Etre Un Leader Createur Inconnu - e
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UN LEADER CRÉATEUR
PASCALE DUFRESNE
Être
UN LEADER CRÉATEUR
ISBN : 978-2-89793-264-0
ISBN Epub : 978-2-89793-265-7
Pourquoi ce livre ?
De plus en plus les gens désirent que leur vie professionnelle ait un sens et
que les relations humaines soient authentiques. Ils souhaitent créer un
impact positif dans leur milieu et dans le monde. En fait, ils veulent traiter
les autres et être eux-mêmes traités comme des humains, tout simplement.
La crise de la COVID-19 et le remaniement du monde du travail qu’elle a
occasionné nous a donné une leçon : les compétences humaines font toute
la différence dans la capacité du leader à faire face à une crise, à un
contexte incertain et à la fragilité humaine… On a besoin de leaders
capables d’être humains… envers les humains.
Depuis le début de l’année, je vois passer de nombreux textes qui vantent
les qualités du leader de demain : conscient, authentique, éternel apprenant,
bienveillant et au service de son équipe, pour n’en nommer que quelques-
unes. Mais peut-on s’entendre pour dire que des phrases comme celles-ci ne
tiennent plus la route ? Que le leader de « demain » devrait être humain ?
Que les compétences du « futur » sont l’empathie et la bienveillance ?
Le leader « d’aujourd’hui » (même celui d’hier) doit démontrer ces qualités
humaines d’empathie et de bienveillance. D’ailleurs, beaucoup de leaders le
font déjà. Plusieurs leaders SONT humains, emphatiques et bienveillants ou
portent l’intention d’être ce leader.
Mais on a choisi pendant longtemps, trop longtemps, de faire passer la
performance en premier. D’extraire le jus des personnes pour créer des
résultats (au lieu de nourrir les personnes avec du sens pour les inspirer à
l’action). Et nous réalisons maintenant que cela a un prix. Un prix énorme.
Et tout humain, soumis à de la pression et qui ne se sent pas en sécurité
psychologique, trouve plus difficile, voire impossible de demeurer sur son
chemin de compassion et d’humanité.
La nécessité d’être performant et de créer des résultats ne quittera pas nos
organisations. Le vrai et réel défi d’aujourd’hui pour un leader est
d’apprendre à naviguer avec toute son humanité dans des cultures
imparfaites et un contexte en turbulence, tout en créant de la performance.
Le vrai et réel défi d’aujourd’hui pour nos organisations est de
RÉCONCILIER la PERFORMANCE et l’HUMANITÉ. De créer une
performance durable : une saine performance, consciente et respectueuse
des humains et de notre planète.
Notre réalité de leader, aujourd’hui, c’est le monde VICA (Volatile,
Incertain, Complexe et Ambigu). C’est la nouvelle normalité dans ce
monde hyperconnecté qu’est le nôtre. Il n’y a dorénavant qu’une seule
chose que nous savons avec certitude, c’est que d’autres bouleversements
sont à venir, car dans un univers complètement interconnecté, un rien peut
créer une onde de choc dans le monde entier.
Malheureusement, les bouleversements créent la peur. Et comme les gens
ont soif de sécurité, les dirigeants ont le réflexe de se tourner vers ce qui
leur est familier : un leadership de force, d’autorité et de contrôle. Mais cela
ne fonctionnera pas. Ne fonctionnera plus. Nous devons aujourd’hui revoir
complètement le modèle de leader dont nous avons besoin.
Les leaders dont le monde a dorénavant besoin sont ceux qui ont la capacité
de conjuguer performance et humanité, de naviguer avec sérénité dans un
environnement incertain et rempli de paradoxes. Ceux qui demeurent des
acteurs positifs dans leur milieu, même quand ça brasse ou que c’est le
chaos.
C’est d’un état d’esprit neuf et d’une nouvelle posture dont doivent se doter
les leaders. Créer de la performance durable, ça demande des changements
importants. Il faut remplacer la performance à tout prix, la compétition, la
sur-exigence et le contrôle par la confiance, la conscience et la durabilité.
Sortir des dualités pour embrasser l’art de la nuance.
Comme le dit Javier Pladevall, ancien directeur d’Audi Volkswagen en
Espagne : « Le leadership d’aujourd’hui consiste à désapprendre la gestion
et à réapprendre l’humain. »
Ainsi, ils pourront inspirer les autres grâce à qui ils sont et mettre tout leur
être au service de leur mission : créer un impact positif dans leurs
organisations et le monde.
En fait, la majorité des leaders savent quoi faire. Ils ont beaucoup lu, se sont
formés, mais ils réalisent que « savoir » ne suffit pas. Un réel changement
de « mindset » et de paradigmes est nécessaire pour qu’ils puissent incarner
ce qu’ils souhaitent être. Un peu comme une mise à jour de leur système
d’exploitation interne.
Quelles sont donc les compétences du futur – et d’aujourd’hui –
dans ce monde VICA auquel nous devons nous adapter ?
Comment diriger et être au service d’une mission sans se laisser
tomber soi-même ?
Que doit mettre de l’avant un leader pour y arriver ?
LE LEADERSHIP D’AUJOURD’HUI
En tant que leaders, on nous apprend quoi faire, mais ensuite nous devons
apprendre à ÊTRE des leaders.
Ces trois dynamiques (qu’on appelle aussi jeux intérieurs) sont celles des
leaders qui se retrouvent au stade de conscience réactif. Vous en apprendrez
davantage à ce sujet dans les deux premiers chapitres du livre ; 65 % de
tous les leaders opèrent à ce stade.
Ce leadership réactif, quoiqu’il crée de la performance, celle-ci a souvent
un prix. Quand l’environnement est stable, que les règles du jeu sont claires,
tout va bien. Mais quand le contexte devient volatile, incertain, complexe et
ambigu, quand la pression monte, c’est là que les leaders tombent dans leur
piège : trop de contrôle, d’exigence, de protection, de conformité, de
complaisance. Et c’est là aussi qu’ils créent de l’insécurité, du
désengagement, des frustrations. Ils créent même, sans le vouloir, de la
souffrance. Et quand les personnes souffrent et ne suivent plus, tout dérape.
Un individu souffrant crée plus de souffrance. Une culture souffrante crée
des individus souffrants. On est dans un cercle vicieux.
Les leaders sont pris dans ce paradoxe Performance – Humanité, de façon
différente, à partir de leur propre dynamique.
Le leader créateur
Malgré toutes nos bonnes intentions pour plus de bienveillance et
d’authenticité, nos cultures organisationnelles sont loin d’être parfaites. Les
leaders qui démontrent un niveau de performance supérieur à celui attendu
dans leurs organisations sont ceux qui possèdent la capacité de naviguer
dans ce contexte de culture organisationnelle humainement imparfait, et ce,
tout en demeurant un acteur positif. Simple, me direz-vous. Simple et si
complexe à la fois.
Ces leaders sont, en fait, des leaders créateurs.
Au cours de mon travail et de mes analyses, j’ai repéré les compétences
d’être qui soutiennent les leaders dans leur capacité à diriger dans un monde
complexe et en turbulence et qui sont représentées par chacun des chapitres
de cet ouvrage. Ce sont également elles qui leur permettent de « marcher la
route » du développement et ainsi passer d’un leadership réactif à un
leadership créateur.
Ce livre est composé de quatre étapes, qui représentent la démarche ÊTRE
un leader en quatre étapes. C’est la démarche de développement proposée
qui permet aux leaders de solidifier leurs compétences verticales
(compétences d’être), celles qui sont nécessaires pour diriger dans cette
nouvelle réalité d’aujourd’hui qui est haute en complexité.
Étape 1 : L’éveil
Chapitre 1 : Leader conscient
Chapitre 2 : Comprendre son jeu intérieur
Étape 2 : La transformation
Chapitre 3 : Leader créateur : Élever son jeu intérieur
Chapitre 4 : Diriger à partir de sa boussole intérieure
Chapitre 5 : Adopter la mentalité paradoxale : l’état d’esprit des « ET »
Étape 3 : La réconciliation
Chapitre 6 : Diriger avec performance ET humanité
Étape 4 : L’enracinement
Chapitre 7 : Leadership de pleine conscience : savoir naviguer avec sérénité
dans la turbulence
Chapitre 8 : Être un éternel apprenant
Soyez ce leader
J’aurais pu faire référence dans ce livre à une appellation populaire comme
leadership « humaniste », « conscient » ou « authentique ». Mais j’ai un
rêve. Celui qu’un jour, on appelle un leader… un leader. Qu’un leader, par
définition, soit tout ça : conscient, authentique, bienveillant, humain. Qu’il
soit un leader. Point.
C’est un fait, les grands leaders inspirent davantage par ce qu’ils sont que
par ce qu’ils font et ce qu’ils connaissent. Ils dirigent et vivent avec
humanité, sérénité et durabilité. Ainsi, ils peuvent mettre tout ce qu’ils sont
au service de leur mission afin de créer un impact positif dans leurs
organisations et le monde.
Il est important de noter que j’utilise le terme « leader » au sens large. Car
nul besoin d’occuper un rôle « formel » de gestionnaire pour en être un. Je
crois que tout le monde a la capacité d’être un leader inspirant s’il s’engage
sérieusement dans son processus d’évolution. Mais pour ça, il n’y a pas de
recette magique ou de trucs et astuces. Un bon leadership part de soi et
repose sur notre capacité à être authentique.
Le nombre de qualités et d’habiletés inhérentes au leadership qui sont
présentées dans ce livre ainsi que la profondeur de la transformation
peuvent paraître intimidantes. Soyez rassuré, notre développement humain,
c’est l’histoire d’une vie ! L’objectif est plutôt que vous sachiez où vous en
êtes, quels sont vos « possibles », et que vous puissiez reconnaître vos
forces afin de vous appuyer sur ces leviers pour créer votre propre carte
routière de développement.
Victor Hugo a dit : « L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain. »
Permettons-nous donc de rêver à un monde meilleur et à des organisations
où règnent la bienveillance et la compassion, où on crée une saine
performance.
Et si c’est ce que vous souhaitez, soyez ce leader. Le monde et nos
organisations ont besoin de vous.
PRÉAMBULE
L’AVENTURE QUI ALLAIT INSPIRER
MON LEADERSHIP
Grandir de l’intérieur
Si vous êtes comme la majorité des leaders que je connais, dont moi, vous
avez atteint la limite de ce que vous pouvez offrir… Nos équipes
grandissent et nous vivons dans un monde interconnecté, qui évolue
rapidement, où la pression est grande et où on nous demande de toujours en
donner plus.
La seule option que nous avons donc, afin d’exercer un leadership durable,
est de grandir de l’intérieur. De nous transformer. De devenir meilleurs pour
naviguer dans des environnements de plus en plus complexes et de plus en
plus stressants. De devenir plus efficaces en usant de nos ressources
internes.
Nous devons transcender notre niveau actuel de leadership. Et pour faire
cela, il est primordial pour nous d’évoluer, en conscience, de nous rendre
compte que sa fondation, c’est notre humanité. Car il n’y a pas de doute,
devenir un meilleur humain fait de nous de meilleurs leaders. Les deux sont
inséparables.
Pour ce faire, il faut travailler à devenir la meilleure version de nous-
mêmes. Pas seulement intellectuellement, mais aussi émotionnellement et
spirituellement. C’est ce que j’appelle le « jeu intérieur ».
La bonne question à se poser et qui est au cœur de cet ouvrage, c’est : Que
pouvons-nous faire pour améliorer les performances de ceux qui occupent
des rôles de leadership ? Je suis d’avis qu’il y existe la science ainsi que
l’art du leadership et que les deux importent.
La science du leadership doit être apprise. Un leader doit renforcer ses
connaissances et son expertise. Elles sont toutefois plus faciles à développer
que les habitudes, les comportements ou les changements émotionnels (l’art
du leadership). Certaines personnes développeront cet art plus aisément que
d’autres. Nous savons que des qualités comme l’humilité, la curiosité,
l’intelligence émotionnelle et l’empathie augmentent le potentiel des
individus dans leur leadership, nous pouvons conclure que les interventions
de développement du leadership sont essentielles. Il y a toutefois un
paradoxe ici. Car ce que nous pouvons constater, c’est que
malheureusement les démarches de développement et de coaching sont plus
efficaces auprès de ceux qui en ont le moins besoin… ceux qui démontrent
déjà des qualités comme l’humilité, la curiosité, l’intelligence émotionnelle
et l’empathie. C’est, à mon avis, de cela dont nous sommes témoins
aujourd’hui face à l’importance sans équivoque des qualités humaines des
leaders. Ce constat qui n’a fait qu’être renforcé, car les programmes conçus
pour améliorer l’efficacité des leaders ont créé un fossé entre ceux qui ont
plus de potentiel de leadership et ceux qui en ont moins…
Et si nous reprenons l’exemple du violon cité plus haut… J’ai débuté des
cours de violon à l’âge de trois ans. À l’adolescence, bien que j’aie reçu le
même nombre d’heures de cours que tous les autres enfants du groupe, que
j’aie été disciplinée dans mes pratiques et que j’aie appris ma théorie et mon
solfège de façon assidue, je ne suis jamais devenue une virtuose…
Concernant l’art, personne ne part du même lieu…
Alors est-ce que le leadership s’apprend ? Il se développe, assurément. Et
j’en suis une croyante fervente, comme plusieurs autres d’ailleurs qui
œuvrent aussi dans le domaine du développement du leadership. Sinon,
nous ne ferions pas le métier que nous exerçons…
LEADER CONSCIENT
Cette statistique vous surprend ? Elle est tirée des recherches de la Dre
Tasha Eurich. Dans son livre Insight, elle aborde ce sujet que beaucoup
d’entre nous pensent maîtriser, mais pas autant qu’on ne le croit : la
conscience de soi.
En bref, pour devenir un meilleur leader conscient, suivez les trois règles
suivantes :
Concentrez-vous sur la conscience interne et externe de vous-
même.
Demandez des rétroactions honnêtes sur votre travail.
Utilisez le « quoi » plutôt que le « pourquoi » pour répondre à vos
questions intérieures.
Vous engager dans une démarche de développement comme celle-ci vous permet de
comprendre :
1. ce qui se passe : Quel impact est-ce que je crée pour moi, pour les autres ?
2. pourquoi cela se passe : Qu’est-ce qui, dans mon jeu intérieur, motive mes
actions de cette façon ?
3. les opportunités de changement : Qu’ai-je envie de faire différemment, avec
conscience ?
De l’inconscience à la conscience
Nous passons souvent une bonne partie de notre vie endormis et engourdis.
Nous tentons d’enfouir les expériences inconfortables que nous vivons et
nous nous engourdissons émotionnellement afin de moins ressentir.
Nous mettons aussi de côté, pour pouvoir nous adapter à notre contexte de
vie, des parties de nous qui dorment. Nous avons tous des angles morts, des
caractéristiques que d’autres voient mais dont nous ne sommes pas
conscients.
Le processus d’évolution en conscience nous permet de nous éveiller. De
passer de la peur à l’amour, de se détacher du regard d’autrui et de vivre
notre authenticité. Être conscients nous permet de nous épanouir et nous
réaliser, de porter un regard lucide sur notre dynamique et sur le monde, de
nous responsabiliser dans notre vie et notre développement. Être conscients
nous permet d’être acteurs de notre propre vie.
L’appel
Et puis un jour, de façon subtile ou de façon brutale, nous recevons un
« wake-up call ».
Cet appel, je l’ai reçu il y a près de 20 ans. Je n’avais pas le bon boulot pour
moi, je n’y trouvais plus de sens, j’étais prisonnière de mes masques, de
mes images, de l’identité que je m’étais construite et de la personne que je
croyais devoir être.
À ces stades, nous sommes socialisés. Nous agissons en fonction des autres.
L’alignement de l’ego avec l’âme
Le processus d’alignement ego-âme, comme l’appelle Barrett, débute au
stade 4 d’individuation du développement psychologique. Contrairement
aux stades du développement psychologique de l’ego, le stade
d’individuation ne vous est pas imposé par les exigences biologiques et
sociétales de la croissance : il est conduit par l’impulsion évolutive de votre
âme qui cherche à s’exprimer dans votre vie.
