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Topo L3A CC2 2020 Cor

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L3 Mathématiques Parcours A 2020–2021

Contrôle Continu no2


Durée : 3h
Documents, téléphones et appareils électroniques interdits

Exercice 1 (Questions de cours)


1) Donner la définition d’une suite de Cauchy dans un espace métrique (X, d).
Correction : voir cours
2) Donner la définition d’un espace de Banach et démontrer que, dans un espace
de Banach, toute série normalement convergente est convergente.
Correction : voir cours

Exercice 2 (Topologie des semi-ouverts)


On considère la famille B des intervalles semi-ouverts de la forme [a, b[ avec a < b.
1) Montrer que B est une base d’une topologie O sur R.
Correction : On considère O comme l’ensemble des unions quelconques d’éléments de
B et on va vérifier que c’est une topologie. Par construction,
S O contient l’ensemble
vide et est stable par union quelconque. De plus R = n≥0 [−n, n[. Finalement, pour
montrer la stabilité par intersections finis, il suffit de montrer que l’intersection de
deux éléments de B est dans O. Soit donc (a, b, c, d) ∈ R2 tel que a < b et c < d.
On a [a, b[ ∩ [c, d[ = [max(a, c), min(b, d)[ ou ∅. En particulier, [a, b[ ∩ [c, d[ ∈ O.
2) Montrer que les ouverts usuels de R sont des ouverts de O.
Correction : Les ouvert usuels non vides de R sont des réunions quelconques d’in-
tervallesSde la forme ]a, b[ avec a < b. Cependant pour tous a, b ∈ R avec a < b, on a
]a, b[ = n≥2 [a + (b − a)/n, b[ ∈ O.
Le singleton {x} est-il un ouvert ? fermé ? un voisinage de x ?
Correction : {x} ne contient aucun élément de B. Donc, comme B est une base de O,
{x} ne contient aucun ouvert non vide et n’est donc ni ouvert, ni un voisinage de x.
Finalement, R r {x} est un ouvert pour la topologie usuelle de R, c’est donc un
élément de O par la question précédente. Ainsi {x} est fermé.
3) Pour tout x ∈ R, donner une base dénombrable de voisinages de x.
Correction : Tout élément de B contenant x contient un intervalle de la forme
[x, x + 1/k[ pour k ≥ 1. Ainsi, comme B est une base de O, ces intervalles forment
une base dénombrable de voisinages de x.
4) Les suites (1/n)n≥1 et (−1/n)n≥1 sont-elles convergentes dans (R, O) ?
Correction : Par la question précédente, l’ensemble des intervalles de la forme
[0, 1/k[ forme une base de voisinages de 0. On a alors, comme pour tout k ≥ 1,
il existe N ≥ 0 (N = k convient en fait) tel que pour tout n ≥ N , 1/n ∈ [0, 1/k[.
Ceci montre que la suite (1/n)n≥1 converge vers 0. Supposons que la suite (−1/n)n≥1
converge, et soit l ∈ R sa limite. Soit N1 ≥ 0 tel que pour tout n ≥ N1 , −1/n ∈
[l, l + 1[. Comme pour tout n ≥ N1 , −1/n − 1/N1 , −1/(N1 + 1) > l (sinon
l = 1/N1 = 1/(N1 + 1)) et pour tout n ≥ N1 + 1, −1/n 6∈ [l, −1/(N1 + 1)[. Ce
qui est absurde car [l, −1/(N1 + 1)[ est un voisinage de l. Ainsi la suite (−1/n)n≥1
ne converge pas.
5) L’espace topologique (R, O) est-il séparé ?
Correction : Soit x, y ∈ R deux éléments distincts. Supposons que x < y, l’autre
cas se traitant de maniére symétrique. Pour δ < y − x, on a alors que [x, x + δ[ et
[y, y + 1[ sont deux ouverts séparant x et y. Donc (R, O) est séparé.
6) L’espace topologique (R, O) est-il séparable ?
Correction : Pour tout élément de I ∈ B, on a Q ∩ I 6= ∅ par densité de Q dans
R pour la topologie usuelle. Ainsi, comme B est une base de O, pour tout O ∈ O,
O ∩ Q 6= ∅ et Q est dense dans (R, O). Comme Q est dénombrable, (R, O) est
séparable.
7) (*) Montrer que (R, O) n’admet pas de base dénombrable d’ouverts.
Correction : Soit B 0 une base de O. En particulier, pour tout x ∈ R, [x, x + 1[ est
une réunion d’éléments de B 0 . Fixons alors, pour x ∈ R un élément Bx ∈ B 0 tel que
x ∈ B 0 et B 0 ⊂ [x, x+1[. Par construction, si x < y, x 6∈ By et donc Bx 6= By . Ainsi,
l’ensemble {Bx | x ∈ R} forme une famille non dénombrable d’éléments de B 0 . En
particulier B 0 n’est pas dénombrable.
L’espace topologique (R, O) est-il métrisable ?
Correction : (R, O) est séparable mais n’est pas à base dénombrable d’ouverts. Or,
si un espace métrique est séparable, il est à base dénombrable d’ouverts. Donc (R, O)
n’est pas métrisable.

