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Geometrie Et Topologie

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Géométrie et Topologie

Bruno Duchesne
Première année du Master de Mathématiques
Université de Lorraine
Premier semestre 2020-2021

Un pavage hyperbolique par drdeseis.


Introduction

Une géométrie, c’est un groupe et des invariants !


Le but de ce cours est de mettre en avant les interactions entre les groupes
et la géométrie ou plutôt les groupes et les géométries. En effet, nous verrons
qu’il existe de nombreuses géométries même si elles partagent des idées di-
rectrices communes et que l’on peut donc parler de L A G ÉOMÉTRIE.
L’idée directrice que nous suivrons sera celle qui se trouve dans le pro-
gramme d’Erlangen de Félix Klein. En prenant un poste de professeur à l’uni-
versité d’Erlangen, celui-ci devait exposer un programme de recherche. Ce
programme est passé à la postérité sous le nom de programme d’Erlangen. En
simplifiant, il est le premier à mettre en avant l’idée qu’une géométrie corres-
pond à la donnée d’un groupe de transformations et d’invariants. Un objectif
de ce cours sera de comprendre, à la fin du cours, ce que cela veut dire. En
particulier, j’espère qu’à la fin du cours le tableau des géométries, groupes et inva-
riants 1 sera une évidence !

Une topologie, c’est essentiellement un groupe ! 1


Dans une seconde partie, nous laisserons de côté la géométrie pour nous
intéresser aux topologies de différents espaces vues dans la partie géométrie.
L’idée est de considérer ces espaces en oubliant leur géométrie (la distance ou
la notion d’alignement) pour ne retenir que ce qui reste lorsque l’on s’autorise
à « tordre » continûment ces espaces. C’est la notion d’homotopie qui jouera
un rôle important. Par exemple, quelle est la différence entre la droite réelle
R et le cercle S1 ? Localement, ils sont identiques mais le cercle a un point
supplémentaire en quelque sorte. Nous verrons que leurs groupes fondamen-
taux sont différents. Nous calculerons ce groupe fondamental pour un certain
nombre d’exemples.
Le cours sera entrecoupé de minutes culturelles. Ce minutes ont pour but
de faire une pause pendant le cours et de se faire une idée de la manière dont
les mathématiques se sont construites. À l’université, il vous est présenté des
théories bien établies et exposées comme quelque chose d’achevé qui n’est pas
1. Ce slogan peut sembler exagéré et faux lancé tel quel. Il faut le prendre comme une consé-
quence de la conjecture de Borel.

i
INTRODUCTION ii

à remettre en question. Ces théories ont une histoire, des raisons et des objec-
tifs. Les connaître et les comprendre ne peut qu’aider à leur compréhension.
Bien entendu, ces minutes seront voulues pour être distrayantes et ne font
pas partie du cours en lui-même (et donc elles ne sont pas à travailler pour
l’examen) !
Cet enseignement fonctionnera classiquement avec des cours et des TDs.
Les exercices sont donnés à l’avance et ils sont à préparer avant de venir en
TD. Il n’est pas étonnant de ne pas savoir faire tous les exercices du premier
coup. Certains exercices marqués d’un sont des applications directes de ré-
sultats du cours ou des exemples et définitions. Il est indispensable de les
faire. Ils devraient pouvoir être faits après une lecture appliquée du cours et
participent à la compréhension de celui-ci. Des devoirs maisons obligatoires
feront aussi partie du cours.
Ce cours fonctionne avec la page Arche associée :

https://arche.univ-lorraine.fr/course/view.php?id=22939.

Tous les documents (notes de cours, exercices, devoirs maison, notes de par-
tiels et d’examens) s’y trouveront.
On trouvera à la fin de ces notes de cours une bibliographie commen-
tée. Certaines références couvriront exactement une partie du cours, certaines
iront plus loin que le cours et constituent une ouverture et d’autres encore se-
ront plus culturelles. Les commentaires sont là pour vous guider dans cette
bibliographie.
Certains points du cours rentrent dans le programme de l’agrégation et
pourront servir de sources pour des développements de leçons.

Table 1
L E TABLEAU DES G ÉOMÉTRIES , G ROUPES ET I NVARIANTS .

Géométrie Groupe Espace Invariants


n n
Euclidienne O(n) o R R distance euclidienne d(x, y) = ||x − y||
Sphérique O(n) Sphère Sn distance sphérique
Affine GLn (R) o Rn Rn alignement
Projective PGLn (R) Espace projectif PRn birapport, alignement
Conforme H(U ) U ouvert de C orientation et angles infinitésimaux
Hyperbolique P O(1, n) Espace hyperbolique Hn distance hyperbolique
Table des matières

Introduction i

Table des matières iii

I Géométrie 1

1 Actions de groupes 2
1.1 Groupes et sous-groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Actions de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Invariants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Produits direct et semi-direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.5 Groupes quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2 Géométrie Affine 16
2.1 Espaces affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Groupe affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Théorème fondamental de la géométrie affine . . . . . . . . . . . 20
2.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

3 Géométrie euclidienne 25
3.1 Isométries euclidiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2 Dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3 Dimension 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

4 Géométrie Sphérique 39
4.1 Trigonométrie et géodésiques sphériques . . . . . . . . . . . . . 39
4.2 Dimension 2 : Formules de Girard et d’Euler . . . . . . . . . . . 43
4.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

5 Géométrie hyperbolique 50
5.1 Espace hyperbolique de dimension n . . . . . . . . . . . . . . . . 50
5.2 Trigonométrie hyperbolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5.3 Isométries hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

iii
TABLE DES MATIÈRES iv

5.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

6 Géométrie Projective 58
6.1 Espace projectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
6.2 Groupe projectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
6.3 Lien affine ↔ projectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.4 Droite projective et homographies . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.5 Deux théorèmes de géométrie plane . . . . . . . . . . . . . . . . 68
6.6 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

II Topologie 75

7 Variétés différentielles 76
7.1 Théorèmes d’inversion locale, des immersions et des submersions 76
7.2 Sous-variétés de Rn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
7.3 Variétés différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
7.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

8 Homotopie et groupe fondamental 85


8.1 Homotopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
8.2 Groupe fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
8.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

9 Calculs de groupes fondamentaux 92


9.1 Le cercle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
9.2 Sphères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
9.3 Espaces projectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
9.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

10 Topologie des groupes de Lie classiques 101


10.1 Application exponentielle et décomposition polaire . . . . . . . 101
10.2 Groupe fondamental de quelques groupes de Lie classiques . . 104
10.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

Devoirs 2017-2018 109


Partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Correction du partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
Devoir Maison I : Groupe diédral infini . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Correction du Devoir Maison I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Devoir Maison II : Simplicité de SO3 (R) . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Correction du Devoir Maison II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Devoir Maison III : Automorphismes du corps C, similitudes et groupe
affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Correction du Devoir Maison III . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Devoir Maison IV : Cercles de la droite projective complexe . . . . . . 127
Correction du Devoir Maison IV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Corrigé de l’examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

Devoirs 2018-2019 136


TABLE DES MATIÈRES v

Premier devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136


Corrigé du premier devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Second devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Corrigé du second devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Corrigé du partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Troisième devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Corrigé du troisième devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Corrigé de l’examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

Devoirs 2019-2020 164


Premier devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Corrigé du premier devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
Second devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Corrigé du second devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Partiel 2020 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Corrigé du partiel 2019 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
Examen 2020 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

Devoirs 2020-2021 182


Premier devoir maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Corrigé du premier devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Devoir maison facultatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Corrigé du partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196

Bibliographie 199
Première partie

Géométrie

1
Chapitre 1

Actions de groupes

Les groupes sont des acteurs, qu’on leur donne une scène
et ils se mettent à agir ! —Damien Gaboriau

Dans ce premier chapitre, nous rappelons les notions de base sur les groupes.
L’idée générale mise en valeur ici est celle qu’un groupe ce n’est pas seulement
une structure algébrique mais surtout un certain groupe de transformations.
La notion d’invariant est introduite. Elle sera essentielle dans toute la suite.

1.1 Groupes et sous-groupes


Rappelons les définitions connues.

Définition 1.1. Un groupe est un ensemble G muni d’une loi de composition


interne · : G × G → G qui vérifie les propriétés suivantes
— (Associativité) ∀g, h, k ∈ G, (g · h) · k = g · (h · k),
— (Existence d’un élément neutre) Il existe e ∈ G, tel que pour tout g ∈ G,
g · e = e · g = g,
— (Existence d’un inverse) ∀g ∈ G, ∃h ∈ G, g · h = h · g = e.

On suivra l’usage de noter simplement gh pour le produit g · h et on no-


tera g −1 pour l’inverse de g ∈ G. On parlera simplement d’un groupe G sans
expliciter la loi de composition interne.
Définition 1.2. Soit (G, ·) un groupe. Un sous-groupe de G est un sous-ensemble
H ⊂ G, tel que
— l’élément neutre e appartient à H,
— pour tout g ∈ H, g −1 ∈ H,
— pour tout g, h ∈ H, gh ∈ H.

Un fait intéressant (et qui justifie le nom de sous-groupe) est qu’un sous-
groupe H de (G, ·) muni de la restriction de la loi de composition interne · est
lui-même un groupe. En particulier, pour montrer qu’on est en présence d’un
groupe, il suffit de montrer que c’est un sous-groupe d’un groupe déjà connu.

2
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 3

F IGURE 1.1 – Le célèbre Rubik’s cube

Rappelons qu’une intersection quelconque de sous-groupes est toujours


un sous-groupe et que cela permet de définir la notion de sous-groupe engendré
par une partie : Si G est un groupe et X ⊂ G alors le sous-groupe engendré
par X est le plus petit sous-groupe de G qui contient X, on le note hXi. C’est
exactement l’intersection de tous les sous-groupes qui contiennent X.

Vous connaissez déjà de nombreux groupes issus des structures algébriques


(R, +), (C∗ , ×), (Z, +), (Z/nZ, +)... Ce ne sont pas vraiment ces groupes-ci qui
nous intéresseront. L’exemple fondamental sera Sym(X), l’ensemble de toutes
les bijections d’un ensemble quelconque X. Bien entendu la loi de composi-
tion considérée sera la composition des applications. On appelle ce groupe,
le groupe symétrique de X mais il faut bien avoir en tête, qu’il ne s’agit pas ici
de symétrie au sens de la géométrie euclidienne. Voici un premier exemple
intéressant.

Exemple 1.3 (Le Rubik’s cube). Vous connaissez le célèbre cube inventé par le
hongrois Ernö Rubik. Les différentes transformations que l’on peut effectuer
sur le Rubik’s cube forment un groupe. En effet, le cube est formé de 27 petits
cubes et une transformation autorisée (c’est-à-dire sans démonter le cube) est
une permutation particulière de ces petits cubes. Par exemple, le petit cube
central et les cubes qui sont sur les centres des faces sont toujours des cubes
fixes. Le groupe du Rubik’s cube est exactement le sous-groupe de Sym(27)
engendré par les rotations autour d’une face.
Savoir que c’est un groupe permet plusieurs choses. Par exemple, on peut
compter facilement le nombre total de positions du Rubik’s cube. En com-
paraison, les grilles de Sudoku n’ont pas de structure de groupe et le calcul
du nombre de grilles a été obtenu en 2005 par la méthode de la force brute
en utilisant un programme informatique. Cela permet aussi de trouver des
algorithmes de résolution. On sait maintenant que l’on peut résoudre un Ru-
bik’s cube en au plus exactement 20 mouvements. Pour en savoir plus sur les
mathématiques du Rubik’s cube, vous pouvez consulter la page Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_mathématique_sur_le_Rubik%27s_
Cube.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 4

Terminons cette section par rappeler un peu de vocabulaire de la théorie


des groupes. Soit G et H deux groupes. Une application ϕ : G → H est un
morphisme de groupes si pour tout g1 , g2 ∈ G, ϕ(g1 g2 ) = ϕ(g1 )ϕ(g2 ). Un mor-
phisme bijectif est appelé un isomorphisme. Le noyau de ϕ est ϕ−1 ({e}). On le
note Ker(ϕ).

1.2 Actions de groupes

Définition 1.4. Soit G un groupe et X un ensemble. Une action de G sur X


est une application α : G × X → X telle que pour tout g, h ∈ G, x ∈ X,
α(g, α(h, x)) = α(gh, x) et α(e, x) = x pour tout x ∈ X. 1

Lorsque l’action considérée est claire, on notera simplement gx au lieu de


α(g, x). La proposition suivante indique qu’une action d’un groupe G sur un
ensemble X est la même chose qu’un morphisme de G vers Sym(X).

Proposition 1.5. Soit α : G × X → X une action de groupe. L’application ϕ : g 7→


α(g, .) est un morphisme de groupes de G vers Sym(X).
Réciproquement, soit G un groupe et X un ensemble. Si ϕ : G → Sym(X) est
un morphisme de groupes alors l’application α : G × X → X définie par α(g, x) =
ϕ(g)(x) est une action de groupe.

Démonstration. Premièrement, considérons une action α. Montrons que ϕ(g) =


α(g, .) est bien une bijection. En effet ϕ(g) a pour bijection inverse ϕ(g −1 )
puisque ϕ(g) ◦ ϕ(g −1 )(x) = α(g, α(g −1 , x)) = α(gg −1 , x) = α(e, x) = x. Ainsi
ϕ(g) ◦ ϕ(g −1 ) = Id, de même ϕ(g −1 ) ◦ ϕ(g) = Id et donc ϕ(g) est bien une
bijection. Le fait que ϕ soit bien un morphisme découle de la suite d’égalités
suivante

ϕ(g) ◦ ϕ(h)(x) = α(g, α(h, x)) = α(gh, x) = ϕ(gh)(x).

Ainsi, ϕ(g) ◦ ϕ(h) = ϕ(gh) et ϕ est bien un morphisme de groupes.


Maintenant, considérons un morphisme de groupes ϕ : G → Sym(X). Puisque
ϕ(e) = Id, on a bien α(e, x) = Id(x) = x. Pour g, h ∈ G, α(g, α(h, x)) =
ϕ(g) ◦ ϕ(h)(x) = ϕ(gh)(x) = α(gh, x). On a donc bien montré que α est une
action de groupe.

Cette proposition donne directement de nombreux exemples d’actions de


groupes. Dès lors que G est un sous-groupe de Sym(X) pour un certain en-
semble X, le groupe G agit sur X. Le morphisme ϕ de la Proposition 1.5 est
simplement l’inclusion de G dans Sym(X).

Exemple 1.6. Nous avons vu dans l’exemple 1.3 que le groupe du Rubik’s
cube est un sous-groupe du groupe des permutations des 27 petits cubes. Il
agit donc sur l’ensemble de ces petits cubes.
1. On distingue parfois les actions à gauche et les actions à droite. On ne parle ici que d’actions
à gauche que l’on nomme simplement actions.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 5

Exemple 1.7. Le groupe GLn (R) est un sous-groupe de Sym(Rn ). Ainsi on a


une action de GLn (R) sur Rn . La formule est ainsi simplement α(g, x) = g(x)
où g ∈ GLn (R) et x ∈ Rn .

Exemple 1.8. Soit G un groupe. Le groupe G agit sur lui-même de la manière


suivante : on définit α : G × G → G par la formule α(g, h) = gh. On vérifie
bien qu’il s’agit d’une action de groupe. En effet, la relation α(g1 , α(g2 , h)) =
α(g1 g2 , h) est simplement l’associativité g1 (g2 h) = (g1 g2 )h.
Cette action est appelée action par multiplications à gauche. Il existe bien en-
tendu une action par multiplications à droite. Voir l’Exercice 1.3.

Exemple 1.9. Soit G un groupe. Le groupe G agit sur lui-même d’une autre
manière : on définit α : G × G → G par la formule α(g, h) = ghg −1 . On vérifie
de nouveau qu’il s’agit d’une action de groupe grâce à l’associativité. Cette
action s’appelle l’action par conjugaison de G sur lui-même.
Remarque 1.10. Si le morphisme donné par la Proposition 1.5 est injectif, on
dit que l’action est fidèle. Dans ce cas, ϕ réalise un isomorphisme entre G et
ϕ(G) et donc G est isomorphe à un sous-groupe de Sym(G).
Théorème 1.11 (Théorème de Cayley). Tout groupe G est isomorphe à un sous-
groupe d’un groupe symétrique Sym(X).

Démonstration. Par la Remarque 1.10, il suffit de montrer que l’action de G sur


lui-même par multiplications à gauche est fidèle. C’est immédiat puisque si
g · e = h · e alors g = h.

Définitions 1.12. Soit α une action d’un groupe G sur un espace X et soit
x ∈ X. On appelle orbite de x l’ensemble

Gx = {y ∈ X, ∃g ∈ G, y = gx}.

Si l’orbite de x est réduite à x, on dit que x est un point fixe de l’action. L’action
est transitive si pour tout x, y ∈ X, il existe g ∈ G tel que gx = y. On appelle
espace quotient, l’ensemble des orbites et on le note G\X.

Exemple 1.13. Considérons l’action de GLn (R) sur Rn . Il y a un point fixe qui
est 0. D’autre part, pour tout x, y 6= 0, il existe g ∈ GLn (R) tel que gx = y. En
effet, on peut compléter x en une base (x1 , . . . , xn ) et y en une base (y1 , . . . , yn )
telles que x1 = x et y1 = y. Maintenant, la matrice g de changement de la
première base vers la seconde satisfait gx = y. Dans cet exemple, il y a donc
exactement deux orbites.
Définition 1.14. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X. Pour tout x ∈
X, on appelle stabilisateur de x dans G, l’ensemble

StabG (x) = {g ∈ G, gx = x}.

Lemme 1.15. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X. Pour tout x ∈ X,


StabG (x) est un sous-groupe de G.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 6

Démonstration. Puisque e · x = x pour tout x ∈ X, on a e ∈ StabG (x). Soit


g, h ∈ StabG (x), on a (gh) · x = g(hx) = gx = x et donc gh ∈ StabG (x).
Soit g ∈ StabG (x). En multipliant, l’égalité gx = x par g −1 des deux côtés,
on obtient x = g −1 x et donc g −1 ∈ StabG (x). Ainsi, StabG (x) est bien un
sous-groupe de G.
Exemple 1.16. Le groupe symétrique Sym(n) agit sur l’ensemble des poly-
nômes à n indéterminées R[X1 , . . . , Xn ] par permutation des indéterminées.
Plus précisément si σ ∈ Sym(n) et P ∈ R[X1 , . . . , Xn ] alors (σ·P )(X1 , . . . , Xn ) =
P (Xσ(1) , . . . , Xσ(n) ).

P polynômes symé-
Les polynômes invariants sous cette action sont appelés
triques. Par exemple, les polynômes X13 + · · · + Xn3 et i6=j Xi Xj sont des
polynômes symétriques.
Exemple 1.17. Soit G un groupe. Ce groupe agit sur l’ensemble de ses sous-
groupes par conjugaison (voir l’Exercice 1.5). Un point fixe pour cette action
est appelé sous-groupe normal ou distingué et pour un tel sous-groupe N , on
note N / G.

1.3 Invariants
Cette partie est la première nouveauté du cours, elle introduit l’idée fon-
damentale qui nous suivra tout au long de celui-ci.
Définition 1.18. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X, soit Y un en-
semble et n ∈ N. Une fonction f : X n → Y est invariante sous l’action de G si
pour tout x1 , . . . , xn ∈ X et tout g ∈ G, f (gx1 , . . . , gxn ) = f (x1 , . . . , xn ).

On dit aussi que la fonction f est un invariant de l’action de G sur X ou


que le groupe G préserve f .
Exemple 1.19. Le groupe SLn (R) agit sur l’espace vectoriel V = Rn . La fonc-
tion déterminant det : V n → R est invariante sous cette action.
Exemple 1.20. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X. Notons P(X)
l’ensemble des parties de X. Le groupe G agit aussi sur P(X) de la manière
suivante gY = {gy, y ∈ Y }, pour g ∈ G et Y ⊂ X. Appelons c : P(X) →
N ∪ {∞} la fonction cardinal où c(Y ) = |Y |. La fonction cardinal c est toujours
invariante, quelleque soit l’action.
Proposition 1.21. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X, soit Y un ensemble
et n ∈ N. Soit f : X n → Y . L’ensemble des éléments de G qui laisse f invariante,
c’est-à-dire
{g ∈ G, ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ X n , f (gx1 , . . . , gxn ) = f (x1 , . . . , xn )},
est un sous-groupe de G.

Démonstration. Cette preuve fait l’objet de l’Exercice 1.16.


Exemple 1.22. Soit (X, d) un espace métrique. L’ensemble des bijections de X
qui préservent la distance d est un groupe appelé groupe des isométries de X
(ou (X, d) si on souhaite bien préciser la distance). On le note Isom(X).
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 7

Exemple 1.23. Considérons Rn avec son produit scalaire usuel h , i : Rn ×


Rn → R. Le sous-groupe de GLn (R) qui préserve ce produit scalaire est
On (R). Le groupe spécial orthogonal SOn (R) a deux invariants : le produit
scalaire h , i et le déterminant det.

Le lemme suivant est une simple reformulation de la définition de fonction


invariante.
Lemme 1.24. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X et f : X → Y une
fonction. La fonction f est invariante si et seulement si elle est constante sur les
orbites.

Démonstration. Supposons tout d’abord f invariante. Si x, y ∈ X sont dans la


même orbite alors il existe g ∈ G tel que gx = y et donc f (y) = f (gx) = f (x).
Supposons maintenant f constante sur les orbites. Soit x ∈ X et g ∈ G. Par
définition x et gx sont dans la même orbite. Ainsi, f (gx) = x.

On obtient le corollaire immédiat suivant.


Corollaire 1.25. Si f est une fonction invariante et f (x) 6= f (y) alors x et y ne sont
pas dans la même orbite.
Si l’action G y X est transitive alors toute fonction invariante f : X → Y est
une fonction constante.

De ce lemme très simple et de son corollaire, on en déduit tout de suite que


les invariants permettent de séparer les orbites. Une question qui intervient
dans des problèmes de classification est de trouver tous les invariants qui per-
mettent de séparer les orbites. Autrement dit, on cherche à se trouver dans la
situation où l’on a f1 , . . . , fk fonctions invariantes telles que si fi (x) = fi (y)
pour tout i alors x et y sont dans la même orbite. On parle alors de système
complet d’invariants.

1.4 Produits direct et semi-direct


Nous allons voir (ou revoir) dans cette partie la notion de produit semi-
direct. Cette notion est importante car nous verrons de nombreux exemples
de produits semi-directs.
Quelque part, ces produits semi-directs ne sont que la moitié d’un produit
direct et donc nous revoyons ce qu’est un produit direct. Dans les deux cas, il y
a la version externe : à partir de deux groupes, on en construit un troisième qui
sera le produit direct ou semi-direct des deux premiers. Il y a aussi une version
interne : un groupe peut se décomposer comme produit direct ou semi-direct
de deux de ses sous-groupes.
Définition 1.26 (Produit direct). Soit G1 et G2 deux groupes. Le groupe produit
est l’ensemble G1 ×G2 muni de la loi de composition interne (g1 , g2 )·(h1 , h2 ) =
(g1 h1 , g2 h2 ). L’élément neutre est (e, e).
Définition 1.27 (Décomposition en produit direct). Soit G un groupe et H1 , H2
deux sous-groupes. On dit que G se décompose en produit de H1 par H2 si
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 8

— H1 et H2 commutent,
— H1 ∩ H2 = {e}
— et pour tout g ∈ G, il existe h1 ∈ H1 et h2 ∈ H2 tels que g = h1 h2 .

Proposition 1.28. Soit G un groupe avec deux sous-groupes H1 , H2 qui se décom-


pose en produit direct de H1 par H2 . Alors G est isomorphe à H1 × H2 .

Démonstration. Montrons que l’application

H1 × H2 → G
f:
(h1 , h2 ) 7→ h1 h2

est un isomorphisme de groupes. Tout d’abord puisque tout élément g ∈ G


s’écrit g = h1 h2 , cette application est surjective. Soit (h1 , h2 ), (h01 , h02 ) ∈ H1 ×
H2 , f (h1 h01 , h2 h02 ) = h1 h01 h2 h02 = h1 h2 h01 h02 = f (h1 , h2 )f (h01 , h02 ) puisque H1 et
H2 commutent. Ainsi, f est bien un morphisme de groupes. Il reste à vérifier
l’injectivité. Soit (h1 , h2 ) ∈ Ker(f ). Alors h1 h2 = e et donc h2 = h−1 1 ∈ H1 ∩
H2 = {e}. Donc h1 = h2 = e et f est injective.

Exemple 1.29. Le théorème chinois nous dit que si n ∧ m = 1 alors

(Z/nmZ, +) ' (Z/nZ, +) × (Z/mZ, +).

Rappelons qu’un sous-groupe H d’un groupe G est normal si pour tout


g ∈ G et h ∈ H, ghg −1 ∈ H. On note ceci H / G.
Définition 1.30 (Décomposition en produit semi-direct). Soit G un groupe et
H1 , H2 deux sous-groupes. On dit que G se décompose en produit semi-direct
de H1 par H2 si
— H1 ∩ H2 = {e},
— pour tout g ∈ G, il existe h1 ∈ H1 et h2 ∈ H2 tels que g = h1 h2 ,
— et H1 / G.
On note alors G = H1 o H2 .
Remarque 1.31. La différence entre un produit semi-direct et un produit di-
rect se voit au niveau des rôles joués par H1 , H2 . Dans un produit direct H1 et
H2 sont normaux alors que dans un produit semi-direct seul l’un des deux est
normal.

Soit G un groupe. Un automorphisme de G est un morphisme de G dans lui-


même qui aussi une bijection. On vérifie facilement que c’est un sous-groupe
de Sym(G). On le note Aut(G).

Définition 1.32 (Produit semi-direct). Soit H1 et H2 deux groupes. On sup-


pose qu’il existe un morphisme de groupes ϕ : H2 → Aut(H1 ). Le produit semi-
direct de H1 par H2 est l’ensemble H1 × H2 muni de la loi (h1 , h2 )(h01 , h02 ) =
(h1 ϕ(h2 )(h01 ), h2 h02 ).
On le note H1 o H2 ou encore H1 oϕ H2 si on veut mettre en avant le rôle
de ϕ.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 9

Il faut vérifier que cette définition donne bien un groupe. Remarquons


qu’il s’agit d’une loi de groupe sur H1 × H2 qui n’est pas la loi produit. De
même, le lien entre la décomposition en produit semi-direct et le produit semi-
direct de deux groupes doit être détaillé. Ceci est traité dans l’Exercice 1.24.
Exemple 1.33 (Groupe diédral d’ordre 2n). Soit n un entier supérieur à 3, on
appelle groupe diédral d’ordre 2n le sous-groupe de O2 (R) engendré par la ro-
tation ρ d’angle 2π/n et la symétrie σ autour de l’axe des abscisses dans R2 . Il
s’agit donc du groupe engendré par les matrices
   
cos(2π/n) − sin(2π/n) 1 0
ρ= et σ = .
sin(2π/n) cos(2π/n) 0 −1
On note ce groupe D2n 2 . Puisque ρ et σ laissent invariant l’ensemble des som-
mets du polyèdre régulier à n côtés, noté Pn , le groupe Dn laisse invariant ce
polyèdre régulier.

P7

F IGURE 1.2 – Le polygone régulier P7 sur lequel agit D14 .

La rotation ρ engendre le groupe des rotations d’angle 2kπ/n avec k ∈


{0, 1, . . . , n − 1} et donc hρi ' Z/nZ. De plus, puisque σ 2 = Id, hσi ' Z/2Z.
Un calcul montre que σρσ −1 (= σρσ) = ρ−1 et une petite récurrence donne
k −1
σρ σ = ρ−k . Ainsi, on montre que tous les éléments de hρ, σi sont de la
forme ρ ou ρk σ. Donc
k

D2n = ρk , ρk σ; k ∈ J0, n − 1K


2. On utilise parfois la notation Dn aussi. Si on dit le groupe diédral d’ordre 2n, il ne peut y
avoir de confusion.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 10

et cela justifie la notation puisque D2n possède exactement 2n éléments. Ce


groupe se décompose en produit semi-direct

D2n = hρi o hσi.


En effet, hρi ∩ hσi = {e}, tout élément de D2n est le produit d’un élément de
hρi par un élément de hσi et comme σρk σ −1 = ρ−k , le sous-groupe hρi est
distingué.
La manière extérieure de penser à ce produit semi-direct est la suivante :
comme Z/nZ est un groupe abélien, l’application g 7→ g −1 est un isomor-
phisme de groupes ((gh)−1 = h−1 g −1 = g −1 h−1 ) et donc l’application
ϕ : (Z/2Z, +) → Aut(Z/nZ, +) donnée par ϕ(0) = Id et ϕ(1)(m) = −m
est un morphisme de groupes et la description précédente montre exactement
que

D2n ' Z/2Z nϕ Z/nZ.

Exemple 1.34 (Groupe diédral infini). Remplaçons les sommets d’un polyèdre
régulier par les entiers sur l’axe réel. Pour n ∈ Z, notons τn la translation de
n, c’est-à-dire τn : Z → Z est l’application donnée par τn (m) = m + n. Notons
simplement τ pour τ1 et σ la symétrie en 0, c’est-à-dire σ(m) = −m. Le groupe
diédral infini D∞ est le sous-groupe hτ, σi de Sym(Z).

-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5

Remarquons que σ 2 = Id et στm σ = τ−m . Comme pour le groupe diédral,


on montre (voir Exercice 1.29) que

D∞ = hτ i o hσi.

Si on identifie hτ i à (Z, +) via l’isomorphisme n 7→ τn = τ n , et hσi à Z/2Z


via i 7→ σ i , on obtient la décomposition en produit semi-direct

D∞ = Z o Z/2Z.

Exemple 1.35. Nous verrons dans le Chapitre 3 que le groupe des isométries
de Rn est Rn o On (R).

1.5 Groupes quotients


Soit G un groupe et H un sous-groupe. Pour g ∈ G, on appelle classe à
gauche de g l’ensemble Hg = {hg, h ∈ H}, c’est-à-dire l’orbite de g pour
l’action de H par multiplication à gauche. De manière analogue, on appelle
classe à droite de g l’ensemble gH = {gh, h ∈ H} qui est l’orbite de g pour
l’action par multiplication à droite de H sur G. Quand H est normal ces deux
types de classes coïncident.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 11

Lemme 1.36. Soit G un groupe et N un sous-groupe normal. Alors pour tout g ∈ G,


gN = N g.

Démonstration. Soit n ∈ N , puisque N / G, il existe n1 ∈ N tel que gng −1 = n1


et donc gn = n1 g. Ce qui montre que gN ⊂ N g. De manière analogue, en
conjuguant par g −1 , on montre qu’il existe n2 ∈ N tel que ng = gn2 et donc
N g ⊂ gN . Ainsi, gN = N g.

Définition 1.37 (Groupe quotient). Soit G un groupe et N un sous-groupe


normal. On appelle groupe quotient l’ensemble G/N des classes à droite de G
muni de la loi (g1 N ) · (g2 N ) = g1 g2 N .

Il faut vérifier que cette loi interne définit bien une loi de groupe. L’élément
neutre est N = eN . L’associativité découle de celle de G, l’inverse de gN est
g −1 N . Le point où l’on utilise N / G est dans la définition de la loi. Il faut
s’assurer que si g1 N = g10 N et g2 N = g20 N alors g1 g2 N = g10 g20 N . C’est bien le
cas car grâce au Lemme 1.5 g1 N g2 N = g1 (N g2 )N = g1 (g2 N )N = g1 g2 N .
Par définition du groupe quotient, on obtient automatiquement un mor-
phisme de groupes surjectif

G → G/N
π:
g 7→ gN

dont le noyau est N . Le morphisme π est parfois appelé passage au quotient


ou projection de G sur G/N .

Exemple 1.38. Soit G un groupe qui admet une décomposition en produit


semi-direct G = Q n N . Alors G/N ' Q. En effet, on vérifie que la restriction
de π à Q est un isomorphisme de groupes. C’est injectif car Q ∩ N = {e} et
c’est surjectif car G = QN .
Par exemple si n ∧ m = 1 alors (Z/nmZ)/(Z/nZ) ' Z/mZ ou encore
D2n /(Z/nZ) ' Z/2Z et D∞ /Z ' Z/2Z.

Proposition 1.39. Soit G un groupe et H un sous-groupe. Le sous-groupe H est


normal si et seulement si H est le noyau d’un morphisme de groupes ayant pour
ensemble de départ G.

Démonstration. Nous savons déjà que le noyau d’un morphisme de groupes


est normal. Maintenant, soit N un sous-groupe normal et π la projection de
G sur G/N . Alors N est exactement le noyau de π. En effet, si gN = N alors
pour l’élément neutre e ∈ N , g = ge ∈ N .

Pour un produit semi-direct G = Q n N , le groupe G, se décompose vrai-


ment en deux groupes qui sont N et Q. Pour comprendre G, il « suffit » de
réassembler les deux morceaux que sont N et Q. Pour un groupe G et un
sous-groupe normal N : l’idée est un peu la même, on peut reconstruire le
groupe G à partir des deux groupes N et G/N . Cependant, en général la re-
construction de G à partir de G/N et N n’est pas aussi simple que pour un
produit semi-direct.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 12

Si un groupe G n’a pas de sous-groupe normal autre que G et {e}, on ne


peut donc pas le décomposer en deux morceaux non-triviaux G/N et N . Dans
ce cas, on dit que G est simple. On peut y penser comme une brique élémen-
taire dans la construction de la théorie des groupes.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 13

1.6 Exercices

Exercice 1.1. Soit G un groupe et H ⊂ G. Montrez que H est un sous-groupe


si et seulement si H 6= ∅ et pour tout g, h ∈ H, gh−1 ∈ H.
Exercice 1.2. Soit ϕ : G → H un morphisme de groupe.
1. Montrer que l’image de l’élément neutre de G est l’élément neutre de
H (on pourra montrer que l’élément neutre est l’unique solution de
l’équation g 2 = g).
2. Montrer que pour tout g ∈ G, ϕ(g −1 ) = ϕ(g)−1 .
3. Montrer que l’image par ϕ d’un sous-groupe de G est un sous-groupe
de H.
4. Montrer que l’image réciproque d’un sous-groupe de H est un sous-
groupe de G. En particulier, Ker(ϕ) est un sous-groupe de G.
5. Montrer que le morphisme ϕ est injectif si et seulement si Ker(ϕ) = {e}.
Exercice 1.3. Soit G un groupe. On définit deux applications α1 , α2 : G×G → G
par les formules suivantes :

α1 (g, h) = hg, α2 (g, h) = hg −1 .


Parmi ces deux applications, une seule définit une action de groupe. Laquelle ?
Exercice 1.4. Soit α une action d’un groupe G sur un ensemble X.
1. Soit H un sous-groupe de G. Montrer que la restriction de α à H × X
est encore une action de H sur X.
2. On dit qu’une partie Y ⊂ X est stable si pour tout g ∈ G, et tout y ∈ Y ,
α(g, y) ∈ Y . Soit Y une partie stable. Montrer que la restriction de α à
G × Y est encore une action de groupe.
Exercice 1.5. Soit G un groupe et S(G) l’ensemble des sous-groupes de G.
Montrer que G agit sur S(G) par l’action α suivante

α(g, H) = gHg −1 .

Montrer qu’il y a toujours au moins deux points fixes que vous identifierez.
Exercice 1.6. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X. Soit n ∈ N. Montrer
que G agit aussi sur X n grâce à la formule g · (x1 , . . . , xn ) = (gx1 , . . . , gxn ).
Exercice 1.7. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X et soit Y un autre
ensemble. On note Y X l’ensemble des fonctions de X dans Y . Montrer que G
agit sur Y X de la manière suivante g · f (x) = f (g −1 x) pour g ∈ G, f ∈ Y X et
x ∈ X.
Exercice 1.8. Montrer qu’une orbite est toujours une partie stable et que la
restriction d’une action à une orbite est toujours transitive.
Exercice 1.9. Quel est l’ensemble des points fixes pour l’action par conjugai-
son d’un groupe sur lui-même ?
Exercice 1.10. Montrer que les orbites d’une action d’un groupe G sur un es-
pace X forment une partition de X : deux orbites sont égales ou disjointes et
X est exactement la réunion des orbites.
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 14

Exercice 1.11. Montrer qu’une action est transitive si et seulement s’il n’y a
qu’une orbite.
Exercice 1.12. Montrer que le groupe GLn (R) agit sur l’ensemble des bases de
Rn . Combien y a-t-il d’orbites ?
Exercice 1.13. Soit λ ∈ R∗ , l’homothétie de rapport λ d’un R-espace vectoriel V
est l’application hλ : v →
7 λv.
1. Montrer que les homothéties forment un groupe H.
2. Trouver un groupe bien connu isomorphe à H.
3. Montrer que le groupe H agit sur V (à vous de trouver l’action).
4. L’action est-elle fidèle, transitive ? Quelles sont les orbites ? (vous pour-
rez faire un dessin en dimension 2)
Exercice 1.14. Quelles sont les orbites de l’action du groupe orthogonal On (R)
sur Rn ?
Exercice 1.15. Soit G un groupe agissant sur un ensemble X. Soit x ∈ X et
g ∈ G. Montrer que StabG (gx) = g StabG (x)g −1 .
Exercice 1.16. Démontrer la Proposition 1.21 à l’aide de l’Exercice 1.7 et du
Lemme 1.15.
Exercice 1.17. Trouver un groupe G avec une action sur un espace X et une
fonction f : X n → Y telle que Un (C) soit exactement le sous-groupe de G qui
préserve f .
Exercice 1.18. Le groupe GLn (R) × GLn (R) agit sur Mn (R) de la manière sui-
vante :
(A, B) · M = AM B −1 .
1. Montrer que l’application rang : Mn (R) → J0, nK est un invariant.
2. Montrer que le rang est un invariant complet, c’est-à-dire que si rang(M ) =
rang(M 0 ) alors M et M 0 sont dans la même orbite.
Exercice 1.19. On note V l’espace vectoriel Rn . On note det le déterminant
dans la base canonique. L’ensemble B des bases de V est donc l’ensemble
{(v1 , . . . , vn ), det(v1 , . . . , vn ) 6= 0}. L’orientation est une application o de B
dans l’ensemble à deux éléments {+, −}. L’orientation d’une base (v1 , . . . , vn )
est positive si det(v1 , . . . , vn ) > 0. On note alors o(v1 , . . . , vn ) = +. On dit
qu’elle est négative sinon et on note o(v1 , . . . , vn ) = −.
Quel est le sous-groupe de GLn (R) qui préserve l’orientation ?
Exercice 1.20. Vérifier que la Définition 1.26 définit bien un groupe.
Exercice 1.21. Expliciter l’isomorphisme dans le théorème chinois (Exemple 1.29)
et identifier les deux sous-groupes dont Z/nmZ est le produit direct.
Exercice 1.22. Montrer que si G se décompose en produit direct de H1 par
H2 alors H1 et H2 sont des sous-groupes normaux.
Exercice 1.23. Soit H1 et H2 sont deux sous-groupes d’un groupe G tels que
H1 / G. Montrer que l’application ϕ : H2 → Aut(H1 ) donnée par ϕ(h2 )(h1 ) =
h2 h1 h−1
2 est bien définie et est un morphisme de groupes.
Exercice 1.24. Soit H1 et H2 deux groupes. On suppose qu’il existe un mor-
phisme de groupes ϕ : H2 → Aut(H1 ).
CHAPITRE 1. ACTIONS DE GROUPES 15

1. Montrer que le produit semi-direct G = H1 oϕ H2 est bien un groupe.


2. Monter que H1 × {e} est sous-groupe normal de G et qu’il est iso-
morphe à H1 .
3. Soit h ∈ G de la forme (h1 , e) et k ∈ G de la forme (e, h2 ). Expliciter le
conjugué khk −1 de h par k.
4. Montrer que G se décompose comme produit semi-direct de H1 × {e}
et de {e} × H2 .
Exercice 1.25. Décrire explicitement les éléments de D2n , c’est-à-dire pour chaque
élément de D2n , donner la rotation ou la symétrie correspondante.
Exercice 1.26. Montrer que le groupe D2n est engendré par la symétrie par
rapport à l’axe des abscisses σ et la symétrie σ1 par rapport à la droite faisant
un angle π/n avec l’axe des abscisses.
Exercice 1.27. Démontrer que D4 ' Z/2Z × Z/2Z où chaque copie de Z/2Z
correspond au sous-groupe engendré par la symétrie autour de l’un des axes.
Exercice 1.28. Démontrer que Sym(3) ' Z/2Z n Z/3Z où Z/3Z correspond
au groupe des permutations alternées et Z/2Z au groupe engendré par une
transposition.
Exercice 1.29. Reprenons les notations de l’Exemple 1.34.
1. Démontrer la décomposition D∞ = hτ i o hσi.
2. Démontrer que D∞ = {τm , στm ; m ∈ Z}.
3. Identifier géométriquement les éléments στm pour m ∈ Z.
4. Montrer que D∞ est un sous-groupe de Isom(Z, d) où d(x, y) = |x − y|.
5. Montrer que D∞ = Isom(Z, d). Pour cela, montrer que l’action de D∞
sur Z est transitive, que l’on peut se restreindre aux isométries f telles
que f (0) = 0 et que dans ce cas f (n) = n ou f (n) = −n pour tout
n ∈ Z.
6. Démontrer que D∞ est engendré par σ et σ1/2 la symétrie en 1/2.
Chapitre 2

Géométrie Affine

2.1 Espaces affines


Rappelons qu’une action d’un groupe G sur un ensemble X est simple-
ment transitive si pour tous x, y ∈ X, il existe un unique g ∈ G tel que gx = y.

Définition 2.1. Soit E un espace vectoriel. Un affine A est un ensemble muni


d’une action simplement transitive de (E, +). L’espace vectoriel E est appelé
la direction de A. La dimension de A est la dimension de E.

Soit α : E × A → A l’action ci-dessus. On note τv (A) = α(v, A). L’applica-


tion A 7→ τv (A) est appelée translation de vecteur v. On note aussi τv (A) = A+v.
Comme α est une action, on a

τv ◦ τu = τu+v

ce qui correspond à (A + u) + v = A + (u + v).


Pour A, B dans un espace affine A de direction E, il existe un unique v ∈ E
# »
tel que B = A + v. On note alors AB ∈ E pour le vecteur v.

Lemme 2.2 (Relation de Chasles). Soit A, B, C trois points d’un espace affine alors
# » # » # »
AC = AB + BC.
# » # »
Démonstration. Posons u = AB et v = BC. On a alors B = A + u et C = B + v.
# » # » # »
Ainsi A + u + v = C et donc AC = u + v = AB + BC.

Définition 2.3. Soit A un espace affine de direction E. Soit F un sous-espace


vectoriel de E. Un sous-espace affine F de direction F est un ensemble tel qu’il
existe A ∈ F avec F = {A + v, v ∈ F }.
En particulier, on appelle droite affine un sous-espace affine de dimension 1
et plan affine un sous-espace affine de dimension 2.

Remarque 2.4. L’écriture F = {A + v, v ∈ F } ne dépend pas de A ∈ F. Pour


# »
tout A0 ∈ F, on a aussi F = {A0 + v, v ∈ F }. En effet A0 + v = A + (AA0 + v).

16
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 17

Lemme 2.5. T Soit (Fi )i∈I une collection de sous-espaces affines deTdirection (Fi ).
L’intersection i∈I Fi est vide ou un sous-espace affine de direction i∈I Fi .
T
Démonstration. Si l’intersection n’est pas vide, on choisit A ∈ i∈I Fi et on
écrit Fi = {A + v, v ∈ Fi } pour tout i ∈ I.TAinsi un point B = A + v appartient
à cette intersection si et seulement si v ∈ i∈I Fi .

Définition 2.6. Soit A un espace affine et P ⊂ A non vide. On appelle sous-


espace engendré par P , l’intersection de tous les sous-espaces affines qui contiennent
P . C’est le plus petit sous-espace affine (au sens de l’inclusion) qui contient P .

Exemple 2.7. Si A, B sont deux points distincts de A, le sous-espace affine


# »
engendré par A et B est la droite (AB) = {A + λAB, λ ∈ k} où k est le corps
de base.

Définition 2.8. Soit F1 et F2 deux sous-espaces affines. On dit que F1 et F2


sont parallèles s’ils ont même direction. On note F1 k F2

Définition 2.9. Soit A un espace affine et O ∈ A. L’application

E → A
v 7 → O+v

est une bijection qui permet de transporter la structure d’espace vectoriel de


E à A. L’espace vectoriel obtenu est appelé le vectorialisé de A en O.

Remarque 2.10. Un espace vectoriel E possède une structure canonique d’es-


pace affine en faisant agir (E, +) sur lui-même par translations.
La construction ci-dessus de vectorialisé d’un espace affine A à partir d’un
point O ∈ A est une construction inverse. On prendra garde au fait que la
structure d’espace vectoriel ainsi construite dépend du point O choisi. Dans
la Figure 2.1. On note A +O B pour la somme des points A et B pour le vecto-
# » # »
rialisé en O, c’est-à-dire le point O+ OA+ OB. Pour O 6= O0 , A+O B 6= A+O0 B.

On peut résumer ceci de la manière suivante : un espace vectoriel est la


donnée d’un espace affine et d’une origine. En oubliant l’origine d’un espace
vectoriel, on obtient un espace affine et en rajoutant une origine à un espace
affine, on obtient un espace vectoriel.

Définition 2.11. Soit A et A0 deux espaces affines de directions E et E 0 , es-


paces vectoriels sur un même corps. Une application ϕ : A → A0 est affine s’il
existe L : E → E 0 application linéaire telle que pour tout A, B ∈ A,

# »  # »
ϕ(A)ϕ(B) = L AB .

Proposition 2.12. L’image directe et réciproque d’un sous-espace affine par une ap-
plication affine est un sous-espace affine.
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 18

A +O B

O0 A +O0 B

F IGURE 2.1 – Deux vectorialisations en O et O0 .

Démonstration. Soit ϕ une application affine de partie linéaire L et F un sous-


espace affine de direction F contenant un point A. Alors

ϕ(F) = {ϕ(B), B ∈ F}
# »
= {ϕ(A) + L(AB), B ∈ F}
= {ϕ(A) + L(u), u ∈ F }
= {ϕ(A) + v, v ∈ L(F )}

Ainsi ϕ(F) est le sous-espace affine contenant ϕ(A) et de direction L(F ).


Pour l’image réciproque, la preuve est la même et repose sur le fait que
l’image réciproque d’un sous-espace vectoriel par une application linéaire est
un sous-espace vectoriel.

On dit que trois points sont alignés, s’il existe une droite affine les contenant
tous les trois.

Corollaire 2.13. Les applications affines préservent l’alignement.

Démonstration. En effet, l’image d’une droite affine est un sous-espace affine


de dimension au plus 1, c’est-à-dire une droite ou un point. On en déduit que
les images de trois points alignés sont encore alignées.

2.2 Groupe affine

Lemme 2.14. La composée ϕ0 ◦ϕ de deux applications affines ϕ, ϕ0 de parties linéaires


L et L0 est affine de partie linéaire L0 ◦ L. Si ϕ est affine inversible de partie linéaire
L alors L est inversible et ϕ−1 est affine de partie linéaire L−1 .
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 19

Démonstration. Soit ϕ, ϕ0 deux applications affines de parties linéaires L, L0 .


Pour A, B ∈ A,
# » # »   # »
ϕ0 (ϕ(A))ϕ0 (ϕ(B)) = L0 ϕ(A)ϕ(B) = L0 L AB .

Ainsi, ϕ0 ◦ ϕ est affine de partie linéaire L0 ◦ L.


Soit ϕ une application affine inversible de partie linéaire L. Comme ϕ est
bijective, pour tout v ∈ E, il existe un unique u ∈ E tel que ϕ(A+u) = ϕ(A)+v
# »
c’est-à-dire ϕ(A)ϕ(A + u) = L(u) = v et ainsi L est linéaire inversible.
Pour montrer que ϕ−1 est affine, il suffit de montrer que pour tout A ∈ A
et v ∈ E, ϕ−1 (ϕ(A) + v) = A + L−1 (v). Posons u = L−1 (v), on alors

ϕ−1 (ϕ(A) + v) = ϕ−1 (ϕ(A) + L(u))


= ϕ−1 (ϕ(A + u))
= A + u = A + L−1 (v).

Théorème 2.15. L’ensemble des transformations affines inversibles forment un groupe


appelé groupe affine GA(A) qui se décompose en produit semi-direct

GA(A) ' GL(E) n E.

Démonstration. Il est clair que l’identité est une application affine (de partie
linéaire l’identité de E). Le Lemme 2.14 montre que l’ensemble des transfor-
mations affines inversibles est stable par composition et passage à l’inverse.
C’est donc un sous-groupe du groupe des bijections de A.
Le lemme 2.14 montre aussi que l’application

Π : GA(A) → GL(E)
ϕ 7→ L

qui associe sa partie linéaire à une application affine inversible est un mor-
phisme de groupes. Le noyau de Π est donc l’ensemble des applications af-
fines de partie linéaires l’identité. C’est-à-dire, pour une telle application ϕ et
pour tous A, B ∈ A,
# » # »
ϕ(A)ϕ(B) = AB.
# »
Fixons A et posons u = Aϕ(A) alors pour tout B ∈ A,
# » # » # » # »
Bϕ(B) = BA + Aϕ(A) + ϕ(A)ϕ(B) = u.

Ainsi, ϕ(B) = B + u et ϕ est la translation de vecteur u.


Pour obtenir la structure de produit semi-direct, choisissons une origine
O ∈ A, vectorialisons A en O. Cela nous permet d’identifier GL(E) avec
le sous-groupe de GA(A) qui fixe O. Plus précisément, pour A ∈ A et L ∈
# »
GL(E), L(A) = O + L(OA). De même, on identifie (E, +) avec le groupe des
translations.
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 20

Un élément de l’intersection de GL(E) et du groupe des translations est


donc un élément qui fixe O et de partie linéaire l’identité, c’est donc l’iden-
tité de A. Maintenant, le groupe des translations est distingué puisqu’il s’agit
du noyau de Π. Pour conclure, remarquons que tout élément de GA(A) est la
composée d’une translation et d’une application linéaire. En effet, soit ϕ une
# »
application affine et L sa partie linéaire. Posons u = Oϕ(O) alors pour tout
# » # » # » # » # »
A ∈ A, ϕ(O)ϕ(A) = L(OA) et donc Oϕ(A) = L(OA) + Oϕ(O). Avec l’identi-
# »
fication entre A et OA, cela s’écrit
ϕ(A) = L(A) + u.
Ce qui signifie bien que ϕ est la composée de l’application linéaire L et de la
translation de vecteur u.
Au final, on a bien vérifié la définition d’un produit semi-direct.
Remarque 2.16. Dans l’identification GA(A) ' GL(E) n E, on a utilisé une
origine. L’identification n’est pas canonique puisqu’elle dépend de ce choix.

2.3 Théorème fondamental de la géométrie affine


Une bijection ϕ d’un espace affine A préserve l’alignement si pour tout tri-
plet de points A, B, C, ces points sont alignés si et seulement si les points
ϕ(A), ϕ(B), ϕ(C) sont alignés.
Théorème 2.17 (Théorème fondamental de la géométrie affine). Soit A un es-
pace affine réel de dimension finie au moins 2. Toute bijection de A qui préserve l’ali-
gnement est une transformation affine.

Ce théorème est propre au cas réel. Pour les autres corps, il faut modifier
l’énoncé. La particularité du corps réel provient de la proposition suivante.
Proposition 2.18. Le seul automorphisme du corps (R, +, ×) est l’identité.

Démonstration. Soit σ un automorphisme de (R, +, ×). En particulier, σ(0) = 0


et σ(1) = 1 car se sont les éléments neutres pour les lois + et ×. Soit n ∈ N,
σ(n) = σ(1 + · · · + 1) = σ(1) + · · · + σ(1) = 1 + · · · + 1 = n. Comme 0 =
σ(n + (−n)) = σ(n) + σ(−n) = n + σ(−n), on en déduit que σ(−n) = −n.
Ainsi, pour tout n ∈ Z, σ(n) = n.
Pour p ∈ N∗ , 1 = σ(p × 1/p) = σ(p) × σ(1/p) et donc σ(1/p) = 1/p. Pour
p ∈ Z et q ∈ N∗ , σ(p/q) = σ(p)/σ(q) = p/q et donc pour tout r ∈ Q, σ(r) = r.
Nous allons conclure par densité de Q dans R et continuité de σ. Soit x ∈
√ 2 √
R+ alors x = x et donc σ(x) = σ( x)2 ≥ 0. Maintenant pour x ≥ y,
σ(x − y) ≥ 0 et donc σ(x) ≥ σ(y).
Soit x ∈ R et (x±
n )n∈N deux suites de nombres rationnels tels que pour tout
n ∈ N,
x−n ≤ x ≤ xn
+

et x±
n → x. Ainsi
x− − + +
n = σ(xn ) ≤ σ(x) ≤ σ(xn ) = xn .

En passant à la limite n → +∞, on obtient σ(x) = x.


CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 21

Lemme 2.19. Soit A, B, C non-alignés dans un espace affine A. Le plan engendré


par ces trois points est la réunion des droites (DE) avec D ∈ (AB) et E ∈ (AC)

Démonstration. Soit F un point de ce plan. Si F ∈ (AB) ∪ (AC), le résultat est


acquis. Maintenant supposons que F n’est pas sur (AB) ou (AC). Soit D la
parallèle à (BC) qui passe par F . Cette droite n’est parallèle ni à (AB) ni à
(AC) (sinon (AC) = (AB)) et elle rencontre ces deux droites en un point D et
E comme désiré.

B
F

A C D

Preuve du Théorème 2.17. Soit ϕ une application bijective de A dans A qui pré-
serve l’alignement. Remarquons que cela signifie exactement que l’image d’une
droite est une droite. En effet, la droite (AB) (pour A 6= B) est exactement
l’ensemble des points C tel que A, B, C sont alignés et donc son image est
l’ensemble des points ϕ(C) alignés avec ϕ(A) et ϕ(B), c’est-à-dire la droite
(ϕ(A)ϕ(B)).
Par le lemme 2.19, on en déduit que l’image du plan engendré par trois
points A, B, C non alignés est le plan engendré par ϕ(A), ϕ(B), ϕ(C).
Si D1 et D2 deux droites parallèles disjointes, elles sont donc incluses dans
un plan et ne se rencontrent pas. Leurs images vérifient les mêmes conditions
et sont donc parallèles.
Fixons une origine O (c’est-à-dire que l’on vectorialise en O). Pour u ∈ E,
# »
on définit L(u) = ϕ(O)ϕ(O + u). Ainsi, on a une application L : E → E. On
veut montrer que L est linéaire. On saura alors que L est inversible par le
Lemme 2.14. Commençons par montrer que pour tous u, v ∈ E non colinéaires
L(u + v) = L(u) + L(v). Posons A = O + u, B = O + v et C = O + u + v. Ainsi
# » # » # »
A, B, C sont non alignés et tels que OC = OA + OB, c’est-à-dire (OA) (BC)
et (OB) (AC). Les images vérifient les mêmes conditions de parallélisme et
# » # » # »
donc ϕ(O)ϕ(C) = ϕ(O)ϕ(A) + ϕ(O)ϕ(B). D’où L(u + v) = L(u) + L(v).
Considérons la droite (OA). Pour λ ∈ R, on note σ(λ) l’unique réel µ tel
que
# » # »
ϕ(O + λOA) = ϕ(O) + µϕ(O)ϕ(A).
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 22

Ce qui donne
# » # »
ϕ(O)ϕ(O + λu) = σ(λ)ϕ(O)ϕ(A)
Ou encore, L(λu) = σ(λ)L(u). L’application σ est une bijection de R puisque
ϕ est une bijection de (OA) sur (ϕ(O)ϕ(A)). Montrons que c’est un isomor-
phisme de corps et donc que c’est l’identité.
# » # »
Soit λ1 , λ2 ∈ R, posons A1 = O + λ1 OA et A2 = O + λ2 OA. Construisons
# »
géométriquement le point O + (λ1 + λ2 )OA. Comme A est de dimension au
moins 2, on peut choisir B ∈ A \ (OA). Soit D l’intersection de la parallèle à
(OA) passant par B et de la parallèle à (BA1 ) passant par O. Ainsi, le quadri-
# » # »
latère DBA1 O est un parallélogramme et donc DB = OA1 . De même, soit A3
l’intersection de la parallèle à (DA2 ) passant par B et de la droite (OA). On a
# » # » # » # » # » # » # » # »
alors A2 A3 = DB = OA1 . Ainsi, OA3 = OA2 + A2 A3 = OA1 + OA2 .
Puisque ϕ envoie droite sur droite et préserve le parallélisme, les points
ϕ(O), ϕ(A), ϕ(A1 ), ϕ(A2 ), ϕ(A3 ), ϕ(D), ϕ(B) vérifient les mêmes relations de
parallélisme et donc
# » # » # » # » # »
ϕ(O)ϕ(A3 ) = ϕ(O)ϕ(A2 ) + ϕ(A2 )ϕ(A3 ) = ϕ(O)ϕ(A1 ) + ϕ(O)ϕ(A2 ).

Ce qui donne
# » # » # »
σ(λ1 + λ2 )OA = σ(λ1 )OA + σ(λ2 )OA
et donc σ(λ1 + λ2 ) = σ(λ1 ) + σ(λ2 ).

