Robsomanitrandrasana PHA14
Robsomanitrandrasana PHA14
Robsomanitrandrasana PHA14
FACULTÉ DE PHARMACIE
THЀSE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT
DE DOCTEUR EN PHARMACIE
par
Antsa ROBSOMANITRANDRASANA
Présentée et soutenue publiquement le 13 Octobre 2014
Président :
Mme Laurence COIFFARD, Professeur de Cosmétologie
Membres du jury :
Mme Gaëtane WIELGOSZ-COLLIN, Maîtres de Conférences en Chimie Générale
Mme Catherine DUMAS-PILHOU, Pharmacien titulaire
Remerciements
À Mme Laurence Coiffard, pour avoir très gentiment accepté de présider mon jury de
thèse, veuillez trouver ici mes sincères remerciements.
À Vony, sans qui je n’aurais jamais pu faire mes manipulations au labo pendant
toutes ces semaines. Une grande aide qui me permet aujourd’hui de présenter ce travail.
À Aurélie Couzinet, merci d’avoir éclairé ma lanterne chaque fois que j’étais dans le
flou.
À GP, merci de vous être tant intéressé à mes recherches, et même à y avoir pris
part, en me fournissant moult informations qui m’ont beaucoup aidée.
À Maholy, ton aide comme ton passage furent brefs mais tellement efficaces !
À mes parents, pour m’avoir autant donné, pour avoir cru en moi et m’avoir sans
cesse encouragée. Ma réussite aujourd’hui ne saurait être mise à l’honneur sans vous être
associée. Merci pour tout.
À mes amies de la fac, Camille, Fanny L, Irena, Charlotte, Esther, Marie-Lou, Célia,
Karine. Sans vous ces années n’auraient pas été les mêmes. Merci pour tous ces bons
moments.
À la famille Tortereau, merci pour votre soutien durant toutes ces années.
Sommaire
Introduction................................................................................................................................ 1
IV. Longueur de chaîne équivalente (LCE) et analyse des mélanges d’acides gras ........ 11
Conclusion ................................................................................................................................ 24
Annexes .................................................................................................................................... 26
Afin de vérifier cette composition, 7 savons dits « d’Alep » pris au hasard dans le
commerce ont été analysés. En effet, chaque huile possède une teneur caractéristique en
différents acides gras (AG), et ce sont eux qui vont être identifiés et quantifiés pour pouvoir
déterminer la constitution du savon analysé.
1
PARTIE 1 : LE SAVON D’ALEP
De fait, les origines de ce savon sont très anciennes et il serait à l’origine des tous
premiers savons durs (Saryane sas©, 2014 ; La maison d’Orient©, 2014). Mais malgré sa
présence en Orient depuis plusieurs centaines d’années, son arrivée en Europe s’est fait
attendre et son utilisation est intimement liée à l’évolution de la notion d’hygiène.
Dans l’Egypte ancienne, au temps des pharaons, les égyptiens préparaient du savon
grâce à un mélange d’un alcali et d’une huile. Ce procédé de fabrication fut connu jusqu’en
Palestine dès l’époque des Prophètes (Grand Larousse Encyclopédique, 1964).
En Grèce dans l’ère du Christianisme, les grecs prenaient des bains de vapeur et
s’exfoliaient la peau avec des grattoirs en os, en métal ou en ivoire. Ce n’est que plus tard
qu’ils utilisèrent le natron pour fabriquer un savon de toilette à base d’huile (Grand Larousse
Encyclopédique, 1964 ; H.B. Routh et al., 1996).
À partir du 1er siècle après J-C, les gaulois utilisèrent une pâte qu’ils nommèrent « sapo »
pour le soin de leur chevelure. Ensuite, les romains eux aussi fabriquèrent leur savon, à base
de graisse animale et de potasse contenue dans les cendres des végétaux. Hommes et
femmes se rassemblaient dans des thermes, structures géantes dans lesquelles ils passaient
2
le plus clair de leur temps à négocier, discuter, festoyer, et même se restaurer (Grand
Larousse Encyclopédique, 1964 ; H.B. Routh et al., 1996).
