Philo Synthèse
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Plan du cours
Support de cours
Le cas Jonas
o Lecture obligatoire
o Une question (ouverte) à l’examen sur cette lecture
o Chaque cours est (directement ou indirectement) lié à ce cas
o Cas rencontré pas Jérôme Englebert comme psychologue clinicien en contexte
carcéral en 2007
o Situation clinique à la croisée de différentes disciplines : philosophie, psychologie,
criminologie, psychopathologie, socio-anthropologie, éthologie
o Étude des rapports qu’entretient une singularité contemporaine à la liberté
Sauter l’intro ( pas important )
Répondre à une question : quelle est notre version du cas Jonas ?
L’avoir lu pour le 27 mars !!! lol
Examen
Jonas a 64 ans. Il est incarcéré, sous mandat d’arrêt, pour avoir utilisé une arme à feu en
direction de policiers sur le devant de sa maison. Assez petit, de démarche athlétique, il
entre dans mon bureau avec un visage que l’on pourrait qualifier de profondément vide.
Lorsque je lui demande pourquoi il se retrouve en prison, il ne peut fournir que ces quelques
mots avec une intense émotion dans la voix : « C’est parce que ma maman est … est …
morte ». Après ces quelques mots programmes, il s’écroule et pleure avec retenue en
cherchant à contrôler sa respiration. Cela fait trois semaines que sa mère est décédée à l’âge
de 94 ans « de sa belle mort », comme dit Jonas entre deux larmes; « Je suis orphelin », dit-il
aussi. Le premier entretien se déroule sur un mode paradoxal. Le flux de paroles de Jonas,
entrecoupé par ses larmes, fait que je ne parviens quasiment pas à placer un mot et je me
surprends à l’écouter me dire « qu’il n’a rien à dire »: « Je suis tellement triste que j’en arrive
à ne plus rien ressentir. Je me sens vide, sans pensée, comme si je ne pouvais plus penser. Je
ne sais pas pourquoi j’ai accepté de venir vous voir, il n’y a rien à faire pour moi. Je suis un cas
perdu ». Lorsque je parviens à placer une phrase, je demande à Jonas ce qu’il ressent, quelles
sont ses sensations, ses sentiments, il répond : « Je ressens que je ne ressens rien. J’ai
l’impression que je ne suis plus moi, je suis perdu ».
Éléments d’anamnèse
Jonas est marié à Catherine depuis 30 ans. Ils ont un fils de 20 ans, Denis, qui recommence sa
première année d’études à l’université pour devenir ingénieur. Jonas estime avoir de bons
rapports avec son fils, « tels que père et fils doivent en avoir », dit-il. Gradué en électricité,
Jonas a travaillé toute sa vie pour la même entreprise. Il est parti à la retraite à 62 ans alors
qu’il était chef d’équipe. Jonas était très apprécié par ses collègues et connaissances. En
témoigne l’impressionnante liste des visites à la prison et le nombre de marques de soutien
reçues. Jonas se décrit comme quelqu’un de franc et juste en toutes circonstances, apprécié
par tout son village et toujours prêt à rendre service. De fait, le contact en entretien inspire
un sentiment de sincérité et de confiance. Catherine, son épouse, a 58 ans. Elle est infirmière
dans un service pour diabétiques et anorexiques. Il est à noter que la famille vit aisément
grâce à des héritages et aux loyers d’appartements que Jonas rénove et aménage depuis sa
mise à la retraite. « Bon et toujours là pour aider », Jonas se décrit comme quelqu’un qui ne
parle pas de ses émotions, ni de son ressenti, ni de lui-même.
Vie banale, sans écarts, quelqu’un qui fait ce qu’il faut pour un bon parent, fils, voisin,
collègue… toujours prêt à rendre service
Approche phénoménologique
Paradigme : phénoménologie
o discipline philosophique qui s’est répandue dans le champ des sciences humaines et
sociales, inventée en Allemagne en 1900 par Edmund Husserl et son élève Martin
Heidegger ( antisémite nazi -> ses carnet noirs )
production vers 1900
o méthode importante dans l’histoire de la philosophie contemporaine
Conscience = ensemble de relations avec le monde, avec soi et avec les autres
o la conscience n’est pas une chose mais un ensemble de relations qui passent par un
certain nombre de modalités
Ex : ici, modalité de connaissance, en cours
o observer le plus objectivement possible mais pas que
o repose sur des connaissances, croyances et actes d’imagination, des émotions
dimensions importantes :
o rapport aux corps
o rapport aux espaces ( physiques, subjectifs, sociaux… )
o rapport au temps
o rapport aux relations
fausse vie filmée depuis la naissance, parodie de téléréalité, on lui fait croire que ce sont ses
propres choix -> intégralement programmée dans les différentes dimensions :
o Gestion du corps, création d’un sujet
o Imposition d’un espace et d’un temps
o Création d’une rythmicité
Chaque jour, les choses se répètent
o Contrôle des émotions et des relations
Si on s’attache à un figurant imprévu, rectification par le scénariste
Le dépassement de la situation
À la fin du film, une porte lui permet de dépasser cette situation, ce cadre qui lui a été
imposé
« Pour nous, l’homme se caractérise avant tout par le dépassement d’une situation, par ce
qu’il parvient à faire de ce qu’on a fait de lui […] »
(Sartre, 1960, p. 85).
Et Jonas ?
Jonas a 64 ans. Il est incarcéré, sous mandat d’arrêt, pour avoir utilisé une arme à feu en
direction de policiers sur le devant de sa maison. Assez petit, de démarche athlétique, il
entre dans mon bureau avec un visage que l’on pourrait qualifier de profondément vide.
Lorsque je lui demande pourquoi il se retrouve en prison, il ne peut fournir que ces quelques
mots avec une intense émotion dans la voix : « C’est parce que ma maman est … est …
morte ». Après ces quelques mots programmes, il s’écroule et pleure avec retenue en
cherchant à contrôler sa respiration. Cela fait trois semaines que sa mère est décédée à l’âge
de 94 ans « de sa belle mort », comme dit Jonas entre deux larmes; « Je suis orphelin », dit-il
aussi. Le premier entretien se déroule sur un mode paradoxal. Le flux de paroles de Jonas,
entrecoupé par ses larmes, fait que je ne parviens quasiment pas à placer un mot et je me
surprends à l’écouter me dire « qu’il n’a rien à dire »: « Je suis tellement triste que j’en arrive
à ne plus rien ressentir. Je me sens vide, sans pensée, comme si je ne pouvais plus penser. Je
ne sais pas pourquoi j’ai accepté de venir vous voir, il n’y a rien à faire pour moi. Je suis un cas
perdu ». Lorsque je parviens à placer une phrase, je demande à Jonas ce qu’il ressent, quelles
sont ses sensations, ses sentiments, il répond : « Je ressens que je ne ressens rien. J’ai
l’impression que je ne suis plus moi, je suis perdu ».
C’est A. que nous observons. Celle-ci, âgée d’un peu plus de 12 mois, parvient à se tenir
debout et à faire quelques pas encore incertains. Ses deux mains, fixées sur les barreaux de
son lit, soutiennent le poids de son corps qui réussit à maintenir la station debout, ce qui est
encore pour l’instant une prouesse. La main gauche a pour particularité, en plus d’encercler
le barreau avec chacun de ses doigts, de tenir simultanément, par un collier de tissu, le
doudou qui accompagne A. dans chacune de ses découvertes. Soudain, elle parvient à lâcher
quelques instants le barreau tenu par sa main gauche (ce qui veut dire que c’est, pendant ce
laps de temps, la main droite qui produit seule l’effort de tenir le corps debout) tout en
maintenant la préhension du doudou, et à jeter ce dernier dans son lit. Une fois l’effort
produit, la main gauche retrouve instantanément le barreau qu’elle venait d’abandonner.
L’adulte en présence (son père) récupère le doudou et lui rend de manière à retrouver la
position initiale. Rapidement, A. reproduit le lancer du doudou à l’intérieur de son lit. Au
bout de plusieurs tentatives (le nombre de celles-ci variant en fonction de la perspicacité de
l’adulte), son père porte A. et l’installe dans son lit. Elle y restera couchée, puis assise,
ensuite debout, mais ne jettera plus son doudou. Elle le fera seulement lorsqu’elle souhaitera
utiliser une nouvelle fois cette objet magique semblant servir de clé, ou plutôt de
passepartout, à la condition que son corps lui permette ou que l’adulte saisisse la subtile
interaction communicationnelle que A. est, en présence de cet objet, capable d’initier
La société ne limite pas l’action de l’individu de l’extérieur, mais elle est logée au cœur même
de chaque individu
o Elle vit aussi en nous : l’ensemble de techniques sociales qui permettent de
conformer notre corps
Le plus extérieur est donc aussi le plus intime
o Les normes sociales, que l’on active au besoin
Mais cela signifie aussi que notre corps est aussi, même et peut-être surtout dans des
situations difficiles, bloquées, violentes, le lieu d’expression de la manière dont le monde a
de la valeur et du sens pour nous.
o Manifestations corporelles ont une signification
Lecture obligatoire
Une question (ouverte) à l’examen sur cette lecture
Chaque cours est (directement ou indirectement) lié à ce cas
Cas rencontré pas Jérôme Englebert comme psychologue clinicien en contexte carcéral en
2007
Situation clinique à la croisée de différentes disciplines : philosophie, psychologie,
criminologie, psychopathologie, socio-anthropologie, éthologie
Étude des rapports qu’entretient une singularité contemporaine à la liberté
Le dépassement de la situation
L’objectif du cours
Produire du savoir général à partir d’un cas individuel
Comment les conditions de vie sont reprises, appropriées, dépassées par l’individu
Article : « Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos. Essai de morphologie
sociale » (1905), dans Sociologie et anthropologie, p. 387-477.
o Groenland
Morphologie sociale : « la science qui étudie, non seulement pour le décrire, mais aussi pour
l’expliquer, le substrat matériel des sociétés, c’est-à-dire la forme qu’elles affectent en
s’établissant sur le sol, le volume et la densité de la population, la manière dont elle est
distribuée ainsi que l’ensemble des choses qui servent de siège à la vie collective »
(Sociologie et anthropologie, p. 390)
Exemple des sociétés eskimos: « les Eskimos offrent, sous ce rapport, un champ d’étude
privilégié, c’est que leur morphologie n’est pas la même aux différents moments de l’année :
suivant les saisons, la manière dont les hommes se groupent, l’étendue, la forme de leurs
maisons, la nature de leurs établissements changent du tout au tout. » (SA, p. 390)
o Comme s’il s’agissait de deux civilisations différentes qui alternent selon la saison
( de culture, de mode de vie … )
« les sociétés eskimos nous offrent l’exemple rare d’une expérience que Bacon eût appelée
cruciale. Chez eux, en effet, au moment précis où la forme du groupement change, on voit la
religion, le droit, la morale se transformer du même coup. Et cette expérience qui a la même
netteté, la même précision que si elle avait eu lieu en laboratoire, se répète tous les ans avec
une absolue invariabilité. On peut donc dire désormais qu’il y a une proposition sociologique
relativement démontrée ; et ainsi le présent travail aura tout au moins ce profit
méthodologique d’avoir indiqué comment l’analyse d’un cas défini peut, mieux que des
observations accumulées ou des déductions sans fin, suffire à prouver une loi d’une extrême
généralité. » (SA, p. 475, conclusion de l’article de 1905)
o Considération générale sur l’étude qu’il vient de mener ( conclusion )
o Il reprend tous les traits de la science ( soulignés )
« Nous devons nous figurer la société d’été, non pas seulement comme étendue sur les
longueurs immenses qu’elle occupe ou parcourt, mais encore comme lançant au-delà, très
au loin, des familles ou des individus isolés, enfants perdus qui reviennent au groupe natal
quand l’hiver est venu, ou un autre été après avoir hiverné au hasard ; on pourrait les
comparer à d’immenses antennes qui s’étendraient en avant d’un organisme déjà, par lui-
même, extraordinairement distendu. »
(SA, p. 438.)
« L’hiver est une saison où la société, fortement concentrée, est dans un état chronique
d’effervescence et de suractivité. Parce que les individus sont plus étroitement rapprochés
les uns des autres, les actions et les réactions sociales sont plus nombreuses, plus suivies,
plus continues ; les idées s’échangent, les sentiments se renforcent et s’avivent
mutuellement; le groupe, toujours en acte, toujours présent aux yeux de tous, a davantage
le sentiment de lui-même et tient une place plus grande dans la conscience des individus.