D B

O A A1 A2 A3

On reprend les mêmes notations pour λ1 , λ2 , O, A, B, A1 et A2 . On note A3


# »
le point O + λ1 λ2 OA. Soit C l’intersection de (OB) et de la parallèle à (BA)
# » # »
passant par A2 . Par le théorème de Thalès, OC = λ2 OB. De même, soit D
l’intersection de (OB) et de la parallèle à (CA) passant par A1 . Par le théorème
# » # » # »
de Thalès, OD = λ1 OC = λ1 λ2 OB. Finalement, le point d’intersection A0 de la
# » # »
parallèle à (AB) passant par D satisfait OA0 = λ1 λ2 OA, c’est-à-dire A0 = A3 .
Comme, ci-dessus l’image par ϕ de cette construction vérifie les mêmes
propriétés de parallélisme et donc σ(λ1 λ2 ) = σ(λ1 )σ(λ2 ). Ainsi, on a bien
montré que σ est un isomorphisme du corps R et donc c’est l’identité.
CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 23

B
A2 A3
0 A A1

Au final, on a bien montré que L est linéaire et donc ϕ est affine.


CHAPITRE 2. GÉOMÉTRIE AFFINE 24

2.4 Exercices

Exercice 2.1. Soit D1 et D2 deux droites affines d’un espace affine A. Montrer
que ces droites sont parallèles si et seulement s’il existe P plan affine conte-
nant ces droites et D1 ∩ D2 = ∅.
Exercice 2.2. Montrer que la relation de parallélisme est une relation d’équi-
valence sur l’ensemble des sous-espaces affines d’un espace affine donné.
Exercice 2.3. Montrer que deux sous-espaces affines parallèles sont égaux
ou disjoints.
Exercice 2.4. Redémontrer le théorème de Thalès dans le cadre de la géométrie
affine introduite dans ce cours. On utilisera une homothétie pour cela.
Exercice 2.5. Soit A, B, C, D quatre points d’un espace affine tels que (AB) k
(CD) et (AD) k (BC), c’est-à-dire que ABCD est un parallélogramme. Dé-
# » # »
montrer que AB = DC.
Exercice 2.6. Soit E un espace vectoriel et f une application linéaire de E dans
lui-même. On suppose que pour tout vecteur u ∈ E, f (u) est colinéaire à u.
Montrez que f est une homothétie.
Exercice 2.7. Soit A un espace affine de direction E sur un corps k. Soit O ∈ A
et λ ∈ k ∗ , on appelle homothétie de rapport λ et de centre O, l’application
# »
A 7→ O + λOA.
— Montrer que l’ensemble des homothéties et des translations forment un
groupe noté HT (A).
— Indiquer quand 2 éléments commutent.
— Le groupe HT (A) est-il simple ?
— Montrer que l’ensemble des homothéties de centre O et l’ensemble des
homothéties de centre O0 sont des sous-groupes conjugués.
— Soit D une droite affine et g ∈ HT (A). Montrer que D et g(D) sont
parallèles.
— Soit g une bijection affine qui préserve les directions (i.e une droite a
pour image une droite parallèle). Montrer que g ∈ HT (A).
On conclut de cet exercice que le sous-groupe du groupe affine qui préserve
les directions est HT (A).
Exercice 2.8. Montrer que les seuls automorphismes continus du corps (C, +, ×)
sont l’identité et la conjugaison complexe.
Exercice 2.9. Montrer que toutes les isométries de l’espace euclidien Rn avec
n ≥ 2 sont affines.
Chapitre 3

Géométrie euclidienne

3.1 Isométries euclidiennes


Voici la première géométrie abordée dans ce cours. Il s’agit de l’espace
n
p R muni du produit scalaire h , i qui donne la norme euclidienne
euclidien
kxk = hx, xi. Rappelons que la distance associée est donnée par d(x, y) =
kx − yk. Le groupe des isométries euclidiennes est Isom(Rn , d).
Vous connaissez déjà certaines de ces isométries, par exemple les trans-
lations ou les éléments du groupe orthogonal On (R) (vous pouvez aussi le
vérifier dans l’Exercice 3.1). Notre premier but sera de déterminer toutes ces
isométries, ce qui est fait dans le théorème suivant.
Théorème 3.1. Toute isométrie de (Rn , d) est une application affine. Toute isométrie
de (Rn , d) qui fixe l’origine est donnée par un élément de On (R).
Le groupe Isom(Rn ) se décompose en un produit semi-direct de la façon suivante :

Isom(Rn ) = On (R) n (Rn , +)

où (Rn , +) est identifié au groupe des translations de Rn .

On munit l’espace vectoriel Rn de sa structure naturelle d’espace affine


sur lui-même. On peut alors utiliser des notations plus simples que pour les
espaces affines généraux. Une application f : Rn → Rn est affine s’il existe
A : Rn → Rn application linéaire et b ∈ Rn telle que pour tout x ∈ Rn , f (x) =
Ax + b. Le couple (A, b) est unique : en effet, b = f (0) et A est l’application
linéaire x 7→ f (x) − f (0).
Pour x ∈ Rn , notons τx la translation de vecteur x, c’est-à-dire τx (y) = y+x
pour tout y ∈ Rn .

Démonstration. Commençons par nous ramener au cas où f (0) = 0. Soit f ∈


Isom(Rn ). Notons τ−f (0) la translation de vecteurs −f (0). Si g = τ−f (0) ◦ f est
linéaire alors f = τf (0) ◦ g est affine donc il suffit de traiter le cas f (0) = 0.
Montrons que dans ce cas, f préserve la norme et le produit scalaire. Soit
x ∈ Rn , kf (x)k = kf (x) − f (0)k = d(x, 0) = kx − 0k = kx||. Donc f préserve
la norme. Comme f préserve la distance, pour tous x, y ∈ Rn ,

25
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 26

kf (x) − f (y)k2 = kx − yk2


kf (x)k2 + kf (y)k2 − 2hf (x), f (y)i = kxk2 + kyk2 − 2hx, yi
kxk2 + kyk2 − 2hf (x), f (y)i = kxk2 + kyk2 − 2hx, yi
hf (x), f (y)i = hx, yi.

Donc f préserve le produit scalaire. Maintenant, f est linéaire si et seulement


si pour tous x, y ∈ Rn et λ ∈ R, f (λx + y) = λf (x) + f (y), c’est-à-dire kf (λx +
y) − λf (x) − f (y)k2 = 0. Or

kf (λx + y) − λf (x) − f (y)k2 =kf (λx + y)k2 + λ2 kf (x)k2 + kf (y)k2


− 2λhf (x), f (λx + y)i − 2hf (y), f (λx + y)i
+ 2λhf (x), f (y)i
=kλx + yk2 + λ2 kxk2 + kyk2
− 2λhx, λx + yi − 2hy, λx + yi
+ 2λhx, yi
=k(λx + y) − λx − yk2
=0.

Soit f, f 0 ∈ Isom(Rn ). Comme ce sont des applications affines, il existe


A, A0 ∈ O(n) et b, b0 ∈ Rn tels que f (x) = Ax + b et f 0 (x) = A0 x + b0 . La
composée f ◦ f 0 s’écrit f (f 0 (x)) = AA0 x + (Ab0 + b). L’application

Isom(Rn ) → O(n)
ϕ:
f 7→ A
qui à f associe sa partie linéaire est donc un morphisme de groupes. Le noyau
ker(ϕ) est l’ensemble des isométries f telles que A = Id, c’est-à-dire f (x) = x+
b, c’est-à-dire les translations qui s’identifie à (Rn , +) par l’isomorphisme b 7→
τb . L’ensemble des translations est un sous-groupe distingué. L’intersection
avec O(n) est réduite à {Id} et pour conclure, il suffit de remarquer que si
f (x) = Ax + b alors f = τb ◦ A et donc on a bien démontré la décomposition
en produit semi-direct.

Une notion importante en géométrie euclidienne est la notion d’angle.


Pour trois points A, B, C ∈ Rn avec A 6= B et C 6= B, on appelle mesure de
V

l’angle ABC le nombre α ∈ [0, π] tel que


−−→ −−→
hBA, BCi
cos(α) = −−→ −−→ . (3.1)
BA BC

Remarquons que nous parlons ici d’angle géométrique aussi appelé angle non

−→−−→
hBA,BCi
orienté. Ce nombre est bien défini car −
−→ − −→ ∈ [0, 1] par l’inégalité de
BA BC
Cauchy-Schwarz. Il existe d’autres manières de définir cet angle, par exemple,
en prenant des classes d’équivalence sous l’action du groupe des isométries.
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 27

La proposition suivante indique que la fonction angle est un invariant


pour le groupe de isométries Isom(Rn ).

Proposition 3.2. Les isométries de Rn préservent les angles. C’est-à-dire que pour
V

tout g ∈ Isom(Rn ) et A, B, C ∈ Rn avec A 6= B et C 6= B, on a g(A)g(B)g(C) =


V

ABC .

Démonstration. On a vu que la partie linéaire d’une isométrie est un élément


de On (R) qui préserve donc le produit scalaire et la norme. La Formule 3.1 ne
fait intervenir que des normes et un produit scalaire, c’est donc une formule
invariante.

Le théorème suivant est important car il donne une famille génératrice


simple pour le groupe On (R). Il est bien connu que toute rotation plane est la
composée de 2 symétries. Ce résultat se généralise en dimension supérieure.
Sa preuve fait l’objet de l’Exercice 3.2

Théorème 3.3. Le groupe Isom(Rn ) est engendré par les symétries orthogonales
par rapport à des hyperplans affines. Plus exactement, toute isométrie de Rn est la
composée d’au plus n + 1 telles symétries.

Lemme 3.4. Soit g ∈ Isom(Rn ) et F ⊂ Rn une partie finie. Si f préserve F (i.e.


g(F ) = F ) alors f fixe l’isobarycentre de F .
En particulier, StabIsom(Rn ) (F ) est conjugué à un sous-groupe de O(n).

Démonstration. En effet, comme les isométries sont affines, l’isobarycentre des


x1 , . . . , xn est l’isobarycentre des f (x1 ), . . . , f (xn ). C’est-à-dire le même point.

Lemme 3.5. Soit f une isométrie donnée par f (x) = Ax + b avec A ∈ O(n) et
b ∈ Rn . Alors f possède un point fixe si et seulement si b ∈ Im(A − Id).

Démonstration. Soit x un point fixe de f alors Ax + b = x, c’est-à-dire b =


(A − Id)x ∈ Im(A − Id). Réciproquement, si b ∈ Im(A − Id) alors il existe x tel
que b = (A − Id)x et donc x est point fixe.

Dans les deux sous-chapitres qui suivent, nous nous intéressons aux cas
particuliers de la dimension 2 et 3 avec une approche parallèle passant par la
classification des isométries, des polytopes (polygones et polyèdres) réguliers
et de leurs groupes d’isométries.

3.2 Dimension 2
Redonnons la classification des isométries en dimension 2 sans preuve. On
pourra se référer à [?] pour une preuve. L’idée est d’étudier les éventuels point
fixes avec le Lemme 3.5.

Proposition 3.6. Les éléments de Isom(R2 ) sont :


— les translations,
— les rotations,
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 28

F IGURE 3.1 – Un polygone convexe à 5 côtés.

— les symétries axiales et


— les symétries glissées.
Définition 3.7. Un polygone convexe P est un compact d’intérieur non vide de
R2 tel que P est l’intersection d’un nombre fini de demi-plans délimités par
des droitess affines D1 , D2 , . . . , Dn .
Les côtés de P sont les intersections de P avec les Hi contenant au moins 2
points. Les sommets de P sont les points de P qui sont exactement l’intersec-
tion de deux droites Di et Dj .

Définition 3.8. Soit P un polygone convexe. On dit que P est régulier si tous
ses côtés sont égaux et tous ses angles sont égaux.

Théorème 3.9. Soit P = A1 . . . An un polygone convexe à n côtés. Les conditions


suivantes sont équivalentes :
1. P est régulier,
2. tous les côtés de P sont égaux et les points Ai sont cocycliques (c’est-à-dire
sur un même cercle),
3. les sommets de P sont sur un cercle de centre O et tous les angles au centre
Ai\OAi+1 sont égaux,
4. le polygone est semblable à l’enveloppe convexe de {e2ikπ/n , k ∈ Z/nZ}.

Le point O du théorème est alors le centre circonscrit au polygone P . On


peut se reporter à la Figure 1.2 pour une illustration du théorème.

Démonstration. On montre 1 =⇒ 2 =⇒ 3 =⇒ 1. Le point 4 sera vu lorsque


l’on parlera de similitudes.
Supposons P régulier. Trois points non-alignés déterminent toujours un
unique cercle (le centre de ce cercle est le centre circonscrit, intersection des
médiatrices). On va donc montrer que 4 points consécutifs sont cocycliques et
cela montrera que ce cercle ne dépend pas des 4 points choisis et donc tous
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 29

F IGURE 3.2 – Un heptagone régulier.

les Ai sont cocycliques. Soit i ∈ Z/nZ et considérons les points Ai−1 , Ai , Ai+1
et Ai+2 . Les bissectrices des angles en Ai et Ai+1 se coupent en un point O.
V V

Comme P est régulier OAi+1 Ai = OAi Ai+1 et donc le triangle OAi Ai+1 est
V

isocèle en O, c’est-à-dire OAi = OAi+1 . De plus, puisque les angles OAi+1 Ai


V

et OAi+1 Ai+2 sont égaux et que Ai Ai+1 = Ai+1 Ai+2 , la symétrie d’axe (OAi+1 )
envoie Ai sur Ai+2 et fixe O. Ainsi, Ai O = Ai+2 O. De la même manière, on
montre que Ai+1 O = Ai−1 O et les quatre points sont sur un cercle de centre
O.
V

Si les côtés de P sont tous égaux et les Ai sur un cercle alors l’angle Ai OAi+1
est donné par la formule d’Al-Kashi qui ne fait intervenir que les longueurs
OAi = OAi+1 et Ai Ai+1 qui ne dépendent pas de i et donc les angles au centre
V

Ai OAi+1 sont tous égaux.


Supposons que tous les Ai sont sur un cercle de centre O et que tous
V

les angles au centre Ai OAi+1 sont tous égaux à un certain α. Les triangles
V V

OAi Ai+1 sont donc isocèles en O et ainsi les angles OAi Ai+1 et OAi+1 Ai sont
égaux à un certain αi qui vérifie α + 2αi = π. Ainsi tous les αi sont égaux à
V V V

π−α
2 et donc tous les angles Ai−1 Ai Ai+1 = Ai+1 Ai O + OAi Ai−1 sont égaux à
π − α. Les longueurs Ai Ai+1 sont données par 2R tan(α/2) où R est le rayon
du cercle. Elles sont donc toutes égales et le polygone est régulier.

Si E ⊂ Rn , on note Isom(E) le sous-groupe de Isom(Rn ) qui préserve E.


On note aussi Isom+ (E), le sous-groupe de Isom(E) des isométries qui pré-
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 30

servent l’orientation.

Théorème 3.10. Soit Pn un polygone à n côtés. On a Isom(Pn ) ' D2n .

Démonstration. On sait déjà que le groupe diédral est un sous-groupe du groupe


Isom(Pn ). Il reste à montrer que Isom(Pn ) ⊂ D2n . Soit f ∈ Isom(Pn ). Notons
O le centre circonscrit à Pn . Il existe i tel que Ai = f (A0 ) alors notons r la rota-
tion de centre O tel que r(A0 ) = Ai . Ainsi g = r−1 f fixe A0 . Maintenant, A1 et
A−1 sont les deux seuls sommets les plus proches de A0 . Comme g préserve
les distance et fixe A0 , g(A1 ) = A±1 . Si g(A1 ) = A1 , on pose g 0 = g et sinon
g 0 = σg où σ est la symétrie par rapport à la droite (OA0 ). Ainsi, g 0 (A0 ) = A0
et g 0 (A1 ) = A1 . Par le même raisonnement, avec des distances g 0 (A2 ) = A2
ou A0 mais comme g 0 est une bijection et g 0 (A0 ) = A0 , on a g 0 (A2 ) = A2 . Une
récurrence montre alors que g 0 (Ai ) = Ai pour tout i ∈ Z/nZ. Puisque g 0 est
affine et fixe trois points non-alignés g 0 = Id. Finalement, f = rσ ou f = r.
Dans les deux cas, f ∈ D2n .

3.3 Dimension 3
Voici en dimension 3, la classification des isométries en dimension 3. On
pourra de nouveau se référer à [?] pour une preuve.

Théorème 3.11. Les éléments de Isom(R3 ) sont :


— les translations,
— les rotations,
— les rotations glissées (appelées aussi vissages),
— les symétries orthogonales par rapport à un plan,
— les symétries glissées et
— les antirotations.

Le théorème suivant montre que le groupe SO3 (R) est simple : on ne peut
pas le décomposer en deux blocs non triviaux. Sa preuve fait l’objet d’un de-
voir maison.

Théorème 3.12. Le groupe SO3 (R) est simple.

Nous abordons maintenant la notion de polyèdre, l’analogue en dimen-


sion 3 des polygones. Il y a un certain nombre de choses intuitives (typique-
ment la Proposition 3.14) sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. Pour un
traitement rigoureux, on pourra consulter [?, Chapitre 12].

Définition 3.13. Un polyèdre convexe P est un compact d’intérieur non vide de


R3 tel que P est l’intersection d’un nombre fini de demi-espaces délimités par
des plans affines H1 , H2 , . . . , Hn .
Les faces de P sont les intersections de P avec un des plans Hi contenant au
moins trois points non-alignés. Ce sont des polygones convexes. Leurs inter-
secttions non réduites à un point et ne contenant pas trois points non alignés
sont appelées, arêtes de P et leurs intersections réduites à un point, sommets de
P.
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 31

Les trois premiers points de la proposition suivante sont très intuitifs mais
demanderaient bien sûr une preuve rigoureuse (voir [?] pour cela). Le dernier
point sera crucial pour le Théorème 3.16 et une preuve est vue dans l’Exercice
3.22.
Proposition 3.14. Soit P un polyèdre convexe.
1. Le nombre de côtés d’une face est au moins 3.
2. Le nombre d’arêtes issues d’un sommet est égal au nombre de faces qui contiennent
ce sommet et ce nombre est au moins 3.
3. Une arête appartient à exactement deux faces.
4. La somme des angles en un sommet est strictement inférieure à 2π.
Définition 3.15. Un polyèdre convexe est régulier si toutes ces faces sont des
polygones réguliers à p côtés et tous ses sommets appartiennent à exactement
q faces.
La paire (p, q) est appelée symbole de Schläfli du polygone régulier.
Théorème 3.16. Il existe exactement cinq types de polyèdres convexes réguliers cor-
respondant aux symboles de Schläffli suivants.

Polyèdre Symbole de Schläfli


Tétraèdre régulier (3,3)
Cube (4,3)
Octaèdre régulier (3,4)
Icosaèdre régulier (3,5)
Dodécaèdre régulier (5,3)

Démonstration. Soit (p, q) le symbole de Schläfli d’un polyèdre régulier. Comme


chaque face a au moins 3 côtés et chaque sommet est entouré par au moins 3
faces, on a p, q ≥ 3.
Dans un polygone convexe à p côtés, la somme des angles vaut (p − 2)π
(on le voit en découpant le polygone en p − 2 triangles à partir d’un som-
met choisi). Ainsi les angles d’un polygone régulier à p côtés sont égaux à
p−2
p π ≥ π/3 (car p ≥ 3). Comme la somme des angles autour d’un sommet est
strictement inférieure à 2π, on a q × π/3 < 2π et donc q < 6. Et comme q ≥ 3,
3 p−2
p π < 2π et donc p < 6. Ainsi, 3 ≤ p, q ≤ 5.

On vérifie que les couples (4, 4), (4, 5), (5, 4) et (5, 5) ne satisfont pas la
condition q p−2
p π < 2π et donc les seuls couples possibles sont ceux annon-
cés.
Pour vérifier que les couples possibles correspondent à de véritables poly-
èdres réguliers, on « construit » les polyèdres dans les Figures 3.3 à 3.7.

La liste des polyèdres réguliers étant établie, on peut identifier leurs groupes
d’isométries. Le calcul pour le le tétraèdre régulier, le cube et l’icosaèdre est
fait dans les exercices. Pour l’octaèdre et le dodécaèdre, on peut procéder par
dualité. Pour un polyèdre P , son dual P ∗ est l’enveloppe convexe des milieux
de faces. Par exemple, le dual du cube est un octaèdre. Plus généralement, le
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 32

dual du polyèdre régulier de symbole (p, q) est le polyèdre régulier de sym-


bole (q, p). Le passage au polyèdre dual échange les faces et les sommets. Pour
plus de détails sur la dualité, on pourra consulter [?, Chapitre 12].
Il est assez facile de voir qu’un polyèdre et son dual ont le même groupe
d’isométries.
On obtient ainsi la liste de groupes d’isométries donnée dans le tableau
suivant. La notation correspond au type de face (triangle, carré ou pentagone)
puis au nombre de faces.

Groupe
Polyèdre Notation Dual d’isométries Groupe d’isométries
directes
Tétraèdre régulier ∆4 ∆4 A4 S4
Cube 6 ∆8 S4 S4 × Z/2Z
Octaèdre régulier ∆8 6 S4 S4 × Z/2Z
Icosaèdre ∆20 D12 A5 A5 × Z/2Z
Dodécaèdre D12 ∆20 A5 A5 × Z/2Z

F IGURE 3.3 – Un cube avec ses 6 faces carrées.


CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 33

F IGURE 3.4 – Un tétraèdre régulier avec ses 4 faces triangle isocèle.

F IGURE 3.5 – Un octaèdre régulier avec ses 8 faces triangle isocèle.


CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 34

F IGURE 3.6 – Un dodécaèdre régulier avec ses 12 faces pentagone régulier.

F IGURE 3.7 – Un icosaèdre régulier avec ses 20 faces triangle isocèle.


CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 35

3.4 Exercices

Exercice 3.1. Soit Rn l’espace euclidien muni de son produit scalaire usuel
et de la distance associée.
1. Montrer que toute translation est une isométrie de Rn .
2. Montrer que l’ensemble des translations forme un groupe isomorphe à
(Rn , +).
3. Montrer que On (R) est un sous-groupe de Isom(Rn ).
Exercice 3.2. En utilisant la réduction des éléments de On (R), montrer que
toute isométrie de Rn s’écrit comme le produit d’au plus n + 1 symétries par
rapport à des hyperplans affines. On commencera par se ramener au cas li-
néaire.
Exercice 3.3. Le but de cet exercice est de démontrer la classification des iso-
métries en dimension 2 (Proposition 4).
1. Quelles sont les différentes parties linéaires possibles pour g ∈ Isom(R2 ) ?
2. En fonction de la partie linéaire et de la présence de points fixes, établir
la classification des isométries de R2 .
Exercice 3.4. Calculer la mesure de l’angle au sommet d’un polygone régu-
lier à n côtés.
Exercice 3.5. Pour un polygone convexe quelconque, montrer que la somme
des mesures des angles est égale à (n − 2)π.
Retrouver alors la solution à l’exercice précédent.
Exercice 3.6. Considérons R2 avec son orientation directe canonique. Écrire la
matrice de la rotation d’angle α ∈ [0, 2π[ dans le sens direct.
Exercice 3.7. Soit g ∈ SO2 (R). Démontrer qu’il existe α ∈ [0, 2π[ tel que g est la
matrice de rotation d’angle α. En déduire que SO2 (R) ' (S 1 , ·) où S 1 = {z ∈
C, |z| = 1}
Exercice 3.8. Montrer que O2 (R) se décompose en produit semi-direct

O2 (R) = Z/2Z n SO2 (R)

où Z/2Z est identifié au sous-groupe engendré par la symétrie autour de l’axe


des abscisses.
Plus généralement, montrer que

On (R) = Z/2Z n SOn (R)

pour n ≥ 2.
Exercice 3.9. Le but de cet exercice est de démontrer la classification des iso-
métries en dimension 3 (Théorème 5).
1. Quelles sont les différentes parties linéaires possibles pour g ∈ Isom(R3 ) ?
2. En fonction de la partie linéaire et de la présence de points fixes, établir
la classification des isométries de R3 . Si on écrit g(x) = Ax + b avec A ∈
O3 (R) et b ∈ R3 , on pourra considérer la projection de b sur l’espace
propre associé à la valeur propre 1 de A (dans le cas où 1 est valeur
propre).
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 36

Exercice 3.10. Soit A une matrice de O3 (R). Comment savoir simplement en


calculant det(A) et trace(A) si A est l’identité, une rotation, une symétrie ou
une antirotation ?
Exercice 3.11. Montrer que le groupe On (R) est un groupe compact. En utili-
sant la réduction des matrices orthogonales, montrer que SOn (R) est connexe
par arcs et en déduire que On (R) a deux composantes connexes : SOn (R) et
On (R) \ SOn (R).
Exercice 3.12. Soit D la droite d’équation ax + by = c dans le plan R2 . Expli-
citer la symétrie orthogonale d’axe D dans la base canonique de R2 .
Exercice 3.13. Soit x, y, z ∈ Rn et m le milieu de [x, y]. Montrer que d(z, m)2 ≤
1 2
2 d(z, x) + d(z, y)
2
− 14 d(x, y)2 .
Exercice 3.14. Soit K une partie bornée de Rn . On note r = inf{ρ > 0, ∃x ∈
Rn , K ⊂ B(x, ρ)}. Soit (xn ) et (rn ) telles que K ⊂ B(xn , rn ) et rn → r. Montrer
que la suite (xn ) est de Cauchy (On considéra le milieu mm,n de [xn , xm ] et on
utilisera l’exercice précédent.). Conclure qu’il existe un unique x ∈ Rn tel que
K ⊂ B(x, r). On pourra utiliser l’identité du parallélogramme.
Montrer Isom(K) possède un point fixe et est donc conjugué à un sous-
groupe de On (R).
Exercice 3.15. Décomposition polaire. Soit A ∈ GLn (R). Montrer qu’il existe
K ∈ On (R) et P matrice symétrique définie positive telles que A = KP (On
pourra considérer une racine carrée de t AA.) et qu’un tel couple (K, P ) est
unique.
En déduire que le groupe GLn (R) possède deux composantes connexes :
GL+ +
n (R) et GLn (R) \ GLn (R).
Exercice 3.16. Soit C la boule unité pour la norme infinie. Montrer que C est
bien un polyèdre convexe régulier (qu’on appelle cube) de symbole de Schläfli
(4, 3).
Exercice 3.17. Soit T l’enveloppe convexe des points A = (1, 0, 0, 0), B =
(0, 1, 0, 0), C = (0, 0, 1, 0) et D = (0, 0, 0, 1) dans R4 . Quel est l’isobarycentre
de T ? Montrer qu’il existe un hyperplan qui contient T . Montrer que T est
bien un polyèdre convexe régulier de symbole de Schläfli (3, 3).
Exercice 3.18. Isométries du tétraèdre régulier. Soit T un tétraèdre régulier.
Montrer que le groupe Isom(T ) ' S4 et que Isom+ (T ) ' A4 (on ferra agir
Isom(T ) sur les sommets de T ).
Exercice 3.19. Isométries du cube. Soit C un cube. Montrer que le groupe
Isom+ (C) ' S4 et que Isom(C) ' S4 o Z/2Z (on fera agir Isom(C) sur les
grandes diagonales du cube. Donner la liste de ses éléments.
Exercice 3.20. En faisant agir le groupe des isométries directes du cube sur les
paires de faces opposées du cube, montrer qu’il existe un morphisme surjectif
S4 → S3 . En utilisant que le groupe An est simple pour n ≥ 5, montrer qu’il
n’existe pas de morphisme surjectif Sn → Sk pour n ≥ 5 et k < n. Ainsi le
morphisme obtenu ci-dessus est tout à fait exceptionnel.
Exercice 3.21. Isométries de l’icosaèdre régulier. Voici en Figure 3.8 un colo-
riage de l’icosaèdre régulier.
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 37

F IGURE 3.8 – Un coloriage des arêtes de l’icosaèdre régulier.

1. Expliquer comment est construit ce coloriage et pourquoi le groupe des


isométries agit sur ces 5 couleurs et qu’il existe donc un morphisme
ϕ : Isom(∆20 ) → S5 .
2. Faire la liste des isométries directes de l’icosaèdre et les compter.
3. Pour chaque type de g ∈ Isom+ (∆20 ) de la liste précédente, décrire la
nature de ϕ(g) ∈ S5 .
4. Montrer que le groupe des isométries directes de l’icosaèdre est iso-
morphe à A5 .
5. Conclure que Isom(∆20 ) ' A5 × Z/2Z.
Exercice 3.22. Soit P un polyèdre convexe et S un sommet de P . Montrer que la
somme des angles en S des faces qui contiennent S est inférieure strictement
à 2π.
Pour cela, on considèrera un plan affine H tel que P ∩ H = S et on projet-
tera orthogonalement sur H les arêtes qui partent de S.
Exercice 3.23. Classifications des transformations préservant les angles. Soit
E un espace affine euclidien de dimension n ≥ 2. On appelle similitude de
E toute transformation affine bijective de E dans lui-même dont la partie li-
néaire est la composée d’une homothétie et d’une isométrie linéaire.
1. Montrer que les similitudes forment un groupe.
CHAPITRE 3. GÉOMÉTRIE EUCLIDIENNE 38

2. Soit ϕ une similitude. Démontrer que si L est la partie linéaire de ϕ


alors L s’écrit de manière unique sous la forme L = HR où H est une
homothétie linéaire de rapport positif et R un élément de On (R) et que
de plus, H et R commutent.
Soit ϕ une bijection de E. On dit que ϕ préserve les angles (non orientés) si
V

pour tous points A 6= B, C ∈ E, ϕ(A)ϕ(B)ϕ(C) = ABC. \ Le but de l’exercice


est de montrer que les similitudes sont exactement les transformations qui
préservent les angles.

3. Montrer que les similitudes préservent les angles.

Soit ϕ une bijection de E qui préserve les angles.


4. Montrer que ϕ préserve l’alignement.
5. Montrer que ϕ est affine.
6. Choisissons une origine O dans E. Trouver une translation τ telle (τ −1 ◦
ϕ)(O) = O. Posons ϕ0 = τ −1 ◦ ϕ.
# »
||Oϕ0 (A)||
7. Soit A 6= O. On pose λ = # »
||OA||
. Si Hλ est l’homothétie de rapport λ
et de centre O, montrer que ψ = Hλ−1 ◦ ϕ0 préserve le produit scalaire
et la norme. On pourra utiliser des triangles isométriques.
8. En déduire que ψ est une isométrie et conclure.
Exercice 3.24. Soit K, K 0 deux parties de Rn semblables (c’est-à-dire qu’il existe
une similitude ϕ telle que ϕ(K) = K 0 ). Montrer que les groupes Isom(K) et
Isom(K 0 ) sont conjugués dans le groupe affine et donc sont isomorphes.
Exercice 3.25. Soit P un polyèdre convexe. Montrer que P est l’enveloppe
convexe de ses sommets.
Chapitre 4

Géométrie Sphérique

Dans ce chapitre on se consacre à la sphère Sn que l’on va munir d’une


distance d et de géodésiques, c’est-à-dire plus courts chemins entre deux points.
Ces géodésiques vont jouer le rôle des droites pour l’espace euclidien Rn . Pour
faire des dessins, on s’intéressera plus particulièrement au cas de la dimension
2. À la fin, on montre la formule d’Euler pour les polyèdres sphériques. Ce
sera notre premier résultat de topologie algébrique.

4.1 Trigonométrie et géodésiques sphériques


La sphère Sn est par définition l’ensemble {A ∈ Rn+1 , ||A|| = 1}. En parti-
culier, c’est un fermé borné et donc une partie compacte de Rn+1 .
Définition 4.1. Un grand cercle est l’intersection de Sn et d’un plan vectoriel.
On appelle distance angulaire entre deux points A, B ∈ Sn , le nombre d(A, B) ∈
[0, π] tel que
cos(d(A, B)) = hA, Bi.

Deux points A, B ∈ Sn sont antipodaux si O ∈ (AB). Soient A, B deux


points non antipodaux, le segment sphérique de A à B est l’image de l’applica-
tion

[0, d(A, B)] → Sn


t 7 → cos(t)A + sin(t)u

où u est le vecteur unitaire directeur du segment en A. Il est donné par la


formule
B − hA, BiA
u= ∈ A⊥ .
||B − hA, BiA||
Pour A et B antipodaux, on appelle segment sphérique entre A et B, l’image
d’une application
[0, π] → Sn
t 7→ cos(t)A + sin(t)u
où u ∈ A⊥ .

39
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 40

F IGURE 4.1 – Un grand cercle obtenu comme intersection de la sphère et d’un


plan qui passe par le centre de celle-ci.

F IGURE 4.2 – Plan tangent au point A.

Remarque 4.2. Pour deux points antipodaux et n ≥ 2, il y a une infinité de


segments géodésiques qui relient les deux points.

Lemme 4.3. Soient A, B deux points distincts de Sn . Tout segment entre A et B est
inclus dans un grand cercle.

Démonstration. En effet, quant t parcourt tout l’intervalle [0, 2π], cos(t)A +


sin(t)u décrit tout le grand cercle qui passe par A et B.

Définition 4.4. Soit A ∈ Sn . L’hyperplan tangent à Sn est l’hyperplan orthogo-


−→
nal à OA en A. On le note TA Sn .
Soient A, B, C trois points de Sn tels que A 6= B, A 6= C ; A, B et A, C non
antipodaux. Soient S1 et S2 des segments entre A et B et entre A et C. On note
B 0 l’intersection de la droite (OB) ∩ TA Sn et C 0 = (OC) ∩ TA Sn . L’angle entre
S1 et S2 en A est alors l’angle B\0 AC 0 qui se trouve dans le plan T Sn .
A
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 41

F IGURE 4.3 – Angle au point A entre les segments sphériques [A, B] et [A, C].

Proposition 4.5 (Loi des cosinus en géométrie sphérique). Soit A, B, C trois


points distincts deux à deux et non antipodaux. On note a = d(B, C), b = d(A, C)
et c = d(A, B). Si γ est l’angle en C entre [C, B] et [C, A] alors on a la formule

cos(c) = cos(a) cos(b) + sin(a) sin(b) cos(γ).

Démonstration. Soit u le vecteur unitaire directeur du segment sphérique [C, A]


en C et v celui de [C, B]. On a alors A = cos(b)C + sin(b)u et B = cos(a)C +
sin(a)v. En utilisant que u, v sont orthogonaux à C et en développant cos(c) =
hA, Bi on obtient le résultat voulu.

Corollaire 4.6. La sphère Sn munie de la distance angulaire d est un espace métrique.


De plus, il y a égalité dans l’inégalité triangulaire si et seulement si les trois points
sont contenus dans un segment.

Démonstration. La seule propriété non évidente pour montrer que d est une
distance est l’inégalité triangulaire. Soit A, B, C trois points avec a = d(B, C), b =
d(A, C) et c = d(A, B). On veut montrer que c ≥ a + b, comme la fonction co-
sinus est strictement décroissante sur l’intervalle [0, π], cela revient à montrer
cos(c) ≤ cos(a + b) = cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b). Si γ est l’angle en C, comme
sin(γ) ≥ −1, on a bien le résultat grâce à la loi sphérique des cosinus.
Maintenant, il y a égalité dans l’inégalité triangulaire si et seulement si
sin(γ) = −1, c’est-à-dire γ = π et donc si seulement u = −v, ce qui signifie
que C ∈ [A, B].

Théorème 4.7. Le groupe Isom(Sn , d) est isomorphe à On+1 (R).

Démonstration. Le groupe On (R) préserve le produit scalaire et donc la norme


euclidienne. Ainsi la sphère Sn est invariante sous l’action de On+1 (R). De
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 42

plus, par définition de la distante si g ∈ On+1 (R) et A, B ∈ Sn , alors d(g(A), g(B)) =


arccos(hgA, gBi) = arccos(hA, Bi) = d(A, B) et donc g agit par isométries sur
Sn .
n n+1
Réciproquement, soit g ∈ Isom(S , d). On étend g à R en posant ge(0) =
x
0 et ge(x) = ||x||g ||x|| pour x 6= 0. Montrons que ge ∈ On+1 (R). Il suffit de
montrer que ge est une isométrie de Rn+1 . Soit x, y ∈ Rn+1 ,

g (x) − ge(y)||2 = ||e


||e g (x)||2 + ||e
g (y)||2 − 2he
g (x), ge(y)i
= ||x||2 + ||y||2 − 2||x|| ||y||hg(x/||x||), g(y/||y||)i
= ||x||2 + ||y||2 − 2||x|| ||y||hx/||x||, y/||y||i
= ||x||2 + ||y||2 − 2hx, yi
= ||x − y||2 .

Ainsi, ge est une isométrie de Rn+1 qui fixe 0, c’est un élément de On+1 (R).
L’application qui associe à g ∈ Isom(Sn , d) l’isométrie ge ∈ On+1 (R) est un
isomorphisme de groupe dont l’inverse est l’application qui à ge associe sa
restriction à la sphère ge|Sn .

Définition 4.8. Soit (X, d) et c : I → X une courbe continue sur un intervalle


compact I. La longueur `(c) est

n−1
X
sup d(c(ti ), c(ti+1 )) ∈ R+ ∪ {+∞}.
{t0 <t1 <···<tn ∈I} i=0

La courbe c est une géodésique si pour tout t, t0 ∈ I, d(c(t), c(t0 )) = |t − t0 |.

Une courbe géodésique est donc une paramétrisation isométrique.

Exemple 4.9. Si X = Rn et c est de classe C 1 alors `(c) = I ||c0 (t)||dt. De plus,


R

les géodésiques de Rn sont les courbes de la forme c(t) = A + tu où u est un


vecteur unitaire et A un point de Rn .

Lemme 4.10. Soit A, B deux points non antipodaux. Alors il existe une unique
géodésique reliant A à B donnée par

c(t) = cos(t)A + sin(t)u


B−hA,BiA
pour I = [0, d(A, B)] et u = ||B−hA,BiA|| .

Démonstration. Par le cas d’égalité dans l’inégalité triangulaire, toute géodé-


sique est incluse dans un grand cercle et on déduit facilement la forme des
géodésiques données ci-dessus.
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 43

F IGURE 4.4 – Un hémisphère dont le bord est un grand cercle.

4.2 Dimension 2 : Formules de Girard et d’Euler

Définition 4.11. On appelle hémisphère l’intersection d’un demi-espace fermé


défini par un hyperplan vectoriel et de la sphère S2 . Un polygone sphérique
convexe est l’intersection non vide d’un nombre fini d’hémisphères. On appelle
fuseau l’intersection de 2 hémisphères distincts et triangle sphérique l’intersec-
tion de 3 hémisphères deux à deux distincts.

Dans la suite on acceptera l’existence d’une fonction aire A définie sur l’en-
semble des réunions finies de polygones sphériques qui sera positive, additive
(l’aire de 2 polygones d’intérieurs disjoints sera la somme des aires) et telle
que l’aire d’une partie incluse dans un grand cercle sera nulle. Cette aire sera
telle que l’aire de la sphère est 4π et l’aire d’un fuseau est 2α où α est l’angle
du fuseau, c’est-à-dire l’angle entre les deux plans qui définissent le fuseau et
A est invariante sous l’action de O3 (R).

Proposition 4.12 (Formule de Girard). Soit ∆ABC un triangle sphérique d’angles


aux sommets α, β, γ. La somme des angles est alors

α + β + γ = π + A(∆ABC ).

Démonstration. Le triangle est l’intersection de trois hémisphères délimités par


des plans qui forment des angles deux à deux égaux à α, β et γ. La réunion des
3 hémisphères recouvre toute la sphère sauf un triangle sphérique symétrique
de ∆ABC par la symétrie centrale de centre O. Ce triangle a donc même aire
que ∆ABC . En comptant combien de fois chaque partie intervient, on a

4π − A(∆ABC ) = 3 × 2π − (2α + 2β + 2γ) + A(∆ABC )


CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 44

F IGURE 4.5 – Un fuseau délimité par deux grands cercles.

F IGURE 4.6 – Un triangle sphérique


CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 45

F IGURE 4.7 – Illustration de la preuve de la formule de Girard.

ce qui donne
2A(∆ABC ) = 2(α + β + γ) − 2π
et donc la formule voulue.

On remarquera que la somme des angles d’un triangle sphérique est tou-
jours supérieure à π !
Corollaire 4.13. Soit P un polygone sphérique à n côtés. La somme des angles de P
vaut

(n − 2)π + A(P ).

Démonstration. On découpe le polygone sphérique en n − 2 triangles sphé-


riques et on applique la formule de Girard à chacun d’eux. L’aire totale est
la somme des aires des triangles et la somme des angles du polygone est la
somme des angles de tous les triangles. En sommant les n − 2 formules de
Girard, on obtient que la somme totale est

(n − 2)π + A(P ).

Théorème 4.14 (Formule d’Euler). Soit P un polyèdre convexe de R3 avec s som-


mets, a arêtes et f faces alors

s − a + f = 2.

Démonstration. Quitte à translater et faire une homothétie sur le polyèdre, on


peut supposer que l’origine O de R3 est dans l’intérieur de P et que P est
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 46

inclus dans la boule de centre O et de rayon 1. On applique alors la projection


sphérique

R3 \ {O} → S2
x
x 7→ ||x|| .
aux sommets et aux arêtes de P . On obtient un polyèdre sphérique P 0 . Notons
fn le nombre de faces de P 0 (ou de P ce qui revient au même) à n côtés. On a
alors X
f= fn
n≥3

et comme chaque arête appartient à exactement 2 faces on a


X
2a = nfn .
n≥3

Faisons maintenant la somme Σ de tous les angles au sommet de P 0 . Au-


tour de chaque sommet, la somme est 2π et donc

Σ = 2πs.

Calculons cette somme d’une autre manière, en sommant face par face. Pour
chaque face F de P 0 , le corollaire de la formule de Girard donne une somme
des angles ΣF = (n(F ) − 2)π + A(F ) où n(F ) est le nombre de côtés. Si FP est
l’ensemble des faces de P alors
X X
Σ= ΣF = (n(F ) − 2)π + A(F ).
F ∈FP F ∈FP
P
Comme les faces recouvrent la sphère, F ∈FP A(F ) = 4π. En rassemblant les
faces par nombres de côtés, on obtient
X
Σ= fn (n − 2)π + 4π.
n≥3

Au final, cela donne


X
2πs = Σ = fn (n − 2)π + 4π = 2a − 2f + 4π.
n≥3

Et donc f + s − a = 2.

4.3 Exercices

Exercice 4.1. Montrer que la distance angulaire et la distance euclidienne res-


treinte à la sphère induisent la même topologie.
Exercice 4.2. Montrer que l’intersection de 2 grands cercles est exactement une
paire de points antipodaux.
Exercice 4.3. Trouver un triangle sphérique avec trois angles droits.
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 47

F IGURE 4.8 – Polyèdres sphériques réguliers images des polyèdres réguliers


par la projection sphérique.

Exercice 4.4. Pouvez-vous construire un triangle sphérique avec des angles


π/2, π/3 et π/5 ? Quelle est son aire ?
Exercice 4.5. [Exercice issu de [?]] L’entraineur de l’équipe de France de foot-
ball a décidé de mettre à l’honneur son équipe en créant un ballon de foot
pavé uniquement d’hexagones et de représenter ainsi géométriquement un
symbole fort de son pays. On demande bien sûr que le ballon soit sphérique,
que chaque sommet du pavage participe à au moins trois hexagones, mais l’on
ne demande aucune propriété de régularité (les hexagones peuvent être quel-
conques et le nombre d’hexagones par sommet n’est pas supposé constant).
Soit s, a et f le nombre de sommets, d’arêtes et de faces du pavage.
1. Montrer l’inégalité 3s ≤ 2a.
2. Trouver une relation entre a et f qui exprime que chaque hexagone
possède 6 côtés.
3. Donner une relation entre s, a et f .
4. Conclure à l’impossibilité d’une telle entreprise.
Exercice 4.6. À l’aide de la formule d’Euler et de la liste des symboles de Schlä-
fli, donner la liste des triplets (s, a, f ) pour les polyèdres réguliers.
Exercice 4.7. Soit S2 la sphère unité de R3 et N le point (0, 0, 1) Pour p 6= N
point de S2 , on définit Π(p) comme étant l’intersection de la droite (N p) et du
plan vectoriel horizontal.
L’application Π : S 2 → R2 est appelée projection stéréographique.
1. Représenter la situation.
2. Montrer que Π est un homéomorphisme.
3. Quelles sont les images des méridiens et des parallèles ?
4. Montrer Π préserve les angles.
5. Π préserve-t-elle les distances ?
6. Montrer que Π se prolonge en un homéomorphisme de S2 sur le com-
c2 = R2 ∪ {∞} de R (les voisinages de ∞ sont
pactifié d’Alexandrov R
les complémentaires de parties bornées de R2 ).
Exercice 4.8. Soit ΠN la projection stéréographique par rapport au pôle nord
N . Soit S le pôle sud, c’est-à-dire le point (0, 0, −1). De manière analogue,
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 48

F IGURE 4.9 – Projection stéréographique avec une lampe de poche et une


sphère réalisée avec une imprimante 3D.

on définit la projection stéréographique par rapport au pôle sud ΠS . Calculer


ΠS ◦ Π−1 2 2
N : R \ 0 → R \ 0 et montrer qu’il s’agit d’un difféomorphisme.
Exercice 4.9. Une structure de groupe sur la sphère S3 . La sphère S1 possède
une structure de groupe en l’identifiant aux nombres complexes de module
1. Il s’identifie aussi au groupe SO1 (R). Nous verrons qu’il n’existe pas de
structure de groupe topologique sur la sphère S2 pour la topologie usuelle.
On rappelle que les quaternions forment un R-espace vectoriel H de di-
mension
  4 qui
 est la
 sous-algèbre
  de M2(C) engendrée
 par les matrices 1 =
1 0 i 0 0 −1 0 −i
,i= ,j = et k = . On munit les quaternions
0 1 0 −i 1 0 −i 0
de la norme euclidienne donnée par

|a1 + bi + cj + dk|2 = a2 + b2 + c2 + d2

pour a, b, c, d ∈ R. Un quaternion x = a1 + bi + cj + dk est réel si b = c = d = 0.


Dans ce cas, on note simplement x = a ∈ R. On dit que x est imaginaire pur
si a = 0 et on note Im(H) l’ensemble des quaternions imaginaires purs. Le
conjugué de x est x = a − bi − cj − dk.

1. Montrer que le sous-espace vectoriel engendré par 1 et i est une sous-


algèbre isomorphe à (C, +, ×).
2. Calculer les produits i2 , j 2 , k 2 , ij, ji, jk, kj, ik et ki.
3. Montrer que pour tout x ∈ H, xx = xx = |x|2 . En déduire que tout
quaternion non nul est inversible.
4. Montrer que xy = y x pour x, y ∈ H.
5. Montrer que le centre de (H∗ , ×) est constitué des quaternions réels.
CHAPITRE 4. GÉOMÉTRIE SPHÉRIQUE 49

6. Montrer que la norme est multiplicative, c’est-à-dire que |xy| = |x| |y|
pour tout x, y ∈ H.
7. Montrer que les quaternions unitaires forment un sous-groupe de (H∗ , ×).
En déduire que S3 possède une structure de groupe.
 
z −w
8. Justifier que tout quaternion x s’écrit avec z, w ∈ C. Quel est
w z
le lien entre le déterminant de la matrice et la norme de x ? À quelle
condition sur (z, w), ce quaternion est-il unitaire ?
9. Montrer que les quaternions unitaires forment un groupe isomorphe à
SU2 (C).
Exercice 4.10. Quaternions unitaires, SO3 (R) et SU2 (C). On considère l’action
α par conjugaison du groupe G ' SU2 (C) des quaternions unitaires sur H.
C’est-à-dire α(g, x) = gxg −1 . On notera simplement, ϕg (x) pour α(g, x).

1. Montrer que SU2 (C) est connexe par arcs.


2. Montrer que pour tout g ∈ G, ϕg ∈ O4 (R) et préserve la décomposition
orthogonale H = R ⊕ Im(H).
3. Montrer que α induit une représentation linéaire ψ : SU2 (C) → SO3 (R),
c’est-à-dire que pour tout g ∈ G, ψg = ϕg |Im(H) ∈ SO3 (R). On pourra
utiliser la connexité pour justifier le signe du déterminant.
4. Calculer le noyau de ce morphisme.
xy+yx
5. Montrer que le produit scalaire associé à la norme | | est hx, yi = 2 .
6. Soit g un quaternion unitaire imaginaire pur. Montrer que ψg est le re-
tournement (rotation d’angle π) d’axe la droite vectorielle passant par
g.
7. Monter que le morphisme ψ est surjectif.
8. En déduire que SU2 (C)/{± Id} ' SO3 (R).
Chapitre 5

Géométrie hyperbolique

Dans ce chapitre, nous nous consacrons à la géométrie hyperbolique qui


est un exemple de géométrie non euclidienne. Nous considérons le modèle
de l’hyperboloïde mais il existe d’autres modèles (c’est-à-dire espaces iso-
métriques) de cette géométrie, comme le modèle de Poincaré ou le modèle
de Klein qui considèrent des disques (ou boules en dimension supérieure à
2) comme ensembles sous-jacents. On peut passer d’un modèle à l’autre par
des constructions purement géométriques : intersection, projection orthogo-
nale et projection stéréographique. Ces constructions sont illustrées dans la
Figure 5.5.
On trouve de jolis dessins de géométrie hyperboliques dessinés dans un
disque (comme sur la couverture de ces notes). Le modèle utilisé pour ces
dessins est celui de Poincaré et il faut faire une construction géométrique pour
s’y ramener.

5.1 Espace hyperbolique de dimension n


Soit n ≥ 1, E un R-espace euclidien de dimension n + 1 et ( , ) une forme
bilinéaire symétrique de signature (1, n). On choisit une base e0 , . . . , en adap-
tée telle que
n
X
(x, y) = x0 y0 − xi yi
i=1

où les xi , yi sont les coordonnées respectives de x et y dans cette base. Rappe-


lons que le cône isotrope de cette forme quadratique est {x ∈ E, (x, x) = 0} et
que l’orthogonal d’un vecteur x ∈ E est x⊥ = {y ∈ E, (x, y) = 0}.

Définition 5.1. L’espace hyperbolique de dimension n est

Hn = {x ∈ E, (x, x) = 1, x0 > 0}.

Par exemple, si n = 2, on parle du plan hyperbolique.

Lemme 5.2. Pour tous x, y ∈ Hn , on a (x, y) ≥ 1.

50
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 51

F IGURE 5.1 – Le cône isotrope en rouge et les deux nappes de l’hyperboloïde


bleue {x ∈ E, (x, x) = 1}. L’axe bleu est la droite engendrée par e0 .

Démonstration.
Pn µ, λ ≥ 0 tels que x0 = cosh(µ) et y0 = cosh(λ). Ainsi,
Il existe P
2 2 n 2 2
x
i=1 i = sinh(µ) et i=1 yi = sinh(λ) . L’inégalité de Cauchy-Schwarz
donne

(x, y) ≥ cosh(µ) cosh(λ) − sinh(λ) sinh(µ) = cosh(µ − λ) ≥ 1.

Dans la suite, nous définissons une distance. Il nous faudra quelques pré-
liminaires pour pouvoir prouver l’inégalité triangulaire.

Définition 5.3. Pour x, y ∈ Hn , on définit d(x, y) comme étant l’unique réel


positif tel que
cosh(d(x, y)) = (x, y).

Soit A 6= B ∈ Hn , il existe un unique vecteur u tel que (u, u) = −1


dans A⊥ tel que B = cosh(a)A + sinh(a)u où a = d(A, B). En fait, en posant
u = B−cosh(a)A
sinh(a) , on vérifie que ce vecteur u convient et il est nécessairement
unique.
Le segment hyperbolique [A, B] est alors l’image de l’application t 7→ cosh(t)A+
sinh(t)u pour t ∈ [0, a]. On dit que u est le vecteur initial du segment [A, B]
de A vers B. L’angle entre deux vecteurs u, v de A⊥ est α ∈ [0, π] tel que
cos(α) = −(u, v).
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 52

F IGURE 5.2 – Trois points dans le plan hyperbolique avec les géodésiques qui
les relient.

Un triangle hyperbolique est la donnée de trois points A, B et C dans Hn et


des segments hyperboliques [A, B], [B, C] et [C, A]. Les angles aux sommets
sont alors les angles entre les vecteurs initiaux issus de chaque sommet.
Remarque 5.4. Puisque ( , ) est définie positive sur la droite engendrée par
A, la forme est définie négative sur A⊥ . Ce qui signifie que (A⊥ , −( , )) est
un espace euclidien de dimension n. En particulier, les vecteurs u, v ci-dessus
sont des vecteurs unitaires pour le produit scalaire −( , ) et ainsi l’angle α est
bien défini.

5.2 Trigonométrie hyperbolique

Proposition 5.5 (Loi hyperbolique des cosinus). Soit A, B, C les sommets d’un
triangle hyperbolique de côtés a, b, c et d’angle γ en C. Alors
cosh(c) = cosh(a) cosh(b) − cos(γ) sinh(a) sinh(b).

Démonstration. Soit u, v les vecteurs initiaux des segments [C, A] et [C, B] issus
de C. On a alors A = cosh(b)C + sinh(b)u et B = cosh(a)C + sinh(a)v. Ainsi,
cosh(c) = (A, B) = cosh(a) cosh(b) + (u, v) sinh(a) sinh(b)
= cosh(a) cosh(b) − cos(γ) sinh(a) sinh(b).
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 53

C
γ
b
a
α
A β
c
B

F IGURE 5.3 – Un triangle hyperbolique avec les angles aux sommets et les
longueurs des côtés.

Proposition 5.6. La fonction d est bien une distance sur Hn . De plus l’espace (Hn , d)
est uniquement géodésique. Les géodésiques sont les courbes de la forme t 7→ cosh(t)A+
sinh(t)u pour A ∈ Hn et u ∈ A⊥ tel que (u, u) = −1.

Démonstration. Le caractère symétrique et la positivité de la fonction d sont


évidents. Le caractère défini positif découle du cas d’égalité dans l’inégalité de
Cauchy-Schwarz utilisée dans la preuve du Lemme 5.2 et du fait que cosh(µ −
λ) = 1 ⇐⇒ µ = λ.
La fonction t 7→ cosh(a) cosh(b) − cos(t) sinh(a) sinh(b) croit strictement sur
[0, π] vaut cosh(a − b) en t = 0 et cosh(a + b) en t = π. Par croissance de la
fonction cosinus hyperbolique sur R+ , on a c ≤ a + b (avec γ = π en cas
d’égalité). Ce qui est exactement l’inégalité triangulaire.
En cas d’égalité dans l’inégalité triangulaire, on a γ = π et donc u = −v, ce
qui signifie que A et B sont sur la courbe t 7→ cosh(t)C + sinh(t)u pour t ∈ R.
Il reste à voir que la courbe c : t 7→ cosh(t)C + sinh(t)u est bien une géo-
désique, c’est-à-dire que d(c(t), c(t0 )) = |t − t0 | pour tous t, t0 ∈ R. Le calcul
donne

cosh(d(c(t), c(t0 ))) = (cosh(t)C + sinh(t)u, cosh(t0 )C + sinh(t0 )u)


= cosh(t) cosh(t0 ) − sinh(t) sinh(t0 )
= cosh(t − t0 )

Et ainsi d(c(t), c(t0 )) = |t − t0 |.

Lemme 5.7 (Seconde loi hyperbolique des cosinus). Soit A, B, C les sommets 2
à 2 distincts d’un triangle hyperbolique d’angles α, β, γ et soit c la longueur du côté
opposé à C. On a alors la relation

cos(γ) = − (cos(α) cos(β) − cosh(c) sin(α) sin(β)) .


CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 54

Démonstration. Nous allons déduire cette formule de la loi hyperbolique des


cosinus. Pour éviter de trop longues formules, notons A = cosh(a), B =
cosh(B) et C = cosh(C).
Nous avons alors
AB − C
cos(γ) = ,
sinh(a) sinh(b)
BC − A
cos(α) = ,
sinh(c) sinh(b)
AC − B
cos(β) = ,
sinh(a) sinh(c)

pour les sinus


p
sin(α) = 1 − cos(α2 )
p
(C 2 − 1)(B 2 − 1) − B 2 C 2 − A2 + 2ABC
=
sinh(c) sinh(b)

1 − A2 − B 2 − C 2 + 2ABC
=
sinh(c) sinh(b)
et de même √
1 − A2 − B 2 − C 2 + 2ABC
sin(β) = .
sinh(a) sinh(c)
Ainsi
1 − A2 − B 2 − C 2 + 2ABC
sin(α) sin(β) =
sinh(a) sinh(b) sinh(c)2
et
(AB − C)(C 2 − 1) + (BC − A)(AC − B)
cos(γ) + cos(α) cos(β) =
sinh(a) sinh(b) sinh(c)2

C 1 − A2 − B 2 − C 2 + 2ABC
=
sinh(a) sinh(b) sinh(c)2
Finalement,
cos(γ) + cos(α) cos(β)
= C.
sin(α) sin(β)
Ce qui est exactement ce que l’on voulait montrer.

Nous allons maintenant voir deux différences entre la géométrie hyper-


bolique et les géométriques euclidiennes et sphériques. La première, pour la-
quelle nous donnons une preuve entière, concerne la somme des angles aux
sommets d’un triangle qui est π pour un triangle euclidien et est strictement
supérieure à π pour un triangle sphérique. La seconde différence concerne
les parallèles, plus précisément les géodésiques qui ne se rencontrent pas. En
géométrie euclidienne plane, étant donnés une droite et un point hors de cette
droite, il existe une unique droite parallèle passant par ce point. En géomé-
trie sphérique (en dimension 2), deux géodésiques ont toujours deux points
d’intersection qui sont alors antipodaux.
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 55

F IGURE 5.4 – Trois géodésiques passant par A qui ne rencontrent pas la géo-
désique qui passe par B et C.

