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Robsomanitrandrasana PHA14

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UNIVERSITÉ DE NANTES

FACULTÉ DE PHARMACIE

ANNÉE 2014 N° 047

THЀSE
pour le

DIPLÔME D’ÉTAT

DE DOCTEUR EN PHARMACIE

par

Antsa ROBSOMANITRANDRASANA
Présentée et soutenue publiquement le 13 Octobre 2014

ÉTUDE DE LA COMPOSITION EN ACIDES GRAS DE PLUSIEURS


SAVONS DITS « D’ALEP »
COMPARAISON ET DISCUSSION

Président :
Mme Laurence COIFFARD, Professeur de Cosmétologie

Membres du jury :
Mme Gaëtane WIELGOSZ-COLLIN, Maîtres de Conférences en Chimie Générale
Mme Catherine DUMAS-PILHOU, Pharmacien titulaire
Remerciements

À Mme Gaëtane Wielgosz-Collin, pour m’avoir proposé ce sujet, pour m’avoir


encadrée et motivée pour ce travail, et ce malgré votre planning chargé, un énorme merci.

À Mme Laurence Coiffard, pour avoir très gentiment accepté de présider mon jury de
thèse, veuillez trouver ici mes sincères remerciements.

À Mme Catherine Dumas-Pilhou, qui m’a fit l’honneur de m’accueillir dans sa


pharmacie en tant qu’étudiante, stagiaire puis pharmacien. Vous et votre équipe avez
largement participé à ma formation et m’avez conforté dans mon choix d’être pharmacien.
Merci de siéger parmi mon jury de thèse.

J’adresse également mes remerciements :

À Vony, sans qui je n’aurais jamais pu faire mes manipulations au labo pendant
toutes ces semaines. Une grande aide qui me permet aujourd’hui de présenter ce travail.

À Aurélie Couzinet, merci d’avoir éclairé ma lanterne chaque fois que j’étais dans le
flou.

À GP, merci de vous être tant intéressé à mes recherches, et même à y avoir pris
part, en me fournissant moult informations qui m’ont beaucoup aidée.

À Maholy, ton aide comme ton passage furent brefs mais tellement efficaces !

Je dédie cette thèse :

À mes parents, pour m’avoir autant donné, pour avoir cru en moi et m’avoir sans
cesse encouragée. Ma réussite aujourd’hui ne saurait être mise à l’honneur sans vous être
associée. Merci pour tout.

À ma sœur (et sa valeur ajoutée), je me serai noyée sans ta maîtrise de Word et


Excel ! Merci pour ton soutien, tes sourires et pour être toujours ma bouée de sauvetage.

À mon frère, tu ne le comprends peut-être pas encore mais tu es mon rayon de


soleil.

À Pierre, pour ta patience en toutes circonstances, même pendant les examens.


Truly, madly, deeply.

À mes amies de la fac, Camille, Fanny L, Irena, Charlotte, Esther, Marie-Lou, Célia,
Karine. Sans vous ces années n’auraient pas été les mêmes. Merci pour tous ces bons
moments.

À la famille Tortereau, merci pour votre soutien durant toutes ces années.
Sommaire

Introduction................................................................................................................................ 1

Partie 1 : Le savon d’Alep ........................................................................................................... 2

I. Historique de l’hygiène et apparition du savon d’Alep................................................... 2

II. Composition et fabrication.............................................................................................. 4

Partie 2 : Matériel et méthode ................................................................................................... 7

I. Méthode d’analyse ......................................................................................................... 8

II. Esters méthyliques d’acides gras (EMAG) ..................................................................... 10

III. Dérivés N-acylpyrrolidides (NAP) .............................................................................. 11

IV. Longueur de chaîne équivalente (LCE) et analyse des mélanges d’acides gras ........ 11

V. Analyse des mélanges ................................................................................................... 13

Partie 3 : résultats et discussion............................................................................................... 20

Conclusion ................................................................................................................................ 24

Annexes .................................................................................................................................... 26

Références bibliographiques .................................................................................................... 40

Liste des figures ........................................................................................................................ 42

Liste des tableaux ..................................................................................................................... 43


INTRODUCTION
Le savon d’Alep est un produit cosmétique vendu dans de nombreux commerces :
pharmacie, parapharmacie, magasin « bio » ou encore petits et grands magasins de produits
naturels. Profitant de l’attrait actuel des consommateurs pour les produits naturels,
traditionnels et écologiques, il est présenté comme possédant de nombreuses vertus :
hydratante, apaisante, mais aussi anti-mites ! Et tout cela grâce à sa formule simple,
conservée intacte depuis des centaines d’années : l’huile d’olive, l’huile de baies de laurier et
la soude extraite des cendres de salicorne.

Afin de vérifier cette composition, 7 savons dits « d’Alep » pris au hasard dans le
commerce ont été analysés. En effet, chaque huile possède une teneur caractéristique en
différents acides gras (AG), et ce sont eux qui vont être identifiés et quantifiés pour pouvoir
déterminer la constitution du savon analysé.

Après avoir brièvement retracé l’histoire et la fabrication de ce savon, il sera donc


expliqué le fonctionnement de la chromatographie en phase gazeuse couplée à la
spectrométrie de masse (CGP/SM), principale méthode utilisée pour analyser les acides gras
composant les différents savons. Une comparaison sera ensuite faite entre les résultats
trouvés en analyse, et la composition annoncée sur les emballages des produits.

1
PARTIE 1 : LE SAVON D’ALEP

I. HISTORIQUE DE L’HYGIENE ET APPARITION DU SAVON D’ALEP.


Comme l’indique son nom, le savon d’Alep est fabriqué à Alep, ville située au Nord-
Ouest de la Syrie, aussi considérée comme la plus vieille ville habitée au monde.

Figure 1: La ville d’Alep dominée par sa citadelle


(www.humanite.fr)

De fait, les origines de ce savon sont très anciennes et il serait à l’origine des tous
premiers savons durs (Saryane sas©, 2014 ; La maison d’Orient©, 2014). Mais malgré sa
présence en Orient depuis plusieurs centaines d’années, son arrivée en Europe s’est fait
attendre et son utilisation est intimement liée à l’évolution de la notion d’hygiène.

Dans l’Egypte ancienne, au temps des pharaons, les égyptiens préparaient du savon
grâce à un mélange d’un alcali et d’une huile. Ce procédé de fabrication fut connu jusqu’en
Palestine dès l’époque des Prophètes (Grand Larousse Encyclopédique, 1964).

En Grèce dans l’ère du Christianisme, les grecs prenaient des bains de vapeur et
s’exfoliaient la peau avec des grattoirs en os, en métal ou en ivoire. Ce n’est que plus tard
qu’ils utilisèrent le natron pour fabriquer un savon de toilette à base d’huile (Grand Larousse
Encyclopédique, 1964 ; H.B. Routh et al., 1996).

