2014 Limo 0006
2014 Limo 0006
2014 Limo 0006
Thèse
Thèse de doctorat
le 21 Octobre 2014
En regardant cinq ans en arrière, je me rends compte que mon choix de préparer une
thèse dans ce domaine a commencé à se dessiner lors des cours d’électronique de J.M Nébus.
J’ai toujours pensé que la personne guidant les premiers pas dans une nouvelle expérience est
d’une importance toute particulière dans la vision que l’on se construit, et je sais la chance
que j’ai d’avoir pu continuer en thèse avec toi. Je te remercie pour ton investissement de tous
les instants, de m’avoir remis sur les rails lors des moments de doute en première année, et
d’avoir continué à guider mes pas jusqu’à la dernière.
i
administrative, et pour toutes les discussions dans son bureau généreusement alimentées en
croissants et pains au chocolat.
Je salue aussi mes compagnons du devoir de la RF. « papa » Arnaud, pour avoir fait
monter d’un cran l’ambiance du bureau et du load-pull. Merci, sans toi la thèse n’aurait pas
été la même. « papa » Julien, la « kalachnikov vocale », pour ton humour, pour ta
« bogossitude » …et pour toutes ces super soirées passées chez toi. Agostino, pour avoir
ramené un peu d’Italie dans notre bureau en le transformant en une gigantesque colloc, et
pour nous avoir nourris en pizzas. Karthik, prénom indissociable de la bonne humeur, pour
ton humour, ta gentillesse et ta façon de voir les choses. Clément, pour les discussions que
nous avons eues, et les moments passés ensemble. Enfin « papa » Lotfi, à qui je souhaite bon
courage pour la suite de sa thèse (et surtout lorsqu’il faudra tout remonter à platinom!)
Je n’oublie évidemment pas les vieux potes de fac, tour à tour binôme, compagnon de
belote, et philosophe au RU. Tout d’abord Romain, parce que je sais que tu vas dire que les
remerciements c’est pour les cons. Pour tous ces moments passés ensemble, à la fac ou pas,
depuis toutes ces années à refaire le monde encore et encore. Fifi pour être juste toi, pour ta
présence et ta gentillesse, ton sens de la diplomatie et de l’animation de la jarretière. Duc,
merci pour ton côté humain, ta simplicité et ta gentillesse, pour n’avoir jamais demandé
d’augmentation alors que tu as cumulé ton travail de thésard avec la casquette de vigil
d’XLIM.
Je veux forcément dédier cette thèse à ma famille, tout d’abord mon père et ma mère,
pour m’avoir soutenu par leur présence pendant toutes ces années, surtout pendant les
moments de doute, et toujours laissé faire mes propres choix. Non, ça se précise, je ne serai
pas électricien à Veyrac, mais j’essaierai de garder cette idée dans un coin de ma tête. A
Adeline et Éric bien sûr, je leur souhaite un avenir radieux qu’ils ont bien mérité tous les
deux.
A Emilie, pour partager mon quotidien, pour ton soutien de tous les instants, à
supporter mon humeur, surtout en cette fin de thèse. Pour toujours trouver les mots justes
pour me remettre en selle, et me faire envisager notre avenir sereinement.
ii
iii
Table des matières
iv
I.3.1.2 Le MER (Modulation Error Ratio)................................................................. 39
I.3.1.3 L’EVM (Error Vector Measurement) ............................................................. 40
I.3.2 Distorsions en valeur moyenne autour du fondamental.......................................... 41
I.3.2.1 Critère du C/I, produits d’intermodulation (IMD) ........................................... 41
I.3.2.2 Critère d’ACPR.............................................................................................. 44
I.1.1.1 Critère du NPR .............................................................................................. 45
I.3.2.2.1 La méthode du notch ............................................................................... 46
I.3.2.2.2 La méthode du gain équivalent ................................................................ 48
I.3.2.2.3 Accès à la valeur du NPR par un analyseur d’EVM ................................. 50
I.4 Conclusion ................................................................................................................. 51
v
III.2 Description générale du banc de mesure temporelle d’enveloppe........................ 88
III.2.1 Synoptique général ............................................................................................. 88
III.2.2 Chaine d’émission des données – génération/modulation des données ................ 89
III.2.2.1 Génération logicielle des trames IQ par le PC .............................................. 89
III.2.2.2 Modulateur IQ ............................................................................................. 90
III.2.3 Chaine de réception des données – Analyse des signaux IQ ................................ 91
III.3 Procédures d’étalonnage et de synchronisation en enveloppes complexes ........... 92
III.3.1 Etalonnage du bloc passif du banc ...................................................................... 93
III.3.1.1 Principe de l’étalonnage du banc d’enveloppe en paramètres S .................... 93
III.3.1.2 Validation de la procédure d’étalonnage ...................................................... 94
III.3.2 Synchronisation des trames en enveloppe complexe aux accès du DUT.............. 96
III.3.2.1 Principe de la synchronisation trame ............................................................ 96
III.3.2.2 Validation de la procédure d’alignement temporel ....................................... 99
III.4 Application du banc à la comparaison expérimentale de la mesure d’EVM et du
NPR ............................................................................................................................... 101
III.4.1 Mesure de l’EVM sur une porteuse modulée .................................................... 101
III.4.2 Obtention du NPR par une mesure vectorielle d’EVM ...................................... 102
III.5 Conclusion ............................................................................................................ 105
vi
IV.3.1.2 Mesures statiques ...................................................................................... 138
IV.3.1.2.1 Caractérisation statique de l’amplificateur de puissance ...................... 138
IV.3.1.2.2 Caractérisation statique du modulateur de polarisation de drain .......... 139
IV.3.1.3 Mesures dynamiques ................................................................................. 140
IV.3.1.3.1 Banc de test expérimental ................................................................... 140
IV.3.1.3.2 Test en signal modulé ......................................................................... 141
IV.3.2 Application à des signaux impulsionnels .......................................................... 145
IV.4 Conclusion ............................................................................................................ 148
vii
Glossaire
STIC : sciences et technologies de l’information
ASIC : applied specific integrated circuit
DSP : digital signal processor
FPGA : field-programmable gate array
ET : envelope tracking
GaN : nitrure de gallium
CW : continuous wave
QAM : quadrature amplitude modulation
RRC/RC : root-raised cosine / raised cosine
ISI : inter-symbol interference
OL : oscillateur local
PAPR : peak to average power ratio
PDF : probability density function
QPSK : quadrature phase shift keying
FET : field effect transistor
PAE : power added efficiency
TPG : temps de propagation de groupe
RF/BF/DC : radiofréquence / basse fréquence / continu
IMD : intermodulation distortion
TDMA/FDMA/CDMA : Time/frequency/coded division multiple access
FSK/GMSK /BPSK : frequency/gaussian minimum shift keying/binary phase shift keying
IF : intermediate frequency
C/N : carrier-to-noise ratio
C/I : carrier-to-intermodulation ratio
SNR : signal-to-noise ratio
EVM : error vector magnitude
MER : modulation error ratio
VSA/VSG :vector signal analyser/generator
AWGN : additive white gaussian noise
ACPR : adjacent channel power ratio
NPR : noise power ratio
HEMT : high electron mobility transistor
EER : envelope elimination and restoration
viii
SSPA : solid state power amplifier
PA : power amplifier
LTE : long term advanced
OFDM : orthogonal frequency-division multiplexing
HSA : hybrid switching amplifier
PWM : pulse-width modulation
BPF : band-pass filter
DAC : digital to analog converter
AWG : arbitrary waveform generator
DUT : device under test
RBW : resolution bandwidth
FFT : fast fourier transform
BW : bandwidth
AOP : amplificateur opérationnel
CMS : composant monté en surface
GBW : gain-bandwidth product
MAPC : modulation en amplitude avec porteuse conservée
AM : amplitude modulation
CMOS : complementary metal-oxide-semiconductor
RMS : root-mean-square
LUT: look-up table
ix
Introduction générale 1
Introduction générale
Le domaine des télécommunications, intersection de différentes disciplines telles
l’électronique, le traitement du signal, l’informatique et la physique, connait depuis
maintenant plusieurs décennies un essor formidable. Cet essor est notamment impulsé par une
demande en services de plus en plus grande dans le domaine des télécommunications civiles.
Ce vecteur de l’économie mondiale est cependant un grand consommateur d’énergie. On
estime à environ 3% (600 TWh) de la consommation mondiale d’électricité la part du secteur
des télécommunications, avec une nette augmentation à 1700 TWh prévue pour 2030.
Le cas des stations de base, qui couvrent le territoire français et que l’on peut voir aux
abords des routes en est un parfait exemple. Celles-ci représentent la contribution majeure en
terme de consommation du réseau cellulaire, puisqu’on estime à plus de 50% leur part dans la
consommation électrique globale [Lorincz 12]. Un survol des différents éléments les plus
consommateurs dans la station de base nous permet de voir que 65% de l’energie est fournie à
l’amplificateur de puissance afin d’assurer son fonctionnement, le reste se répartissant entre le
refroidissement (17.5%), dont la fonction est principalement imposée par l’amplificateur de
puissance, la partie traitement numérique des signaux (ASIC,DSP, FPGA…) (10%) et les
convertisseurs AC/DC (7.5%). Une telle disproportion s’explique notamment par l’apparition
de formats de modulation complexes, à haute efficacité spectrale, utilisés dans les
transmissions. Ces formats conduisent la forme d’onde à avoir de fortes fluctuations
d’amplitude. L’amplification de ces signaux requiert une attention particulière lors du
dimensionnement de l’amplificateur RF d’émission, afin d’assurer le niveau de linéarité
nécessaire pour assurer une intégrité acceptable du signal.
C’est dans ce contexte et plus précisemment dans cette dernière facette que ces
travaux s’inscrivent. La nécessité d’avoir une instrumentation relative au domaine de
l’amplification de puissance en présence de signaux modulés trouve sa justification dans
plusieurs raisons. Avec la multiplication du nombre et du type d’appareils connectés et le
développement des standards de communication, se posent alors de nouveaux challenges pour
le développement des nouvelles architectures de transmission. Du point de vue du concepteur,
les caractérisations statiques CW, bien que nécessaires lors de la phase de conception du
circuit, reflètent de moins en moins son comportement dynamique. En présence de signaux
large bande à enveloppe variable, des effets dynamiques, tels que les effets de pièges, les
effets thermiques et plus généralement tous les effets dispersifs inhérents à la technologie
retenue, doivent être pris en compte finement dès la conception afin d’optimiser le
fonctionnement final du transistor RF.
Les travaux effectués dans le cadre de cette thèse proposent une contribution sur deux
aspects : la mise en place et le développement d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe
pour l’analyse de solutions nouvelles d’architectures d’amplification de puissance RF d’une
part, et d’autre part la conception et la validation d’un démonstrateur d’amplificateur
proposant une approche de gestion optimisée conjointe en terme de rendement et de linéarité.
Celle-ci est basée sur le principe d’une commande dynamique de la polarisation de grille d’un
amplificateur GaN polarisé en classe B. Le mémoire est consitué de quatre parties.
description de la chaine d’émission est faite. Une définition théorique succinte des grandeurs
permettant la description des signaux est apportée. Finalement, les critères de distorsion
fréquentiels et temporels, ainsi que les figures de mérite associées, utiles pour l’analyse des
systèmes de communication sont présentés.
I.1 Introduction
L’émission de signaux de puissance en radiofréquence, hyperfréquence et
millimétrique, est la partie finale d’un long processus de conditionnement, nécessitant des
étapes de numérisation, de codage et faisant appel à différents corps de métier. Bien qu’une
place de plus en plus importante soit occupée par les aspects numériques dans les
architectures des systèmes de télécommunication, tant au niveau logiciel que matériel
(nouvelles générations de FPGA et d’ASIC spécifiques), la partie finale de l’émetteur
hyperfréquence, comprenant la fonction amplification de puissance (plus précisément la
conversion d’énergie DC vers RF), reste quant à elle fondamentalement analogique. Cette
partie nécessite idéalement une analyse de signaux microondes dans le domaine temporel. Les
signaux utiles devenant de plus en plus complexes, des compromis sont à faire afin d’assurer
un fonctionnement performant du système global. Le point majeur dans ce domaine sera de
viser une optimisation conjointe des performances en efficacité énergétique et en efficacité
spectrale, ce qui constitue une problématique très difficile.
Le message numérique à transmettre est constitué d’une suite binaire aléatoire issue
d’une source. L’intervalle Tb (en s) séparant deux bits successifs est une caractéristique de la
source, et est appelé le débit binaire, noté Db (en bit.s-1). La mise en forme du signal de
modulation consiste à associer à la suite des N bits issus de la source, un signal ẽ(t) qui est
l’enveloppe complexe de modulation. On définit pour cela un alphabet et un débit symbole Ds
(en bauds) associés aux variations temporelles de l’enveloppe de modulation.
Suite à diverses opérations de traitement numérique opérées sur le flot binaire (codage
source, codage canal, codage bits vers symbole, puis filtrage en demi-Nyquist), ne faisant pas
l’objet de ce travail, mais que l’on peut consulter en référence [ETSI 01, Joindot, Rémy 88],
deux signaux réels passe-bas I(t) et Q(t) sont générés. Ce couple de signaux, appelés signaux
en bande de base constituent les symboles à transmettre, comme illustré à la figure I-2.
Figure I-2 : mise en forme des signaux IQ passe bas (filtrage demi-Nyquist RRC (root-raised cosine)
(α=0.35))
8 Chapitre 1
I(t) est appelé le signal en phase (in-phase), et Q(t) le signal en quadrature (in-
quadrature). La représentation dans le plan cartésien du couple IQ pour toutes les valeurs de
l’enveloppe constitue le diagramme vectoriel de la modulation. A la réception, après
démodulation, les signaux IQ reçus sont filtrés par le filtre adapté afin d’assurer le critère de
Nyquist d’annulation des interférences entre symboles (ISI : inter-symbol interference), puis
échantillonnés au rythme symbole afin de retrouver l’information utile. La représentation du
couple IQ aux instants de décision du récepteur forme alors la constellation du signal.
Figure I-3 : représentation générale des différentes opérations effectuées à la réception sur le signal
reçu e(t)(filtrage d’émission RRC)
Le but des modulations sur fréquence porteuse étant d’adapter la bande passante du
signal utile à la bande passante B(f) du canal, on cherchera à optimiser l’utilisation de la
ressource spectrale offerte. Ainsi, sans modifier le rythme Ds d’émission des symboles dans le
canal, on augmentera le débit binaire Db en associant plusieurs bits dans un symbole. Ceci est
fait au moyen d’un codeur, en choisissant plusieurs niveaux d’amplitude pour les signaux I(t)
et Q(t).
Une distinction est donc faite entre le débit binaire, fixé par l’écart temporel
d’émission de deux bits consécutifs par la source, et le débit symbole, ou rapidité de
modulation, fixé par l’espacement entre deux symboles émis consécutifs TS. Dans le cas
d’une transmission M-aire, associant M=2m bits dans un symbole de modulation, celui-ci est
alors donné par :
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 9
1 1
//
$
!/ . #1 '
%&
L’efficacité spectrale est, par définition, bornée par C/ : c’est le cas limite pour
lequel le débit binaire est égal à la capacité maximale du canal.
10 Chapitre 1
Le signal / 89:; <=>< est le signal analytique associé au signal réel. Dans cette
expression A(t) et φ(t) correspondent respectivement aux modulations d’amplitude et de
phase, dont les variations sont lentes par rapport à celles de la porteuse.
/A5
̃ / 8><
avec : @
/B5
Dans la grande majorité des cas, les processus mis en œuvre pour la transmission
d’information (filtrage, gain, atténuation…) sont modélisés par des opérateurs linéaires.
L’utilité de l’enveloppe complexe réside dans le fait que l’on traitera la transmission des
signaux sur onde porteuse avec le même formalisme que les signaux passe-bas, en bande de
base [Joindot].
Figure I-4 : schéma bloc du modulateur IQ. Le spectre bande de base est décalé autour de la
fréquence porteuse
Soit e(t) le signal modulé réel, de période de porteuse T0, et de périodicité d’enveloppe
T. Dans la suite, l’impédance implicite de normalisation est prise égale à 1Ω.
12 Chapitre 1
1 K 1 K
〈DE 〉G H ||² H |̃ |²
& 2 &
Dans le cas typique des signaux modulés pour les télécommunications, considérés par
définition bande étroite, on évalue la puissance instantanée d’enveloppe sur un intervalle τ,
pris comme étant égal à quelques périodes T0, et sur lequel A(t) et φ(t) sont considérés
constants. Celle-ci s’écrit alors :
1 M 1
DE G H || |̃ |
L & 2
Le PAPR (peak-to-average power ratio) traduit l’écart entre 〈DE 〉 et DNE . Il s’exprime
comme étant :
DNE
D/D6 10 log V W
〈DE 〉
Comme il a été dit, les deux signaux BF I(t) et Q(t) modulant l’onde RF résultent d’un
traitement opéré sur la trame binaire aléatoire issue d’une source numérique. La trajectoire
temporelle décrivant l’évolution de l’enveloppe de modulation est donc aléatoire, et est, en
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 13
La PDF du signal e(t) est la représentation statistique des valeurs prises par
l’amplitude de l’enveloppe, considérée comme une variable aléatoire, sur la totalité de la
trame temporelle. Pratiquement, la PDF donne une information sur le pourcentage de temps
pendant lequel le signal e(t) a une amplitude donnée. La PDF est donc notamment
conditionnée par le format de modulation choisi et par le type de filtrage appliquée sur les
voies I et Q en bande de base.