Proposition 5.8. Dans un triangle hyperbolique non-inclus dans une géodésique, la


somme des angles est strictement inférieure à π.

Démonstration. Soit ABC un triangle hyperbolique de côtés a, b, c > 0 et d’angles


α, β et γ. On veut donc montrer que α + β + γ < π. Posons γ0 = π − (α + β).
On a cos(γ0 ) = − cos(α + β) et donc
cos(γ0 ) = − (cos(α) cos(β) − sin(α) sin(β)) .
Comme cosh(c) > 1 et sin(α) sin(β) 6= 0, on a cos(γ) > cos(γ0 ) et comme la
fonction cosinus est strictement décroissante sur [0, π], γ < γ0 et donc α + β +
γ < π.
Proposition 5.9. Soit D une géodésique de H2 et A ∈ / D, il existe une infinité de
géodésiques qui passent par A et qui ne rencontrent pas D.

Notre « preuve » consiste en la Figure 5.4.

5.3 Isométries hyperboliques


On appelle groupe orthogonal de la forme bilinéaire ( , ), le sous-groupe
{g ∈ GL(E), (g(x), g(y)) = (x, y), ∀x, y ∈ E}.
On note ce groupe orthogonal O(1, n) et
O+ (1, n) = {g ∈ O(1, n), (g(x), e0 ) > 0, ∀x ∈ Hn },
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 56

c’est-à-dire le stabilisateur de la nappe supérieur {x ∈ Rn+1 (x, x) = 1 et (x, e0 ) >


0}. On note Isom(Hn , d) l’ensemble des bijections de Hn qui préservent la dis-
tance d, c’est-à-dire d(g(x), g(y)) = d(x, y) pour tout x, y ∈ Hn .

Lemme 5.10. L’ensemble O+ (1, n) est le stablisateur de Hn dans O(1, n) et ainsi


c’est un sous-groupe de O(1, n). De plus, ce sous-groupe agit par isométries sur Hn .

Démonstration. Si x ∈ Hn et g ∈ O(1, n) alors (g(x), g(x)) = (x, x) = 1. Remar-


quons que x0 = (x, e0 ). La condition (g(x), e0 ) > 0 indique que la coordonnée
d’indice 0 de g(x) est strictement positive. Ainsi L’ensemble O+ (1, n) est le
stabilisateur de Hn dans O(1, n).
Maintenant, pour x, y ∈ Hn et g ∈ O+ (1, n), cosh(d(x, y)) = (x, y) =
(g(x), g(y)) = cosh(d(g(x), g(y))) et donc g est bien une isométrie de Hn .

Dans le théorème suivant, on montre que toutes les isométries s’obtiennent


de cette manière.

Théorème 5.11. Le morphisme O+ (1, n) → Isom(Hn , d) est un isomorphisme.

Démonstration. Le morphisme est injectif car on peut trouver n + 1 vecteurs


de Hn linéairement indépendants (par exemple, les vecteurs e0 , cosh(1)e0 +
sinh(1)e1 , . . . , cosh(1)e0 + sinh(1)en ) et une application linéaire qui fixent n + 1
tels vecteurs dans un espace de dimension n + 1 est l’identité.
Montrons la surjectivité. Le groupe O+ (1, n) agit transitivement sur Hn .
Il suffit de montrer que toute isométrie fixant e0 provient d’un élément de
O+ (1, n). On identifie Rn avec l’espace vectoriel Vect(e1 , . . . , en ) et on note
π : Rn+1 → Rn la projection orthogonale pour le produit scalaire usuel h , i.
Définissons

ϕ : Rn → Hn
sinh(kxk)
x 7→ cosh(kxk)e0 + kxk x
avec ϕ(0) = e0 . On a d(e0 , ϕ(x)) = kxk et comme
x y
(ϕ(x), ϕ(y)) = cosh(kxk) cosh(kyk) − h , i,
kxk kyk

\
l’angle ϕ(x)e 0 ϕ(y) est x0y. L’inverse de ϕ est
d

ψ : Hn → Rn
π(x) .
x 7 → sinh−1 (kπ(x)k) kπ(x)k

Soit f une isométrie de Hn qui fixe e0 . La composition f = ψ ◦ f ◦ ϕ : Rn →


n
R est une bijection qui fixe 0, qui satisfait d(f (x), 0) = d(x, 0) et préserve les
angles en 0. Il s’agit donc d’une isométrie qui fixe 0, c’est-à-dire qu’il existe
A ∈ O(n) tel que
 f =  A et on vérifie que f coïncide avec l’isométrie donnée
1 0
par la matrice ∈ O+ (1, n).
0 A
CHAPITRE 5. GÉOMÉTRIE HYPERBOLIQUE 57

F IGURE 5.5 – Les modèles de l’hyperboloïde, de Klein et de Poincaré pour la


géométrie hyperbolique ainsi que les constructions géométriques pour passer
de l’un à l’autre.

5.4 Exercices

Exercice 5.1. On note PO(1, n) l’image de O(1, n) dans PGLn+1 (R). Montrer
que les groupes O+ (1, n) et PO(1, n) sont isomorphes.
Exercice 5.2. Modèle de Klein. Dans R3 muni de la forme bilinéaire hx, yi =
x0 y0 − x1 y1 − x2 y2 , on note D le disque {(x0 , x1 , x2 ) ∈ R3 ; x0 = 1, x21 + x22 ≤
1}. Soit ϕ : H2 → D telle que ϕ(x) soit l’intersection de la droite vectorielle
engendrée par x et D.
Montrer que l’image d’une géodésique par ϕ est un segment euclidien
dans D. On pourra consulter la Figure 5.5.
Exercice 5.3. Soit E l’espace vectoriel des matrices de trace nulle dans M2 (R).
On munit E de la forme bilinéaire hX, Y i = trace(XY ).
1. Vérifer qu’il s’agit bien d’une forme bilinéaire symétrique et calculer sa
signature.
2. Montrer que le groupe SL2 (R) agit sur E par conjugaison en préservant
cette forme bilinéaire.
3. En déduire que le groupe SL2 (R) agit par isométries sur H2 .
Chapitre 6

Géométrie Projective

La géométrie projective est une géométrie née de la notion de perspective


que l’on peut retrouver dans la peinture de la renaissance. Elle permet de ré-
soudre le paradoxe de rails parallèles qui semblent se rejoindre à l’infini sur
la photographie de la Figure 6.3. La notion de point de fuite en peinture cor-
respond à ce que nous appellerons un point à l’infini, c’est-à-dire le point de
rencontre de droites parallèles dans une vue en perspective.

6.1 Espace projectif

Définition 6.1. Soit E un k-espace vectoriel. L’espace projectif associé à E, ou


encore projectivisé de E est l’ensemble des droites de E. On le note P(E). Si n
est la dimension de E, la dimension de P(E) est définie comme étant n − 1.

Par exemple, P(R2 ) est la droite projective réelle, P(C2 ) la droite projective
complexe et P(R3 ) est le plan projectif réel.

F IGURE 6.1 – Des droites parallèles qui se rencontrent à l’infini.

58
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 59

F IGURE 6.2 – Différentes familles de droites parallèles qui se rencontrent en


différents points à l’infini.

F IGURE 6.3 – Une vue en perspective avec un point de fuite.


CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 60

Notons E ∗ pour E \ {0} 1 . On a alors la projection


P : E∗ → P(E)
x 7→ k·x
où k · x = {λx, λ ∈ k}, c’est-à-dire la droite vectorielle engendrée par x. Le
groupe multiplicatif (k ∗ , ×) agit par multiplications sur E ∗ :
k∗ × E ∗ → E ∗
(λ, x) 7→ λx
Lemme 6.2. Soit E un k-espace vectoriel. L’image réciproque d’un élément de P(E)
par P est exactement l’orbite d’un élément de E ∗ sous l’action de k ∗ et ainsi l’appli-
cation P passe au quotient pour donner une bijection E ∗ /k ∗ → P(E).

Démonstration. Soit D ∈ P(E), c’est-à-dire une droite de E et soit x un vecteur


directeur de D. L’image réciproque de D est {λx, λ ∈ k ∗ }, c’est-à-dire D \ {0}.
C’est aussi l’orbite de x sous l’action de k ∗ . Comme P est surjective, elle passe
au quotient en une bijection E ∗ /k ∗ → P(E).

Remarquons que si F est un sous-espace vectoriel de E alors P −1 (P (F )) =


F et donc P −1 (P (F )) ∪ {0} = F . Cela donne naissance à la notion de sous-

espace projectif.
Définition 6.3. Une partie A ⊂ P(E) est sous-espace projectif si P −1 (A)∪{0} est
un sous-espace vectoriel de E. Si A est un sous-espace projectif, sa dimension
est dim(P −1 (A)∪{0})−1. Si F est un sous-espace vectoriel de E, on note aussi
plus simplement P(F ) pour le sous-espace projectif P (F ∗ ).

Autrement dit, un sous-espace projectif est un sous-ensemble de la forme


P (F ) pour F sous-espace vectoriel de E. Par exemple, une droite projective est
l’image d’un plan de E par P . On dit que trois points x1 , x2 , x3 ∈ P(E) sont
alignés s’il existe une droite projective contenant ces trois points c’est-à-dire si
les droites de E correspondant à ces trois points sont coplanaires.
Proposition 6.4. L’intersection non vide de sous-espaces projectifs est un sous-espace
projectif. De plus, si A et B sont des sous-espaces projectifs de P(E) alors
dim(A ∩ B) ≥ dim(A) + dim(B) − dim(P(E)).

Démonstration. Soit
T (Ai ) une famille P −1 (Ai )∪
T de sous-espaces projectifs. Soit Fi = T
−1
{0}. Alors P ( i Ai ) ∪ {0} = i Fi est un sous-espace vectoriel donc i Ai
est un sous-espace projectif.
Posons F = P −1 (A) ∪ {0} et G = P −1 (B) ∪ {0}. On a alors
dim(F ) + dim(G) − dim(F ∩ G) = dim(F + G) ≤ dim(E)
et donc
dim(A) + 1 + dim(B) + 1 − (dim(A ∩ B) + 1) ≤ dim(P (E)) + 1.
Ce qui donne le résultat.
1. On prendra garde à cette notation qui pourrait porter à confusion avec le dual de E mais
nous n’utiliserons pas de dualité ici.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 61

Corollaire 6.5. L’intersection de 2 droites projectives distinctes d’un plan projectif


est toujours exactement un point.

Démonstration. Soit A et B droites distinctes d’un plan projectif P (E). On a


donc dim(P (E)) ≥ 2. Par la Proposition 6.4, on a dim(A ∩ B) ≥ 0 et donc
A ∩ B 6= ∅. De plus, dim(A ∩ B) < 1 sinon A = A ∩ B = B et on aurait une
contradiction.

Remarquons que ce corollaire enlève la disjonction de cas au sujet de l’in-


tersection de droites d’un plan affine : deux droites distinctes d’un plan affine
se coupent en un unique point ou sont parallèles.

Définition 6.6. Soit A ⊂ P (E). Le sous-espace projectif engendré par A est l’in-
tersection des sous-espaces projectifs qui contiennent A.

6.2 Groupe projectif

Définition 6.7. Soit E, F deux espaces vectoriels et f : E → F , une applica-


tion linéaire injective. L’application projective P (f ) associée à f est l’unique
application de P (E) dans P (F ) qui rende le diagramme suivant commutatif.

f
E∗ F∗

P P

P(E) P(F )
P (f )

C’est-à-dire que si x ∈ P (E) correspond à la droite D ⊂ E alors P (f )(x)


correspond à la droite f (D).
Si E = F et f est inversible alors on dit que P (f ) est une transformation
projective ou encore un automorphisme projectif.

Théorème 6.8. Soit P (E) un espace projectif. L’ensemble des transformations pro-
jectives forment un groupe pour la composition des applications noté PGL(E) et
l’application
P : GL(E) → PGL(E)
f 7→ P (f )
est un morphisme de groupes surjectif dont le noyau est le sous-groupe des homothé-
ties. Ainsi,
PGL(E) ' GL(E)/k ∗ .

Démonstration. On montre que l’application

P : GL(E) → Sym(P(E))
f 7→ P (f )
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 62

est un morphisme de groupes et comme l’image est exactement PGL(E) on


aura que PGL(E) est un groupe. Il suffit de voir que pour f, g ∈ GL(E) alors
P (f ◦ g) = P (f ) ◦ P (g). Soit D ∈ P(E) et x ∈ E ∗ tel que P (x) = D alors
(P (f ) ◦ P (g))(D) = P (f )(P (g)(D))
= P (f )(P (g(x))
= P (f (g(x)))
= P (f ◦ g(x))
= P (f ◦ g)(D).
Le noyau de P est l’ensemble des automorphismes qui fixent chaque droite,
c’est-à-dire que le noyau de P est exactement l’ensemble des homothéties
(voir Exercice 2.6)

6.3 Lien affine ↔ projectif

Définition 6.9. Soit n ∈ N et x = (x0 , . . . , xn ) ∈ (k n+1 )∗ , on note [x0 : . . . : xn ]


l’image de x dans P(k n+1 ). En particulier,
[x0 : . . . : xn ] = [λx0 : . . . : λxn ]
pour tout λ ∈ k ∗ . On appelle [x0 : . . . : xn ] les coordonnées homogènes du point
P (x) dans P (k n+1 ).
Soit n ∈ N et E un espace vectoriel de dimension n + 1 avec une base B =
(e0 , . . . , en ). Soit x ∈ E de coordonnées (x0 , . . . , xn ). On appelle coordonnées
homogènes (associées à la base B) de P (x), l’élément [x0 : . . . : xn ] ∈ P(k n+1 ).
Définition 6.10. Soit P (E) un espace projectif de dimension n. Un sous-espace
de affine de dimension m de P (E) est un sous-espace de la forme
A = {x ∈ P(E), x a pour coordonnées homogènes [x0 : . . . : xm−1 : 1 : . . . : 1]}
pour une certaine base B de E.
Remarque 6.11. Si A est un sous-espace affine de P (E) de dimension alors A
est bien un espace affine au sens du Chapitre 2. En effet, k m agit simplement
transitivement par l’action α : k m × A → A avec

α((λ0 , . . . , λm−1 ), [x0 : . . . : xm−1 : 1 : . . . : 1])


= [x0 + λ0 : . . . : xm−1 + λm−1 : 1 : . . . : 1].

Avec cette définition, un sous-espace affine A de dimension n est de la


forme
A = {x ∈ P(E), x a pour coordonnées homogènes [x0 : . . . : xn ] et xn 6= 0}.
Lemme 6.12. Soit P(E) un espace projectif de dimension n. Le complémentaire d’un
sous-espace affine A de dimension n est un hyperplan projectif. C’est-à-dire qu’il
existe F ⊂ E hyperplan tel que P(E) \ A = P(F ).
Réciproquement, le complémentaire d’un hyperplan projectif est un sous-espace
affine de dimension n.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 63

Démonstration. Supposons que A est


{x ∈ P(E), x a pour coordonnées homogènes [x0 : . . . : xn ] et xn 6= 0}
pour un système de coordonnées homogènes associé à une base (e0 , . . . , en )
de E alors le supplémentaire de A est
{[x0 : . . . : xn−1 : 0]},
c’est-à-dire P (Vect(e0 , . . . , en−1 )).
Réciproquement, un hyperplan projectif est de la forme P (F ) où F est
un hyperplan vectoriel de E. Choisissons une base (e0 , . . . , en−1 ) de F que
l’on complète par un vecteur en pour que (e0 , . . . , en ) soit une base de E.
On se place en coordonnées homogènes associées à cette base. Alors P (F ) =
{[x0 : . . . : xn−1 : 0]} est son complémentaire est exactement l’ensemble
{[x0 : . . . : xn−1 : xn ], xn 6= 0}
qui est bien un espace affine de dimension n de P(E).
Définition 6.13. Soit P(E) un espace projectif de dimension n ∈ N. Le com-
plémentaire d’un sous-espace affine A de dimension n s’appelle le complété
projectif de A. On dit que ce complété projectif est l’ensemble des points à l’in-
fini de A.

Ainsi, on la décomposition

P(k n+1 ) = k n t P(k n )

et on peut redécomposer P(k n ) = k n−1 t P(k n−1 ) et continuer ainsi de


suite jusqu’à P(k 1 ) qui est réduit à un point.
On note aussi parfois Pn (k) pour P(k n+1 ) ce qui donne

Pn (k) = k n t Pn−1 (k).


Définition 6.14. Soit A un sous-espace affine de P(E) donné par
A = {x ∈ P(E), x a pour coordonnées homogènes [x0 : . . . : xn ] et xn 6= 0}.
La carte affine associée à cet espace affine de dimension n et à ce système de
coordonnées homogènes est l’application

A → kn
[x0 : . . . : xn ] →
7 (x0 /xn , . . . , xn−1 /xn ).
Remarque 6.15. Avec la structure d’espace affine sur A de la Remarque 6.11,
une carte affine est donc un isomorphisme affine, c’est-à-dire une bijection
affine.
Proposition 6.16. Soit P(E) un espace projectif de dimension n ∈ N et A → k n
une carte affine et f une transformation projective de P(E) qui laisse invariant A
alors ψ ◦ f ◦ ψ −1 est une transformation affine.
Réciproquement si ϕ est une transformation affine de k n alors ψ −1 ◦ ϕ ◦ ψ s’étend
de manière unique en une transformation projective de P(E) qui laisse invariant A.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 64

F IGURE 6.4 – Identification entre un sous-espace affine de P(E) et le sous-


espace affine d’équation xn = 1.

Démonstration. On donne une preuve dans le cas réel de dimension au moins


2. Le résultat reste vrai en général mais on ne peut plus utiliser le théorème
fondamental de la géométrie affine. Quitte à choisir une base bien choisie de
E, on peut supposer que E = k n+1 et que

A = {[x0 : . . . : xn−1 : xn ], xn 6= 0}.

La carte affine est alors l’application qui au point [x0 : . . . : xn−1 : xn ] avec
xn 6= 0 associe le point de coordonnées (x0 /xn , . . . , xn+1 /xn , 1) dans l’hyper-
plan affine de k n+1 d’équation xn = 1. L’application ψ ◦ f ◦ ψ −1 : k n → k n
préserve l’alignement. Si k = R et n ≥ 2 alors par le théorème fondamental de
la géométrie affine, c’est une application affine. Dans les autres cas (n = 1 ou
k 6= R), on montre que f est donnée par un élément f de GL(E) de la forme
de la matrice M ci-dessous car f préserve le sous-espace engendré par les n
premiers vecteurs de base et ainsi s’écrit comme la matrice M qui apparaît
plus bas dans la preuve.
Réciproquement, si ϕ : k n → k n est une transformation affine alors en pre-
nant l’origine en 0, ϕ a une partie linéaire L et une partie translation de vecteur
v = (v0 , . . . , vn−1 ) qu’on identifie au vecteur de coordonnées (v0 , . . . , vn−1 , 1).
Ainsi ϕ est donnée par la matrice
 
v0

L .. 
M =
 . 
 vn−1 
0 ... 0 1

Comme L est inversible, cette matrice M ∈ GLn+1 (k) et donc donne un élé-
ment de PGLn (k) et par construction, cet élément laisse invariant A.

Proposition 6.17. Soit P(E) un espace projectif de dimension n ∈ N et m ≤ n.


Le groupe projectif PGL(E) agit transitivement sur les sous-espaces projectifs de
dimension m.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 65

Démonstration. C’est une conséquence immédiate du fait que GL(E) agit tran-
sitivement sur les sous-espaces vectoriels de E de dimension m + 1.

Comme en géométrie affine, on dit qu’une bijection ϕ de P(E) préserve l’ali-


gnement si pour tout triplet de points x1 , x2 , x3 ∈ P(E), x1 , x2 , x3 sont alignés
si et seulement si ϕ(x1 ), ϕ(x2 ), ϕ(x3 ) sont alignés.

Théorème 6.18 (Théorème fondamental de la géométrie projective). Soit P(E)


un espace projectif réel de dimension au moins 2 alors toute bijection de P(E) qui
préserve l’alignement est une transformation projective.

Démonstration. On montre le théorème dans le cas de la dimension 2. En di-


mension supérieure, l’idée est la même en démontrant que si ϕ est une ap-
plication qui préserve l’alignement alors l’image d’un sous-espace projectif
est un sous-espace projectif de même dimension. Dans le cas de la dimension
2, c’est évident puisque les seuls sous-espaces projectifs sont les points, les
droites et l’espace P(E) tout entier.
Soit A un sous-espace affine de même dimension que P(E) alors son com-
plémentaire est un hyperplan projectif P(F ). Quitte à composer ϕ avec un
élément de PGL(E), on peut supposer que ϕ(P(F )) = P(F ) (grâce à la Pro-
position 6.17) et donc ϕ(A) = A et préserve l’alignement. Par le théorème
fondamental de la géométrie affine, ϕ|A est affine et donc fournit un élément
ψ de PGL(E) par la Proposition 6.16. De plus, tout point de P(F ) est le point
à l’infini d’un droite affine de A. Comme ϕ préserve l’alignement, ϕ et ψ coïn-
cident aussi sur ces points à l’infini et donc ϕ = ψ ∈ PGL(E).

6.4 Droite projective et homographies


Rappelons que P1 (k) = kt{∞} (après le choix de coordonnées homogènes
sur P1 (k). Le groupe projectif est donc PGL2 (k). On utilisera les notations
suivantes en coordonnées homogènes ∞ = [1 : 0], 0 = [0 : 1] et 1 = [1 : 1].
 
a b
Définition 6.19. Soit ∈ GL2 (k). L’homographie de P1 (k) associée à
  c d
a b
est l’application ϕ : P1 (k) → P1 (k) donnée par
c d

ax + b
ϕ(x) =
cx + d
si x ∈ k et x 6= −c/d. De plus, ϕ(−c/d) = ∞ et ϕ(∞) = a/c si c 6= 0 et sinon
ϕ(∞) = ∞.
   
a b a b
Lemme 6.20. L’homographie associée à est exactement P ∈
c d c d
PGL2 (k).
h i
ax+b
Démonstration. En coordonnées homogènes, on a [ax + b : cx + d] = cx+d :1
pour cx + d 6= 0.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 66

F IGURE 6.5 – La droite projective réelle vue comme un cercle.

Proposition 6.21. Les homographies agissent simplement transitivement sur les tri-
plets de points distincts.

Démonstration. Il suffit de le prouver dans le cas particulier où un des triplets


est (0, 1, ∞). Commençons par montrer que les homographies agissent tran-
sitivement sur P1 (k). Il suffit de montrer que pour tout a ∈ k, il existe une
a 1
homographie ϕ telle que ϕ(∞) = a. La matrice fournit une telle
1 0
homographie.
Maintenant, il suffit de prouver que le stabilisateur de ∞ agit transitive-
ment sur les paires de points distincts dans k.
 Par définition
 le stabilisateur
a b
de ∞ est donné par les matrices de la forme avec ad 6= 0. Pour en-
0 d
voyer
  1 sur a ∈ k et 0 sur b 6= a ∈ k, il suffit de prendre la matrice
le point
a−b b
.
0 1

Définition 6.22. Soit (x, y, z, w) ∈ (P1 (k))4 tels que x, y, z sont deux à deux
distincts alors le birapport [x, y, z, w] = ϕ(w) où ϕ est l’unique homographie
telle que ϕ(x) = ∞, ϕ(y) = 0 et ϕ(z) = 1.

Lemme 6.23. On a la formule


w−y
w−x w−y z−x
[x, y, z, w] = z−y = × .
z−x
w−x z−y
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 67

Démonstration. Il suffit de vérifier que l’homographie ϕ donnée par la formule


w−y
w−x
ϕ(w) = z−y
z−x

satisfait aux conditions désirées.

Soit ψ une bijection de P1 (k). On dit que ψ préserve le birapport si pour


tout x, y, z distincts deux à deux et w ∈ P1 (k) alors [ψ(x), ψ(y), ψ(z), ψ(w)] =
[x, y, z, w].

Proposition 6.24. Soit ψ : P1 (k) → P1 (k) une bijection. Alors ψ est une homogra-
phie si et seulement si ψ préserve le birapport.

Démonstration. Supposons que ψ soit une homographie. Et soit ϕ l’homogra-


phie telle que [x, y, z, w] = ϕ(w). Alors [ψ(x), ψ(y), ψ(z), ψ(w)] = ϕ0 (ψ(w))
où ϕ0 est l’unique homographie telle que ϕ0 (ψ(x)) = ∞, ϕ0 (ψ(y)) = 0 et
ϕ0 (ψ(z)) = 1. On en déduit que ϕ = ϕ0 ◦ ψ et donc

[ψ(x), ψ(y), ψ(z), ψ(w)] = ϕ0 (ψ(w)) = ϕ(w) = [x, y, z, w].

Réciproquement, supposons que ψ préserve le birapport alors

ψ(x) = [∞, 0, 1, ψ(x)]


= [ψ −1 (∞), ψ −1 (0), ψ −1 (1), x]
= ϕ(x)

où ϕ est l’unique homographie telle que ϕ(ψ −1 (∞)) = ∞, ϕ(ψ −1 0)) = 0 et


ϕ(ψ −1 (1)) = 1.

Remarque 6.25. Le théorème fondamental de géométrie projective et ce der-


nier théorème montrent que l’invariant de cette géométrie est l’alignement
dans le cas de la dimension réelle supérieure à 2 et le birapport dans le cas de
la dimension 1.

La Figure 6.6 montre comment la droite projective complexe s’identifie à


la sphère S 2 , que l’on appelle souvent dans ce cas-là, la sphère de Riemann. La
droite projective complexe P1 (C) est constituée du point à l’infini ∞ = [1 : 0]
et des points de coordonnées homogènes [z : 1] avec z ∈ C. Dans R3 ' C × R,
on identifie le point [z : 1] avec l’intersection de la sphère de rayon 1/2 cen-
trée en (0, 1/2) et la droite vectorielle passant par le point (z, 1) ∈ C × R. On
obtient ainsi une bijection entre {[z : 1] ∈ P1 (C), z ∈ C} et la sphère privée
de l’origine. En rajoutant le point à l’infini qui correspond à l’origine sur la
sphère, on obtient la bijection P1 (C) ' S 2 . Cette bijection est en faite un ho-
méomorphisme. Cela se montre de la même manière que l’homéomorphisme
entre P1 (R) et le cercle S 1 .
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 68

F IGURE 6.6 – L’identification entre P1 (C) et la sphère de Riemann. Le plan gris


correspond à C, la droite bleue à R et le plan rouge est {(z, 1), z ∈ C}.

6.5 Deux théorèmes de géométrie plane


On utilise ici la décomposition 2 . P2 (R) = R2 t P1 (R), c’est-à-dire que le
plan projectif s’identifie au plan affine complété d’une droite projective à l’in-
fini. Avec cette complétion à l’infini, on obtient que deux droites de R2 sont
parallèles si et seulement si leurs complétés (qui sont deux droites projectives)
se coupent en un point à l’infini. Un point à l’infini correspond donc à une fa-
mille de droites parallèles, c’est-à-dire une direction.
En fait, toute droite projective de P2 (R) est la droite à l’infini du plan affine
qui est son complémentaire. Dans les deux théorèmes classiques qui suivent,
on fera une utilisation cruciale de ce fait. On trouvera une droite bien choisie
qui sera alors notre droite à l’infini et on fera des raisonnements usuels de
géométries affines sur le plan affine complémentaire de cette droite.
Pour plus d’exemples, on pourra consulter le chapitre joliment appelé Ex-
péditions systématiques d’objets à l’infini : applications dans [?]

Théorème 6.26 (Pappus). Soit D et D0 deux droites projectives de P2 (R). Soit


a, b, c (respectivement a0 , b0 , c0 ) des points distincts de D (respectivement D0 ). Posons
α = (bc0 ) ∩ (b0 c), β = (ac0 ) ∩ (a0 c) et γ = (ab0 ) ∩ (a0 b).
Alors les points α, β et γ sont alignés.

Démonstration. On va commencer par choisir comme droite à l’infini de P2 (R)


la droite qui passe par α et β et on raisonne dans le plan affine complémentaire
A.
2. Rappelons que cette décomposition n’est pas canonique et dépend d’un choix de sous-
espace affine de dimension 2
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 69

β α

c0
0
b
0
a

F IGURE 6.7 – Figure générique du théorème de Pappus.

Supposons que les droites D et D0 se coupent en un point O dans un A.


Les droites (ac0 ) et (a0 c) se coupent à l’infini de A, c’est-à-dire qu’elles sont
parallèles. De même les droites (bc0 ) et (b0 c) se coupent à l’infini, c’est-à-dire
qu’elles sont parallèles dans A.
Maintenant, soit h1 l’homothétie de centre O qui envoie a sur c et donc
envoie c0 sur a0 et h2 l’homothétie de centre O qui envoie c sur b et donc envoie
b0 sur c0 . Comme h1 et h2 ont même centre, elles commutent et ainsi h2 ◦h1 (a) =
b et h2 ◦h1 = h1 ◦h2 (b0 ) = a0 . Comme les homothéties préservent les directions,
les droites (ab0 ) et (b0 a) sont parallèles et donc leur point d’intersection γ est à
l’infini. En conclusion les points α, β et γ sont sur la même droite projective à
l’infini et sont donc alignés.
Si les droites D et D0 ne se coupent pas dans A alors leur point d’inter-
section est à l’infini, ce qui signifie qu’elles sont parallèles et un raisonnement
semblable en utilisant des translations τ1 et τ2 à la place des homothéties h1 et
h2 donnent le même résultat.

Théorème 6.27 (Desargues). Soit ABC et A0 B 0 C 0 deux triangles de P2 (R) avec


A 6= A0 , B 6= B 0 et C 6= C 0 . On note α = (BC) ∩ (B 0 C 0 ), β = (AC) ∩ (A0 C 0 ) et
γ = (AB) ∩ (A0 B 0 ).
Alors les points α, β et γ sont alignés si et seulement si les droites (AA0 ), (BB 0 )
et (CC 0 ) sont concourantes.

L’idée pour la preuve du théorème est d’envoyer la droite (αβ) à l’infini


et d’utiliser une homothétie ou une translation comme dans le théorème de
Pappus. On pourra se reporter à [?] ou [?].
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 70

c
b

a0

O c0 b0

F IGURE 6.8 – Situation du théorème de Pappus après choix de la droite (αβ) à


l’infini lorsque les droites D et D0 ne se coupent pas à l’infini.
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 71

F IGURE 6.9 – Quelques cartes du Dobble et les symboles en commun.

6.6 Exercices

Exercice 6.1. Si E = {0} ou si E est de dimension 1, qu’est-ce que P(E) ?


Exercice 6.2. Montrer que si A, B sont deux sous-espaces projectifs de P (E)
de même dimension tels que A ⊂ B alors A = B.
Exercice 6.3. Soit x1 , . . . , xm , m points dans un espace projectif P(E). Mon-
trer que l’espace projectif engendré par ces points est au plus de dimension au
plus m − 1.
Exercice 6.4. Montrer que par deux points distincts d’un espace projectif, il
passe une unique droite projective.
Exercice 6.5. Montrer que PGL(E) préserve l’alignement dans P(E).
Exercice 6.6. Soit k un corps fini. Calculer le cardinal de Pn (k) = P(k n+1 ) et de
PGL(k n+1 ).
Soit x ∈ Pn (k). Calculer le nombre de droites projectives passant par x.
Exercice 6.7. Le Dobble. Il s’agit d’un jeu de rapidité où les joueurs doivent
trouver le symbole commun à deux cartes. Le principe du jeu repose sur la
propriété suivante, illustrée sur la Figure 6.7

« Deux cartes ont un unique symbole en commun. »

Cela rappelle l’énoncé géométrique suivant


CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 72

« Par deux points, il passe une unique droite. »

Cela peut donner l’idée de construire un jeu de Dobble en échangeant les


mots suivants carte ↔ point et symbole ↔ droite. Ainsi, on fabrique, une carte
pour chaque point et sur cette carte, on indique la liste des droites qui passent
par ce point en utilisant un symbole par droite.
1. Sachant qu’il y a 8 symboles par cartes dans le véritable jeu, quel corps
fini k0 , utiliseriez-vous pour construire un Dobble où les cartes corres-
pondraient à des points de P2 (k0 ) ?
2. Dans le vrai jeu, il y a 55 cartes. Combien de cartes pouvez-vous créer
en utilisant P2 (k0 ) ?
3. Expliquez comment créer les cartes, vous pourrez utiliser la propriété
suivante
« Deux droites distinctes d’un plan projectif se rencontrent en un unique
point. »
4. Avec un vrai jeu, trouver les cartes qui manquent.
Exercice 6.8. On considère le corps k = R ou C et l’espace vectoriel E = k n+1
avec sa topologie habituelle. On définit

O = {P (O), O ouvert de E ∗ }.

1. Montrer que pour tout A ⊂ E, P (A) = P (P −1 (P (A))) = P (k ∗ · A) où

k ∗ · A = {λa; λ ∈ k ∗ , a ∈ A}.

2. Montrer que O est une topologie sur P(E).


3. Montrer que P : E ∗ → P(E) est continue et que l’image d’un sous-
ensemble ouvert de E ∗ est ouvert dans P(E).
4. Montrer P(E) est compact.
5. Montrer que la droite projective réelle est homéomorphe à un cercle.
6. Montrer qu’une carte affine est un homéomorphisme.
7. Soit S ⊂ E la sphère unité de E associé à la norme k.k euclidienne si
k = R et hermitienne si k = C. On note d la distance sphérique sur S.
Pour A, B ⊂ E deux parties fermées de S, on note

dh (A, B) = max min d(a, b).


a∈A b∈B

Montrer que dh est une distance appelée distance de Hausdorff sur S.


8. Pour D1 , D2 deux droites de E, on définit d(D1 , D2 ) = dH (D1 ∩ S, D2 ∩
S). Montrer que d est une distance sur P(E) et que la topologie induite
par d est exactement O.
Exercice 6.9. Soit P(E) un espace projectif. Notons P l’ensemble des sous-
espaces projectifs de P(E). Quelles sont les orbites pour l’action de PGL(E)
sur P ?
Exercice 6.10. On se place dans la droite projective P1 (C) identifiée à C ∪ {∞}.
On appelle cercle de P1 (C) les objets suivants :
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 73

— les cercles euclidiens de C, c’est-à-dire les ensembles de la forme {z ∈


C, |z − z0 | = r} pour z0 ∈ C et r > 0,
— Les droites projectives réelles, c’est-à-dire les ensembles A ∪ {∞} où A
est une droite réelle affine de C ' R2 .
Des points de P1 (C) sont cocycliques s’il existe un cercle qui les contient.
1. Montrer que trois points de P1 (C) sont toujours cocycliques.
2. Trouver une homographie telle que l’image du cercle unité |z| = 1 soit
la droite projective P1 (R) = R ∪ {∞}. On pourra considérer l’homogra-
z+1
phie ϕ(z) = iz−i
Dans la suite, le but de l’exercice est de montrer que quatre points distincts de
P1 (C) sont cocycliques si et seulement leur birapport est réel.

3. Soit 4 points x, y, z, w distincts de C. Montrer que ces points sont situés


sur un cercle euclidien de C si xd zy = xwy[π].
d On pourra utiliser le
théorème de l’angle au centre.
4. Soit x, y, z trois points de C tels que x 6= z et y 6= z. Montrer que l’argu-
y−z
ment de x−z est une mesure de l’angle xd zy.
5. En déduire que 4 points x, y, z, w distincts de C avec x, y, z non ali-
gnés (c.-à-d. non-inclus dans une droite réelle affine) sont situés sur un
même cercle euclidien si et seulement si leur birapport est réel.
6. Montrer que si x, y, z ∈ C sont alignés alors z est aussi aligné avec ces
points si et seulement si [x, y, z, w] ∈ R.
7. Démontrer que pour quatre points distincts x, y, z, w ∈ P1 (C), on a
[x, y, z, w] = [y, x, z, w]−1 = [x, y, w, z]−1 = 1 − [x, z, y, w].

8. On suppose qu’un des points x, y, z, w est ∞. Justifier que l’on peut


supposer dans ce cas que w = ∞.
9. Quel est le cercle de P1 (C) qui passe par x, y et w = ∞ ? Démontrer que
[x, y, z, w] ∈ R si et seulement si x, y, z sont alignés.
10. Conclure.
11. Démontrer que toute homographie de P1 (C) préserve les cercles de
P1 (C).
Exercice 6.11. Montrer qu’une homographie différente de l’identité d’une droite
projective P1 (k) possède 0, 1 ou 2 points fixes. À quoi cela correspond-il en
termes de valeurs propres ?
Exercice 6.12. Montrer que pour toute homographie ϕ de P1 (R), il existe A ∈
GL2 (R) telle que det(A) = ±1 et P (A) = ϕ. Pour A ∈ SL2 (R), on note ϕA
l’homographie associée à A (c.-à-d. P(A)).
1. Quel est le noyau de A 7→ ϕA ? On note alors PSL2 (R) le quotient de
SL2 (R) par ce noyau.
2. Montrer que si ϕA (pour A ∈ SL2 (R)) n’a pas de point fixe sur P1 (R)
alors A est conjuguée à une matrice de rotation.
3. Montrer que ϕA a ununique point fixe x0 alors A est conjuguée à une
1 a
matrice de la forme . Démontrer que pour tout x ∈ P1 (R),
0 1
limn→±∞ ϕnA (x) = x0 .
CHAPITRE 6. GÉOMÉTRIE PROJECTIVE 74

4. Montrer que si ϕA a deux points fixes  distinctsx+ et x− alors A est


λ 0
conjuguée à une matrice de la forme . Montrer que quitte
0 λ−1
à échanger x+ et x− , pour tout x 6= x− , limn→+∞ ϕnA (x) = x+ et pour
tout x 6= x+ , limn→−∞ ϕnA (x) = x− .
Exercice 6.13. Montrer grâce à l’Exercice 10.3 que l’espace projectif P3 (R) pos-
sède une structure de groupe isomorphe à SO3 (R).
Exercice 6.14. Quelle est l’homographie ϕ de P1 (C) ' C ∪ {∞} telle que
ϕ(∞) = i, ϕ(0) = 1 et ϕ(1) = 2 ?
Exercice 6.15. Trouver une homographie ϕ de P1 (C) telle que ϕ(P1 (R)) = S1
où P1 (R) = {x ∈ R} ∪ {∞} et S1 = {z ∈ C, |z| = 1}.
az+b
Exercice 6.16. Quelle est l’inverse de l’homographie ϕ : z 7→ cz+d ?
Exercice 6.17. Trouver les matrices de déterminant 1 correspondant à l’ho-
mographie associée à la translation z 7→ z + a dans P1 (C).
Exercice 6.18. Trouver les matrices de déterminant 1 correspondant à la ro-
tation d’angle θ dans C, c’est-à-dire z 7→ eiθ z.
Exercice 6.19. Trouver une homographie ϕ de P1 (C) telle que ϕ(H) = D où H
est le demi-plan supérieur {z ∈ C, =(z) > 0} et D est le disque unité ouvert
{z ∈ C, |z| < 1}.
Exercice 6.20. Trouver les homographies qui préservent le demi-plan supé-
rieur H.
Deuxième partie

Topologie

75
Chapitre 7

Variétés différentielles

Les espaces topologiques que nous allons étudier dans cette partie topo-
logique ne seront pas quelconques. Ce seront localement des déformations
d’espaces affines et pour cela nous introduisons la notion de variétés différen-
tielles et sous-variétés qui sera déjà assez riche d’exemples tout en évitant les
cas pathologiques.
On pourra se reporter à [?] pour un cours plus complet et [?] pour une
heuristique ainsi que de nombreux exercices corrigés.

7.1 Théorèmes d’inversion locale, des immersions et des


submersions
Soit f : U → Rm une application définie sur un ouvert U ⊂ Rn . Si f est
différentiable en x ∈ U , on note dx f sa différentielle en x. On dit que f est une
immersion en x si dx f est injective et une submersion si dx f est surjective. On
dit simplement que f est une immersion (resp. une submersion) si f est une
immersion (resp. une submersion) en tout x ∈ U .
Soit f : U → V une fonction différentiable où U, V sont des ouverts de
Rn , Rm . On dit que f est un difféomorphisme de U sur V si f est une bijection
telle que pour tout x ∈ U , dx f est inversible (ce qui implique que n = m).
En particulier, f −1 : V → U est différentiable et la formule de dérivation de
−1
fonctions composées donne dy (f −1 ) = df −1 (y) f .
Rappelons deux théorèmes importants pour la suite, vus en licence. Nous
ne donnons pas de preuve pour le théorème d’inversion locale et renvoyons
au cours de licence.
Théorème 7.1 (Inversion locale). Soit f : U → Rn une application de classe C 1 où
U est un ouvert de Rn . Soit x ∈ U tel que dx f soit inversible alors il existe U 0 ⊂ U
ouvert contenant x tel que f : U 0 → f (U 0 ) soit un difféomorphisme.

Les deux énoncés suivants traitent le théorème des immersions et submer-


sions au point x dans le cas particulier où x = 0 ∈ Rn et f (x) = 0 ∈ Rm . On
se ramène à ce cas en effectuant des translations au départ ou à l’arrivée. Les
énoncés en sont simplifiés sans diminuer la portée du théorème.

76
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 77

Théorème 7.2 (Immersion). Soit f : U → Rm une application de classe C 1 où U


est un ouvert de Rn contenant 0. On suppose que f soit une immersion en 0. Alors il
existe U 0 ⊂ U ouvert contenant 0, V ⊂ Rm ouvert contenant 0 et ϕ : V → ϕ(V ) ⊂
Rm difféomorphisme tel que ϕ ◦ f : U 0 → Rm soit l’application (x1 , . . . , xn ) 7→
(x1 , . . . , xn , 0, . . . , 0).

Démonstration. Notons f1 , . . . , fm : U → R les composantes de f . La matrice


jacobienne de f en x est la matrice de coordonnées ∂i fj (x). Comme cette
matrice est de rang n, on peut supposer (quitte à permuter les coordonnées
à l’arrivée que les n premières sont indépendantes. Notons alors la matrice
A = (∂i fj (0))1≤i,j≤n qui est inversible (carrée de rang et de taille n). On défi-
nit une nouvelle application de classe C 1 , g : U × Rm−n → Rm par

g(x1 , . . . , xn , y1 , . . . , ym−n ) = (f1 (x), . . . , fn (x), y1 +fn+1 (x), . . . , ym−n +fm (x)).
 
A 0
La matrice jacobienne de g en 0 est qui est inversible. On peut appli-
∗ I
quer le théorème d’inversion locale à g et il existe deux ouverts W, V conte-
nant 0 de Rm tel que g réalise un difféomorphisme de W sur V . On définit ϕ
comme l’inverse de g sur V . On a donc ϕ ◦ g = IdW . Comme W est un ouvert
de Rn × Rm−n , il contient un ouvert de la forme U 0 × U 00 avec U 0 ouvert de Rn
contenant 0 et U 00 ouvert de Rm contenant 0. On remarque que f (x) = g(x, 0)
et ainsi ϕ(f (x)) = g(x, 0) = (x1 , . . . , xn , 0, . . . , 0).
Théorème 7.3 (Submersion). Soit f : U → Rm une application de classe C 1 où
U est un ouvert de Rn . On suppose que f est une submersion en 0. Alors il existe
U 0 ⊂ Rn ouvert contenant 0 et ψ : U 0 → ψ(U 0 ) ⊂ U ⊂ Rn difféomorphisme tel que
f ◦ ψ : U 0 → Rm soit l’application (x1 , . . . , xn ) 7→ (x1 , . . . , xm ).

Démonstration. On reprend les mêmes notations que précédemment. La ma-


trice (∂i fj (0))1≤i≤n,1≤j≤m est de rang m. Quitte à permuter les colonnes, on
peut supposer que les m premières sont indépendantes et donc la matrice
B = (∂i fj (0))1≤i,j≤m est inversible. On définit une application C 1 h : U → Rn
par la formule
h(x) = (f1 (x), . . . , fm (x), xm+1 , . . . , xn ).
 
B ∗
La jacobienne de h en 0 est qui est inversible. On applique le théo-
0 I
rème d’inversion locale en 0 à h, ce qui donne ψ : U 0 → V avec U 0 , V ouverts
contenant tels que V ⊂ U et h ◦ ψ = IdU 0 . Comme f = π ◦ h où π est la
projection de Rn sur les m-premières variables, on a bien f ◦ ψ(x1 , . . . , xn ) =
(x1 , . . . , xm ).

7.2 Sous-variétés de Rn

Définition 7.4. Soit M ⊂ Rn . On dit que M est une sous-variété de Rn de


dimension d si pour tout x ∈ M , il existe U ouvert de Rn et ϕ : U → Rn
tel que ϕ(x) = 0, ϕ est un difféomorphisme de U sur ϕ(U ) et ϕ(U ∩ M ) =
ϕ(U ) ∩ Rd × {0}. On dit que n − d est la codimension de M .
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 78

Remarque 7.5. Il suit de la définition (en prenant ϕ = τ−x ) que tout ouvert de
Rn est une sous-variété de dimension n de Rn .
Théorème 7.6 (Sous-variétés). Soit M un sous-ensemble de Rn . Les énoncés sui-
vants sont équivalents.
1. M est une sous-variété de dimension d.
2. Pour tout x ∈ M , il existe U ouvert contenant x et une submersion g : U →
Rn−d telle que U ∩ M = g −1 (0).
3. Pour tout x ∈ M , il existe U ouvert contenant x, V un ouvert de Rd et une
application h : V → Rn telle que h est une immersion et réalise un homéo-
morphisme de V sur U ∩ M .
4. Pour tout x ∈ M , il existe un ouvert U contenant x, un ouvert V de Rd
contenant (x1 , . . . , xd ) et une application f : V → Rn−d tels que, après per-
mutation éventuelle des coordonnées, U ∩ M est le graphe de f .
Remarque 7.7. L’application h s’appelle une paramétrisation de M au voisi-
nage de x. Par exemple, la latitude et la longitude donnent une paramétrisa-
tion de la sphère S2 en dehors des pôles.

Rappelons que le graphe de f est Γf = {(y, z) ∈ V × Rn−d , z = f (y)}.

Démonstration. Commençons par montrer que (1) implique (2) et (3). Soit M
une sous-variété et x ∈ M . Par définition, il existe U ouvert de Rn et ϕ : U →
Rn tel que ϕ(x) = 0, ϕ est un difféomorphisme de U sur ϕ(U ) et ϕ(U ∩ M ) =
ϕ(U ) ∩ Rd × {0}. Ainsi, ϕ−1 est un difféomorphisme de ϕ(U ) sur U . Sa res-
triction à V = Rd × {0} ∩ ϕ(U ) est une immersion de V ⊂ Rd dans Rn qui
réalise un homéomorphisme de V sur U ∩ M et donc on a montré (3). Notons
(ϕi )i=1,...,d les coordonnées de ϕ. Leurs différentielles sont indépendantes en
x. Posons g = (ϕd+1 , . . . , ϕn ) qui est une submersion sur U à valeurs dans
Rn−d telle que M ∩ U = g −1 (0). Ainsi, on a montré (2).
Supposons maintenant (3), quitte à se placer sur un sous-ouvert U 0 ⊂ U ,
il existe un difféomorphisme ψ : U 0 → ψ(U 0 ) ⊂ Rn tel que ψ ◦ h : U 0 → Rn et
pour tout x ∈ U 0 , ψ(h(x)) = (x1 , . . . , xd , 0, . . . , 0). Ce qui montre (1).
L’implication (2) =⇒ (1) se montre exactement de la même manière en
utilisant le théorème des submersions à la place de celui des immersions.
Montrons (4) =⇒ (2). On suppose qu’au voisinage U de x, M est le graphe
de f : V ⊂ Rd → Rn−d et on note (fi )i=1,...,n−d les coordonnées de f . Posons
g(y) = (yi+d −fi (y))i=1,...,n−d pour y = (y1 )i=1,...,n
 ∈ U . C’est une submersion
car sa différentielle est de la forme ∗ ∗ In−d et g(y) = 0 ⇐⇒ fi (y) = yi+d ,
c’est-à-dire g(y) = 0 si et seulement y appartient au graphe de f , c’est-à-dire
M ∩ U = g −1 (0).
Il nous reste à montrons (2) =⇒ (4) pour finir la démonstration. Suppo-
sons l’existence de U ouvert contenant x et une submersion g : U → Rn−d telle
que U ∩ M = g −1 (0). Comme dans la preuve du théorème des submersions,
quitte à permuter les coordonnées, on peut supposer que la matrice des déri-
vées partielles [∂i gj (x)]1≤i,j≤n−d est inversible. On applique alors le théorème
d’inversion locale à la fonction f : U → Rd donnée par
f (y) = (y1 , . . . , yd , g1 (y), . . . , gn−d (y))
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 79

dont l’inverse est de la forme

f −1 (y) = (y1 , . . . , yd , γ1 (y), . . . , γn−d (y)).

Ainsi, M ∩ U est le graphe de

G : (y1 , . . . , yd ) 7→ (γj (y1 , . . . , yd , 0, . . . , 0))1≤j≤n−d .

Remarque 7.8. De cet énoncé, on peut voir les sous-variétés de quatre ma-
nières équivalentes : la définition originale, image par une immersion, ligne
de niveau d’une submersion ou graphe d’une application.

Illustrons la définition et les trois autres points du théorème des sous-


variétés sur l’exemple familier de la sphère unité de Rn+1 .
Exemple 7.9 (La sphère Sn ). La sphère Sn est donnée par l’équation x21 + · · · +
x2n+1 = 1. La fonction g : Rn+1 → R donnée par g(x) = x21 + · · · + x2n+1 − 1 est
une submersion en x 6= 0 car dx f 6= 0 pour x 6= 0 et x ∈ Sn ⇐⇒ g(x) = 0.
Ainsi, le point (2) du théorème des sous-variétés est vérifié.
n
Soit N = (0, . . . , 0, 1), au voisinage de N , la sphèrep S est le graphe de la
n
Pn
fonction f : B(0, 1) ⊂ R → R donnée par f (x) = 1 − i=1 x2i . On traite
les autres points de la même manière en permutant les coordonnées. Ce qui
montre le point (4).
 p Pn 
Si on pose h(x) = x1 , . . . , xn , 1 − i=1 x2i pour x ∈ B(0, 1) ⊂ Rn , on
voit que h est une immersion sur un voisinage de N dans Sn et cela montre le
point (3).
 p Pn 
Posons ψ(x1 , . . . , xn ) = x1 , . . . , xn , xn+1 + 1 − i=1 x2i alors ψ est un
difféormorphisme au voisinage de 0 qui vérifie ψ(0) = N et ψ(B(0, 1)×{0}) =
{x ∈ Sn , xn+1 > 0}. En posant ϕ = ψ −1 , la définition de sous-variété est
vérifiée au voisinage de N .
Exemple 7.10. L’hyperboloïde à deux nappes d’équation z 2 − x2 − y 2 = 1 est
une surface de R3 . On peut
p la réaliser comme réunionp de deux graphes : ceux
des fonctions (x, y) 7→ 1 + x2 + y 2 et (x, y) 7→ − 1 + x2 + y 2 définies sur
R2 .
Exemple 7.11 (Tore Tn ). Dans Cn , identifié avec R2n en écrivant zj = xj +
iyj pour la j-ième coordonnée complexe, on note Tn = {(z1 , . . . , zn ), |z1 | =
· · · = |zn | = 1} que l’on appelle tore de dimension n. Il s’agit bien d’une sous-
variété car c’est l’image de réciproque de (1, . . . , 1) ∈ Rn par l’application
g : (z1 , . . . , zn ) = (x1 , y1 , x2 , y2 , . . . , xn , yn ) 7→ (x21 + y12 , . . . , x2n + yn2 ) de R2n
vers Rn . Cette application est une submersion pour tous les points (z1 , . . . , zn )
tels que zj 6= 0 pour tout j.
Exemple 7.12. Le groupe des matrices inversibles GLn (R) est une sous-variété
de Mn (R). En effet, c’est un ouvert de Mn (R).
L’application det : Mn (R) → est polynomiale en les coefficients de la ma-
trice, c’est donc une application différentiable et on montre en exercice que
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 80

F IGURE 7.1 – L’hyperboloïde à deux nappes d’équation z 2 − x2 − y 2 = 1.

c’est une submersion en restriction à GLn (R). En particulier, on en déduit que


le groupe SLn (R) est une sous-variété de Mn (R).
Définition 7.13. Soit M une sous-variété de Rn de dimension d et v un vecteur
de Rn . On dit que v est tangent à M en x ∈ M , s’il existe ε > 0 et c : ]−ε; ε[→ M
telle que c(0) = x, c soit dérivable en 0 et c0 (0) = v.
On appelle espace tangent, l’ensemble des vecteurs tangents. On le note
Tx M .
Proposition 7.14. L’ensemble des vecteurs tangents à M en x forment un sous-
espace vectoriel de Rn de dimension d.

Démonstration. Dans la définition de sous-variété, c’est l’image réciproque de


Rd × {0} par dx ϕ. Comme dx ϕ est isomorphisme linéaire, dx ϕ−1 Rd × {0}
est un espace vectoriel de dimension d.
Remarque 7.15. Notre définition de l’espace tangent est un sous-espace vec-
toriel. Il arrive aussi souvent qu’on appelle espace tangent à M en x, l’espace
affine passant par x ayant pour direction l’espace vectoriel Tx M .

7.3 Variétés différentielles


Parfois les sous-variétés définissent des objets trop restreints et on a besoin
d’une notion plus générale qui est celle de variété. Ce sera le cas pour l’espace
projectif par exemple qui n’est pas naturellement un sous-ensemble de Rn .
Définition 7.16. Une variété différentielle de dimension n est un espace topo-
logique séparé localement homéomorphe à Rn munie d’un atlas qui la donnée
d’une famille de cartes {(Ui , ϕi )}i∈I où
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 81

F IGURE 7.2 – La sphère unité de R3 avec son plan tangent (affine) au point A.

— Ui est un ouvert de M ,
n n
— Si : Ui → R est un homéomorphisme sur un ouvert de R ,
ϕ
— i∈I Ui = M
— et pour tout i, j ∈ I tels que Ui ∩ Uj 6= ∅,

ϕj ◦ ϕ−1
i : ϕi (Ui ∩ Uj ) → ϕj (Ui ∩ Uj )

est un difféomorphisme.
Remarque 7.17. L’application ϕj ◦ ϕ−1
i s’appelle un changement de cartes.

Exemple 7.18. On considère la sphère S2 avec les pôles nord N et sud S avec
les projections stéréographiques ΠN : S2 \ {N } → R2 et ΠS : S2 \ {S} → R2 .
Dans l’Exercice 4.7, on avait vérifié que ces projections sont des homéomor-
phismes et la composée ΠS ◦Π−1 2 2
N : R \{0} → R \{0} est un difféomorphisme,
c’est l’inversion par rapport au cercle unité. En posant U1 = S2 \{N }, ϕ1 = ΠN
et U2 = S2 \ {S}, ϕ2 = ΠS , la définition de variété est vérifiée.
Exemple 7.19. Toute sous-variété de Rn est une variété.
Exemple 7.20. On considère l’espace projectif réel de dimension n, Pn (R) =
P(Rn+1 ). Dans la base canonique de Rn+1 , on a n + 1 cartes affines

Ui → Rn
ϕi :
[x0 : . . . : xn ] 7→ (x0 /xi , . . . , xbi , . . . , xn /xi )

où Ui = {x ∈ Pn (R), x = [x0 : . . . : xn ] et xi 6= 0}. On a bien Pn (R) =


∪i=0,...,n Ui et pour i < j, ϕj ◦ ϕ−1 n n
i : {x ∈ R , xj 6= 0} → R est l’application
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 82

Ui Uj

ϕi ϕj

Rn ϕ−1 ϕ−1 Rn
i j

ϕj ◦ ϕ−1
i

ϕi (Ui ) ϕj (Uj )

F IGURE 7.3 – Illustration d’un changement de cartes.

(x0 , . . . , xn−1 ) 7→ (x0 /xj , . . . , xi−1 /xj , 1/xj , xi /xj , . . . , x\


j /xj , . . . , xn−1 /xj )

qui est bien un difféomorphisme sur son image. On a aussi une formule ana-
logue pour j < i. Ainsi Pn (R) est bien une variété différentielle de dimension
n.
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 83

F IGURE 7.4 – Un tore dans R3

7.4 Exercices

Exercice 7.1. Montrer que si f : U → Rm est de classe C 1 sur U est une immer-
sion en x ∈ U alors il existe un ouvert U 0 ⊂ U contenant x tel que f est une
immersion sur U 0 .
Exercice 7.2. Écrire les énoncés des théorèmes des immersions et submersions
en x et f (x) quelconques.
Exercice 7.3. Soit M une sous-variété de Rn et x ∈ M . Identifier Tx M en utili-
sant, la submersion g, l’immersion h ou l’application f du théorème des sous-
variétés.
Exercice 7.4. Dans R3 , on considère la forme quadratique Q(x) = x21 − x22 − x23 .
Montrer que l’ensemble des x ∈ R3 tel que Q(x) = 1 forment une sous-variété
et calculer l’espace tangent.
Exercice 7.5. Calculer la différentielle du déterminant et montrer que c’est une
submersion en restriction à SLn (R). En déduire que SLn (R) est une sous-
variété deMn (R) et calculer sa dimension.
Exercice 7.6. Montrer que les groupes O(n), SO(n) et O(p, q) sont des sous-
variétés de Mn (R) avec p + q = n dans le dernier cas. Calculer les espaces
tangents en l’identité.
Exercice 7.7. Montrer que deux variétés de même dimension sont toujours lo-
calement homéomorphes.
Exercice 7.8. On considère le tore de dimension de la Figure 7.8 dans R3
1. Trouver une paramétrisation de ce tore.
2. Montrer qu’il est bien homéomorphe à S 1 × S 1 .
3. Trouver une équation polynomiale définissant ce tore.
CHAPITRE 7. VARIÉTÉS DIFFÉRENTIELLES 84

F IGURE 7.5 – Une visualisation de P2 (R) dans R3 . Il s’agit de la surface de Boy


qui n’est pas une sous-variété de R3 à cause des auto-intersections.

