Comande Robuste - Support2
Comande Robuste - Support2
Comande Robuste - Support2
© LAVOISIER, 2002
LAVOISIER
11, rue Lavoisier
75008 Paris
Serveur web : www.hermes-science.com
ISBN 2-7462-0408-8
Catalogage Electre-Bibliographie
Bernussou, Jacques*Oustaloup, Alain (sous la direction de)
Conception de commandes robustes
Paris, Hermès Science Publications, 2002
ISBN 2-7462-0408-8
RAMEAU : commande robuste
DEWEY : 629.5 : Autres branches de l’art de l’ingénieur.
Commande automatique. Robotique
sous la direction de
Jacques Bernussou
Alain Oustaloup
Il a été tiré de cet ouvrage
30 exemplaires hors commerce réservés
aux membres du comité scientifique,
aux auteurs et à l’éditeur
numérotés de 1 à 30
Conception de commandes robustes
sous la direction de Jacques Bernussou et Alain Oustaloup
Pierre APKARIAN
ONERA-CERT
Toulouse
Denis ARZELIER
LAAS-CNRS
Toulouse
Jacques BERNUSSOU
LAAS-CNRS
Toulouse
Benoît CLÉMENT
Supélec
Gif-sur-Yvette
Gilles DUC
Supélec
Gif-sur-Yvette
Gérard FAVIER
I3S
Université de Nice Sophia-Antipolis
Ioan-Doré LANDAU
LAG
Ecole nationale supérieure d’ingénieurs électriciens de Grenoble
Jochen LANGER
LAG
Ecole nationale supérieure d’ingénieurs électriciens de Grenoble
Patrick LANUSSE
LAP
Université Bordeaux 1
Philippe DE LARMINAT
IRCCyN
Ecole centrale de Nantes
Yann LE GORREC
ONERA-CERT
Toulouse
Raphaël LINKER
Faculty of Agricultural Engineering-Technion
Haïfa, Israël
Jean-François MAGNI
ONERA-CERT
Toulouse
Benoît MATHIEU
LAP
Université Bordeaux 1
Alain OUSTALOUP
LAP
Université Bordeaux 1
Dimitri PEAUCELLE
LAAS-CNRS
Toulouse
Jocelyn SABATIER
LAP
Université Bordeaux 1
Table des matières
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365
Avant-propos
Les modèles des procédés étant par nature incertains, la robustesse des méthodes
de synthèse de commande constitue depuis deux décennies un objectif fondamental.
Cette notion de robustesse définit l’insensibilité ou la quasi-insensibilité de la
commande aux variations paramétriques ou aux dynamiques non modélisées du
procédé. Derrière cette définition générale et suite à une volonté de clarification
initialisée au début des années 1990, chacun s’accorde à ne plus uniquement
considérer la robustesse en stabilité de la loi de commande. La robustesse en
performance, qui est beaucoup plus générale, est maintenant au cœur de toutes les
préoccupations.
Comme les deux ouvrages qui ont précédé celui-ci, l’objectif ici est la
présentation aussi exhaustive que possible des méthodes de synthèse proposées par
les différentes écoles de pensée actuelles. Tendant toutes vers des objectifs
semblables, ces méthodes peuvent être considérées comme complémentaires.
Toutefois, la commande robuste étant un sujet extrêmement large et qui reste encore
ouvert, elles sont de nature très variée et utilisent des outils mathématiques assez
différents. En effet, elles consistent en une mise en forme de la réponse fréquentielle
en boucle ouverte pour les approches QFT et CRONE, présentées respectivement
aux chapitres 1 et 2. Elles sont fondées sur le placement des pôles et/ou des vecteurs
propres en boucle fermée pour les chapitres 3, 4 et 5. Au chapitre 6, l’obtention de
performances robustes est subordonnée à l’obtention de fonctions de Lyapunov
dépendant de paramètres, tandis qu’elle découle d’une optimisation multicritère au
chapitre 7 et d’une interpolation entre différents correcteurs au chapitre 8. Au
chapitre 9, cette robustesse résulte à chaque instant et sur un horizon fuyant de la
minimisation entre une trajectoire de référence et la sortie du procédé.
tandis que les approches présentées aux chapitres 4, 6 et 9 sont plus particulièrement
consacrées aux systèmes à temps discret.
Un effort tout particulier a été fourni par les auteurs pour présenter l’application
de leur technique. Les applications correspondantes sont parfois de type
académique, comme aux chapitres 1, 2, 8 et 9 et reposent parfois sur des procédés
réels, comme aux chapitres 3, 4, 7 et 8.
Après la vague H• qui a déferlé sur l’automatique au cours des années 1980, la
lecture des chapitres 5, 6 et 7 permettra de remarquer que c’est maintenant aux
inégalités linéaires matricielles (LMI en anglais) d’être de plus en plus utilisées. Les
outils H∞ n’ont cependant pas disparu, ils ont tout simplement été intégrés et digérés
par la communauté qui les considère maintenant comme classiques.
Le chapitre 3, rédigé par Philippe de Larminat, est intitulé Des régulateurs PID à
la commande LQG-LTR. On pourrait penser que tout a été dit sur les PID, le
placement de pôles et le LQG. Ce chapitre n’en contient pas moins des avancées
notables. Tout d’abord, la synthèse des PID par placement de pôles ne relève pas ici
d’un souci d’unification académique, mais permet de se libérer de l’empirisme qui
règne depuis Ziegler et Nichols, et surtout d’obtenir des réglages robustes et adaptés
à une large classe d’applications. Concernant la commande par placement de pôles,
la robustesse résulte d’une formulation simple et originale du principe de la
restauration du transfert de boucle (Loop Transfert Recovery, LTR). Cette
formulation rend la pratique du LTR accessible sitôt acquis des rudiments de
l’automatique, et surtout conduit à des stratégies de placement de pôles efficaces et
rationnelles. La mise en œuvre (plus classique) du LTR par optimisation H2 apparaît
comme un prolongement nécessaire dans le cas des processus plus difficiles à
traiter : multivariables ou affectés de zéros proches de l’axe imaginaire. Un apport
significatif réside dans les modalités de détermination des matrices d’intensité des
bruits et de pondérations, à travers des paramètres de synthèse communs à ceux du
placement de pôles et aptes à gérer les principaux compromis performance
robustesse inhérents à toute boucle de régulation. Deux exemples d’application sont
exposés, que d’autres auraient peut-être traité par des méthodes plus savantes. Ils
montrent que des méthodes basées sur des concepts classiques recèlent des trésors
de robustesse inexplorés.
18 Conception de commandes robustes
Le chapitre 7, rédigé par Benoît Clément et Gilles Duc, propose une méthode
originale de synthèse multi-objectifs pour commander un système linéaire par retour
de sortie de correcteurs. On utilise la paramétrisation de Youla pour décrire
l’ensemble des correcteurs stabilisant et l’optimisation convexe sous contraintes
LMI pour aboutir à la solution finale. L’approche proposée permet de prendre en
compte plusieurs critères de synthèse (de type H∞, H2 ou α-stabilité) sans introduire
de couplage artificiel entre les contraintes et en s’affranchissant du conservatisme
induit par les approches déjà existantes ; ceci est possible grâce aux propriétés de la
paramétrisation de Youla (la représentation de la boucle fermée linéaire en le
Avant-propos 19
Le chapitre 8, rédigé par Paulo César Pellanda et Pierre Apkarian, présente une
méthodologie générale pour la commande d’un système sur un grand domaine de
fonctionnement en effectuant l’interpolation de compensateurs dynamiques
prédéterminés. Une difficulté importante de l’interpolation réside dans le fait que le
comportement dynamique des compensateurs interpolés dépend de manière critique
des représentations d’état adoptées pour la famille de correcteurs linéaires conçue
sur un ensemble de points de fonctionnement. La technique que nous proposons
utilise une séquence de transformations d’état linéaires permettant d’aboutir à une
famille cohérente et physiquement motivée de compensateurs équivalents qui se
prêtent à l’interpolation. Après la transformation, ces compensateurs présentent une
structure estimation/commande, facilitant l’interpolation et la mise en œuvre. Cette
méthode est applicable aux compensateurs discrets ou continus, d’ordre augmenté
ou plein et, en particulier, aux correcteurs issus d’une synthèse H∞ ou d’une µ-
synthèse, dont le séquencement est en général délicat. Des exemples numériques
sont présentés pour illustrer les avantages de cette approche.
Le chapitre 9, rédigé par Gérard Favier et Gustavo Enrique da Costa Oliveira, est
consacré à la commande prédictive robuste d’un système linéaire incertain. Le
principe général d’une commande prédictive basée sur un modèle (MPC) et certains
résultats fondamentaux concernant les méthodes MPC sont tout d’abord rappelés.
Ce type de commande fait intervenir deux blocs de calcul : le prédicteur, dont la
structure est déterminée à partir du modèle du système à commander, qui effectue le
calcul de la prédiction de la sortie sur un horizon de prédiction, et l’optimiseur qui
détermine la commande de façon à optimiser un critère de performance tout en
tenant compte de contraintes sur les signaux d’entrée/sortie. Le principe de la
commande prédictive robuste (RMPC) consistant à prendre en compte les
incertitudes de modèle au niveau de la synthèse de la loi de commande, est ensuite
introduit sous la forme d’un problème d’optimisation min-max, visant à minimiser
par rapport à la commande le maximum du critère vis-à-vis de l’ensemble des
modèles compatibles avec les incertitudes paramétriques. Après une brève
description du modèle de Laguerre et du prédicteur associé, plusieurs algorihmes
RMPC basés sur l’utilisation d’un tel modèle, sont développés. Ces algorithmes, qui
20 Conception de commandes robustes
Jacques BERNUSSOU
Alain OUSTALOUP
Chapitre 1
– la huitième section est consacrée à des simulations de la boucle fermée dans les
domaines temporel et fréquentiel ;
– la neuvième section discute des mesures envisageables dans les cas où la syn-
thèse n’est pas couronnée de succès ;
– la dernière section passe en revue les extensions de QFT pour des problèmes plus
complexes et contient une liste de références permettant d’approfondir les connais-
sances de base acquises par la lecture de ce chapitre.
Un exemple détaillé pour un système SISO de base est intégré dans les sections
1.3 à 1.8. Cet exemple est réalisé à l’aide du logiciel Qsyn – The Toolbox for Robust
Control Systems Design for use with Matlab [GUT 96].
La méthode QFT 23
1.1. Introduction
Un système ayant une entrée et une sortie est défini à l’aide de sa fonction de trans-
fert P (s), qui décrit de façon univoque la relation entre l’entrée et la sortie du système.
Des perturbations peuvent être présentes aussi bien à l’entrée qu’à la sortie du système
(figure 1.1). Afin de ne pas compliquer inutilement les notations, des configurations
plus générales ne sont pas traitées dans le cadre de ce chapitre.
Les spécifications pour la boucle fermée sont exprimées dans le domaine tem-
porel sous forme de réponses désirées pour un signal d’entrée donné r(t), et/ou des
perturbations d1 (t) et d2 (t) données (figure 1.2). A cette fin, on a souvent recours à
des signaux standards, tels qu’un échelon, une rampe ou une sinusoïde. Par exemple,
la spécification de conduite, pour laquelle la sortie du système doit suivre le signal
d’entrée, peut être exprimée par la réponse désirée à un échelon. De la même façon,
l’atténuation de perturbations peut être exprimée par celle d’une pertubation d’entrée
d1 , ayant un profil de rampe. Généralement, les spécifications sont exprimées par un
nombre restreint de paramètres tels que la valeur du dépassement, le temps de montée
tr [s], le temps de convergence ts [s] et, pour les cas où la convergence est imposée,
les coefficients d’erreurs e0 , e1 ... et les coefficients de raideur c0 , c1 ...
Les spécifications exprimées dans le domaine temporel ne peuvent pas être direc-
tement représentées dans les diagrammes de Bode, de Nyquist ou de Nichols de la
boucle ouverte, L(s) = P (s)G(s). Pour cette raison, les spécifications sont « tra-
duites » dans le domaine fréquentiel en utilisant, par exemple, la bande passante ωb
[rad/s], la fréquence de résonance ωp [rad/s], le pic de résonance Mp [dB], le gain et
la pente asymptotique de L(s) et/ou G(s) en basse fréquence, la sensibilité maximale
Sp , la marge de phase φm [deg] et la marge de gain Am [dB]. La définition de ces
différents paramètres est donnée dans le tableau 1.1.
Figure 1.2. Système décrit à la figure 1.1, incorporé dans une structure
en boucle fermée avec un degré de liberté ; r(t) est le signal de référence,
e(t) l’erreur de la boucle et n(t) le bruit de mesure
ωc |L(jωc )| = 1 √
ωb |L(jωb )/(1 + L(jωb ))| = −3 dB = 1/ 2
ωp maxω |L(jω)/(1 + L(jω))| = |L(jωp )/(1 + L(jωp ))|
Sp maxω |1/(1 + L(jω))|
φm φm = (180/π)(π − arg((L(jωc ))))
ω−180 et Am arg(L(jω−180 )) = −π et Am = −20 log10 (|L(jω−180 )|)
Au cours des années, la synthèse classique s’est révélée très adéquate pour
résoudre des problèmes de commande en boucle fermée, et ceci même pour des sys-
tèmes représentés par des fonctions de transfert incertaines. Dans de tels cas, l’incer-
titude liée à la représentation du système est prise en compte en imposant des marges
de phase et de gain adéquates.
La méthode QFT 25
Plusieurs alternatives existent à la synthèse en boucle fermée telle que décrite dans
le paragraphe précédent. Une première alternative consiste à effectuer une commande
en boucle ouverte, pour laquelle le signal de commande u(t) est généré sans l’aide de
rétroaction. Plus concrètement, le signal de commande est obtenu en filtrant un signal
de référence, r(t) : U (s) = F (s)R(s). Dans cette expression, U (s) et R(s) sont les
transformations de Laplace de u(t) et r(t), et F (s) est la fonction de transfert du
préfiltre. Une commande en boucle ouverte est possible et dans une certaine mesure
avantageuse, puisqu’elle ne nécessite pas de capteur, dans les cas où le système est
stable et les effets des perturbations et des incertitudes sont négligeables par rapport
aux spécifications imposées.
Une autre possibilité est de synthétiser une boucle de rétroaction avec deux degrés
de liberté (figure 1.3) [HOR 63]. Cette configuration est en fait une boucle ouverte
appliquée non pas au système initial, mais plutôt à une boucle fermée avec un degré
de liberté. La fonction de transfert entre le signal de référence et le signal de sor-
tie, T (s) = Y (s)/R(s) = P (s)G(s)F (s)/(1 + P (s)G(s)), est découplée des fonc-
tions de transfert entre les perturbations et le signal de sortie S(s) = Y (s)/D2 (s) =
1/(1 + P (s)G(s)) et Y (s)/D1 (s) = P (s)/(1 + P (s)G(s)). Ce découplage permet
de synthétiser, dans un premier temps, un compensateur G(s) de façon à satisfaire
les spécifications relatives à l’atténuation des perturbations. Une fois le compensa-
teur G(s) obtenu, le préfiltre est choisi afin de satisfaire les spécifications de réglage
T (s). Au fil de ce chapitre, il apparaîtra rapidement que ce découplement est un élé-
ment crucial de la méthode QFT. La première étape consiste à synthétiser G(s) afin
d’atténuer l’effet des pertubations et de réduire l’incertitude de la boucle fermée à un
niveau acceptable. La seconde étape consiste à choisir F (s) tel que les spécifications
de conduite soient également satisfaites.
A ce stade, il doit être souligné qu’il n’est pas nécessaire d’implémenter le système
de commande sous la forme canonique décrite par les figures 1.1 et 1.2. A l’aide de
26 Conception de commandes robustes
calcul algébrique, il est possible d’obtenir des structures équivalentes contenant, par
exemple, un compensateur dans la boucle de rétroaction.
E XERCICE 1.1.– P (s) = ke−τ s /s2 , k ∈ [1, 10], τ ∈ [0, 1]. Trouvez un compensateur
G(s) (figure 1.2) tel que la fréquence de coupure ωc soit supérieure ou égale à 0,07
[rad/s] et le gain de la fonction de sensibilité 1/(1 + P (s)G(s)) soit inférieur ou égal
à 6 dB pour tous les systèmes envisagés.
Un aperçu des six étapes qui consituent une synthèse QFT pour un système SISO
est énuméré ci-dessous, et chaque étape fait ensuite l’objet d’une section :
1) détermination de l’ensemble de fonctions {Pi (s)} pour lesquelles le système de
commande doit être synthétisé. Choix d’une fonction de transfert arbitraire qui définit
le système nominal Pnom (s). Pour une série de fréquences juidicieusement choisies
{ωk } [rad/s], calcul des ensembles de valeurs ;
2) détermination des spécifications dans les domaines temporel et fréquentiel. Ces
spécifications correspondent aux performances requises pour la boucle fermée. A ce
stade, les spécifications exprimées dans le domaine temporel sont transformées en
spécifications dans le domaine fréquentiel ;
3) calcul des frontières d’Horowitz pour {ωk }, basé sur les ensembles de valeurs
et les spécifications dans le domaine fréquentiel ;
4) synthèse d’un compensateur G(jω). Elle consiste à façonner la boucle ouverte
nominale Pnom (jω)G(jω) dans le diagramme de Nichols sur lequel sont indiquées
les frontières d’Horowitz que la boucle ouverte nominale doit satisfaire. Analyse de la
stabilité asymptotique de la boucle fermée, basée sur le théorème de Nyquist ;
5) fermeture de la boucle G(s)P (s)/(1 + G(s)P (s)) et synthèse du préfiltre F (s).
A cette étape, il est fait usage du diagramme de Bode de la boucle fermée et F (s) est
choisi tel que la fonction de transfert entre le signal de référence et celui de sortie
F (s)G(s)P (s)/(1 + F (s)G(s)P (s)) soit conforme aux spécifications ;
6) simulation de la boucle fermée pour un certain nombre de systèmes et vérifica-
tion que les spécifications exprimées dans les domaines fréquentiel et temporel sont
satisfaites.
Ainsi que mentionné dans la première section, il est nécessaire de recourir à une
commande en boucle fermée afin de stabiliser un système instable et/ou diminuer l’ef-
fet de perturbations. Dans les cas où le système est incertain, la boucle de rétroaction a
également un second rôle : obtenir une incertitude en boucle fermée inférieure à celle
du système initial. La figure 1.4 présente les relations qui existent entre les différents
éléments impliqués dans une synthèse robuste : si l’incertitude du système augmente,
un gain plus élevé est requis afin de satisfaire les spécifications. Si les spécifications
deviennent plus strictes, un gain plus élevé est également requis. Ceci est illustré ci-
dessous à l’aide d’un exemple.
Suivant la structure définie par la figure 1.2 ou la figure 1.3, la sensibilité complé-
mentaire S̄(s) est définie comme S̄(s) = P (s)G(s)/(1 + P (s)G(s)). Considérons
28 Conception de commandes robustes
Il est dès lors naturel de poser la question suivante : pourquoi ne suffit-il pas
d’augmenter le gain afin de diminuer l’incertitude et/ou de satisfaire des spécifications
plus strictes? La raison est qu’il existe des limitations fondamentales concernant tout
contrôle en boucle fermée [SER 97]. Tout système réel inclut un retard, possède un ou
plusieurs zéros dans le demi-plan complexe droit (Non Minimum Phase system), ou
est grandement incertain aux fréquences élevées. Dans ces conditions, la contrainte
de stabilité, associée aux relations de Bode entre gain et phase [BOD 45, HOR 63],
limite la bande passante et limite donc le gain admissible. De plus, le bruit de mesure
est amplifié à l’entrée du système par la fonction de transfert du « coût de rétroaction »,
−G(s)/(1 + P (s)G(s)) (figure 1.3). Un gain de compensation élevé aux fréquences
associées au bruit de mesure est indésirable. En effet, un tel gain peut entraîner satu-
ration ou usure prématurée de l’élément de commande, ou nécessiter l’utilisation d’un
capteur moins sujet au bruit et donc plus couteux. Pour ces raisons, il est impératif de
résoudre un problème de synthèse robuste en utilisant le minimum de gain nécessaire.
Une fonction de transfert incertaine est définie comme un ensemble fini ou infini
(dénombrable ou non dénombrable) de fonctions de transfert :
A chaque fréquence, l’ensemble des nombres complexes {Pi (jωk )} qui repré-
sentent le système est appelé l’ensemble de valeurs (en anglais, value set ou template)
à la fréquence ωk . Dans certains cas particuliers, il est possible d’obtenir une définition
plus spécifique.
où M (s) est une fonction de transfert stable de façon asymptotique et Pi (s) une fonc-
tion de transfert, ou une des fonctions de transfert incertaines définies par les relations
[1.2] ou [1.3].
Dans QFT, un système nominal est choisi de façon arbitraire, Pnom (s). La figure
1.6 présente le diagramme de Nyquist correspondant au cas d’une incertitude multipli-
cative ([1.4]), avec Pi (s) = Pnom (s). A chaque fréquence ωk , la fonction de transfert
P (jωk ) est entourée par un cercle de rayon m(jωk )|Pnom (jω)|.
Un grand nombre de fonctions de transfert peut être mis sous forme de produits de
facteurs réels :
ke−τ s Πl (1 + s/bl ) Πm (1 + s/bm ) Πq (1 + 2ζq s/ωq + s2 /ωq2 )
P (s) =
sn Πu (s + au ) Πv (s + av ) Πw (1 + 2ζw s/ωw + s2 /ωw 2)
1.4. Spécifications
Figure 1.8. Ensembles de valeurs {Pi (jωk )} du système défini par [1.6]
et [1.7], présentés dans le diagramme de Nichols. Le système nominal
est indiqué par un trait plein et le point « nominal » de chaque ensemble
de valeurs est indiqué par un cercle et la fréquence correspondante
Les spécifications peuvent être exprimées sous différentes formes suivant la nature
du problème considéré. Parfois, une enveloppe de la sortie désirée en réponse à un
signal d’entrée en échelon est spécifiée (figure 1.9). De façon similaire, il est possible
de spécifier une enveloppe pour la réponse à une perturbation d’entrée ou de sortie,
dans le domaine temporel ou fréquentiel.
Notons R(s), E(s), U (s), D1 (s), D2 (s), Y (s) et N (s) les transformations de
Laplace des signaux r(t), e(t), u(t), d1 (t), d2 (t), y(t) et n(t) définis à la figure 1.3.
Il est habituel de définir des spécifications pour la fonction de transfert de l’erreur (ou
la fonction de sensibilité) :
E(s) Y (s) 1
S(s) = = = [1.9]
R(s) D2 (s) 1 + P (s)G(s)
Figure 1.9. Spécification pour la réponse à un échelon (graphe supérieur) et son « équivalent »
dans le domaine fréquentiel. Dans le graphe supérieur, les traits fins l(t) et v(t) indiquent les
spécifications inférieure et supérieure. Les traits pleins A(t) et B(t) indiquent l’enveloppe des
réponses des modèles acceptés, c’est-à-dire les modèles du deuxième et troisième ordres dont
les réponses à un échelon sont entre l(t) et v(t). Dans le diagramme de l’amplitude de Bode
(graphe inférieur), a(ω) et b(ω) indiquent les spécifications fréquentielles, qui sont l’enveloppe
des fonctions d’amplitude des modèles acceptés. Pour des fréquences supérieures à la fréquence
de coupure, a(ω) est remplacé par 0 (= −∞ dB), indiquant que la boucle fermée peut avoir une
diminution d’amplitude supérieure à −60 dB par décade, qui est le taux maximal des modèles
testés.
où X(ω) ∈ < peut être constant, en prenant toutefois en compte que X(ω) doit être
supérieur à 1 à certaines fréquences [BOD 45, HOR 63]. Il existe de nombreux types
de spécifications, tels que marges de gain et de phase, marge de retard minimum, coef-
ficients d’erreurs et de raideur, etc. Les spécifications utilisées en QFT sont similaires
à celles utilisées pour la synthèse classique, la seule restriction étant qu’un certain
niveau d’incertitude persiste toujours dans la boucle fermée.
Il est désiré de garantir une marge de stabiblité. A cette fin, il est nécessaire d’inclure
une spécification du type défini par [1.10] :
|S(jω)| ≤ 2 (= 6 dB) [1.11]
De plus, il est aussi requis que le compensateur inclue au moins un intégrateur, et
ce afin d’obtenir une erreur nulle en état stationnaire avec un échelon d’entrée :
G(s) = H(s)/s [1.12]
Dans QFT, toutes les spécifications doivent être finalement exprimées dans le
domaine fréquentiel. Pour cette raison, les spécifications exprimées dans le domaine
temporel doivent être transformées en spécifications fréquentielles avant d’entamer
la synthèse du compensateur. Il n’existe pas de transformation univoque du domaine
temporel au domaine fréquentiel. En général, on suppose que la boucle fermée se com-
porte comme un système du deuxième ou troisième ordre (pôles dominants), et il est
alors possible de passer du domaine temporel au fréquentiel. La procédure est illustrée
ci-dessous par un exemple.
E XEMPLE 1.3 ( SPÉCIFICATIONS DE CONDUITE ).– Pour la boucle fermée avec deux
degrés de liberté décrite à la figure 1.3 et le système défini par [1.6]-[1.8], considé-
rons une spécification de conduite, dans le domaine temporel, en réponse à un échelon
d’entrée (figure 1.9). Notons u(t) et l(t) les limites supérieure et inférieure des spéci-
fications. Trouvez tous les systèmes du troisième ordre C(s), dont les réponses à un
échelon satisfassent v(t) et l(t) :
1 + s/a ω02
C(s) = , (a, b, ζ, ω0 ) ∈ Q [1.13]
1 + s/b s2 + 2ζω0 s + ω 2
avec :
−1 1 + s/a ω02 1
Q = (a, b, ζ, ω0 )l(t) ≤ L ≤ u(t)
1 + s/b s2 + 2ζω0 s + ω 2 s
[1.14]
où L−1 est la transformation de Laplace inverse. La spécification équivalente dans le
domaine fréquentiel est de la forme :
F (jω)G(jω)P (jω)
a(ω) ≤ ≤ b(ω) [1.15]
1 + G(jω)P (jω)
avec :
(
minQ |C(jω)|, ω < ωcut-off
a(ω) = [1.16]
0, ω ≥ ωcut-off
b(ω) = max |C(jω)| [1.17]
Q
36 Conception de commandes robustes
Il est clair que le passage du domaine temporel au fréquentiel n’est pas univoque,
puisque les normes utilisées dans les deux domaines sont incompatibles. Il n’est
pas garanti qu’une boucle fermée satisfaisant [1.15], [1.16] et [1.17] ait une réponse
incluse dans l’intervalle [v(t), l(t)] et vice versa.
Pour le cas de base SISO, on ne définit généralement des spécifications que pour
l’amplitude de la boucle fermée. Il est cependant possible de définir des spécifications
pour la phase. Il faut alors s’assurer qu’il n’y a pas de contradiction entre les deux
types de spécifications, notamment si le système est à non minimum de phase.
R ÉSUMÉ.– Calcul des frontières d’Horowitz pour {ωk }, basé sur les ensembles de
valeurs et les spécifications dans le domaine fréquentiel.
Les frontières d’Horowitz sont des contraintes qui assurent que si la boucle ouverte
Lnom = Pnom (jω)G(jω) satisfait ces frontières à toutes les fréquences, alors la
boucle fermée satisfait les spécifications dans le domaine fréquentiel pour tous les cas
envisagés. Les frontières d’Horowitz reflètent l’interaction qui existe entre le degré
d’incertitude et la rigueur des spécifications (voir paragraphe 1.2.1). Afin de satisfaire
les spécifications de conduite [1.15], il faut également synthétiser un préfiltre F (s).
Puisque F (s) ne contient pas d’incertitude, [1.15] implique que, pour une fré-
quence ω, le nombre complexe G(jω) doit être tel que :
G(jω)Pi (jω) G(jω)Pi (jω)
max / min ≤ b(ω)/a(ω) [1.18]
i 1 + G(jω)Pi (jω) i 1 + G(jω)Pi (jω)
où Pi (jω) appartient à l’ensemble de valeurs de P (s). La relation [1.18] est sou-
vent dénommée spécification de tolérance à ω. Cette tolérance est généralement
exprimée en décibels : 20 log10 (b(ω)/a(ω)) = 20 log10 (b(ω)) − 20 log10 (a(ω)). Il
est clair que si |G(jω)| est suffisamment grand, [1.18] est satisfaite. Par contre, si
G(jω) = −1/Pi (jω) pour i quelconque, alors [1.18] ne peut pas être satisfaite.
Il existe donc une région BT G (ω) du plan complexe telle que G(jω) ∈ BT G (ω)
si et seulement si [1.18] est satisfaite pour tous les membres de {Pi (s)}. Dès lors,
BT L (ω) = BT G (ω)Pnom (jω), où Pnom (jω) est le système nominal, est telle que
Pnom (jω)G(jω) ∈ BT L (ω) si et seulement si [1.18] est satisfaite pour tous les
membres de {Pi (s)}. Les frontières de tolérance d’Horowitz δBT L (ω), définies par
les frontières de la région BT L (ω), sont en général tracées dans le diagramme de
Nichols et le compensateur est ajusté afin que la boucle ouverte satisfasse ces fron-
tières à toutes les fréquences considérées.
La méthode QFT 37
E XEMPLE 1.6 ( FRONTIÈRES DOMINANTES ).– En combinant les figures 1.10 et 1.11,
il apparaît clairement que pour ω < ωcut-off , les frontières de tolérance sont plus res-
trictives que les frontières de sensibilité. En effet, si Lnom (jωk ) ∈ BT L (ωk ), alors
Lnom (jωk ) ∈ BSL (ωk ). Pour la synthèse, il est dès lors possible de se préoccuper
uniquement des frontières dominantes (figure 1.12).
Les figures 1.10 à 1.12 montrent qu’une frontière d’Horowitz est une courbe dans
le plan complexe dont l’amplitude dépend de la phase. C’est pourquoi il n’est pas
possible de tracer les frontières d’Horowitz dans un diagramme de Bode. Il est donc
nécessaire de faire la synthèse QFT dans le diagramme de Nichols ou de Nyquist, et
non pas dans celui de Bode comme dans le cas classique.
Si Lnom (jω) satisfait les frontières d’Horowitz à toutes les fréquences ωk avec un
gain minimal la synthèse du compensateur est terminée. Si une ou plusieurs frontières
d’Horowitz ne sont pas satisfaites, il est nécessaire de modifier n(s) et/ou d(s) jusqu’à
ce que toutes les frontières le soient.
La méthode QFT 39
Il est souvent avantageux pour l’utilisateur de définir G(s) sous forme d’un produit
de facteurs réels. Cette représentation permet d’identifier facilement G(s) comme un
produit de filtres simples tels que PI, PID, filtre passe-haut, filtre passe-bas, etc.
G2 (s) est essentiellement l’inverse du système [1.6], auquel ont été ajoutés un
intégrateur, conformément à la spécification [1.12], et un filtre passe-bas afin d’at-
ténuer l’effet du bruit de mesure. La boucle ouverte Lnom (s) = Pnom (s)G2 (s) =
6/(s(1 + s/500)) est la courbe B de la figure 1.13. Toutes les frontières sont satis-
faites – excepté celles correspondant à 0,2, 0,5 et 1 [rad/s] (Lnom à 100 [rad/s] est
juste à la limite).
Il est tentant d’augmenter le gain de G(s) d’environ 6 dB. Cela entraînerait cepen-
dant la violation de la frontière d’Horowitz à 100 [rad/s], et ce même si le pôle du filtre
passe-bas était déplacé vers des plus hautes fréquences (il est souhaitable de noter
qu’il n’est pas non plus désirable d’atténuer le bruit de mesure seulement au-delà de
la fréquence caractéristique du bruit).
Il est donc nécessaire d’avoir recours à une synthèse plus créative, basée sur les
observations suivantes :
– le gain de Lnom (j100) devrait être inférieur à −26 dB. En effet, dans ces
conditions, la frontière d’Horowitz à cette fréquence ne sera jamais violée, quelle
que soit la phase de Lnom (j100). Il doit être noté que la frontière de sensibilité à
100 [rad/s] résulte du retard e−τ s présent dans le système. Ce retard introduit donc
La méthode QFT 41
La boucle ouverte Lnom (s) = Pnom (s)G3 (s) est présentée à la figure 1.14. Toutes
les frontières sont satisfaites.
Même si, comme dans l’exemple 1.7, toutes les frontières d’Horowitz sont
satisfaites, il est possible que les spécifications soient violées à des fréquences pour
lesquelles les ensembles de valeurs, et donc les frontières d’Horowitz, n’ont pas été
42 Conception de commandes robustes
calculés. De telles violations apparaîtront lors des simulations qui constituent l’étape
finale de la synthèse (section 1.9). L’utilisateur a alors les choix suivants :
– négliger ces violations en les considérant insignifiantes ;
– refaire la synthèse en laissant un peu d’espace libre entre la boucle nominale et
les frontières d’Horowitz ;
– recommencer la synthèse en ajoutant les fréquences où les violations appa-
raissent.
bruit de second ordre. Aide : il est souhaitable de calculer également les frontières
d’Horowitz à 80, 90 et 95 [rad/s].
L’obtention d’un compensateur tel que la boucle nominale Lnom (jω) satisfasse
les frontières d’Horowitz ne garantit pas la stabilité de la boucle fermée. En principe,
il est nécessaire de vérifier que chaque boucle ouverte Li (s) = Pi (s)G(s) satisfait le
théorème de Nyquist : ∆ arg(1 + Li (s)) = −pi , quand s ∈ γ, une courbe entourant
dans le sens positif tout le demi-plan complexe positif et pi est le nombre de pôles
instables de la boucle ouverte. Cependant, le théorème suivant facilite l’analyse de
stabilité pour une classe importante de systèmes.
T HÉORÈME 1.1.– Stabilité en boucle fermée pour des systèmes ayant des ensembles
de valeurs simplement connectés.
R EMARQUES.–
1) La spécification de sensibilité [1.11] satisfait les suppositions du théorème.
2) Le théorème reste valable dans les cas où il y a des systèmes avec différents nombres
de pôles instables.
