Histoiredelamusi 02 Byucomb
Histoiredelamusi 02 Byucomb
Histoiredelamusi 02 Byucomb
OM
* Ace.
No..
HISTOIRE
DE LA
MUSIQUE
il
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
« HISTOIRE
DE LA
MUSIQUE
Des origines à la mort de Beethoven
Tome II
1913
Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservis pour tous pays.
Mgham youkg uNfVERsrnr
LiERARY
EEQÏO. UTAfci
Bach et Hœndel.
En tête de la musique profane, nous plaçons le genre
qui en est le représentant le plus brillant el qui a des
attaches immédiates avec les derniers essais du xvi" siècle :
des sons limilés [con ricercar poche corde) et par d'autres recherches
minulicuses, d'imiter le langage courant, et il acquit ainsi une grande
renommée. Giulio (Caccini) eut plus de grâce dans ses inventions. »
Dans la Préface de la rappresentazione di Anima e Corpo d'EMiLio
1
de Cavalieri (1600), l'éditeur, Alessandro Guidotti, s'exprime ainsi :
« Les instruments, pour qu'on ne les voie pas, doivent être joués
derrière les rideaux de la scène, et par des musiciens capables de
seconder le chanteur, et sans diminutions, à sons pleins. Et, pour
donner une idée de ceux qu'on a déjà expérimentés en des circon-
stances analogues, une lyre double, un clavecin, un « chitarrone » ou
théorbe (comme on voudra l'appeler), font ensemble un très bon
effet, comme aussi un « Organo suave » (un orgue aux sons doux?)
avec un « chitarrone ». Emilio aimerait qu'on changeât d'instruments
« suivant les sentiments exprimés par le chanteur...
« Le passage d'un sentiment à un autre contraire, comme du triste
au gai, de la rudesse à la douceur, etc., provoque une grande émo-
tion. Quand on a chanté un peu « a solo », il est bien de faire
chanter les chœurs et de varier souvent les tons; on fera chanter
tantôt le soprano, tantôt la basse, tantôt le contralto, tantôt le
ténor... »
.
devait imiter avec le chant le langage parlé (et sans aucun doute on
ne parle jamais en chantant), j'estimai que les anciens Grecs et
Romains (qui, selon une opinion répandue, chantaient sur la scène
les tragédies tout entières) employaient une harmonie, qui, dépassant
celle du parler ordinaire, restait en deçà de la mélodie du chant,
de manière à prendre une forme intermédiaire ..
« ... je n'oserais pas affirmer que ce chant est le même qui était
employé dans les tragédies grecques ou romaines, mais j'ai cru que
c'était le seul qui pût être donné par notre musique pour s'adapter
à notre langage... »
De Caccini, dans la préface de YEuridice (20 décembre 1600) :
se recourbe et ondule et, pour cela, que l'homme qui le fait mouvoir
pose les mains à terre et marche à quatre pattes. »
Enfin, de Filippo Vitali, dans YAretusa (1620); « Al Benigno
Lettore » :
remplissent à peu près les Irois quarts de l'œuvre. Parmi les autres,
dont le rôle est plus mélodique, la place prépondérante appartient
aux violes. Les cuivres ont à jouer deux ritournelles symphoniques
assez longues; leur timbre a une grande force expressive dans les
scènes infernales. Les cinq trombones accompagnent, en les dou-
blant, les trois chœurs des Esprits. On a dit, mais sans pouvoir le
prouver, que Monteverdi avait songé, le premier, à affecter à
chaque personnage un timbre déterminé. Son originalité est plus
certaine, lorsqu'il s'applique à graduer et varier les sonorités, à
interpréter (quelquefois) le décor par l'orchestre, à faire des rappels
de motifs. Il ne faut pas cependant exagérer la valeur de cette
observation. Pour Monteverdi, l'expression pathétique et naturelle
du sentiment, en dehors de toute tradition tyrannique d'école, est
Les plus musicales de ses ritournelles et de ses sym-
l'essentiel.
phonies paraissent indépendantes des personnages. (Cf. Hugo
Goldschmidt, Studien zur Geschichte der italienischen Oper im il.
Jahrhundert, 2 vol. 1901-1904, et Henri Quittard, articles de la
Revue musicale, 15 juillet et 1 er août 1907.)
après avoir brisé tous les obstacles, il fait monter l'autre sur le
trône et l'épouse. Les autres personnages de l'action sont Sénèque,
Densilla, Arnalta, la nourrice, Lucain, Pétrone, Tigellinus Pallas,
;
Le poème d? Andromède
était de Benedetlo Ferrari, surtout connu
pour sa virtuosité sur théorbe il fit les paroles et la musique d'uue
le ;
Armida (1639). —
Manelli, né à Tivoli en 1595. mort à Venise en 1670,
était un chanteur marié à une chanteuse (Maddalena). Après avoir
donné à Bologne son premier opéra, Délia, il vint s'établir à Venise.
Dans un opéra joué après Andromède, la Maga fulminata (1638), il
parut en personne comme acteur et chanteur et eut un grand succès,
ce qui lui valut une place de baryton à l'église Saint-Marc Huit !
di Socrate cou due mogli (1680), Abderili (1675). Ces ouvrages con-
tiennent quelques airs écrits par l'empereur Léopold I' 1'.
pero (Venise, 1665), Orazio Code sul ponte (Ferrare, 1666), Tespolo
tutoie, Florido, Moro pe'r amore, Bianie (Venise, 1668). Les origi
naux de plusieurs de ces partitions sont à la Bibl. de Modène. (Un
duo est reproduit par Gevaërt, les Gloires d'Italie, n° 3.)
Telemaco (109 e ).
Les fragments de ses opéras les plus admirés jadis sont dans :
Zenohia (1725), le quatuor Dal luol begli occhi arcieri pour 2 soprani
et 2 alti; dans Clro riconosciuto (1725), les airs liendimi il figllo et
Parto, non il sdegnar dans Emira, reglna d'Egltto (Naples, 1735,
;
Démo fonte (1755, sujet traité à satiété par les compositeurs italiens),
l'air Misero Pargoletto et le duo La désira il chiedo; dans Ollm-
piade (joué au théâtre S. Carlo en 1737; livret de Métastase sur les
jeux Olympiques, un des plus souvent mis en musique par les Ita-
liens), l'air Nonso donde vlene. Parmi les autres opéras, on cite comme
les plus importants, Argene (Naples, 1628), Catone in Utlca (Yemise,
1732).
Bibliographie.
Dans le 2* vol. (Leipzig-, 1904) de ses Studien zur Geschichle der italicnisclten
Oper im il Jahrhundert, HuGO GoLDSCHMlDT a donné :le texte complet,
sans réalisation de la basse, de VIncoronazione di Poppœa, une étude cri-
tique sur ce texte, le livret (de Busenollo), et une introduction où la pièce
est analysée. — Fragments de Cavalière, Anima e Corpo, dans BrjRNEY et
Kiesewetter; de Gagliano, Belli, Yitali, dans Gevaërt, n os 8, 23, 47, des
Gloires; de Vecchi, Anfiparnasso, dans ADRIEN DE LA Fage (Essais de
Diphtirogr. music, Paris, 1864). De Gavalli, dont la Bibl. S. Marc, à Venise,
possède le plus grand nombre de manuscrits (26 opéras), des fragments
sont reproduits par Hugo Goldschmidt dans les Monatshefte f. Mnsik-
geschichte, 1893; de Gesti, // Porno d'oro (Prologue, Actes 1, II, IV) a été
réédité dans les Denkmàler der Tonkunst in OEsterreich (3 e vol., 1896), avec
une importante introduction par Guido Adler. Des extraits d'Al. Scar-
latti sont dans les recueils déjà cités de Gevaert, Parisotti, Eitner...
Ces indications forcément succinctes pourraient être complétées par la
bibliographie contenue dans les ouvrages suivants R. Rolland, l'Opéra
:
er
le règne de Frédéric-Auguste 1 (1694-1733) et jusqu'à la
guerre de Sept ans (1756-1763) les compositeurs qui
:
effusion de sang sur la scène; die leipziger Messe (ou le Bon vivant),
1710; le Hamburger Jahrmarkt, où abonde le patois allemand et
qui eut un gros succès (en 1725); une féerie, Nebukadnezar (1704),
où on exhiba des bêtes féroces; une pièce cosmopolite, le Carnaval
de Venise (1707), écrite en diverses langues; une comédie à
ariettes, Jodelet (1726), et toute la série des opéras italiens : après
Mahmud II, le premier opéra écrit pour Hambourg (1696), on
peut citer La forza de la Virtù (1700), que Keiser publia lui-même en
partition pour piano (1703); Pomona (un acte, 1702), qui ne contient
pas moins de 28 airs; Oclavia, Masaniello, Besiderius, Arsinoë
Crcesus, dont les autographes sont à la Bibliothèque de Berlin... Le
dernier de cette longue série est Circe (1734). R. Eitner a réédité
Jodelet dans les Publications de la Gesells. /'. Musikf. de nombreux ;
fragments de Keiser sont cités par Lindner, dans Die erste stehende
cleutscheOper (Berlin, 1855).
Dans cet opéra de Hambourg, à la fin du xvn e et au commen-
cement du xvm e siècles, apparaît, à défaut de génie, une remarquable
activité les reprises sont assez rares
: les nouveautés abondent. A
;
côté de Keiser, sans parler de Hrcndel qui débute en 1705 avec son
Almira, il y eut Joh. Phil. Krieger (dont les premiers ouvrages sont
de 1694) Mattheson, auteur des Pléiades (1699), de Porsenna (1702),
!
Ce premier mot de
et bizarre essai devait être, selon le
l'auteur, « l'étroit sentier qui conduit aux champs élyséens
de l'opéra ». Le succès fut assez grand. Trois mois après,
avec de nouvelles précautions pour éviter l'usage des
termes défendus, Davenant donna le Siège de Rhodes, pièce
dont le curieux sous-titre était ainsi rédigé Représentation
:
seul opéra qui soit chanté d'un bout à l'autre) dans le III e le IX e con-
;
Bibliographie.
1893). —
Ludwig Schif.dkrmair Zur Geschiclite der friihdculschen Oper
:
(1865). — M. FURSTENAU Geschichtc der Musik und des Theatera <im Bofe
:
Das Orcliester der ersten deutschen Oper in Hambur^ (Intern. Mus. Ges.,
I, 19011). —
IIan.s SCHOLZ Joh. Sig. Kusser (Dissertation pour l'Uni v.rsi
:
t.-
—
;
Pierre Guesdron.
tout esloignée du désir d'une vaine louange, fait qu'il n'a en ces
compositions autre but que de servir Leurs Majestés et de complaire
à ses amis Les contemporains admiraient beaucoup son élégance
».
la plus part porte sur le front le glorieux tiltre d'estre de vos enfants ».
Bataille nous apprend qu'avant 1608, Guesdron avait une réputation
quasi universelle « [Vos enfants
: =
vos airs] s'estoyent espandus par
le monde si dignement, que leur harmonie et douceur a forcé d'au-
tres, qu'ils ont rencontrez, non seulement à les honorer, mais encore
à les suivre ». Le recueil peut donner une idée assez exacte de ce
qu'était, en France, la virtuosité vocale au début du xvn e siècle. Il
s'ouvre par le chant d'un Orphée amoureux qui se plaint de toucher
les pierres et les rochers beaucoup plus que le cœur de celle qu'il
aime. Yoici la fin de l'air, avec la notation de l'original :
4M r r
Par
f
le
r r \ &
tris, te ac
,j
.
^
cent
$ de ma voix
m
la fin
$ p
r r r t f r
ex.erçant sur moisesrigueurs.surmoises
J
¥
rigueurs,
$v i ! r r rf
A ren
cfcrr
.
p p r rr
dudeuxbeauxyeuxde mon àjne
^
recueil, même litre, de huit livres, publié de 1615 à 1628 (B. N.,
ibid., 277). Ce dernier contient quelques rééditions du précédent,
avec airs, récits, airs à danser, airs à boire, airs de ballet, de nou-
veaux auteurs.
Ces publications étaient fort à la mode, car à la même date où il
éditait le deuxième livre de l'avant-dernicr recueil qui vient d'être
mentionné, dans le format d'un paroissien de poche (1617), P. Ballard
publiait, en format in-4°, le
4° Septiesme livre d'airs de différents autheurs mis en tablature de
luth par eux-mêmes (B. N. ibid. 566). On y trouve (p. 4) un « air»
tiré du « Balley du Roy », où Armide se plaint devant des Esprits
du brusque départ de Renaud. Guesdron y emploie un style tragique
digne des meilleurs maîtres florentins :
Les Airs de Boesset sont insérés dans les mêmes recueils que ceux
de Guesdron, et de plusieurs auteurs indiqués plus haut. Boesset
remplit seul le recueil d'Airs de Cour mis en tablature de luth
(Paris, P. Ballard, 1621, in-4°, 25 p., B. N. Rés., Vm' 568). Ce livre
contient des récits tirés du Ballet du Roy récit d'Amphion, récit
:
jvr-i ! rrfr °
rrrr' 1
2
fcF?
*F=^
f î.
P
A. mour cru.el, A.mour cru.el
J AJ i .i JiJ
f*
.mour, lais.se cou. 1er mes lar . mes!
(Le Camus, Airs publiés après sa mort, 1675, n° 69.)
70 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
&E j^1
s
Dou
^m
ce Fé.li . ci
£# m
. té,
is> &
Dou ce et char.
E É ? a* O i
#
man te Paix
^
où peut-on
22-
£f
e.tre mieux?
m r
iLambkrt, dialogue tiré du recueil 'd'Airs de 1689, p. 194.)
Airs de différents ailleurs (5 e livre, p. 13, 15, 18, 36, 57; 7 e livre,
p. 27-31, 57-61: 8 livre, p. 15) et dans Airs de Cour et de différents
e
(Rés., Vm 571);
7 de Bacilly. Second livre d'Airs bachiques, Paris,
G. de Luyne, 1677, in-8°, oblong (ibid., 294); Dubuisson, Premier
—
( IXe ) livre d'Airs sérieux et à boire, Paris, 'Ballard, 1694-1696,
in-4° obi. (ibid.. 508). Cf. L'Amour aveuglé par la Folie, cantate à
voix seule, avec accompagnement de violon et la basse continue par
M. Bouvard, maître de musique (Paris, Ballard, 1628). Nous citerons
parmi les cantates ultérieures :
LA MONOME EN ITALIE ET EN FRANCE 71
de l'Amour de ce temps.
1621. Ballet de Monseigneur Prince, dansé à Bourges. — Ballet
le
Maguelonne. —
Ballet des mariages sans degoust et sans cocuage. —
Ballet du mail de l'Arsenal. —
Grand ballet de Monsieur. Ballet —
des chevaliers errants dansés chez la Reine. —
Bouffonnerie Rabe-
laisique, donnée à Paris, au mardi gras.
1639. Ballet des Rejouissajices pour la naissance du Dauphin. —
Divertissement du Carnaval en caresme. — Ballet de la Félicité.
-
Ne* à Lyon en 1625 (?), Perrin débuta fort jeune par des essais de
poésie et de traduction (de l Enéide de Virgile essais inspirés didées
.
sique (il ne fut point joué, la partition n'a pas été con-
servée); l'autre, La Mort d'Adonis, dont la musique, écrite
par Boesset (le fils) ne fut ni exécutée au théâtre, ni
imprimée; Perrin en parle ainsi :
LA DICTATURE DE LULLI
attribuer dans les œuvres qui portent son nom : Pastorales, mascarades,
tragédies lyriques, ballets.— L'ouverture française et ses origines. —
Coup d'oeil sur la fortune administrative et financière de l'Opéra après
Lulli.
présens et a venir salut. Les sciences et les arts étant les ornemens
LA DICTATURE DE LULLI 87
informé que les peines et les soins que led. S v Perrin a pris pour
cet établissement n'ont pu seconder pleinement notre intention et
élever la Musique au point que nous nous étions promis, nous avons
cru. pour y mieux réussir, qu'il estoit à propos d'en donner la conduite
à une personne dont l'expérience et la capacité nous fussent connues
et qui eût assez de suffisance pour former des élèves, tant pour bien
chanter et jouer sur le théâtre que dresser des bandes de violons,
flûtes et autres instrumens. A ces causes, bien informé de l'intelli-
gence et grande connoissance que s'est acquise notre cher et bien
aimé Jean Baptiste Lully au fait de la Musique dont il nous a donné
et donne journellement de très agréables preuves depuis plusieurs
années qu'il est attaché à notre service; etc. »
La môme année, par lettre royale du 30 mars 1672, M. de la Rey-
nie, lieutenant de police, reçut l'ordre de faire cesser partout les
représentations d'opéra données en vertu du privilège précédemment
accordé à Perrin. —Lulli avait déjà fait construire, pour son Aca-
démie, un nouveau théâtre près du palais d'Orléans (Luxembourg),
dans la rue de Yaugirard, sur remplacement d'un jeu de paume, par
les soins de Vigarani, machiniste du roi, qu'il associa pour dix ans à
un tiers de ses profits éventuels.
usine.
En vertu de la règle de justice suum cuique, quelle
serait donc la part qu'il convient d'attribuer à Lulli dans
la fabrication des opéras qui portent son nom?... Il y a,
dans le drame lyrique, une portion de travail assez consi-
dérable que nous pouvons lui enlever avec la certitude de
ne point lui faire tort c'est l'ensemble de ces « parties de
:
vieillards, II, 6;
Atys, 5 actes et prologue, 1675, surnommé « l'opéra du Roi »; à
signaler l'air souvent cité Atys est trop heureux, I, 4.
