La Trhonnais, en ont publi plusieurs autres plus en rapport avec l'industrie de Jacob. Nous allons les analyser le plus rapidement possible, on les trouvera raconts au long dans le Journal d'Agriculture pratique de M. Barrai, livraisons des 7 et 2 8 septembre 1872. 1 Un des leveurs les plus distingus de la Mayenne, M . Charles de La Valette, a pu constater qu'un verrat de race pure anglaise, dont il s'tait servi pour croiser avec des races du pays, avait communiqu des produits obtenus avec une truie de sa propre race ment d'un des caractres mle tout, fait inconnaissables, certaine race comme appartenant h la race du p a y s . . . . Ainsi, l'accoupleavec des femelles d'une influence ce mle au point de lui faire communiquer ses produits avec une mre d'une race toute diffrente les traits caractristiques de femelles qu'il aura antrieurement saillies. 2 Feu lord Ducie avait une race de porcs de couleur blanche des plus remarquables... Tous les traits caractristiques de cette race taient fixs de la faon la plus persistante, et les verrats ne manquaient jamais de donner \ leurs produits avec les femelles de n'importe quelle autre race les marques qui les distinguaient, et surtout leur couleur blanche... Lord Ducie donna un verrat de cette race au clbre leveur M. Lawyslon ; celui-ci donna au verrat ses meilleures truies blanches saillir. Mais, par complaisance pour les fermiers ses voisins,

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il leur permit d'amener son verrat leurs truies appartenant presque toutes la race noire du Berkshire. Quel ne fut pas l'lonnement de M. Lawyston lorsque les truies blanches de la mme race pure que celle du verrat, saillies de nouveau par ce verrat, lui donnrent des produits tachets de n o i r ! 3 Un jour on amena chez ce mme M. Lawyston une gnisse pur sangDurham, pour tre saillie par un des taureaux de son magnifique troupeau. Cette gnisse un peu sauvage et habitue la socit d'autres animaux, ne voulut point se laisser conduire toute seule... Son conducteur... fut oblig de la faire accompagner par une vache de la race d'Alderney, avec laquelle elle tait habitue vivre. Arrive dans la cour de la ferme de Sursden, le rgisseur, M. Saridge, fit observer immdiatement au conducteur qu'il avait eu grand tort d'amener avec la gnisse Durham une vache d'Alderney, et qu'il p o u vait tre certain que le produit aurait le pelage de la race d'Alderney. C'est effectivement ce qui eut lieu; le produit vint au monde avec tous les traits de couleur de la race d'Alderney. 4 M. Trcthewy, agriculteur et leveur minent, raconte qu'un de ses voisins envoya un jour une vieille jument baie l'talon Middleton, dont la robe tait aussi de couleur baie et de la mme nuance que celle de la jument. Le groom charg de la conduire monta un cheval hongre irlandais, ayant une tache blanche au front et les jambes bigarres de nombreuses balzanes blanches d'un aspect trs-caractris. La jument fut saillie par Middleton, mais le produit ressemblait d'une manire frappante au cheval irlandais qui avait accompagn sa mre; le poulain avait absolument les mmes marques au fronl et aux jambes. 5 M. Mac Gombre, le clbre leveur de la race bovine d'ngus, race noire et sans corne d'Ecosse, est tellement convaincu de l'influence exerce sur les femelles par les contrastes frappants de couleur des objets extrieurs,

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au moment de la conception, qu'il a fait peindre en noir les portes, les barrires, les murs et jusques aux toits de ses tablcs, afin de conserver aux produits la couleur noire qui caractrise sa race de prdilection. 6 Lady Pigot bien connue en Angleterre par son magnifique troupeau Durham, de la famille des Boots, s'tonnait, il y a quelques annes, de voir que la plupart de ses veaux naissaient tous blancs, bien que leurs progniteurs eussent un pelage rouan ou rouge. Mme chez ceux qui s'unissaient avec un pelage rouan, cette couleur devenait de plus en plus lgre. On lui fit remarquer que peut-tre la cause de ces phnomnes tait dans la' couleur blanche de toutes ses tables que, dans un but d'hygine, lady Pigot faisait passer au lait de chaux, l'intrieur comme h l'extrieur. La couleur fut change, et le rsultat vint singulirement vrifier l'hypothse suggre, car, partir de ce moment, les veaux blancs devinrent l'exception, et le pelage rouan devint plus fonc. Il est remarquer, ajoute M. de La Trhonnais, que l'impression fixe et reue par les animaux placs dans les conditions favorables a la manifestation des phnomnes dont -il vient d'tre question, est d'autant plus caractrise que la couleur qui frappe leur appareil optique est plus tranche et plus saillante, oubien offre un contraste plus accentu, comme des intervalles blancs et noirs, clair ou brun fonc, blanc et vert fonc. Dans la vie sauvage, les animaux d'une mme espce vivent gnralement en troupeaux, et c'est sans doute l'absence des milieux insolites et non familiers, qu'est due cette homognit de formes et de couleurs qui les distingue non-seulement en races, mais surtout par zones topographiques et climatriques. Dans la domesticit cette homognit de milieux n'existe point... L'aptitude plastique que les tres organiss possdent subir les influences extrieures par

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lesquelles leurs formes, leurs couleurs, leur force, leur dveloppement* leur symtrie et jusqu' leur fcondit peuvent tre affects, constitue elle seule la puissance de l'art de l'leveur. ces conditions extrieures, inhrentes la dmes-, ticit, et dont les effets sont familiers aux leveurs intelligents et observateurs, l'homme peut ajouter encore les conditions accidentelles qui agissent sur les animaux au moment de la conception, comme moyen pratique pour exercer l'influence de combinaisons et de calculs, tout au moins sur la couleur du produit; et ce n'est pas un mince avantage, quand on vient considrer que la couleur du pelage est non-seulement, dans un grand nombre de cas, un trait caractristique de puret de sang, mais, dans certaines contres, un lment de valeur commerciale. C'est toujours M. de La Trhonnais qui parle. E n rsum, dit-il, le fait trange de Jacob est corrobor par toutes les gnrations d'leveurs. Il serait mme g r a n d e ment utile de calculer et de prparer l'avance, comme le faisait Jacob, quelle influence exerce sur les animaux reproducteurs, au moment du rut et de la conception, la vue des objets extrieurs dforms et des couleurs tranches, ou la condition ordinaire du milieu habituel dans lequel ils vivent, etc. Cette influence peut tre utilise par les leveurs. Cette fois donc, encore, la vrit absolue et le progrs taien t du ct de la sainte Ecriture; l'erreur et la routine; du ct de l'incrdulit. Rien n'empche d'ailleurs d'admettre que la multiplication prodigieuse des troupeaux tachets de Jacob ft la fois naturelle et surnaturelle. Jacob le reconnat lui-mme quand il dit Rachcl (Gense, ch. xxxi, v. 7) : c C'est ainsi e que Dieu a pris le bien de votre pre et me l'a donn. Le m'oyen singulier des baguettes varies tait une inspiration ! Ah! si la science avait une confiance entire dans la Rvlation!!!

VRIT ABSOLUE OES LIVRES SAINTS.

983

Les

Corbeaux

cVElie. a Les corbeaux lui apportaient le


e

matin du pain et de la viande, et le soir du pain et de la viande et il buvait l'eau du torrent. (III Livre des Rois, cli. xvii, v. 6.) Physiquement, il n'est'nullement impossible que les corbeaux aient transport travers les airs de petits pains semblables ceux qu'on cuisait sur la braise ou sous les cendres, et une petite portion de viande; mais il s'agit ici
sans doute d'un m i r a c l e . J ' a i command aux corbeaux, a v a i t

dit Dieu au prophte, de te nourrir sur les bords du torrent de Carith. Les corbeaux ont rempli le mme office, plus tard, prs de saint Paul, premier ermite dans les dserts de la T h b a d e . Quelques interprtes se croient autoriss a voir dans les Horebim que la Vulgate traduit par corbeaux, des messagers, des marchands ou les habitants de la villcd'Arabo ; mais cette interprtation n'est pas seulement force, elle est hasarde et ne repose sur aucun fondement. Ours d'Elise. Elise vint de l Bthcl, et comme il

s'avanait, de jeunes garons (des gamins ou des hommes du peuple, du petit monde), sortant de la ville, se moqurent de lui, et lui criaient : Monte chauve, monte chauve. Elise se Deux retourna, les vit et les menaa de la punition de Dieu.

ours sortis du bois en lacrrent quarante-cinq. Les incrdules font ce passagfc une opposition inconsidre. Il n'y a pas d'ours en Palestine, le climat n'est pas assez froid et les forts
m a n q u e n t . De la p a r t d'Elise, c'est un acte de vengeance

inexcusable, etc., etc. Nous n'avons examiner q u e la question scientifique,'l'existence de Tours en Palestine. Comment la nier, quand elle est solennellement affirme par David qui, racontant les exploits de sa jeunesse, se vante d'avoir trangl un o u r s ; par Isac, Amos, Jrmic, fauteur du Livre de l'Ecclsiastique, qui tous attestent qu'on rencontrait frquem-

984

LES SPLENDEURS DE LA. FOI.

ment des ours dans la Terre promise. L'ours noir et l'ours blanc exigent peut-tre un climat froid, mais Tours brun et Fours gris habitent des climats temprs et mme chauds, comme la Libye et la Numidie d'o les Romains les faisaient venir en grande quantit. D'ailleurs, d'une part, sur certains points, le climat de la Jude tait relativement froid; les sommets du Liban et de F Anti-Liban, par exemple, comme les montagnes de l'Idume, qui sont une branche d e l ' A n t i Liban, etc., se montraient perptuellement couverts de neiges. D'autre part, mme dans les temps modernes, la Samarie, o vivait Elise, tait couverte de forts. E n effet, Hasselquist, dont les voyages ont t publis par ordre du roi de Sude et traduits en franais en 1789, dit )(p. 222 et suiv.) : Je partis le 2 m a i d'Acre pour me rendre Nazareth.
M

nous passmes par un village appel Rame, il y avait au del de grands bois de chnes. Au sortir de ces bois nous entrmes dans les belles plaines de Zabulon... Nous trouvmes l'extrmit une belle fort de chnes. Nous fmes de Nazareth au mont Thabor. Tout le pays est rempli de forts travers lesquelles nous vmes Samarie... Ajoutons qu'il n'y eut videmment chez Elise ni colre, ni dsir de vengeance. Il avait faire respecter son ministre et maintenir l'autorit d'lie; d'autant plus qu'aprs avoir hrit de son manteau, de son esprit, de ses fonctions sacerdotales, de son don des miracles, il avait t le glorieux tmoin de son ascension vers le ciel. Les gamins ou les hommes du peuple savaient parfaitement ministre de Dieu,
0

ce qu'ils faisaient, ils taient sortis Enfin Jroest

volontairement de la ville pour venir insulter le prophte et ils l'insultaient grossirement. Bthel tait le centre de l'idoltrie introduite par sjour d'un grand nombre d'adorateurs de

boam (III Livre des Rois, ch. xn, v. 33 et suiv.), et le Baal. Il

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

985

trs-probable que les victimes t apostes par

de la justice divine avaient la haine, pour

la superstition et par

tourner en drision l'apostolat d'Elise. Dans ces conditions, et sous le rgime de la loi de crainte, une punition clatante devenait ncessaire ou grandement utile. Cheval. Les chevaux de Salomon. Livre second des Paralipomnes, ch. ix, v. 2 5 , et ailleurs : Salomon eut quarante mille chevaux dans ses curies, douze mille chariots et douze mille cavaliers ; il les plaa dans les villes des quadriges, et o tait le roi, Jrusalem ! Tous les rois de la terre lui envoyaient des chevaux et des mulets. Livre I , ch. ii, v. 14 : Salomon rassemble des chars et des cavaliers, on lui dispose mille quatre cents chariots et douze mille cavaliers... Les chevaux lui taient amens d'Egypte et de loin par les marchands du roi qui y allaient et les achetaient. III
e e r

Livre des Rois,, ch. iv, v. 26 : Salomon avait qua-

rante mille curies pour les chevaux des chars et douze mille cavaliers. Il existe entre les donnes de ces trois Livres saints des diffrences de nombre incontestables, mais qui ne peuvent et ne doivent tre attribues videmment qu'
e

des erreurs

de

copistes. 11 faut dans le III Livre des Rois lire quatre mille curies. Voltaire trouve trange que Salomon fit venir ses chevaux d'Egypte o ils taient trs-rares, dit-il, et o ils devenaient aveugles en peu de temps. Il est certain que le cheval n'apparat sur aucun monument de l'ancien
e

empire

d'Egypte ; qu'il tait galement absent de la priode qu'on appelle le moyen empire et qui s'tend jusqu' la X I dynastie. Mais sous la XVIII
e

dynastie, dont l'avnement doit

tre

plac vers 1800 avant J . - C , huit cents ans environ avant le rgne de Salomon, le cheval se montre comme un animal dont

986

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

l'usage est

dsormais

habituel

en Egypte. (M. Franois des sciences,

Lenormant, Comptes rendus

de VAcadmie

t . L X l X , p . l 2 5 6 et suiv.). Les faits affirms parles monuments d'Egypte sont donc en plein accord avec les faits de la Bible. De mme qu'on voit figurer l'ne sans le cheval sur les m o n u ments gyptiens aussi loin que Ton peut y r e m o n t e r , le livre d e l Gense, fidle et inapprciable miroir de la vie patriarcale, en numraut les richesses des premiers patriarches, parle de leurs chameaux, de leurs nes, de leurs troupeaux de bufs et de moutons, mais jamais de chevaux. Au c o n traire, cet animal apparat dans l'Exode comme d'un usage gnral. La premire mention que la Gense fasse du cheval est lorsque la famille de Jacob vient s'tablir auprs de Joseph (Gense, ch.
XLVII, V.

17); mais ceci se rapporte l'poque


e e

des rois pasteurs, vers le temps de la X I I et de la XXX dynastie. En rsum, dit M. Lenormant : 1 l'ne

tait

employ d'une manire universelle en Egypte et en Syrie comme bte de somme depuis les temps les plus reculs ou les monuments fassent remonter. 2 Le cheval, au contraire, resta inconnu dans les pays au sud-ouest de l'Euphrate, jusqu'au temps o les pasteurs dominrent en Egypte, c'est-dire aux alentours du xix sicle avant l're chrtienne. Au texte du Livre des Rois et aux faits l'appels p a r M. Lenormant, M. Faye avait cru pouvoir opposer le verset 24 du xxxvi chapitre de la Gense. Ce sont ici
e ft

les enfants

de Tsibon, i et An. C'est cet An qui trouva les mulets au dsert, q u a n d il faisait patre les nes de Tsibon son p r e . . . Tsibon et Abraham devaient tre contemporains. Il y a u r a i t donc eu des mulets, et par consquent des chevaux, en Chanaan, du temps d'Abraham, et Salomon n'avait pas demander ses chevaux l ' E g y p t e . (Comptes rendus de l'Acadmie, t. LXIX, p . 1282.) Mais M . Roulio et M. Milne-Edwards

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

987

(Ibidem),

affirment comme trs-probable, que les quadrupdes proprement

aperus par An dans le dsert, et appels mulets par les traducteurs de la Bible, n'taient pas des mulets dits, mais des hmioncs, animaux qui, par leur taille et leurs formes, sont intermdiaires entre le cheval et 1 ane, bien qu'ils soient compltement distincts de l'un et de l'autre comme e s pce zoologique. D'ailleurs, il n'y a nulle part de mulets l'tat sauvage; ces animaux sont des produits hybrides que les animaux de An fussent qui ne naissent que sous l'influence de l'homme. Il est si peu certain des mulets, que, suivant la taient Vulgate, les Ymin trouvs par An dans le dsert

des eaux chaudes ou thermales. Les faits de la Bible sont donc en parfait accord avec les faits de l'histoire et des monuments. Quant a l'objection tire de la ccit prcoce des chevaux de l'Egypte, ccit cause par le sable fin et trs-chaud que certains vents soulvent, elle est ridicule ^ Salomon, videmment achetait en Egypte des chevaux jeunes et sains, qui, transplants en Palestine, n'avaient plus rien craindre du simoun. Pourceaux. Non loin d'eux, il y avait un grand trou-

peau de pourceaux qui paissaient. (Saint Mathieu, ch. v i n , v. 30.) Gomment concevoir un nombreux troupeau de pourceaux chez un peuple qui la loi dfendait d'en manger ? La loi qui dfendait aux Juifs de manger du pourceau ne leur dfendait pas d'en nourrir. L'ne et le chien taient immondes comme le porc; ils taient cependant d'un usage commun parmi'les Isralites. Mose (Dculronome, ch. xxin, v. 18) permet de vendre aux trangers une bote qui serait morte d'elle-mme, et qui par cette raison tait immonde pour les Isralites. Pourquoi donc ceux-ci n'auraient-ils pas pu vendre aux trangers des btes immondes vivantes et,

988

LES SPLENDEURS DE LA FOT.

par consquent, en nourrir. Grassa, d'ailleurs, se trouvait situe dans la Dcapole, dont la plupart des habitants taient paens. Ceux-l, du moins, n'avaient-ils pas toute libert d'lever et de manger des pourceaux, et ne pouvaient-ils pas en possder de nombreux troupeaux? La Dcapole aussi tait situe sur le territoire de l'ancien Basan, si renomm dans l'criture pour ses grandes plantations de chnes, m i n e m ment propre, par consquent, nourrir des pourceaux. Frelons. Exode, c h . x x u i , v. 27 : J'enverrailes frelons qui mettront en fuite l'Hven, le Chananen et l'then avant que tu entres. Il n'est pas croyable, dit Voltaire, que les peuples de ces provinces se soient laiss chasser par des mouches! Et cependant il cite lui-mme plusieurs peuples de l'Asie qui furent obligs de quitter leur pays o les frelons s'taient excessivement multiplis I Est-il permis de traiter avec tant de ddain un fait annonc d'abord par Mose, dont Josu affirme la ralisation, dont le Livre d e l Sagesse, crit longtemps aprs, atteste la vrit; dont deux nations ont t tmoins, les Chananens qui en ont prouv les tristes effets et qui l'ont publi dans l'Asie aprs leur dispersion, et les Juifs qui en ont ressenti les avantages. Une foule d'historiens anciens.racontent des faits tout fait semblables. Ne voit-on pas souvent dans les marchs et les foires quelques frelons ou autres mouches jeter la terreur au sein des troupeaux de bufs et de chevaux, les jeter dans un tat de panique ou de transport voisin de la fureur, qu'il est impossible de conjurer. M . de Castelnau signalait en ces termes l'Acadmie des sciences les effets terribles produits par une mouche appele la Tselz: L'Afrique centrale prsente aujourd'hui un exemple curieux des grands effets souvent produits par les causes qui semblent les plus futiles. En effet, au point o sont parvenues les

VRIT ABSOLUE DES LIYMES SAINTS.

989

explorations de cette partie du continent, les travaux ne sont pas arrts par un climat dvorant, par des peuples hostiles, par les terribles animaux du dsert, non ; leurs efforts viennent se briser contre
UNE MOUCHE

a peine plus grande que celle qui Glossina Morsicans, qui ne

habite nos maisons,...

laTSErz,

produit pas d'effets fcheux sur l'homme, mais qui en cause clc terribles sur les animaux domestiques. M. Green, dans son voyage au nord du grand lac Ligami, perdit en peu de temps ses animaux de somme et de trait, et fut oblig d'abandonner son plan qui tait de gagner L a b d . I I y a quelque temps, des Griquas ayant avec eux huit wagons, essayrent de traverser le pays qu'habite cet insecte ; ils perdirent tous leurs a n i maux, et furent forcs de revenir a pied: Le cheval, le buf, le chien, aprs avoir t piqus, prissent presque aussitt, s'ils sont gras et en bon tat. Trois ou quatre de ces mouches suffisent pour produire ces effets dplorables. (Comptes rendus de VAcadmie des sciences, t. XLVI, p . 984.) Evi-

demment si les crabrones de la Bible avaient t les Tsetzs, les Chananens, les Hvens et les Ethens auraient t forcs d'migrer ; ils auraient fui, bon gr mal gr, devarU une petite mouche, comme les intrpides voyageurs de l'Afrique centrale. Enfantement de la femme. Gense, ch. m , v. 46 : Je

multiplierai tes tribulations et tes grossesses. Tu enfanteras tes enfants dans la douleur. Tu seras en puissance de ton mari et il te dominera. On a trouv cette condamnation excessive, et cependant elle est l'expression exacte de la vrit. 11 est certain que toutes les femmes enfantent dans la douleur ; il est incontestable que leur enfantement est en gnral plus laborieux et plus douloureux que celui des femelles des animaux, d'autant plus qu'elles ont plus la conscience et le

990

LES SPLENDEURS DE L \ FOI.

sentiment de leur douleur. La femme, en outre, est beaucoup plus sous la dpendance de l'homme que les femelles ont souvent a subir dans cette sous la dpendance du mle, et les preuves ou peines qu'elles dpendance, dpassent celles des autres mres. Quelle vrit aussi dans cette parole du Sauveur des hommes (Saint Jean, ch. xvi, v. 21) : La femme lorsqu'elle enfante, lorsque son heure est venue, a de la tristesse; mais lorsqu'elle a mis son enfant au monde, elle ne se souvient plus de ses angoisses, trop heureuse de pouvoir dire qu'un homme est n. Qu'on me permette de donner ici un nouvel exemple du commentaire des Livres saints par des savants M. le docteur E. Verrier, professeur libre compare l'cole pratique de mdecine, rpond termes une consultation que je lui avais adresse
t

spciaux. en ces

d'obsttrique au sujet

de l'enfantement de la femme dans la douleur : Il n'y a nulle comparaison tablir entre la douleur et les dangers de la parturition entre les femelles sauvages et les femelles domestiques, et la distance qui spare, au mme point de vue, la compagne de notre existence des femelles domestiques est aussi grande que la distance qui existe entre celles-ci et les femelles l'tat sauvage. Je dois ajouter qu'il existe mme dans l'espce humaine des nuances infinies, suivant que la femme en travail a p p a r tient aux peuplades nomades de l'Afrique ou de l'Amrique, nos robustes paysannes, ou nos femmes nerves des villes. Permeltcz-moi de vous donner quelques-unes des raisons de ces diffrences. Mettons pour un instant les textes part et discutons d'aprs les simples lumires de la raison h u m a i n e . L'anatomie compare nous enseigne que la diffrence des bassins, la brivet du sacrum, l'allongement des os iliaques, la rduction de l'arcade pubienne doit favoriser singulire-

VRIT ABSOLUE DES

LIVRES SAINTS.

99'1

ment le part chez les animaux ; si vous ajoutez cette heureuse conformation la forme allonge de la tte du ftus, il vous sera facile d'entrevoir que les premires contractions utrines faciliteront, par une pression modre et par consquent presque sans douleur, rengagement et la sortie du ftus. Chez la femme, au contraire, les dimensions opposes, la forte courbure du canal pelvien et la sphricit de la tte du ftus ncessiteront des efforts violents, d'o des douleurs atroces plus longtemps prolonges et entranant avec elles des dangers de congestions, d'astnie nerveuse, d'clampsie, d'hmorrliagies, qui seront d'autant plus redoutables que la femme appartiendra davantage la vie civilise. aVoil pourquoi la femme des campagnes et ci fortiori la femme sauvage accouchent avec plus de facilit. Voil pourquoi peut-tre aussi les vtrinaires trouvent quelquefois l'occasion d'exercer leurs talents sur nos grandes femelles domestiques; la domesticit tant la civilisation des animaux, el la civilisation tant nuisible la grande et sublime fonction de la reproduction, non-sculemeut dans son dernier acte, mais aussi dans sa gense. D'o je tire cette conclusion qu'il faut dcentraliser pour peupler. Les Gants. Gense, ch. vi, v. 2 et suiv : Les fils de

Dieu voyant que les filles des hommes taient belles, se choisirent parmi elles des femmes et les pousrent... Lorsque les enfants de Dieu eurent connu les filles des hommes, et que celles-ci curent engendr, on vit apparatre sur la terre des gants, hommes jamais puissants et fameux. L'existence, dans les temps anciens, non-seulement de gants individuels, comme Goliath, Og roi de Basan, etc., mais de races de gants ne saurait tre rvoque en doute. Les gants jouent un grand rle dans la mythologie des Indes, de la Chine, de

992

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

la Grce, de l'Egypte, etc. ; et dans les traditions des peuples du Nord, etc. En outre, et c'est une particularit trs-import a n t e , toutes les traditions des peuples s'accordent sur les qualits qu'elles attribuent aux gants. Toutes nous les p r sentent comme des hommes mchants, un trs-grand nombre comme des hommes aux formes hideuses et disproportionnes, ayant tous succomb dans leur lutte contre le principe de tout bien. Cet accord est d'autant plus extraordinaire, que les hommes de trs-haute taille sont en gnral doux et faciles se laisser mener. Mose d'ailleurs ne donne pas le chiffre de la taille de ses gants, et rien ne prouve qu'elle ait dpass une hauteur de deux mtres cinquante, trois ou quatre mtres, dont on trouve des exemples dans les temps anciens et dans les temps modernes. Les envoys chargs par Mose d'explorer la Terre promise parlent en ces termes des hommes terre gigantesques qu'ils y ont rencontrs (Les Nombres, ch. xiu, v. 34 et suivants) : Nous sommes alls vers laquelle vous nous avez envoys, dans la o coule, en effet, vu la la race eux,

du lait et du miel. Mais elle a aussi des habitants trs-forts, des villes grandes et mures. Nous avons d'Enach, race de monstres gigantesques; compars

nous paraissons des sauterelles. Ces Enachim ou gants de la race d'Enach, ont peut-tre t les anctres de tous les gants de l'histoire, mme de ceux des terres Mageuaniques, ou des Patagons, dont la taille dpasse rarement deux mtres cinquante centimtres. M. Mulot, dans un mmoire lu a l ' A c a . demie des inscriptions et belles-lettres, le 2 avril, rappelle et prouve que lorsque Josu pntra dans la terre de Chanaan, une partie des habitants prit la fuite, se rpandit dans les iles de la Mditerrane, sur les ctes d'Afrique et peut-tre mme jusque dans la Germanie, comme le prouve le passage d'Eusbesur la fondation de Tripoli, l'inscription de Tanyer,

VRIT ABSOLUE JJ^S UV11KS SAi.STS.

99S

les inscriptions hbraques trouves Vienne et rapportes par Lazias. Quelques-uns des enfants d'nach suivirent les Chananens fugitifs et les Phniciens qui formaient avec les Chananens un seul et mme* peuple, et nous trouvons en effet les tombeaux de ces gants partout ou les inscriptions nous apprennent que ces peuples ont pntr : Tanger, par exemple, celui d'Anthe que Scrtorius fit ouvrir; Astrie, prs de Milct, celui du gant Astrius fils d'Enach ; Vienne en Autriche, celui du gant Mordeca descendu de cette mme race de gants, etc.; sans parler ici de ce passage de Piaule ou Carthage est appele la demeure des enfants d'Enach. Nous trouvons jusque dans l'histoire des les Britanniques d'anciennes traces des enfants d'Enach : Bru tus, h son arrive, chassa les gants qui opprimaient les habitants. La fte de l'idole d'osier fut institue pour tre a jamais un monument de cette dlivrance. Cette fte tait autrefois le grand sacrifice des Druides, dans lequel on peut voir une rminiscence des sacrifices que les Chananens faisaient Moloch de leurs propres enfants, sacrifices qui furent, comme le disent les saintes Ecritures, le motif de leur extermination. En rsum, les gants de la Bible, issus de l'union criminelle des enfants de Dieu, c'est--dire, trs-probablement les descendants de Sem, avec les filles des hommes issues de Can. ont certainement donn naissance chez les paens ces rcits de races prodigieuses de gants qui veulent escalader le ciel, d'hommes pervers et dangereux qui se montrent l'origine de toutes les histoires, dans le nouveau monde comme dans l'ancien continent. La Gense ne nous dit pas la taille de ceux qu'elle appelle des gants; mais, mme de nos jours, on voit quelquefois apparatre des hommes dont la taille atteint prs de trois mtres. J'ai vu un homme et une femme.de celte taille Londres, en 1874. o:t

994

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Les Pygmes.

Aprs les gants, on a os faire un crime la termes (ch.


XXVII,

sainte Ecriture desPygmes, G a m a d m ( h o m m c s d'une coude de haut), dont Ezchiel parle en ces v. 27) : Les pygmes qui taient sur vos tours ont s u s pendu leurs carquois le long de vos murs, afin qu'il ne m a n qut rien votre beaut. On ne sait pas la signification relle du mot Gamadim, mais puisquil s'agit de guerriers placs en sentinelles sur les tours, serait-ce le cas d'voquer des pygmes? L'objection tombe donc, trs-probablement, d'ellemme. En outre, est-on bien sr qu'il n'y a jamais eu de pygmes? M. l'abb Bulletl'a affirm, et plusieurs autres apologistes l'ont rpt aprs lui. Mais la science et la gographie ont fait depuis cette poque de grands progrs, et voici ce que, propos des photographies de deux jeunes Akkas, race naine de l'Afrique, M. de Quatrefages a communiqu a l'Acadmie des sciences, dans sa sance du 1
e r

juin 1 8 7 4 . Les Akkas

auraient exactement la taille des Obongos, autre race pygme, dcouverte par Duchaillu dans les rgions du Gabon, sur le territoire des Aschungos, et qui ont au maximum 1 mtre 5 0 , au minimum 1 mlre 306. Les Aidas et les Obongos ne sont pas les plus petites races humaines. Au-dessous d'eux, on trouve : les Mincopies, maximum 1 mtre 4 8 , minimum 1 mtre 37 ; et surtout les Boschimans, maximum 1 mtre 4 5 , minimum 1 mtre 14. Qui sait si dans des rgions encore inexplores, on ne trouvera pas un jour une race plus grande que celle des Palagons ou plus petite que celle des Boschimans. En tout cas, n'y aurait pas eu une lacune dansla sainte Bible, si elle n'avait pas signal l'existence des Gants et des Pygmes. Longvit des Patriarches. D'aprs la Gense, la dure de

la vie des Patriarches fut telle, que, l'exception d'Enoch qui fut enlev au ciel, la plupart d'entre eux dpassrent l'ge de

VRIT

ABSOLUE

DUS

LIVRES

SAINTS.

995

n e u f c e n l s a n s ; d e s o r t e q u c , trs-probablement, L a m e c h j c p r e deNo, aprs avoir pass cinquante-six ans de sa vie avec Adam, aurait convers avec tous les Patriarches, et que Noc lui-mme aurait vcu prs d'un sicle avec nos, petit-ills d'Adam. Cette dure prodigieuse de la vie des premiers hommes est une des choses les plus tonnantes de l'histoire du monde avant le dluge. Mais, plus elle est extraordinaire, plus elle s'carte de toutes les proportions actuelles de notre vie, plus elle prend le caractre d'un fait historique saillant, qui a du laisser dans la mmoire des hommes d'ineffaables souvenirs. On le retrouve en effet dans les annales de tous les peuples, ce point que s'il est un fait acquis l'histoire, c'est bien celui-l. Voici ce que disait Josphe : Tous les historiens du monde, aussi bien ceux des Grecs que ceux des autres peuples de l'univers, attestent la longvit des premiers hommes : Manthon, l'annaliste des Egyptiens; Brose, celui de la Chaide ; Moschus, HcsLius, Jrme d'Egypte, et les historiens de la Phnicie, tiennent le mme langage. Hsiode, Hcate, Acusilaus, phorus et Nicolas, de Damas, rapportent que les premiers hommes vivaient plus de mille ans. (Josphe, Antiquits liv. I , ch. iv.) Hsiode est le seul des auteurs nomms
n fir

par Josphe dont le livre, des uvres

et des jours, soit par-

venu jusqu' nous, et chacun peut voir que, dans le vers 130, il atteste la tradition commune de la longvit des premiers hommes. Homre fait dplorer au vieil Hector la brivet de ses jours qui n'galaient point ceux des hros ses pres. Pline dit ce sujet que ce ne sont pas des fictions potiques, mais l'expression d'une ralit parfaitement exacte et srieusement dmontre par tous les observateurs des phnomnes naturels et des vrits historiques! (Hist. nat.
%

liv. VII, ch.

XLVIII.)

Warron cit par Lactance, Valre Maxime, etc., tiennent le mme langage. La Chine ne reste pas en dehors de ce concert

996

LES SPLENDEURS DE LA FO.

traditionnel. La priode entre deux rgnes presque conscutifs, IIoang-Ti, l'Adam chinois, e t Y a o , le Japheteuropen, n ' e m brasse pas moins de deux mille ans. La longvit des premiers hommes est donc un fait perptuellement et universellement affirm, cl ce qu'on aurait pu reprocher la sainte Bible, qui culc raconte les vritables origines de l'homme d'une manire raisonnable et historique, c'et t de l'avoir pass sous silence, si elle l'avait omis. Mais comment interprter ce fait extraordinaire? M. le docteur Foissac, dans son livre de la Longvit humaine (p. 3-16), dit avec raison : Il serait superflu de chercher expliquer comment les hommes ont pu vivre huit ou neuf sicles ; on devrait plutt s'efforcer de comprendre par suite de quelle dtrioration naturelle, originelle ou acquise, la race humaine s'est trouve rduite aux limites actuelles...En assistant la naissance et au dveloppement des tres organiss, ce qui doit vivement surprendre l'ofiservatcur, c'est leur dure phmre. Comment un organisme aussi admirable que celui de l'homme s'arrte-t-il subitement dans sa croissance? Comment, parvenu vers l'ge de trente, quarante ans, ce degf de beaut, de force et de perfection que Ton remarque dans ce corps si harmonieux, dans cet esprit si brillant, ne continue-t-il pas vivre et fonctionner avec la mme rgularit et dans la plnitude des mmes fonctions? Pourquoi cette noble couronne, fabrique avec tant d'art par l'ouvrier cach, perd-elle successivement chacun des rayons qui formaient un tout si merveilleux? Pourquoi la mort? Voil l'incomprhensible et le mystre! La mort ne s'explique en effet que par la chute originelle. Nous avons dj dit comment le rgime de l'homme fut tour tour frugivore, herbivore, Carnivore; comment sa vie moyenne, dans chacun de ces trois rgimes, tomba successivement de neuf cents ans cent vingt ans, de cent vingt ans soixante-dix ans. Nous avons constat en outre que le sol et l'atmosphre
s

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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avaient t considrablement modifis par le Dluge. Avant le Dluge, en effet, la pluie ne tombait pas encore; dans le Dluge elle fut excessive ; aprs le Dluge, elle se rgularisa et ce fut alors que l'homme vit apparatre, pour la premire fois, Tarccn-ciel, tmoin radieux des changements survenus probablement dans l'atmosphre. Avant le Dluge, l'air atmosphrique tait moins riche en oxygne, plus satur de vapeurs d'eau et d'acide carbonique, la respiration tait moins active, la temprature du corps moins leve. L'homme, disait Buffon, a pu crotre alors pendant plus longtemps, et ne parvenir la pubert qu' cent trente ans, au lieu d'y arriver quatorze, comme aujourd'hui. Ds lors, en supposant, ce qui est rellement, que la dure de la vie soit sept fois celle de la croissance, en multipliant 130 et 14 par 7, on obtient, pour le maximum d e l vie des hommes antdiluviens, le chiffre de 910 ans, et pour celui de la vie de la gnration actuelle, 90 ans. Nous n'essayerons pas de pntrer plus avant dans ce mystre, il nous suffit d'avoir dmontr que la longvit des Patriarches est un fait que sa nature mme rend plus incontestable, parce qu'il constitue par lui-mme la tradition la plus imposante qui fut jamais. Lviathan. Il est bien difficile de reconnatre exactement

parmi les animaux actuels le monstre dont Job (c. XL, V. 2 0 ' a fait une description si brillante. Sa race peut avoir disparu. Ce peut tre un crocodile norme ou un ctac gigantesque. Bhmoth. La description que fait Job de cet animal redoutable est magnifique, et il le peint certainement d'aprs nature; mais, prcisment parce que cette description est minemment potique, il est Irs-diflicilc aujourd'hui de reconnatre dans ces traits si accentus l'animal qu'ils caractrisent. Ce peut tre un hippopotame ou un lphant, comme aussi un

^98

L E S Sr>LEM>EIJHS

DE

LA KOI.

mastodonte aujourd'hui

disparu,

mais qui pouvait exister

alors. Divers journaux annonaient rcemment que Ton venait de retrouver le mastodonte dans la Sibrie septentrionale. E t voici que j'ai retrouv depuis, dans les Annaies de chrtienne Philosophie de M. Bonnetty (t. IX, p . 2 0 9 ] , un autre indice de

l'existence du mastodonte dans les temps modernes. Un Allemand tabli Franeisville-Mississipi, crivait dans une lettre portant la date du mois d'aot 1829, que le mastodonte ou mammouth vit encore dans les contres occidentales de l'Amrique du Nord. Deux de ses fils et trois de ses amis en avaient vu plusieurs dans une excursion qu'ils venaient de faire. Cet animal est frugivore. Sa nourriture favorite est un certain arbre dont il mange les feuilles, l'corce et mme le bois. Sa forme n'est pas belle; il ressemblerait plus un sanglier haut de cinq mtres qu' un lphant ; il n'a pas de trompe. lphant de combat. L'auteur du premier livre des Machabes (chap. vi, v. 30), rapporte que dans l'arme conduite par le roi ntiochus contre Judas Machabe, il y avait trente-deux lphants dresss au combat, que sur chacune de ces btes il y avait une forte tour de bois, avec des machines dresses, et dans chaque tour trente-deux des plus vaillants hommes qui combattaient d'en h a u t , avec un Indien qui conduisait la bte. On crie l'exagration, pourquoi? Pline, presque contemporain, diL (liv. VIII, chap. vu) que Jules Csar fit combattre dans le cirque Rome vingt lphanis portant des tours de bois dans chacune desquelles il y avait soixante hommes. Lorsque les Portugais assigrent Malacca en 1 5 H , le roi de cette ville tait mont sur un lphant, et soutenu droite et h gauche par deux autres lphants qui portaient sur le dos des chteaux-forts d'o les flches et les dards tombaient comme la grle. (Histoire des Voyages, t. I , p. 333.)
0i

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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Cailles.

Nombres, chap. n , v.

18 : Le soir, un vent

violent venant de la mer chassa dans la direction des Hbreux un vol de cailles qui s'abattirent en une multitude innombrable sur les tentes et dans la rgion voisine, la dislance d'un jour de marche. Les enfants d'Isral passrent le reste du jour et toute la nuit recueillir les oiseaux que leur envoyait la bont du Seigneur ; ils s'en rassassirent et firent scher le reste pour renouveler leurs provisions puises. Il s'agit ici videmment d'un fait extraordinaire ou miraculeux, tant dans la prdiction qu'en fit Mose, que dans le nombre norme de ces oiseaux que la fatigue et le vent firent s'abattre autour de cette caravane affame, etc.; mais ce fait extraordinaire n'est que l'exaltation, l'exagration divine d'un fait scien" tifique et tout naturel. En effet, des cailles fatigues d'un long trajet se laissent encore prendre aujourd'hui la main, aux mmes poques o elles servirent de nourriture aux Hbreux. Les premires cailles, dit M. Lon do Labordc, venant d'Egypte, passent priodiquement vers le commencement du mois qui correspond au quinzime jour du mois de juin, poque assigne par l'Exode la chute des cailles. Dj Diodore de Sicile avait dit que sous le rgne d'Actisans, des Egyptiens exils pour vol dans le dsert de l'isthme de Suez s'taient aussi nourris de cailles. Nous n'essayerons pas, nous le rptons, car ce serait tenter l'impossible, d'expliquer naturellement la multitude immense de ces oiseaux, qui s'abattirent prcisment dans le dsert de Sin, en dehors, quant au nombre, des habitudes connues des migrations annuelles de ce genre : le Psalmiste(Ps. LXXVll, v. 27) les compare une pluie dpoussire et aux grains de sable des bords de la mer : Pluit sicut pulverem pennala. carnes et sicut arenam maris illis volatilia

Elles couvrirent en s'abattant un espace de v i n g t -

quatre kilomtres carrs, ou du moins vingt-quatre kilo-

1000

LES

SPLLNDEURS

1>E

IA

FOI.

mtres d'tendue dans le lit d'une valle

Les

Isralites

qui en recueillirent le moins, en amassrent dix cliomcrs ou mille gomors, de quoi se nourrir pendant cent jours. P o u r les conserver, les Hbreux les firent scher tout autour du camp (Exode, ch. n , v. 32). M. de Laborde ne croit pas a l'efficacit de ce moyen. Ne sait-on pas, dit-il mentaire gographique sur F Exode et les Nombres, des vers d'abord, (Comp . 91),

que, de nos jours, ce moyen produirait trs-infailliblement AU


BOUT DE VINGT-QUATRE IIEURES,

et bientt

aprs la dcomposition? Mais cette assertion est certainement fausse, et dans un climat sec comme le dsert d'Egypte les viandes simplement sches se conserveraient trs-longtemps. Mme sous le climat humide et chaud de La Plata o la viande se corrompt si rapidement qu'un buf abattu est presque un buf livr la putrfaction, il n'en est pas ainsi. M. le docteur Schnep, dans sa seconde communication h l'Acadmie des sciences sur la consommation et le commerce des viandes de La Plata (Sance du 18 fvrier 1884, t. LVIII, p . 318), dit : Le procd de conservation des viandes le plus anciennement connu dans cette partie de l'Amrique centrale, consiste a couper la viande en lanires minces et longues, et scher celles-ci au soleil. Ainsi prpare, la viande se conserve pendant UN MOIS OU DEUX. Nous sommes bien loin des vingt-quatre heures de M. de Laborde, et les deux mois de M. Schnep, sous le climat de l'Egypte, minemment conservateur, pourraient trs-bien devenir les cent jours d e l sainte Bible. Rien n'empche d'ailleurs que les Hbreux, comme les habitants de La Plata, aient transform leur came seca en carne salada, et qu'ils aient eu leurs saladeros en plein air. Ils ont pu saler la chair des cailles avant de les faire scher au soleil. Il suffisait pour cela qu'ils eussent leur disposition le sel ncessaire. Or ils n'taient qu' quinze

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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ou vingt lieues de la mer Rouge dont les rivages, -autrefois comme aujourd'hui encore, sont tout couverts de sel. C'est ce qu'affirme prcisment M. Morison dans ses Voyages du mont Sina et de Jrusalem. Belon, dans ses Observations (liv. II, ch. LXVII), dit des habitants de Tor, ville de l'Arabie Ptre, situe sur le bord del mer Rouge : lis ont un grand march de poissons secs, ils leur fendent le ventre, quand ils les prennent, les salent un peu et les schent au soleil ; ainsi prpars, ils peuvent les garder longtemps. Tout rcemment, dans la sance du 22 juin 1874 (Comptes rendus, t. LXXVI1I, p . 1740), l'illustre crateur du canal de Suez, M. Ferdinand de Lcsseps, faisait l'Acadmie une communication qui est une confirmation clatante des faits de la Bible, et dont je suis heureux de prendre acte. J'ai l'honneur de prsenter l'Acadmie un chantillon du banc de sel existant dans les lacs a m e r s ; et je dsire l'entretenir des hypothses faites sur le mode probable de sa formation qui date de plusieurs sicles, si ce n'est de PLUSIEURS MILLIERS
D'ANNES...

Il parat peu prs dmontr, d'aprs la lecture

des auteurs anciens, qu' l'poque o les Isralites quittrent l'Egypte, sous la conduite de Mose, la mer Rouge faisait sentir ses mares au moins jusqu'au pied du Srapeum, dans les environs du lac Timsah... Dans l'intervalle d'environ quinze sicles sparant ce fait historique du rgne de Nron, fils de Psammticus, qui fit creuser le canal dit des Pharaons, le sol de l'isthme avait subi des modifications importantes, il s'tait sensiblement exhauss, puisque la mer Rouge se trouvait rejete au del du seuil de Chaloul... Le niveau moyen de la mer Rouge tait, il y a au moins onze sicles, plus lev d'environ trois mtres que de nos jours, par rapport au sol de l'isthme. ...A l'poque o les Hbreux quittrent l'Egypte, le rocher de Chalouf, dernier prolongement des collines de

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Geneff,-devait tre entirement submerg. Lorsque par suite du soulvement lent du sol, la lte de ce rocher vint tre mise nu, elle se recouvrit peu peu, sous l'action des mares et du vent, d'apports qui vinrent former entre les lacs et la mer une barrire qui n'tait plus franchie qu' mare h a u t e . . . Pour expliquer par suite la formation du banc de sel des lacs amers, bancs dont le poids tait de 970 milliards de kilogrammes, il faut forcment admettre que les lacs amers ont continu, priodes intermittentes, recevoir les eaux de la mer R o u g e . Voil donc, bien clairement tablie p a r l a science, l'origine de la masse de sel o les Hbreux ont pu puiser, dans le cas ou la dessiccation n'aurait pas suffi conserver leurs provisions de cailles. M. de Lesseps constate en mme temps qu'il y a vingt ans seulement, on ne voyait p r e s que jamais pleuvoir dans l'isthme. Si j ' a i fait sa communication ce long emprunt, c'est que les renseignements i n a t tendus qu'il donne rendront beaucoup plus facile l'explication du passage de la mer Rouge par les Hbreux. propos des cailles du dsert, M. Milne Edwards pre, membre de l'Institut et professeur d'histoire naturelle au Jardin des Plantes, me posait rcemment la question suivante, comme exemple des erreurs possibles de traduction des noms d'animaux dont il est fait mention dans la Bible : Il me paratrait intressant de rechercher si le mot hbraque employ dans PExode(ch. xvi, v. 13), ne s'appliquerait pas au poisson volant appel pistus Poissons, Israelitarum par Ehrcnberg ( voyez Cuvier, t. IV, p. o97) au lieu de signifier cailles, comme on

le suppose gnralement. Cette recherche serait difficile et ne prsenterait pas beaucoup d'intrt. D'ailleurs, le verset des Psaumes que nous rappelions plus haut : Il fit pleuvoir sur eux des viandes comme la poussire et des volatiles couverts de plume comme le sable de la mer, indique trs-clairement

VniT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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des oiseaux et non pas des poissons, des plumes et non pas des membranes. La caille du reste est bien en E g y p t e un oiseau de passage. Ce verset des Psaumes prouve aussi que la tradition de cet aliment miraculeux n'a vivante chez les Hbreux. Griffon. Deutron., ch. xiv, v. 1 3 : Vous ne mangerez etc. Pour tourner pas cess d'tre

pas les i m p u r s , l'aigle, le griffon,

Mose en ridicule, on lui a reproch de dfendre aux Hbreux la chair d'un animal fabuleux, le griffon. C'est videmment un attentat au bon sens. Nous pouvons ne pas savoir quel es*en ralit l'animal appel griffon, mais c'est, par le contexte, un oiseau qui se rapproche de l'aigle, peut-tre le condor ou le pycargue. Mais, par cela mme qu'on en prohibait la chair, il devait tre connu et populaire. En 1G23, un savant appel Duverney prsenta l'Acadmie des sciences le jabot d'un oiseau appel griffon. Valmont de Bomare, dans le dictionnaire de Constantin, donne le nom de griffon l'orfraie. Ixion. Deutron., ch. x i v , v. 12. Vous ne mangerez pas

les impurs, l'ixion, le vautour et le milan. On veut encore que l'ixion soit un oiseau fabuleux. C'est un oiseau rel, un oiseau de proie, sans doute voisin du milan et du vautour. Serpent brlant. Nombres, chap. xxi, v. 6 et suivants :

C'est pourquoi le Seigneur envoie contre le peuple des serpents brlants; plusieurs en ayant t blesss ou tus, ils vinrent Mose et lui dirent : Nous avons pch... Priez le Seigneur qu'il tc les serpents du milieu de nous. Mose donc pria pour le peuple, et le Seigneur lui dit : Faites un serpent d'airain et mettez-le pour signe ; celui qui ayant t bless le regardera, sera guri. 11 s'agit encore ici

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

d'un

fait dont le souvenir est consacr par une tradition

solennelle. Judith (chap. vin, v. 24) rappelle aux habitants de Bthulie que ceux qui ont irrit le Seigneur par leurs murmures sont morts des morsures des serpents. L'auteur du livre de la Sagesse rapporte ainsi ce miracle (chap. xv, v. 5 et suivants) : Des serpents venimeux leur ont donn la mort, mais votre colre ne dura pas longtemps ; vous leur donntes un signe de salut pour les faire souvenir des commandements de votre loi. Celui qui regardait le serpent n'tait pas guri par ce qu'il voyait, mais par vous-mme, qui tes le sauveur de tous les hommes. Saint Paul dans sa premire ptre aux Corinthiens (chap. x, v. 9), leur dit : Gardons-nous encore de tenter Jsus-Christ comme tentrent quelques-uns d'eux que les serpents firent le pri-

rent. Enfin, Jsus-Christ lui-mme dit Nicodme (saint Jean, chap. m , v. 14) : Comme Mose dans le dsert leva en haut le serpent d'airain, il faut que le Fils de l'homme soit lev en haut, afin que tout homme qui croit en lui ne prisse pas, mais qu'il ait la vrit ternelle. Il s'agit donc d'un fait certain, d'un fait rvl et divin. Scientifiquement il ne peut soulever aucune difficult,. Bochard a prouv jusqu' l'vidence que le serpent du dsert tait l'hydre ou chushydre hydrus ou chushydrus de Cuvier. On l'a appel brlant, parce 133), que ses morsures causaient des inflammations et des douleurs ardentes. M. Lon de Laborde, dans son Commentaire^. dit : Les serpents sont frquents dans cette partie des montagnes. J'en fais la remarque comme voyageur, sans chercher expliquer, par cette concidence toute fortuite, un miracle qu'il tait facile Dieu d'oprer dans ce lieu mme, sans la prexistence de ces animaux. Lorsque je traversais cette contre en revenant des ruines d e P t r a , nos provisions avaient tellement diminu, que nous fmes heureux de trouver de

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l'oseille qui poussait eu grande abondance aux environs des sources; nous nous mmes tous en devoir del cueillir, mais nous fumes effrays par le nombre des serpents qui s'taient rfugis sous cette verdure; les Arabes nous dirent que leurs morsures taient venimeuses, ci ce ne fut qu'en nous faisant prcder par notre domestique, qui frappait coups de bton sur le terrain, que nous nous hasardmes continuer notre moisson. Quelques commentateurs ont cru que les hydres taient ailes, et les rapprochent des serpents, trscommuns dans l'Arabie et la Lydie, dont Hrodote dit qu'il alla jusqu' Bathos pour les voir, qu'il en rencontra en effet des amas, et qu'il fut frapp de leurs ailes sans plumes. Mais rien dans le texte sacr n'indique que les serpents brlants eussent des ailes. Serpent du Paradis terrestre. Gense, cliap. n i , v. 1 et

suivants : Mais le serpent tait le plus rus de tous les a n i maux de la t e r r e . . . 11 dit la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il command de ne pas manger du fruit de tous les arbres du Paradis?.. La femme lui rpondit : Dieu nous a dfendu d'y toucher et d'en manger pour que nous ne mourions pas. Le serpent dit : Vous ne mourrez pas, mais le jour o vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des Dieux, sachant le bien et le mal... La femme en prit, en mangea, et en donna son poux qui en mangea. Le Seigueur dit la femme : Pourquoi as-tu fait cela? Elle rpondit : Le serpent m'a trompe et j'ai mang. Le Seigneur dit au serpent: Pourquoi as-tu fait cela?' tu es maudit entre tous les animaux de la terre ; lu ramperas sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie; je mettrai des inimitis entre toi et la femme, entre ta postrit et sa postrit; tu essayeras de la mordre au talon, mais elle t'crasera la tte. En r a p -

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pelant ce fait, saint Paul, dans la seconde pitre aux Corinthiens (chap. n, v. 3), dit simplement : Le serpent sduisit Eve par son astuce. S'agitil rellement ici d'un serpent vritable, ou s'agit-il d'un serpent simplement figuratif, du dmon, que l'Apocalypse appelle l'ancien serpent ou le diable ; d o n t l e livre de la Sagesse dit (chap. n, v. 2) : La mort est entre dans le monde par l'envie du diable ; dont saint Jean dit a son tour (chap. x m , v. &&) : Vous tes les enfants du diable qui fut homicide ds le commencement du monde. Voici ce sujet notre manire devoir : sans condamner l'interprtation allgorique qui n'a pas t dclare contraire h la foi, nous n'hsitons pas admettre comme plus conforme la sainte criture, comme plus gnralement reue, comme ne soulevant aucune objection insoluble, l'opinion qui fait du serpent tentateur un serpent vritable et non symbolique ; mais qu'il y avait dans cet animal deux tres bien distincts, le dmon et le serpent ; qu'il s'agit, en un mot, d'un serpent anim par un agent surnaturel. Le dmon, pour tenter Eve, s'est servi du serpent qui n'tait pas alors un objet d'horreur comme il Test h prsent, qui n'est au contraire devenu un objet d'horreur que par suite du rle infernal auquel il a servi, et de la maldiction dont il a t l'objet. Le malin esprit, d'ailleurs, a pu l'embellir par ses prestiges et lui communiquer des qualits qu'il n'avait pas. Le serpent tentateur tait peut-tre un serpent ou dragon ail, remarquable la fois par ses replis ondoyants et par l'clat de ses couleurs, priv plus tard de ses ailes et condamn ramper. Si l'on admet que le dmon avait lev le serpent au-dessus de sa condition, en l'embellissant par ses artifices et lui donnant une attitude plus noble, on dira que Dieu lui ta ses qualits et le rduisit sa condition premire. Il n'y a rien non plus d'antiscientifique dans cette seconde partie du verset : t u mangeras de la terre tous les jours d e l vie; car, en effet,

YlUT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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le serpent se nourrit de semences et d'insectes qui se trouvent dans la terre. Le fait de l'intervention du serpent est donc un fait surnaturel et merveilleux, mais qui ne contrarie en rien la raison, que la raison au contraire nous fait un devoir d'accepter, parce qu'il serait impossible d'expliquer sans lui cet autre fait immense d'histoire et de mythologie, que le dmon ou le serpent qui lui sert d'emblme se retrouve dans les traditions de tous les peuples : 1 comme bon et d'une nature suprieure la ntre ; 2 comme un tre mauvais et l'auteur de nos malheurs ; 3 comme ayant t plus particulirement en relation avec la femme. J'invite mes lecteurs a lire la dmonstration dveloppe de ces trois assertions dans a Bible sans la Bible de M. l'abb Gainet ( l
r e

dition, t. I , p . lOOet suiv.); je ne puis ici que l'es-

er

quisser. Les Indiens, les gyptiens, les Grecs, les Mexicains, les Africains ont ador et adorent le serpent. Chez ces mmes peuples, le Dieu du mal est reprsent sous la forme d'un serpent ou python. Les Grecs ont imagin qu'un de leurs dieux s'est transform en serpent pour sduire une femme ; ils prtendaient qu'une certaine race humainc appele les
;

Ophiagnes, tait issue d'un serpent et d'une femme; chez les protes, une vierge toute nue avait seule accs, comme prtresse, dans le bois consacr aux serpents que le peuple adorait, elle seule pouvait leur porter des aliments et les interroger sur l'avenir. Il en fut de mme chez les Romains et les Africains; les prtresses des serpents taient de jeunes filles .. En Amrique, la mre de notre chair est appele la femme aux serpents, Cibia cuobiali; dans tous les symboles de ces peuples, elle est toujours en rapport avec un grand serpent... Le monde entier nous enseigne aussi que le serpent, tre la fois bon et mauvais, a reu partout les honneurs divins. Comme tre bon, on lui a d o n n une origine cleste, on en a fait le symbole du soleil, de l'ternit, du Dieu

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lout-puissanl; on en fait un habile enchanteur faisant perdre la raison par un charme irrsistible et mystrieux ; on le doue d'une prudence, d'une intelligence, d'une loquence incomparables ; on le- consulte sur le bien et le mal, l'avenir, etc., et ce sont les femmes qui lui font rendre ses oracles. Comme tre mauvais, on en fait un monstre hideux, pouvantable, d'origine inconnue, ayant dclar la guerre a Dieu et corrompu ses uvres, auteur de tous les maux que souffrent les hommes, et dont la terre ne pourra tre dlivre que par un Dieu incarn. Si Mose a dit vrai, il tait impossible que son rcit ne se reproduisit pas sous une multitude de formes dans les my thologies et les religions dgrades. C'est ce qui est arriv en effet. La fable suppose et dmontre invinciblement l'histoire. Le Baobab. On a oppos la chronologie biblique l'exis-

tence de certains arbres, le baobab par exemple, auxquels leur grosseur norme et l'observation des couches annuelles forcent d'assigner une vieillesse extraordinaire, de plus de six mille ans. Rien ne nous empche d'accorder que les baobabs tudis au Sngal par danson, existent depuis cinq, six ou mme dix mille ans ; qu'il en est ainsi du cyprs de Chapultepio, ou des arbres du Tnriffe tudis par M. Piazzi Smyth. On ne pourrait rien conclure de cette concession, car la cration du rgne vgtal a prcd de beaucoup celle du rgne animal. Mais Adanson ne croit pas lui-mme aux dix mille annes d'existence de son baobab, Car voici comment il s'exprime dans les Mmoires de l'Acadmie des sciences, pour 1761 (p. 231 et suivantes) : Je sais que cet arbre prend en vingt ans un pied et demi de diamtre sur quinze de hauteur. J'aurais dsir faire usage de quatre ou cinq termes d'observations pour calculer l'ge de cet arbre ; mais la saine gomtrie nous apprend qu'ils sont insuffisants pour rien dter-

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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rainer de prcis ce sujet ; c'est pourquoi je me bornerai a faire souponner qu'il est trs-vraisemblable que son accroissement qui est trs-lent, relativement sa monstrueuse grosseur de vingt-cinq pieds de diamtre, doit durer plusieurs milliers d'annes, et peut-tre remonter jusqu'au dluge, fait assez singulier pour faire croire que le baobab serait le plus ancien des monuments vivants que peut fournir L'histoire du globe terrestre. Le baobab videmment aurait pu chapper au dluge qui ne dtruisit pas, comme nous le prouverons, le monde vgtal. Toutefois, l'estimation, attribue Adanson, de l'ge de cet arbre gigantesque par le nombre des couches ligneuses annuelles contenues dans un diamtre de huit et dix mtres, n'a absolument rien de rigoureux. La manire, en effet, dont il l'a tabli, suppose que l'accroissement en grosseur des arbres se fait, pendant tout le temps de leur existence, par couches annuelles cylindriques d'gale paisseur; or rien ne prouve qu'il en soit ainsi, que la formation des couches ne cesse pas une certaine poque de la vie de l'arbre, qu'il ne se forme qu'une couche par an, et que le nombre comme l'paisseur des couches ne varient pas avecl'ge, l'exposition, lesol, Tanne, les circonstances mtorologiques et climatriques, etc., etc. Un botaniste qui a tudi les baobabs sur place, affirme que ces arbres extrmement spongieux et mous peuvent fournir jusqu' vingt ou vingt-cinq couches par an.
er

(GLAIRE,

Bible

venge,

t. 1 , p. 238.) Quant l'paisseur ingale des couches, elle est si vidente, qu'un physiologiste ingnieux, M. Charles Cros, a propos l'Acadmie des sciences, dans la sance du 6 octobre 1873, de faire servir la srie des paisseurs des couches annuelles l'tude des conditions mtorologiques dans lesquelles s'est fait le dveloppement de l'arbre, et la constatation de certains souvenirs historiques ou traditionnels des

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

grands phnomnes mtorologiques. Si, par exemple, disait-il, on trouvait en Egypte un arbre vivant dont l'origine remonterait au temps de Joseph, et que la coupe de cet arbre r v lt une suite de sept couches paisses et de sept couches minces, on aurait tabli du mme coup le millsime prcis des sept annes d'abondance et des sept annes de disette, relates clans la Bible, et les causes immdiates, humidit, temprature, etc., de ces phnomnes. Ce que nous avons dit du baobab s'tend naturellement aux autres arbres d'une longvit extrme, a certains cyprs, le taxodium des Florides et de la Louisiane, les Dracna Draco du pic de Tnriffe, l'if, etc. L'ivraie. L'ennemi vint semer de l'ivraie parmi le froment

et se retira. ( M a t h . , c h . x n i , v. 2f>.)L'ivraie, disent les incrdules, ne se sme pas, c'est une corruption des grains de froment. Ils se trompent : l'ivraie, la zizanie dont Jsus-Christ parle, est le lolium temulenium, l'herbe aux ivrognes, g r a mine annuelle, commune dans les moissons, et dont la graine est doue de proprits malfaisantes : mle a la farine de froment et de seigle elle donnerait le vertige. Aujourd'hui on rserve le nom de zizanie un autre genre de gramine, tribu des oryses, appele communment riz du Canada ou riz sauvage, que Ton commence cultiver en France. Le figuier. Le figuier ne fleurira pas, (Habacuc, m , 17.) Cette menace, dit-on, est ridicule, puisque le figuier ne fleurit jamais dans quelque contre que ce soit. C'est une grosse erreur de la demi-science, et si la sainte criture avait affirm quelque part que le figuier ne fleurit point, on lui en aurait fait un crime. Chez le figuier le fruit est en mme temps la (Dictionnaire fleur. Dans l'inflorescence du figuier, dit M.'de Saint-Germain de botanique, au mot Figue), le fond du rcep-

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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tacle correspond rellement au sommet de Taxe des pis, et les bords qui ferment l'ouverture correspondent a la base de l'axe des pis... Chez la figue (dont les fleurs sont unisexues), les fleurs mles sont situes sur les limites de ces bords, et les fleurs femelles occupent toute l'tendue du rceptacle. L'inflorescence du figuier est, la maturit, pulpeuse et comestible, elle est place au nombre des fruits composs, agrgs et synanthocarps. Le Dictionnaire des Sciences de Bouillct ajoute : Les fleurs du figuier tant fort caches, avaient chapp aux recherches des naturalistes de l'antiquit, qui pensaient que le figuier rapportait des fruits sans avoir de fleurs ; ce n'est mme qu'en 1 7 1 2 que l'on dcouvrit les fleurs mles et les fleurs femelles de cet arbre. Et cette floraison tait affirme par le prophte il y a deux mille ans ! Quel frappant exemple de la science et de la vrit absolue des livres saints! Le figuier a donn lieu encore une autre objection contre la vrit cles livres saints. vangile suivant saint Marc, chap. xi, v. 1 2 et suiv.: Le lendemain, lorsque Jsus et ses Aptres sortirent de Bthanie, il eut faim, et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il y alla pour voir s'il y pourrait trouver quelque chose, et s'en tant approch, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'tait pas le temps des figues. Alors Jsus dit au figuier : Qu' jamais nul ne mange de toi aucun fruit ; ce que les disciples entendirent. Le lendemain matin, ils virent en passant le figuier qui s'tait dessch, et se souvenant de la parole de Jsus-Christ, ils lui dirent : Matre, voyez comme le figuier a sch. Maudire un figuier parce qu'il ne donne pas de fruit dans la saison o il ne doit pas en donner, quel cruel contre-sens ! 11 n'y a l videmment qu'une erreur de traduction : on a fait de la particule ou une nga-

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tion, quand on aurait d en faire un adverbe de l i e u , et la traduire par l. Au lieu de : ce n'tait pas le temps des figues, il faut lire : car c'tait l le temps des figues. C'tait peu de jours aprs rentre de Jsus Jrusalem, en plein printemps, alors que le figuier se couvre successivement de ses feuilles et de ses premires figues. On tait Bthanic, lieu o le divin Sauveur venait souvent, et il ne se serait pas approch du figuier s'il n'avait pas su que c'tait le temps des figues. Tout le monde convient que la maldiction et la dessiccation du figuier taient des symboles de la maldiction et du chtiment d peuple juif. Or il y a, en effet, une parit parfaite entre un arbre qui ne donne point de fruit dans la saison o il devait en porter et un peuple qui devait tre frapp pour n'avoir pas fait les bonnes uvres que les grces dont il tait combl le mettaient en tal de pratiquer. Le figuier tait trs-commun en Jude, et il tait permis au passant de cueillir une figue comme un raisin dans les vignes, ou des pis dans un champ de bl. Jsus-Christ, d'ailleurs, exerait alors son souverain domaine, comme il l'a fait plus tard pour l'nesse et pour l'non : Vous direz que le Matre en a besoin. Snev. Le royaume des cieux est semblable un grain de snev qu'un homme prit et sema dans son champ ; c'est la vrit le plus petit de tous les grains ; mais lorsqu'il a cr, il est plus grand que toutes les plantes, et il devient un arbre, de telle sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses rameaux. (vangile suivant saint Matthieu, ch. xin, v. 31 et suiv.) Dans saint Luc le grain de snev est sem dans un jardin. Les incrdules voient l non-seulement une exagration, mais une erreur vidente. Le grain.de snev ou de moutarde n'est pas la plus petite des graines : les grains de pavot, de rue, de basilic, de sauge, sont plus petits, et
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en outre ce grain ne devient pas un arbre sur lequel les oiseaux du ciel puissent se reposer. la rigueur, en effet, le grain de moutarde n'est pas la plus petite des graines, il est seulement une des plus petites, et Jsus-Christ n'a pas voulu dire autre chose. On voit par plusieurs passages du Talmud que lorsque les Juifs voulaient dire qu'une chose tait minime, ils la comparaient un grain de snev. En second lieu, le snev dont il est ici question n'est sans doute pas notre moutarde noire ou blanche, sinapis nigra, sinapis alla, et il est par l mme trs-possible que sa graine ait t rellement la plus petite des graines des lgumineuses. Si c'est notre moutarde, elle tait du moins dans des conditions toutes diffrentes de celles que nous lui connaissons ; non plus une herbe avec de simples feuilles sans branches, Cette lit mais un diffrence dans les arbuste ou une grosse plante branchuc. d'une diffrence

de l'herbe l'arbuste ou l'arbre ne peut-elle pas venir de sol et de climat ? On Talmuds de Jrusalem et de Babylone qu'il y avait autrefois Scichen un pied de moutarde qui avait trois branches dont l'une servait d'ombrage quelques potiers qui travaillaient dessous pendant 1 t, et que cette branche seule donna neuf t a b s , environ douze pintes de graine de moutarde. On lit encore dans le Talmud de Jrusalem que Rabbi Simon avait dans son jardin un pied de moutarde sur lequel il montait comme on monte sur un figuier. 11 n'y a l rien qui doive nous surprendre. La rue chez nous est une herbe, et cependant l ' h i s torien Josphe dit avoir vu dans le chteau de Macheron un plant de rue si prodigieux, qu'il galait en grandeur et en grosseur les figuiers du pays. (De Bello Judaico, lib. VII, chap. XXII.) Chez nous le rosier est un simple arbuste, et le Pre de Monlfaucon assure dans son Vogageen Italie (C\. vu), qu'il vit Ravenne un rosier si grand et si tendu, que qua-

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ranic personnes auraient pu se mettre couvert sous son ombre. Ces faits sont plus que suffisants pour prouver que notre divin Sauveur n'a rien dit de faux dans la parabole du grain de snev. L'abb Glaire (Dictionnaire universel des Sciences ecclsiastiques. Article Snev) dit : Jsus-Christ parlait videmment d'une plante bien commune, et en parlait h ses disciples qui la connaissaient comme lui ; cette plante existe donc certainement, et telle qu'il Ta dcrite, mais il est possible que ce ft une plante trs-diffrente de celles que nous dsignons du nom de sinapis, snev, ou du moins que la Jude la plaait dans des conditions exceptionnelles. Grain de froment. Si le grain de bl tomb sur la terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. (Saint Jean, ch. x n , v. 24.) N'est-il pas ridicule, dit Tyndall, d'assurer que le grain de bl meurt? Rien de plus certain cependant. Le corps du grain ou d e l graine meurt, se dcompose, sert la nourriture du germe ou cotyldon, et disparat. Le clbre physiologiste anglais Grew affirme que le bl se corrompt vritablement en terre avant de disparatre; que son piderme, son derme, sa pulpe subissent une vritable putrfaction, tandis que dans toutes les autres graines on n'aperoit ni pourriture, ni corruption, mais simplement gonflement et dveloppement. L'oxydation qui est, d'aprs MM. Dehcrain e t L a n d r i n , le point de dpart de la germination, est une vritable combustion ou dissociation, une sorte de mort. Quelques Pres de l'glise traduisent mortuum par mortifwatum, tion subie par le grain de bl. Manne, Exode, chap. xvi, v. 13 et suivants : Le matin Ja rose se trouva rpandue autour du camp ; et lorsqu'elle eut qui exprime mieux l'altra-

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couvert la surface de la terre, il apparut dans le dsert quelque chose de menu et comme pil au mortier, ressemblant a la gele blanche sur la terre. Ce qu'ayant vu, les enfants d'Isral se dirent les uns aux autres : Manhu! ce qui signifie : qu'est-ce que ceci ? Us ignoraient, en effet, ce que c'tait. Mose leur dit : C'est le pain que le Seigneur vous a donn manger. Que chacun en amasse autant qu'il suffit pour manger, un gomor par tte. Que nul n'en laisse pour le commena m a t i n . . . Quelques-uns en laissrent, mais elle

par fourmiller de vers, puis clie se corrompit... Lorsque le soleil tait devenu chaud, elle se fondait... Au sixime jour ils ramassrent le double de cette nourriture... C'est demain le repos du sabbat... Ce qui doit tre cuit, faites-le cuire...Ce qui sera de reste, conservez-le. La manne ne -se corrompit pas, et on n'y trouva pas de vers... Pendant six jours ramassez-en. Au septime, c'est le sabbat du Seigneur, on n'en trouvera p a s . . . Cette nourriture tait blanche comme une graine de coriandre et son got tait celui de la fleur de farine ptrie avec du miel... Les enfants d'Isral mangrent la manne pendant quarante ans, jusqu' ce qu'ils furent arrivs dans la terre habitable. C'est de cet aliment qu'ils furent nourris jusqu' ce qu'ils touchrent aux confins de la terre de Chanaan. Josu, chap. v, v. 12 : La manne cessa et les enfants d'Isral n'usrent plus de cette nourriture, mais ils mangrent des fruits de la terre de Chanaan de la prsente anne. Tout est videmment miraculeux dans ce rcit. La manne tombe pour la premire fois dans ledsert deTsin, pour la dernire dans la plaine de Jricho. Elle ne parat pas le dimanche. Elle tombe chaque jour de l'anne avec une abondance extrme, de manire suffire pendant quarante annes l'alimentation de l'immense caravane des enfants d'Isral. Jsus-Christ lui-mme a compar, dans l'vangile suivant saint

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Jean (ch. vi, v. 3 1 ) , le miracle de la manne au mystre et au miracle du pain et du vin eucharistiques. Mais pour la manne, comme pour les cailles, il est possible que le fait surnaturel soit venu s'enter sur un fait naturel transform, agrandi, multipli par la toute-puissance divine, de manire atteindre les proportions videntes du miracle. Nous ne voyons aucun obstacle ce rapprochement, et la manne cleste peut avoir quelque analogie de composition avec la manne du Sina et de la Syrie, dont MM. Ehrenberg et Berthelol se sont montrs grandement (Symbola manniparus), proccups. La manne, dit M. Zoologica, 1. I, Insecta, Ehrenberg Physica, X. Art. Coccus

se trouve encore de nos jours dans les monta-

gnes du Sina, elle y tombe sur la terre des rgions de l'air (c'est--dire du sommet d'un abrisseau et non du ciel). Les Arabes l'appellent Mon. Les Arabes indignes et les moines grecs la recueillent el la mangent avec du pain en guise de miel. Je l'ai vue tomber de l'arbre, je l'ai recueillie, dessine, apporte moi-mme Berlin avec la plante et les restes de l'insecte. sente l'aspect M. Berthelol, aprs d'un sirop jauntre, avoir cit ces paroles pais, contenant des (Comptes rendus, t. LUI), ajoute : La manne du Sina p r dbris vgtaux. Elle renferme du sucre de canne, du sucre interverti, de la dextrine, enfin de l'eau. C'est quelque chose d'analogue la manne, une sorte d'aliment, mais ce n'est certes pas l la manne des enfants d'Isral, blanche, sche, ronde, dure, etc. La manne du tamarin, dit M. Bcrthelot, est uirvritable miel complt par la prsence de la dextrine; elle ne saurait suffire comme aliment, puisqu'elle ne contient pas d'azote. Aussi les aliments animaux lui sontils associs dans les usages actuels des Kurdes, comme dans le rcit biblique. MM.Ehrenberg et Berthelol ne se seraient pas tant complus daus ce rapprochement, dans cette explication

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par trop naturelle d'un fait surnaturel, s'ils avaient tenu compte des observations des autres voyageurs et en particulier de celle de M. Alexandre de Laborde (Commentaire gographique sur VExode, p . 95 et suivantes) : La gomme du tamarcsque est un sirop qui ne coule que pendant les mois de juin, juillet, aot... et tous les tamarins mannifres de la pninsule ne produisent par anne commune que cinq cents livres de manne, C'EST--DIRE DE QUOI NOURRIR UN HOMME PENDANT
SIX MOIS.

Admettons donc le fait naturel comme un embryon

du fait surnaturel, comme indiquant la possibilit scientifique de l'alimentation miraculeuse. Pour nous les tamarins disparaissent, les cactus s'vanouissent, les sommets des arbres sont remplacs par les rgions de l'air ou par le ciel ; c'est Dieu qui intervient directement et qui donne son peuple un aliment complet, aliment qui, au besoin, pourrait soutenir les forces sans aliment azot, car il est dmontr aujourd'hui, par les expriences de MM. Fick et Visliccnus, que les hydrates de carbone peuvent suffire a tous les besoins de l'organisme. L'auteur du livre de la Sagesse avait dit (chap. xvi, v. 20) : Vous avez nourri votre peuple de la nourriture des anges; vous leur avez donn un pain venant du ciel, prpar sans travail, renfermant en soi tout ce qui plat, et ce qui est agrable tous les gots. Car cette nourriture qui venait de vous montrait la douceur que vous avez pour vos enfants ; et, s'accommodant la volont de chacun, elle se changeait en ce que chacun voulait. Peut-on exprimer d'une manire plus admirable la nature miraculeuse de cette nourriture vraiment cleste? C'est au point que cette admiration est devenue le point de dpart d'une nouvelle objection : Si cette nourriture tait si excellente, comment expliquer les murmures qui survinrent quelques jours aprs?Notre me est dessche d'ennui, nos yeux ne voient plus que celte manne. (Douter., ch. xi, v. 6.)Maisec

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dgot, trop naturel, hlas ! Tmehumaine, s'explique par Tinconstance, la fantaisie, le caprice, l'envie drgle d'autres nourritures plus varies, et en apparence plus succulentes. Les yeux d'Isral s'taient fatalement ouverts, comme ceux d'Adam et d'Eve dans le paradis terrestre, le pain de vie tait devenu pour eux un aliment fastidieux. C'est encore comme l'enfant prodigue qui ne pouvait plus supporter la maison paternelle,o cependant les serviteurs mmes avaient tout en abondance. Oignons. La foule s'asscyant et pleurant dit : Qui nous

donnera de la chair manger? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Egypte sans rien p a y e r . . . , des concombres, des melons, des poireaux, des oignons, des aulx. (Nombres, chap. xxi, v. 3.) Ce souvenir des oignons d'Egypte parat souverainement ridicule et insens aux incrdulesEst-ce ignorance, est-ce mauvaise foi? Us savent cependant que dj dans la Provence, comme en Espagne, les oignons sont un lgume trs-apptissant. M. Spon, dans ses voyages, dit qu'il a mang en Grce des oignons si excellents, qu'ils ne le cdaient en rien aux meilleurs fruits de France. Or les oignons d'Egypte sont bien suprieurs encore. M. Maillet, qui a t dix ans consul au Caire, dit en termes exprs : Que vous diraije de ces fameux oignons autrefois si chers.aux Egyptiens, que les Isralites regrettaient si fort dans le dsert, lorsque sous la conduite de Mose ils eurent pass la mer Rouge? Ils n'ont certainement rien perdu aujourd'hui de leur bont; et ils sont plus doux qu'en aucun autre lieu du monde : on en a quelquefois cent livres pour dix sous; on les vend tout cuits au Caire; il y en a en si grande abondance que toutes les rues en sont l'Egypte, remplies. (Description de t. II, p . 103.) Mais s'arrter de semblables

niaiseries, c'est pousser la patience et la bont l'excs.

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Bois

miraculeux.

Exode, chap. xv, v. 2 3 et

suiv. :

Cependant Mose ayant fait partir les enfants d'Isral de la mer Rouge, ils se rendirent au dsert de Sur, qu'ils parcoururent pendant trois jours sans trouver d'eau. Ils vinrent la source de Mara ; mais ils ne purent boire de ses eaux, parce qu'elles taient amres. C'est ce qui a fait donner ce lieu le nom qu'il porte. Alors le peuple murmurant contre Mose, lui d e m a n d a : que boirons-nous? Or Mose cria au Seigneur, qui lui indiqua un bois, et lorsqu'il l'eut jet dans les eaux elles devinrent douces. Ce fait mmorable a toujours t considr comme un des grands miracles oprs par Dieu en faveur de son peuple, Achior le signale dans le rcit qu'il fait Holophernc (Judith, ch. v, v. 1 5 ) : L les eaux amres ont t adoucies pour qu'ils pussent les boire, et pendant quarante annes ils ont reu leui^s provisions du ciel. L'auteur de l'Ecclsiastique (chap. xxxvm, v. 5) le rappelle son tour : L'eau amre n'a-t-elle pas t rendue douce par le bois? C'est donc un fait historique, consacr par une tradition solennelle, qui s'est conserve jusqu' nos jours. La source de Mara subsiste encore aujourd'hui sous le nom de Hovara ; ses eaux sont si amres que les hommes ne peuvent en faire usage, et que les chameaux eux-mmes ne la'boivent que lorsqu'ils sont excessivement altrs. M. Lon de Laborde dit dans son Commentaire : ce Depuis les fontaines

de Mose qui sont pour ainsi dire la halte de la mer et le point de dpart, il n'y a pas en effet d'eau jusqu' Mara, au moins en vidence; il faut creuser profondment le sol en certains endroits. Mara, aujourd'hui Hovara, est une source au penchant des montagnes, qui sort d'une butte de sable qu'elle imprgne de dpts salins. On voit alentour quelques palmiers chtifs. L'eau de cette source est nitreuse, amre et saumtre : ls animaux mmes la refusent. Le fait des eaux

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amres rendues douces ne saurait donc tre rvoqu en doute. Cette transformation fut-elle l'effet naturel du contact du bois dsign par Dieu Mose et projet dans la source? ou faut-il y voir un miracle? Nous n'hsitons pas admettre le miracle, parce qu'il n'y aurait aucune proportion cnlrc la cause et l'effet. videmment le bois, dans cette circonstance, n'a pas jou d'autre rle que la boue ptrie de salive dans la gurison subite de ] aveugle-n. C'est comme un support naturel que Dieu, pour agir en apparence d'une manire plus humaine, veut donner a l'acte surnaturel. On a voulu faire de Mose moins un grand thaumaturge qu'un grand savant, gologue, physicien, opinion trange. chimiste, physiologiste, pour lequel la nature n'avait rien de cach ; nous aurons revenir sur cette Faisant application de cette thorie au cas actuel, on n'hsite pas dire que Mose mit profit la connaissance qu'il avait de la proprit d'un certain bois, l'pine-vinette, peut-tre, de rendre douces les eaux amres : il se serait servi habilement de sa science pour simuler un miracle. Mais Mose n'avait nullement affich un miracle. Aprs avoir invoqu le Seigneur, il jeta dans la source le petit morceau de bois h lui indiqu, lequel, s'il s'agissait d'une vertu naturelle, aurait t videmment hors de proportion avec l'immense quantit d'eau dont il avait corriger l'amertume. Bois mort ressuscit. Job, chap. xiv, v. 7 et suivants :

Un arbre n'est p a s sans esprances. S'il est coup une fois, il ne laisse pas de reverdir, et ses branches poussent de nouveau. Quand sa racine aurait vieilli dans la terre, quand son tronc serait mort dans la poussire, il ne laissera pas de pousser aussitt qu'il aura senti l'eau, et il se couvrira d'un feuillage pais comme lorsqu'il a t plant. Mais un homme, lorsqu'il est mort, qu'il est dpouill et consum, o est-il, je

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vous prie? Endormi, il ne ressuscitera plus tant que les deux ne seront pas dtruits; il ne s'veillera pas et il ne se lvera pas de son sommeil. Pour faire de cette comparaison si potique une objection contre la vrit des Livres saints, il faut donner au mot mort appliqu l'arbre, une signification de mort absolue qu'il n'a pas essentiellement, et qu'il est presque impossiblc'dc constater. Un arbre abattu, quarri, dessch, rabot, peut certainement s'appeler un arbre mort ; et cependant on a vu des arbres ainsi traits reverdir, tmoin le platane de Tile d'Antandros dont parle Pline dans son livre XV, chapitre vivant xxxn ; tmoin l'olivier dont il est Dehis question dans le chapitre vu du livre III du trait : qui diu sine alimentis,

qui coup depuis dix ans,

spar de ses racines et de ses branches, lev de terre et clou sur deux appuis de bois prs d'un puits, reverdit, donna des fleurs, et produisit des fruits, cette mme anne et les annes suivantes. En cherchant bien, on retrouverait dans les ouvrages modernes bien des exemples semblables ou plus frappants encore. Qui pourrait nier que la vie de l'arbre, multiple l'excs, est incomparablement plus persistante et plus tenace que celle de l'homme, corps vivifi par une me unique? Personne peut-tre n'a encore remarqu ce mystrieux ajournement de la rsurrection de l'homme au temps de la destruction des cieux. Quel accord admirable avec le dnouement assign l'existence humaine par Jsus-Christ et par l'aptre saint Pierre !

Bois incombustible.

Exode, chap. xxvn, v. 1 : Tu feras

un autel de bois de Stim qui aura cinq coudes en longueur et autant en largeur, c'est--dire carr, et trois coudes en hauteur, ... et tu le couvriras d'airain... Tu feras aussi pour l'autel deux btons de bois de Stim que tu couvriras

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d'airain, ... et ils serviront le porter. On demande comment cet autel et ces btons en bois, en contact avec un feu perptuel, assez violent pour rduire en cendres des t a u reaux, ne s'embrasaient pas et ne se consumaient pas. Les apologistes, Bullet, par exemple (Rponses critiques, t. I I , p . 308), font ce sujet une longue dissertation sur les bois naturels incombustibles comme celui dont taient faites les poutres des tours du fort Lusignan occasion dans les Alpes, auxquelles artificiellement Csar ne put jamais mettre le feu. On pourrait aussi cette mettre en avant les bois rendus incombustibles par l'imprgnation de certaines substances, le sulfate de cuivre, le phosphate de chaux, etc. Tout r c e m ment un inventeur proposait au gouvernement anglais de construire des vaisseaux ininflammables avec des bois infiltrs de lungstate de soude. Mais n'cst-il pas bien plus naturel d'attribuer rincombuslibilit de l'autel et des btons l'airain dont ils taient hermtiquement revtus ? Et dans ce rapprochement n'y a-t-il pas une rvlation prcieuse ? Triple rcolte de Vanne sabbatique. Lvitique, ch. xxv,

v. 3 et suivants : Vous smerez votre champ six ans de suite; vous taillerez aussi votre vigne et vous en recueillerez les fruits pendant six annes... La septime anne, ce sera le sabbat de la terre, consacr l'honneur du repos du Seigneur... Vous ne moissonnerez pas ce que la terre aura produit d'ellemme, et vous ne recueillerez pas les raisins que la vigne aura p o r t s . . . Tout ce qui natra alors de soi-mme servira nourrir le mercenaire qui travaille pour vous, l'tranger qui demeure parmi vous, vos btes de service et vos troupeaux.,. Je rpandrai ma bndiction sur la sixime anne, et elle portera autant de fruits que trois autres. L'existence de cette loi et sa fidle observation par le peuple juif sont des faits

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historiques clatants. Josphc n'a pas manqu de les consigner et d'en constater la vrit. Il dit (livre III, ch. xn) : Gomme Dieu avait ordonn que les Isralites se reposassent aprs six jours de travail, il voulut que la terre se repost de sept ans en sept ans, sans qu'on l'ensement et sans qu'on y plantt rien; que les fruits qu'elle produisait d'elle-mme, les t r a n gers les pussent cueillir sans qu'il ft permis aux propritaires d'en rien rserver. Josphe raconte encore qu'Alexandre tant h Jrusalem, invita les Juifs lui indiquer quel bien il voulait qu'il leur fit. Le grand prtre se contenta de le prier de permettre aux Juifs de vivre selon leurs lois, et de les exempter de payer le tribut de la septime anne ; ce qu'il leur accorda volontiers (liv. II, ch. vin). Jules Csar, dans un dcret, arrta qu'il serait pay par les Juifs, sur toute l'tendue de leur domination, un tribut pour la ville de Jrusalem, que ce tribut serait pay chaque anne, except celle qu'ils appellent sabbatique, parce qu'ils ne sment point cette anne-l, et qu'ils ne recueillent pas lefruitdes arbres. Tacite rapporte ausssi, mais sa manire, c'est--dire dans un esprit hostile, que les Juifs chmaient la septime anne. quoque annum ignavi datum. Septimum Je ne sais oii les incrdules

ont pu trouver que cette loi est une des plus absurdes et des plus imprudentes que l'homme ait os imaginer, et qu'on ne peut pas raisonnablement la considrer comme inspire. Et cependant, thoriquement, le repos accord la terre tous les sept ans est une excellente mesure. La culture intensive n'existait pas alors, les engrais chimiques n'avaient pas t invents ; cultiver la terre outrance, c'et t l'puiser et la condamner la strilit. La jachre de Tanne sabbatique, jachre avec endettement du sol, tait une ncessit absolue. Et il n'est pas douteux que l'excdant de rcolte assur par celte mesure si sage quivalait une rcolte triple de la

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sixime anne. C'est peut-tre mme l l'explication naturelle de la fertilit miraculeuse attache Tanne qui prcdait l'anne sabbatique. Tout, cependant, la fidlit avec laquelle les Juifs observaient cette loi rigoureuse, et en apparence ruineuse; l'empressement avec lequel au retour de la captivit Nhmie, ch. x, v. 31), ils s'engagent tous solennellement laisser la terre, sans la cultiver la septime anne, semble indiquer que la triple rcolte de la sixime anne tait ellemme une grande ralit. En effet, moins qu'ils n'eussent la conscience que l'quivalent rel de la triple rcolte serait report sur les six annes, la premire fois que le miracle de la triple rcolte ne se serait pas produit, les Isralites auraient regard la promesse de Mose comme vaine et leur engagement comme nul. Si, aprs s'tre opr plusieurs fois, ce prodige de la triple rcolle avait cess, le peuple n'aurait plus observ l'anne sabbatique. Dieu avait fait dpendre le commandement de l'anne sabbatique du miracle de la triple rcolte; il avait voulu que le miracle prcdt leur obissance; de sorte qu'en ralit le fait de la triple rcolte se confond avec le fait de l'observation de l'anne sabbatique, et devient avec lui un fait historique. Sans doute que ce miracle est une trs-grande chose, mais il s'agissait d'un commandement sacr, commandement qui aurait t une perte norme, un danger redoutable - sans la compensation divine de la triple rcolte; c'tait une raison suffisante pour que Dieu l'oprt rgulirement. Le miracle d'ailleurs plaait Mose dans une position incomparable. Seul il a pu oser mettre ainsi sa lgislation l'preuve; et chaque Isralite pouvait tous les sept ans juger par lui-mme s'il tait vraiment l'envoy de Dieu. Les Hbreux, d'ailleurs, ne passaient pas l'anne sabbatique dans une oisivet malsaine ; ils fertilisaient leurs champs et y rpandaient des cendres; ils les dbarrassaient du chaume,

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des pines, des chardons et d'autres mauvaises herbes en y mettant le feu et dtruisant par l tous les germes d'ivraie qu'ils pouvaient renfermer; ils soignaient leurs abeilles et leurs troupeaux ; ils lissaient le lin et la laine; rparaient leurs instruments aratoires, etc. ; assistaient plus exactement aux explications de la loi, et vaquaient avec plus d'ardeur tous leurs devoirs religieux. Cette loi tait donc minemment sage et salutaire ; complte p a r l a loi de l'anne jubilaire, cinquantime anne aprs laquelle toute chose vendue retournait son matre et son ancien propritaire, les dettes taient teintes, les esclaves affranchis, etc., elle devenait en outre minemment humanitaire, bienfaisante et saintement fraternelle. Elle imprimait en lin la nature entire, au sol comme ses habitants, le cachet du domaine souverain de Dieu, et sous ce rapport surtout, elle tait essentiellement divine et moralisante. Les annes sabbatiques et jubilaires sont souvent rappeles dans la sainte criture, dans la tradition, dans l'histoire, mais le fait de la triple rcolte de la sixime anne ne figure que dans le chapitre xxv, verset 2 1 , du Lvitique. C'est ce qui m'a autoris exprimer la pense, que je n'ai puise nulle part, de l'expliquer quivalemmcnt par l'excdant de rcoltes d certainement ce mode incomparable d'assolement des terres, avec jachre remue tous les sept ans. Lpre des vtements et des maisons. Lvit., chap. xni,

v, 59. Le vtement de laine ou de lin qui, dans sa trame ou dans sa chane, tout vtement de peau qui, dans son tissu, aura une lpre, c'est--dire une tache rousse ou blanche, sera montr au prtre ; celui-ci, aprs l'avoir considr, renfermera pendant sept fours. Si au septime jour, le regardant de nouveau, il trouve que la tache a cru, c'est une lpre perseas

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vrantc, il jugera le vtement souill. Chap. xiv, v. 3 5 . S'il se trouve une plaie de lpre dans la maison, qu'il l'annonce au p r t r e . . . Lorsque le prtre verra sur les murs comme de petites cavits huileuses avec des taches ples ou rongetrcs, plus enfonces que la superficie du mur ; et si, aprs qu'on aura arrach les pierres, racl la poussire, enduit avec une autre terre, les murs sont couverts de nouvelles taches, c'est une lpre persvrante. Il faut pardonner, a dit Voltaire, le premier, un peuple aussi grossier et aussi ignorant, cette i m a gination ridicule de la lpre des vtements et des maisons. Nous sommes trop loin de ces temps antiques pour nous former mme une ide de ces taches singulires qui s'attachaient dans certaines conditions aux habits et aux murs, comme aussi des relations qu'elles pouvaient avoir avec Ma lpre, aussi rare parmi nous qu'elle tait commune chez les Juifs. Mais ce que nous savons, c'est qu'un des plus grands progrs de la science dans ces dernires annes, a t la dcouverte inattendue que toutes, ou presque toutes les contagions, les fermentations, les putrfactions ont leur origine dans des tres infiniment petits ou microscopiques, vgtaux ou animaux, spores, mucdines, champignons, moisissures, pnicilliums, vibrions, etc.; qu'il est de la nature de ces mucdines ou moisissures de donner naissance des taches blanches ou rousses-, plus ou moins pntrantes, plus ou moins persistantes; et qu'il n'y a rien d'impossible ce que la lpre soit elle-mme engendre ou communique par ces petits tres, capables en outre d'adhrer aux vtements et aux murs. La thorie de la lpre de Mose tait donc de la science trs-avance, trop avance pour l'incrdulit, ignorante jusqu'au ridicule, du x v n i sicle. L'Assemble lgislative a vot tout rcemment une pension de douze mille francs au savant illustre, M. Pasteur, qui a le mieux mis en vidence et formul le rle rempli d a n s le monde physique,
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physiologique, pathologique, p a r e s tres infiniment petits, dont l'existence peine souponne aujourd'hui avait t rvle h Mose. Nous apprenons que, au cap de Bonne-Esprance, la lpre des maisons et des habits est une triste ralit. Levain. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain corrompt

toute la pte? pitre aux Corinthiens, chap. v, v. o. Croirait-on que cette assertion si simple ait valu saint Paul une accusation d'ignorance et de fausset? Loin de corrompre la pte, a-t-on dit, le levain l'amliore, il donne au pain une lgret et une saveur qui en augmentent la qualit, qui le rendent plus agrable au got et d'une digestion plus facile. Mais ce langage est celui d'une demi-science vaniteuse, tandis que celui de saint Paul est l'expression d'une science p r o fonde et qui a dit son dernier mot. Le levain, en effet, dtermine la fermentation de la p t e ; or la fermentation suppose une vritable dcomposition, et toute substance dcompose, qui n'est plus elle, est une substance rellement et intrinsquement corrompue. Saint Paul n'a pas voulu dire autre chose. Il y a des fermentations de diverses sortes, vineuses, acides, putrides; saint Paul n'a nullement prtendu que la fermentation de la pte lut accompagne du dgagement de gaz infects. Son mol corrompt est le mot vritable, celui qui rpond le mieux aux thories modernes. La fermentation dans son expression la plus gnrale, dit Charles Gerhard, dans le dictionnaire de Bouillet, est la dcomposition qui s'effectue au sein de certaines substances organiques, lorsque, aprs avoir t envahies par quelque germe extrieur, elles sont soumises h l'action de l'air, de l'eau et d'une chaleur modre. La substance qui fermente fournit une srie non interrompue de nouveaux produits moins complexes et plus stables (pour la pte, l'alcool et l'acide carbonique). Ajoutons que cette

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

dcomposition est le rsultat de la vgtation ou du dveloppement de germes t r a n g e r s , vgtaux ou a n i m a u x , qui sont le point de dpart ncessaire de toute fermentation ; enfin, que la fermentation et la putrfaction sont des oprations naturelles de mme espce. Un levain trs-recherch Londres, il y a quelques annes, tait form de mites vivantes! Vigne et vin en Egypte. peu des boutons, Gense, chap. XL, V. 9 . Je fleurs, et des raisins qui

voyais qu'une vigne, o il y avait trois provins, poussait peu puis des mrissaient... Je pris les raisins cl les pressai dans la coupe de Pharaon que je tenais la main. Dans le passage consacr au rcit du rve de rchanson, et dans plusieurs autres, il est fait mention de vignes, de raisins, de vin, comme de choses en usage en Egypte*. Or Hrodote dit-qu'il n'y avait pas de vin en E g y p t e ; et Plutarquc assure que les naturels de ce pays abhorraient le viu. On ne s'est pas laiss arrter par les assertions contraires de Diodorc de Sicile, de Pline, d'Athne, etc.; et l'on a maintenu le dmenti donn a Mose par Hrodote. Mais la science a march, et les monuments gyptiens ont rsolu la question en faveur des Livres saints. Dans la Grande Description d'Egypte, M. Costas dcrit en dtail la vendange gyptienne, depuis la taille de la vigne jusqu'au pressurage des raisins, telle qu'il Ta trouve peinte dans l'hypoge d'Heliihea M. Jomard rappelle les restes d'amphores trouvs dans d'antiques cits gyptiennes, encore imprgns du tartre laiss par le vin. Des peintures montrent des flacons colors en rouge jusqu'au goulot avec ce mot Eph. la vrit ! Fertilit de la Palestine. Exode, chap. m, v. 8. Sachant qui en copte signifie vin. Quel triomphe pour

VRIT ABSOLUE nES LIVRES SAINTS.

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la douleur de mon p e u p l e , je suis descendu pour le dlivrer des mains des gyptiens, et pour le conduire de cette lerre dans une autre terre o coule du lait et du miel. Voltaire et plusieurs autres ont prtendu que la Palestine tait un petit pays sec, pierreux, strile, surtout dans les environs de Jrusalem ; l'criture sainte, ajoutait-il, constate elle-mme qu'elle a t souvent visite par la disette des vivres et parla famine. Ce sont l videmment des assertions gratuites et errones. La Terre promise, considre dans toute son tendue, comprend la Syrie, depuis le mont Taurus et l'Euphrate jusqu' l ' E g y p t e et la mer Rouge, et cette seule dlimitation prouve que c'est un grand pays qui gale, s'il ne la surpasse pas, la"'superbe et fertile E g y p t e . C'est, dit Thomas Shaw (Voyage au Levant), un sol si fcond en bl qu'une de ses petites rgions suffirait pour fournir des grains des millions d'habitants; il produit en quantit des herbes qui poussent jusqu' une excessive hauteur; les montagnes, aussi fertiles que les valles, sont les unes couvertes d'excellents pturages, les autres charges de vignes dont les raisins, qui psent jusqu' huit ou dix livres, donnent un vin fin et trs-dlicieux; plusieurs sont peuples d'oliviers, de figuiers, d'orangers et de citronniers. Le miel et le lait sont si communs que les habitants en mangent tous leurs repas, et en assaisonnent tous leurs aliments. On y trouve du gibier en abondance. Ds qu'on le cultive, il se montre plus fertile que le plus beau sol de la Syrie et de la Phnicic. Saint Jrme clbre la Jude comme la plus fertile de toutes les contres : Roger, dans sou Voyage de la Terre sainte (Paris, Bcrtier, 1646), affirme avoir vu dans la valle de Sorecunc grappe de raisin du poids de vingt-cinq livres et demie. Il aurait fallu deux hommes pour la porter, si l'on avait tenu la conserver dans toute son intgrit et dans toute sa beaut. C'est l videmment le secret de la grappe

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

extraordinaire rapporte au camp par les envoys de Mose, et dont on a aussi voulu plaisanter. Olivier. Gense, cliap. vin, v. 1 1 . La colombe vint

lui vers le soir, portant son bec un rameau d'olivier avec des feuilles vertes. L'arche, dit-on, flottait alors sur le sol de l'Armnie, prs du mont Ararhat o elle devait chouer; or, dit Tourncfort, parlant de ce qu'il a vu autour des Troisglises, bourg de l'Armnie, la campagne esf tout fait admirable, elle est pleine de beaux vignobles, il n'y que des oliviers, manque et je ne sais o la colombe qui sorlit de

l'arche fut chercher un rameau d'olivier ; car on ne voit pas de ces sortes d'arbres aux environs : il faudrait que l'espce s'en soit perdue, cependantles oliviers sont des arbres immortels. )) (Voyage au Levant, t. III.) Quel acharnement, je dirais presque quelle rage ! Tournefort tait savant, trs-savant ; mais, combien de fois ne Tavons-nous pas dj constat, la science s'efface ou se nie ds qu'elle se trouve en contact avec la rvlation ! LesTrois-gliscs ne sont pas toute l'Armnie, et c'est plus que de l'arbitraire, c'est de la draison que d'assigner l'arche un lieu quelconque. C'est moins savant encore, c e s t presque insens ou enfantin, que d'affirmer qu'un arbuste, ft-il immortel comme l'olivier, aprs avoir fleuri dans une rgion, ne peut pas cesser d'y tre cultiv ou d'y prosprer. nefort dit lui-mme d'un arbre, aussi toujours vert, Tourtrs-

abondant anciennement dans un canton d'Armnie, qu'il y est devenu trs-rare, que l'espce est sur le point de s'y perdre. Strabon dit positivement : Toute celte rgion est abondante en fruits et en arbres cultivs, on y voit de ceux qui conservent leur verdure et de ce nombre sont les oliviers. P a r contre, Strabon disait que la vigne ne crot pas aisment dans ces contres, tandis que Tourncfort y a remarqu de

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1031

beaux vignobles.

Est-ce que nous n'avons pas vu que dans

le Danemark le chne avait fait place au htre, et le htre au sapin? Est-ce qu'en Picardie autrefois il n'y avait pas des vignobles appels fournir du vin la table des rois de France? Je suis honteux d'tre forc de descendre si bas, mais il faut bien suivre la fausse science, ou la demi-science, ou la vraie science oublieuse d'elle-mme, partout o elles vont se mettre de gaiet de cur en contradiction avec le LIVRE
DES LIVRES,

le LIVRE par excellence, comme M. Ducros, prfet de l'Association franaise pour l'avancement

du Rhne, le rappelait, avec tant d'si-propos et d'autorit, aux membres des sciences, runis en congrs a Lyon en 1 8 7 3 . On a os faire au rcit si simple de Mose une autre objection : Comment le rameau d'olivier a-t-il pu se montrer vert aprs tre rest si longtemps sous les eaux du dluge ? Comment? Mais tout naturellement. Parce que c'est un arbre persistant. Avez-vous constat qu'aprs l'coulement des eaux des grandes inondations, les saules des bords des rivires ont perdu leur verdeur. L'eau du dluge tait de l'eau de pluie, de l'eau douce. Nous n'avons pas besoin d'invoquer le tmoignage suspect de Thophraste et de Pline affirmant que l'eau ne fait pas perdre leur fracheur aux feuilles de l'olivier, et qui vont mme jusqu' dire que le fond de la mer Rouge est couvert de forts dont les lauriers chargs de baies et les oliviers chargs de fruits sont le principal produit? (Thophraste, liv. I V ; Pline, liv. III, ch. vm.) Mais nous pourrions au besoin, pour enlever tout prtexte l'objection, faire remarquer que l'expression hbraque traduite par rameau verdoyant, signifierait plus proprement uxw feuille mche, fane, dcompose; c'est le sens que lui donnent M. l'abb Glaire et d'autres hbrasants.

CHAPITRE DIXIME.

Vrit absolue des Livres saints.


(Suite.)

SCIENCES PHYSIQUES ET MATHMATIQUES.

Les mouvements de la terre. Josu, chap. x, v. 12 et suiv. Alors Josu parla au Seigneur,... et il dit : Soleil, n'avance pas contre Gabaon, et Lune n'avance pas contre la valle d'Ajalon. t le soleil et la lune s'arrtrent jusqu' ce que la nation se ft venge de ses ennemis. Cela n'est-il pas crit dans le livre des J u s t e s ? . . . C'est pourquoi le soleil s'arrta dans le milieu de sa course. Il n'y eut ni avant, ni aprs, un aussi long jour, le Seigneur obissant la voix d'un homme, et combattant pour Isral. Ce fait, la fois historique et miraculeux, racont avec tant de simplicit dans ces quelques lignes, est, videmment, qu'au commandement de Josu, et aprs que l'illustre chef des Isralites eut. invoqu le Seigneur, le soleil et la lune s'arrtrent tout coup dans le ciel, et cessrent de descendre vers l'horizon, l'un dans la direction de Gabaon, Vautre dans la direction de la valle d'Ajalon. Il s'agissait de prolonger la dure du jour, de reculer l'approche de la nuit qui aurait empch la poursuite des ennemis de Dieu. Ce fait jamais mmorable est rappel dans deux autres passages de la sainte criture. Ecclsiastique, ch. X L V I , V . 5 : Est-ce que, dans sa colre, Dieu n'a pas arrt le soleil, de sorte qu'un jour a eu la dure de deux jours? sae, chap. x'xvin, v. 21 : Le

YIUT ABSOLUE DES LIVRES SAUSTS.

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Seigneur se fchera comme dans la valle de Gabaon, lorsqu'il fit de l'oeuvre des autres son uvre, etc. Ce fait, en outre, chez le peuple juif, n'a pas cess d'tre l'objet d'une tradition non interrompue. Ce temps d'arrt d'un jour entier du soleil et de la lune s'explique compltement en admettant qu'au commandement de Josu, la terre cessa pendant vingt-quatre heures de tourner autour de son axe, son mouvement de rotation sur ellemme tant suspendu, sans cependant qu'elle cesst de se mouvoir sur l'orbite qu'elle dcrit autour du soleil. Il s'agit donc simplement de la suspension du mouvement de rotation de la t e r r e , sans que les positions absolues ou relatives des corps clestes, qui dpendent essentiellement de la succession des annes, ou des mouvements dans les orbites, aient en aucune manire t modifies ou troubles. Nous admettons donc qu'au commandement de Josu : Sta s'arrta, Sletit Sol, Sol, le soleil au pendant un temps qui semble avoir

t un jour entier, et qu'il en fut de mme de la lune,

moins quant son mouvement apparent, qui cessa pendant vingt-quatre h e u r e s ; mais qu'en ralit le commandement de Josu s'adressait h la terre laquelle il ordonnait de cesser de tourner sur elle-mme, ou autour de son axe, pendant vingt-quatre heures. En tenant ce langage, Josu a-t-il commis un non-sens ou une erreur? -t-il cru, et a - t - i l voulu dire que la terre ne tournait pas sur son axe, que c'tait le soleil qui faisait autour d'elle sa rvolution diurne? notre grand regret, la plupart des apologistes de la Rvlation et des interprtes des Livres saints sont assez disposs l'admettre. C'est ici surtout qu'ils rptent, avec M. l'abb Glaire [Livres Saints vengs, 3 dit., t. II, p. 255 et suiv.) : On trouve dans la Bible les objets qui tiennent aux sciences physiques toujours exprims dans le langage consacr par le
e

4034 vulgaire,

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

et selon ce qui parat h nos sens... Il en est ainsi

par rapport au mouvement du soleil. Cet astre paraissant se mouvoir sur nos ttes, et la terre semblant immobile sous nos pieds, elle le compare un poux qui sort de sa couche nuptiale, un gant qui s'lance pour parcourir sa carrire; elle nous le reprsente se levant, se couchant et revenant au lieu d'o il tait parti, tandis qu'elle peint la terre comme immuable et assise SUR DES FONDEMENTS, SUR DES BASES, SUR DES
COLONNES,SUR DES PILOTIS. ..

Franois Arago, en discutant cette (t. III, p. 23) : Josu, p r -

mme objection, avait fait moins de concessions. Il dit, en effet, clans son Astronomie populaire tendait-on dans les temps d'ignorance, n'aurait pas command au soleil de s'arrter si cet astre n'avait pas march! En r a i sonnant de la mme manire, on pourrait affirmer que les astronomes d'aujourd'hui ne croient pas au mouvement de la terre, puisqu'ils disent gnralement (tous et sans exception) : Le soleil se lve, le soleil passe au mridien, le soleil se couche. On pourrait ajouter que ce qu'ils disent du soleil, tous les astronomes le disent des plantes, des comtes, des toiles, desnbuleuses, de touslcscorps clestes. Nous sommes donc pleinement en droit d'affirmer qu'en disant : Sla Sol, Stetit Sol, la sainte criture n'a pas plus affirm l'erreur de la terre immobile et du soleil en mouvement, que ne le font aujourd'hui les astronomes les plus minents. Elle parle le seul langage possible, la langue a la fois du peuple et des savants, a Si, comme l'ajoute Franois Arago, Josu s'tait cri : Terre, arrte-toi, non-seulement aucun des soldats de son arme n'aurait compris ce qu'il voulait dire, mais il aurait parl une langue impossible, antiscientifique. Personne encore, en traitant cette grave question, n'a invoqu, et c'est un grand tort, la loi du mouvement relatif, la plus fondamentale, ou du moins l'une des plus fondamentales de la

YRITI ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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mcanique, puisqu'on en dduit toutes les autres. Nous n'avons aucune sensation, aucun sentiment, aucune conscience du mouvement ou des mouvements, rotation ou translation, du systme auquel nous appartenons et dont nous faisons partie. Nous rapportons ncessairement, fatalement, les mouvements que nous subissons aux corps situs en dehors de notre s y s tme. Les chemins de fer, si nous tions plus attentifs, si nous raisonnions mieux les faits qui se passent autour de nous, auraient d nous rendre beaucoup plus familiers les p h n o mnes et les lois du mouvement relatif, qu'ils nous montrent sans cesse en action sous nos yeux. Quand un second train s'avance en sens contraireclu ntre cl avec la mme vitesse, nous avons invinciblement la sensation d'une vitesse double; quand ce second train marche dans le mme sens que le ntre et avec la mme vitesse, nous avons ncessairement la sensation d'un repos absolu ; quand enfin le second train marche dans le mme sens que le ntre avec une vitesse plus grande que le ntre, nous avons infailliblement la sensation du recul. Cette loi du mouvement relatif fait en quelque sorte partie essentielle de notre tre, nous la subissons passivement et scientifiquement, puisque c'est une loi de la mcanique gnrale. Alors mme que Josu aurait su d'une manire certaine que la terre tournait sur elle-mme autour de son axe, et dans l'espace autour du soleil, alors qu'il aurait vu comme Franois Arago, comme moi, la terre tourner sur elle-mme dans la luneMc du gyroscope de M. Foucault, il n'en aurait pas moins rapport au soleil le mouvement diurne de la terre, et voulant le faire cesser dans l'intrt de l'arme qu'il commandait,
c

pour

qu'elle pt atteindre et poursuivre ses ennemis, il et t forc de s'en prendre an soleil, comme tous les savants du xix sicle le font encore aujourd'hui dans l'expression des phnomnes auxquels ce mouvement diurne donne naissance. Il y a

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

plus : le langage de Josu est tellement naturel et tellement scientifique, que la science la plus hardie n'oserait pas en chercher et ne pourrait pas en inventer un autre, de telle sorte qu'elle sera force, bon gr, mal gr, de le parler jusqu' la fin des sicles. Voil, il nous semble, Josu et la sainte criture noblement vengs. Mais entrons encore plus au fond de cette grave question. Elle comprend trois phnomnes : 1 la rondeur de la terre ; 2 la rotation de la terre autour de son axe ; 3 la translation de la terre dans son orbite autour du soleil. Nous n'avons pas la prtention d'affirmer et de dmontrer que ces phnomnes sont enseigns ou noncs formellement dans la sainte Bible ; mais nous soutenons et nous sommes en mesure de prouver non-seulement qu'ils ne sont pas nis, mais qu'ils sont plutt affirms que nis dans les Livres saints. Cette concession de notre confrre et ami M. l'abb Glaire, vtran glorieux de la science ecclsiastique, que Vcriture peint la terre comme immuable et assise sur des FOIN DMENTS, sur des BASES, sur des COLONNES, sur des PILOTIS, m'a vivement intrigu et inquit; j'ai voulu revoir les textes sur lesquels il l'appuie, et voici le rsultat de mon examen. Je demande au lecteur impartial s'ils sont rellement une ngation de la au lien du rondeur, de la rotation cl de la translation de la (erre. Isae, chap. XLI, V. 22 (M. Glaire indique chap. n chap. XLI) : Est-ce qu'il n'a pas approfondi les fondements d e l terre, celui qui s'assied sur le contour (M. Glaire traduit le globe) de la terre, et voit les habitants comme des sauterelles... qui a tendu les cicux comme un rien (le rienmatire de M. Tyndall) et les a dploys comme une tente qui doit tre habite ? Je ne vois nullement l que la terre soit peinte comme une table pose sur un pidestal, ou comme le voulaient les savants de Tlnde orientale sur le dos d'un l-

VRIT ABSOLUE

DES

LIVRES S A I N T S .

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pliant gigantesque, dont les pieds reposent sur une tortue, et la tortue sur une fleur de lotos ! ! ! J'y vois au contraire clairement exprims le contour, le globe, la rondeur de la terre. Quel plus loquent interprte de la" cration, de la sainte Bible et de la tradition de son temps, que Raphal mort en 1502, cent vingt-deux ans avant Galile! Or, dans ses immortelles fresques du Vatican, Raphal a toujours peint la terre ou le monde comme un globe rond que le Crateur bnit et fconde. Galile n'a donc pas invent la rondeur de la terre, et la sainte criture ne l'a pas nie. Le second texte de M. Glaire est pris dans le psaume CI1I, v. 5 : Mon me, bnis le Seigneur... qui a fond la terre dans SA STABILIT, elle ne s'inclinera pas dans les sicles des sicles. ) Fonde dans sa stabilit, ce n'est pas l encore une > surface plane pose sur une base trangre, et la seconde partie du texte peindrait plutt admirablement le phnomne grandiose de l'inclinaison constante de Taxe de la terre, toujours parallle lui-mme. Le troisime texte est du psaume CXVIll, v. 90 (M. Glaire indique 9 au lieu de 90) : Seigneur, vous avez fond la terre et elle demeure. Fonder ne signifie pas videmment placer sur une base, sur une colonne, sur des pilotis. Le quatrime texte est pris encore dans Isac, ch. XLVIII, v. 13 : Ma main a aussi fond la terre, et ma droite a mesur les cieux... Je les appellerai, et ils se rendront l mon appel. Ces paroles ne nous suggrent-elles pas l'ide de globes en mouvement, comme celles de Baruch, chap. in, v. 34 : Les toiles ont t appeles et elles ont dit : Nous voici ! Le cinquime texte, enfin, est pris dans Job, chap. xxxvni, v. 4 : O tais-tu quand je posais les fondements de la terre? Qui lui a donn ses mesures? Qui a tendu sur elle le cordeau? Sur quoi ses bases sont-elles tablies, et qui a

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LES SPLENDEURS DE L FOI.

pos ses pierres'angulaires? Mais Job avait dit bien plus clairement, ebap. xxvi, v. 7
NiiANT)) : I L SUSPEND LA TERRE SUR LE

; e t c h a p . xxxvui, v. 13 : E s t - c e toi qui, saisissant


EXTRMITS

la terre par ses

(par ses ples), Tas secoue violem-

ment pour rejeter les impics de sa surface? Or ces deux textes figurent admirablement un globe suspendu dans l'espace. Quand je trouve dans la sainte Bible des expressions aussi formelles que celle-ci (Prov., chap. v m , v. 25) : Il n'avait pas encore donn a la terre ses g o n d s . . . ; Isae,
CII.XL,

v. 12 : Qui prend dans ses trois doigts la masse de la terre et la place dans une balance pour la peser ; et v. 22 : Qui s'assoit sur le contour (le globe) de la terre ; et chap. XLV, v. 18 : Qui a cr la terre et lui a donn sa forme en la faonnant au tour, etc., etc., je n'hsite pas dire que la rotation de la terre est plutt affirme que nie dans les Livres saints, et que les termes clans lesquels ils parlent du soleil, de la lune et des toiles, affirment de mme plutt qu'ils ne nient les mouvements de rotation et de translation des corps clestes, et par consquent de la terre. Le gnie de Raphal qui a peint la terre ronde, nous peint ses deux grands luminaires, le soleil et la lune, comme des corps ronds que le Pre ternel lance dans l'espace. C'est l proprement parler la tradition chrtienne, avant qu'elle ft obscurcie par les sophismes des pripatticiens. Revenons Josu et son rcit. On lui a fait deux objections en apparence trs-graves. La premire est tire des lois de la mcanique ; la seconde, des annales de rhistoire. Comment, si le mouvement de rotation de la terre autour de son axe a t subitement arrt, tous les objets placs sa surface en vertu de la vitesse acquise n'ont-ils pas t violemment projets dans respace? L'objection est nave ! Et j'avoue que lorsqu'elle fut pour la premire fois formule devant moi, il y a

VRIT AlSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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cinquante ans, par un jeune professeur

de mathmatiques

devenu depuis trs-clbre, M. Sturm, clic me fit sourire de piti. Accorder Dieu le pouvoir d'teindre dans un instant la quantit norme de mouvement de la terre et lui refuser la puissance d'teindre dans les corps situs a sa surface la vitesse acquise, ou de les maintenir a leur place, c'est une contradiction flagrante et ridicule. Celui qui arrte une table en mouvement peut, bien plus forte raison, maintenir sur place le chandelier pos sur la fable. Les mcaniciens sont bien forcs, pour donner une base leurs thories, de concevoir que la puissance cratrice ait pu imprimer aux corps clestes un mouvement tangenticl considrable. Pour donner, en effet, l'explication des lois de Kepler, ils supposent que le corps attir venu de l'infini sous l'action du corps attirant, arriv une certaine distance du centre d'attraction, et anim d'une certaine vitesse acquise, reoive alors une impulsion latrale; et ils tablissent que suivant que la vitesse imprime dans cette impulsion, compare la vitesse acquise, est plus grande, plus petite, ou moiti et dans une direction normale, l'orbite parcouru par le corps attir est une ellipse, une hyperbole, une parabole ou un cercle. Cette impulsion latrale, ce n'est videmment pas le corps' attir qui peut se la donner lui-mme, il ne peut pas davantage la recevoir du corps attirant, elle doit donc venir du dehors, et les gomtres ont concevoir en outre que cette combinaison ou cette lutte des deux vitesses ou impulsions centrale et latrale, ait lieu sans dsagrgation et sans projection de fragments du corps attir, absolument comme dans l'arrt de la terre a Tordre de Josu. On le voit, la science a ses mystres comme la Rvlation. Quant la seconde objection, au retentissement qu'un vnement aussi extraordinaire d'un jour de vingt-quatre heures

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

aurait d avoir dans le monde entier, et au souvenir p r o fond qu'il aurait d laisser partout, nous ferons remarquer : 1 qu'ainsi que nous l'avons prouv, cette prolongation du jour, par l'arrt du mouvement de rotation de la terre, s'est faite sans les perturbations ou les bouleversements que s u p posent les adversaires de la Rvlation ; 2 que les anciens crivains profanes, dont il nous reste des ouvrages entiers ou de simples fragments, sont de plusieurs sicles postrieurs J o s u ; 3 que dans le cas o ce fait serait entr plus tard dans Thistoire, il a pu tre assez dfigur, assez envelopp de fictions fabuleuses pour que nous ne puissions plus le reconnatre; 4 que les fouilles assyriennes et autres ne sont pas encore assez avances, que les monuments gyptiens et autres n'ont pas encore t assez interrogs, pour qu'on puisse tre sr qu'il n'en sera pas du miracle de Josu comme du dluge, dont M. Georges Schmidt a retrouv le rcit presque entier dans des inscriptions cuniformes; 5 enfin, que la tradition n'est pas reste compltement trangre ce fait miraculeux. Citons d'abord l'historien Josphe (Antiquits, liv. V, ch. L) : uOn n'a jamais connu plus clairement que dans ce combat combien Dieu assistait son peuple, car outre le tonnerre, les coups de foudre et une grle de pierres extraordinaire, on vit, par un prodige trange, le jour se prolonger, contre l'ordre de la nature, pour empcher les tnbres de la nuit de drober aux Hbreux une partie de leur victoire. Quant h ce que le jour fut plus long qu' l'ordinaire, on le voit par ce qui est crit dans les livres sacrs que l'on conserve encore dans le temple. C'est une circonstance remarquable que, pour donner son tmoignage plus d'autorit, Josphe renvoie aux archives du temple, o le livre des Justes, le Yusohar, tait conserv. Ce mme livre des Justes est signal parles commentateurs anciens

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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comme un des mmoires originaux. Thodoret, dans son Cornmentairesur Josu, etProcope, dans son Histoire secrte, semblent indiquer que ce mmoire existait encore de leur temps. Cilons enfin ce souvenir curieux des traditions que les mahomtans avaient sans doute reu des anciens Arabes. Ioschova livra-bataille aux gants un vendredi soir. La nuit s'approchait, et Ioschova ne voulait pas combattre le jour du Sabbat. 11 implora d'en haut le temps ncessaire pour finir la lutte et exterminer l'ennemi. Il fut exauc et le soleil, en consquence, demeura sur l'horizon une heure et demie de p l u s q u ' a l'ordinaire. (Turiik Montekeb, cit par d'Herbelot, Dictionnaire Turc, au mot Ioschova.) On sera surpris peut-tre que, pour expliquer plus facilement le miracle de Josu, je n'aie pas eu recours aux combinaisons que quelques demi-savants ont rves. N'est-il pas possible que tout en laissant le soleil et la lune poursuivre leur course diurne et rgulire, Dieu lsaient couverts d'un voile qui les drobait au regard, en mme temps qu'il faisait briller leur place un soleil et une lune adventives, ou du moins les apparences lumineuses de ces deux astres ? Dans ma pense intime, ces escamotages sont indignes de Dieu, et ils n'en constitueraient pas moins un miracle; or, miracle pour miracle, je prfre infiniment le miracle simple et grandiose du soleil et de la lune s'arrtant en apparence dans leur cours, c'est--dire de la terre cessant momentanment de tourner sur son axe. C'est l l'inierprelation des clbres paroles de Josu, et il serait plus que tmraire de s'en carter. Nous croyons avoir prouv, presque jusqu' l'vidence, que la rondeur de la terre, sa rotation diurne, sa rvolution a n nuelle ne sont contredites par aucun des textes de l'Ecriture, et que mme, dans plus d'un passage, elles sont quivalemment affirmes.Mais on nous arrte en nous disant que l'glise
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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

catholique reprsente par son chef, le pape Urbain VIII, et par des congrgations romaines, la congrgation du SaintOffice, ont condamn ces vrits aujourd'hui incontestables, prcisment et surtout parce qu'elles sont contraires la sainte criture. La premire condamnation fut celle du 2 4 fvrier 1016, elle n'est visiblement qu'une censure du systmedc Copernic, en tant qu'on veut l'riger en thorie, car un second dcret de 1G20 permet de l'enseigner comme hypothse; elle n'atteint Galile que comme le chef des coperniciens ; elle lui fut communique par le cardinal Bellarmin; mais elle franchit peine le cercle des intresss. Nulle solennit, nulle publicit, nul clat. A l'cncontre des grandes dcisions papales, elle semble rechercher l'ombre et fuit la lumire, elle est plutt une confidence faite h Galile, par un cardinal de ses amis, qu'une dclaration imperativo et menaanie. Sa thorie astronomique est, il est vrai, condamne par les thologiens du Saint-Office, mais la haute considration dont le Pape et les cardinaux continuent h entourer Galile, mais les preuves d'estime qu'ils prodiguent son caractre, mais l'admiration qu'ils manifestent pour son gnie; tout, jusqu'au dcret luimme, qui frappe d'interdit les ouvrages de Copernic et ceux de ses principaux partisans, tandis que, par une a t t e n tion singulire, il pargne les livres de Galile, tout prouve que cette premire mesure, toute grave qu'elle fut, n'engageait pas l'glise d'une manire absolue et irrvocable. C'tait l'opinion tacite ou formelle de tous les hommes considrables de cette poque. L ' i s s u e de cette affaire, crivait Galile, le G mars 1016, dmontre que si mon opinion n'a pas t accepte par l'glise, elle a fait seulement dclarer que cette thse n'tait point conforme aux divines critures, d'o il suit que les livres dans lesquels on veut prouver ex professo, que cette opinion n'est pas oppose l'criture sont les seuls

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prohibes. Prsenter le systme copernicien comme une hypothse possible, tel fut le moyen qu'on prit pour tourner la condamnation et l'luder. Ce moyen de sauvegarder les droits de la science fut approuv par le cardinal Bellarmin, et consacr par le Monitum de la congrgation de l'Index (1020), autorisant l'opinion du mouvement de la terre, condition qu'elle serait prsente comme une hypothse et non comme absolument vraie. Nous voici donc bien loin dj, en 1G20, du texte si rigoureux de la condamnation de 101 G, et du dcret de la congrgation de l'Index, qui intervint huit jours aprs cette condamnation. Si, comme beaucoup affectent de le croire, la cause avait t entendue, le jugement dfinitif, la sentence obligatoire, l'glise et-elle dfait, de ses propres mains, ce qu'elle venait de faire? Et-elle entr'ouvert la porte qu'elle avait ferme? La vrit est qu'aprs s'tre rserv le terrain de l'exgse biblique, de l'interprtation des saintes critures, l'glise s'empressa de rendre la science astronomique, la tte de laquelle taient ses propres enfants, la libert de se mouvoir et de se dvelopper dans la sphre qui lui est propre. La science en usa et en abusa dans la priode qui suivit jusqu'en 1630. Loin de se ralentir, le mouvement copernicien s'largit et s'accentua davantage, et quand le cardinal Maffeo Barberini, grand ami de Galile, monta sur le trne pontifical, sous le nom d'Urbain VIII, l'astronome florentin, ainsi que ses nombreux adeptes, taut ecclsiastiques que laques, conurent le ferme espoir que la prohibition de 1610, dj si fort entame par le Monitum de la congrgation de l'Index, serait bientt leve. Le Sagittalore que publia Galile, en rponse la Bilancia du P . Grossi, ne fit qu'accrotre cet espoir. Urbain VIII, bien qu'il ft anticopernicien, (it ses dlices de cette rfutation qui est, peut-tre, le chef-d'uvre de Galile, et se refusa la faire censurer, ainsi que le lui con-

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seillaicul quelques peripatliciens enrags. Encourag par ce succs, Galile vint h Rome et y reut un accueil enthousiaste. Ses adversaires les plus convaincus taient branls. Appel h Rome par ses nombreux amis et par le Pape l u i mme, dit M. Gilbert (Galile, son procs et sa d'aprs des documents indits), condamnation, Galile y reut l'accueil le

plus sympathique et le plus honorable; des .religieux instruits, passant autrefois pour tre hostiles au mouvement de la terre, s'en taient, disait-on, beaucoup rapprochs. Le le dcret de 1616 n'et pas t rendu. SaintPre avait mme laiss entendre que s'il et dpendu de lui, Toutefois, il restait personnellement convaincu de Terreur des doctrines coperniciennes, et, dans ses causeries intimes avec Galile, il essaya, sans succs, on le pense bien, de convertir ce dernier. Cet tat des esprits, dont on trouve l'expression la plus fidle dans l'autorisation d'imprimer le Sagillalore, autorisation dlivre par le Pi, P . Riccardi, gnral des Dominicains, montre mieux que tout ce qu'on pourrait dire que la condamnation de 1 6 1 6 n'tait pas considre comme une dcision dogmatique de l'Eglise, mais bien comme le sentiment d'une congrgation particulire, et, comme tel, rvocable ou rformablc volont. Sans cela le R. P . Riccardi qui parlait en sa qualit de matre du Sacr Palais, se ft-il permis, par exemple, de dire, d'un livre qui et contenu des affirmations contraires un dogme de l'glise : J'y ai reconnu (dans le Sagittatore) de si belles CL si nombreuses considrations sur la philosophie naturelle, que je crois que notre sicle peut se glorifier, non-seulement d'un hritier des travaux des p h i losophes, mais aussi d'un inventeur de beaucoup de secrets de la nature, comme le prouvent les ingnieuses et SAGES thories de TAUTEUR, dont je suis fier d'tre le contemporain.

Sans cela, encore, le P . Guerazza, gnral des Thatins,

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charg par quelques, cardinaux d'examiner

le

Sagittatore

dnonc l'Inquisition, aurait-il pu dclarer que le livre tait fort bon, et que quand mme la doctrine du mouvement de la terre y serait contenue, il ne lui semblait pas qu'il dt tre condamn. Voil comment on parlait de Galile autour du pape. Or, je le demande, si Galile et t formellement et lgalement condamn pour hrsie, et-on caractris en termes si logicux une doctrine rellement frappe des anathmes de l'glise? Singulier hrtique que celui auquel le pape accordait honneurs, distinctions, prsents, pension; dont le pape, crivant au grand-duc de Toscane, disait : J'ai une affection paternelle pour cet homme illustre dont la renomme resplendit aux cieux et se rpand par toute la terre, car son mrite littraire et scientifique il joint une ardente pit. Voici une preuve plus clatante encore de la thse que nous soutenons ici... Le cardinal Hohcnzollern, ami particulier de Galile, avait trs-bien compris ce qu'il y avait faire pour la ralisation de son projet (faire r a p porter le dcret du Saint-Office), et lui avait promis d'en parler au pape avant son dpart pour l'Allemagne. 11 le fit, en effet, dans une conversation avec Urbain VIII, au sujet de l'opinion d Copernic. Hohenzollern ayant montr la ncessit d'agir sur ce point avec une grande circonspection, le Saint-Pre lui rpondit que : l'Eglise n'avait pas condamn et qu'elle ne condamnerait pas celte opinion comme hrtique, mais seulement comme tmraire. Donc, quant la premire condamnation, il ne reste aucun doute sur sa porte. Elle se rduisait thoriquement une censure, et pratiquement un avertissement la science de ne pas franchir les limites du domaine qui lui est propre, de ne pas dogmatiser au lieu et place de l'glise sur le sens vritable des textes de l'criture sainte.

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Examinons maintenant la seconde condamnation, celle du 16 juin 1 6 3 3 . Si Galile avait eu la sagesse de laisser agir le temps qui tait plein de ses ides ; si, bnficiant du comme une hypothse, nul doute qu'il Monitum de 1 6 2 0 , il se ft born enseigner le mouvement de la terre n'et jamais t inquit, et que la vrit scientifique, dont il tait le brillant reprsentant, et triomph sans dchirement. Mais la p r u dence et plus encore la paliencc lui manquaient. Au lieu d'attendre le triomphe, il voulut le forcer par son sur les deux systmes du monde. Dialogue Dans cet ouvrage qui fut

imprim Florence, et dont les preuves, par un concours de circonstances dplorables, ne purent tre revues et corriges Rome, ainsi q u e . cela avait t convenu entre l'auteur et le P . Riccardi, matre du Sacr Palais, Galile, nonseulement abandonna ddaigneusement les hypothses pour la thse directe et dogmatique, mais d p l u s , joignant l'ingratitude la tmrit, il ridiculisa les adversaires de sa doctrine, les plus bienveillants pour lui, et jusqu'au pape luimme sous le nom de Simplicius. pripatticienne Pique au vif, la phalange regimba contre l'aiguillon , et confondant

habilement ses colres avec les intrts sacrs, elle se leva et demanda au nom de ceux-ci une nouvelle condamnation de Galile. Cette condamnation fut prononce le 22 juin 1 6 3 3 , par la congrgation du Saint-Office, laquelle dicta Galile une formule d'abjuration qu'il fut forc de prononcer, et qui tait conue dans ces termes, que sans une profonde douleur : Moi Galileo-Galilei, fils de feu Vincent Galilei, Florentin, g de soixante-dix ans, constitu personnellement en j u gement, et agenouill devant vous, minentissimesetRvrendissimes Cardinaux de la Rpublique universelle chrtienne, inquisiteurs gnraux contre la malice hrtique, ayant nous ne rappelons pas

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devant les yeux les saints et sacrs vangiles, que je touche de mes propres mains, je jure que j'ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai a l'avenir, tout ce que tient, prche et enseigne la sainte glise catholique, apostolique, romaine. Mais, parce que ce Saint-Office m'avait juridiquement enjoint d'abandonner entirement la fausse opinion qui tient que le soleil est le centre du monde et qu'il est immobile; que la terre n'est pas ce centre et qu'elle se meut; et parce que je ne pouvais la tenir, ni la dfendre, ni l'enseigner d'une manire quelconque, de voix et par crit, et aprs qu'il m'avait t dclar que la susdite doctrine tait contraire a la sainte criture, j ' a i crit et fait imprimer un livre dans lequel je traite cette doctrine condamne et j'apporte des raisons d'une grande efficacit en faveur de cette doctrine, sans y joindre aucune rserve, c'est pourquoi j'ai t jug vhmentement suspect d'hrsie, pour 'avoir ainsi cru et tenu que le soleil tait le centre du monde et immobile, et que la terre n'tait pas le centre du monde et qu'elle se mouvait. C'est pourquoi, voulant effacer des esprits de Vos mincnces, et de tout chrtien catholique cette suspicion vhmente conue contre moi avec raison, d'un cur sincre et d'une foi ferme, j'abjure, maudis et dteste les s u s dites erreurs et hrsies, et gnralement toute autre erreur quelconque et secte contraire la susdite sainte glise; et je jure qu' l'avenir j e ne dirai ni affirmerai de vive voix ou par crit, rien qui puisse autoriser contre moi de semblables soupons; et si je connais quelque hrtique ou suspect d'hrsie, je le dnoncerai ce Saint-Office, ou l'inquisiteur, ou l'ordinaire du lieu dans lequel je serai. Je jure, en outre, et je promets, que je remplirai et observerai toutes les pnitences qui me seront imposes par ce Saint-Office; que s'il m'arrive d'aller contre quelques-unes de mes paroles, de mes

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promesses, protestations et serments,- ce que Dieu veuille bien dtourner, je me soumets toutes peines et supplices qui, par les saints canons et autres constitutions, ont t statues et promulgus contre de tels dlinquants. Ainsi Dieu me soit en aide et ses saints vangiles, que je touche de mes propres mains. Moi Galileo-Galilci susdit, j'ai abjur, jur, promis et me suis oblig comme ci-dessus. En foi de quoi, de ma propre main, j'ai souscrit le prsent chirographc de mon abjuration, et l'ai rcit mot mot, Rome, dans le couvent de la Minerve, le 22 juin 1 6 3 3 . ce Moi Galilco-Galilei j'ai abjur comme dessus de ma propre main. Le voil dans toute sa nudit le douloureux pisode de Galile, o la religion et la science jouent un si triste, r l e ; la religion ou du moins quelques reprsentants augustes de la religion, en dclarant hrtique une vrit aujourd'hui dmontre jusqu' l'vidence, tombant par excs de zle, et aussi par la pression de l'opinion publique, dans une grossire e r r e u r ; la science, dans la personne de son plus illustre reprsentant, en se parjurant elle-mme, en renonant par la crainte des supplices ses convictions les plus profondes et les plus glorieuses. Ah! si Galile avait eu la grande me et le mle courage du noble veillard lazar; s'il s'tait cri : 11 est indigne de l'ge o je suis djouer ainsi la palinodie; j ' a t t i r e rais une tache honteuse sur moi, et l'excration des hommes Sur ma vieillesse... En mourant courageusement je paratrai digne de ma vieillesse et je laisserai aux jeunes savants un exemple de fermet, en souffrant avec c o n s t a n c c e l avec joie une mort honorable pour le culte saint de la science ! Mais on ne meurt pas pour la science, on ne meurt que pour la foi! Galile fut heureusement lche. 11 est faux, absolument faux,

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qu'en se relevant et frappant la terre du pied, il ait dit : Epur si muove ! Cependant elle se meut ! Je ne puis me dfendre non plus d'un rapprochement trange. Galile est condamn pour avoir ni que la terre ft le centre du monde et immobile, pour avoir enseign que le soleil est le centre du monde et immobile. Or le soleil n'est pas plus que la terre immobile et le centre du monde ! Il s'agissait en ralit d'une question de science pure, entirement t r a n gre nu dogme, la discipline et a la morale, qu'il fallait abandonner compltement elle-mme, surtout quand l'glise est la premire affirmer que son infaillibit ne s'tend qu'au dogme, la discipline et la morale. Mais les esprits taient surexcits, et dans ces moments de crise violente les plus sages ont le vertige. Quand on suit sur les documents authentiques la marche de ce trop clbre procs, quand sous sa surface calme en apparence, a ct de motifs graves et d'intentions droites, on voit s'agiter des passions dtestables, des haines criminelles et jusqu' des rancunes de vanit blesse, on comprend tout de suite qu'on se trouve ici en prsence non d'une de ces assembles majestueuses parlant au nom de l'glise, mais d'une de ces congrgations de prlats parlant en leur propre nom et n'ayant gure qu'un mandat disciplinaire. 11 est facile de voir par ces mmes documents que le Saint-Office avait de sa mission, dans cette circonstance, l'ide que nous venons d'exprimer ; car plusieurs fois, pris de doute et de dfaillance, il fut sur le point d'abandonner la cause. Le Pre commissaire Fircnzuola, qui eut toutes les bonts possibles pour Galile, ce qui n'empche pas les crivains ennemis de l'glise de le reprsenter comme un monstre figure humaine, crut ce dnouement et l'annona Niccolini, ambassadeur du grand-duc de Toscane. Le Pre commissaire, crit en effet Niccolini son matre,

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montre aussi l'intention de s'employer pour que cette cause en reste la et qu'on lui impose silence. Si on peut l'obtenir, cela abrgera tout, et dlivrera bien des gens d'ennui et de pril. Les sentiments connus de plusieurs cardinaux m o n trent clairement que la Congrgation du Saint-Office ne se croyait pas appele dogmatiser au nom de l'Eglise, mais plutt formuler un jugement disciplinaire. On l'aurait peuttre bien tonne si on lui avait dclar qu'elle tait infaillible. Mais, dit-on, le pape Urbain VIII prit une part t r s active ce jugement erron, qui fournit ainsi un argument de fait contre l'infaillibilit doctrinale du Souverain Pontife. Il est vrai que le pape Urbain VIII prit une part active au j u g e ment, il est vrai qu'il en est responsable devant la postrit et devant l'Eglise; mais cette responsabilit est tout individuelle, toute personnelle; elle atteint le savant, le thologien priv, mais elle s'arrte devant le Pontife suprme. Dans les actes du procs, on trouve Urbain VIII partout, mais on ne trouve nulle part le Pape parlant avec autorit, jugeant eco cathedra. On y voit le juge correctionnel, mais non le Pontife assis sur la chaire de saint Pierre, et enseignant souverainement l'Eglise universelle. L'affaire est si loin d'tre considre comme devant tre l'objet d'une dcision solennelle de l'glise que le pape n'assiste mme pas aux sances. C'est la Congrgation seule du Saint-Office qui instrumente et prononce. La sentence d'excommunication ne porte que la signature des six cardinaux : d'Ascotc, Bentivoglio, de Crmone, Saint-Onufre, de Varospi, Ginetti; ce sont donc les inquisiteurs seuls qui parlent, qui notent d'hrsie la thse soutenue par Galile, et qui signent seuls la sentence, sans aucune mention de confirmation par le pape ; c'est au nom du SaintOffice seul qu'elle fut envoye aux inquisiteurs des diffrentes villes, publie a Florence et Venise dans ces universits. On

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a i e s lettres d'envoi, et dans aucune d'elles, il n'est question du pape. C'est au nom et par ordre du Saint-Office seul qu'on avertit les corps enseignants. Or tous les thologiens l'enseignent, les dcrets dogmatiques que la Congrgation du SaintOffice, comme aussi la Congrgation de l'Index, signe en son nom, sans attester que le Souverain Pontife les ait confirms et signs, sans qu'il en ait ordonn la publication, ne doivent point tre attribus au Pape parlant ex qu'ils soient obligatoires de saint Pierre, dans cathedra, et ne reprsentent que le jugement faillible des cardinaux, quoileur application purement disciplinaire. Il faut, dit Mauro Cappellari (Grgoire XVI, Triomphe t. II, p. 223), des notes claires et non douteuses, auxquelles on puisse reconnatre les cas o le Souverain Pontife prononce solennellement, c'est--dire e cathedra, de ceux o les dcisions du Saint-Sige n'ont
d

pas ce caractre dfinitif. Ces notes, qu'il dveloppe ensuite, sont : 1 le point dlini doit toucher la foi ; 2 le Pape doit notifier sa dfinition toute l'glise et s'adresser directement elle; 3 les termes dont il se sert doivent indiquer que son intention est d'exiger un acte de foi sur le point dtermin. Or il suffit de lire les dcrois ports contre le systme de Copernic pour constater que toutes ces circonstances font dfaut la fois. Pas de bulle, pas d'encyclique, pas de bref du Pape accompagnant les sentences du Saint-Office ou de la Congrgation de l'Index ; pas mme de confirmation et de signature demandes au Souverain Pontife et consenties par Sa Saintet. Ce sont donc purement et simplement des Congrgations romaines qui se sont trompes, prcisment parce qu'elles sont sorties du domaine /le la foi pour enlvcr dans le domaine de la science pure, sans que Ton puisse rien en conclure contre la foi et l'indfcctibilit de rglisc. Ce fut bien ainsi que ce dcret de 4633 fut interprt par

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LES SPLENDEURS DE LA F0.

les contemporains, tant laques qu'ecclsiastiques. Personne, pas plus les thologiens que les savants, sans en excepter les adversaires les plus acharns de Galile, personne, dis-je, n'y vit une dcision ex cathedra. Almagesiam novum, Le savant jsuite Riccioli, astronome distingu, fortement oppos Galile, qui, dans son nous a transmis fidlement les pices officielles du procs, n'hsite pas dire que mme l'poque o il crivait (d 651), la thorie du mouvement de la terre n'avait jamais t condamne par le Souverain Pontife, mais seulement par les cardinaux. Il est si loin de regarder les j u g e ments des congrgations comme article de foi, qu'il n'hsite pas dire qu'ils doivent tre reviss et rforms quand il est prouv qu'ils sont errons. Et de fait, la sentence de l'Inquisition qui condamnait l'ouvrage de Galile fut annule une premire fois par Benoit XIV, et rapporte en 1822 par ordre de Pie VII. Il est donc dmontr jusqu' l'vidence : 1 que la rondeur, la rotation et la translation de la terre sont plutt affirmes que nies dans les Livres saints; que sur ce point capital encore, la vrit des divines critures est absolue et exempte de toute erreur, mme en ce sens qu'elles se seraient faites les chos d'une opinion vulgaire errone'; 2 que ces mmes vrits n'ont jamais t dclares fausses et hrtiques par un jugement de l'glise ou du Souverain Pontife infaillibles, mais seulement par la sentence plutt disciplinaire que dogmatique des congrgations de l'Index ou du Saint-Office. C'est trop, sans d o u t e ; mais quoi d'tonnant qu' une poque de lutte et d'agitation, l'erreur et la passion trouvent accs prs de tribunaux auxquels n'a t faite aucune promesse comme un moment de saintet et d'infaillibilit? Ce fut

d'ivresse, et les fidles enfants de l'glise, dans cet oubli douloureux, devaient, comme Sem e t J a p h e l , dtourner leurs regards

VRIT ABSOLUE IS LIVRES SAINTS-

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et s'enfermer dans une tristesse respectueuse. Us ne devaient pas, comme Cham, insulter a l'entranement de leur matresse et mre. C'tait la premire fois qu'elle franchissait les limites de son domaine surnaturel pour entrer dans le domaine de la science pure, et elle en sortait force par Galile lui-mme, qui s'obstinait en faire une question religieuse ou d'exgse sacre. J'ose mme ajouter que toute la responsabilit de ce cruel pisode pse encore sur Galile un autre point circonspect, plus prudent, de vue, au point de vue de la plus patient, moins taquin, le science et du progrs. Si l'illustre Florentin avait t plus systme de Copernic aurait t universellement adopt beaucoup plus tt. 11 tait comme flottant dans l'air, il avait dj pris possession, en quelque sorte, des sommits de l'intelligence, mme au sein du clerg, et il fallait bien peu d'efforts et de temps pour l'acclimater et le populariser. Je tiens faire ressortir cette vrit incontestable, en rtablissant en quelque sorte le milieu dans lequel Galile fit sa trop clbre leve de boucliers. On a prsent les faits sous un jour si faux, qu'on a russi faire croire qu'il n'y avait dans ce drame que deux acteurs, Galile, d'une part, proclamant pour la premire fois le mouvement de la terre, et, d'autre part, l'glise se soulevant comme un seul homme contre l'invention et l'inventeur. C'est une grande et pernicieuse erreur. A l'poque o Galile reprit la thse copernicienne du mouvement de la terre et la fit sienne, par les nouvelles dcouvertes dont il l'appuya, cette thse avait pour partisans et pour dfenseurs, dans le clerg, un grand nombre de savants irsautoriss et trs-renomms. On savait que plusieurs Pres de l'glise avaient formellement affirm le double phnomne de la rondeur et du m o u vement de la terre. Saint Augustin, par exemple, dans sa

JOSi

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Cite de Dieu (liv. XVI, chap. XL) dit que Ja terre est s u s pendue au sein de la convexit des cieux, eo quod intra cli terra suspensa sit; etiamsi figura conglobuala etrolunda cum terra universa de plus prcis ? Par cela mme que le tradition tout entire atteste par Raphal faisait de la terre un globe rond, elle devait le s u p poser anim d'un mouvement dans un orbite; car elle savait qu'une pierre ne peut rester suspendue dans l'air sans tomber qu'autant qu'elle est lance par la main, par une fronde ou par une machine balistique. Le cardinal Nicolas de Cusa, mort en 1464, neuf ans avant la naissance de Copernic, cent ans avant la naissance de Galile, pour expliquer l'immobilit apparente du soleil et le mouvement rel de la terre, avait invoqu, comme nous avions cru l'avoir fait le premier, le principe du m o u vement relatif : Jam nobis manifestum vei*itate nioveri, licet hoc non appareat, hendimus fixum;et partisans : Le cardinal dcl Monte, le cardinal Farnsc, le cardinal Conti, J.-B. Agnclli, secrtaire des brefs du pape Grgoire XV ; Me ' Dini, qui lit tant pour Galile; Paolo Fornarini, c a r m lite napolitain qui publia un livre adress au gnral de son ordre, sur l'opinion des pythagoriciens et des coperniciens, o il montrait qu'on pouvait parfaitement la concilier avec l'criture sainte qu'on lui opposait; l'illustre Fra T h o mas Campanella, auteur d'une apologie de Galile adresse, au commencement de 1646, au cardinal Boniface Cajtan, un
1

convexa credatur,

qu'elle est globuleuse et r o n d e , mundus esse

et (liv. XIII, chap. xvm) qu'elle se balance dans le nant, libreiur in nihilo. Quoi de plus clair et

est terrain istum cum non comparationem

in ad

appre-

molum,
e

nisi per

quamdam

au x v n sicle, cet enseignement avait de nombreux

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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des cardinaux du Saint-Office, qui avait consult Campanella sur la question de savoir si on pouvait concilier l'Ecriture sainte avec l'opinion du mouvement de la terre (la profonde science thologique du dominicain Campanella faisait alors autorit); Me Queringhi, prlat romain dont nous avons de charmantes lettres sur le sjour de Galile Rome, en 1GI6 ; le cardinal Orsini, le P. dominicain Biliardi, le P . Gavarra, gnral des T h a t i n s ; Paolo Gualdo, vicaire gnral de P a doue; Nicolino Cini, chanoine de Florence; le P. Luigi Marafli, gnral des Dominicains; J.-R. Renuccini, archevque de F e r m o ; Alexis Piccolomini, archevque de Sienne; Pierre Gassendi, chanoine de Digne; Nicolas Bouillaud, prtre de l'Oratoire; le savant jsuite Torquatus de Cuppis, le P. Bonaventura Cavaglieli, l'illustre prcurseur de Leibnitz, dans la dcouverte du calcul infinitsimal, et que Galile appelait rchimedes Galile; le P . alter; le P . F r . Nichelini des coles p i e s ; savant et pieux le P . Vincenzo Rcnieri, religieux olivtain, collaborateur de Mersenne, le P . Castelli, bndictin, un des plus nobles gnies dont s'honorent les sciences mathmatiques, dit M. Albiri, qui portait jusqu'au fanatisme l'attachement Galile, son illustre professeur, qui fut plus de trente ans le promoteur de ses dcouvertes, le dfenseur de ses doctrines, le consolateur de ses souffrances, qui ne craignit pas d'afficher, aux yeux d'Urbain VIII, ses sympathies pour Galile, et qui a pargna rien pour dtourner le Saint-Office d e l voie lcheuse o il s'garait, etc. D'autres religieux illustres, de l'ordre des Jsuites, Bellarmiu, Clavius, Brienbcrgcr, G r a l l i , e t c , tout d'abord favorables Galile, ne se tinrent plus lard s u r l a rserve qu'en le voyant s'opiniirer mler la sainte criture la science. Les t e n dances du clerg taient si manifestement sympathiques l'illustre novateur, que je ne crains pas d'affirmer que dans le
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I.ES SPLENUEUUS )E LA FOI.

monde savant laque, Galile rencontra moins d'adeptes enthousiastes, de partisans dvoues, d'ardents dfenseurs, plus d'ennemis acharns et implacables que dans l'Eglise. Rien de plus facile constater, il suffirait pour cela de parcourir l'intressante correspondance de Galile. On y verra que les noms qui reviennent le plus souvent sous sa plume, ceux des h o m mes qui furent ses amis et ses admirateurs, qui partagrent
ses convictions, qui les dfendirent vaillamment c o n t r e T o p -

position des aristotliciens, qui, enfin, furent sa consolation et sa gloire dans la mauvaise fortune, sont presque tous des prtres. Force est donc de voir dans cette- triste affaire, non une perscution par haine de la science et des lumires, comme les ennemis acharns de la religion se plaisent le rpter sur tous les tons, mais plutt un de ces dchirements intimes auxquels l'glise n'chappe que dans Tordre s u r n a turel de son inspiration divine et de ses enseignements sup r i e u r s . Si, en o u t r e , on veut bien rflchir que le chef de ce

grand mouvement, Galile, autour duquel se groupait presque toute l'lite de l'glise, tait non un rvolt, non un libre penseur, comme nos dloyaux adversaires s'efforcent de l'insinuer, mais un catholique aussi sincre que rsolu, dont les plus rudes preuves ne parvinrent pas branler la foi, on sera parfaitement convaincu qu'il ne s'agit nullement au fond d'une condamnation dogmatique, ainsi que nous Tavonssurabondamment prouv, mais bien d'une condamnation disciplinaire, a m e n e p a r une obstination excessive chez Galile, p a r

une excitation extrme chez ses juges qui outrepassaient leurs pouvoirs, et s'mancipaient, si je puis m'exprimer, d e l sphre du surnaturel, de la voie de la grce, laquelle seule pouvait les prserver de" l'erreur. 11 s'agit d'un fait unique, que Dieu a permis pour rendre l'glise plus attentive faire mieux la part de la science et

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la part de la foi, pour la mieux avertir que, dans les questions de science, son rle doit surtout se borner contrler, h surveiller, ii mettre les savants sur leurs gardes quand ils s'avisent d'empiter sur la foi et d'noncer comme vrits dmontres des assertions certainement contraires h la foi. Il s'agit d'un fait unique vieuxdj de deux cents ans, et qui cependant n'a pas cess d'tre depuis l'occasion, le point de dpart d'attaques violentes et haineuses contre la sainte glise deJsusChrist. Il faut que nos ennemis soient bien pauvres, ou bien bout d'arguments pour dresser ainsi sans cesse contre elle la grande ombre de Galile, mort pieusement dans son sein. ce point de vue, la trop clbre tragdie de Ponsard, encourage par l'Empire, fut une faute ou mieux un crime, d'autant plus qu'elle dnaturait compltement les faits, et qu'au moment o elle envahissait la scne pour punir le clerg d'une opposition ou plutt d'une dsaffection par trop justifie, le prtendu martyr de la science avait beaucoup perdu de son prestige ; la sombre lgende galilenne avait beaucoup pli devant la calme et forte lumire de la vrit. On aurait pu mme dire que dans les hautes rgions scientifiques il n'en restait plus rien, et qu'aucun savant digne de ce nom n'osait alors soutenir que Galile et t martyris par les cardinaux du Saint-Office. Il tait prouv, autant par le tmoignage authentique de tous les contemporains les plus dignes de foi que par la correspondance de Galile lui-mme et par les procs-verbaux de 1 6 2 3 , que nn-seulement il ne fut ni tortur ni martyris, mais qu' vrai dire il n'a jamais t emprisonn ou priv de sa libert, ni avant, ni aprs son j u g e ment. Pendant qu'on instruisit son procs, il habita le palais de l'ambassadeur de Toscane, Niccolini, ami dvou et pro. tecteur intelligent du vieil astronome. Nous avons les r a p ports de Niccolini son matre, le grand-duc : il y est q u e s 67

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LES SPLENDEURS D LA KOI.

tion chaque ligne des bonts et des dfrences qu'on a pour Galile, mais on n'y trouve pas un mot sur les prtendues tortures. Galile, la veille d'tre interrog, fut conduit non dans les sombres cachots du Saint-Office, mais k la Minerve, dans les appartements du Procureur fiscal du SaintOffice. Il pouvait se promener a Taise dans le jardin d e l maison, errer sur de vastes espaces, comme il le dit lui-mme. Il tait libre d'aller et de v e n i r ; on lui permettait d'avoir son domestique qui couchait prs de lui. Tous mes serviteurs, crivait Niccolini, peuvent galement lui apporter dans sa chambre la nourriture prpare chez moi, matin et soir. On a dcid, crivait de son ct Galile un de ses amis Bocchinieri, que je me tiendrais retir ici, mais avec des aisances bien inaccoutumes, dans trois chambres... Quant ma sant, je suis bien, grce a Dieu et l'exquise attention de l'ambassadeur et de l'ambassadrice qui sont aux petits soinspour me procurer toutes mes aises. Du 12 au 30 avril, il habita la Minerve, aprs quoi, comme il se sentit i n d i s pos, il fut, sur Tordre d'Urbain VIII, reconduit au palais de l'ambassadeur du grand-duc, o il pouvait recevoir tous ses amis, et sortir en voiture a demi ferme. Il resta dans ce brillant cachot jusqu'au jour de sa condamnation qui fut p r o nonce le 22 juin Sainte-Maric-la-Minerve. Quant aux tortures, on ne les trouve affirmes nulle part, ni dans les lettres intimes de Galile ou de Niccolini, ni dans les pices authentiques des procs publies partiellement parMe Marini, intgralement par M. de Tpinois. Cette accusation d'ailleurs est abandonne aujourd'hui par tous les crivains impartiaux quelque opinion qu'ils appartiennent. On trouve, il est vrai, dans la relation originale du procs, dit Franois rago (t. III de aes uvres c o m p t e s , p . 2 8 2 ) , que les juges, dans une des phases de l'instruction, eurent recours au rigoureux examen ;
p

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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cl un grand nombre de personnes ont conclu de cette formule que Galile fut soumis la torture... la vrit de cette interprtation n'est pas dmontre. Ms Marini, dit de son ct M. Biot, constate positivement que Galile fut menac de la torture. Heureusement nous avons dmontr posteriori, par des preuves certaines, qu'il n'a pas t matriellement tortur... Non Galile ne fut pas physiquement tortur dans sa personne... Mais quelle affreuse torture morale ne dut-il pas souffrir... quand il se vit... contraint se parjurer lui-mme, renier les immortelles consquences de ses dcouvertes, h dclarer faux ce qu'il croyait vrai, et faire serment de ne plus* enseigner dsormais ce qu'il savait tre la vrit! ! ! Oui, sans doute, mais qui oserait dire qu'en se vouant lui-mme cette horrible torture, en n'ayant pas, aprs l'avoir provoque par mille imprudences, le courage de maintenir envers et contre tous ses convictions, que Galile ne l'avait pas mrite! Il dclare d'ailleurs, dans une lettre de janvier 1634, conserve dans la Bibliothque nationale de Paris, n'avoir rien souffert dans la'vie et l'honneur. Le vase impossible dans son Astronomie ou la mer d'airain. populaire Franois rago,
r

(tome III, p. 23), dit : Il

faut remarquer que la Bible n'est pas un ouvrage de science ; que la langue vulgaire a d y remplacer souvent la langue mathmatique. Ainsi, on voit quelque part un passage dans lequel il est question d'un vase circulaire qui a un pied de diamtre et trois pieds de circonfrence ; or tout le monde sait qu'un vase d'un pied de diamtre a plus de trois pieds de circonfrence; ajoutons mme qu'on que eut la circonfrence il mettre n'existe du vase en question n'aurait pas pu tre assigne mathmatiquement alors mme consenti ISO dcimales la suite du chiffre 3 , puisqu'il

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

pas de commune Ainsi

mesure entre la longueur

du

diamtre

d'un tcrcle cl celle de la circonfrence qui le termine. Franois Arago ne trouve nullement trange que Ja un cercle un pied de diamtre et t r o u non Bible assigne

pieds de circonfrence: il voit dans celte affirmation,

une erreur, mais comme une ncessit de langage, de mme que dans le cas du Soleil arrte-toi de Josu. Cette manire de rpondre du grand astronome est trs-respectueuse et il a pris soin d'ajouter que ses vues sur les objections tires du texte de la Bible sont maintenant admises par les personnes les plus pieuses, mme dans la capitale du monde catholique. Mais dans ma conviction profonde de la vrit absolue des Livres saints, je ne puis pas admettre qu'ils assignent trois pieds de circonfrence un vase d'un pied de diamtre. Arago n'indique pas le vase dont il s'agit, et ne renvoie pas au livre de laBiblc o il en est fait mention ; ce vase d'ailleurs n'existe pas, car le mot pied, dans la sainte criture, est compltement inusit, il n'en est fait mention nulle p a r t ; la vritable unit de longueur dans la Bible est la coude sacre que Newton dj avait dmontr, de bien des manires, avoir t, non pas la coude ancienne de 2 0 , 7 pouces anglais, 5 1 , 7 5 centimtres, en usage certainement chez les gyptiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Phniciens et les Samiens, mais une coude plus grande, et qui'est aujourd'hui dmontre gale a 2 5 , 0 2 5 pouces anglais, 5 2 , 6 6 centimtres, la coude del grande Pyramide. Ajoutons que, par une concidence merveilleuse, qu'on ne peut expliquer humainement, il se trouverjuc cette coude sacre de l'architecte de la grande Pyramide, de Mose et de Salomon est exactement la dix-millionime partie de l'axe polaire de la terre, ou de la distance du centre de la terre son ple, lment capital du globe terrestre. Cette longueur est une et absolument invariable; tandis que celle qu'on a

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appele MTRE, la dix-millionime partie du quart d'un mridien terrestre, est essentiellement multiple, et variable avec le mridien a mesurer : il est en effet des mridiens plus grands et des mridiens (1) plus petits ; le mtre, par consquent, est un nonsens quand on le spare du mridien de Dunkerque d'o on Ta dduit. Mais revenons au vase d'rago. grande mer d'airain de Salomon, C'est certainement la ainsi dfinie dans le

111 livre des Rois (ch. vu, v. 23) : Il fit aussi la grande mer d'airain, de dix coudes d'un bord jusqu' l'autre bord ; elle tait toute ronde ; sa hauteur avait cinq coudes, et un cordon de trente coudes l'entourait tout entire. Il y a bien l un diamtre de dix coudes et un cordon ou circonfrence de trente coudes ; mais il s'agit du diamtre extrieur et de la circonfrence intrieure d'un vase dont l'paisseur devait tre grande; et non pas du diamtre extrieur ou intrieur, de la circonfrence extrieure ou intrieure d'un mme vase, qui ne sauraient tre l'un l'autre comme 1 est 3 . Puisque nous le rencontrons sur notre chemin, coutons ce que in the Great Pyramide, M. Piazzi Smyth (Our Inheritance

p . 341) nous dit de ce vase mystrieux en nous rvlant un des


(l) Nous avons clrjconstate ce fait extraordinaire, page637; on le trouvera dmontr rigoureusement, en mme temps que beaucoup d'autres non moins tonnants, dans l'important ouvrage de M. Piazzi Smylh, Dur Inheritance in llie Great Pyramide, pages SHct suivantes. Babinct sur son lit de mort m'a appris que le plus petit mridien est celui qui passe par Jrus item, et le plus grand celui qui traverse l'embouch ire de larivire des Amazones. Rationnellement parlant, comme aussi thoriquement et pratiquement, l'unit de longueur du systme mtrique est un mauvais talon; elle est trop grande, mais clic a l'avantage de frapper l'imagination, d'eu imposer parmi certain apparat scientifique, cl d'tre mieux de nature, sous ce rapport, tre accepte par les diverses nations. Esprons cependant qu'une re de rsurrection nous rendra pour unit de longueur la coude sacre, la dix-millionime partie de Taxe de la terre indique par Catlctdans la prface de ses Tables de Logarithmes comme la base naturelle d'un systme mtrique humain,

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LES SPLENDEURS DE LA FOt.

plus tonnants secrets de la sainte Bible. Ce vase fut fondu en bronze, dans des conditions grandioses, sous une forme et avec des dimensions (6 mtres 20 de diamtre) qu'aucun fondeur n'a os aborder jusqu'ici. Malheureusement ce qu'en dit la Bible est rapport dans des termes diffrents. Le Livre des Rois, par exemple, dit que sa capacit tait de 2,000 bats, tandis que les Chroniques des Rois lui donnent 3,000 bats de capacit. Chroniques, Comme nous ne possdons que des fragments des

j'accepte le premier chiffre de la Vulgate (1) et je constate immdiatement, d'aprs la contenance en bats, que la mer d'airain avait a elle seule cinquante fois la capacit de chacun des dix bassins d'airain contenant chacun 40 bats. Cela pos, on nous apprend que la mer d'airain avait dix coudes d'un bord l'autre, qu'elle tait toute ronde, que sa hauteur tait de cinq coudes, qu'un cordon de trente coudes entourait son contour, et que son paisseur tait gale la largeur de la main. La premire chose a tablir est la forme du vase. Quelques-uns l'ont fait cylindrique ; le plus grand nombre l'ont fait hmisphrique : celte seconde opinion a pour elle, en outre de ce que le vase est )dil tout rond, le fait que la profondeur est la moiti du diamtre, et le tmoignage de Josphe, l'historien du peuple juif, qui en fait expressment un hmisphre. Nous avons dj dit que les trente coudes se rapportent la circonfrence intrieure. Considrons donc un vase hmisphrique, avec une circonfrence de trente coudes pyramidales : son diamtre 2 3 8 , 7 3 pouces pyramidaux ; et donnerait pour intrieure serait de paisseur

5,5 pouces, espace que la main d'un homme robuste c o u (1) La contradiction n'est peut-tre qu'apparente, car une opinion trs-commune attribue les 1,QP0 bals cxcdanLs des Chroniques, capacit du pied cylindrique creux qui portail la mer d'airain, la capa-. cit du vase lui-mme restant gale 2,000 bats.

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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vrirait peu prs. Dans ce cas, la capacit cubique d'un semblable hmisphre serait 3 5G2,070 pouces cubes pyramidaux ; et ce nombre divis par 5 0 , nombre pyramidal forme de 2 et
de 5, DONNE71, 242 POUCES CUBES PYRAMIDAUX; OR, CONCIDENCE TONNANTE, CE DERNIER CHIFFRE EST, A UN SEPT-MILLIME PRS, LA CAPACIT DE l/ARCHE D'ALLIANCE ET DU COFFRE DE LA GRANDE PYRAMIDE ! ! ! IL Y A PLUS, LE VOLUME GAL A CINQUANTE

l'ois le volume

de l'arche est exactement reprsent dans la chambre du Roi de la grande Pyramide par une masse que des joints mnags dans le lambris de granit qui lui sert de revtement limitent visiblement et constituent en une sorte d'unit. 11 est certain que Mose, quoiqu'il et vcu longtemps en Egypte, n'avait jamais pntr dans l'intrieur de la grande Pyramide, et n'avait eu par consquent aucune occasion do copier humainement la capacit du coffre, Nous sommes encore beaucoup plus certains que Salomon no visita jamais l'intrieur de la grande Pyramide, ou que, du moins, jl ne fut jamais en position de calculer le contenant de la chambre o tait dpos le coffre, et du coffre lui-mme. Comment donc expliquer ces donnes mtrologiques communes ces trois grands personnages, et impliquant, comme nous l'avons dit, par leur coude commune, gale la dix-millionime partie de l'axe polaire de la terre, des rapports si profonds avec les attributs cosmiques du globe, rapports tout h fait inconnus ou incompris de la science la plus pure et la plus leve de. ces temps anciens? La seule rponse possible ne serait-elle pas que le Dieu d'Isral qui vit p o u r toujours, inspira dans ce but et l'architecte, descendant de Sem, de la grande Pyramide, et Mose, son prophte, 'cl Salomon, son lu et son sage par excellence? Je crois utile de refaire ici, avec M. Piazzi Smyth, le calcul d e l capacit de l'arche d'alliance, Ses dimensions (Joq-

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

nes par la sainte criture, sont : 2, 5 coudes de longueur; 4, 5 coude de l a r g e u r ; 1 , 5 coude de hauteur. Rduites en pouces pyramidaux, ou parties aliquotcs de la coude de la grande Pyramide, qui est la coude sacre de Mose, ces dimensions sont 62, 5 ; 37, 5 et 3 7 , 5 . Mais s'agit-il de mesures intrieures ou de mesures extrieures? La capacit cubique sera trs-diffrente dans les deux cas. Sans doute qu'il s'agit de mesures extrieures, pour ces deux raisons : J la composante verticale est appele hauteur et non p r o fondeur; 2 la bordure d'or intrieure, ou le propitiatoire, qui avait la mme longueur et la mme largeur que l ' a r che, aurait t instable et expose ii tomber sans cesse au fond, si la longueur et la largeur indiques s'appliquaient non l'extrieur, mais l'intrieur de l'arche. La sainte c r i t u r e n e nous donne pas l'paisseur de l'arche; nous ne savons pas, par consquent, ce qu'il faut retrancher des dimensions extrieures ; mais comme elle nous dit de quel bois l'arche tait faite, nous pouvons estimer son paisseur avec une certaine approximation. Admettons, par exemple, que l'paisseur fut de 1, 8 pouce pyramidal ; la longueur, la largeur et In profondeur intrieures dduites des mesures extrieures seraient. : 5 8 , 9 ; 3 3 , 9 ; 3 5 , 7, qui donnent pour capacit ou contenance 7 1 , 2 8 2 pouces cubiques. Si l'on aimait mieux assigner aux parois latrales ou terminales une paisseur de 1, 75 pouces, au fond une paisseur de 2 pouces, proportions trs-usites en menuiserie pour une caisse semblable, on aurait pour les dimensions intrieures : 5 9 , 0 ; 3 4 , 0 ; 35, 5 ; et pour capacit 74, 2 4 3 .
ENTRE .CES DEUX NOMBRES, EST IDENTIQUE L A MOYENNE

74,242
Et

AVEC LE NOMBRE QUI

EXPRIME LA CAPACIT DU COFFRE DE LA GRANDE PYRAMIDE.

voil comment l'arche d'alliance, elle-mme, entre dans des rapports intimes avec le volume et la densit m o > e i n e d e la

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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Ierre considre comme un tout, ce qui distingue admirablement cet habitacle du Seigneur de toutes les caisses purement humaines. 11 est question, dans le troisime Livre des Rois (chap. vin, v. 38), de dix bassins d'airain : Hiram fit aussi dix bassins d'airain; chaque bassin contenait quarante bats, tandis que la mer d'airain contenait deux mille bats. L a capacit de
chaque vase tait donc le cinquantime de la capacit de

la mer capacit

d'airain; et puisque, comme nous l'avons vu, la de la mer d'airain tait de 3562,070 pouces

cubes pyramidaux, il en rsulte que la capacit de chaque vase d'airain tait de 7 1 , 241 pouces pyramidaux, ou, dans les limites des erreurs d'observation et des mesures, CELLE DU
COFFRE DE LA GRANDE PYRAMIDE.

Tout cela est videmment extraordinaire, mais cet extraordinaire, dans la circonstance d'un livre inspire, n'est-il pas
m i n e m m e n t n a t u r e l ? Des dimensions dictes p a r Dieu p e u -

vent-elles tre arbitraires? Ne doivent-elles pas, au contraire, avoir une signification profonde. Et puisque nous trouvons, de fait, ce que le raisonnement nous indique priori, ncessaire, force est d'incliner la tte et d'adorer. Les concidences tranges que nous avons dj mises en vidence, d'aprs Newton d'abord, sir John ierschcll, John Taylor, Piazzi Smyth, Sant John Day, etc., dans notre pisode de la grande Pyramide, etc., etc. ; celles sur lesquelles nous
ne pouvons pas insister ici, niais qu'on peut voir d a n s notre

comme

petit volume intitul La

Grande

Pyramide

(Paris, 1875,

Bureau des Mondes, rue du Dragon, 18}, et qui ont t rvles par une tude mathmatique approfondie de la chambre et de l'antichambre du Roi, de la chambre de la Reine, etc., sont dj innombrables, et le moment est venu, par consquent, ,de leur appliquer le raisonnement mathmatique par lequel

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LES

SPLENDEURS

DE

LA.

FOI.

le grand Young tablissait la certitude absolue de l'unit d'origine de deux langues qui avaient communs un nombre suffisant de mots. Six mots communs, disait-il, donnegrande raient mille sept chances contre une et huit mots prs de cent mille pour l'unit d'origine. Dans le cas de la Pyramide et de la Bible, il ne s'agit pas de six, huit, dix

concidence imprvues et incroyables, mais de vingt, trente, quarante et plus ; force est donc absolument de conclure ou une inspiration divine ou l'existence dans ces temps a n t i ques d'une science bien suprieure la science moderneChacune de ces deux alternatives est un coup mortel port ]a libre pense. La lumire, la nuit et le jour, les tnbres, les deux luminaires, la lune. Une attaque violente, nous presque brutale, laquelle grands dirions

nous avons dj fait allusion,

sortie, hlas! de la plume d'un physiologiste assez minent, M. Bence Jones, de la Socit royale de Londres, secrtaire gnral de l'Institution royale de Londres, nous force a grouper ensemble tous ces divers sujets, du reste connexes entre eux. Si le livre de la Gense est une rvlation de la science physique faite h l'homme par le alors l'existence d'une force vitale, Tout-Puissant, spare du corps com-

pltement form, est une vrit laquelle nous devons croire ; mais si ce livre, au point de vue scientifique, ne reprsente que l'tat des connaissances l'poque o il fut crit, comme nous le prouvent les faits qu'il rapporte, en contradiction avec la rvlation que le Tout-Puissant nous prsente dans ses uvres, alors quelque intrt que nous inspire le plus ancien monument des connaissances scientifiques, nous ne pouvons lui accorder aucune valeur, au point de vue de la science, quand il s'agit de dterminer les rapports vritables

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d e l matire et de la force vitale. (Confrence sur la Matire et la Force, faite au collge des Mdecins Revue scientifique, de Londres. 15 janvier 1870, p. 60.) Que d'erreurs en

quelques mots, sorties cependant de la plume d'un homme g r a v e ! Le livre de la Gense n'est nullement une rvlation de la science physique, et nous ne prtendons mme pas qu'elle reprsente l'tat des connaissances de l'poque o elle fut crite ; nous affirmons seulement que tout ce qui est crit dans ce livre est vrai : nous pourrions ajouter que ce livre, quand il s'agit d'une question aussi intimement lie aux origines premires et aux fins dernires de l'homme que la spiritualit de l'me, la distinction de l'me et du corps, commande imprieusement la foi. Nous soutenons en outre que la rvlation de la sainte Bible n'est nullement en contradiction avec la rvlation du Tout-Puissant dans ses uvres. Ayant dmontrer une thse si grave, M. Bencc Jones a d ncessairement choisir ses meilleurs arguments ; il les formule en ces termes : Voici les contradictions que prsente le premier livre de la Gense avec la rvlation donne par Dieu dans ses uvres ; ce livre dclare : I que la nuit, le jour et la lumire existaient avant le soleil ; 2 que les tnbres sont une substance comparable la lumire; 3 que la lune a sa lumire propre comme le soleil ; 4 que le firmament spare l'eau de l'eau, c'est--dire qu'il y a au-dessus des cieux des eaux semblables la m e r ; une cinquime contradiction se trouve dans les dtails sur l'ordre et le temps de la cration des tres inorganiss et organiss. On retrouve des ides semblables, ou mme identiques chez d'autres nations et d'autres tribus avant l'origine des connaissances naturelles. Il absolument est impossible d'admettre que Celui qui sait tout
o

ait fait dessein une rvlation inexacte pour se mettre la porte de l'ignorance des Hbreux. Dans ces dernires

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lignes M. Bence Jones plaide la thse que je dfends ici : Les crivains inspirs n'ont pas pu se faire les chos des erreurs populaires ou de l'ignorance ! Dans les lignes qui prcdent, j'oserais presque dire qu'il est absurde et que c'est lui qui, sans s'en douter, oppose l'ignorance ou la fausse science la science tonnante du livre de la Gense, Tout le monde enseigne aujourd'hui que la lumire, le jour, la nuit sont antrieurs au soleil, non pas peut-tre l'tat de nbuleuse en voie de condensation, mais l'tat d'astre arriv au terme de sa formation et constitu l'tat de luminaire du monde plantaire. En second lieu, la Gense ne fait pas une substance des tnbres comme elle fait une substance de la lumire, elle ne dit pas Fiant Tenebr, comme elle dit Fiat Lux. Elle se contente d'annoncer la cration du fluide lumineux, ou de Fther. Pour tous, aujourd'hui, la lumire est une sensation positive rsultant du mouvement ondulatoire de l'ther, l'obscurit une sensation ngative rsultant du repos du fluide t h r ; sparer la lumire des tnbres, le jour d e l nuit, en crant des. luminaires qui tantt se montrent, tantt se cachent, ce n'est nullement disjoindre deux substances des luminaires qui sparent le jour de la nuit, qu'ils dans le ciel et qu'ils clairent la ment h aucune ambigut, et il est incomprhensible et donner chacune son lieu. Ces expressions : qu'il soit fait luisent qu'un terre, ne prtent videm-

savant s'y soit (rompu. Quand Job parle des voies de la lumire et du lieu des tnbres, il ne les matrialise pas davantage. Au contraire, dans ces interrogations sublimes : a s-tu considr l'tendue de la terre ? . . . . En quelle voie la lumire habite et quel est le lieu des tnbres? En sorte que lu conduises chacune d'elles son terme et que tu connaisses les sentiers de leur demeure; il posait peut-tre au contraire un grand problme. En outre de la lumire et des tnbres il y a

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les clairs et les ombres, qui sont une vritable localisation : dterminer sur la surface entire de la terre la ligne centrale d'une clipse, c'est, eu propres (erraos, localiser les tnbres, sans en faire une substance vritable. En troisime lieu, quand la sainte Bible nous dit que la lune est un luminaire comme le soleil est un luminaire, qu'elle a sa lumire propre comme le soleil a sa lumire p r o pre, elle n'entend nullement affirmer, et elle ne dit nulle part, que la lune soit un corps clair par lui-mme. Partout, au contraire, la Bible nous reprsente la lune comme un corps dont la lumire varie sans cesse, croit et dcrot, monte et descend, ayant ses temps et ses phases, recevant par consquent une lumire qu'elle rflchit diversement suivant sa position dans le ciel. Un des prophtes, Bar-uch, fait mme cette distinction admirable : Le soleil brille, la lune ils brilleront comme le soleil, ils claireront claire, lune. comme la

Si, dans un texte que j'ai dj cit plusieurs fois, saint Paul dit : Autre est la lumire du* soleil, autre est la lumire de la lune, il n'exclut pas videmment l'unit d'origine de ces deux lumires, il les diffrencie simplement parleur intensit et leurs qualits particulires. M. Huggins m'crivait rcemment que, quoiqu'il n'ait pas pu dcouvrir dans le spectre de la lumire de la lune des raies spcifiques, cette lumire avait cependant ses reflets propres. En quatrime lieu, M. Bcncc Jones choisissait bien mal son temps pour plaisanter des eaux que Mose place au-dessus du firmament ; car quelques jours aprs, lespectroscope montrait la prsence de l'eau l'tat de vapeur dans les profondeurs des d e u x , dans les plantes et les toiles. Il est faux, en cinquime lieu, que Tordre dans lequel la Gense fait apparatre successivement les tres inorganiss et les tres organiss soit contraire l'ordre rvl par la gologie et la palontologie. Bien loin de l, nous l'avons prouv

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LES SPLENDEURS DE LA VQ.

surabondamment plus haut, l'accord entre les deux rvlations est parfait, et cet accord, inexplicable humainement, affirme invinciblement l'inspiration divine de Mose. E t quelle triste chose de voir un savant vritable, inventer toutes ces contradictions pour se dispenser d'accepter que nous avons une me distincte de notre corps! ! Ce besoin imprieux de matrialisme fait peur ! Un mdecin franais, publicistc de quelque valeur, avait aussi soulev les prtendues contradictions qui rvoltent M. Bencc Jones, et il ajoutait: La Bible considre les toiles comme des lampions; elle fait tomber les toiles sur la terre mille fois plus petite qu'elles, etc. Il ignorait que la science la plus avance nous faisait prvoir dj le moment o la terre, se prcipitant vers le soleil, ira alimenter sa lumire en se consumant : or nous montrer la terre se prcipitant vers le soleil qui fait partie du systme slcllairc, c'est rellement, en vertu du principe du mouvement relatif, nous montrer les toiles se prcipitant sur la terre. M. de Castelnau ajoutait enfin q u ' a t tribuer une clipse les tnbres qui couvrirent toute la surface de la terre, au jour de la mort de Jsus-Christ, c'tait noncer une monstrueuse erreur. La patience alors m'chappa et je lui rpondis (Les Mondes, t. XVII, p. 412) : Cet obscurcissement n'tait pas une clipse ordinaire, puisqu'il survint l'poque de la pleine lune, il a donc pu s'tendre toute la terre. Vous ne savez donc rien de la science moderne, p u i s que vous ignorez qu'indpendamment des clipses il est des offuscations du soleil dont les annales de tous les peuples font mention, et que Ton explique soit par une accumulation extrme des taches la surface du soleil, soit par un paississemeni accidentel de la matire cosmique qui entoure le soleil, et dont la prsence esi aujourd'hui dmontre, soit par le passage d'une nue condense de mtores, soit p a r l e s brouil*

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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lards, soit, etc., etc. Et votre Virgile qui nous montre le soleil presque teint la mort de Csar :
Cum capul obscura nitidum fcmtgine Impiaque lcvnam limuerunl. mcula linxil, noclcm.

Vous tes donc brouill avec lui? 11 est vrai que, comme beaucoup de vos confrres, ce qui prcde suffit le prouver, lorsqu'il s'agit de la Bible et de la rvlation, vous commencez par ne plus vouloir rien savoir, par vous condamner a une ignorance absolue, dont vous rougiriez ailleurs, mais dont vous tes fier ici, tant je ne dirai pas la haine vous aveugle, mais tant la rpulsion instinctive de tout ce qui est surnaturel vous place en dehors des limites de la vision distincte! Comment expliquer chez vous et chez tant d'autres, cette rpulsion du surnaturel? D'une manire bien simple. Vous tes plong, noy dans le naturel, pourquoi ne dirions, nous p a s . d a n s la matire, comme un oiseau dans l'air, comme un poisson dans l'eau. L'air, l'eau, le naturel, le surnaturel, sont des milieux excellents en eux-mmes, que bnissent les tres appels vivre dans leur sein; que m a u dissent les tres qui sont organiss, ou qui se sont organiss pour vivre clans un autre milieu. Voil le secret de la haine, du surnaturel qui va grandissant toujours, et qui doit nous rendre tolrants pour les personnes, alors mme que nous dtestons les doctrines. Voulez-vous une comparaison qui vous frappera davantage ? Vous savez que les organes qui n'exercent pas leurs fonctions s'atrophient: les poissons qui vivent dans les rivires souterraines des cavernes gantes du Kentucky no voient pas, leur il est rest l'tat rudimentaire. Il en est de mme des canards et des oies que l'on lve dans les p r o fondeurs inaccessibles la lumire des salines de la Pologne. Vous-vous tes plac volontairement, par la fatalit de vos

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LES SPLENDEUUS DE LA FOI.

tudes exclusives, dans un milieu la lumire de la rvlation ne peut plus vous atteindre ; l'il qu'exige la vision du s u r n a turel s'est atrophi, et sa perception est devenue pour vous impossible. Vous voyez l'artiste qui a fait votre bon diner, l'horloge ou la montre qui rgle votre temps, la locomotive qui vous emporte dans l'espace, mais vous ne voyez plus le crateur et l'organisateur des mondes. Ce qui nous semble nous le plus simple, le plus absolument ncessaire et certain, l'existence de Dieu, des esprits bons et mauvais, de l'me humaine, des sacrements, des miracles, la ncessit d'un culte, d'une liturgie, etc., sont pour vous ce que sont les couleurs, si bonnes cependant et si belles, pour un aveugle ou mme pour .un photophobe plac sous l'influence d'une mningo-encphalite ou de l'inflammation des membranes optiques. Vous tes des aveugles ou des malades, volontaires souvent, involontaires quelquefois! Au moins ne nous mprisez pas ; l'aveugle et le malade n'ont pas le droit de mpriser, pas .mme de plaindre le clairvoyant ou l'homme en pleine sant qui- p l e u rent avec raison sur leur triste sort. La confusion impardonnable des clipses avec les offuscalions du soleil, a fait commettre M. l'abb A.-F. James, auteur du Dictionnaire de la Bible, de la collection Migno, de une singulire mprise : Je ne sais, dit-il, dans son article
LUNK, si les Hbreux connaissaient la cause des clipses

soleil et de lune, mais ils en parlent toujours en des termes qui marquent qu'ils les considraient comme miraculeuses, comme les effets de la puissance et de la colre de Dieu. Les p r o phtes, parlant de la chute des empires, ne manquent gure de dire que le soleil sera couvert de tnbres, que la lune retirera sa lumire, et que les toiles tomberont du ciel ; Isae, chap. x m , v. 1 0 ; chap. xxiv, v. 2 5 ; Ezchiel, hap. xxvii, v. 7 ; Job, chap. n , v. 40, chap. m , chap. LXXV.

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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Mais par l mme que le soleil, la lune et les toiles perdent en mme temps leur lumire, il ne s'agit nullement danses textes d'clipss de soleil ou de lune, mais d'offuscations. On ne peut donc pas en conclure que les Hbreux ne connaissaient pas les clipses, ou qu'ils en ignoraient la cause physique. Si Ton peut, si l'on doit croire que le fait gnral des clipses du soleil, appeles en latin Defectus solis, dfaillances du soleil, est indiqu dans le texte de l'Ecclsiastique (chap. xvn, v. 30) : quoi de plus brillant que le soleil, et il a ses dfaillances , il est vrai qu'il n'est fait mention dans la Bible d'aucune clipse particulire. On a mme fait de ce silence un argument contre l'historicit des Livres saints. Ce silence cependant n'a rien que d'assez naturel ; il me semble mme qu'il prouve, au contraire, l'opinion oppose celle qu'nonait tout l'heure M. l'abb James, c'est--dire que pour les Hbreux les clipses du soleil et de la lune taient des phnomnes tout fait naturels, et qu'ils savaient, peut-tre prdire puisqu'ils connaissaient la grande priode ou cycle luni-solairedesix cents ans. Si les crivains sacrs y avaient vu des miracles ou des effets de la colre divine, ils en auraient certainement enregistr quelques-unes; mais parce que, au contraire, ils n'y voyaient que des faits astronomiques, ils les rservaient pour les livres d'annales qui n'existent plus, mais qui sont signals en assez grand nombre par les auteurs sacrs, et se sont fatalement perdus. Par exemple, le Livre guerres du Seigneur, le Livre rgne de Salomon, les Annales des Rois de Juda et livre sacr des Chinois, qu'on peut comparer au des des Justes, les Chroniques du d'Isral,

VHistoire naturelle de Salomon, etc., etc.. Dans le Chouking, Pentateuque, il n'est fait mention que d'une seule clipse, tandis que dans les autres livres sacrs qui sont plus particulirement'les annales de la Chine, on trouve un trs-grand
68

nombre

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

d'clipss, de chutes d'toiles filantes et d'autres phnomnes astronomiques. Les deux grands luminaires. Gense, ch. i, v. 10 : Dieu

fit donc deux grands luminaires, l'un plus grand pour p r sider au jour, l'autre plus petit pour prsider la nuit...
E t il les plaa dans le F i r m a m e n t du ciel pour luire sur la

terre. La lune est trs-petite par rapport aux plantes et aux toiles; et, en outre, elle n'a qu'un clat emprunt! N'cst-il donc pas absurde de lui faire jouer un si grand rle? Ce langage dont on veut ainsi faire une objection contre la sainte Bible est incontestablement trs-vrai et trs-sage. Il ne s'agit pas d'astres en gnra], mais de luminaires, ou d'astres appels clairer la terre; or n'est-ce pas un fait clatant de vrit qu'il est pour la terre deux grands luminaires: le Soleil, le plus grand,
le plus brillant et le plus constant des deux ; la L u n e , qui c o n s -

titue elle aussi un grand luminaire par son volume apparent et sqn clat infiniment suprieur, relativement nous, celui des plantes et des toiles. Vnus, le plus brillant des astres du firmament aprs le Soleil et la Lune, projette a peine une ombre sensible et ne constitue pas du tout un luminaire. Le fit lux. Un autre incrdule d'au del du Rhin, la patrie nuageuse de la libre pense, M. du Bois-Reymond, a pouss
l'impertinence beaucoup plus loin. Il a os dire : L e mot de la

Gense : La lumire fut, renferme donc un anachronisme physiologique. La lumire ne fut que du moment o, dans le
LOPPEMENT DVE-

de la srie animale, le

POINT ROUGE

visuel d'un infu-

soire distingua pour la premire fois la lumire des tnbres. Quoi, c'est un physicien clbre, un physiologiste surfait, qui, pour insulter au
LIVRE DES LIVRES,

feint et affiche d'ignorer

que le mot Lumire signifie la fois, l a c e n t et la sensation de

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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la lumire. Je charge M. Tyndall qui a trop exalt en public son compre de Berlin, de relever son erreur par trop volontairement grossire. Je lis dans la Lumire, page 129 de l'dition anglaise, page 137 de l'dition franaise : Vous avez appris en mme temps que le mot Lumire peut tre employ dans deux sens diffrents : il peut signifier l'impression faite sur votre conscience, ou il peut signifier l'agent physique qui cause cette sensation. L'toile des Mages. Saint Mathieu, chap. H, v. 2 : Nous

avons vu son toile en Orient et nous sommes venus l'adorer. Ils s'en allrent, et voici que l'toile qu'ils avaient vue en Orient les prcdait jusqu' ce qu'elle vint et s'arrta au-dessus du lieu o tait l'enfant. Rapproche de la prophtie de Balaam : Il se lvera une toile de Jacob (Nombres, ch. xxiv, v. 17), cette apparition de l'toile des mages constitue incontestablement un fait surnaturel et miraculeux que je n'ai scientifiquement, il n'a rien d'impossible. point examiner ici, dont j'ai seulement prouver que, considr Une toile qui brille, s'avance ou s'loigne, s'arrte, est tout fait dans les ides modernes, je pourrais dire l'ordre du jour, car il n'est maintenant question que de mtores lumineux, d'toiles filantes, tombantes, etc. C'tait l'ignorance ou du moins les fausses lueurs d'une science trop peu avance qui inspiraient des objections aussi ridicules que celles-ci : cause de leur lvation-infinie, comment les toiles pourraient-elles indiquer un pays, une ville, et plus forte raison une maison? En Rabaissant dans l'espace, l'toile, par son immense tendue, aurait couvert non-seulement Bethlem et la Jude, mais la terre tout entire !! Les savants alors ne connaissaient pas ou ne voulaient pas connatre les arolithes ou corps enflamms tombs du ciel, les bolides, les toiles filantes, etc., etc.

