BFS-Module 2 Séance 21-Eaux de Vie CGuyot
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Brevet fédéral de Sommelier
Module 2 Connaissance des vins du monde
Séance 19 à 22 : les eaux-de-vie
Session 2014/2015
Par extension, en Suisse, les eaux-de-vie blanches sont des boissons spiritueuses intégrant une des
catégories suivantes :
Eau-de-vie de fruit ou de légume obtenue par fermentation alcoolique et distillation d’un fruit charnu
ou d’un moût de ce fruit, de baies ou de légumes, en présence ou non de noyaux, et distillée de telle
sorte que le distillat ait un arôme et un gout provenant de la matière première utilisée.
Eau-de-vie de marc de fruit obtenue par fermentation et distillation de marc de fruit, à l’exclusion du
marc de raisins.
Eau-de-vie d’herbes obtenue par distillation d’alcool de bouche* dans lequel des herbes ont macéré.
Lorsque l’addition d’extrait d’herbes ou de colorant à de l’alcool de bouche se fait après distillation, il
s’agit aussi d’eau-de-vie d’herbes, mais ce n’est pas une eau-de-vie blanche.
Eau-de-vie de baies obtenue par macération de baies partiellement ou non fermentées dans de l’alcool
de bouche* ou un distillat, puis distillée; 100 kg de fruits au minimum par 20 litres d’alcool pur.
Exemples de baies : myrtille, fraise, framboise, sorbier, sureau, églantine.
Esprit obtenu par macération de baies non fermentées ou de légumes ou de fruits à coque ou autres
végétaux tels que les herbes ou les pétales de rose dans de l’alcool de bouche*, suivi d’une distillation;
100 kg de fruits au minimum par 20 litres d’alcool pur.
* Alcool éthylique d’origine agricole obtenu par fermentation alcoolique, puis distillation de produits
agricoles; pas destiné à la consommation directe.
Les eaux-de-vie provenant de la distillation de lie, de marc de raisin, de bière, de pommes-de-terres, etc.
sont aussi considérées comme des eaux-de-vie blanches dès lors qu’elles sont embouteillées telles quelles
après distillation. Le plus souvent cependant, ce sont les distillats purs de fruits ou de baies qui sont
considérés comme les eaux-de-vie blanches par excellence.
En France, on distingue souvent les boissons spiritueuses
"simples" ou "eaux-de-vie", dont le goût vient directement et uniquement (eaux-de-vie de fruits) ou
en premier lieu (qui peut être suivie d’un élevage sous bois : cognac, whisky, rhum, …) de la
distillation de la matière première ;
"composées", dont le goût résulte d'un ajout de substances végétales, sucre ou arômes, à un alcool
neutre ou à une eau-de-vie (liqueurs, anisés, …).
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Abricotine AOP
Description du produit
Interprofession
Zone d'origine
Le savoir-faire
L'Abricotine AOP est élaborée majoritairement à partir d'abricots de la variété Luizet, les autres variétés
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étant tolérées jusqu'à hauteur de 10 %. Seuls les meilleurs abricots sont utilisés : ils doivent être à maturité
optimale, sains, propres et de calibre minimal de 35 mm. Par ailleurs, le dénoyautage est obligatoire afin
d'éviter une amertume trop prononcée. Une fois triés, les fruits sont foulés afin de donner une purée
homogène permettant une fermentation complète des sucres. La fermentation achevée, la distillation se
déroule le plus rapidement possible. Le taux d'alcool est ensuite réduit jusqu'à une teneur minimale de 40 %
de volume, avec de l'eau de source ou de l'eau déminéralisée.
L'histoire
La distillation traditionnelle d'alcools de fruits est établie depuis de longue date en Valais, dont la réputation
de l'Eau-de-vie de Poire du Valais et de l'Abricotine ne sont plus à faire. L'introduction de l'abricot Luizet
daterait de 1838 déjà. Cette ancienne variété à chair juteuse, fine et délicate s'y est implantée alors qu'elle n'a
pu s'acclimater dans d'autres régions de Suisse. En effet, le terroir valaisan reconnu pour ses terres chaudes et
ensoleillées lui convient particulièrement. La distillation de cet abricot s'est développée au rythme de sa
culture : autoconsommation d'abord grâce aux nombreux alambics domestiques ou aux distillateurs
ambulants, puis commercialisation par la suite.
Damassine AOP
Description du produit
La Damassine AOP est une eau-de-vie fine élaborée
exclusivement à partir de damassons rouges, sorte
de prunes. Sa teneur minimale en alcool est de 40%
de volume.
Interprofession
Zone d'origine
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Le savoir-faire
La récolte se déroule de mi-juillet à fin septembre selon les régions. Les damassons rouges mûrs, tombés
sous l'arbre, sont récoltés quotidiennement à la main. La récolte par secouage des arbres est interdite. En
début et en fin de récolte ou en cas de conditions climatiques favorables, un ramassage tous les deux jours est
possible. La mise en tonneau se fait au plus tard le jour qui suit la récolte. Le broyage et le dénoyautage sont
interdits. Jusqu'à la distillation, les tonneaux sont stockés à une température comprise entre 15 et 25°C.