Mais quand les maladies épidémiques comme la peste se répandirent, les médecins
devinrent de plus en plus méfiants de ces thermes, alléguant du fait que grâce à l’eau et la
chaleur, les maladies se développaient, se transmettaient, et fusionnaient entre elles pour
devenir plus virulentes. C’est ainsi qu’au cours du Moyen-Âge, les principaux thermes,
devenus étuves, fermèrent par décret et que l’eau ne fut plus utilisée car considérée comme
s’infiltrant dans le corps (G. Vigarello, 1985).
L’huile d’olive : Sur l’olivier (Olea europaea L.) pousse un fruit, l’olive, qui une fois
récoltée, donne l’huile d’olive par pression à froid. Cette huile est souvent le
composant majoritaire du savon d’Alep.
L’huile de baies de laurier : c’est la baie noire du laurier « sauce » ou encore laurier
noble (Laurus nobilis L.) qui est utilisée pour obtenir un beurre huileux et aromatique.
Ce dernier est composé d’une huile fixe, et d’une huile essentielle (C. Almayrac, A.
Caldo, 2010). Celle-ci correspond au « laurus nobilis oil » (nom INCI : International
Nomenclature of Cosmetic Ingredients), à ne pas confondre avec le nom INCI « laurus
nobilis extract », extrait des feuilles de laurier. Il est à noter que seules ces deux
huiles sont autorisées dans la composition des produits cosmétiques selon
« L’inventaire des ingrédients cosmétiques autres que les matières parfumantes et
aromatiques ». Or l’huile fixe issue de la baie de laurier est parfois utilisée dans
certains produits cosmétiques dont le savon d’Alep (J.Rioual, 2011). De plus, lors de
l’obtention de l’huile de baie, il est difficilement imaginable qu’une partie de l’huile
4
de la graine (au cœur de la baie) ne soit pas entrainée en décoction alors que celle-ci
est formellement interdite dans la composition des produits cosmétiques. En effet,
cette huile est référencée en annexe II de la directive européenne 76/768/CEE
modifiée. Elle y est classée sous le numéro d’ordre 359, et sous la dénomination
« Huile de graines de Laurus nobilis L. ». Il n’empêche que c’est la teneur de l’huile de
baies de laurier, allant de 5 à 80% pour le « royal », qui est gage de qualité du savon
d’Alep et détermine son prix.
La soude naturelle, obtenue grâce aux cendres de salicorne (Salicornia europaea L.),
ramassée dans la steppe syrienne par les bédouins (C. Delpal, 2014)
Les huiles d’olive et de baies de laurier sont obtenues en décembre et janvier, après la
cueillette des fruits mûrs. S’en suit la cuisson de l’huile d’olive et de la soude pendant
plusieurs heures, voire plusieurs jours, dans des chaudrons en cuivre. La pâte est
régulièrement goutée par les maîtres savonniers pour s’assurer de sa qualité. Ce n’est qu’à la
toute fin de cuisson que l’huile de baies de laurier est ajoutée.
Après cette phase de saponification, la pâte est coulée à même le sol pour être
refroidie. Elle est ensuite découpée manuellement en pains puis estampillée au nom du
fabricant.
5
Figure 4:Découpe et estampillage du savon
(www.derm-alep.com)
Enfin, les pains sont échafaudés en tour en quinconce pour un séchage et une
maturation d’au moins 9 mois (C. Delpal, 2014) qui donnera au savon cette croûte brunâtre
irrégulière caractéristique et son cœur vert émeraude.
Après cette description de la recette traditionnelle des savons d’Alep, il nous a paru
important d’en vérifier la composition. La suite de cet exposé traite donc de l’analyse de la
composition en acides gras de 7 savons d’Alep achetés au hasard dans le commerce.
6
PARTIE 2 : MATERIEL ET METHODE
Leur classification peut se faire selon deux approches. Elle peut être basée sur leur
caractère hydrolysable ; la saponification (l’hydrolyse à chaud des lipides en milieu alcalin)
permet d’obtenir deux fractions distinctes :
les saponifiables : ce sont les lipides capables de former des savons (ou sels d’acides
gras) comme les glycérides, les phospholipides ou les sphingolipides ;
les insaponifiables, généralement les stérols et les lipides à structure isoprénique.
La classification lipidique peut aussi s’appuyer sur leur polarité. Sont alors distingués :
les lipides polaires tels que les glycolipides ou les phospholipides ;
les lipides neutres (acides gras, triglycérides, stérols,…).