:
III, 7. — Tous ces opéras sont écrits sur des livrets de Quinault.
Psyché, tragédie lyrique, 5 actes et prologue, paroles de Thomas
Corneille (1678, partition de Ballard en 1720). L'œuvre eut peu de
succès à cause du « peu de galanterie qu'on y trouve » (François
Parfaict).
Bellérophon, 5 actes et un prologue, paroles de Thomas Corneille et
Fontenelle (1679) à l'acte V, 2, il y a un prélude avec trompettes.
:
Baptiste
Dont maint est le singe et copiste.
trois ans. En 1688, le privilège d'exploitation lui fut concédé pour dix
ans. En 1698 (30 déc), un nouveau privilège de 10 années (à compter
du 1 er mars 1699) lui fut accordé, ainsi qu'au sieur Hyacinthe Gou-
reault du Mont, en même temps que le Roi accordait 10 000 livres de
pension à la veuve de Lulli, 3 000 livres à Colasse, etc.. En 1704,
des lettres patentes (données à Fontainebleau, 7 oct.) prorogent le
privilège de Francine et de du Mont pour dix ans, à compter du
1 er mars 1709; elles approuvent en même temps la cession du privi-
Que charmant!
Pirithoiïs est
Peut-ilennuyer un moment?
On y voit, jusqu au dénouement
Quelque dame jolie,
Passepied, menuet galant :
La belle tragédie !
disque en est lumineux et les rayons bien imités, parle moyen d'une
eau safranée dans des tuyaux de verre. »
On peut citer encore Prrame et Thisbé, tragédie lyrique 1726) de
:
habitants livrent tous les six mois une jeune vierge à la voracité
d'un monstre appelé Y Endriague celte vierge est pour lors Grazinde
:
belles pages, on cite avec raison, au 1 er acte, le chœur Que tout gémisse
et l'air de Télaïre, Tristes apprêts: le menuet dansé, Dans ces doux
asiles; au iv c acte, les scènes des Enfers et des Champs-Elysées. —
Les Festes d'IIébé, ou les Talents lyriques (1739J, accentuèrent, par
leur grâce, la supériorité de Rameau sur l'ancien opéra lulliste. Les
personnages sont l'Amour, Sapho, Iphise, JEglé « bergère chantante
et dansante », Mercure, Tyrtée... parmi les pages célèbres le chœur
; :
Bibliographie.
Pour l'air à voix seule, l'air de cour, et Guesdron, voir Henri Quit-
TARD, Revue musicale, 1905, p. 443 et suiv., 489 et suiv., 511 et suiv.
La Bibl. Mazarinc possède une plaquette in-4°, datée de 1654 Le triomphe
:
de V Amour sur des Bergers et des Bergères, dédié au Roy, mis en musique
par De la Guerre, organiste de Sa Majesté en sa Saincte chapelle du Palais
à Paris (de l'imprimerie de Ch. Chenault). Musique perdue.
Pour le drame lyrique français, les sources principales sont à la Biblio-
thèque de l'Opéra (Paris), qui. à la date de 1878, contenait 241 opéras
avec tout leur matériel d'exécution, 110 ballets avec leurs parties séparées
et leurs partitions, 184 partitions sans parties d'orchestre (pièces ayant
figuré sur le pupitre du chef d'orchestre au moment de la représentation).
On pourra consulter, comme ouvrages particuliers 1° Bibliothèque musi-
:
—
français à Paris, in-8°, Paris, 1875. La collection Michaelis, fondée avec
la collaboration de de Lajarte, Poisot, A. Guilmant, C. Franck, Gevaert,
Renaud de Vilbach, Bourgaut-Ducoudray, Weckerlin, Ad. Julien,
Lavoix, POUGIN, Y. Wilder, mais arrêtée avant l'exécution de tout son
programme, a réédité, avec réductions au piano, les œuvres de Beaujoyeux,
Cambert, Lulli. Colasse, Campra, Destouches, Rameau, etc.
Pour Lulli Lionel de la Laurencie, Lulli (collection J. Chantavoine,
:
Alcan) et les Sammelbànde der I. M. G., XIII, 1, 1911; Ed. Radet, Lulli
(Paris, 1891); Henry PruniÈRES, Lully (1 vol., Laurens, 1910) et la Revue
S. I. M. de J. Ecorcheville, numéros des 15 avril, 15 mai, 15 juin 1912...
Pour Rameau, voir la grande édition des Œuvres publiée par la maison
Durand sous la direction de Camille Saint-Saens. En tête de la partie
dramatique est un résumé de l'histoire de l'opéra.
Un document intéressant est la Lettre de M. Rameau aux philosophes
publiée par l'Année littéraire, t. IV, 1762 (B. N. Z 4° 554).
CHAPITRE XXXYIII
ré mi fa sol la si...
suivent fort bien une fugue sur l'orgue; mais ils n'ont pas tant
d'agréments que les nostres : je ne sçay si c'est à cause que leurs
Orgues n'ont pas tant de registres et de jeux différents, comme ceux
r/ue nous avons aujourd'hui dans Paris; et il semble que la plupart
de leurs Orgues ne soient que pour servir les voix et pour faire
paroistre les autres instruments.
A. Raison écrivait en 1688 Depuis plusieurs années, les Maislres
:
les diversitez que l'on a trouvées sur quantité de leur depuis quelques
années... [Ces pièces] contiennent à peu près toutes les variétez que
l'on pratique aujourd'huy sur l'orgue dans les principalles Eglises
de Paris. Les Sçavans y trouveront quelques licences que j'ay cru
estre dettes à cet admirable instrument... On trouvera dans ce Livre
plusieurs pièces qui seront inutiles à beaucoup d'Organistes n'ayant
pas dans leurs orgues les jeux nécessaires pour les jouer, comme les
pièces de Tierce et de Cromhorne en Taille, les Trio avec la Pedalle
et les récits au-dessus et à la basse de voix humaine; mais aussi
sur tous les Tons il y en a assez pour se passer de celles-là, car
toutes les autres se peuvent jouer sur toutes sortes d'Orgues ».
Livre d'orgue, contenant une messe et quatre hymnes pour les prin-
cipales fesles de Vannée, par N. de Grigny, organiste de l'Eglise
Cathédrale de Reims (Paris, Ballard, 1711, B. N. Vm 7
, 1834). Les
hymnes sont : Pange lingua, Verbum supernum prodiens, Ave maris
Stella, A solis hortus (sic) cardine.
Nous mentionnons simplement ici G. G. Nivers, né à Melun en 1617,
théoricien et organiste, dont une publication a pour titre : Liure
d'orgue contenant cent pièces de tous les tons de l'Eglise par le
sieur Nivers, maître compositeur en musique et organiste de l'Eglise
Saint-Sulpice de Paris..., à Paris, chez Vautheur, proche Saint-Sul-
pice, et B. Ballard, avec privilège, 1665, (B. N. Y,,, 7 ? 1814;.
toucher sur le clavecin, le tout au naturel et facile avec les plus beaux
mouvements et les plus belles variétéz du temps, tant aux musiques
vocales qu 'instrumentailes et le chiffre à bien des endroits pour bien
passer les intervalles et les agréments et bien passer les doits, avec
LA MUSIQUE D'ORGUE ET DE CLAVECIN AU XVII SIÈCLE 133
des instructions très utiles pour ceux qui n'ont point de maître et qui
veulent se perfectionner eux-mêmes, composé par André Raison,
organiste de la Royalle Abbaye de Saincte-Geneviève du Mont de
Paris, avec privilège du Roy, chez VAutheur, rue de Sainct-Estienne
des Grecs à l'Ange Gardien, proche le collège de Lizieux.
la mesure » —
mise par Rameau dans une de ses pièces,
n'aurait pas de sens, si les exécutants n'avaient eu
l'habitude d'altérer la mesure de temps à autre. » Au point
de vue moderne, une telle habitude parait grave l'exéeu- :
136 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
dit Titon du Tillet, un petit homme qui aimait fort le bon vin, et qui
allongeait volontiers ses leçons quand on avait soin de lui apporter
près du clavecin une caraffe de vin avec une croûte de pain, et sa
leçon durait ordinairement autant qu'on voulait renouveler la
caraffe. » —Charles Couperin, qui mourut un an après la naissance
de son fils, fut, lui aussi, très estimé comme organiste.
140 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
«... On doit tourner un tant soif peu le corps sur la droite étant au
LA MUSIQUE D'ORGUE ET DE CLAVECIN AU XVII e SIÈCLE 141
clavecin ne point avoir les genoux trop serrés et tenir ses pieds vis-
:
la teste, du corps, ny des pieds il faut avoir un air aisé à son cla-
;
vecin : sans fixer trop la vue sur quelque objet, ny l'avoir trop vague :
enfin regarder la compagnie, s'il s'en trouve, comme sy on n'étoit
point occupé d'ailleurs; cet avis n'est que pour ceux qui jouent sans
le secours de leurs livres.
(( On ne doit se servir d'abord que d'une épinette, ou d'un seul cla-
vier de clavecin pour la première jeunesse ; et que l'une ou l'autre
soient emplumés très fortement; cet article est d'une conséquence
infinie, la belle exécution dépendant beaucoup plus de la souplesse,
et de la grande liberté des doigts, que de la force; en sorte que dès
les commencemens, sy on laisse jouer un enfant sur deux claviers, il
faut de toute nécessité qu'il outre ses petites mains pour faire parler
les iow.hes et de la viennent les mains mal placées et la dureté
du jeu.
La douceur du toucher dépend encore de tenir ses doits le plus
«
près des touches qu'il est possible ; il est sensé de croire qu'une main
qui tombe de hault donne un coup plus sec que sy elle touchait de
près, car la plume tire un son plus dur de la corde. »
S (sic).
Il faut lire, évidemment, malgré l'erreur qui est au milieu du mot :
mène str and ise. Voici les sous-titres de cette œuvre de polémique
(12 pages en tout) 1 er acte : Marche des notables et jurés m -f- n
: +
s h +
n d -\- urs. —
2 e acte : Air de vièle avec bourdon. Les Viéleux
et les gueux. —
3 e acte Les jongleurs, sauteurs et saltimbanques
:
qu'ils devaient être jugés par le roi des ménestrels; qu'il leur était
interdit d'enseigner à d'autres personnes que les apprentis, sous
peine de 50 livres d'amende, etc. En 1661, les ménestrels eurent un
procès avec l'Académie de danse fondée par Louis XIY, et le perdi-
rent. En 1691, ils eurent la prétention d'exercer leur privilège, non
pas seulement sur les maîtres de danse et sur les violons qui étaient
regardés comme inséparables de la danse, mais « sur les composi-
teurs de musique et les musiciens se servans de clavessins, luths et
autres instruments d'harmonie ». Ces derniers protestèrent. Un procès
fut engagé au Chàtelet et porté par appel au Parlement. Un arrêt du
7 mai 1695 donna raison aux compositeurs et clavecinistes qui défen-
daient la liberté de leur art. •
12
forme libre, non mesurée (le reste en -ç-); deux alle-
Bibliographie.
Pour Rameau, voir les premiers volumes de l'Edition des Œuvres (Durand).
Pour tout l'ensemble du chapitre nous avons souvent mis à contribution :
l'une, les voix supérieures se jouent sur une pédale longuement tenue ;
violons, il emploie deux claviers avec des basses chiffrées dont les
exécutants doivent improviser la réalisation. Il se rattache à Corelli
152 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
ultérieurs.
Cette petite phrase, énoncée par la main droite, est reprise par la
main gauche qui la répète 2 fois. Ici, (19 e mesure), une phrase de
8 mesures, apparentée comme la précédente au thème principal, et
qui introduit peu à peu une modulation à la dominante :
tnu 1 1
wk, iÇgk
MAITRES ITALIENS ET ALLEMANDS DE L'ORGUE ET DU CLAVIER 155
rtftpwii
mesures) et qui, en répétant, par surcroît, les deux mesures finales
j^
m ^'ÊXf '
etc
ÊUJ
Dansles 44 premières mesures, il y a une application à varier, en
les reproduisant, la forme et l'intérêt des idées précédemment
énoncées, en passant tour à tour par les tons de ré majeur, ré
mineur, fa majeur et fa mineur; les o'2 dernières mesures reprodui-
sent, en ré, la péroraison de la première partie (en la), l'auteur
marquant le retour à la tonique avec la même insistance que la
modulation à la dominante. —
Il y a une reprise de cette seconde
les chansons, les caprices, les fantaisies et les Ricercars II, les suites
;
er groupe appartient
et variations. Le 1 indistinctement à la musique
pour orgue et pour clavier il peut être nettement rattaché à l'influence
;
mélodie est d'abord « variée » en six parties, puis suivie d'une cou-
rante avec un double, et d'une sarabande.
Aux mêmes sources d'influence se rattache l'œuvre du bavarois
Wolfgang Ebxer, né à Augsbourg en 1612, et qui, de 1637 à 1665,
fut organiste à la cour de l'empereur Ferdinand III. Sur un thème
fourni par ce dernier, il écrivit 36 variations pro cimbalo accommo-
datas (Prague, 1648); on lui doit un autre Aria et une Courante,
chacun en 12 variations (les numéros 11 et 12 de la dernière pièce
avec le titre de Gigue) et une Sarabande de même genre il introduisit
;
vement par degrés conjoints (forme qui a joué un certain rôle dans
l'art ultérieur). Il a écrit des Suites. Une de ses pièces est intitulée
la Battaglia une autre, Kuku, a eu les honneurs de l'imitation dans
:
oncle de J.-S.
Parmi les compositeurs et organistes de Nuremberg qui cultivèrent
la musique instrumentale, nous mentionnerons seulement Henrich :
connes, une passacaille (genre dont la vraie nature est difficile à éta-
blir, même avec les textes des écrivains du xvn c siècle, mais que
Buxtehude distingue à sa façon, en maintenant le thème de la passa-
caille toujours au bassus et sans le modifier, taudis que celui de la
chaconne passe dans toutes les voix et subit de nombreuses varia-
166 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
le thème est présenté trois fois avec des formes différentes, tirées de
ses deux premières notes. Les changements de dessin, de rythme,
de mesure, sont d'un ingénieux travail technique. La grande com-
position en sol mineur contient un thème qu'on retrouve dans la
2 e partie du Clavecin bien tempéré, dans un quatuor à cordes de
Haydn, un Requiem de Loti, dans le Joseph de Hsendel et dans le
Requiem de Mozart. Les XIY « Arrangements de Chorals » de B.
(réédités par Deux) sont une œuvre inférieure, donnant une fausse
idée de sa manière. — Buxtehude, malgré sa nature un peu rude
d'homme du Nord, est, en somme, un grand maître qui, tout en ayant
été dépassé par le génial auteur de la messe en si, garde sa valeur,
malgré ce redoutable voisinage, comme Haydn et Mozart auprès de
Beethoven. « L'art de l'orgue, au point de vue technique, était si
avancé, au temps de la maîtrise de Buxtehude et grâce à lui, qu'on
ne saurait dire comment Bach aurait eu à ouvrir une nouvelle voie »
(Spitta).
Buxtehude est un centre et un foyer, une « époque ». Il fut en rela-
tions avec beaucoup de contemporains célèbres, parmi lesquels les
organistes Andréas Werckmeister, J. Pachelbel, J. V. Meder.
Hœndel, Bach, Mattheson (1703, 1705). recherchèrent son commerce.
Ses principaux élèves furent Fik. Brunes, Dax. Erich, G. D. Leiding,
Yjnc. Lubeck. Ce dernier (1654-1740) fut un des plus brillants orga-
nistes de Hambourg.
Parmi lesorganistes du Nord durant cette période, nous men-
tionnerons encore quelques virtuoses compositeurs de second ordre :
rB
Uebung l
: partie, 1680, (7 Suites); 2° id.,
Leipzig,
2 e partie, Leipzig, 1692 (7 Suites et une sonate); 3° Frische
Klavier Frùchte (« primeurs pour clavier, ou sept sonates
de bonne invention »), Leipzig, 1696; 4° Musikalische
Vorstellungen, etc. (représentations musicales d'une his-
toire biblique en 7 sonates, Leipzig, 1700). Dans ses
« Nouveaux exercices de clavier » dontun manuscrit porte
la date de 1680, et qui furent publiés en 1689 et 1692, il
traite librement le plan de la Suite il remplace la gigue
:
3 3
belle expression, a -, en mi ^ majeur; un allegro à j, dans le
veur d'Israël; Jacob chez Laban (son amour pour Rachel, son
mariage avec Lia); Hiskias (le malade qui recouvre la santé
après avoir imploré Dieu); Jacob mourant; le Combat de
David et de Goliath... On y trouve des formes très diverses :
plusieurs d'entre eux turent les amis de J.-S. Bach (et de Haendel).
Nous les nommons ici un peu par anticipation Chh. Reichakdt (1685-
:
Un
des premiers progrès importants fut d'organiser une
œuvre entière avec les imitations et le traitement d'un
motif unique. Il ne pouvait avoir lieu, pour la raison qui
vient d'être indiquée, que dans une pièce écrite pour les
instruments. Orazio Vecchî en avait donné un exemple dans
la Fantaisie 1595) ;i 4 voix, construite sur ce thème en dorien
(
iS É P £
exposé d'abord (à la quinte de tonique) par le soprano,
puis à la quinte inférieure, ensuite à l'octave du soprano,
enfin à la quinte inférieure de cette octave. Ce motif est
développé durant 56 mesures avec l'emploi des noires il
y ;
i) : \r é-*-d
à
J
p ^S
Après l'imitation du sujet par les 4 voix — ce qui rsi
Combahieu. — Musique, II. 12
178 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
ï m
cEirrrcttr
m
-Q- UMÀAm
j»* JJJ73JJ
efc.
i° i j
^ — rr
suite, la variété.
