La Douleur Chez L'enfant
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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
PÉDIATRIE
PHARMACOLOGIE
La douleur chez l’enfant
I-6-68
Dr Pierre LEBLOND
Chef de Clinique
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1-6-68
La douleur
chez l’enfant
Objectifs :
– Repérer, prévenir et traiter les manifestations douloureuses
pouvant accompagner les pathologies de l’enfant.
– Préciser les médicaments utilisables chez l’enfant selon l’âge, avec
les modes d’administration, indications et contre-indications.
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L’évaluation de la douleur doit se faire, si possible au calme, et doit être répétée souvent, même
après que le traitement antalgique a été débuté.
3. Chez les enfants de moins de 4 ans ou chez les enfants démunis de moyens
de communication suffisants
On effectuera une hétéroévaluation. La méthode la plus employée est l’échelle DEGR
(Douleur Enfant Gustave-Roussy). Cette échelle repose sur la cotation de 0 à 4 de 10 items
(position antalgique au repos, manque d’expressivité, protection spontanée des zones doulou-
reuses, plaintes somatiques, attitude antalgique dans le mouvement, désintérêt pour le monde
extérieur, évaluation de la mobilisation passive, localisation de zones douloureuses par l’enfant,
réaction à l’examen des zones douloureuses, lenteur et rareté des mouvements). Le seuil d’in-
tervention thérapeutique est fixé à 10/40.
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Légère 1à3 1 2 I
Modérée 3à5 2 4 I ou II
Intense 5à7 3 6 II ou III
Très intense >7 4 8 ou 10 III
5. Moyens de lutte contre la douleur : ils peuvent être pharmacologiques et non phar-
macologiques.
Les moyens non pharmacologiques à notre disposition sont les suivants :
– distraction ;
– relaxation ;
– attitude rassurante de l’entourage ;
– information de l’enfant (lui expliquer la cause de sa douleur, le prévenir de la réalisation
d’un geste douloureux et lui expliquer l’intérêt de ce geste).
La présence des parents auprès de l’enfant lors de la réalisation de gestes douloureux doit être
possible, à chaque fois que la famille et l’enfant le souhaitent.
1. Antalgiques de niveau I
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● Les risques liés à l’utilisation du paracétamol doivent être connus. Les intoxications avec
atteinte hépatique grave s’observent dans la plupart des cas suite à l’administration itérative
de fortes doses. Le traitement fait appel à la N-acétylcystéine. La prévention consiste à édu-
quer l’entourage du jeune enfant à ne pas considérer le paracétamol comme un médicament
sans risque.
En pratique courante, les limites d’utilisation du paracétamol concernent les allergies
connues à ce médicament et une atteinte hépatique pré-existante sévère. Il n’existe en
revanche aucun argument objectif pour contre-indiquer ce médicament aux doses usuelles
chez l’insuffisant hépatique chronique.
2. Analgésiques morphiniques
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phine-6-glucuronide (M6G) ; le M6G est excrété par le rein et possède des propriétés anal-
gésiques et de dépression respiratoire qui peuvent se manifester en cas d’insuffisance rénale.
La demi-vie de ces métabolites est augmentée chez le nouveau-nés et l’intervalle entre les
administrations doit être adapté.
● Le fentanyl est un opioïde de synthèse cent fois plus puissant que la morphine, très liposo-
luble, fortement lié aux protéines plasmatiques et ayant peu d’effet hypnotique ou sédatif. Le
délai d’action est court (1 minute) et la durée d’action est brève. Le fentanyl peut entraîner
une bradycardie et une rigidité thoracique lors d’administration rapide. Il doit être utilisé en
perfusion lente. L’emploi de cette molécule est rare et doit se faire sous surveillance rappro-
chée.
Le Fentanyl peut être utilisé par voie transdermique sous forme de patch, notamment dans les
douleurs chroniques (cancer). Le taux sanguin est relativement constant après 8 heures et est
assuré pour une durée de 72 heures.
