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: D4261 V1

Qualité de la tension -
Date de publication :
10 novembre 2002 Introduction

Cet article est issu de : Énergies | Réseaux électriques et applications

par Roger OTT

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Qualité de la tension
Introduction
par Roger OTT
Ingénieur senior, EDF Recherche et développement

1. Continuité et qualité de la tension ..................................................... D 4 261 - 2

2. Compatibilité électromagnétique ....................................................... — 2
3. Réseau d’énergie électrique et perturbations ................................. — 2
4. Aspects réglementaires et normatifs................................................. — 3
5. Exemples .................................................................................................... — 4

’électricité est une forme d’énergie particulièrement souple et adaptable.

L Elle peut être convertie en d’autres formes d’énergie (chaleur, énergie
mécanique, énergie chimique) et est à la base des technologies nouvelles
(informatique, télécommunications).
L’électricité, sauf cas particuliers pour les faibles puissances, ne se stocke
pas ; sa production est en permanence adaptée pour satisfaire la demande. Elle
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parvient au client par l’intermédiaire d’un système de production, de transport

et de distribution. Chaque élément constitutif du système peut être l’objet de
dommages ou d’avaries. Soulignons en particulier l’incidence des conditions
climatiques sur les paramètres qui définissent les caractéristiques du produit
électricité. De plus, de nombreuses caractéristiques peuvent perturber ou
endommager les équipements des clients. Notons que certaines de ces carac-
téristiques sont liées à des phénomènes transitoires inhérents au réseau
lui-même, causés par des défauts, des manœuvres ou par des phénomènes
atmosphériques (foudre en particulier).
Ainsi, la qualité de l’électricité, définie comme son aptitude à alimenter de
façon continue et satisfaisante les appareils qui l’utilisent, dépend des perfor-
mances des réseaux. Mais, contrairement aux autres produits, les perfor-
mances du produit électricité dépendent aussi de l’usage qui en est fait, non
seulement par un utilisateur donné, mais aussi par d’autres utilisateurs raccor-
dés sur les mêmes circuits. Par ailleurs, la qualité dépend aussi des caractéris-
tiques du réseau interne du client, qui devient alors un partenaire important
dans l’effort commun du maintien de la qualité.

Les perturbations, leur méthode d’étude et les moyens pour y faire face sont détaillés dans
les articles suivants :
— D 4 262 - Creux et coupures brèves ;
— D 4 263 - Fluctuations et flicker ;
— D 4 264 - Harmoniques ;
— Doc. D 4 265 - Pour en savoir plus.

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QUALITÉ DE LA TENSION ________________________________________________________________________________________________________________

1. Continuité et qualité 2. Compatibilité

de la tension électromagnétique
Il est souhaitable que la tension fournie par le distributeur à ses Le réseau du distributeur distribue une tension et c’est sous cette
clients présente des alternances régulières, selon une sinusoïde tension que sont raccordées les charges des clients.
parfaite et une amplitude et une fréquence constantes. C’est le cas
d’une qualité idéale, mais la réalité technique fait qu’en pratique, ■ Ces charges « appellent » des courants ayant une forme plus ou
cette situation n’est pas possible. moins proportionnelle à la tension.
La notion globale de qualité de l’électricité peut être décompo- Nota : de tels courants se comportent comme la superposition d’un courant à la
fréquence fondamentale et des courants à d’autres fréquences.
sée en deux axes :
— la continuité de la tension ; Les courants consommés par certains appareils peuvent prendre
des formes variées : amplitude fluctuante, impulsionnelle, défor-
— la qualité de la tension.
mations dues à la non-linéarité des circuits alimentés, déformation
du système triphasé. Par rapport à un équipement idéal qui appel-
lerait un courant strictement proportionnel à la tension, on assimile
ces déformations de courant à une émission de perturbations
1.1 Continuité venant de la charge et allant vers le réseau. Lorsque les courants
représentant la perturbation passent dans les conducteurs du
La continuité de l’alimentation en tension et en courant relève de réseau, ils donnent naissance à des chutes de tension. L’amplitude
la conception des réseaux publics et industriels, de la qualité et la forme de la tension fournie à un client sont donc à tout
de leurs matériels et des bonnes pratiques de maintenance et moment fonctions des chutes de tension cumulées dans les élé-
d’exploitation. La continuité dépend à la fois des choix techniques ments du réseau par lequel le client est alimenté. La tension d’ali-
et des investissements réalisés pour assurer l’alimentation d’un mentation d’un client est donc « déformée » ; cette déformation,
point particulier ou d’une zone donnée. C’est donc le résultat d’un appelée dans la suite perturbation de la tension d’alimentation, est
compromis « technico-économique », explicite ou implicite. La déterminée à la fois par la charge individuelle du client concerné
continuité de l’alimentation est un des éléments importants de la et par la charge simultanée des autres clients.
qualité de la fourniture perçue par les clients : un client doit pou-
voir compter sur son alimentation avec la puissance et aux instants ■ Les équipements sont construits de telle façon que les caractéris-
prévus par son contrat. tiques de la tension fournie doivent se situer à l’intérieur d’un
La continuité de l’alimentation se mesure par le nombre de cou- gabarit donné pour garantir un fonctionnement donné. Le gabarit
pures d’alimentation d’un point donné — on parle simplement de est choisi en fonction, d’une part, des conditions dans lesquelles
« coupure » — par unité de temps. l’appareil est utilisé, et d’autre part, des performances de fonction-
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nement attendues. Signalons ici que la réalisation d’un appareil doit

