Mabel Banane Plantain
Mabel Banane Plantain
Mabel Banane Plantain
1. Introduction
En Amérique latine et dans les Caraïbes, les bananiers plantain sont cultivés
sous divers systèmes de production. Leur association avec le café, le cacao, le
maïs, les haricots ou d'autres cultures prédomine sur le secteur entier planté en
bananiers plantain. Cependant, la monoculture fournit un plus grand avantage.
C’est pourquoi, et au vu des excellents résultats obtenus ces dernières années
dans plusieurs pays de la zone ALC, nous présentons ici un système de
monoculture avec des cycles de production annuels (ou cycle unique).
Ce système doit être considéré comme une nouvelle alternative technologique
de production dont la base est la plantation sous Hautes Densités appuyée par
plusieurs activités complémentaires. Il pourrait être décrit comme un système
cumulatif où chaque composante éliminée réduit le total de la production
attendue. Suite à la mise en œuvre adéquate de ce système à Cuba, il a été
possible d'obtenir jusqu'à 78 t/ha de bananes plantain pour la consommation
locale et au Costa Rica plus de 1000 cartons/ha de 23 kg de fruits frais pour
l'exportation. Il est donc recommandé d'appliquer les indications présentées
dans ce document afin d’obtenir la meilleure production de bananes plantain.
1 Dans certains sites, une fréquence de plantation plus élevée est préférée, par exemple 13 par
an, soit une toutes les 4 semaines. Entre autres avantages, l’échelonnement des plantations
réduit les risques de perte totale de la culture en cas de catastrophe climatique.
2 Une seule exception à cette règle: si la replantation s’effectue dans les deux semaines après
une première plantation et avec des plants issus de pépinière préparés à cet effet.
3. Description du système
Suite à ce qui vient d’être énoncé ci-dessus quant aux impératifs de culture,
nous présentons ici les étapes et les activités les plus pertinentes de ce
système selon l’ordre du travail au champ.
1. Préparation du champ et système de plantation
La préparation du champ doit s’effectuer de préférence à l’aide d’un tracteur ou
de bœufs selon le type de sol et l’humidité. Parfois, la topographie rend la
préparation mécanisée du sol très difficile voire impossible. Dans ces
conditions, il faut préparer le champ manuellement. Cette option devient plus
facile sur des sols volcaniques ou alluviaux mais reste très difficile sur des sols
lourds contenant peu de matière organique. Les opérations mécaniques n’ont
lieu que la première année car une fois le système établi, il n’y a pas besoin de
répéter le processus.
Si le champ le permet et qu’on peut disposer d’un engin agricole, la plantation
se fait en sillon. Cette approche est vivement recommandée pour les sols
compacts, afin d’améliorer leur structure et de favoriser un système racinaire
plus vigoureux et plus étendu. Pour des sols légers, la plantation se fait dans
des trous, particulièrement dans les sols volcaniques ou alluviaux où il est facile
de creuser.
Le sillon ou le
trou de
plantation ne
doit pas être
plus profond
que la taille du
sac additionné
de l’espace
nécessaire à
l’amendement
organique
apporté.
1 Le démembrement en mains permet d’assurer la livraison d’un produit conforme à la demande du marché.
Allée Allée
pour renouveler le site choisi, il faut alors identifier d’autres plantes dotées des
mêmes caractéristiques provenant d’autres endroits de la ferme pour faire la
même chose. Le nombre de plantes mères à choisir peut être estimé sur la
base d’un prélèvement par plant de 5 à 10 unités végétales (petits cormes)
absolument sains (sans parasites ni maladie). Les cormes doivent être choisis
de taille adéquate pour permettre leur transplantation sans problème dans un
sac de pépinière (calibre B et C). Les cormes excédant cette taille ne doivent
pas être utilisés. Les cormes ne doivent jamais être coupés en morceaux au
risque de léser le méristème primaire ou le bourgeon apical et d’entraîner
l’émission de bourgeons latéraux qui allonge grandement le temps de présence
des plants en pépinière.
a. Pré-germinateurs et pépinières
Les cormes sont prélevés quand la plante mère est récoltée et sont nettoyés en
éliminant seulement les racines et les feuilles mortes avant de les transférer en
sac de pépinière (12 cm x 20 cm ou similaire). Avant de les planter en sac, les
plants sont immergés dans une solution fongicide pendant 2-5 minutes pour
prévenir les maladies (surtout Erwinia). Les produits comme Vydate,
Agromicine 500 ou un produit similaire peuvent être employés. A Cuba, des
mélanges à base de cuivre (sulfate de cuivre, oxychlorure de cuivre connu sous
le nom de cuproflow) donnent de très bons résultats à bas prix. Après
traitement, les cormes sont mis à sécher à l’ombre pendant 24 heures avant
d’être transplantés en sac.