À partir du 1er siècle après J-C, les gaulois utilisèrent une pâte qu’ils nommèrent « sapo »
pour le soin de leur chevelure. Ensuite, les romains eux aussi fabriquèrent leur savon, à base
de graisse animale et de potasse contenue dans les cendres des végétaux. Hommes et
femmes se rassemblaient dans des thermes, structures géantes dans lesquelles ils passaient

2
le plus clair de leur temps à négocier, discuter, festoyer, et même se restaurer (Grand
Larousse Encyclopédique, 1964 ; H.B. Routh et al., 1996).

Figure 2:Etuve de Vésone


(www.universrr.com)

Mais quand les maladies épidémiques comme la peste se répandirent, les médecins
devinrent de plus en plus méfiants de ces thermes, alléguant du fait que grâce à l’eau et la
chaleur, les maladies se développaient, se transmettaient, et fusionnaient entre elles pour
devenir plus virulentes. C’est ainsi qu’au cours du Moyen-Âge, les principaux thermes,
devenus étuves, fermèrent par décret et que l’eau ne fut plus utilisée car considérée comme
s’infiltrant dans le corps (G. Vigarello, 1985).

À cette époque à la cour du Roi, dans la bourgeoisie et l’aristocratie, la notion d’hygiène


n’est affaire que de paraître, de vue et d’odeur (G. Vigarello, 1985).La toilette est exécutée
de façon sèche, par friction avec quelconque matière odorante : « Pour remédier à cette
puanteur des aisselles qui sentent le bouquin, est singulier joindre et frotter la peau avec
trochique de roses » (H. de Monteux, 1572). Il est toutefois à noter que même si les
pratiques de cette époque dérivent vers la friction et l’essuiement avec la disparition de
l’eau, le nettoiement reste le but ultime de ces protocoles. C’est pourquoi, paradoxalement,
c’est à cette époque que la notion de propreté évolue rapidement, jusqu’au retour de l’eau -
froide- à la fin du XVIIIème siècle, pour dynamiser le corps : « être propre, c’est protéger et
renforcer le corps » (G. Vigarello, 1985). À ce moment, on peut observer les prémices des
3
bases de l’hygiène qui sera définie au début du XIXème siècle : c’est « l’ensemble des
dispositifs et des savoirs favorisants l’entretien de la santé » (G. Vigarello, 1985).

Parallèlement à l’époque des premières croisades, le savon d’Alep, idéalement situé au


carrefour de la route de la soie et des épices, est découvert. Sa recette et sa fabrication sont
rapportées en Europe par les premiers Croisés mais ce n’est qu’au XIIème siècle que naissent
les grandes fabriques de savons en Italie, en Espagne…et à Marseille (La maison d’Orient©,
2014 ; T. Grandin, 1931). Comme expliqué précédemment, il aura ensuite fallu un long
moment pour que ce savon soit utilisé en pratique courante.

II. COMPOSITION ET FABRICATION


La recette du savon d’Alep se transmet de père en fils depuis des centaines d’années.
Elle resta secrète jusqu’à l’arrivée des Croisés. Les maîtres savonniers d’Alep utilisent un
procédé artisanal traditionnel (C. Delpal, 2014) bien que leurs installations se soient quelque
peu modernisées pour faire face à la demande croissante, notamment en Europe.

La recette traditionnelle se compose de trois ingrédients :

 L’huile d’olive : Sur l’olivier (Olea europaea L.) pousse un fruit, l’olive, qui une fois
récoltée, donne l’huile d’olive par pression à froid. Cette huile est souvent le
composant majoritaire du savon d’Alep.
 L’huile de baies de laurier : c’est la baie noire du laurier « sauce » ou encore laurier
noble (Laurus nobilis L.) qui est utilisée pour obtenir un beurre huileux et aromatique.
Ce dernier est composé d’une huile fixe, et d’une huile essentielle (C. Almayrac, A.
Caldo, 2010). Celle-ci correspond au « laurus nobilis oil » (nom INCI : International
Nomenclature of Cosmetic Ingredients), à ne pas confondre avec le nom INCI « laurus
nobilis extract », extrait des feuilles de laurier. Il est à noter que seules ces deux
huiles sont autorisées dans la composition des produits cosmétiques selon
« L’inventaire des ingrédients cosmétiques autres que les matières parfumantes et
aromatiques ». Or l’huile fixe issue de la baie de laurier est parfois utilisée dans
certains produits cosmétiques dont le savon d’Alep (J.Rioual, 2011). De plus, lors de
l’obtention de l’huile de baie, il est difficilement imaginable qu’une partie de l’huile

4
de la graine (au cœur de la baie) ne soit pas entrainée en décoction alors que celle-ci
est formellement interdite dans la composition des produits cosmétiques. En effet,
cette huile est référencée en annexe II de la directive européenne 76/768/CEE
modifiée. Elle y est classée sous le numéro d’ordre 359, et sous la dénomination
« Huile de graines de Laurus nobilis L. ». Il n’empêche que c’est la teneur de l’huile de
baies de laurier, allant de 5 à 80% pour le « royal », qui est gage de qualité du savon
d’Alep et détermine son prix.
 La soude naturelle, obtenue grâce aux cendres de salicorne (Salicornia europaea L.),
ramassée dans la steppe syrienne par les bédouins (C. Delpal, 2014)

Les huiles d’olive et de baies de laurier sont obtenues en décembre et janvier, après la
cueillette des fruits mûrs. S’en suit la cuisson de l’huile d’olive et de la soude pendant
plusieurs heures, voire plusieurs jours, dans des chaudrons en cuivre. La pâte est
régulièrement goutée par les maîtres savonniers pour s’assurer de sa qualité. Ce n’est qu’à la
toute fin de cuisson que l’huile de baies de laurier est ajoutée.

Figure 3:Saponification en chaudron


(www.derm-alep.com)

Après cette phase de saponification, la pâte est coulée à même le sol pour être
refroidie. Elle est ensuite découpée manuellement en pains puis estampillée au nom du
fabricant.

5
Figure 4:Découpe et estampillage du savon
(www.derm-alep.com)

Enfin, les pains sont échafaudés en tour en quinconce pour un séchage et une
maturation d’au moins 9 mois (C. Delpal, 2014) qui donnera au savon cette croûte brunâtre
irrégulière caractéristique et son cœur vert émeraude.

Figure 5:Démarrage du séchage


(www.derm-alep.com)

Après cette description de la recette traditionnelle des savons d’Alep, il nous a paru
important d’en vérifier la composition. La suite de cet exposé traite donc de l’analyse de la
composition en acides gras de 7 savons d’Alep achetés au hasard dans le commerce.