La phase d’individuation peut être assez difficile pour un certain nombre de
raisons.
Premièrement, il s’agit d’affronter et de surmonter vos peurs.
Deuxièmement, cela implique que vous deveniez responsable de tous les
aspects de votre vie. Troisièmement, vous devez embrasser la nature de
votre âme et ses valeurs. Cela peut signifier, entre autres, de vous éloigner
de votre famille d’origine, de votre héritage culturel ou de votre
appartenance religieuse.
« On ne peut pas s’individualiser tant qu’on joue un rôle à soi-même. Nous
sommes comme des oignons avec beaucoup de couches, et nous devons
nous éplucher encore et encore pour atteindre le vrai noyau », disait Carl
Jung en parlant du persona, le masque social (ce que nous-mêmes et les
autres personnes pensent que nous sommes).
Pour diverses raisons, dont certaines sont hors de leur contrôle, la plupart
des gens ont du mal à s’individualiser parce que les conditions physiques,
sociales ou culturelles dans lesquelles ils vivent les découragent activement
d’embrasser leur vraie nature, de trouver leur voix et de s’exprimer.
4. L’INDIVIDUATION. De 25 à 39 ans. L’objectif est de prendre la
responsabilité de sa vie. Nous construisons une famille, un lieu de vie,
une carrière… pour voler de nos propres ailes. Nous avons besoin
d’autonomie et de liberté. Nous cherchons à découvrir notre identité
propre, notre authenticité en lâchant prise sur nos peurs et notre
dépendance aux autres. C’est le stade où on se demande : Qui suis-
je ?, Qu’est-ce qui est important pour moi ?
Ce niveau est crucial puisque c’est le stade où il faut lâcher prise sur
certaines choses qui nous procurent de la sécurité pour nous épanouir. Par
exemple, laisser de côté une carrière ou un job qui nous a offert cette
sécurité. C’est là où se joue une de nos principales tensions comme
humain : ce qui m’offre de la Sécurité ou ce qui nourrit du Sens pour moi.
À mon humble avis, c’est là que « ça passe ou ça casse ». En fait, les
recherches nous démontrent que c’est dans ce mode de fonctionnement (que
j’appelle réactif) que 65 % ( ! ! !) des gens et des leaders restent coincés…
Et attention ! Peu importe le stade où nous nous trouvons, si nous sommes
confrontés à une situation difficile qui a un impact négatif dans notre vie ou
qui dérange notre équilibre… nous pouvons redescendre aux trois premiers
stades !
De la même façon, une expérience « négative » ou un trauma vécu pendant
l’enfance ou l’adolescence affecte notre capacité à opérer à un niveau de
conscience supérieur. Car nos besoins de sécurité, de survie, de se sentir
apprécié, accepté et respecté ne sont pas nourris.
L’activation de l’âme
Les trois derniers stades du développement psychologique représentent
différentes étapes de l’activation de l’âme. Si vous avez relativement réussi
à maîtriser le stade de développement de l’individuation, vous
commencerez à ressentir l’attraction du stade de développement
« Actualisation de soi » au début de la quarantaine.
5. L’ACTUALISATION DE SOI. Le renouveau. Survient entre 40 et 49 ans.
C’est l’âge où nous faisons de multiples prises de conscience. Nous
ajustons certaines choses dans notre vie. Nous nous rendons compte
que tout ce que nous faisons n’est pas en phase avec qui nous
sommes. L’objectif est de devenir pleinement soi, d’exprimer qui nous
sommes vraiment. Nous avons besoin de sens, de direction, d’une
raison d’être. Nous cherchons à exprimer notre vraie nature par
embrasser complètement les valeurs de notre âme. Nous nous
demandons qui on est, oui, mais aussi : Pourquoi suis-je dans ce
corps ?, Comment puis-je m’exprimer entièrement à partir de qui je
suis ?
6. L’INTÉGRATION. De 50 à 59 ans. Le mot clé ici, c’est connecter. Nous
cherchons un moyen d’entrer en relation sincère et authentique avec
les autres, d’avoir des relations emphatiques, de faire l’expérience
d’un amour inconditionnel… Nous avons besoin de faire une
différence positive autour de nous, de connecter avec l’autre de façon
aimante et inconditionnelle. À ce stade, le gros travail consistant à
comprendre qui nous sommes et à embrasser tout ce que nous sommes
est derrière nous. Le défi est maintenant d’établir cette connexion sans
condition avec l’autre afin de faire une différence qui peut nous
permettre ou pas de remplir notre vie de sens.
7. LE SERVICE. 60 ans et plus. Le mot clé à ce stade est contribution.
Nous sommes dans le don de soi, mobilisés par le désir de servir le
bien commun, de partager, de rendre autour de nous ce que la vie nous
a offert. Nous cherchons à contribuer au bien-être des générations
futures, de l’humanité, de notre planète. À cette étape, nous désirons
servir le bien commun et, pour ce faire, nous devons développer notre
compassion, les aspects les plus profonds de notre spiritualité
(intelligence de notre âme) et la sagesse de vouloir aider ceux qui
souffrent de façon désintéressée.
« L’ego
Votre ego est un champ de conscience consciente qui s’identifie à votre
corps physique. Parce que l’ego croit qu’il habite un corps et vit dans
un monde matériel, il pense qu’il peut mourir. Parce qu’il pense qu’il
peut mourir, il pense qu’il a des besoins et parce qu’il pense qu’il a des
besoins, il développe des craintes de ne pas pouvoir les satisfaire.
Chaque fois que vous êtes bouleversé, impatient, anxieux ou craintif,
c’est parce que vous pensez avoir un besoin non satisfait. Les
principaux besoins de l’ego sont la survie, la sûreté et la sécurité.
Il est important de comprendre que l’ego n’est pas qui vous êtes ; c’est
qui vous pensez être. C’est le masque de personnalité que vous portez
pour répondre à vos besoins dans le cadre culturel de votre existence.
L’âme
Votre âme – et l’âme de tout autre être humain – est un aspect
individualisé du champ d’énergie universel à partir duquel tout dans
notre univers physique provient. Parce que l’âme s’identifie à votre
champ d’énergie et non à votre corps physique, elle sait qu’elle ne peut
pas mourir : par conséquent, elle n’a aucune peur. Non seulement
l’âme n’a pas de peurs, mais elle n’a pas non plus de besoins. La
raison est simple : elle crée tout ce qu’elle désire à travers ses pensées.
À ce niveau d’existence, donner devient la même chose que recevoir :
lorsque vous donnez aux autres, vous donnez à un autre aspect de vous-
même.
Dynamique âme-ego
Même si l’âme n’a pas de besoins comme l’ego, elle a des désirs. Ils
sont triples : exprimer pleinement ses dons et talents uniques (trouver
un sens et un but à votre vie), connecter avec les autres dans des
relations d’amour inconditionnel (afin que vous puissiez faire une
différence), et contribuer au bien-être de l’humanité et de la planète
(être au service).
La seule chose qui vous empêche de satisfaire les désirs de votre âme,
ce sont les peurs que vous avez apprises lorsque vous étiez jeune pour
répondre à vos besoins de survie, de sûreté et de sécurité. Lorsque les
peurs de l’ego empêchent l’âme de réaliser ses désirs, vous ressentez de
la tristesse. Si la situation persiste, vous devenez déprimé.
Si vous voulez ressentir un sentiment de bien-être et trouver un
épanouissement dans votre vie, vous devez apprendre à maîtriser ou à
libérer les peurs de votre ego. Cela peut exiger beaucoup de
courage6. »
Dans mon livre Oser être vrai, j’ai exploré le thème des empreintes
émotionnelles et de l’impact de nos histoires sur nos comportements et
conditionnements. Ce que j’appelle, dans mon jargon, nos « stratégies
réactives », c’est-à-dire les stratégies que nous avons mises en place depuis
notre enfance afin de composer avec notre contexte et de nourrir nos
besoins de sécurité, d’être aimés et valorisés.
Ces empreintes ne sont pas quelque chose que nos parents ou éducateurs
nous ont fait ou que nous faisons à quelqu’un lorsque nous devenons
parents. C’est une expérience dans laquelle nous entrons ensemble.
Cette histoire dans laquelle nous entrons avec nos parents, nos éducateurs et
les autres personnes significatives laisse en nous des empreintes, des traces
qui sont à la source de la structure émotionnelle de notre vie. Elles prennent
la forme de valeurs, de mentalités ou de systèmes de croyances et, comme
un tatouage, elles ne peuvent pas être effacées. Souvent, nous ignorons
même qu’elles existent.
La base de nos empreintes émotionnelles est formée par les premières
graines émotionnelles qui, la plupart du temps, ont été gravées dans nos
mémoires émotionnelles avant même que notre conscience ne pénètre le
plan mental. Si elles ne sont pas consciemment intégrées, ces premières
graines émotionnelles grandissent en inconfort. Et ces inconforts
engendrent des états réactifs cachés dans nos zones d’ombre. Ce qui veut
dire que, lorsque nous sommes émotionnellement déstabilisés par une
situation, nous sommes en réalité en train d’activer le souvenir de quelque
chose qui est demeuré inconsciemment caché jusque-là.
Quel est le lien avec le leadership ? Pensez-y. Comme je le répète souvent,
nous apportons notre humanité dans notre leadership. Et même si ces
empreintes sont inconscientes, nous agissons à partir de celles-ci. Surtout
lorsque notre sécurité est menacée.
Plus un leader est conscient de ses empreintes émotionnelles, plus il est
conscient de ses ressentis et de ses réactions et plus il se donne la possibilité
de faire de vrais choix pour prioriser ce qu’il veut vraiment.
D’ailleurs, elles peuvent expliquer certains de vos traits de leaders. Les
comportements du leadership réactif, par exemple : sur-adaptation,
passivité, distance émotionnelle, difficulté à faire confiance ou à créer des
liens sécurisants, vouloir trop contrôler, sur-exigence, autoritarisme,
perfectionnisme. Elles justifient aussi vos atouts et leviers, car ces
empreintes ne sont ni négatives ni positives. Ce sont les traces laissées par
votre histoire de vie.
L’histoire de Claudine
Il y a quelques années, j’ai accompagné Claudine, une femme distinguée
d’environ 50 ans, une leader qui avait atteint un rôle d’exécutif après avoir
consacré toute sa vie à sa carrière en montant graduellement les échelons
dans un milieu principalement masculin. Tout ça en plus d’élever deux
enfants, maintenant devenus adultes, d’incarner le rôle de présidente de
plusieurs conseils d’administration et d’être le pilier de sa famille. Elle
faisait partie d’un programme de développement du leadership corporatif
offert par son entreprise auquel j’apportais ma contribution et s’était prêtée
à l’exercice avec ouverture et curiosité. Il faut dire que Claudine avait déjà
beaucoup travaillé sur elle, comme personne et comme leader. Son
leadership exemplaire lui avait d’ailleurs valu beaucoup de reconnaissance
et de nombreuses promotions. Elle demeurait, malgré tout, intriguée par ce
qu’elle pourrait découvrir grâce à cette démarche.
Lorsque j’ai commencé la séance de coaching avec elle et que je lui ai parlé
de ses – excellents – rapports d’évaluation, j’ai remarqué que derrière sa
posture maîtrisée se cachait une certaine fragilité. Je lui ai alors demandé :
« S’il y avait un mot pour décrire ton histoire, quel serait-il ? » Elle m’a
répondu, d’une voix un peu éteinte : « Responsabilité ».
Voilà.
Claudine, enfant, devait faire face à ses responsabilités pour être en
sécurité, aimée et valorisée, c’était une question de survie. Claudine pour
qui la perfection était le minimum acceptable pour faire honneur à sa
famille, particulièrement à son père, pour qui l’échec n’était pas une option
possible. Claudine s’était donc moulée à ce qu’on attendait d’elle : qu’elle
soit responsable. Elle adoptait cette posture, peu importe la situation. Voilà
ce qui expliquait son profil.
Son empreinte était la suivante : Lorsque je suis responsable, je suis aimée
et en sécurité, les personnes significatives de ma vie sont fières de moi et je
sens que je suis ok.
Et c’est cette femme responsable, performante, exigeante mais toujours au
top que Claudine a transportée jusque dans sa façon d’être une leader. Cela
lui a valu tous ses succès, mais aussi beaucoup de lourdeur. Cette
responsabilité à tout prix lui avait servi, mais avait aussi été son plus grand
piège. Et maintenant, elle souhaitait autre chose. Elle m’a regardée et m’a
dit en souriant : « J’ai l’impression d’avoir fait trois ans de thérapie en deux
heures ! »
Récupérer cette portion de son histoire lui a permis de retrouver son
pouvoir personnel. Des possibles se sont ouverts à elle, en conscience. Un
chemin de liberté intérieure était maintenant possible.
Apprendre à désapprendre
Être un leader inspirant n’exige pas d’accumuler toujours plus de
connaissances et de savoir. Ça demande plutôt de se départir de ses vieux
réflexes de gestion, du désir de contrôler, de ses croyances et stratégies
limitantes, des couches qui recouvrent son véritable soi ainsi que de toutes
les stratégies inconscientes mises en place pour se protéger.
L’intégration
Intégrer, c’est assembler des parties pour former un tout. C’est prendre
toutes les parties de nous-mêmes pour être « un » partout. Être soi, au-delà
des rôles qu’on joue en société, en rapatriant toutes les parties de soi qu’on
a laissées de côté, ombre comme lumière.
L’apogée du chemin de la conscience et du développement de soi est l’acte
ultime d’intégration… de nos expériences à notre être.
Selon Scott Barry Kaufman, dans son livre Transcend : The New Science of
Self-Actualization, il y a sept principes fondamentaux9 pour devenir une
personne entière et complètement intégrée. Évidemment, ce ne sont pas des
absolus, mais vous pouvez vous en servir comme base pour votre propre
voyage d’auto-actualisation.
LE LEADERSHIP RÉACTIF
C’est la même chose pour les leaders. Ils se développent à travers une série
d’étapes séquentielles qui sont universelles et invariables. Ces étapes sont
alignées avec les stades de développement psychologique de l’adulte.
La bonne nouvelle est que nous avons tous la capacité de nous
individualiser et donc, éventuellement, d’opérer à un niveau de conscience
supérieur. Mais pourquoi est-ce important ?
Comme mentionné dans l’introduction, le monde VICA (volatile, incertain,
complexe et ambigu) demande aux leaders d’adopter un nouveau
« mindset », car il est en perpétuel changement. Les problèmes que nous
devons résoudre, les décisions que nous devons prendre demandent de plus
en plus de maîtrise, car les repères sont plus flous.
Comme l’a dit Einstein : « Aucun problème ne peut être résolu sans changer
le niveau de conscience qui l’a engendré. »
J’ai expliqué ce concept des centaines de fois : à des leaders de tous âges,
de différentes cultures et ayant des bagages de vie variés. Pour y arriver, j’ai
dû vulgariser, adapter, simplifier. Il me fait plaisir aujourd’hui de partager
avec vous le fruit de ces multiples présentations, ce qui résonne à tout coup
pour les apprenants.
Le jeu intérieur, c’est le niveau de conscience. Je traiterai ici des deux jeux
intérieurs du leader qu’on retrouve en majorité chez les leaders
d’aujourd’hui :
le jeu réactif ;
le jeu créateur. Les leaders qui sont pleinement développés au stade
créateur possèdent aussi, la plupart du temps, certains
comportements du niveau co-créateur. Dans un but de
simplification, dans ce présent ouvrage, nous les couvrirons
ensemble sous le terme Leadership créateur.
Nous allons donc approfondir ensemble, dans les prochaines sections, ces
deux principaux niveaux de conscience (les jeux intérieurs) présents chez
les leaders d’aujourd’hui et leurs comportements associés : les niveaux 1)
réactif et 2) créateur.
Au fur et à mesure que la perspective des leaders s’élargit et s’approfondit,
leur jeu intérieur s’élève. Ils développent leur capacité à discerner et à gérer
la complexité et l’ambiguïté.
