Eléments technico-économiques pour l’Occitanie - juin 2020

Sarriette
LA

des montagnes
POUR L’HERBORISTERIE
(FEUILLES SÉCHÉES BIOLOGIQUES)
OPTION D’IRRIGATION : OCCASIONNELLE Fiche de
référence NOM SCIENTIFIQUE : SATUREJA MONTANA
EN QUELQUES CHIFFRES ...
Pour 1 ha en régime de croisière :
gatoire d’apprentissage. Les techniques de production, les matériels
Durée moyenne de vie de la culture : 8 ans
utilisés et les données économiques présentées tiennent compte de
Densité de plantation : 18 000 plants
cet état de fait.
Temps de travail l’année de l’implantation : 241 heures
Temps de travail en régime de croisière : 160 heures Important : la sarriette est séchée « plante entière » avec un séchoir
Frais d’implantation et d’entretien (hors main- sur l’exploitation agricole. Après séchage, la séparation des feuilles
d’oeuvre) la première année : 4 419 € et des tiges s’opère avec une batteuse à poste fixe. Généralement,
Marge directe moyenne (hors main-d’oeuvre) en ré- seules les feuilles sont vendues, mais certaines entreprises achètent
gime de croisière : 5 426 € parfois les écarts de tri (brisures de tiges).
Irrigation occasionnelle : 2 - 3 passages de 20 à 25 mm
chacun
Les éléments techniques
...ET QUELQUES MOTS (POUR 1 HA)
Culture pérenne, exigeante en main-d’œuvre à la plan-
tation et annuellement pour le désherbage et la récolte. CHOIX DE LA PARCELLE
Son intérêt économique est étroitement lié au type de Privilégier les sols drainants, plats ou de coteaux (pente maxi 20 %)
production (Agriculture Biologique), au type de produit surtout en culture mécanisée, pH minimum de 6.5 avec ou sans cail-
(Huile essentielle et/ou plante séchée), à la surface mise loux. Exclure les mouillères.
en culture et aux débouchés commerciaux (les petites Altitude (où la culture est possible) comprise entre 0 et 1 500 m.
niches de commercialisation sont de loin les plus rému-
nératrices mais restent souvent ponctuelles et doivent Certification AB : une parcelle indemne de toute intervention depuis
être recherchées en permanence). au moins trois années peut, avec l’accord de l’organisme certificateur,
être certifiée AB dès la première année de plantation de la « PPAM ».
Plusieurs acteurs économiques opèrent en Occitanie. Dans tous les autres cas, la période de conversion durera 2 années
Certains d’entre eux proposent des contrats de production. minimum voire 3. Durant la période de conversion, les premières ré-
Il est proposé aux agriculteurs et/ou porteurs de projet en coltes seront vendues au prix « du conventionnel ».
cours d’installation de suivre des formations préalables Isolement : En particulier dans les zones ventées, une parcelle
permettant de faire un premier pas vers la filière Plantes conduite en AB peut être en partie contaminée dès lors qu’elle se
à Parfums Aromatiques et Médicinales (PPAM). trouve à proximité de cultures conduites en agriculture convention-
Ces formations sont l’occasion de visiter des parcelles, nelle dans le sens des vents dominants. L’écoulement naturel des
d’échanger avec des producteurs, des techniciens spé- eaux chargées en pesticides peut aussi constituer une source de
cialisés, de comprendre les exigences imposées par les pollution. Ces points seront systématiquement vérifiés par les orga-
itinéraires techniques (temps de travaux, équipements nismes certificateurs AB et probablement par l’entreprise avec qui le
spécifiques) et de prendre connaissance de références contrat de production est signé.
technico-économiques fiables. A cette occasion, un
tableur xls est mis à disposition, permettant de détailler IRRIGATION
les calculs de rentabilité année par année. Ce document
prend en compte l’ensemble des charges variables, fixes A la plantation ou dans les semaines qui suivent, les conditions
et de main-d’œuvre par poste d’investissement matériel climatiques peuvent imposer un ou deux arrosages pour faci-
et immatériel. Il permet à chacun de personnaliser son liter la reprise des plants. Dans l’ex-région Languedoc-Rous-
étude prévisionnelle. sillon en particulier, les printemps sont généralement plus hu-
La recherche de cultures de diversification, et donc de mides que les automnes. Dans ces conditions, les plantations
revenus complémentaires, ne doit pas faire oublier la pé- de sortie d’hiver (février–mars) seront privilégiées pour les
riode de découverte de la nouvelle culture dont la maîtrise plants en mini mottes, dans le cas de racines nues planter à la
des techniques de production passe par une phase obli- sainte Catherine en novembre...