Actuellement, la procédure la plus courante est de mettre les cormes directement
en sacs, mais l’utilisation d’un pré-germinateur a donné de très bons résultats
rendant les sacs inutiles et évitant les pertes de substrat de plantation car même
dans les meilleures conditions de gestion, 10% des cormes ne germent pas ou
présentent d’autres problèmes qui empêchent leur utilisation.
Les pré-germinateurs sont simples à manipuler et peu coûteux. Ils sont conçus
pour recevoir n’importe quel type de matériel inerte (sciure séchée ou ‘durcie’,
coques de café, glumes de riz ou autres). Le mieux est que ce matériel soit
assez malléable pour permettre de déraciner les plants sans abîmer les racines.
Les dimensions du pré-germinateur sont 1 à 2 m de large, sa longueur dépend
uniquement des besoins en matériel à planter et de la place où il est construit.
Le pré-germinateur n'a pas besoin d'être à l'ombre mais nécessite un apport en
eau constant et suffisant. Le substrat doit rester humide sans être saturé pour
éviter la pourriture. Il doit être arrosé une ou deux fois par jour selon la
température. Il est conseillé d'arroser tard le matin et en fin d'après-midi.
Les cormes doivent demeurer dans le pré-germinateur pendant 7 à 10 jours.
Les plantes sont prêtes à être transplantées en sac avant l’apparition de deux
feuilles véritables sur le stade ‘épée’. Durant cette période dans le pré-
germinateur, il faut seulement apporter de l’eau.
Avant de transférer les plantes dans des sacs, celles-ci doivent être traitées
pour faciliter la croissance et empêcher les parasites et les maladies. On peut
utiliser à cet effet des mycorhizes, champignons endophytes et autres.
Transplantation dans les sacs : Aucune recette ne peut être indiquée car le
mélange de substrat est fonction de la disponibilité locale. Le substrat doit être
friable, riche en matière organique et sans matière inerte.
Le plant poursuit sa croissance en sac pendant environ 5-6 semaines, ce qui
permet généralement aux plantules de présenter deux paires de feuilles. À
Cuba, des pulvérisations quotidiennes de compost foliaire ont permis de réduire
le temps d’endurcissement des plantules d’environ 10 jours.
La préparation du compost1 est facile. Il est préparé simplement sous couvert
(il ne peut pas rester à l’air libre). C’est un mélange à parts égales en volume
de compost et d'eau. La solution résultante est diluée de nouveau à parts
égales 1:1 avec de l'eau pour l'appliquer aux plantules, par aspersion complète
de gouttelettes les plus fines possibles. Les mêmes dosages sont utilisés en
pépinière et en champ. Un pulvérisateur dorsal de 16 litres permet de traiter
environ 500 plantes en pépinière et 200 en champ, selon leur hauteur.
L’application se fait chaque semaine à partir de la plantation en champ jusqu'à
la récolte.
Le lombricompost fabriqué par les vers sera avantageusement utilisé tant pour
sa contribution à la gestion de la cercosporiose que pour ses qualités en tant
que supplément nutritif. Le compost est indispensable pour le bon
fonctionnement du système Hautes Densités, c’est pourquoi nous insistons sur
sa production et son utilisation continue à tous les cycles de culture.
2000 3000
Précipitation (mm)
Besoins en eau
Consommation journalière
Nuageux 9 litres
Ensoleillé
de 25 à 50 litres
6. Drainage
L’objectif du drainage est d’éliminer l’excès d’eau en surface comme en
profondeur et de fournir les conditions adéquates au développement de la
plante. Un mauvais drainage favorise le développement des maladies et des
ravageurs et limite l’absorption de l’eau et des nutriments. Selon la topographie
du champ, le système de drainage peut être constitué par des canaux ou
‘rigoles’ primaires, secondaires, tertiaires, voire quaternaires. Les canaux
primaires et secondaires se chargent de transporter l’eau hors de la ferme.
Celle-ci a été extraite par les canaux tertiaires qui ont pour but de gérer la
strate ou nappe phréatique. D’autre part, les rigoles contrôlent l’eau de surface
en évitant l’effet d’engorgement et d’encroutement consécutif à une infiltration
1Le ‘boscashi’ est un engrais naturel très efficace employé couramment en Amérique centrale.
C’est un mélange composé de fumier, pulpes de café ou glumes de riz, de levure et de mélasses
mélangés à de la terre saine et laissé fermenté pendant 15 jours (source:
http://www.sustainableharvest.org/Bocashi.cfm).
Cela s’avère néanmoins peu pratique dans la plupart des cas en raison de la
faible disponibilité des matières organiques et des coûts générés par leur
transport et leur application. Toutefois, on peut obtenir un résultat similaire si
l’on dispose de compost (voir annexe 1). Si c’est le cas, les calculs doivent
prendre en compte que 1,5 kg de compost est équivalent à 9 kg de matière
organique ou que 1 kg de compost équivaut à 6 kg de matière organique.