7
I. METHODE D’ANALYSE :
LA CHROMATOGRAPHIE EN PHASE GAZEUSE COUPLEE A LA SPECTROMETRIE DE MASSE
(CPG/SM) POUR L’ETUDE DES ACIDES GRAS
En général, les acides gras sont libérés par une réaction avec du KOH (potasse) appelée
saponification. Ensuite les acides gras libres sont transformés en esters méthyliques. Les
dérivés des esters méthyliques se présentent sous forme de mélanges complexes volatils et
injectables en CPG/SM. Les différents spectres de masse individuels obtenus sont exploités
pour déterminer les structures des principaux acides gras saturés et insaturés. Les places des
insaturations sont identifiables en CPG/SM grâce aux dérivés N-acylpyrrolidides directement
obtenus à partir des esters méthyliques.
La chromatographie en phase gazeuse (CPG) est une méthode d’analyse par séparation
qui s’applique aux échantillons gazeux ou susceptibles d’être vaporisés par chauffage sans
qu’ils ne se décomposent (Arpino et al., 1995). Cette technique permet de séparer des
mélanges très complexes. L’appareillage est composé d’un injecteur diviseur où sera placé
l’échantillon à analyser, d’une colonne capillaire de plusieurs mètres où les molécules de
l’échantillon seront entrainées grâce à un gaz vecteur (hélium, azote, argon ou hydrogène),
et d’un détecteur.
8
Figure 6:Schéma explicatif de la CPG
(source : laboratoire MMS)
9
II. ESTERS METHYLIQUES D’ACIDES GRAS (EMAG)
Comme expliqué précédemment, les acides gras sont souvent obtenus par une réaction
de saponification avec de la potasse alcoolique puis les acides gras libres sont transformés
en esters méthyliques, mais dans notre cas, puisque nous partons d’un savon, les acides gras
sont déjà saponifiés. Il est simplement ajouté de l’acide chlorhydrique (HCl) à 2mol/L pour
les libérer.
Les acides gras libres obtenus sont ensuite estérifiés en EMAG par du méthanol
chlorhydrique 6%.
Les EMAG sont faciles à exploiter en CPG/SM puisqu’ils sont très peu polaires et très
volatils. De plus, ils répondent aux critères de dérivation exploitable en couplage CPG/SM,
énoncés ci après :
les dérivés doivent être séparables en CPG avec une excellente résolution ;
10
III. DERIVES N-ACYLPYRROLIDIDES (NAP)
Quelques acides gras (les saturés) sont entièrement identifiés grâce à l’analyse CGP/SM
des seuls EMAG correspondants alors que les insaturés ne sont totalement identifiables qu’à
partir des spectres de masse des dérivés des pyrrolidides (NAP). Ces dérivés d’acides
possèdent plus d’affinités de structure avec la colonne. Ainsi, ils ont l’avantage d’être stable
sous impact électronique et de produire une série de fragments homologues, à partir du
début fonctionnel de la chaîne jusqu’à l’ion moléculaire.
AcOH
RCOOMe + H Reflux, 1h RCO + CH 3OH
Ce type de dérivés choisis pour compléter les identifications des acides gras, est très
utilisé au laboratoire (Barnathan, 1993) mais d’autres auteurs comme Yu ont développé les
dérivés de 4,4-diméthyloxazoline (DMOX) pour localiser les ramifications des acides (Yu et
al., 1988).
Les réactions effectuées pour obtenir ces EMAG et NAP ont été faites selon les modes
opératoires du laboratoire présentés en annexe page 27 et 28. Il est à noter encore une fois
que puisque nous partons d’un savon, la manipulation commence à partir du paragraphe
« Préparation pour l’acétylation sur la phase aqueuse B ».
IV. LONGUEUR DE CHAINE EQUIVALENTE (LCE) ET ANALYSE DES MELANGES D’ACIDES GRAS
Afin d’identifier certains acides gras ou de s’assurer de leur structure, nous avons eu
recours au calcul de différentes LCE. La longueur de chaîne équivalente est décrite dès 1956,
James et Martin ont mis en évidence une relation entre le logarithme du temps de rétention
réduit (Tr) et le nombre de carbones n des acides gras saturés à chaîne normale, log Tr = an +
b. Cette équation donne une droite de régression linéaire, à partir de points correspondants
aux acides gras saturés, laquelle a donné naissance à la notion de longueur de chaîne
équivalente (LCE) ou longueur équivalente de chaîne (LEC) selon Tranchant et Prévôt, dans le
11
« Manuel pratique de chromatographie en phase gazeuse » (Arpino et al., 1995). La longueur
de chaîne équivalente est, par définition, « le nombre d’atomes de carbone d’un acide gras
fictif à chaîne normale saturée qui aurait le même temps de rétention (Tr) que l’acide gras
considéré »(Barnathan, 1993). La valeur de LCE d’un ester méthylique d’acide gras non
saturé peut être déterminée par extrapolation d’une droite tracée à partir des temps de
rétention des esters méthyliques d’acide gras saturés (Nelson, 1974 ; Christie, 1988 et 1989).
