Demnat
Demnat
Demnat
Encyclopédie berbère
15 | 1995
15 | Daphnitae – Djado
D31
Demnat
(Damnat)
C. Agabi
p. 2268-2269
https://doi.org/10.4000/encyclopedieberbere.2235
Entrées d’index
Mots clés : Maroc, Ville
Texte intégral
1 Petite ville du Maroc peuplée de Berbères N’Tifa et de Juifs qui, vers 1950,
constituaient la moitié de la population estimée à 5 000 personnes. Demnat occupe le
flanc d’une colline à 960 m d’altitude dominant les vallées des oueds Demnat et
Tassaout, à 120 km à l’est de Marrakech. Son enceinte, en partie rainée, en terre
banchée dessine un rectangle bastionné ; elle est contrôlée à l’est par la Kasbah
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(Tighremt) qui possède des douves profondes pouvant être mises en eau.
La ville vit de son agriculture et du commerce. La vallée de la Tassaout porte sur ses
Ceversants vignes
site utilise des et surtoutetoliviers dont l’huile est le principal produit vendu sur le
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vous donne
marché. La le contrôle
plaine sur par des cultures vivrières : céréales et fèves. Le marché
est occupée
ceux que vous souhaitez
hebdomadaire est important. Bétail, huile et quelques produits de l’artisanat local,
surtout lesactiver
cuirs et les tissages, sont échangés contre les productions des tribus
montagnardes ou sahariennes : peaux fraîches, laine et dattes.
3 Ch. de Foucauld visita Demnat en février 1883 ; il notait que les Juifs y étaient traités
✓ Tout
« avec une accepter
exceptionnelle bonté ». Malheureusement cette bonne entente n’était pas
constante et, quelques années plus tard, des persécutions avec rapt de jeunes femmes
✗ Tout
vendues refuser
comme esclaves furent suffisamment graves pour émouvoir les puissances
européennes et décider le sultan Moulay Hassan à créer un mellah dans un quartier
Personnaliser
distinct de Demnat (mai 1887).
4 L’interpénétration culturelle entre Juifs et Musulmans est, ou plutôt était, telle
Politique
qu’étaientdehonorés
confidentialité
simultanément les mêmes saints dont l’appartenance à l’une ou
l’autre confession demeurait douteuse. Cette interférence des croyances était
particulièrement visible à Imi n’Ifri (« l’entrée de la grotte »), vaste tunnel naturel
traversé par un torrent à quatre km au sud-est de Demnat, où Juifs et Berbères
pratiquaient un culte tout imprégné d’un animisme* préislamique que sanctionnait le
sacrifice d’un taureau noir lors d’un moussent*, deux semaines après l’Aïd el-Khébir.
Mais tout au long de l’année, sur les bords d’une source en aval de la grotte, les femmes
musulmanes aussi bien que les juives venaient sacrifier des poules dans l’espoir de
devenir fécondes et de mettre au monde un garçon. E. Doutté rapporte une curieuse
légende au sujet de cette grotte, celle de Malek es-Sif (« le Roi du sabre ») qui réussit à
tuer Khettaf el-arais (« le Ravisseur des fiancées »), un génie malfaisant, doté de sept
têtes, qui habitait la grotte et exigeait de la population d’alentour la livraison de jeunes
filles. Malek es-Sif les délivra et, du corps décapité du monstre, sortirent une multitude
de vers qui se changèrent en corneilles ; elles peuplent encore la grotte et le voisinage.
Ces corneilles d’une espèce particulière sont appelées ghorab en-Nsara (« les corbeaux
des chrétiens »), leur nom berbère est amzoui. La légende de la grotte d’Imi n’Ifri est
intéressante par son rattachement à des thèmes du folklore universel. On y retrouve des
éléments de la légende de Persée et Andromède, d’Hercule et l’hydre de Lerne, de saint
Georges et le dragon et de saint Romain de Rouen.
5 Comme le fait remarquer Ch. Pellat, Demnat se situe, sur le plan linguistique, à la
limite des deux groupes de parlers berbères le tašelγit du Sud et le tamaziγt du Centre,
d’où l’intérêt que portèrent à l’étude de sa langue des linguistes tels que S. Boulifa et
plus tard E. Laoust.
Bibliographie
Foucauld Ch. de, Reconnaissance au Maroc, Paris, 1888, p. 77-78
Boulifa S., Textes berbères en dialectes de l’Atlas marocain. Public, de l’Ecole des Lettres
d’Alger, XXXVI, 1908-1909.
Doutte E., Missions au Maroc. En Tribu, Paris, 1914, p. 215-224.
Laoust E., Étude sur le dialecte berbère des Ntifa, Paris, 1918.
laoust e., Mots et choses berbères, Paris, 1920.
Voinot L., Pèlerinages judéo-musulmans au Maroc, I.H.E.M., IV, Paris, 1948, p. 25-28 et 60-61.
Flamand P. Un mellah en pays berbère : Demnat, I.H.E.M., X, Paris, 1952.
Pellat Ch. « Damnat », Encyclopédie de l’Islam, 2e édition, p. 111-112.
Auteur
C. Agabi
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Paru dans Encyclopédie berbère, 10 | 1991
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