Ces deux qualités apparaissent tout d'abord dans ce qui
est capital pour la construction d'une telle œuvre le :
etc.
180 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
un peu plus développés (I, 16). Il y a des sujets qui restent dans
l'harmonie indiquée par la tonique d'autres qui modulent. En somme,
;
l'idée d'un cadre scolastique uniforme est tout de suite exclue; une
libre fantaisie varie constamment le rythme et le sens du sujet.
La réponse [Cornes, Risposta, Conséquente, Gefeehrie) est la repro-
duction du sujet à la dominante, à moins que le sujet ne soit lui-
même à la dominante, auquel cas la réponse se fait à la 4 °; ce qui, l
etc. ',
et au sujet etc. il
i ëa
* Z2T
m¥ jg Ijg \\(r^p
m ¥=&
^JJf r etc.
JE m P m
Bach, faisant œuvre de théoricien qui poursuit une
démonstration, y a donné des exemples de tous les traite-
ments qu'on peut imposer à un thème donné. Les quatre
dernières fugues se groupent deux à deux; et dans chaque
groupe (l'un à 4 parties, l'autre a 3), la seconde fugue est,
note pour note, l'inverse de la première. Ainsi, le sujet
exposé par le premier clavecin est
182 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
^^ P*5
)jv rr 1
1
fH^
et celui du second
etc.
il n'en faut pas conclure que Bach a voulu faire œuvre « péda-
gogique » en s'adressant à des élèves. L 'Orgelbuchlein contient
46 pièces brèves, de 12 à 20 mesures chacune (sauf Christ ist erstanden,
qui en a une soixantaine). Au point de vue technique, on y trouve
certainement un art consommé; le choral prolestant se prête d'ail-
leurs beaucoup mieux que la mélodie grégorienne au contrepoint
fleuri à 4 parties; mais ces végétations musicales un peu exubérantes
écrasent le thème, ou lui enlèvent trop de sa sérénité religieuse. —
Cette observation peut s'appliquer au recueil des Six chorals de
diverses sortes pour jouer en manière de prélude sur U7> orgue à
2 claviers avec pédale, etc., connus sous le nom de leur premier
éditeur Schùbler (1747-1749), empruntés à diverses cantates, et d'un
intérêt secondaire. — Le 3 e recueil comprend 18 chorals, parfois en
2 versions, présentés quelquefois sous la rubrique « Fantaisie », ou
« Trio ». Le canlus firmus ou choral proprement dit est tantôt au
soprano, tantôt au ténor, tantôt à la pédale. —Le 4 e recueil com-
prend les pièces contenues dans la 3 e partie de la Claviri t/hung :
telle assurance, une telle indépendance des pieds et des mains, que
quiconque s'en est rendu maître n'a plus rien à désirer au point de
vue de la virtuosité. »
Vivaldi avait écrit ses concertos pour deux violons obligés, deux vio-
lons, deux violes, violoncelle, basse [violoné] et cembalp. En « accommo-
dant» ce pelit orchestre à cordes aux deux claviers et au pédalier de
l'orgue, Bach suit de très près le texte, sans souci de faire œuvre
personnelle. Nous n'avons pas, il est vrai, tous les documents origi-
naux permettant la comparaison; mais, d'après les textes (publiés en
supplément au tome 38 de l'édition de la Bachgeselschaft), il res-
semble à un arrangeur moderne qui transcrirait pour piano une
petite partition d'Adam ou de Bellini.
Aux sonates, peut être adjoint le trio en ré mineur, qui, présenté
dans une ancienne version comme « Prélude de choral pour orgue à
2 claviers et pédales », associe en contrepoint 3 parties indépendantes,
de façon continue, sans imitation de l'une par l'autre (même vol.).
— La composition en quatre parties publiée sous le titre général de
Pastorale, paraît être une suite pour orgue, formée d'un Prélude
gracieux (écrit dans le ton lydien, fa majeur, ayant seul le caractère
'({
n'est en réalité qu'une des formules employées par Bach, par ses
prédécesseurs et par ses contemporains, pour recommander une
publication nouvelle. (Cf., pour ne citer que cet exemple, la préface
du Magnificat de notre Titelouze.) Si, d'ailleurs, il s'agissait de trans-
former des amateurs en virtuoses et en compositeurs, l'intention
serait étrange, et le but manqué. Ce qu'il faut retenir, et ce qui est
confirmé par bien d'autres témoignages, c'est cette sorte de sim-
plicité ingénue avec laquelle Bach parle de son art; il le croit faci-
lement accessible à ceux qui ont du goût pour la musique!
Les Suites, dans lesquelles Bach a fait pénétrer un flot d'imagi-
nation débordante et de grande musique, comprennent six Suites
:
Bibliographie.
phonie qui vont être remplacées peu a peu par un style plus
libre; la substitution de la Sonate proprement dite à la
Canzone et à la Suite, et celle des instruments a cordes,
particulièrement du violon, aux instruments à vent; la dis-
tinction entre la Sonate d'Eglise, solennelle, aimant le style
fugué et l'orgue, et la Sonate de la chambre, soumise a l'in-
fluence de la chanson et de la danse, employant le coni-
balo; l'adoption d'une forme qui, aux motifs juxtaposés,
fait succéder une série de motifs apparentés ou formant
constituer. Au c
siècle, Durante écrivait encore des
xviii
« Sonates composées simplement d'un Studio (en forme
»
de Rondo) et d'un Divertimenlo (ayant ad libit. la coupe
AA'B, AA BB, ABC). Les Sonates du P. Martini se com-
posent d'un Prélude, d'un Allegro qui est une fugue,
puis d'une Sarabande (ou d'une sicilienne, ou d'un adagio,
ou d'un « grave »), puis d'une Courante (ou d'un balletto,
ou d'une allemande, ou d'un aria), enfin d'un Allegro (ou
d'un aria avec variations, ou encore d'une gigue, d'un
menuet, ou d'une gavotte). On voit le caractère complexe
d'une telle construction. La Sonate a été le lieu de concen-
tration, un peu confus d'abord, de toutes les formes du con-
trepoint et de la monodie accompagnée, de la chanson et de
la danse.
une musique pour les instruments, et non pour les voix on en trouve ;
phonie, la sonate doit être jouée lentement, avec gravité ». Ils sem-
blent ne connaître que la sonate » ou « symphonie » qui sert
<c
morceau pour instruments, joué avant que les voix des chanteurs
fassent leur entrée; c'est une manière de prélude ». Plus exact est
J.-G. Waltf.r (né à Erfurt en 1684, ami et parent de J.-S. Bach,
lexicographe musical et organiste) <( Sonata, de Sonare
: pièce
:
3
la plus étendue; elle a pour suite : un Adagio à r , où une
Tel est le sens dans lequel progressent, sans exceptions, les autres
précurseurs italiens du genre.
Biagio Mari ni, né à Brescia à la fin du xvi c s., mort en 1660, vir-
tuose compositeur ayant écrit beaucoup de musique de chambre,
est l'auteur des Affetti musicale (1617, op. 1), où se trouve la plus
ancienne sonate connue pour violon solo, des Sonate e Sinfonie
(1626, 1629, op. 8), des Compositioni varie per musica di caméra à
2 et à 5 voix, avec 2 violons (1641, op. 13)... Dans son recueil
de 1655, Suonate da chiese e da caméra à 2 et 4 voix avec continuo,
est une sonate en 4 parties pour 2 violons (publiée par Wasilewski) ;
de la même date est une sonate dont les mouvements ont pour la
première fois un titre indiqué ainsi par le compositeur « prima, :
Bologne
o semble être l'héritière de Venise, clans la seconde
moitié du xvn e siècle, pour la musique instrumentale et le
LA SONATE POUR VIOLON 191
Poco allegro, grave, allegro (sonate en sol majeur, tirée des « six
sonates à violon seul et basse dédiées à .M. Bonnier de la .Mosson.
trésorier général.des États en Languedoc, par J. F. Giignon, Roy des
violons, œuvre vi°, s. d.).
Ces compositions de style assez libre sont à peu près telles (pie les
202 SECONDE PÉRIODE DE LA RENAISSANCE
basse continue, divisées par suite de tons qui peuvent aussi se jouer
sur le clavecin et sur la viole (Paris, Ballard, 1705, in-4" obi.);
2° Recueil de 12 sonates à II et à III parties avec la basse chiffrée
(ibid., 1712-1713, in-f°) 3° Sonates à violon seul, niellées de plusieurs
;
récits pour la viole (1713, in-f°). Parmi ses ouvrages, il faut citer le
caprice, pour 5 instruments à cordes, la Fantaisie (suite composée
d'un grave, d'une chaconne, d'une hure, et d'un tambourin), les
Plaisirs champêtres (autre suite plus développée), et une curieuse
symphonie descriptive, les Éléments, où Rebel, obéissant « aux conven-
tions les plus reçues » s'est appliqué à peindre en musique le chaos
primitif, la pesanteur de la terre, la fluidité de l'eau, la légèreté de
l'air exprimée « par les tenues suivies de cadences que forment les
petites flûtes », l'activité du feu « peinte par les traits vifs et bril-
lants de violons », enfin le « débrouillement final » grâce à l'inter-
vention de Dieu qui ordonne et achève son œuvre créatrice. (Rebel
est aussi l'auteur d'une tragédie lyrique, Ulysse, paroles de Guichard,
dont la l rc représentation eut lieu le 20 janvier 1703.)
Nous signalerons à part, comme particulièrement intéressants, les
Caractères de la danse, fantaisie par M. Rebel, l'un des vingt-quatre
ordinaires de la chambre du Roy et de l'Académie royale de musique
(publiés par l'auteur, 1715). L'œuvre fut exécutée le 5 mai 1726, à
l'Opéra. « avec la Dlle Camargo, dit le Mercure de France, danseuse
de l'opéra de Bruxelles », élève de Mlle Prévost, la ballerine en
vogue, et alors âgée de seize ans. Cette fantaisie curieuse, qui contient
deux <(sonates », a pour objet de donner une somme des danses alors
à la mode, en les associant à un thème sentimental :
ans (sic) qui ressent déjà mille confus mouvemens, prie l'Amour
d'endormir sa maman, car elle attend son amoureux. —Rourrée '.
et altérations du texte).
publiées. Une partie de ses œuvres est encore inédite. Biber fait
souvent usage de la « scordatura ». système qui change l'accord
usuel de l'instrument (par exemple, si p mi P si p mi p pour le violon,
. , ,
réb, lat, rép, lau pour l'alto, dans la 4 e des sonates en trio); c'est un
procédé mécanique facilitant la tâche de l'exécutant dans la double
corde.
L'école Allemande a une originalité c'est la pratique delà double
:
Bibliographie.
livre de sonates à violon seul avec la basse continue composées par M. Leclair
l'aîné (chez Boivin, 1723, B. N. \m~> 3118. Le recueil contient douze sonates);
Les livres II, III et IV (ibid. V/ra 7 747-8). —
Six concertos a Ire violini, alto
e basso per organo e violoncello, œuvre 7 (Paris, l'auteur, s. d. 7 vol. in-f°.
B. N. \ 1 lG9o). —
Sonates à deux violons sans basse.... œuvre III (1730,
2 vol. in-f°, ibid. Vm' 849, 877 et 3117). —
Sonates en trio pour deux violons
et la basse continue (3 vol. in-f°, ibid. \mi 1168). Bien que l'auteur aver-
e
tisse (préface du 2 livre) qu'il a « pris soin de composer des sonates à la
portée de personnes plus ou moins habiles », les sonates de Leclair, prin-
cipalement les dernières, sont des œuvres de virtuosité difficile.
De Duval, la B. N. possède les œuvres suivantes Premier livre de sonates :
et autres pièces pour violon et la basse... composé par le sieur Duval (Paris,
l'auteur, 1704, in-f°, oblong. B. N. V/?z 7 698). —
Second livre de sonates à
3 parties, pour 2 violons et la basse, etc. (Paris, l'auteur, 1706, 3 vol. in-4°
oblong, ibid. Vm 7 1131). —
Troisième livre de sonates pour le violon et la
basse (1707, in-f° obi., ibid. \m~< 699). —
Quatrième livre (1708, ibid. Yml
700). — Cinquième livre de sonates à violon seul (1715, in-f°, ibid. Xm~ 701).
— Amusements pour la chambre, Sonates à violon seul avec la basse (1718,
in-f° obi. ibid. V;« 7 702).
;
et hautbois par M. Aubert (Paris, sans date, 3 vol. in-f° en six suites.
B. N. Vm 7 1160). —
Concerts à quatre violons, violoncelle et basse con-
tinue, etc. (6 vol. in-f°, s. d., ibid. Vm' 1706). —
Concerto del Sieur Aubert
pour quatre violons et deux basses, ms. in-4° [ibid. V/ra 7 4806). — Les Jolis
airs ajustez à deux violons avec des variations par M. Aubert (Paris, s. d.
2 vol. in-f°, ibid. \m' 1009). —
Pièces à deux violons ou à deux flûtes. ..
œuvre XV (in-f°, s. d., ibid. V/w 7 850). —
Six symphonies à quatre, trois
violons obliges, avec basse continue... composées par M. Aubert (Paris, l'au-
teur, s. d. 4 vol. in-f°; ibid. \m~ 1523). — Sonates à violon seul et basse
continue, par M. Aubert (Livres 1-4, 1719, 2 vol. in-f°; ibid. Vw 7 735).
De Mondonville Les sons harmoniques. Sonates à violon seul avec
:
e
Iiepertorium der Violinen und Bralsehen Literaiur (2 et 3* édit. en 1887),
remanié en 190U et publié sous le titre de Ftihrer durch die Violiniiteratur]
auquel on peut ajouter Les ancêtres du violon et du violoncelle, publié par
Laurent Grillé (avec préface de Tu. Dubois), 2 vol., Paris, l'Jul. Nous
avons utilisé, pour ce chapitre, les Beitràge zur Gcschichte der Violonsonate
im 18. Jahihundcrt de Bruno Stl'DENY (Munich, 191 1, br. de 20 p.) Poul- —
ies rééditions modernes des Études, Exercices, Sonates, etc., des Maîtres
anciens du violon, consulter les catalogues de nos grands éditeurs.
—
CHAPITRE XLI
de Dom. Mazzochi.
par les uns, trop vantée par les autres, plus dans le
stylede l'opéra séria que dans le style d'église; ses deux
oratorios, San Guglielmo d'Aquitania, et 7/ transito di
S. Giuseppe ont une vivacité, une flamme, un charme vocal
LA MUSIQUE RELIGIEUSE EN ITALIE 221
Marcello.
a due cori (1657); 2U cantates pour solo (1676); Motetti Sacri a voce
sola con stromenti (1692) et 4 oratorios. La musique d'un seul de ces
derniers, La morte del Cor pénitente, est conservée en manuscrit à
la Bibliothèque de Vienne. Ses élèves furent très nombreux; sa
musique mérita l'attention de J.-S. Bach.
Adagio
±*çt&y "
n....„ j |
ir^fTf"^^ '\
e e
à la 5 par l'alto II;... ainsi de suite, jusqu'à la 8 mesure,
où le soprano I fait son entrée, toujours sur la même for-
mule. Ces montées en mineur, étagées comme pour une
image de calvaire, s'unissent à la 10 e mesure en un accord
de septième qui, très doucement, en diminuendo de pitié
et d'amour, fait sa résolution en sol naturel majeur. Il y
a là un art de la composition décorative et de l'expres-
sion qui, manifestement, est plus avancé que celui de
Palestrina. Les deux oratorios de Lotti, Il voto crudele
ou Jephta (1712) et YUmiltà coronata (1714) sont des
œuvres peu importantes qui se ressentent de la platitude
du texte verbal (rédigé par Pariati).
Bexedetto Marcello (1686-1739) est un type séduisant
de l'artiste italien et, plus spécialement, de l'artiste de la
Renaissance. Patricien, homme d'Etat, érudit, poète,
nourri d'idées antiques, polémiste, technicien solide en
musique, d'esprit vif et inconstant, il reçut de ses con-
temporains ce titre, de « prince de l'art » dont on a un
peu abusé au cours de l'histoire musicale. Marcello doit
surtout sa gloire à ses Cinquante psaumes publiés en
1724-1727, en 8 volumes, avec le titre Estro poetico-
armonico. Le nombre des voix varie de 1 à 4, el les soli
alternent parfois avec les tutti, soutenus par une basse
générale pour orgue ou clavier, quelquefois par des violons
et un violoncelle obligé. Plusieurs d'entre eux sont a cap-
pella. Les paroles sont une paraphrase, par Giustiniani, du
texte biblique. Le style musical, inspiré souvent de la forme
grégorienne et de souvenirs antiques, est simple, plein de
noblesse, non dépourvu d'images pittoresques (psaumes
e e
3, 10, 13, 17, 18). Les plus beaux sont le 22 et le 28 .
Bibliographie.
