TP Edd
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INTRODUCTION
Depuis l’avènement de ces textes légaux dits incitatifs, des entreprises minières
ont afflué dans presque toute la RDC. Le cas de celles qui se sont implantées
dans les provinces du Haut-Katanga et celle de Lualaba peut être cité pour
illustrer cette situation. D’ailleurs, les données de 2021 du ministère des mines
précisent que 1.264 entreprises minières ont été identifiées dont 342
possédants des titres miniers en bonne et due forme, 161 possédants des titres
de carrières, 81 avec une capacité de traitement et de transformation des
minerais, 609 coopératives minières ainsi que 428 autres opérateurs non
classés, etc.
Par ailleurs, il sied d’indiquer que déjà en 2002, la loi congolaise établissait
clairement des normes de l’exploitation minière, protectrices des droits de
l’homme et de l’environnement afin de garantir des investissements miniers
socialement responsables. Le flou semble être malheureusement le mode de
gouvernance minière adopté au cours de deux dernières décennies, qui a
noyauté l’espoir.
Tel est le cas de CDM, une entreprise d’origine chinoise qui exploite à 20 Km
au Sud-Est de la ville de Lubumbashi dans la Commune Annexe à proximité
de plusieurs quartiers résidentiels notamment Kasapa, Kamatete et Kamisepe
dont la population est à ce jour évaluée à plus de 30.000 habitants.
Un autre rapport qui a mis en exergue les abus des droits humains commises
par les entreprises d’origine chinoise installée en RDC, y compris CDM est
celui intitulé « Voilà pourquoi on meurt : les atteintes aux droits humains en
République Démocratique du Congo alimentent le commerce mondial du
cobalt7», publié en janvier 2016 par Amnesty international et AFREWATCH.
Ce rapport a fustigé le non-respect des droits de l’homme dans l’exploitation du
cobalt dont le travail des mineurs, la non-rémunération des travailleurs, les
mauvaises conditions de travail, des longues heures de travail, etc.
Aucun de ces deux rapports n’a enquêté sur les violations des droits humains et
du droit environnemental commises sur les populations entourant les activités
minières des entreprises d’origine chinoises, particulièrement CDM. C’est
pour cette raison, en vertu de l’article 37 de la constitution de la RDC en
vigueur,9 que AFREWATCH a voulu documenter et analyser les problèmes
causés par les activités minières de la société CDM sur le sol, l’eau, les tôles et
l’air ainsi que d’autres impacts négatifs de cette pollution sur la santé et autres
droits humains des populations environnantes. Toutefois, l’effort important de
cette étude sera concentré particulièrement sur les aspects sanitaires et
environnementaux au regard des standards normatifs internationaux et
nationaux.
Cette étude vise à produire un rapport qui fournit des données à jour en 2021 sur
les impacts négatifs des activités de CDM sur la santé et l’environnement des
communautés locales, notamment celles des quartiers Kasapa, Kamisepe et
Kamatete, et qui va servirde support de plaidoyer.
La méthode d’échantillonnage selecif a été principalement utilisée, elle a permis
d’analyser systématiquement les différentes données récoltées sur terrain.
Dans ce chapitre, il sera question de présenter un état des lieux des problèmes
sur base desquels sont fondées les plaintes des communautés vivant aux
alentours des installations de CDM, de la situation telle qu’elle est vécue par
les chercheurs pendant la recherche et des témoignages et avis des
communautés, des autorités locales et provinciales publiques, de l’entreprise
ainsi que d’autres observateurs. En effet, depuis son installation au quartier joli
site, les relations entre l’entreprise CDM et les populations environnantes ne
sont pas au beau fixe. Les deux parties vivent dans une situation des tensions
persistantes de suite des impacts négatifs dont sont victimes les communautés
des quartiers environnants et qui sont attribués à des activités de CDM22. Les
communautés précitées reprochent à cette entité des traitements, plusieurs faits,
à savoir :
Selon le chef du marché Kamatete« une mauvaise gestion des déchets liquides
toxiques contenus dans le bassin de décantation, déversés serait la cause
principale des inondations et pollutions qui sévissent dans les quartiers
Kamisepe, Kasapa et Kamatete » … « lorsque l’entreprise CDM libère ses
eaux acidifiées, ces dernières ruissellent jusqu’audit marché, finissent leur
course dévastatrice dans la rivière Lubumbashi. » … Ces eaux sont
généralement libérées pendant les saisons pluvieuses…il y a eu des jours où ces
eaux ont été libérées juste parce qu’il a menacé de pleuvoir… ». « Pendant les
jours pluvieux, sur l’avenue CDM, les eaux arpentent plusieurs routes des
quartiers Kasapa, Kamisepe et Kamatete, qui entourent l’entreprise. De l’usine,
jusqu’au quartier Kalubwe, en passant par les quartiers Kasapa et Kamatete,
des eaux provenant des installations de CDM passent par les avenues CDM,
Kalulwa, Tshamamba, Luna et Biayi pour se déverser enfin dans la rivière
Lubumbashi.