Dans les normes, deux types de coupures sont définies : les cou- en outre intégrer les critères liés à la sécurité des personnes et des
pures dites longues, de durée supérieure ou égale à 3 min, et les biens.
coupures dites brèves, de durée inférieure à 3 min.
Aujourd’hui, on constate une prolifération d’appareils produisant
des perturbations et une augmentation du nombre d’équipements
sensibles à ces mêmes perturbations.
1.2 Qualité Pour qu’il y ait « cohabitation » entre tous les équipements rac-
cordés à un même réseau, il faut fixer des règles et partager la
La qualité de la tension est liée d’une part, au maintien de la marge qu’il y a entre, d’une part, le « droit d’émettre des
valeur de la tension et de sa fréquence entre des limites prédéfi- perturbations » et, d’autre part, « accepter une certaine déforma-
nies et d’autre part, à l’absence de perturbations. tion de la sinusoïde de la tension d’alimentation ». C’est le principe
de compatibilité électromagnétique (CEM). Ce principe s’applique
Les perturbations pouvant affecter la tension sont : en particulier pour les perturbations à basse fréquence conduites
— des tensions trop hautes ou trop basses, des déséquilibres des par les liaisons électriques de puissance.
tensions triphasées ; Pour chaque type de perturbation, on définit un niveau de
— des surtensions brèves, susceptibles de détériorer les compatibilité . Le niveau maximal de la perturbation doit se situer
appareils [D 4 410] [D 4 750] ; en dessous de ce niveau tandis que le niveau minimal d’immunité
— des variations rapides de la tension, des creux et des coupures des équipements doit se situer au-dessus. Il importe de noter que
de tension ; plus les marges d’émission et d’immunité sont importantes, plus le
— des formes d’onde plus ou moins chahutées : flicker, harmo- fonctionnement sans défaillance est assuré mais aussi, plus le coût
niques. des matériels est élevé. Les marges sont prises en fonction du
Ces notions de qualité doivent être relativisées, car l’électricité risque que l’usager accepte de prendre pour un fonctionnement
n’est pas une fin en soi. En effet, un utilisateur ne juge pas direc- donné. Les critères de performance qui caractérisent ces marges
tement la qualité de l’électricité mais il la juge toujours après définissent le fonctionnement attendu d’un appareil en présence
transformation de l’énergie électrique en une autre forme. Ainsi, d’une perturbation donnée.
les performances de la transformation sont donc également à
prendre en compte et une nouvelle notion intervient alors. C’est
celle du critère de performance de l’appareil alimenté qui définit le
comportement attendu de cet appareil face à une perturbation
donnée. Les critères de performance retenus sont choisis — expli-
3. Réseau d’énergie
citement ou implicitement — par l’utilisateur d’un appareil en fonc-
tion de ce qu’il accepte de prendre comme risque et d’engager
électrique et perturbations
comme dépense (perte de confort, perte sur les tolérances d’un
produit, perte de production, etc.) face aux aléas de l’alimentation Pour un réseau d’énergie, quatre perturbations principales et
de cet appareil. leurs combinaisons éventuelles sont recensées.