Après la fermentation alcoolique, les tonneaux sont complétés avec des fruits fermentés, puis bien fermés. La
distillation doit s'effectuer le plus rapidement possible après la fin de la fermentation alcoolique, mais au plus
tard le 31 décembre de l'année de la récolte des damassons rouges. La réduction de l'eau-de-vie jusqu'à un
volume d'alcool de 40% s'effectue exclusivement avec de l'eau distillée ou déminéralisée en provenance de
l'aire géographique. La Damassine AOP ne peut pas être commercialisée avant le jour de la Saint-Martin (11
novembre) de l'année qui suit la récolte.
L'histoire
Originaire du Proche-Orient, le prunier aurait été introduit en Europe au 13ème siècle par les Romains. Les
premières références à cette culture dans la région jurassienne remontent aux environs de 1860. Vers la fin
du 19ème siècle, on y trouvait ainsi déjà des arbres greffés et non greffés en cohabitation. Avec le temps,
l'adaptation de cette prune à la région, son climat et son terroir, en a fait un fruit dont les caractéristiques sont
spécifiques au canton du Jura. De tout temps, les damassons rouges ont été utilisés pour l'élaboration de
tartes ou de confitures, mais leur transformation en eau-de-vie, la Damassine AOP, était et reste la principale
utilisation de ces fruits.
Description du produit
Interprofession
Zone d'origine
Le savoir-faire
Seule la variété Williams est utilisée pour l'Eau-de-vie de poire du Valais AOP. Les fruits sont cueillis à
maturité optimale et stockés quelque temps dans des caissettes afin qu'ils développent pleinement tous leurs
arômes. Avant la transformation, les lots sont soigneusement triés: le calibre minimal doit être de 52,5 mm,
et ils ne doivent présenter aucune moisissure, pourriture ou souillure. Les poires retenues sont broyées afin
de former une purée homogène permettant une fermentation complète des sucres. Après fermentation, la
distillation a lieu le plus rapidement possible. Le taux d'alcool est ensuite réduit jusqu'à une teneur minimale
de 40 % de volume, avec de l'eau de source ou de l'eau déminéralisée. Avant sa commercialisation, l'eau-de-
vie repose au minimum pendant 6 mois en cuve.
L'histoire
La poire Williams s'est développée en Valais depuis le début du siècle où elle s'est particulièrement bien
adaptée. En effet, le terroir valaisan avec ses terres chaudes et ensoleillées convient parfaitement à la culture
de cette poire si fine et savoureuse. Les premières distillations au monde de poires Williams commencèrent
dans les années 40 en Valais notamment grâce aux distillateurs ambulants et aux alambics domestiques. La
qualité de «l'Eau-de-vie de poire du Valais», fruitée et délicate, est aujourd'hui convoitée dans le monde
entier.
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Description du produit
Interprofession
Zone d'origine
La zone de production comprend le canton de Zoug ainsi que 9 communes schwytzoises et sept communes
lucernoises, toutes situées autour de la montagne Rigi.
Le savoir-faire
Le Zuger Kirsch AOP et le Rigi Kirsch AOP sont produits avec succès et exportés dans le monde entier
depuis au moins 150 ans, soit comme eau-de-vie à variété pure ou comme assemblage de plusieurs variétés
de cerises. Dans la région de Zoug et du Rigi, on a toujours planté et récolté une grande diversité de cerisiers,
ce qui explique les nombreuses nuances d'arômes trouvées dans le kirsch de la région: douceur, noisette,
massepain ou encore épices. Une note d'amande souligne toujours la typicité du kirsch de Zoug et du kirsch
du Rigi, due à l'utilisation de variétés locales à petits fruits impliquant un taux élevé de noyaux dans la
matière première.
L'histoire
Les sources documentaires indiquent que la tradition de plantation des cerisiers dans la région de Zoug-Rigi
remonte à plus de 500 ans. Le marché des cerises de Zoug est cité pour la première fois en 1627, la tradition
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de la cloche à cerises de Zoug remonte à 1711 et la tour à cerises date de 1886. Les plus vieilles recettes de
cuisine impliquant l'utilisation de cerises remontent à la deuxième moitié du 18e siècle. L'eau-de-vie de
kirsch devint pour la région de Zoug-Rigi un produit d'exportation important à partir de la moitié du 19e
siècle. Plusieurs distilleries industrielles, connues aujourd'hui encore, s'y implantèrent à cette époque, comme
Fassbind à Arth SZ en 1846, Dettling à Brunnen SZ en 1867, Etter à Zoug en 1870 et Räber à Küssnacht am
Rigi en 1877. En 1870, des producteurs de cerises et des distillateurs fondèrent la « Société des eaux-de-vie
de kirsch » à Zoug dans le but d'améliorer la qualité et d'augmenter l'exportation du kirsch de Zoug. La
fameuse tourte au kirsch de Zoug fut inventée quant à elle en 1915. Après un déclin de la production de
cerises dû à l'importation de produits concurrents bon marchés et au changement des habitudes de
consommation, les cantons de Zoug, Schwytz et Lucerne ont réactivé la culture de la cerise à partir de 2007.
