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Spectroscopie Photoacoustique: Frédéric ANDRÉ

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Spectroscopie photoacoustique

par Frédéric ANDRÉ


Diplôme Universitaire de Technologie en Mesures Physiques,
Ingénieur technico-commercial, Mesure et Détection des gaz, Brüel et Kjær France

1. Effet photoacoustique............................................................................ R 6 315 - 2


2. Transducteur de spectroscopie photoacoustique .......................... — 2
3. Notion de spectroscopie moléculaire ................................................ — 4
4. Signal photoacoustique du gaz ........................................................... — 5
5. Bruit de fond ............................................................................................. — 5
6. Absorption dans l’air ambiant non pollué ........................................ — 6
7. Interférence entre gaz. Linéarité ......................................................... — 7
8. Filtres optiques......................................................................................... — 7
9. Conclusion ................................................................................................. — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 6 315

e principe de la spectroscopie photoacoustique (SPA) consiste à éclairer un


L gaz par une lumière intermittente de longueur d’onde définie. Les molécules
de gaz absorbent une partie de l’énergie lumineuse qu’elles convertissent en un
signal acoustique capté par un microphone. La SPA est une méthode de mesure
très stable (un recalibrage tous les trois mois est suffisant) qui permet de détecter
de très faibles concentrations en gaz (inférieures à la partie par million en
volume).
4 - 1993
R 6 315

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Mesures et Contrôle R 6 315 − 1
SPECTROSCOPIE PHOTOACOUSTIQUE ______________________________________________________________________________________________________

1. Effet photoacoustique 2. Transducteur


de spectroscopie
La spectrophotoacoustique (SPA) est une technique ancienne,
découverte par Alexandre Graham Bell en 1880. Lors de sa première
photoacoustique
expérience, Bell introduisit de la fumée de cigare dans un tube en
verre. Un tube en caoutchouc reliait l’embouchure du tube de verre
La source de lumière du transducteur SPA peut être un laser
à l’oreille. En concentrant de façon intermittente la lumière du soleil
au CO2 ou un corps noir. Cependant il semble que le corps noir satis-
sur le tube de verre, une vibration audible fut perçue.
fait mieux les exigences de petite taille, coût modeste, faible
Au début des années 70, l’idée de la SPA a été reprise, car elle consommation d’énergie, ainsi que la plage de fréquence couverte :
offre une méthode très sensible pour l’identification et la quantifi- en nombre d’onde 900 à 1 100 cm –1 pour le laser à CO2 contre 500
cation de traces de gaz toxiques dans l’atmosphère. Une source laser à 4 000 cm –1 pour un corps noir (20 à 2,5 µm), ce qui augmente le
est utilisée comme source d’excitation. La région spectrale choisie nombre de gaz pouvant être détectés. La sélectivité nécessaire pour