Exercice 3 (Espace métrique produit)


Soit (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) deux espaces métriques et (E, d) l’espace métrique produit
où, pour x = (x1 , x2 ), y = (y1 , y2 ) ∈ E, d(x, y) = sup(d1 (x1 , y1 ), d2 (x2 , y2 ).
1) Soit (zn ) = (xn , yn ) une suite de E. Soient Az , Ax , Ay l’ensemble des valeurs
d’adhérence de (zn ), (xn ), (yn ). Démontrer une inclusion relative aux ensembles Az ,
Ax , Ay et montrer qu’il n’y a pas toujours égalité.
Correction : Soit az = (ax , ay ) une valeur d’adhérence de (zn ). Il existe donc une
sous-suite (zϕ(n) ) de zn qui converge vers az . En particulier, on a (xϕ(n) ) converge
vers ax et (yϕ(n) ) converge vers ay . Ceci montre que Az ⊆ Ax × Ay . On n’a pas
toujours égalité en prenant l’exemple de la suite (zn ) = ((−1)n , (−1)n ) dans R2 avec
la métrique produit où on a Az = {(1, 1), (−1, −1)} = 6 {−1, 1} × {−1, 1}.
2) Soient A1 ⊂ E1 et A2 ⊂ E2 , non vides. À quelle condition A1 × A2 est-elle
ouverte dans (E, d) ?
Correction : A1 ×A2 est ouverte dans (E, d) si et seulement si A1 et A2 sont ouvertes
dans (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) respectivement. Cela découle du fait que les boules pour la
métrique d sont les produits de boules de E1 et E2 de même rayons.
À quelle condition A1 × A2 est-elle fermée dans (E, d) ?
Correction : A1 × A2 est fermé dans (E, d) si et seulement si A1 et A2 sont fermé
dans (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) respectivement. Cela découle du fait qu’une suite (zn ) =
((xn , yn )) ∈ (E1 × E2 )N converge vers (l1 , l2 ) dans (E, d) si et seulement si, (xn )
converge vers l1 dans (E1 , d1 ) et l2 converge vers l2 dans (E2 , d2 ).
À quelle condition A1 × A2 est-elle dense dans (E, d) ?
Correction : A1 × A2 est dense dans (E, d) si et seulement si A1 et A2 sont dense
dans (E1 , d1 ) et (E2 , d2 ) respectivement. Ceci découle du même argument sur les
suites que précédement.
3) On note p1 et p2 les projections canoniques de E1 × E2 sur E1 et E2 . L’image
par p1 d’une partie ouverte dans (E, d) est-elle ouverte dans (E1 , d1 ) ?
Correction : Oui ! Soit U un ouvert de E et soit x1 ∈ p(U ). Il existe x2 ∈ E2 tel
que x = (x1 , x2 ) ∈ U et, comme U est ouvert, il existe r > 0 tel que Bd (x, r) ⊆ U .
Ainsi, Bd1 (x1 , r) = p(Bd (x, r)) ⊆ p(U ).
Mêmes questions avec une partie fermée de (E, d)
Correction : Non ! Par exemple dans E = R2 muni de la métrique produit, la
première projection de l’ensemble F = {(x, y) ∈ R2 | x ≥ 0 et xy ≥ 1} est ]0, +∞[
qui n’est pas fermée dans R bien que F soit fermée (comme image réciproque d’un
fermé par une application continue).
et avec une partie dense de (E, d).
Correction : Oui ! Soit Q une partie dense de E et x1 /inE1 . Fixons x2 ∈ E2 . Il
existe alors (qn )n∈N ∈ QN qui converge vers (x1 , x2 ). On a alors, pour tout n ∈ N,
d1 (p1 (qn ), x1 ) ≤ d (qn , (x1 , x2 )) et donc la suite (p1 (qn ))n∈N converge vers x1 . Ainsi
p1 (Q) est dense dans E1 .