Chaque jeu intérieur :
> est un niveau de conscience et un stade de maturité émotionnelle et
cognitive ;
> est constitué de croyances et de modèles mentaux (conscients et
inconscients) ;
> permet l’émergence de nouvelles capacités de leadership.
Identité (J’ai de Validation externe. J’ai besoin Validation interne. Version plus
la valeur si… si des autres pour me rassurer sur authentique de moi.
je ne suis pas qui je suis.
ceci, donc…)
Le jeu intérieur en Il obéit aux normes Il dirige selon la Il rencontre les buts
bref du groupe. logique et stratégiques.
Dans le jeu intérieur l’expertise. L’intérêt du leader
du leadership Le leader qui dans le jeu intérieur
pacificateur, ce sont adopte le jeu performant s’étend
les autres qui intérieur d’expert au-delà de ses
définissent ce qui a considère les compétences
de la valeur, au lieu opinions des autres uniques vers
de soi-même. Le comme un facteur l’utilisation de ses
leader se affectant ses compétences pour
comportera de propres actions. Ce atteindre des
manière à s’adapter qui est important, objectifs qui
au travail et aux c’est de trouver la « aideront
groupes sociaux, à bonne » réponse au l’organisation à
respecter les problème posé. réussir. Il
normes des autres, Alors que dans le s’intéressera aux
à se comporter jeu pacificateur il points de vue des
correctement et à s’identifie à ce qui autres, à travailler
conserver son le rend identique efficacement avec
image et son statut. aux autres eux pour obtenir
Il pourra donc faire membres du des résultats. Ses
preuve de tact, de groupe, l’expert est objectifs généraux
loyauté et de plus intéressé par et son cadre
respect, mais il les compétences éthique, comme
pourra également uniques qu’il dans le jeu
avoir du mal à gérer possède et qui lui pacificateur et
les conflits, à permet de se expert, sont
émettre ou à démarquer du déterminés par
recevoir des groupe. l’organisation à
critiques ou à Il travaille en laquelle il
prendre des grande partie appartient.
décisions individuellement et Autrement dit,
impopulaires. se concentre sur la l’autorité qui le
Il a une aversion qualité de son guide est en grande
pour le risque et travail et la maîtrise partie externe.
n’agira que s’il y est de son métier. Il aime être aux
invité. Son niveau commandes et faire
de participation avancer les
volontaire est initiatives. Il est
relativement faible. compétitif,
Il joue de façon performant, fait ce
sécuritaire. Il peut qu’il faut pour
avoir une tendance gagner et profiter
à douter de lui- de la lueur du
même. succès. Il est décisif
et proactif.
Servir autrui.
Se préoccuper Assumer les
profondément de responsabilités et
quelques agir.
personnes ou de
causes.
Protéger sa vie
intérieure active ou
spirituelle.
Être capable d’offrir
une bonne dose de
sagesse.
A) Les avantages :
Il est possible que vous vous reconnaissiez dans plus d’un jeu
intérieur. Ce n’est pas une personnalité, (vous n’êtes pas…
pacificateur… ou expert ou… performant… vous êtes bien plus que
cela ! Vous êtes vous !) mais plutôt un mode de fonctionnement. Votre
personnalité, ce sont les cartes que vous avez dans votre jeu. Votre jeu
intérieur, c’est comment vous jouez vos cartes.
Alors posez-vous la question suivante : Dans quelles situations, dans
quels genres de relations, est-ce que je joue un jeu plutôt qu’un
autre ?
L’HISTOIRE DE NICOLAS16
Ses yeux se sont emplis de larmes. Il m’a regardée et m’a dit :
(Lui) : Je ne pensais jamais aller là…
(Moi) : … Qu’est-il en train de se passer ?
(Lui) : J’étais en train de penser à quand j’étais petit…
(Moi) : Et qu’est-ce qui te touche quand tu penses à cela ? (Lui) : Toute cette
pression…
(Moi) : …
(Lui) : Ce n’est pas leur faute, à mes parents, je veux dire. On n’était pas très riches.
Mon père me disait que la vie, c’était pas une partie de plaisir…
(Moi) : Qu’as-tu donc compris comme enfant ? Qu’est-ce que ça a créé comme
empreinte pour toi ?
(Lui) : Que je devais réussir ! Et travailler fort ! Il fallait bûcher pour ne pas rester dans
la misère.
(Moi) : Et qu’est-ce que ça a créé de positif pour toi ?
(Lui) : J’ai été celui qui réussit. À 23 ans, j’étais cadre dans une multinationale, et à
même pas 40 ans, j’étais le plus jeune vice-président de la compagnie. Mes parents
sont d’ailleurs vraiment très fiers de moi (sourire).
Aussi, je suis très fiable, responsable, on me confie quelque chose et ça se passe !
(Moi) : Et quelles limitations ça a créé pour toi comme personne ?
(Lui) : Je me suis complètement mis de côté. Pascale, j’ai 48 ans et je me rends
compte que je ne suis pas libre…
(Moi) : Et comme leader ?
(Lui) : Je me mets tellement de pression. Je suis toujours dans ma peur de ne pas
être assez. Et donc je mets de la pression partout autour de moi : ma conjointe, mes
enfants, mes employés. Je suis hyper exigeant. Je ne veux pas être cette personne !
Il y eut un long silence. Nous étions tous les deux touchés de cette place où il était en
train d’atterrir…
(Moi) : Qui souhaites-tu être ?
(Lui) : Bien, c’est certain que je serai toujours celui qui désire livrer et réussir (rires).
Mais je ne souhaite plus que ça se fasse à mon propre détriment ni au détriment des
autres, de mes enfants et de mes équipes…
(Moi) : …
(Lui) : Je me questionne même à savoir si je suis un vrai leader, au fond !
(Moi) : Tu aimerais que je te dise ce que je vois ? Je vois un homme qui accepte de
se revisiter avec courage et humilité. Qui accepte de se transformer, à son propre
service. Et au service de sa mission.
Pour moi, au-delà de toutes les caractéristiques et définitions qui existent du
leadership, c’est ça, un leader qu’on a envie de suivre. Car l’outil le plus puissant du
leader, c’est… c’est quoi ? (Sourire).
(Lui) : Oui oui, je sais ! Tu me l’as déjà dit, c’est moi-même ! (Rires).
Il est important d’écouter toute peur qui nous amène à réagir et nous
empêche d’exprimer notre vraie nature. Elle a un message pour nous.
TEL UN JARDINIER…
« Chaque feuille qui pousse te le dira : ce que tu sèmes portera du fruit, alors si tu as
du bon sens, mon ami, ne plante rien d’autre que l’Amour. » Rumi
Comme le jardinier, ce que l’on sème dans notre jardin intérieur est ce qui y
poussera. Nous avons donc la possibilité d’y faire grandir ce qui est important pour
nous…
Tel un agriculteur qui sélectionne soigneusement les grains de blé qu’il veut voir
pousser, qui s’assure d’avoir un terreau fertile, qui arrose et qui attend patiemment la
récolte, vous êtes le créateur de VOTRE jardin.
Que souhaitez-vous y voir pousser ? Qu’avez-vous envie d’y semer, de nourrir et
d’entretenir ? De quoi a-t-il besoin ?
Votre jardin, cette beauté, c’est la vôtre. Elle est à vous et en vous.
C’est un endroit où rien ne vous est demandé, où l’on n’exige rien de vous, où vous
êtes libre d’être entièrement vous-même, ici et maintenant.
Votre jardin, c’est le champ de tous les possibles…
L’éveil
LE LEADER CRÉATEUR
Les aspects limitants des jeux intérieurs réactifs commencent à se dissiper
au stade de l’individuation, alors que le leader apprend à abandonner ses
peurs. Au fur et à mesure que ses peurs diminuent, son ego devient plus
calme et plus libre d’assumer ses motivations personnelles et collectives.
Au niveau de conscience créateur, l’ego commence à apprendre à mélanger
ses motivations avec celles de l’âme. C’est un mouvement de l’extérieur
vers l’intérieur, le passage d’être « socialisé » à « individualisé ». Le leader
aspire à trouver un sens à sa vie à travers une cause ou un but qui lui tient à
cœur. Il souhaite alors s’épanouir.
Ce nouveau niveau de conscience est marqué par une transformation
personnelle des anciennes hypothèses et croyances et une quête de
validation externe vers une version plus authentique de soi. Le leader
cherche à savoir qui il est vraiment et ce qui l’intéresse le plus. Il
commence à devenir un leader visionnaire, acceptant le fait qu’avec
l’authenticité il y a le risque de décevoir les autres, de vivre des « échecs »
et de contredire les normes acceptées. Il abandonne son besoin d’être
admiré à tout prix par les autres en faveur d’un objectif plus élevé et qui lui
importe.
À ce niveau, le leader ne cherche pas à être le héros et il commence à
partager le pouvoir. N’étant plus le seul décideur, il aide les groupes à
devenir plus autonomes et impliqués dans le succès de l’organisation.
Il se concentre sur une performance plus élevée et plus durable grâce à une
réelle collaboration et au travail d’équipe. Il passe du « JE » au « NOUS ».
Il a à cœur le développement des autres. Environ 25 % des leaders
fonctionnent avec un jeu intérieur créateur.
Voici quelques indicateurs qui nous confirment qu’un leader a atteint un
niveau de leadership créateur.
Il est dans l’esprit de renouvellement continu de qui il est comme
personne. Il est un éternel apprenant.
Il promeut l’apprentissage et l’innovation.
Il est un bâtisseur d’équipe.
Il responsabilise, autonomise, partage le pouvoir et favorise
l’émergence d’autres leaders.
Il contribue à la création d’une culture créatrice.
Il partage sa vision et ses valeurs.
Il coache, mentore, a à cœur le développement des personnes.
Il crée des alliances stratégiques.
Il souhaite l’épanouissement des gens.
C’est un saut dans une nouvelle zone de C’est un investissement significatif dans le
croissance et un monde inconnu. développement du leadership.
• Il se concentre sur la compréhension de • Le leader est devenu conscient de lui-
l’humain : ses pensées et ses même et des autres, il sait faire preuve
sentiments, ses motivations et ses de discernement envers lui-même et a la
peurs, ses réactions et ses réponses, capacité d’autovalider ses décisions. Il
ainsi que ses aspirations et ses désirs ne demande pas l’approbation ou la
les plus profonds. Il se pose des permission des autres. Il a développé
questions existentielles : Pourquoi ?, une force de caractère et son intégrité
Pourquoi suis-je ici ? et Quel est le sens est évidente.
de la vie ?
• Le leader a la vision, le courage et la
• Il entre dans une zone de croissance présence nécessaires pour générer et
personnelle où grandir et évoluer devient soutenir un changement transformateur
sa façon naturelle d’être. Même si les (Torbert, 1998).
défis qu’il rencontre en cours de route • Il use de son pouvoir authentique
peuvent être inconnus et déconcertants, personnel dans l’intérêt de servir toute
sa vie est à jamais enrichie. Il ressent la sa communauté et pas seulement des
satisfaction d’avoir trouvé sa raison groupes d’intérêts sélectionnés. Cela
d’être dans le monde afin de mener une représente un passage DE : « pas assez
vie plus utile et épanouissante basée sur bon », « bien paraître, bien réussir »,
une intention consciente et une action « bien faire »
engagée. Il doit tout de même composer
avec les incertitudes reliées à ce choix. • À : se concentrer, maintenant et à plus
Il est habitué à tirer parti de ses forces, à long terme, sur le plus grand bien pour
nourrir sa croissance personnelle et à toutes les personnes.
collaborer avec les autres afin d’exercer Il amène l’organisation à passer d’une
un pouvoir mutuel pour cocréer les approche centrée sur le client à une
meilleurs résultats possibles pour approche centrée sur la communauté. Il
l’ensemble de la communauté. réussit ainsi à obtenir des résultats
durables à moyen et à long termes qui
• Sa capacité d’innover et de collaborer
ont un impact réel, significatif et
est véritablement initiée.
bénéfique sur les personnes au sein de
• Dans cet état d’esprit, le monde intérieur l’organisation, maintenant et à l’avenir. Il
de l’individu devient plus important que génère un nouveau monde à travers ses
le monde extérieur dans lequel il opère. convictions et ses intentions, il vit selon
En d’autres termes, il tient compte de ses principes et en phase avec son
son intuition et de ses sentiments pour objectif de vie, tout en embrassant les
prendre des décisions et générer de autres avec compassion et
nouvelles idées. Il fait preuve enthousiasme.
d’introspection. • Le leader créateur mature est un leader
• Il écoute également beaucoup plus authentique et inspirant. Il dirige avec
attentivement. Il peut donc ainsi créer
une connexion plus profonde avec les confiance de « l’intérieur vers
autres et développer sa capacité l’extérieur ».
d’établir un véritable lien de confiance
• Il s’exprime avec passion quand il plaide
avec eux.
pour un monde meilleur et est capable
• Le leadership est partagé. Le leader de sensibiliser les autres et de faire
prend maintenant la responsabilité de émerger le potentiel humain dans
créer la vision, d’y emmener les autres à l’ensemble de l’organisation et parmi
s’engager et de les aider à découvrir de toutes les parties prenantes.
quelle façon elle leur permet d’accomplir • Le leader est capable de diriger au
collectivement leurs objectifs milieu de la complexité. La vision du
personnels. leader créateur s’étend pour inclure le
bien-être systémique.
• Le « Servant Leadership » émerge
pleinement. Le leader devient au service
de plus grand que lui.
• La vision devient souvent globale et
orientée vers le service du bien-être
humain. La durabilité et le bien commun
à long terme deviennent des valeurs
saillantes.
Besoins ou valeurs ?
Prenons un instant pour faire la distinction entre un besoin et une valeur.
Une valeur est une chose à laquelle nous attachons de l’importance, un idéal
que nous pouvons vouloir défendre. Elle représente ce qui est important
pour nous, ce qui nous permet de distinguer le bien et le mal et d’orienter
nos décisions d’un point de vue éthique ou moral. Chacun de nous a des
valeurs qui sont évolutives. Nous n’avons pas forcément les mêmes à 15
ans, 20 ans, 30 ans ou plus. Certaines d’entre elles nous ont été transmises
par notre famille et, plus tard, par nos expériences de vie.
Les besoins, eux, vivent en nous et changent constamment. Nous devons en
prendre soin pour nous sentir bien avec nous-mêmes, physiquement et
émotionnellement. Par exemple :
Pour me sentir bien, j’ai besoin d’avoir une grande sécurité
d’emploi.
Pour me sentir bien, j’ai besoin de travailler dans un
environnement propre ou d’être reconnu.
Certains besoins, comme celui de liberté, peuvent à la fois être une valeur et
un besoin. D’autres, cependant, font uniquement partie de nos besoins
fondamentaux : se nourrir, entre autres.
VALEUR NATURELLE :
Elle est déjà présente dans les préférences de l’adolescent ou du jeune
adulte.
Qu’est-ce qui était très important à vos yeux lorsque vous aviez 14-17 ans ?
VALEUR PRÉSENTE :
Elle intervient dans notre vie actuelle.
Notre système/hiérarchie des valeurs change tous les 6-8 ans.
VALEUR DE BUT :
Elle est le principe actif et vital qui nous motive profondément, au point de
vouloir la satisfaire sans autre objectif que de la satisfaire.
VALEUR DE MOYEN :
Elle est une valeur, ou une qualité forte et constante qui permet de satisfaire
une autre valeur plus primordiale (de but).
CONTRE-VALEUR :
Elle nous pousse à agir non par motivation positive, mais par rejet viscéral
d’un sentiment.
Qu’est-ce que je veux éviter à tout prix ?
Lorsque nous décrivons un état émotionnel ou une situation que nous ne
pouvons supporter.
LISTE DE VALEURS20
DEMANDEZ-VOUS :
Quel est l’écart entre ce que vous valorisez et la façon dont vous vous présentez au
quotidien comme personne et comme leader ?