Inversement, en été, les liens sociaux se relâchent, les relations se font plus rares, les
individus entre lesquels elles se nouent sont moins nombreux ; la vie psychique se ralentit. Il
y a, en somme, entre ces deux moments de l’année toute la différence qu’il peut y avoir
entre une période de socialité intense, et une phase de socialité languissante et déprimée. »
(SA, p. 470-471)
o // les techniques du corps : alterner entre moments d’activité et de passivité…
également pour le social !
o Par moment, la société laisse plus ou moins de marge de manœuvre aux individus
o La société est un ensemble de rythmes sociaux qu’il faut comprendre, comme une
respiration, avec des moments où les choses se resserrent et puis se dilatent qui
permettent à cette société de tenir
« La vie sociale, chez les Eskimos, passe donc par une sorte de rythme régulier. Elle n’est pas,
aux différentes saisons de l’année, égale à elle-même. Elle a un moment d’apogée et un
moment d’hypogée. Or si cette curieuse alternance apparaît de la manière la plus manifeste
chez les eskimos, elle ne lui est pas particulière. Le fait que nous venons d’observer a une
généralité que l’on ne soupçonne pas au premier abord. » (SA, p. 471)
o Apogée >< hypogée
o Cela renvoie à une loi générale valable pour toute forme de société : d’une extrême
généralité
« Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder ce qui se passe autour de nous, dans nos sociétés
occidentales, pour retrouver les mêmes oscillations. A partir du mois de juillet environ, par
suite de la dispersion estivale, la vie urbaine entre dans une période d’alanguissement
continu de vacances, qui atteint son point terminus à la fin de l’automne. A ce moment elle
tend à se relever, va en croissant régulièrement jusqu’en juin pour retomber de nouveau. La
vie rurale suit la marche inverse. En hiver, la campagne est plongée dans une sorte de
torpeur ; sur certains points des migrations saisonnières raréfient à ce moment la
population ; en tout cas, chaque petit groupe, familial ou territorial, vit replié sur soi ; les
occasions et les moyens de rassemblement font défaut ; c’est l’époque de la dispersion. En
été, au contraire, tout se ranime ; les travailleurs reviennent aux champs ; on vit dehors, en
contact constant les uns avec les autres. C’est le moment des fêtes, des grands travaux et des
grandes débauches. » (SA, p. 472-473)
Carlo Ginzburg, « Réflexions sur une hypothèse vingt-cinq ans après », dans L’interprétation des
indices, 2007, p. 43-44
« Je m’aperçois une fois de plus que je travaille dans une perspective qui croise à la fois la
théorie et l’histoire. Cela est dû avant tout à mes limites personnelles : je ne suis pas capable
de me lancer dans une réflexion purement théorique. Mais je me demande en outre si,
quand bien même j’en serais capable, j’aurais envie de le faire. J’ai l’impression qu’à de rares
exceptions près, la théorie implicite est plus riche que la théorie explicite. A la fin de son
Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimo de 1906, Marcel Mauss affirme
qu’un cas bien choisi et étudié en profondeur suffit à jeter les bases de la comparaison. Je
dirais de plus, en pensant aux essais qu’Aby Warburg rédigeait pendant ces mêmes années :
un cas bien choisi et étudié en profondeur suffit à jeter les bases d’une réflexion théorique.
Mais que signifie « cas bien choisi » ? Et, plus radicalement, qu’est-ce qu’un « cas »?
[…]
Le cas est un récit, la plupart du temps très bref et très dense, qui souligne les contradictions
internes d’une norme ou les contradictions entre deux systèmes normatifs.
[…]
[Le] cas proprement dit peut conduire à remettre en discussion les paradigmes
épistémologiques dominants en dénonçant leurs points faibles. »
o Un récit qui interroge les normes par quelque chose qui apparaît anormal, un écart à
la norme, et quelque chose qui remet les outils qui servent à décrire les situations en
question
o La dimension narrative est importante : il faut lire à sa manière à partir de nos
propres préoccupations et besoins
Procès étonnant dans la mesure où, malgré les risques, Domenico Scandela, dit Menocchio,
défend les idées sur la création du monde qu’il s’est forgé en lisant en profondeur une série
de livres (imprimerie) qui avait circulé dans sa région. Il a défendu ses idées au moulin puis à
son propre procès, profitant d’un public inespéré
↓↓↓
Accès aux croyances des classes populaires
Accès à la « capacité des gens ordinaires à élaborer des idées » (J. Rancière) et à concevoir
une autre façon de vivre
Accès à la prétention d’un homme ordinaire à avoir accès à ses propres idées
« De grâce, écoutez-moi, Messire » (p. 111) : Dieu n’a pas créé l’univers mais fut créé par lui,
car l’univers est gouverné par une loi générale de la putréfaction. Il coagule comme le lait en
fromage, et alors apparaissent sur sa surface des vers qui sont « produits par la nature » (p.
121). Ainsi les anges du ciel, et toutes les créatures sont nés du chaos. « Tout ce qui se voit
est Dieu, et nous sommes des dieux, le ciel, la terre, la mer, l’air, les abîmes et l’enfer, tout
est Dieu » (p. 66)
o Croyances populaires paysannes : comment est apparue la vie et tout ce que nous
connaissons ? comme se fait le fromage ( chose qu’ils connaissent )
o L’univers mental de Menocchio que Ginzburg a reconstitué dans son livre
o C’est son obstination à donner une cohérence à sa propre représentation du monde ,
hors norme, qui l’a conduit à la mort
o Ginzburg a recensé les lectures de Menocchio pour identifier les déformations qu’il a
faites de textes « savants » ou fictifs
Le fromage et les vers (suite)
Reconstituer sa pensée à partir des écarts et des anomalies que cette lecture opère sur des
textes et des idées connus, légitimes ou habituels : connaissance, science de l’individuel
o Qu’était-il capable de penser ?
Prendre au sérieux les anomalies parce qu’elles sont plus riches que les normes : elles
obligent à s’intéresser à la fois aux normes et à ce qui s’écarte de ces normes : connaissance
du général à partir de l’individuel
o Personne ne suit parfaitement la normes, il y a généralement des écarts modérés
donc s’intéresser aux anomalies c’est également s’intéresser à la norme, au général
Ginzburg s’est d’abord concentré sur son cas, puis une méthode en est sortie
Paradigme indiciaire :
o Ensemble de savoirs qui se constituent à partir de l’interprétation d’indices ou de
traces
o Pratiques d’enquêtes qu’on retrouve, dans un même contexte épistémologique, chez
Freud, chez Sherlock Holmes (Conan Doyle) et chez Giovanni Morelli, historien de
l’art de la fin du XIXe siècle, spécialiste de l’authentification des œuvres d’art
Symptômes (Freud), indices (Holmes), signes picturaux (Morelli)
o Freud, Doyle et Morelli ont eu la même éducation : ils étaient tous médecins donc
intéressés par les symptômes qui permettent d’identifier la pathologie en
profondeur
o Freud et Doyle inspirés de Morelli ( Sherlock Holmes et la boite noir : intrigue résolue
par la similitude entre deux formes d’oreilles )
o Hypothèse de Morelli : pour vérifier l’authenticité d’une œuvre, il faut s’intéresser
aux éléments secondaires qui n’étaient pas soumis aux normes de la peinture ( ex :
ongles, oreilles des personnages commandés… habitus des peintres, marques de
fabrique, singularités )
Analogie néolithique :
La radicalité politique au bout du travail : du suicide des ouvriers aux suicides en série des employés
Voir fichiers
Le dépassement de la situation
// Truman show
Suicide qui veut rendre visibles d’autres suicides au travail qui n’ont pas été reconnus
comme tels ( faits divers, drames personnels, accidents )
o Restés sans suite, pour lesquels on n’avait pas les mots
o Un acte tellement triste qu’on a voulu le laisser dans le mystère du privé
o PUBLICITE
o Volonté d’en faire plus qu’un acte malheureux
Production de récits ( lettre, panneaux ) pour inscrire son acte dans la durée
Appui sur des amis et sur des communautés d’appartenance (famille, communauté
villageoise, paroisse, solidarités ouvrières, syndicat)
o Pouvant porter sa parole
Réinscription dans un territoire ( monument aux morts )
o Site sidérurgique -> monument aux morts
o // monuments de la guerre
Production d’une communauté fantôme post mortem
o Qui nous hante
o Les suicidés ont tenté de « jouer le jeu » des entreprises, ils ont cru à la
modernisation
Une nouvelle communauté des suicidés
Réflexion sur la production d’une mémoire des luttes
Volonté de laisser une image forte de soi, alors qu’on n’en peut plus
Approche phénoménologique
Analyser une subjectivité en partant de la manière dont elle est située dans un monde : dans
le temps, l’espace, le rapport aux autres, la façon dont elle engage son corps, les émotions
( une manière d’exprimer ce à quoi on tient )
o Ex : qu’est-ce que la fatigue ? deux visions :
La marque d’un désintérêt ( on s’éloigne de ce qu’on faisait )
Malgré la difficulté, on tient à ce qu’on est en train de faire, on pose un choix
de continuer
Intérêt philosophique
Suicide qui veut rendre visibles d’autres suicides au travail qui n’ont pas été reconnus
comme tels (faits divers, drames personnels, accidents)
o PUBLICITE, Visibilité
Production de récits (lettre, panneaux) pour inscrire son acte dans la durée
o Temporalité
Appui sur des amis et sur des communautés d’appartenance (famille, communauté
villageoise, paroisse, solidarités ouvrières, syndicat)
o Autrui
Réinscription dans un territoire (monument aux morts)
o Espace
o Que quelque chose atteste qu’ils ont été là, ce qu’ils ont fait
o Un « cimetière d’acier » qui laisse une trace de ces vies
Production d’une communauté fantôme post mortem
o Corps
o Suicidés rassemblés après leur mort, qui continuent de vivre parmi nous et nous
accompagnent, nous hantent positivement ( affect de lutte )
o On produit de la force à partir de quelqu’un qui n’est plus là
o Comment fait-on un projet à partir du cas d’Alain Vigneron ?
Réflexion sur la production d’une mémoire des luttes
o Émotions
o Possibilité de produire un point d’appui pour des luttes futures
o Pas un affect négatif de déprime mais la production d’une image de soi forte et
solide qui s’appuie sur toutes ces dimensions et donc un affect positif
o Il a tenté d’agir sur ces différentes dimensions pour faire quelque chose de ce qu’il
est en train de vivre, pour produire une force collective qui pousse ses amis à
continuer le combat
Reconnaissance affective
o Amour
o Ici, il a perdu sa famille en voulant sauver son emploi
Reconnaissance sociale
o Travail
o On a une place et une valeur dans la société à partir du moment où on participe à
son organisation matérielle, sa production
o Ici, Alain perd son emploi donc n’est plus reconnu socialement
Reconnaissance politique
o Valeurs, Citoyenneté
o Besoin de contribution spirituelle
La citoyenneté s’exprimant notamment dans le vote
o Ici, il ne parvenait pas à faire valoir ses droits ( réforme refusée )
Questions / Réponses
« Suicides en série »
« Mis à pied parce que des anciens militaires ont été engagés. J’ai vendu tous mes meubles.
Avant la guerre j’ai eu plusieurs affaires à moi, que j’ai dû abandonner suite à la guerre et à
mon incorporation. Quand je suis rentré, ma femme est morte. Toutes mes économies ont été
englouties par la grande escroquerie nationale (l’inflation). J’ai maintenant 51 ans et on me
dit partout : « Nous n’engageons pas des gens aussi âgés. » Ce qui me reste, c’est le suicide.
C’est l’État allemand qui est notre assassin. »
Siegfried Kracauer, Les Employés, Paris, Les Belles Lettres, 2012, p. 53
o Suite de micro-récits à mettre en parallèle : le suicide comme dernier recours
Reconstituer sa pensée à partir des écarts et des anomalies que cette lecture opère sur des
textes et des idées connus, légitimes ou habituels
o connaissance, science de l’individuel
Prendre au sérieux les anomalies parce qu’elles sont plus riches que les normes : elles
obligent à s’intéresser à la fois aux normes et à ce qui s’écarte de ces normes
o connaissance du général à partir de l’individuel
Répétition 1
Approche phénoménologique
Concerne la conscience
Branche de la philo qui s’intéresse aux événements comme à des phénomènes ( = ce qui
apparaît )
On s’intéresse aux choses comme elles apparaissent
o Une hallucination a la même valeur qu’une vision de la réalité
o Qu’est-ce qui apparaît ? comment ? qu’est-ce que ça dit du sujet et de sa
conscience ?
