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Expose Droit Des Societes

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EXPOSE DROIT DES SOCIETES

UEL HCMC –Université Paris II


12 - Décembre 2014,
Ellena Brunetti, Thomas Fortin, Phương Nguyễn Uyên, Laurianne Vessot

LES CARACTERISTIQUES DE LA SOCIETE


PAR ACTIONS SIMPLIFIEE EN DROIT
FRANCAIS

«La SAS, bilan sur 20 années pronant la liberté contractelle au sein de la


société»

 Introduction

 Partie I une société aux avantages certains liés au caractère primordial de la liberté
contractuelle

A. Une consitution simplfiée grâce à la liberté contractuelle


1. Associé
2. capital
B. Un fonctionnement interne exclusif
1. Gouvernance
2. actionnariat

 Partie II La SAS une liberté qui doit savoir se piloter

A. Une SAS dotée de limites originelles


1. Quid Juris
2. inconvénients
B. la volonté du législateur
1. bilan
2. perspective

Master 1, Droit des Affaires Internationales < 1


Introduction

La société par actions simplifiée ou SAS est la plus récente des formes sociales en
droit français. Elle résulte de la loi n°94-1 du 3 janvier 1994 et est codifiée par le Code de
Commerce aux articles L.227-1 à L.227-20. La volonté était de créer une nouvelle structure
juridique pour développer une coopération inter-entreprises qui ne mettrait pas en jeu la
responsabilité illimitée de ses associés. C’est un mode approprié aux filiales communes (joint-
ventures) réservé aux grandes sociétés et bien adpaté pour les Holdings. Il s’agissait
également de rendre le droit français compétitif avec la Besloten Vennoostchap Beperkte
Aansprakelijkheid (société privée à responsabilité limitée) néerlandaise souvent choisie par
les groupes internationaux pour des raisons juridiques et fiscales. La principale nouveauté de
la SAS est sa grande souplesse. Il y a une priorité absolue laissée à la liberté contractuelle.
Cela signifie que les associés ont très peu de contraintes légales lors de la rédaction du pacte
social. Le professeur Yves Guyon, parle même « d’un îlot de liberté dans un océan de
réglementation ». Il y a bien sûr des règles impératives qui sont prévues par le législateur,
mais qui contrairement à la SARL (société à responsabilité limitée) ou à la SA (société
anonyme) ne sont que supplétives. Le 12 juillet 1999 on assiste à une évolution majeure de la
SAS. Jusque-là la possibilité de constituer une SAS était réservée aux seules personnes
morales, on parlait alors de « sociétés à sociétés » désormais, les personnes physiques, à
plusieurs ou seule, peuvent constituer une SAS ou SASU (société par actions simplifiée
unipersonnelle). Le législateur n’a néanmoins pas souhaité en encadrer plus les règles. La
flexibilité reste au centre de la SAS à qui on reconnaît un rôle important aux statuts. Les
statuts sont l’acte constitutif de la société, ils défissent les règlent de fonctionnement de la
société, régissent les relations entre associés, société et tiers. Cette liberté contractuelle, sous-
entend que la SAS possède un fort intuitus personae. En ce sens dès 1994 la loi utilise plus
souvent le terme « d’associé » que celui « d’actionnaire ». Ainsi, le pacte social doit être
conclu avec une grande transparence. Selon le Professeur Yves Guyon encore, « l’efficacité
de la SAS, repose sur la volonté des parties de sorte que la liberté contractuelle se combine
avec l’efficacité de la personne morale ». Par ailleurs, la SAS est une société fermée dont le
capital est divisé par actions. En ce sens, elle ne peut pas procéder à une offre au public de
titres financiers ou à l’admission aux négociations sur un marché réglementé, c'est-à-dire être
cotée. La loi LME de 2008 apporte des modifications importantes au cadre légal de la SAS en
supprimant l’exigence d’un capital minium de 37 000 euros. Elle permet également les
apports en industrie, et dispense certaines SAS de l’obligation de recourir au commissaire au
compte et abolie ainsi presque toutes les insuffisances concurrentielles de la SAS au regard de
la SARL. La dernière souplesse opérée date du 19 octobre 2009 et dispense l’associé unique
d’une SASU d’établir un rapport de gestion si elle ne dépasse pas certains seuils. A cet égard
il est intéressant de se demander quelles sont les caractéristiques attachées à la SAS en France
et offrent-elles de réels avantages. S’il est vrai que la première caractéristique de la SAS
qu’est la liberté contractuelle propose une organisation libre et aménagée de la société (I) il
n’en demeure pas moins cette liberté doit se maîtriser car dans le cas contraire, de nombreuses
difficultés peuvent survenir (II).

