Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Mes Forêts

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 96

1

Mes forêts est le cent quatre-vingt-quatorzième ouvrage publié par les


Éditions Bruno Doucey

Ouvrage publié avec le concours du Centre national du livre

Éditions Bruno Doucey


Cour d’Alsace-Lorraine
67, rue de Reuilly
75012 Paris
www.editions-brunodoucey.com
© Éditions Bruno Doucey, 2021
isbn : 978-2-36229-380-1
ean : 9782362293863

2
Hélène Dorion

Mes forêts

Éditions Bruno Doucey

3
Mes forêts

4
Mes forêts sont de longues traînées de temps
elles sont des aiguilles qui percent la terre
déchirent le ciel
avec des étoiles qui tombent
comme une histoire d’orage
elles glissent dans l’heure bleue
un rayon vif de souvenirs
l’humus de chaque vie où se pose
légère une aile
qui va au cœur

mes forêts sont des greniers peuplés de fantômes


elles sont les mâts de voyages immobiles
un jardin de vent où se cognent les fruits
d’une saison déjà passée
qui s’en retourne vers demain

mes forêts sont mes espoirs debout


un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie

mes forêts
sont des nuits très hautes

5
L’écorce incertaine

6
Dehors, est-ce l’infini
ou juste la nuit ?
Ann Lauterbach

7
L’horizon

une chute de liens


avec le ciel qui jette l’ancre
un désordre
que blessent les vents

de biais
la beauté vient
chasser l’obscurité

les forêts
apprennent à vivre
avec soi-même

8
L’arbre

le mur de bois
s’est fissuré

une pluie
de longues tiges
inquiète nos pas
tombe comme on tombe
parfois dans sa propre vie

j’écoute cette partition


du temps
je déchiffre enfin
le désordre des branches

les forêts hurlent


entre racines et nuages

9
Le ruisseau

creuse loin dans la terre


dénoue la montagne qui pèse
de tout l’automne
le rideau s’effrite
dans un souffle lourd
le ruisseau balaie le passé
vers demain
entraîne dans son courant
le froid qui rongeait les heures

comme un petit bruit


au fond de l’âme
ce que l’on tait
les pierres le portent

10
Le rocher

on dirait une histoire


couverte de rouille

mousse et cratères
un ciel noirci
par l’ombre de nos pas
que les années fendillent

les forêts s’embrasent


dans le clair-obscur
révèlent des chemins de sève

11
Le tronc

tout un champ de colonnes


effleure les nuages

lentes cicatrices
dans la bouche de l’hiver
un visage d’épines insoumises

les forêts entendent nos rêves


et nos désenchantements

12
L’île

si la pointe de l’arbre
vacille pour lécher
la lumière qui l’aveugle

si l’île flotte
à la surface du jour
comme un navire de feuillage

serait-elle une pierre


avec des noms échoués
au fond de leur vie

13
La branche

et l’horizon craquelle
un sentier se referme
sur l’écorce des choses

que rongent les vers


et les fourmis

il n’y a que ce qui casse


et repousse
autour de nous
syllabes informes
qu’assemble la lumière

jusqu’à l’autre saison


les forêts vacillent
dans le souffle de la terre

14
Les feuilles

comme des flammes


étreignent le vide
puis tombent
dans la tempête souterraine
l’alchimie de vivre
et de mourir

les forêts creusent


parfois une clairière
au-dedans de soi

15
La déchirure

j’écoute un chant de vagues


qui chutent
à l’horizon
l’éternité
flotte sur la montagne

le vent défait la lumière


cherche un visage
pour les orages à venir

une lame cogne


contre les mâts
de nos rêves
casse la branche du temps

16
L’écorce

un bruit de scie
brouille le silence
perce le mur
de nos frêles illusions

les forêts grincent


et ce gémissement
secoue nos solitudes

17
L’humus

s’il était la racine et s’il était


du ciel devenu herbe
un commencement
posé sur la pierre

s’il était la voix


qu’on n’entend plus
une sorte de clarté
qu’on aurait saccagée

18
Le mur de bois

alors que l’écorchent


les flèches de pluie
des vagues de vents
luttent avec les veilleurs

des mangeoires se balancent


comme des girouettes égarées
au milieu d’un vaste bouquet fané

le fouillis sauvage
attend l’éclaircie

les forêts nous promettent


l’écume et les embruns
sur l’épaule du présent
l’écorce du souvenir

19
La cime

on dirait une goutte de terre


pour le nuage qui passe

une falaise d’où s’élancer


quand on refait les saisons

bientôt le regard se brouille


avec le sommet qui s’effrite
on quitte l’instant aigu

20
La bête

bondit avec sa soif


un goût de froid
dans la gueule
nos questions d’enfants
jamais réparées

on pourrait l’abattre
et avec elle
l’écho des finitudes

21
Les racines

fendent le sol
comme des éclairs

avancent dans leur solitude


et tremblent

pareilles à une vaste cité de bois


les racines
s’accordent à la sève
qui les fouille

observent-elles les nuages


pour apprendre
la langue de l’horizon

22
Le silence

si je marche
avec les ombres de ma vie
comme de lourds oiseaux
qui dévorent les promesses
suis-je l’arbre suis-je la feuille
grugée par les saisons

