Entin 045 0010

L’entrepreneuriat responsable : quels enjeux, quels leviers ?
Éric Persais
Dans Entreprendre & Innover 2020/2 (n° 45), pages 10 à 21
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 2034-7634
ISBN 9782807393660
DOI 10.3917/entin.045.0010
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 12/02/2024 sur www.cairn.info (IP: 154.125.227.126)
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L’entrepreneuriat
responsable : quels
enjeux, quels leviers ?
Responsible entrepreneurship:
What challenges? What levers?
> Éric Persais
Résumé
Dans le contexte actuel d’accélération des déséquilibres, la quête d’un développement durable (DD) apparaît
de plus en plus comme une nécessité. Les entrepreneurs sont largement concernés car une partie des solu-
tions viendra nécessairement de leur capacité à inventer de nouveaux modèles d’affaires plus respectueux de
l’environnement ou offrant une solution efficace aux problèmes sociétaux. La question de la responsabilité

des entrepreneurs au regard des objectifs de DD est donc posée. Cette contribution propose de définir la
notion d’entrepreneuriat responsable, de mettre en évidence le rôle de l’entrepreneur dans la poursuite de
cet objectif de durabilité et enfin de mettre en lumière les principaux leviers d’une démarche d’entrepreneu-
riat responsable.
Abstract
As the world we live in becomes more and more socioeconomically unbalanced, sustainable development
(SD) is increasingly perceived as essential for humankind’s survival. This trend is even more prominent among
the new generation of entrepreneurs. This is mainly due to their intrinsic potential to invent new business
models that are more environmentally friendly or that offer innovative solutions to current societal issues.
This article represents a step toward investigating the pivotal role of social responsibility in new entrepre-
neurship. First, the notion of responsible entrepreneurship is addressed. It is then linked to the underlying
need to place sustainability at the center of today’s most pressing issues. Finally, the goals and steps neces-
sary to achieve this endgame are exposed via a set of thresholds and key drivers.
10 /
L’ENTREPRENEURIAT DURABLE ET RESPONSABLE : quels enjeux pour les formations à l’entrepreneuriat ?
Éric Persais
Les points forts

• L’entrepreneuriat doit aujourd’hui s’inscrire dans le cadre du Développement
Durable qui constitue un véritable enjeu pour nos sociétés.
• C’est ainsi qu’a émergé progressivement le concept d’entrepreneuriat
responsable, notion qu’il convient de définir et de dissocier de celle
d’entrepreneuriat social.
• L’entrepreneur responsable cherche à concilier les enjeux éthiques liés au
développement durable et les exigences stratégiques que lui impose son rôle
d’entrepreneur.
• Pour faire face à ses responsabilités, l’entrepreneur dispose de plusieurs
leviers, en particulier l’innovation, le développement d’une vision commune
et la création de valeur partagée.
L a libéralisation de l’économie et la diffu-

sion du numérique dans l’ensemble des
secteurs d’activité ont sans aucun doute
phase de création ou de développement ?
Et par quelles modalités cette responsabi-
lité peut-elle s’exercer ? Autant de ques-
contribué à faire de l’entrepreneuriat un tions que nous souhaitons traiter dans ce
thème-phare à la fois pour les praticiens travail qui s’inscrit dans le champ du mana-
de l’entreprise et pour les chercheurs en gement stratégique auquel se rattache
sciences de gestion. C’est un juste retour naturellement le sujet évoqué.

si l’on admet que les entreprises sont un
L’objectif de cet article est triple. Il s’agit
des piliers de l’économie et que leur pré-
tout d’abord de mieux cerner la notion
sence suppose la mise en œuvre d’une
d’entrepreneuriat responsable et de la
démarche entrepreneuriale initiée par un
distinguer d’autres notions, notamment
ou plusieurs individus et prolongée par
celle d’entrepreneuriat social très en
les différents acteurs opérant au sein des
vogue dans les milieux académiques.
organisations.
Nous souhaitons ensuite mettre en
À cet égard, si les entreprises sont consi- lumière ses enjeux et montrer la néces-
dérées comme des actrices essentielles de sité pour les entrepreneurs d’inscrire leur
l’économie, elles se doivent, également, démarche dans la perspective du DD. Il
d’assumer leur propre responsabilité s’agit enfin de distinguer les principaux
sociale (RSE). En effet, depuis de nom- leviers d’un entrepreneuriat responsable.
breuses années, les démarches de RSE se Ces éléments sont autant de points de
déclinent au sein des organisations, posi- repère à destination des formateurs et
tionnant ainsi l’entrepreneuriat au cœur des praticiens impliqués dans le monde de
des problématiques du développement l’entrepreneuriat et qui leur permettront
durable (DD). Mais que signifie l’idée « d’en- d’orienter leurs propres pratiques en vue
treprendre de façon responsable » ? Quels de favoriser la diffusion de démarches
en sont les enjeux pour les entreprises en d’entrepreneuriat responsable.
Entreprendre & Innover / 11