I.2.3.2.3 Le signal CW
/ 0
Celui-ci fournira donc une puissance moyenne sur 1Ω de (avec T=nT0, n∈ℕ :
K
1 /²
〈DE 〉 H|/ AX& 5|
2
&
Xk X Xk − X
AcosXk AcosX 2/ #cos # ' cos l n'
2 2
14 Chapitre 1
Le signal réel e(t) et son enveloppe complexe associée ̃ s’écrivent alors :
Avec le formalisme IQ, on aura donc les deux signaux bande de base :
Figure I-6 : signal 2-tons, représentations temporelle et spectrale, enveloppe complexe associée. PDF
du module de l’enveloppe complexe, ainsi que des amplitudes des signaux IQ associés
K
1
〈DE 〉 H /²A X& A t
&
/²
〈DE 〉
2
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 15
M
1
DNE H |/ cosX& | /²
L
&
/
D/D62B 10 log u w 3
/v
2
Pour une modulation numérique QPSK (quadrature phase shift keying, modulation M-
aire m=2) avec un filtre de mise en forme RRC, le signal e(t) présente à la fois des variations
temporelles d’amplitude et de phase. Le PAPR d’un tel signal est fonction de la réponse
impulsionnelle du filtre, notamment du facteur de roll-off (α). Typiquement, pour un signal
QPSK avec α=0.25 le PAPR sera égal à 4.4dB, et aura tendance à augmenter lorsque α
diminue [Rémy 88]. L’allure temporelle du signal e(t) ainsi que l’enveloppe complexe
associée sont représentées à la figure I-7.
L’amplificateur est inséré entre une source de fém Eg, d’impédance interne R0, et une
charge R0 (R0=50Ω). Les réseaux d’adaptation assurent le transfert de puissance optimal entre
la source et la charge. Les circuits de polarisation permettent d’imposer les tensions DC de
polarisation VDS0 et VGS0.
D’une façon générale, le transistor est vu comme un quadripôle décrit par un système
d’équations non-linéaires. Aux excitations VGS(t) et VDS(t) correspondent les réponses non-
linéaires IGS(t) et IDS(t), décrivant le fonctionnement du transistor de puissance. Le transistor
constituant la cellule active élémentaire peut être décrit au premier ordre par sa non-linéarité
convective fondamentale, traduisant l’action la source de courant de drain :
Figure I-10 : modèle électrique équivalent petit signal en haute fréquence du transistor de puissance,
autour du point de fonctionnement en classe A
4 4
4 ~z{& , ~{& ' ~{ ' ~
~{ ~{& , ~z{& ~z{ ~{& , ~z{& z{
Dans le cas d’une entrée sinusoïdale, les excitations et les réponses s’écrivent :
~{ ~{& ~{k cosX& ; { {& {k cosX& 5
~z{ ~z{& − ~z{k cosX& ; z{ z{& z{k cosX&
K;
1
D H ~{& ~{k cosX& . {& {k cosX& 5
éE &
&
K;
1
H ~z{& − ~z{k cosX& . z{& z{k cosX&
&
&
D éE
G D G DE<éE G − D < E G
Lorsqu’il est utilisé en fréquence basse, loin de ses potentialités maximales (fréquence
maximale d’oscillation), le transistor microonde a un gain en puissance relativement
important (typiquement supérieur ou égal à 13 ou 15 dB), la contribution de la puissance RF
injectée à l’entrée sur la puissance RF en sortie est alors négligeable, et seule la puissance
20 Chapitre 1
provenant du DC est alors prise en compte. L’amplificateur doit donc assurer, avec la plus
grande efficacité possible, la conversion d’énergie DC vers RF. Du point de vue énergétique,
l’amplificateur est alors défini par son bilan de puissance [Lucyszyn 97] représenté à la figure
I.11.
D < E
% . 100%
D
Aux fréquences hautes, à cause du comportement de type passe bas du circuit d’entrée
du transistor, le gain maximal du transistor chute (6dB/octave). La contribution de la
puissance RF injectée à l’entrée sur la puissance de sortie n’est plus négligeable. On introduit
alors la notion de puissance ajoutée par l’amplificateur, Paj :
D < E − DE<éE
D/$ % . 100%
D
Figure I-12 : illustration graphique de la puissance dissipée par le transistor pour une polarisation en
classe A sur une période de la porteuse. A très basse puissance (gauche), le transistor dissipe une
grande partie de la puissance consommée, il y a peu de puissance RF convertie en sortie. Le transistor
convertit plus efficacement la puissance DC consommée lorsque la puissance RF en sortie augmente
(droite), la puissance dissipée par le transistor diminue, et sa température également.
k :
9 :
|H(f)| et/ou le TPG=− (temps de propagation de groupe) comme constants. Elles
constituent la mémoire linéaire du système. Du fait de la dépendance en fréquence, la réponse
en sortie de l’amplificateur dépend alors de l’excitation du signal à l’instant présent, mais
également aux états précédents : elle n’est pas instantanée.
Figure I-14 : variations du gain et du TPG dans la bande d’utilisation de l’amplificateur RF,
induisant des distorsions linéaires de l’amplitude et de la phase du signal
~ − ~{&
Soit β arccos ~
{k
Figure I-16 : illustration de la notion d’angle d’ouverture du transistor pour une polarisation en
classe B.
Avec:
9
1 Bβ − βcosβ
z{& H z{
23 3 1 − Aβ
&
9
1 β − sinβcosβ
z{k H z{ A
23 3 1 − Aβ
&
z{& v3 z{k v
2
On considère les harmoniques de courant (IDSn,n≠1) fermés dans des courts circuits
parfaits en sortie, de telle sorte qu’aucune tension autre que le fondamental VDS1 n’est
produite à travers la charge. La tension VS(t) de sortie ne comportera donc qu’une seule
composante au fondamental sur la charge RF. Dans le but d’extraire le maximum de
puissance du transistor, l’adaptation en sortie pour un fonctionnement optimisé en puissance
consiste à présenter à la source de courant une impédance qui maximise le produit courant –
tension au fondamental dans les limites du transistor. C’est typiquement le cas de
l’amplificateur de puissance utilisé à l’émission. On choisira alors une tension de polarisation
de drain autorisant le maximum d’excursion à VDS(t), afin de maximiser la puissance RF de
sortie sur la charge au fondamental :
1 1
~ 6< |z{k |² 3
2 2
z{k z{k
≈ 78.5%
~z{& z{& ~z{& z{& 4
La figure I-17 représente les formes temporelles aux accès du transistor pour une
polarisation en classe B exacte.
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 25
Figure I-17 : représentation graphique du fonctionnement du transistor sur la charge optimale pour
une polarisation en classe B. Le courant IDS(t) est la superposition du courant moyen IDS0, traversant
la self de choc, du courant fondamental IDS1cos(ω0t) et de ses harmoniques pairs. Le circuit résonant
de sortie assure une tension VS(t) sinusoïdale à f0 d’excursion maximale aux bornes de Ropt.
1
DE<éE 6 ! ² X |~{k |
2 ¥ ¥
1 1 ~z{ z{{
D < E z{k ~z{k 6< z{k
|~{k |
2 2 8~ ²
~z{ z{{
D z{& ~z{& |~{k |
23~
D’où
~z{ z{{ ~
D |~{k | − z{ z{{ |~{k |
éE
23~ 8~ ²
La figure I-18 montre les allures temporelles des signaux VDS(t), IDS(t), et Pinst(t) ainsi
que l’évolution des puissances de sortie, DC, et dissipée en fonction de la puissance d’entrée,
pour 0<VGS1<VGS1max=|Vp|, dans l’hypothèse du fonctionnement sur la charge optimale,
26 Chapitre 1
comme représenté à la figure I.17. Il apparait que la classe B théorique présente des
performances en rendement améliorées par rapport au cas de la conduction continue (classe
A), par diminution de la valeur moyenne du courant IDS0, tout en assurant la même quantité de
fondamental IDS1 qu’en classe A. Ceci provient de l’apparition d’harmonique d’ordre 2 dans
la décomposition du courant IDS(t) au sein du transistor, en phase avec le fondamental et
provenant de l’action de coupure en dessous du point de pincement. Cette augmentation du
rendement se fait néanmoins au prix d’une complexification des conditions de fermeture sur
la charge en sortie : on doit alors présenter des courts circuits aux harmoniques de courant
IDSn,n≠1, de telle sorte qu’aucune tension autre que le fondamental VDS1 n’est produite à travers
la résistance Ropt.
Figure I-18 : représentation du courant de drain IDS(t), de la tension de drain VDS(t) et de la puissance
instantanée Pinst(t). La puissance dissipée Pdissipée (obtenue par intégration de Pinst(t) sur la période T0)
par le transistor en classe B sur 2 périodes de la porteuse (à gauche). Représentation des puissances
DC, de sortie et dissipée selon l’augmentation de l’amplitude de l’excitation |VGS1|, et courbes de
puissances selon la puissance d’entrée en Watts (à droite). On considère un transistor idéal 10W,
polarisé en classe B exacte, IDSS=1.3A,VDSmax=60V (Ropt=46Ω), Vp=-3V, Rg=3Ω, Cgs=8pF, f0=1GHz.
L’adaptation en sortie sur la puissance maximale assure que le transistor est utilisé sur
toute sa dynamique d’excursion courant-tension à fort niveau, développant la puissance
maximale sur la charge. Cependant, une limitation de la puissance de sortie est atteinte
lorsque l’amplitude du signal VDS(t) est telle que le cycle de charge va excursionner dans la
zone ohmique (VDS<VDSmin). L’amplitude du fondamental en tension VDS1 étant alors limitée
par la tension de coude, d’importantes distorsions non-linéaires d’AM/AM et d’AM/PM
apparaissent alors à fort niveau, conduisant à une compression du gain en puissance et à une
distorsion non-linéaire de la phase du signal en sortie de l’amplificateur. Quantitativement, la
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 27
valeur de VDSmin est une portion non négligeable de VDS0 (typiquement de 10 à 20%), et la
limitation de l’excursion en tension drain-source par la tension de coude est la principale
contribution dans la réduction de la puissance de sortie et dans la baisse du rendement par
rapport au cas idéal.
z{ z{ ~{k ~{k & k ~{k ~{k
~{k ⋯
§&,k,
| |
z{ ~¥ A& cosr & k ~¥ A& cosr ~¥ A& cosr
§&,k,
ª§ ª§_k
8; _8; 1 2 1 2 1 2
A& V W # ' 8_ª; _k # ' cosq2& − ©s # '
2 2 © 2 © 2
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De même :
ª ¬ §_k
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Ar # ' cosq2r − © « s # '
2_k © « 2
ª ¬§&
28 Chapitre 1
1
z{ 4 & µ 4 k ~¥ qδ:;_r δ:;=r s
4
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1 2
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Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 29
Figure I-19 : spectre d’amplitude théorique du courant de drain IDS(f) pour un transistor polarisé à
VGS0=Vp, avec VGS1=Vgcos(ω0t)cos(Ωt) (ω0/Ω=100). On note l’absence de produits d’intermodulation
autour du fondamental.
Figure I-20 : illustration du fonctionnement du transistor idéal en classe B exacte dans le cas d’une
excitation 2-tons. On retrouve sur la résistance de charge Ropt ce qui est dans la bande de fréquence
autour du fondamental, sans distorsion d’enveloppe.
L’analyse précédente décrit la classe B idéale comme une très bonne solution pour
l’amplification linéaire de puissance à haut rendement. Néanmoins, du fait de la
caractéristique linéaire par morceaux, il apparait une extrême sensibilité de la linéarité selon
VGS0 autour du point Vp, rendant la classe B idéale comme purement théorique et non
utilisable en pratique lorsqu’il y a des spécifications requises en linéarité.
Pour une tension VDS0 donnée, la mise en conduction du canal ne se fait pas de façon
abrupte et la caractéristique IDS(VGS) présente une zone de courbure autour de Vp pour
laquelle la valeur de gm dépend du point de polarisation.
Figure I-21 : caractéristique IDS(VGS) réelle du transistor autour du point de pincement. Le profil gm de
la transconductance présente une zone de courbure, ses dérivées selon VGS (gm1, gm2 et gm3) conduisent
à l’apparition de distorsions sensibles à faible niveau, lorsque le signal balayera majoritairement
cette portion de la caractéristique
En plus des non-linéarités convectives I/V grand signal, des éléments réactifs non-
linéaires (notamment Cgs, Cds et Cgd) existent, régis par les relations Q/V non-linéaires, et
affectant les performances des transistors à effet de champ. Typiquement l’effet capacitif non-
linéaire présent en entrée conduit à une déformation du signal de commande de la source de
courant VGS(t), introduisant des distorsions AM/AM et AM/PM supplémentaires.
Figure I-22 : effet de la capacité non-linéaire d’entrée : pour une excitation sinusoïdale, la relation
non-linéaire courant-tension imposée par la capacité Cgs introduit une déformation de la tension VGS
pilotant la source de courant.
32 Chapitre 1
Figure I-23 : réponse en fréquence de l’amplificateur (gauche) : la coupe verticale est obtenue
séquentiellement en CW pour plusieurs points de puissance. Conversions AM/AM et AM/PM statiques
(droite), conduisant à définir la non-linéarité statique
L’extension de ce qui vient d’être dit au cas des signaux modulés à enveloppe variable
ne présente pas de développement supplémentaire : le fonctionnement autour du fondamental
en enveloppe est alors décrit par les conversions AM/AM et AM/PM. Ces profils non-
linéaires, balayés dynamiquement par l’amplitude instantanée du signal modulé engendrent
alors des distorsions non-linéaires de l’enveloppe, qui sont les principales causes de
dégradation de la linéarité autour du fondamental.
Figure I-25 : localisation des différentes causes d’apparition d’effets dispersifs dans l’amplificateur
de puissance : le transistor et son environnement (circuits d’adaptation RF entrée/sortie, circuits de
polarisation, évacuation des calories…) interagissent de façon non-linéaire (schéma électrique de
l’amplificateur CGH27015-TB Rev4 CREE).
capturer et de relâcher des porteurs libres (électrons et trous), activés par les différents
potentiels en jeux dans la géométrie du transistor et par la température, et influençant la
densité de charge à l’intérieur du canal. Les vitesses de capture et d’émission obéissent à des
constantes de temps différentes, allant de l’ordre de quelques kHz jusqu’à plusieurs MHz, et
dépendent de la localisation et de la nature de l’imperfection. Du fait que les effets de pièges
impactent la densité de charge dans le canal, ils sont visibles sur la réponse de la source de
courant en grand signal par une modification des réseaux I/V en fonction du niveau du signal
d’excitation.
D’une façon générale, il est très empirique de déduire des règles de comparaison entre
les différents critères de linéarité, du fait de la multitude de paramètres les influençant, et de
l’interaction forte entre le signal et la non-linéarité. Des critères au niveau système sont
cependant nécessaires afin d’avoir une vision globale des dégradations qui apparaissent entre
l’émetteur et le récepteur [Nassery 11].
Le rapport signal à bruit peut être défini dans deux plans différents [ETSI 01] : « dans
le canal », (dans le plan d’entrée du récepteur), en RF, avant l’antenne (il faut alors prendre en
compte la bande passante totale des équipements dans le calcul de la puissance de bruit), et
« dans le récepteur ». On distingue alors, pour ce dernier, différents filtrages : le filtrage
d’antenne (RF, large bande) qui sert à réduire la puissance au niveau du front end, puis le
filtrage en IF qui sert à extraire le signal utile. Ce dernier filtre doit être plat dans la bande
pour ne pas modifier le signal utile. Enfin le dernier filtrage est opéré en bande de base (filtre
passe bas) c’est le filtre RRC pour la mise en forme en bande de base des données IQ et
assure un critère d’ISI optimal.
Figure I-26 : représentation des différents filtrages opérés à la réception, conduisant à la distinction
de différents rapports signaux à bruit « dans le canal » (C/N) et « dans le récepteur » (SNR)
Il faut donc faire la distinction entre le rapport C/N défini dans le plan de l’antenne, et
le rapport C/N (appelé alors SNR (signal-to-noise ratio)) [Hranac 03] en sortie du
démodulateur, ils ne sont pas forcément égaux à cause des bandes équivalentes de bruit qui ne
sont pas les mêmes. La quantification de ces non-linéarités se fait typiquement selon trois
méthodes que nous allons présenter.
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 37
La mesure vectorielle repose sur l’analyse des signaux IQ démodulés par le récepteur
(VSA : vector signal analyser). En sortie du démodulateur, après le filtrage adapté et la
récupération des symboles, on dissocie les différents effets apportés sur la constellation reçue.
Les coordonnées du symbole j reçu (normalisé) s’écrivent : (Ij+δIj ; Qj+δQj) où (Ij ;Qj)
sont les coordonnées du symbole idéal (normalisé). δIj et δQj sont alors les composantes d’un
vecteur erreur par rapport aux coordonnées idéales (voir figure I-27). Ce vecteur erreur,
traduisant les différents effets introduits par la transmission (bruit gaussien additif du canal,
non-linéarités, erreurs systématiques…), sert alors de base pour le calcul de l’EVM (error
vector measurement) et du MER (modulation error ratio) que nous allons définir.
Figure I-27 : représentations dans le plan IQ du symbole idéal, du symbole reçu et du vecteur erreur
Pour procéder à l’analyse des perturbations sur les données IQ reçues et normalisées,
on sépare alors δIj et δQj, pour chaque point i de la constellation, en deux contributions
distinctes et décorrélées, traduisant des effets de natures différentes [ETSI 01] : ∆i et σi.
Figure I-28 : illustration sur la constellation des effets d’IQ imbalance et de quadrature error du
modulateur et conduisant à définir le paramètre ∆i
Une fois ces causes supprimées, la distribution statistique résultante, permet d’accéder
à d’éventuels effets indésirables tels que :
Coherent interferer (interférence avec une raie de forte puissance provenant par
exemple d’un couplage indésiré de la partie émission à forte puissance) visible sur le
diagramme par une forme circulaire des nuages de points, normalement gaussien.
Ceux-ci n’étant pas causés par des phénomènes utiles à mesurer (non linéarité, bruit..)
il est nécessaire, pour évaluer la qualité du signal reçu, de supprimer ces effets avant la
mesure du SNR. Tous ces effets sont corrigés par des algorithmes implantés dans les
récepteurs commerciaux.