G. LEO Leonardo Léo, musicisla del secolo XVIII e e le sue opéra musicali
:
(1905). —
M. DE VlLLAROSA Memorie dci compositori di musica del regno
:
Wien, von 15li3 bis 1867 (1868); le même a donné une biographie de Fux
(1872) et un catalogue thématique de ses œuvres.
,
CHAPITRE XLII
et mes forces à suivre cette règle pour vous donner une preuve nou-
velle de ma bonne volonté ».
tribuet ut moriar pro te? Elle est écrite pour quatre trom-
bones, voix de basse, et orgue. Plusieurs maîtres antérieurs
avaient déjà traité ce sujet; Josquin des Prés lui a consacré
trois compositions. La pièce de Schùtz est originale, admi-
rablement expressive. Elle débute par un prélude pure-
ment instrumental de 42 mesures; sur un rythme majes-
3
tueux (l'ancienne mesure -r-) les trombones font successi-
rien de supérieur?
Par son mouvement et sa vie, par l'alternance bien
calculée des soli et des chœurs, par son unité, elle repré-
sente un progrès remarquable sur la polyphonie du xvi e siè-
cle, et prépare les grands chefs-d'œuvre du génie allemand
au xvm e VS Oratorio et la Passion ont déjà leurs formes
.
Ce dialogue (en latin fili, quid fecisti nobis sic?...) a donné lieu
:
1 mitSthmer. . zen/mitSchmerzen,ge_suchl
P$È*±$ S
Warumhast du uns das ge.thanf
L'Evangéliste dit que Marie et Joseph « ne comprirent pas la
réponse de Jésus ». Schûtz, qui écrivait probablement lui-
même les paroles de ses compositions, a modifié le sujet.
Le sens de la réponse de Jésus éclaire et rassure tout de
suite le père et la mère qui célèbrent le Seigneur (sur les
vers 1, 2, 5, du 84 e Psaume), unis à un chœur de caractère
liturgique (car il semble parler au nom de l'ensemble
des fidèles).
Il y a une même alternance motivée du solo et des
chœurs, même application à adapter étroitement le chant à
la signification des mots et aux idées, dans une autre
grande composition de caractère épique où est traité
le texte même de l'Ecriture sur la fuite en Egypte. Elle
est écrite pour un soprano (voix de l'Ange), deux
chœurs, deux parties de violon et orgue. L'appel au dor-
meur est fait dans un style dramatique et religieux à la fois :
3T
w 3T
Debout!
te h
3=
au//)
JŒL
Debout!
(Stehauf!)
Debout!
(Steh auf!)
(S
HEINRIGH SCHUTZ ET J. CHR. BACH 239
:d: rf-gfr
ï
ne 3 xi:
n — e<»
Et fuis en E . gyp . te
(und fleuch in E-gyp - (en Land!)
Dialogi oder Gespràche zwischen Gott und einer glàubigen Seele (en
2 parties, 1645)qui contient (n° 19) une pièce charmante sur l'Annon-
ciation, et les Musikalische Gespràche iiher die Evangelia (1655).
Cette forme du dialogue fut cultivée, à la même époque, par Erasmus
Kin'dermann, organiste de Nuremberg (1642), et, un peu plus tard,
par Werner Fabricius, organiste de Leipzig (1662), W. Caspar
Briegel, maître de chapelle à Darmstadt, dans ses Evangelische Ge-
spràche (3 parties, 1660), Rud. Ahle, considéré comme dépassant
Hammerschmidt pour l'expression du caractère des personnages.
Elle peut être rattachée à des modèles italiens, en particulier aux
Motteti concertati con Dialoghi du chanteur vénitien Donati (1618).
— « Les oratorios de Hœndel et la Passion de J. -S. Bach ont leurs
racines dans les Dialogues de Hammerschmidt » (H. Riemann).
(Ah! reste avec nous, Seigneur Jésus !) etc.. Le chœur est à 4 voix;
l'orchestre se compose de deux violons, 3 violes, basson et orgue.
Bibliographie.
Pli. Spitta : édition des Œuvres de Schiitz (17 vol.); Die Passioncn
'
nach den fier Evangelisten von H. Schiitz (1S85); Heinrich Schiitz' Leben
1
DE FORMÉ A CAMPRA
de ses œuvres. — —
Lalande comparé à Lulli. Les motets d'André Gampra.
— Compositeurs secondaires.
S
CHORUS I Wrr--
(tacet)
Et incarna .tus est
Superius
Contra s KJJJU-
8ECUHOTJS incar. na.tus
Et est
CHORUS Et in car natus est de
Ténor
Bas.su. ^ -o- -©-
ncar -
ilJl^J
na.tus est
IJ
de
» .
m
de Spi . ri.tu San
3cr
uv—
m % ? ?
Spi ri.tu San.
m
rifHf'ri
Ex Ma. ri a Vir
if
^=i#ffeFf
^
m
.cto
mÊ
Ex Ma . ri Vir
g
.
g
gi
%S cto
cto
m -o-
33;
.cto
. ne Et ho mo fa.-ctus est.
À. Ai A UÂ XL A M
^3 °
ne
f
Et.
^n ho
l' r
mo
||n
-o-
fa.ctus
r
est,
246 SECONDE PERIODE DE LA RENAISSANCE
ho . mo fa.ctus est.
DE FORME A CAMPRA 25
Premier (-2 e ) livre d'airs spirituels, Paris, Ch. Ballard, 1697, in-4°
obi., Vm 1567; Airs spirituels (l re et 2 e parties), ms. in-4°, Ym
1 1
1570. — Minoret
(D.) Missa pro tempore Nativitatis, 1694, ms.,
:
Vm 1
933; Venite, exultemus, motel ms. in-f°, Vm 1 1299. Bernier — :
Uominum, —
O amor, —
Qui habitat in cœlis), parties ms, in-4' Vm 1 J
,
Cantiques. Réserve 1
202.Ym Dubuisson — Diligam te domine, :
Bibliographie.
er
1 juin 1904; et Un musicien en France au XVII e siècle (1908, ouvrage cou-
ronné par l'Institut). Les études pénétrantes d'H. Quittard sur la musique
française du xvil 8 siècle nous ont largement servi pour tout ce chapitre.
Dom JUMILHAC La science et la pratique du plain-chant (1672, in-8°;
:
Vart de bien chanter et particuliè rement pour ce qui regarde le chant fran-
çais (Paris, 1668, in-12, 2 e édition en 1671, avec le titre Traité de la mélo-
die, etc.); et J. B. Bérard, L'art du chant (Paris, 1755, in-8°, dédié à W> de
Pompadour).
CHAPITRE XLIV
les chœurs deux de ses fugues pour clavier. L'œuvre eut d'abord peu
de succès; remaniée, elle fut admirée, surtout en Allemagne, comme
un des principaux chefs-d'œuvre du maître. — Avec le Messie, Saùl
et Israël, Samson et Judas Maccabée sont au premier rang. Samson
(1743), composé sur un excellent livret, est une œuvre de poésie bril-
lante. Avec ce Samson qui n'a rien ici d'herculéen, et qui, dupé, aveuglé,
gémissant, est objet de pitié, les personnages sont Dalila, le géant
grotesque Harapha, Manoah et Micha, père et ami de Samson. Les
soli et les chœurs alternent comme d'habitude; l'orchestre est très
coloré; fait curieux, il se tait dans la scène de la séduction, pour
laisser parler assez longtemps la voix seule. Les arias principaux (il
y en a 27) sont l'air de Samson Total éclipse (une nuit profonde
m'entoure), la prière de Micha : Oh ! Viens, Dieu du salut, l'air en si
mineur du 1 er acte... Les chœurs, toujours magistralement écrits,
sont très variés de sentiment et d'expression. — Judas Maccabée
(1747) est, comme Israël, une œuvre essentiellement chorale; on y
trouve peu de soli traduisant un sentiment individuel, mais surtout
des ensembles (avec 6 duos et un trio). L'œuvre débute par une
pathétique scène de deuil et de déploration sur la blessure puis sur
la mort du chef de l'armée, Matathias l'abattement et le réveil de
;
chœur des frères de Joseph; mais, dans l'ensemble, les chœurs sont
moins importants que les soli, n'ayant aucun sentiment essentiel à
ajouter à ces derniers en raison de la nature souvent idyllique du
sujet. —Belsazar (1745) est le dernier roi de Babylone, détrôné par
Cyrus (en 539 av. J.-C.) et dont la fin. d'après le livre de Daniel,
fut annoncée par les mots fatidiques Mené, tekel, uphrasin. Sur ce
sujet, Telemann avait écrit un opéra pour Hambourg (1722); Hœndel
l'arepris avec son ampleur et sa maîtrise ordinaires en illustrant
toutes les scènes par une musique appropriée et en faisant chanter
tour à tour en masses chorales les Juifs, les Babyloniens, les
Perses. —
Josua (1747) avait déjà donné lieu à deux oratorios
italiens La Caduta di Jerico d'Ant. Caldara (Vienne, 1719), et
:
duo, air, chœur. Le Credo (huit sections) suit un plan qui fait une
plus grande place aux masses chorales, et la même alternance est
moins reconnaissable chœur, chœur, duo (soprano et alto), chœur,
:
— orchestre.
Bach, bien que protestant, a écrit cette « grande messe catholique »
pour la cour catholique de Saxe au moment où il sollicitait le titre
officiel de « Hoffcompositeur » (1733). Certaines des parties de cette
messe sont des emprunts faits à des œuvres antérieures. Le Gr alias
est tiré de la cantate Wir danken dir, n° 29; le Qui tollis est tiré de
la cantate Schauet doch and sehel, n° 46; le Palrem omnipotentem,
de la cantate Gott wie ist dein Name, n° 171; le Crucifixus, de la
cantate Weinen, Klagen, n° 12. Cette messe grandiose, œuvre d'un
génie supérieur, et, en même temps, d'un homme avisé, habile, ayant
1 esprit pratique, n'a jamais été exécutée en entier, soit à Dresde,
soit à Leipzig. Les manuscrits autographes du Kyrie et du Gloria
LA MUSIQUE RELIGIEUSE DE ILENDLL ET I)F, BACH 269
Bibliographie.
Karl Proske : Seleclus novus missarum, k-8 vocibus (1855-59). Recueil com-
mençant à Palestrina. —
St. L'ÙCK Sammlung ausgezeichneler Komposi-
:
tiorten fur die Klrchc (1859), 4 vol., recueil réédité par Hermesdorff en 1884
et Oberhoffer en 1855. —
Joh. Fr. Rociilitz Sammlung vorzùglicher
:
musical (1906).
Fr. Chrysander : G. Fr. Haendel (1858-67; inachevé, s'étend jusqu'en
1740). Chrysander (j- 1901) est l'auteur de l'édition critique du Messie
(t. XLV de la grande édition des Œuvres, avec préface de Max Seiffert indi-
(1889). —
R. Rolland Hœndel (1900, chez Alcan, collection Ghantavoine).
:
CHAPITRE XLV
e
la théorie de la dissonance obtenue par une 3 tierce que
l'on ajoute à l'aigu de l'accord parfait; il en déduit enfin
la gamme diatonique.
Quant au mode mineur, Rameau a définitivement exposé
ses idées dans l'opuscule intitulé Démonstration du principe
de l'harmonie (1750). C'est une œuvre de maturité, où le
grand compositeur a consigné le résultat des réflexions de
toute sa vie. Il avait alors soixante-sept ans. Depuis plus
de trente ans il s'était préoccupé, non pas seulement
d'indiquer, comme la plupart de ses prédécesseurs, les
L'OEUVRE DE J.-PH. RAMEAU ET DE J.-S. BACH 277
que les anciens, les Grecs, ont ignoré les vrais « fonde-
ments de l'harmonie », puisqu'ils n'ont jamais admis que
les consonances d'octave, de quinte et de quarte, en
négligeant les tierces; il se pose même en adversaire de
Zarlino, quoique bien souvent il se rapproche de lui à son
insu.
Le mode majeur une fois expliqué se voit immédiate-
ment investi de l'autorité suprême. Le mode mineur n'est
qu'une variété de ce que Rameau a appelé « le souverain
de l'harmonie ». Le mode majeur —
ne cessant pas de
gouverner et d'être « principe » —
organise, en le domi-
nant, le nouveau venu. D'abord « il se choisit lui-même
un son fondamental qui lui devient subordonné et comme
propre, et auquel il distribue tout ce dont il a besoin pour
paraître comme générateur » (p. 71). C'est comme une
délégation de pouvoirs et un prêt d'autorité en vue d'un
gouvernement à deux on dirait un roi qui installe un
:
donc qu'un seul mode. Rameau est allé plus loin. C'est lui
qui a créé, avec l'analyse des accords par tierces super-
posées, la théorie du renversement, d'après laquelle, do,
mi. sol équivaut à sol, do, mi ou mi, sol, do idée singu- :
nature, reçoit de l'art dontil est en partie formé une faiblesse qui
et pourtant forme/?
J.-S. Bach appartient à une famille de Thuriuge où
l'instinct musical, depuis plus d'un siècle, accumulait ses
dons et ses réserves. Considéré en lui-même, parmi les
siens, sans qu'on tienne compte des antécédents généraux
de l'art allemand et de l'art étranger, il apparaît comme
un point d'aboutissement que des forces en marche visaient
de très loin. On peut dire encore qu'il est une résultante,
une somme. On sait que les membres de la famille Bach
avaient l'habitude, typique chez nos voisins, de se réunir
pour chanter à plusieurs parties et aussi pour improviser,
soit sur un thème donné, soit sur un quodlibet instantané
qu'émettait un soliste et auquel les autres exécutants s'adap-
taient sur-le-champ, sans la moindre peine, en se confor-
mant à des règles précises de « maîtres chanteurs ». Ces
réunions de famille ont dû dépasser en éclat et en intérêt
c
celles de toutes les académies italiennes du xvn siècle !
bre ».
t
y
pf> rr ff etc
j j yuuu n i
$ m ÈEÉ m W etc
Bibliographie.
La impos-
littérature critique sur Haendel et Bacli est si riche, qu'il est
sible de dresser une bibliographie complète. Les ouvrages ci-dessous don-
nent d'ailleurs toutes les indications nécessaires.
Joil. Nik. Forkel Ueber Johann Sébastian Daclis Leben, Kunst und Kunst-
:
werkc (1803). — Ph. Spitta J.-S. Bach, 2 vol. (1873-1880). Une critique
:
Sur le tempérament :
J.-G. NEIDHART Die besle und leichteste Tcmperatur das Monochordi, etc.
:
Divisions de cette dernière partie. —Un dernier mot sur J.-S. Bach et
Haendel. —
Continuité de l'influence franco-italienne dans le monde musi-
cal; déplacement prochain de l'hégémonie et de l'autorité. — Pourquoi le
e
XVIII siècle français n'est pas arrivé au grand art musical; idées de
Rousseau, des philosophes et des critiques de cette époque sur la musique :
•
Au xvni c siècle, les peuples latins continuent à se péné-
trer mutuellement par la diffusion des œuvres et par
l'échange des virtuoses; la musique restant d'abord un art
de société, et l'art de vivre en société étant chez eux une
sorte de privilège très distingué, ils exercent encore sur les
autres peuples l'influence souveraine du goût.
Celle de la musique française et surtout de l'esprit
français persiste a l'étranger, principalement en Alle-
magne. Suivant Leibnitz, c'est à partir du traité des Pyré-
nées (1659) que cette influence, au delà du Rhin, devint
à peu près exclusive de toute autre. L'Allemagne du xvm
c
CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU XVIII e SIÈCLE 301
« ... Ce dont vous ne sauriez avoir l'idée, ce sont les cris affreux,
les longs mugissements dont retentit le théâtre pendant la représen-
tation. On presque en convulsion, arracher avec
voit les actrices,
violence ces glapissements de leurs poumons, les poings fermés
contre la poitrine, la tête en arrière, le visage enflammé, les vais-
seaux gonflés, l'estomac pantelant; on ne sait lequel est le plus
désagréablement affecté, de l'oeil ou de l'oreille... et ce qu'il y a de
plus inconcevable, est que ces hurlements sont presque la seule chose
qu'applaudissent les spectateurs. »
(Voir la Nouvelle Héloïse, II, Lettre XXIII de l'amant de Julie
à M mc d'Orbe.)
CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU XVIII e SIÈCLE 305
deux sonates pour violoncelle (op. 5). On a de lui, avec des duos.
ù
Six sonates pour le violoncelle (Paris, de la Chevardière. s. d., in f ,
les modernes pour les plus heureux et les plus beaux effets
(comme dans ouvertures à'Iphigénie de Gluck et de
les
Lodoiska de Cherubini, dans le scherzo de la Symphonie
héroïque, l'ouverture inoubliable du Freischùtz, les concerti
de Mozart et la sonate de Beethoven spécialement écrite
pour cor). Mais dès le début, lorsque Vivaldi l'eut introduit
dans la musique de chambre et Haendel dans l'orchestre,
l'admirable instrument, d'une sonorité si poétique, fut peu
estimé on le trouvait commun, grossier, peu digne d'une
:
fait saint Grégoire. J'ai déjà dit que centoniser était puiser de tous
côtés et faire un recueil choisi de tout ce qu'on a ramassé. » Quelques
autres travaux d'ensemble sur la musique religieuse et profane
méritent l'attention.