je ne sais pas
ce qui se tait en moi
quand la forêt
cesse de rêver

23
L’ocre

dit la saison
l’usure lente
des mémoires
que l’on piétine

le vent nous invente


des dénuements

déchire les feuilles


casse les branches
casse même le tronc

pour mieux voir


le paysage que l’on trahit

24
Le houppier

dans la lumière haute


les nuages chuchotent
à l’oreille des pierres

la lumière éblouit la montagne


dessine des espoirs
dans la neige

tombe encore
un peu de solitude

25
Les brèches

maintiennent la vie
dans sa fragilité

l’aube s’infiltre
touche l’écorce blessée

qu’en est-il du chaos


qui flotte
dans le bégaiement des feuilles

la forêt défriche
en moi tant d’années

26
Le temps

comme s’émiette la tour


on dirait une pluie de chimères
venues accabler la terre

on n’a pas vu la feuille


qui se froissait
pas vu les déchirures
dégriser le vent

27
Le sentier

entre les troncs


comme une large rayure
le hibou s’élance

repère l’ombre
la proie qui remue
dans le désordre du monde
la forêt se souvient
du chant des ailes

28
Le feu

qu’on entend venir


on dirait une bête
prête à tout dévorer

au milieu d’un champ


de longues allumettes
soudain la flèche
soudain l’embrasement
du cortège redouté

le feu promet l’éclaircie


qui donnerait envie de grandir

29
Les vents

et le mur se fracture
avec le souffle
qui poursuit l’œuvre du courant
vif d’air refroidi

comme des oiseaux


les arbres se débattent
cherchent la vague ou le rivage

la forêt disperse
nos fatigues
masques et failles
de nos illusions

30
Un lit

de mousse
flotte sur le sol
on dirait une cité
venue d’un autre univers

un remous de fourmis
sur la pierre
pèse un poids de lettres
et de mots inconnus

l’amas d’étoiles
dessine une étrange constellation
qui n’a pas de ciel

31
L’aile

très haute
de la beauté
perce le brouillard de vivre
retombe entre les branches

l’animal saisit l’aile


qui gît au sol

comme une mémoire difforme


de l’histoire
l’emporte loin

à l’intérieur du poème
la forêt rêve-t-elle

alors que j’avance


à petits pas
de l’autre côté de la nuit

32
Mes forêts sont un champ silencieux
de naissances et de morts
la mémoire de saisons
qui se lèvent et retombent

mes forêts sont du temps qui s’immisce


à travers tronc branche racine
elles traversent le feuillage du jour
capturent l’ombre capturent l’éclat

elles sont la solitude disséminée


comme poussière de notre passage
une poignée de roches
qui savent les âges mes forêts
sont des traits de craie noire
les lettres désarticulées de mots
inconnus d’un matin qui hésite à venir

elles sont des ossements


que lèche l’invisible
une géométrie de souffles
et de pas qui se perdent

mes forêts sont lièvres et renards


jungle d’insectes qui scintillent
un soir d’été quand c’est l’hiver
elles sont coyote ours noir orignal
sittelle geai bleu mésange

elles dorment nues mes forêts


attendent le vent
qui les fera tanguer
comme des bêtes ivres
qui marchent vers leurs racines

si peu me fait vivre


quand c’est plein d’étoiles
et que s’avance le poème

33
Une chute de galets

34
Où aller sans commencement
et peut-être sans fin
Silvia Baron Supervielle

35
C’est le bruit du monde
l’écoulement du temps –

goutte de pluie et grain de sable


l’éclosion d’un bourgeon
la branche qui tombe l’avancée d’un nuage
dans le bleu la nuit se brise
à l’horizon un vent
plus léger que les autres

c’est le bruit du monde


l’écoulement du temps –

l’heure mauve les glaces qui se rompent


la lumière de midi une secousse
l’ondée vive
le sol craquelle

c’est le murmure d’une forêt

le bruit du monde
l’écoulement du temps l’écoulement
du temps –

une feuille tombe nue


comme s’égrènent les voix
dans leur solitude

la neige nourrie de vent


siffle
dans le désert de froid

quel silence
sous nos pas
soudain se fissure

écoute
la lumière se pose
sur ton visage l’âme des choses
ne laisse sa trace
que dans le silence

36
entre l’automne et l’hiver hier et demain
entre les étoiles les nuages
et chaque goutte de pluie

écoute
le chemin qui s’ouvre
dans ton cœur et ta main
cherchant une autre main
remue les mots
jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent
comme une onde

l’énigme heureuse
d’une eau de montagne
s’immisce à travers nos vies

c’est le bruit du monde


l’écoulement du temps –
nos souvenirs noués à la nuit
c’est le bruit du monde

au coin des villes


sirènes klaxons alarmes du siècle
amas de choses jetables
et tintamarre de nos pas

l’écoulement du temps –
le bruit d’une terre ébranlée
où les fenêtres deviennent noires
les toits s’effondrent
comme de vastes illusions

la lumière tombe lourde


tombe lourde
tombe la lumière

son tumulte résonne


jusque dans les pierres

c’est le bruit du monde


l’écoulement du temps –

37
écoute l’instant fragile et pur

notre marche au bout des ombres


l’aube recommencée
l’arbre haut des bonheurs
et de nos déchirures
le murmure de la haine
à l’oreille de l’amour