Une fois ∆i supprimés et les effets résiduels éventuels corrigés, σi représente alors la
distribution statistique du nuage gaussien, centré autour du point i de la constellation. Ce
nuage est alors uniquement imputable au bruit blanc gaussien additif (AWGN : additive white
gaussian noise) rajouté lors de la transmission, et sert alors de base pour le calcul du SNR, en
bande de base, derrière le démodulateur et le filtre de mise en forme. Dans ce cas, le
barycentre (valeur moyenne) de la répartition des symboles reçus, pour un point i spécifique
de cette constellation, est le symbole idéal.
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 39
Le SNR apparait alors comme étant le rapport entre la puissance du signal calculée
d’après les symboles reçus, et la puissance du bruit AWGN, calculée d’après les vecteurs
erreurs. Le SNR s’écrit alors pour une valeur N de symboles transmis :
1 |
∑8§k¼8 8 ½ BA B
º%6 10k& %
1 | BA
∑ ¼¾ ¾À,8
½
% 8§k ¿,8
Où Ij et Qj sont les amplitudes en phase et en quadrature du signal reçu. σI,j et σQ,j sont
les coordonnées du symbole reçu j relativement à la valeur moyenne (barycentre) calculée
pour chaque point i de la constellation.
Son intérêt, tout comme l’EVM, réside dans le fait qu’elle apporte un critère visuel
des différentes distorsions qui perturbent le signal (son calcul suppose l’absence d’une
égalisation). Le calcul du MER et de l’EVM, contrairement au SNR ne suppose aucune
suppression des différents paramètres d’erreurs systématiques précédents (IQ imbalance,
quadrature error, phase jitter, coherent interferer), et donne donc, en ce sens, accès à toutes
les dégradations apparaissant entre l’émetteur et le récepteur.
On calcule, pour chaque symbole j reçu, le vecteur erreur. Il est défini comme étant le
1 |
∑8§k¼8 8 ½
$6 10k& %
1 |
∑8§k¼µ8 µ 8 ½
%
du signal utile | ∑|
8§k¼8 8 ½ et la puissance du bruit | ∑8§k¼µ8 µ 8 ½, calculés d’après
k k |
On a donc deux définitions liées entre le SNR et le MER : le ratio entre la puissance
$6 1vº%6
40 Chapitre 1
L’EVM exprime la différence vectorielle entre le signal reçu et le signal idéal. C’est la
figure de mérite la plus courante dans les spécifications techniques. Typiquement, la mesure
d’EVM est maintenant couramment implémentée dans les récepteurs commerciaux avec des
planchers de mesure de moins de 1%. On dispose, en réception, là aussi du module et de la
phase du vecteur d’erreur. L’EVM se définit de manière générale par :
1 |
∑8§k[µ8 µ 8]
$~ % Ã% ∗ 100
º
Dans cette définition, δIj et δQj sont les composantes d’erreur en phase et en
quadrature des symboles reçus. Smax est l’amplitude du vecteur idéal maximal (du bord de la
constellation normalisée dans le plan IQ).
L’EVM et le MER sont deux paramètres qui ne diffèrent que par la méthode de calcul.
Ils peuvent être reliés entre eux lorsqu’ils sont comparés en termes de rapport de tensions. En
réécrivant le MER comme étant un rapport de tension en linéaire, on a :
Æ 1 ∑| ¼ 8½
% 8§k 8
$6~
Æ 1 ∑| ¼µ 8½
% 8§k 8 µ
Æ 1 ∑| ¼µ 8½
% 8§k 8 µ
$~~
º
º
L’EVM et le MER sont donc reliés par un facteur de forme :
$6~. $~~ 1/~
º
Des valeurs de V pour les modulations courantes sont données dans le tableau ci-dessous
[ETSI 01] :
Format V
de modulation (linéaire)
BPSK 1
QPSK 1
16QAM 1.341
32QAM 1.303
64QAM 1.527
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 41
Avec :
k n
:E
E &
le gain linéaire
! n
k ²:E
E² &
le terme quadratique (distorsion d’ordre 2)
É É! n
k Ê :E
E Ê &
le terme cubique (distorsion d’ordre 3)
42 Chapitre 1
Soit /k cos k / cos , avec θ1=ω1t et θ2=ω2t les phases instantanées.
/k /
termes retombant sur le DC
2 2
3É /k /
cos2k cos2k −
4
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 43
3É / /k
cos2 k cos2 − k
4
Le spectre théorique en sortie de l’amplificateur est donc donné à la figure I-31 (prise
en compte des ordres supérieurs, jusqu’à l’ordre 7) :
Figure I-31 : spectre en sortie de la non-linéarité lorsque l’entrée est un signal 2-tons aux fréquences
f1 et f2 : il y a apparition de nouvelles composantes fréquentielles.
Des termes retombants sur le DC, induisant un changement du point de point de repos
du transistor. Des IMD d’ordres pairs et proches du DC. Ces battements, non
idéalement découplés par les réseaux de polarisation sont responsables d’une
modulation du point de polarisation du transistor.
Ce sont les IMD d’ordres impairs, retombant dans la bande, autours de ω0=(ω1+ω2)/2,
qui conduisent à une déformation de l’enveloppe du signal de sortie. Ils constituent la
problématique majeure dans les systèmes de communication car ils retombent dans la bande
utile et ne peuvent pas être filtrés.
celles des produits d’IMD considérés (I) (3, 5 voire 7 pour les dispositifs fortement non-
linéaires), et s’écrit :
!v 10 V D:],:^ W
Ô k&
D¿Õz Ö
Figure I-32 : configuration typique pour la mesure du C/I. La différence (en dB) entre les marqueurs 1
et 2 correspond à la valeur du C/I3 supérieur.
Figure I-33 : configuration typique pour la mesure d’ACPR. En sortie de l’amplificateur, il apparait
des remontées spectrales dégradant les canaux adjacents
puissance transmise dans le canal principal utile (phénomène de compression). D’autre part,
le spectre radio étant une ressource limitée, les transmissions se font sur des supports
fréquentiels disjoints, dont l’écart (bandes de garde) est fixé par des spécifications d’efficacité
spectrale. Des masques ou gabarits pour chaque standard sont fixés par des organismes
régulateurs [Gumm 99], afin d’assurer le fonctionnement dans un contexte multi-utilisateur.
! _k ! _k
# ' # ' %D6_k
% %
Dans une application réelle, l’amplificateur est soumis à un stimulus composé d’un
grand nombre de porteuses modulées. En temporel d’enveloppe, l’excitation tend alors à avoir
une statistique gaussienne, excitant la non-linéarité et ces effets dispersifs [Reveyrand 02].
Afin d’émuler un tel signal dans des conditions de mesure, deux méthodes existent. L’une,
analogique, repose sur l’utilisation d’une diode de bruit générant un bruit blanc dont le spectre
est continu, et repose sur un filtrage approprié du bruit ainsi généré. Cette méthode,
46 Chapitre 1
fondamentalement analogique, offre l’avantage de pouvoir générer un bruit très large bande.
L’inconvénient réside dans le fait que la génération du signal d’excitation est soumise au
choix de la diode de bruit, à la banque de filtres utilisés pour le conditionnement du bruit, et
offre une répétabilité limitée, et une génération relativement complexe. L’autre méthode,
numérique, qui sera retenue compte tenu de la nature du banc de test (permettant la génération
de trames complexes périodiques), repose sur la génération numérique d’un pseudo-bruit.
1
|
Avec φi la phase de la ième porteuse, variable aléatoire de tirage uniforme sur [0,2π[.
Trois méthodes sont alors possibles afin de procéder à la mesure du NPR en sortie de
l’amplificateur.
Figure I-34 : principe de la génération numérique du bruit blanc gaussien à bande limitée. La
concaténation fréquentielle d’un grand nombre de raies d’équi-amplitude et de phase aléatoire
conduit, par transformée de fourrier inverse, à un signal temporel à statistique gaussienne
Figure I-35 : méthode du notch pour l’évaluation du NPR en sortie de l’amplificateur de puissance
!
%D6E 10k& # '
!
%D6Þ %D6E − 1
Il faut aussi noter qu’on ne peut pas, d’après cette mesure de C/I dans le notch, élargir
à toute la bande utile du signal la mesure de NPR, puisque les produits d’IMD d’ordres
impairs (dans la bande de fréquence des porteuses) ont une répartition concave, donc non
plate. Dans le cas d’un grand nombre de porteuses, la variation de puissance entre le centre de
la bande (au niveau du notch), et aux bords de la bande présente une décote de 1.76dB
[Lajoinie 00]. Cette répartition conduit à définir le C/I moyen dans la bande (C/I total),
différent de -1.25dB du C/I mesuré dans le notch (cas le plus défavorable).
48 Chapitre 1
La méthode du notch nécessite par définition la génération d’un grand nombre de tons,
afin de disposer d’une variance acceptable dans la mesure de la DSP des produits
d’intermodulation dans le trou. Une autre mesure, basée sur la mesure des enveloppes
complexes d’entrée et sortie aux accès du module non-linéaire sous test avec un VSA est
basée sur la décomposition en composantes corrélées et non-corrélées en sortie de
l’amplificateur non-linéaire. Cette méthode présente l’avantage de ne pas nécessiter l’emploi
d’un trou fréquentiel dans le signal d’entrée [Sombrin 07].
où ̃ est la partie corrélée avec le signal d’entrée et ̃ est la partie non corrélée.
mémoire, décrit par sa fonction de description 4|} au fondamental, et reliant les enveloppes
Ce principe suppose l’amplificateur sous-test agissant comme une non-linéarité sans
avec ß le gain linéaire bas niveau et à est la partie corrélée des produits
comme une compression du gain [Ooi 12]. á correspond à la partie des bruits
d’intermodulation qui retombent dans la bande, et intervenant soit comme une expansion soit
de ̃ se réduit à ß̃ . Cette relation devient fausse dans le cas non-linéaire, et il faut écrire
Dans le cas d’un système linéaire, en négligeant le bruit thermique et de mesure, l’expression
alors :
à̃ est alors la partie non-linéaire corrélée avec le signal ̃ . Cette contribution est
celle qui retombe dans la bande utile, sur les mêmes fréquences, et qui compresse le signal
utile.
Dans le cas de la mesure du NPR, on considère alors que ẽest un signal à statistique
gaussienne centrée, on peut appliquer le théorème de Bussgang, en l’étendant au cas
complexe en considérant à la fois la phase et l’amplitude [Medrel 13] :
Dans cette expression ̃ est décomposé en une somme d’un terme linéaire
(expansion linéaire du signal ẽ), corrélé avec le signal d’entrée et noté ãẽ, et d’un autre
contenant les distorsions, Bâ qui a par définition une corrélation nulle avec le signal
d’entrée.
Remarquons que dans le cas d’un signal à statistique gaussienne comme l’est le signal
entièrement non corrélé avec le signal d’entrée [Rowe 82], il n’y a alors pas de coefficient à
test de NPR, le bruit d’intermodulation retombant dans la bande utile est compté comme
Figure I-36 : méthode du gain équivalent pour le calcul du NPR. On décompose le signal en sortie de
l’amplificateur RF comme une combinaison d’une partie corrélée avec l’entrée (expansion linéaire du
signal d’entrée) et une partie non-corrélée (produits d’intermodulation)
Cette méthode permet d’avoir la valeur vraie du NPR définie par la méthode
précédente du notch, dans une bande d’intérêt notée ∆, sans la nécessité de l’impression d’un
trou au centre de la bande :
Figure I-37 : principe de la mesure du NPR par la mesure de la dégradation de l’EVM d’une porteuse
modulée au centre de la bande
On mesure l’EVM sur cette porteuse démodulée, derrière le filtre de réception. La
mesure de cette dégradation peut être directement liée à la mesure de NPR dans le plan du
récepteur. Le bruit d’intermodulation propre de la porteuse doit être négligeable devant celui
ramené par le signal total. On s’assurera notamment d’avoir une erreur (EVM, MER) très
faible en l’absence du signal NPR.
On travaille dans la même bande de réception, le même filtre est utilisé pour le bruit
d’intermodulation et le signal utile. Dans le cas d’une porteuse modulée numériquement, c’est
dans la bande de réception du filtre adapté qu’est faite cette mesure. Cette mesure fera l’objet
d’un développement spécifique au cours du chapitre 3. On montre que la mesure de l’EVM
sur la porteuse modulée insérée dans le notch est alors reliée au NPR par [Sombrin 11] :
Avec V le facteur de forme défini section I.3.1.3, et R le rapport entre la densité spectrale
de puissance du bruit blanc NPR et la densité de puissance de la porteuse modulée insérée
dans le notch.
Transmission des signaux hyperfréquences de puissance pour les systèmes de télécommunication 51
Bien que fondamentalement différentes, ces trois définitions reposent sur le fait que le
bruit d’intermodulation correspond à la plus petite partie du signal de sortie non-corrélée avec
le signal d’entrée, le NPR étant le rapport, en linéaire, entre la puissance de la partie non-
corrélée du signal de sortie avec le signal d’entrée et celle de la partie non-corrélée :
Pour la méthode du gain équivalent, le gain équivalent est calculé tel que la partie
restante non-corrélée avec le signal d’entrée (le bruit d’intermodulation) soit la plus
faible possible.
I.4 Conclusion
Ce premier chapitre a permis de mettre en avant les principaux enjeux relatifs à l’émission
de signaux de télécommunication de puissance. Avec comme trame de fond le contexte multi-
utilisateurs (techniques d’accès multiples TDMA, FDMA et CDMA) et les notions
d’interopérabilité et de reconfigurabilité des nouveaux systèmes communicants (systèmes
multi-bande, associant sur une même puce différents standards), l’optimisation conjointe des
performances en terme de consommation et de linéarité de la partie analogique de puissance
est fortement contrainte. L’accent a notamment été mis sur l’amplificateur de puissance, et
son impact sur les performances finales d’efficacités énergétique et spectrale des systèmes de
télécommunication.
II.1 Introduction
L’étage final d’amplification de puissance RF, avec au cœur de celui-ci, le transistor
de puissance, est une partie critique dans les systèmes de communication modernes. Comme
cela a été vu au cours du premier chapitre, il impacte de façon prépondérante les
performances en rendement et en linéarité globales de l’architecture. Les schémas de
modulation à haute efficacité spectrale, requis pour l’augmentation du débit des liaisons,
imposent la linéarité comme le critère dominant. L’efficacité énergétique de l’amplificateur,
quantifiée par la PAE, est la seconde contrainte devant arriver en tête dans le cahier des
charges, car il impacte directement le coût de l’architecture, augmente la durée de vie des
batteries dans les systèmes, simplifie grandement la gestion thermique de la cellule active, et
permet d’améliorer la fiabilité des éléments actifs.
Depuis les années 80, les tubes microondes ont progressivement laissé la place aux
transistors à état solide (SSPA : solid state power amplifier) dans des domaines de plus en
plus variés. Cela se justifie notamment dans les applications grand public par l’avantage
qu’offre l’automatisation complète, à forte intégration, du procédé de fabrication. Le
développement des nouvelles filières technologiques utilisant des matériaux « III-V », de la
troisième et la cinquième colonnes du tableau périodique des éléments, depuis le milieu des
années 90 rend maintenant possible l’obtention de performances en puissance intéressantes
[Kawano 05, Wu 06]. Parmi les matériaux grands gaps, le nitrure de gallium (GaN), grâce à
ses propriétés électriques et thermiques intrinsèques se présente comme un excellent choix
pour les applications microondes de puissance à l’état solide. On rappelle ci-dessous ses
principales caractéristiques physiques.
$¸ ∝ $
É/
Ceci permettant aux composants GaN de développer de la puissance sous forte tension,
ce qui présente un intérêt pour des applications en électronique de puissance. Ce gap
important assurera également d’une part une faible densité de porteurs intrinsèque, et ce
même à forte température, et d’autre part, de faibles courants de fuite. Du fait de la
modification des paramètres de maille du réseau cristallin avec la température, la valeur
du gap EG aura tendance à diminuer avec une augmentation de la température. Les
performances en tenue de tension (claquage, avalanche) seront donc dégradées par une
température trop importante du composant GaN.
ïL
ê ±μ& . $íê avec μ& î ~ _k _k vî ∗
56 Chapitre 2
ê ±μ$. $íê
champ appliqué :
Ces grandeurs définissent les pertes (par conduction) au sein des éléments passifs
diélectriques. Plus la résistivité sera grande, plus les courants de fuites seront faibles
dans le substrat. La modification de la mobilité des porteurs par l’augmentation de la
température induit, ici aussi, un effet préjudiciable sur la conductivité. Une augmentation
des pertes par auto-échauffement se produit donc au sein du barreau semiconducteur.
$¸ {
ñ¹ ¹ ò μ $ Ȩ́
23
ò μ $¸ { ñ¹ ¹
ñ¹{ ¹{
K@300°K Tmax
matériau 7
(F/m) (cm²/V.s) (MV/cm) (10 cm/s) (W/cm.K) (°C)
Si 11.8 1350 0.3 1 1.5 300 1 1
AsGa 12.5 8500 0.4 1 0.45 300 1.3 15.8
GaN 9 900 3.3 2 1.9 700 22 676.8
Figure II-1 : vue en coupe simplifiée de la structure de base d’un HEMT AlGaN/GaN
Sans entrer davantage dans le transport des électrons dans ce type de structures, qui ne
fait pas l’objet de ce travail, on peut cependant qualitativement préciser que certains
paramètres importants sont affectés par le confinement des électrons dans le puits quantique,
ce qui permet notamment l’obtention d’une très grande mobilité électronique, conduisant à
une forte densité de courant en haute fréquence. On contrôle la conductance du canal ainsi
formé par le contrôle de la densité superficielle d’électrons avec l’électrode de grille. Toutes
les propriétés intrinsèques du nitrure de gallium, associées à l’utilisation d’une hétérostructure
à la base de la création d’un canal à très haute mobilité, contribuent à l’obtention de
performances intéressantes du transistor HEMT de puissance, brique de base de la cellule
active. Citons parmi celles-ci :
adaptation de sortie : l’un des points critiques dans l’utilisation des transistors
microondes de puissance réside dans leur adaptation de sortie. A puissance de sortie
donnée, l’objectif est d’augmenter l’impédance de sortie. Du fait du fort champ de
claquage des composants GaN, la possibilité de développer de la puissance sous forte
tension autorise d’une part la polarisation du transistor sous forte tension VDS0, ce qui
permet, à puissance de sortie donnée, une diminution des capacités d’entrée/sortie,
autorisant une adaptation du composant sur une bande passante plus large, et d’autre
part, ceci permet, toujours à puissance de sortie fixée, de faire travailler le transistor
avec un cycle de charge moins incliné : l’impédance à synthétiser sera plus haute,
facilitant sa conception et minimisant les pertes dans le circuit d’adaptation de sortie.