L’implication directe pour l’utilisateur de QFT est qu’il faut être extrêmement pru-
dent lorsque les ensembles de valeurs ne sont pas simplement connectés. Ceci peut être
le cas pour des systèmes avec différents nombres d’intégrateurs [GUT 94], ou lorsque
l’incertitude est définie par un nombre fini de systèmes discrets [NOR 95]. En général,
Pnom (s) est choisi tel que Pnom (s) ∈ {Pi (s)}, comme recommandé à la section 1.3.
Il est cependant possible de choisir Pnom (s) en dehors de l’ensemble de valeurs, mais
la stabilité de la boucle fermée n’est alors pas assurée par le théorème 1.1.
Lorsque le système est incertain, il est clair qu’une boucle fermée obtenue avec
un compensateur linéaire reste incertaine. L’incertitude résiduelle sera cependant plus
petite que l’initiale, du moins dans l’intervalle de fréquence considéré. Le préfiltre est
« certain » et ne modifie donc pas l’incertitude de la boucle.
Dans QFT, le compensateur est synthétisé tel que l’incertitude de la boucle fer-
mée soit inférieure aux spécifications de tolérance, et que la boucle fermée satis-
fasse les spécifications d’atténuation des perturbations et du bruit de mesure. Une fois
G(s) obtenu, les ensembles de valeurs de la sensibilité complémentaire {S̄i (jω)} =
{G(jω)Pi (jω)/(1 + G(jω)Pi (jω))} sont calculés pour ω ∈ {ωk }. Le préfiltre F (s)
est alors synthétisé tel que la fonction de transfert de la boucle fermée Y (s)/R(s)
soit façonnée conformément aux spécifications de conduite [1.15]. Si [1.18] est satis-
faite et la spécification de conduite définie seulement pour le gain de la boucle fermée
(comme cela est le cas avec [1.15]), il est toujours possible de trouver F (s) rationnel et
asymptotiquement stable qui garantit que la boucle fermée satisfasse les spécifications
[HOR 92].
La méthode QFT 45
E XEMPLE 1.9 ( SYNTHÈSE DU PRÉFILTRE ).– Considérons le système défini par [1.6-
1.8] en boucle fermée avec deux degrés de liberté (figure 1.3), avec les spécifications
définies dans les exemples 1.2 et 1.3 et la figure 1.9. Considérons également le com-
pensateur défini par [1.22]. Calculez {|F (jω)G(jω)Pi (jω)/(1 + G(jω)Pi (jω))|}
pour tout ω ∈ {ωk }.
La boucle fermée est simulée dans le domaine fréquentiel pour un grand nombre
de cas. Les simulations ne sont pas restreintes à ω ∈ {ωk } (les fréquences pour les-
quelles les ensembles de valeurs ont été calculés), et ceci afin de vérifier que les spéci-
fications sont satisfaites à toutes les fréquences. Si une spécification n’est pas satisfaite
à une fréquence qui n’était pas incluse dans {ωk }, il est souhaitable d’inclure cette fré-
quence dans une nouvelle version de {ωk } et de recommencer la synthèse. En dernier
lieu, la boucle fermée est simulée dans le domaine temporel afin de vérifier que les
spécifications dans ce domaine sont également satisfaites.
Si toutes les spécifications dans le domaine fréquentiel sont satisfaites, mais cer-
taines dans le domaine temporel ne le sont pas, ceci est une indication que la transfor-
mation des spécifications du domaine temporel au fréquentiel n’était pas correcte. Les
remèdes sont les suivants :
1) vérifier si un préfiltre différent résout le problème ;
48 Conception de commandes robustes
Par contre, il peut être noté qu’une (petite) violation des frontières d’Horowitz
émanant de spécifications temporelles transformées en fréquentielles n’entraîne géné-
ralement pas de violation des spécifications dans le domaine temporel.
Malheureusement, et comme cela est le cas avec toutes les méthodes de synthèse
robuste, en dehors de quelques situations triviales, il n’est pas possible de savoir a
La méthode QFT 49
priori si un problème peut être résolu. Le théorème suivant, pour un cas trivial, est
connu depuis longtemps dans la litérature QFT [GUT 89, HOR 92].
Supposons que la structure du système incertain soit telle que tous les systèmes
ont un gain aux hautes fréquences de même signe et que :
R EMARQUES.–
1) Pour des systèmes réels, ce théorème n’est pas utile puisqu’il suppose la possibilité
d’une bande passante arbitrairement élevée. En réalité, la bande passante est toujours
limitée à cause de problèmes de saturation, parce que tout système réel est à non mini-
mum de phase aux fréquences élevées, parce qu’un retard est présent, ou encore parce
qu’une incertitude très grande existe aux fréquences élevées, introduite par exemple à
l’aide d’une incertitude non structurée [1.4] :
avec 1 + |M (jω)| un nombre positif suffisamment grand (mais < 2) aux hautes fré-
quences. Il est recommandé que l’utilisateur de QFT (ou de toute autre méthode de
synthèse robuste) inclue une bande passante maximale de façon explicite, ou intro-
duise un retard ou une incertitude non structurée en haute fréquence.
2) Bien que le théorème ne soit pas applicable, il peut donner une indication quant à la
bande passante qui serait nécessaire si les suppositions du théorème étaient réalisées.
Il reste alors à vérifier que cette bande passante est inférieure à la limitation.
Si la synthèse de votre collaborateur plus expérimenté n’est pas non plus couron-
née de succès, il est recommandé de prendre au moins une des actions suivantes :
1) relaxer les spécifications aux fréquences pour lesquelles la violation des fron-
tières d’Horowitz ne peut pas être évitée ;
2) améliorer la connaissance du système, ce qui permet de réduire l’incertitude. En
particulier, essayer de réduire les ensembles de valeurs aux fréquences où les frontières
d’Horowitz ne sont pas satisfaites.
Ce dernier point est connecté à la commande adaptative. S’il n’est pas possible
d’obtenir hors ligne suffisamment d’informations pour diminuer la taille de l’ensemble
de valeurs, il peut être possible de combiner des synthèses robuste et adaptative en vue
d’identifier en ligne des ensembles de valeurs pour un compensateur QFT adaptatif
[GUT 88, YAN 90].
Les ouvrages d’Horowitz [HOR 92] et de Yaniv [YAN 99] sont recommandés. En
particulier, le premier inclut une liste d’articles relatifs à QFT publiés jusqu’en 1991.
En conclusion, nous voudrions souligner que QFT a été appliqué avec succès à
un grand nombre d’applications, aboutissant souvent à des performances supérieures
à celles obtenues avec d’autres méthodes de commande robuste. La force de QFT
réside principalement dans le fait qu’il s’agit d’une méthode hautement interactive
dans laquelle l’utilisateur perçoit clairement l’interaction existant entre spécifications,
incertitude et gain de rétroaction.
1.11. Bibliographie
[OLD 94] O LDAK S., BARIL C., G UTMAN P.O., « Quantitative design of a class of non-
linear systems with parameter uncertainty », International Journal of Robust and Nonlinear
Control, vol. 4, p. 101-117, 1994.
[SAN 98] S ANCHEZ -P ENA R.S., S ZNAIER M., Robust systems theory and applications, Wiley
Interscience, 1998.
[SER 97] S ERON M.M., B RASLAVSKY J.H., G OODWIN G.C., Fundamental limitations in fil-
tering and control, Springer-Verlag, 1997.
[YAN 90] YANIV O., G UTMAN P.O., N EUMANN L., « An algotithm for the adaptation of a
robust controller to a reduced plant uncertainty », Automatica, vol. 26, no 4, p. 709-720,
1990.
[YAN 99] YANIV O., Quantitative feedback design of linear and non-linear control systems,
Kluwer Academic Publishers, 1999.
Chapitre 2
2.1. Introduction
La robustesse est un notion très large qui traduit toujours la même idée, à savoir
l’insensibilité, ou à défaut la quasi-insensibilité. Aussi, dans un même domaine, il
existe autant de types de robustesses que de grandeurs insensibles et de grandeurs
auxquelles elles sont insensibles. Le domaine de la commande n’y échappe pas.
&KDSLWUH UpGLJp SDU $ODLQ 2867$/283 %HQRvW 0$7+,(8 -RFHO\Q 6$%$7,(5 3DWULFN /$1866(
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
mode oscillatoire. Les incertitudes sont prises en compte à travers les véritables
domaines qu’elles définissent (contrairement à l’approche Hf [KWA 93]) et sans
distinction de leur nature, qu’elles soient structurées ou non structurées. A ce propos, il
convient de préciser qu’une restructuration du procédé due à la prise en compte de
dynamiques négligées (ou non modélisées) peut relever de la reparamétrisation d’un
modèle de structure augmentée (en l’occurrence d’ordre plus élevé). Il suffit que
certains paramètres de ce modèle, initialement nuls pour l’état paramétrique nominal,
deviennent différents de zéro lors de la prise en compte des dynamiques négligées. La
reparamétrisation du procédé intègre alors sa restructuration.
La deuxième stratégie repose sur une phase constante en boucle ouverte autour
de la fréquence Zu (pour l’état paramétrique nominal du procédé). Contrairement à
la première, son objectif est non plus de réduire les variations de marge de phase,
mais de les annuler. Il peut être atteint par la vérification de deux conditions : un
gabarit vertical que forme le lieu de Black en boucle ouverte autour de Zu pour
l’état paramétrique nominal du procédé ; un glissement du gabarit sur lui-même lors
d’une reparamétrisation du procédé (cette condition étant respectée lorsque la
reparamétrisation conduit uniquement à des variations de gain autour de Zu). Le
gabarit ainsi défini est décrit par la transmittance d’un intégrateur non entier réel
dont l’ordre détermine son placement en phase.
Lorsque la seconde condition ne peut être vérifiée, il n’y a aucune raison pour que
le gabarit vertical assure au mieux la robustesse de la commande. Il convient alors de
le généraliser, conformément à deux niveaux de généralisation. Le premier consiste à
considérer un gabarit, toujours défini comme un segment de droite pour l’état
paramétrique nominal du procédé, mais de direction quelconque, appelé gabarit
généralisé. Ainsi défini, il est décrit par une transmittance fondée sur celle d’un
intégrateur non entier complexe, dont l’ordre réel détermine le placement en phase du
gabarit et dont l’ordre imaginaire détermine ensuite son inclinaison par rapport à la
verticale. Dans le cadre de cette généralisation, la recherche d’un gabarit optimal au
sens de la minimisation d’un critère quadratique (sous contraintes) portant sur les
variations du facteur de résonance en asservissement ou du facteur d’amortissement en
asservissement et en régulation, définit la stratégie optimale qu’utilise la version
initiale de la commande CRONE de troisième génération. Le deuxième niveau
consiste à substituer au gabarit généralisé un ensemble de gabarits du même type,
appelé multigabarit. Sa description par un produit de transmittances non entières
complexes bornées en fréquence définit un gabarit curviligne qui étend le gabarit
rectiligne que forme le gabarit vertical ou généralisé. La recherche d’un gabarit
curviligne optimal au sens de la minimisation du critère précédent définit la stratégie
optimale la plus évoluée qu’utilise la commande CRONE de troisième génération.
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
Déjà dans le courant du XVIIe siècle, les constructeurs de digues avaient noté les
propriétés d’amortissement des digues très accidentées, et notamment de celles
formant des poches d’air susceptibles d’être comprimées par l’avancée des eaux.
Il y a en effet fort longtemps que la relaxation de l’eau sur de telles digues fait
l’objet d’analyses expérimentales très poussées, notamment à travers
l’enregistrement de l’évolution du niveau de l’eau sur la paroi des digues. Dans le
cas de digues fluviales ou côtières, très amortissantes (ou absorbantes) de par une
structure volumique poreuse (donc de dimension fractale au sens de Benoît
Mandelbrot [MAN 82]), les résultats de ces analyses révèlent que :
– la fréquence propre de la relaxation est différente selon que la digue est
fluviale ou côtière ;
– le facteur d’amortissement de la relaxation semble indépendant de la digue,
qu’elle soit fluviale ou côtière.
Etant donné que les essais fluviaux ou côtiers se distinguent notamment par la
différence des masses d’eau transportées, les analyses semblent montrer que la
relaxation est caractérisée par une fréquence propre qui dépend de la masse d’eau
en mouvement et par un facteur d’amortissement qui en est indépendant.
Sachant que la nature est une source inépuisable de solutions, notre intention est
de déterminer l’essence mathématique d’un tel phénomène, notamment en cherchant
à établir la forme de l’équation différentielle qui régit la relaxation. Le but d’une
telle démarche est d’en tirer des idées directrices pour la conception de nouvelles
stratégies de commande robuste des procédés, les stratégies CRONE de première et
deuxième générations pour ne pas les citer.
0 G9 W )W [2.1]
GW
dans laquelle F(t) est la force de réaction de la digue, c’est-à-dire la résultante des
forces qui sollicitent la masse d’eau M.
9W 4 W 6 [2.2]
)W 3W6 [2.3]
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
En portant les expressions [2.2] et [2.3] dans la relation [2.1], on obtient une
nouvelle forme de l’équation différentielle [2.1] :
0 G4 W 3W [2.4]
6 GW
4W § G ·Q 3 W
Le fait de porter l’expression de Q(t) donnée par [2.5] dans la relation [2.4]
permet d’établir une équation différentielle linéaire d’ordre non entier n compris
entre 1 et 2, soit :
0 § G ·Q 3 W 3 W [2.6]
¨ ¸
6 Z Q © GW ¹
Q
W Q §¨ G ·¸ 3 W 3 W [2.7]
© GW ¹
en posant :
Q
0
§ ·
W ¨ ¸ [2.8]
¨
© 6 Z Q
¸
¹
WS Q , soit WS Q HM S NS
[2.9]
S N S S [2.11]
Q
soit :
N [2.12]
Q
ou encore, sachant que n est positif, ce qui autorise à multiplier cette double
inéquation par n sans changer le sens des inégalités correspondantes :
Q N Q [2.13]
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
1<n<2 1<n<2
2<n+1<3 0<n–1<1
!
Q !
Q
Q N Q
N N
S S
M M
S H Q et S H Q [2.14]
W
W
Ces racines déterminent le mode oscillatoire de la relaxation. Elles sont
complexes conjuguées et forment un angle au centre 24 avec 4 = S – S/n (voir
figure 2.2).
ZS §
S S ·¸ § S ·¸ [2.15]
W W Q¹ W
VLQ 4 VLQ ¨ VLQ ¨
© © Q¹
et :
]Q FRV 4
§
FRV¨ S S ·¸ §
FRV¨
S ·¸ [2.16]
© Q¹ © Q¹
Ce résultat exprime que le facteur d’amortissement ] est exclusivement lié à
l’ordre n, permettant ainsi d’introduire la notion de mode oscillatoire robuste.
WS Q 3 S 3 S [2.17]
Q
§ ·
3S ¨ ¸ 3S [2.18]
¨
©WS ¸
¹
Q
ES § ·
¨ ¸
Q §
¨
Z X ·¸ [2.19]
¨
©WS ¸
¹
¨
©
S ¸
¹
qui n’est autre que la transmittance d’un intégrateur non entier de fréquence au gain
unité (ou de transition) Zu = 1/W.
Sachant que arg E(jZ) = – nS/2 et que 1 < n < 2, le lieu de Black de E(jZ) est une
droite verticale d’abscisse comprise entre – S/2 et – S (voir figure 2.4).
Figure 2.5. Un segment de droite vertical définit le gabarit dans le plan de Black
Cas du procédé
Un domaine d’incertitudes du procédé est défini comme le domaine du plan de
Nyquist ou de Black qui regroupe l’ensemble des points images des réponses
fréquentielles du procédé obtenues, à une fréquence donnée, pour ses différents états
paramétriques (voir figure 2.6).
M '* M représente la réponse en fréquences du procédé
pour un état paramétrique différent du nominal
E MZ & MZ * MZ [2.20]
E MZ G%
& MZ G%
* MZ G%
[2.21]
et :
C’est dire que les domaines d’incertitude de la boucle ouverte sont identiques à
ceux du procédé, si ce n’est que leur position est différente. Leur positionnement
relatif est en effet conforme à la relation de correspondance E jZ) = C(jZ * jZ)
Figure 2.8. Boucle de commande élémentaire : e(t) consigne ; p(t) perturbation ; s(t) sortie ;
H(t) signal d’erreur ; u(t) entrée du procédé ; C(p) régulateur ; G(p) procédé
Q
ZX §
¨ Z Q 6
·
¸ [2.23]
W ¨
©
0 ¸
¹
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
Si la phase en boucle ouverte reste constante, soit arg E(jZ) = – nS/2, le gain en
boucle ouverte varie conformément aux valeurs extrémales :
ZX Q
E MZ §
¨ PLQ
·
¸ [2.24]
PLQ ¨
© Z ¸
¹
et :
ZX Q
E MZ § ·
PD[
¨ ¸ [2.25]
PD[ ¨
© Z ¸
¹
Q
E MZ PD[
§
¨
ZX PD[
·
¸ [2.26]
E MZ PLQ
¨
©
ZX PLQ
¸
¹
soit en décibels :
§ ZX ·
E MZ E MZ Q
ORJ¨
PD[ ¸ [2.27]
ZX
PD[ G% PLQ G% ¨ ¸
© PLQ ¹
Dans le plan de Black, les domaines d’incertitudes sont donc des segments de
droite verticaux de longueur constante, 20 n log (Zumax/Zumin) (voir figure 2.9).
ES §
¨
Z X ·¸ Q avec n [2.28]
¨
© S ¸
¹
Figure 2.13. Gabarit généralisé optimal dont la direction est donnée par celle de l’axe principal
du domaine d’incertitude correspondant (a) à la fréquence Zu , (b) à la fréquence Zr
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
Le gabarit généralisé est en effet décrit par une transmittance fondée sur
l’intégration non entière complexe, soit :
VLJQ E
VLJQ E D§ LE ·
§ § S ·· § Z X · ¨ ª«§ Z X · º» ¸
E S ¨¨ FK¨ E ¸ ¸¸ ¨¨ ¸¸ ¨ ¨¨ ¸¸ ¸ [2.29]
© © ¹¹ © S ¹ ¨¨ «¬© S ¹ »¼ ¸¸
© & M ¹
VLJQ E D§ § VLJQ E
§ § S ·· § ZX · ¨ FRV¨ E OQ§¨ Z X · ·¸ ·¸
E S ¨¨ FK¨ E ¸ ¸¸ ¨¨ ¸¸ ¸¸ ¸ [2.30]
© © ¹¹ © S ¹ ¨ ¨© ¨© S ¹ ¹ ¸¹
©
VLJQ E
D§ LE ·
§ S · ¨ ª«§ S · º» ¸
¨ ¸ ¨ ¨ ¸ ¸
Z ¸ ¨ «¨ & Z ¸ »
E S & VLJQ E ¨¨ & S
K
¸ ¨ «¨ S
K
¸ »
¸
¸ [2.31]
¨ Z ¸ ¨ «¨ Z ¸ » ¸
© E ¹ ¨ «¬© E ¹ »¼ ¸
© & M ¹
dans laquelle :
ª § §Z · § Z · ·º
& FK«E¨¨ DUFWJ ¨¨ X ¸¸ DUFWJ ¨¨ X ¸¸ ¸¸» [2.32]
« ©¬ © ZE ¹ © Z K ¹ ¹» ¼
HW
§ § Z · ·
¨ ¨ X ¸ ¸
¨ ¨Z ¸ ¸
& ¨ © E¹ ¸ [2.33]
¨ § Z · ¸
¨¨ ¨¨ X ¸¸ ¸¸
© © ZK ¹ ¹
l’expression de C0 se réduisant à :
& Z X [2.34]
ZE
dans le cas particulier où les fréquences transitionnelles basse et haute Zb et Zh, sont
distribuées géométriquement par rapport à Zu, soit (Zb Zh)1/2 = Zu.
Figure 2.15. La zone délimitée par les lieux de Black extrémaux qui enveloppent les
domaines d’incertitudes positionnés par le gabarit curviligne définit, autour Zu ou Zr, un lieu
de Black incertain dont l’« épaisseur » détermine son incertitude
1
S EN S [2.35]
N 1
avec (pour k z 0) :
VLJQ EN
§ ·
§
S · DN ¨ ª«§
S LE
· N º» ¸
¨ ¸ ¨ ¨ ¸ ¸
VLJQ EN
¨ NZ Z N ¸ ¨ «¨ N Z Z N ¸ » ¸
EN S &N ¨Z
¸ ¨ «¨ Z
¸ » ¸ [2.36]
S S
¨¨ N ¸¸ ¨ «¨¨ N ¸¸ » ¸
© Z N ¹ ¨ «© ZN ¹ »¼ ¸¸
¨¬ &M
© ¹
pour k = 0, Ek(p) est défini par la relation [2.31], dans laquelle Zb et Zh sont en
l’occurrence remplacés par Z0 et Z1.
ZN Z NZ N
pour k z 0 [2.37]
Le gabarit généralisé de rang 0, dit « médian », est celui défini par rapport à
Z’0 = Zu. Z’0 ne représente pas forcément sa fréquence centrale sachant qu’afin
d’assurer un degré de liberté supplémentaire, Z’0 n’est pas nécessairement égal à
(Z0 Z1) .
1/2
E S EE S S E K S [2.38]
La transmittance E(p), fondée sur l’intégration non entière complexe, n’est autre
que la transmittance de description du gabarit curviligne définie par l’ensemble des
relations [2.35] et [2.36]. Ses fréquences transitionnelles extrémales sont Z–N– en
basse fréquence et ZN++1 en haute fréquence.
QE
§ Z 1 ·
EE S &E ¨¨ ¸¸ [2.39]
S
© ¹
QE t si Q SE et QE t Q SE si Q SE t [2.40]
La transmittance Eh(p) est celle d’un filtre passe-bas d’ordre nh, dont la
fréquence transitionnelle est égale à la fréquence transitionnelle extrémale haute de
E(p), afin que le raccordement de Eh(p) avec E(p) n’introduise pas de paramètres
supplémentaires. Eh(p) est donc défini par :
EK S
&K [2.41]
QK
§ ·
¨ S ¸
¨ Z ¸
© 1 ¹
QK t Q SK [2.42]
sachant que, pour Z > ZN++1, nh = nph assure la constance avec la fréquence de la
sensibilité de l’entrée et nh > nph assure sa décroissance avec la fréquence ; enfin, Ch
permet d’assurer un gain unitaire à Eh(p) à la fréquence Zu.
- 4D
PD[
4D G
4D PLQ 4DG
[2.44]
Dans l’espace des temps, les premières contraintes consistent à forcer les réponses
indicielles en asservissement ou en régulation à évoluer conformément à un calibre
prédéterminé par le concepteur (ce calibrage est illustré en régulation à la figure 2.18).
Les zones hachurées 1 et 2 limitent les effets de traînage des réponses. Dans
l’espace des fréquences, les contraintes temporelles ainsi définies se traduisent par le
calibrage des diagrammes de gain en asservissement nominaux et reparamétrés,
comme illustré par la figure 2.19. Les zones hachurées 1 et 2 de cette figure sont en
correspondance avec celles de la figure 2.18. La zone 3 permet d’atténuer l’effet
d’un bruit de mesure sur la sortie au-delà d’une fréquence donnée. Il est vrai que
[Y(jZ)/Dm(jZ)]e(t)=0;du(t)=0;dy(t)=0 = - T(jZ) (figure 2.21).
ª 8 MZ º ª 8 MZ º ª 8 MZ º & MZ
5 MZ « »H W « »H W « ( MZ » G P W
¬« ' \ MZ ¬ 'P MZ E MZ
¼» G X W ¼ GX W ¬ ¼ GX W
G\ W G\ W
GP W
[2.46]
sr(t)
, ,
t
0 D'1
,
1
, ,
Figure 2.18. Calibrage des réponses indicielles en régulation nominales et reparamétrées
,,,,,,, ,,,,,,,
,,,,,,, ,,,,,,,
,,,,,,, ,,,,,,,
,,,,,,, ,,,
Enfin, notamment dans le cas de modes peu amortis du procédé, une dernière
contrainte consiste à majorer le gain maximum de la fonction de transfert
perturbation de commande-sortie, soit :
ª < MZ º * MZ
*6 MZ « »H W
¬ 'X MZ E MZ
¼G\ W
GP W
[2.48]
Le régulateur est défini par une transmittance non entière Cne(p) déduite du
rapport :
E S
&QH S [2.49]
* S
dans lequel E(p) est donné (pour cette génération de la commande) par la relation
[2.38] et où G0(p) désigne la transmittance nominale du procédé.
&HQ S 5S [2.50]
6S
où R(p) et S(p) sont des polynômes de degrés n et d spécifiés, soit :
Q
5S ¦ UN S N [2.51]
N
et :
Q
6S ¦ VN S N [2.52]
N
Y >U UQ V
VG @7 [2.53]
D
&QH S | , G 1 D0 5 [2.55]
SG
S o
et :
U D ; VG
si G ! , alors V Λ VG
[2.57]
et :
G Q Gf ;
UQ D [2.58]
VG f
La transmittance du modèle utilisant l’ensemble des relations [2.57] et [2.58]
s’exprime alors par :
Q
D f VG S Q ¦ UN S N D
&HQ S N
avec G Q Gf [2.59]
G
¦ VN S N S G
N G
Y >U Λ UQ VG
Λ
VG @7 [2.60]
Deux techniques de synthèse sont utilisées. La première est fondée sur les
fonctions symétriques élémentaires des racines de Viète [LAN 94]. La seconde
repose sur la résolution d’un problème de programmation linéaire [MAT 94].
2.8.6. Application
§
¨¨
S ·¸
¸
© Z¹
* S * [2.61]
§
¨¨
S ·§
¸¸¨ ]
S S ·¸
Z ¹¨© Z Q Z Q ¸¹
L’état paramétrique nominal de ce procédé est défini par G0nom = 50, Z’1nom = 0,01,
Z1nom = 0,02, Znnom = 1 et ]nom = 0,8. Par ailleurs, les paramètres G0, Z’1nom, Z1nom, et
&RQFHSWLRQ GH FRPPDQGHV UREXVWHV
Znnom sont incertains et peuvent prendre des valeurs quelconques à l’intérieur des
intervalles suivants :
*QRP d * d * Z QRP
d Z d Z QRP
QRP
ZQRP Z QQRP
d Z d ZQRP
HW d ZQ d Z QQRP
Figure 2.23. Réponses à une perturbation de sortie du système en boucle fermée pour l’état
paramétrique nominal du procédé et pour deux états paramétriques extrêmes
Dans le domaine temporel, la robustesse du degré de stabilité est illustrée par des
variations limitées, en fonction du temps et de l’état paramétrique du procédé, du
premier dépassement de la réponse à une perturbation de sortie de type échelon (voir
figure 2.23).
2.9.1. Introduction
origine, en 1975, dans les travaux de Wang et Davison sur la commande découplante
par retour statique de sortie [WAN 75]. En 1981, Desoer et Chen [DES 81] donnent
une paramétrisation simple de l’ensemble des matrices de transfert en asservissement
diagonales stables pour des procédés stables, de laquelle ils déduisent une technique de
commande par placement des pôles et des zéros de la boucle fermée. En 1984, Desoer
[DES 84] étend sa technique [DES 81] aux procédés instables simples (un procédé
instable simple présentant un pôle instable simple ou double). En 1985, Dickman et
Sivan [DIC 85] montrent que, de l’ensemble des matrices de transfert en boucle
fermée nominales de même diagonale, celle entièrement diagonale permet d’atteindre
la plus grande robustesse en stabilité au sens de la norme H•. En 1986, Desoer et
Gündes [DES 86] paramétrisent l’ensemble des matrices de transfert en
asservissement diagonales stables pour des procédés stables ou instables particularisés
par une sortie et deux types d’entrée, en l’occurrence une entrée exogène et le signal
d’erreur. En 1987, Vardulakis [VAR 87] détermine une paramétrisation fondée sur la
théorie des matrices factorisées copremières. En 1991, Lin et Hsieh [LIN 91]
simplifient la paramétrisation de Vardulakis pour des procédés carrés. En 1993 [LIN
93], ils généralisent leurs travaux à des procédés non carrés. Simultanément, dans la
continuité des travaux de Dickman et Sivan [DIC 85], Linnemann et Wang [LINN 93]
s’intéressent à la pertinence du découplage par bloc dans le cadre d’une stratégie de
commande. Ils démontrent l’optimalité d’un régulateur bloc-découplant au sens de
mesures de performance générales incluant les normes H• et H2 pour la commande de
procédés dont les parties instables et à non-minimum de phase ont une structure bloc-
diagonale. Leurs travaux généralisent un résultat établi par Youla en 1976 [YOU 76],
montrant l’H2-optimalité d’une loi de commande découplante pour des procédés
stables à minimum de phase.
Dans le cadre étudié ici d’un découplage par retour de sortie, la matrice de
transfert en boucle ouverte découplante, c’est-à-dire conduisant à des matrices de
transfert en asservissement et en régulation diagonales, est forcément diagonale.
En la notant :
et :
ª º
>6 S @ , > E S @ GLDJ «
EL S
7L S [2.65]
EL S
et :
6L S
[2.66]
EL S
et vérifient la relation :
7L S 6L S [2.67]
ª 1 LM S º
>* S @ « » [2.69]
«¬ 'LM S »¼d L d 1
d M d 1
dans laquelle par hypothèse d’étude les polynômes Dij(p) sont Hurwitz1, la matrice
de transfert du régulateur s’exprime par la relation :
ª 1 LM S º
>&QH S @ « » GLDJ > E L S @d L d 1 [2.70]
«¬ 'LM S »¼d L d 1
d M d 1
ª 1 LM S º
>&QH S @ « EL S » [2.71]
¬« 'LM S »¼d L d 1
d M d 1
1. Se dit d’un polynôme dont les zéros sont à partie réelle négative.
&RPPDQGH &521( GH SURFpGpV VFDODLUHV HW PXOWLYDULDEOHV
EL S
7L S 6L S
pour dLd 1 [2.74]
7L S 6L S
L’ensemble des gabarits curvilignes optimal peut donc être défini comme
l’ensemble des gabarits curvilignes :
– qui tangentent le même ensemble de contours désiré d’isodépassement ( ' ,
..., ' 1 ) ou d’iso-amortissement (]1,..., ]N) pour l’état paramétrique nominal du
procédé,
– qui minimisent un critère quadratique exprimé par la somme des variations
extrémales relatives des ' L ou des ]i résultant des différents états paramétriques
i
possibles du procédé.
selon que l’on cherche à minimiser les variations des premiers dépassements réduits
ou des facteurs d’amortissement.
1
1 ¦ 1 L 1 L [2.78]
L
2.9.3. Application
ª S º
« Z
. »
« »
« S § S § S
¨¨ ¸¸¨¨ S ¸¸
· ·§ · »
« Z ¨¨ Z ¸¸ »
© Z ¹© Z ¹
>* S @ « ©
¹ » [2.79]
« S »
« . Z
»
« »
«¨§ S ·§ S · S §¨ S ·¸§¨ S ·»
« ¨ Z ¸¸¨¨ Z ¸¸
Z ¨© Z ¸¹¨© Z
¸¸ »
¬ © ¹© ¹
¹¼
susceptibles de varier autour des valeurs nominales Knom = 0,05, Z0nom = 10 rd/s,
Z 0nom = 1 rd/s et Z1nom = 5rd/s dans les intervalles :
¶
D E
2.10. Conclusion
Compte tenu des résultats plus qu’encourageants déjà obtenus lors de l’application
de la commande CRONE à des procédés réels, il est maintenant envisagé d’étendre
cette commande à celle de procédés non stationnaires et non linéaires.
2.11. Bibliographie
[DES 81] DESOER C.A., CHEN M.J., « Design of multivariable feedback systems with stable
plant », IEEE Trans. on Autom. Control, 29, octobre 1981.
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doctorat d’Université, Université Bordeaux I, 1998.
[SUB 89] SUBRAHMANYAM M.B., « An extension of the simplex method to constrained
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domain approach », Int. J. Control, 21, 1975.
[YOU 76] YOULA D.C., JABR H.A., BONGIORNO J.J., « Modern Wiener-Hopf design of
optimal controllers (Part II) », IEEE Trans. on Autom. Control, 21, 1976.
Chapitre 3
3.1. Introduction
La première règle est toujours applicable. Elle définit une sensibilité « cible »
robuste. Les règles 2 et/ou 3 permettent, le cas échéant, d’approcher cette cible (on
dit aussi la restaurer). La règle 2 exige la stabilité en boucle ouverte du modèle (ou
du moins l’absence d’instabilité exponentielle), tandis que la règle 3 demande
l’hypothèse de non-minimum de phase (stabilité inverse).
Ces règles sont simples et claires. Leur justification est immédiate [LAR 99b].
Elle est reprise en section 3.2. Le détail de la mise en œuvre est presque secondaire
et peut donner matière à diverses variations méthodologiques.
A la section 3.3, on propose des stratégies de placement de pôles basées sur une
application directe des règles ci-dessus énoncées, en plaçant des pôles directement
sur les racines de A et B lorsque c’est possible, et à défaut, en leur voisinage, qui est
modulé au moyen de deux paramètres de réglage prévus à cet effet :
– un paramètre To destiné à régler la proximité de F (s ) avec A(s ) . La
robustesse obtenue (principalement en termes de marge de retard) aura pour prix une
perte de performances en régulation ;
– un second paramètre de réglage Tc règle la proximité de C(s) avec B(s), sachant
que les marges de gain et phase obtenues auront pour prix un accroissement de la
sensibilité au bruit. Ce deuxième réglage est accessoire et le « facteur de
restauration » kc = To/Tc pourra se voir attribuer une valeur par défaut.
proches de) l’axe imaginaire. Les difficultés s’aggravent si des pôles avoisinent ces
zéros : on se trouve alors en présence de problèmes intrinsèquement difficiles à
résoudre. Il importe alors de rester conscient de ce que les limitations de
performance et de robustesse tiennent au processus lui-même et à ses incertitudes
plus qu’à la qualité de la loi de commande. Néanmoins, il peut se révéler utile de
consentir un investissement théorique supplémentaire, surtout si l’on dispose déjà de
quelques acquis en approche d’état et en commande LQG. Dans cet esprit, la section
3.5 s’appuie sur une interprétation de la commande par placement de pôles en
termes d’estimation et retour d’état d’un système étendu. On montre que le LTR
(sous sa forme duale) permet d’interpréter les polynômes F(s) et C(s) comme des
polynômes caractéristiques de commande et de filtrage. Nous introduisons aussi un
deuxième paramètre de réglage accessoire, le « facteur de forme » ko, qui permet de
gérer un compromis entre les marges de gain et phase et les performances en rejet de
perturbation de charge. On montre alors comment déduire de ces trois paramètres To,
kc et ko les matrices de pondération et d’intensité des bruits qui permettent de placer
les pôles à travers la commande LQG.