C'est ainsi que furent fondées l'association « Zuger & Rigi Chriesi » en 2009 et la société « Zuger
Kirschtorten » en 2010. En 2011, c'est la société anonyme « zuger-rigi-chriesi » qui a été lancée avec pour
objectif, à l'instar des autres associations précitées, de développer la cerise sous toutes ses formes afin de
maintenir vivante la tradition de la cerise vieille de 500 ans et d'en faire le symbole indissociable de cette
région située au cœur de la Suisse.
La forme de verre la plus recommandable universellement est la forme tulipe adaptée (pied assez long,
calice renflé à la base puis relativement long et cylindrique, avec un léger évasement au buvant) de relative
petite contenance (env. 8 à 12 cl) (A et B). Le grand verre « à cognac » (D) ostentatoire n’est pas favorable,
car sa proportionnellement petite ouverture en regard du volume du verre concentre fortement l’éthanol
qui, en conséquence, brûle le nez et empêche de percevoir le bouquet.
A) B) C) D)
Le volume servi dépend de la taille du verre et du type de dégustation (examen sensoriel professionnel,
concours, plaisir, …). En restauration, 2 cl sont recommandés.
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L’élément central de la qualité d’une eau-de-vie est l’expression pure du fruit dont elle est issue.
Ainsi, l’olfaction est le sens le plus mis à contribution dans l’examen sensoriel des eaux-de-vie. Mais, bien
entendu, les autres sens travaillent aussi pour évaluer la flaveur au sens large.
La méthode veut que l’on décrive les perceptions dans un premier temps, puis on évalue chacun des quatre
critères en partant du maximum (5 points) et en diminuant le pointage à mesure de la découverte
d’éléments négatifs.
En concours, les fractions de points ne sont pas admises.
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Le nez s’évalue d’abord sans remuer le verre, puis au besoin avec une légère agitation.
Attention : une agitation « frénétique » du verre comme on le voit parfois lors de la dégustation du vin est à
proscrire, car cela augmente l’évaporation de l’éthanol et donc limite la perception des autres odeurs.
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Têtes
Ensemble constitué d’odeurs « agressives » de solvant, acétone, vinaigre, éthanal,…
Défaut technique du à des substances volatiles libérées au début de la distillation. Se retrouvent dans le
distillat si elles sont mal séparées du cœur au cours de la distillation.
Queues
Odeurs « lourdes » de type végétal-foin, silo, méta/allume feu, métallique, … . Une amertume en bouche
leur est souvent liée.
Défaut technique du à des composés apparaissant en fin de distillation. Comme les têtes, se retrouvent
dans le distillat si elles sont mal séparées du cœur au cours de la distillation.
Ethanal
= acétaldéhyde (CH3CHO). Odeur de tranche de pomme brunie-oxydée, de marc frais, …
Se forme par oxydation de l’éthanol. En principe éliminé à travers les têtes.
Acide acétique
(CH3COOH). Odeur de vinaigre, acétique, piqûre.
Principalement résultat de la transformation de l’alcool par des bactéries acétiques (les mêmes qui
transforment le vin en vinaigre).
Acétate d’éthyle
(CH3COOC2H5). Odeur de dissolvant pour vernis à ongles.
Produit de la réaction d’estérification de l’acide acétique par l’éthanol. En
principe éliminé à travers les têtes.
Aldéhyde benzoïque
(= benzaldéhyde C6H5CHO). Odeur d’amande amère.
Note caractéristique des distillats de fruits à noyau (cerises, prunes, abricots).
Nécessaire à la qualité, elle devient un défaut lorsqu’elle est perçue en excès.
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive. On rencontre notamment aussi passablement de défauts liés
à une mauvaise matière première (fruits sous- ou sur-mûrs, moisissure, …) ou au développement de
molécules soufrées (bock, œuf pourri, …).
2.6. Bibliographie
Dürr P., Odeur et goût des eaux-de-vie fines de fruits : guide descriptif pour la dégustation, Revue suisse
de Viticulture, Arboriculture et Horticulture, Vol. 30 (6) : 369-372, 1998.
Heiri M. et Petignat-Keller S., Catégories de boissons spiritueuses, Feuille d’information 9, ACW,
Extension Destillate, 2012.
Ordonnance du DFI sur les boissons alcooliques du 29 novembre 2013,
http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20121963/index.html (Etat le 1er janvier 2014).
http://www.eav.admin.ch/dokumentation/index.html?lang=fr
http://www.aop-igp.ch/produits/produits/eaux-de-vie
http://spiritueux.fr/mieux-connaitre-les-spiritueux-p-70.html
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