4<
23!¥
La fréquence maximale d’oscillation du transistor est définie comme étant la
fréquence pour laquelle le module du gain maximal en puissance est égal à l’unité.
Son expression est :
4<
4
2y6¥ /6
Des fréquences ft et fmax de l’ordre de 370GHz ont été rapportées [Higashiwaki 05,
Yue 12], ouvrant la voie à des applications en gamme millimétrique pour les futures
générations de dispositifs.
Bien que très prometteurs, des effets dégradant les performances électriques finales du
transistor, intrinsèques au matériau GaN, et notamment à sa maturité actuelle, moins avancée
que le silicium ou l’AsGa, peuvent être décrits :
les effets de pièges : Principal sujet d’investigation actuel sur le GaN, ils affectent les
performances électriques du transistor, provoquant une décroissance importante de
l’excursion maximale du cycle de charge en puissance, par réduction du courant IDS en
sortie. Les pièges trouvent leur origine dans différents types de défauts présents dans
l’épitaxie, venant de la fabrication du transistor. Ils peuvent alors être séparés selon leur
localisation dans la structure : au-dessus de la couche donneuse d’AlGaN (pièges de
surface, activés par un changement de polarisation de grille (effets de gate-lag)), ou bien
sous le canal, dans le buffer GaN (pièges de buffer, activés par un changement de
polarisation de drain (effets de drain-lag)). D’un point de vue électrique, ces défauts sont
des états énergétiques libres capables de capturer des porteurs libres, puis de les
réémettre, modifiant la conductivité apparente du canal. Les constantes de temps de
capture (τcapture) et d’émission (τémission) des porteurs libres étant très différentes
(typiquement, τcapture est de l’ordre de la dizaine de ns, et τémission est de l’ordre de la ms
ou plus), les phénomènes de pièges participent aux effets mémoire BF.
la notion de fiabilité et de vieillissement du transistor : Les HEMT sont sujets à des
phénomènes de dégradation dus au stress RF encore mal connus et à investiguer. La
difficulté de dissocier tous les mécanismes de défaillance réside dans leur nature
statistique et multiphysique, précisément parce que les HEMT AlGaN/GaN travaillent à
de fortes tensions de drain, des champs électriques intenses et des températures élevées.
Un fort champ électrique favorisant l’apparition de porteurs dits « chauds », capables de
produire le phénomène d’ionisation par impact, principal phénomène de dégradation. Afin
de limiter le vieillissement du transistor HEMT GaN on impose une sous-utilisation par
rapport aux limites de fonctionnement, notamment sur la tension de polarisation de drain,
avec comme conséquence la baisse de la puissance en sortie.
les effets thermiques : Lors de son utilisation, le transistor de puissance est soumis à de
fortes contraintes thermiques du fait des densités de puissances atteintes. Celles-ci
60 Chapitre 2
Figure II-2 : évolution des standards de communication et des solutions d’amplification proposées
[Wang 14]. Depuis les années 90 et l’apparition sur le marché des systèmes GSM (2G) utilisant la
modulation GMSK et des signaux à bande étroite et à enveloppe constante, jusqu’à l’actuelle LTE-
advanced (4G), utilisant la technique OFDM et des formats de modulation aussi variés que QPSK,
16QAM ou 64QAM et assurant des bandes passantes jusqu’à 100MHz.
L’action sur la polarisation et/ou les impédances de fermeture constitue ce que l’on
appelle la famille des architectures cartésiennes. Le signal, défini par son enveloppe complexe
de modulation (signaux IQ dans le plan cartésien), est traité efficacement par l’amplificateur
au moyen d’une modification de ses paramètres extérieurs comme sa polarisation ou les
impédances qui lui sont présentées. Parmi celles-ci, citons l’architecture Doherty et la
technique d’envelope tracking (ET).
II.3.1.1.1 Principe
Figure II-3 : principe de variation de la charge active utilisé dans la topologie Doherty. Le second
transistor produit un courant à travers ZL, induisant une augmentation de l’impédance Z1’. La charge
Z1 vue par le premier transistor au fondamental derrière l’inverseur d’impédance diminue.
~′k ′k
ó′k ó} V W
′k ′k
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 63
ó¸
ók
′
ó} # k '
′k
ó¸k
80²
ó V W 6} V W 50 80Ω
ó¸ 63.2²
64 Chapitre 2
Le tableau ci-dessous résume les valeurs des charges vues par les amplificateurs
principal et auxiliaire (Zp et Za) au fondamental :
ó¸k
Excursion d’entrée Vin Zp Za
# ' 6} 26<
ó¸
0<Vin<Vmax/2 ∞
ó¸k 1
# ' 6 ó¸
ó¸ 1 } 1
6}
Vmax/2≤Vin<Vmax
ó¸k 6} ó¸
# ' v2 6< 2 6<
ó¸ 6}
Vin=Vmax
Le fonctionnement du faible au fort niveau est alors représenté sur le cycle de charge,
ainsi que les courant et tension au fondamental aux figures II-5 et II-6 :
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 65
Figure II-5 : représentation des courants et tensions au fondamental sur la charge RL en sortie de
l’amplificateur Doherty [Cripps 06]
Figure II-6 : représentation du cycle de charge à fort et faible niveaux de l’amplificateur principal
(polarisé en classe B). L’excursion de sortie maximale (VDSmax/2=VDS0) en tension est obtenue (sur
2Ropt) à la moitié de l’excursion maximale d’entrée (Vin=Vmax/2). A partir de ce point, la mise en
conduction de l’auxiliaire provoque alors une diminution de la charge vue par le principal (jusqu’à
Ropt=40Ω), assurant le maintien de l’excursion maximale en tension du principal et donc son
fonctionnement à rendement maximal
Figure II-7 : rendement de l’amplificateur Doherty utilisant deux transistors identiques (classe B et
C), comparativement à la classe B classique [Grebennikov 12].
On montre que le premier pic de rendement peut être déplacé vers la gauche sur la
figure II-7, élargissant ainsi la zone à haut rendement, si l’amplificateur principal et
l’amplificateur auxiliaire sont de tailles différentes. On utilise alors un amplificateur auxiliaire
de taille supérieure au principal grâce à la mise en parallèle de N-1 amplificateurs identiques
au principal, comme représenté à la figure II-8. La saturation du principal, travaillant sur une
résistance de charge NRopt et correspondant à l’apparition du premier pic de rendement,
présente alors un écart de 20log(N) par rapport à la puissance maximale pour laquelle les deux
amplificateurs sont à la saturation (cf figure II-9). Ceci présente notamment un intérêt pour
l’amplification des formats actuels de modulation à haute efficacité spectrale pour lesquels le
PAPR des formes d’onde dépasse facilement les 6dB offerts par l’architecture classique.
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 67
Figure II-8 : utilisation d’une topologie asymétrique afin de disposer d’un amplificateur auxiliaire de
taille N-1 fois supérieure
La difficulté réside alors dans l’utilisation du diviseur de puissance N voies dont les
pertes d’insertion deviennent importantes, ainsi que la recombinaison des signaux en sortie.
Pour cela l’utilisation d’une topologie distribuée, dont la recombinaison des ondes est faite au
niveau du transistor, présente un intérêt particulier [Cho 07, Kim 10].
Du fait de l’asymétrie entre les deux voies, cette topologie présentera un écart plus
grand entre minimum et maximum de rendement, correspondant à la zone de modulation
active de la charge vue par le principal (lorsque les N-1 auxiliaires sont mis en conduction) et
ce de façon d’autant plus marquée que le rapport de taille entre l’amplificateur principal et
l’amplificateur auxiliaire est important.
Figure II-9 : rendement de l’amplificateur Doherty utilisant une topologie asymétrique N voies
Dans cette topologie, représentée figure II-10, plusieurs amplificateurs auxiliaires sont
combinés afin de prévenir la chute de rendement de l’architecture asymétrique. Bien que plus
complexe dans sa conception, cette solution d’amplification sera donc préférée dans le cas où
le signal présente un large PAPR. Elle est fondamentalement différente de l’architecture
asymétrique, car basée sur l’utilisation de plusieurs amplificateurs auxiliaires de tailles
différentes, dont les mises en conduction successives assurent plusieurs zones de modulation
de charge actives.
Dans cette architecture, on génère numériquement, en bande de base, les deux signaux
pilotant les amplificateurs principal et auxiliaire. L’amplitude et la phase relatives des deux
signaux sont alors contrôlées de façon adaptative, afin d’optimiser le fonctionnement de
l’architecture [Darraji 13, Poulton 06]. Par rapport à la solution classique purement
analogique avec une seule voie d’entrée, un degré de liberté est alors apporté. Ceci permet de
relâcher les contraintes de conception liées à l’impact critique du diviseur de puissance
d’entrée, mais également du choix du point de fonctionnement de l’amplificateur auxiliaire.
II.3.1.2.1 Principe
70 Chapitre 2
Le niveau de linéarité requis par les formats de modulation à haute efficacité spectrale
impose un surdimensionnement à la fois de la cellule de puissance mais également de
l’alimentation DC nécessaire à son fonctionnement. L’amplification conventionnelle à
alimentation DC fixe souffre d’un manque de rendement lorsque l’enveloppe du signal varie
et passe par des valeurs faibles : une grande part de l’énergie DC apportée par l’alimentation
est alors dissipée en chaleur.
Figure II-12 : amplification classique à alimentation DC fixe (en haut) souffre d’un faible rendement
lorsque l’amplitude du signal varie. La surface rouge correspond à l’énergie perdue (sous forme de
chaleur). L’architecture générale de la technique de suivi d’enveloppe (en bas) utilise un modulateur
de polarisation dont le rôle est de varier dynamiquement la puissance fournie à l’amplificateur
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 71
Le signal d’enveloppe d’entrée est mis en forme (envelope shaping) afin d’obtenir les
performances souhaitées [Giovannelli 11, Kim 13, R&S-SMW200a 14]. Une table, reliant la
tension de drain à l’amplitude de l’enveloppe du signal modulé est déduite de mesures
statiques préliminaires. Cette loi assure idéalement le maintien de l’amplificateur à un gain
constant compressé. Pratiquement, un compromis entre le lieu des rendements maximum et
celui offrant un gain constant doit être déterminé afin d’assurer les spécifications requises,
comme illustré figure II.14.
Figure II-14 : lois de commande expérimentales de la tension de polarisation de drain [Baker 11]. La
trajectoire de VDS0 permet le rendement maximal par le maintien à la compression de l’amplificateur
(en haut), ou bien assure un profil de gain constant, et donc une linéarité optimale (en bas)
72 Chapitre 2
La loi de variation de VDS0 présentera une valeur minimale en dessous de laquelle elle
est maintenue constante, empêchant ainsi le cycle de charge d’excursionner dans la
zone ohmique, conduisant à de fortes distorsions des profils d’AM/AM et AM/PM.
La loi ne devra pas présenter de limite abrupte entre la zone à VDSO constant et la
zone à VDSO variable, afin de limiter l’élargissement de la bande passante du signal de
commande, et de rendre possible et efficace toute procédure de linéarisation par
prédistorsion numérique.
En s’appuyant sur la figure II-12, le rendement de l’architecture globale est donné par :
Soit ∆η= ηET - ηPAfixe l’amélioration en rendement apportée par la mise en place de
l’ET. ηPAfixe étant le rendement de drain de l’amplificateur à alimentation fixe.
1
Ùè<EÙ ≥
Ç
1 vþÛ,: E
Figure II-15 : abaque donnant le rendement minimal nécessaire du modulateur de drain. Une
amélioration ∆η=20% du rendement apportée sur un amplificateur à 60% de rendement (à
polarisation fixe) implique alors la mise en place d’un modulateur ayant un rendement de 75%
[Augeau 13, Bouysse]). En signaux modulés, le rendement moyen chute alors, par exemple, avec
ηPA,fixe=20%, et un modulateur présentant un rendement de 50% suffit à assurer cette même
augmentation de ∆η=20%.
Tous ces critères antagonistes font que cette architecture, bien que relativement simple
et prometteuse dans son principe, se heurte à de grandes difficultés de réalisation. De par leur
difficile couplage, il parait évident que le modulateur de drain et l’amplificateur de puissance
ne doivent pas être dissociés dans leur conception [Hoversten 12] [Popovic 13]. Bien que très
peu d’applications commerciales n’existent à ce jour [Nujira 14, Qualcomm] (majoritairement
développées par les leaders dans le marché comme Qualcomm ou Nujira), de nombreux
efforts de recherche portent actuellement sur l’implémentation de solutions d’ET dans les
émetteurs RF [Hong 13, Theilmann 13]. Des standards portant sur le modulateur de
polarisation apparaissent, comme la spécification eTrak, mise en œuvre par le conglomérat
MIPI regroupant les grands acteurs internationaux du domaine. Celle-ci concerne
l’interfaçage analogique du modulateur d’enveloppe utilisé dans l’architecture (en terme de
74 Chapitre 2
signaux, d’impédance, de gain etc…), afin d’assurer une plus grande interopérabilité dans le
développement de l’ET [R&S-SMW200a 14], [Wang 14].
Bien que la taille des transistors utilisés pour une application soit fixée par les niveaux
de puissance requis, l’utilisation de la technique d’ET permet, à taille équivalente, l’obtention
d’une plus grande puissance moyenne de sortie. En effet, le maintien à la compression de
l’amplificateur assure une forte diminution de la température au sein du composant actif.
Comme il a été rappelé à la section II.6, la densité de puissance admissible est notamment
fonction de la température interne du canal, et on pourra augmenter la densité de puissance en
travaillant à température plus faible. Ainsi, le bénéfice est double : tout en assurant une
diminution de la puissance dissipée par la puce, on augmentera la puissance moyenne de
sortie de l’amplificateur.
Il n’est pas choisi ici d’établir une liste exhaustive des nombreuses publications
relatives à la technique d’ET, mais plutôt de présenter quelques développements relativement
récents, montrant les tendances actuelles orientant la recherche. Une focalisation sur la
principale architecture de modulateur de polarisation, largement publiée et faisant toujours
l’objet d’importantes études, est tout d’abord présentée : l’hybrid switching amplifier (HSA).
Plus utilisée que la combinaison série, la combinaison parallèle (Parallel hybrid) des
deux étages sur la charge est représentée à la figure II-16. Une contre-réaction est utilisée, de
telle sorte que le courant fourni (ou absorbé) par l’étage linéaire est minimisé. Celui-ci fournit
les variations rapides de l’enveloppe et contrôle le fonctionnement de l’étage en commutation,
qui fournit alors la majorité de la puissance à la charge (la valeur moyenne de l’enveloppe,
contenant la majorité de la puissance du signal [Ertl 97]). Le rendement global de la
combinaison parallèle n’est impacté que dans une faible mesure par le rendement de l’étage
linéaire, du fait que ce dernier ne travaille que sur une faible portion de l’enveloppe.
Figure II-16 : représentation de la topologie HSA parallèle dans laquelle les étages linéaire et
commuté sont connectés en parallèle sur la charge.
Bien que pertinente dans son principe, la principale cause de baisse de rendement dans
la topologie HSA parallèle provient de la mauvaise utilisation du courant délivré par le
modulateur : le courant fourni par la partie commutée (switch current, Isw) est en général
supérieur au courant appelé par l’amplificateur (load curent, Iload). Cet excès de courant (Isink)
est alors dissipé, et ne sert pas à l’amplification, comme représentée à la figure II-17.
76 Chapitre 2
Figure II-17 : représentation des courants fournis par les différentes parties dans
l’architecture HSA. Le courant Isink est alors la principale cause de pertes énergétique du
modulateur.
[Kim 11] démontre que ce problème est contourné par l’utilisation d’une polarisation
plus haute de l’amplificateur (classe AB au lieu de B). Le courant moyen alors appelé est
supérieur, le courant Isink diminue et le rendement global augmente. Les techniques usuelles
de mise en forme de l’enveloppe, permettant la réduction de son PAPR permettent ici aussi
une meilleure utilisation du courant fourni. L’idée générale étant d’utiliser un minimum
l’amplificateur linéaire, et donc de profiter du rendement important de l’étage en
commutation.
Des évolutions de l’architecture HSA parallèle ont été apportées. Citons parmi celles-
ci [Kim 11]. Elle concerne l’utilisation de plusieurs niveaux de commutation grâce à
l’utilisation d’un convertisseur DC-DC 3 niveaux pour la partie commutée, augmentant ainsi
le rendement par rapport au cas classique avec 1 niveau, pour lequel l’amplificateur linéaire
est contraint à être davantage sollicité.
Figure II-18 : utilisation d’un convertisseur DC-DC 3 niveaux pour l’étage commuté, qui permet un
suivi plus précis de la valeur moyenne du courant Iload, et donc un courant Ilinear plus faible [Kim 11].
Cette topologie de modulateur HSA combined hybrid est à la base d’une structure à
l’état de l’art des modulateurs de polarisation, représentée à la figure II-19. Elle a été proposée
la première fois par [Wang 12] en 2012. Cette structure est vue comme une variante de la
topologie précédente, mais avec un contrôle continu de la polarisation de l’étage linéaire. Ceci
conduit à une topologie imbriquée d’ET. Ce contrôle dynamique de la polarisation peut être
effectué de façon plus efficace que sur l’amplificateur RF directement, puisque
l’amplificateur linéaire ne doit fournir qu’une faible puissance.