Les besoins
› Objectifs de sécurité
(motivés par nos besoins de carence)
Avoir des opinions bien respectées.
Avoir beaucoup de belles choses.
Être admirés par un grand nombre de personnes.
Être connus par beaucoup de personnes.
Être prospères financièrement.
Être appréciés et populaires.
Trouver un bon emploi bien rémunéré.
« Soixante-six pour cent de la différence entre les plus performants et les performants
moyens dans plus de 200 organisations dans le monde étaient dus à la compétence
émotionnelle, 33 % étaient dus aux compétences techniques et aux capacités
cognitives. Dans les postes de direction, plus de 80 % de la différence était dus à la
compétence émotionnelle. »
Goleman, 1998
La vigilance et l’attention
Autant les neuroscientifiques que les spécialistes en développement de la
personne et que la philosophie bouddhiste affirment que tout revient à ces
mêmes quatre mots : Où est mon attention !
Tous font le lien entre l’attention et la conscience, car sans attention, il n’y a
pas de conscience ! L’attention est la prise de possession par l’esprit de
pensées, d’objets parmi plusieurs autres qui semblent possibles. C’est elle
qui nous permet de les filtrer et d’en mettre de côté. Avec la conscience,
nous accueillons.
Imaginez une pièce remplie de musiciens qui jouent de leur instrument.
Comme chef d’orchestre, vous devez être attentif aux possibles fausses
notes, mais, en même temps, capter le message qu’on vous murmure à
l’oreille. C’est ça, l’attention. C’est une qualité sélective qui vous permet
d’être éveillés à ce qui se passe autour de vous, un peu comme un filtre. Ça
demande des efforts, mais il est possible de vous entraîner à la développer.
Chaque heure, des milliers de pensées traversent notre cerveau, soit environ
60 000 par jour. En seulement 7 secondes, des associations d’idées se font
et plusieurs décisions sont prises. D’ailleurs, certaines de nos décisions sont
prises 11 secondes avant qu’on en soit conscient. Eh oui ! Notre cerveau a
toutes sortes de raccourcis, de biais, de réflexes et d’automatismes qui lui
font parfois commettre des erreurs. Le processus est rapide, certes, mais pas
optimal.
Comme leader, il se passe des multitudes de choses autour de nous. En plus
de tout ce qui se joue en nous ! Nous sommes comme des chefs
d’orchestre : nous devons coordonner et écouter plusieurs instruments qui
jouent en même temps. Il est donc primordial de porter attention à chacun
d’eux et de prendre le temps de faire les bons choix.
Les équipes et les leaders avec un haut niveau de conscience de soi ont 68 % plus
de chances de prendre des décisions de qualité (versus 32 % pour ceux avec un bas
niveau de conscience de soi).
Recherche du Harvard Business Review, 2015, Erich C. Dierdorff & Robert S. Rubin
Leader d’intention :
Quel leader ai-je envie d’être ?
Une des qualités qui m’attire le plus chez l’humain, c’est la cohérence.
J’admire ceux qui portent leurs convictions au-delà des mots. Qui vivent
leur vérité. Ceux dont les bottines suivent les babines, comme on dit en bon
québécois.
Un leader ne peut pas offrir à son équipe ce qu’il n’a pas. Il ne peut pas lui
demander d’être ce que lui-même ne se permet pas d’être. Il ne peut pas
demander à ses collègues de prendre soin d’eux si lui se néglige. Il ne peut
pas leur demander d’être à l’écoute, bienveillants, vulnérables et
empathiques si lui ne l’est pas. Il ne peut pas demander aux membres de son
équipe d’admettre leurs erreurs et d’être vrais si lui-même ne se donne pas
la permission de le faire. Un leader qui veut mener son équipe sur le chemin
de la conscience et de l’authenticité doit être conscient et authentique. Car
le leader est celui qui ouvre la voie et inspire par l’exemple et la cohérence.
Soyons des leaders cohérents. Car nos actions parlent plus fort que nos
paroles.
Alors, on fait quoi pour cesser de faire les choses par obligation ?
1. Réfléchissez et demandez-vous quelle est votre tension intérieure.
Ensuite, imaginez une ligne. D’un côté il y a la responsabilité ou la
sécurité et de l’autre, la liberté. Qu’est-ce que ces deux sphères
signifient pour vous ?
Vous vous retrouvez donc face à un choix : sécurité/responsabilité ou
liberté. Or, tout choix comporte des renoncements. Si vous choisissez
la liberté, il y aura certainement une conséquence : peut-être que
quelqu’un sera déçu, aura l’impression que vous l’avez laissé tomber
ou que vous manquez d’audace. L’important est de savoir si vous êtes
prêt à assumer ce risque.
C’est la même chose si vous préférez la sécurité ou la responsabilité.
Inévitablement, il y aura une conséquence. Êtes-vous prêt à
l’accepter ?
2. Rechoisissez avec conscience et intention.
Au début de l’année 2020, avant le confinement, j’étais complètement
ensevelie sous le travail. Je m’étais donc donné comme intention pour
l’année : simplicité. C’est donc à partir de cette intention que je
rechoisis, encore aujourd’hui.
Rechoisir… pour se choisir !
Chaque fois que vous faites quelque chose car « il faut que » ou « je dois » ou « je
suis obligé de », que vous dites « oui » sans vraiment avoir envie de dire oui, cela
mène au ressentiment.
Plus cette « obligation » et le ressentiment (qui peut être subtil au début) grandiront,
plus votre sentiment d’être libres de vos choix diminuera. Cela provoquera un
discours mental qui nourrira ce ressentiment : J’ai fait tout ça pour toi et tu ne me
rends pas la pareille. C’est toujours moi qui suis responsable de tout. Il ou elle me
doit bien cela !
Personnellement, comme j’ai le « oui » facile et que cela m’a souvent mise dans
l’embarras, j’ai appris à ne pas répondre sur-le-champ à toutes les demandes qu’on
me fait.
Brisez le cycle de l’obligation en disant « non », autrement :
« Donner l’exemple
n’est pas le principal moyen d’influencer l’autre,
c’est le seul moyen. »
Albert Einstein
Un jour, dans une gare de train, il fut poursuivi par un journaliste, qui
tenait absolument à obtenir une entrevue avec le célèbre homme pour
son journal. Malgré la persistance du journaliste, Gandhi a poliment
décliné ses questions. Alors que le train se retirait de la station, le
journaliste, dans un dernier élan, interpella Gandhi : « Monsieur !
Monsieur ! S’il vous plaît, donnez-moi votre message pour le peuple ! »
Gandhi sourit et cria : « Ma vie, c’est mon message ! »
Nous avons tous cette voix qui provient de l’intérieur et qui nous dit
parfois : « J’aurais dû m’écouter. Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais
que ça ne fonctionnerait pas. J’aurais dû suivre ma première impression. Je
le savais, je le sentais. »
Nous possédons tous cette intelligence intuitive, cette capacité de ressentir.
Mais nous vivons dans une société et des organisations qui lui ont enlevé sa
place. Nous avons fait de notre esprit logique ce qui est le plus reconnu et
avons ainsi réprimé nos ressentis. Pourtant, c’est probablement notre plus
haute forme d’intelligence. Elle est la clé de la créativité, des découvertes,
d’un leadership et d’une vie authentique. Comme le disait Einstein :
« L’intuition nous fournit la réponse. La logique vient prouver et appuyer la
solution. »
Que vous l’appeliez votre intuition, votre âme, votre cœur, votre
conscience, votre instinct, votre divin, demeurez à l’écoute de ce qui parle
et de ce qui est vivant en vous. Le grand leader articule, transpose en
actions et incarne une vision qui vient du cœur. Il crée l’espace nécessaire
afin d’avoir accès à cette vision authentique qui provient de l’intérieur de
lui.
Comment faire alors pour laisser plus de place à nos intuitions ?
En créant de l’espace en nous au quotidien.
En nous déconnectant du mental par des activités qui allègent notre
esprit.
En cultivant notre présence à soi.
En nous faisant confiance et en étant complices avec nous-mêmes.
Soyons à l’écoute de notre savoir intérieur, car un bon leader écoute son
intuition.
Vous êtes beaucoup plus savant que vous ne le croyez et votre sagesse
intérieure peut vous apporter les réponses que vous cherchez. En cas de
doute, faites-vous confiance, car faire taire vos intuitions, c’est taire une
partie de vous.
Accueillir le doute
Ces affirmations sont basées sur des croyances que nous avons construites
et choisies consciemment ou inconsciemment. Et soyons honnêtes, oui il
faut vivre « ici et maintenant », enracinés dans le présent, mais sans
objectifs et projets, à quoi cela sert-il de marcher puisque je ne dois aller
nulle part ? Nos objectifs et projets ne nous aident-ils pas à apprécier le
présent ?
Le « lâcher-prise » est un mot à la mode, mais ne sommes-nous pas parfois
un peu trop vite sur la gâchette à renoncer à ce qui demande de
l’engagement, une saine discipline ou trop d’efforts ?
Dans le monde des « ou », il y a forcément des tensions.
PASSER DU « OU » AU « ET »
La tension entre la pensée du « ou » et du « et » est en soi un paradoxe…
Dans le monde des « OU », nous avons tendance à nous catégoriser : je suis
émotif ou je me coupe de mes émotions, je suis d’action ou réfléchi, je suis
de tête ou de cœur, je donne ou je reçois. Or, nous voir de cette façon amène
des tiraillements intérieurs importants.
Une de mes grandes leçons de vie, c’est qu’il faut explorer les paradoxes,
jongler avec les dualités… une chose et son contraire… Car tout cohabite :
la joie et la tristesse, l’affirmation et la douceur, la fermeté et la
bienveillance, la peur et le désir, la force et la sagesse.
Après tout, si le laid n’existait pas, nous n’aurions pas conscience du beau.
Si le malheur n’existait pas, nous ne pourrions pas faire l’expérience du
bonheur. Ne traitons donc pas les dualités comme des adversaires mais
plutôt comme des partenaires. Cherchons à les intégrer pour évoluer en
conscience. Car dans toutes dualités, il y a un enseignement.
Pour y arriver, remplaçons le « OU » par un « ET ». Acceptons que toutes
les forces opposées cohabitent en nous au même moment. Nous sommes à
la fois l’ombre et la lumière, le mal et le bien, la force et la sensibilité, la
puissance et la vulnérabilité. Et posons-nous de meilleures questions :
Comment puis-je me consacrer à ma carrière ET être un parent
dévoué qui passe du temps avec ma famille ?
Comment puis-je manger la nourriture qui me fait plaisir, boire de
l’alcool ET être en santé ?
Comment puis-je être spirituel, gagner de l’argent ET conserver ma
connexion avec le sacré ?
Comment puis-je être au service d’une mission plus grande que moi
ET honorer ma valeur en gagnant bien ma vie ?
Comment puis-je être ancré dans le présent TOUT EN portant des
rêves, des objectifs et des projets qui me motivent ?
Comment puis-je me sentir libre intérieurement TOUT EN
développant des relations riches et authentiques ?
Comment puis-je persévérer ET honorer mes limites et mes
besoins ?
Puis, le dernier trait et non le moindre, puisque c’est celui dont il est
question dans cette collection :
conjuguer résultats ET humanité c’est-à-dire créer de la
performance, mais pas au détriment des gens.
Embrasser ces tensions génère une résolution créatrice aux dilemmes qui
nous sont présentés dans notre leadership. Cela nous offre de toutes
nouvelles façons d’aborder ce que nous voyons comme des problèmes. Et
plutôt que de voir les conflits potentiels comme quelque chose à éviter, nous
pouvons commencer à considérer les demandes concurrentes comme une
opportunité de croissance et une source de motivation. Voilà l’état d’esprit
du leader créateur !
Faites la liste des polarités auxquelles vous êtes exposé en tant que leader et
demandez-vous : Comment pourrais-je faire un « ET » au lieu d’un « OU » ?
Comment pourrais-je avoir les deux ?
Je suis d’avis que, pour réconcilier les paradoxes organisationnels, il faut
d’abord se pencher sur les paradoxes qu’on porte en soi. D’ailleurs, ce
chapitre est dédié à ce sujet. Personnellement, la méthode que j’utilise est la
suivante :
1. Une fois les deux pôles identifiés, dresser l’inventaire des
caractéristiques de chaque pôle, un peu comme si on préparait une
recette de cuisine et qu’on faisait l’inventaire des ingrédients.
2. Ensuite, en conscience, faire une lecture la plus juste possible de la
situation et se demander : Quel dosage serait le bon dans ce contexte
et cette situation ?
3. Prendre le temps de réfléchir à son jeu intérieur pour découvrir quel
est son dosage naturel pour, finalement, trouver SA façon « d’épicer »
sa recette.
Les deux questions importantes à vous poser sont donc, comme je l’ai
mentionné précédemment : Qu’est-ce que la situation et le contexte
demandent comme dosage ? et Quels ingrédients devrais-je ajouter à ma
recette de base ?
Voyons maintenant concrètement comment cela se passe en prenant comme
point de départ ma propre dynamique.
Mon jeu intérieur de base est celui du performant. Je suis une fille
d’action ! Oui, bien sûr, j’ai ouvert mon monde émotionnel, développé mes
habiletés relationnelles, ma capacité à me montrer vulnérable et à prendre
soin des liens significatifs, mais mon jeu de base reste mon jeu de base. Ce
qui veut dire que, sous pression, mon attention à la performance devient
plus importante parce que j’ai peur de ne pas livrer les résultats attendus, de
ne pas atteindre les objectifs ou que les choses n’aillent pas assez vite… à
mon goût ! Inévitablement, dans ma recette, il manquera les ingrédients
nécessaires pour prendre soin de l’humain.
Alors quand je suis dans une situation tendue, où je me sens dans mon
leadership réactif, je me demande : Quels ingrédients devrais-je injecter
dans ma recette ? Quel ingrédient est manquant en ce moment ? Et la
réponse est, la plupart du temps, d’ajouter de la sensibilité dans mes
actions ! Voilà ce qui est, pour moi, une des clés pour réconcilier mon
propre paradoxe Performance – Humanité.
Nous voilà maintenant prêts à aborder l’étape suivante : la réconciliation.
Voyons comment vous pouvez, à votre tour, réconcilier en vous la polarité
Performance – Humanité.
Et c’est ainsi que se termine la première version : Choisir de nourrir ce qui est bon et
positif en nous. Mais il y a une suite à cette légende :
C’est cette seconde fin qui me plaît, car elle est une invitation à nous accepter
entièrement pour tout ce que nous sommes, ombre et lumière, et à réconcilier ces
deux polarités. Que chacune de ces parties qui vivent en nous, malgré certaines
limitations, recèle des forces à exploiter. Et que tant que ces parts de nous ne sont
pas réconciliées, nous n’avons pas accès à notre plein potentiel.
Les recherches ont démontré que, lorsque cette perception de pouvoir est
présente, un individu peut être :
plus orienté vers les objectifs. Il ne voit pas qu’il y a des humains
entre lui et les objectifs à atteindre…
moins capable de tirer parti de ses compétences d’intelligence
émotionnelle ;
moins empathique, plus centré sur lui-même, moins attentif à ce que
les autres ressentent, erroné en jugeant les expressions
émotionnelles des autres ;
susceptible d’objectiver les autres en fonction de leur utilité ;
moins susceptible de ressentir des contraintes sociales sur son
comportement ;
plus optimiste et moins sensible quant aux décisions risquées. Les
choses ne peuvent pas mal tourner !
En résumé :
le pouvoir peut déshumaniser. Il endommage l’intelligence sociale.
il peut mener à l’imbécilité, pire, à des comportements destructeurs.
Nous devons :
avoir ZÉRO tolérance pour les gens qui dirigent à partir de la
tromperie, de la coercition ou de la force excessive ;
promouvoir un modèle de pouvoir plus intelligent socialement. Cela
commence dans tous nos lieux de vie, d’éducation et dans nos
organisations.
Quand le pouvoir est donné à un individu, cela doit faire avancer les intérêts
du plus grand bien. En tant que leaders créateurs, assurons-nous que le
pouvoir soit utilisé pour le bien dans le monde.