C’est ainsi que des acides gras qui ont le même nombre de carbones sortent en général
dans une fourchette de LCE entre 0 et 1 unité LCE, selon que la chaîne grasse possède des
ramifications et/ou des insaturations. Plus la chaîne grasse est ramifiée, plus son temps de
rétention est diminué par comparaison avec celui de la chaîne linéaire saturée
correspondante. D’autre part, plus une chaîne grasse est insaturée, plus son temps de
rétention est court et ce temps de rétention va dépendre de la position des doubles liaisons
sur la chaîne, en utilisant une colonne apolaire. Cependant les acides gras insaturés
conjugués sont retenus plus longtemps que leurs isomères correspondants non conjugués.
Ainsi, toute rétention anormale pourra traduire la présence de systèmes conjugués (cj) au
niveau des doubles liaisons (Ruiz, 2007). La connaissance du temps de rétention de chaque
ester méthylique est indispensable pour permettre de calculer sa LCE à partir d’une droite
TR = f(nombre de C) établie avec les points correspondants aux acides gras saturés à chaînes
normales (15:0, 16:0, 17:0 …. 20:0, 22:0, 23:0, 25:0 …). Il a été montré que l’utilisation d’une
programmation linéaire de température sur l’ensemble de l’analyse, dans le cas d’un
nombre de 10 à 34 carbones, rend encore possible la détermination des LCE. Il est ensuite
possible de calculer toute valeur de LCE connaissant le temps de rétention d’un ester, et
enfin d’établir les droites correspondantes à des séries homogènes d’acides gras
homologues (James et Martin, 1956 ; Nelson, 1974 ; Kates, 1986 ; Christie, 1988 ; Barnathan,
1993).
12
Détermination des LCE à partir des spectres de masse des EMAG des différents savons
d’Alep testés.
Exemple du savon G :
nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 11,02 21,77 27,63 33,15 38,34 43,21 47,75
Tableau 1: Nombre de C et temps de rétention
tR (min) 40
30
20
10
0
10 15 20 25 30
nC (LCE)
Et il en est de même pour les autres savons analysés (voir en annexe page 33 à 39).
Les dérivés d'acides gras (AG) sont analysés à l'aide d'un appareil de CPG/SM (Hewlett
Packard HP 6890 - GC System / HP 6890 – 70 eV) équipé d'une colonne SLB-5TM (60 m x 0,25
mm x 0,25 µm). Les températures de l'injecteur et du détecteur sont respectivement 250°C
et 280°C. Le gaz vecteur est l'hélium à un débit de 1 mL.min-1. La séparation des EMAG grâce
à la CPG n’est efficace que si la programmation linéaire de température est adaptée. La
programmation utilisée a été optimisée au laboratoire et appliquée comme telle : la
température de la colonne est fixée à un palier de 170°C pendant 4 min, puis augmentée de
3°C.min-1 jusqu'à 300°C pour l'analyse des EMAG (cycle = 57,33 min).
13
Température pallier
Vitesse d’augmentation
de température
Température finale
Pour les NAP, un palier à 200°C pendant 4 min, puis 3°C.min -1 jusqu'à 310°C durant 20
min (cycle = 50,67 min). Le volume injecté est de 1 µL en mode splitless.
14
De l’analyse en CPG d’un mélange d’EMAG résulte un chromatogramme (courant
ionique total) sur lequel se détachent différents pics, chacun correspondant à une molécule
détectée.
15
Figure 15: Réarrangement de Mac Lafferty pour les EMAG
La longueur de chaîne carbonée est déduite grâce à l’ion moléculaire M+ (possède le m/z
le plus élevé) et selon les clés d’interprétation des spectres de masse des EMAG.