6
PARTIE 2 : MATERIEL ET METHODE

Les lipides présentent diverses propriétés et possèdent des activités biologiques


variées : fonctions de réserve, structurales ou de messagers. Ce sont ces lipides qui
composent les huiles intégrant la recette du savon d’Alep, et qui leur confèrent une identité
propre ainsi que les différentes propriétés citées plus tôt (apaisante, hydratante etc…). Mais
quelle est la définition d’un lipide ?
En réalité, il n’existe pas vraiment de définition faisant consensus. Il s’agit en fait de
composés présentant une chaîne acyle grasse et /ou une chaîne hydrocarbonée. Les lipides
sont des structures moléculaires fortement hydrophobes (parfois amphiphiles), solubles
dans les solvants organiques mais pas dans l’eau. Pour résumer, Lipid Library nous dit que les
lipides regroupent les acides gras et leurs dérivés, et toutes les substances qui leurs sont
liées biosynthétiquement ou fonctionnellement.

Leur classification peut se faire selon deux approches. Elle peut être basée sur leur
caractère hydrolysable ; la saponification (l’hydrolyse à chaud des lipides en milieu alcalin)
permet d’obtenir deux fractions distinctes :
 les saponifiables : ce sont les lipides capables de former des savons (ou sels d’acides
gras) comme les glycérides, les phospholipides ou les sphingolipides ;
 les insaponifiables, généralement les stérols et les lipides à structure isoprénique.
La classification lipidique peut aussi s’appuyer sur leur polarité. Sont alors distingués :
 les lipides polaires tels que les glycolipides ou les phospholipides ;
 les lipides neutres (acides gras, triglycérides, stérols,…).

7
I. METHODE D’ANALYSE :
LA CHROMATOGRAPHIE EN PHASE GAZEUSE COUPLEE A LA SPECTROMETRIE DE MASSE
(CPG/SM) POUR L’ETUDE DES ACIDES GRAS

En général, les acides gras sont libérés par une réaction avec du KOH (potasse) appelée
saponification. Ensuite les acides gras libres sont transformés en esters méthyliques. Les
dérivés des esters méthyliques se présentent sous forme de mélanges complexes volatils et
injectables en CPG/SM. Les différents spectres de masse individuels obtenus sont exploités
pour déterminer les structures des principaux acides gras saturés et insaturés. Les places des
insaturations sont identifiables en CPG/SM grâce aux dérivés N-acylpyrrolidides directement
obtenus à partir des esters méthyliques.

La chromatographie en phase gazeuse (CPG) est une méthode d’analyse par séparation
qui s’applique aux échantillons gazeux ou susceptibles d’être vaporisés par chauffage sans
qu’ils ne se décomposent (Arpino et al., 1995). Cette technique permet de séparer des
mélanges très complexes. L’appareillage est composé d’un injecteur diviseur où sera placé
l’échantillon à analyser, d’une colonne capillaire de plusieurs mètres où les molécules de
l’échantillon seront entrainées grâce à un gaz vecteur (hélium, azote, argon ou hydrogène),
et d’un détecteur.

Lorsque ce dernier est couplé à la spectrométrie de masse, il est à la fois possible de


séparer les composés d’un mélange mais aussi de les analyser. Les composants peuvent être
identifiés par comparaison avec des standards (temps de rétention obtenu, conditions de
CPG et phase utilisée), ou avec les spectres de référence contenus dans une spectrothèque
(si les spectres de masse correspondants ressemblent à des composés connus). Ainsi le
couplage CPG/SM présente de nombreuses possibilités analytiques pour les composés
volatils.

8
Figure 6:Schéma explicatif de la CPG
(source : laboratoire MMS)

Le couplage CPG/SM utilise l’impact électronique, habituellement à 70eV mais il est


possible de travailler avec une énergie plus faible, jusqu’à 25eV. La méthode est complétée
par une ionisation chimique qui permet de voir les ions moléculaires. Les dérivés volatils
utilisés doivent donner des clivages utiles au renseignement de la structure des composants
du mélange.

Figure 7:Schéma explicatif de la spectrométrie de masse


(source : laboratoire MMS)

9
II. ESTERS METHYLIQUES D’ACIDES GRAS (EMAG)
Comme expliqué précédemment, les acides gras sont souvent obtenus par une réaction
de saponification avec de la potasse alcoolique puis les acides gras libres sont transformés
en esters méthyliques, mais dans notre cas, puisque nous partons d’un savon, les acides gras
sont déjà saponifiés. Il est simplement ajouté de l’acide chlorhydrique (HCl) à 2mol/L pour
les libérer.

Figure 8:Réaction 1. Saponification et libération de l’acide gras.

Les acides gras libres obtenus sont ensuite estérifiés en EMAG par du méthanol
chlorhydrique 6%.

AG libres RCOOH Reflux, 1-2h RCOOMe + H2O


MeOH/HCl à 6%

Figure 9:Réaction 2 : Estérification

Les EMAG sont faciles à exploiter en CPG/SM puisqu’ils sont très peu polaires et très
volatils. De plus, ils répondent aux critères de dérivation exploitable en couplage CPG/SM,
énoncés ci après :

 la réaction de conversion doit être totale et sélective ;

 elle doit pouvoir se faire à l’échelle micropréparative ;

 les dérivés doivent être séparables en CPG avec une excellente résolution ;

 chaque pic chromatographique peut conduire à des fragmentations spécifiques


en SM ;

 l’analyse quantitative de chacun des pics peut être faite.

10
III. DERIVES N-ACYLPYRROLIDIDES (NAP)
Quelques acides gras (les saturés) sont entièrement identifiés grâce à l’analyse CGP/SM
des seuls EMAG correspondants alors que les insaturés ne sont totalement identifiables qu’à
partir des spectres de masse des dérivés des pyrrolidides (NAP). Ces dérivés d’acides
possèdent plus d’affinités de structure avec la colonne. Ainsi, ils ont l’avantage d’être stable
sous impact électronique et de produire une série de fragments homologues, à partir du
début fonctionnel de la chaîne jusqu’à l’ion moléculaire.

AcOH
RCOOMe + H Reflux, 1h RCO + CH 3OH

Figure 10:Formation du dérivé NAP

Ce type de dérivés choisis pour compléter les identifications des acides gras, est très
utilisé au laboratoire (Barnathan, 1993) mais d’autres auteurs comme Yu ont développé les
dérivés de 4,4-diméthyloxazoline (DMOX) pour localiser les ramifications des acides (Yu et
al., 1988).

Les réactions effectuées pour obtenir ces EMAG et NAP ont été faites selon les modes
opératoires du laboratoire présentés en annexe page 27 et 28. Il est à noter encore une fois
que puisque nous partons d’un savon, la manipulation commence à partir du paragraphe
« Préparation pour l’acétylation sur la phase aqueuse B ».

