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0.

INTRODUCTION

Au début des années 2000, la RDC a ressenti le besoin de libéraliser son


secteur minier avec comme objectif à terme de propulser la croissance de
l’économie nationale et y inciter par conséquent les investissements miniers
rentables dans la durabilité. Ceci a reflété un certain sentiment de vouloir
mieux faire, en remontant la pente.

Le point de départ remonte à l’adoption respectivement de la loi N° 007/2002


du 11 juillet 2002 portant Code minier et du Décret N° 038/2003 portant
Règlement Minier en RDC.

Depuis l’avènement de ces textes légaux dits incitatifs, des entreprises minières
ont afflué dans presque toute la RDC. Le cas de celles qui se sont implantées
dans les provinces du Haut-Katanga et celle de Lualaba peut être cité pour
illustrer cette situation. D’ailleurs, les données de 2021 du ministère des mines
précisent que 1.264 entreprises minières ont été identifiées dont 342
possédants des titres miniers en bonne et due forme, 161 possédants des titres
de carrières, 81 avec une capacité de traitement et de transformation des
minerais, 609 coopératives minières ainsi que 428 autres opérateurs non
classés, etc.

Cet afflux d’entreprises a permis non seulement de relancer l’activité minière,


mais également de relever la production du pays. Selon les données du rapport
de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE 2009 2) : «
la production de cuivre est passé de 300.000 tonnes à 1 600 000 tonnes en
20203». Ces données illustrent à suffisance la perspective porteuse de
beaucoup d’espoirs non seulement pour la relance de l’économie nationale mais
aussi pour le développement du pays ainsi que des communautés vivant au tour
des zones où s’effectuent les exploitations minières, qui d’ailleurs sont les plus
affectées par l’activité minière en RDC.

Par ailleurs, il sied d’indiquer que déjà en 2002, la loi congolaise établissait
clairement des normes de l’exploitation minière, protectrices des droits de
l’homme et de l’environnement afin de garantir des investissements miniers
socialement responsables. Le flou semble être malheureusement le mode de
gouvernance minière adopté au cours de deux dernières décennies, qui a
noyauté l’espoir.

En effet, à défaut d’être créateurs de richesses et vecteurs de développement


économique et social pour les populations environnant les sites miniers, pour
la plupart des cas, les investissements miniers devraient au moins respecter les
droits national et international en matière des droits de l’homme et de
l’environnement.

Plusieurs études menées particulièrement sur les entreprises à capitaux chinois,


établissent de façons concordantes, les mauvaises conditions d’exploitation qui
ne respectent, ni les normes environnementales, ni les droits humains garantis
par les traités internationaux, la constitution et le Code minier de la RDC. Elles
attestent, qu’en plus du mauvais traitement de leurs employés, les entreprises
chinoises, installent leurs unités de traitement de minerais dans des quartiers
résidentiels4 avec tous les risques réels que cela présente pour les habitants.

Tel est le cas de CDM, une entreprise d’origine chinoise qui exploite à 20 Km
au Sud-Est de la ville de Lubumbashi dans la Commune Annexe à proximité
de plusieurs quartiers résidentiels notamment Kasapa, Kamatete et Kamisepe
dont la population est à ce jour évaluée à plus de 30.000 habitants.

Déjà, en 2009, l’Organisation Non Gouvernementale internationale Rights and


Anccomtability in Developpement (RAID) a publié son rapport intitulé« Les
compagnies minières dans le Katanga » qui dénonçait pour la toute
première .fois les abus des entreprises chinoises basées en RDC en matière des
droits du travail. CDM figurait parmi les 9 entreprises minières chinoises
impliquées dans les abus des droits des travailleurs.

Un autre rapport qui a mis en exergue les abus des droits humains commises
par les entreprises d’origine chinoise installée en RDC, y compris CDM est
celui intitulé « Voilà pourquoi on meurt : les atteintes aux droits humains en
République Démocratique du Congo alimentent le commerce mondial du
cobalt7», publié en janvier 2016 par Amnesty international et AFREWATCH.
Ce rapport a fustigé le non-respect des droits de l’homme dans l’exploitation du
cobalt dont le travail des mineurs, la non-rémunération des travailleurs, les
mauvaises conditions de travail, des longues heures de travail, etc.

Aucun de ces deux rapports n’a enquêté sur les violations des droits humains et
du droit environnemental commises sur les populations entourant les activités
minières des entreprises d’origine chinoises, particulièrement CDM. C’est
pour cette raison, en vertu de l’article 37 de la constitution de la RDC en
vigueur,9 que AFREWATCH a voulu documenter et analyser les problèmes
causés par les activités minières de la société CDM sur le sol, l’eau, les tôles et
l’air ainsi que d’autres impacts négatifs de cette pollution sur la santé et autres
droits humains des populations environnantes. Toutefois, l’effort important de
cette étude sera concentré particulièrement sur les aspects sanitaires et
environnementaux au regard des standards normatifs internationaux et
nationaux.

Cette étude vise à produire un rapport qui fournit des données à jour en 2021 sur
les impacts négatifs des activités de CDM sur la santé et l’environnement des
communautés locales, notamment celles des quartiers Kasapa, Kamisepe et
Kamatete, et qui va servirde support de plaidoyer.
La méthode d’échantillonnage selecif a été principalement utilisée, elle a permis
d’analyser systématiquement les différentes données récoltées sur terrain.

La technique d’observation libre a permis aux chercheurs d’effectuer des


descentes sur terrain afin de vivre la réalité et d’en tirer ainsi des conclusions
tandis que la technique documentaire a été mise à contribution en vue de
permettre la compulsion des documents en lien avec le sujet de recherche
notamment ceux relatifs au cadre normatif national et international sur le droit
à la santé et le droit à un environnement sain.

La technique d’interview a porté sur des entretiens ou entrevues avec les


différentes couches des populations des quartiers Kasapa, Kamatete et
Kamisepe qui ont été invitées à répondre à quelques questions concernant
l’entreprise CDM et les différents impacts de cette dernière.

1. PRESENTATION DE L’ENTREPRISE CDM

La Société Congo Dongfang Mining a été créée le 26 juin 2006 et se situe à 20


Km du centre-ville de Lubumbashi, sur la Route Likasi, et ses installations de
traitement des minerais se trouvent dans le quartier dénommé Joli-site, dans la
Commune Annexe avec une extension dans le quartier Kasapa.