Ce qui apparaît apparait dans la conscience
Permet de densifier la situation
o « nous sommes autant de consciences projetées dans le futur »
Spatialité :
o Reterritorialisation : le territoire doit être compris comme la portion du monde dans
laquelle on se sent à l’aise, sans pressions extérieures
o Jonas avait perdu son territoire à la mort de sa mère ( la maison de sa mère, son
rythme, ses récurrences ). Il a engagé son corps par ce coup de feu pour
reterritorialiser
Temporalité :
o il s’était engagé dans un rythme imposé par la situation d’aide à sa mère, rythme qui
a donc disparu
o Pour ça qu’il sombre dans l’alcool
La conscience de Jonas
L’expérience cruciale : exemple des sociétés esquimau de Mauss ( la rythmicité sociale a lieu
dans toutes les sociétés )
o // recours au cas
o Expérience que l’on peut faire qui peut invalider une hypothèse
o Un cas qui permet de trancher entre plusieurs théories disponibles
o Ici Jonas permet de démontrer une notion de liberté ( // Sartre )
Est-il vrai que la société met les individus en activités puis laisse une période de passivité dans
laquelle les individus prennent plus de place ? ( esquimaux de Mauss )
Oui +-
Été : période de passivité en ville et d’activité en campagne ; hiver : l’inverse
La société n’est pas quelque chose d’extérieur qui dicte nos actes : ce n’est que des
individus qui s’organisent ( si tous les individus disparaissent la société ne demeure pas )
Pourquoi dit-on que le corps est la surface d’exposition à une violence jusque-là impossible à
exprimer ?
Pour lui, c’est le commencement d’autre chose après la fin de sa personne, son métier, sa
situation… il dépasse cette fin avec son acte
Il est projeté dans un avenir de reconnaissance, de matérialisation d’une communauté de
morts agissante
Plutôt de reconstruire l’acte à partir du passé, il faut le lien avec l’avenir, la
reterritorialisation !!!
Envers qui Alain est-il resté loyal jusqu’à la fin ?
À ses collègues ( Freddy ), son travail, sa famille ( il était incapable de poursuivre dignement
sa vie de famille : son suicide lui permettait de retrouver sa dignité ), à lui-même ( il a tenté
de conserver sa dignité )
Pourquoi le corps est le lieu de l’expression de la manière dont le monde a du sens pour nous ?
En quoi la société exerce une pression sociale sur les individus ( vécue comme une violence ) ?
Période de respiration sociale ( été ou hiver ) pour se reposer de ces pressions sociales
Partie 1
Surmené
Accident
Sa femme morte, Julia
Air indifférent malgré vêtements couverts de sang
Déjeuné dans les même vêtements
Essaye de pleurer devant le miroir
Lettre de plainte pour le distributeur cassé
Vendeur de matelas comme excuse avec homme du train
Actionnaire (rien de tangible)
Beau-père = patron (qui l'aime pas)
Connaissait pas tant sa femme ("tu n'es pas attentif")
Retourne au travail le lendemain de l'enterrement
Stagiaire émue lui impassible
Beau-père revient sur place et l'emmène boire un verre : "tu comptes bcp pour moi"
Argent de l'assurance vie pour une fondation
Il avoue au gars du train qu'il bosse dans la finance (il avait menti aussi mais moins bon job)
Il avoue qu'il n'aimait pas sa femme
"Vous ressentez quoi ?"
Tire la manette urgence du train -> commissariat
Curiosité bagage à l'aéroport
Il devient attentif
"Tout devient une métaphore"
Répare le frigo (démonte entièrement mais sans le remonter)
Phil : "Pour réparer quelque chose, il faut tout démonter et voir ce qui est essentiel" "c'est ce
qui te rendra plus fort"
Compagnie du distributeur le contacte en pleine nuit ( vos lettres m'ont fait pleurer )
Il enregistre Karen dans son téléphone
Essaye de la rencontrer mais elle était partie
Se met à tout démonter
Pas trouvé karen à l'entreprise
S'ouvre à une inconnue dans le métro "pourquoi le mariage ?" "Parce que c'était facile"
Elle oublie un magazine dans le métro
C'était Karen
Boss de Karen = conjoint
Lui donne la dernière lettre
Je démonte tout car je veux voir comment ça marche
Il paye des ouvriers pour les aider à démolir une maison
Karen débarque défoncée
Il déteste sa maison "que du tape à l'œil "
Elle est pas amoureuse de Karl
Elle aimerait être totalement sincère comme lui "j'en suis encore loin"
Débat sur "putain" avec fils Karen
Répondeur vocal qui annonce la mort de Julia
Partie 2
Claude Lévi-Strauss
Français, 1908-2009
Fondateur de l’anthropologie structurale
Deux grands thèmes auxquels il applique sa méthode : les structures de parenté et les
mythes des sociétés traditionnelles / premières qu’il étudie
Textes étudiés :
o Le Sorcier et sa magie, 1949
o L’Efficacité symbolique, 1949
o Tristes Tropiques, 1955
Sa méthode
1. La découverte de l’ethnologie
Il a commencé par enseigner la philosophie mais a été confronté à un manque d’intérêt dans
les catégories de la philo qui l’ont poussé à se tourner vers l’ethnologie, grâce à sa femme
L’ethnologue projette toujours ses biais sur les sociétés qu’il observe
o Son histoire personnelle, ce qu’il croit savoir va toujours interférer
o Selon sa subjectivité de départ, des choses lui paraîtront étranges
En découvrant l’étrangeté des sociétés qu’il observe, sa propre subjectivité se révèle à lui
o Il comprend la différence entre lui et son objet
L’ethnologue doit s’observer lui-même comme il observe et interroge l’autre
Comparer les différences entre les sociétés permet de les comprendre réciproquement
( ici : Complexité des Bororo, simplicité des Nambikwara )
o C’est la complexité qui révèle la simplicité et vice versa
o C’est la comparaison qui révèle le contraste et permet de mieux comprendre la
complexité et la simplicité
Observer les phénomènes sociaux à partir de ces notions révèle leurs structures profondes,
et donc leur sens
Les phénomènes sociaux ont lieu et se maintiennent, car ils remplissent une certaine
fonction
2. De la magie au symbole
L’efficacité symbolique ( titre du texte ) pour la guérison est une forme élaborée de
métaphore
o Des choses d’ordres différents peuvent avoir une ressemblance formelle qui révèle
un sens nouveau
o Par transfert, on peut comprendre une chose qui étant au départ incompréhensible
o Cette ressemblance formelle révèle un sens nouveau qui va unir ces deux choses
Les structures inconscientes de l’esprit transforment une réalité inarticulée en ensemble
cohérent
o La réalité ne donne pas son sens d’elle-même
o On fait ces liens métaphoriques pour donner du sens
Les choses qui peuvent se ressembler sont infinies, mais les principes de ressemblance ( et
dissemblance ) sont limités
o Logés dans l’inconscient, qui transforme la réalité en un ensemble dont on peut
retracer la cohérence
Giuseppe Penone
Réfléchir à ce qu’est un cas d’étude à partir du cas Jonas : un cas qu’on examine pour sa
singularité, son exceptionnalité et son exemplarité
Suffisamment pour faire basculer nos conceptions ( pour la philo, c’est un impératif : trouver
un cas qui nous impose un déplacement, la transformation de nos idées sur le réel )
o On travaille à partir des clichés
o Prendre conscience que les idées spontanées, accessibles, toutes faites ne sont pas
toujours les bonnes ou les meilleures
Ex : la peinture
Le peintre ne se trouve pas devant une toile blanche, mais devant un ensemble de clichés
(idées spontanées) dont il doit se départir.
o Quand il commence à peindre, l’artiste doit se débarrasser des clichés
o On ne part pas de rien ( la « page blanche » ne fonctionne pas du point de vue
artistique )
L’artiste ne part pas d’une situation neutre ou vide, il travaille à partir d’un
ensemble d’idées accessibles vis-à-vis desquelles il veut construire autre
chose
La philosophie est un travail au départ des clichés
Le cas d’étude peut servir à mettre à l’épreuve
Le cas nous aide à sortir des routines théoriques et méthodologiques.
o Pour qu’il y ait un cas, il doit y avoir une rencontre : on doit repérer qu’il est possible
de faire le tri entre les idées accessibles ou de construire tout autre chose
o Certaines choses vont pouvoir être redimensionnées
Jonas manifeste peu d’émotions et dit se sentir en perte de sens quand il rencontre J.E.
o Par cet acte violent posé, il fait effraction, s’impose brutalement dans son milieu, son
environnement proche, et fait effraction dans notre milieu intellectuel, décidé à
saisir la complexité de ce geste, son épaisseur et décide de se laisser impacter en
retour ( qu’est-ce qu’il nous fait ? )
Les cas singuliers réclament des ajustements de nos manières de penser.
o On transforme nos manières de peser, on bouleverse nos paradigmes pour s’adapter
au cas
o On se donne les moyens d’apercevoir les limites de nos manières de penser et de se
débarrasser de nos clichés
Le cas Jonas déjoue nos attentes : toujours été tranquille mais tire un coup de feu
o Que faire de lui ? à quelle partie de nous ressemble-t-il ?
Prendre au sérieux ce cas : ne pas le réduire à son caractère accidentel, ne pas l’abandonner
à son maque de sens, sa folie
o Au regard d’un environnement sensé rester stable et intacte, le repère, le plan de la
normalité
o Ex : relations de voisinage normales
Souvent des témoignages interloqués des gens du voisinage, surpris, parce
que cette personne leur semblait normale
Comment ne pas réduire trop vite ce geste à sa « folie » ou à son exceptionnalité ?
Prendre en considération ce cas.
o Un geste fou semble toujours fou si on le considère dans le plan de la normalité
o Ne pas le laisser dans l’angle mort des phénomènes comportementaux qui ne
parlent pas de nous, qui n’ont rien à nous dire à nous qui pensons être sur le plan
fixe de la normalité
o Si on se déplace un peu, ce cas cesse d’être un cas perdu, sans place, insignifiant, qui
passe sous la vigilance de ceux qui auraient les moyens de l’analyser
Demaret :
o Les pathologies cliniques sont aussi des formes d’adaptation.
o On étudie les pathologies cliniques moins comme des déviance à l’égard de normes
communes, des moments d’exceptionnalité que comme des formes d’adaptation ( à
une situation sociale complexe, qu’en retour ces pathologies contribuent à révéler )
o Les pathologies sont des lunettes qui révèlent des situations plus générales
o Ce point de vue permet de penser autrement l’infraction : elle n’est plus seulement
une rupture du contrat collectif, une faute, un manquement, mais aussi une réponse
à un état déterminé des relations sociales ( souvent abimé )
« Cette tentative de réinscrire le trouble dans son écologie princeps amène aussi à envisager
les pathologies psychiques comme étant des formes d’adaptation inédites (sans nier leur
souffrance), si l’on veut bien se donner la peine d’interroger les milieux et contextes dans
lesquels elles s’expriment » (Le cas Jonas, 15-16)
o En tirant, il répond à qqch, il s’adapte à une situation qui s’est transformée et où il ne
trouve plus sa place
o Il faut ajouter une dimension à cette réflexion sur le cas
Ce cas montre la nécessité de faire apparaitre la dynamique d’un cas
Un cas n’est pas une situation fixe, un instantané
Il faut considérer un cas dans son rythme, sa structure, sa dynamique
Plus un film qu’un photo
Il faut reconstituer le scénario que suit Jonas
La mélancolie (Fuchs) :
o État de profonde désynchronisation, crise identitaire, déséquilibre entre l’identité de
rôle et l’identité égoïque.
Le mélancolique souffre d’être prisonnier d’une comédie familiale et sociale,
d’une sociabilité effondrée, dans laquelle les normes tournent à vide et où il
ne se retrouve plus. Il vit dans une temporalité désorganisée ( jamais au bon
endroit au bon moment )
Jonas fuit constamment la contingence de son inscription corporelle et
émotionnelle
L’état mélancolique est l’expérience d’un hiatus originaire ( rupture, écart )
Le choc contribue à soulager cet écart, cette séparation
Idée de se réancrer par le choc ( on dit qu’on est là, on cesse de flotter au-
dessus des choses comme si on n’y était pas )
On ne se retrouver plus dans notre identité de rôle, on perd notre identité
égoïque
Coup de feu permet de récupérer la contingence plutôt que de la nier ou de
la faire disparaitre sous es normes et les contraintes
Coup de feu = Tentative de reterritorialisation corporelle
« Expérience de territorialisation choquée »
// film Demolition qui est en quête de reterritorialisation
Coup de feu = pulsion de vie
P. 55
Sortir de la mélancolie c’est sortir de l’indifférence, du flottement
On prend les choses par le mouvement ( on retrouve son territoire par le
choc, la rupture )
Au moment où il semble être en rupture avec ce qu’on attend de lui,
il se reconnecte au monde, retrouve un territoire
Recherche du choc pour se re-territorialiser.