IV. LONGUEUR DE CHAINE EQUIVALENTE (LCE) ET ANALYSE DES MELANGES D’ACIDES GRAS

Afin d’identifier certains acides gras ou de s’assurer de leur structure, nous avons eu
recours au calcul de différentes LCE. La longueur de chaîne équivalente est décrite dès 1956,
James et Martin ont mis en évidence une relation entre le logarithme du temps de rétention
réduit (Tr) et le nombre de carbones n des acides gras saturés à chaîne normale, log Tr = an +
b. Cette équation donne une droite de régression linéaire, à partir de points correspondants
aux acides gras saturés, laquelle a donné naissance à la notion de longueur de chaîne
équivalente (LCE) ou longueur équivalente de chaîne (LEC) selon Tranchant et Prévôt, dans le

11
« Manuel pratique de chromatographie en phase gazeuse » (Arpino et al., 1995). La longueur
de chaîne équivalente est, par définition, « le nombre d’atomes de carbone d’un acide gras
fictif à chaîne normale saturée qui aurait le même temps de rétention (Tr) que l’acide gras
considéré »(Barnathan, 1993). La valeur de LCE d’un ester méthylique d’acide gras non
saturé peut être déterminée par extrapolation d’une droite tracée à partir des temps de
rétention des esters méthyliques d’acide gras saturés (Nelson, 1974 ; Christie, 1988 et 1989).

C’est ainsi que des acides gras qui ont le même nombre de carbones sortent en général
dans une fourchette de LCE entre 0 et 1 unité LCE, selon que la chaîne grasse possède des
ramifications et/ou des insaturations. Plus la chaîne grasse est ramifiée, plus son temps de
rétention est diminué par comparaison avec celui de la chaîne linéaire saturée
correspondante. D’autre part, plus une chaîne grasse est insaturée, plus son temps de
rétention est court et ce temps de rétention va dépendre de la position des doubles liaisons
sur la chaîne, en utilisant une colonne apolaire. Cependant les acides gras insaturés
conjugués sont retenus plus longtemps que leurs isomères correspondants non conjugués.
Ainsi, toute rétention anormale pourra traduire la présence de systèmes conjugués (cj) au
niveau des doubles liaisons (Ruiz, 2007). La connaissance du temps de rétention de chaque
ester méthylique est indispensable pour permettre de calculer sa LCE à partir d’une droite
TR = f(nombre de C) établie avec les points correspondants aux acides gras saturés à chaînes
normales (15:0, 16:0, 17:0 …. 20:0, 22:0, 23:0, 25:0 …). Il a été montré que l’utilisation d’une
programmation linéaire de température sur l’ensemble de l’analyse, dans le cas d’un
nombre de 10 à 34 carbones, rend encore possible la détermination des LCE. Il est ensuite
possible de calculer toute valeur de LCE connaissant le temps de rétention d’un ester, et
enfin d’établir les droites correspondantes à des séries homogènes d’acides gras
homologues (James et Martin, 1956 ; Nelson, 1974 ; Kates, 1986 ; Christie, 1988 ; Barnathan,
1993).

12
Détermination des LCE à partir des spectres de masse des EMAG des différents savons
d’Alep testés.

Exemple du savon G :

nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 11,02 21,77 27,63 33,15 38,34 43,21 47,75
Tableau 1: Nombre de C et temps de rétention

Temps de rétention en fonction du nombre de


carbone
60
50 y = 2,6479x - 20,363

tR (min) 40
30
20
10
0
10 15 20 25 30
nC (LCE)

Figure 11: Droite exprimant le temps de rétention en fonction du nombre de carbone


L’équation de cette droite est donc : tR=2.65xLCE-20.36. Avec celle-ci et un temps de rétention, nous
pouvons retrouver la longueur de chaîne équivalente d’un EMAG présent dans le savon G grâce à la
relation : LCE=(tR+20.36)/2.65.

Et il en est de même pour les autres savons analysés (voir en annexe page 33 à 39).

V. ANALYSE DES MELANGES

Les dérivés d'acides gras (AG) sont analysés à l'aide d'un appareil de CPG/SM (Hewlett
Packard HP 6890 - GC System / HP 6890 – 70 eV) équipé d'une colonne SLB-5TM (60 m x 0,25
mm x 0,25 µm). Les températures de l'injecteur et du détecteur sont respectivement 250°C
et 280°C. Le gaz vecteur est l'hélium à un débit de 1 mL.min-1. La séparation des EMAG grâce
à la CPG n’est efficace que si la programmation linéaire de température est adaptée. La
programmation utilisée a été optimisée au laboratoire et appliquée comme telle : la
température de la colonne est fixée à un palier de 170°C pendant 4 min, puis augmentée de
3°C.min-1 jusqu'à 300°C pour l'analyse des EMAG (cycle = 57,33 min).

13
Température pallier

Vitesse d’augmentation
de température
Température finale

Temps total du cycle

Figure 12:Programmation de la température de la colonne pour l’analyse des EMAG

Pour les NAP, un palier à 200°C pendant 4 min, puis 3°C.min -1 jusqu'à 310°C durant 20
min (cycle = 50,67 min). Le volume injecté est de 1 µL en mode splitless.

Figure 13:Programmation de la température de la colonne pour l’analyse des NAP.

14
De l’analyse en CPG d’un mélange d’EMAG résulte un chromatogramme (courant
ionique total) sur lequel se détachent différents pics, chacun correspondant à une molécule
détectée.

Figure 14: Courant ionique total des EMAG du savon X

De plus, puisque le spectromètre de masse sert de détecteur, à chaque pic correspond


un spectre de masse et à partir de ces spectres, les AG correspondants pourront être
déterminés. Les pics recherchés sont le pic de Mac Lafferty m/z 74 (pic de base) et le pic m/z
87 qui sont caractéristiques des esters méthyliques.

15
Figure 15: Réarrangement de Mac Lafferty pour les EMAG

La longueur de chaîne carbonée est déduite grâce à l’ion moléculaire M+ (possède le m/z
le plus élevé) et selon les clés d’interprétation des spectres de masse des EMAG.

Nb. C M (EMAG) Nb. C M (EMAG) Nb. C M (EMAG Nb. C M (EMAG)


12 214 13 228 14 242 15 256
16 270 17 284 18 298 19 312
20 326 21 340 22 354 23 368
24 382 25 396 26 410 27 424
28 438 29 452 30 466 31 480
Tableau 2: Nombre de carbone et m/z correspondant pour les EMAG

59 87 115 143 171 199 227 255 283 311 367 395 423 451 479
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
H3CO 1
C 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29

O
74 101 129 157 185 213 241 269 297 353 381 409 437 465

Figure 16: Ions-fragments homologues des EMAG

16
Figure 17: Spectre de masse à 27.5min
Spectre de masse correspondant au pic à 27.5 min (TR) du CIT précédent. Ici on observe bien les deux
pics caractéristiques des EMAG ainsi que l’ion moléculaire M+ à m/z 298. Ces informations nous
indiquent que nous sommes en présence d’un AG saturés possédant 18 carbones.

Un temps de rétention allongé et une baisse d’intensité des pics diagnostics (m/z 74 et
87) indique la présence d’insaturation. En passant aux spectres issus des NAP, la place de ces
insaturations pourra être précisée. Le pic de base m/z 113 (pic de Mac Lafferty) et le pic à
m/z 126 sont les pics caractéristiques des NAP.