CDM est une entreprise minière à capitaux chinois, spécialisée dans le


traitement du cobalt et du cuivre. Elle est une filiale de Zhejiang Huayou12
Cobalt CO.LTD, une société enregistrée et cotée à la bourse de Shangai. Son
capital est estimé à 6.000.000 USD répartis comme suit :

• Great Mountain Entreprise PTE.LTD (34,90%): société détenue depuis août


2008 à 100% par Mr. Xie Weitong de nationalité taiwanaise, né en 1957 à
Taiwan, N° d’identification J10068. Ce dernier habite à Dexing Dong Road,
No 6 Zhishanli, Région Shilin, Tai Bei city. Il est l’un des fondateurs de la
société et est à présent le Président Adjoint du Conseil d’Administration de la
société.13

• TongxiangHuayou Investment CO., LTD (24,51%): société détenue à 90%


par Mr. Chen Xuehua depuis août 2008, né en 1961, de nationalité chinoise,
sans droit de résidence permanente à l’étranger. Son numéro d’identification
est le 3304 2519 6105 29****. Celui-ci habite à Wutong street, Tongkiang
city, Zhejiang province. Il est cofondateur de la société et à présent, Président
du Conseil d’Administration et Mrs. Qiujinhua, de nationalité chinoise, épouse
de Mr. Chen Xuehua, elle a 10 % des parts sociales dans le capital de
l’entreprise.

• China-Africa Development Fund CO., LTD (10%).

• China -Belgium Direct Equity Investment Fund (7,74%)15.

• TongxiangHuaxinIvestment CO., LTD (4,69%) -Hunan Xiangtou High-Tech


Venture Capital CO., LTD (4,50%)16.

• Zhejiang Golden Bridge Venture Capital CO., LTD (3,59%) -Shenzhen


Fortune Caixin Venture Capital management CO., LTD (2,07%).

• Autres (7,99%) »17.

Entant qu’entreprise minière, CDM déploie ses activités d’exploitation et de


traitement des minerais dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba.
Jusque fin 2018, elle ne disposait pas d’un gisement propre à elle et ses
minerais proviennent en grande partie de plusieurs sites d’exploitation
artisanale18. C’est dans ce cadre qu’elle dispose de plusieurs comptoirs d’achat
des minerais dans le Lualaba et le Haut-Katanga. Ci-dessous, la vue aérienne
des installations de l’usine de fabrication de cuivre et de cobalt de CDM :

Au départ, un simple dépôt d’achat de minerais extraits de l’exploitation


artisanale, CDM est à ce jour classée dans la catégorie C, des entreprises
minières en fonction de sa capacité de production de son usine ou du projet qui
est inférieure à 20.000 tonnes de cuivre par an19. Elle dispose actuellement de
deux gisements (Luiswishi et Lukuni) dans le Haut Katanga et Kasulo dans la
Province du Lualaba, lui cédés par la Gécamines et qu’elle compte développer
prochainement.

L’usine de cuivre-cobalt de CDM à Lubumbashi utilise un processus de


traitement en deux étapes :
1. Torréfaction par sulfatation du cuivre : c’est un processus à sec impliquant
du combustible et de la chaleur et le dégagement d’air émissions polluantes20 ;

2. Lixiviation à l’acide sulfurique des concentrés de cuivre torréfiés, suivie de la


récupération électrolytique du cuivre puis de la récupération du cobalt à l’aide
de chaux pour former l’hydroxyde de cobalt. C’est un processus par voie
humide libérant des eaux usées contaminées.

2. GESTION DES DECHETS LIQUIDES ET SOLIDES PAR CDM

Dans ce chapitre, il sera question de présenter un état des lieux des problèmes
sur base desquels sont fondées les plaintes des communautés vivant aux
alentours des installations de CDM, de la situation telle qu’elle est vécue par
les chercheurs pendant la recherche et des témoignages et avis des
communautés, des autorités locales et provinciales publiques, de l’entreprise
ainsi que d’autres observateurs. En effet, depuis son installation au quartier joli
site, les relations entre l’entreprise CDM et les populations environnantes ne
sont pas au beau fixe. Les deux parties vivent dans une situation des tensions
persistantes de suite des impacts négatifs dont sont victimes les communautés
des quartiers environnants et qui sont attribués à des activités de CDM22. Les
communautés précitées reprochent à cette entité des traitements, plusieurs faits,
à savoir :

Mauvaise gestion des déchets liquides issus de ses activités

Au vu des approches technologiques utilisées dans son travail, à savoir la


torréfaction par sulfatation du cuivre et la lixiviation à l’acide sulfurique des
concentrés de cuivre torréfiés, CDM produit deux types des déchets dont des
émissions des fumées et de l’air polluantes et des eaux usées acidifiées et
contaminées. Selon les standards internationaux23 et selon le code minier de la
République Démocratique du Congo, avant l’installation de ses usines, CDM est
supposée avoir réalisé une étude d’impact environnemental et social24 ,
laquelle étude prévient sur les potentiels impacts négatifs et positifs de ses
activités sur la population et l’environnement. Cette étude est complétée par
une autre appelée Plan de Gestion Environnemental, qui reprend l’ensemble
des réponses par rapport aux différents impacts négatifs qui pourraient advenir
dans le cadre des activités de l’entreprise25. Ces deux documents font partis
des documents requis dans le dossier de demande d’un titre minier.

Pour la gestion des déchets liquides toxiques, le code recommande aux


entreprises d’utiliser des moyens pour libérer ces eaux de tous les éléments
toxiques avant de les libérer, notamment la construction des bassins de
décantation pour la conservation des déchets liquides toxiques et leur
traitement par l’usage des technologies appropriées pour leur purification26.
Cela a pour but de prévenir contre le risque de pollution du .sol, de la
végétation et de l’eau qui pourrait être occasionnées par les éléments toxiques
contenus dans ces déchets ou de tout autre impact négatif qu’ils pourraient
avoir sur l’environnement.

Selon les images montrant les installations de l’entreprise, CDM dispose de


deux bassins de décantation pour la gestion des déchets liquides produits par
ses activités. Cependant, nous n’avons trouvé aucune information sur les
approches et technologies qu’elle utilise pour pouvoir traiter et purifier les
déchets liquides. Son EIES et PGSE qui devraient renseigner sur ces
informations ne sont pas accessibles. Et les demandes d’audiences lui adressées
pour échanger avec les chercheurs sont restées lettres mortes jusqu’à la
production du présent rapport.

Cependant, depuis 2014, les populations des quartiers Kasapa, Kamatete et


Kamisepe, reprochent à CDM la mauvaise gestion des déchets issus de ses
activités minières. Elles accusent CDM de déverser les eaux acidifiées et
polluées dans la population en violation des dispositions environnementales et
les exposant ainsi à des inondations de leurs quartiers, la destruction des routes,
la pollution des eaux des puits utilisées dans la plupart de ménages par manque
d’eau dans leurs quartiers, la pollution du sol et des cultures maraichères qui
affecte leurs économies27 et l’apparition des maladies pulmonaires.