•
Dans ces trois quadrants, nous pouvons observer plusieurs
similitudes. D’abord, il y a un manque de confiance, un manque de
sécurité psychologique, peu ou pas de performance ou bien une
performance à court terme, peu d’apprentissages et d’innovation,
une souffrance organisationnelle, un manque de sens et un
désengagement des troupes.
•
Quadrant 4 : On dose l’attention entre l’humain et les résultats. C’est ce
qu’on appelle le leadership créateur. On offre du sens et on porte une
intention juste : travailler pour plus grand que soi et voir au bien commun.
Le climat est sain et sécuritaire ; ce n’est pas la peur qui mène. On a une
perspective à long terme et on crée ainsi de la performance durable.
On remarque donc que, pour atteindre une performance, la confiance et la
sécurité psychologique sont nécessaires !
OMBRE ET LUMIÈRE : RÉCONCILIER LES
POLARITÉS EN SOI
Dans mon dernier livre Oser être vrai dans un monde « faux », j’ai abordé
le sujet des dualités qu’on porte en soi. Elles sont différentes pour chacun
d’entre nous et c’est ce qui fait que nous abordons la dualité Performance –
Humanité chacun à notre façon et que nous conjuguons différemment dans
notre leadership l’attention mise aux résultats et à l’humain.
Voici l’extrait en question :
La posture, c’est l’état d’esprit qu’on peut résumer en deux mots : la fermeté et
l’aisance. C’est un couple de contraires fondamental, qui implique aussi la force et la
souplesse, la difficulté et la facilité, la rigueur et la tendresse.
Si on ramène cela dans la vie de tous les jours, dans notre leadership et notre rôle de
parent, sommes-nous capables de trouver cet équilibre entre le corps et l’esprit, le
cœur et l’action, la fermeté et la bienveillance, la force et la douceur, la rigueur et la
joie ?
De nous établir fermement, livrer les résultats, contribuer à notre mission… dans un
espace de joie, de douceur et de bienveillance ?
3. Le challenge bienveillant
Adopter la posture de leader-coach afin de soutenir, de développer et
de faire réfléchir. Utiliser le questionnement d’impact au lieu de
donner toutes les réponses, même si c’est souvent plus rapide et même
si, nous, on sait !
— Faites faire plutôt que de faire pour l’autre afin de favoriser
l’apprentissage et l’autonomie.
5. Donner du sens
Les gens ont besoin de comprendre le pourquoi des décisions. Cela ne
fera pas en sorte que tous seront d’accord, mais ça les aidera à se rallier
à une décision. Et c’est ce qui fera de vous un leader d’impact, un
leader inspirant qu’on a envie de suivre.
— Soyez des leaders de sens.
7. Fournir un encadrement
Il est important de fournir un environnement qui permet aux
travailleurs d’évoluer, de se sentir en sécurité, de développer leur
autonomie et d’exprimer qui ils sont vraiment. Mais le tout doit être
encadré par des règles claires et fermes, car elles contribuent aussi à
créer de la sécurité psychologique.
— Soyez clair dans vos attentes.
9. Oser dire
Faire des rétroactions sincères est essentiel. Combien de fois nous
retenons-nous de faire une rétroaction par peur de blesser l’autre ou de
lui déplaire ? Nommer sans critiquer, expliquer l’impact d’un geste
sur soi, l’équipe ou l’organisation, confronter de façon empathique afin
de faire ressortir les incohérences tout en étant à l’écoute et dans la
force du lien est une capacité qui se développe. Un bon leader sait
avoir des conversations difficiles et courageuses.
Il est important de comprendre que la bienveillance n’est pas l’inverse
de la vérité. La vérité exprimée avec une intention positive pour
l’autre, c’est ça la bienveillance.
— Osez exprimer votre vérité.
14. Followership
Aristote, dans une célèbre citation, a dit que celui qui n’a jamais appris
à obéir ne peut pas être un bon commandant. ÊTRE un leader, c’est
savoir quand laisser le leadership à l’autre, quand il importe de suivre.
C’est contribuer à l’émergence d’autres leaders. Et parfois faire le
choix conscient de se rallier aux autres.
Parce qu’être leader, ce n’est pas seulement accomplir de grandes
choses, c’est aussi amener les autres à accomplir de grandes choses !
— « Le patron, c’est le fil d’un collier. On ne le voit pas, mais c’est
ce qui tient toutes les perles ensemble. » Hubert de Boisredon,
PDG de Armor
Cependant, vous l’aurez bien deviné, cette stratégie comporte aussi des
points pouvant être nuisibles :
Dire oui à tout le monde au point de mettre vos propres désirs
de côté.
Être à la recherche des conseils et des opinions des autres avant
de prendre votre propre décision.
Ne pas tenir compte de ce que vous désirez vraiment comme
carrière et style de vie.
Exprimer vos opinions de façon passive-agressive. Comme
vous avez peur d’émettre votre réelle opinion, vous avez
tendance à le faire de façon plus sarcastique et/ou avec dureté.
LE COURAGE OU LE CONFORT ?
« Il n’y a pas de moyen sécuritaire d’être extraordinaire. Et il n’y a pas de moyen
extraordinaire d’être en sécurité. La transformation demande du courage. Le courage
exige que nous nous engagions à quelque chose de plus grand que nos peurs,
quelque chose qui en vaut le risque. Cela exige également que nous connaissions
nos peurs et que nous séparions le risque réel de la peur que nous inventons lorsque
nous sommes soumis à nos illusions réactives. »
Extrait de Mastering Leadership par Bob Anderson et Bill Adams (Traduction libre)
PASSAGE 2 :
JEU INTÉRIEUR DU LEADER PERFORMANT
› DU : contrôle
À : la saine performance
La bonté
L’humanité : l’Homme est-il fondamentalement bon ?
L’humanité réfère au sentiment de bienveillance et de compassion que nous
ressentons envers autrui. C’est, à mon avis, le propre de la nature humaine
profonde et le fruit de notre essence véritable.
Est-ce que l’Homme est fondamentalement bon ? Cette question adressée
depuis des siècles par des philosophes, des psychiatres, des psychologues,
des gens de lettres et plus récemment par les neuroscientifiques est, encore
de nos jours, objet de débat. Si on se fie à l’état de notre société actuelle, les
guerres et attentats, la violence, le manque d’attention au bien commun, les
comportements d’exclusion et de discrimination, si on fait le tour des
médias sociaux qui nous montrent des propos polarisés, voire violents en
lien avec la crise récente de la COVID-19, il est normal de douter de cette
bonté fondamentale de l’humain. Cette question peut en faire réagir
plusieurs et même les provoquer fortement.
Jacques Lecomte, docteur en psychologie et auteur de La Bonté humaine,
défend cette thèse. « L’être humain a des potentialités pour la bonté comme
pour la cruauté. À côté de tendances potentiellement agressives (que je ne
cherche nullement à nier) sont présentes, et de manière plus importante
encore, des tendances à l’empathie, à l’altruisme, à la coopération. »
Contrairement à Thomas Hobbes, Jacques Lecomte33 ne croit pas que
« L’homme est un loup pour l’homme. »
Qu’on ait les idées les plus novatrices ou les stratégies les plus solides, au
bout du compte, ce sont les humains qui créent de la valeur et de la richesse
dans nos organisations. Vos plus grandes percées surviendront lorsque vous
les mettrez vraiment au cœur de vos activités. Lorsque vous oserez redéfinir
ce que veut dire être « réellement humain » au sein de votre organisation.
La sensibilité
LA MAISON D’HÔTES
« Cet être humain est une maison d’hôtes.
Chaque matin, une nouvelle arrivée.
Une joie, une dépression, une mesquinerie,
Un moment de pleine conscience arrive comme un visiteur inattendu.
Accueillez-les tous ! Même s’ils sont une foule de douleurs qui balayent violemment
votre maison et la vident de ses meubles.
Néanmoins, traitez chaque invité honorablement.
Il pourrait vous débarrasser et vous épurer pour de nouveaux délices.
Les pensées sombres, la honte, la malveillance,
Allez à leur rencontre, sur le pas de la porte, en riant et invitez-les à entrer.
Soyez reconnaissant de celui qui vient,
Parce que chacun a été envoyé Comme un guide venu d’ailleurs. »
Rumi
L’amour
Il y a 25 ans, si vous m’aviez dit que je parlerais un jour d’amour en
entreprise, je ne vous aurais probablement pas cru. Pourtant, aujourd’hui, ce
mot a de plus en plus sa place. Pourquoi pas, d’ailleurs ? N’avons-nous pas
tous ce besoin d’être aimés ?
Lorsque je travaillais comme vice-présidente d’une firme de développement
du leadership, j’avais une équipe très vaillante et empreinte d’une grande
humanité. Avec le rachat de la compagnie par de nouveaux actionnaires
européens, il y avait plusieurs choses dont je n’avais malheureusement plus
le contrôle en tant que leader pancanadienne.
Nous vivions alors beaucoup de déceptions et d’adversités. Or, nous avions
l’habitude de nous dire : « L’amour gagnera toujours. » Peu importe
comment se déroulaient nos journées, nous étions là les uns pour les autres.
Si vous me demandiez quel était le secret de cette équipe de travail, je vous
répondrais assurément : l’amour. L’amour du métier, de nos clients ainsi
que de toutes les personnes significatives. C’est si simple et si grand à la
fois !
Faisons tous les jours un petit geste d’amour dans nos organisations et nous
changerons nos organisations.
Remplaçons un jugement par une pensée bienveillante et empathique.
Offrons du soutien au lieu de simplement critiquer.
Choisissons de ralentir et d’écouter réellement l’autre.
Petit à petit nous créerons ainsi des lieux où on se sentira en sécurité, où on
pourra être soi, où on valorisera l’humain dans son entièreté et où on sentira
que tous se préoccupent réellement et authentiquement des uns et des
autres.
Aimons nos employés : ils propageront cet amour à nos clients, à leur
famille ainsi qu’à tout le monde autour d’eux. Aimons nos clients : ils nous
aimeront en retour. Khalil Gibran a dit : « Le travail est l’amour rendu
visible. » Rendons l’amour visible dans nos organisations. Eh oui ! Amour
est un mot qu’on PEUT utiliser au travail !
Je fais donc le choix de m’aimer, tout entière, avec mes joies, mes peines,
mes souffrances et mes fiertés, mes ombres et mes lumières.
Le don de soi et la générosité
Des options de plus en plus nombreuses sont disponibles pour de
l’accompagnement professionnel dans le monde des affaires : livres sur la
gestion et le leadership, conseillers et coachs en gestion et en leadership,
podcasts, webinaires, conférences, parcours de développement, et j’en
passe…
Le Dalaï-Lama n’est probablement pas la première personne vers qui vous
auriez l’élan de vous tourner pour recevoir des conseils de leadership.
Pourtant, ce célèbre chef spirituel a aidé de nombreux dirigeants de
gouvernements, d’entreprises et d’autres organisations. Il a observé
comment nos sociétés se sont développées et ont changé et il a offert au
Harvard Business Review sa vision des qualités qu’un leader devrait
cultiver au 21e siècle. Car les leaders, comme il le mentionne, « quel que
soit le domaine dans lequel ils travaillent, ont un impact fort sur la vie des
gens et sur la façon dont le monde se développe ».
Alors si nous demandions conseil au Dalaï-Lama quant aux qualités à
cultiver pour un leader, que nous répondrait-il ? D’abord, il prendrait
exemple sur les abeilles :
Ensuite, il nous dirait qu’une des qualités à cultiver, c’est d’avoir le cœur
généreux, de passer du « je » au « nous ».
Son disciple, le moine bouddhiste Matthieu Ricard, dans son ouvrage
Plaidoyer sur l’altruisme abonde dans le même sens. L’altruisme est la
pensée du 21e siècle : « C’est le fil d’Ariane qui relie le court terme de
l’économie, le moyen terme de la qualité de vie et le long terme de
l’environnement. Sans l’altruisme, il n’y a aucun système intellectuel
capable de prendre en compte les trois. Un économiste pur et dur vit au
jour le jour, sans penser à l’avenir. Mais s’il a une considération pour
autrui, il fera en sorte d’améliorer la qualité de vie des autres. S’il y a
davantage de considération pour autrui, détruire la planète est
inenvisageable. »
Lorsque je suis tombée sur cet extrait de son livre, je me suis dit que
Matthieu Ricard partageait avec nous un des fondements du leadership et de
la performance durable… La bonne nouvelle est que selon lui – et la
science – l’altruisme n’est pas seulement inné chez l’homme, il peut aussi
être développé. Il est donc à la portée de tous. Il suffit de mettre un
minimum d’effort pour raviver notre bonté et notre générosité.
De mon côté, j’ai toujours rêvé d’un monde plus humain, de service et de
générosité. Toute petite, je voulais devenir religieuse missionnaire. Ensuite,
médecin sans frontières. Mais il y a une chose que le temps et l’expérience
m’ont enseignée : la générosité débute par soi-même. Il faut d’abord s’offrir
à soi pour ensuite s’offrir à nos équipes, car un leader ne peut pas donner ce
qu’il n’a pas.
Il ne peut pas donner de sens s’il n’a pas de sens lui-même.
Il ne peut pas donner de la joie s’il ne la ressent pas.
Il ne peut pas générer de passion s’il ne se sent pas passionné.
Il ne peut pas offrir de l’amour s’il n’a pas le cœur empli d’amour.
Il n’y a pas de leadership sans générosité.
La compassion
Ce dont nos organisations (et le monde) ont réellement besoin, c’est de
compassion.
L’empathie, ressentir ce que ressent l’autre, c’est bien.
La bienveillance, veiller au bien de l’autre, souhaiter son bonheur, c’est
bien aussi.
Mais la compassion, vouloir délivrer l’autre de sa douleur et de sa
souffrance, c’est mieux.
Voici le type de questionnement qui émerge de la compassion : « Qu’est-ce
que je vais faire à ce sujet ? Comment vais-je participer à soulager les
autres de leurs souffrances ? Comment puis-je aider, tendre la main,
soutenir ? »
La compassion, c’est la bonté en action. C’est reconnaître la souffrance de
l’autre et trouver en soi la volonté d’agir pour la soulager. C’est soutenir la
guérison et le bien-être de l’autre. Et c’est sans contredit le remède à nos
maux, à nos blessures, à nos chagrins et à nos déceptions.
Évidemment, il est facile de ressentir de la compassion envers ceux qu’on
aime. Mais avec ceux qui nous dérangent, qui n’agissent pas comme nous le
souhaitons ou qui nous agacent, c’est plus ardu : l’employé qui n’est pas
assez performant à notre goût, celui ou celle qui confronte sans cesse nos
opinions, le chialeux, le casseux de party, le patron trop exigeant ou qui
microgère, le collègue qui prend toute la place, qui n’a pas de sensibilité, le
« Ti-Joe Connaissant ».
Parfois aussi, des obstacles viennent entraver notre capacité à faire preuve
de compassion. Nous pouvons, par exemple, porter des jugements sur la
nature de la souffrance d’une personne. Ou encore ressentir de la rancune
envers une autre. Mais n’oublions pas que ceux qui nous « dérangent » sont
aussi humains. Et ils peuvent nous apprendre beaucoup si nous prenons le
temps de connecter avec eux et de les accueillir. Même quand c’est difficile
de les voir avec le cœur.
Alors, pourquoi ne pas plutôt voir l’autre comme un humain en évolution ?
Comme quelqu’un qui a aussi ses défis, ses souffrances, son histoire ? Nous
pourrions ainsi entrevoir la beauté en lui. Et c’est de cette façon que nous
arriverons à passer d’un monde de compétition et de performance à tout
prix à un monde de dialogue, de nuances, d’ouverture et de tolérance. Nous
marchons tous sur notre propre chemin, mais nous faisons tous le même
voyage.
Voici quelques trucs simples pour incorporer la compassion de manière
concrète dans nos organisations :
Prendre un moment informel, une pause avec quelqu’un.