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LES SPLENDEURS DE LA .FOI.

C'est en vain que les Annales de la Chine, que Pline dans son Histoire naturelle (liv. XVIIf, ch. xxxvm), Virgile dans ses Gorgiques (vers 365 et suivants), le peuple dans sa tradition des feux de la saint Laurent, nous parlaient de pluies
les

d'toiles filantes, semblant tomber du ciel, la science acad m i q u e reprsente alors par Fontcnclle, son oracle,

repoussait avec une ironie qu'elle croyait fine et qui la r e n dait fire. On a vu en Chine des milliers d'toiles h la fois qui tombent du ciel dans la mer avec un grand fracas, ou qui se dissolvent et s'en vont en pluie Je trouve cette observalion h deux poques assez loignes ; sans compter une toile qui s'en va crever vers l'Orient comme une fuse, t o u jours avec un grand bruit, IL EST FCHEUX QUE CES SPECTACLESLA SOIENT RSERVS POUR LA CHINE, ET QUE CES PAYS N'EH AIENT JAMAIS EI: LEUR PART. Ces pays en avaient eu l e u r p a r i , on a

retrouv dans nos anuales de nombreux faits de chutes d'arolithes et le tmoignage de Virgile qui disait si simplement :
S.rpe eilam stellas, vento impendente, videbis PrcipUes clo labU noclisque per timbras (4) Flammarion tangos a tcrtjo albesecre tractas.

Le tmoignage de Josu (ch. x, v. M) : lorsque les Amorrhens fuyaient les enfants d'Isral, et qu'ils taient dans la ciel sur eux de
m o u r u t beaucoup et il en

descente de Bthoron, le Seigneur laua du


grosses p i e r r e s , j u s q u ' Azcca,

plus par la grle de pierres que les enfants d'Isral

n'en

avaient tu par le glaive ; le tmoignage des annalistes de Borne qui racontent qu'une pluie de pierres tait tombe
(1) Ces beaux vers me frappent aujourd'hui plus que jamais ; ils expriment nettement ce que Ton a appel la thorie de M. Coulvier Gravier, que la direction des tranes des toiles filantes indique celle d'un vent suprieur qui bientt soufflera la surface de la terre, .rajoute que le flot d'toiles filantes n'est pas seulement l'indice, mais la cause du vent suprieur, ce que AI. Joseph Silberman a dit le premier. F. M.

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du ciel sur le m o n t A l b e ,

comme tombe la grle chasse

par l v e n t ; le tmoignage de Plutarquc, dePythagore, etc.; les faits les plus authentiques de pierres normes recueillies au moment de leur chute, et conserves dans des glises ou dans des muses; enfin un rcit circonstanci de Gassendi, le clbre astronome, racontant que le 29 novembre 163fi on viten Provence, prs de Sdonc, une pierre enflamme tombe sur une montagne, o on l'avait recueillie, qui, refroidie, pesait 26 kilogrammes et tait devenue noire et trs-dure; etc., etc. : tout cela n'empchait pas le savant Le Clerc, au x v m sicle, de traiter d'imposture les pluies de pierre, et de folie les efforts que plusieurs auteurs ont faits pour les expliquer naturellement. Pour faire admettre les pluies d'toiles filantes de la Chine, il a fallu qu'Alexandre de Humboldt ft tmoin du magnifique spectacle du 13 novembre 1833 ! Pour admettre la pluie de pierres, il a fallu la chute observe a Laiglc en 1 8 0 1 , l'enqute ordonne par l'Institut de France et le rapport de M. Biot ! Pour admettre enfin l'existence du bolide si fidlement dcrit par tes Annales chinoises, il a fallu que l'on en et vu briller de toutes parts, s'avancer avec une vitesse plus ou moins grande, laissant derrire eux une longue trane comparable a la queue d'une (use et, souvent, disparatre aprs avoir fait explosion. Il ne reste donc rien de ces prtendues objections ou ngations tires-de l'Astronomie, sinon un tmoignage clatant en faveur de la science de la Bible qui nous a rvl des faits physiques longtemps ignors, et considrs mme comme impossibles, par la science du jour. Qu'tait rellement l'toile des Mages, certainement miraculeuse? Nous n'essayerons pas de le dire; mais on peut concevoir que ce fut un bolide ou astrode obissant la volont de Dieu.
e

Le veau d'or. Exode, chap. xxxin, v. 23 : Ils m'ont dit :

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Fais-nous des dieux qui nous prcdent; car pour Mose qui nous a tirs de la terre d'Egypte, nous ne savons ce qui lui est arriv... Moi j e leur ai dit : Qui de vous a de l'or? Ils Font apport et me l'ont donn, je l'ai soumis l'action du feu, et il en est sorti ce veau. V. 20 : Mose saisissant le veau qu'il avait fait, le brisa et le brla jusqu' le rduire en poudre, qu'il rpandit dans l'eau, et il donna de cette poudre boire aux enfants d'Isral. Que rsultc-t-il de ce rcit? Qu'au temps de Mose on connaissait For, qu'on savait le brler ou l'oxyder, c'est--dire le transformer en sous-oxyde ou en sesquioxyde, qui sont deux poudres impalpables, danger. l'une violet fonc, l'autre brune, pouvant toutes deux, p a r faitement, tre mlanges l'eau et avales sans C'est videmment l de la science trs-avance. Les agents efficaces d'oxydation certaine et prompte, le chlorure de sodium, le nitrate de soude, Je soufre taient videmment la porte et sous la main de Mose qui n'tait qu' quelques lieues des bords de la mer Rouge. L'eau rgale se fait avec le sel marin et le sel ammoniaque ; or, dit M. Gerhard dans le Dictionnaire de Douillet, article Ammoniac : De temps immmorial, on sut, en Egypte, extraire le sel ammoniacal de la fiente des chameaux; ils l'extrayaient de la suie rsultant de Fcmploidc ces excrments comme combustible. Pour rduire For en poudre impalpable ou en poudre soluble, il n'est pas mme ncessaire de le transformer en oxyde, en sulfure, ou en chlorure; il suffirait, quand il est fondu, de le faire tomber d'assez haut sur une plaque solide anime d'un mouvement de rotaiion suffisamment rapide, comme l'a fait dans ces dernires annes M. le baron deliostaing. En un mot, pour faire de ce rcit, de Mose une objection contre la Rvlation, il fallait tre ignorant comme l'tait Voltaire au x v m sicle, et ne pas connatre les proprits les plus lmentaires de For. Mais,
e

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dit-on, comment concevoir que les Hbreux dans le dsert aient eu la quantit d'or exige pour la fonte d'un veau d'or? Aaron lui-mme doutait qu'on put mettre cette quantit d'or h sa disposition, et il esprait chapper par l aux exigences du peuple. Mais cette quantit n'tait pas excessive; seulement d'une tle de veau, idole assez il ne s'agissait pas d'un veau entier, de formes colossales, mais communment adore par les gyptiens. Le R. P. Sicard a eu le bonheur de retrouver le moule de la tte du veau d'or, au pied du mont Oreb, sur le chemin qui conduisait au camp des Hbreux; il le mesura et constata que sa largeur et sa p r o fondeur taient chacune de trois pieds; il est creus dans un marbre granitique, rouge et b l a n c ; en examinant de fort prs, on y dcouvrait, en effet, la figure d'une tte de veau isole. (Lettres difiantes. Mission du Levant, t. V, p. 302.) Comme l'or se rencontre l'tat natif, qu'il est fusible une temprature relativement peu leve, 1 200 degrs, l'industrie de l'or a t la premire des industries mtallurgiques, et elle avait pris dans l'antiquit des proportions considrables, mme chez des peuples fort peu civiliss. Les varits d'or dont il est question dans la Bible dpassent en nombre, et peut-tre en beaut, les ressources de l'art moderne : or, or parfait, or trs-pur, or trs-raffin, or ductile, or fauve, or vert, or purifi sept fois, etc. Savoir purifier l'or, c'est savoir aussi le dissoudre. Dans la guerre qu'ils ont faite r cemment aux Acliantis, peuple presque barbare, les Anglais ont t grandement tonns de l'immense quantit de vaisselle plate et de bijoux d'or qu'ils ont trouve, et qu'ils ont accepte comme indemnit ou ranon de guerre. Du reste, l'industrie mme du fer, qui remonte en ralit Tubalcan, le Vulcain des Cres tait connue du temps de Mose, qui parle dans le Deutronome (chap. xxxm, v. 25), de chaussures fabriques

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avec du fer et de l'airain. On a trouv du fer forg au sein de la grande pyramide et des scories de fer sur le Sina. M. le comte de Caylus, dans son Recueil d'antiquits tiennes, gypdit : Le bois tait trs-rare en Egypte; on n'y

employait pour faire du feu que des pailles de riz, des plantes aquatiques dessches et de la bouse de vache. O prenait-on donc le combustible ncessaire pour fondre l'or et lofer? L'objection tombe devant le fait absolument certain de l'industrie de l'or et du fer. Plus la matire essentielle pour chauffer les fourneaux a t rare, plus il fallait d'attention et d'tude pour accrotre la chaleur et l'employer sans en rien perdre; plus encore il tait ncessaire de construire les fourneaux avec une intelligence que nous avons peine concevoir aujourd'hui : nous ignorons leur forme non moins que les moyens de s'en servir; et, tre vrai, nous sommes encore fort arrirs cet gard. Si l'on examine la quantit de bois et de charbon que l'on consomme en Europe pour les moindres oprations de chimie, on ne verra pas sans tonnement les gyptiens produire, avec des agents aussi faibles, de la fonte des mtaux. les effets les plus considrables En rsum, le

veau d'or, sa fusion et sa pulvrisation sont pour la science d e l Bible un nouvel et clatant triomphe. Constatons en finissant que cet pisode douloureux et terrible nous a t transmis par une tradition non interrompue. Le Roi prophte, dit (psaume CV, v. J9) : Us se sont fait un veau en Horeb, et ils ont ador le mtal qu'ils avaient sculpt. zchiel dit (chap. xx, v. 13 et suiv.) : a Ceux de la maison d'Isral se sont rvolts contre moi... parce que leurs coeurs couraient encore aprs leurs dieux de fiente. fait le dernier cho ( I v. 7, 8) : Ne
10

L'aptre saint Paul s'en est idoltres comme quelques-

pitre aux Corinthiens, chap. x,

soyez point

uns de vos anctres, dont il est crit : Le peuple s'assit pour

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mangfcr et boire, et il se leva pour jouer... Ne soyez pas fornicateur, comme quelques-uns d'eux qui, devenus fornicateurs, ont pri au nombre de trois mille, Je cite ces dernires paroles de saint Paul erreur de chiffre parce qu'elles rectifient une de la Vulgate, qui portait h vingt-trois

mille, au lieu de trois mille, le nombre des adorateurs du veau d'or tus parleslevij.es dans le camp d'Horeb. Eau sortie du rocher d'Horeb. Exode, chap. xxvn, v. 5

et suiv. : Marche devant le peuple, prends avec toi des anciens d'Isral ; et la verge avec laquelle tu as frapp le fleuve, prends-la en ta main et va. Voil que moi je me tiendrai l devant loi sur la terre d'Horeb; cl tu frapperas la pierre, et il en sortira de Peau, afin que le peuple boive. Mose fit ainsi devant les anciens d'Isral. Je ne comprends vraiment pas en quoi ce passage peut contrarier la science. 11 s'agit videmment d'un miracle demand Dieu par Mose, obtenu par le moyen indiqu de Dieu, dont le souvenir, comme miracle clatant, s'est aussi perptu jusqu' nos jours. Le Psalmistcle clbre en ces termes ,ps. LXXVII, v. 45) : Il a caus des interruptions dans une pierre, et il leur a fait boire comme dans un abme abondant. Saint Paul ( l
re

ptrc aux Corinthiens, chap. x , v. 4) appelle

Veau d'Horeb une eau spirituelle sortie de la pierre, figure de Jsus-Christ. On a oppos au rcit de Mose un passage de Tacite affirmant que les eaux d'Horeb avaient t trouves par un ne sauvage. Que pouvait en savoir Tacite? Ce rapprochement singulier des eaux et des Anes sauvages prouve videmment que son assertion toute gratuite n'est qu'une rminiscence et un travestissement du fait d'sa rencontrant dans le dsert, des eaux chaudes pendant qu'il paissait les nes de son pre. Le R. P . Sicard croit avoir retrouv le

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LES SPLENDEURS RE LA FOI.

rocher frappe par Mose et qui donna passage aux eaux abondantes de l'abme. (Lettres difiantes, t. V, p. 389.) Celle roche, situe vers le milieu de la valle de Raphedim, plus de cent pas du mont Horeb, est une grosse masse d'un granit rouge; sa forme est presque ronde d'un cte, et elle est plate du ct qui regarde Horeb. Sa hauteur est de douze pieds, avec pareille paisseur, et elle est plus large que haute... Elle est perce de vingt-quatre t r o u s ; chaque trou a un pied de profondeur sur un pouce de largeur... Laroche est polie depuis la lvre infrieure de chaque trou jusqu' terre; le bord des trous et la rigole polie laquelle elle donne naissance sont tapisss d'une petite mousse fine et verte. Tout cela ne scmble-t-il pas prouver qu'il sortit autrefois de tous ces trous une eau miraculeuse? Les moines du couvent du Sina, dit de son ct M.Alexandre de Laborde, dans son Commentaire sur VExode, montrent depuis des sicles, et les Arabes semblent avoir toujours vnr un rocher qui se trouve dans Ouadi-el-Lcdihir, sur la cte occidentale du mont Horeb. Il peut avoir quinze pieds en tous sens, cl il offre sur sa face principale les traces d'un cours d'eau. Tous les voyageurs, depuis nos plus anciens plerins, parlent avec respect de ce monument religieux et de la tradition qui s'y rattache. Aucun ne s'oppose cette authenticit ; elle parait avoir t accepte trs-anciennement dans la contre, puisque Mahomet doit l'avoir connue, lorsqu'il parle des douze fontaines qui dcoulent du rocher (Coran, v. GO), faisant allusion aux douze ouvertures qui s'y remarquent. Je ne dis rien de l'opinion des rudits du xix sicle, qui changent la verge de Mose en une sonde; la source m i r a culeuse en un puits artsien trs-habilement creus par Mose. Pour apaiser la soif d'une multitude altre, pour touffer ses murmures, conjurer sa rvolte et ses violences, se mettre
e

VTUT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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tranquillement a p e r c e r un puits dans un sol tout

compos

de roches arides et d u r e s , ce peut tre une ide de savant plong dans les abstractions de son cabinet, mais coup sr ce n'est pas une pense digne du conducteur divin et inspir du peuple d'Isral. Colonne de feu et de fume. Exode, chap. xin, v. 20 et suiv. : tant partis d,e Soccolh, ils camprent a Efcham, a l'extrmit du dsert. Et le Seigneur les prcdait pour leur montrer la voie, le jour dansunc colonne de nue, et la nuit dans une colonne de feu, afin qu'il fut leur guide dans l'un et l'autre temps. Jamais la colonne de nue ne disparut devant le peuple durant le jour, et la colonne de feu durant la nuit... L'ange du Seigneur gouvernait les mouvements de cette nue, et elle servait de signal pour camper et dcamper ; en sorte que le peuple s'arrtait dans l'endroit oii elle se fixait, et ne partait que lorsqu'elle se levait. Ch. xix, v. 19 et 20 : Alors l'ange de Dieu qui prcdait le camp d'Isral alla derrire eux, et, ainsi q u e l u i , la colonne de fume allant de devant en arrire, passa entre le camp d'Isral et le camp des gyptiens. Or la nue tait tnbreuse et elle clairait la nuit ; de sorte que pendant tout le temps de la nuit, ils ne pouvaient s'approcher l'un de l'autre. Deutronome,ch. i, v. 33 : Qui vous a prcds dans la voie et a mesur le lieu dans lequel vous deviez planter vos tentes, la nuit vous montrant le chemin par le feu et le jour par la colonne de nue. 11 s'agit ici videmment d'une, colonne ou nue mystrieuse et miraculeuse, qui devait son , existence h la toute-puissance de Dieu, qui tait sous la dpendance immdiate d'un ange ministre des volonts de Dieu. Saint Paul a rappel ce miracle clatant dans sa premire pitre aux Corinthiens (chap. x, v. \ ) : Nos pres ont t tous sous la nue, et ils ont tous pass la mer. Ils ont tous t baptiss

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

sous Mose dans la nue et dans la mer. Les rationalistes qui, avec Toland et autres, veulent assimiler la colonne et de feu qui guida les Isralites dans le perche d'Alexandre, au feu que les Perses de nue

dsert, la

portaient a la tte de leur arme, au rchaud encore en usage chez les gyptiens modernes, ne mritent mme pas - qu'on s'abaisse les rfuter; ils seraient moins draisonnables s'ils niaient purement et simplement le rcit de Mosp. Cadran d*Achas. IV Livre des Rois, ch. vi, v. 8 et suivants : Quel sera le signe que le Seigneur me g u r i r a ? . . . Voulezvous que l'ombre du soleil avance de dix degFs, ou voulez-vous qu'elle rtrograde de dix degrs? zchias d i t : 11 est commun que l'ombre monte de dix degrs, je ne dsire pas que cela se fasse, mais qu'elle rtrograde en arrire. Isae invoqua le S e i gneur et il ramena l'ombre par les degrs par lesquels elle tait dj descendue, sur le cadran d'Achaz, de dix degrs en arrire. Il s'agit ici videmment de la rtrogradation de l'ombre sur un cadran solaire. Si Isae dit (ch. xxxvm, v. 8) : Et le soleil retourna de dix lignes par les degrs par lesquels il tait descendu, le mot soleil)) peut remplacer le mot rayon du soleil , ou ombre du soleil . Pour expliquer cette rtrogradation, il n'est donc nullement ncessaire de recourir a une rotation de la terre ou du soleil en sens contraire de son mouvement diurne, rel ou apparent. Les termes mmes du Livre sacr dispensent de cette explication cependant possible, en permettant d'attribuer la rtrogradation l'ombre ou au rayon solaire. En outre, le fait racont par le second livre des Paralipomnes ich. xxxn, v. 31), que les princes de Babylouc envoyrent vers Ezchias, pour s'informer du prodige arriv s u r l a terre de Jude, ne forcent en rien d'admettre qu'il se soit agi d'un phnomne commun a toute la terre, aperu de
e

VRIT ABSOLUE DliS LIVRES SAINTS.

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toute la terre, comme l'aurait t la rotation en sens inverse du soleil ou de la terre, amenant sur tous les cadrans une rtrogradation de l'ombre. Le prodige qui intrigua les princes de Babylonc peut trs-bien avoir t le phnomne isol de la rtrogradation de l'ombre sur le cadran d'chaz et la
gurison miraculeuse d'zchias, dont le bruit s tait tendu j u s q u ' eux. Dans ces conditions, o il s'agit d'un phnomne

tout local, du dplacement de l'ombre sur un cadran particulier, on pourrait essayer de l'expliquer par un de ces effets de rfraction extraordinaire qui dplacent de quantits quelquefois trs-considrables les objets la surface de la terre. Il arrive souvent, par exemple, que le soleil et la lune ap paraissent tout entiers au-dessus de l'horizon, alors qu'ils sont encore tout entiers au-dessous. M. le Commandant du Gnie
Ducros, sur une plaine horizontale et sans obstacles, de vingt' mille mtres d'tendue, n'apercevait pas, vers les heures de

midi, un signal haut de 2 8 mtres. Vers

de 20

mtres et un peuplier

haut

trois heures seulement, on commen-

ait apercevoir le sommet du peuplier; le signal s'levait ensuite graduellement, et Ton arrivait distinguer le sol sur lequel il posait. Ces rfractions anormales ont souvent t telles, que l'on aurait pu commettre une erreur de 70 mtres sur la diffrence de niveau des points extrmes. Des clochers
trs-levs,dont on ne voyait pas, p e n d a n t le milieu du j o u r , le sommet cach sous Thorizou, se m o n t r a i e n t vers le soir ; et

aprs le coucher du soleil, on voyait non-seulement toute la flche, mais encore l'glise, le sol et le terrain environnant. Ces dviations sont certainement comparables celle de l'ombre sur le cadran d'Achaz ; celle-ci pourrait donc s'expliquer la rigueur par une rfraction extraordinaire due une modification profonde de la temprature de l'air sur le trajet des rayons solaires. Arrive soudainement aprs la prire

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

d'Isae, au moment o elle tait demande et commande : cette modification profonde de l'atmosphre n'en serait pas moins,un miracle clatant. Tout bien considr, les miracles de Josu, d'Isae, peuvent s'expliquer humainement, anthropologiqucment (c'est le mot invent parles ennemis de la Rvolution et qui n'a de ralit que dans leur imagination) par l'arrt ou le renversement du mouvement de rotation diurne de la terre autour de son axe. Quelques savants, pour donner plus de force l'objection, pour ajouter la prtendue impossibilit du fait miraculeux, feignent de confondre l'arrt du mouvement de rotation de la terre avec l'arrt de son mouvement de translation sur son orbite autour du soleil. Cette vitesse de translation, 3 0 , 4 kilomtres par seconde, est trs-grande relativement la vitesse de rotation 0 , 4 4 kilomtres. En vertu de la premire, la quantit de mouvement dont la terre est anime et sa mouvement de masse venait se convertir en molculaire ou atomique, c'est--dire force vive sont tellement normes que si, par un arrt subit, ce mouvement cette en chaleur,

chaleur serait assez grande, probablement, pour fondre sa masse entire, la rduire en vapeur et la dissiper dansl'espace. Nous pourrions concevoir humainement que Dieu, qui a cr la terre et qui l'a lance quivalemmcnt dans l'espace par un acte de sa toute-puissante volont, en animant simultanment chaque molcule ou chaque atome d'un mouvement gal, mais de sens contraire, celui qui rsulterait pour cet atome ou cette molcule de l'extinction instantane du m o u vement de translation de la terre, empche te dgagement de chaleur molculaire ou atomique, et conjure les redoutables consquences de l'arrt subil du globe terrestre sur son orbite, l'objection tomberait ainsi d'elle-mme. En outre, si par l'application des freins mcaniques, par

VHIT ABSOLUE DES L1VUES SAINTS.

1087

exemple du frein , air, ou par la seule compression de l'air au sein d'un espace ferm, nos ingnieurs ont pu teindre sans danger l'norme quantit de mouvement d'un train de chemin de fer lanc toute vitesse ; comment serait-il impossible a Dieu d'teindre, par mille moyens en son pouvoir, la vitesse de la terre et rendre insensible mme l'arrt subit de son mouvement de translation. Rien n'exige d'ailleurs que cet arrt ait t instantan; on peut concevoir que l'extinction ait eu lieu successivement dans un temps assez court. Mais, nous le rptons, dans les deux miracles des saintes critures, il s'agit non du mouvement de translation de la masse entire de la terre, de l'extinction de sa quantit de mouvement ou de sa force vive, mais de suspendre son mouvement de rotation sur son a x e ; ' e t d'annuler l'effet de la force centrifuge, forets qui, l'quafeur ou son maximum d'intensit, est exprime par la petite fraciion 0 m. 0346, partie c'est--dire qui ferait parcourir un mobile faisant

de la surface de la terre un peu plus de trois centimtres par seconde. Cette tendance au mouvement prle s'exercer si la terre cessait subitement de tourner, est donc relativement petite, et n concevant que chaque objet la surface de la terre soit anim d'une tendance gale au sens contraire, l'quilibre serait maintenu et l'immobilit assure. Mais je suis honteux de discuter ainsi d'un point de vue humain la toute-puissance de celui qui a dit et tout a t fait, qui a command et tout a t cr. Quand il s'agit de Dieu, parler de plus ou de moins, de petit et de grand, c'est un blasphme. Et la comparaison du mode d'action de Dieu au mode d'action de l'homme est autant un non-sens que la comparaison de l'tre contingent et limit de l'homme l'tre ncessaire et inlini de Dieu. Nous n'avons pas assez le sentiment de cette grande vrit rvle par saint P a u l : In ipso

'1088

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

vivinms,

movemur

et sitmus.

Nous sommes en lui, nous

vivons en lui, nous nous mouvons en lui. Le mouvement qui est pour nous quelque chose h la fois de relatif et d'absolu, n'existe pas pour Dieu. Il se fait en lui et par lui, comment n'en serait-il pas le modrateur absolu. Toutes les nergies actuelles, virtuelles, potentielles du monde matriel, ne sont que des manifestations de l'nergie in(inic|dc l'Etre ncessaire. Le grand principe de la conservation de l'nergie dont la science moderne est si fire, mais dont elle n'a pas le secret, a sa raison d'tre en Dieu premier moteur, principe k la fois de l'tre, du mouvement et de la vie. Des milliers d'tres et de mondes peuvent sortir du nant ou rentrer dans le nant sans que le dogme de la conservation de l'nergie soit atteint ; car, aprs la cration, il n'y a ni plus ni moins d'nergie qu'avant la cration. De mme qu'aprs la cration il n'y a ni plus ni moins d'tre au singulier, plus enlis, qu'il .y a seulement plus d'tres au pluriel, plura entia; de mme aprs la cration, il n'y a pas plus d'nergie, mais plus d'tres p a r ticipant l'nergie. Mais je viens de soulever un coin du voile qui nous cache la majest infinie de Dieu, et je me sens cras par sa gloire : Qui scrulatur ci gloria. Je me tais donc et j'adore. Verre. Prov., chap. xxm, v. 31 : Ne regarde pas le vin lorsque, ayant dj vieilli, sa couleur commence a tirer sur le jaune et qu'il brille dans le verre. On le boit avec plaisir, mais ensuite il mordra comme un serpent, et diffusera son venin comme un basilic ! Ce langage n'a rien que de trs-conforme la vrit. Celui qui le tient a vu videmment du vin, du vieux vin. Si en effet le verre n'tait pas connu du temps de Salomon, la seule objection qu'on pourrait en tirer c'est que le grand roi n'est pas l'auteur du Livre des majestalem opprimetur

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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Proverbes; or nous n'avons pas discuter ici l'authenticit des Livres saints. Biais cette objection mme n'est pas fonde. Le verre, dans le texte hbreu, n'tant pas exprim par son nom propre, on pourrait la rigueur dire qu'il s'agit du vin bu dans une coupe d'or ou d'argent, mtaux qui lui communiquent en effet une couleur jaune (la lumire rflchie plusieurs fois par l'argent est jaune). Mais tout semble indiquer qu'en effet il s'agit d'une coupe de verre. Pline (Livre XXXVI, ch. xxvu) parle du sable des bords du fleuve Blus, rivire de Phuicie, comme ayant servi, pendant beaucoup de sicles, mulla scula, h la fabrication du verre, quoiqu'on ne le trouvt que sur une tendue de 500 pas au plus. Le verre se faisait Sidon, ville situe assez prs de Blus. Nous apprenons d'Aristophane que de son temps, 400 ans avant Jsus-Christ, il y avait des verres ardents Athnes, ainsi que des verres servam aux expriences de physique. Il faut donc placer avant cette poque le grand nombre de sicles dont parle Pline, ce qui rapproche beaucoup le verre des temps de Salomon. Isae, qui mourut vers 7 7 7 , parle du verre, Ezchicl y fait allusion. Nous renvoyons pour le reste la savante dissertation de Michaclis sur l'universalit du verre chez les Hbreux. 'Dans un livre publi rcemment h la librairie de M. GermerBaillire,
LES CONFLITS OE LA SCIENCE ET DE LA RVLATION,

livre qui n'est en ralit qu'une expression passionne de haine et une dclaration violente de guerre contre l'glise catholique, ou mieux contre la Rvlation, puisqu'il proclame que tout dogme rvl est incompatible avec la science, M. le professeur Draper, de New-York, nonce en ces termes, dans une page incroyable, les cames et toujours grandissant deVabhne infranchissable creus entre le catholicisme et l'esprit
69

du sicle : les voici (page 2 5 9 , ligne 39, page 260) :

1090

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Quand on demande aujourd'hui la science d'abdiquer devant. l'glise, ne peut-elle pas rappeler celle-ci le pass. (1) Le conflit touchant la forme de la terre et la localisation du ciel et do l'enfer s'est tourn son dsavan tage. Elle disait que la terre tait plate, et que le ciel est un dme sur nos tles, et que bien souvent on avait vu des tres privilgis y oprer une ascension. (2) Une fois la forme globulaire de la terre dmontre sans rplique par le voyage de Magellan, elle s'tait rabattue sur la prminence de notre plante, en soutenant qu'elle tait le point central de l'univers. (3) Dloge de cette position, elle affirma ensuite que la terre est immobile, et que ce sont les toiles et le soleil qui tournent autour d'elle: l'invention du tlescope vint la convaincre d'erreur. Aprs cela, (4) elle prtendit que les mouvements des astres sont rgls par uue incessante providence ; les principes de Newton dmontrrent qu'ils le sont par une irrsistible loi. (5) Elle avait toujours soutenu que la terre avait t cre il y a six mille ans, ainsi que les astres, et qu'en six jours Tordre de l'univers avait t rgl avec toutes les plantes et tous les animaux qui peuplent la terre. (6) Contrainte et force par l'vidence, elle avait accord que ces six jours pouvaient bien tre six priodes d'une longueur indfinie. (7) 11 fallut renoncer aux six priodes, aussi bien qu'aux six jours, quand on vit que les espces s'taient lentement formes dans le premier ge, avaient atteint leur point de perfection dans le second, et, lcnte ment aussi, avaient disparu dans le troisime. (7) Les secousses cratrices des six priodes auraient demand non-seulement une premire cration, mais des crations successives. (8) L'glise racontait qu'il y avait eu un dluge universel qui avait couvert le sommet des plus hautes

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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montagnes, et quclcs eaux s'taient dessches par les vents ; des notions exactes sur le volume de la mer et de i'atmo sphre - ainsi que sur le phnomne de
t

l'vaporation, des mains du

montrrent la valeur de ce rcit. (9) Au sujet de l'homme, l'glise voulait qu'il fut sorti parfait Crateur et qu'il et dgnr par le pch. Aujourd'hui, elle en est rechercher comment elle pourra bien combattre les tmoignages qui surgissent de toutes parts, touchant la condition sauvage de l'homme prhistorique. Il s'agissait d'une guerre d'extermination, d'un bombardement sans merci ; matre Draper a donc d mettre en batterie ses Krupps les plus formidables. On voit quoi tout cela a abouti ! C'est bien le sorcier ou devin Balaam appel pour maudire et qui vient mont sur son ne dire malgr lui l'glise de Dieu : Que tes tabernacles sont beaux, Jacob, et tes tentes, Isral ! Et en effet la faiblesse honteuse de ses arguments est pour l'glise un clatant triomphe. Ce n'est pas elle d'abord, ce sont les saintes critures qui lui sont communes avec les juifs et les protestants, qui auraient enseign ces prtendues erreurs. L'glise comme glise, se faisant entendre en tant que divinement constitue, par la voix d'un concile incontestablement cumnique, ou du Souverain Pontife parlant solennellement ex cathedra, n'a contest aucune de ces vrits, affirm aucune de ces erreurs. Ce sont, au contraire, des enfants dvous de l'glise,' Copernic, le cardinal Cuja, qui ont les premiers enseign dogmatiquement le double mouvement de la terre sur son axe et autour du soleil; les vrits successivement controverses avaient autant ou plus de partisans dans les rangs du clerg que dans le sein des universits. L'argumentation de M. Draper est donc insense et injuste. Nanmoins, passons rapidement en revue chacun de ses griefs. 1. La terre surface plane !

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Elle est souvent appele dans la sainte Ecriture, globe; le livre de la Sagesse dit que Dieu lui a donn des gonds cl qu'il s'assoit sur sa rondeur ; Job demande qui l'a faonne autour, et q u i , la prenant par ses deux ples,

la secoirc pour en faire tomber les impies? saint Augustin la dclare globuleuse et ronde; Raphal, dans ses tableaux de la cration, l'a toujours peinte comme un immense globe rond. 2 . La prminence de notre plante! Jamais les livres saints ne l'ont compare aux autres corps clestes et ne l'ont exalte leurs dpens. Est-ce que Franois Arago dans son loge de Bailly, merveill des conqutes de la science, n'a pas dit : A ct de? uvres merveilleuses de l'esprit, qu'importe la faiblesse, la fragilit de notre corps? Qu'importent les dimensions de la plante notre demeure, du grain de sable sur lequel il nous est chu d'apparatre?)) M. Draper est-il certain que sur d'autres astres on ait fait d'aussi brillantes conqutes? 3 . L'immobilit de la terre! Josu ne l'a jamais affirme, il a parl le langage que parlent aujourd'hui encore les savants les plus eminents, et il serait impossible d'en inventer un a u t r e ! La loi du mouvement relatif est la loi fondamentale de la mcanique. Qu'avait d'ailleurs le tlescope faire dans cette question? M. Draper a voulu sans doute parler du gyroscope. 4 . La Pro-, vidence prsidant aux mouvements des astres ! M. Draper ne la bannira pas du monde. C'est le livre de la Sagesse qui a le premier parl de la circonvallation des abmes ou amas de matire dissocie, de 1 organisation des corps clestes par l'exercice'" d'une certaine loi et par le mouvement g y r a toire. Mais sa loi n'tait pas la loi d'attraction laquelle Newton lui-mme ne croyait pas, laquelle personne ne croit plus, absurdit manifeste que le monde savant a avale comme de l'eau pendant deux cents ans, que M. Draper,

VRIT ABSOLUE DES LIVKES SAINTS.

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cependant, a la simplicit de dclarer essentielle et ternelle, o. La terre cre il y a six mille a n s ! La Gense Ta fait apparatre au commencement des temps sous forme d'abme ou amas de matire nbuleuse. M. Draper confond la cration de la terre avec la cra Lion de l'homme, qui est, en effet, relativement toute rcente. Saint Pierre dit en passant qu'elle a t forme lentement au sein de l'eau et par l'eau ; Mose la montre se peuplant du simple au compos dans des priodes successives, et arrivant avec le temps son dveloppement complet. 6. Les six jours, priodes successives ! l i a toujours t permis de le croire, et beaucoup l'ont toujours cru. L'opinion qui fait des jours de la Gense des jours solaires compte aujourd'hui trs-peu de partisans : ces jours ont commenc avant le soleil, et le septime jour qui a eu son commencement n'a pas encore ou sa fin, aprs six mille ans. 7. Les crations successives! Qu'en sait M. Draper? La cosmogonie de Mose est une volution merveilleuse, aussi sage que celle de Darwin est risque, et celle de I-Iaeckci insense! 8. Le dluge universel! Nous y louchons p a r l a nation juive tout entire, pas Mose, par No, par Adam, c'est le fait le plus clatant de l'histoire du monde. Que peuvent contre la certitude du fait les prtendus calculs de M. Draper? Sait-il quel tait l'poque du dluge le systme des montagnes du globe ? les soulvements des Alpes, des Atadcs, de l'Himalaya thorie des soulvements, affirment sont rcents; des gologues illustres, et parmi eux l'auteur d e l que l'homme en a t tmoin et qu'ils ont pu tre la cause du dluge. David au temps de l'Exode fait surgir ou jaillir des montagnes ! Mota est terra... montes exultaverunt ut arietes. 9. La condition sauvage de l'homme ! Tout prouve que l'homme a exist et existe a l'tal sauvage; mais tout prouve aussi que l'tat sauvage n'a pas t sa condition primitive ; qu'il y est tomb
1

1094

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

aprs une re de civilisation premire; qu'il est

impos-

sible l'homme de sortir par lui-mme de l'tat sauvage ; que la civilisation vient essentiellement du dehors ; que certaines tribus savent se dfendre assez par leur sauvagerie de toute pression extrieure, pour rester dans une immobilit absolue, mme pendant des millions de millions d'annes, au dire de M. Richard Ovven, qui fait de l'immobilit des Andarnanitcs un argument en faveur de l'antiquit indfinie du genre humain. Voil M. Draper suffisamment dsarm I Ne nous arrtons pas cependant en si bon chemin. Il avait prlud son bombardement final (p. 259), par un tir ricochet, vraiment comique. Comment pourrait-on reconnatre un oracle inspir et infaillible sur les bords d u - T i b r e , q u a n d , dans des occasions rptes, les papes se sont contredits les uns les autres? Quand des papes ont dnonc des conciles et des conciles ont dnonc des papes? (Peut-on parler ainsi de ce qu'on no sait pas. C'est honteux ! Mais c'est la coutume des libres penseurs. Ou a-t-il vu des papes parlant solennellement ex cathedra, jugs et condamns par des conciles rgulirement cumniques, et vice v e r s a ?) Quand la Bible de Sixte-Quint contenait tant d'erreurs T prs de deux mille que ses propres auteurs furent obligs de la supprimer (Au lieu de deux mille, M. Draper aurait pu dire trente mille'. Mais quelle ignorance et quelle audace de transformer en erreurs coupables des variantes, des fautes de copistes ou d'impressions, portant sur des points, des virgules, des accents, des noms propres, etc., qui n'ont fait que mieux ressortir l'authenticit et la vrit absolue des Livres saints !), comment les enfants de l'glise pourraient-ils regarder comme des illusions trompeuses, la sphricit de la terre, son mouvement de rotation sur son axe et sa rvolution autour du soleil ? Comment pourraient-

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1095

ils nier qu'il existe des antipodes, et d'autres mondes plantaires? Gomment, enfin, pourraient-ils rester convaincus que l'univers a t cr de rien ; le monde fait en une semaine, et tout d'abord tel qu'il est aujourd'hui ; qu'aucun changement ne s'y est produit, mais que toutes ses parties ont fonctionn avec une telle indiffrence que l'intervention incessante de Dieu a t ncessaire pour les mettre en mouvement et pour les conserver? (Je ne sais pas si c'est la faute du traducteur, je n'ai pas le texte anglais sous les yeux ; mais ces interrogations sont vritablement idiotes ! ) Nous croyons autant et plus que M. Draper h la sphricit de la terre, son double mouvement de rotation et de t r a n s lation, auxantipodes, aux autres mondes plantaires, habitables ou non habitables, habits ou non habits, nous n'en savons rien car nous n'y sommes pas alls voir, pas plus que M. D r a p e r ; nous croyons a un tre ncessaire, et par consquent ternel, infini, tout-puissant; nous refusons de croire avec M. Draper, la ncessit, l'ternit draisonnable d'un premier tre qui a pu avoir mille formes ou dimensions diffrentes, tre anim de mille mouvements diffrents entre tre lesquels il n'a pas pu choisir avant d'exister. Notre

ncessaire, infini, a pu tout crer. tre contingent, fini, le protoplasme de M. Hacckel n'a pas pu se faire ce qu'il est, et n'a pas pu voluer. L'absurde est donc du ct de M. Draper. Rien ne nous force d'admettre (ce qui serait possible au Dieu ternel et infini), mais nous n'admettons pas que le monde ait t fait en une semaine, tel qu'il est aujourd'hui, et qu'aucun changement ne s'y est produit. Nous disons, au contraire, avec le roi-prophte, et que ce langage grandiose fait plir le langage terre terre de la fausse science : Vous Seigneur, au commencement vous avez fond la terre, et les deux sont les ouvrages de vos mains. Mais ils priront et vous subsisterez ;

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LES SPLENDEURS DE L FOI.

ils vieilliront comme un vieux vtement ; vous les changerez comme on change une tente ; mais vous vous serez toujours le mme, vos annes ne passeront p a s ; et les enfants de vos serviteurs habiteront avec vous. Quant a l'indiffrence des parties de la terre les unes pour les autres, nous ne sommes nullement disposs la remplacer par l'attraction universelle, par l'amour newtonien, qui n'est qu'un mot vide de sens, et une erreur monstrueuse, dont tout le monde rougit aujourd'hui, et nous abandonnons sans crainte le monde solaire elles mondes stellaircs Faction divine de l'impulsion et du mouvement qui ont t la consquence providentielle du Fiat lux solennellement prononc par Dieu. Il est donc vrai, absolument vrai, plus vident que le jour, que Vattaque brutale de M. Draper, entr en champ clos imbelle avec toutes les armes de la science moderne, n'a t qu'un trait mouss qui n'a pas su et pu pntrer : Telum sincictu. 11 me force m'crier dans un sentiment de joie

profonde, de reconnaissance sincre, avec le divin Sauveur des hommes : Je vous remercie, mon Pre, de ce que vous avez cach la vrit aux sages et aux savants, et de ce que vous ayez daign la rvler aux petits. Il en a t ainsi parce que c'est votre bon plaisir! Celui qui s'exalte sera humili.

CHAPITRE

ONZIME.

Vrit absolue des Livres saints.


(Suite.)

SCIENCES GOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES.

Le Paradis terrestre.

Gense, ch. n, v. 8 : Le Seigneur

avait plante ds le commencement un jardin de dlices dans lequel tait l'homme qu'il avait form. Verset 9 : Et le Seigneur Dieu fit sortir djn sol toutes sortes d'arbres beaux voir et de fruits doux manger, et aussi l'arbre de la vie au milieu du paradis, et l'arbre de la science du bien cl. du mal. V. 10 : Et de ce lieu de dlices sortait une rivire qui, aprs l'avoir arros, se divisait en quatre branches ou canaux. V. H : Le nom de Tun est l c P h i s o n , c'est le nom du fleuve qui coule autour de la terre d'Hevilalh, pays o on trouve l'or. V. 12 : Et Tor de ce pays est excellent, c'est l aussi que Ton trouve le bdellium cl l'onyx. V. 13 : Le nom du second fleuve est le Ghon, c'est le nom du fleuve qui coule tout autour de la terre d'Ethiopie. V. 44 : Le nom du troisime fleuve est le Tigre; c'est le nom du fleuve qui traverse l'Assyrie. Le quatrime lleuvc est l'Euphratc. Si l'on interprtait ce texte dans le sens que les quatre fleuves qui y sont mentionns avaient rellement tous les quatre leur source dans un seul et mme lieu, que les cours d'eau qui arrosaient le paradis terrestre taient bien le Phison, le Ghon, le Tigre et l'Euphrate, on se trouverait en

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LES SPLENDEURS DE L \ FOI.

prsence d'une difficult trs-grande, ou plutt d'une impossibilit absolue ; car videmment, au temps actuel, les sources ou origines de ces quatre grands fleuves sont trs-grande distance les unes des autres. 11 n'est aucun lieu d e l terre o les quatre rivires ci-dessus nommes, en admettant que ce soient les rivires qui portent actuellement ces noms, se rencontrent leur source ou sur un point quelconque de leur cours. Ces rivires, en outre, partageant le jardin ou le paradis terrestre en zones distinctes, auraient t un obstacle invincible son parcours. Il ne s'agit'donc pas dans le texte sacr du passage rel de ces quatre grands fleuves travers le jardin de dlices, et ils n'y sont cits que pour donner quelque ide des qualits particulires des quatre petites rivires qui l'arrosaient. En effet, dans la langue hbraque primitive, les noms propres taient des dfinitions abrges, et signifiaient les effets ou les proprits des sujets ou objets. Le Tigre tait ainsi nomm en raison de la rapidit de sa course. Le nom d ' E u p h r a t e , qualits qui signifie fructifier, caractrisait les qui, comme de mme Enfin fertilisantes de ses e a u x , qualits

pour le Nil, sont encore clbres aujourd'hui; nourrit l'Egypte comme l'estomac le nom de Phison donn au nom indien actuel, que

le nom de Ghon donn au Nil indiquerait que le Nil nourrit le corps. Gange exprime, comme le cesse g r a n tribu-

ce fleuve va sans

dissant en raison du grand nombre de cours d'eau

taires qui viennent sans cesse s'y jeter*. Tenant compte de ces considrations, on comprend sans peine que les rivires ou ruisseaux qui arrosaient le jardin d'Eden aient t ainsi appels, en raison des qualits particulires qui les rendaient minemment, propres embellir et a fconder le jardin d'Edcn. Or, c'est un fait ires-remarquable que Jrusalem nous p r sente encore aujourd'hui quatre rivires ou ruisseaux mi-

VMT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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nomment aptes remplir

ces mmes fonctions. Tous les

quatre ont leurs sources prcsqu'au mme point, deux vont se jeter dans la Mditerrane, les deux autres se jettent dans le Jourdain et la mer Morte ; et l'un d'eux, le torrent de Cdron, porte encore aujourd'hui un nom qui, comme l'Euphrate, exprime la vgtation luxuriante et l'ombre paisse de ses rives. Ainsi interprte, la description du Paradis terrestre ne
prsente plus aucune 'difficult ; elle confirme au contraire le

fait trs-remarquable que d'autres circonstances et une tradition minemment respectable semblaient signaler, que le Paradis terrestre tait situ dans la rgion qu'occupe aujourd'hui la ville de Jrusalem; que l'homme a t rachet l oit il avait pch; que l'esprit infernal a t vaincu au lieu mme o Havait remport son fatal triomphe; que le jardin des oliviers, thtre de l'agonie du divin Sauveur, avait t le tmoin de la tentation; que la croix a t plante sur l'emplacement m m e de l ' a r b r e du bien et du m a l , occasion de la

chute, et, en mme temps, sur le tombeau mme d'Adam, car on a dit, il y a bien longtemps, que le Calvaire (mot qui signifie crne) fut ainsi appel, parce que le crne et le corps entier d'Adam avaient t ensevelis prs de son sommet. Nous voici donc conduits cette conclusion vraiment frappante: Jrusalem a t le lieu de la cration de l'homme et de sa chute, comme il a t certainement le thtre de sa rdemption, comme il sera, d'aprs une tradition antique et presqif universelle, le t h t r e de la dernire scne du monde,

quand, ressuscit et condens dans la valle de Josaphat, le genre humain tout entier aura a rendre compte des deux grands bienfaits de. la cration et d e l rdemption. Que tousse lvent, dit le prophte Jol (chap. m , v. 42), et montent dans la valle de Josaphat, car c'est la que je jugerai toutes les nations.

1100

LES oPLEKDEUUS DE LA. FOI.

Le dluge de No. Reproduisons d'abord fidlement le rcit des Livres saints. Gense, chap. vi, v. 5 et suivants : Dieu voyant que la malice des hommes tait grande sur la terre, et que toutes les penses de leur cur taient sans cesse tournes au mal, se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre ; et touch de douleur jusqu'au fond du cur, j'exterminerai, dit-il, l'homme que j ' a i cr de la face de la (erre, et avec l'homme les animaux, depuis les reptiles jusqu'aux oiseaux du ciel, car je me repens de les avoir crs. Mais No trouva grce devant le Seigneur... Dieu lui dit : La fin de toute chair est venue pour moi, la terre est remplie d'iniquit cause d'eux, et moi je les exterminerai de la terre. Fais-toi une arche de bois taill ; tu feras dans l'arche des compartiments, et lu l'enduiras de bitume intrieurement et extrieurement. Et voici comment lu la feras. Sa longueur sera de 300 coudes ; sa largeur de 50 coudes et sa hauteur de 30 coudes. Tu feras une fentre en haut, en rduisant sa sa largeur une coude : quant la porte de l'arche, tu la mettras sur le ct; tu diviseras l'arche en trois tages, un premier au fond, un second au milieu, un troisime en haut. Et voici que j'amnerai- les eaux du dluge sur la terre pour faire prir toute chair qu'anime le souffle de vie; tout ce qui est sur la terre prira. Mais je ferai alliance avec toi ; tu entreras dans l'arche toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. Et de tous les animaux de toute chair tu en feras entrer deux dans l'arche, afin qu'ils vivent avec toi, l'un mle et Vautre femelle : oiseaux de toute espce, quadrupdes de tout genre et reptiles de tout g e n r e : de tous les a n i maux deux entreront prendras aussi avec avec toi, afin qu'ils survivent. toi de tous les aliments, Tu et tu les

emmagasineras dans l'arche, afin qu'ils servent de nourriture toi, aux tiens et tous les animaux. Et le Seigneur dit

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1101

No : Entre dans l'arche loi et toute la maison... De tous les animaux purs prends sept couples mles et femelles; mais des animaux impurs, deux couples seulement, m aies et femelles. Et des volatiles du ciel, prends galement sept couples, mles et femelles, afin que la race soit conserve sur toute la face de la terre. Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre durant quarante jours et quarante nuits, et j'exterminerai de la surface de la terre toutes les cratures que j'ai laites. No fit tout ce que le Seigneur lui avait ordonn. 11 avait six cents ans, lorsque les eaux du dluge inondrent la terre... No et ses fils, sa femme et les femmes de ses fils entrrent avec lui dans l'arche pour chapper aux eaux du dluge; et avec lui les animaux purs et impurs, les oiseaux du ciel, et tout ce qui se meut sur la terre, par couples, mles et femelles, comme l'avait ordonn le Seigneur. El lorsque les sept jours furent passs, les eaux du dluge commencrent inonder la terre. L'an six cent de la vie de No, au second mois, le dix-septime jour du mois, toutes les sources du grand ahime furent rompues, et toutes les cataractes du ciel furent ouvertes, et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et pendant quarante nuits... Ce jour-l mme, No, Sem, Cham et Japhet ses fils; sa femme et les trois femmes de ses fils, entrrent dans l'arche. Eux et les auimauxde tous genres; les animaux domestiques de chaque genre, tous les genres d'tres qui se meuvcntla surface del terre, chaque genre d'oiseaux, chaque genre d'tres que le souffle de vie anime sur la terre, tous les oiseaux et tous les volatiles, entrrent avec No dans l'arche, comme le Seigneur l'avait prescrit, dluge qui dura quarante j o u r s ; et les eaux et le Seise multigneur ferma la porte par dehors. Et il y eut sur la terre un plirent la surface de la terre ; et dtachant l'arche de la

4J 02

LES SPLENDEURS DE LA FT.

terre, elles relevrent

dans les airs. Car

elles causrent

une inondation violente, et remplirent tout la surface de la t e r r e : et l'arche tait porte sur les eaux. Et les eaux prvalurent par trop sur la terre, et les hautes montagnes en furent recouvertes sous le ciel tout entier. Elle dpassa de quinze coudes les montagnes qu'elle avait recouvertes. Et toute chair qui se meut la surface de la terre, tous les oiseaux, les animaux, les btes des champs, les reptiles, qui rampent la surface de la terre, tous les hommes, tout, en un mot, ce qui sur la terre est anim du souffle de vie. Et Dieu fit prir toute substance la surface de la terre, tout, depuis l'homme jusqu'aux quadrupdes, depuis les ananti la surface terre oiseaux du ciel jusqu'aux reptiles, fut

de la terre ; No resta seul avec ceux qui taient avec lui dans l'arche. Et las eaux occuprent la surface d e l pendant cent cinquante jours. Mais Dieu se souvenant de No, de tous tes animaux et de toutes les btes de somme? fit souffler le vent la surface de la terre, et les eaux diminurent. Les fontaines de l'abme et les cataractes du ciel furent fermes, et la pluie cessa de tomber du ciel. Les eaux s'coulrent allant et revenant, et aprs cent cinquante jours elles commencrent diminuer. Le vingt-septime jour du septime mois, l'arche s'arrta sur les montagnes d'Armnie. Mais les eaux allrent en dcroissant jusqu'au dixime mois. Le premier jour du dixime mois, les montagnes apparurent. Et aprs quarante jours, No ouvrit la fentre de l'arche qu'il avait faite, et il lcha le corbeau qui sortit et ne revint pas, quoique les eaux ne fussent pas encore dessches. Aprs le corbeau il lcha ensuite la colombe, afin de voir si les eaux avaient dj cess la surface de la terre. N'ayant pas trouv o reposer son pied, la colombe revint l'arche, car les eaux n'avaient pas cess de couvrir la t e r r e ;

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

H03

No tendant la main, la prit et la reporta dans l'arche. Aprs avoir attendu encore sept autres jours, No (it de nouveau sortir la colombe, elle revint a lui vers le soir portant dans son bec un rameau d'olivier aux feuilles verdoyantes. No comprit alors que les eaux avaient disparu de la surface de la terre. Il attendit cependant sept jours encore et donna essora la colombe, qui dsormais ne revint plus lui. La six cent unime anne, le premier jour du mois, les eaux avaient cess de couvrir la terre, et, ouvrant l'arche, No terre tait dessche. put constater que la surface de la

Le second mois, le vingt-septime du mois, la (erre avait recouvr toute sa solidit. Dieu parla h No et lui dit : Sors de l'arche, toi, ta femme, tes enfants enfants. Fais sortir et les femmes de les de tout avec -toi tous les animaux

genre qui sont prs de toi, tant les volatiles que les botes des champs et tous les reptiles qui rampent sur la terre ; prenez possession de la terre, croissez et multipliez-vous sur elle. No sortit donc, et avec lui ses fils, son pouse et les pouses de ses fils. Et tous les animaux, les botes de somme, les reptiles qui rampent sur la terre, chacun suivant son genre, sortirent aussi de l'arche. No alors leva un autel, et prenant un couple de tous les troupeaux, de tous les quadrupdes et de tous les oiseaux purs, il les offrit en holocauste sur l'autel. Et l'odeur suave-de ce sacrifice fut agrable au Seigneur qui s'cria : J e ne maudirai plus la terre, je ne m'irriterai pas contre les hommes parce qu'il est trop vrai, hlas ! que les sentiments et les penses du cur humain me vivante comme je viens de le faire, sont enclins au durant tous les mal ds son adolescence ; je ne ferai donc plus prir toute jours de la terre. L'ensemencement et la moisson, le froid et la chaleur, l't et l'hiver, la nuit et le jour ne cesseront pas de se succder.

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Telle est la narration de Mose dans son admirable simplicit. C'est le rcit naf, clair, mthodique d'un fait a n nonc l'avance, avec sa cause, la corruption gnrale du genre humain provoquant la colre de Dieu. Les dtails de l'vnement sont lis, enchans, coordonns, circonstancis de la manire la plus positive. Mose d'ailleurs,, de l'aveu de tous, est un homme minemment honorable, d'un trs-grand mrite, profondment instruit, dans les crits duquel rien, absolument rien ne fait souponner la fraude. S'il avait invent le fait d'un dluge universel, les Hbreux Tauraient-ils admis si facilement? n'auraient-ils pas invoqu des monuments, des inscriptions, des livres mme pour manifester aux yeux de l'univers entier la fausset de son rcit? Or, bien loin de l, un grand nombre parmi les crivains bibliques se sont faits les chos fidles du grand fait miraculeux du dluge ; il nous est attest par une tradition imposante, et par le tmoignage mme du Sauveur des hommes. Je me fais un devoir de reproduire ici les passages des Livres saints relatifs au dluge, parce qu'ils ont l'immense avantage de rattacher ce fait son origine par un lien continu et indissoluble, qui nous le fait en quelque sorte toucher du doigt et rend tout doute impossible. Psaume XXVIII, v. '10 : Le Seigneur a fait habiter le dluge sur la terre. Psaume XXXI, v. 6 : Les grandes eaux du dluge n'approcheront plus de lui. Ecclsiastique, chap. XL, -v. 1 8 et suiv. : No a t trouv juste, parfait, et au temps de la colre il est devenu la rconciliation : c'est pour cela qu'un reste fut laiss sur la terre quand arriva le dluge. 11 a t le dpositaire des alliances faites avec le monde, afin que toute chose ne ft pas extermine par le dluge. Isae, ch. LIV, v. 9 : C'est ici pour moi comme aux jours de No, qui je jurai que je ne ramnerais plus les eaux du dluge sur la terre. Nahum, ch. i, v. 8 :

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(( Par un dluge passager il changera la face de ce lieu. Ezech., ch. xiv, v. 14 : Si ces trois hommes justes, No, Daniel et Job sont au milieu d'elle, eux-mmes par leur j u s tice dlivreront leurs mes. Math., ch. xxiv, v. 37 et suiv. : Comme il tait aux jours de No, il en sera aux jours de l'avncmcnt du Fils de l'homme. De mme en effet que beaucoup, avant le dluge, mangeaient, buvaient, se mariaient, jusqu'au jour o No entra dans l'arche, et ne voulaient pas croire au dluge qui devait les enlever tous, il en sera ainsi de l'avncment du Fils de l'homme. Luc, ch. xvn, v. 26 et 27 : Comme il a t aux jours de No, il en sera aux jours du Fils de l'homme. Ils mangeaient, ils buvaient, ils pousaienL et taient pouss, jusqu'au jour ou No entra dans l'arche. Le dluge vint et les engloutit tous. pitre aux Hbreux, ch. xi, v. 7 : Par la foi, No ayant eu l'assurance de ce qui ne se voyait pas encore, saisi d'une sainte crainte, construisit l'arche pour le salut de sa famille, condamnant ainsi le monde, et constitu hritier de la justice qui nat de la foi. I p t . de saint Pierre, chap. m , v. 20 : Qui furent incrdules autrefois quand ils bravaient la patience de Dieu aux jours de No,
e r c

alors que se fabriquait

l'arche, dans

laquelle un petit nombre, huit mes en tout, furent sauves des eaux. I I Epitre de saint Pierre, chap. n i , v. > : Il ne pardonna pas au monde primitif, mais il garda huitime No, le hraut de la justice, en engloutissant dans le dluge le monde des impies. N'cst-il pas vident que ces allusions si frquentes au dluge de No le constituent h l'tal de fait solennel et authentique qu'on ne saurait rvoquer en doute de bonnefoi? Josphe, l'historien des Juifs, s'est fait l'cho fidle du rcit biblique, dans des conditions qui attestent une confiance absolue dans l'opinion publique familiarise avec le souvenir du
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dluge, elqui excluent jusqu' l'ide d'une fable ou mme d'une lgende populaire. Nous nous faisons un devoir de la reproduire (Antiquits, ch. vi) : Dieu ayant donn le signal et lch la bride aux eaux, afin d'inonder la terre, elles s'levrent, par une pluie continuelle de quarante jours, jusqu' quinze coudes au-dessus des plus hautes montagnes, et ne laissrent aucun lieu o l'on pt s'enfuir et se sauver. Aprs que la pluie eut cess, il se passa cent cinquante jours avant que les eaux se retirassent; et le vingt-septime jour seulement du septime mois, l'arche s'arrta sur le sommet d'une m o n tagne d'Armnie Les Armniens ont nomm ce lieu descente ou sortie, et les habitants y montrent encore aujourd'hui des restes de l'arche. Tous les historiens, mme b a r bares, parlent du dluge et de l'arche, entre autres, Brose le Chalden. Voici ses paroles : On dit que l'on voit encore des restes de l'arche sur la montagne des Cordions en Armnie, et quelques-uns rapportent de ce lieu des morceaux du bitume dont elle tait enduite, et s'en servent comme d'un prservatif. Jrme l'gyptien qui a crit les antiquits des Phniciens, Mnasas et plusieurs a u t r e s , en parlent aussi. Nicolas de Damas, dans le quatre-vingt-sixime livre de son histoire, s'exprime en ces termes : 11 y a en Armnie, dans la province Miniade, une haute montagne nomme B a r i s , o l'on dit que plusieurs se sauvrent pendant le dluge, et qu'une arche, dont les restes se sont conservs pendant plusieurs annes, dans laquelle un homme tait renferm, s'arrta sur les sommets de cette montagne. 11 y a de l'apparence que cet homme est celui dont parle Mose, le lgislateur des Juifs. Dans la crainte qu'eut No que Dieu et rsolu d'inonder la ferre tous les a n s . . . . , il lui offrit des victimes, pour le prier de ne rien changer Tordre qu'il avait premirement tabli comme No tait un homme

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juste, Dieu fut si touch de sa prire qu'il lui accorda ce qu'il lui demandait Philon le Juif n'est pas moins explicite dans sa croyance entire au rcit des Livres saints et au tmoignage d'une tradition non interrompue; sa narration acte Aprs avoir prpar leur nourriture, il introduisit dans cette enceinte les animaux mles et femelles de toutes les espces, soit terrestres, soit volatiles, afin de perptuer les races. 11 connaissait la divine clmence qui dsirait du moins la conservation des genres dans le cas o certaines espces disparatraient, et que rien des uvres divines ne fit dfaut. II arriva qu'aucun animal ne fit rsistance; les botes froces s'adoucissaient tout a coup, suivaient leur sauveur comme un troupeau suit son pasteur. Aprs que tous ces tres furent runis dans un seul lieu de refuge, on pouvait dire que c'tait
i

prsente quelques

particularits remarquables dont je crois devoir prendre

en ralit tout l'univers, puisqu'il renfermait autant d'espces diffrentes d'animaux qu'on pouvait en trouver sur le globe, et qu'on en a pu trouver par la suite. C'est ce qu'aucun discours ne saurait rendre comprhensible. L'esprance humaine ne fut pas trompe, car cet pouvantable prodige disparut avec la dcroissance graduelle des eaux. Les pluies s'arrtrent, et les eaux s'coulanl de toutes parts s'en allrent une partie dans les cavernes et les abmes de la terre, une autre partie dans les airs, attires par les rayons du soleil La terre mergea de nouveau comme au premier jour de la cration. Tous les historiens, tous les crivains, les chroniques et les traditions de tous les peuples sont unanimes dans leur affirmation du dluge ; on peut lire dans la Bible sans la Bible de M. l'abb Gainet ( 2 dition, tome I, pages f 71 et suivantes),
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FOI.

les tmoignages de la Chronique paschalc, de Ccdrnus, de Brosc et Alexandre Polyhislor, d'Abydne, d'Apollodore, de Platon, d'Ovide, de Lucien, de Pline, etc., etc., des Perses, des gypliens, des Indiens, des Chinois, des Japonais, des Siamois, des Tartares, des Lapons, des Mexicains, des Aztques, des Mandans, des Sionx, des Polynsiens, des Michoacans, des Madcasscs, des P e a u x - r o u g e s , des Carabes, des Apamens, etc. Mais, disait dj de son temps saint Epiphane, nous n'avons pas besoin de reproduire leurs tmoignages
PUISQUE LEUR TRADITION EST CELLE QUI NOUS A T CONSERVE.

Il suffit de constater qu'il n'est pas un peuple, qu'il n'est pas un coin de la terre qui n'ait fourni son tmoignage plus ou moins clair en faveur du grand vnement. Sans doute que plus d'une fois, certaines circonstances bizarres semblent embarrasser et dfigurer le fait principal ; mais, pour l'observateur judicieux et attentif, ces lgers dsaccords ne seront point un sujet d'tonnement, ils n'ont rien que de trsnaturel, que de trs-ncessaire, tandis que ce qu'il y a de surprenant et de vraiment extraordinaire, c'est le grand nombre de circonstances concordantes dans cette immensit de tmoignages, sur un vnement survenu il y a plus de quatre mille ans. Celte unanimit, cette universalit dans les souvenirs, ne peuvent videmment s'expliquer catastrophe, effrays. En dcembre 1 8 7 2 , dans la runion de la Socit d'Archologie biblique, sous la prsidence de sir Henry Rawlinson, M. George Smith, du British Musum, a donn lecture d'un mmoire vivement attendu par le monde savant, sur l'inscription cuniforme, descriptive du dluge, dcouverte il y a quelques annes sur les tablettes assyriennes de la Bibliothque de Sardanapale, runies dans le palais de Ninive, envireste que par la ralit de la grave dans la mmoire des peuples

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ron 700 ans avant l're chrtienne. Ce monument constitue une trs-longue lgende, dont le hros lzdubar vivait peu aprs le dluge ; le centre de ses exploits tait la ville d'Erech, maintenant appele Warka, qui doit avoir t une des plus anciennes cits du monde. Quatre villes seulement sont nommes dans ces inscriptions, Babel, Erech, Sareppart et Nipra. Deux de ces villes, Babel et Erech sont les deux p r e mires capitales de Ncmrod; la dernire Nipra, suivant le Talmud, est Chalae (Chal), la quatrime cit de Nemrod. Les Babyloniens croyaient l'existence d'un patriarche nomm Sisit, le Xisuthrus des Grecs, le No des Hbreux, que l'on supposait avoir obtenu l'immortalit, sans passer par la mort, lzdubar, tomb malade, rsolut de chercher Sisit, pour apprendre de lui comment il tait devenu immortel. Aprs avoir err longtemps, il rencontra un marin nomm UrHamsi, nom analogue l'Orichamus des Grecs, lzdubar et Ur-Hamsi construisirent un vaisseau, s'embarqurent, navigurent pendant un mois et demi, et arrivrent dans un pays situ prs de l'embouchure de l'Euphrate o Sisit devait h a b i ter. Ils le rencontrent, en effet; lzdubar demande h Sisit comment il est devenu immortel; Sisit dans sa rponse raconte l'histoire du dluge. Nous ne reproduisons pas ce texte par trop mutil, mais cependant intelligible, dans ses dtails et son ensemble; on pourra le lire dans h Journal officiel du 9 dcembre 1872, ou dans les Annales de philosophie chrtienne de M, Bonnetty, livraison de dcembre 1872. On y retrouvera, non sans quelque surprise, avec une forte teinte locale, toutes les circonstances du rcit mosaque : la dpravation du genre humain, la menace, la construction de l'arche et ses dimensions ; l'entre dans l'arche et sa fermeture, la pluie surabondante du ciel; l'inondation; la terre brillante change en un abme; les eaux atteignant le ciel;

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tout le peuple englouti; l v e n t qui vient scher la t e r r e ; l'arche arrte par la montagne de Nizir; le corbeau vivant des cadavres flottant sur les eaux; la colombe deux fois lche; la sortie de l'arche, l'autel, l'odeur agrable du sacrifice, etc., etc. Le texte original qui nepeut dater, suivant M. G. Smith, de moins de dix-sept sicles avant J . - C , parait avoir t crit en smitique babylonien ;la traduction, en caractres cuniformes, a t grave sur douze tablettes, portant chacune un des douze signes du zodiaque. E t , circonstance vraiment extraordinaire, le rcit du dluge est crit sur la onzime tablette, illustre du signe du Verseau, constellation, qui, en 2 8 0 0 , date qui est peu prs la moyenne entre les dates assignes au dluge par les diverses versions de la Bible, passait au mridien au-dessus du ple, quand du Dragon passait au mridien au-dessous du ple. M. Piazzi Smyth a mme constat qu' cette poque le mridien de la grande Pyramide coupait rorificc du vase d'o s o r t i e jet d'eau. Or on savait, bien avant ces constatations, que la constellation du Verseau, dans les traditions de presque tous les peuples, les Chinois, les Chaldcns, les gyptiens, les Grecs, etc., se rattache par un lien intime, comme par une relation de cause effet, la catastrophe du dluge. Dans ces conditions, la concidence signale par M. G. Smith a videmment une trs-grande porte. Il est donc vrai, absolument vrai, que toutes les nations attestent le fait d'un dluge qui a submerg la terre entire,' et dont la tradition se trouve non-seulement dans les h i s toires, mais dans les mylhologies de tous les peuples du monde. Ce qu'il y a de vraiment frappant, c'est que toutes ou presque toutes ces traditions placent l'vnement vers le mme t e m p s ; ajoutons qu'elles ne s'accordent pas moins sur un autre point aussi essentiel, et mme plus essentiel encore,

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lili

savoir : que le genre humain fui dtruit parle dluge, l'exception de quelques individus, et que cette destruction fut le chtiment i n f l i g e a une race d'hommes impies. Voici comment le grand Cuvier rsume ce tmoignage de l'Univers entier : Divers peuples ont conserv un souvenir plus ou moins confus de cette catastrophe, o recommence ncessairement l'histoire des hommes, telle qu'elle a pu nous tre transmise ; et ce qui est fort remarquable, c'est que ceux des peuples qui ont gard le moins de relations entre eux, s'accordent cependant placer cet vnement peu prs dans le mme temps, c'est--dire de quatre cinq mille ans avant l'anne prsente (1820). Chacun sait, en effet, que les livres de Mose, d'aprs le texte des Septante, celui qui allonge le plus l'intervalle entre le dluge et nous, ne font remonter le dluge qu' 5 3 4 0 , et selon le texte hbraque, dont la chronologie est la plus courte, 4 1 6 8 , suivant le calcul d'Ussrius, ou 4 3 9 3 , suivant celui de Frret : mais ce qu'on n'a pas remarqu, c'est que les dates donnes cette catastrophe par les Chaldens, les Chinois, les Indiens et les Grecs sont peu prs les mmes. (Discours sur la Rvolution du Globe.) Ne iaut-il pas que cet accord des traditions soit bien tabli, pour qu'il n'ait pas pu tre rcus par des hommes tels que Bailly, Frret, Boulanger, etc., minemment comptents, mais qui se faisaient gloire de leur incrdulit? Voici leurs tmoignages vraiment crasants. P o u r q u o i , dit Bailly, dans ses Lettres sur les sciences, l'effusion d'eau est-elle la base de toutes les ftes antiques? Pourquoi ces ides de dluge, de cataclysme universel? Pourquoi ces ftes qui ne sont que des commmorations? Les Chaldens ont leur histoire de Xixouthros, qui n'est que celle de No altre; les gyptiens disaient que Mercure avait grav les principes des sciences sur des colonnes qui pourraient rsister au dluge. Les Chinois ont

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aussi leur P e r r u n , mortel aim des Dieux, qui chappe dans une barque l'inondation gnrale. Les Indiens racontent que la mer a couvert et inond la terre l'exception d'une montagne, vers le nord; une seule femme avec sept hommes s'y retirrent; on y avait galement sauv deux animaux de chaque espce. Bailly conclut de cette croyance la vrit d'un dluge universel que les hommes n'auraient pas pu imaginer s'il n'avait pas t rel, et dont la tradition .s'est conserve chez tous les peuples. L'ide du dluge, dit Frret, telle que nous l'avons recueillie chez les diffrents peuples, est la tradition d'un fait historique. On ne cherche point perptuer la mmoire de ce qui n'est point arriv. Ces histoires diffrentes pour la forme, mais semblables quant au fond, qui prsentent un mme fait partout altr, mais partout conserv, ce consentement u n a nime des peuples me parait une preuve de la vrit de ce fait. Il faut, dit Boulanger, prendre dans ces traditions des hommes, un fait dont la vrit soit universellement reconnue. Quel est ce fait? Je n'en vois pas d'autre dont les monuments soient plus gnralement attests que ceux qui nous ont transmis cette rvolution physique qui, dit-on, a chang autrefois la face de notre'globe; et qui a donn lieu un renouvellement total de la socit humaine. En un mot,, le dluge me parait la vritable poque de l'histoire des nations. Nonseulement la tradition qui nous a transmis ce fait est la plus ancienne de toutes, mais encore elle est claire et intelligible ; elle nous prsente un fait qui peut se justifier et se confirmer : 1 par l'universalit des suffrages, puisque la tradition de ce fait se trouve dans toutes les langues et dans toutes les c o n tres du monde; 2 par le progrs sensible des nations et la perfection successive de tous les arts, etc. L'il.du physicien a

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fail remarquer les monuments authentiques rte ces anciennes rvolutions; il les voit graves partout en caractres ineffaables. Ainsi, la rvolution qui a submerg notre globe, ou ce que Ton a nomm le dluge universel est un fait que Ton ne peut rcuser, et que Ton serait forc de croire, quand mme les traditions ne nous en auraient pas conserv le souvenir. Concluons donc : Les traditions du monde entier, l'histoire de l'origine de tous les peuples conserve dans la mmoire de toutes les gnrations, et avant tout, par-dessus tout,le rcit inattaquable de la Gense, dmontrent invinciblement qu'un dluge universel a dtruit la race humaine tout entire, a l'exception du seul No ; et ce dluge survenu l'poque fixe par la chronologie biblique, a t accompagn de toutes les circonstances dont l'entoure l'historien sacr. Avant d'aller plus loin, et, pour mieux faire comprendre la nature vritable du dluge mosaque, pour mieux dmontrer que celte inondation extraordinaire, ainsi que les circonstances qui l'ont accompagne, ne sont nullement en contradiction avec les lois et les faits de la science, posons-nous quelques questions fondamentales. I. Quelle a pu tre et quelle a t la source des eaux diluviennes? Un de mes honorables confrres, M. l'abb Ed. Lambert, docteur en thologie, membre de la Socit Gologique de F r a n c e , ments de Gologie auteur des divers ouvrages, le Dluge let de Botanique, Mosaque

(Paris, Victor Palm, 1870), avoue (page 386, ligne 11) qu'il lui est impossible de se rendre compte de l'immense quantit d'eau qu'il et fallu rassembler pour que la terre entire ft submerge la hauteur de quinze coudes au-dessus des plus hautes montagnes du globe. Il aurait fallu pour cela, dit-il,

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que Dieu crt de nouvelles eaux; celles qui taient rpandues sur la terre et toutes celles eparscs dans l'atmosphre n ' a u raient pas pu y suffire (!!!). Il fallait de plus faire disparatre ces eaux qui n'auraient pu tre contenues dans les rservoirs que Dieu avait crs au jour de la cration (!!!). Il fallait un autre miracle d'vaporation, car rhypolhse des eaux souterraines contenues dans de vastes rservoirs au sein de la terre, et des cataractes clestes dans lesquelles les eaux se seraient rfugies aprs le dluge, n'est que le fruit de l'imagination (!!!). Ce langage nous tonne et nous attriste. Cette rpulsion du miracle, sous la plume d'un docteur en thologie, est pour moi au moins trange. Impossible, absolument impossible de sparer du dluge la triple srie de miracles dont M. Lambert fait si beau jeu, et qu'il ose proclamer AU
MOINS INUTILES,

quoiqu'ils soient si formellement affirms. Le

dluge a t miraculeux, dans sa cause; dans sa raison d'tre, la volont de Dieu rsolue faire prir le genre humain ; dans ' s a menace et son annonce, formules cent ans a l'avance. Or ces premiers miracles que M. l'abb Lambert ne nie certainement pas, supposent et appellent tous les autres. Le dluge a t miraculeux dans son agent, une pluie extraordinaire et divine de quarante jours et de quarante nuits. (Gen., ch. vi, v. 20.) Moi, dit le Seigneur, je plcuvrai sur la terre pendant quarante jours et pendant quarante nuits, et j'exterminerai de la surface de la terre toute substance cre par moi. Dans ma conviction personnelle, les fontaines du grand abme et les cataractes du ciel sont de& sources d'eau prises en dehors de celles que l'on trouve la surface et dans l'intrieur del terre. Dans la langue de la Gense, le mot abme signifie un amas de matire dissocie; les eaux du dluge comprennent et les eaux infrieures rpandues dans l'atmosphre de la terre et les eaux suprieures rpandues dans le firmament ou les

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espaces clestes. Le texte sacr dit en effet, de la manire la plus explicite chap. vi, v. 20 : Je pleuvrai sur la terre et j'exterminerai tout ; ch. vu, v. 11 : Toutes les fontaines du grand abime et les cataraclcs du ciel se sont ouvertes, ET
LA PLUIE A TOMB

suu LA TERRE ; et, chap. vin, v. 2 : Les fon Ce que donnent, galement, les

taines de l'abme et les cataractes du ciel se sont fermes et


LA PLUIE DU CIEL EST ARRTE.

cataractes et les abmes, c'est donc LA PLUIE DU CIEL, une pluie extraordinaire, divine, dont, cette poque de la constitution d e l terre, les lments naturels existaient dans l'atmosphre et dans l'espace. Voil, d'aprs la Gense, l'agent de l'inondation mosaque. i-je besoin de rappeler que dans toutes les traditions humanitaires, dans Josphe, dans Philon, dans la lgende assyrienne, il n'est question que de pluie, partout la pluie, toujours la pluie! Rptons-le encore, l'atmosphre terrestre, et peut-tre les espaces clestes taient tout autres que ce qu'ils sont aujourd'hui. Avant la cration d'Adam, d'aprs le texte sacr, il n'avait pas encore plu sur la terre (chap. il, v. 5), Non enim pluerat Dominus super terrain. La source qui arrosait la terre et servait surabondamment, avec l'humidit de l'atmosphre, l'entretien du rgne vgtal, sortait de la terre ; fons ascendebat a terra, irrigans ver sam super ficiem terne. uniJe crois pouvoir admettre que

cette absence de pluie arienne, qu'on pourrait peut-tre expliquer, ainsi que la vie incomparablement plus longue des premiers patriarches, par la temprature plus leve d'une atmosphre charge de vapeurs d'eau, plus riche en acide c a r bonique dissous, moins riche en oxygne, a continu jusqu'au dluge; et voil comment, pour l'homme qui n'avait pas pu le voir, alors qu'il ne pleuvait pas, l'arc-en-ciel aurait t un phnomne vraiment nouveau, apte devenir le signe d'une alliance nouvelle. Ce qui me confirme dans cette manire de

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

voir, c'est qu'il n'est nullement question, avant le dluge, de saisons diffrentes, d'alternatives de froid et de chaleur, etc. C'est seulement aprs le sacrifice d'adoration de No, au sortir de l'arche, que nous rencontrons ces paroles, admirables dans leur simplicit : Dsormais, et pendant toute la dure de la terre, l'poque de la semence et l'poque de la moisson, le froid et le chaud, l't et l'hiver, la nuit et le jour, se succderont sans interruption. M. l'abb Lambert va bien loin quand il dit : P a r les cataractes du ciel, il faut entendre les eaux rpandues dans l'atmosphre sous formes de vapeurs et de nuages, et par le mot abme l'immensit des mers. La raison ne saurait admettre une autre interprtation. Il va d'autant plus loin, qu'il se placeen outre dans les conditions d'atmosphre, de terre et d'eau, o nous sommes aujourd'hui. Dans ces conditions, en effet, il rendrait impossible, absolument impossible, et le dluge universel de la Gense pris 'ia lettre, avec les plus hautes montagnes du globe recouvertes par les eaux, et son dluge universo-particl, dont nous aurons parler tout l'heure, avec une inondation gnrale de 3 a 400 mtres. En effet, je lis dans Bertrand, Lettres sur les Rvolutions globe, du dition de M. Joseph Bertrand, de.'l'Acadmie des

Sciences, page 3 1 1 , ligne 2 8 : L e poids total de l'atmosphre (air et eau) est donc gal au poids d'une masse d'eau suffisante pour entourer le sphrode terrestre DIX MTRS
D'LVATION.

Il est vrai que M. Lambert fait aussi intervenir

les eaux de la terre et des mers, mais il oublie, d'une part, que toute l'eau du dluge, d'aprs le texte sacr et toutes les t r a ditions, a t de l'eau de pluie tombe du ciel, d'autre part, que son diluvium qu'il veut avoir t dpos par le dluge, est un dpt d'eau douce. Force est donc de rester dans le miracle du moyen; d'entendre par abme les eaux suprieures du fir-

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marnent, de cctlc atmosphre plus lgre, .plus igne, a laquelle des savants illustres Newton, Ilerschell, Qutelct, donnent 800 kilomtres de hauteur, qui rappelleraient les atmosphres d'hydrogne que la science du jour dcouvre autour du soleil et des toiles, et d'admettre, comme nous l'avons dit, avec le plus grand nombre des gologues, .par exemple avec M. d'IIomalius d'HalIoy, lments de Gologie, dition de 1862, p . 4 9 1 , une diffrence essentielle ntreles deux tats de l'atmosphre avant et aprs le dluge, .rappelle l'attention sur ces deux textes si prcis de la Gense, chap. ix, v. 11 et 1S. Aprs avoir dit dans le premier : Toute plus dsormais de dluge dissipant la, terre; le second : // ri y aura plus dsormais capables de dtruire toute chair; chair ne sera plus tue jamais par les eaux du dluge, il riy aura Dieu dit dans diluviennes d'eaux

ce que je serais tent

d'interprter ainsi : La quantit des eaux de l'atmosphre et du ciel, du moins dans les conditions o ces eaux se trouvent actuellement, serait insuffisante devenir l'agent naturel d'une inondation comparable celle du dluge. Si le systme de M. Lambert tait vrai, cette assertion des Livres saints serait fausse, car ses eaux diluviennes rpandues soit dans l'atmosphre sous forme de nuages ou de vapeurs, soit dans l'immensit des mers et les profondeurs de la terre, sont toujours l. Aprs le miracle de l'inondation vient le miracle de i'vaporation et de la disparition des eaux. Gense, chap. vin, v. 1 : Dieu amena l'esprit sur la terre, et les eaux d i m i nurent. De quel esprit parle la sainte criture? Est-ce de celui qui l'origine des temps planait sur les eaux; et faut-il admettre que, par son intervention surnaturelle, les eaux sont remontes aux espaces clestes dans un tal nous inconnu? S'agit-il simplement, au contraire, d'un vent violent que Dieu fait souffler, au moment voulu, pour vaporer les eaux? Le

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vent est en effet un puissant moyen de dessiccation. L'vaporation d'ailleurs tait grandement aide par le pouvoir absorbant du sol. Des savants ne craignent pas d'affirmer, que l'a terre tout entire pourrait absorber cinquante ocans comme les ntres, et que, de fait, elle a dj absorb la cinquantime partie des eaux qui la couvraient primitivement, en attendant que son pouvoir d'absorption continuant s'exercer incessamment, l'ait entirement dessche, comme il est dj arriv, en grande partie de la plante Mars, et en totalit du satellite de la terre qui ne prsente plus aucune trace d'eau sa surface. Le dluge a-t-il t universel, c'est--dire les eaux ontelles recouvert la terre entire, le globe entier, ou n'ontelles inond que la terre alors habite par le genre humain ? La rponse cette question ne saurait tre douteuse : I ' U K I VERSALIT

absolue du dluge est hautement proclame par le

texte de la Gense ou la narration de Mose, par la tradition des peuples, par l'impossibilit de concilier un dluge partiel aveclesfails du rcit biblique. I Le texte de la Gense. Mose se sert, pour dcrire son dluge, de termes tels, que, dans le cas o il et voulu exprimer son universalit absolue, il n'auraitpas pu en inventer de plus significatifs et de plus nergiques. Mose, en effet, fait dire Dieu qu'il veut exterminer de la face de la terre, les hommes, les animaux, les reptiles et JUSQU'AUX OISEAUX DU CIEL; or cette extermination ne pouvait avoir lieu qu' la condition d'une inondation gnrale couvrant tous les lieux o les animaux terrestres et les oiseaux du ciel auraient pu trouver un refuge. C'est ainsi seulement que, suivant l'affirmation de Mose, le dluge a emport dans ses ravages toute substance vivant la surface del terre, depuis l'homme jusqu' l'animal, depuis le
o

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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reptile j u s q u e l'oiseau du ciel. Est-il possible de mieux affirmer l'universalit du dluge qu'en disant :
LES HAUTES MONTAGNES FURENT COUVERTES D'AU SOUS LE CIEL TOUT ENTIER ! SoilS

toute la

vote du ciel ! Que pourrait-on dire de plus ? 2 La tradition. Elle affirme un dluge universel qui a fait prir le genre humain tout entier. S'il est vrai qu'elle prouve la ralit du dluge, il est vrai au mmo degr qu'elle prouve le dluge universel. 3 L'incompatibilit d'un dluge particulier avec la narration de Mose. S'il avait eu en vue un dluge local, Mose n'aurait-il pas fait agir Dieu contre les lois de la raison ? Car, quelle ncessit y avait-il de faire construire une arche, d'y faire venir tous les animaux, pour viter un dluge qui ne devait inonder qu'une assez petite partie de la terre ? N'lait-il pas plus raisonnable d'inviter les personnes que l'on voulait sauver, migrer dans les pays qui n'taient pas encore habits et sur lesquels le dluge ne devait pas se dchaner; d'autant plus que Dieu les avait prvenus longtemps a l'avance, et qu'elles avaient cent ans devant elles, c'est--dire beaucoup plus de temps qu'il n'en fallait pour aller au bout du monde. Dans la premire dition de son Dluge (in-8, 133 pages, Paris, Savy, 1 8 6 8 ) , page 114 lignes 25 cl suivantes, M. l'abb Lambert avait t jusqu' dire : On ne se demandait pas, et on ne pouvait pas le faire, alors que la science n'existait pas encore, comment la terre avait t universellement inonde, de telle sorte que tout le globe avait compltement disparu sous les eaux, ce qui est
LOIS DE L'HYDROSTATIQUE. CONTRAIRE A TOUTES LES

On ne cherchait pas expliquer le

phnomne, on admettait l'universalit absolue. Cette affirmation purement gratuite, que la terre entirement couverte d'eau est contraire aux lois de l'hydrostatique, m'tonna et m'effraya, et je crus devoir la repousser. Qui donc a tabli

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

qu'un ellipsode h peu prs de rvolution, ou mme trois axes ingaux, ne pourrait pas se maintenir en quilibre s'il tait entirement couvert d'eau, ou si mme il tait l'tat liquide? A. Jacobi et Liouville ont dmontr le contraire. Et d'ailleurs, l'quilibre a exist pour la terre avant son passage, hypothtique ou rel, de l'tal liquide l'tat solide, comme
avant la sparation des c o n t i n e n t s , q u a n d les eaux e n v a h i s -

saient tout. Pourquoi donc n'aurait-il pas subsist aprs la grande inondation du dluge? J'ai rdig des traits complets de mcanique, j'ai lu tout ce qui a t crit sur ces questions et je n'ai trouv nulle part cette affirmation si arbitraire et si tranchante. Pour plus de scurit, j'ai voulu consulter un des matres de cette branche de la science, le savant collaborateur de sir William Thomson, dans son grand trait de Philosophie naturelle; et M. Tait m'a rpondu, en date du 1-8 avril 1869 :
Piicn i:f empoche que la terre entire eut g a r d sa condition

d'quilibre avec une couche d'eau de 8, 10 ou 30 kilomtres, recouvrant toute sa surface. M. Tait ajoutait : La dpression soudaine d'une tendue suffisante du continent produirait un lac capable d'ensevelir les sommets des plus hautes montagnes sans que
TIQUE LES CONDITIONS ESSENTIELLES DE L'QUILIBRE HYDROSTA-

puissent faire dfaut. Et M. l'abb Lambert osait

invoquer les lois de l'hydrostatique! ! ! Cette seconde affirmation d e l lettre de M. Tait pourrait
servir au besoin rsoudre une autre objection. Dans ma

conviction intime, telle que je l'ai dj exprime, la source unique ou principale des eaux du dluge a t une pluie m y s trieuse dans son origine et miraculeuse dans son abondance. Or il semble presque impossible de concevoir qu'il puisse tomber en quarante jours une pluie capable de couvrir les sommets de montagnes de 4 et 8 mille mtres de h a u t e u r ! J'ai dj rpondu que la science ne nous a pas encore rvl

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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le secret des eaux suprieures du firmament ou des espaces clestes, et que Dieu pouvait trs-bien tenir l en rserve des provisions d'eau dont nous n'avons aucune ide. Mais voici une rponse plus accessible l'intelligence ou l'imagination. Les partisans les plus convaincus de la thorie des soulvements admettent que les normes dislocations, ruptions ou tassements, qui ont fait natre les immenses chanes de montagnes de l'Europe centrale, les Alpes, de l'Amrique centrale, les Andes, de l'Asie centrale, l'Himalaya, sont relativement rcentes et contemporaines, ou peu prs, de la grande catastrophe du dluge. M. lie de Beaumont n'hsitait pas affirmer que l'homme avait t tmoin du soulvement des Alpes et des Andes, et que ces soulvements, ensemble ou sparment, avaient pu tre la cause du dluge, en ce sens que les eaux de la mer refoules par la dpression subite du sol, dpression qui est une consquence ncessaire ou une condition essentielle du soulvement, auraient tout inond. Dans cette hypothse, les eaux souterraines du globe auraient jou avec la pluie atmosphrique un rle considrable dans l'immense inondation. Mais la thorie des soulvements, du moins dans son application au dluge, comme cause effet, ne me parat nullement probable. Il me semble bien plus naturel de faire servir l'immense inondation du dluge l'explication des soulvements ou des tassements qui ont dtermin les dislocations gigantesques que la science dmontre avoir t contemporaines ou peu prs du dluge. Sous l'immense pression d'une colonne d'eau de plusieurs milliers de mtres, la puissance d'absorption du sol a d atteindre des proportions extraordinaires; et au contact du feu central, dont l'existence est gnralement admise, la masse d'eau absorbe, se rduisant subitement en vapeur, a d faire natre des ruptions volcaniques aussi extraordinaires, dans
71

4122

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

leur genre, que l'inondation diluvienne. Je me fais illusion, peut-tre, mais il me semble bien plus scientifique, bien plus rationnel, bien plus conforme aussi au texte de la Gense, de rattacher les soulvements des trs-hautes chanes de m o n tagnes h l'action des eaux diluviennes, que d'expliquer les eaux diluviennes par les soulvements. Et par cela mme que les hauteurs de & h 8 mille mtres que l'on observe aujourd'hui la surface du globe n'existaient peut-tre pas avant le dluge, qu'elles sont la suite ou la consquence du dluge, que les montagnes primitives de la terre n'avaient peut-tre rien d'excessif, la quantit d'eau ncessaire l'inondation du dluge universel diminue dans une proportion norme, et entre beaucoup mieux dans- les limites du possible, avec l'aide, au besoin, du miracle, qu'il est raisonnable ou mme ncessaire de faire intervenir. M. l'abb Lambert fait l'universalit absolue du dluge une objection plus trange encore, que je ne relve qu'en r a i son de la valeur extrinsque que lui donne la plume d'un docteur en thologie. Elle est tire du petit rameau d'olivier verdoyant que la colombe revenant l'arche portait dans son bec. (Dluge, l
r e

dition, page 119, lignes 19 et suivantes.)

Est-il croyable que des plantes ariennes et terrestres, aussi dlicates que l'olivier, aient pu vivre et verdir une anne toute entire, submerges dans les eaux? Ce fait serait contraire toutes les lois de la physiologie vgtale. La science vritable, la botanique, ne pourrait enseigner que les plantes ariennes et terrestres puissent vivre compltement submerges dans l'eau. Par consquent, il faut bien admettre que la colombe a d dtacher quelque part un rameau verdoyant, et elle n'a pu se le procurer que dans
LE CAS D'UN DLUGE RESTREINT

! Mais,

premire contradiction lamentable,

trop naturelle, hlas!

quand on s'est plac sur le terrain du faux, ce rameau ver-

VRIT

ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1123

doyant qu'il invoque contre la doctrine gnralement admise du dluge universel, M. Lambert en fait, page 9, une feuille mche. O r , comment dclarer matriellement impossible, contraire toutes les lois de la physiologie vgtale, aux principes vritables, que la colombe ait trouv sur un olivier merg des eaux du dluge, la matire d'une feuille mche ? Seconde contradiction, ou mieux divagation plus inconcevable encore! Admettons-le pour un instant, le retour de la colombe avec le rameau verdoyant est une preuve irrcusable du dluge restreint; le rameau verdoyant a t cueilli dans une rgion pargne ou prserve ! Mais le pauvre oiseau, videmment, n'aurait-il pas d dans sa premire sortie, bien plus
T

que dans la seconde, atteindre cette rgion privilgie? N'importe, son instinct a pu le trahir. Dans un second lan, il est arriv au but. Mais qu'en rsultera-t-il pour le dluge restreint de M. Lambert? Une montagne de difficults qui l'craseront. Lche dans la matine, la coloribe a pu voler six heures en ligne droite, trois heures pour aller, trois heures pour revenir. C'est beaucoup, c'est trop peut-tre pour un oiseau effar qui ne peut ni percher, ni prendre un instant de repos. Donnons son vol une vitesse moyenne de dix lieues par heure, la terre prserve tait donc trente lieues de distance! Mettez quarante, mettez soixante lieues! Dpassez la vitesse maximum du pigeon entran, dress, des voyages lointains, dix-huit lieues! ! Qu'en rsultera-t-il? Que la terre habite par le genre humain, que la terre inonde par le dluge de Mose tait une zone de trente ou soixante lieues de rayon, une petite fraction de notre France. Mais peut-tre que xlans la pense de M. Lambert, la rgion prserve, atteinte par la colombe, a t distance, non pas en longueur, mais en hauteur ? L'olivier aurait occup les sommets des montagnes ou collines environnantes. Or cette hypothse est contradic-

1424

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

toire avec le texte sacr, qui veut que toutes les montagnes de l'horizon aient t recouvertes d'eau. Son dluge alors serait par trop microscopique. Mais revenons au fond de l'objection et discutons-le, parce que cette discussion nous fera mieux connatre la nature du dluge mosaque que la fausse science ou la demi-science a trop dfigur. Si, disait M. l'abb Lambert, au mme endroit, le dluge a t universel, d'une universalit absolue, toute vgtation a d tre bouleverse et anantie, tout le sol enlev et ruin; il est bien certain que rien n'a d rsister l'action des eaux. Comment alors expliquer l'existence de ce rameau verdoyant, autrement que par un miracle? Nous avons peine comprendre cette manire de raisonner. Il s'agit simplement d'un sol inond, pourquoi sauter tout coup la vgtation bouleverse et anantie, au sol enlev et ruin, a l'action d'eaux imptueuses? Il n'est pas question de tout cela dans le texte sacr. S'il est dit que les eaux allaient et revenaient, il s'agit tout simplement des mouvements de va-etvient, d'avance et de recul, des eaux qui s'coulent ou qui se vaporisent sous l'action des vents. La Gense ne fait aucune allusion a ces courants violents'qui auraient tout dracin, et qui, avant tout, auraient entran l'arche bien loin. Elle ne dit pas du tout que l'arche ait parcouru de trs-grandes distances ; l'Armnie, o l'arche s'est'arrte, n'est pas trs-loin de son point de dpart. Elle ne parle pas de la destruction des , plantes, mais seulement de tout ce qui, la surface de la terre, est anim par une me vivante, par le souffle d e l vie. La Gense suppose, au contraire, la conservation du rgne vgtal, puisque No n'a pas reu d'ordre spcial de prendre avec lui les semences de toutes les plantes, et qu'il ne les a prises , dfait, qu'en tant qu'elles adhraient aux plantes dessches qui devaient s e r v i r a l'alimentation des animaux. Il s'agit

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1128

d'ailleurs d'un sol simplement inonde, par des eaux probablement tidcs, puisqu'elles provenaient-en trs-grande partie des vapeurs prcipites au sein d'une atmosphre chaude. II s'agit aussi d'un olivier, plante feuilles coriaces, persistantes, assez peu dlicates, qui avaient trs-bien pu rester sous l'eau l'tat de verdure pendant quelques mois. Or impospourquoi cette conservation temporaire serait-elle

sible, absurde en histoire naturelle, contraire toutes les lois de la physiologie vgtale? Eu cherchant bien, en tudiant avec attention les faits d'inondation, on trouverait sans peine que des arbrisseaux plus dlicats que l'olivier ont t conservs sous l'eau pendant plus de cent cinquante jours. Je ne vois l aucune difficult. Dans son excellente dissertation, scientifique et thologique, extraite de Y Encyclopdie
DU DLUGE

au point de vue de 00 pages,

brochure catholique,

in-18

et publie par M. Pa -

renl-Desbarrcs, p. 7 9 , M. l'abb Maupicd, le vaillant collaborateur de M. de Blainville, s'exprime ainsi : Les eaux du dluge ne sjournrent que quatre ou cinq mois sur les montagnes, et environ un an sur les plaines et dans les valles;' un aussi court sjour des eaux n'a pu dtruire compltement les vgtaux. Pour les grands arbres, le tremblement de terre d'bmenabred, aux bouches de l'Indus, nous prouve qu'ils ont pu tre conservs. Ce tremblement de terre arriv en 1819, abaissa sous les eaux de la mer le fort de Sendre et tout le pays environnant, dans une tendue d'environ douze lieues sur sept de largeur. En 1828, c'est--dire neuf ans aprs l'vnement, le capitaine Barnes visitant ces lieux, dans une chaloupe, vit les poissons circuler parmi les arbres rests debout Le flux et le reflux des mers qui dposent deux fois par jour sur beaucoup de ctes, dessables, des marnes, ne suffisent pas depuis des sicles pour y dtruire toute vgta-

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

tion. Qui ne connat, la puissance prolifique des graines, la vivacit des plantes, des racines, des tiges, etc. ? Nous nous garderons d'invoquer le tmoignage de Thophraste (liv. VI), et de Pline (liv. III, ch. xxv), qui assurent que le fond de la .mer Rouge est plante d'arbustes, d'oliviers et de lauriers, ni l'autorit de l'auteur du livre de laSagesse affirmant (ch. xix, v. 7-8) que le fond dessch de la mer Rouge se montra comme un champ de verdure, campus germinans. Nous opposerons M. l'abb Lambert un raisonnement bien simple : P o u r quoi la colombe ne serait-elle pas alle la premire fois comme la seconde sur la terre non submerge ? Le premier jour, sa terreur la vue de cette immense inondation a d tre extrme, et elle a d prolonger son vol bien plus loin que dans la seconde sortie. Et n'est-il pas vident que l'olivier sur lequel elle a pu se percher la premire fois, puisqu'elle n'est revenue que le soir, n'tait pas merg huit jours auparavant? Ces termes si clairs e t c'est pour la rvlation un grand triomphe, en ce sens qu'elle simplifie considrablement
-

la

question du dluge, en la faisant tout fait trangre la gologie, avec laquelle o n a u r a i t pu grandement la compromettre suffisent prouver qu'en effet le dluge de No a t tel que le rgne vgtal n'a pas t dtruit, que la* surface du sol, comme on l'avait suppos tmrairement, n'avait pas t ncessairement bouleverse, anantie, enleve, ruine. Les eaux en se retirant ont fait reparatre l'olivier dans toute sa fracheur, et il en fut ainsi sans doute d'un grand nombre de plantes. Aussi le texte sacr fait-il sortir de l'arche sans aucune inquitude tous les animaux qu'elle renfermait, m a m mifres, oiseaux, reptiles, etc. ; et chacun trouve sa n o u r r i ture toute prte. No lui-mme vit tout aussitt s'taler sous ses yeux des lgumes verts qui devaient faire le fond de son alimentation, olera virentia; il se fit immdiatement agricul-

VRIT ABSOLUE OES LIVRES SAINTE

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feur et planta la vigne. Mais avant de discuter le dluge au point de vue gologique, examinons quelques-unes des h y p o thses les plus communes sur le dluge restreint. Les expressions dont s'est servi Mose, dit M. Glaire (les Livres Saints vengs, dernire dition, tome I , p. 366),
E R

signifient rellement, dans leur sens naturel et obvie, un dluge absolument universel; cependant, comme d'une part les expressions les plus gnrales sont susceptibles de subir une certaine restriction dans leur sens; que, de fait, il y a dans la sainte criture une multitude de passages o les expressions les plus universelles doivent tre forcment r e s treintes; et que, d'autre part, l'universalit absolue du dluge reste entoure de quelques difficults sinon insolubles, du moins trs-graves, par exemple, l'immense quantit d'eau ncessaire pour couvrir le sommet des plus hautes montagnes; comme enfin le but a atteindre, o l'exercice de la Justice divine se trouve compltement atteint par un dluge restreint qui aurait inond le monde habit, et dtruit toute la race humaine; il ne parat pas rigoureusement dmontr que le rcit de la Gense doive ncessairement s'entendre d'un cataclysme gnral, qui aurait couvert de ses eaux, absolument, toute la surface de la terre, Al'poque de cette catastrophe, disent les partisans du dluge restreint, poque assez rapproche de l'origine du monde, les hommes, vraisemblablement ne s'taient pas encore beaucoup multiplis, ils n'taient encore rpandus que dans un cercle peu tendu, ils n'habitaient pas, par consquent, toutes les parties de l'univers. Sans confiner le genre humain, comme le voulait Vossius, dans les limites de la Syrie et de la Msopotamie, ce qui est une exagration vidente et inadmissible, on n'est cependant pas forc d'admettre qu'il y et des hommes dans tous les coins du monde, et que le dluge

4188

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

ait d tout l'engloutir. Sans accepter donc un dluge tellement restreint qu'il n'et pas mme envahi, comme le voulait Vossius, la centime partie des continents, on peut admettre que les eaux du 'dluge ont simplement couvert la presque totalit du globe. On raconte que DomMabilIon, qui se trouvait a Rome en 1 6 8 5 , au moment o la Congrgation de l'Index tait convoque pour examiner les doctrines de Vossius relatives au dluge, fut invit donner son avis. Le savant Bndictin exposa aux consultcurs les raisons que Ton pouvait faire valoir contre Vossius, aussi bien que celles qui militaient en sa faveur. Il n'a propos son systme que pour rpondre plus facilement aux objections des impies; il le prsente seulement comme vraisemblable ; il ne dit rien d'injurieux contre l'glise catholique, ou contre l'opinion reue; on ne saurait nier que les expressions, toute la terre, toutes les montagnes, chair, toute puissent s'entendre seulement de la partie de la terre

habite; qu'il est assez frquent dans la sainte criture, comme le disait dj saint,Augustin, d'employer pour la partie des expressions qui ne conviennent strictement qu'au tout, Scriptural mos est ita loqui de parte tanquanide loto. (De Gense adlUteram, lib. I V ) ; que Cajtan, avec plusieurs superc-

docteurs catholiques, exempte de l'inondation quelques sommets des plus hautes montagnes, cacumina montium minentium, etc., etc. Mabillon concluait de ces considrations

qu'on n'est pas forc de prendre trop rigoureusement au pied de la lettre les paroles de l'criture, comme si rien, absolument rien, n'avait chapp au dluge ; que, d'ailleurs, l'glise n'ayant jamais rien dfini formellement sur ce point dogmatique, ni prononc aucune censure contre ceux qui limitaient le dluge la portion de la terre habite au temps de No; qu'enfin, l'opinion de Vossius n'ayant t attaque jusque-l, c'est--dire pendant trente ans, par aucun docteur catholique,

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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mais seulement par les protestants, il n'y avait point de pril dans la demeure, il valait mieux la laisser sans la censurer, et ne pas se mler une dispute envenime par les seuls ennemis de l'glise. Dans son abrg de la vie de Mabillon, dom Massart affirme que les cardinaux conclurent suivant son sentiment. Le P . Tourneminc, dans le Journal de Trvoux, constate au contraire que, quoiqu'il et fait de grands efforts et expos tout ce qui pouvait excuser Vossius, son avis ne fut pas suivi, et que les divers opuscules dans lesquels Vossius traite la question du dluge ont t mis l'index par un dcret du 2 janvier 1686. On ne peut cependant pas conclure de ce dcret que le fond de l'opinion de Vossius dfendu par Mabillon sur la non-universalit absolue du dluge, ait t formellement censur ; car, dans ses opuscules, Vossius dfendait d'autres thses parmi lesquelles on rencontre des propositions plus ou moins dignes de censure, et la manire dont il soutient son sentiment est de nature, incontestablement, h lui'mriter quelque blme. Ainsi, par exemple, il ne se borne pas p r senter son opinion comme plus vraisemblable, il* donne au sentiment gnralement reu des qualifications qu'on peut considrer comme injurieuses, puisqu'il l'accuse d'tre une absurdit, un dfaut de raison qui donne une fausse ide de la grandeur de Dieu. Vossius enfin restreignait par trop son dluge; il voulait que, du temps de No, il n'y et de pays habit que la Syrie et la Msopotamie, et que, par consquent, les eaux du dluge n'eussent pas atteint la centime partie du globe; ce n'et plus t videmment le dluge universel attest p a r l a tradition et par l'histoire. En rsum, l'glise n'a jamais dfini comme dogme de foi que le dluge mosaque ait submerg absolument toutes les parties du globe, mme celles qui n'taient pas habites, de sorte que dans le cas ou l'on ne verrait aucun autre moyen de

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

rsoudre les difficults (car, ajoute M. l'abb Glaire, il en existe de relles, et les rponses qu'on leur oppose ordinairement ne sont peut-tre pas assez premptoires), on pourrait lgitimement recourir au sentiment contraire qui fournit des solutions incontestables, quoique inadmissibles dans la thse de l'universalit absolue du dluge. M. l'abb Maupied, de son ct (loco , p. 86), croit pouvoir conclure d'une discus sion approfondie que l'universalit du dluge n'est pas prsente par Mose comme essentiellement absolue, mais seulement comme relative l'espce humaine. Ds lors, nous pouvons admettre quel'Asie, par exemple, tait seule habite par l'espce humaine ; qu'elle pouvait tre, cette poque, entoure de montagnes de toutes parts, et que des dislocations du sol suivant une grande tendue (ajoutez au moins des dislocations aides des pluies torrentielles, car la pluie est l'lment le plus essentiel du dluge de Mose), firent prir tous les hommes et tous les animaux, tandis que les animaux qui vivaient sur les autres points de la terre, chapprent au dluge qui n'avait pas t envoy pour eux. Je flicite s i n crement mon savant confrre d'avoir ajout : Nous devons faire observer que nous n'avions pas besoin de cette rponse pour dfendre la tradition ; nous la donnons comme surabondance de preuves afin de montrer que, sous quelque ct qu'on l'envisage, le texte sacr reste inattaquable. En effet, les seules difficults relles seraient, d'une part, l'insuffisance des eaux, de l'autre l'insuffisance de la capacit de l'arche ; or : I En admettant que les chanes gigantesques de l'Europe, de l'Amrique, de l'Afrique et de l'Asie centrale n'existaient pas avant le dluge et sont au contraire une suite de ce dluge, nous trouvons surabondamment les eaux souterraines, dans les eaux des ocans, dans les^eaux infrieures de l ' a t m o sphre, etdansleseaux suprieures des espaces clestes, beauo

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1134

coup plus d'eau qu'il n'en faut pour couvrir la terre avec les plus hautes de ses montagnes ordinaires ou primitives; 2 quand tout h l'heure nous discuterons les dimensions et la capacit intrieure de l'arche, nous serons forcs de reconnatre que le plus grand des navires qui ait jamais exist, en y comprenant le
GREAT EASTERN,

le gant des marines

modernes, a t probablement command et construit dans la prvision d'un dluge absolument universel, ce point qu'il serait probablement aussi, un tour de force inutile dans l'hypothse d'un dluge limit, ou restreint a la Syrie et la Msopotamie, comme le voulait Vossius, ou mme l'Asie entire, comme l'indiquait M. l'abb Maupied. Il est un autre systme, de dluge restreint que son auteur, M. Schbel, exgte rudit et distingu, a expos dans trois brochures (de V Universalit du dluge, Paris, chez Pascal Duprat, annes 1858 et suivantes). Il est fond tout entier sur la diffrence essentielle que l'auteur tablit entre les deux dnominations del terre adama et arets
%

employes

indistinctement dans le rcit du dluge. M. Schbel partage le genre humain en deux races absolument distinctes : la race adamique ou sthique, qui comprend toutes les races rouges et blanches; et laracecanile ou noire, qui, d'aprs lui, n'a pas pu se former naturellement, mais qui est de constitution divine, en ce sens que le signe appos par Dieu a Can aurait t l'ensemble des traits caractristiques des races ngres, le front dprim, le nez pat, les lvres saillantes et paisses. De mme que la race humaine, la terre serait double : Adama serait la terre habite exclusivement par les sthites, Areiz la terre habite par les canites ; et voici quel difice M. Schbel lve sur cette double base. Can. est maudit et chasse du sol adamique (Adama), il sera fugitif sur le globe (Aretz). Un fils nat Adam en substitution d'Abel, il adore Jhovah, et sa gnra-

1132

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

tion se rpand sur le sol adamiquc (Adaraa). La corruption s'introduit dans la race lue, et elle atteint un tel degr, que Dieu se dcide dtruire p a r l e dluge les hommes qui habitent la terre adamiquc. La race canite, qui ne demeurait pas sur le sol adamiquc, n'a pas t engloutie tout entire. Voil comment dans certaines traditions antiques les Miao, les Vragas, les Tizocuellizques, les Quinamctins sont dsignes comme antdiluviens. Voil comment une tradition gyptienne, conserve dans le Time de Platon et par Thodore do Sicile (liv. I-X), dit que le midi de Tgypte ne fut pas atteint par le dluge. M. Schbcl n'est pas sans quelque crainte sur l'orthodoxie de son systme, il croit qu'il a pu se tromper, et il se soumet d'avance au jugement de l'glise infaillible. Qu'il nous permette de le lui dire, il a pour lui une apparence trompeuse, d'autant plus trompeuse que les deux mots Adama et Aretz, sont sans cesse pris l'un pour l'autre. Son hypothse est absolument gratuite, rien ne l'appuie, rien ne l'autorise, rien surtout ne la rend ncessaire ou utile. Il n'est pas le premier qui dans le signe de Can ait vu les traits ou le type de la race noire, mais il est le premier, et nous ne l'en flicitons pas, qui ait eu l'ide quelque peu trange de faire chapper aux eaux du dluge la descendance de celui qui, comme il est forc l u i mme de le constater, a t la cause principale du dluge, de celui dont il est dit dans le Livre de la Sagesse (ch. x, v. 3 , 4 ) : Quand l'injuste dans sa colre se spara d'elle, il prit par la violence qui le porta au meurtre de son frre. Lorsque, CAUSE DE LUI, la Sagesse sauva de nouveau l'humanit en confiant le juste un bois vil. L'opinion commune est que la dpravation des adaniites ou enfants de Seth eut pour origine leur alliance avec les fdlcs canites. Que M. Schbel me permette d'ajouter qu'il est de foi ou presque de foi que l'unit de l'espce

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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humaine est double, comme nous l'avons dj tabli, adamique la fois et noachique, qu'il y a par consquent une certaine tmrit affirmer, surtout sans ncessit ou sans utilit, que certaines raceshumaines sont antdiluviennes. Le Dluge dans ses rapports avec la Gologie. La conclusion naturelle de tout ce qui prcde est celle-ci : Le dluge de Mose, fait historique incontestable; fait que les traditions judaques, qui en ont toujours clbr et qui en clbrent encore, chaque anne, la mmoire, nous font presque toucher du doigt, est une inondation surnaturelle dans son but, naturelle, la fois, et miraculeuse dans ses agents physiques, qui a pu tre gnrale et couvrir toute la terre, mais qui a pu tre limite la terre habite, en s'tendant aux sommets de ses montagnes les plus leves, qui ne fut pas ncessairement accompagne des bouleversements du globe qu'on lui donne pour cortge; qui, trs-probablement, n'a pas dtruit le rgne vgtal, qui, par consquent n'a pas fait natre ncessairement les dpts appels diluviens, dont la gologie semble avoir constat presque partout la prsence, n'est en aucune manire contredit par la science. Faut-il aller plus loin? Faut-il, comme le font plusieurs apologistes de la Rvlation, attendre et solliciter de la gologie des preuves de la ralit du dluge? Nous n'hsitons pas dire que non. Le dluge n'a rien faire avec la gologie, la gologie avait fini depuis longtemps quand le dluge est survenu, et nous approuvons entirement M. l'abb Maupied, quand il dit (p. 4 7 ) : Nous ne prtendons nullement prouver le dluge par la gologie. Le dluge est avant tout un fait moral et historique, la gologie ne l'infirmera jamais, mais nous n'osons pas dire qu'elle puisse le confirmer. Nous acceptons le tmoignage des gologues sages et rservs qui n'hsitent pas

1134

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.
e

dire avec M . Beaiml{Minralogie

et Gologie, 1 3 dition,

p . 331) : P u i s q u e sans compter tout ce qui a jusqu'ici chapp aux investigations de la science, l'observation nous montre clairement, en Europe, une srie de mouvements successifs du sol qui ont modifi toute cette partie du monde, et plusieurs autres, tout un hmisphre, il n'y a rien d'absurde admettre que ce qui a eu lieu tant de reprises diffrentes, depuis les poques les plus anciennes de formation, jusqu'aux plus modernes, soit arriv une fois quelque part depuis l'apparition du genre humain sur la terre. Par consquent, il n'y a rien non plus de contraire la raison dans la croyance une grande ruption des eaux sur la terre, une inondation gnrale, un dluge enfin, qu'on trouve non-seulement dcrit dans la Bible, mais encore profondment empreint dans les traditions de tous les peuples, et, ce qui est remarquable, une date presque uniforme. Ainsi, tout en reconnaissant dans le rcit de Mose des circonstances extraordinaires qui i n d i quent l'intervention surnaturelle de la volont divine pour chtier le genre humain, nous voyons d'un ct la possibilit matrielle de cet affreux vnement, et nous trouvons de l'autre le secret mme des moyens qui purent tre mis en j e u ; c'est--dire les soulvements, les affaissements, les oscillations que les eaux purent prouver, et qui deviennent ds lors les instruments de la justice cleste. Si l'on ne peut gure attribuer cette grande catastrophe au systme de soulvement du Tnare qui, en disloquant des dpts ou se trouvaient dj des traces de l'industrie humaine, n'a cependant produit que de faibles rsultats, peut-tre en trouverait-on la cause dans l'apparition des Audes ou la chane volcanique de l'Asie centrale, qui, avec un dveloppement colossal, prsentent des caractres assez frappants de nouveaut relative. Nous ne consentirions pas parler le langage de

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M . Beudant ; pour nous, la cause du dluge n'est pas o il la place, mais nous le comprenons. Nous combattu les prtendues comprenons irruptions mieux encore les sages rserves de M. Constant Prvt, lorsque, aprs avoir ritres del mer sur le continent, il dit : Je n'entends pas parler de la dernire catastrophe dont presque tous les peuples ont conserv le souvenir, qui, au surplus, n'a laiss sur le sol aucune trace, et dont les effets bien constats ne prouvent en aucune manire l'lvation et le sjour assez prolong des eaux de l'Ocan au-dessus d'un sol antrieurement habit, pour qu'il se soit form sur ce sol des dpts marins rguliers ! Mais sans aller aussi loin que M. Daubrec, directeur de l'cole des Mines, auquel le R. P . Gratry prte ces paroles par trop ambitieuses: Nous travaillons en ce moment raver de la langue (gologique) les dluges et les diluvium, nous sommes tout dispos a dire avec l'illustre gologue anglais, M. Sedgwich, qu'on n'a pas encore trouv des traces physiques du grand cataclysme destructeur du genre humain, dont la relation nous est transmise non-seulement dans nos Livres saints, mais dans les traditions de tous les peuples ; peut-tre n'entre-t-il pas dans les desseins de Dieu que nous en trouvions, Et avec M. de Blainville : Cette conclusion d'un dluge que tout, dans les sciences historiques et t r a d i tionnelles, dmontre certaine, n'est en gologie, dans l'tat actuel de la science, ni prouve, ni infirme, et cela vaut beaucoup mieux que d'identifier une doctrine certaine, celle de Mose, avec des systmes destructibles du jour au lendemain. Si, en effet, comme cela nous semble certain,la grande inondation de Mose n'a pas dtruit le rgne vgtal, si elle a laiss peu prs intacte la surface de la terre, si les eaux coules, les plantes sont rapparues vivantes, n'est-il pas vident que les gologues n'ont absolument rien a faire avec

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elle, que nous aurions tort, grand tort, de leur en demander des traces, comme ils auraient torl, grand tort, de nous opposer l'absence de dpts diluviens qui ne nous sont nullement ncessaires ? Dans cet ordre de choses, en effet, les cadavres des hommes et des animaux noys par le dluge seraient rests la surface du sol; les chairs, abandonnes aux influences atmosphriques, auraient t dcomposes par l'action de l'air et de l'humidit ; les os leur tour se seraient aussi dlits et rduits en poussire. Peut-tre mme ces restes humains sontils rests enfouis sous les eaux, et nous sommes a j a m i s dispenss de chercher partout l'homme fossile antdiluvien. Nous renonons donc absolument a invoquer en preuve du dluge, non-seulement les dpts anciens de coquillages qui existaient avant lui et qu'il n'a pas pu produire, mais encore la prsence, dans nos rgions, des dbris d'animaux qu'on suppose avoir appartenu d'autres climats ; la conservation dans les glaces septentrionales d'un certain nombre de rhinocros et d'lphants, avec leurs tissus organiques; les blocs erratiques rpandus sur le sol, loin des montagnes d'o ces roches paraissent dtaches ; les dbris d'animaux trouvs dans les dpts d'alluvionetdanslcs cavernes, etc.; en un mot, presque tout ce que l'illustre gologue Buckland, dans un excs, peut-tre, d'orthodoxie, appelait les reliques du dluge, reliqui diluvian. M. l'abb Lambert n'est nullement de notre avis. Il n'hsite pas admettre que la gologie moderne donne la solution dfinitive de la grande question du dluge, solution qu'il fourmulccn ces termes (le Dluge, 2 dition,p. 400) : Les faits que nous avons rapports nous ont amen cette conclusion rigoureuse que, sur toute la terre et dans toutes les parties du globe, il existait un terrain de appel diluvium, dont la formation ne saurait transport remonter
e

VRIT

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1137

au del de la priode quaternaire. Voil donc un fait tabli universellement et un premier lment de preuves. Il est important aussi que nous trouvions dans le d i l u v i u m des tres organiss identiques ou analogues aux

gris

espces

actuellement vivantes, cette preuve ne nous manque pas. En effet, les dbris d'animaux et surtout ceux de mammifres, appartiennent des tres qui, dans la succession animale, sont apparus les derniers, et dont la plupart se rapprochent des espces actuelles; on en chercherait vainement dans les terrains infrieurs ; ce sont desanimaux exclusivement propres la priode quaternaire... Chose remarquable, les genres auxquels ces animaux ont appartenu, jours, les espces s e u l e s ' o n t disparu, quelques-unes, ou ont t modifies. vivent tous de nos l'exception de C'est donc l une

preuve de l'apparition rcente de ces espces, de leur relation immdiate avec la faune actuelle et de l'ge relativement moderne du dpt diluvien et des cavernes ossements qui lui sont contemporaines. Il est indispensable aussi, pour complter notre conclusion, que nous retrouvions dans les terrains diluviens des traces de l'existence de l'homme. Or nous avons vu que dans le d i l u v i u m g r i s et dans les cavernes ossements on rencontre en abondance des silex taills de main d'homme et des ossements humains. L'vidence est complte, et nous pouvons hardiment conclure que l'homme est contemporain des grands pachydermes, des ruminants et des carnassiers diluviens ; qu'il a vcu avant la dposition du diluvium, et que lui aussi a t victime d'une inondation, d'un envahissement des eaux dont l'effet s'est fait sentir sur tout le globe. Or Mose nous dit-il autre chose, sinon qu'il fut l'origine des temps une poque oii l'homme a t surpris par une inondation qui a envahi toute la terre ? Rien de plus commode en apparence que cette solution
72

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

gologique du problme diluvien, mais en ralit rien moins admissible et de plus dangereux, comme

de

nous le

montrerons tout l'heure. M. l'abb Lambert n'entrevoit que deux objections, dont il se dbarrasse trs-lestement, trop lestement, hlas ! la premire (p. 484) : 11 est impossible, d'aprs les faits naturels, d'admettre pour la formation du diluvium et des terrains qui lui sont postrieurs une priode de temps aussi courte que les chronologistcs l'ont indiqu , il rpond sans souponner mme le danger (p. 408) : Mose n'avait nullement pour but d'tablir un systme de chronologie (et Mose donne la gnalogie des Patriarches avec leur ge ! ! ! ) . Il a voulu nous conserver le souvenir des faits primitifs... Ce systme, uvre des hommes, n'est pas de foi ; rien ne nous oblige d'incliner notre croyance, et on peut mme sans tmrit lo regarder comme erron. Et, page 479 : La Vulgate indique la vocation d'Abraham vers l'an 2 0 8 3 de la cration ; le dluge, suivant la mme chronologie, tait arriv en Tan 1 6 5 8 , c'est un espace de 427 ans qui s'coule entre ces deux dates, ce temps est-il suffisant pourlc dveloppement de la priode anthistorique,... la formation des dpts...? Tous les naturalistes qui ont tudi srieusement ces matires ne sauraient l'admettre, sans nier les dcouvertes les plus certaines et les faits les plus solidement tablis et prouvs p a r l a science ; on risquerait, dans cette opinion, de se mettre en contradiction flagrante avec la raison. Tout nous porte donc conclure que l'homme est trs-ancien sur la l'homme aussi vieux qu'on voudra explication gologique du dluge. La seconde objection, beaucoup plus formidable (car s'il est quelque chose de certain, c'est que le dluge de No a t a ,
ET PRESQUE INSTANTAN),

terre. On

le voit, son

M, l'abb Lambert n'est arrt par rien, il est tout prt a faire pour sauvegarder

ne l'embarrasse pas davantage, car

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H39

aprs avoir dit (p. 464) : 11 est lout aussi impossible que les couches du diluvium aient t formes simultanment dans toutes les contres du globe. La gologie nous apprend qu'elles ont t dposes successivement pendant toute la dure de la priode quaternaire; il ajoute, sans sourciller (p. 4 8 1 ) : Cette conclusion rigoureuse del science ne peut en rien, selon nous,infirmer le rcit de Mose... Si Von veut soutenir que l'inondation diluvienne a eu lieu simultanment sur toute la terre la fois, on vient se heurter contre des difficults insurmontables... Mais en quoi cette inondation universelle dans ses rsultats, mais successive dans ses dveloppements, pourrait-elle tre en contradiction avec la parole de Mose? Le dluge successif pendant la mme priode n ' a - t - i l pas t universel, n'art-i] pas dtruit l'homme? Le dluge tout thorique de M. abb Lambert se serait prolong pendant toute la priode quaternaire, plusieurs milliers d'annes ! Est-ce la vraiment le dluge divin de Mose qui n'a dur qu'un an, n'en est-il pas plutt la ngation? M. l'abb Lambert ne peut pas persister dissimuler une certaine inquitude qui ne empche pas toutefois d'accorder une certaine probabilit son systme. Mais ma foi, ma conscience, ma raison, et j'ose dire aussi ma science, me forcent dire que le dluge gologique de M. Lambert est en ralit la ngation formelle du dluge mosaque, et qu'il entrane en outre des contradictions dsolantes, des prils srieux. Constatons d'abord que le dluge partiel de Vossius diffre du tout au tout du dluge universo-partiel de M. l'abb Lambert. Dans la croyance du clbre professeur de Leyde, le genre humain, l'poque du dluge, tait confin dans une contre limite ; il n'tait pas rpandu sur toule la terre comme M . Lambert le suppose et l'admet. Voil pourquoi Vossius disait : Quel besoin y avait-il d'inonder les rgions que l'homme n'habitait p a s ? Le dluge ayant pour objet

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

la punition de l'homme, il ne devait avoir lieu que l o se rencontrait l'homme coupable. Vossius aussi admettait que les plus hautes montagnes de la terre habite avaient t couvertes par les eaux. Le dluge de Mose ainsi compris a beaucoup de partisans, et quand on admet en outre avec Deluc que la portion de la terre habite parles hommes a pu rester ensevelie sous les eaux, la porte est ferme toutes les objections del science humaine. Si, comme M. Lambert, Vossius avait admis que toute la terre tait habite, il aurait admis en mme temps le dluge absolument universel, avec toutes les montagnes recouvertes d'eau. M. l'abb Lambert, lui, qui retrouve partout l'homme antdiluvien, se contente d'un dluge universel dans son tendue, successif dans son action, plus que
;

modr dans sa hauteur, restant une trs-grande distance du sommet des plus hautes montagnes, ou ne les attaquant que par un bond ou un gonflement intelligent, miraculeux, des eaux, l o il y avait dtruire un tre humain, rfugi une hauteur inaccessible. En effet, la caractristique du dluge, pour M. Lambert, le terrain vraiment diluvien, est hdiluonim gris. Or quelle est la hauteur assigne par la science au diluvium gris ? Dans sa Gologie (p. 208), M. Lambert dit que la puissance du diluvium gris atteint de 6 8 mtres. Il est un Il dit ( l
r e

peu plus gnreux dans son Dluge.

dition,

page 121) : Le terrain diluvien n'existe jamais que dans les valles, sur les plateaux des collines et une certaine hauteur dans les montagnes, rarement il atteint une hauteur de 300 400 mtres au-dessus du niveau des mers, Quel pauvre petit dluge ! Comment aurait-il pu engloutir un seul homme, en admettant, comme nous le disions tout l'heure,' qu'il se soit anim, priodiquement, de bonds instinctifs, intelligents, miraculeux, en dpit de M. Lambert qui veut un dluge tout humain, tout terrestre et sans miracles ?

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Pour M. Lambert a u s s i ,

l'homme des dpts quaterou terrains d'alluvion,

naires, des couches de transport

des cavernes a ossements, des brches osseuses, des cits lacustres, est l'homme antdiluvien. Cet homme antdiluvien est-il pradamite ou adamitc? S'il est
1

pradamite, il ne

ce ne sera plus l'homme de la Gense, l'homme dont les crimes ont provoqu le dluge. S'il est adamitc, sera pas en tout cas noachique, ce ne sera plus l'homme de'la dispersion ; la double unit de la race humaine si clairement affirme dans la sainte criture et dans la tradition chrtienne ne subsistera plus. l'homme du diluvium blement, D'ailleurs, l'homme des cavernes ossements et des couches de transport, ou du silex taill, a t trs-probal'anctre de l'homme n'a encore admis. Je ou presque certainement ce que personne

actuel. L'homme actuel serait donc lui-mme antdiluvien et prnoachique, m'arrte sans insister davantage, ce serait trop prendre au srieux un systme insoutenable et plus que tmraire. Ce qui a gar M. Lambert, c'est qu'il ne s'est pas souvenu des limites dans lesquelles de la nature, doit se renfermer l'apologiste de la Religion ! II doit, m'crivait le savant auteur de la Bible

M. Reusch, professeur de thologie h l'Uni-

versit de Bonn, se borner principalement, et en gnral, a dmontrer que les donnes de la science ne sont pas contraires aux faits de la Rvlation. 11 a voulu expliquer le dluge par les faits de la gologie, il a voulu trouver le dluge gigantesque et universel de Mose
#

dans les

inondations

minuscules et locales de la fin de l'poque glaciaire, et son dluge a t ncessairement la ngation du dluge de Mose, la ngation aussi de la double unit adamiquc et noachique du genre humain tout entier.

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

L'arche de No,

sa construction, etc.

sa

capacit,

son arrimage,

M . l'abb Glaire constate avec beaucoup de raison qu'il suffirait d'un dilemme bien simple pour rfuter l'avance toutes les objections de l'incrdulit et de la fausse science propos de l'arche. Ou le dluge a t rigoureusement universel, ou il a t partiel. S'il a t universel, il a d faire prir tous les hommes et les animaux, et le monde animal n'a pu tre repeupl que par les couples de chaque genre ou de chaque espce prservs dans un navire, qui, dirig par la Providence, a chapp au dsastre gnral ; et ce vaisseau a d tre construit avec la capacit ncessaire pour les contenir aussi bien que les aliments ncessaires leur entretien. Si, au contraire, le dluge a t restreint, toutes les difficults* s'vanouissent et ne peuvent plus mme tre souleves. Mais abordons de front les objections, et prouvons jusqu' l'vidence que mme dans le cas du dluge absolument u n i versel elles n'ont aucune valeur. Quelle apparence, dit-on, que No et pu SEUL construire un btiment aussi colossal, que l'tat actuel de notre industrie permettrait peine d'entreprendre? Et cependant c'est bien ce patriarche que s'adresse cet ordre divin : Construis une arche ! Quelle argumentation drisoire ! Quand un roi dit son ministre : construisez, quipez une flotte, la pense du souverain est-elle si mal comprise qu'il faille croire que le ministre ira seul couper dans les forts, amener au chantier, faonner de ses mains les arbres ncessaires, arrondir la dresser carne des navires, lever leurs tages successifs,

les mtures, tendre les cordages, disposer les agrs, lancer enfin la mer ces formidables machines de guerre ? videmment Mose n'a pas voulu dire davantage que No dt tre

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1143

laiss ses seules forces pour la construction d'une arche de 300 coudes de longueur, sur 50 de largeur et 30 de hauteur. En outre, rien ne dit que No ait t rduit a n'avoir eu pour auxiliaires que ses trois enfants. Il tait assez riche pour engager un nombre suffisant d'ouvriers intelligents et robustes; il avait d'ailleurs cent ans pour achever ce travail. Alors mme que ces ouvriers n'auraient pas cru ses prdictions et ses menaces, l'appt du salaire et leur dpendance l'gard de leur matre auraient suffi pour les dterminer lui prter leur concours. Nous voyons tous les jours des ouvriers s'associer les entreprises qu'ils n'approuvent pas, et dont ils sont les premiers se moquer. Si, allant plus loin, on veut contester aux gnrations antdiluviennes la puissance de construire, sous la direction de No, un btiment de dimensions colossales, et si l'on trouve que les cent ans consacrs cet immense ouvrage taient, insuffisants, nous rappellerons, ce que nous avons dj dit, que les sciences et les arts antdiluviens taient incomparablement plus avancs que ne se l'imaginent les partisans du progrs continu ; que le monde primitif tait en possession du fer et de l'airain; qu'il savait travailler ces matires p r ornires sur une trs-vaste chelle; qu'on avait dj construit des villes, de grandes villes, etc.; 2 nous en appellerions un tmoignage positif, irrcusable, contemporain des merveilles de l'industrie et de la mcanique de ce temps de gants. Au pied des ruines de Balbek, si clbre par ses monuments d'architecture qui remontent prcisment l'ge de No, nous pmes, dit un voyageur illustre, M, de Lamartine (Voyage en Orient, dition i u - 1 2 , 1851), tome II, p. 24 et suiv.), mesurerles pierres cyclopennes qui forment le pidestal du monument. Ce pidestal a 30 pieds environ audessus de la plaine dcBalhek : il est construit en pierres dont

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LES SPLENDEURS DE LA FO.

la dimension est tellement prodigieuse que, si elle n'tait atteste par des voyageurs dignes de foi, l'imagination des hommes de nos jours serait crase sous l'invraisemblance ; l'imagination des Arabes eux-mmes, tmoins journaliers de ces merveilles, ne les attribue pas a la puissance de l'homme mais a celle des gnies ou puissances surnaturelles. on considre que ces blocs de granit taill ont Quand jusqu'

156 pieds de long sur 15 a 16 pieds de large, et une paisseur inconnue, et que ces masses normes sont leves les unes sur les autres . 2 0 ou 30 pieds du sol, qu'elles ont t tires de carrires loignes, apportes l et hisses une telle lvation pour former le pav des temples, on recule devant une telle preuve des forces h u m a i n e s ; la science de nos jours n'a rien qui l'explique; et Ton ne doit pas tre tonn qu'il faille alors recourir au surnaturel. Ces m e r veilles ne sont pas videmment de la date des temples; elles taient mystres pour les anciens comme pour nous; elles sont d'une poque inconnue, peut-tre antdiluvienne; elles ont vraisemblablement port beaucoup de temples consacrs des cultes successifs et divers. A l'il simple on reconnat cinq ou six gnrations de monuments appartenant des poques diverses sur la colline des ruines deBalbek. On croit que ces pierres gigantesques ont t remues soit par ces races gants, d'hommes que toutes les histoires primitives soit par les hommes antdiluviens. appellent

On assure que, non loin

de l, dans une valle de l'Anti-Liban, on dcouvre des ossements humains d'une grandeur immense. Les traditions orientales et le monument mme lev sur la soi-disant tombe de No, peu de distance de Balbek, assignent ce sjour au patriarche. Les premiers hommes sortis de lui ont pu conserver longtemps encore la taille et les forces que l'humanit avait avant la submersion totale ou partielle du globe; ces

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monuments peuvent tre leur ouvrage. supposer mme que la race humaine n'ait jamais excd ses proportions actuelles, les proportions de l'intelligence humaine peuvent avoir pour Quoi chang. Qui nous dit que celte intelligence plus jeune n'avait pas invent des procds mcaniques plus parfaits, de cent mille hommes n'branlerait pas aujourd'hui. remuer, comme un grain de poussire, ces masses qu'une arme qu'il en soit, quelques-unes de ces pierres de Balbek, qui ont jusqu' 62 pieds de longueur et 20 de largeur sur 15 d'paisseur, senties masses les plus prodigieuses que l'humanit ait jamais remues. Les plus grandes pierres des Pyramides ne dpassent pas 18 pieds de longueur. L'arche de No, dcrite par Mose, tait -elle plus difficile a construire que les pierres de Balbek soulever*? Et cependant les pierres de Balbek sont debout, elles restent l comme un tmoignage vivant et permanent de la puissance, d e l force, de l'intelligence d'une race dont, sans Mose, nous ne connatrions pas aulhentiquement l'existence, et pour laquelle la construction de l'arche ne dut tre qu'un jeu. (M. l'abb Histoire de Vglise, tome I , page 272.^
er

DARRAS,

Mais, ajoute-t-on, mme en admettant, comme un fait, cette construction merveilleuse, jamais elle n'aurait pu contenir dans ses flancs le nombre d'animaux que suppose la conservation des espces actuelles, et que Mose assure y avoir t renferms. Il sera facile de prouver le contraire. Mais, avant tout, p r e nons acte des proportions normes de l'arche : 300 coudes de longueur, 50 coudes de largeur, 30 coudes de hauteur. La coude dont il est ici question est incontestablement la coude sacre de Mose, que nous avons dj dit tre la mme que la coude de la grande Pyramide et la coude de Salomon, longue de 25 pouces anglais, ou, ce qui est presque

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la mme chose, longue de 625 millimtres. Dans ces conditions l'arche, avec ses 6 2 8 pieds anglais ou ses 1 8 7 , 5 mtres de longueur, devient le plus grand des navires, l'exception du Great-E'astern, que l'industrie moderne ait os construire ; a 680 pieds de longueur) les et nous avons mme constater qu'en voulant dpasser de quelques pieds (le Great-Eastern dimensions de l'arche de No, le gnie maritime a fait une t r s mauvaise opration. Qui ne sait, en effet, que d'angoisses a causes le lancement du Greal-Eastern, que de dangers il a courus, que de rparations il a eu subir, quelle source de ruine il a t pour les diverses compagnies qui l'ont frt tour t o u r ? En outre, les proportions relatives de Tarche, le rapport 6 1, de la longueur a la largeur, 3 5 de la p r o fondeur la largeur, sont des proportions bonnes, h a r m o nieuses, puisqu'elles sont exprimes par les nombres simples 2 , 3 , 5 , et en mme temps, pleinement rationnelles ou marines, puisque ce sont celles, comme l'exprience des derniers t'emps l'a dmontr, qui constituent un vaisseau a la fois trsstable et trs-fin voilier, e'est-a-dire fendant, l'eau avec te plus de vitesse. Il y a cent ans, la marine se serait d'un navire dont la longueur et gal six fois la effraye largeur,

aujourd'hui cette proportion est devenue trs-commune ; on a mme dpass le rapport de 6 k 1, on a abord les rapports de 7 1 et mme de 9 1, mais jamais impunment, car ces navires trop longs se cassent ou se perdent fatalement, et ont toujours t un insuccs. Dans ses dimensions et ses proportions, l'arche a donc t la fois un tour de force et un chefd'uvre, ou mieux une inspiration divine, un miracle. Nous oserions ajouter que ces dimensions et ces proportions sont a elles seules une dmonstration clatante et de l'universalit du dluge et de l'appropriation de l'arche la fonction qu'elle devait remplir : contenir le monde animal tout entier

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dans ses flancs. En effet : 1 Si le dluge avait t restreint ou partiel, si Tinondation n'avait d s'tendre qu' la terre habite, la terre adamiquc ou sthique, le plus immense des navires aurait-il eu sa raison d'tre? Un navire beaucoup plus petit n'aurait-il pas compltement suffi ? Les mythologies elles chroniques ne parlent, elles, que d'une simple barque. 2 La p r o portion du moyen la fin, le maximum connu et possible de dimensions donnes au navire construit dans le but de contenir et de conserver un couple de tous les animaux du monde, implique ncessairement une capacit ncessaire et suffisante. La critique ici doit videmment dsarmer pour faire place une admiration profonde. Oui, la science de Mose tait divinement inspire ; Dieu lui avait donn connaissance du nombre norme de genres et d'espces habitant la surface de la terre, par cela mme qu'il lui rvlait les dimensions gigantesques que No avait d donner son arche. Je le rpte, pour tout homme sens, les dimensions extraordinaires de l'arche seront une dmonstration palpable de l'universalit du dluge, de la destination providentielle de l'arche et de sa parfaite adaptation au but qu'elle devait faire atteindre. Ce n'est pas le trop grand nombre de genres et d'espces qu'il faut invoquer pour affirmer l'impossibilit de l'arche et du dluge universel. C'est, au contraire, aux dimensions colossales de l'arche qu'il faut demander le secret de la multitude des genres et des espces animales qui peuplaient le globe. Mais ne nous contentons pas d'une dmonstration indirecte ou priori, abordons la dmonstration directe, ou posteriori, de la capacit ncessaire et suffisante de l'arche de No. Qu'on me permette avant tout une remarque qui semble avoir chapp tous les dfenseurs d e l Rvlation. Lorsqu 'il s'agit de la cration du rgne animal et vgtal,
1

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c'est--dire dans le premier chapitre de la Gense, le texte sacr emploie la fois, et paralllement, les dnominations de genre et d'espce. Au contraire, lorsqu'il est question des animaux introduire dans l'arche, le mot espce, au moins dans la Vulgate, disparat compltement, et il n'est plus question que des genres. Faut-il en conclure que les genres seuls ont t conservs, que les espces ont pu se refaire et se sont refaites conscutivement ? Je ne le crois pas et je n'oserais pas le dire, parce que j'admets l'invariabilit des espces; mais il n'en est pas moins vrai que l'on pourrait faire valoir contre les transformistes cette dsignation exclusive des genres. Or si de fait les genres seuls ont d tre introduits dans l'arche, toute difficult s'vanouit, ses flancs ont t surabondamment larges, mme dans le cas du dluge absolument universel. Dans la citation que j'ai faite du texte de Philon, j ' a i voulu souligner cette phrase qui n'est pas sans porte quand on se place au point de vue que je viens d'indiquer : 11 connaissait la divine clmence qui dsirait du moins la conservation des genres dans le cas o certaines espces disparatraient, et que rien des uvres divines ne fit dfaut. Mais arrivons au calcul de la contenance de l'arche, la dmonstration mathmatique de sa pleine et entire suffisance. Ce calcula t fait plusieurs fois, entre autres par M. Le Pelletier de Rouen, par le R. P . Fournier dans son Trait (Fhydrographie ^ etc.; et Deluc disait dj de ces premiers essais : Je connais les calculs par lesquels on a dmontr l'arche pouvait contenir un couple de tous les connus et je les crois justes. En effet, ramene la que forme animaux

d'un cube, l'arche aurait une capacit de 4 3 0 , 0 0 0 coudes cubes, capacit norme, si on la compare celle des deux grandes galeries qui, au Muse d'histoire naturelle de Paris, contiennent la presque totalit des animaux et des oiseaux

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du globe. Voici d'ailleurs le calcul cl le raisonnement de M. Le Pelletier, reproduits par M. l'abb Maupied, savant trs-comptent. M. Le Pelletier faisait la coude de 20 pouces franais ou 54,1 centimtres. Or 20 pouces multiplis par 300 font 0,000 pouces ou 500 pieds de longueur. 50 X 20 donnent 1,000 83 pieds de largeur. 500 pieds X 83 pieds font 4,500 pieds carrs par tage, et il y en avait trois, sans doute avec un fond de cale. Sa hauteur tait de 30 coudes : donnons au fond de cale 9 coudes ou 15 pieds, au premier tage 7 coudes, au second 5 , au troisime 8 coudes de hauteur. Le fond de cale aurait eu ainsi 500 X 8 3 X cubes de provisions de toute espce. Le troisime tage ayant 8 coudes on 13 pieds 14 pouces de haut, supposons au toit une inclinaison de 6 pieds 4 pouces, nous aurons 7 pieds pour la partie infrieure dont la capacit sera 500 X 83 X ^ ou 2 9 0 , 5 0 0 pieds cubes. La capacit de la partie suprieure, si elle tait rectangulaire, serait 500 X 83 X S ou 290,500 pieds, que nous rduirons la moiti 124,590 pieds, pour tenir compte de l'inclinaison du toit. Les deux parties infrieures et suprieures runies feront ensemble 415,000 pieds cubes. Le fond de cale nous donne son tour 022,500 pieds cubes, le troisime tage 4 1 5 , 0 0 0 pieds cubes, ce qui forme pour les p r o visions un total de 1,037,500 pieds cubes, ou, en nombre rond, 3 8 3 , 5 1 0 hectolitres. Le premier et le second tage auraient t rservs pour les animaux. Or le premier avait 41,500 pieds carrs : en accordant en moyenne chaque animal un carr de 6 pieds de ct ou 36 pieds carrs, ce qui est beaucoup, on y aurait 1 5 . ou 622,500 pieds cubes ; il pouvait donc contenir 622,500 pieds pouces ou, en nombre rond,

UBO

LES SPLENDEURS DE L-FO.

log, Taise, au moins onze ceni cinquante-deux individus ou cinq cent soixante-dix espces ou couples. Dans le second tage, consacr aux oiseaux et aux petits animaux, on pouvait n'accorder chaque individu que 4 pieds, et puisque sa superficie est de 4 1 , 5 0 0 pieds carrs, que sa hauteur, de 16 pieds, peut tre suppose contenir trois tages de cages, chaque tage aurait pu loger cinq mille cent quatrevingt-sept couples ou espces, et les trois tages runis : quinze mille cinq cent soixante-une espces. Nous pouvons admettre que l'espace qu'on aura pu conomiser, en runissant dans une mme cage les espces du mme genre, suffisait largement a loger mille espces d oiseaux ou seize mille espces d'insectes, en accordant chaque insecte 18 pouces cubes. Nous arrivons ainsi a conclure que seize mille cent trentesept espces animales, mammifres, oiseaux et reptiles, et seize mille espces d'insectes auraient pu vivre avec 383,510 h e c tolitres de nourriture, ce qui assurait chaque couple une moyenne de 2 3 hectolitres (de quoi nourrir un homme p e n dant deux ans), en laissant 12,379 hectolitres pour les seize mille insectes. Il est donc prouv que l'arche pouvait contenir quinze mille cinq cent soixante-une espces d'animaux grands et petits, et seize mille espces d'insectes ; or le calcul fait avec le plus grand soin par M. l'abb Maupied, d'aprs Buffon, Linne, Cuvier, de Blainville, aboutit pour les tres vraiment ariens ou terrestres, ayantd prendre place dans Parche, en doublant mme le chiffre de Linne, quatre mille six cent vingt espces ; il est donc absolument certain que l'archepouvait surabondamment les contenir. Refaisant sa manire cernerne calcul, et donnant aussi i a coude de Mose une longueur gale 20 pouces, le vice-amiral
T

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

115*1

Thvenard concluait ainsi : les 300 coudes de l'arche donnent 500 pieds de l o n g ; les 50 coudes, 83 pieds de l a r g e ; les 30 coudes, 50 pieds de haut. Ces trois dimensions font un volume de 2 , 0 7 5 , 0 0 0 pieds cubes. En rparlissant cet espace entre tous les individus qui devaient habiter l'arche, rservant 1,000 pieds cubes pour chaque homme, valuant le nombre des espces de mammifres et d'oiseaux a deux mille deux cent quatre-vingt ou quatre mille cinq cents individus, chiffre vraiment exagr, et leur consacrant 285,195 pieds cubes, pour qu'ils fussent au large, le tiers de la capacit de l'arche serait encore rest libre pour les provisions de toute nature. Une circonstance heureuse et providentielle me fournit le moyen de mieux rsoudre encore l'objection souleve de l'insuffisance de l'arche. J'avais demand M. le,vice-amiral Paris les dimensions, que je n'avais pas sous la main, du gant des mers, le Greai-Easlern, construit par le clbre ingnieur anglais M. Scott Russell, d'aprs les ides du fils d'un i n g nieur franais non moins clbre, M. Brunnel. Les voici en pieds anglais : Longueur, 0 8 0 ; largeur, 8 2 , 6 ; creux ou hauteur, 5 8 pieds* Le produit de ces trois dimensions ou ce que l'on pourrait appeler le tonnage brut du navire est 3,350,080 pieds cubes. Or les dimensions de l'arche sont aussi en pieds anglais (la coude tant gale 25 pouces) : longueur, 525 pieds; largeur, 104 pieds; hauteur, 82, et le produit de ces trois nombres est 4 , 0 3 0 , 0 0 0 pieds cubes. La diffrence des deux tonnages est, en faveur de l'arche, 685,920 pieds cubes; c'est--dire qu'elle est plus grande d'environ un cinquime. C'est seulement par la longueur, videmment trop grande, relativement la largeur, Great-Easternl'emporte que le sur l'arche; le volume de celle-ci est

notablement plus grand, ce qui constitue dj en soi un fait

1154

LES SPLENDEURS DE LA KOI.

vraiment extraordinaire, d'ailleurs aucun danger, car Grcat'Easiern;

ce qui accuse chez

Mose

une

science trs-grande ou inspire. Ce volume norme n'avait inconvnient et ne faisait courir aucun le l'arche n'avait pas tre lance comme

clic n'avait qu' attendre sur le chantier que

les eaux la fissent flotter. Mais voici ce qu'ajoute l'amiral Paris dans la lettre qu'il a daign m'crire : Dans l'origine, le Great-Eastem, mire classe, destin au service direct entre l'Angleterre deux mille passagers de seconde classe et et l'Australie, devait prendre huit cents passagers de p r e mille deux cents de troisime, en tout quatre mille passagers. Employ au service des troupes il pourrait prendre mille HOMMES. Avant que la premire expdition en Chine se termint par la prise de Pkin , j'entendis dire qu'on allait envoyer en Chine dix mille nouveaux soldats. J'tudiai le Great-Easlcm au point de vue de ce transport, et je remis au Ministre un rapport dtaill, d'o il rsultait que ce navire pourrait en effet prendre bord dix mille hommes, et mme un grand nombre de chevaux, en dfalquant dix hommes pour un cheval, cause du fourrage et de l'aration. Je crois que j'avais assez bien combin mon affaire pour assurer l'ordre bord, et j'avais dj en tte les noms des officiers qui auraient command chacun des trois compartiments, lesquels ne se seraient jamais mis en communication. ne fallait pas mettre tous ses ufs dans le mme panier. Si le Greal-Eastern pouvait contenir dix mille hommes, l'arche, plus grande d'un cinquime, aurait pu en contenir douze mille, chiffre norme qui, rapproch du chiffre de quatre mille six cent vingt espces (chiffre de Linnc doubl), prouve de la manire la plus vidente que l'arche suffisait surabondamment contenir le monde animal tout entier. Le rapport fut remis l'Empereur qui coupa court en disant qu'il

VRIT A1IS0LUK DES LIVRES SAINTS.

1183

Concluons : ici comme partout, la grandeur et la majest des Livres saints sont crasantes, leur vrit est clatante comme le soleil. Mais en admettant que les flancs de l'arche aient t assez vastes pour contenir le monde animal tout entier, comment No aurait-il pu runir tant d'espces rpandues sur toute la surface de la terre? Nous pourrions rpondre que les ingalits de climats qui rgnent aujourd'hui la surface de la terre taient beaucoup moindres avant le dluge; que toutes les espces animales avaient sans doute leurs reprsentants dans les rgions habites par les hommes ; qu'en tout cas No, ses fils et ses aides se trouvaient dans le cas des naturalistes a qui les gouvernements donnent la mission d'explorer les plages les plus lointaines pour en rapporter des types des animaux rares et inconnus, et qu'ils avaient devant eux le temps largement ncessaire pour faire leur moisson. Mais tout cela est par trop humain. M. l'abb Darras, et nous l'en remercions, a envisag (Histoire de l'glise, la
er

question

de bien

plus haut

tome I , page 276). La Gense ne dit dans l'arche. Mose nous a

nullement que No et t charg de rassembler lui-mme les animaux qui devaient entrer dj fait assister la revue de tout le rgne animal convoqu devant le premier homme, pour que chaque espce ret de lui un nom. En lisant le rcit de cette majestueuse scne, la pense n'est venue personne qu'Adam, pour la rendre possible, avait d parcourir d'abord l'univers, et amener dans les campagnes du Paradis terrestre tous les sujets de son empire. Ce qu'Adam ne fit point, Dieu qui venait de crer toutes les espces et toutes les races, le fit par un acte de sa souveraine et toute-puissante volont. OrNo n'eut pas agir autrement; le texte de Mose est formel : P r e n d s , dit le Seigneur, u n couple de chaque espce; non pas r a s s e m b l e ou
73

1184

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

va chercher au loin, mais p r e n d s , comme le berger prend au milieu de son troupeau la brebis qu'il veut choisir; comme-le gnral au milieu de son arme prend le soldat qu'il lui plat de dsigner. Arme, troupeau, dans l'un et l'aulre cas, donc rassembl par le Seigneur. Nous avons dj vu que Philon, le juif, miraculeux. Aucun cho fidle, sans les botes doute, de la tradition des Hbreux, constate lui-mme ce fait animal ne fit rsistance ; froces, Radoucissant tout c o u p , suivirent leur sauveur comme un troupeau suit son pasteur. Pourquoi No n ' a u rait-il pas partag le privilge temps d'Adam modernes, et de quelques Franois saints personnages des saint fut

d'Assise, et le P . Anchieta, de la compagnie de Jsus, qu'on avait appel le nouvel Adam, parce que dans les forcis du nouveau monde, il semblait tre vraiment le roi de la cration, et que les animaux les plus froces taient pour lui des serviteurs obsquieux, des sujets dvoues. La prtendue impossibilit pour No et sa famille, c'est-

-dire huit personnes, de suffire aux soins que ncessitait la prsence de tant d'htes, pendant la dure de leur rclusion, n'est, elle aussi, qu'une assertion toute gratuite! Rien n'tait plus simple, dit encore l'amiral Thvenard, que de mnager dans les compartiments destins chaque couple, ou aux divers couples qui pouvaient sans inconvnient loger ensemble, les magasins d'approvisionnement pour leur subsistance, sans qu'il ft besoin d'un service journalier. L'eau du ciel reue par des canaux distribus dans tout l'intrieur de l'arche pouvait suffire abreuver les animaux et nettoyer leurs lablcs, sans qu'on ft oblig d'employer le secours de l'industrie humaine. Si Ton veut encore rflchir la situation exceptionnelle des animaux pendant Je dluge qui les frappa

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1158

de stupeur et d'abattement, on comprendra que la frocit naturelle de quelques-uns ne dut point tre un obstacle k leur paisible sjour dans l'arche; et l'on concevra que, mme sans recourir au miracle, la plupart d'entre eux purent passer les jours de leur rclusion dans une sorte d'engourdissement qui facilitait leurs rapports avec l'homme, et diminuait d'autant les inconvnients d'une pareille agglomration. Mose nous a transmis trop peu de dtails sur la construction intrieure de l'arche pour que nous puissions discuter les questions de l'aration et de l'clairage de ces trois vastes compartiments. En affirmant rsolu le problme de l'accommodation du Great-Easlern au transport de dix mille hommes, dans une traverse de six mois, l'amiral Paris ne laisse plus place aux objections, et nous osons dire que pour la premire fois la grande question du dluge et de l'arche est aujourd'hui claire d'une lumire toute nouvelle, comme le prouvera mieux encore le rsum suivant par lequel nous terminons. I. Quoi qu'en aient pu dire certains c n u e m i s d e l a Rvlation, Mose a pu et a du tre parfaitement au courant, non-seulement du fait fondamental du dluge, mais de ses circonstances essentielles, No videmment et son fils Sein ont t tmoins et acteurs dans la catastrophe; rphaxad, fils de Scm, qui naquit deux ans aprs le dluge, en fut aussi quasi tmoin, et son pre le lui raconta trs- certainement. Sem a vcu cinquante ans aprs la naissance d'Arphaxad ; Abraham a vcu deux cent quatre ans avec Sem, Isaac cent ans, et Jacob quarante ans. De Jacob Mose il n'y a donc que quatre tles, et si Mose n'a pas vu Jacob, son pre Amram l'a certainement vu. La tradition du dluge n'a donc eu passer que

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

par quatre bouches, au plus, pour arriver Mose; bouches, celles de Jacob et d'mram.

on

pourrait mme concevoir qu'elle n'eut pass que par deux I I . La parole de Mose est prcise, circonstancie et d'une nettet qui exclut toute quivoque. Les dimensions de l'arche sont clairement donnes, et la science moderne est venue nous affirmer que ces dimensions sont plus que suffisantes pour le but qu'il fallait atteindre. La construction de ce vaste b t i ment serait sans contredit une entreprise considrable, mme pour les hommes de nos j o u r s ; mais les voyageurs modernes ont constat qu'une telle uvre, quelque grandiose qu'elle soit, n'est pourtant pas comparable aux monuments gigantesques -de l'poque de No, dont les chantillons sont rests sous nos yeux. III. Le dluge, fait historique, incontestable, que les t r a d i tions judaques, qui en ont toujours clbr et qui en clbrent chaque anne le souvenir, nous font presque toucher du doigt, est une inondation surnaturelle dans son but, naturelle la fois et miraculeuse dans son agent physique, la prcipitation des eaux infrieures de l'atmosphre arienne (les cataractes du ciel) et des eaux suprieures de l'atmosphre thre (les abmes), qui a t gnral., et a couvert toute la terre, mais qui, la rigueur, aurait pu tre limit la terre habite, en s'tendant ses sommets les plus levs ; qui ne fut pas ncessairement accompagn des bouleversements et des ravages qu'on lui donne pour cortge ; qui n'a pas dtruit le rgne vgtal, qui, par consquent, n'a pas fait natre ncessairement et partout des dpts diluviens, dont la gologie ait constater la prsence; n'est, par consquent, en aucune manire contraire la science.
LA MER MORTE.

Il arriva en ce temps-l que Amraphel,

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115?

roi do Sennaar, et Arioch, roi de Font, et Chodorlahomor ' roi des lamitcs, et Thadal, roi des Nations, entrrent en guerre contre Bara, roi de Sodomc, et Bersa, roi de Gomorrhe, et. Sennaab, roi d'Adama, et Semeber, roi de Sebom, et le roi de Bala, qui est Sgor. Tous ces rois se runirent dans la valle des bois, qui est maintenant la mer de sel. (Gense, chap. xiv, v. 1 et suivants.) Quelques versets plus bas, la sainte Bible ajoute : Le roi de Sodomc, et le roi de Gomorrhe, et le roi d'Adama, et le roi de Sebom, et le roi de Bala,-la mme qui est Sgor, sortirent et rangrent leurs armes en bataille, contre eux, dans la valle des bois... Or la valle des bois avait beaucoup de puits de bitume. C'est pourquoi les rois de Sodome et de Gomorrhe, ayant pris la fuite, tombrent dans ces puits; ceux qui leur survcurent s'enfuirent sur la montagne. De ces diffrents versets il rsulte : 1 (pie la valle de Siddim, appele dans la Vulgatc la valle Sylvestre, sans doute cause des forts et des vergers qui la couvraient, et par les Septante la valle Sale , en raison, probablement, des dpts salins qui s'y trouvaient, avoisinait les cinq villes de la Pentapole, mais ne constituait pas leur territoire; 2 que cette valle tait dj remplie de puits de bitume ; 3 qu'elle est devenue ensuite la mer Sale ou la mer Morte ; 4 par consquent, que la mer Morte est rcente. Cette affirmation de la Bible est confirme par l'historien Josphe, qui dit en termes exprs: tant arrivs prs de Sodome, les quatre rois dressent leur camp dans la valle appele les Puits d'asphalte , car alors il y en avait en cet endroit. Mais aprs la destruction de la ville de Sodomc, cette valle devint le lac dit Asphaltite. Cependant, M. Louis Lartct qui, sous la haute et savante direction de M. le duc de Luynes, a tudi le primtre entier

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

de la mer Morte, ainsi que son bassin dans toute sa longueur, est arriv celte conclusion, que la mer Morte est non-seulement antrieure l'poque de la destruction de la Pentapole, mais encore qu'elle tait dans un ge trs-recul, et qui a prcd de longs sicles l'apparition de l'homme sur la terre, bien plus tendue qu'elle ne l'est maintenant. 11 termine ainsi un mmoire prsent l'Acadmie des sciences, dans la sance du 17 avril 1865 : Quoi qu'il en soit, pour l'observateur qui cherche se rendre compte de l'ge gologique et du mode de formation des reliefs limitant le bassin de la mer Morte, et qui, d'autre part, est assur que ses plus anciens sdiments ne renferment aucune trace fossile d'organismes marins, il devient vident que cette dpression continentale n'a t, ds l'origine, rien de plus qu'un rservoir d'eaux, atmosphriques, dont la salure, emprunte des circonstances environnantes, s'est de plus en plus accrue sous l'influence d'une incessante vaporation. Nous ferons remarquer d'abord que le jeune gologue a dit au dbut de son mmoire, qu'il ne formulait ses propositions qu'avec loutes les rserves de la valeur thorique qui peut se dduire d'observations reposant sur des faits assez complexes et quelquefois (Comptes rendus, contrastants tome LXII, p . 707), et qu'il ajoutait en

'finissant : Les sources thermales ou minrales, ainsi que les manations bitumineuses qui ont accompagn ou suivi les ruptions volcaniques, sont, avec les tremblements de terre qui agitent encore ces contres, les derniers phnomnes i m p o r tants dont le bassin de la mer Morte a t le thtre. ( P . 7 9 9 . ) Ainsi, d'un ct, le problme a rsoudre n'est pas sans difficult ni sans mystres ; de l'autre, le double bassin de la mer Morte a eu des phases successives ; il a t modifi par des phnomnes volcaniques, dont la cause est aujourd'hui encore en jeu. Rien n'empeche donc, d'une part, que le bassin de la mer

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Morte soit de formation trs-ancienne ; de l'autre, que ce bassin ait t Tune de ses extrmits profondment modifi par un effondrement qui aurait englouti la valle de Sicldim. M. Victor Gurin, le clbre et courageux voyageur, auteur de la Description historique et gographique de la Palestine, a jet un grand jour sur celte question encore obscure. Partant de ce texte (Gense, c h a p . x i n , v. 1 0 ) : Loth, debout avec Abraham entre Bethcl et Ha, vit foute la plaine du Jourdain, qui, avant que le Seigneur dtruist Sodome et Gomorrhe, tait arrose partout, comme le jardin de l'ternel et comme le pays d'Egypte, jusqu'aux environs de Zoar (Sgor) ; et constatant que des hauts plateaux de Bethel, en tournant ses regards vers Test, on plonge dans la valle de Jricho ou du Jourdain, qui s'tendait alors, sans interruption, jusqu' Sgor, en conclut que la mer Morte n'existait point cette poque, puisque cette mer, au dire de JosphcetEusbe, tait comprise prcisment entre Jricho, au nord, et Sgor au sud. La Sgor de la Vulgate tait donc situe vers l'extrmit mridionale de la mer Morte ; et la valle de Siddim, qui est ' devenue la mer Morte, tait situe au sud de la plaine de Jricho . Cela pos, il faut admettre Tune de ces deux hypothses : 1 ou la Pentapolc occupait l'emplacement de tout le bassin actuel de la mer M o r t e ; 2 ou bien elle n'en occupait" que la partie mridionale, celle qui partir de la presqu'le de la Lisan n'est plus qu'une simple lagune. Dans la premire hypothse, la mer Morte, dont M. Lartet a constat les anciens dpts bien au del de ses limites actuelles, et qui, une poque anthistorique, aurait temps d'Abrabam, dessche ou rduite l'tat t bien plus tendue qu'elle ne l'est maintenant, tait, au de lac souterrain, de telle sorte que le bassin quelle remplit actuellement, ft alors recouvert d'une puissante couche vgtale,

4160

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

<[ue fcondaient les nombreux canaux drivs du Jourdain et de ses affluents. Lorsqu ensuite la vengeance divine, p r o v o que par les crimes abominables des villes maudites, dtruisit la Pentapole, les feux du ciel, en embrasant les nombreux puits de bitume qui parsemaient la valle de Siddim, au tmoignage de la sainte criture, communiqurent au soussol de cette valle une conflagration gnrale. De l un affaissement des couches suprieures et la rapparition du lac souterrain primitif, o s'engouffra le Jourdain avec ses affluents. Mais la seconde hypothse semble tre la seule vraie. l'poque d'Abraham, la mer Morte dj existante, comprenait seulement le grand et profond bassin septentrional qui s'tend au nord de la presqu'le de Lisan, et la Pentapole aurait embrass dans ses limites cette presqu'le, la lagune mridionale, le canal qui la joint la zone antrieure, c'est--dire au lac proprement dit, et peut-tre aussi la Sebkhah, qui s ' a r rondit en plaine marcageuse au sud de cette lagune. Ce partage de la merMorteen deux bassins, l'un ancien, l'autre rcent, est clairement indiqu par la configuration mme du sol. En effet, tandis qu'au nord de la presqu'le de Lisan, la sonde accuse une profondeur qui atteint, en certains e n d r o i t s , 350 mtres, la plus grande profondeur au sud de cette mme presqu'le n'est plus que de 6 mtres ; et ces deux zones sont spares l'une de l'autre par un canal qui, dans sa partie la plus resserre, mesure peine 2 , 5 0 0 mtres. En r s u m , conclut M. V. Gurin, quelle que soit celle des deux hypothses que l'on a d m e t t e , elles me paraissent concilier la fois les donnes de la Bible et celles de la Gologie. La Pentapole arrose jadis par le Jourdain, comme l'affirment les Livres saints, s'est bien effectivement affaisse plus la suite de L'embrasement des villes coupables, p o u r tard, former

VMT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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soit le bassin complet de la mer Morte, soil seulement la 'agune mridionale. Le texte sacr a donc pu dire en toute vrit : la valle deSiddim qui est la mer sale.... J'admets la fois et les faits rvls par la Bible, et les faits constats par la Gologie. Le profond sillon de toute la valle du Jourdain, la dpression extraordinaire de la mer Morte (392 mtres *au-dcssous du niveau de la Mditerrane), celle de TOued 'rabab, qui se relve ensuite jusqu' ce que, ayant atteint la ligne de partage des e a u x , il s'abaisse de nouveau vers par des gologues l'ancien golfe lanitiquc (sur la mer Rouge), sous le nom de Oued A'kakah, tout cela est regard destruction de la Pcntapole pareille affirmation, consciencieux et comptents, comme bien antrieur la

Je suis loin de contester une

et de prtendre que cet affaissement

gigantesque, que cette dislocation profonde, accompagne de soulvements non moins importants, soient de date relativement rcente, et de la mme poque que la destruction de la Pentapole. D'un autre ct, je m'incline avec respect devant les paroles de la sainte criture nonant des faits non moins certains que ceux qui rsultent de l'tude attentive du sol. Ni les uns ni les autres ne peuvent tre n i s ; il s'agissait seulement de les concilier. t'ajoute avec bonheur que M. le duc de Luynes, comme conclusion de son exploration, dit en termes exprs, tome IL page 377 : L a grande lagune qui forme l'extrmit de la mer Morte, au sud de la Lisan, occupe la place de la plaine de Siddim. Les villes maudites taient situes pied du lac. Dans les termes oii il la posait, la thse de M. Louis Lartet avait certainement une tendance hostile la vrit des Livres saints. Son but semble avoir t de dmontrer que la mer Morte au pied des moutagnes vers le Gohr. Je cherche Sodome et Goinorrhe au

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

n'tait ni plus ni moins qu'un de ces.lacs sals que l'on r e n contre assez souvent dans l'intrieur des continents, et qu'il ne fallait y rien voir d'extraordinaire. Cette conclusion contraste visiblement avec le rcit de la Gense, lequel nous force faire la part, dans les circonstances qui ont prcd, accompagn et suivi la formation de cette mer, du naturel a la fois et du surnaturel, tous deux impossibles mconnatre. Pour faire ressortir cette vrit il suffira de constater avec quelle fidlit la mer Morte Bible lui donne. 1 Mer de sel. La salure de ses eaux est extrme, incomparablement plus forte que celle de l'Ocan et de la Mditerrane. Tous ses bords sont couverts au loin d'efflorescenecs salines, son fond se compose d'un mlange de vase bleue et de cristaux de sel ; sa densit varie entre 1,160 et 1 , 2 3 0 ; cette dernire est peu prs constante au-dessous de 30 centimtres, ce qui prouve que les eaux douces des affluents ne se mlent pas l'eau de mer. Le long de son rivage, s'lve la montagne de Sodomc, ou la montagne de sel, forme de bancs de sel gemme recouverts de gypse et d'argile, d'environ six kilomtres de longueur, d'un kilomtre de largeur sa base et de cent mtres de hauteur, entoure d'aiguilles et de piliers de sel. 2 Mer Morte. Saint Jrme disait dj de son temps : Jusqu'ici on n'a trouv dans cette mer, cause de la trop grande amertume de ses eaux, rien qui respire ou qui puisse se mouvoir. Les crustacs petits ou grands, les vers, les vermiceaux, les anguilles, les poissons ou autres animaux quelconques ne peuvent pas y vivre. S'il arrive que le Jourdain gonfl parles eaux y introduise quelques poissons, ils meurent sur-le-champ et surnagent ces eaux grasses. Les explorateurs qui, de nos jours, l'ont sillonne et tudie avec le plus de soin rpond aux noms divers que la sainte

VUIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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sont unanimes pour affirmer que rien fie vivant ne peut vivre dans son sein. Le lieutenant Lynch, savant officier de la marine amricaine qui a parcouru toute celle mer pendant vingtdeux jours, dit non-seulement qu'il n'y arien vu de vivant, mais que le microscope mme n'a pas pu lui faire dcouvrir la plus petite trace de vie ou de substance animale. Le docteur Andcison, qui accompagnait le lieutenant Lynch dans son expdition scientifique sur la mer Morte, raconte que plusieurs fois il avait vu de petits poissons descendre vers cette mer; arrivs trois ou quatre pieds de l'embouchure, ils rebroussaient chemin ; si on les effrayait pour les obliger d'entrer dans la mer, ils sautaient plutt hors de l'eau. M. Louis Lartet ajoute : Ce qu'il y a de certain, c'est que des animaux dj accoutums vivre dans une eau fortement sale y meurent instantanment, comme nous avons pu le constater en transportant dans l'eau de la mer Morte des petits poissons qui vivent dans une lagune situe au nord du Djbct-Usdom, souvent envahie par l'eau de mer, et alimente par une source d'eau chaude. (Essai sur la Gologie de la Palestine, 1 partie, p . 261.) M. Lartet attribue avec raison cette action si dltre la quantit considrable de chlorures ou bromures de sodium, de potassium, de magnsium, et autres sels qu'elle contient, et qui la font si dense, si lourde, qu'il est inutile d'essayer d'y nager; on ne peut s'y enfoncer, on flotte la surface. Ses rives, en outre, sont absolument nues et arides, et, certaines poques du moins, le sjour sur ses eaux est malsain et d a n gereux: il a cot la vie plusieurs voyageurs, entre autres Dalc et Molincux, officiers de marine. Voici comment le lieutenant Lynch rsume ses impressions : . Autour de nous il y avait de noirs abmes; au-dessus de nous nous apercevions les pointes aprs des rochers lopps d'une brume transparente enveA 1,200 pieds au-

1164

LES SPLENDEURS DE LA FOI. AVAIT TOUCH A LA PLAINE ENFOUIE COUVERTE DE FANGE ET DE

dessous de nous, notre sonde

DE SIDDIM QUI EST ACTUELLEMENT

SEL. . . Mes compagnons avaient cd une envie de dormir insurmontable ; ils taient couchs dans toutes les attitudes du sommeil; c'tait plutt un morne assoupissement qu'un repos. A r h o r r i b l e aspect que cette mer nous offrit, lorsque nous la vmes pour la premire fois, il me semblait qu'on devait lire,
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comme.fila porte de l'enfer du Dante, cette inscription : Que celui qui entre ici renonce toute esprance... Maintenant que je veillais ainsi seul, ce sentiment de terreur revint, et en regardant mes compagnons endormis, mes cheveux se d r e s srent sur ma le te, comme des m o n t a g n e s . . . ; il y avait dans l'expression de leurs visages chauffs et bouffis quelque chose de terrible. L'ange sinistre del maladie semblait planer sur e u x ; leur sommeil brlant et fivreux tait pour moi l'avant-coureur de sa v e n u e . . . La solitude, le silence, la lentement, scne que j'avais sous les yeux, mes penses, c'en tait trop ; assis que j'tais dans cette nacelle qui se mouvait il me vint le sentiment que'j'tais Caron conduisant non pas les mes, mais les corps des morts et des rprouvs travers je ne sais quel lac d'enfer. Qui n'avouera qu'il y a bien loin de l au simple lac gologique sal de M. Louis Lartet ? 3Mer asphaltileou d'asphalte. Le lac, disaitStrabon, est rempli d'asphalte qui, des poques irrgulires, monte du fond, en produisant des bulles comme de l'eau qui bout. . , Il s'lve, en mme temps, beaucoup de vapeur, sorte de fume invisible aux regards, mais qui n'en ternit pas moins le cuivre, l'argent, tout mtal poli et brillant, mme l'or. Les habitants d'alentour jugent que l'asphalte va paratre la surface, lorsque les vases en mtal commencent se rouiller. Ils se prparent alors le recueillir au moyen de radeaux fabriqus avec des joncs. (Gographie, livre XVI, c. xi.)

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

*H6B

Diodore de Sicile dit de son ct : 11 s'lve tous les ans sur sa surface une quantit d'asphalte de la largeur de trois d'un seul, arpents, pour l'ordinaire, 'quelquefois pourtant

mais jamais moins. . . Cette matire, qui change souvent de place, offre de loin l'aspect d'une le flottante ; son apparition s'annonce prs de vingt jours l'avance, par une odeur forte cl dsagrable de bitume qui souille au loin, prs d'une demie-lieue a la ronde, l'or, l'argent et le cuivre. Mais toute cette odeur se dissipe ds que le bitume, matire liquide, est sorti de cette m a s s e . . . Les habitants ( demi barbares) enlvent l'asphalte Tenvi les uns des autres..., l'apportent en Egypte et le vendent ceux qui font profession d'embaumer les corps; car sans le mlange de cette matire avec d'autres aromates, il serait difficile de les prserver longtemps de la corruption laquelle ils tendent. (Livre XIX, ch. xxv.) Dioscoridc mettait le bitume de Jude au-dessus de tous les autres ; l'invention de la photographie lui assure une supriorit et une clbrit incomparablement plus grandes. C'est en prenant pour couche sensible le bitume de Jude que l'immortel Joseph-Nicephorc Nicpce est parvenu, pour la premire fois, fixer les images lumineuses des corps. Au dire des Arabes qui habitent autour de la mer Morte, l'apparition de l'asphalte sur cette mer serait, aujourd'hui, toujours prcde de commotions souterraines, tant il est vrai que la mer Morte recouvre un sol minemment volcanique. M. Lartct dit, lui-mme, que c'est sans doute des profondeurs du lac que sont sorties ces masses considrables de bitume, ainsi que le pensaient les anciens et que semblent le prouver leurs descriptions. La question relative la mer Morte se posait ainsi : terrible catastrophe qui a amen la

Prexistait-elle la

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LES SPLENDEURS DE L FOI.

destruction des villes coupables de la Pentapole, et

servait-

elle alors comme maintenant de grand rservoir aux eaux du Jourdain et des autres rivires qui y aboutissent? ou bien daterait-elle seulement de cette poque mmorable, et aurait-elle t produite par un immense effondrement du sol, la suite de la conflagration des villes maudites et de la valle remplie de bitume qui formait leur territoire? Nous l'avons rsolue en acceptant que la mer Morte, au moins en partie, a pu prexister la destruction des villes coupables, mais qu'en partie aussi elle est le rsultat de l'effondrement du sol qui avait englouti la valle de Siddim. Mais il se prsente une question secondaire dont nous voulons dire un mot. O se jetait le Jourdain antrieurement a ce grand bouleversement de la contre? Poursuivait-il son cours jusqu' la mer Rouge? Dans la solution que nous avons accepte, la mer Morte, primitivement, aurait compris seulement le grand et profond bassin septentrional qui s'tend au nord de la presqu'le de Lisan. Il est permis de supposer qu'elle tait alors beaucoup moins sale et huileuse qu'elle ne l'a t depuis, car c'est principalement au sud du grand bassin auquel nous rduisons son primtre cette poque qu'abondent les gisements sals et bitumineux, soit autour de la lagune mridionale, soit sous cette lagune mme. En sortant de cette mer, avec un volume beaucoup moins considrable qu'il n'y tait entr, le Jourdain pouvait arroser, sans l'inonder toutefois, la grande plaine, qui devint plus tard la lagune, avec son prolongement, et la fertiliser. Ses eaux n'avaient pas contract dans leur parcours assez d'amertume et de salure, pour tre impropres fconder par des irrigations la plaine qui les recevait, et o elles pouvaient en outre s'puiser et se perdre la longue, en se divisant en d'innombrables petits canaux subdiviss eux-mmes en rigoles, soumises, par consquent, des infiltrations cou-

VRIT ARSOLUE DES LIVRES SAINTS.

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linuesct une vaporation incessante sous cette zone rellement torride. Lorsqu'on 1812, Burckhard eut signal la grande valle d'Arabah, qui s'tend au sud de la mer Morte, dans la direction de la mer Rouge, on fut tent de la considrer comme tant l'ancien chenal par o le Jourdain allait se jeter dans le golfe lanitique. Mais l'norme rie 390 dpression de la mer Morte, dcouverte en 1837, et qui fait son niveau infrieur mtres au niveau de la Mditerrane et de la mer R o u g e , devint une premire objection trs-srieuse h l'ancien coulement du Jourdain dans la mer Rouge. 11 en surgit bientt une Ierthou, qui seconde : La mme anne, M. d'Arabah dans toute de son suivit la valle

tendue, depuis l'extrmit mridionale de la mer Morte, * jusqu'au golfe d''kabad, constata au milieu de ce dsert l'existence d'un double versant dont la ligne de fate ou de partage des eaux est leve de 240 mtres au-dessus rie la mer Mditerrane, de manire constituer une indpendance absolue entre les deux bassins hydrographiques de la mer Morte et de la mer Rouge ; en ce sens que toutes les eaux de l'Oued-Arabah et de ses affluents, au nord de cette ligne de faite, aboutissent la mer Morte, tandis que toutes les eaux, au sud de cette mme ligne, se rendent au golfe d'A'kabad dans la mer Rouge. En prsence de ces deux phnomnes physiques, aujourd'hui parfaitement constats, la dpression de la mer Morte, et la ligne de faite, qui coupe en deux tronons, ayant leurs versants en sens contraire, la valle d'Arabah, comment croire encore il l'ancien coulement du Jourdain dans le golfo lanitique ? En admettant que ces deux phnomnes sont euxmmes rcents, ou qu'ils sont l'effet d'un mouvement volcanique du sol ! C'est coque fait le R. P . Pujol dans une curieuse tude sur le passage de la mer Rouge par les Hbreux

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

(ludes

i eligieuses,

novembre 1 8 7 1 ) . Le psaume CX1IJ dit : peuple

Lorsqu'Isral sortit de l'Egypte, du milieu d'un

b a r b a r e , la mer le vit et s'enfuit, le Jourdain retourna en arrire. Les montagnes bondirent comme des bliers et les collines comme des agneaux... Qu'as-tu, o r n e r , que tu aies fui? E t loi Jourdain, que tu sois retourn en a r r i r e ? . . . Montagnes, pourquoi avez vous bondi comme des bliers, et vous collines, comme des agneaux La terre a t branle la face du Seigneur, la face du Dieu de Jacob. Qui convertit la pierre en tangs d'eau. Puis prenant ces paroles la lettre, ou les interprtant dans le sens le plus nalurel, il conclut que le passage d e l mer Rouge a t prcd d'un bouleversement du sol, qui a produit deux effets grandioses: 1 le soulvement du fond de la mer Rouge, bientt dessch par un vent b r lant et qui offrit aux Hbreux un passage facile ; 2 l'interruption du lit du Jourdain, forc tout coup de remonter vers sa source ou de revenir la mer Morte. Ainsi, d'aprs le P . Pujol, par !e mme soulvement qui levait le lit de la mer Rouge, le lit dlaiss du Jourdain prenait dfinitivement la forme qu'offrent aujourd'hui les deux valles El-rabah et El-Akabad, spares par le seuil ou ligne de fate de El-Sathe. Cette interprtation du psaume CXU1 est curieuse et mritait d'tre cite, elle semble confirme par ces paroles non moins tonnantes du psaume LXXV, v. 17 ensuivants: Les eaux vous ont vu, Dieu, les eaux vous ont vu et elles ont craint ; et les abmes ont t troubls. Il y a eu un grand bruit des eaux : les nues ont fait entendre leurs voix, car vos flches t r a versaient les airs. La voix de votre tonnerre a fait sa roue. Vos clairs ont brill sur le globe de la terre : la terre s'est mue et a trembl. Dans la mer a t votre route ; vos sentiers ont t de grandes eaux, et vos traces ne seront pas connues.

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Un mot en finissant, sur deux des circonstances qui accompagnrent la destruction des villes de la Pcnlapole et l'engloutissement de la valle dcSiddim. Dieu, dille texte sacr, fit pleuvoir du ciel, sur Sodome et Gomorrhc, du soufre et du feu, envoys par le Seigneur. Et il dtruisit ces villes et toute la rgion d'alentour, avec l'universalit des habitants des villes, et tout ce qui verdoyait a la surface de la terre. La femme de Loth, regardant derrire elle, fut change en une statue de sel. (Gense, chap. xix, v. 24 et suivants.) Le souvenir de ces chtiments terribles se retrouve dans le Dcutrnome, Isae, Jrmie, zchiel, Ose, Amos, saint Luc, saint Jude; on le retrouve mme dans beaucoup d'auteurs anciens et dans les traditions de la contre. Que fut ce feu tomb du ciel? s'agil-il seulement d e l foudre qui aurait mis le feu aux puits de bitume et au sol qui en tait tout imprgn? Ou faut-il y voir une pluie miraculeuse de feu et de soufre 1 La premire hypothse est la plus p r o bable; car, dans la sainte criture, le soufre est souvent associ la foudre, sans doute h cause de la forte odeur de soufre ou d'ozone qui accompagne souvent la chute de la foudre. Quant a la conversion de la femme de Loth en une statue de sel, le plus simple et le plus raisonnable est d'admettre l'opinion commune que, surprise par la lave liquide, mlange fondu debitume enflamm et de sel, si abondants dans la contre, le corps de la femme de Loth fut consum a la fois et ptrifi, en conservant peu prs sa forme premire. L'auteur du livre de la Sagesse (chap. x, v. 7) dit en ternies trs-significatifs : La sagesse a fait chapper le juste qui fuyait h la mort qui frappe les impics, quand le feu du ciel descendit sur la Pcatapolc. Leur malice est constate par la terre dserte et toujours fumante, par des arbres qui produisent des fruits en temps incertains, par la configuration d'une masse de sel,
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souvenir (Tune me incrdule. Firjmenium

salis,

c'est le

nom que le livre de Sagesse donne la statue de sel. Beaucoup de saints Pres, saint Irne, saint Jean Ghrysostomc, sain.t mbroise, semblent affirmer qu'elle existait encore de leur temps, sous forme d'une de ces colonnes de sel, t r s - n o m breuses, nous Pavons dj dit, sur la montagne de sel, dite montagne de Sodome, qui domine la mer Morte ou le lac de Loth.
PASSAGE DE LA MER ROUGE.

Exode, chap. x m et xiv. Dieu ne

les conduisit point par le chemin de la terre des Philistins... Mais il leur fit faire un dtour par la voie du dsert qui est prs de la mer Rouge... Partis de Soccoth, ils camprent Etham, l'extrmit du dsert... Le Seigneur les prcdait pour leur montrer la voie, le jour dans une colonne de nue, et la nuit dans une colonne de feu Cependant on annona Pharaon attela Les g y p aux gyptiens que le peuple s'tait enfui donc son char et prit tout son peuple avec lui

tiens suivaient leurs traces de prs. Ils les trouvrent dans leur camp, prs de la mer. Toute la cavalerie et les chars de Pharaon , et l'arme entire taient Phihahiroth, contre Belsphon... E t quand Pharaon se fut approch, les enfants d'Isral levant les yeux virent les gyptiens derrire eux; ils furent saisis d'une grande crainte, et crirent vers le Seigneur... Mose rpondit au peuple : Ne craignez point, demeurez fermes... Le Seigneur dit ensuite Mose : lve ta verge, tends ta main sur l mer, et divise-la afin que les enfants d'Isral marchent au milieu de la mer sec Alors l'ange de Dieu, qui prcdait le camp d'Isral, alla derrire eux, et avec lui la colonne de nue, passaut d'avant en arrire, se tint entre le camp des gyptiens ; et comme elle tait t n breuse, qu'au contraire la colonne de feu, qui prcdait les

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Hbreux clairait la nuit, les deux

camps

ne

pouvaient

s'approcher l'un de l'autre. Lorsque Mose eut tendu la main sur la mer, le Seigneur la fil r e t i r e r ; un vent imptueux et brlant ayant souffl toute la nuit, la mit a sec, et l'eau fut divise. Ainsi les enfants d'Isral entrrent au milieu de la mer; car l'eau tait comme un mur leur droite et leur gauche. Et, les poursuivant, les gyptiens entrrent aprs eux dans la mer, ainsi que la cavalerie de Pharaon. Et dj le matin tait venu, et voil que le Seigneur jetant un regard sur le camp des gyptiens, travers la colonne de feu et de nue, tua toute leur arme ; renversa les roues des chars ; et ils furent entrans dans la mer... Et le Seigneur dit Mose: tends ta main sur la mer, afin que les eaux retournent vers les gyptiens, sur leurs chars et sur leurs cavaliers. Et lorsque Mose eut tendu la main vers la mer, elle retourna, au premier point du jour, en son premier lieu, et les eaux vinrent la rencontre des gyptiens, qui s'enfuyaient, et le Seigneur les enveloppa au milieu des flots, et il ne resta pas mme un seul d'entre eux. Mais les enfants d'Isral poursuivaient leur chemin au milieu de la mer dessche, et les eaux taient pour eux comme un mur droite et gauche. Il s'agit ici, videmment, d'un vnement rel, avec dsignation des lieux ou il s'est pass, et toutes ses circonstancesessentielles ; d'un vnement qui, comme tous les grands faits bibliques, consacr d'abord par le sublime cantique de Mose, inspiration visiblement divine, a t rappel d'ge en ge par tous les crivains sacrs. (Nombres, chap. xxm, v . 8 ; Deutrono'me, xi, 4 ; Josu, vi, 1 0 ; Esdras, ix, 9 ; Judith, v, 12 ; Job, xv, 2 4 et suivants ; psaumes LXXVII, 13; CV, 9 ; CXIII, 3 ; CXXXV, 1 3 ; Sagesse, x, 1 9 ; xiv, 3 ; xix, bes, iv, 9 ; Actes des Aptres, vu, 3 0 ; ptre aux 3; Isae, LI, 1 ; Jrmie, ix, 21 ; Habacuc, vm, 1 4 ; I MacchaCorin-

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

thiens, x, 1 ; Aux H b r e u x , x i , 29.)