Exercice 7.9. Surface de Véronèse. Le but de cet exercice est de réaliser le


plan projectif réel P2 (R) comme sous-variété de R6 .On définit l’application
v : R3 → R6 par la formule
√ √ √
v(x, y, z) = (x2 , y 2 , z 2 , 2 xy + 2 yz, 2 zx).

1. Montrer que v est une immersion de R3 \ {0} dans R6 .


2. Montrer que la restriction de v à S2 induit un homéomorphisme entre
P2 (R) et v(S2 ).
3. Montrer que v(S 2 ) est une sous-variété de R6 .
4. Montrer que v(S 2 ) est dans S5 et dans un hyperplan affine H.
5. Bonus : Montrer que l’on peut réaliser le plan projectif comme sous-
variété de R4 .
Chapitre 8

Homotopie et groupe
fondamental

La topologie est l’étude de la forme des objets sans s’intéresser aux pro-
priétés métriques ou d’alignement. Ces deux dernières propriétés relèvent
de la géométrie comme on l’a vu dans la première partie. La topologie al-
gébrique est une branche de la topologie qui vise à associer à tout espace to-
pologique des objets algébriques (groupes, modules ou espaces vectoriels) qui
permettent de donner un sens rigoureux à certaines propriétés topologiques.
Dans ce chapitre, on va associer à tout espace connexe par arcs X, un
groupe noté Π1 (X) appelé groupe fondamental de X ou encore groupe de
Poincaré en l’honneur de son inventeur Henri Poincaré. On trouvera beau-
coup de renseignements et des vidéos sur le site http://analysis-situs.
math.cnrs.fr qui mérite une visite.

8.1 Homotopie
On fixe dans cette section, un espace topologique X connexe par arcs.
Définition 8.1. Un chemin est une application continue c : I → X où I est
l’intervalle [0, 1]. Un lacet est un chemin tel que c(0) = c(1). Si x = c(0) = c(1),
on dit que c est basé au point x. Si c est un chemin, le chemin inverse est le
chemin c tel que c(t) = c(1 − t). Si c1 , c2 sont deux chemins tels que c1 (1) =
c2 (0), leur concaténation est le chemin c tel que c(t) = c1 (2t) pour t ≤ 1/2 et
c(t) = c2 (2t − 1) pour t ≥ 1/2. On note c = c1 ∗ c2 .

Définition 8.2. Soit Y un espace topologique et f, g : Y → X deux applica-


tions continues. On dit que f et g sont homotopes s’il existe une application
h : I × Y → X continue telle h(0, y) = f (y) et h(1, y) = g(y) pour tout ∈ Y .
L’application h est appelée une homotopie entre f et g. Soit c1 , c2 deux lacets
basés au même point x. Ces lacets sont dits homotopes à extrémités fixées s’il
existe une homotopie h entre c1 et c2 telle que h(t, 0) = h(t, 1) = x pour tout
t ∈ [0, 1].

85
CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 86

c0 h(s, ·)
c1

F IGURE 8.1 – Deux chemins homotopes à extrémités fixées.

Proposition 8.3. 1. Soient c1 , c2 , c3 trois chemins tels que c1 (1) = c2 (0) et


c2 (1) = c3 (0). Alors (c1 ∗ c2 ) ∗ c3 et c1 ∗ (c2 ∗ c3 ) sont homotopes. De plus,
si tous ces lacets sont basés en x alors l’homotopie est à extrémités fixées.
2. Si c1 et d1 sont homotopes et c2 et d2 sont homotopes alors c1 ∗ c2 et d1 ∗ d2
sont homotopes.
3. Si c(0) = x alors c ∗ c est homotope au lacet cx constant égal à x.
4. Soit c un lacet attaché à x et cx le lacet constant égal à x. Alors c ∗ cx et cx ∗ c
sont homotopes à c avec extrémités fixées.

Démonstration. 1. On définit l’homotopie h : I × I → X par


  
4t


 c1 1+s pour 0 ≤ t ≤ 1+s
4
1+s 2+s
h(s, t) = c2 (4t
 − s − 1)
 pour 4 ≤ t ≤ 4

 c3 4t−s−2 2+s
pour 4 ≤t≤1

2−s

C’est une application continue qui vérifie h(0, t) = (c1 ∗ c2 ) ∗ c3 (t) et


h(1, t) = c1 ∗ (c2 ∗ c3 )(t) pour tout t ∈ I.
2. Soit hi une homotopie entre ci et di . Il suffit de définir h(s, ·) = h1 (s, ·) ∗
h2 (s, ·) et ainsi h réalise une homotopie entre c1 ∗ c2 et d1 ∗ d2 .
3. On définit l’homotopie entre c ∗ c et cx , h : I × I → X par

0 ≤ t ≤ 2s

 x pour
s 1

c(2t − s) pour 2 ≤t≤ 2 .

h(s, t) = 1 2−s

c(2 − 2t − s) pour 2 ≤ t ≤ 2
x pour 2−s 2 ≤t≤1

4. On définit l’homotopie entre c ∗ cx et c, h : I × I → X par


(  
2t
c 1+s pour 0 ≤ t ≤ 1+s 2 .
h(s, t) =
x pour 1+s 2 ≤t≤1

Une formule analogue donne l’homotopie entre cx ∗ c et c.


CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 87

8.2 Groupe fondamental

Proposition 8.4. Soit x, y ∈ X. La relation être homotope à extrémités fixées est une
relation d’équivalence sur l’ensemble des lacets d’extrémités x, y.

Démonstration. Fixons x ∈ X et considérons l’ensemble des lacets attachés en


x. La relation ∼, "être homotope à extrémité fixée" est clairement réflexive (il
suffit de prendre h(s, t) = c(t) pour tout (s, t) ∈ I 2 pour voir que c ∼ c).
Elle est aussi symétrique. En effet, si h est une homotopie de c1 à c2 alors
h̄(s, t) = h(1 − s, t) est une homotopie entre c2 et c1 . Supposons que h1 est une
homotopie entre c1 et c2 et h2 une homotopie entre c2 et c3 alors h définie par
h(·, t) = h1 (·, t) ∗ h2 (·, t) pour t fixé est une homotopie entre c1 et c3 . Ainsi la
relation ∼ est une relation d’équivalence sur l’ensemble des lacets attachés en
x.

On note alors [c] la classe d’homotopie à extrémités fixées d’un lacet c.


Théorème 8.5. Soit x ∈ X. Les classes d’équivalence de lacets basés en x forment
un groupe pour la loi [c1 ] · [c2 ] = [c1 ∗ c2 ].

Démonstration. On note [c] la classe d’équivalence du lacet c. Soit Π1 (X, x)


l’ensemble des classes d’équivalence de tels lacets.
On définit une loi de composition interne · : Π1 (X, x)×Π1 (X, x) → Π1 (X, x)
par [c1 ]·[c2 ] = [c1 ∗c2 ]. Remarquons que cette loi est bien définie grâce au point
2 de la Proposition 8.3. Le point 1 de cette proposition montre l’associativité, le
point 4 montre que [cx ] est un élément neutre et le point 3 que [c̄] est l’inverse
de [c].
Définition 8.6. On appelle ce groupe, groupe fondamental de X en x. On le note
Π1 (X, x).
Remarque 8.7. L’argument donné dans le Théorème 8.5 est en fait un peu
plus général. Si c1 , c2 sont des chemins avec c1 (1) = c2 (0) alors on peut aussi
définir [c1 ] · [c2 ] = [c1 ∗ c2 ].
Proposition 8.8. Pour x, y ∈ X, les groupes fondamentaux Π1 (X, x) et Π1 (X, y)
sont isomorphes.

Démonstration. Comme X est connexe par arcs, on choisit un chemin γ : I →


X de x à y. On définit alors ϕγ : Π1 (X, x) → π1 (X, y) par ϕγ ([c]) = [γ ∗ c ∗ γ̄].
Remarquons de nouveau, que cette application est bien définie (c.-à-d. ϕγ ([c])
ne dépend pas du choix de c dans la classe [c]) par le point 2 de la Proposition
8.3. C’est un morphisme de groupes car
ϕγ ([c1 ] · [c2 ]) = [γ ∗ c1 ∗ c2 ∗ γ̄]
= [(γ ∗ c1 ∗ γ̄) ∗ (γ ∗ c2 ∗ γ̄)]
= [γ ∗ c1 ∗ γ̄] · [γ ∗ c2 ∗ γ̄)]
= ϕγ ([c1 ]) · ϕγ ([c2 ]).
Il possède un inverse donné par ϕγ̄ (avec la même formule en remplaçant γ
par γ̄). C’est donc bien un isomorphisme de groupes.
CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 88

Remarque 8.9. On parle alors simplement du groupe fondamental et on le


note Π1 (X).

Définition 8.10. Si le groupe fondamental est trivial, on dit que X est simple-
ment connexe. Cela signifie que tout lacet est homotope au lacet constant.

Exemple 8.11. Le groupe fondamental d’un point est le groupe trivial.

Proposition 8.12. Si X est un espace simplement connexe alors deux chemins de


mêmes extrémités sont homotopes à extrémités fixées.

Démonstration. Soit c1 , c2 deux chemins tels que c1 (0) = c2 (0) = x et c1 (1) =


c2 (1) = y. On a [c2 ∗c1 ] = [cx ] (car l’espace est simplement connexe) et [c2 ∗c2 ] =
[cy ]. Ainsi,

[c1 ] = [cy ∗ c1 ] = [c2 ∗ c2 ∗ c1 ] = [c2 ] · [c2 ∗ c1 ] = [c2 ] · [cx ] = [c2 ].

Proposition 8.13. Soit X, Y deux espaces topologiques localement connexes par arcs
et f : X → Y une application continue. Alors l’application f induit un morphisme
de groupe f∗ : Π1 (X) → Π1 (Y ) tel que f∗ ([c]) = [f ◦ c].

Démonstration. Soit c1 , c2 deux lacets basés à un point x ∈ X. On pose y =


f (x). Les formules qui donnent f ◦ (c1 ∗ c2 ) et (f ◦ c1 ) ∗ (f ◦ c2 ) sont identiques.
Ainsi f (c1 ∗ c2 ) = f (c1 ) ∗ f (c2 ). Si c1 et c2 sont homotopes par une homotopie
h, on pose H(s, t) = f (h(s, t)) qui est une homotopie entre f ◦ c1 et f ◦ c2 . Ainsi
l’application f∗ est bien définie et comme f ◦ (c1 ∗ c2 ) = (f ◦ c1 ) ∗ (f ◦ c2 ), on
a f∗ ([c1 ] · [c2 ]) = f∗ ([c1 ]) · f∗ ([c2 ]). Ce qui montre que f∗ est un morphisme de
groupes.

Remarque 8.14. L’application f∗ peut-être ni injective ni surjective.

Proposition 8.15. Soit X, Y deux espaces localement connexes par arcs alors

Π1 (X × Y ) ' Π1 (X) × Π1 (Y ).

La preuve de cette proposition est donnée en exercice.

Définition 8.16. Si Y est un sous-ensemble de X, on dit que Y est un rétracte


de X, s’il existe une application continue r : X → Y , appelée rétraction telle
que r(y) = y pour tout y ∈ Y .

Définition 8.17. Si Y est un sous-ensemble de X, on dit que Y est un rétracte


par déformations de X, s’il existe une application continue r : X → Y , appelée
rétraction par déformations telle que r(y) = y pour tout y ∈ Y et une homotopie
h : I × X → X entre IdX et r telle que h(t, y) = y pour tout y ∈ Y et t ∈ I.

Théorème 8.18. Si Y est un rétracte par déformations de X alors Π1 (X) ' Π1 (Y )


CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 89

F IGURE 8.2 – Le ruban de Möbius se rétracte sur son âme qui est homéo-
morphe au cercle.

Démonstration. Soit y ∈ Y . On note i : Y → X l’inclusion de Y dans X, c’est-


à-dire i(y) = y pour tout y ∈ Y et r : X → Y la rétraction de X sur Y . Pour
tout lacet c basé en y, L’application (s, t) 7→ h(s, c(t)) est une homotopie entre
c et un lacet contenu dans Y . Ce qui montre que i∗ : Π1 (Y, y) → Π1 (X, y) est
surjective. Elle est injective car si c est un lacet basé en y homotope à cy via
une homotopie h0 : I × I → X alors r ◦ h0 est une homotopie entre c et cx
d’image incluse dans Y et donc i∗ est injective. On peut en fait vérifier que r∗
est l’inverse de i∗ .

Exemple 8.19. La bande Möbius M se rétracte par déformations sur son âme
qui est homéomorphe à un cercle. Ainsi, Π1 (M ) ' Π1 (S1 ).

Remarque 8.20. La preuve du Théorème montre que si r est une rétraction


(pas nécessairement par déformations) alors i∗ est injective.
Exemple 8.21. L’espace C∗ se rétracte par déformations sur le cercle S1 .

Définition 8.22. L’espace X est contractile s’il se rétracte par déformations sur
un point x0 ∈ X.

Ainsi, le groupe fondamental d’un espace contractile est trivial. En parti-


culier, un espace contractile est simplement connexe.

Exemple 8.23. L’espace Rn se rétracte par déformations sur {0} via l’homoto-
pie h : I × Rn → Rn donnée par h(t, x) = tx. Ainsi Π1 (Rn ) est trivial.
CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 90

8.3 Exercices

Exercice 8.1. Démontrer que si X, Y deux espaces connexes par arcs alors

Π1 (X × Y ) ' Π1 (X) × Π1 (Y ).

Exercice 8.2. Écrire une paramétrisation du Ruban de Möbius dans R3 et une


rétraction par déformations du ruban sur son âme. Représenter la rétraction
avec Geogebra.
Exercice 8.3. Montrer que toute partie étoilée de Rn est simplement connexe.
Exercice 8.4. Donner une équation ou une paramétrisation d’un cylindre ainsi
qu’une rétraction par déformations sur un cercle.
Exercice 8.5. Soit f, g : Sn → Sn deux applications continues non antipodales
(i.e. f (x) 6= −g(x), pour tout x ∈ Sn ). Montrer que ces deux applications sont
homotopes.
Exercice 8.6. Soit G un ensemble et ·, ∗ deux lois de compositions internes telles
que pour tout g, h, g 0 , h0 ∈ G, (g · h) ∗ (g 0 · h0 ) = (g ∗ g 0 ) · (h ∗ h0 ) et que (G, ·),
(G, ∗) sont des groupes.

1. Montrer que les deux éléments neutres coïncident.


2. Monter que g · h = g ∗ h pour tous g, h ∈ G.
3. Montrer que G est un groupe commutatif.
Exercice 8.7. Soit G un groupe topologique connexe par arcs, montrer que
Π1 (G) est un groupe commutatif.
Exercice 8.8. Montrer que le complémentaire d’une droite D dans R3 se ré-
tracte par déformations sur un cercle et en déduire Π1 (R3 \ D).
Exercice 8.9. Soit D1 , D2 deux droites complexes de C2 . Vérifier que C2 \ (D1 ∪
D2 ) est connexe par arcs. Montrer que C2 \ (D1 ∪ D2 ) se rétracte par déforma-
tions sur un produit de deux cercles.
Exercice 8.10. Lemme de Poincaré. Soit U un ouvert de Rn . Une forme diffé-
rentielle est une application de classe C 1 de U dans (Rn )∗ le dual de Rn . Il
de coutume de noter (dx1 , . . . , dxn ) pour la base
Pduale de la base canonique
n
de Rn . Ainsi une forme différentielle ω s’écrit i=1 fi dxi où les fi : U → R
sont des fonctions de classe C 1 . Par exemple si g : U → R est une application
2
de classe
PnC alors sa différentielle dg est une forme différentielle qui s’écrit
dx g = i=1 ∂i gdxi .
Une forme différentielle ωPest exacte s’il existe g : U → R telle que ω = dg.
n
Une forme différentielle ω = i=1 fi dxi est fermée si pour tout i, j, ∂i fj = ∂j fi .
Pn
Si γ : [a, b] → U est un chemin de classe C 1 et d’image Γ et ω = i=1 fi dxi
est une forme différentielle, on appelle intégrale de ω le long du chemin Γ, l’inté-
grale

Z Z n
bX
ω= fi (γ(t))γi0 (t)dt.
Γ a i=1

1. Montrer qu’une forme exacte est fermée.


CHAPITRE 8. HOMOTOPIE ET GROUPE FONDAMENTAL 91

R
2. Si ω est une forme exacte, montrer que l’intégrale Γ
ω ne dépend que
des extrémités Γ(0) et Γ(1).
3. Montrer que si U est un ouvert étoilé alors toute forme fermée est
exacte. Si U est étoilé par rapport àRun point x0 et ω est fermée, on
pourra considérer la fonction g(x) = [x0 ,x] ω.
xdy−ydx
4. Montrer que la forme ω = x2 +y 2 est fermée mais pas exacte sur l’ou-
vert R2 \ {0}.
Remarque. Le troisième point se généralise aux ouverts simplement connexes
et s’appelle le lemme de Poincaré.
Chapitre 9

Calculs de groupes fondamentaux

Dans ce chapitre, nous calculons le groupe fondamental de quelques exemples


classiques : le cercle, les sphères de dimension supérieure à 2 et les espaces
projectifs réels.

9.1 Le cercle
Le premier espace topologique pour lequel nous allons calculer le groupe
fondamental est le cercle. Pour n ∈ Z, on notera cn pour le lacet de S1 = {z ∈
C, |z| = 1} donné par cn (t) = e2iπnt .
Théorème 9.1. L’application

Z → Π1 (S1 )
n 7→ [cn ]
est un isomorphisme de groupes.

Avant d’en donner la preuve, voyons quelques corollaires.


Corollaire 9.2. Le groupe fondamental du tore T n est Zn .

Démonstration. Comme T n est homéomorphe à (S1 )n , la Proposition 8.15 donne


Π1 (T n ) ' Π1 (S1 )n ' Zn .
Corollaire 9.3. Le cercle S1 n’est pas un rétracte du disque unité fermé D2 .

Démonstration. En effet, Π1 (S1 ) = Z alors que Π1 (D2 ) est trivial donc si i : S1 →


D2 est l’inclusion alors i∗ ne peut être injective.
Théorème 9.4 (Théorème de Brouwer). Toute application continue f : D2 → D2
possède un point fixe.

Démonstration. Supposons qu’une telle application f existe, c’est-à-dire f est


continue et f (x) 6= x pour tout x ∈ D2 . La droite passant par x et f (x)
rencontre le cercle en deux points. On choisit le point noté r(x) tel que x ∈
[f (x), r(x)].

92
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 93

r(x)
x
f (x)

Cela définit une application r : D2 → S1 telle que r(x) = x pour tout x ∈


S . Comme f est continue, r est aussi continue. Ainsi r est rétraction de D2
1

sur S1 et donc le morphisme induit par l’inclusion i : S1 → D2 est injective. Ce


qui aboutit à une contraction car Π1 (S1 ) = Z et Π1 (D2 ) = {0}.
Remarque 9.5. Cet énoncé se généralise en toute dimension. Le cas de la di-
mension 1 (pour un intervalle donc) est une conséquence simple du théorème
des valeurs intermédiaires.

Voyons maintenant comment identifier le groupe fondamental du cercle.


Nous avons besoin de quelques résultats intermédiaires. On note π : R → S1
l’application passage au quotient (aussi appelée application exponentielle)
donnée par π(x) = eix . C’est un morphisme de groupes surjectif qui donne
l’identification S1 ' R/2πZ. On note d pour la distance angulaire sur S1 .
Lemme 9.6. Soit x ∈ R. Pour tout α < π,
[
π −1 (B(eix , α)) = ]x + 2iπn − α, x + 2iπn + α[
n∈Z

et la restriction de π à chacun de ces intervalles est un homéomorphisme sur B(eix , α).

Démonstration. Le fait que cette préimage soit la réunion de ces intervalles


est bien connue et découle de la 2π-périodicité de π. La restriction de π à [x +
2iπn−α, x+2iπn+α] est une bijection continue sur B(π(x), α). Par compacité,
c’est un homéomorphisme.
Définition 9.7. Soit c un lacet de S1 . Un relèvement de c est une application
continue c̃ : → R telle que c = π ◦ c̃. C’est-à-dire c(t) = eic̃(t) pour tout t ∈ I.

R
c̃ π

c
I S1
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 94

F IGURE 9.1 – La droite réelle identifiée à l’image de la courbe paramétrée


t 7→ (cos(t), sin(t), t). L’application π s’identifie alors à la projection orthogo-
nale sur le plan (Oxy). L’intersection du cylindre avec la courbe correspond à
l’image réciproque d’un petit voisinage du point (1, 0) ∈ S1 .

Exemple 9.8. Un relèvement de cn est cen : t 7→ 2πnt.

Lemme 9.9. Soit c : I → S1 tel que c(0) = c(1) = 1 et n ∈ Z. Alors il existe un


unique relèvement c̃ de c tel que c̃(0) = 2πn.
Soit h une homotopie entre deux lacets c1 , c2 basés en 1. Alors il existe une unique
homotopie eh : I 2 → R entre les deux relèvements ce1 et ce2 telle que h(s, 0) = 2πn pour
tout s ∈ I et π ◦ eh = h.

Démonstration. Commençons par l’unicité de c̃. Supposons que l’on ait deux
tels relèvements c̃1 , c̃2 alors l’application f = c̃1 − c̃2 est une fonction continue
qui s’annule en 0 et à valeurs dans Z. Elle est donc constante égale à 0. Ce qui
donne l’unicité.
Passons à l’existence. Comme c est continue sur un compact, elle est uni-
formément continue. Ainsi, il existe k intervalles I1 , . . . , Ik ouverts avec Ii =
]αi , ωi [ tels que I = I1 ∪· · ·∪Ik , Ii ∩Ii+1 6= ∅ et pour tout t, t0 ∈ Ii , d(c(t), c(t0 )) <
π/2. On définit c̃ sur I1 par c̃ = q1 ◦ c où q1 est l’inverse de π sur B(1, π/2) tel
que q1 (1) = 2πn. On suppose que c̃ a été défini sur I1 ∪ · · · ∪ Ii , on étend c̃
sur Ii+1 par c̃ = qi+1 ◦ c où qi+1 est l’inverse de π sur B(c(ωi ), π/2) tel que
qi+1 (c(ωi )) = c̃(ωi ). C’est bien un prolongement par continuité. En k étapes,
on obtient une relèvement de c avec la bonne condition initiale.
Soit h une homotopie, on pose cs (t) = h(s, t). On applique le résultat pré-
cédent au lacet cs et on note e
h(s, t) pour ces (t). L’unicité de ces pour chaque
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 95

s ∈ I donne l’unicité de e h. Il reste à voir la continuité de e


h. Au voisinage du
2 e
point (s, t) ∈ I , h = q ◦ h où q est l’inverse de la restriction de π à]eh(s, t) −
h(s, t) + π/2[. C’est donc bien une application continue avec e
π/2, e h(0, ·) = ce1
h(1, ·) = ce2 .
et e

Définition 9.10. Soit c un lacet un basé en 1 et c̃ un relèvement de c. On appelle


degré de c le nombre entier c̃(1)−c̃(0)
2π . On le note d(c).

L’unicité du relèvement à c̃(0) fixé montre que ce degré ne dépend pas du


relèvement choisi.

Exemple 9.11. Le degré de cn est n ∈ Z.


Proposition 9.12. Deux lacets basés en 1 sont homotopes si et seulement s’ils ont
même degré.

Démonstration. Soient c1 , c2 deux lacets basés en 1. Si ces lacets sont homo-


topes via h, on choisit deux relevés ce1 , ce2 et une homotopie e
h donnés par le
Lemme 9.9 tels que h(s, 0) = 0 pour tout s. On a 2πd(ci ) = e
e ci (1). Comme
s 7→ e
h(s, 1) est continue et à valeurs dans 2πZ, elle est constante et donc c1 et
c2 ont même degré.
Réciproquement si c1 et c2 ont même degré, on trouve deux relèvements cei
qui coïncident en 0 et en 1. Comme R est simplement connexe, on peut trouver
une homotopie h à extrémités fixées entre ce1 et ce2 . L’application π ◦ h est alors
une homotopie entre c1 et c2 .

Proposition 9.13. Soit c1 , c2 deux lacets dans S1 basés en 1. Alors d(c1 ∗ c2 ) =


d(c1 ) + d(c2 ).

Démonstration. Soit ce1 un relèvement de c1 et ce2 un relèvement de c2 tel que


ce2 (0) = ce1 (1). Alors ce1 ∗ ce2 est un relèvement de c1 ∗ c2 . Ainsi 2πd(c1 ∗ c2 ) =
ce1 ∗ ce2 (1) − ce1 ∗ ce2 (0) = ce2 (1) − ce1 (0) = ce2 (1) − ce2 (0) + ce1 (1) − ce1 (0) = 2π(d(c2 ) +
d(c1 )).

Preuve du Théorème 9.1. Les propositions précédentes montrent que d : Π1 (S1 ) →


Z est un morphisme de groupes injectif. Par l’exemple 9.11, on sait qu’il est
aussi surjectif.

9.2 Sphères
La partie précédente traite du cas de la sphère de dimension 1, nous nous
consacrons maintenant aux sphères de dimension supérieure à 1.

Théorème 9.14. Pour n ≥ 2, la sphère Sn est simplement connexe.

Proposition 9.15. Soit M une variété connexe de dimension n au moins 2. Alors


pour x 6= y ∈ M , tout lacet c basé en x est homotope à un lacet c0 tel que c0 ne
contient pas y dans son image.
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 96

F IGURE 9.2 – Un lacet qui parcourt un équateur est homotope au lacet


constant.

Démonstration. Le point y possède un voisinage ouvert U homéomorphe à un


ouvert de Rn . Quitte à prendre un ouvert plus petit, on peut supposer que
ce voisinage est homéomorphe à une boule fermée de Rn (donc simplement
connexe) et que x ∈/ U . Soit c un lacet basé en x, l’image réciproque de l’inté-

rieur U par c est un
 ouvert
 de I. C’est donc une réunion d’intervalles ouverts

disjoints de I, c−1 U = i Ii . Si on note t±
S
i ∈ I les extrémités de l’intervalle

Ii alors c|Ii est un chemin dans U homotope à un chemin dans le bord de U


(qui est homéomorphe à une sphère) avec extrémités c(t± i ) via une homoto-
hi définie sur I × Ii . On définit alors l’homotopie h par h(s, t) = c(t) si
pie S
t∈/ i Ii et si t ∈ Ii , on pose h(s, t) = hi (s, t) pour tout s. Maintenant, le lacet

c0 : t 7→ h(1, t) ne pénètre pas U et donc ne contient pas y.

Preuve du Théorème 9.14. Soit N le pôle nord de Sn et S le pôle sud. Tout la-
cet c basé en N est homotope à un lacet c0 basé en N et d’image incluse dans
Sn \ {S}. Par projection stéréographique par rapport à S, Sn \ {S} est homéo-
morphe à Rn et donc c0 est homéomorphe au lacet trivial et donc c aussi.

9.3 Espaces projectifs


Commençons par donner une définition précise de la topologie quotient que
nous avons déjà vu en exercice pour l’espace projectif réel.

Théorème 9.16. Soit E un espace topologique et ∼ une relation d’équivalence sur


E. On note E le quotient et π : E → E le passage au quotient. Il existe une unique
topologie sur E telle que π est continue et pour toute application continue f : E →
X constante sur les classes d’équivalence, f passe au quotient en une application
f : E → X continue.

f
E X
f
π

Démonstration. On définit les ouverts de E comme étant les ensembles U tels


que π −1 (U ) est ouvert. On vérifie (comme en exercice) que cela définit une
topologie qui rend π continue. Soit f : E → X qui passe au quotient en f pour
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 97

F IGURE 9.3 – La distance entre deux points x, y ∈ P2 (R) est obtenue en mini-
misant les distances sphériques entre les antécédents ±x, ±y par la projection
π : S2 → P2 (R).

 −1 
O ouvert de X, π −1 f (O) = f −1 (O) qui est ouvert dans E. Ainsi, f est
continue.
Il reste à montrer l’unicité. Soit τ la topologie définie précédemment et τ 0
un autre topologie sur E qui satisfait les mêmes propriétés. Alors id : (E, τ ) →
E, τ 0 ) est une bijection bicontinue (c.-à-d. un homéomorphisme) et donc τ =
τ 0.

Exemple 9.17. L’espace projectif Pn (R) est le quotient de la sphère Sn par la re-
lation d’équivalence x ∼ −x appelé antipodie. On a vu en exercice que la topo-
logie quotient sur Pn (R) est métrisable pour la distance d(x, y) = min d(±x, ±y)
où on utilise la distance angulaire d sur la sphère.
Théorème 9.18. La droite projective réelle P1 (R) est homéomorphe au cercle S1 .
Ainsi, Π1 (P1 (R)) = Z.

Démonstration. La droite projective réelle est le quotient du cercle par la rela-


tion d’antipodie z ∼ −z. Elle s’identifie donc au groupe quotient S1 /{±1}. Si
on note p : S1 → S1 /{±1} la projection et π : R → S1 comme précédemment
alors π a pour noyau 2πZ et p ◦ π a pour noyau πZ. Ce qui donne les identi-
fications S1 ' R/2πZ et P1 (R) ' R/πZ. Ces identifications sont des homéo-
morphismes car les projections sont continues, surjectives et les espaces sont
compacts. L’homéomorphisme (qui est en plus un isomorphisme de groupes)
entre S1 et P1 (R) suit du diagramme commutatif suivant où µ : R → R est la
multiplication par 2 : x 7→ 2x.
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 98

µ
R R

R/πZ R/2πZ

Les espaces S1 et P1 (R) étant homéomorphes, on obtient un isomorphisme


entre les groupes fondamentaux.

Théorème 9.19. Pour n ≥ 2, le groupe fondamental de Π1 (Pn (R)) est Z/2Z.

La preuve de ce théorème est similaire à celle du calcul du groupe fonda-


mental du cercle. Pour inclure ces deux preuves dans un cadre plus général,
on pourrait faire appel à la théorie des revêtements. On peut se référer à la
seconde partie de [?].

Proposition 9.20. Pour tout x ∈ Pn (R) et α < π/2, π −1 (B(x, α)) = B(x, α) ∪
B(−x, α) et la restriction de π à B(x, α) sur B(x, α) est un homéomorphisme.

Démonstration. Pour la première partie, pour y ∈ Sn tel que π(y) ∈ B(x, α), on
a d(x, y) < α ou d(x, −y) < α et donc y ∈ B(x, α) ∪ B(−x, α).
Ainsi la restriction de π à B(x, α) est continue et injective sur un compact.
Elle réalise un homéomorphisme sur son image.

Définition 9.21. Soit c un lacet de Pn (R). Un relèvement de c est une applica-


tion c̃ : I → Sn telle que π ◦ c̃ = c.

Notons 1 pour le point (1, 0, . . . , 0) ∈ Sn et −1 son antipode. On note aussi


1 pour la classe de 1 dans Pn (R). On peut penser à {±1} comme au groupe
multiplicatif à 2 éléments qui est aussi S0 (la sphère unité de R). Ce groupe est
bien entendu isomorphe au groupe (Z/2Z, +).

Proposition 9.22. Soit c un lacet de Pn (R) basé en 1. Alors pour tout ε ∈ {±1}, il
existe un unique relèvement c̃ de c tel que c̃(0) = ε.
Soit h une homotopie entre deux lacets c1 , c2 basés en 1 ∈ Pn (R). Alors il existe
h : I 2 → Sn entre ce1 et ce2 telle que h(s, 0) = ε pour tout s ∈ I
une unique homotopie e
et π ◦ e
h = h.

Démonstration. Commençons par l’unicité de c̃. Supposons que l’on ait deux
tels relèvements c̃1 , c̃2 alors l’application f = c̃1 , c̃2 est une fonction continue
qui s’annule en 0 et à valeurs dans {±1}. Elle est donc constante égale à 0. Ce
qui donne l’unicité.
Passons à l’existence. Comme c est continue sur un compact, elle est uni-
formément continue. Ainsi, il existe k intervalles I1 , . . . , Ik ouverts avec Ii =
]αi , ωi [ tels que I = I1 ∪· · ·∪Ik , Ii ∩Ii+1 6= ∅ et pour tout t, t0 ∈ Ii , d(c(t), c(t0 )) <
π/4. On définit c̃ sur I1 par c̃ = q1 ◦ c où q1 est l’inverse de π sur B(1, π/4) tel
que q1 (1) = ε. On suppose que c̃ a été défini sur I1 ∪ · · · ∪ Ii , on étend c̃
sur Ii+1 par c̃ = qi+1 ◦ c où qi+1 est l’inverse de π sur B(c(ωi ), π/4) tel que
qi+1 (c(ωi )) = c̃(ωi ). C’est bien un prolongement par continuité. En k étapes,
on obtient une relèvement de c avec la bonne condition initiale.
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 99

Soit h une homotopie, on pose cs (t) = h(s, t). On applique le résultat pré-
cédent au lacet cs et on note e h(s, t) pour ces (t). L’unicité de ces pour chaque s ∈ I
donne l’unicité de e h. Il reste à voir la continuité de e h. Au voisinage du point
(s, t) ∈ I 2 , e
h = q ◦ h où q est l’inverse de la restriction de π à B(e h(s, t), π/4).
C’est donc bien une application continue avec h(0, ·) = c˜1 et h(1, ·) = c˜2 .
e e

Pour un lacet c de Pn (R) basé en 1avec un relèvement c̃, on note ε(c) =


c̃(1)/c̃(0) ∈ {±1}. De nouveau, l’unicité du relèvement à c̃(0) fixé indique que
ce nombre est indépendant du relèvement choisi.
Exemple 9.23. L’image c par π : Sn → Pn (R) du chemin

I → Sn
c̃ :
t 7 → (cos(πt), sin(πt), 0, . . . , 0)

est un lacet basé en 1 tel que ε(c) = −1.


Lemme 9.24. Soit n ≥ 2. Deux lacets c1 , c2 de Pn (R) basés en 1 sont homotopes si
et seulement si ε(c1 ) = ε(c2 ).

Démonstration. Soient c1 , c2 deux lacets basés en 1. Si ces lacets sont homo-


topes via h, on choisit deux relevés ce1 , ce2 et une homotopie e
h donnés par la
Proposition 9.22 tels que h(s, 0) = 0 pour tout s. On a ε(ci ) = e
e ci (1). Comme
s 7→ e
h(s, 1) est continue et à valeurs dans 2πZ, elle est constante et donc c1 et
c2 satisfont ε(c1 ) = ε(c2 ).
Réciproquement si c1 et c2 satisfont ε(c1 ) = ε(c2 ), on trouve deux relève-
ments cei qui coïncident en 0 et en 1. Comme Sn est simplement connexe, on
peut trouver une homotopie h à extrémités fixées entre ce1 et ce2 . L’application
π ◦ h est alors une homotopie entre c1 et c2 .

Lemme 9.25. Soit n ≥ 2 et c1 , c2 lacets de Pn (R) basés en 1. Alors ε(c1 ∗ c2 ) =


ε(c1 ) · ε(c2 ).

Démonstration. Soit ce1 un relèvement de c1 et ce2 un relèvement de c2 tels que


ce2 (0) = ce1 (1). Alors ce1 ∗ ce2 est un relèvement de c1 ∗ c2 . Ainsi ε(c1 ∗ c2 ) =
ce1 ∗ce2 (1)/ce1 ∗ce2 (0) = ce2 (1)/ce1 (0) = ce2 (1)/ce2 (0)×ce1 (1)/ce1 (0) = ε(c2 )×ε(c1 ).

Preuve du Théorème 9.19. Pour un lacet c de Pn (R) basé en 1, les lemmes pré-
cédents montrent que ε : Π1 (Pn (R)) → {±1} est un morphisme de groupes
injectif. La surjectivité découle de l’Exemple 9.23.
CHAPITRE 9. CALCULS DE GROUPES FONDAMENTAUX 100

9.4 Exercices

Exercice 9.1. Déterminer le groupe fondamental d’un cylindre.


Exercice 9.2. Montrer qu’un ouvert de R n’est jamais homéomorphe à un ou-
vert de Rn pour n > 1. De même, montrer qu’un ouvert de R2 n’est jamais
homéomorphe à un ouvert de Rn pour n > 2.
Exercice 9.3. Soit f : S1 → S1 continue. Montrer qu’il existe f : S1 → R continue
telle que f = π ◦ f si et seulement si f est homotope à une fonction constante.
Exercice 9.4. Soit f : S1 → S1 continue homotope à une fonction constante.
Montrer qu’il existe z ∈ S1 telle que f (z) = f (−z).
Exercice 9.5. Théorème de Borsuk-Ulam en dimension 2. Soit f : S2 → R2
continue. Montrer qu’il existe z ∈ S2 tel que f (z) = f (−z). En raisonnant par
contradiction, on pourra construire une fonction g : S2 → S1 dont la restriction
à un équateur est homotope à l’identité.
En déduire qu’à chaque instant, il existe deux points antipodaux sur Terre où la
température et la pression sont identiques.
Exercice 9.6. Déduire de l’Exercice 9.5 que la sphère S2 n’est pas homéomorphe
à une partie de R2 .
 
a b
Exercice 9.7. Soit A = ∈ M2 (Z). On associe à A, l’application f A : R2 →
c d
R2 donnée par f A (x, y) = (ax + by, cx + dy). On note π : R2 → T 2 le passage
au quotient π(x, y) = (eix , eiy ).
1. Montrer que f A passe au quotient en une application continue fA : T 2 →
T 2.

2. Identifier f A ∗ : Π1 (T 2 ) → Π1 (T 2 ).

3. Montrer que fA est un homéomorphisme si et seulement si f A ∗ est un
isomorphisme si et seulement si A ∈ GL2 (Z) si et seulement si det(A) =
±1.
Exercice 9.8. 1. Montrer que l’espace quotient [0, 1]/ ∼ de [0, 1] par la re-
lation d’équivalence 0 ∼ 1 est homéomorphe à S1 . On note p : [0, 1] →
[0, 1]/ ∼ le passage au quotient.
2. Soit f : S1 → S1 continue. Montrer qu’il existe un lacet f : [0, 1] → S1 tel
que f = p ◦ f .
3. On définit le degré de f , noté d(f ), comme de degré de f . Montrer que
ce nombre entier d(f ) est bien défini.
4. Pour deux applications f, g : S1 → S1 , calculer le degré de f ◦ g.
Exercice 9.9. Une application continue f : S1 → S1 est impaire si f (−z) = −f (z)
pour tout z ∈ S1 . Montrer que le degré d’une application impaire est impair.
Exercice 9.10. On souhaite montrer que toute matrice A ∈ M3 (R) à coefficients
strictement positifs possède une valeur propre strictement positive.
1. Montrer que C = {(x, y, z) ∈ S2 , x, y, z ≥ 0} est homéomorphe au
disque fermé D2 = {z ∈ C, |z| ≤ 1}.
Ax
2. En considérant l’application f : C → C donnée par f (x) = ||Ax|| pour
x ∈ C, montrer le résultat.
Chapitre 10

Topologie des groupes de Lie


classiques

Pour ce chapitre, on pourra se référer à [?, Chapitres VI et IX] qui est une
excellente référence. Le but de ce chapitre est de voir grâce à la décomposition
polaire des matrices comment on peut comprendre la topologie des groupes
de Lie classiques en décomposant ces groupes en deux parties : une compacte
avec une topologie non-triviale et une seconde plus simple puisqu’homéo-
morphe à un espace vectoriel (et donc en particulier contractile).

10.1 Application exponentielle et décomposition polaire


Dans ce chapitre, on considère le corps k = R ou C et k n muni de sa struc-
ture euclidienne ou hermitienne canonique. On note Sn (k) pour les matrices
symétriques si k = R et les matrices hermitiennes si k = C, DPn (k) pour celles
qui sont de plus définies positives.
Rappelons qu’une matrice M est dans DPn (k) si M est symétrique ou her-
mitienne et pour tout x ∈ k n non-nul, hx, M xi > 0. On note Kn (k) pour le
groupe compact On si k = R et Un si k = C.
De plus, les éléments de Sn (k) diagonalisent en base orthogonale. C’est-à-
dire que si M ∈ Sn (k) alors il existe Q ∈ Kn (k) telle que Q−1 M Q est diagonale
et de plus ses valeurs propres sont réelles. La matrice M est dans DPn (k) si et
seulement ses valeurs propres sont strictement positives.

Théorème 10.1 (Décomposition polaire). L’application

Kn (k) × DPn (k) → GLn (k)


(K, P ) 7→ KP

est un homéomorphisme.

Démonstration. Commençons par montrer la surjectivité. Soit M ∈ GLn (k)


t t
alors M M ∈ DPn (k) et donc il existe Q ∈ K√ n (k) telle√ que Q−1 M M Q =
diag(λ1 , . . . , λn ) où λi > 0. Posons P = Q diag( λ1 , . . . , λn )Q−1 ∈ DPn (k)

101
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 102

t t t
alors P 2 = M M . De plus, Si K = M P −1 alors KK = P −1 P 2 P −1 = In et
donc K ∈ Kn (k) avec M = KP . Ce qui montre l’existence de la décomposi-
tion polaire.
t t
Soit P ∈ DPn (k) telle que P 2 = M M alors P commute avec M M et
t
préserve ses sous-espaces propres. Si λ est une valeur propre de M M alors
la restriction de P à l’espace propre Eλ associé à λ est toujours symétrique
définie positive et donc diagonalisable. Pour toute valeur propre µ de P |EΛ et
t
x vecteur propre non nul associé
√ P 2 x = µ2 x et P 2 x = M M x = λx. Ainsi,
µ2 = λ et comme µ > 0, µ = λ. Ainsi
X √
P = λπλ
t
λ∈Spec( M M )

où πλ est la projection orthogonale sur Eλ . Ce qui montre l’unicité de P dans


la décomposition M = KP . Comme K = M P −1 , on a aussi l’unicité de K.
On a donc montré l’unicité de la décomposition polaire.
La continuité de l’application (K, P ) 7→ KP découle de la continuité de
la multiplication matricielle. Pour montrer la continuité de l’inverse, il suffit
de montrer que si Mm → M dans GLn (k) et M = KP , Mm = Km Pm sont
les décompositions polaires respectives alors Km → K et Pm → P . Comme
Kn (k) est compact, pour montrer que Km → K, il suffit de montrer que la
suite (Km ) n’a que K comme valeur d’adhérence. Soit (Kϕ(m) ) une sous-suite
−1
extraite convergeant vers K 0 ∈ Kn (k) alors la suite (Pϕ(m) ) = (Kϕ(m) Mϕ(m) )
0 0 −1
converge vers P = (K ) M . Comme l’ensemble des matrices symétriques
positives est fermé , P 0 est symétrique positive et P 0 ∈ GLn (k), on a P 0 ∈
DPn (k). Par unicité de la décomposition polaire de M , on a K 0 = K et P 0 = P
−1
ce qui montre que la suite (Km ) converge vers K et comme Pm = Km Mm , la
suite (Pm ) converge vers P .

Théorème 10.2. L’application exponentielle exp : Sn (k) → DPn (k) est un homéo-
morphisme.
Définition 10.3. Une application continue f : X → Y entre deux espaces to-
pologiques est propre si l’image réciproque d’un compact est compacte.
Lemme 10.4. Soit X, Y deux espaces métriques tels que toutes les boules fermées
soient compactes et f : X → Y une bijection continue propre. Alors f est un homéo-
morphisme.

Démonstration. Il reste à montrer que f est d’inverse continu, c’est-à-dire que


l’image d’un ouvert est ouverte. Soit U un ouvert de SX. Pour chaque x ∈ U ,
il
S existe rx > 0 tel que B(x, rx ) ⊂ U . Ainsi U = x∈U B(x, rx ) et f (U ) =
x∈U f (B(x, rx )). Comme une réunion d’ouverts est ouverte, il suffit de mon-
trer que pour tout r > 0 et x ∈ X, f (B(x, r)) est ouvert dans Y .
Soit x ∈ X et r > 0. La boule fermée B(x, r) est compacte dans X et f
est continue, ainsi f (B(x, r)) est bornée. Il existe y ∈ Y et R > 0 tels que
f (B(x, r)) ⊂ B(y, R). Comme f est propre et B(y, R) est compacte, C =
f −1 B(y, R) est compact dans X et contient B(x, r).
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 103

Ainsi, f (B(x, r)) = f (C \ (C \ B(x, r))) = B(y, R) \ f (C \ B(x, r)). Comme


B(x, r) est ouverte, C \ B(x, r) est fermé donc compact dans C et par conti-
nuité f (C \ B(x, r)) est compact donc fermé dans B(y, R). Au final, f (B(x, r))
est ouvert dans B(y, R) et comme f (B(x, r)) ⊂ B(y, R), c’est un ouvert d’un
ensemble ouvert de Y , c’est donc un ouvert de Y . Ce que l’on voulait prou-
ver.

Pour une matrice M ∈ Mn (k), on note ||M || la norme subordonnée à la


norme euclidienne ou hermitienne sur k n . C’est-à-dire
||M x||
||M || = sup = sup ||M x||.
x∈kn \{0} ||x|| x∈kn ,||x||=1

On note aussi ρ(M ) = max{|λ|, λ ∈ SpecC (M )} et µ(M ) = min{|λ|, λ ∈


SpecC (M )}. Le nombre ρ(M ) s’appelle le rayon spectral de la matrice M .
Lemme 10.5. Soit M ∈ Sn (k). Alors ||M || = ρ(M ).

Démonstration. Comme M est diagonalisable en base orthonormale, il suffit de


n
Poù2M2 = diag(λ21 , . . .2, λn ) avec λi ∈ R. Soit x ∈ k de norme 1 alors
traiter le cas
2
||M x|| = λi xi ≤ ρ(M ) ||x|| et ainsi ||M || ≤ ρ(M ). Soit λ la plus grande
valeur propre en valeur absolue et x un vecteur propre associé de norme 1.
On a ||M x|| = |λ| = ρ(M ) et donc ||M || = ρ(M ).

Démonstration du Théorème 10.2. L’application exponentielle est donnée par une


série entière de rayon de convergence infinie, elle est donc continue sur Mn (k)
et on sait qu’elle est à valeurs dans GLn (k) (l’inverse de exp(M ) est exp(−M )).
P  P t
Mn )n
Soit M ∈ Sn (k), on a t exp(M ) =t n≥0 n! = n≥0 ( M n! = exp(t M )
et donc exp(M ) ∈ Sn (k). Si λ est valeur propre de M alors exp(λ) > 0 est
valeur propre. Donc exp(M ) est diagonalisable à valeurs propres strictement
positives. On a exp(M ) ∈ DPn (k).
Voyons tout d’abord la surjectivité. Soit D ∈ DPn (k), on sait que D dia-
gonalise en base orthogonale donc il existe P ∈ On ou P ∈ Un telle que
P DP −1 = diag(λ1 , . . . , λn ) avec λi > 0. Ainsi si M = P −1 diag(ln(λi ))P alors
exp(M ) = D.
Maintenant soit D ∈ DPn (k) et M ∈ Sn (k) telle que exp(M ) = D. Comme
M diagonalise en base orthogonale, il existe P ∈ On ou P ∈ Un telle que
P M P −1 = diag(µ1 , . . . , µn ) avec µi . Ainsi, P DP −1 = diag(exp(µi )) et donc
pour chaque valeur propre λ de D, il existe i tel que exp(µi ) = λ. Ainsi, pour
chaque valeur propre λ de D, M est l’homothétie de rapport ln(λ) sur l’espace
propre associé à λ. On
X
M= ln(λ)πλ
λ∈Spec(D)

où πλ est la projection orthogonale sur Eλ . Ce qui caractérise totalement M


qui est ainsi unique.
Il reste à montrer que exp est propre pour pouvoir conclure avec le Lemme
10.4. Soit K un compact de DPn (k). Les applications M 7→ ||M || et M 7→
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 104

||M −1 || sont continues. Elles sont donc majorées sur K. Ainsi, il existe C > 0
et c > 0 tels que pour tout M ∈ K, ||M || ≤ C et ||M −1 || ≤ 1/c. Comme ||M || =
ρ(M ) et ||M −1 || = max{1/|λ|, λ ∈ Spec(M )} = µ(M )−1 , on a c ≤ µ(M ). Ainsi
pour tout λ ∈ Spec(M ), c ≤ λ ≤ C.
Comme Spec(exp(S)) = exp(Spec(S)) pour S ∈ Sn (k), S ∈ exp−1 (K) =⇒
c ≤ exp(λ) ≤ C pour tout λ ∈ Spec(S), c’est-à-dire ln(c) ≤ λ ≤ ln(C) et donc
|λ| ≤ max{| ln(c)|, | ln(C)|}. Au final,

S ∈ exp−1 (K) =⇒ ||S|| = ρ(S) ≤ max{| ln(c)|, | ln(C)|}.

C’est donc une partie bornée et comme exp est continue, c’est une partie fer-
mée. Elle est donc compacte.
n(n+1)
Corollaire 10.6. Le groupe GLn (R) est homéomorphe à On ×R 2 et GLn (C)
2
est homéomorphe à Un ×Rn .

Démonstration. On a GLn (k) ' Kn (k) × DPn (k) par la décomposition po-
laire et DPn (k) ' Sn (k) par l’application exponentielle. De plus Sn (k) est un
R-espace vectoriel. Il ne reste que la dimension à trouver. La dimension de
l’espace de Sn (k) est n(n+1)
2 si k = R et n2 si k = C.

10.2 Groupe fondamental de quelques groupes de Lie


classiques

Définition 10.7. Un groupe de Lie est un sous-groupe fermé de GLn (R) pour
un certain n.

Remarque 10.8. Cette définition n’est pas la définition générale des groupes
de Lie mais donne la plupart des groupes de Lie.

Exemple 10.9. Les groupes GLn (k), SLn (k), GAn (k), On , SOn , Un , SUn , O(p, q),
U(p, q), Isom(Rn ) sont des groupes de Lie.

Le but de cette section est d’étudier la topologie de certains de ces groupes


de Lie.
n(n+1)
−1
Proposition 10.10. Le groupe SLn (R) est homéomorphe à SOn ×R 2 .

Démonstration. Montrons que si M ∈ SLn (R) alors si M = KP est sa décom-


position polaire alors K ∈ SOn et det(P ) = 1. La matrice P est la racine carrée
de t M M donc det(P )2 = 1 et comme det(P ) > 0, on a det(P ) = 1. Comme
K = M P −1 , on a aussi K ∈ SOn .
La décomposition polaire donne ainsi un homéomorphisme entre SLn (R)
et SOn (R) × SDPn (R) où SDPn (R) = {P ∈ DPn (R), det(P ) = 1}. Comme
det(exp(N )) = exp(trace(N )), l’exponentielle réalise un homéomorphisme
entre {N ∈ Sn (R), trace(N ) = 0} et SDPn (R). Comme {N ∈ Sn (R), trace(N ) =
0} est un hyperplan dans Sn , sa dimension est n(n+1)
2 − 1. Ce qui prouve le
résultat.
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 105

Nous avons vu le résultat suivant pour n = 2 en cours et pour n = 3 cela a


été fait en devoir maison. On admet le résultat pour n ≥ 4.
Théorème 10.11. Le groupe fondamental de SO2 est Z et celui de SOn pour n ≥ 3
est Z/2Z.
Corollaire 10.12. Le groupe fondamental de SL2 (R) est Z et celui de SLn (R) pour
n ≥ 3 est Z/2Z.
 n(n+1) 
Démonstration. On a π1 (SLn (R)) ' π1 (SOn (R))×π1 R 2 −1 ' π1 (SOn (R)).
On utilise alors que π1 (SOn (R)) est Z si n = 2 et Z/2Z pour n ≥ 3.

Sur Rn , on considère la forme quadratique


p
X q
X
Q(x) = x2i − x2j
i=1 j=p+1

où p+q = n qui est de signature (p, q). On note O(p, q) son groupe orthogonal.
Si J = diag(1, . . . , 1, −1, . . . , −1) avec p 1 et q −1 alors M ∈ O(p, q) ⇐⇒
t
M JM = J. Remarquons que la matrice est symétrique et aussi orthogonale
égale à son inverse.
Théorème 10.13. Le groupe O(p, q) pour p, q > 1 est homéomorphe à O(p)×O(q)×
Rpq . Ce groupe est non-compact, il possède quatre composantes connexes et le groupe
fondamental de la composante connexe de In est Z × Z si p = q = 1, Z × Z/2Z si
p = 1 et q > 2 (ou vice-versa) et Z/2Z × Z/2Z si p, q > 1.
Lemme 10.14. Soit D = exp(S) ∈ DPn (R) avec S ∈ Sn (R) alors D ∈ O(p, q) ⇐⇒
S = −JSJ.

Démonstration. La matrice D appartient à O(p, q) si et seulement si DJD =


J, c’est-à-dire D = JD−1 J ou encore exp(S) = J exp(−S)J et comme J =
J −1 , on a aussi exp(S) = exp(−JSJ). Par injectivité de l’exponentielle sur les
matrices symétriques, D ∈ O(p, q) si et seulement si S = −JSJ.

Démonstration du Théorème 10.13. On commence par montrer que si M = KP


est la décomposition polaire de M ∈ O(p, q) alors K, P ∈ O(p, q). Comme M ∈
t
O(p, q), t M JM = J et donc t M J = JM −1 en transposant, on a (M −1 )J =
t
JM et donc M −1 ∈ O(p, q). En passant à l’inverse, on a M −1 J = J M ce
t t
qui montre que M ∈ O(p, q). Comme O(p, q) est un groupe M M ∈ O(p, q) ∩
t
DPn (R). Si S ∈ Sn (R) est telle que exp(S) = M M alors P = exp(S/2) ∈
O(p, q) car S/2 = −J(S/2)J. Finalement K = M P −1 ∈ O(p, q) ∩ On .
La décomposition polaire pour O(p, q) donne donc O(p, q) ' (On ∩ O(p, q))×
(DPn (R) ∩ O(p, q)).
t
Comme K ∈ O(p, q) ∩ On , KJK = K, c’est-à-dire K −1 JK = J et donc
J commute avec J. Ce qui implique que K préserve les espaces
 propres as-
A 0
sociés aux valeurs propres ±1. Ainsi K est de la forme et comme
0 B
O ∈ On , A ∈ Op et B ∈ Oq . Ce qui montre que On ∩ O(p, q) est homéomorphe
à Op × Oq .
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 106

Soit D = exp(S) ∈ O(p, q) ∩ DPn (R). Par le Lemme 10.14, S = −JSJ.


Écrivons S par blocsdans ladécomposition de Rn en espaces propres associés
A B t
à ±1 de J. Si S = alors par symétrie de S, C = B et l’équation
C D
 = −JSJ
S  donne A = 0 et D = 0. L’ensemble des matrices de la forme
0 B
t est un espace vectoriel de dimension p × q car B est de taille p × q.
B 0
  
0 B
Comme O(p, q)∩DPn (R) = exp t , B ∈ M p×q (R) , on a bien que
B 0
O(p, q) ∩ DPn (R) est homéomorphe à Rpq .
En conclusion, O(p, q) ' (On ∩ O(p, q))×(DPn (R)∩O(p, q)) ' (Op × Oq )×
Rpq .
L’espace Rpq est connexe et simplement connexe. Chaque facteur Op et Oq
a deux composantes connexes qui sont SOp , SOq et leurs complémentaires
respectifs. Ainsi la composante connexe O(p, q)0 de In dans O(p, q) est homéo-
morphe à SOp × SOq ×Rpq .
Ainsi, π1 (O(p, q)0 ) ' π1 (SOp ) × π1 (SOq ). Selon les valeurs de p et q, on
obtient alors les groupes annoncés.
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 107

10.3 Exercices

Exercice 10.1. Montrer que si S ∈ Sn (k) alors Spec(exp(S)) = {exp λ, λ ∈


Spec M }.
Exercice 10.2. Justifier que les groupes de l’Exemple 10.9 sont bien des groupes
de Lie.
Exercice 10.3. Montrer que le groupe Kn (k) est un sous-groupe compact maxi-
mal de GLn (k). C’est-à-dire si G est un sous-groupe compact qui contient
Kn (k) alors G = Kn (k).
Exercice 10.4. Montrer que dans la décomposition polaire M = KP , K et P
t
commutent si et seulement si M est normale, c’est-à-dire M et M commutent.
Exercice 10.5. Une matrice N est nilpotente s’il existe m ∈ N tel que N m = 0.
Une matrice U est unipotente si U − In est nilpotente.
1. Montrer que si N est nilpotente alors exp(N ) est unipotente et est un
polynôme en N .
2. Montrer qu’une matrice est nilpotente si toutes ses valeurs propres
complexes sont nulles.
3. En déduire une condition nécessaire et suffisante pour qu’une matrice
soit unipotente.
4. Montrer que l’exponentielle réalise un homéomorphisme entre les ma-
trices nilpotentes et les matrices unipotentes. On pourra écrire une série
pour l’inverse de exp.
Exercice 10.6. Soit A ∈ Mn (k). Montrer qu’il existe PA ∈ k[X] tel que exp(A) =
PA (A).
Exercice 10.7. On considère l’espace des matrices complexes Mn (C).
1. Rappeler la décomposition de Dunford.
2. Montrer que toute matrice M ∈ GLn (C) s’écrit M = DU avec D diago-
nalisable inversible et U unipotente avec D et U polynômes en M .
3. Montrer que U et D commutent.
4. Montrer qu’il existe d, n matrices qui commutent telle que D = exp(d)
et U = exp(n).
5. En déduire que exp : Mn (C) → GLn (C) est surjective et que pour toute
matrice A ∈ GLn (C), il existe QA ∈ C[X] tel que A = exp(QA (A)).
Exercice 10.8. Résoudre l’équation exp(M ) = In pour M ∈ Mn (C).
Exercice 10.9. Soit M ∈ GLn (R).
1. On suppose M est dans l’image de exp : Mn (R) → GLn (R). Montrer
qu’il existe R ∈ GLn (R) telle que R2 = M .
2. En déduire que l’exponentielle réelle n’est pas surjective.
3. Réciproquement, montrer que s’il existe R ∈ GLn (R) telle que R2 = M
alors M est dans l’image de l’exponentielle.
q
t 
Exercice 10.10. Montrer que si M ∈ Mn (C) alors ||M || = ρ M M .
Exercice 10.11. Montrer que l’exponentielle exp : Mn (k) → GLn (k) est un dif-
féomorphisme d’un voisinage de O vers un voisinage de In .
CHAPITRE 10. TOPOLOGIE DES GROUPES DE LIE CLASSIQUES 108

Exercice 10.12. On note On (C) l’ensemble des matrices M ∈ Mn (C) telles que
t
M M = In .
1. Montrer que On (C) 6= Un .
2. Montrer que c’est un groupe de Lie.
n(n−1)
3. En utilisant la décomposition polaire, montrer que On (C) ' On ×R 2 .
4. En déduire le nombre de composantes connexes de On (C).
5. Calculer le groupe fondamental de la composante connexe de In .
Exercice 10.13. Montrer que le groupe U(p, q) est homéomorphe à U(p)×U(q)×
Cpq . En déduire que U(p, q) est connexe.
Devoirs 2017-2018

Partiel
Les exercices suivants sont essentiellement indépendants les uns des autres.
Un certain nombre de questions ne sont pas guidées. Il est attendu que vous
détailliez votre argument.