Si l'on excepte la petite Histoire générale, critique et philologique
de la musique de Ch. H. de Blainville, « ouvrage qui promet beau-
coup et tient peu ;; dit avec raison Forkel (1765, 1761, 1767, xi-189
p. in-4° et 69 tableaux), le premier essai, en France, d'une histoire
générale de la musique est celui de Bourdei.ot, Boxxkt et Bonnf.t-
Bovrdelot Histoire de la musique et de ses effets depuis son origine
:
même chez les Perses (sic) le chapitre xn contient une Dissertation sur
:
Sur la musique des différents peuples. Liv. III [vol. II] Histoire de:
[vol. IJ Parallèle des lullistes et des antilullisles. Liv. VII [vol. II]
: :
4 vol. in 4°, de 445, 444, 698 et 476 pages de texte et 355 pages de
musique). Une grande partie des documents avait été déjà réunie
par Bêche et Roussier. Le volume I contient de nombreuses planches
d'instruments; le II (chap. xn), une importante série de chansons fran-
çaises depuis le xm e siècle, mises à 4 parties le III, source princi-
;
Bibliographie.
bis auf die Gegenwart (dans la collection des manuels publiée à Leipzig,
chez Br., par Hermann Kretzschmar). — A. Hipkins :Otd Keyboard
instruments (1887); Musical instruments, historié, rare and unique (1888);
A description and history of the Pianoforte and older Keyboard stringed
instruments (1896). — J. E. ALTENBURG :Versueh einer Einleilung zur
heroisch-musihalischen Trompeter und Pauhen-Kunst (Halle, 1795; réédition
par RICHARD BERTLING, Dresde, 1911). —W. H. Hadow, The Oxford History
of Music, 1904, t. V. p. 1-84.— Fr. VoLBAGH Bas moderne Orchester in
:
CHAPITRE XLVII
GLUCK ET PICCINI
soit par la vanité mal entendue des chanteurs, soit par la trop grande
complaisance des maîtres, depuis si longtemps défigurent l'opéra
italien, et du plus pompeux et du plus beau de tous les spectacles
en font le plus ridicule et le plus ennuyeux. Je songeai à réduire la
musique à sa véritable fonction, qui est de seconder la poésie dans
l'expression des sentiments et des situations de la fable, sans inter-
rompre V action ou la refroidir par des ornements ijiutiles et super-
flus, et je crus que la musique devait être à la poésie comme à un
dessin correct et bien disposé la vivacité des couleurs, et le con-
traste bien ménagé des lumières et des ombres, qui servent à animer
les figures sans en altérer les contours.
a J'ai cru que mes plus grands efforts devaient se réduire à
rechercher une grande simplicité. »
A la fin de cette préface à'Alceste, Gluck, conséquent avec lui-
même, reporte loyalement tout l'honneur de ses innovations sur son
librettiste, Calzabigi :
de ses opéras des pages qui n'avaient pas été écrites pour
eux. L'air d'entrée d'Orphée aux Champs-Elysées, avec
tout son accompagnement intrumental, est pris à Antigone
(1754). Dès la période de début, Gluck lait des emprunts
à son Demofoonte (1742) pour X Ipermneslra (1744); et ses
deux opéras de Londres (174G) ne sont que des pastiches
de drames antérieurs. Dans la période des chefs-d'œuvre,
il se permet plus d'une lois de semblables libertés. Dans
duo d'Enée et d'Iarbe (I, 5), et les deux airs de Didon (II, 3,
et III, 1). Adèle de Ponthieu (1781, remaniée en 1786) fut jouée
14 fois. Diane et Endrniion (1784), Pénélope (1785) eurent peu de
succès. Il en est de même des Finte gemelle, opéra-bouffe, de la
Sposa Collerica, intermède bouffon (1778), et d'il vago Disperezzato
(1779), qui eurent chacun 2 représentations. Généreusement, à la
mort de Gluck, Piccini voulut organiser une fête funèbre en l'honneur
de son ancien rival. Une année auparavant (1786), il avait déposé une
couronne de laurier sur le cercueil de Sacchini. La Révolution lui fit
perdre la place de professeur à l'École de chant et de déclamation
où il avait été nommé en 1784 il se rendit alors à la Cour de Naples
:
Bibliographie.
(B. N., Yf. 5 900). Les frères Parfaict Mémoires pour servir à
:
l'histoire des spectacles de la Foire, 1743, 2 vol. in-12 (B. N.. Yf.
1987-8). Desboulmiers Histoire du théâtre de F Opéra-Comique, 1769,
:
Messieurs,
Nous avons préparé pour cette Foire plusieurs nouveautés dans
le goût de celles qui nous ont paru vous avoir fait plaisir. Vous
n'attendez point de nous de ces excellentes comédies, que vous ne
trouverez même ailleurs que très rarement :vous scavez que les
bornes qu'on a mises à notre Théâtre, ne nous permettent point de
vous donner des pièces parfaites; et de là naît l'indulgence que vous
avez pour nous. Contens de quelques scènes risibles, vous pardonnez
la faiblesse de l'ouvrage, et réservez votre sévère critique pour les
spectacles où vous croyez qu'on doit satisfaire votre délicatesse;
cependant, Messieurs, j'oserai le dire, quelqu'imparfaites que soient
ces sortes de productions, elles ne laissent pas de coûter autant que
les Poèmes réguliers, à cause de la gêne où nous réduisent les
Vaudevilles. Il est bien difficile de faire ici des choses qui vous
piquent, et vous attirent par elles-mêmes; vous ne voulez plus que
L OPERA-COMIQUE ET LES INNOVATIONS LYRIQUES 335
des idées neuves, des scènes saillantes; et quoique vous aimiez les
Personnages Italiens, vous n'aimez pas qu'ils grimacent en Tabarins
grossiers si des représentations badines vous divertissent, des jeux
:
n'en pouvant venir à bout en justice réglée, puisque cet acte avait
été passé sans aucune violence, et qu elle ne pouvait prétexter ni
fraude, ni lésion de sa part, elle fut obligée de recourir à un strata-
gème, qui fut de proposer aux Syndics de l'Opéra, de prendre leur
permission exclusive, de donner pendant la tenue des foires de Saint-
Germain et de Saint-Laurent, des spectacles, mêlés de chants, de
danses, et de symphonies, sous le nom d'Opéra-Comique, pour le
tems et espace de quinze années et deux mois, à commencer du pre-
mier janvier 1717 et qui devaient finir le dernier février 1732, sans
que cette permission exclusive pût être transportée à personne le :
« Messieurs,
ne craindrais point de vous avouer que ce n'est qu'en trem-
« Je
blant que j'ose paraître sur la scène; vos judicieuses censures, votre
goût délicat et fin, m'inspirent une juste frayeur les pièces de la :
sont nommés parmi les musiciens. Parmi les pièces jouées, nous
citerons comme paraissant caractéristiques La foire galante (1710),
:
forme très réduite qu'on retrouve les airs les plus goûtés
clans une publication périodique du temps, La feuille
chantante ou le Journal hebdomadaire composé de Chansons,
,
On a bien tort !
Bibliographie.
J.-J. Rousseau als Komponist seiner lyr. Szene Pygmalion (1901) et Die
Entstehung des dculschen Melodramas (1906). — HODERMANN Georg Benda
:
(1895); BrùCKNER Georg Benda und das deutsche Singspiel (dans les Sam-
:
— : —
A. SOUBIES Histoire de V Opéra-Comique (1840-87, 2 vol.). P. J. LARDIN
:
qui finit par ces paroles Hélas! Brunette mes amours, etc.
:
n'est pas de donner des airs tout à fait inconnus; leur nom
suppose le contraire, puisque le Vaudeville ne s'entend que
des airs répandus dans le public. » La notation est médio-
crement correcte; les ne sont pas toujours
syllabes
placées sous les notes qui leur conviennent. Les paroles
des couplets expriment des idées assez vulgaires; c'est la
philosophie d'Horace, reprise un ton plus bas, le plus
souvent à l'estaminet. Le thème habituel, c'est l'éloge du
vin et la supériorité de Bacchus sur les autres plaisirs,
comme dans ce couplet burlesque :
Quand on
a passé l'onde noire,
Adieu le bon vin, nos amours;
Dépêchons-nous, dépêchons-nous de boire :
en indiqueront l'esprit :
tenant les meilleures pièces qui ont été représentées aux foires
de Saint-Germain et de Saint-Laurent... par MM. Lesage
et d'ÛRNEVAL, à Paris, chez Etienne Gaveau, M.DCCXXI,
6 vol. in-12 (B. N., f. 5900), donne en appendice, pour
chaque volume, un assez grand nombre d'airs dont voici
quelques incipit pour les paroles :
cence... 2° Amoroso
; Douces larmes... 3° Chanson des grenadiers
:
; :
volume de 1782 donne quatre romances, dont 3 ont une basse chiffrée
dans la suite du recueil, les monodies ont parfois leur accompagne-
ment. Le volume de 1783 contient les Adieux de Ventre-à-terre à
Margotton sa mie, paroles de Berquin, musique de M. de Gramagnac,
La bonne fille, et J'aimai trois fois dans ma vie; celui de 1786, Le
Marché de Cythère, musique de Grétry, Le Bain, romance. A partir
de 1787, la musique est à peu près absente du recueil.
l'Encyclopédie et le Caveau ».
En 1737, quelques amis de la gaîté française et de la
chanson, Piron, Collé, Panard, Crébillon fils, Gallet, se
réunirent avec d'autres amis, pour leurs dîners du 1 er et
du 16 de chaque mois, au cabaret du Caveau, tenu par un
sieur Landelle, rue de Bussy, près du café Procope; parmi
leurs invités, il y eut des auteurs de farces et de parodies
pour le théâtre de la foire comme Fuzelier et Saur m, des
écrivains légers comme Gentil-Behnard, des personnages
et des artistes de premier ordre, tels que Crérillox père,
l'historien Duclos, l'Académicien Moncrif, le compositeur
Rameau, le peintre Boucher, le philosophe Helvétius.
Dans ces libres réunions où le culte pratique de la chanson
trouvait ses fidèles, ses chanteurs et ses compositeurs, on
était loin de s'abandonner à un épicuréisme débridé : on
voulait renouer une tradition en faisant œuvre de goût
et d'esprit. On y réussit abondamment, le génie français
ayant des ressources inépuisables pour remplir un tel pro-
gramme. De là, et des sociétés similaires qui parurent
dans la suite, sont parties quelquefois des œuvres médiocres,
des chansons qui ne battaient que dune aile, mais le plus
souvent un lyrisme franc et de bon aloi, ayant la finesse
de notre xvm e siècle. La musique, tout en restant insépa-
rable du genre, n'y joua jamais un rôle artistique; elle était
un moyen, non une fin. Habituellement, pour le compo-
siteur sérieux, les paroles sont le support et comme le
prétexte de la mélodie; ici, c'est le contraire.
Interrompues en 1742, les réunions du Caveau furent
reprises en 1762. Il y avait, sous la présidence de Cré-
billon fils, 26 convives, parmi lesquels on vit Favart,
Laujon, les Académiciens Lemierre et Colardeau, Salieiu,
Goldoni, Rochon de Chabannes, le marquis de Pezai, le cri-
tique Fréron, les poètes Delille et Dorât, Philidor, le
peintre Joseph Vernet, les abbés Voiscnon et l'Atteignant, le
cardinal de Bernis, le chevalier de Bon fllers, Parnv. En 17! Mi.
362 LES TEMPS MODERNES
Cette société, dont les statuts étaient rédigés en chansons, eut son
organe les Dîners du Vaudeville, dont le premier numéro parut en
:
D'Anacréon et de Lisbet,
Amis, fêtons le peintre aimable;
Et chantons le bonheur complet
De l'entourer à cette table.
Le Vaudeville, chevrottant,
Chanter Grétry! c'est téméraire...
Non, mes amis, c'est un enfant
Qui donne un bouquet à son père.
Bibliographie.
Aux principales sources, indiquées plus haut, pour l'étude des Brunettes
et des chansons, on peut ajouter Choix des dîners du Vaudeville, compose'
:
complété en 1848 par l'auteur, sous le titre suivant :la Clé du Caveau à
l'usage des chansonniers français et étrangers, des amateurs, auteurs,
acteurs, chefs d'orchestre, et de tous les amis du Vaudeville et de la chanson,
4 e édition contenant 2350 airs, dont 470 qui n'étaient pas dans l'édition
précédente, tels que Chœurs, Airs de facture, Airs d'entrée et de sortie,
Rondes, Rondeaux, Cavatines, Barcarolles, Ballades, Complaintes, Romances,
Contredanses, Valses, Allemandes, Anglaises, Tyroliennes, Hongroises, Polkas,
Boléros, Fandangos, Sauteuses, Galops, Canons, Nocturnes, Airs à plusieurs
voix, Airs de chasse, Carillons, Marches, Chants guerriers et nationaux, etc.
Cet ouvrage est précédé d'une notice, etc., etc., par P. Capelle, fondateur
du Caveau Moderne. Paris, Cotelle, 1848 (B. N., V, n 7 2375). L'auteur a
,
rassemblé par ordre de timbres les airs consacrés par l'usage. Les 2350
numéros sont accompagnés d'un nom de compositeur.
CHAPITRE L
L'AUBE DE LA SYMPHONIE
I Strophe et antistrophe A I
Bibliographie.
ta symphonie française vers 1150 (dans l'Année musicale, Paris, Alcan, 1912).
— HELLOUIN Gossec et la musique française ù la fin du XVIII* siècle (1903).
:
—
du crescendo (Revue S. I. M., 15 oct. 1910). K. H. Bitter : K. Ph. Em.
Bach... (1868, 2 vol.). — Hans de BiJLOw, Schletterer, Krebs, Espagne,
H. RiEMANN, ont réédité beaucoup d'œuvres de Ph. Em. Bach, et M. Wot-
QUENE a donné un catalogue thématique de ses compositions (1905). —
G. PRIEGER Fr. W. Rust, ein Vorgàuger Beethovens.
:
(avec 272 exemples musicaux dans le texte), par L. Torchi (Turin, chez
Bocca, 1901, 278 p. in-8°).
CHAPITRE LI
-8-M- o* = wp »-»-
m JJ] Jt
LA REVOLUTION FRANÇAISE ET LA MUSIQUE 391
i
ftrr y m 333
f
fy
"K JJ JJ m Mm m?
/L u r r r rr
392 LES TEMPS MODERNES
-.)'']>
S « ^s m
1
J J 1
s te* TÉ=M?
jgpêj p 0-0
m i
Teucer.
ffl'oMr rrff
Peuple français, peuple de frè.res, Peux-tu
|
'
l
J ^
j
ïi
mm lt - ri
steè
^
j
r '
r
voir sans frémir d'hor _ reur Lecrimear.
r r r Q '
'
J'
^ JQ Du
_bo _ rer les ban - nie . res carnage
f -J
J J J3I J iJ l
J- ^JW)mP5 ?
m—m '
É P
tro . ce Et d'assas . sins et de bri
F
£ -f—
p p i r p u SM
.gands Souille par son souffle fé
ro .
J^rrrm
ce Le terri, toi _re des vi _
ë=ë
vants!
m
eêNee*
Ma .
wmm
dam'Ve.to a . vait
^mi
promis de
r a -=m
faire é.gor
m
Mj 1
h . i
r
. i
J J) i
J)\ j .
A* J *J J> |
J m
a nos ca . non.niers! Dan . sons la car. ma.
m ,ï
i"f
É pM'
Jl
i
r
.sons la car. ma . g-no.le, vi.ve le son du ca . non!
table que cette application eut les effets les plus heureux.
Quand on songe aux grands compositeurs du xix e siècle
et de l'heure présentera la nature des sujets qu'ils ont
traités, à l'élargissement de leur pensée, à la haute géné-
ralisation qui caractérise leur art, — et quand on les com-
pare, d'autre part, avec tous les artistes d'avant 1789, il
(J. B. Fauchard de) Grandménil, que nous trouvons ici non sans
surprise, est pour nous un inconnu. Nous avons vainement cherché
ses titres à entrer dans un aréopage de compositeurs. Il n'est men-
tionné ni dans le Dictionnaire de Fétis, ni dans le Lexique de
M. Riemann. La B. N. (8° Yth 16 184) ne possède, signé de ce nom,
qu'un livret d'opéra-comique, le Savetier joyeux, portant la date de
1759.
l'institut et le conservatoire 493
Décrète :
gers, et de ceux à nos usages qui peuvent, par leur perfection, servir
de modèles.
XI. Cette bibliothèque est publique et ouverte à des époques fixées
par l'Institut national des sciences et des arts, qui nomme le biblio-
thécaire.
XII. Les appointements fixes de chaque inspecteur de renseigne-
ment sont établis à cinq mille livres par an; ceux du secrétaire, à
quatre mille livres ceux du bibliothécaire, à trois mille livres.
;
EXECUTION-
. ENSEIGNEMENT.
Compositeurs dirigeant l'exé- Professeurs.
cution -5 Solfège 14
Chef d'orchestre 1 Clarinette iy
Clarinettes 30 Flûte 6
Flûtes 10 Hautbois 4
Premiers Cors 6 Basson 12
Seconds Cors 6 Premier Cor 6
Bassons 18 Second Cor 6
Serpents 8 Trompette 2
Trombones 3 Trombone 1
Trompettes 4 Serpent 4
Tubae corvée 2 Buccini 1
Buccini 2 Tubie corvae 1
Timbaliers 2 Timbalier 1
Cymbaliers. 2 Violon 8
Tambours turcs 2 Basse 4
Triangles 2 Contrebasse 1
Grosses caisses 2 Clavecin 6
Non-exécutants employés à diri- Orgue 1
ger les élèves cbantant ou Vocalisation 3
exécutant dans les fêtes pu- Cbant simple 4
bliques 10 Chant déclamé 2
Ensemble 115
Accompagnement 3
Composition 7
Ensemble 115
L'Ecole royale fut organisée sur les bases suivantes. Perne était
inspecteur général des classes (en 1822, il eut Cherubini pour suc-
cesseur). Professeurs de composition Cherubini et Méhul [style ou
:
re
« Octodi 8 ventôse, l'an II (26 février 1794) : l repré-
L INSTITUT ET LE CONSERVATOIRE 437
Bibliographie.