Vit-on jamais une

tradition plus imposante, hritage glorieux d'un peuple qui subsiste encore aujourd'hui, dispers mais visible, au milieu de toutes les nations de la terre ? L'itinraire des Hbreux dans leur marche vers la mer Rouge, est mieux trac dans le Livre des Nombres, ch. xxxm, v. 3 et suivants : Partis de llamesss, le quinzime jour du premier mois, le lendemain de l a P q u e , conduits par la main du Trs-Haut, au su et au vu des gyptiens qui ensevelissent leurs premiers-ns frapps par le Seigneur, les enfants d'Isral camprent Soccoth, et de Soccoth ils vinrent E t h a m , qui est aux dernires limites du dsert. Sortis de l, ils vinrent contre Phihahiroth, qui regarde Rclsphon, et ils camprent devant Magdalum. Et partis de Phihahiroth, ils passrent par le milieu de la mer dans le dsert, marchant pendant trois jours dans le dsert d'Etham, et ils camprent Mara. Partis de Mara, ils vinrent Elim, o taient douze sources d'eau et soixante-dix palmiers, et ils y camprent. Que n'a-t-on pas imagin pour rduire des proportions vulgaires ce grand fait, dont l'illustre voyageur J. Bruce disait : Le passage de la mer Rouge nous est racont par la sainte criture comme un fait miraculeux ; ds lors nous n'avons pas lui chercher des causes naturelles. Spinoza disait dj que le passage pied sec de la mer Rouge fut l'effet d'un vent violent qui souffla toute la nuit avec une grande imptuosit. C'est une assertion purement gratuite et ridicule. Mose fait aussi intervenir le vent, mais simplement pour desscher le fond de la mer abandonn par les eaux ou soulev. Plusieurs anciens auteurs ont prtendu que les Hbreux n'avaient pas travers rellement la mer Rouge, mais qu'ils ctoyrent seulement le rivage, en remontant de l'endroit o

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ils taient h un autre endroit un peu plus haut ; et la preuve qu'ils prtendent en donner, c'est que le texte sacr les fait passer p a r E t h a m avant qu'ils soient entrs dans le lit de la mer, et les fait revenir au dsert d'Elham aprs qu'ils sont sortis du golfe. L e R . P . Sicard, missionnaire jsuite qui avait fait une lude trs-attentive de ces lieux, dans le but direct de retrouver la roule suivie par les Hbreux et le lieu du passage de la mer Rouge, dit que le mot Etham est un mot gnrique qui convient tout dsert aride et sablonneux; et qu'on avait appel dsert d'Etham toute la vaste solitude qui s'tend l'orient cl l'occident du golfe Arabique ou mer Rouge. Aux yeux de M. Salvador (institutions de Mose, tome I ,
or

p. 45), le passage de la mer Rouge fut un vnement trssimple et trs-naturel; une basse mare permit aux Hbreux de franchir le Sinus Alates, et le reflux engloutit les gyptiens. Tout se rduirait a l'exprience pratique d'un conducteur de chameaux, et a l'imprudence d'un chef d'arme qui retient mal l'heure du reflux. C'est encore une supposition gratuite, inconciliable avec le langage net et prcis des Livres saints. Le flux et c reflux ne constituent nullement deux murailles de vagues amonceles, une mer divise , dans laquelle on entre et dont on sort. Ce flux et ce reflux, il faudrait admettre, en outre, que les gyptiens les auraient entirement ignors, puisqu'ils en furent les victimes; et que les Hbreux ne les auraient pas connus davantage, puisqu'ils se crurent enferms entre deux barrires infranchissables, l'arme des gyptiens et la mer, et que, se croyant perdus, ils r e d e mandrent h grands cris les fers de l'esclavage dont leurs mains portaient encore les traces. D'autres critiques enfin veulent que Mose, qui avait l o n g temps habit la terre de Madian et parcouru les rivages de la mer Rouge, conduisit la multitude entire des Hbreux un

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gu qu'il connaissait par exprience, et o l'eau tait trspeu profonde. Cette interprtation est non moins incompatible avec le texte du rcit de Mose : Traverser un gu n'est pas marcher pied sec, et les eaux droite et gauche d'un gu ne forment pas comme deux murailles. Si le gu avait servi aux Hbreux, il aurait servi de mme aux gyptiens qui les suivaient de prs et qui s'engagrent dans la mer sur leurs pas, et leur catastrophescraitinexplicable.il est trs-possible nanmoins qu'il existt un gu, M. Lccointre croit avoir retrouv sa trace, et le place au lieu qu'on appelle aujourd'hui le seuil de Chalouf. Il .est vraisemblable mme que, en parlant d'Etham, Mose conduisit les Hbreux vers ce gu, car rien n'indique que, ce moment, Mose et son peuple comptassent sur un miracle. Mais il est certain qu'ils ne purent pas l'atteindre, parce que Pharaon descendu des hauteurs de Chebrewct leur coupa le chemin des deux cts en les acculant la mer, que le miracle leur ouvrit, et qu'ils traversrent pied sec. Tout rcemment, M. le professeur Richard Owcn est all beaucoup plus loin. Dans son discours inaugural de Prsident de la section d'Archologie au congrs des Orientalistes runi Londres, en septembre 1874, il a os dire : L'isthme de Suez est gologiqtrement un pont de date rcente entre l'Asie et l'Afrique; il ne s'est trouv complet que dans la dernire priode miocne. Quelque rcente que soit cette poque au point de vue gologique, elle est cependant assez loigne pour permettre aux forces qui ont donn naissance aux espces, d'tablir des degrs et des distinctions entre les grandes classes d'animaux vivant respectivement dans les deux mers que l'isthme spare. Un esprit zoologique peut seul saisir ou essayer de saisir la dure du temps prhistorique en question. Le vtran des sciences naturelles en Angleterre

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fait donc disparatre la mer Rouge de la rgion o elle a du tre traverse par les Hbreux, de sorte que le fameux passage passerait l'tat de mythe ; et il ne sait pas qu un de ses compatriotes M. Woodwarts a constat prs de cinquante espces d'animaux communs la mer Rouge et a la mer Mditerrane! * Mais voici que M. de Lcsseps et les ingnieurs du canal de Suez n'hsitent pas a affirmer (Sance de l'Acadmie des sciences du 22 juin 1874) que, l'poque o les Isralites quittrent l'gypIe sous la conduite de Mose, la mer Rouge faisait sentir ses mares au moins jusqu'au pied du S r a pum, [dans les .environs du lac . T i m s a h . . . Les lacs amers taient remplis d'eau saumtre, il n'y a pas plus de onze cents a n s ; mais ils ont continu, priodes intermittentes, recevoir les eaux de la mer Rouge... Quand les eaux des lacs amers n'ont plus t alimentes qu'aux grandes mares d'quinoxe, ou mme des intervalles beaucoup plus loigns, aux mares exceptionnelles, les dpts de sel ont commenc. Le banc de sel est compos de couches horizontalcs dont l'paisseur varie de 5 2 5 centimtres, La sparation des couches est parfaitement visible, et bien tranche par une pellicule de sable trs-fin emprisonn chaque stratification. Le poids total du banc tant environ de 970 milliards de kilogrammes, a exig l'vaporalion de 21 milliards de mtres cubes d'eau de la mer Rouge. Ce volume a pu tre fourni dans le cours d'une centaine d'inondations ou d'invasions des eaux. Il est donc faux, absolument faux que l'isthme de Suez, au temps de Mose, fut entirementeonsolid ; le passage del mer Rouge a trs-bien pu se faire au nord de Suez, et non pas ncessairement au sud de la pointe actuelle de la mer Rouge. Ce fait admis, la route suivie par les Hbreux peut avoir t celle qu'un ingnieur distingu des constructions navales, M. Lccoinlre, a conclue d'une exploration trs-

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approfondie de la contre. 11 place le lieu du passagede la mer Rouge dans la partie qui constitua plus lard les l a c s ' a m e r s ; et cette solution d'un problme trs-intressant et irs-difficile nous a sembl entoure de tant de probabilits, que nous nous faisons un devoir de refaire ici ce nouvel itinraire. Ramesss, point de dpart, n'est pas la ville qui portait ce* nom, situe dans la terre de Gessen, mais la contre entire, les alentours, excellent lieu de ralliement pour les Hbreux disperss dans toute l'Egypte. L'ange exterminateur a pass dans la nuit du 14 au 1 5 . Mose et Aaron, appels au palais, a r r a chent enfin la permission tant dsire et s'empressent de donner le signal, sans doute par des feux convenus... Presss en outre par les supplications des gyptiens, qui attribuaient avec raison h leur prsence la mort de leurs premiers-ns, les enfants d'Isral partirent en toute htc, sans mme prendre le temps de faire cuire la pte sans levain qu'ils avaient prpare. Cette prcipitation fut due l'intervention des femmes qui, sollicites par leurs htesses et leurs voisines gyptiennes d'user de leur influence sur leurs maris, pour les faire partir au plus tt, demandrent en retour des vases d'or et d'argent et des vlements prcieux. Les gyptiennes donnrent avec empressement tout ce qu'on voulut, croyant racheter ainsi la vie de leurs autres enfants ; et voil comment Isral, selon la parole du Seigneur, s'enrichit des dpouilles de l'Egypte. La mme scne se rpta partout. Les convives sortis des maisons se grouprent sur les places des villages, autour des pres de famille dont ils avaient reu l'hospitalit et partirent ensuite sous la conduite du plus considrable d'entre eux pour le rendez-vous gnral fix Soccoth, point central, parfaitement dfini, connu de tous, clbre mme dans la contre, afin qu'aucune erreur ne fut possible. C'tait peut-tre l qu' certaines poques les enfants d'Isral venaient passer quel ques

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jours sous les tentes (Soccoth, en effet, est un mot hbreu qui signifie tentes), pour se l'appeler en commun le souvenir d e l vie nomade, pleurer sur la libert perdue, et adorer le Dieu d'Abraham, d'isaac et de Jacob. Soccoth, en outre, devait tre sur la lisire de la terre de Gessen, du ct du sud, puisqu'on allait au Sina, et vers le milieu de cette lisire, conditions placent Soccoth au afin d'galiser les distances h parcourir par les plus loigns. Ces milieu de la longueur des Ouadis, sur les bords d'un lac d'eau douce aliment par le canal des Ouadis. Cela pos, voici l'itinraire probable. Le 15. Dans la nuit, dpart des Hbreux, de tous les points de la terre de Ramesss ou de Gessen, pour le rendezvous gnral de Soccoth (lac Maxamah), o les arrivages se succdent du.matin jusqu'au soir. Distance aux points les plus loigns, 35 40 kilomtres, faciles franchir dans la journe, pour les petits groupes bien dispos, restaurs par la clbration de la Paquc. Arrive de Mose et aron, venant de Memphis : Distance, environ 110 kilomtres, franchis en 10 ou 12 heures, sur des chevaux ou des dromadaires : il reste tout le temps ncessaire pour voir les chefs, et prendre possession du commandement suprme. Le matin, les chefs gyptiens des villages donnent avis du dpart des Hbreux aux prfets des villes, qui expdient Pharaon des messagers, dont les premiers arrivent a Memphis le soir du mme jour. Le 10. Dpart des Hbreux de Soccoth (lac Maxamah) et arrive Etham (Srapum, Gheik-Hennedeck). Distance, 30 a 36 kilomtres. Continuation de l'arrive h Memphis des messagers gyptiens. Colre de Pharaon : il se dcide poursuivre les Hbreux; ordres donns a l'arme de se prparer marcher

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le lendemain, avec quelques jours de vivres pour la traverse du dsert. Le 1 7 . Les Hbreux partent d'Etham (Srapum) et viennent camper sur le rivage de la mer, au bas de la plaine de Phihahiroth, vis--vis de Belspbon (Chebrcwet) ; ils restent ce campement jusqu'au 20 au soir. Ds que leur mouvement est bien prononc, le prfet d'Etham s'empresse d'en donner avis. La distance d'Etham Memphis, 120 130 kilomtres, put tre franchie en 8 ou 10 heures, l'aide de relais, par l'estafette officielle, qui arriva le soir Memphis. Pharaon, fix sur la route suivre, part avec son arme la tombe de la nuit. Les 18 et 1 9 . L e s Hbreux restent dans leur campement, attendant la journe du 2 1 , fixe p a r l e Seigneur pour la sortie d'Egypte. L'arme gyptienne continue sa marche. Le 2 0 . Vers le milieu de la journe, ou mme le matin, la cavalerie dbouche i a fois au sud et au nord de Belsphon (Chebrcwet); elle prend position et enveloppe les Hbreux
:

l'infanterie arrive Phihahiroth, 8 ou 10 heures aprs. Le trajet depuis Memphis, dtour compris, est d'environ 120 kilomtres, et l'on dispose pour le franchir d'au moins soixante heures pour la cavalerie, de soixante-dix pour l'infanterie : soit trois tapes de 40 kilomtres pour Tune, et quatre de 50 kilomtres pour l'autre : c'est peine la marche ordinaire. Effroi des Hbreux ; sdition ; la nue lumineuse s'interpose. Mose tend la.main sur les eaux qui s'entr'ouvrent. la tombe de la nuit, entre des Hbreux dans la mer Piouge (lacs amers) ; distance parcourir, 9 10 kilomtres. Violent orage.

VRIT

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Vers le milieu de la nuit, entre de la cavalerie gyptienne dans la mer h la poursuite des Hbreux. L'orage redouble : tempte. Le 2 1 . A l'aurore du matin (2 3 heures), arrive sur l'autre rive, dsert de Sur ou d'Etham, des Hbreux, tirs d'Egypte au jour marqu. Engloutissement des chars; fuite des cavaliers ; retour des eaux, et destruction de la cavalerie; dsastre de l'infanterie disperse p a r l a tempte dans son camp de Phihahiroth. Dans l'interprtation naturelle du rcit de Mose, l'agent

physique du miracle fut la verge miraculeuse; ds que Mose l'eut tendue, les eaux se divisrent, le fond de la mer s'offrit de lui-mme aux pieds des enfants d'Isral, en mme temps qu'un vent brlant le desschait, et qu'amonceles droite et gauche les eaux d'aval et d'amont formaient comme deux murailles de cristal. Au lieu de l'eau qui tait auparavant, dit le Livre de la Sagesse (chap. xix, 7, 8,) apparut la terre dessche, et une route sans obstacle s'ouvrit dans la mer, avec'un champ verdoyant surgissant d'une trop grande p r o fondeur, travers lequel passa toute la nation que votre main protgeait, tmoin privilgi de vos miracles et de vos p r o diges. Le R. P . Pujol, place au moment solennel du passage le soulvement dont nous avons parl plus h a u t , l'occasion du Jourdain : Comme le chameau du dsert, dit-il, s'abaisse pour recevoir son cavalier, se relve majestueusement, arrondit sa croupe et porte le voyageur au terme voulu, la mer a soulev son lit, elle Ta port au niveau du chemin, elle a ouvert une route unie, facile, commode. Plus que cela, comme en cet endroit le fond lgrement sablonneux est couvert d'algues fines et veloutes, ce fond arriv a la surface,

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

et bientt dessch p a r l e vent d'orient, a t aux Isralites comme un doux tapis ou leur marche prcipite devenait admirablement aise. Dans celte hypothse la catastrophe des gyptiens serait non moins facile expliquer. Ds qu'elle est engage sur ce fond miraculeusement soulev, un pouvantable ouragan, une indescriptible tempte clate sur elle e t
l ' e n v e l o p p e . . . Le sol t r e m b l e , se d r o b e , s'enfonce ; la c a v a -

lerie est en dsordre, les chevaux effarouchs ne sentent plus le frein, ils tombent, ils roulent ; les chars dmonts, heurts, briss dans leur chute, s'abment dans des fonds subitement abaisss et entr'ouverts. Mais malgr tout ce qu'il offre de grandiose et de saisissant, ce double dnouement du passage des Hbreux et du naufrage des gyptiens, par le soulvement et l'abaissement du fond de la mer Rouge, ne nous semble nullement indiqu par le texte sacr, qui ne nous parle,
en ralit, que de masses d'eau s'cartant d ' a b o r d , r e s t a n t sus-

pendues comme des murs pendant tout le passage des Hbreux, et se rejoignant de nouveau pour anantir l'arme gyptienne. M. Lecointrc admet le soulvement rvl par le psaume CXIIf, mais une heureuse inspiration le lui fait placer, toujours au temps de l'Exode, in exihi Israel de Egi/pto, mais quelques semaines plus tard, au jour de l'apparition de Dieu Mose sur le mont Sina. David, dit-il, prcise et dfinit la date et le jour du soulvement. En effet, interrogeant la mer et les montagnes sur les causes de leur t e r r e u r , il reoit cette rponse :

La terre a t branle la face du Seigneur. ' Or la face du Seigneur ne s'est montre qu'une fois sur la terre, lors de l'apparition au Sina. Ce serait donc alors, cinquante jours environ aprs le passage de la mer Rouge, qu'aurait eu lieu le bouleversement du sol qui, en levant d'une part le seuil de Chaloufet du Srapum, aurait spar les lacs amers de la mer Rouge, qui, en soulevant d'autre part la ligne dfaite de

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LIVRES SAINTS.

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la double valle de l'kabah et de l'rabah, aurait refoul le Jourdain vers la mer Morte. Que de rvlations merveilleuses surgissent au moment o on s'y attend le moins du texte si simple et si concis des Livres saints !!! Deux petites cartes de l'isthme de Suez au temps de Mose et au temps actuel, compltent trs-naturellement la dissertation de M, Lecointre.

l.Ramcsss.2. Soccoth.3. Etham. 4. Point du passage. 5. Pliihaliirolh. Belspbon, Magdalum. 7. Chebrewet; I. Route de M. Lecointre. II. Gu d'Arabie. HI. Route du Pre Si card.

1. Seuil du Scraptim. S. Grand lac amer, 3 . Petit lac amer. 4 . Seuil rte Clulouf. 5. Gu d'Arabie. 0. Pic de Chcbrewet.

D'autres solutions du problme du lieu du passage de la mer Rouge ont t essayes : les plus clbres sont celles de D. Calmet, et du R. P . S i c a r d , d e l Compagnie de Jsus, missionnaire dans le Levant. D. Calmet a fait un travail de pure rudition; il a rassembl et discut les textes relatifs aux lieux cits dans l'Exode, et compar les renseignements qu'il

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LES SPLENDEURS DE LA ET.

en a tirs avec ceux, fort incohrents, que lui ont fournis les auteurs anciens, les gographes et les voyageurs. Nous n'en dirons rien ici. Le systme du R. P . Sicard, au contraire, rsultat d'tudes trs-approfondies faites sur les lieux, est logique, ingnieusement conu, suivi jusqu'au bout, et, force de tourmenter les textes, il arrive tant bien que mal combiner un itinraire peu prs vraisemblable. Nous nous bornerons a le tracer en quelques mots. Les lieux mentionns dans la Bible sont Ramesss, SoccoLh,Etham, Phihahiroth, Magdalum et Belsphon. Voyons o le P . Sicard croit les retrouver. Ramesss est pour lui ce qui s'appelle aujourd'hui Bessatin, petit village tout plein encore des souvenirs de Mose trois lieues du Caire, l'orient du Nil, au milieu d'une plaine sablonneuse, qui s'tend depuis le vieux Caire jusqu'au mont Tora, depuis le Nil jusqu'au mont Diouchi ; c'est le lieu o les Isralites se seraient assembls de toute l'Egypte et d'o ils seraient partis. Le R. P. Sicard ne se laisse pas arrter par le fait que ce lieu est beaucoup trop prs de Memphis habit par Pharaon. Le Soccoth du P . Sicard serait la plaine de Gendeli, qui a l'inconvnient de se trouver dans le dsert o Soccoth n'tait pas. Etham est la plaine de Ramli, distante de Gendcli de neuf lieues (c'est beaucoup a franchir en une seule tape pour une multitude compose en grande partie de femmes et d'enfants, et Ramli est plutt le milieu que la fin du dsert). Le P . Sicard voit Phihahiroth dans la plaine de Bd, six lieues d e l m e r ; les Hbreux auraient camp l'extrmit de cette plaine prs des sources de Thouaireg, Magdalum serait Kouiabi et Belsphon Attaka. L, les Isralites avaient droite et gauche les montagnes Belsphon et Magdalum, la mer en face, et derrire eux les troupes de Pharaon. Mais la plaine de Bd, c'est dj le dsert, et les Hbreux ne durent y entrer qu' la sortie de la mer. En outre,

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1183

la largeur de la mer Rouge, en cel endroit, est de six sept lieues, qu'il et t bien difficile de franchir en sept huit heures; et nous serions tents de conclure avec M. Lecointrc que le systme du P . Sicard, conforme la gographie locale, est beaucoup moins d'accord avec le texte des Livres saints. Nous penchons donc pour la solution de M. Lccointre qui, par une circonstance bienheureuse, fait concider le lieu du passage avec un site dsormais clbre, sur le trajet mme du canal de Suez. Et qui sait si des sondages ou des dragages faits avec habilet et persvrance, par le travers de Chebrewctt, ne feront pas retrouver un jour les ferrures de bronze ou d'autres dbris des chars de Pharaon? La portion cle l'arme gyptienne engloutie dans la mer Rouge se composait de cinquante mille hommes, d'aprs Josphc, et des chars ncessaires pour les transporter; le nombre des dbris recouv e r t autrefois, des bancs de sel aujourd'hui dissous, est donc norme, et l'on peut esprer que, mis tt ou tard au jour, ils 'donneront la preuve palpable de l'un des plus grands vnements de l'histoire du monde. On oppose au tmoignage des Livres saints le silence des historiens profanes en gnral, et surtout des historiens de l'Egypte. Ce silence est loin d'tre aussi absolu qu'on l'affirme ; on trouve au contraire dans une multitude d'crivains des allusions, dfigures mais encore transparentes, aux rapports de Mose et des Hbreux avec les rois et le peuple d'Egypte. On les trouvera longuement analyss dans la Bible
er

sans

la

Bible de M. l'abb Gainet (2 dition, tome I , p. 2 9 5 - 3 3 7 ) . Nous nous bornerons signaler quelques-uns des plus importants-. Justin, dans son Mose et les Hbreux, page 2 3 , dit : Mose devint le chef des exils. -11 enleva les vases sacrs " des gyptiens; les gyptiens voulurent les leur arracher par les armes, mais de cruelles temptes les forcrent rentrer

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LES

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DE

LA

FOI.

dans leurs demeures. (Livre XXXVI, ch. n . ) C'est peu sans doute, mais c'est beaucoup. Les plaies d ' E g y p t e , le passage de la mer Rouge ne soni pas avous; mais ces faits percent involontairement sous l'hsitation et mme sous l'obscurit de rhistoricu. Diodore de Sicile (Liv. I
o r 3

ch. xxviu e t x L i v ) ; Les

J u i f s . . . descendent de colons gyptiens... Mose le conducteur des Juifs disait avoir reu ses lois d'un Dieu nomm
Yao (Jehovah). Polmon d ' I I i o n , d a n s son histoire g r e c q u e ,

liv. 1 : Du temps de Pharone, une portion du peuple gyptien fut expulse. Ces proscrits vinrent se fixer dans cette rgion de la Syrie que l'on nomme Palestine, non loin de l'Arabie. Ce sont ceux, ajoute Jules l'Africain, qui m a r chrent sous la conduite de M o s e . . . Suidas donne le nom de la fille de Pharaon qui sauva Mose. Dans ses tent leurs historiens, Scribes s a c r s , il dit du roi Evns : De son temps, comme le rapporil exista un vnrable scribe, orn par
la Divinit des dons les plus r e m a r q u a b l e s ; il fut ainsi utile

er

plusieurs. Son nom tait Joachim ; on dit qu'il tait habile dans les enchantements... Artapan, dans un livre qu'il avait crit sur les Juifs, et dont Eusbe parle (Prparation vang., liv. IX), fait trs au long l'histoire d'un enfant juif nomm Moyson, le Muse des Grecs, le matre d'Orphe, adopt par Mris, fille du roi gyptien Palmanoth, et cette histoire est videmment celle de Mose compltement dfigure. Citons seulement ces quelques lignes : aron, frre de Moyson, ayant
connu le pige tendu h son frre, lui conseilla de fuir en

Arabie, ce qu'il fit d'aprs sou avis. En traversant le fleuve auprs de Mcmphis, Chanetoth Moyson, lit des dispositions ayant appris la fuite de pour qu'il prt d a n s . une

e m b c h e . . . Mais Moyson le prvenant, tua Chanetoth et se rfugia en Arabie . . Une voix divine lui ayant dit de faire la guerre en E g y p t e et de sauver les Juifs. Il reprit c o u r a g e . . .

VRIT

AftSOLUE

DES

LIVRES

SAINTS.

1185

vint d'abord trouver son frre A a r o n . . . Le roi des gyptiens ayant eu avis de sa prsence, l'appela prs de lui (suit le rcit des miracles de Mose et des plaies de l ' E g y p t e ) . . . Le roi, harass par toutes ces calamits, laissa les Juifs se retirer... Ceux-ci ayant emprunt aux gyptiens beaucoup de coupes, de vtements et de r i c h e s s e s . . . arrivrent le troisime jour a la mer R o u g e . . . Le roi se mit a leur p o u r s u i t e . . . Moyson ayant entendu une voix divine, toucha l'eau avec sa verge, aussitt la fluidit de l'eau s'arrta, et l'arme marcha s u r le terrain s o l i d e . . . Tous les gyptiens prirent p a r l e feu et le dbordement. M. Mariette Bcy n'hsite p a s regarder comme fondes les traditions locales de l'Egypte. Il reconnat que dans les villages voisins du Caire et placs s u r les bords du Nil, jeunes et vieux dsignent le mme point de la rive du fleuve comme tanteelui o Mose enfant fut trouv flottant sur les e a u x . . . Tous indiquent le village moderne de Besalin comme le rendez-vous des Isralites leur sortie de l ' E g y p t e . . . Il y a deux sicles, l ' E g y p t e tait un cadavre muet en apparence pour l ' t e r n i t . . . Aujourd'hui, des centaines de monuments sont venus attester avec certitude le sjour des enfants d'Isral dans le pays des Pharaons. Quoique la lecture des hiroglyphes soit encore peu avance, on a trouv dans q u e l ques papyrus des chos certains des faits relatifs Mose. L'un d'eux, traduit p a r M. Robiou (Annales chrtienne, de Philosophie tome L1X), contient cette strophe : o L'esclave, le

serviteur, est devenu le chef d'un peuple qu'il tient en sa puissance. Le puissant triomphait dans son cur, en voyant s'arrter l'esclave. Son il les louchait, son visage tait s u r son visage, sa fiert tait au comble. Tout coup le malheur, la dure ncessit s'emparent de lui. O h ! rpte l'assoupissement dans les eaux qui fait du glorieux un objet de piti, depuis la
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jeunesse moissonne daus sa (leur, la mort des chefs, et la destruction du matre des peuples. Terminons par un passage extraordinaire de Manthon cit par Josphc (Contre l'histoire A p p . , liv. I ) . Il donne son rcit comme
er

populaire des Juifs parmi les Egyptiens de son

temps. J'ai crit, dit-il, les lgendes qui circulent dans la nation.)) Cinq cent huit ans aprs Thctmosis, il y eut un prtre nomm Amnophis qui "semblait tenir de la nature divine par sa sagesse et son esprit de prophtie. Il alla trouver le roi et lui promit qu'il verrait les dieux s'il s'obligeait chasser de leur province les Hbreux, cette race de lpreux couverte de s o u i l l u r e . . . Le roi lance un dit par lequel il ordonne qu'on runisse dans un mme lieu toutes les personnes d'un corps dbile du royaume d'Egypte (c'est videmment le promiscuum v u l g u s de l'Exode, ebap. x n , v. 3 8 ) . . . Mais le sage A m n o p h i s . . . prvit dans sa sagesse que les lpreux recevraient un secours p u i s s a n t . . . Cette dclaration jeta la terreur clans l'esprit du roi. . . Sur la prire qu'on lui adressa, il accorda ce peuple la ville d ' A v a r i s . . . Ce peuple malheureux se choisit pour chef un prtre dTIeliopolis nomm Osarsiphe (qui sera bientt appel M o s e ) . . . Le conducteur de ce peuple fit lever grands frais les murs de la v i l l e . . . Il envoya aux pasteurs;., retirs J r u s a l e m . . . les suppliant de se joindre lui contre les g y p t i e n s . . . Les pasteurs accoururent avec joie occuper la ville d ' A v a r i s . . , - Le roi Amnophis ayant appris cette invasion (qui n'est autre que la merveilleuse multiplication des H b r e u x ) . . . runit le peuple d'Egypte... confia son fils Sthon, aussi appel Rhamscs, g de cinq ans, au roi d'Ethiopie chez qui il s'tait rfugi, et il descendit avec trois cent mille hommes pour livrer combat ; mais il n'osa l'engager, car il tait persuad qu'il combattrait contre un Dieu... Rebroussant chemin, il retourna en t h i o -

VRIT

ABSOLUE

DES

LIVRES

SAINTS.

1187

pie.

. On dit qu'Osarsiphe, ce prtre d'Heliopolis qui tirait

son nom d ' O s i r i s . . . fut appel Mose. Sans doute que ce rcit fourmille d'inexactitudes et d'inventions puriles, et Josphe, en reproduisant ces paroles de Manthon s'indigne, juste titre, de l'alliage qui dnature l'histoire, mais il en est ainsi de toutes les traditions populaires ; et s'il y a quelque chose d'tonnant, c'est que, l'poque d'Hrodote, le souvenir des Isralites tint encore tant de place dans les rcits des gyptiens. On pourrait peut-tre aller plus loin, et admettre M. l'abb Gurin du Rocher (Histoire fabuleux, savoir), Hrodote historien vritable hbreu d u peuple sans avec le des temps

que l'histoire ancienne des rois d'Egypte n'est qu'une

altration systmatique, mais grossire, de ce que renferment les Livres saints concernant les gyptiens ; de telle sorte que les traits des deux histoires, pris paralllement, et suivis de rgne en rgne depuis Mens jusqu' Nabuchodonosor dont ils ont fait leur roi A m a s i s , sont d'une ressemblance si frappante, que, quanti l'crivain sacr interrompt son rcit sur les gyptiens, la mme lacune se trouve dans l'histoire profane; en sorte que tout ce qu'Hrodote, Manthon, Eratoslhne et Diodore de Sicile nous racontent de l'Egypte jusqu' cette poque, n'est, aux inscriptions prs, qu une t r a duction, la vrit pleine d'erreurs, de mprises, de bvues, des endroits de l'criture qui concernent l'Egypte, et dont ils auraient compos leur histoire. Donnons quelques exemples de ces rvlations singulires, souvent hasardes, sans doute, quand on les prend individuellement, mais qui, dans leur ensemble, forment cible. N o i et l'arche. Mens (N, Mn, No) est le premier des une dmonstration vraiment invin-

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LES

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DE

LA

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h o m m e s . . . Du temps de Mens, tout l'Egypte n'tait qu'un marais, c'est--dire qu'elle tait toute inonde, l'exception du Nome ou rgion de Thbcs (arche). Les habitants de Thbcs (l'arche) se disaient les plus anciens des h o m m e s . . . A Thbcs fut construit le grand navire de trois cents coudes d e l o n g . . . Deux colombes s'taient envoles de Thbcs en diffrentes c o n t r e s . . . Les animaux fuient forms d'abord dans les environs de T h b c s . . . Mens apprit aux peuples honorer les Dieux et leur faire des s a c r i f i c e s . . . Mens introduisit le premier les aliments de luxe (No le premier fut autoris expressment manger de la chair des animaux)... Les habitants de Thbcs se vantaient d'avoir t les premiers cultiver la v i g n e . . . et compter l'anne de douze mois chacun de trente jours [l'anne est ainsi compte dans la Bible l'occasion du dluge et de l'arche (Thbe)]... Mens fut le premier lgislateur.. . ; il fut souill par un h i p p o p o tame (symbole d'un tils insolent). . . Tel est le rcit dote calqu videmment sur le rcit de Mose. Histoire prtos), de Joseph. Le roi pasteur Salatis ou Salitis (Joseph, prince, d'Hro-

appel dans la Bible Shalel, qui signifie premier,

avait grande attention de se rendre au temps de la

moisson pour mesurer le b l . . . Protc passait pour le plus chaste des hommes... Il tait dou d'une connaissance p a r t i culire des astres (Joseph vit en songe le soleil, la lune, les toiles qui s'abaissaient devant lui). Protc tait instruit de tous et les secrets (Joseph ou qui interprtait les songes) de son [ Les pays) noms Prote avait deux lils, Tlgonus (n loin Poligonus ( fcond Prote, multiplie).

Manasss et Ephram des deux fils de Joseph ont la mme signification]... pasteur de phoques et de veaux marins (Joseph vit des vaches grasses et maigres sortir du

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DES LIVRES

SAINTS.

1189

sein des eaux)... Un tranger, sous le rgne de Prote, fut accus d'avoir sduit la femme de son hte (Joseph et P u l i phar)... Prote ne donnait pas de rponses sans tre li (Joseph interprte les songes en prison)... Prote changeait dformes avant de donner des rponses (Joseph change de vtements avant de donner Pharaon les rponses qu'il attendait). Prote s'unit h Mczra (Joseph commande l'Egypte, Mcsram). Mczra nourrit son pre dvor de la faim (Joseph nourrit son pre). Mczra, pour nourrir son pre, se change en divers animaux (l'gyptien Mcsram vend ses boeufs, ses chevaux, etc., pour avoir du pain)... Prote s'ouvre un passage travers la mer (les os de Joseph sont ports travers la mer Rouge)... Aprs la mort de Prote tout change de face en Egypte (le Pharaon qui ne connaissait pas Joseph). M m e et la .dlivrance Micra, des Hbreux. Mycrinus errant dans

des lieux solitaires [Mycrinus, comme Mercure, vient de Livres saints (Mose, auteur des Livres saints, qui erra dans le dsert])... Mycrinus se faisait clairer la nuit comme le jour (la colonne de feu et de fume de Mose)... Des hommes sous Mycrinus se nourrissaient de cailles dans un dsert... Gnphactus ( C o m m a n d e m e n t de Dieu) fut' rduit une nourriture fort modique dans le dsert d'Arabie... Un agneau mmorable parut sous le rgne de Bocchoris (Agneau pascal de Mose ; B o c c h o r , en Hbreu, signifie n o u v e a u - n . . . ) Les rois d'Egypte oppriment le peuple et l'empchent de sacrifier... Ils l'accablent de travaux et de constructions... Ils leur font construire les pyramides pour les dfendre de l'oisivet, et les nourrissent d'aulx et d'oignons... Mycrinus dlivre le peuple de l'oppression... Mycrinus, le plus quitable des hommes, le plus vant pour sa douceur, sa religion... (Les Hbreux sortent d'Egypte du temps de Bocchoris) [ B o c c h o r

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DE

LA

FOI.

p r e m i e r - n ] . . . Les pasteurs attaqus sous Misphragmathosis (ce mol signifie mer Rouge en! r ouverte)... Bocchoris fit plumde de submerger les lpreux envelopps dans des lames de plomb (les gyptiens submergs dans la mer Rouge, q u a s i bum in a q u i s vehemenlibus)... Des pasteurs fuyant l'Egypte se rfugient dans la ville d'Avaris, entoure

grandes murailles (eaux de la mer Rouge dresses comme


des m u r a i l l e s ) . . . Les pasteurs s o r t a n t de l'Egypte sous Amoris

et Thoutmosis

(Thoutmosis

signifie

signes

de et rouge)

Mose)... IJicrosolycreuse un

Typhon, aprs sa fuite, devient pre de Judus m u s . . . Nicotris (ce mot signifie de couleur

long difice souterrain ; inonde les Egyptiens assembls et se sauve dans un appartement plein de cendre (Palestine, dont Jrusalem est la capitale, signifie cendre, mersion en hbreu)... Si Ton remarque que T u p h a n , d'o est driv Typhon, signifie s u b dans les langues orientales, ne trouvera-t-on pas
v r a i m e n t e x t r a o r d i n a i r e et providentiel que les g y p t i e n s par-

lant de Typhon l'aient fait pre de Judus et de Ilierosolymus ! Ne pouvons-nous pas affirmer, en prsence de ces rapprochements si extraordinaires, qu'alors mme qu'il serait vrai que toutes les rvlatious de l'abb Gurin du Rocher ne constatent pas une identit assez grande pour qu'on soit forc de les admettre sans restriction, elles offrent un ensemble tellement frappant, que tout lecteur impartial sera forc de reconnatre que, en dpit de leurs tranges mprises, les gyptiens
ont copi nos livres sacrs, et g r o s s i r e m e n t altr les h i s -

toires l e s p l u s authentiques et les plus certaines?... En mme temps que Tacite affirme que les Juifs sortirent de l ' E g y p t e sous le rgne du roi Bocchoris (premier-n), les historiens d'Egypte placent sous le rgne de ce roi une grande mortalit, et la sortie, sous son rgne, d'un peuple errant dans des lieux solitaires. N'y a-t-il pas la un double plagiat, une

VIruT

ABSOLUE

DES

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SAINTS.

119']

preuve clatante de la vrit des emprunts faits par Hrodote aux historiens sacrs, tout en" les dfigurant trangement? Voici donc qu'en rponse l'argument si triomphant de Voltaire : Comment Hrodote parlant aux Grecs si avides de prodiges et de merveilleux, ne leur dit-il rien des fameuses plaies d'Egypte, du combat de magie entre les sorciers de Pharaon et le ministre du Dieu des Juifs ; d'une arme entire engloutie au fond de la mer Rouge; des eaux leves comme des montagnes droite et a gauche pour laisser passer les Hbreux, et q u i , en r e t o m b a n t , submergent les g y p tiens? etc., nous sommes autoriss montrer aujourd'hui dans Hrodote non pas seulement ce qu'il nous demande, c'est--dire quelques traits pars et-isoles, mais la substance mme de l'histoire sacre concernant les gyptiens copie par les historiens, dans l'ordre des rgnes, et d'une manire trsrcconnaissablc, malgr les altrations les plus grossires. C'est encore ici le lieu de nous-demander une fois de plus comment les ennemis de la Rvlation ont le triste courage de comparer, et le courage plus odieux encore de prfrer h Mose Hrodote, Manthon, Diodore de Sicile, etc. C'est videmment prfrer le dsordre Tordre, la fable l'histoire, l'invraisemblable au vraisemblable, l'erreur la vrit. Le Passage d u Jourdain. Josu dit au peuple : Sancti-

fiez-vous, car demain le Seigneur fera parmi vous des m e r veilles... Voici que l'arche de l'alliance du Seigneur marchera devant vous travers le Jourdain... Lorsque les prtres qui portent l'arche... furent entrs dans le Jourdain, et leurs pieds commenant a tre mouills (car le Jourdain avait couvert ses rives au temps de la moisson', les eaux qui descendaient s'arrtrent en un seul lieu, et s'levant comme une montagne, elles taient visibles de loin, depuis la ville qui est appele

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Adora, jusqu'au lieu appel Sarlhan; niais celles qui taient au-dessous descendirent dans la mer du Dsert (qui maintenant est appele la mer Morte), jusqu' ce-qu'elles fussent compltement coules. Or le peuple marchait vers Jricho, et les prtres qui portaient l'arche d'alliance du Seigneur se tenant sur la terre sche au milieu du Jourdain, les prtres'et tout le peuple passaient travers le lit du Jourdain dessch. (Josu, chap. in, v. 5 - J 7 . ) P a r Tordre du Seigneur Josu appela douze hommes... un de chaque tribu, et il leur dit : Allez en avant de l'arche du Seigneur voire Dieu, au milieu du Jourdain, et apportez de l chacun une pierre sur vos paules, et quand vos fils vous interrogeront demain disant : D'o viennent ces pierres? Vous leur rpondrez : les eaux du Jourdain se sont dissipes devant l'arche d'alliance du Seigneur, quand elle passait; c'est pourquoi ces pierres ont t places comme un monument... C'est au travers de son lit dessch qu'Isral a franchi le Jourdain... Comme il avait fait auparavant la mer Rouge jusqu' ce que nous eussions pass. Josu aussi plaa douze autres pierres, au milieu du lit du Jourdain o s'arrtaient les prtres qui portaient l'arche de l'alliance; et elles sont l jusqu' ce jour. (Chap. iv,

v. 1-11.)
Ne pas prendre ce rcit la lettre; vouloir que les Hbreux aient pass le Jourdain sur un pont ou par un gu qui existait mme au temps des plus hautes eaux; c'est le comble de l'arbitraire ou mme del draison ; c'est nier la vrit du rcit biblique, la vracit des crivains sacrs. Il s'agit ici videmment d'un miracle clatant, annonc l'avance, auquel la merveilleuse arche d'alliance prend sa part, racont dans tous ses dtails, incompatibles ou inconciliables avec toute ide de pont ou de g u ; monumentalis en tant que fait divin, comme le passage galement miraculeux de la

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1193

mer Ronge. Sans doute que le Jourdain avait ses gus, au moins dans certaines saisons de Tanne, puisqu'il en est sans cesse parl dans l sainte criture. Mais il est trs-probable, ou du moins possible, qu' l'poque du dbordement de ses eaux les gus devenaient infranchissables ; en tout cas Josu n'a pstentele passage dans un endroit guable. Quant l'assertion ridicule, ou mieux, au dmenti insolent de Voltaire, que la
moisson sur les bords du J o u r d a i n se faisait au mois de j u i n ,

et non pas au mois d'avril, elle est victorieusement

rfute

par ce fait que les prmices de la moisson d'orge taient offertes au Seigneur le lendemain de la fle de Pques, le quinzime de la lune de mars, et celles de la moisson de froment le jour de la Pentecte, qui tombait frquemment en mai; le mois d'avril tait d n e l e temps de la pleine moisson. Dans sa Description de la Samarte (tome l , p. 2 4 2 ) ,
e p

M. Victor Gurin, tmoin oculaire des fails, dit : La rcolte

des bls, dans la valle du Jourdain et dans la zone infrieure des valles latrales qui y aboutissent, a lieu, en effet, d'ordinaire vers la fin d'avril ou, au plus tard, dans les premiers jours de mai ; celle de Torge se fait naturellement plus tt. Il ne faut pas s'tonner de cette maturit prcoce des crales dans cette partie de la Palestine, car on sait combien grande est la dpression de la valle du Jourdain relativement au niveau de la Mditerrane.
Plusieurs voyageurs, D o u r d a n , p a r exemple, affirment q u ' a u

mois de Nivse, le premier mois de Tanne, il fait dj e x t r mement chaud, et qu'au lieu de n'avoir que quarante-cinq pieds, comme l'affirme si gratuitement Voltaire, la largeur du fleuve est telle, qu'il faut le bras d'un homme vigoureux pour lancer, avec la fronde, une pierre d'un bord l'autre. Que pouvait-elle tre aux temps des dbordements?

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Il est absolument certain que les douze pierres places dans le sein du fleuve, aux lieux o les prtres sY.laicnt a r r ts, sont distinclcs des douze pierres prises au milieu du fleuve et qui servirent au monument de Galgal situ trois lieues du Jourdain. Comme saint Jrme dit des douze premires pierres qu'elles taient encore l de son temps, il sera possible peut-tre de les retrouver, quand, parlant des donnes de la sainte criture, ou des deux localits dom et Sarthan, entre lesquelles on voyait les eaux en aval s'lever comme une montagne, un excursionniste intelligent et zl aura retrouve le lieu du passage du Jourdain. Voici dj une confirmation de ce genre dont j'ai eu l'initiative, et quelque peu la gloire. Les silex tailles ou couteaux de pierre de J a s u . Le Sei-

gneur dit Josu : Fais-toi des couteaux de pierre et circoncis pour la seconde fois les enfants d'Isral... Il fit comme avait command le Seigneur... Aprs qu'ils furent tous circoncis, ils restrent camps dans le mme lieu jusqu' ce qu'ils fussent guris... Et ce lieu jusqu' ce jour a t appel du nom de Galgal. (Chap. v, v. 2-9.) J'avais press M. l'abb Richard, le clbre hydrogcologue, de ne pas quitter la Terre sainte, o il cherchait des sources d'eau, sans avoir retrouv les couteaux de pierre de Josu; il a suivi mon indication, et il a t noblement rcompens. Voici ce qu'il m'crivait de Beyrouth en date du 20 juin 1870 : Galgal est un petit tertre que les indignes appellent Tell-Jedjoul, loign de Jricho d'environ deux kilomtres. Ce tertre est couvert de pierres parmi lesquelles il s'en trouve une couverte de croix; on y voit aussi des dbris de mosaque, et, tout autour, sur un rayon de plusieurs kilomtres, des instruments en silex, de fragments... petits, dissmins sur le sol, quelquefois dans le sol, avec beaucoup

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La Vulgate

ne parle que des couteaux de pierre de Galgal,

mais la version des Septante ajoute qu'en enterrant Josu, les enfants d'Isral mirenL dans son tombeau des couteaux de pierre de la circoncision... Et voici que M. l'abb Richard ajoute : J'ai voulu voir le tombeau de Josu et, le 3 juin dernier, en compagnie de M. l'abb Pasah et d'un cheik du village d'El-Birzerth, j ' y ai trouv des couteaux de silex en grand nombre. Ils taient mls la terre dans les casiers ou couloirs de la chambre funraire, et aux dbris dont la chambre ' funraire elle-mme s'est remplie. Les formes des silex m'ont frapp, ce sont presque tous des couteaux... Partout o j ' a i reconnu des dblais du tombeau, j'en ai trouv... On peut, en outre, affirmer qu'ils ont beaucoup de ressemblance avec ceux trouvs dans les plaines du Jourdain et Galgal; je suis convaincu de leur identit... Qu'il mesoit permis, l'occasion de la mmorable dcouverte de M. l'abb Richard, de constater une fois de plus la fatale tendance qui entrane des esprits, mme clairs et amis d'une certaine orthodoxie, donnera la parole rvle des dmentis desesprants. Le premier passage des Livres saints o il est question de la circoncision pratique avec un silex ou couteau de pierre, nous estoffertpar l'Exode (chap. v, v. 25 et suiv.) Sephora (la femme de Mose) prit aussitt une pierre trs-aigu et circoncit son fils. Il s'agit trs-clairement ici d'une pierre, pelraacuiissima, comme il s'agissait a Galgal de couteaux de pierre. Eh bien le croirait-on? M. Chabas, gyptologue distingu, et qui en plus d'une circonstance s'est montr favorable la Rvlation, dans ses t u d e s s u r VAntiquit d'aprs les sources gyptiennes et les monuments
ir

historique prhislo-

riques (Paris, 1872, MaisonneuvcetC , p . 455 et suivantes), se souciant fort peu de l'autorit des Septante et de saint

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Jrme, n'hsite pas a dire : Ce n'est point une pierre aigu, mais seulement un tranchant, une lame, dont la matire n'est pas indique, que Thsephorah prit pour circoncire son fils. C'est en vain qu'interrogeant les traditions talmudiques, M. Chabas constate qu'il tait permis de se servir et qu'on s'est servi plusieurs fois pour la circoncision d'une pierre ou d'un morceau do verre, de rasoirs de pierre, etc., il persiste avec un acharnement incomprhensible (p. 473), considrer comme positivement fonde sur une erreur, l'opinion qui veut que les ancieiis Isralites aient, une poque quelconque, fait usage d'outils de pierre pour la circoncision. Il crivait en 1872, aprs la dcouverte, faite par M. l'abb Richard, sur le tertre de Galgal et dans le tombeau de Josu, des couteaux de pierre fabriqus par J o s u ; il avait appris cette dcouverte, mais elle ne l'arrte pas, et voici comment il s'en dbarrasse lestement (p. 457) : Dans un tombeau rcemment dcouvert en Palestine, on a trouv des couteaux de silex, et l'on a voulu voir dans cette circonstance une preuve h l'appui de l'hypothse que ce tombeau est celui de Josu. La prseuce des couteaux de pierre dans les tombes, en Palestine, comme en Egypte, n'a rien d'extraordinaire, et ne fait pas un caractre distinctif. Peut-on dnaturer aussi compltement les faits ? Ce n'est pas parce qu'on a dcouvert dans un tombeau des silex, ou les couteaux de la circoncision, que Ton en a conclu qu'il s'agissait bien du tombeau de Josu; c'est, au contraire, parce qu'il s'agissait du tombeau par de Josu, dcouvert par M. Victor Gurin et reconnu

M. de Saulcy, que M. l'abb Richard, sur mon indication, est all lui demander les silex dont la version des Septante disait, ainsi que M. Chabas le constate lui-mme (p. 4 5 7 ) : Les enfants d'Isral ensevelirent avec Josu les couteaux de pierre avec lesquels il avait circoncis le peuple Galgal. M. Cha-

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SAINTS.

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bas savait mme peut-tre que M. de Saulcy avait dit, dans son Voyage en Terre sainte (tome I I , p . 237) : Ces couteaux doivent tre restes dans le tombeau d u / i l s de Noun, et, trsprobablement, celui-l les recueillera, qui se donnera la peine de les aller chercher. Mais l'esprit de systme n'a pas d'oreilles; il ne se rend pas mme l'vidence. Je mets fin ce pnible pisode en annonant que M. l'abb Richard a
trouv s u r le Sinai m m e , prs des lieux o Sphora c i r c o n -

cit son fils, un grand nombre de silex dont l'un trs-allong, aux bords sinueux et trs-aigus, rappelle tout fait la acutissima de la Gense. pelra

Voil donc une confirmation clatante de la vrit absolue des Livres saints. Nous terminerons ce chapitre par quelques autres exemples du mme genre, ils vont se multipliant de plus en plus, mesure que les explorations archologiques vont elles-mmes se multipliant, sans que l'immensit des
recherches dj accomplies aient j a m a i s apport l'ombre mme

d'un dmenti. Accord Bible. en gnral des dcouvertes gyptiennes et de la


r

Extrait d'une lettre crite par Champollion M* Testa,

en date du 17 mai 1 8 2 7 . J'aurai l'honneur de vous adresser, sous peu de jours, une brochure contenant le rsum d e m o s dcouvertes historiques et chronologiques. C'est l'indication sommaire des dates certaines que p o r t e n t tous les m o n u m e n t s existants en E g y p t e et

sur lesquels doit dsormais se fonder la vritable chronologie gyptienne. MM. de San Quintino et Lanci trouveront l une rponse prcrnpioirc leurs calomnies, puisque j ' y dmontre qu'aucun monument gyptien n'est rellement antrieur l'an 2200 avant notre re. C'est certainement une trs-haute ariliquit, mais elle n'offre rien de contraire aux traditions

'1198 sacres,

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et j ' o s e dire mme, qu'elle les confirme sur tous les

p o i n t s ; c'cstcn effet en adoptant la chronologie et la succession des rois donnes par les monuments gyptiens que l'histoire gyptienne concorde admirablement 1900, c'est--dire, sous les rois pasteurs. avec les Livres Des rois de race que saints. Ainsi, par exemple : Abraham arriva en E g y p t e vers gyptienne n'auraient point permis un tranger d'entrer dans leur pays. C'est galement sous un roi pasteur Joseph est ministre en E g y p t e et y tablit ses frres, ce qui n'et pu avoir lieu sous des rois de race gyptienne. Le chef de la dynastie des Diospolitains, dite la XVIII , c'est le rex
e

n o v u s qui ignorabat

Joseph

de l'criture sainte, lequel tant

de race gyptienne ne devait point connatre Joseph, ministre des rois u s u r p a t e u r s ; c'est celui qui rduit les Hbreux en esclavage. La captivit dura autant que la XVIII dynastie, et ce fut sous Ramss III ou Amnophis, au commencement du xv sicle, que Mose dlivra les Hbreux. Ceci se passait dans l'adolescence de Ssostris, qui succda immdiatement son pre, et ses conqutes en Asie ont eu lieu pendant que Mose et Isral erraient pendant quarante ans dans le dsert. pour grand cela que les Livres conqurant. saints ne doivent point parler C'est de ce
c e

Tous les autres rois d ' E g y p t e nomms daus

la Bible se retrouvent sur les monuments gyptiens, dans le mme ordre de succession et aux poques prcises o les Livres saints les placent. J'ajouterai mme que la Bible en crit mieux les vritables noms que ne l'ont fait les historiens grecs. Je serais curieux de savoir ce qu'auront rpondre ceux qui ont malicieusement avanc que les tudes gyptiennes tendent altrer la croyance dans les docunicnts historiques fournis par les'livres de Mose. L'application de ma dcouverte vient au contraire invinciblement leur appui. L'illustre savant mourut ! hlas, un petit nombre d'annes

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plus tard, le A mai 1832, avant d'avoir pu raliser sa grande uvre. Boboam, roi de J u d a . Ce l'ut sur une muraille de K a r n a c

que Champollion dcouvrit ce fait si curieux, qui est tout la fois une preuve de la lecture des hiroglyphes et un indice d e s lumires que cette lecture peut fournir l'histoire. Sur le mur mridional de la grande salle de Karnac est reprsent le roi gyptien Ssonch, tranant aux pieds de ses dieux un

grand nombre de figures humaines; toutes portent crit sur la poitrine le nom des peuples et des pays dont elles sont des personnifications. Champollion a lu trs-distinctement,, et tout le inonde peut, comme je l'ai fait, lire aprs lui sur la poitrine d'une de ces figures, J o u d Malk, ce qui veut dire en hbreu royaume de J u d a . On ne doit pas s'tonner de voir un mot tranger crit en caractres hiroglyphiques, c'est--dire, en
lettres g y p t i e n n e s . Nous en faisons a u t a n t quand nous c r i -

vons en lettres franaises, le pachalik gyptien Sesac,

de Damas ou le

beylih

de Constantinc. Le Livre des Rois nous apprenait que le roi dans lequel il est impossible de ne pas reconde Karnac, avait pris Jrusalem et a triomph. natre le roi Ssonch royaume de Juda

emmen captif le roi R o b o a m , et voici qu'on dcouvre le parmi les pays dont Ssonch Pouvait-on trouver une concordance plus frappante entre le Livre des Rois, les monuments gyptiens, et les listes de
Manthon, qui placent ici un Ssonchis, videmment le m m e

que Ssonch
e

? Ainsi donc, nous sommes en possession vers la

fin du x sicle avant Jsus-Christ, d'un point de repre, et pour ainsi dire d'un point d'appui inbranlable, fourni aux ttonnements chronologiques, et par lesquels on parviendra remonter beaucoup plus haut. ( A n n a l e s de chrtienne, tome VII.) Philosophie

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Chodorlahomor

et Amraphel.

Chodorlahomor,

roi des

Elamilcs et Amraphel, roi de Scnnaar, sont (Gense, ch. xiv, v. 1-5) deux des quatre rois qui dclarrent la guerre aux rois d e l P e n l a p o l e ; leurs-noms ne figurent nulle part ailleurs. Mais aujourd'hui Je clbre assyriologue, M. Georges Smith, croit les avoir retrouvs dans les inscriptions cuniformes. Il 'crivait l'Athenauum anglais : J'ai publi un rcit de la conqute de la Babylonic p a r le roi E l a m i t e K u d u r - N a u k u n d i , et

j'ai exprim alors ma conviction que Kudur-Nankundi tait le mme que le Kudur-Mabug des briques de Mughur, et le Chodorlahomor de la Gense. Or, en travaillant au BritishMusum, j'ai trouv des preuves qui dmontrent l'identit de Kudur-Mabug et de Chodorlahomor. Il parat par les inscriptions des briques que Kudur-Mabug ne prit pas le litre de roi de Babylonie, mais qu'il le donna son fils; et comme, dans le rcit de la Gense, Chodorlahomor tait accompagn d'un
roi de S c n n a a r n o m m A m r a p h a l , il m ' a sembl que si le fils

de Kudur-Mabug tait Amraphel ou Amarphal, ainsi que les Septante l'crivent, ce fils serait Chodorlahomor. signifie serviteur Ce nom de la desse la L u n e ; or, dans le nom du fils dans la langue smitique, ce qui le amar Amarton serviteur), il en rsulte que

de Kudur-Mabug, la desse Lune est exprime par deux signes que l'on prononce bel-lih signifie serviteur (amar-ka, rapproche assez du phel ou p h a l ; et, comme d'ailleurs le nom entier du fils de Kudur-Mabug doit se lire

Beliih qui est, je n'en puis d o u t e r , l ' A m a r p h a l ou l'Amraphcl

de la Gense. Et voici la traduction de l'inscription de KudurMabug du British-Musum ; Au Dieu Hiirki (la Lune) son roi Kudur-Mabug conqurant de la Syrie... pour sa vie et pour la vie de Amar-Bcllih (Amarphal), roi de Luisa (Scnkcrch, Sennaar) conduisent le temple de Rabu d c l l u r k i . . . Ces inscriptions, ajoute M. G. Smith, sont les monuments les plus

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anciens que Ton connaisse,

se rapportant l'histoire de la et rivaux

Bible... Les briques ont t faites et graves par les ordres de Ghodorlahomor et Amraphal, contemporains d'Abraham, il y a quatre mille ans. Allocution de Ramss F I T . M. Eisenlohr, savant gypto-

logue de Heidclderg, a publi en 1872 le plus beau, le plus grand, le mieux crit et le mieux conserv de tous les papyrus gyptiens, trouv dans un tombeau par M. Harris, anglais du Hieroglyphical Standard, diteur et il s'est trouv que ce (ce sont les p r o -

papyrus est un hommage clatant rendu la vrit des Livres saints, un tmoignage trente fois sculaire pres expressions de M. Eisenlohr) de la fondation du culte mosaque. Le texte du papyrus est une allocution du roi Ramss III sur les hauts faits de son rgne. II raconte comment il est parvenu comprimer une rvolution religieuse, qui n'tait autre chose que le monothisme de Mose, et la srie des vnements qui ont abouti l'Exode des Isralites. On savait dj, mais d'une manire beaucoup moins authentique, que Mose avait t contemporain de Ramss III, cl que s'il n'avait pas parl des conqutes de Ssostris, fils de ce grand monarque, c'est qu'elles avaient t faites pendant le sjour des Hbreux dans le dsert. Les Rechabites. Jonadab, fils de Rchah, qui vivait du

temps de Jhu, roi d'Isral, ordonna ses descendants (Liv. IV des Rois, ch. x m , v. 14) de ne boire jamais de vin, de ne point btir de maisons, de ne semer aucun grain, de ne point planter de vignes et de demeurer sous des lentes toute leur vie. Trois cents ans plus lard, la dernire anne du rgne de Joachim, roi de Juda, Nabuchodonosor tant venu assiger Jrusalem, les Rechabites furent obligs de quitter la cam76

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pagne "et de retourner dans la ville, sans toutefois cesser d'habiter sous des tentes. Pendant le sige, Jrmic reut ordre du Seigneur d'aller chercher les disciples de Rchab, de les faire entrer dans le temple et de leur prsenter du vin boire (Jrmic, chap. xxxv, v. 1 e t s u i w ) , mais les Rchabites rpondirent : Nous ne boirons point de vin, parce que Jonadab, fils de Rchab, notre pre, nous a dfendu d'en boire, et nous lui avons obi jusqu'aujourd'hui, nous et nos femmes, nos fils et nos filles. Jrmie reprit : Parce que vous avez obi aux paroles de Jonadab votre pre, et que vous avez observ ses ordonnances, la race de Jonadab ne cessera point de produire des hommes qui serviront toujours en ma prsence. C'est comme (Itinraire, une promesse de dure indfinie. Voyons comment elle s'est accomplie! Benjamin de Tudle pages 7 5 et 76) dit qu'il vit dans ses voyages cent mille hommes. Ils un grand pays habit par les fils de Rchab, appels peuples de Thima, au nombre d'environ n'avaient d'autre demeure que des cavernes, cultivaient les champs et nourrissaient des troupeaux, n'usant jamais de vin ni de chair, toujours vtus de noir. M. Wolff, qui voyageait en Arabie il y a environ quarante ans, dit avoir rencontr prs de La Mecque une tribu ^identifiant elle-mme avec les descendants de Rchab ; elle portait le nombre de ses membres soixante mille et suivait exactement la rgle de Jonadab. Vingt ans plus tard, le 30 novembre 18G0, M. Picrrotti a retrouv des Rchabites auprs d'Aimh, misrable village situ neuf lieues au sud-est de la mer Morte, sur la route qui conduiUlcDamus LaMecque, en passant par Krab. Jacoub, chef du camp, homme bien vtu, de belle taille, aux yeux pntrants et hardis, lui donna les renseignements suivants : Nous sommes lesBni-Rchab ; nous vivons selon lesinsti-

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tutions deJonadab, son fils. Les Bni-Rchab qui habitent les dserts de l'Arabie sont nombreux. Nous sommes en tout quarante mille, et peut-tre davantage... Notre langue est l'hbreu. (Ils me montrrent un petit Pentateuque manuscrit et un rouleau d'histoire.) Dieu nous garde depuis des sicles, il continue h nous g a r d e r ; toute autre protection est inutile. Au dsert, nous avons le ncessaire; nous voulons seulement tre les serviteurs de Dieu. Avec le temps, nous avons rsist Mahomet et aux chrtiens, et nous sommes libres. Tout nouveau-n est circoncis par le Kakam (le Rabbin) aprs huit jours. Le samedi est le jour o nous prions en commun, ce jour-l nous offrons un agneau: nous clbrons la P q u e ; nous avons des j e n e s ; nous mangeons quelquefois du chameau, mais le plus souvent du mouton gorg de manire rpandre le s a n g ; nous ne mangeons pas de porc, mais des sauterelles cuites ou rduites en poudre, et mles un peu de grain, pour faire une sorte de pain. Le grain, orge, mas, riz, sont quelquefois trs-rares, mai les oignons et les racines ne manquent jamais. Comme je buvais de l'eau additionne d'un peu de raid (eau-de-vie), je leur en offris, mais ils me refusrent en disant : Noire loi dfend cela... Toutes les lois donnes par Mose sont en vigueur chez e u x ; ils affirment que la mort est toujours certaine pour l'enfant qui maudit son pre et sa mre. Leshommcs gardent les troupeaux, chassent et recueillent les sauterelles, changent les bestiaux, etc. ; les femmes soignent les enfants, prparent les repas, traient les brebis, filent la laine ou les poils de chvre ou de chameau. Ils sont familiariss avec les personnages bibliques, lie, Elise, Isae, Jhu. Le Rabbin observe le prcepte mosaque ( S a c e r dotes n o n radent capul, nec barbam. Lvit., xxi, 5). Le campement tait dispos en cercle ; au centre tait l'espace occup par les animaux : belles juments, chevaux agiles, dromadaires

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magnifiques. Toutes les tentes ont l'air d'tre bien conditionnes, elles n'abritent pas de misrables. ( L a Palestine d a n s ses rapports 1855. avec la Palestine actuelle a n c i e n n e . In-8, Paris,

Rothschild). Ainsi, les Rchabites de Jrmie existent

encore, comme il leur avait t prdit, tandis que les douze tribus d'Isral sont disperses depuis longtemps, sous le coup des maldictions divines; ces proslytes du judasme subsistent toujours en corps de tribu, tels qu'ils taient l'poque de Jhu, roi d'Isral, 884 ans avant Jsus-Christ. Us observent toujours les austres prescriptions de Jonadab, leur p i e ; ils sont nombreux et prosprent. L e s Ismalites. Ismael sera semblable h un ne sauvage ;

il lvera sa main contre tous, et tous lveront la main contre lui; et il dressera ses tentes devant tous ses frres. Le 11 janvier 18o(S, ce mme M. Pierrotti (Fichabites retrouvs, ch. vin. Howard, Lausanne, 18G8) dit avoir rencontr Tibriade quelques hommes de la tribu des Yahoudie-el-Rekir, qui lui ont dit : Nous sommes les enfants d'Ismael, fils d'Abraham; nous nous sommes conservs Ismalites, nous ne sommes pas musulmans; notre nom signifie Juifs g r a n d s et a n c i e n s ; nous sommes circoncis, nous buvons du vin, nous semons quelque peu, mais nous sommes surtout pasteurs, et nous avons beaucoup de bestiaux. Nous sommes environ dix mille; nous habitons l'ancienne Iturie, au nord-est du J o u r dain, nous nous reposons le samedi, comme le faisait notre pre Ismael, et nous avons aussi d'autres ftes. M. P i e r rotti ajoute: Ils parlent arabe et ne connaissent pas le Pentateuque; les hommes et les femmes portent "presque tous et toutes des noms bibliques, ils y ajoutent le nom du pre et quelquefois de la mre, d'aprs l'usage antique. Us mangent toutes sortes de serpents, lzards, oiseaux de proie. Leurs

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murs et coutumes sont un portrait vivant de celles des anciens patriarches. Les serments, les contrats, etc., se font comme au temps d'Abraham. Ils sont fiers le leur origine et de leur libert ; ils aiment les nomades du dsert, mais mprisent profondment les cultivateurs arabes; leur cheik prend le nom d'Ismal. M. Picrrotti leur ayant demand s'ils connaissaient les Bni-Rchab, ils lui avaient rpondu : Les Bni-Rchab constituent une nombreuse tribu; ils habitent au sud de la mer Morte. Us ne cultivent pas la terre, s'occupent des bestiaux, ue s'allient pas avec les autres tribus et restent attachs leur rgle. Ce qui s'accorde bien avec ce qui p r cde. Q u o n t m o i , ajoute M. Picrrotti, je dclare que chez les Yaoudie-cl-Kbir, j ' a i rencontr les vritables Beni-Ismal de la Gense. Les Juifs et les Arabes indignes s'accordent reconnatre en eux les Ismalites d'ancienne race, et qu'eux seuls ont la pure croyance du vrai Dieu; que quelque farouches qu'ils soient, ils n'attentent jamais la vie de leurs semblables, moins qu'on ne leur oppose la force. Ils sont t r s honntes dans leur commerce avec les habitants du dsert. Qu'un peuple intelligent, actif, entour pendant des sicles de nations polices et adonnes au luxe, soit, depuis son origine jusqu' prsent demeur un peuple errant, n'ayant point t subjugu, et n'ayant point chang : c'est l, en vrit, disait le clbre voyageur anglais sir Robert Kic Porter, un miracle subsistant, un de ces faits mystrieux qui tablissent la vrit incontestable des prophties. Les Arabes, comme les Rchabites et les Ismalites, enfants d'Abraham par les fils qu'il eut d'Agar et de Cthura, ont la plus grande vnration pour l'illustre et saint p a t i u r c h c ; ils ne l'appellent que le bien-aim, El-Khalet, et ont mme donn son nom d'El-Khalct h la ville d'Hbron, auprs de laquelle il demeura, et o ses cendres reposent encore dans un vaste spulcre.

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M s a h , roi d e M o a b et O c h o s i a s . (Livre IV des Rois, ch. n i ,

La sainte Bible raconte

v. 4 et suiv.) qu'aprs la mort

d'Achab, Moab se rvolta contre Isral; elle ajoute que le roi moabite s'appelait Msah, qu'il refusa de payer a Ochosias, lls et successeur d'Achab, les cent mille agneaux et les cent mille brebis portant leur laine, qu'il livrait annuellement au roi de Samaric. Mais elle se tait sur les suites immdiates de cette rvolte. Cependant le livre second des Paralipomnes semble indiquer que Msah vainquit d'abord Isral, et que le succs de ses armes ne fut arrt que par la discorde qui le spara de ses allis. L'ternel, dit-il (ch. n , v. 22),- mit des embches entre les enfants d'Ammon, les Moabites, et ceux du pays do Ser; ils aidrent leur destruction mutuelle. Les touristes signalaient depuis quelques annes, aux environs de la mer Morte, l'existence d'un gros bloc de basalte, d'un bleu fonc, pesant plus de mille kilogrammes, sur lequel apparaissaient des traces, peu profondes il est vrai, mais dont l'enscmble pouvait tre une inscription.. .Un jeune Franais, chancelier de notre consulat Jrusalem, rsolut d'explorer la pierre basaltique de Dhikan...Un Arabe bien pay par lui, aprs des pourparlers et des luttes avec le chef de la tribu des Bdouins, imagina un stratagme qui le mit en possession d'un estampage quelque peu mutil, qui rvla une inscription d'une, trs-haute antiquit, crite en hbreu, avec les caractres archaques des Phniciens. Il parat que la pierre rclame des Bdouins par le gouvernement ottoman, fut brise par eux; mais M. Clermont-Gunneau put s'en procurer assez de morceaux, pour arriver complter son estampage, et entrer en possession de l'inscription entire, moins une trentaine de mots environ. C'est, dit M. R e n a n , la plus importante dcouverte qui ait jamais t faite dans Tpigraphie orientale. Chez nous, c'est M. de Vogu qui a eu l'honneur de dchiffrer,

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de traduire cl de publier l'inscription moabitc, et voici ce qu'elle nous a rvl tout d'abord : Je suis Msah, fils de Ghamos, fils de Moab, c'est moi qui ai construit les murs, qui ai lev l'esplanade, et offert les sacrifices. Je m'appelle Msah parce que j'ai t sauv... (Il y a ici une lacune, mais on remarquera l'analogie du nom de Msah, sauv d e . . . avec celui de Mose, sauv des eaux.) Moi Moab j'ai combattu Isral et restaur telle ville... Ghamos a humili Jhovah. Tous les prisonniers de guerre ont t immols h Ghamos. Voici donc que cette stle nous fait connatre le nom et les actes de Msah prsent par la Bible comme roi de Moab, et nous rvle une campagne faite par les Moabitcs contre Isral, campagne que le Livre des Rois ne nous laissait que souponner. Le texte sacr nous apprenait en outre q u c J o r a m , successeur d'Ochosias, associ Josaphat, roi de Juda, dans la premire campagne o l'arme se perdit dans le dsert, manquant d'eau et fut sauve par Elise, prit sa revanche, et dfit Msah; mais la stle n'a garde d'enregistrer cette sanglante dfaite; l'histoire crite des paens ne raconte que les victoires; la Bible seule a la sincrit de dire les dfaites du peuple de Dieu, surtout quand ces dfaites ont le caractre d'un chtiment. Sennachrib et z c h i a s . IV livre des Rois, chap. xvm et
e

xix. La quatorzime anne du roi zchias, Sennachrib, roi des Assyriens, monta vers toutes les villes fortifies de J u d a . . . Et zchias envoya vers lui des messagers disant : Retirezvous loin de moi, et tout ce que vous m'imposerez, je le supporterai... C'est pourquoi le roi des Assyriens imposa h zchias, roi de Juda, trois cents talents d'argent et trente talents d'or... zchias lui donna tout l'argent trouv dans la maison du Seigneur et le trsor du roi. Isae, filsd'Amos,

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envoya vers zchias, disant du roi des Assyriens: Il n'entrera pas dans Jrusalem, il ne lancera point contre elle de flches, pas un bouclier ne l'occupera... Il retournera p a r l a voie par laquelle il est venu... Je protgerai cette ville et je la sauverai cause de moi et de mon serviteur David... Il arriva donc en celte nuil-l qu'il vint un ange du Seigneur et qu'il tua dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt mille hommes... Lorsqu'au point du jour il fut lev, il vit tous les corps-des morts, et s'en alla... Ainsi s'en retourna Sennachrib, roi des Assyriens, et il demeura Ninive... Or voici que, ces dernires annes ( A n n a l e s de Philosophie dans chrtienne,

tome LIX, p. 179), M. Oppert a lu, crite en caractres cuniformes, sur un prisme, l'inscription suivante : Sennachrib le grand roi, le roi puissant, le roi des lgions, le roi d'Assyrie et des quatre rgions... Je fis sortir Padi de J r u salem, et je le rintgrai dans sa royaut... Mais zchias le Juif ne se soumit pas. Il y eut quarante-quatre grandes cits mures... avec lesquelles je combattis, en domptant* leur orgueil... Aid par le feu, le massacre, les combats et les tours de guerre, j'emportai quarante-quatre grandes cits, des villes mures et de petites bourgades; je les occupai, j ' e n fis sortir deux mille cent cinquante personnes, grandes et petites, hommes et femmes, des mulets, des chevaux, des bufs et des moutons sans nombre, je les pris comme captifs. Quant lui (zchias), je l'enfermai dans Jrusalem, la ville de sa puissance, comme un oiseau dans sa cage... Il envoya vers moi Ninive , la ville de ma souverainet, avec trente talents d'or et quatre cents talents d'argent..., des mtaux, des rubis, des perles, de grands diamants, des selles en peau, des trnes garnis de cuirs, de l'ambre, des peaux de veau marin, du bois de santal, du bois d'bnc, le contenu de son trsor... On le voit, part l'exagration et l'emphase,

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SAINTS.

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l'accord est parfait;

on retrouve les trente talents d'or,

le contenu du trsor, etc. ; l'inscription assyrienne exagre les talents d'argent. Elle n'avoue pas clairement que Sonnachrib n'a pas pu prendre Jrusalem ; mais elle le laisse deviner, sans toutefois faire aucune allusion sa miraculeuse dfaite. De son ct, M. Rawlinson a dchiffr d'autres inscriptions qui, avec des couleurs et des circonstances diffrentes, confirment le rcit des Livres saints { A n n a l e s de Philosophie tienne^. chrI I , p . 2 4 5 ) . . . Comme zchias, r o i d c J u d a , refusait et une quantit innombrable

de se soumettre ma domination, je lui enlevai et pillai quarante-six villes fortifies d'autres villes qui lui appartenaient; cependant je lui laissai Jrusalem sa capitale et quelques endroits insignifiants tout autour... J'emportai trente talents d'or et huit cents talents d'argent (le chiffre est cette fois doubl), butin comme l'quivalent du les trsors des de me nobles de la cour... Je retournai Ninive..., considrant ce tribut qu'il refusait payer... Ajoutons que Brose raconte presque dans les mmes termes que le quatrime Livre des Rois la manire h o n teuse dont Scnnachorih perdit la couronne avec la vie. Ce fut peu aprs cette poque qu'zchias tomba malade et fut guri miraculeusement. La Bible dit que Baladan, roi dcBabylone, lui crivit pour le fliciter ; or, d'une part, Brose nomme Balad le roi qui eut cette politesse, et qui, aprs avoir assassin son prdcesseur, s'tait empar du trne; d'autre part, M. Kawlinson a constat, par les inscriptions, que le roi Mrodach-Baladan est le mme a qui Sargon fit la guerre pendant une grande partie de son rgne, et qui envoya quelques annes plus tard un ambassadeur h zchias. Sennachrib et Mrodach-Baladan sont donc, comme zchias, des personnages historiques, en dpit de l'incrdulit moderne. L'ins-

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criplion du prisme met ces mots dans la bouche de Scnnachrib : J e vainquis Mrodaeh - Baladan, roi de la basse Ghaldce... Au milieu de la bataille..., il s'esquiva furtivement et s'chappa vers son palais qui se trouve Babylone. Mais j'ouvris son trsor, je saisis de l'or, de l'argent..., ses femmes, ses grands, ses soldats..., je les fis sortir et les vendis comme des esclaves... L'inscription enfin nous raconte une seconde campagne contre Mrodach-Baladan, en ajoutant : A mon retour, je plaai sur le trne de sa royaut Assurnadim, mon fils an, le rejeton de ma bndiction. (Oppcrt, I n s criptions chrtienne, a s s y r i e n n e s des S a r g o n i d e s ; A n n a l e s de tome L X V , p. 194.) Philosophie

R u i n e de B a b y l o n e . Rapprochement t r a n g e ! Pendant que Babylone tombait sous les coups de Sennachrib, Isac disait zchias (chap. X L V , V . 2 4 , et ch. X L V , V . 1-5) : L e j o u r approche o toutes les richesses de votre palais, tous les trsors amasss par vos pres et par vous seront transports h Babylone. Il n'en restera pas une parcelle... vos descendants seront esclaves dans les palais de Babylone... Et c'est quand zchias voit tomber sous ses yeux la puissance de Babylone qu'on lui apprend que Babylone vaincra Jrusalem... Ce n'est pas tout : aprs avoir annonc la captivit que Babylone fera peser sur la Jude, Isae en montre le terme : Moi Jhovah, le Dieu rdempteur d'Isral, j'accomplirai les promesses de misricorde faites mon peuple. Je dirai Jrusalem : Sois de nouveau habite! et aux villes de Juda : Ouvrez-vous pour recevoir vos enfants, et je repeuplerai vos solitudes... Je dirai Cyrus : Tu es le pasteur que j'ai lu pour mon peuple, et tu accompliras toute ma volont, car je veux que Jrusalem soit releve de ses ruines et qu'on reconstruise mon temple... Puis c'est l'heure du chtiment dernier qui sonne pour Babylone.

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Chap. xiv, v. 1-23 : J'effacerai le nom deBabylonc, j'anantirai" sa race, ses habitants, ses vestiges, je la donnerai au hrisson des ruines, je la couvrirai de marcages, je balayerai la dernire trace de ce sjour maudit. Tous ces oracles se sont accomplis, et voici comment un ' illustre archologue, Raoul-Hochet te, terminait dans Y Universit catholique (t. fV), ses leons sur les ruines de Babylone : Veut-on savoir pourquoi nous possdons si peu de ses monuments? pourquoi nous n'avons pu retirer de ses dbris que quelques fragments de briques et quelques cylindres de mtal ? C'est que la dsolation en loigne tous les habitants de la contre, la dsolation qui semble un caractre aussi distinclif que providentiel de cette antique cit. Elle n'est plus aujourd'hui, et depuis bien des sicles, qu'un repaire de btes froces. Le lion, le chacal, les hiboux, les hrissons, les scorpions, tout ce que la nature a produit d'animaux hideux et malfaisants s'y trouve runi, et semble vouloir habiter sans partage ces lieux dserts; c'est la lettre l'accomplissement de la prdiction de l'criture. On n'y trouve nul abri, nul asile, les voyageurs effrays ne les parcourent jamais qu'avec mfiance, et plusieurs en pntrant dans ses souterrains, ont couru risque d'y tre suffoqus par l'odeur qu'y avait laisse le lion... Babylone, jadis capitale du plus vaste empire du monde, semble aujourd'hui frappe de maldiction, son nom est un nom de terreur pour les habitants du dsert, c'est l'effroi des nations ; et les caravanes s'loignent d'elle avec prcipitation pour viter jusqu' l'aspect de ses ruines. Dfaite et captivit de M a n a s s s . Dfaite de Ninive. de Varme

de S e n n a c h r i b . Chute

Livre IV des Rois,

chap. xxi, v. 10-16. a En punition des attentats de Manasss et de son peuple, le Seigneur suscita contre eux les princes

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de l'arme du roi d'Assyrie ; ils le chargrent de chanes et le conduisirent Babylonc. L'crivain sacr ne donne pas beaucoup de dtails sur cet vnement dsastreux; mais, tout laconique qu'il soit, son rcit est confirm par les monuments dans ces deux circonstances essentielles : que Manasss fut attaqu non par le roi d'Assyrie en personne, mais par les princes de son arme, et qu'il fut conduit, non Nnive, mais a Babylone. En effet, dans une inscription assyrienne du prisme d'Asserhaddon publie par M. L a y a r d , et dchifchrtienne, fre par M. Oppert ( A n n a l e s de Philosophie

tome LXV, pages 201 et 2 0 2 ) , on lit : Asserhaddon grand r o i . . . , roi d'Assyrie, vicaire de Babylone..., fils de Sennachrib, petit-fils de Sargon... J a i attaqu la ville de Sidon... J'ai rparti les habitants de la Syrie... tous dans des pays trangers... J'ai bti une ville... J'ai plac mon juge comme prfet... Le titre de vicaire de Babylone explique comment Manasss a pu y tre transport; et si. Asserhaddon ft venu lui-mme attaquer Jrusalem, il l'et certainement dit. Dans cette mme inscription, Asserhaddon, en se proclamant roi d'Egypte, de Mero et de Goush, crit une confirmation inattendue de ces paroles prophtiques de Nahum (Chap. n, v. 7-41) : Ninive, vaux-tu mieux que la cit gyptienne du No-Ammon? Elle tait assise parmi les canaux, ayant le Nil pour richesse et pour rempart. Cousch tait sa force, Phus et Loubim ses allis, et pourtant elle a vu ses fils trans en exil, et tous ses princes ont eu les pieds chargs de fers. 11 est extrmement probable que cette grande cit de NoAmmon, capitale de l'Egypte, dontKousch, l'Ethiopie, faisait la force, est la ville de Thbes ; car No-Ammon signifie Pimanti-Ammon, ou le lieu d'Ammon. Dans Spoliateur en hbreu, U e u d W m m o n , et le nom gyptien de Thbes tait l'inscription de la ville assyrienne, ce nom est mutil.

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DES

LIVRES

SAINTS.

4213

d'Arza...

vers

l'Egypte,

dit Asscrhaddon, ses butins, je les

apportai en Assyrie. Le livre des Paralipomncs, ch. x x x m , v. 13, disait : Cependant le Seigneur exaua la prire de Mariasses et le rtablit sur son trne a Jrusalem. Et Manasss reconnut que Jhovah tait le Dieu vritable. Ce rtablissement semblait tout a fait improbable, impossible mme, et la critique moderne voyait dans ce texte et dans celui de Judith des interpolations sans valeur. Mais voici qu'Asserhaddon prend lui-mme la parole pour affirmer la vrit absolue des Livres saints : J e comptai parmi les serviteurs de mon rgne douze rois de Syrie au del des montagnes, M a r i a s s e (Minasi), roi de Juda, etc. A tous je leur dlguai mes pouvoirs. Ils m'envoyrent Ninive, pour la construction de mon palais, de grandes poutres, des minraux, du fer, de l'acier tirs de leurs montagnes boises (Ibid.). Ce palais tait une des magnificences de Ninive, dont avait dit : Jhovah fera de le prophte Sophronias fchap.

Ninive la Belle une solitude impntrable et un vaste dsert. Les troupeaux des bergers, les htes des campagnes voisines s'y coucheront dans les hautes herbes; le kaath et le kippod, ces oiseaux des ruines, construiront leurs nids sous ses portiques; une voix rveillera l'cho de ses palais dvasts, celle du corbeau qui jettera un cri lugubre ; la puissance de Ninive sera anantie. La voil donc, la ville de la gloire et de l'opulence, qui disait dans son coeur : Je suis reine et je n'ai point de rivale. Comment est-elle devenue la solitude dsole, repaire d'animaux sauvages? Le passant sifflera sur ses dbris, et dans sa stupfaction lvera une main tonne. Les vnements ne tardrent pas justifier cette prdiction aussi solennelle qu'incroyable. L'antique Ninive, dit M. Hfcr (AssyiHe, page 253), fut dtruite de fond en comble. Ce fait capital est attest par tous les tmoignages, tantsacrs que profanes, et les

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paroles (lu Prophte ont reu leur accomplissement. L'histoire le cric aux incrdules. Hrodote, le premier, a consacr quelques lignes la chute de Ninive(Liv. 1, chap. cm et suivants). A Phraorthe (l'Arphaxad de la Bible), roi des Mdes, succda Gyuxurcson fils; on dit de lui qu'il fut plus guerrier que ses anctres. 11 assembla des forces et marcha contre Ninive. II la tenait assige quand intervint une grande arme de Scythes. Les Mdes turent vaincus et perdirent l'empire de l'Asie, dont les Scythes s'emparrent. Ils demeurrent matres de l'Asie pendant vingt-huit ans, et par leur brutalit et leur ignorance, ils multiplirent les dsastres. Cyuxureet les Mdes russirent a les exterminer, et recouvrrent ainsi l'empire de l'Asie. Ils prirent Ninive et restrent matres de l'Assyrie, l'exception de Babylone. Dans son chapitre cent soixante-dix-huitime, Hrodote ajoute que la prise de Ninive fut suivie d'une ruine complte. U n passage d'Abydne, conserv par Eusbc de Csarc, nous apprend que le dernier roi ninivite appel Saras, mit le feu son palais, et, dsespr, se jeta dans les flammes. Hrodote n'explique en aucune manire quel vnement avait pu, ce point, relever le courage et accrotre les forces de Phraorte, l'Arphaxad des Livres saints. Ne pouvonsnous pas dire que la Bible supple a son silence; que la mort d'Holopherne sous les murs de Bthulie, cl l'extermination de l'arme assyrienne, qui la suivit, purent trs-bien changer la face politique de l'Orient. Les provinces secourent sans doute pour jamais le joug de Ninive, et la suzerainet passa au roi des Mdes. Quoi qu'il en soit, la prophtie fut si parfaitement accomplie, Ninive, la ville immense, aux sept lieues de long, suivant Diodorc de Sicile, et aux dix-huit lieues de tour, avait si compltement disparu, il semblait mme si impossible de dcouvrir le lieu ou elle avait t, que le rationalisme se laissait fatalement e n t r a n e r a rvoquer en

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doute les donnes de la Bible et d'Hrodote. Mais voici qu'un explorateur heureux, M. Boita, consul de France Mossoul, est venu dmontrer jusqu' l'vidence," par la dcouverte et la mise jour du palais bti en partie par Asserhaddon, en partie par Nabuchodonosor I , que la grande Ninive couvrait l'espace qui spare Khorsabad du Tigre, et que sa magnificence rpondait pleinement aux souvenirs des prophtes, comme aux rcits l'Orient. Un autre consul de France Mossoul, M. Victor Place, a complt la .dcouverte merveilleuse de son prdcesseur, M. Botta, en retrouvant dans une chambre souterraine la provision entire des instruments de fer et d'acier qui avaient servi 1 rection de ces monuments splendides, chanes, grappins, marteaux, pics, pioches, masses briser et tailler les pierres, socs de charrues, etc. Le poids total de ces instruments tait de trois quatre mille kilogrammes, et, malgr la rouille qui recouvrait leur surface, ils taient parfaitement conservs (Lettre M. de Longpcrrier. Cosmos, livraisons de mai 1853). Voil donc une masse de fer et d'acier qui remonte la fin du dix-huitime sicle avant l're chrtienne, et qui tmoigne d'une civilisation avance, trop avance, hlas! Le verre lui-mme tait alors fabriqu; car on voit, reprsents sur la pierre par un habile ciseau, des toasts ports le verre la main. L a configuration Ezchiel retrouve des animaux dans symboliques dcrits assyriens. par Les figurs et minemment potiques de
Rr

les montomenls

muses assyriens de Paris et de Londres offrent ment Taureaux ails,

aujourd'hui

aux regards tonns des statues colossales appeles impropreet qui semblent avoir t exhumes de leur oubli sculaire, pour devenir des tmoins gigantesques de

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la vrit de nos Livres saints. Quatre de ces normes figures, dit M. l'abb Darras (Histoire de l'glise, tome III, p. 238), dans lesquelles l'Assyrie avait symbolis le Guie,la Stabilit, la Force, l'Activit de son empire, dcorent maintenant la premire salle du muse ninivite du Louvre,. Plaons-nous en face d'une d'elles, et, le texte du prophte sous les yeux, ( E z c c h . , chap. i, v. 5), analysons dans tous leurs dtails ces monuments tranges. Nous avons sous les yeux un animal allgorique a face humaine, au corps de taureau, la queue de lion et aux ailes de l'aigle, dont l'attitude ne manque ni de majest, ni d'unit, ni d'une certaine ressemblance artistique. C'est la dignit humaine qui l'emporte dans l'ensemble, et attire surtout le regard ; c'est bien ce que disait le Prophte: Leur aspect est une ressemblance humaine. En y regardant bien, on y dcouvre toutes les particularits de la vision prophtique. Leurs pieds sont des pieds droits,dont la plante est semblable celle d'un pied de taureau. Chacun d'eux marche en avant de sa face; ils ont droite quatre faces de lion, gauche quatre figures de taureaux, en haut quatre figures d'aigle, avec des ailes tendues. La seule diffrence entre les animaux de la vision et l'lment lapidaire, est que celui du prophte avait une autre aile rabattue sur tout le corps, dont elle voilait la nudit. R u i n e s de Tyr. Prophties d ' s c h i e l . Ville superbe, empire

qui reposes aux bords des mers, Tyr, qui dis : M o n

s*tend a u x limites de l ' O c a n , coute l'oracle prononce/contre toi : Tu portes ton commerce dans les les lointaines, chez led habitants des terres inconnues ; sous ta main, les sapins de Sanir deviennent des vaisseaux, les cdres du Liban des mats, les peupliers de ftyzan des rames; tes matelots s'asseyent sur le buis de Chypre, orn d'une marqueterie d'ivoire; les pavil-

VIUT AHS0UJB )KS LIVRAS KAMS.

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lonssonL lisfiiis du plus beau lin

d ' E g y p i e ; tes vlements

sont Lcints de l'hyacinthe cl de la pourpre de l'Archipel; Sidon cl zouatl t'envoient leurs rameurs, Djabal ses habiles constructeurs; tes gomtres et tes sages dessinent eux-mmes tes proues; tous les vaisseaux de la mer sont employs a ton commerce ; tu tiens ta solde le Perse, le Lydien et l ' g y p tien ; tes murailles sont pares de leurs boucliers et de leurs cuirasses. Les enfants d'Arouad bordent tes parapets, et tes tours, gardes par des Phniciens, brillent de leurs carquois. Tous les pays s'empressent de ngocier avec loi : Tarse envoie les marchs de l'argent, du fer, de r t a i n , du plomb; l'Ionie, le pays des Mosqucs et deTcfflis l'approvisionnent d'esclaves ci de vases d'airain ; l'Armnie t'envoie des mules, des c h e vaux, des cavaliers ; des les nombreuses changent avec toi -l'ivoire et l'bne; le Syrien t'apporte le rubis, la pourpre, les riches toffes, le corail et le jaspe. Les enfants d'Isral et de Jnda te vendent le froment, le baume, la myrrhe et l'huile; et Damas t'envoie le vin d'Halbon et les laines fines. Les Arabes d'Oman offrent tes marchands le fer poli, la cannelle, le roseau aromatique; et l'Arabe de Ddan des tapis pour l'asseoir; les habitants du dsert et les cheiks de Kdar payent de leurs chevaux et de leurs agneaux tes riches m a r chandises ; les Arabes de Saba (dans l'Ymen) t'enrichissent par le commerce des aromates, des pierres prcieuses et de l'or ; les facteurs de l'Assyrien et du Chalden commercent aussi avec toi, et te vendent des manteaux artistement brods, deTargent, des mtures, des cordages et des cdres; enfin, les fameux vaisseaux de Tarse sont a les gages. 0 Tyr, fire de tant de gloire et de richesses ! Bientt les Ilots de la mer s'lveront contre toi, et la tempte le prcipitera au fond des eaux. Alors s'engloutiront avec toi les trsors ; avec toi p r i ront en un jour ton commerce, tes ngociants, tes correspond
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clants, tes matelots, tes pilotes, tes artistes, tes soldats et le peuple immense qui remplit tes murailles ; (es rameurs dserteront tes vaisseaux ; tes pilotes s'assiront sur le rivage, l'il morne et fix contre t e r r e ; les peuples que tu enrichissais, les rois que tu rassasiais, consterns de ta ruine, jetteront des cris de dsespoir; dans leur deuil ils couperont leurs cheveux, ils jetteront de la cendre sur leur front dpouill, ils se rouleront dans la poussire et ils diront : Q u i jamais celte reine de la mer ? pierres prcieuses Voici ce que dit le Seigneur : Les gala Tyr,

formaient ton o r n e m e n t ; le rubis, la topaze, le jaspe, la chrysolithe, l'onyx, le bryl, le saphir, rescarboucle, For brillaient sur toi. Semblable au chrubin, tu tais tablie sur la montagne sainte du S e i g n e u r . T o n cur s'est enfl de ta beaut; tu as perdu, ta sagesse et ta gloire. Je veux te renverser sur la terre; je veux te mcltre aux pieds des rois, pour qu'ils contemplent ta ruine. Dans la multitude de tes crimes et dans l'iniquit ta puret, c'est pourquoi je de tes trafics, tu as souill te renverserai, je boulever-

serai tes difices qui s'crouleront en dbris enflamms. Je te rendrai a la pierre, tu serviras scher les filets, et tu ne seras plus rebtie, car moi, Jhovah, j'ai parl, dit le Seigneur Dieu. Voil l'oracle ! cho brillant d'une gloire et d'une prosprit que les ntres n'effacent pas. Voici l'accomplissement ! M. de Volncy, en comparant l'tat actuel de Tyr avec la prophtie, malgr son incrdulit connue, fait cette rflexion remarquable : Les rvolutions du sort ont accompli cet oracle. Au lieu de cette ancienne circulation si active et si vaste, Tyr rduite i\ l'tat d'un misrable village, u a plus pour tout commerce qu'une exportation de quelques sacs de grains et de coton ou de laine, et pour tout ngociant qu'un facteur

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grec au service des Franais d c ' S a d e , qui gagne a peine de quoi soutenir sa famille. Le sort a frapp Tyr, la reine des mers, le berceau du commerce qui civilise le monde; ses palais ont fait place quelques cabanes clitives; le pcheur indigent habite les .caves votes oii jadis s'entassaient les trsors du monde; une colonne debout au milieu des ruines marque la place o tait le chur de la cathdrale consacre par Eusbc. Le voyageur anglais Maundrcll dit qu'on ne voit plus dans tyr que des dbris de murailles, de votes et de colonnes brises, et qu'il ne s'y trouve pas une seule maison entire. 11 semble, dit cet auteur, que cette ville ait t conserve en cciicu-l, comme une preuve visible de l'accomplissement de la parole divine : Elle sera comme et elle servira ci scher le sommet d'un rocher, les filets des pcheurs.

La seule curiosit, dit J. Bruce, m'engagea a passer par Tyr,'et je devins le triste tmoin de la vrit dcs-prophlies... Deux misrables pcheurs, aprs avoir attrap un peu de poisson, venaient d'tendre leurs filets sur les rochers de Tyr. (Tome III, p . 02.) Tous ceux qui ont touch ce rivage dsol, dit M s M e s lin (les Lieux saints, tome I , p . 543), frapps de stutrouv
Pr r

peur et d'admiration devant ce prodige permanent de la colre de Dieu, ont ouvert le livre des Prophtes, et n'ont ments qui opprimaient leurs mes. Haine de S a m a r i e . Le nouveau roi de Samaric, Ose, fils rVEla qui venait d'acheter au prix d'un meurtre une couronne qui devait tomber avec lui, valait cependant des Rois, ch. mieux que ses prdcesseurs. U t i l aussi, dit l'Ecriture (Liv. IV
XVIT, V.

que les accents d'zchicl ou d'isae pour rendre les senti-

1 ) , le mal sous les yeux de Jhovah,

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

niais avec moins de cruaut que les autres rois de Samarie. E n l r c lotis les assassins qui se succdaient depuis un sicle sur ce trne sanglant, il mrita une restriction dans le blme. La justice divine allait enfin frapper le coup terrible annonc par tant de prophtes. Depuis mos, le pasteur inspir de Thcu, Isae, avait renouvel, au nom du Seigneur, contre l'orgueilleuse capitale d'Isral, des menaces qui n'avaient pas t mieux coutes. Chap. ix, v. 9 : Dans l'insolence superbe de leur cur, disait-il, les habitants de Samarie ont dit : Si les briques de nos palais et de nos remparts s'croulent, nous les rebtirons n pierres de taille.; l'ennemi a coup nos sycomores, nous les remplacerons par des cdres! Cependant Jhovah arme contre eux la main qui a foudroy Jiasin, le roi tic Damas. Il appelle contre Samarie tous les ennemis la fois, la Syrie l'Orient, les Philistins l'Occident ; tous ensemble, comme une meule affame, vont la dvorer. Jhovah anantira Isral comme un serpent dont on crase la tte et la queue. La tte de ce peuple, ce sont ces vieillards dans la majest des cheveux blancs et l'exprience de l'ge. La q u e u e , ce sont les prophtes de mensonge, qui l'entretiennent d'illusions et d'erreurs. Ce jour-l, les docteurs d'impit qui flattent la nation dans ses crimes, seront appels des sducteurs, et ceux dont ils encouragent les dsordres seront prcipits du haut de leurs remparts. La clmence de Jhovah ne se laissera attendrir ni en faveur de la jeunesse, ni en faveur de la veuve et de l'orphelin, parce que tous les fronts se sont couverts d'hypocrisie, tous les curs se sont abreuvs de perversit, toutes les lvres se sont ouvertes aux paroles de l'impit. Or l'impit s'est allume comme un feu a r d e n t ; clic va consumer Samarie, comme la flamme dvore un buisson d'pines sches : la capitale d'Isral sera semblable une fort que l'incendie dvaste et que l'il aperoit dans

VRIT

AB.sOI.UE MES LIVRES SAINTS.

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les tourbillons d'une colonne de fume. L'Assyrien a dit : Est-ce qtie Samarie n'aura pas le sort de Damas? L'heure tait venue. Tylath P h a l a s a r I V avait eu pour successeur Ninive S a l m a w s s a r V. Le nouveau prince assyrien, ds la premire anne de son rgne (725), s'tait lanc sur Isral comme sur une proie. Livre IV dos Rois, ch. xvin, v. 9 : Et dans la quatrime anne du roi Ezchfas, qui est la septime d'Ose, fils d'Ela, roi d'Isral, vint Salmanasar, roi d'Assyrie, vers Samarie et l'investit. 10. Et ils la prirent au bout de trois ans : dans l'anne sixime d'Ezchias qui est la neuvime d'Ose, roi d'Isral, fut prise Samarie. 1 1 . Et le roi d'Assyrie emmena Isral en Assyrie, et les transporta ii Khalah et sur le Ilab, le fleuve de Gozan, et dans les villes de Mdie. On s'tait tonn jusqu'ici de la dure du sige de Samarie. La capitale d'un royaume entirement dpeuple ne pouvait gure, dans les circonstances ordinaires, opposer une aussi longue rsistance h une arme d'invasion comme celle du roi de Niuive. On remarquait de plus cette particularit que le texte biblique, aprs avoir nomm S a l m a n a s s a r , roi d'Assyrie, comme investissant Samarie, passe tout coup du pria n s . On signalait encore une diffrence singulier au pluriel, en ajoutant sans transition : et ils la rent au bout de trois

dans le nom de S a l m a n a s s a r , donn par le livre des Rois au monarque assyrien qui investit Samarie et celui iVEnemessar, donn par le livre de Tobie au monarque assyrieu qui la prit. Il est vrai qu'on identifiait, ces deux noms et qu'on faisait ainsi disparatre la difficult; mais cotait la supprimer, non la rsoudre. Enfin un texte d'Isae, demeur inintelligible jusqu' notre poque, venait compliquer encore l'nigme. Isae date sa prophtie contre l'Egypte et l'Ethiopie de Vanne envoy par Sarfjon, roi d ' A s s y r i e , marcha o le contre Tartan Asdod

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

(Azoth), l ' a s s i g e a et s ' e n rendit

matre.

Or on ne connais-

sait rien de ce S a r g o n , dont il n'existe aucune autre mention dans la Bible. L'indication d'isac semblait tablir qu'un roi d'Assyrie nomm S a r g o n avait rgn entre S t d m a n a s s a r et S e n n a c h r i b . Mais comment S a r g o n avait-il eu intervenir dans les affaires de la Palestine, comment pouvait-il envoyer le Tartan assiger Azolh," ville du littoral appartenant aux Philistins? II y avait la autant d'inconnues que les commentateurs ne savaient dgager. Le terme mme de Tartan tait-il un nom propre ou un titre militaire? On en tait rduit, sur ce point comme sur les autres, aux conjectures. Le nom de S a r g o n faisait donc, dit M. Oppert, le dsespoir des interprtes de la Bible et des chronologistcs. Les inscriptions des palais ninivites de Nimroud et de Khorsabad viennent de nous apporter, aprs tant de sicles, l'explication claire et prcise de ce problme historique. Le vainqueur de Samarie nous raconte lui-mme, dans le stylo fastueux de son pigrapbie lapidaire, ses exploits contre Samarie. Voici ce qu'on lit sur les plaques de marbre qui dcoraient les salles du palais de Khorsabad : Palais de S a r g o n , le grand roi, le roi puissant, roi des lgions, roi d'Assyrie, vicaire des dieux Babylone, roi des Soumirs et des Accads, favori des grands dieux... Fier de son nom sans tache, il a dclar la guerre l'impit... A partir du jour d m o n avnement, les princes mes rivaux ne m'ont pas ddaign. J'ai rempli de terreur les terres des rebelles et j ' e n ai exig les symboles de soumission prsents dans les quatre lments... J'ai rgn depuis Y a l n a u , qui est au milieu de la mer, du soleil couchant jusqu'aux frontires d'Egypte, et du pays des Moschiens, la vaste Phnicie, la Syrie dans son ensemble, la totalit des Guti M u s / c i , de la lointaine Mdie, voisine des pays de Bikni, jusqu'au pays

VRIT

ABSOLUE

DES

LIVRES

SAINTS.

1223

d'Albanie, de R a s , qui est limitrophe d'Elam au bord du Tigre, jusqu'aux tribus d'Itou, de Roubou, de Baril, de Kaldoud, de B a u r a n , d'Ouboul, de Rou'ona, de Lita, qui demeurent sur les rives du Sourappi et de l'Oukni, de G a m boul, de Khnidar, de Puluid... Voici ce que j'ai fait depuis le commencement de mon rgne jusqu' ma quinzime c a m p a gne: rduit j'ai dfait dans les plaines de Kalou, Khoumbanigas, fai occup ta villa mille d e u x cent sur eux antrieurs. fai mes ; fai prlev de S a m a r i e et quatre-vingts cinquante J'ai renouvel prden captivit vingt-sept roi d'lam. J'ai assig, personnes institu l'obligation cesseurs. qui l'habitaient c h a n g leurs d'eux avait au-dessus que leur

cAars, et fai

tablissements mes lieutenants, impose

u n des rois

Dsormais, il ne saurait plus y avoir de doute, le nom du conqurant de Samarie est S a r g o n , le gnral rvolt de Salmanassar.V, qui dtrna son matre et s'empara de sa couronne. Son nom de gnral tait probablement E n e m e s s a r , que lui donne le texte grec du livre de Tobie. Les lieux de la Bible. Dans une confrence trs-intres-

sante, le lieutenant Couder, chef de l'expdition anglaise charge de faire le relev d e l Palestine, a rendu compte des travaux qui ont t excuts jusqu' ce jour. La commission place sous ses ordres a, en quatre annes, fait le relev des quatre cinquimes des 6,000 mtres carrs qui constituent la Palestine proprement dite. Un des grands rsultats obtenus a t la reconnaissance de ridentit des noms arabes locaux existant encore avec les noms hbreux qui se trouvent dans la Rible. On y est parvenu tel point, qu'il y aura peine un lieu mentionn dans la Bible qui ne soit inscrit sur la carte. Ainsi, les rcits de
77 c .

4224

LES

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DE

LA

FOI.

l'criture seront clairs par la connaissance des localits, et acquerront loutc la vie d'annales contemporaines. Le lieutenant Couder a cit comme exemple l'histoire de David. Faisant ressortir les traits militaires de la contre, il a montr qu'il avait retrouv la scne du combat de Goliath, de la rencontre de Sal dans la caverne et des voyages subsquents de David jusqu' l'poque de la fatale bataille de Gelbo. Les murs et les coutumes sont retraces par celles des tribus rsidantes ou nomades qu'on rencontre encore a u j o u r d ' h u i , et qui reproduisent les caractres de l'poque des patriarches. M. Couder a ensuite dcrit la condition unique de la valle du Jourdain et retrac l'histoire de ce ravin extraordinaire. Dans un temps, le Jourdain reliait les uns aux autres toute une srie de lacs, chelonns de M o r m o n la mer Rouge. la suite de dpressions successives du sol, ces lacs se sont vapors, laissant leurs rivages comme tmoins de leur histoire. prsent, ils sont rduits trois : le lac de Meron, le lac de Tibriade et la mer Morte. Le Jourdain se termine ce marais sal, et toute l'eau qu'il y verse, s'vapore de sa surface. Prophtie d? AbdiascontreV Idume.(Chap. unique.) dom,

tu as voulu la ruine et le malheur de Jacob, ton frre, tu ne recueilleras de ta haine que la confusion et l'opprobre.... Tu priras pour j a m a i s . . . Il te sera rendu dans la mesure de ce que tu as fait, le traitement que tu nous as inflig tombera sur ta tte. Peuples voisins de Jrusalem, vous avez vid la coupe de l'allgresse sur les ruines de Sion, vous boirez maintenant le vin de la colre, jusqu' ce que vous tombiez dans l'ivresse de la mort. Cependant le salut brillera sur la montagne de Sion ; et la maison de Jacob dominera ceux qui l'ont domine. Jacob sera le feu, Joseph sera la flamme, saii sera

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DES

LIVRES

SAINTS.

1225

la paille lgre dvore par la .flamme et le feu, sans laisser de trace. Voil la menace, voici le chtiment. L'Idume,dit Volney ( V o y a g e s ) , n'a t visite par aucun voyageur.... Au sud-est du lac Asphaltilc, dans un espace de 30 journes, plus de trente villes ruines sont absolument dsertes. D'normes scorpions y abondent, chaque bdouin arabe nomade porte sa ceinture une paire de petites pinces pour arracher de ses pieds les pines qui y sont enfonces. Bochard affirme que les Cormorans (ate, K a t e s ) , comme l'avait prdit Isac, s'y trouvent en telles quantits, qu'il suffit un petit Arabe de jeter un bton pour en tuer deux ou trois. Edom est renomm pour la multitude de ses corbeaux. La chvre sauvage (pilosas du prophte) y vit sur les montagnes en troupeaux de cinquante, et on Ty trouve partout; de nouvelles explorations constateront de plus en plus que des animaux numrspar les prophtes comme sculshabitants de l'Idumc, aucun ri y m a n q u e et que chacun a sa compagne. Chtiment de V E g y p t e . zchiel, chap. xxix et xxx. Ils

(les gyptiens) deviendront un royaume humble et vil ; elle (l'Egypte) sera le plus faible de tous les royaumes; elle ne s'lvera pas, l'avenir, au-dessus des nations ; l'orgueil de sa puissance tombera. Je livrerai sa terre aux mains des m chants, et je la dvasterai, avec tout ce qu'elle renferme, par la main des trangers. C'est moi, dit le Seigneur, qui, ai parl. Il n'y aura plus dsormais de princes de la terre d'Egypte. Le sceptre de l ' E g y p t e disparatra. 11 y a peu d'annes, dit Gibbon (Histoire romain, de la dcadence de l'Empire tom. VI, p . 409), que cette singulire puissance vient

d'tre dtruite de la manire la plus perfide et la plus sanguinaire. Il n'y a plus de prince de la terre d'Egypte ; elle a t dvaste ainsi que tout ce qu'elle renfermait, par la main des

422l>

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

trangers et

des esclaves. Le pacha d'aujourd'hui esi un

oppresseur cl un tranger, le prix pay pour son autorit et sa puissance, et l t a l de toules les proprits du pays qui se trouvent la merci de tous les pachas qui lui succderont, montrent que l'Egypte est, dans toute la rigueur de la lettre, livre a u x m a i n s des m c h a n t s .
er

ce Enleve, dit Volney ans, propritaires devenus naturels,

( V o y a g e s , tom. I , p . 74 et suiv.), depuis vingt-trois elle a cess d'appartenir ses l ' E g y p t e a vu ses champs fertiles

successivement Romains, des

la proie des Perses, des Macdoniens, des

Grecs, des Arabes, des Gorgiens, et enfin de cette race de Tartares connus sous le nom de Turcs Ottomans. Les Mameloucks, achets comme esclaves, et introduits comme soldats, usurprent bientt le pouvoir et s'lurent un chef. en est un autre qui n'est pas moins bizarre. Le systme d'oppression est mthodique. Us se Si le sont premier tablissement fut un fait singulier, leur perptuation rgnrs par des esclaves transports de leur pays d'origine. Tout ce que le voyageur* voit ou entend lui rappelle qu'il est dans une terre d'esclavage et de tyrannie. En E g y p t e , il n'y a pas de classe moyenne, ni noblesse, ni clerg, ni ngociants, ni propritaires d t e r r e s . L'ignorance,rpandue dans toutes les classes, tend ses effets sur tous les genres de connaissances morales et pratiques. Le chapitre xvm d'sae, spcialement consacr l ' E g y p t e , commence a i n s i : Ah! pays sous l'ombrage des voiles au del des fleuves de Kousch,qui envoie des messagers sur la mer dans des vaisseaux de jonc, sur la surface des eaux ; allez, messagers rapides, vers une nation disloque et dchire, vers un peuple redoutable ds son existence et depuis u n e nation nivele et opprime, dont le pays est coup de fleuves. Celle nation dchire, le prophte en dpeint cnergi-

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AISOLUE

DES

L I V R E S SAINTS."

1227

quemenl l'tal dans le chapitre suivant : J'exciterai l'gyptien contre Tgyptien, le frre contre le frre, Tarai contre l'ami, ville contre ville, royaume contre royaume (v. 4 . ) . . . Je livrerai Tgypte aux mains cTuu matre svre, un roi victorieux dominera sur eux. Gomme Ton ne connaissait pas dans Thistoire gyptienne un semblable tat de division, si ce n'est l'poque fort postrieure des douze tyrans qui prcdent Psamlik 1 , on a
c r er

t jusqu' contester Isac la rdaction de ce chapitre. D'autres critiques ont fait remarquer que P s a m l i k / fut un roi fort doux, et que les expressions du prophte semblent bien prsager, non point une royaut nationale, comme celle de Psamlik, mais la main svre d'un conqurant et d'un matre tranger, aprs u n e guerre civile o Ton se battait ville contre ville et royaume contre royaume. Si ce chapitre a t crit vers Tavnement d'Ezchias, comme Tordre des maldictions successivement inscrites au livre d'Isae semble l'indiquer, il n'est plus besoin d'en chercher Texplication ; P i a n c h i et S c h a b a k accomplirent ponctuellement Toraclc et serrrent dans leurs mains victorieuses tous ces petits royaumes dont Texistcncc vient de nous tre rvle pour la p r e mire fois. Isac, qui nous a dj fourni le nom de Hans (IJraclopolis) comme une des villes importantes de ce temps, nous donne encore dans le mmo chapitre un renseignement sur ces rois partiels. Les princes de F a n i s prcieux sont tous des

insenss, ces sages conseillers de Pharaon ; leur conseil est une folie. Comment osez-vous dire Pharaon : Je suis fils des sages, fils des anciens rois?-.. Us sont l comme des fous, les princes de T a n i s , Noph. Il semblerait vraiment qu'Isae et sous les yeux la gnails sont dans Tillusion, les .princes de

1228

LES S P L E M J E U l i S

DE

LA TOI.

logic si nombreuse des diverses branches de la race

Ihibastite,

a laquelle se rattachaient la plupart des grands personnages du temps. Ceux de T a n i s , plus rapprochs des Hbreux, leur taient mieux connus : Ceci se passait d'ailleurs sous la vingttroisime dynastie, o le Pharaon officiel tait de la branche Tanilc. La ville nomme ici N o p h a t ordinairement confondue avec M o p h , Memphis. Ce n'est pas l'avis de M. Brugsch : dans son excellent ouvrage sur la gographie pharaonique, ce savant, aprs avoir fait remarquerjjuc plusieurs villes d'Egypte portrent le nom de N a p ou N a p h et Napet, dit : Je suis convaincu qu'il s'agit ici de N a p , ville cite capitale des tats thiopiens de F a h r a k a et lsac aurait trs-frquemment au mont Bnrkal, et qui doit tre identique avec N a p a t a , certainement aussi de notre Pianchi-Mrinmoun. F a n i s et N a p a i a . D a n i e l et N a b u c h o d o n o s o r . L'existence mme de Nabuchodonosor tait mise en doute par Voltaire, sous prtexte qu'Hrodote n'inscrivait pas une seule fois ce nom dans ses auuales. Et voici que grce aux inscriptions babyloniennes dchiffres par M. J. Oppcrt, nous pouvons pntrer au cur mme de la civilisation de Nabuchodonosor, et reconstituer par des monuments contemporains, le milieu intellectuel et social au sein duquel vivait Daniel la cour du grand roi. L'identification des noms bibliques donns aux rois chaldcns et perses dans leslivres de Daniel et d'Esthcr, avec ceux des inscriptions cuniformes est dsormais un fait acquis h la science. Les grandes traditions rencontrent une confirmation merveilleuse dans* des monumeuts contemporains dont l'authenticit n'est pas contestable. La plus importante de ces inscriptions est celle de Borsippa

ainsi nomm les villes royales des deux extrmits du pays,

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

'1220

(Oppcrt, l u d e s a s s y r i e n n e s ,

I. vol. in-8, 4K8C) dont nous nomme

avous dj dit quelques mois f Elle nous enseigne, dit l'illustre assyriologue , que la ruine aujourd'hui Bur-Ncmroud est le reste d'un difice rig par Nabnchodouosor en Thonneur des sept plantes et reconstruit sur remplacement d'une autre ruine, qui, dj, l'poque du destructeur de Jrusalem, passait pour le thtre de la confusion des langues. L'inscription nous dit en outre qu'au temps de Nabuchodonosor, vers Tau 358 avant Jsus-Christ, o n comptait quarante-deux vies h u m a i n e s . La supputation de ces quarante-deux vies humaines, dont chacune tait value en moyenne par les Chaldens cinquante-cinq ans, donne un intervalle approximatif de deux mille sept cent trente ans qui se serait coul entre le Dluge et le rgne du monarque chalden. Or cet intervalle diffre de dix ans seulement de celui de deux mille sept cent vingt ans que donnerait la chronologie h b r a q u e ; cet accord est vraiment frappant. L'inscription de Borsippanous apporte en outre sur le caractre historique de Nabuchodonosor des donnes prcises qui confirment celles des Livres saints. 11 s'intitule le vicaire des Dieux qui n'abuse pas de son pouvoir, le sage qui prte l'oreille aux injonctions du Dieu s u p r m e ; or Daniel nous l'avait montr se prosternant quand il entendait les oracles du Dieu du ciel, et se montrant plein de clmence envers les migrs juifs. Daniel raconte que le roi Nabuchodonosor fit faire une statue d'or de soixante coudes de hauteur et de six coudes d'paisseur, et qu'il Trigea sur la plaine de Doura, dans la campagne de Babylone. Le fait de l'rection d'une s t a tue colossale par Nabuchodonosor, n'a en lui-mme rien qui puisse tonner. Hrodote et Diodorc de Sicile nous parlent de diverses statues colossales ; celle du spulcre de Blus avait quarante coudes de h a u t e u r ; celle du temple de Lanus,

1230

LES SPLENDEURS DE LA FOT.

douze, etc. Mais voici que dans son Expdition Msopotamie,

scientifique

en

tome 11, page 3 1 9 , M. Oppcrl a dcouvert une

colline appele El Mokattah.(la colline aligne, oriente sur les quatre points cardinaux), a base carre de quatorze mtres de ct, haute de six mtres, btie en briques crues, qui lui semble tre le pidestal d'une statue colossale, comme celui de la lavaria prs de Munich ; et tout porte croire que la se trouvait, en effet, la statue dont le livre de Daniel nous a transmis la lgende. Il n'est pas naturel de croire, il est vrai, dit M. Quatremre (Mmoires ancienne et moderne, g o g r a p h i q u e s s u r la A n n a l e s de Philosophie Babglonie chrtienne,

tome XXIX, p. 12), que le monarque de Babylone et choisi pour lever une statue soit on son propre honneur, soit en l'honneur de Bel, dieu tutlaire de la Bahylonio, un terrain hors des murs de sa capitale; mais une plaine connue comme celle de Doura pouvait se trouver dans la partie occidentale d e l ville. Nabuehodonosor ayant choisi pour agrandir sa capitale, un terrain immense qui renfermait sans doute des champs cultivs, des villages, des bourgs, chacun de ces lieux avait un nom particulier qu'il conserva au moment o il se trouva renferm dans l'enceinte de Babylone. La Bible affirmait que le destructeur de Jrusalem avait reconstruit en entier la ville de Babylone; or Hrodote qui, nous l'avons dit, ne nomme pas une seule fois Nabuehodonosor, attribue l'honneur de ces gigantesques difices la reine Smiramis. Entre l'affirmation de Daniel, tmoin oculaire et la parole d'Hrodote crite trois sicles aprs les vnements, sur des traditions orales recueillies Ja hte par un voyageur tranger, la philosophie rationaliste se dcidait hautement contre Daniel pour Hrodote. La ngation s'est prolonge pendant prs de deux cents a n s ; mais l'heure de la vrit a enfin sonn, elles lignes suivantes extraites des inscriptions

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DES

LIVRES

SAINTS.

'1231

traduites feront pleinement ressortir-la nullit drisoire de la fausse science. Nabopolassar mon pre a entrepris de faire construire la grande enceinte de Babylone... Il a, frit creuser les fosss et fait revtir solidement les bords des fosss en bitume et en briques... J'ai construit le sige de ma royaut, le cur de Babylone... J'ai bti ce palais indestructible... J'ai creus le bassin du canal... J'ai fond, j'ai bti dans Babylonclc temple sacr... J'ai restaur les sanctuaires de -Dieu... J'ai toujours glorifi le culte de sa divinit suprme, e t c . . J'ai relat ma construction s u r d o s cylindres revtus de bitume et de briques... (Oppcrl, Expdition scientifique en Msopotamie, tome II, p. 303.) Ce sont prcisment ces cylindres que la science vraie est venue dchiffrer h la grande confusion de la fausse science. En prsence des rsultats obtenus, dit M, abb Darras, nous avons le droit d'lever toujours plus haut nos esprances et celles des admirateurs de la Bible. La dmence prolonge dans laquelle le conqurant de Jrusalem t o m b a a l a l l n d c s a vie, cet accsdelycanlhropie,l'une des varits les plus singulires des maladies mentales, donlNabuchodonosor constate lui-mme dans le livre de Daniel la prdiction prophtique, l'invasion soudaine et la gurison aprs le nombre de jours dtermin par le sage hbreu, ce alors que le sens lui fut rendu et que la raison lui revint, avaient fourni un texte inpuisable aux railleries du philosophisme et aux dngations de la critique moderne. En vain Brose cit par Josphc (Contra p i o n e m , livre 1, ch. vi), fait allusion a la maladie de Nabuchodonosor, on d i s a n t : A p r s avoir commenc la construction des murs, ce monarque tomba dans une maladie qui le rduisit l'impuissance... Les rationa listes rejetaient le tmoignage de Brose comme un cho de celui de Daniel et de Josphe, mais voici que Nabuchodonosor, parle lui-mme dans les inscriptions. Nabuchodonosor,

LES SPLENDEJKS DE LA FOI.

roi do Babylonc, je dis : Nabopolassar mon pre qui m'a engendr a entrepris de construire la grande enceinte de Babylone que Bcl-Dagon garde. Dieu Mrodach, grand matre, bnis aussi les tentatives de ma main, sois propice,
MON H U M I L I A T I O N , ACCOUDE-MOI LA P R O L O N G A T I O N DE MA ACCEPTE VIEJUS-

qu'aux jours les plus reculs. E t cette formule tonnante se trouve dans l'inscription relative aux murs de Babylonc p r cisment dans la circonstance relate par Brose. LcBalthasar du livre de Daniel tait rest inconnu tous les historiens profanes et on relguait aussi parmi les fables l'affirmation claire et catgorique qui raconte sa mort dans par Cyrus, lorsque la nuit mme ou Babylonc fut prise

M. Oppert a lu sur une brique de Chalaun-Magher, ces lignes infiniment prcieuses : Q u a n d mme Naboned ( Nabo le majestueux) a persvr de pcher contre la grande divinit, sauve-moi, accorde-moi largement une existence jusqu'aux jours les plus reculs. E t puisqu'il existe, Balthasar (Bel-sarssur), le rejeton de mon ciu\ mou fils an, propage cause de lui l'adoration de la grande Divinit. Que sa vie soit prcieuse, sans atteinte,-aussi longtemps que le permettront les destines. (Expdition t o m e I , p. 263.) Daniel, d'aprs la sainte Bible, fut deux fois sauv des lions, premire fois sous Nabuchodonosor, une seconde fois sous Darius qui l'avait charg du gouvernement d'une province. Les inscriptions cuniformes ne nous ont encore rien rvl sur ces vnements solennels, mais dj, au milieu des ruines de Babylonc, MM. Keppel et Buckingham ont dcouvert un groupe colossal de sculpture en marbre noir, reprsentant un lion pos sur un homme, et ils pensent que cette statue relative
e r

scientifique

en

Msopotamie,

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LIVRES

SAINTS.

1233

h l'histoire de Daniel tait place la porte du palais ou a la porte du jardin suspendu. D'un autre cot, des officiers franais, au service du prince de Kcrmanchach, qui, dernirement, ont visitla ville de Suzc, dont Daniel avait t gouverneur, y ont trouv un bloc de marbre blanc sur lequel taient sculpts deux hommes et deux lions. Depuis cette dcouverte, nos muses europens se sont peupls de monuments assyriens prsentant le mme caractre. La foule qui contemple aujourd'hui ces figures colossales d'hommes tenant la main droite un lion qui semble les caresser, apprendra peut-tre bientt, parles dcouvertes de textes cuniformes non dchiffrs/iu'cllc a sous les yeux des monuments commmoratifs du miracle biblique. Le jour a p p r o c h e o il faudra un vritable miracle de draison pour ne pas croire a la Bible. (M. l'abb Histoire Lelivre de l'Eglise, d'Eslhcr. tome I I I , p . 437.) La premire conqute moderne relative
DARRAS,

la vrit de l'histoire d'Eslhcr, a t l'identification du nom derAhasvrus(ssurus) biblique avec le nom deXerxs tablie par M. Oppert. Le nom de Xerxs, dit les avant assyriologue, s'crit dans la langue des Persans K h s a y r s ; il est compos de K h s a y a (rgne) driv de K h s i (rgner), et de l'lment Ars(ce\), Ksayrs Khsarsa, de sorte que Xerxs signifierait il se dit dans la traduction la transcription assyrienne porte dominateur. ou Khsharsonsha. scythe K h s a a s a r a

Du nom perse ont" t forms les noms grec et latin Xerxs, et le nom hbraque Ahasvrus qui n'est que la transcription presque exacte des lettres persanes, sauf le remplacement de l'y par l e v , et que Ton a pris tort depuis Josphe pour celui d'rtaxcrxs. Xerxs n'tait pas le fils de Darius; Hrodote s'accorde avec le livre d'Esther pour dire qu'il fut p r o clam roi Suze. L'tendue donne son empire depuis
78

1234

LES

SPLENDEURS

DE

L\

FOI.

Hoddo (nom hbreu de r i n d e ) jusqu' Cousch, l'Ethiopie, et ses cent vingt-sept satrapies sont compltement confirmes par l'inscription spulcrale de Nakeli-I-Roustan, grave en caracteres cuniformes sur le tombeau de Darius tion scientifique en Msopotamie,
(OPPEUT,

Expdi-

tome 11, p . 189). On y lit,

en effet : Voici les terres que j'ai possdes outre la Perse.,. La Mdie, Elam, l'Asie, la Bracthane, la Sogdiane... l'Inde, les Scythes... l'Assyrie, l'Arabie, l'Egypte, l'Armnie, Phut, Cousch, Carthage, etc., etc. Estber fut introduite en prsence d'Assurus, la septime anne de son r g n e ; elle conquit aussitt le cur du roi, qui dposa sur son front la couronne et lui donna le titre de reine. Au printemps de 4 7 4 , le roi avait accueilli comme favori Haman, fils de Haman-Datha le Ayagitc, c'est--dire dupaysd'Ayag. Les Septante ont traduit Ayagite par Macdonien, mais les inscriptions de Khorsabad nous apprennent que le pays d'Ayag faisait partie de la Mdie, Haman tait donc Mdo-Pcrse, nouvelle circonstance qui prouve, jusque dans les moindres dtails, la vrit historique du livre d'Esther, l'occasion des lettres royales annulant le dcret port par Assurus controles Juifs, l'instigation d'Haman, le livre d'Esthcr, chap. M I I , dit : Mardoche envoya ces lettres par les courriers monts sur les chevaux lancs ventre terre, les Akhashaterilnim, fils des Rammakim; or l'existence de ces courriers est pleinement confirme par Hrodote (livre VIII, p. 98) : I l n'est rien de mortel qui gale en vitesse ces messagers. Cette institution est une invention des Perses. Ils disposent, dit-on, sur toute l'tendue de la route, autant de relais de chevaux et d'hommes qu'il y a de journes de voyage. A chaque station journalire on tient prts des chevaux et un homme que ni la neige, ni la pluie, ni la chaleur, ni la nuit

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DES

LIVRES

SAINTS.

1235

n'empchent d'accomplir de la

manire la plus rapide le

chemin qui leur est prescrit. Le premier partant transmet les dpches au second, le second au troisime, etc. L'un passe l'autre ce qui lui a t confi, comme les Hellnes accomplissent la fte Vulcain. Un autre argument trs-puissant en faveur de la vrit historique du livre d'Esther, c'est qu'il nous fait connatre comme persans cinquante noms propres dont l'origine ne saurait, en eflct, tre mconnue, puisqu'on les retrouve dans la langue perse des caractres cuniformes.
H B R E U P E R S E S I G N I F I C A T I O N .

de la Lampdophore

en l'honneur

de

Hchouman B7.U Kharboa Bigta Abagla Ztnr Karkas Kurschona Shlur Turshsk Marsena Mcmouhan Mcrs Vaslui llaman Hammedata Zcrish Parshai:clata

Vahumana lazala

Magnanime. Ayant la splendeur du soleil.

VVarJjona (le \o perse s e prononce gutluralcmeiH). BagaLa Fortune. Ubagata Zailur Kliarkasa Kurskna Saotav Darss Ma reina Mauinuschmus Mera Vasli ou Vahasli la mana Ilaumaclales Zasra Frushnadata \ Bien fortun. Vainqueur.

1
Les sept grands de Perse.

] 1
La reine, la meilleure. Estime. Son porc. Sa femme. Ses dix fils.

La Bible, en ou ire, nous transmet seule la forme perse d'un autre mol qui, dans la suite des temps, a acquis une importance bien plus grande, dans le moude zoroastrien et musulman. C'est le mot qui indique parole,. P t t y a m , chap, i, v. 2 0 ,

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LES

SPLENDEURS DE LA

FOI.

Et pour qu'on entende le pilgam devenu purgam, tome IX, p. I.) Destruction d u second temple

du roi qu'il prononce sur qui est chrtienne,

tout son royaume. C'est le mot perse pittigama parole. ( A n n a l e s de Philosophie

de Jrusalem.

Le prophte

Daniel avait dit (chap. v, v. 21), six cents ans avant l'vnement : Au bout d'un temps dtermin, un peuple conduit par son chef dtruira la ville et le sanctuaire; l'abomination de la dsolation y sera tablie, et la dsolation durera jusqu' la fin. Jsus-Christ avait t beaucoup plus explicite (Luc, chap. xix, v. A et suiv.) : Le jour viendra o tes ennemis t'environneront de tranches; ils t'enfermeront jet te serreront de toutes parts, toi et tes enfants qui sont dans tes murs, et ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps ou Dieu t'a visite (Saint Mathieu, chap. m, xxiv, Y . 1 et suiv.): Un jour ses disciples s'approchrent pour lui faire remarquer la structure du temple... mais il leur rpondit en disant ; Il viendra un temps ou tout ce que vous voyez sera tellement dtruit, qu'iln'y demeurerapas pierre sur pierre. Ici c'est bien sur le temple que l'arrt de destruction est prononc. Mathieu, ch. xxiv ; Luc, ch. xxi ;Marc, ch. xvm : Lorsque vous verrez une arme environner Jrusalem, sachez que sa dsolation est proche... Ces jours seront les jours de la vengeance... Ce pays sera accabl de maux et la colre du ciel sera sur ce peuple; ils passeront par le fil de l'pc, ils seront emmens captifs chez toutes les nations, et Jrusalem sera foule aux pieds par les Gentils, jusqu' ce que le temps des Gentils soit accompli. Voil l'oracle, voici l'accomplissement. Au moment o Titus sortit de Ptolmas pour investir Jrusalem, les signes prcurseurs numrs par le divin Matre taient devenus une grande ralit. On avait entendu sur le

VRIT

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DES

LIVRES

SAINTS.

1237

monde entier le bruit des combattants, le tumulte des sditions et le fracas des armes. L'abomination de la dsolation s'assit dans le lieu saint, le jour o tous les pontifes furent massacrs dans le temple mme. L'arme assigeante parut d'abord sur les hauteurs de Scopos, le 9 avril 7 0 . Bientt la vjllc fut investie et le sige commena. L'agglomration dans Jrusalem tait d'autant plus immense, qu'un trs-grand nombre de plerins avaient t attirs par les solennits p a s cales. Les provisions furent vite puises, le bl n'tait plus distribu que par rations, de plus en plus restreintes, aux hommes en tat de porter les armes. Pendant la nuit, les plus valides parmi les affams sortaient par les souterrains dont l'issue dbouchait dans la campagne, et recueillaient tout ce qui pouvait ressembler a une nourriture quelconque... La multitude gisait mourante sous les portiques, l'ombre des_. palais, partout o elle trouvait un refuge contre les feux du soleil... Les zlotes avaient investi un paysan, Phananias, des fonctions de grand prtre; l'abomination de la dsolation montait ainsi chaque jour l'autel de Jhovah, car le sacrifice n'avait pas encore t interrompu. Les sditieux qui s'taient empars du pouvoir sous la conduite de Jean de Giscala, redoublrent de vigueur npur enfermer leurs victimes. Leur rage dsespre croissait en proportion de la famine. Le grain avait compltement disparu d e l circulation publique. Les soldats pntraient main arme dans les maisons pour les fouiller, massacraient les propritaires, gorgeaient ceux dont la figure hve et dfaite annonait les horribles souffrances. Bientt la famine atteignit des proportions telles, dit Josphc, que, de mmoire d'homme, on n'avait jamais rien vu de semblable. Les plates-formes des maisons, les places, les galeries du temple taient remplies de cadavres. On avait tout d'abord cherch se dbarrasser de ces foyers d'infection, en les jetant

1288

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

par milliers du haut des murailles, ou en les faisant sortir la nuit p a r l e s portes de la ville. Mais bientt les bras manqurent. La peste commena son tour exercer ses ravages. En vain Josphc, l'ex-gouverneur de la Jude, reprenait ses propositions de paix. Jean de Giscala et Simon Gioras ne voulaient rien entendre, et leur rsistance dsespre avait ceux-ci Titus presque lass les Romains. Une nuit cependant,

s'aperurent que les sentinelles juives avaient cd h la fatigue et la privation de la nourriture. Elles dormaient. monta l'assaut; franchit tous les obstacles et s'empara del forteresse Antonia. Les soldats juifs avaient peine eu le temps de l'abandonner et de se prcipiter dans l'enceinte fortifie du temple. Le 42 juillet, le sacrifice du soir et du matin cessa dans le temple, les victimes faisaient dfaut. Titus fit de nouveaux efforts pour obtenir une capitulation. Il ordonna a Josphc de porter des propositions de paix h Jean de Giscala qui clata en injures et en maldictions contre Josphc. Il fit dresser sur les plates-formes du temple des balistcset des' catapultes qui lanaient des javelots et des 'quartiers de rochers sur les redoutes des assigeants. Titus alors s'cria : J'adjure les dieux de Rome, la divinit de ce pays, les soldats qui m'entourent, les Juifs qui sont prs de moi et vousmmes, que c'est vous seuls qui appelez la ruine sur ce temple. Quant moi, je m'engage a le respecter; qu'on dpose les armes et les sacrifices judaques ne seront plus interrompus. L'assaut du temple fut plusieurs fois tent en vain ; l'incendie seul aurait pu avoir raison d'une forteresse dont les pierres rsistaient aux plus formidables hclpolcs. Titus le considrait comme un sacrilge et ne voulait point y recourir. Mais, le 4 aot, jour qui fut tmoin de l'incendie du temple par les troupes de Nabuchodonosor, un lgionnaire, instrument sans doute de la justice divine, se hisse sur les paules d'un de ses

VRIT

ABSOLUE

DES

LIVRES

SAINTS.

1230

compagnons d'armes, atteint une des fentres d'or ouvertes sur le pourtour septentrional du temple, et jette une torche enflamme dans l'intrieur des appartements latraux. Quelques instants aprs, la flamme s'lance travers le toit de. cdre, les Juifs poussent des cris de dsespoir. Rveill en sursaut, Titus accourt, pntre dans le temple, s'assure que le Saint des saints n'est pas en feu, et ordonne qu'on teigne l'incendie. Mais la rage des soldats, le dsir de la vengeance,
la soif du pillage, l'emportent sur les o r d r e s , les m e n a c e s , les

prires mme du jeune hros. Les forcens amoncellent contre la porte principale du soufre, du bitume, toutes les matires inflammables qu'ils ont sous la main... Un immense brasier o l'or et l'argent coulaient en flots liquides, voil ce qu'est devenu le temple de Jrusalem, l'une des merveilles du soldatesque monde. Les massacres commis en ce jour p a r l a

en dlire, sembleraient incroyables s'ils n'taient dcrits par un tmoin oculaire. Josphe affirme qu' un moment donn,
les Ilots de s a n g menacrent d'cieindre l'incendie. Les victimes,

dit-il, taient plus nombreuses que les bourreaux... Quand le feu eut tout dtruit jusqu'aux cadavres qui encombraient l'enceinte du Moriah, et que le temple ne fut plus qu'un monceau de cendres, les vainqueurs runirent en faisceaux leurs aigles couronnes de lauriers, et offrirent aux faux dieux de Rome un sacrifice solennel sur l'emplacement Jhovah.
Mais il restait e n c o r e pierre sur p i e r r e du temple de J r u -

du sanctuaire de

salem. Pour que la solennelle prophtie s'accomplt, il fallut que Julien l'Apostat, jaloux de la gloire de Constantin qui avait rig Jrusalem la basilique impriale du Saint-Spulcre, ennemi irrconciliable des chrtiens, heureux d'avoir contre eux les Juifs pour auxiliaires, eut l'trange pense de

LUS S1U.ENDEUUS DE LA. F O I .

relever de ses ruines le temple ananti.

Allez, dit-il au

patriarche et aux principaux d'entre les Juifs qu'il avait appels a Rome, retournez Jrusalem, faites savoir a vos -compatriotes que je veux leur rendre la cit de David, rebtir le temple et rtablir la loi mosaque. Les Hbreux accoururent de toutes parts pour reprendre possession du sol de leur patrie. Ordre avait t donn de fournir sur les trsors publics aux frais normes de la reconstruction du temple; un plan avait t dress sur des proportions gigantesques; des collectes sont organises avec enthousiasme, les femmes juives donnent leurs bijoux et leurs pierreries. Les marbres, les pierres de taille, les bois de construction s'accumulent a Jrusalem, tandis que de vastes ateliers s'organisent pour excuter les travaux de ciselure, de sculpture, d'orfvrerie, de tissage, etc. Les travaux prparatoires se poursuivent avec une ardeur incroyable ; il s'agissait de dblayer tout l'emplacement du temple; de dmolir les restes des fondations anciennes, etc. Saint Denis, voque de Jrusalem, suivait d'un il attentif toutes les phases de l'entreprise: Rassurez-vous, disait-il aux chrtiens inquiets, les juifs ne font, en ce moment, que raliser eux-mmes la prophtie du divin Sauveur. Tous les juifs, riches et pauvres, hommes et femmes, grands et petits, s'taient mis l'uvre. Aprs de longs mois, il ne restait plus de l'ancien dilicc pierre sur pierre; les fondements du nouvel difice taient ouverts, les fosss dblays; on avait fix le jour de la pose de la premire p i e r r e ; le matin, une foule immense envahit le mont Sion pour assister la grande crmonie. Mais voici que tout a coup un tremblement de terre se fait sentir. La convulsion intestine est telle, que des clats de rochers, s'lanant des entrailles de la terre, comme pousss par une ruption volcanique, tuent d'abord les ouvriers les plus rapprochs, et portent au loin la mort daus les rangs des

VRIT

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DES

LIVRES

SAINTS.

1241

spectateurs... Le lendemain, les secousses ne se faisant plus sentir, l'arme des travailleurs occupe de nouveau le chantier de dsolation ; mais les ouvriers sont peine l'uvre, qu'une ruption de feux souterrains, combine avec un orage effroyable, clate tout coup. Celte fois les victimes sont en bien plus grand nombre. Les feux lectriques ont une telle nergie, qu'ils fondent et consument en un clin d'il le fer des marteaux, des haches, des pics, des scies, etc. Un cyclone imptueux tourbillonne sur la m o n t a g n e , et disperse comme des pailles tous les matriaux de construction... La nuit venue, une grande croix se dessine dans le ciel en traits de feu, et des millions d'autres petites croix s'incrustent sur les vlements des Juifs, en y traant distinctement des croix noires. Un grand nombre de Juifs, obstins dans leur incrdulit, rattachrent ces phnomnes tranges aux tremblements de terre qui dvastaient alors, non-seulement la cit de J r u salem, mais Nicopolis, Naplouzc, Gaza, et toute la zone du littoral asiatique. Ces faits sont attests par Thodoret, loin de V g l i s e , livre 111, ch. xv ; par Rulin, Histoire
r

IJisde

Uiijlise,

livre l , ch. xxvni-xxix; par un trs-grand nombre Ecclsiastit/uc,

de Pres de l'glise ; par Nicphore, Histoire

livrcX,ch.xxxn;mmicn Marcellin, livres XXIII etXXIV.Voici son tmoignage : Il (l'empereur) voulait lguer la postrit un monument digne de sa grandeur et de son gnie. Dans celte pense, il avait conu le projet de rtablir le temple de Jrusalem assig par Vespasien et ruin par Titus, aprs un sige fameux. Cette enlrepisc devait engloutir des sommes immenses... Mais d'effroyables tourbillons de feu, s'lanant des entrailles du sol, par jets continus, dvorrent les travailleurs cl rendirent impossible l'accs des chantiers.
DESTRUCTEUR SEMRLAIT METTRE UNE SOUTE I/LMEST

D'OPIWIATRETK

il

repousser tous les efforts, et Ton fut oblig d'abandonner

1242

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

l'entreprise. C'est nu crivain paen qui parle et. un crivain habitu flatter Julien l'Apostat ! Splendeur, Splendeur ! Nonseulement il n'est pas rest pierre sur pierre du temple, mais ses derniers vestiges sont si compltement perdus, qu'aujourd'hui il est rigoureusement impossible de savoir l'occasion d'une controverse aussi ardente entre les explorateurs franais,
cains, etc., etc.
PISODE nu DOCTEUR C O L E A S O , VQUE DE NATAL.

exactement

o il tait situ, et que son emplacement vritable est devenu qu'interminable anglais, allemands, amri-

Il y a un petit nombre d'annes, un ministre anglican, professeur d'arithmtique dans une cole obscure, se trouva candidat a rpscopatdcsmissions.Lascience thologique ue l'avait point passionn, et il ne s'tait pas fait remarquer par son zele vanglique. Arriv Natal, le nouvel vque. s'occupa de philologie, et devint assez fort dans la langue zoulou pour
dresser d'abord un dictionnaire, et essayer ensuite de traduire

la Bible en zoulou. 11 assure lui-mme que ds le dbut il s'embarrassa dans les difficults de son travail. L'arithmticien s'tait attach au contrle des chiffres fournis parla Bible, et, tout compte fait, il n'avait pas pu russir a les concilier. En outre, un chef zoulou qu'il instruisait l'avait accabl d'objections, qucl'cvquc n'tait point parvenu rsoudre... Les rles du missionnaire et du sauvage taient intervertis : L'autorit, l'ascendant, la raison taient du ct du zoulou.
Le convertisseur devenait le p e r v e r t i . c o u l o n s - l e lui-mme

raconter sa msaventure, ce sera, en mme temps, donner un exemple des objections prtendues insolubles qu'il dveloppe longuement dans les quatre volumes de son ouvrage L e Pen(ateuque et Josu devant la critique^ qui vers 1883 fit tant de bruit et causa tant de scandale. Lorsque je traduisais l'his-

VRIT

ABSOLUE

DES

LIVRER SAINTS.

1243

'

toircdu Dluge, j'avais avec moi un indigne,homme simple, niaisinlelIigenL, qui montrait la docilit de I'cnfaut, unie aux facults de raisonnement de l'ge mr. 11 me regardait en me demandant : Tout cela est-il vrai? Croyez-vous rellement que tout cela soit comme vous le dites? Quoi ! toutes les botes, tous les oiseaux et les animaux, les grands et les petits; ceux qui vivent dans les pays chauds, et ceux qui vivent dans 1er. pays froids, vinrent ainsi p a r paires, et entrrent dans l'arche
avecNo? Ou No avait-il recueilli de la nourriture p o u r eux

tous, pour les btes et les oiseaux de proie, aussi bien que pour le reste? Mon cur rpondait par les paroles du prophte': L'homme dira-t-il des mensonges au nom du S e i g n e u r ? (Zachaiic, ch. x m , v. 3.) Je n'osai le faire. Ma connaissance de certaines branches de la science, particulirement de la gologie, s'est bien accrue depuis mon dpart de l'Angleterre. Aujourd'hui m'appuyant sur des raisonnements gologiques, je tiens pour certain un fuit sur lequel je n'avais autrefois que
que des d o n n e s fausses, savoir, qu'un dluge universel,

comme celui dont la Bible parle, videmment, serait impossible, et ne pourrait avoir lieu de la manire dcrite au livre del Gense, sans parler des autres difficults que contient cette histoire. J'en appelle spcialement cette circonstance

Auvergne et en Languedoc des montagnes tendue immense, oui D O I V E N T A V O I R T F O R M E S D E S S I C L E S a v a n t le dluge de No, qui sont couvertes de substances qui auraient
d tre balayes par les flots, et qui ne portent pas la plus

bien connue de tous les gologues, qxfil

existe en volcaniques, d'une

petite trace d'un d r a n g e m e n t partiel.

Je sais bien qu'on a

essay de montrer que le dluge de No n'tait qu'un dluge partiel. Mais de semblables essais m'ont toujours paru contraires aux donnes de la sainte criture. (Lettres

servant

de prface

l'ouvrage

de AL Colenso,

tome I . ) Est-ce assez

er

42'ii

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOL

naf, assez inconsquent? L'voque anglican ne se demande pas mme si, avant le dluge, il y avait dj des pays froids et dos pays chauds? Si au contraire il n'y avait pas un printemps ternel, ver erai ternum. Si la grande quantit de va-peur d'eau prsente alors dans l'atmosphre, ainsi, que l'exigent la dcouverte de M. Tyndall et les thories rcentes de la radiation, ne tempraient pas les ardeurs du soleil, et n'empchaient
p a s le refroidissement excessif du sol. J'ai dj dit que t r s -

probablement il n'avait pas plu avant le dluge et que les climats, par consquent ( 1 ) , trs-diffrents de ce qu'ils sont aujourd'hui, n'taient ni trop chauds, ni trop froids; Vcrerat temum i a dit le pote ; et le plus grand nombre des animaux pouvaient donc vivre ensemble dans les rgions habites. Quant aux volcans d'Auvergne et de la France centrale, n'cst-il pas trange, ridicule mme, de voir, au cap de Bonne-Esprance, opposer leurs cendres la rvlation, quand on sait
que la priode volcanique a t la d e r n i r e des priodes
e

du

globe, etquc l'Auvergne et le Velay, particulirement, taient enpleineconflagration au inet au iv sicle de l're chrtienne, alors que, pour se dfendre de la terreur des tremblements de terre incessants, on instituait les Qualre-Temps et les grandes litanies ? Quand l'voque Colenso ajoute : Connaissant cela (les cendres volcaniques de l'Auvergne et du Velay), comment aurais-je os, moi serviteur du Dieu de vrit, forcer un
(t) .Te n'ignore pas que deux gologues, M b Lyell et Dawson, croient avoir dcouvert diffrents niveaux, des indices de pluie sur les schistes et les grs onduls de l'tage houillcr de la Nouvelle-Ecosse. ( L Y E L L , Abryr. des clments de Gologie, page 545.) Mais autre chose, sont des traces relles de pluie, autre chose des empreintes de goutte d'eau. Un des monstres marins, quadrupde ou oiseau, qui aurait secou sa crinire ou ses ailes en sortant de l'eau, aurait produit exactement le mmo effet que la pluie. En tous cas, cette pluie gologique aurait t propre a. l'poque houillre trs-diffrente de l'poque dernire ou secondaire de la cration de l'homme, et Ton ne peut pas conclure de l'autre.

VRIT

AliSOLUE

D E S L I V R E S SAINTS.

-1245

de mes frres croire ce que je ne croyais pas moi-mme, ce que je ne croyais pas vrai comme fait historique? il n'est ni srieux, ni de bonne foi. Nous n'oserions pas sonder les consciences, dit Ms Mcignan (alors l'abb Meignan), dans le Correspondant du 2 5 avril 1863 ; mais dans sa lettre-prface, sans doute feinte ou suppose, M. Colenso joue un rle d'ingnu ! Un homme encore irrsolu et incertain, ne devrait pas se dclarer si nettement contre les miracles et ceux-qui les dfendent ! Si nous sommes en prsence d'une fiction, que penser d'un livre qui dbute par une mise en scne de ce genre, disons le mot, par des mensonges peu dignes d'un honnte homme? Le langage pieux d'un voque incrdule est pour nous l'objet d'une nouvelle et douloureuse surprise. M. Colenso a eu en vue, dans sa prface, de mentionner des' objections qu'il n'avait pas eu occasion d'exposer dans son livre! 11 devait le dire franchement sans jouer un pitoyable rle. Les objections de M. Colenso n'ont rien de scientifique, ou du moins rien de scientifique quoi nous n'ayons est de convaincre le Pentateuque et le Livre de dj Josu rpondu. Sa prtention, vraiment trange au temps actuel, d'erreur par des difficults de dtail qui, depuis trois mille ans, ont t remarques de tout le monde, et n'ont empch la foi de personne dans la vrit et l'inspiration des Livres saints. Il exige qu'il y ait dans chacun de leurs chiffres une rigueur d'exactitudequela statistique moderne n'a pas encore ralise. Qui ne sait d'ailleurs que ces chiffres ont t particulirement exposs aux erreurs ou aux caprices des copistes? Si, par exemple, la liste des migrants en Egypte, par le fait d'une substitution quelconque ou par quelque autre raison, renferme le nom de un ou de deux individus ns plus tard sur les rives du Nil, le prlat se croit immdiatement en droit de refuser tout caractre historique au Pentateuque. Donnons avec
r

1246

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

feu M. John II. Prall, archidiacre, de Calcutta, mathmaticien trs-distingu, auteur des Principes philosophie Science mcanique, not al Variance mathmatiques de la de and Science membre de la Socit royale (les saintes Ecritures et la

Londres, dans son excellent petit volume Scripture ne sont pas en dsaccord,

septime dition, in-J 8, de vm-334

pages. Londres, Hotchard, 4 8 7 2 , p. 203 et suiv.), quelques exemples des objections arithmtiques de M. Colenso. I. Dans Tnumration des soixante-dix personnes de la famille de Jacob qui descendirent en E g y p t e , alors que Joseph en tait gouverneur, on mentionne deux anctres de Juda qui ne pouvaient pas tre ns cette poque. Cette interpolation existait-elle dans le texte original? Comment s'cst-elle faite? Dans quel b u t ? Nous n'en savons rien. Mais ne peut-on pas l'expliquer ainsi? Quoique Hczron et ITamul, les anctres de Juda, soient ns en E g y p t e , le fait de la mort de leurs deux frres ans, Er et Onan, se trouvant consign dans le mme verset, en relation troite avec l'introduction des noms do Hczron et Hamul, indique trs-suffisamment que les deux cadets sont ici mentionns comme les reprsentants de leurs oncles, dcds sans enfants ; et la raison pour laquelle ils sont spcialement dsigns, est sans doute que, quoique d'autres enfants fussent probablement ns en E g y p t e , ils taient seuls des chefs de famille. (Nombres, ch. xxvi, v. 21.) Le texte de la Gense (chap.
XLVI,

V.

12), est si clair, les fils

de Juda : l i e r , Onan, Sla et Phares ; mais l i e r et Onan sont morts dans la terre de Chanaan. Et deux fils sont ns Phares, Ezron et Ilamul, q u ' o n a peine a comprendre qu'un homme intelligent, et surtout un voque, ait pu s'y tromper. Cette manire de s'exprimer tait certainement conforme aux usages des Juifs dans l'tablissement de leur gnalogie. C'est ainsi que, au verset 2 0 , les fils de Joseph, Manasss et

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1247

Ephram, dont il est dit expressment qu'ils taient ns en Egypte, figurent dans le morne texte, Pour formuler celle sotte objection, il a mme fallu que M. Colcnso tronqut le texte sacr, car au lieu de : E t taient lJesron et IJamul, il lit : et les fils ns P h a r e s , les fils de P h a r e s , E z r o n et ns, ce qui change

H a m u l , en supprimant le verbe taient compltement le sens.

II.Lvitiq.,ch. v m , v . 3 : T u runiras toute l'assemble la porte du tabernacle. C'est impossible, dit M. Colcnso, l'assemble tait beaucoup trop nombreuse pour pouvoir tre toute convoque a la porte du tabernacle. Evidemment les mots toute rassemble peuvent trs-bien signifier des reprsentants de toute l'assemble. Quand il est dit de saint Jean-Baptiste que tout Jrusalem, toute la Jude et toute la rgion autour du Jourdain s'empressaient autour de lui, personne n'a pens que tous les individus de ces contres vinssent la fois recevoir le baptme, mais seulement des individus de toutes les contres. III.Deutr., c h . i . v . l : Telles sont les paroles que Mose adressa a tout Isral, au del du Jourdain, dans la solitude champtre, en face de la mer Rouge, Josu, chap. vin, v. 3 5 : Mose rpta tout devant la multitude entire des enfants d'Isral les femmes, les enfants et les trangers qui demeuraient parmi eux. qui pourra-t-on faire accroire, dit le pauvre vque, que Mose aurait t entendu d'un nombre si immense d'auditeurs ? Comme si Mose et Josuc n'avaient pas pu faire connatre leur volont au peuple par l'intermdiaire des chefs des tribus.' Ne dit-on pas du gnral en chef d'une grande arme qu'il adresse une allocution ses soldats, quelque innombrables qu'ils soient, et malgr l'impossibilit de se faire entendre, cette allocution pouvant tre rcite ou lue la tte de chaque compagnie?

4N

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

IV. Les dimensions dn camp des Hbreux taient si grandes, que lesprtres auraient t compltement hors d'tal de vaquer aux occupations qui leur taient assignes, de porter hors du camp les restes des sacrifices. (Lv., ch. iv, v. 11,12.) L e peuple aurait t aussi dans l'impossibilit de satisfaire hors du camp a ses besoins de chaque jour. (Dcut., ch. xxin, v. 12-14.) Eu hbreu le verbeporter peut signifier videmment faire porter, comme construit peut signifier faire construire. En outre, rien n'empoche de supposer qu'au lieu d'tre un grand carr, ou un grand cercle unique, le camp des Hbreux tait form de plusieurs camps partiels spars par des espaces vides ou rues, auxquelles pouvait s'appliquer la formule hors d u c a m p . L'espace parcourir, pour se conformeraux prescriptions de Mose, pouvait tre ainsi considrablement rduit. V. La somme totale des maies de la congrgation entire des Hbreux, se trouve tre exactement la mme deux priodes spares par un intervalle de six mois (Exod., chap. xxxvni, v. 45) ; et comme il n'est nullement question de la premire poque de recensement, mais seulement de la seconde, il en rsulte que le premier nombre a t copi sur le second, et que ce passage manque par consquent de vrit historique. Quoiqu'il n'en soit pas question, le recensement a trs-bien pu avoir lieu la premire fois comme la seconde. En second lieu, le recensement se faisait par nombres ronds de cinquantaines, et l'on ne tenait pas compte des units excdantes. Dans ces conditions l'galit des deux nombres n'a videmment rien d'tonnant. En troisime lieu, un copiste a trs-bien pu, par une inadvertance facile, prendre le nombre du premier recensement pour le second, sans qu'on puisse en rien conclure contre la vrit historique. Enfin pourquoi le chiffre du premier recensement n'aurait-il' pu

VUITl A B S O L U E D E S L I V R E S

SAINTS.

1249

servir de point de dpart pour la convocation du peuple en assemble gnrale ? VJ. Le docteur Colenso s'effraye et se scandalise du nombre des btes de somme ncessaires au transport des tentes des Isralites. Il trahit par l son ignorance complte des habitudes de l'Orient. Dix personnes et plus peuvent dormir sous une tente faite d'un simple morceau d'toffe support par un bton horizontal et deux couples de btons croiss, qu'un seul homme peut facilement porter. VIL Comment une si grande multitude avait-elle pu tre arme? Pourquoi ces armes n'auraient-cllcs pas t fournies parles gyptiens dsireux de voir partir les Hbreux? En outre, le texte ne dit pas que chaque homme fut arm, mais que le nombre des armes tait suffisant pour assurer la scurit de la marche de la multitude des fuyards. Enfin le mot que la Vulgatc traduit par armali, par exemple. VIII. C o m m e n t une semblable multitude aurait-elle pu clbrer au mme instant la Paque? Comment aurait-elle pu faire en un seul jour les prparatifs du voyage? Comment pouvoir emprunter, dans un instant indivisible, tout ce qui tait ncessaire? Comment pouvoir se runir si prcipitamment sur un seul point, Ramesss? O se procurer le nombre d'agneaux exigs pour la P q u e ? D'une manire bien simple. Rien n'indique que les Hbreux aient t avertis le jour mme du dpart; tout semble indiquer au contraire qu'ils ont t avertis trois ou quatre jours a l'avance, et peut-tre plus. Mose jour du peut avoir reu le commandement neuf jours avant de sorte relatif trsla clbration de la Pque mois; le dixime peut signifier simplement que les Hbreux marchaient dans un ordre rgulier, cinq par cinq,

que, quoiqu'ils .fussent

presss, si presss qu'ils ne purent pas mme prparer leur


70

12o0

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

nourriture,

ils ne Ttaient pas

autant

que le

prtend

M. Colenso. Quand ramc ils l'auraient t,

celte pres-

sion elle-mme, avec l'aide que leur prtrent les g y p tiens, dans cette circonstance toute exceptionnelle, suffit expliquer comment ils ont pu tre prts. Enfin, comme nous l'avons dj fait remarquer, Ramesss, dans l'Exode (chap. xn, v. 37), ne signifie pas la ville mais la rgion de Ramesss o vivaient les Hbreux ; il ne s'agit donc pas d'une concentration presque spontane sur un seul point. Enfin, quand le texte sacr (Exode, c h a p . x u , v. 12) dit : J e passerai par l'Egypte celte nuit-l, il parle videmment de la nuit de la clbration de la Pque, de la nuit du 14 et non de la nuit du 10, ou du commandement de la clbration de la Pque. IX. C o m m e n t l c s Isralites ont-ils pu nourrir leurs bestiaux et leurs moutons dans le dsert? Colenso suppose que pour les btes le Tout-Puissant n'a pas pu recourir k des moyens miraculeux, tels que la manne pour les hommes. Il rpugne videmment introduire dans l'Exode un lment surnaturel; tout trahit en lui la conviction qu'il s'agit d u n e caravane ordinaire, sans aucune assistance extraordinaire. Quand mme il en serait ainsi, l'objection n'en serait pas moins futile. Le mot dsert ne doit pas nous induire eu erreur, pas plus que l'tat prsent de la Pninsule. Les Isralites ne furent pas toujours au milieu des sables a r i d e s ; ils allaient d'une oasis l'autre. Il faut, distinguer entre le dsert et la solitude : l'un est inhospitalier, l'autre peut offrir des ressources. Les Isralites vcurent ordinairement dans la solitude et non dans le dsert. Leurs troupeaux purent le plus souvent vivre sur la lisire du dsert. Us purent n'avoir avec eux des troupcauxlrs-nombrcux qu'au commencement, ou vers la fin de leur exode. La Pque peut n'avoir pas t indivi-

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1251

duclle pour chaque famille ; enfin, l'histoire des Madianitcs, dans la pninsule du Sina, montre que Ton pouvait alors y nourrir de nombreux troupeaux. Le doyen de Westminster, M. Stanley, affirme, d'une part, que les valles de cette vaste et terrible solitude sont toujours verdoyantes sur certaines places; d'autre part, que la vgtation de ces valles a considrablement diminu. X. Dieu dit (Exode, ch. xxm, v. 29) : Je ne chasserai pas les Chananens et les Ethens en une seule a n n e , de peur quela terre ne soit rduite en solitude, ou que les btes sauvages ne se multiplient contre toi. Comment une si grande multitude pourrait-elle trouver place dans une contre si facile rendre dserte, et o les btes sauvages se multiplient avec tant de rapidit? Dans son calcul, Colcnso ne tient compte que de la Palestine ; or la Terre promise s'tendait des limites de la mer Rouge jusqu.' la mer des Philistins, et depuis le dsert jusqu'au fleuve, c'est--dire jusqu' l'Euphrate. (Gense, chap. xv, v. 18.) C'tait et de Salomon. XI. Apres la dlivrance d'Egypte le premier-n de chaque famille devait tre consacr au Seigneur. (Exode, chap. xin, v. 1.) Plus tard la tribu de Lvi fut rserve pour le service du Tabernacle, et fut comme substitue aux premiers-ns. (Nombres, chap. ni, v. 13.) cette occasion, les premiersns et les lvites furent recenss, et leurs nombres respectifs furent, vingt-deux mille deux cent soixante-treize et vingtdeux mille. Le nombre des premiers-ns surpassait celui des lvites de deux cent soixante-treize, et ils furent rachets au prix de cinq sicles par tte. En estimant six cent mille le nombre des mles gs de vingt ans et plus, le nombre total des mles doit avoir t de neuf cent mille; sur lesquels bien l'tendue de territoire embrasse par les royaumes de David

12o

LES SPLENDEURS DIS L l'OI, A

neuf cent mille, vingt-deux mille deux cent soixante-treize taient premiers-ns. Or, si Ton divise le premier chiffre par le second on trouve quarante (Colenso dit quarante-trois), pour le nombre moyen d'enfants de chaque famille ou de chaque mre, rsultat tellement exorbitant qu'on est forc d'admettre que le Pentatcuquc est une fable. Mais quels sont les premiers-ns qui furent recenss? Non pas, videmment, tous ceux qui vivaient alors parmi les neuf cent mille, mais seulement ceux qui taient ns depuis la dlivrance d'Egypte, et qui taient par consquent de jeuness enfants, puisque la conscration des premiers-ns au Seigneur datait de l'Exode. A ce point de vue, l'objection s'vanouit compltement. Une confirmation frappante de cette manire de voir nous est fournie par le prix assign au rachat de chaque p r e m i e r - n ; car c'est prcisment le prix impos aux jeunes enfants de cinq ans et au-dessous, lorsqu'ils taient vous ou consacrs au Seigneur et rservs comme les premiers-ns. (LviL, ch. xxv, v. 41.) Depuis un jusqu' cinq ans, tu donneras pour chaque mle cinq sicles. C'est donc l'exactitude minutieuse des Livres saints et non leur fausset, comme aussi le parfait accord des divers livres du Pcntateuque, que l'attaque aveugle de Colenso met pleinement en vidence. XII. L'norme multitude de cinq cent mille mles de trente ans et plus, au temps de l'Exode, ne peut pas raisonnablement tre issue de Jacob en quatre gnrations, la quatrime gnration a partir de Jacob tant celle qui courait au moment de la sortie d'Egypte (Gense, ch. xv, v. 10) : A la quatrime gnration ils reviendront ici. a Durant la vie de Jacob, ses douze fils ont eu cinquante-trois enfants mles, ce qui donne pour chaque fils une moyenne de quatre et cette moyenne que prend Colenso pour le demi. C'est

VlilUT ABSOLUE DES LlVltES SAINTS.

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nombre de garons de chaque mre, pendant les quatre gnrations qui suivirent jusqu'au temps de l'Exode. Mais d'abord rien n'empche que les fils de Jacob aient eu plus d'enfants aprs sa mort. Les filles aussi ont d ou ont pu avoir des garons, que Colenso oublie. En outre, quoique la prophtie ait t vrifie a la lettre dans la ligne de Mose et d'aron, de sorte que pour elle le retour de Chanaan ait eu lieu exactement dans la quatrime gnration, il n'en 'rsultenullement qu'on futseulcmcni a la quatrime gnralion dans toutes les lignes des descendants de Jacob. Ainsi clans h ligne de Josu (1 Paralipomnes, ch. vu, v. 2 2 - 2 7 ) , le nombre des gnrations est de dix. Ces deux simples remarques sur le nombre des enfants et le nombre des gnrations enlvent toute base aux calculs de Colenso. Ajoutons qu'il n'a tenu aucun compte de la polygamie et du concubinage au sein d'une population sans cesse croissante. Il oublie compltement qu'eu gnral les fils nomms dans les gnalogies sont ceux qui deviennent chefs de famille et qu'on ne lient aucun compte des autres. X I I I . Colenso considre le nombre des prtres occups a la clbration de la Pque comme compltement insuffisant. Mais nous n'avons aucun moyen de prciser leur nombre. Tous les fils d'Aaron ne sont pas ncessairement nomms ; on ne nomme pas non plus ses filles; il peut avoir eu beaucoup de petits enfants ; la date de l'Exode, il avait quatre-vingttrois ans. On coupe court ainsi toutes ces objections futiles. Colenso ne comprend pas non plus comment le sang de la multitude d'animaux immols sur l'autel n'inondait pas la cour du Tabernacle. Qui lui dit qu'ils n'taient pas gorgs en dehors de la cour, et apports successivement au prtre devant Tautol^ Toutes ces diffrences sont rduites en nombre par le docteur Colenso l'aide de son procd arithmtique

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US

SPLENDEURS

DE

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ordinaire; et, du rsultat de ses calculs, il conclut sans sourciller que le Pentatcuquc nous conte des impossibilits, qu'il est par consquent antibistorique et infidle. Mais arrtons l celte chasse a u x ombres (c'est le nom qu'on lui a donn), dit l'archidiacre Prak. Si ce sont l les seuls rsultats qu'il ait tirs de la mise en uvre des derniers raffinements du rationalisme allemand, tout dou qu'il ft d'un esprit fortement entran vers le scepticisme du jour, il est incontestable que l'accord de la rvlation et de la science sort pleinement triomphant de ces attaques audacieuses, et dlie plus que jamais tous les efforts tents pour l'amoindrir. "Rptons-le encore : il est vraiment trange que l'voque de Natal prtende aujourd'hui convaincre le Pentateuque d'erreur par des difficults de dtail qui, depuis trois mille ans, ont t remarques de tout le monde, et n'ont empch la foi de personne dans la vrit et l'inspiration de ce Livre divin. Ses objections, si dangereuses pour les esprits mal clairs et enclins au scepticisme, le plus souvent frivoles l'extrme et tout fait indignes d'un thologien chrtien, ne mritent en aucune manire d'tre rfutes; elles n'ont de valeur que dans la position importante qu'il occupe dans l'glise anglicane, mais elles n'ont fait, et ne feront, en ralit, que rendre plus solides les fondements sur lesquels reposent la vrit et l'inspiration des Livres saints. C'est le cas de relire (tome II, p . 212) la protestation ou dclaration que deux cent dix amis de la science et de la foi ont opposo, en 1864, aux audaces du pauvre voque. Elle se terminait ainsi : Loin de s'appesantir sur les diffrences apparentes entre la science et les divines Ecritures, tout esprit sage doit ne s'arrter qu'au point ou toutes les deux sont d'accord. C'est vrai, mais ce n'est pas assez ! Avec l'exprience si clatante d pass, n'est-il pas drai-

Yiim

ABSOLUE DES LIVUES SAINTS.

sonnablc, au plus haut degr, et contraire nu vritable esprit philosophique, de sonner l'alarme chaque apparition nouvelle d'un antagonisme entre la parole et les oeuvres de Dieu? Est-ce que dans le progrs incessant de la vrit, les savants n'ont pas t forcs, ..nombre de fois, d'abandonner les thories qui leur paraissaient les plus plausibles et les mieux fondes, parce qu'eues ne rpondaient pas assez parfaitement aux exigences des faits. Ce ne sont jamais les anomalies et les oppositions qui les ont renverses, elles n'ont fait au contraire qu'exciter h la recherche d'une lumire plus pure, d'un accord plus parfait avec les faits jusque-l cachs. Pourquoi ne serions-nous pas guids par le mme esprit d'attente patiente et de confiance sans b o r n e s , lorsqu'il s'agit des saintes critures, surtout quand nous rappelons les trophes des victoires qu'elles nous ont

remportes dans les conflits antrieurs? Ayant devant nous l'histoire des combats et des triomphes arrtons-nous avec calme, et attendons du pass, quelque l'avenir, la lumire qui ne redoutables que puissent cire les difficults de

tardera pas v e n i r ; disons-nous que ce sont ces mmes ennemis qui dans tant de circonstances dj sont devenus pour nous des amis. Soyons sobres de raisonnements, et pesonsles mrement ; surtout ne supposons pas, ne craignons pas que les saintes critures, parole inspire de Dieu, et la science, dont le grand but doit tre de clbrer la gloire de ses uvres, puissent ne pas tenir toujours le mme langage sur les matires qu'elles touchent en commun. C'est ainsi que termine l'archidiacre Prat, le savant auteur du trait ts Attractions, la terre. Je ne pousserai pas plus loin la dmonstration de la vrit absolue des Livres saints, qui me semble tablie presque il des F o n d i o n s de L a p l a c e , et de la Figure de

1256

LES S P L E N D E I I U S

D E LA F O I .

l'excs, et je termine ces longs chapitres par celte belle proraison de M. l'abb Devras (Histoire de l'glise, tome 111, p . 40?>) ; il est impossible de mieux conclure : Ces dconvenues clc l'exgse incrdule rendront-elles, du moins, plus circonspects les futurs rationalistes? Nous voudrions pouvoir l'esprer, mais en jetant un regard en arrire, et en comptant, les uns aprs les autres, tous les adversaires de nos Livres saints, qui sont venus successivement rouler leur grain de sable contre l'immuable rocher de la parole divine, nous nous disons que ces rvoltes de l'esprit humain ne s'arrteront jamais. Donc, malgr tant d'efforts impuissants,*d'autres bras se lveront encore; malgr tant de dfaites, d'autres assaillants surgiront h leur t o u r ; la lutte durera jusqu' la consommation des sicles. Mais Dieu qui avait rserv notre poque des tmoins que l'oubli avait envelopps depuis trois mille ans, en suscitera d'autres dans la suite des ges. Quelles riches moissons encore inconnues recueillir dans le domaine du pass! Que de trsors, enfouis maintenant sous les dbris clos civilisations teinlcs, l'avenir verra e x h u m e r a l'heure m a r - ' que pour le triomphe de la vrit et de la foi biblique ! Ds maintenant, ne nous est-il pas permis de constater que chacune des dcouvertes, si laborieusement accomplies dans toutes les branches des sciences humaines, est la confirmation la plus clatante et la plus inattendue des textes les plus controverss de nos Livres saints? Il en est ainsi depuis Porphyre jusqu' nos jours. Or, qu'on essaye de soumettre un pareil contrle, et h travers une telle suite de sicles, l'ouvrage le plus parfait de gnie humain, qu'on le livre l'ardente et partiale critique dont la Bible a t l'objet; quel est le Platon, TAristote, le Tacite, le Bossuct dont une seule uvre subsisterait entire? Et pourtant, la Bible est debout, triomphante et immortelle. A mesure que la main des dmolisseurs a creus

VP.1TI ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

']2o7

autour des foiulcmcnis de l'difice pour les draciner, elle y a trouv de nouvelles assises, toujours indestructibles. Rationalistes ! vous ne croyez pas aux miracles, et vous tes vous-mmes le plus tonnant des miracles. Vous vous succdez depuis vingt sicles, lgions entasses contre lgions, pour renverser-un livre crit, jadis, par quelques Hbreux, dans tien petite province de l'Asie, dont les Grecs et les Romains surent peine le nom ! Toutes les passions humaines sont vos allies flans cette guerre ! On a tant dtruit de Livres et vous n'avez pas russi a dtruire celui-l, en vrit c'est un prodige J Splendeur ! ! ! Splendeur ! ! ! Dans ses attaques contre l'inspiration et riiistoricil des Livres saints, rvoque anglican Colcnso a t faible jusqu'au ridicule. Un autre adversaire de la Bible et du Nouveau Testament a trouv le secret de pousser la haine jusqu' l'extravagance. Je veux parler de M. Jean Jacolliot, auteur de la Bible dans VInde, et de la Vie de l'audacieux Jsus-Chrisina.

Il entreprend de prouver dans le premier que tous les faits de l'Ancien Testament n'ont eu de ralit que dans l'Inde, qu'ils no furent dans la Palestine que des mythes ou des lgendes orientales ; dans le second, page 8 , ce sont ses odieuses paroles, que l'Incarnation qu'on adore Rome n'est qu'un reflet de celle qu'on honore dans l'Inde, que le Christ n'a jamais exist, tel que ses--historiens intresss nous le dpeignent; et que les vanglistes n'ont fait qu'attribuer l'un des leurs, ou mme un tre imaginaire, de miraculeuses aventures copies par eux dans les Livres sacrs de l'extrme Orient. Je me garderai bien de tenir aucun compte des assortions^ effrontes d'un homme qui serait sans doute le premier rire si on le prenait au srieux. On ne rpond de si grandes aberrations d'esprit que par le mot sanglant du philosophe

1288

L E S S P L E N D E U R S D E LA FOI

grec : Plaise toi de traire le bouc, mais ne m'oblige pas a tenir l'cuelle. Les faits de l'Ancien et du Nouveau Testament, identifies avec le sol de la Jude, monumentaliss ou matrialiss mille fois, comme nous l'avons montr jusqu' l'vidence, sont arrivs jusqu' nous, dans toute leur ralit et leui*clart par une succession non interrompue. Supposer qu'on pt leur disputer leur ralit de nature et d'origine, ce serait supposer qu'en plein jour on puisse nier la ralit de la lumire ou l'existence mme du soleil. Rfuter la thse de M. Jacolliot ce serait supposer qu'elle repose sur quelque fondement, tandis que vide elle repose sur le vide. Bornons-nous redire : 1 que l'ge des Vdas, loin de remonter h douze ou quinze mille ans comme l'affirme M. Jacolliot, remonte a quelques sicles avant ou mme aprs notre re. Manou lui-mme, que M. Jacolliot fait vieux de plus de vingt mille ans, nous rvle son ge par une observation ou une poque astronomique don t le commencement, ainsi, que l'a prouv M. l'abb Gurin, date de Tan 325 aprs Jsus-Christ ; 2 c'est un fait constat par mille tmoignages authentiques que les brahmes ou Pandons sont de grands inventeurs de lgendes; qu'en transcrivant leurs livres sacrs, ils ont toujours ajout et ajoutent encore des rcits nouveaux, qu'ils fondent avec les textes primitifs; que c'est cette supercherie qu'il faut attribuer la plupart- des similitudes entre les Vdas et la Bible ou le Nouveau Testament; 3 il est certain que beaucoup de faits bibliques ou vangliqucs, plus ou moins dfigurs, se trouvent et doivent se trouver dans les Vdas, puisque les premiers habitants de l'Inde furent des descendants de No, et que le christianisme a pntr dans l'Inde immdiatement aprs la mort de JstisChrist; 4 au jugement de tous les indianistes consciencieux,

VRIT ABSOLUE DES LIVRES SAINTS.

1259

M. Jacolliot manque compltement de science relle, M. Foueaux n'hsite pas lui reprocher comme un ai tentai grave contre la philologie ou la philosophie des langues transform en Christna, d'avoir nom tout fait chimrique, le nom

de Krichna que porte une rivire de l'Inde. L'A ajout est un faux, puisque le mot sanscrit ne contient aucune aspiration la racine Khris n'existe pas, et, momeen Admettant l'existence de cette racine, l'addition du / serait injustifiable cl inexcusable. Le Chrislna de r i n d e est donc une odieuse imposture.

CHAPITRE DOUZIME. La Science, a u x i l i a i r e d e la Foi.

Nous avons faire maintenant un pas bien agrable. N o n seulement la science vritable, -le science des faits, n'est pas hostile la Foi, mais quelques-unes des sciences, pour ne pas dire presque toutes ou toutes les sciences, nous fournissent des preuves directes ou rigoureuses de la vrit de p l u sieurs dogmes fondamentaux de la Foi ou de plusieurs des faits de la Rvlation. Entrons immdiatement en matire, prouvons cette thse si consolante et si glorieuse par un nombre suffisant d'exemples. Commenons p a r l a plus lmentaire des sciences, par l'Arithmtique.
L'ARITHMTIQUE.

L'erreur capitale de notre temps, pratique et thorique, sinon logiquement et pleinement raisonne, du moins quivaIcmmcnt admise, est que le monde est temel, en comme en arrire, parte ant et ci parte post; avant c'est--dire

qu'il a toujours exist et qu'il existera toujours, qu'au point de vue de son existence il a t ce qu'il sera, et sera ce qu'il a t. Si vous sondez bien les intelligences et les volonts des hommes du xix sicle, vous trouverez toujours que c'est l leur dogme le plus fondamental, l'mc et la rgle de leur conduite. Or, par le plus grand des bonheurs, la plus lmentaire des sciences devient pour ces endormis un douloureux troublec

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LV

FOI.

1461

fie; elle renverse absolument leurs calculs inconscients, car elle dmontre jusqu' l'vidence que le inonde a eu un commencement, en attendant que d'autres sciences dmontrent, non moins invinciblement, qu'il aura une fin. La question dont nous demandons la solution l'Arithmtique est donc celle-ci : Tout nombre, c'est--dire toute srie d'units successives, est-il essentiellement fini ? A la question ainsi pose le simple bon sens rpond sans hsiter : Oui ! Evidemment oui! Puisque -chacun des nombres obtenus par des additions successives ne diffre du prcdent que par une unit ou un groupe d'units, il est fini comme lui. Tous ces nombres successifs sont donc finis la fois, le second p a r l e premier, le troisime par le second, etc. S'il n'tait pas fini, le nombre serait infini, et plus grand actuellement que tout nombre imaginable. Or il n'eu peut pas tre ainsi. En effet, tout nombre est ncessairement pair ou impair, premier ou non premier. S'il est pair il ne contiendra pas tous les nombres impairs. S'il esl* premier, il ne sera pas le dernier des nombres premiers, car il est dmontr flans beaucoup de que la srie des nombres pretraits d'Arithmtique, dans celui de M. Joseph Bertrand, par exemple, page 6G, miers est illimite. Dans tous les cas, qu'il soit pair ou impair, premier ou non premier, ce nombre, n de l'addition, ne contiendra pas son carr, son cube, sa quatrime puissance, etc.; donc il est impossible qu'il soit plus grand que tout nombre donn, ou infini. Il est de l'essence d'un nombre qu'on puisse le concevoir plus g r a n d , il ne peut donc pas tre considr comme tant actuellement plus grand que tout nombre donn. Qu'on le remarque bien ! Le nombre dont il est ici question est un nombre concret, la srie des tres qui ont rellement exist, des entits, tres ou vnements, qui se sont succd de fait, dans le monde, par

1262

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

exemple le nombre des tres qui ont vcu la surface de la terre, le nombre des atomes de l'univers, des grains de sable ou dpoussire de la terre, de l'air et des mers, etc.; et non pas d'une collection ou succession d'tres abstraits, d'entits draison, n'existant qu'en puissance dans l'esprit et l'imagination. Or il n'est personne qui puisse refuser d'admettre que le nombre reprsentant cette collection d'tres rels, actuellement existant ou ayant exist, soit ncessairement fini. Un nombre de ce genre qui a sa fin, et qui n'aurait pas son c o m mencement, serait comme un bton a un seul bout ; et comment concevoir un bton rel, existant sans deux bouts ? Si par des additions successives on est arriv un certain terme qui est comme le second .bout du bton, il rpugne l'esprit qu'on ne puisse pas, par des soustractions successives d'units, soustraction possible faire, c'est--dire excutable dans un temps fini, rduire ce nombre zro, ou sa premire unit, qui est son premier terme ou le premier bout du bton. Mon illustre matre Augustin Caucby a trait la question grave qui nous occupe, dans une des belles leons de Physique gnrale qu'il professa Turin en 1 8 3 2 ; et quoique les dmonstrations qu'il invoque l'appui de cette vrit incontestable n'ajoutent rien, dans le fond, aux arguments qui prcdent, je me fais un devoir de les reproduire. Vous savez tous qu'un nombre carr est le produit d'un nombre par lui-mme. Ainsi, en particulier, de ce que l'unit une fois rpte donne u n , de ce que d e u x deux fois d e u x font quatre, trois fois trois neuf, quatre fois quatre seize, cinq lois cinq vingt-cinq, 1,4, 9, 16, 2 5 , etc., sont les carrs des nom-

bres entiers 1, 2, 3 , 4, 5, etc. D'un autre ct, si l'on prolonge au del de 2 la suite des nombres naturels, 1, 2, 3 , 4, 5, G..., les carrs que renferme cette suite seront en minorit; et cette minorit sera de plus en plus marque. Effectivement,

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1263

si l'on arrte la suite aprs le nombre \ 0, aprs le nombre 100, aprs le nombre 1 0 0 0 , etc., le nombre des carres qu'elle renferme, sera 3 dans le premier cas, 10 dans le second, 31 dans le troisime, etc. ; par consquent, le rapport entre le nombre des termes carrs et le nombre total des termes d e s cendra successivement h jj, J , ^
ff

, ou environ J,

etc.;

d'o Ton doit conclure que si la suite des nombres entiers pouvait tre suppose actuellement prolonge jusqu' l'infini, (ou cessait d'tre finie), les termes carrs y seraient en t r s grande minorit. Or cette dernire condition, qui devait tre satisfaite dans l'hypothse dont il s'agit, est pourtant incompatible avec cette mme hypothse, car dans la suite des nombres prolonge l'infini (ou cessant d'tre finie) se trouverait, avec chaque terme non carr, le carr de ce terme, puis le carr du carr, etc. Donc l'hypothse de la suite p r o longe l'intim, du nombre actuellement infini (ou du nombre cessant d'tre fini) entrane des contradictions manifestes; donc cette hypothse doit tre rejete, et tout nombre est essen^ tiellcmentiini. Cette dmonstration par l'absurde a t donne d'abord par Galile. Mais cette proposition fondamentale qu'on ne saurait

admettre : un nombre actuellement infini, ou une suite actuellement compose d'un nombre infini de termes, peut tre dmontre par les mathmatiques de mille manires diffrentes, et si ceux d'entre vous qui s'occupent plus particulirement des sciences abstraites, dsirent connatre plusieurs de ces dmonstrations, je me ferai un plaisir de les leur indiquer. C'est toujours Cauchy qui parle,et il ajoute: Les propositions fondamentales ci-dessus nonces s'appliqueraient aussi bien une srie de termes ou d'objets qui auraient exist ncessairement, ou mme une srie d'vnements qui se seraient succd les uns aux autres, qu' une srie de

Ht) *

LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

termes dont l'existence est simultane; et, dans ces deux cas, il est galement impossible que le nombre de ces termes, de ces objets, de ces vnements, etc., soit devenu actuellement infini (ou ait cess d'tre fini). Ainsi, par exemple, nous pouvons affirmer qu'il n'existe en ce moment qu'un nombre fini
d'toiles; il n'est pas moins certain que le n o m b r e des

toiles qui ont exist, en supposant que beaucoup aient

dis-

paru, est pareillement fini. Ce que nous disons du nombre des toiles, on doit le dire galement du nombre des lommcs qui ont vcu sur la terre, du nombre des rvolutions del terre dans son orbite, du nombre des tats par lesquels le le monde a pass depuis qu'il existe; donc il y a eu un premier homme, il y a eu un premier instant ou la terre a paru
ET LA TERRE.

dans l'espace, o le monde lui-mme a commenc, etc., etc.


AU

COMMENCEMENT DIEU A CR LE CIEL

' Ainsi la

science nous ramne forcment ce que la foi nous enseigne : la matire n'est pas ternelle; et si le premier, le plus ancien de tous les livres ne nous avait pas clairement rvl cette vrit, si nous ne l'admettions pas comme chrtiens, nous serions forcs de l'admettre comme arithmticiens, comme mathmaticiens. Et aussi, nous le prouverons tout l'heure, comme physicien, parce que la physique moderne assigne forcment une briguie ou commencement h la lumire et la chaleur solaire, et, nous montre une poque en de de laquelle bien certainement le jsoleil n'clairait pas la terre, c'est--dire qu'elle assigne-leur premier bout aux btons que constitue chaque srie d'objets successifs, et dont nous touchons le second bout. L'Arithmtique, disait le savant Pre et cardinal Gcrdil, un des plus illustresprofesseurs de TUnivcrsitde Turin, dans une dissertation contre ternit intitule de la matire, Dmonstration mathmatique fournit une preuve irrfu-

LA SCIENCE, AUXILIAIRE T)E" LA FOI.