Figure II-19 : topologie imbriquée de type HSA, pour laquelle la technique d’ET est également
appliquée au modulateur linéaire. Le réseau de sources de courant fourni la puissance, chacune des
sources entre en conduction selon l’amplitude de l’enveloppe [Wang 12].
Il a également été proposé en 2013 une extension dans [Wang 13] de cette structure,
appelée Multi-nested structure. Si l’on considère un scénario dans lequel la puissance
moyenne de l’émetteur varie temporellement (de façon lente, au rythme du trafic), en
disposant d’une voie de mesure de la puissance rms du signal RF modulé, on peut alors varier
l’alimentation du modulateur de polarisation de l’étage linéaire, au rythme des variations de la
puissance moyenne émise.
Plus généralement, dans cette structure, l’idée est d’utiliser la technique d’ET comme
noyau, afin d’augmenter la zone à haut rendement lors d’un recul de puissance. L’imbrication
des structures permet la conception de modulateur de polarisation fonctionnant efficacement,
puisqu’il est plus aisé de concevoir un modulateur travaillant lentement sur une charge quasi-
fixe.
78 Chapitre 2
Figure II-20 : topologie multinested proposée par [Wang 13], dans le cas d’une structure à deux
niveaux. L’alimentation du modulateur (1st nested) ainsi que le déclenchement des sources de courant
sont alors variés au rythme de la puissance moyenne du signal
Figure II-21 : topologie du modulateur discret utilisant 4 niveaux d’alimentation développé et utilisé
dans [Augeau 13]. La commutation des cellules est effectuée selon le niveau de l’enveloppe. Chaque
cellule utilise des transistors GaN. A l’état ON, le transistor source flottante T2 fournit la puissance à
la charge, le transistor T1 servant de driver.
On commute alors des alimentations fixes, par définition à très haut rendement, selon
l’amplitude de l’enveloppe du signal. Les pertes dans de telles architectures ayant
majoritairement lieu pendant les phases de commutation, la difficulté réside alors dans la
conception d’architectures de commutation ayant des temps de montée et de descente très
faibles. Du fait de la nature discrète de la commande de drain, de nouvelles questions se
posent : comment se comporte l’amplificateur dans un contexte multi-utilisateurs, pour lequel
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 79
II.3.2.1.1 Principe
Cette technique d’amplification à haut rendement, proposée par Kahn en 1952 [Kahn
52], concernait dans sa première version l’amplification de signaux modulés à la fois en
amplitude et en phase.
Figure II-22 : architecture générale d’amplification avec la technique d’EER [Rudolph 02].
L’enveloppe (composée des signaux IQ en coordonnées cartésienne) est transformée en deux signaux
A et RF-P constituant les coordonnées polaires de l’enveloppe : l’une à amplitude constante,
contenant la modulation de phase (signal RF-P), l’autre contenant la modulation d’amplitude (signal
A).
L’architecture EER trouve son intérêt dans le fait que l’amplificateur travaille en zone
de saturation, donc à haut rendement. Son fonctionnement, représenté à la II-24 [Hoversten
10], peut être alors assimilé à une source de tension idéale, proportionnelle à l’alimentation
DC : l’amplitude de l’enveloppe du signal RF de sortie est linéairement contrôlée par la
modulation du point de polarisation de drain. Toute la modulation AM est alors fournie par la
modulation de la tension d’alimentation. Le rendement est donc idéalement maintenu à son
maximum sur toute la dynamique de la variation de l’alimentation, et donc du signal de sortie.
Dans la pratique, des conversions VDS0/AM, VDS0/PM non-nulles existent, provoquant une
distorsion d’amplitude et de phase lors de la modulation de VDSO [Cripps 06]. Celles-ci sont
80 Chapitre 2
provoquées par des fortes variations des capacités non-linéaires Cds et Cgd dans la région à
faibles VDS0 [Bumman 10].
Bien que théoriquement prometteuse, cette architecture se heurte à des points durs
pour sa réalisation :
tout comme pour l’ET, la difficile réalisation d’un amplificateur d’enveloppe à haut
rendement, à la fois large bande et permettant de fournir la puissance nécessaire à
l’amplificateur, impacte les performances globales de l’architecture.
de par son principe, l’architecture EER repose sur une transformation non-linéaire des
coordonnées cartésiennes vers polaires du signal. Les signaux internes à l’architecture
(A(t) et φ(t)) ont des supports fréquentiels beaucoup plus larges (typiquement 10 fois
plus larges que les signaux I(t) et Q(t) initiaux [Kim 07], [Mustafa 09]) comme
représenté à la II-25.
Figure II-24 : spectres du signal complexe (signal IEEE 802.11a), et des signaux polaires A et Φ
associés [Walling 13].
Figure II-25 : effet de l’augmentation du délai (de 0 jusqu’à 1 symbole de modulation) entre les voies
internes A et RF-P dans le cas d’une modulation QPSK [Rudolph 03].
une limitation en bande passante et/ou un TPG non constant sur la voie de A(t) a
également de fortes répercussions sur la linéarité de sortie, pour les mêmes raisons
qu’une erreur sur l’alignement temporel. Ceci introduit une difficulté de conception
supplémentaire sur le modulateur d’enveloppe.
II.3.2.2.1 Principe
Cette architecture, proposée par [Yang 10], se présente comme une variante
intéressante de l’architecture EER classique. Son synoptique est représenté à la figure II-27.
Comme toute topologie polaire, l’enveloppe IQ est d’abord transformée de telle sorte
que le signal RF modulé soit à enveloppe constante, selon :
« $ et «
$
Technologie GaN pour l’amplification de puissance et les architectures à haut rendement associées 83
Le signal BF E(t) est quant à lui envoyé sur un codeur PWM (pulse-width
modulation), et le train de pulses résultant pilote un commutateur RF qui module la porteuse
RF. En sortie de l’amplificateur, les variations d’amplitude de la modulation sont
reconstruites grâce à l’utilisation d’un filtre passe bande (BPF), centré sur la fréquence
d’utilisation, et dont la bande correspond à la bande passante de l’enveloppe de modulation.
Figure II-28 : topologie proposée par [Chen 11] pour le pulse polar transmitter
Figure II-29 : représentation des signaux dans le cas à deux phases (deux amplificateurs), et pour
deux niveaux d’enveloppes différents (bas à gauche, et haut à droite)[Chen 10].
Figure II-30 : allures des spectres en sortie du combineur de puissance pour différentes valeurs de
phases[Chen 10].
Dans le cas limite théorique, une infinité de phases et donc de voies sont utilisées,
chaque amplificateur travaille à un point de puissance, et la modulation est directement
reconstruite dans le combineur de sortie isolé, et comportant une infinité de voies, ne
nécessitant pas de filtre de reconstruction. L’optimisation du combineur devient alors le point
dur, car les pertes introduites par son utilisation non équilibrée deviennent alors rédhibitoires.
II.4 Conclusion
La mise en place de nouveaux standards de transmission afin de répondre à la
demande en services de plus en plus importante (notamment en téléphonie mobile), passe par
l’apparition des formats de modulation complexes pour lesquels les niveaux de PAPR et la
largeur de bande passante imposent des critères de conception très sévères sur l’émetteur RF.
Dans cette course à l’augmentation des débits, maintenir un niveau de linéarité sur une large
bande passante, tout en assurant une consommation énergétique optimisée des systèmes de
transmission, impose l’apparition de nouvelles solutions d’amplification.
Il n’existe pas de solution « clef en main ». De très nombreuses solutions ont été
proposées, chacune levant des verrous, mais également se heurtant à de nouveaux points
86 Chapitre 2
Se basant sur ce constat général, il a été étudié dans ces travaux l’amplification au
voisinage de la classe B (présentant une grande simplicité et de bonnes performances en
rendement), associée à une commande dynamique de la polarisation de grille pour gérer une
linéarisation en back-off. Potentiellement, cette approche est basée sur l’utilisation d’un
circuit de contrôle de grille basse puissance, donc basse consommation et qui peut de ce fait
opérer pour de larges bandes de modulation.
Nous aborderons ainsi successivement dans les chapitres suivants, la mise en place
d’un système de mesure servant au développement de cette solution et la réalisation et la
caractérisation d’un démonstrateur.
Mise en œuvre et développement d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe 87
III.1 Introduction
L’étude de solutions d’amplification de puissance linéaires et à haut rendement par un
contrôle adapté au signal des conditions de fonctionnement des amplificateurs (telles que la
technique d’ET, ou les techniques de prédistorsion numérique) requiert la mise en place de
bancs de caractérisation dédiés. Un point essentiel de l’expérimentation dans ce domaine
réside dans la prise en compte des effets dynamiques, souvent très complexes à analyser en
phase de conception et de simulation, et inhérents aux dispositifs non-linéaires soumis à des
signaux à enveloppe variable. Ce chapitre présente un banc temporel d’enveloppe incluant à
la fois la caractérisation des distorsions d’enveloppe des signaux hyperfréquences, et le
contrôle de signaux de polarisation dynamiques pour la mise en place de solutions
d’amplification adaptatives, telle que la technique de suivi d’enveloppe appliquée sur la grille,
qui sera présentée au chapitre 4. On décrit tout d’abord les principales caractéristiques du
banc ainsi que les instruments le constituant. Ensuite une focalisation est apportée sur les
procédures d’étalonnage et de synchronisation d’enveloppe développées.
Figure III-1 : synoptique général du banc de mesure d’enveloppe. La partie grisée est gérée par
l’ordinateur, elle comprend la génération de signaux IQ, et l’analyse des données IQ brutes issues de
la mesure par le récepteur (correction d’amplitude et de phase, synchronisation, filtrage, analyse
vectorielle etc…), ainsi que la génération de l’enveloppe et la mise en forme de celle-ci pour
l’implémentation de la technique de suivi d’enveloppe.
Bien que le générateur de signaux vectoriel (VSG : vector signal generator) dispose en
interne d’une palette complète de formats de modulation (BPSK, QPSK, OQPSK, M-
QAM…) et des différents standards (GSM, WCDMA-3GPP…), nous avons choisi de générer
depuis le PC de façon logicielle les trames IQ de modulation. Ceci offre l’avantage d’un
meilleur contrôle des enveloppes complexes des signaux.
Figure III-2 : exemple de la génération d’un signal modulé 16QAM. Les données (fichier .txt) sont
converties en ASCII, puis en binaire, avant d’être mélangées (selon l’algorithme précisé dans la
norme V34[ITU-T 98]). La séquence binaire aléatoire ainsi construite est modulée selon une table
choisie, puis la trame est filtrée avant d’être envoyée au modulateur
III.2.2.2 Modulateur IQ
Une fois générées, les trames IQ sont chargées dans le générateur de signaux vectoriel
(VSG), via le bus GPIB. Le générateur utilisé est un SMU200a (Rohde&Schwarz) [R&S-
SMU200a]. L’appareil est synchronisé par une référence externe stable de 10MHz lui
permettant la synthèse de son OL et de sa fréquence d’échantillonnage (CLK). Son
synoptique est donné figure III-3 :
L’analyse des signaux modulés repose sur la mesure des enveloppes complexes
associées, typiquement avec un analyseur de signaux vectoriel (VSA : vector signal analyser).
Le récepteur utilisé sur le banc est le FSQ26 (Rohde&Schwarz) [R&S-FSQ26]. Son
fonctionnement est basé sur une démodulation en quadrature des signaux RF, une
numérisation des signaux IQ, puis un traitement numérique à base de DSP rapides afin de
disposer, dans la bande du filtre d’analyse, des informations sur la modulation autour de la
fréquence centrale. Les signaux RF d’entrée et sortie du DUT sont prélevés au moyen de
coupleurs directionnels (figure III.1). Un commutateur RF permet la mesure séquentielle des
signaux d’entrée puis de sortie du DUT. Le synoptique de la partie analogique RF du
récepteur est représenté à la figure III-4.
Un filtre d’analyse RBW, de réponse plate, dont la bande varie de 10Hz à 120MHz.
Après le second mélange, la partie bande de base/numérique est représentée figure III-
5. Le signal en seconde fréquence intermédiaire (FI2) 20.4MHz est filtré par le filtre RBW
d’analyse puis numérisé par un ADC 14 bits dont la fréquence d’échantillonnage est fixée à
81.6MHz. Ce signal FI numérique est ensuite démodulé, filtré, ré-échantillonné, puis une
décimation est effectuée sur les échantillons afin d’optimiser la mémoire et le temps de calcul
de l’appareil dans le cas de signaux bande étroite. L’option B72 (rajoutée à l’appareil) permet
d’atteindre une fréquence d’échantillonnage supérieure (jusqu’à 326.4MHz). La partie
analogique (IF2 à 408MHz) ainsi que la partie numérique sont alors modifiées (parties
grisées).
Figure III-5 : synoptique simplifié de la partie numérique du récepteur derrière le filtre RBW. Pour
une fréquence d’échantillonnage des trames supérieure à 81.6MHz, l’option B72 est activée. La bande
du filtre d’analyse est fixe à 120MHz. Un troisième oscillateur local est utilisé afin de fournir une FI à
81.6MHz (FI3).
des enveloppes complexes ̃ et ̃ aux accès du DUT. D’autre part, du fait de
connecteur N), une procédure d’étalonnage en paramètres S est nécessaire afin de disposer
La figure III-6 illustre les différents blocs passifs à inclure dans la procédure
équivalent bande de base, l’enveloppe complexe est multipliée par le coefficient ºáÉk 4. De
d’étalonnage. A l’entrée : le signal RF couplé, est aiguillé par le switch sur la voie 1, en
Figure III-6 : schéma-bloc du bloc passif à inclure lors de la procédure d’étalonnage en enveloppe
(pour une bande totale de 500MHz et un nombre de points de 4000, la résolution est alors de
125KHz).
Les enveloppes complexes corrigées ̃ et ̃ des ondes mesurées ̃É et ̃É ,
en équivalent bande de base, sont donc déterminées fréquentiellement par les équations
suivantes :
Figure III-7 : schéma bloc de la mesure pour la validation de l’étalonnage en puissance et en phase
du banc
La dynamique du récepteur est fixée par le couple ATT+REL LEVEL. Les mesures
sont effectuées avec un niveau de référence (REF LEVEL) fixé à 0dBm et un niveau
d’atténuation (ATT) de 30dB. La figure III-8 représente les mesures comparatives entre la
puissance déduite des ondes mesurées au VSA et corrigées dans le plan de référence, et la
Mise en œuvre et développement d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe 95
Figure III-8 : courbes comparatives entre les mesures étalonnées au VSA et la mesure de référence à
la sonde de puissance sur une connexion directe (mesures VSA : courbes rouge et bleue, sonde de
puissance : noir). Evolution du déphasage entre les deux plans sur une connexion directe en fonction
de la puissance du générateur (gris)
L’écart à bas niveau entre les courbes bleue et rouge provient de la différence de
couplage entre l’entrée et la sortie. Lorsqu’on se situe dans le plancher de bruit du récepteur
(environ -55dBm avec le couple atténuateur + ref level choisi), la procédure d’étalonnage en
{á : k
paramètres S corrige par les deux coefficients différents {á^] : (entrée) et {á
Ê] Êర :
(sortie).
La sonde de puissance voit quant à elle son plancher de bruit (-67dBm spécifié)
augmenté d’une valeur égale au facteur d’atténuation de sortie (32dB), et se situe donc à -
35dBm environ.
96 Chapitre 3
L’intérêt premier d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe est la mesure des
caractéristiques dynamiques d’enveloppe calibrée aux accès du dispositif sous test en
présence de signaux réels de modulation. Le récepteur ne disposant que d’une entrée RF, un
switch RF permet la mesure séquentielle de l’onde RF modulée couplée en entrée, puis en
concordance de temps les enveloppes complexes ̃ et ̃ aux accès du DUT.
sortie. Une procédure d’alignement temporel doit être mise en place afin de pouvoir tracer en
En supposant deux mesures Ôk et Ô identiques, séparées d’un offset de temps
LE , on a :
Dans cette écriture, τe est le retard moyen sur la bande de modulation (retard
d’enveloppe) et φ0 la différence de phase de la porteuse RF entre les deux mesures (rotation
de la phase due à la propagation RF, et éventuelle désynchronisation de l’OL du récepteur ou
du générateur entre les deux mesures due à une mauvaise stabilité de phase, par exemple). Les
figures III-9, III-10 et III-11 représentent, en connexion directe, les différentes mesures
d’enveloppe (|Vin(t)|,|Vout(t)|, AM/AM, AM/PM, diagramme vectoriel et constellation de la
modulation, dans le cas d’un signal modulé QAM16 à 2MSymb/s à 2.5GHz avec un facteur
de roll-off de 0.35) effectuées avant la procédure de synchronisation, et donc inexploitables.
Mise en œuvre et développement d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe 97
Figure III-9 : modules des enveloppes ̃ et ̃ avant la procédure de synchronisation
Figure III-11 : diagramme vectoriel (gauche) et constellation (droite) du signal démodulé de sortie
illustrant le problème de la rotation de phase φ0 par rapport au signal de référence
synchronisation du signal d’entrée ̃ puis du signal de sortie ̃ avec le signal idéal
généré ̃þ¸ (signal bande de base envoyé au VSG) [Medrel 13].
Le calcul de la fonction ߁Ẽ Ẽು pour l’alignement temporel entre le signal à l’entrée du
DUT et le signal de référence est effectué comme suit [NKondem 08]:
Lorsque le DUT est remplacé par une connexion directe, ou bien qu’il peut être
supposé comme linéaire (en phase et en amplitude), cet argument est donc théoriquement une
fonction linéaire de la fréquence dans la bande d’intérêt qui correspond à la bande de
Figure III-12 : détails de la procédure d’alignement temporel appliquée sur l’enveloppe d’entrée ̃ .