Phénoménologie clinique du choc.
o Si le coup de feu répond à un élan de liberté : de laquelle s’agit-il ?
o Ce geste fait exploser tout un monde, interrompt la comédie existentielle mais fait
sortir de l’indifférence et du vide
o Moment de sortie et moment d’ancrage en même temps
o Le choc peut être un acte de liberté, de récupération de sa puissance d’agir pour
Jonas
o Apport thérapeutique du choc
L’inconduite la plus extrême ne prend sens que dans son inscription au cœur du social
o On ne fait as écart n’importe quand, sans rester lié à ce vis-à-vis de quoi on fait écart
( chaque société a les criminels, les déviants qu’elle mérite : même l’écart le plus
extrême serait informé, modélisé par les attendus sociaux et culturellement
intériorisé )
Les manières de dérailler sont en partie prescrites par le jeu social dans lequel nous
sommes pris
o « La société aménage ainsi le moyen pour les individus de déroger à ses valeurs de
façon honorable et parfois même valorisée » (115).
o Amok : on examine la possibilité de « conduites d’inconduite » : manières prescrites
de se comporter de façon étrange
Comportement suicidaire, empreints de folie consistant à courir et poignarder tout le monde
avant de se donner la mort ( // phénomènes actuels tels que terrorisme et fusillades en
école : cela pourrait nous concerner )
o Liberté qui cherche à se décoïncider par le choc
o On se sent impuissant ( par une situation, lié à l’exercice d’une force à laquelle on ne
participe pas ou dont on subit les effets )
o Acte de réponse désespéré à une société
o On cherche à trouver une place en se conduisant mal
o En quoi ces inconduites seraient prescrites par la société qui les subit en retour ?
Les inconduites sont prescrites par la société qui les subit. L’amok se
manifeste « au plus près de la violence de dépersonnalisation et du
narcissisme social qu’elle cherche à conjurer » (123).
L’adaptation
https://www.youtube.com/watch?v=uSSFmNHgJQQ
Entretient avec Barbara Stiegler
o Doit-on s’adapter à une société qui va mal ?
« Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être adapté à une société profondément
malade » (Krishnamurti)
Interroger l’injonction à l’adaptation
o Parfois, on se sur-adapte, à quelque chose de problématique et délétère
o Jonas, toute sa vie, a été réticent à l’inconduite ( il voulait bien se comporter,
supprimer l’écart entre les normes et ses actes )
o Si il existe des codes pour la déviance, culturellement définis voir adaptés, quelle
serait l’efficacité de cette liberté ? dans une société qui refuse le choc, le réintègre
sans cesse pour l’éviter
« Comment faut-il en effet évaluer une société qui contraint (Georges Devereux aurait dit
plus prudemment : "préstructure") l’expression de nos individualités socialisées à prendre
l’apparence de violences extrêmes et s’ingénie ensuite à les dénier ou à les condamner ? »
(124).
o Sommes-nous dans une impasse pour la liberté ?
o Peut-on voir une respiration de la liberté dans le cas de Jonas ?
o Cette liberté ne produit des effets intéressants que si elle est récupérée
collectivement, si on considère qu’il s’adresse à nous, nous interpelle en tant que
collectif/corps social
Il y a dans cette liberté (ce geste) quelque chose qui nous interpelle comme corps social.
Cas qui nous oblige à nous regarder
o Si il n’est pas totalement hors codes, son écart produit aussi et surtout la possibilité
d’une forme de désadhérence de la société envers elle-même, un antidote à son
narcissisme, qui force le tissu social à son propre décodage
Phénoménologie qui porte son attention sur les pathologies de la vie sociale ( pas que celle
de Jonas )
Examen blanc
8/10
1. Qu’est-ce que le « paradigme indiciaire » selon Carlo Ginzburg ? D’après cette notion,
pourquoi peut-on dire qu’il est plus intéressant de s’intéresser aux anomalies qu’aux
normes ? ( Longueur de la réponse : ½ page en police Times taille 11 )
Le paradigme indiciaire est une approche qui consiste à se focaliser sur l’étude en profondeur de cas
spécifiques, plus précisément de cas anormaux, afin d’élaborer une théorie plus générale. Il s’agit
d’élaborer des connaissances du général à partir de celles de l’individuel, que l’on tire du recours au
cas. Comme son nom l’indique, cette méthode s’appuie sur des indices qui, mis bout à bout,
permettront de reconstituer une histoire. On peut effectuer une analogie avec le chasseur-cueilleur
qui se servait des traces laissées par sa proie pour pouvoir la pister, le médecin qui parvient à poser
le bon diagnostic sur base de symptômes, Sherlock Holmes qui parvenait à résoudre ses enquêtes en
assemblant mentalement les indices récoltés, des détails qui pouvaient pourtant sembler sans
importance, ou encore les historiens de l’art capables d’identifier l’œuvre d’un artiste non pas par les
grands thèmes qu’il abordait mais par ses spécificités, son individualité, telle que sa manière de
peindre les oreilles, que nul faussaire ne pouvait reproduire. Car effectivement, c’est dans les détails
que nous puisons le plus d’informations : par comparaison, nous discriminons les éléments de
différents cas pour en tirer une base commune qui aboutira à une théorie générale.
Tout comme c’est dans l’anomalie que l’on étoffe ses connaissances de la norme. Raison pour
laquelle il est plus intéressant de s’intéresser aux anomalies. En d’autres termes, dès que nous
considérons quelque-chose comme anormal, nous devons admettre l’existence d’une norme. Cette
constatation nous pousse à la réflexion concernant nos représentations : nous prenons du recul et
par conséquent conscience que ces mêmes représentations influencent notre façon d’appréhender
le monde. Ainsi, l’étude de l’anomalie nous informe à la fois sur nous-même, sur la norme ( bien plus
en profondeur que si on s’intéressait à cette norme en elle-même uniquement ) et sur ce qui s’en
écarte. De plus, tout le monde s’écarte quelque peu de la norme par moment. Il ne s’agit pas d’une
ligne droite que la majorité emprunte parfaitement et qu’une minorité ne touchera jamais mais
plutôt une ligne que chaque individu frôle, dont il s’écarte plus ou moins à un moment donné. Les
écarts à la norme font donc partie de la norme : en les étudiant nous l’étudions par la même
occasion.
L’amok est un exemple de modèle d’inconduite. Il s’agit en quelque sorte d’un mode d’emploi,
spécifique à une société donnée, que les individus suivent, pensant sortir de la norme… en suivant la
norme, inconsciemment. Pour citer Devereux, dans chaque société il y a une « manière convenable
d’être fou ». En effet, c’est la société elle-même qui conçoit d’une part des modèles de conduite ( des
comportements approuvés et même valorisés, la façon dont il convient de se comporter ) et d’autre
part des modèles d’inconduite ( qu’elle niera et punira ) que suivront les individus ne parvenant pas à
faire face aux situations de stress. En d’autres termes, la déviance d’un individu a été modélisée par
la société à laquelle il appartient : il a intériorisé cet apprentissage. Pour revenir au cas qui nous
occupe, Jonas a passé la plus grande partie de sa vie à suivre les modèles de conduite à la lettre, à se
comporter « comme il faut ». Ce qui, malgré son investissement excessif et fort peu sain à bien des
égards, semblait lui permettre de fonctionner dans la société et ce jusqu’à ce que la mort de sa mère
le prive du sens de sa routine : pilier de son existence. Dès lors, il s’est entêté à poursuivre cette
routine qui n’avait plus lieu d’être, entrainant conflits et dysfonctionnements : poursuivre les mêmes
modèles de conduite était pour lui invivable. Le coup de feu de Jonas représente pour lui une toute
première respiration sociale : par cet acte violent, ce choc, cet écart, il passe à un modèle
d’inconduite. Ce dernier lui ouvrira les yeux, lui révèlera les différentes manières d’investir ses rôles
sociaux et de reterritorialiser son existence.
Répétition 2 : Retour sur l’examen blanc
Examen réel : 4 questions ( 3 sur la matière dont une sur le cas Jonas et une sur l’actualité :
développer une réflexion en lien avec le cours )
Correction de l’examen
1. Qu’est-ce que le « paradigme indiciaire » selon Carlo Ginzburg ? D’après cette notion, pourquoi
peut-on dire qu’il est plus intéressant de s’intéresser aux anomalies qu’aux normes ? ( Longueur de la
réponse : ½ page en police Times taille 11 )
Paradigme indiciaire :
o S’intéresser à des signes, des traces à première vue insignifiants mais qui en réalité
nous renseignent mieux sur la spécificité d’une chose que des éléments généraux
// Sherlock Holmes et ses enquêtes
Éviter des biais qui nous feraient sauter sur la solution la plus simple
// chasseur-cueilleur qui piste sa proie, retraçant son parcours dans son
environnement sur base de traces laissées
// historien de l’art ( Morelli ) qui distingue le vrai du faux sur base de ce qui
fait la spécificité du peintre ( ex : forme d’une oreille )
Lien entre les deux questions ( le recours au cas était presque commun à tous les auteurs
abordés )
Amok :
o Comportement de folie meurtrière observé en Malaisie : + - pas un modèle
d’inconduite mais un moment de folie ( pas prévu par la société )
o Propre à une société et à une époque ( la société Malaise ne proposait pas de
modèles d’inconduite et donc de respiration sociale : les individus n’ont trouver
comme échappatoire que la folie meurtrière )
Il s’agissait du seule comportement d’inconduite possible ( le seul « modèle
d’inconduite par défaut » )
Lévi-Strauss : le sorcier et sa magie qui réinscrit les maux dans une continuité logique à l’aide
de mythes et de guérison spectaculaire
o Jonas veut se guérir lui-même par le choc
o Un des éléments importants de la guérison chamanique c’est qu’il faut que
l’événement soit spectaculaire et frappe l’esprit
o Jonas essaye de se donner son propre choc qui le réancre dans une continuité
logique
Questions
Jonas ressent trop peu d’émotions vis-à-vis de ses proches ( surpris que ses amis le visitent
en prison ) -> « comédie sociale de l’espace relationnel de Jonas »
o Est-elle consentie par ses proches ?
On consent rarement, directement ou indirectement, à une relation sociale :
elle se développe sans qu’on y fasse attention
Il n’y a pas eu de moment où on a demandé à Jonas si il ressentait des
émotions ( ses amis tiennent à lui et il ne comprend pas, il est détaché
émotionnellement )
L’espace relationnel existe sans attendre des participants qu’ils acceptent ou
non
Jonas se conforme à la règle avec ses amis en participant aux événements
sociaux : ils ont senti une relation entre eux mais pour Jonas l’émotionnel ne
suivait pas, moins visible que le comportemental
Démolition
La philosophie du soupçon
3 penseurs, philosophes ayant une manière de penser la subjectivité et la rationalité des gens
en allant voir ce qui se cache en dessous de ce qu’ils disent : jetant le soupçon sur la
conscience :
o Karl Marx ( 1818-1883 )
o Friedrich Nietzsche ( 1844-1900 )
o Sigmund Freud ( 1856-1939 )
Ils ont révolutionné la manière de penser le sujet moderne
Rationalisme : doctrine qui pose la raison discursive comme seule source possible de toute
connaissance réelle
o Perspective dominante jusqu’à l’arrivée des maitres du soupçon
Philosophie du soupçon répond à la tradition moderne et rationaliste
XIXème siècle : sciences positives et sciences humaines vont s’autonomiser et devenir des
disciplines à part entière
o Séparation entre la science en tant que connaissance du monde et les sciences
humaines en tant que réflexion sur l’humain et la place qu’il prend au sein de ce
monde
Hegel est le « dernier grand philosophe » qui essaye de rendre compte de toute la réalité.