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Partie I Une société attractive de par sa simplicité et la multitude de
possibilités offertes

La SAS se présente comme la structure idéale pour les filiales intra-groupes car souple et
simple mais également pour les start up qui souhaitent évoluer rapidement et demandent une
flexibilité d’organisation impotante. Elle peut se constituer ex-nihilo (à partir de rien) ou par
transformation d’une société existante en SA. Le législateur a voulu que la SAS bénéficie
d’une constitution largement simplifiée par rapport aux autres formes de sociétés par actions
ou de capitaux.

A. Constitution simple

Le nombres d'associés actionnaires n’obéit à aucune contrainte puisqu’elle fait partie des
sociétés qui peuvent être constituée par une personne seule qu'il soit une personne physique
ou une personne morale. Il suffit de rédiger les statuts, d’effectuer un apport et de procéder
aux formalités de constitution.
Ainsi, la SAS apparaît comme une structure d’entreprise individuelle concurrente de l’EURL
et de l’EIRL. Une EURL pouvant même être l’associé unique d’une SASU . L’intérêt ici
concerne la rémunération de l’associé unique plus intéressante d’un point de vue fiscal avec
un tel montage

Il n’y a a pas non plus de limitation quand au nombre maximal d’associés contrairement à la
SARL et la SA, dont le nombre maximum d’actionnaires est limité à 100 et cela afin de
faciliter la constitution de groupes d’entreprises, de holdings. Mais en pratique, le caractère
contractuel et fermé de la société s’oppose à l’existence d’un trop grand nombre d’associés
actionnaires.

La responsabilité des associés est limitée à leur apport.


Le patrimoine personnel de chacun des associés est protégé ce qui facilite la prise de risque,
intéressant pour les petites entreprises innovantes.

A l’origine le capital social minimum pour constituer une SAS était de 37 000 euros. Depuis
la loi LME du 4 août 2008 le législateur indique (art L227-2 al 2 c.co) que le capital peut être
librement fixé par les stauts, c’est la consécration d’un capital à l’euro symbolique puisqu’il
faut 1 euro pour constituer une action.
La SAS peut alors jouir des avantages financiers de la SA sans le capital minimum
obligatoire comme la SARL. Elle se présente ainsi comme la seule société par action
accessible à bas prix.

Concernant les apports ils peuvent être en numéraire, nature ou industrie. Le capital doit être
libéré d'au moins la moitié du montant au moment de l'apport et le reste dans les 5 ans
maximum. Les apports en nature doivent être évalués par un commissaire aux apports. Il
semble possible de constituer une SAS au capital variable ce qui permet de faire varier le

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montant du capital, dans certaines limites, sans avoir à convoquer d’assemblée générale
extraordinaire. On peut alors faire entrer ou faire sortir des associés très simplement.

La SAS est ici aussi une exception par rapport aux autres sociétés par action puisque les
apports en industrie sont autorisés. Ils peuvent être à durée limitée, ce sont les statuts qui
décideront du sort de ces actions en industrie.