La même procédure est appliquée sur l’enveloppe de sortie ̃ .
de base et l’enveloppe complexe d’entrée ̃ . A droite la partie zoomée montre la portion linéaire de
Figure III-13 : module et argument de la fonction d’intercorrélation entre le signal généré en bande
En fait, lorsque des effets non-linéaires apparaissent entre les signaux mesurés ̃ et
̃ et le signal de référence ̃þ¸ (compression du DUT, distorsions non-linéaires de phase
etc…) ceci devient faux, et la simple multiplication par le coefficient C(f) pour synchroniser
les enveloppes n’est alors, en théorie, plus applicable. Toutefois, cette méthode reste valable
car les effets non-linéaires introduits par le DUT peuvent être considérés comme négligeables
car très inférieurs par rapport au temps entre les deux mesures d’enveloppe entrée/sortie
effectuées séquentiellement [Weiss 00].
Les figures III-14, III-15 et III-16 montrent les différentes mesures effectuées une fois
le banc fonctionnel (étalonnage en paramètres S, puis procédure de synchronisation
temporelle)
100 Chapitre 3
Figure III-14 : modules des enveloppes ̃ et ̃ après la procédure de synchronisation
d’enveloppe appliquée
Figure III-16 : diagramme vectoriel (gauche) et constellation (droite) du signal démodulé de sortie
après la procédure de synchronisation
Mise en œuvre et développement d’un banc de mesure temporelle d’enveloppe 101
Figure III-17 : soit e(t) un signal d’entrée gaussien, les produits d’intermodulation en sortie de
l’amplificateur sont à statistique gaussienne et non-corrélés avec le signal utile [Bussgang 52, Rowe
82]. Après démodulation, chaque état i de la constellation est alors entaché d’une erreur (vecteur
d’erreur) à statistique gaussienne (σi). La composante ∆i est nulle. Ce bruit d’intermodulation
dégrade la mesure de l’EVM effectuée sur la porteuse modulée et peut être relié au NPR.
adapté au signal (réponse impulsionnelle du filtre de réception r(t) identique à celle du filtre
d’émission h(t), mais conjuguée et retournée dans le temps). Ceci revient alors
mathématiquement à prendre la corrélation croisée entre les symboles d’entrée, filtrés,
La minimisation de l’erreur quadratique moyenne entre les symboles reçus et les symboles
idéaux est à la base de l’algorithme de calcul de l’EVM effectué par l’appareil [Mashhour 01].
Comme dans la méthode du gain équivalent, ceci assure, par ajustement de l’amplitude et de
la phase, d’annuler la corrélation entre le bruit et le signal idéal (réponse impulsionnelle du
filtre d’émission), et ainsi la minimisation de la puissance de bruit aux instants de décision.
Finalement, le bruit correspond à la plus petite partie restante, non-corrélée avec le signal
idéal. Utilisées dans les mêmes conditions, ces deux méthodes doivent donner le même
rapport signal à bruit en sortie de l’amplificateur non-linéaire.
Comme il a été illustré au paragraphe I.3 (figure I-26), la réception du signal est faite à
travers différents filtres. En sortie du démodulateur, le signal et le bruit sont évalués à travers
le filtre adapté (filtre RRC), conduisant à la définition du SNR et de l’EVM. Cependant,
comme rappelé au paragraphe I.3.2.1, la répartition fréquentielle des produits
d’intermodulation n’est pas plate, et présente notamment une décote d’environ 1.8dB entre le
centre et le bord de la bande. On ne peut pas, en toute rigueur, considérer le bruit
d’intermodulation comme blanc dans la bande de modulation de la porteuse. Afin d’être
rigoureux dans l’évaluation de la puissance du bruit venant dégrader le SNR dans la bande de
modulation, et ainsi de pouvoir comparer les deux mesures, il faut alors s’assurer de filtrer le
signal et le bruit d’intermodulation par le même filtre (le filtre adapté, utilisé pour la mesure
de l’EVM). Dans ces conditions, on a alors accès au NPR vrai, moyenné dans la bande de
modulation de la porteuse.
Deux VSG sont utilisés dans cette configuration. Le premier (R&S SMBV-100a) sert
à la génération du signal principal d’excitation large bande (bruit blanc gaussien à bande
limitée BW=5MHz, PAPR=11dB, un trou fréquentiel de 6% de la bande totale est imprimé au
centre). Le second (R&S SMU-200a) sert à la génération du signal test (porteuse modulée
QAM16, 200kSymb/s, filtrée RRC roll-off=0.35, occupant une bande totale d’environ
270kHz)). Ce signal test est inséré dans le notch au moyen d’un coupleur résistif 3-dB. En
sortie, le récepteur démodule la porteuse, et intègre une partie du bruit dans sa bande
équivalente de bruit, dégradant l’EVM de la porteuse modulée. Le NPR se déduit alors de
cette mesure par :
Cette mesure est comparée avec la méthode classique du notch, pour laquelle on
mesure le rapport entre la puissance de bruit retombant dans la bande rejetée et la puissance
du signal.
Une attention particulière doit être portée sur le niveau de la porteuse insérée dans le
notch. [Sombrin 07] propose une étude de la sensibilité des niveaux relatifs entre les deux
signaux. Il faut notamment s’assurer que le niveau de la sonde soit suffisant pour que l’EVM
mesuré ne soit pas trop influencé par le bruit (on s’assurera notamment que le niveau de
puissance soit suffisant pour avoir une valeur d’EVM autour de 1% avant le passage dans
l’amplificateur non-linéaire). Ce niveau doit cependant être suffisamment faible pour que le
bruit d’intermodulation propre de la porteuse soit négligeable en sortie de l’amplificateur.
104 Chapitre 3
Figure III-19 : signal mesuré en entrée de l’amplificateur : (a) spectre du signal généré, (b) diagramme de
l’œil, (c) constellation de la porteuse modulée (EVM=1.1%), (d) |Vin(t)| et |VPC(t)| normalisées.
Figure III-20 : signal mesuré en sortie de l’amplificateur : (a) spectre du signal généré,,(b) diagramme de l’œil,
(c) constellation sur la porteuse modulée (EVM=10.5% (d) |Vout (t)| et |VPC(t)| normalisées
Figure III-21 : comparaison entre la mesure du NPR classique (méthode du notch) et le NPR déduit
de la mesure de l’EVM sur un amplificateur GaN CREE CGH40010 (VGS0=-3.1V, IDSQ=200mA,
VDS0=28V)
III.5 Conclusion
Au cours de ce troisième chapitre, le banc de mesures temporelles d’enveloppe
développé et utilisé au cours de ces travaux a été présenté. La procédure d’étalonnage
spécifique en paramètres S du bloc passif (coupleurs, câbles, switch…) permettant de ramener
les ondes brutes mesurées par le récepteur aux accès du DUT a été présentée et validée par
une comparaison, sur une connexion directe, avec une sonde de puissance étalon. Une
procédure de synchronisation en enveloppes complexes par une méthode d’intercorrélation a
également été mise en place. La validation de cette procédure passe par le tracé des
caractéristiques dynamiques d’enveloppe sur une connexion directe. Finalement, le
fonctionnement du banc est illustré et appliqué à une mesure comparative EVM/NPR
d’amplificateur intéressante dans le cadre de la caractérisation des performances
d’amplificateurs large bande.
IV.1 Introduction
Le premier chapitre a permis de mettre en avant les potentialités offertes par la classe
B en technologie GaN pour l’amplification linéaire et à haut rendement des signaux modulés
à enveloppe variable. Comparativement au tour d’horizon effectué au second chapitre, celle-ci
apparait notamment comme étant un bon compromis de par sa relative simplicité et le
rendement théorique offert. Comme il a été rappelé au paragraphe I.2.4.3.1.2, pour un
transistor idéal avec des caractéristiques I/V linéaires par morceaux, la classe B offre
théoriquement une linéarité excellente vis-à-vis de l’enveloppe. La quantité de fondamental
est restituée linéairement à la charge car il n’y a pas de modulation de l’angle d’ouverture
selon la puissance instantanée de l’enveloppe. Cependant, comme introduit au paragraphe
I.2.4.3.1.3.1, la caractéristique réelle courbée IDS/VGS conduit à un profil non-constant de la
transconductance gm autour du point de pincement Vp. Ceci provoque une forte dégradation
de la linéarité à bas niveau lorsque l’excursion du signal RF parcourt cette courbure la
majorité du temps [Medrel 14]. A bas niveau, la valeur du gain est alors fortement influencée
par la polarisation de grille. De plus, des effets dispersifs de dynamique lente plus spécifiques
à la technologie GaN, tels que les effets de pièges, présentés au paragraphe I.2.4.5, conduisent
également à dégrader les performances en puissance par un décalage de la tension de
pincement. La dépendance à tous ces effets est d’autant plus sensible que l’amplificateur est
polarisé proche de son point de pincement.
Finalement, une investigation est menée afin d’évaluer les bénéfices apportés par la
technique proposée de contrôle de polarisation de grille à la technique d’ET de drain dans le
but de favoriser le problème difficile du couplage entre le modulateur de polarisation de drain
et l’amplificateur RF.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 109
Figure IV-1 : illustration du contrôle dynamique de grille appliqué à bas niveau d’enveloppe
(|Vin(t)|<Vth) pour l’amélioration de la linéarité d’un amplificateur polarisé en classe B
Figure IV-2 : le profil typique de la caractéristique statique I/V (gauche) présente une zone de
courbure autour du point de pincement, et conduit à un profil de gain en puissance non constant à bas
niveau (droite). L’approche suivie consiste à ajuster dynamiquement le point de polarisation VGS0 de
grille pour des valeurs d’enveloppe |Vin(t)| inférieures à un seuil Vth de façon à assurer un profil de
gain instantané plat.
110 Chapitre 4
Figure IV-3 : amplificateur utilisé dans ces travaux (gauche), schéma électrique (droite en haut) et
position des composants sur la maquette (droite, en bas). Les capacités en rouge (C8=10µF,
C7=33nF) ont été supprimées afin de permettre l’application du signal dynamique de grille
La figure IV-4 représente la caractéristique statique IDS/VGS, ainsi que les caractéristiques
statiques de gain et de PAE en CW sous une tension de polarisation de drain VDS0=28V,
l’amplificateur est polarisé en classe B exacte (VGSO= -3,14V, IDSQ=0mA).
Figure IV-4 : caractéristique IDS/VGS (VDS0=28V) (gauche), performances statiques CW en PAE et gain
en puissance (VDS0=28V, VGS0=-3.14V=Vp, fo=2.5GHz) (droite)
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 111
Figure IV-5 : profils du gain en puissance pour −3.14~ ≤ ~{& ≤ −2.9~ (pas de 0.01V). La
condition de profil de gain constant impose une remontée de la tension de polarisation de grille de
0.19 volts, de Vp (IDSQ=0mA) jusqu’à -2.95V (IDSQ=35mA)
Figure IV-6 : profil statique expérimental de la loi de commande reliant la tension de polarisation
VGS0 de l’amplificateur sous test à la puissance d’entrée (gauche) et au module de l’enveloppe (droite)
112 Chapitre 4
Elle consiste à limiter l’enveloppe d’entrée |Vin(t)| à la valeur Vth, la multiplier par un
coefficient α (<0), puis à ajouter un offset DC Voffset, afin de polariser le transistor à VGS0=Vp
pour les valeurs d’enveloppe supérieures au seuil. Le signal VGS0(t) ainsi constitué est donc la
réplique identique, limitée et inversée, du signal |Vin(t)| pour les valeurs inférieures à Vth. La
figure IV-8 illustre graphiquement les opérations effectuées pour la construction du signal
VGS0(t).
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 113
Figure IV-8 : représentation du contrôle dynamique de grille mis en place : le module de l’enveloppe
du signal RF est tout d’abord limité à une valeur Vth , inversé, puis multiplié par un coefficient α
(réglage de l’amplitude). Finalement un offset DC est ajouté afin de polariser l’amplificateur à
VGS0=Vp pour Vin≥Vth
L’enveloppe complexe, constituée par les signaux IQ bande de base, est envoyée au
générateur de signaux (SMU200a), afin de construire le signal RF modulé (16-QAM à
2MSymb/s). Ce signal modulé attaque ensuite l’amplificateur sous test. Les étapes relatives
au calcul de |Vin(t)| et à l’application de la loi de commande précédente sont effectuées à
l’ordinateur. Le signal ainsi construit est envoyé dans le générateur de signaux arbitraires
(AWG) (tektronix 2021) qui a en charge la génération du signal VGS0(t). Une étape
d’alignement temporel entre le signal de polarisation de grille et le signal RF d’entrée est
nécessaire afin d’assurer un fonctionnement optimal de la technique proposée. Ceci est géré
finement au moyen du trigger déclenchant la génération du signal VGS0(t) par l’AWG.
114 Chapitre 4
Figure IV-10 : profils de gains instantanés mesurés entre la puissance instantanée en sortie de
l’amplificateur et le signal bande de base avec une polarisation fixe de l’amplificateur (gauche) et
lorsque le contrôle de grille dynamique est appliqué (droite)
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 115
Figure IV-11 : profils d’AM/PM dynamiques mesurés entre la sortie de l’amplificateur et le signal
bande de base avec une polarisation fixe de l’amplificateur (gauche) et lorsque le contrôle de grille
dynamique est appliqué (droite). Une même valeur de distorsion d’environ 5 degrés est obtenue
lorsque la technique de polarisation est appliquée sur cet amplificateur
Figure IV-12 : performances de l’amplificateur sous test en ACPR (gauche) et en PAE (droite) avec la
technique proposée, comparativement à la classe B fixe (VGSO=-3.14V, IDSQ=0mA)
116 Chapitre 4
Figure IV-13 : allure des spectres de sortie (Psortie=33dBm) montrant l’amélioration en ACPR entre la
classe B fixe (bleu) et la technique de contrôle de grille (noire).
L’impédance d’entrée de la carte est de 50Ω. L’enveloppe du signal RF sur RFIN est
fournie sur VENV (connecteur SMA), le signal présent sur cette sortie est compris entre une
valeur de pied dépendant de la température (VEREF, typiquement 1.1V) et une valeur
maximale (typiquement 1.9V-2V). L’enveloppe vraie du signal RFIN est VENV-VEREF.
Toutes les sorties sont reportées sur le connecteur plat de bord de carte.
Vth, le seuil d’enveloppe (en volts) à partir duquel la polarisation de grille est
remontée
La valeur α de la sensibilité reliant l’enveloppe |Vin(t)| à la polarisation VGS0
La valeur de l’offset DC ajouté afin d’assurer VGS0=Vp pour |Vin(t)|≥Vth
Le schéma bloc réalisant ces trois fonctions est alors représenté à la figure IV-15.
Cette configuration présente l’avantage de ne nécessiter que 2 AOP, tout en assurant une
indépendance du réglage de chacun des trois coefficients vis des deux autres.
Figure IV-15 : schéma-bloc du circuit de traitement de grille. L’enveloppe est tout d’abord inversée
(gain de -1), puis limitée à la valeur Vth (Vth<0). A l’aide d’un montage potentiomètrique, une portion
est prélevée (coefficient α), puis un offset DC est ajouté à ce signal.
La figure IV-16 représente le circuit final développé, ainsi que son empreinte. Le
schéma électrique est représenté figure IV-17.
Figure IV-16 : layout (gauche) et photo du circuit de traitement d’enveloppe. Les potentiomètres
mutlitours utilisés permettent un réglage fin des paramètres Vth, α et de l’offset DC
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 119
Figure IV-17 : schéma électrique du circuit de traitement d’enveloppe. Les valeurs de Vth, α, et de
l’offset DC sont réglées respectivement par POT1, POT2, et POT3. L’impédance d’entrée présentée
est de 715Ω (résistance de pied Rin non connectée). Le montage résistif de sortie constitué par R13,
R14 et R15 assure la stabilité une fois le circuit connecté à l’accès de grille de l’amplificateur RF. Les
capacités C8, C6, C13, C9, C10 et C14 doivent être placées au plus proche des AOP, associées aux
vias elles découplent les HF parasites. Les capacités C11 et C12 sont nécessaires pour assurer la
stabilité en boucle fermée avec le gain unitaire du premier étage.
69 610 1
~{& # '# ' q67~,þைKÉ 66~,þைK s ≈ 0.19~,þைKÉ 3.8~,þைK
69 66 67
La tension V2,POT3 (tension de la patte 2 de POT3) est comprise entre ±VSS (±5V en
négligeant les tensions de déchet), et permet donc un ajustement de l’offset de VGS0 de ±1V.
Pour une tension d’entrée typiquement de 1.1V<VENV<2V, avec un réglage de Vth=-1.4V, et
la patte 2 de POT2 en haut, les tensions V6,OPA1 et V2,POT2 sont égales et comprises entre -1.1V
et -1.4V. L’excursion du signal VGS0 (autour de la valeur moyenne DC) est alors de
∆VGS0=1.14V.
Figure IV-18 : évaluation de la bande passante du détecteur d’enveloppe avec un signal modulé AM
(MAPC, m=0.25)
Figure IV-20 : réponse en fréquence (normalisée par rapport à la réponse à F=2MHz) du détecteur
d’enveloppe ADL551. La bande passante à -3dB est évaluée à 130MHz
Figure IV-23 : réponse en fréquence (normalisée par rapport à l’amplitude à F=2MHz) du circuit de
traitement d’enveloppe. La bande utilisable (avant la coupure) est évaluée à 135MHz
La configuration pour le test de la bande passante est donnée figure IV-24. Ce test est
effectué dans les mêmes conditions que précédemment (signal de test AM fourni par le
SMU200a, mêmes réglages des différents potentiomètres de la carte de traitement).