est la région des IR, la lumière infrarouge étant capable de faire vibrer distinguer les divers gaz est obtenue par l’emploi de filtres optiques
une molécule, ce qui génère un signal acoustique. Ce signal est appropriés.
détecté, non pas par une oreille comme dans l’expérience initiale,
La figure 2 représente le transducteur SPA de Brüel et Kjær. La
mais par un microphone de très haute sensibilité convertissant le
signal acoustique en un signal électrique, qui est ensuite analysé. source IR est un corps noir sphérique chauffé à environ 800 oC. Un
miroir ellipsoïdal concave concentre la lumière sur la fenêtre de la
La figure 1 montre le principe de base de la SPA avec une source
laser, un modulateur de lumière, une cellule étanche dans laquelle cellule, après passage par un modulateur de lumière et un filtre
optique. Le modulateur est un disque opaque en rotation, percé de
se trouve le gaz à analyser, avec une fenêtre aux deux extrémités
permettant à la lumière IR de traverser la cellule, et un microphone fentes, qui interrompt et laisse passer la lumière à la fréquence
de 20 Hz (fréquence du hachage et non fréquence de la lumière,
pour détecter le signal acoustique. Un détecteur de lumière IR
évidemment).
mesure l’intensité lumineuse après le passage dans la cellule. En
fait, ce détecteur ne fait pas partie du système SPA, mais il illustre Le filtre optique est un filtre interférentiel à bande étroite. La
une méthode voisine, la spectroscopie infrarouge par transmission, figure 3 montre un exemple de courbe de transmission d’un filtre
utilisée communément dans les spectrophotomètres. optique. Les appareils de détection d’un seul gaz toxique ne
Si Ia est l’intensité lumineuse absorbée par le gaz et It l’intensité comportent qu’un seul filtre ; les appareils multigaz peuvent être
lumineuse transmise, on a : équipés de plusieurs filtres montés sur un carrousel.
Après avoir traversé la fenêtre de germanium, le faisceau de
Ia + It = I0 lumière pénètre dans la cellule, cavité cylindrique d’environ 3 cm3.
où I 0 est l’intensité lumineuse qui serait transmise au travers de la La surface de cette cavité, polie et plaquée or, est très réfléchissante.
cellule, si le gaz de la cellule n’absorbait aucune énergie lumineuse. Si la fréquence de la lumière coïncide avec une bande d’absorption
En spectroscopie par transmission, l’intensité absorbée I a est déter- du gaz présent dans la cellule, la molécule gazeuse absorbe une
minée en mesurant l’intensité non absorbée dans la cellule (I t ) et partie de la lumière. Plus la concentration de gaz dans la cellule est
en la soustrayant de I 0 . À une concentration de gaz de l’ordre du importante, plus la lumière est absorbée. La figure 4 montre le
ppm (partie par million), I a est typiquement 1 000 fois plus petit spectre d’absorption du monoxyde de carbone. Ainsi le filtre optique
que I 0 , ce qui exige une extrême sensibilité de la mesure de l’inten- illustré à la figure 3 convient pour la mesure du CO.
sité transmise. En revanche, en SPA, le signal acoustique mesuré
représente la quantité d’énergie absorbée : la SPA offre ainsi une
sensibilité largement supérieure et une bonne stabilité du zéro à long
terme.