écoute

l’écho de nos rêves


dans le vent qui s’enfuit
le souffle des mers
nous enlace comme un corps
choses muettes et nues
que ton chant accorde
pour éclairer le néant

une fleur déchire le silence


un mouvement d’herbes le froisse
écoute les cloches les pétales
la chair et la joie

une voix s’avance


dans le bégaiement de l’histoire

œuf eau sang reptile poisson


os arbre grotte créature homme
femme langue main souffle rêve
rêve terre battement passage rêve
route forêt rivière fissure œuf
eau sang salive chute rêve
et chute

c’est le bruit du monde


l’écoulement du temps –

choses muettes et nues

38
Mes forêts sont des bêtes qui attendent la nuit
pour lécher le sang de leurs rêves
gratter la terre gratter l’écorce
boire l’offrande et se glisser
dans un lit rempli de lucioles

mes forêts sont une planète silencieuse

une éclipse qui fléchit


le bois de barques à la dérive
alors qu’on croirait tout immobile

elles sont un dessin de nature morte


ignorant les écrans
sur lesquels on les regarde
sans jamais les voir mes forêts

sont chemin de chair et marées de l’esprit


un verbe qui se conjugue lentement
loin de facebookinstagramtwitter

mes forêts sont des rivages


accordés à mes pas la demeure
où respire ma vie

39
L’onde du chaos

40
Aux aguets, nous faisons écho
Aux rumeurs de l’abîme
Kathleen Raine

41
Il souffle mille voix de vent
sur la montagne que traversent
des marées tant d’aubes
un silence de fin de jour
quand s’amorce la descente
vers soi

au-dessus du vide
flotte un ciel
qui n’ignore pas sa fragilité

murs d’incertitude et miroir


déformé de nos rêves

on entend que revient


un désir d’orage
dans le jardin chargé de remous
le désordre d’existences
où l’on piétine la vie

le temps ne va plus ni ne vient


dans le mystère obstiné d’étoiles
il n’y a que des saisons décousues

où aller
quand il n’y a pas de commencement

quand la terre et nos corps


plus chancelants que la terre
ne reconnaissent plus
la mémoire d’un arbre

on appelle des catastrophes


pour les couvrir du tissu
de nos indifférences
nos regards étouffent
sous les poignées de cris
jetées dans les fosses

il se fait tard
pour la nuit humaine

42
on ne pourra pas toujours
ne pas recommencer on ne pourra
pas toujours fuir
au bout des hivers

43
Rêve-t-elle d’autres saisons
la forêt qui promène ses ombres
au-dessus de nous

des bêtes aveugles


engouffrent nos vies embrouillées

quand tanguent les arbres


rêve-t-elle d’oiseaux
venus chasser les vestiges
glisser l’aile fragile d’un espoir

la chute ne fait aucun bruit


dans la forêt ne laisse aucune trace
l’agneau déserte le troupeau

44
Le jeune érable frémit
sous les coups du tonnerre
la foule autour de lui
hurle contre le vent

quand j’ai ouvert les yeux


ce n’était plus à l’intérieur
de moi que la pluie s’immisçait

le bois racontait une histoire


d’air rouillé de pas égarés
dans le brouillard de l’aube

grandir disait-il
ne suffit pas
à remplir le cœur

45
Les arbres mordent le sol
corps séchés
dans le froid des racines
ombres maigres corps
serrés contre d’autres
on entend le chant
de fêlure et de désir
corps comme va la marée
barque blême
perdue dans sa nuit

corps d’amour et d’orage


abandonné à la terre
qu’il lèche comme
un mur à percer

46
Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices
un temps de séisme et de chute

les promesses tombent


comme des vagues
sur aucune rive
les oiseaux demandent refuge
à la terre ravagée
nos jardins éteints
entre l’odeur de rose et de lavande

il fait un temps de verre éclaté


d’écrans morts de nord perdu
un temps de pourquoi de comment

tout un siècle à défaire le paysage

mon chant soulève la poussière


de spectacles muets
comme un trou béant
dans la maison noire des mots

il fait un temps jamais assez


un temps plus encore et encore
plus encore
plus
on ne pourra pas toujours
tout refaire

dans ce temps de bile et d’éboulis


les forêts tremblent
sous nos pas
la nuit approche

47
Entre mes doigts
le nom de l’arbre le nom de la chair
ce peu d’écorce qu’est ma vie

une forêt d’édifices


l’éternité
bâtie sur un nuage
un gouffre sous la terre
remords ténèbres débris
se transforme en rêve
– c’est beau n’est-ce pas
ou en ruines qui nous dévorent
– peut-être on a tout raté