— Ad. KoCKERT Cl. Jos. Rouget de Lisle (tiré ù part de la Sckwèiz, Mus.
:
Zeilung, 1898). —
A. Lamier Rouget de Lisle (1907).
:
CHAPITRE LUI
L'EMPIRE ET LA RESTAURATION
loiqui as voulu que Clovis, l'un des premiers rois chrétiens, fût
baptisé et sacré par l'illustre et bienheureux Rémi, fais que Rémi,
du haut des deux, soit encore notre intercesseur et le protecteur de
notre chef de l'Etat! A la fin de ce n° 2, l'autre prière à saint Rémi
est faite par le sacerdoce, les femmes et le peuple. Elle reviendra
plusieurs fois dans ces Oratorios, mais unie à d'autres sujets ainsi
qu'à deschœurs nouveaux. Il en sera de même du 1 er motif de ce
chœur des vieux guerriers, qui viendra se grouper aux chants
nouveaux des onctions du Prince, rappelant tous, dans le 3 e oratorio,
l'histoire du couronnement de Salomon.
« 3° Scène. —
Pendant les prières du sacerdoce et les chants reli-
gieux du peuple, entrée et marche sérieuse des autorités de l'Etat et
des chefs guerriers, qui vont s'asseoir à leurs places désignées à
droite et à gauche dans la nef. Durant cette cérémonie, le clergé en
prières, à genoux autour du grand Autel, et le peuple semblent
chanter le morceau d'ensemble suivant : Supplices te rogamus,
Omnipotens Deus.
« A la reprise de ce même chœur avec les paroles JE terne Pater, etc.,
au couronnement de l'empereur, entrée solennelle du Pape dans le
temple entouré des cardinaux; au sacre de Charles X, entrée de
l'archevêque accompagné des évêques, etc. Dans les deux circon-
stances, le cortège sacré traversa toute la longueur de la basilique,
depuis la porte jusqu'au chœur, et se rendit au grand autel pour
prier ensuite le Pape alla s'asseoir sur son siège pontifical et l'Arche-
;
signifie « Ah prie pour nous, Saint Rémi, dans cette fête! O Vierge
: !
sans tache » !
Urbs beata, gloriosa, Agitet diem Ixtitise '.... Ce chœur a été aussi
exécuté avec les mêmes cérémonies religieuses au sacre de S. M.
Charles X à son arrivée dans le temple, à Reims. »
avec ce titre Messa per la Real Cappella délie Tuilerie (sic), a sua
:
Deux Journées, où Ton reconnaît son talent supérieur; niais cet opéra
ne paraît pas au jury devoir remporter sur celui de Joseph, de
M. Méhul, lequel offre une musique savante et sensible, une expres-
sion toujours vraie, variée suivant les sujets, tantôt noble ou simple,
tantôt religieuse ou mélancolique.
« Le jury présente l'opéra de Joseph comme l'opéra-comique le plus
digne du prix.
« Il demande en même temps une mention très honorable pour
l'opéra des Deux Journées, par M. Cherubini, et pour celui de l'Au-
berge de Bagnères, par M. Catel, ouvrage remarquable par l'élégance
du style et une originalité piquante modérée par le goût. »
En 1815, passant par Vienne à son retonr de Rome, Hérold notait
les impressions suivantes « Je sors du Karntnerlhor, où j'ai été
:
comble à sept, ce qui n'arrive pas souvent. Presque tous les mor-
ceaux ont été applaudis avec enthousiasme, et le duo de Jacob et de
Benjamin, qui fait peu d'effet à Paris, a été chanté deux fois ce soir.
« Il est vrai que l'orchestre et les acteurs y mettent tous leurs
soins; on voit qu'ils ont un vrai plaisir à exécuter ce bel ouvrage.
M. Salieri, qui ne l'avait vu qu'une fois il y a quatre ans, en a été
content et m'a bien félicité d être l'élève de l'auteur. Ah !serai-je
jamais digne de mon maître?... » Quelques jours plus tard, Hérold
retourne voir Joseph, et il en parle ainsi : « Que M. Méhul est
heureux sans s'en douter! Son Joseph fait fureur en ce moment. Ce
soir, je voyais à côté de moi (car les femmes vont ici au parterre,
comme en Italie), ce soir donc, je voyais autour de moi une foule de
jeunes et jolies femmes qui se disaient à chaque instant Oh ! le beau
:
enthousiaste :
que Jacob et ses fils, et nous montre la vie rustique dont la sérénité
contraste avec la passion des caractères qu'il fait vivre adroitement
dans ce milieu. —Bien que dans un tout autre genre, avec un coloris
différent, l'auditeur attentif ne pourra méconnaître combien ce com-
positeur reste fidèle à lui-même et personnel. » (Weber, Ausg. Schr.)
partis dont ils sont tour à tour l'idole ou la victime, pourquoi les
compositeurs gardent-ils le silence? Ne sont-ils pas dépositaires de
leur art? N'en doivent-ils pas le tribut? Lorsque l'opinion les place
à une certaine hauteur, c'est pour être dirigée par eux et les rendre
responsables des progrès de l'erreur. Attendront-ils pour élever la
voix, que tous les genres, confondus par l'ignorance, aient rompu le
goût et précipité l'art dans le chaos des systèmes? Je suis loin
d'exiger qu'ils consacrent entièrement leurs veilles à neutraliser par
leurs écrits l'influence du mauvais goût et les caprices de la mode. Le
bien faire est préférable au bien dire, et une bonne partition prouvera
toujours plus que de bons préceptes. Cependant, je voudrais que
lorsqu'un ouvrage est destiné à voir le jour, il fût toujours accom-
pagné d'un examen dans lequel les compositeurs rendraient un compte
détaillé de leurs intentions, des moyens qu'ils ont employés pour les
exprimer, des principes qui les ont dirigés, des règles qu'ils ont
suivies, et des convenances qu'ils ont dû observer par rapport au genre
qu'ils ont traité. De pareils écrits formeraient à la fois une poétique
musicale, etc. » (Mkhul, préface d'Ariodant.)
pas peur! mes pizzicati valent plus que toutes vos fugues ! »
'
tion fournie par le roi était de 600 831 fr. Mais cet équilibre ne dura
pas longtemps. En 1829, pour combler le déficit, le Ministre de
l'Intérieur dut contribuer. Quant à la difficulté d'alimenter le réper-
toire par des ouvrages nouveaux, Choron la signalait ainsi (4 jan-
vier 1817) « M. Cherubini n'a jamais pu obtenir de succès; il est
:
l'Opéra cela est bien connu. M. Nicolo ne veut rien donner avant la
:
« L'Opéra est dans une langueur réelle avec les apparences du mou-
vement )>. »
Bibliographie.
Ignaz Franz von Mosel Ueber das Leben und die Wcrke des Anton
:
(t. v).— W. Altmann Spontini an der Iierliner Oper (dans les Sammelb.
:
de Cherubini (Paris, in-8°, 1842; ibid. 4255). HalÉvy Eludes sur Che- — :
rubini (1845). —
Kretzschmar Ueber die Bedeutung von Cherubinïs
:
os er er
(Bévue musicale, n des 1 mai, 1 août, 1 er et 15 déc. 1908).
Bibliothèque musicale du théâtre de VOpéra. Catalogue historique et anec-
dotique, par Th. DE Lajarte (Jouaust, i vol., 1878). Cet ouvrage est le —
résultat de la mise en ordre et du classement des archives de l'Opéra dont
M. de Lajarte avait été officiellement chargé par M. de Chennevières, direc-
teur des Beaux-Arts. Ce ne fut pas un médiocre travail que l'inventaire de
toutes ces richesses: il y régnait une grande confusion, car autrefois il n'y
avait pas de bibliothécaire le copiste du théâtre, qui était d'ailleurs un
:
possédant tout leur matériel d'exécution; 106 ballets avec leurs parties
séparées; 184 partitions sans parties d'orchestre, plus un certain nombre
de liasses d'airs de ballets détachés. Dans son catalogue imprimé, il a
classé toutes ces œuvres par ordre chronologique, en consacrant à chacune
d'elles une substantielle notice où il donne la date de la première représen-
tation et celle des reprises les plus importantes, la distribution des rôles,
et une brève caractéristique avec quelques anecdotes. Son catalogue n'est
pas une simple nomenclature. On y trouve une véritable histoire de l'opéra
français, que l'auteur divise en six périodes :
En Allemagne, — —
la musique de
Gluck excepté,
théâtre jusqu'en 1787, que des œuvres
n'avait produit,
médiocres, dont quelques-unes eurent beaucoup de succès
en leur temps, mais sans rien de durable. Le génie de la
race semblait peu doué pour ce genre d'art et, en général,
pour le drame. Bourgeois et pot-au-feu {philisterhaft und
hausbacken, dit un historien), le public était loin d'offrir,
pour une rupture avec l'italianisme, un terrain favorable
comme celui que l'auteur à' Orphée et d'Alceste avait
trouvé à Paris, auprès d'amateurs passionnés pour les
querelles esthétiques. Hasse, que Krause surnomme le
Corrège de la musique religieuse', Naumann (1741-1801),
fêté à Copenhague, à Berlin, à Dresde, écrivirent leurs
meilleurs ouvrages pour l'Eglise. Graux ne composa que
des opéras italiens et Telemaxx, à Hambourg, ne sut pas
;
trino !
plus beau que Figaro mais ce n'est pas un mets pour les
:
mâcher ! »
Mozart Beethoven comme musicien de
est supérieur à
la IX
e
théâtre. Mieux que l'auteur deSymphonie et de
Fidelio, il sut d'abord écrire pour les voix, sans les traiter
jamais comme des instruments, et donner à la mélodie
cette souplesse aisée, cette spontanéité que réclame le
mouvement même de l'action et de la vie. En second lieu,
son merveilleux instinct et son étonnant esprit d'assimi-
lation lui permirent d'arriver, au théâtre comme partout, à
une étincelante maîtrise. Grâce à ces deux sortes de
qualités, il réunit la grâce du génie italien et la puissance
du génie allemand. Historiquement, fut-il le continuateur
de Gluck, et peut-on dire qu'avec lui l'opéra ait encore fait
des progrès dans cette conquête de la « vérité » qui, à
chaque étape de son évolution, apparaît comme un but
LES CHEFS-D ŒUVRE DU THEATRE ALLEMAND 463
vite que l'opéra était animé d'un tout autre esprit que la
comédie. Don Giovanni, il dissoluto punito, est un scélérat;
peut-on dire que Mozart, malgré la pathétique scène finale
de son poème, l'ait conçu comme tel? Ne mériterait-il pas
qu'on renouvelât contre lui le reproche adressé par
J.-J. Rousseau à Molière, « d'avoir rendu le vice aimable »?
Le type que les fines élégances de la musique imposent à
notre imagination et qu'elles ont rendu populaire n'est-il
pas très différent du type réel? Gounod a dit que « dès le
début de l'Ouverture, les premiers accords si puissants, si
solennels, établissent de suite la majestueuse et redoutable
autorité de la justice divine, vengeresse du crime ». La
remarque est ingénieuse, peut-être exacte; mais elle est
insuffisante. Un exemple décisif montre bien le parti pris
de tout idéaliser par la magie du langage mélodique c'est :
L'opéra de Don Juan était vanté depuis trop longtemps pour qu'on
ne s'en fût pas promis au delà de ce qu'il a tenu. Cependant ce qu'il
a tenu suffit pour assurer un succès. La musique n'a pas toujours
répondu à l'idée qu'on s'est faite en France du talent extraordinaire
de Mozart...
[Gazette de France, n° complémentaire du 13-20 sept. 1805.)
En général, cet opéra est digne de son célèbre auteur. Mozart n'a
point un caractère particulier de composition; rien de plus souple
que son génie, suave, gracieux, exquis dans le cantabile, plein de
verve, de mouvement, et l'on peut dire d'effervescence dans le dra-
matique; il unit à la mélodie enchanteresse des Italiens toute la
fougue d'harmonie qui distingue l'école allemande, et il ne le cède
même pas aux compositeurs français pour l'intelligence de la scène.
C'est le Protée de la musique.
(Journal de Paris, 18 septembre 1805.)
[Don Juan est] un des opéras les plus célèbres de Mozart, une
composition grande, riche, très dramatique et très variée, d'une
facture harmonieuse et savante et d'une expression toujours sou-
tenue...
(Le Moniteur Universel, 19 septembre 1805.)
n'a point de grand opéra digne d'être mis à côté dOEdipe à Colone
et des excellentes compositions de Gluck et de Piccini mais il a cet
;
qu'il faut s'en prendre. Un journaliste a dit que cette musique rappe-
lait la fable des bâtons flottant sur Vonde; c'est condamner bien
vite un ouvrage qui, depuis tant d'années, fait l'admiration de l'Alle-
magne et de l'Italie, et en France de tous les amateurs qui en ont
étudié la partition; mais cette musique a besoin d'être chantée avec
beaucoup d'ensemble, d'expression et d'énergie, et elle n'est pas
d'ailleurs assez simple pour être bien sentie à une première repré-
sentation... S'il faut en croire d'habiles artistes qui l'ont souvent
entendue en Allemagne, elle a été bien maltraitée par M. Kalkbrenner.
Les mouvements ont été fréquemment altérés; on a tronqué des
morceaux; on a fait chanter au valet des airs qui appartiennent au
maître; enfin, et c'est ce qu'il y a de plus fâcheux, on a surchargé les
accompagnements de trombones qui ne sont pas dans la partition,
et qui ne laissent plus sentir la grâce, la linesse et la délicatesse
des détails.
(Le Publiciste, 19 septembre 1805.)
Assez ordinairement les objets vantés avec éclat perdent à être vus
de près. Est-ce là le motif pour lequel Don Juan, prôné en Alle-
magne comme un chef-d'œuvre... n'a pas produit sur les amateurs qui
s'étaient portés en foule à l'Opéra l'enthousiasme auquel ils parais-
saient disposés, ou est-ce parce qu'on ne peut pas juger parfaitement
du mérite d'une semblable musique sur une seule représentation?
C'est ce que le temps décidera.
Cette composition offre sans doute de grandes beautés, mais ce
sont des beautés de détail, et on n'y aperçoit pas un plan fortement
conçu, dans lequel tout se rapporte à une idée principale. L'ouver-
ture est longue et n'a pas un caractère très prononcé...
(Journal du commerce, 19 septembre 1805.)
sont fort agréables, mais plusieurs autres sont mal placés, nuisent à
la vivacité des scènes.
(Le Courrier français, 20 août 1827.)
1
LES CHEFS-D'OEUVRE DU THEATRE ALLEMAND 475
•
Le sous-titre « opéra romantique » convient bien au
Freïsckutz, mais caractérise de façon vague et insuffisante
aussi bien le livret que la musique. Le romantisme du
livret ne ressemble pas à celui d'un Calderon, d'un Shakes-
peare, d'un Hugo, d'un Byron ou d'un Schiller. Il fait, il
est vrai, du diable (Samiel) le conducteur de l'action; il
présente un personnage (Kaspar) qui, engagé à se donner
au diable, cherche et trouve un remplaçant (Max); il
évoque les légendes dont l'imagination allemande a peuplé
le mystère de la forêt; et il n'a pas eu, dans la suite, de
forme plus authentique et plus saisissante que cette scène
de la fonte des balles ensorcelées dans une gorge sauvage,
a minuit, au milieu d'apparitions fantastiques. Mais un tel
romantisme a ceci de particulier, dont les représentations
à l'Opéra ne donnent aucune idée il est simple, fami-
:
Bibliographie.
—
Fidelio, 1 vol., 283 p. (Paris, Fischbacher, 1913). H. Berlioz A travers
:
Le chef-d'œuvre de Le Barbier. Le
cette période est
sujet était fort à la mode depuis comédie de Beaumar-
la
chais (1775), traduite et arrangée en plusieurs langues.
Parmi ceux qui en avaient déjà tiré un opéra, il y avait un
compositeur célèbre, applaudi, aimé entre tous Paisiello; :
« Segui o caro, deh! Segui cosi ». Les Romains, qui m'avaient tou-
ROSSINI ET SON TEMPS 487
dirent...
« A troisième représentation le succès grandit encore...
la
« Quant à moi, j'ai joué le rôle de Rosine à Rome, à Gênes, à
Bologne, à Florence avec le plus grand succès...
(Extrait de la brochure : Cenni di una donna giâ contante sopra il
maestro Rossini, in risposta a ciô che ne scrisse nell'estale del
l'anno 1822 il giornalista inglese in Parigi, e fu riportato in una
gazzeta di Milano dello stesso anno. —
Bologne, 1823. La donna
Buteur de celle lettre, est Mme Giorgi-Righetti, pour qui Rossini
écrivit le rôle de Rosine dans le Barhiere.)
488 LES TEMPS MODERNES
accord, que, dans cet ouvrage, le compositeur s'est copié trop sou-
vent lui-même.