Selon le chef du marché Kamatete« une mauvaise gestion des déchets liquides
toxiques contenus dans le bassin de décantation, déversés serait la cause
principale des inondations et pollutions qui sévissent dans les quartiers
Kamisepe, Kasapa et Kamatete » … « lorsque l’entreprise CDM libère ses
eaux acidifiées, ces dernières ruissellent jusqu’audit marché, finissent leur
course dévastatrice dans la rivière Lubumbashi. » … Ces eaux sont
généralement libérées pendant les saisons pluvieuses…il y a eu des jours où ces
eaux ont été libérées juste parce qu’il a menacé de pleuvoir… ». « Pendant les
jours pluvieux, sur l’avenue CDM, les eaux arpentent plusieurs routes des
quartiers Kasapa, Kamisepe et Kamatete, qui entourent l’entreprise. De l’usine,
jusqu’au quartier Kalubwe, en passant par les quartiers Kasapa et Kamatete,
des eaux provenant des installations de CDM passent par les avenues CDM,
Kalulwa, Tshamamba, Luna et Biayi pour se déverser enfin dans la rivière
Lubumbashi.

Lors des entretiens avec les chercheurs au mois de décembre 2020 et en janvier
2021, les habitants du quartier Kamatete ont confirmé avoir enregistré des
inondations à répétition de leurs parcelles par des eaux qui proviendraient des
usines de l’entreprise minière CDM. Plus de 20 témoignages recueillis auprès
des membres des communautés et leaders communautaires dont les
responsables des écoles et églises ont signalé l’invasion des maisons et de
plusieurs potagers par des eaux provenant des installations de CDM qui sont en
aval de leur quartier. Et pourtant, selon ces dernières, CDM leur avait promis la
construction dans un bref délai des drains appropriés pour la gestion efficace
des impacts afin de canaliser ces eaux.
Ci-dessous, une photo des inondations causées par les eaux qui proviennent des
installations de CDM :
Les populations des quartiers précitées, reprochent également à CDM de libérer
les fumées et des particules toxiques dans l’atmosphère en violation des
dispositions environnementales les exposant à des maladies pulmonaires dont
elles sont victimes, la pollution de l’air et la corrosion des tôles des toitures de
leurs maisons.30.

Érosions des routes, maisons et écoles

Les grandes quantités d’eaux libérées par CDM pendant les saisons pluvieuses
affectent sensiblement de façon négative la vie des communautés des différents
quartiers par lesquelles ces eaux passent avant d’atteindre la rivière
Lubumbashi. Il s’agit des quartiers Kasapa, Kamatete et Kamisepe qui sont
situés juste derrière la concession de CDM.

Aux termes des enquêtes de terrain menées par AFREWATCH, il a été


constaté que les déchets toxiques liquides libérés par cette entreprise impactent
négativement la vie des habitants de ces quartiers. Les populations sont
victimes des inondations et des érosions des routes, des maisons et des écoles
causés par les déversements des eaux acidifiées.

Selon l’administrateur du marché Kamatete : « près de 500 vendeurs travaillent


dans les conditions de précarité accrue surtout lorsque l’entreprise CDM libère
ses eaux acidifiées qui ruissellent jusqu’audit marché » …. « Ces eaux
finissent leur course dévastatrice dans la rivière Lubumbashi après avoir . ».

Selon une dizaine d’habitants dont le chef de quartier, interrogées par les
chercheurs d’AFREWATCH, « plusieurs maisons sont régulièrement envahies
par d’importantes quantités d’eaux libérées régulièrement par CDM pendant
la.saison des pluies » …. « …De l’usine, jusqu’au quartier Kalubwe en passant
par les quartiers Kasapa et Kamatete, ces eaux passent par les avenues CDM,
Kalulwa, Tshamamba, Luna et Biayi pour se déverser enfin dans la rivière
Lubumbashi. Ces eaux débordantes sont principalement à la base des érosions
qui s’aperçoivent sur presque toutes les routes citées ci-haut… ».

Ces différents témoignages ont été également confirmés par la chef de quartier
Kasapa lors de son entretien avec les chercheurs de AFREWATCH. Celle-ci en
présence de son assistant, a signalé aux chercheurs que plusieurs avenues de son
quartier connaissent des érosions causées par les débordements des eaux des
usines de CDM. Et des nombreuses habitations dont la maison d’un de ses
assistants, sont menacées de démolition de suite de ces eaux qui inondent son
quartier. La situation s’est empirée quand CDM a fait passer des engins pour
niveler les avenues détruites par ses eaux dont la grande avenue portant son
nom qui commence dans le quarti-er joli cite jusqu’au au quartier Kamatete
passant par la prison centrale de la Kasapa, le camp de la police portant le même
nom et le marché Kasapa. Lors des travaux d’aménagement de cette avenue,
CDM a bouché les deux grands drains qui servaient des principales conduites
d’eaux de son quartier et de deux autres quartiers voisins jusqu’à la rivière
Lubumbashi. Selon un membre du quartier Kasapa habitant en amont du camp
du centre de formation de la Kasapa interrogé par les chercheurs, « ...ce sont les
eaux de l’usine de CDM qui ont détruit nos routes et qui menace de destruction
de nos maisons... » « Malgré ses promesses, CDM n’a pas creusé des
canalisations, ainsi, nous avons été obligés de créer nous-mêmes des drains afin
d’orienter les eaux de l’autre côté de l’avenue CDM pour protéger nos maisons
des eaux acidifiées qui proviennent des installations de l’entreprise. Sinon, nos
maisons auraient déjà été emportées par les eaux de CDM ». En plus, les
enquêtes de AFREWATCH ont révélé que plusieurs familles ont été victimes
des écroulements de leurs maisons et n’ont bénéficié d’aucune assistance, ni
réparation ou indemnisation de la part de l’entreprise CDM, et cela, dans un
mutisme total des autorités tant provinciales que nationales. Vu le temps
imparti, nous n’avons pas été à mesure de documenter l’ensemble des cas des
maisons qui se sont écroulées de suite des inondations. Mais, les photos ci-
dessous illustrent des cas d’inondations dans le quartier Kasapa: Par ailleurs, ces
eaux acidifiées affectent également le déroulement des activités scolaires dans
certaines écoles situées à proximité de l’entreprise CDM. Des eaux se dirigent
également jusque dans les salles de classe en pleine activi-tés scolaires. C’est le
cas du Complexe scolaire SEYA PIERRE se trouvant au quartier Kamatete, qui
à cause des débordements de ces affluents liquides de CDM dans la cour
scolaire et ses salles de classe, les leçons sont généralement suspendues31,
chose qui perturbe considérablement l’horaire de cours et les programmes
d’études.