S’interroger sur le bien-être de cette personne. Lui demander
comment elle va VRAIMENT et écouter sa réponse.
Prendre le temps de créer une connexion avec les autres… Faire en
sorte que les gens qu’on croise se sentent inclus, respectés, vus,
considérés.
Laisser le temps aux nouveaux employés de créer des liens à leur
rythme, de s’immerger dans leurs nouveaux projets, de prendre soin
d’eux.
Laisser du temps aux équipes pour se reposer et célébrer.
Se demander régulièrement : Qu’est-ce qui importe le plus, ici et
maintenant ?
Inclure de la compassion dans nos gestes, nos actions, nos paroles.
Nous avons tous des choses difficiles à faire comme leaders, des décisions
courageuses à prendre, mais nous pouvons choisir consciemment d’y
injecter de la compassion.
La fierté et l’autocompassion
Je suis une introvertie. J’ai développé de bonnes habiletés sociales, certes,
mais à la base je suis introvertie. J’ai besoin d’une bonne grosse dose de
moments à moi pour me recharger. Monter sur une scène devant des
centaines de personnes est à la fois exaltant car j’aime les défis, mais c’est
anxiogène pour moi.
Si je ne suis pas assez préparée à mon goût (j’ai travaillé beaucoup là-
dessus mais « à mon goût » c’est beaucoup de préparation !), si je ne me
sens pas en forme physique, mentale et émotionnelle, mon niveau de stress
augmente.
Il y a quelques années, je devais donner une conférence à un événement du
journal Les Affaires, mais j’étais très fatiguée ce jour-là. Et pour compliquer
le tout, quand je suis arrivée en coulisse, rien ne roulait comme sur des
roulettes. L’organisatrice était nouvellement en fonction et peu outillée, il y
avait des retards sur l’horaire et des problèmes techniques qui
m’empêchaient de voir les diapositives de ma présentation sur l’écran.
Je suis quand même montée sur scène devant les 250 personnes présentes
qui (selon ma perception) semblaient froides, sérieuses et désintéressées.
J’ai fait mon introduction, que je croyais être amusante et… rien, « nada »,
aucune réaction. Tout le monde est demeuré de glace. Je l’avoue, j’ai figé.
Je n’avais pas réussi à créer une connexion avec l’auditoire et,
intérieurement, je paniquais.
Mon histoire de vie m’avait amenée à me forger une vision idéaliste de qui
je devais être. J’avais appris jeune qu’il ne fallait en aucun temps ternir
l’image de la perfection. Que « faire de son mieux », ce n’était pas assez.
Qu’il fallait faire honneur. Alors, inévitablement, mes pensées se sont
emballées et je me suis demandé ce que les autres allaient dire de ma
performance.
J’ai terminé ma conférence et je me suis rapidement éclipsée pour ne pas
avoir à participer au dîner qui rassemblait les autres conférenciers, les
participants et les organisateurs. Je tremblais de honte.
Mais qu’est-ce que la honte au juste ? On la ressent, évidemment, mais on
en connaît peu les caractéristiques précises. D’où vient-elle ? Dans quel
contexte apparaît-elle ?
D’abord il est important de faire la différence entre la culpabilité et la
honte :
La culpabilité, c’est : J’ai fait quelque chose de mauvais.
La honte, c’est : Je suis mauvais.
La culpabilité est inconfortable mais elle peut être positive. Elle nous
indique que nous avons fait quelque chose d’immoral ou qui n’est pas en
lien avec nos valeurs. Elle peut donc nous aider à nous améliorer et à
grandir.
Le problème avec la honte, c’est que la plupart du temps elle n’est pas
accompagnée de compassion, elle est destructrice. Elle s’attaque à la partie
de nous qui croit que nous ne sommes pas en mesure de changer, de devenir
meilleurs.
Je me suis inspirée des travaux de Brené Brown pour vous éclairer sur ce
qu’est réellement la honte. Voici ce qu’elle dit dans son livre Dare to lead :
L’humilité
« Les lacs et les mers les plus puissants et majestueux sont toujours
aux endroits les plus bas de la terre. En étant bas, ils acceptent tout
ce qui leur vient des lieux supérieurs et s’enrichissent ainsi.
Un leader avec une vraie humilité, qui ne craint pas de paraître
bas, n’a pas besoin de se positionner haut. Lui aussi accepte tout
ce qui lui parvient et en perçoit la valeur.
Un leader modeste peut suivre la direction de ses équipes et
discerner sa valeur. Puis, lorsqu’il dirige ses équipes, sa direction
est en harmonie avec la leur. Appréciant les besoins de chaque
personne, il sent rarement qu’on souhaite lui faire obstacle
intentionnellement. »
The Tao at work (Traduction libre)
Méfiez-vous des gens qui ont réponses à tout, car la voie de la sagesse est
celle de l’humilité. Les grands sages doutent et se remettent constamment
en question. Ils écoutent et posent des questions plus qu’ils ne parlent. Ils
sont capables de reconnaître le chemin parcouru, et de voir l’ampleur du
chemin de conscience qui leur reste à faire. Ils adoptent une posture
d’éternel apprenant, de curiosité et d’humanité.
Dans toute expérience, ils choisissent l’écho (ce qui résonne en eux) plutôt
que l’ego. Ils acceptent que, bien que nous vivions souvent des voyages
différents, nous soyons tous sur un chemin d’évolution de conscience.
Un leader doit être humble. Un leader doit servir et apprendre à suivre
lorsque nécessaire, car son rôle n’est pas de briller, c’est de faire briller les
autres. Comme l’a dit Patrice Desbiens : « À quoi ça sert d’être brillant si tu
n’éclaires personne ? »
Le leader humble fait confiance, écoute et recherche le point de vue de
l’autre, car il sait tirer le maximum de chacun de ses contributeurs. Il est
conscient de ses forces et de ses zones de développement. Il sait admettre
ses erreurs et faire de la place à celui qui est plus compétent que lui-même.
Surtout, ne vous méprenez pas ! L’humilité, ce n’est pas de se minimiser ou
de s’effacer. Ce n’est pas non plus de s’accorder moins de valeur qu’aux
autres. C’est tout simplement de laisser la place à l’autre, de le voir
réellement et d’y être sensible. Être humble n’est pas signe de faiblesse. Au
contraire, c’est un signe de force et de courage.
PASSAGE 3 :
JEU INTÉRIEUR DU LEADER EXPERT
› DE : la protection émotionnelle
À : l’ouverture à soi et à l’autre, l’authenticité et la vulnérabilité
› Le leadership et la vulnérabilité
Est-ce que le leadership et la vulnérabilité vont de pair ? Oui ! Être
vulnérable, c’est faire face à de l’inconfort et de l’incertitude. C’est ce que
nous ressentons face au doute, à l’ambiguïté, à l’inconnu et à la peur. Et
quel leader ne fait pas face à de l’inconfort, de l’ambiguïté et de
l’incertitude… chaque jour ?
Accepter cette invitation à être un leader, avoir le privilège d’être considéré
comme un leader veut dire que vous acceptez cette invitation à vivre de
l’inconfort. Que vous acceptez d’ÊTRE face à votre vulnérabilité et votre
fragilité. Un leader est donc celui qui accepte.
Car partager notre réalité, notre vulnérabilité n’est pas un signe de faiblesse.
Au contraire ! Cela encourage la connexion avec l’autre en nous rendant
humains, accessibles et sensibles à ce qui se passe autour de nous.
Alors, que nous soyons employés ou gestionnaires, n’ayons pas peur de
nous montrer vulnérables. La vulnérabilité fait partie de notre expérience
humaine. Elle est la preuve que nous sommes capables de ressentir. Elle est
la source du courage, des liens, de l’empathie et de l’authenticité.
Urgence ou turbulence ?
Il est important de mentionner que l’urgence et la turbulence sont
différentes.
La majorité des leaders que je connais sont excellents pour résoudre des
problèmes ou régler des urgences. En fait, ils ont, la plupart du temps, un
plan déjà mis en place pour gérer ces urgences. Ils sont formés pour y faire
face, ayant un plan de communication rédigé, des plans de relève. Bref, ça
se prévoit.
Mais la turbulence est une bête différente… Elle ne se prévoit pas. C’est
quelque chose qui peut être sans précédent et qui n’est jamais arrivé. Il n’y
a pas de plan en place pour y faire face. Il y a de l’ambiguïté et de la
vélocité.
Lorsqu’il y a une urgence, c’est l’expérience du leader qui compte plus que
tout. En urgence, ce sont les qualités de tête et d’action qui sont les plus
utiles. On doit exécuter le plan de match rapidement, donner des directives
claires qui sont alignées avec les processus.
En temps de turbulence, par contre, c’est la personnalité du leader, ses
qualités d’être et sa posture qui font toute la différence. Nous sommes
humains à humains devant l’insécurité, l’ambiguïté, la volatilité, la fatigue,
la fragilité.
La turbulence crée de l’inconfort, de l’insécurité et de la peur et, au milieu
de ces réalités, les gens ont soif de sécurité. Comme leaders, nous devons
donc prendre encore plus soin des humains. Mais les objectifs, eux, sont
toujours là. Il y a encore des résultats à atteindre. Des mandats à réaliser.
Des projets à porter.
C’est souvent dans la turbulence qu’on reconnaît un leader créateur d’un
leader réactif. Car le leader créateur est capable, en temps de turbulence, de
bien faire mais aussi de faire du bien…
LA PRÉSENCE
« Arrêtez de mesurer les jours par un degré de productivité et commencez à les vivre
selon un degré de présence. » Alan Watts
Habitez et honorez pleinement vos expériences.
Traversez la vie en étant présent à l’autre et à vous-même.
Ralentissez pour savourer, contempler et récolter le fruit de chaque interaction et
chaque conversation.
Faites moins. Soyez plus.
Réaction ou réponse ?
Nous avons toujours deux façons d’agir : réagir ou répondre.
Lorsque nous sommes soumis à un déclencheur, une demande ou une
exigence, il se passe quelque chose en nous. Une émotion peut apparaître,
un signe dans notre corps peut se manifester et des pensées peuvent surgir.
À cet instant, il y a deux types d’actions possibles :
1. La réaction
Il est important de comprendre que réagir à nos expériences signifie prendre
des décisions fondées à partir de ce qui s’est passé hier et sur ce que nous
croyons qu’il va se passer dans l’avenir. C’est agir à partir de nos peurs et
sous l’anticipation de ce qui pourrait se passer dans le futur. C’est notre ego
(notre enfant intérieur) qui s’exprime.
La réaction part donc d’une demande, d’une exigence, d’un problème
important à résoudre, d’une décision à prendre. Un sentiment d’urgence ou
de responsabilité émerge alors (les « il faut que » et les « je dois »), ou
encore une émotion inconfortable, une peur qui nous empêche d’avancer.
Cela peut aussi prendre la forme de fébrilité ou d’excitation ; on se sent mû
par le besoin d’agir immédiatement.
Le contexte de turbulence du leader vient avec de nombreuses possibilités
de déclencheurs qui peuvent nous faire basculer en réaction : pression,
ambiguïté, vélocité, co-équipiers et employés eux-mêmes réactifs et au bout
du rouleau… Tout va vite. Et une chose qui ne change pas dans nos cultures
organisationnelles, c’est que tout change sans cesse !
Bref, quand nous réagissons, ce n’est pas nous qui menons en conscience à
partir de notre boussole intérieure, mais plutôt le contexte, l’émotion ou
notre état mental. Lorsque nous sommes en réaction, nous devenons des
victimes de notre environnement, car ce qui l’a déclenchée provient de
l’extérieur.
D’ailleurs, quand nous réagissons, nous le faisons souvent dans le but de
réduire une peur, un inconfort ou de combler notre besoin de sécurité. Cela
s’apparente à un réflexe, c’est automatique et inconscient. C’est normal,
nous avons appris à le faire pour nous sentir en sécurité. Nous fuyons
quelque chose : la peur, l’inconfort.
Et ça fonctionne ! On est dans l’action. Cela crée des résultats. Mais une
fois le problème résolu et l’inconfort disparu, nous revenons à un état de
bien-être relatif, c’est-à-dire à l’état d’avant le déclencheur. L’évolution
n’est pas au rendez-vous.
2. La réponse
Si une réaction est enclenchée par quelque chose qui provient de l’extérieur,
de notre environnement, la réponse, elle, origine de l’intérieur.
Elle aussi part d’une demande, d’une exigence, d’un problème important à
résoudre, d’une décision à prendre. Un sentiment d’urgence ou de
responsabilité émerge alors (les « il faut que » et les « je dois »), ou encore
une émotion inconfortable, une peur qui nous empêche d’avancer. Cela peut
aussi prendre la forme de fébrilité ou d’excitation ; on se sent mû par le
besoin d’agir immédiatement. Bref, c’est le mental qui s’emballe.
Sauf que, plutôt que de bondir pour réagir, nous faisons une pause. Un arrêt
sur image.
Nous R-E-S-P-I-R-O-N-S et réfléchissons :
Au nom de quoi je souhaite agir ? Quel est le sens, mon pourquoi ?
Qui ai-je envie d’ÊTRE dans cette situation ?
Quel impact je souhaite créer ?
Que me dit ma boussole intérieure ? Ce que je sens dans mon corps
et ressens au niveau émotionnel ? Les pensées qui m’habitent ?
Quelle lecture je fais de l’environnement et du contexte ? Ce que
j’observe du contexte, ce que j’observe chez les autres.
Quels sont mes besoins, mes valeurs ?
Chaque fois que nous interprétons la réalité comme une menace au respect de nos
besoins, nos stratégies défensives sont déclenchées. Comme dans la petite enfance
nous n’avions pas la capacité de décoder notre ressenti et de comprendre nos
besoins, ces mécanismes de défense se sont mis en place pour assurer notre survie.
Avec le temps, ils sont devenus des réflexes conditionnés, souvent inconscients, qui
sont réactifs, pour la plupart.
À court terme, nous en retirons de grands bénéfices, comme celui de nous protéger
de l’inconfort ressenti et de nous sentir « en contrôle », mais à moyen et long termes,
nous réalisons que ces réactions ne sont pas au service de nos besoins et de nos
intentions. Qu’elles risquent plutôt de créer des impacts négatifs pour nous et autour
de nous.
Pour les déjouer, il faut d’abord que nous prenions conscience de nos peurs et de nos
réactions, que nous acceptions l’inconfort et que nous soyons conscients de nos
besoins.
C’est ainsi que le leader devient de moins en moins réactif. Et en réagissant moins, il
accède à une plus grande possibilité de stratégies, qui résonnent davantage avec ses
besoins, ceux de son équipe et de son organisation.
Inspiré du livre de Michael Brown, Le processus de la présence, Édition Ariane, 2012
•
PISTE POUR LE JEU INTÉRIEUR PACIFICATEUR. Passez pardessus
votre peur du conflit et de perdre l’harmonie et faites preuve de fermeté
bienveillante : Osez nommer votre ressenti et vos besoins à partir de votre
authenticité courageuse.
PISTE POUR LE JEU INTÉRIEUR EXPERT. Honorez votre besoin de
compréhension. Osez la vulnérabilité en nommant votre état d’être. Créez
de la connexion en étant ouvert et dans l’accueil à la réalité de l’autre et en
vous engageant dans un réel dialogue, au lieu d’un débat où vous cherchez
à avoir raison.
PISTE POUR LE JEU INTÉRIEUR PERFORMANT. Prenez un moment de
recul, respirez et demandez-vous quel impact vous voulez réellement créer.
Et n’oubliez pas de demeurer sensible et à l’écoute de votre interlocuteur.
De la sensibilité dans vos actions !
Leadership durable
L’hygiène spirituelle
La nourriture de notre monde spirituel n’est pas nécessairement reliée à une
pratique religieuse ou spirituelle, c’est la connexion à notre sens profond,
l’alignement avec nos valeurs et notre capacité à se sentir en harmonie avec
soi-même.