Exercice 4 (Intersection finie d’ouverts denses)


Soit (X, d) un espace métrique.
1) Montrer qu’un intersection finie d’ouverts denses est aussi dense.
Correction : Si l’intersection de deux ouverts dense est un ouvert dense, on montre
alors par récurrence que n’importe quelle intersection finie d’ouverts denses et dense.
Ainsi soient U1 et U2 deux ouverts denses de (X, d). Déjà, Comme U1 et U2 sont
ouverts, il en est de même pour U1 ∩ U2 . Soit maintenant x ∈ X et r > 0. Comme
U1 est dense dans (X, d), il existe u1 ∈ U1 tel que d(u1 , x) < r/2. Comme U1 est
ouvert, il existe r1 > 0 tel que Bd (u1 , r) ∈ U1 et ainsi Bd (x, min(r1 , r/2)) ⊆ Bd (x, r).
De même, en utilisant la densité de U2 , il existe u2 tel que d(u2 , u1 ) ≤ min(r1 , r/2).
Ainsi u2 ∈ Bd (u1 , min(r1 , r/2)) ⊆ U1 . Finalement, u2 ∈ U1 ∩ U2 et par inégalité
triangulaire, d(u2 , x) ≤ r. Ceci montre que U1 ∩ U2 est dense dans (E, d).
2) Est-ce encore vrai si on ne suppose pas les parties ouvertes ? (i.e., est-ce
qu’une intersection finie de parties denses est dense ?). On pourra chercher des
exemples dans R muni de la métrique usuelle.
Correction : Non ! Par exemple Q et R r Q sont deux parties denses de R avec sa
métrique usuelle mais l’intersection est l’ensemble vide qui lui n’est pas dense.
3) Est-ce qu’une intersection dénombrable d’ouverts denses est dense ? On
pourra chercher des exemples dans Q muni de la restriction de la métrique usuelle
sur R.
Correction : Non ! Dans (Q, d) avec d la métrique usuelle de R, si l’on prend pour
q ∈ Q l’ensemble Uq = Q r {q}, on voit que Uq est un ouvert dense dans (Q, d) pour
tout q ∈ Q, mais l’intersection de ceux-ci est l’ensemble vide qui n’est pas dense.
4) Est-ce que le résultat de la question 1 est vrai dans un espace topologique
quelconque ?
Correction : Oui ! Si O1 et O2 sont deux ouverts denses d’un espace topologique X.
Alors O1 ∩ O2 est ouvert comme intersection finie d’ouverts. Maintenant si O est
un ouvert de X, comme O1 est dense dans X, O ∩ O1 est un ouvert non vide de X,
puis, par densité de O2 , O ∩ (O1 ∩ O2 ) = (O ∩ O1 ) ∩ O2 est aussi non vide. Ce qui
montre que O1 ∩ O2 est un ouvert dense de X. On conclut alors par récurrence.

Exercice 5 (Une étude de normes)


On considère l’espace noté `∞ (N) des suites x = (xn ) de nombres réels qui sont
bornées, muni de la norme kxk∞ = supn∈N |xn |.
Étant donné une suite a = (an ) de réels ≥ 0, on pose Na (x) = supn∈N an |xn |.
1) À quelle condition Na est-elle une norme sur `∞ (N) ?
On supposera désormais cette condition réalisée.
Correction : Il faut d’abord s’assurer que Na (x) < +∞ pour tout x ∈ `∞ (N). Comme
 
Na (x) ≤ sup an · sup |xn | = sup an kxk∞
n∈N n∈N n∈N

il suffit que supn∈N an < +∞, c’est-à-dire que la suite (an ) soit bornée. Cette condi-
tion est également nécessaire comme on le voit en prenant x = (1, 1, 1, . . .) ∈ `∞ (N).
Lorsque celle-ci est réalisée, on voit que Na (x) = 0 équivaut à x = 0 si et seule-
ment an > 0 pour tout n ∈ N, et alors la relation d’homogénéité N (λx) = |λ| Na (x)
et l’inégalité Na (x + y) ≤ Na (x) + Na (y) sont satisfaites pour tous λ ∈ R et tous
x, y ∈ `∞ (N). En conclusion, Na est une norme si et seulement si la suite (an )n∈N
est bornée et à termes an > 0 pour tout n ∈ N.