Exercice 1 : Pouvez-vous construire un triangle sphérique ayant pour angles


π/3, π/4 et π/5 ?

Exercice 2 : Caractériser géométriquement l’endomorphisme f de R3 dont la


matrice dans la base canonique est
 
2 −1 2
1
A= 2 2 −1  .
3
−1 2 2

Exercice 3 : Soit A, B ∈ SO3 (R). Donner une condition géométrique néces-


saire et suffisante pour que A et B commutent. Cette condition fera intervenir
des droites particulières de R3 associées à A et B.

Exercice 4 : Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension 3 et S sa sphère


unité. Si D est une droite vectorielle de E, on note σD la rotation d’angle π au-
tour de D (appelée aussi demi-tour). Par conséquent, σD appartient au groupe
spécial orthogonal SO(E), dont on rappelle qu’il est engendré par les demi-
tours.
1. Soit D une droite vectorielle, g ∈ SO(E). Reconnaître l’endomorphisme
g ◦ σD ◦ g −1 .
2. Soit g ∈ SO(E). Montrer que g est un demi-tour si et seulement s’il
existe x ∈ S tel que g(x) = −x.
Dans les deux questions suivantes, on se donne un sous-groupe G de SO(E)
agissant transitivement sur S
3. Montrer que G contient un demi-tour.

109
DEVOIRS 2017-2018 110

4. En déduire que G = SO(E).

Exercice 5 : Soit T l’enveloppe convexe des points A = (1, 0, 0, 0), B =


(0, 1, 0, 0), C = (0, 0, 1, 0) et D = (0, 0, 0, 1) dans R4 .
1. Montrer qu’il existe un hyperplan H de R4 qui contient T .
Cet hyperplan H étant de dimension 3, on l’identifie à R3 et on considère le
polyèdre T dans cet espace de dimension 3.
2. Montrer que T est bien un polyèdre convexe régulier de symbole de
Schläfli (3, 3). On pourra construire les hyperplans de R3 nécessaires
comme des intersections de H avec des hyperplans de R4 .

Exercice 6 : Isométries du tétraèdre régulier. Soit T le tétraèdre régulier dans


R3 (Par exemple comme construit dans l’exercice précédent).
1. Montrer que le groupe Isom(T ) est isomorphe à S4 et que les isométries
qui préservent l’orientation Isom+ (T ) est isomorphe à A4 . Pour cela, on
fera agir Isom(T ) sur les sommets de T et on pourra illustrer avec des
figures, les arguments utilisés.
2. Expliciter la correspondance entre les isométries de T et les éléments
de S4 .

Correction du partiel

47
Exercice 1 : La somme des angles vaut 60 π mais la formule de Girard im-
plique que l’aire d’un triangle sphérique est toujours strictement supérieure à
π. Ainsi, il n’existe pas de tel triangle sphérique.

Exercice 2 : Les vecteurs colonnes de la matrice sont des vecteurs unitaires


deux à deux orthogonaux. La matrice est donc orthogonale. De plus, son dé-
terminant est 1. Ainsi, A ∈ SO3 (R). Nous savons que A est donc une matrice
de rotation. Elle est complètement caractérisée par son axe de rotation et son
angle de rotation. En réduisant, on obtient que la trace de A vaut 1 + 2 cos(θ)
où θ est l’angle de la rotation (bien défini au signe près). Comme la trace de A
vaut 2, on a donc cos(θ) = 1/2 et θ = π/3. L’axe correspond à la droite propre
pour la valeur propre 1. On a
 
−1 −1 2
3(A − Id) =  2 −1 −1  .
−1 2 −1

On voit ainsi que cet axe est la droite engendrée par le vecteur (1, 1, 1).

Exercice 3 : Si A ou B est l’identité alors A et B commutent toujours. Suppo-


sons que ni A ni B n’est égale à l’identité. Ce sont alors deux rotations d’angles
non nuls. Si elles commutent alors l’axe de B est laissé invariant par A et l’axe
de A est invariant pour B. Notons DA l’axe de A et PA son orthogonal (qui
est donc le plan de rotation de A. Soit D une droite invariante pour A, il s’agit
DEVOIRS 2017-2018 111

donc d’une droite propre pour A. Si A n’est pas un demi-tour, la seule droite
invariante pour A est son axe (puisque A n’a que 1 comme valeur propre) et
si A est un demi-tour, il y a en plus le sous-espace propre associé à -1 qui est
PA . Le même raisonnement s’applique aussi à B.
On en déduit ainsi que si A et B commutent alors A et B ont même axe ou
alors ce sont des demi-tours et leurs axes sont orthogonaux.

Réciproquement, si A et B ont même axe D. On choisit une base orthonor-


male telle que le premier vecteur soit un vecteur directeur de D. Dans cette
base, A et B s’écrivent

   
1 0 0 1 0 0
A =  0 cos(α) − sin(α)  et B =  0 cos(β) − sin(β) 
0 sin(α) cos(α) 0 sin(β) cos(β)

où α et β sont les angles respectifs de A et B. Un calcul matriciel montre alors


que A et B commutent.
De même si A et B sont des demi-tours d’axes orthogonaux alors dans une
base orthogonale où les 2 premiers vecteurs sont des vecteurs directeurs des
axes de A et B, on a
   
1 0 0 −1 0 0
A= 0 −1 0  et B =  0 1 0 
0 0 −1 0 0 −1
et donc A et B commutent.

Exercice 4 :
1. Les deux endomorphismes sont des rotations et ont même trace. Elles
ont même angle, ce sont toutes les deux des demi-tours. D est la droite
propre pour la valeur propre 1. Ainsi g(D) est la droite propre de g ◦
σD ◦ g −1 pour la valeur propre 1. On en déduit que g ◦ σD ◦ g −1 = σg(D) .
2. Soit g ∈ SO(E). Si g est un demi-tour σD , alors dans une base ortho-
normale adaptée (e1 , e2 , e3 ), g a pour matrice
 
1 0 0
A= 0 −1 0 .
0 0 −1
Ainsi, pour x = e2 , on a x ∈ S et g(x) = −x.
3. Si G agit transitivement sur S alors pour un x ∈ S fixé, il existe g tel
que g(x) = −x et donc par la question précédente g est un demi-tour
dans G.
4. Puisque G est un groupe et que SO(E) est engendré par les demi-tours,
il suffit de montrer que G contient tous les demi-tours. On sait qu’il
existe une droite D telle que σD ∈ G (par la question précédente).
Maintenant soit D0 une autre droite. Soit x un vecteur directeur uni-
taire de D et x0 un vecteur unitaire directeur de D0 . Par transitivité, il
DEVOIRS 2017-2018 112

F IGURE 1 – Le tétraèdre T de l’Exercice 6

existe g ∈ G tel que g(x) = x0 . Ainsi g(D) = D0 . Par la toute première


question, g ◦ σD ◦ g −1 = σg(D) = σD0 ∈ G.
On vient donc de montrer que G = SO(E).

Exercice 5 : Soit T l’enveloppe convexe des points A = (1, 0, 0, 0), B =


(0, 1, 0, 0), C = (0, 0, 1, 0) et D = (0, 0, 0, 1) dans R4 .
1. Soit H l’hyperplan affine d’équation x+y +z +t = 1. Puisque les points
A, B, C, D sont dans H, l’enveloppe convexe de ces points aussi. Ainsi
T ⊂ H. En fait, T = {(x, y, z, t) ∈ R4 ; x, y, z, t ≥ 0, x + y + z + t = 1}. T
est fermé et borné donc compact. De plus, (1, 1, 1, 1) est dans l’intérieur
de T (vu comme sous-ensemble de H).
2. Soit H1 l’hyperplan de R4 donné par l’équation x = 0. Les trois points
B, C, D sont dans H1 et on a H1 ∩ H = {(0, y, z, t) ∈ R4 ; y, z, t ≥
0, x + y + z + t = 1}, c’est-à-dire le triangle équilatéral de sommets
B, C, D. Posons H1+ = {(x, y, z, t) ∈ R4 ; x ≥ 0} puis de même, H2+ =
{(x, y, z, t) ∈ R4 ; y ≥ 0}, H3+ = {(x, y, z, t) ∈ R4 ; z ≥ 0} et H4+ =
{(x, y, z, t) ∈ R4 ; t ≥ 0}. On a alors T = H ∩ H1+ ∩ H2+ ∩ H3+ ∩ H4+
et ainsi T est un polyèdre convexe. Chacune de ses faces (qui sont de
la forme T ∩ Hi ) est un triangle équilatéral comme ci-dessus et chaque
sommet appartient à trois faces exactement. On en déduit que T est un
polyèdre régulier de symbole (3,3).

Exercice 6 : Isométries du tétraèdre régulier. Soit T le tétraèdre régulier dans


R3 (Par exemple comme construit dans l’exercice précédent).

1. Le groupe Isom(T ) préserve les sommets de T puisque ce sont les points


les plus éloignés les uns des autres. On a donc un morphisme de Isom(T )
vers S4 . Ce morphisme est injectif car une isométrie qui fixe 4 points
non coplanaires de R3 est l’identité (puisqu’elle est affine). Il reste à
voir que ce morphisme est surjectif.
On sait que S4 est engendré par les transpositions. Soit A, B, C, D les
sommets de T . Pour obtenir la transposition (AB), on appelle M le
milieu de [A, B] et P le plan affine passant par M, C et D. Comme C, D
sont à égale distance de B et A alors P est l’hyperplan médiateur de
[A, B] et donc perpendiculaire à la droite (AB). Si σ est la symétrie
orthogonale par rapport à P , alors σ(C) = C, σ(D) = D, σ(A) = B et
DEVOIRS 2017-2018 113

F IGURE 2 – Symétrie correspondant à la transposition (CD).

σ(B) = A. Donc σ réalise la transposition (AB). On procède de même


pour toutes les autres transpositions.
En conclusion,
Isom(T ) ' S4 .
Le sous-groupe Isom+ (T ) est un sous-groupe d’indice au plus 2 de
Isom(T ). On a trouvé un élément (σ ci-dessus) qui n’est pas dans Isom+ (T ).
Ainsi Isom+ (T ) est un sous-groupe d’indice 2 de Isom(T ). Par l’isomor-
phisme précédent, cela correspond à un sous-groupe d’indice 2 de S4 .
Le seul sous-groupe d’indice 2 de S4 est A4 donc

Isom+ (T ) ' A4 .

2. Dans S4 , il y a 24 éléments qui sont des transpositions, des 3-cycles, des


doubles transpositions ou des 4 cycles.
— On a identifié les transpositions dans la question précédente. Elles
correspondent à des symétries par rapport à des plans passant par
deux sommets et le milieu des 2 autres sommets.
— Les 3-cycles correspondent à des rotations d’angle ±2π/3 autour
d’une droite passant par un sommet et le milieu de la face opposée.

— La double transposition (AB)(CD) est obtenue comme le demi-tour


autour de l’axe passant par les milieux M et M 0 de [AB] et [CD].
— Les 4-cycles sont les moins évidents à comprendre. Ce sont des élé-
ments g de signature -1 donc ce ne sont pas des rotations. Comme
ce sont des éléments d’ordre 4, ce ne sont pas des symétries par
rapport à un plan. La seule possibilité restante est donnée par les
DEVOIRS 2017-2018 114

F IGURE 3 – Rotation d’angle 2π/3 autour d’une droite passant par le milieu
d’une face et le sommet opposé.

F IGURE 4 – Demi-tour d’axe passant par les milieux de 2 arêtes sans intersec-
tion.
DEVOIRS 2017-2018 115

F IGURE 5 – Antirotation d’angle π/2 et d’axe passant par les milieux de 2


arêtes sans intersection.

antirotations. Dans une base orthonormée adaptée la matrice de g


est de la forme
 
−1 0 0
 0 cos(α) − sin(α)  .
0 sin(α) cos(α)
L’angle α est nécessairement π/2 puisque l’ordre de g est 4. Il reste
à identifier l’axe de cette antirotation. On a que g 2 est une double
transposition qui a le même axe que g. Par ce qui précède, cet axe
passe par les milieux de 2 arêtes qui ne se rencontrent pas.
DEVOIRS 2017-2018 116

Devoir Maison I : Groupe diédral infini

Exercice 1 : Reprenons les notations de l’Exemple 34 sur le groupe diédral


infini D∞ .
1. Démontrer la décomposition D∞ = hτ i o hσi.
2. Démontrer que D∞ = {τm , στm ; m ∈ Z}.
3. Identifier géométriquement les éléments στm pour m ∈ Z.
4. Montrer que D∞ est un sous-groupe de Isom(Z, d) où d(x, y) = |x − y|.
5. Montrer que D∞ = Isom(Z, d). Pour cela, montrer que l’action de D∞
sur Z est transitive, que l’on peut se restreindre aux isométries f telles
que f (0) = 0 et que dans ce cas f (n) = n ou f (n) = −n pour tout n ∈ Z
puis conclure.
6. Démontrer que D∞ est engendré par σ et σ1/2 la symétrie en 1/2.

Correction du Devoir Maison I

Exercice 1 : Le groupe D∞ est le sous-groupe des bijections de Z engendré


par τ , la translation de 1 et σ, la symétrie autour de 0 .
Remarquons que σ 2 = Id et donc σ −1 = σ. De plus, our n ∈ Z,

σ(τ (σ(n))) = σ(τ (−n)) = σ(1 − n) = n − 1.

Ainsi, στ σ = τ −1 et si τm est la translation de m ∈ Z, c’est-à-dire aussi τ m ,


alors στm σ = στ σ . . . στ σ = τ −1 . . . τ −1 = τ−m . On a donc la relation

στm σ = τ−m .

1. On vérifie les trois points de la définition d’un produit semi-direct.


— On a σ 2 = Id donc hσi = {Id, σ} et hτ i = {τ m , m ∈ Z} = {τm , m ∈
Z}. Comme σ est une symétrie et que tous les τm sont des transla-
tions, hσi ∩ hτ i = {Id}.
— Comme D∞ = hσ, τ i, pour montrer que hτ i/D∞ , il suffit de montrer
que σ normalise hτ i. C’est bien le cas puisque στm σ = τ−m pour
tout m ∈ Z.
— Il suffit de voir que H = hσihτ i est un sous-groupe qui contient τ
et σ. Ainsi, on aura que ce sous-groupe est D∞ . Puisque hτ i / D∞ ,
on a hσihτ i = hτ ihσi et donc H est stable par produit et passage à
l’inverse. Finalement, comme e = e · e, e est bien dans H, de même
que σ = σe et τ = eτ . Finalement H = D∞ .
Conclusion :
D∞ = hτ i o hσi.
2. On a vu que D∞ = hσihτ i. Comme σ 2 = Id, D∞ = {σ i τ m ; i ∈
Z/2Z, m ∈ Z}. Ainsi D∞ = {τm , στm ; m ∈ Z}.
−1
3. On a la relation στm = στm/2 τm/2 = τ−m/2 στm/2 = τ−m/2 στ−m/2 . On
reconnaît la symétrie au point −m/2.
DEVOIRS 2017-2018 117

4. Comme les isométries forment un sous-groupe du groupe des bijec-


tions, il suffit de montrer que τ et σ sont des isométries. Soit n, n0 ∈ Z,
— d(σ(n), σ(n0 )) = |(−n) − (−n0 )| = |n − n0 | = d(n, n0 ) et
— d(τ (n), τ (n0 )) = |n + 1 − (n0 + 1)| = |n − n0 | = d(n, n0 ).
Ainsi, τ et σ sont bien des isométries et D∞ ⊂ Isom(Z, d).
5. Les translations agissent transitivement donc D∞ aussi. Soit f ∈ Isom(Z, d).
Posons m = f (0) ∈ Z. Alors g = τ−m ◦ f est une isométrie comme
composée d’isométries et g(0) = 0. Ainsi pour tout n ∈ Z, |g(n)| =
|g(n)−0| = |g(n)−g(0)| = |n−0| = |n| et g(n) = ±n. Il faut montrer que
ce signe est constant. Si on a n, n0 6= 0 tels que g(n) = n et g(n0 ) = −n0
alors d(g(n), g(n0 )) = |g(n) − g(n0 )| = |n + n0 | 6= |n − n0 | = d(n, n0 )
et on obtient une contradiction. Ainsi g = Id ou g = σ. Finalement,
f = τm ◦ g ∈ D∞ . Conclusion : Isom(Z, d) = D∞ .
6. Pour montrer que D∞ est engendré par σ et σ1/2 la symétrie en 1/2, il
suffit de voir que τ ∈ hσ, σ1/2 i. Or σ1/2 = τ σ donc τ = σ1/2 σ ∈ hσ, σ1/2 i.
DEVOIRS 2017-2018 118

Devoir Maison II : Simplicité de SO3 (R)


Le but de cet exercice est de démontrer la simplicité du groupe SO3 (R). On
se place donc dans l’espace euclidien R3 . Rappelons que tous les éléments de
SO3 (R) sont des rotations. Une rotation d’angle π est appelée un retournement.
L’axe d’une rotation non-triviale est le sous-espace propre associé à la valeur
propre 1. Le plan d’une rotation est l’orthogonal de son axe.

Exercice 1 :
1. Soit R ∈ SO3 (R) la rotation d’angle α autour de la droite D. Pour un
élément S ∈ SO3 (R), identifier SRS −1 .
2. Quel est le centre 1 de SO3 (R) ?
3. Soit R un retournement. Faire un dessin pour expliquer comment cal-
culer l’image d’un point de R3 . On fera apparaître le plan et l’axe du
retournement.
4. Fixons une base orthonormale (e1 , e2 , e3 ) de R3 , notons R le retourne-
ment d’axe Re3 et Rα la rotation d’axe e1 et d’angle α dans le sens
direct. Posons R0 = Rα RR−α . Identifier R0 R. On pourra illustrer la
situation. Pour identifier R0 R, on pourra vérifier que e1 est invariant
pour R0 R et se ramener à la dimension 2 ou faire un calcul matriciel
dans la base (e1 , e2 , e3 ).
5. À l’aide de la question précédente, montrer que tout élément de SO3 (R)
est produit d’au plus 2 retournements. En déduire que SO3 (R) est en-
gendré par les retournements.

Exercice 2 : Passons à la simplicité de SO3 (R). Soit H un sous-groupe distin-


gué non réduit à {Id}.
1. Montrer qu’il suffit de montrer que H contient un retournement.
2. Montrer que pour tout h ∈ H et g ∈ G, ghg −1 h−1 ∈ H.
3. Soit h ∈ H \ {Id}. On considère l’application

SO3 (R) → R
ϕ:
g 7→ trace(ghg −1 h−1 ).
4. Montrer que pour tout g ∈ SO3 (R), ϕ(g) ≤ 3 et que l’image de ϕ est de
la forme [a, 3] pour a ≤ 3. On utilisera des résultats topologiques sur
SO3 (R) vus en TD.
5. Démontrer que ϕ(g) = 3 si et seulement si ghg −1 h−1 = Id, c’est-à-dire
g et h commutent. En déduire que a < 3.
6. Montrer qu’il existe n ∈ N tel que a < 1 + 2 cos(π/n) < 3. En déduire
que H contient une rotation d’angle π/n.
7. Conclure que H contient un retournement et donc que H = G.
1. Rappelons que le centre d’un groupe est l’ensemble des éléments qui commutent avec tous
les autres éléments du groupe.
DEVOIRS 2017-2018 119

Exercice 3 : [Bonus] Dans cet exercice, on généralise l’Exercice 1 en dimension


n ≥ 4. Plus précisément, on montre que SOn (R) est engendré par les retour-
nements. Cela permet de montrer que les groupes SO2n+1 (R) sont simples 2
pour n ≥ 2.
En dimension n, une rotation est un élément g de SOn (R) tel que l’espace
propre associé à la valeur propre 1 est de dimension n − 2 et tel que la restric-
tion à l’orthogonal de ce sous-espace de dimension n − 2 est une rotation. Si
l’angle de cette rotation est π, on dit que g est un retournement.

1. (Pour se chauffer) Écrire la matrice d’un retournement dans une base


bien choisie.
2. Montrer que les rotations engendrent SOn (R) et que tout élément de
SOn (R) est produit d’au plus bn/2c rotations.
3. Montrer que les retournements engendrent SOn (R) et que tout élément
de SOn (R) est produit d’au plus 2bn/2c retournements.
4. Voici des indications pour montrer que SO2n+1 (R) est simple pour n ≥
2. Soit H un sous-groupe distingué non trivial de SO2n+1 (R). On veut
montrer que H = SO2n+1 (R).
— Il suffit de montrer que H contient un retournement.
— Soit h ∈ H non trivial. Il existe E sous-espace de dimension 3, h-
invariant tel que la restriction h|E est une rotation.
— Soit g ∈ SO2n+1 (R) qui est l’identité sur E ⊥ et tel que g|E ne com-
mute pas avec h|E .
— L’élément [g, h] = ghg −1 h−1 appartient à H, n’est pas trivial et fixe
point par point un sous-espace de codimension 3.
— Conclure.

Correction du Devoir Maison II

Exercice 1 :
1. On choisit une base (e1 , e2 , e3 ) de R3 dans laquelle l’endomorphisme R
s’écrit  
1 0 0
 0 cos(α) − sin(α)  .
0 sin(α) cos(α)
En particulier e1 est un vecteur directeur de la droite D. Notons e0i =
S(ei ). Ce qui revient à dire que S est la matrice de passage de la base
(e0i ) à la base (ei ). Dans la base (e0i ) l’endomorphisme SRS −1 a pour
matrice la matrice ci-dessus, ce qui signifie que SRS −1 correspond à la
rotation d’angle α autour de l’axe Vect(e01 ) = S(D).
Remarquons que l’angle d’une rotation n’est bien défini qu’au choix
d’une orientation du plan de rotation près. En effet, si on change cette
orientation, l’angle α devient −α.
2. Dans SO2n (R) le centre est toujours un sous-groupe distingué non trivial puisqu’il contient
− Id. Par contre le groupe PO2n (R) est simple pour n ≥ 3. On pourra consulter à ce sujet le cours
d’Algèbre de Daniel Perrin.
DEVOIRS 2017-2018 120

F IGURE 6 – Illustration d’un retournement. P 0 est l’image de P et Q est la


projection de P sur le plan de rotation engendré par (e1 , e2 ).

2. On sait que tous les éléments de SO3 (R) sont des rotations. Si R est une
rotation qui n’est pas l’identité et qui appartient au centre de SO3 (R)
alors son axe (qui est la droite propre pour la valeur propre 1) est inva-
riant pour tous les éléments S ∈ SO3 (R). En effet, si R commute avec
S alors avec les notations de la première question, S(D) = D. Comme
SO3 (R) agit transitivement sur les droites (vectorielles) de R3 , cela n’ar-
rive jamais. On en conclut que le centre de SO3 (R) est réduit à {Id}.
3. Par définition, si R est un retournement alors il existe une base dans
laquelle R s’écrit  
−1 0 0
 0 −1 0  .
0 0 1
Dans cette base, le point P de coordonnées (x, y, z) a pour image P 0 de
coordonnées (x, −y − z). On l’illustre sur la Figure 11.
4. Dans la base (e1 , e2 , e3 ) la matrice de R est
 
−1 0 0
 0 −1 0  .
0 0 1

Celle de Rα est  
1 0 0
 0 cos(α) − sin(α)  .
0 sin(α) cos(α)
Par la question 1, l’endomorphisme R0 est le retournement d’axe Rα (Re3 ),
c’est-à-dire la droite engendrée par (0, − sin(α), cos(α)). Le plan de ro-
tation de R0 est engendré par e1 et le vecteur (0, cos(α), sin(α)). Le plan
du retournement de R et celui de R0 contiennent tous les deux e1 . Dans
l’orthogonal de e1 , la composition R0 R correspond à faire la symétrie
par rapport à Re2 puis la symétrie par rapport à Vect((0, cos(α), sin(α))).
DEVOIRS 2017-2018 121

F IGURE 7 – Les plans de rotations pour R et R0 (en bleu pour R et jaune


pour R0 ) avec leurs vecteurs orthogonaux u = (0, cos(α), sin(α)) et v = e3
qui forment un angle α.

Ces deux vecteurs forment un angle α et donc la composée est une ro-
tation d’angle 2α. Ainsi RR0 a pour matrice
 
1 0 0
 0 cos(2α) − sin(2α)  .
0 sin(2α) cos(2α)
On reconnaît une rotation d’angle 2α autour de l’axe Re1 . Les illustra-
tions sont les Figures 12 et 13.
5. Soit T est une rotation d’angle β. On choisit une base adaptée dans
laquelle T s’écrit  
1 0 0
 0 cos(β) − sin(β)  .
0 sin(β) cos(β)
On pose α = β/2. On construit R et R0 comme dans la question 4 et on
obtient que T = R0 R et donc T est le produit de 2 retournements. Ainsi
tout élément de SO3 (R) est dans le groupe engendré par les retourne-
ments.

Exercice 2 :
1. Par la Question 1 de l’Exercice 1, on sait que tous les retournements
sont conjugués. Ainsi un sous-groupe normal qui contient un retour-
nement les contient tous. Par la Question 5, ce sous-groupe est donc
égal à SO3 (R) tout entier.
2. Soit g ∈ G = SO3 (R) et h ∈ H / G. On a ghg −1 ∈ H et h−1 ∈ H donc
[g, h] ∈ H.
3. Pour tout élément g ∈ G, Trace(g) est de la forme 1 + 2 cos(α) où α est
l’angle de la rotation. C’est donc un nombre inférieur à 3.
DEVOIRS 2017-2018 122

F IGURE 8 – Vue dans le plan orthogonal à e1 . Dans ce plan R0 R correspond


à la composition des symétries par rapport aux droites oranges (intersection
des plans des rotations avec ce plan orthogonal à e1 .). Ces droites forment un
angle α.

4. L’application ϕ est continue et on a vu que SO3 (R) est connexe et com-


pact. Ainsi, l’image de ϕ est connexe et compact dans R. C’est donc un
intervalle de la forme [a, b] avec a, b ≤ 3 Comme ϕ(Id) = 3, on sait que
b = 3.
5. Si ϕ(g) = 3 alors l’angle de la rotation [g, h] est nul, c’est-à-dire [g, h] =
Id et donc g et h commutent. Comme h 6= Id, il existe g qui ne com-
mutent pas à h (Question 2 Exercice 1). Pour un tel g, ϕ(g) < 3 et donc
a < 3.
6. Comme π/n → 0 quand n → ∞, par continuité du cosinus en 0, on
peut trouver n assez grand tel que a < 1 + 2 cos(π/n) < 3. Ainsi, il
existe g tel que ϕ(g) = 1 + 2 cos(π/n) et donc ρ = [g, h] est une rotation
d’angle π/n qui appartient à H.
7. La rotation ρn a pour angle π, c’est un retournement et il appartient à H.
Par la Question 1 Exercice 2, on sait alors que H = SO3 (R). En conclu-
sion, un sous-groupe normal de SO3 (R) est trivial ou égal à SO3 (R)
tout entier.
DEVOIRS 2017-2018 123

Devoir Maison III : Automorphismes du corps C, similitudes


et groupe affine

Exercice 1 : Montrer que tout automorphisme continu du corps (C, +, ×) est


soit l’identité soit la conjugaison complexe.

Exercice 2 : Classifications des transformations préservant les angles. Soit


E un espace affine euclidien de dimension n ≥ 2. On appelle similitude de
E toute transformation affine bijective de E dans lui-même dont la partie li-
néaire est la composée d’une homothétie et d’une isométrie linéaire.
1. Montrer que les similitudes forment un groupe.
2. Soit ϕ une similitude. Démontrer que si L est la partie linéaire de ϕ
alors L s’écrit de manière unique sous la forme L = HR où H est une
homothétie linéaire de rapport positif et R un élément de On (R) et que
de plus, H et R commutent.
Soit ϕ une bijection de E. On dit que ϕ préserve les angles (non orientés) si
V

pour tous points A 6= B, C ∈ E, ϕ(A)ϕ(B)ϕ(C) = ABC. \ Le but de l’exercice


est de montrer que les similitudes sont exactement les transformations qui
préservent les angles.
3. Montrer que les similitudes préservent les angles.
Soit ϕ une bijection de E qui préserve les angles.
4. Montrer que ϕ préserve l’alignement.
5. Montrer que ϕ est affine.
6. Choisissons une origine O dans E. Trouver une translation τ telle (τ −1 ◦
ϕ)(O) = O. Posons ϕ0 = τ −1 ◦ ϕ.
# »
||Oϕ0 (A)||
7. Soit A 6= O. On pose λ = # »
||OA||
. Si Hλ est l’homothétie de rapport λ
et de centre O, montrer que ψ = Hλ−1 ◦ ϕ0 préserve le produit scalaire
et la norme. On pourra utiliser des triangles isométriques.
8. En déduire que ψ est une isométrie et conclure.

Exercice 3 : Soit n ∈ N∗ et soit G le sous-ensemble de Mn+1 (R) donné par les


matrices de la forme  
x1

A .. 

 . 
 xn 
0 ··· 0 1
où A ∈ GLn (R) et (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn .
1. Montrer que G est un groupe.
2. Expliquer de quelle manière le groupe affine de Rn , GA(Rn ), est iso-
morphe au groupe GLn (R) n Rn . En particulier, expliquer comment
effectuer le produit de ϕ, ϕ0 ∈ GA(Rn ) où ϕ (respectivement ϕ0 ) a pour
partie linéaire A ∈ GLn (R) (respectivement A0 ) et vecteur de transla-
tion v ∈ Rn (respectivement v 0 ).
3. Montrer que G est isomorphe à GA(Rn ).
DEVOIRS 2017-2018 124

Correction du Devoir Maison III

Exercice 1 : On montre comme dans le cas des automorphismes du corps


R que pour tout automorphisme σ de C et pour tout x ∈ Q, σ(x) = x. Si
σ est de plus continu alors par continuité et densité de Q dans R, σ(x) = x
pour tout x ∈ R. Comme i2 = −1, σ(i2 ) = σ(−1) et donc σ(i)2 = −1. Ce qui
implique que σ(i) = ±i. Si σ(i) = i alors pour tout z ∈ C, il existe a, b ∈ R
tels que z = a + ib et donc σ(z) = σ(a) + σ(i)σ(b) = a + ib = z ce qui
signifie que σ = Id. Si σ(i) = −i alors pour z = a + ib comme ci-dessus,
σ(z) = σ(a) + σ(i)σ(b) = a − ib = z et σ est la conjugaison complexe.
En conclusion, les seuls automorphismes de corps de C qui sont continus
sont l’identité et la conjugaison complexe.

Exercice 2 :
1. Commençons par montrer que les similitudes linéaires (c’est-à-dire les
composées d’homothéties linéaires de rapport positif et d’isométries li-
néaires) forment un groupe. Les similitudes affines sont alors l’image
réciproque des similitudes linéaires par le morphisme GA(E) → GL(E)
et il s’agit donc d’un sous-groupe du groupe affine GA(E).
Ainsi, soit Hλ , Hµ les homothéties de rapport λ, µ > 0 (D’une manière
générale, on notera Hν pour l’homothétie de rapport ν pour tout ν > 0.)
et R, S ∈ O(E). Comme (Hλ R)−1 = R−1 Hλ−1 = R−1 Hλ−1 = Hλ−1 R−1 ,
(Hλ R)−1 est une similitude linéaire. De même (Hλ R)(Hµ S) = Hλ+µ T
où T est l’isométrie linéaire RS, donc (Hλ R)(Hµ S) est une similitude
linéaire. Ceci montre bien que l’ensemble des similitudes linéaires est
un sous-groupe de GL(E).
2. Dans l’écriture L = HR, HR commutent car H est une homothétie et
donc commute avec tous les éléments de GL(E). Maintenant, suppo-
sons qu’il existe deux écritures L = Hλ R = Hµ S, avec R, S isomé-
tries linéaires et λ, µ > 0 alors | det(L)| = λ = µ et donc Hλ = Hµ et
R = Hλ−1 L = Hµ−1 L = S. Il y a donc bien unicité dans l’écriture.
\ est l’unique réel α ∈ [0, π] tel que
3. Rappelons que l’angle ABC
# » # »
hBA, BCi
cos(α) = # » # » .
||BA|| ||BC||

Soit ϕ une similitude dont la partie linéaire L s’écrit Hλ R avec R ∈


DEVOIRS 2017-2018 125

O(E).
# » # »

V
hϕ(B)ϕ(A), ϕ(B)ϕ(C)i

cos ϕ(A)ϕ(B)ϕ(C) = # » # »
||ϕ(B)ϕ(A)|| ||ϕ(B)ϕ(C)||
# » # »
hL(BA), L(BC)i
= # » # »
||L(BA)|| ||L(BC)||
# » # »
hHλ R(BA), Hλ R(BC)i
= # » # »
||Hλ R(BA)|| ||Hλ R(BC)||
# » # »
λ2 hR(BA), R(BC)i
= # » # »
λ2 ||R(BA)|| ||R(BC)||
# » # »
hBA, BCi
= # » # »
||BA|| ||BC||
 
= cos ABC
\ .

Ainsi les similitudes préservent les angles.


4. Trois points A, B, C sont alignés si l’angle ABC
\ vaut 0 ou π. Si une
transformation préserve les angles, elle préserve donc aussi l’aligne-
ment.
5. Comme E est de dimension supérieur à 2 et E est un espace vectoriel
réel, une application bijective qui préserve l’alignement est affine. C’est
le théorème fondamental de la géométrie affine.
# »
6. La translation τ de vecteur Oϕ(O) convient et c’est la seule.
7. Soit B ∈ E. Les triangles OAB et ψ(O)ψ(A)ψ(B) sont isométriques,
# » # »
en effet, ils ont trois angles égaux, ψ(O) = O et ||Oψ(A)|| = ||OA||.
# » # »
Ainsi ||Oψ(B)|| = ||OB|| et ψ est une application linéaire qui préserve
la norme. Ensuite pour B, C 6= 0 puisque ψ préserve les angles et
# » # » # » # » # » # »
||OB|| = ||OC||, on a aussi hOB, OCi = hOψ(B), Oψ(C)i. Ainsi ψ est
une application linéaire orthogonale et préserve aussi la norme.
8. En conclusion, on a montré que ϕ = τ ◦ Hλ ◦ ψ, c’est-à-dire la composée
d’une translation et d’une similitude linéaire.

Exercice 3 :  
x1

A .. 
1. Montrons qu’il s’agit d’un sous-groupe de GLn+1 (R). L’inverse de 
 . 
 xn 
0 ··· 0 1
   
−x1 x1
..  .. 
 A−1 A
 
est la matrice  . 
 et la composée de 
 . 
 −xn   xn 
0 ··· 0 1 0 ··· 0 1
   
y1 x1 + z1

B ..  
AB .. 
avec 
 .  est 
 .  où z = (z1 , . . . , zn )

 yn   xn + zn 
0 ··· 0 1 0 ··· 0 1
DEVOIRS 2017-2018 126

est le vecteur Ay avec y = (y1 , . . . , yn ). Il s’agit donc bien d’un sous-


groupe.
2. On identifie les éléments de GA(Rn ) qui fixent 0 avec GL(Rn ). Les
translations sont le morphisme du noyau GA(Rn ) → GL(Rn ). Les trans-
lations forment un sous-groupe isomorphe à Rn par l’application v ∈
Rn 7→ τv où τv est la translation de vecteur v.
Si ϕ, ϕ0 s’écrivent ϕ = τv ◦ A et ϕ0 = τv0 ◦ A0 alors ϕ ◦ ϕ0 (x) = A(A0 x +
v 0 ) + v = AA0 x + (Av 0 + v). La composée ϕ ◦ ϕ0 a pour partie linéaire
AA0 et pour partie translation, la translation de vecteur Av 0 + v.
3. L’isomorphisme  est donné par l’application
 F qui à ϕ = τv ◦ A asso-
v1

A .. 
cie la matrice 
 . . On voit facilement qu’il s’agit d’une
 vn 
0 ··· 0 1
bijection et c’est un morphisme de groupes par les calculs effectués en
questions 1 et 2 :
 
w1 + v 1
..
 AA0
 
F (ϕ ◦ ϕ0 ) =  . 

 wn + vn 
0 ··· 0 1
v10
  
v1

A ..   A0 .. 
=
 . 
 . 

 vn   vn0 
0 ··· 0 1 0 ··· 0 1
= F (ϕ)F (ϕ0 )

où w = Av 0 .
DEVOIRS 2017-2018 127

Devoir Maison IV : Cercles de la droite projective complexe


On se place dans la droite projective P1 (C) identifiée à C ∪ {∞}.
Définition. On appelle cercle de P1 (C) les objets suivants :
— les cercles euclidiens de C, c’est-à-dire les ensembles de la forme {z ∈
C, |z − z0 | = r} pour z0 ∈ C et r > 0,
— les droites projectives réelles, c’est-à-dire les ensembles A ∪ {∞} où A
est une droite réelle affine de C ' R2 (donc de la forme {z0 + λz1 , λ ∈
R}, pour z0 6= z1 ∈ C).
Des points de P1 (C) sont cocycliques s’il existe un cercle qui les contient.

1. Montrer que trois points de P1 (C) sont toujours cocycliques.


z+1
2. Considérons l’homographie ϕ(z) = iz−i . Montrer que l’image par ϕ du
cercle unité |z| = 1 est la droite projective P1 (R) = R ∪ {∞}.

Dans la suite, le but de l’exercice est de montrer que quatre points distincts de
P1 (C) sont cocycliques si et seulement leur birapport est réel.

3. Soit 4 points x, y, z, w distincts de C tels que x, y, z ne soient pas alignés


(c.-à-d. non-inclus dans une droite réelle affine). Montrer que ces points
sont situés sur un cercle euclidien de C si et seulement si xd zy ≡ xwy[π].
d
On pourra utiliser le théorème de l’angle au centre.
4. Soit x, y, z trois points de C tels que x 6= z et y 6= z. Montrer que l’argu-
y−z
ment de x−z est une mesure de l’angle xd zy.
5. En déduire que 4 points x, y, z, w distincts de C avec x, y, z non alignés
sont situés sur un même cercle euclidien si et seulement si leur birap-
port est réel.
6. Montrer que si x, y, z ∈ C sont alignés alors z est aussi aligné avec ces
points si et seulement si [x, y, z, w] ∈ R.
7. Démontrer que pour quatre points distincts x, y, z, w ∈ P1 (C), on a
[x, y, z, w] = [y, x, z, w]−1 = [x, y, w, z]−1 = 1 − [x, z, y, w].
8. On suppose qu’un des points x, y, z, w est ∞. Justifier que l’on peut
supposer dans ce cas que w = ∞.
9. Quel est le cercle de P1 (C) qui passe par x, y et w = ∞ ? Démontrer que
[x, y, z, w] ∈ R si et seulement si x, y, z sont alignés.
10. Conclure.
11. Démontrer que toute homographie de P1 (C) préserve les cercles de
P1 (C).

Correction du Devoir Maison IV

1. Soit x, y, z trois points distincts de P1 (C). Si un des points est ∞, alors


la droite affine réelle engendrée par les deux autres contient aussi ce
point à l’infini. Maintenant supposons que ces trois points soient dans
C alors soit ils sont contenus dans une droite affine réelle soit le triangle
de sommets x, y, z n’est pas plat et alors le cercle circonscrit à ce triangle
contient bien les trois points.
DEVOIRS 2017-2018 128

x y

F IGURE 9 – Illustration du théorème de l’angle au centre.

2. Soit z ∈ C de module 1 et z 6= 1. Alors


z+1
ϕ(z) = −i
z−1
(z + 1)(z − 1)
= −i
|z − 1|2
2
|z| + z − z − 1
= −i
|z − 1|2
2i=(z)
= −i
|z − 1|2
2=(z)
= ∈R
|z − 1|2

où =(z) désigne la partie imaginaire de z. De plus, pour z = 1, ϕ(z) =


∞. Ainsi ϕ est bien une application du cercle unité vers P1 (R). Soit
x ∈ R et cherchons z sur le cercle unité privé de 1 tel que x = ϕ(z).
Ainsi, on a z + 1 = x(iz − i), ce qui donne (1 − ix)z = −ix − 1. Comme
ix+1
x ∈ R, 1 − ix 6= 0 et donc il existe une unique solution z = ix−1 .
1
Ainsi, on a montré que ϕ est une bijection de S (le cercle unité) sur
P1 (R).
3. Commençons par remarquer que l’énoncé fait référence à des angles
orientés et non des angles non orientés comme dans le cours. Soit x, y, z, w
distincts dans C. Si x, y, z ne sont pas alignés alors il existe un unique
cercle C euclidien qui les contient tous les trois, c’est le cercle circons-
crit au triangle qu’ils forment. Soit O le centre de ce cercle. Par le théo-
rème de l’angle au centre, C = {u ∈ C, xuy d ≡ 2xOy d [π]}, c’est-à-dire
C = {u ∈ C, xuy d ≡ xd zy [π]}. En particulier, w appartient à l’unique
cercle qui passe par x, y et z si et seulement si xwy d ≡ xd zy [π].
iθ1 −iθ2
4. On a y − z = r1 e et x − z = r2 e avec r1 , r2 , θ1 , θ2 ∈ R. Ainsi,
y−z i(θ1 −θ2 ) i(θ1 −θ2 )
x−z = r 1 /r2 e et ainsi y − z = r1 /r2 e (x − z). C’est-à-
dire que y est l’image de x par la composée de l’homothétie de rapport
DEVOIRS 2017-2018 129

r1 /r2 et la rotation d’angle θ1−θ2 dans


 le sens trigonométrique. L’angle
y−z
zy ≡ θ1 − θ2 ≡ Arg
orienté xd x−z [2π].
5. Par les questions 3 et 4, les points x, y, z, w sont sur un même cercle
y−z y−w
euclidien si et seulement si x−z et x−w ont même argument modulo π,
y−z
x−z
c’est-à-dire si et seulement si le quotient y−w est réel (positif si l’argu-
x−w
ment est nul et négatif si l’argument est congru à π) donc si et seule-
ment si le birapport [x, y, z, w] ∈ R.
6. Les points x, y, z sont alignés si et seulement si il existe λ ∈ R tel que
y−z
y − z = λ(x − z). Ainsi, le birapport [x, y, z, w] = x−z
y−w est réel si et
x−w
y−w
seulement si le quotient x−w est réel, c’est-à-dire si et seulement si w
est sur la droite affine réelle engendrée par x et y (qui contient aussi z).
7. Les deux premières égalités découlent immédiatement de la définition.
Pour la dernière, on a
y−z w−z
y−x − w−x
1 − [x, z, y, w] = y−z
y−x
(y−z)(w−x)−(y−x)(w−z)
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
−zw−yx+xw+zy
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
(x−z)(w−y)
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
w−y
w−x
= z−y
z−x
= [x, y, z, w]

8. Grâce à la question 7, on peut permuter les points pour s’assurer que le


point ∞ se trouve en dernière position. Ces permutations ne changent
pas le fait que le birapport soit réel. On peut donc supposer que w = ∞.
9. L’unique cercle qui passe par x, y et ∞ est la droite projective réelle
donnée par la droite affine affine réelle qui passe par x et y et complétée
avec ∞.
10. Résumons ce que nous avons montré jusqu’à présent. Étant donnés
quatre points distincts de P1 (C), au plus un point est égal à ∞. Dans ce
cas, le birapport est réel si et seulement si les quatre points sont sur une
droite projective réelle. Dans le cas contraire, tous les points sont dans
C et de nouveau, deux cas se présentent : les trois premiers points sont
sur une droite affine réelle ou sont sur un cercle euclidien. Si les trois
points sont alignés alors le quatrième est aussi aligné si et seulement si
le birapport est réel et si les trois points sont sur un même cercle eucli-
dien alors le quatrième est sur ce cercle si et seulement si le birapport
est réel.
DEVOIRS 2017-2018 130

Au final, on a montré que quatre points distincts de P1 (C) sont cocy-


cliques si et seulement si le birapport [x, y, z, w] est réel.
11. Les homographies préservent le birapport. Ainsi, pour ϕ une homo-
graphie et x, y, z, w ∈ P1 (C), x, y, z, w sont cocycliques si et seulement
si [x, y, z, w] ∈ R, si et seulement si le birapport [ϕ(x), ϕ(y), ϕ(z), ϕ(w)]
est réel, si et seulement si ϕ(x), ϕ(y), ϕ(z), ϕ(w) sont cocycliques.
Ainsi, on a bien montré que les homographies préservent les cercles de
P1 (C).
DEVOIRS 2017-2018 131

Examen
Les exercices suivants sont tous indépendants les uns des autres et concernent
des chapitres différents du cours.

Exercice 1 : Action de SL2 (R) sur le plan hyperbolique H2 . Soit E l’espace


vectoriel des matrices de trace nulle dans M2 (R). On munit E de la forme
bilinéaire hX, Y i = − trace(XY ).
1. Vérifer qu’il s’agit bien d’une forme bilinéaire symétrique et calculer sa
signature.
2. Montrer que le groupe SL2 (R) agit sur E par conjugaisons en préser-
vant cette forme bilinéaire.
3. En déduire que le groupe SL2 (R) agit par isométries sur l’espace hy-
perbolique H2 .

Exercice 2 : Les réflexions engendrent le groupe des isométries d’un es-


pace euclidien. On considère un espace affine euclidien E de dimension n.
On rappelle qu’une réflexion affine est une symétrie orthogonale par rapport à
un hyperplan affine. Si H est un hyperplan affine, la symétrie orthogonale par
rapport à H est l’application σH telle que pour tout M ∈ E, M 0 = σH (M ) est
# » # »
défini par P M 0 = −P M où P est le projeté orthogonal de M sur H.
1. Faire une illustration d’une réflexion orthogonale en dimension 3.
2. Cas particulier. Montrer que toute translation est le produit de 2 ré-
flexions.
3. Montrer que l’ensemble des points fixes d’une isométrie de E est vide
ou un sous-espace affine de E.
4. Soit g une isométrie de E sans point fixe. Montrer qu’il existe une ré-
flexion σ telle que σ ◦ g possède un point fixe.
5. Soit g une isométrie qui possède au moins un point fixe. Soit F le sous-
espace des points fixes de g. Soit M un point de E \ F et M 0 son image
par g. Montrer que F est inclus dans l’hyperplan médiateur de [M, M 0 ],
c’est-à-dire l’ensemble des points équidistants de M et M 0 .
6. Soit g une isométrie de E avec un espace de points fixes de dimension
k avec n > k ≥ 0. Montrer qu’il existe une réflexion σ telle que σ ◦ g ait
un espace de points fixes de dimension k + 1.
7. Montrer que toute isométrie s’écrit comme le produit d’au plus n + 1
réflexion.

Exercice 3 : Centre du groupe affine. Si G est un groupe, son centre noté Z(G)
est {g ∈ G, ∀h ∈ G, gh = hg}.
Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur le corps k = R ou C. On
note GA(E) le groupe affine associé et GL(E) le groupe linéaire.
1. Montrer que si g ∈ Z(GA(E)) alors sa partie linéaire L appartient à
Z(GL(E)).
2. Soit L ∈ GL(E). Montrer que L ∈ Z(GL(E)) si et seulement is L com-
mute avec tous les endomorphismes de E.
DEVOIRS 2017-2018 132

3. On fixe une base (e1 , . . . , en ) de E et on identifie Mn (k) avec les en-


domorphismes de E. Montrer que L commute avec tous les endomor-
phismes de E si et seulement si la matrice de L (que l’on pourra noter
aussi L) commute avec les matrices élémentaires Ei,j qui ne possèdent
qu’un seul coefficient non nul en position (i, j) et que ce coefficient non
nul est 1.
4. En déduire Z(GL(E)).
5. Finalement montrer que Z(GA(E)) = {Id}.

Exercice 4 : Automorphismes du disque. On se place dans la droite projec-


tive complexe P1 (C) que l’on identifie à C ∪ {∞}.
1. Montrer que toutes les isométries ϕ qui laissent invariante la droite pro-
jective réelle P1 (R) = R ∪ {∞} (i.e. ϕ(z) ∈ P1 (R) ⇐⇒ z ∈ P1 (R)) sont
les homographies de la forme z 7→ az+b
cz+d avec a, b, c, d ∈ R et ad−bc 6= 0.
2. Montrer que les homographies qui laissent P = {z ∈ C, Im(z) > 0}
invariant sont de la forme z 7→ az+b
cz+d avec a, b, c, d ∈ R et ad − bc > 0.
3. Soit D le disque unité {z ∈ C, |z| < 1}. Montrer que l’homographie
ϕ(z) = z−i
z+i vérifie ϕ(P ) = D.

4. Soit g une homographie de P1 (C). Montrer que g préserve P si et seule-


ment si ϕ ◦ g ◦ ϕ−1 préserve D.
5. Montrer que toute homographie g de P1 (C) qui préserve D peut s’écrire
βz+γ
g(z) = γz+β avec β, γ ∈ C.
γ
6. Justifier que β 6= 0 et β < 1.

7. En déduire que toute homographie g de P1 (C) qui préserve D peut


z+α
s’écrire g(z) = eiθ αz+1 avec θ ∈ R et |α| < 1.

Corrigé de l’examen

Exercice 1 :
1. La trace est une forme linéaire sur M2 (R) donc l’application (X, Y ) 7→
trace(XY ) est bilinéaire. Comme trace(XY ) = trace(Y X), la forme bi-
linéaire est bien symétrique. L’espace des matrices de taille 2 × 2 et
de trace nulle est de dimension 3. Une base est donnée par E1,2 , E2,1
et E1,1 − E2,2 . Une autre base est donnée par X = E1,2 − E2,1 , Y =
E1,2 + E2,1 et Z = E1,1 − E2,2 . Des petits calculs montrent que cette
base est orthogonale et de plus hX, Xi = 2, hY, Y i = −2 et hZ, Zi = −2.
Ainsi, on en déduit que la signature est (1, 2).
2. Soit g ∈ SL2 (R) et M ∈ M2 (R) de trace nulle. On a trace(gM g −1 ) =
trace(g −1 gM ) = trace(M ) = 0. Donc l’action par conjugaisons laisse E
invariant et donc SL2 (R) agit bien sûr E par conjugaisons. Maintenant
soit (X, Y ) deux matrices de trace nulle et g ∈ SL2 (R) alors

hgXg −1 , gY g −1 i = trace(gXg −1 gY g −1 ) = trace(gXY g −1 ) = trace(g −1 gXY ) = hX, Y i.


DEVOIRS 2017-2018 133

F IGURE 10 – Le point A et son symétrique A0 par rapport à l’hyperplan H.

√ √ √ 
3. En prenant comme base de E, (X 0 , Y 0 , Z 0 ) = X/ 2, Y / 2, Z/ 2 , E
s’identifie à R3 via

R3 → E
ϕ:
(x1 , x2 , x3 ) 7→ x1 X 0 + x2 Y 0 + x3 Z 0
et dans cette base, la forme bilinéaire symétrique s’écrit hx, yi = x1 y1 −
x2 y2 − x3 y3 . Ainsi l’action de SL2 (R) sur E donne un morphisme de
SL2 (R) dans O(1, 2) par g 7→ ϕ−1 ◦ g ◦ ϕ. Comme O(2, 1) est le groupe
d’isométries de H2 , SL2 (R) agit bien sur H2 .

Exercice 2 :
1. Voir Figure 1.
2. Soit u un vecteur de E. On fixe une origine O et on vectorialise en O.
On pose A = O + u et M = O + u/2, c’est-à-dire le milieu du segment
[O, A]. Soit H l’hyperplan vectoriel u⊥ et H 0 son image par la transla-
tion de vecteur u/2. On note τ = σH 0 ◦σH . On a τ (O) = σH 0 (O) = A. De
plus, les symétries σH 0 et σH ont même partie linéaire (puisque les hy-
perplans sont parallèles) et donc leur composition est l’identité. Ainsi τ
est une translation et puisque τ (O) = A, τ est la translation de vecteur
# »
OA = u.
3. Soit g une isométrie de partie linéaire L. Si l’ensemble des points fixes
est réduit à un point alors c’est un espace affine de dimension 0. Sup-
posons qu’il y ait au moins deux points fixes. Soit A, B deux points
# » # »
fixes distincts alors L(AB) = AB. Réciproquement si u est vecteur
propre pour la valeur propre 1 de L alors si C = A + u, on a g(C) =
# »
g(A) + L(AC) = A + L(u) = A + u = C. Ainsi C est point fixe de g.
On vient donc de montrer que l’ensemble des points fixes de g est A +
E1 où E1 est l’espace propre de L associé à la valeur propre 1. Il s’agit
bien d’un sous-espace affine de E.
DEVOIRS 2017-2018 134

4. Soit g une isométrie de E sans point fixe. Soit A ∈ E et A0 = g(A).


Soit H l’hyperplan médiateur de [A, A0 ], c’est-à-dire l’hyperplan qui
# »
passe par le milieu de [AA0 ] et orthogonal à AA0 . On alors σH ◦ g(A) =
σH (A0 ) = A.
5. Soit N ∈ F . Puisque g est une isométrie, d(g(M ), g(N )) = d(M, N ).
Comme g(N ) = N , on a d(M 0 , N ) = d(M, N ). Ainsi, F est inclus dans
l’hyperplan médiateur H de [M, M 0 ].
6. On compose g avec la symétrie σH avec H de la Question 5. Comme
F ⊂ H, F est fixé point par point par σH ◦ g. De plus, E est aussi fixe
par σH ◦ g. L’ensemble des points fixes de σH ◦ g contient H et E ∈
/ H,
c’est donc un sous-espace affine de dimension au moins k + 1.
7. Soit g une isométrie. Si elle ne possède pas de point fixe, on trouve σ0
par la question 4 telle que g 0 = σ0 g possède au moins un point fixe.
On applique la Question 6 par récurrence pour faire augmenter la di-
mension de l’espace des points d’au moins 1 à chaque étape. En k
étapes (avec k ≤ n), on obtient des σi telles que σk ◦ · · · ◦ σ1 ◦ g possède
un sous-espace de points fixes de dimension n, c’est-à-dire l’identité.
Au final g = σk ◦ · · · ◦ σ1 ◦ σ0 (ou g = σk ◦ · · · ◦ σ1 si g = g 0 ) et donc on a
obtenu le résultat demandé.

Exercice 3 : Centre du groupe affine.

1. Soit ϕ le morphisme surjectif GL(E) → GA(E) qui associe sa partie


linéaire à une bijection affine. Soit g ∈ Z(GA(E)) et soit L = ϕ(g) sa
partie linéaire. Soit L0 ∈ GL(E). Par subjectivité, il existe h ∈ GA(E) tel
que ϕ(h) = L0 .
Comme gh = hg, on a LL0 = ϕ(g)ϕ(h) = ϕ(gh) = ϕ(hg) = ϕ(h)ϕ(g) =
L0 L. Ainsi L ∈ Z(GL(E)).
2. Soit L ∈ Z(GL(E)). On utilise que GL(E) est dense dans LL(E) (ici,
le corps est R ou C). L’application L0 7→ LL0 − L0 L est continue sur
LL(E) et nulle sur GL(E). Elle est donc aussi nulle sur LL(E) et donc
L commute avec tous les endomorphismes. La réciproque est claire.
3. La matrice LEi,j est une matrice avec une unique colonne non nulle
qui est la i-ème colonne de L en j-ème position. La matrice Ei,j L est
une matrice avec une unique ligne non nulle qui est la j-ème ligne de L
en i-ème position. Si ces deux matrices sont égales alors les coefficients
Lj,k = 0 pour k 6= j et Lk,i = 0 pour k 6= i. De plus Li,i = Lj,j pour
tout i, j.
Ainsi si L commute avec tous les Ei,j alors L est diagonale avec tous
les coefficients diagonaux égaux.
4. On en déduit que Z(GL(E)) = {λ Id, λ ∈ k}.
5. Avec la question précédente, si g ∈ Z(GA(E)) alors la partie linéaire
de g est une homothétie et donc g = τu ◦ λ Id pour un certain vecteur u
(on a fait le choix d’une origine). Soit v une vecteur non nul. Si g ◦ τv =
τv ◦ g alors la partie translation est la translation de vecteur u + λv d’un
côté et u + v de l’autre côté. Donc λ = 1 et la partie linéaire de g est
l’identité. Ainsi g est une translation. Mais on vient de voir que la seule
DEVOIRS 2017-2018 135

translation qui commute avec toutes les homothéties est la translation


nulle. Donc g = Id. Réciproquement, l’identité commute avec tous les
autres éléments.