La SAS se prête parfaitement à un effet de levier juridique en déconnectant le capital (détenu


par les associés) et le pouvoir (réservé au président) facilitant ainsi le fonctionnement de la
société

B. Une organisation souple et modifiable à souhait

GOUVERNANCE DE LA SOCIETE
Les associés jouissent d’une grande liberté statutaire exprimé par l’art L. 227-5 et le
législateur a débarrassé la SAS de presque toutes les contraintes qui encombrent
l’organisation de la SA.

Beaucoup de dispositions régissant les SA sont applicables à la SAS, sauf celles qui
concernent l’organisation des pouvoirs. C’est cette exclusion qui permet justement de faire de
la SAS un modèle de société bien plus souple que la SA, les dispositions concernant
l’organisation du pouvoir dans la SA étant particulièrement rigide.

Concernant le dirigeant : La SAS doit nécessairement être dirigée par un président qui peut
être une personne morale ou physique qui représentera la société à l’égard des tiers. Le
président est « investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom
de la société dans la limite de l'objet social ». Dans l’ordre interne de la société les pouvoirs et
obligations du président vis-à-vis des associés sont librement déterminées par les statuts. A
l'égard des tiers, la société est engagée pour les actes du président même ceux dépassant
l'objet social, les clauses statutaires limitant le pouvoir du Président ne sont pas opposables
aux tiers. Le président pourra voir sa responsabilité personnelle engagée s'il a commis une
faute détachable de ses fonctions. Les statuts peuvent prévoir la nomination d'autres dirigeants
que le président ou un seul président qui dispose de tous les pouvoirs sauf décisions
collectives des associés. Si jamais un autre dirigeant, existe et qu’il a les mêmes pouvoirs que
le président à l’égard des tiers il est un directeur général. On peut avoir aussi une forme plus
complexe avec un comité de direction habilitant le dirigeant pour agir dans l'ordre externe. On
peut avoir un cas où le président n'a aucun pouvoir et où tout passe par la collectivité des
associés ou encore une situation où la Société est dirigée par une autre Société, le président
sera une personne morale avec un représentant.

Le coût de fonctionnement de la société peut être ainsi très faible si l’on choisit les organes
sociaux minimums. Puisqu’en effet, le seul organe obligatoire dans la SAS est le president à
l’inverse d’une SA qui doit être composée obligatoirement d’un conseil d'administration avec
divers dirigeants ou d’un directoire avec un conseil de surveillance Cependant, une

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organisation complexe comme la SA peut être mise en place pour représenter les intérêts des
différents associés.

L’intérêt libertaire de la SAS se manifeste particulièrement en ce qui concerne sa direction.


Les statuts vont librement fixer les conditions de direction de la société (art L227-5 c.co) ils
vont décider du nombre de dirigeants mais aussi des conditions d'accès de la durée des
fonctions, du mandat social, des conditions de revocation des dirigeants.
Par exemple, le président peut être irrévocable durant la durée de la société et ne plus être
soumis aux aléas de la majorité. Il est alors plus facile de transmettre l’entreprise
familialement pour les petites entreprises.

La loi de 2008 assouplie le recours au commissaire aux comptes qui n’est plus obligatoire à
l’exception de deux cas. Un premier cas qui va dépendre du dépassement de certains seuils
concernant le nombre de salarié, le bilan ou le chiffre d’affaire. Mais également si la société
contrôle ou est contrôlée par une autre société, elle doit alors impérativement désigner un
commissaire aux comptes.