48
Les alertes du matin résonnent
dans la chambre du siècle
un fracas de fatigue
l’ombre d’imprévus
mes désirs et mes soifs
bercent les hautes exigences

du portable au jetable
le jardin où périt un monde
où l’on voudrait vivre

et je ne vois plus les heures


plus l’horizon
avec ses levées de lumière

49
Comme roulent les galets
la vague n’emporte
aucune question

on ne tourne plus
que sur soi-même
au milieu des flots
l’abîme évide l’espérance
que l’on ne peut nommer

50
Il fait un temps de foudre et de lambeaux
d’arbres abattus
au-dedans de soi
il fait pluie maigre
un temps de glace
et de rêves qui fondent
dans le labyrinthe des miroirs
le dos courbé le poids des silences

guerres famines tristes duretés


c’est seulement l’hiver
sur l’écran d’aujourd’hui
s’annoncent les orages de demain
des chiffres pour ne rien dire
de l’inquiétude qui brûle nos mots
lettres échevelées
bientôt cassées comme pib
nip fmi

il fait un temps à s’enfermer


dans nos maisons de forêt
avec le bruit secret des nuages
qui souffle
de l’autre côté de la nuit

51
Je n’ai rien déposé
au pied du chêne rien
à l’ombre du saule

je ne me suis adressée ni aux faibles


ni aux puissants

je n’ai pas vu le veilleur


à l’entrée de la mer
pas vu le jardinier cueillir le crocus
d’un printemps
pas trouvé
le miel et la soie

pas vu le ciel dans l’étang


quelque chose de la solitude
rien
qui laisse paraître la déchirure

je me suis assise
au milieu de ces vastes alliés
sans voix
le temps continue
de s’infiltrer dans la terre
gorge les rochers

le pas des animaux


s’accorde à la lumière
par la lenteur du monde
je me laisse étreindre
je n’attends rien
de ce qui ne tremble pas

52
À la table du silence
je suis cette branche
qui avance comme va le vent
sans père ni mère
des années de nulle part
poussées vers demain

je suis cette ramille qui frémit


au bout du vide
trace un invisible chemin
vers l’horizon
chaque souffle
me dépouille d’un feuillage
me laisse vacante
comme la lumière qui va
elle aussi vers le soir

53
Parfois je sarcle le sol
arrache un peu d’herbe et de mousse
je laisse mes questions
se frayer un chemin
au-dessus du néant
elles flottent
recouvrent de froid la terre nue

et font le bruit du marcheur


qui approche
comme l’érable en feu
au bord de sa chute

54
Tu t’arrêtes
pour que traversent
à l’embranchement
les chagrins jamais avoués
de tant de visages
éparpillés parmi les heures
gestes et tâches
qui ensemencent nos vies

55
Il fait un temps d’insectes affairés
de chiffres et de lettres
qui s’emmêlent sur la terre souillée
un temps où soufflent des vagues
au-dessus des vagues

dans nos corps


il fait un temps d’arn
de ram zip et chus
sdf et vip
il fait triple k
usa made in China
un temps de ko
pour nos émerveillements
il fait casse-gueule
un bruit de ferraille
déchire le paysage
comme un vêtement usé

il fait refus et rejet


un temps de pixels d’algorithmes
qui nous projettent
sur des routes invisibles
avec l’avenir comme promesse
que le vent dévore aussitôt
un peu d’écorce et de feu
au creux de la main
il fait chimère
et rêve de rien du tout
un siècle de questions rudoyées

le bord d’une falaise


où chutent nos poèmes
et la neige
nous apprend à perdre
tout ce que l’on perdra

56
Je m’incline souvent
devant la figure unique
d’un jeu de feuilles et de branches

la maigre cicatrice de l’écorce


le nœud dans le bois dur
l’arbre n’échappe pas à sa souffrance
il n’est rien d’autre que lui-même

avec la longue respiration des saisons


il regarde par les yeux du vent

de ses racines
et de l’anneau des années
il ignore tout

et je m’incline encore
pour écouter son voyage immobile

57
Je marche entre mes ombres
et ma quête de joie

la neige striée de sentiers


boit l’encre de chaque mot

j’attends un geste de lumière


posé sur l’énigme fragile

58
Nos matins de brume comme
surgit l’ondée claire
parmi les arbres
le regard hésite
hier demain
un chemin voudrait venir

alors que je rêve


un reste de vie
chute comme un écho
une bourrasque
hier demain
le vent se disloque
dans un grondement de clarté

alors que je rêve


vers toi mon corps s’enroule
frêles pétales
au bout de la nuit des mots
frémissent comme
ces brumes inapaisées
encerclent nos silences

59
Nous sommes debout
comme après la pluie
quand flotte un monde neuf
autour de nous
les lucioles vacillent
dans un théâtre d’heures
la terre dos courbé
racines tristes
rouille sous nos pas

ce n’est plus seulement l’hiver


ses marées au goût de glace
qui mordent comme des bêtes
mais du temps qui se lève

plus léger plus coloré


un monde surgit
dans le reflet de la mémoire
prononce un commencement

60
Je n’entends pas le loup
il devrait hurler à la lune
qu’ébrèche le ruisseau

mais il ne vient plus boire


comme si la saison était brisée

comme si de longues blessures


et le silence
et la solitude
avaient désenchanté son pas

c’est le soir dans la bouche du matin


le chant est vide
le ciel pareil à un rocher
se dresse devant l’appel

61
Il fait taches de brouillard
et minces certitudes
à la porte de l’histoire
qui s’étonne
de tenir encore
dans la cohue des paroles
il fait un temps
que le cœur ne déchiffre plus

parmi les vents durs


il fait un temps à fermer les yeux
pour mieux voir
au plus obscur de la vague
nous ne sommes pas faits pour respirer