● L’hydromorphone (Sophidone) est un dérivé de la morphine. Cet agent est 6 à 7 fois plus
puissant que la morphine. Sa durée d’action est de 4 à 6 heures et la demi-vie de 3 à 4 heures.
Chez certains patients, l’hydromorphone serait moins sédative que la morphine et produirait
moins de prurit, de nausées et de vomissements.
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patient. La PCA est la modalité d’analgésie qui prend le mieux en compte la variabilité
interindividuelle des besoins antalgiques, puisque c’est le patient qui régule lui-même sa
consommation. Les seules contre-indications formelles de la PCA sont la non-coopération
prévisible du patient et l’impossibilité de surveillance. L’âge limitant serait 6 ou 7 ans.
b) La voie intramusculaire est à proscrire, car elle est douloureuse ! Les taux sanguins sont très
variables : dus à une grande variabilité de l’absorption.
c) La voie sous-cutanée est une alternative intéressante si une voie veineuse n’est pas dispo-
nible.
d) La voie orale possède l’avantage de la simplicité. Le début d’action est différé, et la biodis-
ponibilité est faible et variable. Il existe des morphiniques d’action rapide utilisables per os
(Actiskenan, Sevredol), et d’action retardée (Skenan LP, Moscontin, Sophidone).
e) La voie transdermique est possible grâce aux patchs de fentanyl. Ils sont utilisés chez les
enfants pour qui les voies orale et veineuse sont impossibles, principalement chez les enfants
cancéreux. L’utilisation chez l’enfant de moins de 12 ans est déconseillée.
f) L’emploi d’autres voies d’administration (intranasale, buccale, sublinguale, rectale) est anec-
dotique. Par ailleurs, celui des voies intrathécale et épidurale est rarissime mais très efficace.
a) La dépression respiratoire
● C’est l’effet secondaire le plus redouté, responsable de la réticence des soignants à l’utilisa-
tion des morphiniques. Il s’observe avec tous les opioïdes administrés à doses équipotentes
et est dose-dépendant. L’âge (nouveau-nés et prématurés), l’existence d’une pathologie systé-
mique sévère (cardio-vasculaire, insuffisances hépatique ou rénale), l’obstruction des voies
aériennes ou un statut mental altéré et/ou l’usage simultané de sédatifs sont des facteurs aug-
mentant le risque de dépression respiratoire secondaire aux opioïdes.
● Chez ces patients, la dose à administrer doit être diminuée de moitié et titrée.
● Le traitement de la dépression respiratoire consiste en une assistance ventilatoire suivie de
l’administration d’un antagoniste pur, la naloxone (Narcan), de préférence par petites doses
répétées (1µg/kg), de façon à tenter d’antagoniser cet effet tout en préservant l’effet antal-
gique.
b) La sédation
C’est un effet souvent désiré chez l’enfant jeune ou chez l’enfant ventilé, mais elle est néfaste
dans le traitement des douleurs chroniques en interférant avec la vie quotidienne. Cependant
une tolérance, se produit généralement après deux ou trois jours.
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2. Crème Emla
C’est un mélange équimolaire de deux anesthésiques locaux, la lidocaïne et la prilocaïne. L’effet
est obtenu grâce à une diffusion au travers de la peau pour bloquer la transmission neuronale
et les récepteurs dermiques. Elle s’applique sur peau saine avec un pansement occlusif pendant
une durée de 60 à 90 minutes avant une ponction veineuse, une ponction lombaire ou une
effraction cutanée. L’anesthésie cutanée obtenue est d’une profondeur de 3 à 5 mm. L’AMM est
donnée pour les enfants de 3 mois et plus.
3. Midazolam (Hypnovel)
Il ne s’agit pas d’un antalgique au sens strict du terme. Le midazolam est une benzodiazépine
de demi-vie courte, fréquemment utilisée dans la sédation consciente de l’enfant. Il peut être
administré par voie intraveineuse, orale, sublinguale, intranasale et intrarectale. Il peut être
utilisé pour les gestes douloureux (ponction lombaire, myélogramme, petite chirurgie, panse-
ment de brûlé…), accompagné d’un antalgique. L’antidote est le flumazénil (Anexate).