Qu’entend-on pour percevoir et se saisir d’opportunités

par entrepreneuriat détectées au sein du marché 5.
responsable ?
Ű Ű De l’entrepreneuriat
L’entrepreneuriat a longtemps été asso-
cié, ceci de façon exclusive, à la créa-
à l’entrepreneuriat responsable
tion d’entreprise. La plupart des auteurs L’intérêt des chercheurs pour l’entrepre-
l’appréhendent désormais de manière neuriat responsable est assez récent. Ce
beaucoup plus large comme la saisie de concept qui résulte d’un rapprochement
nouvelles opportunités pouvant être réa- entre deux thématiques fortes des sciences
lisée par la création d’une nouvelle entité, de gestion, la RSE et l’entrepreneuriat,
mais aussi par l’intermédiaire d’une orga- recouvre les démarches volontairement
nisation existante 1. Dès lors, cette notion adoptées par les entreprises inscrites dans
dépasse le cadre de la création stricto un processus entrepreneurial et qui sou-
sensu pour englober plus généralement haitent contribuer au DD 6. Bien qu’il ne
le développement des organisations. soit pas propre aux entreprises de taille
L’entrepreneuriat est en grande partie modeste, l’entrepreneuriat responsable
lié au concept d’innovation puisqu’il est s’applique bien aux PME puisqu’il asso-
nécessaire de s’appuyer sur des idées nou- cie la volonté d’entreprendre et l’attitude
velles pour proposer de nouveaux biens/ indispensable au développement d’acti-
services ou encore de nouvelles façons vité dans le cadre d’une démarche de
de les produire, de les distribuer et/ou de RSE. Comme le soulignent Stervinou et
les vendre. C’est la raison pour laquelle Noël-Lemaître (2008) 7, « l’entrepreneuriat
l’innovation est considérée comme l’ins- responsable implique un certain rapport
trument privilégié de l’entrepreneuriat 2. entre l’entrepreneur et son environne-
Enfin, ce qui caractérise ce concept, c’est ment, rapport caractérisé par une volonté

la création de valeurs nouvelles 3. Celles-ci de prendre en compte l’impact des déci-
sont fortement liées à l’individu qui en est sions prises sur les différentes parties pre-
à l’origine, en l’occurrence l’entrepreneur, nantes ». Pour Liikanen (2004, p.5) 8, « Un
puisque c’est lui qui détermine l’ampleur entrepreneur responsable traite ainsi ses
ainsi que les modalités de production de clients, ses partenaires commerciaux et
la valeur ainsi créée 4. L’entrepreneuriat ses concurrents en toute équité et hon-
relève alors d’une approche processuelle nêteté. (Il) se préoccupe de la santé, de
(découverte, évaluation, exploitation de la sécurité et du bien-être général des
l’opportunité) mise en œuvre par des indi-
vidus disposant de capacités particulières 5 Shane, S., & Venkataraman, S., (2000). The Promise of
Entrepreneurship as a Field of Research, The Academy of
Management Review, 25 (1) : 217-226.
1 Julien, P. A., & Marchesnay, M. (1996). L’entrepreneuriat, 6 Fereira, N. (2008). Entrepreneuriat responsable et terri-
Economica (Ed.), Paris. toire : l’expérience des entreprises d’économie sociale en
2 Drucker, P. (1985). Entrepreneurship and innovation: France. Marché et Organisations, 7 (2) : 52-60.
practices and principles. NY: Harper Business. 7 Stervinou, S., & Noël-Lemaître, C. (2008). Les coopé-
3 Gartner, W. B. (1990). What we are talking about when ratives d’activité et d’emploi (CAE) : un outil juridique au
we talk about entrepreneurship, Journal of Business service d’un entrepreneuriat responsable. Management
Venturing, 5(1). et Avenir, 20 (6) : 65-86.
4 Bruyat, C. (1993). Création d’entreprise : contributions 8 Commission Européenne. (2004). Entrepreneuriat res-
épistémologiques et modélisation. Thèse pour le Doctorat ponsable : exemples de bonnes pratiques mises en œuvre
de Sciences de Gestion, ESA – Université Grenoble II. par des petites et moyennes entreprises européennes.
12 /
Éric Persais
salariés et des consommateurs. (Il) motive « des activités et processus entrepris pour
son personnel en lui offrant des possibili- découvrir, déterminer et exploiter des
tés de formation et de développement. (Il) opportunités de manière à générer de la
agit comme un bon citoyen au sein de la valeur sociale par la création de nouvelles
communauté locale. (Enfin, il) respecte organisations ou en gérant des organisa-
les ressources naturelles et l’environne- tions existantes de manière innovante ».
ment ». La dynamique entrepreneuriale
Ce qui caractérise l’entrepreneuriat social,
se met ainsi au service des objectifs du DD.
c’est précisément sa finalité sociale 12,
c’est-à-dire la primauté qu’il accorde aux
Ű Ű Qu’est-ce qui différencie
aspects sociaux et qui se reflète dans la
l’entrepreneuriat social et production de biens publics et d’externali-
l’entrepreneuriat responsable ? tés positives. Les initiatives d’entrepreneu-
Certains auteurs tentent de rapprocher riat social se concentrent ainsi dans des
entrepreneuriat social et entrepreneuriat domaines où les besoins sociétaux sont
responsable. Si ces deux concepts ne sont aigus et où les mécanismes de marché
pas incompatibles, il convient malgré tout ou l’État sont en partie défaillants (ex. :
de les distinguer. Huybrechts et al. (2012) 9 santé, éducation, secours humanitaire).
soulignent que de multiples définitions La finalité sociale réside également dans
ont été proposées de l’entrepreneuriat les processus organisationnels qui abou-
social mais qu’aucune ne fait véritable- tissent à la mise en place de solutions
ment consensus. La raison est simple : socialement innovantes (ex. : dispositifs
celui-ci représente un ensemble d’activi- d’insertion de travailleurs peu qualifiés),
tés fortement dépendantes d’un contexte ou encore dans les résultats de l’organi-
donné 10. Par exemple, la conception amé- sation qui se focaliseront sur les impacts
ricaine de l’entrepreneuriat social qui met sociaux ou environnementaux plutôt que