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________________________________________________________________________________________________________________ QUALITÉ DE LA TENSION

■ Variations de l’amplitude indique que « l’électricité est également considérée comme un

Il ne s’agit pas des variations lentes de la tension qui sont produit ».
corrigées par les régleurs en charge des transformateurs, mais des La directive 89/336/CEE , dite « directive compatibilité électroma-
variations rapides de tension, se présentant sous forme de creux gnétique », définit des exigences essentielles de compatibilité élec-
de tension ou d’à-coups brusques, soit isolés, soit plus ou moins tromagnétique, à savoir que :
répétitifs, de forme régulière (créneaux) ou non. — « les perturbations électromagnétiques générées sont limitées
à un niveau permettant aux appareils de radio et de télécommuni-
■ Modifications de la forme de l’onde de tension
cation et aux autres appareils de fonctionner conformément à leur
L’onde n’est plus sinusoïdale et peut être considérée comme la destination ;
superposition d’une onde à fréquence fondamentale à 50 Hz et de — les appareils doivent avoir un niveau adéquat d’immunité
tensions harmoniques dont la fréquence est un multiple entier de intrinsèque contre les perturbations électromagnétiques, leur per-
la fréquence fondamentale et de tensions interharmoniques à des mettant de fonctionner conformément à leur destination. »
fréquences quelconques.
Notons que cette directive couvre toute l’étendue du spectre
■ Dissymétrie du système triphasé (déséquilibre) de fréquences (des régimes à basse fréquence, régimes continus
compris, jusqu’aux fréquences utilisées les plus élevées).
Dans un système triphasé, l’alimentation de charges monopha-
sées (trains, fours électriques de grande puissance) entraîne des La directive « compatibilité électromagnétique » ne décrit que
dispersions sur les modules des tensions et leurs déphasages ne les exigences essentielles. Un système de normes donne les
sont plus égaux. exigences particulières pour les matériels et pour chaque pertur-
bation.
■ Variations de la fréquence fondamentale à 50 Hz Nota : en 2002, un groupe mandaté par la Commission européenne examine la possibi-
lité de simplifier le système normatif et la directive citée peut être revue.
Comme la fréquence est la grandeur d’équilibrage instantané
entre la production et la puissance appelée, les variations de fré-
quence sont, en principe, inévitables. En pratique, elles sont rares
et minimes dans les réseaux interconnectés et ne sont observées 4.2 Normalisation
que lors de circonstances exceptionnelles, par exemple, lors de
certains défauts de grande ampleur en réseau ou de production. 4.2.1 Produit électricité
Les articles qui suivent concernent les perturbations les plus La norme HD 472 S1 , reprise dans la législation des États mem-
pénalisantes pour les clients raccordés au réseau : bres de la Communauté européenne, définit la valeur de la tension
« basse tension » ainsi que son domaine de variation.
— les coupures brèves [D 4 262] pour lesquelles, en fonction de
leur inertie, les process industriels peuvent s’arrêter ; La norme européenne EN 50-160 définit les caractéristiques de la
— les creux de tension [D 4 262] pour lesquels certains process tension à basse et moyenne tensions ; son statut est tel qu’elle
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industriels ralentissent ou s’arrêtent. Il importe de noter que le n’est pas obligatoire au sens légal (elle n’est pas transposée dans
nombre de creux de tension par unité de temps peut varier de façon la législation des États membres).
importante en fonction du schéma du réseau, des indisponibilités
éventuelles d’ouvrages et de la saison considérée ; 4.2.2 Phénomènes électromagnétiques
— les fluctuations de tension [D 4 263] entraînant des variations
des dispositifs d’éclairage. Ces variations de tension sont produites Des normes de « compatibilité » définissent le niveau de compa-
par des variations de charge et les variations de luminosité des tibilité de chaque perturbation.
appareils d’éclairage qui en résultent créent une gêne visuelle. Ces Nota : les limites d’émission et d’immunité indiquées dans les normes qui suivent sont
cas se rencontrent surtout lorsque les variations de la puissance déterminées en fonction des niveaux de compatibilité.
appelée sont importantes par rapport à la puissance de court-circuit Exemple : CEI 61000-2-2 pour les réseaux publics à basse tension.
du réseau ;
— les déformations harmoniques de la tension [D 4 264] provo- Des normes définissent des limites d’émission des perturbations
quées par les courants consommés non sinusoïdaux engendrant et d’autres définissent des exigences d’immunité des matériels.
principalement des échauffements dans les appareils alimentés et Les limites de ces normes sont reprises, le cas échéant, dans les
parfois des explosions de condensateurs. normes définissant les produits.
Les autres perturbations sont moins fréquentes et plus locali- Exemple : CEI 61000-3-2 : limites d’émission de courants harmo-
sées ; lorsque l’origine de la perturbation est identifiable, une niques.
solution peut être généralement trouvée entre le distributeur et le CEI 61000-4-11 : essais d’immunité aux creux de tension et
client à l’origine de la perturbation. coupures brèves.
Des normes, dites génériques en émission et en immunité, sont
associées à des classes d’environnement.