Concernant les associés : Pour toutes les décisions il appartient aux statuts de choisir les
modalités pratiques des prises de décisions et l’organe compétent. Ils doivent définir les
décisions collectives qui doivent être prises exclusivement par les actionnaires ainsi que leur
modalité d'adoption (Art L227-9 c.co). Toutefois la loi donne une liste de décision qui
relèvent nécessairement de la compétence de la collectivité des associés. Des décisions
collectives sont obligatoires pour : la variation du capital, les opérations de fusion, scission,
dissolution, l’approbation des comptes sociaux, la nomination d'un commissaire aux comptes,
toute modification des clauses statutaires. Dans la SAS on peut aussi aménager dans les
statuts les droits de vote attachés aux actions en accordant par exemple à certains associés des
droits de vote multiple ou simple. La liberté va très loin puisque les Assemblées Générales
sont selon L.227-1 CCo complètement facultatives. Pour les décisions non collectives la
liberté est totale ce qui peut même amener un tiers à prendre ces décisions. Dans les groupes,
pour les filiales communes l’arbitrage d’un tiers peut-être prévu en cas de blocage.

De plus, l’article 1836 CC semble laisser la possibilité à n’importe qui de modifier les statuts
mais cela ne concerne pas les modifications augmentant les engagements des associés qui
nécessitent une décision unanime. Aussi les rédacteurs des statuts ont tout intérêt à définir leur
propre liste de décisions collectives et à compléter par une règle générale subsidiaire.

La flexibilité de son mode de fonctionnement permet de répondre à la demande des associés


pour organiser le fonctionnement de la société en fonction de leurs intérêts et contraintes.
Il est par exemple possible de prévoir des clauses d'exclusion ou de préemption pour contrôler
la répartition du capital. On peut également organiser avec beaucoup de liberté les modalités
pratiques de convocation et de réunion des associés (par téléphone, par visio-conférence, etc.)
et dans un délai que l'on fixe librement. Cette liberté n'existe pas dans une SARL ou dans une
SA, où les modalités de convocation des associés sont fixées par la loi.

Les associés ont droit à un rapport d’information annuel sur la santé de la société, aux
bénéfices sociaux et au droit de vote concernant les décisions collectives. Ils ont pour
obligation de réaliser les apports, d’être responsable des dettes sociales dans la limite de leur
apport et de respecter les statuts.
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ACTIONNARIAT

La SAS est une société nécessairement fermée contrairement à la SA qui peut être cotée en
bourse. La SAS se caractérise donc par un fort intuitus personae. Cela permet une protection
efficace des intérêts des associés, puisque ceux-ci seront assurés de contracter avec des
associés en qui ils auront confiance, grâce à divers mécanismes. Cela s’observe dans les
mécanismes relatifs à la négociabilité des actions, il est possible d’avoir dans les statuts des
clauses d’agréements (art L227-14 c.co) ce qui est assez classiques mais aussi des clauses
d’inaliénabilité (Art L 227-13 c.co) qui interdisent donc de vendre les actions pendant un
certains temps avec une durée maximale de 10 ans ou encore des clauses de rachat forcée qui
permettent l’exclusion d’un actionnaire dans certaines circonstances (Art L227-16 c.co).

C’est l’esprit contractuel et non sociétal qui règne en maître dans la SAS. De plus et c’est
assez important pour être souligné, il est possible de mettre en place pour une durée de 10 ans
max une clause d’inaliénabilité…pendant la période de la clause, les associés ne peuvent (et
ce même devant les tribunaux) sortir de la société, ils sont les esclaves de la société ce qui
montre qu’ici la négociabilité des actions est plus une caractéristique technique qu’un droit
substantiel. La suppression de la clause doit passer par la modification des statuts et donc un
vote unanime des associés. Le Code de commerce ajoute (art L227-15) que toute cession
d’action effectuée en violation des clauses statutaires est nulle.

La constitution d’une SAS c’est une page blanche qui permet de faire « ce que l’on veut ».
On peut grâce à cette liberté revoir les montages des sociétés et réaliser des objectifs
impossibles auparavant dans le seul cadre d’une société (démembrer des actions sans
constituer un usufruit par exemple). Mais cela nécessite un savoir-faire juridique que des
associés ordinaires n’ont pas forcément et l’absence de règles subsidiaires claires peut amener
à quelques incohérences.