proviennent des usines de la même entreprise. Dans leurs revendications, les


populations estiment que cette dégradation des toitures a commencé avec
l’avenue de CDM. Contrairement à la situation d’avant, les toitures métalliques
de leurs maisons sont couvertes de rouille en moins d’une année. La rouille qui
attaque de façon précoce les tôles de leurs maisons depuis l’arrivée de CDM
dans le quartier pourrait être causée par les fumées et particules toxiques
libérées par ce dernier chaque soir ou encore la nuit. Selon un habitant du
quartier Kasapa vivant à 200 mètres des installations de CDM sur l’avenue
CDM et qui a requis l’anonymat,« ...je suis ici depuis 2014 quand j’ai fini de
construire ma maison. De 2014 à ce jour, ma maison a à peine 6 ans.
Curieusement, la toiture de ma maison commence à ressembler à celle d’une
maison qui a plus de 20 ans. Contrairement à d’autres quartiers, la rouille
n’attaque pas leurs maisons comme c’est le cas chez nous... » … «
Malheureusement, nous n’avons personne pour suivre notre situation. » ... « Et
si ces gaz peuvent avoir un tel impact sur du métal que dirions-nous du corps
humain ?». II.3.Risque de contamination de l’eauComme tous les quartiers de la
ville de Lubumbashi, les quartiers joli site, Kasapa, Kamisepe et Kamatete, ne
sont pas approvisionnés régulièrement et en quantité suffisante en eau potable
par (REGIDESO)32. Et pour remédier à cette situation, une bonne partie de la
population s’est organisée pour forer des puits qui leur fournissent de l’eau en
complément à celle de la REGIDESO. En général, cette eau sert à divers usages
ménagers et par moment à la consommation après traitement sur base des
techniques artisanales et peu fiables. Les eaux toxiques de CDM n’étant pas
bien canalisées et qui se rependent dans toutes les directions, notamment dans
des parcelles habitées, il y a alors lieu de craindre la contamination des eaux de
puits qui, le plus souvent ne sont pas bien protégés de sorte empêcher la
pénétration des eaux extérieures, en ce compris celles de rejets toxiques. Dans
l’affirmative, les populations des quartiers environnant CDM courent un très
grand danger, car ces rejets contiendraient un taux d’acidité très nuisible à la
santé publique. La photo ci-après illustre le risque de contamination de l’eau des
puits qui est consommée par les habitants des quartiers Kasapa, Kamatete et
Kamisepe, par les déchets toxiques liquides déversés par CDM pendant la
saison pluvieuse : II.4.Impacts des activités de CDM sur la santé de la
populationLes personnes vivant dans le rayon d’environ 3 à 4 km et aux
alentours de l’usine CDM se plaignent également de l’apparition récurrente des
Gales, Botulisme et Toux persistantes (parfois sèches, de fois garnies de
sang)dues aux rejets d’eau de ruissellement et aux fumées toxiques que propage
l’entreprise. Toutes les couches de cette population constituée d’enfants et
adultes, hommes et femmes, déclare en souffrir différemment et n’ont jamais, à
titre préparatoire, bénéficié d’une prise en charge médicale conséquente ni de la
part de l’État congolais, moins encore de l’entreprise CDM. Le dernier cas en
date est celui de janvier 2019 dont Monsieur Erick MUKENDI, âgé de 20 ans
qui, après avoir aspiré la fumée, a saigné au nez.33 Et pour éviter que pareil
incident ne se reproduise, ce dernier a résolu de déménager vers un autre
quartier.Malheureusement, pour diverses raisons, d’autres ne peuvent
abandonner leurs maisons pour aller vivre ailleurs. Plusieurs témoignages
concordants des habitants de la zone impactée confirment les allégations à
l’instar de celles d’une femme et des élèves du complexe scolaire SEYA
PIERRE, qui ont déclaré à l’équipe des chercheurs que : «lorsque nous
marchons dans cette eau, des chatouillements et la gale se manifestent sur la
peau».34Des entrevues et interviews réalisées avec le personnel soignant de la
zone(tous ayant requis l’anonymat) de plus de 5 établissements de santé viables
de la zone impactée, un médecin (à l’instar habitant la zone depuis 18 ans,
propriétaire d’un centre de santé opérationnel depuis 7 ans dans le quartier
Kasapa, ancien médecin traitant à la prison de la Kasapa et Chef des staffs à
l’aire de santé Mumbunda de la Zone de Santé Lubumbashi a confirmé tous ces
faits et déclaré ce qui suit :«Les problèmes de pollution d’eau, du sol, de l’air,
d’infections respiratoires, pulmonaires, d’inflammation au niveau des oreilles
(Botulisme) et autres sont réels et présents dans cette zone… Devant une
population qui n’est pas sensibilisée sur les bienfaits de la plantation d’au moins
3 arbres par parcelle ; les personnes marchant à pied dans ces eaux de
ruissellement provenant de CDM sont forcément exposées…Les malades sont
référés à la Zone de Santé sans précautions d’inventorier les causes évidentes à
la base de la récurrence de tous les symptômes…Personnellement, j’ai observé
que les gens qui sont cardiaques que j’ai consultés meurent au bout d’une année
voire en moins d’un an à cause des effets de la pollution dans cette zone de la
ville de Lubumbashi…L’on rapporte même que CDM considère qu’il n’y a pas
de population autour et il travaille en brousse».« Que dans ces quartiers, les
toitures de beaucoup de maisons deviennent curieusement rapidement
enrouillées puis trouées et nécessitent un remplacement presque chaque année
par les propriétaires des maisons. Des écroulements des maisons du fait des
inondations, sont autant des faits qui illustrent ces conséquences. Que dire alors
du sol…Dès que ces eaux quittent leur lit et se déversent dans les plantations,
les cultures sont brûlées et donc détruites…Ces eaux occasionnent le décès des
poissons des étangs, les bétails et autres…La société CDM est de toute évidence
responsable de plusieurs maladies au sein de la population environnant cette
zone et devrait s’impliquer impérativement dans le social des populations
victimes en s’occupant ne futce que des institutions sanitaires du milieu
prioritairement…J’ai constaté aussi que tout diagnostic de cœur est périlleux
dans la tranche de 6 à 10 mois ici ; je conseille à des tels patients de quitter la
zone afin de survivre ».1) Appauvrissement du sol et situation économique des
famillesDans leurs revendications sur les impacts négatifs des activités de
CDM, les populations des quart-iers Kasapa, Kamisepe et Kamatete, notent
aussi la destruction de leurs cultures maraichères et la pollution de leurs étangs