Exercice 4 : Automorphismes du disque.

1. Il y avait une coquille dans l’énoncé. Il fallait lire homographie à la


place d’isométrie dans la première partie de la phrase. J’en suis désolé.
Il est clair qu’une homographie de la forme z 7→ az+b
cz+d avec a, b, c, d ∈ R
et ad − bc 6= 0 préserve P1 (R).
Réciproquement soit ϕ une telle homographie. On note ϕ−1 (∞) = α ∈
P1 (R), ϕ−1 (0) = β ∈ P1 (R) et ϕ−1 (∞) = γ ∈ P1 (R). On a alors ϕ(z) =
[α, β, γ, z]. La formule du birapport donne les coefficients a, b, c, d en
fonction de α, β, γ et sont donc réels (en traitant séparément les cas où
α, β ou γ est ∞).
2. Les homographies sont des homéomorphismes. Une homographie qui
préserve P laisse sa frontière invariante. Cette frontière est exactement
P1 (R) donc une homographie qui préserve P est de la forme ϕ : z 7→
az+b
cz+d avec a, b, c, d ∈ R par la question précédente. Maintenant, regar-
−ci+d (ad−bc)i+ac+bd
dons l’image de i. On a ai+b
ci+d =
ai+b
ci+d × −ci+d = c2 +d2 . Ainsi
ϕ(i) ∈ P ⇐⇒ ad − bc > 0.
3. On utilise que R est exactement la médiatrice de [i, −i] dans C. Ainsi,
z ∈ P ⇐⇒ |z − i| < |z − (−i)|, c’est-à-dire |ϕ(z)| < 1.
4. Supposons que g préserve P . Soit z ∈ D. Alors ϕ−1 (z) ∈ P , g(ϕ−1 (z)) ∈
P et finalement, ϕ ◦ g ◦ ϕ−1 (z) ∈ D. Donc ϕ ◦ g ◦ ϕ−1 préserve D.
Réciproquement, si ψ = ϕ ◦ g ◦ ϕ−1 préserve D alors exactement de la
même manière, g = ϕ−1 ◦ ψ ◦ ϕ préserve P .
5. L’homographie ϕ ◦ g ◦ ϕ−1 correspond à la matrice
     −1
1 −i a b 1 −i
· · .
1 i c d 1 i
Le calcul donne
 
a + d + i(b − c) a − d − i(b + c)
1/2 .
a − d + i(b + c) a + d + I(c − b)
En posant β = (a + d + i(b − c))/2 et γ = (a − d − i(b + c))/2, on obtient
la forme demandée.
1
6. Si β = 0 alors ψ(z) = γ/γ × z et ψ(0) = ∞ donc ψ ne préserve pas D.
γ
Maintenant avec β 6= 0, on a |ψ(0)| = β < 1.
γ β β
7. On pose α = β
et comme β
= 1, il existe θ ∈ R tel que β
= eiθ . Il
suffit alors de diviser numérateur et dénominateur par β pour obtenir
la forme voulue.
Devoirs 2018-2019

Premier devoir maison

Exercice 1 : Soit E un espace vectoriel et f une application linéaire de E dans


lui-même. On suppose que pour tout vecteur u ∈ E, f (u) est colinéaire à u.
Montrez que f est une homothétie.

Exercice 2 : Soit A un espace affine de direction E sur un corps k. Soit O ∈ A


et λ ∈ k ∗ , on appelle homothétie de rapport λ et de centre O, l’application
# »
A 7→ O + λOA.

1. Montrer que l’ensemble des homothéties et des translations forment un


groupe noté HT (A).
2. Montrer que les éléments de HT (A) sont exactement les éléments du
groupe affine dont la partie linéaire est une homothétie (linéaire).
3. Indiquer quand 2 éléments commutent.
4. Le groupe HT (A) est-il simple ?
5. Donner une décomposition en produit semi-direct de HT (A).
6. Montrer que l’ensemble des homothéties de centre O et l’ensemble des
homothéties de centre O0 sont des sous-groupes conjugués.
7. Soit D une droite affine et g ∈ HT (A). Montrer que D et g(D) sont
parallèles.
8. On suppose dans cette question que k = R et que la dimension est
supérieure à 2. Soit g une bijection affine qui préserve les directions
(c.-à-d. une droite a pour image une droite parallèle). Montrer que g ∈
HT (A).

On conclut de cet exercice que le sous-groupe du groupe affine qui préserve


les directions est HT (A).

Le but des exercices suivants est de démontrer la simplicité du groupe SO3 (R).
On se place donc dans l’espace euclidien R3 . Rappelons que tous les éléments

136
DEVOIRS 2018-2019 137

de SO3 (R) sont des rotations. Une rotation d’angle π est appelée un retourne-
ment. L’axe d’une rotation non-triviale est le sous-espace propre associé à la
valeur propre 1. Le plan d’une rotation est l’orthogonal de son axe.

Exercice 3 :
1. Soit R ∈ SO3 (R) la rotation d’angle α autour de la droite D. Pour un
élément S ∈ SO3 (R), identifier SRS −1 .
2. Quel est le centre 3 de SO3 (R) ?
3. Soit R un retournement. Faire un dessin pour expliquer comment cal-
culer l’image d’un point de R3 . On fera apparaître le plan et l’axe du
retournement.
4. Fixons une base orthonormale (e1 , e2 , e3 ) de R3 , notons R le retourne-
ment d’axe Re3 et Rα la rotation d’axe e1 et d’angle α dans le sens
direct. Posons R0 = Rα RR−α . Identifier R0 R. On pourra illustrer la
situation. Pour identifier R0 R, on pourra vérifier que e1 est invariant
pour R0 R et se ramener à la dimension 2 ou faire un calcul matriciel
dans la base (e1 , e2 , e3 ).
5. À l’aide de la question précédente, montrer que tout élément de SO3 (R)
est produit d’au plus 2 retournements. En déduire que SO3 (R) est en-
gendré par les retournements.

Exercice 4 : Passons à la simplicité de SO3 (R). Soit H 6= {Id} un sous-groupe


distingué.
1. Pour démontrer que H = SO3 (R), justifier qu’il suffit de prouver que
H contient un retournement.
2. Montrer que pour tout h ∈ H et g ∈ G, ghg −1 h−1 ∈ H.
3. Soit h ∈ H \ {Id}. On considère l’application

SO3 (R) → R
ϕ:
g 7→ trace(ghg −1 h−1 ).
4. Montrer que pour tout g ∈ SO3 (R), ϕ(g) ≤ 3 et que l’image de ϕ est
un intervalle de la forme [a, 3] pour a ≤ 3. On utilisera des résultats
topologiques sur SO3 (R) vus en TD.
5. Démontrer que ϕ(g) = 3 si et seulement si ghg −1 h−1 = Id, c’est-à-dire
g et h commutent. En déduire que a < 3.
6. Montrer qu’il existe n ∈ N tel que a < 1 + 2 cos(π/n) < 3. En déduire
que H contient une rotation d’angle π/n.
7. Conclure que H contient un retournement et donc que H = G.

Exercice 5 : [Bonus] Dans cet exercice, on généralise l’Exercice 4 en dimension


n ≥ 4. Plus précisément, on montre que SOn (R) est engendré par les retour-
nements. Cela permet de montrer que les groupes SO2n+1 (R) sont simples 4
pour n ≥ 2.
3. Rappelons que le centre d’un groupe est l’ensemble des éléments qui commutent avec tous
les autres éléments du groupe.
4. Dans SO2n (R) le centre est toujours un sous-groupe distingué non trivial puisqu’il contient
− Id. Par contre le groupe PO2n (R) est simple pour n ≥ 3. On pourra consulter à ce sujet le cours
d’Algèbre de Daniel Perrin.
DEVOIRS 2018-2019 138

En dimension n, une rotation est un élément g de SOn (R) tel que l’espace
propre associé à la valeur propre 1 est de dimension n − 2 et tel que la restric-
tion à l’orthogonal de ce sous-espace de dimension n − 2 est une rotation. Si
l’angle de cette rotation est π, on dit que g est un retournement.

1. (Pour se chauffer) Écrire la matrice d’un retournement dans une base


bien choisie.
2. Montrer que les rotations engendrent SOn (R) et que tout élément de
SOn (R) est produit d’au plus bn/2c rotations.
3. Montrer que les retournements engendrent SOn (R) et que tout élément
de SOn (R) est produit d’au plus 2bn/2c retournements.
4. Voici des indications pour montrer que SO2n+1 (R) est simple pour n ≥
2. Soit H un sous-groupe distingué non trivial de SO2n+1 (R). On veut
montrer que H = SO2n+1 (R).
— Il suffit de montrer que H contient un retournement.
— Soit h ∈ H non trivial. Il existe E sous-espace de dimension 3, h-
invariant tel que la restriction h|E est une rotation.
— Soit g ∈ SO2n+1 (R) qui est l’identité sur E ⊥ et tel que g|E ne com-
mute pas avec h|E .
— L’élément [g, h] = ghg −1 h−1 appartient à H, n’est pas trivial et fixe
point par point un sous-espace de codimension 3.
— Conclure.

Corrigé du premier devoir maison

Exercice 1 : Soit E un espace vectoriel et f une application linéaire de E dans


lui-même. On suppose que pour tout vecteur u ∈ E, f (u) est colinéaire à u.
Ainsi pour tout u ∈ E \ {0}, il existe λu ∈ k ∗ (unique) telle que f (u) = λu u.
On veut montrer que λu ne dépend pas de u.
Soit u, v ∈ E \ {0}. Si (u, v) est liée alors il existe µ ∈ k ∗ telle que v = µu et
ainsi λv µu = f (v) = µf (u) = µλu u. Comme u 6= 0 et µ 6= 0, on en déduit que
λu = λv .
Si (u, v) est libre alors λu u + λv v = f (u) + f (v) = f (u + v) = λu+v (u +
v) = λu+v u + λu+v v. Par unicité d’écriture dans une base, on en déduit que
λu = λu+v = λv . Ainsi, en fixant u0 ∈ E \ {0}, on obtient que pour tout v ∈ E,
f (v) = λu0 v et f est l’homothétie de rapport λu0 .

Exercice 2 : Soit A un espace affine de direction E sur un corps k. Soit O ∈ A


et λ ∈ k ∗ , on appelle homothétie de rapport λ et de centre O, l’application
# »
A 7→ O + λOA.

1. On remarque qu’une homothétie affine est exactement un élément du


groupe affine dont la partie linéaire est une homothétie qui n’est pas
l’identité. En effet, si f est un élément du groupe affine de partie li-
néaire Lf = λ Id avec λ ∈ k ∗ et k 6= 1 alors f possède un point fixe
O (car 1 n’est pas valeur propre de Lf ) et ainsi f est l’homothétie de
centre O et de rapport λ.
DEVOIRS 2018-2019 139

ϕ : GA(A) → GL(E)
Si on note le morphisme de groupe qui à f
f 7→ Lf
associe sa partie linéaire Lf alors HT (A) est l’image réciproque du
sous-groupe des homothéties linéaires. C’est donc un sous-groupe du
groupe affine GA(A).
2. On a traité cette question en même temps que la précédente.
3. Deux translations commutent et deux homothéties de même centre
commutent. Si τ est une translation de vecteur non nul u et h est une
homothétie de centre O alors τ ◦ h ◦ τ −1 est une homothétie de centre
O + u 6= O et donc h et τ ne commutent pas. De même, si h, h0 sont des
homothéties (de rapports différents de 1) de centre O et O0 distincts
alors hh0 h−1 est un homothétie de centre h(O0 ) 6= O0 et donc h, h0 ne
commutent pas.
4. Le sous-groupe des translations est le noyau de ϕ, c’est un sous-groupe
distingué non trivial. Le groupe n’est pas simple.
5. Fixons une origine et notons H le sous-groupe des homothéties de
centre O et T le sous-groupe des translations. Il est clair que H ∩ T =
{Id} (en regardant la partie linéaire). On a vu que H est un sous-groupe
distingué et toute homothétie s’écrit comme le produit d’une homothé-
tie (peut-être triviale) de centre O et d’une translation. En effet, si f est
une homothétie de rapport λ 6= 1 et hλ est l’homothétie de centre O et
de même rapport λ alors h−1 λ ◦ f a une partie linéaire triviale, c’est donc
une translation τ et ainsi f = hλ τ .
# »
6. Soit τ la translation de vecteur OO0 et soit h une homothétie de rapport
λ et de centre O. Alors τ hτ −1 fixe O0 et a une partie linéaire qui est l’ho-
mothétie linéaire de rapport λ. C’est dont l’homothétie de centre O0 et
de rapport λ. Ce qui montre que τ conjugue le groupe des homothéties
de centre O et le groupe des homothéties de centre O0 .
7. Soit D une droite affine et g ∈ HT (A). Soit D la direction vectorielle de
D. La droite image g(D) est une droite affine de direction Lg (D) où Lg
est la partie linéaire de g. Comme Lg est une homothétie Lg (D) = D et
donc D et g(D) sont parallèles.
8. On suppose dans cette question que k = R et que la dimension est
supérieure à 2. Soit g une bijection affine qui préserve les directions (c.-
à-d. une droite a pour image une droite parallèle). Soit O une origine
# »
dans A. Quitte à composer g avec la translation de vecteur g(O)O, on
peut supposer que g fixe O. L’application g est une bijection qui pré-
serve l’alignement et fixe O. Par le théorème fondamental de la géomé-
trie affine, g est une application linéaire. Comme g fixe O et envoie une
droite sur une droite parallèle, g stabilise toutes les droites qui passent
par O, c’est donc une homothétie en restriction à chacune de ces droites.
Par l’Exercice 1, on sait que g est alors une homothétie.

Exercice 3 :
DEVOIRS 2018-2019 140

F IGURE 11 – Illustration d’un retournement. P 0 est l’image de P et Q est la


projection de P sur le plan de rotation engendré par (e1 , e2 ).

1. On choisit une base (e1 , e2 , e3 ) de R3 dans laquelle l’endomorphisme R


s’écrit  
1 0 0
 0 cos(α) − sin(α)  .
0 sin(α) cos(α)
En particulier e1 est un vecteur directeur de la droite D. Notons e0i =
S(ei ). Ce qui revient à dire que S est la matrice de passage de la base
(e0i ) à la base (ei ). Dans la base (e0i ) l’endomorphisme SRS −1 a pour
matrice la matrice ci-dessus, ce qui signifie que SRS −1 correspond à la
rotation d’angle α autour de l’axe Vect(e01 ) = S(D).
Remarquons que l’angle d’une rotation n’est bien défini qu’au choix
d’une orientation du plan de rotation près. En effet, si on change cette
orientation, l’angle α devient −α.
2. On sait que tous les éléments de SO3 (R) sont des rotations. Si R est une
rotation qui n’est pas l’identité et qui appartient au centre de SO3 (R)
alors son axe (qui est la droite propre pour la valeur propre 1) est inva-
riant pour tous les éléments S ∈ SO3 (R). En effet, si R commute avec
S alors avec les notations de la première question, S(D) = D. Comme
SO3 (R) agit transitivement sur les droites (vectorielles) de R3 , cela n’ar-
rive jamais. On en conclut que le centre de SO3 (R) est réduit à {Id}.
3. Par définition, si R est un retournement alors il existe une base dans
laquelle R s’écrit  
−1 0 0
 0 −1 0  .
0 0 1
Dans cette base, le point P de coordonnées (x, y, z) a pour image P 0 de
coordonnées (x, −y − z). On l’illustre sur la Figure 11.
DEVOIRS 2018-2019 141

F IGURE 12 – Les plans de rotations pour R et R0 (en bleu pour R et jaune


pour R0 ) avec leurs vecteurs orthogonaux u = (0, cos(α), sin(α)) et v = e3 qui
forment un angle α.

4. Dans la base (e1 , e2 , e3 ) la matrice de R est


 
−1 0 0
 0 −1 0  .
0 0 1
Celle de Rα est  
1 0 0
 0 cos(α) − sin(α)  .
0 sin(α) cos(α)
Par la question 1, l’endomorphisme R0 est le retournement d’axe Rα (Re3 ),
c’est-à-dire la droite engendrée par (0, − sin(α), cos(α)). Le plan de ro-
tation de R0 est engendré par e1 et le vecteur (0, cos(α), sin(α)). Le plan
du retournement de R et celui de R0 contiennent tous les deux e1 . Dans
l’orthogonal de e1 , la composition R0 R correspond à faire la symétrie
par rapport à Re2 puis la symétrie par rapport à Vect((0, cos(α), sin(α))).
Ces deux vecteurs forment un angle α et donc la composée est une ro-
tation d’angle 2α. Ainsi RR0 a pour matrice
 
1 0 0
 0 cos(2α) − sin(2α)  .
0 sin(2α) cos(2α)
On reconnaît une rotation d’angle 2α autour de l’axe Re1 . Les illustra-
tions sont les Figures 12 et 13.
5. Soit T est une rotation d’angle β. On choisit une base adaptée dans
laquelle T s’écrit  
1 0 0
 0 cos(β) − sin(β)  .
0 sin(β) cos(β)
DEVOIRS 2018-2019 142

F IGURE 13 – Vue dans le plan orthogonal à e1 . Dans ce plan R0 R correspond


à la composition des symétries par rapport aux droites oranges (intersection
des plans des rotations avec ce plan orthogonal à e1 .). Ces droites forment un
angle α.

On pose α = β/2. On construit R et R0 comme dans la question 4 et on


obtient que T = R0 R et donc T est le produit de 2 retournements. Ainsi
tout élément de SO3 (R) est dans le groupe engendré par les retourne-
ments.

Exercice 4 :
1. Par la Question 1 de l’Exercice 3, on sait que tous les retournements
sont conjugués. Ainsi un sous-groupe normal qui contient un retour-
nement les contient tous. Par la Question 5, ce sous-groupe est donc
égal à SO3 (R) tout entier.
2. Soit g ∈ G = SO3 (R) et h ∈ H / G. On a ghg −1 ∈ H et h−1 ∈ H donc
[g, h] ∈ H.
3. Pour tout élément g ∈ G, Trace(g) est de la forme 1 + 2 cos(α) où α est
l’angle de la rotation. C’est donc un nombre inférieur à 3.
4. L’application ϕ est continue et on a vu que SO3 (R) est connexe et com-
pact. Ainsi, l’image de ϕ est connexe et compact dans R. C’est donc un
intervalle de la forme [a, b] avec a, b ≤ 3 Comme ϕ(Id) = 3, on sait que
b = 3.
5. Si ϕ(g) = 3 alors l’angle de la rotation [g, h] est nul, c’est-à-dire [g, h] =
Id et donc g et h commutent. Comme h 6= Id, il existe g qui ne com-
DEVOIRS 2018-2019 143

mutent pas à h (Question 2 Exercice 1). Pour un tel g, ϕ(g) < 3 et donc
a < 3.
6. Comme π/n → 0 quand n → ∞, par continuité du cosinus en 0, on
peut trouver n assez grand tel que a < 1 + 2 cos(π/n) < 3. Ainsi, il
existe g tel que ϕ(g) = 1 + 2 cos(π/n) et donc ρ = [g, h] est une rotation
d’angle π/n qui appartient à H.
7. La rotation ρn a pour angle π, c’est un retournement et il appartient à H.
Par la Question 1 Exercice 2, on sait alors que H = SO3 (R). En conclu-
sion, un sous-groupe normal de SO3 (R) est trivial ou égal à SO3 (R)
tout entier.

Second devoir maison

Exercice 1 : Une structure de groupe sur la sphère S3 . La sphère S1 possède


une structure de groupe en l’identifiant aux nombres complexes de module 1.
Il s’identifie aussi au groupe SO2 (R) ' U1 (C). Nous verrons qu’il n’existe pas
de structure de groupe topologique sur la sphère S2 pour la topologie usuelle.
Cet exercice a pour but d’exhiber une structure de groupe sur la sphère S3 .
On rappelle que les quaternions forment un R-espace vectoriel H de di-
mension
  4 qui
 est la
 sous-algèbre
  de M2(C) engendrée
 par les matrices 1 =
1 0 i 0 0 −1 0 −i
,i= ,j = et k = . On munit les quaternions
0 1 0 −i 1 0 −i 0
de la norme euclidienne donnée par

|a1 + bi + cj + dk|2 = a2 + b2 + c2 + d2

pour a, b, c, d ∈ R. Un quaternion x = a1 + bi + cj + dk est réel si b = c = d = 0.


Dans ce cas, on note simplement x = a ∈ R. On dit que x est imaginaire pur
si a = 0 et on note Im(H) l’ensemble des quaternions imaginaires purs. Le
conjugué de x est x = a − bi − cj − dk.

1. Montrer que le sous-espace vectoriel de H engendré par 1 et i est une


sous-algèbre isomorphe à (C, +, ×).
2. Calculer les produits i2 , j 2 , k 2 , ij, ji, jk, kj, ik et ki.
3. Montrer que pour tout x ∈ H, xx = xx = |x|2 . En déduire que tout
quaternion non nul est inversible.
4. Montrer que xy = y x pour x, y ∈ H.
5. Montrer que le centre de (H∗ , ×) est constitué des quaternions réels.
6. Montrer que la norme est multiplicative, c’est-à-dire que |xy| = |x| |y|
pour tout x, y ∈ H.
7. Montrer que les quaternions unitaires (c.-à-d. de norme 1) forment un
sous-groupe de (H∗ , ×). En déduire que S3 possède une structure de
groupe.
 
z −w
8. Justifier que tout quaternion x s’écrit avec z, w ∈ C. Quel est
w z
le lien entre le déterminant de la matrice et la norme de x ? À quelle
condition sur (z, w), ce quaternion est-il unitaire ?
DEVOIRS 2018-2019 144

9. Montrer que les quaternions unitaires forment un groupe isomorphe à


SU2 (C).

Exercice 2 : Quaternions unitaires, SO3 (R) et SU2 (C). On considère l’action


α par conjugaison du groupe G ' SU2 (C) des quaternions unitaires sur H.
C’est-à-dire α(g, x) = gxg −1 . On notera simplement, ϕg (x) pour α(g, x).

1. Montrer que SU2 (C) est connexe par arcs.


2. Montrer que pour tout g ∈ G, ϕg ∈ O4 (R) et préserve la décomposition
orthogonale H = R ⊕ Im(H).
3. Montrer que α induit une représentation linéaire ψ : SU2 (C) → SO3 (R),
c’est-à-dire que pour tout g ∈ G, ψg = ϕg |Im(H) ∈ SO3 (R). On pourra
utiliser la connexité pour justifier le signe du déterminant.
4. Calculer le noyau de ce morphisme.
5. Montrer que le produit scalaire associé à la norme | | est hx, yi = xy+yx
2 .
6. Soit g un quaternion unitaire imaginaire pur. Montrer que ψg est le re-
tournement (rotation d’angle π) d’axe la droite vectorielle passant par
g.
7. Monter que le morphisme ψ est surjectif.
8. En déduire que SU2 (C)/{± Id} ' SO3 (R).

Corrigé du second devoir maison

Exercice 1 :  
z 0
1. Il s’agit des matrices de la forme avec z ∈ C. On vérifie facile-
0 z̄
mentque c’est
 une sous-algèbre isomorphe à C grâce à l’isomorphisme
z 0
z 7→ de C dans H.
0 z̄
2. On a i2 = j 2 = k 2 = −1, ij = k, ji = −k, jk = i, kj = −i, ki = j et
ik = −j.
3. Si x = a+bi+cj+dk avec a, b, c, d ∈ R alors xx̄ = x̄x = a2 +b2 +c2 +d2 =
|x|2 . Ainsi, pour tout x 6= 0, x est inversible d’inverse |x|x̄ 2 .
4. Soit x = a + bi + cj + dk et y = a0 + b0 i + c0 j + d0 k. Alors un calcul donne
xy = ȳx̄.
5. Soit x = a + bi + cj + dk avec a, b, c, d. Si x 6= 0 et x est dans le centre
alors xi = ix et le calcul donne c = d = 0. On fait la même chose avec
j, xj = jx implique b = 0. Ainsi, le centre de (H∗ , ×) est R∗ .
6. Il suffit de montrer que la norme au carré est multiplicative. |xy|2 =
xyxy = xyy x = x|y|2 x = |y|2 xx = |y|2 |x|2 .
7. En effet si x, y sont des quaternions unitaires |xy| = |x| |y| = 1 et |x−1 | =
|x|
|x|2 = 1. De plus, 1 est bien un quaternion unitaire. En identifiant H à
R4 via x = a + bi + cj + dk 7→ (a, b, c, d), les quaternions unitaires
s’identifient à la sphère S3 . Via cette bijection, on peut transporter la
structure de groupe des quaternions unitaires à la sphère S3 .
DEVOIRS 2018-2019 145

8. Si x = a + bi + cj + dk, on pose z = a + ib ∈ C et w = c − id. L’écriture


z −w
matricielle de x est alors . Un calcul donne det x = zz + ww =
w z
|x|2 . Le quaternion est unitaire si |z|2 + |w|2 = 1.
9. Le groupe SU2 (C) est le sous-groupe des matrices 2 × 2 hermitiennes
de déterminant 1. C’est-à-dire que les deux colonnes de la matrice re-
présentent des vecteurs unitaires de C2 orthogonaux pour le produit
hermitien standard et tels que le déterminant
 est 1. Si on écrit une ma-
z u
trice A ∈ SU2 (C) sous la forme , on a les relations |z|2 + |w|2 =
w v
|u|2 + |v|2 , zu + wv = 0 et zv − wu = 1. De ces relations, on tire
u = −w et v = z. Réciproquement
  si ces deux relations sont vérifiées
z −w
et |z|2 = |w|2 = 1, alors ∈ SU2 (C). Comme la multiplication
w z
dans H correspond à la multiplication dans M2 (C), cette bijection entre
SU2 (C) et les quaternions unitaires est un isomorphisme.

Exercice 2 :
1. Toutes paires (z, w) comme dans la question 9 de l’exercice précédent
peut s’écrire de la forme z = cos(θ)eiα et w = sin(θ)eiβ avec θ ∈ [0, π/2],
α ∈ [0, 2π[ et β ∈ [0, 2π[. Ainsi, SU2 (C) est l’image de [0, π/2] × [0, 2π[2
par une application continue. Cet ensemble est bien connexe par arcs.
2. Remarquons que pour tout g ∈ SU2 (C), ϕg est R-linéaire et préserve la
norme, c’est donc une transformation orthogonale. On sait que H = R⊕
Im(H) est une décomposition orthogonale. Ainsi, il suffit de voir que
ϕg (R) = R. Cette égalité est vraie car les quaternions réels commutent
avec tous les autres.
3. En restreignant la représentation linéaire à Im(H) qui est un espace
euclidien de dimension 3, on a une représentation linéaire SU2 (C) →
O3 (R). Cette représentation est continue car l’application (g, x) 7→ gxg −1
est continue. Comme L’image de 1 est Id et que SU2 (C) est connexe, son
image est dans la composante connexe de Id, c’est-à-dire SO3 (R).
4. Le noyau de ce morphisme est l’intersection de SU2 (C) avec le centre.
z −w
Ainsi, dans l’écriture on a z ∈ R et w = 0. Avec la condition
w z
sur le déterminant, z = ±1. Le noyau est donc{± Id}.
5. On vérifie que la formule donnée est bien un produit scalaire sur H (en
tant que R-espace vectoriel). Quand on calcule hx, xi, on tombe sur |x|2 .
Ce que l’on voulait démontrer.
6. On sait que tous les éléments de SO3 (R) sont des rotations. Il suffit donc
de trouver l’axe et l’angle de cette rotation. On a ϕg (g) = g. Ainsi, ϕg est
une rotation d’axe Rg. Si on calcule ϕ2g , on obtient Id. Si αg est l’angle
de la rotation, alors 2αg ≡ 0[2π]. Comme αg 6= 0[2π],on a αg ≡ π[2π].
Ainsi, ϕg est bien le retournement d’axe Rg.
7. On sait que SO3 (R) est engendré par les retournements. Pour toute
droite réelle de Im(H), on choisit g unitaire sur cette droite et alors
ϕg réalise le retournement autour de cette droite. Ainsi, l’image est un
sous-groupe qui contient tous les retournements, c’est SO3 (R).
DEVOIRS 2018-2019 146

8. Par le premier théorème d’isomorphisme, on obtient ainsi que SU2 (C) '
SO3 (R)/{± Id}.

Partiel

Exercice 1 : Sous-groupes finis de SO(2). On note S 1 pour le sous-groupe de


(C∗ , ×) des nombres complexes de module 1 et (R/2πZ, +) est le groupe quo-
tient du groupe additif (R, +) par le sous-groupe 2πZ, c’est-à-dire les classes
de nombres réels modulo 2π.

1. Soit
 A ∈ SO(2). Montrer qu’il existe un nombre réel θ tel que A =
cos(θ) − sin(θ)
.
sin(θ) cos(θ)
2. Montrer que les groupes SO(2), S 1 et R/2πZ sont tous les trois iso-
morphes.
3. Soit G un sous-groupe de (R, +). On note a = inf{G ∩ R∗+ }. Montrer
que si a > 0 alors G = aZ = {an, n ∈ Z} et sinon G est dense dans R.
4. Soit ϕ : x 7→ eix de R dans S 1 . Soit Γ un sous-groupe de S 1 . Justifier que
ϕ−1 (Γ) est un sous-groupe de (R, +) qui contient 2πZ.
5. On suppose de plus que Γ est fini de cardinal n ≥ 2. Montrer qu’il existe
a > 0 tel que ϕ−1 (Γ) = aZ et en déduire la valeur de a en fonction de
n.
6. Montrer que pour tout n ≥ 1, SO(2) possède un unique sous-groupe
de cardinal n et donner ce groupe.
7. Que peut-on dire d’un élément de O(2) \ SO(2) ?
8. Utiliser la classification des sous-groupes finis de SO(2) pour trouver
tous les sous-groupes finis de O(2). Reconnaissez-vous des groupes
déjà vus ?

Exercice 2 : Sous-groupes finis de SO(3). Rappelons la formule de Burnside.


Soit G un groupe fini et X un ensemble fini. On suppose que G agit sur X. Si
k est le nombre d’orbites alors la formule de Burnside est

1 X
k= |F ix(g)|
|G|
g∈G

où Fix(g) = {x ∈ X, gx = x}. On pourra utiliser cette formule sans avoir


à la justifier.
1. Soit x, y ∈ X deux éléments dans la même orbite, justifier que x et y ont
des stabilisateurs Gx et Gy conjugués dans G et donc de même cardinal.
2. Soit g ∈ SO(3) qui n’est pas l’identité. Montrer que g a exactement 2
points fixes sur la sphère unité S 2 que l’on appelle pôles de g. Comment
sont-ils obtenus géométriquement ?
3. Soit G un sous-groupe fini de SO(3) de cardinal n > 1. En notant X
l’ensemble de tous les pôles des éléments de G \ {Id} et en notant k le
nombre d’orbites, démontrer que k = n1 (|X| + 2(n − 1)).
DEVOIRS 2018-2019 147

4. Justifier que 2 ≤ |X| ≤ 2(n − 1) et en déduire que k = 2 ou 3.


5. Dans le cas où k = 2, justifier que |X| = 2 et en déduire que tous les élé-
ments de G \ {Id} ont le même axe. En conclure que G est isomorphe à
un sous-groupe de SO(2). Dans une base bien choisie de R3 , on pourra
donner une expression explicite de G.
6. On se place désormais dans le cas k = 3. On choisit x1 , x2 et x3 dans
chacune de ces trois orbites. On note ni = |Gxi | et on les ordonne de
telle sorte que n1 ≤ n2 ≤ n3 . Justifier que n1 ≥ 2.
7. Démontrer que chaque xi a une orbite de cardinal n/ni et que |X| =
n + 2.
8. En déduire l’équation
1 1 1 2
+ + =1+ . (10.1)
n1 n2 n3 n
9. Justifier que n1 = 2 puis que n2 = 2 ou 3.
10. Si n2 = 2, montrer que n3 = n/2 et que l’orbite de x3 ne contient que les
pôles x3 et −x3 . Dans ce cas, justifier que G possède un plan invariant
et que G s’identifie à un sous-groupe de O(2).
11. On suppose maintenant que n2 = 3. Quelles sont les possibilités pour
n3 ? Qu’en déduisez-vous pour les valeurs de n possibles ? Dans cha-
cun des cas, donner un exemple d’un tel sous-groupe de SO(3) de car-
dinal n. On pourra utiliser les polyèdres convexes réguliers et leurs
groupes d’isométries 5 .

Exercice 3 : Isométries du tétraèdre régulier.


1. Construire un tétraèdre régulier T dans R3 . On pourra par exemple
donner les coordonnées des sommets en créant un triangle équilatéral
dans le plan Oxy puis en ajoutant un point sur l’axe Oz. On justifiera
que la définition de polyèdre régulier est bien satisfaite. Où se trouve
le centre de ce tétraèdre ? Un dessin sera le bienvenu.
2. Quel est le groupe d’isométries de ce tétraèdre régulier ? La réponse
sera justifiée.
3. En déduire le groupe des isométries directes de T .

Exercice 4 : Triangle avec deux angles obtus. Pouvez-vous créer un triangle


sphérique avec deux angles obtus, c’est-à-dire supérieur à π/2 ? On justifiera
la réponse.

Exercice 5 : Modèle de Klein du plan hyperbolique. Dans R3 muni d’une


base (e0 , e1 , e2 ) et de la forme bilinéaire symétrique (x, y) = x0 y0 −x1 y1 −x2 y2 ,
on note D le disque {(x0 , x1 , x2 ) ∈ R3 ; x0 = 1, x21 + x22 < 1}. Soit ϕ : H2 → D
telle que ϕ(x) soit l’intersection de la droite vectorielle engendrée par x et D.
1. Illustrer la situation.
2. Montrer ϕ est bien définie et est une bijection.
3. Montrer que l’image d’une géodésique par ϕ est un segment euclidien
dans D. Une figure sera la bienvenue.
5. Il faudrait montrer que ce sont les seules possibilités. L’exercice n’a donné que les cardinaux
possibles et non les groupes possibles.
DEVOIRS 2018-2019 148

Corrigé du partiel

Exercice 6 : Sous-groupes finis de SO(2). On note S 1 pour le sous-groupe de


(C∗ , ×) des nombres complexes de module 1 et (R/2πZ, +) est le groupe quo-
tient du groupe additif (R, +) par le sous-groupe 2πZ, c’est-à-dire les classes
de nombres réels modulo 2π.
 
a b
1. Soit A ∈ SO(2). La matrice s’écrit A = avec a2 +c2 = 1, b2 +d2 =
c d
1, ab + cd = 0 et ad − bc = 1 car les vecteurs colonnes forment une base
orthonormée directe. Il existe θ ∈ R tel que a = cos(θ) et c = sin(θ). De
même, il existe θ0 tel que d = cos(θ0 ) et b = sin(θ0 ). Comme ab + cd = 0,
on obtient sin(θ + θ0 ) = 0 et ainsi θ + θ0 ∈ πZ, c’est-à-dire que θ0 =
−θ + kπ pour un certain k ∈ Z. Si k est impair alors ad − bc = −1 et
donc on en déduit que θ0 = −θ +kπ avec k ∈ 2Z. Ce qui donne la forme
de A demandée.
 
cos(θ) − sin(θ)
2. Le morphisme θ 7→ est un morphisme de groupe
sin(θ) cos(θ)
surjectif (par la question précédente) de noyau 2πZ. On en déduit l’iso-
morphisme R/2πZ ' SO(2). De même, tout élément du cercle S 1 est de
la forme eiθ pour un θ ∈ R. Ainsi, le morphisme de groupes θ 7→ eiθ est
surjectif et de noyau 2πZ. De nouveau, on en déduit l’isomorphisme
R/2πZ ' S 1 .
3. Si a > 0 alors le sous-groupe engendré par a est aZ et donc aZ ⊂ G.
Soit x ∈ G. Écrivons la division euclidienne de x par a : x = aq + r avec
q ∈ Z et 0 ≤ r < a. Comme r = x − aq, r ∈ G ∩ R+ et par définition de
a, on a nécessairement r = 0 et donc x = aq. Ainsi, G = aZ. Si a = 0
alors pour tout ε > 0, il existe g ∈ G tel que 0 < g < ε. Alors pour tout
x ∈ R, faisons la division euclidienne de x par g : x = gq + r avec q ∈ Z
et 0 ≤ r < g ≤ ε. Comme gq ∈ G, B(x, ε) rencontre G et donc G est
dense dans R.
4. Comme ϕ est un morphisme de groupes, ϕ−1 (Γ) est un sous-groupe de
(R, +). Comme 1 ∈ Γ et ker ϕ = 2πZ, on a 2πZ ⊂ ϕ−1 (Γ).
5. On suppose de plus que Γ est fini de cardinal n ≥ 2. Si ϕ−1 (Γ) (par
surjectivité de ϕ) était dense dans R alors Γ = ϕ(ϕ−1 (Γ)) serait dense
dans S 1 , ce qui n’est pas le cas car Γ est fini. Ainsi, il existe a > 0 tel que
ϕ−1 (Γ) = aZ et comme 2π ∈ ϕ−1 (Γ), il existe m ∈ N tel que 2π = am et
donc a = 2π/m. On en déduit que Γ = {e2ikπ/m , k = 0, . . . , m − 1}. Par
cardinalité, on en déduit que m = n et donc a = 2π/n.
6. On vient de voir que S 1 possède unique sous-groupe fini de cardinal n.
Par l’isomorphisme entre S 1 et SO(2), on en déduit que SO(2) possède
un unique sous-groupe de cardinal n qui est exactement
  
cos(2kπ/n) − sin(2kπ/n)
, k = 0, . . . , n − 1 .
sin(2kπ/n) cos(2kπ/n)

7. Un élément de O(2) \ SO(2) est une symétrie orthogonale par rapport


à une droite. En effet si A ∈ O(2) alors A a des valeurs propres de
DEVOIRS 2018-2019 149

module 1. Si une de valeurs propres, λ, n’est pas réelle alors la seconde


est sa conjuguée et on en déduit que det(A) = λλ = |λ|2 = 1 Ainsi, si
A ∈ O(2) \ SO(2) alors A a deux valeurs propres qui sont 1 et -1 et on
en déduit que les deux droites propres associées sont orthogonales.
8. Soit Γ un sous groupe fini de O(2). Si Γ ⊂ SO(2) alors comme on vient
de le voir ci-dessus, Γ est le groupe des rotations d’angle un multiple
de 2π/n où n est le cardinal de Γ.
Sinon, il existe γ0 ∈ Γ qui n’est pas une rotation et par ce qui précède,
c’est une symétrie par rapport à une droite et donc γ02 = Id. On note
Γ+ = Γ ∩ SO(2), c’est le noyau du morphisme det : Γ → {±1}. C’est
donc un sous-groupe normal de Γ. Si n est le cardinal de Γ+ , par ce
précède, Γ+ est le groupe des rotations d’angle un multiple de 2π/n où
n est le cardinal de Γ+ . Soit γ ∈ Γ. Si det(γ) = 1 alors γ ∈ γ + sinon
γ0 γ ∈ Γ+ . On en déduit que Γ = Γ+ o hγ0 i et on reconnait le groupe
diédral d’ordre 2n.

Exercice 7 : Sous-groupes finis de SO(3). Rappelons la formule de Burnside.


Soit G un groupe fini et X un ensemble fini. On suppose que G agit sur X. Si
k est le nombre d’orbites alors la formule de Burnside est

1 X
k= |F ix(g)|
|G|
g∈G

où Fix(g) = {x ∈ X, gx = x}.
1. Soit x, y ∈ X deux éléments dans la même orbite. Il existe g ∈ G tel que
gx = y et on vérifie que Gy = gGx g −1 .
2. Soit g ∈ SO(3) qui n’est pas l’identité. On sait que g est une rotation. Un
point fixe pour g sur la sphère donne une droite propre pour la valeur
propre 1. On sait que g a exactement une droite propre pour la valeur
propre 1 donc les pôles sont les deux intersections de cette droite et de
la sphère.
3. Soit G un sous-groupe fini de SO(3) de cardinal n > 1. On applique la
formule de Burnside car G agit bien sur l’ensemble des pôles : si x est
un pôle de h alors gx est un pôle de ghg −1 . Pour g 6= Id, | Fix(g)| = 2 et
Fix(Id) = X. En replaçant |G| par n, on obtient la formule demandée.
4. Il y a au moins une rotation et donc au moins deux pôles, ce qui donne
2 ≤ |X|. Si tous les pôles étaient distincts, il y en aurait 2(n − 1). Ce qui
donne la seconde inégalité. Ainsi, n1 (2 + 2(n − 1)) ≤ k ≤ 4(n − 1)/n et
on en déduit que k = 2 ou 3.
5. Si k = 2, alors |X| = 2n − 2(n − 1) = 2. Il n’y a que deux pôles et
donc un seul axe de rotation. Comme il y a exactement deux orbites,
ces deux pôles sont des points fixes pour tous les éléments de G. Le
plan orthogonal à l’axe est invariant et l’action sur ce plan est fidèle.
On en déduit que G est isomorphe à un sous-groupe de SO(2). Ainsi
si e1 est un vecteur unitaire de l’axe et que l’on complète en une base
orthonormée (e1 , e2 , e3 ), le groupe G s’écrit dans cette base
DEVOIRS 2018-2019 150

  
 1 0 0 
G = 0 cos(2kπ/n) − sin(2kπ/n) , k = 0, . . . , n − 1 .
0 sin(2kπ/n) cos(2kπ/n)
 

6. Chaque pôle est fixé par une rotation non triviale donc Gx1 contient au
moins l’identité et cette rotation donc n1 ≥ 2.
7. L’orbite de xi est en bijection avec G/Gxi et a donc un cardinal n/ni .
De plus, 3n = |X| + 2(n − 1) donc |X| = n + 2.
8. Les orbites forment une partition de X. Ainsi |X| = n/n1 +n/n2 +n/n3 .
En divisant par n, on obtient

1 1 1 2
+ + =1+ . (10.2)
n1 n2 n3 n

9. Si n1 ≥ 3 alors n11 + n12 + n13 ≤ 1 mais 1 + n2 > 1. Ainsi n1 = 2. De même,


on doit avoir n12 + n13 > 1/2 ce qui impose n2 < 4.
10. Si n2 = 2, il est immédiat que n3 = n/2 (ce qui impose que n est pair)
et donc l’orbite de x3 ne contient que deux éléments. Le stabilisateur
Gx3 est d’ordre 2, il est donc distingué et par ce qui précède Gx3 laisse
invariant un plan et est un groupe de rotations dans ce plan. Comme
Gx3 est distingué dans G, G laisse aussi invariant ce plan mais échange
x3 et −x3 . L’action de G sur le plan invariant est celle d’un groupe
diédral comme dans l’exercice précédent.
11. En remplaçant les valeurs de n1 et n2 et en utilisant que n ≥ 3, on
obtient que n3 = 3, 4 ou 5. Si n3 = 3 alors n = 12, si n3 = 4 alors n = 24
et si n3 = 5 alors n = 60. Les groupes d’isométries directes du tétraèdre
A4 , du cube S4 et de l’icosaèdre A5 ont exactement ces cardinaux.

Exercice 8 : Isométries du tétraèdre régulier.


1. On identifie le plan Oxy avec C et on prend les points 1, j, j 2 qui forment
un
√ triangle équilatéral de hauteur 1 + cos(2π/3) = 3/2 et donc de côté
3. Il suffit alors√de prendre comme quatrième point, le point de co-
ordonnées
√ (0, 0, 2) qui est équidistant des trois autres points et à dis-
tance 3. Le polyèdre convexe considéré est l’enveloppe convexe de
ces quatre points. Chaque √ sommet appartient à trois triangles dont tous
les côtés ont longueur 3. Ce sont donc des triangles équilatéraux et
le polyèdre est bien régulier. Un√calcul d’isobarycentre montre que le
centre a pour coordonnées (0, 0, 2/4). Voir la Figure 1.
2. Les isométries préservent les sommets car ce sont les points les plus
éloignés les uns des autres. Comme les isométries sont affines, si une
fixe les quatre sommets alors c’est l’identité. Ainsi, on a un morphisme
fidèle de Isom(T ) vers S4 . Les transpositions sont obtenues en prenant
la symétrie par rapport à un plan orthogonal à une arête en son milieu.
Comme les transpositions engendrent S4 , Isom(T ) ' S4 .
3. On voit que les 3-cycles sont obtenus comme rotation autour d’un axe
passant par un sommet. Le sous-groupe Isom+ (T ) est d’indice 2 et
contient tous les 3-cycles, c’est donc A4
DEVOIRS 2018-2019 151

F IGURE 14 – Le tétraèdre construit à partir d’un triangle équilatéral dans le


plan (Oxy). Les sommets sont notés A, B, C, D et G est le centre.

Exercice 9 : Triangle avec deux angles obtus. La première remarque c’est


que la formule de Girard permet a priori de trouver un tel triangle. Il reste à le
construire. On se place dans R3 avec sa base canonique et on appelle N et S les
points de coordonnées (0, 0, ±1). On considère les points Pα± de coordonnées
(cos(α), sin(±α), 0) les méridiens Mα± de longitude ±α pour α ∈]0, π/2[, c’est-
à-dire les méridiens reliant N et S en passant par Mα± .
L’équateur rencontre ces deux méridiens en deux points Eα± en formant
deux angles droits. L’aire du triangle N, Eα+ , Eα− est 2α.
On considère le grand cercle Cθ passant par (0, 1, 0) et (cos(θ), 0, sin(−θ))
pour θ ∈]0, π/2[ . Ce grand cercle coupe les méridiens en deux points Fα± avec
des angles égaux (car la situation est symétrique par rapport au plan vectoriel
engendré par (1, 0, 0) et N ) égal à un certain β. On pourra se reporter à la
Figure 2.
L’aire A du triangle N, Fα+ , Fα− est strictement supérieure à 2α (car il contient
strictement le triangle N, Eα+ , Eα− ) et la formule de Girard donne

2α + 2β = π + A.

On en déduit que β > π/2. Ce qu’il fallait démontrer.

Exercice 10 : Modèle de Klein du plan hyperbolique. Dans R3 muni d’une


base (e0 , e1 , e2 ) et de la forme bilinéaire symétrique (x, y) = x0 y0 −x1 y1 −x2 y2 ,
on note D le disque {(x0 , x1 , x2 ) ∈ R3 ; x0 = 1, x21 + x22 < 1}. Soit ϕ : H2 → D
telle que ϕ(x) soit l’intersection de la droite vectorielle engendrée par x et D.

1. Voici une illustration de la situation sur la Figure 3.


DEVOIRS 2018-2019 152

F IGURE 15 – Le triangle N, F + , F − a deux angles obtus en F + et F − .

F IGURE 16 – Une géodésique est un segment dans le modèle de Klein.

2. Commençons par montrer que ϕ est bien définie. Soit x ∈ H2 alors x20 −
x21 − x22 = 1 et x0 > 0. On en déduit que x0 ≥ 1. Le point d’intersection
de la droite (Ox) et du plan affine d’équation x0 = 1 est le point de
coordonnées (1, x1 /x0 , x2 /x0 ). Ainsi (x1 /x0 )2 +(x2 /x0 )2 = 1−1/x20 < 1
donc ce point appartient bien au disque D.
2 2
Réciproquementp soit y ∈ D. On a (y, y) = 1 − y1 − y2 > 0. On pose
alors x = y/ (y, y). Le point x appartient à la droite (Oy) avec x0 > 0
(y,y)
et (x, x) = (y,y) = 1. Ainsi, c’est bien un point de H2 et par construction
ϕ(x) = y. En conclusion, ϕ est bien une bijection.
3. On a vu en cours qu’une géodésique est l’intersection de H2 avec un
plan vectoriel. Par la construction de ϕ, l’image de cette géodésique est
l’intersection de D avec ce même plan. C’est donc un segment.
DEVOIRS 2018-2019 153

Troisième devoir maison


Le but de ce troisième est de calculer les groupes fondamentaux des groupes
spéciaux orthogonaux SOn (R) et des espaces projectifs complexes Pn (C).

Exercice 1 : Compacité et connexité par arcs. Rappeler pourquoi les groupes


SOn (R) et les espaces Pn (C) (avec la topologie quotient) sont des espaces com-
pacts et connexes par arcs.

Exercice 2 : Petites dimensions. Dans cet exercice, on calcul les groupes fon-
damentaux en petites dimensions en identifiant les espaces avec des espaces
dont on connaît déjà le groupe fondamental.
1. Calculer le groupe fondamental de SO1 (R) et SO2 (R).
2. En utilisant le précédent devoir maison, calculer le groupe fondamen-
tal de SO3 (R). On justifiera que SO3 (R) est homéomorphe à P3 (R) '
SU2 (C)/{±1}.
3. Calculer le groupe fondamental de la droite projective complexe P1 (C).

Exercice 3 : Quotients
1. Dans Cn+1 , montrer que S1 agit sur la sphère unité S2n+1 par la formule
z · (z0 , . . . , zn ) = (zz0 , . . . , zzn ) et que l’espace quotient S2n+1 /S1 est
homéomorphe à Pn (C).
2. Montrer que le groupe SOn (R) agit transitivement sur la sphère unité
Sn−1 de Rn . Montrer que le stabilisateur d’un point est isomorphe à
SOn−1 (R). En déduire que Sn−1 est homéomorphe à SOn (R)/ SOn−1 (R).

Exercice 4 : Décomposition en produit de SO4 (R) et quaternions. On iden-


tifie la sphère S3 aux quaternions unitaires comme dans le second devoir mai-
son. On note q(g) ∈ S3 le quaternion unitaire g(1). Le stabilisateur de 1 pour
cette action s’identifie à SO3 (R) agissant sur la sphère unité S2 des quaternions
imaginaires purs. On note alors

h : SO4 (R) → S3 × SO3 (R)


g 7→ (q(g), ψ(g))

où ψ(g)(x) = g(x) · q(g)−1 . Le produit étant la multiplication entre quater-


nions.
1. Justifier que ψ(g) stabilise 1 (ce qui montre que h est bien à valeurs dans
S3 × SO3 (R)).
2. Montrer que h est un homéomorphisme.
3. En déduire le groupe fondamental de SO4 (R).

Exercice 5 : Fibration et relèvement. Soit E, F et B des espaces topologiques


et f : E → B une application continue. On dit que f est une fibration de base
B, de fibre F et d’espace total E si pour tout b ∈ B, il existe un voisinage ouvert
U de b et un homéomorphisme ϕU : f −1 (U ) → U × F tel que f = π1 ◦ ϕ
DEVOIRS 2018-2019 154

en restriction à f −1 (U ) où π1 : U × F → U est la projection sur la première


coordonnée (i.e. π1 (u, f ) = u pour tout (u, f ) ∈ U × F ). Ce qui correspond au
diagramme commutatif suivant.

ϕU
f −1 (U ) U ×F
f
π1
U

Intuitivement, si E est l’espace total d’une fibration, cela signifie que locale-
ment E se décompose en un produit de la base par la fibre. En particulier, si
E est le produit B × F , alors π1 : E → B est une fibration. Il suffit de prendre
pour ouvert U , B tout entier et pour ϕU , l’identité. On parle alors d’une fibra-
tion triviale. Dans tous les cas, l’ouvert U de la définition est appelé ouvert de
trivialisation. Si on peut prendre U = B comme ouvert de trivialisation, on dit
que la fibration est trivialisable.

Soit f : E → B une fibration et g : X → B une application continue. Un


relèvement de g est une application g̃ : X → E telle que f ◦ g̃ = g.

E

f
g
X B

x
1. Soit f : Rn \ {0} → Sn−1 la projection radiale donnée par f (x) = ||x|| .
Démontrer que f est une fibration de fibre R. Cette fibration est-elle
trivialisable ?
2. Montrer que l’application orbitale q : SO4 (R) → S3 (de l’exercice pré-
cédent) est une fibration trivialisable de fibre SO3 (R).
3. Montrer que la projection Sn → Pn (R) est une fibration de fibre {±1}.
Pour n ≥ 2, cette fibration est-elle trivialisable ? On pourra considérer
la connexité des espaces.
4. Soit f : E → B une fibration et c : [0, 1] → B un chemin continu. Mon-
trer qu’il existe un nombre fini d’ouverts de trivialisation U1 , . . . , Un et
d’ intervalles ouverts Ii de [0, 1] tels que [0, 1] = ∪i=1,...,n Ii et c(Ii ) ⊂ Ui .
5. Montrer que si I est un intervalle de [0, 1] tel que c(I) est inclus dans un
cI : I → f −1 (U ) qui est un relè-
ouvert de trivialisation U alors il existe e
vement de c restreint à I (on pourra choisir e cI de coordonnée constante
dans F ).
6. Lemme de relèvement Soit f : E → B une fibration, c : [0, 1] → B un
chemin continu et x0 ∈ f −1 (c(0)). Montrer qu’il existe un relèvement e
c
de c tel que e
c(0) = x0 .
DEVOIRS 2018-2019 155

7. Montrer que si f : E → B une fibration de fibre F avec B et F connexes


par arcs alors E est aussi connexe par arcs.
8. Montrer que dans ce cas, le morphisme f∗ : Π1 (E) → Π1 (B) est surjec-
tif.

Exercice 6 : Simple connexité des espaces projectifs complexes. On fixe


n ∈ N supérieur à 2. On considère la projection p : S2n+1 → Pn (C).

1. Pour i = 0, . . . , n, on considère l’ouvert Ui = {[z0 : . . . : zn ], zi 6= 0} ⊂


Pn (C).PMontrer que si Vi = p−1 (Ui ) alors Vi = {z = (z0 , . . . , zn ) ∈
n+1 n
C , i=0 |zi |2 = 1, zi 6= 0} et

ϕi : Vi →  S1 × Ui 
zi
z 7→ |zi | , [z0 : . . . : zn ]

est un homéomorphisme.
2. En déduire que p est une fibration de fibre S1 .
3. Grâce au lemme de relèvement, montrer que p∗ : Π1 (S2n+1 ) → Π1 (Pn (C))
est surjective et en déduire le groupe fondamental de Pn (C).

Pour conclure, ajoutons que si on fixe x ∈ Sn , l’application orbitale f : g 7→ gx


de SOn+1 (R) dans Sn est une fibration de fibres homéomorphes à SOn (R).
Grâce à cette fibration, on peut calculer le groupe fondamental de SOn+1 (R) à
partir de celui de SOn (R). On montre ainsi par récurrence que Π1 (SOn+1 (R)) '
Z/2Z.

Corrigé du troisième devoir maison

Exercice 1 : Compacité et connexité par arcs. Nous avons vu en TD pour-


quoi SOn (R) es connexe et les espaces Pn (C) (avec la topologie quotient) sont
des espaces compacts et connexes par arcs car image continue de la sphère
S2n−1 ⊂ Cn .

Exercice 2 : Petites dimensions.


1. Le groupe SO1 (R) est réduit à un point. Son groupe fondamental est
donc trivial.Le groupe SO2 (R) est homéomorphe à S1 , son groupe fon-
damental est donc Z.
2. Dans l’Exercice 2 du second DM, on a vu qu’il y avait un morphisme
continu de SU2 (C) dans SO3 (R). Ce morphisme passe au quotient de
SU2 (C)/{±I} dans SO3 (R). On a vu que l’application SU2 (C)/{±I} →
SO3 (R) est un isomorphisme. Par définition de la topologie quotient,
cet isomorphisme est continu. Comme les deux espaces sont compacts,
il s’agit d’un homéomorphisme.
DEVOIRS 2018-2019 156

3. La droite projective complexe P1 (C) est homéomorphe à la sphère de


Riemann S2 . Elle est donc simplement connexe.

Exercice 3 : Quotients
1. On vérifie facilement que la formule donne bien une action de groupe.
Soit Dans S2n+1 , deux éléments x, y engendrent la même droite com-
plexe s’il existe λ ∈ C∗ tel que x = λy et comme ||x|| = ||y|| = 1,
on a |λ| = 1. Ce qui montre que x et y sont dans la même orbite sous
l’action de S1 . Ainsi, le quotient S2n+1 /S1 est en bijection avec Pn (C).
Comme la projection π : S2n+1 → Pn (C) est continue, par définition de
la topologie quotient, l’application induite S2n+1 /S1 → Pn (C) est une
bijection continue. De nouveau, par compacité de ces espaces, c’est un
homéomorphisme.
2. Soit x1 , y1 deux points de Sn−1 . En choisissant des bases orthogonales
(x2 , . . . , xn ) et (y2 , . . . , yn ), l’unique application linéaire A telle que Axi =
yi est orthogonale et envoie x1 sur y1 . Ainsi SOn (R) agit transitivement
sur Sn−1 .Le stabilisateur
 de (1, 0, . . . , ) est donné par les matrices de
1 0
la forme avec A ∈ SOn (R) ce qui montre ce stabilisateur est
0 A
isomorphe à SOn (R). Pour un autre point, son stabilisateur à conjugué
à celui de (1, 0, . . . , 0) puisque les points sont dans la même orbite, son
stabilisateur est aussi isomorphe à SOn−1 (R).
L’application SOn (R) → Sn−1 donnée par A 7→ Ax où x = (1, 0, . . . , 0)
est continue surjective. Elle passe au quotient SOn (R)/ SOn−1 (R) en
une application continue et de nouveau par compacité de SOn (R)/ SOn−1 (R),
on obtient que Sn−1 est homéomorphe à SOn (R)/ SOn−1 (R).