Partie II La SAS, Une liberté doit qui savoir se piloter

Dans cet océan de liberté, la SAS présente toutefois des contraintes (A). Par ailleurs, une
mauvaise utilisation de la liberté contractuelle peut faire apparaître un manque incontestable
d’encadrement du législateur voulu certes mais aux conséquences parfois inattendues. (B).

A. Une SAS dotée de limites intrinsèques

Lorsque l’on parle du capital symbolique la réalité de cette possibilité de constituer une SAS
avec un capital symbolique doit être nuancée. En effet les créanciers de la société exigeront
probablement des garanties financières de la part des actionnaires. En effet, pourquoi
risquerait-il plus d'argent que le porteur de projet lui-même ?

La plus grande limite de la SAS, réside dans l’impossibilité d’offrir au public les titres qu’elle
émet ce qui pousse beaucoup à rester fidèle aux SA (Art L 227-2 c.co). Les titres ne peuvent
pas être cotés et être présent sur les marchés financiers.
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Par ailleurs, cette restriction a été desserrée par le législateur dans une Ordonnance du 22
janvier 2009 par laquelle la SAS peut offrir ses titres au public mais seulement à des
investisseurs qualifiés (service de gestion de portefeuille), ou concernant un montant des
actions émises supérieure à 50000 euros afin de limiter les risques pour un particulier. Comme
il est possible d’ouvrir le capital à un business angel ou un fonds d’investissement, la SAS est
de fait la forme juridique de prédilection des start-up de plus en plus nombreuses notamment
dans le domaine des nouvelles technologies.

Notons que dans le cas de la SASU, l’associé unique ne peut déléguer ses pouvoirs concernant
l’approbation des comptes et ce afin d’éviter qu’il perde le contrôle de sa société en cas de
statuts mal rédigés. Il convient d’impliquer cet associé dans la gestion de l’entreprise et ce
même s’il délègue tous ses pouvoirs au président. On a ci un exemple d’une limite à la
délégation de pouvoir permise. Mais on l’a vu pour les décisions non collectives la liberté est
totale ce qui peut amener un tiers à prendre ces décisions et cela entraîne un risque de rendre
improbable tout lien de subordination si l’on donne trop de pouvoirs aux dirigeants de la SAS
par rapport aux actionnaires.

Autre limite à la SAS c’est le besoin de l’unanimité des associés pour transformer une société
en SAS. Cela freine la généralisation de la SAS. Notons que nul ne peut être contraint d’entrer
dans une SAS sans l’avoir voulu ainsi l’unanimité est nécessaire également en cas d’absorption,
sauf par une autre SAS.
Il reste possible pour les associés qui veulent bénéificier de la liberté contractuelle de construire
une SAS holding afin de contrôler la SA réticente.

Ce qui est important, c'est d'analyser en amont les besoins et souhaits des fondateurs de la
société et de déceler le désaccord potentiel qui pourrait naître entre eux et compromettre
l'avenir de la société. L'avocat a un rôle important à ce niveau et peut adapter les statuts de la
SAS en conséquence. Les statuts sont très importants puisqu’ils déterminent précisément
l’organisation et la répartition du pouvoir. Il y a donc tout intérêt à les faire rédiger par un
professionnel, avocat, expert-comptable, etc. La rédaction des statuts représente un coût à
prendre en compte au moment de la constitution de la société.Par ailleurs cela peut-être un frein
pour les particuliers car s’il est possible de créer une SARL en 15 jours ce n’est pas le cas
d’une SAS.
De plus il peut être difficile pour les tiers de savoir à qui ils ont affaire. Il est recommandé aux
tiers de se procurer un exemplaire des statuts pour toute affaire importante avec une SAS. En
cas de litige les juges pratiqueront l’interprétation des statuts et des actes des organes sociaux
ce qui ouvrent la voie à d’infinies variations. Le plus gros problème réside donc en des statuts
incomplets : par exemple pour la désignation des dirigeants de la SAS il n’y a pas de règles
supplétives aux statuts (décision collective selon les principes du droit des sociétés mais
supposition).