Le docteur Tal Ben Shahar nous a parlé dans un de ses livres du processus
SPA. Pour être nourris dans notre travail, il faut que nos activités nous
apportent :
S pour Sens : le bénéfice à long terme ;
P pour Plaisir : le bénéfice à court terme ;
A pour Atout : faire des activités dans lesquelles nous sommes bons.
Porter des actions qui font sens pour nourrir notre dimension
spirituelle
Alors à chaque jour, portez l’intention de consacrer au moins deux à trois
activités qui nourrissent votre sens. Et pourquoi pas à chaque fin de journée,
établir dans votre routine de relecture cette question : « Qu’est-ce qui a
nourri ma flamme aujourd’hui ? »
Pour notre monde spirituel, la purification est mentale. Il faut nettoyer les
distractions, les drames et les pensées envahissantes. La méditation est
certes une option. Mais certains disent ne pas aimer la méditation. C’est
ok ! Utilisez la technique qui vous convient. Si c’est la course, la cuisine,
faire le ménage, marcher avec votre chien, peu importe, tout cela est bon.
L’important est de faire une activité en y consacrant toute sa présence. Car
au final, comme le dit l’auteur et philosophe Fabrice Midal, la méditation,
ce n’est pas de se vider la tête et de se forcer à être calme. C’est simplement
être présent à ce qui est, tel qu’il est. C’est être pleinement dans
l’expérience.
L’hygiène mentale
Philippe Varin, PDG de PSA Peugeot Citroën a dit : « Si vous ne prenez pas
20 minutes de rendez-vous avec vous chaque jour vous faites une faute
professionnelle. » Pensez alors à provoquer de vrais rendez-vous avec vous-
même.
•
Nous avons donné mauvaise réputation au stress. Mais Sonia Lupien,
directrice du Centre d’études sur le stress humain, nous rappelle que jusqu’à
un certain point le stress a un effet positif : il favorise la performance et la
mémoire, en plus d’augmenter la vigilance et l’attention. Il peut être un
puissant mobilisateur d’énergie ! Je suis du même avis pour tout moment de
turbulence. Parfois, nous avons l’impression que tout tombe en morceaux,
mais en réalité, tout est en train de se mettre en place pour notre plus grand
bien. L’expérience vécue nous pousse à évoluer et à sortir de notre zone de
confort afin de pouvoir vivre et expérimenter notre vraie grandeur, notre
essence.
« Pour forcer la floraison d’un schlumbergera39, il faut le priver de lumière
et cesser de l’arroser pendant un certain temps. Sentant sa survie menacée,
la plante cherche alors à se reproduire et produit une fleur qui contient des
graines. La nature du schlumbergera fait en sorte qu’un certain niveau de
stress lui est nécessaire pour assurer son développement. » (Oser – Le guide
pratique, Pinet et Bouleau)
Il en va de même pour l’humain. La turbulence nous sort de notre train-train
et de nos vieux réflexes. Elle crée un inconfort, mais elle peut assurer notre
développement. Tout réflexe peut se changer par l’entraînement de l’esprit.
Il est possible de créer de nouvelles habitudes et de cesser de reproduire
sans cesse les mêmes comportements, entraîner son esprit à adopter de
nouveaux comportements : se choisir, profiter de la vie, se libérer des
exigences, se créer des espaces qui nous nourrissent. Se défaire de ses
réflexes prend du temps. Car nos enjeux resteront nos enjeux. On tombe
dans ses pièges, on se voit aller, on s’intercepte avec bienveillance et à
partir de cette place-là des possibles émergent.
Notre nature première d’humain nous amène à ce réflexe de vouloir revenir
à notre sentiment de sécurité et de paix et, donc, de mettre des stratégies en
place pour réduire l’inconfort ou nous distraire de lui.
Devant la turbulence nous avons, à mon avis, trois options :
1. Se laisser SUBIR la situation, s’en rendre la victime en laissant le
ronron mental prendre le contrôle.
2. ACCUEILLIR ce qui se joue en soi. Respirer, relativiser, recadrer et
ACCEPTER ce sur quoi nous n’avons pas le contrôle.
3. Mettre notre énergie à trouver une solution alternative et
DÉSAMORCER la situation.
Maintenant, vous allez tourner votre attention vers votre monde des
émotions pour observer votre météo intérieure. Que ressentez-vous ?
Quelles émotions vous habitent ? Dans quelle mesure êtes-vous habité et en
contact avec vos émotions ici et maintenant ? Que détectez-vous ?
Comment vous sentez-vous ? Encore une fois, ne jugez pas. Il suffit
d’observer.
Qu’y a-t-il pour vous ?
Est-ce ensoleillé ? Vous êtes heureux ? Détendu ? Curieux ?
Reconnaissant ? Excité ? Inspiré ? Passionné ? Créatif ?
Aventureux ? Stimulé ?
Le temps est doux ? Vous êtes attendri ? Chaleureux ? Ému ?
Sensible ? Comblé ? Détendu ?
Orageux ? Vous êtes irrité ? Pessimiste ? Stressé ? Anxieux ?
Lourd et pluvieux ? Vous êtes triste ? Déçu ? Seul ? Amer ?
Incompris ? Fatigué ? Vidé ? Épuisé ? Vulnérable ?
Frais ? Vous êtes incertain ? Intimidé ? Craintif ? Inquiet ?
Glacial ? Vous êtes indifférent ? Impuissant ?
Couvert avec des risques d’orages ? Vous êtes blessé ? Confus ?
Déchiré ? Incertain ? Inconfortable ? Mal à l’aise ? Perdu ?
Venteux ? Vous êtes agacé ? Agité ? Contrarié ?
Tornade ? Vous êtes explosif ? Incontrôlable ? Imprévisible ?
Excessif ? Tourmenté ? En colère ? Frustré ? Impatient ?
Éclaircie à la suite d’une pluie ? Vous êtes confiant ? Optimiste ?
Encore une fois, ne jugez pas. Il suffit simplement de constater. Et
de prendre conscience de votre état d’être.
Et répétez cette phrase tel un mantra.
« Je ne suis pas mes pensées. Je ne suis pas mes émotions. Je ne suis ni mon
corps physique, ni mes réalisations, ni mes expériences. Ici et maintenant,
simplement je suis. »
Quel impact y a-t-il sur vous de faire ce constat ?
Qu’y a-t-il à accepter ?
Sur quoi avez-vous envie de lâcher prise ?
J’ajouterais aussi :
La victimisation : pourquoi cela n’arrive qu’à moi ? Pourquoi suis-
je toujours pris à tout faire tout seul ! (Parce que tu ne fais pas des
demandes claires, me disent mes enfants !) Voilà une voie de
développement ! Identifier notre besoin (soutien) et faire une
demande claire à partir de cette place.
L’ego calme
Je suis certaine qu’en matière d’ego, nous nous ressemblons tous : nous
aimons être bons, courageux, intelligents ou, en tous cas, en avoir l’air, bien
paraître, être imaginatifs, gentils et serviables et, surtout, nous aimons que
les autres le remarquent. Nous pouvons tous s’imaginer dire : « Hé ! C’est
moi qui ai trouvé ce resto, qui ai déniché ceci ou cela, qui ai pensé à cela. »
Selon la lunette qu’on porte, la discipline qu’on pratique, l’ego peut être
défini de diverses façons42.
L’ego est souvent perçu comme vilain et nuisible. Il est arrogant. Il rabaisse
les autres. Il se pense supérieur. Il aime briller, gagner, se montrer le
meilleur, obtenir des responsabilités, surtout pour se pavaner, il est
prétentieux. C’est qu’il a un gros ego !
Il cherche l’approbation. Il veut prouver sa valeur. C’est son ego qui
s’exprime !
Et au contraire, on se félicite lorsqu’on vainc le vilain ego : (moi, je n’ai pas
beaucoup d’ego, ou bien j’ai mis mon ego de côté…)
Et en même temps on se faire croire qu’une forte personnalité (donc un fort
ego) est nécessaire pour réussir dans la vie.
Vous serez peut-être aussi surpris d’apprendre qu’il existe l’ego gentil. Le
Dalaï-Lama avait donné comme exemple : « Tu vois quelqu’un tomber. Tu
accours pour l’aider et une autre personne arrive juste avant toi et offre son
aide. Comment réagis-tu ? Es-tu heureux de l’aide de l’autre personne ? Es-
tu déçu que ce ne soit pas toi qui as aidé ? Si tu as répondu par la première
réponse, il s’agissait de ton ego gentil. »
L’ego peut être un sujet controversé sur sa définition – et on se questionne
beaucoup à ce sujet… mon ego est-il trop grand ou mon ego est-il trop petit
(suis-je trop humble ?). C’est loin d’être évident de s’y retrouver. Et je
trouve parfois que l’ego a le dos large… Mais je n’ai pas envie qu’on soit
en mode « définition théorique » et surtout pas en mode « blâme »…
Faisons plutôt le lien avec les concepts déjà vus dans les autres chapitres :
les besoins de carence et de croissance.
Rappelez-vous que les besoins de carence sont motivés par un manque de
satisfaction (par exemple, manque de nourriture, de sécurité, d’affection,
d’appartenance, d’estime de soi) et par des peurs, de l’anxiété et des
exigences.
Et que les besoins de croissance englobent l’esprit d’exploration, d’amour
désintéressé et de recherche d’un sens.
Et, bien que l’ego s’occupe qu’on ne perde pas ce qui nous crée cette
sensation de sécurité… extérieure… ce sont les besoins de carence qui sont
en jeu : sécurité, reconnaissance, estime, confiance en soi… L’ego
développe des craintes de ne pas pouvoir satisfaire ses besoins. Si ces
derniers ne sont pas nourris, nous souffrons. Et l’ego s’agite. Il cherche à
combler ces sentiments de manque que nous pouvons ressentir : sécurité,
estime de soi, confiance en soi, reconnaissance, amour, etc.
On peut aussi faire le lien avec tout le mode de fonctionnement réactif :
l’ego enclenche un jeu intérieur réactif, très similaire à la façon dont Brene
Brown parle, elle aussi, de l’ego :
Ce qui m’amène à vous parler de nouveau de Scott Barry Kaufman qui est
l’un de mes chouchous académiques. Ce que Kaufman a à dire sur l’ego est
très intéressant. Il définit l’ego comme ceci : « Cet aspect de soi qui a le
besoin incessant de se voir sous un jour positif. »
Et nous voulons tous nous voir sous un jour positif, n’est-ce pas ? Nous
aimons ignorer notre ombre et nous concentrer uniquement sur le fait que le
monde nous considère uniquement dans notre lumière.
Kaufman rapporte les travaux de Heidi Wayment et ses collègues qui font
des recherches fascinantes sur ce qu’ils appellent « l’ego calme » (The
Quiet Ego). Inspiré de la philosophie bouddhiste et de la psychologie
humaniste, ce programme de recherche montre que calmer notre ego est une
voie puissante vers le bien-être, la croissance et une saine estime de soi.
Une alternative à mettre au rancart l’ego et à vouloir le dissoudre.
Mais qu’est-ce qu’un ego calme exactement ? Est-il possible d’avoir un ego
calme ?
D’abord, il est important de mentionner qu’un ego calme n’est pas la même
chose qu’un ego silencieux. Dissoudre l’ego au point qu’il perde
complètement son identité ne vous rend service ni à vous-même ni au
monde. Au lieu de cela, la perspective de l’ego calme met l’accent sur
l’équilibre et l’intégration. Comme Wayment et ses collègues l’ont dit, un
ego bruyant passe beaucoup de temps à se défendre. Réduire le volume de
l’ego permet d’écouter les autres ainsi que soi-même (faire des « ET ») dans
le but d’aborder la vie avec plus d’humanité et de compassion.
L’approche de l’ego calme se concentre sur l’équilibre entre les intérêts de
soi et des autres, et sur la croissance de soi et des autres, de la conscience de
soi et de l’expérience de compassion. Le but de l’approche de l’ego calme
est d’arriver à une position moins réactive et sans perdre le sens de soi ou
de nier son besoin d’estime des autres. (Vous pouvez très bien pratiquer
l’authenticité sans vous perdre de vue…)
L’ego calme ne ressent pas le besoin d’être sur la défensive. Il est apte à
considérer les autres, à leur être sensible, sans se sentir en danger ni sur la
défensive. Il indique une saine estime de soi et la capacité à reconnaître ses
limites.
Selon Wayment et son collègue Bauer, l’ego calme repose sur quatre
aspects :
1. La conscience détachée
Être conscient du positif tout comme du négatif. La personne tente de
voir les situations de façon claire, avec ouverture et acceptation. Lors
d’une situation difficile, les pensées et les émotions sont prises en
compte de façon objective et dans le but ultime de garder une bonne
maîtrise de soi et de retirer le meilleur de la situation.
2. L’identité inclusive
Il n’y a plus de division de race, de sexe, de rôle, etc. Chaque
personne est traitée de façon équitable, peu importe la couleur de sa
peau ou son statut économique.
3. La prise de perspective
L’ego calme n’est pas centré seulement sur lui-même. L’attention est
portée en dehors de soi, envers autrui. Il y a une forte présence
d’empathie et de compassion pour les autres.
4. L’esprit de croissance
La personne pense, agit et évalue à long terme. Elle vit le moment
présent comme étant ce qu’il est, tout simplement, sans se sentir
menacée envers quoi que ce soit.
Je n’ai assurément pas besoin de vous convaincre des bienfaits d’avoir un
ego calme plutôt que son contraire. Mais juste au cas où vous vous poseriez
encore des questions, sachez qu’il existe de multiples bénéfices à opter pour
le calme.
1. Votre liberté intérieure
Quel bien cela peut faire d’être axé sur le bien des autres, sur leur
évolution et sur l’entraide plutôt que d’être centré sur son propre
nombril au détriment du bonheur d’autrui.
2. Vous libérer de ce besoin de paraître et enfin vivre dans l’ÊTRE
N’est-ce pas là une des leçons qui priment dans ce livre ? Pouvoir être
libre d’être soi, sans crainte de jugement ou d’être réprimandé.
3. L’humilité
L’humilité d’être qui on est vraiment. Faire des choix sans crainte,
avec assurance et sans anticipation de sa propre image ou de l’opinion
des autres.
Échelle de l’ego calme (QES – The Quiet Où en êtes-vous par rapport aux
Ego Scale)43 affirmations suivantes ? Identifiez là où
vous voyez des pistes de travail.
Ceux qui obtiennent un score plus élevé sur l’échelle de l’ego calme ont
tendance à être plus intéressés par la croissance et l’équilibre personnels et
sont plus susceptibles de rechercher la croissance par l’authenticité, la
maîtrise et des relations sociales positives. Bien qu’un ego calme soit
positivement lié à une bonne estime de soi, à une résilience et à des
stratégies d’adaptation saines pour faire face aux facteurs de stress de la vie,
il est également lié à des attitudes et des comportements humanitaires. Cela
est cohérent avec l’idée qu’un ego calme équilibre la compassion avec
l’autoprotection et les objectifs de croissance. En effet, une bonne
indication qu’on évolue est que l’ego se calme. Un ego calme est également
associé à l’humilité, à la croissance spirituelle, à la flexibilité de la pensée, à
l’ouverture d’esprit, à la capacité de savourer les expériences quotidiennes,
à la satisfaction de la vie, à la prise de risques et au sentiment que la vie a
un sens, une existence riche.
Plus l’ego est calme = Plus le meilleur de vous
émerge !
Et ensuite ?
Agir et décider en temps de turbulence
Vous ancrer et pratiquer la vigilance et l’attention vous permet d’être plus
conscient de ce qui se passe en vous et autour de vous, de vous mettre au
cœur de vos systèmes et d’en faire la lecture la plus juste, complète et
pertinente possible. De voir vos indicateurs et signaux d’alertes en temps
réel plutôt que de rester coincé dans les pensées antérieures ou futures : Ah
si j’avais su… J’aurais dû… Ou il risque d’arriver ceci ou cela… De
reconnaître les besoins, les enjeux et les préoccupations de vos parties
prenantes. De reconnaître l’impact sur l’autre, sur l’équipe et sur
l’organisation de cette turbulence.