62
Les jours tombent comme
cassent les troncs
dans le cercle des ans
tombe le fruit

quand la foudre me surprend


je pourrais ne plus trouver
la maison
m’enfermer
dans la nuit des autres

63
L’herbe ne va nulle part
elle devient un monde
où se terrent d’autres mystères
que le nôtre

entre ses brins


elle dissimule de petites bêtes
qui dessinent un alphabet
loin de la nuit humaine
elles surgissent parfois
sur l’écran des machines
croisent le regard
qui attend un nouveau rêve

64
À l’instant où
rien ne s’est encore passé

avant qu’un rayon


ne presse d’éclore
le premier bourgeon
avant la première fleur
à l’instant où rien ne remue
sur la toile
c’est encore l’infini

quand le cœur ignore


les erreurs de l’enfance

65
Ce sera comme un souvenir
qui s’ouvre ce sera une main
avec de longues lignes enchevêtrées
la langue de nos destins
impossible à lire ce sera
la sensation du corps
dans les humeurs de la terre

ce sera comme une soif de clairière


dans le fracas des ombres
l’empreinte d’un avenir
plus haut que la forêt ce sera
l’épine indécise
entre l’écorce et le noyau

ce sera un peu de lumière


pour décider du paysage

66
Le chemin qui monte vers toi
brûle les ombres
de ma vie
je suis l’arbre foudroyé
la chute et l’envol
dans l’instant
où advient le désir

l’élan de la neige
recouvre la terre
une aile perce le ciel
et son écho rompt le rivage
déchire comme une flamme
la peau fragile de nos rêves

je me tiens dans le sillage


de la nuit je remonte
vers toi l’unique
présence qui jamais ne s’éteint
désir de voir toucher dire
on invente des ailleurs à la vie

toute feuille est désir


de fleur et de fruit
avec lui
le monde surgit

67
Il fait rage virale
sur nos écrans
qui jamais ne dorment

propagent des mots


comme un venin
pénètre la surface

et l’image se modifie
d’abord légèrement un jour
on ne reconnaît rien

l’écran s’est verrouillé


le champ d’étoiles est devenu noir

il fait nulle part et n’importe où

quand la rame fracasse le ruisseau


quand la soif casse le verre

on ferme tout
ce que l’on veut réparer

68
On dirait une silhouette mystérieuse
où glissent des rivières
et s’élancent les rêves

puis le jour recommence


l’arbre jette l’ancre
dans le jardin de tes pas

il tend les cordes de l’univers


où les âmes jamais ne fanent

aux confins du silence


le ciel brûle
– arbre de grâce et de beauté
arbre de solitude et de questions –
les branches qu’il recueille
s’inclinent comme des archets

tu écoutes le chant des racines


tu deviens la sève
un filet de clarté
qui traverse le tronc

c’est le temps dis-tu


cette fenêtre opaque
qui raconte le voyage

un poème avance sur la tige


vole parfois
sur les traces de l’oiseau

l’arbre n’a d’âge


que celui des saisons

69
Autour de moi les notes
lumineuses d’une feuille
venue jusqu’à la branche
pour remuer avec le souffle
danse et boit
l’eau qui la sauve
au matin quand recommence
son chemin vers le soir

et je marche aussi
d’un pas qui repose dans l’infini
j’écoute le monde qui bruit
à travers les arbres seuls
comme des êtres occupés
à devenir leur forme singulière

70
La neige a cessé de fondre
les rues se sont tues
le siècle s’arrête comme un navire
surpris par la marée

dans le bassin des heures


remue l’invisible

alors que les oiseaux se renversent


pareils à un amas d’os rompus
ta maison devient plus vaste
qu’un commencement

71
Tu pousses la porte du temps
vois la nuit le rocher
comme le sang du souvenir
qui a survécu

est-ce une joie


dans le poème
qui soulève l’aube
un insondable horizon
ou ce monde incertain

savons-nous
gravir la montagne
jusqu’à nous

72
Mes forêts sont le bois usé d’une histoire
que racontent des lunes tenues à bout de bras
quand s’approchent la nuit et le hurlement
de nos peurs mes forêts
sont la mise en terre de vagues immenses
et de mots que je ne reconnais pas

elles sont un horizon de corps nus


sur le plateau des heures
qui bascule soudain
la danse très lente des ombres
vient hanter la machine de nos pas

et quand les brumes s’apaisent


mes forêts sont une poignée de rayons
plantés dans le sol durci

avec le réveil d’un temps


elles sont les paupières tremblantes d’un espoir
qui parle une langue d’écorce et de souffle

langue de tous les jours


– humiliée résistante conquise invaincue –
qui trouble et promet
avec des mots de travers mots de trop
de peut-être
où les temps se confondent

mes forêts parlent la langue du fleuve


celle d’algue et de limon
de rivières qui débordent
corps fous de joie ou emportés
dans les remous de leur vie

elles disent nos mains d’obscurité


de frêles beautés l’effroi
qui pèse sur demain

mes forêts
racontent une histoire

73
qui sauve et détruit
sauve
et détruit

alors nous rêvons


comme la sève qui sera
comme le sang
de ce qui n’est plus

nous sommes hauteur de montagne


parmi les brumes affolées
rien ne nous appartient
nous dénouons nous réparons
ce que nous pouvons