Après lui la philosophie sera plus spécifique ( ouvre la voie à la phénoménologie )
o Il pense qu’il aura réglé toutes les questions de la rationalité, de l’expérience
rationnelle du sujet ( effectivement, la philosophie s’intéressera plus tard à des
objets spécifiques au lieu d’essayer de résumer la rationalité )
Pratique du soupçon existe depuis toujours dans la philosophie ( Socrate jette le soupçon sur
les sophistes )
o Philosophie = toujours auto-questionnement
La raison, elle-même, n’avait encore jamais été remise en question de façon aussi radicale
et déterminante… Bien que
o Descartes : la certitude trouvée dans le cogito ( je pense, donc je suis ) suppose la
traversée d'une mise en question radicale de tout ce que je croyais, sentais et
pensais jusque-là…
o Kant : la raison doit se soumettre à un tribunal, qui déterminera les limites de son
usage… mais ce tribunal est certes la raison ( pure )
o Schopenhauer : nécessité de repartir du corps…
La raison est soupçonnée d’induire en erreur : la critique philosophique doit commencer par
elle-même
o La subjectivité serait la base de tout, la philo ne sera basée que sur la subjectivité…
mais et si notre raison nous induisait en erreur ?
La raison devient mystificatrice : une fausse conscience, ou conscience trompeuse
o La philo se critique, se remet elle-même en question par des gens qui n’étaient pas
philosophes initialement
La conscience = une raison idéologique ( Marx )
Les philosophes s’adressent à eux-mêmes : le serpent se mord la queue
Le sens n’appartient plus à la conscience : L’homme devient étranger à lui-même
Il y a chez chacun de ces penseurs l’hypothèse des conditionnements, des déterminations
que la raison ne peut détecter
o La philo du soupçon est là pour mettre en lumière ces déterminants afin de mieux
comprendre le sujet
Ces déterminations influent sur la raison à son insu
Marx
1910, après Marx : des hommes très semblables, le regard tourné vers un même objectif, en
attente ou soumis à quelque chose. Surement réunis par une activité professionnelle ( ici, des
mineurs en Angleterre ). Soumission mais force collective.
Encore d’actualité
Doctrine
Particulièrement influencé par Hegel ; on dit que sa philosophie est par, grâce et contre
Hegel
Il lui emprunte notamment la notion de dialectique
o « J’ai critiqué le côté mystique de la dialectique hégélienne mais je dois reconnaître
qu’il en a le premier exposé le mouvement d’ensemble »
o « Chez lui la dialectique marche sur la tête ; il suffit de la remettre sur les pieds pour
lui trouver la physionomie raisonnable »
Il y a de la négativité, de la contradiction chez l’humain mais pour Marx, elle repose sur des
contradictions réelles, concrètes ( liée aux conditions matérielles de la vie humaine ).
L’homme est en lutte avec l’homme.
o « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes »
Dialectique Marxienne : repose sur des contradictions socio-économiques = le moteur de
l'histoire
o Il y a des paradoxes, des contradictions terrible en matière socio-économique
L’homme marxien
Sur quel terrain germent ces luttes sociales ? Sur le terrain de l’économie
o Lutte socio-économique
C’est la définition essentielle de l’homme : l’essence de la condition humaine est que
l’homme est un être de travail
L’homme, à travers le travail, transforme le monde, il domine la nature ( ≠ animal ou // )
o // essor économique de l’époque ( pas encore de questions d’écologie )
o Période de construction
o Animalité : nous ne sommes pas des animaux car nous nous approprions le monde
mais le propre de l’animal est de s’approprier un territoire…
L’homme n’a de cesse de vouloir améliorer ses conditions économiques
Homme marxien = aux antipodes des conceptions philosophiques depuis son origine
L’homme est un être pratique
o Qui pratique le monde dans un environnement matériel
Marx ne nie pas qu’il y a une conscience mais elle n’est pas le plus fondamental
o C’est la capacité qu’ils ont à pratiquer l’expérience de la vie et donc à produire
Mais le travail est aussi le lieu de l’oppression, de l’aliénation de l’homme. Le travail réclame
une certaine organisation
L’homme ne fait pas que rentrer en contact avec la nature. Il y a des rapports sociaux de
production
o Organisation sociale du travail avec des rôles, des donneurs et des receveurs
d’ordres
À la base, il faut avoir de l’argent qui permet de produire une marchandise sans importance
qui permettra de produire plus d’argent
Infrastructure et superstructure
La superstructure est moins déterminante ( le capital symbolique selon Bourdieu ) qui sont
des éléments aliénant, qui endorme le sujet, surtout la religion, qui donnent l’illusion que
tout va bien
Le sujet conscient ne se rend pas compte qu’il est déterminé par ces éléments
Emancipation ? Révolution ?
Comment la révolution devant faire accéder à une société nouvelle est-elle rendue possible ?
Marx repère une contradiction fondamentale du capitalisme car « Le capitalisme est le
fossoyeur de son propre système » :
Cette loi tendancielle du capitalisme va faire que ces travailleurs ( qui sont, selon Marx, tous
dans les mêmes conditions de travail ) vont avoir une prise de conscience collective
o Alors qu’il critique la question de la conscience : nécessité d’une méta-prise de
conscience collective
Les prolétaires fondent alors une société sans état car l’état est le pouvoir organisé par une
classe en vue de l’oppression d’une autre classe
« Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! »
« Je crois toujours, cette nuit, que mon cher Paul Vaillant-Couturier avait raison de dire que
le communisme est la jeunesse du monde et qu'il prépare des lendemains qui chantent »
o ( Gabriel Péri, ancien député communiste fusillé par les nazis en 1941, lettre d'adieu
rédigée à la veille de son exécution )
o // prise de conscience collective
Philosophe allemand, d’abord philologue, qui formula une critique radicale de la pensée
occidentale ( et de la modernité ) et de la morale chrétienne
Influencé par la culture grecque ( Platon et Aristote ) et par Schopenhauer et Wagner ( le
compositeur )
o « Sans la musique, la vie serait une erreur »
o Importance donnée à l’art, place fondamentale, >< Marx
Ecrit par aphorismes ( courtes séquences, fusées verbales ) : essaie de donner une forme
musicale à son écriture, d’inventer rhétorique différente ( autre manière de penser et de dire
sa pensée )
Thématique de base : la destruction de la métaphysique
o Il veut détruire la philosophie, la conscience, de façon encore plus radicale que Marx
De santé fragile ( il souffrit toute sa vie d'une mauvaise vue et de migraines ) : « J’avais soif
de la mort »
Le thème de la grande santé, du surhomme ( ou surhumain ) est lié avec sa propre
biographie. Il parlera beaucoup de la puissance de l’homme.
Il mène une vie d’errance à la recherche du meilleur climat ( été en Suisse, hiver à la Côte
d’Azur ) pour sa santé fragile
A partir de 1889, il sombre dans la folie. À Turin, il saute au cou d’un cheval pour l’embrasser,
puis s’effondre. Dans une clinique psychiatrique on lui diagnostique une syphilis.
A la fin de sa vie, c’est sa sœur Elisabeth qui le recueille et s’occupe de lui. Nietzsche meurt
en 1900, sa sœur, sous l’influence de son mari, Bernhard Förster qui est antisémite, publie La
Volonté de puissance en 1901. Hitler, dans son discours à Weimar en 1933 fait de Nietzsche
un philosophe antisémite en reprenant la notion de surhomme.
Absurde : il n’y a rien de biologique et de racial dans la doctrine de Nietzsche
Il faudra attendre K. Jaspers, G. Bataille, M. Foucault, G. Deleuze, … pour réhabiliter
Nietzsche
Il détestait les allemands ( en étant allemand )
Influence de Schopenhauer
Schopenhauer s’intéresse à un élément qui a été jusque-là mis sous silence dans la
philosophie, très important chez Nietzsche : Le Corps
Ce qui échappe aux ressources de la philosophie est cette force ( instinct ) que nous
ressentons sans pouvoir l’expliquer
o Nous sommes animés par un instinct corporel qui est le déterminant de l’existence
o Pour faire de la philo, il faut prendre au sérieux cette force qui fait qui nous sommes,
notre puissance
Cette force n’est pas en nous mais plutôt cosmique
o Qui transcende la simple réalité corporelle
o Un élan vital de l’existence
Tous nos désirs, nos passions ne sont qu’une seule et même forme de volonté // Désir
( Deleuze, Derrida, Nietzsche, Freud, … )
o Nous sommes des machines désirantes visant à produire
La volonté est inconsciente : force universelle qui n’obéit à aucune finalité, aucun but, qui ne
tend vers aucun dessein
o Paradoxe
o Dimension absurde de l’existence : pas d’idéal, de destin, d’humanisme… juste une
force dont toute interprétation morale est une tromperie
Nihilisme : Le monde comme volonté de représentation : « La vie oscille comme un pendule
de droite à gauche entre souffrance et ennui »
o Posture philosophique qui consiste à tout relativiser, y compris l’existence ( lecture
pessimiste de l’expérience humaine )
o Pas comme Nietzsche ( forces dyonisiaques )
Solution : se détacher du « Je », du « Je pense » ( // Descartes ), de l’ego ( socle de toutes les
illusions que sont les représentations que nous avons du monde, nous empêchant de vivre le
monde et d’accéder à notre existence ) pour accéder à la Volonté ( inconsciente ).
Comment :
o Adopter la voie de l’art et de l’esthétique ( la contemplation de sa propre vie )
Place essentielle de l’art : une des rares activités humaines où l’humain ne se
perd pas dans la représentation
L’art se vit, se pratique, il ne s’explique pas, ne s’interprète pas
o le Bouddhisme
posture qui essaye de dépasser les représentations
L’homme nietzschéen
Avec Schopenhauer, ils partent de la même prémisse mais Nietzsche parle de l’affirmation
de la vie, de la positivité de la vie et pas sa négativité
o Pas un penseur nihiliste car il affirme la vie dans sa positivité
Il faut vivre la vie, elle en vaut la peine, il faut l’exalter. Dans Le Gai Savoir ( paragraphe
276 ) : « AMOR FATI » : accepter fatalement tout ce qui peut arriver dans la vie
Il faut faire de sa vie une œuvre d’art
Thème de l’éternel retour
o Accessible aux personnes qui en sont capables, les forts
Notion de fort ( acceptent l’éternel retour ) et de faible ( incapables d’assumer leur vie, la
puissance de l’existence )
o « il faut protéger les forts des faibles » qui ne savent pas exalter la vie
« Que serait-ce si, de jour ou de nuit, un démon te suivait une fois dans la plus solitaire de tes
solitudes et te disait : "Cette vie, telle que tu la vis actuellement, telle que tu l'as vécue, il
faudra que tu la revives encore une fois, et une quantité innombrable de fois ; et il n'y aura
en elle rien de nouveau, au contraire ! il faut que chaque douleur et chaque joie, chaque
pensée et chaque soupir, tout l'infiniment grand et l'infiniment petit de ta vie reviennent
pour toi, et tout cela dans la même suite et le même ordre - et aussi cette araignée et ce clair
de lune entre les arbres, et aussi cet instant et moi-même. L'éternel sablier de l'existence
sera retourné toujours à nouveau - et toi avec lui, poussière des poussières !" - Ne te
jetterais-tu pas contre terre en grinçant des dents et ne maudirais-tu pas le démon qui
parlerait ainsi ? Ou bien as-tu déjà vécu un instant prodigieux où tu lui répondrais : "Tu es un
dieu, et jamais je n'ai entendu chose plus divine!" Si cette pensée prenait de la force sur toi,
tel que tu es, elle te transformerait peut-être, mais peut-être t'anéantirait-elle aussi ; la
question "veux-tu cela encore une fois et une quantité innombrable de fois", cette question,
en tout et pour tout, pèserait sur toutes tes actions d'un poids formidable ! Ou alors combien
il te faudrait aimer la vie, que tu t'aimes toi-même pour ne plus désirer autre chose que cette
suprême et éternelle confirmation! » ( Le Gai Savoir, § 341 )
La force
Les forces rentrent, entre elles, dans des rapports de force ( conflits entre forces )
Une force va l’emporter sur une autre et va faire de l’ombre à cette autre force
Analogie aux forêt et aux arbres qui y poussent : tous tendent à grandir mais certains sont
étouffés
La Naissance de la tragédie ( 1872 ) : Quelle est la nature de ces forces ? Il y a trois types de
forces selon Nietzsche :
o Forces dionysiaques / Forces apolliniennes / Forces théoriques ou socratiques
Forces dionysiaques : Dépassent la forme, sublimes car pas représentables, désir, émotion,
affect, puissance de l’existence
Forces apolliniennes : limitées, cernables, appréhendables, à l’origine de la production
d’image par l’humain
Les Forces Dionysiaques et les Forces Apolliniennes sont du domaine de l’inconscient ( leurs
expressions se font surtout au niveau du corps, corporelles et relationnelles, de la relation du
corps au monde )
Les Forces Socratiques sont du domaine de la conscience ( leurs expressions se font surtout
au niveau de l’esprit, de la raison )
« L’accroissement de la conscience est un danger […] et même une maladie » ( Le gai savoir,
1882, V, § 354 ).