en exergue la figure de l’entrepreneur, est sur le rendement financier (ex. : recycle-
différente de la conception européenne ries associatives).
qui insiste sur l’initiative collective (ibid.,
La finalité sociale, dans son acception
p. 390). Nous retiendrons néanmoins
première (cf. supra), est également ce
la proposition de Zahra et al. (2009) 11
qui distingue l’entrepreneuriat social de
pour qui l’entrepreneuriat social englobe
l’entrepreneuriat responsable dont le but
est clairement de satisfaire des intérêts
9 Huybrechts, B., & Nicholls, A. (2012). Social Entrepre économiques tout en les rendant compa-
neurship: Definitions, Drivers, and Challenges. In: tibles avec des objectifs sociaux et envi-
Volkmann, C., Tokarski, K., & Ernst, K., (Ed.). Social
Entrepreneurship and Social Business: An Introduction ronnementaux. En revanche, les autres
and Discussion with Case Studies. Gabler Verlag, composantes de l’entrepreneuriat social,
Wiesbaden, 31-48.
à savoir l’innovation et l’orientation mar-
10 Bacq, S., & Janssen, F. (2011). The Multiple Faces
of Social Entrepreneurship: A Review of Definitional
ché s’avèrent en tous points compatibles
Issues Based on Geographical and Thematic Criteria.
Entrepreneurship & Regional Development, 23 (5-6) :
373‑403.
11 Zahra, S. A., Gedajlovic, E., Neubaum, D. O., & 12 Nicholls, A., & Cho, A. H. (2006), Social Entrepreneur
Shulman, J. M. (2009). A Typology of Social Entrepre ship: The Structuration of a Field, in A. Nicholls (Ed.),
neurs: Motives, Search Processes and Ethical Challenges. Social Entrepreneurship. New Models of Sustainable
Journal of Business Venturing, 24 : 519-532. Change, Oxford University Press, Oxford, 99-118.

avec les caractéristiques de l’entrepreneu- son entreprise de façon favorable sur ses
riat classique et a fortiori responsable. marchés : aptitude à détecter les signaux
faibles de l’environnement, à anticiper ses
L’entrepreneur responsable : évolutions, voire à les influencer, capacité
entre vision stratégique à prendre des risques et à innover dans
un sens qui sert également les intérêts de
et défense de valeurs éthiques la planète (et a fortiori des populations).
Un acteur est évidemment central dans la Finalement, l’entrepreneuriat respon-
démarche d’entrepreneuriat responsable : sable repose sur une vision étendue de
l’entrepreneur. L’engagement sociétal la création de valeur qui englobe à la fois
serait ainsi lié à une vision stratégique des gains économiques classiques (pour
du porteur de projet, mais aussi à une l’entrepreneur et les investisseurs) et des
adéquation avec ses valeurs et sa person- bénéfices économiques, sociaux et envi-
nalité. On retrouve là les deux grandes ronnementaux pour la société et ses dif-
perspectives mises en évidence par Bon férents acteurs.
et Van der Yeught (2019) 13 au sujet de
Ce courant s’intéresse également aux pro-
l’entrepreneur responsable, l’une relevant
cessus à l’œuvre dans les organisations
de l’économie et du management straté-
entrepreneuriales qui s’engagent dans
gique, l’autre puisant ses racines dans une
le DD. Les travaux sur les compétences
démarche éthique de l’entreprise.
et capacités dynamiques permettent
notamment de comprendre comment les
Ű Ű L’entrepreneur responsable
entrepreneurs parviennent à concilier les
ou l’œil du stratège différents intérêts en jeu (économiques
Le premier courant considère l’entrepre- vs non-économiques, entrepreneur vs
neur responsable comme un individu société dans son ensemble). Les compé-