Les besoins en Potassium (K) sont impossibles à satisfaire par les engrais
organiques. Sur les sites dotés d’une forte disponibilité en potassium comme en
Amérique centrale, il n’est pas nécessaire d’apporter cet élément. Dans les
endroits comme à Cuba, la disponibilité en K est très faible et il est impossible
pour des raisons pratiques d’incorporer au sol les quantités requises par l’apport
d’amendements organiques (tableau 3). L’emploi de compost dans les quantités
mentionnées ci-dessus (1,5 kg/plant par cycle de production) ne couvre pas
seulement 100% des besoins nutritionnels en N et P et 50% des besoins en K
extrait par un bananier plantain mais couvre aussi les besoins en éléments
minéraux secondaires (annexe 1).
S’il est possible de se procurer dans le pays des combinaisons spéciales avec
les dosages requis de N et de K, le travail d’application en sera favorisé en
évitant aux ouvriers de mélanger les deux éléments.
Dans tous les cas, il n’est pas nécessaire d’incorporer les engrais au sol.
L’application peut se faire à la volée en demi-cercle ou demi-lune, à 30 cm de
la base du pseudotronc du plant en production. En double sillon, l’application
est effectuée dans l’étroit inter-rang et en simple sillon, elle est effectuée sur le
sillon et non l’inter-rang.
9. Œilletonnage et effeuillage
Œilletonnage : le système Hautes Densités donne une production optimale
quand le cycle entier de production ne souffre pas de la compétition des rejets.
Il n’est pas conseillé d’éliminer les rejets traditionnellement par une élimination
en profondeur mais juste de maintenir la culture propre en coupant les rejets au
niveau du sol. Ceci doit être fait une fois par mois. Une extraction des rejets
1 Se référer à la section élimination des feuilles comme méthode de prévention contre la maladie
des raies noires.
Annexe 1
Fabrication et méthode d’application d’un compost
liquide
Le compost
Il correspond à la synthèse de produits issus de la décomposition des matières
organiques du sol, principalement des protéines, des acides aminés, des
purines, des pyrimidines, etc. qui, en polymérisant, forme la fraction humique
du compost du sol. La décomposition des matières organiques est continue et
causée par l’action des organismes et les activités enzymatiques du sol jusqu’à
obtenir une matière nutritive dont le carbone est employé comme source
d’énergie et comme produit final de la minéralisation et de la condensation des
substances. En général, le compost est basé sur sa composition chimique
(acides humiques, acides fulviques, humine) et sur sa distribution au sol qui
dépend du pH et du type de végétation existante.
Ainsi, le compost peut être préparé sous forme de solution contenant les
produits issus de la minéralisation, c’est-à-dire les minéraux dissous sous
forme aqueuse ionique. Ce produit possède non seulement des éléments
énergétiques et nutritionnels mais aussi des qualités d’adhésion au niveau
foliaire qui permettent aux plantes de l’absorber.
En présence de compost, la plante peut absorber des taux plus élevés de
minéraux car la perméabilité cellulaire aux ions augmente. Il a été démontré
qu’avec une application sur les feuilles de compost liquide, l’absorption de
l’azote et du phosphore augmente ainsi que l’activité respiratoire de la plante et
la croissance racinaire.
Grâce à l’application de compost, la croissance s’accélère par la stimulation de
différents processus. Le compost liquide fournit aussi et maintient une multitude
de micro-organismes vivants, contribuant à sa transformation et agissant contre
les maladies foliaires affectant les cultures comme la maladie des raies noires
sur le bananier plantain.
Bactéries
Le compost est très riche en bactéries, de l’ordre d’un million d’unités formant
des colonies (u.f.c.) par millilitre de produit. Parmi elles, il existe certaines
populations bactériennes qui entravent le développement de la maladie des
raies noires.
Recette de fabrication
a) On utilise du compost de lombrics préparé et mûri sous couvert. Une
préparation à l’abri est indispensable pour éviter que la plupart des éléments
solubles ne soient entraînés par la pluie.
b) Habituellement un réservoir d’une capacité de 55 gallons (190 litres) est
rempli avec 50% de compost et 50% d’eau.
c) Cette solution est bien mélangée pendant une semaine pour que la plupart
du compost se dilue dans l’eau.
d) On filtre le contenu sur un tamis et le liquide obtenu est collecté dans un
récipient adéquat.
Méthode d’application
a) Mélanger 8 litres de compost liquide avec 8 litres d’eau dans un
pulvérisateur dorsal de 16 litres de capacité. Le ratio est toujours 1:1
compost liquide et eau.
b) Appliquer chaque semaine sur le feuillage. Lors des premières étapes du
développement au champ, il est possible de vaporiser 200 à 220 plants avec
le contenu d’un pulvérisateur.
Attention !
Le compost liquide ne doit pas être employé sur les feuilles des cultures
maraîchères qui sont directement consommées en raison de son important
contenu bactérien. Parmi ces espèces, citons la laitue, le cresson, le chou, les
blettes, etc.