Exercice 4 : Décomposition en produit de SO4 (R) et quaternions. On iden-


tifie la sphère S3 aux quaternions unitaires comme dans le second devoir mai-
son. On note q(g) ∈ S3 le quaternion unitaire g(1). Le stabilisateur de 1 pour
cette action s’identifie à SO3 (R) agissant sur la sphère unité S2 des quaternions
imaginaires purs. On note alors

h : SO4 (R) → S3 × SO3 (R)


g 7→ (q(g), ψ(g))

où ψ(g)(x) = g(x) · q(g)−1 . Le produit étant la multiplication entre quater-


nions.
1. On a ψ(g)(1) = g(1) · q(g)−1 = g(1)g(1)−1 = 1. Ce qui montre que ψ(g)
stabilise 1.
2. Il suffit de montrer que h est une bijection continue. Par compacité des
espaces, on aura que c’est un homéomorphisme.
3. Puisque SO4 (R) ' S3 ×SO3 (R), on a π1 (SO4 (R)) ' π1 (S3 )×π1 (SO3 (R))
et comme S3 est simplement connexe, π1 (SO4 (R)) ' π1 (SO3 (R)) '
Z/2Z.

Exercice 5 : Fibration et relèvement. Soit E, F et B des espaces topologiques


et f : E → B une application continue. On dit que f est une fibration de base
DEVOIRS 2018-2019 157

B, de fibre F et d’espace total E si pour tout b ∈ B, il existe un voisinage ouvert


U de b et un homéomorphisme ϕU : f −1 (U ) → U × F tel que f = π1 ◦ ϕ
en restriction à f −1 (U ) où π1 : U × F → U est la projection sur la première
coordonnée (i.e. π1 (u, f ) = u pour tout (u, f ) ∈ U × F ). Ce qui correspond au
diagramme commutatif suivant.

ϕU
f −1 (U ) U ×F
f
π1
U

Intuitivement, si E est l’espace total d’une fibration, cela signifie que locale-
ment E se décompose en un produit de la base par la fibre. En particulier, si
E est le produit B × F , alors π1 : E → B est une fibration. Il suffit de prendre
pour ouvert U , B tout entier et pour ϕU , l’identité. On parle alors d’une fibra-
tion triviale. Dans tous les cas, l’ouvert U de la définition est appelé ouvert de
trivialisation. Si on peut prendre U = B comme ouvert de trivialisation, on dit
que la fibration est trivialisable.

Soit f : E → B une fibration et g : X → B une application continue. Un


relèvement de g est une application g̃ : X → E telle que f ◦ g̃ = g.

E

f
g
X B

x
1. Soit f : Rn \ {0} → Sn−1 la projection radiale donnée par f (x) = ||x|| .
Démontrer que f est une fibration de fibre R. Cette fibration est-elle
trivialisable ?
2. Montrer que l’application orbitale q : SO4 (R) → S3 (de l’exercice pré-
cédent) est une fibration trivialisable de fibre SO3 (R).
3. Montrer que la projection Sn → Pn (R) est une fibration de fibre {±1}.
Pour n ≥ 2, cette fibration est-elle trivialisable ? On pourra considérer
la connexité des espaces.
4. Soit f : E → B une fibration et c : [0, 1] → B un chemin continu. Mon-
trer qu’il existe un nombre fini d’ouverts de trivialisation U1 , . . . , Un et
d’ intervalles ouverts Ii de [0, 1] tels que [0, 1] = ∪i=1,...,n Ii et c(Ii ) ⊂ Ui .
5. Montrer que si I est un intervalle de [0, 1] tel que c(I) est inclus dans un
ouvert de trivialisation U alors il existe ecI : I → f −1 (U ) qui est un relè-
vement de c restreint à I (on pourra choisir e cI de coordonnée constante
dans F ).
6. Lemme de relèvement Soit f : E → B une fibration, c : [0, 1] → B un
chemin continu et x0 ∈ f −1 (c(0)). Montrer qu’il existe un relèvement e c
de c tel que ec(0) = x0 .
DEVOIRS 2018-2019 158

7. Montrer que si f : E → B une fibration de fibre F avec B et F connexes


par arcs alors E est aussi connexe par arcs.
8. Montrer que dans ce cas, le morphisme f∗ : Π1 (E) → Π1 (B) est surjec-
tif.

Exercice 6 : Simple connexité des espaces projectifs complexes. On fixe


n ∈ N supérieur à 2. On considère la projection p : S2n+1 → Pn (C).

1. Pour i = 0, . . . , n, on considère l’ouvert Ui = {[z0 : . . . : zn ], zi 6= 0} ⊂


Pn (C).PMontrer que si Vi = p−1 (Ui ) alors Vi = {z = (z0 , . . . , zn ) ∈
n+1 n
C , i=0 |zi |2 = 1, zi 6= 0} et

ϕi : Vi →  S1 × Ui 
zi
z 7→ |zi | , [z0 : . . . : zn ]

est un homéomorphisme.
2. En déduire que p est une fibration de fibre S1 .
3. Grâce au lemme de relèvement, montrer que p∗ : Π1 (S2n+1 ) → Π1 (Pn (C))
est surjective et en déduire le groupe fondamental de Pn (C).

Pour conclure, ajoutons que si on fixe x ∈ Sn , l’application orbitale f : g 7→ gx


de SOn+1 (R) dans Sn est une fibration de fibres homéomorphes à SOn (R).
Grâce à cette fibration, on peut calculer le groupe fondamental de SOn+1 (R) à
partir de celui de SOn (R). On montre ainsi par récurrence que Π1 (SOn+1 (R)) '
Z/2Z.

Examen

Exercice 1 : Dynamique des homographies réelles


1. Montrer que pour toute homographie ϕ de P1 (R), il existe A ∈ GL2 (R)
telle que det(A) = ±1 et P (A) = ϕ.
2. Pour A ∈ SL2 (R), on note ϕA l’homographie associée à A (i.e. P (A)).
Quel est le noyau du morphisme A 7→ ϕA ? On note alors PSL2 (R) le
quotient de SL2 (R) par ce noyau.
3. Si ϕA possède un point fixe d ∈ P1 (R), que peut-on dire de la droite
d pour la matrice A ? Quelles sont les possibilités pour le nombre de
points fixes de ϕA ?
4. Montrer que si ϕA (pour A ∈ SL2 (R)) n’a pas de point fixe sur P1 (R)
alors A est conjuguée à une matrice de rotation. On pourra montrer
que les valeurs propres complexes de A sont de la forme eiθ et e−iθ
avec θ ∈ R et que si u ∈ C2 est un vecteur propre de A pour eiθ alors
dans une base de R2 formée par les parties réelles et imaginaires de u,
A est donnée par une matrice de rotation d’angle θ.
DEVOIRS 2018-2019 159

5. Montrer que si ϕ ∈ PGL2 (R) a un unique point fixe x0alors il existe


1 a
A ∈ SL2 (R) conjuguée à une matrice de la forme telle que ϕ =
0 1
ϕA et a 6= 0. Démontrer que pour tout x ∈ P1 (R), limn→±∞ ϕnA (x) = x0 .
6. Montrer que si ϕA a deux points fixes  distincts x+ et x− alors A est
λ 0
conjuguée à une matrice de la forme avec λ ∈ R∗ . Montrer
0 λ−1
que, quitte à échanger x+ et x− , on peut supposer |λ| > 1.
7. Montrer que pour tout x 6= x− , limn→+∞ ϕnA (x) = x+ et pour tout
x 6= x+ , limn→−∞ ϕnA (x) = x− .

Exercice 2 : Théorème de Borsuk-Ulam. Le but de cet exercice est de démon-


trer le théorème suivant.
Théorème 1 (Borsuk-Ulam). Soit ϕ : S2 → R2 continue. Il existe x ∈ S2 tel que
ϕ(x) = ϕ(−x).

1. Soit f : S1 → S1 continue et homotope à une application constante. On



pose f0 : [0, 1] → S1 donnée par f0 (x) = f e2iπx et fe0 : [0, 1] → R un
relèvement de f0 .
a) Rappeler la définition du degré d’un lacet de S1 et justifier que
d (f0 ) = 0.
b) En déduire que fe0 (1) = fe0 (0).
c) Montrer qu’il existe x ∈ [0, 1] tel que fe0 (x + 1/2) = fe0 (x). Pour cela,
on pourra utiliser la fonction g : [0, 1/2] → R définie par g(x) =
fe0 (x + 1/2) − fe0 (x).
d) Conclure qu’il existe z ∈ S1 tel que f (z) = f (−z).
2. Soit ϕ : S2 → R2 continue. On suppose que pour tout x ∈ S2 , ϕ(x) 6=
ϕ(−x).
ϕ(x)−ϕ(−x)
On considère aussi la fonction ψ : S2 → S1 donnée par ψ(x) = ||ϕ(x)−ϕ(−x)|| .

Un point x ∈ S2 sera noté (x1 , x2 , x3 ) avec x21 + x22 + x23 = 1. On


identifie S1 avec l’ensemble des points x ∈ S2 tels que x3 = 0. On
note aussi H l’hémisphère fermé des points x ∈ S2 tels que x3 ≥ 0 et
D = {(x1 , x2 , 0) ∈ R3 , x21 + x22 ≤ 1}.
a) Donner une application continue ι : D → H telle que ι|S1 soit l’iden-
tité de S1 . On pourra illustrer la construction par un dessin.
b) On définit h : D → S1 par h = ψ ◦ ι. En utilisant une rétraction par
déformations de D sur {0}, montrer que si f est la restriction de
h à S1 alors f : S1 → S1 est continue et homotope à une fonction
constante.
c) Démontrer le théorème de Borsuk-Ulam.
3. Quelques applications.
a) En déduire qu’à chaque instant, il existe deux points antipodaux
sur Terre où la température et la pression sont identiques. On expli-
citera les hypothèses physiques que l’on fera.
DEVOIRS 2018-2019 160

b) En déduire que la sphère n’est pas homéomorphe à une partie de


R2 .

Exercice 3 : Étude topologique du groupe SLn (R)


1. Justifier que SLn (R) est à la fois un sous-groupe fermé de GLn (R) et
une sous-variété de Mn (R).
2. Rappeler la décomposition polaire d’un élément de GLn (R).
3. Démontrer que pour toute matrice A ∈ Mn (C), det(exp(A)) = exp(trace(A)).
On pourra se ramener au cas d’une matrice triangulaire supérieure.
4. Démontrer que {P ∈ DPn (R), det(P ) = 1} est homéomorphe à {S ∈
Sn (R), trace S = 0}.
5. Justifier que si M = KP est la décomposition polaire de M ∈ SLn (R)
alors P ∈ SLn (R) et en déduire que K ∈ SLn (R) aussi.
6. Démontrer que SLn (R) est homéomorphe à un produit que l’on expli-
citera.
7. Démontrer que SLn (R) est connexe par arcs.
8. Donner le groupe fondamental de SLn (R) pour n ≥ 1.

Exercice 4 : Étude topologique du groupe O(p, q) Soit n un entier strictement


positif et p, q ∈ N tels que p + q = n. Dans une base bien choisie de Rn , toute
forme quadratique Q de signature (p, q) s’écrit

Q(x) = x21 + · · · + x2p − x2p+1 − · · · − x2n .

On note O(p, q) le groupe orthogonal de cette forme quadratique.


Notons  
Ip 0
J=
0 −Iq
où Ip , Iq sont des blocs identités de taille p et q.
t
1. Monter que pour M ∈ Mn (R), M ∈ O(p, q) ⇐⇒ M JM = J.
2. Montrer que O(p, q) est un sous-groupe fermé de GLn (R) et que c’est
une sous-variété de Mn (R).
3. Soit D = exp(S) ∈ DPn (R) avec S ∈ Sn (R) alors D ∈ O(p, q) ⇐⇒
S = −JSJ. On pourra utiliser que JSJ est symétrique et que exp est
injective en restriction à Sn (R).
t t
4. Montrer que si M ∈ O(p, q) alors M et M M ∈ O(p, q) aussi.
5. Soit M ∈ O(p, q) de décomposition polaire M = KP . Soit S ∈ Sn (R)
t
telle que exp(S) = M M . Montrer que P = exp(S/2) ∈ O(p, q). En
déduire que K ∈ O(p, q).
6. Soit K ∈ O(p, q) ∩ On . Montrer que K commute avec J.
7. En déduire qu’il existe A ∈ Op et B ∈ Oq telles que
 
A 0
K= .
0 B
DEVOIRS 2018-2019 161

8. Montrer que On ∩ O(p, q) est homéomorphe à Op × Oq .


9. Soit P = exp(S) ∈ O(p, q) ∩ DPn (R) avec S ∈ Sn (R). On décompose S
par blocs  
A B
S= .
C D
t
Montrer que C = B, A = 0 et D = 0.
  
0 B
10. Montrer que O(p, q) ∩ DPn (R) = exp t , B ∈ Mp×q (R) et
B 0
en déduire que O(p, q) ∩ DPn (R) est homéomorphe à Rpq .
11. Montrer que O(p, q) est homéomorphe à un produit de trois termes que
l’on explicitera.
12. À quelle condition nécessaire et suffisante sur p, q, a-t-on O(p, q) com-
pact ?
13. On suppose p, q ≥ 1. Montrer que O(p, q) a 4 composantes connexes.
14. Exhiber la composante connexe de l’identité. On la note O(p, q)0 .
15. Donner le groupe fondamental de O(p, q)0 en fonction des valeurs de p
et q.

Corrigé de l’examen

Exercice 1 : Dynamique des homographies réelles


1. Pour toute homographiepϕ de P1 (R), il existe A0 ∈ GL2 (R) telle que
P (A0 ) = ϕ. Posons λ = | det(A0 )| et A = λ−1 A0 . Alors A satisfait les
conditions demandées.
2. Nous avons vu en cours que le noyau du morphisme A 7→ ϕA de
GL2 (R) vers PGL2 (R) est donné par les matrices d’homothéties. Les
homothéties dans SL2 (R) sont les matrices λI2 avec λ2 = 1, c’est-à-dire
±I2 .
3. Si d est un point invariant de P1 (R) par ϕA alors Ad = d. Ainsi si u est
un vecteur directeur de d alors il existe λ 6= 0 tel que Au = λu, c’est-
à-dire que u est un vecteur propre de A. Les points fixes de ϕA sont
exactement les droites propres de A. Comme A a zéro, une ou deux
valeurs propres alors A n’a aucun point fixe, un point fixe (si l’espace
propre associé à l’unique valeur propre est de dimension 1), tous les
points sont fixes (si l’espace propre associé à l’unique valeur propre est
de dimension 2, c’est-à-dire que A est une homothétie) ou deux points
fixes (c’est-à-dire que chaque valeur propre a un sous-espace propre de
dimension 1).
4. Si ϕA (pour A ∈ SL2 (R)) n’a pas de point fixe sur P1 (R) alors A n’a pas
de valeur propre réelle mais deux valeurs propres complexes conju-
guées dont le produit vaut 1, c’est-à-dire eiθ et e−iθ avec θ ∈ R. Soit
u ∈ C2 , un vecteur propre pour la valeur propre eiθ et u1 , u2 ∈ R2 ,
les parties réelles et imaginaires de u, c’est-à-dire u = u1 + iu2 . Alors
Au1 = A<(u) = <(Au) car A est une matrice réelle. Or <(Au) =
<(eiθ u) = cos(θ)u1 − sin(θ)u2 . De même, Au2 = sin(θ)u1 + cos(θ)u2 .
DEVOIRS 2018-2019 162

Ainsi dans la base (u1 , u2 ) de R2 , lamatrice associé à l’endomorphisme


cos(θ) − sin(θ)
donné par A est . On reconnaît la matrice d’une ro-
sin(θ) cos(θ)
tation. Ainsi A est bien conjuguée à une matrice de rotation.
5. On suppose que ϕA a un unique point fixe x0 . Dans une base (u1 , u2 )
de R2 telle que u1 est un vecteur
 directeur
 de la droite x0 , la matrice de
λ a
A est donnée de la forme . Comme A n’a qu’une seule valeur
0 µ
propre λ = µ la condition sur le déterminant impose λ = ±1. Quite à
remplacer A par −A, on peut supposer λ = 1. Le coefficient a est non-
nul car sinon A = I2 et tous les points de P1 (R) seraient fixes mais ϕ
n’a qu’un seul point fixe.
6. Si ϕA a deux points fixes distincts x+ et x− alors A a deux valeurs
propres réelles distinctes λ, µ. Comme det(A) = 1, µ = λ−1 . Ce qui
donne la forme demandée. Les points x± sont les  deux
 droites propres
0 1
de A. Quitte à conjuguer A par la transposition (qui échange les
1 0
deux premiers vecteurs de la base de diagonalisation), on peut suppo-
ser que x+ correspond à la valeur propre λ avec |λ| > 1.
 
λ 0
7. Dans la base de diagonalisation dans laquelle A est donnée par ,
0 λ−1
x+ a pour coordonnées homogènes [1 : 0] et x− a pour coordonnées ho-
mogènes [0 : 1]. Ainsi x 6= x− a pour coordonnées homogènes [a, b]
si et seulement si a 6= 0. Ainsi An x a pour coordonnées homogènes
[λn a : λ−n b] qui converge dans P1 (R) vers [1 : 0] = x+ car a 6= 0 et
|λ|n → +∞.
Mutatis mutandis, le même phénomène se produit pour x 6= x+ .

Exercice 2 :
1. a) Si f0 un lacet de S1 alors le degré de f0 est donné par f˜0 (1) − f˜0 (0)
pour tout relèvement de f0 . On a vu en cours que deux lacets homo-
topes ont même degré. De plus, un relèvement d’un lacet constant
est une application constante et donc a un degré nul. Ainsi d (f0 ) =
0.
b) Par définition du degré, on a fe0 (1) = fe0 (0).
c) La fonction g : [0, 1/2] → R définie par g(x) = fe0 (x + 1/2) − fe0 (x) est
continue et g(0) = fe0 (1/2) − fe0 (0) = −(fe0 (0) − fe0 (1/2)) = −(fe0 (1) −
fe0 (1/2)) = −g(1/2) prend des signes opposés. Par le théorème des
valeurs intermédiaires, g s’annule entre 0 et 1/2, c’est-à-dire qu’il
existe x ∈ [0, 1/2] tel que fe0 (x + 1/2) = fe0 (x)
d) Posons z = e2iπx alors e2iπ(x+1/2 = −z. Ainsi fe0 (x + 1/2) = fe0 (x) se
traduit par f (z) = f (−z).
2. Soit ϕ : S2 → R2 continue. On suppose que pour tout x ∈ S2 , ϕ(x) 6=
ϕ(−x).
ϕ(x)−ϕ(−x)
On considère aussi la fonction ψ : S2 → S1 donnée par ψ(x) = ||ϕ(x)−ϕ(−x)|| .
DEVOIRS 2018-2019 163

Un point x ∈ S2 sera noté (x1 , x2 , x3 ) avec x21 + x22 + x23 = 1. On


identifie S1 avec l’ensemble des points x ∈ S2 tels que x3 = 0. On
note aussi H l’hémisphère fermé des points x ∈ S2 tels que x3 ≥ 0 et
D = {(x1 , x2 , 0) ∈ R3 , x21 + x22 ≤ 1}.
 p 
a) On définit ι(x) = x1 , x2 , 1 − x21 + x22 qui vérifie les conditions
demandées.
b) Pour t ∈ [0, 1], on définit rt : D → D par rt (x) = (1 − t)x. L’ap-
plication (t, x) 7→ rt (x) est continue, r0 est l’identité de D et r1 est
l’application constante égale à 0.
En posant f t = f ◦rt , on a f 0 = h et f 1 est une application constante
de S1 dans S1 . Ce qui montre que f est homotope à une application
constante. Par la première partie de l’exercice, il existe z ∈ S1 tel que
f (z) = f (−z).
c) Soit ϕ comme dans l’énoncé du théorème de Borsuk-Ulam. On dé-
montre le théorème par l’absurde. Dans ce cas, pour tout x ∈ S2 ,
ϕ(x) 6= ϕ(−x). On peut alors appliquer les questions 2(a) et 2(b). On
a alors l’existence de z ∈ S1 tel que f (z) = f (−z). Comme f = ψ ◦ ι
et que ι est l’identité sur S1 , on a ψ(z) = ψ(−z). Vu la définition de
ψ, on a ϕ(z) − ϕ(−z) = ϕ(−z) − ϕ(z). Ce qui donne 2ϕ(z) = 2ϕ(−z)
et ainsi ϕ(z) = ϕ(−z). Ce qui prouve le théorème.
3. Quelques applications.
a) On suppose que la surface de la Terre est une sphère et que la pres-
sion et la température varient continûment à la surface de la Terre.
On applique alors le théorème de Borsuk-Ulam à la fonction ϕ qui
au point x associe le couple (px , tx où px et tx sont la pression et la
température au point x.
b) Supposons que S2 est homéomorphe à une partie P ⊂ R2 via une
homéomorphisme l : S2 → P . On note I : P → R2 , l’inclusion de
P dans R2 , c’est-à-dire i(x) = pour tout x ∈ P . Posons ϕ = i ◦
l : S2 → R2 . Par le théorème de Borsuk-Ulam, il existe z ∈ S2 tel que
ϕ(z) = ϕ(−z). Ce qui signifie que i(l(z)) = i(l(−z)) et comme i est
injective l(z) = l(−z). Ce qui contredit le fait que l est une bijection.
Les deux derniers exercices sont traités à la fin du chapitre 10 des notes de
cours sur Arche (bien que ces points n’aient pas été traités en cours).
Devoirs 2019-2020

Premier devoir maison

Exercice 1 : Existence de point fixe pour les applications affines. Soit g une
application affine de Rn dans lui-même.
1. Justifier qu’il existe A : Rn → Rn application linéaire et b ∈ Rn tels que
pour tout x ∈ Rn , g(x) = Ax + b.
2. Montrer que g possède un point fixe si et seulement si b appartient à
l’image de In − A.
3. Montrer que si g possède un point fixe alors l’ensemble des points fixes
est un sous-espace affine dont on précisera la direction.
4. Montrer que si de plus A est orthogonale alors Im(In − A)⊥ = ker(In −
A). Quel est cet espace propre ?

Exercice 2 : Dans l’espace euclidien Rn , on appelle symétrie orthogonale


par rapport à un hyperplan affine H, l’isométrie σH telle que pour tout point
# »
A ∈ Rn , σH (A) = A + 2AP où P est le projeté orthogonal de A sur H (c’est-à-
# »
dire l’unique point P ∈ H tel que AP est orthogonal à la direction de H).
Le but de l’exercice est de montrer que toute isométrie de Rn est la compo-
sition d’au plus n + 1 telles symétries.
1. Montrer que si g ∈ Isom(Rn ) n’a pas de point fixe alors il existe une
symétrie par rapport à un hyperplan affine telle que σ ◦ g possède un
point fixe. On pourra considérer l’hyperplan médiateur entre O et g(O).
2. Montrer par récurrence sur k entier inférieur à n qu’il existe des sy-
métries σ0 , . . . , σl avec l ≤ k telles que l’espace des points fixes de
σl ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g est de dimension au moins k.
3. Conclure.

Exercice 3 : Rappeler la réduction des transformations orthogonales de Rn .


On rappelle qu’une transformation g : Rn → Rn est orthogonale si elle est li-
néaire et pour tout x, y ∈ Rn , hg(x), g(y)i = hx, yi. Montrer que pour toute telle
transformation, il existe une base orthogonale de Rn dans laquelle la matrice
de g est de la forme

164
DEVOIRS 2019-2020 165

 
Ik

 −Il 


 Rθ1 

 .. 
 . 
Rθ m

Où, k, l, m ∈ N, Ik est la matrice  k ; θ1 , . . . , θm ∈ [0, 2π[ et


 identité de taille
cos(θ) − sin(θ)
Rθ désigne la matrice de rotation .
sin(θ) cos(θ)

Exercice 4 : Isométries euclidiennes en dimension 2. Le but de cet exercice


est de démontrer le résultat suivant :
Théorème 2. Les éléments de Isom(R2 ) sont :
— les translations,
— les rotations,
— les symétries axiales et
— les symétries glissées.

1. Définir dans le cadre du cours les quatre types d’isométrie ci-dessus.


2. Quelles sont les parties linéaires possibles pour un élément de Isom(R2 )
(dans une base adaptée) ?
3. Classifier les éléments de Isom(R2 ) en fonction de leur partie linéaire et
de l’existence d’un point fixe ou non.

Exercice 5 : Isométries euclidiennes en dimension 3.


Le but de cet exercice est de démontrer le résultat suivant :

Théorème 3. Les éléments de Isom(R3 ) sont :


— les translations,
— les rotations,
— les rotations glissées (appelées aussi vissages),
— les symétries orthogonales par rapport à un plan,
— les symétries glissées et
— les antirotations.

1. Définir dans le cadre du cours les six types d’isométrie ci-dessus.


2. Quelles sont les parties linéaires possibles pour un élément de Isom(R3 )
(dans une base adaptée) ?
3. Classifier les éléments de Isom(R3 ) en fonction de leur partie linéaire
et de l’existence d’un point fixe ou non. On pourra écrire une isométrie
g ∈ Isom(R3 ) sous la forme g(x) = Ax+b, décomposer b = b1 +b2 selon
la somme orthogonal Im(In −A)⊕Im(In −A)⊥ , écrire g(x) = h(x)+b2 et
comprendre h d’abord en choisissant un point fixe de h comme origine.
DEVOIRS 2019-2020 166

Corrigé du premier devoir maison

Exercice 1 : Existence de point fixe pour les applications affines. Soit g une
application affine de Rn dans lui-même.
1. On utilise la structure d’espace vectoriel de Rn et la structure d’espace
affine induite. Notons b = g(0) alors l’application f = τ−b ◦ g est affine
et fixe 0, c’est donc une application linéaire. Si on note A la matrice de f
dans la base canonique alors f (x) = Ax. Ainsi, g(x) = τb ◦f (x) = Ax+b.
2. Supposons que g possède un point fixe x. Alors x = Ax + b et b = (In −
A)(x) appartient à l’image de In − A. Réciproquement, si b appartient à
l’image de In − A, il existe x tel que b = (In − A)(x) et ainsi x est point
fixe de g.
3. Notons E le sous-espace propre de A associé à la valeur propre 1. Si
x, y sont points fixes de g alors x − y = g(x) − g(y) = A(x − y) et donc
le vecteur x − y ∈ E. D’autre part, si v ∈ E et x est point fixe de g alors
pour y = x + v, g(y) = Ax + b + Av = g(x) + v = x + v = y et donc y
est aussi point fixe. Ainsi, l’ensemble des points fixes de g, s’il n’est pas
vide, est le sous-affine passant par un point fixe et de direction E.
4. On suppose que A est une matrice orthogonale alors ker(In −A) = {v ∈
Rn , Av = v} = {v ∈ Rn , A−1 v = v} = ker(In − A−1 ) = ker(In − t A) =
ker( t (In − A)) = Im(In − A)⊥ .
On reconnaît l’espace propre E ci-dessus.

Exercice 2 :
1. On suppose g sans point fixe donc O 6= g(O). L’hyperplan médiateur
de [O, g(O)] est l’ensemble des points équidistants de O et g(O). C’est
aussi l’hyperplan contenant le milieu M de [O, g(O)] et dirigé par l’or-
# »
thogonal de Og(O). Ainsi, si σ est la symétrie par rapport à cet hyper-
plan, σ(g(O)) = O et donc σ ◦ g fixe O.
2. Montrons par récurrence sur k ≤ n qu’il existe des symétries σ0 , . . . , σl
avec l ≤ k telles que l’espace des points fixes de σl ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g est de
dimension au moins k.
Initialisation. Pour k = 0, si g possède un point fixe alors g convient.
Sinon, on utilise la symétrie σ0 de la question précédente et σ0 ◦ g fixe
au moins un point. Ainsi, l’ensemble des points fixes est non-vide de
dimension au moins 0.
Étape de récurrence. On suppose le résultat pour 0 ≤ k < n. Ainsi, il
existe des symétries σ0 , . . . , σl avec l ≤ k telles que l’espace des points
fixes de g 0 = σl ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g est de dimension au moins k. Si l’espace des
points fixes de g 0 est de dimension au moins k + 1, alors ces symétries
conviennent aussi pour k + 1. Sinon, il existe x ∈ Rn qui n’est pas fixe
pour g 0 . Soit H l’hyperplan médiateur entre x et g 0 (x). Soit y un point
fixe de g 0 alors d(x, y) = d(g 0 (x), g 0 (y)) = d(g 0 (x), y) et donc y ∈ H. Soit
σl+1 la symétrie orthogonale par rapport à l’hyperplan H alors comme
à la question précédente σl+1 ◦ g 0 fixe x et comme σl+1 fixe tous les
points de H, σl+1 ◦ g 0 fixe aussi tous les points fixes de g 0 . Au final,
DEVOIRS 2019-2020 167

σl+1 ◦ g 0 fixe l’espace affine des points fixes de g 0 qui est de dimension
k et aussi le point x. Ainsi l’espace affine des points fixes de σl+1 ◦ g 0 ,
c’est-à-dire, σl+1 ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g, est de dimension au moins k + 1.
Par principe de récurrence, le résultat est acquis pour tout k ≤ n.
3. Pour k = n, il existe des symétries σ0 , . . . , σl avec l ≤ n telles que
σl ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g possède un espace de points fixes de dimension n. Cet
espace est donc Rn tout entier et ainsi σl ◦ · · · ◦ σ0 ◦ g = In . Finalement,
g = σ0 ◦ · · · ◦ σl s’écrit comme produit d’au plus n + 1 symétries par
rapport à des hyperplans.

Exercice 3 : Le but de cet exercice était d’avoir un énoncé utilisable directe-


ment pour la suite. Il n’était pas demander de redémontrer la réduction des
matrices orthogonales mais seulement de voir comment l’énoncé que vous
avez pu voir les années passées pouvait amener à l’énoncé demandé.

Exercice 4 : Isométries euclidiennes en dimension 2. Le but de cet exercice


est de démontrer le résultat suivant :

Théorème 4. Les éléments de Isom(R2 ) sont :


— les translations,
— les rotations,
— les symétries axiales et
— les symétries glissées.

1. On définit les éléments demandés.


— Une translation est une application de la forme x 7→ x + v où v est le
vecteur de translation.
— Une rotation est une application qui fixe un point (appelé centre de
la rotation) et dont la partie linéaire est une rotation (c’est-à-dire
que la matrice associée dans une base orthogonale est une matrice
de rotation comme dans l’Exercice 3). Si c est le centre et A la matrice

de rotation, on calcule l’image de x par c + A(cx).
— Une symétrie axiale est une symétrie par rapport à une droite (qui est
un hyperplan dans R2 ) comme définie dans l’Exercice 2.
— Une symétrie glissée est la composition d’une symétrie axiale et d’une
translation de vecteur non nul dans la direction de l’axe de la symé-
trie.
2. D’après l’Exercice 3, en étudiant les possibilités pour le nombre de 1, -1
et blocs de matrices de rotations, les seules parties linéaires possibles
sont données dans une base orthogonale bien choisie par une des ma-
trices suivantes
     
1 0 1 0 cos(θ) − sin(θ)
, et
0 1 0 −1 sin(θ) cos(θ)
pour un certain θ ∈]0, 2π[.
 
−1 0
Remarque : La matrice correspond à Rπ .
0 −1
3. On se donne une isométrie g de R2 et on distingue les cas suivants.
DEVOIRS 2019-2020 168

a) La partie linéaire de g est l’identité, il s’agit donc d’une translation.


b) La partie linéaire A est une rotation (qui n’est pas l’identité). Comme
1 n’est pas vecteur propre, In − A est inversible et donc par l’Exer-
cice 1, g possède un point fixe c. Pour tout point x ∈ R2 , g(x) =
#» = c + A(cx)
g(c) + A(cx) #» et on trouve une rotation comme définie
ci-dessus.
 
1 0
c) La partie linéaire A s’écrit dans une base orthonormée.
0 −1
Comme In − A n’est pas surjective, g peut ou non posséder un point
fixe.
— Si g possède un point fixe x alors la droite affine passant par x est
dirigée par l’espace propre associé à 1 est l’ensemble des points
fixes de g (Exercice 1). Comme la restriction de A sur l’orthogo-
nal de cet espace propre est la multiplication par -1, on reconnaît
la symétrie axiale par rapport à cette droite.
— Si g ne possède pas de point fixe alors g(x) s’écrit Ax + b où
b se décompose en b1 + b2 dans la somme orthogonale directe
Im(I2 − A) ⊕ Im(I2 − A)⊥ = Im(I2 − A) ⊕ ker(I2 − A). Comme
b∈ / Im(I2 − A), b2 6= 0. Posons h(x) = Ax + b1 alors h est une 
1 0
isométrie avec point fixe dont la partie linéaire s’écrit
0 −1
dans une base orthonormée. On retrouve une symétrie axiale.
Ainsi g est la composée d’une symétrie axiale et d’une transla-
tion de vecteur non nul inclus dans la direction de l’axe, c’est
une symétrie glissée.

Exercice 5 : Isométries euclidiennes en dimension 3.


Le but de cet exercice est de démontrer le résultat suivant :
Théorème 5. Les éléments de Isom(R3 ) sont :
— les translations,
— les rotations,
— les rotations glissées (appelées aussi vissages),
— les symétries orthogonales par rapport à un plan,
— les symétries glissées et
— les antirotations.

1. On définit les éléments demandés.


— Une translation est une application de la forme x 7→ x + v où v est le
vecteur de translation.
— Une rotation est une application qui laisse invariant un plan affine,
agissant comme une rotation dans ce plan et trivialement sur la di-
rection orthogonale. La droite affine des points fixes s’appelle l’axe
de la rotation.
— Une rotations glissée sont les compositions d’une rotation et d’une
translation de vecteur non nul dans la direction de l’axe de la rota-
tion.
— Une symétrie orthogonale par rapport à un plan a été définie dans
l’Exercice 2.
DEVOIRS 2019-2020 169

— Une symétrie glissée est la composée d’une symétrie orthogonale par


rapport à un plan affine et d’une translation de vecteur non nul dans
la direction du plan des points fixes de la symétrie.
— Une antirotation est la composée d’une rotation et d’une symétrie
orthogonale par rapport à un plan affine orthogonale à l’axe de la
rotation.
2. D’après l’Exercice 3, les seules parties linéaires possibles sont données
dans une base orthogonale bien choisie par une des matrices suivantes

       
1 0 0 1 0 0 1 0 0 −1 0 0
0 1 0 , 0 1 0  , 0 cos(θ) − sin(θ) et  0 cos(θ) − sin(θ)
0 0 1 0 0 −1 0 sin(θ) cos(θ) 0 sin(θ) cos(θ)

3. On se donne une isométrie g de R3 et on distingue les cas suivants.


a) La partie linéaire A de g est l’identité, il s’agit donc d’une transla-
tion.
 
1 0 0
b) La partie linéaire A de g s’écrit 0 1 0  dans une base ortho-
0 0 −1
normale adaptée. Comme I3 − A n’est pas surjective, g possède ou
ne possède pas de point fixe.
— Si g possède un point fixe x alors l’ensemble des points fixes
de g est un plan affine contenant x et g agit comme la symétrie
orthogonale par rapport à ce plan.
— Si g ne possède pas de point fixe alors g(x) s’écrit Ax + b où b se
décompose en b1 +b2 dans la somme orthogonale directe Im(I3 −
A)⊕Im(I3 −A)⊥ = Im(I3 −A)⊕ker(I3 −A). Comme b ∈ / Im(I3 −
A), b2 6= 0. Posons h(x) = Ax + b1 alors h est une isométrie
avec point fixe dont la partie linéaire est A. On retrouve pour h
une symétrie orthogonale par rapport à un plan. Ainsi g est la
composée d’une symétrie orthogonale par rapport à un plan et
d’une translation de vecteur non nul inclus dans la direction de
ce plan, c’est une symétrie glissée.
 
1 0 0
c) La partie linéaire A de g s’écrit 0 cos(θ) − sin(θ) dans une base
0 sin(θ) cos(θ)
orthonormale adaptée. Comme I3 −A n’est pas surjective, g possède
ou ne possède pas de point fixe.
— Si g possède un point fixe x alors l’ensemble des points fixes de
g est une droite affine contenant x et g agit comme la rotation
d’angle θ autour de cette droite.
— Si g ne possède pas de point fixe alors g(x) s’écrit Ax + b où
b se décompose en b1 + b2 dans la somme orthogonale directe
Im(I3 − A) ⊕ Im(I3 − A)⊥ = Im(I3 − A) ⊕ ker(I3 − A). Comme
b∈/ Im(I3 − A), b2 6= 0. Posons h(x) = Ax + b1 alors h est une iso-
métrie avec point fixe dont la partie linéaire est A. On retrouve
une rotation autour d’une droite de direction ker(I3 − A). Ainsi
g est la composée d’une rotation et d’une translation de vecteur
DEVOIRS 2019-2020 170

non nul inclus dans la direction de cette droite, c’est une rotation
glissée.
 
−1 0 0
d) La partie linéaire A s’écrit  0 cos(θ) − sin(θ) dans une base
0 sin(θ) cos(θ)
orthogonale adaptée (e1 , e2 , e3 ). Comme 1 n’est pas vecteur propre,
I3 − A est inversible et donc par l’Exercice 1, g possède un point
fixe c. Le plan affine contenant c et dirigé par vect(e2 , e3 ) est inva-
riant par g et g s’écrit comme une rotation dans ce plan. De plus,
g agit comme la multiplication par −1 sur la droite vectorielle or-
thogonale (qui est la direction de l’axe de la rotation), c’est donc
la composition d’une rotation et d’une symétrie par rapport à un
plan
 orthogonal
  à l’axe de la rotation.
 On peut aussi écrire A =
−1 0 0 1 0 0
 0 1 0 · 0 cos(θ) − sin(θ) pour voir que A est la compo-
0 0 1 0 sin(θ) cos(θ)
sée d’une rotation et d’une symétrie. On reconnaît une antirotation.

Second devoir maison

Exercice 1 : Construction à la règle seule. On considère une feuille de papier


sur laquelle sont tracées deux droites qui se coupent en un point q dehors de
la feuille. Sur cette feuille se trouve aussi un point p qui n’est pas sur une de
ces deux droites. Expliquer comment tracer la droite (pq) à la règle seule.

Exercice 2 : Existence ou non de point fixe. Soit P (E) un espace projectif


sur le corps k = R ou C. Montrer que si la dimension de P (E) est paire alors
toute transformation projective possède un point fixe. Si la dimension est 1 et
k = R, le résultat est-il encore vrai ?

Exercice 3 : Birapport et cocyclicité. On se place dans la droite projective


P1 (C) identifiée à C ∪ {∞}.

Définition. On appelle cercle de P1 (C) les objets suivants :


— les cercles euclidiens de C, c’est-à-dire les ensembles de la forme {z ∈
C, |z − z0 | = r} pour z0 ∈ C et r > 0,
— les droites projectives réelles, c’est-à-dire les ensembles A ∪ {∞} où A
est une droite réelle affine de C ' R2 (donc de la forme {z0 + λz1 , λ ∈
R}, pour z0 6= z1 ∈ C).
Des points de P1 (C) sont cocycliques s’il existe un cercle qui les contient.

1. Montrer que trois points de P1 (C) sont toujours cocycliques.


z+1
2. Considérons l’homographie ϕ(z) = iz−i . Montrer que l’image par ϕ du
cercle unité |z| = 1 est la droite projective P1 (R) = R ∪ {∞}.

Dans la suite, le but de l’exercice est de montrer que quatre points distincts de
P1 (C) sont cocycliques si et seulement leur birapport est réel.
DEVOIRS 2019-2020 171

3. Soit 4 points x, y, z, w distincts de C tels que x, y, z ne soient pas alignés


(c.-à-d. non-inclus dans une droite réelle affine). Montrer que ces points
sont situés sur un cercle euclidien de C si et seulement si xd zy ≡ xwy[π].
d
On pourra utiliser le théorème de l’angle au centre.
4. Soit x, y, z trois points de C tels que x 6= z et y 6= z. Montrer que l’argu-
y−z
ment de x−z est une mesure de l’angle xd zy.
5. En déduire que 4 points x, y, z, w distincts de C avec x, y, z non alignés
sont situés sur un même cercle euclidien si et seulement si leur birap-
port est réel.
6. Montrer que si x, y, z ∈ C sont alignés alors z est aussi aligné avec ces
points si et seulement si [x, y, z, w] ∈ R.
7. Démontrer que pour quatre points distincts x, y, z, w ∈ P1 (C), on a

[x, y, z, w] = [y, x, z, w]−1 = [x, y, w, z]−1 = 1 − [x, z, y, w].

8. On suppose qu’un des points x, y, z, w est ∞. Justifier que l’on peut


supposer dans ce cas que w = ∞.
9. Quel est le cercle de P1 (C) qui passe par x, y et w = ∞ ? Démontrer que
[x, y, z, w] ∈ R si et seulement si x, y, z sont alignés.
10. Conclure.
11. Démontrer que toute homographie de P1 (C) préserve les cercles de
P1 (C).

Exercice 4 : Dans l’espace R3 , l’ensemble {(x, y, z) ∈ R3 x2 + y 2 − z 2 = 0}


est-il une sous-variété ? Si oui, quelle en est la dimension ? Sinon, quel est le
problème ? On justifiera précisément la réponse.

Exercice 5 : Dans l’espace R3 , on considère la sphère d’équation x2 + y 2 +


z 2 = R2 (avec R > 0) et le cylindre d’équation x2 + y 2 = 2x. On note CR
l’intersection des deux.

1. Représenter la situation en faisant un dessin à la main ou en utilisant


un logiciel comme Geogebra.
2. Justifier que pour R 6= 2, CR est une sous-variété.
3. Que se passe-t-il pour R = 2 ?
4. Discuter la connexité de CR en fonction de R.

Corrigé du second devoir

Exercice 1 : Construction à la règle seule. On utilise le théorème de De-


sargues et la Figure 1.
On part des droites g et h dont le point d’intersection est en dehors de
la feuille et d’un point C hors de g et h. On choisit des points A, B sur g, h
et une droite auxiliaire f de telle sorte que les intersections α = (BC) ∩ f ,
β = (AC) ∩ f et γ = (AB) ∩ f soient sur la feuille. On choisit alors un nouveau
DEVOIRS 2019-2020 172

F IGURE 17 – La situation d’application du théorème de Desargues.

point A0 sur h et on pose B 0 = g∩(A0 γ). Les droites (B 0 α) et A0 β se rencontrent


en un point que l’on nomme C 0 . On trace la droite CC 0 . Par le théorème de
Desargues, puisque α, β et γ sont alignés, c’est la droite demandée.

Exercice 2 : Existence ou non de point fixe. Toute transformation projec-


tive provient d’une transformation linéaire. Si k = R et dim(P(E)) = 2 alors
dim(E) = 3 et comme tout polynôme de degré 3 sur R possède un zéro, toute
application linéaire en dimension 3 possède une droite propre et cette droite
donne un point fixe dans l’espace projectif pour la transformation projective
associée.
Si k = C, comme tout polynôme possède un zéro, on a de même que toute
transformation projective sur C possède un point fixe.
En revanche si k = R et dim(P(E)) = 1 alors le résultat ne tient pas. Une
matrice de rotation (d’angle différent de π) ne possède pas de droite propre et
donc la transformation projective associée ne possède pas de point fixe.

Exercice 3 : Birapport et cocyclicité.


1. Soit x, y, z trois points distincts de P1 (C). Si un des points est ∞, alors
la droite affine réelle engendrée par les deux autres contient aussi ce
point à l’infini. Maintenant supposons que ces trois points soient dans
C alors soit ils sont contenus dans une droite affine réelle soit le triangle
de sommets x, y, z n’est pas plat et alors le cercle circonscrit à ce triangle
contient bien les trois points.
DEVOIRS 2019-2020 173

x y

F IGURE 18 – Illustration du théorème de l’angle au centre.

2. Soit z ∈ C de module 1 et z 6= 1. Alors


z+1
ϕ(z) = −i
z−1
(z + 1)(z − 1)
= −i
|z − 1|2
2
|z| + z − z − 1
= −i
|z − 1|2
2i=(z)
= −i
|z − 1|2
2=(z)
= ∈R
|z − 1|2

où =(z) désigne la partie imaginaire de z. De plus, pour z = 1, ϕ(z) =


∞. Ainsi ϕ est bien une application du cercle unité vers P1 (R). Soit
x ∈ R et cherchons z sur le cercle unité privé de 1 tel que x = ϕ(z).
Ainsi, on a z + 1 = x(iz − i), ce qui donne (1 − ix)z = −ix − 1. Comme
ix+1
x ∈ R, 1 − ix 6= 0 et donc il existe une unique solution z = ix−1 .
1
Ainsi, on a montré que ϕ est une bijection de S (le cercle unité) sur
P1 (R).
3. Commençons par remarquer que l’énoncé fait référence à des angles
orientés et non des angles non orientés comme dans le cours. Soit x, y, z, w
distincts dans C. Si x, y, z ne sont pas alignés alors il existe un unique
cercle C euclidien qui les contient tous les trois, c’est le cercle circons-
crit au triangle qu’ils forment. Soit O le centre de ce cercle. Par le théo-
rème de l’angle au centre, C = {u ∈ C, xuy d ≡ 2xOy d [π]}, c’est-à-dire
C = {u ∈ C, xuy d ≡ xd zy [π]}. En particulier, w appartient à l’unique
cercle qui passe par x, y et z si et seulement si xwy d ≡ xd zy [π].
iθ1 −iθ2
4. On a y − z = r1 e et x − z = r2 e avec r1 , r2 , θ1 , θ2 ∈ R. Ainsi,
y−z i(θ1 −θ2 ) i(θ1 −θ2 )
x−z = r 1 /r2 e et ainsi y − z = r1 /r2 e (x − z). C’est-à-
dire que y est l’image de x par la composée de l’homothétie de rapport
DEVOIRS 2019-2020 174

r1 /r2 et la rotation d’angle θ1−θ2 dans


 le sens trigonométrique. L’angle
y−z
zy ≡ θ1 − θ2 ≡ Arg
orienté xd x−z [2π].
5. Par les questions 3 et 4, les points x, y, z, w sont sur un même cercle
y−z y−w
euclidien si et seulement si x−z et x−w ont même argument modulo π,
y−z
x−z
c’est-à-dire si et seulement si le quotient y−w est réel (positif si l’argu-
x−w
ment est nul et négatif si l’argument est congru à π) donc si et seule-
ment si le birapport [x, y, z, w] ∈ R.
6. Les points x, y, z sont alignés si et seulement si il existe λ ∈ R tel que
y−z
y − z = λ(x − z). Ainsi, le birapport [x, y, z, w] = x−z
y−w est réel si et
x−w
y−w
seulement si le quotient x−w est réel, c’est-à-dire si et seulement si w
est sur la droite affine réelle engendrée par x et y (qui contient aussi z).
7. Les deux premières égalités découlent immédiatement de la définition.
Pour la dernière, on a
y−z w−z
y−x − w−x
1 − [x, z, y, w] = y−z
y−x
(y−z)(w−x)−(y−x)(w−z)
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
−zw−yx+xw+zy
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
(x−z)(w−y)
(y−x)(w−x)
= y−z
y−x
w−y
w−x
= z−y
z−x
= [x, y, z, w]

8. Grâce à la question 7, on peut permuter les points pour s’assurer que le


point ∞ se trouve en dernière position. Ces permutations ne changent
pas le fait que le birapport soit réel. On peut donc supposer que w = ∞.
9. L’unique cercle qui passe par x, y et ∞ est la droite projective réelle
donnée par la droite affine affine réelle qui passe par x et y et complétée
avec ∞.
10. Résumons ce que nous avons montré jusqu’à présent. Étant donnés
quatre points distincts de P1 (C), au plus un point est égal à ∞. Dans ce
cas, le birapport est réel si et seulement si les quatre points sont sur une
droite projective réelle. Dans le cas contraire, tous les points sont dans
C et de nouveau, deux cas se présentent : les trois premiers points sont
sur une droite affine réelle ou sont sur un cercle euclidien. Si les trois
points sont alignés alors le quatrième est aussi aligné si et seulement si
le birapport est réel et si les trois points sont sur un même cercle eucli-
dien alors le quatrième est sur ce cercle si et seulement si le birapport
est réel.
DEVOIRS 2019-2020 175

Au final, on a montré que quatre points distincts de P1 (C) sont cocy-


cliques si et seulement si le birapport [x, y, z, w] est réel.
11. Les homographies préservent le birapport. Ainsi, pour ϕ une homo-
graphie et x, y, z, w ∈ P1 (C), x, y, z, w sont cocycliques si et seulement
si [x, y, z, w] ∈ R, si et seulement si le birapport [ϕ(x), ϕ(y), ϕ(z), ϕ(w)]
est réel, si et seulement si ϕ(x), ϕ(y), ϕ(z), ϕ(w) sont cocycliques.
Ainsi, on a bien montré que les homographies préservent les cercles de
P1 (C).

Exercice 4 : Dans l’espace R3 , l’ensemble {(x, y, z) ∈ R3 , x2 + y 2 − z 2 = 0}


est le cône suivant.

Ce n’est pas une sous-variété. En effet, si c’était le cas, sa dimension serait


2 (comme on peut le voir en un point différent de 0) et un voisinage de 0 serait
homéomorphe à un disque de R2 . En particulier, un disque privé de son centre
est connexe mais si on retire le point 0 du cône on obtient deux composantes
connexes correspondant à z > 0 et z < 0. Ce qui montre que ce n’est pas une
variété.
Par contre, si on retire le point 0, c’est bien une sous-variété de dimension
2 car l’application (x, y, z) 7→ x2 + y 2 − z 2 de R3 \ {0} vers R a pour gradient
le vecteur (2x, 2y, −2z) qui est non-nul. C’est donc une submersion.

Exercice 5 : Dans l’espace R3 , on considère la sphère d’équation x2 + y 2 +


z 2 = R2 (avec R > 0) et le cylindre d’équation x2 + y 2 = 2x. On note CR
l’intersection des deux.

1. Voici les trois représentations pour R > 2, R = 2 et R < 2 sur les


Figures 3,4 et 5.
2. On suppose R 6= 2 et on pose g(x, y, z) = (x2 + y 2 + z 2 − R2 , x2 +
y 2 − 2x). Ainsi g est une application de classe C 1 de R3 vers R2 dont la
différentielle au point (x, y, z) est donnée par la matrice
 
2x 2y 2z
.
2x − 2 2y 0
DEVOIRS 2019-2020 176

F IGURE 19 – Le cas R > 2.

F IGURE 20 – Le cas R = 2.
DEVOIRS 2019-2020 177

F IGURE 21 – Le cas R < 2.

Cette matrice est de rang 2 sauf aux points tels que y = 0 et (z = 0


ou x = 1). Ces points n’appartiennent pas à CR (pour R 6= 2). Ainsi g
est une submersion d’un voisinage de CR vers R2 . On en déduit que
CR = g −1 ({0}) est une sous-variété de dimension 1.
3. Pour R = 2, le point (2, 0, 0) appartient à CR et la différentielle Dg en
ce point n’est pas surjective.
On remarque que tout point de CR est de la forme
 p 
1 + cos(t), sin(t), ± R2 − 2(1 + cos(t))

pour un certain t car la seconde équation donne un cylindre vertical sur


le cercle de centre (0,1) et de rayon 1 et ensuite on trouve z en résolvant
une équation du second degré.
 p 
En particulier pour R = 2, on obtient l’expression 1 + cos(t), sin(t), ± 2(1 − cos(t))
qui donne le point (2, 0, 0) pour t = 0, 2π. Ce qui montre que ce point
est l’extrémité de 4 arcs paramétrés :
 p 
— t 7→ 1 + cos(t), sin(t), 2(1 − cos(t)) avec t ∈ [0, π/2],
 p 
— t 7→ 1 + cos(t), sin(t), 2(1 − cos(t)) avec t ∈ [3π/2, 2π],
 p 
— t 7→ 1 + cos(t), sin(t), − 2(1 − cos(t)) avec t ∈ [0, π/2] et
 p 
— t 7→ 1 + cos(t), sin(t), − 2(1 − cos(t)) avec t ∈ [3π/2, 2π].
Ainsi, pour tout voisinage assez petit V de x0 = (2, 0, 0) dans CR , le
complémentaire V \ {x0 } possède 4 composantes connexes. Si CR était
une variété de dimension 1, on aurait que pour V assez petit, V est
homéomorphe à un intervalle ouvert de R et comme le complémentaire
d’un point d’un intervalle possède 2 composantes connexes, on obtient
une contradiction. En conclusion, C2 n’est pas une variété.
DEVOIRS 2019-2020 178

F IGURE 22 – Le point (2, 0, 0) vu de face.

4. Avec ce qui précède pour R > 2, CR est la réunion de


n p  o
1 + cos(t), sin(t), R2 − 2(1 + cos(t)) , t ∈ [0, 2π]

et n p  o
1 + cos(t), sin(t), − R2 − 2(1 + cos(t)) , t ∈ [0, 2π]
qui sont deux ouverts (CR ∩ {z > 0} et CR ∩ {z < 0}) de CR connexes
par arcs. Ainsi dans ce cas CR a deux composantes connexes.

Si R < 2 alors CR est la réunion de


   2   2 
p
2
 R −2 R −2
1 + cos(t), sin(t), R − 2(1 + cos(t)) , t ∈ − arccos , arccos
2 2
et
   2   2 
p  R −2 R −2
1 + cos(t), sin(t), R2 − 2(1 + cos(t)) , t ∈ − arccos , arccos
2 2
qui sont deux parties
 connexes par arcs ayant les points de paramètre
2
t = ± arccos R 2−2 en commun. Comme la réunion de deux parties
connexes par arc d’intersection non vide est connexe par arcs, on en
déduit que CR est connexe.

Partiel 2020

Exercice 1 : Triangle sphérique aux angles prescrits. Pouvez-vous construire


un triangle sphérique ayant pour angles π/3, π/4 et π/5 ? Si oui, expliquez
DEVOIRS 2019-2020 179

comment. On justifiera la réponse.

Exercice 2 : Isométries du cube. Soit C (pour cube) la boule unité pour la


norme infinie dans R3 . On rappelle que Isom(C) = {g ∈ Isom(R3 ), g(C) = C}.

1. Représenter la situation.
2. Montrer que C est un polyèdre convexe. Quels sont les arêtes, sommets
et faces de C ?
3. Montrer que C est de plus régulier.
4. Quel est le symbole de Schläfli de C ? La réponse sera justifiée.
5. Justifier que Isom(C) agit sur les sommets de C et que tout élément de
Isom(C) est linéaire. Pour cela, on pourra calculer la distance entre des
sommets diamétralement opposés et montrer que toute distance entre
deux éléments de C est plus petite que cette longueur de diagonale.
6. Justifier que Isom(C) agit sur les grandes diagonales du cube.
7. Montrer qu’il existe un morphisme ϕ : Isom(C) → S4 .
8. Montrer que ce morphisme est surjectif.
9. Calculer son noyau et montrer que ce noyau est isomorphe à Z/2Z.
10. Rappeler les types d’éléments de S4 .
11. Montrer comment obtenir chacun de ces types d’éléments grâce à une
isométrie de C.
12. On note Isom(C)+ pour {g ∈ Isom(C), det(g) = 1} que l’on appelle
sous-groupe des isométries directes du cube. Montrer que Isom(C)+ ' S4 .
13. Montrer que Isom(C) se décompose en produit direct Isom(C)+ ×ker(ϕ)
et en déduire que Isom(C) est isomorphe au produit de deux groupes
bien connus.
14. En faisant agir le groupe des isométries directes du cube sur les paires
de faces opposées du cube, montrer qu’il existe un morphisme surjectif
S4 → S3 .
15. En utilisant que le groupe An est simple pour n ≥ 5, montrer qu’il
n’existe pas de morphisme surjectif Sn → Sk pour n ≥ 5 et k < n. On
pourra raisonner sur les cardinaux de An et Sk . Ainsi le morphisme
obtenu ci-dessus est tout à fait exceptionnel.

Exercice 3 : Ballons avec seulement des hexagones L’entraineur de l’équipe


de France de football a décidé de mettre à l’honneur son équipe en créant
un ballon de football pavé uniquement d’hexagones et de représenter ainsi
géométriquement un symbole fort de son pays. On demande bien sûr que le
ballon soit sphérique, que chaque sommet du pavage participe à au moins
trois hexagones, mais l’on ne demande aucune propriété de régularité (les
hexagones peuvent être quelconques et le nombre d’hexagones par sommet
n’est pas supposé constant). Soit s, a et f le nombre de sommets, d’arêtes et
de faces du pavage.
DEVOIRS 2019-2020 180

1. Montrer l’inégalité 3s ≤ 2a. On pourra pour cela compter le nombre


total d’arêtes en comptant sommet par sommet les arêtes incidentes à
chaque sommet.
2. Trouver une relation entre a et f qui exprime que chaque hexagone
possède 6 côtés.
3. Donner une relation entre s, a et f .
4. Conclure à l’impossibilité d’une telle entreprise.

Exercice 4 : À l’aide de la formule d’Euler et de la liste des symboles de Schlä-


fli (p, q), donner la liste des triplets (s, a, f ) pour les polyèdres réguliers. Pour
cela, on ne supposera aucun des trois nombres s, a, f connus et on écrira deux
relations liant certains nombres parmi p, q, s, a et f . Ces relations exprimeront
respectivement un comptage des arêtes et des sommets, face par face.
On donnera la solution sous forme d’un tableau bien présenté et on justi-
fiera les réponses.