capable de percevoir et de saisir les oppor- tences relationnelles apparaissent, de ce
tunités lui permettant de réaliser des pro- point de vue, comme centrales dans une
fits tout en contribuant par ses décisions démarche d’entrepreneuriat durable 15.
et actions à réduire l’empreinte écologique
et les effets négatifs de ses activités sur Ű Ű L’entrepreneur responsable
la société 14. L’accent est alors mis sur les ou l’acteur engagé
conséquences de l’acte entrepreneurial
La deuxième perspective abandonne cette
plutôt que sur les convictions profondes de
vision opportuniste de l’entrepreneur,
l’entrepreneur. Ce dernier est alors perçu
en particulier vis-à-vis des enjeux du DD.
comme un stratège particulièrement effi-
Celui-ci est avant tout motivé par des
cace. Il dispose de capacités particulières
questions d’éthique et par une vision du
utiles pour lui permettre de positionner
monde qu’il souhaite propager grâce à sa
démarche entrepreneuriale. La quête du
13 Bon, V., & Van der Yeught, C. (2019). Responsabilité profit n’apparaît pas comme une finalité
sociétale de l’entrepreneur : les paradigmes de l’entrepre- pour l’entrepreneur. En revanche, les gains
neuriat revisités. Revue de l’Organisation Responsable,
14 (1) : 5-20.
14 Van der Yeught, C. (2017). Les compétences de l’entre- 15 Persais, E. (2006). Le management relationnel
preneur responsable : proposition d’un cadre conceptuel. peut-il favoriser une gestion durable de l’entreprise ?
Revue de l’Organisation Responsable, 12 (1) : 5-16. Management International, 11 (1) : 45-59.
14 /
Éric Persais
qu’il tire de son activité lui permettent dilemme éthique 19. Bon et Van der Yeught
d’investir de façon à ce que celle-ci bénéfi- (2019) 20 indiquent d’ailleurs que certaines
cie à la société et à l’environnement. caractéristiques de l’esprit d’entreprise,
en particulier la créativité, la passion ou
Dans son management, l’approche est
l’audace, sont autant de qualités que
conforme à cette logique : les actions
l’entrepreneur peut utiliser dans l’exer-
déployées par l’entrepreneur ne sont
cice de cette responsabilité éthique. Il ne
pas assujetties à un quelconque retour
s’agirait pas tant de répondre aux impé-
sur investissement. Elles le sont car elles
ratifs moraux édictés par la société, que
correspondent aux convictions profondes
d’utiliser son autonomie de jugement, sa
de l’entrepreneur. Bon et Van der Yeught
capacité de décision et ses qualités entre-
(2019) 16 soulignent l’importance de la
preneuriales au service d’un engagement
dimension éthique tout en admettant que
responsable.
l’entrepreneuriat responsable oscille entre
deux logiques, l’une plus instrumentale Finalement, ces deux visions de l’entrepre-
dans laquelle la dimension opportuniste neuriat qui découlent de deux approches
constitue le principal moteur de l’action, longtemps jugées incompatibles de la RSE
l’autre normative dans laquelle le respect (instrumentale vs normative), se trouvent
de valeurs et les convictions de l’entrepre- réconciliées grâce à l’entrepreneur doté
neur s’expriment avant toute autre consi- à la fois de compétences éthiques et de
dération. S’appuyant sur les travaux de capacités stratégiques 21.
Clarke et Holt (2010) 17, les auteurs consi-
dèrent que la dimension éthique « solli- Quels sont les leviers
cite les capacités de jugement réflexif de d’un entrepreneuriat
l’entrepreneur lui permettant de prendre
des décisions conformes à ses convictions
responsable ?

dans un contexte concurrentiel souvent Trois principaux éléments apparaissent
mouvant et difficile ». comme déterminants dans la démarche
d’entrepreneuriat responsable : innover
Dans ce prolongement, Van der Yeught
dans le but de répondre aux enjeux du
(2017) 18 propose d’appliquer le concept
DD, impliquer les parties prenantes dans
de compétence à l’éthique, ce que l’au-
le souci d’équilibrer les intérêts en jeux,
teure définit comme « la capacité d’un
aboutir à la création de valeur partagée
individu à appliquer des valeurs éthiques
afin de rendre la performance de l’entre-
de façon efficace, à se comporter de
prise soutenable.
manière juste, équitable et solidaire dans
une situation professionnelle donnée ».
Cette compétence s’avérerait détermi-
nante, notamment dans les situations de
19 Capron, M., & Quairel-Lanoizelée, F. (2010). La respon-

16 Op. cit. sabilité sociale d’entreprise. Paris : La Découverte.
17 Clarke, J., & Holt, R., (2010). Reflective Judgment: un- 20 Op. cit.
derstanding Entrepreneurship as Ethical Practice, Journal 21 Berger-Douce, S. (2011). Le développement durable :
of Business Ethics, 14 : 317-331. un levier d’innovation pour les PME ? Revue Française de
18 Op. cit. Gestion, 6 (215) : 147-166.