4268

taUe le la fausset de

la thse fondement de l'athisme;

l'existence ncessaire, par consquent ternelle, de l'univers et des principes qui le composent. L'existence ternelle de la terre ou de l'homme exige la possibilit d'un nombre actuellement infini (ou qui ne soit pas fini) de rvolutions et d'existences; or cette possibilit est une chimre ou un n o n sens. S'il s'agit de l'homme, le nombre des jours, des annes* des sicles, etc., de son existence peut crotre sansccsse,mais, une poque quelconque, ce nombre pourra toujours tre exprim en chiffres, et sera toujours fini. Il en est de mme de l'existence nouvelle que la Religion dcouvre l'homme au del du tombeau. L'homme est immortel, mais il n'est pas ternel, l'ternit qui l'attend n'est qu'une dure qui crot continuellement, et au del de toute limite assignable. Si, un instant quelconque de cette ternit, il arrte sa pense sur le temps coul depuis qu'il a commenc d'tre, jamais il ne pourra dire que ce temps soit actuellement infini (ou ne soit pas fini). On voit encore, par ce qui prcde, disait en finissant le grand mathmaticien, combien est contraire la raison, mme claire seulement par la plus lmentaire des sciences, l'arithmtique, l'opinion des philosophes qui osent soutenir que tout tre vivant descend d'un autre tre semblable lui, et que l'tat prsent du globe terrestre a succd un nombre infini d'tats divers. Mais il faut qu' cette occasion nous rvlions un caractre vraiment dsesprant de l'esprit humain. Ce qui suit est de l'histoire et de l'histoire personnelle. Dans ma jeunesse scientifique, alors que j'avais pour professeurs les Poisson, les Legendre,les Lacroix, les Leroy, les Ampre, les Savart, etc., ' et pour condisciples les Liouvillc, les Sturm, lesOstrogradski, lesJacobi, etc., il m'est arriv de soumettre plusieurs de ces mathmaticiens cl de ces physiciens, matres ou lves
80

1266

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

distingus, la question de la possibilit ou de l'impossibilit du nombre actuellement infini. Or voici ce qui arrivait infailliblement. Quand la question pose restait bien l'tat de proposition abstraite ou purement mathmatique, quand avais russi a ne laisser rien entrevoir de ses consquences philosophiques ou religieuses, la rponse prcise, claire, catgorique tait : L e nombre tout nombre aujourd'hui, actuellement fini. infini est impossible; est essentiellement Mais si je n'avais pas

assez cart l'attention de l'habit que je portais, alors comme si je n'avais pas assez dissimul la tendance morale de mon interrogation, la rponse tait vague, incertaine, vasive ; on se dfendait d'affirmer l'impossibilit du nombre actuellement infini, quoiqu'elle ne soit en ralit qu'une vrit de mathmatique lmentaire, quoiqu'elle ne diffre pas au fond de cette proposition d'arithmtique : la srie des [nombres premiers est indfinie, on ne peut ni assigner, ni concevoir un nombre premier tel qu'on ne puisse pas en assigner un plus grand. Enfin, si aprs avoir obtenu la rponse nette et catgorique dont je parlais tout a l'heure, je m'chappais dire : tout nombre est actuellement donc le nombre des hommes qui ont exist sur la fini, terre

esl fini, et il y a eu un premier homme ; donc le nombre des rvolutions de la terre autour du soleil est fini, et il y a eu une premire rvolution d e l terre ou du soleil, et le soleil et la terre ont l, quivalemment, lancs dans leur orbite par une volont souveraine; donc, dans tous et chacun des ordres de la nature, il y a eu un prototype sans prdcesseur, et jes tres ne se sont pas ternellement succd la surface de la terre, etc., e t c . , nous voyions natre tout coup une contrarit visible, un dsir mal dguis de ressaisir la vrit trop vite chappe l'vidence mathmatique, comme si le doute avait pris tout coup la place d'une conviction

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1267

qu'on n'avait pas hsite manifester dans toute sa plnitude. On a si peur d e l Foi, que l'on serait tent de lui sacrifier ce qui passionne le plus l'esprit, fier. Que rsulte-t-il de cette courte discussion? D'une part, que les tmoignages du Seigneur sont croyables au dcli de ce que nous aurions pu dsirer, Testimonia sunl nimis; tua credibilia facta que le dogme capital de la cration est un simple mathmatique, e t c . ; d'autre part, insipiens in corde suo n o n est sint
LA SCIENCE

dont on est si

corollaire de la science des nombres ; que l'athisme est la ngation de l'vidence que l'incrdulit n'est pas dans l'intelligence, mais dans la volont ou le cur, dixii Devs; inaorctisabilcs qu'elle est, par consquent, inexcusable, ita ut

; qu'elle est moins un malheur qu'une faute

ou mme un crime. Lorsque je l'ai publie pour la premire fois, cette petite dissertation sur le nombre actuellement infini a suscit beaucoup d'objections et excit beaucoup de colres, dont je dois dire ici un mot, en constatant une fois de plus que mises eu prsence du surnaturel, les ttes les plus solides, quand la Foi ne les gouverne plus, sont prises de vertige et ne font plus que draisonner. Si le nombre actuellement infini est impossible, si tout nombre est essentiellement fini : 1 l'tendue a des dimensions finies et l'univers a des bornes, ce qu'on ne peut concevoir ; 2" le nombre des termes d'une srie ou progression arithmtique ou gomtrique, par exemple d e l srie 1/2,1/4, 1/8,... ne sera pas infini, ce qui est contraire a la raison. En parlant ainsi, on oublie fatalement que l'espace et la srie sont des tres de raison qui n'ont pas d'existence relle. Si on le considre non comme tant l'ensemble des corps de la nature, mais comme une tendue indfinie, l'espace n'a de

'1 2(>8

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

ralit que dans l'intelligence ou l'imagination. L'espace, dans le langage de l'cole, est l'ordre abstrait des tres coexistants, en tant-que coexistants, ordo coexistent*um tentium, quatens coexisqui existe en puissance dans l'immensit de Dieu

comme le temps, autre tre de raison, lequel est, son tour, l'ordre des ties successifs, en tant que successifs, existe en puissance dans l'ternit de Dieu. De mme, la srie gomtrique est un pur tre de raison, qui n'existe actuellement nulle part, ni dans l'esprit ni dans un espace quelconque. Ces divisions successives de l'unit, crameles divisions de 1 tendue, ou du continu, ne sont pas des divisions relles, faites actuellement, en nombre infini, ce sont seulement des divisions possibles, virtuelles, ralisables de mille manieres diffrentes. Pour donner de la ralit au mode admis de division et a chaque division, il faut un acte de notre esprit, et pour que le nombre des divisions ft actuellement infini, il faudrait que notre esprit s'exert un nombre infini de fois, qu'en ajoutant du fini au fini, un objet un objet, il se fit un nombre actuellement infini. Je le rpte encore, le nombre dont j ' a i dit qu'il ne pouvait pas tre actuellement infini, qu'il tait essentiellement fini, doit rsulter de l'addition successive d'entits concrtes et subsistantes en elles-mmes, les rvolutions accomplies de la terre autour du soleil,lesgnrations successives des tres, des hommes ayant vcu la surface de la terre, etc. 11 s'agit d'units actuelles et non pas d'units virtuelles, dont la succession forme un nombre actuel, nombre qui doit tre fini ou limit avec un commencement ou unit premire, qui doit tre en un mot un bton deux bouts. Puisque tout homme sens accorde que toute succession d'tres actuellement finie le monde est a eu ncessaiactuellement fini, nous pouvons raisonner comme il suit :

LA SCIKKCE, ACJXILIAII DE LA FOI.

]2rf9

remcnl un commencement; or la succession des tres qui consliluent le monde est actuellement Unie; donc le monde a eu un commencement.
5

Ralisons le syllogisme

par la

mthode du grand Euler, traons les trois cercles du commencement du monde, du fini, et nous verrons que le cercle du commencement, qui enferme le cercle du fini, renferme ncessairement le cercle du monde contenu dans le cercle du fini. Mais au fond, il n'y a pas lieu h faire ici un syllogisme, parce qu'il n'y a pas trois termes, mais deux seulement; parce que le cercle de la succession des termes, et le cercle du commencement sont un seul, et mme cercle, et l'argument se rduit cet cnthyinmc : Le nombre des hommes ou des individus d'un genre cl d'une espce quelconque, ou des rvolutions de la terre autour du soleil est ncessairement fini : donc il y a eu un premier homme, un premier individu de chaque espce, une premire rvolution d e l terre autour du soleil. Vient alors le raisonnement final ou dernier. Il n'y a pas d'effets sans cause; or tous les tres qui ont peupl ou peuplent le monde, leur mouvement, leur vie, leur perfection, leur merveilleuse ordonnance sont des effets : donc il existe une cause, et cette cause est Dieu, On objecte encore, 3 : Quand vous dites que le nombre form en ajoutant autant de fois qu'on veut l'unit elle-mme, est ncessairement fini, vous supposez que l'addition a c o m menc se faire depuis un temps fini ou limit; et votre raisonnement n'aurait commenc a se faire plus de valeur si l'addition avait dans un temps pass infiniment loi-

gn; ou une distance infinie du temps actuel. En admettant explicitement ou implicitement une origine distance finie, partir de laquelle commencent les additions ou les successions, vous admettez prcisment ce que vous voulez dmontrer. Non, absolument non ! C'est indpendamment de son ori-

1270

LES SPLENDEURS DE L \

FOI.

gine, et en me basant sur les proprits essentielles et connues des nombres que j ' a i dmontr avec le cardinal Gorrtil, avec Caucby et M. Bertrand, que le nombre tiellement fini. Cette impossibilit actuellement infini est impossible, ou que tout nombre actuel est essenune fois dmontre, il ne peut plus tre question d'origine une distance infinie; l'origine est ncessairement h une distance finie. En d'autres termes, nombre actuellement fini et origine distance finie sont une seule et mme chose; et comme tout nombre es essentiellement distance finie. On fait enfin cette dernire objection : Si votre ihofcm est vrai dans toute 'sa gnralit, quer non-seulement au monde, par consquent, il
c 1

fini,

toute origine est

elle-mme

une

on pourrait l'appli-

mais Dieu lui-mme,

et prouver ainsi qu'il n'a pas exist de tout temps, que, n'est-pas ternel. La rponse est plus facile encore. Car Dieu tant l'tre simple, celui qui est, l'tre ncessaire, il n'y a en lui ni succession, ni nombre. La succession cl le nombre sont proprement des tres conting e n t s ; il ne peut donc tre question, relativement a Dieu, de nombre fini ou infini. Le nombre, le temps, l'espace commencent-avec l'tre contingent, avec l'tre qui est, mais qui pourrait ne pas tre, qui est l'effet ternelle et infinie, de Dieu.
L'ALGBRE.

d'une cause ncessaire,

M. Fa de Bruno, un des lves les plus

chers

et les

plus distingus de Cauchy, aujourd'hui professeur celle mme universit de Turin, nous met en possession de ce que nous avons appel le premier bout du bton, de la premire unit ou de l'origine du principal entre les nombres que nous considrons, le nombre des hommes qui se sont succd ot|

LA SCIENCE,

AUXILIAIRE DE LA FOI.

1271

qui onl exist la surface de la terre. Il nous fournit rcente apparition de l'homme sur la terre. La population du globe s'lve actuellement prs milliard trois cents millions d'hommes ainsi rpartis: Europe Asie Afrique Amrique Australie.......
TOTAL 1 293

une

preuve mathmatique palpable et vraiment prcieuse de la d'un

275 000 000 7 5 5 000 000 .. 200 000 000 GO 000 000 3 000 000
000 000

En outre, d'aprs les statistiques les plus accrdites, l'augmentation annuelle de la population humaine est d'un deuxcentime environ. Si, partant de ces donnes, on se demande combien il a fallu d'annes pour qu'un couple unique, que nous supposerons tre Adam et Eve, ait pu produire le chiffre actuel de la population de la terre, il faudra, d'aprs la thorie bien connue des progressions, rsoudre l'quation :

2 ( i - f -0-)* = 1 300 000 000


Or, rsolue par rapport x, cette quation donne : x ==> 4 0G8 En tenant compte du dluge qui a brusquement suspendu la marche croissantedela population humaine, ce chiffre 4 0G8 est vraiment extraordinaire ; on peut le considrer comme l'expression de la vrit ; l'apparition de l'homme sur la terre ne remonte donc pas au del de six mille ans. Si nous admettons ci priori que l'augmentation annuelle de la population de la terre est d'un cent-quatre-vingt-

douzime environ, ou 0 , 0 0 3 4 7 , on devra avoir, pour le chiffre d j population, en supposant le calcul fait pour 1863 : 2 (1,00347)
R W 3

= M 320 400 000

1273

LES Sl'LENDHtillS DE 1,A FOI.

C'est trs-appiuximativcmentlc nombre dos hommes actuellenienl existants sur la terre. En fixant ainsi cinq mille huit cent soixante-trois ans 1 ge de la race humaine, on ne lait que poser une limite maximum, car le chiffre 0,00347 est certainement trop petit, mme actuellement, et quoique la polygamie
IL EST IMPOSSIBLE QUE LA C U A T I O N DE L'HOMME

soit.beaucoup remonte beau-

plus restreinte ; on peut donc noncer la proposition suivante : coup au del de cinq mille huit cent soixante-trois ans. A ceux qui croient, comme tous doivent y croire, h la vrit de la sainte criture et au dluge universel, nous offrons un autre rapprochement tout a fait saisissant. Adoptons pour l'augmentation annuelle de la population le chiffre * ou 0 , 0 0 4 5 1 , peu
B ir

loign de celui qui reprsente l'accroissement annuel de la population en France, et rappelons-nous qu'en l'an i o 5 6 , No sortit de l'arche avec sa femme, ses trois fils et les femmes de ses trois fils, en tout huit personnes. Appliquant de nouveau la formule connue aux 4 205 ans couls depuis le dluge, nous aurons ; 3 (1,00481)*
0 5

= - J 323 0 0 0 000

L'on retrouve donc encore ici, a trs-peu prs, le nombre des hommes actuellement existants la surface d la terre, ou le chiffre net de sa population actuelle. Si en conservant dluge, on trouve ; 296 4 4 8 607 000 On a peu prs 296 milliards. Pour se faire une ide de cette immense multitude, il suffira de constater que la France e n t i r e , en supposant cinq hommes par mtre carr, ne suffirait pas la contenir. ce mme rapport on calcule le chiffre total des hommes qui ont vcu sur la terre depuis le

M.IENCE AUXILIAIRE

i)E LA l u i .

.[73

Nous avons partout et toujours le bton deux bouts. Elle s'est donc admirablement vrifie la promesse laite par Dieu Abraham : MultipHcabo et s i c u a r e n a m maris semen ( sicut stellasmli : Je multiplierai ta postrit comme

les toiles du ciel et comme le sable do la mer. Qu'on le remarque bien, dans les calculs de M. Fa de Bruno, il faut distinguer deux choses, les donnes numriques et la mthode. Les donnes numriques, la population totale du globe, le chiffre de son accroissement annuel, etc., peuvent rester indcis, tout en diffrant assez peu des chiffres admis. Mais il est absolument certain que le chiffre de coite population totale est un nombre fini, que son- accroissement annuel est une fraction limite, et que, par consquent, d'aprs les rgles ou lois mathmatiques des progressions, le nombre d'annes correspondant au chiffre actuel de la population de la terre est lui-mme fini, et irs-voisin de six mille ans. L'impit s'est donc menti a elle-mme, quand elle a os opposer les sciences humaines aux sciences divines. C'tait forcment opposer les sciences humaines aux sciences humaines, ou les annuler. Terminons par un argument ad hominem. Par cela mme que le plus grand nombre de nos adversaires admettent le transformisme ou l'volution darwinienne, ou que tous les tres de la nature sont drivs par l'volution successive d'un ou de plusieurs protognes (que l'homme, par exemple, est driv du singe), il y a eu ncessairement dans le temps un premier homme et l'homme n'est pas ternel. Si l'on prtendait tout pousser l'absurde et admettre que l'ensemble entier des clrcs,ou que toutes les catgories d'tres n'ont pas eu d'origine ou sont ternelles, la transformisme cl l'volution ne seraient plus que des mots. Ce serait une contradiction lamentable, et nos thories sont toujours vraies.

'Tl

LES SPLENDEURS DE L \

FOI.

le nombre ncessairement fini, ci parte cration et le Crateur,

ant et parte

post,

en avant comme en arrire, ce qui proclame bien haut In

PHYSIQUE.

Il est incontestable que toute lumire, toute chaleur, tout mouvement et tout dveloppement de la vie dans l'intrieur et la surface de la terre a son origine et sa cause dans le soleil, S'il est donc vrai que le soleil n'a pas toujours clair et chauff la terre, qu'il viendra un temps aprs lequel l'activit solaire, en supposant qu'elle ait t continuellement en jeu, sera ncessairement et fatalement puise, force sera aussi d'admettre que la chaleur, la lumire, le mouvement et la vie sur la ferre ont eu un commencement et auront une fin, ainsi que l'affirment la sainte criture et la Rvlation. Or voici qu'en effet. les donnes de la physique moderne, habilement discutes par un des physiciens les plus illustres des temps modernes, sir William Thomson, professeur l'Universit de Glascow, assignent a la chaleur solaire une origine et une fin. Cette thse grandiose est longuement dveloppe dans une confrence sur la chaleur Reuue scientifique solaire, reproduite en ntier dans la de Germer-Baillirc, tome VI, rsume dans

L e s M o n d e s , tome III, page 4 7 3 , livraison du 13 aot -1863, et qu'ici nous serons forc d'abrger beaucoup plus encore. L'auteur examine et discute tour h tour, le refroidissement sculaire du soleil; sa temprature actuelle; l'origine et la somme de sa chaleur. Bornons-nous l'expos succinct de ses conclusions dans son langage fidlement traduit : De combien le soleil s est-il refroidi d'anne en anne, si tant est qu'il se soit refroidi?.. Nous n'avons aucun moyen de le dcouvrir... Nous ne savons mme pas s'il perd relle-

LA S C I E N C E ,

A U X I L I A I R E 1E LA FOI.

1275

meut de sa chaleur, car il est certain que de la chaleur est engendre dans son atmosphre par l'afllucnce et la combustion de la matire mtorique ou cosmique.. Les mtores qui auraient entretenu cette chaleur pendant les sicles couls, ont d se trouver trs en dedans de l'espace compris entre la terre cl le soleil, parce que si la quantit de matire ncessaire entretenir cette combustion tait venue des rgions situes au del de l'orbite terrestre, la longueur de Tanne se serait trouve trs-diminue par ces additions incessantes h la surface du soleil. La quantit de matire absorbe a d ' t r e un quarante-septime de la masse de la terre ou un dix-scpt-millionime de Ja masse du soleil... Comme, tout bien considr, il semble peu probable que la perte de chaleur solaire par rayonnement soil compense d'une manire apprciable par la chaleur provenant de la chute des mtores, pour le moment du moins, et comme dans on ne peut pas trouver davantage cette compensation

quelque action chimique, il faut admettre en outre que, plus probablement, le soleil n'est aujourd'hui qu'une masse incandescente liquide en voie de refroidissement. Il est important de connatre de combien il se refroidit... Nous savons par les recherches spares mais concordantcsd'Icrschcll et de Vouil lct, que le soleil rayonne chaque anne de toute sa surface 3 X 10
30

fois (3 suivi de 30 zros) la chaleur


o

suffisante

pour lever de I

centigrade la temprature d'un kilogramme

d'eau. Nous avons aussi de fortes raisons de croire que la substance du soleil ressemble beaucoup h celle de la terre, que la combustion h sa surface est celle du fer, du manganse, du potassium, du sodium, etc., en un mot de toutes les matires terrestres dont la chahuir spcifique est infrieure celle de l'eau. Si la chaleur spcifique moyenne du soleil tait celle rie l'eau, en divisant 3 X H> , p a r l e nombre de kilo,:

4-76

L E S S I L K M I K U H S D E LA F O I .

grammes de la masse du soleil on obtiendrai!, 1, 4 c. commo chiffre annuel du refroidissement actuel du soleil. Il parait donc certain que le soleil se refroidit chaque anne d'au moins un degr centigrade et quatre diximes. Si, en outre, en admettant que la dilatabilit du soleil est celle des corps terrestres, du verre, par exemple, laquelle est, par degr centigrade, d'un quarante-millime du volume, d'un cent-vingtmillime du diamtre, on en conclurait qu'il se serait produit dans Je diamtre du soleil, eu huit cents ans, une contraction de un pour cent, qui n'aurait pas chapp aux observations astronomiques, (le premier rsultat force, ii admettre que la chaleur spcifique du soleil est loin d'tre gale a celle de l'eau. Une seconde raison amne forcment la mme conclusion. .Dans cette hypothse, en effet, l a ' q u a n t i t de travail produit par une contraction d'un dixime pour cent du diamtre du soleil, en supposaul la densit uniforme l'intrieur, serait gale vingt mille fois l'quivalent mcanique correspondant la somme de chaleur mane du soleil eu un an, d'aprs les calculs de M. Pouillet... Gomme il est impossible que l'nergie puisse en aucune faon augmenter dans un corps qui se contracte par le froid; comme il est certain, au contraire, qu'en ralit elle diminue notablement, d'aprs toutes les expriences faites jusqu'ici, il faut doue supposer que le soleil, en se contractant d'un dixime pour cent de son diamtre, et de trois diximes pour cent de son volume, devrait rayonner h peu prs mille fois sa chaleur annuelle. En discutant ces premires consquences de l'hypothse que la chaleur spcifique du soleil est celle de l'eiu, l'auteur arrive cette conclusion finale, que la chaleur spcifique du soleil est plus de dix fois et moins de dix mille fois celle du l'eau l'tal liquide, cl que, certainement, sa temprature s'abaisse de cent degrs dans une dure de six

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE L FOI. A

4277

cent il sept cent mille ans. EL il ajoute : a Que faut-il donc penser des calculs des gologues qui exigent trois cents millions d'annes pour la dnudation des montagnes, Weald, par exemple? sa surface, la temprature du soleil ne saurait, pour plusieurs raisons, tre incomparablement plus leve que la temprature que nous pouvons obtenir dans nos laboratoires. En effet, le soleil rayonne de chaque pied carr de sa surface une chaleur quivalente il la force de sept mille chevaux seulement; or la houille brlant sur le pied d'un peu moins d'un kilogramme en quatre secondes, donne la mme force, et Itankinc a trouv que, dans les foyers des locomotives, le charbon se consume raison d'une livre en trente ou quatrevingts secondes. Le soleil rayonne donc de quinze quarantecinq fois la chaleur d'un foyer de locomotive, a surface gale. La temprature intrieure du soleil est probablement beaucoup plus leve que celle de sa surface. Et il est certain qu'elle ne peut avoir exist dans le soleil depuis un temps infini, puisque tant qu'elle a exist, elle a subi une dperdition, et le soleil tant un corps fini, on ne peut pas admettre qu'il y ait en lui une source primitive infinie de chaleur. Il n'est donc pas probable que le soleil ait t cr comme source active de chaleur une poque d'une antiquit incommensurable. 11 est au contraire presque certain que la chaleur qu'il a dj rayonne, et celle qu'il conserve encore oui t produites par quelque cause ou action naturelle, Faction chimique, la condensation, sous l'action de l'attraction mutuelle, de la matire nbuleuse qui le constituait primitivement : ou, ce qui revient au mme, la thorie mtorique ou la chute de petits corps tombant ensemble d'un tat de repos relatif et de distances grandes relativement a leur diamtre. L'action chimique est tout h fait insuffisante, parce ([n'en s'exerant avec du

4278

LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

son maximum d'nergie entre des substances dont la masse serait celle du soleil, clic ne dvelopperait qu'environ trois mille ans de chaleur. On explique sans peine au contraire par la condensation ou la chute des mtores, vingt millions d'annes de chaleur. Cependant, en raison dus rsistances, la chaleur engendre n'a gure pu tre que la moiti de celle qui serait duc a la somme de l'nergie de gravitation dpense ou rendue potentielle. De cette manire, le chiffre le plus bas de la chaleur initiale du soleil est deux millions de lois la chaleur d'une anne actuelle; mais cinquante ou cent millions de fois sont possibles, cause de la plus grande densit du soleil dans ses parties centrales. Il semble donc, k tout prendre, fort probable que le soleil n'a pas clair la terre pendant plusieurs millions d'annes, et il est presque certain qu'il nel'a pas fait pendant cinq cents millions d'annes. Pour ce qui est de l'avenir, on peut dire avec une gale certitude que les habitants de la terre ne pourront pas continuer jouir de la chaleur et de la lumire essentielles leur existence pendant plusieurs millions d'annes encore, a moins que des sources aujourd'hui inconnues n'aient t prpares dans la grande rserve de la cration. La vie a donc commenc la surface de la terre et elle finira. L'origine ternelle des tres est un rve. Les conclusions de sir William Thomson sont bien rserves; elles ont cependant irrit les gologues et les zoologues partisans de rvolution indlinie. M. Huxley, fort mcontent de son illustre collgue, est all jusqu' lui reprocher virement ce qu'il appelait son invasion et son usurpation d'un domaine qui n'est pas le sien. Il refuse impitoyablement la physique le droit de donner des leons la gologie et la physiologie. Voici donc qu'une science prtend interdire une autre science tout droit de contrle, tandis que tontes

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1279

les sciences s'attribuent invariablement le droit de censure del thologie ou de la science du surnaturel ! Les colres de M. Huxlev auraient-elles effrav sir William Thomson, cl aurait-il voulu faire oublier ses premires hardiesses, qui ne sont cependant, ?i nos yeux, que des timidiLs, en demandant une source autre que la cration l'apparition de la vie a la surface de la terre ? Le fait est que plusieurs annes aprs, dans son discours inaugural de Prsident de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, en aot 1871, il a prononc ces paroles qui sont du reste, bon gr, mal gr, un nouvel et clatant hommage rendu i la vrit dj tablie par lui. Je suis prt adopter, comme article de foi scientifique,
QUE LA VIE PROCDE DE LA VIE ET DE UIEN AUTRE CHOSE QUE L A

VIE. Mais comment la vie a-t-elle commenc sur la terre? En retraant l'histoire physique de la terre aux premiers temps, d'aprs les stricts principes de la dynamique, nous sommes ramens un globe en fusion, chauff au rouge, sur lequel aucun degr de vie ne pouvait exister. Par consquent, l o r s que la terre se trouva pour la premire fois propre h la vie, il n'y avait sur elle aucun tre vivant. Il y avait des roches solides et dgrades, de l'eau, de l'air tout l'entour, avec la chaleur et la lumire d'un brillant soleil; elle tait prte devenir un jardin. Le gazon, les arbres et les (leurs ont-ils jailli dans tout l'clat d'une splendidc maturit par le fait du pouvoir crateur? ou bien la vgtation s'est-elle dveloppe d'une semence jete, dissmine et multiplie sur toute la terre ? Le science est tenue, par la loi ternelle de l'honneur, d'envisager sans crainte tous les problmes qui .peuvent se prsenter elle. Si Ton peut trouver une solution probable, en conformit avec le cours ordinaire d e l nature, nous ne pouvons pas invoquer un acte anormal du pouvoir

]-280

LES SM,EN1)EUKS DE LA FOI.

crateur. Quand un flot de lave coule le long des flancs du Vsuve et de l'Etna, il se refroidit lentement et devient solide; puis au bout de quelques semaines ou de quelques annes, la lave se couvre de vgtaux et d'tres anims qui doivent leur origine Ji un transport de semences c t d ' u f s , ou a des migrations de cratures individuelles vivantes. Quand uneilc volcanique surgit'du sein des eaux,et qu'aprs quelques annes nous la trouvons en pleine vgtation, nous n'hsitons pas supposer que des semences y ont t apportes travers l'air, ou sur des paves flottantes. N'est-il pas possible, et si c'est possible, n'est-il pas probable qu'il faille expliquer ainsi le commencement de la vie vgtale de la t e r r e ? . . . D'o viennent ces fragments?... 11 est.vrai qu'une partie considrable de' chacun est fondue; mais il semble aussi tout fait certain que, dans bien des cas, une grande quantit de dbris doivent tre projets dans toutes les directions, sans avoir, pour la plupart, prouv plus de violences que les quartiers de rochers briss par un boulement. Tout ceci videmment est une concession faite par faiblesse ou par respect humain, concession qui n'a satisfait personne, qui a a u c o n t r a i r c froiss un grand nombre d'intelligences de tous les partis ou de toutes les opinions. Elle est sans raison suffisante puisqu'elle maintient le dogme, capital, que le fait essentiel de la vie a commenc ' i a surface de la t e r r e ; elle est ridicule parce qu'elle ne fait que reculer la difficult. Quelle a t l'origine de la vie la surface de la plante dont s'est dtach le fragment qui a fcond et vivifi la terre? La question reste tout entire. La justice et la reconnaissance nous imposent au moins le devoir de constater que la proraison de sir William Thomson a t franchement orthodoxe, et pleinement confirmative del thse que nous dfendons. Sir John Bcrschell, tout en expri-

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1281

niant un jugement favorable la thorie cle l'volution zoologique, reprochait a rhypothse de la slection naturelle de ne pas tenir compte de l'intelligence qui doit incessamment tout .diriger. Ceci me semble une critique trs-juste et trs-instructive. Je suis profondment convaincu que l'argument du dessein a t beaucoup trop perdu de vue dans les rcentes s p culations zoologiques. La raction contre les frivolits de la Tlologie, telles qu'elles se rencontrent souvent dans les notes des savants commentateurs d e l Tlologie naturelle de Paley, a eu, je crois, comme effet de dtourner pour un temps l'attention de l'argumentation solide et irrfragable, si bien dveloppe dans ce bon vieil ouvrage. Mais n'avonsnous pas autour de nous, un concours crasant de preuves clatantes d'un dessein intelligent et bienfaisant? Et si quelquefois des perplexits mtaphysiques ou scientifiques viennent nous les faire perdre *dc vue quelque temps, elles reviennent a nous bientt avec une irrsistible force, nous montrant p a r tout dans la nature l'influence d'une
VOLONT LIBRE

et nous

apprenant enfiu que tous les tres vivants sont sous la dpendance unique du Crateur et du Rgulateur Souverain du Monde.
DISSIPATION DE L'NERGIE.

(Extrait du volume de la BiblioBALFOUR-STEWART,

thque scientifique internationale qui a pour titre : L a conservation de l'nergie, 'philosophie naturelle par M. professeur de a u collge O w c n , Manchester. Paris,

Germer-Baillre, 1875, ch. v, p . 13.) Joule formule la loi suivant laquelle le travail peut se transformer en chaleur ; Thomson et d'autres, celle d'aprs laquelle la chaleur est susceptible de se changer en travail... 11 y a entre ces deux lois une diffrence des plus importantes et des plus significatives; le travail se transforme en chaleur avec la plus grande facilit, mais il n'est pas de procd au pouvoir de l'homme
81

1282

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

permettant de transformer toute la chaleur en travail 1 en rsulte que l'nergie de l'univers se change chaque jour de plus en plus en chaleur,... universellement diffuse, et celui-ci finira par ne plus tre une demeure habitable pour, des tres vivants... Le soleil constitue un vaste rservoir de chaleur a une haute temprature et de lumire... Lumire perptuelle et mouvement perptuel sont deux noms donnes la mme ide ! Le mme argument s'applique-t-il au soleil ? Ne s'agit-il pour lui que d'unequestion de temps, comme pour toutes les au trs sources de chaleur ?... La thorie la plus probable est celle de Helmholtz et de Thomson qui attribuent l'nergie du soleil la condensation de la matire nbuleuse dont il fut form, en ce sens que ses particules, d'abord une grande distance, se sont graduellement rapproches... Cette considration est-elle une chose du pass ou du prsent? Nous pouvons, je pense, rpoudre que le soleil ne-se condense plus rapidement. 11 n'y a pas de doute qu'une nue de mtores ne tombe sur le soleil et ne tende augmenter ainsi sa chaleur... Si le soleil, actuellement, ne se condense pas assez vite pour tirer de cette condensation une quantit suffisante de chaleur, et s'il ne reoit du dehors que peu d'nergie, il nous faut prvoir une priode future o il sera plus pauvre en nergie qu' prsent, et une priode plus recule encore, o il cessera absolument de briller... L'univers (aussi) finira par devenir une masse chauffe (un amas de matire nbuleuse ou dissocie) absolument inutile au point de vue de la production du travail, puisque cette production dpend de la diffrence de temprat u r e . . . NOUS SOMMES DONC AMENS A REMONTER A UN COMMENCEMENT o les molcules de matire taient dans un

tat de

chaos diffus, mais doues du pouvoir de gravitation, pour aboutir a une fin o l'univers tout entier ne sera plus qu'une masse inerte, galement chauffe, et d'o auront complte-

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE U

FOI.

1283

mont disparu toute vie,- tout mouvement et toute beaut. N'oublions pas qu' la gravitation de M. Balfour-Slcwarl il faut ncessairement substituer l'impulsion du fluidethr qui au Fiat lux a reu une certaine somme d'nergie actuelle, prdestine a s'teindre o s'puiser, en se transformant en chaleur, en ramenant les univers au chaos, c'est-a-dire, l'tat de matire nbuleuse et dissocie, ou d'abme. M. Balfour-Slcwarl ajoute, page 72 : Le moment est venu de formuler nos conclusions. Nous dpendons dusoleil, centre de notre systme, non-seulement pour l'nergie de nos corps, mais pour notre dlicatesse de constitution, l'avenir de notre race est attach l'avenir du soleil. Nous avons vu que le soleil a eu un commencement, et qu'il doit avoir une fin. Si nous gnralisions, nous regarderions non-seulement notre propre systme, mais tout l'univers matriel, considr au point de vue de l'nergie utilisable, comme essentiellement transitoire (c'est le clum et terra transitant An R o i - P r o phte et de l'Evangile), et comme embrassant une succession d'vnements naturels qui ne peuvent se continuer indfiniment tels qu'ils sont. Mais alors nous arrivons a des questions places au del de notre porte. La science de la nature ne peut nous apprendre ce qui tait avant le commencement et ce qui sera aprs la fin. Personne ne contestera certes le. principe de la transformation mutuelle des puissances de la nature, ni celui de invariabilit de leur somme. Mais la dissipation de la puissance et surtout les consquences cosmogoniques qu'on en tire, ne seront pas acceptables a tous les esprits (elles sont trop chrtiennes)! Cependant quoique hardie qu'elle puisse paratre, celte spculation s'appuie sur des faits et des raisonnements qu'il est difficile de contester. Aussi, ds son apparition en

1284

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

4 8 8 3 , a-t-elle cl accepte par

toutes les personnes qui

cultivent la nouvelle thorie de la chaleur. Il faut que cette vrit capitale du commencement et d la fin de la terre, du soleil et de l'univers, soit absol u m e n t incontestable, puisqu'elle n'a pas pu, malgr toute la bonne volont possible, tre rvoque en doute par le plus hardi des gomoires anglais de la seconde gnration, M. W . E . Clifford, qui pousse le scepticisme mathmatique jusqu' d i r e : Nous n'avons aucune raison de croire que ce que nous savons des lois de la gomtrie (et de la mcanique) soit exactement et absolument vrai prsent, ou que ces lois aient t mme approximativement vraies pendant un temps quelconque au del de celui pour lequel nous avons des preuves directes. (Confrence strophe. s u r la premire et la seconde cata R e v u e scientifique, livraison du 17 juillet 1875.)

Voici, en effet, ses conclusions. Il y a eu un temps, de longueur inconcevable, ou la terre se dtachant d'un grand anneau de substaneequi entourait le soleiltait lance dansson orbite... L'univers se composait de molcules ultimes toutes spares entre elles, mais se rapprochant... Au sujet de la fin des choses, il n'hsite pas dire que, pour la terre, la cessation de la vie a toute la probabilit que la science peut donner... Les conclusions d'un mathmaticien cL mcanicien trsdistingu d'Italie, M. E . de Saint-Robert, sont beaucoup plus nettes et plus accentues (Le Mouvement. Revue scientifique, livraison du 22 juin 1875, p . 1135) : Le mouvement a une tendance constante, par suite des rsistances de toutes sortes, s'teindre. En disparaissant, il donne pourl'ordinaire naissance de la chaleur en proportions dfinies. Quelquefois le mouvement,en s'teignant donneorigine,dansdesproportions
;

fixes, d'autres agents physiques dont on faisait autrefois autant de fluides impondrables divers, savoir: lumire, leo

LA SCIENCE,

AUXILIAIRE DE LA FUI.

158B

Iridi, magntisme. Rciproquement, ces agents peuvent se convertir chacun en mouvement, par quivalent. De plus, tous ces agents peuvent se transformer les uns dans les autres, suivant des rapports fixes, sinon directement, du moins indirectement. Dans un systme de corps livr lui-mme, la somme de toutes les puissances, mesure par le travail mcanique qu'elle peut effectuer, est invariable, c'esl--dire qu'elle ne peut pas tre altre par l'action mutuelle des parties du systme. Le mouvememt perptuel parce qu'il suppose une cration est donc impossible , de puissance sans une

dpense correspondante. L'homme peut puiser du travail mcanique dans le rservoir immense de la nature, le t r a n s former selon ses besoins, mais il ne peut rien crer. De ce qu'aucune puissance ne peut s'anantir, on ne peut conclure que l'univers soit invariable, et que tout y ait un cours circulaire. En effet, on constate dans l'univers une tendance de en chaleur qui se toutes les puissances se transformer

rpand uniformment partout. Ainsi l'univers converge vers un tat final oit il n'existera plus aucune diffrence de temprature entre les corps, oii par consquent aucun phnomne ne sera plus possible, o toutes les activits de la nature se seront arrtes, fixes dans un repos relatif ternel, moins qu'il n'existe un procd inverse par lequel la chaleur puisse se concentrer de nouveau et se reconvertir en d'autres puissances. Mais il parait que ce procd n'existe pas et que mme il est impossible. Cette dissipation progressive de la puissance nous fait envisager non comme prochaine assurment, mais comme invitable la cessation de vie sur le globe. J'ai insist sur ces consquences de la thermo-dynamique parce qu'une demi-science ou la science a son berceau avait essay bruyamment de faire de l'invariabilit de la somme des forces de la nature, de leur unit d'origine cl de leur

1286

LES SPI.ENDEUKS

UE L \ KOI.

conversion mutuelle, un argument contre la cration e l l e Crateur, qu'elles afiirmcnL au contraire trbs-loqucmmcnt. La Gense a devanc de beaucoup la science, en nous rvlant que toutes les activits du mond solaire avaient eu leur origine et leur cause dans l'nergie imprime initialement l'ther par le Fiat lux. Nous l'avons dj dit, cette nergie ncessairement finie s'puisera fatalement et le monde solaire reviendra l'tal de matire dissocie ou diffuse. Nous n'avons pas encore le sentiment de cet puisement, qui ne s'est pas accus dans tous les globes plantaires et leurs satellites, mais qui sait si aprs avoir t longtemps insensible, il ne finira par prendre des proportions considrables, pour se prcipiter plus tard, avec un dnouement qui sera la catastrophe dernire? Mais voici que la science trs-avance nous montre sous d'autres aspects encore le commencement et la fin de la terre et de l'univers. coutons encore deux chos loquents de ces grands faits, un pbysisien anglais, M.Tyndall, et un mathmaticien belge, M . Folie. Nous l'avons dj constat, saint Pierre, le moins savant et le moins lettr des Aptres, avant son illumination soudaine et divine, humble pcheur du lac de Gnsareth, inspir par l'Espril-Saint, semble avoir eu pour mission de nous rvler l'origine et la fin de notre terre. Dans sa seconde ptrc, vraiment admirable, il nous dit d'abord (chap. n i , v. 5) : L a terre, par la parole de D i e u , a t forme d u s e i n de eoAb, et rigoureusement seront recouvrent V e a u ; or la formation aqueuse de la (erre est aujourd'hui

assez universellement accepte, et presque dissous seront par le feu, la terre et les uvres brles

dmontre. Saint Pierre dit ensuite, v. 11 : L e s lments qui la

par le feu. Or voici en quels termes MM. Tyn-

dall et Helmholtz parlent de l'alimentation de la chaleur

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1287

solaire par les astrodes ci les plantes. Si la plante Mercure tombait sur le soleil, la quantit de chaleur produite fournirait h rmission solaire un aliment pour prs de sept ans, tandis que le choc de Jupiter lui en fournirait pour trente-deux mille deux cent quarante a n s ; notre terre donnerait un contingent de quatre-vingt-quinze ans. Quel que doive tre le sort de la thorie dynamique de la chaleur dont nous donnons une esquisse, c'est dj beaucoup de pouvoir tablir les conditions qui produiraient certainement un soleil, de pouvoir reconnatre dans la force de gravit (la force d'impulsion du fluide thr) qui agit sur une matire nbuleuse (ou dissocie) la source d'o ont pu driver les astres du firmament; car, soit que le soleil ait t produit et son mission soutenue par la collision de masses cosmiques, soit que la chaleur intrieure de la terre soit le rsultat de la chaleur dveloppe par le choc d'astrodes froids et obscurs, on ne peut douter que la cause assigne ne soit capable de produire les effets qu'on lui attribue. La lumire solaire et la chaleur solaire sont latentes dans la force qui fait tomber une pomme. Cre simplement par la diffrence de position dans les Diasses qui s'attirent, l'nergie potentielle de la gravitation a t la source originelle de toute l'nergie de l'univers. De mme que les poids d'une horloge, descendant leur plus basse position, de laquelle ils ne peuvent plus remonter, moins qu'une nergie nouvelle leur soit communique par quelque source qui ne sera pas encore puise; de mme, mesure que les sicles se succdent, les plantes doivent tomber sur le soleil. Lorsque Tune d'elles arrive quelques centaines de mille kilomtres de sa surface, si clic est encore incandescente, elle doit fondre et se rduire en vapeur par l'effet de la chaleur rayonnante ; quand mme la plante serait couverte d'une crote, et serait froide et obscure ext-

4588

LKS

SPLENDEURS

DE

LA

TOI.

ricuremcnl , clic ne pourrait chapper a son triste sort. Si elle ne devient pas incandescente comme une toile filante, par le frottement dans son passage travers l'atmosphre du soleil, le premier frlement contre sa surface produira un immense dveloppement de lumire et de chaleur. Enfin soit du premier coup, soit aprs plusieurs bonds, comme un boulet de canon ricochant sur la surface de la terre ou de l'eau, toute la masse sera broye, fondue, rduite en vapeur, par un embrasement qui produira en ce moment plusieurs millions de fois autant de chaleur qu'en produirait on brlant une masse de charbon de la mme dimension. Elemenia calore M. d'aprs solvcntur! Folie ( L a Chaleur, ( B u commencement mcanique G N O , seconde dition.) et de la fin d u de la chaleur. monde, la thorie Lecture faite ignis traduction de M. l'abb Moi-

la sance publique de la classe des sciences de l'Acadmie royale de Belgique, le 15 dcembre 1 8 7 3 ) : Nous avons vu que la seconde loi conduisait a ce double de rsultat: d'une part, qu'il y a plus de transformation

travail en chaleur que de transformation en sens inverse, de sorte que la quantit de chaleur augmente constamment auxdpens de la quantit do travail; d'autre part, que la chaleur tend s'quilibrer, se rpartir d'une manire de plus en plus uniforme dans l'espace, et la dsagrgation des corps s'accrotre. I I s'ensuit que l'univers se rapproche, fatalement de jour en jour, en vertu des lois naturelles, d'un tat d'quilibre final de temprature, dans lequel les distances entre les molcules des corps seront arrives h leur extrme limite, et qui rendra toute transformation nouvelle impossible. Alors, suivant une expression mmorable, les lments seront dissous par le feu. Tel est donc le terme fatal du monde.
DU CHAOS, IL RENTRERA DANS LE CHAOS, SORTI

avec cette diffrence.

LA

SUENli,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

'1289

toutefois, qu'il ne sera plus anim de ce mouvement de rotation qu'avait le chaos originaire (f/uanclo vallabat abyssos), cevla Imje et yyro aura et qui lui a permis de se sparer en diff-

rents groupes d'attraction : ce mouvement de rotation

lui-mme t converti tout entier en chaleur. Le monde finira donc, sans qu'il lui soit possible de se reconstruire au moyen dformes naturelles existantes; et la S C I E N C E
POSITIVE, SUKTOUT,

n'a pas le droit de supposer que ses forces puissent avoir

manifest auparavant, ou qu'elles puissent un jour manifester des lois diffrentes de celles qui ont t reconnues par l'exprience (dmenti donn a M. Glifford}. Il y a plus encore, n o n seulcment le monde finira, mais il a commenc. E t , en effet, s'il existait depuis toute ternit, if y a une ternit dj qu'il aurait du finir, puisque la tendance a l'anantissement de tout travail et l'quilibre final de temprature, agissant de toute ternit, aurait d se raliser entirement depuis u n e
ternit dj,
MENT

On est donc en droit d'affirmer SCIENTIFIQUE-

que l'univers, constitu avec les lois physiques que nous

lui connaissons et il est interdit la science positive d'en supposer d'autresn'existe que depuis un temps limit, quelque long du reste qu'il puisse tre. E t quelle cause l'a ainsi constitu dans le temps? Une cause inhrente lui-mme? mais ce serait absurde, car cette cause aurait du agir aussi bien de toute ternit. Cette cause ne peut tre que le fait d'une volont libre, et la cration se trouve ainsi dmontre
physiquement,-j'allais dire m a t h m a t i q u e m e n t . . .

Et qu'est-ce

qui nous empche d'admettre,

et

mme

d'esprer que cette cause, qui a constitu l'univers dans le temps, avec les forces qui l'animent, pourra agir la fin des temps sur le morne chaos auquel il se trouvera rduit, pour lui imprimer une activit nouvelle et reconstituer l'univers ? Alors seraient ralises ces paroles fatidiques, crites depuis

'1290

L E S SPLENDEUnS

D E LA FOI.

prs de trente sicles : Au commencement tu as fond la terre, et les cieux sont les uvres de tes mains ; ils priront, mais toi tu subsistes ternellement ; ils vieilliront comme un vlement et tu les changeras comme un manteau, et ils seront transforms ! En effet, aprs avoir dit que les lments seraient dissous par le feu, saint Pierre ajoute : N o u s alternions, s a promesse laquelle de n o u v e a u x cieux habitera...
e

selon dans

et n n e nouvelle

terre

la justice

( / 7 p . v, 13.) La science revient

L ' A T O M E OU LA MOLCULE CHOS

DE DIEU.

aux thories elle marchait

atomiques, elle veut tout ramener aux m o ii t t o n s , ce sera peut-tre son apoge. le

lcules et aux atomes. Ce fut son point de dpart, quand Or la molcule et l'atome, non moins que la t e r r e ,

soleil, l'univers, attestent la vrit de nos dogmes chrtiens. Ne pouvant reproduire ici dans son entier la brillante confrence sur les molcules faite h la runion de Bradford, de l'Association britannique, par M. Clerk-Maxwcll, professeur de physique exprimentale l'Universit de Cambridge, physicien et mathmaticien proraison. illustre, j'analyserai du moins sa Les molcules sont d'un type dtermin avec

une prcision que l'on ne retrouve pas dans les proprits dos corps qu'elles constituent. En premier lieu, la masse de chacune et toutes ses autres proprits sont l'abri de tout changement. En second lieu, les proprits de toutes les molcules de mme espce sont identiques. Considrons les proprits de deux espces particulires, celles de l'oxygne et celles de l'hydrogne. Nous pouvons nous procurer un spcimen d'oxygne provenant de diffrentes sources, au moyen de l'air, de l'eau, ou des roches de diffrentes poques gologiques. L ' h i s toire de ces spcimens est trs-diffrente, et si pendant des millions d'annes, des diffrences de circonstances ont

LA SCIENCE, AUXILIAIRE L>E LA KOI.

1291

produit des diffrences de proprits, les spcimens d'oxygne les trahiraient. De mme, nous pouvons nous procurer l'hydrogne au moyen de l'eau, de la houille, ou, comme l'a fait Graham, au moyen des mtores ferrugineux. Prenez deux litres d'un spcimen d'hydrogne, il se combinera exactement avec un litre d'un spcimen quelconque d'oxygne, et formera exactement deux litres de vapeur d'eau. Or, si dans ces diverses phases historiques parcourues par nos spcimens, soit au sein des roches, soit noys dans la mer, soit entrans dans l'espace avec nos mtores, il y avait eu quelques modifications dans les molcules, intacts. Nous avons encore uncautre mthode tout fait diffrente pour juger les molcules. Chacune, quoique indestructible, n'est pas un corps dur et rigide, mais elle est capable de mouvements intestins, et lorsque ces mouvements sont engendrs, elle met des rayons, et la longueur d'onde de ces rayons est la mesure du temps d'une vibration de la molcule. On peut au moyen du spectroscope, comparer les longueurs d'onde de diffrents genres de matire, jusqu' des millimes d'exactitude. On a vu de cette manire, non-seulement que les molcules de tout spcimen d'hydrogne et d'oxygne que nous nous procurons dans nos laboratoires ont la mme srie de priodes de vibration, mais que la lumire mise par le soleil et les toiles fixes possde les mornes sries de vibrations. Nous constatons ainsi que des molcules de mme matire que celles de notre hydrogne existent dans les rgions loignes, ou du moins existaient au moment oii a t mise la lumire qui nous les fait voir... Ainsi, toutes les molcules de l'univers portent en elles un cachet trs-apprciable. On ne peut imaginer aucune thorie d'volution qui puisse se substituer leur 'similitude, car une volution implique un changement contices rapports ne se seraient pas conservs

'J 2!)2

LES

SPLENDEIUS

DE

LA

l'ili.

nncl, CL la molcule n'est pas susceptible dcrotre ou'de diminuer, ni de prendre ou de perdre l'existence. Aucun des p h nomnes de la Nature, depuis son origine, n'a pu produire la moindre diffrence dans la proprit des molcules, de" sorte que l'existence ou Tidentitde leurs proprits ne peut tre attribue aucune des causes que nous nommons naturelles. D'un autre ct, l'galit parfaite de toutes les molcules de mme espce, prsente, ainsi que Ta dit sir John Ilcrschell, le caractre essentiel d'un article m a n u f a c t u r ,
EXISTENCE TERNELLE ET EXCLUT L ' I D E D'UNE

ou d'une entit existant par elle-mme.Les

connaissances de la science chouent lorsqu'on aborde la question de savoir comment la matire est sortie du nant. Lorsque nous s o m m e s arrivs dire que la matire n'est pas ternelle, il nous est impossible d'aller plus loin, de loucher l'autre borne. Ce n'est qu'en considrant non pas la matire en elle-mme, mais la forme sous laquelle elle apparat aujourd'hui, que notre esprit peut trouver un point d'appui. Dire que la matire a certaines p r o p r i t s f o n d a m e n t a l e s , qu'elle existe dans

l'espace, et qu'elle est capable de mouvement, que son mouvement doit tre persistant, c'est noncer des vrits qui, dans l'tat de nos connaissances, sont du genre de ce que les mtaphysiciens appellent des faits ncessaires. Nous pouvons d duire de ces faits des conclusions, mais noussommes sans force en ce qui concerne leur origine. Il en est tout autrement pour ce qui concerne la quantit de .matire contenue dans particule d'hydrogne.
de la maLicrc, et pour se servir de l'expression du

une

11 y a l une distribution particulire


docteur

Chalmers, une collocalion de choses que nous pourrions concevoir disposes autrement. La forme et les dimensions des orbites des plantes, par exemple, no sont dtermines par aucune loi de la nature, mais dpendent d'une collocalion particulire del matire. Le cas est le mme pour les dimen-

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1293

sions del terre, c V o a t dduit le type de la longueur, le mtre (lisez la coude). Mais les dimensions astronomiques et terrestres sont trs-infrieures, au point de vue de l'importance scientifique, ce type, le plus fondamental de tous, qui forme la base du systme molculaire. Il existe des causes naturelles, comme nous le savons, qui peuvent modifier et, peut-tre, la longue, dtruire les dispositions et les dimensions de la terre et de tout le systme solaire. Mais quelles que soient les catastrophes et la succession du systme qui peut en rsulter, les molcules qui font la base de tout, et qui sont comme les pierres de fondation de l'univers, resteront intactes, en dimensions et en nature. Elles sont aujourd'hui ce qu'elles taient lorsqu'elles ont t cres, acheves, quant h leurs dimensions et h leur poids, et les caractres indestructibles qu'elles possdent nous reportent a la pense, que ces mesures, ces principes, cet quilibre que nous dcouvrons comme de noblcs.attribuls,
ET LA T E R R E , N O U S E N JOUISSONS P A R C E QU'ILS SONT LE CACHET LE CIEL DE C E L U I Q U I , A U C O M M E N C E M E N T , A C R N O N - S E U L E M E N T MAIS LES MATIRES QUI LES COMPOSENT. ))

Ces conclusions de M. Clerk-Maxwell ont vivement frapp des esprits levs, mais dj circonvenus par l'athisme et le matrialisme modernes. Voici comment M. John Tyndall les apprcie dans son trop fameux discours de Belfast, explosion attristante de la libre pense. Doit-on voir le simple rsultat d'une similitude des ducations ou d'une uniformit de constitution mentale, dans le fait que les ides de Gassendi se trouvent tre identiques avec .cellesque le professeur Clerk-Maxwell a si bien dveloppes dans son discours de Bradford, ces deux philosophes s'accordant pour considrer les molcules comme des prparsi des articles manufacturs, crs matriaux par la main

puissante du Trs-Haut, et qui, par leurs actions et leurs rac-

1294

LEvS S P L E N D E U R S

DE

LA

FOI.

lions subsquentes, produisent tous les phnomnes du monde matriel? Il semble toutefois qu'il y a une diffrence un poslulahun, facturs, et l'autre la conclut, p a n s les articles entre manuGassendi et Maxwell. L'un suppose la premire cause, comme le professeur Clerk-Maxwell trouve la base d'une

induction qui lui permet d'escalader les hauteurs philosophiques qucKant jugeait inaccessibles, et de s'lancer logiquement des molcules jusqu' leur
CRATION.

Ces molcules prsentent, en effet, des caractres forcment ' d i v i n s : leurindeslructihilit, leur similitude, l'identit de leur quantit de matire et de leur quantit de mouvement, etc. Un argument lout-puisssant on faveur de la nature manufacturs d'articles que la science est force d'attribuer aux m o -

lcules des corps rsulte de leur petit nombre. Le nombre des lments ou molcules simples est en effet trs-limit, et nous les retrouvons partout les mmes, dans tout l'univers, il est, en outre, extrmement probable, sinon absolument certain, que les poids de toutes ces molcules sont des multiples simples du poids molculaire de la plus lgre d'entre elles, de l'hydrogne. Les nombres fournis par toutes les expriences, mme p a r l e s expriences du clbre chimiste belge, M. Stas, que Ton regarde comme contradictoires, diffrent si peu des nombres fournis par la loi de Prout, l'accord est mme si p a r fait, dans beaucoup de cas, que ne pas attribuer les diffrences a des erreurs d'observation, ou ne pas les expliquer par l'impossibilit presque absolue d'oblenirdes substances chimiques absolument pures, c'est certainement pcher gravement contre la logique, ou mconnatre les lois de la philosophie des sciences. Dans l'hypothse de la loi de Prout ou de la loi des multiples, le petit nombre, autrement inexplicable,des molcules simples a sa raison d'tre. De mme qu'il est absolument

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA F O I .

1298

impossible d'introduire dans la gamme musicale d'aulrcs sons que ceux qui sont exprims par des multiples des nombres 2 , 3, 3, avec la condition expresse que 2 ne sera que cinq fois, 3 trois fois, 5 deux fois facteur dans le chiffre qui exprime le nombre des vibrations du son musical; de mme on ne p o u r rait pas concevoir un corps dont le poids molculaire ne serait pas un multiple du poids molculaire de l'hydrogne exprim par le produit de nombres simples 2, 3 , 5, p e u t - t r e ? , pris un petit nombre de fois comme facteurs. Sir William Thomson considre les molcules simples produits au sein d'un ou.atomes primordiaux de l'univers, comme des anneaux tourhillonnaircs ou des tourbillons fluide parfait, prexistant, le fluide ther, peut-tre, qui remplit l'espace d'une manire continue, Mais cette dfinition, dit son minent collaborateur, M. Tait, n'implique pas moins que la premire la ncessit d'un acte crateur, soit pour la production, soit pour la destruction de ces petites portions de matire tourbilionnairc, parce que la rotation ne peut tre physiquement conue et produite ou dtruite que par la viscosit ou le frottement intrieur, et qu'il n'existe rien de s e m blable dans un fluide parfaitement homogne.

Comment le monde visible s'est-il constitu l'aide de ces atomes primordiaux, et comment ces mmes atomes peuventils entrer en relation avec l'univers invisible? Une belle page de la Philosophie naturelle de l'illustre Thomas Young nous ouvre ces mystrieux horizons, et on me saura gr de la reproduire ici : En outre de leur porosit, il y a toujours place pour la supposition que mme ces dernires molcules de la matire peuvent tre permables aux causes d'attraction de divers genres; spcialement, si ces causes sont immatrielles, cl il n'y a rien dans l'lude prjudicielle de la philosophie

'1296

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

physique qui tende a nous faire douter de l'existence des substances immatrielles ; au contraire nous y voyons des aualogies qui nous conduisent presque directement a admettre cette .existence. Le fluide lectrique est suppos essentiellement diffrent de la matire ordinaire. L e milieu gnral de la lumire et de la chaleur, suivant quelques-uns, ou le principe du calor i q u e , suivant les a u t r e s , est galement distinct de la matire

commune. Nous voyons des formes de la matire qui diffrent par leur subtilit et leur mobilit, sous les noms de solides, liquides et gaz ; au-dessus deces existences semi-matrielles qui produisent les phnomnes de l'lectricit et du magntisme, domine le calorique ou ther universel. Plus haut encore, peut-tre,sont les causes d e l gravitation et les agents immdiats des attractions de toutes sortes, faisant natre des phnomnes toujours plus loigns de ceux qui sont compatibles
avec les corps matriels. Et de tous ces diffrents o r d r e s d'tres

les plus subtils et les moins matriels traversent librement les plus grossiers. Il semble, par consquent, naturel de croire que l'analogie peut se continuer plus encore, jusqu' ce que nous arrivions h l'existence d'tres absolument immatriels et spirituels. Nous savonsquedes milliers de mondes spirituels peuvent rester invisibles pour toujours l'il humain ; et nous n'avons mme aucune raison de penser que la prsence sur un certain point del matire doive en exclure les existences spirituelles.
Ceux qui soutiennent que la N a t u r e va toujours enfantant la vie,

partout o de nouvelles cratures peuvent trouver place, peuvent, par consquent, spculer en libert sur la possibilit de mondes indpendants ; les uns existant dans diffrentes rgions de l'espace, les autres se pntrant l'un l'autre, invisibles et inconnus, au sein d'un mme espace, d'autres enfin pour lesquels l'espace peut ne pas tre une condition ou un mode de l'existence.

1..V S C I E N C E ,

AfcXJUAUkl?

DE

IA

FOI.

'J297 unseen L'unifutur

J ai trouv cette citation dans un livre anglais tout rcent et qui a cependant atteint dj sa seconde dition : The Universel or p h y s i c a l spculations o n a futur State: vers invisible ou Spculations physiques sur un tat

(m-8,xn-211 pages). Il st crit dans le mmehut que le mien, Montrer que la prtendue incompatibilit de la science et de la Religion n'existe p a s , par deux crivains qui gardent l'anonyme, mais que l'on sait tre deux physiciens-mathmaticiens trs-minents, M. Tait et M. Balfour-Stcwart. Je viens de le lire trs-attentivement ; je le recommande ceux de mes lecteurs qui sont plus initis aux sciences physiques et mathmatiques, et me contente de reproduire ici les conclusions des auteurs. Pages 209-210. Noslecteurs sont maintenant en position de percevoir le rsultat de cette manire d'interroger la science, et de s'abandonner eux-mmes sans hsitation et sans dfiance la conduite des principes lgitimes. C'est que la science ainsi dveloppe, au lieu de se montrer en antagonisme avec les exigences du christianisme, est en ralit son plus efficace auxiliaire, et que la charge de montrer que les premiers chrtiens avaient tort d'affirmer l'existence et la constitution d'un univers invisible, semblable celui que la science pro clame, est rejetc sur les paules des adversaires du christianisme. Pour le prsent, nous ajouterons seulement que le principe de l'aide que nous avons invoqu n'est pas uniquement une arme thologique; mais que,en dernire analyse,il se montrera, nous le croyons, un trs-puissant auxiliaire scientifique. Nous l'avons dj fait servir au dsir de modifier l'hypothse la plus probable qu'on se soit forme relativement la constitution dernire de la matire. La vrit est que la science et la religion ne sont pas, et

J298

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

ne peuvent pas tre deux champs de connaissances sans communication possible entre eux. Une semblable hypothse est simplement absurde. Il existe indubitablement une avenue conduisant de Tune l'au!rc, malheureusement elle est ferme par un mur sur l e quel on a crit : O n ne passe que du ct de la religion. Nous avons l'espoir que, lorsque les rgions de- la pense seront plus srieusement examines, elles conduiront quelque facteur commun sur lequel les adeptes de la science, d'une part, et les adeptes de la Religion rvle, d'autre part, se rconcilieront et reconnatront leurs droits mutuels, sans aucun sacrifice de l'esprit d'indpendance, diminution de leur mutuel respect. 11 ne faut pas oublier, soit que nous ayons en vue la science, soit que nous ayons eu vue la religion, que le grand objet de notre vie, au sein de l'univers invisible, est galement d'apprendre : que dans la constitution de l'tre humain l'avancement dans la science exige que nous poursuivions sans cesse un grand but, quenous le poursuivions avec nergie et d'une manire continue; car, comme nous l'apprend saint Jean dans sa premire ptre, la victoire que nous remportons sur le monde est l'uvre de notre foi.
SCIENCES PHYSIOLOGIQUES.

pasici,

t a n t d u ct de la science

et sans aucune

Il est impossible de se faire illusion sur la tendance vritable de la fausse science. Le dogme qui l'effraye et l'irrite le plus est le dogme, plus vident que le jour, de l'existence de Dieu, dogme qui se rsume en quelque sorte dans notre propre existence. S'il est un dilemme logique et concluant c'est bien celui-ci : Je suis, donc Dieu est! J'existe, donc Dieu existe! En effel, sans l'existence dcDieu, mon existence serait

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1299

absolument inexplicable. E t parce que, si la cration est une ncessit et un fait, Dieu est une ralit infinie, on a report sur la cration la rpulsion qu'inspire l'existence de Dieu. La fausse science l'a nie de toutes les manires possibles, et elle a t chercher les origines de la vie dans une foule de systmes ou de genses plus insenses les unes que les autres. C'est ainsi que sont nes les hypothses de l'volution et de Thlrognic ou des gnrations spontanes. Ces systmes, en ralit, ne font que reculer la difficult, ils n'aboutissent qu'a refouler la cration dans la nue des temps sans russir h nier sa ncessit, et par consquent l'existence du Dieu crateur. En effet, ce n'est pas tout que d'tre arriv une forme primordiale dont toutes les autres seraient drives par volution, un premier tre, monre ou protogne, dont tons les autres tres seraient ns. Il faut expliquer comment celte premire forme est apparue. Pousse ainsi dans ses derniers retranchements, la libre pense arrive logiquement a s'crier avec le clbre physicien John Tyndall : Mettant de ct tout dguisement, j e crois devoir vous faire la confession que, remontant par la pense au del de toute dmonstration exprimentale,
OIS DANS LA MATIRE LA PROMESSE ET LA PUISSANCE J'APERD'ENGEN-

DRER J O U T E

FORMis

D E LA

VIE.

C'est la profession de foi m a t -

rialiste la plus extravagante qui ait t formule, ltait-ellc sincre? Jugez-en ! Je vous demande, ajoutait M. Tyndall, s'il existe la moindre preuve qu'une forme vitale quelconque peut tre dveloppe de la matire sans existence pralable dmontre? L'homme vritablement scientifique, en rponse votre question, admettra franchement
AUCUNE P R E U V E SATISFAISANTE DU NE POUVOIR APPORTER

D V E L O P P E M E N T D E LA V I E S A N S >>

UNE V I E A N T R I E U R E D M O N T R E .

Comment, en effet, admettre MicinliPufucme.nl

la gnra-

'llOO

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lion spontane, aprs le mmorable rapport fait l'Acadmie des sciences dans sa sance du lundi 2 5 lvrier 1805 par M. Balard, au nom d'une Commission compose de MM. Flourens, Dumas, Brongniard, Milne Edwards, Balard? Ce rapport a t pour les saines doctrines un grand triomphe; et il est en ralit un hommage clatant rendu la foi. En voici l'analyse faite avec les propres paroles sanctionnes l'unanimit par l'Acadmie des sciences. L'ide qu'un actuelles, prendre tre vivant peut, naissance dans les conditions antrieure sans l'existence

d'un autre tre, vivant aussi, qui en a fourni le germe, a t dbattue dans tous les t e m p s ; . . . et les raisons dduites, en apparence du moins, de l'exprience directe, n'ont jamais manqu pour soutenir cette doctrine. Mais une tude plus svre vient montrer que ces faits ont t mal observs, et les cas nouveaux ou la matire semblait s'organiser d'elle-mme, rentrant dans la classe de ceux o l'existence d'un germe antrieur est vidente, la question semble disparatre de l'arne scientifique. Bientt cependant elle se reprsente, appuye encore, en apparence, sur l'observation, mais portant, cette fois, sur des tres de dimensions de plus pn plus petites, et pour lesquels nos moyens d'investigation sont incertains. Mais, d'un ct, l'habilet plus grande des observateurs,de l'autre,les progrs dans la construction des instruments font encore rentrer les nouveaux faits dans la srie des faits connus et ordinaires. On conoit qu'en procdant ainsi, dans l'impuissance de voir les corps reproducteurs plus exigus,... la question arrive h ce terme sortira du domaine de la discussion pure. Les uns, guids par l'induction scientifique, concluront que la nature toujours d'accord .avec elle-mme, procde dans ces organismes inconnus comme elle fait pour ceux que nous pouvons observer. D'autres se fondant sur ce qu' l'origine

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DE

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dos choses la matire a t organise sans germes antrieurs, penseront que cette puissance cratrice peut manifester encore ses effets dans la rgion de rintiniment petit. . . . De l des discussions qui, aussi vieilles que le monde, doivnt videmment rester ternelles, et entre lesquelles l'Acadmie n'est pas appele faire de choix. Sa mission consiste a contrler les faits sur lesquels s'appuient les opinions diverses, et quand il s'en trouve d'une importance capitale, elle doit vrifier, entre les assertions opposes, celles qui, conformes la vrit, mritent seules de servir d'lment dans une discussion srieuse. Or parmi les expriences dont les rsultats sont prsents comme favorables ou contraires la doctrine des gnrations spontanes, il en reste une dont l'importance a frapp tous les esprits, et que d'un commun accord on a regarde comme capitale. M. Pasteur affirme qu'il est toujours possible de prlever en un lieu dtermin un volume notable d'air ordinaire, n ' a y a n t subi aucune modification physique ou chimique, et tout a fait impropre nanmoins provoquer une altration quelconque dans une liqueur minemment putrescible. MM. Pouchet, Joly et Musset ont crit a l'Acadmie que ce rsultat exprimentale de leur est erron... M. Pasteur porte a ces Messieurs le dli de donner la preuve assertion. MM. Joly et Musset ont accept le dfi en ces termes : Si un seul de nos ballons demeure inaltr nous avouerons loyalement notre dfaite. M. Pouchet accepte le mme dfi dans les termes suivants : J'atteste que sur quelque lieu du globe o je prendrai a un dcimtre cube d'air, ds que je mettrai celui-ci en c o n lad avec une liqueur putrescible renferme dans des matras hermtiquement clos,
CONSTAMMENT

ceux-ci se rempliront

d'organismes vivants. L'Acadmie acceptant la mission de vider la question pose en ces termes, a nomm, dans sa

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LliS S P U i l N D E U K h |JJ LA K O I -

sance

du

4 janvier, une

Commission charge de faire

rpter en son nom les expriences dont les rsultats sont marqus comme favorables ou contraires k la doctrine des gnrations spontanes. Aprs de nombreux pourparlers, des fats multiplies de non-recevoir..., la Commission fit parvenir MM. Poucbct, Joly et Musset une note indiquant la marche qu'elle prtendait suivre : dcide a procder, dans cette tude,
EXPRIENCE PAR EXPRIENCE

elle dsire

rpter d'abord celle qui, devenue propre aux deux parties qui l'ont excute l'une et l'autre, avec des rsultats diffrents, est rpute par chacune d'elles comme galement probante. Rendez-vous fut donn au Musum d'histoire naturelle pour le mardi 22 juin. M. Pasteur prsente d'abord la Commission et ses antagonistes trois ballons remplis d'air sur le Montauvert, et contenant de l'eau de levure, liqueur fermentescible, sur laquelle il opre ordinairement. De l'aveu de tous, la transparence tait parfaite, et rien d'organique ne s'tait dvelopp. Mais ces ballons contenaient-ils de l'oxygne? La pointe de l'un d'eux fut casse, sous le mercure, et l'analyse de l'air qu'il contenait, faite avec de la potasse d'abord, et de l'acide pyrogallique ensuite, montra, la fois, qu'il ne contenait pas d'acide carbonique, et qu'il renfermait comme l'air normal 21 pour 100 d'oxygne. Ds lors, le liquide fermcntcscible qu'il contenait, tait rest prs de quatre ans au contact de l'air, sans absorber une quantit apprciable d'oxygne. 11 n'tait entr dans le ballon que du mercure provenant du fond de la cuve, et la liqueur tait reste inaltre ! Un autre ballon non ouvert conserve sa limpidit parfaite... Un troisime fut cass a son goulot, de manire que son col maintenu vertical prsentt l'air une ouverture de moins d'un centimtre carr. Le samedi 2 5 , il s'y manifestait dj cinq flocons d'un myclium louche qui s'est considrablement dve- .

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lopp plus t a r d . . . Au ballon unique... que MM. Pouchet, Joly cl Musset, regardaient comme suffisant, M. Pasteur en aurait pu ajouter bien d'autres... En [>rsencc des membres de la Commission, et de MM. Pouchet, Joly et Musset, il se met en mesure de remplir les soixante ballons, sur lesquels devaient se porter ses propres expriences, de la liqueur fermentcsciblc prpare en faisant une dcoction de 100 grammes de levure par litre d'eau. Chacun de ces ballons de a 300 centimtres cubes, fut rempli, au tiers environ, de ce liquide limpide, contenu dans un grand flacon, dont le maniement seul donnait lieu a u n e frquente agitation. Le col de ces ballons fut tir la lampe, et le liquide qu'ils contenaient maintenu a l'bullition, pendant un temps sensiblement gal, deux minutes environ, aprs quoi chacun fut immdiatement ferm la lampe... La Commission ne pouvait admettre pour les expriences Tordre indiqu par MM, Pouchet, Joly et Musset... Elle se refusa a les suivre sur un terrain qui ne pouvait fournir aucun rsultat... Ces messieurs se retirrent du dbat, et l'exprience dut tre continue par M. Pasteur, en prsence des membres seuls de la Commission... Le col des ballons prpars fut bris par M. Pasteur avec toutes les prcautions qu'il a recommandes comme indispensables, et qui, plus d'une fois, durent tre ngliges par d'autres exprimentateurs comme excessives et inutiles, telles que le chauffage la lampe de la partie effile des ballons, chauffage des pinces qui servent a les rompre, loignement aussi grand que possible du corps de l'oprateur, etc. On y fit entrer ensuite de l'air pris l'extrieur du-grand amphithtre, sur les gradins les plus levs, et les tubes effils furent ensuite ferms avec rolipyle... Nous dsignerons ces premiers vases sous le nom de ballons de la premire

s r i e . Dix-neuf autres de ces ballons

furent ouverts l'extrieur, sur le point le plus lev du dme

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de l'amphithtre, et fermes de nouveau comme les prcdents ; ces ballons ont t dsigns sous le nom collectif de de la deuxime sime srie srie. Dix-huit ballons constituant la ballons troi-

furent ouverts et ferms Bellevue au milieu d'un

gazon, sous un massif de grands peupliers de l'habitation de l'un d'entre nous. L e s trois sries de ballons furent alors places dans une armoire du Musum ferme par un simple grillage... On plaadansles mmes conditions, les quatre ballons remplis du mme liquide, mais dont le col avait t effil, contourn et laiss ouvert, soumis aussi l'bullition, pendant deux minutes, et abandonns a eux-mmes; ainsi que trois verres
a

exprience remplis de la liqueur limpide que M. Pasteur

avait prpare. Ds le lendemain, le liquide de ces trois verres, dj troubl, indiquait la prsence de myriades de bactries. L'observation au microscope en confirma l'existence trois jours plus t a r d . . . Sur dix-neuf ballons de la premire srie remplis d'air pris dans l'amphithtre, il n'en est que cinq dans l e s quels il se soit manifest quelques dveloppements organiques; quatorze sont rests intacts. La deuxime srie de ballons pleins d'air pris sur le dme cie l'amphithtre, nous en offre quinze rests sans altration, tandis que six seulement ont donn naissance des tres vivants... Sur dix-huit des ballons remplis d'air Bellevue, quinze ont t altrs... Les quatre ballons col effil et contourn, rests ouverts, n'avaient prouv aucune altration, quoique l'air y et t souvent renouvel... En rsum, les faits observs par M. Pasteur et contests par MM. Pouchet, Joly et Musset sont de la plus parfaite exactitude. Des liqueurs fermer)tescibles peuvent rester, soit au contact de l'air confin, soit au contact de l'air souvent renouvel, sans s'altrer; et quand, sous l'influence de ce fluide, il s'y dveloppe des organismes vivants,

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ce n'est 'pas ces lments gazeux qu'il faut en attribuer le dveloppement, mais a des particules solides dont on peut le dpouiller par des moyens divers, ainsi que M. Pasteur l'avait affirm... Les conclusions du rapport sont adoptes. Rien de plus simple en apparence que l'exprience'de M. Pasteur, et cependant, rien de plus concluant dans sa simplicit ; c'est tous les points de vue une exprience dcisive, experimentum crucis. En la consacrant par son autorit suprme, l'Acadmie a tranch sa racine la question des gnrations spontanes. Toutes les fois qu'elle a voulu revivre, il a suffi qu'on lui montrt les flacons col effil et recourb de M. Pasteur, qui dfendent, depuis plus de douze ans, de la putrfaction et de la fermentation, les liquides les plus facilement altrables/pour dmontrer invinciblement que nul tre, quelque infrieur qu'il soit, ne peut natre que de germes ou d'ufs prexistants : omnevivum ex ovo autvivo. Nous regardons comme un vnement providentiel que la question des gnrations spontanes ait t souleve en plein "rgne de l'cole positiviste et exprimentale, et queM. Pasteur, pass matre en fait d'observations et d'expriences, se soit trouv naturellement dsign pour reprsenter la saine cole physiologique, pour dmontrer la ncessit et la vrit de la cration. Il a expos l'ensemble de sa doctrine sur ce sujet dans une circonstance mmorable, le jeudi 7 avril, au sein du brillant auditoire que runissaient alors les soires scientifiques de la Sorbonne. C'taient des savants, des philosophes, des littrateurs, des prtres, toute une foule d'amis ardents et avides del vrit,-qui venaient entendre le jugement de la science sur l'une des questions les plus importantes au point de vue physiologique et religieux. Il s'agissait de conqurir au spiritualisme les incrdules et les matrialistes. M. Pasteur avait conscience de sa mission; il sentait qu'il avait charge

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d'mcs; et c'est avec un vrai talent de professeur, avec une parole mesure, ferme et convaincue, que le savant directeur des tudes de l'cole normale suprieure, l'une des plus grandes gloires de l'Acadmie des sciences, a trait des gnrations'spontancs. Pour qu'on ne puisse pas m accuser de cder mes trop vives sympathies, je laisse M. Ernest Mcnaull, le rdacteur si intelligent et si exerc du universel, alors Journal officiel de VEmpire, de cette brillante leon, et je me borne l'abrger. De bien grands problmes s'agitent aujourd'hui, et tiennent tous les esprits en veil; unit ou multiplicit des races humaines cration de l'homme depuis quelques mille ans ou depuis quelques mille sicles; fixit des espces ou transformation lente et successive des espces les unes dans les autres; la matire rpute ternelle, en dehors d'elle le nant! L'ide de Dieu inutile! Ne craignez pas'quc je vienne avec la prtention de rsoudre l'un quelconque de ces graves sujets. Mais cL d'eux, dans le voisinage de ces mystres, il y a une question plus modeste, qui leur est directement ou indirectement associe, et dont je puis peut-tre oser vous entretenir, parce qu'elle est accessible l'exprience, et qu' ce point de vue j'en ai fait l'objet d'tudes que je crois sincres et consciencieuses. C'est la question des gnrations spontanes. La matire peut-elle s'organiser d'elle-mme ? En d'autres termes des tres peuvent-ils venir au inonde sans parents, sans aeux... Quelle conqute pour le matrialisme s'il pouvait protester qu'il s'appuie sur le fait avr de la matire s'organisant elle-mme ! La matire qui a en ellemme dj toutes les forces connues ! Ah! si nous pouvions lui ajouter encore cette autre force qui s'appelle la vie, et la vie variable dans ses manifestations avec les conditions de nos expriences, quoi de plus naturel que de la difier, cette Moniteur rendre compte
1

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FUI.

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matire? quoi bon recourir l'ide d'une cration p r i m o r diale, devant le mystre de laquelle il faut s'incliner?... C'est une question de fait que j'aborde sans ides prconues; aussi prt dclarer qu'il existe des gnrations spontanes, si l'exprience m'en avait impos l'aveu, que je suis convaincu aujourd'hui que ceux qui les affirment ont un bandeau sur les yeux... Qui est-ce qui se trompe? Qui est-ce qui exprimente la Van Hclmont? Qui est-ce qui laisse entrer les souris dans le pot au linge sale, a son insu, et qui les proclame ensuite des gnrations spontanes? Est-ce vous, partisans de la doctrine? Est-ce moi, son adversaire? C'est ce qu'il s'agit de dterminer avec prcision. M, Pouchet, le plus dcid partisan de la gnration spontane, a cru qu'il dciderait la question s'il parvenait dterminer l'volution de quelque tre organis, en substituant del'air artificiel a l'air de l'atmosphre... Mais il y a une cause d'erreur dont M. Pouchet ne s'est pas dout, dont personne ne s'tait dout avant lui, qui rend son exprience illusoire, aussi mauvaise que l'exprience du pot au linge sale de Van Hclmont... Je vais vous montrer par o les souris sont entres. Je vais tablir que dans toute exprience de ce genre il faut proscrire absolument l'emploi de la cuve a mercure... Je vais vous dmontrer que c'est le mercure qui apporte avec lui les poussires, et par suite les germes qui sont en suspension dans l'atmosphre. Ici M. Pasteur tudie la composition des poussires qui sont en suspension dans l'atmosphre. Il apprend les recueillir et a i e s voir au microscope; les montrer par projection lumineuse sur un cran, la grande admiration des auditeurs, toujours associes des corpuscules organiss, qui par leurs formes, leurs dimensions et leurs caractres, ne peuvent tre distingus des germes, aujourd'hui connus. Il indique le moyen de semer ces poussires avec les germes qui en sont

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LES SPLEiNDEUKS DE LA KOI

insparables

dans des vases convenablement disposs, o

elles amnent le dveloppement des organismes qui natraient dans les infusions de ces vases, si celles-ci taient librement exposes au eonlact de l'air... 11 prouve que si Ton fait bouillir une infusion de matire organique-dans un vase col pralablement recourb, et qu'on la laisse refroidir, le liquide de l'infusion ne s'altre plus. Il montre des vases ainsi prpars, qui ont plusieurs aunes d d a l e , et dont les liquides sont limpides comme de l'eau distille : c'est que, grce aux courbures du col, les poussires de l'air ne peuvent plus pntrer dans le vase, et arriver jusqu' l'infusion. Et moi aussi, ajoutc-t-il alors, j'ai pris ma goutte d'eau dans l'immensit de la cration, toute pleine de la gele fconde, c'est-n-dire, pour parler le langage de la science, toute pleine des aliments appropris la nutrition des tres microscopiques, j'attends et j'observe! Et je lui demande de vouloir bien, par des transformations successives, me raconter l'univers. Et elle est muette! Elle est muette depuis plusieurs annes que les expriences ont commenc. Pourquoi? C'est que j'ai loign d'elle, et que j'loigne encore eu ce moment ce qu'il n'est pas donn a la puissance de l'homme de faire; j ' a i loign d'elle les germes qui sont en suspension dans P a i r ; j ' a i loign d'elle la vie ; car la vie c'est le germe, inversement, le germe c'est la vie. Jamais, non jamais, la guration spontane ne se relvera du coup mortel que cette exprience lui a port... J e n'irai pas plus loin, je sens que ma cause est gagne. Nou, messieurs, non, il n'y a pas une seule circonstance aujourd'hui connue, o l'on ait vu des tres venir au monde sans parents. Ceux qui l'affirment ont t le jouet d'illusions ou do causes qu'ils n'ont pas [su apercevoir, ou qu'ils n'ont pas v o u k viter. et,

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SCIENCE, A t ' X I M M l l E

DE I.A POI.

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Dans la clbre discussion sur les fermentations, souleve par lui au sein de l'Acadmie de mdecine, dans les premiers mois de 1875, M. Pasteur a t plus explicite encore, cl plus

victorieux. Nous sommes heureux de pouvoir emprunter ses discours quelques lignes qui jettent une nouvelle lumire sur ces graves questions. 11 dmontre invinciblement des fermentations ce qu'il a dmontr de la gnration spontane ; qu'elles sont absolument impossibles sans l'intervention d'un ferment vivant, prexistant et venu de l'extrieur, c'est--dire qui soit surajout au liquide organique vivant. Dans la sance du 2 mars 1875, aprs une exprience trs-simple de fermentation lactique produite par l'ensemencement de la vie dans un milieu minral, avec un nombre immense de petits tres sans cesse en mouvement, M. Pasteur n'hsite pas dire : Oh ! comme les voil loin de nous et rlgues au rang des chimres, toutes les thories do la fermentation imagines par Berzlius, Mitscherlich, Liebig, et que de nos jours MM. Pouchet, Frmy, Dchamp ont rdites, en les accompagnant d'hypothses nouvelles! Qui oserait soutenir encore, que ces fermentations sont des phnomnes de contact, des phnomnes de mouvement communiqu par une matire albuminode qui s'altre, ou des phnomnes produits par des matires semi-organises qui se transforment en ceci ou en cela? Tous ces chafaudages crs par l'imagination s'croulent devant notre exprience si simple et si probante. Notre milieu fcrmentescible, en effet, est un milieu minral, d'o toute matire albuminode tait absente; c'est un ensemble de corps cristalliss, dans lequel nous avons, au dbut, introduit la vie, par un vibrion, au contact d'une matire fermenlescible, matire qui a concouru nourrir, h engendrer tout le ferment qui s'est produit. Le ferment est un tre vivant qui s'est multipli, grce a un transport incessant

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

de la matire fermentescible au ferment, dans le corps de nos vibrions; il n'y a pas un seul atome de carbone qui ait n'existait de carbone que dans l'acide lactique. Et, t enlev a la matire fermentescible, car, dans notre milieu, il chose admirable, la puissance de la vie a t telle, dans-les quelques infimes vibrions que nous avons sems, qu'ils ont pu former
toutes les matires a l b u m i n o d c s , azotes, phosphorcs et

sulfures de leur corps, toute leur matire grasse, tonte leur cellulose et toute leur chitine, l'aide de l'azote, du phosphore et du soufre enlevs des phosphates ou des sulfates d'ammoniaque, qui se sont copules avec la matire hydrocarbonc de l'acide lactique... Du moment oii il serait tabli qu'il y a corrlation entre le phnomne de la vie sans a i r e l l e fait de la fermentation, n'aurions-nous pas dcouvert la cause de cet important phnomne ? En bonne philosophie, le mot
de cause doit tre rserv a l a seule divine impulsion qui a

form l'univers. Eh bien oui, le phnomne dont il s'agit est gnral. Oui, quand il y a vie sans air, il y a fermentation ; et quand il y a fermentation, il y a vie sans air. Dans la sance du 9 mars, M. Pasteur, entendant M. Poggiale dclarer qu'il n'avait pas d opinion sur la gnration spontane, s'criait indign : E h bien, j'en ai une, moi, et non de sentiment, mais d r a i s o n , parce que j ' a i acquis le droit de l'avoir par vingt aimes de travaux assidus, et il serait sage tout esprit impartial de la partager. Mon opinion, mieux encore, ma conviction, c'est que, dans l'tat actuel de la science, la gnration spontane est une chimre. 11 vous serait impossible de me contredire, car mes expriences sont toutes debout, et toutes prouvent que la gnration spontane est une chimre. Dans la sance du 30 mars, M. Pasteur tendait la putrfaction ses thories sur la gnration et la fermentation; puis,

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rsumant la question de la fermentation spontane dans la discussion de la putrfaction des ufs, laquelle semblait faire seule exception, il disait : A quoi bon tant de discours : il y a ici deux observations capitales que, selon moi, M. Gayon h mises hors de doute :1 Tous les ufs ne se putrfient pas,'Si la longue, et quelle que soit la temprature; 2 tous les ufs pourris contiennent dos organismes microscopiques capables de se reproduire, et bien vivants, par consquent! Enfin dans la sance du 9 mars M. Pasteur, provoqu par M. Poggialc, n'hsitait pas a refaire devant tous ses collgues de l'Acadmie la solennelle profession de foi qu'il avait faite le 8 aot 1874, dans un discours prononc a la distribution des prix du collge d'Arbois; discours qui est lui seul une splendeur de la foi. Nagure, dit-on, il a exist dans notre ville de ces gnies incompris, et je sais que le mot libre penseur Q$1 inscrit, quelque part, dans l'enceinte de nos murs comme un dfi et un outrage. (On voit, au cimetire de la ville, plusieurs tombes avec cette pitaphe :
PENSEUR.)
MORT E N LIBRE

Chose trange, elles sont de date rcente,

toutes

postrieures k nos d s a s t r e s ! ! !

Savcz-vous ce que rcla-

ment la plupart des libres penseurs ? C'est, pour les uns, la libert de ne pas penser du tout, et d'tre asservis par l'ignorance ; pour d'autres la libert de penser mal ; pour d'autres encore, la libert d'tre domins par les suggestions d e l ' i n s tinct, et de mpriser toute autorit et toute tradition. La libre pense dans le sens cartsien, la libert dans l'effort, la libert dans la recherche, le droit de conclure sur le vrai accessible a l'vidence et d'y conformer sa conduite, oh 1 ayons un culte pour cette libert-l. C'est elle qui a fait la socit moderne dans ce qu'elle a de plus lev et de plus fcond (hlas!) ; mais la libre pense qui rclame le droitde conclure sur ce qui chappe une connaissance prcise, la libert

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qui signifie matrialisme cl athisme, celle-l rpudions-la avec nergie. Vraiment, je les admire tous les grands philosophes de ces systmes nihilistes si prospres aujourd'hui! Eh quoi ! nous autres patients scrutateurs rie la nature, riches des dcouvertes de nos devanciers, munis des instruments les plus dlicats, arms de la svre mthode exprimentale, nous bronchons chaque pas, dans la recherche de la vrit, cl nous nous apercevons que le monde matriel, dans la moindre de ses manifestations, est presque toujours autre que ce que nous lavions pressenti. Mais eux livrs tout entiers l'esprit de systme, placs derrire le voile impntrable qui couvre le commencement et la fin de toutes choses, comment blmes , ternels sujets des mditations font-ils ds donc pour savoir ? Croyez-moi, en face de ces grands prosolitaires hommes, il n'y a que deux tats pour l'esprit : celui qui cre la foi, la croyance une solution qu'une rvlation directe aurait donne, et celui du tourment de l'mc la poursuite des solutions impossibles, exprimant ce tourment par un silence absolu, ou, l'aveu de ce qui revient au mme, par l'impuissance rien comprendre et rien con une parole surnaturelle. C'est incompatible encore avec la

natre de nos mystres... L'homme de foi ne sait pas et ne veut pas savoir; il croit icompatible avec la raison humaine, direz-vous. Je suis de votre a v i s , mais il est plus raison humaine, de croire la puissance de la raison sur les problmes de l'origine et de la fin des choses. Et puis, la raison n'est pas tout : il y a le sentiment ; et, ce qui sera ternellement la force des convictions de l'homme de foi, c'est que les enseignements de la croyance sont en harmonie avec les lans du cur, tandis que la croyance du matrialiste impose la nature humaine des rpugnances invincibles ! Est-ce que le bon sens, le sens intime de chacun ne pro-

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clame pas la responsabilit individuelle? Le matrialiste, au contraire, la repousse. Est-ce que, au chevet de l'tre aim que la mort vient de frapper, vous ne sentez pas au dedans de vous quelque chose qui vous crie que l'me est matrialiste :
LA MORT C'EST L E N A N T .

immor-

telle? C'est insulter au cur de l'homme que de dire avec le C'est le membre le plus minent et le plus glorieux de

notre Acadmie des sciences, le seul auquel la France, en raison de l'originalit, de l'importance, de la fcondit de ses dcouvertes, ait accord une pension nationale de dix-huit mille francs, qui anathmalise ainsi, au nom de la science, lapins avance et la plus vraie qui fut jamais, les doctrines matrialistes et athes de notre sicle ! Splendeur ! ! ! Splendeur! ! ! H T R O G N E . Sans oser affirmer la gnration spontane, MM. Pouchet, Joly et Musset attribuaient la dsagrgation des molcules organiques ou plutt a la transformation de ces molcules elles-mmes, l'apparition des plantes microscopiques et des microzoaires au sein des infusions vgtales et minrales. Us se rfugiaient ainsi sur le terrain de ce qu'ils appelaient l'htrognie; mais trois observateurs minemment habiles, M. dmontrant jusqu' (Comptes rendas Coste, l'illustre embryologiste, M. Balbiani et M. Gerbe, les en ont bientt dbusqus, en l'vidence les propositions suivantes sance du de F A c a d m i e ds sciences,

28 juillet 1854) : 1 Les infusoires cilis apparaissent dans l'eau d'une infusion bien longtemps avant la formation de la pellicule laquelle on a cru devoir donner le nom de stroma ou de membrane proligre, en lui atlribuant une fonction qu clic n'a p a s ; 2 ils y sont introduits soit h l'tat d'oeuf, soit l'tat de kyste,avec le foin,la mousse,les feuilles d'arbres qu'on met infuser; 3 quoique la pellicule dite proligre se

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LES SPLENDEURS DE LA F O I .

produise dans les infusions faites avec des substances qui ne sont pas exposes au contact de l'air, telles que de la pulpe de pomme d t e r r e , celle des fruits, des racines charnues, e t c . , jamais ces infusions ne prsentent d'infusoires cilis, pourvu qu'on ait le soin de couvrir le rcipient d'un disque de verre. Cependant, si dans ces infusions o pendant dix, quinze et vingt jours on n'a pu constater la prsence d'un seul infusoire cili, on introduit quelques sujets seulement, soit de kolpodes, soit de chlodons, soit de glaucomes, les espces ne tardent pas a s'y multiplier et s'y montrer en quantit prodigieuse; 4 l'invasion rapide d'une infusion par des infu-* soircs cilis est une consquence de leur mode de multiplication immdiate, par division; S les uns, tels que les glaucomes, les chlodons, les paramcies, se segmentent sans s'enkyster; d'autres, comme les kolpodes, s'enkystent pour se diviser ; 5 aprs s'tre multiplis par division, dans l'intrieur de leurs kystes, les kolpodes s'enkystent une dernire fois, et demeurent dans cet tat jusqu' complte dessiccation de l'infusion, pour ne revenir la vie active qu'aprs une nouvelle bumectation ; 7 les filtres laissent passer les infusoires cilis de petite taille, tels que les kolpodes, les chlodons et leurs ufs. A ces deux modes de gnration par segmentation et par division au sein des kystes, M. Gerbe en a mme ajout un troisime, renkystement de un but de fcondation copulation des kolpodes dans : J'ai vu, dit-il (sance du lundi
0

29 aot) les kolpodes se chercher, se rencontrer, s'unir, se conjuguer, se confondre de manire ne former qu'un seul corps, s'enkyster, se diviser en deux noyaux secondaires, de sorte que, aprs un certain temps, on trouve dans.ee kyste de copulation quatre corps oviformes. Voici donc que ces prtendus microzoaires sans parents,

LA SCIENCE; AUXILIAIRE DE LA FOI.

4315

sont engendrs de trois manires diffrentes; et que leur propagation, leur multiplication indfinie, devient un p h nomne minemment facile expliquer p a r l a vieille doctrine :
OMNE VIVUM EX VIVO.

Ajoutons ici une remarque grandement

importante : La

doctrine des gnrations spontanes est tellement insoutenable, que les expriences dont ses partisans sont le plus fiers, en sont la ngation formelle. En voici un exemple frappant. M. Charles Robin, le porte-drapeau acadmique, hlas! du positivisme, de l'athisme et du matrialisme, entretenait l'Acadmie, dans sa sance du 20 juillet 1875, et obtenait l'insertion dans les comptes rendus d'une exprience que M. Onimus croyait dcisive : elle consiste introduire directement du sang et du blanc d'uf dans un ballon o l'air ne peut pntrer qu'en traversant une couche paisse de coton card ou d'amiante... Sur quinze expriences que nous avons faite?, disait M. Onimus, deux fois seulement, au bout de dix jours, nous n'avons pas trouv de bactries... Des proto-organismes peuvent donc natre et se dvelopper dans des liquides albuminodes mis a l'abri des germes trangers. Or cette conclusion est absolument fausse. Dans les expriences de M. Onimus, ce n'est pas la rgle, c'est l'exception qui fait loi. En effet, ce qui est toujours p r sent, ce sont les liquides albuminodes, h la temprature voulue; et si ces liquides taient aptes s'organiser euxmmes, ils devraicut s'organiser toujours; s'ils ne s'orga nisent pas toujours, c'est qu'il y a quelque chose qui manque; qui peut tre tantt absent, tantt prsent dans les atmosphres ambiantes, c'est--dire les germes de l'atmosphre que M. Pasteur et autres ont prouv n'tre pas absolument partout, que le coton ou l'amiante peuvent ne pas arrter toujours, otc.

1316

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Disons mme,

l'occasion des gnrations spontanes,

que la position de la rvlation est incomparablement mieux assure que nous ne pouvions le prvoir, ou le dsirer; car ceux mmes qui affirment le plus energiquement les gnrations spontanes, M. Pouchet en France, M. Bastian en Angleterre, reconnaissent et proclament hautement que si la matire est doue du pouvoir de s'organiser elle-mme et d'engendrer la vie, c'est uniquement par communication de la puissance cratrice. M. Pouchet nous a souvent press de faire en son nom les protestations suivantes : Je ne songe nullement h renouveler les thories des physiciens atomistes de l'antiquit, des Leucippe et des Epicure; je n'ai nullement l'intention de montrer ni un lion, ni un palmier, pas mme un infusoire ou une moisissure naissante d'une rencontre fortuite des atomes; j ' a d m e t s en principe l'existence d'une force organisatrice initiale; mon systme consiste simplement au fond, a admettre que cette force organisatrice peut s'exercer dans la matire non organise, en engendrant, non pas un animal, ou une plante, mais un ovule microscopique ; ce que je repousse c'est l'ide gnralement admise de reproduction au moyen de germes dissmins dans l'air, dans l'eau, ou le Pangermisme, etc. J'invite maintenant mes lecteurs lire attentivement, dans la R e v u e fesseur d'anatomie pathologique scientifique du 21 juillet 1872, l'analyse du volume que M. Bastian, pro University-College, a consacre l'tude de la nature, de l'origine et de la transformation des organismes infrieurs. L'auteur se flatte ingnument d'avoir tabli exprimentalement les propositions; 1 Dans un liquide do nature organique, sans particules vivantes, il y a fortement vivant lieu de croire qu'un lment peut natre. La vie apparatrait ainsi de n o v o , en

vertu de certaines combinaisons molculaires nouvelles, par

L\

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

'1317

le procd que M. Bastian dsigne du nom

'archbriose.

2 Lorsque dans un fluide ou semi-fluide, il existe des particules de matires vivantes, ces particules peuvent se runir.De cette agglomration, et par suite de certains changements Ce mystrieux, il peut rsulter, plus ou moins directement, un lment nouveau, susceptible ou non de reproduction. veaux peuvent encore natre par le processus la fissipanit et d e l gemmation. mode d'origine peut s'appeler b i o c r a s e . 3 Des lments noubien connu de biodiCe mode constitue la

crise. 4 La matire vivante peut encore subir une modification molculaire complte, en vertu de laquelle elle acquiert de nouvelles proprits et un accroissement de vitalit. Ce mode pourrait s'appeler la biocnose. 5 Enfin, au sein de la matire vivante dj forme, il peut surgir un nouveau centre de dveloppement et de vie, d'o peut natre, conscutivement, un lment indpendant. Ce mode de formation s'appeler la bioparadose. on fusion ou ou division de la vie ; la biocnose V A r c h b r i o s e o n formation de la vie ; la biocrase de la vie ; la biodicrase renouvellement de la vie ; la bioparadose peut

ou transmission de

la vie, sont de grands mots, ou, si Ton aime mieux, de grands pas faits hors de la voie! Mais M. Bastian revient, bon gr, mal gr, la source vraie et unique de la vie, car il se rsume ainsi: Les phnomnes physiques, chimiques et biologiques s'accordent tablir qu'il rgne partout un ordre immuable, des lois fixes, et que rien dans la nature, malgr les apparences contraires, n'est livr au hasard. Les mmes forces qui agissent actuellement au dedans et autour de nous, ont t et sont toujours actives dans l'univers entier; ces forces qui produisent des rsultats si beaux, si complexes et si varis, attestent l'existence d'une puissance suprme dont ces rsultats sont l'expression.

1318

LES SPLENDEURS DE LA FOI,

Aussi, quoi qu'on ait pu dire, ce n'est nullement comme crivain chrtien que j ' a i combattu les gnrations spontan e s ; je ne leur ai jamais oppos que l'ensemble des faits bien observs, le tmoignage de l'immense majorit des savants, les principes d'une saine philosophie qui montre, dans le passage de la matire inerte, ou anime de mouvement purement mcanique, l'organisation ou la vie une impossibilit de mme genre que le mouvement perptuel, la force cre de rien ou engendre p a r l e repos; la saine raison, en un mot, qui nous apprend que le passage du minral au vgtal, de l'tre la vie, est au-dessus des forces de la matire, puisqu'aucun tre ne peut donner ce qu'il n'a p a s . . . La rvlation tait l'cho de la raison et de la science, quand elle nous disait : Le Crateur a dpos dans chaque tre le germe par lequel il doit se multiplier indfiniment suivant son genre et suivant son espce!! Voici comment s'exprime a cet gard un des hommes qui, en France et en Europe, ont le mieux tudi, dans une indpendance parfaite, l'anatomie compare, M. Strauss-Durckheim (Thologie naturelle, tome II, p . 339) : Si les spontanistes voulaient y regarder de prs, ils pourraient se convaincre que la petite monade (ou cellule) est dj un monde entier, aussi merveilleux dans sa composition que l'homme lui-mme, quoique form sur un autre plan... La difficult de concevoir la formation d'un tre organis rside essentiellement dans la formation de chaque lment organique et dans les fonctions qu'il exerce ; lments qui sont en eux-mmes des prodiges aux yeux des savants. L'intelligence la plus leve ne pourra jamais concevoir comment aurait pu se former par elle-mme une simple fibre musculaire, une simple fibrille. Dans son troisime volume, page 2 9 4 , il n'hsite pas dclarer que Spallanzani a dmontr par des expriences parfaitement bien conduites et ne laissant

L SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOC.

1319

aucun doute, que tous les tres vivants, animalcules, individus doivent semblables sans exception c e u x qui les

jusqu'aux leur existence engendrent.

derniers ci des

Ce n'est pas en France seulement que la cause de la vrit a triomph. En Russie, le prince Demidoff avait mis l'tude, par la fondation d'un grand prix, la question des gnrations spontanes, ou, pour rester dans les termes du programme, la question souleve par un certain M. Gros des transformations d'un vgtal en un animal d'ordre infrieur, des algues en infusoires.- La Commission charge de juger le concours formule ainsi ses conclusions : l'heure qu'il est, il a t tout fait mis en vidence qu'une pareille mtamorphose n'existe pas, et qu'elle n'est nullement admissible,, quant la transformation d'un genre et mme d'une espce dans une autre. Les organismes les plus douteux, qui paraissent appartenir en mme temps aux deux rgnes organiques sont renferms dans leur propre cercle morphologique. Origine et descendance simienne de Vhomme. Dans la

sance de l'Acadmie des sciences du 27 aot 1864, M. Gratiolet, le zoologiste si profond, mort, hlas ! dans la force de l'ge et du talent, lut sur la c o m p a r a i s o n des b r a s et de la main singes de Vhomme, sternum avec lavant-bras et la main des g r a n d s d'Antroplat* dsigns tort sous le n o m

pomorphes,

un mmoire qui est encore pour les saines doc L'anatomie qu'il m'a t Troglo-

trines un vritable triomphe. dytaubryi,

donn de faire d'un grand chimpanz de l'Afrique,

m'a rvl des diffrences profondes et relle-

ment typiques entre l'homme et les singes les plus levs. Chez les singes, le pouce est flchi par une division oblique du tendon du muscle flchisseur commun des autres doigts; il est donc entran dans les mouvements communs de flexion, et

ltO

LliS SPLENDEURS DE LA FOI.

n'a aucune libert. Le mme type est ralis clans le gorille et le chimpanz, mais ce petit tendon qui meut le pouce est rduit chez eux a un filet tendineux qui n'a plus aucune action, car son origine se perd dans les replis synoviaux des tendeurs flchisseurs des autres doigts, et il n'aboutit aucun faisceau musculaire; le pouce s'affaiblit donc d'une manire notable dans les grands singes, chez aucun d'eux, il n'y a aucune trace de ce grand muscle indpendant qui meut le pouce dans l'homme. E t loin de se perfectionner, ce doigt, si caractristique de la main de l'homme, semble chez les plus levs de tous les singes^ les orangs, tendre un anantissement complet ; les singes n'ont donc, dans l'organisation de leur main, rien qui indique un passage aux formes humaines... Une tude approfondie des muscles de l'paule chez ces p r tendus anthropomorphes, confirme ces rsultats. c D'ailleurs, c'est surtout dans le singe en apparence le plus e semblable a l'homme, dans Torang indien, que les mains et les pieds prsentent la dgradation la plus frappante. Ce paradoxe, ce dfaut de paralllisme chez l'homme et chez les grands singes, dans le dveloppement d'organes corrlatifs, tels que le cerveau et la main, montre avec une absolue vidence, qu'il s'agit ici d'harmonies diffrentes et d'autres destines. Tout dans la forme du singe a pour raison spciale quelque accommodation matrielle au monde; tout, au contraire, dans la forme de l'homme, rvle une accommodation suprieure aux fins de l'intelligence. De ces harmonies et de ces fins n o u velles, rsulte dans les formes, l'expression d'une beaut sans analogue dans la nature, et l'on peut dire, sans exagration, que le type animal se transfigure en lui, Les faits sur lesquels je viens d'iusister, me permettront, du moins, d'affirmer avec une conviction fonde sur une lude personnelle et attentive tlo tous les faits connus, que i n n a t o m i e n e donne aucune base

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA KOI.

1321

il cette ide, si violemment dfendue de nos jours, d'une troite parent entre l'homme et le singe. On invoquerait en vain quelques crnes anciens, entirement monstrueux, trouvs par hasard, tels que celui de Neanderthal. On trouve a et l des formes semblables ; elles appartiennent des idiots. TAine d'elles, appartenant aujourd'hui aux collections du Musum, fut recueillie, il y a quelques annes, par M. le docteur Binder. Ce crne comptera dsormais parmi les lments de cette grande discussion sur la nature de l'homme, qui agite aujourd'hui les philosophes et trouble les consciences, mais d'o la divine majest de l'hommo sortira quoique jour consacre par le combat, et ds lors inviolable et triomphante. Dans un trs-savant mmoire dont l'Acadmie des sciences a ordonn l'impression dans le liecuil des s a v a n t s trangers, M. Gratiolet avait trs-nettement constat que le cerveau de l'homme organis sur le mme plan que celui des singes suprieurs, s'en distingue par la grande proportion de toutes les parties qui sont au devaut de la scissure de Sylvius, entre autres, par le grand dveloppement du lobe frontal, p a r l e s longueurs et les divisions de ses plis, et par le nombre et l'tendue de leurs lobes. Or ces circonstances organiques correspondent parfaitement h l'ide que Ton se fait gnralement de la beaut de la face, de l'lvation du front qui la couronne, et de la puissance de l'organe intellectuel qui manifeste cette organisation. M. Emmanuel Rousseau, chef des travaux anatomiques au Musum d'histoire naturelle, a constat, mieux que ne l'avait fait Camper, une diffrence entre l'espce humaine et les singes avec lesquels, dit-il (Comptes des sciences, r e n d u s de l'Acadmie t. XLVI, p . 995), on s'efforce trop d e l ' a s s i -

1322

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

miler. Par la position que j'occupe, et la nature snjets d'espces et d'ges

de mes

fonctions, j ' a i t mme d'examiner un grand nombre de divers ; aussi m'a-t-il t donn de pouvoir faire certaines remarques qui ont d chapper d'autres anatomistes. Il est devenu constant pour moi que tous les mammifres, sans exception, sont pourvus de l'os

i n t e r m a x i l l a i r e , et que cet os manque chez l'homme seul.


Dans la condition normale, s'il n'a pas t rencontr par Blumenbach, sur quelques-uns des singes dont il a tudi le squelette, c'est que les sujets qu'il a eus sa disposition, taient arrivs un ge o la soudure avait eu lieu avec le maxillaire.

ASTRONOMIE

ET CHRONOLOGIE

I N D I E N N E S OU

GYPTIENNES.

Astronomie

indienne

apprcie

p a r M . Biot

(Comptes

rendus de l'Acadmie des sciences, t. XLIX, p. 57). H y a une vingtaine d'annes qu' la suite d'un long travail sur l'ancienne astronomie chinoise, je fus conduit reconnatre que les vingt-huit divisions stellaircs, appeles par les Hindous

n a k s h a t r a s , ou mansions d e l Lune, qui ont t admises par


tous les savants europens comme constituant un zodiaque lunaire propre de l'Inde, ne sont en ralit que les vingt-huit

sous,

divisions stcllaires des anciens astronomes chinois, d-

tournes de leur application astronomique, et transportes par les Hindons des spculations d'astronomie qui seraient gomtriquement incompatibles avec les ingalits de leurs intervalles, s'ils ne les y adaptaient tant bien que mal, au moyen de conventions artificielles suffisamment satisfaisantes pour la crdulit populaire. Cela avait faitsouponnerque toute celte science astronomique dont les brabmes disent tre en possession depuis des millions d'annes, pourrait bien n'tre ni aussi ancienne, ni aussi purement indienne qu'on l'avait cru sur

L SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA VOl.

1323

leur affirmation..,. Les savantes tudes des ouvrages sanscrits que Ton doit Colebrooke, Davis, Bentley, tout tendues et consciencieuses qu'elles soient, ne fournissent pas de donnes suffisantes pour remonter h ces origines. Elles ont pour objet spcial d'exposer les procds numriques de l'astronomie indienne, et non d'en sonder les fondements, ce qu'ils sont d'autant moins ports a faire, que, avec tous les savants europens du
XVIII
0

sicle, ils admettent comme indubitable

la haute antiquit des connaissances astronomiques dont les Hindous se vantent, et que, n'tant pas eux-mmes des astronomes pratiques, ils n'ont pas le sentiment des difficults, des impossibilits que prsentent certaines dterminations phnomnales qui se trouvent consignes et employes dans les livres qu'ils analysent. a Par l'assistance bienveillante, dvoue, infatigable que m a prte notre savant indianiste, M. Adolphe Rgnier, j ' a i pu pntrer dans les textes sanscrits comme s'ils m'taient directement accessibles. J'ai pu ainsi vrifier les citations et les traductions qu'en ont publies les membres de la Socit de Calcutta, puiser dans le S u r y a S i d a n l h a lui-mme. J'ai reu d'autres secours : M. Monkm'a traduit de l'arabe deux passages d'astronomes hindous trs-renomms... D'autres m'ont t fournis par le savant mmoire de M. Reinaud sur l'Inde... M. Stanislas Julien m'a fait connatre un document chinois dans lequel les vingt-huit divisions stcllaircs qui servent de fondement l'astronomie chinoise, sont prsentes en correspondance avec les vingt-huit n a k s h a t r a s des Hindous. Or ce tableau , compos en Chine, il y je ne, sais combien de sicles, s'est trouv absolument identique dans son ensemble, comme dans les dtails, avec celui que j'avais construit m o i mme, il y a vingt ans, d'aprs mes propres tudes, ce qui m'a donn confiance dans les conclusions que j'avais mises.

1334

L E S S P L E N D E U R S D E LA F O I .

1 En gnral, p i n s o n examine en dtail, avec un sens pratique, les crits astronomiques des Hindous, plus on se persuade que tous ces livres, texle et commentaires, sont fabriqus spcnlativement, avec des pices de rapport prises de toutes paris, sans qu'on y trouve aucun vestige d'observations anciennes qu'ils auraient, faites eux-mmes avec des instruments prcis, pour un but de perfectionnement abstrait qui leur a toujours t tranger. 2 La science indienne, cette science antique ctdivincmcut rvle que l'on nous avait prsente comme ayant enseign le reste du monde, n'aboutit dfinitivement qu' un empirisme inacceptable en principe et fautif dans l'application. 3 Les sous chinois ont l employs depuis un temps immmorial des usages astronomiques auxquels ils sont parfaitement appropris. Les n a k s h a t r a s qui s'assimilent eux pour le rang, le nombre, l'identit ou la correspondance des toiles dtcrminalrices, et l'ingalit des amplitudes, sont, p a r c e dernier caractre, absolument impropres- l'usage a u quel on les applique. Reconnaissons donc l'emprunt, simplement, a la maladresse de l'application, et reportons l'invention de l'instrument a ceux qui savent s'en servir, aux Chinois. M. l'abb Gurin, missionnaire des Indes, semble tre all beaucoup plus loin que M. Biot, dans son volume intitul : Astronomie et modernes chronologie, peuples ments indienne, suivi d'aprs la doctrine et les livides a n c i e n s Vastrologie et la instruPerse des a n c i e n s des bramines s u r l'astronomie, c'esl--dirc

de l'examen

s u r F astronomie

de F Orient

et de l'explication

des principaux

aslronomico-astrologiques

de F E g y p t e et de la

(volume in-8, 250 pages, Waltelier, libraire, rue de Svres, n 21). 11 a russi clairer de leur jour vritable les clironolo-

SUIIiNCK, A U X l M A I H I i

1)13 I.A K O I .

J 32G

gies imaginaires ou fabuleuses des Hindous. J'y renvoie mes lecteurs, et je me conteni d'indiquer comment M. Gurin esl arrive fixer l'poque vraie des observations de Surya Sidantha(queM. Guriu appelleShourdjyo, chap. i n , p . 2 l ) . Surya donne l'ascension droite et la dclinaison de Y E p i Vierge; (VAshine et la fin de Jtchoty, de la c'est de l qu'il pari pour fixer le commencement la premire et la dernire des

n a k s h a t r a s . Cette ascension droite et cette dclinaison sont en mme temps ce que Surya appelle longitude et latitude a p p a rentes. L'pi ou Tchittra est \ iSO de l'quinoxe du printemps ; sa dclinaison est de 2 s u d ; l'inclinaison de l'cliptiquc sur l'qualcur est de 24, ces donnes suffisent pour connatre l'ge de l'auteur et trouver sur la sphre le ple de son temps. En effet, on a un triangle rectangle sphrique dont l'hypothnusc et deux angles sont connus; on peut donc trouver la valeur des deux autres cts de ce triangle, qui sont la longitude et la latitude vritables de l'pi, et par suite on peut avoir le moment de cette longitude observe en la comparant la longitude actuelle de l'pi et en divisant la diffrence par 50",1 qui est la prcession annuelle du point cquinoxial. M. l'abb Gurin construit son t r i a n g l e ; il fait le calcul que nous ne reproduirons pas ici; et trouve ainsi que l'observation de Surya a t faite il y a J 484 ans, ce qui le fait vivre en l'an 34G avant J . - C . Voil l'ge vritable du Surya Sidantha auquel on attribuait une antiquit dmesure. Qu'il me soit encore permis de consigner ici quelques-uns des rsultats auxquels est parvenu M. Gurin, relativement la chronologie des Chaldens et des gyptiens ; son livre, encore manuscrit, avait* frapp Franois rago, et c'est sur la demande de l'illustre directeur de l'Observatoire qu'il fut imprim l'Imprimerie royale. L e s prtres chaldens, fait remarquer M. l'abb Gurin (p. 488), disaient qu'ils avaient

1326

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

des observations astronomiques qui remontaient 4 7 3 000 annes avant le passage d'Alexandre en Asie.... Mais il faut faire subir a ce nombre exorbitant, comme bien des n o m bres de la chronologie chez les Indiens, leurs successeurs, annes la division par 360, et l'on aura peu prs 1.314

d'observations pones dans les chroniques des Chaldcns, vers fan 324 avant J . - C . Ces observations grossires des clipses du soleil et de la lune, des comtes et des phnomnes clestes..., tout cela ne peut servir la science, et ne prouve que l'ignorance et la superstition des observateurs. Page 199. Que le Soleil se soit lev plusieurs fois l'occident et que les astres aient chang la direction de leur cours depuis que les gyptiens existent, c'est l une tradition indienne mal comprise par les prtres gyptiens. En effet, d'aprs les Indiens, le soleil s'est lev nombre de fois, depuis la dernire cration, relativement au premier point d'Ashin, le jour de l'quinoxe de printemps, droite et gauche de ce point fondamental, c'est--dire l e s t et l'ouest de la premire n a k s h a t r a s par suite du mouvement oscillatoire de la prcession. P a g e 9 0 0 . Diogne Larce dit que lcsgyptienscomptaieiit 48 863 ans d'antiquit l'poque du passage d'Alexandre; que les clipses de soleil pendant ce temps avaient t au nombre de 3 7 3 , et celles de la lune au nombre de 8 3 2 . . . Or les gyptiens, pendant ces 48 431 ans, auraient d observer 23 431 clipses de soleil et 47 397 clipses de l u n e ; il faut donc ou interprter Diogne de Lacrcc dans ce sens que pendant 48 683 ans, le nombre des clipses du soleil tait celui des clipses de la lune dans le rapport de 373 8 3 2 , ou le renvoyer parmi les fables. c l i p s e monumentale. Le docteur Brngsh, de Berlin, a

LA SCIENCE, AUXILIAIRE I)E LA FOI,

1327

signal h l'attention des astronomes une clipse de lune mentionne dans une inscription hiroglyphique de Rarnac, comme tant arrive sous le rgne du pharaon dont le bisaeul fut fils de Shiskah I ,
er

qui

prit Jrusalem en Tan IV de Beha-

bam... D'aprs Young, le passage en question signifie ccqui suit: L e 2 5 mcsou de l'an XV du rgne de son noble pre, souverain de Thbcs de louest, le ciel fut invisible, la lune luisante. M. Basile Henri Coopcr croit avoir dmontr qu'il s'agit ici de Shiskah II, pre de Taklah I I ; et il reste seulement quelque doute sur la date du mois ; elle est le 2 4 chez LepsiusctM, Coopcr croit que ce fut le 2 9 . N'ayant pas trouv dans le catalogue de YArt de vrifier les dates d'clips qui part avoir du rapport avec celle du monument, M. Coopcr s'est adress h l'astronome royal, M. Airy, qui a fait faire les calculs ncessaires en s'aidant des tables du soleil de M. Leverrier et des tables de la lune de M. Hanscn ; et l'on a constat qu'une clipse de lune presque totale a eu lieu le 16 mars d e l'an 8ol avant J . - C , 6 heures 10 minutes du soir, temps moyen de Greenwich. Or le 16 mars est le 29 mesou pour celte anne, ce qui milite en faveur de la correction de M. Coopcr. Nous voici donc en possession d'un point deMpart pour clairer de quelque jour la chronologie si obscure des rgnes compris entre celui de Taklah et celui de Shiskah I I . M. Coopcr est ainsi conduit une chronologie trs-diffrente de celle deManthon, dans les deux versions de Jules l'fri-cain et d'Eusbe ; il assigne Shiskah II, 4 5 , Taklah II, 9, Shiskah 111, 5 1 , a Pikhi, 1 5 , h Shiskah IV, 38, B o c c h o r i s , .25, Sabaco, 12, Scruhas, h Terpoka, 29 ans de rgne. On ne pourra donc plus opposer les chiffres de Manthon a la chronologie biblique. Age de la grande Pyramide* Mahmoud-Bey, astronome

1328

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

royal d'Egypte avait constat que l'toile Si ri us, lorsqu'elle passe actuellement au mridien rayonne d'aplomb ou verticalement sur la face mridionale de la grande Pyramide. Calculant alors le changement de position qu'a subi cette toile h travers les sicles, il est arriv ce rsultat que 3 300 ans avant Jsus-Christ, les rayons a son point culminantdcvaient tre exactement perpendiculaires h. la face mridionale de la grande Pyramide, en supposant son inclinaison de 52. Or, dans les principes de l'astrologie, la puissance d'un astre est a son maximum d'action lorsque les rayons tombent perpendiculairement sur l'objet qu'il est cens influencer. Ainsi, en supposant que la grande Pyramide a t construite il y a cinq mille ans, on serait conduit a admettre que ses faces ont t inclines sous l'angle de 52, afin d'tre frappes normalement par les rayons d e l plus belle toile du ciel gyptien, toile consacre h Sothis, le chien cleste cl le juge des morts. Circonstance singulire, le symbole hiroglyphique de Sothis est une pyramide avec une toile a ct et un croissant. Sirius, en outre, suivant les gyptiens, tait r a m e de Sothis, le chien cleste. La date 3 300 ans qui en rsulterait pour la fondation des Pyramides diffre peu de celle laquelle est arriv
e

M. Piazzi Smyth, s'accorde assez aussi avec l'valuation de Bunsen, suivant lequel le roi Chops a rgn dans le 3 4 sicle avant notre re, et avec la tradition arabe qui fait construire les pyramides trois ou quatre sicles avant le dluge, arrive Tan 371G avant THgyre. Je n'attache pas une grande importance l'hypothse o h la remarque de Mahmoud-Bcy ; car je crois avec M. Piazzi Smyth que l'toile Sothis ou Sirius n'a jou aucun rle dans l'astronomie des gyptiens, au temps de la construction de la grande Pyramide. Je l'ai rapporte dans le but surtout de prouver que, quel que soit le point de dpart que l'on

LA

SCIENCE, AUXILIAIRE

DE LA FOI.

1329

choisisse, on arrive toujours pour Tge de la grande Pyramide un chiffre qui s'accorde trs-bien avec la chronologie biblique. S'il avait tenu compte des minutes d'inclinaison des faces de -la Pyramide, Mahmoud-Bcy beaucoup plus approch de la vrit. Conditions astronomiques de la vie, par M. Faye de se serait peut-tre

l'Acadmie des sciences cl du Bureau des longitudes. Nous l'avons dj dit, la pluralit des mondes n'a rien qui, de prs ou de loin, contrarie-nos dogmes chrtiens; cependant on ne peut pas nier qu'il n'y eut pour eux quelque chose d'irrvrencieux dans reugouement avec lequel on se plaisait peupler d'habitants tous les astres du firmament, et nous sommes heureux de constater que la science du jour est beaucoup moins prodigue. La dissertation que M. Faye a insre dans Y Annuaire lyser rapidement. Les germes quelconques ont besoin, pour conserver leur vie latente, que la temprature n'atteigne pas 50 degrs, et, pour se dvelopper, qu'elle ne s'abaisse pas jusqu' la conglation de l'eau... L'tude de la vie nous la montre comprise dans une portion excessivement resserre de l'chelle des tempratures. Sur la terre mme, o les eaux, le sol et les airs sont si largement peupls, il y a des rgions o la vie disparat par un petit abaissement permanent de temprature; et d'autres o quelques degrs de plus la feraient galement disparatre par un excs de chaleur. Elle est galement limite par l'isolement des corps qui se meuvent dans l'espace... Nous sommes conduits par cet isolment examiner si la vie des tres organiss est chose si simple, qu'elle doive rsulter partout du jeu spontan des du Bureau des longitudes pour 1874, offre, sous ce rapport, un trs-grand intrt. Nous allons l'ana-

1330

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

forces naturelles. Sans doute ces forces existent avec les substances indispensables; mais il y a des conditions non moins ncessaires, et il faut voir si ces conditions s'y retrouvent galement.-D'abord, la condition de temprature exclut formellement tous les corps qui brillent de leur propre lumire", c'est--dire tous ces astres que nous voyons au ciel (saufles plantes). Depuis qu'on connat mieux notre soleil,
p e r s o n n e ne rve plus d'toiles h a b i t e s . Les nbuleuses ne

comptent pas davantage, puisque le spcctroscopc

nous y

relve les traces de l'hydrogne et de l'azote incandescent. videmment la vie ne peut se rencontrer que sur un globe dj froid, associ un autre corps chaud, *plus ou moins voisin, qui lui fournit, dose modre, la chaleur indispensable, sans la faire sortir delimites trs-troites... E l , pourtant, il s'en faut que tous les soleils soient propres entretenir autour d'eux la vie. Excluons d'abord les toiles variables...
Excluons aussi les toiles trop faibles, dj refroidies, ou de

trop petite masse pour avoir j a m a i s possd une trs-haute temprature..,, les toiles colores en rouge, en bleu, ou en bleu vcrdtrc, dont la lumire manque de certaines radiations ncessaires au dveloppement des tres organiss. Excluons surtout les amas d'toiles, condenses par centaines et par milliers dans des espaces plus ou moins resserrs, o la temprature doit s'lever bien au del des limites admissibles...
P o u r que des globes depuis l o n g t e m p s refroidis soient

placs et maintenus sous l'influence d'un de ces soleils, il faut qu'ils se meuvent autour de lui, dans des orbites peu prs concentriques... On ne conoit qu'un seul moyen d e satisfaire cette condition, c'est de faire driver ces satellites du soleil lui-mme... Mais il s'en faut que tous les soleils admissibles aient produit ainsi des systmes plantaires ga1

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOL

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lemcnt admissibles. Pour cela il faut un mouvement de rotation compris entre certaines limites... L question se trouve ramene l'examen des systmes analogues au ntre, systmes dj restreints par les conditions prcdentes, et o nous allons rencontrer de nouvelles restrictions... La condition de temprature exclut les plantes dont Taxe de rotation serait trop pen inclin sur le plan de l'orbite. Uranus, par exemple, dont chaque hmisphre voit le soleil pendant une demi-rvolution peu prs (quarante-deux ans}: Dj pour Vnus l'inclinaison de son axe de rotation sur le plan de son orbite (37 degrs), est trop faible et doit donner lieu de grandes variations de temprature. Il faut exclure encore les globes dont la rotation trop lente (la Lune) laisserait trop d'influence la radiation nocturne, et ceux qui, comme Saturne, sont entours d'anneaux opaques dont l'ombre porte sur les rgions les plus favorables au dveloppement de la vie, y produit et l, priodiquement, des clipses continuelles... Il faut exclure les plantes qui n'ont pas du tout, ou qui n'ont pas assez d'atmosphre; et mme une atmosphre forme de gaz permanent ne suffirait pas... Ce n'est que par la prsence de l'eau l'tal liquide, et par l'norme quantit de calorique que ses changements d'tat sont remplir son rle. r Rsumons ces premires conditions qui traduisent celle de < la temprature. Il faut pour qu'un globe soit habitable, qu'il fasse partie d'un systme solaire isol et stable ; que l'astre central soit pourvu d'une photosphre radiation complte et constante; que la rotation de ce globe et mme sa distance au soleil satisfassent de certaines conditions assez troites; qu'il soit entour d'une enveloppe assez gazeuse, et en partie recouverte d'une certaine quantit de liquide, dont les chansusceptibles d'absorber ici, pour la rendre libre plus loin, qu'une atmosphre peut

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LES SPLENDEURS DE LA KOI.

gemcnts d'tat ne s'cartent pas notablement des limites de temprature admissibles, enfin qu'il possde une masse bien suprieure celle de ces cent quarante-huit petits globes qui se meuvent entre les orbites de Mars et de Jupiter, sur lesquels une pierre lance par la main d'un enfant, pourrait devenir aussitt un corps tranger, un satellite tournant indfiniment autour de sa plante. Viennent maintenant les conditions gologiques. La masse des eaux ne doit pas recouvrir entirement le globe; il faut des espaces suffisants de terrain solide, merg. 11 faut, de plus, que l'quilibre des mers ainsi formes soit stable, c'est-dire que leur mouvement se rduise de simples oscillations dans des bassins fixes. Saturne nous prsente un globe o cette dernire condition ne saurait tre ralise, puisque sa densit moyenne est infrieure celle de l'eau. Jupiter, luimme, bien que sa densit moyenne dpasse un peu celle de l'eau, ne saurait offrir la ralisation de toutes les conditions gologiques, car son aplatissement si marqu prouve que sa densit superficielle doit tre bien infrieure celle de l'eau; et nous ne connaissons pas de matriaux capables de former, dans de pareilles circonstances, un sol rsistant. Mars seul, avec la Terre, sans parler de Vnus que nous connaissons peu, satisfait cet ensemble de conditions astronomiques, physiques et gologiques; encore faut-il avouer que l'aspect invariable de ses continents rouges, contrastant avec des mers lgrement verdtres, n'est gure favorable l'ide d'une vie organique largement dveloppe sa surface. Passons aux conditions chimiques, que l'analyses pectrale nous rend dsormais accessibles.' Nous savons aujourd'hui que les lments ncessaires la vie sont largement rpandus dans l'univers... Si cependant on examine les choses dplus

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1333

prs, on trouve que ces conciliions chimiques sont bien troites par certains cts... La formation clos plantes aux dpens de la masse centrale, est rgle par des causes mcaniques telles, qu'on ne saurait conclure priori que les plantes devront possder des atmosphres gazeuses suffisamment riches en oxygne... Citons dans notre systme les atmosphres de Jupiter, de Saturne et surtout celle d'Uranus comme assez loignes de la ntre. Leurs spectres, diffrents certains gards du spectre tclluriqne, semblent, en effet, indiquer la prsence de gaz ou de vapeurs composs exerant une absorption de nature inconnue pour n o u s . . . D'ailleurs, l'azote, l'oxygne et la vapeur d'eau sont par eux-mmes absolument insuffisants. Si notre atmosphre et nos eaux venaient tre privs des faibles traces d'acide carbonique qu'elles contiennent, la vie ne tarderait pas disparatre de la surface du globe. 11 en serait de mme, si la proportion de ce gaz venait dpasser certaines limites... Plus on s'approche du domaine des sciences naturelles, sur lequel nous n'empiterons pas, et plus on voit se rtrcir les conditions de la vie organique, mme ses degrs infrieurs... Bien loin de pouvoir admettre priori trouvent naturellement qu'elles se ralises partout, c'est a peine si l'on

peut citer, en dehors de la Terre, deux plantes de notre s y s tme o elles soient seulement un peu probables; et le seul globe sur lequel il soit permis de se prononcer avec une entire certitude, la Lune, n'en possde aucune. En revanche, cette lude nous montre que ces conditions nous rattachent jusqu' un certain point l'univers lui-mme. La science de nos jours ne s'effraye pas de leur complication croissante; elle se sait en possession de mthodes nouvelles qui dj la font pntrer la fois jusqu'aux derniers atomes des corps et j u s qu'aux dernires toiles du ciel. Toutefois, si nous comparons

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LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

la lin de notre sicle avec les durs dbuts du x v i r sicle, nous reconnatrons dans la science actuelle une toute autre porte philosophique. Tandis que la premire produisait sur la foule surprise le sentiment de notre insignifiance, contrastant, avec les lois fatales d'un univers crasant et jamais ferm pour nous, la seconde nous fait entrevoir dans cet univers mme, la trace lumineuse d'une pense suprme, au lieu tles combinaisons sans objet de forces inconscientes. Je le demande, en prsence de celle discussion, ncessairement incomplte, parce que les lments ou les observations nous font encore dfaut, que devient la prtendue erreur gocentrique dont on a fait tant de bruit au del du Rhin, dans la rgion des nuages volontairement accumuls?
ANALYSE ET MCANIQUE ANALYTIQUE.

V alvole

des abeilles

et F instinct

des animaux.

Dans sa

fureur d'volution, Darwin ose affirmer que l'abeille est arrive peu peu, par ttonnement et perfectionnement, donner aux alvoles de son gteau cette forme hexagonale si admirable et la fois si conomique. Il feint de croire la progression relle et lente l'excs de l'abeille rudimentaire qui-fait son alvole de son cocon, l'abeille mellipone qui se montre dj artiste distingue, et enfin l'abeille des ruches qui nous tonne par son difice rigoureusement mathmatique. Ce systme, pure fiction de l'imagination gare de Darwin, est la ngation absolue de l'instinct, qui consiste prcisment en ce que chaque animal fait invariablement ce que faisaient ses anctres, et comme ils le faisaient. Comment ne voil-il pas que l'existence actuelle de l'abeille infrieure et de l'abeille mellipone est la ngation absolue de ce prtendu progrs? Et d'ailleurs, les ttonnements par lesquels l'abeille des ruches serait arrive a construire sa cellule

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI-

'

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hexagonale, forme par des losanges, dont l'angle est tellement choisi cpic la quantit de'cire employe soit un minimum, ne seraient plus un travail instinctif, mais un acte d'intelligence bien suprieur en porte l'intelligence du commun des hommes : Il n'a fallu rien moins que le gnie de Maclaurin pour deviner, formuler et rsoudre le problme de maximum de capacit sous le minimum de surface, qu'avaient fait souponner les mesures prises par Maraldi. Un homme trs-minent, lord Brougham, a fait de cette question l'objet d'un m moire intitul : Recherches les alcoles des abeilles, analytiques et rprimcntales sur prsent l'Acadmie des sciences de

Paris dans sa sance du 31 mai 1858, et n'a laiss aucune place au doute. 11 rfute d'abord les nombreuses hypothses que l'on a faites pour expliquer mcaniquement, automatiquement la formation des alvoles, sans tre forc de faire intervenir l'art instinctif de l'insecte. 11 est faux qu'elles soient le simple rsultat de la pression : le grand Buffon avait eu, en effet, la singulire pense de comparer les alvoles aux formes hexagonales quisemblcnt natre par pression dans un amas de bulles de savon; mais les bulles hexagonales du savon n'ont aucune ralit, et sont une pure illusion d'optique. Il est faux que chaque alvole ait des parois doubles, tant sur les pans du prisme hexagonal, que sur son sommet pyramidal, de sorte que chaque cellule soit complte par elle-mme, et puisse tre dtache de l'ensemble environnant. Barclay, l'auteur de cette affirmation, confondait la cellule ou alvole a cire avec celle qui sert au ver et a la chrysalide. Il est faux que le ver fasse lui-mme une toile de figure et de dimensions (elles, qu'elle puisse tre applique ensuite sur les parois pour les doubler, ce qui serait d'ailleurs aussi un acte d'instinct naturel. L'angle aigu des losanges du fond est bien de 70 32', l'angle obtus de i 09 2 8 \ l'angle d'inclinaison des losanges de 120, comme

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

J'exige la thorie fies maxima

et minima;

en outre, ce qui est

une autre merveille, la longueur des angles didres est ellemme un minimum, et cela devait tre, puisque la fabrication de ces angles exige plus de cire et plus de travail encore que les parois de l'alvole. Deux gomtres, MM. Castillon et L'Huillicr, dans les mmoires de l'Acadmie de Berlin pour 4781, afinVarrivcr k

nier que l'conomie ft le but du travail instinctif de l'abeille, avaient prtendu qu'une autre forme de l'alvole, minimornm, minimum et qu'ils trouvaient p a r l e calcul, exigeait encore

moins de cire. Mais lord Brougham prouve : 1 qne l'alvole ainsi conue serait prs de trois fois plus large que profonde, et ne pourrait plus servir ni a loger le ver, ni conserver le miel, de sorte que les abeilles devaient la rejeter; 2 que dans la solution de leur problme de minimum minimomm, ces
messieurs avaient omis la plaque h e x a g o n a l e qui ferme le

tuyau et qu'en la faisant entrer d a n s le calcul, on trouve qu'il y a perte au lieu de gain. On a dduit enfin de la thorie pour l'angle didre des alvoles, une autre valeur a laquelle correspondrait, dit-on, une petite conomie de cire, mais la forme rsultante ne conviendrait nullement aux autres buts que l'abeille doit atteindre instinctivement, de sorte qu'elle a fait preuve de sagesse en la rpudiant, et s'en tenant aux angles qui correspondent au
simple m i n i m u m de cire e m p l o y e . E n rsum, dit lord B r o u -

gham, l'opration instinctive de l'abeille est parfaite en ellemme, et en parfaite harmonie avec l'ensemble des fins qu'il s'agit d'atteindre. 11 ajoute : On ne peut pas douter de l'importance de tout ce qui dmontre que l'abeille a rsolu le problme exactement, mme sous des conditions qui n'avaient pas t encore examines, et que leur architecture est plus parfaite que tout ce ([lie Ton peut imaginer. Si l'on rflchit que

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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c'est le clicf d'uvre de l'instinct, il est impossible de dire avec Virgile, quand il chante les murs des abeilles, in labor sans ajouter, a i tennis a tus de Methodo, non yloria tenui ! Car il n'est pas

permis de penser avec Descartes que les animaux sont des machines (Tract Principes, 35). Au contraire, l'hypoLiv. 111, p. 3 1 . thse ou plutt la doctrine de Newton (Opf. liv.

parat mieux fonde, savoir que ce que

nous appelons l'instinct est Faction continuelle de Dieu, et que ces spculations tendent sinon sa gloire, du moins nous faire remplir notre devoir, en expliquant et claircissant ses uvres. Le mmoire de lord Brougham est publi tout entier dans un petit volume intitul : Tracts and P h y s i c a l by Henry, lord Brougham, Richard (London et Glasgow, 1860.) A propos d'instinct, un physiologiste, mathmaticien et physicien clbre, M. Ilelmholtz n'a pas hsit a combattre, avec opinitret l'opinion suivant laquelle nous aurions le sentiment inn de l'espace, et rvoquer en doute la facult qu'on attribue gnralement au poulet de rechercher et de saisir le grain qu'on met a sa porte, sans le secours d'aucune leon ou ducation prliminaire. Mais son confrre, son admirateur et son ami, M. Tyndall, affirme que des expriences dcisives ont t faites par M. Spalling, aid dans ses observations par une noble et excellente dame, lady A m berty, cl qu'elles semblent prouver dfinitivement que le poulet n'a besoin d'aucun matre, ni d'aucune leon pour apprendre se tenir debout, courir, au lieu d'expliquer ce fait si admirable, qui h gouverner les muscles de inn, cette facult ses yeux et faire usage de son bec. Mais, chose trange, par l'instinct accuse nettement l'action du Crateur, Maternatkal Griffin.

M. Tyndall se fait l'cho de l'hypothse volutioniste de Darwin qui a os dire pour se dbarrasser de Dieu : Le poulet

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

n'a pas t instruit individuellement; son exprience est nulle, mais il a le bnfice de l'exprience acquise par ses anctres. Les facults qu'il a reues ds sa naissance ont pris racine dans un organisme hrditaire. L'instinct ainsi constitu appartiendrait non l'tre tout entier, mais ses lments infiniment pelils, ses cellules; ce serait chaque cellule du petit poulet sortant de sa coque qui aurait faim et qui courrait spontanment, sans hsitation, sans ttonnement, sans calcul, sans tude des obstacles, etc. Mais l'volution des espces est un mythe, et l'instinct fut entier chez le premier individu de l'espce, car, bon gr, mal gr, il y a eu un premier individu, et il se transmet par la gnration ou l'hrdit. On nous saura gr d'enregistrer ici, une exprience trsrcente de M. Georges Pouchet, qu'on ne souponnera certes pas de complaisance orthodoxe, exprience par laquelle il tend au chien les observations faites sur le poulet. J'avais projet de pratiquer a sa naissance sur un chien une occlusion complte des deux yeux, pour lui rendre l'usage de ces organes quand il serait adulte... L'occlusion fut pratique, mais sur un il seulement, l'il gauche... L'animal grandit,se servant de sou il droit uniquement. En palpant la place de l'il gauche, on pouvait reconnatre qu'il n'tait pas sensiblement atrophi... Il suivait les mouvements de l'il droit.... Aprs quatre mois, l'il droit a t ferm au moyen de deux points de suture, appliqus avec soin sur la paupire, de manire maintenir celle-ci hermtiquement ferme. On a ouvert ensuite l'il gauche.Une incision a t faite au bistouri paralllement a la place qu'auraient d occuper les bords despaupires. L'il s'est montr absolument et sensiblement pareil l'autre. Ce chien a t observ, et l'on n'a pu dcouvrir aucune hsitation dans ses mouvements, il va, en vitant les obstacles, travers deux appartements, et revient, quand

LA SCIENCE, AUXILIAIRE )E LA KOI.

1389

on le tourmente, se rfugier sous un fourneau obscur ; il se sert des images reues par son il gauche, absolument, comme il s'est servi depuis quatre mois des images reues par son il droit. Voici donc qu'un il n'ayant jamais servi s'est substitue exactement un autre plein d'exercice et d'exprience; un il qui nat, pour ainsi dire, expert en mille choses, qui sait tout sans avoir rien appris. M. Chevreuil dont la science, le talent d'observation, l'exprience sont connus du monde entier, dans la sance de l'Acadmie des sciences du lundi 1-i juin 1 8 7 5 , n'hsitait pas formuler cette profession de foi : Les faits du ressort de l'instinct, malgr tout ce qu'en ont dit les philosophes, qui l'instar de Condillac, les ont attribus une sorte d'enseignement donn par les ascendants aux descendants de leur espce sont en contradiction vidente avec cette explication. Des faits prcis, observs et expriments par Frdric Cuvier, m'ont conduit h penser qu'ils sont inexplicables sans une cause providentielle. L a spiritualit ou la simplicit de l'me. Un de nos jeunes

amis, M. Flix Lucas, mathmaticien distingu de la seconde gnration, esprit trs-ingnieux, a appliqu heureusement l'analyse la dmonstration de la simplicit de l'me tudie dans l'acte de la sensation. Nous la reproduisons sous la n o u velle forme purement analytique que son savant auteur lui a donne a notre prire. Nos perceptions s'exercent, soit dans le domaine du monde matriel, soit dans le domaine de l'abstraction. Dans le premier cas, elles exigent l'intervention directe de nos organes et la production d'un mouvement spcial qu'il en est de mme pour les ides abstraites. dans la matire crbrale. Les positivistes admettent, par analogie,

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LES SPLENDEURS

DE LA FOI.

Occupons-nous d'abord des perceptions concrtes, cl, pour fixer les ides, considrons un foyer lumineux. Ce foyer est le centre d'un branlement priodique qui, par l'intermdiaire du milieu ambiant, du globe oculaire, des nerfs optiques et des tubercules quadrijumeaux, se communique finalement au s e n s o r i u m encphalique. La perception lumineuse commence aussitt que l'branlement arrive au sensorium., dure pendant qu'il le traverse, et cesse ds qu'il le franchit pour se propager dans une autre rgion de l'encphale. Celte dure 0 de la traverse du s e n s o r i u m optique est un coefficient personnel, lgrement variable d'un
1

observateur l ' a u t r e ; sa

valeur est en gnral d'un quart un tiers de seconde, elle reprsente le minimum de dured une perception lumineuse. Si la lumire observe ne brille que pendant un instant extrmement court, un millionime de seconde, par exemple, comme l'tincelle lectrique d'une bobine de Ruhmkorff, la perception qu'elle provoque dure un temps 0 trois cent mille fois plus long; c'est un phnomne bien connu, que les physiciens ont le tort d'attribuer la persistance des impressions sur la rtine, alors que sa cause physiologique rside uniquement dans les dimensions du s e n s o r i u m . Supposons maintenant que le foyer de lumire brille d'une manire continue, avec une intensit variable. A un instant quelconque t, le rium sensooptique est sollicit par tous les branlements, qui ont,

pour ainsi parler, frapp a sa porte depuis l'instant t 0 jusqu' l'instant t ; en d'autres termes, l'intensit perue rsulte de l'onde qui va sortir du s e n s o r i u m , de Tonde qui vient d'y entrer, et de toutes les ondes intermdiaires de passage. Soil, en gnral y = /'(), la loi qui dtermine, pour l'instant arbitraire t, l'intensit ou la force vive de l'branlement qui franchit cet instant mme l'entre du s e n s o r i u m . La quantit de lumire perue par l'observateur au temps T, aura pour valeur :

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA KOI.

Kill

f (I) dt

T-o et l'intensit de la perception sera :

4 4 ro ' = == 4
on a i=y,

dt

fy

lU

Dans le cas particulier o f (t) est une constante, c'est-dire, o Ton observe un foyer lumineux d'intensit fixe, en sorte que la perception donne la juste mesure du phnomne observ; mais, dans toute autre hypothse, i diffre de y , c'est--dire que l'intensit de la perception s'carte plus ou moins de celle du foyer lumineux. Il est clair qu'un raisonnement analogue est applicable une sensation . sonore, calorifique, etc., et gnralement toute sensation concrte, la valeur du coefficient numrique 0 changeant d'ailleurs avec la nature ou l'espce de celte sensation. Arrivons maintenant aux perceptions abstraites. J'tudie, -par exemple, le mouvement d'un point matriel sans dimension, sur une droite gomtrique. De ce mouvement, intangible pour mes sens, je fais une ralit abstraite, en le r e p r sentant par la formule x = > F (f), qui dtermine, l'instant arbitraire , la distance x du mobile une origine fixe. La force vive correspondante, en supposant la masse du mobile gale l'unit, sera

-()'-pot-
Est-il admissible que ma perception de cette force vive thorique drive de l'branlement mcanique d'un s e n s o r i u m ? Pour produire un travail mcanique, il faut ncessairement un moteur; or je ne vois pas d'autre cause au phnomne que j'tudie que ma-formule analytique elle-mme; si donc je veux

-1342

LES SPLENDEURS DE LA. FOI.

tablir l'identit du fonctionnement de mon organisme crbral dans Tordre abstrait cl dans Tordre concret, je me trouve contraint d'admettre qu'une formule d'analyse peut remplacer une force motrice! L'absurdit de cette hypothse est manifeste; mais passons outre. Soit 0 le cocfficicnl'dc dure relatif au s e n s o r i u m des perceptions abstraites, c'est--dire le temps qu'un branlement met traverser cet organe. l'instant r, l'intensit perue du phnomne observ, c'est--dire l'valuation mentale de la force vive du mobile sera

Si 0 n'tait pas infiniment petit, i diffrerai! d e y , en sorte que l'analyse mathmatique reposerait sur une aberration mentale. moins donc que notre raison ne consente proclamer elle-mme son impuissance dcouvrir la vrit, nous devons admettre que la dure o est moindre que toute grandeur assignable, c'est--dire que le s e n s o r i u m des perceptions abstraites ne peut pas avoir des dimensions tinics; que c'est un atome inscable, indcomposable, inaccessible au scalpel de Tanatomiste. Celte dmonstration de M. Flix Lucas n'est, au fond, que l'expression analytique du vieil argument des mtaphysiciens si admirablement Hclviennes, p. 194 et suiv. Si la substance intelligente ou s e n s o r i u m . est matire ou tendue, la partie de mon mc qui voit le fate d'un chne n'est plus celle qui voit ses rameaux ; et celle-ci n'est plus celle qui voit le tronc, qui les supporte. Autant on distingue de feuilles sur cet arbre, autant il est en moi d'tres pensants ou voyants; il en est des millions, puisque la partie qui pense dvelopp par le P . B a r u e l , dans ses
er

dition de 1 8 2 3 , Paris, Mquignon, tome I ,

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1343

adroite n'est point celle qui pense ii gauche, puisque celle qu affectent la vue et la pense des feuilles suprieures n'est point celle qu'affectent la vue cl la pense des feuilles infrieures, puisque la vue et la pense de chaque point d'une mme feuille atfcctcnt autant de points divers dont chacun est pensant : premire absurdit! Chacun de ces tres, chacun de ces points voyants et pensants, n'est qu'une partie infiniment petite du c h n e ; chacun

de ces tres pensants ignore la pense de celui qui le louche ou qui le s u i t ; chacun de ces tres croit cependant le voir de son fate jusqu' ses racines, et penser toute sa hauteur, quoiqu'il ne pense qu' une petite partie : seconde absurdit ! Le matrialiste rpond que la pense du chne entier subsiste de mme dans chaque partie de l'tre pensant m a t riel. La mme pense sera alors dans moi autant de fois que l'intelligence matire contient de parties. J'aurai dix fois,
cent fois ou mme temps lu mme pense, eL croirai ne l'avoir

qu'une seule fois : troisime absurdit! Voil que ma pense ou les parties de ma pense varient suivant les diffrentes parties de l'intelligence matrielle. Ma pense ne sera point au centre ce qu'elle estla circonfrence ; droite ce qu'elle est -gauche, en dessus ce qu'elle est en dessous : quatrime absurdit ! Si mon intelligence est matire, l'intelligence, la pense, la vision qui lui seraient inhrentes, seront soumises aux lois de la matire; elles pseront, elles graviteront en raison directe dos masses, en raison inverse des distances, elles suivront une ligne, tantt droite, tantt oblique, suivant que l'impulsion sera une ou multiple : cinquime absurdit ! J'pargne mes lecteurs une foule d'autres consquences galement absurdes qui suivent immdiatement du systme des matrialistes. En voil, du moins, assez pour concevoir

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LES SPLENI KUKS DE LA FOI.

combien peu ils om rllchi lorsqu'ils ont voulu faire de l'intelligence un tre matriel, divisible, tendu substantiellement. Donnez de retendue la pense, rendez-la matrielle et divisible, de mme que vous avez le quart, le tiers, la moiti d'un globe, vous aurez la moiti, le tiers, le quart .d'une sensation, d'une pense, d'une volont, et les absurdits se montreront en foule. M. Philippe Breton a cherch et trouv une dmonstration de la simplicit de l'ame non plus dans ses perceptions, mais dans son action sur le corps. Il cfHeure en mme temps une question que personne n'a traite, ma connaissance, depuis le grand Ampre, la force vive engendre par les esprits ou les pures intelligences; force vive que nous voyons souvent en action dans les saintes critures, dans l'histoire de l'glise, et mme dans l'histoire de l'humanit; car ce n'est pas seulement la Rvlation, c'est aussi l'histoire qui uous parle de l'intervention active des esprits bons et mauvais. Tantt ce sont des auges qui, a travers les airs, transportent le prophte llabacuc dans la fosse au lion, ou qui enlvent saint Philippe, et le drobent a la vue de l'eunuque de la reine d'Ethiopie; tantt ce sont des dmons qui se jettent sur le troupeau de pourceaux des Grasnwns et les prcipitent dans la mer. Nous reviendrons peut-tre plus tard, l'occasion des miracles, sur ces faits mystrieux dont la fausse science ne rit qu' cause de son ignorance. En attendant, voici la petite note de notre savant a m i ; elle est intitule : Action physique des volonts.

Les volonts des tres vivants que nous observons peuventollcs exercer une action sur la matire? On rpond non, et pour le prouver on montre assez bien (?) que le travail musculaire est une simple transformation de la force vive chimique

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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emmagasine dans les substances combustibles el comburantes accumules dans l'organisme. Quand je veux lever d'un mtre un poids d'un kilogramme, ce travail mcanique d'un kilo-grammtre est excut par mes muscles, qui transforment ainsi une certaine quantit de chaleur, un quatre-ceut-vingtime de calorie, chaleur fournie par la combustion d'une petite quantit des corps gras contenus dans le sang qui coule dans les vaisseaux capillaires; l'oxygne pour cette combustion est fourni par la rduction d'un peu d'oxyde de fer, amen par les artres a l'tat de peroxyde, et qui, dans les capillaires, passe l'Lat de protoxyde. L'action de ma volont n'a fait, dit-on, que lcher la dtente du travail chimique approvisionn dans l'organisme. On compare cela la propulsion d'une balle dans un fusil, qui est la transformation mcanique d'un travail chimique approvisionn dans la cartouche, par les travaux antrieurs qui ont form Je soufre, le charbon et l e n i t r e ; mais le doigt de l'homme qui tire le fusil n'a fait que lcher la dtente! G'esL fort bien, le travail employ pour lcher cette dlente est rellement distinct de celui qui fournit la propulsion, cl sa quantit est relativement minime; mais ce petit travail, qui fait dvelopper un autre travail beaucoup plus grand, approvisionn clans la poudre, ce travail de la dtente a beau tre petit en comparaison, il n'est pas nul, et il faut qu'il soit pris quelque pari, o il tait approvisionn, ou bien qu'il soit cr neuf par la volont. On dit cela que le doigt du soldat e s t m i s enjeu par les muscles de l'avant-bras, lesquels prennent ce travail dans le travail chimique o du sang rouge se change en sang noir, et pour ce travail musculaire les nerfs du soldat n'ont fait aussi que lcher la dtente de la machine organique nomme muscle, laquelle est une vraie machine thermique brlant de la graisse. C'est bien, mais quelque lgre que soit la substance qui,
85

'1346

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

dans les nerfs, lclie ainsi la dtente du travail qui.se dveloppe dans les muscles, le travail nerveux employ lcher la dtente n'est pas n u l ! O est-il pris? fourni ? Si on rpond cela que le tissu nerveux lui-mme est aussi une machine thermique brlant de la graisse, cette r ponse ne rsout rien du tout. Car le sang rouge qui doit devenir noir, est prsent dans les nerfs, prts a fonctionner, avant qu'un acte de la volont le mette en activit ; il faut donc encore que la volont lche une dtente dans le nerf, pour que celuici en lche une autre dans le muscle. Il faut donc en venir a reconnatre que la volont agit elle-mme sur un lment physique, c'est--dire mcanique, auquel elle imprime directement une modification quelconque, c'est--dire un mouvement. Dans la ralit physique, tout est matire et mouvement, et il n'y a pas de travail cr neuf, il n'y a que des travaux prexistants qui se partagent et se transmettent sans augmentation, suivant la loi de la dynamique. Donc, puisque nous sommes forcs logiquement de reconnatre la cration neuf d'un travail par la volont, travail aussi petit qu'on voudra, mais qui ne peut tre absolument nul, lavolonL est autre chose qu'une matire et autre chose qu'un mouvement. Donc, dans la ralit complte, matire et mouvement n'est pas tout, quoique, dans la realit seulement physique, tout soit matire et mouvement. Cette dduction pourrait servir prouver que la substance qui veut n'est pas matire, si nous n'avions dj consciencedc ce principe par une intuition plus directe. L a somme universelle elle absolument invariable des travaux et des forces v i v e s est? La loi gnrale de la dynamipar quoi est-il

que admise par les gomtres affirme que l'univers tout entier contient une certaine quantit constante de matire anime d'une certaine quantit de travail, ou d'nergie, ou de force

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

'1347

vive (expressions synonymes) ; que, dans les phnomnes p h y siques, ceUc provision universelle de travail mcanique change seulement de distribution, sans changer de somme totale, pourvu que celle somme embrasse l'univers entier, et pourvu aussi que jamais aucun lment matriel n'prouve un changement d'tat fini cl rigoureusement instantan. 11 est vrai encore que celle absence complte de changements rigoureusement instantans exige que les atomes absolus de la matire soient des points matriels sans dimensions, et par suite qu'il y ait entre eux des forces agissant distance, sans intermdiaire physique ; et cette consquence est rejete ci priori par des savants du premier ordre qui, sur tout le reste, sont sans contredit d'excellents esprits. A quelque opinion que l'on s'arrte sur ce point, il me semble ncessaire de reconnatre que les substances non matrielles doues de volont, qui agissent dans le rgne animal tout entier, crent continuellement neuf des quantits de travail, trs-petites probablement, mais ([ui ne sont pas nulles. Une Ibis crs, ces travaux volontaires se conservent aux mmes conditions que les autres travaux mcaniques plus anciens. Ainsi les explications de la constitution mcanique de l'univers doivent dire si la loi admise pour reprsenter toute la dynamique est parfaitement exacte, ou bien si ce n'est qu'une approximation, le plus souvent suffisante, dans les applications h des questions partielles, mais foncirement un peu inexactes. Et puisqu'il y a continuellement du travail cr p a r l e s volonts, ce travail neuf s'accumulc-t-il indfiniment dans l'univers? Ou bien cette cration continue de travail nouveau est-elle compense, exactement ou non, par les destructions de travail qui ont lieu dans les rencontres d'atomes absolument durs et de dimensions trs-petites mais finies?

1348 LA FORMULE

LES DE

SPLENDEURS

DE

LA

FOI. DU MONDE ET DES

LAPLACE

OU ,L'QUTK)N

MONDES.

LA

MCANIQUE

GNRALE.

Laplace, E s s a i seconde

philosodition,

phique

s u r les probabilits,

page 3 ,

Paris, 18-14, a crit cette phrase ambitieuse et nuageuse; Une intelligence qui, pour un instant donn, connatrait foutes les forces dont la nature est anime, et les situations respectives des tres qui le composent, si d'ailleurs elle tait assez vaste pour soumettre ces donnes h l'analyse, cr embrasserait dans la mme formule les mouvements des plus grands corps de l'Univers et ceux du plus lger atome. Rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir comme le pass seraient prsents ses yeux. L'esprit humain offre dans la perfection qu'il a su donner l'astronomie U N E
FAIBLE ESQUISSE

de cette intelligence.

Rien

n'indique ici que l'illustre gomtre ail prtendu

comprendre dans sa gigantesque formule les tres cl les phnomnes des quatre rgnes de la nature : minral, vgtal, animal et humain. Mais parce qu'il tait athe d'aspiration et qu'il tendait sa thorie des probabilits mme aux actes libres, il est iufiniment probable, hlas ! que, dans son esprit du moins, il n'assignait aucune limite h son audacieuse quation. Il a d'ailleurs, dans un autre passage clbre de ce mme ouvrage, ni trop brutalement la distinction des effets et des causes pour qu'on puisse essayer d'amoindrir la porte de ses tendances ne voir partout que matire et mouvement. Tous les vnements, ceux mmes qui, par leur petitesse, semblent ne pas tenir aux grandes lois de la nature, en sont une suite aussi ncessaire que les rvolutions du soleil. Dans l'ignorance des liens qui les unissent au systme entier de l'univers, on les a fait dpendre des causes finales ou du hasard, suivant qu'ils arrivaient ou se succdaient avec rgularit ou sans ordre apparent ; mais ces causes imaginaires

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1349

ont cl successivement recules avec les bornes de nos connaissances, et disparaissent enlircinent devant la saine philosophie, qui ne voit en elle que l'expression de l'ignorance o nous sommes de leurs vritables causes. En tous cas, c'est ainsi que l'quation de Laplace a t et qu'elle est universellement entendue par la science mancipe de notre poque. Par exemple, le trop clbre Haeckel [Revue publics, des cours livraison du 19 mars 1870), fait dire au fameux

Thomas Huxley : Tous les tres, anims et inanims, sont le rsultat des forces appartenant la nbuleuse primitive de l'Univers. Si cela est vrai, il n'est pas moins certain que le monde actuel existait virtuellement dans la vapeur cosmique, et qu'une intelligence suffisante, connaissant les proprits des molcules de cette vapeur, aurait pu prdire, par exemple, l'tat de la faune de la Grande-Bretagne en (( 1869, avec autant de certitude qu'on peut dire ce que (( deviendra la vapeur de l'haleine par un temps d'hiver. Un autre savant, libre penseur excessif, le bruyant M. du Boys-Raymond, n'a pas hMl tirer des prmisses de Laplace cette conclusion extravagante : En effet, de mme que l'astronome- n'a besoin que de ( donner au temps, dans les quations de la lune, une certaine < valeur ngative pour savoir si, lorsque Pricls s'embar quail pour Epidaurc, une clipse du soleil tait visible au Pire, de mme Hntelligcnce conue par Laplace pour rail, en discutant la formule universelle, nous dire Q U I F U T
. LE MASQUE DE FER,

ou comment put prir La Prouse.

De mme que l'astronome peut prdire de longues annes A l'avance le jour o une comte reviendra du fond de l'espace se montrer dans nos parages, de mme celle intelligence pourrait lire dans ses quations le jour oh la

1350

LES SPLENDEURS DE LA KOI.

croix grecque reprendra sa place sur la coupole de S a i n t c Sophie ; et celui o l'Angleterre brlera son dernier morceau de houille. Il lui suffirait dfaire f=oo , dans sa formule, pour que le mystrieux tat originaire des choses se dvoilt ses yeux. Elle verrait alors, dans l'espace infini, la matire soit dj en mouvement, soit ingalement distribue; car si
la rpartition de la m a t i r e avait t l'origine absolu-

ce'ment uniforme, l'quilibre

instable n'aurait

jamais t

troubl. En faisant crotre l positivement, et a l'infini, elle apprendrait si un espace de temps fini ou infini nous ce spare encore de cet tat final d'immobilit-glace dont le thorme de Carnot menace l'Univers. Une pareille intelligence saurait.le compte des cheveux de notre tte, et pas un passereau ne tomberait terre son insu : pro phtisant dans l pass comme dans l'avenir, cette in telce ligence s'appliquerait cette parole de d'Alembert, dans le

discours prliminaire de Y E n c y c l o p d i e , parole qui contient en germe la pense de Laplace : L'Univers, pour qui sait l'embrasser d'un seul point de vue, ne serait, il est permis de le dire, qu'un fait unique et une grande vrit. Nous n'avons donc rien exagr en affirmant que la mcanique gnrale et la fameuse quation de Laplace, sont la prtendue source et l'expression dernire des thories de l'cole positiviste et rationaliste du dix-neuvime sicle ; d'o
ils concluent tous leurs d o g m e s insenss de l'ternit de la

matire et de la vie, du transformisme ou de l'volution, de la ncessit et de la fatalit de tous les actes humains, etc., etc. Au fond, rien de plus absurde, mais aussi rien de plus spcieux et de plus propre endormir les intelligences que la foi effraye et inquite, sur lesquelles les mathmatiques excercent une fascination contagieuse, une sorte d'hypnotisme sducteur. Un de mes amis, ingnieur en chef des ponts et chaus-

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1381

ses, mathmaticien habile, penseur profond, logicien exerc, M. Philippe Breton, de Grenoble, a russi tout rcemment faire ressortir de la manire la plus piquante l'absurdit de la thorie dynamique du monde ou des
D E LA R V E R S I B I L I T DE TOUT

mondes, dans un
MOUVEMENT PUREMENT

mmoire auquel j'ai donn une place d'honneur, et qui a pour titre :
MATRIEL

(Les M o n d e s , livraisons des 2, 9 , 1 6 et 2 3 dcembre

1875). Il a vivement frapp plusieurs savants distingus qui l'ont lu, et je me reprocherais de ne pas le rsumer ici dans ce qu'il a de plus essentiel, en renvoyant au tirage part que j'en ai fait faire. Voici avant tout la pense fondamentale de cette dissertation, son m'exprimer ainsi. La thorie mcanique des mondes et la formule de Laplace admises, tout atome, toute molcule, tout tre considr dans l'espace et dans le temps, dcrit quivalemmcni, une courbe continue; or tout mouvement, curviligne est essentiellement rversible, c'est--dire qu'on peut concevoir que l'atome, la molcule, l'tre, revienne sur ses pas et parcoure, en sens contraire, le chemin dj parcouru; de telle sorte aussi que tous les phnomnes du monde et des mondes, puissent et doivent se reproduire en sens inverse, donnant ainsi naissance un monde renvers ou rebours le plus trange qu'on puisse imaginer, et qui devient lui-mme une dmonstration par l'absurde, extrmement frappante, de la fausset, de l'insanit, des prmisses qui le rendent absolument ncessaire en thorie. Je laisse parler M. Breton. R v e r s i o n d e s m o u v e m e n t s . Dfinition rversion. de la Connaissant la srie complte de tous les tats essence, en quelque sorte, si je puis

successifs d'un systme de corps, et ces tats se suivant et s'engendrant dans un ordre dtermin, du pass, qui fait fonction de cause, l'avenir, qui a le rang d'effet, considrons un de

1382

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

ces tals successifs, et, sans rien changer aux masses composantes, ni aux forces qui agissent entre ces masses, ni aux lois de ces forces, non plus qu'aux situations actuelles des masses dans l'espace, remplaons chaque vitesse par une vitesse gale et contraire : ainsi, tel point matriel du systme ayant une vitesse de tant de mtres par seconde dirige de gauche droite, nous allons maintenant lui supposer une vitesse du mme nombre de mtres par seconde, mais dirige celte fois de droite gauche. Et de mmo les vitesses du haut, en bas seront remplaces par des vitesses gales du bas en haut, et ainsi des autres. Pour abrger, nous appellerons cela rversion, et nous appellerons sa possibilit rversibilit rverdu tir tes vitesses; ce changement lui-mme prendra le nom de mouvement du systme. Je prie le lecteur de me pardonner cette niche de nologismes, qui me sont ncessaires pour l'exposition commode de mon ide. Or, quand on aura opr (non dans la ralit, mais dans la pense pure) la rversion des vitesses d'un systme de corps, il s'agira de trouver, pour ce systme ainsi rverti, la srie complte de ses tats futurs et passs : cette recherche seratelle plus ou moins difficile que le problme correspondant pour les tats successifs du mme systme non rverti? Ni plus, ni moins, et la solution complte de l'un de ces deux problmes donnera celle de l'autre, par un changement t r s simple, consistant, en termes techniques, changer le signe algbrique du temps, a crire t au lieu
de-J*
*i

et rciproque-

ment. C'est--dire que les deux sries compltes d'tals successifs du mme systme de corps diffreront seulement en ce que l'avenir deviendra pass, et le pass deviendra futur. Ce' sera la mme srie d'tats successifs parcourue en ordre inverse. La rversion des vitesses, une poque quelconque, rvertit simplement le temps; la srie primitive des tats successifs de

LA SCIENCE, AUXILIAIRE

DE LA KOI.

1383

la srie rverlie ont, ions les instants correspondants, les mmes figures du systme avec des vitesses gales et conIraircs. Si Ton considre deux poques dans une de ces sries cl'tats avec-les deux poques correspondantes dans l'autre srie, et si Ton compare dans ces deux sries les chemins dcrits par un mme corps, entre ces deux couples d'poques correspondantes, on trouvera identiquement le mme chemin, parcouru par ce corps en deux sens opposs. Rversion d a n s les corps inorganiques. Recrutement fies comtes par les plantes pour le systme solaire. Les astronomes sont, je crois, h peu prs d'accord aujourd'hui sur l'hypothse qui attribue aux comtes une origine trangre au systme solaire. Cependant, tant que l'on considre une comte comme un seul corps pesant, unique, indivisible, toujours identique lui-mme, la loi de la pesanteur rend impossible l'introduction d'une comte dans le systme solaire, tant qu'elle ne pse que vers le Soleil tout seul. Car les orbites que la pesanteur vers le Soleil agissant seule peut faire dcrire un point pesant, celles que je nomme pour abrger orbites hliobarques, ne peuvent tre que des ellipses fermes, ou des branches d'hyperboles h deux bras infinis. Si donc on applique la rversion a une telle orbite, on ne pourra pas faire sortir du systme solaire un corps pesant dont l'orbite hliobarique est ferme. Et si un corps pesant est entr dans ce systme, en y arrivant par le premier bras d'une branche d'hyperbole, il en ressort par le second bras de la mme branche, car il suffit d'appliquer ici la rversion pour que la voie d'entre devienne voie de sortie, et rciproquement. La pesanteur vers^ le Soleil seul ne peut donc suffire h retenir, dans son cortge de plantes, un corps pesant venant du dehors. a On reconnat la mme incompatibilit entre une orbite priodique et une orbite deux bras infinis, en remarquant

1354

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

que Tune a un prihlie et un aphlie, tandis que l'autre n'a qu'un prihlie sans aphlie possible. Car cette orbite non ferme n'est qu'une seule branche d'une hyperbole, et la seconde branche de la mme section conique est absolument inaccessible au corps pesant vers le Soleil qui suit la premire branche. Or la deuxime abside de l'hyperbole est situe sur cette seconde branche, dont l'existence est purement gomtrique ou idale, absolument trangre aux mouvements hliobariques. Cette dernire abside ne fait donc point du tout fonction d'.aphlie. Mais si l'on tient compte des masses des plantes circulant autour du Soleil, cl de la pesanteur vers Tune d'elles, on peut comprendre facilement comment.cette pesanteur secondaire peut changer l'orbite hliobarique d'une comte d'hyperbole en ellipse. A cet effet, considrons, par exemple, Jupiter et la sphre qui l'entoure a distance, dans l'intrieur de laquelle la pesanteur vers Jupiter est trs-prpondrante, en comparaison de la pesanteur vers le Soleil. Nous appellerons cette sphre Vampire barique de Jupiter; Yovb'we il est enclav dans l'empire solaire et voyage autour du Soleil avec Jupiter. Nous qualifierons dech'oqu'un point pesant, dcrirait dans l'empire de Jupiter par l'effet de la pesanteur prpondrante vers Jupiter, Telles sont les orbites des satellites de cette plante. Cela pos, soit une comte arrivant des profondeurs du ciel dans l'empire solaire : son orbite hliobarique ne peut tre qu'une branche d'hyperbole, sur laquelle elle a partout une vitesse plus grande que celle d'une plante dcrivant une ellipse hliobarique. Celte comte pourra donc atteindrcM'empirc de Jupiter enclav dans l'empire solaire, et ne pourra dcrire dans cet empire local qu'un arc d'hyperbole diobarique; elle repassera donc la frontire de l'empire enclav, et rentrera sous la domination prpondrante de la pesanteur vers le

LA. SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1388

Soleil, puis elle dcrira une nouvelle orbile hliobarique. Quand la comte repasse la frontire de l'empire de Jupiter, sa vitesse, rapporte la plante regarde comme fixe, e s t a peu prs gale en grandeur la vitesse relative qu'elle avait en entrant dans l'empire enclav"; niais sa direction est gnralement trs-diffrente de celle de la vitesse d'entre. Si, par exemple, la comte ressort de l'empire de Jupiter par d e r rire, suivant une direction presque directement oppose au mouvement de Jupiter sur son orbite, alors la comte peut avoir, en rentrant dans l'empire solaire, une vitesse hliocentrique a peu prs gale la diffrence entre la vitesse hliocentrique de Jupiter et la vitesse diocentrique de la comte. Cette diffrence peut ainsi se trouver bien infrieure h Ja vitesse qui rendrait parabolique la nouvelle orbite hliobarique de la comte. En consquence, cette nouvelle orbite hliobarique sera une clipse, et cet astre, quoique tranger d'abord au systme solaire, deviendra un membre permanent de ce systme; il repassera priodiquement par tous les points de sa nouvelle orbite. Disons pour abrger que Jupiter aura ainsi recrut la comte trangre, pour le systme solaire. Reste a savoir si ce recrutement est opr pour toujours : ici la rversion va nous donner une rponse bien simple. Appliquons, en effet, la rversion au systme compos du Soleil, de Jupiter et de la comte recrute par Jupiter. Aprs que la comte a fait plusieurs fois le tour de son ellipse hliobarique, elle va parcourir rebours celte mme ellipse, le mme nombre de fois, puis clic entrera dans l'empire de J u p i lcr, en allant maintenant au-devant de la plante : elle ressortira de l'empire enclav avec la mme vitesse qu'elle avait la premire fois qu'elle en a franchi la frontire, au commencement de l'opration qui l'a r e c r u t e ; elle rentrera donc dans l'empire solaire avec une vitesse capable de lui faire dcrire

135)6

LES SPLENDEURS DE L \

FOI.

une hyperbole pour orbite hliobarique : ainsi elle sera congdie par la mme plante qui recrute. Or, pour que Jupiter expulse ainsi du systme solaire une comte priodique, il suffira le plus souvent que celle-ci entre dans l'empire del plante en allant a sa rencontre, car elle pourra alors, aprs avoir dcrit un arc d'hyperbole diob a r i q u e , r e s s o r t i r de l'empire de J u p i t e r avec une vitesse

hliocentrique qui peut approcher de la somme de la vitesse diocentrique de la comte, a sa rentre dans l'empire enclav, et de la vitesse hliocentrique de Jupiter. Cette somme peut atteindre ou dpasser la vitesse qui rendrait la nouvelle orbite hliocentrique parabolique ou mme hyperbolique. Car si l'orbite hliobarique d'une plante est un cercle, il suffit que sa vitesse augmente d'environ les quatre diximes de sa valeur actuelle pour que l'orbite soit change en p a r a b o l e ; et une
acclration plus g r a n d e en fait une h y p e r b o l e . Or, "puisque

la comte recrute par Jupiter tourne h rebours du mouvevement de Jupiter, et que son ellipse hliobarique passe fort prs de l'orbite de Jupiter, il arrivera tt ou tard, en ralit et sans rversion, que la plante et la comte se trouveront peu prs ensemble dans ce passage courte distance, et cela en allant l'une au-devant de l'autre. Il suit de l que toute comte priodique, recrute pour le systme solaire par l'action d'une plante, risque fort d'tre, dans la suite,
expulse de ce systme par la m m e p l a n t e . Elle n ' c h a p p e r a

gure cette chance que dans le cas o les attractions des autres plantes altreraient fortement la longue l'ellipse hliobarique rsultant du recrutement, de manire agrandir suffisamment la plus courte distance entre les deux ellipses hliobariques. On voit, dans cet exemple, que la rversion peut aider quelquefois dcouvrir, sans calcul ni figure, la possibilit de certains effets complexes des forces connues.

LA SCIENCE, AUXILIAIRE I>E LA FOI.

'l.')S7

Jusqu'ici les rsultats de la rversion sont

vraiment

admissibles, car ils ne prsentent rien de paradoxal, au contraire, ils ramnent le rsultat des recherches celte simplicit qui est ordinairement un des caractres de la vrit. Maison va voir tout l'heure des rsultats de la rversion plus difficiles a admettre. Chute de la plaie d a n s u n tang calme.Voici une goutte de pluie en l'air, qui va tomber dans l'eau d'un tang calme. Sa forme estsphrique et trs-stable, par l'effet de la tension capillaircd'unc mince couche superficielle d'eau. Ds que le dessous de cette enveloppe tendue touche l'eau de l'tang, ce sac capillaire est crev h son point le plus bas, il se contracte vivement, et chasse l'eau qu'il renfermait au travers de l'eau stagnante. L'eau de la goutte pntre ainsi dans l'tang avec la vitesse de chute de la goutte, augmente du surcrot de* vitesse duc h la contraction rapide du sac capillaire. Aussitt aprs l'eau de la goutte, ainsi noye, se transforme en un tourbillon grossissant en forme de pomme, parce que l'eau ambiante qu'elle dplace en dessous d'elle revient en dessus, puis redescend par le diamtre vertical. Celourbillon se recrute ainsi en descendant, aux dpens de l'eau de l'tang, par l'effet connu sous le nom d'entranement latral ; puis son centre de gravit se ralentit, sa vitesse du haut en bas tant, chaque instant, en raison inverse du cube.du diamtre acquis, suivant la loi des quantits de mouvement. Si l'eau de la pluie tait colore, elle dessinerait l'axe courbe annulaire du tourbillon en pomme. C'est exactement le mcanisme de la gnration des jolies couronnes de fume de l'hydrogne phosphore; et chacun peut s'assurer du fait en laissant tomber d'un peu haut une goutte de vin rouge ou d'encre dans un verre plein d'une eau bien calme. Et, eu mme temps que l'eau de la goutte descend dans la profondeur, en se ralentissant, la surface de

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI,

Feau de l'tang oscille au-dessus eL au-dessous de son niveau moyen, d'abord au point o la goutte a pntr, puis cette oscillation se propage tout autour, en dessinant la surface libre de l'tang des cercles sans cesse grandissants, alternativement saillants et creux : ce sont les ronds dans l'eau, si chers tout flneur. Oprons maintenant la rversion des mouvements, en
a p p l i q u a n t cette opration a c h a q u e atome d'eau du t o u r b i l -

lon en pomme, ainsi qu' chaque atome de l'tang qui p a r t i cipe aux mouvements ondulatoires de la surface, mme aux atomes de l'air que la goutte de pluie a branls pendant sa chute avant de toucher l'tang, et enfin aux atomes d'air atteints aprs la chute par Tonde sonore du petit bruit qui s'est produit au moment de la pntration, et voyons les consquences. Voyez-vous le tourbillon eu pomme qui se met tourner
r e b o u r s du bon s e n s ? L'eau s'y lve par son d i a m t r e v e r -

tical et redescend par son plus grand contour horizontal, en contournant la surface bombe qui spare l'eau tourbillonnante de Feau ambiante et calme; tout le tourbillon rverli remonte avec une vitesse croissante, et son diamtre diminue, qu'il abandonne en repos autour de lui les couches parce d'eau

dont il s'est recrut lorsqu'il descendait. En mme temps les ronds dans l'eau superficiels reviennent h leur centre en diminuant de diamtre et en augmentant de bautcur, et ils se
referment au point o l'eau de la g o u t t e r e v i e n t toucher la

surface de l'tang; en mme temps l'branlement sonore excit dans l'air revient a son centre, cl ces trois systmes de m o u vements molculaires se runissent ensemble point nomm. 11 en rsulte une protubrance jaillissante qui s'trangle et par dessous, en reformant le sac capillaire sphrique,

voila la goutte de pluie refaite qui commence remonter en

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA KOI.

1359

l'air. Puis toules les molcules d'air que la gouLte en tombant, avait dranges de leur mouvement,viennent lui restituer les actions qu'elles en ont reues. Ceci commence bien a froisser un peu le bon sens : ce sera mieux si, au lieu d'une seule goutte de pluie, nous considrons toute une averse, compose de millions clc gouttes ingales, ayant des vitesses diffrentes, qui, pendant leur chute relle, se sont souvent rencontres deux deux cl fondues en une seule goutte plus grosse. Passons. Cassage crime pierre. J e regarde travailler un cantonnier qui casse des pierres avec un marteau sur une enclume. Voici une pierre qui est comprime par le choc entre l'enclume et le marteau ; le dessus et le dessous de la pierre pntrent dans son intrieur en allant au-devant l'un de l'autre et en produisant vers le milieu de la hauteur des tensions horizontales qui cartent les parties latrales au del des limites do l'lasticit; la cohsion se trouve rompue suivant certaines surfaces de moindre rsistance; il se forme des lissures intrieures, qui s'tendent ensuite jusqu' la surface de la pierre, et qui la divisent en fragments; enfin ces fragments, pousss par ces deux sortes de coins que le choc du marteau et la rsistance de l'enclume ont enfoncs dans l'intrieur, jaillissent suivant diverses directions peu prs horizontales. Puis chaque fragment devient ce qu'il peut, toujours suivantla loi gnrale de la dynamique. J'opre maintenant la rversion des vitesses non-seulement dans la masse totale de chaque fragment,mais,dans le dtail de tousses mouvements molculaires; il est bien entendu que j'embrasse aussi dans la rversion chaque mouvement molculaire qui s'est produit dans le marteau, dans l'enclume, dans le sol au-dessous et dans l'air ambiant. Voyez-vous les fragments de pierre qui viennent se

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LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

rejoindre et se recoller entre l'enclume et le marteau, et renvoyer celui-ci en l'air, aprs quoi la pierre a retrouv sa forme, sa cohsion, sa duret, toutes ses proprits physiques, telles qu'elles taient avant le cassage? Il me semble que le froissement du bon sens augmente un peu. Cependant je dynamique. c Cne < a u pied d'un rocher escarpe. Un obser vateur, habitu a se lier au bon sens, regarde, au pied d'un grand escarpement de rocher, un cne de pierraille, compos de fragments de diverses grosseurs, disposs dans une figure peu prs conique, aux profils verticaux un peu concaves: il remarque que ces pierres incohrentes, toutes anguleuses, sont de la mme nature minralogique que le rocher escarp qui les domine; que les plus gros fragments anguleux se trouvent gnralement au bas de l'entassement conique,et les plus petits vers le haut;il observe encore que chaque pierre est troue le plus souvent dans une des directions les pluspropres a a n t e r son mouvement, en supposant qu'elle soit arrive d'en haut en tournant, et en rebondissant plusieurs fois la surface du tas des autres pierres, lorsque ce las existait dj avec une forme sensiblement identique la forme actuelle. De toutes ces remarques, l'homme de bon sens conclut que le rocher suprieur laisse tomber de temps en temps des fragments de lui-mme, de diverses grosseurs, qui bondissent plus ou moins facilement sur le tas dj ancien, selon que la masse et le volume de chaque fragment le rend plus ou moins propre prolonger la srie de ses bonds descendants ; que ce tas est un cne d'boulis qui s'est form peu peu de fragments dtachs un un du rocher, des intervalles de temps assez longs pour que chacun d'eux soit all s'arrter sa place, sans tre gn dans sa descente par d'autres blocs desne sors pas d'une application rigoureuse de la loi gurale de la

LA SCIENCE, AUXILIAIRE T>E LA FOI.

1361

cendant avec lui et le Louchant presque continuellement. En un mot, notre observateur'remonte, par le raisonnement, de la description actuelle lie l'bonlis la connaissance gnrale de sa formation et des principaux dtails de cet effet naturel. Et dos que ces dtails un peu nombreux se sont expliqus sparment, puis enchans entre eux et classs logiquement dans la pense de l'observateur, il ne conserve pas le moindre doute sur Torigincel la formation du cne d'boulis aux dpens du rocher suprieur. Survient alors un gomtre dou d'une foi robuste dans la certitude de toutes les formules mathmatiques, jointe un ddain profond de tout ce qui n'entre pas dans ces formules et qu'il qualifie de mtaphysique; je suppose que ce gomtre ait examin la thorie de la rversion, et reconnu que tout phnomne rel est thoriquement rversible. En consquence, il affirme tranquillement notre observateur que ces conclusions sont douteuses; qu'on peut croire tout aussi bien que ce n'est pas le rocher qui a fourni les matriaux du cne, que l'on prtend tre form d'boulis, mais qu'au contraire le cne a t autrefois plus grand qu' prsent, qu'il dcrotra dans l'avenir en envoyant en haut des pierres qui monteront jusqu'au rocher et s'y colleront. Pour le prouver, il suffira de revenir les mouvements molculaires, qui subsistent certainement aprs que chaque fragment tomb du rocher s'est arrt. L-dessus, l'homme de bon sens ne pourra pas s'empcher de conclure que le gomtre est un peu fou, qu'il brouille plaisir les causes et les effets. Et s'il est assez franc pour le dire tout haut, le gomtre lui rpondra que cette distinction subtile des causes et des effets n'est point mathmatique, puisque rien ne l'exprime dans les formules, c'est--dire infaillible; que vouloir distinguer les causes des effets, c'est faire del mtaphysique. Or, puisqu'on a vu des mtaphysiciens
6

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LES SPLENDEURS TE LA F0(.

faire de leur science quelque chose d'inintelligible, du g a l i matias simple ou double, il est sage de bannir des sciences srieuses tout ce qui est mtaphysique, et notamment la distinction des causes et des effets. Je ne dis pas encore qui je donne raison dans ce dbat. Je remarquerai seulement qu'il serait facile de multiplier les exemples de rversions choquant le bon sens universel, sans sortir de l'ordre purement physique, et en se laissant s i m p l e ment guider par laloi gnrale de la dynamique, telle que les gomtres l'ont formule. Et, comme rien n'autorise a assigner des bornes quelconques h l'tendue et la varit du monde physique; comme, d'ailleurs, toutes les combinaisons possibles de vitesses des lments matriels, un instant donn, sont galement probables, il est probable, ou plutt il est certain qu'il existe quelque part, dans les profondeurs de l'immensit, un monde o tous les phnomnes physiques dont nous sommes tmoins se passent en ordre inverse. Ce monde, que vous jugez tre rebours du ban sens, est simplement rebours de vos habitudes. L la lumire va de l'espace cleste vers les soleils; l les actions chimiques, lectriques, lastiques, caloriques, que nous connaissons, se p r o duisent rebours de nos expriences, et leurs explications et leurs lois sont les mmes que chez nous, sauf la distinction subtile des causes et des effets. R v e r s i o n d a n s l e r g n e v g t a l . D e p u i s une poire pourrie jusqu'au bourgeon fruit. Voici une poire pourrie compose de certains alomes :
Carbone, azote, oxygne, hydrogne (I). (1) Ce vers esL tir du discours d'Ammos, dmon de la chimie, qui, dans le Pandemnium, propose de refaire renier, dans lequel, au dire de ce savant chimiste : Pour tre dieux ici, pour faire un monde, Nous avons T O U T , Matire et Mouvement.

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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Il faut seulement tendre le systme dont cette poire fait partie tout ce qui a contribu, directement ou indirectement, a sa formation el sa pourriture. Oprons maintenant la rversion dans ce systme ainsi complt. Voyez-vous celte poire qui se dpourrit, qui redevient fruit mur, qui se recolle h son arbre, puis redevient fruit vert, qui dcroit, et redevient fleur fltrie, fleur semblable a une fleur frachement close, puis bouton de fleur, puis bourgeon fruit, en mme temps que ses matriaux repassent les uns a l'tat d'acide carbonique et de vapeur d'eau rpandue dans l'air, les autres il l'tal de sve, puis celui d'humus ou d'engrais dans la terre autour du chevelu des racines du poirier? D e p u i s es feuilles graines des arbres. mortes et le bois pourri jusqu'aux Prenons encore pour exemple les arbres d'une foret, et les bois

feuilles mortes tombes des

pourris qui ont fait partie des arbres qui ont vcu autrefois dans la fort. Le systme tant dment complt, de manire a embrasser tous les corps qui ont contribu, par leurs actions successives, former et modifier ces feuilles el ces bois, tant dans leur composition chimique que dans leurs formes, leur structure organique et leurs situations relatives : oprons la rversion des vitesses dans tous les atomes du systme ainsi complt. Voyez-vous ces bois pourris se dpourrir, se recoller en branches, en trnes, en racines vivantes? Voyez-vous les feuilles mortes se raccrocher chacune sa place sur son arbre, en repassant de la couleur brune au rouge, puis au jaune, puis au vert? Voyez-vous ces feuilles se contracter en feuilles naissantes, se renvclopper en bourgeons, et les branches qui taient dj durcies repasser p a r l a consistance herbace des jeunes pousses, pour dcrotre et se refermer en bourgeons, puis chaque arbre dcrotre et redevenir une graine? et, car

1364

LES SPLENDEURS DE LA KOI.

il n'y a pas de raison pour s arrter la, cette graine se dmrir, redevenir fleur passe, etc. R v e r s i o n d a n s l e r g n e a n i m a l . Un c a r n a s s i e r et sa proie. Voici un lion la chasse d'une gazelle, ou bien un renard qui mne un livre. Le carnassier atteint sa proie, la tue, la mange, et, sa faim tant assouvie, s'endort dans son repaire pour digrer tranquillement. Prenons ce moment pour oprer la rversion. Voila les dbris des os et de la chair de la proie qui reviennent de l'estomac du carnassier dans sa bouche, pour se reconstruire entre ses dents, et reconstituer la proie toute vivante, puis elle recommence rebours tous les mouvements qu'elle excutait pendant sa vie relle ; le sang y circule de nouveau; il est rouge dans les artres, qui le ramnent vers le cur, eL noir dans les veines, qui le distribuent dans l'organisme pour y oprer la dnutrition des o r g a n e s ; elles deux btes se mettent a courir a reculons, le carnassier s'enfuyant devant le derrire de son ex-proie. Gela doit se passer ainsi dans le monde dont nous avons signal ci-dessus la possibilit, dans ce monde que les gens de simple bon sens qualifieront d'insens. Mais il n'en est pas moins infiniment probable que cela existe rellement quelque part, si la distinction des causes et des effets n'est qu'une subtilit mtaphysique inutile. D e p u i s le cadavre jusqu' l'uf. Hallcr, le grand gnralement physiologiste, a pos cet adage, comme axiome : O m n e vivum considr

e x o v o : Tout ce qui vit vient orilur ex ovo,

d'un uf. J> Commenons par complter ce rsum descriptif de la vie organique, en disant : O m n e vivum eldesinit in c a d a v e r : Tout tre sort d'un uf et finit en rverlie du monde

cadavre. Mais dans ce monde qui nous semble si singulier, et qui n'est que la reproduction

LA

science,

AUXILIAIRE

DE

LA

foi.