Figure IV-24 : test en bande passante du circuit total (détecteur d’enveloppe + circuit traitement)
Figure IV-26 : réponse en fréquence (normalisée par rapport à l’amplitude à F=2MHz) du circuit de
traitement d’enveloppe. La bande passante à -3dB est évaluée à 135MHz
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 125
Figure IV-27 : mesures temporelles en circuit ouvert dans le cas d’un signal 2-tons pour différentes
valeurs de bande passante : 2MHz (haut), 10MHz (milieu), 20MHz (bas). Rouge : module de
l’enveloppe en sortie du détecteur (VENV), noir : tension en sortie du premier étage du circuit de
traitement (inversée), limitée à la valeur Vth, gris : tension de polarisation de grille VGS0(t)
Figure IV-28 : allures temporelles en circuit ouvert dans le cas d’un signal 16-QAM (α=0.35) pour
différentes valeurs du débit symbole : 2MSymb/s (2.7MHz) (haut), 20MSymb/s (27MHz) (bas)
Figure IV-30 : test pour l’évaluation de l’écart temporel existant entre la voie RF et la voie BF de
polarisation de grille
Le signal de test utilisé est un signal RF pulsé, il est à la fois généré par le SMBV
(VSG1) et par le SMU200a (VSG2). Le contrôle de l’instant de la génération du signal par le
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 127
VSG2 (voie RF) est alors précisément ajusté au moyen d’un signal de déclenchement issu du
VSG1 (voie BF de polarisation) (la fréquence d’échantillonnage est Fe=100MHz, le signal de
déclenchement pouvant être décalé au millième d’échantillon près, le pas temporel est alors
de 10ps). Finalement, à l’aide d’un oscilloscope à sous-échantillonnage (LeCroy WaveExpert
100H [Lecroy]) permettant la mesure connectorisée simultanée des signaux dans les plans RF
(plan 1) et BF (plan 2), on mesure figure IV-31 un écart de 7.4ns à introduire pour assurer
l’alignement temporel des signaux entre les plans 1 et 2. Après compensation, ce retard est de
840ps (pour cet emplacement des curseurs), correspondant à un décalage de 0.656 échantillon
(656 millièmes d’échantillon).
Figure IV-31 : signaux mesurés dans les plans 1(signal BF, jaune) et 2 (signal RF, violet) avant (haut)
et après compensation (bas). Le retard mesuré entre les deux voies avant compensation est de 7.4ns,
après compensation de 840ps
Ce retard nous servira de point de départ pour le réglage optimal en présence du signal
utile dans le paragraphe suivant. Le retard nécessaire, typiquement de l’ordre de la fraction de
la période d’enveloppe (~1ns), conduit à des décalages de ±100 millièmes d’échantillon, afin
d’optimiser les performances globales en linéarité du démonstrateur.
par le signal marqueur (trigg) issu du SMBV100a. Ce dernier génère le même signal,
attaquant le modulateur de polarisation et servant à la génération du signal de polarisation
VGS0(t). Comme expliqué précédemment, cette configuration permet une grande facilité dans
l’alignement temporel entre les deux voies. Les signaux dynamiques VENV (signal
d’enveloppe en sortie du détecteur), VGS0(t) et IDS0(t) sont mesurés à l’oscilloscope.
La figure IV-33 représente les allures temporelles des signaux VENV et VGSO(t) en
concordance de temps. La figure IV-34 montre les profils d’AM/AM, ainsi que les allures des
enveloppes d’entrée – sortie pour différentes conditions de polarisation de grille. Dans le
premier cas (courbe grise), l’amplificateur est polarisé en classe B fixe. Dans les deux autres
cas l’amplificateur sous test est polarisé dynamiquement, la courbe noire correspond à un
réglage non optimal du circuit de traitement de l’enveloppe, pour lequel la polarisation de
grille est alors volontairement trop remontée, conduisant à une linéarité et une consommation
dégradées. Finalement, la courbe rouge correspond au réglage optimal de la forme d’onde
VGS0(t) appliquée, assurant une linéarité optimale à bas niveau observable sur le profil
temporel (figure IV-34 droite), et correspondant à des valeurs d’IMD3 et d’IMD5 minimales.
L’alignement temporel optimal entre le signal RF et le signal de polarisation dynamique
assure ici un contour d’AM/AM le plus fermé possible (figure IV-34 gauche).
Figure IV-33 : allures temporelles des signaux VENV et VGS0(t) (∆F=2MHz, f0=2.5GHz,
Psortie=32.5dBm)
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 129
Figure IV-34 : allures temporelles des enveloppes de sortie |Vout(t)| pour 2 différents réglages du
circuit de polarisation de grille : un réglage non optimal (noir) conduit à une linéarité dégradée, le
réglage optimal est représenté en rouge. L’enveloppe d’entrée |Vin(t)| est représentée en pointillés
La figure IV-35, montre les résultats obtenus en linéarité avec la technique de grille
appliquée, comparativement au cas où l’amplificateur est polarisé sous VGS0 fixe (-3.14V,
IDSQ=0mA à -2.79V, IDSQ=85mA), montrant une amélioration de 10dB dans les rapports
d’intermodulation sur un back-off d’environ 8dB par rapport à la classe B. Une forte
sensibilité des performances en linéarité obtenues vis-à-vis des réglages du circuit de
polarisation de grille est à noter. Expérimentalement il apparait que la position du maximum
de C/I3 et/ou C/I5 peut être décalée selon le réglage effectué. Le réglage optimal a été
effectué à une puissance de sortie de 35dBm, et reste fixe sur toute la gamme de puissance.
Les performances en PAE et en puissance consommée Pdc sont représentées figure IV-36. La
valeur de la PAE n’est impactée que dans une faible mesure par rapport à la classe B, avec
une légère baisse d’environ 2 points en moyenne sur la gamme de puissance. La dégradation
s’explique majoritairement par la remontée de la polarisation de grille vers la classe AB au
rythme de l’enveloppe, pour des amplitudes inférieures à Vth, conduisant statistiquement à un
courant moyen consommé IDS0 supérieur. Une proportion plus faible de cette augmentation de
la consommation provient de la consommation propre du circuit, évaluée au paragraphe
IV.2.3 à environ 400mW, indépendamment du niveau moyen de puissance de sortie. La
dégradation est plus marquée à bas niveau, lorsque le contrôle de grille est opéré la majorité
du temps, conduisant à une puissance consommée par l’amplificateur RF supérieure.
130 Chapitre 4
Une deuxième mesure est effectuée en présence d’un signal modulé 16-QAM. La
figure IV-37 représente les allures temporelles des signaux VENV et VGSO(t) en concordance
de temps. Les enveloppes entrée/sortie sont représentées à la figure IV-38 pour les mêmes
conditions de polarisation de grille que précédemment : mauvais réglage du circuit de
traitement d’enveloppe conduisant à un profil d’AM/AM dynamique non plat pour les faibles
niveau d’enveloppe dû à une polarisation VGS0(t) volontairement trop remontée vers la classe
AB, réglage optimal du module de polarisation correspondant au profil de VGS0(t) assurant
une linéarité maximale à une puissance de sortie de 34.5dBm, et finalement le cas de
référence où l’amplificateur est polarisé au point de pincement.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 131
Figure IV-37 : allures temporelles des signaux VENV(t) et VGS0(t) (16-QAM 2MSymb/s, α=0.35,
f0=2.5GHz, Psortie=34.5dBm)
Figure IV-38 : enveloppes entrée/sortie mesurées pour les trois cas d’intérêt : en classe B fixe (gris),
pour laquelle l’effet de distorsion d’enveloppe à bas niveau est clairement observé, mauvais réglage
du circuit de grille (noir),pour lequel la polarisation de grille est volontairement trop remontée de la
classe B vers la classe AB, et finalement après réglage optimal de la forme d’onde VGS0(t)
Figure IV-39 : diagrammes de constellation (haut) en sortie de l’amplificateur sous test, et profils du
gain instantané d’enveloppe correspondants (bas). La classe B fixe (gauche) conduit à un gain
d’enveloppe non-constant à bas niveau, produisant une compression des symboles de faible amplitude
vers le centre de la constellation, dégradant l’EVM. Avec un profil non-optimal de VGSO(t) (centre),
conduisant à un gain instantané trop important à bas niveau, provoquant également une dégradation
de l’EVM. Finalement, après réglage optimal de la forme d’onde VGS0(t) appliquée, assurant un profil
plat sur toute la gamme instantanée de puissance
Figure IV-40 : performances en PAE (gauche) et en EVM (droite) avec la polarisation dynamique de
grille appliquée, en comparaison avec les conditions fixes de polarisation de grille allant de la classe
B (IDSQ=0mA) à la classe AB légère (IDSQ=210mA)
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 133
Figure IV-41 : spectres en sortie de l’amplificateur montrant une réduction significative de l’ACPR.
Figure IV-42 : performances en NPR selon VGS0 en fonction de la puissance de sortie (noir). La
technique proposée permet une amélioration d’environ 6dB sur une plage de 10dB par rapport à la
classe B (rouge).
134 Chapitre 4
Figure IV-43 : performances en PAE de la technique proposée (en tenant compte de la consommation
propre du module de polarisation). La PAE du démonstrateur est alors dégradée d’environ 3 points
sur la gamme de puissance
La stratégie qui a été proposée et développée, et qui constitue le cœur de ces travaux
de thèse, présente une approche nouvelle dans le traditionnel compromis linéarité /
rendement. Lorsque cette étude a débuté, des travaux en rapport avec un contrôle dynamique
de la tension de polarisation de la grille avaient déjà été rapportés [Conway 05, Ye 04]. Ceux-
ci concernaient l’amélioration du rendement d’amplificateurs polarisés en classe A. De plus,
ils se basaient sur des mesures statiques, ou sur des simulations, et se conciliaient avec plus ou
moins de facilité avec le comportement dynamique du transistor. Plus récemment, la
technique proposée a été rapportée en technologie CMOS [Jin 13], présentant l’avantage
d’être intégrable au plus près du transistor RF polarisé en classe B. En se basant sur le banc de
caractérisation d’enveloppe développé, la stratégie proposée, bien que moins intégrée, offre
l’avantage d’être plus générale (de par la loi de commande retenue), facilement réglable, ce
qui permet d’optimiser le compromis consommation/linéarité en présence du signal utile et
des effets dispersifs.
Dans la suite de ces travaux, une investigation sur l’apport de la technique de contrôle
dynamique de la polarisation de grille de l’amplificateur RF dans la technique d’ET est faite.
Il s’agit d’améliorer les conditions de couplage entre le modulateur de drain et l’amplificateur
RF. Une première partie se focalise sur la réduction des variations de la résistance de charge
présentée au modulateur, principale cause de réduction des performances du modulateur dans
la technique d’ET. Une seconde, plus prospective, concerne une investigation potentielle pour
des applications radar fonctionnant en mode CW pulsé.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 135
Comme il a été abordé au paragraphe I.3.1.2, un des points durs de la technique d’ET
réside dans la conception de modulateurs de polarisation à très haut rendement, à la fois large
bande et capables de délivrer une forte puissance à la charge. Un aspect important est
l’interaction non-linéaire entre le modulateur et l’amplificateur de puissance RF en condition
de signaux modulés, conduisant à une variation dynamique des conditions de charge du
modulateur, et ainsi à une forte dégradation de ses performances en rendement et en linéarité.
Une part importante de l’énergie sauvée côté amplificateur RF par l’ajustement de la tension
d’alimentation VDS0 est alors perdue côté modulateur par un fonctionnement à faible
rendement sur une charge inadaptée. Comme illustré en statique à la figure IV-44, à VGS0 fixe
la résistance présentée par l’accès de drain de l’amplificateur (CHG27015-TB), fonction non-
linéaire de la tension VDS0 et de la puissance d’entrée, présente de fortes variations lorsque la
puissance instantanée tend vers zéro (~50Ω<RDS0<2000Ω).
L’idée est alors d’utiliser le contrôle dynamique de grille à bas niveau précédemment
développé pour un contrôle des variations dynamiques de la résistance de charge RDS0
présentée au modulateur par l’accès de drain au modulateur, comme illustré à la figure IV-45.
La polarisation de grille VGS0(t) de l’amplificateur RF est alors dynamiquement remontée vers
la classe AB lorsque l’enveloppe de modulation passe en dessous d’une valeur seuil.
136 Chapitre 4
L’avantage se situe, ici aussi, dans la relative simplicité du contrôle appliqué sur la
polarisation VGS0(t). Les conditions de couplage entre l’amplificateur RF et le modulateur de
drain sont alors facilitées, conduisant à une amélioration de rendement moyen du modulateur.
Figure IV-45 : illustration du contrôle de grille opéré à bas niveau afin d’assurer un profil de de
résistance RDS0 constant sur l’accès de drain de l’amplificateur
Le modulateur de drain utilisé dans cette étude a été développé dans le cadre de la thèse de
Patrick Augeau. Il ne fait pas l’objet de ces travaux, mais on peut en trouver référence dans
[Augeau 13, 14]. Son synoptique est représenté figure IV-46. De façon très synthétique, c’est
un modulateur de drain commutant, au rythme de l’enveloppe, 4 alimentations DC V1, V2, V3,
V4, générant 4 niveaux de tension de drain VDS01, VDS02, VDS03, VDS04. Il est basé sur
l’utilisation de 4 cellules de commutation à haut rendement hybrides spécifiques.
Chaque cellule étant activée avec une certaine probabilité, dépendant de la PDF du
signal d’enveloppe, elle contribue de façon statistique au rendement moyen du modulateur.
Expérimentalement, la puissance consommée par le modulateur peut donc être calculée en
moyenne égale au produit du courant moyen 8 absorbé sur chaque alimentation DC par la
sommant les contributions de chacune des cellules. Chaque cellule consomme une puissance
K K
correspondant du modulateur s’écrivent respectivement :
1 1
+ +
1 K
×& ~z{& z{&
Ùè<EÙ
∑+8§k ~8 8
138 Chapitre 4
Figure IV-48 : performances statiques de l’amplificateur sous test et loi de commande déduite
VDS0(Pentrée) expérimentale (gris). Fréquence centrale f0=2.5GHz, VGS0=-2.9V, IDSQ=50mA. Sous 30V,
au maximum de compression, le courant consommé est de 900mA, correspondant à une résistance
RDS0=33Ω
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 139
Le rendement maximal du modulateur, avec cet amplificateur, est atteint sur la charge
RDS0,opt=33Ω, présentée par le transistor CGH27015F à la compression. A VDS0 fixe, à mesure
que la puissance d’entrée de l’amplificateur RF diminue, le courant IDS0 diminue, la résistance
présentée à l’accès de drain augmente, se traduisant par une baisse de rendement du
modulateur. La polarisation de grille VGS0 de l’amplificateur RF est alors ajustée statiquement
afin d’assurer un rapport VDS0/IDS0 constant maintenu le plus proche possible de RDS0,opt=33Ω.
Les mesures statiques de la variation de la résistance présentée au modulateur ainsi que son
rendement sont représentées à la figure IV-50, montrant qu’il est possible d’assurer une
résistance de charge du modulateur quasi-constante, restant inférieure à 50Ω, sur un back-off
de plus de 30dB le long de la loi de commande.
Pour une valeur de VDS0 donnée, le rendement du modulateur obtenu est alors proche
du rendement maximal (sur RDS0,opt), indépendamment du niveau d’entrée de l’amplificateur
(une légère dégradation apparait toutefois sous 20V). La résistance minimale, appelée RDS0,opt,
présentée à la compression par cet amplificateur sur son accès de polarisation de drain est
supérieure à la valeur optimale de fonctionnement du modulateur (16Ω). Le modulateur,
conçu dans le cadre d’un autre projet (typiquement un amplificateur 45W), bien que
surdimensionné par rapport à cet amplificateur, voit toutefois son rendement fortement
amélioré par la technique proposée de contrôle de grille statique. Il est évident que la tension
de polarisation de grille de l’amplificateur RF étant remontée vers la classe A aux faibles
puissances, sa consommation DC s’en trouve augmentée. L’apport de la technique proposée
se justifie dans l’amélioration du rendement de l’architecture globale, après un choix
judicieux du couple modulateur/amplificateur RF.
Le synoptique du banc de test expérimental mis en place et une photo sont représentés aux
figures IV-51et IV-52. Dans cette configuration, les signaux IQ issus du PC sont envoyés aux
deux VSG : le SMU200a génère le signal RF modulé sur la voie RF d’entrée de
l’amplificateur, le SMBV100a génère quant à lui le signal RF modulé attaquant le détecteur
d’enveloppe pour la création du signal VGS0(t). L’enveloppe calculée est chargée dans l’AWG
(tektronix 5021 [Tektronix AWG5021]). L’amplificateur sous test est la maquette
commerciale CGH27015-TB précédemment présentée figure IV-3. Les capacités de drain
C17, C16 et C15 ont été supprimées afin de permettre l’application d’un signal de polarisation
dynamique.
Cette configuration de banc offre l’avantage d’une grande flexibilité : les différents
alignements temporels entre les voies BF de polarisation VDS0(t), VGS0(t) et la voie RF sont
gérés finement au moyen de signaux de déclenchement. Le signal VGS0(t) est réglé
précisément par le circuit de traitement d’enveloppe. Le signal VDS0(t) est ajusté grâce au
réglage des 4 niveaux DC V1,V2,V3,V4. Les seuils de déclenchement des 4 alimentations
peuvent être modifiés en contrôlant l’offset et l’amplitude du signal généré par l’AWG.
L’oscilloscope (modèle tektronix MDO4104b-6 [Tektronix MDO4000b series]) permet la
visualisation de tous les signaux temporels relatifs à la mise en place et aux réglages du banc,
allant du domaine numérique (avec la visualisation des 2 bits C1,C2 de contrôle), jusqu’au
domaine RF. Les variations dynamiques de la résistance présentée par l’accès de drain de
l’amplificateur RF sont obtenues à l’oscilloscope par le ratio RDS0=VDS0/IDS0. Les
performances en linéarité sont mesurées avec le VSA.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 141
Figure IV-52 : photographie du banc de test et des alentours de l’amplificateur sous test, incluant la
maquette commerciale d’amplificateur en bande S (f0=2.5GHz) 10W GaN CREE CGH27015-TB, sur
laquelle est connecté le modulateur de drain (ADC + FPGA + cellules de commutation) pour la mise
en place de l’ET. A cette configuration, le modulateur de polarisation dynamique de grille proposé est
ajouté (détecteur ADL5511+carte de traitement d’enveloppe).