Le concept et l’événement
Nietzsche fait de toute la philosophie jusque Schopenhauer, une lecture où, d’une manière
ou d’une autre, jamais la vie n’a été acceptée comme telle
Comment les philosophes étouffent-ils ces forces vitales ? Les philosophes inventent des
concepts
o Paradoxe : il crée lui-même des concepts ( sans les appeler de la sorte )
Ces concepts nous servent à nous éloigner de la réalité sensible au détriment de
l’évènement ( // Deleuze )
Toute la philosophie est une affaire de croyance ( une mystification à faire sauter )
D’où viennent les concepts ? Le contact le plus immédiat que nous ayons avec la nature est le
domaine de la sensation
Le concept vient après la sensation ( où il n’y a ni objet, ni sujet )
o C’est une mystification par le concept qui nous permet d’appréhender la sensation
Contact avec la nature
Forces apolliniennes : mal nécessaire pour appréhender le monde, moins puissantes
L’homme freudien
Freud et la philosophie
Rencontre Brentano ( 1818-1917 ) à qui il vous une grande estime, il en est élève avec
Husserl ( inventeur de la phénoménologie )
Primat de la conscience incompatible avec le savoir de l’inconscient
Se veut plus scientifique ( Sulloway, 1979, Freud, Biologist of the Mind ) que philosophe. Il
reproche aux philosophes leur « vision du monde ».
o « Vous n’imaginez pas combien me sont étrangères toutes ces cogitations
philosophiques. La seule satisfaction que j’en retire est de savoir que je ne participe
pas à ce lamentable gâchis de pouvoirs intellectuels » ( Lettre à Eitigon, 1928, à
propos d’un ouvrage de Léon Chestov )
o « Nous sommes parvenus sans nous en apercevoir dans le port de la philosophie de
Schopenhauer » ( Au-delà du principe de plaisir, 1920 )
o [ À propos de Nietzsche : ses ] « intuitions et aperçus coïncident souvent de la plus
étonnante façon avec les résultats péniblement acquis de la psychanalyse » (
Autoprésentation, 1925 )
o « Nietzsche où je trouverai, je l’espère, des mots pour beaucoup de choses qui
restent muettes en moi » ( Lettre à Fliess, 1900 )
Hypothèse :
Le rejet de la conscience conduit à une incapacité de penser l’espace et le temps de façon
unifiée…
o ou…
L’incapacité de penser l’espace et le temps de façon unifiée conduit au rejet de la
conscience…
Marx considère la temporalité comme une « répétition historique » ( Assoun, 1978 ) mais
permet de penser les « lendemains qui chantent » ( grâce à la révolution )
Le concept d’éternel retour chez Nietzsche suggère un temps répétitif ( à l’infini ) mais aussi
l’avènement du Surhomme ( qui accepte la force de la vie )
Freud à travers les notions de régression et fixation, d’après coup, de compulsion de
répétition conçoit également la temporalité comme un phénomène répétitif et circulaire.
Intéressant de constater que Freud ( à l’inverse des deux autres maîtres du soupçon )
n’évoque pas une issue, ne propose pas une « solution thérapeutique » - voir L’analyse avec
fin et l’analyse sans fin ( 1937 )
Le cas Maximilien
Maximilien, 10 ans, consulte pour un diagnostic d’hyperactivité révélé en milieu scolaire. Lors
des entretiens, il se présente comme un enfant calme et poli. Les évaluations
psychodéveloppementales mettront en évidence des difficultés de représentation de
l’espace et de structuration de ses activités mais il semble difficile sur base de ces
observations de confirmer un diagnostic d’hyperactivité. Forts de ces éléments, nous
estimons utile de nous déplacer sur le lieu où se jouent les difficultés de Maximilien.
L’observation se déroule dans une petite école de village. L’agencement de la classe a une
importance essentielle. Le local est rectangulaire et exigu mais chaque banc double y trouve
une place raisonnable. Le bureau de l’institutrice est au fond de la classe, ce qui a pour
conséquence que les enfants lui tournent le dos lorsqu’elle est installée à cette place (voir
schéma). Cette configuration insolite s’explique par la présence d’un « tableau interactif »
flambant neuf qui occupe le devant de la scène et est seul sur l’estrade. Un tableau interactif
est un écran blanc tactile associé à un ordinateur et un vidéoprojecteur. L’ordinateur, grâce
aux manipulations de l’enseignant, transmet diverses informations à l’écran – projetant donc
des images accessibles aux élèves – et réciproquement – via un stylet qui permet de
numériser les traits produits par l’enseignant sur le tableau. Le vidéoprojecteur se charge
d’afficher l’écran de l’ordinateur sur le tableau blanc. Il est donc possible d’effectuer sur
l’écran projeté au mur tout ce qu’on peut réaliser avec une souris ou un clavier
Ce nouvel outil permet à l’enseignant de réunir en un seul objet et une seule interface, de
façon ergonomique, un ensemble de fonctionnalités qui jusque-là lui demandait d’être
constamment en activité, de maîtriser et de manipuler une multitude de matériels (tableau
vert, craies, latte, compas, abaque, imagiers, ordinateur, télévision, etc.).
Le directeur de l’établissement et l’institutrice ne tarissent pas d’éloges à l’égard de cette
révolution technologique et, lors de notre arrivée, ceux-ci nous parlent exclusivement de ce
nouveau dispositif, le cas de Maximilien apparaissant secondaire voir non présent.
La cloche sonne la reprise des cours. Nous nous installons à l’arrière de la salle, de manière à
être à proximité de Maximilien, relégué depuis plusieurs mois au fond de la classe. Tout au
long de l’après-midi, l’institutrice donnera cours depuis son bureau, à l’arrière de la classe en
écho aux images projetées sur le tableau vers lequel regardent les enfants. Installée derrière
son bureau en coin, face à son ordinateur, l’institutrice propose à ses élèves des tâches
mathématiques ou encore de lecture.
L’activité de lecture est consacrée, de façon particulièrement bienheureuse pour notre
propos, à la connaissance du corps humain. Durant cette séance, l’institutrice demande aux
enfants le nom des différentes parties du corps qui sont projetées sur le mur multimédia.
Lorsque les enfants souhaitent répondre, c’est spontanément que tous se contorsionnent sur
leur chaise afin de pouvoir faire face au visage de l’institutrice. Lorsqu’ils lèvent leur doigt
pour être choisi ou, ensuite, lorsqu’ils prononcent la réponse, ils semblent ne pas pouvoir
s’empêcher de regarder leur enseignante.
Ces mouvements amènent de l’agitation et systématiquement les réprimandes de
l’institutrice qui répète à l’envi « Tenez-vous droits sur vos chaises et regardez devant vous ».
Pourtant, rien n’y fait, les enfants continuent de se retourner régulièrement pour, à tout le
moins, lui jeter des regards furtifs, nous donnant l’impression d’avoir besoin de se rassurer
quant à la présence toujours effective de leur institutrice.
Les enfants, à travers leurs mouvements, semblent chercher à percevoir la réaction de
l’enseignante à la réponse qu’ils viennent de donner. Les confirmations ou infirmations
discursives ne suffisent pas. Il leur faut observer les mimiques du visage, le plissement des
fossettes, la posture du corps. Les enfants, sans même y penser, acceptent de « jouer le
jeu », ils participent et s’impliquent dans leurs apprentissages mais, en retour, il semble qu’il
leur faut un échange corporel traduisant un vécu émotionnel.
Les jambes repliées sous leurs fesses, les enfants ne peuvent s’empêcher de pivoter leur
tronc de façon agile mais selon des mouvements de contorsion que nous ressentons, ma
collègue et moi, comme contre-intuitifs, voire « déformants ». Maximilien, qui semble
particulièrement gêné par ce dispositif, en vient à se lever de sa chaise pour se tenir droit. Il
donne également, par ce geste, l’impression de vouloir se rendre visible aux yeux de
l’institutrice en lui faisant face. Ce constat spatial saisissant crée en nous une impression
d’étrangeté, une intuition de malaise que nous avons du mal à rationnaliser.
Dans cette classe, c’est en fait l’ensemble, la structure qui apparaissent désorganisés.
Pouvons-nous encore réellement employer nos repères spatiaux et parler d’avant et de fond
de classe pour orienter nos observations ? En effet, jusque-là, le professeur, à l’avant de la
salle, attirait l’attention de ses élèves sur le devant de la pièce. Dans la situation qui nous
occupe, l’interaction essentielle avec ce même professeur opère un renversement de
l’espace, l’arrière de la classe devenant naturellement le point d’intérêt collectif, au grand
dam de l’institutrice y siégeant en permanence et qui semble ne pas mieux comprendre les
particularités de ce dispositif provoquant la contorsion contre-intuitive généralisée.
Preuve du vécu de manque de ressources dans lequel l’institutrice est plongée, elle envoie,
comme nous l’avons déjà mentionné, Maximilien au fond de la classe. En guise de punition,
de mise en garde ou pour attirer l’attention sur une conduite inadéquate, la sentence « va au
fond de la classe » ou sa variante « viens ici devant, seul, près de moi », suggérant
traditionnellement un rapport spatial implicite de proximité, n’a plus de sens. La classe n’a
plus de fond, les repères sont éclatés. La contorsion des jeunes enfants suggère, comme le
ferait un animal lors de situations territoriales problématiques, une perte des points de
repères nécessaires et une déterritorialisation de la classe.
Les enfants changent ensuite de registre d’activités. L’institutrice décide de réviser avec eux
l’emploi de l’abaque pour étudier les grandeurs et mesures. Elle leur conseille alors de tracer
un abaque dans leur cahier de brouillon et de prendre exemple sur ce qu’elle va faire…
L’institutrice « ouvre » alors un document « word », sélectionne l’option « insertion » et
introduit plusieurs lignes, grâce à sa souris, de manière à faire apparaître un tableau qu’elle
complète ensuite par les mesures de poids grâce à son clavier.
Comme mentionné précédemment, Maximilien peine à se représenter l’espace et à évoluer
dans celui-ci. Face à une tâche complexe, il ne sait comment procéder pour décomposer
l’exercice. La seule façon qu’il trouvera pour pallier ses difficultés, sera, de manière assez
gauche, d’imiter l’enfant installé devant lui. L’institutrice l’interpelle en justifiant qu’il copie,
qu’il fait le pitre et qu’il dérange ses camarades.
Enfin, après avoir demandé aux enfants de ranger leur cartable et de se munir de leur
gobelet de couleur, l’institutrice les encourage à progresser dans l’apprentissage de la « cup
song » organisée pour le spectacle de fin d’année. Nous nous attendons à voir l’institutrice
venir sur le devant de la classe et prendre la place du tableau interactif. Mais, une fois de
plus, notre intuition et notre anticipation nous auront joué des tours. L’institutrice lance une
recherche internet pour récupérer une vidéo préenregistrée avec un avatar qui réalise une
démonstration « modèle » et « parfaite » de la pratique de la « cup song ». Pendant dix
minutes, la vidéo tournera en boucle afin que les enfants parviennent à singer la référence.
Les enfants peinent à décomposer les divers mouvements et sont renvoyés à une terrible
impuissance face à cette image parfaite et sans faille répétant sans cesse – et de façon
chaque fois absolument identique – un son parfait. Dans une cacophonie et un brouhaha de
sons disparates, nous entendons à peine sonner la cloche annonçant la fin de la journée.
Pistes analytiques
L’art de l’enseignement repose notamment, de façon implicite, sur un rapport essentiel à
l’espace et au corps.
Rapport de l’humain aux espaces organisées ( pour l’enfant l’école et la classe ) : on parle de
la classe des « grands », celles des « petits » par lesquelles l’enfant est généralement déjà
passé, le bureau du directeur, le préau, la cour et les marelles, le réfectoire, etc.
o Lieux institutionalisés, aux règles implicites… des repères pour les enfants
Les conduites de marquage territorial y sont nombreuses : tableau , posters, photos ( des
anciens « propriétaires » du territoire ainsi que des « habitants actuels » ), tableaux
récapitulatifs ( tables de multiplication ) ou à l’organisation de la classe ( la répartition des
tâches ) sont des objets dont la création et la subsistance peuvent soutenir l’analogie avec
les marquages territoriaux du règne animal
o Objets qui font qu’ils savent que c’est « chez eux »
Les informations exposées en classe varient d’une existence instantanée ( données qui
seront rapidement effacées du tableau grâce à l’éponge ) jusqu’à l’affichage pérenne, qui
durera l’année entière, voire des informations qui seront là avant et au-delà de l’année
scolaire.
o Dans cette classe, rien d’affiché, comme dans un hôpital psychiatrique
ICI :
o La capacité de stockage informatique est telle que tout peut être mémorisé.
o Il n’y a plus de raison de territorialiser les murs de la salle puisque tout est dans la
mémoire de l’ordinateur et peut être projeté « en un coup de clic ».
o Il n’y a plus que des certitudes, le disque dur est l’assurance de la lutte contre
l’oubli.