1365

o nous sommes, c'est le contraire qui a lieu ; la, O m m arilur ex c a d a v e r e , et desinit sort d'un cadavre et finit en un uf. L a rversion d a n s le danoinisme.

vivum

in o v u m : Tout Mrc vivant La singularit des

rsultats de la rversion va croissant, si l'on essaye de l'appliquer aux gnrations successives dans les deux rognes o r g a niques; elle ne devient pas plus raisonnable, si l'on admet toutes les doctrines de Darwin. Ainsi, pour l'adaptation des tres vivants aux conditions du milieu ambiant, Darwin modifient admet que certains procds, agissant fatalement,

peu peu les espces, de manire les adapter de plus en plus a ces conditions; mais avant que cette adaptation ft opre, ces espcos taient apparemment adaptes a d'autres conditions, h celles des milieux anciens ou leurs anctres avaient vcu. Dans cette hypothse, l'organisation d'une espce est stable quand l'adaptation est acheve, et demeure telle tant que le milieu ne change pas; mais, si le milieu est en cours de changement, le travail d'adaptation doit reprendre son cours, et rester un certain temps en retard sur l'tat contemporain du milieu. Eh bien, dans le monde rebours que nous considrons maintenant, l'tat de chaque espce est en avance sur l'tat contemporain du milieu suppos en train de varier, tout juste autant que dans notre monde rel elle aurait t en retard. Ainsi le naturaliste philosophe qui habiterait ce monde rebours, se verrait forc de voir des causes finales dans les changements mmes o le darwinisme ne voit qu'une action fatale du milieu. S'il m'en souvient bien, Darwin explique l'adaptation des espces vivantes au milieu o elles vivent par deux procds, naturels et fatals, qu'il appelle la Bataille pour la vie et la Slection naturelle. Mais j'avoue que je ne sais comment imaginer ce que deviendraient ces deux procds, dans un

1366

LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

monde o tout ce que nous voyons se reproduirait en ordre inverse. Je laisse cela h de plus habiles que moi. Rversion d a n s l'ordre intellectuel et moral. R l e fictif pris pour u n moment. Dans le rle de matrialiste et de fataliste que je tache de jouer de mon mieux, il faut admettre que la pense n'est qu'une matire ou bien un mouvement. J'accorderai au physicien matrialiste dont je veux jouer le rle un peu plus de bon sens : il ne confond pas la matire avec le mouvement; il ne dira donc pas le cerveau secrtela pense comme le rein scrte l'urine. Mais il assurera que la pense n'est qu'une fonction organique du cerveau, c'est--dire rellement une fonction mcanique, autrement dit un certain systme de mouvements imprims certaines matires ; il dira, par exemple, que le cerveau produit la pense, comme imprimant le larynx produit la voix, en certaines vibrations l'air envoy par le poude la

mon dans cet instrument sonore. Cela pos, nous comprendrons la sensation, ainsi que tous les autres attributs suite des impressions reues du dehors. R v e r s i o n de la s e n s a t i o n . Voici deux physiciens qui font ensemble des expriences sur la propagation des vibrations sonores dans un tuyau. A cet effet, tant munis chacun d'un bon chronomtre, ils se sont placs aux deux bouts d'un tuyau de 3,400 mtres de long; l'un d'eux parle en plaant sa bouche devant un bout du tuyau, et l'autre observateur, prtant l'oreille l'autre bout, entend les paroles avec une dizaine de secondes de retard. Maintenant oprons la rversion, et voyons ce qui va se passer. Un de nos physiciens, collant son oreille un bout du tuyau, entend dans sa pense certaines paroles, ensuite les pense, dans les mouvements physiques de nos organes la

LA

SCIENCE, AUXILIAIRE

DE

LA

1 0J.

1367

sons de ces paroles vibrcut dans l'oreille de l'observateur,

aprs

quoi

ils se propagent dans le tuyau; cl aprs

une

dizaine de secondes ils arrivent l'autre bout du tuyau, o ils rentrent dans la bouche de l'autre physicien. Ainsi, la sensation sonore a prcd d'environ dix secondes les mouvements vibratoires produits dans la bouche et le larynx de l'autre physicien. J'espre que voil une jolie permutation de fonctions entre la cause et l'effet. Si cet intervalle de temps d'une dizaine de secondes vous parat trop court pour froisser vivement votre bon sens, c'est que vous ne savez pas qu'aucune dure n'est en

elle-mme

grande ou petite ; prenons donc un autre exemple. Les astronomes nous assurent qu'il y a dans le ciel telle toile changeante situe si loin de nous, que sa lumire ne nous arrive qu'en trois mille ans, et que, lorsque nous observons un changement d'intensit o u de couleur dans cette lumire, nous lisons un article de l'histoire de cette toile qui date rellement de trois mille ans. Eh bien, oprons la rversion dans la propagation de la lumire entre celte toile et nour. : alors, quand nous la verrons changer d'clat ou de couleur, nous serons tmoins de son avenir, nous lirons ce qui se passera dans trois mille ans dans ce monde lointain. Or, pour le bon sens, la-difficult de lire ainsi l'avenir dans le prsent, de percevoir la sensation avant le phnomne qui est son objet, est la mme, qu'il s'agisse d'une avance d'une seconde o u d'un million de sicles.

Rversion

de la mmoire

et de la volont.

C'est par la

mmoire que chacun de nous a conscience de l'identit de la personne qu'il est maintenant., et de la personne qu'il tait il y a une heure, un jour, un an, dix ans. Mais pour les habitants du monde rebours que j'essaye de dcrire, c'est l'avenir qui est connu par une facult inverse de celle que nous appelons

'1368

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

mmoire. De mme que notre pusse nous est plus ou moins connu, tandis que l'avenir nous es( presque toujours-cach, de mme, pour ces gens-l, c'est l'avenir qui est gnralement connu, et le pass qui est aussi voil par l'oubli que l'avenir est cach pour nous. Remarquez aussi que ces gens-l marchent reculons, et, cependant, ce qui se trouve sur le chemin qu'ils viennent de parcourir tout l'heure leur chappe, quoique situ devant leurs y e u x ; ce qu'ils connaissent, c'est ce qui se trouve derrire leur tte, sur la partie du chemin qu'ils vont bientt parcourir reculons, et qui est hors de la porte de leurs yeux. Nous autres, nous voulons d'abord, et ensuite nous excutons plus ou moins compltement, selon notre pouvoir, ce que nous avons voulu : dans ce monde rebours on fait d'abord, et, aprs l'action, on se dcide avoir fait. Rversion de Tordre des gnrations. Dans ce monde extraordinaire, les gens naissent en sortant de terre l'tat de cadavres, qui prennent vie et deviennent d'abord des corps malades, aprs quoi ils entrent en sant tous les ges. Ils sortent de terre, les uns vieillards, et les autres enfants, puis ils rajeunissent mesure que le temps s'coule, et tous, sans exception, deviennent semblables nos enfants naissants, puis disparaissent fatalement dans le sein d'une mre. Au del de ce singulier genre de mort, il devient de plus en plus difficile de comprendre les effets de la rversion. Rversion dans Vordre moral. N'oublions pas que, dans ce moment, je joue le rle d'un philosophe matrialiste, convaincu que TOUT est matire et mouvement, d'o il suit, en vertu de la loi mathmatique de la dynamique, que tout phnomne, sans exception, est thoriquement rversible. Il faudrait donc montrer ce que deviennent, dans un monde compltement rvcrli, la libert morale, la responsabilit

LA SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE LA FOI.

'J

369

morale, le bien et le mal, la justice et l'injustice, les peines et les rcompenses. Ce serait le bouquet de ce feu d'artifice d'absurdits. Mais je ne suis pas de force composer ce bouquet, et peut-tre n'oserais-jc pas le tirer, si j'avais assez d'imagination pour le faire. Je laisse donc cela de plus habiles ou de plus hardis. C o n c l u s i o n . Car il est temps de jeter ce masque de matrialisme et de fatalisme qui ne me va pas, et de dire vraiment ce que je pense.
Rang de la mathmatique dans la science humaine.

II est donc vident que la mcanique n'est pas la science u n i verselle; la mcanique ne peut tre, en effet, que la m a t h matique complte. Son objet se borne dterminer idalement Tordre dans lequel les phnomnes matriels peuvent se dvelopper. Cet ordre complet embrasse tout ce qui est quantit, et rien autre; mais tout n'est pas quantit. Il n'y a de quantit que les choses idales ou relles, qui peuvent tre doubles, triples, quadruples et, en gnral, multiples les unes des autres. Ainsi, les qualits intellectuelles et morales, de mme que les tals momentans de l'intelligence et de l'me, ne sont point des quantits; car, par exemple, ce serait un pur non-sens de parler d'une habilet double ou triple d'une autre, d'un courage ou d'une lchet triple ou quadruple d'une autre. Rien de tout cela n'est du domaine de la mathmatique, car rien de tout cela n'est quantit. D'ailleurs, les quantits concrtes dont l'emploi constitue les diverses branches de la mathmatique sont purement intelligibles et non relles. Ainsi l'objet d e l gomtrie est (suivant Abel Transon) l'espace intelligible et non l'espace rel. A quoi il faut ajouter, si l'on veut enseigner la thorie mathmatique du Temps, que le Temps mathmatique n'est point la succession relle des fails, mais seulement la succs-

1370

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

sion intelligible; puis, de mme, que les masses et les forces qui compltent l'objet de la mathmatique sont des masses intelligibles et des forces intelligibles, mais non des masses et des forces relles, le mathmaticien complet doit construire d a n s sa pense un ordre intelligible dans lequel puisse s'encadrer et s'expliquer reuchanement des phnomnes physiques, et cet ordre doit tre complt autant que possible avant toute application la ralit. Cette conception de l'objet d e l mathmatique complte, y compris la mcanique rationnelle, montre que cette science ne peut tre au fond qu'une branche de la mtaphysique et de la logique, et je dirai mme une brauche trs-secondaire, eu gard soiPobjet restreint aux quantits. Mais cette science tout entire est cependant purement idale, et c'est une erreur grossire de la considrer comme une science matrielle. Ainsi, pour la mathmatique, son objet est la quantit, c'est--dire toute chose rpondant la question qui peut tre doubl, quantum, combien? En dehors de ce qui est vraiment quantit, ou de ce tripl, quadruple, multipli par un nombre quelconque, les mthodes propres la science des quantits ne peuvent conduire qu' l'erreur ou bien de purs non-sens. La thse que nous venons de c0baltre est tellement absurde, qu'on aura peine croire qu'elle ait pu trouver des dfenseurs dans le monde de l'intelligence, et surtout de la science. Je me fais donc un devoir de reproduire ici textuellement les trois propositions dont un professeur distingu de la Facult de mdecine de Montpellier s'est fait tout rcemment l'cho :
1" RIEN D'UNE DE CE QUE NOUS CONNAISSONS NE TIRE SON EXISTENCE CAUSE.

Tout vient d'un accident ou

d'un

changement. 2

L ' E S S E N C E MME DE L'IDE DE C A U S E ,

telle que

nous pouvons l'apprcier par nos observations actuelles, EST

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DIS LA FOI.

1371

INCOMPATIBLE AVEC LA NOTION D ' U N E CAUSE PREMIRE. 3 L A SEULE VRIT C'EST LE CHANGEMENT.

Voila ce qu'on ose enseigner en

pleine chaire, au dix-neuvime sicle, a la jeunesse franaise.

ANTHROPOLOGIE. S Y N T H S E DE L'HOMME.

Ce qui suit est extrait de trois confrences sur la Nature de l'homme, sur la Beaut et la Grandeur de l'homme, sur la Vie divine dans l'homme, prches dans Noire-Dame, p e n dant le carme de 1 8 7 5 , devant un immense auditoire, par le R. P . Monsabr, des Frres P r c h e u r s . Ce rsum que j'ai fait avec les propres paroles de Fauteur, m'est apparu comme un hymne chant par trois des plus nobles sciences, la Physiologie, la Philosophie et la Thologie en l'honneur du Dieu crateur de l'homme, et il me semble impossible qu'il ne frappe pas vivement, qu'il ne touche pas profondment sont forcment rvles et divines ! L ' h o m m e p h y s i q u e e t p h y s i o l o g i q u e . Q u e l chefd'uvre que l'homme! Combien noble par la raison! Combien infini par les facults! Combien admirable et expressif par la forme et les mouvements l Dans l'action combien semblable aux anges] Dans les conceptions combien semblable Dieu ! II est le chef-d'uvre du m o n d e !
(SHAKESPEARE,

tous ceux

qui le liront : ces vrits sublimes ne s'inventent pas, elles

Hamlct,

acl. If, scne n.) Beaut d'architecture ou anaiomiquc ! Beaut de fonctions ou physiologique ! Beaut d'expression ou p h y sionomique! Beaut d'architecture ! A l'extrieur et au centre une c h a r pente solide qui dtermine les proportions et les formes. De la base au sommet, les os, plus durs et plus rfractaires aux altrations, ne forment qu'un seul tout, et cependant ils sont au nombre de deux cent six... Leurs courbures, leurs saillies,

1372

LES SPLENDEURS

DE L FOI.

leurs enfoncements, leurs perforations sont combins avec un art savant ; leurs articulations sont fermes pour leur donner l'unit, flexibles pour leur permettre le mouvement en tous sens. Les muscles ressorts dlicats et puissants, les recouvrent et les enveloppent ; et par-dessus s'tend, comme une cuirasse, la peau, membrane la fois molle et paisse, lastique et rsistante, ouverte et impermable. A l'intrieur ! les distributions sont rgles de telle sorte qu'il n'y a pas le moindre espace inoccup. Rpondant h des appels sympathiques, les organes se pressent sans entassement, chacun prt h jouer son rle et rendre ses services. Les uns mous et spongieux pour mieux accomplir leurs fonctions chimiques ; les autres raides cl inextensibles pour mieux s'acquitter des actions mcaniques. Sur un simple bassin, et dans la cavit ouverte de l'abdomen, reposent avec leurs auxiliaires les prcieux organes de la nutrition et de la reproduction. Aux arceaux del poitrine sont suspendus les organes d e l respiration et de la circulation. Sous la vote ferme du crne, le cerveau attend les impressions du corps et les commandements de l'Ame. Une triple enveloppe protge les deux hmisphres de cette masse blanche et d'une infinit de ramusculcs croises sans gristre, compose confusion, et d'un

firmament compacte de molcules dlicates, o se font sentir les impressions divisibles de la matire et l'action simple de l'esprit. Seul avec le cur, le cerveau est en rapport avec tout l'organisme, lui par ses fibres nerveuses, le cur par ses canaux, car tout ost prvu dans cette belle construction du corps humain. Pas une molcule qui n'ait son fil, pas une cellule qui n'ait son vaisseau. Beaut physiologique! Le corps humain se former; il fonctionne pour s e n t i r ; fonctionne pour pour il fonctionne

s'accrotre et s'entretenir; il fonctionne pour se reproduire.

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SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1373

Une simple lache sur une membrane cellulaire est le commencement de tout. Cette tache d'abord circulaire, s'allonge, s'paissit et fait saillie. C'est l'embryon... Il s'accrot et les rudiments qu'il contient se dveloppent dans Tordre que suivront les priodes del vie extrieure, prte succder bientt ;i la vie cache. Les serviteurs de l'Ame, qui doivent l'avertir et obir a ses ordres, les nerfs, apparaissent les premiers avec le cerveau, puis les organes des sens, les os, les membres, les muscles, les viscres et les organes intrieurs. Ferme dans toutes ses parties, le corps sort de la vie cache. Il fonctionne ! Il fonctionne pour sentir ! Comptez si vous le pouvez les faisceaux de fibres imperceptibles qui, partant d'un mme centre, vont s'panouir sur toutes les surfaces pour nous avertir de l'approche des corps et nous rvler leur nature, leur forme, leur parfum, leur got, le plaisir ou la douleur que doit nous causer leur toucher. De chaque ct d e l t e l e , voyez ces labyrinthes mystrieux o l'air branl retentit de mille murmures ; bruit vague ou son distinct, mugissement terrible ou musique harmonieuse. Sous des arcades protectrices, et sous des voiles qui s'abaissent ou se relvent a volont, admirez ces lentilles transparentes et mobiles o la lumire concentre nous apporte les images du monde extrieur. Au fond de ces labyrinthes, au del de ces lentilles, l'me a panoui les filets nerveux qui doivent la tenir en veil. Au premier signal, elle entend et elle voit. Le corps humain fonctionne pour se mouvoir. A l'aide des ressorts et des leviers que nous avons remarqus dans son architecture, il accomplit toutes sortes d'volutions. Il marche, il court, il bondit, il s'incline, il se ploie, il prend, il porte, il repousse, il caresse, il frappe, il travaille..., et par combien d'autres mots encore je pourrais exprimer ses mouvements

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

universels! Mouvements si parfaits, qu'on n'entend aucun bruit dans la machine qui les accomplit, et que, lorsqu'on les tudie mathmatiquement, on y dcouvre des merveilles d'quilibre, d'conomie de force, et de moindre action. Le corps humain fonctionne pour rparer ses forces. De ses mains il saisit les aliments dont il va revivifier une partie, pour les transformer en sa substance; de ses dents, il les broie; de ses muscles il les ptrit; de ses scrtions il les sature, les dsagrge et les dissout ; par ses vaisseaux il en aspire les sucs ; de ces sucs il fait du s a n g ; de ce sang il s'assimile surtout les globules vivifiants. N'entendez-vous pas sous les arceaux de sa poitrine des pulsations rhythmes? C'est le cur qui s'agite ; le cur... dont les parois mobiles refoulent sans cesse les ondes noires et empourpres qui lui arrivent. Aux poumons il envoie le sang veineux qui se doit purifier au contact de l'air ; des poumons il reoit le sang purifi, qu'il lance nergiquement dans les artres, et que des ramifications portent partout. Car il faut partout du s a n g ; du sang pour chauffer le cerveau, du sang pour renouveler les os, du sang pour rparer les tissus et les fibres, du sang pour entretenir les scrtions. Du sang, du s a n g , c'est le cri de toutes les molcules, de toutes les cellules du humain. Le corps humai rf fonctionne pour se reproduire. Plus profond et plus redoutable que les autres mystres de .la corps

vie, le mystre de la gnration achve de l'assimiler au type divin.... Si ce corps, tout prissable qu'il est, porte dans ses flancs une sorte d'immortalit, p a r l a facult qu'il possde d'engendrer et de revivre dans un autre corps, ne sera-t-il pas, autant que la matire peut l'tre, le vestige expressif du Dieu immortel qui a dit : Je vis et je fais vivre? Le pouvoir gnrateur dont il ne faudrait jamais parler qu'avec le plus

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

137

profond respect, est le dernier trait de la beaut physiologique de l'homme. Ajoutons que son attitude droite et fire rvle un matre de la terre et un tre prdestin aux contemplations du ciel ; ses gestes varis peuvent s'lever une sorte d'loquence, mais quand son front s'illumine et s'assombrit, quand ses yeux lancent des clairs ou se voilent de larmes ; quand ses lvres dilates par le sourire ou contractes par rmotion s'cnlr'ouvrcnl pour laisser passer un cri joyeux ou un sanglot; quand tels sillons du visages'effacent, ou que tels autres se creusent, quand les ides, les vertus, les passions, le gnie, la bont, l'amour, rayonnent sur tous les points du masque qu'ils ptrissent et sculptent du dedans; quand la musique des sons, que lance le gosier, que moulent la langue, les dents et les lvres, accompagne le jeu de la physionomie; quand le corps chante comme une harpe touche par une main invisible, c'est alors qu'il est beau ! L'homme psychique parle, et j'entends qu'il me dit : je vois, j'entends, je gote, je sens, je touche, je vis, qu'est-ce qui fait toutes ces choses? Est-ce la matire ?.. Mais la vie n'est pas essentielle l a matire ... D'o lui vient-elle donc, sinon d'une force mise en elle, l o elle n'tait pas? La parole exprime donc qu'il y a dans l'homme une force surajoute la matire. Cette force n'est-elle qu'une simple proprit, qui peut se fondre dans la substance de la matire, ou bien subsistct-cllc en elle-mme?... C'est le moi qui s'affirme dans toutes ces oprations. Nous disons : je vois, j'entends, je gote, je touche, je sens, je vis.., et p a r l a nous indiquons un tre u n qui ne connat les corps et les impressions qu'il en reoit, que parce qu'il n'estlui-mme ni corps, ni sens. S'il tait matriellement dtermin pour entendre, il ne goterait pas, et ainsi de suite: toute dtermination organique tant exclusive.... Or

'J 376

LES SPLENDElUS DE LA FOI.

nous connaissons tous les corps et leurs impressions en tnpme temps, dans le mme m o i ; donc le moi n'est pas matriellement organis, donc ce moi n'a rien de commun avec le c o r p s , donc ce moi ne s'aflirme que parce qu'il subsiste en lui-mme. Voulez-vous une preuve plus frappante encore de sa subsistance? L'homme dit* moi dans toutes les phases de son
existence. L'enfant lger et insouciant, dont l'imagination vive

voltigeait comme un papillon sur les premires fleurs de la vie, c'tait moi; l'adolescent qui voyait s'ouvrir devant lui des voies diverses, et qui choisissait celle o devait s'affermir ses pas, c'tait moi; le jeune homme qui haletait dans le combat et criait a Dieu : Dieu sauve-moi, je vais prir ! c'tait moi; l'homme mr qui commence a comprendre le vide des choses humaines, et qui commence prter l'oreille au pas rapide de l'ternit, c'est mot; le vieillard qui, dans quelques annes,
p l e u r a n t ses fautes et confiant en la misricorde de Dieu,

attendra chaque jour la lin de ses misres, ce sera moi,

moi;

toujours moi, ce mme et immuable moi. J'ai la conscience invincible de mon identit, et cependant tout dans mon corps change chaque minute. La matire, en perptuel mouvement, ressemble au fleuve qui s'coule, et qui remplace un flot par un autre flot, si bien que la science peut dterminer mathmatiquement le jour o, de ce que je suis aujourd'hui, il ne restera plus une seule molcule. Malgr cela, je dis toujours :
moi, et je le dirai toujours. Affirmation impossible s'il n'y

avait en moi que la matire, car, dans la lutte incessante des lments qui me composent, je perdrais infailliblement la conscience de mon identit. Cette conscience, je ne la puis garder que parce qu'une subsistance immobile voit passer le fleuve de ma vie, et unit, dans son immuable simplicit, le flot qui arrive au flot qui s'en va.

LA S C I E N C E ,

AUXILIAIRE

D E LA F O I .

1377

Simplicit!

C'est une qualit de la force surajoute a la et je vois en moi ma pense ! Je la

matire et subsistante en elle-mme, la parole nous la rvle par ce seul mot je pense, vois avec une forme qui n'a rien de sensible, et qui ne peut s'expliquer que par la simplicit de ce qui voit en moi. Si ma pense est une fonction de la matire, o est-elle? Dans le cerveau, mais le cerveau est une masse compose d une infinit de fibres et de molcules! Si ma pense est tout entire dans chaque molcule, je dois la voir autant de fois qu'elle est multiplie,carmon individualit semultiplicavec elle, et, ainsi, le fait de conscience qui me rend compte de mon unit est en perptuelle contradiction avec mon essence mme. Dites-vous que ma pense ne rside que dans une seule molcule ? Mais, de deux choses l'une, ou vous considrez cette molcule privilgie comme encore divisible et alors vous ne faites que reculer la difficult sans la rsoudre; ou vous la concevez comme indivisible, et alors vous arrivez ou je veux vous conduire, un principe simple, que l'on ne peut confondre avec un organe. Ma pense se cules? Mais divise-t-elle dans toute la masse crbrale, en autant de parties qu'il y a de molalors elle se ment elle-mme, puisqu'elle de Vhonnlei* que je conois, nf'apparat simple et indivisible. Je ne vois pas, je ne puis pas voir les fractions de la justice, et cependant je devrais les voir, si ces choses taient m a t riellement divisibles et divises dans le principe pensant. Allons plus avant. Mes penses se marient dans ma parole et forment par leur union d'autres entits intellectuelles que j'appelle le jugement et le raisonnement.... Jugement et raisonnement supposent une convenance ouunedisconvenancc perues. Mais convenance ou disconvenance ne peuvent tre perues que par un seul et mme principe comparateur, qui possde simullanmcntet tout entires les ides ou les proposi87

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

tions sur lesquelles il s'agit de prononcer. Ce principe uiiquc comparateur est-il la matire crbrale ? Non, parce que dans toute matire une modification reue exclut ou dnature l'existence simultane d'une autre modification. Bien loin donc qu'elle soit apte juger de la convenance ou de la disconvenance de deux ides coexistantes, par une comparaison, la matire n'en peut possder une sans que l'autre ait compltement disparu ou soit profondment modifie par la superposition et la composition des petits mouvements. Le principe un et comparateur, qui juge et qui raisonne, est donc un tre simple qui n'a rien de commun avec la matire. Il s'appelle intelligence; la parole qui nous a rvl sa subsistance et sa simplicit nous rvle encore sa force cratrice. On ne peut analyser la moindre phrase des discours humains, sans y dcouvrir des mots qui couvrent de leur manteau des ides gnrales et abstraites, c'est--dire des choses qui n'ont dans la nature aucune existence relle, et qui, par consquent, ne peuvent faire aucune impression sur la tel homme peusur mes orgamatire. Tel corps, tel arbre, tel animal, vent agir mdiatement ou immdiatement nes,

et les modifier transitoircment; mais le corps, l'arbre,

l'animal, l'homme en gnral, le genre et l'espce que je vois sans cesse au dedans de moi-mme, ou sont-ils? Si la matire tait le principe de mes connaissances, elle me reprsenterait fugitivement les images singulires d'objets particuliers; jamais, au grand jamais, je n'y verrais toute heure et ne pourrais exprimer par la parole des choses qui n'ont pas d'images, des ides gnrales qui ne reprsentent aucun individu dtermin, des ides abstraites fondes sur de pures relations, comme Tordre, la beaut, la vertu, le devoir, l'honneur; des ides purement mtaphysiques qui planent dans un monde aux portes duquel toute imagination expire,

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SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

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comme le ncessaire, le possible, l'absolu, l'indfini, l'infini. Je vois ces ides, je porte ces ides, c'est la preuve que mon intelligence est une force cratrice. La matire purement passive ne reoit que des impressions particulires, transmises par les organes la facult de sentir qui nous est commune avec l'animal. Avertie par la sensation, l'intelligence, activit fconde, va la reconnaissance des objets extrieurs, rflchit, gnralise, abstrait, s'lve jusqu'aux raisons ternelles des choses et se peuple d'ides. C'est sa famille sacre, ce sont les enfants de ses labeurs. Dans la parole de l'homme, j'entends ce mot trange : Je veux! Est-ce l'expression d'une activit mcanique rgle par les lois inflexibles auxquelles, de l'aveu de la science, la matire ne saurait se soustraire? Non, c'est l'expression d'une activit spontane, qui se dtermine elle-mme d'aprs un libre choix... La libert a dans toutes les langues un nom que l'on n'effacera jamais, dans toutes les consciences un cri que l'on ne saurait touffer, le remords. Je veux! L'acte que ce mot exprime, dmontre, avec la dernire vidence, que tout un ensemble d'oprations chappe en moi l'action mcanique et fatale d e l matire... Je ne dis pas mon estomac, tu ne scrteras pas de suc gastrique; mon foie, tu ne scrteras pas de bile; j e ne dirais pas mon cerveau, tu ne scrteras pas de pense, si la pense tait un rsultat matriel ser, je change de pense comme il me plat matire esclave. . des fondions encphaliques. Mais je pense, parce que je veux p e n La force suprieure, subsistante, simple, cratrice, est libre dans la Elle est libre, et, par consquent, elle est responsable, c'est pourquoi nous entendons l'homme dire : j ' a i bien fait, je suis content; j ' a i mal fait, je me repens. Partout, chez tous les peuples, nous entendons proclamer cette maxime fondamen-

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LES

SPLENDEURS

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talc de Tordre moral : Abstenez-vous du mal, et faites le bien... Partout, le langage humain nous rvle au-dessus de la matire, esclave des lois physiques et irresponsable, un principe librement soumis a des lois suprieures, et responsable de ses actions devant le tribunal de sa conscience. Compltons le triomphe de l'esprit sur la matire par l'examen des effets de la parole... Puisqu'elle n'est au point de vue physique qu'une srie de sons articuls, la parole, quand elle s'adresse la matire, qui est une chose purement physique, doit produire des effets diffrents, si les sons varient, des phnomnes semblables s i l e s sons se ressemblent. E h ! bien, coutez la merveille ! contrairement la loi, des paroles compltement diffrentes produisent des effets parfaitement semblables, des paroles parfaitement m'aborde et me dit : C o m m e n t vous semblables produisent des phnomnes compltement diffrents. Un Franais

p o r t e z - v o u s ? Je lui r -

ponds : Trs-bien, je vous remercie; un Anglais vient disant : H o u ) do y o u do ? Trs-bien, je vous remercie ; un Allemand : Wie cie. Geht es; un Italien : Come sto?Trs-bien, je vous remerUn Russe, un Cafre, un Hottentot, un Chinois obtien-

draient mme rponse, si je comprenais leur langue. Voil la grande affaire! comprendre une langue, c'est--dire, percevoir un rapport entre des signes et des ides, chose dont la matire est totalement incapable. Tant que vous voudrez, la matire recevra des impressions, mais sa raction se mesurant sur l'impression reue, elle ne pourra jamais donner la mme rponse des signes diffrents, produisant dos impressions diffrentes. Ce n'est donc pas la matire qui rpond la parole, mais un principe simple, le mme principe et le raisonnement. Autre exemple o les phnomnes se produisent en sens comparateur, dont nous avons constat l'intervention dans le sentiment

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inverse. J o l i s dans n'importe quelle histoire : le roi revint dans sa capitale, c'est l qu'il mourut. Que v o u l e z - v o u s quil ji contre trois Ce qu'il ? QU'IL mourut me laisse compltement insensible. Mais je lis dans Corneille:
MOURT

! Aussitout

tt, je sens battre mon cur, tressaillir mes reins, et pleurer mes yeux. Ces deux mots : quil mourt ! ont branle mon tre, et pntr jusqu' la moelle de mes os. Pourquoi cette diffrence? Les mots sont les mmes, l'intonation n'a pas pu changer l'impression reue, puisque j'ai lu silencieusement. L c W m c organe a t modifi de la mme manire, et a d produire dans la masse crbrale le mme retentissement... Dans ce qtiil mourt de Corneille, j ' a i vu un citoyen aimer mieux Rome que le fruit de ses entrailles; j'ai vu l'amour de la patrie triompher d'un cur paternel j'ai vu un pre p r frer au dshonneur la mort du dernier fils qui lui reste, j ' a i vu le sublime! La matire ne connat pas cela, car le sublime n'est pas un son del matire, mais le son d'une grande meLa parole a un corps, le signe, une me, l'ide : signe et ide, corps et me, tellement unis qu'ils ne font qu'une seule chose. C'est toute la nature humaine qui se rvle dans la parole, sa plus belle manifestation Les deux lments se rvlent l'un et l'autre l'exprience, la matire l'exprience physique; l'me l'exprience rationnelle. Tous deux ne forment qu'un seul tre, une seule vie : E t factus viventem. du corps qu'elle fait vivre est homo in animam L'homme est une me vivante, forme substantielle L'me est la forme du c o r p s ;

c'est--dire qu'elle fait tre avec le corps et devient une seule chose avec l u i ; de telle sorte que l'tre du compos homme n'est pas autre chose que l'tre mme de l'me. C'est le mme homme qui vgte, qui sent, qui se meut, qui pense, qui veut, qui est libre... Elle est tout entire dans tout le corps, et tout entire en chacune de ses parties.. Ici elle respire, l elle

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LES S P L E N D E U R S DE LA F O I .

palpite; ici elle voit, l elle e n t e n d ; ici elle meut, l elle pense. Mais elle est partout dans la totalit de sa perfection et de son essence. Et comme ses lans la transportent au del du temps et des mondes crs, dans les mystrieuses et incomparables rgions-du pass et de l'avenir, du possible et du rel, sans qu'elle quitte cependant la matire qu'elle anime, on peut dire avec saint Thomas que l'me contient le corps plus que le corps contient l'me. L'me est active au suprme degr. Non-seulement elle anime le corps, mais elle le cre et le forme en quelque s o r t e . . . . C'est sa force plastique qui le nourrit, l'augmente, le rend apte se reproduire par la gnration; c'est sa force sensitive qui localise et distribue les s e n s ; c'est sa force intelligente et libre qui moule les lignes et les contours h a r m o nieux de sa physionomie. Sculpteur patient, et toujours au travail, l'me invisible, du dedans o elle opre, modle ou repousse son image visible. Elle donne au front l'ampleur et la srnit de ses penses, et fait saillir sur le crne ses facults matresses. L'il reflte l'autorit de ses commandements et s'allume du feu de ses passions. Ses lvres fermes ou dilates expriment sa force et sa patience, sa douleur et sa bont. L'ensemble des traits, leur mobilit, leur souplesse, leur expansion, leur calme et leur rigidit, l'attitude gnrale et la conformation mme du corps portent l'empreinte des habitudes morales d'o rsulte le caractre. Bref, le corps est l'uvre de l'me, une statue vivante que le sculpteur lui-mme anime, qui se perfectionne avec lui, mais qui se dgrade aussi avec lui, et reprsente au vif l'abjection comme la noblesse de son auteur. L'observateur habile peut y dcouvrir les mystres de notre vie intime, un esprit vers dans la science conjecturale y devine l'avenir
HOMME MORAL.

Le souffle de l'acte crateur a laiss en nous

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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l'immense empreinte de la face de Dieu : sjnatum nos lumen vultus tui, D o m i n e .

est

super

Ds lors, notre intelligence

ne peut pas avoir d'autre objet que celui qui rjouit ternellement l'intelligence divine, le vrai. Le vrai est l'aliment immatriel de tout esprit.... Sans doute que notre connaissance du vrai n'est pas ce qu'elle est en Dieu..., Dieu connat le vrai par une intuition directe, immdiate, simple, totale, tandis que nous sommes obligs de le chercher, de le saisir par parties, de diviser et de composer; mais nous sommes arms -pour ces oprations laborieuses de facults qui, de leur propre vol, s'lvent des images aux ides, des ides aux* principes Dieu connat infailliblement, tandis que nous sommes sujets l'erreur et au doute. Mais la raison, si elle marche droit, peut nous conduire jusqu' ce roc i n branlable de la certitude d'o nous dfions tous les ennemis de la vrit... Dieu connat t o u t . . . , tandis qu'une infinit de choses nous fuient, et se drobent aux yeux de notre intelligence dans d'impntrables tnbres; mais si nous comparons nos connaissances aux fugitives sensations des tres vivants qui nous entourent, tout est lumire et splendeur dans notre esprit; d'autant que si nous ne connaissons pas toutes choses, nous pouvons nanmoins-nous lever jusqu' la connaissance de toutes choses. Dieu connat dans une unit de prsent qui ramne un seul point les plus lointaines extrmits, tandis que nous passons, par une succession interrompue d'instants, derrire lesquels disparat ce qui n'est plus, et devant lesquels se cache ce qui n'est pas encore ; mais notre mmoire, toujours prte s'veiller, garde les empreintes du pass, et notre raison, toujours tendue vers l'avenir, y exerce les divinations de sa force conjecturale fection et la batitude de mon Le vrai est la perPerfection, se intelligence...

parce qu'il est mon objet naturel et que toute facult

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LES SPLENDEURS DE L FOI.

perfectionne

par l'acquisition

de son

objet.... Batitude! ap-

Combien de fois, sainte Vrit, j ' a i tressailli ton

proche; quelle allgresse dans mon me quand tu te laissais embrasser, et me rcompensais de mes peines par ton sourire et tes promesses !... Sans doute cette joie est trop borne et trop passagre pour nous procurer actuellement un bonheur parfait; mais c'est un gage pour les jours o la vrit mme apparatra tout entire cl sans voiles. Ce que le vrai est pour notre intelligence le bien l'est pour notre volont. Quand je dis b i e n , vous entendez tout de *suite de quel bien il sagit. C'est un bien plac au-dessus des apprcations de chacun et de tous, en mme temps, un bien fond sur l'ordre universel des choses et se confondant avec lui; enfin le bien, l'objet mme de la volont divine, devenu le bien qu'il faut vouloir non-seulement de prfrence au mal, mais plus grand, de prfrence un bien moindre, le bien qui, voulu librement, nous assure la gloire du mrite, et qui voulu habituellement, nous revt de la suprme beaut de la vertu. Car dans l'me de celui dont la volont s'est dtermine universellement et constamment pour le bien, quel ordre, quelle harmonie, quelle splendeur! Tout un monde d'astres immatriels a t cr par la rptition ou l'intensit des mmes actions; et autour de ces habitudes royales, qui sont comme les soleils de la vie morale, on voit prvaloir des pliades d'habitudes subordonnes, d'o jaillissent comme naturellement des actes marqus au coin d'une parfaite rectitude... Au milieu se tient la prudence, Tordre moral, justice des sages et providence de hautes dterminations... La avec son cortge de

toujours prle a accomplir tous les devoirs et h sa-

tisfaire tous les droits.... La religion

prires et d'actes sacrs, le'dvouement, le respect, l'obissance, la reconnaissance, la sincrit, l'affabilit,la libralit...

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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La force qui contient les emportements et prvient les affaissements de la nature, mre des actes hroques, des sublimes sacrifices, de la magnanimit, de la magnificence, de la patience et de la persvrance... La temprance modratrice

des convoitises et des dlectations, mre de la pudeur, de l'honntet, des vertus austres et charmantes; de l'abstinence, de la sobrit, de la chastet, de la continence, de la clmence, de la mansutude, de la modestie Ainsi l'homme par son me se nourrit du mme pain que Dieu. Il connat le vrai, il aime le bien, et reoit de l'un et de l'autre la perfection de sa batitude ! Ce n'est pas tout encore! Dieu vit d'une manire ineffable... et les termes de sa vie se rvlent avec clat dans les facults et les oprations fondamentales de l'me humaine. Comme Dieu, elle engendre intrieurement son verbe, comme Dieu elle se voit et elle s'aime dans son verbe; comme Dieu, elle s'exprime et opre au dehors par son verbe. Sous l'enveloppe mystrieuse des signes, le verbe humain pntre dans les mes et y exerce sa force motrice. Il illumine, il touche, il persuade, il passionne, il transporte, il cousolc, il tonne, il pouvante, il dompte.... Bref, il est le lien qui entrane l'homme l'homme et cre l'unit sociale. Car nous devons vivre en socit ..; sans la socit, nos facults inertes rampent loin de leur objet... C'est la socit qui nous prsente l'heure propice le divin aliment de la vrit ; c'est la socit qui nous met h mme de former dans nos mes les nobles habitudes autour desquelles gravite tout un monde de vertus ; c'est la socit qui nous force d'exprimer le vrai et le bien par ce rayonnement de la parole dont nos corps reoivent un si haut caractre de supriorit... Contemplez et admirez l'homme-pcuple : ce n'est plus un seul corps, une seule intelligence, une seule volont. La bndic-

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lion divine a multipli, comme a l'infini, ce monumenlsuperbc, dont les proportions sont si parfaites, les fonctions si bien ordonnes, l'expression si noble. Ses forces intellectuelles se groupent en une gerbe lumineuse dont les rayons s'accroissent mesure que le temps marche, et d'o l'on voit jaillir les arts, les sciences, les lettres, les dcouvertes utiles et glorieuses, les sages institutions. Toutes les volonts s'affermissent par le choc, ou s'entranent par l'mulation aux laborieuses e n t r e prises, aux vertus hroques, aux grands dvouements, aux sublimes sacrifices. Du contact, de l'change, de la mutuelle pntration de toutes les beauts, nat cette physionomie fire et vraiment royale des peuples polics, en vertu de laquelle il faut rpter avec plus d'enthousiasme que jamais ces belles paroles du pole : Quel chef-d'uvre que l'homme! combien noble p a r s a raison ! combien infini par ses facults ! combien admirable et expressif p a r l a forme et les mouvements! Dans l'action, combien semblable aux anges! Dans les conceptions, combien semblable a Dieu ! Il est la merveille du monde et le type suprme des tres organiss! ... Aucune distance ne limite ses conceptions, une seule de ses penses est plus vaste que l'univers. Ah! vous croyez m'tonner, m'pouvanter, m'aplatir sur la terre, me confondre avec les atomes, parce que vous ouvrez devant moi les perspectives astronomiques. Dtrompez-vous, je suis plus grand que vos immensits. Place, p l a c e mon esprit! Il fait lui plus de soixante-quinze mille lieues par seconde. En un imperceptible instant et sans quitter le corps qu'il anime, il traverse l'immensit en tous sens, s'lance du monde matriel dans le monde des esprits; des sphres sensibles dans les sphres intelligibles, du fini dans l'infini; bref du sein de l'espace o il opre, il voit sous lui tous les espaces. L homme immortel. L'homme est plus grand que l'espace,

LA SCIENCE, AUXILIAIRE IE LA FOI.

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c'est incontestable, mais voici venir le temps qui peut-tre aura raison de cette grandeur. Est-ce que sa dent implacable a jamais rien respecte?... Au milieu des ruines que fait le temps, l'homme a la conviction qu'en entrant dans la vie il s'est empare des sicles et que sa personne est indestructible. Je suis aujourd'hui, et je serai demain, parce que Dieu m'a p r o mis l'immortalit... 11 m'a dit en matre de la vie qu'il m'attendait au del de la catastrophe qui doit renverser mon corps cl le dissoudre... Dieu est juste, Dieu est sage, pourquoi il a cr l'homme inexterminable... voil L'esprit de

l'homme, a dit Cicern dans ses T u s c u l a n e s , m \ l qu'il n'est m par aucune force trangre et qu'il ne s'abandonnera jamais lui-mme, c'est ce qui fait son immortalit... L'immortalit est si bien le fond de notre nature, qu'elle se traduit spontanment dans nos dsirs et nos aspirations... L'homme R o i . Cette grandeur de l'homme vis--vis de l'espace et du temps est une consquence naturelle de sa ressemblance avec Dieu. Aussi aprs nous avoir configur la beaut de ses oprations et de sa vie, Dieu devait nous faire participer son autorit souveraine. C'est par l qu'il a couronn sa cration. L'homme est roi ! tout est ses pieds, dit le Psalmiste, les troupeaux des champs, les oiseaux du ciel, les poissons qui tracent au fond des mers leurs mobiles sillons. Et Job clbrant aussi notre royaut, s'crie : Il est un lieu o se forme l'argent, il est une retraite o se cache l'or, l'homme y est descendu. Il a tir le fer de la terre et arrach l'airain la pierre... Il creuse dans les montagnes des chemins qui n'ont jamais port l'empreinte de ses p a s ; il s'enferme dans les entrailles du globe ; il brise les roches et renverse les monts jusqu' leur racine, il ouvre un passage aux fleuves travers la pierre et dcouvre leurs trsors les plus cachs ; il arrte leur cours et montre leur profondeur

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LES S P L E N D E U R S DE LA FOI.

la lumire. Mais que dirait le roi-prophle, que (lirait Job, s'ils voyaient aujourd'hui les progrs de noire royale domination? Les continents explors, les les lointaines dcouvertes, les mers parcourues dans tous les sens, leurs courants transforms en grands chemins, leurs profondeurs interroges, les mouvements atmosphriques utiliss, les mystres du firmament dvoils, la course des astres assure, terribles leur constitution analyse, les lments les plus accomplissant des prodiges

assouplis, soumis au joug comme des animaux domestiques, de force et d'adresse, la lumire captive et devenue le rapide dessinateur des scnes de la nature, des ouvrages de l'art et de l'industrie; l'lectricit emprisonne dans des fils, contrainte d p o r t e r nos penses d'un bout du monde l'autre avec la rapidit de la foudre ; les premiers habitants du globe arrachs leurs spultures plus de mille fois sculaires et rangs dans nos muses; les genres, espces et races du rgne vgtal et animal, dcrits et classs depuis le gant jusqu' Pinfusoirc;lcs sciences des combinaisons lmentaires et des oprations vitales publiquement enseignes et pratiquement exploites. Enfin, la nature tributaire de notre magnificence, de nos plaisirs sensibles, de nos joies artistiques, de nos foies intellectuelles, aprs avoir servi tous nos besoins. Voil la statistique actuelle de notre empire, en attendant l'avenir, car qui peut savoir jusqu'o il s'tendra? Oh ! oui, l'homme est roi. Saluez, cratures de ce monde, saluez sa royaut. ou Toute nature cre propre

L'HOMME SURNATUUALIS

TRE DIVIN.

a ses lois constitutives en vertu desquelles elle existe et opre, au-dessus desquelles elle ne peut s'lever par son mouvement. Si, grce l'intervention d'une force transcendante, cette nature transforme acquiert un tre plus nobie,

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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accomplit une opration d'un ordre plus lev que celles qui dcoulent normalement de ses facults originelles, elle est surnaturalise... Y a-t-il quelque part une force cre capable de saisir, de transforme?, de surnaturaliser Ttre humain? Non ! Le surnaturel est quelque chose d'absolu, un transcendant qui domine infiniment tout tre rel et possible, toute nature cre et crable Mais Dieu a trouv que la nature tait une nourrice trop chiive pour, donner sa chre crature le lait de la flicit. 11 a rsolu de nous attirer sur son sein afin de nous nourrir de sa propre substance. La foi nous dit que nous le verrons face face, tel qu'il est, sicuti est... Nous le verrons et nous l'aimerons, il sera nous d'essence essence... Le bonheur nous atteud dans Un cr, dans l'infini lui-mme. Notre fin est proprement et absolument surnaturelle; donc le moyen d'atteindre notre fin doit tre proprement et absolument surnaturel... Il ne nous est pas possible de voir naturellement Dieu tel qu'il est... La fin, avant d'tre saisie par un dernier acte, doit tre mrite par des actes accomplis pendant les jours de r p r e u v e . . . Or la nature, par ses seules forces, n'est pas plus capable de mriter une fin surnaturelle qu'elle n'est capable d'en prendre possession.., La nature peut quelque chose, mais elle ne peut pas tout La nature peut quelque chose... Elle donne d'abord et de son propre fonds, un acte libre et bon, premier et indispensable lment... Mais c'est trop peu de chose pour la fin qu'il s'agit d'obtenir... Pour agir divinement, il ne suffit pas d'un secours qui passe, il faut, suivant la forte et haute doctrine de saint Denis, une naissance divine, une existence divine, un tal divin d'o procde une opration divine... Dans le plan de Dieu, la communication de sa vie est un des lments de l'ordre surnaturel... Or la communication de la vie de Dieu la crature, c'est la g r c e . . , , un don tellement gratuit de la

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

divine bont que par lui nous pouvons tout mriter, sans qu'il nous soit jamais possible de le mriter lui-mme une premire fois... Ce don pourrait se rduire un mouvement qui passe. Mais ce ne serait pas la grce dont il est question ici... Il ne s'agit pas d'une simple visite, d'une opration transitoire du Trs-Haut dans la nature humaine. C'est, selon saint Augustin, la prsence mme de sa majest. I p s u m majestatis... prsentiam C'est Dieu s'unissant nous et oprant en nous.

d'une manire ineffable... La grce sanctifiante est une qualit d'ordre divin qui est l'me ce que l'me est au corps, c'est-dire une forme qui fait de l a m e un tre surnaturel... Ds qu'elle intervient, Trne transforme se dilate, contemple des vrits suprieures, veut et aime un bien ineffable, nage dans un ocan de lumire et d'amour qu'elle ne connaissait pas, dont elle n'avait mme pas aperu les rivages ; vit tout entire, et tout autre qu'elle-mme, d'une vie qui se mlant aux courants de la vie surnaturelle, en puise les flots et les emporte dans la direction du monde divin. C'est la vie surnaturelle. La vertu peut tre prudente, mais la grce la conduit par des conseils lumineux qui la mettent l'abri des ngligences, de la prsomption, de la tmrit, de la lgret dont on aperoit les traces plus ou moins profondes dans toute prudence humaine. La nature peut tre juste, mais la grce l'lve sur des hauteurs sublimes ou, dcouvrant mieux l'ensemble de ses devoirs, elle se sent plus dispose accomplir toutejustice, soit l'gard de Dieu,soit l'gard des hommes. La nature peut tre forte, mais la grce la prserve de ces tranges dfaillances dont les plus robustes mes ne sont pas toujours exemptes et lui fait porter, dans les plus rudes travaux, les plus dures preuves, les plus terribles adversits, en face de la mort, des fruits admirables de patience, de magnanimit, de persvrance... La nature peut tre tem-

LA

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prante, mais la grce lui imprime avec une (elle violence la crainte eL l'horreur de tout ce qui peut troubler la raison et opprimer la volont, qu'elle en lait le temple radieux de toutes les vertus aimables: la chastet, la candeur, la douceur, la clmence, l'humilit, la modestie. Ainsi la grce perfectionne la nature et les vertus de la nature.... La grce ajoute l'intelligence certains principes venus d'en haut, et l'y fait adhrer par la foi qui plane au-dessus de la raison et croit fermement parce que Dieu la vrit mme a p a r l . . . La grce ajoute la volont des aspirations si pures, si nobles, si minentes, qu'elles touffent les apptits de la terre : c'est la sainte esprance... La grce fait plus, elle ajoute la volont un amour si grand, si lev, si vif, si gnreux, que tout amour de la nature est purifi, transform dans l'ardeur de sa flamme : c'est la divine charit. Vertu royale, vertu mre, dans laquelle se concentrent tellement les influences surnaturelles, que, sans elle, toute autre vertu, impuissante au mrite, l a n guit et meurt comme une fleur sans air, sans lumire, sans chaleur et sans rose. Participant par la grce de la nature et de la vie de Dieu, nous oprons divinement. Penses, dsirs, actions, tout prend en nous des proportions divines, parce que tout est imprgn de la vertu du Trs-Haut, et transform par unesve divine. (Voyez Carme cheurs.
E X P O S I T I O N DU DOGME CATHOLIQUE. U V R E DE D I E U .

de 1 8 7 5 . Par le R. P .

MONSARR

des Frres P r -

3 vol. in-8. Battemveck et Albanel, rue Honor-

Chevalier, 7.)
CHIMIE ET SYNTHSE CHIMIQUE.

M. Bechamp, professeur de chimie h la Facult de Montpellier, a demand la science dans laquelle il est pass matre le secret divin de l'origine et de l'essence de la matire.

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Grce Lavoisier, nous savons que l'univers visible est constilu par soixante-trois corps simples. Les uns sont n a t u rellement gazeux sous notre latitude et h la temprature moyenne de noire zone; il y en a un liquide, les autres sont solides. Mais, a l'exception de deux ou trois, tous sont liqufiables, et plusieurs mme, des moins fusibles, sont volalilisables une certaine temprature. Voila dj qui nous fait concevoir comment les solides que nous voyons, ont, une certaine poque, pu tre des liquides ou des vapeurs. La gologie et l'astronomie dmontrent galement que la portion centrale de notre globe est encore, aujourd'hui, moine, en pleine fusion, et que son noyau, trs-dense, doit contenir les mtaux les moins fusibles l'tat liquide. La crote terrestre qui recouvre ces masses en fusion ne forme qu'une trs-petite partie de la masse totale. Mais aux tempratures du commencement de la terre, cette crote tait ellemme un liquide qui flottait sur la masse centrale, comme de l'huile sur de l'eau. Il y a donc eu un moment ou, visiblement, rien de vivant ne pouvait exister, ni sur la terre, ni dans* l'atmosphre, et, bien mieux, c'est l que je voulais en venir, o rien de ce que nous appelons matire organique ne pouvait se produire ou exister, incapable de rsister tant de causes de destruction. L dominaient en matresses souveraines les forces physiques. La matire ragissait sans doute, mais pour produire des effets et des composs dont nous avons peine l'ide. Mais la terre, depuis longtemps spare de la masse cosmique dont elle faisait partie et n'en recevant, plus, cause de son loignement, qu'un peu de chaleur, se refroidit. De nouvelles conditions de ractions et de nouvelles combinaisons furent ralises. La crote terrestre et l'atmosphre

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

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changrent peu peu de composition. Bref, les condensalions prodigieuses se produirent; ce qui tait gaz ou vapeur se liqufia, ce qui tait en fusion se solidifia. Les clments dissocis de l'eau se combinrent; l'eau, momentanment maintenue en vapeur bouillante, se condensa elle-mme, et ces masses liquides, satures sans doute d'acide carbonique, entamrent, selon les lois de la chimie et de la gologie, de diverses manires, la crote solidifie du globe. Je n'ai pas vous parler de la formation des continents, des mers, des montagnes et des valles. La gologie rend compte de tout cela, de la mme manire qu'aprs une priode d'incandescence et de refroidissement, elle en constate une autre qu'elle dsigne sous le nom de glaciaire. Enfin, la terre et son atmosphre, ayant acquis une constitution suffisamment voisine de celle de l'poque actuelle, il y a eu visiblement, selon la gologie, un moment o notre globe vit apparatre ce qui n'existait pas et ne pouvait exister auparavant : une flore et une faune particulires. La science fixe ainsi, en quelque sorte, le moment o la vie apparut sur le globe : les vgtaux d'abord, les animaux ensuite. Elle constate en outre que l'homme est le dernier qui ait t pos sur la terre, qui avait cess d'tre aride et nue. Mais, au point de vue physique et chimique, les vgtaux, les animaux et l'homme sont forms de matire ! De quelle nature est cette matire? Les chimistes, et avant eux tous les observateurs, ont distingu cette matire de la matire brute ou minrale. Aujourd'hui la matire constitutive des organes des vgtaux et des animaux s'appelle la matire organique. Quelle ide devons-nous nous faire de la matire organique ? Est-elle d'essence particulire, quant aux lments qui la constituent? Sinon quel lien la rattache a la matire cosmique ?
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Depuis Lavoisier, c'est--dire depuis le commencement du dernier quart du sicle dernier, il est dmontr que pour former la matire constitutive des tres vivants, seize des corps simples lavoisiricus sont ncessaires et suffisants. Nommons-les, ces corps privilgis : il y en a d'abord quatre principaux : le carbone, l'hydrogne, l'azote et l'oxygne; ce sont eux qui sont comme le fondement de tout ce qui est vivant. ces quatre corps s'en ajoutent douze autres, cinq mtallodes et sept mtaux : le soufre, le chlore, le fluor, le phosphore, le silicium, le potassium, le sodium, le calcium, le magnsium, l'aluminium, le fer et le manganse. Or tous ces corps simples sont des minraux, et il n'y a rien autre chose dans la matire organise. Toute matire organise ou organique, vgtale, animale, humaine, est donc minrale par essence. Voil Je fait scientifique absolument dmontr qu'il faut d'abord retenir. Pourtant, si ces seize corps simples existaient l'origine de la terre, la matire organique et organise qu'ils servent difier existait-elle? Vous pouvez rpondre non, d'une affirmation absolument certaine. On s'en assure aisment en fai-= sant chauffer dans un tube de verre de la matire organise d'une origine quelconque : elle se rsout en produits gazeux ou volatils et en un rsidu charbonneux bien avant la temprature de fusion du verre, et mme longtemps avant la temprature d'bullition du mercure. Par l vous dmontrez que cette matire n'existait pas encore une poque trs-loigne de l'instant o la terre tait assez refroidie pour, que sa surface comment se solidifier. Mais alors, comment cette matire organique a-t-elle t cre? Je dis cre, Messieurs, parce qu'elle n'existait pas. On pourra soutenir qu' travers les sicles, en invoquant je ne sais quelles proprits des atomes, et en vertu de leur ren-

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contre fortuite, la matire organique s'est faite toute seule, et que dans une suite d'autres sicles elle s'est organise spontanment pour engendrer, par une suite de changements merveilleux que personne n'a constats, ni dmontrs, la merveille du monde vivant qui se perptue dans le temps. En 1842, la synthse de la matire organique par ses lments minraux tait rpute impossible. Mais voici que quelques annes plus tard, un chimiste franais se chargeait de donner un clatant dmenti h cette synthse insuffisante et incomplte. Les chimistes savaient que l'alcool, engendr par la fermentation, c'est--dire par l'activit physiologique de n u t r i tion d'un organisme lmentaire et cellulaire appel ferment; que l'acide formique produit par la fourmi rouge et par les feuilles de quelques plantes conifres, sont l'un et l'autre dtruits, lorsqu'on les chauffe avec de l'acide sulfurique concentr, le premier, en hydrogne carbon et en eau, le second, en oxyde de carbone et en eau. M. Bcrthclot s'est propos d'oprer l'union des produits de ces dcompositions. Mais pour que l'exprience acquire toute sa porte, l'illustre chimiste a voulu se servir d'oxyde de carbone cl d'hydrogne bicarbon, engendrs eux-mmes par voie de synthse m i n rale l'aide de l'acide carbonique ; nous verrons comment il y est parvenu; il me suffit d'affirmer que la chose est possible et a t ralise par M. Berthelol. Notons seulement que la mthode qui permet de passer de l'acide carbonique, compos trs-oxygn, l'oxyde de carbone, qui l'est moins, et h l'hydrogne rduction. Pour faire l'acide formique par synthse totale, notre savant a mis de l'oxyde de carbone dans un matras o se trouvait de la potasse caustique avec trs-peu d'eau. Le matras ayant t bicarbon, qui ne l'est plus, s'appelle la

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scell hermtiquement par la fusion du verre, on a chauff 100 degrs pendant 70 heures. Au bout de ce temps, l'oxyde de carbone avait disparu : par son union avec l'eau, il avait produit l'acide formique, et celui-ci, avec la potasse du formiatc de potasse d'o l'acide formique a t extrait par les procds connus. L'acide obtenu tait identique a celui des fourmis. Pour faire l'alcool, le mme savant a pris l'hydrogne bicarbon rsultant de la rduction de l'acide carbonique l'aide de savantes ractions. Ce gaz, il l'a fait absorber l'aide d'un ingnieux procd qui consiste agiter, par un grand nombre de secousses, l'acide sulfurique et du mercure en sa prsence. L'absorption opre, on ajoute de l'eau et on distille. Le produit distill contient l'alcool. M . Berthelot, depuis, a opr la combinaison directe du carbone avec l'hydrogne pour produire l'actylne, lequel peut tre uni l'hydrogne pour engendrer l'hydrogne bicarbon. 11 a encore opr un grand nombre d'autres synthses totales de composs bien plus compliqus que ceux-l, si bien que la mthode synthtique est aujourd'hui couramment applique depuis que M. Berthelot a enseign runir les conditions qui rendent possibles des combinaisons dont on ne se doutait mme pas. R u n i r les conditions : vous entendez bien, Messieurs. Ces conditions se runissent-elles toutes seules? Cette remarque me remet en mmoire une anecdote que je veux vous raconter. Je me trouvais, en 1850, au Collge de France, dans le laboratoire de M . Berthelot; survient Mitscherlich, le clbre chimiste de Berlin, l'illustre auteur de la dcouverte de l'isornorphisme Tout coup, la conversation suivante s'engage entre le visiteur et le visit : M.
MITSCHERLICH.J'ai

essay de rpter votre exprience

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de la synthse de l'alcool ; je n'ai pas russi a faire absorber l'hydrogne carbon par l'acide sulfurique. M.
BERTIIELOT.

Comment avez-vous opr?

M. M. J'ai mis dans un flacon l'acide sulfurique et le gaz hydrocarbon, et l'absorption ne s'est pas faite. M. B. Vous n'avez pas mis de mercure et vous n'avez pas donn de secousses? M. M. N o n . M. B. V o u s avez nglig une condition essentielle. Pour absorber 30 litres d'hydrogne bicarbon dans 900 grammes d'acide sulfurique en prsence de quelques kilogrammes de mercure, il faut 53 000 secousses. Voil ce que vous avez nglig de faire. Et, sance tenante, M. Bcrthelota fait voir Mitscherlich la ralit du fait. Le mystre, messieurs, le voil : il faut savoir runir conditions et n'en ngliger aucune. les

ce On peut donc oprer des synthses en chimie organique. Maison, M. Bertiielot ou un autre, doit tre l, derrire la matire, pour runir toutes les conditions de la combinaison. Dans toutes ces synthses ou crations, le crateur c'est M. Bertiielot, ou ceux qui il a enseign l'art de les runir. Encore une fois, ces conditions ne se runissent pas d'ellesmmes. te Le chimiste doit apprendre tirer parti des proprits de la matire, et, de mme que l'acier, l'airain et l'or ne se runissent pas d'eux-mmes pour faire une montre, qu'il y faut l'horloger, de mme aussi il faut l'intervention intelligente, le gnie crateur du chimiste pour mettre en jeu les proprits connues de cette matire. Derrire chaque synthse il y a l'intelligence qui la conoit et l'excute. La matire organique, minrale par ses principes consti-

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tuants, Test aussi chimiquement par les mthodes qui la p e u vent former. Mais avant l'apparition de l'homme suprieur qui a conu la possibilit de ces synthses, nous avons vu qu'on ne la souponnait mme pas, bien mieux on la niait, Revenons maintenant la cration naturelle de la matire organique, et 'demandons-nous o se sont trouves runies les conditions d'une bien autre puissance que celles de M. Berthelot. Elles le sont toutes dans les vgtaux. Ceux-ci sont, au point de vue chimique, le lieu, les appareils, o s'opre la synthse chimique de la matire organique. C'est, comme s'exprimait Fourcroy, dans leurs organes vgtants que se forment les matires organiques qu'on en extrait; ils ne trouvent pas cette matire prformc, comme on l'a cru pendant longtemps, et mme dans ce sicle. Mais a l'aide de quels matriaux oprent-ils ces synthses? Lavoisier avait, ds 1770, entrevu cette grande vrit, que les vgtaux puisent dans l'air, par les feuilles, les matriaux de la nutrition. Plus tard, dans une pice indite, trouve dans ses papiers et mise au jour par M. Dumas, l'illustre diteur du grand homme, Lavoisier dit : Les vgtaux puisent dans l'air qui les environne, dans l'eau et en gnral dans le rgne minral, les matriaux nces saires leur organisation. Or des recherches ultrieures ont dmontr que le rgne minral fournit aux vgtaux, dans l'acide carbonique, dans l'eau, dans l'ammoniaque ou les azotates, et dans le sel, les seize corps simples dont j ' a i parl. Mais quant la matire essentiellement organique, c'est dans l'air que les vgtaux puisent le carbone, l'hydrogne, l'azote et l'oxygne ncessaires. M. Boussingault a mis cela hors de doute en faisant vgter des graines dans l'air qui ont produit des plantes compltes, fleurs et fruits, dans un sol absolument inerte

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qu'on arrosait d'eau distille. Il a donc fallu que la terre et l'atmosphre se trouvassent h un moment donn dans un tat suffisamment voisin du ntre, pour que les vgtaux pussent apparatre. Nous examinerons tout l'heure la question de l'origine des vgtaux. Voyons comment ils se servent de ces matriaux pour faire la matire organique. Les vgtaux font tout seuls, mais avec une bien autre puissance, prcisment ce que fait M. Berthelot. Ainsi que M. Dumas l'a tabli d'aprs ses propres observations, les recherches de M. Boussingault et de ses devanciers, de des appareils de Lavoisier lui-mme, les vgtaux sont

rduction. Seulement l'oxygne que le chimiste est forc d'enlever d'abord l'acide carbonique et l'eau, en se servant de ractifs appropris, les vgtaux le rendent l'atmosphre; mais la matire produite en eux, dans leurs tissus, o l'acide carbonique, l'eau et tout le reste pntrent par absorption, est, comme dans les oprations du laboratoire, compare il l'acide carbonique uni l'eau, un produit de rduction. Par exemple, l'acide formique dans l'opration artificielle de synthse se reprsente comme form de deux quivalents d'oxyde de carbone unis a l'eau, et si on voulait le reprsenter l'aide de l'acide carbonique, il faudrait dire qu'il nat de deux quivalents d'acide carbonique et d'un quivalent d'eau, avec perte de deux quivalents d'oxygne. Rptons que dans les oprations de l'art, il faut d'abord enlever cet oxygne par un agent rducteur, tandis que les vgtaux se bornent l'expulser au dehors, retenant le reste. C'est ainsi qu'ils font du sucre, de la fcule, du ligneux, en unissant douze quivalents d'acide carbonique avec un nombre suffisant d'quivalents d'eau, et en expulsant vingt-quatre

quivalents d'oxygne. Ils produisent avec la mme facilit l'albumine dans laquelle le carbone et l'hydrogne de plusieurs

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centaines d'quivalents d'acide carbonique et d'eau sont unis avec de l'azote, du soufre et de l'oxygne. que celles que nous savons faire aujourd'hui. Mais Lavoisier avait entrevu une autre vrit, qui, d'ailleurs, avait t mise dans tout son jour par M. Dumas, avant d'avoir connu la pice ou le document o elle est nonce. La voici : Les animaux se nourrissent ou de vgtaux ou d'autres animaux qui ont t eux-mmes nourris de vgtaux ; en sorte que les matires qui les forment sont toujours, en der nier rsultat, tires de l'air et du rgne minral. Les vgtaux devaient donc apparatre les premiers, puisqu'ils sont des appareils de synthse ; tandis que, au point de vue chimique et physiologique, les animaux ont d venir aprs, car tant, ainsi que M. Dumas Ta tabli grande vidence, des appareils de combustion, d'analyse, ils ne pouvaient crer la matire l'dification de leur tre. Telles sont, Messieurs, les admirables autant que fcondes relations que la science a dcouvertes entre le rgne minral, le rgne vgtal, le rgne animal et l'homme, puisque, assurment, si on considre ce dernier en chimiste, en physicien et en physiologiste, sa place est l. La science fixe donc en quelque sorte le-moment de l'apparition de la vie sur le globe ; mais elle fixe, en outre, avec certitude, cet ordre de subordination : la matire minrale avant les vgtaux, ceux-ci avant les animaux. Elle constate de plus que l'homme est le dernier qui ait t pos sur cette (erre, et que, comme pour les autres tres, la matire de son organisme est minrale par essence. Oui, tout cela est absolument certain et d'une vidence toute scientifique. avec une c'est--dire ncessaire h Ces dernires synthses sont videmment d'un ordre bien autrement lev

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Mais il y a une autre vidence non moins certaine, scientifiquement et exprimentalement : c'est que les matriaux minraux de l'air, de l'eau, de la terre, tout seuls, ne peuvent pas engendrer un atome de matire organique. Dans l'ordre purement chimique, il y faut l'intervention d'une intelligence, celle d'un chimiste assez savant, d'un gnie assez lev pour gouverner la m.atire et ses aptitudes. Dans l'ordre de la nature il faut les vgtaux, c'est--dire un ensemble d'appa-rcils qui fonctionnent sans cesse pour oprer des synthses organiques, qui ont en eux-mmes le germe de leur propre reproduction et de leur multiplication. Oui, il faut tout cela, car il n'est pas dans la nature de la matire minrale de runir elle-mme les conditions de sa combinaison, pas plus qu'il n'est dans sa nature de vouloir et cle penser. Ainsi la matire organique ne se fait pas toute seule. Mais les vgtaux, eux qui fabriquent la matire organique, eux en qui rside cet admirable ensemble de conditions qui en font des appareils de rduction et de synthse, et cette autre puissance bien autrement grande de se perptuer et de se multiplier tout seuls, sans que le chimiste y mette la main ; les vgtaux se seraient-ils faits tout seuls? Oui, Messieurs, oui, il y a des savants qui le soutiennent et qui, ne reculant pas devant un pouvantable cercle vicieux, ne demandent pour cela qu'un peu de matire organique! Avec ce peu, qu'on leur accorderait, ils construisent, ginaires, tout ce qui est vivant sous le ciel. Mais la matire inorganique ne s'engendre et ne se multiplie pas plus qu'elle n'engendre la matire organise; pas plus que la matire minrale ne se multiplie et ne se constitue d'elle-mme matire organique. La matire organique est simplement doue des proprits de la matire en gnral: elle est sans difficult, la douant gratuitement de proprits plastiques ima-

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LES SPLENDEURS DE LA F O I .

pesante, impntrable, poreuse, dilatable, etc., rien de plus. Elle est incapable de se multiplier elle-mme, et pour'en faire un atome de plus, il faut que l'artiste intervienne de nouveau. C'est que, Messieurs, il faut distinguer avec soin la m a tire organique, qui est une combinaison chimique d'ordre minral, un compos de carbone avec d'autres corps simples, de la matire organise. La matire organique n'est pas doue de structure (de structus, bti) ; au contraire, la matire organise constitue un difice dont la matire organique est la fois le moellon et le ciment. La matire organique, avec d'autres matires minrales diversement combines, sert faire les lments anatomiques dont est construite toute m a chine vivante. Les lments anatomiques sont dj matire organise ; ils servent difier l'organisme nique : il y a quelque chose de plus. Un lment de tissu animal ou vgtal est form d'un mlange de matires organiques diverses, plus ou moins complexes, additionnes d'autres matires purement minrales et d'eau ; c'est vrai, mais cela ne fait pas un compos chimique. Ces lments, qu'on appelle microsymas, dans leur tat comme dans leur forme la plus simple, sont cellules ; dans un chelon suprieur, sont des matriaux dj organiss et vivants, se pouvant suffire eux-mmes dans certaines circonstances, et qui servent l'dification soit des vgtaux, soit des animaux. Eh bien, demandons la science ce qu'elle sait de la gense de ces lments anatomiques, el par suite des organismes qu'ils servent construire. On nomme gnration spontane, htrognic, la naissance sans parents d'un organisme quelconque. Autrefois tout ce qui est vivant tait rput, par une certaine cole, le fruit vgtal, ou animal, ou humain, mais ce n'est plus de la matire orga-

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d'une gnration spontane.Celte erreur de la science antique se trouve formule, avec des dtails circonstancis, par le pote picurien Lucrce. Mais depuis longtemps personne ne soutient plus la formation actuelle et spontane d'un mammifre, ni mme d'un insecte. L'erreur s'est rfugie clans les abmes o vivent les tres microscopiques, et c'est par volution que l'on admet que tout ce qui vit procde de ces formes lmentaires, partir d'un flocon d'albumine, suppos sans structure, que l'on nomme un monre. Et il est assurment remarquable .que ce soient quelques naturalistes physiologistes et histologistes, qui admettent ce mode de gnration et ses consquences. Ce sont,au contraire,les chimistes,eux,qui ont pu produire, par synthse totale, quelques-uns des composs chimiques qui fonctionnent dans les tres organiss, qui se sont ports les contradicteurs de l'htrognic. Ce sont les chimistes qui se sont chargs de prouver que l'hypothse n'avait pas de base exprimentale, et que, mme dans l'ordre des organismes microscopiques, un tre vivant procde toujours d'un autre tre vivant. C'est, pour ma pari, une affirmation que je fais en connaissance de cause, car mes recherches sur ce sujet, et elles sont fondamentales, datent d'avant l'poque o la question a t de nouveau souleve en 18?>8. Mais j'ajoute qu'il n'y a pas un chimiste qui soutienne la doctrine d e l gnration spontane. C'est que, messieurs, ainsi que je le disais en commenant, c'est que la chimie est une science matresse, une science qui ne se paye pas de mots, qui veut des preuves, comme doit le faire une science qui se respecte. Non, on ne peut pas oprer la synthse d'une cellule, d'un microsyma mme, la matire organique ft-elle donne comme produit de l'art ou comme provenant d'un tre vivant. Le chimiste peut se servir des organismes cellulaires ou des

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plus compliqus, en user pour ses tudes, les mettre en tat de fonctionner d'une manire ou d'une autre, mais il n'en a jamais pu crer. Dans le temps, une cellule procde naturellement d'une autre cellule de mme espce, directement ou par les microsymas qui en proviennent ; un vgtal ou un animal, d'un autre vgtal ou animal de mme espce suivant la loi qui les domine depuis le commencement. A l'origine des choses, ils ont t construits de la mme manire que le chimiste construit scs appareils, en runissant les conditions de succs pour ces expriences, en vue du rsultat obtenir. L'intervention d'une intelligence distincte de la matire est ncessaire dans les deux cas. Vous lirez, on vous dira, que l'homme n'a point t cr tel que vous le connaissez. On invoquera l'autorit de faits et d'observations de dtail ; on affirmera une prtendue volution, des transformations accidentelles ou rgulires par les milieux, qui, dans la suite des ges, ont amen quelque race simienne devenir anctre de l'espce humaine. Eh bien ! Messieurs, si vous entendez dire que l'homme procde tenir que l'homme est un s i n g e pensant, du singe, rpudiez cette ignoble origine. Si vous entendez s o u affirmez hautement que ce n'est l qu'un mot effet, que rien dans la science n'autorise prononcer. Ah ! si nous tions jaloux de faire violence l'attention par une de ces dfinitions surprise, nous qui savons qu'il n'y a pas de matire organique par essence, que toute matire est minrale par les corps simples qui la constituent, et qu'il est, en mme temps, trs-juste de dire de l'homme qu'il est une substance qui p e n s e ; ne pourrions-nous pas, un point de vue plus gnral, plus lev et plus noble (puisque, a u regard pensant ? de la chimie, cette minral substance est minrale), dire que l'homme est un

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Mais nous nous bterions d'expliquer ce que ces mots veulent dire ; nous nous hterions d'ajouter qu'il n'est pas dans l'essence, dans la nature des seize corps simples dont nous sommes forms, nous l'avons vu, de pouvoir penser, ni lorsqu'ils sont isols, ni lorsqu'ils sont runis sous forme de matire organique; car nous savons, de science certaine, que non-seulement ils ne peuvent, ni ne savent se runir pour constituer la matire organique, plus forte raison pour constituer un microsyma, une cellule, un vgtal, un animal. Et de mme qu'il faut une intelligence pour la forcer s'unir sous forme de matire organique, il en faut une autre, d'un ordre et d'un pouvoir bien autrement grand, pour l'organiser, et, l'ayant organise, pour la doter de toutes les tonnantes puissances qu'elle possde alors dans les vgtaux et dans les animaux, et pour la douer enfin de raison, d'intelligence et d'amour dans l'homme. Je finis, messieurs, par une dernire question, celle que tout ce qui prcde suppose : Qu'est-ce que la matire, quelle est son origine? Qu'est-ce que la matire? Grave et formidable question, que devraient toujours se poser d'abord ceux qui s'en occupent. Je laisse de ct tout ce qu'en ont crit les anciens, pour la regarder en face, et ne pas m'en laisser imposer par les apparences. Lavoisier, qui l'a scrute le premier, en chimiste p r o fond, a fait voir que ce que nous appelons gazit, liquidit, solidit dans la matire, ne sont que de grossiers attributs, et, ngligeant toutes les apparences physiques comme des accidents, il l'a dfinie en somme, comme pesante, active, autonome et indestructible. Nous n'en savons rien de plus, et toutes les spculations que l'on fait sur les atomes et sur l'atomicit, au point de vue chimique, ne sont que des rveries dnues de sanction expri-

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moniale, une sorte de mysticisme matrialiste. Nous la connaissons si peu autrement, que nous l'appelons substance quand nous voulons aller au fond. Or le mot substance, disait un sophiste clbre, veut dire ce qui est dessous, reconnaissait que ce dessous et il lui serait ternellement cach.

Et si je voulais montrer jusqu'o ces spculations ont amen l'homme qui avait le plus qualit pour parler de la matire, car c'tait un savant de premier ordre, l'illustre chimiste et physicien anglais Faraday, je vous dirais ce que M. Dumas a dit de lui ; le voici : En tout ce qui concerne les sciences, je n'ai jamais connu d'esprit plus libre, plus dgag, plus hardi. Il ne croyait mme pas a l'existence de la matire, loin de lui tout accorder ; il ne voyait dans l'univers qu'une seule seule volont; qu'im assemblage de centres force, obissant a u n e Condillac avait ce qu'on appelle matire n'tait ses yeux de force.

raison, messieurs : Quand on a voulu pntrer plus avant dans la nature de ce que Ton appelle substance on n'a saisi que des fantmes. Messieurs, nous ne connaissons pas la matire. C'est pour nous un mystre insondable, si nous nous loignons de la dfinition de Lavoisier. En savons-nous davantage sur son origine? Deux doctrines, aussi anciennes que l'humanit, expliquent l'origine de la matire et de l'univers. L'une est celle des panthistes, selon qui tout ce qui arrive est une suite ncessaire de la nature de la substance unique dont tout ce qui existe n'est qu'une modification. Cette doctrine n'est pas celle qui dcoule de la science; c'est vous dire que ce n'est pas la ntre. Le spiritualisme donne Dieu pour pre l'univers. Dieu, selon cette doctrine, a cr la matire et il a cr avec elle

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AUXILIAIRE DE LA FOI.

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tous les mondes, tout ce qui vit, respire et pense sur la terre. Et le verbe crer quelque chose. La doctrine spiritualislc est celle de la science, non pas de la science d'hier et du premier venu, mais de la science d'aujourd'hui, des vritables savants. Un mathmaticien, astronome et physicien du premier ordre, un savant dont la critique ne se paye pas de mots, M. Hirn, un Franais-Alsacien, correspondant de l'Acadmie des sciences de l'Institut, pour venger Laplace d'un mot qu'on lui prte, a dit, en langage de mathmaticien, dans un m moire sur Saturne, ce que voici, que je vous cite textuellement : Laplace s'est occup de la formation des mondes, et non de la cration. Entre ces deux termes, il est une diffrence radicale, essentielle, que le public en gnral n'aperoit pas mme, et qu'il importerait une fois de bien faire ressortir. Les mondes n'ont pas t crs tels quels, et de toute pice : ni dans leur ensemble, ni dans leurs parties. Cette affirmation est aujourd'hui si lmentaire, que je n'ai pas m'y arrter un instant. La
SUBSTANCE

signifie tirer du nant, faire de rien

dont ils sont forms

a pu seule tre cre, dans le sens propre du terme (c'esl a-dire tire du nant, faite de rien). La matire, la force, l'me humaine... ont seules pu tre cres avec leurs attributs,' leurs proprits, leurs facults. Ici-bas, l'homme certainement n'aura jamais l'ide la plus loigne de cet acte du Crateur, il ne peut qu'en constater la ncessit premire (1). Tel est, Messieurs, le langage de la science. Tout ce qui existe et que nous voyons ou ne voyons pas, touchons ou ne touchons pas,, a t cr : La nature, la force, l.'me humaine ! C'est
(t) Bulletin de la 1871-1872, p. 439. Socit d'histoire naturelle de Colmar (Alsace),

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ainsi que parlent tous les grands fondateurs des sciences, c'est ce qu'affirment d'une affirmation absolument certaine tous les grands hommes dont l'humanit s'honore. Les dclarations contraires n'ont aucune valeur scientifique.
TLKOLOGIE.

Les c a u s e s finales ou le d e s s e i n d a n s l a nature. Il


serait peut-tre ncessaire ou opportun de rsumer ici, celles des conqutes de la science moderne qui ont eu pour rsultat de mettre mieux en vidence les causes intelligent qui prside tout finales ou le de la dessein nature. d a n s Vconomie

Mais, d'une part, ce rsum nous entranerait trop loin ; d'autre part, il est si vident que, partout, dans la nature l'indication d'un but atteindre, l'accommodation parfaite des moyens la fin, l'appropriation parfaite des organes aux fonctions qu'ils doivent remplir, sont choses si palpables, que chercher a i e s dmontrer ce serait supposer qu'elles peuvent tre l'objet d'un doute et les amoindrir. Nous nous abstenons donc, et quelques citations prouveront surabondamment que nous avons raison de nous abstenir. Constatons d'abord que l'cole positiviste, la seule reprsentant srieuse de la libre pense, admet les causes finales. M. Littr, dans sa prface aux cours de M. Achille Comte (tome I , p. xxn), dit : La Mtaphysique... se demande d'o vient l'aversion non dguise des savants pour les causes finales et pour tout ce qui y ressemble ; et en quoi l'hypothse d'un plan et d'un dessein dans la nature est contraire l'esprit scientifique. La science positive n'a pas toujours eu de l'aversion pour les causes finales, ni jug contraire son esprit l'hypothse d'un dessein ou d'un plan dans la n a t u r e . . . Il fut un temps o elle fit intervenir ces causes et cette hypothse dans ses recherches; mais entre
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une cause premire dont elle n'a aucun moyen de dterminer la nature et un but qu'elle n'a aucun moyen de saisir, elle s'aperoit que la doctrine ne lui tait d'aucun secours, et la force des choses la rejeta dans la fconde doctrine des conditions de l'existence, fconde parce qu'elle est relative et exprimentale... Un des exemples que l'on prend le plus volontiers en faveur de la finalit est celui de l'il. I L EST
EXCELLENT!

L'il est un instrument, et un opticien, dans son sorte les divers milieux, la

atelier,

disposerait de la

courbure du cristallin, l'ouverture de la pupille, pour qu'une image nette vienne se projeter, sur la rtine. Par cons quent, il est naturel de conclure qu'une cause intelligente a eu devant soi l'effet particulier que chacune des parties devait produire, et l'effet commun qu'elles devaient p r o duire toutes ensemble. En d'autres termes, que cette cause a eu un plan, ou s'est propos un but qu'elle a atteint. Soit : voil l'hypothse vrifie pour un cas et pour tous les cas analogues. Mais il ne s'agit pas de faire un choix ; il s'agit d'examiner comment la doctrine se comporte l'gard d'autres conditions. De ces autres conditions, en voici une outre mille : Le chien qui vous lche la main a sa salive inoffensive; mais par un procd chimico-vital, qui, jusqu' prsent, dpasse la subtilit de l'art humain, il va se former dans cette salive un principe dltre, qui donnera la mort l'animal, et ceux qui ses morsures l'inoculeront. Ce n'est pas tout : ce nouvel tat dans lequel il est mis lui inspire un funeste dsir de mordre, de sorte que la cause qui a occasionn le virus a en mme temps tout dispos pour qu'il ne se perdit pas inoffensif. Que dire de cette singulire cause finale? Et comment accorder la finalit qui parat rgir ce cas-ci, avec la finalit qui parait rgir le cas de l'il ? Autre exemple : La cause quelle qu'elle soit, d'o proviennent
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les tres organiss, a cr, h ct des espces vivant par elles-mmes, des espces parasites qu'elle a jetes par tribus innombrables dans le seiu de tous les animaux. Elle loge les entozoaires chez les iuscctes, chez les poissons, chez les oiseaux, chez les mammifres, chez l ' h o m m e ; dans l'il, dans le sang, dans l'intestin, dans le foie, dans le cerveau, dans les muscles. Les germes en sont partout, ils se glissent dans les organes, cL pour peu que le sol soit propice, ils s'y greffent et prosprent aux condamnent dpens de l'organisme qu'ils ces a la souffrance et i\ la destruction.. De

enozoaires, quelques-uns offrent les plus tranges complications de transformations; vous les voyez hors de l'animal sans les reconnatre; ils passent par deux ou trois gnrations pour accomplir leur volution, et reprsentent certainement un admirable artifice pour dsoler les pauvres victimes auxquelles ils sont visiblement destins...Transport dans Tordre de la finalit, ncessairement l'esprit se trouble et chancelle. La science ne veut pas d'une finalit qui ne se vrifie ni ne s'exprimente. J'ai laiss M. Littr exprimer longuement les motifs d e l prtendue rpulsion actuelle de la philosophie positive pour les causes finales et le dessein dans la nature; sou argumentation est videmment sans porte; ce n'est au fond qu'un sophisme. 11 commence, en effet, par constater lui-mme qu'il est des cas o la finalit est vidente, et permet de conclure rigoureusement l'existence d'une cause intelligente; puis il se jette tout coup dans l'inconnu, la raisou suffisante de l'existence du mal sur la terre. La rage et les parasites peuvent rester entours de mystre, nous pouvons ne pas deviner leur raison d'tre, mais il n'en est pas moins vrai que les commensaux eux-mmes sont parfaitement organiss pour leur vie parasitaire. Et voici l'hymne la louange du

LA

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Crateur qu'ils ont inspir un naturaliste clbre, qui en a fait l'objet d'une lude toute spciale ( Les c o m m e n s a u x et les parasites d a n s le rgne animal,.par M.
P.

J.

VAN BENEDEN,

professeur l'Universit de Louvain) : Plus nous avanons dans la connaissance de la nature, plus aussi est profonde notre conviction que la croyance en un crateur tout-puissant et en une sagesse divine qui a cr le ciel et la terre, selon un plan prconu et ternel, peut seule rsoudre les nigmes de la nature comme celles de la vie humaine. Continuons. lever des statues aux hommes qui ont t utiles leurs semblables, et qui se sont distingus par leur gnie; mais n'oublions pas ce que nous devons
CELUI

qui a mis des merveilles dans

chaque grain de sable, et un monde dans chaque goutte d'eau. Ces nobles paroles sont en mme temps celles de M. Osvald Herr dans son M o n d e primitif. Aprs avoir entendu l'lve, M. Littr, il sera bon d'couter aussi le matre, Auguste Comte, et de constater qu'il retire lui-mme d'une main ce qu'il a donn largement de l'autre [ C o u r s de philosophie positive, t. III, p. 320 et suivantes) : ce Le vritable esprit gnral de la science biologique doit certainement nous conduire penser que, par cela mme que tel organe fait partie d'un tre vivant, il concourt ncessairement, d'une manire dtermine, quoique peut-tre inconnue, l'ensemble des actes qui composent son existence; ce qui revient concevoir qu'il n'y a pas plus d'organes sans fonctions que de fonctions sans organes, puisque le dveloppement prcis de la corrlation entre les ides d'organisation et les ides de vie constitue le but caractristique de toutes nos ludes biologiques :
UNE TELLE DISPOSITION D'ESPRIT EST DONC MINEMMENT PHILOSOPHIQUE ET f)'UN USAGE

1NDISPENSARLE. ) >

Voil l'affirmation ; voici la ngation ou le doute : Mais il faut convenir que cette tendance systmatique

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regarder tout sairement frquemment vitaux

organe

quelconque comme exerant ncesdgnre encore trsadmiration antiscientifique

une certaine fonction, en une aveugle

du mode effectif d'accomplissement des divers phnomnes Cette admiration irrationnelle et strile, en nous s'oprent aussi persuadant que tous les actes organiques

parfaitement que nous pouvons .l'imaginer, tend immdiatement comprimer l'essor gnral de nos biologiques; elle conduit souvent
COMPLICATIONS VIDEMMENT NUISIBLES.

spculations
SUR D E S

S'MERVEILLER

CCS Complications

videmment nuisibles u'existent certainement pas dans la nature, et, en voulant les justifier, Auguste Comte tombe dans le ridicule. On peut, a ce sujet, invoquer, affectation sagesse de certains philosophes vanter d a n s la structure Vinutilit de Voeu; dont le rle d u cristallin, fondamentale dit-il, comme la purile prtendue particulireils sont ( 1 ) , comme la exemple frappant de cette absurde disposition de la nature admirer

ment en ce qui concerne alls jusqu'


(1)

Quand il est certain, absolument certain, non-seulement que le cristallin joue un rle dans l'accommodation de l'il la distance, que sa surface antrieure augmente de convexit dans la vision de prs et s'aplatit quand le regard se porte au loin, mais
INUTILIT FONDAMENTALE!

qu'on n'a pas constat d'autre modification des parties de l'il qui puisse tre rapporte Vaccommodation i

rfringentes
(IIELMIIOLTZ,

Optique physiologique, dition franaise de MM. Javal .et Klein. Paris, Masson, 1867, p. iU et 146.) Et cependant M. Helmhollz lui-mme s'tait laiss aller cette boutade dont M. Tyndall se fait l'cho dans La Limire, page 9, ligne 11 : On pourrait en ralit dresser contre l'il une l o n g u e liste d'accusations : son opacit, son dfaut de symtrie, son manque d'achromatisme, sa ccit absolue ou partielle. Toutes c e s raisons prises ensemble amenrent M. Hclmholtz dire que, si u n opticien lui livrait un instrument si plein de dfauts, il se croirait autoris le renvoyer avec les reproches Jes plus svres. Sous cette forme, l'apprciation de l'ii est vraiment impardonnable. L'il n'est pas absolum e n t achromatique : cela est vrai, cela mme est ncessairement vrai, puisqu'aucunc uvre finie n e peut tre intinimcnl parfaite, et que la perfection absolue est le propre de Ttre infini. Mais par cela mme

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s'il pouvait y avoir beaucoup de sagesse introduire aussi intempestivement une pice qui n'est point indispensable au phnomne, et qui, nanmoins, devient, dans certains cas, capable de l'empcher entirement. Il serait facile d'en dire autant d'une foule'd'autres particularits organiques, et, entre autres, de la vessie urinaire qui, envisage comme un simple rcipent de l'appareil dpurateur, n'a sans doute qu'une dans importance secondaire, et dont la principale influence,

les animaux suprieurs, et surtout dans l'homme, consiste certainement k dterminer souvent un grand nombre de maladies incurables !!! En gnral, l'analyse pathologique ne dmontre que trop clairement que l'action perturbatrice de chaque organe sur l'ensemble de l'conomie est fort loin d'tre toujours exactement compense par son utilit dans l'tat normal. Si, entre certaines limites, tout est ncessairement dispos de manire pouvoir tre, on chercherait nanmoins vainement, dans la plupart des arrangements effectifs, des preuves d'une sagesse rellement suprieure ou mme seulement gale la sagesse humaine.

qu'aucun homme n'a conscience de ce dfaut d'achromatisme, qu'il faut, pour le mettre en vidence, recourir des expriences trs-dlicates, faites avec de puissants instruments, qu'il ne modifie en rien pratiquement les couleurs des objets, l'il est exactement ce qu'il doit tre. On ne pourrait probablement faire disparatre ces imperfections, essentielles tout tre cre et fini, sans en faire natre d'autres beaucoup plus grandes. M. Ilclmholtz attribue ce dfaut d'achromatisme de l'il au fait que la densit dos milieux ne surpasse gure la densit de l'eau. Or connat-on assez la constitution fie l'il et les innombrables conditions qu'il doit remplir pour affirmer qu'une densit plus grande de ses milieux n'aurait pas des inconvnients trs-graves? N'amnerait-elle pas des panchements et des infiltrations? M. Tyndall, du reste, n'a pas hsit opposer au propos inconvenant de M. Ilclmholtz, cette conclusion trs-sage : Comme instrument pratique et en faisant entrer en ligne do compte les accommodements par lesquels ses dfauts sont neutraliss, l'il n'en reste pas moins une merveille pour tout esprit capable de rflexion.

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C'est l une assertion purement gratuite et blasphmatoire, que le chef de l'cole positiviste et exprimentale ne devait pas se permettre. 11 esl vrai qu'il avait t menac de la cataracte, et qu'il avait cruellement souffert de la vessie; or une des aberrations d'Achille Comte, tait de ne voir dans le monde que lui ! J'ajoute que c'est une assertion absolument fausse. Nous n'arriverons peut-tre jamais bien prciser le rle du cristallin, mais on ne dmontrera jamais non plus qu'il ne procure pas la vision des avantages considrables. Le proclamer une inutilit fondamentale, c'est un mensonge ! Et de tous les organes du corps humaiu la vessie est un des plus merveilleux dans son fonctionnement! Sans doute que Dieu n'est pas tenu au plus parfait, et qu'il est en droit de s'arrter au bien. La saine philosophie et la saine thologie se sont trouves d'accord pour condamner ce point de vue les doctrines de l'optimisme de deux grands gnies, Lcibnitz et Mallebranchc. Aprs bonne : ViditDeus chacune de ses uvres, le Crateur s'est content de constater qu'elle tait q u o d esset b o n u m . Mais Auguste Comte p . 322) : On ne saurait douter s'aventure trangement et tombe dans une aberration risible quand il ose dire (ibidem, que le gnie scientifique ne soit aujourd'hui, mme en biologie, assez dvelopp et assez mancip pour que nous puissions directement concevoir, d'aprs l'ensemble de nos lois biologiques, des organisations qui diffrent notablement de toutes celles que nous connaissons, et qui leur seraient incontestablement suprieures, sous tel point de vue dtermin, sans que ces amliorations fussent invitablement compenses, d'autres gards, par des imperfections quivalentes. Essayez donc, pauvres pygmes, inventez de nouveaux organismes, et vous serez bientt confondus ! Le grand Laplace a eu l'audace de

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vouloir apprendre Dieu comment il aurait d disposer les irois corps de notre systme, le Soleil, la Terre et la Lune, et nous verrons bientt quoi il avait fatalement abouti. Ce langage d'ailleurs est dans vos principes une hrsie et une coniradiction dont vos disciples doivent rougir. La philosophie positive et exprimentale s'occupe des faits et nullement des possibilits ! Ayez donc fait! et vous aurez le droit de parler. Mais vous ne ferez jamais, et si vous faisiez, ce serait toujours la montagne qui accoucherait d'une souris ridicule. La perfection des organismes vivants est d'ailleurs un fait si clatant, que la science, l'industrie et l'art ont toujours dsespr le les imiter, mme de loin. Quel appareil humain de propulsion pouvons-nous comparer a la patte du cygne, la queue et aux nageoires du saumon, aux jambes du cheval ou du cerf, aux ailes de l'aigle ou du pigeon? Quel moteur admirable que le cur de l'homme tudi exprimentalement et mathmatiquement par M. Samuel Haughton (Les M o n d e s , tome XXIV, p . 275 et suivantes). 11 se contracte constamment par l'effet d'un nerf agissant automatiquement, et travaille jour et nuit tant que la vie dure, sans prouver jamais le sentiment de la fatigue ou la ncessit du repos... La capacit des deux ventricules runis est peine de 188 grammes d'eau, et cependant sa force de contraction est gale la pression d'une colonne de 778 millimtres de hauteur. Lorsqu'il est en activit, la capacit de son ventricule gauche est de 00 grammes, et il fait soixante-quinze battements par minute. Ainsi, en donnant la mme capacit aux deux ventricules, le travail accompli par eux est de 124,208 pieds-tonnes et parce que leur poids est de 9,37 onces, son travail par heure est de 20,876 pieds-livres, c'csl--dirc que le travail fait par le cur en un temps donn surpasse

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de beaucoup le travail fait par les muscles des bras, dans une course en bateau. Et le travail du rameur ne peut se soutenir que pendant quelques minutes, tandis que le travail du cur dure toute la v i e ! . . . Ce travail du cur lverait son propre poids en une heure 6,588 mtres, ce qui est norme. En effet, un homme vigoureux peul tout au plus s'lever h une hauteur de 3,000 mtres en neuf heures, ce qui fait 333
m

en

une heure, ou le vingtime de l'nergie du cur. Ajoutons enfin que la quantit totale du sang du corps, value de 90 70 livres, en supposant que la capacit du ventricule gauche soit de 3 onces, et le nombre des battements de soixante-quinze par minute, circulerait dans 42 minutes, ce qui suppose encore une nergie dont on peut peine se faire une ide. Le cur est donc un moteur merveilleux que le gnie humain sa suprme puissance n'aurait jamais conu, qu'il ne tentera jamais d'imiter, dont il a seulement ralis les mouvements les plus simples, et encore aprs de longs sicles d'tude et d'admiration, grce au gnie d'un de nos plus habiles exprimentateurs, M. Marey. C'est donc une uvre minemment intelligente, et qui proclame hautement l'intervention d'un constructeur d'une intelligence souveraine ou infinie. cette estimation de l'tonnante nergie du cur, ajoutons quelques dtails sur sa conformation et son mcanisme, emprunts aux beaux mmoires du plus illustre de nos mdecins physiologistes, M. le docteur Bouillaud [Comptes de l'Acadmie tembre 1873 ; 9 fvrier 1874 ; 4 octobre 1875). a Le cur, organe central de la grande fonction connue sous le nom de circulation du sang, est un double m u s c l e creux. rendus des s c i e n c e s : 15 septembre 1 8 7 3 ; 29 sep-

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Les cavits musculaires dans lesquelles est contenu le sang sont au nombre de quatre : les deux principales, celles qui constituent, en quelque sorte, le corps mme du cur, portent le nom de ventricules; les deux aulrcs, moins considrables que
1

les prcdentes, auxquelles elles semblent servir de rservoir, sont connues sous le nom d oreillettes. Les ventricules et les oreillettes communiquent les uns avec les autres au moyen d'orifices dsigns sous le nom d'auricxdo-ventriculaires.d^ disposes de telle sorte qu'elles orifices sont munis de valvules

permettent un libre passage du sang des oreillettes dans les ventricules, et qu'elles s'opposent au reflux du sang des ventricules dans les oreillettes. Les ventricules communiquent avec les artres qui naissent del base du cur, aorte et pulmonaire, par des orifices dits ventriculo-artriels. artre Ils sont

aussi garnis de valvules disposes de telle sorte que le sang des ventricules peut librement passer dans les artres aorte et pulmonaire, et qu'il ne peut refluer dans le ventricule. cette description,... qui ne serait frapp de la ressemblance du c u r . . . avec une pompe aspirante et foulante..? Toutes les expriences dmontrent cette ressemblance... Mais ce qui tablit une diffrence capitale, c'est : que la pompe vivante ne rclame pas pour l'exercice de ses mouvements, comme les pompes cres par les mains do l'art, une trangre et extrieure : cette pompe est automotrice Le cur est un instrument quatre temps, dontdcuxmouvements et deux repos. Ses mouvements coordonns s'excutent sous l'influence do deux forces, de deux proprits, si Ton veut, connues sous les noms de conlractilit et d'lasticit... 11 possde des nerfs moteurs, et ses mouvements coordonns sont rgis par un centre nerveux; mais ces mouvements, comme tous ceux qui sont dus exclusivement ceux du grand sympathique, ne sont pas soumis k l'empire de la volont, ni force

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perus par la conscience-ou par le s e n s o r m m c o m m u n e ; ils sont involontaires et inconscients. Chez l'homme et les grands animaux, l'volution ou rvolution du cur se compose de quatre t e m p s ; dont deux m o u vements, de systole et de diastole, et deux temps de repos, dont le second, plus long que le premier, est le dernier
temps de la rvolution. Celle-ci c o m m e n c e par la systole ven-

triculaire, laquelle correspond lehattement des artres, connu sous le nom de pouls. Par la contraction ou systole,le sang est projet ou lanc dans le systme artriel; et par sa dilatation ou diastole, il l'attire ou l'aspire du systme veineux. Le jeu des valvules du curestunecondilion ncessairedu passage du sang travers la cavit ventriculaire, comme le jeu des soupapes d'une pompe hydraulique ordinaire est ncessaire l'entre et h la sortie du liquide qu'elle est d e s tine mouvoir. Les valvules auriculo-vcntriculaircs sont dis-

poses de manire a laisser un libre passage ausang qui vient des oreillettes pendant la diastole ventriculaire, et empcher son reflux pendant la systole ventriculaire. Pendant celle-ci, les valvules ventriculo-artrielles s'abaissent pour permettre le passage du sang dans les artres, et elles se redressent pour s'opposer au reflux du sang pendant la diastole ventriculaire. Chaque rvolution artrielle commence par un mouvement de dilatation, ou de diastole choc. C'est le premier temps, des artres, accompagn d'un et il est synchrone la systole temps de la rvolution art-

ventriculaire du cur. A ce premier mouvement succde un trs-court repos qui est le second rielle; il est synchrone au repos, trs-court aussi, d e l systole ventriculaire. Aprs ce repos, et comme coup sur coup, ou surle-champ, s'opre un mouvement de contraction ou de diastole de cette artre. Cette systole est le troisime systole. temps de l'artre, accompagn d'un choc, comme le mouvement de

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de la rvolution artrielle et est isochrone la diastole ventriculairc du cur. A la systole des artres succde u.n second repos, bien plus long que le premier, c'est le vrai repos de ces vaisseaux. Il constitue le quatrime des ventricules du cur. Les mouvements et les repos des artres, compars aux mouvements et aux repos du cur, se font, en quelque sorte, en des temps inverses les uns des autres. Ainsi le mouvement de systole ventriculairc s'opre on mme temps que la diastole artrielle; le mouvement de diastole ventriculairc en mme temps que le mouvement'de systole artrielle; le court repos des ventricules aprs leur systole et le court repos des artres aprs leur diastole; le long repos des ventricules aprs leur diastole, et le long repos des artres aprs leur systole. Cette sorte d'inversion tait ncessaire pour que le sang pt excuter le mouvement circulatoire auquel il est soumis, comme nous l'avons dj dit. Un centre nerveux qui reste encore dcouvrir prside ces mouvements, d'une rgularit vraiment admirable. Et que d'autres lois, encore inconnues, prsident aux mouvements du cur et des artres ! Le 11 fvrier 1876, M. le docteur Ma rey annonait l'Acadmie des sciences, qu'on ne peut, en un temps donn, obtenir du cur qu'une mme quantit de travail : si, par des excitants nergiques, on provoque une dpense anormale, un repos s'ensuit forcment, et le cur, au bout d'un moment, se trouve n'avoir fait qu'un travail ordinaire ! Si au lieu de considrer le cur, nous avions tudi le cerveau la suite d'un physiologiste partisan exagr de l'volution, M. Thomas Huxley, nous aurions vu en lui le plus et dernier temps de la rvolution artrielle, et est synchrone au long et vrai repos

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extraordinaire, le plus ^dlicat, le plus sensible des organes de perception, hymne admirable chante a son tour la louange du Crateur et Organisateur suprme des mondes. La merveille serait bien plus tonnante encore si avec tcole matrialiste nous voulions voir dans le cerveau une machine sentante sentiment et p e n s a n t e , produisant la s e n s a t i o n , le et la pense; alors que de l'aveu des plus acharns,

le passage de l'impression la sensation, au sentiment, la pense, est absolument au-dessus de la porte de l'intelligence humaine. I g n o r a m u s !* Ignorabimus ! Interrog par nous sur les merveilles du cerveau, M. le docteur Edouard Fournie, le savant qui peut-tre l'a le mieux tudi, nous a rpondu par la dissertation suivante,que nous sommes heureux de publier : Si nous ne sommes pas en droit d'affirmer que le monde tout entier a t fait pour l'homme, nous pouvons du moins exprimer la conviction, base sur la science, que, par son organisation et ses (acuits, l'homme est, k notre connaissance, le seul tre qui puisse contempler avec intelligence les splendeurs d e l cration, et se contempler lui-mme avec la conscience de sa grandeur. En effet, la tonte-puissance qui a cr le monde avec l'immensit de ses phnomnes, a tendu sous la vote crnienne de l'homme un organe dou d'une facult inoue, incomparable, qui le constitue l'tat de foyer conscient vers lequel converge toute lumire, et d'o mane toute connaissance. Expliquer comment l'homme peroit le monde est a u dessus de la porte de la science. Et d'ailleurs le savant de nos jours, comme le R. l \ Secchi l'a si bien prouv dans son Unit des forces p h y s i q u e s , doit s'attacher plus la constatation et a l'tude des phnomnes qu' la recherche de leur cause dernire. J'oserais mme aller plus loin et, sans craindre

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qu'on m'accuse de dresser des obsLacles sacrilges sur la marche de l'esprit humain vers l'inconnu, affirmer rsolument, aprs un examen trs-approfondi, que le cerveau s'est rserv le secret de tous les phnomnes vitaux ou non vitaux; qu'il ne livre aux investigations scientifiques de l'homme que les modifications des milieux l'aide desquels se produisent les phnomnes, et la constatation des portions ou rgions du cerveau dans lesquelles se localisent, en quelque sorte, les divers lments de nos perceptions. Mes expriences m'ont amen a partager le cerveau en cinq rgions principales. La rgion numro I comprend les nerfs impressionneurs, c'est--dire les nerfs qui portent vers le cerveau le rsultat d'une impression reue, et qui occupent la partie postrieure de'ta moelle pinire. Ces nerfs aboutissent la rgion numro 2 connue sous le nom de optiques, couches et compose, en grande partie, de cellules ner-

veuses : des fibres partent de ce centre sous forme de rayons, et le fout communiquer, d'un ct, avec la rgion numro 3 , compose de cellules et dsigne sous le nom de couche elle aussi, de cellules, et dsigne sous le nom de corps cortistris. cale du cerveau, de l'autre, avec la rgion numro 4 forme, De cette dernire rgion partent les nerfs du mouvement, qui occupent les rgions numro 3 , reprsentant la plupart des localisations acquises la science : reste dterminer leur rle fonctionnel. Semblable en cela tous les organes de la vie, le cerveau requiert, pour entrer en fonction, l'intervention d'un excitant spcial. Cet excitant est une impression reue l'extrmit p riphrique d'un nerf impressionneur. L'impression a pour effet de modifier la vitalit du nerf, de proche en proche, jusqu'aux couches optiques, et, l, le nerf modifie son tour la cellule A o k laquelle il vient aboutir. Le rsultat de la modification de

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la cellule par le mouvement imprcssionneur, est un phnomne merveilleux, immense, sans analogue; c'est une s e n sation ou, pour mieux dire, une perception simple. Le phnomne d e l perception simple a bien son sige dans les couches optiques, car, si on dtruit cet organe chez le chien vivant, l'animal n'est plus sensible aucune impression : il n'odore
plus, il n'entend plus, il ne voit p l u s : en un mot, il vit, mais

il ne sent pas. Quand l'homme est modifi dans les couches optiques, il sent, et voila tout. Sentir, c'est vivre d'une certaine faon. Nous voulons dire par l que, pour sentir c o n n a i s s a n c e , il faut autre chose que h perception nous allons faire connatre. Le phnomne-perception s'accompagne ncessairement d'un mouvement propre des cellules que le mouvement imprcssionneur a p r o v o q u . Or ce m o u v e m e n t n e s'puise pas sur

avec : il

simple

faut cette perception simple, et quelque chose de plus que

p l a c e ; les couches optiques ne sont pas isoles au milieu de la substance crbrale, et il est tout naturel que le moindre mouvement dont elles sont le sige se communique aux parties voisines. C'est ce qui arrive : des couches optiques, le mouvement impressionneur s'tend de proche en proche travers les fibres du noyau blanc, pour aboutir, en dfinitive, aux cellules qui forment la couche priphrique ou corticaledu cerveau. Ces cellules sont modifies d'une certaine faon par le mouvement
i m p r e s s i o n n e u r , et nous devons nous d e m a n d e r quel p h n o m n e correspond cette modification. L'exprimentation sur

les animaux vivants et l'observation pathologique nous p e r mettent de rpondre cette question d'une manire formelle. Dj, depuis longtemps, on avait remarqu que, chez les dments, la couche corticale du cerveau tait ramollie ou plus ou moins lse. Nous-mme, dans nos expriences sur les chiens, nous avions constat que, lorsque nous dtruisions

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cette rgion par le caustique, nous provoquions une sorte de folie; Tanimal conservait tous ses sens, comme les dments, mais il ne connaissait pas, il n'avait plus de mmoire. Notre conclusion sur ce fait fut que le phnomne-perception* que nous avions vu se produire daus les couches optiques, ne se produisait pas dans la couche corticale, puisque les dments, ainsi que les chiens, dont la couche corticale est lse, conservent leur sensibilit. Mais comme, d'un autre ct, les couches optiques ne concourent qu' la perception sans connaissance, nous fmes conduit rechercher par quel mcanisme la perception simple, dans les couches optiques, se transforme en perception avec c o n n a i s s a n c e , grce au concours de l'activit des cellules de la couche corticale du cerveau. Ce mcanisme, qui est celui d e l mmoire, est assez simple. Supposons un cerveau vierge de toute impression et soumettons-le h l'influence d'un corps odorant. Le mouvement impressionneur se transmet travers le nerf de l'odorat j u s qu' la cellule o du centre optique, et, ds lors, l'homme sent l'odeur. Puis le mouvement impressionneur continue sa route jusqu' la cellule A c conjugue de la couche corticale, et la modifie d'une certaine faon. Si nous retirons le corps odorant, tous les mouvements que sa prsence a provoqus cessent, et l'homme ne sent plus rien, il rentre dans le nant dont nous l'avions sorti. prsent, supposons que, par un moyen quelconque, nous puissions dterminer daus la cellule Ac de la couche corticale le mouvement qui lui est p r o p r e . Qu arrivera-t-il ? II arrivera que le mouvement de cette cellule se transmettra, travers les libres du noyau blanc, j u s qu' la cellule conjugue A o de la couche optique, dont elle rveillera l'activit propre. Or, comme cette activit correspond une perception d'odeur, l'homme sentira de nouveau cette odeur, en l'absence de l'objet impressionnant capable de

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la provoquer. Telle est la premire condition de la mmoire * sentir comme on a dj senti, mais en l'absence de tout objet impressionnant, et sous l'influence seule de l'activit d'une cellule de la couche corticale du cerveau. Ce fait lmentaire ne constitue pas toute la mmoire : pour se souvenir, il faut sentir qu'on a dj senti d'une certaine faon, et tablir un rapport entre la manire de sentir actuelle et celle de jadis. En d'autres termes, on n'a le sentiment du pass qu' travers le sentiment de l'tat actuel. Ce trait d'union entre le pass et le prsent, ncessaire pour qu'il y ait souvenir, est le rsultat d'un mcanisme fonctionnel que nous devons faire connatre. Supposons donc que le corps odorant est une orange, et que les sens de la vue et de l'odorat vont tre simultanment provoqus par elle. L'impression visuelle rveillera le centre de perception A o de la couche optique, en mme temps que le centre de perception A ' o sera rveill par l'impression odorante; et le mouvement impressionneur visuel ira rveiller l'activit propre de la cellule A c de la couche corticale, pendant que le mouvement impressionneur odorant provoquera celle de la cellule A ' c . Dans ces conditions, l'homme sent qu'il est modili de deux faons diffrentes, et voil tout. Mais si, aprs avoir retir l'orange, nous la soumettons de nouveau l'activit du seul sens de la vue, qu'arrivera-t-il? L'homme verra l'orange qui impressionne A u ; mais, comme le mouvement impressionneur ne s'puise pas dans les couches optiques, il ira provoquer l'activit propre de la cellule A c ; la cellule Ac tant unie par ses prolongements la cellule A ' c , dterminera dans cette dernire l'activit qui lui est propre, et, en dfinitive, le centre de la perception odorante ,l'o sera, lui aussi, rveill. De sorte que, bien que l'orange soit assez loigue pour que l'homme ne puisse l'odorer, il l'odorera nanmoins par le souvenir, et il sentira ce qu'il sentit rellement

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jadis en voyant l'orange; il se souviendra, en un mot, que Forango csl un corps odorant; et, en se souvenant de ce caractre, il n'aura plus une perception avec simple de cet objet, perception mais une perception distingue d'une autre, une

c o n n a i s s a n c e . Voila comment, en expliquant le mcasimple et me percep-

nisme de la mmoire, nous avons t conduit formuler la diffrence qu'il y a entre une perception tion avec c o n n a i s s a n c e , et dterminer, en mme temps, le

rle fonctionnel des cellules de la couche corticale du cerveau. Les cellules de la couche corticale du cerveau reprsentent, sous forme de modalit dynamique in possc, toutes les notions acquises, et c'est aux connexions anatomiques qui unissent ces cellules aux couches optiques qu'elles empruntent la possibilit de rveiller successivement le centre de perception moire. Le rve n'est autre chose que le rveil du centre de p e r ception par l'activit des cellules de la couche corticale, alors que ce mme centre est ferm aux influences extrieures. Toutes les cellules de la couche corticale sont unies entre elles par leurs prolongements; elles peuvent donc rveiller mutuellement leur propre activit. Il suffit, en effet, que Tune d'elles fonctionne pour que le fonctionnement des autres s'ensuive. Quant l'ordre admirable qui prside au classement de toutes nos connaissances, nous le devons l'intelligence sublime qui a tout cr : le cerveau est une tapisserie merveilleuse dont le Crateur a fourni le canevas et dont nous remplissons tous les jours les mailles. Jusqu'ici, nous n'avons expos qu'une partie de la fonction crbrale ! l'excitant fonctionnel et la matire fonctionnelle. Cela n'est pas suffisant. La fonction des organes, en
90

pour donner naissance aux phnomnes de m -

1426

LES SPLENDEURS DE LA EOI.

effet, ne consiste pas seulement h rassembler des lments dtermins; la fonction suppose un but a atteindre, et ce but n'est pas dans l'organe lui-mme, mais en dehors de lui. Il faut donc que, par des mouvements particuliers, l'organe p r o jette au dehors les lments de sa fonction. Ce sont ces mouvements que nous dsignons sous le nom de mouvements tionnels. Le cerveau qui se bornerait sentir et se souvenir vivrait en lui-mme d'une certaine faon, mais personne n'en saurait rien : pour que sa fonction soit complte, il faut que chacune de ses manires de sentir et de se souvenir se reflte au dehors d'une manire sensible. C'est ce qui a lieu, en effet, et c'est par des mouvements que le cerveau extriorise sa manire d'tre. Faire connatre la nature de ces mouvements et dterminer les lments anatomiques qui les excutent, telle sera la dernire partie de notre exposition. La route que nous avons assigne tout l'heure au mouvement impressionneur, des nerfs sensitifs aux couches optiques, et de ces dernires aux cellules de la couche corticale, n'est pas la seule voie suivie par ce mouvement. Les couches optiques sont unies par des fibres spciales un autre noyau de cellules que Ton dsigne sous le nom de corps stris. C'est dans ce noyau que viennent aboutir toutes les fibres des nerfs du mouvement placs la partie antro-latrale de la moelle. Ces connexions anatomiques sont dj une prsomption en faveur du rle important que nous attribuons aux corps stris dans l'excution des mouvements. Cette prsomption s'est transforme en certitude, quand nous avons vu l'abolition de tout mouvement succder, chez les chiens vivants, la destruction de ces organes. Ds lors, il nous a paru possible d'expliquer le mcanisme fonctionnel de tous les mouvements volontaires ou involontaires. fonc-

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

4427

Les mouvements sont

involontaires lorsque la cause

impressionnante, un danger, par exemple, est assez vive pour rveiller directement l'activit des corps stris, et provoquer aussitt, par l'intermdiaire des nerfs moteurs, un mouvement dtermin. Les mouvements sont volontaires lorsque la cause impressionnante donne le temps a l'attention de soumettre l'impression sentie a la pierre de touche des connaissances acquises, de rveiller, par consquent, l'activit de la couche corticale. Ce n'est qu'aprs cet examen que l'impression qui lui est corrlatif. Pourcomplter la description d e l fonction crbrale, ce serait le moment de fournir un exemple gnral en dcrivant la fonction langage ; mais ce serait dpasser les limites du cadre que nous nous sommes trac. Notre but exclusif a t de montrer comment il fallait comprendre les localisations crbrales et comment il tait possible, ds a prsent et d'aprs cette connaissance, d'crire le chapitre des fonctions crbrales. Nous n'irons pas plus loin, nous renverrons pour l'tude complte du cerveau au grand ouvrage de M. Edouard Fournie. Aussi bien, rminent physiologiste sent trop bien luimme qu'il marche ttons dans ce labyrinthe mystrieux, sans ailes, hlas ! pour en sortir. N'est-il pas plus vident que le jour que si l'intelligence humaine sa suprme puissance est rduite balbutier dans l'explication de tant d'organes et de tant de fonctions, c'est lui faire injure que de ne pas attribuer a une intelligence incomparablement plus leve l'ide et la ralisation de cette organisation inimitable et insondable. Ce que nous disons du cerveau s'tend naturellement aux dominante, dans les couches optiques, dtermine l'excution du mouvement

1428

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

autres organes de perception, qui tous accusent de la manire la plus vidente un dessein prconu, un moyen sagement combin pour atteindre une fin nettement dtermine. Un jeune physiologiste d'un talent trs-original, M. Charles Cros, auteur d'une nouvelle gomtrie de position, a voulu dterminer priori les conditions que devrait remplir l'organe destin recevoir l'impression des vibrations lumineuses, et sa rtine thorique s'est montre une imitation parfaite de la rtine humaine. Au moment o je terminais cette trop rapide excursion dans le vaste domaine des causes finales, du dessein d a n s la nature, une circonstance imprvue a mis sous ma main une thse assez remarquable pour avoir t couronne d'une mdaille d'or par la Socit de Pharmacie de Paris :
ORGANIQUES, DES FERMENTS

de leur origine jouer


DUVAL.

par voie de mutabilit, d a n s les phnomnes

et d u rle naturels, par

qu'ils

sont appels

Jules-Edmond

M. Duval est lve la fois de M. Poufait l'tre, et professer la mutabiarrachent ses patientes

chet et de M. Charles Robin ; il pousse l'hlrognisme j u s qu' affirmer que le milieu voici la profession lit des espces, au moins des espces-ferments; et cependant de foi que lui tudes des infiniment petits. La contagion miasmatique confondue en mdecine sous le nom gnral ^infection, est donc subordonne a la prsence d'trespu de corpuscules anims, qui, se multipliant dans le sang ou les tissus du sujet malade, sont susceptibles de se propager par la voie panspermique. L'atmosphre qui porte la vie, transporte donc en mme temps la mort, et lorsque les germes malades qu'elle charrie rencontrent un drent, hlas ! qu'une moisson trop terrain vivant propre leur volution physiologique, ils n'y engenfconde. La peste, le

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1429

typhus, le cholra, les fivres intermittentes ou paludennes, d'une p a r t ; de l'autre la syphilis, le croup, la variole, la hlcnnorrhc, la morve, le charbon, la clavele, la muscardine, et tant d'autres flaux qui s'attaquent l'homme ou aux animaux, et sont l autant de calamits dont le point de dpart, dont la transmissibilil, immdiate, ou distance, a quelque chose de comparable l'action propre des ferments. Il en est de mme de la maladie de la vigne, de celle de la pomme de terre, et de la plupart des maladies piphytiqucs. Fatalit! diront les philosophes. Pourquoi donc cette intimit, cette connexion, entre le remde et le poison ; p o u r quoi ct de l'action bienfaisante et purificatrice des ferments, l'action terrible et si souvent funbre des agents p r o vocateurs des maladies contagieuses? Ce n'est l sans doute qu'une anomalie apparente. Il est de ces questions auxquelles la science, auxquelles la mdecine en particulier ne sauraient rpondre catgoriquement, fl n'en est pas moins certain qu'il reste encore beaucoup glaner dans le vaste champ des infiniment petits. Cette tude, approfondie comme elle l'est dj, nous montre nanmoins que, dans la nature, tout se lie, s'enchane et se confond d a n s la mme harmonie. font Quand on

envisage les plus simples phnomnes qui se droulent la sur-. face de la crote terrestre, ou qu'on pntre du regard le plan majestueux de l'univers tout entier, Von arrive tion grandiose livr a u caprice celle des infiniment elle n'a p a s n o n plus et vraie tout la fois, cette concepn'est
DIEU,

que rien ici-bas

d u h a s a r d . L'homme, comme les autres tres,


E T S I C E T T E M I S S I O N I L LA T I E N T D E

a sa mission remplir,

petits n a certainement d'autre source

pas d'autre divine.

mobile,

que la source

vouons-lc donc, l'athe qui n'admet pas Dieu ou nie son intervention dans la cration et dans la Nature, est un pauvre insens, ou un malheureux forcen, rduit croire
A UN MONDE

1430
SANS RAISON

LES

SPLENDEURS

DE

FOI.

D'TRE,

DES

OEUVRES

D\\RT

MERVEILLEUSES SANS CAUSE.

OUVRIER, A DES EFFETS IMMENSES ET CONTINUS SANS

SYNTHSE

GNRALE

ET

CLASSIFICATION

DES

CONNAISSANCES

HUMAINES.

La philosophie positive s'est toujours montre ficre

de la classification des connaissances humaines. On a partout considr comme un des plus grands lans de l'esprit d'Auguste Comte ce principe ou cette pense, que toutes les connais sanees humaines sont et doivent tre jamais domines par un petit nombre de sciences fondamentales qui s'enchanent de telle sorte, qu'elles ne sont que les diffrentes d'un nombre de sept : les mathmatiques, s i q u e , la chimie, morale; la physiologie, Vastronomie, la physique la sociale parties phyet la tout complet. Ces sciences principales sont au

et Ton ne s'est pas mme aperu que cette classifica-

tion est compltement arbitraire ou empirique : en ce sens, qu'aux sciences fondamentales d'Auguste Comte, on aurait pu en substituer d'autres beaucoup plus gnrales, la mcanique, par exemple, etc., dont l'astronomie n'est simple branche, mcanique des corps clestes. Qu'il me soit donc permis d'esquisser ici une classification des connaissances humaines incomparablement plus philosophique et plus complete, absolument naturelle, excluant jusqu' l'ombre de l'arbitraire, allant diiectement du simple au compos, du gnral au particulier ; telle en un mol que chacun puisse la refaire ou la retrouver quand on lui a ouvert la voie. qu'une

(Voir la fin de ce chapitre, p. 1 5 0 2 , mon

TABLEAU

D E LA CLAS-

SIFICATION G N R A L E D E S CONNAISSANCES H U M A I N E S . )

Je l'ai baU-

che avec Andr-Marie Ampre, en 1 8 2 9 , je l'ai acheve au Puy (Haute-Loire), en 1836. Ampre qui, l'avait termine de son ct, dans une toute autre direction d'esprit, lui a donn

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1431

le nom de classification naturelle. Mais cette dnomination appartient bien mieux a ma classification qu' la sienne, trssavante, mais aussi trs-arbitraire. Ampre a cr une i m mense terminologie qui ne sera jamais adopte; je me suis, au contraire, impos l'obligation de ne me servir que des expressions reues, sans mme me permettre de donner des noms nouveaux des sciences nouvelles, laissant ce soin et cet honneur de plus habiles que moi. A ce point de vue, ma classification n'est qu'bauche, il faudrait, pour la complter et la rendre parfaite, emprunter Ampre un certain nombre de ses embranchements; mais j ' a i tenu lui conserver, j u s qu' nouvel ordre, son extrme simplicit. Ce qui me dtermine insrer ici ce tableau, c'est qu'on en tire spontanment une consquence de trs-grande porte. D'une part, on est forc de reconnatre que cette classification est une magnifique synthse ; de l'autre, on devra constater que cette synthse est la grande synthse chrtienne et catholique. Qui oserait affirmer que ces notions, que ces distinctions si familires notre esprit, d
1

tre ncessaire,

d' tres contingents, d ' tres purement spirituels, d ' esprits bons et mauvais, etc., ne sont que des phnomnes subjectifs, des abstractions de notre esprit? Tous ces tres sont prsents notre pense, pourquoi ne seraient-ils pas aussi rels que nous? Ou je me trompe, ou la lecture utile et agrable de ce tableau fera sur les esprits les plus prvenus une impression profonde et salutaire. 11 complte ainsi dignement le chapitre capitul de mon uvre, la S c i e n c e , auxiliaire de la F o i .

I L

L E S

SAVANTS.

Les savants viennent en aide la foi par les tmoignages qu'ils lui rendent, soit volontairement, et, dans ce cas,

1432

LES

SPLENDEURS D E LA

FOI.

nous

les appelons s a v a n t s

amis ,

soit involontairement,

tout en restant s a v a n t s e n n e m i s . Les savanls ennemis sont encore auxiliaires de la foi par les erreurs souvent grossires dans lesquelles ils tombent, quand ils se hasardent a l'attaquer.

1 S a v a n t s amis.
NAPOLON LE GRAND.

Lettre

M . Champagny,

15

decem-

bre 1 8 0 5 . Napolon Bonaparte tait non-seulement ami de la science et plus encore ami du progrs, il tait savant l u i mme et membre de l'Institut, Acadmie des sciences. Cette lettre longtemps oublie, et que la publication de sa correspondance a remise au jour, est vraiment admirable dans sa noblesse et sa simplicit. Tout m'autorise lui donner une place d'honneur. C'est avec un vif sentiment de douleur que j'apprends q u ' u n membre de r i n s t i l u t , clbre par ses connaissances, mais tomb aujourd'hui en enfance, n'a pas la sagesse de se taire, et cherche faire parler de lui, tantt par des annonces indignes de son ancienne rputation, et du corps auquel il appartient, tantt en professant hautement l'athisme, principe destructeur de toute organisation sociale, qui te l'homme toutes ses consolations et ses esprances. Mon intention est que vous appeliez prs de vous les prsidents et les secrtaires de l'Institut, et que vous les chargiez de faire connatre ce corps illustre, dont je m'honore de faire partie, qu'il ait h mander M. de Lalande, et lui enjoindre, au nom du corps, de ne plus rien imprimer, et de ne pas obscurcir, dans ses vieux jours, ce qu'il a fait, dans ses jours de force, pour obtenir l'estime des savants : et si ces invitations fraternelles taient insuffisantes, je serais forc de me rappeler aussi que mon premier devoir est d'empcher

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1433

qu'on n'empoisonne la morale de mon peuple, car l'athisme est destructeur de toute morale, sinon dans les individus du moins dans les nations. Celte belle lettre est apparue dans la Correspondance de N a p o l o n / a u moment o le matriae p

lisme et l'athisme, sinon de conviction, du moins de prtention ou d'aspiration, s'asseyaient de nouveau dans les chaires de plusieurs de nos coles.

D'HOUNLIUS DMIE ROYALE

D'IIALLOY,

PLUSIEURS DE

FOIS

P R S I D E N T DE GOLOGUE

L'CA-

DES

SCIENCES

BELGIQUE,

KMINENT.

D i s c o u r s prononc

le 16 dcembre,

1866. Nous l'analysons

rapidement. Aucune des observations faites jusqu' prsent ne contredit la cration distincte que la Bible attribue l'homme. Les ides que quelques auteurs ont mises, que tous les tres vivants tiraient leur origine d'une monade, sont de pures hypothses, qui ne sont appuyes par aucun l'ait. Bien au contraire , la palontologie nous apprend qu' l'poque silurienne tous les grands types organiques existaient dj... Si l'tat actuel des observations conduit admettre que le Crateur a cr originairement et distinctement les grands types d'organisation, rien ne nous autorise nier qu'il ait aussi cr, d'une manire distincte, le seul tre qu'il a dou de la facult de le connatre et de l'adorer... La Bible, en parlant de l'image de Dieu, n'a pu faire allusion la partie matrielle et dcomposable de l'homme, mais bien a sa partie spirituelle qui, pour tre l'image de Dieu, doit .tre doue de l'immortalit. Or cette partie spirituelle est ce que nous appelons AME. On a ni l'immortalit particulire des mes humaines en les assimilant la force vitale, niais c'est encorelunede ces hypothses qui ne sont fondes sur aucune observation... On ne peut pas contester que l'homme ait des aptitudes que n'ont pas les btes. Or on ne voit rien dans la

1434

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

physiologie qui s'oppose ce que ces aptitudes soient dtermines par une force particulire, c'est--dire par l a m e , et que cette force soit doue de l'immortalit, c'est--dire de la proprit de conserver ternellement son individualit, aprs avoir t spare de la matire qu'elle avait anime... Quelles que soient l'intelligence, la sociabilit, ou l'adresse dont certains espces animales sont doues, on ne peut prtendre qu'elles aient jamais jou le rle que l'homme joue maintenant sur la t e r r e ; et comme la physiologie, pas plus que les Livres saints, ne nous conduit croire que la force qui anime- la bte soit un tre particulier dou de l'immortalit, je n'y vois qu'un effet de la force vitale. En sorte que les phnomnes de l'existence et d e l mort d'une bte ne sont mes yeux que desmanifeslations de la force vitale dtermines par des circonstances particulires En rsum, je n'hsite pas dire qu'il n'existe mes yeux aucune opposition relle entre nos croyances religieuses et les dmonstrations donnes par l'tat actuel des connaissances naturelles. Je suis porte penser que l'on ne doit voir, dans la cosmogonie de la Gense, que la conscration de quelques grands principes, notamment l'existence d'un Dieu tout-puissant, antrieur la matire, et la cration de celle-ci celui-l. Je reconnais que notre esprit conoit par difficilement

ces deux principes ; mais il est encore plus difficile de concevoir l'existence de l'univers et de son arrangement admirable, sans qu'il et prexist un tre tout-puissant, de sorte que ni. la science ni la raison n'ont aucune objection l'admission des deux principes dont il s'agit. Quand nous disons que Dieu a inspir nos Livres saints, c'est--dire qu'il a fait connatre certains hommes les grands principes qu'ils contiennent, nous ne voulons pas dire

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1435

qu'il ait doue ces hommes de toutes les connaissances scientifiques. D'ailleurs, s'ils avaient connu les particularits que l'tude a rvles aux,savants modernes, ils auraient d, pour tre compris, parler le langage grossier de leurs contemporains, de mme qu'aujourd'hui, quoique la civilisation moderne et l'imprimerie aient beaucoup augment l'instruction des masses, nous voyons encore nos astronomes parler du lever et du coucher du soleil. Nous ne devons prendre nosLivrcs saints que pour ce qu'ils sont rellement, c'est--dire comme un moyen de nous faire connatre les grands principes, ainsi que les bases de nos croyances religieuses et non comme des traits de science naturelle a Les longues priodes qu'annonce l'tude du globe t e r restre, ont t mises en opposition avec l'origine rcente que Ton a cru trouver dans la Bible pour l'poque de la cration. Mais il est remarquer qu'il est reconnu que c'est tort que l'on a traduit par le mot jour les sept priodes que la Bible a indiques pour la succession des faits fc La question du dluge a aussi donn lieu beaucoup de contradictions , mais il me semble que Ton peut dire que, d'un * ct, les contradictions s'appuient sur des hypothses susceptibles de discussion, et, de l'autre, sur des interprtations que l'on reconnatra, peut-tre un jour, susceptibles d'tre modifies... S'il existe, en gologie, des coles qui nient les grands cataclysmes, il en est d'autres qui les admettent ; et l'on ne peut disconvenir que la thorie qui attribue l'origine de nos hautes montagnes des soulvements relativement rcents, fait tomber les objections diriges contre le sjour des eaux sur les matiresqui forment lessommetsdes plateauxles plus levs. Ce savant, un des plus grands naturalistes des
1

GAZZIS.

temps modernes, crivait quelques mois avant sa mort :

1436

LES SPLENDEURS DE L FOI.

Notre visite aux les Galapagos a t pleine d'intrt, au point de vue zoologique. Il est frappant de voir un archipel si tendu, d'origine tout fait rcente, habit par des cratures si diffrentes de forme de celles des autres parties du monde. Nous avons l une limite positive la longueur du temps qui a t employ par ces animaux pour se transformer. Si tant est que cet archipel soit dnu'd'animaux habitant d'autres parties du m o n d e . . Les Galapagos sont si rcentes, que quelques-unes de ces les sont peine couvertes de la maigre vgtation qui leur est particulire ; plusieurs parties de leur surface sont entirement n u e s ; beaucoup de cratres avec encore leurs coules de laves sont si rcents, qu'ils n'ont

prouv aucune action de la part des agents atmosphriques. Leur ge ne remonte donc pas, par consquent, au del de la dernire priode. D'o viennent donc leurs habitants, v g taux et animaux ?.S'ils descendent d'autres types se rencontrant sur les (erres voisines, ils n'ont pas employ se transformer un temps incalculable, ainsi que cela devrait tre suivant les ides transformistes, et le mystre des changements qui ont tabli, entre les types actuellement existants, des diffrences aussi profondes et aussi marques est tellement accru, qu'il est mis au niveau de celui de la cration. S'ils sont autochthoncs, quels germes ont pu leur donner naissance ? Je pense, qu'en prsence de ces faits, des observateurs consciencieux reconnatraient que notre science n'est pas assez avance pour discutera fond l'origine des tres organiss. gazzis, en outre, a combattu, jusqu'au dernier jour de sa vie, la thorie du Darwinisme et de la slection des espces. Il s'tonnait qu'elle et pu recevoir un si bon accueil de tant d'esprits distingus de son temps... 11 ne remarquait pas que ce temps est celui dont 'le grand Aptre disait : Les hommes ne supporteront, pas la vrit,ils se grouperont autourde matres

LA SCIENCEj AUXILIAIRE DE LA FOI.

4437

qui leur diront ce qui leur plat, et se tourneront vers les fables. Or le" Darwinisme est la plus extravagante des fables. Qui pourrait croire en effet l'efficacit de la Slection naturelle, quand on voit un physiologiste aussi habile que M. le Docteur Marey, professeur au Collge de France, faire, dans la scientifique an 4
c r

Revue

mars 4873, aprs une tude approfondie

des variations du systme musculaire, l'aveu suivant : En modifiant d'une manire graduelle les conditions d'alimentation des animaux, celles de lumirp et d'obscurit, de temprature ou de pression atmosphrique, dans lesquelles ils devront vivre, on pourra imprimer leur organisme des modifications analogues celles que les zootechnistes ont dj constates sous l'influence des climats, des milieux et des altitudes varies, o une mme espce animale se trouve place naturellement. Ces changements amens par des transitions mnages, et diriges toujours dans le mme sens, auraient chance de produire, dans l'organisation animale, des transformations considrables , si une volont persvrante accumulait indfiniment ses efforts comme l'ont fait les leveurs par la slection. Nous n'irons pas plus loin dans le champ des hypothses. N'est-ce pas l, en ralit, affirmer l'impossibilit de transformations notables, du passage d'une espce une autre, d'un genre un autre, d'une famille une famille, de la matire l'homme, opres en pleine libert, sans aucune volont dominante? Extrait d'une confrence faite par le Rvrend

FARADAY.

S a m u e l Martin.

Alhemeum, 14 dcembre 1807. Faraday

naquit et fut lev dans la secte religieuse des Sandmaniens ou Glassites.... Il n'appartenait pas simplement cette communion religieuse; il tait un de ses doyens ou pasteurs; il remplissait les fonctions attaches ce litre le dimanche

1438

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

matin et le mercredi soir, officiant et faisant les lectures des livres sacrs au sein d'une congrgation qui s'assemblait dans B a r n s b u r y . . . . Son attachement la religion le prservait des doctrines empoisonnes si communes de nos j o u r s . . . Il ne limitait pas l'amour et la bont de Dieu, et en matire de religion, si ses lvres taient muettes (au nombre des t r a d i tions imposes aux Sandmanicns, se trouvait celle d'viter les discours et les sujets d'entretien religieux avec toute personne qui ne professe pas le christianisme), l'ardeur qui l'animait et sa vie tout entire parlaient loquemment. Le scepticisme, l'absence de toute pratique religieuse chez les autres hommes, l'affectaient pniblement... La foi et la pit portaient la joie dans son me. Faraday avait une foi inbranlable et une dvotion absolue ce que nous reconnaissons tous comme l'essence du christianisme... Sa foi n'a pas pri par dfaut d'uvres; bien loin de l, elle tait vivifie par une bienfaisance active, par un dvouement de chaque jour au soulagement de la souffrance, et par une confiance inaltrable dans la Divinit. Quelques-uns consacreront la mmoire de ses expositions des textes sacrs, de ses pieuses homlies et de ses ferventes prires; mais les multitudes qui ignoraient ses fonctions sacerdotales, et qui mme n'ont jamais entendu parler de l'glise laquelle il appartenait, se souviendront avec attendrissement de sa vie sainte sur la terre. M. Tyndall termine son charmant volume Faraday inven-

teur par cet hommage rendu ses vertus : Je n'ai bien congnu Faraday qu'aprs sa mort, et par lui-mme. Sa perfection que je croyais spontane, tait le fruit d'une observation constante et d'une fermet d'me toute preuve. Que la parole divine soit comme le marteau qui brise le rocher, et qu'elle soumette Dieu toute pense orgueilleuse et vaine. Ce fut le texte d'un de ses sermons, qu'on n'a pas oubli dans sa communaut...

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE Lh FOI.

1439

Il admettait avec la plus grande simplicit d'me, ainsi que tous ses coreligionnaires, qui en font un article fondamental de leur doctrine, que les mrites humains ne sont rien aux yeux de Dieu. C'est en sparant les opinions que lui inspirait l'tude de la nature, et celles qu'il avait reues au sujet des vrais fondements de la Religion, et dans lesquelles la rflexion l'avait Confirm, que Faraday n'a jamais t gen ni par ses progrs personnels, ni par ceux d'autrui, dans le dveloppement de sa pense scientifique. En tout ce qui concerne les sciences, je n'ai jamais connu d'esprit plus libre, plus dgag, plus hardi : c'est le rsultat de la mthode exprimentale. 11 ne croyait mme pas l'existence de la matire, loin de lui tout accorder;
L'UNIVERS QU'UNE S E U L E FORCE OBISSANT A IL UNE NE VOYAIT DANS

SEULE

VOLONT.

Ce qu'on appelle matire n'tait ses yeux qu'un

assem-

blage de centres de force. Chose trange, assurment ! Dans un autre pays (la France) qui donne le pas a la mthode mathmatique , et o certaines tmrits sont lgrement portes, ce n'est pas sans difficults qu'on se persuade, dernire expression, et qu'on peut y toucher sans sacrilge. Cependant, mer. Douter y croire, douter des vrits divines, h u m a i n e s , c'est ouvrir la porte a u x dcouvertes des vrits ; en faire des articles c'est livrer de foi, c'est la fersa vie a u h a s a r d ; au contraire, que les vrits scientifiques n'ont pas reu leur

c est lui d o n n e r son lest. Telles taient la conviction

et la rgle de Faraday. M. Gabriel vzrsit professeur de mathmatique perptuel l'UniRoyale

STOKES,

de C a m b r i d g e , secrtaire

de la Socit

de L o n d r e s . Stokes est un des mathmaticiens et des physiciens les plus universellement estims, admirs, aims, desroyaumes

4440

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

unis de la Grande-Bretagne; il possde un trs-haut degr les qualits les plus leves de l'esprit et du cur ; c'est une de ces mes humbles et pacifiques dont le divin Matre a dit qu'elles possderaient la terre. Appel l'insigne honneur de prsider l'Association Britannique dans sa runion d'Exeler, il a fait avec douceur, mais aussi avec force, cette belle profession de foi. Est-ce que les lois de l'affinit chimique auxquelles, comme j ' a i essay de le prouver, les tres vivants, vgtaux ou animaux, sont soumis d'une manire absolue, comme celles de l'attraction capillaire, de la diffusion, et ainsi de suite, expliquent la formation d'une structure organique en tant que distincte de l'laboration des substances chimiques, dont elle est compose ? P a s plus, il me semble, que les lois du mouvement ne rendent compte de l'union de l'oxygne et de l'hydrogne pour former de Teau. Bien que la matire pondrable ainsi unie soit soumise aux lois du mouvement durant l'acte d'union, aussi bien qu'avant et aprs, dans les diverses oprations de cristallisation, de prcipitation, et autres que nous observons dans la matire inerte, je ne peux voir la plus lgre ombre d'un pas vers la formation d'une structure organique, moins encore vers la merveilleuse srie de changements qui se produisent dans la croissance et la perptuation mme de la plus humble des plantes. Si l'on admet pleinement comme grandement probable, l'application, aux tres vivants, de lois qui ont t vrifies par rapport la matire morte, je me sens contraint, en mme temps, d'admettre l'existence d'un quelque chose de mystrieux, que je regarde, non comme dominant et suspendant les lois physiques ordinaires, mais comme travaillant avec elles, et par elles, l'accomplissement d'une fin dtermine. Quel que puisse tre ce quelque chose que nous appelons V i e , c'est un profond mystre. Nous ne

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1441

savons pas, dans cette chane des causes secondes, combien d'anneaux, peu ou beaucoup, restent cachs !... Traons sans crainte l'enchanement d'un anneau un autre, aussi bien qu'il peut nous tre donn de le faire, mais prenons garde, dans cette tude des causes secondes, d'oublier la Cause premire, de fermer les yeux aux preuves merveilleuses que, surtout dans l'tude des tres organiss, nous rencontrons chaque pas. La vrit, nous le savons, subsiste par elle-mme ; une vrit ne peut en contredire une a u t r e q u a n d mme on y serait
v

arriv par des voies totalement diffrentes : dans un cas, je suppose, par une saine investigation scientifique, dans l'autre par la foi des tmoignages d'une authenticit certaine. Il peut y avoir, de part et d'autre, quelque interprtation dfectueuse, qui amne des contradictions apparentes... La conciliation des contradictions apparentes, demande l'exercice d'un jugement calme, sans prjugs, capable d'envisager les deux cts de la question. Souvent mme, force est de suspendre longtemps notre dcision, et de chercher ailleurs une plus complte vidence. Une enqute scientifique n'a rien qui doive effrayer un esprit honnte, modeste, ami de la vrit ; elle ne nous dispose,pas moins avouer franchement ter des conclusions fondes sur une solide vidence. Quand des phnomnes de la vie nous passons ceux de l'esprit, nous entrons dans une rgion encore plus prafondment mystrieuse ; nous pouvons facilement nous figurer sans peine que nous avons traiter alors de phnomnes qui s'lvent compltement au-dessus de ceux de la vie, de la mme manire que les phnomnes de la vie, comme j ' a i essay de le dmontrer, surpassent ceux de la chimie et des attractions molculaires, ou comme les lois de l'affinit chimique leur tour surpassent celles de la simple mcanique. Nous n'avons
91

notre

ignorance de ce que nous ne pouvons pas expliquer, qu' accep-

'1442

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

pas ici grand secours attendre de la science, puisque c'est l'instrument des recherches qui est lui-mme l'objet des investigations. Elle ne peut que nous clairer sur la profondeur de notre ignorance, et nous conduire jeter les yeux vers un ordre plus lev, pour ce qui touche de plus prs notre bientre. ( L e s M o n d e s , tome XX, p . 733 et suivantes.)
M.
DUMAS,

secrtaire

perptuel

de VAcadmie

des

sciences,

l'une des gloires les plus .pures de la science franaise. Dans toutes les circonstances il a fait solennellement profession de foi thiste et spiritualiste. Voici commeut il terminait sa clbre confrence, Faraday, dans le grand amphithtre de l'Institution royale de Londres ; La nature de la matire nous est-elle connue? Non ! Connaissons-nous la nature de force qui rgle le mouvement des corps clestes et celui des atomes? Non ! Connaissons-nous la nature du principe de la vie ? Non ! A quoi donc sert la science? Quelle diffrence y a - t - i l entre le savant et l'ignorant? Dans ces questions, l'ignorant croira volontiers qu'il sait tout. Le savant avoue qu'il ne sait rien. L'ignorant n'hsitera pas tout nier. Le savant a le droit et le courage de tout croire. Il peut montrer du doigt l'abime qui le spare de ces grands mystres, l'attraction qui gouverne la matire brute, la vie, source de l'organisation et de la pense. Il a la conscience que toute connaissance de ce genre est actuellement inaccessible pour lui, qu'elle est bien en avant et bien au-dessus de lui. Non, la vie ne se commence pas et ne se termine pas sur la t e r r e ; et si nous n'tions pas convaincus que Faraday ne repose pas tout entier sous une froide pierre ; qu'il est prsent au milieu de nous et sympathise avec nous, que son pur esprit uous contemple, nous ne nous serions pas runis dans cette enceinte, non pour honorer sa mmoire, mais pour lui payer une fois

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI-

1443
et de

de plus un respect.

U'IJUI.

sincre d'affection,

d'admiration

M. Dumas, dans la sance publique annuelle de l'Acadmie des sciences, a prononc l'loge historique de son illustre ami, M. Auguste de La Rive, et cet loge, nous l'en flicitons de tout notre cur, est une double profession solennelle de foi chrtienne, un double et clatant hommage rendu la vrit religieuse par deux des plus grauds savants des temps modernes. Nous en extrayons les passages les plus frappants : Une nouvelle conception de l'univers reposant sur l'existence des atomes, derniers reprsentants de la matire, et sur les vibrations de l'thcr, derniers symboles de la force, a conduit certaine cole rchaufferies doctrines que la Grce avait vues natre, et que Lucrce traduisit en beaux vers, pour convertir l'aristocratie voluptueuse de Rome la thorie d'picure. Dans son antique matrialisme, le pote latin s'crie : Il ne se rveille plus celui qui s'est endormi dans la mort, nous n'avons que l'usufruit de la vie, sans en avoir la proprit. Quand le corps prit, if faut que l'me elle-mme se dcompose; elle se dissout dans les membres. L'me meurt tout entire avec le corps, et c'est en vain que, dans un tumulte effroyable, la terre se confondrait avec la mer, la mer avec le ciel, rien, rien ne pourrait la rveiller. L e matrialisme moderne, se contentant le produit fortuit de l'arrangement de rajeunir les l'homme orgaformules d'picure et de Lucrce, considre le monde comme des atomes ; comme le terme suprieur de l'volution des formes

niques ; la vie comme une modification spontane de la force ; la naissance comme le dbut d'un phnomne ; la mort comme sa fin. Lorsque, en consquence de cette philosophie lamen-

1444

LES

SPLENDEURS

DE*LA

FOI.

table, la justice n'est plus qu'une convention sociale, un fruit de l'ducation ; la charit, l'amiti, l'amour, des formes varies dci'gosme, quiconque a charge d'me ne doit plus p a s ser ct de la science en dtournant la tte, et ne peut plus dire : que m'importe ! Ces motions de l'esprit humain, considrables, persistantes, drivent de notions conformes nos connaissances touchant la matire et la force, et des consquences qu'on en tire, comme si elles reprsentaient la vrit absolue... La matire est pesante, l'homme n'a jamais rien cr ni rien dtruit qui ft pesant ; dans la nature, depuis que l'univers a reu sa forme actuelle, rien ne se perd, rien ne se cre, de ce qui est p e s a n t ; la matire se dplace, change d'aspect ou d'tat, elle ne prit pas. En serait-il de mme l'gard de la force? Tout en restant impondrable, serait-elle de mme changeante dans ses manifestations, perptuelle dans son activit? L'homme impuissant cre* la matire, serait-il galement impuissant crer la force? Auguste de La Rive a contribu pour une large gart prouver qu'il eu est ainsi. Instruit h l'cole de Faraday et de de La Rive, on aime le rpter avec eux. L'attraction qui soutient les astres dans l'espace! qui en connat la nature? L'affinit qui lie les molcules des corps! n'est-ce pas un mot dont le sens nous chappe? Notre esprit nous reprsente la matire comme forme d'atomes! savons-nous s'il existe des atomes? La physiologie dcrit les phnomnes de la vie! n'ignorc-t-elle pas ce que c'est que la vie? Et le gologue qui crit l'histoire du globe dont il n'a pas encore fouill r p i d e r m e ! souponne-t-il l'origine cl la fin de la terre qu'il habite ? Si, parfois, l'homme se sent fort d'avoir tant appris, ne doit-il pas plus souvent encore se sentir bien humble et bien petit de tant ignorer ? L'oxygne pur serait mortel ; mitig dans l'air qui nous
1

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1445

entoure, c'est lui qui entrelient la vie. L'oxygne ozonis serait toxique haute close; dose modre, c'est lui qui purifie l'air empest, et qui fconde le sol ouvert par la charrue, en donnant aux engrais leur signification agricole. Si c'est le hasard qui, dans l'atmosphre de la terre, a dlaye 1 oxygne, au point prcis qui convient la respiration de l'homme; si c'est lui qui fait natre a propos l'ozone, pour dtruire les germes qui menacent notre vie, ou pour prparer la nourriture ncessaire aux plantes qui nous alimentent ; si c'est le hasard qui marque des limites la concentration de l'oxygne, en rendant presque immuable la quantit de gaz inerte dont il se mle dans l'air que nous respirons ; si c'est lui qui a rendu de la sorte possible et durable travers de longs sicles, l'existence de l'homme sur la terre, rptons avec Auguste de La Rive, et en compltant sa pense, que le hasard est bien intelligent ; qu'il est mme trop intelligent et qu'il mrite un autre nom. u Pleins d'enthousiasme pour la science, disait souvent M. de La Rive, en rappelant les jours de sa jeunesse, nous ne songions pas alors qu'on viendrait un jour donner en son nom un dmenti aux paroles de Bossuel : Si l'homme avait pu ouvertement se dclarer Dieu, son orgueil se serait emport jusqu' cet excs, mais se dire Dieu et se sentir mortel, l'arrogance la plus aveugle en aurait h o n t e ! . . L'esprit de tolrance naturel notre confrre lui faisait une loi d'viter tout ce qui pouvait blesser les convictions d'autrui; mais il arrive un moment, cependant, oii se taire serait renier sa foi, et il ne voulait pas laisser croire aux hommes que ceux qui prchent le matrialisme au nom de la science, sont fiers de l'approbation ou de la complicit de tous les savants. Cela n'est pas, disait-il avec fermet, ci notre devoir est de le proclamer.

1446

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

En effet, la science est grande, son rle est glorieux, mais son domaine est circonscrit. Elle commande la matire, elle ne peut rien sur l'esprit. Nous expliquons la marche des astres avec plus de clart qu'Homre ; nous n'avons rien ajout la connaissance des passions humaines, dont il fait une peinture si profonde. Nos ides sur la chaleur sont plus sres que celles d'Eschyle ; elles n'ont rien chang aux protestations contre la tyrannie de la force brutale, qu'il fait entendre par la voix de l'inventeur du feu, de Promthe enchan. Nous connaissons mieux que Virgile le rle du cur dans la circulation du s a n g ; mais nous n'avons encore dcouvert aucun accent de tendresse ou de piti qu'il ait ignor. L'homme n'a pas eu besoin d e l science pour plonger dans les profondeurs de l'me humaine, et ce qu'il a dcouvert en tudiant les forces physiques n'a servi qu' constater qu'entre elles et lui il n'y a rien de commun. M. p r e , doyen de la section de physique de

BERQUEREL

l'Acadmie miques,

des sciences, et de leur

un des plus illustres physiciens du physico-chinaturels, d a n s les phnomnes

monde. Dans son dernier ouvrage : Des forces intervention

il a tenu faire une profession de foi pleinement spiritualiste, et il l'a abrite du grand nom de Berzlius. Tout en exaltant les forces physiques et physico-chimiques qu'il a su si habilement mettre en jeu, de manire reproduire un trs-grand nombre de phnomnes ou de produits naturels et leur arracher Je secret de leur formation, il n'hsite pas proclamer leur impuissance, et chercher plus haut la cause premire et dernire de l'tre, du mouvement et de la vie. 11 faut donc, dit-il, admettre l'existence d'une cratrice, qui puissance s'est manifeste certaines poques et qui

semble ne plus agir aujourd'hui que pour perptuer les espces

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1447

actuellement vivantes. Puis pour prouver, dit-il, que les esprits les plus levs ne pensent pas que la matire puisse s'organiser elle-mme, p a r l e concours des forces qui rgissent la nature, il fait surgir, en les appelant sublimes, ces paroles du grand Berzlius : Une force incomprhensible, trangre la matire morte, a introduit le principe de la vie dans la nature organique. Et cela s'est fait, non comme un effet du hasard, mais avec une varit admirable, dans le but de produire des effets dtermins, et une succession non interrompue d'individus prissables, naissant les uns des autres, et parmi lesquels l'organisation dtruite des uns sert l'entretien des autres. Tout ce qui tient la nature organique prouve un but sage et nous rvle un entendement suprieur. L'homme, en comparant ses calculs pour atteindre un certain but avec ceux qui ont du prsider a la formation de la nature organique, a t conduit regarder la puissance de penser cl de calculer comme une image de cet tre auquel il doit son existence. Cependant, plus d'une fois, le philosophe a vue courte a prtendu que tout tait l'uvre du hasard, et que l'existence successive des tres tenait ptuer et de- la propager. seulement h ce qu'ils avaient acquis accidentellement le pouvoir de la conserver, de la perMais cette philosophie n'a pas compris.que ce qu'elle dsigne dans la nature inerte sous le nom de hasard, est une chose physique impossible. Tous les effets naissent de causes et sont produits par des forces ; ces dernires, semblables la volont, tendent se mettre en activit et se satisfaire pour arriver un tat de repos qui ne saurait tre troubl, et qui ne saurait tre sujet rien qui rponde notre ide du hasard.

M. le B a r o n Augustin

CAUCHY.

Il fut le premier math-

maticien du monde. Son nom se rattache aux plus grands

1448

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

tours de force de l'Analyse transcendante moderne, tours de force qui l'ont fait le chef glorieux d'une cole nouvelle, bien suprieure dans ses lans l'cole de Laplace, son matre et le guide de ses premiers pas ; a l'cole de Poisson, son indomptable rival ; d'une cole qui a t et qui sera pour la France la source d'une gloire aussi clatante qu'inconteste. Ce fut un puissant gnie, une vaste intelligence, un grand caractre ; mais ce fut en outre un'saint, un ange de puret et de charit et sa mmoire sera ternellement bnie. L'illustre M. Biot, qui ne l'aimait pas, a dit de lui : J'ai seulement esquiss le portrait du savant et de l'homme lettr : qui pourra peindre dignement l'homme priv, le fds affectueux, le frre dvou, le bon pre de famille, le citoyen bienfaisant, pour tout dire en un mot le vrai chrtien, remplissant avec foi et amour tous les devoirs de loyaut, de probit, de charit affectueuse que la Religion nous prescrit envers nous-mmes et envers les autres. On l'a vu s'occuper faire du bien autour de lui jusqu' ses derniers moments ; attendant et acceptant la mort avec une scurit confiante qu'une foi p r o fonde peut seule inspirer. Heureux celui en qui Dieu, pour notre exemple, a voulu ainsi mler les dons du gnie et ceux du cur ! Nous avons vu comment Cauchy savait faire la conciliation parfaite de la Science et de la Rvlation. Qu'il nous est doux de pouvoir compter notre matre au premier rang des splendeurs de la Foi ! physicien clbre, ancien conseiller d'tat de la A la

BOUMGARTNEU,

monarchie

autrichienne,

ministre

d u commerce.

fin de sa carrire, dans un discours prononc en sance publique de l'Acadmie impriale de Vienne, il a vivement combattu les doctrines matrialistes modernes; et nous

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1449

nous faisons Cosmos,

un devoir d'analyser rapidement son argu-

mentation qu'on trouvera entire dans le tomeXIII de notre pages 262 et suivantes. Quelques naturalistes de notre poque, voyant qu'aucun des phnomnes du monde matriel, tels qu'on les connat actuellement, ne s'accompiaituss sssl qu'il se ft en mme' temps un mouvement quelconque, se sont crus autoriss ramener tous les mouvements du monde intellectuel de simples mouvements de la matire... D'aprs eux, les fonctions intellectuelles ne seraient que les rsultats de l'activit spcifique du cerveau, diversement modifie par la composition de la masse crbrale et du sang; l'esprit luimme ne serait qu'une combinaison d'atomes crbraux, s u s ceptibles, par suite de certains mouvements dtermins, de sentir, d'imaginer, de penser, de vouloir; en un mot le cerveau scrterait la pense, comme le foie scrte la bile. Une doctrine pareille, qui remue jusque dans leurs fondements les croyances auxquelles l'immense majorit du genre, humain s'est rattache, depuis une longue srie de sicles, qui met en question la valeur morale d e n o s actions, qui enfin menace srieusement l'existence de toute socit humaine, ne devrait pas tre nonce, sans qu'on fL bien sr de pouvoirl'appuyer de preuves convaincantes. On voudra bien me permettre de discuter ces prtendues preuves aussi succinctement que possible... On pose en axiome qu'une force* est toujours inhrente une matire quelconque, et qu'une force sans base matrielle serait un contre-sens. Cet axiome est dduit de ce qui se passe dans le monde matriel, et ne s a u rait avoir de valeur que par rapport a celui-ci : mais, mme en dedans de la sphre des phnomnes matriels, nous voyons que toute force, bien qu'ayant pour point de dpart une matire quelconque, est susceptible de laisser celle-ci

1450

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

bien loin derrire elle. En effet, l o les forces agissent distance, nous les retrouvons sur des points o la matire qui leur a servi de point de dpart n'existe pas simultanment. On peut videmment, sans m a n q u e r a la logique, concevoir une force sans point de dpart matriel, et susceptible d'exister sans tre en connexion avec une matire. On admet en principe que la matire est sans force d'action sur ce qui est immatriel, et Ton en conclut que ce qu'on nomme le principe spirituel est une ralit de la nature matrielle, puisqu'il est soumis l'action de la matire. Nanmoins, la physique nous offre de nombreux exemples d'actions mutuelles entre deux objets de nature diffrente, telles que les substances pondrables d'un ct et l'ther impondrable de l'autre. Si donc une substance pondrable est vice susceptible d'agir sur une substance impondrable, et

v e r s a , pourquoi n'en pourrait-il pas tre de mme entre ce qui est renferm dans l'espace et ce qui est indpendant de l'espace?... Qui oserait nier positivement la possibilit de toute action mutuelle entre une force interpose la matire, et une autre force dgage des liens q u i ' l ' e n c h a n e n t au monde matriel ? Si cette possibilit existe, il est galement possibleet mme probable que l'action exerce subit de nombreuses modifications, et mme des obstacles, en raison de la constitution de la matire qui tient emprisonne une force quelconque; et alors, la dpendance des fonctions intellectuelles de la constitution du cerveau ne saurait plus tre allgue parles matrialistes comme un argument en faveur de leur dsolante thorie... Si les fonctions intellectuelles ne sont que des mouvements matriels, elles doivent matriellement obir aux lois de la mcanique. Conformment au principe de la conservation des forces qui est une de ces lois fondamentales, le produit le plus lev de l'action intellectuelle ne saurait

LA S C I E N C E ,

AUXILIAIRE

DE

LA FOI.

1481

contenir une quantit de force motrice suprieure a celle qui est contenue dans l'impulsion primitive, quelque frquentes qu'aient pu tre les transmissions de cette force d'un mobile h un autre. Or nous voyons qu'une impulsion extrieure (un mot dit trs-bas a l'oreille) donne naissance a une sensation, laquelle a son tour rveille la facult de perception de l'homme et donne aussitt naissance une srie d'ides, dejugements, de conceptions, susceptibles de devenir en dfinitive fies systmes scientifiques complets. L'aspect des fragments rguliers d'un cristal accidentellement bris a t pour Haiiy, le point de dpart d'une science nouvelle, la cristallographie. Malus frapp de l'ingalit des intensits lumineuses des deux images d'une fentre claire pur le soleil couchant, el vue travers un milieu birfringent, est parvenu dduire de cette perception, trs-simple en elle-mme, toute une srie de faits trs-importants sur la polarisation de la lumire. La force productrice de l'esprit humain n'obit pas ncessairement a la premire impulsion extrieure; loin de la ! La mmoire emmagasine, pour ainsi dire, une certaine quantit d'impressions, pour les faire servir, h un moment donn, a des conceptions d'un ordre suprieur. Alors sans en avoir la conscience, l'esprit humain obit des lois prcises; c'est un tre au-dessus de lui qui guide ses pas, qui rgle et limite son activit. Les productions de l'esprit humain ne correspondent pas toujours un objet rellement existant dans la nature matrielle, il jouit du noble privilge de vivifier et de spiritualiser la matire inerte. Une uvre de posie est plus qu'un assemblage de mots disposes par poids el par mesure ; un tableau n'est pas simplement une toile enduite de couleurs. La force vive inhrente a toutes ces productions, cette foule d'ides heureuses, dejugements perspicaces, de conclusions d'une porte immense, ne surpasse-t-elle donc pas en quan-

1482

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

tit comme en intensit celle des impulsions extrieures qui leur ont donn naissance? Quelque grand que soit le nombre d'individus sur lesquels a agi une uvre de l'intelligence h u m a i n e , la force d'action inhrente" cette uvre n'en a subi aucune diminution ; celle des grands hommes de l'antiquit continue encore exercer sa puissance sur tous ceux qui sont capables de les apprcier. Comment donc expliquer ce phnomne, sans se mettre en contradiction ouverte avec les lois qui rgissent la propagation monde matriel ? La nature matrielle a, depuis longtemps, puis totalement la somme des forces actives dont elle pouvait disposer. Aussi, ces phnomnes, quelque nouveaux qu'ils puissent nous paratre, ne sont en ralit que des rptitions de ce qui a dj t, des copies sans cesse reproduites d'originaux, dont la srie s'est complte de longue date et [jour toujours. Les saisons se partagent l'empire de l'anne, comme elles se le partageaient aux poques les plus recules; les astres n'ont pas cess d'occuper les mmes places, et de dcrire les mmes orbites sur la vote azure; les couleurs de l'arc-en-ciel sont celles qui ont frapp les regards de No; le flux, le reflux et les ondes de la mer se succdent comme au premier moment auquel ces phnomnes ont attir l'attention de l'homme; les brises enflent encore les voiles, comme elles ont enfl celles du frle esquif qui le premier osa se hasarder sur la plaine liquide; les mugissements de la tempte et les clats d e l foudre que dcrit Homre ne diffrent en rien de ceux qui frappent nos oreilles. Si-enfin nous entrons dans le domaine de la vie organique, l'araigne n'a rien chang dans son mode de tissu et de filet, et l'abeille a sa mme mthode de construction depuis les temps les plus reculs jusqu' l'heure -prsente. du mouvement dans le

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

4453

Il n'en est point ainsi dans le monde intellectuel, ce ne sont plus de simples rptitions, mais des changements incessants, des successions continues de rsultats nouveaux, sans cesse remplacs par d'autres plus nouveaux encore. Nous ne tissons plus et nous ne liions plus comme aux temps anciens ; nos navires n'empruntent pas leur force de locomotion la faible assistance lies mains humaines ou au secours prcaire des courants atmosphriques; nous ne r e n versons plus des remparts avec des troncs d'arbres bout ferr ; nous avons en partie remplac le crayon et le burin par la lumire elle-mme. Est-il donc possible de prendre au srieux l'opinion de ceux qui prtendent que la quantit de force intellectuelle qui suffisait aux premiers ges du genre humain est la mmeque celle qui est mise en activit l'poque prsente? Les arguments que fournissent les sciences naturelles ne sont que des arguments ngatifs.... et ne militent q u ' i n d i rectement en faveur de la thorie spiritualiste C'est la science de l'esprit humain, la philosophie, d'appuyer de preuves directes l'existence d'un principe immatriel dans l'homme, tre appartenant un ordre moral suprieur et directement oppos la matire. Ce serait mme compltement mconnatre l'essence et les limites des sciences naturelles que de leur demander de fournir des arguments de ce genre... Que, cependant, on se garde de croire que les sciences naturelles en elles-mmes conduisent fatalement au matrialisme... Cette tude sagement et consciencieusement dirige constitue, en effet, la meilleure et la plus forte s a u vegarde contre toute espce d'erreurs, et plus que toute autre branche des connaissances humaines, elle nous conduit a ne reconnatre dans l'immensit de la nature qu'un m a g n i fique temple du Dieu tout-puissant.

4484
M.
CIIEVUEUL,

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

doyen

de la section et directeur

de chimie

de

VAcad'his-

dmie

des sciences,

professeur

auMusum

toire naturelle,

philosophe minent, dont le nom a rempli le

monde, et couronn de toutes les gloires. Dans la sance de l'Acadmie des sciences du lundi 31 aot 1874, il a donn pour proraison un mmoire de haute philosophie grammaticale cette solennelle profession de foi : Je me suis demand si, une poque o plus d'une fois on a dit que la science moderne mne au matrialisme, ce n'tait point un devoir, pour un homme qui a pass sa vie, au milieu de ses livres et dans un laboratoire de chimie, la recherche de la vrit, de protester contre une opinion diamtralement oppose la sienne, et tel est le motif pour lequel, en disant qu'il n'a jamais t ni sceptique, rialiste, il en expose les raisons.... opinion concerne la certitude que j ' a i de donc La premire jamais t ni mat-

l'existence de la matire hors de moi-mme. Je n'ai sceptique.

La seconde est une conviction de l'existence d'un tre divin, crateur d'une double harmonie : l'harmonie qui rgit le monde inanim, et que rvle d'abord la science de la mcanique laires cleste puis la science des p h n o m i n e s le m o n d e o r g a n i s vivant. molcu; l'harmonie qui rgit

Je n'ai donc jamais t matrialiste, aucune poque de ma vie, mon esprit n'ayant pu concevoir que cette double harmonie, ainsi que la pense humaine, ait t l'effet d hasard ! Donnons quelques dveloppements ces harmonies, cette convenance de toutes les parties que nous distinguons dans le monde extrieur pour constituer des assembles de diffrents ordres ; et commenons par les harmonies du monde inanim pour en dduire l'existence du monde extrieur, indpendante de notre propre existence.

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1455

Harmonie

des astres.

Les rvolutions des corps clestes

autour du Soleil, si heureusement dtermines par l'observa lion, et si heureusement coordonnes par le calcul, conform ment la loi de gravitation ; la distribution de la chalcurct de la lumire sur notre Terre, si conforme la position de la Terre relativement au Soleil, sont la dmonstration la plus clatante de l'existence, trangre a la ntre, de la matire du monde extrieur. Certainement, cette apparition des plantes de notre systme solaire sur l'horizon, des poques si bien dtermines, et la science annonant coup sr, des annes d'avance, les clipses et leurs dures, mettent l'existence de la matire trangre a notre moi, hors de toute contestation pour les esprits clairs les plus positifs. H a r m o n i e s des actions molcxdaires. Les impressions causes par des corps placs en dehors de nous, que nous voyons, que nous gotons, que nous sentons, que nous entendons, et enfin que nous pouvons toucher, n'ont pas toujours t interprtes comme je les interprte, quoique la rsistauce que nous prouvons lorsque nous touchons un corps, me paraisse suffisante pour conclure que cette rsistance ne peut tre produite que par une matire impntrable mon moi, qui la touche avec la pense de la pntrer. Cette matire rsistant ma volont, ds lors je la juge trangre h moi, je la rapporte au monde extrieur, et cet gard, le est le sens philosophique. toucher En dfinitive, sauf le sens du tou-

cher, je conois les sceptiques d'avoir considr les quatre autres sens comme ne prouvant pas l'existence de la matire du monde extrieur. Mais il n'en est plus de mme lorsque des corps durs, dans un tat convenable, sont mis en contact, et qu'il se dveloppe des phnomnes molculaires dont l'tude se,rattache la chimie. Ces phnomnes, quoique la science soit loin

1456

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

d'tre parfaite, se reproduisent avec une constance telle; s'ils sont mesurables, les mesures sont si prcises, et les diffrences peuvent tre si grandes, en comparant les proprits des corps avant l'action celles qu'ils manifestent aprs qu'elle est accomplie, que cette constance des mmes effets, dans les mmes circonstances, donne une dmonstration parfaite de l'existence de la matire extrieure, produisant des effets absolument indpendants de mon moi, mais qui, volont, les reproduit dans les mmes circonstances. En dfinitive, lorsque je suis tmoin, par mes sens, des actions molculaires entre des corps qui sont en contact, les actions qui se passent hors de moi, avec la connivence dontje parle, me conduisent la mme conclusion, que les phnomnes de la mcanique cleste s'accomplissent conformment aux lois de la gravitation. H a r m o n i e s des tres o r g a n i s s vivants. Le premier fait qui me frappe dans l'histoire des tres organiss vivants, est la transmission de leur forme spcifique leurs descendants ; el des monuments existant des sicles avant l're chrtienne, en nous transmettant plusieurs de ces formes, constatent qu'elles taient alors ce qu'elles sont aujourd'hui; que, ds lors, la structure des organes, leurs fonctions, n'ont pas vari, et les traditions, comme les monuments crits, prouvent que les instincts et les murs sont ce qu'ils taient, sauf les modifications apportes dans plusieurs espces, par la prsence et l'action de l'homme. Si des plantes c t d e s animaux nous passons l'homme, quelles profondes diffrences ! L'instinct semble born chez lui aux premires annes de sa vie; mais, mesure qu'il croit, son intelligence se dveloppe, et, seul des tres anims, il est perfectible. Les individus jeunes profitent des lumires acquises par leurs pres, et, eux-mmes, un jour, en ajoute-

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1 4 5 7

rontde nouvelles, transmissibles h leurs descendants. L'homme, je le rpte, est donc perfectible, et Test seul parmi les tres vivants, grce ses facults intellectuelles, si suprieures a celles de la brute la mieux organise, grce la conscience qu'il a de son existence propre, de son moi, grce au sens moral d'aprs lequel il discerne le bien et le mal, grce enfin son libre arbitre. Je me rsume : La perptuit des espces, dans l'espace et dans le temps; la conservation des organes quant leur structure et a leurs fonctions dans les individus de chaque espce ; La perptuit des admirables facults instinctives des brutes, facults qui les dirigent toujours,"sans les tromper jamais ; ne peuvent tre le produit du hasard, pas plus que l'existence de l'homme. Mais en voyant cette sagesse prvoyante qui prside la constitution du monde, sagesse que proclament la mcanique cleste, les actions molculaires, la dpendance mutuelle des deux rgnes organiques, les animaux et leurs instincts, ne serait-on pas tent de se demander si, certaines poques des socits humaines, ce spectacle admirable des choses inanimes et des tres vivants, l'homme except, ne serait pas autant une leon inflige l'orgueil humain, que l'occasion lui offerte de comparer de temps en temps les harmonies sublimes qu'il n'a pas faites avec le spectacle, que je m'abstiens de caractriser, de socits d'individus appartenant la seule espce perfectible doue du libre arbitre, du raisonnement et du sens moral, en guerre constante avec elle-mme depuis l'tat sauvage jusqu' l'tal dit le plus civilis, de sorte que le plus grand ennemi de l'homme, c'est l'homme? Et p o u r tant, par une amre drision, certaines bouches disent h u m a nit, comme d'autres disent Divinit.
92

1458

LES SAMUEL

SPLENDEURS DE

LA

FOI.

M.

HUGHTON,

Fellow

et professeur

a u collge

de

la Trinit

Dublin,

le savant auteur des

PRINCIPES DE

MCA-

NIQUE ANIMALE,

dit dans sa prface : Dans le cours de mes

recherches, j ' a i rencontr de nombreux exemples, dans la mcanique musculaire des animaux vertbrs, de l'application du principe de la moindre action: d'aprs quoi je pense que le travail faire est effectu par le moyen de la disposition des muscles, des os et des jointures, avec une dpense moindre de force qu'il n'aurait t possible dans t o u t a u t r e disposition ; de sorte que tout changement serait un dsavantage rel pour r a n i m a i . Si, comme je le crois probable, ce fait se trouvait tre plus gnral dans la nature que ces exemples ne le montrent, il pourrait servir nous donner quelque claircissement sur le mcanisme qui maintient la conservation des espces dans la nature. En astronomie, la conservation du systme solaire dpend de certaines conditions bien connues qui rglent les mouvements des diffrents corps dont ce systme est compos ; et il est indiffrent que ces conditions aient t imposes directement par la volont de l'organisateur divin, ou qu'elles soient le rsultat indirect d'un tat antrieur du systme. Dans l'un ou l'autre cas, ces conditions sont galement le rsultat prvu de l'organisation. Si l'tat prsent du systme solaire est le rsultat, d'aprs des lois fixes, d'un certain tat prexistant de ce systme, on peut dire, dans le langage des naturalistes, qu'il a volu de son premier tat, mais que rien dans celte volution n'a t laiss au hasard, tout a t p r v u . . . L'intelligence divine qui a form le plan de toutes choses a prsid a l'volution elle-mme. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y Avoir dans la vie organique un procd semblable d'volution des formes infrieures de l'existence aux formes suprieures; mais c'est une volution tlologique dans laquelle chaque pas et chaque rsultat ont d tre prvus h l'avance.

LA SCIENCE, AUXILIAIItE DE LA FOI.


M. TROUSSEAU,

44-59

mdecin clbre,

professeur

Vcole

de m-

decine

de la Facult

de P a r i s . Effray d ravoir entendu un organicien, son illustre collde

jour se proclamer matrialiste

gue, M. Bonillaud, le somma en son nom, et au nom de tout le monde, en dehors comme en dedans de l'Acadmie mdecine, de formuler son credo seau, je vous la donne volontiers. l'animal substralum, organicien. vivant aucune philosophique et mdical.

Vous me demandez ma profession de foi, s'cria M. TrousJe crois qu'il n'y a chez qui ne suppose un manifestation

c'est-a-dire un tissu ou un organe, je suis donc Je crois, comme Descartes, que chez l'homme et et libre, mais qui ani-

les animaux il y a un principe immatriel

ne se mle pas du pot-au-feu de l'conomie, suivant une heureuse expression de M. Dolfus ; je ne suis donc pas miste. Je crois que la matire vivante a des manifestations qui ou proprits vitales. Ce

lui sont propres, qui n'appartiennent qu'a elle; je les appellerais, faute de mieux, forces vitales quoi M. Bouillaud rpondit : J'accepte avec empressement les explications de mon honor collgue, et je vois avec b o n heur que je suis de son cole. Je crois qu'il y a en nous une me immortelle, mais qu'elle n'a rien a faire la physiologie qui est la science des corps vivant purement et simplement. Faisant allusion cet change do professions de foi,

M. "Strauss-Durckheim disait son tour : En ma qualit d'anatomiste et de physiologiste comparateur, je suis bien forcment organicien Ymoi ; vitalislc ; animiste comme croyant l'existence de comme admetcomme reconnaissant que la vie n'est que

l'action de l'me sur le corps ; et spiritualUte,

tant forcment qu'il existe dans l'homme et tous les animaux un esprit, tre immatriel et intellectuel, jouissant seul d'une volont spontane, et qui, lui seul, doit tre responsable de la conduite que l'tre qu'il dirige a tenue dans ce monde.

1460,

LES SPLENDEURS DE LA FOI.


NAUDIN

M.

de V c a d m i e d e s sciences,

botaniste minent, de

observateur trs-habile et trs-exerc, que nous avons dj cit l'occasion de ses recherches sur l'hybridit, vient publier dans le Bulletin del Socit botanique de France^

tome XXI, sance du 1 3 novembre 1 8 7 4 , un mmoire que nous nous faisons un devoir d'analyser ici, parce qu'il nous offre l'occasion de revenir sur la thorie de l'volution, pour et laquelle, peut-tre, nous nous sommes montr trop svre ou trop absolu. Ce mmoire a pour t i t r e : L e s espces affines la thorie de l'volution.

M. Naudin est volutioniste chrtien, voici en abrg son systme : Il y a eu pour l'ensemble du monde organique une priode de formation, o tout tait changeant et mobile, une phase analogue la vie embryonnaire, la jeunesse de chaque tre particulier. A cet ge de mobilit et de croissance a succd une priode de stabilit, au moins relative, une sorte d'ge adulte, o la force volutive, ayant achev son oeuvre, n'est plus occupe qu' la maintenir, sans pouvoir produire d'organismes nouveaux. Limite en quantit, comme toutes les forces en jeu dans une plante, ou dans un systme sidral tout entier, cette force n'a pu accomplir qu'un travail limit; et de mme qu'un organisme, animal ou vgtal, ne crot pas indfiniment, et qu'il s'arrte des proportions que rien ne peut lui faire dpasser, de mme aussi l'organisme total de la nature s'est arrt un tat d'quilibre.... La thorie volutive, telle que je la conois, diffre en plusieurs points importants des vues de Darwin, et plus forte raison de celles que les transformistes ses continuateurs y ont ajoutes. Elle exclut totalement l'hypothse de la slection naturelle... Je repousse ces immenses priodes de milliards et de milliards de sicles auxquelles les transformistes "sont obligs de recourir pour expliquer comment, de transformation

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1461

en transformation, l'homme a pu .sortir d'un mollusque dgrad (une ascidie)... Le point essentiel que je veux faire ressortir ici, c'est l'impossibilit o se sont trouvs les types organiques, mme encore peu caractriss, de se changer les uns dans les autres, ou de se servir de filires les uns aux autres dans un ordre de perfectionnement ou de complexit croissante. Les voies suivies par les forces volutives ont toujours diverg, et les points de dpart de ces divergences ont toujours t assez voisins de l'origine des choses... Ma thorie de l'Evolution se ramne donc partir du blastmc primordial {proto-organisme la proprit trs-simple de produire de structure, par bourgeonnement sexu et dou de (ce sont les

propres expressions de M. Naudin), une cration dirige par les causes secondes, c'est--dire par les forces actuelles agissantes dans la nature, sans rien prjuger de Ja laquelle il faut
CAUSE PREMIRE,

toujours revenir ds que les facteurs des

phnomnes nous chappent... L'athisme s'en est empar, esprant s'en faire une arme irrsistible.. Elle est cependant neutre entre l'athisme et la croyance un pouvoir crateur. Dieu pouvait faire le monde d'une infinit de manires, et il est tout fait indiffrent la thologie qu'il l'ait cr d'un seul coup, sans intervention de causes secondes, ou par la voie plus lente de l'volution et de l'enchanement des phnomnes. A quelque hypothse que l'on se rattache, il a fallu que la vie comment sur notre plante, et tout commencement, tout ce qui merge de l'invisible est inexplicable. Les personnes timores m'objecteront, peut-tre, la t r a d i tion biblique. Loin de reculer devant l'objection, je l'accepte, u contraire, avec empressement. Qu'on veuille bien relire la narration mosaque de la cration. Pour peu qu'on ait l'esprit dgag d'ides prconues, on reconnatra que la cosmogonie de Mose n'est, du commencement la fin, qu'une

1462

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

thorie volutioniste... coutez sur ce point un minent transformiste : D'aprs la Gense, dit M. Ernest Hacckel (Histoire cration naturelle, de la traduction de M. le docteur Ltourneaux),

le Seigneur Dieu forma d'abord la terre, en tant que corps anorganiquc. Ensuite il spara la lumire des tnbres, puis les eaux del terre ferme. Voila la terre habitable pour les tres organiss. Dieu forma alors en premier lieu les K plantes, plus tard les animaux, et mme, parmi ces d e r niers, il faonna d'abord les habitants de l'eau et de l'air, plus tardivement, ceux de la terre ferme. Enfin Dieu cra le dernier venu des tres organiss, l'homme ; il le cra son image pour tre le matre de la terre. Dans cette hypa thse mosaque de la cration, deux des plus importantes propositions fondamentales de la thorie volutive, se mon trent nous avec une clart et une simplicit surprenantes: ce sont Tide de la division du travail ou de la diffrente liation, et l'ide du dveloppement progressif, du perfec tionnement... D'aprs Mose, en outre, ajoute M. Naudin, Dieu commande aux lments de produire les plantes et les animaux sans y prendre lui-mme une part directe et immdiate. Lorsqu'il paratra sur la scne, ce sera pour achever l'uvre de la cration par l'homme son chef-d'uvre. Jusque-l Dieu se borna faire agir les causes secondes : c'est l'eau qui produit les poissons, les reptiles et les oiseaux ; c'est la terre qui enfante d'abord les plantes, puis les animaux terrestres; et quand le moment de crer l'homme est venu, c'est encore le limon de la terre qui est charg de fournir l'animal sur lequel Dieu greffera une mc faite son i m a g e . . . Un autre point du rcit de Mose louche Tune des questions les plus considrables de la philosophie naturelle, et l'on sera tonn de

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1463

trouver chez l'auteur sacr une intuition si profonde et si nette d'une loi fondamentale qui n'est mme pas encore familire tous les savants. C'est le partage du travail crateur en priodes spares par des temps de repos, en journes travail, de pour me servir de l'expression mme de Mose. On a

souvent dbattu cette question, presque purile selon moi, de savoir si les jours gnsiaques correspondent des espaces de temps analogues aux jours actuels, ou s'il ne faut voir dans celte expression qu'une mtaphore sous laquelle Mose entendait parler de priodes d'une longueur indtermine; mais personne, que je sache, n'en a saisi le vritable sens. La dure de ces priodes, aussi bien que celle des intervalles qui les sparent, est inassignable et, d'ailleurs, indiffrente ; ce qui est essentiel, et ce qui appelle notre attention, c'est le fait mme de l'intermittence de l'activit cratrice, qui, au lieu de procder d'une manire continue et en un seul temps, procde par efforts successifs, c'est--dire par rhythmes. Or le rhythme est la forme ncessaire du mouvement et de toules les sortes de mouvements : mouvement de masses, mouvement d'atomes et de molcules, mouvements organiques et physiologiques, mouvements intellectuels et mouvements sociaux. Partout o une activit est en jeu, elle prend la forme rhythmique. . . . La cration mme de l'homme nous est prsente par Mose comme un phnomne d'volution on ne peut fond d'un organisme temporaire, dj nettement distinct plus de remarquable... Dans la premire phase, l'humanit couve au tous les autres, qui ne peut contracter alliance avec aucun d'eux. C'est de cette humanit larve que la force volutive va faire sortir par une nouvelle diffrentiation le complment de l'espce. Mais pour que ce grand phnomne s'accomplisse, il faut qu'Adam traverse une phase d'immobilit, trs-ana-

1464

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

logue l'tat de nymphe des animaux mtamorphoss, p e n dant laquelle... le travail de diffrentiation s'achve et les formes sexues se produisent. Ds ce moment, l'humanit est constitue physiologiquement; mais son pouvoir volutif n'est pas puis, et il se manifeste par la production rapide des diverses grandes races qui se partagent la t e r r e . . . Quelque autorit qu'on accorde Mose, qu'on le regarde comme un prophte inspir.... on est oblig de reconnatre que sa cosmogonie, de quelque part qu'elle vienne, est une thorie volutionistc et, malgr de vastes lacunes, malgr des obscurits inhrentes a l'expression de la pense dans les anciens temps, une thorie mieux combine et plus conforme aux lois de la nature que celle des volutionistes modernes ! Cette analyse du mmoire de M. Naudin comble dans mes S p l e n d e u r s une lacune que je regrettais. Le savant botaniste est volutioniste sans tre transformiste; il se tient dans un milieu que je ne crois pas tre la vrit et la vertu ; il se constitue plutt l'tal de porte entr'ouverte qui ne plaira ni ceux qui la voudraient ouverte ni ceux qui la voudraient ferme; il pousse aussi le rationalisme trop l o i n ! Dieu fit sortir Eve des ilancs d'Adam compltement adulte, aprs qu'il lui eut fait passer la solennelle revue du monde animal tout e n t i e r ! Dans ces conditions, les ides de larve ou de nymphe, et d'une volution dernire ne sauraient plus tre admises. Il faut donc prendre plus . la lettre le rcit de Mose, et je ne saurais pas me rallier l'interprtation d'un savant que j'estime et que j ' a i m e ! D'autres seront, peut-tre, moins exigeants que moi. Je dois, en outre, aux sympathies de M. Naudin, de t r s curieuses remarques indites sur la sexualit des tres consi-

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1465

dre comme la barrire infranchissable oppose par l'Auteur de la nature la transmutation des espces. Je suis heureux de pouvoir baucher ici cette prcieuse thorie. Rappelons d'abord que toutes les observations d'espces animales et vgtales constatent, bon gr, mal gr, leur constance actuelle se reproduire, sans autres variantes que de lgres oscillations autour de la lign.e qu'elles suivent, et dont elles ne s'cartent jamais assez pour pouvoir se confondre avec les types spcifiques voisins. Ce phnomne qui frappe les yeux des moins clairvoyants, est rattach ce qu'on a appel Y atavisme sorte d'action exerce par les anctres, sur les lignes'qui en descendent. Mais qu'est-ce que l'atavisme? Selon moi, l'atavisme n'est que le mode ncessaire, invitable, d'aprs lequel procde le mouvement volutif. Tous les mouvements, et le mouvement volutif ne peut faire exception cette loi, ou cette ncessit, tendent persvrer dans la direction qu'ils ont une fois prise; et il devient d'autant plus difficile de les en faire dvier qu'ils ont plus longtemps suivi cette direction; prcisment parce qu'ils ont creus et largi la voie, et de plus en'plus touff les rsistances. C'est comme un cours d'eau qui, cheminant une premire fois sur une pente, ne tarde pas a creuser son lit, d'o il ne peut plus sortir. Pour en changer la direction, il faudrait une force venue de l'extrieur, et d'autant plus nergique que le ravin serait creus plus profondment. Atavisme et habitude sont deux phnomnes du mme ordre, ou plutt le mme phnomne..., mais des degrs diffrents. Ainsi donc, l'anciennet seule d'une direction de mouvement volutif suffirait, dans les cas ordinaires, pour maintenir cette direction. Toutefois, devant la possibilit d'influences extrieures, assez fortes pour modifier ou changer la direction du mouvement volutif, la nature (c'est--dire son Auteur) a institu la

1.466

LES SPLENDEURS DE LA

FOI.

fcondation

ou reproduction b i n a i r e , et m u l t i p l i la force de

l ' a t a v i s m e , dans une proportion telle, qu'elle semble i n s u r m o n t a b l e tous les agents modificateurs v e n u s du d e h o r s . Rflchissez ce fait : un individu actuellement existant rsulte du concours de deux p r o d u c t e u r s i m m d i a t s , le p r e et la mre, tous deux de mme espce, ce qui revient dire qu'il y a convergence de forces de mme n a t u r e s u r l'individu p r o d u i t . Mais ces deux p r o d u c t e u r s ont eu c h a c u n aussi l e u r pre et leur m r e , d e m m e espce q u ' e u x , et ainsi de s u i t e , en r e m o n t a n t la srie i m m e n s e des g n r a t i o n s . Il en rsulte q u e , pour tout individu actuel, le n o m b r e incalculable des anctres se r a n g e , non pas s u r une seule ligne, mais sur une m u l t i t u d e de lignes, qui toutes c o n v e r g e n t s u r l u i , et d o n t le n o m b r e s'accrot, en p a r t a n t de cet i n d i v i d u , s u i v a n t la progression g o m t r i q u e 2 , 4 , 8, 16, 3 2 , e t c . Cette g n a logie serait e x a c t e m e n t figure par le s c h m a ci-joint, o l'on voit l'individu a p r o d u i t p a r le couple B , d o n t c h a q u e individu r e m o n t e aux couples C C \ couples D D \ qui e u x - m m e s r e m o n t e n t aux E E \ e t c . (figure 4) : les flches i n d i q u e n t la

convergence de toutes les influences a n c e s t r a l e s sur le dernier individu p r o d u i t . De cette m a n i r e , l'espce se consolide de plus en plus, m e s u r e que les g n r a t i o n s s ' a c c u m u l e n t .