3.2.1. Préliminaires
Bien souvent, le cahier des charges stipule que le régulateur doit être à action
intégrale. Dans ce cas, deux attitudes équivalentes sont possibles lors de la
conception du régulateur.
– soit augmenter le polynôme A(s) avec la « partie fixe » s du régulateur, puis
effectuer la synthèse du régulateur sans contrainte, et finalement réintégrer la partie
fixe dans le dénominateur S(s) du régulateur ;
– soit imposer au polynôme S(s) la contrainte de se présenter sous la forme
factorisée S(s) = sΣ(s).
A( s) S ( s )
y / d = S yd ( s) =
A( s) S ( s) + B( s) R( s )
A( s ) S ( s ) + B ( s ) R( s ) ≡ P( s )
n p = na + ns [3.2]
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 103
n
L’identité selon les puissances s 0 , s 1 ...s p se traduit par un système de np + 1
équations linéaires. Pour l’unicité de la solution, il convient que le nombre des
coefficients de S et R lui soit égal, soit n p + 1 = (n s + 1) + (n r + 1) . En combinant
avec [3.2], il vient :
nr = na − 1 [3.3]
D’où finalement :
n s = nr + d r [3.4]
et :
n p = 2n a + d r − 1 [3.5]
n p = 2n + 1
A( s )
S yd ( s ) =
F (s)
1
S yd ( s) =
1 + L y (s)
La règle 1 engendre un transfert de boucle cible robuste, en ce sens que son lieu
de Nyquist est extérieur au « cercle de Kalman » représenté sur la figure 3.2, avec
les marges qui en résultent. On a en effet :
1 F ( jω )
L y ( jω ) − (−1) = L y ( jω ) + 1 = = >1
S yd ( jω ) A( jω )
On va voir que les règles 2 et/ou 3 vont faire tendre S et C vers une même limite
A( s ) S ( s )
(non nulle). Alors, la sensibilité effective S yd ( s ) = tendra vers la cible
F ( s)C ( s )
A( s )
S yd ( s) = .
F (s)
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 105
AS + BR = AC
S = C, R = 0
AS AC A
lim S yd = lim = = = S yd
F→A F → A FC FC F
AS + BR = FB
S = B, R = F − A
AS AB A
lim S yd = lim = = = S yd
C →B C →B FC FB F
3.2.6. Commentaires
1. Risquons une explication : les automaticiens (surtout hors de France) n’ont généralement
pas encore intégré le concept de marge de retard [BOU 91], qui traduit pourtant une exigence
de robustesse aussi importante que les classiques marges de gain et phase. On se demande
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 107
Pour exposer plus clairement les principes généraux, nous avons considéré dans
la section précédente que A et B incorporaient d’éventuelles « parties fixes » du
régulateur. A partir de maintenant, nous revenons à la notation habituelle où
B( s) b1 s n −1 " + bn
= désigne le modèle du processus proprement dit,
A( s ) s n + a1 s n −1 + " + a n
supposé strictement propre (b0 = 0).
On se limite dès lors au cas précis des régulateurs à action intégrale, sans
incorporer de partie fixe au polynôme A, mais en imposant directement la contrainte
que S(s) soit factorisé en S ( s ) = sΣ( s ) . Le lecteur traitera aisément les problèmes
analogues au coup par coup : exigence de régulateur doublement intégral, facteur
( s 2 + ω 02 ) imposé à S ou R, etc.
Sous contrainte d’un régulateur juste propre, les degrés sont alors :
A l’exception des régulateurs PID, que l’on traitera en section 3.4, on préférera
généralement des régulateurs strictement propres (voir section 3.5)2. Les degrés
deviennent :
[ A( s) s ]Σ( s ) + B( s ) R( s) = F ( s )C ( s )
lim F ( s) = sA( s )
TO → ∞
2 ∞ 2 dω ∞
3. F (s) dénote la norme H2 : F ( s ) = ∫0 F ( jω ) = ∫0 f (t ) 2 dt .
2 2 2π
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 109
sA( s)
S y ( jω ) = ≤1
F (s) s = jω
Il apparaît que l’effet LTR indirect permet de régler la marge de retard limite.
Pour un système dont les seules instabilités sont des intégrateurs, on observe en effet
les marges limites suivantes :
– nombre d’intégrations en boucle ouverte : 0, 1 , 2 ;
– marge de retard limite : 1,571 To 0,647 To 0,407 To.
Si, de plus, A(s) présente des paires de racines complexes sur l’axe imaginaire
(± jω n ) , auxquels il correspond des oscillations en boucle ouverte de période
Tn = 2π / ω n , la marge de retard atteint le maximum atteignable, soit le quart de la
plus petite période.
La stratégie proposée ici pour le placement des pôles dominants conduit donc à
des propriétés plus fortes que la simple tendance à sortir du cercle de Kalman. A
l’exception du dernier cas, où la marge de retard est bornée par la nature même d’un
système à amortissement nul en boucle ouverte, on voit que To permet d’accroître
sans limite la marge de retard (au détriment évidemment des performances en
régulation).
lim C ( s ) = B( s )
Tc →0
EXCLUSION.– La stratégie proposée ici exclut les systèmes qui présentent des zéros
sur l’axe imaginaire. Rappelons que le cas de zéros nuls est exclu par hypothèse
dans le contexte de régulateurs à action intégrale. Pour traiter le cas de zéros
imaginaires conjugués, on peut imposer aux pôles accessoires un amortissement
réduit minimal, ce qui introduirait un paramètre de réglage supplémentaire.
Antérieurement, nous avons aussi proposé, lors de l’opération 2, de projeter les
racines de C*(s) sur le cercle de diamètre (– 1/Tc, 0). Section 3.5, nous préférerons
une technique basée sur la commande LQG, et sur le même paramètre de synthèse Tc
que ci-dessus.
Pour les systèmes à non-minimum de phase, la présence des zéros à partie réelle
positive introduit une limite incontournable aux performances en régulation
[FRE 85]. L’expérience montre qu’il est inutile de vouloir descendre au-dessous de :
To voisin du retard induit par les non-minima de phase et constantes de temps
mineures du processus.
112 Conception de commandes robustes
3.4.1. Présentation
S ( s ) = sΣ( s ) = s (σ 0 s + σ 1 )
R ( s ) = r0 s 2 + r1 s + r2
P ( s ) = F ( s )C ( s) = ( f 0 s 3 + f1 s 2 + f 2 s + f 3 )(c 0 s + c1 )
= p 0 s 4 + p1 s 3 + p 2 s 2 + p3 s + p 4
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 113
a 0 σ 0 p 0
a a0 b1 σ p
1 1 1
a 2 a1 b2 b1 r0 = p 2
a2 b2 b1 r1 p 3
b2 r p
2 4
r0 s 2 + r1s + r2 1 sTd
= k p 1 + +
s(σ 0 + σ 1 ) sT i 1 + sτ
e − sL
G(s) = a
s
Pour effectuer une synthèse de PID par placement de pôles, il faut se donner un
modèle de conception du 2e ordre. Une solution simple consiste à remplacer le retard
1 − sL / 2
par l’approximation classique : e − sL ~ .
1 + sL / 2
F ( s ) = ( s + 2 / L)( s + 1 / L) 2 , C ( s ) = a ( s + 2 / L)
0.96
kP = , Ti = 3.3L, Td = 0.30 L, τ = 0.14 L
aL
114 Conception de commandes robustes
Ces valeurs sont du même ordre de grandeur que celles issues de la règle de
1.2
Ziegler et Nichols ( k P = , Ti = 2 L, Td = 0.5 L ). Mais cette règle est réservée
aL
à des systèmes apériodiques, dont la réponse à court terme peut être approximée par
celle de l’intégrateur retardé, tandis que le réglage par placement de pôles robuste
s’adresse à tous les systèmes approximables par des transferts du second ordre, dans
toute leur variété (non amortis, à avance de phase, double intégrateur…). Et surtout,
le réglage par placement de pôles robuste reste ouvert et laisse le concepteur libre de
procéder à un véritable réglage, c’est-à-dire à un arbitrage entre performances et
robustesse.
L’existence même de règles telles que celle de Ziegler et Nichols laisse penser
qu’il existerait pour chaque processus un réglage « optimal » qui correspondrait
sensiblement à la minimisation du temps de réponse, sous contrainte d’un facteur de
résonance (ou d’un dépassement) admissible.
Horizon dominant T0 L 2L 3L
3.4.4. Commentaires
Nous ne sommes évidemment pas les premiers à effectuer la synthèse des PID
par un placement de pôles à partir d’un modèle du second ordre. Par contre, nous
nous écartons de la pratique quasi universelle en exigeant trois pôles dominants à
travers le polynôme F(s) pour obtenir le LTR indirect. Nous satisfaisons ainsi à une
exigence qui est pratiquement une condition nécessaire de robustesse. Ceux qui se
contentent de placer simplement deux pôles dominants obtiennent presque
fatalement des régulateurs peu robustes et se voient contraints de procéder à des
corrections ultérieures du transfert de boucle ou de la fonction de sensibilité pour
récupérer quelque robustesse. Ceci est vrai, a fortiori, pour des systèmes d’ordre
supérieur à deux.
Dans tous les cas où l’approximation par un deuxième ordre est pertinente, il
convient de proposer à l’utilisateur le régulateur standard, c’est-à-dire le PID,
sachant qu’il y aura peu à attendre d’un régulateur plus complexe.
Une stratégie directe de placement des pôles auxiliaires, qui voudrait tenir
compte de tous ces facteurs, devient vite inextricable4. Dans ce paragraphe, on
conserve l’horizon Tc comme seul paramètre de réglage auxiliaire, mais avec prise
en compte de la présence des pôles en boucle ouverte dans la synthèse de C(s).
Un des problèmes standards les plus élémentaires que l’on puisse associer à une
boucle de régulation est représenté sur la figure 3.6. La sortie mesurée y est l’écart
entaché d’un bruit de mesure wy. La perturbation à rejeter wu est disposée en
perturbation de charge additive sur l’entrée. Les entrées de bruits et perturbations
sont regroupées en un vecteur w.
Mais surtout, supposons qu’il existe des modes peu commandables, se traduisant
dans B(s)/A(s) par des couples pôles-zéros voisins les uns des autres. La disposition
additive sur u de la perturbation wu revient à adopter, pour la conception,
l’hypothèse favorable selon laquelle les perturbations solliciteraient peu les modes
eux-mêmes peu commandables. Une hypothèse semblable est sous-jacente à tous les
systèmes augmentés où le processus B/A apparaît comme un tout indissocié. Il s’agit
118 Conception de commandes robustes
là d’une erreur de conception quasi universelle (en particulier dans le cadre H∞) et
beaucoup de théories savantes n’existent que pour racheter cette faute originelle.
Une fois reconnue la nécessité d’intervenir dans le processus B/A lors de
l’augmentation du modèle et pas seulement au niveau de ses entrées et sorties, il
convient d’essayer de le faire de la façon la plus simple possible.
Le système ainsi constitué est non stabilisable, ce qui le rend insoluble par les
méthodes simplistes qui exigent l’hypothèse de stabilisabilité du système augmenté :
hypothèse non nécessaire puisque l’objectif est de contrôler l’écart z et non l’état
dans son ensemble. La stabilité interne exigible est réduite à celle de l’état du
processus proprement dit. Le problème standard correspondant est ici soluble, grâce
à la définition ad hoc adoptée pour z. On peut effectuer la résolution par approche
d’état, en appliquant le formalisme LQG et la commande avec rejet asymptotique,
telle qu’elle est développée dans les chapitres 16 et 19 de [LAR 95]
Bien que ces équations soient issues de la commande LQG, on peut faire
abstraction de cette origine et constater que les solutions F(s) et C(s) jouissent des
propriétés évidentes suivantes :
– pour un système dont tous les zéros sont à partie réelle négative ou nulle, il est
clair que si Wc → 0, C(s) tend vers B(s), ce qui engendre, selon le paragraphe 3.2.5,
le LTR direct ;
– pour un système dont tous les pôles sont à partie réelle négative ou nulle, si
W0 → 0, alors F(s) tend vers sA(s), ce qui engendre, selon le paragraphe 3.2.4, le
LTR indirect.
Les équations [3.6] et [3.7] définissent donc, en tant que telles, des stratégies de
placement de pôles, auxquelles ont peut faire appel sans faire référence au LQG, en
considérant Wo et Wc comme de simples paramètres de réglage lors de la
détermination de C(s) et F(s) à travers les équations [3.6] et [3.7].
Y2
Gain quadratique sur l'horizon T : Γ(G, T ) =
1 T 2
min
u ( t ) : y (T ) = Y T
∫0 u (t )dt
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 121
T
Γ(G , T ) = T ∫0
g (t ) 2 dt
Dans le cas présent, la figure 3.7 montre que depuis les entrées w jusqu’à y, le
gain Wo se présente en série avec 1/sA(s), et que depuis u jusqu’à z, le gain Wc se
trouve en parallèle avec B(s)/A(s), d’où les propositions cohérentes :
1 B( s )
Wo = Γ −1 / 2 ( , T0 ), Wc = Γ1 / 2 ( , Tc )
sA( s ) A( s )
Lorsque l’on adopte ces expressions de Wo et Wc, on constate que les horizons To
et Tc ont un pouvoir réglant très similaire à celui qui résulte des stratégies directes de
la section 3.3.
sA( s)
S y ( jω ) = ≤1
F (s) s = jω
Néanmoins, la marge de gain inférieur garantie par cette condition (voir figure 3.2)
est seulement de ½, soit – 3 dB. Lorsque le système n’est pas asymptotiquement stable
(un double intégrateur, par exemple), la marge de gain de la cible pourra effectivement
devenir insuffisante, d’autant plus que la restauration n’est jamais parfaite. Pour se
rendre compte de cette insuffisance, il ne suffit pas de considérer la marge de module,
définie comme l’inverse du maximum de Syd(jω) : elle est moins contraignante et donc
moins représentative de la robustesse que le traditionnel facteur de résonance de la
sensibilité complémentaire Ty(jω) = 1 – Syd(jω).
s A( s )
La sensibilité cible devient S yd ( s ) = . Pour un système sans
(s + To−1 ) Fo ( s )
instabilité exponentielle, le LTR indirect induit alors les propriétés suivantes
lorsque ko >> 1 :
s
– S yd ( s ) → : à la restauration, les perturbations additives en sortie
( s + To−1 )
sont rejetées selon un mode exponentiel de constante de temps To ;
– le transfert de boucle cible tend donc vers 1/sTo, avec des marges de gain (– ∞,
+ ∞) et de phase (π/2) accrues ;
– la marge de retard cible (πTo/2) est déterminée par To ;
– es perturbations de charge (autres que celles additives sur la sortie), sont
rejetées selon les modes de Fo(s), qui peuvent devenir très lents avec ko si le système
est intégrateur, ou s’il présente des modes lents en boucle ouverte. C’est le prix des
accroissements de robustesse.
( )
F ( s ) F ( − s ) = s( − s ) + 1 / T02 ( A( s ) A( − s ) + Γ −1 (
1
, T0 )
sA( s )
Les équations du système d’état étendu XT = [xT ξT] et bruité s’écrivent alors :
= FX + Gu + w , y = HX + x
X [3.8]
X y
où :
A B B
F = , G = 0 , H = [C 0] [3.9]
0 0
J = E [X T H T H X + (u − ξ ) T Rc (u − ξ )]
Bien que la paire (F,G) soit non stabilisable, la solution existe (grâce à la
présence de (u–ξ ) dans le critère) et le régulateur est donné par :
Xˆ = FXˆ + Gu + K o ( y − HXˆ )
[3.10]
u = −[K c I ]Xˆ
Pour déterminer les deux matrices Qo et Rc, on va se baser sur les trois
paramètres déjà introduits : l’horizon dominant To, le facteur de restauration kc et le
facteur de forme ko . On définit :
Tc T AT t T
Rc = Tc
0∫B e C Ce At Bdt [3.11]
124 Conception de commandes robustes
Dans le même esprit, on a proposé depuis quelques temps [LAR 95] d’attribuer à
wX une matrice d’intensité basée sur le grammien partiel sur l’horizon To, qui confère
à To un excellent pouvoir réglant des modes dominants du filtre :
Q0−1 = To ∫0To e F t H T H e Ft dt
T
On propose ici de modifier cette expression par le facteur de forme ko, selon :
L’expérience montre que les propriétés réglantes énoncées plus haut pour les
paramètres To, kc et ko se retrouvent bien à travers la synthèse LQG. En particulier,
on peut conserver les propositions par défaut : facteur de restauration kc = 5, facteur
de forme ko = 5. A travers le seul paramètre To, le réglage d’un régulateur
multivariable devient même plus facile que celui d’un PID (voir paragraphe 3.6.2).
Ce système (un bloc gyromiroir de viseur d’hélicoptère [COV 92]) est difficile à
contrôler. Il est doublement intégrateur en boucle ouverte, comporte six paires de
pôles complexes conjugués très peu amortis, regroupées sur moins de deux octaves.
Ils sont accompagnés de quatre paires de zéros parfois très voisins des pôles et dont
certains sont à non-minimum de phase. Ayant adopté la milliseconde pour unité de
temps, la transmittance s’écrit :
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 125
La période du mode le plus lent est de 5 ms. On se base sur cette valeur pour
déterminer une gamme de variation de To, par exemple To = {2.5 ms, 5 ms, 10 ms}.
Par ailleurs, on adopte les valeurs déjà proposées par défaut : facteur de restauration
kc = 5, facteur de forme ko = 5. Les résultats obtenus sont résumés sur la figure 3.8,
où la marge de gain généralisée n’est autre que l’inverse du classique facteur de
résonance, exprimé en pourcentage. Quant à l’expression proposée sous le nom de
marge de retard généralisée, elle constitue un minorant de la marge de retard.
– 28 dB – 20 dB – 11 dB
Sensibilité aux perturbations du : S ydu
∞
On constate que quand To croît, les marges de robustesse augmentent, mais que
les performances se dégradent. Il suffira ici d’adopter le régulateur donnant le
maximum de robustesse dans le respect des performances spécifiées (To = 10). Le
lieu de Nyquist correspondant est représenté sur la figure 3.8.
La commande en phase consiste à faire basculer les boucles engendrées par les
modes peu amortis vers la partie positive du plan complexe, loin du point (– 1). La
marge de phase pourra alors avoisiner 90°, et la marge de retard sera alors de l’ordre
126 Conception de commandes robustes
du quart de la période du mode concerné (et donc parfois très petite). La commande
en phase ne peut donc s’adresser qu’aux modes de plus basse fréquence, que l’on
peut espérer aussi être les mieux modélisés.
Les modes de fréquence élevée doivent être traités par la commande en gain, qui
consiste à atténuer le transfert de boucle dans leur gamme de fréquence, au risque de
dégrader l’amplitude des basses fréquences de L(jω), qui assurent les performances.
Avec kc = 2 et ko = 10, le tableau des indicateurs devient comme sur le tableau 3.3.
To = {3, 4, 5, 6}
128 Conception de commandes robustes
et l’on applique la méthode LQG-LTR avec les paramètres par défaut : facteur de
restauration kc = 5, facteur de forme ko = 5. Le tableau des marges de robustesse est
celui du tableau 3.4. Les réponses indicielles en boucle fermée en réponse à des
perturbations additives sur la commande sont reportées sur la figure 3.10.
Horizon dominant : To 3 4 5 6
(kc = 5, ko= 5)
−1 58 % 71 % 80 % 86 %
Marge de gain généralisée : T ( s ) ∞
Le réglage est incomparablement plus facile que ne l’aurait été celui de deux
PID, accompagné de tendances croisées. Concrètement, la synthèse a été effectuée
au moyen du logiciel Easy State Control, développé par IPSIS [LAR 96]. Cet outil,
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 129
3.7. Conclusion
La synthèse par placement de pôles et LTR obéit à une logique différente. Quand
l’optimisation y apparaît, ce n’est qu’à titre d’instrument de calcul, sans prétention
d’optimiser réellement quoi que ce soit de concret. La synthèse repose en effet sur
l’adoption d’un ensemble de paramètres de réglage (To, kc, ko), qui ne prétendent pas
être des spécifications de performance ni de robustesse. Leur petit nombre restreint
la classe des régulateurs potentiels et la sélectivité des effets de ces paramètres rend
cette classe facile à explorer. Par ailleurs, grâce à la théorie d’où elle est issue (le
130 Conception de commandes robustes
LTR), le concepteur a une bonne garantie que la restriction n’a pas exclu les
« bons » régulateurs, c’est-à-dire ceux qui, à un niveau de performances donné,
présentent un haut niveau de robustesse (ou réciproquement). La tâche du
concepteur consiste alors à analyser concrètement les performances et la robustesse
de quelques régulateurs et à sélectionner celui qui lui convient le mieux, sur la base
de ses propres critères (parfois subjectifs ou peu quantifiables), sans être contraint de
les exprimer en termes de spécifications artificielles.
Pour ce qui est des PID, le nombre de leurs coefficients a beau sembler faible
(quatre au maximum), il est déjà trop élevé lorsqu’il s’agit de les manipuler
directement (même à travers une optimisation portant sur des critères concrets [The
Mathworks, 1998]), et c’est pourquoi il existe une telle demande de méthodes de
réglage. Par ailleurs, les utilisateurs ont parfois besoin d’être confortés, ayant quelque
réticence à utiliser un instrument réputé rustique, empirique et de bas de gamme. C’est
pourquoi il importe de souligner encore que, si le champ d’application des PID est
celui des systèmes représentables par des modèles du second ordre, beaucoup de
systèmes d’ordre élevé sont suffisamment bien approximables pour qu’il y ait peu de
gain à attendre de régulateurs plus élaborés. Enfin, leur synthèse par placement de
pôles rationalise le réglage des PID en faisant participer à une méthode générale d’un
plus large champ d’application et à laquelle les utilisateurs pourront se familiariser, à
travers des paramètres et des principes de réglage communs.
3.8. Bibliographie
[AND 89] ANDERSON B.D.O., MOORE J.B., Optimal Control, Linear Quadratic Methods,
Prentice Hall, 1989.
[ÅST 84] ÅSTRÖM K.J., WITTENMARK B., Computer controlled systems, theory and design,
Prentice Hall, 1984.
[ÅST 98] ÅSTRÖM K.J., « A paradox in pole placement design », Perspectives in Control,
theory and Application, Springer, 1998.
[BOU 91] BOURLES H., IRVING E. « La méthode LQG-LTR; une interprétation polynomiale
temps continu-temps discret », RAIRO-APII, vol. 25, p. 545-592, 1991.
[COV 92] COVILLE A.G., Approche de la commande robuste par positivité sans le cadre H∞.
Application à la stabilisation de structures flexibles, Thèse de doctorat, Université Paris
VI, 27 janvier 1992.
[LAR 95] LARMINAT P. DE, Automatique : Commande des systèmes linéaires, Hermès, 1995.
[LAR 96] LARMINAT P. DE, VIDON N., HOUIZOT P., Easy State Control : Manuel d’utilisation,
IPSIS, Cesson-Sévigné, 1996.
[LAR 99a] LARMINAT P. DE, ROUSTANT, P., Easy PID Control : Manuel d’utilisation, IPSIS,
Cesson-Sévigné, 1999.
Des régulateurs PID à la commande LQG-LTR 131
[LAR 99b] LARMINAT P. DE, PUREN S., « Robust Pole Placement », IFAC, 14th World
Congress, Pékin, Chine, 1999.
[LAR 99c] LARMINAT P. DE, LEBRET G., PUREN, S., « About some interconnections between
LTR and RPIS », 7th Mediterranean Conference on Control & Automation, Haifa, Israël,
1999.
[FRE 85] FREUDENBERG J.S., LOOSE D.P., « Right half plane poles and zeros and design
tradeoffs in feedback systems », IEEE Transactions on Automatic Control, vol. AC-30,
n° 5, p. 555-565, juin 1985.
[KAL 64] KALMAN R.E., « When is a Linear Control System Optimal? », Journal Basic
Engineering, Transactions ASME, vol. 86, p. 51-60, 1964.
[KWA 72] KWAKERNAAK H., SIVAN R., Linear optimal control systems, Wiley, 1972.
[LAN 93] LANDAU I.D., Identification et commande des systèmes, Hermès, 1993, 2nd ed.
[LAN 94] LANDAU I.D., « Régulation Numérique Robuste. Le Placement de Pôles avec
Calibrage de la Fonction de Sensibilité », La Robustesse, A. Oustaloup (Ed.), Hermès, 1994.
[PUR 99] PUREN S., Contribution au développement et application d’une méthodologie pour
la conception des régulateurs linéaires invariants. Thèse de doctorat, Ecole Centrale de
Nantes, 1999.
[SAB 93] SABERI A.B., CHEN M., SANNUTI P., Loop Transfert Recovery: Synthesis and
Design, Berlin, Springer Verlag, 1993.
[SAL 98] SALIOU S., HOUIZOT P., Régulations numériques en centrale, Synthèse des
régulateurs, Rapport d’étude, IPSIS, Cesson-Sévigné, 1998.
[STE 87] STEIN G., ATHANS M., « The LQG/LTR Procedure for Multivariable Feedback
Control Design », IEEE Transactions on Automatic Control, vol. 32, février 1987.
[The Mathworks, 1998] The Mathworks inc., Non linear blockset, 1998.
[VAN 78] VAN LOAN C.F., « Computing integrals involving matrix exponential », IEEE
Transactions on Automatic Control, vol. AC-23, n° 3, p. 395-404, juin 1978.
[ZIE 42] ZIEGLER J.G., NICHOLS N.B., « Optimum setting for automatic controllers », ASME
Transactions, vol. 64, n° 8, 1942, p. 759.
Chapitre 4
Placement de pôles
avec calibrage de fonctions de sensibilité
par optimisation convexe
4.1. Introduction
Il a été constaté, dans la deuxième partie des années 1980, que de nombreuses
spécifications de performance de la boucle fermée étaient convexes [BOY 88, SAL 86]
(voir aussi le résumé de [BOY 91]). C’est le cas, par exemple, des normes H∞ sur les
fonctions de sensibilité. Puisque ces fonctions sont affines par rapport au paramètre Q
de la paramétrisation Youla-Kuc̆era, une borne supérieure sur la norme H∞ constitue
également une contrainte convexe sur Q. La convexité des contraintes et objectifs
d’optimisation garantit la convergence vers le minimum global du critère. A la base
de ces propriétés, [BOY 88] ont proposé une méthode de synthèse de régulateurs. Ils
choisissent Q comme une fraction rationnelle avec un dénominateur fixe et optimisent
ainsi un filtre à réponse impulsionnelle finie (FIR). La procédure n’insère pas de pôles
supplémentaires pour la boucle fermée. Des modules très élevés de Q ont un effet
similaire sur les fonctions de sensibilité que de tels pôles, mais évidemment, on ne
dispose d’aucun moyen pour maîtriser leurs fréquences et amortissements. Ces défauts
peuvent être très gênants, avant tout pour des systèmes avec des pôles oscillants au-
delà de la bande passante de la boucle fermée. Par ailleurs, on risque d’avoir besoin
d’un vecteur d’optimisation très grand et d’obtenir un régulateur de complexité élevée.
Le chapitre est organisé comme suit. Dans la section 4.2, nous rappelons quelques
élements de base de la méthode du placement de pôles avec calibrage de fonctions de
sensibilité, comme la structure du modèle du procédé et du régulateur et l’utilisation
de spécifications de robustesse comme bornes sur certaines fonctions de sensibilité.
Nous précisons également le problème traité. La section 4.3 suivante explique la para-
métrisation du régulateur et comment les contraintes sur les fonctions de sensibilité et
la région de pôles desirée sont formulées de façon convexe en termes de paramètres
d’optimisation. La procédure de synthèse est décrite en détail dans la section 4.4.
Nous expliquons également le choix des paramètres par défaut et comment aboutir
à une réduction de la complexité du régulateur. La section 4.5 illustre la procédure
d’optimisation à travers la conception d’un régulateur pour un bras souple 360°. Le
chapitre se termine avec quelques conclusions dans la section 4.6 1.
1. Le travail de J. Langer a été soutenu en partie par des bourses du service allemand des
échanges universitaires (DAAD) et de la commission européeenne (programme TMR).
136 Conception de commandes robustes
où :
z = es Te ,
Te temps d’échantillonnage,
d retard pur,
A = 1 + a1 z −1 + · · · + anA z −nA ,
B = b1 z −1 + · · · + bnB z −nB .
Le système est contrôlé par un régulateur discret avec deux degrés de liberté de
type RST ; un schéma de la boucle fermée est représenté par la figure 4.1.
R HR (R0 + Anom HS Q)
=
S HS (S0 − z −d Bnom HR Q)
138 Conception de commandes robustes
où PD représente le polynôme des pôles fixes de la boucle fermée. Dans le cas général,
Q peut être une fonction de transfert stable et propre. On pose alors Q = β/α, où α
et β sont des polynômes, nα ≥ nβ et les zéros de α sont stables.
Le régulateur devient :
R HR (R0 α + Anom HS β)
= [4.3]
S HS (S0 α − z −d Bnom HR β)
Pour l’ordre maximal des polynômes R et S du régulateur, on obtient :
nR0 = nA + nHS − 1
nS0 = nB + nHR + d − 1
nR = nHR + nHS + nA + max(nα − 1, nβ ) [4.4]
nS = nHR + nHS + nB + d + max(nα − 1, nβ ) [4.5]
P = Anom S + z −d Bnom R = PD α
On retrouve parmi les pôles de la boucle fermée ceux qui caractérisent le contrô-
leur central et les zéros de α.
4.3.2. Paramétrisation de α et β
Les pôles auxiliaires de la boucle fermée nécessaires pour atteindre certaines per-
formances sont – surtout dans le cas de spécifications de robustesse sévères – très sou-
vent fortement liés aux pôles du système et influencent de façon significative la perfor-
mance du système de commande. Par exemple, l’application présentée dans la section
4.5 montre que des systèmes avec des pôles très peu amortis (amortissement ζbo ) au-
delà de la bande passante de la boucle fermée exigent des pôles de la boucle fermée
correspondants peu amortis (amortissement environ ζbf ≤ 5 ζbo ). L’emplacement le
plus avantageux de ces pôles est cependant inconnu a priori. Généralement, ils per-
mettent de limiter l’activité du régulateur et de respecter des contraintes typiques de
robustesse dans cette bande de fréquences. Des contraintes spécifiques pour une appli-
cation donnée (par exemple sur les fonctions de sensibilité) peuvent également requé-
rir certains emplacements de pôles auxiliaires. D’autre part, des pôles de fréquence
plus basse ou de faible amortissement ont une influence importante sur la performance
temporelle. C’est pour cela que nous nous intéressons à optimiser une partie des pôles
de la boucle fermée tout en surveillant leur emplacement, c’est-à-dire de paramétriser
α et de contrôler les fréquences et amortissements de ses zéros.
140 Conception de commandes robustes
X
N X
N
α(xa ) = 1 + xak αk β(xb ) = xb0 + xbk βk
k=1 k=1
Imposer une borne supérieure (variable avec la fréquence) sur une fonction de
sensibilité pour des besoins de performance ou de robustesse constitue une contrainte
(comparer [4.6] à [4.8]) de la forme :
β 0 (z −1 )
T1 (z −1 ) + T2 (z −1 ) < |W −1 (z −1 )| ∀|z| = 1 [4.10]
α0 (z −1 )
Anom HS −d
T2 := − z Bnom HR
PD
et il reste à spécifier la borne supérieure W −1 := Wr−1 .
β0
T̄1 + T̄2 <1
α0 ∞
La condition est évaluée point par point sur une grille de fréquences (par exemple
32 points équidistants entre f = 0 et f = 0,5fe , fe étant la fréquence d’échantillon-
nage). Ceci évite l’approximation du gabarit par une fonction de transfert. La nécessité
d’une telle approximation est un problème classique de la synthèse H∞ , puisqu’avec
l’ordre de ce filtre augmente également la complexité du régulateur.
Pour garantir la δ-stabilité, nous posons une contrainte de stricte positivité réelle
sur un ᾱ qui correspond à l’α original après une projection de la région δ sur l’en-
semble du disque unitaire. Par exemple, si l’on désire restreindre les pôles de α au
cercle de rayon r autour du centre c, il suffit de vérifier la stricte positivité réelle de :
ᾱ(z̄ −1 ) = α(z −1 )
z=r z̄+c
c’est-à-dire :
Cette condition est une contrainte convexe pour le vecteur xa qui définit les coef-
ficients de α. Dans le cas d’une intersection d’un cercle et d’un demi-plan gauche, il
suffit de poser une deuxième contrainte :
Pôles dominants de la boucle fermée et région désirée pour les pôles auxiliaires
Par défaut, les pôles dominants sont fixés à une paire de pôles complexes d’amor-
tissement ζ = 0,8 et de la fréquence des pôles du système les plus lents (sauf inté-
grateurs). La région désirée pour les pôles supplémentaires (optimisés) est l’intersec-
tion d’un cercle touchant les pôles dominants et le point (−1, j0) avec le demi-plan
à gauche des pôles dominants (voir figure 4.2a). D’autres choix sont possibles, tels
qu’un choix plus restrictif afin d’assurer que les pôles de PD restent dominants (voir
figure 4.2b).