Réalisé par Jacky RIQUET, Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie et

Yann SAUVAIRE, PPAM BIO Conseil
Sarriette des montagnes - irrigation occasionnelle
 RENDEMENT / HECTARE, EVOLUTION
Cadence des arrosages : pour deux récoltes par an, l’objectif
Les rendements moyens avancés sont issus de suivis
est de réaliser un arrosage de la sarriette entre deux irriga-
de parcelles en Occitanie depuis 6 ans (2014-2019)
tions obligatoires programmées sur des cultures prioritaires
chez les producteurs professionnels respectueux
comme le maïs, le sorgho, la luzerne... On profite des possibi-
des étapes clés dans les itinéraires techniques sur
lités d’irrigation déjà existantes sur l’exploitation pour le faire.
la parcelle et post récolte.
En d’autres termes le matériel d’irrigation est déjà amorti sur
Kg de feuilles séchées et les cultures prioritaires. Dans ces conditions, l’irrigation de la
Sarriette
triées sans les tiges / ha sarriette se résumera à 3 - 4 tours d’eau sur la saison avec un
Année de plantation 0 canon à eau (enrouleur) nécessitant peu de main d’œuvre de
mise en route.
Année 2 300 L’inconvénient du canon à eau comparé au système goutte à
Année 3 600 goutte est l’arrosage en plein sur 100 % de la parcelle et non
Année 4 - 6 1 200 en localisé sur le rang de plantation. Ainsi, l’eau apportée pro-
fite autant à la culture qu’aux adventices sur l’inter-rang en-
Année 7 750 trainant des temps de désherbage mécanique et manuel plus
Année 8 300 importants.
Remarque : 600 kg de feuilles séchées et triées corres-
pondent environ à 31-33 m3 de matière verte récoltée.

CALENDRIER DE TRAVAIL POUR 1 HA CHOIX VARIÉTAL

J F M A M J J A S O N D
Il dépend principalement de l’objectif commercial, donc de la
Travaux du
demande des acheteurs. Plusieurs variétés populations sont
sol, fumure
de fond et
17 2 4 disponibles.
Année de plantation

d’entretien
Plantation 69
Irrigation 8
IMPLANTATION
Désherbage 107 10
E n t re t i e n Labour d’automne, fortement conseillé.
général du 24
matériel Faux semis (2 ou 3) fortement conseillés pour favoriser la ger-
mination et la destruction régulière d’une partie des adventices
Total année d'implantation : 241 heures
avant plantation de la culture.
J F M A M J J A S O N D Apport de matière organique et préparation du lit de plantation :
Fumure 2 2 apport de matière organique si possible compostée et certifiée AB
Désherbage 45 15 (30 à 40 tonnes/ha), enfouie sur les 10-15 premiers centimètres de
Année de croisière

terre lors de la préparation superficielle.

Irrigation 8
Récolte sé- Fumure de redressement : en fonction de l’analyse du sol.
chage tri ex- 34 30 Plants : obligatoirement certifiés AB.
pédition
E n t re t i e n Densité : 18 000 pieds/ha.
général 24 Ecartement entre rangs : il dépend du matériel utilisé (tracteur
matériel
vigneron ou tracteur grande culture) et des outils à atteler.
Total année de croisière (années 4 et 6) : 160 heures
Ecartement entre plants : pour des rangs espacés en moyenne de
J F M A M J J A S O N D 1.8 m, l’écartement entre plants sur le rang est d’environ 30 cm.
Fumure 2 2
Matériel de plantation : un matériel spécifique n’est pas obliga-
Désherbage 45 15 toire. Une planteuse viticole ou maraîchère peut faire l’affaire. La
plantation peut nécessiter jusqu’à 70 heures/ha. Au-delà de 2 ha/
Année d’arrachage