Fi G.

-1.

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1467

Il en serait tout a u t r e m e n t avec u n e reproduction m o n a i r e , c'est--dire un seul p r o d u c t e u r . Ici la srie des gnrations (figure 2) est sans entre-croisement avec d'autres sries gnalogiques, s a n s a p p u i s , si l'on p e u t employer celte mtap h o r e , et l'influence du premier a n c t r e irait s'affaiblissant mesure que la ligne des descendants s'allongerait. L'espce, dans ce cas, p o u r r a i t n'avoir a u c u n e solidit. Elle aux m o i n d r e s a c t i o n s des forces extrieures, du milieu, ce qui comme elle T e s t , p a r la gnration elle est i n b r a n l a b l e . sexuelle, reviendrait au transformement. cderait Bride, c'est--dire c'est--dire

binaire, qui, c h a q u e g n r a t i o n , double la force atavique, Le sillon c r e u s p a r le m o u v e m e n t que, plus peut volutif de c h a q u e espce est a u j o u r d ' h u i si profond,

malgr tous les c h a n g e m e n t s de milieu, il n'en

sortir. L'espce peut plutt s'teindre que se transformer.

m m : -

FI G.

2.

On m'objectera, p e u t - t r e , que chez la plupart des plantes, si gnralement h e r m a p h r o d i t e s , la reproduction est menace, puisqu'un m m e individu suffit p o u r multiplier et r e p r o d u i r e l'espce. Mais j e r p o n d r a i que l'objection est base s u r u n e erreur qui consiste r e g a r d e r une plante quelconque comme

1468

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

un seul individu. En ralit,une plante tant soit peu complte est un immense agrgatd'indiviclus ayant chacun sa vie propre, quoique ne pouvant vivre qu' la condition de faire partie de l'agrgat. C'est comme une ruche ou chaque abeille a une uvre accomplir, qui vit par l'assemble, et qui prirait si elle en tait isole.. Or, dans cet agrgat vgtal, il y a des lments de bien des espces; il y en a, entre autres, dont la fonction est de continuer la plante, de conserver l'espce, et les organismes nomms o v u l e s et pollen sont tout aussi distincts binaire de proprits et de fonctions que le sont leurs analogues chez les animaux. En somme, c'est toujours la reproduction bien que les organes sexuels apparent, qu'une ruche ou une ville. Je me rjouis de m'tre fait le premier cho de cette explication ingnieuse. Mais la vritable raison de la persistance si tonnante des espces est dans la transmission de la mre l'individu du germe ou principe de vie, qui contient toute la ralit de son tre. Ce qui me frappe le plus dans la sexualit, ou le partage de chaque espce entre deux sexes, c'est qu'il affirme videmment un dessein dans la nature et, par consquent, une intelligence organisatrice suprme, une cause premire ; et aussi qu'elle est essentiellement la ngation de l'volution, telle que la comprennent les transformistes, ou du moins qu'elle cre l'volution des difficults insurmontables. Voici que ces difficults sont encore accrues, dans une proportion norme, par une dcouverte inattendue de M.Van Bcneden (Bulletin relles de Genve, de l'Acadmie royale de Belgique, 3 srie,
e

ou sexuelle, comme on dit ordinairement, qui est ici la rgle, habitent le mme individu qui n'est, selon moi, pas plus un individu rel,

n XXXVII, 1875, et A r c h i v e s des sciences

p h y s i q u e s et natu-

15 juin 1875, p . 104). Chez deux espces

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1469

de polypes, Hydractima

echinata

el G l a v i s s q u a m a t a , . Y & n

Bcncdcn a vu le testicule se former d'une masse de cellules, qui rsultent d'un enfoncement tantt creux, tantt solide, du feuillet externe. Les ufs ou ovules, au contraire, descendent directement d'un certain nombre de cellules de rculodermc. Les deux organes sont esquisss dans chacun des deux sexes; seulement, le testicule s'atrophie ensuite chez les individus reproducteurs des colonies femelles; l'ovaire, chez les colonies mles. Dj Valdeyer avait trouv que l'pithlium superficiel de l'ovaire de certains vertbrs drive de l'pithlium pritonal qui recouvre la plaque moyenne, laquelle, elle-mme, parait tre une dpendance de l'entoderme ; tandis que le testicule se forme aux dpens du canal de Wolff, qui parat driver de l'entoderme. M. Herman Fl a tendu depuis cette observation aux aphalophores et des p t r o p o d c s , e t c et ce naturaliste exerc
M

avoue que ce mode de formation des sexes pourrait trs-bien tre une loi gnrale de la nature ou un phnomne universel.

J'aurais pu multiplier l'infini ces exemples et ces citations desavants amis. En remontant dans l'histoire, j'aurais pu constater de nouveau que tous ou presque tous les grands gnies ont t profondment religieux, en ce sens du moins qu'ils adoraient, qu'ils invoquaient le Dieu des chrtiens, et qu'ils professaient le dogme capital de la spiritualit et de l'immortalit de l'me. Mes trois volumes, heureusement, sont pleins de ces tmoignages, et je suis autoris redire avec l'Aptre, que cette imposante nue de tmoins glorieux nous justement fiers de notre foi. Mais voici que les comptes rendus des sances de l'Association amricaine pour l'avancement des sciences, nous font entendre deux nouvelles voix puissantes et amies, dont je me rend

1470

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

fais l'cho abrg, parce qu'elles tmoignent hautement d'un retour consolant a la vrit, et qu'elles prolestent loquemment contre les-doctrines dsastreuses du Darwinisme, la grande erreur, l'ennemi implacable de Dieu et de r m c .
M. LE
COONTE,

prsident

sortant

de V A s s o c i a t i o n , Tune des

plus grandes gloires de la science amricaine. Dans la p r e mire partie de son discours, il a essay de montrer que si l'tude des insectes vient donner parfois des exemples de modification dans les espces, il ne serait pas raisonnable, cependant, de nier l'existence d'une intelligence suprieure a la ntre, et d'un plan dfini dans la cration. On peut, dit-il, tenter de reconstituer l'histoire des espces animales, comme celle des divers terrains de notre globe. Malgr les remaniements successifs qu'elles ont subis, nous p o u vons encore trouver dans les roches des chantillons des terrains les plus anciens; de mme, au milieu de toutes les modifications que les espces animales ont prouves, on peut en retrouver quelques-unes qui sont probablement restes immuables, depuis les poques les plus lointaines. On devra les chercher surtout parmi les insectes : en effet, les cataclysmes qui ont certainement entran la destruction des grands animaux et, en particulier, des mammifres, n'ont d avoir que peu d'action sur les insectes qui, beaucoup plus rsistants l'asphyxie, ont pu, soit l'tat d'insectes parfaits, soit plus facilement encore comme larves, flotter sur des troncs d'arbre et tre ainsi ports d'un continent a l'autre. Prenons par exemple la Cicindela hirlicollis que l'on rencontre a la fois sur les plages de l'Atlantique et du Pacifique, ainsi que sur celles des grands lacs des tals-Unis. Si on ne la trouvait que la, on serait fond n'y attribuer sa prsence qu' des conditions climatologiqucs analogues; mais elle

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

4474

existe encore dans toute la rgion qui s'tend moiti chemin entre le Mississipi et les montagnes Rocheuses, sans qu'on la trouve ni entre l'Atlantique et le Mississipi, ni entre les montagnes Rocheuses et le Pacifique. Dans toute cette rgion, les conditions d'existence sont toutes diffrentes de celles des plages maritimes o la C i c i n del hirlicollis habite d'ordinaire; mais on peut remarquer que ce pays, |commc les deux autres, formait autrefois les rivages de la mer crtace, alors qu'un grand golfe communiquant avec le Pacifique couvrait le centre actuel des tats-Unis. I l e s t d o n c probable que cet insecte n'est que le descendant non modifi d'une espce qui existait dj cette poque, et qui a persist vivre dans le mme pays, malgr les changements normes qui s'y sont produits. 11 y a quelque chose d'analogue pour la Cicindela et le Dijsehirius pallipennis lepida qui se trouvent encore aux tals-

Unis dans quelques localits isoles trs-distantes; bien qu'ils soient certainement en train de disparatre dansquelques-unes. L'tude des insectes, reprise ce point de vue, pourrait conduire des rsultats intressants sur l'ge probable de bien de leurs varits.... Dans la seconde partie, M. Le Conte traite de l'accord possible de la religion et de la science. Les sauvages de l'Australie, dit-il, n'ont pas la conception de ce que peut tre un dessin : montrez-leur la photographie exacte d'un homme ou d'un objet commun, ils ne la reconnatront pas, et ne pourront tablir aucun lien entre l'objet et son image. C'est l un sens qui leur manque. De mme, certains hommes, instruits du reste, sont indiffrents en prsence des chefs-d'uvre de l'art, et n'en comprennent pas la beaut : c'est encore un sens qui leur manque. Tel est l'tat des hommes intelligents qui se refusent admettre les vrits rvles de la religion, et qui

1472

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

ne comprennent pas l'harmonie suprieure prtablie dans l'univers. Loin de se gner, la Religion et la Science se prtent un mutuel appui : une discussion srieuse et scientifique aurait permis de se dbarrasser de nombreuses erreurs que la dialectique du moyen ge avait introduites dans nos croyances, et les textes sacrs en seraient sortis en parfait accord avec les dcouvertes modernes. Du reste, la Science et la Religion vivent dans des domaines tellement diffrents, qu'il n'y a pour elles aucune occasion- de conflit ; il faut donc chercher maintenir entre elles la paix, par la tolrance et la patience : la tolrance envers les dshrits q u i , par un manque de facults esthtiques, ne voient autre chose dans l'univers que de la matire et de l'nergie; la patience, car l'entente sera longtemps encore avant de s'tablir. Mais quand ce rsultat sera atteint,... la Science... et la Religion... travailleront harmonieusement en commun pour le perfectionnement de l'humanit et la gloire de son Crateur. M. relle, vice-prsident de la section d'Histoire natu-

DAWSON,

s'est fait en Amrique, depuis la mort d'Agazzis, l'ad-

versaire le plus ardent du Darwinisme. voquant le souvenir de deux de ses matres morts pendant Tanne, Lyell et Logan, il part de leurs travaux et des siens propres pour rechercher ce que nous savons de l'origine et de l'appariLion de la vie sur la terre. Le calcaire laurcnlien est une formation organique au mme titre que les terrains jurassiques ou crtacs; seulement, les bancs de calcaire y ont t modifis d'apparence par le mtamorphisme. Leur grande paisseur et leur continuit, la prsence de silicates hydrats qui s'y rencontrent h et l comme dans les calcaires de toutes les poques, la grande quantit de carbone qu'on y trouve et laquelle il est impossible de ne pas attribuer une cause organique, l'existence de

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA VOI.

1473

bancs puissants d'oxyde magntique de fer, tout vient prouver que les calcaires laurentiens sont les terrains les plus anciens, jusqu'ici, qui aient une origine franchement organique. Or quel est le fossile qu'ils nous prsentent? un foraminifre, Y E o s o m Canadensc, qui se trouve tre de plus grande taille et de structure plus complexe que ceux de la mme famille qui lui ont succd. Aucun fait connu ne nous autorise supposer qu'un foraminifre puisse donner naissance un tre suprieur par voie d'volution. Haeckel lui-mme, dans sa thorie de la G a s trula, soutient nergiquement la sparation absolue des protozoaires et des classes plus leves. Nous voyons donc la vie dbuter, dans les terrains laurentiens, par un foraminifre plus parfait que tous ceux qui l'ont suivi, et dont les descendants habitent encore de nos jours les grandes profondeurs de l'Ocan, c'est--dire par un des animaux les plus parfaits de sa famille. Si, laissant l le terrain laurentien, nous passons au cambrien infrieur du pays de Galles, le lit fossilifre le plus ancien que nous y trouvions ne renferme que des brachiopodes et des crustacs ressemblant beaucoup ceux qui vivent de nos jours. Le lit suprieur contient dj des trilobites, et en nombre considrable, des plus grands aux plus petits, des espces qui possdent le plus d'articulations celles qui en ont le moins; en un mot, ds l'apparition des trilobites, ils p r sentent dj, jusqu' un point qu'ils n'ont jamais dpass, l'adaptation la plus parfaite aux milieux o ils devaient vivre. De plus, comme crustacs, les trilobites sont au moins les gaux de ceux qui vivent encore de nos j o u r s ; il faudrait mme les placer beaucoup plus haut que nombre d'entre eux, peut-tre mme, notamment, au-dessus des crabes. Le mme fait se reproduirait en examinant successivement .tous les tages; nous nous trouvons donc en prsence de ce luit que, lorsqu'une famille animale nouvelle apparat dans
93

1474

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

la srie des formations gologiques, elle possde du premier coup une organisation complte, souvent gale celle des ses reprsentants actuels, quelquefois mme suprieure. De l'apparition des espces, passons maintenant leur dveloppement et a leur existence : nous ne pourrons trouver de changement dans les espces, quelque longue que soit leur dure. La M y a truncata lin ; la M y a arenaria a apparu en Europe dans le crag coralTa suivie dans le crag rouge ; depuis celle

poque, ces deux espces si voisines ont vcu ensemble, et nous les retrouvons encore vivant de nos jours sur tous les rivages du nord du Pacifique, de la Californie au J a p o n ; cependant, malgr leur analogie, ces deux espces ont pu vivre cte a cte pendant un ou deux milliers de sicles sans se confondre et sans prsenter aucune trace de transition de Tune l'autre. ' De mme, Madre ct Porto Sanlo, huit pour cent seulement des espces de coquilles que Ton trouve dans les couches du pliocne ont cess de vivre, et Ton ne peutdcouvrir aucun passage d'une espce a l'autre, si voisines qu'elles soient. Enfin, quelques fougres qui poussent encore de nos jours dans l'Amrique du Nord existaient dj ds l'poque del craie, sans qu'on puisse trouver dans leurs caractres gnriques la moindre apparence de variation. P a r t o u t la gologie vient donc nous montrer la permanence des caractres et non leur modification successive La doctrine de l'volution repose donc sur un cercle vicieux et des analogies trompeuses. La gologie nous montre, l'origine, des plantes cryptogames et des insectes mandibules : ce serait donc par suite du dsir des insectes pour le miel, qui n'existait pas, et de l'adaptation des plantes pour des organes de succion, encore absents chez les insectes, qu'ils se seraient transforms simultanment les unes en plantes phanrogames, les autres en papillons. C'est l un cercle vicieux,

LA. SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1475

et Ton ne saurait expliquer un 'phnomne aussi complexe, des changements aussi radicaux, par des causes si simples et en si petit nombre que celles que vient invoquer la thorie de Darwin. D'autre part, vouloir comparer le progrs des animaux dans le temps avec le dveloppement graduel de l'embryon qui sort d u n e cellule unique, c'est se payer d'analogies sans fondement : les conditions dans lesquelles ils se dve-

loppant

et les causes agissantes sont trop dissemblables pour

que la comparaison puisse se soutenir. Non, la vie n'est pas le produit des lois physiques de la matire, et le dveloppement des corps organiss ne peut se comprendre qu'en admettant l'existence d'un pouvoir invisible, antrieur l'existence de notre monde, h qui en est due la cration, et qui agit encore sans cesse pour la continuer d'une manire permanente et ternelle. C'est sur ce terrain que viennent se rencontrer en amies et en allies la science humaine d e l nature et la thologie, sans que personne ait le droit de les sparer. La science qui voudrait s'isoler de la thologie serait impuissante expliquer la nature, et arriverait bientt a nier les sentiments les plus levs de l'me humaine ; la thologie qui tenterait de nier ou de supprimer la science ne deviendrait bientt qu'une vaine superstition. Nous avons emprunt ces extraits la Revue scientifique, laquelle ne constate pas sans de profonds regrets q u e , cette anne, les prsidents du congrs taient des partisans convaincus de l'union de la Science avec la Religion, des adversaires dclars du Darwinisme.

2 L e s S a v a n t s ennemis.
Ils nous viennent en aide, tantt par. les aveux qui leur chappent, tantt par leurs dfaillances, leurs aberrations et,

'1476

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

nous osons le dire, leurs extravagances. Arrachons ce p r cieux tmoignage a quelques savants choisis parmi les coryphes de la science moderne, parmi les libres penseurs les plus fiers d'eux-mmes. Nous pourrions les multiplier l'infini ! (Thomas-Henry), professeur des M i n e s , secrtaire d'histoire perptuel naturelle de la

HUXLEY

VEcole

royale

Socit

R o y a l e de L o n d r e s . C'est un des adversaires les plus irrconciliables de la Rvlation. Il a surtout tent de renverser, qu'il nous aide du moins rduire a sa vritable valeur, c'est-dirc nant, le pre du Positivisme, dont M. Littr s'est montr si fier. Voici le jugement qu'il portait dans la view, Fortnighlly-Redu 30 octobre 18C9, sur le rformateur trange qui a eu

son heure de triomphe! Auguste Comte avait os crire sur le frontispice de son temple : rtORGANisEit
PAR LE CULTE SYSTMATIQUE DE L'HUMANIT, SANS DIEU NI UOI,

et Cette inscription

insense, cette prtention folle, au lieu de faire fuir, avait attir un grand nombre de disciples ! Grande fut ma perplexit, dit M. Huxley, quand je suivis la marche de ce
SANT FILS D E LA T E R R E PUIS-

dans son uvre de reconstruction. Sans

doute, Dieu disparut, mais le nouveau grand tre suprme, un gigantesque ftiche fabriqu de la propre main de M. Comte, rgnait sa place. J e n'entendais plus parler des rois, mais je rencontrais une organisation sociale fixe jusque dans ses dtails, et qui, si on la mettait un jour en pratique, donnerait naissance un despotisme tel que jamais Sultan n'en exera de pareil, et que jamais le puritanisme presbytrien, dans ses jours d'oppression, n'en put esprer de plus complet. Quant au culte systmatique de l'humanit, je ne pouvais, dans mon aveuglement, le distinguer d'un pur papisme, avec M. Comte, dans la chaire de saint Pierre, et les noms de la

LA SCIENCE, AUXILIAIRE RE LA FOI.

1477

plupart des saints changs. Voil l'cxorde, voici le corps du discours : Cette partie des crits de M. Comte ou il traite de la science physique, me parut n'avoir qu'une valeur singulirement faible; elle montrait, selon moi, qu'il ne possdait qu'une connaissance de seconde main, et tout fait superficielle, de ce qu'on dsigne communment sous le nom de science. Ce qui me frappa, ce fut son impuissance saisir les grands traits de k science, ses tranges mprises dans les jugements qu'il porte sur le mrite des savants ses contemporains, ses ides ridiculement fausses sur le rle que certaines doctrines scientifiques, en vogue de son temps, taient destines jouer dans l'avenir. Je n'tonnerai donc personne en avanant que, depuis seize a n s , c'a t pour moi une cause d'irritation continuelle, de voir proclamer M. Comte comme un reprsentant de la pense scientifique... Je refuse aussi de reconnatre chez M. Comte rien qui mrite le nom de grandeur de caractre, moins que ce ne soit son arrogance, qui est sans contredit sublinie... L'idal de M. Comte, c'est lui-mme qui ledit, tait l'organisation catholique sans la doctrine catholique, le catholicisme sans christianisme... La l o i tant vante des Trois tals des sciences ne nous rvle rien qu'une srie d'affirmations, plus ou moins contradictoires, d'une vrit imparfaitement saisie; et sa classification des sciences, plus vante encore, qu'on l'entende au point de vue de l'histoire ou de la logique, est selon moi absolument dnue de valeur... La philosophie positive contient une foule de particularits con~ traires mme l'esprit de la science... M. Comte a excit les esprits mditer profondment les problmes sociaux et lutter noblement p o u r l a rgnration sociale. Celte impulsion, si je ne me trompe, sauvera de l'oubli le nom et la rputation d'Auguste Comte. Quant sa philosophie, je m'en spare, en citant ses propres paroles qui m'ont t rapportes par un

1478

LES SPLENDEURS DE LA. FOI.


t

ancien comtisle

maintenant l'un des membres de l'mincnt

Institut de F r a n c e , M . Charles Robin. La philosophie est une tentative incessante de l'esprit humain pour arriver au repos, mais elle se trouve incessamment aussi drange par les progrs continus de la science. De l vient pour le philo sophe l'obligation de refaire chaque jour la synthse de ses conceptions ; et un jour viendra ou l'homme raisonnable ne fera pas d'autre prire du soir. Dieu alors sera bien peu do chose! Cette mme philosophie conduirait aussi la ngation de l'me humaine, car voici ce qu'affirme encore M. Huxley. Les philosophes s'uppretent livrer bataille sur le dernier, et le plus grand de tous les problmes spculatifs : la nature humaine possde-t-cllc un lment libre, dou de volont, c'est-dire vritablement anthropomorphique, ou n est-elle que la plus artistement construite des machines qui sont l'uvre de la nature ?'Quelques uns au nombre desquels je me range, pensent que la bataille restera jamais indcise, et que dans toutes les questions pratiques, le rsultat quivaut la victoire de l'anthropomorphisme (c est--dire l'existence de l'lment libre, dou de volont). C'est quelque chose ! aujourd'hui Prsident de la Socit Royale
:

M.

IIOOKER,

de L o n d r e s . L'illustre botaniste, directeur du jardin de Kcw, a certainement des tendances libres penseuses, et cependant dans le discours prononc Norwich, en aot 1 8 6 8 , comme prsident de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, il a rendu malgr lui hommage la vrit religieuse. Voici quelques extraits de cette adresse inaugurale que l'on trouvera entire dans la livraison des M o n d e s du 3 septembre 1868 : L'archologie prhistorique nous offre de nous conduire l o l'homme n'a jamais essay de p n trer. Pourrons-nous en poursuivant ces recherches, sparer

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1479

le ct physique du ct spirituel ? Ce serait le dsir suprme de beaucoup d'hommes ici prsents. Les sparer, c'est, il me semble, chose impossible; mais il est permis a tous de tendre dcouvrir des vrits communes qui les lient Tune a l'autre. Je voudrais voir graver profondment dans l'esprit de ceux qui se livrent ces recherches, la conviction qu'il est dsirer grandement que la Religion et la Science se parlent le langage de la paix, marchent la main dans la main, dans les jours et les gnrations de l'avenir... Laissons chacun poursuivre la recherche de la vrit : l'archologue, dans les conditions physiques du genre h u m a i n ; le prdicateur et le professeur, dans son histoire et sa conviction morale. Rechercher comment et d'o vient l'existence est un besoin invincible de l'esprit humain. Pour le satisfaire, l'homme dans tous les Ages et dans toutes les contres, a adopt des croyances qui embrassent l'histoire du pass avec celle de l'avenir, et a accept avec ardeur les vrits scientifiques qui confirmaient ses croyances. Et si ce n'tait un besoin invincible, je crois que ni la religion, ni la science n'auraient autant conquis qu'elles l'ont fait l'estime de tous les peuples. La science, dans ses recherches, n'a jamais t un obstacle aux inspirations religieuses des hommes bons et fermes, et jamais les avertissements de la c h a i r e . . . . n'ont dtourn les esprits chercheurs des rvlations de la science... Si dans ses. nobles efforts, chacun est convaincu que c'est un but commun la Religion et la Science de chercher comprendre l'enfance de l'existence humaine, que les lois de l'esprit humain ne sont pas trangres aux matres de la science, et que les lois de la matire ne sont pas dans le domaine des matres de la Religion, les uns et les autres pourront travailler de concert et pleins de bonne volont mutuelle.... Un de nos penseurs les plus profonds, M. Herbert, a dit dans son livre des Principes,

1480

LES SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

seconde dition, page 15 : S'il y avait lieu rconcilier la Science et la Religion, la base de la rconciliation devrait tre le fait le plus profond, le plus large, le plus certain de tous, que la puissance, dont la nature nous manifeste l'existence, est entirement inscrulablc. Les limites qui unissent l'histoire physique et spirituelle de l'homme, et les forces qui se manifestent d'elles-mmes dans les victoires alternatives de l'esprit et de la matire sur les actes de l'individu, sont de tous les sujets que la physique et la psychologie nous ont rvls, les plus clatants, peut-tre mme qu'ils sont compltement i m pntrables. Dans la recherche de leurs phnomnes se trouve englobe celle du pass et de l'avenir, le mystre effrayant de l'existence. Cette connaissance du pass et doTavenir, l'me humaine aspire sans cesse aprs elle, et fait entendre ce cri passionn qu'un pote vivant a si bien rendu dans ces vers :
A la matire et la force, Tout n'est pas born ici-bas. En outre de la loi des choses, Il y a la loi de l'esprit..., Les consquences de la loi, L'esprit seul nous les apprend : L'il ne voit que les formes extrieures, L'Ame seule connat les choses... Mais parlez-moi de C E L U I Qui nous a placs ici, Et qui tient les clefs D'o nous venons et o nous allons... La mort commune h tous, La vie renouvele l-haut Sont toutes deux dans les desseins. De cet amour qui encercle tout... Le hasard apparent qui nous a conduits ici Accomplit son d'o nous venons, o nous allons! !

M.

JOHN

TYNDALL,

professeur

de philosophie
CHALEUR,

naturelle,
LUMIRE,

l'auteur clbre des traits de la

de la

du

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1481

S O N . L'esprit de l'mincnt physicien est en proie h un scepticisme douloureux ; il est comme entrane violemment vers un matrialisme qu'il se croit en droit d'appeler spirilualistc : l'anne dernire, dans son discours de Belfast, il est all jusqu' faire en pleine assemble de l'Association cette confession dsolante l'excs :
P E N S E AU

scientifique
j\<VPER-

EN

R E M O N T A N T D A N S LA

DELA D E TOUTE DMONSTRATION LA P R O M E S S E

EXPRIMENTALE,

C O I S D A N S LA M A T I R E TOUTE V I E .

E T LA P U I S S A N C E

DENGENDRER

Heureusement que, pour se dfendre de la terrible

accusation de matrialisme athe, il nous a dit dans la prface de la seconde dition de son discours : Les hommes les plus chrtiens nous ont prouv par leurs crits qu'ils avaient leurs heures de dfaillance et de doute, comme leurs heures de force et de conviction... Des hommes comme moi, sur la route qu'ils suivent, subissent ces variations d'humeur ou de lucidit d'esprit. J'ai remarqu que ce n'est pas dans mes heures de clart et de vigilance que cette doctrine s'impose mon esprit ; qu'en prsence de penses plus fortifiantes ou plus saines, elle se dissout toujours, et disparat comme n'offrant pas la solution du mystre dans lequel nous sommes plongs et dont nous faisons partie. La preuve que M. Tyndall est bien loin d'avoir des convictions fermes, c'est que quelques instants aprs cet excs d'audace, qui a caus dans toute l'Angleterre un tonnement douloureux, s'tant pos cette question : a xiste-t-il la moindre vidence qu'une forme vitale quelconque peut tre dveloppe del matire sans existence pralable dmontre? il rpond : Les hommes vritablement scientifiques admettront franchement ne pouvoir apporter aucune preuve satisfaisante du dveloppement del vie sans une vie antrieure dmontre. Quel aveu ! mais prenons M. Tyndall dans une de ses heures de vitalit intellectuelle, par exemple dans le discours que, Tanne prcdente, il prononait Norwich,

1482

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

comme prsident de la section des sciences physiques et m a thmatiques et prenons plaisir voir comme il est orthodoxe ! Il s'agit de la spiritualit de l'me. J'abrgerai beaucoup et renverrai au discours entier (Les M o n d e s , t. XVIII, p . 90 et suivantes) : L'homme peut dire je sens, je pense, j'aime. Mais comment la conscience extrieure de ces actes s'introduit-clle dans le problme? on dit que le cerveau humain est l'organe de la pense et du s e n t i m e n t . . . Je croirais difficilement qu'il puisse exister des penseurs scientifiques qui, aprs avoir rflchi sur ce sujet, n'admettent pas
BILIT DE L'HYPOTHSE LA PROBA-

que, pour chaque fait de la conscience

intime, dans le domaine des sens, de la pense et de l'motion, le cerveau est constitu dans une certaine condition molculaire dtermine; que le rapport entre l'tat physique et l'acte dont nous avons la conscience est invincible; de sorte qu'tant donn cet tat du cerveau, on puisse en conclure la pense ou la sensation correspondante; qu'tant donne la pense ou la sensation, on puisse en conclure l'tat correspondant du cerveau... Mais il est impossible de concevoir le passage de la physique du cerveau au fait correspondant de la conscience intime des sensations, des penses, des motions. Mme alors qu'on nous a accord qu'une pense dtermine et une action dtermine exerce sur le cerveau sont des faits simultans, nous ne possdons pas encore l'organe intellectuel, pas mme un rudiment visible de l'organe intellectuel... Alors mme que nos esprits et nos sens seraient assez dvelopps, renforcs, illumins, pour nous mettre h mme de voir et de sentir les dernires molcules du cerveau ; alors mme que nous serions capables de les suivre dans leurs mouvements ; alors que nous aurions la conscience des tals correspondants de la pense et du sentiment, nous serions aussi loin qu'auparavant de la solution du grand problme :

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI,

1483

Comment

les oprations

p h y s i q u e s sont-elles

associes

a u fait,

de la conscience

? L'abme entre les deux classes de phno-

mnes restera toujours infranchissable... Les groupements molculaires et les mouvements molculaires n'expliquent rien. Le problme de l'union du corps et de l'me est aussi insoluble dans sa forme moderne qu'il l'tait dans les ges prhistoriques... Le matrialiste, des deux cts de la zone que nous venons de lui assigner, est galement et fatalement impuissant. Si vous lui demandez d'o vient cette matire sur laquelle nous avons tant discut; comment et qui l'a divise en molcules ; comment et qui lui a imprim la ncessit de se grouper en formes organiques : il ne saura jamais le dire. La science aussi est sans rponse ces questions. Mais, si le matrialisme est confondu et la science rendue muette, h qui nppartiendra-t-il de donner la rponse?
A
CELUI

qui le s e -

cret a t rvl ! Inclinons nos ltcs et reconnaissons notre ignorance une fois pour t o u t e s . L e mystre n'est pas sans avantages, il peut certainement devenir une source de p u i s sance pour l'mc h u m a i n e . . . mais c'est une puissance qui a le sentiment et non le savoir pour base. Il peut avoir et il aura, nous l'esprons, forcment, pour effet d'assurer et de fortifier l'intelligence, et de mettre l'homme au-dessus de ce rapetissement vers lequel, dans la lutte pour l'existence et la conservation de sa prsence dans le monde, il est continuellement entran.

Qui aurait jamais pens qu'un physicien aussi habile, observateur et exprimentateur tant exerc, arriverait, dans son besoin invincible de se faire illusion lui-mme, et de s'endormir dans les rves ridicules du Darwinisme, commenter, nonseulement avec loges, mais avec enthousiasme, et r e g a r der comme dmontre, car il va jusque-l! l'trange gense

1484

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

des organes des sens et de leurs fonctions, sortie du cerveau d'un philosophe pour qui l'observation et l'exprience ne sont absolument rien, le trop fameux Herbert-Spencer? Dans les organismes les plus bas, il y a un sens tactile rpandu a la surface du corps entier. Peu a peu dans une longue priode de temps, a force de recevoir des impressions du dehors, et de leur correspondre ou de s'y adapter, certaines parties spciales de la surface deviennent plus impressionnables. Ses sens sont a l'tat naissant, ayant tous pour origine le sens du toucher, ainsi que Dmocrate l'a dit il y a deux mille trois cents ans. L'action de la lumire semble n'tre d'abord dans l'animal qu'une sorte d'action chronique, comparable h celle qui s'observe sur les feuilles des vgtaux. L ' a c tion se localise peu a peu, dans des cellules pigmentaires, plus sensibles l'action de la lumire que les tissus environnants. L'il commence a se former. Dans son tat rudimentairc, il peut seulement distinguer la lumire de l'ombre. Comme la privation de lumire est ordinairement cause par l'interposition d'un corps opaque, et que le corps opaque est souvent trs-rapproch de l'il, la vue dans ces conditions primitives n'est gure qu'une sorte de toucher anticip. L'ajustement tant suppos toujours actif, un lger bulbe sort de Tpidermc
(

et des glandes pigmentaires. Une lentille est en train de se former; elle se dveloppe par l'action sans cesse rpte de l'ajustement, jusqu' ce qu'elle atteigne la perfection qu'elle prsente dans l'il de l'aigle. Il en a t de mme des autres sens ; ils ne sont que des modifications, spciales et localises, de la sensibilit tactile primitive... P a r l e dveloppement graduel des sens, les adaptations entre l'organisme et son e n t o u rage s'tendent en espace, s'tendent et il en rsulte une multiplication et embrassent toujours d'expriences, une modification de conduite. Les ajustements aussi dans le temps,

TABLEAU DE LA CLASSIFICATION GNRALE DES CONNAISSANCES HUMAINES


(Voir
chapitre

XII,

la Science axixliaire de la Foi,

p. 1430.)

: l'tre en gnral. Sa possibilit, son existence, etc


Considre plutt dans : s attributs que dans ses relations aux cratures /Relations tudies exclusivement dans 1 >ri- \ Relations considres luresainte... H e r m n e u t i q u e sacre.j qu'elles imposent.. ^ que uans es devoirs considres, '

Ontologie. , Thodice. / Principalement' occupe )


P o s i t i v e

\
et l'autre

d'tablir la vrit

m^rifilTS! Relations tudies gnralement dans l'Ecri-^'une


t u r e s a i n t e a l r a d i l i o n a

1 Prenant principalement )

j j raison, claire \ / tchela rfutation des P o l m i q u e , dla foi. T h o l o g i e p r o p r e m e n t d i t e . / \ erreurs I ar la prire ou l'oraison Thologie mystique. exclusivement dans! . .(individuel Thologie morale. les devoirs qu'elles \ ^ " S 'I Revoirs constituant ,a lgislation de la socit , imposent la 'cra-/ Purement spirituel, ] ture en lui c< : ( Constilu en socit.. 1 ligieuse i * ncessairement in dant l'union i / (Devoirs constituant le culte rendu Dieu Liturgie. telligent \Par la tendance vers la perfection Thologie Pneumatologie. / I Comme a c t i v e dans la perception de l'tre et des essences. Considrs ( Intelligence < Comme p a s s i v e sous l'action de Dieu (lui imprimant la connaissance des existences situes activit essentielle,/ l norsaeuej. I Esprits contingents ou' comprenant f . E n gnral, en elle-mme (objet, etc.). non ncessaires (an) I Dans l'tre parvenu sa fin. [ Volont.. ge, me humaine).. ") . . \ / E n elle-mme. Psychologie. En P a r l l C U e r D t r e de Dieu, en prsence d" a . l'action ou
Considr dans ses re-1 lations aux cratures.
R e l a l o n s

n n

A , , P

l e u r

'

"

Xu .

S !

THORI QTJES Les faits n'y en- I trentque d'une I manire accs-/ soire, par la( dmonstration \ de leur existence et leur pprci

( ( ses dcrets. .Considrs dans leurs rapports avec les autres tres intelligents (rapports de l'ange, bon ou mauvais avec l'homme). 'Considrenlui-mme( Etude de celte union en elle-mme (modes, etc.). ^ ^ d e t p e i p e s ] Etude des effets de cette union (influence mu- {Comme influant sur l'intelligence. \ Comme influant sur la volont qui le constituent.. ( luelle des deux principes).. / Par les sons articuls (langues) t Par des signes spontans ' /Par des signes artificiels de convention

Idologie. Passions. dossologie. Mimique. 1 c r i t u r e quelconque. ' < Stnographie. P a s i g r a p h i e , etc. s gnrales qui les di-) Droit public.

(Rapports entre pui sanees .. \ Rapports d'intrts...}

SPCULATIVES P I CP L M N RN I A E E T
Connaissancedes tres, de leurs I rapports etdes/ moyens par les-\ quels on peut agir sur eux...

f D'individu individu. ( Rapports de droits respectifs ] Lgislation(civile,criminelle). { Publique A r i t h m t i q u e s o c i a l e , etc. c o n o m i e . (Prive conomie domestique. Physiologie. f Dou seulement de la ( Vie animale : homme, considr abstraction faite de l'intelligence. Animal proprement di (Dans l'tal de sant Pathologie. vie,ludi,soitabso-) (Principe vivant ou vital). P " 'n"' m n e s de l a v i e . ( Dans l'l morbide " " h o " ' ~ lument,soitabstrac- ) Physiologie vgtale. \ tivement (Vie vgtale. Histoire naturelle gnrale. /Dans leurs rapports Chimie. I Dans leur composition . ^ Statique des solides. /Considrs en gnral' (Forces se faisant quilibre des liquides. Forces agissant sur le \ (moins en eux-mmes que dans leurs corps lui-mme S rapports etleursl-> f Forces produisant le ments, ou principes , ( des gaz. constituants). d'quilibr .. l a s t i c i t . Dans les phnomnes rsultant de leur action, et de l'action mutuelle ] Forces ngissant sur les / Dans de leurs parties, sans dcomposition. P h y s i q u e proprement dite < parUes^ intgrante; ( s forces.) (Phnomnes dus l'ai . 'D; t(son) Acoustique. Purement corporels.. f Forces agisswitsurlcs [ Dans le cas d'quilibre Sciences phy- ' derniers lments) , , , ., , ,. , siques. des corps, atomes Dans le cas de mouvement Chaleur. L u m i r e (optique). . (forces atomiques).. ( ( Electricit. M a g n t i s m e . (Etudis dans leur (Absolue A n a t o m l e pure. Corpscompossdepartiesessentiellementdifrerentesparleursrormes, (Relative A n a t o m i e compare. leurs positions respectives, leurs fonctions (corps organises) ) rensemble de leurs proprits physiques (caracl. dislinclifs). Zoologie. B o t a n i q u e .

I Matriels

s t r u e t u r e

/Modes de l'tre simple..

Astronomie lmentaire. Mcanique cleste. < Cosmographie physique, (ou A s t r o n o m i e p h y s i q u e . /Corps / ,, . . , ( Sa structure Golotrie. f parties semblables' (Abstraction faite de . , . l ou homognes \ (corpsinorganiques); ) ses habitants g r a t i o n et ses produits Gographie p h y s i q u e . ) (Dtermination des lieux Gographie m a t h m a t i q u e . Etude de notre globe) \ Considre comme habite Gographie p o l i t i q u e . en particulier j , Gognosie. Cristallographie. \Principes qui. composent sa masse.. (Leur tude spciale.. 5Ensemble d 'eurs pro' I prits physiques, ca- M i n r a l o g i e proprement dite. V raclres distinctifs ) . S c i e n c e crer. / Particulire (nombres).. ' Arithmtique. I /Considre en elle-mme A l g b r e , analyse algbrique. / Rduit une ide abstraite.. (Gnrale (quantit)... )Considre dans ses ( Pour les dterminer et trouver leurs rapports.... Calcul d i f f r e n t i e l . 1 lments infiniment { petits ( Pour revenir des lments aux quantits Calcul i n t g r a l .
i formant l'ensemble du (considrs dans leur constitution intrieure ou e
9 C o f

/Considrs dans leurs ( Etudis au moyen de la simple observation.. (Au moyen de l'analyse.,

S a

confl

\Considre en elle-mme..

/ Immdiatement \
/Avec le secours de l'analyse. . ' _. (De temps Circonstances j ^ ^ ^

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r e s

a c e

G o m t r i e proprement dite. Gomtrie descriptive.


e t l o u t e s

/ Connaissance des circonstances dans lesquelles ces actions furent produites


/Prliminaires..

P J espces de grandeurs.... G o m t r i e 2ou3dimensions, I Considrant les grandeurs dans le cercle Trigonomtrie. ..; Chronolocrie G o g r a p h i e corn

Ayant

u r o b

l \Connaissance des matriaux ou pices originales, notion et apprciation critique des monuments

'Mdailles 'Monuments ( Diplmes, chartes

Numismatique. Archologie. Diplomatique.

H I S T O R I Q U E S . Tableau [ l'action des tres HISTOIRE.


1

Action de l'intelligence pure sur l'homme et rciproquement

Sur le nant et la matire, sans raction


Sur la crature libre, avec raction ou correspondance

/ , , . . /Dans l'ordre religieux , 'Action de l'homme sur ses semblables ou sur lui-mme \ j . ., < Dans l'ordre civil, politique ou militaire

\ J" * *" f * ( Histoire d u m o n d e . C Histoire d e l R v l a t i o n , y < compris ses alirations. (.Histoire d e s R e l i g i o n s . Obsessions. Possessions. ( Histoire s a c r e . i Histoire e c c l s i a s t i q u e .
8 0

l a

c r

a t t o n

( Histoire profane. | H i s t o i r e p o l i t i q u e , etc.

I Dans l'ordre scientifique ou littraire, tableau des dveloppemenls successifs des facults ou des connaissances philoso- ( H i s t o i r e l i t t r a i r e dans toute
\ Sur les intelligences pures.. phiques, littraires ou artistiques de l'homme
:

son extension.

Action de l'homme sur les tres infrieurs, et action rciproque de ces mmes tres vivants ou privs de la vin. (Tableau de leurs modifications successives.)

A dnommer.

PRATIQUES
Application des moyens par l e s - / quels on agil\
S u r r m x t e r a i s o n n a b l e

iRsultats des recherches historiques, raison et thorie des faits /Considr principale-\ tie de son tre, c'est--dire par les facults de l'me principalement. S ' . . . n ination l ment cbmme " tre<i ment comme tre ^( (Par l'intelligence spirituel /Action exerce par des moyens emprunts surtout la plus noble par- \ ( Action exerce par des moyens emprunts surtout la partie inf- (La vue. A r t d u d ets s i n (y compris les arts plastiques et 1 architecture;.. , ( rieure de son tre, c'est--dire par les sens principalement (L'oue. M u s i q u e / Soit isol, soit en ] runions rela-, tivement peu ) l'homme pris avec toutes ses facults.. considrables. Consider harmoniquement, oi
P a r mag p a r a v o l o n t s u r t o u

P h i l o s o p h i e de l ' h i s t o i r e . Art d/nommer. Logique. A re a oratoire. B t ux-arts.

/ P d a g o g i q u e , etc., y compris l tout moyen de dveloppement 1 desfacults intellectuelles,mo' } raies, physiques, par exemple :

.. \Considr principalement comme dou de la vie.. (Direction des socits \Soit runi en masses considrables (socits). '

I \

M OE H I, N M T C NE G M A TQ E etc. Y NSI U,

\ Dfense des socits

Art militaire.
[ p| 6iJnduequ e ia zooiaTrique
u s V 3 r a n l 11

^Animale : V t r i n a i r e dans une acception plus tendue que la zooiatrique

i, ., , \ Vgtale
T1

P P

( Culture (Agriculture, Horticulure, Sylviculture, etc.)


t

\ Sur les lres non raisonnables... ) /Action rduite la transformation externex ) [ (changement'de formes) j /Inorganiques, y compris les produits or-V A r t s m c a n i q u e s I ^ subdiviser les uns et les autres i ganiques spars du principe vivant/Action produisant.une transformation intime, \ . ,innnii fondamentales \ (matires vgtales et animales) ) atteignant et modifiant les principes consti-( donnes tonaamenta s.. [ tuants, les lments des corps ] \ Arts chimiques/
M l L U r s ie

t pnncipaiemeni a aprs des donnes empruntes la ( s scien tmques...' ) Cnf^ue,

^* i *

ues<

j-2" Se dirigeant principalement d'aprs des donnes purement pratiques ( p h y s i ^ y e g ' (d'exprience). A r t s e m p i r i q u e s .. ^Chimiques.

3 8

F. M I N . OG O

LES SI'LENDIiURS DE LA FOI. TOME III, PAGE 1.S

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1485

de plus grands intervalles. mesure qu'ils augmentent en espace et en temps, ils augmentent aussi en complexit et en spcialit, passant par les divers degrs qu'ils nous offrent dans la vie des brutes, et s'tendant jusqu'au domaine de la raison. Voil ce qu'a os crire M. Tyndall, gar par HerbertSpencer. La libre pense est donc assez contagieuse pour faire admettre que la raison, son maximum de dveloppement, la raison humaine, dans ses lans infinis, est ne de l'ajustement de l'tre au milieu du toucher qui serait la fois la' mre et la langue des sens et de l'intelligence. Nous avons reu trop tard pour l'introduire ici, mais chacun pourra lire, dans" la livraison 1876, des M o n d e s du jeudi 24 fvrier, un mmoire lu la Socit Royale, le 13 mars et dans lequel M. Tyndall dmontre, par les plus brillantes expriences, que la gnration spontane est absolument impossible, et que si des solutions exposes l'air libre fourmillent bientt d'tres vivants, c'est parce qu'elles ont t imprgnes de particules vivantes qui flottaient dans l'air. M. de l'Acadmie franaise. Dans la sance de sa Amiti,

LITR,

rception par la loge de Franc-maonnerie la Clmente

M. Littr exposait, disent les journaux de la libre pense, les principes dont renseignement a fait la gloire de sa vie. Or cette profession de foi, que nous tenons analyser, est une honte pour la philosophie positive, un triomphe pour la Foi ou la philosophie chrtienne. Somm de parler de Dieu, de l'homme, des devoirs de l'homme envers Dieu, il n'a trouv dire que des lieux communs, des abstractions, des abstentions, des ngations! La notion des Dieux ou de Dieu nous vient des anciens temps... En se simplifiant, cette notion est arrive jusqu'

1486

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

nous, cl aujourd'hui clic s'impose aux intelligences sous deux formes, l'une historique, l'autre philosophique. Sous la forme historique, Dieu a parl aux hommes et s'est rvl. Sous la forme philosophique, le monde est un effet, un ouvrage; il a u n e cause, un ouvrier... Que faut-il penser de la forme historique? Une rvlation est un miracle; or il n'est pas de science qui, dans le domaine qu'elle cultive, reoive le miracle... Aucune science ne le nie en principe, mais aucune science ne l a jamais rencontr comme un fait... c Que faut-il penser de la notion de cause premire, de e causalit suprme ? Aucune science ne nie une cause premire, n'ayant jamais rien rencontr qui la lui dmentt; mais aucune ne l'affirme, n'ayant jamais rien rencontr qui la lui montrt. Toute science est renferme dans le relatif; partout on arrive h des existences et des lois irrductibles dont on ne connat pas l'essence. On ne nie pas qu'une cause ultrieure ne soit derrire, mais on n'a jamais pass de l'autre ct... Ace point de vue qu'a fait la philosophie positive? Ces absences d'affirmations et de ngations.... elle les a ranges en un ordre hirarchique,., et elle a nonc (pic la doctrine totale rsultant de leurs doctrines partielles n'affirmait rien, ne niait rien sur une cause premire, sur un surnaturel ; mais elle a dclar en mme temps que cette doctrine, par cela mme qu'elle est totale, exclut rigoureusement de la trame des choses une cause premire qui ne se montre plus, et un surnaturel qui fuit devant l'observation srieuse et prcise. Entre les mains de la philosophie positive, la notion de cause suprme se transforme, et d'absolue qu'elle tait devient relative. Mais cette transformation ne change rien Tordre de nos devoirs et de leurs rapports. Ils restent aussi lis la conception substitue qu'ils l'taient a la conception primitive.

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

148?

( ( . . . Dans cet tat des intelligences, o chercher la rgle des devoirs, si ce n'est dans la rgle des choses? Et .o apprendre la rgle des choses, si ce n'est dans les sciences exprimentales et positives, qui nous enseignent ce qu'est l'univers et ses lois, je veux dire la portion d'univers et de lois qui nous est accessible?.. Nous sommes placs dans une nbuleuse compose de millions de soleils. Le ntre, mme avec son cortge, y occupe un trs-petit coin. Un coin encore plus petit est tenu par la terre qui nous porte. Sur cette terre, un certain moment de sa dure, la vie apparut en mille formes, toutes enchanes par une srie de types, depuis le vgtal jusqu'au vertbr le plus compliqu. Au sein de cette vie, a un moment diffrent de la production des organismes plus simples, l'homme, sans que, jusqu'aujourd'hui, on ait rien que des hypothses sur son origine, comme, du reste, sur celle des autres animaux et des vgtaux, l'homme, dit-on, vint prendre sa place aux rayons du soleil, et sa part aux fruits de la terre... Un tre ainsi li a toutes sortes d'existences, et assujetti un mode organique qu'il partage avec les autres habitants de la plante, n'est point un tre a b a n donn lui-mme. Ses devoirs dcoulent de ce qu'il est en tant que
CRATURE

appartenant un ensemble. L est la force

vive qui les fait prvaloir travers toutes les mutations sociales et malgr tous les assauts... Quiconque dclare avec fermet qu'il n'est ni diste ni* athe, fait aveu de son ignorance sur l'origine des choses et sur leur fin, et, en mme temps, il humilie toute superbe. Aucune humilit ne peut tre assez profonde devant regard et notre esprit, devant nous et derrire nous... La tradition, non plus, ne fait pas dfaut,., puisque la rgle morale mane de ce qui constitue notre vie intellecl'immensit de temps, d'espace et de substance qui s'offre notre

1488

LES

SPLENDEURS

DE

LA.

FOI.

tucllo et collective... E t comment celui qui la viole ne se trouverait-il pas expos toutes sortes de p u n i t i o n s ? . . . . Mais comme ces punitions visibles n'atteignent pas tons les coupables... il faut s'lever plus haut et arriver au tribunal... de la conscience. Elle rsulte de la somme des rgles morales que chaque civilisation, chaque poque fait mouvoir dans les milieux sociaux... Si Ton demande davantage, c'est--dire une pnalit effective aprs que l'homme a subi le trpas, nous n'avons rien rpondre, rien nier, ricu affirmer, ignorant absolument et ce qui est aprs le tombeau, et ce qui est avafil la vie. En rsum : Je ne puis rien savoir, je ne dois rien savoir, je ne veux rien savoir, je ne sais rien de Dieu, de l'me, d e l cration, de la vie future ! voil la profession de foi du chef tant vant de l'cole positiviste, le plus illustre des disciples d'Auguste Comte, dont il n'a pas pu dissimuler les extravagances, l'orgueil insens et le caractre odieux. Grammairien p a r excellence, M. Littr n'a pas mme le sentiment de la signification ou de la porte des mots qu'il prononce. 11 ne s'aperoit mme pas qu'affirmer une cause premire et suprieure, une causalit suprme, c'est affirmer l'tre ternel, infini, tout-puissant, le Dieu des c h r t i e n s ! . . Que voir dans l'homme l'effet de la cause premire, c'est affirmer la cration, etc. ! Je ne saurais dire combien le vide de l'esprit de M. Littr m'a rendu fier de ma foi, et aussi de ma science. professeur et recteur de VUniversit

M.

DU BOIS-REYMOND,

de Berlin,

un des chefs de l'cole rationaliste ou libre p e n l'un des hommes les plus infatus

seuse de l'Allemagne;

de sa science et de sa nationalit, qui a os s'excuser, en runion publique, d'tre condamn porter un nom franais! Bien malgr lui le fier savjinl,le froce Teuton, est devenu un

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1489

clc nos auxiliaires les plus prcieux, par le discours sur les bornes de la philosophie naturelle, qu'il a prononc en septembre 1 8 7 5 , au sein de l'Association des naturalistes aile-" mands. 11 nous sert d'abord par son extravagance. Dans une de ses heures d'orgueil, mais en se bornaut peut-tre a la nature ou au monde physique, Laplace avait os^ dire ( E s s a i philosophique s u r le calcul des probabilits, p . 3 , deuxime dition. Paris, 1814) : Une intelligence qui, pour un instant donn, connatrait toutes les forces dont la nature est anime et les situations respectives des tres qui la composent, si d'ailleurs elle tait assez vaste pour soumettre ces donnes l'analyse, embrasserait dans la mme formule les mouvements des plus grands corps de l'univers, et ceux du plus lger atome ; rien ucserait incertain pour elle, et l'avenir, comme le pass, serait prsent ses yeux. L'esprit humain offre dans la perfection qu'il a su donner l'astronomie une faible esquisse de cette intelligence ! Drision amre, Laplace lui-mme n'a pas pu Soleil, la Terre et la Lune ! Mais voici que M. du Bois-Reymond, tendant l'Intelligence et la formule de Laplace au monde de la vie, de l'instinct et de la raison, aux penses, aux volonts et aux caprices des tres libres, ose dire : L'intelligence conue par Laplace pourrait, en discutant sa formule universelle, nous dire quel fut le Masque de fer ou comment prit La Prouse !... Elle pourrait lire dans ses quations le jour o la croix grecque reprendra sa place sur la coupole de Sainte-Sophie, et celui o l'Angleterre brlera son dernier morceau houille... Il lui suffirait de donner au temps une de valeur rsoudre le problme lmentaire des trois corps de notre systme, le

ngative infinie pour que le mystrieux tat originaire des choses se dvoilt ses yeux... En faisant crotre le temps 9-i

1490

LES S P L E N D E U R S

DE

LA

FOI.

positivement et l'infini, temps fini ou infini

elle apprendrait si un espace de

nous spare encore de cet tat final

d'immobilit glace, dont le thorme de Garnot menace l'univers. Une pareille intelligence saurait le compte des cheveux de notre tte, et pas un passereau ne tomberait terre son insu ! Ainsi M. du Bois-Reymond admet qu'on puisse mettre en quation le coup d p e i g n e que je me donnerai, comme le coup de pied sous lequel j'craserai des milliers de fourmis, il saura l'avance le nombre des cheveux dtachs de ma tte, et le nombre des fourmis immoles mon caprice. Je suis bien vieux, j ' a i beaucoup vu, beaucoup entendu, beaucoup lu : mais je l'avoue, je n'avais encore jamais assist pareil spectacle. Grand h o m m e ! Pauvre h o m m e ! Il nous vient aussi en aide par les aveux de son impuissance absolue : Les anciens physiologistes ioniens n'taient pas plus embarrasss sur la nature ou l'essence des corps que nous ne le sommes nous-mmes. Les progrs de la science, quelque grands qu'ils nous paraissent, n'ont pas russi l'lucider, et ses progrs ultrieurs resteront tout aussi impuissants. Jamais nous ne saurons mieux qu'aujourd'hui en quoi un espace rempli de matire diffre d'un espace vide, car l'intelligence conue par Laplace, elle-mme, quoique si suprieure la ntre, n'en saurait l-dessus pas plus long que nous, et c'est cela que nous reconnaissons que nous sommes arrivs l'une des bornes infranchissables de notre entendement. Passant de la matire la vie, la sensation, au sentiment, la pense, M. du Bois-Reymond n'hsite pas dire : Alors mme que nous possderions la connaissance intime du cerveau, ces phnomnes nous seraient tout aussi incomprhensibles... nous serions arrts par eux comme par quelque chose d'incommensurable!... La connaissance la plus

LA. SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1491

intime de l'encphale ne nous y rvle que de la matire en mouvement... Mais aucun arrangement, ni aucun mouvement de parties matrielles, ne peut servir de pont pour passer dans le domaine de l'intelligence. Le mouvement ne peut produire que le mouvement ou rentrer l'tat d'nergie potentielle. L'nergie potentielle son tour ne peut rien, hormis produire le mouvement, maintenir l'quilibre, exercer pression ou traction... Les phnomnes intellectuels qui se droulent dans le cerveau, ct et en dehors des changements matriels qui s'y oprent, manquent pour notre entendement de raison suffisante. Ces phnomnes restent en dehors de la loi de causalit, et cela suffit pour les rendre incomprhensibles... Voil donc l'autre borne de notre philosophie naturelle. Elle n'est pas moins infranchissable que la premire... Malgr toutes les dcouvertes de la science, l'humanit n'a pas fait plus de progrs essentiels dans l'explication de l'activit intellectuelle l'aide de ces conditions matrielles, que dans l'explication de la force et de la matire. Elle n'y russira jamais !... Vis--vis des nigmes du monde matriel, le philosophe depuis longtemps est habitu rendre avec une mle nergie l'ancien verdict cossais : I g n o r a m u s . Il puise dans la contemplation de la carrire victorieuse qu'il a dj fournie la conviction tacite que ce qu'il ignore encore aujourd'hui, il pourrait au m o i n s , dans certaines conditions le savoir, et qu'il le saura peut-tre un jour. Mais vis--vis de la question : Qu'est-ce que la force et la matire, et comment donnentelles naissance la pense, il faut qu'une fois pour toutes il se rsigne ce verdict beaucoup plus difficile prononcer :

Ignorabiimts.

)>

Ces aveux sont d'autant plus mritoires, qu'ils sont plus spontans et qu'ils ont excit au del du Rhin les plus violentes colres. M . du Bois-Reymond a t accabl d'injures,

1492

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

on a t jusqu' le qualifier de jsuite ! ce qui est le neof ultra de l'expression de la rage germanique. [Revue des cours publics, juin
1804).

lus-

MOLESCIIOTT

Un

sage de l'antiquit a dit que l'homme est la mesure de toute chose (c'est l'erreur anthropologique sa suprme puissance) ! Cela est exact en ce sens : que l'homme, quand il mesure, prend pour terme de comparaison l'homme lui-mme. Avec cette rserve, le mot d e P r o t a g o r a s nous rvle une vrit des plus profondes, et, en mme temps, une intention propre nous l'assurer sur le rsultat de nos recherches, nous armer de force et de courage contre les obstacles de toutes sortes que nous devons affronter pour atteindre le but que nous p o u r suivons. Le sens profond qu'il faut donner la maxime du philosophe suppose la possibilit d'une comparaison entre l'homme et le monde. Cette comparaison n'est possible que s'il y a des relations certaines , dtermines , ncessaires entre l'homme et les objets de l'univers, dans lequel il se meut. Ces objets, si divers qu'ils soient, si mobiles, si variables, si flottants, correspondent partout dans leur tre, dans leurs mouvements, dans leurs variations ou fluctuations, certaines lois de la nature, de cette nature qui, en tout et toujours, a pour essence la ncessit. Or la mesure des choses qui obissent dans tous leurs changements la fatalit naturelle, doit avoir, elle aussi, des raisons d'tre absolument ncessaires et immuables ; ou plutt elle devrait perdre instantanment le caractre essentiel d'une mesure, si la volont ou l'accident exerait sur elle une influence perturbatrice. En un mot, pour que l'homme puisse s'appeler la mesure de toute chose, il faut que les
LA CONSCIENCE, LES SOIENT SENSATIONS, LES JUGEMENTS, LES PENSES,

VOLITIONS, CES

ET

ENFIN

LES

PASSIONS

ELLES-

MMES

LIES PAR

MMES LOIS DE LA NCESSIT KATU-

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA FOI.

4493
DES

R E L L E Q U I G O U V E R N E N T L ' O R B I T E D E S P L A N T E S , LA FORMATION MONTAGNES, L E FLOT D E LA M E R , LA VGTATION DES

PLANTES ET

L'INSTINCT D E S A N I M A U X .

La science impie est donc fatalement absurde ! Partir d'un mot sans sens, que Ton est forc ds le dbut d'interprter, pour arriver nier la spontanit, la libert et la responsabilit humaines, n'est-ce pas une douloureuse abngation de la raison et un triomphe pour la foi ?
CARL

YOGI,professeur

F Acadmie

de Genve, l'homme aux

plus grandes audaces de la libre pense. Dmontrer qu'il n'y a de place ni dans le monde inorganique, ni dans le monde organique, pour une force indpendante del matire, et pouvant faonner celle-ci suivant son gr ou son caprice, tel est, ce me semble, le vritable noyau de ce qu'on est convenu d'appeler le Darwinisme, son essence intime ne peut se dfinir autrement suivant mon avis. Il n'importe que les uns suivent cette direction, pour ainsi dire instinctivement, sans se rendre compte des derniers rsultats auxquels elle doit ncessairement conduire, tandis que les autres savent directement le but vers lequel ils tendent; l'important est que cette direction se trouve, comme on dit, dans l'air, qu'elle s'imprime, par le milieu spirituel dans lequel vit l'homme scientifique, tous les travaux, et qu'elle s'asseye mme ct de l'adversaire pour corriger ses preuves avant qu'elles passent la publicit. {La descendance de Vhomme et la slection
VOGT,

sexuelle,

par Charles

DARWIN.

Prface de Carl

p. xi.)

On ne part plus de l'ide d'un principe immatriel de la vie qui n'est combin avec le corps que temporairement, et qui continue son existence mme aprs la destruction de cet organisme, par lequel seul elle se dveloppe,... on part du principe que
FORCE ET MATIRE

ne sont qu'un ; que tout dans

1494

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

les corps organiques comme inorganiques, n'est que transformation et transposition incessante de la matire... E t en appliquant ce principe l'tude des corps organiss, en l'affranchissant de toute ide prconue et implante, on arrive des rsultats... inimaginables, une poque o toutes les penses taient domines par l'ide d'une force vitale particulire... Aujourd'hui nous dcapitons un animal,
LE FAISONS MOURIR COMPLTEMENT ( NOUS

sic /). Mais aprs cette mort,

nous injectons dans la tte du sang d'un autre animal de la mme espce, battu et chauff au degr ncessaire, et cette tte rouvre les yeux, et ses mouvements nous prouvent que son cerveau,
ORGANE D E LA P E N S E ,

fonctionne de nouveau et

de la mme manire, comme avant la dcapitation. M. Cari Vogt vient de publier une seconde dition franaise de ses Lettres physiologiques, et il n'a pas hsit reproduire la fameuse phrase qui fit, il y a vingt ans, tant de scandale. Toutes les proprits que nous dsignons sous le nom d'activit de l'me, ne sont que des fonctions de la substance crbrale, et, pour nous exprimer d'une faon plus grossire, la pense est, peu prs, au cerveau ce que la bile est au foie et l'urine aux reins. Il est absurde d'admettre une me indpendante qui se serve du cerveau comme d'un instrument avec lequel elle travaille comme il lui plat. Voil le principe, voici le corollaire : En dfinitive, la conclusion qui
SEMBLE

bien certaine,

c'est la disparition de notre personnalit aprs la m o r t : cette opinion fait crouler tout l'chafaudage des rcompenses et des peines futures ; elle dtruit toute esprance de revivre plus tard et de se souvenir avec bonheur, dans une forme plus parfaite, des imperfections de notre existence passe... Aprs le corollaire, vient le commentaire.

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE D E

LA F O I .

1495

Cette conclusion dsole bien des gens qui tiennent h ces ides religieuses entaches d'anthropomorphisme, qui sont rhritage des premiers ges do l'humanit. Il faut nous rsigner mourir tout entiers, a ne jamais voir la vrit pleine. Le
DSESPOIR

de nous sentir vaguement dsirer un


S U F F I R E A NOTRE ORGUEIL.

but que nous n'atteindrons pas, de tendre vers un but que nous ne remplirons pas, doit un proverbe arabe qui dit ;
DSESPOIR EST UN HOMME

Il est
LE

L'ESPRANCE EST UNE ESCLAVE,

L1RRE.

Pour tre honnte, l'auteur de ce commentaire aurait au moins d retrancher le mot


SEMBLE

du dbut. On ne peut

dire honntement ces choses-l que lorsqu'on en est absolument certain. Et il prtend parler au nom de la science! Une autre traductrice ou traditrice (traductor, M
ra0

traditor)

de

Darwin qui a russi inspirer un profond mpris son hros, Clmence Royer a t bien plus explicite et plus consquente. Elle est alle jusqu' dire : La matire n'est point inerte, immobile, inactive... Les forces que nous avons crues hors d'elle sont en elle. La substance du monde est esprit et vie ; l'intelligence et la pense ne sont que des phnomnes au mme titre que l'impntrabilit et le mouvement. Non-seulement le mouvement se transforme en son, en chaleur, en lectricit, mais toutes ces formes diverses d'une force toujours identique se transforment en vie, en intelligence,
E N ACTION

libre.

C'est le comble de la franchise, mais c'est aussi le comble de la btise ou de la folie !


M.

Charles

MARTINS,

correspondant

de l'Institut,

professeur

la Facult

de Montpellier.

La haine de la Foi l'a conduit

cet attentat contre la science. Dans la fevue des D e u x - M o n d e s du 13 janvier 18C8, p . 2 2 3 ,

1496

LES SPLENDEUIS DE LA FOU

ligne 4 0 , propos de l'Association Britannique pour l'avancement des sciences et de l'exploration de la clbre caverne de Torquay, dans le comt de Kent, il a lanc ce ballon incendiaire : M. Vivian s'est livr quelques calculs sur l'origine des dbris de la caverne de Torquay. Le limon noirtre de la surface contient h sa base des poteries romaines qui nous permettent de lui assigner 2 , 0 0 0 ans d'existence. L'paisseur de la premire couche stalagmitiquc qui avait 2 centimtres, et la nature des objets qu'elle contenait, nous font rmonter 4 , 0 0 0 ans environ avant Jsus-Christ. Mais la seconde couche stalagmitique ayant 01 centimtres d'paisseur, et s'tant forme raison de 2
m m

, 5 par an, nous

reporte au del de 364,000 a n s , c'est--dire la priode glaciaire, dont le limon rouge de la caverne est un tmoin. Ce limon recouvrait des os travaills et des silex taills mls aux dbris de pachydermes fossiles. L'existence de cette seule caverne nous montre donc que l'homme existait probablement avant l'poque glaciaire, et que son antiquit remonte fort au del du terme que la tradition lui avait assign. Je constaterai d'abord que, ma connaissance du moins, la responsabilit de cet trange calcul pse tout entire sur M. Charles Martins, qui se garde bien d'indiquer la source o M. Vivian l'aurait dpos. J'ai sous les yeux les rapports officiels de l'habile gologue anglais, et je n'y trouve rien de semblable. En tout cas, l'attentat de M. Vivian ne justifierait pas celui de M. Charles Martins. Reprenons son d'paisseur, et s'tant forme raison de 2
m m

calcul.

Mais la seconde couche stalagmitique ayant 91 centimtres , 5 par an, soit 1 centimtre en quatre ans, ces 91 centimtres d'paisseur exigeraient 9 1 X * ou 3 6 4 ans, qui ajouts aux 2,000 ans de la priode romaine, feraient 2,364 ans, et nous reporteraient 232 ans avant Jsus-Christ.Commcnt, par quelle ignorance,

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

4497

ou par quelle ide prconue, au lieu de 364 ans, M. Charles Martins a-t-il crit 3 6 4 , 0 0 0 ans? Y a-t-il une erreur dans son texte? Au lieu de 2 2
mil m m

, 5 par an, faut-il lire 2

m m

, 5 par sicle?

, 5 par sicle, ce serait 1 centimtre en quatre sicles;

91 centimtres ou 4 0 0 X 0 1 feraient 36,400 ans et non pas 364,000 ans ! Pour la premire couche do stalagmites de 2 centimtres- d'paisseur, M. Charles Martins rclame 2,000 ans, 10 sicles, au lieu de 8 ans, 4 ans pour chaque centimtre. Quel homme ! Quel savant ! Comme il est ferme sur les bases! M. Charles Martins a plus droit encore notre admiration quand nous l'entendons dire sans sourciller : La seconde couche de stalagmites ayant 91 centimtres d'paisseur, s'fant forme raison de 2
mrn

et

S par an. S'iant forme! Il Je

sait donc, il y tait, il vivait il y a plus de cent mille ans! C'est vraiment incroyable ! L, du moins, o on ne l'admire plus, c'est lorsque aprs avoir constat une antiquit de 364,000 ans, il se contente de dire que cette antiquit remonte fort au del de 6 ou 8,000 ans. Cette conclusion est par trop ingnue, elle est ridiculement nave. Qu'il me soit permis, cette occasion, de reproduire ici la traduction littrale d'un petit article publi dans le journal Nature du 10 juillet et dans YAthenum anglais du 12 avril 4873. M. Boyd Dawkins, de la Socit Iloyale de Londres, un des anthropologisles les plus renomms de l'Angleterre, regarde comme vident, d'aprs les mesures positives qu'il a prises dans la caverne d'Ingleborough, York'shire, sur une stalagmite clbre appele Jokci's Capp, que la valeur des couches de stalagmites, en tant qu'il s'agit de fixer l'antiquit des dpts situs-au-dessous d'elles, est relativement trsfaible. Par exemple, les couches de la caverne de Kent (celles de M. Charles Martins) peuvent avoir t formes raison d'un

1498

LES
m m

SPLENDEURS

DE

LA
m m

FOI.

quart de pouce ( 6

, 2 par an et non 2

, 2 ) , et les os humains

de la caverne de Bruniquel, ne doivent pas tre considrs pour cette raison comme d'une haute antiquit.
LE MDECIN MATRIALISTE ET ATHE.

Les journaux racon-

taient nagure le cruel embarras d'un professeur de la Facult de mdecine de Paris, qui, entoure de ses lves, se trouvait en prsence d'une malade atteinte d'une inflammation cancreuse des deux seins, mal non-seulement incurable, mais qu'il est presque impossible de soulager. Conseiller la pauvre malade de se tuer, et t l'expression naturelle des convictions athes et matrialistes du matre. Mais on aurait cri au scandale. Exprimer le dsir de la voir recourir au suicide et t fort logique, mais trop risqu. Le matre se contenta d'invoquer le regret qu'une certaine rubrique litigieuse l'empcht d'chapper par la mort aux souffrances affreuses d'une lsion certainement ingurissable. Le mot rubrique religieuse, substitu aux dogmes d e l foi, aux principes d e l morale naturelle et rvle, est tristement ironique ; et nous sommes en droit de reprocher a M. le professeur de la Facult de Paris son inconsquence et sa lchet, dont les saintes doctrines pouvaient seules le dfendre. S'il n'y a pour lui, comme il s'en vante, ni me immortelle, ni vie future; si la fin, comme l'origine de l'homme, est celle de l'animal, il est absolument certain nonseulement tuant, que sa malade ferait une bonne action, en se mais que lui mdecin serait en droit d'aider la malade

a mourir, de la faire mourir mme sans la consulter ou la prvenir, comme on tue un cheval morveux ou qui s'est bris la jambe. M
m o

Clmence Royer a t plus logique et plus des espces de Darwin, reprocher et leurs soins

courageuse, elle n'a pas hsit, dans la prface de sa traduction de Y Origine aux socits chrtiennes leurs tendresses

LA

SCIENCE,

AUXILIAIRE

DE

LA

FOI.

1499

empresss pour leurs membres souffrants, aux dpens des membres valides de l'humanit. Non, jamais un mdecin athe et matrialiste, ayant, comme il le prtend, la conviction absolue de ses fatales doctrines, ne pourra excuser, par un motif raisonnable, les hsitations qu'il prouverait provoquer la mort d'un malade certainement incurable, devenu i n s u p portable lui-mme et aux autres. A ce point de vue videmment le mdecin athe et matrialiste serait un danger social! Heureusement que pas un de ces libres penseurs n'a la certitude de ses fatales doctrines, ou qu'ils sont par l mme une protestation vivante et agissante contre leurs assertions mensongres.

UN

DES

REPRSENTANTS ET DU

LES

PLUS DES

AUTORISS D E LA PROBABILITS.

STATISTIQUE

CALCUL

II n'est pas jusqu'aux sciences dont on a le plus abus, qui ne deviennent elles aussi, un moment donn, les auxiliaires volontaires ou involontaires de la foi. Le calcul des probabilits, surtout dans ses applications la statistique, est devenu entre les mains des Laplace, des Lacroix, des Poisson, une arme perfide, avec laquelle on a sap les fondements mmes de la religion, la distinction des effets et des causes, l'existence d'un tre ncessaire, crateur et conservateur de l'univers, qu'il gouverne par son intelligence infinie, sa volont libre et souveraine, par sa providence suprme. Voici cependant que ce mme calcul des probabilits appliqu la statistique, jusque dans ses excs et ses abus, accuse un des dogmes fondamentaux del Rvlation,
HUMAINE.
I'UNIT DE L'ESPCE

C'est ce qui rsulte d'une note lue par un des grands

matres de la statistique, science ou mthode, hlas! trop souvent gare, l'illustre M. Qutelet, dans la sance publique de

1800

LES SPLENDEURS DE LA FO.

l'Acadmie

royale des sciences de Belgique, le 17 dcembre

1 8 7 2 ; nous la r s u m o n s d a n s ce qu'elle a d'essentiel. Il y a prs d'un demi-sicle, j e portai toute ma sollicit u d e s u r les relations qui pouvaient exister e n t r e u n certain n o m b r e d e personnes ( 1 0 , 0 0 0 , p a r exemple) de m m o g e , p o u r reconnatre s'il s e trouvait entre elles u n e loi quant a la grandeur des tailles, et p o u r j u g e r e n s u i t e si cette loi existait aussi q u a n t a u x poids, q u a n t la force, q u a n t la vitesse de la m a r c h e , e t c . J e fus e x t r m e m e n t t o n n , j e l'avoue, d e

trouver que cette loi non-seulement mais encore quelle cise, bien que nullement les facults de Fhomme.

tait

follement

prononce, la plus prsur

tait marque de la manire

nonce dans nos connaissances

S u r u n e ligne d r o i t e h o r i z o n t a l e , a p a r t i r de Tcxtrml a, je pris u n e l o n g u e u r ab de 159 c e n t i m t r e s , h a u t e u r la plus c o m m u n e de l ' h o m m e r g u l i r e m e n t constitu et g de vingt a n s , s u r 1 , 0 0 0 q u e j e comparais a l o r s . P u i s p a r t i r d e 6, j'levai des lignes p e r p e n d i c u l a i r e s m a l i g n e h o r i z o n t a l e , en laissant e n t r e elles des distances gales, e t en a y a n t soin de faire la h a u t e u r respective de c h a c u n e d'elles gale au nombre d'units qui r e p r s e n t a i t le n o m b r e des individus de chaque g r a n d e u r de taille, en suivant l'ordre a s c e n d a n t . J e fus tonn, je l'avoue, de l ' e x t r m e concordance q u e la srie des nombres calculs p r s e n t a i t avec la r g u l a r i t de la figure. Il m e parut difficile d ' a d m e t t r e q u e cet a r r a n g e m e n t rgulier des nombres

LA SCIENCE, AUXILIAIRE DE LA FOI.

1801

ft entirement fortuit. Des rapprochements que je fis avec des nombres recueillis dans d'autres localits, me conbinode duisirent encore aux mmes rsultats : la courbe est la ligne connue par les gomtres sous le nom de ligne mialc vitalit. Le rapprochement mis en vidence par la courbe de vif alit n'existe pas seulement pour les tailles entires, mais encore pour les diffrentes parties du corps... Aprs avoir constat cette remarquable identit pour les tailles, je voulus reconnatre si les valeurs pour les poids pouvaient offrir des rsultats semblables, et je reconnus encore la mme identit ; s e u lement, la courbe ne prsentait pas une rgularit parfaite, comme pour les tailles : la formule binomialc qui la r e p r sentait, admettait simplement une ingalit entre les deux nombres qui entraient dans son dveloppement (au lieu du binme ( a - J - a ) , j'avais ( o + b) ).
m m

: je la nommerai dans la thorie de l'homme, courbe

Il en tait de mme, pour

les forces, pour les battements du pouls et pour les diffrentes qualits physiques de l'homme. Je ne tardai pas reconnatre ensuite que la mme loi se vrifiait encore pour le dveloppement des qualits et intellectuelles. morales Les documents de la justice en France me

prsentrent les rsultats les plus curieux ; ce sont assurment ceux qui m'inspirrent le plus d'tonnement, et me parurent mriter le plus d'attention. On y voyait, avec une grande vidence, que, dans le rapport des dlits et des crimes, la loi qui s'observait pour les ges, tait d'une extrme rgularit. De nouvelles recherches ne tardrent pas me montrer que la loi du binme, ou bien la loi de vitalit n'tait pas applicable l'homme seulement, mais qu'elle s'tendait plus loin encore, et rglait le dveloppement des animaux et mme des

1502

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

plantes... La loi binomialc ou de vitalit serait donc la loi la plus gnrale de la nature. On la trouve partout, et partout, sous les mmes conditions, elle se manifeste de la manire la plus vidente et la plus simple... Ainsi donc, M. Qutelet affirme avoir constat de la m a nire la plus vidente, que les qualits physiques de chaque srie d'tres vivants et leurs qualits morales, quand il s'agit d'tres intelligents, sont rgies dans leur dveloppement par une loi trs-remarquable, la mme partout, sauf des modifications tout fait secondaires! Or une loi aussi rgulire suppose ncessairement quelque chose de commun inhrent l'essence mme des tres de la srie, collectivement et i n d i viduellement, li ncessairement l'unit d'origine et constituant l'unit d'espce. Cette loi caractrise plus particulirement l'homme : Je ne pense pas, dit M. Qutelet en terminant, qu'il existe de loi plus belle, qui se rattache notre humanit et qui mrite mieux notre tude. Elle est donc caractristique du dogme fondamental de l'espce ; et voici que celles des sciences qui semblaient n'tre venues que pour nier et maudire la Foi et la Rvlation, sont forces de lui rendre un clatant hommage. C'est M. Qutelet qui, malgr lui peut-tre ou du moins sans y insister aucunement,
DE L'ESPCE HUMAINE.

a donn sa lecture ce titre


UNIT

significatif, auquel presque personne n'a fait attention,

CHAPITRE

TREIZIME.

La Foi, s a u v e g a r d e d e la Science,

Commenons ce chapitre par rappeler la belle page de Cauchy qui nous l'a inspire : L ' e s p r i t de l'homme est sujet l'erreur. Combien de fois n'estil pas arriv que des faits aient t mal observs, et que de raisonnements inexacts on ait tir de fausses consquences ! Mme dans les sciences purement mathmatiques, sur la foi des gomtres les plus habiles, n'a-t-on pas vu des thories d'abord admises, puis rejetes comme incompltes et mme fausses. Un savant pourrait donc craindre de s'garer, mme dans rtablissement des thories qui lui paratraient les plus incontestables ; et, s'il est raisonnable, il prendra toutes les prcautions ncessaires pour se rassurer cet gard. Premirement, il soumettra le fruit de ses veilles h l'examen et l'autorit des autres savants : quand il verra ses expriences rptes avec succs, ses thories gnralement admises par ceux qui cultivent les mmes sciences, il pourra se confier davantage ses propres lumires, et se flatter d'tre parvenu a la vrit ! Ce n'est pas assez encore,
LA VRIT, QU'IL REJETTE SANS HSITER LES DANS S'IL CHERCHE VRAIMENT QUI

TOUTE

HYPOTHSE CE

SERAIT E N

CONTRADICTION AVEC JE NE DIRAI DES PAS

VRITS RVLES. L'INTRT C'EST ONT DE LA

POINT

EST C A P I T A L , MAIS D A N S CETTE

RELIGION, NGLIG DE DU

L'INTRT QUE VAINS

SCIENCES.

POUR EU

AVOIR LE

VRIT, EN

QUELQUES EFFORTS

SAVANTS

MALHEUR

CONSUMER

UN T E M P S P R C I E U X QUI AURAIT DCOUVERTES.

TRE E M P L O Y A F A I R E D ' U T I L E S

1504

LES SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

Ce langage semblera dur, t r s - d u r ! Beaucoup de savants ne l'entendront pas sans colre ; et cependant il est aussi salutaire que vrai. Nous l'avons dj dmontr jusqu' l'vidence : aucun fait vraiment scientifique ne s'est trouv en opposition avec la Rvlation, et jamais un texte qui, dans la sainte Bible, touche de prs ou de loin la science n'a reu de dmenti. E t , puisque, cependant, la science humaine a essay des milliers de fois de se mettre en contradiction avec la foi, il faut de toute ncessit qu'elle soit tombe des milliers de fois dans Terreur. Dans l'erreur ! dont on est bien forc de dire qu'elle est t o u jours, plus ou moins, une honte et une faute; honte ou faute laquelle la science aurait chapp en suivant le conseil si sage et si sincre de Cauchy. Cette grande vrit, que la Foi est la sauvegarde de la science, j'oserais presque dire le garde-fou de la science, est donc, de fait, mille fois dj dmontre dans mon livre ; et je pourrais ne pas y insister, mais il m'a sembl qu'il serait bon et utile de prouver ici, par quelques exemples clatants, combien il est dangereux pour un savant d'affirmer des faits et des thories directement vrit des Livres saints. Commenons par l'exemple le plus mmorable des tristes issues de ces imprudents dmentis. ou indirectement contraires la

LA

LUNE,

LUMINAIRE DONN

DE

LA

TERRE.

DMENTI

PAR LAPLACtf*

La Gense affirme de la manire la plus formelle qu'entre les diverses- fins de sa cration, la Lune a pour destination d'clairer la Terre pendant la nuit (Gense, ch. i , v. 24). Qu'il soit fait deux luminaires dans le firmament du ciel,
cr

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE.

1505

qu'ils sparent le jour de la nuit, et qu'ils servent . indiquer les T E M P S , et qu'ils


LES JOURS ET LES A N N E S ,

(]u4ls luisent

d a n s la

Ullit

clairent

la terre.

Dieu fit donc deux grands lumi-

naires, l'un plus brillant pour prsider au jour, l'autre moins brillant pour prsider h la nuit. Et il les a placs dans le firmament du ciel pour luire s u r la terre. La Gense affirme que la Lune a t cre en partie pour clairer la T e r r e ; et, s'il est un fait palpable dans le monde, c'est que la Lune claire l a Terre, que sa lumire est utile l'homme qui la fait servir a plusieurs de ses besoins, et la raison tend naturellement conclure de la que cet clairage est une des causes finales de la Lune. Qui aurait cru jamais que ce fait si patent, que cette vrit si simple, seraient l'objet d'un dmenti donn de sang-froid par le plus illustre des astronomes mathmaticiens du monde, lve autrefois en thologie, arriv alors au faite de la gloire, mais gar, hlas ! et incrdule. Voici donc que, page 2 3 3 du Systme d u m o n d e , sixime que la dition de 1 8 3 5 , Laplace s'est laiss aller dire : * Quelques partisans des causes finales ont imagin nuits. Dans ce cas,
QU'ELLE SE SERAIT

Lune avait t donne la Terre pour l'clairer pendant les


LA N A T U R E N ' A U R A I T D O N C P A S A T T E I N T L E R U T PROPOS,

puisque souvent nous sommes

privs la fois de la lumire du Soleil et de celle de la L u n e . Ce dernier membre de phrase est trange, le Soleil et la Lune, videmment, ne peuvent pas et ne doivent pas ncessairement clairer en mme temps la T e r r e ; parler de leur clairage simultan, c'est vritablement naf ! Mais celte navet n'est rien auprs de la ngation formelle ou explicite du fait que la Lune a t donne la Terre pour l'clairer. Laplace ne s'est pas content de donner a la Nature, c'est-a-dire a Dieu, un dmenti, il a tenu a lui faire la leon, car il ajoute :
95

4506
1

LS S P L E N D E U R S

D E LA F O I .

Poui y parvenir, pour Taire dfi la Lune un luminaire d la Tnta, il


EU* SUFFI

de mettre l'origiee la Lune en opp-

silion avec le Soleil, dans le plan mme de l'cliptique, a < Une distance ite la Terre gale la centime partie de la < distance de la Terre au Soleil; et de donner la Lune et a la Terre des vitesses parallles, proportionnelles leurs distancs de cet astre. Alors la Lune, sans cesse eu opposite lion avec le Soleil, eut dcrit autour de lui une ellipse semblable a celle de la Terre. Les deux astres se seraient succd Fiin l'autre sur l'horizon, et comme, cette dislance, la Lune n'et point t clipse, sa lumire aurait compltement remplac celle du Soleil. Remarquons en passant ce .paralogisme trange! La Gense ne dit nullement que la Lune doive clairer la terre pendant toutes les nuits, que sa lumire doive succder chaque jour celle du Soleil ; elle se contente de dire que la Lune prside la nuit, claire la Terre pendant la nuit ou une partie de la nuit. Mais acceptons le dmenti dans toute sa porte, et supposons que le but atteindre et t, en effet, d'assurer sans cesse la Terre l'clairage par la Lune, dans toutes les nuits. La solution de Laplacc est-elle au moins vraie, et ce qu'il annonce se serait-il produit ? Il s'agit d'un cas du clbre problme des trois corps, que les gomtres sont loin d'avoir rsolu d'une manire complte et gnrale, mais d'un cas trs-simple en apparence. Laplacc dans le chapitre vi du X livre de V M c a n i q u e cleste,
e

formule

mieux cl l'nonc du problrtie.et sa solution. Le R. P . Caraffa, professeur de mathmatiques transcendantes au Collge romain, mon confrre et mon ami, appliqua le premier les formules mmes de la M c a n i q u e cleste de Laplace h la discussion de ce problme et parvint sans peine dmontrer, dans une dissertation imprime

KOI,

SAUVEGARDE

DE

SCIENCE.

150?

Rome en 1 8 2 8 , sous ce litre : P a u c i s xpenditur L a p l a c e opinio dicunt ut de illorum Tellurem sentenlid illuminet, quse L u n a m noetu

clarissimi conditam

que le systme des

trois corps aiusi placs prouverait infailliblement des perturbations de la part des autres plantes, et qu'ainsi l'opposition de la Lune au Soleil n'aurait pu subsister toute poque, mathmatiquement, d'une manire absolue. Mais cette conclusion se tenait trop dans le vague, le dmenti de Laplacc restait jusqu' un certain point debout. La bonne Providence voulait que l'audace du grand gomtre fut plus solennellement et plus svrement punie. La thse du R. P . Caraffa m'avait t e n voye, et elle tomba entre les mains d'un des plus clbres lves de l'cole de Laplace, M. Liouvillc, gomtre minent, en mme temps esprit indpendant, que le ct religieux de la question ne proccupait en aucune faon. Le problme propos l'intressa, il voulut le rsoudre h son tour, mais d'une manire complte; et c'est de sa main qu'est parti le caillou qui frappe au front le nouveau Goliath, dcapit aussi par'sa propre pe. Sa solution fait l'objet d'un mmoire prsent l'Acadmie des sciences dans la sance du 4 avril j 8 4 2 , et imprim dans les Additions la connaissance des temps pour 1845. Le voici dans ce qu'il a d'essentiel. Pour l'exactitude absolue de la proposition nonce par Laplace, il faut qu' l'origine du temps la relation entre les masses et les distances, et la proportionnalit de ces dernires aux vitesses aient t rigoureusement vrifies, ainsi que le paralllisme des vitesses; il faut de plus qu'aucune cause perturbatrice ne vienne par la suite troubler le mouvement,
CE Q U ' O N N E P E U T P A S A D M E T T R E *

A la vrit, si le systme que

nous considrons est un systme stable qui tende revenir de lui-mme son lat rgulier de mouvement, cette remarque aura peu d'importance. Il faudrait, sans doute, avoir gard

1508

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

aux petits drangements occasionns par les diverses causes dont l'effet n'est pas insensible ; mais cela n'empocherait pas la Lune d'tre toujours trs-peu prs sur le prolongement de la droite qui joint le Soleil la Terre. Or, en tenant compte de la rfraction, on voit qu'un certain cart de la Lune de cette droite ne l'empcherait pas d'clairer la Terre pendant la totalit de chaque nuit. Au contraire, si l'tat de m o u vement dont nous avons parl plus haut, est instable, s'il tend se dtruire lui-mme de plus en plus, ds qu'il a prouv de lgers drangements, et c'est, en effet, ce qui a lieu, alors il faudra reconnatre que ce genre de mouvement ne peut pas exister d'une manire permanente dans la masses tant prs si places d a n s les Vaclion pasau n a t u r e . . . Le problme qu'il fallait rsoudre et que je traite dans mon mmoire est celui-ci : Trois n o n plus conditions rciproque particulier contraire rigoureusement, nonces des niasses Ten carter par m a i s trs-peu maintiendra de plus le systme en plus

L a p l a c e , o n demande ou s i elle ne tendra

d a n s cet tat

de mouvement,

? Pour le rsoudre

d'aprs les mthodes ordinairement suivies dans les questions de ce genre (les mthodes mmes de Laplace), j ' a i d considrer les quations diffrentielles lunaires qui se sont trouves tre coefficients variables, mme eu ngligeant, comme on pouvait le faire ici, l'excentricit de l'orbite terrestre. Une transformation simple m'a conduit ensuite a des quations h coefficients constants que j ' a i pu intgrer. L'intgration termine,
TRICES , J'AI RECONNU QUE D'TRE LES EFFETS DES CAUSS AU PERTURBACONTRAIRE DE LOIN CONTREBALANCS , LES SONT ACTIONS

AGRANDIS D'UNE MANIRE RAPIDE PAR NOS TROIS MASSES

MUTUELLES

: cette conclusion subsiste quels que soient


LA

les rapports de grandeur des masses. Si


A

L U N E AVAIT OCCUP
I N D I Q U E , ELLE

L'ORIGINE LA POSITION PARTICULIRE QUE LAPLACE

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE.

1509

N'AURAIT

P U S'Y MAINTENIR

QUE

P E N D A N T U N T E M P S T R S - C O U R T . ))

Quel coup de foudre ! Quelle preuve aussi que le monde soliterri-lunaire a t organis par une intelligence infiniment suprieure a celle de Laplace ! Et puis quelle trange ide que de vouloir que la Lune soit toujours en opposition avec la Terre, et l'clair pendant toutes les nuits! C'est presque fermer la porte aux plus intressants des phnomnes et aux plus essentielles lois de l'Astronomie. C'est anantir la prcession des quinoxes et la nutation; c'est faire disparatre les mares, ou du moins modifier dans une proportion norme les lvations des eaux de la mer; c'est supprimer les clipses de soleil et de lune qui sont cependant suivant le langage loquent astronomes, de Kepler, les pdagogues des en ce sens qu'ils sont surtout initis par elles h la

prdiction des mouvements des corps clestes. Jamais,, disait Riccioli, la chronologie ne serait sortie des labyrinthes tnbreux qu'elle a si souvent rencontrs sur ses pas, si elle n'avait pas eu pour guides les clipses dont les historiens avaient conserv le souvenir. Ce n'est pas tout : Laplace en tait venu h ddaigner le secours minent que la Lune apporte la dtermination des latitudes et des longitudes. Il a cependant dit lui-mme (Systme L e mouvement servir rapide la dtermination des longitudes d u m o n d e , p . 71) : puisse Les terrestres...

de la L u n e est le seul qui

erreurs sur la longitude sont d'autant moindres, que le mouvement de l'astre est plus rapide; aussi les o b s e r v a - , tions de la lune prige sont prfrables celles de la lune apoge. Si l'on employait le mouvement du Soleil, .treize fois environ plus lent que celui de la Lune, les erreurs sur la longitude seraient treize fois plus grandes; d'o il suit que de tous les astres, la Lune est le seul dont le mouve-

4510

IfBS SPLENDEURS DE LA FQ,

tnerit soit assez prompt pour servir K la dtermination des, longitudes en mer. Et c'est aprs avoir prononc cot arrt que, dans son organisation des trois corps, Laplace se rsigne animer la Lune d'une vitesse treize fois plus petite,, ou \\ rduire son mouvement diurne au mouvement diurne du Soleil, dclar par lui insuffisant. Le R. P , Caraffa a fait encore cette remarque capitale, que dans l'hypothse de Laplace la troisime loi de Kepler ne serait plus vrifie pour la Terre et la Lune, et que le systme du monde serait par consquent profondment troubl. Mais est-il vrai que dans les conditions assignes par Laplace, la Lune clairerait mieux la Terre? Elle serait une distance de nous prs de quatre fois plus grande, elle nous enverrait donc une lumire, seize fois moins lumire attnue dans que proportion cette pilleur extrme de l'astre des nuits. Un astronome et gomtre du second ordre, Franccenr, s'est fait en ces termes l'cho de son matre ( Uranographie, 3 dition, p . 94): ?c Considrant que les tnbres de la nuit ne sont pas toujours dissipes par la prsence d e l Lune, qui < c
N'CLAIRE

intense; une

norme, et que les

moindres nuages teindraient. Rien ne serait attristant comme

JNVjnON

QUE

U&

QUART D U TEMPS OU LE

SOLEIL

PST ABSENT,

on voit combien est dnue de fondement l'opi-

nion qui suppose que, ce satellite a t donn a la Terre (c pour clairer ses nuits. Si sa destination et t conforme cette hypothse, la Lune j u r a i t du se trouver sans cesse cp opposition au Soleil, <
ET JAMAIS C L I P S E .

Si au contraire la

Lune et t place en conjonction avec le Soleil dans les a mmes conditions de vitesse, mais assez, proche de nous pour nous cacher cet astre, nous jurions t dans une
Huit ternelle. Que

veut

dire le pauvre F r a n c u r ?

]L

se

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE.

1511

trompe d'abord

volontairement en affirmant que la Lune

n'claire la Terre qu'environ le quart du temps o le Soleil est couch. 11 rsulte des tableaux dresss par Riccioli et par d'autres que la Lune claire la Terre
P E N D A N T LA M O I T I ,

trs-peu

prs, du temps pendant lequel le Soleil reste sous l'horizon. La moiti n'est .pas le quart, surtout pour un gomtre ! Et
pourquoi s ' a m u s e r n o u s m e n a c e r d ' u n e nuit ternelle, au

cas o les deux astres claireurs auraient t placs en conjonction, quand il est certain que la petitesse de la Lune, la distance que Laplacc lui a assigne, l'aurait rendue i m p u i s sante a intercepter les rayons que le Soleil envoie la T e r r e ? Mais il est une autre raison, passe sous silence par le R. P . Caraffa comme par M. Liouvillc, et qui fait de l'insurrection de Laplac contre les causes finales un vritable s u i cide ! Faire succder h la varit l'uniformit d'une nuit ternellement o b s c u r e ou ternellement claire, c'est dj a t t e n t e r

la nature de l'homme p o u r qui le changement est absolument ncessaire!!! Mais faire briller la Lune dans le ciel pendant toutes les nuits, c'est rendre l'astronomie impossible, ou du moins amoindrir son domaine dans une proportion norme. Quoique Laplacc la rendt beaucoup plus faible, la lumire de notre satellite aurait drob nos regards une multitude de corps clestes des plus mystrieux et des plus intressants, les toiles a u - d e s s o u s d'une certaine grandeur et
par consquent p r e s q u e toutes les petites plantes ; le plus

grand nombre des comtes, des toiles doubles, des toiles variables, des nbuleuses, etc. Mme avec ses vicissitudes et se? phases actuelles, la Lune est un trouble-tte pour les astronomes, en ce sens qu'elle les condamne au repos, alors qu'ils seraient si dsireux de continuer des observations commences ou de surveiller l'apparition d'un astre annonc l'avance. Que serait-^ donc s'ils ne pouvaient jamais chapper a sa tyrannie ?
n;>
T.,

1512

LES PLENDEUUS UE LA FOI.

Convenez-en donc, le grand Laplace a t bien mat inspir ; il a renvers ce qu'il aurait d a d o r e r , il s'est livr luiM

mme, puisque c'est avec ses- propres armes que ses lves ont relev ses tranges erreurs. Cette sortie en dfinitive est tous les points de vue maladroite et malheureuse ; me voici bien autoris h dire que la Foi est le garde-fou de la Science. Admirons de nouveau, avec une plus pleine entente de leur signification, ces paroles de la Gense si pleines dans leur simplicit : Qu'il soit fait deux luminaires dans le firmament ; qu'ils divisent le jour et la nuit ; qu'ils soient dans le ciel D E S
SIGNES

(nul ne sait la signification vraie et entire de ce mot,

que je serais tent de traduire par signaux ; dans la dtermination des latitudes et des longitudes, les astres sont de vritables signaux), et qu'ils servent a marquer le temps, les annes et les jours. Qu'ils luisent dans le firmament et qu'ils clairent la terre. Et il fut fait ainsi... Et Dieu vit que cela tait bien. Ici la synthse est complte, toutes les destinations du Soleil et de la Lune, alternative des levers et des couchers, clairage, usages astronomiques, gographiques, chronologiques, tout est parfaitement indiqu en quelques mots. Splendeurs !!! E t cette merveilleuse harmonie des cieux, cette stabilit en quelque sorte absolue, dont la constatation a t sa gloire la plus pure et que lui, homme cependant de gnie, n'avait pas pu raliser dans le cas le plus simple du problme des trois corps, n'avaient pas arrach Laplace un cri d'adoration et d'amour ! Aurait-il feint mme d'ignorer, disons plus, de ddaigner Dieu, dans une circonstance solennelle ? J'ai racont, tome I , page 3 3 2 , sur l'autorit de Franois Arago, comment, interpell en ces termes par Napolon le grand : E t vous, Monsieur Laplace, qui avez arrach au ciel tant de secrets, ne chanterez-vous pas aussi bientt votre hymne la gloire du C r a t e u r ? L'illustre auteur de la
E R

LA 1 0 1 , SAUVEGARDE 015 LA SC1ESCE.

1813

M c a n i q u e cleste bilits aurait


LES DE

et du C a l c u l philosophique :

SIRE, J'AI PU A

des

probaET DE

rpondu
CIEUX DIEU !

CONSTITUER L'HYPOTIISE

EXPLIQUER L'EXISTENCE

SANS

MEME

RECOURIR

J'ai cherch cl j ' a i fait chercher dans tous les souvenirs de Sainte-Hlne le rcit que l'on mettait dans la bouche de l'Empereur ;'et, je suis heureux de pouvoir le dire, il n'est nullement prouv qu'en effet Laplace ait hasard la phrase par trop orgueilleuse qu'on lui prle. 11 ne pouvait pas tre et il n'tait pas athe. M. Babbagc, le penseur p r o fond, le mathmaticien minent, l'inventeur de la M a c h i n e calculs Trait analytiques, de Bridjewaler, dans son excellent volume : N e u v i m e serait au contraire tent de voir une analytique des probabilits, que les

profession de foi de thisme et de spiritualisme dans le fameux passage de la Thorie Hacckel, les du Bois-Raymond, les Charles Marlins, ont si fatalement interprt et surfait. En effet, aprs avoir dit : Une intelligence qui, pour un instant donn, connatrait toutes les formes dont la nature est anime, et la situation respective des tres qui la composent, si d'ailleurs elle tait assez vaste pour soumettre ces donnes l'analyse, embrasserait dans la mme formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus lger atome. Rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le pass, serait prsent ses yeux. L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner l'astronomie, une faible esquisse de celte intelligence infinie. Ses dcouvertes en gomtrie, jointes a celle d e l pesanteur universelle, l'ont mis a porte de comprendre dans les mmes expressions analytiques les tats passs et futurs du systme du monde. Laplace ajoute : En appliquant la mme mthode quelques autres objets de nos connaissances, il est parvenu ramener des lois gnrales les phnomnes obser-

1514

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

vs, et h prvoir ceux que des circonstances donnes peuvent faire clorc. Tous ces efforts dans la recherche de la vrit tendent le rapprocher sans cesse de
NOUS VENONS DE CONCEVOIR, MAIS DONT IL LOIGN. ININTELLIGENCE RESTERA QUE TOUJOURS

Cette tendance

propre

l'espce

humaine

est ce qui

la rend suprieure aux animaux, ses progrs en ce genre distinguent les nations et les sicles, et fondent leur vritable gloire. Ces belles lignes sont, en effet, un hommage clatant rendu l'intelligence divine et h l'intelligence humaine. Laplace, d'ailleurs, pendant toute la Restauration, la Chambre des pairs comme l'Acadmie des sciences et au Bureau des longitudes, ne s'est jamais montr hostile aux saines doctrines. A Arcueil, o il passait l't, comme P a r i s , rue du Bac, oii il passait l'hiver, il tait en trs-bonnes relations avec le cur de la paroisse, et sur son lit de mort, en 1 8 2 7 , il voulut tre assist par ces deux vnrables ecclsiastiques. Au lieu du livre que Napolon Bonaparte lui demandait, Laplace fit le S y s t m e d u M o n d e , qui n'en est pas moins, malgr l'cart douloureux que nous avons relev, un trait de l'harmonie mathmatique des cieux, et le C a l c u l que des probabilits dont on a taut abus. philosophi-

Exprimons ici un regret ! Augustin Caucby, le plus glorieux et le plus cher des disciples de Laplace, si grand gomtre, et en mme temps si chrtien, qui n'a touch la mcanique cleste que pour raliser de vritables prodiges, avait certainement pour mission de combattre la fatale influence de Laplace, en rfutant ses exagrations et ses erreurs. Je le lui ai souvent rappel, a lui qui fut mon matre et mon ami. Mais toujours entran par des thories et des dcouvertes nouvelles, il no faisait jamais ce qu'il aurait voulu ; et Laplace attend encore son commentateur orthodoxe. Heureusement que ses

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE,

4518

lves Jcs mqins suspects, nous l'avons vit do,Lioib ville,ont t plus d'jiup fois chargsdodonncr un cruel dmenti aux divagations antireligieuses qu'il aurait pu si ftcilepient s'pargner; c(, que sa prtendue infaillibilit mathmatique est chaque jour battue pn breche. L'autre jour encore, dans la sance do l'Acadmie des sciences du lundi 30 aot, 1875, M, Lcvprricr.lqi demandait pomment il avait pu dire, d'aprs ses formules de probabilit, qu'il y avait un million parier que la valeur l : 1070 assigne par Bouvard la masse de Jupiter tait vraie un pinqiurqe prs, tandis que cette masse est au moins de \ : 1046. Mme dans leur domaine, les mathmatiques on { pioi'ns les mathmaticiens ne sont rien moins qu'infaillibles, la Rvlation. Lps Foi, M- l'abb Le Noir, et de la et ils tomberont toujours daps. de grosses prreurs toutes les fois qu'ils voudront opposer leurs formules

ZODIAQUES DE D E N D E H A H

ET

D'ESN.

daps son Dictionnaire publi termes une discussion

des harmonies

de la liaison

par M. Migne,

colonne G75, rsume en pos

srieuse des dates de la chronologie

ancienne : D u r e totale d u M o n d e : Septante, 7,405 a n s ; Hbreu, 0,019 a n s ; Samaritain, 6,470 ans. D u r e d u monde jusqu'au dluge : Septante, S,103 a n s ; Hbreu, 4,813 a n s ; Samaritain, 5,163, Nous avons trouv pour la c Chaldc une antiquit dp 4,083 ans, constate par Callise ( thne. Le chiffre le plus lev fourni par la Chine est de 4,350 ans. Les observations astronomiques indiennes, que le jugement de Laplace rend improbables, donneraient une antiquit dc\ 4,952 ans, et toutes les ^rgumeniations de Bailly n'aboutiraient qu'a 5,403 ans. La chronologie romaine ne remonte OEnotrus au del de 3,525 ans. L'antiquit de Sicyone ne dpasse pas 3,97fl ans ; celle des

1516

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

Plasges 4 , 4 0 0 a n s . Les listes de Manthon donnent au plus au chef de la premire dynastie une antiquit de 5,8SC ans avant la naissance de Jsus-Christ, de 7,717 ans l'poque actuelle. Les monuments gyptiens justifient plci nement ces restes pour
?

une antiquit de 4 , 3 4 9 a n s .

Voil donc i peu prs, et en les exagrant autant que possible, les dernires limites de la chronologie humaine, 5,163 ans. C'est ces dates limites de la chronologie sacre et de la chronologie profane, qu'une science encore au berceau et par consquent inconsidre, l'archologie, osa opposer avec beaucoup de fracas deux zodiaques trouvs par la grande expdition d'Egypte dans les temples deDenderah et d'Esn. A Denderah, l'ancienne Tentyric, ville situe regarde le nord (Antiquits d'Egypte, au-dessous de Thbes, dans le portique du grand temple dont l'entre vol. IV, pl. XX), on et l'autre sur voit au plafond des signes du zodiaque-marchant sur deux bandes, dont Tune est sur le ct oriental, le ct oppos ; elles sont embrasses des deux cts, par une figure de femme aussi longue qu'elles, dont les pieds sont vers l'entre, la tte et les bras vers le fond du p o r t i q u e ; par consquent, les pieds sont au nord et la tte au sud. Le Lion est en tte de la bande qui est h l'occident, et se dirige vers le nord. La Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne le suivent m a r c h a n t sur la mme ligne... Les signes d e l bande orientale commencent a l'extrmit ou ceux de l'autre bande finissent.... Le Verseau marche le premier, suivi des Poissons, du Blier, du Taureau, le Cancer ou Scarabe, qui est rpt une seconde fois dans l'angle que les pieds de la grande figure forment avec le corps, est en avant de l'espace oii marche le Lion. Le zodiaque du grand polis , viilc situe temple d'Esn, l'ancienne Latosur deux au-dessous de Thbes , est

LA KOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

J517

bandes continues et parallles l'une l'autre, le long du cte sud du plafond. Les figures de femmes qui les embrassent ne sont pas sur leur longueur, mais sur leur largeur, en sorte que Tune est l'orient et l'autre l'occident. La bande la plus voisine de l'axe du portique ou du nord, prsente d'abord le Lion marchant vers le fond, puis le Scarabe ou Cancer, le Taureau, le Blier, les Poissons, le Verseau, marchant tous dans la mme direction ; sur la seconde bande, on voit le Capricorne qui marche en sens contraire du Verseau, puis le Sagittaire, le Scorpion, une femme tenant la balance et la Vierge. Quel but se sont propos les auteurs de ces reprsentations zodiacales ? Voulaient-ils reproduire l'tat du ciel une poque donne? Voulaient-ils seulement composer un thme astrologique, tracer l'horoscope d'un monument ou d'un p e r sonnage? En un mot, s'agit-il de monuments astronomiques ou de monuments astrologiques? Sans doute qu'il aurait fallu avant tout rsoudre cette question, trs-complique, que Lalande dclarait mme insoluble. Les explications ou interprtations des zodiaques formeraient elles seules une grande bibliothque, et loin d'tre catgoriques, elles se renversent les unes les autres. Mais on tait une poque ou il s'agissait avant tout, et a tout prix, de vieillir le monde, avec l'espoir de donner un dmenti formel auxLivressaints. Dupuis, le trop clbreautcur de gine des cultes, l'Oriet les savants de son cole ne firent attention de

qu' une seule circonstance : dans le zodiaque de Denderah, le solstice d't est dans la constellation du Lion GO degrs du point qu'il occupe actuellement ; ce solstice a donc rtrograd de 00 degrs ; or il lui faut 72 ans pour rtrograder d'un degr ; le zodiaquede Denderah a donc prcd notre gede 4,320 ans. Dans le zodiaque d'Esn, le solstice d't est dans la Vierge, 3 0 degrs plus loin vers l'orient que dans le zodiaque de

4518

LfcS SPLENDEURS ) LA FOI.

Deiidi'ah, et pui's<J& le solstice Met 2 , 1 6 0 a n s a parcourir 30 degrs, le zodiaque d'sn esl plus vieux de 2 , 1 6 0 ans q u e celui de Denderai, et remonte 6 , 5 l 0 a n s . Il y a clnc6,510ans que les Egyptiens taient, dj assez avancs dans l'astronomie pour pouvoir tracer un monument qui marquait les points slsticiaux.. Mais pour qu'une nation passe de l'tat sauvage la vie pastorale, et de la vie pastorale a la civilisation, avant qu'elle afiive la cultur des sciences exactes, et particulirement de l'astronomie, il fitf un trs-grand nombre de sicles: ls deux zodiaques prouverit donc invinciblement q u e la cration dtl monde, si tant est qu il ait t cr, doit tre reporte quinze Ou vingt inill aiis Nous avons fait justice de cett prtendue science astronomique des gyptiens ; nous avons vu Ptolme dclarer que pas iuie de leurs observations n'tait antrieure a Tan 720 avant Jsus-Christ; qu'ils ont connu fort tai'd la longueur exacte de l'antle et la priode sothiaque, qu'ils ignoraient compltement la prcession des equinoxes, souponne p a r Hipparqtic et confirme par Piolm, etc., etc. On n'en criait pas moins 3. tue-tte que les zodiaques de Denderah et d'Esn donnaient un dtaenti solennel l chronologie des Livres saints et, pendant des annes, la'science athe, qui croit tout, e x cept la vrit, vcut sur les deux zodiaques gyptiens. Mais la raction ne tarda pas commencer, et la vraie science, allie naturelle de la Foi, reprit bientt ses droits. On s'aperut d'abord qu'avant de rien conclure, il fallait rpondre a une foule de questions capitales. Ces monuments taient-ils d e vritables zodiaques a s t r o nomiques, ayant un rapport dtermin avec un certain tat d ciel dpendant d la procession des equinoxes? ReprsCntaient-ils l'tat du ciel Tpquc o ils ont t construits, uilti tat du ciel antrieur?

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE.

151$

Les ligues de ces zodiaques sont-elles celles ds constellations, c'est--dire les vrais groupes d'toiles qui portent aujourd'hui ces noms, ou simplement ce que les astronomes appellent les signes ou les divisions du zodiaque ? La division du cte de l'entre est-elle ncessairement celle du solstice d't? Cette division indique-t-elle, en gnral, un phnomne dpendant de la prcession des quinoxes, ou ne se rapporterait-elle pas quelque poque dont la dure serait moindre? -t-on voulu marquer le temps o le zodiaque a t sculpt oti celui ou le temple a t construit? N'a-l-on pas eu l'ide de rappeler un tat antrieur du ciel quelque poque intressante pour la religion, soit qu'on l'et observ, soit qu'on l'et conclu par un calcul rtrograde ? Ces questions furent poses par le grand Cuvier lui-mme dans ses Recherches cet arrt solennel. Ainsi se sont vanouies pour toujours les conclusions que l'on avait voulu tirer de quelques monuments mal expliqus contre la nouveaut des continents et des nations, et nous aurions pu nous dispenser d'en traiter avec tant de dtails, si elles n'taient pas si rcentes, et n'avaient pas fait assez d'impression pour conserver encore trace d'influence sur quelques personnes. Bientt les astronomes et les archologues srieucc entrrent du leur tour dans ladice, et renversrent sans peine l'chafaudage branlant de Dupuis. M. l'abb Halma (Explication zodiaque de D e n d e r a h ) fut le premier qui dmontra invincis u r les animaux fossiles; il les discuta attentivement, et n'hsita pas confirmer desa grande autorit

blement : 1 que le zodiaque de Denderah actuellement la Bibliothque nationale, est d'une date postrieure l'.re chrtienne ; 2 que ces monuments n*exprimaient en rien la prces-

1520

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

son des quinoxes, et que, s'ils l'exprimaient, elle prouverait que ces monuments sont rcents. Nous rsumons ici sa dmonstration parce qu'elle complte heureusement ce que nous avons dj dit de la chronologie de l'Egypte et de Manthon. I . Hrodote rapporte dans son second livre qu'Hsiode et Homre ne sont que de 400 ans plus anciens que lui. Puis, dans le mme livre, il dit qu'il ne s'tait pas encore coul 900 ans, lors de son voyage en Egypte, depuis la mort de Mris. D'un autre ct, les marbres dits d'Arondel, transports de Pile de Paros en Angleterre, et sur lesquels est grave en caractres grecs une chronologie des principaux vnements de la Grce jusqu' Diognc, archonte d'Athnes, 204 ans avant l're chrtienne, selon le catalogue des archontes dress par Scaliger d'aprs les monuments historiques de la Grce, a t t e s tent qu'Hsiode et Homre florissaient dans le septime sicle avant Diognc, c'est--dire dans le dixime sicle avant l're chrtienne. Hrodote vivait donc dans le cinquime sicle avant Jsus-Christ. E t puisqu'il ajoute qu'il ne s tait pas encore coul 900 ans entre lui et la mort de Mris, ce roi vivait dans le quatorzime sicle avant Jsus-Christ. Or Mris tait le trois cent trentime roi depuis Mens, premier roi d'Egypte, suivant ce que les prtres de Biblos dirent Hrodote en Egypte. Ces trois cent trente rois, au nombre desquels se trouvent une femme nomme Nicotris, de mme nom que celle qui fut reine de Babylone, et dix-huit thiopiens, ont vcu, toujours suivant les affirmations des prtres, pendant trois cent trente gnrations. Or alors, suivant Georges le Synccllc, Jules l'Africain, Ensbc de Csarc, ratosthne, l'Egypte tait partage entre cinq royaumes contemporains : Thbes, Memphis, T a n i s , Dopolis du Delta, et Sas. Les trois cent trente gnrations se rduisent donc soixante-six ; et puisque trois gnrations

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SUIEKGE.

1821

occupent un espace

de 100

a n s ; suivant Hrodote, les

soixante-six gnrations de rois se rduisent a 1,300 ans. Ces treize sicles, dont neuf entre Mris et Hrodote, et quatre entre cet historien et l're chrtienne, donneraient au plus une somme de vingt-huit sicles avant Jsus-Christ, pour la plus haute antiquit de l'empire gyptien. Donc les plus anciens monuments de l'Egypte ne remontent pas 3,000 ans avant l're chrtienne. L'abb Halma gnralise peut-tre un peu trop la simultanit des dynasties, mais on remarquera l'accord de ses conclusions avec ce que nous a rvl la grande Pyramide, le plus ancien, incontestablement, des monuments d'Egypte, dont la date de fondation, monumentalise plusieurs fois dans sa masse, serait 2170 avant l're chrtienne. II. Entre tous les faits incontestables de l'histoire de l'astronomie ancienne, il en est un dmontr par
e

Ptolme

dans le VII livre de son grand trait d'Astronomie mathmatique. Ce fait est que l'astronome Hipparque, ayant observ l'quinoxe d'automne dans la trente-deuxime anne de la troisime priode de Calippe Rome, a trouv qu'il se fit vers le G degr 1/2 l'orient de l'toile appele l'pi de la Vierge. Cette trente-deuxime anne de la priode de Calippe concide avec la quarante-septime anne julienne avant JsusClirist.Ce fut donc 147 ans avant notre re quoi l'astronome grec Hipparque vit l'pi de la Vierge vers 6 1/2 l'orient de l'quinoxe d'automne. Cette toile, suivant le catalogue de Ptolme, tait 26 1/2 de la constellation de la Vierge, degrs compts d'occident en orient, l'pi tait donc vers 3 1/2 l'orient de l'extrmit de la Vierge; l'quinoxe d'automne de Tan 147 avant Jsus-Christ arriva donc dans le 2 7
e e

degr de la Balance, et,

par consquent, m

l'qui-

noxe du printemps de cette anne s'tait fait dans le 27* degr

1S22

LES SPLENDEURS DE LA FOI.


?

du Capricorne. Or il s est coul 1,982.ans depuis cette anne d'Hipparque jusqu' Tanne 1837 (anne du calcul de l'abb Halma) ; le solstice d't s'est clone avanc par une force invariable, en vertu de la prcession, de 2 7 ; il est donc prsentement dans le 25 degr des Gmeaux; le zodiaque circulaire de Denderah qui montre, dit-on, le solstice d't avant Jsus-Christ, dans le Cancer, ne peut donc pas aller au-del du onzime sicle et le zodiaque circulaire actuellement dpos au Louvre, qui montre le solstice d't dans les Gmeaux, ne remonte mme pas l'poque de l're chrtienne, puisque le solstice d't n'a pu passer, en vertu de Ja prcession, du 2 7 degr de Cancer
e

au premier

degr

des Gmeaux, qu'aprs 216 ans, diffrence entre ces deux nombres compte depuis l'an 147 avant Jsus-Christ. Le solstice d't n'a donc commenc se faire dans les Gmeaux que vers l'anne 70 avant l're chrtienne. M. Biot, dans un mmoire lu l'Acadmie des inscriptions et belles-lettres et imprim dans le tome XVI des M m o i r e s de cette acadmie, par une srie de raisonnements et de c a l culs trs-diffrents, est arriv dmontrer que le zodiaque de Denderah, en le supposant un monument astronomique, ne remonterait certainement pas au-del de 700 a n s . Ce tableau, charg d'toiles, serait-il un des ouvrages des prtres gyptiens o ils auraient retrac quelque poque historique, ou peut-tre leurs ides religieuses, astronomiques ou astrologiques, en rapport avec le ciel ? . . . En tout cas, ce soupon d'une haute antiquit est combattu, sinon dmenti, par le style des sculptures qui annonce une poque de dcadence, par le nombre complet des douze astrismes zodiacaux, dont trois seulement se retrouvent, au moins sous cette forme, dans les monuments pharaoniques ;

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

1823

enfin par le mot

AuroxpaTwp

insr sur une des lgendes, et qui

atteste que le tableau a t, soit excut, soit restaur, du temps des Romains... La premire question que nous devons nous proposer, comme base de toute notre recherche, c'est de savoir si nous avons l rellement sous les yeux une reprsentation intentionnelle du ciel d'une poque quelconque, ou si ce ne serait qu'un assemblage d'emblmes fantastiques distribus sans rgle, au gr du dessinateur. Pour cela nous avons un moyen infaillible : c'est de chercher si une projection rgulire du ciel peut s'appliquer sur le tableau, non pas dans tous les dtails, ce qui, au premier coup d'il, est videmment impossible, mais, du moins, pour tous ceux des emblmes astrographiques auxquels certaines toiles principales ont t consulutionnellemenl affectes dans les sphres les plus anciennes que nous connaissions. Prenant donc un globe ples mobiles qui entraine avec lui son quatcur et ses cercles de dclinaison, nous l'ajustons d'abord' au temps des Antonins, et nous construisons le tableau du ciel stellaire qui correspond cette poque, en l'orientant comme le mdaillon est orient, puis, procdant ainsi de sicle en sicle, nous remontons par degrs vers des temps plus anciens. De toutes les projections, aucune ne s'accorde avec le monument ! Mais arrivs au sixime sicle avant notre re, vers l'poque de Psammticus 1 , nous en trouvons une qui tant applique sur le monument, centre pour centre, avec la ligne solsticiale aligne sur son diamtre mridien, jette sur toutes les figures zodiacales les principales toiles qui leur appartiennent, par exemple, la belle toile de la Vierge sur la Vierge, Ugulus, le cur du Lion sur le cur du Lion, et p, la seconde toile principale, sur la croupe, comme sous les hypoges de Beni-Hassan : Castor et Pollux tombent
er

1524

LES SPLENDEURS UE LA. FOI.

sur les deux Gmeaux, et ainsi de suite.Comme il est impossible de soutenir qu'une distribution d'emblmes graphiques, faite par caprice , pourrait s'identifier avec le ciel rel contid'une poque quelconque, aussi exactement, aussi

nment, en autant de points, de manire que deux tableaux ainsi tracs se trouvassent fortuitement d'accord pour indiquer un mme phnomne astronomique d'une mme poque, spcialement propre a la localit o ces tableaux devaient tre placs et aux traditions du peuple qui l'habitait ; sans prtendre assigner dans quel temps et quelle occasion, ni pour quel but spcial le temple de Dendcrah et ses zodiaques ont t construits, je persiste dire que ces monuments sont intentionnellement disposs pour l'poque cleste o Sirius se levait sur l'horizon de l ' E g y p t e , simultanment avec le point solsticial d't, qui tait plac alors dans les deux toiles principales de la constellation du Cancer, c'est--dire vers le septime sicle avant notre re- Les conclusions de M. Biot sont videmment en opposition avec celles de l'abb Halma, mais elles ne sont pas moins en contradiction avec celles de Dupuis. Le savant M. Letronne ne partage pas les ides de M. Biot sur la signification astronomique trs-hasarde du zodiaque de Denderah, mais il est bien plus explicite encore q u a n t a son origine relativement trs-rcente- Il est maintenant constat que toutes les reprsentations zodiacales qui ont t trouves en E g y p t e , et qui sont a prsent au nombre de douze environ, appartiennent sans exception h l'poque romaine, depuis Tibre jusqu'aux Antonins... Les quatre

zodiaques de Dendcrah et d'Esn, comme les huit autres qu'on a trouvs en E g y p t e , existent tous, sans exception, sur des monuments sculpts ou peints au temps des empereurs. M. Letronne va mme beaucoup plus loin, il fait l'Egypte

LA

FOI, S A U V E G A R D E

DE

LA

SCIENCE.

1525

beaucoup plus jeune, il ne veut pas que les anciens gyptiens aient eu des connaissances trs-dveloppcs; il a sur l'histoire des vues qui s'y opposent, et nous sommes pleinement de son avis. L'examen approfondi des inscriptions crites en caractres grecs ou en hiroglyphes phontiques sur les temples ou ces zodiaques ont t dcouverts, ont pleinement confirm ses conclusions. Champollion le jeune les a appuyes son tour de sa grande autorit. Avant mme d'avoir lu sur l'un de ces monuments le mot autocrator, il avait conclu du caractre des sculptures des temples, toutes du plus nouveau style, qu'elles ne pouvaient pas remonter plus haut que Trajan et les Antonins. Dans son remarquable livre : E g y p t e indienne, M. Champollion-Figeac affirme que les zodiaques de Denderah et d'Esn furent incontestablement sculpts durant la dominalion romaine. M. le vicomte de Roug dit a son tour : ce Ce monument (le zodiaque de Denderah) est devenu clbre par les discussions savantes auxquelles il a donn lieu.
AVEC C E R T I T U D E PTOLMES. ON SAIT MAINTENANT QUE LES

QU'lL

NE

PEUT

PAS

TRE

PLUS

ANCIEN

On pense mme que la porte du temple oii il tait

sculpt ne remonte qu'aux premiers Csars. Terminons par une anecdote que M. le comte de Ponlcoulant, l'auteur* de la Thorie Monde, X I X * sicle; analytique d u systme du raconte dans l'article Zodiaque de Y E n c y c l o p d i e d u

elle jette un jour completjsurcettegravcqucstion.

Le 30 novembre 1 8 2 3 , M. Caillaud, au retour de ses prilleux voyages en Egypte et en Ethiopie, invita les savants a assister l'ouverture d'une momie d'un volume et d'un poids extraordinaires : la tte portait une couronne orne de lames

1526

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

de cuivre dor et de boutons imitant le jeune fruit de l'olivier. Au fond tait un zodiaque ressemblant beaucoup h celui de Denderah, et le dessus de la bote portait une inscription grecque presque efface. Le mot Ptmnon qui est en tte, se lit aussi en grec cursif la marge d'un petit papyrus hiroglyphique, qui parat avoir t dpos sur la momie, entre les bandelettes. (Voir au cabinet des mdailles.) L'inscription grecque fut remisa a M. Letronne qui arriva bientt h la restituer compltement : Ptlmon, dit Ammonius, ayant pour pre Sauter, fils de Cornlius Paulius Sauter, et pour mre Cloptre, fille d'Ammonius, est mort aprs avoir vcu vingt et un ans quatre mois et vingt-deux jours, la dix-neuvime anne de Trajan, le 8 de Pugni. Le zodiaque peint en dedans de la paroi de la caisse infrieure a aussi sa grande figure de desse, les bras levs au-dessus de la tle, et ses deux bandes de signes comme le zodiaque de Denderah, et les configurations des signes sont absolument les mmes. Mais ici le signe du Capricorne manque dans la srie; il en a t retir, et plac au-dessus de la tte de la figure, a ct de sa main droite, dans une position isole, d'o il semble la domi ncr. l'objet Cette particularit indique videmment que du zodiaque est purement astrologique, qu'il-est

dans un rapport quelconque avec la vie du personnage dont le corps est enferm dans la caisse; et le dplacement du Capricorne semblait exprimer d'une manire non quivoque que Ptmnon tait n sous l'influence d ce signe. La vrification de cette conjecture tait facile ; elle a t faite par Letronne. Ptmnon tait mort le 8 Pugni, 2 j u i n , aprs avoir vcu vingt et un ans quatre mois et vingt-deux jours. Si du 8 Pugni de l'an 116 de notre re, nous remontons de celle quantit, nous tomberons sur le 17 Tybi,qui correspond au 42 janvier de Tan 9 S ; ce sera le jour de la naissance

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

1527

de Ptmnon, et, ce jour-l, le soleil d se trouver dans le Capricorne. En effet, r e t e n d u e de la constellation du Capricorne est de 23 2 1 ' H " . signes,%03& Or en 1800, selon M. Dclambre, neuf signes, 231'17". la premire toile du Capricorne avait en longitude 1 5 " , et la dernire toile

Si raison do 5 0 " par an de prcession annuelle, nous rtrogradons de 23 4 3 ' 4 0 " qui quivalent aux 1,705 ans couls depuis Tan 0 5 de notre re jusqu' 1800, nous trouverons qu'en Tanne 95 la constellation du Capricorne tait comprise tout entire dans ce signe, entre 5 3 5 ' 4 3 " et 29 16' 5 2 " de ce signe; le soleil y entrait vers le 27 d cembre, et, au 12 janvier, il tait vers leseizime degr de cette constellation. Cette concidence complte la dmonstration. Ce zodiaque, et par consquent ceux de Denderah et d'Esn, qui ont avec lui tant d'analogies, ne sont que des monuments astrologiques, des thmes de naissance, S i g n u m ou natalitium. Un dernier argument enfin. La Balance figure parmi les signes des zodiaques de Denderah et d ' E s n ; Or elle ne se montre jamais dans les zodiaques anciens. Dans son livre sur l'Origine signfero. gyptienne de notre zodiaque, Frdric Smith dit in veterum orbe en termes formels: Libra n o n conspicitur genethliacum

Aratus qui s'est fait Tcho fidle de l'astronomie de

son temps, dans sa description du zodiaque et de ses constellations, ne fait aucune mention de la Balance. Eralosthne, dans ses caracterismos, n'omet pas seulement la Balance, mais il dit positivement que le Scorpion occupe lui seul deux divisions. Ovide dit son tour du Scorpion : O c c u p t in s p a H u m signorum membra duorum. Plolmc et les autres astronomes de son temps, particulirement les Arabes, continuent donner le nom de bras du Scorpion aux deux toiles principales d e l Balance, qui se trouvent maintenant dans les deux

1528

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

bassins. Ainsi donc la Balance, qui at forme trs-postrieurement avec les deux serres du Scorpion, tait inconnue des gyptiens aux tempsd'Eudoxc, d'Aratus, d'Eralosthne, d'Hipparque, de Ptolme; et, par consquent, elle ne peut exister parmi les reprsentations zodiacales g r c o - g y p t i e n n e s ou grco-romaines, sur aucun monument antrieur l're vulgaire. Nous sommes donc pleinement en droit de rpter avec le grand Cuvier: esprit bien fait l'antiquit
EN
VOILA

assez sans doute pour dgoter u n d a n s l'astronomie la preuve de

de chercher

d'unpeuple

! E t aussi pour exprimer le regret que

la science, avec un peu plus de confiance dans la chronologie biblique, ne se soit pas pargne tant de cruels dmentis et. ces accusations d'ignorance et de lgret si indignes d'elle, L e s T a b l e s de VAstronomie satellites de Jupiter, indienne. Jean-Sylvain Bailly mouvements,

tait bien certainement un savant minent. Son E s s a i s u r les avec des tables de leurs travail immense qui l'avait occup pendant neuf annes, l'avait plac au nombre des astronomes les plus distingus, et lui avait fait une trs-grande rputation. Ce travail l'amena vouloir connatre fond toutes les dcouvertes anciennes et modernes des diffrents peuples. Mais ses tendances philosophiques antiquit prsidrent par trop ses colossales recherches. Il se proposait surtout pour but de donner au monde une dmesure, contraire a tous les monuments sacrs et profanes, a la nature et l'aspect du globe terrestre. Ces ides prconues le conduisirent de vritables extravagances. Lorsque Bailly, dit Franois Arago, dclarait au dbut de son ouvrage qu'il le transporterait au moment o l'astronomie commena, le lecteur pouvait compter sur quelques pages de pure i m a g i nation. Je ne sais cependant si personne tait all jusqu a conjecturer qu'un chapitre du premier volume serait intitul:

LA KOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

De l'astronomie antdiluvienne ; que Bailly trouverait dans le Nord l'origine des sciences, mais en plaant la Sibrie sous la zone torride, pendant de longs sicles, et la faisant la patrie d'un peuple nomm Tschaden, pre de tous les arts. Il mrita ainsi que ses creuses imaginations, appeles les Feries de M. Bailly, fissent l'objet des divertissements et des plaisanteries des gens senss... Les tables ainsi runies paraissent indiquer diffrentes habitations des hommes. On croit voir le genre humain suivre le Soleil et marcher vers l'quatcur. Les faits de l'histoire assignent une autre marche au genre humain.Mais ce que nous croyons avoir tabli, c'est l'existence de ce peuple tout-puissant, trs-clair, qui a t la souche de tous les peuples de l'Ethiopie, ou du moins la source de leurs lumires. Son habitation tait au nord de l'Asie, vers la parallle de 50 ou 60. Bailly n'hsita pas terminer ainsi son discours prliminaire sur l'Astronomie et orientale, indienne (Trait de l'Astronomie indienne Paris, 1791) : Nous croyons que

les Indiens sont inventeurs, que leurs dterminations sont originales et prises sur la nature : premirement parce qu'elles ne ressemblent point celles des astronomies trangres : mouvement des toiles, dure de l'anne, mouvement moyen de la lune et des plantes, quations du centre, obliquit de rcliptique, mthode, positions moyennes et mouvements des apoges et des aphlies, priodes, tout est diffrent chez eux que chez les autres peuples. Secondement, ces dterminations ont t prises sur la nature, parce qu'elles reprsentent l'tat du ciel au moment de l'poque que les Indiens ont tablie : longitudes, dure de Tanne, quations du centre du Soleil et de Saturne, lieu de l'aphlie de Jupiter, obliquit de Tccliptique, tout est ce qu'il devait tre l'an 3013 avant notre re, ou dans quelques-uns des sicles qui ont prcd cette poque,

1830

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

si on cherche une conformit plus grande ou une concidence presque parfaite. Richesse de la science, varit des mthodes, exactitude des dterminations, tout assure aux
LXXXVIII

Indiens ou a leurs auteurs la possession et l'invention de leur astronomie. Il ajoute (p. et suiv.) : La chronologie indienne prsente tous les caractres de vraisemblance et mme de vrit que Ton peut exiger... Elle embrasse par une filiation suivie un intervalle de 7 , 0 3 0 annes. Aucune nation n'a eu l'avantage d'avoir exist si longtemps sur la terre et d'avoir tenu compte de sa d u r e . . . Il faut louer cependant Bailly d'avoir ajout : a La dure de 7,030 ans qu'ils donnent a leur empire, s'accorde avec la chronologie de l'criture prise dans les Septante, et lui est parfaitement conforme. Il est vrai que les Septante sont ceux de tous les chronologistcs qui fassent le monde le plus ancien. Baillv attribuait donc aux tables indiennes des mouvements du Soleil, de la Lune et des plantes une immense antiquit ! Mais il a suffi, comme le dit Franois rago, de quelques lignes sorties de la plume de Laplace, lignes a u coin de la raison et de l'vidence, toujours marques pour faire crouler tout

cet chafaudage, et faire descendre l'infortun Bailly du haut du pidestal qu'il s'tait lev a si grands frais. Les tables indiennes, dit Laplace (Exposition du systme d u M o n d e , dition de 1835, p . 34 et 375), les tables indiennes supposent une astronomie assez avance, mais tout porte croire qu'elles ne sont pas'd'unc haute antiquit. Ici, je m'loigne avec peine de l'opinion d'un illustre et malheureux ami, dont la mort, ternel sujet de regrets, est une preuve affreuse deTinconstancc de la faveur populaire. Aprs avoir honor sa vie par des travaux utiles aux sciences et l'humanit, par ses vertus et son noble caractre, il prit victime de la plus sanguinaire tyrannie, opposant le calme et la dignit

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE,

1831

du juste aux outrages d'un peuple dont il avait t l'idole. Les tables indiennes ont deux poques principales qui remontent l'une l'anne 3102 avant notre ere, l'autre 1 4 9 1 . Ces poques sont liespar lesmouvemcnts duSoleil, delaLune et des plantes, de manire qu'en pariant de la position que les tables indiennes assignent tous ces astres, la seconde poque, et remontant la premire au moyen des tables, on trouve la conjonclion gnrale qu'elles supposent a cette de l'Astronomie poque primitive. Le savant clbre dont je viens de parler, Bailly, a cherch a tablir dans son Trait indienne, que cette premire poque tait fonde sur les

observations. Malgr ses preuves exposes avec la clart qu'il a su rpandre sur les matires les plus abstraites, je regarde comme trs-vraisemblable qu'elle a t imagine .pour donner dans le zodiaque une commune origine aux mouvements des corps clestes. Nos dernires tables astronomiques, considrablement perfectionnes p a r l a comparaison de la thorie avec un grand nombre d'observations trs-prcises, ne permettent pas d'admettre la conjonction suppose dans les tables indiennes; elles offrent mme h cet gard des diffrences beaucoup plus grandes que les erreurs dont elles sont encore susceptibles... Plusieurs lments, tels que les quations des centres de Jupiter et de Mars, sont trs-diffrents dans les tables de ce qu'ils devaient tre leur premire poque : l'ensemble des tables, et surtout l'impossibilit de la conjonclion gnrale qu'elles supposent, prouvent qu'elles ont t construites, ou du moins rectifies dans les temps modernes. C'est ce qui rsulte encore des moyens mouvements qu'elles assignent la Lune par rapport son prige, ses nuds et au Soleil, et qui, plus rapides que suivant Ptolmc,
INDIQUENT QU'ELLES SONT POSTRIEURES A CET ASTRONOME, CAR ON SAIT, PAU LA THORIE DE LA PESANTEUR UNIVERSELLE, QUE CES

1532

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

TROIS MOUVEMENTS S'ACCLRENT DEPUIS UN GRAND NOMBRE DE SICLES.

M. Biot et surtout M. l'abb. Gurin ont achev l'uvre commence par Laplace, et autant rajeuni l'Astronomie indienne que Bailly s'tait efforc d e l vieillir. La dcouverte de l'poque de Sanya Sinhandra est pour les thories perte de vue des savants de l'cole de Dupuis, le glaive qui tranche le nud gordien; et c'est un curieux spectacle que de voir un humble Quanti missionnaire donner une si rude leon l'un des
0

plus illustres savants du xvin sicle, dont on pourrait dire : gressics sed extra viam ! Que de grands pas, mais hors de la voie! Puisque l'occasion s'en prsente une dernire fois, je rsumerai ici la savante tude des monuments astronomiques des anciens peuples de l'Egypte, de l'Asie et de la Grce, que M. Edouard Carteron a publie dans les A n n a l e s de sophie chrtienne, troisime srie, tome V, page 4 3 8 . Philo-

1 Le zodiaque solaire est tranger la sphre primitive des gyptiens, des Indiens, des Chinois et des Perses. 2 Il n'est point l'expression symbolique de diverses circonstances de Tanne agricole en Dupuis. 3 Tous les zodiaques trouvs en Egypte, dans TIndc et ailleurs, sont d'une poque rcente. 4 Le zodiaque est tranger aussi a la sphre primitive des Grecs; mais cette sphre est originale et elle s'est forme successivement. 5 C'est aux Chaldcns que les Grecs ont emprunt du l'ide de la division zodiacale; mais ce sont les Grecs qui ont affect des n o m s et des figures zodiaque. aux constellations
U

Egypte,

ainsi que l'affirme

LA

FOI, S A U V E G A R D E D E LA S C I E N C E .

1S33

C Quand le zodiaque eut t constitu dans la sphre grecque, il fut transport en Egypte. Puis quand les progrs de l'astronomie alexandrine furent mis profit par les astrologues, le zodiaque parut sur les monuments publics, sur les mdailles, et il passa avec l'astrologie chez les peuples orientaux. L'origine l'origine de la g r a i s s e et d u lait de la cire et d u miel chez chez les mammifres, Comme

les abeilles.

quatrime exemple des garements de la science, quand elle ne lient pas assez compte des vrits de la thologie naturelle ou rvle, qu'il me soit permis de rappeler une trop clbre campagne, dans laquelle quatre de nos savants les plus illustres, MM. Dumas, Boussingault, Milne-Edwards, Payen, s'unirent pour nier un fait tellement simple, tellement usuel, tellenientdans la nature des choses, queTon se demande encore, aprs plus de trente ans, comment une si trange distraction, pour ne pas dire aberration, a pu se produire au sein d'un aropage aussi imposant que notre Acadmie des sciences. Ils avaient certainement perdu de vue le progrs qui caractrise les uvres de la cration ; ils ne se disaient plus eux-mmes que l'organisme des animaux est incomparablement plus complet et plus parfait, celui des plantes beaucoup plus

lmentaire et plus simple ; et que, par consquent, si la plante a la facult de transformer en sucre, en amidon, en matire grasse, en hydrocarbures de toute sorte, les corps simples qu'elle puise dans le sol par ses racines, ou dans l'atmosphre par ses feuilles, les animaux, bien plus forte raison, devaient pouvoir transformer en lait, en cire, en miel, e n g r a i s s e , l'amidon et le sucre qu'ils trouvent dans les vgtaux et les fleurs. coutons maintenant celte triste histoire des dfaillances de la science.

1534

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

Le lundi 15 fvrier 1 8 4 3 , M. Payen lut en son nom et au nom de MM. Dumas et Boussingault un mmoire intitul: Recherches du lait, s u r Vengraissement des bestiaux et la formation mmoire que nous analysons dans ce qu'il a d'essen-

tiel. Tous les animaux, toutes les plantes contiennent de la matire grasse; en la voyant s'accumuler dans leurs tissus, en la voyant se modifier, et disparatre parfois, la premire pense de tous les observateurs a t de pencher vers cette opinion gnralement admise, que les matires grasses se produisent au moyen des lments de la plante et de l'animal, et par des procds analogues, s a n s doute, dans les deux rgnes. Les recherches dont nous allons exposer le prcis, tendent au contraire dmontrer que les
SE FORMENT QUE DANS LES PLANTES, MATIRES GRASSES PASSENT SC NE

QU'ELLES

TOUTES

FORMES DANS

LES ANIMAUX,

CL qilC

elles pCUVCnt

brulci'

immdiatement pour dvelopper la chaleur dont l'animal a besoin, ou se fixer plus ou moins modifies dans les tissus pour servir de rserve la respiration... Dans cette opinion, les matires grasses se formeraient principalement dans les feuilles des plantes, et elles y affecteraient souvent la forme et les proprits des matires creuses. En passant dans le corps des herbivores, ces matires, forces de subir dans leur sang l'influence de l'oxygne, prouveraient un commencement d'oxydation, d'o rsulterait l'acide starique ou olique qu'on rencontre dans le suif. En subissant une seconde laboration dans les carnivores, ces mmes matires, oxydes de nouveau, produiraient l'acide margarique qui caractrise leur graisse. Enfin ces divers principes, par une oxydation encore plus avance, pourraient donner naissance aux acides gras volatiles qui apparaissent dans le sang et dans la s u e u r . . . Sans doute que quand il s'agit des herbivores, en a d m e t t a n t qu'ils profitent de la graisse que les plantes renferment, on

LA

FOI, SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE.

1835

pourrait supposer qu'ils en produisent une certaine quantit, au moyen d'une fermentation spciale du sucre, suivant les ides de M. D u m a s . . . Si malgr ces prsomptions favorables a l'intervention du sucre dans la formation des corps gras dans les animaux, nous avons adopt une opinion contraire, c'est que les faits nous ont paru compltement d'accord avec celle-ci, et tout fait opposs l'hypothse qui ferait jouer un rle au sucre dans la production des graisses... Nous trouvons par l'exprience que le foin renferme plus de matire grasse que le lait qu'il sert former, qu'il en est de mme des autres rgimes auxquels on soumet les Anes et les finesses. Que les tourteauxdegraines olagineuses augmentent la production du beurre. Que le mas jouit d'un pouvoir e n graissant dtermin par l'huile abondante qu'il renferme. Que la pomme de terre, la betterave, la carotte n'engraissent qu'autant qu'on les associe des produits renfermant des corps gras, comme les pailles, les graines, les crales, le son et le tourteau de graines olagineuses. Tous ces rsultats s'accordent si compltement avec l'opinion qui voit dans toutes les matires grasses des corps qui passent du canal digestif dans le chyle, de l dans le sang, dans le lait, dans les tissus, q u i l nous serait difficile d'exprimer sur quel fait S E
FONDERAIT LA PENSE QUI VOUDRAIT CONSIDRER FORMER DE LES MATIRES DANS
1

G R A S S E S COMME LES ANIMAUX.

CAPABLES DE SE

TOUTES PICES

Nous assistions la sance o'ce manifeste fut lu, et nous n'oublierons jamais l'effet d'tonnement qu'il produisit! On croyait rver, en voyant des savants si illustres rompre nonseulement avec les opinions gnralement reues, mais mme avec le bon sens, et venir affirmer que les animaux
NI LA GRAISSE, NI GRAISSE AUCUNE MATIRE EN ORGANIQUE ; QUE ENTIER DANS LE NE FONT ET LES

BEURRE ET

SONT

RENFERMS

L'HERBE

1536 RACINES POMMES GRAINES TOUTE DONNES DE

LES

SPLENDEURS BESTIAUX ; ON

DE

LA

FOI. LES LES PLUCHURES PORCS, ET DE LES

AUX

QUE

TERRE PAR DU

DONT

NOURRIT

MANGES GRAISSE

LA VOLAILLE C O N T I E N N E N T ET F O U R N I S S E N T PORC, DE L'OIE OU DU CHAPON !

LA

La premire protestation trs-loquente contre celte thse trange vint d'un grand matre, de M. Liebig. Il crivit l'Acadmie des sciences une leltre lue dans la sance du 3 avril et dont voici quelques extraits ( C o m p t e s rendus, tome XVI, pages G63 et suiv.) : J'ai ni et je nierai toujours la prsence des graisses (combinaisons d'acides gras avec la glycrine) dans la nourriture de la vache et du buf; je nie la prsence de la bile (ou plutt des matires, solubles dans l'ther, contenues dans la bile), dans la mme nourriture ; je nie la prsence de l'huile de poisson, du blanc de baleine dans les plantes de m e r . . . D'aprs MM. Dumas, Boussingault et Payen, ce sont les matires creuses produites dans l'organisme des plantes qui se changent dans le corps de l'animal en acide starique et margarique.. J'tais tent moi-mme de l'admettre ; mais avant de me prononcer je fus heureusement conduit examiner les excrments d'une vache nourrie depuis longtemps de foin et de pommes de terre, et il se trouva, mon grand lonnement,
MAIENT, ET A TRS-PEU DE CHOSE DANS QUE CES EXCRMENTS R E N F E R TOUTE LA MATIRE GRASSE PRS, SES

CREUSE

CONTENUE

ALIMENTS.

La vache qui c o n -

somme journellement 45 kilogrammes de pommes de terre et 7 kilogrammes les excrments O r , d'aprs qui sont les 1/2 de foin, reoit ainsi 126 grammes de fournissent en six jours 747 gr. 50 ! jourmatire solublc dans l'ther; cela fait en six jours 7 5 5 g r . , belles expriences de M. Boussingault,

parfaitement d'accord

avec les rsultats

naliers de nos tablissements ruraux, une vache nourrie de pommes de terre et de foin, dans la ration indique, fournit

LA FOI, SAUVEGARDE D LA SCIENCE.

4837

on six jours 04 litres de lait, qui renferment 3,118 grammes de beurre (d'aprs l'analyse de M. Boussingault). Il est donc absolument impossible que les 3,118 grammes de beurre dans le lait de la vache puissent provenir des 750 grammes de matire creuse contenue dans les aliments, puisque les excrments de la vache renferment une quantit de matire, soluble dans l'ther, gale celle qui a t consomme. (Comptes r e n d u s , tome XVI, page 888.) L'effet produit par la lecture de la lettre de Liebig fut considrable. Mais MM. Payen et Dumas russirent quelque peu donner le c h a n g e ; M. Payen en transportant le dbat du foin au mas, de la vache a l'oie; M . Dumas en essayant de prouver que l'exprience de la vache de M. Liebig tait une exprience fictive. Son argumentation est un exemple me pardonnera de la rappeler (Comptes frappant des dfaillances ou des faux fuyants del Science, et l'on r e n d u s , tome XV, page 559)': Il m'a paru,en jetant un coup d'il sur la lettre de M. Liebig, qu'il n'a pas fait l'exprience sur l'alimentation de la vache qui y est rapporte, que de plusieurs expriences relles et bonnes en soi, il a compos une exprience t h o rique oh il a runi les lments les plus htrognes. Voici, en effet, comment il a procd, vrification faite. D'aprs M. Boussingault une vache do Bechelbronn mang 15 kilogrammes de pommes de terre et 7 kilogrammes 500 grammes de foin; elle a fourni en six jours 64 litres 92 centilitres de lait, renfermant environ 3 kilogrammes 110 grammes de beurre. D'aprs lui, encore, une seconde vache, a mang 15 kilogrammes de pommes de terre et 7 kilogrammes 500 grammes de regain ; elle a fourni 2 4 litres de lait, seulement, en trois jours. Chaque jour elle produisait 4 kilogrammes d'excrments. Ces dterminations faites diverses poques, se trouvent dans deux mmoires distincts. Or M. Liebig
97

1B38

LL

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

prend les aliments de la premire vache et il en calclela teneur en graisse, d'aprs celle du foin de Gicssen qui est le plus pauvre en matire grasse que nous connaissions. Il prend les aliments de la seconde vache et calcule leur teneur en graisse, d'aprs la bouse de vache la plus riche en graisse qu'on ait analyse h Gicssen. Enfin, il fait entrer dans son calcul le lait et le beurre de la premire leur maximum. qu'une vache Bechelhronn
MIRE,

vache qui sont a aurait


SECONDE

C'est ainsi qu'il arrive h cette conclusion, vraiment d u foin


LES

imaginaire qui

qui
LA

mange
LA

lait

de Giessen,

MANGEANT COMME

PRE-

AURAIT FOURNI

EXCRMENTS DE

et le

de la premire; en poids en nature

qui m a n g e a n t le foin d ' A l s a c e aurait fournis par le regain le foin de G i e s s e n ; quune toute la de son lait pour que

produit telle matire


: ELLE

les excrments donnerait

d ' A l s a c e , et

c e u x que donnerait

v a c h e , enfin, autre origine.

d a n s ses excrments L e beurre

g r a s s e de ses aliments.

a donc u n e
UOUS ayOUS

N o u s ne contesterons

pas cette conclusion

PORTE SUR

DES NOMBRES TROP CHIMRIQUES

n o u s en occuper. prtendue Von beurre matire la suppose en matire qu'une

B o r n o n s - n o u s dire que toute l'hypothse de lait v a c h e qui a m a n g u n foin beaucoup beaucoup d'excrments ne produit
SURPRISES

l'exprience suivante trs-riche :si en en trs-pauvre

de M . U e b i g se induit g r a s s e ait donn

en produisant

trs-riches

g r a s s e , ne deviendra-t-il pas bien vraisemblable que pas le beuire F


A

g r a i s s e des aliments il
SONT

Combien mais
CE M . LlEBIG

serait
LA

facile
DES

de renverser
FAITES

argumentation,
L'OPINION, DONT VOUDRIONS

N E VEUT PAS PROFITER PLUS QUE NOUS N E LE

NOUS-MMES....

Pour nous rsumer, nous maintenons que les

fourrages fournissent des quantits de matires grasses suffisantes pour expliquer les effets de l'engraissement et de la lactation,.. Que lamanire devoir qui suppose qucles matires

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

1839

grasses sor.t toutes faites dans les aliments est la mieux d'accord avec les fails connus, et peut suffire leur explication. (Comptes r e n d u s , tome XVI, pages 559 et suiv.) scientiiv. Tout cela est de ThisLoire, de l'histoire de la science et de ses dfaillances ou de ses clipses ! Defcctus La rponse de M. Liehig ne se fit pas attendre ; et il dbuta par affirmer que sa vache n'tait pas une vache fictive ou imaginaire, mais une vache relle. (Comptes r e n d u s , t. XVI, p. 664 et suiv.) a Une vache qui mangeait, dans l'tablissement de M. Koch, Giesscn, '15 kilogrammes de pommes de terre et 7 kilogrammes 500 grammes de foin, recevait dans
1

ses aliments en six jours, d'aprs ses analyses, 756 grammes de matire soluble dans l'ther; e t , dans les excrments, celte mme vache rendait en six jours une quantit de lait gale celle que M. Boussingault a obtenue dans sa terre, Bcchelbronn, d'une vache soumise au mme rgime. 11 est impossible de tirer de mes expriences une autre conclusion que la suivante : les matires fommes tion du beurre puisqu'elles grasses contenues d a n s les formade terre et le foin ne contribuent sortaient en rien la

d a n s les f c e s . . . . Mes

expriences n'ont donc, comme M. Dumas veut le faire croire l'Acadmie, aucun rapport avec l'alimentation d'une vache fictive, mais elles ont nue porte relle. M. Dumas ne se dclara pas encore vaincu ; mais il baissa considrablement de ton : Sans nier la possibilit de la formation des corps gras par certaine fermentation des sucres, nous rptons que rieu n'en donne la preuve,
TALE DES GRAISSES DES ANIMAUX ! ! !
ET NOUS REGARDONS

C M E PLUS SIMPLE ET PLUS VRAISEMBLABLE l/ORlGINE TOUTE VGOM

De la graisse et du lait, M. Dumas, associ cette fois M.Milnc-Ed\vards,pasRahlaproduction del cire parlcsabeilles.

4340

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

Un observateur ardent et patient de la nature, Hubcr, de Genve, avait dj cherch si la cire scrte par les abeilles prexistait dans leurs aliments, et ne faisait que traverser leur corps, pour aller s'accumuler dans les poches cirires de leur abdomen, ou si elle tait cre par ces insectes, et forme aux
dpens des matires sucres que ceux-ci vont p u i s e r d a n s la

corolle des fleurs. Dans le but de rsoudre cette question, il renferma des abeilles dans u n e ruche sans issue et ne leur fournit pour toute nourriture que du miel et du s u c r e ; les ouvrires captives continurent nanmoins construire des gteaux, et il en conclut q u e les abeilles ont la facult de transformer le sucre en cire. Et, chose singulire, M. Dumas, entran peut-tre par M. Milne-Edwards, conclut sans hsiter que sous l'influence d'une alimentation forme de miel p u r les abeilles produisent observation trouve de Hiiber pleinement rellement del cire, et que la belle d u s u c r e en cire se s u r la conversion

confirme...

M. Milne-Edwards ajoutait : que chez

D e ce que les abeilles paraissent jouir de la proprit de transformer le sucre en cire, faut-il en conclure source analogue, plutt que de l'absorption tous les animaux, la graisse proprement dite, provienne d'une des matires grassesexistantes d a n s l e s a l i m e n t s ? Je ne le pense pas. Je par-

tage tout

fait l'avis de MM. Payen, Boussingault et Dumas,

s u r le rle des a l i m e n t s g r a s clans la t h o r i e d e r e n g r a i s s e m e n t

des bestiaux. L'engouement et l'obstination duraient donc encore, malgr l'observation capitale de M. le baron Thenard,
Q U ' I L E S T I M P O S S I B L E D E R E F U S E 11 AUX A N I M A U X LA F A C U L T DE

M O D I F I E R D E S M A T I R E S N U T R I T I V E S E T D*EN F O R M E R D E S PRODUITS NOUVEAUX, PUISQUE SANS CELA ON DEVRAIT TROUVER D A N S LEURS

A L I M E N T S T O U S L E S C O M P O S S O R G A N I Q U E S OU O R G A N I S S Q U E LEURS CORPS RENFERMENT, CE QUI, COMME CHACUN SAIT, N'EST PAS.

En vain M. Flourens rappela les expriences faites par un

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

4541

exprimentateur minemment habile et exact, Frdric Cuvier, d'ours exclusivement liste cmincnt, nourris au pain, se portant trsbien et ayant considrablement engraiss. En vain un naturaM. Dufour, avait rappel, avec Raumur et Hubcr, que les abeilles digrent les matriaux de la cire qui, avant qu'elle soit mise en uvre pourla formation des alvoles, subit une manipulation particulire, en se jetant dans les aires cirires d'o, aprs avoir pris la forme et la consistance de lamelles, elle va se poser comme des briques de champ pour la construction des cellules hexagonales, etc. ; on persistait a affirmer quoeeltecire existait toute faite danslc pollen des fleurs. L'heure de la vrit finit enfin par sonner. Un chimiste, M. Persoz,trs-distingu,mais qui n'eutpasl'honneurd'appartenir a l'Acadmie, lui communique, dans sa sance du 12 fvrier 1844, des expriences dcisives, qui n'ont soulev aucune protestation, et dont voici les conclusions : lL'oie,en s'engraissant, ne s'assimile pas seulement la graisse contenue dans le mas, mais elle en forme elle-mme une certaine quantit, aux dpens de l'amidon et du sucre du mas, et peut-tre mme a l'aide de sa propre substance, puisque la quantit de graisse-forme en elle est ncessairement plus du double de celle qui se trouvait dans le mas. 2 Aprs avoir t engraisse, une oie contient une quantit de graisse suprieure l'augmentation de poids qu'elle a subie. 3 Durant l'engrais, le sang des oies change de composition ; il devient riche en graisse, et l'albumine en disparat ou s'y modifie. 4 Enfin il semble exister une certaine relation entre le dveloppement du foie et la quantit de graisse produite.

Aprs M. Pcrsoz vint M. Boussingault qui, dans une lettre crite M. Arago, et lue dans la sance du 16 juin 1 8 4 8 ,

1542

LES SPLENDEURS DE LA. FOI.

communiqua, sans commentaire, les rsultats de ses recherches sur la formation de la graisse chez les animaux : 1 Les porcs gs de huit mois, aprs avoir t levs au rgime normal de la porcherie, contiennent beaucoup plus de graisse qu'ils n'en ont reu avec les aliments ; 2 des porcs nourris pendant six mois avec des pommes de terre, ne produisent pas plus de
graisse que n'en r e f e r m e n t les t u b e r c u l e s ; 3 d a n s l'engraissem e n t des porcs (j'ai o p r sur neuf individus), il y a beaucoup
0

plus de graisse assimile qu'il ne s'en trouve dans la ration; 5 les alim.cnts qui, administrs seuls, n'ont pas la facult de dvelopper des matires grasses, acquirent cette facult d'une manire tonnante, aussitt qu'on y joint de la graisse, bien que la graisse donne seule produise l'inanition ; les rations engraissantes qui ne contiennent qu'une quantit minime de graisse, sont toujours riches en principes azots. J'ai engraiss des oies, et, c o m m e M. Persoz l'a vu le p r e m i e r , j ' a i reconnu que la graisse p r o d u i t e excde c o n s i d r a -

blement l'huile contenue dans le mas ; comme commissaire nomm pour l'examen de son travail, j'prouve le besoin de voir proclamer bien haut cette concordance. Dans toutes mes observations, j ' a i constamment vu la formation de la chair accompagner la production de la graisse. Cette lecture tait peine termine, que M. Milne-Edwards s'excutant courageusement son tour, d i s a i t : D a n s u o s expriences de 1 8 4 3 , nos abeilles n'ont pas donn de cire
lorsque nous les nourrissions avec du sucre et de l'eau seule-

m e n t ; mais elles en ont cr lorsque nous leur fournissions du miel, substance qui renferme une petite proportion de matire grasse. La quantit de matire grasse que nos abeilles trouvaient alors dans leurs aliments, jointe la graisse prexistante dans le corps de ces insectes, tait tout fait insuffisante pout* expliquer la production de la cire constate durant

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

LA

SCIENCE. FALLAIT

4843
ATTRIBUER GRASSE A

le cours des expriences,


CES DPENS.DES MATIRES

D E SORTE

QU'IL

ANIMAUX LA F A C U L T D E C R E R SUCRES

CETTE SUBSTANCE

AUX NOUS

DONT ON

LES NOURRISSAIT.

n'avions pas cherch dterminer le principe qui pouvait jouer le rle dferaient dans celle transformation; mais, si Ton adopte les vues de M. Boussingault, il deviendra facile de se rendre compte d e l cause des diffrences que je viens de rappeler ; quoi qu'il en soit de ce point, on voit p a r l e s nouvelles expriences de notre savant collgue que les choses se passent chez les mammifres comme nous avons vu qu'elles se passent chez les insectes. La ngation avait t collective et solennelle! La rtractation aurait d se produire avec le mme ensemble et la mmo solennit. Mais la science a ses vanits puisqu'elle a ses faiblesses. Il tait bon de signaler les unes et les autres! M. Payen ne fut pas si explicite, il tint d'abord a constater que les expriences de M. Boussingaultconfirmaicntquelquesunes des conclusions du premier mmoire de 1842, par exemple, la ncessit d'une certaine proportion de substances grasses dans la nourriture des animaux pour dterminer une accumulation notable et prompte de la graisse dans les tissus ; mais il finit cependant par se rtracter au moins quivalent ment en ces t e r m e s : Q u a n t et la question semble s'claircir, que les d e u x exclusif, surtout opinions en ramenant divergentes mme, ! peuvent scientifique, avoir de elle trop auront u n moyen terme, ce

et, sous ce rapport dfinitive

tous les travaux

profit la solution Du

MICROSCOPE.

M . aeckel (Ernest), l'oracle en Allemagne

des sciences naturelles mancipes de la Foi,et, par une consquence ncessaire, mancipe de la raison,a os dire: c Tous les <

1844

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

tres animes ou inanims sont le rsultat de l'activit mutuelle, d'aprs des lois dfinies, des forces appartenant la nbuleuse primitive de l'univers. Si cela est vrai,iln'est pas moins,certain que le monde actuel existait virtuellement dans la vapeur cosmique; et une intelligence suffisante, connaissant les p r o prits des molcules de cette vapeur, aurait pu prdire, par exemple,
AVEC LA L'TAT D E LA F A U N E D E LA G R A N D E - D R E T A G N E QU'ON PEUT DIRE CE QUE EN

1859,

AUTANT D E CERTITUDE

DEVIENDRA

VAPEUR D E L'HALEINE DANS UN JOUR

D'HIVER.

C'est Faberra-

lion de M . du Bois-Raymond! La folie est donc contagieuse, surtout au-del du R h i n ! La double mancipation deHaeckel lui a fait commettre un paralogisme vraiment trange. Dans sa doctrine de l'Evolution tous crins, le premier tre, proliste eozoon, ou protogne, monre ou n'est devenu tour tour diatorac,rhyzopode, cyclope, travers

ascidie, poisson, tortue, poulet, chien, homme, qu'

une srie de transformations indfinies, et, par consquent, les embryons de la tortue, du poulet, du chien, de l'homme, qui sont toute la tortue, tout le poulet, tout le chien, tout l'homme, doivent diffrer essentiellement les uns des a u t r e s ; de sorte que la seule pense de constater l'identit d'embryons, p r o duit ncessaire d'volutions et de transformations innombrables, dans l'espace et dans le temps, est en elle-mme une contradiction rvoltante, uue plaisanterie malhonnte, puisqu'elle a pour but et pour rsultat de tromper des disciples ou des lecteurs qui ne sont pas rur leursgardcs.Or c'est coque Haeckel a os faire. J'emprunte le fait l'article publi par M. Charles Martins,dans la Revue d'aprs les naturalistes des Deux-Mondes(livraison d u monde organis p. 775) : Sur du 15 dcembre 1871 : L a cration

a n g l a i s et allemands,

une planche dessine par lui-mme, Haeckel nous montre des embryons, gs de quatre smaiocs, de l'homme, du chien,

LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE.

'1548

de la lorlue et du poulet. Au quatrime jour, l'identit est presque absolue. Tous sont munis d'une queue ; les membres se montrent sous la forme de quatre petits moignons; la place du nez, de l'il et de l'oreille est marque. Tous portent trois fentes branchiales qui ne persistent que chez les poissons, et s'effacent chez les animaux terrestres que nous avons nomms. Ces fentes nous montrent que tout vertbr prsente d'abord une organisation qui l'assimile aux poissons. Au bout de deux mois chez l ' h o m m e , six semaines chez le chien et la tortue, huit jours chez le poulet, les fentes branchiales ont disparu, mais la queue persiste encore, les doigts et les orteils apparaissent, et quelques diffrences commencent se manifester entre le chien et l'homme, d'un ct, le poulet et la tortue, de l'autre. A partir de ce moment, les diffrences s'accentuent, et ces tres,semblablesau dbut, deviennent des types cornpltemen t distincts; mais leur tat embryonnaire nous a dvoil une
IDENTIT ORIGINELLE,

et nous a prouv

que leur organisation est d'abord non pas celle du groupe dont ils font partie, mais celle des poissons, animaux aquatiques placs au bas de l'embranchement des vertbrs. Que prouve l'identit originelle d'embryons ns d'une vo-

lution continue et indfinie? Avant tout l'absurdit de l'volution ; en second lieu l'unit de composition organique et la similitude de dveloppement embryonnaire, ce que Geoffroy-Sain lHilaire affirmait, et ce qui n'est pas du tout le transformisme ou l'volutionisme ; en troisime lieu enfin,l'infidlit ou l'impuissance du microscope dont l'cole allemande a tant abus. Tout merveilleux qu'il soit, cet instrument a des limites audel desquelles il ne montre absolument rien. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est M.Tyndall, l'un des plus illustres physiciens du temps, et hardi penseur; ou plutt ce sont les faits qui le crient, des faits incontestables, et je me fais un devoir de conscience

1546

LES

SPLENDEURS

DE

LA

KOI.

de les rappeler. Je les puise dans la clbre confrence s u r le rle scientifique britannique M. Huxley. J'ai remis aux mains cle notre Prsident un flacon contenant des particules de Drucke (mastic dissous dans l'alcool absolu) beaucoup plus grosses et beaucoup plus nombreuses que celles examines par Brcke. Le liquide prsentait une couleur laiteuse bleue, et M. Huxley lui appliqua son oculaire le plus grossissant. Il m'affirmait que si des particules ayant un cent-millime de pouce de diamtre existaient dans ce liquide, elles n'chapperaient pas son regard. Mais il ne vit aucune particule sous le microscope; le liquide trouble ne se distinguait pas de l'eau distille. Brcke avait constat de son ct que ces particules taient en dehors des grandeurs visibles au microscope.!! Et voici que de cette exprience bien simple, M. Tyndall tire une svre leon l'adresse du fougueux Hacckel. J'espre, Monsieur le Prsident (M. Huxley!), vous dont les mauvaises langues ont fait un biologiste (un confrre, un coreligionnaire de llaeckel), mais qui conservez toujours active votre sympathie pour la classe de recherches que la nature vous appelait a poursuivre et h enrichir, que vous m'excuserez auprs de vos frres, si j'ose vous dire que quelques-uns se forment une ide imparfaite de la distance qui spare la limite microscopique de la limite molculaire, et que, par une consqueuce ncessaire, ils emploient quelquefois une physiologie qu'on dirait
CALCULE DANS LE BUT DE TROMPER,

de Vimagination

faite

Liverpool, le

15 septembre 1870, au sein de la Runion de l'Association pour l'avancement des Sciences, prside par

lorsque, par exemple (Avis aux Virchow, aux Hacckel, aux Robin, auxOnimus)ilsdcriventlecontenud'unccellulecomme parfaitement homogne, et absolument sans structure, parce

LA.

FOI,

S A U V E G A R D E 1)E

LA S C I E N C E .

'1547

que le microscope ne peut y distinguer aucune structure. Alors, je lc'crois, le malfaisant.


MICROSCOPE COMMENCE A JOUER UN ROLE

Une considration bien petite va nous faire saisir


DANS LA QUESTION

que le microscope ne doit pas tre cout


RELLE DES GERMES OHGANIQUES.

L'eau distille est plus parfai-

tement homogne que le contenu de toute cellule organique possible. Quelle cause fait que ce liquide cesse de se contracter ii 4 degrs au-dessus de zro, et qu'il augmente de volume jusqu' ce qu'il soit congel? C'est un mode de structure que le microscope ne saisit pas,
A SAISIR, SISSANT. ET QU'IL A N'EST PAS APTE GROSQUELQUE EXTENSION QU'ON DONNE SON P O U V O I R

Placez celte eau distille dans le champ d'un electro

aimant, et regardez-la au foyer d'un microscope. Vcrrez-vous survenir quelque changement, lorsque l'lcctro-aimanl deviendra actif?Absolument aucun! Et cependant il s'est produit un changement profond et compliqu. En premier lieu, les particules de l'eau ont t rendues diamagntiquement en second lieu, imprime par la tension polaires; en vertu de la structure qui leur a t magntique de ses molcules, le

liquide tord un rayon de lumire d'une manire compltement dtermine, en qualit et en direction. Sir William Thomson seul voit en esprit les modifications molculaires compliques que suppose la rotation du plan de polarisation par la force molculaire...! Il est donc un monde de matire et de mouvement pour lequel le microscope n'a pas de passeport, et dans lequel il n'est d'aucune aide. Les cas o ces mmes conditions d'impuissance se retrouvent, sont simplement innombrables. Le diamant, l'amthyste, e l l e s autres cristaux sans nombre qui se forment dans le laboratoire de la nature et de l'homme, n'ont-ils aucune structure? Assurment, ils en ont une ! Mais que peut en raconter le microscope? Rien ! On ne saurait avoir assez prsent l'esprit
Q U ' E N T R E LA L I M I T E M I C R O x

1548 SCOP1QUE DES ET

LES LA V R A I E

SPLENDEURS LIMITE

DE

LA

FOI. IL ! Y A P U C E POUR

MOLCULAIRE,

PERMUTATIONS ET D E S COMBINAISONS INFINIES

La Foi, s a u v e g a r d e d e l'Histoire. La science de l'histoire, c'est--dire la science des faits de l'humanit, a besoin plus que toute autre d'tre sauvegarde pour ne pasforfairc sa mission, l'expos vritable de l'action de Dieu sur le monde et des hommes les uns sur les autres: l'me de l'histoire, c'est la vrit. Or, ds que la foi ne domine plus l'intelligence et la v o l o n t ; plus encore, lorsque l'esprit s'est fait hostile la foi, il est impossible l'historien, surtout quand il touche aux questions religieuses, de ne pas tomber dans les plus grossires erreurs, ou de ne pas se laisser entraner altrer ou dnaturer les faits, ce qui estforfairc sa mission sainte. Ceux qui consentiront parcourir le livre d'un crivain incontestablement suscit par Dieu, Ampre,
L A D F E N S E DE L'GLISE

contre

les erreurs Thierry,

historiques Michelet,
GORNI,

de M M . Guizot, Fauriel,

Augustin Henri

et Amde Martin,

etc., par M. l'abb

cur d'une petite paroisse de la campagne, 3 vol. in-8, Lyon, Girard et Josscran, 1 8 5 9 , seront vraiment surpris et effrays des attentats contre la vrit dont se sont rendus coupables les plus minents de nos historiens. Montesquieu avait dit : Chose admirable, la religion chrtienne qui ne semble avoir d'objet que la flicit de l'autre vie, fait encore notre bonheur dans cette vie... Nous devons au christianisme, dans le gouvernement,un certain droit politique, et dans la guerre un certain droit des gens, que la nature humaine ne saurait assez reconnatre. C'est le droit des gens qui fait que, parmi nous, la victoire laisse aux peuples vaincus ces grandes choses : la vie, la libert, les

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1849

lois, les biens et toujours la religion, lorsqu'on ne s'aveugle pas soi-mme. (Esprit
c

des lois, tome IV, ehap, in.) des lois, ci s'tait, au

Le xvin sicle n'avait rien compris h celte parole impartiale de l'illustre auteur de Y Esprit le
xix
e

contraire, efforc de leur donner un cruel dmenti. Mais sicle s'en est inspir volontairement ou involontairement, et, maintenant, Ton ne rencontrerait peut-tre pas un seul crivain qui ne rende quelque hommage a l'action civilisatrice de l'vangile et de l'Eglise, son interprte. Aprs des recherches trs-conscicncicuses, des hommes minents, MM. Troplong, Albert du Boys, Vllcmain, Guizot, Lingard, Digby, Michaud, Cousin, Charles de Rmusat, Rouchitt, Villeneuve-Bargemont, Balms, Jacques, Throu, etc., se sont faits les apologistes de l'influence sociale de l'glise. Voil comment, un certain point de vue, notre ge est revenu au christianisme, sinon pour se soumetre lui, du moins pour le saluer comme le guide sage et clair de nos aeux. xvni
e

Cependant, nous sommes encore trop prs du

sicle, et le gnie de Voltaire lutte toujours victo-

rieusement contre le gnie de Chateaubriand. On admire, il est vrai, tel ou tel vnement religieux, mais on prend bientt sa revanche en dclamant contre tel ou tel autre fait. Si l'on clbre un saint personnage, trop souvent, par compensation, on entoure la gloire de l'autre de suppositions si peu honorables, que le grand homme finit par n'tre qu'un insigne ambitieux ou un hypocrite. On convient que l'glise a sauv le monde, mais Von maintient, tout la fois, que ls souverains pontifes ont t les scandales ou les flaux du monde. Hlas! comme l'aveugle que le Christ vient de toucher, on entrevoit la lumire, mais les objets se montrent encore confus et renverss. Depuis longues annes, dit M. l'abb Gorini dans sa

1850

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

prface, je m'occupais d'extraire des saints Pres et des principaux crivains ecclsiastiques, a partir de Tertullicn et de Minutius Flix j u s q u a saint Thomas d'quin et saint Bonaventure, des mlanges de littrature latine. Pour m'airler dans l'apprciation de ces grandes ligures et des sicles qu'elles ont remplis de leur gloire, je me suis entour des crits ou MM. Villemain, Gui/ot, J . - L Ampre, Michelet, Maurici, Augustin Thierry et son frre Amde, les ont si frquemment cits ; j'ai cherch le guide et le rameau d'or que j e croyais ncessaire pour traverser les tnbres jadis encore si diffames de notre moyen ge. Mais quelle surprise, quand il m'est arriv de mettre en face des auteurs originaux la plupart des modernes qui les citent ou les j u g e n t ! Je ne pouvais en croire mes yeux. Je ne pouvais me persuader que, sous des noms identiques, les anciens et les modernes jugeassent des mmes faits, des mmes hommes, des mmes poques, des mmes institutions. Je recommenais le parallle, piloguant pour justifier des crivains qui brillaient pour moi de toute la majest des demi-dieux de la science, comme on le Tait quand on attaque. Vaincu enfin par l'vidente infidlit l'esprit comme la lettre de documents, il fallait bien que je notasse l'inexactitude de ces malheureux passages. M . l'abb Gorini se garde bien d'accuser de calomnie ou de mauvaise foi les erreurs de nos grands hommes modernes ; il aime mieux croire que ces faux jugements sont la suite trop naturelle des prjugs et des prventions au travers desquels la vrit subit les transformations lcs'plus bizarres ; qu'ils sont aussi la consquence ncessaire des habitudes de posie, de recherche exagre du neuf, du saillant, de l'imprvu, de l'inou, du pittoresque, etc., l'estime idoltrique que certains caractres ont d'eux-mmes.
ON N'CRIT RIEN DE RIEN,

ON NE FAIT
SJ O N N E S E

RIEN, CROIT

a os dire Michelet,

LA PAS DIEU

FOI, SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

1881

! Faute de conscience publique et d'amour sincre

pour l'tude, chacun se prcipite dans Ta peu p r s . . . . Et si quelqu'un s'avise de s'insurger contre le rgne de Ta peu prs, contre celte invasion du faux et de l'incomplet, s'il dnonce comme fatale cette pente tout accepter, ne rien aimer, h ne rien croire; si quelque voix perdue et indigne signale cette
nouvelle enveloppe de fiction, dont le m e n s o n g e europen

se couvre comme d'un manteau, il se fait une rvolte gnrale contre le penseur qui ose voir et l'crivain qui ose parler. Le grand courage cs^de dire celte poque ses vrits ; k la littrature, aux arls, a la morale, au drame, l'histoire, au vice mme, quand ils mentent : Vous mentez ! Ce qu'il y a de bien certain, c'est que le mensonge historique, volontaire ou involontaire, a pour principale cause la peur ou la haine de la vrit religieuse, et que, sous ce r a p p o r t ,
la foi p e u t et doit tre p o u r la science de l'histoire u n e pr-

cieuse sauvegarde. Toutes les fois qu'un fait quelconque sera au dsavantage, . la honte de l'glise, de ses actes, de ses doctrines, ou de ses coutumes, on peut, on doit tre certain l'avance que ce fait est cou trouv ou dnatur. Prouvons cette vrit capitale par quelques exemples e m prunts au bel ouvrage de M. l'abb Gorini. Nous le prenons d'autant plus volontiers pour guide, que les hommes minents
qu'il a le plus combattus ont rendu un clatant h o m m a g e h

son impartialit. Augustin Thierry lui crivait la date du 1


er

octobre 1856 : Je tiendrai un grand compte de votre de V g l i s e ; je ferai vos critiques une attention

Dfense

d'autant plus srieuse, que, pour la vraie science et la parfaite convenance, elles se distinguent bienheurcusement de la polmique soutenue dans le mme sens par d'autres auteurs- Et en date du 24 juillet 1858 : Je vous remercie de l'envoi que

1852

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

vous avez eu la bont de me faire.Votre dissertation est excellente pour le fond et pour la forme. Je l'ai communique M. Henri Martin qui pense comme moi, et qui en donnera la preuve publique, en corrigeant dans sa nouvelle dition Terreur signale par vous, si la chose est encore possible. Seul h l a s ! M. Guizot, trop satisfait de lui-mme, se contenta d'admirer l'humble et savant cur du village, sans daigner s'amender ! 1 L'indpendance Christianisme de saint Paul
EDGARD QUINET

dit (Le

et la Rvolution

franaise,

page 62) : Le voi-

sinage des autres aptres l'embarrasse, il lui faut, comme un aigle, un horizon qui soit tout lui. Dans son mpris du pass il veut des terres neuves, des villes neuves, o la parole n'ait .pas encore germ. Celte indpendance, cette spontanit, il les communique ses glises , dit M. Quinet. Rve et mensonge! Paul ne se montre pas plus embarrass du voisinage des aptres qu'indpendant, il prche, de vive voix ou par crit, aux habitants de Damas, de Jrusalem, d'Antioche, de Rome, etc., convertis par d'autres missionnaires. 2 L a Rvolte raire,
op

de saint

rne.

J. J.

AMPRE

(Histoire

litt-

tom. , page 177) dit : Quoique de l'avis du pape

Victor, et croyant la P q u e plus convenablement place au jour adopt par l'glise romaine, rne n'en crit pas moins h un grand nombre d voques, pour les exhorter a tenir bon,
1

et maintenir l'indpendance de leurs glises. Rve encore et mprise! Par son opposition, rne voulait empcher ce qu'il croyait tre une prcipitation de l'autorit, mais il ne niait pas cette a u t o r i t ! Il proclamait non pas son indpendance, mais son amour de la concorde ! Comment aurait-il pu affirmer l'indpendance des glises particulires, lui qui dans son livre contre les hrsies s'est cri : Nous citons entre

LA

Fili,

SAUVEGARDE DE

L HISTOIRE.

48o3

toutes l'glise trs-grande, trs-ancienne, connue de tous, fonde h Rome par les deux plus illustres aptres Pierre et Paul, la tradition qu'elle tient des aptres, la foi annonce aux hommes, et qui est parvenue jusqu' nous par la succession de ses voques. Nous la citons, et en la citant nous confondons tous ceux qui, pour quelque motif que ce soit, mauvaise complaisance on s o i - m m e , ou vaine gloire, ou aveuglement erron, recueillent ne faut. les articles de leur symbole ailleurs qu'il Car c'est avec cotte glise, cause de sa plus puisprincipalitatem), qu'il est nces*

sante primaut (potentiorem

sairc que toute glise s'accorde, c'est--dire que les fidles rpandus en tous lieux, ont conserv la tradition apostolique. )) Voil la prtendue indpendance des glises dfendue par saint rne ! 3 U ' i n c e n d i e de la Bibliothque des D e u x - M o n d e s , 1
e r

d'Alexandrie.

L4. Ampre*

dans ses voyages et recherches en Egypte et en Nubie ( R e v u e septembre 1846, p . 637) : a Tout le monde connat le rcit qui a fait du nom d'Omar le symbole du fanatisme et de la barbarie. Aprs avoir subi pendant des sicles l'injure de cette renomme proverbiale, Omar a t dclar presque innocent de l'incendie deslivresd'Alexandrie. On lui a du moins dcouvert des cpmpliccs, qui l'ont devanc et ont fait beaucoup plus de mal que lui,
NISME CSAR ET LE CHRISTIA-

(le Christianisme, quel blasphme! Si du moins Ampre

disait les chrtiens, quelques chrtiens d'Alexandrie...). Csar assig par les Alexandrins dans le palais ou tait la grande bibliothque, y met le feu en voulant incendier la flotte et la maison oii tait l'ennemi... Antoine fil.don Clopalrc de la bibliothque de Pergame qui se composait de deux cent mille volumes. Ces deux cent mille volumes paraissent avoir t disposs au Srapum, dans cette bibliothque, fille, comme. os

4554

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

on le sait, de la collection mre, laquelle contint jusqu' sept cent mille volumes. Dj atteinte deux fois par les flammes, sous Marc-Aurle et sous Commode, il est difficile (paraissent! il est difficile! ce sont de pures hypothses, et il conclut par une accusation d'attentat!) qu'elle ait survcu l'assaut donn par les chrtiens sous Thodose au Srapum. Les livres entasss dans cet difice durent ( t o u jours des hypothses!) en grande partie tre dtruits par le zle arm ce jour-l contre tous les souvenirs du paganisme. On peut maintenir comme a c q u i s l'histoire (Acquis par de-simples possibilits) Je fait que les deux grandes collections avaient t dtruites avant l'arrive d'Omar, Tune par Csar, l'autre par les chrtiens; et qu'un grand incendie comme celui dont la tradition accuse le kalife arabe, tait devenu impossible. A chacun ses uvres. Que l'histoire soit juste (singulire justice que cellequi condamne sur desimpies possibilits) pour tous, mme pour O m a r ! Reprenant et amplifiant ou gnralisant ce thme odieux, M. Lon Lefort, professeur l'cole de mdecine de Paris, disait dans son discours d'ouverture du cours de mdecine opratoire : 11 me faut ici rectifier une calomnie imagine et propage, pour des raisons faciles comprendre, p a r l e s moines du moyen ge. Ce ne. fut pas au vi sicle sous E u m e r (c'est le nom que M. Lefort, pour se distinguer ou se grandir, affecte de donner Omar), mais au iv sicle et l'instigation de Thophile, cvque de cette ville, que fut brle la bibliothque d'Alexandrie, place dans le temple de Srapis, mme temps que la populace irrite contre eux en massacrait
e

les savants qui y avaient cherch asile. M. Lefort innocente donc son tour Omar et laisse les chrtiens seuls coupables d'un grand crime. E t cependant il est absolument certain que dans la circonstance qu'il dcrit d'une manire si d r a m a -

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1555

tique, il n'y eut pas plus d l i v r e s brls que de savants m a s sacrs. Ampre n'appuie son accusation d'aucun tmoignage. Chateaubriand, dans ses t u d e s historiques, avait dit : Les paens rfugis dans le temple de Srapis y avaient soutenu un vritable sige : mais l'envahissement n'eut jamais lieu, voici simplement tout ce qui arriva. L'empereur avait cd l'vquc Thophile un vieux temple de Bacchus pour le transformer en glise.Tandis qu'on le rparait, on trouva dans les caveaux des dbris dgotants des anciennes idoles. On les tala comme une accusation contre le paganisme. Les paens excits s'armrent et frapprent les chrtiens. Hellade, prtre de Jupiter, se vanta lui seul d'en avoir tu neuf. Les magistrats v i n rent aux portes du Srapum o les meurtriers avaient choisi leur retraite. Ils les menacrent de la colre de Thodose s'ils ne dposaient pas les armes. On crivit a ce prince qui, dfendant toutes reprsailles contre les personnes, ordonna de renverser les temples paens d'Alexandrie. A cette nouvelle, la ligue paenne se dispersa, et l'voque Thophile, la tte de ses chrtiens, se mit l'uvre. La statue de Srapis fut brise et son temple renvers. Cet difice s'levait sur un tertre artificiel, au milieu d'une plate-forme entoure de btiments destins aux prtres, aux gardiens du temple, certains dvots paens, et aux runions des savants. C'est l que se trouvait la bibliothque ; or on ne Recueil intitul : Historie renversa pas ces btiments. eCGlesiasticsc, Scripiores grseci; Citons le texte mme de Ruffin, livre II, chapitre xxn, dans le Paris, 1571 : Gux qui taient confis la garde des lois romaines et le soin de rendre la justice, ayant appris ce qui s'tait pass, volent au temple, troubls et effrays, demandant la raison de tant d'audace et le but de cette meute jui avait si cruellement vers devant les autels le sang des

1556

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

citoyens. firent

Mais les paens qui avaient fortifi l'entre ne

entendre que des voix confuses et discordantes, et On leur rappeler envoya pourtant des

rpondirent seulement par des cris, sans exposer aucune raison de leur conduite. parlementaires pour leur la puissance de l'emordinaireattaque

pire romain, la vindicte des lois, et ce qui suit


tait d'essayer, sans de plus nombreuses troupes,

ment les sditions. Mais comme la force des choses ne permetune

contre les tmraires, on crivit a l'empereur. La rponse de l'empereur arrive : dfense de punir les coupables, ordre d'abattre le sanctuaire. Des que la volont impriale est proclame, les sditieux se dispersent. Il y eut donc menace d'assaut, mais non pas assaut, et la bibliothque n'eut n u l lement souffrir d'un assaut qui n'eut pas lieu. Eumope, philosophe contemporain de ces faits, et ennemi des chrtiens, les raconte ainsi: Le culte et le sanctuaire du dieu Srapis furent dtruits et anantis Alexandrie... .Les magistrats dmolirent le comble du temple de Srapis, et jetrent sur les offrandes du temple leurs mains en conqurants, tout fait sans adversaires et sans combat. La bataille fut livre contre les statues et les richesses sacres. Pas un mot des livres, pas un mot de la bibliothque! Les btiments du Srapum furent si peu dtruits, du moins en totalit, que, en 4 5 2 , la populace se rendit matresse de l'difice, et brla vivants les soldats romains qui y taient enferms. M. Lon Lefort, lui, invoquait le tmoignage d'Orosc, mais, sans doute, sans l'avoir lu ou compris; car voici tout ce que dit Orosc: Pendant le combat, Csar fit incendier la flotte royale coule sur le rivage. La flamme ayant gagn une partie del ville, consuma quatre cent mille volumes qui se trouvaient dans les difices voisins, tmoignage, certes, bien tonnant des gots studieux des anciens, qui avaient runi un si

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1857

grand nombre des remarquables ouvrages des plus nobles esprits. C'est pour cela que, maintenant encore, et de toutes parts, comme nous l'avons vu nous-mmes, il existe dans les temples des armoires livres, dont la dvastation rappelle, de nos jours, que tout cela a t ananti par les ntres (les Romains et non pas les chrtiens : Orosc parle partout des Romains comme siens, ce qui est vrai). Toutefois, il est plus raisonnable de croire qu'afin d'galer les anciens, on chercha ailleurs d'autres livres, que d'admettre l'existence d'une seconde bibliothque spare des quatre cent mille volumes et prservs par cet loignement. videmment, les ruines, les armoires vides, dont il est question ici, se rapportent la bibliothque, au muse situ dans le quartier du Bruchium qui fut brl par les Romains, et la seconde bibliothque est celle du Srapum, laquelle, loin d'tre brle, existait encore au v sicle. En voici la preuve. L'an 4 5 2 , sous l'empereur Marcicn, il y eut Alexandrie un mouvement populaire. Les troupes marchrent contre les sditieux qui les mirent en fuite. Savez-vous o ces troupes se rfugirent? Elles furent forces, dit vagre, de se rfugier dans le temple (c'est--dire dans les btiments du temple) du Srapum. La populace y accourut, se rendit matresse de l'difice et brla vivants les soldats. Une fois tabli que les chrtiens sont compltement i n n o cents de l'incendie de la bibliothque d'Alexandrie, dfendra qui voudra Omar de la calomnie dirige contre lui, non par des moines du moyen ge, mais par des historiens arabes, dont l'un, Abdullatif, tait mdecin et jouissait d'une grande estime auprs des kalifcs et des hommes les plus distingus de sa nation ; l'autre, Albuforadgc, jouissait aussi d'une certaine clbrit. Datfs son fameux discours, M . Lon Lcfort affirmait en outre qu'avant Hippocrate il n'y avait eu ni mdecins, ni
e

1858

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

mdecine, ni mdicaments, mais seulement des invocations et des passes. En parlant ainsi, le bruyant professeur faisait par trop preuve d'ignorance et mentait la vrit. Il ne connaissait pas le Livre des livres, qui passionnerait d'admiration les savants et les rudits s'il n'tait pas divin. Quelques citations ignores de la Bible prouveront, en effet, jusqu'il l'vidence, que, dans l'antiquit la plus recule, il y avait des mdecins clbres et de vritables mdicaments. Gense, chap. L , v. 2 : Pharaon ordonna aux mdecins qui taient son service d'embaumer le corps de Jacob. E t dans ces dernires annes, on a publi tout un livre de la mdecine et de la thrapeutique des gyptiens, d'aprs les monuments et les inscriptions ! Exode, chap. xxi, v. 19 : Celui qui a bless son prochain est condamn, comme aujourd'hui, compenser le travail interrompu, et payer les honoraires des mdecins, Livre II des Paralipomnes, chapitre x n i , v. 14, il est question des mdecins en qui le roi avait une confiance trop absolue. Ecclsiastique, chap. xv, v. 1 2 , on trouve nonce cette vrit bien vieille, et bien neuve : Le mdecin coupe la racine les maladies aigus, les maladies chroniques le fatiguent. Chap.
XXXVIII,

v. 2 : La science du mdecin lvera

sa t t e , e t , en prsence des g r a n d s , il sera lou. V. 3 : Honore le mdecin cause de la ncessit, car le Trs-Haut l'a cr (la mdecine est une profession divine, et M. Lefort veut des mdecins athes ou du moins esprits forts!); toute mdecine vient de Dieu et le mdecin recevra du roi des prsents... ; le Trs-Haut a cr de la terre les mdicaments (minraux, vgtaux, animaux), et l'homme prudent ne les aura point en horreur (quelle sagesse encore!). V. 5. Le Trs-Haut a donn au mdecin la science par laquelle la vertu des mdicaments arrive jusqu' lui ; et cette science, laquelle seront dues les merveilles de son art,
LE FERA HONORER.