(a) Région par défaut (b) Choix pour pôles auxiliaires plus rapides
loin afin d’éviter une forte action du régulateur dans cette région fréquentielle. C’est
pour cela que nous augmentons N par le nombre de pôles de ce type. Il reste à détermi-
ner la constante de temps z0 de la paramétrisation. Lors d’une expérience avec N = 2,
on observe qu’avec des valeurs croissantes de z0 , la région dans laquelle les zéros sont
les plus concentrés se déplace de la partie gauche du disque unitaire vers la droite. Il
semble alors raisonnable de choisir z0 égal à la moyenne des parties réelles de tous les
pôles du système. z0 doit néanmoins rester à l’intérieur de la région de stabilité pour
les pôles auxiliaires afin de permettre la stricte positivité réelle de ᾱ.
Optimisation
Des bornes supérieures sur des fonctions de sensibilité et une région désirée pour
les pôles optimisés de la boucle fermée peuvent se traiter comme un problème de fai-
sabilité. Si ces contraintes ne sont pas trop strictes, un objectif d’optimisation peut
être ajouté, tel que la minimisation de la norme H∞ ou H2 du spectre d’une perturba-
tion importante à supprimer. Une autre possibilité est de restreindre encore la région
désirée pour les pôles auxiliaires afin d’accélérer la réponse temporelle. Ceci apparaît
comme la mesure la plus fiable pour augmenter la vitesse de la réponse temporelle
tout en assurant un amortissement suffisant.
Un modèle de référence peut être ajouté afin d’obtenir des transitoires plus lisses
pour l’entrée et la sortie du procédé.
lames sont reliées de façon souple par une dizaine de pontons rigides (voir figure 4.3).
L’extrémité fixe est asservie en position angulaire par un moteur à courant continu
(asservissement local). La sortie du procédé est la position angulaire de l’extrémité
libre. Afin de varier le comportement du procédé, il est possible de fixer une charge à
l’extrémité libre du bras. La charge de 240 g utilisée augmente l’inertie de la structure
d’environ 50 %.
Plus de détails sur la structure du bras souple et son système de mesure se trouvent
dans [CYR 93] ou [LAND 96].
Le modèle du procédé
Le modèle du procédé a été obtenu à l’aide d’une séquence binaire pseudo-
aléatoire (SBPA) par identification en temps discret avec une fréquence d’échantillon-
nage de 50 ms. Il s’agit d’un modèle d’ordre 6 identifié sans charge [LAND 96], dont
la réponse fréquentielle est donnée dans la figure 4.4.
Les pôles dominants de la boucle fermée sont choisis par défaut avec la fréquence
des pôles les plus lents du procédé (f = 0,4166 Hz) et un amortissement de ζ = 0,8.
La région désirée pour les pôles auxiliaires est ajustée en fonction. Tenant compte
des pôles du procédé (tableau 4.1), l’ordre de la paramétrisation devient N = 7 (la
valeur 3 pour des systèmes bien amortis est augmentée de quatre pour les pôles oscil-
lants au-delà de la bande passante) et la constante de temps z0 = 0,3508 (voir les
valeurs par défaut des paramètres d’optimisation ci-dessus). Afin d’assurer que les
pôles choisis restent dominants, nous réduisons alors la région désirée pour les pôles
auxiliaires en déplaçant sa limite droite vers la gauche (voir figure 4.2). Tous ces pôles
peuvent être forcés à une partie réelle plus petite qu’un pôle réel avec une fréquence
de f = 0,47 Hz.
Les zéros de α issus de l’optimisation sont donnés dans le tableau 4.2. Après
l’annulation d’un pôle contre un zéro du régulateur (tolérance |zi −pi | ≤ 0,02), l’ordre
des polynômes du contrôleur R et S est de 13. Il se révèle que les dernières deux paires
de zéros (peu amorties) correspondent aux deux paires des pôles du procédé en hautes
fréquences. Ces zéros de α peuvent alors être introduits dans PD . L’optimisation est
148 Conception de commandes robustes
répétée avec les mêmes contraintes. La figure 4.5 montre les fonctions de sensibilité
Syp et Sup avec leurs gabarits. La figure 4.6 montre les pôles de la boucle fermée
avec les limites de la région désirée pour les pôles optimisés avant la simplification du
régulateur. Après six annulations de pôles et zéros, les ordres de R et S sont d’ordre
nR = nS = 8. Le gain du contrôleur est donné dans la figure 4.7. La qualité de la
régulation se manifeste dans le rejet de perturbation en temps réel (voir figure 4.8).
R EMARQUE 4.1.– A cause de l’évaluation point par point des contraintes fréquen-
tielles, ces dernières peuvent s’avérer violées quelque part entre deux points de test.
Si le respect parfait des contraintes est nécessaire, il suffit d’ajouter la fréquence cri-
tique à l’ensemble des points de test et de répéter l’optimisation.
lents que les pôles dominants fixés) ne peut pas être respectée. Une augmentation de
N vers N = 8 réduit le temps de rejet de perturbation simulé de 2,61 s à 2,43 s. Forcer
les pôles optimisés vers des fréquences plus élevées permet de le réduire à 2,36 s.
L’ordre de R et S est alors de 11 chacun. Augmenter encore N permet de déplacer les
pôles optimisés sans pour autant réduire le temps de rejet. Puisque le nombre de pôles
près de la fréquence minimale augmente, la constante de temps globale de la boucle
ne diminue plus.
150 Conception de commandes robustes
L’examen de la figure 4.6 met en évidence qu’il est essentiel de compenser les
cinq pôles les plus lents de la boucle fermée ; au-delà de neuf, on ne gagne plus rien.
Le bilan peut encore s’améliorer quand on touche aux valeurs par défaut des para-
mètres de synthèse, surtout concernant la complexité du régulateur. Lors d’une varia-
tion, ils montrent des effets cohérents et logiques. Leur manipulation est alors facile
et nécessite très peu d’expérience.
4.6. Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre une paramétrisation de régulateur basée sur
celle de Youla-Kuc̆era adaptée au placement de pôles avec calibrage de fonctions de
sensibilité. Cette paramétrisation permet de formuler des bornes supérieures (même
discontinues) sur les fonctions de sensiblité nominales et l’emplacement des pôles de
la boucle fermée dans une région désirée du plan complexe comme des contraintes
convexes d’une seule optimisation convexe.
Le préfiltre T peut également s’obtenir par une optimisation convexe qui utilise des
contraintes et objectifs d’optimisation comme le temps de montée, le dépassement et
le temps d’établissement.
La méthode a été conçue dans le souci de réduire autant que possible le besoin
d’intervention par l’utilisateur. Son action se restreint à vérifier le choix des pôles
dominants par rapport à ses propres besoins et à définir la région acceptable pour les
pôles auxiliaires, ce qui ne nécessite que des connaissances de base du placement de
pôles classique. Son intervention reste indispensable au niveau des spécifications de
performance (pour la simple raison que le modèle mathématique linéaire que l’on a pu
obtenir par l’identification ne contient parfois pas toutes les informations nécessaires
pour leur définition). Ceci ne nous paraît pas comme un obstacle majeur, puisque
l’ingénieur est en général beaucoup plus familier avec les saturations, limitations et
fréquences d’oscillation de son procédé qu’avec les procédures de synthèse de régu-
lateurs.
Ici, nous avons illustré la méthode à travers son application à un bras flexible (voir
aussi [LANG 99b]). La méthode a été également appliquée au benchmark de com-
mande robuste d’une transmission flexible [LAND 95], ce qui permet une comparai-
son objective à d’autres méthodes de synthèse. Le régulateur obtenu par la méthode
décrite ici [LANG 99a] satisfait l’ensemble des spécifications de conception et donne
des réponses transitoires légèrement meilleures que le meilleur régulateur (Nordin et
Gutman, 1995) lors de l’étude comparative originale.
Les deux exemples montrent clairement l’intérêt de contrôler la position des pôles
de la boucle fermée et l’importance de minimiser des normes H∞ plutôt par optimi-
sation que par des techniques standard de H∞ .
4.7. Bibliographie
[BOY 88] B OYD S.P., B ALAKRISHNAN V., BARRATT C.H., K RAISHI N.M., L I X., M EYER
D.G., N ORMAN S.A., « A new CAD method and associated architectures for linear control-
lers », IEEE Transactions on Automatic Control, vol. 33, no 3, p. 268-283, 1988.
[BOY 91] B OYD S.P., BARRATT C.H., Linear controller design: Limits of performance, Pren-
tice Hall, Englewood Cliffs, New Jersey, 1991.
[CHI 96] C HILALI M., G AHINET P., « H∞ design with pole placement constraints: An LMI
approach », IEEE Transactions on Automatic Control, vol. 41, no 3, p. 358-367, 1996.
[CYR 93] C YROT C., Conception assistée par ordinateur de systèmes de commande robuste
temps réel – application aux procédés mécaniques flexibles, Thèse de doctorat, Institut
national polytechnique de Grenoble, Grenoble, France, décembre 1993.
[LAND 93] L ANDAU I.D., Identification et commande des systèmes, deuxième édition, Série
Automatique, Hermès, Paris, France, 1993.
[LAND 95] L ANDAU I.D., R EY D., K ARIMI A., VODA A., F RANCO A., « A flexible trans-
mission system as a benchmark for robust digital control », European Journal of Control,
vol. 1, no 2, p. 77-96, 1995.
[LAND 96] L ANDAU I.D., L ANGER J., R EY D., BARNIER J., « Robust control of a 360°
flexible arm using the combined pole placement/sensitivity function shaping method »,
IEEE Transactions on Control Systems Technology, vol. 4, no 4, p. 369-383, 1996.
[LAND 98] L ANDAU I.D., K ARIMI A., « Robust digital control using pole placement with
sensitivity shaping method », International Journal of Robust and Nonlinear Control, vol. 8,
p. 191-210, 1998.
[LANG 99a] L ANGER J., C ONSTANTINESCU A., « Pole placement design using convex opti-
misation criteria for the flexible transmission benchmark », European Journal of Control,
vol. 5, p. 193-207, 1999.
[LANG 99b] L ANGER J., L ANDAU I.D., « Combined pole placement/sensitivity function sha-
ping method using convex optimization criteria », Automatica, vol. 35, p. 1111-1120, 1999.
[RAN 94] R ANTZER A., M EGRETSKI A., « A convex parametrization of robustly stabilizing
controllers », IEEE Transactions on Automatic Control, vol. 39, no 9, p. 1802-1808, 1994.
[SAL 86] S ALCUDEAN S., Algorithms for optimal design of feedback compensators, Thèse de
doctorat, Université de Californie, Berkeley, 1986.
Chapitre 5
La commande multimodèle
5.1. Introduction
Le problème test relatif à la synthèse d’un pilote automatique d’avion gros porteur
proposé dans [MAG 97] (en particulier dans le chapitre 35 [GRU 97]) a donné lieu à
une comparaison de diverses techniques de synthèse robuste. Il ressort de cette compa-
raison fondée sur une analyse µ-réelle que les deux approches de nature multimodèle
sont les plus robustes. Cela est surtout dû au fait que les autres techniques modernes
prennent en compte un continuum de modèles (au lieu d’un ensemble discret comme
en multimodèle) et sont toutes conservatives. Par exemple, les techniques fondées
sur la stabilité quadratique imposent une même fonction de Lyapunov pour tous les
modèles. La µ-synthèse traite quant à elle les paramètres réels du système comme
s’ils étaient complexes. Il existe quelques techniques qui en réduisent le conserva-
tisme, mais dans leur état actuel d’avancement, elles sont confrontées à des problèmes
numériques lors de la résolution, ou à des tailles de correcteurs prohibitives.
Ce chapitre présente une approche a priori moins ambitieuse sur le plan théo-
rique que les techniques fondées sur la prise en compte d’un continuum de modèles.
En effet, la synthèse que nous envisageons ne prend en compte qu’un ensemble fini
de modèles. Cependant, ces derniers sont choisis de manière cohérente (en général
deux ou trois modèles suffisent) et permettent un traitement efficace du continuum.
Enfin, pour valider cette approche sur le continuum, c’est-à-dire être sûr que le com-
portement du système régulé est aussi valable entre les points utilisés pour la synthèse
multimodèle, il faut utiliser une technique de type µ-analyse. Nous verrons qu’elle
servira aussi à mettre en évidence les quelques « pires cas » à traiter par la synthèse
multimodèle. Ce point sera détaillé dans la section 5.5.
Cette démarche pourrait être appliquée pour toute approche de nature multimo-
dèle. En fait, nous n’en connaissons que deux : l’optimisation non convexe (voir
[JOO 99]) et celle présentée dans ce chapitre. L’optimisation non convexe se confronte
au problème de la convergence vers des minimums locaux, le résultat dépendant de
l’initialisation.
ẋ = Ax + Bu
[5.1]
y = Cx + Du
La commande multimodèle 157
ẋc = Ac xc + Bc uc
[5.3]
yc = Cc xc + Dc uc
La forme d’état ci-dessus sera prise en compte dans la démonstration des proposi-
tions 5.1 et 5.2. Ce transfert sera aussi écrit sous la forme suivante :
b011 +b111 s+···+bq11 sq b01p +b11p s+···+bq1p sq
a011 +a111 s+···+aq11 sq ··· ··· a01p +a11p s+···+aq1p sq
··· ··· ··· ···
K(s) =
[5.5]
··· ··· ··· ···
b0m1 +b1m1 s+···+bqm1 sq b0mp +b1mp s+···+bqmp sq
a0m1 +b1m1 s+···+aqm1 sq · · · · · · a0mp +a1mp s+···+aqmp sq
1. Dans ce cas, il faudrait introduire des contraintes inégalités sur les coefficients aijk pour assu-
rer la stabilité des dénominateurs. Pour cela, il est possible de sélectionner les valeurs nominales
des aijk à partir d’un choix de pôles nominaux. Pour calculer les variations maximales des coef-
ficients (autour de leur valeur nominale) qui préservent la stabilité, on pourrait alors utiliser le
théorème de Kharitonov (voir par exemple [DAS 88]) ou une technique de Value Set (voir par
exemple [FER 96]).
158 Conception de commandes robustes
contraintes de roll off imposent plus ou moins un choix a priori des bandes passantes
des gains. Les degrés de liberté utilisés pour la synthèse seront donc les bijk .
Si λi n’est pas un réel, pour que la solution K soit une matrice réelle, on doit
adjoindre à [5.7] une contrainte « conjuguée » :
K (Cv i + Dw i ) = wi [5.8]
Il est sous-entendu que le choix des vi , wi est tel que la matrice de droite est
inversible (une extension triviale au cas multimodèle sera proposée dans l’équation
[5.37]).
Ce résultat sera adapté au cas d’un gain dynamique dans le paragraphe 5.3.1. Mais
avant d’en venir au cas général, voyons une extension immédiate de [5.9] à la synthèse
de gains dynamiques (éventuellement multimodèle comme dans [5.37]).
La commande multimodèle 159
Supposons que l’on pseudo-dérive les sorties du système [5.1]. Cela signifie que
l’on dérive les sorties, puis que l’on filtre ces signaux de manière à rendre le disposi-
tif réalisable (la bande passante du filtre est alors fonction du bruit de mesure). Une
mesure yi se transforme alors en deux « mesures », yi et une pseudo-dérivée notée yḃi .
Nous avons donc les mesures suivantes pour i = 1, . . . , p :
" # " #
yi 1
= yi
yḃi Ni (s)/Di (s)
qui est sous la forme donnée par l’équation [5.5]. On peut bien sûr généraliser cet
exemple à des pseudo-dérivées d’ordre supérieur, mettre des filtres à la fois sur les
entrées et sur les sorties. Cependant, nous n’utiliserons pas cette approche pour les
raisons suivantes :
– il est généralement difficile de gérer tous ces degrés de liberté. Par exemple, le
vecteur des mesures y contient souvent des signaux et leurs dérivées ; on génère de
ce fait des sorties quasi redondantes ; utiliser l’équation [5.9] mène alors à des gains
irréalistes ;
160 Conception de commandes robustes
L’adaptation au cas dynamique du résultat du lemme 5.1 sera traitée dans le para-
graphe 5.3.1 et la section 5.4.
Nous allons aussi adapter au cas d’un gain dynamique un résultat relatif à la sen-
sibilité des pôles : il s’agit du lemme suivant, dont on pourra trouver une justification
dans [LEG 00].
L EMME 5.2.– Soit (λi , ui , vi ) un triplet de valeur propre, vecteurs propres à gauche
et à droite de la matrice A. On considère un feedback proportionnel de la forme :
∆K = ρK0
où ρ est petit et K0 une matrice réelle donnée (K0 ∈ Rm×p ). La relation suivante
exprime les variations au premier ordre de chaque valeur propre :
∆λi = ρui BK0 Cvi [5.10]
Dans cette section, les contraintes que nous exprimons sont relatives à un seul
modèle mais, puisqu’il s’agit de contraintes linéaires sur le gain, leur validité est aussi
assurée dans le cadre multimodèle.
Nous présentons ici le résultat principal qui généralise celui du lemme 5.1 au cas
des gains dynamiques.
Le contenu modal de la réponse temporelle z(t) s’écrit sous la forme d’une somme
de n termes (on peut regrouper les termes conjugués, pour les détails voir [CHA 89,
LEG 00]) :
X
i=n X
i=n
x= vi ξi (t) ⇒ z= Evi ξi (t) [5.11]
i=1 i=1
où les vecteurs vi sont les vecteurs propres à droite placés par le gain K et les signaux
scalaires ξi (t) sont les modes. Lorsque l’on utilise un feedback dynamique, les états du
gain dynamique induisent une extension de l’espace d’état. Dans ce cas, les vecteurs
propres en boucle fermée deviennent des paires de vecteurs (vi , vci ), avec vi ∈ X et
vci ∈ Xc , il en est de même pour le vecteur d’état. Les notations habituelles sont :
" # " #
x vi
vecteur d’état : , vecteurs propres à droite :
xc vci
D ÉFINITION 5.1.– On dira que λi (valeur propre) et vi ∈ X (vecteur propre) sont pla-
cés par le gain dynamique K(s) s’il existe un vecteur vci ∈ Xc tel que λi et (vi , vci )
sont respectivement valeur propre et vecteur propre du système correspondant à la
connexion de [5.1] avec [5.3], où u = yc et y = uc .
pour un certain vecteur wi ∈ Cm , est placé par le gain dynamique K(s) si et seule-
ment si :
K(λi ) (Cvi + Dwi ) = wi [5.14]
162 Conception de commandes robustes
Si λi n’est pas un réel, pour que la solution K(s) ait tous ses coefficients réels, on
doit adjoindre à [5.14] une contrainte « conjuguée » :
K(λi ) (Cv i + Dw i ) = w i [5.15]
Démonstration. Voir le paragraphe 5.9.1.
C OMMENTAIRE 5.1.– Noter les similarités dans les énoncés du lemme 5.1 et de la
proposition 5.1. En fait, placer vi par un gain dynamique K(s) comme dans la propo-
sition 5.1 revient à placer ce même vecteur par un gain statique K(λi ) comme dans le
lemme 5.1.
Pour conclure ce paragraphe, rappelons les possibilités offertes pour le choix des
vecteurs propres. Les relations [5.6] et [5.13] ne sont pas assez contraignantes pour
définir les vecteurs vi dès que le système considéré a plus d’une entrée. Les degrés de
liberté dans le choix des vi satisfaisant ces relations peuvent être fixés de différentes
manières.
Les calculs relatifs aux projections sont explicités dans l’équation [5.17] ci-
dessous.
D ÉFINITION 5.2.– Soit V (λ) et W (λ) deux matrices (rang(V (λ)) = m) telles que :
" #
V (λ)
A − λI B =0
W (λ)
Afin d’utiliser la proposition 5.1 pour placer v dans [5.17], il reste à identifier le
vecteur w correspondant. Or :
" #
V (λ) −1
A − λI B V (λ)T V (λ) V (λ)T v0 = 0 [5.18]
W (λ)
où ρ est petit. La relation [5.10] du lemme 5.2 (soit ∆λi = ρui BK0 Cvi ) peut être
généralisée par la proposition 5.2.
En écrivant K0 (s) comme K(s) dans [5.5], compte tenu de l’hypothèse selon
laquelle les dénominateurs sont fixés a priori, il est clair que [5.20] est linéaire par rap-
port aux bijk . Nous calculerons explicitement la forme LQP de ce type de contraintes
dans le paragraphe 5.4.1. Remarquons que si l’on désire « pousser » le pôle λi vers la
gauche d’au moins δR pour ρ = 1, cela revient à calculer K0 (s) satisfaisant :
Lorsque l’on utilise le placement exact, il n’y a a priori aucun lien entre les pôles
placés et ceux existants avant de fermer la boucle. La remarque ci-dessous met en
166 Conception de commandes robustes
ũi Aṽi = (ui + ∆ui )A(vi + ∆vi ) ≈ ui Avi + ∆ui Avi + ui A∆vi
Formulation LQP. Soit Ξ le vecteur (ligne) des paramètres à optimiser sous les
contraintes :
– les contraintes sont de la forme ΞA1 = b1 (A1 est une matrice, b1 un vecteur
ligne) ;
– et/ou ΞA2 < b2 (inégalités ligne par ligne, A2 est une matrice, b2 un vecteur
ligne) ;
– le critère est quadratique, c’est-à-dire de la forme (Ξ + c0 )H(ΞT + c0 ), soit
T
en ignorant le terme constant J = ΞHΞT + 2Ξc (H est une matrice définie positive,
c = Hc0 est un vecteur colonne).
Avec un gain de référence noté Kref , le critère que nous proposons s’écrit :
X
J= k−Kref (jωi ) + K(jωi )k2F [5.27]
i=1,...,r
X
m
K(s) = ek Ξk Xk (s) [5.29]
k=1
Après avoir traité la mise en forme pratique des contraintes de placement exact,
opérons de même pour les contraintes de déplacement, soit [5.21]-[5.23].
δRi <(ui BK0 (λi )Cvi ) ≤ δIi =(ui BK0 (λi )Cvi )
ou respectivement :
ΞA1 = b1
Ξ = Ξ0 + Ξ0 M
Ξk = Ξ0k + Ξ0 k M [5.31]
La commande multimodèle 171
Avec ces notations, les LMI à résoudre sont définies par la proposition 5.5 suivante.
où :
X X
Γi = −Kref (jωi ) + ek Ξ0k Xk (jωi ) + ek Ξ0 k M Xk (jωi )
k=1,...,m k=1,...,m
[5.34]
Démonstration. Voir le paragraphe 5.9.4. Pour une application, voir [LEG 98a].
Les résultats des sections 5.3 et 5.4 sont valables dans le cas multimodèle. La
spécificité du cas multimodèle vient du fait que l’on ne peut quasi jamais décider a
priori des contraintes à appliquer. En effet, on doit respecter une certaine continuité
entre le comportement des modèles représentant un même système. Cette notion de
« continuité » s’avère extrêmement sévère en pratique.
Analyse multimodèle : on dispose d’une famille de modèles couvrant tous les com-
portements possibles à prendre en compte. Les configurations de paramètres à prendre
en compte sont notées ∆i , on dispose alors des modèles {(A∆i , B∆i , C∆i , D∆i ),
172 Conception de commandes robustes
i = 1, . . .}. On pourra analyser les pôles, les réponses temporelles, les réponses fré-
quentielles... pour chacun des modèles de cette famille. Noter que si le nombre de
paramètres est élevé, la taille de la famille à considérer devient rapidement irréaliste
(pour trois points par paramètre et dix paramètres, la famille à considérer présente
310 ≈ 59 000 modèles !). Dans ce cas, il est nécessaire d’utiliser la µ-analyse.
a) Initialisation :
1) synthèse d’un gain initial relatif au modèle nominal (∆ = 0). Ce gain n’est
pas nécessairement construit par placement de vecteurs propres. On peut par exemple
utiliser la synthèse H∞ (voir [CHI 98]), H2 , la µ-synthèse, etc. ;
174 Conception de commandes robustes
Commentaires et précisions
Etape a1)
Puisqu’il est possible d’initialiser la procédure proposée par un gain non modal, on
pourra combiner les avantages des approches modales et non modales. Par exemple,
avec les approches non modales comme la H2 /H∞ -synthèse ou la µ-synthèse, on
traitera facilement les performances fréquentielles, le rejet de perturbation, les marges
de robustesse. Les itérations ultérieures de nature modale permettront d’améliorer ou
de traiter les temps de réponse, les performances temporelles, la robustesse aux varia-
tions paramétriques réelles.
Etape a2)
La traduction d’un feedback en termes de placement de vecteurs propres et sa
synthèse modale sont des techniques efficaces pour la réduction de l’ordre. Pour un
exemple, voir [CHI 98] où le feedback initial d’ordre 18 (correcteur H∞ ) est remplacé
3. Noter que des contraintes de même nature relativement à des modèles « distants » n’induisent
pas de problème.
4. Nous n’avons pas encore d’outils systématiques pour juger de la redondance des contraintes.
Avec un peu de sens physique, on évite assez bien ce genre de problèmes (sinon, « essais et
erreurs » en faisant la boucle « étapes 2-3-1 »). On peut aussi s’aider du conditionnement de la
matrice A1 (voir section 5.4).
La commande multimodèle 175
par un feedback équivalent d’ordre 4. Les modes dominants peuvent être identifiés par
des simulations où les contributions modales (voir [5.11]-[5.12]) sont tracées sépa-
rément. Ignorant alors les parties des vecteurs propres dans l’extension dynamique
(Xc ), on place les modes dominants conformément à la proposition 5.1. Les calculs
sont détaillés dans la section 5.4, le gain de référence (voir [5.27]) sera alors le gain
initial 5.
Etape b1)
La µ-analyse est souvent présentée pour analyser la stabilité. On peut aussi utiliser
cet outil pour analyser certaines performances (voir [DOL 99a, FRI 96]). Dans tous
les cas, il s’agit d’une analyse « pires cas » qui donne à la fois le « pire modèle » et
le « pire pôle », c’est-à-dire celui qui franchit la limite de stabilité ou de performance.
On a donc tous les éléments pour définir la nouvelle contrainte à prendre en compte.
Cette nouvelle contrainte consistera souvent à pousser vers la gauche le « pire pôle »
du « pire modèle » (voir [5.35] et [5.36]). Noter que la µ-analyse consiste à calcu-
ler une borne supérieure et inférieure de µ ; seule la borne inférieure identifie le pire
cas. Les bornes inférieures des toolboxes du commerce sont peu fiables dans le cas de
variations paramétriques réelles ; des outils spécialement développés pour traiter ces
cas sont disponibles dans [FER 99, MAG 99]. L’analyse multimodèle des réponses
temporelles peut permettre de détecter un mauvais découplage ; dans ce cas, la nou-
velle contrainte ne correspondra pas forcément à déplacer un pôle mais à modifier un
vecteur propre.
Etape b2)
Illustrons le problème d’incompatibilité. Avec l’approche monomodèle, il est peu
probable que l’on essaie de placer deux fois le même vecteur propre. Ceci mènerait
à un gain infini en résolvant [5.9]. Dans un contexte multimodèle, ce problème est
plus difficile à prévenir. Lorsque l’on traite un pôle de même nature (par exemple en
aéronautique, le mode de l’oscillation d’incidence ou du roulis hollandais...) pour deux
modèles proches, s’ils sont vraiment proches l’un de l’autre, on retrouve à la limite
le problème de gain infini évoqué dans le cas monomodèle. La difficulté réside dans
l’évaluation de la proximité. Pour éviter ce genre de problème, il faudra s’arranger à
ne traiter des pôles de même nature que pour des modèles à des limites opposées du
domaine de variations paramétriques. Si l’on doit introduire une nouvelle contrainte
déjà active pour un modèle trop proche, retirer la contrainte préexistante. Bien sûr,
cette analyse est très qualitative, mais pour un problème donné, on voit rapidement ce
qu’il faut éviter de demander à la loi de commande.
Etape b3)
D’une étape à l’autre, il est important d’assurer un minimum de « continuité »
de l’ensemble des contraintes. On privilégiera la projection orthogonale de vecteurs
5. On peut aussi structurer le gain par la même occasion, voir section 5.6.
176 Conception de commandes robustes
propres. De plus, considérant le critère d’écart par rapport au gain de référence (gain
de l’étape précédente), on pourra faire migrer continûment les pôles à déplacer et de ce
fait régler des compromis entre la robustesse et l’apparition intempestive de nouveaux
pires cas. En fait, les étapes 1-2-3 de l’algorithme sont intimement liées.
Kβ→δa est le gain entre β et δa ; on note de même les autres gains. Les degrés
de liberté sont notés ξ1 , ξ2 , . . . (on s’affranchit ici de l’hypothèse simplificatrice du
paragraphe 5.4.1, car les degrés des dénominateurs sont distincts) :
Kβ→δa = 0
1 + 0,013s + 0,008 3s2
Kp→δa = ξ1
1 + 0,13s + 0,008 3s2
ξ2 + ξ3 s
Kr→δa =
1 + 0,187 6s + 0,017 6s2
ξ4
Kφ→δa =
1 + 0,1s
La commande multimodèle 177
ξ5
Kβ→δr =
1 + 0,2s
ξ6 + ξ7 s
Kp→δr =
1 + 0,225 2s + 0,025 3s2
ξ8 + ξ9 s
Kr→δr =
1 + 0,225 2s + 0,025 3s2
ξ10
Kφ→δr =
1 + 0,15s
Les quatre gains (KR φ→δa = ξ11 , KR β→δa = ξ12 , KR φ→δr = ξ13 , KR β→δr =
ξ14 ) sont scalaires.
[5.38]
et le vecteur des degrés de liberté comme défini dans le paragraphe 5.4.1 est Ξ =
[Ξ1 Ξ2 ], soit :
et ainsi de suite. Dans [LEG 98b], cet ensemble de contraintes linéaires est traité
simultanément avec des contraintes multimodèles de placement de valeurs/vecteurs
propres.
E XEMPLE 5.1.– En ω = 0 Rd/s, tous les éléments du gain K(s) sont réels ; on peut
alors considérer des inégalités sur les gains statiques de chaque élément.
Par exemple, il est souvent nécessaire d’avoir des gains élevés aux basses fré-
quences. Considérant le gain de l’équation [5.38], pour avoir le gain statique Kr→δa
plus grand que M , nous avons ξ2 > M qui se met simplement sous la forme requise :
ΞA2 < b2
Au contraire, il est parfois nécessaire d’avoir un gain statique nul, par exemple
pour ne pas trop modifier les propriétés en basses fréquences lors d’une deuxième
couche de commande aux hautes fréquences. On arrive naturellement à des contraintes
égalité similaires.
E XEMPLE 5.2.– Aux fréquences non nulles, les éléments du gain sont des nombres
complexes. On peut placer à zéro ces valeurs pour remplacer un filtre coupe bande
comme évoqué plus haut. On peut aussi considérer des contraintes de norme. Mais
les normes habituelles mènent à des contraintes non linéaires. Il est donc proposé
d’adapter la contrainte naturelle kK(i,j) (jω0 )k < M (K(i,j) (s) est l’élément (i, j) de
K(s)) en considérant plutôt :
−<(K(i,j) (jω0 )) ≤ M
<(K(i,j) (jω0 )) ≤ M
−=(K(i,j) (jω0 )) ≤ M
=(K(i,j) (jω0 )) ≤ M
La forme « ΞA2 < b2 » s’en déduit simplement. Prenant en compte un certain
nombre de fréquences, on en déduit un gabarit fréquentiel. Bien sûr, on peut introduire
un gain de référence dans ces contraintes.
Remarquons que ce genre de gabarits a déjá été évoqué au paragraphe 5.4.2. Les
contraintes étaient alors relatives aux normes de matrices plutôt qu’à celles des élé-
ments, mais les inégalités résultantes étaient alors de nature LMI.
La commande multimodèle 179
5.8. Conclusion
L’initialisation de la procédure de synthèse que nous proposons peut être faite par
un gain calculé par H∞ , H2 , µ-synthèse... Cela permet de tirer profit des avantages
complémentaires des approches modales et non modales. L’initialisation de notre pro-
cédure par de tels gains peut aussi être vue comme une technique de réduction de
l’ordre des correcteurs.
La commande multimodèle 181
Une approche différente pour résoudre les problèmes considérés est proposée dans
[MAG 98]. Il s’agit d’une technique où le correcteur est recherché sous la forme d’un
observateur. Dans ce cas, l’observateur ne sert pas à observer des variables mais à
introduire des degrés de liberté supplémentaires dont on tire profit pour résoudre des
problèmes multimodèles. L’avantage de l’approche observateur est de placer, au moins
pour le système nominal, les pôles introduits par le gain dynamique (principe de sépa-
ration).
L’applicabilité des techniques présentées est validée dans plusieurs références, par
exemple dans [CHI 98, DOL 99b, LEG 97, LEG 98a, LEG 98b, LEG 98c, MAG 02].
5.9. Annexe
par :
" #
Ac Bc
K= [5.44]
Cc Dc
182 Conception de commandes robustes
Nous sommes alors dans un cas classique où l’on a un placement de vecteur propre
avec gain non dynamique K. On peut donc utiliser le résultat du lemme 5.1, soit :
vi
" #
A − λi I 0 0 B vci
=0 [5.45]
0 −λi I I 0 wci
wi
et :
" # " #" # " #" #! " #
Ac Bc 0 I vi 0 0 wci wci
+ =
Cc Dc C 0 vci 0 D wi wi
[5.46]
Ces deux équations sont équivalentes aux quatre suivantes :
" #
vi
A − λi I B =0
wi
λi vci = wci
Dc Cvi + Cc vci + Dc Dwi = wi
Bc Cvi + Ac vci + Bc Dwi = wci = λi vci
que l’on peut écrire vci = (λi I − Ac )−1 Bc (Cvi + Dwi ) ; après substitution de vci , la
troisième équation devient :
Dc (Cvi + Dwi ) + Cc (λi I − Ac )−1 Bc (Cvi + Dwi ) = wi
ou :
(Dc + Cc (λi I − Ac )−1 Bc )(Cvi + Dwi ) = wi
ou :
K(λi )(Cvi + Dwi ) = wi
La démonstration de la réciproque est semblable : on définit les deux vecteurs vci
et wci comme ci-dessus ; d’après la dernière équation et avec [5.13], on retrouve [5.45]
et [5.46].