Irrigation 8
Récolte sé-
an, l’acquisition d’une planteuse adaptée peut se justifier.
chage tri ex- 22 18 Matériels de désherbage mécanique : La herse étrille pour dés-
pédition
herber sur le rang de plantation entre les plants les deux pre-
E n t re t i e n mières années, et la bineuse pour désherber entre les rangs de
général 24 plantation durant toute la durée de vie de la culture, sont obliga-
matériel
toires. Il est rappelé qu’en agriculture biologique, les opérations
Arrachage 20 de désherbage mécanique sont efficaces si les adventices sont
Total année d'arrachage : 156 heures régulièrement détruites au stade germination et/ou plantules.
* Le désherbage : dans le cas d’enherbement maintenu
Utilisés dans ces conditions, les équipements de désherbage mé-
dans l’inter-rang, obligation de maintenir en sol nu, avec canique réduisent considérablement les temps de désherbage
la bineuse, la bande de sécurité entre le rang de planta- manuel de rattrapage.
tion et la bande enherbée pour éviter que cet enherbe-
ment n’envahisse la culture.
Sarriette des montagnes - irrigation occasionnelle Eléments technico-économiques pour l’Occitanie - juin 2020
 ARRACHAGE RÉCOLTE (2 PAR AN)
Au delà de la 8ème année après la plantation, il est ré- Pas de récolte durant les douze premiers mois !
gulièrement constatée sur le rang de plantation un en-
Dernière récolte : en huitième année.
vahissement excessif des adventices qui compromet
la pureté de la récolte et occasionne des difficultés Récolte, séchage, battage : juste avant floraison pour la pre-
quasi-insurmontables de tri post-récolte. A ce stade mière (juin). Avant l’automne (septembre) pour la seconde.
l’opportunité de distiller la sarriette peut être saisie
Le respect du stade de récolte (avant floraison) est un point
si la culture présente encore une densité de popula-
important car la fleur est une partie indésirable. Plus il y a de
tion correcte. Il existe un petit marché de niche pour
fleurs mélangées aux feuilles, plus cher reviendra le tri pour
l’huile essentielle de sarriette. Cette possibilité n’est
les éliminer... La réussite d’une bonne récolte dépend aussi des
pas prise en compte dans le calcul de rentabilité de
performances de la récolteuse (coupe à plat), de la qualité du
la culture.
séchage et des capacités de réglage de la batteuse/trieuse..
Si l’option distillation n’est pas retenue, il devient
Dans l’ordre chronologique :
alors raisonnable d’arracher la culture et d’attendre
plusieurs années avant de réimplanter une PPAM. ● Fauchage, remplissage des bennes
Durant la période de transition (3 voire 4 années), Matériel utilisé : machine à récolter spécifique (valeur moyenne
céréales et légumineuses pourront casser le cycle de d’une récolteuse neuve : 28 000 €). A défaut, possibilité d’utiliser
développement des parasites et des adventices tout une faucheuse auto-chargeuse de type « élevage ». Privilégier
en redynamisant l’activité microbienne du sol. la première solution pour une meilleure qualité de récolte.
● Acheminement vers le séchoir
Ordre de grandeur : pour obtenir 340 kg de feuilles séchées triées , il
est nécessaire de faucher et manipuler environ 17 à 19 m3 de matière
verte.

OPÉRATIONS ANNUELLES D’ENTRETIEN ● Remplissage séchoir, séchage dans les 2 heures après
chaque fauche pour éviter tout départ de fermentation.
Désherbage mécanique entre les rangs : 5 pas- Matériel utilisé : séchoir fixe aménagé dans les locaux de l’ex-
sages en moyenne par an. ploitation. Pour une coupe, compter 60 heures de ventilation.
Ce temps de séchage peut varier en fonction du taux d’humidité
Désherbage mécanique sur le rang entre les plants :
de l’air. En période de forte humidité un réchauffeur d’air sera
uniquement avec la herse étrille les 18 premiers
activé.
mois (4 passages sur la période).
Surface moyenne d’un séchoir : 30 m²
Désherbage manuel sur le rang : jusqu’à 90 Coût moyen tarif entreprise (fournitures neuves et main-
heures/ha la première année, 45 heures les années d’œuvre) : 9 000 €
suivantes. Coût moyen auto construction :
Irrigations : 2 à 3 apports d’eau selon les années. Si - fournitures neuves + main-d’œuvre exploitant : 6 000 €
nécessaire une irrigation avant la première coupe - fournitures d’occasion + main-d’œuvre exploitant : 1 500 –
en avril si fin d’hiver sec, un apport après la pre- 3 000 €
mière coupe de printemps et un ou deux apports ● Battage/tri à poste fixe
supplémentaires pour assurer la seconde coupe de Une fois le séchage terminé, il devient alors possible de sépa-
fin d’été. rer dans les meilleures conditions les feuilles des tiges. L’ap-
Fumure d’entretien : azote et phosphore (environ provisionnement de la batteuse se fait à la fourche. La maîtrise
30 unités), potasse (environ 40 unités) avant la pre- du réglage de la batteuse (diamètre des grilles, diamètre des
mière coupe et un second apport en juin pour as- trous, batteur, contre batteur) peut permettre une qualité de ré-
surer la deuxième coupe. Les plantes de garrigues colte sortie batteuse équivalente à un tri quasi définitif.
sont trop souvent considérées comme rustiques et S’en suit le remplissage des sacs poly-propylènes (contenance
peu exigeantes en éléments fertilisants. Pour au- 25 kg). Le poids des sacs est dicté par les conditions de travail à
tant, il ne faut pas faire l’économie de la fumure respecter et à appliquer au personnel manutentionnaire.
annuelle même occasionnellement et encore moins ● Pesée des sacs (ajustement des poids), traçabilité (étique-
en condition irriguée. Quelques expériences mal- tage), palettisations
heureuses ont réduit les rendements et la durée de
● Gestion des déchets, nettoyage du séchoir et expédition de
vie de la culture.
la récolte.
Protection contre les animaux : une clôture trois
fils électrifiée est vivement conseillée pour repous-
ser en particulier, les cervidés (chevreuils, biches et
cerfs) mais aussi les sangliers.