Article premier. —
Il s'engage à composer un grand opéra français
en trois, quatre ou cinq actes, qui devra remplir, seul, toute la durée
du spectacle. Il s'engage également à composer un opéra italien,
semi-seria ou buffa en deux actes.
Art. 2. —Le sieur Rossini sera libre de choisir le poème français
en s'entendant, à cet égard, avec l'administration, mais il ne pourra
s'occuper de le mettre en musique, qu'après que l'ouvrage aura été
soumis au jury littéraire, et adopté dans une de ses séances, suivant
ROSSINI ET SON TEMPS 493
1° D'un opéra italien qui n'aura pas encore été représenté à Paris.
L'ouvrage, par la nature de ses décorations, divertissements et
accessoires, sera monté de manière à pouvoir être joué à Louvois,
pour y faire partie de son répertoire, et conséquemment, la dépense
qu'il exigera se fera dans les proportions établies pour les pièces
jouées jusqu'à présent à ce théâtre.
2° D'un ballet que le bénéficiaire choisira dans le répertoire
courant de l'Académie Royale de Musique.
Art. 8. —
La durée du présent traité est d'une année, qui commen-
cera dans le mois de juillet 1824, dans le courant duquel mois le
494 LES TEMPS MODERNES
Article premier. —
Le sieur Rossini sera chargé de diriger la
musique et la scène du Théâtre Royal Italien. Il aura, en conséquence,
autorité sur tous les sujets de la scène et de l'orchestre, et pendant
la durée des représentations il commandera à tous les fonctionnaires
et employés de l'établissement.
Art. 2. —
Le sieur Rossini prendra le titre de directeur de la
musique et de la scène du Théâtre Royal Italien et son traitement,
en cette qualité, sera fixé à vingt mille francs par an; il lui sera, en
outre, et pendant la durée de ses fonctions, accordé un logement dans
les bâtiments dépendant du département des Beaux-Arts. Cette clause
devra être exécutée avant l'expiration d'une année, à compter de ce
jour.
Art. 3. —
L'administration du Théâtre Italien continuant d'être
réunie à celle de l'Opéra Français, les dispositions administratives
concernant la police, le matériel et la comptabilité continueront à
s'effectuer comme il a été fait jusqu'à ce jour, et sous l'autorité admi-
nistrative de l'Académie Royale de Musique.
Art. 4. —
Le sieur Rossini s'engage en outre à composer les
ouvrages qui lui seraient demandés, soit pour l'Opéra Italien, soit
pour l'Opéra Français, à raison de cinq mille francs pour ceux en un
acte et dix mille francs pour ceux en plusieurs actes; lesquelles
ROSSINI ET SON TEMPS 495
réception qui lui a été faite que les Parisiens le revoyaient toujours
avec plaisir. Au total, le succès du Barbier de Rossini est de nature
à doubler celui de YAgnese.
[Gazette de France, 28 octobre 1819.)
(UAgnese mentionnée ici est Topera de Paër joué d'abord à Parme
en 1810, puis au Théâtre Italien de Paris.)
Plus fidèle que l'Italie à ses vieilles admirations, on peut déjà, sur
l'effetde cette première représentation, assurer que la France ne
mettra pas, comme le fait, dit-on, la première, les deux Barbiers à
peu près sur la même ligne, et que la suave mélodie de l'un des
chefs-d'œuvre de Paisiello sera toujours chez nous bien au-dessus
du brillante del signor Rossini, de ce qu'on pourrait nommer les
concetti de la musique italienne du jour.
Le souvenir d'un admirable ouvrage ne doit pas cependant nous
rendre injustes envers un opéra qui offre de belles parties et qui
peut varier agréablement le répertoire de notre Théâtre Italien. Il
faut que l'on sache d'ailleurs que le signor Rossini, voulant lui-même
esquiver quelques-uns des dangers de la comparaison, n'a point com-
posé sa partition sur le poème qui avait reçu l'empreinte du génie de
Paisiello. Par un trait d'adroite modestie, il a même fait supprimer,
dans le canevas qu'il a commandé à son poète habituel, la romance si
connue Je suis Lindor, sur laquelle le grand compositeur qui l'avait
:
Le respect que nous avons pour les ouvrages des grands maîtres
a livré à un ridicule ineffaçable ceux qui ont essayé de les refaire.
cette conduite est prudente, car, toutes les fois que la rencontre a
eu lieu, Paisiello est resté maître du champ de bataille. L'ouverture
n'a rien de commun avec l'ancienne; si, comme on l'assure, elle n'a
pas été faite pour Le Barbier de Séville, il était difficile de l'appli-
quer plus convenablement. Ce n'est plus Figaro qui ouvre la scène,
c'est le comte Almaviva, accompagné de nombreux musiciens, qui
donne une sérénade à sa maîtresse. La romance est supprimée; c'est
un accompagnement de guitare d'un effet très piquant qui la remplace.
A l'admirable trio qui terminait la scène du soldat, M. Rossini a
substitué un finale d'une harmonie forte et savante, qui rappelle
quelquefois le finale des Nozze di Figaro, mais qui ne dédommagera
jamais les connaisseurs du trio de Paisiello, l'un des morceaux les
plus délicieux de la musique italienne.
En général, le premier acte a produit de l'effet; on y trouve deux
duos fort agréables, et qui l'auraient paru davantage s'ils eussent été
plus courts. La cavatine de Figaro, parfaitement exécutée par Pelle-
grini, est d'une facture trop pénible et trop tourmentée, et l'air de
Basile, la Calumnia e un venticello, ne peut soutenir la comparaison
avec le même air de Paisiello.
Le second acte a été moins heureux que le premier: l'entrée de
don Alonzo, si charmante dans l'ancien Barbier, est faible dans la
nouvelle partition, et la leçon de musique est remplie par un air
d'une mélodie commune, mais varié avec habileté. Je serais fort sur-
pris s'il était de Rossini.
Je n'ai pas la prétention d'avoir pu juger dans une seule soirée
une partition aussi importante que celle de M. Rossini. Je rends
compte de la première impression. On annonce incessamment Le
Barbier, de Paisiello; je suppose que le goût présidera à cette
reprise, que le récitatif sera abrégé, que, par suite, les airs seront
rapprochés. Si cette opération est faite avec intelligence, le triomphe
de Paisiello sur son concurrent en deviendra non pas plus assuré,
mais plus éclatant. Heureusement M. Rossini, pour se consoler de sa
défaite, pourra se dire à lui-même ce qu'Enée dit à Turnus :
mier; il n'y a rien d'aussi saillant que le duo dont j'ai parlé, mais les
oreilles y sont un peu moins violemment attaquées, et l'on y a
remarqué un trio et un quatuor fort harmonieux.
... Cette composition ma paru faible, incohérente, sans caractère,
sans unité...
(La Renommée, 28 octobre 1819.)
quel métallo, etc.. Le beau final du premier acte a été exécuté avec
beaucoup d'ensemble.
Le deuxième acte devait souffrir d'un tel voisinage, et l'air si
connu de la Biondina, que M
me Ronzi a substitué, on ne sait pour-
quoi, à un air de scène composé pour la situation, n'était guère
propre à soutenir l'admiration. Un trio entre le Comte, Figaro et
Rosine a cependant mérité encore des suffrages. Il serait superflu
ROSSINI ET SON TEMPS 501
maître qui écrit en poste, il est bon qu'on sache qu'il n'a pas fait
d'ouverture pour Le Barbier de Séville et qu'avant cet opéra-comique
on exécute l'ouverture d'Elisabeth, tragédie lyrique, qui sert encore
à l'opéra à'Aureliano.
... Il est impossible de ne pas reconnaître dans celte composition
voudrez des paroles, mais n'oubliez pas surtout de vous faire applaudir
pour les traits amusants et les entrechats mélodiques. » Qui lui eût
mieux obéi que les chanteurs? — Aux instrumentistes qui, autrefois,
accompagner aussi intelligemment que possible les
étaient dressés à
phrases pathétiques du chant, par un jeu d'ensemble bien concerté, il
R0SS1NI ET SON TEMPS 505
dit: «Ne vous faites pas de bile, mais n'oubliez pas surtout que, là où
j'en aidonné l'occasion à Vun de vous, il vous appartient de vous faire
applaudir pour votre habileté personnelle. » Qui l'eût remercié plus
chaleureusement que les instrumentistes? —
Au librettiste qui,
auparavant, suait sang et eau, sous les ordres perplexes, capricieux
et confus du compositeur, il dit : « Ami, agis à ton gré ; je n'ai plus
du tout besoin de toi ». Qui donc lui eût été plus obligé que le libret-
tiste, ainsi débarrassé d'une tâche ingrate?
Qui fut, avec autant de puissance, aussi complaisant que Rossini?
— Savait-il que le public de telle ville écoutait avec une bienveillance
particulière les roulades des chanteurs, que celui de telle autre pré-
férait, au contraire, le chant langoureux? il ne donnait, pour la pre-
mière ville, que des roulades à ses chanteurs, et pour la seconde,
que du chant langoureux. Savait-il qu'ici, on aimait le tambour dans
l'orchestre? il faisait immédiatement commencer l'ouverture d'un
opéra pastoral par un roulement de tambour lui avait-on dit que là,
;
Bibliographie.
JOSEPH HAYDN
Vivace
m^ TO|
§gj^ ^££ HÉÉ
J>
iffl^
wm
m m Hé £^##
> •, r 1^7/^1
S
Uji&J =jE
518 LES TEMPS MODERNES
Sî^É
Adagio
mm
Cette phrase légère et sautillante, jouée mezza voce,
(Sonate II)ressemble plus à un jeu de grâce, a un Scherzo,
qu'à un chant où s'exprime l'émotion. Nous en sommes
encore à la musique de clavecin, où il fallait multiplier
les notes et les « agréments » pour combler les vides de
la sonorité. Au point de vue de la construction, les mou-
vements lents sont divers. L'Adagio de la sonate XXV,
l'Andante de la sonate XXX, ont le même plan que l'allégro
classique. Le Larghetto de la sonate XXXI (composé de
deux parties à peu près égales dont la première va du ton
de fa naturel mineur au ton parallèle de la bémol majeur,
tandis que la seconde, construite sur les mêmes motifs,
s'étend sur plusieurs tonalités apparentées), a la forme du
lied à deux parties. L'Adagio de la sonate I a trois parties:
été dépassées.
Lentement, non sans quelque hésitation, Haydn s'est élevé
du quatuor et de la sonate à la symphonie. Il y fut comme
porté par les circonstances, lorsqu'il trouva chez le comte
Morzin en 1759, puis chez le prince Esterhazy en 1760, un
petit orchestre de choix à sa disposition. L'organe créa la
fonction. En principe le quatuor appartient à la musique
de chambre, et la symphonie à la musique de concert ;
l'un est fait pour une société d'élite réunie dans un salon,
l'aiitre pour le « public » mais cette limite fut inconnue
;
Le D Kuhac
c
n'a-t-il pas un peu cédé aux suggestions
d'un nationalisme très honorable? Sa manière de voir nous
paraît exagérer l'importance de quelques détails et géné-
raliser abusivement un petit nombre de cas particuliers.
524 LES TEMPS MODERNES
(dans le Quam
olim Abrahœ de son Requiem). Beethoven,
dans la « Scène au bord du ruisseau » de sa 6 e sym-
phonie, s'est souvenu du premier chœur des Saisons.
Les innovations de Haydn nous paraissent, à distance,
peu de chose mais la grâce et la limpidité de son art ont
;
Bibliographie.
G. F. Pohl
Joseph Haydn, 2 vol. (Leipzig, 1878, 1882).
: —
A. Sand-
Zur Geschichle der Haydn s quarletts (dans V Altbayerische Monal-
1
BERGER :
(Zagreb, 1881). —
Hadow A croatian composer (Londres, 1897), et le vol. V
:
MOZART
l'installation à Vienne. —
La vie de Salzbourg. Mozart au service du—
prince-archevêque. —
Mannheim et Paris. —
Le retour à Salzbourg. —
Troisième période (1781-1791) de l'installation à Vienne jusqu à la mort.
:
déjà un maître.
Wolfgang Amadels Mozart naquit à Salzbourg (Autriche)
le 27 janvier 1756. Son père, Léopold Mozart, était maître
lui de cinq ans, était déjà une petite virtuose; son père,
solide musicien et auteur d'une excellente Ecole du violon,
s'était consacré avec passion à l'éducation musicale de ses
deux enfants; enfin, la ville entière de Salzbourg reten-
tissait nuit et jour de musiques de toutes sortes musique :
Les meilleurs et les plus vrais amis sont les pauvres. Les
riches ne savent rien de l'amitié (7 août 1778). Ami!... —
J'appelle seulement ami celui qui, en que/que situation que
53G LES TEMPS MODERNES
voix.
Les Liederde Mozart sont très inégaux en importance et
en valeur musicale. Bon nombre d'entre eux ne sont que
de brèves chansons, d'ailleurs charmantes, dont la musique
n'est écrite que pour le premier couplet. Pendant la
plus grande partie de sa vie, selon l'usage de la plupart
des contemporains (Joseph Haydn, Emmanuel Bach ou
Hiller), il les disposa sur deux lignes seulement, l'une
pour le chant, l'autre pour la basse, dont le claveciniste
devait réaliser l'harmonie. Certains Lieder au contraire,
en trop petit nombre, ont leur musique écrite d'un bout à
l'autre et atteignent parfois à l'expression touchante du
grand Lied allemand de la période romantique. Ces der-
niers ont été presque tous composés en 1787, à l'époque
de Don Juan et à la veille des grandes symphonies. De ce
5 42 LES TEMPS MODERNES
Bibliographie.
1801. —Curzon (Henri de) Lettres de W.-A. Mozart; trad. avec une
:
deus Mozart, sein Leben und seine Werke, Vienne, 1897. KoECHEL (Ludwig —
von) Chronologisch-Themalisches V erzeichnis Leipzig, Breitkopf et Hiirtel,
: ,
1862. —
NiSSEN (G.-N. von) W.-A. Mozart's Biographie, Leipzig, 1828.
:
—
Nohl (Ludwig) Mozarfs Leben, 3° éd. revue par le d r Paul Sakolowski,
:
Berlin, 1906. —
OULIBICHEFF (Alex.) Nouvelle biographie de Mozart,
:
Moscou, 1843. —
ScHLiCHTEGROLL (Fr.-G.) Mozart' s Leben, Gràtz, 1794.
:
—
SoviNSKI (Albert) Histoire de W.-A. Mozart, sa vie et son œuvre, d'après
:
— Wyzewa (T. de) et Saint-Foix (G. de) W.-A. Mozart, sa vie musicale
:
opinion sur son propre style et sur italien. — Jugement sur J.-S.
l'art
Bach.
Avec Karl Maria, Vogler eut deux autres élèves, dont l'un
devait être aussi célèbre que l'auteur du Freischiitz, et d'un
génie fort différent Meyehbeer et Gensbacher. Ses élèves
:
A Stuttgart, Weber
avait été l'amant d'une actrice, Mar-
guérite Lang; Prague, il s'éprit de la danseuse Thé-
à
«... C'est donc un devoir, même pour ceux qui sont chargés de
metlre en valeur le trésor artistique commun qu'on leur a confié, de
dire au public ce qu'il peut attendre et espérer, et jusqu'à quel point
on peut compter sur son bienveillant accueil et son indulgence.
...Les manifestations artistiques de toutes les autres nations se
((
sont produites de tout temps avec plus de décision que celles des
Allemands, surtout à un certain point de vue. L'Italien et le Français
se sont donné une forme d'opéra dans laquelle ils se meuvent avec
succès. Il n'en est pas de même de l'Allemand. C'est une particularité
de l'Allemand de rechercher curieusement les qualités où les autres
excellent et de se les assimiler en s'efforçant sans cesse de les
porter plus haut mais il donne à tout plus de profondeur. Là où les
;
Weber a écrit sur J.-S. Bach une page qui mérite l'atten-
tion; il est curieux de l'entendre parler de romantisme
quand il apprécie le plus grand des classiques :
autre époque.
« L'œuvre de S. Bach avait, malgré sa rigueur, un caractère en
quelque sorte romantique d'une essence vraiment allemande, peut-
être par contraste avec la grandeur plutôt antique de Haendel. Son
style grandiose, sublime, splendide, cherchait ses efîets dans les
entrelacements les plus adroits du contrepoint, incomparable dans
l'enchaînement des thèmes, créant ainsi des rythmes étranges... Son
génie a construit une véritable cathédrale gothique pour la religion
de l'art, où tous les esprits de moindre envergure qui l'ont précédé
ont sombré dans le triomphe exclusif de l'habileté, dans la sécheresse,
et ont cherché, sans naturellement la trouver, la vie intime de l'art
uniquement dans la forme.
Bibliographie.
Carolina (1886). —
Georc. Kaiser Sâmtliche Schriften von Kart Maria v«n
:
Weber (1908). —
H. GeHRMANN Karl Maria von Weber (1899, dans la
:
sur son lit de mort fut celui de Beethoven (ce qui fit conjec-
turer qu'il voulait être inhumé près de lui). Il a rendu
hommage à Rossini, sans approuver d'ailleurs les « galo-
pades » du chant italien qu'il n'employa jamais dans ses
Lieder. Il était religieux, mais sans bigotisme et d'instinct :
honte? Linz est sans toi comme un corps sans âme, un cava-
lier sans tête, une soupe sans sel. Si le garde-chasse n'avait
pas d'excellente bière, et si au Schossberg je ne trouvais
un vin passable, il ne me resterait qu'à me pendre. » Ce
musicien-né, d'une sérénité si aimable, connut la soufffrance
et la détresse mais ses œuvres n'en donnent pas la moindre
;
P-
-# P^
—f-
&^-
:zf:
* "
:=V'-
8
* 1*
L
mmMm
-o- R
.