Il reste à discuter le cas complexe. Si une paire d’équations [5.14] et [5.15] est
considérée, il existe une solution avec des coefficients réels. La condition néces-
saire est immédiate. La condition suffisante est vraie si K(λi )(Cvi + Dwi ) = wi
et K(λi )(Cv i + Dw i ) = w i ont une solution réelle. Utilisant la forme spéciale
de ces équations, donnée dans la proposition 5.3, ces deux équations deviennent
Ξ[<(A1 ) =(A1 )] = [<(b1 ) =(b1 )], où les éléments de Ξ sont les bijk . Il n’y a plus
que des nombres réels – la solution sera donc réelle.
La commande multimodèle 183
La variation du gain considéré dans la proposition 5.2 est illustrée par la figure 5.1,
dans laquelle la représentation d’état de K0 est notée (Ac , Bc , Cc , Dc ). Le système
global est :
" # " #" # " #
ẋ A BCc x BDc
= + uc [5.47]
ẋc 0 Ac xc Bc
" #
x
y = C DCc + DDc uc [5.48]
xc
y est connecté à uc par le feedback non dynamique ρI. Le résultat de l’équation
[5.10] peut alors être appliqué, mais il faut au préalable calculer les vecteurs propres
à gauche et à droite du système [5.47].
Donc :
∆λ = ρ ui B(Cc (λi I − Ac )−1 Bc + Dc )Cvi
Contrainte linéaire. La contrainte [5.14] relative au gain s’écrit K(λi )(Cvi + Dwi ) =
wi . Considérons cette équation, ou plus généralement l’une des équations de [5.36] :
K(λi )(Cvi + Dwi ) = wi [5.49]
184 Conception de commandes robustes
X
m
eTk ej Ξj Xj (λi )(Cvi + Dwi ) = eTk wi , k = 1, . . . , m
j=1
qui est sous la forme recherchée « ΞA1 = b1 ». Les m lignes de [5.49] mènent au
résultat énoncé dans la proposition.
Prenons le second terme : un traitement semblable mais plus simple peut être appli-
qué au premier. Utilisant [5.29] :
X
m X
m
∗ ∗ T T
trace(K(jωi )K(jωi ) ) = trace ek Ξk Xk (jωi ) Xl (jωi ) Ξl el
k=1 l=1
Considérant le fait que la trace d’un scalaire fois ek eTl est nulle si k 6= l :
X
m
trace(K(jωi )K(jωi )∗ ) = Ξk Xk (jωi )Xk (jωi )∗ ΞTk
k=1
X
m
J= (Ξk Xk (jωi )Xk (jωi )∗ ΞTk − 2< Ξk Xk (jωi )Kref (jωi )∗ ek )
k=1
La commande multimodèle 185
qui est sous la forme recherchée « ΞHΞT + 2Ξc ». Ce critère est positif. Il est aussi
défini si, prenant en compte la forme spéciale de Xk (λ) et les propriétés des détermi-
nants de Van der Monde, on a considéré au moins q + 1 fréquences dans la sommation
de [5.27] (→ r > q).
δRi <(ui BK0 (λi )Cvi ) ≤ δIi =(ui BK0 (λi )Cvi )
comme les ui Bek sont scalaires et les Ξk sont des vecteurs réels :
X
m X
m
Ξk δRi <(ui Bek Xk (λi )Cvi ) ≤ Ξk δIi =(ui Bek Xk (λi )Cvi )
k=1 k=1
Notons Γi = −Kref (jωi )+ K(jωi ). Utilisant la forme de K(s) définie par [5.29] :
X X
K(jωi ) = ek Ξ0k Xk (jωi ) + ek Ξ0 k Mk Xk (jωi ) [5.54]
k=1,...,m k=1,...,m
donc Γi est comme défini par l’équation [5.34]. De manière à ne manipuler que des
nombres réels, la LMI initiale de [5.53], notée « LMI > 0 » pour simplifier, doit être
remplacée par une LMI réelle équivalente :
" #
<(LMI) −=(LMI)
>0
=(LMI) <(LMI)
5.10. Bibliographie
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Chapitre 6
Fonctions de Lyapunov
dépendant des paramètres
pour l’analyse et la synthèse robuste
6.1. Introduction
récents sur le sujet [FER 96, GAH 96]. Nous nous sommes intéressés à divers pro-
blèmes d’analyse et de synthèse en stabilité et en performance. Pour chacun des pro-
blèmes traités, nous nous sommes attachés à présenter notre nouvelle approche le
plus synthétiquement possible en omettant sciemment les preuves trop techniques
et qui auraient alourdi inutilement ce chapitre. Le lecteur désireux d’aller plus loin
dans la compréhension des mécanismes techniques utilisés peut se reporter aux nom-
breuses références citées dans le texte. Chaque résultat a d’autre part été évalué sur des
exemples académiques en le comparant aux résultats préexistants issus du domaine
quadratique ou autre.
Finalement, l’aspect le plus intéressant de ce travail est peut-être lié au fait qu’il
fait apparaître une généricité des problèmes qui permet leur traitement dans un cadre
unifié et leur extension aisée à d’autres types de modélisations incertaines [PEA 00d].
Il reste d’autre part un certain nombre de problèmes ouverts, particulièrement en syn-
thèse, qui font que ce chapitre ne doit pas apparaître comme un état de l’art d’une
recherche définitive et figée, mais plutôt comme un instantané d’une recherche en
pleine évolution.
Notations
La matrice transposée de A est notée A0 , et A∗ est la matrice complexe conjuguée
transposée. Etant donné des matrices symétriques A et B, > (≥) est la relation d’ordre
partiel telle que A > (≥) B si et seulement si A − B est (semi-) définie positive. 1 est
la matrice identité et 0 la matrice nulle de dimensions appropriées. Sn est l’ensemble
des matrices symétriques de Rn×n et S+ +∗
n (Sn ) le cône des matrices semi-définies
(définies) positives dans Sn . C est l’ensemble des nombres complexes. R+ (R+∗ )
est l’ensemble des réels positifs (strictement). δ est l’opérateur de dérivation pour les
systèmes en temps continu (δ[x(t)] = ẋ(t)) et l’opérateur de retard pour les systèmes
en temps discret (δ[x(t)] = x(t + 1)). ⊗ est le produit de Kronecker des matrices.
Nous rappelons que (A ⊗ B)(C ⊗ D) = (AC) ⊗ (BD). co{A1 , . . . , AN } définit
l’enveloppe convexe des matrices sommets A1 , . . . , AN . Le signe ? indique dans une
matrice un terme symétrique qui se déduit du contexte. Pour une matrice A donnée,
sym(A) = A + A0 . Pour les normes de système, • = 2 ou • = ∞. De plus, σ = s ou
σ = z suivant que l’on considère des modèles en temps continu ou discret.
6.2.1. Introduction
Les modèles linéaires temps-invariant (LTI) sont très largement utilisés en analyse
et synthèse robuste du fait de leur simplicité et du fait qu’il existe de nombreux outils
performants associés. Cette simplicité du modèle LTI n’est toutefois pas sans consé-
quence sur la précision relative de sa représentativité du système physique réel. Il est
Fonctions de Lyapunov 191
donc nécessaire, dans la plupart des cas, d’adjoindre au modèle LTI un modèle mathé-
matique de l’incertitude représentant l’écart entre la réalité physique et le modèle
mathématique simplifié.
La nature mathématique peut être réelle ou complexe suivant que l’on considère
des variations sur un certain nombre de paramètres physiques du système ou que
l’on essaie d’évaluer l’influence d’une perturbation modélisée de manière LTI sur une
plage de fréquences prédéfinie.
Cette nature mathématique est donc directement induite par sa nature physique,
qui peut être paramétrique ou non. Les incertitudes non paramétriques complexes per-
mettent essentiellement de modéliser des dynamiques négligées, alors que les incerti-
tudes non paramétriques réelles sont plus utilisées afin de représenter les effets d’une
linéarisation ou de la variation temporelle du système. Le modèle non paramétrique est
utilisé afin de caractériser une classe de modèles incertains ne pouvant être paramétrée
à l’aide d’un nombre fini de paramètres.
L’obtention d’un modèle incertain résulte donc d’un travail complexe qui condi-
tionne en majeure partie le choix de la méthode de résolution et son efficacité. Dans
192 Conception de commandes robustes
Une approche très générale de la théorie des inclusions différentielles est donnée
dans la référence [AUB 84]. Dans notre cas, nous nous intéressons plus particulière-
ment à l’interprétation de ces modèles en tant que systèmes linéaires incertains possi-
blement variant dans le temps [BOY 94]. Un système dynamique incertain, décrit par
une inclusion différentielle linéaire polytopique, a la forme [KAM 87] :
où M est un polytope de matrices réelles inclus dans Rn×n et défini par ses N matrices
sommets M [i] :
X
N X
N
[1] [N ] [i]
M = co{M ,...,M }= M= ξi M : ξi ≥ 0, ξi = 1 [6.2]
i=1 i=1
Ce type de modèle incertain est apparu dans de nombreux travaux récents en ana-
lyse et synthèse robuste [BAR 86, BAR 93, BER 89, GER 98, KAM 87, KOK 90,
MOL 89, OLI 99a, OLI 99b, PEA 00a]. La référence [BOY 94] offre une vision syn-
thétique relativement complète des principaux résultats liés à ce type de modélisation,
même s’il y manque les résultats les plus récents utilisant des fonctions de Lyapunov
dépendant des paramètres.
Dans le cas le plus général considéré dans ce chapitre, nous définissons l’inclusion
différentielle linéaire polytopique de manière étendue par :
δ[x(t)] A B1 B2 x(t)
z(t) = C1 D11 D12 w(t)
y(t) C2 D21 0 u(t)
[6.3]
δ[x(t)] x(t)
z(t) = M w(t) M ∈M
y(t) u(t)
Il est alors possible de réécrire cette matrice intervalle afin de faire apparaître un
vecteur de paramètres incertains :
2
X
n
2
M (δ) = δi M [i] δ ∈ Rn
i=1 [6.5]
∀i rang(M [i] ) = 1 δ i ≤ δi ≤ δ i
Cette structure a été très étudiée par l’approche algébrique. En effet, ce type de
modèle possède la propriété remarquable d’avoir un polynôme caractéristique dont les
coefficients sont des fonctions multilinéaires de δ. Il est alors possible d’appliquer de
nombreux résultats issus de l’approche algébrique et notamment le mapping theorem
[BHA 95]. Il va sans dire que l’hypothèse additionnelle sur le rang des matrices M [i]
est très restrictive. Ce modèle a toutefois l’avantage d’être plus structuré et de faire
apparaître explicitement un vecteur de paramètres incertains. Dans ce cadre, une classe
de modèles paramétriques réels peut être explicitement définie et utilisée en tant que
telle.
Le modèle LTI incertain considéré dans cette classe se définit comme suit :
δ[x(t)] A(∆) B1 (∆) B2 (∆) x(t)
z(t) = C1 (∆) D11 (∆) D12 (∆) w(t)
y(t) C2 (∆) D21 (∆) 0 u(t)
[6.6]
x(t)
= M (∆) w(t)
u(t)
194 Conception de commandes robustes
X
p
M (∆) = M0 + δi M [i] |δi | ≤ 1 ∀i = 1, . . . , p
i=1 [6.7]
= M0 + M1 ∆M2 ∆∈∆
où :
δ1 1 0 ... 0
.. .. ..
0 .
. .
∆= ∆= |δi | ≤ 1 ∀i = 1, . . . , p [6.8]
.. .. ..
. . . 0
0 ... 0 δp 1
et :
M1 = 1 ... ... 1 [6.9a]
[1]
M
M2 =
..
.
[6.9b]
M [p]
Il est à noter que ce type de modèle peut toujours être réécrit comme une inclusion
différentielle linéaire polytopique [6.2], mais l’écriture [6.6] peut être préférable du
fait de sa structure plus détaillée.
6.2.4. Illustration
Il est à noter que seule la matrice dynamique du modèle est affectée par l’incer-
titude paramétrique. Ce modèle incertain peut être de manière équivalente considéré
comme une inclusion différentielle linéaire polytopique à huit sommets ou comme un
modèle affine paramétrique réel. Dans le premier cas :
X8 X8
[i]
A∈A= A∈R n×n
:A= ξi A : ξi ≥ 0, ξi = 1 [6.12]
i=1 i=1
[i]
où les matrices sommets A sont les images par A des sommets du polytope des
paramètres. Dans le second cas :
A = A0 + δk1 A1 + δk2 A2 + δc A3 [6.13]
196 Conception de commandes robustes
x1 = y
1111111111111111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000000000000000
x2 = z
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
w1
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
w2
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
k1 m
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
1 k2 u
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
m2
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111111111111111
c c
Figure 6.1. Système mécanique
où :
0 0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0
0 0
A1 = A2 =
−1 0 0 0 0 1 0 0
0 0 0 0 0 −1 0 0
[6.14]
0 0 0 0
0 0
0 0
A3 =
0 0 −1/m1 0
0 0 0 −1/m2
La matrice A3 n’étant pas de rang 1, cet exemple ne peut être considéré comme
faisant partie de la classe des matrices intervalles. Cet exemple sera utilisé tout au long
de ce chapitre afin d’illustrer les différents résultats présentés.
6.3.1. Introduction
Le choix d’un modèle incertain étant effectué, il est nécessaire d’effectuer une
étape d’analyse des propriétés en stabilité et performance robuste du modèle proposé
afin d’élaborer en suivant une stratégie de correction adéquate résultant en la synthèse
d’un compensateur. Celui-ci obtenu, une nouvelle étape d’analyse du système bouclé
intervient afin d’attester des propriétés réelles du système corrigé. L’étape d’analyse
est donc doublement importante dans le processus de synthèse, puisqu’elle va condi-
tionner en partie les choix effectués pour la synthèse, mais également sanctionner les
résultats de cette étape.
Cette étape d’analyse est usuellement séparée en deux problèmes présentant des
degrés de difficulté différents : l’analyse de stabilité robuste et celle de performance
Fonctions de Lyapunov 197
Afin d’utiliser une terminologie plus concise largement en usage, nous parlerons
de stabilité robuste du polytope de matrices A. Dans certains cas, la caractéristique
discrète ou continue sera explicitement détaillée par les indices « d » ou « c » quand
cela sera nécessaire.
d’obtenir des conditions sur les points extrêmes du polytope. Il n’existe pas toute-
fois de résultats définitifs sur le sujet, excepté pour les matrices de dimension 2 et 3
[BAR 93]. Il a en effet été démontré que ce problème est NP-complet [COX 91].
La plupart des conditions proposées sont suffisantes, faisant intervenir des restric-
tions importantes sur les matrices du polytope (matrices symétriques...), ou utilisant
une approche restrictive telle que la stabilité quadratique [HOR 76]. Dans le cadre
de la théorie de Lyapunov, quelques travaux ont proposé d’utiliser des fonctions de
Lyapunov dépendant des paramètres afin de rendre les résultats de stabilité quadra-
tique moins pessimistes [BAR 86, LEA 90]. Nous reprenons ici cette idée et mon-
trons qu’une condition suffisante de stabilité robuste d’un polytope de matrices peut
être donnée en termes de l’existence de solutions à des contraintes LMI ne faisant
intervenir que les matrices sommets du polytope.
D ÉFINITION 6.1.– A est robustement stable si et seulement si, pour chaque A(K) ∈
A, il existe une matrice P ∈ S+∗
n telle que :
" #
1
1 A(K) P(P ) <0 [6.17]
A0 (K)
A est quadratiquement stable si et seulement s’il existe une unique matrice P ∈ S+∗
n
telle que, pour tout A(K) ∈ A :
" #
1
1 A(K) P(P ) <0 [6.18]
A0 (K)
R EMARQUE 6.1.– La différence majeure entre les deux définitions réside dans l’uni-
cité de la matrice de Lyapunov attestant de la stabilité sur l’ensemble du domaine
dans le cas de la stabilité robuste quand pour établir celle-ci, il est suffisant de dispo-
ser d’une matrice de Lyapunov pour chaque réalisation de la matrice A(K) dans le
polytope de matrices A.
Il est bien connu depuis les travaux de [PAC 90, ROT 93] que ces deux notions
de stabilité ne sont équivalentes que sous des hypothèses très restrictives sur la nature
de l’incertitude. Dans le cas des incertitudes linéaires polytopiques, une interprétation
Fonctions de Lyapunov 199
par la théorie des jeux de ces deux définitions a été proposée dans [CHE 99]. Une
borne supérieure de la distance entre stabilités robuste et quadratique peut ainsi être
définie. Nous rappelons tout d’abord une condition nécessaire et suffisante de stabilité
quadratique.
T HÉORÈME 6.1 ([GER 91, HOR 76]).– A est stable quadratiquement si et seule-
ment s’il existe P ∈ S+∗ n telle que :
" #
[i]
1
∀i = 1, . . . , N 1 A (K) P(P ) 0 <0 [6.19]
A[i] (K)
T HÉORÈME 6.2 ([GER 98, PEA 00 A ]).– S’il existe N matrices P [i] ∈ S+∗
n et une
matrice H ∈ Rn×2n telles que :
" #
[i] A[i] (K) 0
∀i = 1, . . . , N P(P ) + H + H 0 A[i] (K) −1 < 0
−1
[6.20]
alors A est stable
P de manière robuste. Une fonction de Lyapunov dépendant
PN des para-
[i] [i]
mètres P = N ξ
i=1 i P est associée à chaque élément A(K) = ξ
i=1 i A (K) du
polytope A.
T HÉORÈME 6.3 ([OLI 99 A , OLI 99 B ]).– S’il existe N matrices P [i] ∈ S+∗
n et une
matrice G ∈ Rn×n telles que :
∀i = 1, . . . , N
" # " #
[i] [i]0
A (K) 0
P(P [i] ) + 0 G + 0 A (K) −1 < 0 [6.21]
−1 G
Cette condition n’a pas d’intérêt majeur pour l’analyse de stabilité robuste, puis-
qu’elle est clairement plus restrictive que la condition [6.20] sans pour autant réduire
fortement sa complexité. Il est pourtant intéressant de constater que la même opération
n’est pas possible dans le cas des modèles incertains en temps continu. On verra par
la suite que cette caractéristique a des répercussions importantes pour les méthodes de
synthèse robuste à base de FLDP.
R EMARQUE 6.2.– Cela n’est pas précisé dans le théorème 6.4, mais il est clair que la
condition du théorème 6.3 implique la condition du théorème 6.2.
Les deux conditions utilisant les fonctions de Lyapunov dépendant des paramètres
sont très nettement moins pessimistes que la condition fondée sur la stabilité quadra-
tique.
Les écarts constatés entre les différentes méthodes tendent à s’accroître avec la
difficulté du problème (taille du système, nombre de sommets du polytope).
Fonctions de Lyapunov 201
∀i = 1, . . . , N
" #
1
1 A0 (K) + B∆i C P(P ) <0 [6.24]
(A0 (K) + B∆i C)0
∀i = 1, . . . , N
" # !
[i] A0 (K) + B∆i C
P(P ) + sym 0 G <0 [6.26]
−1
∀i = 1, . . . , N
" #
A0 (K) + B∆i C
P(P0 + ∆i P ) + H + H0 (A0 (K) + B∆i C)0 −1 <0
−1
[6.27]
Cette condition suffisante est surtout intéressante de par le fait que le nombre de
variables impliquées est linéaire en le nombre de paramètres incertains (p+1) (n+1)n
2 +
2n2 pour un nombre de variables exponentiel en le nombre de paramètres incertains,
2p (n+1)n
2 + 2n2 , pour la condition 2) du théorème 6.5.
Ces différents résultats sont maintenant évalués et comparés à ceux proposés dans
la littérature. 5 000 polytopes de matrices dynamiques continues contenant L = 2
paramètres incertains sont générés aléatoirement. Les résultats sont présentés dans le
tableau 6.2.
n Théorème 6.5-1 [FER 96] [GAH 96] Théorème 6.6 Théorème 6.5-2
2 52,2 % 60,3 % 69,8 % 71,1 % 71,3 %
3 51,7 % 59,5 % 65,4 % 70,4 % 70,4 %
4 36,4 % 47 % 50,9 % 57,1 % 57,4 %
5 34,2 % 50,6 % 51 % 58,6 % 59,3 %
Sans autres hypothèses sur la sous-matrice R22 , les régions ainsi définies ne sont
pas nécessairement convexes. Si R22 ∈ S+ d , alors la définition précédente est une
reformulation simplificatrice de la définition des régions LMI donnée dans [CHI 96].
Une caractérisation de la DR -stabilité de type Lyapunov peut être facilement extrapo-
lée des résultats de [CHI 96].
T HÉORÈME 6.7.– A(K) ∈ Rn×n est DR -stable si et seulement s’il existe une matrice
P ∈ S+∗
n telle que :
∀i = 1, . . . , N
0
R11 ⊗ P + sym(R12 ⊗ (P A[i] (K))) (1d ⊗ A[i] (K))(L ⊗ P )
<0 [6.31]
0 [i]0
(L ⊗ P )(1d ⊗ A (K)) −1d ⊗ P
où R22 = LL0 ;
2) s’il existe N matrices P [i] ∈ S+∗
n et une matrice H ∈ R
dn×2dn
telles que :
∀i = 1, . . . , N
" #
[i] 1d ⊗ A[i] (K) 0
R⊗P + H + H0 1d ⊗ A[i] (K) −1dn <0
−1dn
[6.32]
alors [6.15] est DR -stable de manière robuste.
telles que :
∀i = 1, . . . , N
" # !
1d ⊗ A[i] (K)
R ⊗ P [i] + sym G −1
(R22 R12 ) ⊗ 1n 1dn <0
−1dn
[6.34]
alors A est robustement DR -stable. De plus, cette condition est nécessairement rem-
plie si A est quadratiquement DR -stable.
et en posant :
H= R12 ⊗ P R22 ⊗ P
[6.36]
[i]
∀i = 1, · · · , N P =P
1,8 0 1 0
0 −0,21 0 1
3) Re(z) < −0,9 et kz + 1k < 1,1 : R3 = ;
1 0 0 0
0 1 0 1
1,8 0 1 0
0 0 1
0,19
4) Re(z) < −0,9 et kz + 1k < 0,9 : R4 = .
1 0 0 0
0 1 0 1
La figure 6.2 montre la répartition des valeurs propres des matrices du polytope
A quand le paramètre incertain varie de 0 à 1. Il est remarquable de constater que
l’analyse menée à l’aide de la DR -stabilité quadratique donne une réponse positive
uniquement dans le cas de la région définie en 1) alors que la condition [6.32] du
théorème 6.8 donne une réponse positive dans les trois premiers cas et échoue natu-
rellement dans le cas de la région définie en 4).
On suppose que le contrôleur K(σ) est donné et que l’on désire analyser le degré
de performance robuste H2 ou H∞ du modèle incertain en boucle fermée. Le modèle
du système n’étant pas parfaitement connu, une façon raisonnable d’envisager le pro-
blème de performance robuste est de considérer le calcul de la norme H2 ou H∞
dans le pire des cas. Cela consiste à déterminer l’élément maximal de l’ensemble des
normes H2 ou H∞ sur l’ensemble des modèles possibles. Nous présentons en détail
en premier lieu le problème d’analyse H2 qui servira de référence pour la présentation
du cas H∞ .
P ROBLÈME 6.1 ( ANALYSE H2 DANS LE PIRE DES CAS ).– Le modèle polytopique
en boucle fermée étant caractérisé par la fonction de transfert en boucle fermée :
LMI sont proposées dans les chapitres 7 et 8 de la référence [ELG 00]. Le calcul des
bornes supérieures fait le plus souvent appel à la formulation LMI et nous rappelons
tout d’abord la caractérisation LMI de la norme H2 .
L EMME 6.1 ( NORME H2 ).– Etant donné un modèle d’état certain strictement propre
de fonction de transfert :
Tzw (σ, K) = C1 (K)(σ1 − A(K))−1 B1 (K) [6.40]
l’inégalité ||Tzw (σ, K)||22 < γ2 est vérifiée si et seulement s’il existe X ∈ S+∗
n et
T ∈ S+∗
q telles que l’ensemble LMI défini par :
trace(T ) < γ2
" # 1 0
1 0 0
R2 (X, B1 ) 0 1 <0 [6.41]
0 1 A(K) 0
| {z } 0 A (K)
h i
1 N2 (A)
" # 1 0
0
1 0 C1 (K)
T2 (X, T ) 0 1 <0
0 1 0
| {z } C1 (K) 0
h i
1 N2 (C1 )
admet une solution. Les notations utilisées correspondent aux définitions suivantes :
0
−1 B1 (K) 0
" #
R2 (X, B1 ) = B1 (K) [6.42]
P(X)
0
−T 0 0
T2 (X, T ) = 0 −X 0 [6.43]
0 0 0
Dans le cas certain, ces deux formulations sont strictement identiques. Il n’en est
rien dans le cas incertain.
min γ2
Trace(T ) < γ2
" #
[i] 1
1 N2 (A[i] ) R2 (X, B1 ) <0 ∀i = 1, . . . , N [6.47]
N20 (A[i] )
" #
h i 1
[i]
1 N2 (C1 ) T2 (X, T ) [i] < 0 ∀i = 1, . . . , N
N20 (C1 )
q
alors le polytope de matrices M est stable quadratiquement et γ2quad est un coût
garanti H2 ;
2) s’il existe N matrices X [i] ∈ S+∗ n , une matrice T ∈ Sq
+∗
et deux matrices
(H1 , H2 ) ∈ R n×2n
×R n×(q+n)
solutions optimales du problème de programmation
semi-définie positive [6.48] d’argument optimal γ2f ldp1 :
min γ2
Trace(T ) < γ2
" # !
[i] N2 (A[i] )
R2 (X [i] , B1 ) + sym 0 H1 < 0 ∀i = 1, . . . , N
−1
[6.48]
" # !
[i]
N2 (C1 )
T2 (X [i] , T ) + sym 0 H2 <0 ∀i = 1, . . . , N
−1
q
alors le polytope de matrices M est stable robustement et γ2f ldp1 est un coût
garanti H2 ;
210 Conception de commandes robustes
min γ2
Trace(T ) < γ2
" # !
[i] [i] N2 (A[i] )
R2 (X , B1 )
+ sym 0 0 G < 0 ∀i = 1, . . . , N [6.49]
−1
" # !
[i]
[i] N2 (C1 )
T2 (X , T ) + sym 0 0 G < 0 ∀i = 1, . . . , N
−1
q
alors le polytope discret de matrices M est stable robustement et γ2f ldp2 est un coût
garanti H2 .
R EMARQUE 6.5.– Pour les conditions 1) à 3), une formulation duale existe qui
conduit à des coûts garantis différents de ceux fournis par la méthode primale sans
que l’on puisse montrer qu’une formulation ait un avantage sur l’autre. La formula-
tion proposée a l’avantage de pouvoir être directement utilisée pour les problèmes de
synthèse par retour d’état. Les différentes formulations seront toutefois testées sur un
exemple numérique.
P ROBLÈME 6.2 ( ANALYSE H∞ DANS LE PIRE DES CAS ).– Le modèle polytopique
en boucle fermée étant caractérisé par la fonction de transfert en boucle fermée :
De même que dans le cas de l’analyse du pire des cas H2 , des bornes supérieures
γ∞ sont calculées à l’aide d’une formulation de type LMI.
L EMME 6.2 ( NORME H∞ ).– Etant donné un modèle d’état certain de fonction de
transfert :
l’inégalité ||Tzw (σ, K)||2∞ < γ∞ est vérifiée si et seulement s’il existe X ∈ S+∗
n telle
que l’ensemble LMI défini par :
– pour les modèles en temps continu :
" # " #
A(K) 1
1 Rc∞ (X) <0 [6.53]
C1 (K) A0 (K) C10 (K)
| {z }
h i
1 N∞ (A, C1 )
où :
B1 (K)B10 (K) B1 (K)D110
(K) X
0
Rc∞ (X, B1 , D11 ) = ? −γ∞ 1 + D11 (K)D11 (K) 0
? ? 0
[6.54]
où :
B1 (K)B10 (K) − X B1 (K)D110
(K) 0
0
Rd∞ (X) = ? −γ∞ 1 + D11 (K)D11 (K) 0
? ? X
[6.56]
min γ∞
" #
h i 1
[i] [i] [i]
1 N∞ (A[i] , C1 ) R∞ (X, B1 , D11 ) [i] <0 [6.57]
N∞ (A[i] , C1 )
∀i = 1, . . . , N
q
quad
alors le polytope de matrices M est stable quadratiquement et γ∞ est un coût
garanti H∞ ;
min γ∞
" # !
[i]
[i] [i] N∞ (A[i] , C1 )
Rc∞ (X [i] , B1 , D11 ) + sym H <0 [6.58]
−1
∀i = 1, . . . , N
q
f ldp1
alors le polytope de matrices M est stable robustement et γ∞ est un coût garanti
H∞ ;
min γ∞
" # !
[i]
[i] [i] N∞ (A[i] , C1 )
Rd∞ (X [i] , B1 , D11 ) + sym H <0 [6.59]
−1
∀i = 1, . . . , N
Fonctions de Lyapunov 213
min γ∞
" # !
[i]
[i] [i] N∞ (A[i] , C1 )
Rd∞ (X [i] , B1 , D11 ) + sym 0 G <0 [6.60]
−1
∀i = 1, . . . , N
q
f ldp2
alors le polytope discret de matrices M est stable robustement et γ∞ est un coût
garanti H∞ .
C OROLLAIRE 6.1.– Les coûts garantis définis aux théorèmes 6.11 et 6.12 vérifient :
Coût garanti H2 H∞
q
γ•quad 2,288 6 7,112 4
q
γ•quad dual 2,836 9 7,112 4
q
γ•f ldp 1,374 8 3,730 8
q
γ•f ldp dual 1,472 8 3,726 8
L’exemple en temps discret est l’exemple 2 repris de [GER 93]. Pour celui-ci,
un gain stabilisant et le coût garanti H2 ont été recalculés en utilisant la condition
proposée dans [GER 93]. Le système bouclé par ce gain est ensuite analysé en termes
de norme H2 et H∞ par les différentes méthodes du théorème 6.12 et les formulations
duales associées. Les résultats sont donnés dans le tableau 6.4.
Coût garanti H2 H∞
q
γ•quad 37,839 6 215,91
q
γ•quad dual 58,986 5 –
q
γ•f ldp1 20,604 3 102,656 6
q
γ•f ldp1 dual 29,005 2 –
q
γ•f ldp2 21,730 6 102,656 6
q
γ•f ldp2 dual 36,074 1 102,656 6
6.4.1. Introduction
Il est ainsi toujours possible, dans le cas du retour d’état [BER 89] et dans le
cas du retour de sortie d’ordre plein nominal [SCH 97a], d’utiliser un changement de
variables sur les paramètres du compensateur linéarisant afin de traduire une spécifica-
tion d’analyse en boucle fermée en une spécification correspondante de synthèse, tout
en conservant le caractère LMI des conditions. Les problèmes de DR -stabilisation
robuste par retour d’état, de synthèse de retour d’état à coût garanti H2 et H∞ sont
ainsi abordés dans ce cadre en considérant que le modèle incertain est du type polyto-
pique. Finalement, le problème de synthèse multi-objectif H2 /H∞ dans le cas nomi-
nal est également abordé.
Le problème particulier que nous allons étudier dans ce paragraphe est celui de
la DR -stabilisation d’un polytope de matrices par retour d’état. Nous nous sommes
limités au problème du retour d’état du fait que celui plus général du retour de sor-
tie dynamique d’ordre plein est extrêmement délicat à aborder pour une description
216 Conception de commandes robustes
min γ2
trace(T ) < γ2
" #
[i] [i]
−T C1 H + D12 S
<0 ∀i = 1, . . . , N [6.70]
? Xi − H − H 0
[i] [i]
−Xi A[i] H + B2 S B1
? Xi − H − H 0 0 < 0 ∀i = 1, . . . , N
? ? −1
K2 = SH −1 [6.71]
√
Un coût garanti H2 du système en boucle fermée est donné par γ2 .
min γ2
[i] [i]
−Xi A[i] H + B2 S B1 0
[i]0 [i]0
? Xi − H − H 0 0 H 0 C1 + S 0 D12
<0 ∀i = 1, . . . , N
[i]0
? ? −1 D11
? ? ? −γ∞ 1
[6.72]
K∞ = SH −1 [6.73]
√
Un coût garanti H∞ du système en boucle fermée est donné par γ∞ .
Nous reprenons l’exemple en temps discret du paragraphe 6.3.2 issu de [GER 93].
Nous avons donc calculé un gain de retour d’état à coût garanti H2 et un autre à
coût garanti H∞ et les coûts garantis H2 et H∞ respectivement associés obtenus par
la résolution des problèmes d’optimisation convexe des théorèmes 6.14 et 6.15. Le
système bouclé par ces deux gains robustes est ensuite analysé à l’aide de méthodes
utilisant les fonctions de Lyapunov dépendant des paramètres. Nous n’avons conservé
Fonctions de Lyapunov 219
que le meilleur des résultats d’analyse dans tous les cas. Les résultats obtenus sont
comparés à ceux obtenus dans [GER 93], fondés sur le calcul d’un gain quadratique-
ment stabilisant.
avec :
" # " #
z∞ w∞
z= w= [6.75]
z2 w2
" #
C∞
D21 = Dy∞ Dy2 C1 = [6.76]
C2
" #
D∞u
D=
D2u
xK (t + 1) = AK xK (t) + BK y(t)
[6.77]
u(t) = CK xK (t) + DK y(t)
On définit les transferts en boucle fermée Tz∞ w∞ (z, K) et Tz2 w2 (z, K). Le pro-
blème de synthèse multi-objectif consiste à déterminer un compensateur dynamique
[6.77] tel que :
sous
Il est à noter que les paramètres α et β sont des paramètres de synthèse permettant
de définir précisément le problème que l’on souhaite traiter : minimisation H2 sous
contrainte H∞ (α = 1, β = 0), minimisation H∞ sous contrainte H2 (α = 0, β = 1)
ou une version mixte de ces problèmes.