piscicoles par des eaux toxiques provenant des usines de CDM. Cette situation
amenuise sensiblement leur production et par voie de conséquence leurs
économies. Les témoignages concordants des habitants de ces quartiers,
révèlent que les eaux en prove-nance des usines de CDM ont été à la base de la
destruction de leurs cultures maraichères et étangs piscicoles. Les maraîchers se
plaignent de la destruction de leurs jardins par le passage des eaux de cette en-
treprise, alors que c’est à partir de leurs cultures qu’ils surviennent aux
multiples besoins de leurs familles. «Le sol n’est plus fertile, nos jardins ne
produisent plus comme avant et même les clients ne préfèrent plus consommer
nos légumes, au motif qu’elles sraient à la base des plusieurs maladies »,
lamenttions des maraîchers.Le propriétaire des étangs situés à côté du pont qui
relie les quartiers Kalubwe et Kamatete af-firme que ces mêmes eaux ont causé
la mort des poissons et autres espèces aquatiques. Un autre habitant du même
quartier nous a rapporté l’incident d’un cochon, qui un jour après avoir bu de
ces eaux de rejets, a été trouvé mort.III. PRESENCE DES METAUX LOURDS
DANS LE SOL, L’EAU ET L’AIRIII.1.Collecte des échantillonsPour
confirmer ou infirmer les faits et les plaintes des populations s’agissant des
impacts négatifs de l’exploitation minière de l’entreprise CDM sur la santé et
moyens de subsistance des comme l’eau, les cultures et étangs piscicoles des
quartiers Kasapa, Kamatete et Kamisepe, AFREWATCH a recouru à l’expertise
d’un laboratoire interna-tional pour l’analyse des échantillons d’eau des puits,
de ruissellement, du sol et de l’air.a. SolPour les analyses du sol, des
prélèvements des échantillons de sol ont été effectués dans les trois quartiers
environnant comme Kasapa, Kamatete et Kamisepe afin de vérifier l’impact des
déchets liquides toxiques dégagés l’entreprise sur le sol et son incidence sur la
biodiversité et particulièrement les cultures maraichères et les activités
d’élevage des populations desdits quartiers. Ainsi, en deux séquences et dans le
respect des protocoles recommandés en la matière, des échantillons du sol ont
été prélevés à différents endroits à travers lesquels les eaux acidifiées passent
une fois rejetées par les usines de CDM et laissent des particules toxiques. Au
total, 8 échantillons ont été prélevés à raison de 4 de sol du périmètre immédiat
des puits et 4 autres d’eau du sol des zones des eaux de ruissellement
précités.Les échantillons ont été prélevés suivant un protocole inspiré des
standards internationaux élaborés par les experts de AFREWATCH,
notamment, conserver les échantillons dans des bouteilles d’eau minéralisées
payées pour cette fin. Et pour les eaux de ruissellement, prélever les
échantillons dans le sens contraire à l’écoulement d’eau. En effet, chaque
bouteille était remplie de3/4 d’échantillon de sol ou d’eau, qui ont été codifiée
selon le type d’échantillon, le jour, le lieu et les coordonnées GPS de la zone de
prélèvement avant leur transfert au laboratoire pour y être analysés 48 heures.b.
EauPour la vérification de l’impact des déchets liq-uides toxiques dégagé à la
qualité de l’eau con-sommée par la population, toujours en deux séquences et
conformément au protocole définit par AFREWATCH, des prélèvements des
échantillons d’eaux ont été effectués dans des endroits différents à travers
lesquels les eaux acidifiées passent, une fois rejetées des usines de CDM, par les
quartiers joli site, Kasapa, Kamatete et Kamisepe à Lubumbashi. Ainsi, Huit (2)
échantillons d’eau ont été prélevés dont 2 des eaux de ruissellement dans les
plantations, 2 du canal sujet à érosion, 2 des puits et de 2 des zones des eaux de
ruissellement précités. Chaque bouteille remplie de 3/4 d’échantillon d’eau a été
codifiée selon le type d’échantillon, le jour, le lieu et les coordonnées GPS et
puis transférée dans un délai de 48 heures à dater du jour du prélèvement au
laboratoire pour des analyses. III.2.Normes de référencea. SolIl existe plusieurs
normes de référence pour déterminer la qualité de sol favorable à l’envi-
ronnement et à la santé humaine, notamment, les normes ISO, SFI les
recommandations ca-nadiennes pour la qualité des sols, etc. De ces différentes
normes de référence, les recomman-dations canadiennes pour la qualité des sols
con-stituent l’ensemble des recommandations uni-versellement reconnues. Elles
fixent des lignes directrices ou seuils des substances pour un sol de bonne
qualité et propice à l’agriculture et à l’habitation36. Dans le cadre de ce travail,
nous avons retenu les recommandations canadiennes en matière de
l’environnement, plus précisément en matière de vérification de la qualité du sol
comme norme de référence. b. EauPlusieurs standards internationaux
définissent le seuil normal pour la qualité d’une eau potable, notamment les
normes SFI, ISO, OMS, etc. En revanche, les normes de référence ou valeurs
recommandées ici sont celles fixées par l’Organ-isation Mondiale de la Santé
(OMS)37. Elles fix-ent des lignes directrices ou seuils pour toutes les
substances contenues dans une eau propre à la consommation. Dans le cadre de
la présente étude, ce sont les directives de l’OMS qui ont été retenues comme
normes de référence pour la vérification des échantillons d’eaux prélevés aux
alentours des installations de CDM.III.3.Résultats d’analyses des échantillons a)
Analyse du solLes résultats d’analyse de laboratoire semblent soutenir les
plaintes des populations. Selon la comparaison des niveaux de métaux dans les
trois échantillons de sol38 aux recommandations canadiennes pour la qualité
des sols pour la pro-tection de l’environnement et de la santé hu-maine39, les
trois échantillons de sol contiennent des niveaux de cuivre largement supérieurs
à la qualité des sols. Mêmement pour le zinc, deux des échantillons de sol
(S1JNQ/KRT et S4JNQ/KRS) contiennent des niveaux de Zinc dépassant les
recommanda-tions canadiennes la qualité des sols pour le zinc de 250 mg /
kg.40Les analyses de laboratoire ont également démontré que le premier
échantillon de sol codé« S1JNQ / KRT » contient aussi des niveaux de nickel et
de plomb dépassant les normes recommandées par les lignes directrices cana-
diennes. Les Lignes directrices pour le nickel et le plomb est respectivement de
50 et 140 mg / kg (Voir les cellules I3 et J3).
B. Analyse de l’eau :

