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Tactique Du Diable MPDF

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Tactique du diable

Dessin DR : Calamus Scriptorius

Homélie pour le 10e dimanche TO, année B

Genèse 3,9-15 / Psaume 129 / 2Corinthiens


4,13-5,1 / Marc 3,20-35

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en
vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement
en l’ECOUTANT :
http://www.ab20100.ch/wp-content/uploads/2018/06/180610-EVO.mp
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Chers Amis,

N’importe quel chef militaire, n’importe chef de guerre vous


le confirmera, il est essentiel de connaître son ennemi. De
connaître ses tactiques, ses points faibles, ses points forts
aussi.

C’est essentiel si on veut le combattre, bien sûr. Si l’on n’a


pas d’ennemi et qu’on ne veut pas combattre, bienheureux
sommes-nous !
Mais nous avons un ennemi. Au moins un. Il s’appelle Satan. Et
pour le combattre, il faut le connaître, il faut connaître ses
tactiques, sa façon d’agir, ses points forts et ses points
faibles aussi.

La tactique préférée de Satan, du diable ou de l’ange noir, ou


du diviseur comme le dit le mot « diabolos » en grec, appelez-
le comme vous voulez, sa tactique préférée, c’est de nous
faire prendre tar pour bar, comme on dit. De nous faire croire
que le blanc est noir et que le noir est blanc, de nous
persuader que ce qui est objectivement bon est mauvais et que
ce qui est objectivement mauvais est en réalité bon.

Un exemple moderne : l’euthanasie. En grec, « euthanasie » ça


veut dire « bonne mort ». Il y a de la division jusque dans le
mot ! La mort elle-même n’est pas une bonne chose.

Et la tactique du diable, c’est de nous faire croire


aujourd’hui que dans certains cas il peut y avoir une bonne
mort. C’est absurde jusque dans les termes ! Mais il arrive à
nous fausser l’esprit, pour qu’on finisse par croire que la
mort peut être bonne. Alors que la mort, c’est l’absence de
vie et que la vie, c’est Dieu. La mort est un mal parce que
c’est l’absence de vie.

C’est ce que nous voyions dans la première lecture. Avec la


vieille histoire mythique du serpent et de nos premiers
parents, Adam et Eve. Le serpent a fait croire exactement
l’inverse de la réalité. Il a fait croire à Adam et Eve que
manger du fruit de l’arbre de la connaissance les rendrait
bons, parce que ça les rendrait comme des dieux, et qu’il
était bon d’être comme Dieu. Alors que non, ce n’est pas notre
rôle d’être comme Dieu.

Il a renversé le système des valeurs, c’est typiquement la


tactique du diable.

Et nous avons ça partout autour de nous. Le monde capitaliste,


notre monde occidental, connaît un principe diabolique auquel
on ne fait même plus attention. Ce principe qui nous fait
croire qu’avoir de plus en plus d’argent, avoir de plus en
plus de choses, avoir de plus en plus de possessions nous
rendra de plus en plus heureux.

Nous savons bien combien c’est faux, combien c’est un


renversement absolu des valeurs.

J’ai rencontré un jour dans ma vie un millionnaire. C’était


l’époque où je comptais les centimes, parce que j’étais
comédien, et comédien ça ne met pas beaucoup de beurre dans
les épinards !

Moi qui pourtant vivais très chichement à l’époque, j’ai très


vite compris en discutant avec cet homme que j’étais beaucoup
plus heureux que lui. C’était flagrant, et il a même fini par
me le dire lui-même !

Mais notre monde nous fait croire que les possessions rendent
heureux. Alors que justement, qu’est-ce qu’on dit de quelqu’un
qui est habité par le diable ? Qu’il est « possédé » ! C’est
bien le signe que la possession n’est pas une bonne chose,
elle ne rend pas heureux !

Notre monde voudrait nous faire croire cela. Et c’est Paul qui
nous le rappelait, dans la deuxième lecture, avec la formule
du Petit Prince dont on oublie toujours qu’elle vient de la
Bible ! Paul nous rappelait que notre monde s’attache à ce qui
se voit alors que nous devons nous attacher à ce qui ne se
voit pas. C’est ça qui est important !