P∞ ∈ S+∗ +∗
n , H∞ ∈ Sn , J2 ∈ R
n×n
, J∞ ∈ Rn×n , S ∈ Rn×n et deux scalaires
+∗ +∗
γ2 ∈ R et γ∞ ∈ R solutions du problème d’optimisation convexe :
[6.82]
alors le compensateur dynamique dont la représentation d’état est définie par les
matrices :
AK = V1−T Â − Y (A + B D̂C)X − V10 BK CX − Y BCK U1 U1−1 [6.83a]
BK = V1−T (B̂ − Y B D̂) [6.83b]
CK = (Ĉ − D̂CX)U1−1 [6.83c]
DK = D̂ [6.83d]
R EMARQUE 6.7.– Etant donné une solution du problème d’optimisation LMI [6.82],
la reconstruction du compensateur s’effectue en choisissant V1 et U1 matrices non
singulières telles que :
V10 U1 = S − Y X [6.84]
6.5. Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré que l’utilisation d’une nouvelle formulation
des conditions de stabilité et de performance robuste a permis l’élaboration d’un cadre
de travail très intéressant fondé sur les fonctions de Lyapunov dépendant des para-
mètres. La paramétrisation des fonctions de Lyapunov peut être directement reliée
à la modélisation incertaine retenue. Nous n’avons présenté que le cas des modèles
incertains polytopiques convexes et affines, mais tous les résultats présents dans ce
chapitre peuvent être étendus aux modèles incertains de type LFT [PEA 00c]. Il est
nécessaire de faire appel à des arguments de séparation quadratique afin de retrou-
ver des conditions numériquement solvables [IWA 98]. Dans la plupart des cas, les
résultats obtenus avec ces nouvelles conditions sont meilleurs que ceux fournis par
la stabilité quadratique. Les problèmes d’analyse et de synthèse robuste apparaissent
toutefois de complexité différente dans ce cadre de travail. Autant les résultats d’ana-
lyse robuste en stabilité et en performance se sont avérés intéressants, autant on peut
être relativement déçus par les avancées réalisées en synthèse robuste. Il est d’ailleurs
tout à fait remarquable de constater la différence entre modèles en temps discret et
modèles en temps continu. Les résultats obtenus en premier n’ont jusqu’à présent pas
pu être totalement étendus aux modèles en temps continu en ce qui concerne les pro-
blèmes de synthèse. La compréhension des mécanismes exacts de ces différences ou
la levée de celles-ci constitue un champ d’investigations futures d’importance.
6.6. Bibliographie
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Chapitre 7
En 1991, Boyd et Barrat [BOY 91] ont montré l’intérêt des méthodes
multicritères : elles permettent de traiter des problèmes à objectifs contradictoires
particulièrement intéressants car pouvant refléter les compromis propres à la mise en
œuvre d’une loi de commande. Cette vision nécessite une approche de l’optimalité
définie par Pareto il y a plus d’un siècle [PAR 96] et qui se traduit intuitivement par
la figure 7.1 dans le cas de deux objectifs. Toute amélioration de l’un des objectifs
se fait au détriment de l’autre et la solution optimale est un compromis entre les
deux. Pour plus de détails, on se reportera à [BOY 91] dans laquelle ce formalisme
est longuement étudié.
Les principes fondamentaux exposés dans [BOY 91, DOR 91] conduisent à la
résolution de problèmes d’optimisation de dimension infinie que l’on ne sait pas
aujourd’hui résoudre numériquement. Cependant, des solutions approchées ont été
proposées ; on peut les classer selon trois grands axes. Le premier consiste à utiliser
des heuristiques afin de résoudre les problèmes d’optimisation ou bien à considérer
des cas particuliers comme la commande LQG [BER 89, KHA 91a], le placement
de pôles [CHI 96], le retour d’état [BAM 93, BOY 94, FOL 94], ou l’application à
des systèmes à structures particulières (par exemple monovariable) [KHA 91b,
KAM 93, SZN 94, ROT 98]. Le second axe regroupe quant à lui des approches plus
générales (qui utilisent notamment une correction par retour de sorties) ; cependant,
elles introduisent un grand conservatisme1 lié en particulier à l’utilisation d’une
fonction de Lyapunov commune à tous les problèmes [ELG 96a, ELG 96b, FOL 97,
MAS 98, SCH 95, SCH 97]. Enfin, d’autres approches, les plus récentes, constituent
une troisième voie visant à réduire le conservatisme tout en restant exploitables
numériquement [HIN 98, CLE 99, CLE 00, SCH 99]. On notera également que le
problème mixte H2/H∞ tient une place particulièrement importante dans les cas
étudiés. C’est dans la dernière voie que s’inscrit la méthode de synthèse présentée
ici, méthode reposant sur la paramétrisation de Youla [KUC 74, YOU 76]. En effet,
les propriétés fondamentales de cette paramétrisation permettent de transformer le
problème initial en un problème d’optimisation convexe sous contraintes LMI
(inégalités matricielles affines). Ce formalisme est particulièrement adapté à la
synthèse multicritère, car il permet de juxtaposer les critères sans perdre la
convexité ; de surcroît, il existe de nombreuses formulations de critères de synthèse
en termes d’inégalités matricielles [FOL 97, GER 91, SCH 97].
Il est tout de même fondamental de noter que si les méthodes actuelles induisent
un fort degré de conservatisme, ce n’est pas seulement à cause des problèmes de
complexité, mais surtout à cause de points théoriques. En effet, lorsque l’on cherche
à satisfaire simultanément plusieurs critères, les manipulations matricielles que l’on
utilise en fonction de chaque critère sont indépendantes les unes des autres ; ainsi,
l’utilisation de lemmes techniques comme celui d’élimination [BOY 94] ou de
changements de variables [SCH 97] peut conduire à un découplage des contraintes
1. Une propriété est dite conservative si elle est valable de façon exacte sur un ensemble
contenant strictement l’ensemble étudié.
Synthèse multicritère par retour de sortie 231
tel que l’on trouve ensuite une solution pour chaque contrainte prise séparément,
mais que l’on soit incapable d’en obtenir une les satisfaisant toutes. Il est donc
fondamental de conserver le couplage entre les critères. C’est ce point qui a motivé
l’utilisation d’une fonction de Lyapunov unique et donc induit du conservatisme par
le passé ; mais c’est aussi ce point que la paramétrisation de Youla permet de
satisfaire en évitant l’augmentation du conservatisme.
7.1. Notations
Dans ce chapitre, chaque système dynamique est linéaire invariant (LTI) à temps
discret. Considérons un système à commander décrit par les équations d’état
suivantes :
A B1 B2 Bu
C1 D11 D12 D1u
P=
D2u
[7.2]
C D21 D22
2
Cy D y1 Dy2 D yu
A BK
K = K [7.4]
CK DK
A Bi Bu
Acl Bi , cl
Ti (z ) = LFT C i Dii Diu , K = [7.5]
C i , cl Di , cl
Cy D yi D yu
V (x, k ) : R n × N → R + [7.6]
7.2.1. Norme H∞
z1
T1 = sup 2 [7.9]
∞
w1 ∈ L 2
w1 ≠ 0 w1
2
− X 1 −1 A B 0
AT − X1 0 CT
∃X 1 = X 1T >0/ <0 [7.10]
B
T
0 −γ I DT
0 − γ I
C D
7.2.2. Norme H2
T2 2
(
= ∫ 0 trace T2 e 2πjν
1
) T (e π ν ) dν
∗
2
2 j
[7.11]
D + C (zI − A)−1 B
2
= (
trace D T D + B T Lo B = ) (
trace DD T + CLc C T ) [7.12]
ALc AT − Lc + BB T = 0
T [7.13]
A Lo A − Lo + C T C = 0
AT X 2 A − X 2 + C T C < 0
∃X 2 = X 2 T > 0 /
( )
[7.14]
trace D T D + B T X 2 B < γ 2
− X −1 A 0
2
AT − X2 CT < 0 [7.15]
0 C −I
− X −1 B 0
2
BT −Y DT < 0 [7.16]
0 D −I
trace(Y ) < γ 2 [7.17]
L’α-stabilité est une propriété des systèmes qui permet de garantir la rapidité de
convergence vers un point d’équilibre. Ce critère peut aussi être vu comme une
contrainte de placement de pôles dans un disque de rayon α .
(
lim α − k x[k ]
k →∞
)= 0 [7.18]
α 2 X 3 AT
∃X 3 = X 3T > 0 / >0 [7.19]
A X 3 −1
Il est important de noter qu’il s’agit d’une notion très contraignante. En effet, il
n’est pas possible de l’imposer sur un sous-ensemble des valeurs propres du
système.
Ainsi, nous allons adopter un formalisme différent, qui peut sembler moins
élégant au sens de la minimalité en symbole mais ne faisant intervenir que des
termes bilinéaires que l’on s’attachera ensuite à faire disparaître pour mener à bien
la synthèse d’une loi de commande.
X1 0 0 0
X2 0 0
0 I 0 0 I 0
Π1 = ; Π2 = 0 I 0 ; Π 3 = [7.20]
0 0 I 0 0 0 X 3
0 0 0 I
0 I
Synthèse multicritère par retour de sortie 237
T1 ∞
< γ 1 , T2 2
< γ 2 et LFT (P , K ) α-stable [7.21]
− X1 X 1 Acl X 1 B1, cl 0
Acl T X 1 − X1 0 T
C1, cl
<0 [7.22]
T
B1, cl X 1 0 − γ 1I D1, cl T
0 C1, cl D1, cl − γ 1 I
− X2 X 2 Acl 0
T
Acl X 2 − X 2, cl T
C 2, cl < 0 [7.23]
0 C 2, cl −I
− X2 X 2 B2, cl 0
B2, cl T X 2 −Y T
D2, cl < 0 [7.24]
0 D2, cl −I
α 2 X Acl T X 3
3 >0 [7.26]
X A X 3
3 cl
238 Conception de commandes robustes
Après avoir rappelé brièvement les notions de boucle bien posée et de stabilité
interne, cette section présente la paramétrisation de Youla. Il s’agit de paramétrer de
manière complète la famille des correcteurs stabilisant pour un système donné. Nous
présenterons dans un premier temps les concepts en utilisant le formalisme des
fonctions de transfert (pour son aspect historique et sa facilité de présentation), puis
nous verrons l’intérêt de la formulation dans l’espace d’état dans certains cas
particuliers. On fera l’hypothèse que P est stabilisable par u et détectable par y.
On peut alors définir les notions de boucle fermée bien posée et de stabilité
interne en partitionnant la matrice de transfert de P sous la forme suivante :
P P12
P = 11 [7.27]
P21 P22
z P11 + P12 K (I − P22 K ) P21 P12 (I − KP22 )−1 P12 (I − KP22 )−1 K w
−1
u = K (I − P22 K )−1 P21 (I − KP22 )−1 (I − P22 K )−1 K v1 [7.28]
y (I − P22 K )−1 P21 (I − P22 K )−1 P22
(I − P22 K )−1 P22 K v2
il suffit qu’un seul des transferts soit inversible. Cette condition traduit la notion
d’interconnexion bien posée. On peut alors définir la stabilité du système.
Cette paramétrisation, déjà connue dans les années 1950 en commande optimale
[RAG 58], a été reprise dans les années 1970 par Kucera [KUC 74] et Youla
[YOU 76] : c’est le nom de ce dernier que l’histoire a retenu.
240 Conception de commandes robustes
V~0 ~
− U 0 M U0 I 0
~ ~ = [7.31]
− N
M N V0 0 I
U = U 0 + MQ [7.32]
V = V0 + NQ [7.33]
~ ~ ~
U = U 0 + QM [7.34]
~ ~ ~
V = V0 + QN [7.35]
~ ~
Sous ces hypothèses, on vérifie l’égalité UV −1 = V −1U et le correcteur
~ ~
K = UV −1 = V −1U est stabilisant pour P.
Synthèse multicritère par retour de sortie 241
K ~
V0 −1
J = −01 [7.36]
V − V0 −1 N
0
A − Bu K c − K f C y Kf Bu
J = − Kc 0 I nu [7.37]
− Cy I ny 0
Figure 7.6. Paramétrisation de Youla d’un correcteur par retour d’état estimé
Nous avons donc une démarche constructive de mise sous forme de Youla d’un
correcteur de type observateur/retour d’état. Il est alors légitime de se poser la
question de savoir si n’importe quel correcteur admet une représentation sous la
forme observateur/retour d’état. Une réponse positive permettrait de limiter l’ordre
du système d’interconnexion J. La section suivante est dédiée à l’étude de cette
question.
Dans notre cas, l’équivalence entre les structures est motivée par la réduction de
l’ordre du système d’interconnexion J et l’extraction naturelle d’un paramètre de
Youla, point-clé de notre méthode.
A BK
K = K [7.38]
CK DK
A − Bu K c − K f C y − Bu DQ Bu CQ K f + Bu DQ
K̂ = − BQ C y AQ BQ [7.39]
− K c − DQ C y CQ DQ
xˆ
xK = T [7.40]
xQ
−1 A − B u K c − K f C y − Bu D Q Bu C Q
T AK T =
− BQ C y AQ
K f + B u DQ
−1
T BK =
[7.41]
BQ
CK T (
= − K c − DQ C y CQ )
DK = DQ
Nous nous limiterons au cas où le correcteur initial est d’ordre égal à celui de P.
Alors, le système Q se réduit à la matrice de gain statique Q = DQ. Les égalités
précédentes deviennent :
T −1 AK T = A − Bu K c − K f C y − Bu QC y
T −1 B K = K f + Bu Q
[7.42]
C K T = − K c − QC y
D K = Q
A + Bu D K C y Bu C K
H =
[7.44]
BK C y AK
I
(− T I n ) H n = 0 [7.45]
T
Synthèse multicritère par retour de sortie 245
Soient Λ = diag (λ1 " λn ) une matrice formée à partir de n valeurs propres de
H et U = (u1 " u n ) la matrice des vecteurs propres associés :
HU = UΛ [7.46]
U
U = 1 [7.47]
U 2
On peut vérifier que T = U 2U1−1 est solution du problème et que les n valeurs
propres affectées à la matrice A − Bu K c (qui correspondent à la dynamique de
retour d’état) sont les valeurs propres retenues dans Λ (par voie de conséquence,
les n valeurs propres non retenues dans Λ sont celles de la matrice A − K f C y qui
correspond à la dynamique de reconstruction).
PROPRIÉTÉ 7.1.– Soit une représentation d’état du système G défini sur la figure 7.5 :
AG BG Buˆ
G = CG DG DGu [7.48]
C yˆ D yˆG D yˆuˆ
Cette propriété exprime le fait que les sous-espaces non commandables et non
observables de G sont supplémentaires dans l’espace d’état. Ainsi, elle permet
d’obtenir une représentation d’état qui soit simultanément sous forme commandable
et observable. Le changement de base correspondant permet d’obtenir le
partitionnement suivant avec une matrice d’état sous forme triangulaire :
REMARQUE 7.2.– Les matrices Dij de G sont les mêmes que celles du système à
régler P pour deux raisons :
– la structure particulière du transfert direct de J ne génère aucune transmission
directe de w vers z ;
– le changement de base trigonalisant n’affecte pas non plus ces transmissions
directes.
Synthèse multicritère par retour de sortie 247
A Bcl
Gcl = LFT(G, Q ) = cl [7.51]
Ccl Dcl
W Zi A A3
X i = Ti selon AG = 1 [7.53]
Zi Yi 0 A2
R n× n → R n× n
L Wi Z i R Si Wi −1 − Wi −1Z i [7.54]
T 6 Ti =
Z i Yi Si Ti − Z i T Wi −1 Yi − Z iT Wi −1Z i
248 Conception de commandes robustes
R 0
M i = Ti [7.55]
Si I
Problème H∞
En utilisant la congruence par la matrice Π1 = diag (M1 M1 I I ) , on
obtient à partir de [7.22] :
Problème H2
En utilisant la congruence par les matrices Π 21 = diag (M 2 M 2 I ) et
Π 22 = diag (M 2 I I ) , on obtient à partir de [7.23], [7.24] et [7.25] :
− R2 0 A1 R 2 A1 S 2 − S 2 A2 + A3 + Buˆ QC yˆ 0
0 − T2 0 T2 A2 0
* * − R2 0 R 2 T C 2,1T <0
* * 0 − T2 T T T T T
C 2,2 + C yˆ Q D 2uˆ + S 2 C 2,1T
* * * * −I
[7.57]
REMARQUE 7.3.– Il est important de noter que si l’on souhaite intégrer une
contrainte d’α-stabilité, il est nécessaire de l’introduire dans la synthèse du
correcteur initial. En effet, de par la propriété fondamentale de la paramétrisation de
Youla, les pôles de G ne sont pas modifiés par l’interconnexion de Q.
AQ BQ
Q = [7.60]
CQ DQ
0 I (r −1)× n y 0
Q= 0 0 I ny [7.62]
Q Qr −1 " Q1 Q0
r
yˆ [k ]
y [k ] = #
~ [7.63]
yˆ [k − r ]
7.6. Algorithme
L’utilisation des concepts développés dans les paragraphes précédents aboutit à
une méthode concrète de synthèse de loi de commande satisfaisant simultanément
un ensemble de critères.
REMARQUE 7.4.– D’un point de vue pratique, on peut supposer que la qualité des
résultats dépend du correcteur initial. La première étape de la synthèse peut donc faire
appel à une synthèse conservative utilisant une fonction de Lyapunov unique
[SCH 97], ou une synthèse monocritère garantissant déjà un des objectifs de synthèse
[CLE 99].
Le système est un bras flexible, d’un mètre de longueur, constitué de deux lames
d’aluminium reliées entre elles par dix pontons régulièrement espacés. Ce bras est fixé
par une de ses extrémités à un axe vertical. L’axe peut être mis en rotation par un
moteur à courant continu, qui fait décrire au bras un mouvement circulaire dans le plan
horizontal (figure 7.9). L’extrémité libre du bras peut recevoir une charge dont la
masse varie de 0 g à 75 g et la position de cette extrémité est mesurée par un capteur à
infrarouge. Ce système a donc pour entrée la commande u de l’asservissement
analogique de la position du moteur, et pour sortie y la position de l’extrémité libre
du bras, mesurée par le capteur.
252 Conception de commandes robustes
La modélisation tient compte des trois premiers modes de résonance qui sont très
peu amortis. La fréquence de Shannon a donc été choisie entre le 3e et le 4e mode.
La période d’échantillonnage est Te = 70 ms. Les modèles identifiés sont d’ordre 6
[LAN 96] et correspondent à la fonction de transfert :
( )
H z −1 =
b2 z −2 + b3 z −3 + b4 z −4 + b5 z −5 + b6 z −6
1 + a1 z −1 + a2 z − 2 + a3 z − 3 + a4 z − 4 + a5 z − 5 + a6 z − 6
[7.64]
Les coefficients et les réponses fréquentielles des trois modèles sont donnés dans
le tableau 7.1 et la figure 7.10 respectivement.
7.7.2. Spécifications
Les études faites au laboratoire d’automatique de Grenoble ont montré qu’il était
nécessaire de calibrer la fonction de sensibilité perturbation-sortie [7.65]
essentiellement pour des raisons de robustesse par rapport aux variations des
paramètres :
S = (I − KH )−1 [7.65]
K S = K (I − KH )−1 [7.66]
Le régulateur doit être calculé de façon à tenir les spécifications suivantes pour
les trois charges :
1) maximum de la fonction de sensibilité perturbation-sortie :
- S ≤ 6 dB (soit une marge de module supérieure à 0,5) ;
2) maximum de la fonction de sensibilité perturbation-commande :
254 Conception de commandes robustes
(
min γ / Tw1 → z 2
∞
< γ et α − stabilité ) [7.67]
Tw → z
W1S
min γ 1 + γ 2 / = 1 1 < γ 1 et Tr →ε < γ 2 [7.68]
2 ∞
W KS T ∞
w1 → z 2 ∞
Afin d’obtenir des résultats probants, un paramètre de Youla sous forme de filtre
FIR d’ordre 4 a été utilisé.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau 7.2. Ils sont très satisfaisant si
l’on se réfère aux objectifs et aux résultats obtenus par d’autres méthodes [LAN 96].
L’indice de performance défini dans [LAN 96] est de 97 %.
Domaine fréquentiel
S KS ∆τ (ms)
Objectifs 2 6/3 70
0.535 z − 0.465
W1 bis ( z ) = [7.70]
z −1
Tw → z
W1 S
min γ 1 / = 1 1 < γ et T
w2 → z4 ∞ < γ 2 [7.71]
W2 KS ∞ Tw → z 1
1 2 ∞
W1S Tw1 → z1
= < γ1
min γ 1 + γ 2 / W2 KS ∞ Tw1 → z2 ∞ [7.72]
W1bis Sbis ∞ = Tr → z3 ∞ < γ 2
Afin d’obtenir des résultats probants, un paramètre de Youla sous forme de filtre
FIR d’ordre 4 a été utilisé.
Synthèse multicritère par retour de sortie 261
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau 7.3. Ils sont très satisfaisants
si l’on se réfère aux objectifs et aux résultats obtenus par d’autres méthodes.
L’indice de performance est de 98 %.
Domaine fréquentiel
S KS ∆τ (ms)
Objectifs 2 6/3 70
7.8. Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté une approche systématique pour résoudre
le problème de synthèse multicritère. Les critères pris en compte sont de type H∞ ,
H2 , ou α-stabilité, mais cette liste ne doit pas être considérée comme exhaustive
[FOL 97, SCH 97]. Nous utilisons la paramétrisation de Youla, qui permet de se
ramener à un problème d’optimisation par retour statique de sortie sous contraintes
LMI, tandis que la formulation d’un correcteur initial sous forme observateur/retour
d’état permet de limiter l’ordre du correcteur final.
7.9. Remerciements
Ce travail est effectué dans le cadre d’une collaboration entre le CNES, EADS-
Launch Vehicles et Supélec.
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Chapitre 8
8.1. Introduction
Les méthodes d’interpolation constituent une façon très efficace de commander les
systèmes dont la dynamique change avec les conditions de fonctionnement. Depuis la
publication des premiers articles sur ce sujet, il y a presque trente ans, cette approche
a été utilisée avec succès dans de nombreuses applications. En dépit de son succès au
niveau applicatif, l’intérêt théorique pour l’interpolation de compensateurs pour les
systèmes linéaires à paramètres variables (LPV) et pour les systèmes non linéaires n’a
augmenté considérablement que récemment [RUG 91, SHAH 92, SHAM 90].
La plupart des méthodes d’interpolation récentes ont été développées sur la base
d’un ensemble de conditions d’équilibre du système et d’un ensemble de compen-
sateurs linéaires correspondants [KAM 95, LAW 95, RUG 91, SHAM 90]. Dans ce
contexte, les conditions d’équilibre peuvent être paramétrisées par des variables d’in-
terpolation. En supposant que ces variables sont mesurées en temps réel, le compen-
sateur interpolé est un système non linéaire et/ou non stationnaire obtenu par interpo-
lation simple ou par des réalisations non linéaires plus sophistiquées.
Lorsque les modèles nominaux sont linéaires à temps invariant (LTI), les concep-
teurs disposent de techniques linéaires modernes de commande optimale et robuste.
la stabilité du système non stationnaire. Leurs résultats montrent clairement que des
transitions satisfaisantes dépendent non seulement de la « distance » entre points de
fonctionnement, mais aussi de la « proximité » entre les coefficients des compensa-
teurs LTI à interpoler. Leurs méthodes sont, malheureusement, restreintes aux com-
pensateurs d’ordre plein dans le contexte de l’interpolation en espace d’état. De plus,
lorsque l’ensemble de points de fonctionnement est choisi convenablement, le pro-
blème de produire l’ensemble de réalisations d’état correspondant qui soit bien adapté
à l’interpolation constitue un défi et reste ouvert dans le domaine de l’interpolation
classique. D’autre part, les gains ne sont pas les seules variables à interpoler dans le
cas particulier de la structure estimation/commande. L’ensemble des coefficients du
compensateur dépend aussi du modèle en espace d’état du système. Alors, ces coeffi-
cients doivent évoluer conformément à la dynamique du système, c’est-à-dire que les
variations ou non-linéarités significatives du système doivent être compensées conve-
nablement par des ajustements adéquats dans le compensateur.
Dans cette étude, nous proposons une méthode pour dériver un ensemble de trans-
formations linéaires d’espace d’état applicable à la famille originale de correcteurs
linéaires dans le but de minimiser les différences de dynamiques entre des compen-
sateurs de la famille transformée et de respecter la dynamique physique du système.
Par conséquent, le compensateur non linéaire interpolé a une dynamique similaire à
celle de la famille linéaire, ce qui conduit à des restrictions plus faibles sur la limite
supérieure du taux de variation du paramètre qui garantit la stabilité. Dans [LEI 98a],
différentes classes de réalisations satisfaisant la condition de l’équivalence linéaire
locale étendue sont examinées et un support analytique pour un choix approprié de
réalisations du correcteur non linéaire est fourni. Notre méthode est différente de cette
approche dans le sens où les compensateurs équivalents ne sont calculés que pour
l’ensemble de correcteurs linéaires. Des structures estimation/commande sont obte-
nues et il n’y a pas de restrictions sur la stratégie pour les interpoler (sous la condition
que les coefficients du compensateur soient choisis comme fonctions continues de la
variable d’interpolation). En outre, notre méthodologie produit un ensemble de para-
mètres de Youla stables ayant une structure particulière qui tolère une simple inter-
polation linéaire. Les méthodes d’interpolation proposées dans [STI 99] et [STI 00]
qui préservent la stabilité sont donc généralisées pour des compensateurs d’ordre aug-
menté.
pour les problèmes qui nécessitent un ajustement rapide des données du compensateur
en temps réel. Au contraire, pour les structures estimation/commande, en supposant
que le modèle linéaire soit disponible en temps réel, il n’est requis que le stockage
de deux gains statiques et d’un paramètre de Youla pour mettre à jour la dynamique
du correcteur à chaque instant de l’échantillonnage. De plus, dans la pratique, le para-
mètre d’interpolation est généralement choisi comme une fonction des mesures et/ou
des états du système physique. Il est donc intéressant d’estimer efficacement les états
pour tout le domaine de variation du paramètre. Des techniques pratiques pour calcu-
ler les formes estimation/commande pour des compensateurs arbitraires ont été pro-
posées, notamment dans [ALA 99, BEN 85] et références incluses. Néanmoins, ces
méthodes traitent les compensateurs LTI d’une façon séparée et déconnectée qui mène
à un ensemble de transformations d’état qui ne sont pas toujours adaptées au contexte
de l’interpolation.
Ce chapitre est organisé comme suit : dans la section 8.2, nous présentons un algo-
rithme fondé sur les techniques proposées dans [ALA 99] pour le calcul de compen-
sateurs, équivalents du point de vue entrée-sortie, plus adaptés aux techniques d’inter-
polation. La décomposition de Schur de la matrice dynamique en boucle fermée est
essentiellement distincte de celle utilisée dans [ALA 99], ce qui conduit à des trans-
formations d’état bien adaptées à notre contexte. Les difficultés numériques inhérentes
à ce calcul sont aussi discutées et des solutions proposées. Dans la section 8.3, nous
proposons une méthode pour construire des compensateurs adjacents ayant la même
structure d’observateur et conservant un comportement dynamique continu pour cha-
cun de leurs éléments, indépendamment de la stratégie d’interpolation adoptée. Un
ensemble de transformations d’espace d’état des compensateurs est obtenu par conti-
nuation d’une partition choisie des pôles de la boucle fermée. Dans la section 8.4,
enfin, les techniques présentées sont illustrées par des exemples numériques emprun-
tés à la littérature.
Les notations utilisées dans ce chapitre sont standards. La notation R est utilisée
pour l’ensemble des nombres réels et l’indice supérieur T pour la transposition de
matrices. Le spectre d’une matrice M est noté spec(M ). La norme 2 euclidienne pour
les vecteurs et la norme 2 induite (norme spectrale) pour les matrices sont dénotées
||.||. Pour les ensembles, S désigne le complément de S et {φ} l’ensemble vide ou
nul. Pour les variables complexes, λ désigne le conjugué de λ. La notation RH∞
dénote l’ensemble des fonctions de transfert rationnelles réelles qui sont analytiques
en Re(s) > 0, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions de transfert propres rationnelles
et asymptotiquement stables avec des coefficients réels. La réalisation d’état d’une
fonction de transfert G(s) = C(sI − A)−1 B + D est dénotée :
" #
A B
C D
Une méthode d’interpolation de structures 273
Dans cette section, nous rappelons les techniques proposées dans [ALA 99] (para-
graphes 8.2.1 et 8.2.2) permettant de calculer des représentations équivalentes de type
estimation/commande d’un compensateur stabilisant arbitraire associé à un système
donné. Nous proposons aussi un algorithme (une variante d’une méthode présentée
dans [ALA 99]) permettant le calcul de compensateurs équivalents du point de vue
entrée-sortie bien adaptés aux techniques d’interpolation (paragraphes 8.2.3 et 8.2.4).
Les techniques dans [ALA 99] sont générales et prennent en compte des compen-
sateurs à temps discret ou continu et d’ordre réduit, plein ou augmenté. Elles sont
aussi applicables à des systèmes et des correcteurs propres ou non strictement propres.
Cependant, nous sommes intéressés surtout par des compensateurs dont les ordres sont
égaux ou plus grands que l’ordre du système, en particulier les correcteurs de type
H∞ et µ. Les compensateurs d’ordre réduit, les systèmes non strictement propres et
les cas à temps discret sont omis pour simplifier la présentation, mais sont également
traitables par notre technique.
D ÉFINITION 8.1 ([ZHO 96]).– Etant donné un système générique (A, B, C) avec
(A, B) stabilisable et (C, A) détectable, alors il existe des matrices réelles Kc et Kf
telles que les valeurs propres de A − BKc et A − Kf C sont stables. Le compensateur
noté u = K̄(s)y et :
" #
A − BKc − Kf C Kf
K̄(s) = [8.1]
−Kc 0
et :
" #
P11 (s) P12 (s)
P (s) = [8.3]
P21 (s) P22 (s)
274 Conception de commandes robustes
Le système nominal G22 (s), supposé strictement propre sans perte de généralité,
est défini par la représentation d’état stabilisable et détectable suivante :
" #
A B
G22 (s) = [8.4]
C 0
Le problème peut être énoncé comme suit : étant donné les systèmes G22 (s) et
P22 (s) et un compensateur stabilisant initial (figure 8.1a) :
" #
Ak Bk
K(s) = [8.6]
Ck Dk
Une méthode d’interpolation de structures 275
où T est une transformation linéaire inversible, tel que [8.7] soit équivalent à [8.6] du
point de vue entrée-sortie.
de la TFL Ke (s), c’est-à-dire Ke (s) = J11 + J12 Q(I + J22 Q)−1 J21 . De plus,
J(s) peut être défini comme un compensateur de structure estimation/commande pour
276 Conception de commandes robustes
G22 (s) ayant x̂ pour état, où x̂ est un estimé asymptotique de l’état réel x de G22 (s).
En d’autres termes, x − x̂ tend vers 0 lorsque t tend vers l’infini, pour des entrées
exogènes nulles w = 0.
Si nous notons :
" #
Aq Bq
Q(s) = [8.9]
Cq Dq
Le vecteur d’état de [8.11] contient les états du système (ou états physiques), ceux
de l’observateur et ceux du paramètre de Youla : [x; x̂; xq ].
La nouvelle forme de l’espace d’état en boucle fermée [8.13] fait donc intervenir
l’erreur d’estimation x̂ − x :
A − BKc BCq −B(Kc + Dq C) B
−Bq C 0
0 Aq
Tyr (s) = [8.13]
0 0 A − Kf C −B
C 0 0 0
Une méthode d’interpolation de structures 277
A l’aide de ces définitions et notations, nous allons pouvoir écrire des conditions
qui assurent l’équivalence entrée-sortie des représentations [8.6] et [8.7].
Dk = Dq [8.19]
et :
T1 = U2 U1−1 [8.24]
dont l’existence est garantie lorsque les valeurs propres de la boucle fermée sont dis-
tinctes.
Les preuves de ces propositions sont directes en utilisant les relations précédentes
et les propriétés de gouvernabilité ou d’observabilité.
Une autre restriction qui peut réduire le nombre de choix admissibles concerne la
non-séparation des paires de pôles autoconjugués, c’est-à-dire que ces paires doivent
rester dans la même partition de l’ensemble des valeurs propres de la boucle fermée,
si nous cherchons des compensateurs équivalents n’ayant que des coefficients réels.
Notons qu’un tel choix n’est pas toujours possible. Par exemple, si l’on considère les
cas où les pôles de la boucle fermée sont tous complexes et n est impair, alors les
gains auront des coefficients complexes. Pour résoudre ce problème, il est impératif
d’augmenter la dynamique du modèle du système avec quelques modes réels (stables)
ingouvernables ou inobservables ou de changer judicieusement son ordre avant de
concevoir le correcteur. On peut montrer qu’une condition nécessaire pour l’existence
d’une paramétrisation réelle est : le nombre de valeurs propres de la boucle fermée
doit être plus grand ou égal à 2(parité(n)) + parité(nk − n).
et :
λc 0 c 0
0 λc 0 c
Λc =
0
[8.29]
0 λ0c 0
0
0 0 0 λc
sont des blocs qui correspondent, respectivement, à des valeurs propres répétées
réelles λr ≈ λ0r , et complexes λc ≈ λ0c .
Les colonnes de Usc en [8.26] qui correspondent aux valeurs propres distinctes
et aux premières valeurs propres répétées λr , λc et λc sont leurs vecteurs propres
associés et forment une base orthonormée pour le sous-espace invariant associé. Les
colonnes qui restent sont appelées vecteurs propres généralisés. Un ensemble de
colonnes qui contiennent un des vecteurs généralisés constitue une base orthonor-
mée pour un sous-espace invariant de Acl à condition que le vecteur propre respec-
tif qui correspond à la première valeur propre répétée soit inclus. C’est-à-dire qu’un
0
ensemble qui contient le vecteur propre généralisé associé à λ0r , λ0c et/ou λc devrait
aussi contenir le vecteur propre associé à λr , λc et/ou λc . Cependant, un meilleur
conditionnement numérique de T est obtenu généralement si nous ne sélectionnons
aucun vecteur propre généralisé pour composer U et si nous ne sélectionnons aucun
mode double pour Aq . Cette analyse peut être généralisée pour des valeurs propres
multiples.