Ű Ű L’innovation comme élément clé sont combinées de façon différente, ce qui

de la démarche d’entrepreneuriat permet ainsi d’améliorer leur efficience
responsable (innovation de procédés). La RSE serait
donc source d’avantage concurrentiel,
S’il n’est pas, en soi, nécessaire d’innover
notamment parce qu’elle conduit l’entre-
pour entreprendre, l’entrepreneuriat res-
prise à innover pour diminuer ses impacts
ponsable implique nécessairement, quant
négatifs sur l’environnement.
à lui, une démarche constante de progrès
et par conséquent d’innovation de la part L’innovation sociale est par nature cen-
de l’entreprise. Trois principales dimen- trale dans la démarche d’entrepreneuriat
sions sont concernées : technologique, responsable. Nous donnons à ce terme
sociale/sociétale et organisationnelle/ la définition proposée par Dandurand
managériale. (2005) 25 : « Toute nouvelle approche,
pratique, ou intervention, ou encore,
La quête d’un lien entre RSE et innovation
tout nouveau produit mis au point pour
technologique a été au centre de nom-
améliorer une situation ou résoudre un
breuses recherches. Patris et al. (2001) 22
problème social (i.e. de société) et ayant
montrent par exemple comment l’inno-
trouvé preneur au niveau des institutions,
vation technologique, longtemps considé-
des organisations, des communautés ».
rée comme une des causes de destruction
Les secteurs public et associatif (privé
des milieux naturels (ex. : le nucléaire),
à but non lucratif) sont bien souvent à
peut néanmoins devenir source d’un déve-
l’origine des innovations sociales (ex. : la
loppement économique soutenable (ex. :
sécurité sociale, le mouvement Emmaüs).
les énergies « vertes »). Dans ce prolon-
La raison en est simple : c’est au travers
gement, Berger-Douce (2011) 23 souligne
des politiques publiques que s’inscrit le
que le DD n’est plus uniquement appré-
processus de régulation des situations

hendé comme un possible réducteur de
qui posent problème et qui appellent, au
coûts pour l’organisation, mais davan-
final, l’innovation 26. Reste que le secteur
tage comme un catalyseur d’innovation,
privé lucratif n’est pas exclu, par nature,
notamment technologique. Pour Husted
de ce processus et que certaines organi-
et Allen (2007) 24, la création de valeur est
sations savent se saisir des opportunités
nécessairement reliée à ce type d’innova-
créées par l’absence de services qui per-
tion. Elle apparaît non seulement lorsque
mettraient de répondre à des besoins
les clients sont prêts à payer plus chers
émergents ou non encore satisfaits par
des biens ou des services en raison de
l’État ou le marché 27. Cette vision est
leur nature responsable (innovation pro-
notamment celle défendue par l’École
duits), mais aussi lorsque les ressources
américaine de l’entrepreneuriat social qui
22 Patris, C., Valenduc, G., & Warrant F. (2001). L’inno 25 Dandurand, L. (2005). Réflexion autour du concept
vation technologique au service du développement du- d’innovation sociale, approche historique et comparative.
rable, Synthèse du rapport final du programme Leviers du Revue Française d’Administration Publique, 115 : 377-382.
développement durable, Bruxelles. 26 Soit de façon directe par le biais des services de l’État,
23 Op. cit. soit de façon indirecte, l’État incitant les acteurs, notam-
24 Husted, B. W., & Allen, D. B. (2007). Strategic ment associatifs, à innover.
Corporate Social Responsibility and Value Creation among 27 Moulaert F., Martinelli F., Swyngedouw E., &
Large Firms - Lessons from the Spanish Experience. Long Gonzalez S. (2005). Towards Alternative Model(s) of
Range Planning, 40 (6) : 594-610. Local Innovation. Urban Studies, 42 (11) : 1669-1990.
16 /
Éric Persais
voit dans les besoins sociaux délaissés par comme « l’aptitude à intégrer, construire
les marchés classiques, des opportunités et reconfigurer les compétences internes
d’affaires. Elle trouve d’ailleurs son illus- et externes pour faire face aux change-
tration dans le développement du micro- ments rapides de l’environnement ».
crédit dont M. Yunus a été l’instigateur Comme le soulignent Bon et Van der
et qui permet de développer des activités Yeught (2019) 31, intégrer les enjeux du
économiques rentables tout en répondant DD au niveau de l’organisation implique
aux besoins des plus démunis. d’initier des processus de changement
visant à assurer à la fois la compétitivité
Enfin, le champ de l’innovation peut être
de l’entreprise et la maîtrise de ses exter-
de nature organisationnelle et/ou mana-
nalités. Il en résulte des reconfigurations
gériale. Nous entendons par Innovations
permanentes de ressources et de compé-
Organisationnelles et Managériales (IOM)
tences qui conduisent au développement
les nouvelles manières d’organiser le tra-
de capacités dynamiques permettant
vail ou la façon dont les nouvelles formes
d’apporter des réponses innovantes aux
organisationnelles sont introduites dans
défis du DD.
le but d’améliorer l’efficacité ou l’effi-
cience de l’organisation 28. L’engagement
Ű Ű L’entrepreneuriat responsable
dans une démarche d’entrepreneuriat
responsable implique de combattre toute
et la quête d’une vision partagée
forme d’exclusion et au contraire de jouer L’implication des parties prenantes appa-
un rôle moteur dans l’insertion des per- raît également comme un enjeu fort d’une
sonnes en situation « précaire » 29. Il est démarche d’entrepreneuriat responsable.
alors question de favoriser, grâce à des Rappelons que, conformément à la théo-
IOM, leur participation aux processus rie des parties prenantes 32, la prise en
productifs. C’est le sens de la démarche compte de leurs intérêts est une condition