74
Le bruissement du temps

75
Où avons-nous été,
et pourquoi descendons-nous ?
Annie Dillard

76
Avant l’aube

Dans la forêt du temps


il n’y avait rien
ni ciel ni océan

au commencement
il n’y avait ni dieux ni humains
ni souffle ni solitude

au commencement le rien était l’obscur


le vide un long tunnel de silence

puis sont venues les eaux


est venue la Terre
comme une montagne qui émerge
est venu le ciel pour la couvrir

le haut et le bas
l’envol et les pas

sont venus les dieux qui flottent


au-dessus des eaux
Hésiode Zeus Odin
Brahma Izanami
avec eux sont venus l’air et la lumière
l’algue et l’arête du monde
le rayonnement le chaud l’expansion

coulée de matière et recul des ténèbres


il y eut un soir et il y eut un matin

il y eut la vie
entre le Tigre et l’Euphrate
l’œuf qui éclot

dans un magma
se sont mises à tourner
les particules lumineuses
les saisons la Terre les planètes

77
l’aiguille a percé la mince couche de bleu
elle a chassé l’éternité

toutes choses alors ont été jetées


dans le temps qui s’écoulait
enfermées dans un cercle
cherchant le centre vers lequel graviter

le cœur battait
et le jour et la nuit
et les étoiles
comme des éclats de solitude

puis est venu le bourgeon


sont venus la feuille les ailes
et les pattes la tête et les yeux

Prométhée a pétri l’argile


modelé les humains
il a saisi le bien a saisi le mal
et le souffle d’Athéna a donné vie
à cette chose appelée âme

ainsi sont venus les visages


sont venus les voix les signes et les mots
les maisons en roseau la grotte et l’igloo

l’amour et la peur
la prière et le sacrifice

puis il y eut un puissant chaos


l’arc et la flèche
sous le ciel d’Apollon est venu Dionysos
les cyclopes et les titans
les cris de l’un ignorant ceux de l’autre
l’éclat des couteaux des obus
les cités éventrées
les dieux devenus des mendiants

et l’on a commencé à chercher l’ordonnance

78
on s’est nourri reproduit reposé

les animaux chassés


les animaux domestiqués
un corps qui tue d’autres corps
jusqu’à l’os mange la chair

on a inventé la charrue
les graines et les sillons
on a ensemencé le sol on l’a arrosé

on s’est mis à échanger la pierre et le sel


l’ambre et l’or

on a commencé la longue marche


du mythe à la connaissance
Galilée Giordano Bruno
Einstein la cause et l’effet rompus
sont venus le quantum
l’onde et le corpuscule
les possibles
que déploie la résistance du temps
et l’on a donné vie
à cette chose appelée réalité

79
Avant l’horizon

La terre a commencé à recueillir nos histoires

dans les arbres et sous la couche d’humus


au creux des vents et des vagues
parmi les fissures de pierres
qui encerclent les feux
des voix se sont levées

on a bu au sein de la mère
on a mis la main dans celle du père
autour de la table
les places ont été assignées
et l’on a prononcé le mot famille

on l’a ouvert très grand


jusqu’à l’humanité
puis on l’a refermé sur nos intimités

on a recouvert nos épaules de fourrures


mangé la chair des bêtes
brûlé leurs carcasses

avec la cendre
on a nourri d’autres bêtes
enrichi le sol
inventé d’autres matières

puis nos mains ont dessiné


quelques traits sur les murs d’une grotte

l’art allait nous protéger de la haine

mais la haine a continué

la porte du ciel s’est refermée


sur le babil des peuples
et les peuples se sont séparés

80
on a piétiné la terre des uns
volé celle des autres
on a arraché des enfants à leur famille
on leur a inculqué nos croyances
on a balayé leurs rituels enseigné notre dieu
chassant avec lui l’esprit de la Lune
et du Soleil celui des saisons de l’humain
de la Terre

on a dit que le coyote l’ours blanc


nous appartenaient
que les oiseaux volaient dans notre ciel
les poissons nageaient dans nos mers

on a souillé notre maison


on l’a vendue au plus offrant

chacun s’en est allé


emportant avec lui la terreur et le fiel
le désir de vaincre d’assujettir
de venger les offenses
s’éloignant de l’amour
pour se rapprocher du désastre
chaque pas laissait une trace
que jamais l’on ne pourrait effacer

corps informes plantes grenouilles


insectes et animaux à quatre pattes
qui voient d’autres corps
debout dans la savane
bientôt ils marchent
maîtrisent le feu ouvrent la bouche
et articulent des sons
tiennent l’outil dans la main

puis la main se met à écrire


invente des forêts imaginaires
et des visages s’y promènent

l’horizon est apparu


le monde aurait une histoire

81
le plus grand a croisé le plus petit et
d’autres récits ont commencé

sont venus le premier regard


le premier pas
les maisons de la plaine et du lac
celle du bois
la fenêtre de l’amour
qui referme celle de la peur
puis sont venus les premières lettres
et les premiers mots des phrases
pour dire un monde plus vaste
que celui des maisons

une parole échouant


au milieu de ce que l’on cherchait
l’eau l’or le sel le feu le bois
l’eau le bois le feu l’or
le sel l’eau le sel
l’or l’eau le bois
le sel le feu