On n’a qu’à cliquer
o Ce dispositif préserve du malentendu et garantit un savoir absolu, permanent,
inchangé, intact voir indiscutable .
MAIS :
o Les enfants ont besoin du corps de l’enseignant pour l’imiter ( // cup song ), le
toucher, le voir interpréter une situation à travers des mimiques, etc.
o Les écoliers ont besoin de partager des émotions avec leur enseignant.
o Que les écoliers ?
Nature humaine d’avoir besoin d’être en interaction corporelle avec son interlocuteur
L’attention n’est pas seulement une fonction cognitive mais surtout une capacité
d’interaction avec l’autre et l’environnement.
o L’attention est un phénomène ancré dans une situation
Parfois, l’enfant est confronté à un environnement scolaire qui se transforme peu, qui peine
à répondre à ses besoins spécifiques, et il éprouve donc des difficultés à y adhérer.
Dans la situation présentée, le dispositif empêche l’interaction, et il semble que Maximilien,
plus qu’un autre enfant, ne parvienne à s’y adapter. Maximilien semble plus sensible aux
interactions que d’autres, ses besoins d’observer autrui sont peut-être plus importants.
Toute la « corporéité » dont il semble avoir besoin comme tremplin est délaissée au prix
d’une technologie mal investie qui contribue inévitablement à son décrochage et son
énervement en classe.
o Et à son diagnostic d’enfant hyperactif
La situation clinique de Maximilien nous montre à quel point, avant de voir en l’enfant ( en
l’humain ) des difficultés inhérentes à sa personne, il est impératif de tenir compte des
dispositifs qui l’encadrent et d’aller à leur rencontre.
o Gauche :
Photo prise en prison belge ( pas le droit de montrer le visage des prisonniers
pour « leur bien », « la protection de leur vie privée » il n’ont pas le droit de
choisir si ils acceptent de se montrer ou non ) : Détenu spécifique qui ne
devrait jamais sortir de prison et qui réalise des maquettes de sa cellule dont
il est fier, il veut poser avec pour la photo mais pas le droit aux visages dont il
se recouvre d’un drap ( // les amants de Magritte )
Résumé de l’existence corporelle dans le milieu carcéral
On perd son visage, sa propre identité même si elle est toujours là,
on ne le voit pas
Problématique spatiale de l’existence carcérale : un intérieur dans un
intérieur, dans un intérieur… aliénation spatiale terrible
Expo avec notamment cette photo où il propose au détenu d’exposer ses
maquettes et de les vendre
« définition de la psychothérapie » : donner des parcelles de liberté
là où elle se cache
o Droite :
Francis Bacon
Figures enfermées dans un rectangle de verre, corps abimés, défaillants,
incomplets mais bel et bien des corps humains
Mise en évidence de l’environnement carcéral
« Il semble que l’imagination qui hante à des degrés divers l’esprit de toute créature soit
pressée de se séparer d’elle quand celle-ci ne lui propose que l’impossible et l’inaccessible
pour extrême mission. Il faut admettre que la poésie n’est pas partout souveraine »
o René Char, Feuillets d’Hypnos, 1946, p. 132.
o Il y a peut-être des endroits si terribles que même la poésie n’y peut rien
Histoire de la folie à l’âge classique : pourquoi on enferme les fous ? corrélation entre être
fou et être enfermé ?
Surveiller et punir : pourquoi est-ce qu’on enferme ? pourquoi est-ce la seule solution qu’on
ait trouvé ? comment sa se passe ( prison et psychiatrie )
Photo : agent de polie ( autorité ), Deleuze, Sartre et Foucault
Le temps
Cette horloge de prison ne bouge plus depuis des années
o En prison, le peu d’horloges sont toujours à l’arrêt
o Premier acte thérapeutique : remettre des piles ( se réapproprier le temps )
o En prison le temps ne passe pas, c’est toujours le même jour, la même heure, à très
peu d’exceptions près ( ex : mercredi des visites, vendredi des frites )
Pas de frites -> grèves et mouvements d’humeur
Frites = un des points de repères de l’existence des détenus
Le corps
L’émotion
« Ce que j’essaie de repérer sous ce nom, c’est (…) un ensemble résolument hétérogène
comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions
réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des
propositions philosophiques, morales, philanthropiques ; bref, du dit aussi bien que du non-
dit (…)
par dispositif, j’entends une sorte de formation qui a une fonction stratégique dominante
(…), ce qui suppose qu’il s’agit là d’une certaine manipulation de rapports de force.
Le dispositif, donc, est toujours inscrit dans un jeu de pouvoir, mais toujours lié aussi à une
ou des bornes de savoir, qui en naissent, mais, tout autant, le conditionnent. C’est ça le
dispositif : des stratégies de rapports de force supportant des types de savoir, et supportés
par eux » (Foucault, 1977, pp. 8-10).
o Celui qui a le savoir a le pouvoir
Le « sujet » du dispositif
« C’est pourquoi les dispositifs doivent toujours impliquer un processus de subjectivation. Ils
doivent produire leur sujet » (Agamben, 2006, p. 27).
Création d’une subjectivité carcérale = être unique en général
o La prison crée le détenu
o Le carcéral crée l’identité carcérale
o Subjectivité sans individualité, sans subjectivité
o « être unique en général » : le même que tous les autres, superposable aux autres
o Gestion de flux : trop de détenus -> on déplace
L’ « inexistence » du dispositif
Qui est le dispositif ?
Le gardien ? Le directeur ? Le ministre ? Le roi* ? Dieu ?
o « je ne fais qu’appliquer le règles »
o Grâce royale
o Détenus psychotiques -> courrier adressé à Dieu
Le détenu finit par comprendre que la seule subjectivité qui existe en prison est la sienne,
soumise à l’organisation d’une « machine sans tête ».
o Le dispositif n’est personne : c’est les rouages qui nous organisent plus que la
responsabilité de quelqu’un
L’aliénation impossible
o Aliénation nécessite quelqu’un, ici c’est encore pire
« Le pouvoir n’a pas d’essence, il est opératoire. Il n’est pas attribut, mais rapport »
(Deleuze. 1986, p. 35).
« La surveillance doit être comme un regard sans visage (…) » (Foucault, 1975, p. 249)
o Il n’y a rien dans le tour d’observation, personne ne gère les caméras… que du
contrôle à l’état pur sans subjectivité
Le dispositif absolu
La vie liquide
Modernité et postmodernité
Truman show
Que fait-on face à ces dispositif ? comment réfléchir une intervention thérapeutique pour
Maximilien ?
o Ex : thérapies en prison
Le problème du patient n’est pas que dans sa tête, parfois lié à l’environnement et aux
dispositifs
Le dépassement de la situation
À la fin, il comprend que qqch ne va pas et trouve le bout du monde, ouvre une porte, salue
la caméra et s’en va : il dépasse la situation
« Pour nous, l’homme se caractérise avant tout par le dépassement d’une situation, par ce
qu’il parvient à faire de ce qu’on a fait de lui […] » (Sartre, 1960, p. 85).
« Quel est ton but en philosophie ? Montrer à la mouche l’issue par où s’échapper de la
bouteille à mouches »
o Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, 1953, p. 309.
o À quoi sert la philosophie ?
La profanation
James C. Scott
o professeur de science politique à Yale
o influencé par Foucault et Bourdieu
o Anarchiste ( intérêt pour l’anarchie ) : comment produit-t-on des sujets soumis au
pouvoir ?
Résistance en situation de subalternité
o Être thérapeute, c’est être résistant avec son patient
Étude ethnographique de la vie des paysans en Malaisie
La liberté ( carcérale )
« Plus nous sommes attaqués par le néant qui, tel un abîme, de toutes parts menace de nous
engloutir, ou bien aussi par ce multiple quelque chose qu'est la société des hommes et son
activité, qui, sans forme, sans âme et sans amour, nous persécute et nous distrait, et plus la
résistance doit être passionnée, véhémente et farouche de notre part. N’est-ce pas ? »
o Friedrich Hölderlin, 1797, (cité par Heidegger, 1968), p. 52.
o En réponse à René Char
Intéressantes et complémentaires
Toutes en commun : Phénomène localisable ( chacun a son hypothèse ) et individuel
( nous appartient à nous seul )
Freud
Phénoménologie
Relation avec :
o Lui-même
o Les autres
o Tout l’environnement non-humain ( vivant et non-vivant )
On a autant besoin du corps que du cerveau pour être conscient
La conscience préréflexive
Le corps est à l’origine de cette expérience princeps ( première, originelle ) rendant le sujet
conscient de son statut de « sujet conscient »
De façon précognitive, préréflexive et préthématique, mais aussi dans une certaine
immédiateté ( sans efforts ), le corps donne au sujet l’intuition de ce qu’il est ; il est la
conscience de soi dans ce qu’il y a de plus fondamental, de plus originel
o Le corps à la source de l’expérience consciente
Philippe Rochat
« le bébé vient au monde avec la promesse d’une croissance mentale formidable, une
croissance qui le mène, en l’espace de moins de 24 mois à l’imprégnation culturelle, une
conscience de soi sophistiquée, à l’appréhension d’un monde consensuel et à l’intention de
communiquer avec autrui par l’intermédiaire de symboles »
o Comment est-ce possible en si peu de temps ?
Naissance à 2 ans…
o Que se passe-t-il ? comment devient-on conscient ? comment l’est-on ?