promue par l’association Les entreprises sine qua non du bon fonctionnement de
pour la Cité : l’un de ses membres a par l’entreprise, notamment en phase de créa-
exemple proposé d’accueillir, dès 2007, tion ou de développement. L’entrepreneur
un atelier protégé au sein même de son doit alors fédérer un certain nombre d’ac-
entreprise. teurs autour de son projet, en particulier
ceux qui apportent les ressources néces-
Une démarche d’entrepreneuriat res-
saires au fonctionnement de l’activité :
ponsable peut donc entrainer un déve-
les apporteurs de capitaux, les collabora-
loppement de capacités dynamiques qui
teurs de l’entreprise, les fournisseurs, les
deviendront source d’avantage concur-
clients et autres partenaires (communau-
rentiel pour l’entreprise. Ces capacités
tés, citoyens…). L’adhésion de ces acteurs
ont été définies par Teece et al. (1997) 30
est nécessaire et elle est évidemment
conditionnée à la prise en compte de leurs
28 Edquist, C., Hommen, L., & McKelvey, M. (2001).
Innovation and employment: Process versus product inno-
attentes dans les processus décisionnels.
vation, Cheltenham: Edward Elgar. En outre, ceux-ci peuvent se faire écho des
29 Personnes en situation de handicap, personnes éloi-
gnées du monde du travail et du marché de l’emploi…
30 Teece, D. J., Pisano, G., & Shuen, A. (1997). Dynamic 31 Op. cit.
Capabilities and Strategic Management. Strategic 32 Freeman, E. R. (1984). Strategic Management: A Stake
Management Journal, 18 (7) : 509-533. holder Approach. Marshfield, MA: Pitman Publishing Inc.

préoccupations dont ils ne sont pas les l’orientation de son entreprise et par son
seuls dépositaires mais dont ils se font les souci d’envisager également les impacts
relais (ex. : des préoccupations sociales de ses décisions sur les générations
ou environnementales). L’intégration futures. On peut aujourd’hui admettre
des parties prenantes apparaît, dès lors, que l’entrepreneur responsable s’inscrit
comme un facteur clé de succès dans aussi dans cette perspective.
une démarche d’entrepreneuriat respon-
Le management des parties prenantes
sable. C’est en substance l’une des idées
repose en grande partie sur les capacités
promues par le mouvement B Corp au tra-
de l’entrepreneur à établir des relations
vers le monde 33 et le sens de la nouvelle
de confiance avec ses principaux par-
loi PACTE en France qui fait par exemple
tenaires 35. La recherche d’un équilibre
de l’intégration des parties prenantes
entre les différents intérêts en jeu (écono-
(notamment au niveau de la gouvernance
miques, sociaux, environnementaux) est
de l’entreprise), l’un des piliers des socié-
sans aucun doute l’élément déterminant
tés à mission.
de ce lien positif établi progressivement
Évidemment, des raisons purement avec l’entourage. Ce mode de manage-
éthiques peuvent aussi justifier la prise ment contribue à l’émergence de compé-
en compte des intérêts non-économiques tences relationnelles considérées comme
et cela vaut également pour les sociétés stratégiques dans une démarche d’entre-
à mission et les entreprises du mouve- preneuriat responsable 36.
ment B Corp évoquées précédemment.
L’entrepreneur responsable défend un cer- Ű Ű La création de valeur partagée
tain nombre de valeurs qui ne sauraient comme objectif de l’entrepreneuriat
être mises en balance lors d’un quel- responsable
conque arbitrage. Au contraire, il voit dans

