Reform and Security Strategy in Tunisia - International Crisis Group
Reform and Security Strategy in Tunisia - International Crisis Group
Reform and Security Strategy in Tunisia - International Crisis Group
REUTERS/Anis Mili
SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS
La Tunisie réagit au jour le jour à des violences jihadistes qui se multiplient et dont l’ampleur
s’aggrave, mais son appareil de sécurité intérieure est globalement dysfonctionnel. Les attentats
de Tunis et de Sousse, en mars et juin 2015, et les attaques fréquentes contre la police, la garde
nationale et l’armée depuis plus de deux ans, particulièrement dans les zones frontalières,
démontrent la percée significative des groupes islamistes radicaux. Les autorités éprouvent des
difficultés à faire face à cette menace et à développer une politique publique de sécurité. Si la
situation est en grande partie liée aux problèmes internes des forces de sécurité intérieure (FSI),
le contexte régional n’aide guère. Pour faire face à cette violence, mais aussi mieux gérer les
contestations politiques et sociales, une réforme d’envergure des FSI est nécessaire.
déstabilisateur à l’image de la révolution et de ceux qui s’en réclament. Un récent projet de loi
consacrant l’impunité des forces armées (FSI, armée nationale, douanes) et défendu en
particulier par les FSI, montre que cellesci se recroquevillent sur ellesmêmes. Aux discours
politiques qui les renvoient dans le camp de la contrerévolution, de la dictature et des atteintes
aux droits humains, répond celui qui, au nom de la guerre contre le terrorisme, oppose sécurité
à démocratie.
Beaucoup de professionnels des FSI sont inquiets de l’état de leur institution, même s’ils
estiment que celleci est en mesure de se réformer sans que des acteurs extérieurs
n’interviennent. Les priorités seraient d’améliorer ses capacités de gestion, de réduire ses
mauvaises pratiques (brutalités policières, croissance de la petite corruption) et de lutter contre
le développement du système clientéliste qui risque de la gangréner.
L’expérience de ces quatre années de transition montre que la lutte frontale entre FSI et pouvoir
politique aboutit à une impasse. La révolution et la contrerévolution n’ont pas été à la hauteur
de leurs ambitions. Leur combat, en partie exagéré par le citoyen ordinaire, a produit la fausse
antithèse entre ordre et liberté qu’il convient aujourd’hui de dépasser.
Le gouvernement et le parlement devraient se mettre d’accord avec les FSI sur des nouvelles
règles déontologiques, élaborées en commun à l’issue d’une large consultation à l’intérieur et à
l’extérieur du corps sécuritaire. Cellesci prendraient notamment en compte la nouvelle mission
des forces de l’ordre dans la Tunisie de l’après Ben Ali. Ceci suppose une réflexion collective, en
particulier au sein du ministère de l’Intérieur, ainsi qu’un débat politique national sur la notion
de sécurité, le rôle et les missions de la police (distinctes de l’armée), les causes de la fracture
Nord/Sud et de la violence jihadiste ainsi que la crise de confiance de la population envers
l’appareil sécuritaire.
Sans une réforme des FSI qui permettrait d’appliquer une stratégie de sécurité globale, le pays
maintiendra une gestion des crises au coup par coup, à mesure que son environnement régional
se dégrade et que ses tensions politiques et sociales augmentent, au risque de sombrer dans le
chaos ou de renouer avec la dictature.
policier » ou de conférer toujours plus de tâches de sécurité intérieure à l’armée nationale dans
le but de compenser la faiblesse et la mauvaise gestion des FSI.
Cet ensemble de mesures représente une étape préliminaire essentielle pour repenser la réponse
à la montée des violences sociales et politiques. Cellesci constituent un enjeu national qui va
audelà de la mission des forces de l’ordre : nécessité à terme de concrétiser des projets de
développement dans les régions frontalières, de rénover l’habitat dégradé dans les zones
périurbaines, d’améliorer les conditions carcérales, et de promouvoir des alternatives à
l’idéologie jihadiste, entre autres. Les FSI ne doivent pas se retrouver seules à combler le
manque de vision stratégique de la classe politique.
RECOMMANDATIONS
1. Eviter la tentation de conférer des tâches de police judiciaire à l’armée nationale afin de
corriger les dysfonctionnements des forces de sécurité intérieure (FSI) et d’améliorer la sécurité
à court terme.
4. Organiser une conférence nationale ouverte à tous sur la notion de sécurité dans un état de
droit, le rôle et les missions de la police, les causes de la fracture Nord/Sud et du jihadisme, la
crise de confiance de la population envers l’appareil sécuritaire, et les moyens démocratiques de
traiter les problèmes actuels, avec comme objectif de briser les tabous et établir un constat
objectif.
Afin d’améliorer la professionnalisation des FSI pour qu’elles répondent aux défis sécuritaires de
la Tunisie de l’après Ben Ali
6. Mettre en place une série de consultations internes sur la manière dont les fonctionnaires de
la sécurité conçoivent leur profession dans la Tunisie de l’après Ben Ali ; le bilan des échanges
servant de base à un nouveau code de déontologie des FSI.
http://www.crisisgroup.org/en/regions/middleeastnorthafrica/northafrica/tunisia/161reformandsecuritystrategyintunisia.aspx?alt_lang=fr 3/4
24/7/2015 Reform and Security Strategy in Tunisia International Crisis Group
a) participera à l’élaboration d’un nouveau code de déontologie des FSI en partenariat avec les
commissions compétentes de l’ARP ;
c) participera à la révision des statuts juridiques qui fixent la mission, les modalités de
recrutement, de formation, de promotion ainsi que les relations hiérarchiques des agents et
des cadres des FSI, notamment la réduction des prérogatives de nomination et de mutation
du ministre de l’Intérieur et de la loi n°8270 du 6 août 1982 portant statut général des
forces de sécurité intérieure.
9. Soutenir de manière prioritaire la réforme des statuts, la mise en place d’un plan de gestion
des ressources humaines des FSI, l’amélioration de la formation initiale et continue, notamment
le projet du pôle de formation professionnelle de la sûreté nationale.
Afin de mieux exercer le contrôle démocratique sur les FSI et d’encourager leur
professionalisation
11. Participer à l’élaboration d’un nouveau code de déontologie des FSI, cosigner avec le Haut
comité de réforme et de gestion du corps sécuritaire un agenda clair de réforme du secteur de la
sécurité. L’ARP devrait mettre en œuvre cette réforme sous la forme d’une loi organique,
comme prévu par la constitution.
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