V. 11 :

LA

KOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

1539

MON

FILS,

D O N N E PLACE AU M D E C I N ,

parce que le Seigneur Ta

cr ; et qu'il ne s'loigne pas de toi, parce que ses oeuvres te sont ncessaires. E L toute cette lgislation du mdecin et de la mdecine tait crite de longs sicles avant Hippoerate! Qu'en pense M. Lefort ? Rcamier tait croyant, plus que croyant, fervent et pratiquant; et lui-mme, hlas! ignorait cette belle doctrine. Il fut bien agrablement surpris quand moi, ravit. son humble lve, je la lui rvlai. Elle l'tonna et le

WSaint

Grgoire

VIL De quoi n'a-t-on pas accus ce grand

pape? De s'tre cru saint, et, a ce titre, de s'tre pos comme lemaitre du monde! D'avoir cru h la saintet de tous les p o n tifes romains! D'avoir voulu tout briser ! De ne voir dans l'humanit que Tglise! D'avoir t un anctre des Montagnards ! Peut-tre vous vous tonnerez, dit M. Quinet [Le

Catholi-

cisme et la R v o l u t i o n , p . 147), si je vous dis que Grgoire-VH,


l'homme de Dieu, est un anctre de la Rvolution franaise; nanmoins cela est vident. Dans son effort contre les pouvoirs politiques, dans ses instructions ses soldats spirituels, il ne donne, pas aux royauts de la terre un autre fondement que la violence, le crime et le mensonge! Il fit, avec Guillaume de Normandie, a frais et profits communs, la conqute de l'Angleterre! 11 voulut s'emparer du gouvernement direct d e l socit! Il dbuta imprudemment dans la rforme qu'il osa entreprendre! 11 fut dans l'glise un despote implacable! On a voulu voir l'accent du scepticisme dans sa dernire parole : J'ai aim la justice et ha l'iniquit, voil pourquoi je meurs dans l'exil ! Il y a, dit Michelct (Hisloirede

France,

tome II,

livre IV, chap. ix), un moment de crainte et de doute, c'est le tragique, le terrible du drame; c'est l ce qui fait craquer le voile du temple; ce qui couvre la terre de tnbres; c'est ce qui

4560

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

me trouble en lisant l'Evangile, et qui aujourd'hui encore fait couler mes larmes. Que Dieu ait dout de Dieu/ Qu'elle ait dit, la sainte Victime : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vons abandonn? Toutes les mes hroques qui firent de grandes choses pour le genre humain ont connu cette preuve; toutes ont approch plus ou moins de cet idal de douleur. C'est dans un tel momentqucBrutus s'criait : Vertu, lu n'es qu'un nom! C'est alors que Grgoire VII disait: J'ai suivi la justice et fui l'iniquit, voil pourquoi je meurs dans l'exil. Jsus.Christ, Brutus, Grgoire VII, rapprochement blasphmatoire! Ce sont l, certainement, autant de mensonges et de calomnies, dont il faut lire la rfutation glorieuse dans la Dfense Vglise do de M. l'abb Gorini, tome III, pages 405 et suivantes.

Nous ne leur opposerons que cette belle page dans laquelle le grand pontife rvle un pieux ami qu'il avait laiss Cluny o secret de sa vie et le mobile de son courage. C'est une citation de M. Quinet, leon septime, page 149 : Je voudrais, s'il se pouvait, que vous connaissiez pleinement quelles tribulations me pressent, quel travail renaissant chaque jour me fatigue, et, en augmentant, me trouble profondment. Je le et voudrais, afin que, prenant en piti les chagrins de mon me, votre fraternelle compassion vous toucht mon gard, gneur, pour que J s u s , qui a tant fait, qui rgit rpandit en torrents de larmes, votre cur devant le Seitout, tendt la main, avec sa tendresse ordinaire, un infortun, et le dlivrt. Moi, je l'ai souvent conjur, comme il en a donn l'exemple, ou de m'enlever de cette vie, ou de sauver par mon ministre notre mre commune. Et pourtant, il ne m'a pas encore arrach de celte grande tribulalion ; et ma vie n'a point encore servi, comme je l'esprais, celle mre, dont j'ai parl et laquelle il m'a enchan. Je suis assig d'une cruelle douleur, d'une tristesse universelle, parce que l'Eglise

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L IISTOIRE.

1561

d'Orient pousse par le dmon, s'loigne de l'Eglise catholique. Puis, quan(J de l'il de mon esprit, je regarde l'Occident ou le Midi, ou le Septentrion, c'est peine si j ' y dcouvre quelques voques d'une ordination ou de murs canoniques, qui gouvernent le peuple chrtien pour l'amour du Christ, et non par une ambition mondaine; et, parmi tous les princes du sicle je n'en connais aucun qui prfre la gloire de Dieu a la sienne, et la justice au lucre. Les peuples au milieu desquels j'habite, c'est--dire les Romains, les Lombards, les Normands, je leur reproche, et je suis souvent oblig de leur redire, qu'ils sont pires que les Juifs et les paens. Quand je reviens moi-mme, je me trouve tellement accabl du poids de mes propres actions, qu'il ne me reste aucun espoir de salut, que dans la seule misricorde du Christ. Si je n'esprais a r r i v e r a une vie meilleure, et tre utile la sainte glise, non, je ne resterais pas Rome, o, c'est par force, Dieu m'en est tmoin, que j e demeure depuis vingt ans. Ballott donc par mille temptes, outre la douleur que chaque jour renouvelle en moi et l'espoir qui tarde tant, hlas! se raliser, ma vie est une mort sous toutes les formes. Et celui qui m'a li de ces chanes, qui m'a ramen malgr moi " Rome, qui m'y a ceint de mille peines, je l'attends. Souvent je lui dis: Htezvous, ne tardez pas, pressez-vous et sans retard, dlivrez-moi, pour l'amour de la bienheureuse Marie et de saint P i e r r e ! (Episi. II, 49.) C'est Tme d'un grand saint qui s'panche ainsi devant Dieu et devant les hommes. Dans la dernire sance des cinq acadmies de l'Institut de France (25 octobre 4875), M. Zcller, de l'Acadmie des sciences morales et politiques, dans sa lecture
ET UN PAPE AU MOYEN G E , UN EMPEREUR

se faisant, hclas! encore l'cho des rendu del l'empereur

prjugs vulgaires, a os dire, page 25 du compte s a n c e : Au vertige csarien qui avait possd

1562

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

Henri III, succdait le vertige thocratique de Grgoire VII. Henri III avait donn des papes l'glise, Grgoire, son tour, voulait donner des empereurs, des souverains aux peuples. Grgoire VII croit assurer d'autant plus aux hommes le salut dans l'autre monde, qu'il s'emparera d'abord de celuici. Mais,.vaincu par l'vidence des faits, M. Zcllcr ne peut pas se dfendre do reconnatre, avec un crivain allemand, M. Droysen, que ce fut alors une pense aussi morale que hardie, une uvre de civilisation aussi bien que de salut de l'glise, de revendiquer sur l'tat, sur l'Empire, la libert du sacerdoce corrompu, asservi p a r l a fodalit. Dans le chaos, encore en fermentation, de cette poque, dit-il, cette e n t r e prise extraordinaire donna la vie chrtienne de l'Occident un essor nouveau, une direction plus haute, une aspiration plus sainte. L'Empire allemand avait prtendu aussi alors assurer au pouvoir temporel, en face de la papaut, une omnipotence aussi universelle et une gale sujtion des ames. Mais en dpit des succs extrieurs, la victoire morale resta justement a la pense, l'esprit de civilisation qui remplissait alors le monde. Et puis, quelle splendeur d e l Foi dans ce double tableau habilement dessin par M. Zcller! Ce fut un curieux spectacle, au commencement de l'anne 1 0 7 7 , et pendant le plus rigoureux hiver du xi sicle, que celui donn par le pape Grgoire et par le roi Henri. Le pape, sous un ciel d'ailleurs plus doux et plus clment, partait de Rome au milieu d'une brillante escorte, comme en triomphe, pour se rendre, a travers l'Italie, a Augsbourg, o l'on attendait ses ordres, rencontrant dj en chemin les Allemands excommunis qui venaient faire pnitence. Une femme, la clbre comtesse de Toscane, Mathilde, ge alors de trente ans, couvrant sa jeunesse et sa beaut d'une armure de c h c -

LA

KOI, SAUVEGARDE DE /IISTOIUE-

1563

valicr, qui les faisait sans doute ressortir encore, guidant-son cheval d'une main et, d'aprs l'image traditionnellement attribue a Cimabu, portant de l'autre la grenade, en signe de la virginit qu'elle avait voue au Seigneur, couvrait de la protection de ses hommes tait devenu, par "la rforme monde. Aprs avoir prouv sur la terre allemande lit duret et l'ingratitude de ceux qu'il avait obligs, Henri, presque dnude tout, pour viter les passages des Alpes centrales,gards par les ducs, ses ennemis, qui y enlevaient les prtres excommunis, s'tait jet par les tenres de sa belle-mre, Adlade de Suse,qui le reut assez mal, travers les Alpes occidentales. Dans ce rude hiver, Henri et sa petite caravane, sa femme, son iils et quelques serviteurs et servantes, conduits par des guides, traversaient avec plus de peine encore que d'ordinaire le mont Gcnis, couvert de neige. Au revers de la montagne, les hommes descendirent les chevaux avec des cordes, .mirent les femmes sur des traneaux faits de peaux de buf, ramprent eux-mmes sur les pieds et les mains, Henri ayant parfois sa charge de sa femme et de son enfant; c'est ainsi qu'ils arrivrent tous moiti glissant, moiti roulant sur de longs espaces, au pril de leur vie, jusque dans la plaine, au pied des monts; et de l le roi atteignit bientt, prs du lac de Garde, le chteau de Ganossa, situ sur une hauteur nue et abrupte, derrire les fortes murailles duquel Grgoire VII,bien pourvu d'hommes d'armes et de provisions, avait trouv refuge. Ce n'tait point pour combattre, mais pour se soumettre. Le 18 janvier, publiquement, en chemise de laine, nu-pieds comme un pnitent, Henri se prsente devant la premire enceinte du chteau. C'tait alors un homme dans la forcel'ge,d'une taille et d'une d'armes, comme un ange du gardien, ce pontife de prs de cinquante-six annes, qui de l'glise, le matre

1364

LES SPLENDEURS DE LA FOI,

beaut, dit un contemporain, dignes d'un empereur, il met les genoux dans la neige paisse et dure, et reste a jeun j u s qu'au soir, sans voir ouvrir les portes. Il revint le lendemain et le surlendemain. Hugues de Cluny, la comtesse Matbilde, la belle-mre du roi, imploraient le pontife avec larmes, s'tonnaient de sa duret inaccoutume, et parfois s'chappaient en plaintes amres contre cette cruaut et cet orgueil tyrannique, si loigns de la vraie prudence, de la svrit apostolique; (C'est le jugement de M. Zeller.) D a n s la nuit du troisime jour, enfin, le pape cda et promit.cle donner l'absolution qu'on lui demandait, mais en prenant ses garanties pour conserver son intervention dans les choses politiques. Six cardinaux pour le pape, un archevque, deux voques, l'abb de Cluny et le marquis d'Est, Azzon, pour le roi, dressrent un acte par lequel celui-ci s'engageait se prsenter la Dite des princes, au jour fix par le pape, pour y l^re reconnu innocent ou coupable ; p r o tger le pape dans sa vie, dans ses membres, danssonhonneur, pour passer les Alpes, et, jusqu'au prononc de la Dite sur son sort, ne porter lui-mme aucune marque de la dignit royale et a s'abstenir de regium, nihil publicum), tout acte de gouvernement M. Aim Martin (ducation des (nihil

5 L ' m e des femmes. Filles,

chap. xxxi, p . 203) d i t : Dans des temps qui ne

sont pas trs-loigns, de graves docteurs leur refusaient une me ( aux femmes). Le sicle le plus malheureux pour elles futc sicle des docteurs et des clercs... On va jusqu' mettre en doute l'existence de leur me,etlcs thologicus eux-mmes, dans le trouble qui les agite,semblent oublier un moment que Jsus-Christ tenait aux h o m m e s p a r s a mre. Cette sotte accusation qu'on nous jette encore au visage tous les jours, est

LA

FOI, SAUVEGARDE

DE

L'ilSTOiRE.

'1565

un cho affaibli

du mensonge critique,

de

Bayle qui article

tait

all: Ce

jusqu' dire (Dictionnaire

GEDDICUS)

que je trouve de plus trange, c'est que, dans un concile de Mcon, on ait mis.cn question si les femmes taient une crature humaine, et qu'on n'et dcid l'affirmative qu'aprs un long examen. Or voici la vrit sur ce concile de Mcon. 11 y eut dans le synode, dit saint Grgoire de Tours, un des voques qui disait que la femme ne peut pas tre appele homme. Mais il s'arrta, ayant reu des prlats une explication suffisante; car le livre sacr de l'Ancien Testament parlant de la cration de l'homme par Dieu, d a n s le principe, nous 'apprend qu'il le cra mle et femelle, et le nomma Adam, c'est--dire homme tir de la terre, appelant ainsi du mme nom l'homme et la femme. Ensuite, le Seigneur est appel fils de l ' h o m m e , parce qu'il est le fils de la Vierge, c'est--dire d'une femme. La vrit ayant t claircic par beaucoup d'autres tmoignages, l'veque se tut. Il ne s'agissait pas videmment de l'me des femmes, mais de leur nom; ce n'tait pas une question de thologie ouMc philosophie, mais bien une question de philologie. Le croirait-on, cette calomnie a t lance du haut de la tribune de nos assembles lgislatives par de graves dputs. Nous arrtons l nos rsums de Gorini. Un crivain passionn pour la vrit, M. Ch. Barthlmy, a publi sous ce litre: E R R E U R S E T M E N S O N G E S
HISTORIQUES,

Paris,

Blriot, 5 5 , quai des Grands-Augustns, 1875, cinq volumes que nous ne saurions trop recommander nos lecteurs. Dieu, dit-il, apermis que l'erreur et le mensonge eussent leur temps; mais si long que nous semble ce temps, il ne l'est pas plus ses yeux que l'espace qui spare aujourd'hui de demain. La

4566

L E S SPLEtNDERS D E LA F O I .

nuit disparat et s'efface, l'aurore renat, et avec elle le jour brille, console, rjouit et, surtout, fortifie les corps, les esprits et les curs...En ce temps de rhabilitation historique, il y avait une place prendre au soleil, nous avons tent de nous la faire Nous avons cru devoir nous attaquer d'abord aux erreurs et aux mensonges historiques les plus malheureusement populaires chez toutes les classes de lecteurs.... et nous avons cherch nos preuves dans les auteurs o d ' o r d i naire on songeait le moins les trouver, les protestants, les philosophes et mme les athes!! Nous nous contenterons ici de rsumer rapidement quelques-unes des rectifications innombrables de M. Barthlmy; ces quelques rsums p r o u veront encore jusqu' l'vidence que si les historiens avaient eu plus de confiance dans la vrit de la Rvlation et la s a i n tet de l'glise, ils se seraient pargn bien des erreurs, ou plutt bien des mensonges, ou mme des crimes, car un c e r tain degr le mensonge est un crime. La papesse Jeanne. Elle aurait sig entre les papes
e r

Lon IV, mort le 17 juillet 8 5 5 , et Benot XIII, lu le 1

sep-

tembre 8 5 5 . La premire autorit invoque en faveur de cette fable odieuse, est celle d'un auteur contemporain, n a s tasc le Bibliothcaire. Elle aurait t consigne dans divers manuscrits de ses Vies des papes. Mais le clbre ministre protestant Blondcl, qui avait vu la Bibliothque de .France un manuscrit d'Athanase, a reconnu avec certitude que le passage relatif la papesse tait une pice de rapport cousue aprs coup, et que cet loge de la prtendue papesse est tissu des propres paroles de Martinus Polonus, postrieur Anastase de quatre cents ans. Ce conte, d'ailleurs, ost absolument dmenti par le rcit que fait Anastase de l'lection de Benot III, car il dit en termes formels : Aprs que le pape

LA F O I , S A U V E G A R D E D E j / l U S T O l R E .

1567

Lon fut soustrait de cette lumire, aussitt (mox) tout le clerg, les notables et le peuple de Rome ont arrt d'lire Benot'; aussitt (illico), ils ont t le trouver priant dans le titre de saint Callixte, et aprs l'avoir assis sur le trne pontifical, et sign le dcret de son lection, ils l'ont envoy aux trs-invincibles Augustes Lothairect Louis. (Blondel fournil cet claircissement pages 5 10.) N'cst-il pas vident, s'crie Bayle (Dictionnaire
JEANNE),

historique

et critique,

article

PAPESSE

qu'Anastase le Bibliothcaire serait tomb dans une

vritable extravagance s'il tait l'auteur de.ee qu'on trouve dans les manuscrits de son ouvrage qui font mention de la papesse? Disons donc que ce qui concerne cette femme-l est une pice' postiche et qui vient d'une autre main. Sous la plume de Bayle, cet arrt est irrvocable. La seconde autorit invoque est celle de Marianus Scotus, qui a vcu deux cents ans aprs Auastase; qui est loin, par consquent, d'tre un auteur, contemporain, et qui se borne dire, l'an 8 5 3 , que Jeanne, femme, succda au pape Lon IV, durant deux ans cinq mois et quatre jours ; assertion rfute d'avance par le rcit d'Anastase. C'est un fait certain qu'il est des manuscrits et des ditions de Marianus Scotus,. qui renferment le passage relatif h la papesse Jeanne. Mais il est aussi des exemplaires qui ne le renferment pas ; et d'autres exemplaires enfin, o cette mention de la papesse Jeanne est a d o u cie par les mots, ut
a s s e 7 i t u r .

Il y a donc eu aussi interpola-

tion, falsification, et l'on ne pourra rien prononcer tant qu'on n'aura pas retrouv le manuscrit de Marianus Scotus. En attendant, le rcit d'Anastase fait loi. Aprs Marianus Scotus, on invoqua la chronique du moine Sigcbcrt,morten 1 1 1 3 , ou l'anecdote de la papesse Jeanne est plus circonstancie. Mais il s'agit encore d'une interpolation, car il est des manuscrits et des ditions d'o l'anecdote est

1568

LES SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

compltement absente. Auberl le Mire mystres d'iniquit,

(COFFETEAU,

lipmseaux

p. 507) assure qu'en quatre exemplai-

res divers, entre lesquels tait l'exemplaire de l'abbaye de Gimhloux,d'o Sigebert tait moine,qui est l'original ou qui,du moins, a t pris sur le propre manuscrit dont Sigcbert s'est servi pour le mettre en lumire, il n'est fait aucune mention de la papesse Jeanne, non pas mme a la marge, encore qu'il s'y trouve force choses ajoutes depuis peu; partant c'est chose certaine que cette fable est faussement attribue nostre Sicgebert. Coffeteau ajoute: Un vieux auteur nomm Guillaume de Nangeac, qui a fait une chronique jusqu' Tan 1302, dans laquelle celle de Sicgebert est transcrite d'un bout l'autre, ne dit rien du conte de la papesse Jeanne.)) Quand des hommes aussi ennemis de l'glise que Bayle, Blondel et Jurieu ont cru devoir protester contre cette invention trange, est-il permis de lui accorder le moindre crdit? a J'oserai bien dire (c'est Bayle qui parle) que les protestants qui ont tant cri contre Blondel, et qui l'ont considr comme un faux frre, n'ont t ni quitables, ni bien clairs sur les intrts de leur parti. Tl leur importe peu que cette femme ait exist ou qu'elle n'ait pas exist: un ministre, qui n'est pas des plus traitables (Jurieu), l'avoue, lis ont pu objecter lgitimement le conte de la papesse, pendant qu'il n'tait pas rfut; ils n'en taient pas les inventeurs; ils le trouvaient dans plusieurs ouvrages composs par de bons papistes; mais depuis qu'il a t rfute par des raisons' trsvalables, ils ont d l'abandonner. Voici, en effet, comment Jurieu, le fougueux Jurieu, s'exprimait: Je ne trouve pas que nous soyons fort intresss prouver la vrit de cette histoire de la papesse Jeanne. Quand le sige de;, papes aurait souffert cette surprise, qu'on y aurait tabli une femme, pensant y mettre un homme, cela

FOI,

SAUVEGARDE

DE

^HISTOIRE.

1869

ne formerait pas a mon sens un grand prjug, ot l'avantage que nous en retirerions ne vaut pas la peine que nous soutenions un grand procs l-dcsss. Je dis mme que de la manire dont cette histoire est rapporte, elle fait au sige romain plus d'honneur qu'il n'en mrite. On dit, en effet, que cette papesse Jeanne avait fort bien tudi, qu'elle tait savante, habile, loquente, que ses beaux dons la firent admirer a Rome, et qu'elle fut lue d'un commun consentement. (Apologie pour la Reformations tome II, p. 3 8 , dition in-4.) tradition de la On peut donc conclure hardiment que la sidrs, est un mensonge
L'INQUISITION.

papesse Jeanne, accepte cependant par des catholiques inconflagrant. 11 n'est pas de question plus

TORQUEMADA.

enlcvoppe

d'erreurs

grossires, de mensonges envenims,

de dclamations passionnes et furibondes, et que Ton ait jete avec plus d'audace la face de la sainte glise, que la question brlante de l'Inquisition ! En mme temps, chose trange, il n'est pas de question plus simple, plus facile, et mieux rsolue par le simple bon sens prive et public. Il y a thoriquement, et il y a toujours eu de fait, dans l'histoire, deux sortes de gouvernements que j ' a i appels Tun complet ou normal, l'autre incomplet ou anormal. Le gouvernement complet ou normal est celui qui, prenant

l'homme dans sa synthse, dans l'ensemble des caractres qui le constituent, tel, en un mot, qu'il nous est prsent ou dfini par la
NATURE,

la

MAISON

et la

FOI,

qui considrant, par

consquent, sans les sparer, l'homme matriel et l'homme spirituel, l'homme du temps et l'homme de l'ternit, l'homme d e l nature et l'homme de la grce, l'homme aux besoins et aux intrts matriels, moraux, religieux ou surnaturels, veut, par tout son pouvoir, rgler et garantir galement ces intrts
99

1570

LES

SPLENDEURS

1>E

LA

KOI.

divers et multiples, qui sont pour lui

SACRS

au mme degr.

Tels taient,dans les temps antrieurs a la Rvolution franaise, les gouvernements de tous ou de presque tous les peuples de l'Europe, en gnral, et le gouvernement de l'Espagne et de la France en particulier. Le gouvernement incomplet ou anormal est celui qui scinde la notion cle l'homme, qui ne considre l'homme que sous un certain nombre d'aspects, qui ne tient compte que d'une fraction de ses intrts multiples; qui, par exemple, n'envisage que l'homme du temps, aux intrts matriels et moraux, et nullement l'homme del'ternit aux intrts surnaturels et religieux; qui ne voit dans l'homme individuel ou social que son existence, sa fortune, son honneur, son prsent, et ne veut s'occuper en aucune manire de sa foi et de son immortel avenir. II ne s'agit nullement ici de comparer et d j u g e r ces deux sortes de gouvernements, il suffit de les dfinir et de les reconnatre comme existants de fait. Remarquons seulement que le second est, par sa constitution mme, plus ou moins homicide, c'est un mauvais prcdent; mais comme il n'est pas essentiellement mauvais, et que, d'ailleurs, il est peut-tre seul possible dsormais, il atteindra son but, il maintiendra l'ordre s'il sait tre consquent avec lui-mme, et respecter toutes les liberts permises. Dans le gouvernement complet ou normal, la Religion, reconnue et accepte comme seule vraie, seule divine, par l'ensemble des familles, est loi de l'tat, non pas en ce sens que la loi puisse entrer dans le domaine intime d e l conscience, prescrire dos actes intrieurs, punir des infractions qui ne se sont pas produites au dehors, le sanctuaire de la conscience n'est gouvernemcntalcment accessible qu' Dieu; mais en ce sens que toute dsobissance la religion m a n i feste par des actes extrieurs devient justiciable des lois.

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'IUSTOJRE.

1571

En effet, pour un semblable gouvernement, tous les intrts matriels, moraux, surnaturels, sont galement inviolables : la loi ne peut pas plus commander un acte de religion, qu'elle ne peut commander un acte intrieur de renoncement aux biens de la terre ; elle ne peut pas pluspunir une impit concentre dans le cur, qu'elle ne peut punir le dsir criminel du bien d'autrui; mais elle peut et elle doit punir un attentat extrieur contre la foi d'un individu, comme elle punit l'attentat contre son honneur et contre sa bourse. Dans tout gouvernement normal, un pouvoir ou tribunal intermdiaire entre l'tat et l'individu, qui a pour mission de connatre, par des moyens honntes et lgaux, des infractions extrieures la loi religieuse, de les juger et de les punir, est tout aussi naturellement et loyalement institu, tout aussi lgitime, que le tribunal appel a connatre des dlits contre la scurit de l'tal ou contre les personnes, leur rputation ou leur fortune. Dans cet ordre de choses, encore, l'individu qui dnonce celui qui n'a pas craint de tendre des piges a sa foi, n'est pas moins dans son droit, et n'est pas plus indlicat que celui qui dnonce l'attentat commis contre sa personne ou contre ses biens. Ajoutons enfin que ces conclusions sont compltement indpendantes du nombre ou de la qualit des coupables ; de telle sorte que quelque grande que soit la multitude des insur gs contre la foi, il est aussi licite et- aussi lgitime de les juger et de les puuir, suivant la svrit des lois, qu'il est licite et legitime d'attaquer et de mettre en pices une arme de brigands arms ou d'insurgs contre l'tat. Ces principes si simples s'appliquent videmment aux Maures et aux Juifs d'Espagne, aux Albigeois et aux Huguenots de France, comme ils s'appliquent aux insurrection-

1572

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

nistcs de juillet 1 8 3 0 , de fvrier 1 8 4 8 , de juillet 1 8 4 9 , de mars 1 8 7 0 , etc., etc., etc. 11 suffit de les noncer pour faire justice de toutes les accusations formules contre l'glise et les gouvernements l'occasion de l'Inquisition, de sorte qu'il ne reste plus qu' rtablir la vrit sur les circonstances de ces actes de justice la fois religieuse et patriotique, comme le fait trs-victorieusement M. Barthlmy. L'hrsie des Manichens, plus connus sous le nom d'lbigeois,menaant galement, dans le x n sicle, l'Eglise et l'Etat, on envoya sous le nom d'inquisiteurs, des 'commissaires ecclsiastiques chargs de rechercher les coupables. Innocent III approuva cette institution en 1204, mais l'Inquisition ne fut confie au Dominicains qu'en 1 2 3 3 , douze ans aprs la mort de saint Dominique, qui n'opposa aux hrtiques que l'arme de la prire, du saint Rosaire, et surtout de la parole. Vers la fin d u x v sicle,le judasme avaitjct de si profondes racines en Espagne, qu'il menaait d'touffer entirement sa nationalit. L e s richesses des Judasants, dit le rapport officiel en vertu duquel, en 1812, le tribunal de l'Inquisition espagnole fut supprim, leur influence, leurs alliances avec les familles les plus illustres de la monarchie, les rendaient infiniment redoutables, c'tait vraiment une nation enferme dans une autre. En 1 3 9 1 , ils se soulevrent, etl'on en fit un grand carnage. Le danger croissant tous les jours, Ferdinand le Catholique n'imagina, pour sauver l'Espagne, rien de mieux que l'Inquisition. Isabelle y rpugna d'abord, mais enfin le roi l'emporta, et Sixte IV expdia les bulles d'institution en l'anne 1478.C'est le point de dpart de l'inquisition politique, qu'il faut distinguer de l'inquisition ccclsiastique,dont l'origine remonte au concile de Vrone, tenu en 1184, et qui fut organise en 1 2 3 3 . Il parat que les premiers inquisiteurs deSvillc usrent de rigueurs excessives, mais leur svrit fut immdiatement
0 e

LA lui,

SAUVEGARDE DE L^UISTOIUE,

1573

blme p a r l e pape Sixte IV, qui leur adressa de dures remontrances. Llrente, prirc dfroqu, veut que dans une seule anne 1 4 8 1 , la seule inquisition de Svillc, dirigeparTorquemada, ail fait brler deux mille personnes; il prtend appuyer son assertion du tmoignage de Mariana, le clbre historien jsuite. Mais Mariana dit trs-clairement que ce nombre de d e u x mille s'applique h toutes les personnes brles pendant tout le temps que Torqucmada fut inquisiteur, et dans toute Tlendue de sa juridiction. Une suite d'actes de vengeance exercs et de conspirations dcouvertes, liront cesser toute hsitation l'gard de la conduite a tenir envers les Juifs : le 24 mars 1492 fut p r o mulgu l'dit qui enjoignait tout Juif refusant d'embrasser le christianisme de quitter l'Espagne, avant le 31 juillet de la mme anne. Ferdinand s'engageait a fournir gratuitement tous lesmigranis les moyens de s'en aller, et il tint gnreusement parole. Trente mille familles, ce qui fait environ cent mille personnes, c'est encore Llrente qui acceptrent Tcxil. Le 12 fvrier 1502, un autre dit royal mit les Maures insurgs dans l'alternative d'embrasser le christianisme ou de partir pour l'exil : la majorit se fit baptiser. Un nouveau soulvement des Mauresques de Grenade, qui nommrent roi un descendant de leurs anciens souverains, et se mnagrent des alliances avec les Maures d'Afrique, amena leur expulsion totale de l'Espagne, sous Philippe III, en 150$. Le bannissement des Maures futeonsidr comme une ncessit d'tat, et approuv p a r l e s hommes les plus clairs que l'Espagne possdait alors. Lorsqu'on raisonne sur l'Inquisition, il faut avant tout faire la part du gouvernement et celle de l'glise. Tout ce que le tribunal dploie de svre et d'effrayant, la peine de mort l'affirme,

1574

LES

SPLENDEURS

LA

FOI.

surfont, appartient au gouvernement; c'est sou affaire, c'est h lui seul qu'il faut en demander compte. Toulc la c l mence au contraire, qui joue un si grand rle dans les arrts de l'Inquisition, est l'action de l'glise, qui ne se mle de supplices que pour les supprimer ou les adoucir. Voici la formule invariable du jugement, formule dont Van Espcn univ. dit, irroniquement, qu'elle est chre l'glise (Jus e o c l s i a s l . P a r i s , pars II, lit. X, cap. iv, n 22) : Nous avons condclar et dclarons l'accus N. convaincu d'tre hrtique, apostat, fauteur et receleur d'hrtiques, faux et simul, fessant les peines de l'excommunication et impnitent, relaps, par lesquels crimes il a encouru majeure et do la confisca-

tion d e t o u s ses biens, au profit de la chambre royale du fisc de Sa Majest. Dclarons de plus que l'accus doit tre a b a n donn, ainsi que nous l'abandonnons, la justice et au bras sculier, que nous prions et chargeons trs-affectueusement, de la meilleure et de la plus forte manire que nous le pouvons, d'en a g i r l ' g a r d du coupable avec bont et commisration. Aujourd'hui, ce n'est plus une erreur, c'est un crime, d ' i m a giner seulement que des prtres puissent prononcer des jugements de mort! Il est dans l'histoire de France un grand fait que l'on n'a pas assez observ. Les Templiers, coupables ou non, demandrent expressment d'tre jugs par bien, ils ne de tels juges, le tribunal de l'Inquisition, c a r ils savaient historiens, que s'ils plus tre condamns obtenaient mort. disent les pourraient

Mais Philippe le B e l , qui

avait pris son parti, et qui comprit l'invitable consquence du recours des Templiers, s'enferma avec son Conseil d ' t a t et les coudamna brusquement mort. 11 importe d'ailleurs de rappeler qu'en ouvrant les codes criminels du xv et du xvi sicle, on y constate une facilit extrme verser le sang. Dans la Caroline, par exemple, code
e e

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISIOIBE.

1575

pnal de Charles V, on trouve : Blasphme contre Dieu et la sainte Vierge, mutilation cl peine de m o r t ; pdrastie et sodomie, peine du feu; magie, peine de mort; fabrication de fausse monnaie, peine du feu ; toute rcidive eu fait de vols, peine de mort, etc., etc. L'glise romaine, seule dans l'univers, protestait contre ces excs de svrit. Clment IV reprochait au roi de France, qui tait cepeudant saint Louis, les lois trop svres que ce grand prince avait portes contre les blasphmateurs, le priant instamment, dans sa bulle du 12 juillet 1 2 0 8 , d vouloir bien les adoucir. Il disait en mme temps au roi de Navarre, dans une bulle du mme jour : 11 n-esl pas du tout convenable d'imiter notre trs-cher fils en Jsus-Christ, l'illustre roi des Franais, au sujet des lois trop rigoureuses qu'il a portes contre ces sortes de crimes. ce Voulez-vous, dit M. de Maisirc, connatre par exprience le vritable esprit sacerdotal sur ce point essentiel ? tudiezle dans les pays o le prtre a tenu le sceptre, ou le tient encore. Des circonstances extraordinaires avaient tabli en Allemagne une foule de souverainets ecclsiastiques. Pour les juger sous le rapport de la justice et de la douceur, il suffirait de rappeler le vieux proverbe allemand : Il est bon de vivre sous la crosse,)) unler dent Krum&tabe es ist gut z u w o h n e n . . . Les proverbes qui sont le fruit de l'exprience des peuples ne trompent jamais. J'en appelle donc ce tmoignage soutenu, d'ailleurs, par celui de tous les hommes qui ont un j u gement et une mmoire. Jamais dans ces pacifiques gouvernements, il n'tait question de perscution, ni de jugements capitaux contre les ennemis spirituels de la puissance qui rgnait.)) Mais que direz-vous de R o m e ? Assurment c'est dans le gouvernement des Pontifes romains que le vritable esprit du sacerdoce doitse montrer de lamanirela moins quivoque.Or

'1876

LES

SPLENDEURS

DE

LA

KOI.

c'est une vrit universellement connue, que jamais on n'a reproch a ce gouvernement que la douceur. Nulle part on ne trouvera un rgime plus paternel, une justice plus galement distribue, un systme d'impositions la fois plus humain et plus savant, une tolrance plus parfaite. Rome est peut-tre le seul lieu de l'Europe ou le Juif ne soit ni maltrait ni humili, puisqu'une autre phrase proverbiale appela de tout temps Rome le P a r a d i s des Juifs. Les rformateurs
e

du xv sicle ne surent pas, eux, se

dfendre de ces excs de svrit, de cette tendance fatale a abuser de la peine de mort. Bucer, ds 1 5 3 1 , dclarait du haut de sa chaire a Strasbourg que Servcl, l'antitrinilairc obstin, mritait la mort la plus ignominieuse; et vingt ans aprs, Calvin, dont l'un des dogmes tait q u ' o n doit mer les hrtiques par le droit d u glaive, rprile faisait brler

petit feu. Le d o u x Mlanchthon flicite avec effusion Calvin d'avoir fait excuter cet horrible blasphmateur. Thodore de Bze reprochait au Parlement de France de ne pas assez poursuivre et condamner les magiciens et les sorciers. Waltcr Scott avoue que les procsdesorcires s'accrurent en Angleterre avec l'invasion des doctrines calviniennes. M. Hfl rapporte d'aprs Soldan que dans une petite

ville protestante d'Allemagne, Nordlinden,* sur une population de six mille mes, on brla de 1590 1 5 9 4 , c'est-dire en quatre ans, trente-cinq sorcires. Or en appliquant ces proportions l'Espagne, le chiffre des sorcires brles, pendant quatre annes seulement, aurait t decinquante mille, suprieur de vingt mille au nombre total de ceux qui, suivant Llorente, le plus implacable ennemi de l'Inquisition, furent punis de mort pendant trois cent cinquante annes de l'existence du tribunal de l'Inquisition. Nous avons vu, ailleurs, quclamredeKeplerfulclle-mnie

LA TOI, SAUVEGARDE DE L'illSTOHlE.

1577

accuse de sorcellerie par les ministres protestants, et que son illustre fils eut bien de la peine la dfendre du dernier supplice. En 1713,1a Facult de droit de Tuhinguc condamnait une sorcire mort. En 1724, dans le Holstcin, un jeune soldat convaincu d'avoir fait un pacte avec le dmon fut dcapit. En 1 8 1 3 , un tribunal rform du canton deGlaris(Suisse), brlait une sorcire, quand dj, une anne auparavant, l'Inquisition d'Espagne avait renvers son dernier bcher. Enfin, en 1844,1e peintre Nilson coupable d'avoir embrass le catholicisme, fut dondamn a l'exil et dpouill de tous ses droits civils. Et M. le baron Dupin constatait la tribune du Snat, que l'intolrance religieuse n'avait plus d'asilequedanslespays hrtiques, mais que l encore elle svissait avec une rigueur d'autant plus injuste que les gouvernements catholiques se feraient un crime d'user de rciprocit. C'est qu'avant la fatale invention des lois athes des gouvernements purement civils, l'Evangile tait la grande loi destais et des individus, des souverains et des sujets; l'vangile, dont la grande voix avait fait retentir dans le monde entier ces effrayantes maximes : Que sert l'homme de gagner tout l'univers s'il vieut perdre son m e ? Si quelqu'un scandalise un des plus petits que voici, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui et attach au cou une meule de moulin et qu'on l'et prcipit au plus profond des mers ! Si votre main, si votre pied, si votre il vous scandalisent, coupez votre main, tranchez votre pied, arrachez votre il : car il vaux mieux entrer au ciel avec une seule main, un seul pied, un seul il, que d'tre jet dans l'enfer avec deux mains, deux pieds, deux yeux ! Quiconque aime son pre, sa mre, son poux, son pouse, son frre, sa sur, ses enfants plus que moi, n'est pas digne de moi. Celui qui ne hait pas, quand ils sont un obstacle la fidlit qu'il me doit, son pre,

4578

LES SPLENDEURS

DE LA FOI.

sa mre, son poux, son pouse, son frre, sa sur, son

fils,'

sa iille,ne peut, pas avoir part avec moi! Tous alors s'criaient sans hsiter : Coupez, broyez, brlez ici-bas, pourvu que vous pardonniez dans l'Eternit ! Car il n'y a qu'un nom qui nous ait t donn du ciel et par lequel nous puissions tre sauvs, le nom de Jsus-Christ. Celui pour qui, aprs ces foudres vangliqucs, l'Inquisition sera encore un mystre et un scandale, ne croit plus au Fils de Dieu ; il est dj jug ; la colre de Dieu demeure s u r l u i . . . Je le plains de toute mon ame et je prie avec ferVeur pour sa conversion. Et, ct de lui, les prtendues victimes de l'Inquisition son bienheureuses, comme le guillotin repentant est plus heureux que le criminel endurci ! Les victimes de l'Inquisition taient les victimes de la loi. Le tribunal du Saint-Office n'abandonnait au bras sculier et au dernier supplice que les gens dont. la conscience tait perdue, coupables et convaincus des plus terribles impits. Ce sont les propres paroles d'un crivain italien non suspect de partialit pour l'Eglise, et qui crivait on 1 7 9 5 . Il nous reste discuter certaines circonstances des j u g e ments de l'Inquisition! L e s Auto-da-f (Actes de foi)... On en a fait un immense brasier prt dvorer une multitude de victimes, entour d'un foule fanatique et des juges implacables du Saint-Office, contemplant avec une joie froce ce spectacle digne des cannibales. Et cependant, il est absolument certain qu'un auto-da-f se passait ni a brler, ni a mettre h mort, mais bien prononcer la sentence d'acquittement des personnes faussement accuses, et rconcilier avec l'glise les coupables repentants. La rconciliation faite, les hrtiques obstins, ainsi que ceux dont les dlits taient en partie civils, taient remis au bras sculier. Uauto-da-f tait alors termin, et les inquisiteurs se retiraient.

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1S79

en croire Llrenle, aux auto-da-f


er

du 12 fvrier, du 2 avril,

des ' 1 mai et 10 dcembre M 8 0 , ouauraitcompl 700, 0 0 0 , 750 viclimes, du feu sans doute ou du glaive! C'taient simplement des coupables; il n'y eut pas une seule victime. Le tribunal dcFInquisilion, comme le tribunal de la pnitence, est le seul qui absout le coupable lorsqu'il est repentant, et M. Bourgoing, ambassadeur en Espagne, dans son Tableau p a g n e moderne, de l ' E s n'hsite pas dire : J'avouerai, pour rendre

hommage a la vrit, que l'Inquisition pourrait tre cite de nos jours comme un modle d'quit. L e s a c o benito stigmate ou san-benito, dojit on a fait un vtement d'ignominie, imprimant a tous ceux qui l'avaient port un ineffaable, tait simplement, comme le sac conspers de cendre de l'Ancien Testament, Je costume de pnitence que l'on revtait jadis .dans les glises chrtiennes eu signe de repentir, et que portent encore aujourd'hui les confrries de pnitents de nos provinces du midi de la France. C'tait si peu un vlement d'ternelle infamie, que Llrente lui-mme cita des pnitents qui contractrent ensuite des
(

mariages avec des membres des maisons les plus illustres, et mme de la famille royale. L a torture. Les lois romaines et grecques l'avaient a d o p libres; elle tait institue par les l'ordonna parce qu'elle te mme pour les hommes

codes de toutes les nations modernes, comme moyen d'arriver dcouvrir la vrit. L'Inquisition tait prescrite par les lois espagnoles. Mais le Saint-Office a suivi dans l'adoucissement et l'abolition de ce supplice les progrs de la jurisprudence civile, et il l'avait laiss tomber en dsutude, bien longtemps avant qu'il ft ray des codes. II est certain, dit Llrente, que, depuis longtemps, l'Inquisition n'emploie plus la torture. Ajoutons que, contrairement Fusagc des tribunaux civils, elle ne permettait pas qu'on y

'3 580

LES

S P L E N D E U R S DE

LA.

FOI.

recourt plus d'une fois, dans le racine procs, et qu'elle exigeait qu'un mdecin fut prsent pour constater l'instant ou la question mettrait en pril la vie du patient. On a os dire que la justice du Saint-Office tait une justice de surprise et de guet-apens. Rien de plus faux cl de plus injuste. Chaque tribunal d'abord dbutait par un dlai de grce, qu'on renouvelait ou qu'on, prolongeait souvent. Quand l'accus n'avait pas atteint sa vingtime anne, on se bornait lui imposer une pnitence lgre ; personne ne pouvait cire arrt pour un sujet de peu d'importance, pas mme pour des blasphmes profrs dans un accs de colre. Avant de l'actionner, on faisait constater par un mdecin qu'il n'avait pas pour lui l'excuse d'un affaiblissement mental. Les rglements prescrivaient de traiter l'accus avec bienveillance, de le laisser constamment assis, de. se dfier de l'accusateur autant que du juge, etc., etc. Le pape Lon X alla jusqu' ordonner que tout faux tmoin ft puni de mort. L'arbre doit se juger par ses fruits! En se plaant ce point de-vue, Voltaire a fait l'apologie complte de l'Inquisition ( E s s a i s s u r VHistoire gnrale, t. IX, chap.
e

CLXXII,

p.435): Il n'y eut en Espagne, pendant le xvie et le xvii sicle, aucune de ces rvolutions sanglantes, de ces conspirations, de ces chtiments cruels qu'on voyait dans les autres cours de l'Europe. Ni le duc de Lcrme ni le comte Olivars ne rpandirent le sang de leurs ennemis sur les chafauds. Les rois n'y furent point assassins comme en France, et n'y prirent point par la main du bourreau comme en Angleterre. Enfin sans les horreurs de l'Inquisition, on n'aurait rien eu reprocher l'Espagne. Singulier langage, dit M. de Maistrc, dans la bouche de celui qui avoue que l'Espagne n'a chapp que par l'Inquisition aux horreurs qui ont dshonor toutes les autres nations. Voyez, dit encore M. de Maistre, par la bouche

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

io81

d'un catholique espagnol, la guerre de Trcnle ans, allume par les arguments de Luther, les excs inous des anabaptistes et des paysans; les guerres civiles de la France, de l'Angleterre, des F l a n d r e s ; le massacre d e l Saint-Barthlmy ; le m a s sacre de Mrindol et des Cvennes; l'assassinat de Marie Stuart, de Henri l i t , de Henri IV, de Charles I , du prince d'Orange, e t c . . Un vaisseau flotterait sur le sang que vos novateurs ont fait rpandre. L'Inquisition n'aurait vers que le leur !... C'est bien a vons qu'il appartient de blmer nos rois qui ont tout prvu. Ne venez donc pas nous dire que l'inquisition a produit tel ou tel a b u s ; car ce n'est point ce dont il s'agit, mais bien de savoir si, pendant sicles, l'Europe il y a e u , en vertu ? de l'Inquisition, de bonheur en E s p a g n e que d a n s les trois plus derniers de paix contres et de
er

les autres

On a reproche l'Inquisition sa tnbreuse influence sur l'esprit humain ; or le beau sicle de la littrature espagnole fut celui de Philippe II !... On aura beau rpter qu'on enchane le gnie en lui dfendant d'attaquer les dogmes nationaux, jamais on n'autorisera une erreur force de la rpter. (Lettre gnole, et u n gentilhomme s u r l'Inquisition espainquidition de 1837, p. 72.)

Quant Thomas de Torqucmada, le premier grand

siteur, les jugements ports ou porter sur son compte se rsument trs-bien dans ces quelques lignes de M. Rosscw Saint-Hilairc (Histoire d ' E s p a g n e , colonne 502) ; Sa conviction fut sincre, on n'en peut pas douter quand on connat sa vie; mais c'est avec un tonnemeut ml d'horreur que Ton contemple cette vie voue tout entire h faire le mal (lises que d'autres mettent faire du bien...
FOIS

an

mal . ceux qui le mritaient), avec cette ardeur persvrante


SON
NOM E S T R E S T A LA DTEST ET SAINT, PARMI LES H O M M E S , *

Dtest des mchants

'1582

LES SPLENI)EURS DE LA KOI.

saint aux yeux des bons! Ce n'est pas sans raison, dit le Pre Toulon (Histoire Dominique), des hommes illustres de l'ordre de Saintque les historiens espagnols comptent Thomas

de Torqucmada pariai les grands hommes de son sicle, les plus distingus pur leur naissance, leurs talents, leur pit et leur zle pour la religion. clairs d'une autre lumire que de la lumire de la foi, le Saint-Office est une sanglante auomalie, et Torqucmada est un monstre. Il serait insens de vouloir les dfendre auprs des incrdules et des libres penseurs! Sur le terrain de l'impossible, dit le vieil adage de l'cole, c'est .l'absurde qui a raison. Pour l'incrdule cl le libre penseur, l'Inquisition et Torquemada sont l'impossible et par consquent l'absurde. L a rvocation de Vdil de N a n t e s . L'expulsion des pro-

testants est un fait de mme nature que l'expulsion des Maures et des Juifs d'Espagne. 11 ne peut tre jug qu'au flambeau de la raison d'tat, claire par la foi. Cet acte,d'ailleurs, a trs-bien dit M. de Noailles dans sa Vie de M a d a m e de tenon, /aintome II, page 2 0 4 , appartient en quelque sorte h la

nation par l'assentiment gnral avec lequel il fut accueilli. Or la nation est pour nos'adversaires le juge souverain ! Aprs s'tre rvolts contre l'glise, les prtendus rforms se rvoltrent bientt contre l'Etat. On les vit commettre mille profanations : ils allaient partout brisant les croix et les images, incendiant les glises et les couvents, soulevant contre eux la nation profondment catholique. Ces outrages, dit M. de Noailles (pp. 20G et 2 0 8 ) , qui furent un des principaux traits de la Hformc, furent aussi une des principales causes de la rpulsion qu'elle inspira. Puis, le danger qu'on trouva dans la doctrine des protestants, les soulvements, qu'elle excita dans l'Allemagne, le caractre- sditieux,

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'ilISTOltl.

1583

qu'eurent bientt leurs assembles, armrent de plus en pins le parlement et l'autorit contre la secte nouvelle. Elle n'avait pas hsit h crire Henri IV : Ne doutez pas qu'en abandonnant le narti des rforms ils ne vous abandonnent leur tour. Vous connaissez leur promptitude et leur rsolution. (Dclaration donne , M a n t e s le h juillet 1591.) Dans une lettre du 12 mars 1397, adresse au nom de l'Assemble de Chtelleraut, ils disaient au roi que s'il pouvait tre induit.et conduit des rsolutions contraires a leurs prtentions, ils seraient obligs d'avoir recours une ncessaire dfense; qu'ils esprent que Sa Majest ayant tout bien considr, saura bien prendre le chemin qui conviendra pour ne pas tomber en ces inconvnients. Or ce chemin, c'tait le fameux dit de Nantes dont ils disaient {Mmoires de Sully, t. I , p . 3 0 5 ) :
er

Il ne reste plus qu' profiter de l'embarras d'un sige pnible (le sige d'Amiens), d e l disette d argent o il tait, du besoin qu'il avait d'eux, pour obtenir ce que Henri IV refuserait ensuite de leur accorder. Les Lettres M. de Thou
03

d'Henri

IV, de

et de i f .

de C o l i g n y M . de L a F r e s n e -

Chenaye

(manuscrits de la bibliothque du roi, fonds de 220 2 2 6 ) , prouvent surabondamment que les

Bricnne, n

huguenots ont forc le roi d'accorder'cet dit, malgr la grande opposition des catholiques de la France et la rsistance du parlement fortement oppos aux prtentions exorbitantes des protestants. Cet dit d'avril 1598 accordait : la libert de conscience pour t o u s ; l'exercice public de la religion rforme et l'rection des temples; la libre admission toutes les-charges et tous les emplois du royaume; le payement par qu'ils annuel d'une de toutes a u nombre somme de 140,000 livres pour garde chteaux et rentretien des ministres de la religion rforme; la les rforms occupaienl
1

les p l a c e s , villes de cent vingt

et u n e , le roi se

1384

LES

SPLENDEURS

DE

L\

KOI. MOINS,

chargeant

d'en p a y e r les g a r n i s o n s .
FlUNCE

C E N'TAIT RIEN

comme le disait Henri IV lui-mme Sully,


MILIEU D E LA D'UN TAT

Q U E LA C R A T I O N A U PAYS-

R P U B L I C A I N COMME L E S

B A S ! Et l'cdit fut a peine signe, qu'on vit les rforms s'unir par serment, s'assembler sans permission, se soulever sans motif, solliciter des secours trangers, se liguer contre le roi, commettre mille ravages, etc., e t c . ! Louis XIII fut oblig de marcher sur Pau pour forcer les calvinistes remplir envers la religion et ses ministres les engagements qu'ils avaient pris... Pendant ce t e m p s - l , assembls La Rochelle, les chefs du parti prenaient des mesures pour dtruire tout ce que le roi avait fait; et bientt ils chassrent les prtres, s'emparrent des glises, usurprent leurs biens, et remirent tout dans le premier tat. Justement irrit, Louis XIII leva une arme et se mit en campagne, se faisant prcder de la dclaration de 1621 q u ' i l avait pris les armes contre la rbellion, et non point pour faire la guerre la religion prtendue rforme, prenant sous sa protection et sauvegarde tous ceux qui se contiendraient en son obissance. Pendant ces prparatifs, les huguenots rassembls La Rochelle se disposrent la plus vive rsistance; ils dputrent en Hollande et en Suisse pour avoir des secours, avouant ' que leur projet tait de diviser la France en huit cercles indpendants. Louis XIII fut rduit enlever d'assaut ses propres villes et les faire dmanteler. La rsistance qui lui fut oppose fut si grande, qu'il en vint demander du secours aux Anglais et aux Hollandais q u i , bientt, refusrent de combattre. Aprs de longues pripties et dsesprant de se voir secourus par les Anglais, les huguenots demandrent grce et le roi voulut bien la leur accorder. Mais ils se rvoltrent encore quand ils virent Louis XIII aller au secours du duc do Mantouc; il fallut qu' son retour d'Italie le roi s'occupa

L\

FOI, SAUVEGARDE DE L'lIST(HRE.

'1585

srieusement do les mettre pour toujours il la raison et les contraignt a faire une troisime paix connue sous le nom ddit de g r c e . Trois rvoltes en moins de dix ans, sous des prtextes aussi frivoles que l'ingratitude des rvolts tait g r a n d e , c'tait beaucoup plus qu'il n'en fallait pour ouvrir les yeux des plus aveugles ! La conduite du parti protestant devint comme un livre o le roi et les ministres ont lu ce qu'on pouvait attendre d'un peuple inquiet et remuant qui, aprs avoir froiss et dcourag son bienfaiteur Henri IV, s'insurgea contre son successeur et voulut dtruire la plus ancienne monarchie du monde. Qu'on ne cherche pas ailleurs la cause de la Rvocation de l'dit de Nantes. Cette mesure ne fut pas de la part de Louis XIV un acte spontan et imprvu, mais un acte raisonn, dont la ncessit politique fut le principal ou peut-tre l'unique fondement; dans lequel il fut encourag par l'opinion publique; dont la nature et la porte restent toujours accessibles aux esprits droits et clairs, quoique, avec le cortge des prventions antireligieuses du xvin sicle, il soit devenu un texte de lieux communs absurdes qui passent aujourd'hui de bouche en bouche sans examen, et que l'on avale comme de l'eau. On veut que la Rvocation de l'dit de Nantes ait fait a la France un tort immense : i par le nombre considrable de sujets riches et industrieux qu'elle, perdit; 2 par les industries qui furent alors exportes ; 3 par les sommes normes d'argent qui chapprent \\ l'avoir de la F r a n c e ; 4 par la diminution , que subit alors notre commerce; 5 enfin par les soldats qu'elle enleva notre arme. Mais M. Barthlmy prouve surabondamment, par la discussion d'une multitude de documents et de tmoignages, que cinquante mille protestants au plus sortirent de F r a n c e ; qu'ils n'ont pas emport plus de deux millions; que les prtendues pertes de notre industrie et de
n e

158(5

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

notre commerce furent peine apprciables; enfin, que les pertes de l'arme n'avaient t q u e de trois mille hommes, ou peu prs, en admettant que les migrs ne fussent pas plutt des ennemis, et il termine par cette apostrophe de Carcyrat Voltaire : Vous avez voulu que la rvocation de Tdit de Nantes nous ait appauvris en sujets, et nous n'en avons pas
perdu la moiti t a n t qu'en une campagne de B o h m e ; en

richesses, et nous n'avons jamais"eu tant d'argent; en i n d u s trie, et nos fabriques ont quadrupl ; en soldats, et les nations trangres n'ont eu que trois mille rfugis leur service, quand nous gagnions sur l'Anglais seul quinze mille hommes, quand nous opposions cinq cent mille hommes toute l'Europe ligue contre nous ! Ces pertes sont en ralit la goutte de sang que e vieux marchal de Broglic conjurait Louis XVI de laisser verser, pour a r r t e r a leur source les t o r r e n t s de sang que la Rvolution franaise devait faire couler. En comparaison des pertes normes d'argent et de vies humaines que les huguenots ont causes la France, celles amenes par la rvocation de

redit de

Nantes ne sont rien,

m o i n s que rien, et elles auraient pu tre achetes incomparablement plus cher.. En ralit, Louis XIV semait peu pour rcolter beaucoup. Il est temps que nous le disions bien haut, les dclamations
c o n t r e l'Inquisition et la Rvocation de l'dit de N a n t e s , sont

une criante injustice et une odieuse hypocrisie. Leur accorder encore quelque attention, s'en offenser et les rfuter serait une vritable niaiserie, puisqu'il est plus vident que le jour 'que les rformateurs en Allemagne au xix
c

xvi sicle cl les

gouvernements de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Italie au sicle, sous nos yeux, font subir aux catholiques les traitements les plus cruels, quoique les catholiques n'aient

L FOI, SAUVEGARDE DE L'iUSTOIRE.

1587

jamais prtendu tre un tat-dans l'tat, et quoiqu'ils n'aient jamais pens dfendre leurs droits les armes a la main. S'il est vrai que, aujourd'hui, une fatale tendance entrane voir dans les incrdules, les mcrants, les rvolts de toute espce, les meilleurs des citoyens, au moyen ge et dans les sicles qui suivirent, toute dviation en matire religieuse tait considre comme un crime de lse-majest. Pour inspirer de la confiance, pour tre hon citoyen, il fallait professer la religion de l'Etat. Cujus est regio, illius etrcligio, tel tait le principe universellement admis, et suivi dans la pratique universelle! Et la secte qui se vante le plus d'avoir conquis pour les socits modernes le bienfait de la libert religieuse, fut celle qui, ds ses dbuts, appliqua le principe dans toute sa rigueur. Par exemple : luthrien jusqu'en 1563, l'lecteur palatin Frdric III embrasse le calvinisme, et tout aussitt il expulse de ses tats tous ceux de ses sujets qui refusent de le suivre dans sa nouvelle foi. Treize ans plus tard, ce fut Louis qui, revenu au luthranisme orthodoxe, chassa tous les ministres calvinistes et imposa de force son peuple les dogmes luthriens. Sept ans plus lard, en 1583, l'lecteur Jean Casimir releva le calvinisme, et le Palatinat fut forc de l'imiter. C'tait la loi communment adopte. Un article du trait de paix de Passau (1552), reconnaissait toute puissance allemande le droit de mettre ses sujets dans l'alternative ou d'embrasser la
DU S O U V E R A I N RELIGION

ou de sortir de ses tats aprs avoir pay une

certaine somme d'argent.'N'tait-ce pas justifier la conduite des rois d'Espagne envers les Juifs et les Maures, et celle de Louis XIV cuvers les huguenots, avec celte diffrence, toute h l'avantage des rois chrtiens, que ceux-ci imposaient non leur religion, mais la religion de l ' t a t , non une secte, mais l'glise de Jsus-Christ? Enfin, pour terminer, que sont les proscriptions de l'Espagne

588

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

et de la France compares aux perscutions, aux confiscations, aux condamnations qui atteignirent les catholiques de l'Angleterre et de l'Irlande sous Henri Vllf, Elisabeth, Cromwell et leurs imitateurs ; aux bannissements et aux massacres des prtres, des nobles, des citoyens rests fidles leur Dieu et leur roi dans la France trs-chrtienne? La divine Providence enfin n'a-t-clle pas permis que, de nos jours, des gouvernements protestants, la Prusse, la Suisse, etc., dont les sujets autrefois sont morts pour la dfense du libre examen et de la libert de conscience, donnassent l'Europe tonne le spectacle de la plus odieuse intolrance, et fissent sortir violemment de leurs frontires des milliers de prtres, de religieux, de religieuses, qui avaient toujours donn l'exemple de la fidlit a toutes les l o i s , simplement parce qu'ils taient catholiques romains, ou parce qu'ils refusaient le serment d'odieuses constitutions civiles, que l'on n'avait converties en lois qu'en mentant honteusement au principe de la sparation du temporel et du spirituel, dogme souverain du droit moderne? Ces gouvernements libraux, usurpateurs sacrilges du domaine de la conscience, affirment rsolument que leurs constitutions civiles sont lgitimeset bonnes, malgr la rprobation universelle dont elles ont t l'objet, ils s'attribuent eux-mmes le don d'infaillibilit qu'ils refusent avec colre et avec menaces au successeur incontestable et incontest de Jsus-Christ et de saint Pierre. Les populations catholiques du Jura, annexes la Suisse par le congrs de Vienne, avec la solennelle garantie du libre exercice de leur sainte religion, pleurent aujourd'hui tous leurs prtres brutalement expulss, et leurs glises fermes ou livres de misrables intrus, apostats sans foi ou sans m u r s , que les diocses de notre France ont rejets de leur sein, ou qui se sont faits eux-mmes la justice de l'apostasie. Je n'ai pas lu sans verser des larmes ce rcit louchant :

LA FOI, SAUVEGARDE DIS L* HISTOIRE.

1589

Une Messe

blanche

d a n s le Jura

B e r n o i s . Les glises

sont vicies et solitaires; le son des cloches ne rappelle plus aux populations que la prsence excre de l'apostat. ct du temple abandonn, s'lve la pauvre grange qui sert dsormais de lieu de culte a la paroisse dpouille de son glise. C'est l que chaque dimanche se runit la population prive de son pasteur. Un simulacre de messe y est clbr pour satisfaire la dvotion du peuple fidle : c'est la blanche prtres. Au fond de la grange s'lve un autel improvis. Tout s'y trouve, jusqu'au calice recouvert du voile; deux lanternes remplacent les lampes du lieu saint. Seul le prtre est absent de la pieuse crmonie. La foule s'agenouille et attend dans un respectueux silence; puis l'institutrice du village s'avance, le rituel la main, elle annonce les ftes que la liturgie p r voit pour la semaine ; la messe commence par la lecture de Y Introt, Gloria, de Tptre et de l'vangile du jour. Au Kyrie et au un groupe d'hommes excute des chants en musique, messe partout en usage dans le Jura depuis le dpart des

qui ont peut-tre le tort de ne pas se prter toujours parfaitement l'acoustique de la grange, mais qui ont assurment le mrite de rveiller de bien douces motions dans le cur de ces braves gens. Aprs l'Evangile, le citoyen le plus honorable du lieu se prsente, muni d'un sermon crit que M. le Cur envoie rgulirement de son exil ses fidles paroissiens. C'tait dernirement l'appel de la charit que le pasteur adressait jusqu'aux derniers villages du Jura pour les malheureuses victimes des inondations, et les paroissiens oublient leurs propres maux pour venir en aide de leur pauvre obole leurs frrfis de France. Le sermon lu, les prires de la messe continuent, l'exception des paroles de la conscration qui y font seules dfaut. C'est ainsi que se clbre une messe blanche

1590

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

dans le Jura. Tmoignage touchant de la foi de tout un peuple, auquel on ne peut assister sans une profonde motion, et sans sentir son imagination se reporter -ces scnes d e l primitive glise, immortalises par les arts et les rcits des premiers sicles ! E t nous vivons, non plus dans les tnbres du moyen ge, mais la pleine lumire d e l civilisation; non plus sous la pression du dogme abhorr /lors de g l i s e point sont bonnes ! E t les milliers de Polonais, prtres, nobles, paysans que le gouvernement prtendu orthodoxe de la Russie exporte lasicr! Et les milliers de religieux, de religieuses que le gouvernement ultra-libral de l'Italie a chasss des couvents, des monastres, des collges qui taient leurs proprits sculaires, cl condamns a vivre isols, au sein du monde auquel ils avaient dit un ternel adieu, d'uue pension vraiment drisoire! Sans un cri, cri immense chapp la science et aux savants de tous les pays, le R. P . Secchi, que tant de travaux astronomiques ont illustr, se serait vu expulser de l'Observatoire du collge romain, thtre brillant de sa gloire, condamn vivre dans l'exil, loin des instruments avec lesquels il avait escalad le ciel, sans autres ressources qu'un titre de rentes italiennes de 750 francs ! Et les crivains libres penseurs de l'Allemagne, de l'Italie, de la Suisse et de la France n'ont pas cess leur concert de maldiction et de rage contre,l'Inquisition et la Rvocation de Fdt de Nantes !!! Hypocrisie honteuse et barbare qu'il serait absurde de prendre dsormais au srieux. Oui! ce serait foret torture en Sibrie, parce qu'il n'a pas russi a les faire aposde saint, mais sous l'expansion du principe athe que toutes les religions

LA K O I , SAUVUGAUDK

Dl L'HISTOIRE.

'1591

faire l'honneur que de discuter encore ces grandes- ncessites des temps ! Oui, l'honneur nous dfend de rpondre autrement qu'en opposant des faits de cruaut flagrante et injuste des mesures, rigoureuses sans doute, mais lgitimes et adoucies autant qu'elles pouvaient l'tre par dos gards dignes de l'humanit et du Christianisme ! L a Sainl-Barlhlemy. Nous pourrions ne rien dire ici

de cet vnement entirement politique, dont il est impossible de faire peser la responsabilit sur la Religion ou sur l'glise; rtablissons cependant la vrit historique, trop souvent encore obscurcie et dfigure. En lf>G9, le parti protestant tait une nation dans la nation, un t a t dans l'tat; il traitait avec le roi sur le pied de l'galit; il avait des places de guerre, il tait en correspondance avec l'tranger; dj plusieurs fois il avait pris les armes et livr bataille aux troupes royales; il avait assig des villes et s'en tait empar ; il avait diverses reprises conquis des provinces et introduit en France des armes trangres; il avait trait avec l'Angleterre qui lui avait envoy une arme laquelle il avait livr la place du Havre pour s'y a b r i t e r ; il avait o il arm des corsaires qui le matre, il s'tait, couraient sur les vaisseaux franais appartenant aux princes catholiques. Partout avait t livr des excs qui dpassaient tout ce qu'on pouvait a t tendre d'un ennemi implacable; il avait envahi des glises, pill leurs trsors, dpouill leurs autels, profan les objets du culte, et mutil les m o n u m e n t s ; il avait massacr de nombreux catholiques, prtres, bourgeois et paysans. Il serait difficile de dnombrer les villes et les- villages qu'il avait pills et ranonns. 11 y avait donc en France un trs-grand nombre de familles en droitd'ouvrir avec eux un compte de sang, entre autres celle des Guise, dont le chef, Franois de

1592

LES SPLENDEURS

DE LA KOI -

Lorraine, avait t assassin par un de leurs sectaires. Le chef de leur parti tait incontestablement l'amiral de Coligny, dj arrt Noyon avec le prince de Cond, condamn mort par le Parlement, dont la tte avait t mise prix par un arrt clbre qui promettait 5 0 , 0 0 0 cus d'or celui, Franais ou tranger, qui l'apporterait : le journal de ses recettes et de ses dpenses produit au Conseil du roi et au Parlement, prouva qu'il levait et exigeait sur les sujets du roi appartenant la religion rforme, une si grande et si norme somme de deniers, que les pauvres gens en taient tout spolis de leurs facults ! 11 entretenait continuellement un parti redoutable l'autorit royale et creusait sous le trne des mines prtes clatei au premier moment. Lorsque le roi, dit Bclleuvre, ne voulut son apptit rompre la paix au roi d'Espagne pour lui faire la guerre en Flandres, il n'eut pas honte de lui dire en plein Conseil, et avec une incroyable arrogance, que si Sa Majest ne voulait pas consentir faire la guerre en Flandre, elle se pouvait assurer de l'avoir bientt en France entre ses sujets. 11 n'y a pas deux mois que, se ressouvenant Sa Majest d'une telle arrogance, disait aucuns que quand il se voyait ainsi menac, ses cheveux se dressaient sur sa tte. Les huguenots, dit Tavanncs, ne peuvent pas oublier le ,mot qui leur cota si cher, le 24 aot J572 : Faites gnols, sire, ou nous la guerre aux Espaserons obligs de vous la faire. En

outre, oubliant l'affection du roi pour sa mre, il la peignait ses yeux avec des couleurs trop fortes pour tre pardonnes, il la lui reprsentait comme maniant son gr les rnes de l'empire, retenant elle toute l'autorit, prfrant la r p u t a tion du duc d'Anjou la gloire du roi et aux vritables intrts de l'tat. Coligny avait pouss "l'audace jusqu' offrir au roi dix mille hommes de troupes pour porter la guerre dans

LA E0I, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

4S93

les Pays-Bas, et Tavannes n'hsita pas dire h Charles IX a cetle occasion : Celui de vos sujets qui vous porte telles paroles, vous lui devez faire trancher la tte. Comment vous oftc-t-il ce qui est k vous? C'est signe qu'il les a gagns ou corrompus, et qu'il est chef de parti votre prjudice. Il a rendu siens ces dix mille sujets pour les tourner contre vous. Pour comprendre quel point l'amiral tait devenu odieux Charles IX, il faut lire ce que ce prince crivait Schmberg, son ambassadeur en Allemagne : Il avait plus de puissance et tait mieux obi de ceux de la nouvelle religion que je n'tais; ayant moyen, par la grande autorit usurpe sur eux de me les soulever et de leur faire prendre les armes contre moi toutes et quantesfois que bon lui semblerait, ainsi que plusieurs fois il l'a assez montr; rcemment il avait dj envoy ses mandements ceux de ladite religion' pour se trouver tous ensemble Melun-, bien proche de Fontainebleau, ou en mme temps je devais tre, de sorte que s'tant arrog une telle puissance sur mesdits sujets, je ne pouvais tre roi absolu, mais commandant seulement une des parts de mon royaume. Donc il a plu Dieu de m'en dlivrer; j'ai bien occasion de l'en louer, et bnir le juste chtiment qu'il a fait dudit amiral et de ses complices... Il ne m'a pas t possible de le s u p porter plus longtemps, et me suis rsolu de laisser tout.le cours d'une justice, la vrit n eusse servant voulu, ncessaire de la pratiquer. Vhistoire de notre extraordinaire
13

et antre
4572

que je (Mmoires

mais telle qu'en semblable personne il tait septembre par temps,


VILLEROY,

tome

V).

Coligny, enfin, tait justement souponn d'avoir arm ou conduit la main de Pollrot, assassin du duc de Guise. En outre de.la dposition dcPoItrot, nous avons les propres aveux de l'amiral. Il convient, dans une lettre la reine (Mmoires Cond depuis la mort de Henri I I jusquau de commencement

1894

LES SPLENUEUUS DE L A

fol.

des troubles,

tome I V , pages 303 et suivantes), que depuis

cinq ou six mois en a, il n'a pas fort contest contre ceux qui montrrent avoir telle volont... Qu'il avait eu avis que des personnes avaient t pratiques pour venir le t u e r . . . Que Poltrot s'avana jusqu' lui dire qu'il serait ais de tuer le duc de Guise... et qu'il ne lui rpondit, rien pour dire que ce lut bien ou mal fait. Il dclara dans une lettre la reine que la mort du duc de Guise fut le plus grand bien qui pouvait advenir au royaume et l'glise de Dieu, et personnellement au roi cl toute la maison de Coliguy. Il avoue enfin qu'il avait donn 100 cus Poltrot pour acheter un cheval qui ft un excellent coureur. Ces tmoignages irrcusables expliquent surabondamment comment l'amiral tait devenu insupportable Charles IX, Marie de Mdicis, au conseil intime du roi et de la reine, aux Guise et leurs partisans; ils dmontrent jusqu' l'vidence que la Saiul-Barthlcmy fut une proscription toute civile, consquence invitable d'une vengeance politique depuis longtemps excite et mdite, qui clate manifestement dans ce cri du roi : I L N E M'A P A S T
POSSIBLE DE LE SUPPOHTEft PLUS LONGTEMPS !

S'il est aussi un fait plus clair que le jour, c'est que la religion catholique ne prit aucune part au complot de la SaintBarthlemy. Le duc d'Anjou, depuis Henri I I I , qui, dans une de ces nuits cruelles o l'image des horreurs de la Saint-Barthlmy se retraaient plus vivement sa mmoire, fit appeler son mdecin Miron pour lui rvler toutes les circonstances de la terrible rvolution qui cota la vie l'amiral et ses partisans, met en scne le roi, la reine, M
m c

de Nemours, le de

marchal de Tavanncs, le duc de Ncvers, le marchal

Biraguc, le marchal de Retz, e t c . ; mais aucun cardinal, aucun vque, aucun prtre ne prit part aux dlibrations dont le duc de Guise lui-mme fut exclu. Les E s s a i s s u r

\A

KOI, SAUVEGARDE DE 1,'lUSTOIUE.

1595

l'histoire

gnrale

ont certainement confondu le cardinal de

Biraguc avec le chancelier de Biraguc, et le cardinal de Retz avec le marchal de Retz quand ils leur attribuent la prparation et la rsolution du massacre, car ces prlats ne furent revtus de la pourpre que longtemps aprs, le premier en 1578, le second en 1587. La religion avait pris si peu de part comme motif h la Saint-Barthlmy, que le martyrologe des calvinistes rapporte que les meurtriers disaient aux passants : Ce sont eux qui ont voulu nous forcer afin de tuer le roi. Comment d'ailleurs pourrait-on accuser la religion catholique d'tre entre comme conseil ou comme agent dans celte terrible excution quand il est prouv, par une foule de documents authentiques, qu'elle ouvrit partout ses portes ces infortuns que la fureur du peuple poursuivait encore quand la colre du souverain tait calme. Le Martyrologe crit qu'-Toulousc les couvents servirent d'asile aux calvinistes, qu' Bourg quelques paisibles catholiques en sauvrent aucuns (page 711), qu' Lisicnx l'vquc Hennuyer s'opposa la fureur de plusieurs hommes que le gouverneur ne pouvait pas contenir, tant ils taient excits au meurtre par l'exemple, par l'avarice ou par le ressentiment. C'est donc une imposture infme que de montrer dans ces ministres de la vengeance de Charles IX, la fureur religieuse de moines arms de crucifix et de poignards, comme Voltaire s'est plu les inventer, et comme un opra moderne trop fameux nous les reprsente, au xix sicle! Si la nouvelle de ce terrible coup d'Etat, on rendit Dieu de'solennelles actions de grces dans Rome ; si Grgoire XIII alla processionnellcment de l'glise Saint-Marc celle de Saint-Louis, s'il fit frapper une mdaille, etc., toutes ces dmonstrations curent pour principe vritable et unique, non le massacre des huguenots, mais la dcouverte etl'avortement de la conspiration qu'ils avaient trame, ou du moins dont le roi de France
c

1596

LES

SPLENDEURS

DE

LA

KOI.

les accusa formellement dans un message envoy a toutes les cours de la chrtient. Plus tard la vrit fut connue dans tous ses dtails, et le Souverain Pontife, par ses discours et ses bulles, manifesta publiquement son horreur crime. Un mot sur le nombre grandement exagr des victimes de la Saint-Barthlmy. Il est certain qu'aucun historien n'a dit ce sujet la vrit, puisqu'on ne trouve pas deux chiffres qui s'accordent. La preuve vidente aussi de l'exagration et de la fausset, c'est qu' mesure que les auteurs crivent dans des temps plus loigns, ils prennent plaisir grossir le nombre des victimes, comme s'il n'tait pas assez effrayant mme : ainsi Papyn - Masson, contemporain, calviniste, en dix mille; le Martyrologe en l u i compte de vingt pour un pareil

presque contemporain,

en compte quinze mille; La

Popelinirc, plus

mille; De T h o u , trente mille; Sully, soixante m i l l e ; P r i fixe, cent mille. Celui donc qui avait le plus grand intrt ne rien omettre et la plus violente propension exagrer, le Martyrologe calviniste, est extrmement loin du chiffre norme de cent mille, avec cette particularit frappante qui te toute valeur son tmoignage : S'il recherche en gnral le nombre des personnes qui prirent, il en trouve
MILLE; CENT TRENTE MILLE

s'il arrive au dtail, il n'en trouve que


SEPT

QUINZE

TRENTE-IIUIT,

et s'il descend aux noms propres, il n'en


CENT Q U A T R E - V I N G T - S I X .

peut plus compter que

Ainsi,

P a r i s , il signale en bloc mille m o r t s ; en dtail, quatre cent h u i t ; nominativement, cent cinquante-deux. P a r un compte de l'Htel de Ville de P a r i s , on voit que les prvts des m a r chands et chevins avaient fait enterrer les cadavres aux environs de Saint-Cloud, Auteuil etChaillot, au nombre de cents. onze En admettant avec La Popelinire, historien calviniste

le plus contemporain, qu'on ne mit mort Paris que mille

LA

KOI, S A U V E G A R D E

DE

L'HISTOIRE.

1597

personnes environ, il serait presque certain que dans cette grande journe de deuil, le chiffre total des victimes en France n'atteignit pas le chiffre de deux mille : c'est dj beaucoup trop ! Un mot encore. On a voulu que Charles IX et tir sur les huguenots le matin de la Saint-Barthlmy ; et pour consacrer cette odieuse calomnie, rpte d'ge en ge, la Commune de Paris dcrta, en 4793, qiil laplace mme ou Charles serait I X tirait mis u n poteau s u r son peuple, infamant c'est-^

dire, devant la fentre du cabinet de la reine, aujourd'hui salle des antiques. Mais il est certain que cette partie du Louvre n'a t construite que"vers la lin du rgne de Henri IV, et que Charles IX, par consquent, n'a pas pu s'y embusquer. Il a donc fallu transporter l'odieuse scne au Petit-Bourbon, aujourd'hui dmoli, mais Brantme lui-mme, le terrible accusateur, dit que le roi tira de la fentre de sa chambre -, or la chambre du roi taitau Louvre, et voici que l'auteur d'un pamphlet huguenot de 1579, L e tocsin contre les m a s s a c r e u r s et auteurs curieuses, I

des

confu-

s i o n s en F r a n c e (Archives

srie, tome VU,

Cimbs et Danjou), s'est charg providentiellement, sept ans seulement aprs la Saint-Barthlemy, quinze ans avant la calomnie de Brantme, de venger la mmoire de Charles IX. Encore qu'on et pu penser que le carnage tant si grand, et pu rassasier la cruaut d'un jeune roi, d'une femme et de plusieurs gens d'autorit de leur suite, cependant ils semblaient d'autant plus acharns que le mal croissait sous leurs y e u x ; car le roi, de son ct, ne s'y pargnait point; NON P A S
ttu'iL
Y MIT LES MAINS,

mais parce qu'il commandait qu'on lui

apportt les noms des occis ou des prisonniers afin qu'on dlibrt sur ceux qui taient garder ou dfaire. On a pouss la haine plus loin encore, on a voulu compter parmi les victimes du roi l'illustre sculpteur Jean Goujon, et

1598

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

son chirurgien plus illustre encore, Ambroise P a r ; mais Jean Goujou n'est pas mort dans la nuit de la Saint-Rarlltlemy,' son nom ne figure nullement dans les martyrologes protestants, et un crivain du temps affirme que la reine Catherine de Mdicis l'avait fait avertir de ne pas sortir de chez lui. Quant Ambroise Par, il tait catholique, trs-bon' catholique, et fut enterr dans l'glise Saint-Andr-des-Arls. on ose encore, de nos jours, crire l'histoire ! L e s massacras de B s i e r s . Csarius, moine de l'abbaye de 0 Brantme, Brantme! Et voil les hommes sur la foi desquels

Ilisterbach, raconte ainsi la prise de Bziers : Les croiss arrivrent une grande ville qu'on nomme Bziers, dans laquelle on disait qu'il y avait eu
PLUS DE CENT MILLE HOMMES,

et ils l'assigrent. Des soldats, enflamms du zle de la foi, ayant pris des chelles, gravirent les murs avec intrpidit, ci, forant les portes, ils s'emparrent de la ville... Apprenant de l'aveu mme des hrtiques que des catholiques se trouvaient dans leurs rangs, ils dirent l'abb (Arnaud, abbdcCiteaux) : Que ferons-nous, seigneur? Nous ne pouvons distinguer les bons des mchants. Alors on raconte que tant-l'abb que les .autres dirent : F r a p p e z - l e s , c a r le S e i g n e u r sait
LES

quels

SONT

SIENS.

D'autres ont mis cet arrt cruel dans la bouche de


TOUS!

Milon, secrtaire du Pape et lgat du Saint-Sige, sous cette forme :


TUEZ-LES

Et se faisant l'cho de ces paroles

aventures, M. Guizol, dans sa rponse au discours de r c e p tion du R. P. Lacordairc, osait dire en pleine sance publique de F Acadmie franaise, l'illustre Dominicain : Il y a six cents ans, Monsieur, si mes pareils de ce temps vous avaient rencontr, ils vous auraient assailli avec colre, et les vtres, ardents enflammer les vainqueurs contre les hrtiques, se seraient cris : Frappez, frappez toujours, Dieu saura bien

LA FOI . SAUVEGARDE DE L HISTOIRE.


5

4599

reconnatre les siens. Comment M. Guizot a-t-il pu se prter ce jeu d'esprit, lui dont la collection de chroniques relatives noire histoire nationale contient six ouvrages oh la prise de Bziers est raconte avec plus ou moins de dtails, sans qu'il y soit fait la plus petite mention d'une circonstance trop frappante pour avoir t passe sous silence. Cinq auteurs contemporains, et pour la plupart tmoins oculaires, ont racont le sige en dtail, et Csarius seul, a deux cents lieues de distance, aurait entendu la prtendue exclamation de Milon ou d'Arnaud! Non - seulement elle n'a pas t entendue, mais il est de toute impossibilit qu'elle ait t prononce, car voici, d'aprs des autorits trs-sres, comment les choses se passrent. Quelques assigs firent une sortie; un crois, qui s'tait avanc jusque sur le pont de Bziers, tombe perc de leurs (lches. A cette attaque inattendue, les Ribauds, frmissants de rage, s'lancent comme un seul homme contre les imprudents agresseurs, sans mme prendre le temps de revtir leur a r m u r e ; ils les refoulent dans la place, escaladent les murs, enfoncent les portes et entrent imptueusement dans Bziers a la suite des insenss qui sont venus les braver, a i l s donnent l'assaut, dit Pierre de Vaux-Cernay, l'insu des gentilshommes de l'arme, et l'heure mme s'emparrent de la ville. Les Ribauds et les autres viles personnes de l'arme, dit l'abb Arnaud, sans attendre Tordre des chefs, firent invasion dans la cit. Guillaume le Breton et l'Anonyme provenal attribuent aux truands l'initiative du carnage et cartent loin des chefs toute responsabilit. 11 n'y eut donc pas place pour le dialogue invent par Csarius. Quant aux cent mille habitants de Bziers, ils se rduisent . certainement douze ou quinze mille ; et M. Domairon de Bziers, aprs une longue discussion trs-circonstancie, topographique a la fois et archologique, fixe sept mille le

IGflO

LES SPLENDEURS DE LA .FOU

nombre clos malheureux qui prirent dans ce massacre ; c'est toujours beaucoup trop. Mais les rvolts ne devaient pas oublier qu'en semant le vent on rcolte la tempte. L e Pape Zacharie et les Antipodes! Dans une lettre saint

Bonifacc, cite par Baronius dans ses A n n a l e s , h Tanne 7 4 9 , le pape Zacharie aurait dit de Virgile, voque, que Boniface lui aurait dnonc comme enseignant qu'il y avait des a n t i podes : Chassez-le de l'glise aprs l'avoir, au sein d'un concile, dpouill de son sacerdoce. Or, dans la lettre de Zacharie, il n'est nullement question d'antipodes; mais seulement d'un autre m o n d e , d'autres hommes situs sous la terre et qui ne seraient pas descendus d'Adam, d'un autre soleil et d'une autre terre. Ces antipedcs-l, videmment, ne sont pas les antipodes de la science, qui, de mme espce que nous, ont le mme soleil et la mme terre" que nous. C'est Cicron, tant vant, qui, dans le Songe de S c i p i o n , et parlant des deux zones, qu'il regarde comme seules habitables, fait dire a son hros que ceux qui habitent la zone australe tempre sont d'une espce diffrente de la ntre et n'ont rien de commun avec nous ! M. y n d a l l , dans son fameux discours de Belfast, s'est aussi avis de reprocher a l'glise sa prtendue ngation des a n t i podes. ( L a F o i et la S c i e n c e , page 34.) C'est ainsi qu' l'poque o fut discute la fameuse question des antipodes, vers l'an 400 de J . - C . , la Bible devint pour eux (les chrtiens) l'arbitre suprme. Saint Augustin admettait volontiers la rotondit de la terre, mais non l'existence dans un autre hmisphre, parce que leur race n'tait pas mentionne dans la Gense parmi les descendants du premier homme. L'archevque Boniface fut scandalis de la proposition qu'il pt exister des tres humains hors de la porte du salut. M. Tyndall a

LA KOI, SAUVEGARDE DE ^HISTOIRE.

1601

bien tort de plaisanter de la science du grand voque d'Hipponc, en s'appuyant d'une fausse citation. Voici le texte mme de saint Augustin dans son livre de la Cit de D i e u (chap. iv) : Pour qu'il y ait des antipodes, ce n'est pas assez que la terre soit un globe r o n d ; il ne suffit pas mme qu'au-dessous de nous, la terre soit nue ou solide, il faudrait, en outre, que les descendants de No eussent pu y arriver ou s'y transporter. Or il me semble absurde de dire que quelques hommes, partis d'ici, aient pu, en naviguant travers l'immensit de l'Ocan, aborder les terres qui sont sous nos pieds, Voil tout le raisonnement d'Augustin, appuy sur sa croyance profonde et surnaturelle, partage encore aujourd'hui par le plus grand nombre des savants faisant autorit, que le monognisme est une grande vrit, que toutes les races humaines qui peuplent la terre sont issues d'Adam par No. Ce que saint Augustin nie, ce n'est pas la possibilit des antipodes, c'est le progrs de la navigation. Il ne savait pas, nous l'avouons, car c'est peine si nous le savons nous-mmes, que de tout petits navires, de simples barques entranes par des courants que nous ne connaissons que depuis quelques annes, ont pu aborder les les les plus lointaines et les peupler d'habitants. Saint Augustin, videmment, n'avait pas fait la grande tude de M. de Qualrefagcs sur les Polynsiens et leurs migrations. La doctrine des antipodes est tout entire dans la terre globuleuse et ronde. Les citations inexactes de M. Tyndall manquent d'-propos. C'est un grand danger de puiser des sources suspectes et empoisonnes, puisque Ton aboutit fatalement l'erreur ou au mensonge.

Les crimes

de sainte

Glotilde.

Clotilde n'est pas une femme eccl F r a n c ,


iOI

ordinaire, des vertus hroques l'ont fait lever au rang des saintes; Saint Grgoire de Tours a dit d'elle (liist.

'1602

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

lib. X, cap. xxxi) : La reine Clotilde se montra telle et si grande, qu'elle fut l'honneur de tous... Ni la royaut de ses fils, ni l'ambition du monde, ni la richesse ne purent l'entraner par l'orgueil a sa perdition,, mais son humilit

releva par

la grce. Et c'est cette pure aurole que l'on veut voir ternie par des sentiments fort opposs aux rgles de la morale vangliquc, par une soif de vengeance cruelle jusqu' la folie. C'est sous la plume mme de Grgoire de Tours, le pangyriste de sainte Clotilde, vivant elle-mme Tours et qu'il dit tre a r r i ve la grce par l'humilit, que l'on place cette teriblc accusation. Voici le texte du pre de notre histoire : La reine Clotilde s'adressant Clodomir et ses autres lils, leur dit : Que je n'aie point me repentir, mes trs-chers (ils, de vous avoir nourris avec tendresse; que votre indignation, je vous prie, ressente mon injure et mette un zle ardent venger la mort de mon pre et de ma mre. E u x , aprs avoir entendu, se dirigent vers la Bourgogne et marchent contre Sigismond
et son frre Godomar. (Hisl. ceci. Franc, lib. III, cap. vi.)

Ce rcit est tellement invraisemblable, surtout, rptons-le, sous la plume de Grgoire de Tours, enthousiaste de Clotilde, qu'il faut absolument croire une interpolation. Cette femme si vindicative aujourd'hui, si acharne contrle fils, aurait oubli sa vengeance pendant toute la vie du coupable ! Elle aurait pu engager Clovis ne pas accorder la paix Gondcbaud, enferm dans Avignon, et poursuivre outrance le meurtrier de sa famille ! Elle aurait pu exciter Clovis contre Gondcbaud, quand celui-ci, violant les traits, refusa de payer le tribut au roi franc et s'empara des tals de Godcgisel! Au contraire, en 5 0 7 , elle laissa, en toute charit et bnignit, Clovis faire alliance avec Goudebaud, contre Alaric! E t voil que tout coup cette vengeance qui sommeille depuis trente ans, en face pour ainsi dire de celui qui devak l'cxci-

LA FOI, SAUVEGARDE DR L'HISTOIRE.

1603

ter, se rveille aprs la mort du coupable, et prend pour but de ses fureurs, un innocent ! C'est sur saint Sigismond qu'elle lance les imptueux bataillons des trois rois francs. Tous les historiens, M. Henri Martin lui-mme, calomniateur a son tour de Cloiilde, nous le verrons tout l'heure, sont unanimes dclarer que l'invasion de la Burgondie tait probablement arrte entre eux (les trois rois francs). Il n'est donc pas douteux que le discours de Glotildc ses fils ne soit une fable invente, soit par eux, pour se dcharger de l'odieux de cette guerre cruelle, soit par des courtisans jaloux d'excuser la conduite des p r i n c e s ; et qu'elle ait t interpole par une main indiscrte ou malveillante dans la chronique de Grgoire de Tours. Le grand historien avait prvu ces interpolations quand, la fin de son grand ouvrage (Liv. X, chap. xxxi), il fait aux prtres de Tours cette recommandation : Que vous ne fassiez jamais rcrire en dictant certaines parties et omettant les autres, mais que vous les conserviez toutes dans leur entier, et sans altration. Oui, la chronique de saint Grgoire de Tours a t interpole en cet endroit comme en plusieurs autres, ainsi que l'ont pens des autorits considrables et en grand nombre. Le second crime imput Clotilde est ainsi racont par M. II. Martin, d'aprs Frdgaire : Le cortge qui amenait Clotilde en F r a n c e , apprend, chemin faisant, qu'rdius est revenu de sa mission de l'empire d'Orient. Clotilde a cette nouvelle monte cheval..., gagne le territoire de Troycs, premire cit du royaume de Clovis qui l'attend Villanacum. Mais, avant de franchir la frontire, Clotilde prie ses conducteurs de piller et de brler deux lieues de pays de Burgondie de chaque ct de la route. On va demander la permission Clovis qui s'empressa de l'accorder, et les Francs se mettent l'uvre. Dieu toul-puissant, je te rends grce, s'crie alors sainte

1604

LES

SPLENDEURS

DE

FOI.

Clotildc, je vois enfui commencer la vengeance de mes a parents et de mes frres! Quel tissu d'invraisemblances ! Une faible escorte, talonne par les soldats de Gondcbaud, trouve le temps d'envoyer vers Clovis, de recevoir sa rponse, de se mettre la besogne, el de ravager deux lieues de p a y s , c'est--dire de piller et de brler; vritable casus hellil Quelle satisfaction barbare! quelle singulire prire adresse Dieu la veille d'un mariage ! M. Henri Martin allgue pour excuse l'me germanique de Clotildc et ajoute, faisant allusion au prtendu discours adress ses fils : Clotilde manifesta longtemps aprs, par de plus terribles marques, cet esprit aveugle et implacable. Mais il se rfute lui-mme d'avance en p r ludant son rcit par cet aveu : Cette union et ses graves consquences frapprent l'imagination populaire, et le mariage devint le texte de rcits romanesques qui allrent s'ornant et s'embellissant de gnration en gnration. Quoi d p l u s romanesque que l'quipe vengeresse et dvastatrice de la jeune fiance? Repoussons-la, sans mme nous enqurir de la source d'o elle est sortie. L'usurpation Zacharie. de P p i n le Bref consacre par le pape

L'an 7 5 1 , dit ginhard, Bcrnhard, voque de

Warsbourg, et Fulrad, abb de Saint-Denis, furent envoys Rome avec la mission de soumettre au pape Zacharie cette question : A. qui est-il plus juste de donner le nom de roi : celui qui n'a plus rien de l'autorit royale que le nom, ou celui qui la possde tout entire, sans le nom ? Le pape rpondit : Il est juste et raisonnable que celui qui a toute la puissance royale ait aussi le nom de roi. L'anne suivante, Ppin le Bref fut lu roi des Francs, sacr par le saint archevque deMayence,Bonifacc, et, selon la coutume, lev sur le pavois, dans la ville de Soissons. La dcision du pape Zacha-

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

160S

rie a t l'objet des critiques les plus diverses : on l'a taxe d'injustice, d'empitement sur le domaine temporel des rois, etc. Demandons sa justification trois autorits importantes, Bossuct, Fnelon, Chateaubriand.
BOSSUET

: Le Pontife est consult dans une question impo-

sante et douteuse, s'il est permis de donner le litre de roi celui qui a dj la puissance royale. Il rpond que cela est permis. Cette rponse mane de l'autorit la plus grande qui soit au m o n d e , est regarde comme une dcision juste et lgitime. En vertu de celte autorit, la nation elle-mme te le royaume Childric et le transporte Ppin ; car elle ne s'adressait pas au Pontife pour qu'il it ou qu'il donnt lui-mme le royaume; mais afin qu'il dclart que le royaume pouvait tre donn par ceux qu'il jugeait en avoir le droit. (Dcfensio cleri Gallic, lib, XI, col. xxxiv.) : Le pape Zacharie rpondit seulement la con-

FNELON

sultation des Franais, comme le principal docteur et pasteur qui est tenu de rsoudre les cas particuliers de conscience, pour mettre les mes en sret... Ainsi l'glise ne destituait ni n'instituait Jes princes laques; elle, rpondait seulement aux nations qui la consultaient sur ce qui louche la conscience, sous le rapport du contrat et du serment. Ce n'est pas l une puissance juridique et civile, mais seulement directive et ordinative, telle que l'approuve Gerson. compltes, Versailles, tome II, p. 382.) : Traiter d'usurpation l'avncment de
4

{uvres

CHATEAUBRIAND

Ppin la .couronne, c'est un de ces vieux mensonges historiques qui deviennent des vrits force d'tre redits. 11 n'y a point d'usurpation l o la monarchie est lective; c'est l'hrdit qui, dans ce cas, est une usurpation. Ppin fut lu de l'avis et du consentement de tous les Francs, ce sont les paroles du premier continuateur de Frdgaire. Le pape Zacharie

1606

LES SPLENDEURS DE L FOI.

consult eut raison de rpondre : 11 me parait bon et utile que cclui-la soit roi q u i , sans en avoir le nom, en a la puissance, de prfrence celui qui, portant le nom de roi, n'en garde pas l'autorit... Le fait mme de la consultation adresse au pape Zacharie prouve que le droit public, le droit des gens, de cette poque reconnaissait au Souverain Pontife, au moins dans ces cas extrmes, l'exercice de son autorit souveraine, limite de fait au domaine de la conscience; encore en 1 8 3 0 , les voques de France demandrent au Souverain Pontife s'ils pouvaient prter serment de fidlit Louis-Philippe, lu roi par la Chambre des dputs qui reprsentait la nation. L a chute ecclsiastique, d u pape Libre. Thodoret, dans son Histoire

liv. II, chap. xiv, rapporte trs au long l'en-

trevue Milan du pape Libre avec l'empereur Constance qui l'y avait appel pour l'amener a souscrire au jugement rendu contre saint Athanase, par les voques ariens d'Orient; le dialogue chang entre les deux interlocuteurs est tout entier l'honneur de Libre et se termine ainsi :. L'empereur. Vous avez trois jours pour dlibrer, si vous voulez souscrire ou retourner a Rome !!! L e P a p e . L'espace de trois jours ou de trois mois ne changera pas ma rsolution; envoyez-moi donc o il vous plaira !!! Thodoret raconte ensuite l'exil et le retour Rome de Libre : Ce triomphant athlte de la vrit avait t dport en h r a c e par ordre de l'empereur. 11 y passa deux ans. Durant cet intervalle, Constance eut la fantaisie de visiter Rome qu'il ne connaissait pas encore... Les dames romaines vinrent, magnifiquement pares, se prosterner aux pieds de l'empereur, le suppliant de prendre en piti cette grande ville prive de son pasteur, et livre comme une proie aux loups ravissants... Celui-ci se laissa flchir:

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'iISlOIRE.

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il ordonna de rappeler l'illustre et digne exil, ajoutant qu'il gouvernerait l'glise avec Flix (diacre qui avait t sacr voque de Rome, depuis le dpart de Libre)... Le rescrit imprial ainsi formul fut lu devant tout le peuple assembl dans le cirque. Une clameur ironique s'leva dans tous les r a n g s . . . Aprs cette premire explosion, le peuple se mit crier tout d'une voix : Un Dieu ! un Christ! un voque ! A la suite de cette manifestation digne d'un peuple chrtien, l'admirable Libre revint dans sa ville episcopale, et Flix alla habiter une autre ville. On voit que tout dans ce rcit est la louange de Libre et qu'il n'est question ni d'apostasie ni de communication avec les ariens, ni d'adhsion au symbole d'un prtendu comit hrtique ou schismatique de Sirmium. Thodoret, d'ailleurs, lait n en 3 8 7 , trente ans seulement aprs les vnements qu'il raconte. Saint Athanasc qui aurait d tre inform des rumeurs calomnieuses rpandues contre l'honneur de Libre, nonseulement ne les mentionne pas, mais dit de lui et d'Osius, voque de Cordone (Apologia contra A r i a n o s , cap. xc) : Ces deux grands hommes apprendront nos derniers neveux comment il faut combattre jusqu' la mort pour la dfense de la vrit. Rufin d'Aquile est un peu moins affirmatif que Thodoret, il ignore si le rappel eut lieu parce que Libre avait souscrit quelque formule au gr de l'empereur, ou si l'empereur ne fit que cder aux instances du peuple romain. Socrate de Cdnstanlinople dit simplement : Libre ne tarda pas tre rappel de son exil. Dans une sdition, le peuple romain chassa Flix. L'empereur, son grand regret de V E g l i s e , (Libre n'avait donc rien sign), se vit forc d'accorder le retour du pape lgitime. Sozomne {Histoire liv. IV, chap. xui) fait en ces termes le rcit du retour de Libre et de ses suites : a Basile d'Ancyre, Eralosthne de

1608

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Sbaste, et Eleusius de Cyzique... lesquels taient le plus en crdit la cour, prtendant que le terme de consubslantiel servait de prtext de nouvelles erreurs, le supprimaient... Ils voulaient que Libre, Athanase... et les autres Orientaux les secondassent de tous leurs efforts... Mais Libre leur remit une autre confession de foi, par laquelle il a n a t h m a tisait quiconque soutiendrait que le Fils n'est pas de mme substance que le P r e . . . Les ariens voulurent faire croire que Libre avait rejet le consubstanliel... Cependant Constance renvoya le Pontife Rome. En mme temps, il ordonnait au peuple romain de le recevoir conjointement avec Flix pour administrer l'glise de concert. Mais les Romains professaient pour l'illustre et grand Libre une admiration profonde. Ils l'aimaient parce qu'il avait rsist plus nergiquement en matire de foi aux volonts de l'empereur. Une vritable meute eut lieu dans la ville en faveur de Libre, le sang coula. Flix survcut peu ces vnements. Librius g o u verna seul l'glise ! S'il avait cd lchement aux instances des Orientaux, comment Sozomne aurait-il pu dire que les Romains l'aimaient d'autant plus qu'il avait rsist plus nergiquement aux volonts de l'empereur en matire de foi ? Le Menologium Basilium ou martyrologe grec qui a une si

grande autorit, inscrit le nom Librius la date du 27 aot. Il l'appelle l'intrpide dfenseur d e l vrit... qui accueillit comme un hros de Jsus-Christ Athanase le Grand... qui s'opposa avec nergie . l'envahissement de l'erreur, et fut pour ce fait dport. Il ajoute : Les Romains, dans leur invincible attachement pour le saint Pontife, allrent le redemander l'empereur ; leur requte fut accueillie, Libre revint au milieu de son troupeau, le gouverna saintement et mourut. Quoi de plus explicite et de plus net? Saint Ambroise, qui avait connu Libre, ne l'appelle jamais que le

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'lIISTOIRE.

1609

saint Pontife, et saint Basile le nomme le trs-bienheureux pape Libre; saint piphanc a pour lui la mme admiration... Le pape Siricius, spar de lui par le seul pape Damase, invoque l'autorit de son prdcesseur de v n rable mmoire, e t c . . A ces tmoignagnes authentiques et contemporains, on a voulu faire une exception pour saint Jrme. La chronique qui porte son nom, contient un passage qui semble autoriser la croyance la chute de Libre. Mais les Bollandislcs ont constat que ce passage manque dans les exemplaires les plus anciens et les plus autoriss de cette chronique, par exemple dans le manuscrit de la bibliothque du Vatican.. Cette absence mise en regard de la contradiction flagrante qui rsulte de l'admission du pape Libre dans le Martyrologe hironymien, prend une importance capitale. Elle prouve que la mention de la chute de Libre dans la chronique de saint Jrme est une interpolation posthume, et quelle n'est nullement de la plume du grand docteur. On oppose trois documents tendant a prouver que Libre ne fut ramen de l'exil qu'aprs avoir abjure la foi catholique, et tre entr en communion avec les ariens. 1 La notice du Liber Pontificalis consacre saint Libre : Celui-ci se soumit aux ordres de l'empereur, il promit de ne communiquer plus qu'avec les hrtiques, la condition qu'on n'exigerait pas sa rebaptisation Il quitta ainsi son exil, mais n'osant rentrer Rome, il se tint dans le cimetire de sainte Agns, prs de Constantia, cousine de l'empereur... L'empereur se proposait de faire tenir un concile dont il voulait dcerner la prsidence Libre... 11 le fit r e n t r e r a Rome, et aussitt le concile ouvrit ses sances... Flix, l'voque catholique, fut dpos, et Libre rtabli s u r le sige de Pierre... La perscution contre le clerg romain fut si

'1610

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

violente, qu'un grand nombre de clercs et de prtres furent gorges au pied des autels, et reurent ainsi la couronne du m a r t y r e . . . Cette notice pleine d'erreurs et de contradictions est certainement l'uvre des ariens. Libre rappel d'exil par Constance, avec lequel il est pleinement d'accord, intercde auprs de lui pour obtenir une grce qui est dj ratifie. Tout le nud de la difficult tbologique, entre l'empereur et le pontife, aurait L la question de la rebaptisation, ce qui est absurde... Le prtendu concile de Rome n'a jamais exist, on n'en a dcouvert aucune trace ; il n'aurait pu tre tenu qu'en 3 5 9 , anne du retour de Libre de son exil de Rre; en tout, cas il ne l'aurait pas t en prsence de l'empereur qui passa les deux annes 358 et 359 en P a n n o n i e , occup son expdition contre les Quades et les Sarmates. Il est faux que ce prtendu concile ait dpos Flix qui serait all mourir en paix dans son Prasdiolum de la via P o r t n e n s i s , car Flix eut la tte tranche dans la ville de Sora, par ordre de Constance. En 1582, on dcouvrit dans le sol de l'glise des saints martyrs Gosmc et Damicn un sarcophage contenant le corps du pape saint Flix, avec cette inscription grave l'intrieur :
DAMNAVIT CONSTANTIUM. CORPUS SANCTI FELICIS MARTYRIS QUI

Ce serait donc Flix qui, dans un avec ses complices,

concile* aurait condamn Constance

Ursace et Valens. Il est trs-vrai qu'il y eut Rome des perscutions sanglantes contre le clerg fidle, durant le Pontificat de Libre, mais celui-ci en fut la victime et non l'auteur. 2 Acta sancti E u s c b i i . En 1479, Mombritius, agiographe sanctorum; au sancti milanais, avait publi une collection d'Acla E u s e b i i presbyteri Romani,

nombre de ces pices s'en trouvait une intitule VUa

dont voici le rsum : Au

temps o Libre fut rappel d'exil par l'hrtique Constance Auguste, la condition qu'il ne rebaptiserait pas le peuple,

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'iIISTORE.

1611

( d a n s le Liber Libre

Ponlificalis,

c'tait de la rebaptisation de

qu'il tait question)... Eusbc, prtre de la ville de

Rome, se mit a dclarer que Libre, l'ami de Constance, tait un hrtique... Amen devant l'empereur et Libre, Constance lui dit : Crois-tu tre le seul vritable chrtien de ioutc la ville de Rome? Eusbc. rpondit : Nous avons persvr dans l'intgrit de la doctrine; vous, au contraire, pousss par l'instigation du diable et par un sentiment de basse jalousie, vous avez condamn h l'exil l'vquc Flix, - nue de tous le pontife vraiment catholique...., dont la saintet est reconC'est par vos ordres que tant de chr tiens, de clercs, de prtres et de diacres ont t gorgs... A ces mots, la fureur de Constance ne connut plus de bornes. P a r le conseil de Libre, il ordonna que le prtre Eusbc serait renferm dans sa propre demeure, aprs quoi il s'endormit dans le Seigneur L'empereur Constance donna l'ordre de dcapiter, mme dans l'intrieur des glises, et sans autre forme de procs, quiconque refuserait de communiquer avec Libre et de souscrire a sa profession de foi... La perscution svissait ainsi par ordre de Constance, d'accord avec Libre. la mort de ce dernier, Damase fut lev sur le sige pontifical. Son premier soin fut de runir un concile de vingt-huit voques et de vingt-sept prtres qui, d'une voix unanime, anathmatisrent la mmoire de Libre. Tels sont ces actes que Bossuet insrail parmi les notes de la Dfense d u clerg gallican, et dont il disait : Ils respirent Or ce qui frappe avant Pontificalis; comme dans leur simplicit originale un parfum d'antiquit qui sera apprci de tous les
HOMMES DE GOUT.

tout dans ce -document, c'est sa parfaite conformit avec la notice de Libre, insre dans le Liber cette notice, aussi, L'histoire il est contredit et les monuments. par la chronologie.

11 raconte tout au long le

1612

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

dialogue qui se serait tabli Rome, entre saint Eusbe d'une part, Constance et Libre, de l'autre, aprs Je rappel de ce dernier, l'an 3S9. Or il est certain que l'empereur Constance ne remit plus jamais le pied dans la ville de Rome, aprs le mois qu'il y passa en 3 5 8 , ' immdiatement aprs l'exil du pape Libre. Constance ne se trouva jamais Rome avec Libre, donc le dialogue des A c t e s est compltement apocryphe. Ces actes d'ailleurs, comme le Libet* font mourir le pape saint Flix dans son Prdiolum; Pontificalis, or le

monument lapidaire dont nous avons dj parl apprend au monde entier que saint Flix a t dcapit pour la foi...Enfin le prtendu concile convoqu Rome, par Damase, pour la condamnation d'un pape vivant, uni de communion avec saint Athanase, saint Basile, saint Ambroise et saint piphanc, est une fable odieuse, rfute d'avance par un monument authentique, irrcusable, de la vnration que Damase professait pour Libre. Dans une lettre synodale, crite au nom de quatre-vingt-trois vques runis Rome, la premire anne de son Pontificat, Damase s'exprime en ces termes (S. Damasi Epistola. Patrum latinonim, formellement tom. XIII, col. 3 4 9 ) : Nous condamnons

l'arianismc. En vain objecterait-on contre cette sentence l'autorit du concile de Rimini et le nombre des prlats qui y assistrent, puisqu'il est notoire que l'voque de Rome, Libre, dont le jugement est dfinitif, et qu'il et fallu consulter en premier lieu, n'a jamais voulu approuver les dcrets de cette assemble ! Cette lettre de Damase est certainement authentique, puisqu'elle est intgralement reproduite par hodorct ( S . E u s b e , liv. I I , chap. xxni). Quant aux actes de saint Eusbe, la main perverse de l'intcrpolatcur arien se manifeste dans cette mention Orosiushsec incidente scripsit. formule au milieu du rcit : Qttietiam

LA

FOI,

SAUVEGARDE DE

^HISTOIRE.

1613

Un chroniqueur ne soussign jamais d'une faon aussi maladroite ; un faussaire seul a pu sentir la ncessite de placer son uvre sous le couvert d'un nom aussi autoris. 3 On a fait grand bruit aussi de deux prtendues lettres de Libre dcouvertes par un crudit, Nicolas Lcfvre. Dans la premire adresse a ses bien-aims frres, prtres et voques d'Orient, Libre aurait dit : J e renonce dfendre Alhanase... Ds que j'ai connu que vous aviez justement condamn le patriarche, j ' a i immdiatement souscrit a votre sentiment... Bannissant donc Athanase de la communion catholique, j ' e n tends conserver la paix et la communion avec vous tous... J'ai souscrit la profession de foi faite... dans le concile de Sirmium, en ma*prsence et devant mes frres et voques... Daignez, d'un commun accord, travailler tous obtenir la fin de mon
CXil, et
ME FAIRE REMETTRE E N POSSESSION DU SIGE QUI M'A T

DIVINEMENT CONFI.

Dans la seconde adresse a Ursacc, Valens et Germinius, on lit : Sache donc votre prudence, qu'avant mme de venir a la cour du
SAINT EMPEREUR,

j'avais dj condamn Athanase...,

et le dclarai spar de la communion de l'glise romaine... J'ai suppli Fortunatien notre frre de se rendre avec mes lettres la cour du trs-clment empereur Constance-Auguste, pour lui demander... l'autorisation de retourner au sein de l'glise qui m'a t divinement confie... Cette lettre vous apprendra que je suis dans la simplicit et la droiture de mon cur uni de communion avec vous tous, c'est--dire avec l'glise catholique. La troisime lettre serait adresse Vincent de Capoue, le lgat tratre'ct infidle dont Libre avait amrement dplor l'apostasie... Je crois devoir informer Votre Saintet que je viens enfin de me meltrc en dehors du dbat soulev propos d'Athanase, et que j'ai crit dans ce sens nos frres

1614

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

les voques d'Orient... Vous daignerez runir tous les voques de Campanic, pour les en informer, et pour adresser au trsclment Empereur une supplique qui mette fin l'horrible situation dans laquelle je gmis...
ME CONCERNE, EN RGLE AVEC

J E ME S U I S * M I S ,

EN

CE

QUI

DlEU.

Voil ces lettres invraisemblables l'excs, certainement fabriques de toutes pices par les ariens, et dont Bossuet, qui les trouvait cependant fort misrables, a cru devoir 11 nous admettre l'authenticit dans les notes de sa Dfense.

suffira de constater, par un fait trs-grave, leur vidente supposition : Le manuscrit de la Bibliothque de Pithou, d'o Nicolas Lefvre les avait tires, n'tait point, comme il le croyait, unique en son genre ; et le clbre Bollandiste tome VI, septembre, pp. 572 Stilling (Acta S a n c t i Liberii,

6 3 3 , auquels nous renvoyons) a retrouv beaucoup d'autres copies de ces prtendues lettres pontificales dans les diverses bibliothques de l'Europe. Or chacune de ces copies renfermait des additions ou des lacunes considrables, toutes diffrentes entre elles, en sorte que, aujourd'hui mme, il serait impossible de dmler quelle fut la rdaction primitive de ces morceaux apocryphes..". Ils fourmillent d'ailleurs d'impossibilits matrielles : Saint Athanasc atteste a u t h e n tiquement que Libre ne l'a jamais condamn! Or les p r tendues lettres ne disent pas seulement le contraire ! elles affirment encore qu'un concile de Campanic runi l'instigation de Libre, condamna le patriarche d'Alexandrie; or on ne trouve dans l'histoire aucune trace de ce concile, quo le temps mme n'et pas permis de runir entre les deux perscutions, arienne de Constance et paenne de Julien l'Apostat, qui se succdrent sans intervalle! Libre prendrait tmoin tout le presbyerium romain, qu'avantdc partir pour l'exil il avait adress toute la catholicit des lettres portant

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

4618

condamnation d'lhanasc; or Libre ne fut envoy en exil qu'aprs son dialogue parfaitement historique avec Constance, c'est--dire, uniquement pour n'avoii>pas voulu souscrire la condamnation d'Alhanasc...Toute la ville de Rome savait que Libre avait nergiquement rsist ^ l ' e m p e r e u r ; l'meute du cirque, non moins'que la dpulation des dames romaines, le prouve surabondamment. Quant au style des prtendues lettres, de l'aveu de tous, il ne saurait tre plus pitoyable. Comment se peut-il, disait Stilling, que des hommes tels que Baronius, Bossuet et d'autres, se soient laiss duper par ces phrases de laquais, qu'ils auraient d repousser avec indignation ; d'autant plus qu'elles ne ressemblent en rien aux autres pices authentiques que nous avons de ce grand pape. Il est donc tout naturel que la
u

SCIENCE

ACTUELLE

ait cass

le jugement du xvn sicle et proclam la parfaite innocence de Libre. Sa prtendue chute est un gros mensonge historique. Le triomphe sera encore plus complet quand on aura retrouv la seconde partie des Acta s a n c i i Liberii, dont la premire partie est un monument authentique et solennel de la puret de sa foi aux grands mystres de la Trinit et de l'Incarnation, mystres qu'il expose presque avec le langage souverainement orthodoxe de saint Athanase. En attendant l'Archologie romaine vient de dcouvrir un sarcophage trs-certainement excut dans la seconde moiti du iv sicle, c'est--dire, vers l'an 360, date de la prtendue chute du pape Libre, ou la primaut et l'indfcclibilit du sige de Pierre sont retraces sous des images si saisissantes, qu'il est impossible de n'y pas voir une protestation nergique contre les calomnies dont les ariens ont accabl la mmoire de Libre. Le sculpteur a reprsent Notre Seigneur Jsus-Christ donnant Pierre
LA V E R G E D E M O S E ,
e

c'est--dire, la plnitude

1616

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOL

de l'autorit administrative, judiciaire et dogmatique. Ce ne sont plus seulement les clefs, cet emblme vanglique, qu'on aurait pu interprter dans un sens trop uniquement spirituel !.. c'est la verge miraculeuse que P i e r r e , entour des autres' Aptres, reoit seul, comme insigne d'une autorit qui n'a point d'gale dans le monde. I I la prend eu main, et un second groupe lapidaire nous apprend l'usage qu'il en fit immdiatement. Debout devant un immense rocher, tenant la main gauche enveloppe dans le pallium oh il a reu les clefs du ciel, de la main droite arme de la verge miraculeuse, il frappe la pierre strile d'o jaillissent aussitt des sources d'eau vive. Au courant de ces ondes salutaires de la vrit et de la saintet, viennent boire en se prosternant des multitudes de tout ge et de totc condition. Cependant, Pierre tient toujours leve la verge du miracle, la verge de la puissance. Voil comment les contemporains de saint Libre jugeaient la question de l'indfectibilit souveraine et de l'infaillibilit dogmatique des successeurs de saint Pierre. Ce monument lapidaire est aujourd'hui dpos au Muse
DARRAS,

chrtien de Latran, fond par Pie I X et confi la savante direction de M. Michel de Rossi. (L'abb gnrale Histoire de V g l i s e , tome IX, page 459.) Nous engageons

nos lecteurs lire dans cet excellent ouvrage la dfense pleine et entire de L i b r e ; nous n'avons pu ici que la rsumer. L e s crimes d'Alexandre V I , R o d r i g u e B o r g i a . Nous avons

tenu venger pleinement la mmoire de Libre, parce que le crime dont on l'accusait et t un dmenti donn la promesse solennelle de Jsus-Christ : J'ai pri pour toi, Pierre, afin que ta foi ne faiblisse point... Voici que je suis avec toi jusqu' la consommation des sicles. Nous n'avons pas le mme intrt rhabiliter Alexandre VI; car tout le monde

L FOI, SUYEGMU L'HISTOIRE.

.1617

convient qu'il n'ajamais failli clans la foi, aii moins ostensible ment et avec scandale, et nous pourrions faire ici l'application de cet autre oracle du divin Sauveur : Ls Scribes et les P h a r i siens sont assis sur la chaire de Mose ; faites c qu'ils vous disent, mais ne faites pris ce qu'ils font. Parmi les douze aptres choisis par Jsus-Christ lui-mme, il s'est rencontr un monstre, Judas : il ne serait donc nullement tonnant que quelques-uns des si nombreux successeurs de saint Pierre, lus par des bonimcs, eussent t de grands pcheurs. Mais, s'il ne saurait l'accuser de faiblesse et de dviation dans sa est vrai qu'on puisse reprocher bien des fautes Alexandre VI, on
LIGNE

religieuse et politique. Son coiiragc semblait grandir avec les revers ; les prtendues erreurs de sa vie prive ne rejaillirent jamais sur sa conduite comme pape. C'est l mme un t r s haut enseignement qui ressort de l'histoire de son pontificat, Son bullaire a une trbs-rgrande valeur ; la liste de ses lettres et de ses autres crits, composs pendant un pontificat aussi court que troubl, est longue et fort varie : elle atteste la fois son habilet, son nergie et son talent. Ce sera cependant une consolation grande que de savoir que ce grand pape dont Guichardin lui-mme, son phjs grand ennemi, dit ; Tout le monde admirait sa prudence, sa rare perspicacit, sa pntration, pn loquence porte au plus haut degr, son activit, son adresse enfin dans tout ce qu'il entreprenait, etc., ne mrite pas l'odieuse rputation que l'on s'est efforc de lui faire. Donnons-nous cette consolation avec M. Barthlmy. Constatons d'abord que ses accusateurs ne mritent aucune confiance. Machiavel passa une grande partie de sa vie conspirer; il hassait Csar Borgia, tout en montrant pour lui une grande admiration 5 ce n'est pas, d'ailleurs, chez lui qu'on trouve les calomnias monstrueuses dont on a voulu fltrir ]a mmoire d'Alexandre VI. La mauvaise foi de Guichardin est m .

'1618

LES SPLENDEURS DE LA

KOI.

telle, que Bayle n'a pas hsit a dire de lui, dans son D i c tionnaire historique : Guichardin mrite la haine, il se rend coupable de la faute des gazcticrs. Voltaire l'accuse d'imposture propos de la mort d'Alexandre VI, et il s'est fait justice a lui-mme en demandant sur son lit de mort qu'on brlt son Histoire cVItalie. Paul Jovc tait un crivain vnal et passionn, qui avait deux plumes, l'une d'or, l'autre de fer, pour traiter les princes suivant les faveurs qu'il en recevait. 11 avait mont, dit Bayle, une espce de banque ; il promettait une ancienne gnalogie et une gloire immortelle h tous les faquins qui payeraient bien son travail, et il dchirait tous ceux qui n'achetaient pas ses mensonges. Tomaso Tomasi, dit M. Fav ( t u d e s critiques), semble s'tre propos deux prinbuts : l'un de faire sa cour la duchesse de Florence,

cesse de la famille de la Rovre, en dnigrant Alexandre VI ; l'autre, de montrer en Csar Borgia un type de monstruosit laisser loin derrire lui l'imagination la plus dvergonde. Et Burchard ! matre des crmonies de la cour de R o m e depuis 1 4 8 3 , mort plus tard vque de Citth di Caslello ! Son Diarium fut trouv d'abord par des protestants, dans une bibliothque protestante, et dit par des protestants. Les diverses ditions qu'on en a donnes diffrent entre elles, et sont souvent contradictoires Rien ne prouve que le s a l migondis auquel on a attach son nom soit de l u i ; en tout cas, il n'avait pas voulu qu'il vt le jour. Ces historiens font si peu autorit, que non-seulement on est en droit de se dfier de tout ce qui a t" crit par ou contre Alexandre VI, mais qu'il faut absolument le rejeter. 11 importe aussi de constater que le motif principal des accusations portes contre lui,'est, qu'il s'est servi de Csar Borgia pour dfendre les domaines pontificaux par la force des armes contre les princes italiens et leurs allis trangers ;

F O I , SArVGfARDE

D E L^IllSTOIRC.

'KMO

que ceux qui l'attaquent le plus, insistent surtout sur la conduite de Csar, ce qui prouve qu'ils n'admettent pas ou, du moins, quVHs doutent qu'il ft lgitime de dfendre, les armes a la m a i n , le patrimoine de S a i n t - P i e r r e . La mmoire d'Alexandre VI est devenue importune, parce que c'est surtout depuis son pontificat que les papes ont commenc figurer comme puissance sculire, comme rois, et que l'Italie vit son unit se rtablir sur les ruines d'une foule de petits souverains qui s'taient partag son territoire. Arrivons aux crimes qu'on impute Alexandre VI. I. Administrateur de l'archevch de Valence et cardinal, le futur pape aurait eu plusieurs enfants de Julie Farnse? Mais ces deux dignits n'exigeaient pas qu'il ft dans les ordres et vou au clibat. Il n'est nullement prouv qu'il ne fut pas lgitimement mari Julie Farnse, et que ses enfants ne furent pas lgitimes. Son mariage serait rest secret afin d'chapper aux rcriminations qu'il aurait souleves. Comment son oncle Calixte III, pontife pieux et vnrable, aurait-il pu fermer les yeux sur un concubinage scandaleux? L'historien Philippe de Commincs et le Tableau btards, d u rgne de C h a r l e s V I I I ne donnent pas aux enfants de Borgia le nom de qu'ils n'pargnent pas aux princes du sang quand il y a lieu de l'appliquer. Tous les historiens conviennent qu'il eut tous ses enfants plus de vingt ans avant d'tre lu pape, et avant'd'entrer dans les ordres sacrs, ce qui n'eut lieu qu'en 1478, lorsque Sixte V le nomma voque d'Albe. On serait presqu'en droit d'affirmer qu'il n'y eut rien dans la jeunesse et dans l'ge mr d'Alexandre VI qui affectt une vie de dsordre et d'immoralit. II. L'accusation d'inceste ne mrite pas d'tre discute.

La licence du sicle o Lucrce vcut, ditRosco, l'historien protestant de Lon X, donne aux accusations de ce genre, une

16S0

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

vraisemblance qu'elles n'auraient pas dans d'autres temps : car on remarquait surtout le mensonge et la calomnie parmi les vices qui rgnaient alors. E t l-dessus Roscoc e n t r e prend de prouver que Lucrce Borgia ne fut pas telle que la dpeignent quelques poetes satiriques, serviteurs de princes ennemis des Borgia, et quelques historiens qui se contentent de raconter des on dit... EsL-il croyable, dit un historien sens, l'abb Jerry (Histoire

d u pape Alexandre

VI), qu'Her-

cule de Ferrare et son fils Alphonse d'Est, deux princes que leurs vertus et leurs talents, soit dans la paix, soit dans la g u e r r e , ont levs au premier rang parmi les souverains de leur sicle, eussent consenti perptuer leur race par l'intermdiaire d'une femme corrompue, dont la honte et l'infamie auraient t publiques et au su de t o u s ? Plui

sieurs historiens contemporains cits par Rosco appellent Lucrce une femme accomplie, la princesse la plus orne dt tontes les vertus. HT. La troisime grande accusation contre Alexandre VI 1 4 9 2 , le est qu'il fut simoniaque, qu'il acheta le souverain pontificat. Voici la page accusatrice de Burchard : L'an douzime jour d'aot, ds le matin, Rodrigue Borgia, cr pape, prit le nom d'Alexandre VI. Aussitt, il distribua tous ses b i e n s . . . : au cardinal O r s i n i . . . . , au cardinal Ascagne...., au cardinal Colonna...., au cardinal S a i n t - A n g e . , . . , au c a r dinal de Parme D'autres r e u r e n t , dit-on, plusieurs milliers de ducats ; il gratifia de cinq mille ducats un cardinal blanc de Venise, rcemment nomm cardinal, et ce, pour avoir sa voix. Qui sait si ces cruels mots de la fin, pro

habenda

voce s u a , n'ont pas t ajouts au texte de Burchard,

qui d'ailleurs n'affirme pas, et rpte un on dit. La distribution non des biens, mais des dignits, s'explique tout naturellement sans qu'il soit ncessaire de faire intervenir la

L FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1621

simonie

Devenu pape, le cardinal Borgia ne pouvait plus

tre ni vice-chancelier de l'glise romaine,'ni abb de Subiaco, ni voque de Porto, etc. Voil pourquoi il transmet ces titres d'autres cardinaux. Quelques autres furent nomms aussi naturellement gouverneurs de villes dont les titulaires taient morts. Quant au cardinal blanc, c'tait un moine pauvre, sans fortune particulire, qu'il fallait aider soutenir sa dignit. Jamais lection n'avait t plus rgulire et plus prompte. Les temps taient mauvais, et dans son loge funbre d'Innocent VIH, Lonelli, voque de Concordia, disait aux cardinaux : Htez-vous de choisir un successeur au pape dfunt, car Rome est, chaque heure du jour, un thtre de meurtres et de brigandage. Les cardinaux suivirent le conseil; ds le lendemain ils entrrent en conclave, et le cardinal Borgia fut lu. Il y avait vingt-cinq cardinaux; cinq s'opposrent l'lection de Borgia. Burchard en accuse six seulement d'avoir vendu leurs voix; il resterait donc encore une majorit de quatorze voix indpendantes. Il n'y eut de protestation, ni de la part des cinq cardinaux que le dsigne cpmme n'ayant rien voulu accepter, Diarium ni de la part du

cardinal de Mdicis qui fut plus tard Lon X, ni de la part du cardinal'Piccolomini qui fut plus tard Pie III, ni du cardinal de laRovre que des liens de famille faisaient antagoniste des Borgia, etc. Fort de sa conscience, dans une allocution trs-digne, Alexandre VI osa dire : Dieu est avec nous, et il nous a promis son Esprit Nous ne doutons pas de votre

soumission au chef de l'glise, vous lui obirez comme le troupeau du Christ obit au premier pasteur. En mme temps le peuple qui l'acclamait, dit un historien, respira comme un malade qui voit arriver le mdecin. Non, mille fois non, l'lection d'Alexandre VI ne fut pas simoniaque. IV. Alexandre VI, dit-on, aurait appel Charles VIII en

1622

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Italie, et se serait ensuite tourn contre lui ! coutons l'crivain protestant Rosco ( L o n X , chap. xn) : Charles VIII avait envoy k Rome une ambassade la tte de laquelle il avait plac d'Aubigny, son gnral.... Le but principal de cette dmarche tait d'obtenir de Sa Saintet, par promesse ou par menace, l'investiture des tats, objets de la g u e r r e . . . . La rponse de Sa Saintet ne fut pas favorable Charles VIII. Elle portait que la couronne de Naples avait t donne trois fois par le Saint-Sige la maison d'Aragon.... ; que ces concessions ne pouvaient tre annules. Le pape ne pouvait se persuader que Sa Majest trs-chrtienne voult aussi contester les droits de l'glise et hasarder, malgr ses avis, une. entreprise injuste.... Ces protestations furent ensuite consignes, avec plus de force, dans un bref apostolique. Alexandre VI ne fut donc ni perfide, ni inconstant; il n'appela point les Franais en Italie, mais il resta fidle aux princes d'Aragon, tant que ceux-ci ne le forcrent pas de se tourner du ct de la France. V. Pour affranchir la papaut du joug de ses vassaux rvolts, Alexandre VI constata, non sans douleur, qu'il ne pouvait se fier qu' sa propre famille. 11 nomma Csar, son fils, souverain des Romagncs. C'est encore un crime dout on l'accuse, mais cette fois il est veng par Guichardin lui-mme d'Italie, (Histoire liv. VI) : Plusieurs villes de la Romagne, dit-il, qui

avaient prouv que les anciens princes n'avaient de force que pour les opprimer, demeurrent fidles leur nouveau souverain. Il dut cet avantage au soin qu'il avait eu de leur faire administrer exactement la justice, de les dlivrer des bandits qui les pillaient sans cesse, et d'touffer ces querelles qui produisent tant d'animosits. VI. Alexandre et Csar, dit un historien rcent, M. MarvLafon (Rome moderne)... qui accumule dans son rcit toutes

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'lIST01RE.

les calomnics^de Guichardin, de Toraasi et d'autres, voyant que la solde de leur arme puisait le trsor papal, rsolurent de frapper a la fois, dans le sacr Gollge, et les vieillards qui ne mouraient pas et les jeunes qui semblaient avoir longtemps vivre. Le 2 aot 1502, le pape invita tous ceux dont il voulait hriter une fte qu'il donnait..., pour clbrer les victoires de Csar Borgia, dans son dlicieux palais du Belvdre. Cette fte devait commencer par un banquet. Csar empoisonna quelques flacons et les remit avec les instructions accoutumes au bouteillier ! Ce rcit a eu le mrite d'exciter la verve de Voltaire. On prtend, dit-il, que, dans un pressant besoin d'argent, Alexandre voulut hriter de quelques cardinaux, mais il est prouv que Csar Borgia emporta cent mille ducats d'or du trsor de son pre, aprs sa m o r t ; le besoin n'tait donc pas rel.... 11 n'est pas difficile d'inventer quand on accuse. Mais revenons au rcit de Mary-Lafon. P a r un effet du hasard o Ton a vu le doigt de Dieu, Alexandre dcsendit avant l'heure au Belvdre. La chaleur tait accablante, il voulut se rafrachir On demande du vin pour le pape, le empoisonne. On les bouteillier, sans le savoir, donne un flacon poison Csar prouva les mmes symptmes

Alexandre but avec avidit, et sentit sur-le-champ l'effet du porta tous deux au Vatican, et ils ne se virent plus dans ce monde. L e pape mort, on se hta de cacher son corps dans une chapelle souterraine de S a i n t - P i e r r e . Mais la terreur qu'il inspira de son vivant fut si grande, que le cadavre pouvantait encore Rome. Voil comment on ose dfigurer l'histoire, mme en prsence du rcit de Burchard dont on a pu dire qu'il ne quittait pas l e . p a p e un seul instant, qu'il le suivait la chapelle, au consistoire, table, au lit, etc. Le Samedi 42 aot 4503, le pape se sentit indispos, il se

1624

LES SPLENDEURS DE LA. FOI.

dclara une fivre qui ne le quitta p l u s . . . . Le jeudi 1 7 , il se confessa a M


sr

Pierre, voque de Cusin, qui dit ensuite sa Cinq cardinaux taient

messe devant l u i . . . . , et administra le sacrement de l'Eucharistie au pape assis sur son lit prsents. Le pape leur dit aprs qu'il se trouvait mal. A l'heure des Vpres, l'Extrme-Onction lui fut donne par l'vque de Cusin, et il expira en prsence du Dotataire et de l'voque. Laissons encore Voltaire protester contre l'odieux rcit de Guichardin embelli et envenim par Mary-Lafon : J'ose dire Guichardin : l'Europe est trompe par vous et vous l'avez t par votre passion. Vous tiez l'ennemi du pape, vous avez trop cru votre haine. Vous concluez qu'un pape de soixante-quinze ans n'est pas mort de faon n a t u relle ; vous prtendez, sur des rapports vagues, qu'un vieux souverain, dont les coffres taient alors remplis d'un million de ducats d'or, voulut empoisonner quelques cardinaux pour s'emparer de leur mobilier. Mais ce mobilier tait-il important? Ces effets taient presque toujours enlevs par valets de chambre, avant que les papes pussent les en saisir

quelques dpouilles... Comment pouvez-vous croire qu'un pape prudent ait voulu hasarder pour un aussi petit gain une action aussi infme, une action qui demanderait des complices, et qui tt ou tard et t dcouverte? Ne dois-jc pas plus croire le journal de la maladie du pape, qu'un bruit populaire? Ce journal le fait mourir d'une fivre doubletierce ; il n'y a pas le moindre vestige de preuves, en faveur de cette accusation intente contre sa mmoire. Son fils Borgia tomba malade dans le temps de la mort de son p r e : voil le seul fondement de l'histoire du poison. La cause est juge, dit en terminant M. Barthlmy, on peut s'en tenir au journal de Burchard et au jugement de Voltaire. En prsence de cette rhabilitation d'un grand pape et

LA FOI, SAUVEGARDE DE L'HISTOIRE.

1625

d'un grand roi si indignement calomni, on se prendra, sans doute, a rpter avec Joseph de Maistrc, ce voyant des temps modernes : Un temps viendra o les papes contre lesquels on s'est le plus rcri seront regards dans tous les pays, comme les amis, les tuteurs, les sauveurs du genre humain, les vritables gnies constituants de l'Europe. L a mutilation de L o n . Un pape dont le-rgne a t une calomnie

des splendeurs de la foi, fut aussi l'objet d'une

infme. Saint Lon III se distingua ds sa jeunesse ecclsiastique par son loquence, par une grande fermet de caractre, par sa charit et ses abondantes aumnes. Il fut lu pape d'une voix unanime, le 2 5 dcembre 7 9 5 . Il s'empressa de notifier son lection Charlemagne, qui lui rpondit aussitt: C'est nous, avec le secours du Seigneur, de dfendre en tous lieux, par nos armes, l'glise de Dieu : au dehors contre les incursions et les ravages des infidles, au dedans contre les hrtiques... Cependant les vertus du saint pape excitrent la jalousie de deux prtres ambitieux dont son lection avait tromp les esprances; et ces deux prtres indignes, Pascal et Campule, conurent le projet de l'assassiner, ou du moins de le mutiler cruellement. Ils soudoyrent une troupe de bandits qui s'efforcrent de lui crever les yeux, de lui couper la langue, etc., sur la place publique d'abord, puis au pied de l'autel dans l'glise du monastre des saints Etienne et Sylvestre, et le tranrent compltement aveugle dans une prison sur le mont Clius. A cette nouvelle, toute la ville fut remplie de tumulte et d'horreur... Mais bientt un miracle, attest par un grand nombre d'auteurs contemporains, vint remplir de joie le cur des fidles, et redoubler leur vnration pour le pape: Lon recouvra l'usage de la vue et de la parole. L'glise

1626

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

romaine fait mmoire de ce miracle, le 12 juin, dans les termes suivants : A Rome, dans la basilique vaticane, saint Lon, pape, qui Dieu rendit miraculeusement l'usage des yeux qu'ils lui avaient arrachs et de langue qu'ils lui avaient coupe. Charlemagne fut vivement afflig des violences exerces contre le souverain Pontife. 11 songeait aller lui-mme le rtablir dans Rome, ou les sditieux taient encore les matres, lorsqu'il apprit que le pape avait rsolu de venir Padcrborn. Le roi se prpara a accueillir l souverain Pontife comme un martyr de la Foi ; il s'avana sa rencontre, a quelque distance de Padcrborn o l'entrevue eut lieu. Toute la multitude des soldats et du peuple, accourue pour assister ce spectacle solennel, fut range en un cercle immense, et Charlemagne, debout au milieu, dominait de toute sa tte cette vaste assemble. Au moment oii le Pontife parut dans l'enceinte, trois fois cette innombrable multitude, arme,
4

peuple, clerg, se prosterna aux pieds du vicaire de J s u s Christ ; trois fois le pape la bnit et pria pour elle. Charlemagne, lui-mme, le hros de l'Occident, s'inclina trois fois, respectueusement, devant Lon, le Pasteur du monde... Ils s'embrassrent l'un l'autre, en versant des larmes d'attendrissement et de joie. Lon III, d'une voix mue, entonna l'hymne des Anges, Gloria in E x c e l s i s , que son clerg continua. Charlemagne le conduisit ainsi, comme en triomphe, jusqu' l'glise de Paderborn, o on rendit de solennelles actions de grce Dieu. L'entrevue de Padcrborn eut son contre-coup Rome. Les ennemis du pape tremblrent devant l'pe de Charlemagne, et quelques mois aprs, Lon III faisait sa rentre dans sa ville pontificale, aux acclamations de tout un peuple ivre de joie di^retour de son p r e , . . L'anne suivante, Charlemagne

LA

FOI,

SAUVEGARDE

DE

L'HISTOIRE.

1627

vint lui-mme Rome, afin d'achever l'uvre de la pacification... L'humble et pieux pontife voulut se justifier devant lui des accusations calomnieuses que ses assassins avaient rpandues contre lui, pour excuser leur attentat. Une grande runion d'vques et de seigneurs laques, francs et romains, se tint dans la basilique de Saint-Pierre. Le roi et le pape
s'assirent, et firent asseoir les a r c h e v q u e s , , l e s voques et les

abbs ; les prtres et les laques restrent debout. Le roi prit la parole, exposa le motif de la runion; mais tous les archevques, vqueset abbs s'crirent tous d'une voix : I L
APPARTIENT PAS DE JUGER DE TOUTES LES GLISES D E LE N E NOUS

S l G E A P O S T O L I Q U E , QUI E S T L E C H E F

D l E U . NOUS S O M M E S T O U S J U G S P A R C E
Y PRSIDE.

SIGE ET PAR LE P A S T E U R QUI PERSONNE ; JUGERA

MAIS I N ' E S T J U G P A R
PONTIFE

C'EST LA L A N C I E N N E C O U T U M E , L E S O U V E R A I N ET NOUS-MMES.

LUI-MME

Quelle admirable

excla-

mation ! Le l e n d e m a i n , l'assemble se runit de nouveau d a n s

l'glise de S a i n t - P i e r r e , le pape monta sur l'ambon,

et,

tenant Tla main le livre des vangiles, il pronona haute voix le serment suivant : Moi Lon, pontife de la sainte glise romaine, de mon propre mouvement et de ma propre volont, je jure devant Dieu qui sndele fond des cousce ciences, en prsence de ses anges, du bienheureux aptre saint Pierre et de vous tous qui m'entendez, que je n'ai ni fait, ni ordonn aucune des actions qu'on m'a imputes... J'en atteste le j u g e s u p r m e , au tribunal duquel nous corn-

ce paratrons tous. Je fais ce serment sans tre oblig par aucune loi, et sans vouloir en faire une coutume ou une loi pour mes successeurs, mais seulement pour dissiper plus certainement d'injustes soupons. Le pape eut peine fini de prononcer ces paroles, que les vques entonnrent le Te D e u m , qui fut chant par le clerg, le roi et le peuple.

1628

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Le jour de Nol

800, Charlcraagne se rendit dans la

basilique de Saint-Pierre pour y assister l'office de la fte... Quand il parut dans l'glise illumine de mille feux, le peuple, malgr la saintet du lieu, fit clater sa joie en longues acclamations. Charlemagne imposa silence la foule et se prosterna devant Tautel Lon III, vtu des ornements pontificaux, s'approcha clu monarque, et dposa sur sa tte une couronne tincelante de pierreries. Un immense cri parti de tous les curs branla alors les votes de la basilique. Vie et victoire Charles, Auguste, grand et pacifique empereur des Piomains, couronn de la main de Dieu. Le pape fit couler l'huile sainte sur le front de Charlemagne, puis s'inclinant devant le nouvel empereur, il lui rendit le premier ses h o m m a g e s ! . . . Cette alliance consacre par Lon I I I , entre l'glise et l'tat, a t un des grands motifs de la colre dchane contre lui ! Voil pourquoi, l'occasion du concile du Vatican et de la proclamation du dogme de l'infaillibilit, une presse impie a rappel les odieuses accusations articules autrefois contre lui et dont il avait t si magnifiquement veng. J'aurais pu multiplier l'infini ces exemples si consolants des dmentis donns par l'histoire vridique aux accusations formules avec plus de mchancet encore que de lgret, contre la religion catholique, par des chroniqueurs lgers et mchants. Mais il faut s'arrter. J'en ai dit assez pour avoir le droit d'affirmer bien haut que la science de l'histoire, comme toutes les autres sciences, tend testablement divine. d'elle-mme la main la Rvlation comme une sur bnie et incon-

P I L O G U E

Qu'il m e soit p e r m i s d e d o n n e r p o u r c o u r o n n e m e n t la d m o n s t r a t i o n v i c t o r i e u s e , il m e s e m b l e , d e c e s d e u x propositions fondamentales : l a s c i e n c e , a u x i l i a i r e d e


LA FOI ; LA FOI, SAUVEGARDE DE LA SCIENCE, CGS SOleiHOls

lans des m e s , des esprits cl des c u r s du grand K e p l e r eL d u g r a n d N e w t o n , a r r i v s a u t e r m e d e l e u r g r a n d u v r e : Les quatre Livres des harmonies c-

lestes; Le Livre des Principes mathmatiques de la Philosophie naturelle, l a n s q u i s o n t a u s s i e u x s e u l s


d e v i v e s s p l e n d e u r s d e la F o i . qu' l e v e r l e s m a i n s et l e s y e u x v e r s le c i e l , e t a a d r e s s e r avec dvotion m o n h u m b l e p r i r e l'Auteur de toute l u m i r e : 0 toi, qui p a r les clarts s u b l i m e s q u e tu a s r p a n d u e s s u r toute* l a n a t u r e , l v e s n o s d s i r s j u s q u ' l a d i v i n e l u m i r e d e t a g r c e , j e le r e m e r c i e ! S e i g n e u r et C r a t e u r d e t o u t e s les j o i e s q u e j ' a i e p r o u ves d a n s les extases o m ' a jet la contemplation de l ' u v r e d e t e s m a i n s . V o i l q u e j ' a i t e r m i n ce l i v r e q u i c o n t i e n t le f r u i t d e m e s t r a v a u x , et j ' a i m i s p o u r le c o m p o s e r t o u t e la s o m m e d ' i n t e l l i g e n c e q u e lu m ' a s d o n n e I J ' a i p r o c l a m d e v a n t l e s h o m m e s t o u t e la g r a n ( l e u r d e l e s u v r e s ; l e u r e n d m o n t r a n t les p e r f e c t i o n s , autant q u e les b o r n e s de mon esprit m'ont permis d'en e m b r a s s e r l ' t e n d u e infinie. J e m e s u i s efforc d e m ' l o v e r j u s q u ' la v r i t , d e la c o n n a t r e a u s s i p a r f a i l e m e n l q u e p o s s i b l e , e t , s'il m ' e t a i t c h a p p q u e l q u e c h o s e d ' i n d i g n e d e t o i . . . . , fais-le m o i c o n n a t r e afin q u e j e p u i s s e l'effacer. N e mo s u i s - j e p o i n t l a i s s a l l e r a u x

K e p l e r . E t m a i n t e n a n t , il n e m e r e s t e p l u s

< <

1630

LES

SPLENDEURS

DE

LV

KO ! .

s d u c t i o n s d e la p r s o m p t i o n , en p r s e n c e d e la. b e a u t admirable de les uvres ? N'ai-jo p a s cherch m a g l o i r e p r o p r e p a r m i l e s h o m m e s , en l e v a n t ce m o n u m e n t qui n e devait tre c o n s a c r e q u ' t a gloire ? Oh I s'il e n t a i t a i n s i , r e o i s - m o i d a n s ta c l m e n c e et d a n s ta m i s r i c o r d e , c t a c c o r d e - m o i cette grce : q u e l ' u v r e q u e j e , v i e n s d ' a c h e v e r soit j a m a i s i m p u i s s a n t e p r o d u i r e le m a l , m a i s q u ' e l l e c o n t r i b u e a la g l o r i f i c a lion et au s a l u t d e s a m e s !

JNewton. Dieu rgit tout, non c o m m e m e du m o n d e , m a i s c o m m e s e i g n e u r universel de t o u t e s c h o s e s . El a c a u s e d e sa s o u v e r a i n e t ou s e i g n e u r i e , on a c o u t u m e d o l ' a p p e l e r le S e i g n e u r D i e u , TOVToxpatwp. Car Dieu est un t e r m e relatif p a r lequel on d s i g n e l e r a p p o r t d e matre esclave, et la dit est la souverainet de D i e u ; n o n celle qu'il e x e r c e r a i t s u r son p r o p r e c o r p s , c o m m e le v e u l e n t les p h i l o s o p h e s q u i font d e Dieu l ' m e d u m o n d e , m a i s celle q u ' i l exerce s u r s e s e s c l a v e s . Ce Dieu s u p r m e est un tre t e r n e l , infini, a b s o l u m e n t p a r f a i t : m a i s u n t r e q u i n ' a p o i n t cle s o u v e r a i n e t , q u a n d m m e il s e r a i t p a r f a i l , n ' e s t p o i n t u n S e i g n e u r D i e u . E n effet, n o u s d i s o n s : m o n D i e u , v o t r e D i e u , l e D i e u d ' I s r a l , l e D i e u d e s d i e u x e t le S e i g n e u r d e s s e i gneurs ; mais nous ne disons point : m o n ternel, voire ternel, l'Eternel d'Isral, l'Eternel des d i e u x ; nous n e d i s o n s point : m o n Infini ou m o n Parfait, et la r a i s o n en est q u e ces titres n e dsignent p o i n t u n tre c o m m e s o u v e r a i n s u r d e s e s c l a v e s . E u g n r a l , "lo m o l D i e u signifie S e i g n e u r , m a i s t o u t s e i g n e u r n ' e s t p a s D i e u . C'est la s o u v e r a i n e t k titre d ' t r e s p i r i t u e l q u i c o n s t i t u e l e D i e u ; si e l l e e s t r e l l e , il e s t r e l ; si e l l e e s t s u p r m e , il e s t s u p r m e ; si elle e s t i m a g i n a i r e , il e s t i m a g i n a i r e . D e c e q u e c e t t e s o u v e r a i n e t e s t r e l l e , il suit que D i e u est rel, qu'il est vivant, intelligent, p u i s s a n t . D e s e s a u t r e s p e r f e c t i o n s il s u i t q u ' i l e s t s u p r m e o u s u p r m e m e n t parfait. Il est ternel et infini, o m n i p o t e n t et o m n i s c i e n t , c ' e s t - - d i r e il d u r e d e p u i s

EPILOGUE

1631

l ' t e r n i t , il r e m p l i t l ' i m m e n s i t p a r s a p r s e n c e , il r g i t t o u t e t c o n n a t t o u t , c e q u i a r r i v e cl c e q u i p e u t a r r i v e r . I l n ' e s t p a s la d u r e e t l ' e s p a c e , m a i s il d u r e et il est p r s e n t , il d u r e t o u j o u r s e t il e s t p r s e n t p a r t o u t , il constitue la d u r e et l ' e s p a c e . C o m m e c h a q u e parcelle de l ' e s p a c e e s t toujours, e t c o m m e c h a q u e m o m e n t i n d i v i s i b l e d e la d u r e e s t partout, il e s t i m p o s s i b l e q u e le f a b r i c a t o u r e t s e i g n e u r s o u v e r a i n d e t o u t e s c h o s e s m a n q u e d ' t r e e n q u e l q u e m o m e n t o u en q u e l q u e e n d r o i t . T o u t e m e p e n s a n t e e s t la m m o p e r s o n n e i n d i v i s i b l e e n d i v e r s t e m p s d a n s s e s diffrents s e n s , d a n s l e s d i f f r e n t s m o u v e m e n t s d e s e s o r g a n e s . S'il y a d e s p a r t i e s s u c c e s s i v e s d a n s n o t r e d u r e , et s i m u l t a n e s d a n s n o t r e t e n d u e , il n ' y e n a d ' a u c u n e e s p c e , ni s u c c e s s i v e s ni s i m u l t a n e s , d a n s n o t r e p e r s o n n e , c ' e s l - - c l i r e d a n s n o t r e p r i n c i p e p e n s a n t . A p l u s forte r a i s o n n ' y en a-l-il a u c u n e d a n s l a s u b s t a n c e p e n s a n t e d e D i e u . T o u t h o m m e en tant q u e chose p e n s a n t e est u n seul h o m m e et le m m e h o m m e t r a v e r s t o u t e l a d u r e d e s a v i e , d a n s t o u s s e s o r g a n e s et d a n s c h a c u n d e s e s o r g a n e s . D e m m e D i e u e s t u n s e u l e t m m e D i e u t o u j o u r s et p a r t o u t : il e s t o m n i p r s e n t , n o n - s e u l e m e n t p a r s a puissance active, mais encore p a r sa substance m m e ; c a r l a p u i s s a n c e n e p e u t s u b s i s t e r s a n s la s u b s t a n c e . T o u t e s c h o s e s s o n t c o n t e n u e s e n l u i et se m e u v e n t e n l n i s a n s q u e n i l u i n i elles n ' e n prouvent quelque i m p r e s s i o n ; c a r il n ' e s t p o i n t affect p a r l e s m o u v e m e n t s des c o r p s , et les corps no trouvent point de rsistance dans l ' o m n i p r s e n c e de Dieu. M. Dumas. D a n s s o n d i s c o u r s d e r c e p t i o n l ' A c a d m i e f r a n a i s e , le 1 j u i n 1876, M. L - B . Dumas, secrtaire perptuel de l'Acadmie des sciences, a p r o n o n c ces nobles et solennelles paroles, couvertes des a p p l a u d i s s e m e n t s e n t h o u s i a s t e s d e l ' a u d i t o i r e c h o i s i , l g a n t et c l a i r q u i l e s c o u l a i t , m a i s q u i , d a n s le c a m p d e la libre p e n s e , o n t excit de g r a n d e s et b r u y a n t e s c o l r e s .
er

Le

rcipiendaire

faisait

l'loge

d'un

autre

grand

1632

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

h o m m e , G u i l l a u m e G m z o i , cl le m o m e n t t a i t v e n u d'apprcier r m i n e n t crivain, h o m m e d'Etal, au point de vue de ses convictions religieuses. C'est alors que M . D u m a s a dit d ' u n e v o i x l o q u e n t e , i n s p i r e e t p r o fondment sympathique : <c L e s c o n v i c t i o n s r e l i g i e u s e s d e M . G u i z o l r p a n d e n t s u r sa p e n s e et s u r ses crits u n e teinte s r i e u s e , o r e s p i r e n t la confiance et la r s i g n a t i o n , o d o m i n e l ' a u torit : p r o c d a n t d ' u n g r a n d respect p o u r les t r a d i t i o n s de famille, l'exprience les avait fortifies. Les d e u x v o l u m e s d e m d i t a t i o n s d a n s l e s q u e l s il l e s e x p o s e , r s u m e n t u n t r a v a i l q u i Ta o c c u p p e n d a n t t o u t e s a v i e ; il y e n v i s a g e l ' e s s e n c e d e la r e l i g i o n c h r t i e n n e , l a f o n dation du christianisme, son tat prsent, son avenir. Q u ' u n besoin de r a g i r s u r l'esprit do s o n p o q u e lui ait inspir ces pages, cela n ' e s t pas d o u t e u x . Chrtien, il s ' t a i t afflig d e s t e n d a n c e s q u i s e r v l a i e n t a u t o u r d e l u i , c o m m e c o n s q u e n c e d e la p h i l o s o p h i e d u s i c l e d e r n i e r . H o m m e d ' t a t , il s ' e n t a i t e f f r a y ! c o n v a i n c u q u e , s a n s r e l i g i o n , il n ' y a n i s c u r i t p o u r le faible, n i frein p o u r l e f o r t , ni lien p o u r l e s f a m i l l e s , n i d u r e p o u r la s o c i t . L e s l u t t e s q u ' i l a v a i t s o u t e n u e s e n f a v e u r d e la l i b e r t p o l i t i q u e et p o u r le m a i n t i e n d e l ' o r d r e s o c i a l s e l o n l a l o i , lui a v a i e n t a p p r i s c e q u e v a l e n t l a foi e t la l i b e r t c h r t i e n n e p o u r la s a u v e g a r d e d e l a c i v i l i s a t i o n m e n a c e ; il se p o r t a i t a l e u r d f e n s e a v e c l a p l u s vive ardeur. D s l e s p r e m i r e s l i g n e s d e c e s c r i t s , la g r a v i t de l a p e n s e , la n o b l e s s e d u l a n g a g e , le c a l m e d e s j u g e m e n t s , l v e n t le l e c t e u r a u n i v e a u d e s q u e s t i o n s q u i v o n t tre a g i l e s . D ' o v i e n t l ' h o m m e ? O v a - l - i l ? Q u e l s s o n t s e s r a p p o r t s a v e c le l g i s l a t e u r d u m o n d e ? L e m a l h e u r si f r q u e n t d e s b o n s ; le b o n h e u r si c h o q u a n t d e s m c h a n t s , e s t - c e l u n t a t d f i n i t i f ? P o u r q u o i l ' h o m m e , a t t e i n t p a r la d o u l e u r , c h e r c h o - t - i l u n s e c o u r s , u n a p p u i au-del et a u - d e s s u s de l u i - m m e , par l'invoc a t i o n e t p a r la p r i r e ?

PILOGUE.

Ces d o u t e s o n t t o u j o u r s t r o u b l l ' m e h u m a i n e , et d s l ' o r i g i n e clo la c i v i l i s a t i o n s e p o s e la q u e s t i o n de la n a t u r e d e l ' h o m m e e t d e s a d e s t i n e , d e s e s d e v o i r s et d e s e s r e s p o n s a b i l i t s . P o u r y r p o n d r e , l ' a n t i q u i t avait t r o u v q u a t r e s y s t m e s : le s e n s u a l i s m e , q u i fait v e n i r t o u t e c o n n a i s s a n c e d e s s e n s ; l ' i d a l i s m e , q u i e n fait u v r e p u r o d o l ' e n t e n d e m e n t ; le s c e p t i c i s m e , q u i n'affirme r i e n , m m e d a n s le m o n d e s e n s i b l e ; le m y s t i c i s m e , q u i t r a n s p o r t e l e s c r o y a n c e s a u d e l . M. G u i z o t r a m n e avec M. C o u s i n la science philosophique du t e m p s p r s e n t , celle de tous les t e m p s , h ces quatre s y s t m e s si p r o m p l e m e n t i n v e n t s , et d o n t l ' h o m m e n ' a j a m a i s p u s o r t i r , d e m e u r a n t t o u j o u r s en face d ' u n i n s o l u b l e p r o b l m e . Il r e c o n n a t a u c o n t r a i r e q u e l e s t h o ries des sciences n a t u r e l l e s , d'abord incertaines, se p e r f e c t i o n n e n t a v e c l e s s i c l e s ; m a i s il c o n s t a t e a v e c l e s p l u s g r a n d s e s p r i t s , q u e , si elles p o r t e n t l e u r r e g a r d p l u s h a u t , p l u s l o i n , p l u s p r o f o n d m e n t , ce n ' e s t p a s s a n s s e heurter, leur tour, d'invincibles obstacles. P o u r q u o i la s c i e n c e d e l ' h o m m e , c o m p l t e d s les p r e m i e r s g e s , a - t - e l l e t o u c h le b u t d ' u n s e u l j e t ? P o u r q u o i la s c i e n c e cle la n a t u r e , s ' l c v a n l u n e c o n ception d e p l u s e n p l u s a b s t r a i t e des faits, voit-elle l'objet qu'elle p o u r s u i t s'loigner s a n s cesse ? C'est q u e l'homme, s'cludiant lui-mme, a bientt reconnu q u ' a u d e l d e s o r g a n e s il y a u n e v o l o n t ; a u - d e l d e s s e n s , u n esprit ; a u - d e s s u s de l'argile dont son corps est ptri, u n e m e d o n t il i g n o r e la n a t u r e , l ' o r i g i n e e t la d e s t i n e . Q u a n d le m a t r i a l i s m e d c l a r e q u ' i l n ' y a r i e n d a n s l ' i n t e l l i g e n c e q u i n ' a i t t d ' a b o r d d a n s la s e n s a t i o n , JLcibnilz p e u t lui r p o n d r e : Si ce n ' e s t l'intelligence e l l e - m m e , s o u r c e u n i q u e d e la p u i s s a n c e . D s q u e l ' h o m m e p e n s e , le s e n t i m e n t d e l'infini l u i e s t r v l , e t , l'infini se m o n t r a n t i n a c c e s s i b l e , s a p e n s e s ' a r r t e a u b o r d d u gouffre d e l ' i n c o n n u . E n face cle l a n a t u r e , o b s e r v a n t l e s faits e t r e m o n t a n t v e r s l e u r c a u s e p r e m i r e e t s o u v e r a i n e , il a v a i t besoin au contraire de ce travail, d o n t l'origine r e m o n t e q u a r a n t e s i c l e s c l s o p e r d clans la n u i t d e s t e m p s ,

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

p o u r r e c o n n a t r e q u e c ' e s t e n c o r e l'infini q u i la d r o b e s e s y e u x ; m a i s p l u s il a v a n c e , m i e u x c e t t e v r i t s u p rieure se dgage. Ces conclusions, dveloppes par M . Guizot avec l ' a u t o r i t q u i lui a p p a r t i e n t , . s ' a d r e s s e n t l a p h i l o s o p h i e du sensualisme ; elles n e s o n t p a s contredites par les ludes du temps prsent. De grandes dcouvertes ont enrichi les sciences ; on a dit m m e qu'elles touchaient enfin a u x l i m i t e s q u i o n t s p a r j u s q u ' i c i la m a t i r e et l ' e s p r i t . I l n ' e n e s t r i e n . L ' a s t r o n o m i e , il e s t v r a i , n e r e p r s e n t e p l u s le firmament c o m m e u n e v o t e s o l i d e s u r l a q u e l l e s e r a i e n t fixes l e s t o i l e s , s e s i n s t r u m e n t s e t s e s c a l c u l s p l o n g e n t d a n s le v a s t e u n i v e r s ; l a m c a n i q u e ouvre, travers les i s t h m e s et les m o n t a g n e s , des c h e m i n s au c o m m e r c e des n a t i o n s ; la p h y s i q u e t r a n s p o r t e la p e n s e s u r l e s a i l e s d e l ' l e c t r i c i t , d ' u n h m i s p h r e l ' a u t r e , a v e c la v i t e s s e d e l ' c l a i r ; l a c h i m i e pntre par son analyse jusqu'aux profondeurs extrmes d e s c i e u x , et r e p r o d u i t p a r s e s s y n t h s e s l e s p a r f u m s les p l u s s u a v e s , ou les n u a n c e s les p l u s dlicates des f l e u r s q u i o r n e n t l a t e r r e 1 C e p e n d a n t l ' e s p a c e , le t e m p s , l e m o u v e m e n t , l a f o r c e , l a m a t i r e , l a c r a t i o n d e la m a t i r e b r u t e et l e n a n t d e m e u r e n t a u t a n t d e n o t i o n s primordiales dont la conception n o u s c h a p p e . L a physiologie, de s o n c t , n o u s m o n t r e les p l a n t e s p r p a r a n t s o u s l'influence d u soleil les a l i m e n t s des a n i m a u x ; la d e s t r u c t i o n d e s a n i m a u x r e s t i t u a n t a u x p l a n t e s les principes d o n t elles se n o u r r i s s e n t ; la matire m i n r a l e f o r m a n t la t r a m e d e s m a t i r e s o r g a n i q u e s s o u s l ' i n fluence d e la v i e I M a i s e l l e n e s a i t r i e n d e l a n a t u r e et d e l'origine de cette vie q u i se t r a n s m e t m y s t r i e u s e m e n t d e gnration en g n r a t i o n , d e p u i s s o n a p p a r i t i o n s u r l a t e r r e ! d ' o v i e n t la v i e , la s c i e n c e l ' i g n o r e ; o v a la v i e , la s c i e n c e n e l e sait p a s , et q u a n d o n affirme le c o n traire en son n o m , on lui p r l e u n l a n g a g e q u ' e l l e a i e devoir de dsavouer.

PILOGUE

1635

M. G u i z o t a d f e n d u le c h r i s t i a n i s m e c o n t r e u n s c e p t i c i s m e s p i r i t u e l e t f r o n d e u r ; il a l a i s s d ' a u t r e s p a r m i vous-, q u i n e failliront p a s la l c h e , le s o i n d e d f e n d r e l a p e r s o n n a l i t d e l ' m e h u m a i n e c o n t r e le flot g r o s s i s s a n t d e la p h i l o s o p h i e d e la n a t u r e . L e m a t r i a l i s m e d ' E m p d o d e , r e v t u d e la p o s i e b r i l l a n t e d e L u c r c e , s'tait clips ds l'apparition de la m o r a l e c h r t i e n n e ; il r e p a r a t a p r s d e u x m i l l e a n s , r a j e u n i p a r u n e i n t e r p r t a t i o n c o n t e s t a b l e d e s d c o u v e r t e s d e la s c i e n c e m o d e r n e . D e m m e q u e le c o r p s d e l ' h o m m e se fait p a r d o s t r a n s f o r m a t i o n s d e l a m a t i r e , o n v e u t q u e la v i e n a i s s e et q u e la c o n s c i e n c e se p r o d u i s e p a r d e s i m p l e s t r a n s f o r m a t i o n s d e la f o r c e . D e m m e q u ' a p r s la m o r t , l e c o r p s d e l ' h o m m e r e t o u r n e la t e r r e d ' o il e s t s o r t i , o n v e u t q u e la v i e e t l a c o n s c i e n c e a i l l e n t , e n m m e t e m p s , s e p e r d r e et s e c o n f o n d r e d a n s l ' o u b l i d u vaste frmissement des m o u v e m e n t s secrets qui agitent l'univers. Natre sans droits, vivre sans but, mourir sans e s p r a n c e s , t e l l e s e r a i t n o t r e d e s t i n e , suffisante p e u t t r e la s a t i s f a c t i o n d e c e s r a r e s e s p r i t s q u i t r a v e r s e n t le m o n d e s o u t e n u s p a r l a c u r i o s i t o u p a r la s a t i s f a c t i o n d e la difficult v a i n c u e , p a r l ' o r g u e i l p e u t - t r e , m a i s dont l ' e n s e m b l e des h o m m e s n e se contenterait p l u s . t r a v e r s les s u c c s et les m c o m p t e s , les victoires et l e s d f a i t e s , e n p r s e n c e d e g r a n d e s v e r t u s et d e t r i s t e s dfaillances, l ' E u r o p e c h r t i e n n e , p o u r s u i v a n t s o n b u t d e p u i s seize c e n t s a n s , a fait p r v a l o i r ce q u ' o n n ' a v a i t c o n n u d a n s a u c u n p a y s , chez a u c u n p e u p l e , d a n s a u c u n t e m p s , le d r o i t d e t o u s l e s h o m m e s la j u s t i c e , l l a s y m p a t h i e , la libert. M . Guizot veut q u ' o n s'en s o u v i e n n e . S o u s l a n o u v e l l e loi m o r a l e , n e l ' o u b l i o n s p a s e n effet, l e d r o i t n ' a p l u s a b d i q u d e v a n t la f o r c e , la j u s t i c e s ' e s t t e n d u e s u r t o u t e s l o s n a t i o n a l i t s , la s y m pathie n ' a p l u s t e n u c o m p t e de la couleur d e s j h o m m e s , la l i b e r t a r e l e v l e s c a s t e s e t l e s r a c e s d c h u e s ; le p l u s h u m b l e s ' e s t v u p r o t g p a r s o n o r i g i n e d i v i n e , et l e plus g r a n d s'est senti responsable devant l'ternit. La
1

1636

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

r e l i g i o n , la m o r a l e , la c i v i l i s a t i o n d e l ' E u r o p e r e p o s e n t s u r c e t t e b a s e f e r m e du d r o i t d e t o u s les h o m m e s la j u s t i c e , l a s y m p a t h i e , la l i b e r t , u v r e d u c h r i s t i a n i s m e ; c e u x qui p o s s d e n t ces g r a n d s b i e n s les conserv e r o n t , c e u x q u i e n s o n t e n c o r e p r i v s en s e r o n t d o t e s a l e u r t o u r p a r le v r a i p r o g r s d e la p o l i t i q u e ; en m m e t e m p s , la fivre p a s s a g r e de la p e n s e s c i e n t i f i q u e en travail d ' e n f a n t e m e n t , qui m e n a c e ces fortes d o c t r i n e s e t q u i n ' a r i e n p o u r e n t e n i r l i e u , s ' a p a i s e r a c o m m e elle s'est apaise en des t e m p s loigns. quadruple tmoignage de Kepler, d e N e w t o n , d e G u i z o t e t d e M- D u m a s , j e s u i s h e u r e u x d e p o u v o i r ajouter celui d u p l u s s a v a n t et d u p l u s infatig a b l e m u l e e t c o n t i n u a t e u r d e f a u t e u r i m m o r t e l d e l'Astronomia novael d e Y Harmonique des mondes; q u e l q u e s j o u r s a p r s le d i s c o u r s d e M . D u m a s , le 5 j u i n , M . L e Verrier, prsentant l'Acadmie des s c i e n c e s l e s d e r n i e r s f a s c i c u l e s d e s e s Recherches astronomiques, comprenant la t h o r i e e t l e s t a b l e s d u S o l e i l , d e M e r c u r e , d e V n u s , d e M a r s , d e 3 u p i t e r , d c S a t u r n e et d e N e p t u n e , s ' e x p r i m a i t ainsi : D u r a n t cette longue e n t r e p r i s e , poursuivie p e n danttrente-cinq annes, nous avons eu besoin d'tre sout e n u p a r le s p e c t a c l e d ' u n e d e s p l u s g r a n d e s u v r e s d e l a c r a t i o n , e t p a r la p e n s e q u ' e l l e s a f f e r m i s s a i e n t e n n o u s l e s v r i t s i m p r i s s a b l e s d e la p h i l o s o p h i e s p i r i t u a l i s l e . C'est d o n c avec m o t i o n q u e n o u s a v o n s e n t e n d u , d a n s la d e r n i r e s a n c e d e l ' A c a d m i e f r a n a i s e , n o i r e i l l u s t r e s e c r t a i r e p e r p t u e l affirmer l e s g r a n d s p r i n c i p e s q u i s o n t la s o u r c e m m e d e la s c i e n c e l a p l u s p u r e . C e t t e h a u t e m a n i f e s t a t i o n r e s t e r a u n h o n n e u r et u n e f o r c e p o u r l a science franaise. J e m ' e s t i m e h e u r e u x q u e l'occasion se s o i t p r s e n t e d e la r e l e v e r au s e i n d e n o t r e A c a d m i e e t cle l u i d o n n e r u n e c o r d i a l e a d h s i o n ,
M .

Le Verrier.

A u

Splendeur ! Splendeur !
FIN DU TOME TROISIME.

APPENDICES AU TOME III.

Appendice A .

par M. l'abb G A I S E , cure de Gormontreuil, auteur de la Bible mns la Bible. (Accord de la Bible et de la Gologie. ln-8, P a r i s , Vaton, 1876. Pages 321 et suivantes.) Je vais me permettre une grande hardiesse, mais qu'on veuille bien remarquer que je donne ces ides comme une hypothse explicative des phnomnes quaternaires. Elle s'appuie, d'une part, sur tous les faits admis, et l o j'admets des conjectures, elles ne sont contraires aucune des choses prouves avec vidence. Je suis pas pas le rcit de Mose, et ce rcciL devient pour moi le fil d'Ariane. Je prends simplement les paroles de Mose, en leur donnant le sens le plus large qu'elles peuvent avoir, mais eu ne sacrifiant rien de ce qui est irrductible dans le texte sacr. Nous avons le droit d'interprtation selon les rgles admises par l'glise, mais non le droit de mettre notre pense la place de la pense du Saint-Esprit. Nous concdons que le dluge n'a t universel que pour les pays habits par les hommes ; car les hommes, seuls coupables, taient directement le but du chtiment divin. Nous admettons que, sur les points du globe o les hommes n'existaient pas, le dluge devenait inutile ou non ncessaire clans le plan providentiel. M. Lambert a parfaitement justifi la restriction donne au m o t : toute la terre; c'tait la terre connue des hommes. C'est une universalit suffisante. Mais nous devons prendre la lettre les expressions qui ne sont susceptibles d'aucune restriction.
UNE HYPOTHSE SUR LE DLUGE,

i*

LES SPLENDEURS DE LA F0J.

Ainsi il a plu pendant quarante jours ; ainsi les sources du grand abme, qui ne peut tre que l'Ocan, ont t r o m pues, c'est--dire trs-clairement que les rivages des mers ont t largement reculs. Les cataractes du ciel ont t ouvertes, c'est--dire que tous tes lments aqueux en suspension dans les couches ariennes se sonl agglomrs et sont tombs en pluie pour ajouter encore l'lvation des eaux du dluge. Il faut admettre que les montagnes places dans les pavages habits par* les hommes ont t couvertes d'eau ; autrement les coupables auraient pu chapper la condamnation motive p a r l e u r s crimes, et Dieu et t imprvoyant. Il faut admettre que les eaux de la mer, des fleuves, et celles qui descendaient cle l'atmosphre, qui se rpandirent sur les continents, allrent en augmentant pendant quarante jours, qu'elles restrent leur niveau le plus lev pendant cent dix jours, et que ce fut le cent cinquantime jour depuis celui o la pluie commena tomber que les eaux commencrent diminuer : et depuis le moment o les eaux commencrent diminuer jusqu' la fin du dluge, on compte une anne entire. No ne sortit de l'arche que dix jours aprs l'anne rvolue. Le dluge avait commenc au 8 dcembre de Tan 600 de la vie de No, et il sortit de l'arche le 13 dcembre de l'anne suivante. Le texte sacr dit que le 10 du mois de mai l'arche s'arrta sur les monts d'Armnie, qu'au mois d'octobre les eaux s'taient retires, et que la terre ne fut entirement sche qu'au mois de dcembre, vers les jours anniversaires du commencement du dluge. Voil des dates, des mesures fixes exprimes en style clair, en termes connus de tous, dont l'interprtation n'est pas susceptible d'un sens dtourn. C'est ce rcit que nous allons adapter tous les faits les plus varis fournis par la majorit des gologues, et nous verrons qu'ils s'y conforment plus qu'il ne parat au premier coup d'ih Plus on rapproche les faits gologiques de ces paroles, plus ils trouvent leur place naturelle : 1 Pour le temps do la formation de tous les terrains quaternaires, depuis les formations erratiques jusqu' la formation du loes et ses variantes, nous avons un an, et tout h l'heure nous comprendrons que cela suffit. a 2 Le commencement du cataclysme dbute par la r u p ture des barrires du grand abime, c'esl--dire par l'irruption

APPENDICE A

de. l'Ocan sur les continents. C'est pendant cette premire poque que des courants venus du nord ont transport des glaces du ple arctique, ont renvers les rochers et les ont entrans plusieurs centaines de lieues vers le s u d , en franchissant des fonds de mers et des plateaux assez levs. C'est pendant cotte priode que la mme cause violente a recouvert de cailloux rouls, de blocs erratiques portes sur des glaons, de sables, de terres meubles, non-seulement
l'Europe du Nord j u s q u ' a u sud clc l'Allemagne, niais encore

l'Amrique, sur des superficies normes. Nous avons vu le morne phnomne se produire par des courants venus du ple antarctique et de l'ocan Pacifique, sur les ctes d e la Patagonie. Nous en avons l'assurance par plusieurs auteurs. Du reste, nous n'avons nul besoin que les eaux et les glaces soient venues de tous les cts, il nous suffit qu'elles se soient runies en assez grande quantit pour couvrir les montagnes de l'ouest de l'Asie, et probablement de l'Europe mridionale, c'est--dire des pays que nous devons prsumer avoir t habits par les races humaines. Si on a trouv un ou deux exemples de dbris de l'homme p a r m i les fossiles cle
l ' A m r i q u e , il est n a n m o i n s permis de conjecturer que cotte

partie du monde n'tait p a s habite avant le dluge, et les quelques dbris qu'on y a dcouverts peuvent y avoir t conduits par le retour des eaux. Toutes les victimes n'ont pas t ensevelies sur place sous les graviers, ceux qui se sont cramponns des dbris d'arbres, des pices de bois pour chercher une planche de salut, ont pu cire charris sur le littoral des quatre parties du monde. Voil le premier acte de la grande et terrible scne du dluge de No. Il n'y a rien d'absurde, puisqu'il y a quelques annes encore le plus grand nombre des gologues ne pensaient pas
pouvoir expliquer la rvolution q u a t e r n a i r e sans l'irruption de l'Ocan, et que les p r e u v e s c o n t r a i r e s sont loin d ' t r e

dcisives. 3 Le deuxime acte de la scne a cle le moment de repos cl do tranquillit qui a dur trois mois cl demi, ou cent dix jours. a Que s\3sl-il pass pendant ces jours lugubres et mortellement silencieux, o notre plante rappelle le spectacle des premiers jours gnsiaques, lorsque la mer tait uniforme? Mais en ce moment elle n'tait plus bouleverse par des mil*

4*

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Iici's d'normes volcans. Que s'est-il donc pass ? Ce sont les couches quaternaires qui vont nous rpondre. C'est pendant ce repos relatif que se sont formes les couches du diluvium proprement dit, depuis les dpts de graviers, de lehm, cl tout ce qui les surmonte ; et cela s'est opr avec une prcision mathmatique. Le terrain, qu'on a divis assez heureusement en diluvium gris ou lehm, et diluvium rouge, est prcisment dispos comme il a d l'tre. Qui pourra dire quelle quantit de limon, de sable fin, de matires diverses taient tenues en suspension dans cet ocan dplac qui venait de ravager les continents, de creuser les valles, de dplacer les terres meubles? Le calme tant venu, les matriaux se sont prcipits au fond de cette mer diluvienne, en raison directe de la grosseur et du poids relatif de leur volume. Et voil pourquoi le diluvium gris, tant compos des volumes les plus considrables et les plus pesants, a occup le fond ; ensuite sont venus le lehm et ses congnres, si je puis parler ainsi, qui sont une accumulation de matires trs-tnues qui, tant en suspension dans les eaux, se sont tour tour dposes dans les valles, sur les coteaux, avec la vitesse relative leur poids spcifique. 4 Htons-nous d'arriver au troisime et dernier acte de l'pouvantable et si instructive catastrophe. Nous sommes au mois d'avril de la six cent unime anne de la vie de No. Les eaux commencent diminuer cl s'en vont reprendre leur place primitive. Les gologues comprendront aisment que les eaux qui descendent, au lieu de monter, feront encore bien des modifications la surface des continents qu'elles vont abandonner, mais beaucoup moins cependant que lorsqu'elles luttaient contre les obstacles pour monter et franchir les ctes et les plateaux quelquefois fort levs. Alors il est arriv ce que nous voyons sous nos yeux, et ce qui achvera de nous convaincre et nous fournira des lumires suffisantes pour montrer l'admirable harmonie entre la Gologie et le rcit de Mose: Allons par la pense au fond de ces eaux plus ou moins profondes, selon les lieux o Dieu irrit en avait besoin. Elles marchent pour regagner les ocans. Elles vont faire une course rtrograde sur les dpts qui sont le produit du premier et du second acte; elles vont y causer bien des drauQ

APPENDICE A.

5*

gemcnts, des dplacements. Ces eaux courantes trouvaient des dbris de toutes natures qu'elles bouleversaient en commenant par les plus superficiels et les plus levs sur les plateaux. Tous ces dbris, venant d'tre remus il y a quelques mois, taient trs-meubles, et par consquent faciles r e p r e n d r e ; ils furent entrans dans les valles du haut des plateaux ; il n'en resta que quelques lambeaux a et l sur les hauteurs. Les terrains quaternaires, qui sont maintenant bien et d m e n t appels diluviens, par leur vrai nom, s'accumulrent principalement d a n s les valles avec une g r a n d e puissance, mais puissance bien variable cependant, selon le caprice des courants. Mais-une fois qne les eaux se furent abaisses de manire laisser visibles et mergs les moyens plateaux, les courants, derniers restes du dluge, eurent leur direction marque vers les bassins des mers les plus proches, cl. donnrent nos valles leurs physionomies actuelles. La couche de lehm ne devait pas tre paisse s u r les plateaux et les montagnes; et d'aprs notre interprtation, les montagnes de l'Amrique, de l'Afrique, de l'Ocanic, de tous les pays enfin o l'homme n'existait pas, ne furent immerges q u ' une h a u t e u r relative. Or la couche de lehm devait tre d'autant plus paisse, que les terrains taient plus bas et proportionns au volume d'eau contenant les dtritus. Nous comprenons d'une part comment il a pu y avoir une si grande quantit de lehm et de terrains meubles dans l'Inde et relativement si peu de blocs erratiques. Nous comprenons comment au retour des eaux, le flanc des montagnes a t dpouill de cette formation, et comment la grande partie a t entrane dans les bas-fonds. Mais, dans ce double mouvement gnral des eaux montantes et descendantes, les gros blocs et les plus gros graviers ont d. s'amonceler dans le fond des valles, et c'est ce q u e nous dit lu Gologie avec une clart c o n v a i n cante. Voil, par ce seul expos, tous les faits gologiques du temps quaternaire expliqus; il a suffi de les rapprocher tout simplement du rcit sacr, et chaque p o t de la Bible est devenu une lumire pour le classement et Tordre des sdiments. Le dsordre si frquent dans les couches, les anomalies, les diffrences de couleur, ont trouv leur raison d'tre et deviennent mme une confirmation. Le moment do repos, peu apprciable, que M. d'Orbigny, M.Lambert cl beaucoup

6*

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

d'autres ont constat, Se trouve plac juste o il le fallait pour correspondre la pense de Mose. Les blocs erratiques du nord n'ont pu arriver si loin et d'un volume si prodigieux sans glaons flottants, et nous voyons que les quantits d'eau ont t telles, les courants si profonds, que tout s'explique avec facilite. Le dluge mosaque de M. Gainet est trs-diffrent du mien et se rapproche beaucoup plus du dluge de M. l'abb Lambert, que j'ai combattu sur plusieurs points fondamentaux, niais il peut sourire a quelques esprits.

Rsume

de Vtude SUT le

dluge.

De l'tude prcdente il rsulte : 1 Que le dluge universel est dans le domaine de l'histoire du genre humain. Les preuves que nous en avons donnes sont beaucoup plus srieuses, multiplies et probantes qu'on n'avait pu le penser pour un vnement si loign. Les tradilions gnrales, rcriture archaque, ou l'histoire directe, l'archologie, tous les genres de monuments se donnent la main pour fournir la base d'une inbranlable conviction. 2 L'criture sainte, la Bible brille en outre de ces tmoignages, comme une colonne lumineuse qui domine tous les autres documents par son antiquit, la simplicit et la majest de son rciu 3 Si, aprs cela, la gologie n'avait eu que quelques indices, mme incertains, de ce dluge, si bien prouv d'ailleurs, cela suffirait pour mettre la science d'accord avec la foi ; mais il y a bien autre chose. Le terrain quaternaire, qui correspond indubitablement l'poque du dluge, offre une srie de bouleversements tellement considrables, vastes et profonds, qu'ils trouvent une application naturelle, et je dirai mme ncessaire. La gologie donne raison h l'histoire et en reoit de nouvelles lumires; et le temps est proche o tous les hommes de bonne foi seront runis dans un sentiment commun, except sur l'explication de certains cts secondaires de la question. Mme pour les gologues qui, avec M. l'abb Lambert, admettent plusieurs poques bien tranches dans le diluvium avec des intervalles de repos, on ne peut se refuser admetlre

APPENDICE

A.

7*

dans ce vaste spectacle de dislocation et d'entranement par les eaux, une place spciale pour le dluge de No. 4 Quant la contemporanit de l'vnement gologique et de l'vnement biblique, elle est aussi constate que possible pour des choses de ce genre : 1 ici ot l, le cataclysme arrive peu aprs l'arrive de l'homme sur la terre ; 2 dans les terrains, il y a des espces d'animaux teints qu'on ne voit plus aprs le dluge, comme dans la Bible : il n'y a que les espces conserves par No qui se sauvent; 3 ici et l, c'est l'eau qui est l'agent de la destruction. 5 Par les couches quaternaires, comme par l'affirmation du texte sacr, depuis cette norme rvolution, il n'y en a pas eu u n e autre du mme genre qui ait atteint tout le globe. Uniquement par ces considrations, la raison reste satisfaite. Nous sommes all plus loin c e p e n d a n t , ^ nous avons essay un rapprochement plus dtaill et plus prcis des faits de la gologie, et il semble qu'il en est rsult un accord, encore plus intime entre la science et la Bible. Quoi qu'il en soit de cette hypothse, mme dans l'interprtation des gologues, qui ne reconnaissent que la dbcle d'normes glaces pour expliquer les commotions de l'ge quaternaire, ils admettent une grande rvolution o les eaux ont t l'agent principal.