Lors des entretiens avec les chercheurs au mois de décembre 2020 et en janvier
2021, les habitants du quartier Kamatete ont confirmé avoir enregistré des
inondations à répétition de leurs parcelles par des eaux qui proviendraient des
usines de l’entreprise minière CDM. Plus de 20 témoignages recueillis auprès
des membres des communautés et leaders communautaires dont les
responsables des écoles et églises ont signalé l’invasion des maisons et de
plusieurs potagers par des eaux provenant des installations de CDM qui sont en
aval de leur quartier. Et pourtant, selon ces dernières, CDM leur avait promis la
construction dans un bref délai des drains appropriés pour la gestion efficace
des impacts afin de canaliser ces eaux.
Ci-dessous, une photo des inondations causées par les eaux qui proviennent des
installations de CDM :
Les populations des quartiers précitées, reprochent également à CDM de libérer
les fumées et des particules toxiques dans l’atmosphère en violation des
dispositions environnementales les exposant à des maladies pulmonaires dont
elles sont victimes, la pollution de l’air et la corrosion des tôles des toitures de
leurs maisons.30.
Les grandes quantités d’eaux libérées par CDM pendant les saisons pluvieuses
affectent sensiblement de façon négative la vie des communautés des différents
quartiers par lesquelles ces eaux passent avant d’atteindre la rivière
Lubumbashi. Il s’agit des quartiers Kasapa, Kamatete et Kamisepe qui sont
situés juste derrière la concession de CDM.
Selon une dizaine d’habitants dont le chef de quartier, interrogées par les
chercheurs d’AFREWATCH, « plusieurs maisons sont régulièrement envahies
par d’importantes quantités d’eaux libérées régulièrement par CDM pendant
la.saison des pluies » …. « …De l’usine, jusqu’au quartier Kalubwe en passant
par les quartiers Kasapa et Kamatete, ces eaux passent par les avenues CDM,
Kalulwa, Tshamamba, Luna et Biayi pour se déverser enfin dans la rivière
Lubumbashi. Ces eaux débordantes sont principalement à la base des érosions
qui s’aperçoivent sur presque toutes les routes citées ci-haut… ».
Ces différents témoignages ont été également confirmés par la chef de quartier
Kasapa lors de son entretien avec les chercheurs de AFREWATCH. Celle-ci en
présence de son assistant, a signalé aux chercheurs que plusieurs avenues de son
quartier connaissent des érosions causées par les débordements des eaux des
usines de CDM. Et des nombreuses habitations dont la maison d’un de ses
assistants, sont menacées de démolition de suite de ces eaux qui inondent son
quartier. La situation s’est empirée quand CDM a fait passer des engins pour
niveler les avenues détruites par ses eaux dont la grande avenue portant son
nom qui commence dans le quarti-er joli cite jusqu’au au quartier Kamatete
passant par la prison centrale de la Kasapa, le camp de la police portant le même
nom et le marché Kasapa. Lors des travaux d’aménagement de cette avenue,
CDM a bouché les deux grands drains qui servaient des principales conduites
d’eaux de son quartier et de deux autres quartiers voisins jusqu’à la rivière
Lubumbashi. Selon un membre du quartier Kasapa habitant en amont du camp
du centre de formation de la Kasapa interrogé par les chercheurs, « ...ce sont les
eaux de l’usine de CDM qui ont détruit nos routes et qui menace de destruction
de nos maisons... » « Malgré ses promesses, CDM n’a pas creusé des
canalisations, ainsi, nous avons été obligés de créer nous-mêmes des drains afin
d’orienter les eaux de l’autre côté de l’avenue CDM pour protéger nos maisons
des eaux acidifiées qui proviennent des installations de l’entreprise. Sinon, nos
maisons auraient déjà été emportées par les eaux de CDM ». En plus, les
enquêtes de AFREWATCH ont révélé que plusieurs familles ont été victimes
des écroulements de leurs maisons et n’ont bénéficié d’aucune assistance, ni
réparation ou indemnisation de la part de l’entreprise CDM, et cela, dans un
mutisme total des autorités tant provinciales que nationales. Vu le temps
imparti, nous n’avons pas été à mesure de documenter l’ensemble des cas des
maisons qui se sont écroulées de suite des inondations. Mais, les photos ci-
dessous illustrent des cas d’inondations dans le quartier Kasapa: Par ailleurs, ces
eaux acidifiées affectent également le déroulement des activités scolaires dans
certaines écoles situées à proximité de l’entreprise CDM. Des eaux se dirigent
également jusque dans les salles de classe en pleine activi-tés scolaires. C’est le
cas du Complexe scolaire SEYA PIERRE se trouvant au quartier Kamatete, qui
à cause des débordements de ces affluents liquides de CDM dans la cour
scolaire et ses salles de classe, les leçons sont généralement suspendues31,
chose qui perturbe considérablement l’horaire de cours et les programmes
d’études.