59 87 115 143 171 199 227 255 283 311 367 395 423 451 479
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
H3CO 1
C 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29
O
74 101 129 157 185 213 241 269 297 353 381 409 437 465
16
Figure 17: Spectre de masse à 27.5min
Spectre de masse correspondant au pic à 27.5 min (TR) du CIT précédent. Ici on observe bien les deux
pics caractéristiques des EMAG ainsi que l’ion moléculaire M+ à m/z 298. Ces informations nous
indiquent que nous sommes en présence d’un AG saturés possédant 18 carbones.
Un temps de rétention allongé et une baisse d’intensité des pics diagnostics (m/z 74 et
87) indique la présence d’insaturation. En passant aux spectres issus des NAP, la place de ces
insaturations pourra être précisée. Le pic de base m/z 113 (pic de Mac Lafferty) et le pic à
m/z 126 sont les pics caractéristiques des NAP.
17
La fragmentation s’effectue régulièrement de méthylène en méthylène, laissant un
intervalle de 14 uma entre 2 pics. Une diminution à 12 uma de cet intervalle traduit la
présence d’une double liaison et donc son emplacement.
Nb. C M (NAP) Nb. C M (NAP) Nb. C M (NAP)
12 253 13 267 14 281
15 295 16 309 17 323
18 337 19 351 20 365
21 379 22 393 23 407
24 421 25 435 26 449
27 463 28 477 29 491
30 505 31 519 32 533
Tableau 3: Nombre de carbone et m/z correspondant pour les NAP
18
Figure 20: Spectre de masse à 29.7min
Spectre de masse NAP correspondant au pic à 29.7min (TR). On retrouve ici les pics caractéristiques
des NAP ainsi que les fragments méthylène espacés de 14 uma. De plus, l’ion moléculaire indique qu’il
s’agit d’un AG de 16 carbones avec une insaturation. Entre les pics m/z 196 et 208, on ne compte que
12 uma. C’est d’après la clé d’interprétation des spectres des NAP que l’on peut déduire qu’il y a une
insaturation en Δ9.
19
PARTIE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
Les analyses ont été menées sur 7 savons de différentes marques. Ces savons sont
décrits en annexe page 29. Trois prélèvements de 30mg sont réalisés au cœur du savon pour
composer l’échantillonnage. Les diagrammes suivant indiquent la proportion des 3 acides
gras les plus représentés dans chaque savon. En vert et bleu, on retrouve respectivement les
AG mono et poly-insaturés, en jaune et orange, les AG saturés, et en rouge le reste des AG
identifiés, saturés ou non. Le détail des acides gras identifiés dans les savons sont présentés
en annexe page 33 à 39.
Savon G Savon H
18:1, Δ9 18:1, Δ9
(ac. Oléique) (ac. Oléique)
10% 5% 6%
17% 5% 16%
16:0 16:0
(ac. Palmitique) (ac. Palmitique)
68% 73%
12:0 18:0
(ac. Laurique) (ac. Stéarique)
autres autres
autres autres
20
Savon X Savon Po
18:1, Δ9 18:1, Δ9
9% (ac. Oléique) 4% 6% (ac. Oléique)
5%
16% 16%
16:0 16:0
(ac. Palmitique) (ac. Palmitique)
70% 74%
18:0 18:0
(ac. Stéarique) (ac. Stéarique)
autres autres
Savon L
18:2, Δ9,12
(ac. Linoléique)
7%
18%
16:0
(ac. Palmitique)
49%
26%
18:1
(ac. Oléique)
autres
Pour pouvoir interpréter les résultats, une huile végétale de baies de laurier a été
analysée selon les mêmes principes énoncés plus haut (une saponification a donc été
réalisée au préalable). Cette huile provient de Turquie, pays frontalier de la Syrie. Le laurier
profitant ainsi de conditions de développement semblables, on peut supposer que la teneur
en acides gras analysée est sensiblement la même que celle utilisée pour la fabrication des
savons. Les références de cette huile sont présentées en index page 30.
21
Huile de baies de laurier
4% 18:1, Δ9
(ac. Oléique)
10%
44% 12:0
12%
(ac. Laurique)
16:0
(ac. Palmitique)
30%
18:2, Δ9,12
(ac. Linoléique)
autres
Figure 22: Proportions des principaux AG dans l'huile de baies de lauriers analysée
On observe que les différents savons analysés possèdent presque tous le même profil :
une majorité (environ 70%) d’AG mono-insaturé, l’acide oléique, 16 à 18% d’AG saturé
correspondant à l’acide palmitique et environ 5% d’un autre AG saturé, l’acide stéarique.