Figure 1 – Système classique de SPA

Figure 2 – Transducteur SPA de Brüel et Kjær

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Figure 5 – Modèle classique d’oscillation de molécule diatomique

et M B , joints par une liaison maintenant ces atomes dans un certain


équilibre (liaison représentée par un ressort). La rigidité de la liaison
(du ressort) peut être caractérisée par une constante k. Dans ce
modèle, la molécule diatomique ne possède qu’une seule fréquence
de résonance :
1 k (M A + M B)
ν 0 = --------- ------------------------------------
-
2π M AM B

La plupart des molécules possèdent un moment électrique dipo-


laire, tel CO, tandis que les autres molécules comme O2 et N2 n’en
possèdent pas, car elles sont absolument symétriques. Onze gaz
Figure 3 – Caractéristique de transmission du filtre optique UA 0984
seulement ne possèdent pas de moment dipolaire (les gaz rares He,
Ne, Ar, Kr, Xe et Rn ainsi que H2 , N2 , O2 , F2 et Cl2). Si la fréquence
de la lumière incidente correspond à la fréquence de résonance ν 0
de la molécule, la lumière, radiation électromagnétique, réagit avec
le dipôle électrique de la molécule et en fait vibrer les atomes. Ces
vibrations sont amorties par les collisions avec les autres molécules
présentes : l’énergie vibratoire est rapidement convertie en énergie
de translation moléculaire, en d’autres termes, en chaleur. Ce gaz
chauffé se dilate, provoquant une augmentation de pression ;
comme la lumière est modulée, la pression augmente et diminue
alternativement, créant ainsi un signal acoustique. Si l’intensité de
la lumière incidente est I 0 , nous obtenons une pression (P ) :
K ( γ – 1 ) cI 0
P = ---------------------------------
-
f
où γ = C p /C v , C p et C v sont les capacités thermiques massiques
du mélange de gaz présents dans la cellule de mesure,
respectivement à pression constante et à volume constant,
c la concentration du gaz,
f la fréquence du modulateur de lumière (20 Hz en général),
K une constante dépendant du filtre et du gaz.
Le signal acoustique est détecté par les deux microphones
connectés acoustiquement à la cellule par des canaux étroits ; les
signaux électriques de sortie de ces deux microphones sont
envoyés dans un amplificateur sommateur, avant d’être traités
électroniquement.
Le système de SPA comporte également une pompe et deux
électrovannes pour le prélèvement de l’échantillon d’air.
Figure 4 – Spectre d’absorption du monoxyde de carbone Un détecteur de lumière, monté sur le miroir, contrôle la source IR
(à faible résolution : 10 cm –1) et stabilise sa température.
La température du corps de la cellule est également contrôlée, ce
■ Absorption de lumière par les molécules qui permet de corriger le signal photoacoustique en fonction de la
La fréquence de la lumière dans une bande d’absorption cor- température.
respond à une fréquence de résonance vibratoire des atomes dans
la molécule. Lors de l’absorption de cette lumière par une molécule,
les atomes vibrent autour de leur position d’équilibre. Prenons
l’exemple le plus simple, considérons une molécule constituée de
deux atomes différents A et B (figure 5), de masses respectives M A

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3. Notion de spectroscopie La condition nécessaire pour qu’une lumière fasse vibrer une
molécule ou, en utilisant la terminologie de la théorie quantique,