Corrigé du partiel 2019

Examen 2020

Exercice 1 : Soit n un entier strictement positif et p, q ∈ N tels que p + q = n.


Dans une base bien choisie de Rn , toute forme quadratique Q de signature
(p, q) s’écrit
Q(x) = x21 + · · · + x2p − x2p+1 − · · · − x2n .
On note O(p, q) le groupe orthogonal de cette forme quadratique.
Notons  
Ip 0
J=
0 −Iq
où Ip , Iq sont des blocs identités de taille p et q.
1. Monter que pour M ∈ Mn (R), M ∈ O(p, q) ⇐⇒ t M JM = J.
2. Montrer que pour M ∈ O(p, q), {t HJM +t M JH, H ∈ Mn (R)} est un
sous-espace vectoriel de Mn (R) isomorphe aux matrices symétriques
via l’application H 7→t M JH.
3. Montrer que O(p, q) est un sous-groupe fermé de GLn (R) et que c’est
une sous-variété de Mn (R).
4. Préciser la dimension de cette sous-variété.
5. Est-ce une sous-variété connexe ?

Exercice 2 : On souhaite montrer que toute matrice A ∈ M3 (R) à coefficients


strictement positifs possède une valeur propre strictement positive.
1. Représenter C = {(x, y, z) ∈ S2 , x, y, z ≥ 0} dans R3 .
DEVOIRS 2019-2020 181

2. Montrer que C est homéomorphe au disque fermé D2 = {z ∈ C, |z| ≤


1}. Pour cela, on montrera tout d’abord que C est homéomorphe à un
triangle équilatéral puis qu’un triangle équilatéral T centré en l’origine
de C est homéomorphe à D2 via l’application T → D2 donnée par z 7→
z
|tz | où tz est l’intersection de la demi-droite (réelle) issue de l’origine
passant par z et du bord de T . Représenter la situation.
Ax
3. En considérant l’application f : C → C donnée par f (x) = ||Ax|| pour
x ∈ C, montrer le résultat grâce à un théorème vu en cours.

Exercice 3 : Soit D1 , D2 deux droites complexes de C2 .

1. Justifier que l’on peut choisir des coordonnées (z1 , z2 ) telles que Di =
{(z1 , z2 ) ∈ C2 , zi = 0}.
2. Vérifier que C2 \ (D1 ∪ D2 ) est connexe par arcs.
3. Montrer que C2 \ (D1 ∪ D2 ) se rétracte par déformations sur T =
{(z1 , z2 ), |z1 | = |z2 | = 1}
4. Justifier que T est homéomorphe à un produit de deux espaces topolo-
giques bien connus.
5. En déduire le groupe fondamental de C2 \ (D1 ∪ D2 ).
6. Que pouvez-vous dire de l’analogue réel ?

Exercice 4 : Soit E un espace vectoriel. On note E ∗ le dual de E. On note


H(P(E)) l’ensemble des hyperplans projectifs de P(E).
1. Montrer que l’application

E∗ → H(P(E))
ϕ 7 → P(ker(ϕ))

induit une bijection entre P(E ∗ ) et H(P(E)) que l’on notera encore
K : P(E ∗ ) → H(P(E)) .
2. Donner l’inverse K −1 de K.
3. Justifier que si P(E) est un plan projectif alors K est une bijection entre
les points de P(E ∗ ) et les droites de P(E).
4. Soit m un point de P(E). On appelle pinceau de droites passant par
m l’ensemble des droites projectives contenant m. On le note m∗ ⊂
H(P(E)).
5. Montrer que K −1 (m∗ ) est une droite de P(E ∗ ).

Exercice 5 : On considère l’hyperboloïde H à une nappe d’équation x2 + y 2 −


z 2 = 1 et la sphère SR de rayon R > 0 centrée en l’origine de R3 .
1. Selon la valeur de R, dire si H ∩ SR est une sous-variété de R3 .
2. Représenter les différents cas.
3. Donner sa dimension lorsque c’est une sous-variété.
4. Indiquer aussi les composantes connexes de H ∩ SR .
5. Indiquer des paramétrisations des composantes de H ∩ SR .
Devoirs 2020-2021

Premier devoir maison

Exercice 1 : Groupe des matrices triangulaires. Soit n un entier positif et


Tn l’ensemble des matrices inversibles triangulaires supérieures à coefficients
dans un corps k.

1. Monter que Tn est un groupe pour la multiplication matricielle.


2. Soit Dn le sous-ensemble des matrices diagonales de Tn et soit Un le
sous-ensemble des matrices triangulaires avec des coefficients égaux à
1 sur la diagonale. Monter que Un et Dn sont des sous-groupes de Tn
et que Tn se décompose en produit semi-direct de Dn par Un .
3. Quelle est la bonne écriture Tn = Un o Dn ou Tn = Un n Dn ?

Exercice 2 : Un isomorphisme en petit cardinal.


1. Montrer que le groupe S3 est isomorphe au groupe diédral D6 et iso-
morphe au produit semi-direct Z/2Z n Z/3Z.
2. Plus généralement, montrer que le groupe symétrique Sn est isomorphe
au produit semi-direct < τ > nAn où τ est une transposition.

Exercice 3 : Le groupe affine comme groupe matriciel. On considère l’espace


Rn muni de sa structure d’espace affine canonique (c’est-à-dire en le faisant
agir sur lui-même par translations).

1. Justifier que tout élement ϕ du groupe affine Aff(Rn ) s’identifie à une


unique paire (A, b) ∈ GLn (R) × Rn par l’identité

ϕ(x) = Ax + b
pour tout x ∈ Rn .
2. Soit ϕ, ψ ∈ Aff(Rn ) correspondant aux paires (A, b), (A0 , b0 ). À quelle
paire correspond l’application ϕ ◦ ψ ?

182
DEVOIRS 2020-2021 183

3. On définit l’application de Aff(Rn ) vers GLn+1 (R) par la formule


 
A b
ϕ 7→
0 1
où (A, b) est la paire associée à ϕ et A est un bloc n × n et b un bloc n × 1
dans l’écriture matricielle ci-dessus. Montrer que cette application est
un morphisme qui permet d’identifier Aff(Rn ) à un sous-groupe de
GLn+1 (R).

Exercice 4 : Sous-groupes bornées des isométries euclidiennes. On consi-


dère Rn avec son produit scalaire canonique et la distance euclidienne d asso-
ciée. Les dessins sont les bienvenus pour cet exercice.
1. Soit x, y, z ∈ Rn et m le milieu de [y, z]. À l’aide de l’égalité de la mé-
diane, montrer que

d(x, m)2 = 1/2 d(x, y)2 + d(x, z)2 − 1/4 d(y, z)2 .

(10.3)

2. Soit K une partie bornée (c’est-à-dire qu’il existe R > 0 tel que K ⊂
B(0, R)). On définit le rayon circonscrit de K comme étant

Rmin = inf{r > 0 ; ∃x ∈ Rn , K ⊆ B(x, r)}.


Montrer qu’il existe un point c ∈ Rn tel que K ⊆ B(c, Rmin ). Pour
cela on considèrera une suite minimisante (xn ), c’est-à-dire avec une
suite rn décroissante vers Rmin et telle que K ⊂ B(xn , rn ). On montrera
que xn est de Cauchy en utilisant le milieu mn,n0 auquel on appliquera
l’Inégalité (10.3) avec y = xn et z = xn0 et x bien choisi (i.e. le plus loin
possible).
3. Montrer avec un argument similaire que, de plus, c est unique. Ce point
est appelle le centre de K.
4. Montre que tout sous-groupe G de Isom(Rn ) qui possède une orbite
bornée possède un point fixe. On pourra considérer le centre de cet
orbite et montrer qu’il est fixe pour G.
5. On identifie Isom(Rn ) à On n Rn et on le munit de la topologie produit.
Montrer que l’application orbitale g 7→ g(0) de Isom(Rn ) dans Rn est
continue.
6. Soit G un sous-groupe compact de Isom(Rn ). Montrer que G fixe un
point de Rn et en déduire que G est conjugué à un sous-groupe du
groupe orthogonal On .
7. Montrer que On est un sous groupe compact maximal pour l’inclusion,
c’est-à-dire que si G est un sous-groupe compact de Isom(Rn ) avec
On ⊆ G alors G = On .

Corrigé du premier devoir

Exercice 1 : Groupe des matrices triangulaires.


DEVOIRS 2020-2021 184

1. On peut bien sûr montrer matriciellement que Tn est un sous-groupe


de GLn (k). Une autre manière est de noter (ei ) la base canonique de k n
et Ei le sous-espace engendré par e1 , . . . , ei . Le groupe Tn est alors l’in-
tersection des stabilisateurs des Ei . C’est donc un sous-groupe comme
intersection de sous-groupes.
2. Notons Di la droite vectorielle engendrée par ei . Alors Dn est l’inter-
section des stabilisateurs des droites Di , c’est donc un sous-groupe de
Tn .
Les valeurs propres d’une matrice triangulaire sont exactement les va-
leurs sur la diagonale. Ainsi un élément A de Tn est dans Un si et seule-
ment si son spectre est {1}. Ainsi A ∈ Tn ⇐⇒ A−1 ∈ Tn . D’autre part,
l’identité appartient à Tn et un calcul matriciel montre que si A, B ∈ Un
alors AB ∈ Un . Ainsi, Un est un sous-groupe de Tn .
Soit A ∈ Dn ∩Un alors A est diagonale et ces valeurs diagonales sont des
1, c’est l’identité. Soit A ∈ Tn , on note a11 , . . . , ann ces valeurs diago-
nales et on pose D = diag(a11 , . . . , ann ) puis U = D−1 A. On a U ∈ Un ,
D ∈ Dn et A = DU . Soit A ∈ Dn et B ∈ Un . Alors ABA−1 a même
spectre que B, c’est-à-dire {1} et donc ABA−1 ∈ Un . Ainsi nous avons
montré que Tn se décompose en produit semi-direct de Dn par Un .
3. La bonne écriture est Tn = Dn nU n car Un est le sous-groupe distingué.

Exercice 2 : Un isomorphisme en petit cardinal.


1. Montrons directement que S3 ' Z/2Z n Z/3Z et comme nous avons
vu que D6 ' Z/2Z n Z/3Z, nous aurons le résultat par associativité de
la relation d’isomorphisme. Les 3-cycles sont (123) et (132). Ils forment
un groupe cyclique d’ordre 3 avec l’identité qui est aussi A3 et donc iso-
morphe à Z/3Z. C’est un sous-groupe distingué. Les autres éléments de
S3 sont les trois transpositions (12), (23) et (31). Soit H le sous-groupe
engendré par (12). Il est cyclique d’ordre 2 et d’intersection triviale avec
A3 . Le sous-groupe des 3-cycles agit transitivement sur les paires d’élé-
ments distincts de {1, 2, 3} et donc toute transposition s’écrit g(12)g −1
pour un certain 3-cycle g. Ce qui montre que tout élément de S3 est le
produit d’un élément de H et de A3 . L’intersection A3 ∩ H est triviale
et donc S3 ' A3 o H ' Z/3Z o Z/2Z.
2. Le sous-groupe An est distingué comme noyau de la signature σ. Soit
τ une transposition. Le sous-groupe hτ i est cyclique d’ordre 2. Soit g ∈
Sn . Si σ(g) = 1 alors g ∈ An sinon σ(τ g) = (−1)2 = 1 et g 0 = τ g ∈ An .
Ainsi, g = τ g 0 ∈ hτ iAn .
Le seul élément de hτ i de signature positive est Id. Ainsi, hτ i ∩ An =
{Id}. Nous venons de montrer que Sn se décompose comme produit
semi-direct hτ i n An

Exercice 3 : Le groupe affine comme groupe matriciel.


1. Soit ϕ une application affine inversible. Notons L sa partie linéaire.
Nous avons vu que L est inversible car ϕ l’est. Soit A la matrice de
L dans la base canonique et b l’image de 0. Ainsi, ϕ(x) = τb (L(x)) =
Ax + b pour x ∈ Rn .
DEVOIRS 2020-2021 185

2. Soit ϕ, ψ ∈ Aff(Rn ) correspondant aux paires (A, b), (A0 , b0 ). Pour x ∈


Rn ,

ϕ(ψ(x)) = A(A0 x + b0 ) + b = AA0 x + (Ab0 + b).


Ainsi, ϕ ◦ ψ correspond à (AA0 , Ab + b0 ).
3. Soit A, A0 ∈ GLn (R) et b, b0 ∈ Rn . Effectuons le calcul matriciel.
  0
b0
  0
Ab0 + b
 
A b A AA
· =
0 1 0 1 0 1
Ce qui montre que l’application
 
A b
ϕ 7→
0 1
 
A b
est un morphisme de groupe. Ce morphisme est injectif car si =
0 1
In+1 alors A = In et b = 0, c’est-à-dire que ϕ est l’identité. L’image de
ce morphisme est donc un sous-groupe de GLn+1 (R) isomorphe au
groupe affine de Rn .

Exercice 4 : Sous-groupes bornés des isométries euclidiennes.


1. On se place dans le triangle de sommets x, y, z. L’égalité de la médiane
donne

||x − y||2 + ||x − z||2 = 1/2||y − z||2 + 2||x − m||2 .


C’est-à-dire

1  1
d(x, m)2 = d(x, y)2 + d(x, z)2 − d(y, z)2 . (10.4)
2 4
2. On considère une suite minimisante (xn ), c’est-à-dire avec une suite rn
décroissante vers Rmin et telle que K ⊂ B(xn , rn ). Soit mn,n0 le milieu
de [xn , xn0 ]. Soit ε > 0. Par définition de Rmin , il existe yn,n0 ∈ K tel que
d(mn,n0 , yn,n0 ) > Rmin − ε. Par l’Égalité (10.4), on a

d(xn , xn0 )2 = 2(d(xn , yn,n0 )2 + d(xn0 , yn,n0 )2 ) − 4d(mn,n0 , yn,n0 )2 .

Il existe N tel que pour tout n ≥ N , d(xn , x) < Rmin + ε pour tout
x ∈ K. Ainsi, pour n, n0 ≥ N ,

d(xn , xn0 )2 < 2(2(Rmin + ε)2 ) − 4(Rmin − ε)2


< 16Rmin × ε.

Ce qui montre que (xn ) est une suite de Cauchy et donc, par complé-
tude de Rn , converge vers un certain c ∈ Rn . Pour x ∈ K, d(xn , x) →
d(c, x) et ainsi d(c, x) < Rmin + ε pour tout ε > 0. Ainsi, d(c, x) ≤ Rmin ,
c’est-à-dire K ⊆ B(c, Rmin ).
DEVOIRS 2020-2021 186

3. Soit c, c0 deux points tels que K ⊆ B(c, Rmin ) et K ⊆ B(c0 , Rmin ). Soit
m le milieu de ces deux points et y ∈ K tel que d(Y, m) > Rmin − ε pour
un ε > 0 fixé. On a alors

d(c, c0 )2 = 2(d(c, y)2 + d(c0 , y)2 ) − 4d(m, y)2 .


Comme ci-dessus, on a d(c, c0 )2 < 16Rmin × ε. C’est vrai pour tout ε > 0
donc d(c, c0 ) = 0 et c = c0 .
4. Soit K l’orbite bornée et c son centre. Soit g ∈ G, pour tout y ∈ K, il
existe x ∈ K (x = g −1 y) tel que y = gx, ainsi d(gc, y) = d(gc, gx) =
d(c, x) ≤ Rmin . Par l’unicité montrée à la question précédente, gc = c
pour tout g ∈ G.
5. On considère l’application g 7→ g(0) pour g ∈ Isom(Rn ). Par le premier
exercice, g s’identifie à la paire (A, b) avec A ∈ On et b ∈ Rn de telle
sorte que g(x) = Ax + b.
Ainsi ||g(0) − g 0 (0)|| ≤ ||b − b0 ||, ce qui montre la continuité de l’appli-
cation.
6. Si G est un sous-groupe compact de Isom(Rn ), son image par l’applica-
tion orbitale g 7→ g(0) est compacte et donc bornée puisque l’applica-
tion est continue. On applique alors la Question 4 qui nous donne un
point fixe pour G.
7. Soit G un groupe compact de Isom(Rn ) contenant On . S’il existe g ∈ G\
On alors g correspond à une paire (A, b) ∈ On ×Rn avec b 6= 0. Puisque
On ⊆ G, τb = g ◦ A−1 ∈ G. Ainsi, τbn ∈ G pour tout n ∈ Z. Comme
τbn (0) = nb, l’orbite de 0 n’est pas bornée et on a une contradiction avec
la compacité de l’orbite de 0. En conclusion G = On .

Devoir maison facultatif

Exercice 1 : Groupes des isométries d’un polyèdre régulier. Soit P un po-


lyèdre convexe de R3 . On a défini le groupe des isométries d’un polyèdre
comme le sous-groupe de Isom(R3 ) qui préserve P . On peut aussi définir
Isom P comme l’ensemble des bijections de P préservant la distance, c’est-
à-dire l’ensemble des bijections f : P → P telles que d(f (x), f (y)) = d(x, y)
pour tout x, y ∈ P . Le but de cet exercice est de montrer que tout élément de
Isom(P ) est bien la restriction d’une isométrie de R3 qui préserve P . Ainsi les
deux définitions coïncideront.
1. Soit C une partie convexe fermée de Rn . Montrer que pour tout x ∈ Rn ,
il existe un unique point p ∈ C tel que d(x, p) = d(x, C) = inf{d(x, y), y ∈
C}. On pourra raisonner comme dans l’Exercice 4 du premier devoir
maison. On appelle projeté de x sur C ce point et on le note PC (x).
2. Montrer que l’application PC : Rn → Rn est 1-Lipschitz.
3. Soit P un polyèdre convexe et c ∈ Rn son centre obtenu comme dans
l’Exercice 4. Montrer que c ∈ P et même que c ∈ P̊ .
4. Donner un exemple de partie bornée K dont le centre n’est pas un élé-
ment de K.
DEVOIRS 2020-2021 187

5. Montrer que pour tout élément f ∈ Isom(P ), f (c) = c.


6. Comme pour l’exercice concernant les isométries de la sphère, montrer
que f est la restriction à P d’un élément f˜ ∈ Isom(R3 ) qui préserve P .

Exercice 2 : Coloriage de l’icosaèdre. On se donne 5 couleurs et on attribue à


chaque arête de l’icosaèdre une couleur avec l’une des deux règles suivantes :
1. Deux arêtes sont de la même couleur si et seulement si elles ont même
direction ou des directions orthogonales.
2. Autour de chaque sommet, on retrouve les cinq couleurs.

1. Ces deux règles sont-elles équivalentes ou distinctes ? On pourra com-


mencer par montrer que la Règle I implique la Règle II. Pour la ré-
ciproque, on pourra soit donner une preuve soit donner un contre-
exemple.
Il s’agit en réalité d’une question de théorie des graphes et on pourra
représenter le graphe donné par les sommets et les arêtes dans le plan
pour s’aider.

2. Si la Règle II n’est pas équivalente à la Règle I, quelle condition peut-on


ajouter pour la rendre équivalente à la première règle ?

Partiel
Cet examen partiel a lieu à distance et donc la situation est très particulière.
Vous serez tentés d’aller chercher de l’aide dans votre cours, auprès d’autres
étudiants ou sur internet. Je vous encourage à ne pas le faire, par souci d’hon-
nêteté vis-à-vis de vous-même et des autres. D’autre part, cela ne vous sera
d’aucune utilité pour la suite de vos études ou pour des concours que vous
pourriez passer l’année prochaine.
La notation supposera que vous êtes honnêtes mais si j’ai la conviction
qu’il y a eu triche, les points ne seront pas attribués. La justification des ré-
ponses sera essentielle.
Les Exercices 1,2 et 3 sont indépendants mais l’Exercice 4 dépend en partie
de l’Exercice 3. Il

Exercice 1 : Somme des angles d’un triangle sphérique. Calculer les bornes
supérieures et inférieures de la somme des angles d’un triangle sphérique.
Ces bornes sont-elles atteintes ? La réponse pourra dépendre de l’acceptation
ou non de triangles « dégénérés » (notion à expliquer). Les illustrations seront
bienvenues.

Exercice 2 : Triangles semblables.


1. Soit T1 et T2 deux triangles euclidiens avec mêmes angles aux sommets
α, β, γ.
a) Les triangles sont-ils isométriques ? C’est-à-dire, existe-t-il une iso-
métrie γ ∈ Isom(R2 ) telle que γ(T1 ) = T2 ?
DEVOIRS 2020-2021 188

2. Soit T un triangle sphérique de sommets A, B, C, d’angles aux som-


mets α, β, γ et de côtés a, b, c. On construit le triangle polaire T 0 à T de la
manière suivante. Soit CB,C le grand cercle contenant les points B et C.
Le point A0 est l’intersection de l’hémisphère délimité par CB,C conte-
nant A et de la droite vectorielle orthogonale au plan contenant CB,C .
On construit de manière analogue les points B 0 et C 0 . Le triangle polaire
T 0 est le triangle sphérique de sommets A0 , B 0 , C 0 . On note α0 , β 0 , γ 0 et
a0 , b0 , c0
a) Rappeler à quels angles au centre de la sphère correspondent les
côtés a, b, c.
b) Représenter la construction de A0 puis le triangle polaire T 0 .
c) Quel est le triangle polaire de T 0 ?
d) Pouvez-vous construire un triangle sphérique T tel que T = T 0 ?
e) On souhaite montrer que α0 = π − a. Pour cela, on pourra raison-
ner de la manière suivante. Soit u le vecteur initial en A0 du seg-
ment sphérique [A0 , B 0 ] et v celui de [A0 , C 0 ]. Montrer que les quatre
# » # » # » # »
vecteurs OB, OC, u, v sont orthogonaux à OA0 puis que OB⊥v et
# » # » # » # »
OC⊥u. De plus, démontrer que les bases (OB, v) et (OB, OC) ont
# » # » # »
même orientation. De même, les bases (OC, u) et (OC, OB) ont
même orientation. En déduire le résultat. Cette question pourra être
admise.
f) Donner les cinq autres relations analogues entre les α, β, γ, b, c et les
β 0 , γ 0 et a0 , b0 , c0 .
g) Rappeler la loi sphérique des cosinus.
h) Montrer que

cos(α0 ) = − cos(β 0 ) cos(γ 0 ) + sin(β 0 ) sin(γ 0 ) cos(a0 )


cos(β 0 ) = − cos(α0 ) cos(γ 0 ) + sin(α0 ) sin(γ 0 ) cos(b0 )


cos(γ 0 ) = − cos(α0 ) cos(β 0 ) + sin(α0 ) sin(β 0 ) cos(c0 )

i) En déduire que l’on a aussi



cos(α) = − cos(β) cos(γ) + sin(β) sin(γ) cos(a)
cos(β) = − cos(α) cos(γ) + sin(α) sin(γ) cos(b)
cos(γ) = − cos(α) cos(β) + sin(α) sin(β) cos(c)

j) Montrer que si deux triangles sphériques ont mêmes angles, ils ont
aussi mêmes côtés.
k) Montrer que deux triangles sphériques avec mêmes angles sont aussi
isométriques.
l) Formuler une conjecture pour des triangles hyperboliques et don-
ner une esquisse de preuve.

Exercice 3 : Les deux tétraèdres du cube. On considère le cube C = [−1, 1]3


dans R3 . On munit les sommets du cube de la relation d’équivalence engen-
drée par x ∼ y si x et y sont opposés dans une face. On note Isom+ (C) pour
le groupe des isométries directes de C et Isom(C) pour le groupe de toutes les
isométries.
DEVOIRS 2020-2021 189

F IGURE 23 – Un cube et deux tétraèdres.

1. Montrer qu’il y a exactement deux classes d’équivalence pour la rela-


tion ∼ dont vous préciserez la cardinalité.
2. Montrer que l’enveloppe convexe de chacune de ces deux classes est
un tétraèdre régulier.
3. Représenter le cube avec ces deux tétraèdres.
4. Montrer que le groupe Isom(C) agit sur ces deux tétraèdres.
5. Rappeler de manière concise comment on voit que Isom+ (C) est iso-
morphe à S4 . En particulier, préciser sur quel ensemble à 4 éléments
Isom+ (C) agit. Rappeler comment les différents types de permutations
dans S4 s’interprètent géométriquement.
6. Justifier que l’action de Isom(C) sur les deux tétraèdres induit un mor-
phisme σ : Isom(C) → Z/2Z.
7. Identifier le noyau de la restriction de σ à Isom+ (C). Quand on identifie
Isom+ (C) à S4 , quel est ce morphisme σ ?
8. À quel groupe bien connu, s’identifie le stabilisateur d’un sommet dans
Isom(C) ? Identifier géométriquement les éléments de ce groupe bien
connu.

Exercice 4 : Non-simplicité du groupe A4 . Un résultat classique de théorie


des groupes affirme que An est simple pour n ≥ 5. Le but ici est de montrer
que ce résultat est faux pour n = 4 et de comprendre ce qui se passe. Nous
utilisons le cube et son groupe d’isométries comme dans l’exercice précédent.

1. Que pouvez-vous dire de la simplicité de An pour n ≤ 3.


2. Combien y a-t-il au total de droites distinctes passant par le milieu
d’une face ?
3. Quelles sont les matrices des retournements (rotations d’angle π) au-
tour de ces axes ? Donner la liste des éléments du groupe K engendré
par ces retournements. Quel est son cardinal ?
4. À quel groupe classique, ce groupe K, est-il isomorphe ?
5. Montrer que K est un sous-groupe normal de Isom+ (C)
6. Montrer que K est dans le noyau du morphisme σ de l’exercice précé-
dent.
7. Justifier que A4 n’est pas simple. Expliciter un sous-groupe normal de
A4 .
DEVOIRS 2020-2021 190

Corrigé du partiel

Exercice 1 : Somme des angles d’un triangle sphérique. Pour un triangle ∆


d’angles α, β, γ, la formule de Girard donne

α + β + γ = π + A(∆).

Ainsi, α + β + γ ≥ π. Un triangle sphérique est toujours inclus dans un


hémisphère. Ainsi, A(∆) ≤ 2π. On a donc

π ≤ α + β + γ ≤ 3π.

Si un des angles tend vers 0, par exemple α, alors le triangle est inclus
dans un fuseau d’angle α dont l’aire est 2α qui tend donc vers 0. Donc l’aire
A(∆) → 0 et α + β + γ → π. C’est ce qui se passe pour le triangle de sommets
A = (0, 0, 1), B = (1, 0, 0) et C = (cos(α), sin(α), 0) dont l’angle en A est α.
Ainsi, π est la borne inférieure.

F IGURE 24 – Des triangles avec un angle au sommet A qui tend vers 0.

Pour un triangle ∆ qui devient aussi grand qu’un hémisphère, l’aire tend
vers 2π et donc 3π est une borne supérieure. C’est ce qui se passe pour le tri-
angle ∆ε de sommets (cos(π/2−ε), sin(π/2−ε), 0), (cos(−π/2 +ε), sin(−π/2 +
ε), 0) et (0, cos(ε), sin(ε)). Lorsque ε → 0.

F IGURE 25 – Des triangles avec une aire qui tend vers 2π.

Ces bornes inférieures sont atteintes si on accepte un point et un hémi-


sphère comme triangles (la définition du cours l’autorise). Si on définit un
triangle non dégénéré comme un triangle dont les sommets ne sont pas inclus
DEVOIRS 2020-2021 191

dans un même grand cercle alors ces bornes ne sont pas atteintes pour des
triangles non dégénérés.

Exercice 2 : Triangles semblables.


1. Soit T1 et T2 deux triangles euclidiens avec mêmes angles aux sommets
α, β, γ.
a) Deux triangles homothétiques avec un rapport différent de 1 ont
mêmes angles mais ne sont pas isométriques.

F IGURE 26 – Deux triangles semblables non isométriques.

2. Soit T un triangle sphérique de sommets A, B, C, d’angles aux som-


mets α, β, γ et de côtés a, b, c. On construit le triangle polaire T 0 à T de
la manière suivante. Soit CB,C le grand cercle contenant les points B
et C. Le point A0 est l’intersection de l’hémisphère délimité par CB,C
contenant A et de la droite vectorielle orthogonale au plan contenant
CB,C . On construit de manière analogue les points B 0 et C 0 . Le triangle
polaire T 0 est le triangle sphérique de sommets A0 , B 0 , C 0 .

a) La distance a correspond à l’angle BOC. \


b) Voici les illustrations de la construction sur les Figures 4 et 5.
c) Le triangle polaire de T 0 est T puisque par exemple A00 , le point
# » # »
polaire à A0 , est sur la droite orthogonale à OB 0 et OC 0 . Cette droite
contient A par construction de B 0 et C 0 . De plus, A et A0 sont dans
le même hémisphère délimité par le grand cercle passant par B 0 et
C 0 . Ainsi, A00 = A et de même B 00 = B, C 00 = C.
d) Pour un triangle équilatéral dont les trois côtés sont de longueur
π/2, on a T = T 0 .
# »
e) Le vecteur initial u de [A0 , B 0 ] est orthogonal à OA0 (il y avait une
# » # » # »
coquille, c’était OA0 et non OA) et dans le plan engendré par OA0 et
# »0 # »
OB . Il est donc aussi orthogonal à OC.
On raisonne de même pour le vecteur v, vecteur initial de [A0 , C 0 ].
# » # » # » # » # »
Les bases (OB, v) et (OB, OC) ont même orientation car OC 0 et OC
# » # »
sont dans le même demi-espace délimité par Vect(OB, OA). Il en
# »
est donc de même pour v et OC. On a la situation suivante.
DEVOIRS 2020-2021 192

F IGURE 27 – Construction du point A0 .

F IGURE 28 – Le triangle T et son triangle polaire T 0 .

C
u

v
O B
# » # »
On en déduit que l’angle formé par (u, v) et les vecteurs (OB, OC)
0
sont complémentaires à π. Ainsi, α = π − a.
f) Le même argument mutatis mutandis donne pour b et c

β0 = π − b
γ0 = π − c

Et en échangeant les rôles de T et T 0 , on a aussi


DEVOIRS 2020-2021 193

α = π − a0
β = π − b0
γ = π − c0

g) La loi sphérique des cosinus, avec nos notations, pour la longueur c


est
cos(c) = cos(a) cos(b) + sin(a) sin(b) cos(γ).
Pour les longueurs a et b, on a aussi,
cos(a) = cos(c) cos(b) + sin(c) sin(b) cos(α).
cos(b) = cos(a) cos(c) + sin(a) sin(c) cos(β).
h) La transformation x 7→ π − x de [0, π] dans lui-même préserve les si-
nus mais échange les cosinus avec leur opposé. Les lois des cosinus
de la Question (g) et les relations des Questions (e) et (f) donnent
alors

cos(α0 ) = − cos(β 0 ) cos(γ 0 ) + sin(β 0 ) sin(γ 0 ) cos(a0 )


cos(β 0 ) = − cos(α0 ) cos(γ 0 ) + sin(α0 ) sin(γ 0 ) cos(b0 )


cos(γ 0 ) = − cos(α0 ) cos(β 0 ) + sin(α0 ) sin(β 0 ) cos(c0 ).

i) En échangeant les rôles de T et T 0 , on alors



cos(α) = − cos(β) cos(γ) + sin(β) sin(γ) cos(a)
cos(β) = − cos(α) cos(γ) + sin(α) sin(γ) cos(b)
cos(γ) = − cos(α) cos(β) + sin(α) sin(β) cos(c).

j) Les formules de la Question (i) montrent que les cosinus des lon-
gueurs d’un triangle sont complètement déterminés par les angles
de ce triangle. La fonction cosinus étant injective sur [0, π], les lon-
gueurs des côtés sont donc complètement déterminées par les angles.
Ainsi, deux triangles avec mêmes angles ont mêmes longueurs de
côtés.
k) Soit A, B, C les sommets du triangle T . On réalise une orthonor-
# » # » # »
malisation de Gram-Schmidt sur la base (OA, OB, OC). Dans cette
base E , les points A, B et C ont respectivement pour coordonnées
(1, 0, 0), (cos(c), sin(c), 0) et (cos(b), cos(α) sin(b), sin(α)). Si on a un
triangle T ∗ de sommets A∗ , B ∗ et C ∗ avec mêmes angles que T , on
réalise une orthonormalisation comme ci-dessus pour obtenir une
base orthonormée E ∗ . Dans cette base, les points A∗ , B ∗ et C ∗ ont
mêmes coordonnées que A, B et C dans E. Pour trouver une iso-
métrie γ telle que γ(T ) = T ∗ , il suffit alors de prendre l’élément de
O3 (R) qui envoie la base E sur E ∗ .
l) Pour les triangles hyperboliques, on a aussi que deux triangles avec
mêmes angles sont isométriques. En effet, on a aussi en géomé-
trie hyperbolique une seconde loi des cosinus hyperboliques (qui
se trouve dans les notes du cours). Cette loi implique que deux tri-
angles avec mêmes angles ont aussi mêmes longueurs de côtés.
DEVOIRS 2020-2021 194

F IGURE 29 – Un cube et les deux tétraèdres inscrits.

Exercice 3 : Les deux tétraèdres du cube. On considère le cube C = [−1, 1]3


dans R3 . On munit les sommets du cube de la relation d’équivalence engen-
drée par x ∼ y si x et y sont opposés dans une face. On note Isom+ (C) pour
le groupe des isométries directes de C et Isom(C) pour le groupe de toutes les
isométries.
1. Les sommets du cube sont les points de coordonnées ±1. Deux som-
mets sont opposés dans une face, s’ils diffèrent d’exactement deux co-
ordonnées. Les deux classes sont donc

{(1, 1, 1), (−1, −1, 1), (−1, 1, −1), (1, −1, −1)}
et
{(−1, −1, −1), (1, 1, −1), (1, −1, 1), (−1, 1, 1)} .
Les huit sommets se répartissent donc en deux classes de cardinalité 4.
2. L’enveloppe convexe d’un nombre fini de points non coplanaires est
un polyèdre
√ convexe. Ici, les faces sont des triangles équilatéraux de
côtés 2 2. De plus, chaque sommet appartient à trois faces. On a donc
un polyèdre régulier de symbole de Schläfli (3, 3). C’est un tétraèdre
régulier.
3. Voir la Figure 6.
4. Comme les isométries du cube préservent les faces et les distances,
deux sommets opposés dans une face ont pour images deux sommets
opposés dans une face pour tout élément de Isom(C). Ainsi, l’image
d’une classe est encore une classe. Comme toute isométrie est affine,
l’image de l’enveloppe convexe d’une classe est l’enveloppe convexe
de la classe image. Ainsi, Isom(C) agit sur les deux tétraèdres.
5. Le groupe Isom+ (C) agit sur les quatre grandes diagonales du cube.
Ceci donne un morphisme Isom+ (C) → S4 . Ce morphisme est surjec-
tif, car les transpositions engendrent S4 et correspondent aux retourne-
ments autour d’un axe passant par le milieu d’une arête contenant deux
DEVOIRS 2020-2021 195

sommets des deux diagonales que l’on souhaite échanger. Il est injec-
tif, le noyau est constitué des éléments qui ont les quatre diagonales
comme axe propre et l’on a vu que la seule possibilité est l’identité.
Ainsi,

Isom+ (C) ' S4 .


Les 4-cycles correspondent aux rotations d’angle ±π/2 autour d’un axe
passant par le milieu d’une face. Les 3-cycles correspondent aux ro-
tations d’angle ±2π/3 autour d’un axe passant par un sommet. Les
doubles transpositions sont les rotations d’angle π autour d’un axe pas-
sant par le milieu d’une face.
6. Le groupe symétrique sur deux éléments est isomorphe à Z/2Z. L’ac-
tion sur les deux tétraèdres induit donc un morphisme σ : Isom(C) →
Z/2Z.
7. Le noyau est le sous-groupe de Isom+ (C) qui stabilise chacun des tétra-
èdres. Les retournements autour d’un axe passant par le milieu d’une
arête échangent les deux tétraèdres. Les éléments du noyau sont donc
les éléments qui s’écrivent un produit de longueur paire de tels retour-
nements. Considérer comme éléments de S4 , ce sont les produits de
transpositions de longueur paire, c’est-à-dire les éléments de A4 .
Le morphisme σ correspond donc à la signature.
8. Le stabilisateur d’un sommet S dans Isom(C) agit sur les trois dia-
gonales qui ne contiennent pas ce sommet. Les trois rotations autour
de l’axe contenant le sommet, permutent cycliquement les trois diago-
nales, que l’on peut identifier aux trois autres sommets du tétraèdre
contenant S. Les symétries par rapport à un plan contenant une arête
passant par S donnent 3 transpositions. Le morphisme Stab(C) → S3
est donc surjectif. Il est aussi injectif car un élément du noyau aurait les
quatre diagonales comme droites propres avec 1 comme valeur propre
pour la diagonale contenant S. Il n’y a que l’identité qui vérifie ces
deux conditions. Ainsi Stab(C) ' S3 . On a aussi Stab(C) ' D6 , en re-
gardant l’action sur la face opposée à S du tétraèdre, qui est un triangle
équilatéral.

Exercice 4 : Non-simplicité du groupe A4 . Un résultat classique de théorie


des groupes affirme que An est simple pour n ≥ 5. Le but ici est de montrer
que ce résultat est faux pour n = 4 et de comprendre ce qui se passe. Nous
utilisons le cube et son groupe d’isométries comme dans l’exercice précédent.

1. On a A1 = {id}, A2 = {id} et A3 ' Z/3Z qui sont tous les trois simples.
2. Une droite vectorielle passant par le milieu d’une face passe aussi par
le milieu de la face opposée. Il y a trois paires de faces opposées et donc
trois telles droites.
3. Les matrices de ces retournements sont
     
1 0 0 −1 0 0 −1 0 0
0 −1 0   0 1 0   0 −1 0
0 0 −1 0 0 −1 0 0 1
DEVOIRS 2020-2021 196

On vérifie qu’avec l’identité, elles forment un sous-groupe de O3 (R)


d’ordre 4 que l’on nome K (c’est le groupe de Klein).
4. C’est un groupe d’ordre 4, sans élément d’ordre 4, il est donc isomorphe
à Z/2Z × Z/2Z.
5. Le conjugué (par un élément de Isom(C)) d’un retournement autour
d’une droite passant par le milieu d’une face est encore un retourne-
ment autour d’une droite passant par le milieu d’une face. Le groupe
K, engendré par ces retournements, est donc un sous-groupe normal
de Isom+ (C)
6. Ces retournements envoient chaque sommet sur le sommet opposé sur
la face traversée par l’axe. Ainsi, chaque tétraèdre est invariant et donc
K est dans le noyau de σ.
7. L’image de K par l’isomorphisme Isom+ (C) → S4 est donc un sous-
groupe normal inclus dans le noyau de σ, c’est-à-dire A4 . L’image de
K est donc un sous-groupe normal de A4 qui n’est donc pas simple. Ce
sous-groupe correspond au sous-groupe des doubles transpositions.

Examen

Exercice 1 : Surface de Véronèse. Le but de cet exercice est de réaliser le plan


projectif réel P2 (R) comme sous-variété de R6 puis R4 . On définit l’application
v : R3 → R6 par la formule
 √ √ √ 
v(x, y, z) = x2 , y 2 , z 2 , 2 xy, 2 yz, 2 zx .

1. Montrer que v est une immersion de R3 \ {0} dans R6 .


2. Montrer que la restriction de v à S2 induit un homéomorphisme entre
P2 (R) et v(S2 ).
3. Montrer que v(S2 ) est une sous-variété de R6 .
4. Calculer le groupe fondamental de la surface de Veronese v(S2 ).
5. Montrer que v(S2 ) est dans un hyperplan affine H et satisfait l’équation
6
X
(x1 + x2 + x3 )2 − x2i = 0
i=1

où (x1 , . . . , x6 ) sont les coordonnées de R6 .


6. Bonus : Montrer que l’on peut réaliser le plan projectif comme sous-
variété de R4 .

Exercice 2 : Action de SL2 (R) sur le demi-plan supérieur.


1. Rappeler comment le groupe SL2 (C) agit par homographies sur la droite
projective complexe P1 (C) ' C ∪ {∞} en utilisant les coordonnées ho-
mogènes.
2. Déterminer le noyau de cette action.
DEVOIRS 2020-2021 197

3. On note H le demi-plan supérieur {z ∈ C, =(z) > 0}. Quel est le bord


topologique ∂H de H ?
4. Soit G le stabilisateur de H, c’est-à-dire l’ensemble des g ∈ SL2 (C) tels
que g(H) = H. Montrer que c’est un sous-groupe de SL2 (C) et en mon-
trant que si g ∈ G alors g(∂H) = ∂H, démontrer que G = SL2 (R).
5. Montrer que le stabilisateur de i ∈ C dans SL2 (R) est SO2 (R).
 
1 t
6. Montrer que l’ensemble des matrices avec t ∈ R est un sous-
0 1
groupe de SL2 (R) isomorphe à (R, +).
7. À quelle transformation
  géométrique correspond un élément de SL2 (R)
λ 0
de la forme ?
0 λ1
8. En utilisant les deux questions précédentes, montrer que SL2 (R) agit
transitivement sur H.

Exercice 3 : Domaine fondamental pour l’action de Γ = SL2 (Z) sur H. On


continue avec les notations de l’Exercice 2. Les notations =(z) et <(z) dési-
gnent respectivement la partie imaginaire et réelle du nombre z ∈ C.
 
a b
1. Soit c, d ∈ Z, montrer qu’il existe a, b ∈ Z tels que ∈ SL2 (Z) si et
c d
seulement si c et d sont premiers entre eux.
 
a b =(z)
2. Soit z ∈ H et γ ∈ ∈ SL2 (Z). Montrer que =(γ(z)) = |cz+d| 2.
c d
3. Montrer que supγ∈Γ =(γ(z)) < ∞ et que ce supremum est atteint.
4. Soit z ∈ H tel que =(z) = supγ∈Γ =(γ(z)). Montrer que pour tout c, d ∈
Z premiers entre eux, |cz + d| ≥ 1.
5. En appliquantle résultat
 de la Question 4 pour c = 1 et d = 0, c’est-à-
0 −1
dire pour γ = , montrer que |z| ≥ 1.
1 0
 
0 1 n
6. Montrer que pour tout z ∈ H, il existe n ∈ Z tel que z = (z)
0 1
0
vérifie −1/2 ≤ <(z ) ≤ 1/2.
7. En déduire que pour tout z ∈ H, il existe γ ∈ Γ tel que |<(γ(z))| ≤ 1/2
et |γ(z)| ≥ 1.
8. Représenter l’ensemble des z ∈ H tels que |<(z)| ≤ 1/2 et |z| ≥ 1.

Corrigé de l’examen

Exercice 1 : Surface de Véronèse. Le but de cet exercice est de réaliser le plan


projectif réel P2 (R) comme sous-variété de R6 puis R4 . On définit l’application
v : R3 → R6 par la formule
 √ √ √ 
v(x, y, z) = x2 , y 2 , z 2 , 2 xy, 2 yz, 2 zx .
DEVOIRS 2020-2021 198

F IGURE 30 – Une visualisation de P2 (R) dans R3 . Il s’agit de la surface de Boy


qui n’est pas une sous-variété de R3 à cause des auto-intersections.

1. L’application v a des coordonnées polynomiales, elle est donc de classe


C ∞ sur R3 . La matrice jacobienne de v au point (x, y, z) est
 
2x 0 0
 0 2y 0 
 
 0
√ √0 2z .
 2y
√2x√0 


 0 2z 2y
√ √

2z 0 2x
P
Soit C1 , C2 , C3 les colonnes de cette matrice et λi Ci une combinaison
linéaire triviale. Comme (x, y, z) 6= (0, 0, 0), au moins une des coordon-
nées est non nulle. Par symétrie, supposons que c’est x. À cause le la
première ligne, nécessairement λ1 = 0. À cause de la quatrième ligne,
λ2 = 0 et puis à cause de la dernière ligne λ3 = 0. Ainsi, la jacobienne
est de rang 3 et donc injective. Ce qui montre que v est une immersion
en tout point de R3 \ {0}.
2. L’application v est continue car ces applications coordonnées sont po-
lynomiales et donc continues. Pour p ∈ R3 , on a v(p) = v(−p). Ce qui
montre que la restriction de v à S2 induit une application continue sur-
jective continue de P2 (R) sur v(S2 ).
Soit (x, y, z) et (x0 , y 0 , z 0 ) dans S2 tels que v(x, y, z) = v(x0 , y 0 , z 0 ). En
regardant les trois premières coordonnées, on a |x| = |x0 |, |y| = |y 0 | et
|z| = |z 0 |. Supposons que x = x0 , alors en regardant les cinquièmes et
sixièmes coordonnées, on a y 0 = y et z = z 0 . De même, si x = −x0 , on a
y 0 = −y et z = −z 0 .
DEVOIRS 2020-2021 199

Ainsi pour p, p0 ∈ S2 , v(p) = v(p0 ) ⇐⇒ p = ±p0 . Ce qui montre


que l’application induite de P2 (R) sur v(S2 ) est injective. Il s’agit donc
d’une bijection continue entre espaces compacts. C’est donc un homéo-
morphisme.
3. Soit q ∈ v(S2 ). Il existe p ∈ S2 tel que v(p) = q. Soit B(p, π/2) la boule
de S2 de rayon π/2 autour de p pour la distance sphérique. Comme
B(p, π/2) ∩ −B(p, π/2), la restriction de v à B(p, π/2) est un homéo-
morphisme de B(p, π) sur v(B(p, π/2)).
Comme S2 est une variété, il existe ε ∈ (0, π/2], U ouvert de R2 et
h : U → B(p, ε) qui est une immersion et réalise un homéomorphisme
entre U et B(p, ε).
En posant h0 = v◦h, on obtient un homéomorphisme entre U et v(B(p, ε)).
De plus, c’est une immersion car D(x,y) h0 = Dh(x,y) v ◦ Dx,y) h qui est in-
jective comme composée de deux applications injectives.
Par le théorème des sous-variétés, version immersion, v(S2 ) est une
sous-variété de R6 homéomorphe à P2 (R).
4. Comme la surface de Veronese v(S2 ) et P2 (R) sont homéomorphes, ils
ont même groupe fondamental, qui est Z/2Z ici.
5. Soit (x1 , . . . , x6 ) les coordonnées de R6 . Pour (x, y, z) ∈ S2 , on a x2 +
y 2 + z 2 = 1. Ainsi si H est l’hyperplan d’équation x1 + x2 + x3 = 1, on
a bien v(S2 ) ⊂ H.
Si (x1 , . . . , x6 ) sont les coordonnées de v(x, y, z) alors

6
X 2
(x1 + x2 + x3 )2 − x2i = x2 + y 2 + z 2 − x4 − y 4 − z 4 − 2x2 y 2 − 2y 2 z 2 − 2x2 z 2
i=1
=0

6. Pour (x, y, z) ∈ S2 , et (x1 , . . . , x6 ) les coordonnées de v(x, y, z), on a


x1 + x2 + x3 = 1 et donc ||v(x, y, z)||2 = 1. Ce qui montre que v(S2 )
est incluse dans l’intersection d’un hyperplan H ' R5 et de la sphère
de rayon 1 de R6 . C’est donc une sphère de R5 . Plus précisément, c’est
la sphère centrée au point de coordonnées p (1/3, 1/3, 1/3, 0, 0, 0) (projeté
orthogonal de 0 sur H) et de rayon 2/3 par le théorème de Pythagore.
Ainsi, v(S2 ) est incluse dans une sphère S de R5 . L’ensemble v(S2 ) n’est
pas toute cette sphère (sinon son groupe fondamental serait trivial). Il
existe donc un point p ∈ S \ v(S2 ) et par projection stéréographique
S \ {p} est difféomorphe à R4 . De cette manière, v(S2 ) se réalise comme
sous-variété de R4 .

Exercice 2 : Action de SL2 (R) sur le demi-plan supérieur.


1. Les points de z ∈ C s’identifient aux points de coordonnées homogènes
 
a b
[z : 1] et ∞ correspond au point [1 : 0]. L’image de [z : 1] par est
c d
[az + b : cz + d] et l’image de ∞ est [a : c]
2. Le noyau de l’action correspond au noyau du morphisme GL2 (C) →
PGL2 (C), c’est l’ensemble des homothéties. Les seules homothéties dans
SL2 (C) sont I2 et −I2 . Ainsi le noyau est {±I2 }.
DEVOIRS 2020-2021 200

3. Le bord topologique de H est R ∪ ∞.


4. L’ensemble G est le stabilisateur d’une partie, c’est donc un sous-groupe
de SL2 (C) (c’est un exercice du premier chapitre). Un élément de ∂H =
H \ H est un élément z de P1 (C) tel que z ∈ / H et il existe (zn ) suite
d’éléments de H tels que zn → z. Si g ∈ G alors g(z) ∈ / H (sinon
z = g −1 (g(z)) ∈ H) et par continuité de g, g(zn ) → g(z). Ainsi, g(∂H) =
∂H. Donc g préserve R ∪ {∞} et nous avons vu en TD que g est à coef-
ficients réels. Comme la réciproque est aussi vraie, G = SL2 (R).
5. Soit g ∈ SL2 (R) tel que g(i) = i. On a ainsi ai+b
ci+d = i avec a, c, b, d ∈ R.
En multipliant par ci + d et en séparant partie réelle et imaginaire, on a
a = d et c = −b. La condition de déterminant égal à 1 donne a2 + b2 = 1
et donc il existe θ ∈ R tel que a = cos(θ) et b = sin(θ). Ainsi g est
une matrice de rotation et le stabilisateur de i est inclus dans SO2 (R).
Réciproquement, on vérifie par les mêmes calculs que pour tout g ∈
SO2 (R), g(i) = i.
 
1 t
6. L’application t 7→ pour t ∈ R est un morphisme de groupes
0 1
injectif. Son image est donc un sous-groupe de SL2 (R) isomorphe à
(R, +).
7. Un tel élément correspond à l’application de C : z 7→ λz/λ−1 = λ2 z. On
reconnait une homothétie de rapport λ2 , réel strictement positif.
8. Soit z ∈ H. En utilisant une translation horizontale  correspondant
 à
1 −<(z)
t = −<(z), c’est-à-dire en appliquant la matrice à z, on
0 1
 
1 −<(z)
obtient z 0 = (z) de partie réelle nulle. On applique l’ho-
0 1
mothétie de rapport λ2 = |z 0 |−1 à z 0 et on obtient un nombre complexe
de module 1 sur le demi-axe des ordonnées de partie imaginaire stric-
tement positive, c’est-à-dire le nombre i ∈ H. Ainsi
  
λ 0 1 −<(z)
1 (z) = i.
0 λ 0 1
Ce qui montre que l’orbite de i est H tout entier et donc l’action est
transitive.

Exercice 3 : Domaine fondamental pour l’action de Γ = SL2 (Z) sur H. On


continue avec les notations de l’Exercice 2. Les notations =(z) et <(z) dési-
gnent respectivement la partie imaginaire et réelle du nombre z ∈ C.

1. Soit c, d ∈ Z, par l’égalité de Bézout, ces deux entiers sont premiers


 a, b∈ Z tels que ad − bc = 1, c’est-à-
entre eux si seulement s’il existe
a b
dire si et seulement la matrice est de déterminant 1.
c d
 
a b
2. Soit z ∈ H et γ ∈ ∈ SL2 (Z). En multipliant numérateur et
c d
dénominateur de az+b
cz+d par cz + d et en utilisant ad − bc = 1, on obtient
=(z)
que =(γ(z)) = |cz+d|2 .
DEVOIRS 2020-2021 201

2.2
2
1.8
1.6
1.4
1.2
1
0.8
0.6
0.4
0.2

-2.0 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 2

F IGURE 31 – L’ensemble grisé est celui demandé à la Question 8.

2
3. Avec la question précédente, cela revient à minimiser |cz+d|2 = (c<(z) + d) +
(c=(z))2 . Si c 6= 0 alors |cz + d|2 ≥ =(z)2 et si c = 0 alors |cz + d|2 ≥ 1.
=(z)
Ainsi |cz + d|2 ≥ min{=(z)2 , 1} et donc supγ∈Γ =(γ(z)) ≤ min{=(z) 2 ,1} <
2
∞. On remarque de plus que inf c∧d=1 |cz + d| ≤ 1 (valeur pour d = 1
et c = 0).
Si |c| > 1/=(z) alors |cz + d|2 ≥ 1. Si |c| ≤ 1/|=(z)|, (c<(z) + d)2 ≤ 1
|<(z)|
alors |d| ≤ 1 + |c||<(z)| ≤ 1 + |=(z)| .
2
Ainsi le nombre de couples
j k tels que |cz + d| ≤ 1 est fini et majoré
(c, d)
|<(z)|
par 4 × b1/|=(z)|c × 1 + |=(z)| . L’infimum demandé est le même que
sur cet ensemble fini, c’est donc un minimum.
4. Avec la Question 2, si on avait |cz + d| < 1 alors =(γ(z)) > =(z) ce qui
contredirait la condition =(z) = supγ∈Γ =(γ(z)).
5. Pour c = 1 et d = 0, on a |cz + d| = |z| ≥ 1.
6. Il suffit de prendre n = −b<(z) + 1/2c.
7. Soit z ∈ H, par la Question 3, on trouve γ tel que =(γ(z)) = supγ∈Γ =(γ(z)).
Comme les translations horizontales ne changent pas la partie imagi-
naire, on peut (par la Question 6) supposer de plus que |<(γ(z))| ≤ 1/2.
En appliquant la Question 5 à γ(z), on a aussi |γ(z)| ≥ 1.
8. L’ensemble est représenté sur la Figure 1.
DEVOIRS 2020-2021 202

F IGURE 32 – Une visualisation de P2 (R) dans R3 . Il s’agit de la surface de Boy


qui n’est pas une sous-variété de R3 à cause des auto-intersections.
Bibliographie

[AB98] Jean-Marie Arnaudiès and José Bertin. Groupes, algèbres et géométrie,


volume 1. Ellipses, 1998.
Le Chapitre IX contient tout ce que l’on peut vouloir sa-
voir sur les polyèdres réguliers ainsi que les groupes et
graphes associés. En particulier, on trouve une description
des groupes de l’icosaèdre et du dodécaèdre. Le traité est
un peu aride.
[Aud06] Michèle Audin. Géométrie. EDP Sciences, 2006.
Ce livre de niveau L3 et M1 traite de géométrie affine, eu-
clidienne et projective. C’est un bon livre de cours avec de
nombreux exercices de difficultés variées.
[Ber16a] Marcel Berger. Géométrie 1. Cassini, 2016.
Réédition d’un grand classique. Beaucoup d’illustrations
avec des liens vers la mécanique et la physique.
[Ber16b] Marcel Berger. Géométrie 2. Cassini, 2016.
[CG17] Philippe Caldero and Jérôme Germoni. Nouvelles histoires hédonistes
de groupes et de géométries, volume premier de Mathématiques en deve-
nir. Calvage et Mounet, 2017.
Il y a beaucoup de choses directement en lien avec le cours
dans ce livre au ton décalé. On pourra s’y reporter pour les
solides platoniciens, les actions de groupes topologiques,
les groupes de Lie et la droite projective. La réédition 2017
contient la correction des exercices.
[CG18] Philippe Caldero and Jérôme Germoni. Nouvelles histoires hédonistes
de groupes et de géométries, volume second. Calvage et Mounet, 2018.
[FT10] Yves Félix and Daniel Tanré. Topologie Algébrique. Dunod, 2010.
Une bonne introduction au groupe fondamental. Les exer-
cices sont corrigés.
[God97] Claude Godbillon. Éléments de topologie algébrique. Hermann, 1997.

203
BIBLIOGRAPHIE 204

Un grand classique autour du groupe fondamental, des


revêtements et de la cohomologie. Seule la première partie
est concernée par ce cours.
[Klo12] Benoît Kloeckner. Un bref aperçu de la géométrie projective. Nano. Cal-
vage et Mounet, 2012.
Un petit volume dédié à la géométrie projective. Plus spé-
cialement pour les agrégatifs lors la géométrie projective
était toujours au programme de l’agrégation.
[Laf10] Jacques Lafontaine. Introduction aux variétés différentielles. Collection
Grenoble Sciences. EDP Sciences, 2010.
[Ler17] Christian Leruste. Topologie algébrique. Une introduction, et au-delà.
Calvage et Mounet, 2017.
Un ouvrage riche et récent pour une belle et longue in-
troduction à la topologie algébrique. Le premier chapitre
autour des espaces projectifs est superbe. Seul le début
du chapitre 5 rentre dans ce cours. Le reste est hors-
programme.
[Mne97] Rached Mneimé. Eléments de géométrie : Actions de groupes. Cassini,
1997.
Plus orienté sur les liens entre actions de groupes et al-
gèbre linéaire. Pas mal de choses sur les groupes finis.
[MT97] Rached Mneimé and Frédéric Testard. Introduction à la théorie des
groupes de Lie classiques. Méthode. Editions Hermann, 1997.
[Per98] Daniel Perrin. Cours d’Algèbre. Maths Agreg. Ellispses, 1998.
Un grand classique pour l’algèbre et la théorie à l’agré-
gation. Les preuves sont un peu sèches et le livre peu
sembler difficile d’accès mais on y trouve beaucoup, par
exemple sur le groupe orthogonal, les produits directs et
semi-directs. Il existe un livre qui contient les corrigés de
tous les exercices.
[Per11] Daniel Perrin. Mathématiques d’école : Nombres, mesures et géométrie.
Cassini, 2011.
Un beau livre avec beaucoup de résultats classiques traités
indépendemment les uns des autres. Parfait pour se culti-
ver et trouver de nombreux développements pour l’agré-
gation.
[Rou09] Francois Rouvière. Petit guide de calcul différentiel à l’usage de la licence
et de l’agrégation. Cassini, 2009.

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