Le signal est un signal modulé 16-QAM à 2MSymb/s, α=0.35, avec une PAPR de
7.5dB. La figure IV-53 montre les signaux IDS0(t), VDS0(t) VGS0(t), |Vout(t)|, RDS0(t), ainsi que
les 2 bits C1 et C2 pilotant le FPGA, illustrant le fonctionnement du banc. La figure IV-54
montre les variations dynamiques de la résistance de drain RDS0 présentée au modulateur.
142 Chapitre 4
Lorsque la polarisation de grille est fixée à -2.9V, la résistance dynamique RDS0(t) présente
des variations allant de 28Ω jusqu’à environ 2000Ω, avec une valeur moyenne située à
environ 61Ω. Lorsque le contrôle de grille est appliqué à bas niveau, la tension de grille est
dynamiquement remontée jusqu’à VGS0max=-2.4V. Les variations de RDS0 sont alors réduites
dans une gamme d’environ 28Ω jusqu’à 140Ω, autour d’une valeur moyenne mesurée à
environ 40Ω. Les variations de la résistance de charge présentée au modulateur ont été
fortement diminuées, et la valeur moyenne a diminué de plus de 30% ce qui est bénéfique
pour le fonctionnement global de l’architecture. L’effet du contrôle de grille opéré à bas
niveau est également visible sur les profils dynamiques du gain en puissance de la figure IV-
56.
Figure IV-53 : allures temporelles des signaux, à grille fixe (VGS0=-2.9V)(Psortie=37 dBm) (gauche) et
avec le contrôle de grille appliqué (droite), de haut en bas : IDS0(t), VDS0(t), VGS0(t), |Vout(t)|, RDS0(t) et
les bits C1,C2. La résistance RDS0(t) moyenne présentée au modulateur passe de 61Ω à 40Ω. On note
l’augmentation du courant moyen consommé par l’amplificateur RF du fait du contrôle de grille
appliqué à bas niveau
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 143
1600 160
ET_drain_VGS0=-2.9V
1400 140
VDS_fixe_30V_VGS0=-2.9V
VDS_fixe_30V_VGS0=-2.9V
800 80
ET_drain_VGS0 dyn(-2.9V<VGS0<-
2.4V)
600 60
400 40
200 20
0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
amplitude enveloppe d'entrée normalisée (Volts)
80 ET_drain_VGS0=-2.9V
70 VDS_fixe_30V_VGS0=-2.9V
ET_drain_VGS0 dyn(-2.9V<VGS0<-2.4V)
60
RDS0 (Ohms)
50
40
30
20
0,2 0,4 0,6 0,8 1
amplitude enveloppe d'entrée normalisée (Volts)
Figure IV-55 : zoom sur les variations de RDS0 de la figure précédente montrant les différentes
portions provenant de la commutation des alimentations de drain. Il apparait également un léger
hystérésis lorsque la commande de grille est appliquée, traduisant un décalage entre la commutation
des seuils de VDS0 et le contrôle VGS0 appliqué (cf figure IV-53) (par exemple les zéros du module de
l’enveloppe ne correspondent pas au milieu du niveau bas VDS0=15V, mais correspondent par contre
au maximum de VGS0, ce qui produit deux ratios VDS0/IDS0 distincts pour les fronts montant et
descendant de l’enveloppe)
144 Chapitre 4
20
10
0
1 11 21 31 41
Puissance d'entrée (dBm)
Figure IV-56 : profils du gain en puissance instantané en fonction de la puissance d’entrée avec une
polarisation fixe de grille (VGS0=-2.9V) et avec le contrôle dynamique de grille montrant l’effet du
contrôle de grille appliqué à bas niveau
Comme il a été introduit dans le paragraphe II.3.12, et sur l’abaque de la figure II.15,
l’architecture d’ET nécessite un modulateur de polarisation de drain à très haut rendement
afin que son utilisation avec l’amplificateur RF soit pertinente. Des modulateurs ayant plus de
90% de rendement sur charge optimale fixe ont été développés, et leur conception, bien que
déjà très fortement contrainte, se heurte au final à la forte modulation de charge existant lors
de l’utilisation concrète sur le drain de l’amplificateur de puissance. La solution proposée
permet de réduire les variations de charge existant en sortie du modulateur de polarisation
inhérentes à la technique d’ET lorsque l’amplificateur RF est attaqué par un signal modulé
avec un fort PAPR. Elle fait usage du modulateur de polarisation de grille développé dans le
cadre de cette étude, et présente donc l’avantage d’être simple, large bande et peu couteuse à
mettre en œuvre, avec une consommation propre minime (environ 400mW), et un impact
relatif sur la consommation de l’amplificateur RF. Celle-ci prend notamment en compte tous
les effets dynamiques propres à l’amplification en technologie GaN. Cette technique permet
alors notamment d’équilibrer le bilan final des puissances dissipées par les différents éléments
dans l’architecture d’ET.
L’étude du rendement global n’a volontairement pas été faite. Le modulateur utilisé
pour valider ce principe étant largement surdimensionné (charge optimale de 16Ω), il est
évident que son utilisation avec l’amplificateur 10W sous test ne présente au global aucun
gain en rendement. Cette étude a néanmoins montré une forte diminution des variations
dynamiques de la charge RDS0 chargeant le modulateur. La valeur moyenne mesurée a
notamment été diminuée de plus de 30%, avec une augmentation relative de la consommation
DC de l’amplificateur RF. Cette diminution, bénéfique pour le modulateur permet, toujours
sous contrainte de rendement, puissance et bande passante, un couplage facilité avec
l’amplificateur RF dans les applications concrètes.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 145
Une autre application peut concerner le domaine général des antennes actives. Le
contrôle du poids en amplitude pour un ensemble d’éléments rayonnants est en général
effectué au moyen d’atténuateurs connectés en entrée des cellules amplificatrices de
puissance, ce qui a un impact négatif sur la conversion globale d’énergie DC en puissance RF
rayonnée. Une commande de tension de polarisation de drain des amplificateurs de puissance
selon une table de valeurs discrète (envelope tracking discret) peut s’avérer intéressante en
terme de bilan énergétique global. Le principe d’étude, qui fait l’objet actuellement des
travaux de thèse de A.Delias [Delias 2014b, 14] au sein du laboratoire est illustré à la figure
ci-dessous.
Figure IV-57 : schéma-bloc du banc de test développé. L’amplificateur sous test ((CGH4006P-TB
CREE, VGS0=-2.95V, IDSQ=0mA, f0=2.5GHz) est attaqué par 3 pulses de différentes amplitudes. Le
contrôle dynamique de grille VGS0(t) est effectué avant l’application des pulses RF afin d’assurer une
résistance RDS0 constante présentée au modulateur. Les transitoires induits par la variation des
conditions de charge sont ainsi absorbés artificiellement dans une résistance identique.
Figure IV-58 : allures temporelles mesurées à l’oscilloscope et profils d’AM/AM et AM/PM résultants
sans le contrôle de grille. De haut en bas : enveloppe des trois pulses RF en entrée, courant IDS0
(bleu : sous 28V fixe) tension VDS0 variée sur 3 niveaux (15V, 20V, 28V) montrant les transitoires
existant lors de l’application des pulses RF, résistance RDS0 présentée au modulateur sur l’accès de
polarisation de drain, et finalement les profils des 3 pulses en sortie de l’amplificateur, dans lesquels
sont imprimées les fluctuations de l’alimentation VDS0.
Etude d’un contrôle dynamique large bande de la polarisation de grille au voisinage de la classe B 147
Figure IV-59 : résultats expérimentaux une fois le contrôle de grille réglé et appliqué. De haut en
bas : enveloppe des trois pulses RF en entrée, profil du signal de polarisation VGS0(t) appliqué afin
d’assurer un courant IDS0 identique au début du transitoire (rose), courant IDS0 (rouge : avec la
technique d’ET et VGS0 fixe), tension VDS0 variée sur 3 niveaux (15V, 20V, 28V) montrant les
transitoires débités avant l’application du pulse RF (rose), résistance RDS0 correspondante présentée
au modulateur, et finalement les profils des 3 pulses en sortie de l’amplificateur dont le facteur de
forme est fortement amélioré
148 Chapitre 4
Figure IV-60 : représentation polaire de l’enveloppe de sortie de l’amplificateur sous test, avec des
conditions de polarisations fixes VDS0=28V et VGS0=-2.95V (bleu). Avec la technique d’ET appliquée
(rouge) se traduisant par un étalement dans des coordonnées des points dans le plan (rouge)
traduisant l’apparition d’overshoot et de fluctuations, et finalement avec la technique de contrôle
dynamique de la grille couplée à la technique d’ET (cyan)
IV.4 Conclusion
Ce quatrième chapitre s’est focalisé sur une solution d’amplification adaptative
construite autour d’une maquette commerciale d’amplificateur 10W. Le principe de contrôle
dynamique de grille proposé et la stratégie suivie, ont tout d’abord été étudiés à l’aide du banc
développé et présenté au cours du chapitre 3. La mise au point du module de polarisation et la
réalisation d’un démonstrateur d’amplificateur intégrant une gestion dynamique de sa
polarisation de grille au rythme de l’enveloppe ont ensuite été présentés. L’apport de la
technique proposée permet une approche différente par rapport aux solutions proposées dans
la littérature relative au domaine de l’amplification de puissance à haut rendement et dont
certaines ont été présentées au chapitre 2. Elle présente l’avantage d’une relative simplicité, et
se prête naturellement aux applications large bande. Les performances mesurées ont montré
que cette technique permet une augmentation significative de la linéarité de l’amplificateur
polarisé en classe B, sans dégradation majeure de son rendement.
Conclusion générale
Ce manuscrit est composé de deux grandes parties. La première, plus théorique,
constituée par les chapitres I et II présente la trame de fond du contexte dans lequel cette
étude s’inscrit.
Au cours du chapitre I nous avons rappelé les notions utiles pour la description des
systèmes de radiocommunication numérique (présentation générale de la structure
d’émission/réception, formalisme des signaux IQ, signal réel et enveloppe complexe associée
transposition en fréquence, caractéristiques principales des signaux utiles). Tout
naturellement, un point important a concerné la fonction amplification de puissance, dans
laquelle s’inscrit plus précisément cette étude. Les notions relatives au fonctionnement quasi-
statique (adaptation au fondamental en puissance maximale, fonctionnement linéaire,
réponses AM/AM et AM/PM, consommation, rendement énergétique) et dynamique (effets
dispersifs, mémoires linéaire et non-linéaire du système) de l’amplificateur de puissance ont
été introduites, avec un point spécifique apporté sur le fonctionnement en classe B de
l’amplificateur. Les principaux critères de linéarité de l’émetteur pour l’analyse des
distorsions ont également été présentés. Tout au long du premier chapitre, une focalisation
particulière a été apportée sur l’antagonisme existant entre l’efficacité spectrale et l’efficacité
énergétique des systèmes de communication.
La seconde partie (chapitres III et IV) constitue la partie expérimentale de ces travaux
de thèse.
passée par l’interfaçage avec tous les instruments et l’automatisation des différentes mesures.
Ceci avait constitué le travail de mon stage de fin d’étude en 201-2011, et s’est poursuivi au
long de la thèse. Le banc ainsi constitué est un outil fonctionnel, et bien que relativement
complexe dans son fonctionnement, il présente l’avantage d’être modulable et permet de
s’adapter sans difficultés aux différents types de mesures que l’on peut être amené à effectuer
dans un contexte académique. Il se présente notamment comme un outil expérimental de
comparaison entre les différentes architectures et technologies disponibles. Dans sa
configuration actuelle, il est limité au fonctionnement aux bandes L et S. La bande passante
d’enveloppe est limitée à environ 60MHz, afin d’assurer des planchers d’EVM acceptables
(sources, récepteur, filtre), et la gamme de puissance limite le développement sur des
amplificateurs de gamme 35W (source, driver). Son développement futur passera d’une part,
par une montée en fréquence nécessaire afin de permettre l’étude de solutions d’amplification
en bande C ou bande X. Ce qui nécessite un changement de générateur (notamment le VSG
SMU200a, limité à 3GHz), un changement de driver (limité à 4GHz) et tous les différents
coupleurs, circulateurs et filtres travaillant en bande S. Et d’autre part, par une montée en
puissance, ce qui nécessite idéalement un driver de taille supérieure.
Finalement, le quatrième chapitre, constituant le cœur de ces travaux, s’est tourné vers
l’étude d’une solution d’amplification adaptative, avec la réalisation d’un démonstrateur
construit autour d’un amplificateur de puissance commercial GaN CREE. Se basant sur les
potentialités en rendement et linéarité offertes par la classe B, et présentées au chapitre I, la
solution proposée offre l’avantage d’une relative simplicité et permet une piste d’amélioration
dans le compromis/rendement qui n’avait pas été explorée. En perspective à cette réalisation,
une approche parallèle à celle suivie dans ces travaux et se présentant comme intéressante
serait le contrôle statique (sur quelques centaines de mV) du point de polarisation de grille de
l’amplificateur. Ceci consiste à ajuster statiquement, au rythme de la puissance moyenne du
signal émis, la valeur de VGS0 afin d’assurer une linéarité optimale par compensation des
effets non-linéaires présents dans le transistor. Les profils expérimentaux typiques de C/I ou
d’ACPR présentent en effet des points de puissance pour lesquels les produits
d’intermodulation impairs se compensent, conduisant à des pics de linéarité appelés
couramment sweet spots [de Carvalho 99, Kim 10]. Ce principe d’optimisation empirique de
la linéarité au point de puissance nominale d’utilisation est déjà appliqué lors de la conception
de l’amplificateur : la polarisation de grille retenue est alors celle qui permet d’obtenir la
meilleure linéarité (sous contrainte de consommation). L’idée ici serait alors d’assurer un
asservissement de la polarisation de grille sur la puissance moyenne afin d’assurer, selon le
trafic, une linéarité optimale sans impacter le rendement. Deux types d’asservissement
peuvent alors être envisagés, et sont succinctement décrits ici.
modulation. Une carte de traitement, similaire à celle qui a été conçue ici, nécessitant
seulement une grande précision dans le réglage de la valeur appliquée (aucune contrainte de
bande passante), doit ensuite être développée afin de venir ajuster, selon une loi de commande
de type LUT, le point de fonctionnement VGS0.
Le second asservissement pourrait être fait sur le courant moyen IDS0 consommé par le
transistor. Cette seconde voie, bien que plus complexe à mettre en œuvre, se présente comme
plus prometteuse. Du fait des différents effets dispersifs en jeu au sein du transistor de
puissance en technologie GaN, le courant moyen représente la dernière image traduisant
vraiment la physique en jeu dans le composant. Bien que la relation entre ce courant et le
niveau de puissance moyenne en sortie du transistor soit très empirique, elle a le mérite
d’inclure tous les effets physique en jeu (effets des pièges, d’auto-échauffement, de mémoire
électrique etc…). La difficulté est de disposer d’une image suffisamment précise de IDS0.
Différents types de capteurs de courant (magnétiques, à effet Hall …) existent et, bien que
majoritairement destinés à des gammes de courant bien supérieures, ils sont maintenant bien
intégrés et relativement bas cout [Allegro MicroSystem 13, HoneyWell CSLWseries 05] .
Une image du courant peut également être prélevée par une résistance shunt de très faible
valeur. Par une rétro-action, la tension en sortie du capteur permettrait le contrôle du point de
fonctionnement VGS0 du transistor, en tenant compte de tous les effets physiques présents afin
d’assurer la polarisation optimale. La difficulté ici est imposée par les très faibles niveaux de
tension engendrés par des variations minimes du courant IDS0.
Références 153
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Cette thèse s’inscrit dans le domaine de l’amplification de puissance microonde linéaire et haut
rendement en technologie GaN.
Le premier chapitre décrit le contexte général de l’émission de signaux microondes de
puissance pour les télécommunications sans fil, avec un focus particulier apporté sur
l’amplificateur de puissance RF. Les différents critères de linéarité et d’efficacité énergétique
sont introduits.
Le second chapitre présente plus particulièrement la technologie GaN et le transistor de
puissance comme brique de base pour l’amplification de puissance microonde. Une revue
synthétique des différentes architectures relevées dans la littérature relative à l’amplification à
haut rendement est faite.
En troisième chapitre, le banc de mesure temporelle d’enveloppe développé et servant de
support expérimental à cette étude est présenté. Les procédures d’étalonnage et de
synchronisation sont décrites. En illustration, une nouvelle méthode de mesure du NPR large
bande est présentée, et validée expérimentalement.
Une solution d’amplification adaptative innovante est étudiée dans le quatrième chapitre, et
constitue le cœur de ce mémoire. Celle-ci se base sur le contrôle dynamique de la polarisation
de grille autour du point de pincement, au rythme de l’enveloppe de modulation. Un
démonstrateur d’amplification 10W GaN en bande S (2.5GHz) est développé.
Comparativement à la classe B fixe, une forte amélioration de la linéarité est obtenue, sans
impact notable sur le rendement moyen de l’amplificateur RF. Finalement, une investigation
de la technique proposée pour l’amélioration du rendement du modulateur dans l’architecture
d’envelope tracking de drain est menée.
Abstract
This work deals with linear and high efficiency microwave power amplification in GaN
technology.
The first chapter is dedicated to the general context of wireless telecommunication with a
special emphasis on the RF power amplifier. The most representative figures of merit in terms
of linearity and power efficiency are introduced.
The second chapter deals more specifically with the GaN technology and GaN-based transistor
for microwave power amplification. A description of the principal architectures found in the
literature related to high efficiency and linear amplification is summarized.
In the third chapter, the developed envelope time-domain test bench is presented. Time-
synchronization and envelope calibration procedures are discussed. As an illustration, a new
specific wideband NPR measurement is presented and experimentally validated.
An innovative power amplifier architecture is presented in the fourth chapter. It is based on a
specific dynamic gate biasing technique of the power amplifier biased close to the pinch-off
point. A 10W GaN S-band demonstrator has been developed. Compared to fixed class-B
conditions, a linearity improvement has been reported without any prohibitive efficiency
degradation of the RF power amplifier. Finally, an investigation of the proposed technique for
the efficiency improvement in the drain envelope tracking technique is proposed.