moléculaire pour exciter la molécule d’un niveau d’énergie E i à un niveau d’éner-
gie E j , est que l’énergie du photon hν soit égale à la différence d’éner-
gie E j – E i . Par conséquent, la fréquence de la lumière requise pour
Dans le paragraphe précédent, nous avons utilisé un modèle clas- permettre une transition d’un niveau d’énergie E 0 , qui représente
sique de molécule diatomique et trouvé qu’elle n’avait qu’une seule l’état de base non vibratoire, au niveau d’énergie E 1 est donnée par :
fréquence de résonance. Cela n’est pas en accord avec l’observation
du spectre d’absorption du CO (figure 4), par exemple, qui fait appa- ν = (E 1 – E 0)/h
raître deux résonances très proches l’une de l’autre. Si l’on regarde
le spectre d’absorption du CO avec une grande résolution (figure 6), Pour une molécule de CO, la fréquence correspondant à la tran-
on s’aperçoit que ces deux résonances, ou bandes d’absorption, sont sition de l’état E 0 à l’état E 1 est 2 143 cm –1. À l’équilibre thermique
chacune divisées en un grand nombre de raies très étroites. La à 20 oC, en utilisant les deux équations précédentes, on trouve que
théorie classique est donc fausse, ou au moins incomplète. Nous N 1 / N 0 ≈ 3 · 10 – 5, ce qui implique que pratiquement toutes les
devons nous tourner vers la théorie quantique pour trouver une molécules de CO sont dans leur état de base non vibratoire, avec
description adéquate de la spectroscopie moléculaire. une énergie E 0 .
Dans la théorie quantique, une radiation électromagnétique peut Les molécules ont non seulement un mouvement de vibration,
être assimilée à un flux de particules, ou photons, chacune ayant mais aussi un mouvement de rotation et, dans la théorie quantique,
une énergie hν, où h est la constante de Planck et ν la fréquence l’énergie de rotation peut également s’exprimer par une série de
(ici la fréquence de la lumière incidente). La théorie quantique niveaux discrets d’énergie, mais avec des différences plus faibles
indique que l’énergie vibratoire d’une molécule appartient à une entre niveaux d’énergie que pour les niveaux d’énergie vibratoire.
série de niveaux discrets d’énergie E 0 , E 1 , E 2 , E 3 , etc. (figure 7). Tous les niveaux d’énergie vibratoire sont ainsi divisés en séries de
Dans un ensemble de molécules, il y a une distribution des molé- niveaux. La figure 8 montre les deux plus bas niveaux d’énergie
cules entre ces différents niveaux d’énergie. La population relative vibratoire (V = 0 et V = 1) et les cinq plus bas niveaux d’énergie de
de molécules N i /N j , entre deux niveaux E i et E j , est donnée à rotation (J = 0 à J = 4), pour une molécule diatomique, telle que
l’équilibre thermique par l’équation de Maxwell-Boltzmann : le CO. La structure fine de la bande CO est due à un changement
simultané de niveaux d’énergie en vibration et en rotation. Les tran-
N i /N j = exp [– (E i – E j )/kT ] sitions ne sont pas toutes possibles : une transition vibratoire sans
changement d’énergie de rotation est interdite. Cela explique pour-
où k est la constante de Boltzmann, quoi la molécule de CO n’absorbe pas la lumière à la fréquence de
T est la température thermodynamique. vibration fondamentale de 2 143 cm –1, qui est pourtant la fréquence
centrale de la bande d’absorption, calculée par la théorie physique
classique.