Figure 18: Réarrangement de Mac Lafferty pour les NAP

17
La fragmentation s’effectue régulièrement de méthylène en méthylène, laissant un
intervalle de 14 uma entre 2 pics. Une diminution à 12 uma de cet intervalle traduit la
présence d’une double liaison et donc son emplacement.
Nb. C M (NAP) Nb. C M (NAP) Nb. C M (NAP)
12 253 13 267 14 281
15 295 16 309 17 323
18 337 19 351 20 365
21 379 22 393 23 407
24 421 25 435 26 449
27 463 28 477 29 491
30 505 31 519 32 533
Tableau 3: Nombre de carbone et m/z correspondant pour les NAP

Figure 19: Ions-fragments homologues des NAP

18
Figure 20: Spectre de masse à 29.7min
Spectre de masse NAP correspondant au pic à 29.7min (TR). On retrouve ici les pics caractéristiques
des NAP ainsi que les fragments méthylène espacés de 14 uma. De plus, l’ion moléculaire indique qu’il
s’agit d’un AG de 16 carbones avec une insaturation. Entre les pics m/z 196 et 208, on ne compte que
12 uma. C’est d’après la clé d’interprétation des spectres des NAP que l’on peut déduire qu’il y a une
insaturation en Δ9.

19
PARTIE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION

Les analyses ont été menées sur 7 savons de différentes marques. Ces savons sont
décrits en annexe page 29. Trois prélèvements de 30mg sont réalisés au cœur du savon pour
composer l’échantillonnage. Les diagrammes suivant indiquent la proportion des 3 acides
gras les plus représentés dans chaque savon. En vert et bleu, on retrouve respectivement les
AG mono et poly-insaturés, en jaune et orange, les AG saturés, et en rouge le reste des AG
identifiés, saturés ou non. Le détail des acides gras identifiés dans les savons sont présentés
en annexe page 33 à 39.

Figure 21:Proportions en principaux AG des différents savons

Savon G Savon H
18:1, Δ9 18:1, Δ9
(ac. Oléique) (ac. Oléique)
10% 5% 6%
17% 5% 16%
16:0 16:0
(ac. Palmitique) (ac. Palmitique)
68% 73%
12:0 18:0
(ac. Laurique) (ac. Stéarique)

autres autres

Savon SIL Savon PIL


18:1, Δ9
(ac. Oléique)
18:1, Δ9
5% 8% 4% 9% (ac. Oléique)
16:0
17% (ac. Palmitique) 18% 16:0
(ac. Palmitique)
70% 20:0 69%
18:0
(ac. Arachidique) (ac. Stéarique)

autres autres

20
Savon X Savon Po

18:1, Δ9 18:1, Δ9
9% (ac. Oléique) 4% 6% (ac. Oléique)
5%
16% 16%
16:0 16:0
(ac. Palmitique) (ac. Palmitique)
70% 74%
18:0 18:0
(ac. Stéarique) (ac. Stéarique)
autres autres

Savon L
18:2, Δ9,12
(ac. Linoléique)
7%
18%
16:0
(ac. Palmitique)
49%
26%
18:1
(ac. Oléique)

autres

Pour pouvoir interpréter les résultats, une huile végétale de baies de laurier a été
analysée selon les mêmes principes énoncés plus haut (une saponification a donc été
réalisée au préalable). Cette huile provient de Turquie, pays frontalier de la Syrie. Le laurier
profitant ainsi de conditions de développement semblables, on peut supposer que la teneur
en acides gras analysée est sensiblement la même que celle utilisée pour la fabrication des
savons. Les références de cette huile sont présentées en index page 30.

21
Huile de baies de laurier

4% 18:1, Δ9
(ac. Oléique)
10%
44% 12:0
12%
(ac. Laurique)
16:0
(ac. Palmitique)
30%
18:2, Δ9,12
(ac. Linoléique)
autres

Figure 22: Proportions des principaux AG dans l'huile de baies de lauriers analysée

De plus, on peut se référer au tableau ci-après, résumant la composition en acides gras


de différentes huiles végétales. Les cases grisées indiquent que l’AG correspondant n’entre
pas dans la composition de l’huile ou alors en quantité négligeable.

Laurique Myristique Palmitique Stéarique Oléique Linoléique Linolénique


(C12:0) (C14:0) (C16:0) (C18:0) (C18:1) (C18:2) (C18:3)

Noix de coco 47,6 17,3 8,5 2,7 6,4 2,1


Palmiste 50,4 17,3 7,9 2,3 11,8 2,1
Olive 0,7 1,3 2,3 78,1 7,2 0,6
Palme 2,5 40,8 3,6 45,2 7,9
Tournesol 0,1 0,3 5,9 4,7 26,4 61,5 0,4
Tableau 4: Composition des principaux acides gras de différentes huiles végétales
(Fatty acids : a versatile and sustainable source of raw materials for the surfactant industry, 2001)

On observe que les différents savons analysés possèdent presque tous le même profil :
une majorité (environ 70%) d’AG mono-insaturé, l’acide oléique, 16 à 18% d’AG saturé
correspondant à l’acide palmitique et environ 5% d’un autre AG saturé, l’acide stéarique.
Ces données indiquent que le composant majoritaire de ces savons est bien l’huile
d’olive. Toutefois il est à noter que dans l’huile d’olive, le taux d’acide palmitique n’est pas
aussi important que celui retrouvé lors des analyses (en annexe page 31 et 32, voir
l’estimation des taux des principaux AG). Ce taux peut être expliqué par la présence dans ces
savons d’huile de palme, très concentrée en acide oléique ainsi qu’en acide palmitique.

22
En revanche, le profil du savon L est différent. On s’aperçoit que l’AG majoritaire est un
poly-insaturé : l’acide linoléique. De plus, les deux autres AG principaux sont l’acide
palmitique et l’acide oléique. Ces proportions sont telles que l’on peut reconnaître ici le
profil de l’huile de tournesol comme principal composant du savon, non l’huile d’olive ou de
baies de laurier. Et comme précédemment, on peut aussi supposer que de l’huile de palme a
été utilisée.

De même, si l’acide arachidique n’est retrouvé qu’à 5% dans le savon SIL, ce


pourcentage est assez important pour comprendre qu’une quantité non négligeable d’huile
d’arachide a été utilisée pour fabriquer ce savon. En effet, l’acide arachidique est un AG
caractéristique de l’huile d’arachide, car il n’est presque exclusivement retrouvé que dans
cette huile (Rafatowski et al., 2008).