LE ROMANTISME : FRANZ SCHURERT :»69
m
w
l|>
fr * r crpr
'K l
,
,! ,
Iff^f fP g mm Ï*^ + * +
m SS^
tir e/r.
mte^ i tf?
P Y f
J i ?^
1
570 LES TEMPS MODERNES
Bibliographie.
ou deux ans.
Il apprit de bonne heure le violon et l'alto (avec Rovax-
qu'eux-mêmes. —
Mais dans Tes yeux je veux rester grand divi- —
nement béni et grand par conséquent, si immérité même que puisse
être le don gracieux de ton affection. — D'une autre condition
[qu'eux], environné de fonctionnaires qui abaissent en quelque sorte
leurs regards sur moi, je suis doublement obligé de montrer ce que
je puis et représente dans le royaume de l'Art. —
Un généralissime
est ton Ludwig —
aussi bien né que quiconque —
Ah! si-je pouvais
te dire en musique combien Tu es Tout pour moi — ce me serait
plus facile. — Un thème [qui n'est] pas mal m'est venu [à l'esprit] et
commence ainsi :
.lein,
. Le. oui!
Mais les paroles qui sont au-dessus, je dois les taire, quand je
voudrais les crier de joie. —
Je T'ai donné mon portrait, et Tu vois
la laide enveloppe de l'âme qui T'appartient dans les heures d'isole-
ment. — Je ne possède pas Ton image, et cependant je Te vois — —
mon oreille fait raisonner Ta voix, et souvent je me demande si c'est
un rêve —
ou si c'est une réalité? —
Ah! puisse cela être bientôt
vrai, aussi vrai que T'aime très fidèlement
Ton abandonné d'une Déesse,
Ludwig.
avec les deux mains; il resta ainsi jusqu'à l'heure du repas. A table,
il ne fut pas possible d'en tirer une parole; il conservait l'expression
trios; l'op. 9, trois trios à cordes; les op. 2, 10, 14, 31,
chacun trois sonates pour piano; l'op. 5, deux sonates pour
violoncelle; les op. 12 et 30, trois sonates pour violon;
l'op. 18, six quatuors; l'op. 59, trois quatuors; l'op. 70.
deux trios. L'édition critique qui en a été donnée à Leipzig,
de 1864 1887 (avec supplément en 1888), sous la direc-
à
tion de Rietz, Nottebohm, Reinecke, David, Hauptmann,
comprend trente volumes. Comme quantité, c'est une pro-
duction moyenne. Bien qu'il leur fût supérieur par la
richesse foncière, et, si l'on peut dire, par la qualité sub-
stantielle du génie, Beethoven est très différent de ces
intarissables créateurs d'arabesques musicales, vrais déco-
rateurs sonores, qui s'appellent Lassus, Hœndel, Scarlatti,
Haydn, Mozart. Sa méthode de travail et la nature de sa
pensée d'artiste ne permettent pas de le classer parmi les
écrivains « faciles », bien qu'il appartienne à cette caté-
gorie par ses premiers ouvrages. Quels sont les caractères
généraux de ses compositions?
D'après l'opinion célèbre émise en 1852-55 par le cri-
tique russe Wilhelm Lenz, Beethoven aurait eu « trois
styles » et parcouru trois phases d'évolution. La première
irait des trois sonatines de 1784 à la Symphonie héroïque
(1803-4), à l'admirable sonate en ré mineur, op. 31, n° 2,
sorte de Fantaisie et d' « Appassionata » dont l'adagio a
une poésie sublime, et dont l'allégretto final semble imiter
le galop ailé d'un Pégase de rêve... ;
—
la seconde irait de
BEETHOVEN. LE MUSICIEN 595
;
—
troisième s'étendrait aux chefs-d'œuvre ultérieurs, enve-
loppant ces compositions que M. W.-II. IIauoyv compare
au second Faust de Gœthe et qui, d'après lui, sont « la
musique du monde la plus difficile à comprendre ». Cette
division vient d'un principe qui n'est pas applicable seule-
ment à Beethoven, mais à tous les artistes. Elle est admis-
sible,pourvu qu'on n'en fasse pas une formule pédantesque
et qu'en traçant les limites on estompe au lieu de graver.
Comme Bach, Beethoven eut une faculté de création prodi-
gieusement diverse. Il a certainement évolué. Son imagi-
nation a pu être comparée à celle de Shakespeare. Ce n'est
pas « trois styles » qu'il a eus; c'est dix, vingt; mais tous,
sauf quelques exceptions qu'il est malaisé d'expliquer, ont
quelques caractères communs.
I. —
Le premier et le plus général est déterminé par un
fait qu'il importe de mettre en lumière pour le plus grand
de la IX
e
—
supposent le même état d'esprit musical;
pour juger chacune d'elles, il faut voir l'ensemble, ne pas
être dupe d'un artifice de composition, et, en appréciant
un mouvement, tenir compte de celui epui suit. Le finale
de la symphonie III débute par un dialogue entre le pizzi-
cato des cordes et l'harmonie, qui, avec son air entendu et
cachotier, comiquement mystérieux, serait bien à sa place
dans un opéra-bouffe. L'effet comique se renouvelle par
voie de contraste et de jeu lorsque le thème est repris en
notes blanches par le second violon, soutenu par les croches
du violoncelle, personnage bonhomme qui semble dire « Je :
hauteurs de mon
ancien bonheur", une vision du crépuscule,
et tout à coup le lien de la naissance (la Nuit originelle)
remplaça les chaînes de la lumière. C'est là que je m'en-
fuis loin de la magnificence terrestre, et nous mêlâmes
nos tristesses dans un nouveau, dans un impénétrable
monde. Toi, inspiration de la nuit, apaisement du ciel, tu
descendis sur moi. Le pays s'élevait; au-dessus du pays
planait mon esprit délivré et nouveau-né. La colline se
changea en un nuage de poussière; à travers le nuage je
vis les traits radieux de la bien-aimée. Dans ses yeux
reposait l'éternité; je prenais ses mains, et les larmes for-
maient entre nous un étincelant, un indestructible lien.
Les milliers d'années disparaissaient dans le lointain
comme des orages. A son cou, je pleurais des larmes de
ravissement pour la nouvelle vie. Ce fut le premier, le
seul rêve, et depuis ce premier je garde éternellement une
foi inaltérable au ciel de la Nuit et à sa lumière, la Bien-
Aimée. » (Trad. Maurice Pujo, Le Règne de la Grâce.)
Une telle poésie n'a pas la netteté de ligne de la musique
de Beethoven; elle est pourtant toute musicale. Elle peut
servir à caractériser un état de la pensée à un moment
précis de l'histoire générale. Elle nous montre combien
l'ambiance est autre que celle de l'ancien régime.
III.— Une seconde raison peut justifier l'expression triste
à côté de l'expression gaie; celle-là est indépendante des
circonstances et d'ordre purement artistique. Nul, plus (pic
Beethoven, n'a soumis sa pensée à la loi des contrastes;
et rien n'est plus naturel. La littérature s'est emparée «le
LE GENIE DE BEETHOVEN
LES SONATES ET LES CONCERTOS
une manière devoir qui peut être justifiée par des faits assez
nombreux mais d'ordre formel si l'on apprécie surtout
;
grands compositeurs —
qui se sont connus de près, étant, nés
le premier en 1732, le second en 1756, le dernier en 1770
— apparaissent comme représentant l'adolescence, la jeu-
nesse, l'âge viril de l'art instrumental. Haydn, avec cette
Heur de naïveté qui le rend si aimable, vaut surtout par le
rythme, comme le montre bien, dans son œuvre, la pré-
pondérance des mouvements vifs; il vaut par la clarté,
par la verve, par la souple et jolie arabesque de ses varia-
tions et de ses menus développements thématiques. Dans
les sonates de Mozart, règne la mélodie, enjouée sans
doute et sereine, d'une ligne toujours très pure, mais
portant d'autres pensées. L'andante de la première sonate
(en fa) est d'une mélancolie un peu amère et comme lassée :
e
la 2 idée, et les imitations qui en sont faites, rappellent
plus le stvle de la fugue que celui du scherzo. Les dialo-
gues du trio sont eux-mêmes très affranchis de la tradi-
tion. Le Rondo parait un peu abstrait, froid et pénible,
LE GÉNIE DE BEETHOVEN. SONATES ET CONCERTOS 609
d'être écourté.
La sonate n° 2 de l'opus 27 est présentée aussi avec le
titre « quasi una fantasia » ; et ce mot explique suffisam-
ment du compositeur qui, au lieu de donner au
la liberté
premier mouvement la forme typique de la sonate, déve-
loppe un Adagio un peu rhapsodique. Mais c'est une
« fantaisie » pour le plan seulement; en ce qui concerne
l'expression, Beethoven n'a jamais rien écrit qui vint plus
directement de son cœur et eût plus de pathétique élo-
quence. Sur le rythme de triolets qui règne immuable-
ment dans cet Adagio, soutenu par des basses admirables,
chante une mélodie à la fois tendre et résignée, doulou-
612 LES TEMPS MODERNES
dans une phrase qui est pathétique d'une autre façon, par
l'accentuation des temps faibles, et par des progressions
comme celle-ci :
I&É xi m.ë m um $
On peut signaler, comme équivalent des coups de
théâtre qu'on admire chez les [plus grands dramaturges,
ces modulations hardies :
i^dêmm
Ce Presto, d'un réalisme psychologique saisissant et
d'une allure toute romantique, est cependant construit sur
le plan normal de la sonate (ABA'), avec cette réserve
que
la troisième partie est une très libre récapitulation de la
hoc, ergo profiter hoc! Cette sonate fut appelée par les
f JirâpTP J ^
j
r[ia'^
1
LE GÉNIE DE BEETHOVEN. SONATES ET CONCERTOS 617
^JJ i fl jjj
j'^ i
JT Jj jjV i
^^ ^nî i
_. n\
4&
624 LES TEMPS MODERNES
JPr
1 î
ipF rr «TTT
L
Une dédicace !
—
Ah! ce n'est point ici une chose selon l'usage
!
c'est Lui qui vous parle en ce moment, et vous montre à moi avec
vos traits d'enfant, ainsi que vos parents bien-aimés, votre mère si
distinguée, votre père si noble et si bon, toujours attentif au bonheur
des siens... Je vous vois devant moi en pensant aux vertus éminentes
:
moi! Adieu, de tout cœur! Que le ciel vous protège, vous et tous
les vôtres! Cordialement et pour toujours votre ami, Beethoven.
de la pensée.
Plus encore que la plupart des sonates pour violon, les
cinq sonates pour piano et violoncelle sont des œuvres de
circonstance, où le génie a d'ailleurs laissé sa marque
authentique. Il est à remarquer que les deux premières,
datées de 1796, sont légèrement supérieures à celles qui,
l'année suivante (op. 12), ouvrirent la série des sonates
pour violon. Beethoven les écrivit pour le roi de Prusse
Frédéric-Guillaume II, qui était violoncelliste, et à l'occa-
sion de la présence à Berlin du virtuose français Duport,
avec qui il les joua. La distance qui sépare les diverses
publications de ce genre montre assez qu'elles ne réali-
sèrent pas un dessein suivi et furent occasionnelles. La
sonate en la majeur, op. 69, est de 1808; les deux der-
nières, op. 102, sont de 1815. En ces sortes d'ouvrages,
on n'avait pas encore donné au piano un rôle important;
Beethoven créa les premiers modèles du véritable duo.
Particulièrement remarquables sont les deux premiers
mouvements des sonates de 1796, débutant lune et
l'autre par une lente introduction, et si nobles, si riches de
substance musicale; Y Adagio sostenuto ed espressivo de la
sonate en sol mineur, où l'expression est tour à tour
rêveuse, hautaine, plaintive, et où l'art du dialogue
musical est supérieurement traité; dans la sonate en la
majeur, d'une si forte unité de pensée, le thème délicieux
du Scherzo; toute la sonate en ut majeur, Fantaisie, freie
Sonate, comme dit Beethoven lui-même sur le manuscrit,
dont la forme (quoique inférieure pour le charme mélo-
dique), n'est pas sans analogie avec la sonate contempo-
raine dédiée à la baronne de Ertmann (op. 101); dans la
646 LES TEMPS MODERNES
ET LES QUATUORS
Caractéristique des premiers trios de Beethoven. — Les trois quatuors
—
pour piano, violon, alto et violoncelle. Les quatuors pour cordes seules:
1° les six quatuors de l'opus 18; 2° les trois quatuors de l'op. 59; 3° le
quatuor en mi bémol, op. 74; 4° le quatuor en fa mineur, op. 95; 5° les
cinq derniers quatuors. — Valeur des épigraphes insérées par Beethoven
dans son dernier quatuor. — Diversité et transformation du génie de
Beethoven. — —
Retour à la sérénité et à la joie triomphante. Compositions
qui pourraient former la transition entre le quatuor et la symphonie.
pour deux hautbois et cor anglais (1795), op. 67, important et supé-
rieur aux autres compositions de Beethoven écrites en ut; les Varia-
tions, de la même année et pour mêmes instruments, sur le La cida-
rem de Mozart; enlin les deux charmantes Sérénades, op. 8 et 25,
toutes deux de 1797, pour flûte, violon et alto.
de deux amants.
LE GENIE DE BEETHOVEN. TRIOS ET QUATUORS 651
* FF +sJ\-
* h,
ïÉÉï î Élâ!
m
mm
662 LES TEMPS MODERNES
mi bémol (1796). —
II. Sextuor pour 2 clarinettes, 2 bassons,
2 cors, composé en 1806 et publié en 1810, op. 71, écrit en une nuit,
peu estimé par Beethoven (dans une lettre à l'éditeur Breitkopf), mais
contenant un admirable Adagio. —
III. Le Septuor, op. 20 (1800), pour
clarinette, cor, basson, violon, alto, violoncelle et contrebasse;
expression élégante et étincelante de la joie de vivre. —
IV. L'Octuor
en mi bémol, op. 103 (1792), pour 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons,
2 cors. Beethoven le composa pour la musique de table du prince
électeur Max Franz, dont la chapelle se composait de ces instru-
ments. L'esprit et l'humour y abondent (voir dans le Menuet, le thème
en staccato des deux hautbois, qui devait, primitivement, être le thème
du Scherzo dans la IX e symphonie). —
V. Les onze Ouvertures.
.
CHAPITRE LXIII
d'interprétation
Coup d'œil rétrospectif sur l'histoire de la musique depuis les origines
jusqu'en 1827 ; identité de quelques contraires.
de Musique
la entre elle et l'homme vulgaire, il y a la
:
1 Sinfonia grande,
2 (In)titolata Bonapaute.
3 S6ten S. (2G sept.).
670 LES TEMPS MODERNES
4 4804- im August,
5 del Signor
6 Louis van Beethoven.
7 Geschrieben
8 A uf Bonaparte.
9 Sinfonia S — op. 55.
Allegro.
Le 22 décembre 1808, à Vienne, Beethoven donna un
d'un rare intérêt; il y avait au programme
festival sa :
orage Allegro;
:
5° Chant des bergers; sentiments bien-
faisants avec actions de grâces a la divinité après l'orage :
joiemêlée de tendresse —
qui règne dans toute la VIII e sym-
phonie, « à laquelle on ne peut trouver ni modèle, ni
pendant ».
Après avoir donné des formes si nombreuses à l'expres-
sion de la joie, depuis le badinage humoristique et piquant
jusqu'au chant de triomphe le plus noble, Beethoven était
loin d'avoir épuisé les ressources de son génie. Il voulut
composer une dernière symphonie qui, en reprenant de
façon grandiose le sujet préféré de ses œuvres antérieures,
Violons et Altos
^m ^M
S Contre Basses et Bassons
|i j c
fffi g
m^ etc
Bibliographie.
1864-1877. —
W.-J. VON WasilewSKI Ludwig van Beethoven, 2 vol., Berlin, :
1888. —
Jean DE la Lal'RENCIE Le dernier logement de Beethoven, Paris, :
célèbres, Laurens).
A. Chr. Kalischer Beethovens Sàmtliche Bricfe,
: vol., li;06-8; 2 e éd.
remaniée et complétée par Th. von Frimmel, Leipzig, Schuster et Lœffler,
1910. —
Jean Chantavoine Correspondance (choisie) de Beethoven, Paris,
:
5° éd., 1884. —
Reinecke Die Becthovenschen Klaviersonaten, 1899 (3 e éd.,
:
1905).
Helm Beethoven s Slrcichquartelle, Leipzig, 1910.
:
TOME PREMIER
Pages.
Préface v
CHAP. I
er
. — La magie musicale. Généralités 3
— IL — Les plus anciens monuments. Divers emplois de
l'incantation 10
— III. — La danse magique 22
— IV. — La lutherie magique 27
— V. — Légendes connexes aux superstitions primitives.
Evolution des arts du rythme 34
— VI. — La musique non-hellénique 47
IV. — LA RENAISSANCE
TOME SECOND
DU XVII e
SIÈCLE A LA MORT DE BEETHOVEN
(1827)
Pages.
P. N" 9.999.
BRIGHAM YOUNG UNIVERSITY