Figure 6 – Spectre d’absorption du monoxyde


de carbone à haute résolution (0,01 cm –1)

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Tableau 1 – Limite de détection de quelques gaz (en ppm)


Monoxyde de carbone 0,16
Dioxyde de carbone 3,2
Ammoniac 0,18
Méthane 0,11
Styrène 0,24
Xylène 0,24
Toluène 0,06
Benzène 0,4
Figure 7 – Niveaux d’énergie de vibration de molécule Phosgène 0,01
n-Butylacétate 0,02
Fréon 22 0,003
Hexafluorure de soufre 0,005
Sulfure d’hydrogène 25

■ Effet de la relaxation moléculaire


En principe, toute l’énergie lumineuse absorbée par une molécule
se transforme en chaleur. Cela est le cas lorsque cette conversion
s’effectue assez rapidement pour ne pas interférer avec la génération
du signal acoustique à 20 Hz. Il existe malgré tout quelques
exceptions.
Lorsqu’une molécule de gaz absorbe un photon et passe de son
niveau d’énergie de base E 0 au niveau excité E 1 , aucune chaleur
n’est produite. La molécule perd ensuite cette énergie absorbée en
revenant à son état d’origine par un des processus suivants :
a) elle peut émettre un photon ;
b ) elle peut heurter une autre molécule de la même espèce à
l’état E 0 et la faire passer à l’état E 1 ;
c) elle peut heurter une molécule d’une autre espèce et la faire
passer à un niveau excité ;
d ) elle peut heurter une autre molécule du gaz et lui transférer
son énergie en augmentant l’énergie de translation de la molécule
heurtée.
C’est le processus d ) qui produit le signal photoacoustique. Si ce
processus n’est pas le processus dominant, l’amplitude du signal
Figure 8 – Niveaux d’énergie et leurs transitions, vibration-rotation, acoustique généré est plus faible. Cela se produit lors de l’étalonnage
pour une molécule diatomique d’appareils avec CO, CO2 ou N2O dans l’azote. Prenons comme
exemple CO, qui possède une fréquence de vibration de 2 143 cm –1,
valeur assez proche de celle de N 2 (2 330 cm –1) pour rendre le
processus c ) d’échange d’énergie très probable et même dominant :
4. Signal photoacoustique une molécule de CO heurte une molécule d’azote qui passe à un
du gaz niveau excité, la molécule de CO se désexcite. La molécule de N2
met un temps assez long pour se relaxer. On résout ce problème
en ajoutant de la vapeur d’eau au gaz d’étalonnage, car la molécule
L’amplitude du signal acoustique dépend de différents paramètres d’eau est un bon catalyseur du processus de relaxation. Cet ajout
que l’on cherche à optimiser : se fait très simplement en utilisant un tube perméable à l’eau, mais
— la forme de la cellule (le choix idéal étant la sphère) ; non perméable au CO, sur la ligne de prélèvement.
— la fréquence du modulateur : longueur d’onde du son à 20 Hz
très grande par rapport à la taille de la cellule (2 cm) ;
— la matière de la cellule, qui doit avoir une capacité thermique
grande par rapport à celle du gaz. 5. Bruit de fond
■ Limite de détection
Les sources de bruit sont principalement :
Elle est définie comme la concentration de gaz produisant un
signal égal au double du niveau de bruit moyen du transducteur. — les parois de la cellule ;
Elle dépend du gaz considéré et est de l’ordre de la fraction de partie — la fenêtre optique ;
par million en volume (tableau 1). (0) — les bruits acoustiques et les vibrations ;
— les poussières.
La valeur moyenne de l’écart de température à la limite de détec-
tion est de 2 · 10 –8 oC. ■ Parois
La déformation de la membrane du microphone à la limite de Le bruit produit par les parois est dû à l’absorption de la lumière
détection est de 3 · 10 –14 m, soit approximativement 10 fois le rayon par la surface de la paroi de la cellule, qui génère une augmentation
de l’électron ou la taille approximative d’un proton. périodique de la température de la paroi à la fréquence du modu-
Le temps de réponse de l’appareil est de l’ordre de 30 secondes. lateur optique. L’augmentation de température de la paroi entraîne
par conduction l’échauffement de la couche d’air en contact avec
celle-ci. Comme la lumière est modulée, cette couche d’air se dilate
et se rétracte, générant un signal acoustique.