Ces données indiquent que le composant majoritaire de ces savons est bien l’huile
d’olive. Toutefois il est à noter que dans l’huile d’olive, le taux d’acide palmitique n’est pas
aussi important que celui retrouvé lors des analyses (en annexe page 31 et 32, voir
l’estimation des taux des principaux AG). Ce taux peut être expliqué par la présence dans ces
savons d’huile de palme, très concentrée en acide oléique ainsi qu’en acide palmitique.
22
En revanche, le profil du savon L est différent. On s’aperçoit que l’AG majoritaire est un
poly-insaturé : l’acide linoléique. De plus, les deux autres AG principaux sont l’acide
palmitique et l’acide oléique. Ces proportions sont telles que l’on peut reconnaître ici le
profil de l’huile de tournesol comme principal composant du savon, non l’huile d’olive ou de
baies de laurier. Et comme précédemment, on peut aussi supposer que de l’huile de palme a
été utilisée.
Enfin, on peut voir que le troisième AG le plus représenté dans le savon G est l’acide
laurique. Celui-ci, avec l’acide oléique et palmitique, se retrouve dans la composition de
l’huile de baies de laurier analysée. Toutefois, il est à noter que même si l’emballage indique
une proportion allant jusqu’à 40% (dans les savons G et L), la quantité maximale retrouvée
en analyse est de 5% en acide laurique (savon G). A noter que ce savon G, ainsi que le savon
L sont ceux qui mentionnent dans leur composition le plus fort taux d’huile de baie de
Laurier, à savoir 40%. On aurait du retrouver environ 12% d’acide laurique. Pour les savons L
et PIL, seulement 3 % d’acide laurique est retrouvé, soit environ 10% d’huile de baies de
laurier utilisée. Seuls deux autres savons comportent de l’acide laurique dans leur
composition (SIL et X) avec un taux inférieur à 1%. Cependant, regarder la présence et le
taux d’acide laurique pour affirmer que l’acide laurique présent dans le savon provient de
l’huile de baie de laurier doit être modéré. Dans l’analyse des AG par CPG/SM, l’acide
laurique est l’AG le plus volatil détecté. L’estimation de son taux peut donc être sous estimé.
Il faut aussi noter que l’acide laurique est présent presque à 50% dans les huiles de noix de
coco et huile de palmiste. Ces deux huiles sont habituellement largement utilisées en
savonnerie pour leur fort taux d’acide laurique, permettant les propriétés moussantes du
savon.
23
CONCLUSION
Ceci nous amène à un second problème, qui est celui de la législation. Car sans oublier
l’incertitude quant à la présence d’huile de graines de laurier pourtant interdite, il est
indéniable que la réglementation française n’est pas toujours appliquée (traçabilité, analyse,
24
respect de la formule originale…) (ANSM, 2014). Pourtant même si le savon d’Alep est
majoritairement fabriqué en Syrie, et importé en France, il doit respecter la législation
européenne. Cela étant dit, la guerre faisant rage aujourd’hui en Syrie, il devient très
compliqué, voire impossible de faire se déplacer des inspecteurs ou des organismes
certificateurs sur place (M.Visseyrias, 2014).