2) On suppose que inf n∈N an = 0 et on choisit une sous suite nk ∈ N stricte-


ment croissante telle que ank ≤ 4−k . On introduit de plus, pour p ∈ N, la suite
yp = (yp,n )n∈N ∈ `∞ (N) telle que yp,n = 2k si n = nk avec k ∈ [0, p] et yp,n = 0 sinon.
Montrer que (yp )p∈N est de Cauchy dans (`∞ (N), Na ).
Correction : Supposons q ≥ p ≥ N avec N ∈ N. Alors z = yq − yp a des composantes
données par zn = 2k si n = nk avec k ∈ [p + 1, q] et zn = 0 sinon. Par conséquent

Na (yq − yp ) = Na (z) = sup ank |znk | ≤ sup 4−k 2k ≤ 2−p−1 ≤ 2−N −1 .


k∈[p+1,q] k∈[p+1,q]

Si l’on prend q ≥ p ≥ Nε := blog2 ε−1 c il vient Na (yq − yp ) < ε, donc (yp )p∈N est
bien une suite de Cauchy dans (`∞ (N), Na ).
3) Trouver une condition nécessaire et suffisante sur a = (an ) pour que l’espace
(`∞ (N), Na ) soit complet.
Correction : Sous les hypothèses de la question 2), la suite (yp ) ∈ N n’est pas conver-
gente pour la norme Na . En effet, s’il existait une limite w = limp→+∞ yp ∈ `∞ (N),
l’inégalité |yp,n − wn | ≤ a−1
n Na (yp − w) impliquerait wn = limp→+∞ yp,n pour tout
n ∈ N, et donc wnk = 2k . Mais alors on voit que w ∈ / `∞ (N) et ce serait une contradic-
tion. L’hypothèse inf n∈N an = 0 de la question 2) entraı̂ne donc que (`∞ (N), Na ) n’est
pas complet. En revanche, si m = inf n∈N an > 0 et si on pose M = supn∈N an < +∞,
on voit que pour tout x ∈ `∞ (N) on a mkxk∞ ≤ Na (x) ≤ M kxk∞ . Dans ce cas les
normes Na et k k∞ sont équivalentes, et il est facile de voir que (`∞ (N), k k∞ )
est complet (cf. TD). Par conséquent, la norme Na est complète si et seulement si
m = inf n∈N an > 0.

Exercice 6 (Une courbe de Peano)


On considère l’application u : R → [0, 1], périodique de période 1, définie sur [0, 1]
par 

 0 si x ∈ [0, 1/4]

4x − 1 si x ∈ [1/4, 1/2]
u(x) =


 1 si x ∈ [1/2, 3/4]
4 − 4x x ∈ [3/4, 1].

si
1) Dessiner le graphe de u.
Voici le graphe de la fonction u :

u(x)

−1 0 1/4 1/2 3/4 1 2 x

Soit f : [0, 1] → R2 la fonction définie pour x ∈ [0, 1] par


+∞ +∞
!
X X
f (x) = u(102n−2 x) 2−n , u(102n−1 x) 2−n .
n=1 n=1

2) Montrer que f est bien définie, qu’elle est continue et à valeurs dans [0, 1]2 .
On pourra montrer que les composantes de f (x) définissent des séries de fonctions
qui convergent uniformément.
Correction : La fonction u est continue est à valeurs dans [0, 1]. Le terme d’indice
n de chaque série est ainsi majoré par 2−n , de sorte que la norme k k∞ de ce
terme est majorée par 2−n . Nous avons donc des séries normalement convergentes
de fonctions continues. Elles sont en particulier uniformément convergentes sur R,
et leurs sommes sont continues. Comme +∞ −n
P
n=1 2 = 1, ces sommes sont à valeurs
dans [0, 1], et ceci entraı̂ne que f est continue à valeurs dans [0, 1]2 .