Cette grande liberté contractuelle a parfois pour conséquence de laisser les associés dans un
flou juridique. Pour cette raison il est important d’accorder de l’attention à la rédaction des
statuts sinon on risque de faire face à des situations assez innatendues.

B. Des conséquences innatendues à la liberté contractuelle

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La liberté statutaire entraine quelques curiosités techniques, par exemple l’art L.227-1 c.co
exige des statuts pour les apports, qu’ils fixent « le délai au terme duquel, après leur émission,
ces actions font l’objet d’une évaluation dans les conditions prévues à l’article L.225-8 ».
Aussi cela suppose-t-il la possibilité de les évaluer après leur disparition ? Et si l’évaluation
paraît excessive, le commissaire aux apports qui n’intervient qu’après l’apport peut-il
ordonner la restitution des sommes ou prononcer la résiliation des apports. La liberté
statutaire laisse beaucoup de question en suspens sans que la jurisprudence n’offre pour le
moment de solutions satisfaisantes.

Les dispositions sur la SAS renvoient parfois aux règles de la SA en cas de silence des statuts.
Mais c’est loin d’être le cas pour tous les problèmes qui peuvent advenir. Une solution étant
une clause de renvoi en cas de soucis au droit de la SA mais on fait face au risque qu’un
actionnaire de mauvaise foi fasse jouer à outrance ce renvoi, la liberté de la SAS perdant alors
sa substance. Il faut également prendre garde au regard de la grande liberté permise sur les
clauses des statuts de ne pas les rendre incompatibles entre elles au risque de bloquer la
société. Il est également nécessaire pour les associés de mettre en place un système efficace
d’informations pour qu’ils puissent prendre les bonnes décisions.

Notons enfin que le rôle d’actionnaire dans une SAS peut être fragile ce qui illustre le fort
caractère intuitu personae ET l’importance de réserver ce genre de sociétés à de petites
structures ou à des filiales possédées par des groupes.
Un exemple réside dans un arrêt de 2007, l’arrêt d’Hem qui amène à penser que deux
actionnaires minoritaires peuvent faire sortir un actionnaire majoritaire en capital s’il est
prévu dans les statuts que certaines conditions peuvent conduire un associé à céder ses parts et
que cette décision n’est pas subordonnée à une décision collective des associés.
Voici une solution bien étrange montrant que la SAS semble capable de remettre en question
le rôle même de l’associé au sein d’une société. Néanmoins il pourra céder ses parts puisque
la loi indique que toute réduction du capital (donc annulation d’action) relève d’une décision
collective. En revanche s’il est minoritaire, il sort sans rien. Les associés peuvent même
bloquer ses droits non pécuniaires tant qu’il n’a pas céder ses actions.

BILAN APRES 20 ANS FACE AUX ATTENTES DU LEGISLATEUR

Depuis la loi du 12 juillet 1999, la Société par Actions Simplifiée suscite depuis cette date un
engouement exceptionnel. Au 1er juillet 1999, on recensait 2.370 SAS, Début 2002, elles
passaient la barre des 23.683 sièges sociaux pour culminer, au 1er janvier 2003 à 43.665, soit
une croissance mensuelle, sur douze mois, de plus de 84%. Hors auto-entreprise, le statut le
plus populaire demeure celui de la SARL (43 % en 2013), mais celui-ci connaît un déclin
continu depuis 2009 (- 56 %). En revanche, les créateurs d’entreprises optent de plus en plus
pour la société par actions simplifiées (SAS) + 38 % et sa version unipersonnelle (SASU) +
72 %. En 2013, ces deux statuts représentaient 29 % des créations d’entreprises.