Enfin, on peut voir que le troisième AG le plus représenté dans le savon G est l’acide
laurique. Celui-ci, avec l’acide oléique et palmitique, se retrouve dans la composition de
l’huile de baies de laurier analysée. Toutefois, il est à noter que même si l’emballage indique
une proportion allant jusqu’à 40% (dans les savons G et L), la quantité maximale retrouvée
en analyse est de 5% en acide laurique (savon G). A noter que ce savon G, ainsi que le savon
L sont ceux qui mentionnent dans leur composition le plus fort taux d’huile de baie de
Laurier, à savoir 40%. On aurait du retrouver environ 12% d’acide laurique. Pour les savons L
et PIL, seulement 3 % d’acide laurique est retrouvé, soit environ 10% d’huile de baies de
laurier utilisée. Seuls deux autres savons comportent de l’acide laurique dans leur
composition (SIL et X) avec un taux inférieur à 1%. Cependant, regarder la présence et le
taux d’acide laurique pour affirmer que l’acide laurique présent dans le savon provient de
l’huile de baie de laurier doit être modéré. Dans l’analyse des AG par CPG/SM, l’acide
laurique est l’AG le plus volatil détecté. L’estimation de son taux peut donc être sous estimé.
Il faut aussi noter que l’acide laurique est présent presque à 50% dans les huiles de noix de
coco et huile de palmiste. Ces deux huiles sont habituellement largement utilisées en
savonnerie pour leur fort taux d’acide laurique, permettant les propriétés moussantes du
savon.

23
CONCLUSION

Grâce à la technique de chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie


de masse, nous avons pu voir que l’ensemble des 7 savons analysés semblent renfermer
différentes huiles végétales : l’huile d’olive, l’huile de baies de laurier, l’huile de palme,
l’huile d’arachide ou tournesol.
Or ces deux dernières huiles ne sont pas présentées dans la composition des savons car
elles n’entrent théoriquement pas dans la recette ancestrale du savon d’Alep. Les étiquettes
présentant la composition de ces huiles n’indiquent pas la composition exacte du savon. Il
semble que les huiles traditionnelles ont, en partie ou intégralement, été remplacées par des
huiles moins couteuses comme l’huile de palme.
Toutefois, on peut tout de même remarquer que le savon qui semble le plus fidèle à sa
composition annoncée est le savon G. En revanche, celui qui s’en éloigne le plus est le savon
L. En effet, non seulement ce dernier ne contiendrait pas les taux annoncés d’huile d’olive et
de baies de laurier, mais en plus celles-ci seraient totalement remplacées par une huile de
même composition que celles de tournesol et de palme. Ce qui peut expliquer l’aspect visuel
très homogène et entièrement vert clair de ce savon, complètement différent des autres.

Tout ceci pose un certain nombre de problèmes, d’abord du point de vue de


l’étiquetage.
En effet, le savon d’Alep est un produit cosmétique et doit respecter plusieurs mentions
obligatoires sur son emballage. L’article 6 de la Directive Cosmétique 76/768/CEE modifiée
et l’article L.5131-4 du Code de la Santé Publique prévoient l’inscription sur l’emballage du
nom et l’adresse de l’exploitant, du poids ou du volume du produit et d’une date
d’utilisation optimale entre autres. Ces mentions ne sont pas toujours retrouvées sur les
emballages. Mais ces articles prévoient surtout l’inscription de la véritable liste des
ingrédients utilisés lors de la fabrication, sous dénomination officielle (INCI). On voit par ces
analyses que cela n’est pas le cas.

Ceci nous amène à un second problème, qui est celui de la législation. Car sans oublier
l’incertitude quant à la présence d’huile de graines de laurier pourtant interdite, il est
indéniable que la réglementation française n’est pas toujours appliquée (traçabilité, analyse,

24
respect de la formule originale…) (ANSM, 2014). Pourtant même si le savon d’Alep est
majoritairement fabriqué en Syrie, et importé en France, il doit respecter la législation
européenne. Cela étant dit, la guerre faisant rage aujourd’hui en Syrie, il devient très
compliqué, voire impossible de faire se déplacer des inspecteurs ou des organismes
certificateurs sur place (M.Visseyrias, 2014).

On peut ainsi voir les limites du commerce international de certains produits


cosmétiques qui trompent le consommateur en mentionnant une composition différente de
celle réellement utilisée lors de la fabrication.

25
ANNEXES

26
Annexe 1 : Mode opératoire saponification et acétylation

MODE OPERATOIRE
N° de codification :
SAPONIFICATION
MO-SAP-STRL-AG
ACETYLATION
ESTERS METHYLIQUES D’ACIDE
Révision : A-00
GRAS (EMAG)
CHIMIE DES LIPIDES MARINS N-ACYL PYRROLIDIDES (NAP) Page : 27/51
sur 50mg

Acide Gras (AG) et stérols sur 50 mg d'extrait brut (EB)

SAPONIFICATION :

- Peser 50 mg EB dans un tube à essai en pyrex bouché


- Rajouter 5mL de solution de KOH éthanolique 2mol/L à 80 °C pendant 1,5 h.
- Après refroidissement ajouter 1 mL d'eau et 4 mL de CH2Cl2.
- Agiter fermement pour extraire
- Centrifuger 5 min à 3000 rpm

PREPARATION POUR L'ACETYLATION :

 Sur la phase organique A : (l’insaponifiable, stérols libres)


 Ajouter deux pointes de spatules de Na2SO4 anhydre et agiter
 Centrifuger 5 min à 2000 rpm
 Prélever le surnageant dans deux autres tubes :
 500 µL dans un pilulier pour l'analyse GC-MS des stérols libres
 Le volume restant est évaporé à sec à 45°C sous air comprimé
 Effectuer l'acétylation (voir MO-ACET)
 Garder en pilulier 1 mL pour l’analyse CPG-SM des acétates des stérols

 Sur la phase aqueuse B : (libère les acides gras)


 Acidifier par environ 500 µL d'une solution HCl 2mol/L pour avoir un pH 4-5 (utiliser un
agitateur en verre)
 Extraire par 4 mL de CH2Cl2
 Centrifuger 5 min à 3000 rpm
 Ajouter deux pointes de spatule de Na2SO4 à la phase organique et agiter
 Centrifuger 5 min à 3000 rpm
 Prélever le surnageant dans un autre tube
 Évaporer à sec sous air comprimé (on obtient les acides gras)
 Effectuer les EMAG et NAP (voir MO-ESTER-EMAG-NAP).