Dernier point qui nous semble ici fonda-
sa démarche la possibilité d’agir confor-
mental et qui n’est que le résultat de la
mément à ses convictions profondes.
démarche précédente, l’idée d’aboutir
Par exemple, le profit n’est envisagé que
à la création de valeur partagée 37. Ce
dans une perspective de long terme et il
concept a parfois été décrié, notamment
est perçu par l’entrepreneur comme un
parce qu’il s’inscrit dans une perspec-
moyen de servir le DD par le biais du réin-
tive utilitariste de la RSE et remettrait en
vestissement en RSE. En faisant référence
cause l’idée même de « valeurs » au sens
à l’entrepreneuriat social, Bon et Van der
normatif du terme. Il nous semble pour-
Yeught (2019) 34 notent que l’entrepre-
tant bien rendre compte de la nécessité
neur social se distingue par sa capacité
de parvenir à équilibrer les intérêts en
à inclure les parties prenantes générale-
jeu, qu’ils soient de nature économique,
ment exclues des activités économiques
(ex. : personnes en situation d’insertion
35 Op. cit.
ou de handicap), par son aptitude à inté-
36 Berger-Douce, S. (2012). Les enjeux stratégiques de la
grer les facteurs environnementaux dans RSE pour les PME. In J-M Courrent (Ed.), RSE et dévelop-
pement durable en PME : 17-37. Bruxelles : Ed. De Boeck.
37 Porter, M. E., & Kramer, M. R. (2011). Strategy and
33 Pour une présentation plus précise, cf. https:// Society. The Link between Competitive Advantage and
bcorporation.eu/. Corporate Social Responsability. Harvard Business Review,
34 Op. cit. December : 78-92.
18 /
Éric Persais
sociale/sociétale ou environnementale 38. L’entrepreneur est alors vu comme un

En outre, il n’est pas intrinsèquement « régulateur efficace du marché œuvrant
incompatible avec la défense de principes au bénéfice du DD et son éthique n’est pas
moraux. questionnée » (ibid.). Les auteurs relèvent
cependant que cette perspective exclut
La création de valeur est une dimension
l’idée d’un entrepreneur également
clé du modèle d’affaires qui est un concept
motivé par des questions d’ordre moral
central dans le champ de l’entrepreneu-
et qui le conduiraient à proposer des
riat 39. La notion de valeur partagée est
produits/services intégrant de fortes exi-
définie par Porter et Kramer (2011, p. 66) 40
gences sociétales. Cette deuxième vision
comme « l’ensemble des politiques et des
peut être rapprochée de la perspective
pratiques assurant la compétitivité d’une
américaine de l’entrepreneuriat social évo-
entreprise tout en améliorant les condi-
qué précédemment (cf. supra). Ces deux
tions économiques et sociales des com-
approches, l’une donnant la prééminence
munautés auprès desquelles elle opère ».
à la dimension économique sur les ques-
Bon et Van der Yeught (2019) 41 revisitent tions éthiques, l’autre mettant ces deux
les paradigmes de l’entrepreneuriat iden- aspects sur un même plan, aboutissent à
tifiés par Verstraete et Fayolle (2005) 42, l’idée d’un entrepreneur contribuant par
notamment celui de l’opportunité d’af- ses décisions et son action à créer de la
faires qui est en lien avec celui de la valeur pour la société tout en saisissant
création de valeur. Selon les auteurs, les opportunités offertes par le DD.
l’entrepreneur responsable doit pouvoir
Porter et Kramer identifient trois voies
créer de la valeur économique bénéfi-
pour aboutir à la création de valeur par-
ciant également à la société, c’est-à-dire
tagée 44 : repenser les produits et les
de la valeur partagée au sens de Porter et
marchés de l’entreprise, redéfinir la pro-

Kramer (2011) : « l’une des voies possibles
ductivité dans la chaîne de valeur, créer
consiste à découvrir, saisir ou créer les
des pôles de développement là où l’entre-
opportunités stratégiques offertes par le
prise est installée. Bien que la perspective
DD. L’entrepreneur s’efforce alors de profi-
soit plus celle d’économistes industriels,
ter des défaillances du marché qui sont à
les pistes peuvent à notre sens être trans-
l’origine des risques sociaux ou environne-
posées à l’entrepreneuriat. Tout d’abord,
mentaux pour saisir des opportunités stra-
l’innovation constitue, comme nous
tégiques permettant de réduire les impacts
l’avons vu précédemment, le premier
négatifs de l’activité économique » 43.
levier pour aboutir à la création de valeur
partagée. Qu’elle soit de nature techno-
38 Persais, E. (2017). L’entreprise sociale et solidaire ou la logique, organisationnelle ou sociale/
nécessité de changer de paradigme. Annales des Mines,
Revue Gérer et Comprendre, 128 : 79-92.
sociétale, l’innovation doit apporter une
39 Lecocq, X., Demil, B., & Warnier, V. (2006). Le busi- solution aux besoins de la société. La
ness model, un outil d’analyse stratégique. L’Expansion quête d’un partage équilibré de la valeur
Management Review, 123 : 96-109.
entre les différentes parties prenantes, et
40 Op. cit., p. 66.
ceci dans toutes ses dimensions (écono-
41 Op. cit.
42 Verstraete, T., & Fayolle, A. (2005). Paradigmes et
mique, sociale, environnementale), doit
entrepreneuriat. Revue de l’Entrepreneuriat, 4 (1) : 33-52.
43 Op. cit., p. 10. 44 Op. cit., p. 11.