Signe de sa banalisation, on relève sa présence aujourd'hui dans tous les secteurs de


l'économie. On la trouve aussi bien dans le secteur de l'immobilier où elle commence à
concurrencer les Sociétés Civiles Immobilières, que dans le secteur de la construction et dans
le commerce et la distribution d'articles domestiques Par ailleurs, après avoir été une société
"parisienne", ses effectifs sont aujourd'hui répartis sur l'ensemble du territoire prouvant que

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son avenir n'est plus limité aux grands groupes dont les sièges sociaux sont traditionnellement
regroupés en région parisienne.

Par rapport à la SA, trois objectifs de libéralisation ont guidé la législation, quant aux apports,
à l’organisation et à la maîtrise du capital. Ajoutons que la jurisprudence soutient le
mouvement libérale engagé par le législateur concernant la gestion de la SAS…la délégation
de licencier par exemple est possible et n’a pas à être prévu par les statuts. De plus une telle
délégation peut être tacite et résulter des fonctions d’un salarié.

Souvent la question se pose de savoir choisir entre SARL et SAS, la SA elle étant réservée
aux grosses entreprises. La SAS permet un développement plus rapide et plus souple pour les
particuliers mais ses caractéristiques sont souvent méconnu du grand public.

Un aspect assez important notamment pour les jeunes entreprises est la possibilité d’intéresser
les jeunes salariés au capital de la société. En effet, la SAS possède les outils juridiques
nécessaires, les bons de souscription d’actions prévu par la loi par exemple que les dirigeants
vont pouvoir attribuer à leur salarié les plus important alors même qu’ils ne pourront pas les
retenir au sein de l’entreprise avec une rémunération importante car il n’y a pas encore assez
de moyens financiers. Encore une fois la SAS apparaît adapter à la start up.

Malgré la difficulté de transformer une SA en SAS le courant de transformation s’est


néanmoins amplifié depuis 1999. La SARL bien que libéralisée également a perdu en 2008
l’exclusivité de quelques avantages (dispense de commissaire aux comptes, possibilité
d’apport en industrie…). Aussi la SAS à terme devrait rendre la SARL inutile et réduire le
segment des SA fermées. Elle est la première forme de société par actions en France.

La SPE (société privée européenne) repose sur le même objectif que la SAS, ouvrir les
Sociétés européennes aux PME.
Le projet avance à la vitesse communautaire, par à-coups. La structure sera régie par un
règlement et les statuts de la société. Néanmoins vu que le droit applicable sera celui de la
SARL malgré le fait que ce soit une société par actions, la SAS conservera son charme
libertaire.

L’influence du droit de la SA dans celui de la SAS en résulte un paysage contrasté, très


libérale sur son organisation interne mais très réglementé sur le régime fiscal et social. Les
solutions applicables aux SA fermées sont souvent transposables aux SAS et ici encore la
liberté offerte peut être à double tranchant en présence d’associés peu portés sur le droit.

Petit Bilan :
. La SARL est adaptée aux projets de création d'entreprises de la taille d'une PME, avec un
nombre d'associés limité ;
. La SAS s'adresse quant à elle à des projets nécessitant un capital important et surtout la
présence d'investisseurs pour permettre le développement de la société ;
. La SA à la grande entreprise, qui veut faire appel public à l'épargne, voire être cotée en
bourse et dont les obligations en matière de rapport de gestion et dépôt des comptes sont
régulièrement renforcées.

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« La SAS est à la SA ce que le sur-mesure est au prêt-à-porter » selon Jean-Pierre Bertrel,
professeur à l’ESCP Europe.

Les actionnaires doivent ainsi veiller à ne pas se laisser étourdir par la très grande liberté
statutaire qui est la leur lors de la rédaction des statuts, car certaines dispositions, ne pourront
pas la suite n’être modifiées qu’à l’unanimité des actionnaires. De plus les coûts juridiques
d’interprétation de statuts peu clairs font vite perdre tout intérêt à une société attractive entre
autre chose pour ses faibles coûts de fonctionnement.

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