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DONNÉES ÉCONOMIQUES POUR 1 HA Analyse des données
Année d’implantation Attention : le résultat est celui d’ une culture adulte
(année 4 à 6) en pleine production. Il convient de
Fumure de fond Apport M. Organique rappeler que la sarriette ne produit généralement
(15 tonnes x 15 €) 225
pas les 12 premiers mois suivant la plantation et
Fumure Fumure d’entretien du type Angi- qu’il faut attendre la troisième récolte en année 4
d’entretien bio ou Exelorbio (formule 4-6-10) pour obtenir le rendement optimum.
400
400 €/tonne en bigbag, dose 500 En tenant compte de la première année improduc-
kg/Ha x2 tive et des années faiblement productives (années
Plants Plants (18 000 x 0, 14 € si plants en 2 et 3), la rémunération horaire moyenne calculée
2 520 sur la durée de vie moyenne de la culture (8 ans)
mini mottes)
est d’environ 13 à 14 €.
Irrigation 800 à 1000 m3 x 0.15 €/m3 135
Ce résultat moyen est à la portée de tout pro-
Charges fixes : Utilisation des différents équi- ducteur respectueux des itinéraires techniques
coût pements, tracteur, charrue, connus à ce jour. La pluviométrie locale, le niveau
d’utilisation du cultivateur, planteuse, bineuse, de technicité des producteurs, l’achat d’équipe-
matériel (hors herse étrille… 1 139
ments en commun sont autant de paramètres per-
main-d’œuvre), mettant des marges de progrès.
amortissements...
La rentabilité de la culture peut aussi être amélio-
Total année d’implantation 4 419 € rée par la prise en compte des aides financières
spécifiques à certains investissements de départ.
En régime de croisière (années 4 à 6)
Fumure Fumure d’entretien du type Angi- Ne pas construire un projet « PPAM » avec une
d’entretien bio ou Exelorbio (formule 4-6-10) seule espèce ; en prévoir a minima 2 pour mieux
400 €/tonne en bigbag, dose 500 400 répartir la charge de travail sur l’année (dates de
kg/Ha récoltes différentes), le risque climatique qui peut
impacter une espèce plutôt que l’autre et le risque
Irrigation 800 à 1000 m3 x 0.15 €/m3 135 économique liés à l’évolution des marchés.
Divers 48
Charges fixes : Utilisation des différents équipe-
Coût d’utilisation ments, tracteur, charrue, culti-
du matériel vateur, planteuse, bineuse, herse
1 791
Dispositif d’aides
(hors main- étrille… plusieurs mesures spécifiques
d’œuvre),
amortissements… PASS AGRI PLANTATION, via la Région OCCITANIE
qui propose une aide financière pour alléger le coût
Total en régime de croisière 2 374 € d’implantation des PPAM pérennes.
En régime de croisière (années 4 à 6) PCAE : Plan de Compétitivité et d’Adaptation des
Produits : 1 200 kg x 6.5 € Exploitations Agricoles via les DDTM : accès aux
7 800 € aides financières pour l’achat d’équipements pour
(prix net après tri entreprise)
le désherbage, l’irrigation, la transformation, la
Marge Brute : Produits – charges d’entretien
7 217 € commercialisation des PPAM.
(C Variables : 7 800 - 583)
Autre accompagnement possible de la filière
Marge Directe : Marge Brute – charges Fixes
PPAM via France AGRIMER : aides financières
(coût d’utilisation du matériel, amortissements : 5 426 €
pour l’acquisition d’équipements de production ;
7 217 - 1 791)
de transformation, de promotion, d’émergence de
groupement de producteurs.

Avec le soutien financier : Agriculture Biologique : aide financière à la

conversion et au maintien.
Droits à DPB : Les PPAM sont prises en compte
dans les déclarations PAC et sont admissibles aux
DPB.
ICHN végétale : les PPAM en zone de montagne
humide ou sèche y sont éligibles sur justificatif de
vente des récoltes.

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