à moitié debout à moitié à genoux


l’histoire retourne
d’où elle vient

82
Avant la nuit

Le plus grand a croisé le plus petit et


d’autres histoires ont commencé

sont venus la maternité


la rue Summerside
le jouet d’enfant collé au palais
les étés à la mer la piscine minuscule
dans le jardin le carré de sable
et les heures de silence sont venus

la solitude et les cris des parents


les goélands au-dessus des marées
les châteaux cassés l’odeur de la nuit
celle des hivers
au sommet de la montagne

le premier jour d’école


un deuxième et les autres jours
la jupe à carreaux les blouses
couleur pastel la grammaire des années
John F. Kennedy les ombres
qui se soulèvent
l’hôpital du Saint-Sacrement

puis sont venus les nuits de peur


et d’abandon
la fenêtre noire de ma chambre d’enfant
les trajets interminables
l’étui à crayons le cahier rose
la vague qui me renverse
et la main de ma sœur me rattrape
le club des cinq le royaume des quatre
la bouche du garçon sur ma bouche
le vertige de l’inconnu
des vies qui se confondent
et le feu de joie dans le corps sont venus

le bruit continu d’un océan

83
au creux de l’oreille
le regard fou de l’homme
au coin de la rue
ma course vers la maison
le château de cartes et de silence de mon père
nos éclipses au bout de l’horizon
la douceur qui me porte vers la rive
un fragment d’éternité entre les doigts
le long paradoxe
de l’arbre
et de la pomme

ici tout pourrait s’éteindre


devenir poussière
de passé qui flotte dans l’air
tout aurait pu ne pas être

peau laine fer charbon


pétrole argile gravier
chanvre sable riz maïs
coton calcaire

mais l’histoire a continué

et avec elle
la longue marche du savoir
de l’argile à l’or de l’âge d’airain
à l’âge de fer de la roue
jusqu’à l’ère numérique sont venus
les anges tristes et les tours blessées
la colère de lourds printemps
l’invisible bourreau
la cueillette inlassable d’informations
qui prononcent de vacillantes vérités
le sucre et l’acide
sur la langue
les mots qui tournent
comme l’histoire d’une pomme
dans les jardins de Cézanne l’orange
bleue comme la Terre
et nos vies comme des étoffes

84
se froissent
dans le paysage du temps

la nuit s’approfondit

et l’on se met à rêver


du haut des falaises de Rilke
dans la forêt de Dante
on voit le passé
déjà on lit le futur
on aperçoit l’aigle et la corneille
qui déchirent le rideau de l’histoire
pour rejoindre nos pas

on traverse le bois de Walden


la mémoire des saisons de Zanzotto
les paysages intérieurs
d’Hopkins les clairières de Zambrano

vers la connaissance de soi


on a marché on s’est plongé
dans le long travail de l’amour
on a trébuché
rebondi puis chuté de nouveau

le temps jamais ne s’arrête


nous dit l’arbre
nous dit la forêt

et sur la branche du présent

un poème murmure
un chemin vaste et lumineux
qui donne sens
à ce qu’on appelle humanité

85
Mes forêts sont de longues tiges d’histoire
elles sont des aiguilles qui tournent
à travers les saisons elles vont
d’est en ouest jusqu’au sud
et tout au nord
mes forêts sont des cages de solitude
des lames de bois clairsemées
dans la nuit rare
elles sont des maisons sans famille
des corps sans amour
qui attendent qu’on les retrouve
au matin elles sont
des ratures et des repentirs

une boule dans la gorge


quand les oiseaux recommencement à voler
mes forêts sont des doigts qui pointent
des ailleurs sans retour

elles sont des épines dans tous les sens


ignorant ce que l’âge résout

elles sont des lignes au crayon


sur papier de temps
portent le poids de la mer
le silence des nuages

mes forêts sont un long passage


pour nos mots d’exil et de survie
un peu de pluie sur la blessure
un rayon qui dure
dans sa douceur

et quand je m’y promène


c’est pour prendre le large
vers moi-même

86
Table

Mes forêts

L’écorce incertaine

Mes forêts

Une chute de galets

Mes forêts

L’onde du chaos

Mes forêts

Le bruissement du temps

Avant l’aube
Avant l’horizon
Avant la nuit

Mes forêts

87
88
Bruno et Murielle, merci pour votre présence sensible et votre accompa‐­
gnement attentif. Notre amitié et nos complicités poétiques me sont
précieuses.