Appendice B

LE FOIS

PROCS PAR

ORIGINAL

DE

GALILE,

PUBLI

POUR

LA

PREMIRE

R o m e , Colta, 1 8 7 6 . M . Berti a publi certainement ces documents dans une intention hostile, TI a voulu raviver les accusations envenimes que Ton rpte encore chaque jour depuis plus de doux sicles, et, dans ce but, il les a fait prcder (rune introduction historique, dans la forme seulement, mais au fond trs-dclamaloire et trspassionne. PROCS DE G A U L E . Lettre de Galile au pre Benot Caselli. Florence, 2 1 dcembre 1 6 1 3 . Je suis all hier trouver le sieur Nicolas rrighctti, qui m'a donn de votre paternit des nouvelles auxquelles j'ai pris un plaisir infini Certaines particularits que le sieur Arrighelti m'a rapportes, comme ayant t dites par vous, m'ont fourni l'occasion d'en venir h considrer quelques points relatifs h la porte de l'criture sainte clans les discussions des choses naturelles, et, en particulier, h faire quelques autres remarques sur le passage de Josu, mis en opposition avec la mobilit de la terre et la stabilit du soleil par la g r a n d e duchesse mre, avec quelques rpliques de la Serenissime archiduchesse. (f Quant la premire demande gnrale de madame la Serenissime duchesse, il me semble qu'il a t prudemment avanc par elle, accord et tabli par votre reverendissime paternit, que la sainte criture ne peut jamais ni mentir, ni errer, mais que ses affirmations sont d'une vrit absolue et inviolable. J'aurais seulement ajout que, bien que la sainte Ecriture ne puisse pas errer, cependant quelques-uns de ses interprtes ou de ses commentateurs pourraient se tromper de diverses manires, dont Tune serait trs-grave et trs-frquente, lorsqu'ils veulent toujours s'en tenir h la pure signification des mots, parce que, ainsi, on verrait non-seulement surgir diverses contradictions, mais des hrsies graves et des
DOMINIQUE

BERTI.

APPENDICE B.

9*

blasphmes ; puisqu'il serait ncessaire de donner Dieu des mains, des pieds, des oreilles et d'autres affections non moins corporelles et humaines, comme la colre, le repentir, la haine, et mme quelquefois l'oubli des choses passes ou l'ignorance des choses venir. D'o, comme dans la sainte criture se trouvent beaucoup de propositions dont quelquesunes, quant au sens n u des paroles, ont u n aspect diffrent du vrai, mais sont mises sous cette forme pour s'accommoder l'incapacit du vulgaire, ainsi, pour quelques-uns de ceux qui mritent d'tre spars du peuple, il est ncessaire que les sages interprtes produisent le vrai sens, et insistent sur la raison pour laquelle ces propositions ont t ainsi exprimes. tant donc tabli que la sainte criture, en divers lieux, nonseulement peut, mais doit, dans les temps nouveaux, recevoir une interprtation diffrente de la signification apparente des mots, Unie sembla que dans les disputes mathmatiques elle devrait tre rserve en dernier lieu, parce que, procdant toutes deux du Verbe divin, l'Ecriture sainte et la nature, celleci comme dicte par l'Esprit-Saint, celle-l comme excutrice des ordres de Dieu ; et parce qu'il est en outre convenu que l'criture s'accorde l'intelligence de la gnralit des hommes sur plusieurs points en apparence contraires ce que les mois signifient, tandis q u ' a u contraire la nature est inexorable et immuable, sans qu'on ait s'inquiter que ses raisons caches et sa manire d'oprer soient ou non la porte de la capacit moyenne des hommes, par cela mme qu'elle ne dpasse jamais les limites des lois qui lui ont t imposes, il me semble qu'en tant qu'il s'agit des effets naturels, mis la porte des yeux par une exprience sense, ou qui se concluent d'une dmonstration rigoureuse, ils n'ont, en aucun sens, tre rvoqus en doute par des passages de l'criture sainte, dont mille textes prtent diverses chicanes, et qu'en outre toutes les paroles de l'criture ne sont pas assujetties des obligations aussi svres que chacun des faits d e l nature. Au contraire, si au seul point de vue de s'accommoder la capacit des hommes grossiers cl indisciplins, l'Ecriture no s'est pas abstenue d'attribuer Dieu lui-mme des conditions trs-loignes de lui et contraires son essence, qui pourrait nier que, mme en ne tenant pas compte du point de vue dont il vient d'tre question, si lorsqu'elle parle tout incidemment de la terre, du soleil, ou de

10*

LES SPLENDEUnS DE U FOI

toute autre crature, elle ait choisi de s'en tenir en toute rigueur la signification expresse des mots ; surtout en p a r lant de cratures si lointaines de celles qui sont l'objet p r i n cipal des saintes lettres, et plus encore des choses telles que, dites et prsentes sous forme de vrits, elles auraient pu nuire k leur mission premire, en rendant le vulgaire plus rebelle la persuasion des vrits ncessaires son salut. Cela tant, et puisqu'il est de plus manifeste que deux vrits ne peuvent jamais se contredire Tune l'autre, il est du devoir des commentateurs sages de se fatiguer trouver le vrai sens dans lequel les textes de l'criture s'accordent avec celles des conclusions naturelles dont la signification d'abord est manifeste, et que, en outre, les dmonstrations ncessaires ont rendues certaines et sres. Au contraire, puisque, d'une part, l'criture, ainsi que je l'ai dit, bien que dicte par l'Esprit-Saint, admet pour les raisons nonces ci-dessus, dans beaucoup de passages, des interprtations trs-loignes du sens naturel; puisque, d'autre part, nous ne pouvons pas affirmer que tons ses interprtes sont inspirs de D i e u , je crois qu'on agirait trs-prudemment, de fait, si on ne permettait personne d'employer les textes de l'Ecriture > et qu'on obliget chacun dans une certaine manire devoir'soutenir comme vraies certaines conclusions naturelles dont le bon sens et les raisons dmonstratives et ncessaires ont une fois mis en vidence la vrit, bien qu'elles fussent contraires au sens apparent du texte sacr. Qui voudrait jamais poser des bornes au gnie humain? Qui oserait affirmer qu'on sait dj tout ce qu'on peut savoir du m o n d e ? C'est pourquoi, en outre des textes qui concernent le salut et l'tablissement de la foi, contre la fermet desquels il n'y a aucun danger qu'il puise surgir jamais aucune doctrine vraie et efficace, il serait peut-tre de trs-bon conseil qu'on n'en invoqut pas d'autres sans ncessit. S'il en est ainsi, combien plus grand serait le dsordre si Ton invoquait ces textes la requte de personnes, lesquelles, quoique trs-spiriluellcmcnt, se disent inspires de Dieu, nous voyons clairement tre entirement dnues de l'intelligence qui serait ncessaire, je ne dirai pas pour rfuter, mais pour comprendre les dmonstrations par lesquelles procdent des sciences trs-subtiles pour confirmer quelques-unes de leurs propositions. J e croirais, moi, que l'autorit des saintes lettres a pour but

APPENDICE

R.

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de persuader aux hommes ces articles et ces propositions qui sont ncessaires pour leur salut, cl qui, surpassant tout discours humain, elles ne pouvaient se faire croyables h une autre science, ni par un autre moyen que par la bouche de ce mme Esprit-Saint. Mais que le mme Dieu qui nous a donn des sens, la parole et l'intelligence, ait voulu, laissant de ct l'usage de ces facults, nous donner par un autre moyen les connaissantes que nous ne pouvons acqurir par elles, je ne pense pas qu'il soit ncessaire do le croire, principalement dans celles de ces sciences dont on ne lit dans l'criture qu'une trs-petite partie, et dans des conclusions diffrentes, comme c'est prcisment le cas pour l'astronomie, dont l'criture dit si peu, qu'elle n'numre pas mme toutes les plantes. Et pourtant, si les premiers crivains sacrs avaient eu la pense de faire connatre au peuple les dispositions des mouvements des corps clestes, elles n'auraient pas si peu trait de l'astronomie que ce qu'elles en disent est comme un rien en comparaison des conclusions infinies, trs-hautes et trs-admirables qui sont contenues dans cette science. Que votre paternit voie donc combien, si je ne me trompe pas, procdent en dsordre ceux qui, dans les discussions naturelles et qui ne touchent pas directement la foi, de prime abord, et souvent dans une mauvaise intention, mettent en avant des textes de la sainte criture. Mais,si ces personnes croient rellement cire en possession du vritable sens de ce passage particulier de la sainte criture, et se tiennent par consquent pour assures d'avoir en main la vrit absolue sur la question qu'elles prtendent discuter, qu'elles nous disent ensuite franchement si elles estiment avoir plus d'avantage que n'en a, dans une discussion naturelle, celui qui a do son ct la vrit sur celui qui soutient le faux. Je sais qu'elles me rpondront que celui qui plaide la cause du vrai peut avoir mille expriences et mille dmonstrations ncessaires la dfense de sa cause, tandis que l'autre ne peut avoir pour lui que des sophismes, des paralogismes et des faussets. Mais si elles ne se tiennent pas dans les limites naturelles, et ne manient pas d'autres armes que les armes philosophiques, s'imaginent-elles qu'elles seront suprieures l'adversaire, parce que, dans l'ardeur de l'attaque, elles mettront subitement la main sur une arme invitable et ter-

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LES S P L E N D E U R S D E U

FOT.

rible, dont la seule vue terrasse le plus adroit et le plus expriment des champions? Mais, s'il m'est permis de dire la vrit, je crois qu'elles sont les premires pouvantes, et que, ne se sentant pas capables de rsister aux assauts de l'adversaire, elles essayent de trouver le moyen de ne pas se laisser approcher, mais parce que, comme je viens de le dire, celui qui a le vrai de son ct a sur son adversaire de l'avantage, un trs-grand a v a n t a g e , parce qu'il est impossible q u e d e u x vrits soient o p p o s e s ; cependant nous ne devons pas craindre les assauts, de quelque part qu'ils viennent, parce que nous avons toujours la ressource de parler et d'tre couts de personnes intelligentes et qui ne sont pas ulcres l'excs par des passions et des intrts prpondrants. En confirmation de ces vrits, j ' e n viens maintenant au passage particulier de Josu au sujet duquel votre paternit a fait Leurs Altesses Srnissimes trois dclarations; et je prends comme mienne la troisime qu'elle a produite, parce qu'elle l'est vritablement; mais j'y apporterai quelques autres considrations que je ne crois pas vous avoir dites autrefois. E t a n t d o n c admis m a i n t e n a n t , et accord l ' a d v e r s a i r e , que les paroles du texte sacr doivent tre prises dans le sens qu'elles expriment par elles-mmes, c'est--dire que Dieu, la prire de Josu, arrta le soleil et prolongea le jour, d'o rsulta pour lui la victoire; mais rclamant que cette mme dtermination soit aussi valable pour moi, que l'adversaire n'aura pas la prsomption d'enchaner, mais laissera libre quant la possibilit d'altrer ou de changer la signification des mots, je dirai que ce passage met manifestement en vidence la fausset, l'impossibilit du systme du monde d'ristote et de Ptolme, et, au contraire, s'accommode trs-bien du systme de Copernic. 1 . Je d e m a n d e l'adversaire s'il sait de combien de mouvements le soleil est anim ; s'il le sait, force est pour lui de rpondre que le soleil se meut de deux mouvements, c'est-dire le mouvement annuel du couchant au levant, et le mouvement diurne du levant au couchant; cela pos : 2. Je lui demande si ces deux mouvements, si diffrents et presque contraires l'un l'autre, appartiennent au soleil, et sont galement ses mouvements propres. Et il sera forc de rpondre non : mais qu'un seul est le mouvement vrai, propre

APPENDICE l

13"

el particulier du soleil, savoir l'annuel; et que l'autre est du premier mobile en vingt-quatre heures, en sens contraire de celui des plantes que le soleil emporte avec lui. 3. Je lui demanderai par quel mouvement se produisent le jour et la nuit. Il sera forc de rpondre : par celui du premier mobile, tandis que les. diverses saisons de l'anne elle-mme dpendent du soleil. Or, si le jour dpend non du mouvement du soleil, mais de celui du premier mobile, qui ne voit que, pour allonger le jour, il faudra arrter le premier mobile et non pas le Soleil. Au contraire, qui, aprs avoir compris ces premiers lments de l'astronomie, ne saurait pas que, si Dieu avait arrt le mouvement du soleil, au lieu d'allonger le jour, il l'aurait diminu ou rendu plus court, parce que le mouvement du soleil tant en sens contraire de la rotation diurne, plus le soleil avancera vers l'orient, plus on verra se retarder le mouvement de sa course vers l'occident; et, en diminuant ou en annulant le mouvement du soleil, on rendra plus court ou nul le temps qui le spare de son coucher : cet accident se voit certainement dans la lune, dont les rotations diurnes sont crantant plus eu retard sur celles du soleil que son mouvement propre est plus rapide que celui du soleil. Etant absolument impossible, dans la constitution du monde d'Arislotc et de Ptolmcc, d'allonger le jour en arrtant le soleil, comme l'criture affirme qu'il est arriv, il faut que les mouvements ne soient pas ordonns comme le veut Ptolmc ; et force est d'altrer le sens des paroles et de dire que, quand l'criture affirme que Dieu arrta le soleil, elle veut dire qu'il arrta le premier mobile, mais que, s'accoiumodaut la capacit de ceux qui sont aptes comprendre sans fatigue les levers et les couchers du soleil, elle dit le contraire de ce qu'elle aurait dit, si elle avait parl des savants. Ajoutez cela qu'il n'est pas croyable que Dieu ait arrt seulement le soleil, en laissant courir les autres sphres, parce que, sans ncessit aucune, il aurait altr et trouble l'ordre entier, les aspects et les dispositions des autres toiles relativement au soleil et trouble grandement le cours entier de la nature ; mais il est croyable qu'il arrta le systme entier des sphres clestes, lesquelles, aprs l'interposition d'un certain temps de repos, retournrent unanimement leur uvre, sans confusion ou altration aucune.

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LES SPLENDEURS DE LA. FOI

cr Mais puisque nous sommes dj convenus que Ton ne doit pas altrer le sens des paroles du texte, il est ncessaire de recourir h l'autre constitution des parties du monde, et de voir si, conformment celle-l, le sens nu des mots sera juste et sans empchement, comme vritablement on s'aperoit que cela est. Ayant donc dcouvert et dmontr invinciblement que le globe d u soleil tourne sur lui-mme et fait une rotation entire en u n mois l u n a i r e , Ix pou p r s dans le s e n s , p r c i s m e n t , dans lequel se fonL toutes les a u t r e s rotations clestes; tant de plus probable et raisonnable que le soleil, le plus grand instrument de la nature, le cur'du monde, donne non-seulement la lumire, comme il le fait clairement, mais aussi le mouvement toutes les plantes qui circulent autour de lui, conformment au systme de Copernic, nous admettons que la terre-se meut au moins du mouvement diurne. Qui ne voit que, pour arrter tout le systme sans altrer cependant les autres rvolutions mutuelles des plantes, en prolongeant seulement l'espace et le temps de Filliimination diurne, il suffit q u e le soleil soit arrt, comme l'expriment prcisment les paroles du texte sacr ? Voici donc la manire d'aprs laquelle, sans introduire aucune confusion des parties du monde, et sans altration des paroles de l'Ecriture, on peut, en arrtant le soleil, allonger le jour entier. J'ai plus crit que mes indispositions ne le comportaient; cependant, je finis en m'affirmant votre serviteur et vous baisant les mains, vous souhaitant en Notre Seigneur les bonnes ftes et toute flicit. Telle est la pice capitale et le point de dpart du procs de Galile. Elle prouve bien des choses qu'il importe d ' n u mrer : 1 Galile ta'it s i n c r e m e n t c h r t i e n ; il croyait l'inspiration divine des livres saints, l'impossibilit d'un dsaccord rel entre la rvlation cl la science, h la ralit du miracle de Josu. Il dsavouait ainsi, cl il condamnait l'avance, tous ceux qui s'obstinent a faire-de son nom et de son procs une arme toujours acre contre l'Eglise. 2 Galile n'a pas discut seulement les questions astronomiques en gnrai, et le systme de Copernic en particulier, au point de vue purement scientifique ; il s'est plac tout d'abord, ou du moins conscutivement, sur le terrain de

APPENDICE lt

l'criture et de la thologie. Il affirme que, prises dans leur sens naturel ou propre, des affirmations de la sainte criture pouvaient tre et taient rellement fausses, et que, sans cela, elles constitueraient des blasphmes ou des hrsies. Il en a conclu qu'il fallait les interprter dans le sens secondaire ou indirect, qui les rend conformes h la vrit scientifique. Galile mme a t beaucoup trop loin ; il a appliqu cette qualification de fausse dans son sons propre la parole de Josu : S O L E I L , A R R T E - T O I ! Or celte parole, en tant qu'ordre h donner h l'un des corps clestes dans le but de prolonger la dure du jour, est vraie et ncessaire, mme dans le systme de Copernic, ou dans la thorie qui fait tourner la terre autour du soleil d'un double mouvement diurne et annuel, parce que c'est u n e loi de notre tre que nous rapportions les mouvements du systme dont nous faisons partie aux corps de ce systme situs au-dehors de nous. Plus clairvoyant, moins prvenu, et plus exact que Galile, Franois rago a dit (Astronomie populaire, tome III, p . 23) : Josu, prtendait-on dans les temps d'ignorance ( s i c ! ) , n'aurait pas command au soleil de s'arrter, si cet astre n'avait pas march ! En raisonnant de la mme manire, on pourrait affirmer que les astronomes d'aujourd'hui ne croient pas au mouvement de la t e r r e , puisqu'ils disent gnralement, tous et sans exception : le soleil se lve, le soleil passe au mridien, le soleil se couche. Si, ajoute Franois Arago, Josu s'tait cri ; Terre, arrte-toi ! non-seulement aucun des soldats de son arme n'aurait compris ce qu'il voulait dire, mais il aurait parl une langue impossible, antiscientilique. * Le > moi Solstice, station du soleil, qui fait partie de toutes les langues modernes, est une protestation loquente et incessante contre la prtendue erreur ou ignorance de Josu. Galile avait donc tort, dans ce cas particulier du moins, le seul en question dans son procs, de prtendre excuser la sainte criture, en affirmant qu'elle s'accommodait la capacit des ignorants, et il eut plus tort encore de tant alambiquer pour montrer dans quel sens elle aurait pu dire au soleil : Arrte-toi, si. elle avait voulu se mettre la porte clos savants. En tout cas, il a fait imprudemment et sans ncessit de l'exgse biblique et de la thologie. Il a dogmatis pour enseigner .qu'il fallait quelquefois ou souvent donner aux textes de la sainte criture un sens diffrent du sens littral.

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LES

SPLENDEURS

DE

LA

EOI

Tout homme sage cl modr conviendra, sans peine, qu'en agissant ainsi, l'illustre savant, bien la lgre et connue par caprice, se plaait sur un terrain glissant et dangereux. C'tait l'poque o Calvin dclarant impossible, absurde ou fausse, dans le sens littral, la parole de Jsus-Christ, : Ceci est mon corps, niait la prsence relle. O Calvin encore, exagrant l'cxcsccUe affirmation du divin Sauveur des hommes : Celui qui croit sera sauv, allait jusqu' nier la ncessit des bonnes uvres. O Calvin et Luther runis, prenant dans un sens par trop grossier cette autre parole de l'Evangile : Ce n'est pas ce qui entre clans le ventre qui peut souiller l'homme, mais ce qui en sort , secouaient, comme contraire au christianisme, tout joug de l'abstinence et du j e n e ! La distinction entre le sens littral et le sens propre ou figur avait donc conduit de monstrueuses erreurs, et Galile avait t mal inspir quand il dogmatisait si librement cl si inutilement, puisque le langage de la sainte criture ne contrarie en rien le systme de Copernic. Le document qui suit prouve invinciblement que Galile fui mis en cause principalement et uniquement cause de sa lettre au R. P . Castelli, ou de son excursion dans le domaine de l'exgse biblique cl de la thologie.
DOCUMENT

ni. B(?rt/,"p. 1

Lettre par laquelle le pre Lorini dnonce Galile. tant tombe sous ma main une lettre manuscrite, qui est dans les mains de tous, crite par ceux qui s'appellent Galilistcs, affirmant que la terre se meut, et que le ciel est immobile, selon les propositions de Copernic, dans laquelle, au j u g e ment de tous les pres de notre trs-religieux couvent de Sainl-Marc, il y a plusieurs propositions ou suspectes ou tmraires, comme de dire que certaines manires de parler de la sainte Ecriture sont inconvenantes, et que, dans la discussion des effets naturels, cette mme Ecriture tient le dernier rang, et que ses commentateurs errent bien souvent dans la signification qu'ils lui donnent; que cette mme Ecriture ne doit pas se mler d'autres choses que des articles concernant la foi; que, dans les choses naturelles, l'argument philosophique a plus de force que l'argument sacr ou divin; propositions que Votre Seigneurie Illustrissime verra soulignes par moi dans

APPENDICE II

la susdite lettre dont je lui envoie la copie aulhcnliquc; cl, finalement, que quand Josu commanda au soleil de s'arrter, il ne fallait pas entendre q u e le commandement ft fait un autre astre qu'au premier mobile, qui est le soleil lui-mme. Moi, en consquence, voyant que ce manuscrit courait dans toutes les mains, sans qu'aucun des suprieurs l'arrtt; que les Galilisles voulaient interprter la sainte criture h leur manire et contre la commune interprtation des saints Pres,
et dfendre d e s opinions toutes contraires en apparence aux saintes lettres ; e n t e n d a n t q u e l'on parlait peu h o n o r a b l e m e n t

des anciens Pres et de saint Thomas, que l'on foulait aux pieds la philosophie d'ristote, dont s'est tant servie la thologie scolaslique, et qu'en somme, pour faire le bel esprit, on disait mille impertinences, que l'on semait par toute notre ville, reste si catholique, tant cause de sa bonne nature qu' cause de la vigilance de nos Srnissimes Princes; pour cela j'ai rsolu d'envoyer cette lettre h Votre Seigneurie Illustrissime, afin que, comme elle est pleine d'un trs-saint zle, et en raison du rang qu elle occupe, elle tienne avec ses illustrissimes collgues les yeux ouverts en pareille matire,
qu'elle puisse, s'il lui parat qu'il soit besoin de correction, p r e n d r e les m e s u r e s rparatrices el ncessaires pour quo, par-

vus error in prinerpio n o n sit magnus in fine (qu'une erreur petite au commencement ne soit pas grande la fin). J'aurais bien pu vous donner copie de certaines annotations faites sur ce manuscrit clans notre couvent; cependant, par modestie, je m'en suis abstenu, puisque je vous cris vous, qui, savez tant, et que j'cris h Rome, d'o, comme disait saint Bernard, la sainte foi a dos yeux de lynx. Je proteste que je liens tous ceux qui se disent Galilistes pour hommes de bien et hons chrtiens, mais un peu brouillons et entts dans leurs o p i nions, comme aussi que, dans l'accomplissement de mon
devoir, je ne suis m que par zle; et je supplie Votre Sei-

gneurie Illustrissime que m a lettre (je ne dis pas le manuscrit) rest entre vous et moi, et qu'elle soit tenue, comme je suis sr qu'elle le sera, pour secrte, et qu'elle ne sera pas considre comme une dposition judiciaire, mais seulement comme un avis amical entre moi et elle, comme entre le serviteur e l l e patron singularissimc, lui faisantsavoir, en outrc,quc ce manuscrit a t le sujet d'une ou deux leons faites dans notre glise de Sainte-Marie la Nouvelle, par le Pre Thomas Caccini, qui JII 2-

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LES SPLENDEURS DE LA. TOI

interprtait le livre de Josu, et principalement le chapitre x de ce livre. Je finis aussi en lui demandant sa sainte bndiction, on baisant sa soutane, et lui demandant une petite part dans ses saintes prires.
DOCUMENT u.

Jugement des consultetirs du saint-office s u r la lettre de Galile au pre Gastelli. Dans la premire page, o il est dit que dans la sainte criture il se trouve des propositions dont quelques-unes, quant au sens n u ( ou littral) des mots, ont u n aspect diffrent du vrai, quoique ces paroles puissent tre ramenes un sens vrai, cependant elles semblent sonner mal au premier aspect; il n'est pas bien, en effet, de se servir du mot de fausset, c a r , de quelque manire qu'elle soit prise, la sainte Ecriture est de toute manire infaillible. Il en est de mme dans la seconde page, o il est dit : Elle ne s'en est pas tenue, la sainte Ecriture, crayonner ses principaux dogmes, etc. ; car ces mots s'en tenir et pervertir, toujours pris dans un mauvais sens ( nous nous abstenons, en effet, du mal, et Ton ne se pervertit que quand de juste 'on devient injuste), sonnent mal quand ils sont appliqus lasainte Ecriture. Ces mots de la quatrime page : Cela pos et accord pour F heure, etc., semblent aussi mal sonner, parce que, dans cette manire de parler, on semble n'admettre que par concession volontaire, la vrit de l'histoire clu soleil arrt par Josu, affirme par le texte de la sainte c r i t u r e ; quoique ces m o t s , en raison des paroles qui suivent, puissent tre ramens un sens orthodoxe. Dans tout le reste, quoique, quelquefois, il use de mots impropres, il ne dvie pas, cependant, cle l'auteur de la foi catholique. Ces deux lettres font le plus grand honneur a la modration et la justice des tribunaux de l'Inquisition; leur publication est tout fait opportune et bienheureuse. Au fond, l'Eglise le reconnat, Galile est clans le vrai lorsqu'il dit : Il semble donc que, quand il s'agit des phnomnes naturels qu'une exprience sensible nous met devant les yeux, ou que nous concluons de dmonstrations ncessaires, 'on ne peut, en aucune manire, les battre en brche par des passages de

APPENDICE B.

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l'Ecriture, qui sont succeplibles de mille interprtations diverses, attendu que chaque parole de l'Ecriture n'est pas astreinte des obligations aussi svres que chaque ellet de la nature,.. Je crois donc qu'on agirait, prudemment en ne permettant a personne d'employer les textes de l'criture, et de les forcer, en quelque sorte, soutenir pour vraies des propositions de science naturelle dont le contraire, un jour venir, peut nous l^rc dmontr par les sens ou par quelque raisonnement mathmatique. E n s'cxprimanl ainsi, Galile ne faisait, en ralit, que rpter, mais beaucoup moins magistralement, ce que Copernic disait avec une certaine fiert, dans la ddicace au Souverain pontife Paul V de son livre des Rvolutions des corps clestes : Je ddie mon livre h Votre Saintet, pour que les savants et les ignorants puissent voir que je ne fuis pas le jugement et l'examen. Si quelques hommes lgers et ignorants voulaient abuser contre moi de quelques passages de l'criture, je mprise leurs attaques tmraires; les vrits mathmatiques ne doivent tres juges que par des mathmaticiens. Galile encore n'affirme que ce que le concile du Vatican a sanctionn en ces termes : L'glise ne s'oppose nullement ce que les sciences humaines, chacune D A N S S O N D O M A I N E ,
FASSENT USAGE DES PRINCIPES ET DES M'ilIODES QUI LEUR SONT

mais, tout en reconnaissant cette juste libert, elle veille avec le plus grand soin pour empcher qu'elles n'ouvrent leur sein des erreurs contraires h la doctrine divine, ou que, franchissant leurs limites propres, elles n'envahissent et ne troublent les choses qui sont de foi. La suite et l'issue du premier procs nous sont rvles par les documents suivants.
PROPRES;

DOCUMENT XXIV p . SO*

Proposition juge censnrable par les qualificateurs du saint* office dans le livre des taches solaires. Le soleil est le centre du monde, cl, par consquent, il est immobile, ou no se meut pas d'un mouvement local. La terre n'est pas le centre du monde, mais elle se meut suivant toute sa masse, mme d'un mouvement diurne.

LES SPLENDEURS DE LA MI DOCUMENT XXVI.

Censure des deux propositions faites dans le saint-office de H o m e , le mercredi 24 fvrier 4616, en prsence des thologiens qui ont s i g n : L a Premire. Le soleil est le centre du monde et tout fait immobile de mouvement local. Censure : Tous affirmrent que cette proposition est folle et absurde en philosophie et formellement hrtique, en tant qu'elle contredit expressment les sentences de la sainte criture en plusieurs lieux, prises suivant les proprits des mots, et selon l'interprtation commune et le sens des saints Pres et des docteurs thologiens. L a seconde. La terre n'est ni le centre du monde ni immobile, mais elle se meut suivant sa masse tout entire, mme d'un mouvement diurne. Censxire : Tous dirent que cette proposition tombait sous le coup de la mmo censure en philosophie, et qu'au point de vue de la vrit thologique, elle tait au moins errone dans la foi. Suivent les signatures des dix pres thologiens.
DOCUMENT XXVII, p . 52.

L e cardinal Melline notifie la censure prononce^ sur les propositions de Galile. Le 25 fvrier 1616, l'illustre seigneur cardinal Melline notifia h l'assesseur et au commissaire du saint-office que, sur la dclaration de la censure attache par les pres thologiens aux propositions de Galile, principalement que le soleil est le centre du monde, et immobile d'un mouvement local, et que la terre se meut mme d'un mouvement diurne, Sa Saintet ordonna k l'illustre cardinal Bellarmin de faire venir devant lui ledit Galile, et de l'avertir qu'il doit abandonner ladite opinion censure, et que, s'il refusait d'obir, le pro commissaire, en prsence du notaire et des tmoins, lui fasse le prcepte de s'abstenir tout fait d'enseigner o u de dfendre cette doctrine, ou d'en traiter; que,s'il n'acquiesait pas cet ordre, il soit mis en prison.

APPENDICE ti. DOCUMENT XXVII, p . 58.

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Relation

de F avis donn et Galile de la censure,

le 25

fvrier

4616. Le vendredi 26 fvrier, dans le palais quicsl l'habitation ordinaire de Sa Seigneurie Illustrissime le cardinal Bellarmin.... Galile, ayant t appel et se trouvant devant l'illustrissime cardinal, eu prsence du trs-rvrend frre Michel-Ange Soghitius de Lacde, de Tordre des Prcheurs, commissaire gnral du saint-office, Son Eminonce avertit Galile de l'erreur censure, afin qu'il l'abandonnt, puis, successivement et continent, en prsence de moi et des tmoins, l'illustrissime cardinal tant encore prsent, le pre commissaire, ci-dessus nomm, lui commanda et lui ordonna, au nom du trs-saint Pre le Pape et de toute la congrgation du saintoffice, d'avoir abandonner tout fait l'opinion censure, que le soleil est le centre du monde et immobile, et que la terre se meut, et que, dsormais, il ne l'enseigne plus et ne la dfende plus par paroles ou par crit de quelque manire que ce soit, qu'autrement il serait procd contre lui, dans le saint-office, auquel commandement ledit Galile a acquiesc cl a promis d'obir : Fait Rome, en prsence de Badinio Nors de Nicosio, dans le royaume de Chypre, et d'Augustin Mongardo deLoco, abb de Retz, diocse de Poliante, familier de l'illustrissime cardinal Bellarmin.
DOCUMENT XXIX.

Dcret

de la congrgation

de F Index

du 3 mars 1616.

Parce qu'il est parvenu la connaissance de la sacre congrgation que cette fausse doctrine pythagoricienne, tout fait contraire k la sainte Ecriture, de la mobilit de la terre et de l'immobilit du soleil, que Nicolas Copernic, dans son livre des rvolutions des corps clestes, et Didace s t u n i c a ' d a n s son livre sur Job, enseignent galement, est dj divulgue et reue de plusieurs, afin que cette opinion ne se rpande pas davantage au dtriment de la vrit catholique, il a t dcrt que lesdits livres de Nicolas Copernic sur la rvolution des corps clestes, el de Didace Astunica sur Job, seraient suspendus jusqu' ce qu'ils soient cor/igs... De mme tous les livres qui enseigneraient les mmes doctrines sont prohibs, condamns et suspendus.

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Rome, imprimerie d e l chambre apostolique, 1616. Voil rhisloriquc exact du premier procs de Galile, le moins connu des deux. Comment arriva-t-il que la dcision prise et la condamnation prononce se soient adresses, non a u x tendances thologiques et scripturales de la lettre de Galile, mais aux deux propositions scientifiques de l'immobilit du soleil et de la mobilit de la terre? Nous nous l'expliq u o n s par l'exaltation des ides p r i p a t t i c i e n n e s , par l'engouem e n t pour les d o c t r i n e s d'Arislote, le m a t r e des matres, par

l'abus effrayant que les rformateurs avaient fait de la sainte Ecriture en l'interprtant leur gr, sous l'inspiration de leurs doctrines perverses. L'affirmation de la rotation diurne cl annuelle de la terre apparaissait alors aux meilleurs esprits comme Ut ngation d'une assertion formelle de la sainte Ecriture. Galile lui-mme, nous l'avons prouv, interprtait mal la parole de Josu, et tait mille lieues de croire, comme l'a affirm depuis Franois rago, que l'ordre donn au soleil de s'arrter tait conforme . la grande loi, naturelle et rationnelle h la fois, du mouvement relatif, le seul mode de langage
qui puisse cire accept par la science, mmo par la science

m o d e r n e . Le double mouvement de la terre tait loin, d'ailleurs, d'tre rigoureusement dmontr, et tous demandaient Galile ses preuves, qui ne faisait encore que les entrevoir, cl qui avait crer la science de la mcanique physique pour pouvoir les formuler nettement. C'tait matire, en eifei, trsdlicate; cl, ce qui le prouve trop loquemment, c'est que la premire proposition de Galile, affirmant que le soleil est le centre du monde et qu'il est immobile dans l'espace est absolument fausse, puisqu'il est universellement reconnu aujourd'hui* que le soleil dcrit dans l'espace une immense orbite autour d'une toile de la constellation des Pliades, voisine
d'Alcyon, laquelle serait, sinon le c e n t r e du m o n d e , du m o i n s ,

le centre du systme solaire. Sur ce poinl,c'laient les juges de Galile qui avaient raison. La trs-grande majorit des savants de tous les pays repoussait nergiquement le mouvement de la terre, et tous sans exception, philosophes, physiciens, thologiens, comme Galile lui-mme, le considraient comme formellement contraire au sens littral du commandement de Josu. Sous cette pression des*convictions universelles, el en prsence de la libert abusive que s'attribuaient les rformateurs de n'obir, dans l'interpilation de l'criture, qu'

APPENDICE 13.

23*

l'inspiration personnelle, laquelle Galile substituait l'inspiration de la science, esl-il tonnant que les commissions des consulteurs et des qualificateurs du saint-office et de l'Index se soient laiss entraner franchir les limites de leur domaine, pntrer dans le domaine de la science pure, et dclarer hrtiques des vrits naturelles? Nous n'hsitons pas dire qu'elles se sont trompes; mais nous croyons sincrement une erreur involontaire, laquelle les souverains pontifes Paul VII cl Urbain VIII ont pris part, par les ordres qu'ils ont donns, mais nullement comme juges souverains de la foi ou comme pontifes suprmes parlant ex cathedra l'Eglise universelle. Un crivain catholique autoris\ M. l'abb Jules Morel, dans V Univers du 29janvier 1877, est all jusqu' fliciter le pape et l'glise du bon tour jou Galile, cl faire de la condamnation des deux propositions une erreur volontaire cl prmdite. Tl a dit : Galile, amant de la gloire, n'avait souci de l'opportunit ecclsiastique, si elle dconcertait ses plans. Nous allons voir avec quelle finesse la cour de Rome lui rpondit. Elle avait sous ses ordres un tribunal faillible, comme la cour de cassation, comme toutes les cours de justice, mais en possession lgitime de son emploi. Parmi les juges de ce tribunal, la majorit tenait pour les opinions pripatticiennes; Urbain VIII, qui tait plus indpendant de ces vieux prjugs astronomiques, fut, satisfait de trouver sous sa main ces juges intgres et sincres, faillibles en droit et infaillibles en fait, par une fiction universelle, quand on arrive au dernier degr de la hirarchie judiciaire. Il leur abandonna Galile. En effet, comment agir d'une autre manire avec ce vaniteux. Allez donc lui dire : vous avez raison, mais voire systme est inopportun. Aussitt Galile et fait confidence l'humanit'entire de ces aveux triomphants et officiels lui dcerns par l'Inquisition, et, en dpit de l'opportunit, son systme et rvolutionn les intelligences italiennes... L'inopportunit demande le secret le plus absolu dans l'usage q u e . l'on en veut faire, ou elle ne tarde pas devenir le secret de la comdie, pendant qu'elle est en clic mme la chose la plus srieuse, et qu'elle peut devenir le plus puissant instrument de rgne; du moment qu'elle est divulgue et vente, (die devient immanquablement le plus puissant instrument de confusion. > J

24*

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Je me trompe peut-tre, mais, je l'avouerai franchement, en parlant cette langue trange, frondeuse et machiavlique, j'aurais cru outrager ou blasphmer le pre des pres, le Souverain Pontife, la mre des mres, la sainte Eglise de Jsus-Christ. Je crois faire acte de conscience et de pit filiale en admettant la faillibilit admise et professe par M. Jules Morel, mais en niant qu'on Tait mise en jeu de parti pris. Est-il ncessaire d'ajouter que l'entranement, par excs de zle, des congrgations romaines, est largement compens par la faiblesse, je dirais presque la lchet de Galile, qui n'tait pas, en 1616, le vieillard infirme de 1633, qui tait, au contraire, dans la force de l'ge, dans sa cinquantedeuxime a n n e , et dans la force aussi du gnie. Son acquiescement aux injonctions qui lui sont faites ne peut s'expliquer que par la conviction qu'il avait lui-mme de l'inopportunit de sa propagande, et la persuasion intime du bon droit de ses juges, alors mme qu'ils outrepassaient leurs pouvoirs. Je ne vois rien ajouter sur le premier procs de Galile, si ce n'est qu'un dcret de 1618 permet d'enseigner le systme de Copernic comme hypothse scientifique, ce qui tait dj un retour vers la vrit. J'arrive ceux des documents relatifs au second procs, qu'il est utile de reproduire; ils seront peu n o m b r e u x ; une seule question restait claircir.

SECOND PROCS DE 1633.

PROCS DE GALILE. DOCUMENT XXXII.

(Berti,

page 61.)

Ksxim d e t o u t ce qui se passa d e 1 6 3 3 au commencement d u procs. En 1630, Galile porta h Rome, au R. P. Matre du Sacr Palais, le manuscrit de son livre les D i a l o g u e s , pour le faire reviser en vue de l'impression, et Je R. P . Matre le donna i revoir au P . Raphal Visconti, son compagnon, professeur de mathmatiques, lequel aprs l'avoir amend sur plusieurs points, se tenait prt donner son approbation l'Ordinaire si lo livre tait imprim Rome.

APPENDICE D.

Il fut crit h ce pre qu'il envoyt l'approbation et qu'il attendt. Il fut crit aussi que l'original du livre revnt Rome pour voir les corrections faites. Le Matre du Sacr Palais, qui voulait, lui aussi, revoir le livre, accorda, pour abrger le temps, qu'on le lui ferait voir feuille par feuille, et que, pour qu'il pt traiter directement avec l'imprimeur, on lui donnt Yimprimatur pour Rome. L'auteur alla h Florence et fit instance auprs du P . Matre pour obtenir la facult de l'imprimer dans celte ville. Le P. Matre la refusa et remit l'affaire entre les mains de l'Inquisition de Florence, qu'il chargea d'appeler la cause, en l'avisant qu'on et h suivre'scs avis pour l'impression qu'il devait autoriser ou empcher son gr... Aprs cela, le Matre du Sacr Palais ne sut rien autre chose, jusqu'au jour o il vit le livre imprim avec Y Imprimatur de R o m e . . . Constatant sur les premiers exemplaires qu'on n'avait pas suivi les avis qu'il avait donns, il fit saisir l'ouvrage en douane ; puis, sur l'ordre qu'il reut du souverain Pontife, il fit saisir les autres exemplaires partout o il put, en faisant diligence pour arriver h temps. Galile avait-il viol les promesses qu'il avait faites? tait-il relaps? c'est-Ji-dire avait-il rellement dfendu et enseign ce qu'il savait avoir t qualifi d'hrsie? En outre, dans ce livre, on peut relever comme corps de dlit les choses suivantes : 1 avoir appose Yimprimatur de Rome sans autorisation et sans en avoir communiqu la publication celui qui l'avait souscrit; 2 avoir plac le poison dans le corps de l'ouvrage et mis le contre-poison la fin, sur les lvres d'un pdant, et dans une rgion o il est difficile de le trouver, pour se faire approuver froidement de l'interlocuteur, de telle sorte qu'on ne puisse plus distinguer si le bien qu'il semble en vouloir dire n'est pas dit de mauvaise foi; 3 souvent clans le livre, l'auteur manque sa parole, soit en affirmant absolument la mobilit de la terre, soit en qualifiant les arguments dont il se sert pour la dfendre, de dmonstratifs et ncessaires ; soit en traitant la partie ngative d'impossible : il dfend sa cause, comme s'il n'y avait pas eu de dcision prise, comme s'il attendait cette dcision sans la prsupposer ; 4 il ddaigne ou maltraite les auteurs contraires, ccuxsurtoutdonlsc sert la sainte glise; 5 il affirme et dclare mauvaise une certaine galit dans la comprhension des choses gomtriques entre l'intelligence humaine et

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

l'intelligence divine ; 6 il donne au long les arguments que les coperniciens opposent aux ptolmiens, et non vice versa; 7 il a mal ramen l'existence du flux et du reflux de la mer la stabilit du soleil et h la mobilit de la terre, qui n'existent pas. Toutes cos choses pourraient s'amender dans un livre auquel on croirait devoir faire cette grce. L ' a u t e u r avait reu du saint-office, en 1616, l'ordre de ne plus dfendre ces doctrines et il avait promis d'obir.
Est-il certain que Galile a rellement enfreint Tordre qu'il avait reu? Je laisse Al. Joseph Bertrand, qui certes ne saurait tre suspect de partialit envers la cour de Rome, rpondre celle question (Les fondaleurs de l'astronomie moderne, pages 239 el suivantes) : Sans se proccuper des empchements el des dangers, Galile, toujours press du mme zle pour le vritable systme du monde, travaillait sans relche l'claircir et le prouver. D'irrsistibles arguments fermentaient dans sa pense, et il souffrait impatiemment la loi du silence impose par Paul V. Rassur par l'amiti d'Urbain VIII, il osa, pour la premire fois, dans un ouvrage imprim, traLer ces dangereuses questions, et publia ses dialogues': Le Systme de Copernic et de Plolme. La malicieuse finesse de la prface est extrmement habile, cl Ton s ' e x pUque qu'elle ait pu tromper la prudence de censeurs inattentifs ou
inintelligents qui a p p r o u v r e n t le l i v r e au nom de la c o u r do R o m e . On a, d i t - i l , publi a R o m e il y a q u e l q u e s annes un dil s a l u t a i r e (!), qui,

pour obvier un scandale dangereux de notre sicle, a impos silence aux partisans de l'opinion pythagoricienne du mouvement de la terre. Plusieurs personnes ont tmrairement avanc que le dcret est le rsultat d'une passion mal informe, et non d'un examen judicieux. On a prtendu que des thologiens ignorants des observations astronomiques ne devaient pas couper les ailes aux esprits spculatifs. De telles plaintes ont excit mon zle; pleinement instruit de cette prudente dtermination, je veux rendre tmoignage la vrit. Lorsque la dcision fui prise, j'tais Rome o je fus applaudi par les plus mincnls prlats. L e dcret ne parut point sans que j'en fusse iuform. Mon dessin, dans cet ouvrage, est de montrer aux nations trangres q u e , sur cette matire on en sait, en Italie, au tan i qu'il est possible d'en imaginer ailleurs. En runissant mes spculations sur le sysLme de Copernic, je
v e u x faire savoir qu'elles taient toutes connues avant la c o n d a m n a t i o n , et que l'on doit cette contre, n o n - s e u l e m e n t des d o g m e s pour le salut

de Pme, mais encore des dcouvertes ingnieuses. Si l'on pouvait penser un instant que celte dclaration de Galile fut sincre et non hypocrite ou ironique, la cour de Rome videmment serait pleinement justifie. Mais aucun homme sens cl comptent n'hsite croire que ce que Galile a voulu dans ses Dialorjues c'est se venger en vengeant Copernic et compromettre les juges. Il dfendait videmment, comme le dit M. Bertrand, avec un talent, avec un art, avec une grce, avec une insistance incomparables, la cause qu'il avait promis d'abandonner elle-mme. {Document AX/A", Bcrti, p. 82.)

APPENDICE B.

27* p. 62.)
1632.

DOCUMENT

x u x . [Berli,

Premier

interrogatoire de

Galile, 1 2 aot

Interrog et invit dire la rsolution qui fut prise en 1616 lors de son voyage i Rome sur la question de l'immobilit du soleil et de la mobilit de la terre, Il rpondit : Relativement h la controverse sur l'opinion d e l stabilit du soleil et du mouvement de la terre, il fut dtermin par la sainte congrgation de l'Index que cette opinion, prise dans un sens absolu, rpugne lx la sainte criture, et que l'on ne pouvait l'admettre que comme hypothse, telle que l'a prise Copernic. Interrog si alors cette dtermination lui fut notifie, et par qui ? 1/ rpondit : La dtermination ne de la congrgation de l'Index me fut notifie par le cardinal Bollarmin Interrog de dire ce qui fut rsolu et ce qui lui fut notifi au mois de fvrier 1616, Il rpondit ; A.u mois de fvrier 1616, Sa Seigneurie le cardinal Bollarmin me dit que l'opinion de Copernic, prise dans un sens absolu, tant contraire l'criture sainte, on ne pouvait ni la maintenir ni la dfendre; mais qu'on pouvait la prendre comme hypothse et s'en servir; cette dclaration esL confirme par un tmoignage de Son minence le cardinal Bellarmin, on date du 20 mai 1616, et crit de sa main. Interrog si, quand cette notification lui fut faite, quelques personnes taient prsentes, et lesquelles, Il rpondit : Quand le seigneur cardinal Bellarmin me dit et me notifia co que j ' a i dit de l'opinion de Copernic, taient prsents quelques pres de Saint-Dominique (videmment le pre commissaire gnral Seghizzi et ses compagnons dsigns dans le procs-verbal de la notification rappel ci-dessus) que je ne connaissais pas cl que je n'ai plus vus. Interrog si, en prsence dosdils pres, il ne lui fut pas fait par eux, ou par un autre, quelques commandements relativement au mme sujet, et lequel, I I rpondit : Il se peut qu'il m'et t fait quelque commandement de ne pas tenir et de ne pas dfendre ladite opinion, mais je n'en ai pas gard le souvenir, parce que cette affaire remonte h plusieurs annes

28*

LES SPLENDEURS DE LA FOI.


si, dans ledit commandement qui lui fut fait

Interrog manire
nic,

a l o r s d e v a n t t m o i n s , il e s t c o n t e n u q u ' i l n o p o u r r a i t maintenir, il d i s e s e u l e m e n t d e q u e l l e m a n i r e et

d'aucune
a

dfendre ou enseigner l'opinion do Coperp a r q u i il l u i

t intim,

Il

rpondit

: Je ne m e rappelle pas q u e ce

commandement

m'ait t

i n t i m par d ' a u t r e s q u e d e v i v e v o i x p a r le c a r d i n a l

Bcllavmin, mais je m e souviens q u e ce c o m m a n d e m e n t fut q u e je ne pouvais ni m a i n t e n i r , ni dfendre cette o p i n i o n ;


il se p e u t pelle pas qu'on non ait ajout plus qu'il enseigner; s'y trouvt mais je cette ne me particule rapde

quelque
trouvt

manire

que ce soit,

quoiqu'il soit p o s s i b l e qu'elle s'y

Ce document, d'une importance extrme, puisque c'est l'interrogatoire m m e de Galilo, prouve jusqu' l'vidence que les droits de la science et de la vrit avaient t vraiment sauvegards p a r l e fait que l'opinion de Copernic tait admise ou tolre c o m m e hypothse scientifique c o m p l tement indpendante des Livres Saints. Galile aprs avoir sign son interrogatoire, demanda qu'on y ajoutt celte dclaration qui n'est en ralit qu'une restriction mentale assez perfide : Et p o u r p l u s g r a n d e c o n f i r m a t i o n q u e j e n'ai j a m a i s t e n u et q u e je ne tiens pas l'opinion du c o n d a m n e d e la soleil, s'il m'tait mobilit accord, d e la terre et de la s t a b i l i t

c o m m e je le dsire, h la se

la possibilit et le t e m p s d e r e n d r e p l u s me semble trs-opportune, sont un aprs certain leur puisque de temps,

claire la dmonstration d u s y s t m e contraire, je s u i s tout prt faire, et l ' o c c a s i o n trouver de nouveau sur de d a n s le livre dj publi les interlocuteurs ensemble celles pour discourir divers problmes traites convenus

n a t u r e l s , relatifs d e s dans premire

matires

diffrentes

r u n i o n . Cette occasion m ' t a n t d o n n e , j e p r o m e t s de c o n sacrer u n e o u d e u x j o u r n e s d ' e n t r e t i e n r e p r e n d r e l e s a r g u ments dj produits et d e l e s m'accorder en faveur de ladite opinion fausse et condamne, tribunal de en acte. rfuter d e la m a n i r e de la p l u s efficace saint promesse

qui m e sera inspire par le D i e u bni. Je prie d o n c ce la facult mettre cette

Et Galile signa c e l l e dclaration, qui ne pouvait tre sincre vid e m m e n t et qui sera ncessairement considre c o m m e u n e mauvaise plaisanterie.

APPENDICE 1 5

29* p. 90.)

DOCUMENT

h. (Berti,

Second interrogatoire de Galile, 3 0 avril 1 6 3 3 .


Interrog de dire ce qu'il lut viendra 5. l'esprit, I I rpondit : Ayant roussi me procurer un exemplaire ' de mes Dialogues (que je n'avais pas relus depuis trois ans), je me mis le lire avec une grande attention et h le considrer minutieusement. Et tant arriv qu'en raison du long oubli dans lequel je l'avais laiss, il ni apparut comme un crit n o u veau et d'un autre auteur. Je confesse volontiers qu'il m'est apparu dans plusieurs endroits rdig dans une forme telle, que h lecteur inconscient de ce qui se passait dans mon intrieur aura p u avoir occasion de se former la pense que les arguments apports par la partie fausse,ce queje me proposais de rfuter, taient formuls de telle sorte que par leur efficacit ils semblaient plutt de nature i faire triompher l'opinion adverse, que faciles rfuter; et deux en particulier, tires, l'un des taches solaires ; l'autre, du flux et du reflux de la mer, se p r sentaient vraiment a l'oreille des lecteurs avec des attributs de vainqueurs vigoureux et gaillards, trs-diffrents de ceux qui convenaient dans la bouche de celui qui les tenait pour inconeluanls et qui voulait les rfuter, les estimant comme je les estimais et les estime, intrieurement et sincrement, pour non concluants et refutables. Et pour m'excuscr... d'tre tomb dans une erreur si loigne de mon intention, ne me contentant pas entirement de dire que en rapportant les arguments de la partie adverse, alors qu'il s'agit de les rfuter, ils doivent tre formuls (principalement quand on crit un dialogue) d e l manireserre et non d'une manire lache, au dtriment de l'adversaire; ne me contentant pas, dis-je, de celte excuse, je recourrai celle de la complaisance naturelle que chacun a pour ses propres subtilits, et du dsir cle se montrer plus ingnieux que le commun des hommes trouver, mme pour les propositions fausses, des raisons fines et apparentes qui les rendent probables; quoi j'ajoute encore que, comme Cicern, je me suis montr plus avide de la gloire qu'il ne fallait; si j'avais a crire aujourd'hui ces mmes raisons, il n'est pas douteux q u j e l e s crirais de manire qu'elles ne pussent pas faire montre apparente d'une semblable force, dont essentiellement et rellement elles sont

LES SPLEiSDEUttS DE LA FOI.

prives : Voil donc quelle a t mon erreur, cl je la confesse, erreur d'une vainc ambition et d'ignorance pure et d'inadvertance.
E s l - c c assez d'hypocrisie cl de fausset? Ce ne sont plus les congrgations romaines, c'est Galile qui dit condamner et abjurer vraiment, sincrement, le systme de Copernic.

DOCUMENT

LU.

Dclaration du cardinal Bellarmin, 16 mai 1616.


Nous, cardinal Bellarmin, ayant entendu que le seigneur Galile est calomni et qu'on lui impute d'avoir abjur dans nos mains, et aussi d'avoir t pour cela puni d'une pnitence salutaire, et ayant t requis de dire la vrit, affirmons que le susdit seigneur Galile n'a jamais abjur dans nos mains, ni dans les mains d'aucun autre Rome, non plus que dans d'autres lieux que nous sachions, aucune de ses opinions ou de ses doctrines et qu'on ne lui a inflig aucune pnitence salutaire ni d'autre sorte : mais seulement qu'on lui a dnonc la dclaration faite par Notre Seigneur et publie par
la Sacre C o n g r g a t i o n de l'Index, d a n s laquelle il est contenu q u e la doctrine a t t r i b u e Copernic, q u e la t e r r e se m e u t

autour du soleil, et que le soleil est le centre du monde, sans se mouvoir d'orient en occident, est contraire la sainte criture et parlant ne peut tre dfendue ou soutenue. En foi de quoi nous avons crit et sign la prsente de notre propre main. Le jour du 6 mai 1616.
Celte lettre produite par Galile l u i - m m e dans l'interrogatoire du mardi, 16 mai 1633, prouve qu'il n'y avait rien de srieux dans l'excuse Ure du dfaut de souvenir d'vnements depuis longtemps passs, et qu'il avait la conscience d'avoir reu l'ordre de ne plus soutenir, dfendre ou enseigner le systme de Copernic, ordre auquel il a videmment c o n trevenu dans ses Dialogues.

DOCUMENT

LUI.

(Berti,

p. 9o.)

Dfense de Galile, 16 mai 1633.


Ayant dans mon souvenir cette attestation authentique et manuscrite du cardinal Bellarmin, je n'ai fait depuis aucune application d'esprit et de mmoire, relativement aux paroles qui m'ont t dites quand on pronona de vive voix le dcret

APPENDICE

13.

31*

do ne pouvoir plus dfendre ni tenir, telles que les mots ajouts a tenir et dfendre et qui sont ni enseigner d'aucune manir<:,que j'apprends tre contenus dans le commandement, et qui, enregistrs, sont venus nouvellement et comme indits ma connaissance ; et je ne pense pas qu'on puisse me r c fusGr de croire que j'ai pu en avoir perdu la mmoire depuis quatorze ou seize ans, et par consquent de m'excuser de ne les avoir pas signifis au Matre du Sacr Palais, quand j ' a i demand la permission d'imprimer mes D i a l o g u e s . De ce que j e viens de dire, il me parat permis d'esprer fermement que le soupon que j'ai sciemment et volontairement viol le commandement qui m'a t fait, s e r a dsormais compltement cart de l'esprit de mes minentissimes et prudenlissimes juges, et qu'ils m'accordent que les manquements qui se sont glisss dans plusieurs endroits de mon livre, n'ont past introduits avec une intention perfide ou cauteleuse, ou par artifice, mais par une vainc ambition, par dsir de paratre plus habile que les autres crivains ; qu'elles sont tombes par inadvertance de m a plume, comme je l'ai confess dans ma dposition prcdente; faute que je suis prt corriger et rparer.
DOCUMENT

Lxni.

[Berlin p. 119.)

Quatrime interrogatoire de Galile*


Interrog s'il soutient ou a soutenu, et depuis combien de temps, que le soleil est le centre du monde, que la terre n'est pas le centre du monde et qu'elle se meut mme d'un mouvement diurne. Il rpondit : Dj depuis longtemps avant la dterminatiou de la sacre congrgation de l'Index, et avant que ce prcepte me fut fait, je mo tenais pour indiffrent et je considrais les deux opinions de Plolme cl Copernic comme discutables, parce que l'une ou l'autre pouvait tre vraie dans la n a t u r e ; mais depuis'la dtermination susdite, assur de la prudence des suprieurs, toute ambigut a cess otj'ai tenu, comme je tiens encore, pour trs-vraie et trs-indubitable l'opinion de Ptolme, c'est--dire la stabilit de la l e r r e et la mobilit du soleil Comme on lui objectait que de s o n livre cl des raisons qu'il apporte en faveur de l'opinion affirmative, la terre se

32*

LES SPLENDEURS DE LA FOI

meut e l l e soleil est immobile, o n prsume qu'il tient pour vraie, ou du moins qu'il a tenu pour vraie l'opinion do Copernic ; on lui dclare que s'il ne se rsout pas h avouer la vrit, on en viendra contre lui aux remdes opportuns de droit et de fait, I I rpondit : Je ne soutiens pas cl je n'ai pas soutenu cette opinion de Copernic depuis qu'on m'a intim avec prcepte, que je devais l'abandonner. Du reslc, je suis ici entre vos mains, faites ce qu'il vous plaira. Lui ayant t dit qu'il dise la vrit ou autrement qu'on on viendrait la torture, Il rpondit: Je suis ici pour obir, et je n'ai pas soutenu celte opinion depuis la sommation faite, comme je l'ai dit. E t c o m m e i l n ' y avaitplus rien fairepourl'excution du dcret (qui ordonnait l'interrogatoire sur l'intention, et la menace de torture ou de prison si Galile ne dsavouait pas ses doctrines), sa signature reue, il fut renvoy dans son appartement.
Galile avait longtemps quivoque, opposant la lettre de Dellarmin attestant qu'il n'avait t l'objet d'aucune censure et qu'on n'avait exig de
lui aucune rtractation lors du premier p r o c s , et l'injonction qui lui avait t faite, e n p r s e n c e du cardinal Dellarmin, de ne plus s ' o c c u p e r

en aucune manire du systme de Copernic; et l'engagement pris par lui de s'imposer un silence complet, il avait trop hesil reconnatre qu'il avait viol une promesse sacre; et voil pourquoi on le menaa de rexamen rigoureux ou de la torture ; mais, et M. Bcrli lui-mme s'empresse de le reconnatre, les menaces n e furent pas excutes, et Galile fut trait jusqu'au bout avec la plus grande douceur, et mme avec les plus grands gards. SENTENCE RENDUE CONTRE GALILE. [Berti,

p. 149.)

Nous, Gaspar Borgia, du titre de la Sainte-Croix de J r u salem , Frre Flix Centini, dit de Asculo, du titre de Sainl-Anaslasie ; Guide Bcntivoglio, du titre de Sainte-Marie du Peuple ; Frre Dsir Saglio, dit de Crmone, du titre de SaintCharles ; Frre Antoine Barbarini, dit de Sainl-Onuphre ; Louis Zacchio, dit de Saint-Sixte, du titre de Saint-Pierreaux-Liens ;

APPENDICE i.

33*

Jerlinger Gypsi, du titre de Sainl-ugustin ; Fabrice Vcrospi, du titre de S a i n t - L a u r e n t in paroi et parva ; Fabrice Jtarbcrini, du litre de Saint-Laurent in Damaso; Martin Ginelti, de Sainte-Marie-la-Ncuve ; par la misricorde de Dieu, cardinaux de la sainte glise romaine , Inquisiteurs gnraux spcialement dputs par le Sige apostolique, contre la perversit hrtique, dans la rpublique chrtienne universelle. Puisque toi, Galile, fils de feu Vincent Galile de Flor e n c e , g de soixante-dix a n s , tu fus dnonc, en Vanne 4615, ce saint - office, accus de tenir pour vraie la fausse doctrine enseigne par plusieurs, h savoir que le soleil est au centre du monde et immobile, et que la terre se meut mme d'un mouvement diurne ; comme ayant en outre quelques disciples auxquels tu enseignais la mme doctrine ; aussi comme entretenant correspondance avec quelques mathmaticiens allemands ; en outre, comme ayant mis au jour quelques lettres sous le litre des Taches solaires, dans lesquelles lu exposes la mme doctrine pour v r a i e ; et rpondant aux objections tires de la sainte Ecriture qu'on le faisait de temps en temps, tu rpondais en interprtant ladite criture selon ton propre sens ; enfin comme ayanl adresse l'un de tes anciens levs un crit en forme de lettre, dont on mit une copie sous tes yeux, dans lequel tu professais l'hypothse de Copernic, et qui contenait quelques propositions contre le vrai sens et l'autorit des Ecritures ; Voulant, par consquent, ce saint Tribunal remdier aux inconvnients et aux maux qui provenaient de l, et se multipliaient au pril de la sainte Foi ; par le commandement de notre seigneur le Souverain Pontife et des Eminentissimes Cardinaux de celte suprme et universelle Inquisition, deux propositions sur la stabilit du soleil cl le mouvement de la terre ont t qualifies, par les thologiens qualificateurs, en ces termes : Que le soleil soit au centre du monde cl immobile d'un mouvement total, c'est une proposition absurde et fausse en philosophie, el formellement hrtique, parce qu'elle est expressment contraire la sainte criture ; Que la terre ne soit pas le centre du monde cl immobile,
m
3*

LES SPLENDEURS DE LA FOI

mais qu'elle se meuve mme d'un mouvement diurne, c'est de mmo une proposition absurde et fausse en philosophie, et, considre thologiquement, au moins errone dans la foi ; Mais comme alors, il nous plaisait, en attendant, de p r o cder doucement avec l o i , il fut dcrt dans la runion de la Sacre Congrgation tenue le 20 fvrier 1 6 1 6 , en prsence de notre seigneur le P a p e , que l'mincntissime Card i n a l Bellarmin le ferait l'injonction d'avoir i r e n o n c e r tout

a fait ladite fausse doctrine, et que, dans le cas o tu refuserais, il te serait ordonn par le commissaire du saint-office, d'abandonner ladite doctrine, avec dfense de l'enseigner aux autres, de la soutenir et d'en traiter ; te menaant, si tu n'obissais pas ce prcepte, de te jeter en prison. En excution de ce mme dcret, le jour suivant, dans le palais et en prsence de rEmineutissimc Cardinal Bellarmin, aprs que lu eusses t bnignement averti par le seigneur cardinal, il te fut ordonn par le seigneur commissaire du sainl-oflicc alors en fonctions, en prsence du notaire et des tmoins, que lu eusses te dsister de ladite opinion fausse, et q u e dsormais il ne le serait pas p e r m i s d e la dfendre et de l ' e n s e i -

gner en quelque manire que ce fut, ni de vive voix, ni par crit; et, aprs que tu eusses promis obissance, tu fus r e n voy ; El pour qu'une doctrine si pernicieuse dispart tout a fait et ne pt plus se rpandre au dtriment de la vrit catholique, la Sacre Congrgation de l'Index mit un dcret par lequel furent prohibs tous les livres qui traitent de cette doctrine dclare fausse cl tout k fait contraire la sainte et divine Ecriture. Et alors qu'enfin eut paru le livre, publi l'anne dernire, dont la signature montrait que tu en
tais l'auteur, p u i s q u e son titre tait : Dialogo di Galileo

Galilei, dlie due massimi sysemi del monde, Tolemaico e Copernicano ; et lorsqu'on mme temps la Sacre Congrgation eut appris que l'impression de ce livre donnait chaque jour plus de valeur la fausse opinion du mouvement do la lerre et de la stabilit du soleil, ledit livre fut pris en srieuse considration, et l'on constata la transgression vidente du prcepte qui t'avait t intim, puisque dans ce mme livre tu avais dfendu la doctrine dj condamne et dclare telle devant loi. En effet, dans ce livre, lu t'efforces, travers mille

APPENDICE lt.

35*

circonvolutions, do persuader que tu la laisses indcise et expressment probable, ce qui est galement une trs-grave erreur, puisqu'elle ne peut en aucune manire tre probable, l'opinion qui a t dclare et dfinie contraire ix la sainte criture ; C'est pourquoi, sur notre commandement, tu as t appel devant le saint-office, au sein duquel interrog sous serment, tu as reconnu ledit livre comme crit et livr l'impression par loi. Tu us avou aussi que ce mme livre avait t commenc par toi, dix ou douze ans environ aprs qu'on t'avait fait le commandement ci-dessus. Enfin, que tu avais demand la permission de le publier,sans cependant signifier h ceux qui t'ont donn cette facult, qu'il l'avait t enjoint de ne plus lenir, dfendre ou enseigner de quelque manire que ce ft cette mme doctrine; Tu as confess galement que, dans plusieurs endroits, la rdaction dudit livre est faite de telle sorte, que le lecteur puisse penser que les arguments invoqus en faveur cle la partie fausse sont noncs de telle sorte, qu'ils peuvent plutt, en raison de leur efficacit, s'imposer forcment i l'intelligence qu'tre rfuts facilement, t'cxcusanl d'tre tomb dans celte erreur, si loigne (comme tu le disais) de ton intention; sur ce que lu avais crit en forme de dialogue, et que, par la complaisance naturelle qu'a chacun pour ses propres subtilits, par le dsir de se montrer plus habile dans la discussion que ne l'est le commun des hommes dcouvrir des raisons ingnieuses, de manire les faire apparatre au moins probables ; Et'lorsqu'aprs un temps suffisant, pour prparer la dfense, tu as produit un tmoignage du cardinal Bellarmin, que tu t'tais procur, comme tu Tas dit toi-mme, pour te dfendre des calomnies de tes ennemis qui allaient disant que lu avais abjur et que tu avais t puni par le saint-office ; tmoignage clans lequel il est dit que tu n'as pas abjur, et que lu n'as pas t puni, mais qu'on t'a seulement dnonc la dclaration faite par Notre Seigneur, et promulgue par la Sacre Congrgation de l'Index, dans laquelle il est affirm que la doctrine du mouvement de la terre et de la stabilit du soleil est contraire aux critures, et que, par consquent, elle ne peut tre ni dfendue ni soutenue. C'est pourquoi, comme il n'est pas fait mention l de deux particularits du commandement,

36*

LES SPLENDEURS DE LA FOI

savoir enseigner, et de quelque manire que ce soit, il esl^ i croire que dans cet intervalle de douze h quinze a n s , elles aient chapp de la mmoire, el que c'est pour celle raison que tu as gard le silence sur ce commandement, quand tu as demand la facult de livrer ton livre a l'impression; et lu invoquais cet oubli, inoins pour excuser ton erreur et par malice, que pour satisfaire u n e vainc ambition. Mais ce n i c m e tmoignage p r o d u i t p o u r ta dfense a plutt aggrav
ta cause, puisqu'il y est dit que l'opinion dont il s'agit est c o n -

traire la sainte criture, et que nonobstant tu as os traiter d'elle, la dfendre, la persuader a u x autres comme probable ; et la facult extorque par toi avec artifice et ruse ne peut pas te venir en aide, puisque lu n'as pas fait connatre le prcepte a toi impos. Mais comme il nous paraissait que la vrit relativement les intentions n'avait pas t dite par loi dans son intgrit, nous avons jug ncessaire d'en venir au rigoureux examen dans lequel (sans prjudice aucun des aveux que tu avais fait ou qui avaient t dduits contre toi sur ton intention), tu as
r p o n d u d ' u n e m a n i r e c a t h o l i q u e . C'est p o u r q u o i les mrites

de la cause ayant t vus et pris e n srieuse considration ensemble avec tes aveux et les excuses, ainsi que toutes les autres choses qu'il fallait, de droit, voir et considrer, nous sommes arrivs contre loi la sentence dfinitive ci-dessous transcrite. Donc le Irs-saint nom de Notre Seigneur Jsus-Christ invoqu, ainsi que celui de sa trs-glorieuse mre Marie toujours vierge, par cette sentence dfinitive qui est ntre, et qui sigeons en tribunal du conseil et du jugement des Rvrends Matres en thologie et des docteurs dans l'un el l'autre droit nos consulleurs, nous prononons par cet crit dans la cause
et les causes c o n t r o v e r s e s devant nous e n t r e le magnifique

docteur dans l ' u n cl l'autre droit, Charles Sinceti, procureur fiscal du saint-office, d'une part, et loi, Galilco Galilei, accus, et par les actes crits du procs mis sous nos yeux, recherch, examin et confess comme ci-dessus, d'autre pari ; Nous prononons, jugeons et dclarons que loi, Galile susdit, en raison des choses qui sont contenues dans le procs crit et que tu as avoues comme ci-dessus, lu t'es rendu vhmentement suspect d'hrsie ce saint - office > parce

APPENDICE l

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que lu as cru et soutenu la doctrine fausse et contraire aux divines critures, savoir que le soleil est le contre de l'orbite de la terre, el qu'il ne se meut pas d'Orient en Occident; que la terre se meut, qu'elle n'est pas le contre du monde, et qu'on peut tenir et dfendre comme probable une opinion aprs qu'elle a t dclare et dfinie contraire la sainte Ecriture, et que par suite tu as encouru tontes les censures el les peines tablies cl promulgues par les saints canons et les constitutions gnrales ou particulires contre des dlinquants clc cette sorte. Desquelles peines et censures il nous plat que tu sois absous, pourvu qu'auparavant, d'un cur sincre et d'une foi non feinte, tu aies, devant nous, abjure, maudit et dtest les erreurs et hrsies susdites, et toute erreur cl hrsie quelconques contraires l'glise catholique et apostolique romaine, selon la formule qui t'est prsente par nous. Mais afin que ton erreur, grave et pernicieuse, el ta transgression ne demeure pas tout fait impunies, cl pour qu' l'avenir" tu sois plus sur tes gardes, et que tu sois pour les autres un exemple afin qu'ils s'abstiennent de semblables dlits, nous dcrtons .que le Livre des Dialogues de Galilco Galili soit prohib par dit public ; toi, nous te condamnons tre enferm dans la prison de ce saint-office pendant un temps que nous fixerons de notre libre arbitre, et qu' titre de pnitence salutaire tu rcites pendant les trois annes qui suivront, une fois par semaine, les sept psaumes de la Pnitence, nous rservant le pouvoir de modrer, changer ou remettre en tout ou en partie, les susdites peines et pnitences. Et nous disons ainsi, prononons et dclarons par sentence, statuons, condamnons et rservons par les moyens et formules et par tout autre moyen et formule que nous pouvons et devons de droit. Nous prononons ainsi, nous, cardinaux, qui avons ici sign.
Cardinal de Asculo. G. cardinal Ucnlivoglio. F. cardinal de Crmone. F. Antoine, cardinal do Saint-Onufre. II. cardinal Gypsi, F. cardinal Vcrospi.. M. cardinal Ginetti.

Je suis heureux de publier, pour la premire fois en franais, ce document qui rsume de la manire la plus impartiale et ta plus lucide les deux procs de Calilce. Il dmontre jusqu' Tvidencc : 1 que les

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LES SPLENDEURS DE L FOI

vrits condamnes n'taient pas envisages un point de vue purement scientifique, et qu'il n e s'agit nullement d'un aitentat de l'glise contre la science pure, tablie cl discutant sur son propre domaine ; 2 que Galile l u i - m m e avait pos le dbat sur le terrain thologique en dclarant, ce qui cependant est faux, d'aprs les lois de la mcanique p h y sique qu'il dcouvrit plus lard, que l'immobilit du soleil et la mobilit de la terre taient la ngation d'un texte de la sainte criture, pris clans le s e n s propre, naturel et direct; 3 que ds lors les deux d o g m e s scicnlitiqucs ne pouvaient tre admis comme vrais ou mme c o m m e probables; enfin,ce qui, nous le pensons,n'a pas encore t suffisamm e n t remarqu, qu'avant d'tre dclars errons et formellement h r t i q u e s , ces deux d o g m e s taient dclars absurdes et faux en philos_ct plrio, c'est--dire scicnLitiqucmcnl, d e telle sorte qu'en vengeant la foi o n croyait venger en m m e temps la science, et qu'il n e reste plus le moindre prtexte de conflit entre la science et la foi. C'tait bien la philosophie, c'est--dire la science du temps qui repoussait nergiquement c o m m e contraire la doctrine pripatticienne, alors universellement rgnante, et l'immobilit du soleil et la mobilit de la lorre ; c o m m e c'tait aussi la science la plus avance d u temps, la science de Galile l u i - m m e , qui dclarait incompatible le commandement de Josu : soleil arrte-toi, et l'immobilit essentielle du soleil. Dans ces conditions et quand Galile lui-mme se confessait coupable, sa condamnation, i m pose p a r l a thologie la fois et par la science, devenait une imprieuse ncessit, et en faire un crime la cour romaine, c'est une injustice criante. Galile apportait au monde la vrit, mais la vrit dans la b o u c h e de Galile, c o m m e dans la b o u c h e de tous les inventeurs, avait le m a l h e u r i m p a r d o n n a b l e cle ne pas tre vieille en naissant, et de venir se briser de front contre des habitudes d'esprit changes e n seconde nature. E n rsum, d'une part, les enseignements de Galile taient opposs la science du temps, de l'autre ils taient prsents par Galile l u i m m e c o m m e contraires au texte rvl ; ils n e pouvaient donc pas chapper la condamnation. Le saint-office s'est tromp, mais il s'est tromp avec la majorit ou la presque unanimit des savants, il s'est tromp avec Galile lui-mme; il s'est tromp sous la pression des c o n victions profondes et universelles d'un sicle o la foi, rgnant encore en souveraine, tait considre c o m m e la seule sauvegarde efficace des socits, au double point de vue du bonheur du temps et du bonheur de l'ternit. En un mol, la sentence du samt-office tait, dans les conditions o elle a t prononce, ncessaire, invitable, m i n e m m e n t raisonnable, rationnelle et r a s o n n e ; elle se c o m p r e n d d ' e l l e - m m e , m a i s c o q u i n e se c o m p r e n d nullement, c'est l ' a c q u i e s c e m e n t donn par Galile la s e n tence prononce contre lui ou son abjuration.

ABJURATION DE GALILE.

[Berti,

p . 149.)

Moi, Galileo Galiloi, fils de Vincent Galile, Florentin, g de soixanlc-dix ans, constitu .personnellement en jugement el agenouill devant vous, minentissimes et Rcvrcndissimes Cardinaux de la Rpublique universelle chrtienne, inquisi-

APPENDICE B.

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teurs gnraux contre la malice hrtique, ayant devant les yeux les saints et sacrs vangiles, que je touche de mes p r o pres mains, je jure que j'ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai a l'avenir, tout ce que tient, prche et enseigne la sainte glise catholique, apostolique, romaine. Mais parce que ce saint-office m'avait juridiquement enjoint d'abandonner entirement la fausse opinion qui tient que le soleil est lo centre du monde et qu'il est immobile, que la terre n'est pas ce centre et qu'elle se meut, et parce que je ne pouvais la tenir, ni la dfendre, ni l'enseigner d'une manire quelconque, de voix et par crit, et aprs qu'il m'avait t dclar que la susdite doctrine tait contraire la sainte Ecriture, j ' a i crit et fait imprimer un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamne, et j'apporte des raisons d'une grande efficacit en faveur de cette doctrine, sans y joindre aucune rserve, c'est pourquoi j'ai t jug vhmentement suspect d'hrsie pour avoir ainsi cru et tenu que le soleil tait le centre du monde et immobile, et que la terre n'tait pas le centre du monde et qu'elle se meut. C'est pourquoi voulant effacer des esprits de vos minences et de tout chrtien catholique cette suspicion vhmente conue contre moi avec raison, d'un cur sincre et d'une foi ferme, j'abjure, maudis et dteste les susdites erreurs et hrsies, et gnralement toute autre erreur ou secte contraire la susdite glise catholique, et je jure qu' l'avenir je ne dirai ni affirmerai, de vive voix ou par crit, rien qui puisse autoriser contre moi de pareils soupons, et si je connais quelque hrtique suspect de ces hrsies, je le dnoncerai ce saint-office ou l'Inquisiteur ou l'Ordinaire du lieu dans lequel je serai. Je jure en outre, et je promets que je remplirai et observerai toutes les pnitences qui me seront imposes par ce saintoffice; que, s'il m'arrive d'aller contre quelques-unes de mes promesses, protestations ou serments, ce que Dieu veuille dtourner, je me soumettrai toutes les peines et supplices qui par les saints canons et autres constitutions ont t staLus et promulgus contre de tels dlinquants. Ainsi Dieu me soit en aide et les saints Evangiles que je touche de mes propres mains. Moi, Galileo Galilei susdit, j'ai abjur, jur, p r o m i s e me suis oblig,comme ci-dessus. En foi de quoi, de ma propre main, j'ai souscrit le prsent chirographe de

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

mon abjuration, et l'ai rcit mol h mol Rome dans le couvent de la Minerve, le 22 juin 1533.
Ici je ne me sens capable de rien ajouter. Pauvre science! Le saintoffice s'est tromp, mais il est rest au moins consquent avec luimme. Ceux-l seuls peuvent se montrer inexorables qui ne savent plus que la Foi est le plus ncessaire et le plus grand des biens, non-seuiement de l'homme individuel mais des socits humaines, et que dpasser le but pour la sauvegarder est un accident regrettable mais honorable. Le pauvre savant au contraire s'est montr faible cl inconsquent l'excs. C'est une abdication dsesprante! Le texte de la sentence prouve aussi qu'elle est l'uvre exclusive des dix cardinaux dont elle nous donne les noms, ou mme des six cardinaux qui Pont signe, et qu'elle n'est nullement un jugement dogmatique de l'Eglise universelle ou du souverain Pontife jugeant et parlant ex cathedra.

Appendice C

Comme dans cet ouvrage j'avais dfendre principalement la vrit scientifique absolue des livres inspirs, je n'avais pas rpondre aux objections contre leur authenticit et leur moralit; je crois devoir faire exception pour le livre de l'Ecclesiaste et je suis heureux de consigner ici le rsum d'un beau et bon livre rcemment publi par un de mes compatriotes. SALOMON E T L'ECCLESIASTE. tude critique sur le texte, les doctrines, Vqe et Vauteur de ce livre, par l'abb . M O T A I S , prtre de l'Oratoire de Rennes, professeur d'Ecriture sainte nu grand Sminaire. Paris, Bercile et Tralin, 1876, 2 forts volumes in-8. L'Ecclesiaste, en hbreu Coheleth, est un des livres de l'Ancien Testament qui ont le plus exerc les interprtes, tant raison des prceptes de morale qu'il donne qu' raison des difficults que prsente sa forme, la fois leve, originale et concise.il v a des obscurits dans l'Ecclesiaste; elles n'y seraient pas, si le livre tait moins ancien, et si Fauteur avait abord un sujet moins ardu que le gouvernement de la Providence dans le mondo et les obligations morales'de l'homme envers elle. Le rationalisme, qui craint le grand jour comme l'erreur craint la lumire, a profit de ces obscurits pour essayer de battre en brche la doctrine e t ' n i e r l'autorit divine dont ce livre a toujours joui chez les juifs et chez les chrtiens jusqu' nos jours. L'Ecclesiaste a t envelopp par les forces combines du rationalisme de trois cts la fois. On a attaqu le fond, la forme et l'auteur. C'est en Allemagne qnc lo combat s'est livr; MM- de Rosny et Renan ont voulu le renouveler en France. Si leurs efforts sont demeurs striles, ils nous ont au moins valu l'excellent travail do M. l'abb Motais qui les rfute premptoirement. Quelques rabbins avaient autrefois lev des doutes sur la puret des doctrines de l'Ecclesiaste ;mais la Synagogue main-

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LES SPLENDEURS DE LA FO.

tint le livre au nombre des crits inspirs. Chez les chrtiens quelques hrtiques prtendirent y avoir dcouvert des traces d'picurisme, et Thodore de Mopsueste traita l'Ecclsiaste comme les Proverbes et Job auxquels il refusait l'inspiration. Ces voix discordantes demeurrent sans cho; saint Grgoire Thaumaturge, saint Grgoire de Nysso, saint Ephrem, saint Jrme, Olympiodorc, dfendirent la vraie tradition qui fut universellement suivie jusqu' la Rforme, et mmo aprs, non-seulement chez les catholiques, mais aussi chez les p r o t e s tants. Car c'est seulement de nos jours qu'on a srieusement et systmatiquement combattu l'Ecclsiaste. Grotius ouvrit la voie en prtendant que Salomon n'avait pas crit le Goheleth; mais il ne voulut pas pousser plus loin ses attaques et maintint l'autorit doctrinale et inspire du livre. Je laisse la parole M. Motis qui rsume ainsi l'histoire des systmes rationalistes : Grotius en dpossdant Salomon, avait dclar qu'il fallait placer l'Ecclsiaste sous ZorobabeL Paulus vint et ne fut pas de cet avis; il dcida que si Grotius avait bon droit entam l'difice traditionnel, il tait toutefois trop radical et plaait trop bas la rdaction de l'Ecclsiaste; son gr, c'tait avant l'exil qu'il tait apparu, Schmidt, quatre ans plus lard, rptait la mme chose, et fixait le livre entre Manass et Sdcias, sous prtexte qu'il avait trouv la chose dite au chapitre vin, 2, 10. Mais Paulus ne larda pas se voir singulirement dpass. Demeurant d'un autre ge, il avait voulu reporter l'Ecclsiaste en a r r i r e ; il n'avait pas prvu que Zirkel, deux ans plus tard, lui montrerail du doigt son ignorance et lui ferait voir qu'il n'y a pas seulement des chaldasmes dans le Goheleth, mais des h l l nismes, et qu'au lieu de faire remonter le livre, il fallait le rejeter jusque sous Anliochus Epiphane. La dcouverte tait belle, Zirkel tait triomphant. Eichhorn ne crut pas pouvoir le laisser tranquille dans son succs et sa gloire ; il lui rpondit sans faon qu'il avait pris do l'hbreu pour du gr ce et que tout son systme ne tenait pas d.ebout. Dans le mmo temps les arguments de Schmidt rencontraient un adversaire non moins dcid dansBertholclt, qui n'eut pas de peine, d i t R o s e i mllcr, en faire prompte justice, et plaa l'Ecclsiaste entre Alexandre et Anliochus. Un sentiment diffrent de tous les- autres avait pendant ce temps trouv moyen de se produire. Nachtigall, dou d'un

APPENDICE G.

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flair exglique inconnu ses devanciers, avait reconnu des morceaux crits entre Salomon et Jrmie, et pour plus do prcision entre Isae et Jrmie; mais il avait aussi aperu que le livre, dans sa forme actuelle, devait tre de l'poque de la Sagesse ou du temps de Philon. Cette opinion parut assez excentrique Borgst, qui se proccupa de, la remplacer; ce qu'il fit sans attendre, l'anne suivante, ds qu'il eut dcouvert qu'il fallait fixer le livre l'poque o Alexandre remportait
ses victoires sur les P e r s e s et les Juifs. Quelque temps aprs vint de W e l l e qui d o n n a vraiment l'exemple d'une modestie

rare, en se contentant p e u prs d'une opinion qu'il trouvait toute faite. Se rapprochant du sentiment de Bergst, il voulut bien ne pas faire descendre le livre plus bas que le commencement de la priode macdonienne. Celte modestie ne fut pas imite par Itosenmilier, q u i prfra le placer entre Nhmie cl Alexandre; mais Knobol en donna bientt un nouvel exemple, en adoptant l'opinion de de Wctle. Dans l'intervalle, Grotius, depuis si longtemps oubli, avait trouv un dfenseur dans la personne de Kaiser, qui, laissant de ct toutes les dcouvertes rcentes, optait, avec son chef de file, pour
l'poque de Zorobabel.

Cependant, h Knobol avait succd Ewald, qui au lieu de saisir dans l'ouvrage les reflets du commencement de la priode macdonienne, y avait retrouv, a coup sr, les traces des dernires annes de l'poque persane. Ewald, comme toujours, tait certain d'avoir raison. Hitzig n'en crut rien; et laissant lk Ewald avec les Perses, il alla dans le rgne des Ptolmes gyptiens chercher les vnements auxquels fait allusion l'EcclsiasLe. Il eut le bonheur de fouiller assez bien et de voir assez juste pour pouvoir apprendre l'Allemagne que c'tait en l'anne 204 que TEcclsiasle avait t crit.
Bornstcin se mit h, rire, et p r e n a n t h partie la thse i n g n i e u s e et inoue du trs-clbre Hitzig, il la traita de

plaisanterie, et la dmolit sans rmission, argument par argument, pour arriver conclure qu'il ne faut ni remonter plus haut que le rgne d'Artaxcrxs Longue-main, ni descendre plus bas que l'poque de la victoire d'Alexandre sur Darius Codoman. Hengstenbcrg, cinq ans plus lard, reprit de nouveau la question, et diffrant de Bernstein, s'effora d'tablir que si l'on ne peut placer l'Ecclsiaste sous Cyrus, il n'y a aucune raison pour le jeter en dehors du rgne de Xorxs.

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

Hengstenberg esprait avoir dit le dernier mot ; il oubliait qu'il vivait en Allemagne, et qu'on y trouve toujours plus audacieux que soi. De fait, des dcouvertes nouvelles furent bientt rvles au monde savant, par la publication de D. Luzatlo, surpass encore, en 1871, par le D ' Grsetz, qui se flatte sans doute d'avoir pouss l'audace k sa limite dernire. Heureux allemand! Zirkel, avec ses hllnismes, en avait t pour ses frais de critique; il avait obtenu un succs de rire et rien de plus. Depuis longtemps, on n'en parlait plus que pour
1

m m o i r e . Mais Zirkel est v e n g , Zirkel est d p a s s . M. Graolz,

professeur k l'Universit d e B r e s l a u , vient de le ressusciter pour s'en faire un pidestal, car Zirkel est encore un petit homme prs de M. Gnctz, qui le laisse voir et le dit k peu prs. Il plaisante le pauvre chanoine, et montre que si Zirkel a eu raison de crier aux hllnismes en critiquant l'Ecelsiaste, il a eu tort de ne pas apercevoir les latinismes dont le livre porte si videmment des traces. Oui, des latinismes! Combien Grotius, Eiclihorn, Knobcl, Bcrnstein, Ewald, Hengstenberg sont de petites gens avec leurs aramasmes! Et combien M. Graelz domine tous ces pauvres borgnes de la critique germanique! En consquence, a p p u y sur ces motifs et sur
b e a u c o u p d ' a u t r e s tout aussi c o n c l u a n t s , ce d e r n i e r c r i t i q u e

est, comme cela devait tre, le plus audacieux, et place r s o lument le livre vers le temps de Jsus-Christ. C'est assez. Il suffit d'numrer tous ces systmes arbitraires pour en faire justice. Si Ton exige davantage, qu'on ouvre le livre, il porte en tte le nom de son auteur : P a r o l e s de l'Ecelsiaste, fils de D a v i d et roi de Jrusalem ou roi d'Isral Jrusalem comme portent les Septante, ce qui est galement catgorique. Ce fils de David, roi de Jrusalem ou roi d'Isral k Jrusalem, n'est et ne peut tre que Salomon. Car il est dit de lui plus loin qu'il a rgn longtemps sur tout Isral k J r u salem. 11 est dit qu'il a fait des uvres magnifiques, qu'il s'est bti des p a l a i s , cr des jardins, creus des rservoirs, qu'il a entass l'or et l'argent, qu'il a surpass en grandeur et en richesse tous ceux qui ont t avant lui k Jrusalem et que sa sagesse n'en a point souffert. M. l'abb Motais dmontre victorieusement que ces paroles ne peuvent se rapporter qu'il Salomon, qu'il n'y a rien dans le livre ni dans la langue du livre qui dsigne une autre poque. Il rfute premptoirement tout ce que le rationalisme a imagin en sens

APPENDICE C.

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contraire. Le second volume est consacr tout entier ce sujet. Apres avoir dlir de la sorte sur l'auteur, comment le rationalisme aurait-il respect la doctrine? L'Ecclsiaste, ce sublime trait qui expose avec tant d'loquence le nant des choses humaines, le gouvernement mystrieux de la Providence dans le monde, et la ncessit de la vertu en face du j u g e m e n t futur, est d e v e n u u n tissu* de c o n t r a d i c t i o n s , u n e uvre i m p r g n e de scepticisme, de matrialisme et d'picurisme, o l'amertume longtemps contenue dans le cur ulcr de l'auteur, dborde malgr lui longs Ilots et engloutit ses dernires esprances et son Dieu (Lon de Rosny). C'est contre tous ces adversaires que M. l'abb Molais a crit son livre. Les ncessits de la polmique en ont rgl Tordre et la forme. Cet ouvrage n'est pas un commentaire suivi et longuement dvelopp comme celui du P. Pinda et des autres grands commentateurs; c'est, avant tout, une uvre de polmique aussi anime que courtoise, o toutes les difficults souleves p a r le rationalisme contemporain sur la doctrine et Fauteur du Cohelcth sont groupes on un certain nombre de chapitres, discutes fond et rduites en poussire, l'aide de toutes les ressources dont dispose aujourd'hui l'exgse biblique. L'auteur a divis son ouvrage en deux tomes. Le tome premier donne d'abord la traduction du texte. Celte traduction reproduit fidlement le texte hbreu, et s'loigne par l, en certains endroits, des traductions ordinaires faites sur la Vulgate latine. Compare aux versions de Sacy, de Carrires et de M. Glaire, elle l'emporte en puret et en lgance en mme temps qu'elle fait disparatre les obscurits d e' certains passages. Des notes philologiques fort courtes justifient la traduction et donnent raison du choix de l'auteur, lorsqu'il a d so prononcer entre deux interprtations controverses. Nos lecteurs pourront juger eux-mmes en comparant avec les versions dont ils se servent le commencement du chapitre xn. Voici la version de M. Motais : 1 . Souviens-loi de ton crateur, ds la jeunesse, avant qu'arrivent les mauvais jours cl que s'approchent les annes dont tu diras : il n'y a plus en elles de plaisir pour moi.

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a 2. Avant que s'obscurcisse le soleil, et la lumire "et la lune et les toiles, et que reviennent les nuages aprs la pluie. 3 . Alors que les gardiens de la maison tremblent, et se courbent les hommes robustes; que chment celles qui avaient accoutum de moudre, parce qu'elles ne sont plus on nombre, et se voilent ceux qui regardent par les fentres (1). < 4 . Que se ferment les portes de la place, lorsque s'affaiblit ( le son d e l meule; que l'homme s'veille au chant de l'oiseau, et se taisent les filles de l'harmonie (2). 5. Quand o n c r a i n t l e s lieux levs et que le chemin est plein de terreurs; que l'amandier fleurit ; que grossit la sauterelle et que la cpre clate, lorsque l'homme s'en va dans la maison de son ternit, et que les pleureurs l'entourent sur la place publique. 6. Avant que soit dtach le fil d'argent et rompue la lame d'or; que soit brise l'urne la fontaine et que la roue tombe en ruine sur le puits. 7 . Et qu'enfin la poussire retourne la terre o elle tait et l'esprit . Dieu qui l'a donn. 8. Vanit des vanits, dit l'Eccsiaste, tout n'est que vanit. M. l'abb Motais donne ensuite la paraphrase de l'Ecclsiaste et cherche par une analyse exacte montrer l'enchanement et la liaison des penses. C'est ici le point de dpart des erreurs du rationalisme. Comprenant mal la forme potique de l'ouvrage et le caractre essentiellement oriental de la posie hbraque, les rationalistes n'ont vu dans le Cohelcth qu'une suite de penses sans unit, sans ordre et sans liaison. Ajoutons cependant qu'ils ne sont pas tous du mme avis sur ce point et qu'ils se rfutent les uns et les autres. M. Motais fait ici une observation trs-juste et qu'on ne doit jamais p e r (1) Description potique du corps : les gardiens sont les bras, les hommes robustes sont les j a m b e s ; celles qui ont accoutum de moudre sont les dents, et ceux qui regardent par ta fentre les y e u x , placs clans leur orbite. (2) M. Glaire traduit : Que deviendront sourdes les filles du chant, c'est--dire les oreilles. C'est l'interprtation de saint Jrme, contredite par Gesenius et RoscnmUcr. Les interprtes sont trs-diYiss sur ce point.

APPENDICE C

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dre de vue lorsqu'on lill'Ecclsiasle : c'est que le lecteur n'y trouvera pas la terminologie, la mthode et la rigueur de notre dialectique moderne. La langue hbraque, excessivement pauvre en particules de liaison, ne procure point a l'crivain celte facilit d'enchanement que nous trouvons dans nos langues plus formes et plus analytiques. Il en rsulte que la philosophie hbraque est, presque autant par ncessit que par got, aphoristique cl sentencieuse. Les ides s'y unissent plutt par leur fond et leur nature que par le contour extrieur quelles revtent. C'est pour n'y avoir pas regard d'assez prs que certains rationalistes n'ont pas su saisir l'enchanement des penses de l'Ecclsiastc, Cet enchanement est quelquefois difficile dcouvrir ; on peut hsiter en maints endroits; on peut le concevoir diffremment; mais cet enchanement existe; nous croyons mme qu'il n'est pas ncessaire d'en excepter les premiers versets du chapitre v, sur lesquels M. Motais hsite. On a attaqu la doctrine de l'Ecclsiaste. On y a vu le fatalisme et rpicuroisme; M. de Rosny y a trouv le scepticisme, MM. Renan et Dcrcmbourg le matrialisme. Ces derniers ont mme os avancer cette opinion h l'Acadmie des inscriptions et belles-lettres. Ils avaient t prcds en Allemagne par M. Noeldeke, qui n'tait lui-mme que l'cho de Schmidt et d'Augusti. A les entendre, tous les rationalistes, les seuls qui soient verss en exgse, sont unanimes a affirmer que l'Ecolesiastenie l'immortalit de Tnie, et ils prtendent dmontrer que le Coheleth n'est qu'un matrialiste. Il s'en faut qu'il en soii ainsi. Et d'abord Le Clerc, qui n'tait pas catholique, et Desvux, qui Test encore moins, ne sont gure de l'avis .des deux acadmiciens franais. Car, selon le premier, le Coheleth est une rfutation du matrialisme et, selon le second, c'est une dmonstration de l'immortalit de l'me; c'est donc l'antithse de MM. Renan et Derembourg. Mais TEcclsiaste nic-t-il quelque part l'immortalit cle l'Ame? M. Motais rpond h a r d i m e n t : n o n ! et il base sa rponse sur des preuves sans rplique. Il montre que les adversaires, pour soutenir leur affirmation, doivent faire violence au texte, choisir quelques phrases courtes, les sparer de ce qui prcde et de ce qui suit, cl leur donner un sens en dsaccord non-seulement avec leur contexte, mais encore avec l'ensemble du livre. Par ce procd, qui blesse

LES SPLENDEURS DE LA FOI

toutes les rgles de l'exgse, on peul quand on le veut, c'est la remarque d'un grand crivain, faire dire n'importe quel auteur, toutes les sottises imaginables. L'Ecclsiaste crit, chapitre n i , 19 : Les hommes sont exposs aux surprises d u sort aussi bien que la bte ; ils ont tous deux la mme destine ; de mme que l'un meurt Vautre meurt a u s s i ; u n mme souffle les anime. U h o m m e n'a pas d'avantage sur lu bte; tous deux sont vanit.Tous deux vont au mme lieu, tous deux sont sortis de la poussire et retournent ci la poussire. Voil, dit-on, le matrialisme : pas de diffrence entre rhomme et la b t e ; ils ont tous deux une mme destine, un mme sort les attend... la poussire, le nant. Quoi de plus clair? E h bien ! Rien n'est plus faux que celte conclusion. M. Motais l'tablit premptoirement. D'abord il remarque que l'homme ayant comme la bte une vie animale, ce qui peut se dire de l'un ce sujet peul se dire de l'autre. Et de fait, il est vrai que sous ce rapport le sort des deux est le mme. Il est vrai que l'un meurt-comme l'autre. Il est vrai encore, ce point de vue, qu'un mme souffle les a n i m e , que l'homme animal n'a point d'avaniagc sur la bete, c que tous deux sont sortis de la poussire et retour< nent la poussire. Le Cohelelh a-t-il voulu exprimer ce sens restreint?'Rien dans le texte hbreu n'indique le contraire. Les mots et le paralllisme de la phrase insinuent que l'auteur s'est occup et a parl de la vie terrestre, non de la vie d'outre-tombe. La liaison des penses corrobore cette manire de voir et nous donne ce sens : Le sort de l'homme est le mme que celui de la bte, en cela qu'zYs meurent tous les deux. Mais c'est surtout le contexte qui est dcisif. L'Ecclsiasle, en effet, aprs avoir dit que l'homme et la bte retournent galement h la poussire, ajoute immdiatement : Qui voit l'esprit de Vhomme, lequel munie vers le ciel, et Vesprit de la bte qui descend vers la terre? Nous suivons le texte massortique; la Vulgalc diffre un peu. Mais quelles que soient les divergences, impossible d'y voir autre chose que la condamnation du matrialisme. M. l'abb Motais le dmontre premptoirement.par le verset 7 du chapitre xn, qui exprime la mme pense : Souviens-toi de ton crateur avant que la poussire retourne la terre o elle tait et l'esprit Dieu qui Va donn. D'ailleurs comment un

APPENDICE C.

49

autour qui enseigne que la sagesse remporte sur la sottise autant que la lumire sur les tnbres, qu7Z y aura une rcompense, mais ordinairement pas en ce monde pour ceux qui craignent D i e u , cl qui se rsume en disant : Craignez D i e u et gardez ses commandements, car c'est l tout Vhomme. Puisque toute uvre, mme la plus cache, bonne ou mauvaise, Dieu l'appellera en jugement; comment un tel auteur pourrait-il enseigner le matrialisme, sans tomber dans la plus inepte contradiction? C'est ce que M. l'abb Molais dveloppe avec une grande force de raisonnement. On le trouvera peut-tre un peu long, mais jamais sans intrt. Il fortifie toutes ces raisons par l'exposition do la doctrine des Hbreux et de l'Ecclsiaste sur le schol ou lieu des mes aprs la mort. Les autres accusations du rationalisme sont rfutes de la mme manire. Le second volume est, comme nous l'avons dit, consacr tout entier tablir que Salomon est l'auteur du Coheleth et qu'il a compos cet ouvrage sur la fin de sa vie. Les attaques du rationalisme ont oblige M. Motais h faire une tude aussi intressante qu'approfondie du rgne de Salomon.-On la lira avec profit. Les limites de ce compte rendu ne nous permettent que de l'indiquer. Nous no pouvons entrer dans une critique de dtail. Mais ce court aperu montre suffisamment que le livre de M. Motais s'adresse aux amis des tudes fortes et srieuses. Son Em. le cardinal de Rennes a dit avec une grande justesse dans son approbation : Get ouvrage, qui rappelle les grands traits des ges ihologiques, claire et venge pleinement le livre sacr des attaques souvent rptes des exgtes rationalistes, et rpand un jour clatant et nouveau sur le rgne de Salomon et de son poque. Ajoutons que le livre de M. Motais, par la solidit du fond comme par la beaut de la forme, a pris sa place parmi les meilleurs traits d'exgse que la France nous a fournis dans ces derniers temps. T. L. [ R e w e de l'Enseignement chrtien.}

Ili

Appendice D

ONTOLOGIE.

Dmonstration d e l'existence d e Dieu p a r l'uvre des s i x jours ou la cration d e la l u m i r e , d e s lments matriels, des corps t e r r e s t r e s et clestes, d e s p l a n t e s , des a n i m a u x et d e l'homme. Gel appendice est un resum substanliel d'une srie d'articles publi par le R. P . Gornoldi dans la Civilt Cattolica, la savante Revue des Jsuites de Florence, du 3 juin 1876 au 3 mai 1877. 1. Le premier article prliminaire a pour titre : L e systme mcanique de l'univers dans ses rapports avec l'existence de D i e u . Par systme mcanique de l'univers, l'auteur entend le systme atomique d'picure, repris par les savants modernes mancips de la Foi, Tyndall, Haeckcl, etc. Le monde est uniquement constitu par un nombre infini d'atomes m a t riels qui, anims de mouvements ncessaires et incessants, par leurs positions relatives, leurs groupements, leurs combinaisons, donnent naissance li tous les tres et tous les phnomnes de la nature. Or ce systme, en apparence matrialiste l'excs, dmontre invinciblement l'existence et l'intervention de Dieu : 1 pour la production des atomes dont il peut seul tre la cause efficiente, comme crateur; 2 pour leur mise en mouvement, comme premier moteur ; 3 pour l'entretien de leur mouvement comme conservateur ; 4 pour la coordination de leurs mouvements, comme ordonnateur supreme et trs-sage. Dieu enlev, le monde d'picure est en pleine contradiction, il s'annule ou s'annanlit de lui-mme ; puisqu'il faudrait absolument admettre des atonies produits sans agent producteur, des atomes mis en mouvement sans agent m o t e u r ; des atomes qui continuent de se mouvoir sans agent conservateur; des atomes coordonns dans leurs

APPENDICE il.

51*

mouvements sans agent ordonnateur ; ce qui signifie h p r o prement parler, principe sans fondement, effet sans cause, c'est--dire effet non effectu, contradiction et nant.

IL

DMONSTRATION CRATION DU

DE

L'EXISTENCE

DE

DIEU

TIRE

DE

LA

PREMIER

jouu. Les lments.

A cette premire priode, nous ne voyons que les corps simples, ou substances lmentaires, c'est--dire celles qui ne rsultent pas d'une synthse chimique ou d'une permutation substantielle. Ces substances lmentaires et primordiales sont ou contingentes et par consquent produites, ou ncessaires et par consquent improduites. Et parce que les parties d'un tout sont antrieures au tout, tout au moins dans la conception, la matire premire et la forme qui sont les parties de ces lments seront elles-mmes ncessaires. Mais la matire premire, en elle-mme et spare de la forme, est totalement incomplte cl incapable de toute opration; spare de sa forme ou de toute forme, clic est simplement en puissance et non en acte. Or un tre ncessaire existe ncessairement ou est ncessairement en acte. La matire premire des substances lmentaires est donc contingente ; si elle est contingente, elle est produite, et si elle est produite, clic exige un producteur. Quel est ce producteur? Ce ne peut tre la forme substantielle, puisque, celle-ci donne au corps son existence et non pas sa matire p r e m i r e , qu'elle p r s u p pose pour pouvoir exister, comme tout acte prsuppose la puissance dont il est l'acte. Force est donc d'affirmer que le producteur ou la cause efficiente de la matire premire est en dehors de la substance lmentaire. Mais l'univers entier est constitu par la matire des substances lmentaires, donc la cause premire de la matire de tout l'univers ne fait pas partie de cet univers, et c'est Dieu. Arrivons la forme substantielle de la matire. Peut-elle tre ncessaire? Non,c'est une impossibilit manifeste. Eu effet, la forme substantielle de l'lment dpend intrinsquement de la matire qu'elle informe el la suppose. Par consquent, elle manque de cette indpendance qui est cependant essentielle un tre ncessaire. Or si la matire premire est contingente, plus forte raison doit-on dire que la forme des

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

clments, qui dpend de la matire premire dans son essence et dans son tre, est elle-mme contingente. Et, trs-certainement la matire premire, tre en puissance seulement, et ncapablc d'oprer sans sa forme, ne peut pas tre la cause efficiente de celte mme forme. Il faut donc chercher en dehors de toute la masse de matire lmentaire primordiale la cause premire ou efficiente des formes substantielles des lments ; et celle cause ne peut tre que Dieu. Maintenant que nous avons touch de la main la contingence de la matire et de la forme de la substance lmentaire, pourrions-nous dire que l'essence complte de l'lment est ncessaire? Mais l'essence de l'lment est constitue, comme de parties essentielles, par la matire et la forme : la premire est sa cause intrinsque matrielle, la seconde est sa cause formelle intrinsque, et dire que l'essence de l'lment entier est ncessaire reviendrait dire que le tout est ncessaire, tandis que les parties dont il se compose sont essentiellement contingentes. Or cela est absurde, puisque-le tout constitu par les parties, ne peut possder que ce qui est de l'essence des parties : si les parties sont contingentes, le tout c'est--dire l'lment, sera lui-mme contingenti cl par consquent produit Mais comment Dieu produit-il l'lment? Admettons, par exemple, que ces substances lmentaires primordiales sont l'oxygne, l'hydrogne, l'azote, le carbone. Peut-on admettre que Dieu produisit d'abord la matire premire el qu'ensuite il la moula en lments divers, de manire constituer ici l'oxygne, l l'hydrogne, l'azote, etc. Non, parce que de mme que l'tendue ne peut pas exister sans figure, la matire ne peut pas exister sans quelque dtermination spcifique. Nous disons spcifique, et non pas gnrique, car dans la ralit les espces seules, et non pas les genres, ont une existence actuelle; les genres n'ont d'actualit que dans les espces, par les espces... Donc les lments ont t produits sous la forme qui donne leur matire son tre spcifique d'oxygne, d'hydrogne, de carbone, qui leur donne en mmo temps l'existence actuelle comme corps complet dans son essence, ainsi que l'exige la raison. Dieu donc a produit au mme instant la matire e l l a forme des lments unies ensemble, c'est--dire qu'il a produit les lments complets dans leur espce.

APPENDICE 0,

III.

DEMONSTRATION DU SECOND JOUR.

DE

INEXISTENCE

DE DIEU

TIRE

DE

L'OEUVRE

L a formation

des corps

inorganiques.

Reprsentons-nous la multitude des molcules lmentaires appeles k former les cicux et la terre ; elles ne pourront donner naissance des combinaisons chimiques qu'autant qu'elles se rapprocheront et s'uniront. Or il n'est nullement dans leur essence d'occuper tel lieu plutt que tel autre de l'espace sans limites ; de se mouvoir dans telle ou telle direction, avec telle ou telle vitesse. Par exemple, une molcule d'oxygne est indiffrente par elle-mme k se trouver trsprs ou trs-loin d'une molcule d'hydrogne ou de carbone; elle est indiffrente k se porter lentement ou vite d'un ct ou d'un autre. En tout c a s , la combinaison de l'oxygne avec l'hydrogne ou le carbone ne pourra se faire qu'autant que les lments seront amens au contact, qu'autant qu'ils subiront une altration, une modification produite par une cause extrieure, puisqu'ils n'ont pas videmment en euxmmes la raison suffisante de leur rapprochement et de leur union. Cette cause extrieure ne peut tre que Dieu qui seul a eu la puissance de dterminer les lments k se mouvoir, se rapprocher, et k produire, comme ils l'ont fait, la chaleur, la lumire et tous les composs organiques. Dieu a agi, en crant les lments, en leur donnant la fois et leur matire premire et leur forme substantielle, en dplaant et r a p prochant ces mmes lments pour faire natre les composs inorganiques.

IV.

DMONSTRATION TROISIME

DE

L'EXISTENCE

DE

DIEU

PAR

L'UVRE

DU

JOUR.

Les corps

clestes.

Uther..

Admettons l'hypothse des tourbillons de Laplace. Les innombrables composs inorganiques forms le deuxime jour se sont tendus et disperss dans l'immensit de l'espace. Ils forment comme des zones concentriques animes chacune d'un mouvement propre, circulaire ou elliptique, autour d'un point qu'on pourrait appeler le contre l'univers. Ces zones concentriques en s'agglomrant ou se condensant doivent donner naissance successivement aux soleils, aux

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

plantes, aux satellites des plantes. Pour expliquer la formation des mondes, dans la synthse de Laplacc, il faut des masses de matire ou tourbillons tournant autour de un ou plusieurs centres, anims de deux forces, Tune tangentielle qui tend faire mouvoir toutes les particules matrielles en ligne droite suivant la tangente la courbe qu'elles dcrivent; l'autre centripte qui tend incessamment les entraner vers le centre de la rotation. Cette seconde dtermination doit
cire continue, et la c o m b i n a i s o n des d e u x forces a m n e la p a r ticule dcrire u n cercle ou une ellipse. Mais ces deux mmes

forces doivent ncessairement maner d'une cause premire distincte de l'ensemble de la masse matrielle, et cette cause ne peut tre que Dieu. Dans une lettre au docteur Bentley du collge de la Trinit, en date du 26 janvier 1692, Newton dclarait formellement qu'il lui tait absolument impossible d'expliquer la formation et le mouvement rgulier des mondes, par la double action des forces centrifuge et centripte sans l'intervention d'un tre actif et intelligent ou de Dieu, raison unique et ncessaire de l'attraction centrale et de l'impulsion transversale. Parlant de la gravitation inne ou
universelle, N e w t o n , d a n s u n e seconde lettre du 25 fvrier 1693,

adresse au mme docteur, disait : L'hypothse d'une gravitation inne, incrc et essentielle la matire, qui ferait qu'un corps pourrait agir sur un autre distance et travers le vide, sans aucun intermdiaire, est pour moi d'une si grande absurdit, que je crois qu'elle ne pourrait jamais tre admise par un homme dou de la facult ncessaire pour tudier les sciences physiques. La gravitation dans son essence est ncessairement le produit d'un agent qui opre incessamment, conformment certaines lois, agent immatriel et divin... On pourrait jusqu' un certain point admettre qie la gravitation universelle est un mouvement naturel des corps qui les ferait
tendre d'une m a n i r e continue, vers iftie union mutuelle;

mais le mouvement tangentiel de la matire cosmique est un mouvement violent qui no peut nullement avoir son principe dans les corps eux-mmes. En rsum, la force tangentielle ne peut avoir sa source que dans une action divine; et la force centripte, tendance naturelle des corps graviter l'un vers l'autre, ne peut avoir elle aussi sa raison suffisante que dans celui qui a produit les corps. La nature, les forces de la nature; les lois immuables

APPENDICE D.

de la nature, les faits naturels ne sont que des mots vides do sens, sous lesquels se cache une ignorance profonde, ou une impit draisonnable. C'est donc cder au sentiment clu vrai, c'est se conformer aux principes de la saine philosophie que d'tre ravi de l'harmonie des cieux, que de voir dans la circulation des plantes autour du soleil, dans la rotation des satellites autour des plantes, clans la course des comtes travers l'immensit de l'espace, dans l'entranement de tous les astres vers un centre commun de l'univers, la main de Dieu qui a tendu l'iher pour qu'il devienne lo vhicule des actions mutuelles des corps clestes, la main de Dieu qui a imprim aux substances corporelles la tendance se rapprocher, se porter Tune vers l'autre pour constituer l'ordre cosmique qui tait la fin de la cration. La cration de lYsihor ou fluide lumineux qui jaillit du Fiat lux, de l'iher, uvre ncessaire du premier jour, en ce sens qu'elle devait prcder toutes les autres, puisque l'iher est le principe mme ou la cause mdiate de l'attraction universelle, l'agent de tous les phnomnes de la nature, lumire, chaleur, lectricit, magntisme, etc., la source de toute l'nergie potentielle et actuelle du monde, de l'iher fluide mystrieux, tnu l'excs, mais par contre excessivement lastique, dont les vibrations atomiques se comptent par centaine de mille dans une seconde, la cration, disons-nous, de l'iher, si nous pouvions la dvelopper ici, ce que n'a pas fait le savant crivain de la Civilt Callolica, constituerait elle seule la dmonstration la plus vidente ou la plus i r r cusable de l'existence de Dieu, Oui, tous les phnomnes cosmiques survenus ou survenir dans les systmes solaires et plantaires, depuis le commencement jusqu' la fin du monde, ont leur raison ncessaire et suffisante, leur cause en Dieu. Et Dieu n'est pas une cause aveugle, mais une cause minemment clairvoyante, puisque dans sa sagesse, infinie comme sa bont, Dieu a vu l'avance tout ce qui devait rsulter de ces mouvements et des forces intimes qu'il communiquait toutes les substances produites par lui.

86'

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI*

V.

DMONSTRATION

DE

L'EXISTENCE JOUR.

DE

DIEU

PAR

L'EUVRE

DU

QUATRIME

L a cration

des

plantes.

Snque disait (pt. LVITI) : Il est certains tres qui ont une me et qui ne sont pas des animaux : il plat, en effet d'accorder une Ame aux plantes et aux arbustes ; c'est pourquoi nous disons qu'elles vivent et qu'elles meurent. Suars a dit h son tour : ft II est certain en thologie, il est vident en philosophie que les plantes vivent et que la forme v g tative est une vraie me. La plante est en ralit une substance ou nature individuelle, compose de deux principes constitutifs de son essence, l'un matriel ou matire premire, l'autre la forme substantielle qui donne la matire son tre spcifique, et qui est le premier principe actif de ses oprations vitales. Cotte dfinition nous force logiquement d'admettre que Dieu est la cause premire et immdiate de la plante, parce que lui seul peut imprimer la matire premire la forme substantielle qui est le principe de vie, ou du moins produire la semence ou germe de la plante, germe dans lequel rside la vertu capable de confrer la matire la forme substantielle. Cette forme substantielle n'est pas une substance analogue l'me h u m a i n e , qui viendrait du dehors s'unir au corps d e l plante, et par consquent elle n'a pas besoin, comme l'me humaine, d'tre l'objet d'une cration immdiate; sans cela il ne suffirait pas que Dieu et produit immdiatement la premire plante ou la premire semence ; il faudrait ncessairement que Dieu crt pour chaque plante nouvelle une nouvelle forme substantielle. Pour dmontrer la ncessit de l'intervention divine immdiate dans la production des plantes, il suffit de prouver que, de la seule combinaison chimique des lments, il ne peut pas rsulter, dans la matire, la forme substantielle de la plante, ou du moins cette vertu inhrente la semence, qui donne naissance ii la plante. Si, en effet, la combinaison chimique est impuissante engendrer cette vertu, force sera de recourir Dieu. Or cette impossibilit est rigoureusement dmontre depuis des sicles,'par une induction trs-universelle et trsconstante. Jamais une plante n'est ne autrement que d'une semence, et une semence autrement que d'une p l a n t e , sans que jamais on ait vu, mme une seule fois, des circons-

APPENDICE D.

57*

tances naturelles extraordinaires, ou les dispositions les plus ingnieuses de Fart, donner un dmenti ce principe trs-antique, nonc d'abord par les Grecs, mais sans aucun doute plus vieux que les Grecs eux-mmes : Tout vivant nat d'un uf; tout vivant nat d'un vivant. En effet il serait tout fait hors de raison d'affirmer qu'il existe dans les lments une puissance qui, sous toutes les conditions imaginables., n'ait jamais pu arriver jusqu' l'acte, et qui soit reste pendant des sicles et des sicles occulte et inactive. Voil pourquoi nous devons dire qu'aucune combinaison chimique ne peut produire une plante ou le germe d'une plante. D'ailleurs la forme substantielle des plantes est suprieure, au-del de ce que nous pourrions dire, la forme substantielle des lments inorganiques, soit simples, soit composs. En effet la forme substantielle des plantes donne l'tre une substance organise unique, mais quivalente dans son unit une grande multitude de formes substantielles; elle donne chaque portion de la matire Ftre d'un caractre assez diffrent de Ftre qu'elle donne k une autre partie ; tandis que la forme substantielle des lments et des composs chimiques donne Ftre uno substance non organise, homogne dans toutes ses parties. La forme substantielle des plantes est le premier principe de merveilleuses oprations immanentes; tandis que la forme substantielle des lments et des composs chimiques est seulement .le premier principe d'oprations transitoires. En vertu de sa forme substantielle, la plante se nourrit en s'assimilant diverses substances , c'est--dire en donnant diverses substances son tre substantiel propre, de telle sorte que les substances assimiles n'aient plus la nature qu'elles avaient avant de servir la nutrition, mais la nature de la plante vivante : au contraire, tous les lments et tous les composs chimiques sont bien loin d'agir ainsi; en vertu de leur forme substantielle ils se transforment par combinaison chimique en une autre nature. En vertu de sa forme substantielle propre, la plante crot, c'est--dire que sa s u b stance reoit un vritable accroissement. Au contraire, aucune substance chimique, lmentaire ou compose, ne crot rellement, quoique une autre substance de mme nature puisse s'ajouter} elle. En vertu de sa forme substantielle, la plante transmet des particules matrielles formes dans elle

58*

LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI

la merveilleuse ver Lu de se reproduire, c'est--dire de communiquer la matire la mme forme substantielle qu'elle a e l l e - m m e ; tandis qu'aucun lment chimique, simple ou compos, n'a le pouvoir de se reproduire. Toutes ces diffrences nous font loucher du doigt la distinction essentielle et extrme entre les perfections relatives des plantes et celles des lments ou des composs chimiques. Et puisque c'est un axiome que la perfection de l'effet ne
p e u t pas s u r p a s s e r celle d e l a c a u s e , i l e s l i m p o s s i b l c d ' a c l m e t l r e

qu'en vertu des combinaisons chimiques la matire puisse jamais acqurir la forme substantielle ou le principe vital de Ja plante, ni la vertu qu'a la graine de faire germer la plante. La vie vgtative n'a pu apparatre sur la terre que par l'action immdiate d'un tre tout-puissanl et sage. Nous n'avons pas rechercher ici si Dieu a d crer immdiatement toutes les espces individuelles, s'il a d produire directemeut tous les types d'o sont drivs les individus successifs; ou s'il a suffi que Dieu crt quelques espces principales d o n t ' toutes les autres ont pu tirer leur origine sous l'influence des circonstances de lieu, de temps, de croisements, etc., etc.
Nous n o u s c o n t e n t e r o n s cle d i r e q u e la thorie darwinienne

applique aux plantes n'est qu'une pure hypothse, qui n'est appuye par aucune preuve ou par aucun fait, et que, en ce qui concerne les genres ou les espces principales, elle est contraire au principe mtaphysique de la proportion ncessaire entre l'effet et la cause.

VI.

DMONSTRATION CINQUIME

DE

L'EXISTENCE

DE'

DIEU

PAU

L'UVRE

DU

JOUR.

L a cration

des

animaux.

Le corps de l'animal n'est pas seulement itn compos chim i q u e ; ce n'est pas seulement un organisme vivant, dou de la seule vie vgtative, il est dou en outre de la vie sensilive. Un animal parfait jouit, comme l'homme, des deux facults apprhensives et apptitives. Il possde les cinq sens extrieurs et l'imagination ; il se nourrit, il crot, il engendre. Et parce qu'il ne peut y avoir d'opration sans oprateur, force est d'affirmer que la brute est en possession du p r i n cipe immdiat et mdiat de la vie sensitive, ou qu'il possde une me sensitive. La saine philosophie dmontre que l'me

APPENDICE D.

59*

des brutes n'est pas matire, mais matrielle, en ce sens que dans son tre et dans son opration elle dpend de la matire. Elle dmontre en outre que cette me est identique avec le principe vital, ou qu'elle est la forme substantielle spcifique de la brute elle-mme, et qu'elle se retrouve essentiellement dans chacune de ses parties vivantes. La forme substantielle fait avec la matire informe un seul et unique principe d'opration non plus simple, mais compos, et compos par combinaison de substance et de nature, et non par approximation et par agrgation des parties. L'tre qui en rsulte n'est pas matire et n'est pas forme, mais il est constitu la fois de matire et de forme substantiellement unies. Par cela mme l'me des brutes est essentiellement diffrente d'une me immatrielle et subsistante en elle-mme, telle que l'me humaine : on ne peut pas dire qu'elle est une force assistante, car elle n'opre pas sur le corps qu'elle assiste on anime, en qualit de cause efficiente; mais c'est une force informante, et parce qu'elle est essentiellement matrielle, c'est-dire qu'elle dpend de la matire, elle ne peut pas tre le terme d'une cration ou d'une annihilation divine, et doit ncessairement s'teindre avec le c o r p s ; elle n'est pas produite par cration mais par gnration. Elle drive de la mutation subie par la matire, en vertu de l'action gnratrice, mais mutation d'ordre tel qu'elle suppose ncessairement l'intervention divine. Nous avons dj dmontr que les plantes ne peuvent pas driver de l'union des lments ou des composs chimiques, parce que la forme substantielle doit natre d'un changement dans la matire, tel qu'il ne peut nullement rsulter de l'opration des clments ou des composs chimiques. Que si, par ce motif, les plantes doivent tre produites immdiatement par Dieu, dans les premiers individus de leur espce, les a n i maux qui, en tant que dous de la vie vgtative ne sont pas moins parfaits que les plantes, ou sont plut.t plus parfaits, ont exig aussi pour leur production l'intervention immdiate de Dieu. Cette conclusion deviendra plus vidente et plus ncessaire si nous considrons les animaux dans ce qu'ils ont de spcifiquement propre. En effet, si l'on considre la beaut, la varit, l'ordre des organismes animaux, on est frapp de stupeur. Il y aurait folie affirmer que cette admirable organi-

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LES SPLENDEURS DE LA FO).

sation est le rsultat fortuit d'une rencontre accidentelle de molcules d'oxygne d'hydrogne, de carbone, d'azote, etc. Et ces instincts si tonnants qui guident l'animal dans tout ce qui concerne la nutrition, la gnration, l'amnagement de sa demeure, la fabrication des instruments ou des filets avec lesquels il saisit sa proie, la construction de son nid, etc., etc., n'accusent-ils pas la prsence d'un moteur infiniment sage, ou du moius la prsence d \ m intermdiaire actif entre l'animal et ce moteur suprme. Cet intermdiaire estl'ame ou la forme substantielle unique de l'animal, qui doit ncessairement procder de Dieu. Mais comment? On ne peut pas, on ne doit pas dire que ds le premier instant de la gnration des animaux Dieu ait cr leurs mes sensitives et les ait unies ensuite a divers corps, mais bien qu'il a fait subir ii la matire les mutations desquelles devaient driver les principes sminaux gnrateurs des animaux, ou que, par sa vertu toute-puissante, il a form les corps organiss des p r e miers animaux, et produit dans ces corps, par mutation de la matire, l'me ou la forme substantielle, principe de la vie vgtative ou de la vie sensitive, principe aussi de tous les mouvements qui dans les animaux procdent de l'intrieur et doivent s'appeler physiologiques. [Addition. Je n'ai connu que depuis .quelques jours ces considrations si sages du grand Cuvier et je me hte de les joindre cet appendice. Les btes, dit Cuvier, sont les animaux non raisonnables, c'est--dire les animaux diffrant de l'homme, puisque c'est lui seul que nous attribuons la raison. En gnral, elles ont les mmes sens que nous, et en sont affectes de la mme manire; elles se meuvent en consquence des sensations qu'elles reoivent, et cherchent a fuir, h se dfendre, saisir, attaquer, selon qu'elles sont mues par le plaisir ou par la peine. Elles sont susceptibles de rapports moraux avec les autres tres sensibles ; elles s'affectionnent pour les hommes ou les animaux qui leur font du bien ; elles prennent de l'aversion pour ceux qui les tourmentent. L'affection peut natre entre elles de la seule habitude d'tre ensemble, et quelquefois leur haine semble venir d'un simple caprice. Ces dispositions supposent de la mmoire ,cl le sentiment au moins confus des rapports des qualits au sujet et de ceux des autres tres avec l'tre sentant.

APPENDICE D.

( Elles peuvent exister ^diffrents degrs pour une multif tude d'lres diffrents que le mme animal distinguera parfaitement les. uns des autres. Les btes donnent des signes de ces affections avec la seule intention de les tmoigner, et ces signes sont trs-semblables ceux que nous donnerions. Les botes acquirent par l'exprience une certaine connaissance dos choses physiques, de celles qui sont dangereuses, de celles q u i n l e sont point; elles vitent les premires par l'effet de celle exprience seulement et de la mmoire qui en est la source, et sans tre dtermines par un attrait ou une rpugnance actuelle. Elles savent que telle action sera punie par leur matre et que telle autre sera rcompense; elles s'en abstiennent ou les font, non-seulement sans y cire dtermines par un attrait ou une rpugnance actuelle, mais mme malgr cet attrait ou cette rpugnance, et par la seule connaissance qu'il leur en reviendra un chtiment ou une rcompense ; connaissance qui suppose et la inmoire et le sentiment de l'analogie, c'est--dire de ce principe, qu'une chose dj arrive, arrivera encore si les mmes circonstances se reprsentent. Les bles sentent mme leur subordination ; elles semblent connatre que l'lrc qui les punit est libre de no pas le faire, puisqu'elles prennent devant lui l'air de suppliant, lorsqu'elles se sentent coupables ou qu'elles le voient fch. Lorsque leurs motions et leurs passions ragissent sur leurs fonctions involontaires, elles le font absolument de la mme manire que chez nous : ainsi la surprise arrte leur respiration, la peur les fait trembler, la terreur excite en elles une sueur froide. Les bles se perfectionnent ou se corrompent dans notre socit peu prs de la mme manire que nous. L'habitude de l'aisance leur donne des besoins qu'elles n ' a u raient pas connus d a n s i e s champs, l'ducation les fait russir dans des actions auxquelles leur structure ne les disposait point; elle peut, si elle est bien dirige, leur donner de la docilit, de la douceur, de l'activit, ou, si elle Test mal, les rendre plus hargneuses, plus colres, plus rebelles et plus paresseuses qu'elles ne le seraient naturellement. Elles sont susceptibles de ces qualits qui ne se rapportent videmment qu' un principe sensitif, par e x e m p l e : l'mulation, les chevaux de course en donnent des preuves sensibles; la jalousie, non-seulement celle qui a pour objet des jouissances physiques que d'autres individus ne pourraient avoir
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sans les en priver, mais encore celle qui se rapporte aux affections morales ; qui ne sait que les chiens se disputent les caresses de leurs matres ? Les btes ont non-seulement entre elles un langage n a t u rel, qui n'est, la vrit, que l'expression de leurs sensations du moment, mais l'homme leur apprend connatre un langage beaucoup plus compliqu, par lequel il leur fait entendre ses volonts et les dtermine les excuter avec prcision. Ainsi, non-seulement les petits entendent leur mre, viennent elle lorsqu'elle les appelle, et fuient lorsqu'elle les avertit de l'approche du danger. Mais les btes apprennent la signification d'une multitude de paroles articules par l'homme, ot agissent en consquence sans se mprendre. On ne peut clone nier qu'il y ail dans les btes, perception, mmoire, jugement et habitude;.et l'habitude elle-mme n'est autre chose qu'un jugement, devenu si facile pour avoir t rpt, que nous nous y conformons en action avant de nous tre aperus que nous l'avons fait en esprit. Il nous parat mme qu'on peroit dans les btes les mmes, facults que dans les enfants ; seulement l'enfant perfectionne son tat, et il le perfectionne mesure qu'il apprend u parler, c'est--dire mesure qu'il forme de ses sensations particulires des ides gnrales, et qu'il apprend exprimer des ides abstraites par des signes convenus. Go n'est aussi que de cette poque que date en lui le souvenir distinct des faits. La mmoire historique a la mme origine et le mme instrument que le raisonnement ; cet instrument, c'est le langage abstrait." C'est l, poursuit Guvier, un fait de simple histoire naturelle, qui n a ren de commun avec le systme mtaphysique qu'on nomme matrialisme, systme d'autant plus faible que nous avons encore bien moins de notions sur l'essence de la matire que sur celle de tlre pensant, et qu'il iclaircit par consquent aucune des difficults de ce profond mystre. Pourquoi, dit-il, l'animal n'est-il point susceptible du mme perfectionnement que l'enfant ? Pourquoi n'a-(ril jamais ni langage abstrait, ni rflexion, ni mmoire dtaille des faits, ni suite de raisonnements compliqus, ni'transmission d'expriences acquises? Ou, ce qui revient au mme, pourquoi chaque individu voit-il son intelligence renferme dans des bornes si troites, et p o u r quoi est-il forc de parcourir prcisment le mme cercle que

APPENDICE D

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les individus do la mme espce qui l'ont devanc? Les grandes diffrences qui distinguent les espces des animaux suffisent bien pour expliquer les diffrences de leurs facults ; ?nais en est-il qui puisse rendre raison de Vnorme distance qui existe, quant Vintelligence, entre l'homme et le plus parfait des animaux, tandis qu'il y en a si peu dans l'organisation? ]

VIL

DMONSTRATION DE INEXISTENCE DE DIEU PAR L'OEUVRE DU SIXIME JOUR.

1 L a cration de homme Tout ce qui a t dit des plantes et des animaux s'applique a plus forte raison l'homme, et il nous suffira d'indiquer en quelques mots comment l'me humaine dpend plus encore de Dieu, en raison de son essence propre ou ce qui la dislingue essentiellement des mes vgtatives et sensitives. Il est dmontr en philosophie jusqu' l'vidence, que l'me humaine "est une s u b stance active, immatrielle, dans les oprations qui lui sont propres, telles que l'intelligence et la volont, ce qui exige imprieusement qu'elle soit aussi purement immatrielle dans son tre. Cette immatrialit a pour consquence ncessaire que - h u m a i n e ne peut pas avoir pour origine une simple mutation ou transformation do la matire, et qu'elle ne peut tre produite par aucun agent matriel; car, autrement, l'effet' serait suprieur sa cause. Elle doit donc avoir t cre. Mais qu'est cette cration? Elle n'est pas un travail fait sur une matire prexistante, une transmutation ou passage d'un mode d'tre un autre plus parfait. La cration est essentiellement rduction, l'extraction de l'tre cr du nant, du nant de soi et du sujet. Avant sa cration, un tre n'est ni en lui-mme, ni chez un sujet quelconque, ol puisque l'me humaine n'est pas une agrgation de plusieurs mes, mais une substance unique, simple et spirituelle, force est de dire qu'elle a t cre dans sa totalit... S'il est vrai qu'une vertu infrieure ne peut pas faire tout ce que peut une vertu suprieure, il est vrai au contraire qu'une nature suprieure peut faire tout ce que fait une nature infrieure lorsqu'elle possde non pas seulement minemment, mais spcifiquement la force ncessaire. S'il est vrai donc que

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la forme substantielle d'une plante ne peut pas confrer la facult de sentir, ni la forme substantielle d'un animal confrer la facult de r a i s o n n e r , il est vrai, au contraire, que l'Ame intelligente de l'homme peut faire tout ce que font l'me vgtative des plantes et l'me sensitive des botes. P a r consquent, quand nous disons que l'me humaine est cre, nous n'avons pas besoin de la multiplier, ou de la considrer sous divers aspects. Elle est la fois, dans son unit et dans sa simplicit, me vgtative, me sensitive et me intellectuelle. 2 L* homme considr dans son essence physique. Au dbut du genre h u m a i n , c'est--dire l'apparition du premier homme et de la premire femme, la puissance gnratrice humaine manquait. Comment donc l'homme, lui-mme, a-t-il pu apparatre? On peut faire ce sujet trois hypothses. La premire est que la matire du corps humain s'est agglomre par hasard, de manire former l'organisme complet qui devait tre prsuppos h la cration de l'me. La seconde est que deux brutes, mle et femelle, ont t transformes par Dieu en homme et femme, et animes la fois de deux mes humaines cres par Dieu. La troisime est que Dieu, par sa toute-puissance, a constitu le corps de l'homme et de la femme immdiatement, et qu'aprs l'avoir constitu, il lui a insuffl sa forme substantielle et le principe de toute v i e , l'me raisonnable cre par lui. La premire hypothse est absurde, et son absurdit a t dmontre par ce que nous avons dit de l'origine de la matire inorganique et de la matire organique, en traitant de leur formation et de celle des plantes et des animaux. La seconde hypothse est absolument fausse. On peut la ramener, sous un certain aspect, la thorie fantastique de Darwin, puisque le fond de cette thorie est que de la plus infime des plantes, on s'lve pas pas au plus infime des animaux, et que de l, graduellement, en s'levant de plus en plus vers la perfection des tres, on prtend parvenir l'homme. Mais d'autres partisans de cette thorie (et nous croyons que ce sont tous ou presque tous) veulent que le progrs ainsi accompli se fasse sans que Dieu ait intervenir pour crer de rien l'me humaine et l'unir au corps^ d'un gorille ou d'un chimpanz (singes qui l'emportent en perfection sur tous les autres), en ce sens que l'homme serait

APPENDICE D

issu do ces brutes par gnration naturelle. D'autres, au contraire, en trs-petit nombre, pourraient dire que l'organisme des brutes une fois parvenu ce degr de perfection que l'on rencontre dans l'organisme humain, Dieu a cr deux mes humaines, et les a unies aux corps de deux brutes nouvellement engendres, de sorte que celte seule union aurait engendr de fait l'homme. Considre sous le premier aspect, la thorie darwinienne est dj rfute par ce que nous avons dit de la cration des plantes et des animaux. Son absurdit est d'ailleurs manifeste par ce seul fait qu'elle nie l'existence de l'me humaine immatrielle, me qui, prcisment parce qu'elle est immatrielle, ne peut tre appele h l'existence autrement que par cration, comme nous l'avons dj dit. Sous son second aspect, la thorie darwinienne n'est pas moins fausse, et il n'est nullement ncessaire de perdre le temps la combattre par les raisons tires de la varit des organismes, que de trs-savants crivains ont fait valoir dans ces derniers temps. Elle est d'avance battue en brche par des arguments philosophiques irrfutables. Il n'est pas dans toute la philosophie de principe plus vident que celui de la raison suffisante, ainsi formul. Il n'est rien dans le monde qui n'ait la raison ncessaire et suffisante de son tre. Si ce principe n'tait pas absolument certain, il n'y aurait rien de certain en aucune chose, et aucune science ne reposerait sur un fondement solide. Voil pourquoi la ralisation de ce principe doit se trouver, non-seulement dans les arts humains, mais encore dans chaque opration de la nature, bien que trs-minime. De mme qu'il faut une raison suffisante qui fasse que la terre tourne sur son axe, que le soleil claire et chauffe, que la n i e r a i t son flux et son reflux, de mme il faut une raison suffisante pour que la graine d'un granium ne sorte pas d'un pin, que de la semence d'un lion il ne sorte pas un serpent; il faut aussi une raison suffisante pour qu'un atome infiniment petit soit plutt dans une position que dans une autre, abandonne sa position, se rapproche d'un autre atome ne ft-ce que d'un millionime de millimtre, cl finisse par le toucher. Cela pos, considrons le problme de la transformation darwinienne dans toute son extension. Il ne s'agit pas seulement de la transformation du corps d'un singe en corps de

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r h o m m c . Il faut remonter, en effet, jusqu'aux transformations d'une masse inorganique qui, en se perfectionnant peu a peu, devient plante d'une espce de plus en plus parfaite, puis animal d'une perfection de plus en plus grande, jusqu' celle qui resplendit dans le corps de l'homme. Les transformistes accordent, en effet, qu'il est absolument impossible que le corps surgisse par lui-mme d'un champ ou d'une prairie ; mais ils admettent comme possible ou mme comme un fait qu'il s'est form peu peu. Ils se rangent ainsi dans la catgorie de ceux qui osent affirmer que la mosaque, t r a duction du tableau de la transfiguration de Raphal, s'est forme peu peu par le rapprochement des petites pierres de couleur. Mais si quelqu'un avait vu les petites pierres de couleur rayonner de diffrents cts, s'tendre sur une surface plane, se rapprocher et s'unir suivant la diversit de leurs couleurs, se grouper do manire figurer des visages, des pieds, des b r a s , des hommes de tailles diffrentes, dans diverses attitudes de douleur, de terreur, d'admiration, de joie, de tristesse, de gloire; s'il avait vu d'autres cubes, de couleurs non appropries l'image qu'il s'agit de reproduire, et qui par aventure se trouvaient accouples, se sparer et aller bien loin pour faire place ceux qui sont seuls aptes reprsenter cet admirable ensemble ; s'il avait vu ce travail s'excuter non pendant un instant, mais pendant des heures, des j o u r s , des mois, jusqu' ce que l'uvre ft complte, jusqu' ce qu'il et vu apparatre la copie parfaite de la peinture de R a p h a l ; aurait-il pu jamais .s'imaginer que cette volution n'tait pas gouverne par une i d e , par une puissance coordonnatricc des parties relativement au tout, et du tout relativement l'expression de l'ensemble? cartez.l'ide cra* trie et la puissance coordonnatricc qui assemble ces petites ' pierres, conformment l'ide cratrice, vous n'aurez plus qu'une srie de faits auxquels manque absolument la raison suffisante. Pourquoi ici la petite pierre jaune s'accouplet-elle d'un cflt la rouge, de l'autre la blanche? Pourquoi les petites pierres noires, et parmi elles les plus dlies, se runissent-elles Tune au-dessous de l'autre, de manire figurer des cheveux? Pourquoi celles d'une znmc couleur s'unissenl-ellcs en grand nombre ensemble, mais jusqu' de certaines limites, lesquelles par leur contour curviligne ou polygonal dessinent des membres humains, des vlements, ou

APPENDICE D.

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autre chose? Pourquoi, toutes les fois que de petites pierres rouges arrivent l o l'image d'un il doit commencer se montrer, s'en vont-elles, laissant d'autres pierres, plus aptes entrer dans la reprsentation d'un il, prendre leur place? pourquoi celles-ci y restent-elles fixes, et ne sont-elles pas chasses par d'autres? Pourquoi ici, plutt qu'ailleurs, se runissent-elles pour donner la ressemblance d'un homme plutt que la ressemblance d'un animal? Pourquoi, agissant leur guise, se disposent-elles de manire reproduire la peinture du grand artiste d'Urbin, plutt qu'une autre scne originale? Ce pourquoi exige sa raison suffisante. Celui qui dirait qu'aucun autre architecte que le hasard ne prside ce travail, dirait une parole vide de sens, parce que le hasard n'est pas une cause positive, mais une cause ngative, c'est-dire l'absence d'une cause positive. En effet, lorsque quelqu'un dit qu'un fait arrive par hasard, il entend que le fait est sans cause idale, et sans vertu coordonnatrice. Voil pourquoi il reste tabli qu'il n'existera aucune raison suffisante de la formation de cette mosaque, aussi longtemps que manqueront l'ide cratrice et la vertu coordonnatrice; et, par consquent, cette formation ne serait ni un miracle, ni un mystre, mais une absurdit manifeste, parce que le principe de la raison suffisante est inviolable et absolument certain. De la mmo m a n i r e , c'est une pure mystification que de parler de la transformation fantastique des tres, partant de l'infime limite du rgne minral, et s'levant graduellement, jusqu' atleindre la limite suprme d u . r g n e animal. Mais que dis-je, de la mme manire ? L'argumentation est incomparablement plus valide et plus vidente, dans le cas de la transformation que dans le cas de la fabrication de la mosaque. En effet, dans cette dernire nous n'avons que de petites pierres de ditVrcnlcs couleurs, qui changent seulement de position, tandis que dans la transformation, nous avons des substances compltes et vivantes, dont l'ordre ne consiste pas dans la configuration extrieure des parties, mais dans l'organisation intrieure. Bien plus, chose plus merveilleuse encore, il ne s'agit pas de la formation d'un corps pourvu d'un organisme parfait, constitu en rapport intime avec la lumire, la chaleur et tous les autres tres du monde corporel; mais il s'agit de la formation d'une se?nmee (puisque toute plante et tout animal proviennent d'une semence)

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douce d'une puissance Ielle, qu'elle dterminera la formation des espces organiques, toutes tant qu'elles sont. Bref, le passage d'une espce une autre, sans l'intervention d'une ide et d'une vertu coordonnatrice, est un passage qui n'a de lui-mme aucune raison suffisante, et qui partant est absurde, soit que chaque espce soit produite sur un dessin diffrent, soit que l'espce suprieure ne soit qu'une perfection plus grande ajoute l'espce infrieure. Je fais cette rserve, parce que les transformistes ont recours cette unit de plan ou de type, et l'opposent au principe de la raison suffisante, quoique, comme l'illustre professeur Bianconi l'a vigoureusement dmontr, elle n'existe que dans leur imagination. Voil pourquoi le transformisme, au lieu de pouvoir tre considr comme un systme scientifique, doit tre considr comme un conte de bonne femme tombe en enfance, comme une doctrine de peuplades sauvages qui se laissent guider dans leurs conceptions par leur imagination mancipe de toutes les lois de la raison.... Le transformisme considr sous son second aspect, c'est-dire l'opinion de ceux qui admettent l'existence d'une urne matrielle cre de Dieu et infuse dans le corps humain produit par volution, est absurde par ce motif qu'elle admet, sans raison suffisante, le passage d'une essence moins parfaite une essence plus parfaite- Il est clair, en effet, que ds qu'on suppose l'intervention divine le principe de la raison suffisante ne fait plus dfaut. Nous ne regardons pas comme impossible que Dieu ait prpar pour ainsi dire peu peu le corps humain ; ce n'est pas l le transformisme ou le passage spontan d'une espce dans l'autre, puisque Dieu intervient immdiatement. Mais il est plus conforme la raison, et certain d'aprs les principes de la foi, que Dieu par sa vertu toute-puissante a form le corps de l'homme des substances lmentaires, qu'aprs avoir organis ses membres dans un temps trs-court, il a cr son fune, et l'a infuse dans le corps, non-seulement comme le principe de la-vie intellectuelle humaine,-mais en mme temps comme le principe de la vie vgtative et sensitive... L'existence de l'homme physique prouve donc l'existence de Dieu, et nous sommes en plein droit de dire : j'existe, donc Dieu existe. 2 b*intelligence humaine. Nous devons, avant tout, constater comme un fait qu'on ne saurait rvoquer en doute

APPENDICE D.

qu'en outre des facults sensitives organiques, et par consquent matrielles, l'homme est dou de facults inorganiques, et par consquent immatrielles. Ces facults sont l'intelligence et la volont. L'objet adquat de l'intelligence est le vrai, l'objet adquat de la volont est le bon. Dans toutes les choses que l'intelligence connat domine la vrit, laquelle elle participe; dans tous les buts vers lesquels tend la volont, domine la bont qu'ils possdent dans un degr plus ou moins lev. Et parce que la vrit est infinie, parce que la bont n'a pas delimites, le champ de la connaissance intellectuelle n'a pas luimme de frontires; et la volont peut librement s'attacher aux choses qui participent de la bont sans tre entraine vers elles par une force irrsistible.... Une cause qui par elle-mme est indtermine, qui peut oprer ou ne p a s oprer, produire tel effet plutt que tel autre, de telle manire ou de telle autre, a besoin d'un principe qui dtermine son opration et le mode de cette opration. Autrement le principe de la raison suffisante serait viol. Le crayon du dessinateur n'est pas dtermin, en lui-mme, dessiner ses traits sur le papier et les dessiner de telle sorte qu'ils figurent un lion plutt que tout autre objet; et, par consquent, il exige la main du dessinateur lui-mme. L'il en soi n'est pas dtermin v o i r ; dans l'acte de la vision, il n'est pas dtermin h voir un objet plutt qu'un a u t r e ; et pour sortir de son indtermination, en outre de l'objet, il faut la lumire. Ajoutons que, dans tous ces cas, et nous pourrions en citer une multitude d'autres, nous sommes forcs de constater que le principe qui dtermine la cause, ou la puissance d'oprer, h l'acte ou l'opration, doit, ncessairement, lui tre unie en guise de forme qui contienne virtuellement l'effet obtenu. Ce principe s'appelle la lumire de la raison, la lumire intellectuelle, ou pour lui donner son nom propre, l'intellect agissant. L'intellect agissant s e manifeste d ' u n e certaine manire comme divin, et parce qu'il ne peut pas tre la lumire de Dieu, laquelle est insparable do l'essence divine, et un avec elle, il en rsulte que l'intellect agissant doit Lre une image de l'intelligence divine ou, pour nous servir du langage de saint Thomas d'Aquin, l'impression produite par la lumire divine sur l'essence de l'me humaine. En effet notre intelligence que nous disons possible, parce qu'elle passe de la puissance k

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LES

SPLENDEURS

DE

LA

FOI.

l'acte, est ncessairement soumis l'influence et la direction de rinlellecl agissant ; comme l'il physique est, par une ncessit physique, sous la dpendance de la lumire m a t rielle dans la vision des objets. Il n'est personne au monde, tant athe qu'il soit, qui ne reconnaisse dans les jugements humains, spculatifs ou p r a tiques, un caractre essentiel d'acte c o m m a n d , d'immutabilit et d'universalit. C'est une vrit universellement admise q u e d a n s ses j u g e m e n t s l ' h o m m e est si assur de la vrit, qu'il dclare impossible d e t r o u v e r aucun tre raisonnable qui, dans l'ordre spculatif ou pratique, puisse avec certitude juger d'une manire contraire h la s i e n n e ; et q u e , mme quand il erre, il essaye de cacher son erreur sous la vrit de ces mmes jugements. Mais si nous disions -que l'intellect agissant est u n e lumire de la raison individuelle, laquelle n'a qu'une force toute humaine et propre, et non divine ou universelle, tous les caractres essentiels des jugements humains disparaissent; il n'y aurait plus de sens commun.... En rsum, pour tous les hommes, l'impression qui constitue en nous l'intellect agissant, a une valeur non pas relative, mais absol u e ; elle est la voix d'une vrit universelle, d ' u n e justice universelle, d'une bonL universelle; laquelle n'avertit pas seulement c h a c u n , mais commande k t o u s , et oblige tous. Elle est donc la voix de celui qui est suprieur toutes les cratures raisonnables; elle ne peut tre que la voix de Dieu. Donc notre intelligence, dans ses jugements spculatifs et pratiques, est un glorieux tmoin de cette vrit : Dieu existe. La lumire de notre raison, qui est l'intellect agissant, est divine ; mais elle n'est pas Dieu. Il est absolument ncessaire de considrer Dieu sous deux aspects, l'un rel, l'autre idal ; et, c o m m e le nom propre et substantiel de Dieu est L ' T R E , l'tre aussi doit tre considr c o m m e T R E R E L , et c o m m e tre idal. Et puisque l'ide est l'exemplaire (l'image) d'une chose faisable, l'tre idal ne peut pas signifier autre chose que l'tre rel lui-mme, en tant qu'il est l'exemplaire, le prototype de toutes les choses possibles, ou en tant qu'en Dieu sont les ides archtypes de toutes choses. Dans le langage de saint Thomas, la lumire de notre raison, ou l'intellect agissant, est une lumire drive de Dieu dans notre intelligence, ou une image imprime dans l'intelligence

APPENDICE D

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par celle lumire substantielle, au sein de laquelle sont les ides archtypes de toutes choses. Cette lumire de la raison, dit saint Thomas, en vertu de laquelle les premiers principes du sens commun nous deviennent manifestes, est imprime par Dieu en nous, elle est comme une image de la vrit incre se rflchissant en nous. Et parce que la doctrine humaine dans toute s a porte, s o u s toutes ses formes, ne peut tirer son efficacit d'ailleurs que de la vertu de cette lumire, il en rsulte que c'est Dieu seul qui, intrieurement et principalement, nous enseigne toute vrit. Voil dans quel sens trs-vrai on peut dire que le Verbe divin illumine toute me qui vient dans le monde. 3 L a doctrine catholique sur F homme. La vritable dfinition de l'homme, est animal raisonnable. C'est sa dfinition essentielle parce qu'elle exprime son genre, animal, et sa diffrence prochaine, raisonnable; elle s'applique l'homme et ne s'applique qu' lui. Par cela mme qu'il est animal raisonnable, l'homme a une vie intellectivc. Cette vie intellective a son principe, et ce principe ne peut pas tre une puissance organique, puisque s e s actes sont immatriels. Il ne peut tre, par consquent, ni une matire organise, ni un corps vivant, ni une partie d'un corps vivant. Il est donc immatriel, substantiel et subsistant en luimme, ayant ses oprations lui. Son nom propre est : A m e intellective. Cette me intellective est la forme substantielle du corps humain. L a forme, substantielle d'un corps, en gnral, est l'acte principal ou le principe qui le constitue dans s o n tre substantiel de corps. Chez l'homme, l'me intellective est la forme substantielle du corps humain. De fait, chez l'homme, comme chez la plante et chez l'animal, il y a, mais dans un degr plus grand de perfection, l'Ame vgtative, le principe par lequel s'opre (principium quo) la nutrition, l'accroissement et la gnration : il y a l'me sensitive, principe par lequel (principium quo) s'opre la perception, par les sens extrieurs, par le sentiment intrieur cl par l'imagination ou la fantaisie. Mais de mme que, dans l'animal, la vie vgtative et la vie sensitive sont essentiellement une et constituent la forme substantielle du corps, ou le principe {principium quo) de ses actes; de mme chez l'homme, le principe de la vie intellectivc est essentiellement le mme que le prin-

LES

SPLENDEUAS

)E

LA FOI.

cipe de la vie sensilive et que le principe de la vie vgtative. Par consquent l'me intellective est, dans son essence, la forme substantielle du corps humain. C'est--dire: 1 que chez l'homme il n'y a qu'une seule me, et celte me est celle que nous disons tre le principe de la vie intellective, et cette me est une substance ; 2 que les oprations de la vie vgtative humaine drivent du compos, corps et me intellective, ou de la matire informe par l'me intellective, comme d'un principe unique; 3 que les oprations de la vie sensilive humaine manent galement de ce compos ou de la matire informe par la mme me intellective, comme d'un principe u n i q u e ; 4 qu'il n'en est pas ainsi des oprations de la vie intellective, lesquelles pullulent de la seule me intellective, sans que la matire informe par elle y p a r ticipe comme coprincipe ; 5 que dans l'homme, il n'existe pas d'autre forme substantielle que l'me intellective, laquelle contient virtuellement les formes infrieures, sensilive, vgtative et matrielle. De sorte que dans l'homme il n'existe qu'une seule me, l'me intellective, substance immatrielle, qui tient lieu la fois d'me sensilive et d'me vgtative, et qui est la forme substantielle du corps, c'est--dire le principtumquo^av lequel nous sommes, nous vivons, nous sentons, nous comprenons. L'union de l'me avec le corps n'est pas seulement celle qui peut exister entre deux substances ou natures distinctes. Le corps et l'me unis ne font qu'une seule nature, comme la puissance et son acte, comme la matire et la forme ; c'est un seul et mme cire. Leur union est immdiate et universelle. L'me est toute dans tout le corps et toute dans chacune de ses parties ; c'est un simple corollaire du dogme capital qu'elle est la forme substantielle du corps. Elle est prsente dans toutes et chacune des parties, immdiatement par la totalit de son essence, mais non par la totalit de sa puissance, qu'elle exerce diversement par les diffrents o r g a n e s ; elle voit par l'il, elle entend par l'oreille, etc., etc. Le concile cumnique de Vienne, tenu en 1311, sous le pape Clment V, a formul le dcret suivant : Toute doctrine ou thse niant tmrairement ou rvoquant en doute que la substance de l'me raisonnable ou intellective soit vraiment cl par elle-mme la forme du corps humain, le saint concile l'approuvant, nous les rprouvons comme errones cl un ne-

APPENDICE U.

mies de la vrit de la foi catholique. Afin que la sincre vrit de la foi soit connue de tous, et que tout accs soit ferm toutes les e r r e u r s , nous dclarons que quiconque osera affirmer, dfendre, ou tenir que l'me raisonnable ou intellective n'est pas la forme du corps par elle ou essentiellement, doit tre considr comme hrtique. Le Concile cumnique de Latran, sous Lon X, a formul le dcret suivant : Comme, de nos jours, le semeur d'ivraie, l'antique ennemi du genre humain a os semer dans le champ du Seigneur et faire germer quelques-unes des trs* pernicieuses erreurs, toujours repousses par les fidles, surtout sur la nature de r a m e raisonnable ; savoir qu'elle est mortelle, ou une dans tous les hommes, quelques-uns affirmant tmrairement que ces propositions sont vraies, au moins suivant la philosophie; dsirant employer contre cette peste des remdes opportuns, le saint Concile approuvant, nous condamnons, nous rprouvons tous ceux qui affirment que l'me intellective est mortelle et qu'elle est une dans tous les hommes ; comme aussi tous ceux qui exprimeraient des doutes sur ce que l a m e intellective est, non-seulement, en vrit, par elle-mme et essentiellement, la forme du corps humain,comme il est dclare dans le canon formul par notre prdcesseur d'heureuse mmoire, Clment V , dans le concile gnral de Vienne ; mais encore immortelle et multiple ou multipliable et multiplie individuellement pour chacun des corps auxquels elle est infuse. Nous dclarons fausse toute assertion contraire la vrit illuminative de la foi; et pour qu'on ne puisse plus dogmatiser, nous commandons rigoureusement que tous ceux qui enseignent des erreurs de ce genre, et qui tiennent ces trs-condamnables hrsies, soient considrs en tout comme des hrtiques, dtestables, abominables, qui souillent la vraie foi, qu'il faut viter et punir. Dans sa lettre l'archevque de Cologne du 18 juin 1888, Pie IX, en coudamnant Gunlhcr, disait: Nous savons que dans ses livres, il blesse le sentiment et la doctrine catholiques relativement h l'homme qui doit tre constitu de telle sorte, par son corps et son me, que l'me, et l'me raisonnable seule, soit par elle-mme la vraie et immdiate forme du corps. Dans une autre lettre du 27 avril 1869, l'voque de Varsovie, Pie IX dclare contre Baltzer II que la doctrine qui met dans l'homme un principe de vie, l'me raisonnable, de
1

74*

LES

SPLENDEURS

DE

FOU

laquelle le corps reoit, avec la raison, le mouvement, toute vie et tout sentiment, trs-commune dans l'glise, et enseigne par la plupart des docteurs, surtout des plus mincnls d'entre eux, est tellement lie au dogme catholique, qu'elle en est l'interprtation lgitime, seule vraie ; et, par consquent, elle ne peut pas tre nie sans erreur dans la Foi. Il faut donc que le philosophe catholique admette comme dfinies par l'glise les vrits suivantes : 1 La substance de l'me raisonnable est la forme du corps humain ; 2 l'me raisonnable est la forme du corps vraiment et absolument, non apparemment, quivalcmmcnl ou empiriquement; elle est la forme du corps pour lui et par elle-mme, et non par l'intermdiaire de ses actes ; elle Test essentiellement; elle n'est pas une dans tous les h o m m e s ; elle est propre chacun des corps auxquels elle est infuse ; elle est immortelle; elle no peut avoir son origine et son principe que dans une cration immdiate de Dieu ; chaque homme reoit de Dieu son me intcllective propre ; cette me est cre au moment o elle est infuse dans le corps, c'est--dire la fin de ce qui constitue la gnration humaine. [Ceux de nos lecteurs qui voudraient complter les doctrines suivantes pourront consulter avec fruit les leons de philosophie scolastique du R. P . Cornoldi d e l Compagnie de Jsus. In-12, xxxiv-720 pages. Ferrure, 1875. Une dition franaise, en voie d'impression, sera bientt mise en v e n t e , chez Lethiclleux, rue Cassette, n 4 . [Qu'il me soit permis d'ajouter ici que l'me intcllective humaine est constitue dans son fond et dans ses actes par trois choses : i une premire ide qui contient virtuellement tomes ses ides, ride de Ctre; 2 une premire volont qui contient virtuellement toutes ses volonts, la volont de p o s sder l'tre, de s'unir l'tre, la volont ou lo dsir de la batitude; 3 un premier sentiment, une premire sensation qui contient la ralit de tous ses sentiments et de toutes ses sensations, le sentiment, la sensation de son corps dont elle est la forme substantielle.] 4 L a volont humaine. Les actes de la volont humaine sont de deux sortes : spontans ou commands. L'acte spontan est celui qui nat immdiatement de la volont humaine, et qui dans cette volont, son sujet, esta l'tal de modification accidentelle. L'acte command ne sort pas immdiatement de

APPENDICE D

la volont, et n'en est pas un accident; mais il est l'acte d'une puissance naturellement sujette la volont, et produit sous Tinllucnce de la volont... Un seul et mme tre a diverses dnominations selon qu'il se rapporte h l'intelligence ou la volont. L'tre en tant qu'il est l'objet propre de l'intelligence s'appelle le vrai; en tant qu'il est l'objet de la volont, il s'appelle le bon. Ce bon devra se dire l'objet adquat de la volont humaine, lorsqu'il comble si parfaitement ses dsirs, qu'elle n'aspire plus aprs un autre bien; tout bien qui ne la tranquillise pas, qui ne l'apaise pas entirement est seulement son objet inadquat.... Le plein apaisement de la volont se dit la flicit subjective, et l'on appellera flicit objective l'objet capable de procurer cet apaisement;... ce qui, dans la course matrielle, s'appelle le terme, dans la course mtaphorique, s'appelle la fin. Mais comme dans la course matrielle il est un terme prochain et un terme loign qui est le but dernier de la course, de mme dans la course mtaphorique de la volont, il est une fin prochaine et une fin loigne ou dernire.... Tous les actes de la volont se rduisent l'amour* de sorte qu'ils ne sont finalement que l'amour considr sous divers aspects... L'amour d'un bien lointain s'appelle le dsir; le sentiment de pouvoir l'atteindre est Y esprance; l'incertitude de pouvoir le possder s'appelle crainte; la certitude de ne pouvoir le possder s'appelle dsespoir; le sentiment de sa' possession s'appelle complaisance; la satisfaction cause par cette possession s'appelle joie. Que nous ayons une tendance invincible chercher l'apaisement de notre volont, c'est chose si certaine et si vidente, qu'il serait compltement inutile de chercher le dmontrer... Cette tendance est naturelle et ncessaire. Le naturel est ici l'oppos du violent; le naturel est ce qui procde d'un principe intrieur celui qui agit ; le violent est ce qui procde d'un principe extrieur. Le ncessaire est l'oppos du libre. Le libre est ce qui tombe sous notre lection, et nous le faisons soit lorsqu'il nous est agrable, soit lorsqu'il nous est dsagrable de le faire. Que la tendance dont nous parlons soit naturelle, nous le savons, nous le sentons sans peine, pour peu que nous nous interrogions nous-mmes. De fait, si nous entrons dans l'intrieur de notre conscience, nous constatons aussitt que la tendance l'apaisement de notre volont vient proprement de nous, et que nous n'v sommes

76*

LES Sl'LKiSDEURS HE

LA KOI.

pas pousss par une force extrieure. En ralit, nous ne sommes pas libres de tendre ou de ne pas tendre h l'apaisement de nos volonts, nous y tendons invinciblement.,.. La tendance naturelle et ncessaire la flicit ne peut diminuer en rien la libert humaine, elle est au contraire sa vraie raison d'elre , et l'homme ne serait pas libre, comme il l'est, si dans toutes ses oprations, il n'exerait pas en quelque manire cette tendance tre heureux. Puisque la capacit de la volont ou du cur est aussi g r n d o que celle de l'intelligence ou de l'esprit, et puisque l'intelligence n'est nullement puise par l'acquisition de l'un ou l'autre vrai, mais que pour la satisfaire il faudrait la vrit infinie, de mme notre cur ne peut tre satisfait dans tous ses dsirs que par la possession du hum infini. C'est donc ce bien infini que tend naturellement et ncessairement la volont.... S'il se prsente h elle dans sa beaut suprme, elle l'embrassera avec l'amour naturel et ncessaire qui est le fond de son tre. La raison, l'exprience, le cur nous disent malgr nous, de mille manires, qu'aucun bien fini ne peut nous donner un bonheur parfait, l'apaisement entier de notre volont. Il faut donc, pour satisfaire notre tendance naturelle et ncessaire la flicit, un objet dont la possession comble entirement tous les dsirs de la volont et l'apaise absolument, dans lequel elle se repose comme dans son bien adquat, rassure et tranquille. Mais si l'homme, comme nous le voyons, comme nous le sentons, tend essentiellement par ses deux facults suprieures vers le bien infini, ce bien infini doit exister. Et comment l'appellcrons-nous, ce bien infini? P a r son nom propre : c'est Dieu. Donc Dieu existe. o L a sociabilit humaine. Sous quelque aspect que nous considrions l'homme, il se montre a nous comme un tre fait et destin par la nature pour la socit. L'tre de l'homme est h la fois physique et moral. Le premier lui est commun avec la brute ; le second est propre l'homme. Mais la nature a fait en quelque sorte les brutes pour qu'elles n'aient pas besoin de socit, qu'elles puissent exister et vivre par elles-mmes ds qu'elles ont atteint leur dveloppement. L'homme, au contraire, est d'un temprament tel, que pendant une trs-longue priode de sa vie, l'enfance, l'adolescence, la vieillesse, et dans une foule de circonstances de sa vie, il est dans l'impossibilit absolue de se gouverner seul sans le

APPENDICE D.

concours d'autrui. Et si nous considrons Tordre moral, la vie de l'homme consiste dans l'exercice de ses facults intellectuelles par lesquelles il connat le vrai et le juste, et se gouverne dans la pratique en conformit avec la vrit et la justice. Or, en dehors de la socit, l'homme aurait seulement en facult ou en puissance la parole articule qui n'appartient en propre qu' lui, facult minemment sociale, soit parce que la parole est essentiellement relative autrui, soit parce que c'est dans la socit seule qu'on apprend parler. Or qui ne sait pas que, sans l'usage de la parole, et en dehors de la socit, l'homme n'acquiert, ou acquiert grand'peine l'usage de la raison?.... Que si de l'tre nous passons au bien-tre, cette perfection vers laquelle la nature tend dans toutes ses uvres, il est vident que, en dehors de la socit, l'homme ne peut atteindre cette perfection. Et si de sa nature l'homme est essentiellement social, c'est prcisment parce que la nature l'a fait pour le bien-tre. Et parce que la force de la nature est souverainement efficace, il est arriv que partout et toujours les hommes ont vcu en socit. Ce fait universel et constant suffirait seul montrer que la sociabilit de l'homme ne drive pas de son libre arbitre, mais qu'elle est une loi inflexible de la nature.... Cette mme nature qui veut que l'homme vive en socit, veut encore que l'ordre se maintienne clarifia socit; car sans cela il faudrait dire que la nature veut et ne veut pas en mme temps la socit, puisqu'elle ne voudrait pas l'ordre sans lequel la socit ne peut pas subsister.... Pour qu'il maintienne efficacement l'ordre, il faut que le pouvoir ordonnateur de la socit soit, la fois, lgislateur, excuteur et vengeur. Ne parlons que du lgislateur. La puissance lgislatrice pourrait-elle s'exercer si Dieu n'tait p a s ? Ou peut-il exister de loi sans Dieu ? Le simple bon sens, ou sens humain, dit par la bouche de Cicron : Une loi premire apte ordonner et dfendre, ne peut tre que la raison droite du souverain Jupiter (De Lege, lib. II); comme la Foi dit par la bouche de saint P a u l : Toute puissance est de Dieu.... [EpUre a u x R o m a i n s , chap. xm* y. 1.) La vertu de la loi consiste obliger la conscience des sujets, de telle sorte qu'ils commettent une faute en la transgressant. Mais la notion de fauteest absurde si l'on n'admet pas l'existence de Dieu; et un homme ne peut tre oblig, dans sa propre conscience, par

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LES SPLENDEURS DE LA FOI.

an autre homme, qu'alors que celui-ci participe de l'autorit divine, et devienne d'une certaine m a n i r e , et entre des limites dtermines, le reprsentant de Dieu mme.... L'autorit ordonnatrice de la socit exige donc l'existence de Dieu.... Il est plus vident que le jour qu'une multitude d'hommes sans Dieu serait comme un troupeau de bles froces, emports par leurs instincts brutaux se dchirer mutuellement. Et les hommes sont d'autant plus dangereux que, naturellement sans moyen de dfense, ils ont la raison toute prle leur apprendre se crer des armes homicides, mettre en jeu la ruse, le mensonge et la trahison.... Au contraire, la croyance d'un peuple au vrai Dieu et la fidlit la Religion qui en est la consquence, deviennent le lien entre tous, et ce lien est d'autant plus fort que toutes les fmes et tous les curs sont unis dans la tendance harmonieuse des moyens la fin, le bien-tre commun qui est le but essentiel de la socit.... Aussi l'lude de l'histoire des peuples m o n tre-t-elle qu' mesure que la croyance en Dieu diminue, les sources des maux publics s'largissent et les prils qui menacent la socit deviennent plus alarmants.... La nature est la matresse de la vrit; l'athe lui-mme l'avoue. Or que nous enseigne la n a t u r e ? Que l'homme est naturellement fait pour la socit, que la socit est pour l'homme le vu et le but de la nature. Mais la socit, comme l'entend la nature, esl impossible sans Dieu ; donc la nature elle-mme nous enseigne que Dieu est. Partout l'athe est rduit cette alternative rigoureuse, vidente, ou d'admettre que Dieu existe, ou de dire, en se contrcdisanl lui-mme, que la nature est folle, menteuse et fausse. 6 L a croyance universelle du genre Immain. Nous trouvons partout et toujours l'homme, et l'homme seul en rapports troits avec Dieu. Nous retrouvons Dieu dans son esprit, Dieu dans son cur, Dieu dans son langage, Dieu dans son culte. Serail-ce que le genre humain, partout et toujours, a t dans un tal de dmence semblable au pauvre fou qui passe sa vie dans sa cellule converser passionnment avec une personne qui n'cxisLe nulle autre part que dans son imagination ? C'est un fait constant cl universel que le genre humain tout entier a cru un Dieu ternel, crateur et conservateur de l'univers, cl juge suprme des actions humaines. Or nous le demandons, ce fait serait-il possible, ce consentement unanime des

APPENDICE D.

79*

peuples pourrait-il subsister si Dieu n'existait pas? Non certainement!.... Si Dieu n'existe pas, la religion chrtienne est une superstition, un mensonge, un attentat la libert morale, une torture de l'homme qu'elle oblige sacrifier souvent ses penses, . comprimer souvent ses affections. Si Ton objecte que partout et toujours, en dehors du christianisme et du judasme, la connaissance du vrai Dieu-s'est trouve mle aux superstitions les plus diverses et les plus tranges, la cause de ces divergences et de ces folies n'est pas difficile trouver. Elle se montre patente et forte dans la dissolution des murs laquelle s'abandonnaient fatalement les peuples destitus du secours de la Rvlation, cL qui les entranait se crer des divinits qui les affranchissent de la honte laquelle leurs passions brutales les condamnaient. Voil comment et pourquoi ils se forgeaient ou des dieux models et protecteurs du vice, ou des dieux sans science et sans puissance qui. ne pussent ni connatre ni punir leurs crimes.... Au contraire, il est impossible de trouver dans les mauvaisesinclinations du cur humain la raison d'un vrai monothisme ; parce que la notion d'un Dieu trs-sage, tout-puissant, qui voit toutes les oprations de l'homme, qui lit, dans les penses do l'esprit, qui scrute les affections du cur, qui pose tout, qui juge tout, et ce qui a droit une rcompense et ce qui mrite une condamnation, fait la force de la conscience qui menace celui qui est tent de mal faire, et le remords qui flagelle celui qui a p c h . . . . Mais c'est, dil-on, l'ignorance et non l'usage lgitime de la raison qui engendre la croyance en Dieu ; et la mission de la science moderne est de draciner cette croyance des esprits de l'homme civilis. Si cela tait vrai, on devrait pouvoir constater deux grands faits : le premier, que les plus sages parmi les philosophes anciens ont d tre les plus chauds dfenseurs de l'athisme, les plus trangers, par consquent, la connaissance d'un Dieu immatriel cl personnel ; le second, que la science moderne aurait dcouvert des preuves invincibles que Dieu n'existe pas. Or ces deux faits sont des chimres. En eict, pour ce qui concerne le premier, nous savons que les plus grands philosophes, les sages les plus renomms de l'antiquit sont prcisment ceux qui nous ont laiss les notions les plus sublimes d'un Dieu immatriel et personnel. Dans les temps plus voisins de nous, dans les sectes ou dans les lieux o la philoso-

80*

LES SPLENDEURS DE LA FOI.

phie fut plus cultive, nous ne trouvons aucun philosophe vraiment athe; et si quelques-uns ont voulu se donner la honte de se croire ou de se dire athes, ce n est nullement parce qu'ils prtendaient avoir dmontr que Dieu n'existe, pas, mais parce qu'ils ne voulaient pas s'occuper de Dieu, et qu'ils le laissaient part de leurs tudes philosophiques. C'est leur athisme et non la connaissance de Dieu qui est le fils de l'ignorance. Quant au second fait, nous avons prouv surabondamment que la science et les savants sont plutt les auxiliaires que les ennemis de la foi, et que dans leurs prtendues dmonstrations, affirmations ou plutt aspirations d'athisme, il n'est pas en ralit un seul argument qui donne h penser, mais seulement du verbiage, du sophisme, des altrations des faits, des violences faites de mauvaise foi la science et ses dogmes pour la forcer de se dire athe; de sorte qu'en dfinitive l'impuissance de la lutte contre Dieu est une confirmation splendide de son existence. [Quelle loquence dans ces conclusions de M. de Quatrefages! L'Espce humaine. Gcrmer-Baillire, 1877, page 355 : J'ai cherch Ta thisme chez les races humaines les plus infrieures, comme les plus leves. Je ne l'ai rencontr nulle part, si ce n'est l'tat individuel ou celui d'coles plus ou moins restreintes, comme on l'a vu en Europe au sicle dernier. L'athisme n'est nulle part qu' l'tat erratique. Partout et toujours la masse des populations lui a chapp ; nulle part, ni une des grandes races humaines, ni mme une division un peu importante de ces races n'est athe. ]
1

FIN

DES APPENDICES DU TOME III.

TABLE

DES

MATIRES

TABLE DU TOME TROISIME,


LA RVLATION ET LA. SCIENCE. (Seconde partie.)
CHAPITRE NEUVIME.

Vrit absolue des livres saints

tat de la question. Inspiration cl infaillibilit des livres saints . . . Les crivains sacres parlent toujours comme ils peuvent et doivent parler ** Exemples nouveaux de raccord d e s Livres saints avec la science avance . , Le Firmament Les Eaux suprieures L'llier lumineux La Loi et le m o u v e m e n t giratoire Mesure, nombre, poids , Clart diffrente des astres * L'Origine cl la fin du monde Les Ensemencements simples

937 937 938 039 9-40 941 943 944 945 946 947 947

Sciences naturelles
Abeille Autruche., Fourmi Licorne , Livre et daman Animaux purs et impurs, mondes et immondes..". Sauterelles Poisson de Tobic La fiente de l'Hirondelle et le fiel du poisson de Tobie Poisson de Jonas Renard et Chacal lirehis blanches et tachetes de Jacob Les Corbeaux d'iic Ours d'Elise Cheval; les chevaux de Salomon Les Pourceaux d e s Grasniens Frelons Enfantement de la femme Les Gants

950
9o0 952 954 960 9G3 964 905 966 967 989 976 977 033 983 988 987 988 989 * 991

TABLE* DES MATIRES


99i 997 998 999 1003 1003 1005 1008 1010 1010 4012 10U 1015 1018 1019 1020 1021 1022 1025 1027 1028 1028 i(|?0 1032

Longvit dos Palriarchrs Lviathan; Bhmolh lphant clo combat Cailles Griffon, Ixion Serpent brlant du dsert Serpent du Paradis terrestre Le Baobab L'Ivraie Le Figuier Le Grain de snev Grain de froment mort Manne Ognons Bois et eaux amres Bois mort ressuscit Bois incombustible Triple Rcolte de Tanne sabbatinc Lpre des vlements Levain Yigne et Vin e n Egypte Fertilit de la Palestine Olivier en Armnie
CHAPITRE DIXIME.

Vrit absolue des livres saints Sciences physiques et mathmatiques

(suite).

1032
103 1034 1036 1036 1037 1038 4038 1030 104*1 1042 1042 1046 1046 1048 4048 1052 1083 408i 1030 1058 10o9 10G0 1061 1064 1064

Les Mouvements et la Rondeur de la Terre; miracle de Josu Josu devait dire : Terre, arrte-toi ! La loi du mouvement relatif La Bible ne nie ni la rondeur ni la rotation de la Terre La Bible afurrnc ou suppose la rondeur et la rotation de la Terre Raphal peint la Terre ronde Le miracle de Josu est possible Le miracle de Josu est un fait historique La Terre a pu tre arrte dans sa rotation diurne autour de sou ax-e Le Procs de Galile., Premire Condamnation du systme de Copernic Second Procs et condamnation Rtractation L'glise et la Science : U n e s'agit pas d'un jugement dogmatique L'infaillibilit de la Bible et de l'Eglise esl sauve Impatience et imprudence de Galile Les partisans ecclsiastiques do Galile Fait unique l Vieux de deux cents ans ! Galile a l trait avec les plus grands gards Le Vase impossible La coude de Mose, de Salomon et de la grande Pyramide La Mer d airain : La Mer d'airain et le coffre de la grande Pyramide L'Arche d'alliance et le Coffro

OU TOME TROISIME.
Les dix Bassins d'airain. La Lumire, les Tnbres, les deux grands Luminaires Les Tnbres et les Offuscalions du Soleil Gomment et pourquoi la Bible ne mentionne pas les clipses Les deux Luminaires

3
.* 4065 1066 4070 1073 4074

Le Fiat lux

1074
1075 4076 1077 1081 1083 1084 4084 4085 4086 1087 1088 1089 1094 100 4092 1092 1093 1093 1094 1095 1097 1097 1100 1143 1148 1130 1133 1133 14-45 1 4152 1456 4157 1168 1161 1162 1164 1163 1169 H 69 4170 4175 1183

L'toile des Mages. La Science et les toiles filantes Le Veau d'or Eau sortie du rocher d'Horeb Colonne de feu et d e fume Cadran d'Atfhaz Nature du Miracle ,. Hypothse des rfractions extraordinaires Mouvements de rotation et de translation de la Terre. Leurs vitesses. Ce que ces mouvements sont relativement Dieu Verre Les prtendues causes assignes par Draper l'abme infranchissable entre la Rvlation et la Science La Terre, surface plane La prminence de notre plante , L'immobilit de la Terre La Providence prsidant aux mouvements des astres La Terre cre il y a six mille ans Les six jours. L e s crations successives. Les eaux du dluge. La cration de l'homme l'tat sauvage Prtendues erreurs d e la Bible Notre foi et la prtendue science d e M. Draper C H A P I T R E O N Z I M E . V r i t a b s o l u e d e s L i v r e s s a i n t s (Suite). Sciences gographiques et historiques Lo Paradis terrestre peut avoir t prs de Jrusalem,. Le Dluge de No La vritable Source des eaux du dluge L*Universalilc absolue du dluge Le Dluge dans ses rapports avec la Gologie L'arche de No, sa construction, sa capacit, son arrimage Le Dluge et la Gologie L'Homme antdiluvien L'Arche cl le Gveat-, gant des mers Conclusion La mer Morte Le rcit de la Bible et la Gologie Solution de M. Victor Gurin Opinion de M. de Luyncs , filer de Sel. Mer Morte Mer Asphaltile Dpression et soulvement du sol Le Feu du ciel La Statue de sel Passage de la mer B o u g e Le Lieu du passage, dissertation de M. Lccoinlrc Le prtendu silence d e s historiens profanes
t

TABLE DES MATIRES 1183 1184 1185 1185 1187 il88 1189 1191 1192 1193 1193 1194 1197 1199 1200 1201 1201 1204 3207 1210 1211 1215 1213 1216 1219 1223 122* 1228 1229 1231 1232 1233 1233 1234 1235 1236 1242 1245 1246 1216 124 124 124 124 124 12i J24 12 12

Tmoignage de Justin Tmoignage de Diodore de Sicile, de Polmon d'IIion, de Jules l'Africain, d'rlapan Les traditions locales d'Egypte Manthon cit par Josphe Hrodote historien du peuple hbreu sans le savoir. Arche de TCo. Histoire de Joseph Mose et la dlivrance des Hbreux Le passage du Jourdain Tradition continue et universelle poque de la rcolte dans la valle du Jourdain .... La largeur du Jourdain Les Silex taills ou Couteaux de pierre de Josu Accord gnral des dcouvertes gyptiennes et do la Bible, Tmoignage de ChampoUion Les Lieux de la Bible retrouvs Chodorlahomor et Amraphal Allocution de Ramss III Les Rchabites , Les Ismalites . Scnnachrib et zchas Ruines de Babylonc '. Dfaite et captivit de Manasss; dfaite de Sennachrib L'Emplacement de Ninive Animaux symboliques d'zchiel Ruine de Tyr Ruine de Samarie. Portrait cle Roboam retrouv Carnach Prophtie d'Abdias contre Tldume: Daniel et Nabuchodonosor Le Palais de Nabuchodonosor, L'Inscription de Borsippc. La Staluc d'or , La Construction de Babylonc. Les Cylindres de bitume. La Folie.. Les hommes et les lions Le Livre d'Eslher Xcrxs-ssurus Aman, Mdo-Perse. Les courriers rapides Noms persans des caractres cuniformes. Destruction du second temple de Jrusalem Episode du docteur Colenso, vque de Natal Ses prtendues objections Rponses par M. l'archidiacre Pral La Famille de Jacob L'Assemble la porte du Tabernacle La Porte de la voix de Mose Les Dimensions du camp , Recensements identiques des mles.. * , L'Insuffisance des btes de somme , L'Armement de la multitude La Clbration de la Pque La Nourriture des bestiaux ,.,. Fuite des Ellens et des Chananens, ,
;

i)U TOME TROISIME.

Le Premier-N 1251 La Descendance de Jacob 1251 Le Nombre des prtres 1253 La Chasse aux o m b r e s ; protestation 1254 Miracle de l'incrdulit 1256 La Bible dans l'Inde et la vie de Jsus Christ, par Jacolliot 1257 CHAPITRE DOUZIME. L a S c i e n c e e t l e s s a v a n t s A u x i l i a i r e s
de la Foi. L A SCIENCE 1257

Impossibilit du nombre actuellement infini La premire rvolution de la Terre. Le premier homme L'Espace infini! Le Temps infini! Le Bton deux bouts L'icrnit divino, L ' A L G B R E . Preuve palpable de la rcente apparition de l'homme sur la Terre, par M. Fa de Bruno P H Y S I Q U E . La vie n'a pas toujours exist la surface de la Torre.. La Vie procde de la vie La Fin de l'univers Saint Pierre et la Science du jour Du Commencement et de la Fin du monde, d'aprs la thorie mcanique de la chaleur, par M, Folye L'Atome et les Molcules chos de Dieu, par M. KIcrk M a x w e l l . . . , L'Univers visible cl les Spculations sur la vie a v e n i r , par M M . Tait et Balfour Stewart
L'ARITHMTIQUE. SCIENCES PHYSIOLOGIQUES

1261 1264 1267 1268 1270 1270 12711270 1282 1286 1288 1290 1297
1298

Impossibilit de la Gnration spontane ou du Dveloppement de la vie sans une vie antrieure, par M. Pasteur Impossibilit de l'IIlrognic ou de la transformation des t r e s . . . Tmoignage orthodoxe des partisans de la gnration spontane et de rhtrognic Origine eL Descendance simienne prtendue de l'homme
A S T R O N O M I E et C H R O N O L O G I E

1299 1315 1318 1319


1322

Astronomie indienne ou gyptienne clipse monumentale Age de la grande Pyramide Conditions astronomiques de la vie et pluralit des mondes, par M. Faye
A N A L Y S E et M C A N I Q U E A N A L Y T I Q U E

1322 1326 1327 1329


1334

L'Alvole des abeilles et l'Instinct des animaux La Spiritualit et la Simplicit de l'me, par M. Flix Lucas Action physique des volonts, M. Philippe Breton Travail cr par les volonts Absurdit de la Thorie mcanique du monde et des mondes Rversion des mouvements ou le monde renvers Rversion dans le rgne inorganique Rversion dans le rgne vgtal Rversion dans le rgne animal Rversion dans l'ordre moral Rang de la mathmatique dans la science humaine A N T H R O P O L O G I E ou L A S Y N T H S E D E L ' H O M M E , par le R. P. Monsabr. L'homme physique et physiologique L'homme psychique

1334 1339 1344 1346 1348 1351 1358 1362 1364 1368 1369 1371 1371 1375

6 L'homme L'homme L'homme L*hommo

TABLE DES MATIRES moral immortel roi , surnaturel ou iro divin 1382 1386 1387 1388
1391

ClIiaiIE Ci S Y N T H S E C H I M I Q U E

Le secret divin de l'origine et de l'essence de la matire, par M- Bchamp T K L O L O G I E . Les causes finales et le dessein dans la nature Tmoignage de M. Liurc Tmoignage de M. Auguste Comte ......................... Dieu n'est pas tenu au plus parfait ..., Le Cur, Al. Samuel Hanghton Le Cur, M. le docteur Bouillaud Le Cerveau , M. Thomas Huxley Le Cerveau, M. Edouard Fournier Du rle des Ferments et des tres microscopiques dans la nature, par AI. Jules-Edmond Duval Synthse gnrale et Classification des connaissances h u m a i n e s

1392 1408 1409 1411 1414 1415 1416 1419 1420 1428 1430

Les Savants
SAVANTS AMIS

1431
1432

Napolon le Grand D'IIomaiius d'Halloy Agazzis Faraday Gabriel Slokcs Al. Dumas et Faraday AJ. Dumas et de La Rive Al. Dccquercl pre et Berzlius Al. Augustin Cauchy et AI. Biot Al. Baumgartner AI, Chevrcul A. Samuel Haughlon AL Bouillaud M. Slrauss-Durckheim A. Naudin A. Lcconte AI. Dawson
SAVANTS ENNEMIS

1432 1433 1435 1437 1439 1442 1443 1446 1447 1448 1454 1458 1459 1459 W69 1470 1472
1475

Thomas-Henry Huxley 1476 Al. Hookcr 1*78 AI. JohnTyndall 1480 Al. LiUrc 1485 Al. du Bois-Raymond 1488 M, Alolescholl 1492 AI. Cari Vogl 1493 Al. Charles Alartins 1495 Le Mdecin matrialiste et athe 1498 Un des reprsentants les plus autoriss de la Statistique et du Calcul des probabilits, M. Quclctct .141*9 C H A P I T R E T R E I Z I M E . La Foi, sauvegarde de la Science 15^3 La Lune, luminaire de la Terre; dmenti donn par Laplace 1504 Les Zodiaques de Denderah et d'Esnc 1515

i n ; TOME TROISIME.

Les Tables de l'astronomie indienne de Bailly L'Origine de la graisse et du lait chez les mammifres; l'Origine de la cire et du miel chez les abeilles Les Erreurs du microscope

1328 1533 1543

La Foi, sauvegarde de l'Histoire


L'Indpendance de saint Paul La Bvoltc do saint lrne : L'Incendie de la bibliothque d'Alexandrie Saint Grgoire VII L'Ame des femmes La papesse Jeanne L'Inquisition et Torquemada La rvocation de l'Edit de Nantes.. Injustice odieuse et criante hypocrisie La Saint-Barthlemy Les Massacres de Bziers Le pape Zacharie et les Antipodes Les Crimes de sainte Clolilde L'Usurpation de Ppin le Bref consacre par le pape Zacharie La Chute du pape Libre ' Les Crimes d'Alexandre VI

1548
1552 1552 1553 1559 1564 1566 1569 1582 1587 1591 1598 1600 1601 16011606 1616

pilogue

1629

Solennels hommages rendus Dieu et la Rvlation, par Kepler. 1629 Newton 1630 MM. Dumas et Guzot... H*31 M. Le Verrier 1636 Appendices du tome I I I . A. Une hypothse sur le dluge.. 1" B. Procs original de Galile, publi pour la premire fois par M. Berli. Analyse des documents authentiques 8* Premier procs de 1618 9* Second procs de 1633 24* Sentence rendue contre Galile 32* Abjuration de Galile 38* G. Salomon et PEccIsiaste, par M. l'abb Motais 41 * D. Dmonstration de l'existence de Dieu, par l'uvre des six jours.. 49* I. Le Systme mcanique de l'univers. 49* II. La Cration du premier jour. Les lments 51* III. La Formation des corps inorganiques 53* IV. Les Corps clestes. L'Ether , 53* V. La Cration des plantes 56* VI. La Cration des animaux 5S VIL La Cration de l'homme 63* 1 Le Corps humain 63* 2 L'Intelligence humaine 68* 3 La Doctrine catholique sur l'homme 71* 4 La Volont humaine 74* 5 La Sociabilit humaine 75* 0 La Croyance universelle du genre humain 78*
1

L e Mans. Typographie Ed. Monnoyer. 1877.

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