Les analyses de laboratoire de trois échantillons d’eau codés : « E2JNQ / KTC,


E3JNQ / KCH, E5JNQ / KRS » après prélèvement par AFREWATCH, ont
révélé que le niveau de mercure dans l’échantillon E3JNQ/KCH de 70 µg/L
prélevé dans le Champs à côté des usines et le long de la voie d’eau dépasse
largement la valeur recommandée par l’OMS pour la qualité de l’eau potable.
Pour l’OMS, le seuil normal est de 6 µg/L. Le mercure est un puissant
neurotoxique qui se bioaccumule dans l’environnement.Ces résultats permettent
de démontrer également que le niveau de plomb dans l’échan-tillon E2JNQ /
KTC de 22 µg /L, prélevé dans les tranchées à côté des maisons et non loin de
l’usine sur la pente sur le lit de l’eau dépasse la recommandation de l’OMS pour
la qualité de l’eau potable. Le seuil normal pour le plomb est de 10 µg / L. .
Analyse de l’eau :Les analyses de laboratoire de trois échantillons d’eau codés :
« E2JNQ / KTC, E3JNQ / KCH, E5JNQ / KRS » après prélèvement par
AFREWATCH, ont révélé que le niveau de mercure dans l’échantillon
E3JNQ/KCH de 70 µg/L prélevé dans le Champs à côté des usines et le long de
la voie d’eau dépasse largement la valeur recommandée par l’OMS pour la
qualité de l’eau potable. Pour l’OMS, le seuil normal est de 6 µg/L. Le mercure
est un puissant neurotoxique qui se bioaccumule dans l’environnement.Ces
résultats permettent de démontrer également que le niveau de plomb dans
l’échan-tillon E2JNQ / KTC de 22 µg /L, prélevé dans les tranchées à côté des
maisons et non loin de l’usine sur la pente sur le lit de l’eau dépasse la
recommandation de l’OMS pour la qualité de l’eau potable. Le seuil normal
pour le plomb est de 10 µg / L.
III.4. Discussion sur les impactsIII.4.1.Discussion sur l’Impact de l’excès des
métaux sur la santéEn comparant les niveaux des métaux dans les trois
échantillons d’eau prélevés par l’équi-pe de recherche de AFREWATCH aux
valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la
qualité de l’eau potable, il ressort que sur les trois échantillons d’eaux prélevés,
à savoir E2JNQ /KTC, E3JNQ /KCH et E5JNQ/KRS, l’échantillon
E3JNQ/KCH de 70 µg/L prélevé dans le Champs à côté des usines et le long de
la voie d’eau contient un niveau de mercure dépassant largement la valeur
recom-mandée par l’OMS pour la qualité de l’eau po-table qui est de 6 µg/L.
Pour l’OMS, le mercure étant un puissant neurotoxique qui se bioaccu-mule
dans l’environnement, un niveau élevé de cette substance dans l’eau potable
peut avoir une incidence grave sur la santé de la population qui consomme cette
eau.Le même constat ressort de la comparaison entre les résultats d’analyses du
laboratoire du plomb et les recommandations de l’OMS sur cette substance. Le
niveau de plomb contenu dans l’échantillon E2JNQ /KTC de 22 µg /L prélevé
dans les tranchées à côté des maisons et non loin des usines sur la pente sur le lit
de l’eau, dépasse les recommandations de l’OMS pour la qualité de l’eau
potable dont la valeur est de 10 µg /L. De la comparaison entre les données du
laboratoire des analyses des échantillons d’eaux prélevés aux alentours des
installation de CDM, il ressort que les données du laboratoire serapprochent des
plaintes des populations des quartiers Kasapa, Kamisepe et Kamatete selon
lesquelles, les déchets liquides toxiques déversés par l’entreprise minière CDM
dans leurs milieux auraient un impact sur leur santé comme signalé au chapitre
2 du présent rapport consacré à la gestion des liquides et gazeux. Cette situation
conduit à des questionnements sur le respect par l’entreprise des dispositions
des articles 81 et 204 quater du Code minier et 357 et 358 du Règlement
minier :•Est-ce que CDM dispose-t-elle d’une EIES et d’un PGES comme le lui
recommande les dispositions précitées ? •Si oui, est-ce que ces derniers
prennent en compte la loi et les standards (SFI, ISO,Recommandations
canadiennes, etc.) ? •Et si oui, est ce que ces 2 outils sont-ils util-isés par CDM
dans le cadre de ses activités minières ? •Est-ce que le ministère des mines joue-
t-il son rôle normalement ? •Si oui, qu’est-ce que CDM a fait pour pouvoir
remédier aux allégations des communautés ? III.4.2.Discussions sur l’Impact de
l’excès des métaux sur le sol et l’économie des populationsLa comparaison des
niveaux de métaux dans les trois échantillons de sol aux recommandations
canadiennes pour la qualité des sols pour la protection de l’environnement et de
la santé humaine a indiqué des niveaux largement supérieurs à la qualité des
sols conformément aux recommandations canadiennes en la matière. La
quantité élevée du cuivre dans le sol expose au risque de toxicité vasculaire des
plantes et invertébrés du sol. C’est-à-dire, un tel taux pollue le sol et peut
impacter les activités champêtres, piscicoles et d’élevage développées par ces
populations pour leur survi. Le rapport de laboratoire a également indiqué la
présence d’une quantité duzinc dépassant le seuil fixé par les recommandations
canadiennes dans les deux échantillons de sol (S1JNQ/KRT et S4JNQ/KRS).
D’après les experts, le taux de 250 mg / kg de zinc dans le sol conduit à la
toxicité des plantes vasculaires et des invertébrés du sol.L’échantillon
S1JNQ/KRT contient aussi des niveaux de nickel et de plomb dépassant la
qualité des sols recommandés par les lignes directrices canadiennes. Soit 50
pour le Nickel mg/kg et 140 mg/Kg pour le plomb. Selon l’avis des experts, le
taux élevé du nickel affecte sensiblement la qualité du sol et des invertébrés du
sol41. Tandis que pour le plomb, il expose les enfants aux problèmes de
santé.42Comme nous pouvons le constater, les résultats d’analyse des différents
échantillons de sol prélevés par les chercheurs de AFREWATCH semble
confirmer les plaintes des populations des quartiers Kasapa, Kamatete et
Kamisepe selon lesquelles, les déchets liquides que CDM déverse dans leurs
quartiers polluent le sol et leurs champs et seraient aussi à la base des
nombreuses maladies pulmonaires dont souffrent leurs enfants43. Et cette
situation nous amène à nous interroger sur le respect des articles 81 et 204
quater du Code minier et 357 et 358 du Règlement minier. Bref, l’analyse des
résultats de laboratoire des échantillons de sol prélevés par AFREWATCH, des
témoignages et des avis des experts en environnement et santé publique,
démontre tout simplement que l’entreprise CDM n’a pas pris des mesures