25
ANNEXES
26
Annexe 1 : Mode opératoire saponification et acétylation
MODE OPERATOIRE
N° de codification :
SAPONIFICATION
MO-SAP-STRL-AG
ACETYLATION
ESTERS METHYLIQUES D’ACIDE
Révision : A-00
GRAS (EMAG)
CHIMIE DES LIPIDES MARINS N-ACYL PYRROLIDIDES (NAP) Page : 27/51
sur 50mg
SAPONIFICATION :
27
Annexe 2 : Miniaturisation
MODE OPERATOIRE
N° de codification :
MO-ESTER-EMAG-
MINITUARISATION
NAP
ESTERS METHYLIQUES D'ACIDES GRAS (EMAG)
Révision : A-00
ET
CHIMIE DES LIPIDES MARINS Page : 28/1
N-ACYL PYRROLIDIDES (NAP)
MeOH : Méthanol
MeOH / HCl : méthanol chlorhydrique
Na2SO4 : Sulfate de sodium anhydre, si hydraté le mettre à sécher à l'étuve à 80 °C
CH2Cl2 : Dichlorométhane
Après évaporation à sec ou pour 50 mg de mélange des acides gras dans un tube :
- Ajouter 1 mL de méthanol chlorhydrique MeOH / HCl à 6% (méthanol chlorhydrique
à environ 12% (frigo), dilué au ½ avec du méthanol distillé)
- Chauffer à 80°C pendant 1 h
- Après refroidissement, ajouter 1 mL d’eau distillée
- Extraire par 4 mL de CH2Cl2 puis centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Enlever la phase aqueuse avec une pipette pasteur
- Ajouter deux pointes de spatules de Na2SO4 anhydre à la phase organique et agiter
- Centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Prélever le surnageant dans un autre tube
- Garder en pilulier 1 mL pour l’analyse CPG-SM du mélange des EMAG
28
Annexe 3 : Présentation des sept savons d’Alep analysés
Composition
Savon Nom Laboratoire/marque Description Point de vente
annoncée
Croûte brune
Authentique 88% HO; dorée, Pharmacie de
H Soleil d'Orient
savon d'Alep 12% BL Intérieur vert centre ville
émeraude
Croûte brune
75%HO;
dorée,
SIL Le Grand Alep Prophardis 15%BL; Parapharmacie
Intérieur vert
soude végétale
émeraude
Croûte brune
Magasin de
Savon d'Alep 87%HO; dorée,
X KarawanAuthentic produits
tradition 8%BL Intérieur vert
naturels
émeraude
sodium oleate,
sodium linoleate,
sodium palmitate,
Croûte brune Chaîne de
aqua, olea europea
Savon d'Alep dorée, magasins de
Po Aleppo Soap Co. oil unsaponifiable,
Laurier Intérieur vert produits de la
sodium laurate,
émeraude mer
sodium myristate,
sodium hydroxyde,
sodium arachidate
29
Annexe 4 : Fiche technique de l’huile de baies de laurier
Origine : Turquie
Culture : sauvage
N° de lot : OHVO222-1/1854
30
Annexe 5 : Estimation du taux des principaux acides gras d’après la composition des savons.
Savon SIL
Oléique 65 70
Palmitique 2 17
+ 5% arachidique
Savon PIL
Oléique 69,5 69
Palmitique 3 18
Laurique 7,5 3
Savon X
Oléique 71,4 70
Palmitique 1 16
+ 5% stéarique
31
Savon H
Oléique 74 73
Palmitique 1,5 16
+ 16% stéarique
Savon G Savon L
Oléique 57 68 18
Palmitique 5 17 26
Laurique 12 5 <3
+ 16% stéarique
32
Annexe 6 : LCE et proportions des AG présents dans le savon G
nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 11,02 21,77 27,63 33,15 38,34 43,21 47,75
Acide gras %
16:1, Δ9 0,94
19:1 0,45
22:0 0,28
24:0 0,18
26:0 0,16
33
Annexe 7 : LCE et proportions des AG présents dans le savon H
nC (LCE) 16 18 20 22 24 26
tR (min) 21,78 27,71 33,16 38,32 43,19 47,74
Acide gras %
16:1, Δ9 0,85
18:2 cj 0,61
22:0 0,32
24:0 0,27
26:0 0,26
34
Annexe 8 : LCE et proportions des AG présents dans le savon L
nC (LCE) 12 16 18 20
tR (min) 10,8 21,58 27,32 32,79
Acide Gras %
16:1, Δ9 0,85
20:0 0,35
14:0 0,22
35
Annexe 9 : LCE et proportions des AG présents dans le savon PIL
nC (LCE) 12 14 16 18 20
tR (min) 19,6 24,9 30,2 35,1 39,64
Acide gras %
18:1, Δ9 (Oléique) 69,26
16:0 (Palmitique) 18,11
18:0 (Stéarique) 3,87
12:0 (Laurique) 2,86
18:2 cj 1,49
20:0 1,43
20:1, Δ11 0,72
16:1,Δ9 0,52
14:0 0,47
22:0 0,29
24:0 0,26
26:0 0,25
18:2 cj 0,16
18:3 cj 0,11
25:0 0,06
23:0 0,06
21:0 0,05
17:0 0,05
36
Annexe 10 : LCE et proportions des AG présents dans le savon Po
nC (LCE) 16 17 18 20 22
tR (min) 30,45 32,78 35,41 39,8 44,53