C’était le secret donné par le renard au Petit Prince : « On


ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour
les yeux. »

Prendre le mal pour un bien et le bien pour un mal, c’est


encore le classique « qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour
mériter cette calamité ! »

Comme si, aux yeux de Dieu, on pouvait « mériter un mal » !


Vous sentez l’absurdité de la phrase ? Comme si Dieu pouvait
sciemment nous envoyer du mal ! Vous sentez l’absurdité de
l’idée ?

Et pourtant, pendant des siècles, le diable a réussi à nous en


persuader. Jusqu’à nous persuader – encore plus absurde – que
la souffrance pouvait nous rapprocher de Dieu ! Les plus âgés
parmi nous ont entendu ces phrases-là : « Il faut souffrir
pour mériter son ciel ! »
Voilà une phrase parfaitement diabolique, c’est la tactique
absolue du diable, nous faire croire que ce qui est mal est
bien.

La souffrance, c’est un mal. Objectivement. Et le mal ne peut


pas nous rapprocher de celui qui est le Bien. En toute logique
c’est impossible.

Vous voyez la tactique de l’Ange Noir… Arriver à nous faire


croire que Dieu est capable de nous faire du mal.

Alors que dans le texte de la Genèse, c’est parfaitement et


très bien dit. Vous pourriez très bien rétorquer en disant :
« Bah oui, Dieu est capable d’envoyer du mal, puisqu’il dit au
serpent : ‘parce que tu as fait ça, tu seras maudit !’ »

Mais ce n’est pas Dieu qui lui envoie ce mal ! Dieu lui dit :
« Parce que tu as fait le mal, il va t’arriver malheur. Mais
ce n’est pas moi, Dieu, te l’envoie, ce malheur, c’est toi qui
te le crées tout seul. Parce que tu as fait ce mal ! »

Quand on commet le mal, nous ouvrons la porte au diable. Et


Dieu n’y peut rien. C’est nous qui ouvrons cette porte tout
seuls comme des grands.

Jésus nous l’explique aussi très bien dans l’Evangile.


Apprendre à reconnaître la présence de Satan, c’est observer
où se trouve la division.

Et Jésus le dit très bien. Là où deux êtres sont divisés, là


où tout un peuple est divisé, là où notre cœur est divisé – le
doute, voilà la division du cœur – là où des personnes se
divisent, se déchirent, là est l’ange noir, sans aucun doute
possible.

La marque de Dieu, elle, au contraire, c’est l’unité. Avoir


des idées unies, savoir qui l’on est au fond de soi, savoir ce
que l’on veut, clairement, savoir où l’on va, avoir le cœur
unifié, ne pas douter, voilà le signe d’un esprit habité par
Dieu.

Observez autour de vous et en vous aussi cette semaine. Vous


allez repérez les divisions, vous aurez démasqué l’ange noir.
Repérez les marques d’unité, et vous aurez le visage de Dieu.

C’est tout simple.

Observez les gens qui divisent la communauté, les gens qui


divisent les autres, les gens qui viennent vous dire : « Vous
savez pas ce qui s’est passé, dans tel endroit, telle
personne, telle… », voilà la marque du diable, sans aucun
doute possible.

Observez ce qui divise, vous aurez démasqué le diable. Et il


ne supporte pas ça. C’est notre arme à nous, de pouvoir le
démaquer.
Et, au contraire, vous, essayez de bâtir des ponts. Un pont
c’est justement ce qui relie deux rives qui étaient divisées.
Etre bâtisseur de pont, c’est être artisan de Dieu.

Essayons de bâtir des ponts plutôt que de diviser et nous


aurons alors fait la volonté de Dieu. C’est ce que Jésus
disait dans l’Evangile : pour être appelés ses frères et ses
sœurs, il faut faire la volonté de Dieu.

Essayez, vous verrez, c’est édifiant.

Amen.

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Evolène, dimanche 10 juin 2018, 9.00

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