De différentes manières, vous avez stimulé le processus d’écriture de ce


livre, Julie A., Marie-Claire B., David C., Claude D., Fabrice F., Angela K.,
Richard S., Georges T., je vous en remercie.

89
Des pièces musicales ont accompagné l’écriture de mon livre.
Pour les partager, je les ai regroupées dans une liste de lecture que vous
pouvez trouver sur Spotify, sous l’intitulé Hélène Dorion – Mes forêts.

helenedorion.com

Facebook : facebook.com/helene.dorion.1
Instagram : @helene.dorion
Youtube : Hélène Dorion

90
De la même autrice

Poésie
Comme résonne la vie, Paris, Éditions Bruno Doucey, 2018.
Cœurs, comme livres d’amour, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 2012.
Le Hublot des heures, Paris, Éditions de la Différence, 2008.
Mondes fragiles, choses frêles, Montréal, Éditions de l’Hexagone,
collection « Rétrospectives », 2006.
Ravir : les lieux, Paris, Éditions de la Différence, 2005. Réédition 2007.
D’argile et de souffle, anthologie préparée par Pierre Nepveu, Montréal,
Éditions Typo, 2002.
Portraits de mers, Paris, Éditions de la Différence, 2000.
Fenêtres du temps, en collaboration avec Marie-Claire Bancquart
(Voilé / Dévoilé), Montréal, Éditions Trait d’Union, 2000.
Passerelles, poussières, Rimbach (Allemagne), Éditions Im Wald, 2000.
Les Murs de la grotte, Paris, Éditions de la Différence, 1998.
Pierres invisibles, encres de Julius Baltazar, Saint-Benoît-du-Sault (France),
Éditions Tarabuste, 1998. Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1999.
Sans bord, sans bout du monde, Paris, Éditions de la Différence, 1995.
Réédition 2003.
L’Issue, la résonance du désordre, Amay (Belgique), L’Arbre à paroles,
1993. Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1994. Réédition, L’Issue, la
résonance du désordre suivi de L’Empreinte du bleu, gravures de Marc
Garneau,
Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1999.
Les États du relief, Saint-Hippolyte et Chaillé-sous-les-Ormeaux (France),
coédition Le Noroît / Le Dé bleu, 1991.
Le Vent, le désordre, l’oubli, dessins de Marc Garneau, Mont-sur-
Marchienne (Belgique), Éditions L’Horizon vertical, 1991.
Un visage appuyé contre le monde, dessins de Marc Garneau, Saint-
Lambert et Chaillé-sous-les-Ormeaux, coédition Le Noroît / Le Dé bleu,
1990. Réédition, Montréal, Éditions du Noroît, coll. « Ovale », 2001.
La Vie, ses fragiles passages, illustration de couverture de Michel Fourcade,
Chaillé-sous-les-Ormeaux, Éditions Le Dé bleu, 1990.
Les Corridors du temps, Trois-Rivières, Les Écrits des Forges, 1988.
Les Retouches de l’intime, Saint-Lambert, Éditions du Noroît, 1987.

91
Réédition, Montréal, Éditions du Noroît, 2004.
Hors champ, Montréal, Éditions du Noroît, 1985.
L’Intervalle prolongé suivi de La Chute requise, dessins de l’autrice,
Montréal, Éditions du Noroît, coll. « L’instant d’après », 1983.

Romans et récits
Pas même le bruit d’un fleuve, Québec, Éditions Alto, 2020. Marseille,
Éditions Le mot et le reste, 2022.
Le Temps du paysage, avec des photographies d’Hélène Dorion, Montréal,
Éditions Druide, 2016.
Recommencements, Montréal, Éditions Druide, 2014.
L’Étreinte des vents, Montréal, PUM, 2009. Paru en France sous le titre
L’âme rentre à la maison, Éditions de la Différence, 2010. Réédition,
Éditions Druide, collection de poche, 2018.
Jours de sable, Montréal, Éditions Leméac, 2002, 2004. Paris, Éditions de
la Différence, 2003. Réédition, Éditions Druide, collection de poche,
2018.

Essai
Sous l’arche du temps, Montréal, Éditions Leméac, 2003. Paris, Éditions de
la Différence, 2005. Réédition augmentée. Montréal, Éditions Typo,
édition suivie d’entretiens, 2013.

Correspondance
Nous ne sommes pas seules…, avec Carol Bernier, Trois-Rivières, Éditions
d’art Le Sabord, 2014. Réédition 2017.

Album Jeunesse
La Vie bercée, illustrations de Janice Nadeau, Montréal, Les 400 Coups,
2006. Réédition 2021.

92
La version numérique de cet ouvrage a été réalisée par
STUDIO GALEY

Éditions Bruno Doucey © 2021

93
94
Table des Matières
Mes forêts 4
Mes forêts 5
L’écorce incertaine 6
Mes forêts 33
Une chute de galets 34
Mes forêts 39
L’onde du chaos 40
Mes forêts 73
Le bruissement du temps 75
Avant l’aube 77
Avant l’horizon 80
Avant la nuit 83
Mes forêts 86

95

Vous aimerez peut-être aussi