Acide gras %
20:0 2,31
20:01 0,90
16:1,Δ7 0,52
16:1, Δ9 0,47
18:2 cj 0,35
22:0 0,29
26:0 0,26
24:0 0,26
17:0 0,21
28:0 0,11
17:0 0,01
37
Annexe 11 : LCE et proportions des AG présents dans le savon SIL
nC (LCE) 16 18 22 23 24 26 28
tR (min) 21,59 27,77 37,79 40,23 42,63 47,16 51,92
Acide gras %
16:1, Δ9 0,92
18:2 cj 0,67
18:3 cj 0,63
22:0 0,37
24:0 0,32
26:0 0,32
28:0 0,15
23:0 0,06
18:0 4,46
38
Annexe 12 : LCE et proportions des AG présents dans le savon X
nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 10,75 21,58 27,49 32,96 38,07 42,94 47,48
Acide gras %
18:2, Δ9 1,78
16:1 0,89
18:2 cj 0,68
22:0 0,35
24:0 0,30
26:0 0,29
17:1 0,20
28:0 0,11
17:0 0,00
39
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Le savon d’Alep
Nantes
ANSM, http://www.ansm.sante.fr
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G. Barnathan, 1993
Acides gras et stérols d’éponges marines du Sénégal et de Nouvelle-Calédonie
Thèse de Doctorat, Université de Nantes.
C. Delpal
Document proposé lors de la vente du Savon d’Alep de Karawan authentic
T. Grandin, 1931
La savonnerie traditionnelle à Alep, Bulletin d’études orientales
Ed Institut français d’étude arabe à Damas
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Techniques in Lipidology– Laboratory Techniques in Biochemistry and molecularBiology
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40
La maison d’Orient©
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Visite les 03/10/13 et 20/08/14
H. de Monteux, 1572
Conservation de santé et Prolongation de la vie
Paris, p.96
J.Rioual, 2011
Que faut-il savoir sur les savons ? Zoom sur le savond’Alep.
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N. Ruiz, 2007.
Micromycètes et métabolites fongiques en milieu marin - Production, identification et
évaluation pharmacologique de lipides, acides gras et peptides.
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Saryane sas©
http://www.savon-d-alep.com/
visite les 03/10/13 et 20/08/14
G. Vigarello, 1985
Le propre et le sale –L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge-
Editions du Seuil
M.Visseyrias, 2014
Le savon d’Alep emporté par la guerre civile en Syrie
Le Figaro Economie
Q.T. Yu, B.N. Liu, J.Y. Zhang and Z.H. Huang, 1988
Location of methylbranching in fattyacids : Fattyacids in uropygial secretion of
shanghaiduck by GC-MS of 4,4-dimethyl-oxazoline derivatives. Lipids, 23 : 804-810.
41
LISTE DES FIGURES
Figure 1: La ville d’Alep dominée par sa citadelle (www.humanite.fr) ..................................... 2
Figure 11: Droite exprimant le temps de rétention en fonction du nombre de carbone. ...... 13
Figure 22: Proportions des principaux AG dans l'huile de baies de lauriers analysée ............. 22
42
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Nombre de C et temps de rétention ...................................................................... 13
Tableau 4: Composition des principaux acides gras de différentes huiles végétales ............ 22
43
UNIVERSITE DE NANTES ANNEE DE SOUTENANCE
Titre de la Thèse : Etude de la composition en acides gras de plusieurs savons dits « d’Alep ».
Comparaison et discussion
Résumé de la thèse :
Profitant de l’attrait actuel du grand public pour les produits « naturels », le savon d’Alep est
un produit cosmétique de plus en plus utilisé. En effet, ancêtre du savon de Marseille, il met
en avant une fabrication artisanale et une composition traditionnelle simpliste à base de
trois ingrédients seulement : l’huile d’olive, l’huile de baie de laurier et la cendre de salicorne
comme base alcaline. Cette thèse a pour objet de vérifier cette composition au travers de
l’analyse en laboratoire des acides gras de sept savons achetés au hasard dans différents
commerces.
MOTS CLES :
JURY :
Adresse de l’auteur :
44