Puisque la plupart des colonnes de Usc sont des vecteurs propres, la forme bloc-
diagonale [8.27] facilite l’analyse de gouvernabilité et d’observabilité modale (para-
graphe 8.2.3.6). Par contre, une telle analyse serait beaucoup plus compliquée, voire
impossible, en utilisant une forme de Schur triangulaire supérieure.
Une alternative aux formes de Schur réordonnées réelles est d’appliquer en [8.26]
la transformation suivante :
0 0 0
Wsc = Usc J = [u1 uR I R I R
2 u2 u3 u3 u4 u4 u4 uI4 . . .] [8.32]
Λ̃cl = J −1 Λcl J
λR
4 λI4 cR
4 cI4
" # " #
λR λI2 −λI λR −cI4 cR
2 λ3 r3 4 4 4
= diag λ1 , , , , . . .
−λI2 λR
2 0 λ3 0 0 λR
4 λI4
0 0 −λI4 λR
4
[8.33]
Les matrices transformées ne font donc intervenir que des grandeurs réelles.
Si l’on réécrit [8.16] comme suit, on trouve une façon similaire de le partager en
deux problèmes dissociés tout en maintenant le même ordre des matrices :
A + BDk C 0 BCk " #
I
−T I 0 Aq 0 =0 [8.34]
T
Bk C 0 Ak
où la sous-matrice [e1 , . . . , enq ] peut être choisie comme la base canonique de Rnq
de façon à réduire le nombre de coefficients de Q(s) à interpoler. Cet arrangement
revient à séparer nq pôles du paramètre de Youla parmi les nk pôles choisis en [8.36].
Puisque les positions des valeurs propres sont complètement définies par Λk en [8.36]
et [8.37], il devient facile de les identifier.
Etant donné la nouvelle formulation [8.36] à [8.39], les conditions établies dans
les propositions 8.2 et 8.3 deviennent comme suit.
Les propriétés énoncées dans cette proposition fournissent des contraintes qui
doivent être satisfaites pour la construction d’une solution inversible T .
Des expériences calculatoires ont indiqué que de meilleurs résultats dans la procé-
dure d’interpolation et d’estimation physique sont obtenus si l’on respecte les règles
supplémentaires suivantes pour sélectionner la partition de valeurs propres de la
boucle fermée :
– affecter à spec(A−BKc ) les pôles qui sont le moins gouvernable afin de réduire
les gains de retour d’état. De petits gains assurent une certaine « proximité » des pôles
de la boucle ouverte, respectant la dynamique naturelle du système physique ;
– affecter à spec(A− Kf C) les pôles les plus rapides et les moins observables afin
d’avoir une estimation d’état efficace et réduire les gains de l’observateur ;
– affecter à spec(Aq ) des pôles rapides de telle façon que le paramètre de Youla
se comporte comme une transmission directe dans le compensateur.
Si à n’a que des valeurs propres distinctes et si l’on suppose que Acl = à en
−T
[8.26], alors chaque colonne ui de Usc et chaque colonne vi de Usc sont, respective-
ment, un vecteur propre normalisé à droite et à gauche associé à la valeur propre λi .
Une méthode d’interpolation de structures 285
où C = C̃Usc .
Une analyse similaire pour des pôles multiples serait une tâche plus difficile, mais
des extensions sont possibles.
Le triplet (Ã, B̃, C̃) peut donc être utilisé pour analyser l’observabilité et la gou-
vernabilité des modes de la boucle fermée.
−T
P = Usc · ∗Usc = [pij ] [8.42]
où ·∗ dénote la multiplication élément par élément et pij est une mesure de la par-
ticipation relative du j-ième mode dans la i-ième variable d’état. Ce coefficient est
appelé facteur de participation. La somme des facteurs de participation
P associés à
une variable d’état ou à un mode quelconque est égale à 1 : n+n k
p ij = 1, ∀i et
Pn+nk j=1
i=1 pij = 1, ∀j. Il est facile de montrer que pij est égal à la sensibilité de la
valeur propre λj à l’élément aii de la diagonale de la matrice d’état en boucle fer-
∂λ
mée, ∂aiij .
Si les états de la boucle fermée sont ordonnés comme en [8.14], la somme des
amplitudes des n premiers éléments de la j-ième colonne de P donne la participation
totale de λj dans les n états de G(s).
X
n
pj = |pij |, j = 1, . . . , n + nk [8.43]
i=1
peuvent nous aider à choisir une partition des valeurs propres en boucle fermée qui
respecte le comportement dynamique du système physique.
Une méthode d’interpolation de structures 287
Dans ce paragraphe, nous résumons les points présentés et discutés dans les para-
graphes précédents et nous décrivons les étapes principales du calcul d’un compensa-
teur équivalent.
E TAPE 1.– Calculer la matrice hamiltonienne Acl d’après [8.14] et la diagonaliser par
bloc selon [8.26].
E TAPE 2.– Classer les modes de la boucle fermée d’après leur gouvernabilité et leur
observabilité en utilisant [8.40] et [8.41] sur le triplet (Ã, B̃, C̃) défini dans la propo-
sition 8.5.
E TAPE 3.– Classer les modes de la boucle fermée d’après leurs atténuations (partie
réelle).
E TAPE 4.– En se basant sur les résultats des étapes 2 et 3, définir les ensembles de
valeurs propres en boucle fermée suivants :
– Uc = {valeurs propres ingouvernables + faiblement gouvernables} ;
– Uo = {valeurs propres inobservables + faiblement observables} ;
– Sc = {Nc valeurs propres moins gouvernables − Uc }, où le nombre entier Nc
est initialisé tel que Nc + length(Uc ) ≈ n et les paires autoconjuguées ne soient pas
séparées ;
– So = {No valeurs propres les plus observables}, où le nombre entier No est
initialisé tel que No + length(Uo ) ≈ n et les paires autoconjuguées ne soient pas
séparées ;
– Sr = {Nr valeurs propres les plus lents}, où le nombre entier Nr est initialisé
tel que Nr ≈ n et les paires autoconjuguées ne soient pas séparées.
E TAPE 6.– En utilisant seulement les nk valeurs propres restantes {Pc }, redéfinir :
– So = {No valeurs propres les moins observables − Uo }, où le nombre entier No
est initialisé tel que No + length(Uo ) ≈ n et les paires autoconjuguées ne soient pas
séparées ;
288 Conception de commandes robustes
– Sr = {Nr valeurs propres les plus rapides}, où le nombre entier Nr est initialisé
tel que Nr ≈ n et les paires autoconjuguées ne soient pas séparées.
E TAPE 7.– Choisir Po = {So ∩Sr }∪{Uo } l’ensemble des n pôles d’estimation d’état :
– attribuer les nombres entiers 1 ou 2 à ko et kr tels que les paires autoconjuguées
ne soient pas séparées dans les opérations suivantes ;
– si length(Po ) < n, alors : faire alternativement (de façon similaire à l’étape 5)
No ← (No + ko ) et Nr ← (Nr + kr ) ; aller à l’étape 6 ;
– si length(Po ) > n, alors : faire alternativement (comme au-dessus) No ← (No −
ko ) et Nr ← (Nr − kr ) ; aller à l’étape 6.
E TAPE 8.– Choisir les valeurs propres restantes Py = {Pc ∪ Po } comme les pôles du
paramètre de Youla.
E TAPE 9.– Calculer la forme réelle [8.30] et séparer le sous-espace invariant de dimen-
sion nk [8.36] associé aux nk valeurs propres {Py ∪ Pc }.
E TAPE 10.– D’après les positions de {Py } en Λk , calculer un espace invariant de
dimension nk de Aq [8.38] et calculer Aq en utilisant :
−1
Aq = V12 Λk V12 [8.44]
E TAPE 11.– Calculer T [8.39] et ensuite calculer Kc , Kf , Bq , Cq et Dq en utilisant
[8.17], [8.18] et [8.19].
Une mise en œuvre de cet algorithme devrait aussi considérer le fait que certaines
règles peuvent être conflictuelles et ne sont pas obligatoires, alors que d’autres sont
indispensables. Par exemple, on peut jouer sur les relations établies pour le choix de
Pc et Po , dans les étapes 5 et 7, de façon à obtenir length(Pc ) = length(Po ) = n.
En revanche, les conditions autour de modes doubles et de pôles autoconjugués (para-
graphes 8.2.3.2 et 8.2.3.3) doivent être respectées strictement.
Kc = −Ck T − Dk C [8.46]
et :
Q(s) = Dq = Dk [8.47]
Si l’on considère qu’un compensateur équivalent pour P22 (s) est aussi un com-
pensateur équivalent pour P̃ (s), que les deux systèmes incluent des dynamiques fic-
tives (Wi (s) et Wo (s) dans le premier et Aq dans le deuxième) et que généralement
dim(Ap ) = nk (surtout dans les synthèses H∞ et µ), cela suggère de remplacer
G22 (s) par P22 (s) dans cet algorithme. Certainement, quelques inconvénients, comme
le calcul de Aq , Bq et Cq , sont évités en utilisant P22 (s). De plus, le calcul d’un
compensateur équivalent pour P̃ (s) serait impossible en utilisant l’approche hamilto-
nienne (voir les propositions 8.2, 8.3 et 8.4). Cependant, les compensateurs équivalents
ayant Q(s) dynamique présentent aussi quelques avantages qui justifient l’utilisation
de l’approche plus générale adoptée :
– alors que Aq est construit d’après quelques exigences d’estimation, ce qui rend
une estimation physique efficace, Wi (s) et Wo (s) sont déterminés indépendamment
de ces considérations. En d’autres termes, un compensateur équivalent pour P22 (s)
290 Conception de commandes robustes
Bien que la variable d’interpolation soit une fonction du temps dans la mise en
œuvre des compensateurs interpolés, elle est considérée comme un paramètre dans
l’étape de synthèse. Considérons que l’ensemble de points de fonctionnement peut être
paramétrisé par une variable d’interpolation θ ∈ R, laquelle évolue dans un ensemble
compact Θ ⊂ R. Supposons que A(θ), B(θ) et C(θ) en [8.4] et Ap (θ), Bp (θ) et Cp (θ)
en [8.5] sont des fonctions continues sur Θ. Supposons aussi que K(s, θi ) en [8.6]
sont des compensateurs stabilisants conçus sur θ = θi , i = 1, 2, . . . , r. Le principal
objectif d’une procédure d’interpolation est de fournir une loi de transition continue
entre des points de fonctionnement, θi et θi+1 , ∀i = 1, . . . , r − 1, de façon à préserver
la performance obtenue par les compensateurs LTI dans leur voisinage.
Une méthode d’interpolation de structures 291
Les valeurs propres de H(θ̃) sont des fonctions analytiques de θ̃, sauf pour un
nombre fini de points où quelques valeurs propres peuvent avoir une singularité algé-
brique. Loin de ces singularités, les vecteurs propres peuvent être choisis comme fonc-
tions analytiques de θ̃. Ces singularités se produisent lorsque des valeurs propres se
croisent ou subissent des bifurcations sur le chemin θ̃ ∈ [0, 1]. Des bifurcations sont
rencontrées typiquement lorsqu’un mode fait une transition entre réel et complexe
ou devient double et peuvent causer des difficultés calculatoires si elles ne sont pas
manipulées convenablement. Quelques techniques pour traiter ces problèmes sans dif-
ficultés numériques, selon la nature de la singularité, sont présentées dans [LUI 97].
Cependant, puisque les valeurs et vecteurs propres sont calculés et suivis indépen-
damment, le mauvais conditionnement dû à des vecteurs propres presque colinéaires
constitue un inconvénient de la méthode de continuation dans [LUI 97].
Nous proposons l’utilisation d’une méthode similaire pour obtenir les ensembles
correspondants des valeurs propres de matrices hamiltoniennes adjacentes. Au lieu de
292 Conception de commandes robustes
suivre chaque mode indépendamment, l’idée est de suivre séparément chaque sous-
espace invariant sélectionné correspondant à chaque partition choisie du spectre de
l’hamiltonienne. C’est une façon indirecte de suivre un ensemble de modes simulta-
nément. Dans le contexte applicatif de commande de cette étude, cette approche est
plus fiable d’un point de vue calculatoire puisque certains problèmes de bifurcation
et de mauvais conditionnement dus à des vecteurs propres presque colinéaires sont
évités.
et :
" #" # " #
F R V1 V1
= Λk [8.53]
S M V2 V2
T1 F − M T1 + T1 RT1 − S = 0 [8.54]
et :
T3 M − F T3 + T3 ST3 − R = 0 [8.55]
Si nous avons H(θi ) = Acl (θi ), spec(Λn (θi )) = spec(A(θi ) − B(θi )Kc (θi )) et
spec(Λk (θi )) = spec(A(θi ) − B(θi )Kc (θi )) ∪ spec(Aq (θi )) en un point de fonction-
nement θi , alors la continuation de T1 (θi ) et T3 (θi ) est suffisante pour déterminer la
dynamique correspondante au point de fonctionnement adjacent θi+1 .
Une méthode d’interpolation de structures 293
Admettons que [8.50] soit la matrice paramétrée associée à deux points de fonc-
tionnement adjacents, H(θ̃ = 0) = H(0) et H(θ̃ = 1) = H(1). L’équation de
Riccati :
F(T̃ , θ̃) = T̃ (θ̃)F̃ (θ̃) − M̃ (θ̃)T̃ (θ̃) + T̃ (θ̃)R̃(θ̃)T̃ (θ̃) − S̃(θ̃) = 0 [8.56]
et à [8.55] si :
T̃ (θ̃) := T3 (θ̃)
F̃ (θ̃) := (1 − θ̃)F̃ (0) + θ̃F̃ (1) = M (θ̃) := Ak (θ̃)
M̃ (θ̃) := (1 − θ̃)M̃ (0) + θ̃M̃ (1) = F (θ̃) := A(θ̃) + B(θ̃)Dk (θ̃)C(θ̃)
R̃(θ̃) := (1 − θ̃)R̃(0) + θ̃ R̃(1) = S(θ̃) := Bk (θ̃)C(θ̃)
S̃(θ̃) := (1 − θ̃)S̃(0) + θ̃ S̃(1) = R(θ̃) := B(θ̃)Ck (θ̃)
[8.58]
où :
˙
F̃ = F̃ (1) − F̃ (0)
M̃˙ = M̃ (1) − M̃ (0)
[8.60]
R̃˙ = R̃(1) − R̃(0)
˙
S̃ = S̃(1) − S̃(0)
à partir d’une condition initiale T̃ = T̃ (θ̃l+1 )(0) . L’équation [8.61] peut être dévelop-
pée en utilisant le théorème de Taylor. En négligeant les termes d’ordre plus élevé,
la forme étendue de [8.61] à la k-ième itération devient l’approximation au premier
ordre suivante :
F T̃ (θ̃l+1 )(k) + ∆T̃ , θ̃l+1
h i
≈ T̃ (θ̃l+1 )(k) R̃(θ̃l+1 ) − M̃ (θ̃l+1 ) ∆T̃
h i
+ ∆T̃ F̃ (θ̃l+1 ) + R̃(θ̃l+1 )T̃ (θ̃l+1 )(k) + F(T̃ (θ̃l+1 )(k) , θ̃l+1 )
=0
[8.62]
Si T̃ (θ̃l+1 )(k) était exacte, alors F et ∆T̃ seraient nulles. Néanmoins, comme
T̃ (θ̃l+1 )(k) n’est qu’une approximation de T̃ (θ̃l+1 ), l’erreur F est finie. Les valeurs de
la mise à jour sont donc calculées par T̃ (θ̃l+1 )(k+1) = T̃ (θ̃l+1 )(k) + ∆T̃ , où ∆T̃ est
la solution de l’équation de Sylvester [8.62]. Le processus est répété jusqu’au moment
où l’erreur ||F|| est inférieure à une tolérance spécifiée par l’utilisateur. A condition
que θ̃l+1 − θ̃l soit suffisamment petit, l’itération de Newton convergera quadratique-
ment à T̃ (θ̃l+1 ). En outre, lorsque l’échantillonnage est trop ambitieux ou le système
linéaire impliqué dans la solution de l’itération de Newton [8.62] est mal conditionné
(quelques modes correspondant à des partitions différentes sont insuffisamment sépa-
rés en un point donné de la trajectoire de continuation), l’algorithme de Newton peut
ne pas converger ou converger vers une autre solution. Ceci caractérise un saut de
chemin. La probabilité qu’une telle situation se produise dans la pratique est faible.
Une méthode d’interpolation de structures 295
Néanmoins, si elle se produit, elle est transparente pour notre méthode de continua-
tion parce que la trajectoire correcte peut être récupérée facilement en calculant Λn
(ou Λk ) et son complément au cours d’une continuation et en utilisant la propriété que
la somme des valeurs propres d’une matrice est égale à sa trace. Tous les sauts de tra-
jectoire peuvent être détectés et identifiés en comparant la somme des valeurs propres
calculées et la trace de Λn (ou Λk ) en deux intervalles successifs d’échantillonnage.
et :
" # " #−1
T3 (θi+1 ) T3 (θi+1 )
Λk (θi+1 ) = H(θi+1 ) [8.64]
I I
des vecteurs et valeurs propres, les gains Kc (θi+1 ) et Kf (θi+1 ) sont indépendants de
l’arrangement de Λn (θi+1 ) et Λk (θi+1 ). Un possible changement d’ordre des valeurs
propres dans la procédure de diagonalisation (étape 4) affecterait juste les positions
des colonnes de T2 (θi+1 ). Pourtant, l’ordre correct peut être facilement retrouvé en
analysant la proximité entre les valeurs propres de Aq (θi ) et de Aq (θi+1 ).
Il vaut la peine de noter aussi que si nk = n, alors T3 (θ) = T1 (θ)−1 , et il est donc
suffisant d’exécuter un prolongement continu de T1 (θ). En outre, quand il s’agit d’un
ensemble de compensateurs LTI, une fois que l’étape 1 est exécutée au début du pro-
cessus (par exemple, i = 1), seules les étapes 2 et 3 sont nécessaires pour déterminer
la famille entière de transformations linéaires d’état (i = 2, . . . , r). Cette procédure
permet de calculer tout l’ensemble de compensateurs équivalents à partir d’un choix
unique de la partition de valeurs propres en boucle fermée et assure qu’il existe une tra-
jectoire continue qui connecte leurs réalisations d’état du type estimation/commande.
8.3.2. Interpolation
Par rapport aux paramètres de Youla, cette méthodologie produit des matrices
dynamiques Aq bloc-diagonales et stables à chaque point de fonctionnement. Il est
facile de montrer que, dans notre contexte, l’interpolation linéaire de Q(s) est stable.
Supposons que Akq (θi ) et Akq (θi+1 ) soient les k-ièmes blocs composant la diagonale
Une méthode d’interpolation de structures 297
et :
" #
c d
Akq (θ̃ = 1) = , c < 0, c0 < 0 [8.66]
−d c0
est :
nh i h io
λ2 + λ (θ̃ − 1)a − θ̃c + (θ̃ − 1)a0 − θ̃c0
h ih i h i2
+ (θ̃ − 1)a − θ̃c (θ̃ − 1)a0 − θ̃c0 + (θ̃ − 1)b − θ̃d =0 [8.68]
Puisque (θ̃ − 1)x − θ̃y > 0, ∀x, y < 0 et ∀θ̃ ∈ [0, 1], alors tous les coefficients de
[8.68] sont positifs et ses racines sont toujours stables. Cependant, seules trois situa-
tions particulières distinctes pour [8.65] et [8.66] sont possibles : les deux matrices
Akq (0) et Akq (1) n’ont que des valeurs propres réelles (b = 0 et d = 0) ; les deux
Akq (0) et Akq (1) n’ont que des valeurs propres complexes (a = a0 et c = c0 ) ; et Akq (0)
n’a que des valeurs propres réelles et Akq (1) n’a que des valeurs propres complexes
ou vice versa (b = 0 et c = c0 ou d = 0 et a = a0 ). Alors, il est suffisant de mettre
en œuvre une interpolation linéaire des réalisations des Q-paramètres produits par les
méthodes décrites dans les sections précédentes pour assurer que Q(s) ∈ RH∞ sur
un intervalle de transition tout entier.
Enfin, la structure estimation/commande J11 (s) en [8.8] peut être aussi considérée
comme un correcteur stabilisant d’ordre plein pour un système générique (A, B, C).
Ainsi, ce dernier résultat généralise, pour les compensateurs d’ordre augmenté, les
méthodes d’interpolation proposées dans [STI 99] et [STI 00], où respectivement, les
réalisations d’état et les gains de commande et estimation de compensateurs d’ordre
plein sont interpolés de façon à préserver la stabilité du système bouclé.
8.4. Applications
Dans cette section, nous illustrons les algorithmes présentés dans les paragraphes
8.2.4 et 8.3.1.3 par un système simple de deuxième ordre. Un problème plus réaliste
de pilotage automatique d’un missile est ensuite considéré.
298 Conception de commandes robustes
i λi ci oi pi σi
1, 2 −6,16 ± j7,41 1,04 e+7 1,39 139,0 6,16
3 −51,26 5,40 e+6 1,04 61,86 51,3
4 −14,42 2,58 e+7 1,14 324,2 14,4
Comme dans [STI 97b], nous allons aussi considérer les réalisations balancées des
compensateurs :
−9,7 e−6 301,5 0,104
Kb0 (s) = −301,5 −80,0 298,5 [8.78a]
−0,104 298,5 0
−8,2 e−5 38,4 0,163
Kb1 (s) = −38,4 −4,2 36,8 [8.78b]
−0,163 36,8 0
La figure 8.3 montre la localisation des pôles en boucle fermée sur l’intervalle de
transition pour l’interpolation linéaire de Kc et Kf (ou pour les réalisations de Ke0
et Ke1 ) et des réalisations balancées (Kb0 et Kb1 ). Elle illustre le fait que le com-
portement dynamique, sur les points intermédiaires, du système stationnaire bouclé
peut être très dépendant de la réalisation d’état adoptée pour les correcteurs aux points
300 Conception de commandes robustes
Figure 8.3. Localisation des pôles en boucle fermée sur l’intervalle de transition
extrêmes. Remarquons que les trajectoires des pôles sont complètement distinctes, à
l’exception des points terminaux. Ce phénomène affecte aussi le système non station-
naire en boucle fermée qui peut avoir une performance et une stabilité à temps variant
très distinctes.
Les figures 8.4, 8.5 et 8.6 montrent les réponses temporelles du système non sta-
tionnaire bouclé à une perturbation r(t) qui comprend des pulsations rectangulaires de
magnitude unitaire et de durée 0,1 s appliquées en t = 0 et t = 0,4. Les performances
entrée-sortie sont assez semblables pour les deux interpolations, mais le compensateur
formé par l’interpolation de structures estimation/commande a un taux de convergence
d’estimation plus rapide.
Il est facile de montrer que les stratégies qui considèrent l’interpolation linéaire des
pôles, zéros et gains ou des réalisations canoniques originales [8.71] ne garantissent
pas la stabilité. Autrement dit, en utilisant ces approches, le système linéaire bouclé
n’est pas stable pour quelques valeurs « gelées » de θ ∈ [5/6, 7/6] et le système non
stationnaire est instable.
Une méthode d’interpolation de structures 301
Dans [STI 97a, STI 99], Stilwell et Rugh ont considéré l’approche de modelage
de valeurs singulières H∞ (H∞ loop shaping), introduite dans [MAC 90], qui incor-
pore des compromis performance/stabilité robuste pour concevoir des compensateurs
Une méthode d’interpolation de structures 303
LTI ayant une structure estimation/commande. Les gains augmentés de retour et d’es-
timation d’état produits par cette méthode sont déjà appropriés pour l’interpolation
(voir [HYD 93]). Alors, nous les comparerons avec les gains obtenus en appliquant
notre approche sur des réalisations d’état génériques des compensateurs originaux.
Cet exemple permet aussi d’illustrer un autre aspect de notre méthode, car la struc-
ture du pilote automatique n’est pas montrée explicitement dans le diagramme de la
figure 8.1a.
où (Aw , Bw , Cw ) sont les matrices d’espace d’état du système pondéré (shaped plant)
Gw (s) = W (s)G(s). Nous considérons des compensateurs LTI pour α = 0, α = 15
et α = 30, et :
" #
g1 s−z
s
1
0
W (s) = s−z2 [8.80]
0 g2 s−p 2
α (degrés) g1 z1 g2 z2 p2
0 0,163 8 −169,483 8 0,162 3 −7,625 5 −0,634 7
15 0,171 9 −150,532 7 0,271 6 −3,017 5 −1,043 8
30 0,327 6 −105,446 6 0,429 8 −4,004 1 −0,889 8
Nous avons aussi calculé des correcteurs K2e (s) = C2e (s)W (s) équivalents aux
originaux augmentés K o (s) = C o (s)W (s) et aux équivalents augmentés K1e (s) =
C1e (s)W (s). Ce calcul considère le système non pondéré P (s, α) = G(s, α) (nk = 8,
n = 4 et nq = 4) et, selon le paragraphe 8.2.4, fournit des améliorations quant à la
précision des estimations physiques. Donc, nous avons à notre disposition une famille
de transformations T2 (α) qui convertit C1e (s) en C2e (s). Ces derniers correcteurs ne
sont pas explicitement utilisés dans la boucle, mais leurs transformations associées
T2 (α) sont utilisées pour rehausser les estimations des états du système. Les gains
e
du compensateur équivalent, Kc2 et Kfe2 , et les réalisations d’état des paramètres de
e
Youla pour C2 (s) sont présentés dans les tableaux 8.4 et 8.5.
Une méthode d’interpolation de structures 305
α o ]T
[Kc Ko e ]T
[−Kc1 −K e
f f1
−27,76 −0,936 0,952 −27,84 −0,919 0,907
0,029 2 11,07 −23,91 0,029 3 11,04 −23,81
5,187 11,16 −24,26 5,194 11,14 −24,19
0
0,407 103,14 −398,90 0,407 113,78 −426,63
−0,420 −5,21 34,57 −0,415 5,229 7,144
−0,001 8 −200,45 −1 125,0 −0,001 6 −501,98 −312,61
−25,87 −1,540 0,694 −25,91 −1,516 0,655
0,010 7 9,744 −10,12 0,010 7 9,727 −10,10
4,014 9,785 −10,31 4,035 9,782 −10,31
15
0,456 56,8 −221,15 0,455 72,09 −246,69
−0,485 −11,17 39,43 −0,472 5,032 12,64
−0,002 1 119,76 −1 816,9 −0,001 8 −568,8 −704,1
−34,55 −1,01 0,559 −37,74 −0,974 0,461
0,028 9 5,401 −7,900 0,031 6 5,211 −7,393
5,812 5,425 −8,086 6,490 5,240 −7,594
30
0,650 35,02 −238,85 0,702 40,93 −257,68
−0,689 −10,31 64,68 −0,760 7,614 14,95
−0,002 8 121,62 −2 367,2 −0,002 5 −863,95 127,36
α [Kc2
e T
] Kfe2
−7,05 e−3 0,024 2 1,091
−1,78 e−3 27,73 99,26
0
−9,70 e−1 0,293 −0,952
−7,44 e−3 −127,97 15,43
4,90 e−2 0,021 4 1,075
1,97 e−3 23,81 84,92
15
−9,72 e−1 0,525 −2,967
−7,08 e−3 −187,59 110,00
1,03 e−1 −0,006 95 1,102
4,81 e−3 −8,30 128,08
30
−9,58 e−1 −0,975 −5,449
−6,17 e−3 −33,80 −197,01
Les valeurs des pôles en boucle fermée et leur distribution pour tous les com-
pensateurs et tous les points de fonctionnement sont présentées dans les tableaux
o
8.6 et 8.7, où Ctr = Aw + Bw Kco , Obs o
= Aw + Kfo Cw , Ctr1 e
= Aw − Bw Kc1 e
,
Obs1 = Aw − Kf 1 Cw , Ctr2 = A − BKc2 et Obs2 = A − Kf 2 Cw , avec (A, B, C) les
e e e e e e
306 Conception de commandes robustes
α Q(s)
−102,36 110,08 0 0 6 451,5 −16 470,0
−110,08 −102,36 0 0 −3 872,1 8 821,4
0 0 0 −12,64 9,051 5 273,9 271,91
0 0 −9,051 −12,64 −427,97 1 431,1
−3,694 e−3 −7,994 e−4 5,294 e−5 1,803 e−5 0 0
−100,16 112,06 0 0 5 967,9 −15 983,0
−112,06 −100,16 0 0 −3 330,6 8 349,0
15 0 0 −15,98 11,71 5 700,5 −262,66
0 0 −11,71 −15,98 1 809,3 889,86
−3,524 e−3 −7,599 e−4 5,878 e−5 4,526 e−5 0 0
−98,24 123,43 0 0 155,84 −4 322,6
−123,43 −98,24 0 0 9 918,8 −39 712,0
30 0 0 −16,06 11,26 4 872,3 83,31
0 0 −11,26 −16,06 −2 035,4 1 150,8
1,730 e−3 −3,179 e−3 1,555 e−4 −6,156 e−5 0 0
matrices d’espace d’état de G(s). Quelques modes doubles ou « presque » doubles ont
interféré sur le choix de la partition initiale des pôles. Pourtant, il y a une distribution
cohérente pour tous les points de fonctionnement.
Pôles α=0 α = 15 α = 30
1 −0,634 7 −1,043 8 −0,889 75
2 −0,634 7 −1,043 8 −0,889 75
3, 4 −10,534 ± j8,287 9 −12,397 ± j9,712 4 −11,404 ± j8,554 8
5, 6 −12,636 ± j9,050 9 −15,984 ± j11,708 −16,063 ± j11,259
7 −21,547 −26,064 −48,670
8 −100,17 −87,787 −134,86
9, 10 −102,36 ± j110,08 −100,16 ± j112,06 −98,243 ± j123,43
11, 12 −104,49 ± j107,75 −103,60 ± j108,76 −101,86 ± j111,39
Pôles o )
spec(Ctr o )
spec(Obs e )
spec(Ctr1 e )
spec(Obs1 e )
spec(Ctr2 e )
spec(Obs2 spec(Aq )
1 * * *
2 * * *
3, 4 * * *
5, 6 * * *
7 * * *
8 * * *
9, 10 * * *
11, 12 * * *
Les figures 8.13 et 8.14 montrent les réponses en boucle fermée du modèle non
linéaire à une séquence d’entrées en échelon, en considérant l’interpolation linéaire
des gains de retour d’état et d’estimation de K1e (s) et des matrices d’espace d’état
de K o (s). L’amplitude des excitations a été choisie telle que α couvre la plupart du
domaine d’interpolation et que les conditions en régime permanent soient différentes
d’un point de conception. Dans ce cas, les réponses temporelles du pilote automa-
tique qui utilise l’interpolation des matrices présentent un plus grand dépassement et
310 Conception de commandes robustes
un plus petit facteur d’amortissement. L’estimation 2 dans la figure 8.14 a été obte-
nue en appliquant sur les états du correcteur C1e (s, α) une transformation linéaire qui
consiste en une interpolation linéaire de T2 (α). Ce résultat montre que l’estimation de
α peut être améliorée lorsque cette variable n’est pas mesurée. Les figures 8.15 et 8.16
montrent la migration des pôles dominants en boucle fermée (3 et 5 ou 4 et 6) d’un
point de fonctionnement à l’autre, d’après les trajectoires de α dans la figure 8.14.
e
Pour l’interpolation des gains Kc1 et Kfe1 , ce lieu des racines est moins dispersé et
présente de plus petites variations sur la fréquence naturelle non amortie (ωn ) et sur le
facteur d’amortissement (ζ).
8.5. Conclusion
conçu sur un point de fonctionnement donné, soit séparé en deux parties : une esti-
mation de l’état du système et l’état du paramètre de Youla. Un algorithme simple et
stable numériquement est introduit dans ce but. Deuxièmement, une continuation ana-
lytique des sous-espaces invariants sélectionnés est exécutée pour obtenir une famille
homogène de transformations d’état. Un algorithme fondé sur une technique de conti-
nuation d’Euler-Newton de deux équations de Riccati généralisées, non symétriques
et rectangulaires a été construit. Des problèmes numériques sont aussi discutés et des
solutions sont proposées pour une mise en œuvre systématique de l’algorithme global.
Un exemple simple et un problème plus réaliste de pilotage d’un missile ont été
présentés pour démontrer les avantages de la méthode : en utilisant une stratégie d’in-
terpolation linéaire simple, nous avons obtenu des transitions régulières entre correc-
teurs et une bonne estimation physique. Puisque le « placement » des compensateurs
LTI et la stratégie d’interpolation ont été déterminés, ces avantages sont généralement
indépendants des représentations d’état du compensateur original, mais peuvent être
très dépendants d’autres propriétés du correcteur. Par exemple, un grand nombre de
modes doubles en boucle fermée, résultant de correcteurs peu appropriés, peuvent
défavoriser la performance de l’approche.
compensateur d’ordre plein qui assurent la stabilité peuvent être appliquées dans ce
contexte sans perte de leurs propriétés. Cependant, les schémas de commande où les
fonctions de pondération sont dans la boucle posent quelques limitations pour l’utili-
sation de l’approche du paramètre de Youla dynamique. Dans ce cas, la fonction de
pondération devient implicite dans les réalisations des compensateurs transformés et
sa structure est perdue dans la procédure d’interpolation. Donc, la méthode proposée
doit être utilisée avec précaution dans cette situation particulière.
8.6. Bibliographie
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pensators », International Journal on Robust Nonlinear Control, vol. 9, p. 101-118, 1999.