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Aussi, pour minimiser l’apport de bruit des parois, l’absorption molécules monoatomiques présentes, tels l’argon et les autres gaz
de la surface interne de la cellule doit être faible (ou sa réflectivité rares, n’absorbent pas non plus la lumière IR. En revanche, la vapeur
forte), la conductivité thermique et la capacité thermique des parois d’eau et le CO2 l’absorbent de manière importante, le méthane et
doivent être grandes. l’oxyde d’azote faiblement.
Le bruit apporté par les parois de la cellule est typiquement 20 fois La figure 9 représente le spectre d’absorption de l’air atmo-
plus grand que la limite de détection. Lors du réglage du zéro avec sphérique contenant 20 000 ppm de vapeur d’eau et 340 ppm de
un gaz sec n’absorbant pas les IR, on détermine ce bruit de paroi, dioxyde de carbone. On peut observer de larges plages de fréquence
qui est stable (mais dépend de la température) et qui sera systé- de faible absorption : entre 2 400 et 2 800 cm –1, puis entre 800
matiquement soustrait du signal total. et 1 200 cm –1 , ainsi qu’une plage plus étroite aux environs
de 2 200 cm –1. Ces deux plages de faible absorption sont fréquem-
■ Fenêtre optique ment appelées les fenêtres atmosphériques.
Une faible fraction de la lumière incidente est absorbée par la La figure 10 représente le même spectre d’absorption que celui
fenêtre optique, ce qui cause une fluctuation de la température de de la figure 9, mais en ordonnée logarithmique, afin d’amplifier
la surface de cette fenêtre et génère aussi un bruit acoustique. l’absorption sur les plages de fréquence où elle est faible.
En utilisant le germanium comme matériau pour la fenêtre, le bruit La figure 10 montre enfin le coefficient moyen d’absorption à la
apporté est typiquement 15 fois plus faible que celui dû aux parois limite de détection, en fonction d’un filtre optique hypothétique
de la cellule. Lors du réglage du zéro, le signal mesuré comprend d’une largeur de bande de 60 cm –1 ayant une transmission maximale
le bruit des parois et celui de la fenêtre : le réglage tient compte des de 50 % : ces valeurs sont courantes pour la plupart des filtres dis-
deux. ponibles. On voit que la limite de détection est inférieure au seuil
■ Bruits acoustiques et vibrations d’absorption de la vapeur d’eau. Aussi, si l’interférence due à l’eau
n’était pas compensée, cela limiterait les performances de la
Si un bruit acoustique dû à l’environnement est transmis aux spectroscopie photoacoustique lors de mesures de gaz dans l’air
microphones dans la cellule de mesure, cela perturbe la mesure. ambiant. Comme pour le signal du zéro, le signal de l’eau dépend
Cependant la cellule de mesure étant fermée, elle atténue fortement de la concentration de vapeur d’eau et de la température ; des tables
les bruits extérieurs. L’atténuation dépend principalement de la de correction ont été établies pour chacun des filtres optiques dis-
rigidité mécanique de la cellule et de son étanchéité à l’air. Le bruit ponibles. Ainsi, après un réglage de compensation de vapeur d’eau,
apporté par l’environnement extérieur à la cellule crée un signal qui effectué avec de l’air pur humide, l’appareil compense automati-
est de l’ordre de 80 fois inférieur à la limite de détection. Aussi le quement l’interférence de la vapeur d’eau, quelles que soient sa
bruit de notre environnement n’est généralement pas réellement un teneur et la température.
problème pour la mesure.
Les vibrations sont compensées en installant deux microphones
identiques placés symétriquement. Dans un environnement normal,
les vibrations apportent un signal 40 fois inférieur à la limite de détec-
tion, donc négligeable. Mais des précautions devraient être prises
dans un environnement vibratoire sévère.
■ Poussières
Les particules de poussières apportées par le gaz dans la cellule
absorbent une partie de l’énergie lumineuse et cela crée un signal
de poussières. Un filtre de 10 µm empêche l’introduction des plus
grosses poussières dans la cellule de mesure. Typiquement, le signal
apporté par ces poussières est 8 fois inférieur au seuil de détection,
(d’après un calcul dans le cas très pessimiste d’une quantité
de 50 µg / m3 de poussière d’un diamètre inférieur à 10 µm, réa-
gissant comme un corps noir parfait).