4. Aspects réglementaires Exemple : CEI 61000-6-1/ 3 : norme générique immunité/émission

pour environnement résidentiel, commercial et industrie légère.
et normatifs Des normes de produits ou de famille de produits reprennent les
exigences de normes génériques et adaptent les critères de perfor-
mance aux produits concernés.
4.1 Réglementation européenne Exemple : CEI 60974-1 : matériels de soudage électrique —
Partie 1 : source de courant pour soudage.
Deux directives européennes concernent les aspects liés à la
qualité de l’électricité. Des normes définissent les méthodes de mesure des phéno-
mènes considérés.
La directive 85/374/CEE , dite « directive sur la responsabilité du
fait de produit défectueux », engage la responsabilité d’un fabri- Exemple : CEI 61000-4-30 : méthodes de mesure de la qualité de
cant du dommage causé à un tiers par un défaut de son produit et l’alimentation.

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QUALITÉ DE LA TENSION ________________________________________________________________________________________________________________

Les quatre dernières catégories de normes ci-dessus ont un

caractère obligatoire et entrent dans le cadre d’une réglementation 150

U (kV)
à laquelle les fabricants de matériels sont contraints de se sou- 100
mettre. Le respect de ces normes donne présomption de confor-
50
mité à la directive, ce qui autorise le marquage CE des produits mis
sur le marché européen. 0
– 50
– 100
U 1 U2 U 3
4.3 Organismes internationaux – 150
t
de normalisation
Figure 1 – Régimes transitoires
Les principaux éléments relatifs à la qualité de la tension font
l’objet de normes internationales. Il s’agit de la CEI dont le bureau
siège à Genève (Suisse). Ces normes sont ensuite reprises par 50

U (kV)
les organismes européens de normalisation dont le siège est à 40
Bruxelles (Belgique). Certaines de ces normes sont d’application 30
obligatoire pour la mise sur le marché européen des produits. 20
10
Le lecteur est invité à se reporter à la partie Pour en savoir plus 0
[Doc. D 4 265]. – 10
– 20
– 30
– 40
– 50

5. Exemples 800

U (V)
600
400
Les exemples qui suivent montrent des cas réels de défauts de
qualité. 200
0
– 200
– 400
5.1 Régimes transitoires – 600
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– 800
t
La manœuvre d’appareils sur les réseaux électriques (coupures,
enclenchement de condensateurs, etc.) s’accompagne de régimes Figure 2 – Résonance harmonique
transitoires plus ou moins importants. La figure 1 illustre ce cas. Il
importe de remarquer dans cet exemple, en plus d’un accroisse-
ment temporaire de l’amplitude de la tension, l’apparition de 5.2 Résonance harmonique
signaux à « front raide » (qui varient rapidement). De tels signaux
sont particulièrement néfastes car d’une part, ils se couplent faci- L’exemple de la figure 2 est relatif à la pollution harmonique : les
lement avec tout circuit électronique placé à proximité et d’autre niveaux initiaux sont ici particulièrement amplifiés à cause d’un
part, ils se propagent le long des circuits. phénomène de résonance harmonique [D 4 264].

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