Nous avons des décisions difficiles à prendre en tant que leaders et surtout
en temps de turbulence. Mais procéder en conscience fait toute la différence
dans notre capacité à prendre des actions qui sont à la fois pertinentes pour
ici et maintenant et qui nourrissent le sens pour le futur. Et au besoin, faites-
vous challenger et soutenir pour valider vos lectures.
La notion au temps n’est pas la même en situation de turbulence. Agissez
avec urgence malgré des informations incomplètes. Au milieu des
bouleversements, les leaders doivent partager ce qu’ils savent et admettre ce
qu’ils ne savent pas. Paradoxalement, cette honnêteté crée plus de sécurité
psychologique pour les gens, pas moins.
Admettre que vous n’avez pas les réponses ne signifie pas éviter
d’agir. L’inaction laisse les gens se sentir perdus et instables.
Choisissez la bonne direction compte tenu des informations
actuelles et acceptez que celles-ci continueront à se mettre à jour.
Acceptez que la décision que vous avez prise aujourd’hui, avec les
informations que vous aviez, puisse changer demain.
Fiez-vous à votre boussole intérieure. Qu’avez-vous le goût de créer
comme impact ? À partir de quel sens, quelle intention ? Quel
leader voulez-vous ÊTRE ? Et agissez avec conscience.
Les gens nous feront ainsi confiance et nous aideront à trouver et à
retrouver la voie à suivre.
L’attention
« Si je regarde un beau paysage en pensant à autre chose, je ne pourrai être
dans la joie. En revanche, si je goûte cet instant avec tous mes sens, alors
elle sera en mesure de surgir. » Donc, soyez présent à ce que vous vivez.
Le lâcher-prise
« Devant une difficulté ou une épreuve contre laquelle on ne peut rien faire,
mieux vaut dire oui à la vie. Non pas se résigner en maugréant. Mais en
lâchant prise, je laisse la porte ouverte à la joie du consentement. »
La création
« En cultivant ma créativité, je suis en lien avec mon être profond, je suis
dans la vérité de ma personne, pas avec mon ego. Je le transcende. Qu’il
s’agisse de peinture, de cuisine, de jardinage, d’écriture… »
La persévérance
« Aller jusqu’au bout de l’effort, quoi que l’on fasse, permet de trouver la
joie. »
La gratuité
« Faire des choses sans attendre de retour, sans recherche de profit ou
d’efficacité. Qu’il s’agisse d’un échange avec quelqu’un, d’une action, d’un
geste esthétique… », ça rend heureux. C’est prouvé.
La gratitude
« Prendre l’habitude de la cultiver, en un mouvement profond et spontané
de notre être, nous ouvre à la puissance de la joie. »
Et je pourrais ajouter :
La sagesse
Il y a quelques années, je me suis offert un grand cadeau, celui d’un voyage
en Égypte. D’ailleurs, il y a pour moi une différence importante entre des
vacances et un voyage. L’intention est tout autre. Les vacances visent la
détente et le repos, alors que le voyage est transformateur.
J’ai donc effectué ce grand périple : une exploration vers l’histoire
ancienne, la psychologie sacrée et la spiritualité millénaire de cette culture
qui ont été une grande source d’inspiration en lien avec le leadership.
Entre un moment méditatif où on traverse le désert à pied, la découverte des
temples où on sent vibrer ces énergies de Force, d’Amour et de Puissance,
les rencontres humaines, les leçons sur la vie et la mort et le privilège de
visiter la seule merveille du monde antique qui a subsisté à l’épreuve du
temps, comment ne pas se sentir inspirée, transformée et plus riche ?
D’ailleurs, ma rencontre avec le Sphinx a été particulièrement significative,
car il représente à la fois la puissance avec son corps de lion et la sagesse
avec sa tête divine. Il ne dit rien, il regarde et surtout il écoute. Depuis plus
de 4000 ans, il est le témoin des secrets anciens et modernes. Par sa simple
présence, il nous enseigne que la force requiert de la sagesse, et la sagesse
requiert de la force.
Un bon leader le sait, en équilibrant ces deux attributs : force et sagesse.
Mais qu’est-ce que la sagesse au juste ?
Le concept de sagesse est très ancien. Il suscite un nouvel intérêt depuis
quelques années en psychologie en tant que trait de personnalité qui a un
impact sur la santé physique et mentale, le bien-être, le bonheur, la
satisfaction par rapport à la vie, la maîtrise personnelle et la résilience. Le
mot philosophie vient du grec ancien et signifie littéralement « amour du
savoir » et communément « amour de la sagesse ».
Le philosophe Frédéric Lenoir, auteur de La sagesse expliquée à ceux qui la
cherchent, nous dit que la sagesse, c’est chercher à grandir en humanité, à
être le meilleur humain possible. Il nous dit aussi d’être actifs dans la quête
de la sagesse. Car, de chaque expérience, nous pouvons chercher à
apprendre quelque chose.
Honorer la sagesse
Dans la culture africaine, vivre « vieux » est un don des dieux46, car cela
signifie gagner en sagesse. D’ailleurs, le terme « vieillard » est loin d’être
péjoratif, car ceux-ci occupent une place importante dans cette société.
Avancer en âge équivaut à gagner en dignité. Ils incarnent la sagesse, la
paix intérieure, la maîtrise de soi, ils sont les conseillers écoutés et suivis,
ils jouent le rôle de pacificateurs. Ce sont eux, les leaders. Le terme
« vieillard » est loin d’être péjoratif.
Au Sénégal, lors du baptême des enfants, on formule ces souhaits : « Yasam
te hud, a jeg yif, a jeg a fap fa yay ; a mâk bo a moj o mâk, mâk ve na sate
fane ; a mâk bo o disel ha pum, a mâk bo a dokoha. » « Qu’il vive
longtemps, ait de l’intelligence, ait père et mère, ait plus de jours que les
plus âgés du village. Qu’il soit vieux au point que sa tête soit toute fleurie,
au point qu’il ne puisse plus marcher. »
Cultiver la sagesse, c’est aussi apprendre à l’honorer et à la respecter.
La résilience
Il est important de faire la distinction entre la résistance et la résilience.
La résistance est la capacité à endurer. C’est-à-dire que, tel un hérisson,
nous essayons d’éviter la menace qui surgit devant nous en sortant nos
piquants, mais une fois le danger passé, nous reprenons le cours normal de
nos activités. Il n’y a ni transformation ni évolution. Juste un retour à l’état
d’avant.
Boris Cyrulnik, psychiatre, définit ainsi la résilience : il s’agit de la
capacité à vivre, à réussir et à se développer en dépit de l’adversité. La
résilience, c’est la reprise d’un nouveau développement après un
traumatisme. Elle est donc la capacité à se remettre, se relever, se
reconstruire et à rebondir psychiquement à la suite d’une épreuve.
Nous ne sommes pas tous égaux face à la résilience. Notre capacité à être
résilients dépend à 10 % des circonstances de notre vie et à 30 à 40 % de
notre génétique. Mais, bonne nouvelle ! Le 50 à 60 % restant dépend
entièrement de nous, de nos activités intentionnelles, donc de nos choix et
du regard que nous portons sur la vie.
Comment fait-on pour développer sa résilience ? Le Dr Dennis Charney,
psychiatre et chercheur en biologie américaine ainsi que l’un des plus
grands experts mondiaux de la neurobiologie et du traitement des troubles
de l’humeur et de l’anxiété, a étudié les victimes de grands traumas. Il a
ainsi été capable d’identifier 10 éléments qu’il appelle : La prescription de
résilience. La voici :
1. Vivre une attitude positive :
L’optimisme est fortement lié à la résilience.
L’optimisme est en partie génétique, mais il peut s’apprendre.
2. La capacité à recadrer, à ré-évaluer la valeur et la signification d’une
expérience de vie et à l’accepter. Voir la vie avec une paire de lunettes
différente.
3. Embrasser une boussole morale personnelle, notre propre ensemble de
croyances fondamentales.
4. Avoir un modèle de rôle résilient.
5. Faire face à nos peurs. La peur est un indicateur et peut servir de
guide.
6. Développer des habiletés d’adaptation actives (plutôt que passives).
Aller chercher du soutien chez les autres et agir.
7. Établir et entretenir un réseau social de soutien.
8. S’occuper de notre bien-être physique. L’exercice physique a des
effets positifs sur l’humeur et améliore l’estime de soi.
9. Entraîner notre cerveau régulièrement dans plusieurs domaines.
Continuer d’apprendre, rester stimulés.
10. Reconnaître, utiliser et favoriser l’utilisation de nos forces, nos
superpouvoirs, au lieu de mettre l’accent sur nos faiblesses.
Et je me permets d’en ajouter un autre :
Trouver l’équilibre entre les activités qui procurent du plaisir, c’est-
à-dire une satisfaction à court terme, et celles qui nourrissent un
sens, une satisfaction à long terme. Comme avoir une mission de
vie.
PRATIQUE QUOTIDIENNE DE
TRANSFORMATION DE SOI
Vous avez toujours le choix entre ces deux possibilités :
réagir ou répondre ;
nourrir l’ego ou nourrir l’âme.
OÙ SUIS-JE ?
Savoir que vous êtes en réaction est plus important que d’être en tout temps en mode
réponse. Il est d’ailleurs difficile, voire impossible d’être en tout temps en mode
réponse. Après tout, vous êtes humain…
Le leader conscient de lui-même et de sa dynamique sait où il se trouve. Ah ! tiens,
me voilà déclenché, en réaction !
Il fait une pause, accepte d’être là où il se trouve, se place dans un état d’esprit
curieux.
Comment passer au mode réponse ?
Au lieu de vous demander qui est à blâmer, demandez-vous : Que puis-je apprendre
et comment puis-je évoluer à partir de cette expérience ?
La question que vous devez vous poser est : Où est-ce que je passe la majorité de
mon temps et de mon énergie ? En mode réactif ? Ou en mode réponse ?
1. Où suis-je ?
Tout au long de la journée, faites attention et remarquez quand vous
basculez en mode réactif. C’est une pratique d’observation et de
réflexion dans l’action qui vous invite à être à la fois acteur et
observateur de votre dynamique.
Les leaders créateurs deviennent excellents pour se situer avec
précision. Ils peuvent non seulement le voir dans leurs actions, dans
leurs paroles, ce qu’ils se disent à eux-mêmes (discours intérieur) et
aux autres, mais ils peuvent aussi le ressentir dans leur corps. La
conscience de soi est souvent la première étape pour s’éveiller en tant
que leader ; une dimension essentielle de la conscience de soi étant de
remarquer son état de conscience actuel.
À la suite de la lecture de cette section, quels sont les rituels d’hygiène qui
seraient soutenant à votre processus de transformation, à votre leadership et
à votre vie en général et que vous désirez mettre en place ? Physique ?
Mental ? Émotionnel ? Spirituel ?
Après la lecture de cette section, quelles sont les techniques de navigation
en temps de turbulence qui vous seraient le plus utiles et que vous avez
envie d’expérimenter ?
Pour accéder aux versions éditables et téléchargeables des sections « Un moment
de rencontre avec soi-même » et « Pratique quotidienne de conscience et de
connaissance de soi », à du contenu privilégié et recevoir les mises à jour sur les
réflexions proposées, scannez le code QR et accédez au Hub du leader créateur.
CONCLUSION
Il est possible qu’à partir de votre jeu intérieur actuel, vous soyez en mesure
de performer extrêmement bien dans le monde. Mais un mode de
fonctionnement réactif ne vous rend pas capable de changer le monde. Il ne
vous soutient pas dans votre capacité à vous transformer, à introduire des
nouveaux comportements durables afin de créer un monde meilleur. Plus
sain, inclusif et joyeux. Pour y arriver, vous devez élever vos jeux !
Nous avons besoin de leaders créateurs dans nos organisations et dans le
monde pour naviguer à travers les crises mondiales, les moments de
turbulences et le niveau de complexité auxquels nous sommes confrontés
aujourd’hui. Ce n’est qu’à ces niveaux que les leaders peuvent traverser les
tourmentes et la complexité, transformer notre monde, nos organisations,
réaliser des mandats tout en créant des espaces de saine performance et se
réaliser tout en offrant de l’humanité autant au niveau personnel que
collectif.
En résumé, nous avons vu, dans cet ouvrage, que les leaders créateurs :
ont compris que leur évolution passe par l’investissement dans leur
principal outil : eux-mêmes. Car la première personne qu’on doit
leader, c’est soi. En devenant de meilleurs humains, on devient de
meilleurs leaders ;
sont conscients : ils comprennent et élèvent leur jeu intérieur ;
s’engagent dans leur développement de façon continue. Ils sont
d’éternels apprenants ;
sont autoportants dans leur développement ;
comprennent leur logique d’action, leurs croyances et leur mode de
fonctionnement et acceptent de se remettre en question ;
s’appuient sur le passé, ils sont ancrés dans le présent, ils voient
grand et loin ;
cultivent le « prendre soin » d’eux-mêmes et des autres ;
dirigent à partir de leur boussole intérieure ;
adoptent la mentalité paradoxale : ils font des « ET » au lieu des
« ou », ce faisant, ils créent des possibles !
Managing Paradox. Blending East and West Philosophies to Unlock Its Advantages and
Opportunities. Jean Brittain Leslie, Peter Ping Li, Sophia Zhao (Center for Creative Leadership)
Polarity Management. Barry Johnson, Ph.D., H R D Press (June 12, 2014)
* Barry Johnson est créateur de Polarity Thinking®
L’esprit du Leader. Rasmus Hougaard et Jacqueline Carter, Alisio (Aug. 14, 2020)
Leadership Agility Spiral dynamics. Stephen A. Josephs, William B. Joiner, Jossey-Bass, 2006
Spiral Dynamics : Mastering Values, Leadership and Change. Prof. Don Edward Beck et Christopher
C. Cowan, Wiley-Blackwell ; 1st ed (August 5, 2005)
Mapping the Organizational Psyche. Corlett et Carol S. Pearson, Center for Applications (2003)
The 15 Commitments of Conscious Leadership : A New Paradigm for Sustainable Success. Jim
Dethmer, Diana Chapman, Klemp (2015)
UN MOT DE SALUTATION
Déjà toute petite, je rêvais d’un monde plus ouvert, tolérant et inclusif.
C’est d’ailleurs ce qui m’a portée tout au long de mes études et de ma jeune
carrière et qui m’a menée vers la découverte de ma grande mission de vie :
être actrice de changement.
J’ai occupé des postes de haute direction, j’ai beaucoup voyagé – à la fois
pour me fuir et me découvrir – je me suis cherchée, fouillée et…trouvée.
Pascale
À PROPOS DE L’AUTEURE
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Autres ouvrages chez Béliveau Éditeur
Maryse Audet
Le monde du travail connaîtra un point de bascule important. Pour cela, il
se vit la déconstruction des illusions que nous avons créées. Ce que nous
avons cru comme étant la vérité est remis en question par les différents
défis qui se pointent.
Malgré tous ces bouleversements, une transformation de notre leadership
s’opère. Tout ce qui se passe à l’extérieur de nous est une opportunité de
changements, de remises en question. Les occasions de nous élever en tant
que gestionnaires sont alors présentes.
Lâcher prise est le résultat d’un chemin parcouru qui nous invite à vivre les
défis avec un regard détaché des situations chaotiques. Comment désirez-
vous vivre cette évolution dans votre organisation – dans la réticence ou
l’acceptation ?
Brené Brown
Dans un monde où le « jamais assez » domine et où ressentir la peur est
presque devenu une deuxième nature, la vulnérabilité devient inconfortable
et un peu dangereuse. Nous sortir de notre zone de confort et oser nous
lancer entraîne donc un risque plus grand d’être critiqués ou de nous sentir
blessés.
Mais lorsque nous nous coupons de la vulnérabilité, nous nous distancions
des expériences qui donnent un but et un sens à notre vie. L’auteure
repousse le mythe voulant que la vulnérabilité est une faiblesse et affirme
qu’il s’agit plutôt de la mesure la plus exacte de notre courage. Une
puissante nouvelle vision qui nous permet d’être vus tels que nous sommes.
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