6. Absorption
dans l’air ambiant
non pollué
L’air ambiant sec, non pollué, est composé en volume d’environ
78 % d’azote, 21 % d’oxygène, 0,9 % d’argon, 340 ppm de dioxyde
de carbone, 1,5 ppm de méthane, 0,3 ppm d’oxyde d’azote, plus
quelques traces de gaz rares. L’air ambiant contient aussi une quan-
tité variable de vapeur d’eau, comprise généralement entre 10 000
et 20 000 ppm.
Lorsque l’on mesure des traces de gaz toxiques dans l’air ambiant,
les gaz normalement présents dans l’air influent sur la mesure. Les
deux gaz présents dans les plus fortes concentrations, l’oxygène et
l’azote, sont des molécules formées de deux atomes de même Figure 9 – Spectre d’absorption infrarouge de l’air ambiant
espèce, qui n’absorbent donc pas la lumière infrarouge. Les contenant 20 000 ppm de vapeur d’eau et 340 ppm de dioxyde
de carbone (résolution : 10 cm –1)

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Figure 11 – Spectre d’absorption de l’enflurane


et de l’halothane (résolution : 5 cm –1)

Figure 10 – Spectre d’absorption infrarouge de l’air ambiant


sur une gamme basse (résolution : 20 cm–1), absorption continue Cette plage peut être étendue en compensant la partie non linéaire.
de l’eau et absorption à la limite de détection Par exemple, un double étalonnage permet d’étendre la linéarité, en
choisissant un premier point dans la plage linéaire et un second point
proche de la limite supérieure de la plage non linéaire. Ainsi, la linéa-
rité peut être portée à 100 000 fois le seuil de détection.
7. Interférence entre gaz.
Linéarité
8. Filtres optiques
■ Interférence
Beaucoup d’appareils ne possèdent qu’un seul filtre optique (inter- Les filtres permettent de choisir la longueur d’onde de la lumière IR
changeable), car ils sont destinés à la surveillance en continu d’un qui éclaire la cellule en fonction du gaz que l’on cherche à déceler.
gaz ou d’un groupe de gaz, pour une détection accidentelle de fuites, Un filtre est composé de trois éléments filtrants superposés : un filtre
par exemple. D’autres peuvent être équipés de plusieurs filtres dif- passe-bande, un filtre passe-haut et un filtre passe-bas. On obtient
férents, généralement jusqu’à cinq, ce qui leur permet de suivre ainsi une caractéristique de transmission à forme quasi rectangulaire
simultanément jusqu’à cinq gaz différents. Par exemple, nous et, surtout, pratiquement nulle en dehors de la bande passante. Le
pouvons vouloir suivre en même temps l’évolution de l’halothane filtre passe-bande est un filtre interférentiel à couches minces
C2HBrClF3 et de l’enflurane C3H2ClF5O, qui sont deux gaz anesthé- multiples, déposées sous vide sur un substrat généralement en
siques. En étudiant leurs spectres d’absorption (figure 11), on peut germanium. Ces couches forment deux miroirs enserrant une cavité
observer qu’il est difficile de trouver une longueur d’onde appropriée de Fabry-Perot, couche mince de diélectrique ayant une épaisseur
pour suivre sélectivement l’un sans problème d’interférence dû à égale à la moitié de la longueur d’onde à transmettre. Plusieurs
l’autre et vice versa. Il est malgré tout possible de mesurer correc- cavités semblables peuvent être empilées.
tement chacun des gaz, car le signal mesuré avec chacun des deux Chaque filtre est caractérisé par une longueur d’onde centrale et
filtres contient des informations sur les deux gaz présents. Ce cas une largeur de bande définies. On choisit un filtre transmettant la
de figure s’appelle compensation croisée, et peut fonctionner avec lumière dans une région du spectre IR où le gaz à surveiller absorbe
cinq gaz différents, même s’ils possèdent des spectres qui se fortement, à la différence des autres gaz présents ; car la sélectivité
chevauchent. La compensation croisée réduit l’effet d’interférence est probablement le critère le plus important dans tout programme
dans la plupart des cas et rend généralement cet effet négligeable. de détection de gaz. Selon les gaz présents et la gamme de détection
requise, divers filtres peuvent être choisis pour détecter le même
■ Linéarité
gaz ou le même groupe de gaz. Il existe des filtres d’emploi général,
La plage de linéarité des appareils dépend de la structure fine de à choisir en fonction de leur longueur d’onde centrale, et des filtres
la bande d’absorption utilisée, ainsi que du choix du filtre optique. spécifiquement mis au point pour mesurer un gaz donné : CO2 , CO,
D’une manière générale, la plage de linéarité est de l’ordre de N2O, H2CO, hydrocarbures, SF6 , H2O, par exemple.
10 000 fois le seuil de détection.

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9. Conclusion Les applications principales sont l’analyse de l’air dans les ateliers,
entrepôts de produits chimiques, laboratoires et hôpitaux, aussi bien
à l’extérieur qu’à l’intérieur, le contrôle des fuites, les études de
ventilation.
Le développement de l’industrialisation, ainsi que le souci de pré-
server l’environnement et la sécurité des individus ont fait naître Ces appareils, en application industrielle depuis 1985 environ, ne
l’exigence de trouver des méthodes fiables pour détecter les gaz cessent de progresser sur le marché international. Il existe aussi un
toxiques et polluants. La spectroscopie photoacoustique est l’une appareil SPA portable à transformée de Fourier, permettant l’analyse
d’elles, caractérisée par une sensibilité particulièrement élevée, une qualitative et quantitative simultanée des polluants gazeux
grande dynamique de mesure, une bonne sélectivité, un temps de absorbant l’infrarouge.
réponse court et un coût de maintenance faible.

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vivants). L
U
S
4 - 1993
Doc. R 6 315

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