4. Antispasmodiques
Ils agissent sur la composante spasmodique qui aggrave la douleur.
On peut utiliser le tiémonium (Viscéralgine), musculotrope anticholinergique, dans les
troubles fonctionnels du tube digestif et dans les douleurs des voies urinaires. Il est contre-
indiqué en cas de glaucome.
Le plus utilisé reste le phloroglucinol (Spasfon), qui est un antispasmodique non atropinique.
Il est indiqué dans les douleurs intestinales, coliques néphrétiques, coliques hépatiques, et dys-
ménorrhée. Il peut être administré per os, par voie rectale ou intraveineuse.
5. Tétines et sucre
Chez le nouveau-né, la succion non nutritive d’une tétine ainsi que l’administration de sac-
charose ou de glucose (en pratique, on utilise 2 ml de glucose à 30 % suivi de la succion d’une
tétine) ont montré un effet analgésique lors de gestes mineurs comme les prélèvements san-
guins. L’action antalgique du sucre est probablement dûe à la libération d’opioïdes endogènes,
car l’effet est bloqué par l’administration préalable de naloxone.
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6. Anesthésie locale
Les anesthésiques locaux bloquent de façon réversible la conduction de l’influx le long des
fibres nerveuses centrales ou périphériques. En pratique, on utilise la lidocaïne (Xylocaïne)
que l’on peut associer à l’adrénaline. L’adrénaline, par son effet vasoconstricteur, diminue l’ab-
sorption plasmatique et augmente la fixation neuronale locale. L’adjonction d’adrénaline est
contre-indiquée dans les zones périphériques où la circulation artérielle est de type terminale
(doigts, orteils, zone périorbitaire, pénis). La lidocaïne peut être utilisée en application topique
ou en injection locale.
2. Moyens thérapeutiques
a) Les antidépresseurs
On utilise, en première intention, l’amitriptyline (Laroxyl), que l’on peut administrer per os
(0,3 à 1 mg/kg/jour, en dose unique le soir), ou intraveineuse en particulier en cancérologie. Les
effets secondaires sont les suivants : bouche sèche, somnolence, désorientation, rétention
d’urines et constipation. Ces effets imposent la diminution temporaire de la dose et la prise en
charge des symptômes.
b) Les anticonvulsivants
● On aura recours au clonazépam (Rivotril en gouttes) per os à la dose de 0,03 à 0,1 mg/kg/jour.
Ces 2 molécules n’ont pas l’AMM dans cette indication chez l’enfant.
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La douleur chez l’enfant 1-6-68
E/ Conclusion
La prise en charge de la douleur de l’enfant ne doit pas être négligée. La première difficulté est
de la reconnaître chez un enfant qui, bien souvent, ne verbalise ni sa douleur ni ses angoisses.
Le traitement doit être adapté au type de douleur (par excès de nociception et/ou neuropa-
thique) et mis en place sans délai chez un enfant douloureux. Le recours à la morphine doit
être envisagé sans retard dans les douleurs importantes.
Enfin, il faut savoir rapidement réévaluer la douleur de l’enfant après la mise en route du trai-
tement antalgique, pour pouvoir rapidement l’adapter. ■
POINTS FORTS
La douleur est souvent sous-évaluée chez l’enfant, d’autant plus qu’il ne peut la
verbaliser. Cela a pour conséquence une prise en charge insuffisante.
La douleur doit être évaluée de façon répétée avec une échelle adaptée à l’âge.
L’évaluation initiale guidera la mise en route du traitement (type et intensité de la
douleur).
La douleur doit ensuite être réévaluée régulièrement afin d’adapter le traitement.
Ne pas négliger les moyens non pharmacologiques de lutte contre la douleur.
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