conséquentes pour épargner ses populations locales des quartiers Kasapa,
Kamisepe et Kamatete des risques de pollution du sol, de leurs végétations et
des impacts de ses activités sur la santé publique comme le lui recommandent
les dispositions du Code minier et de son Règlement sur l’environnement et les
standards internationaux en la matière44. Et dans l’hypothèse où ces mesures
existeraient, cela suppose que ces derniers ne sont pas appropriés et efficaces.
L’équipe de recherche de AFREWATCH n’a pas été en mesure de vérifier les
mesures mises en place par l’entreprise CDM pour prévenir tout risque de
pollution et réparer en cas des dommages environnementaux. L’équipe n’a pas
pu entrer en contact avec les responsables de CDM et n’a pas pu prendre
possession de l’Etude d’Impact Environnementale et Social (EIES) et le Plan de
gestion environnementales et sociales (PGIES) de l’entreprise. Des nombreuses
démarches entreprises auprès de l’entreprise entre le 22 décembre 2020 et le 24
février 2021 se sont soldé sans succès.Les populations interrogées par les
chercheurs de AFREWATCH disent ne pas connaitre tout ce qui se passe dans
la concession de CDM. Ce dernier ne les avait pas réellement consultés au
moment de l’installation de son usine pour les informer des impacts positifs et
négatifs de ses activités dans leur milieu de vie. Elles n’ont jamais entendu
parler d’une quelconque Etude d’Impact Environnemental et Social(EIES) qui
aurait été diligentée par CDM ni avoir reçu une copie de ce document ou encore
son résumé. III.4.3.Discussions sur l’impact des acides sur les tôlesLes
populations des quartiers CRAA, Kasapa, Ka-misepe et Kamatete se plaignent
en plus de cor-rosion des toitures métalliques de leurs maisons par les acides qui
seraient contenus dans la pous-sière qui proviennent des usines de CDM. Elles
estiment que cette situation a commencé depuis l’installation de CDM dans
leurs milieux de vie. Cependant, les résultats obtenus des analyses de
laboratoire le prouvent.Selon un membre de la communauté ayant req-uis
l’anonymat, et habitant dans le quartier Kasa-pa à 200 mètres des installations
de CDM sur l’avenue CDM, « ...je suis ici depuis 2014 quand j’ai fini de
construire ma maison. De 2014 à ce jour, ma maison a à peine 6 ans.
Curieusement, la toiture de ma maison commence à ressem-bler à celle d’une
maison qui a plus de 20 ans. Contrairement à d’autres quartiers, la rouille
n’attaque pas leurs maisons comme c’est le cas chez nous...» ,«
malheureusement, nous n’avons personnes pour regarder notre situation. » ... «
Et si ces gaz peuvent avoir un tel impact sur du métal que dirions nous dirions-
nous du corps hu-main ?».III.4.4.Discussions sur l’impact sur des eaux sur les
habitations, routes et écolesPour vérifier les inondations dont les populations
des quartiers Kasapa, Kamatete et Kamisepe dis-ent être victimes, les
chercheurs ont visité en-tre décembre 2020 et janvier 2021 les quartiers précités
qui sont en aval des usines de CDM pour vérifier le passage des eaux pendant la
saison des pluies et son impact sur les maisons, écoles et routes. Ces visites de
terrain ont permis aux chercheurs de palper la réalité de terrain. En effet, pour se
débarrasser des grandes quan-tités d’eaux que regorge sa concession qui oc-
cupe tout l’amont des quartiers Kasapa, Kami-sepe et Kamatete, CDM a créé
plus d’une dizaine des grands trous entre le mur de clôture qui le sépare du
quartier Kasapa. Ces gros trous servent des voies d’évacuation des grandes
quantités d’eaux qui inondent ses installations vers les habitations qui sont
placées derrières ses usines jusqu’à la prison centrale de la Kasapa. Une partie
de ces eaux est déversée dans la grande canalisation qui longe l’avenue CDM
qui traverse les 3 quartiers jusqu’au marché Moise. Vu que cette canalisation a
été bouchée par la société SAFRICAS lors de l’exécution des travaux de
nivellement effectués sur cette avenue détruite par les camions lourds qui
alimentaient CDM en minerais en provenance de la mine de Lupoto, ces eaux
envahissent toutes les parcelles qui longe cette avenue. Pour faire taire les
populations de ces trois quartiers, CDM a lancé les travaux de construction des
drains qui devraient récupérer les eaux de sa concession et les conduire vers la
rivière Lubumbashi. Mais comme les travaux n’ont pas été achevés, les eaux
libérées par CDM continuent à envahir les habitations situées derrière cette
entreprise. Ces inondations ont aussi affaissé la partie de cette canalisation en
face des installations de CDM. Et si des mesures ne sont pas prises, ces érosions
risquent d’atteindre les maisons d’habitation qui sont tout au long de cette
canalisation. Selon plusieurs témoignages de la population, les eaux usées de
CDM paralysent la circulation ainsi que toutes les activités de leurs quartiers.
Pour éviter la démolition de leurs habitations, elle a été obligée de créer elle-
même et manuellement des drains pour réorienter les eaux vers l’avenue
CDM.IV. ROLES DES DIFFERENTS ACTEURS DANS LA RECHERCHE
DE SOLUTIONSDans le souci de trouver une solution, les com-munautés,
accompagnées des responsables du Camps de la police Kasapa ont entrepris
plu-sieurs démarches notamment auprès de l’entre-prise, des chefs des quartiers,
du bourgmestre de la Commune annexe et auprès des autorités de la province.
Les points qui suivent présentent de manière détaillée les efforts entrepris aussi
par l’entreprise CDM et les autorités locales par rapport aux plaintes et
demandes des popula-tions. IV.1. Rôles de l’entreprise CDMDu côté de
l’entreprise CDM, aucune action d’envergure n’a été prise en vue de réparer ou
compenser les dommages qu’elle a causés par la dégradation des routes à
l’exception de la mise à la disposition de quelques parcelles, sur l’avenue CDM,
des structures métalliques servant à la traversée du canal victime de l’érosion
qui menace de couper cette route en deux bords, avec promesse de revenir pour
la construction des caniveaux qui serviraient au drainage des eaux45.Plusieurs
familles et personnes victimes des inondations, écroulement des maisons, des
maladies pulmonaires et respiratoires et enfin de pollution des cultures et étangs
piscicoles n’ont jamais été approchées par CDM ne fût-ce que pour être
entendues sur leurs allégations, moins encore pour bénéficier d’une quelconque
assistance, réparation ou indemnisation, et cela, en dépit des évidences