27
Annexe 2 : Miniaturisation

MODE OPERATOIRE
N° de codification :
MO-ESTER-EMAG-
MINITUARISATION
NAP
ESTERS METHYLIQUES D'ACIDES GRAS (EMAG)
Révision : A-00
ET
CHIMIE DES LIPIDES MARINS Page : 28/1
N-ACYL PYRROLIDIDES (NAP)

MeOH : Méthanol
MeOH / HCl : méthanol chlorhydrique
Na2SO4 : Sulfate de sodium anhydre, si hydraté le mettre à sécher à l'étuve à 80 °C
CH2Cl2 : Dichlorométhane

ESTERIFICATION DES ACIDES GRAS


REALISATION DES ESTERS METHYLIQUES D’ACIDES GRAS (EMAG) :

Après évaporation à sec ou pour 50 mg de mélange des acides gras dans un tube :
- Ajouter 1 mL de méthanol chlorhydrique MeOH / HCl à 6% (méthanol chlorhydrique
à environ 12% (frigo), dilué au ½ avec du méthanol distillé)
- Chauffer à 80°C pendant 1 h
- Après refroidissement, ajouter 1 mL d’eau distillée
- Extraire par 4 mL de CH2Cl2 puis centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Enlever la phase aqueuse avec une pipette pasteur
- Ajouter deux pointes de spatules de Na2SO4 anhydre à la phase organique et agiter
- Centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Prélever le surnageant dans un autre tube
- Garder en pilulier 1 mL pour l’analyse CPG-SM du mélange des EMAG

REALISATION DES N-ACYL PYRROLIDIDES (NAP)

- Evaporer à sec à 45 °C sous air comprimé le volume restant du surnageant


- Ajouter 500µL de pyrrolidine (frigo) + 100 mL d’acide acétique, chauffer à 85 °C, 1 h
- Après refroidissement ajouter 500 µL d’eau distillée
- Extraire par 4 mL de CH2Cl2 et centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Enlever la phase aqueuse avec une pipette pasteur
- Ajouter deux pointes de spatule de Na2SO4 à la phase organique et agiter
- Centrifuger 5 min à 3000 rpm
- Prélever le surnageant dans un autre tube
- Concentrer à 1 mL à 45°C sous air comprimé pour la CPG-SM des pyrrolidides

28
Annexe 3 : Présentation des sept savons d’Alep analysés
Composition
Savon Nom Laboratoire/marque Description Point de vente
annoncée

50% HO; Croûte brune Pharmacie de


Laboratoire du Haut 40%BL; dorée, galerie de
G Savon d'Alep
Segala 5%NaOH; Intérieur vert centre
5%H2O émeraude commercial

Croûte brune
Authentique 88% HO; dorée, Pharmacie de
H Soleil d'Orient
savon d'Alep 12% BL Intérieur vert centre ville
émeraude

Croûte brune
75%HO;
dorée,
SIL Le Grand Alep Prophardis 15%BL; Parapharmacie
Intérieur vert
soude végétale
émeraude

HO saponifiée; Croûte brune


Veritable 25% BL; dorée, Pharmacie de
PIL Alepia
savon d'Alep eau; intérieur vert quartier
traces de soude pomme

40% huile de baie de


laurier biologique;
entièrement
Savon d'Alep sodium olivate;
L Lauralep lisse et vert Magasin bio
rare sodium laurate;
clair
aqua;
sodium hydroxyde

Croûte brune
Magasin de
Savon d'Alep 87%HO; dorée,
X KarawanAuthentic produits
tradition 8%BL Intérieur vert
naturels
émeraude

sodium oleate,
sodium linoleate,
sodium palmitate,
Croûte brune Chaîne de
aqua, olea europea
Savon d'Alep dorée, magasins de
Po Aleppo Soap Co. oil unsaponifiable,
Laurier Intérieur vert produits de la
sodium laurate,
émeraude mer
sodium myristate,
sodium hydroxyde,
sodium arachidate

HO=huile d’olive ; BL=huile de baies de laurier

29
Annexe 4 : Fiche technique de l’huile de baies de laurier

Nom : Huile végétale de baies de laurier

Marque : « AROMA ZONE »

Composition : Laurus nobilis

Origine : Turquie

Culture : sauvage

Date de pression : 08/2012

N° de lot : OHVO222-1/1854

Date de péremption : 08/2014

30
Annexe 5 : Estimation du taux des principaux acides gras d’après la composition des savons.

Savon SIL

Principaux AG Taux calculé (%) Taux expérimental (%)

Oléique 65 70

Linoléique 6,8 <5

Palmitique 2 17

Laurique 4,5 <1

+ 5% arachidique

Savon PIL

Principaux AG Taux calculé (%) Taux expérimental (%)

Oléique 69,5 69

Linoléique 7,8 <4

Palmitique 3 18

Laurique 7,5 3

Savon X

Principaux AG Taux calculé (%) Taux expérimental (%)

Oléique 71,4 70

Linoléique 6,9 <5

Palmitique 1 16

Laurique 2,4 <1

+ 5% stéarique

31
Savon H

Principaux AG Taux calculé (%) Taux expérimental (%)

Oléique 74 73

Linoléique 7,4 <5

Palmitique 1,5 16

Laurique 3,6 <3

+ 16% stéarique

Savon G Savon L

Taux expérimental Taux expérimental


Principaux AG Taux calculé (%)
(%) (%)

Oléique 57 68 18

Linoléique 7,5 <5 49

Palmitique 5 17 26

Laurique 12 5 <3

+ 16% stéarique

32
Annexe 6 : LCE et proportions des AG présents dans le savon G

nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 11,02 21,77 27,63 33,15 38,34 43,21 47,75

Acide gras %

18:1, Δ9 (Oléique) 67,90

16:0 (Palmitique) 16,86

12:0 (Laurique) 5,54

18:0 (Stéarique) 3,59

20:0 (Arachidique) 3,51

16:1, Δ9 0,94

20:1, Δ11 0,60

19:1 0,45

22:0 0,28

24:0 0,18

26:0 0,16

33
Annexe 7 : LCE et proportions des AG présents dans le savon H

nC (LCE) 16 18 20 22 24 26
tR (min) 21,78 27,71 33,16 38,32 43,19 47,74

Acide gras %

18:1, Δ9 (Oléique) 73,28

16:0 (Palmitique) 15,92

18:0 (Stéarique) 5,00

20:0 (Arachidique) 3,08

16:1, Δ9 0,85

18:2 cj 0,61

20:1, Δ11 0,43

22:0 0,32

24:0 0,27

26:0 0,26

34
Annexe 8 : LCE et proportions des AG présents dans le savon L

nC (LCE) 12 16 18 20
tR (min) 10,8 21,58 27,32 32,79

Acide Gras %

18:2, Δ9,12 (Linoléique) 48,59

16:0 (Palmitique) 25,81

18:1 (Oléique) 18,16

12:0 (Laurique) 3,17

18:0 (Stéarique) 2,86

16:1, Δ9 0,85

20:0 0,35

14:0 0,22

35
Annexe 9 : LCE et proportions des AG présents dans le savon PIL

nC (LCE) 12 14 16 18 20
tR (min) 19,6 24,9 30,2 35,1 39,64

Acide gras %
18:1, Δ9 (Oléique) 69,26
16:0 (Palmitique) 18,11
18:0 (Stéarique) 3,87
12:0 (Laurique) 2,86
18:2 cj 1,49
20:0 1,43
20:1, Δ11 0,72
16:1,Δ9 0,52
14:0 0,47
22:0 0,29
24:0 0,26
26:0 0,25
18:2 cj 0,16
18:3 cj 0,11
25:0 0,06
23:0 0,06
21:0 0,05
17:0 0,05