alors être recherchée. Ensuite, il faut bien économique, environnementale et sociale

reconnaître que la chaîne de valeur des dans le premier cas 45, uniquement sociale
entreprises a une incidence sur de nom- dans le second. La deuxième partie aura
breuses questions de société et inverse- permis de montrer le rôle central joué par
ment. Pour créer de la valeur partagée, il l’initiateur et porteur de la démarche, en
convient alors de penser cette chaîne de l’occurrence, l’entrepreneur lui-même,
valeur afin de minimiser les impacts des mais aussi de mettre en perspective
nouvelles activités sur la société (ex. : certaines de ses caractéristiques qui
consommation d’énergie, utilisation de l’amènent à rendre compatible ses valeurs
ressources, emplacement des installa- éthiques et son rôle de porteur d’un projet
tions…). Enfin, l’existence de pôles de exigeant nécessairement une vision stra-
développement à proximité (grappes d’en- tégique. Enfin, dans la dernière partie,
treprises écoresponsables) est de nature à il s’agissait de distinguer les principaux
favoriser la productivité et l’innovation à leviers de la démarche d’entrepreneuriat
des fins responsables. C’est la raison pour responsable et qui sont de trois natures :
laquelle, l’entrepreneur doit penser l’im- l’innovation (technologique, organisa-
plantation géographique de ses activités tionnelle et sociale) ceci dans le but de
afin d’en limiter les impacts (ex. : favori- limiter les impacts négatifs sur l’environ-
ser les circuits courts), mais également de nement et d’apporter des solutions aux
tirer profit d’un environnement propice à problèmes sociétaux ; l’implication des
la création d’activités durables (ex. : irri- parties prenantes afin de tenir compte de
guer et tirer parti de son territoire d’im- leurs attentes et de favoriser l’émergence
plantation en maximisant les externalités de solutions co-construites et/ou validées
positives). par les partenaires externes ; la création
de valeur partagée afin d’aboutir à cet
Favoriser une vision

équilibre nécessaire à la quête de durabi-
de l’entrepreneuriat porteuse lité. C’est en substance l’objectif que se
fixe l’entrepreneur responsable : contri-
de changement buer par ses décisions et actions, à favo-
L’entrepreneuriat est bien aujourd’hui au riser l’émergence d’un monde plus juste.
cœur des enjeux du DD. En effet, c’est
Dans la perspective du DD, l’entrepreneu-
par la réorientation d’activités anciennes
riat responsable constitue donc un thème
vers de nouvelles activités présentant un
d’intérêt majeur pour les économistes et
moindre impact écologique ou offrant
les gestionnaires. Il s’agit moins de pro-
des solutions aux problèmes de société
poser une nouvelle « boîte à outils » à
que s’opèrera la transition vers un monde
destination des entrepreneurs que de sen-
plus juste et équilibré. La première partie
sibiliser à ce qui constitue le cœur de la
de ce travail aura donc permis de préciser
démarche d’entrepreneuriat responsable.
la notion d’entrepreneuriat responsable
et de la dissocier notamment de celle
d’entrepreneuriat social avec laquelle 45 Nous précisons simplement que certains entrepre-
elle présente néanmoins quelques simi- neurs mettent au même niveau les finalités économiques,
environnementales et sociales, d’autres considèrent que
litudes. Ce qui les différencie concerne les deux derniers aspects constituent des moyens au ser-
principalement la finalité de l’entreprise : vice de la finalité économique de l’entreprise.
20 /
Éric Persais
C’est cette ambition qui nous a guidé ici : Eric Persais est Maître de Conférences en Sciences
éclairer les formateurs et les praticiens de Gestion, Habilité à Diriger des Recherches, à
impliqués dans le monde de l’entrepre- l’Université de Poitiers et enseignant vacataire à
neuriat afin qu’ils puissent orienter leurs Excelia Group. Il enseigne l’entrepreneuriat, la stra-
propres pratiques en vue de favoriser une tégie ainsi que le marketing dans le cadre de for-
mations de niveau bac+2 (DUT) à bac+5 (Master).
vision de l’entrepreneuriat porteuse de
Ses recherches portent principalement sur l’entre-
changement.
preneuriat et les pratiques de RSE dans les entre-
prises.

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L’entrepreneuriat responsable : quels enjeux, quels leviers ?

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Ű Ű L’innovation comme élément clé sont combinées de façon différente, ce qui

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