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Chapitre 9
9.1. Introduction
Ce chapitre est organisé comme suit. Dans la section 9.2, nous rappelons un
certain nombre de résultats fondamentaux concernant les méthodes MPC. Nous
présentons tout d’abord le modèle de type réponse impulsionnelle finie (RIF) et
montrons comment la prédiction y(k + i/k) à i pas de la sortie peut être décomposée
en deux parties :
Comme il est bien connu, la sortie y(k) d’un système linéaire causal peut
s’exprimer comme la convolution de sa réponse impulsionnelle avec l’entrée u(k) :
∞
y(k) = Σ hj u(k-j) [9.2]
j=1
compte en annulant les coefficients hj pour j = 0, ..., d – 1. Dans le cas d’un système
stable, la somme intervenant dans [9.2] peut être tronquée à l’ordre n :
n
y ( k ) = ∑ h j u ( k − j) + e ( k ) = H ( q ) u ( k ) + e ( k ) [9.3]
j=1
Dans la méthode PFC (Predictive Functional Control) [RIC 87], cette erreur est
prédite en utilisant un modèle polynomial :
M
Σ
m
e(k+i/k) = e(k) + α m(k) i [9.7]
m=1
u(k)
u(k + 1)
U(k) = [9.11]
u(k+Np-1)
Le vecteur Yl(k) est calculé à l’aide des équations [9.8] et [9.6] ou [9.7], et la
matrice H, de dimensions (Np, Np) se déduit facilement de l’expression [9.8] de
yf(k + i/k) :
h1 0 0
h2 h1 0
H= [9.12]
hNp hNp-1 h1
Np Np-1
Σ Σ
2 2
J2 (U(k)) = y(k+i/k)-r(k+i) + λ(i) u (k+i) [9.13]
i=N1 i=0
λ(i) > 0 est une pondération, considérée en général constante et égale à λ, qui
permet de réaliser un compromis entre la qualité de la poursuite de la consigne et le
coût énergétique, mesurés respectivement à l’aide de la première et de la deuxième
sommes du critère. L’horizon de prédiction [k + N1, k + Np] représente l’intervalle
de temps sur lequel on minimise les écarts quadratiques entre la sortie prédite et
celle désirée ; dans la suite, nous supposerons que N1 = 1.
T
Définissant le vecteur de la trajectoire de référence R(k) = [r(k + 1) ...r(k + N p]
sur l’horizon de prédiction, le critère J2(U(k)) peut être réécrit sous la forme
matricielle suivante :
où Λ est une matrice de pondération diagonale, définie positive, dont les éléments
diagonaux sont les coefficients λ(i) et où || · || représente la norme euclidienne.
Omettant l’indice temporel pour simplifier l’écriture et utilisant la décomposition
[9.10] du prédicteur, J2(U) s’écrit aussi :
A = H H + Λ,
T T T
b = H [Y1 - R] , c = [Y1 - R] [Y1 - R] [9.16]
∂J2 (U) = 2 AU + b = 0
∇J2 (U) = [9.17]
∂U
U = – A b = [H H + Λ] H (R – Y1)
-1 T -1 T
[9.18]
cas des algorithmes DMC et GPC, qui s’expriment en fonction des incréments de
commande δu(k + i) définis comme :
324 Conception de commandes robustes
La loi de commande [9.18] est facile à mettre en œuvre sur le plan numérique.
Toutefois, cette mise en œuvre doit être précédée d’une phase de réglage des
paramètres de synthèse du correcteur, qui caractérisent le prédicteur de l’erreur de
modélisation, le modèle de référence (en général choisi comme un modèle du
premier ordre) et le critère de performance (horizons de prédiction N p et de
commande Nu et pondération λ).
Même si, depuis deux décades, les méthodes MPC ont largement fait la preuve
de leur grande efficacité à travers de nombreuses applications industrielles
[BEC 99, RIC 93b, SAN 99], plusieurs questions fondamentales continuent de
faire l’objet de nombreux travaux de recherche :
– choix des paramètres de synthèse et influence de ces paramètres sur les
performances et la stabilité du système en boucle fermée (BF) ;
– prise en compte explicite de contraintes sur les signaux d’entrée/sortie, au
niveau de l’optimisation du critère de performance ;
– influence des incertitudes du modèle du processus sur les performances en BF,
et prise en compte de ces incertitudes au niveau de la synthèse du correcteur.
9.2.3.1. Stabilité en BF
Dans [ROG 88] et [GOR 87], une analyse de la stabilité du système en BF est
effectuée pour les algorithmes GPC [CLA 87] et GPC/MRM [IRV 86]
respectivement, mettant en évidence la relation complexe qui lie les pôles du système
en BF aux paramètres de réglage du correcteur. Les propriétés stabilisantes de la
commande GPC sont étudiées dans [BIT 89], via une interprétation en tant que
problème de commande optimale LQ (linéaire quadratique). Toutefois, cette approche
Modélisation de Laguerre 325
basée sur le formalisme LQ ne permet pas de prendre en compte des contraintes sur
les signaux d’entrée/sortie. Deux solutions ont été proposées pour assurer la stabilité
en BF avec une commande GPC : la première consiste à prendre en compte des
contraintes terminales sur la sortie [CLA 91, MOS 92, SCO 94]. La deuxième, appelée
Stable Generalized Predictive Control (SGPC) [KOU 92], consiste à déterminer tout
d’abord un correcteur stabilisant le système de façon interne, puis à optimiser le critère
J2(U), non pas vis-à-vis d’une séquence de commandes futures, mais par rapport aux
valeurs futures de la trajectoire de référence. Cette idée de séparer le problème de
stabilisation de celui de l’optimisation du signal de consigne a également été utilisée
dans le cas avec contraintes [BEM 94]. Cette stratégie a pour effet de lisser la
trajectoire de référence et d’éviter ainsi des violations de contraintes pouvant résulter
de changements brusques de consigne.
les contraintes terminales peuvent être réécrites sous la forme matricielle suivante :
hNp+1 hNp h2
hNp+2 hNp+1 h3
Hc = [9.24]
um ≤ u(k + i) ≤ uM ∀i ∈ [0, Np – 1]
δum ≤ δu(k + i) ≤ δuM ∀i ∈ [0, Np – 1] [9.31]
ym ≤ y(k + i) ≤ yM ∀i ∈ [1, Np]
Cet ensemble de contraintes peut être écrit sous forme matricielle en fonction du
vecteur U des commandes futures. Définissant les vecteurs de dimension Np :
T T
UM = [uM, ... , uM] , Um = [um, ... , um] ,
δUM = [δuM, ... , δuM] , δUm = [δum, ... , δum]
T T
[9.32]
et remplaçant les sorties y(k + i) par leurs valeurs prédites y(k + i/k) mises sous la
forme décomposée [9.10], les inégalités [9.31] s’écrivent sous la forme matricielle
suivante :
ΓU≤V [9.33]
avec :
INp UM
-INp u(k-1) 1 0 0
-Um
0 -1 1 0
Γ= D , V= δUM+V0
, V0 = , D= 0
-D -δUm-V0
0
H YM-Y1
0 0 0 -1 1
-Ym+Y1
-H
[9.34]
où INp est la matrice identité d’ordre Np.
Dans le cas des algorithmes DMC et GPC, la prédiction de la sortie est obtenue
en utilisant respectivement un modèle de type réponse indicielle et un modèle
328 Conception de commandes robustes
Remarquant que :
i
u(k+i) = Σ δu(k+i-j) + u(k-1) = 1 ... 1 0 ... 0
T
δU + u(k-1) [9.36]
j=0 i+1 Np-i-1
on a :
U = D1 δU + V1 [9.37]
avec :
u(k-1)
δu(k) 1 0 0
u(k-1)
δU = δu(k+1) , D1 = 1 1 , V1 = [9.38]
0
δu(k+Np-1) 1 1 1
u(k-1)
Les contraintes [9.31] peuvent ainsi être écrites en fonction du vecteur δU des
incréments de commande futurs :
Γ δU ≤ V [9.39]
avec :
INp δUM
-INp -δUm
D1 UM-V1
Γ= , V= , H1 = H D1 [9.40]
-D1 -Um+V1
H1 YM-Y1 -HV1
-H1 -Ym+Y1 +HV1
La prise en compte des contraintes [9.33] de type inégalité, sur les signaux
d’entrée/sortie, conduit à la résolution du problème d’optimisation sous contraintes
suivant :
T T
Min J2 (U) = U AU + 2b U + c [9.41]
U ∈Ψ
Ψ = {U / Γ U ≤ V} [9.42]
est strictement convexe. D’autre part, les contraintes [9.42] étant linéaires, elles
Modélisation de Laguerre 329
Θ = {θ ∈ ℜ θ : (θ - θ ) Σ (θ - θ ) ≤ 1}
n T -1
[9.43]
{
Θ = θ ∈ ℜnθ : θi = θi + ε θ i ∆θi , ε θ i ∈ [−1,1],i = 1,..., nθ } [9.44]
εθi caractérise l’incertitude relative au paramètre θi, tandis que θmin,i et θmax,i
représentent les bornes relatives à ce paramètre :
Le système à commander étant supposé décrit de façon exacte par l’un des
modèles de la famille F, une stratégie MPC robuste (RMPC) consiste à prendre en
compte les incertitudes paramétriques au niveau de la synthèse de la loi de
commande, de telle façon que les performances désirées soient satisfaites quel que
soit le modèle de la famille F. Ceci conduit à une stratégie du pire cas, basée sur la
minimisation d’un critère de la forme :
Ce type d’algorithme RMPC a été proposé pour la première fois par [CAM 87],
en utilisant une famille F de modèles définie à partir d’une combinaison linéaire
d’un nombre fini de réponses impulsionnelles connues, avec des pondérations
inconnues mais bornées et un critère du type norme ∞ :
J ( U, θ ) = Y ( k ) − R ( k ) ∞ = Max y (k + i k ) − r (k + i )
[9.48]
i = 1, ..., N p
θ associé au pire cas, sur l’horizon de prédiction. Cette remarque est prise en
compte par [LEE 97] qui proposent de minimiser le critère suivant :
Dans [KOT 96], le problème d’optimisation min-max [9.47] est envisagé avec un
modèle d’état incertain et un critère quadratique. Au lieu d’optimiser une séquence de
commandes futures, la solution proposée consiste à déterminer, à chaque instant
d’échantillonnage, une matrice constante de gain de retour d’état qui minimise une
borne supérieure du critère. Pour une description tout à fait générale des incertitudes
paramétriques, la loi de commande résultante se ramène à la résolution d’un problème
d’optimisation LMI, c’est-à-dire faisant intervenir des inégalités matricielles linéaires,
problème pour lequel des solutions numériquement efficaces existent.
Dans la section 9.4, nous décrivons plusieurs algorithmes RMPC basés sur
l’utilisation d’une modélisation de Laguerre et de trois normes différentes au niveau
du critère de performance.
La plupart des méthodes RMPC développées à ce jour sont basées sur l’utilisation
d’un modèle incertain du type RIF. Ce type de modèle présente l’inconvénient de
nécessiter, en général, un nombre élevé de coefficients, ce qui a pour effet de rendre
complexe l’identification du domaine d’incertitude paramétrique d’une part, et le
calcul de la loi de commande RMPC d’autre part. Pour cette raison, [GUT 95] ont
332 Conception de commandes robustes
proposé un algorithme RMPC basé sur une modélisation CARMA, dont le nombre de
paramètres est généralement beaucoup plus petit que celui d’un modèle RIF, et la
minimisation d’un critère quadratique. Cependant, le critère à minimiser n’étant pas
convexe vis-à-vis des coefficients de la partie AR du modèle, le problème
d’optimisation ne peut être simplifié en se limitant à la recherche de la solution en l’un
des sommets de l’orthotope qui caractérise le domaine d’incertitude. La solution
adoptée par [GUT 95] consiste alors en une discrétisation de l’espace paramétrique
relativement aux paramètres AR, de façon à assurer la finitude des calculs, mais ceci
ne permet pas de garantir l’optimalité du signal de commande par rapport au problème
min-max original. Ces remarques nous ont conduits à développer des algorithmes
RMPC utilisant une modélisation de Laguerre [OLI 96]. Ce type de modèle obtenu à
partir du développement de la réponse impulsionnelle sur une base de fonctions
orthonormales présente plusieurs avantages : il est insensible au choix de la période
d’échantillonnage ; il ne nécessite pas une connaissance a priori du retard du système ;
il fait intervenir en général un nombre peu élevé de paramètres ; lors d’une
augmentation de l’ordre du modèle, les premiers coefficients du développement
restent quasiment inchangés ; d’autre part, comme nous allons le voir, la convexité du
critère J(U,θ) vis-à-vis des paramètres incertains de Laguerre est assurée, ce qui
permet de simplifier l’optimisation min-max.
Dans ce qui suit, nous considérons la classe des systèmes linéaires à temps
discret, causaux, stables et invariants dans le temps. La réponse impulsionnelle de
ce type de système peut être développée en série sur une base de fonctions
orthonormales {φi(j)}, comme :
∞
h(j) = Σ ci φ i(j) [9.50]
i=1
et par suite, la sortie du système peut s’écrire sous la forme opératorielle suivante :
∞
y(k) = Σ ciΦ i(q) u(k)
i=1
[9.56]
( 1-p 2 ) z -1 z -1 - p i-1
Li(z) = , p <1 [9.58]
1 - pz -1 1 - pz -1
tout d’ordre (i – 1). Elle dépend du paramètre p, appelé pôle de Laguerre. A partir de
la formule de définition [9.58], il est facile de déduire la relation de récurrence
suivante, liant les filtres de Laguerre d’ordres i et i – 1, mis sous forme opératorielle :
-1
Li(q) = q - p-1 Li-1(q) , i ≥2 [9.59]
1 - pq
avec, pour i = 1 :
L (q ) =
( 1− p )q 2 −1
[9.60]
1 − pq −1
1
T T
C = [c1 ... cn ] , X(k) = [s1(k) ... sn(k)] [9.65]
– pour i = 2 :
s2 (k) = p s2 (k-1) + s1 (k-1) - p s1 (k) ; [9.70]
ou encore, en substituant [9.69] dans [9.70] :
s 2 ( k ) = p s 2 ( k − 1) + (1 − p 2 ) s1 ( k − 1) − p 1 − p 2 u ( k − 1) [9.71]
– pour i = 3, on a :
s3 ( k ) = p s3 ( k − 1) + (1 − p 2 ) s 2 ( k − 1) − p (1 − p2 ) s1 ( k − 1) + p 2 1 − p 2 u ( k − 1) [9.72]
s n ( k ) = p s n ( k − 1) + ∑ ( −p ) (1 − p ) s (k − 1) + (−p )
2
n− j
n −1
1 − p 2 u ( k − 1) [9.73]
j=1
336 Conception de commandes robustes
0
(-p) (1-p )
n-2 2 2
1- p p
1
-p
p2
b = 1-p 2 [9.75]
n-1
(-p)
∞ n 2
Le pôle optimal au sens de ce critère est donné par une expression analytique
simple.
Modélisation de Laguerre 337
-i
Li (q) = q [9.78]
Dans le cas d’un système possédant un retard pur important, pouvant varier
entre d1T et d2T, [FIN 93] suggèrent d’utiliser un modèle dit de Markov-Laguerre,
du fait qu’il combine les fonctions de base de Laguerre [9.58] et celles de la base
polynomiale [9.78]. La fonction de transfert opératorielle du système est alors
développée sous la forme suivante :
d2 ∞
H(q) = Σ cj q + Σ
-j -d 2
cd +j
2
Lj(q) q [9.80]
j=d 1 j=1
Dans le cas d’un système résonant, avec une dynamique dominante du second
ordre, il est possible d’utiliser comme base de développement φi(j) la base des
fonctions de Kautz discrètes, caractérisées par une paire de pôles complexes
conjugués. Récemment, de nouvelles bases orthonormales dites généralisées ont été
introduites de façon à permettre la prise en compte a priori d’un nombre
quelconque de dynamiques du système à modéliser [HEU 95, NIN 97]. Dans cette
dernière référence, les fonctions de base sont définies par :
Φ i (q ) =
(
1 − pi
2
)
i −1 q −1 − p m
q ∏
−1
−1
−1 [9.81]
1 − pi q m =1 1 − p m q
Les modèles RIF, de Laguerre et de Kautz, peuvent être obtenus comme des cas
particuliers de cette base orthonormale généralisée.
i −1
li ( j) = 1 − p 2 ∑ ( −p ) Cim−1Cij−+1m −1p j−i + mυ ( j − i + m )
m
[9.82]
m=0
où υ(j) est la fonction échelon unité et Cij le coefficient binomial égal à i! pour
j! (i-j)!
0 ≤ j ≤ i, et à 0 sinon.
Ils peuvent aussi être déterminés à travers une étape d’estimation paramétrique.
Les équations d’état [9.74] sont alors simulées avec une séquence d’entrée {u(k)}
quelconque, puis le vecteur C des coefficients de Laguerre est estimé en appliquant
la méthode des moindres carrés à l’équation de mesure déduite de [9.66] :
{
C = c ∈ ℜn : ci = ci + εci ∆ci , εci ∈ [−1, 1],i = 1,..., n } [9.85]
C (ε ) = C + δC (ε ) [9.89]
où :
C = c1 ... c n , δC (ε ) = ε c1 ∆c1 ,..., ε cn ∆c n
T T
[9.90]
Dans le premier cas, l’erreur de modélisation, i.e. l’écart ξ(k) entre la sortie
mesurée du système à identifier et celle du modèle de Laguerre :
T
H1(k) = {C / X (k) C = y(k) – emax(k)} [9.94]
T
H2(k) = {C / X (k) C = y(k) + emax(k)} [9.95]
S = ∩ (H 1 (k) ∩ H 2 (k))
+ +
[9.96]
k=1
où :
+
H 1 (k) = {C / X (k) C ≥ y(k) - e
T
max(k) } [9.97]
+
H 2 (k) = {C / X (k) C ≤ y(k) + e
T
}
max(k) [9.98]
m
impulsionnelle {h (k)} :
∞
c i = Σ h (j) l i(j)
m m
[9.99]
j=0
m m
cmin, i = min c i , cmax, i = max c i ; i = 1, ... , n [9.100]
m m
Comme nous l’avons vu dans les sections 9.1 et 9.2, les méthodes de commande
MPC utilisent les prédictions y(k + i/k) de la sortie du système sur l’horizon de
prédiction [k + 1, k + Np]. Dans ce qui suit, nous déterminons le prédicteur à i pas
de la sortie, construit sur un modèle de Laguerre mis sous forme incrémentale. En
supposant l’erreur de modélisation ξ(k) négligeable et après multiplication par le
polynôme ∆(q) = 1 – q , les équations [9.74] et [9.83] s’écrivent sous la forme
-1
incrémentale suivante :
où y(k + i/k) signifie que la prédiction à l’instant (k + i)T est calculée à partir des
mesures de la sortie effectuées jusqu’à l’instant kT.
ou encore :
342 Conception de commandes robustes
i
i− j
y ( k + i k ) = y ( k ) + CT ∑ A jδX ( k ) + CT ∑ ∑ Am b δu ( k + j − 1)
L
[9.109]
j=1 j=1 m = 0
Définissant :
i
Ki = Σ A pour i ≥ 0
j
et Ki = 0 pour i < 0 [9.110]
j=0
nous obtenons :
i
Σ
T T
y(k+i/k) = y(k) + C Ki - In δX(k) + C Ki-j b δu(k+j-1) [9.111]
j=1
i
Σ
T
yf (k+i/k) = C Ki-j b δu(k+j-1) [9.113]
j=1
où le vecteur Yl(k) peut être calculé en utilisant [9.112] pour i = 1, ..., N p, δU(k) est
le vecteur des incréments de commande, de dimension Np :
Modélisation de Laguerre 343
g1 0 0
g2 g1 0
G= [9.116]
gNp gNp -1 g1
où :
T
gi = C Ki-1 b [9.117]
T j-1
En utilisant la définition [9.110] de Ki et en notant que hj = C A b, on a :
i-1 i
gi = Σ C A b = Σ hj
T j
[9.118]
j=0 j=1
Dans le cas d’un modèle incertain de Laguerre, décrit par les équations [9.87]-
[9.88], nous avons vu que les incertitudes paramétriques désignées par ε sont
localisées uniquement au niveau du vecteur C. Le prédicteur à i pas de la sortie se
décompose alors en :
i
yf ( k + i k, ε ) = CT (ε ) ∑ K i − j b δu ( k + j − 1) [9.121]
j=1
g1 (ε) 0 0
g2 (ε) g1 (ε) 0
G(ε) =
[9.123]
où :
gi(ε) = C (ε) Ki-1 b
T
[9.124]
A partir des formules [9.120] et [9.121], nous pouvons conclure que les
composantes y1(k + i/k, ε) et yf(k + i/k, ε) sont des fonctions affines du vecteur ε des
incertitudes paramétriques. Par suite, le prédicteur à i pas est lui-même une fonction
affine de ε, propriété fondamentale qui sera exploitée dans la section suivante.
Γ δU ≤ V [9.131]
les vecteurs UM, Um, δUM et δUm, de dimension Nu étant définis comme en [9.32],
tandis que la matrice D1 et le vecteur V1, de dimensions respectives (Nu, Nu) et Nu,
sont définis comme en [9.38]. Ces contraintes de type inégalité définissent
l’ensemble admissible δΨ des incréments de commande futurs :
δΨ = {δU / Γ δU ≤ V} [9.132]
où M(ε) est une matrice définie positive de dimensions (Nu, Nu), β(ε) un vecteur de
dimension Nu et γ(ε) un scalaire, définis comme :
Τ
γ(ε) = [Y1(ε) – R] [Y1(ε) – R] [9.138]
g1 (ε) 0 0
g2 (ε) g1 (ε)
G(ε) = 0
[9.142]
gNu (ε) g1 (ε)
µ ≥ J2 (δU,ε) , ∀ε ∈Ω [9.144]
est une borne supérieure de µ*(δU). Par suite, le problème d’optimisation min-max
peut être reformulé de façon à chercher la plus petite borne supérieure µ et un
vecteur δU satisfaisant les contraintes [9.131] et [9.144], ce qui revient à résoudre le
problème d’optimisation suivant :
Min µ [9.145]
µ, δU
avec :
µ ≥ J2(δU, ε) , ∀ε ∈ Ω [9.146]
Γ δU ≤ V [9.147]
Mis sous la forme matricielle [9.14], le critère [9.136] peut être réécrit comme :
Notant que J2 est une fonction strictement convexe de Y(k,ε) et ayant montré au
paragraphe 9.3.6 que Y(k,ε) est une fonction affine de ε, l’application du théorème
suivant (voir la démonstration en annexe) nous permet de conclure que le critère J 2
est une fonction strictement convexe de ε.
THÉORÈME 9.2.– Etant donnée une fonction convexe J définie sur un ensemble Ω
convexe fermé, si J admet un maximum dans Ω, alors ce maximum est atteint en un
point extrême de Ω.
Γ δU ≤ V [9.151]
En remarquant que :
Np 2 Np 2
T T
Min µ µ + δU Λ δU [9.153]
µ, δU
Modélisation de Laguerre 349
avec :
– µ ≤ G(ε) δU + Y1(ε) − R ≤ µ, ∀ε ∈ S(Ω) [9.154]
Γ δU ≤ V [9.155]
où µ = [µ1 ... µNp] est un vecteur de dimension Np. La fonction objectif est
T
Min µ [9.158]
µ, δU
avec :
– 1µ ≤ G(ε)δU + Y1(ε) – R ≤ 1µ ∀ε ∈ S(Ω) [9.159]
Γ δU ≤ V [9.160]
Min
x
cT x avec Ax ≥ b, x ≥0 [9.161]
δU - δUm
x= [9.162]
µ
350 Conception de commandes robustes
on a :
T T T T T T T T T
c = 0 ... 0 1 , A = A1 ... A2 n AδU , b = b1 ... b2 n bδU [9.163]
Nu
de l’orthotope Ω.
n+1
qui fait intervenir (2 Np + 3Nu) variables et (Nu+1) contraintes.
Une autre solution moins coûteuse en temps de calcul, que nous présentons ci-
après, consiste à réduire le nombre de contraintes en simplifiant le calcul du
maximum du critère J∞(δU, ε) vis-à-vis du vecteur d’incertitude ε. Cette
simplification a été proposée par [ALL 92] dans le cas d’un modèle incertain de
type réponse impulsionnelle.
y ( k + i k, ε ) = y ( k ) + C T vi ( k ) + C T Ψ i δU + δCT (ε ) vi ( k ) + Ψ i δU [9.168]
Modélisation de Laguerre 351
y(k+i/k, ε) - r(k+i) =
T T n
y(k) + C vi(k) + C Ψ iδU - r(k+i) + Σ
j=1
ε c ∆cj
j
vij(k) + Ψ i:jδU [9.169]
n
Max y ( k ) + C vi ( k ) + C Ψ i δU − r ( k + i ) + ∑ vij ( k ) + Ψ i:j δU ∆c j
T T
j=1
i = 1, ...N p
[9.171]
Min µ [9.172]
µ, α, B, δU
avec :
T T
-α i ≤ y(k) + C vi(k) + C Ψ iδU - r(k+i) ≤ α i i = 1, ..., Np [9.173]
Γ δU ≤ V [9.176]
352 Conception de commandes robustes
Dans [OLI 97, OLI 00], une condition suffisante pour la stabilité du système en
boucle fermée, commandé à l’aide de la loi de commande basée sur le critère
[9.156], dans le cas sans contraintes, est démontrée. Ce résultat fait l’objet du
théorème suivant.
Np ≥ n m + Nu - 1
où nm représente l’ordre maximum des modèles RIF permettant de décrire toutes les
réponses impulsionnelles associées au modèle de Laguerre, caractérisé par le
vecteur d’incertitude ε ∈ Ω.
Comme nous venons de le voir dans le paragraphe précédent, un critère basé sur
la norme infinie présente l’avantage de permettre une transformation du problème
d’optimisation min-max en un problème PL. Toutefois, un tel critère ne prend
explicitement en compte qu’un point de l’horizon de prédiction, à savoir celui qui
correspond à l’écart maximum entre la sortie prédite et celle désirée. Dans certaines
situations, il est souhaitable que le critère de performance prenne en considération
tous les points de l’horizon de prédiction, comme c’est le cas avec le critère
quadratique étudié au paragraphe 9.4.1.
Modélisation de Laguerre 353
Une autre possibilité consiste à utiliser le critère suivant, basé sur la norme l1 :
Np N u −1
J1 ( δU, ε ) = ∑ y ( k + i k, ε ) − r ( k + i ) + λ ∑ δU ( k + i ) [9.178]
i =1 i=0
Γ δU ≤ V [9.184]
δU - δUm
x= α [9.185]
β
µ
T T T T T T T T T
c = 0...0 0...0 0...0 1 , A = A1 ... A2 n AδU , b = b1 ... b2 n bδU
Nu Np Nu
[9.186]
avec, d’après [9.181] :
n+1
Ce problème PL comporte (Np + 2Nu + 1) variables de décision et (2 Np + 5Nu
+ 1) contraintes. Par suite, le nombre de contraintes étant beaucoup plus élevé que
celui de variables de décision, il sera numériquement plus efficace de résoudre le
problème dual correspondant. Cette dernière solution fournit certainement le
meilleur compromis en termes de précision d’asservissement et de complexité de
calcul. En effet, comme la solution sous-optimale [9.153]-[9.155] basée sur un
critère quadratique, elle permet de prendre en compte l’ensemble des points de
l’horizon de prédiction, faisant appel toutefois non pas à la résolution d’un
problème PQ, mais PL, comme la solution [9.172]-[9.176].
y(t) = x4 (t)
x3 (t)
Modélisation de Laguerre 355
0,334 ± ε 1 0,104
0,186 ± ε 2 0,112
-0,178 ± ε 3 0,185
C(ε) =
0,154 ± ε 4 0,181
-0,161 ± ε 5 0,120
0,048 ± ε 6 0,220
Les figures 9.5 et 9.6 montrent les signaux d’entrée/sortie obtenus en appliquant
la méthode RMPC basée sur la minimisation du critère quadratique [9.135], avec
comme paramètres de réglage Nu = 1, λ(0) = 0, et deux valeurs différentes (5 et 10)
pour Np. A partir de ces figures, nous pouvons conclure que la prise en compte des
incertitudes paramétriques du modèle de Laguerre, au niveau de la synthèse de la
loi de commande, permet de « robustifier » la linéarisation du processus et en
conséquence les performances du système en boucle fermée.
356 Conception de commandes robustes
-0,005
-0,01
-0,015
-0,02
-0,025
-0,03
-0,035
-0,04
-0,045
-0,05
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2
Temps (heures)
9.6. Conclusion
D’une manière générale, outre l’aspect modélisation qui constitue l’un des
points-clés de l’approche commande prédictive, la mise en œuvre d’un algorithme
MPC nécessite de réaliser les étapes suivantes :
– identification d’un modèle ou, dans le cas d’une commande robuste, d’un
domaine d’incertitude paramétrique associé à ce modèle, ce qui nécessite de
résoudre différents problèmes : choix du signal test ; estimation des paramètres de
structure et des coefficients du modèle ou des paramètres caractéristiques du
domaine d’incertitude ; validation du modèle ;
358 Conception de commandes robustes
Np
Σ ∇y i J Y(ε) ∇εε yi(ε)
2
[9.190]
i=1
∇ εε yi(ε) = 0
2
i = 1, ..., Np [9.191]
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Index
C D
calibrage 77, 78, 83, 90 δ-stabilité 141
cercle de Kalman 104 degré de stabilité 53, 57, 67, 68, 82, 83,
cible 104, 106 85, 86, 88, 94
coefficient d’erreur et de raideur 23, 34 demi-droite d’iso-amortissement 59, 60
comande déplacement de pôles 164
en cascade 50 dérivation
en phase 164 non entière 59, 62
H∞ 247 non entière complexe 94
H2 247 non entière réelle 94
prédictive robuste 320, 344 deux degrés de liberté 25, 45
robuste 26 diagramme
compensateur de Bode 26, 27, 28, 45
équivalent 272-275, 287 de Nichols 26
366 Conception de commandes robustes
domaine gain
d’incertitude paramétrique 329 dynamique 157
fréquentiel 23, 27, 35-37, 47,48 séquencé 179, 180
temporel 23, 27, 35-37, 47, 48 grammien 124
DR-stabilité 203-205, 215, 216
H
DR-stabilité quadratique 205, 206
horizon
E de commande 317, 324
de prédiction 317, 331, 341
ellipsoïde d’incertitude 329
ensemble de valeurs (value set, template) I
30, 32
incertitude 27, 29, 30
équation de Riccati généralisée 278
extension dynamique 161 du modèle 324
polytopique 191-194, 197, 198,
F 203, 204, 215, 216, 223
interpolation de compensateurs 269, 290,
façonnage de la boucle nominale 39 296
facteur
d’amortissement 54-56, 60 L
d’observabilité 284
de gouvernabilité 284 LFT 172
de résonance en asservissement 53- LMI 170, 186, 197-199, 202, 207-209,
55, 82, 91 211, 215, 216, 219, 220, 247, 255
de résonance en régulation 54 LQG 101, 129
LQP 167
de restauration 111, 123
filtre 157, 159, 176, 178 LTR 101, 114, 119
fonction
M
de Lyapunov dépendant des
paramètres 189, 192, 197-199, 202, µ-analyse 172
204, 205, 213, 214, 216, 219, 223 µ-synthèse 163, 271, 273
de sensibilité 25-27, 29, 33, 37, 46, marge
136 de gain 24, 34, 121
forme standard 172 de module 121
fréquence de phase 24, 34, 125
de coupure 26, 36 de retard 34, 125
de résonance 23 méthode du placement de pôles avec
frontière calibrage de fonctions de sensibilité
d’Horowitz 26, 29, 36, 37, 50 135
de sensibilité 37 méthodologie 100
de tolérance 37, 45
mode oscillatoire robuste 61
dominante 37
modèle
G incertain de Laguerre 343, 344
LTI 190-193, 197
gabarit modélisation de Laguerre 320, 331, 344
curviligne, 55, 71-76, 86
fréquentiel 176, 178 O
généralisé 55, 67-71 optimisation convexe 133, 142, 230, 251
vertical 55, 63, 66, 67
Index 367
optimisation min-max 330, 345, 349 robustesse 103, 105, 110, 121, 125
ordre de la paramétrisation N 140, 143, RST 101
145
S
P
sensibilité
paramètre de Youla 275, 282, 296 complémentaire 25, 27, 40, 41, 44,
paramétrisation 48
convexe du contrôleur 137-142 des pôles 160
de Youla 230, 238, 265 sous-espace invariant 281-283, 291
pente et gain asymptotiques 23 spécification 23, 27, 32, 34-36, 45, 50
perturbation 23 des performances 143
pic de résonance 23, 32 stabilité
PID 106, 114, 115 de la boucle fermée 43
pilotage de missile 302 quadratique 189, 197-200
pire des cas 207, 210-213 robuste 189, 198-200
placement structuration 176-178
de pôle 101, 158, 159, 165 structure estimation/commande 269, 271,
de pôle robuste 114 273-275, 277
de pôle avec calibrage de fonctions structure flexible 145
de sensibilité 135-137 synthèse
pôle H ∞ 271, 273
accessoire 110 multi-objectif 215, 219-222
auxiliaire 116, 120, 144 robuste 189, 190, 192, 215, 218,
dominant 108, 109, 115, 143-144, 219
147 système
polytope de matrices 191, 192, 195, 199- à plusieurs entrées et sorties
201, 203, 204, 206, 209-213 (MIMO) 51
prédicteur 322, 332, 345 contrôlé par ordinateur 50
préfiltre 25, 27, 36, 37, 43, 44 incertain SISO 21, 36
problème standard 117, 119 linéaire à paramètres variables 270
procédé multivariable 56, 83, 84, 94 nominal 26, 29, 30
programmation non linéaire 50
linéaire 330, 349
T
quadratique 329, 348
pseudo-dérivée 159 théorème de Nyquist 43
transfert de boucle 102, 106
Q transformation fractionnaire linéaire 275
QFT (méthode) 21, 26
Qsyn (logiciel) 22, 31 V
valeur propre 158
R variable d’interpolation 269, 290
région LMI 203, 204, 205 vecteur propre 158
régulateur numérique robuste 133, 135,
136 Z
relation de Bode 29 zéro du demi-plan droit 29
restauration 101, 121, 126
retard 29, 40, 50
retour d’état 215-219