Merleau-Ponty
o Le corps est pourvu d’une double sensation qui consiste à pouvoir toucher
( dimension active ) et à pouvoir être touché ( dimension passive )
o Ex : toucher sa main droite avec sa main gauche : « la première est un entrelacement
d’os, de muscles et de chair écrasé en un point de l’espace, la seconde travers
l’espace comme une fusée ou aller révéler l’objet extérieur en son lieu »
Postulat de Rochat :
o Très tôt, le bébé développe une connaissance de soi implicite, uns conscience
écologique du corps en relation aux autres objets physiques de l’environnement et la
connaissance affective de soi en relation à autrui
o Lorsqu’il agit dans l’environnement, son action aide à spécifier d’une part l’objet sur
lequel porte l’action, mais aussi le corps propre qui supporte l’action
Connaissance de son corps en plus de la connaissance des choses
Dans les activités orientée ( saisie d’objet, orientation préférentielle vers la vois, le visage ou
l’odeur de la mère ), l’enfant développe une connaissance d corps propre dont on peut
distinguer 4 aspects :
o Le sens d’un corps comme entité différencié ( de l’environnement )
o Le sens d’un corps situé ( dans l’environnement )
o Le sens d’un corps agent
o Le sens d’un corps organisé
Théories conventionnelles ( Piaget, Mahler ) : le bébé nait dans un état de fusion avec le
monde ( « autisme infantile » )
Pourtant, dès la naissance le bébé discrimine ses perceptions sur base d’expériences
multisensorielles
o Rochat et Hespos : chez le nouveau-né de moins de 24h, il y a significativement
moins de comportements de fouissement ( orientation de la main vers la bouche ) si
c’est son propre doigt ( autostimulation – toucher double ) que si c’est le doigt de
l’expérimentateur ( allo-stimulation )
Loin d’une confusion soi-monde au début de la vie
Conscience d’un corps situé ( dans l’environnement )
Dès l’âge de 4 mois, l’enfant tend à porter ses mains vers les objets qu’il voit
Activation très fine : ne touche pas tout ce qu’il voit mais les objets qui en valent la peine : il
tient compte de la distance qui le sépare de ces objets
Sphère de préhension ( zone où il peut saisir l’objet avec un maximum d’extension )
o Si l’enfant sait qu’il n’est pas capable de l’atteindre, il ne s’y intéresse pas
Par contre, diminue significativement lorsque l’objet est présenté à 5-6 cm hors de la zone de
préhension : l’enfant se désintéresse alors de l’objet
Dès 4 mois, le bébé a un sens de son corps situé par rapport aux objets
Dans les activités orientées et planifiées ( prend un objet pour l’amener à sa bouche ou
secoue un objet pour faire du bruit ), le bébé découvre son pouvoir de causalité physique sur
les objets ( ainsi que son impuissance )
Nouveau-nés : capables d’apprendre à sucer de façon particulière une tétine afin d’entendre
la voix de leur mère plutôt qu’une autre voix féminine ( ainsi que de voir le visage de la mère
plutôt qu’un autre )
Expérience des tétines musicales ( Rochat & Striano, 1999 ) : dès 2 mois capable de sucer de
façon différente en fonction de la musique que produit la tétine ( différences entre condition
aux sons analogues vs non analogues )
Nouveau-nés auraient déjà une forme de conscience de leur schéma corporel : piqure au
talon -> gestes de frottement avec l’autre pied
Mais aussi explorations privilégiées vers 2 mois : ses mains, ses pieds, sa voix
Le corps est un objet d’exploration privilégié
Conscience écologique
Conclusion : dès les premières années de vie, l’enfant développe une conscience implicite de
son corps. Il s’agit d’une perception directe du corps comme entité différenciée, située et
agissante par rapport aux autres objets physiques ; une entité organisée par rapport à elle-
même et, bien sûr aussi, une entité capable de ressentir toute une gamme d’émotions
Émergence de la coconscience
Dès 18 mois, l’enfant devient conscient de lui-même dans sa dépendance aux autres
Le corps n’est pas seulement une boite à outils qui permet d’agir de façon adaptée sur les
choses. C’est d’abord un lieu d’expression émotionnelle et de communication avec autrui
« protoconversations » et « danses affectives » ( dès le 2ème mois ) : source d’une
connaissance implicite du corps comme siège d’émotions qui se manifestent en résonnance
avec autrui
1ère étape : le sens du soi écologique, sens du corps comme entité différenciée, située et
agente dans l’environnement ( dès les six premières semaines de vie )
2ème étape : parallèlement à l’apparition du sourire social, en plus du soi écologique, ébauche
d’expériences partagées et de « protoconversations » échafaudées par l’adulte ( dès le 2 ème
mois )
3ème étape : développe des attentes sociales dans ses rapports de réciprocité ( entre 2 et 7
mois )
4ème étape : angoisse de l’étranger de Spitz ( 1965 ) face à des personnes qui ne lui sont pas
familières ( 8ème mois )
5ème étape : développe en plus d’une attention partagée avec autrui, les débuts de la
collaboration et de la coconscience où le regard d’autrui est approprié et intégré au sien
( Dès 9 mois et de façon culminante à 18 mois )
Cette dernière étape ouvre la porte du développement symbolique et permet l’entrée dans
la culture, l’enseignement, la capacité de représentation des perceptions, croyances et
connaissances d’autrui = « théorie de l’esprit »
Observations dans des régions rurales du Pacifique Sud ( Samoa ) où l’enfant grandit dans un
environnement socioculturel très différent en comparaison aux régions urbaines et riches
des pays occidentaux : l’ordre du développement social et cognitif reste dans ses grandes
lignes invariant
Ordre universel et métaculturel dans le développement de la conscience de soi et des autres
Retenir
N’échappe pas à certains biais d’inférence propres à l’interaction avec les enfants
o On a tendance à interpréter le comportement des enfants à la lumière de notre
propre connaissance du monde
o Ex : l’enfant qui, à l’âge de 2 ans, se touche le visage en raison d’une tâche rouge
indiquerait la conscience de soi explicite mais rien n’indique que la conscience n’est
pas antérieure à la faculté de produire le geste de se toucher intentionnellement le
visage ( pose la question de la motricité fine )
N’étudie pas « l’enfant en situation » : manque une dimension éthologique / écologique
o Ex : l’enfant est rarement devant un miroir en général : il est peut-être plus
fréquemment confronté à d’autres façons d’avoir conscience de lui-même
L’enfant en situation
« l’homme en situation […] l’homme dans le monde, tel qu’il se présente à travers une
multitude de situations : au café, en famille, à la guerre » ( Sartre, 1939, p. 17 )
« L’observateur ne comprend jamais le comportement qu’à partir de la situation. […] Il ne
nous est pas possible de reconnaitre la conduite […] si nous ne pouvons au préalable établir
un rapport significatif entre l’acte et une situation, et entre celle-ci et l’acte » ( Buytendijk,
1958, p. 16-17 )
Toute situation oscillant entre normal et pathologique doit être référée à son environnement
et être recontextualisée : « Le vivant et le milieu ne sont pas normaux pris séparément,
mais c’est leur relation qui les rend tels l’un et l’autre » ( Canguilhem, 1966, p. 90 )
L’expérience du miroir
Weyergans
o « J’avoue que j’ai mis du temps à comprendre que c’était mon visage que
j’apercevais. J’ai tout simplement cru que c’était celui de ma mère. J’ai supposé
qu’elle était là depuis des mois, inlassable, solide. Comment ai-je compris que ce
n’était pas elle ? D’abord, ce visage ne parlait pas. Et il se tenait trop près du mien
pour être celui de ma mère : si elle avait collé à moi de la sorte, front contre front,
aurait-elle pu résister si longtemps à la tentation de me manger ? Ce reflet incolore
qui venait me tenir ne pouvait être que le mien, le seul capable de supporter que je
me développe et m’épanouisse, le seul qui ne m’obligera jamais à lui dire "bonjour"
ou "comment ça va ?" » ( Weyergans, 1986, p. 173 )
Le narcissisme doit donc être repensé et élargi, non plus comme « le complément libidinal à
l’égoïsme de la pulsion d’autoconservation » ( Freud, 1914, p. 218 ) mais plutôt comme la
prise en compte de l’altérité dans le processus d’identité
« Le malheur c’est que je ne vois pas mon visage (…). Je le porte en avant de moi comme une
confidence que j’ignore et ce sont, au contraire, les autres visages qui m’apprennent le mien
» ( Sartre, 1939, p. 561 )
« Je est un autre » ( Rimbaud, 1871, p. 250 )
o Le narcissisme pourrait être simplement une expérience d’extrême altérité ( pas une
pulsion d’égoïsme comme le pensait Freud )
Conclusion
Le concept de « conscience de soi » ne doit pas être réduit à sa dimension cognitive
( explicite ) mais doit tenir compte de sa dimension implicite et relationnelle
o Dimension préréflexive de l’existence !
Toujours garder à l’esprit le caractère « situé » d’une connaissance
Réappropriation de son moi par le corps : ce qui est central dans l’expérience de tous c’est la
capacité qu’on a à habiter le monde à travers des outils et techniques
Gason.laszlo@gmail.com
Répétition générale
Question d’actualité
1 des 4 questions d’exam : une vignette nous présente un cas clinique ou d’actualité à relier
au point de matière qu’on souhaite ( plusieurs possibilités, tant que ça a du sens c’est bon )
1 sur le cas Jonas
2 sur la matière hors Jonas
Livre à l’examen ?
Maitres du soupçon
o Nietzsche
Dyonisiaques : forces vitales, primaires, d’affirmation, lié au sublime, l’ivresse, sans cadre
Apolliniennes : forces vitales, primaires, d’affirmation, liés au beau, dans l’art
Socratiques : forces de raison, réflexion conceptuelle ( on enferme en catégories )
Le sentiment esthétiques doit passer avant la raison
Philosophie à la dynamique ( critique énormément de concepts qui bloquent les émotions,
les régule, cloisonne l’esprit humain )
o Les concepts assèchent le rapport primaire de l’homme à son environnement
o Conceptualisation ( // raison ) -> poubelle
Le nihilisme
Il n’y a pas de hiérarchie naturelle des valeurs, donc tout se vaut et rien n’a de sens, y
compris l’existence, tout est relatif
o Le fait même d’être est rejeté
o Pessimisme : rien n’est vrai alors pourquoi continuer dans le monde ?
o Hérité de Schopenhauer
Chez Nietzsche, on ne le prônait pas de cette façon
o Il faut dépasser le nihilisme, cet état
o Dépasser par l’affirmation des forces vitales de l’humain pour entre dans un rapport
vital, se faire surhomme, en vivant son existence comme si on était content si elle se
répétait à l’infini : en acceptant un éternel retour
Raison idéologique car influencée par les rapports de production mais ça n’empêche pas de
la questionner : il veut la mettre au jour pour permettre une réflexion sur sa condition :
prendre conscience de sa condition ouvre la porte au dépassement
La raison est toujours plus ou moins idéologique
Superstructure : façon dont s’institutionnalise les productions des la raison ( culture, droit,
art… ) -> production de la raison, qui est idéologique
Le désir est une voie sans issue : on désir une chose et quand on l’obtient on ne la désire plus
Atteindre l’objet de son désir annule
Rapport infini : on sera toujours triste
Phénoménologie = branche de la philo étudiant les choses comme elles apparaissent ( pas
d’intérêt métaphysique sur la raison, la nature des choses )
o Réel comme irréel ( halluciné, intangible )
o La conscience est le rapport d’un sujet à son environnement
À double sens, le sujet aborde le monde avec des préconceptions ( double
flèche )
Conscience de soi explicite = réflexive ( pouvoir écrire sur soi, mettre des mots : identité
narrative -> verbal // )
Conscience de soi implicite = préréflexive ( sans avoir besoin de mots, de verbal, être
conscient plutôt qu’inconscient ( coma ), juste réveillé )
Rochat
Savoir se reconnaitre dans son environnement, rapport de soi à l’extérieur
4 caractéristiques, critères : Conscience de soi et de son corps comme :
o Entité différenciée
Le corps doit être séparé de l’environnement
Je suis dans le monde sans être le monde
o Entité située
Quelque part plutôt qu’ailleurs
Si je ne sais pas où je suis, je ne sais pas me déplacer
o Agent
Agentivité : je peux agir sur le monde
o Organisé
Composé de plusieurs partie qui fonctionnent ensemble ( pas un gros tas )
// ex du pique talon de bébé
Foucault ( et Deleuze )
On parle de rapports de pouvoir : ex dans une prison le pouvoir sur les détenus est exercé
par les gardiens, sur les gardiens par le directeur, mais pas le directeur sur les détenus
o Le pouvoir de qui sur qui et dans quelle situation ?
o Ex : si le détenu s’évade et rencontre un gardien en civil il a le pouvoir
Le pouvoir est opératoire car il s’exprime dans des rapports, dans des liens et des situations
particulières
Pas attribut : pas un tel qui a le pouvoir
Le dispositif est conçu pour donner le pouvoir : il peut s’appliquer sans qu’il y ait quelqu’un
pour l’exercer ( ex : caméras dans les cellules )
o Ex : Caméras en rond noir, on ne sait pas de quel côté elle se tourne donc on se tient
à carreaux dans tous les endroits surveillables ( il n’y a pas forcément qqun qui
regarde )
Le jeu idéal ( Deleuze ) : rapports qui ne sont pas dictés par des conditions matérielles règles
qui conditionnent des comportements malgré les réalités matérielles
o Exécution au moyen âge donc matériel
o Prison aujourd’hui, pas matériel mais des règles
>< Durkheim
// Mauss
o Durkheim : l’intérêt d’étudier les sociétés premières, c’est que le social s’y explique
de façon nue et directe : un mode affectif, émotionnel ( se manifestant par des
pratiques rituelles ) -> social moins masqué par des représentations que dans les
sociétés modernes
o Mauss : dans les sociétés premières, le social se caractérise par la manière dont elles
règlent les conflits internes de tout groupe social, peu importe sa taille
Pratiques qui mettent en scène les conflits + émotions
Elles règlent les tensions internes par des pratiques symboliques, imagées,
afin de les dépasser
Ex : don et contre-don : le fait social total ( économique, culturel marital.. ) ->
supériorité du social sur l’individuel
Donner, recevoir et rendre
Situation d’attente sociale vis-à-vis de l’autre qui oblige à considérer
l’intérêt social comme supérieur
o Lévi-Strauss ( le seul à avoir fait du terrain ) : OK Mauss mais : il retombe dans les
catégories des individus et des sociétés qu’il étudie sans les questionner
Que les pratiques
Concept de Mana, d’énergie dans les individus et ce qu’ils donnent qui
obligent symboliquement à rendre
Mauss reprend cette catégorie sans l’interroger
On interroge l’avis « anormal » du meunier : offre un double regard sur la réalité : l’anormal
et la norme de l’époque
La micro-histoire : on va chercher de petites choses dans l’histoire pour les utiliser comme
des prismes qui nous révèlent l’ensemble
o // paradigme indiciaire
Démolition
Jonas
Situation problématique déjà là avant la mort de sa mère mais en puissance donc « ça
marche » mais à la mort de sa mère, le pivot de sa conduite problématique disparait et il
tourne à vide, n’a pas de sens à son attitude