36
Annexe 10 : LCE et proportions des AG présents dans le savon Po

nC (LCE) 16 17 18 20 22
tR (min) 30,45 32,78 35,41 39,8 44,53

Acide gras %

18:1, Δ9 (Oléique) 74,07

16:0 (Palmitique) 15,86

18:0 (Stéarique) 4,38

20:0 2,31

20:01 0,90

16:1,Δ7 0,52

16:1, Δ9 0,47

18:2 cj 0,35

22:0 0,29

26:0 0,26

24:0 0,26

17:0 0,21

28:0 0,11

17:0 0,01

37
Annexe 11 : LCE et proportions des AG présents dans le savon SIL

nC (LCE) 16 18 22 23 24 26 28
tR (min) 21,59 27,77 37,79 40,23 42,63 47,16 51,92

Acide gras %

18:1, Δ9 (Oléique) 69,06

16:0 (Palmitique) 17,22

20:0 (Arachidique) 4,50

16:1, Δ9 0,92

20:1, Δ11 0,80

18:2 cj 0,67

18:3 cj 0,63

18:2, Δ9,12 (Linoléique) 0,45

22:0 0,37

24:0 0,32

26:0 0,32

28:0 0,15

12:0 (Laurique) 0,06

23:0 0,06

18:0 4,46

38
Annexe 12 : LCE et proportions des AG présents dans le savon X

nC (LCE) 12 16 18 20 22 24 26
tR (min) 10,75 21,58 27,49 32,96 38,07 42,94 47,48

Acide gras %

18:1, Δ9 (Oléique) 69,59

16:0 (Palmitique) 16,53

18:0 (Stéarique) 4,94

20:0 (Arachidique) 3,78

18:2, Δ9 1,78

16:1 0,89

18:2 cj 0,68

20:1, Δ11 0,45

22:0 0,35

24:0 0,30

26:0 0,29

17:1 0,20

28:0 0,11

12:0 (Laurique) 0,08

17:0 0,00

39
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 J.Rioual, 2011
Que faut-il savoir sur les savons ? Zoom sur le savond’Alep.
Nantes

 H.B. Routh, K.R. Bhowmik, L.C. Parish, J.A. Witkowski, 1996


Soaps: from Phoenicians to the 20th Century –A historical review
Clinics in dermatology, p3-6

 N. Ruiz, 2007.
Micromycètes et métabolites fongiques en milieu marin - Production, identification et
évaluation pharmacologique de lipides, acides gras et peptides.
Université de Nantes, pp. 283.

 Saryane sas©
http://www.savon-d-alep.com/
visite les 03/10/13 et 20/08/14

 G. Vigarello, 1985
Le propre et le sale –L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge-
Editions du Seuil

 M.Visseyrias, 2014
Le savon d’Alep emporté par la guerre civile en Syrie
Le Figaro Economie

 Q.T. Yu, B.N. Liu, J.Y. Zhang and Z.H. Huang, 1988
Location of methylbranching in fattyacids : Fattyacids in uropygial secretion of
shanghaiduck by GC-MS of 4,4-dimethyl-oxazoline derivatives. Lipids, 23 : 804-810.

Nombre total de références : 22.

41
LISTE DES FIGURES
Figure 1: La ville d’Alep dominée par sa citadelle (www.humanite.fr) ..................................... 2

Figure 2:Etuve de Vésone (www.universrr.com) ....................................................................... 3

Figure 3:Saponification en chaudron (www.derm-alep.com) .................................................... 5

Figure 4:Découpe et estampillage du savon (www.derm-alep.com)......................................... 6

Figure 5:Démarrage du séchage (www.derm-alep.com) .......................................................... 6

Figure 6:Schéma explicatif de la CPG (source : laboratoire MMS) ............................................ 9

Figure 7:Schéma explicatif de la spectrométrie de masse (source : laboratoire MMS) ........... 9

Figure 8:Réaction 1. Saponification et libération de l’acide gras............................................. 10

Figure 9:Réaction 2 : Estérification .......................................................................................... 10

Figure 10:Formation du dérivé NAP ......................................................................................... 11

Figure 11: Droite exprimant le temps de rétention en fonction du nombre de carbone. ...... 13

Figure 12:Programmation de la température de la colonne pour l’analyse des EMAG .......... 14

Figure 13:Programmation de la température de la colonne pour l’analyse des NAP. ............ 14

Figure 14: Courant ionique total des EMAG du savon X .......................................................... 15

Figure 15: Réarrangement de Mac Lafferty pour les EMAG .................................................... 16

Figure 16: Ions-fragments homologues des EMAG.................................................................. 16

Figure 17: Spectre de masse à 27.5min ................................................................................... 17

Figure 18: Réarrangement de Mac Lafferty pour les NAP ....................................................... 17

Figure 19: Ions-fragments homologues des NAP ..................................................................... 18

Figure 20: Spectre de masse à 29.7min . ................................................................................. 19

Figure 21:Proportions en principaux AG des différents savons ............................................... 20

Figure 22: Proportions des principaux AG dans l'huile de baies de lauriers analysée ............. 22

42
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Nombre de C et temps de rétention ...................................................................... 13

Tableau 2: Nombre de carbone et m/z correspondant pour les EMAG .................................. 16

Tableau 3: Nombre de carbone et m/z correspondant pour les NAP ..................................... 18

Tableau 4: Composition des principaux acides gras de différentes huiles végétales ............ 22

43
UNIVERSITE DE NANTES ANNEE DE SOUTENANCE

FACULTE DE PHARMACIE 2014

Nom – Prénoms : ROBSOMANITRANDRASANA Antsa Estelle

Titre de la Thèse : Etude de la composition en acides gras de plusieurs savons dits « d’Alep ».
Comparaison et discussion

Résumé de la thèse :

Profitant de l’attrait actuel du grand public pour les produits « naturels », le savon d’Alep est
un produit cosmétique de plus en plus utilisé. En effet, ancêtre du savon de Marseille, il met
en avant une fabrication artisanale et une composition traditionnelle simpliste à base de
trois ingrédients seulement : l’huile d’olive, l’huile de baie de laurier et la cendre de salicorne
comme base alcaline. Cette thèse a pour objet de vérifier cette composition au travers de
l’analyse en laboratoire des acides gras de sept savons achetés au hasard dans différents
commerces.

Grâce à la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse


(CPG/SM), les acides gras reconnus permettent d’obtenir le profil des huiles composant ces
savons. Il est donc possible de comparer la composition théorique, annoncée sur
l’emballage, et la composition réelle obtenue grâce aux différentes techniques d’analyse.

MOTS CLES :

SAVON, ALEP, ACIDES GRAS

JURY :

PRESIDENT : Mme Laurence COIFFARD, Professeur de Cosmétologie

Faculté de Pharmacie de Nantes

ASSESSEURS : Mme Gaëtane WIELGOSZ COLLIN, Maître de Conférences en Chimie Générale,


Faculté de Pharmacie de Nantes

Mme Catherine DUMAS-PILHOU, Pharmacien titulaire,

Allée des Marguerites, 44600 Saint Nazaire

Adresse de l’auteur :

10 Boulevard de Sunderland, 44600 Saint Nazaire

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