Soit x ∈ [0, 1] sous la forme x = +∞ −i


P
i=1 ai 10 en base 10, avec ai ∈ {0, 1, . . . , 9} et
on suppose que pour tout i ≥ 1, ai = 0 ou ai = 5.
3) Montrer que la partie fractionnaire 10n−1 x − b10n−1 xc de 10n−1 x appartient
à [0, δ] ∪ [1/2, 1/2 + δ] avec δ < 1/4, en fonction de la valeur de an .
Correction : La partie fractionnaire αn (x) de 10n−1 x vaut
+∞
X
αn (x) = 10 n−1
x − b10 n−1
xc = 0, an an+1 an+2 . . . = ai 10−(i−n+1) .
i=n
5
Si an = 0, on a αn (x) ∈ [0, δ] avec δ = 0, 055555 . . . = 90 < 14 , tandis que si an = 5
il vient αn (x) ∈ [1/2, 1/2 + δ] avec la même valeur de δ.
4) En posant ai = 5εi avec εi = 0, 1, exprimer f (x) à l’aide de la suite

(εi ) ∈ {0, 1}N .
Correction : D’après la question
P+∞ 3)−n et le graphe de la fonction u, qui est périodique
de période 1, le réel x = n=1 an 10 avec an = 5εn donne pour u(10n−1 x) la valeur

u(10n−1 x) = u(10n−1 x − b10n−1 xc) = u(αn (x)) = εn si εn = 0, 1.

En remplaçant n respectivement par n0 = 2n − 1 et n0 = 2n on trouve ainsi


+∞ +∞
!
X X
f (x) = ε2n−1 2−n , ε2n 2−n .
n=1 n=1

5) Montrer que f est surjective f : [0, 1] → [0, 1]2 (une telle application est
appelée courbe de Peano).
Correction : Tout nombre réel de l’intervalle [0, 1] admet une développement binaire
P +∞ −n
n=1 γn 2 avec γn ∈ {0, 1}. La formule ci-dessus exprimant f (x) montre que les
deux composantes de f (x) peuvent prendre indépendamment toute valeur réelle, avec
respectivement γn = ε2n−1 , γn = ε2n .
6) Déduire de la question précédente, à l’aide du théorème de Cantor-Bernstein,
qu’il existe une bijection ϕ : [0, 1] → [0, 1]2 .
Correction : Soit y = (y1 , y2 ) ∈ [0, 1]2 . En choisissant dans chaque pré image f −1 (y)
un élément θ(y) ∈ f −1 (y) ⊂ [0, 1], ce qui est possible d’après l’axiome du choix, on
obtient une injection θ : [0, 1]2 → [0, 1]. Il existe d’autre part de façon évidente une
injection ψ : [0, 1] → [0, 1]2 , par exemple ψ(x) = (x, 0). Le théorème de Cantor-
Bernstein assure alors l’existence d’une bijection ϕ : [0, 1] → [0, 1]2 .

On suppose qu’il existe un homéomorphisme g : [0, 1] → [0, 1]2 (i.e. g est une
bijection continue dont l’inverse est aussi continue).
7) Montrer que l’application h : [0, 1] → [0, 1], définie pour t ∈ [0, 1] par
h(t) = g −1 ((1 − t)g(0) + tg(1)) serait alors une surjection continue de [0, 1] sur [0, 1],
et que ceci conduit à une contradiction.
Correction : L’application h : [0, 1] → [0, 1] serait continue comme composée d’ap-
plications continues [0, 1] → [0, 1]2 , t 7→ (1 − t)g(0) + tg(1) et g −1 : [0, 1]2 → [0, 1],
et vérifierait
h(0) = g −1 (g(0)) = 0 et h(1) = g −1 (g(1)) = 1.
D’après le théorème des valeurs intermédiaires h serait une surjection de [0, 1]
sur [0, 1]. Mais dans ce cas, comme g : [0, 1] → [0, 1]2 est bijective, la composée
g ◦ h : [0, 1] → [0, 1]2 serait également une surjection. Or g ◦ h(t) = (1 − t)g(0)+ tg(1)
a pour image un segment de droite et n’est pas surjective, contradiction. On en déduit
qu’il ne peut pas exister d’homéomorphisme g : [0, 1] → [0, 1]2 .

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