Les Morales de Sarte
Les Morales de Sarte
Les Morales de Sarte
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Jean-Paul Sartre, Benny Lévy, L’Espoir maintenant, Les entretiens de 1980, Verdier 1991, p. 36
30
Ibid, p. 171.
31
Jean-Paul Sartre, Benny Lévy, L’Espoir maintenant, Les entretiens de 1980, Verdier 1991, p. 41.
libre. « Ce qu’il y a de caractéristique dans la morale, c’est que l’action, en même temps
qu’elle apparaît comme subtilement contrainte se donne aussi comme pouvant ne pas
être faite. Et donc quand on la fait, on fait un choix et un choix libre ». Une contrainte
qui a ceci de surréel qu’elle ne détermine pas. L’unité du projet sartrien tient dans ce
souci constant de fonder pour fonder une morale collective et concrète où une vertu sans
« moraline » se forme à partir de la réciprocité des consciences en situation. Sartre ne
cherchait pas à tenir des positions doctrinales, ni à vivre en rentier de son capital
philosophique, ni d’aucun autre d’ailleurs. Il le disait avec la plus grande clarté, à
l’époque où il s’interrogeait sur son destin non encore accompli de grand homme : « Je
n’essaie pas de protéger ma vie après coup par ma philosophie, ce qui est salaud, ni de
conformer ma vie à ma philosophie, ce qui est pédantesque, mais vraiment, vie et philo
ne font plus qu’un »32. Au fond, si la philosophie de Sartre est toujours à refaire, il en
avait la plus vive conscience, c’est qu’elle ne saurait être une doctrine, encore moins la
doctrine du seul Sartre.
32
Jean-Paul Sartre, Carnet de la drôle de guerre, Gallimard, p. xx