accablantes des dommages causés.La version de l’entreprise CDM aux
préoccupations ci-dessus soulevées n’a pas été obtenue car toutes les démarches
entreprises par l’équipe de recherche de AFREWATCH pour rencontrer ses
responsables se sont avérées sans succès. Plu-sieurs raisons ont été évoquées
pour repousser les sollicitations rendez-vous. A la dernière de-mande, aucune
suite n’y a été accordée, et cela, jusqu’à la rédaction du présent
rapport.IV.2.Rôles des autorités étatiques locales et nationalesSuite aux
nombreuses plaintes des populations des quartiers Kasapa et Kamisepe, les
chefs desdits quartiers ont fait parvenir les différentes plaintes reçues des
populations contre CDM au Bourgmestre de la Commune annexe qui est leur
supérieur hiérarchique direct du ressort, conformément aux règles de la
territorialité. En 2018, le bourgmestre de la Commune Annexe Austin Kahozi
avait tenté de trouver des solutions en engageant des négociations directes avec
les responsables de l’entreprise avec lesquels il aurait signé un accord mais qui
malheureusement n’a jamais été rendu public.46Une année après, une
commission constituée des agents de la commune Annexe, dépêchée par
l’ancien Bourgmestre Kahozi bin Malisawa en 2018, sous la diligence de
l’ancien Gouverneur en fonction à l’époque, avait, contre l’avis de la
communauté, relevé verbalement que les eaux qui inondent les parcelles du
quartier Kasa-pa proviennent plutôt de collines qui avoisinent ce quartier et non
directement des installations de l’entreprise CDM47. Le rapport sanctionnant le
travail de cette commission n’a jamais été ren-du public pour éclairer l’opinion
sur ses conclu-sions de travail. Ainsi, les revendications de la population de
cette partie de la ville de Lubum-bashi sont restées lettre morte.Dans le souci
d’avoir une information exhaustive sur le travail de cette commission et les
efforts des autorités publiques, l’équipe de recherche a tenté de solliciter la
copie du rapport auprès des autorités tant locales que provinciales dont
l’autorité communale et le ministre provincial des mines. Bien qu’ayant été
membre de cette commission et chef du ressort de CDM et des quartiers en
conflit avec ce dernier, le bourgmestre de la Commune annexe a répondu aux
chercheurs n’avoir pas reçu une copie de ce rapport48. Tandis que, le ministre
provincial de l’environnement n’avait pas rencontré l’équipe de recherche,
plusieurs rendez-vous ayant été pris sans succès.49Signalons cependant que
contrairement aux propos verbaux des autorités, les résultats repris dans le
rapport de laboratoire indiquent des dépassements des valeurs
internationalement reconnues de certains métaux dans les sols et les eaux
prélevés à proximité des installations de CDM. Il est donc fort possible que les
déchets toxiques déversés par CDM soient à la base des problèmes dont se
plaignent la population desdits quartiers.V. CONCLUSIONCette étude a
démontré que CDM a encore du chemin à faire en ce qui concerne le respect des
dispositions des articles 81 et 204 du Code Minier ainsi que 357 et 358 de son
Règlement selon lesquelles les titulaires des droits miniers d’exploitation et des
entités de traitement doivent avoir un comportement responsable à l’égard de
l’environnement et de la vie sociale dans la zone où ils exploitent grâce à
l’Etude d’Impact Environnemental et social (EIES) approuvé et à un Plan de
Gestion Environnementale et Sociale (PGES). Cette entreprise chinoise exploite
les ressources minières de façon irresponsable et non respectueuse des droits
humains et de l’environnement prévue dans le Code Minier et le Règlement
Minier ainsi que par les standards internationaux en matière de droits humains
et de protection de l’environnement. Deux hypothèses sont possibles dans le cas
de cette étude: soit CDM ne dispose ni d’une EIES, ni d’un PGES pour
documenter et gérer les impacts négatifs de ses activités sur l’environnement et
sur les communautés riveraines ; soit qu’elle en a, mais elle néglige leur mis en
application. Les victimes de ces violations sont les communautés des quartiers
Kasapa, Kamatete et Kamisepe. Elles font face à d’importantes quantités d’eau
en provenance des usines de CDM qui se répandent dans les 3 quartiers. Pour se
débarrasser des grandes quantités d’eau dans sa concession, CDM a créé
plusieurs canaux qui traversent les murs de sa concession et ces eaux usées se
répandent dans toutes les parcelles qui sont placées derrières ses usines. CDM
n’a pas achevé la construction des drains destinés à évacuer les eaux de sa
concession jusqu’à la rivière Lubumbashi, si bien que ces eaux débordent en
envahissant presque toutes les routes, inondent les parcelles et les écoles
voisines, les cultures maraichères ou les potagers ainsi que les étangs
piscicoles ; d’où les érosions qui endommagent les routes et détruisent les
cultures et les élevages. La scolarité des enfants n’est pas épargnée.Les plaintes
des populations des quartiers Kasapa, Kamisepe et Kamatete, corroborées par
les enquêtes menées par les chercheurs de AFREWATCH attestent qu’en
dégageant les fumées toxiques et en déversant des eaux usées de rejets sur les
habitations, CDM pollue énormément l’environnement. L’analyse des
échantillons de sol prélevés dans les 3 quartiers ont démontré des taux très
élevés de cuivre, de Zinc, de Plomb et de Nickel, dépassant de loin les valeurs
par les recommandations canadiennes pour la qualité d’un bon sol pour les
cultures et la construction des quartiers résidentiels.D’après les avis des experts
en environnement consultés par AFREWATCH, des taux élevés de ces
substances peuvent conduire à la pollution de sol, à la mort des invertébrés du
sol et à des maladies infantiles chez les humains. Les échantillons d’eaux
prélevés dans les mêmes quartiers font état de la présence du mercure et du
Nickel à des taux supérieurs aux valeurs recommandées par les standards
internationaux pour une eau potable. Les fumées toxiques dégagées par CDM
provoquent des maladies telles que la toux sèche et sanglante.En dépit des
plaintes des communautés river-aines et des dénonciations des Organisations de
la Société Civile, CDM poursuit ses activités en violant les droits humains et en
polluant l’environnement au vu et au su des autorités tant provinciales que
nationales.

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