Aop Pour Mri
Aop Pour Mri
Aop Pour Mri
I. INTRODUCTION.
Comme nous avons pu le constater dans les chapitres précédents, les montages
amplificateurs de base à transistors ne sont pas très commodes d'emploi :
- ils sont tributaires des dispersions des transistors, ce qui fait que leurs
caractéristiques sont imprécises et non répétables ;
Les amplificateurs opérationnels sont nés au début des années 60, quand on a
commencé à intégrer plusieurs transistors et résistances sur le même substrat de
silicium ; cette technologie a permis de bâtir des montages complexes, et de les faire
tenir sur une petite plaquette de silicium encapsulée dans un boîtier (généralement à 8
broches) commode d'emploi.
A. PRINCIPE.
A la base, l'AOP est un amplificateur différentiel, donc muni de deux entrées , l'une
dite non inverseuse (V+) et l'autre inverseuse (V-), et d'une sortie (s) :
Les gains, ainsi que les impédances d'entrée et de sortie d'un AOP doivent répondre à
des critères précis. On peut donner un schéma équivalent de l'AOP :
B. CARACTÉRISTIQUES.
Pour que cet amplificateur soit parfait, les gains en tension doivent répondre aux
caractéristiques suivantes :
- Avd =
- Avmc = 0
Un ampli parfait doit répondre aux critères suivants du point de vue des impédances :
- Zed =
- Zemc =
- Zs = 0
Tous les montages fondamentaux vont être étudiés avec les hypothèses relatives au
modèle d'AOP parfait telles que décrites précédemment.
Dans ces hypothèses, on a vu que le gain en tension différentiel tendait vers l'infini :
cela implique que la tension d'entrée différentielle (V+ - V-) va devoir tendre vers 0
pour que la tension de sortie soit finie (voir équation [1]).
A. AMPLIFICATION
1. Amplificateur inverseur.
La mise en équation est très simple, et s'appuie sur les conditions vues lors de la
définition de l'AOP :
- les impédances d'entrée étant infinies, il n'y a pas de courant qui rentre dans l'entrée
inverseuse (V-) ; par conséquent, tout le courant i arrivant dans R1 ira par R2 vers la
sortie de l'AOP.
- Le gain Avd est infini ; dans ces conditions, (V+ - V-) va tendre vers 0.
Comme V+ est à la masse, V- se retrouve au même potentiel : comme ce point n'est pas
relié physiquement à la masse, on parle de masse virtuelle ; pratiquement, et du point
de vue calcul, tout se passe comme si V- était vraiment relié à la masse.
Ces constatations étant faites, le calcul du gain en tension est un jeu d'enfant :
On fera attention à l'expression [7] : la tension et le courant sont dans le même sens,
d'où le signe -.
Le gain en tension est donc négatif, et sa valeur ne dépend que des deux résistances R1
et R2, qui peuvent être très précises : contrairement aux montages à transistors, le
résultat va être fiable et répétable !
On voit ici les limites de ce montage amplificateur : pour obtenir un fort gain en
tension, il faut augmenter R2 et diminuer R1 ; or, on va de ce fait diminuer l'impédance
d'entrée. Comme celle ci devra rester suffisamment grande et que d'autre part, on ne
L'impédance de sortie sera nulle, comme celle de l'AOP, et comme celle de tous les
autres montages basés sur un AOP :
Partant de ces deux remarques, on peut définir le quadripôle (figure 6). Il devrait
théoriquement arriver sur l'entrée + de l'ampli, on compensera le fait qu'il arrive sur
Fig. 6. Quadripôle .
Fig. 7. Quadripôle B.
B vaudra :
On note que dans ce cas, la méthode des schémas-blocs est plus longue que
l'utilisation de la loi d'ohm : nous l'avons déjà dit, elle devient "rentable" quand le
schéma se complique, ou pour faire des simulations sur ordinateur (logiciels de tracé
de courbes travaillant en complexes, calculateurs vectoriels et matriciels...)
Ceci ouvre la voie à tout une panoplie de filtres et correcteurs en fréquence divers et
variés ; le gros avantage de l'AOP par rapport à des circuits purement passifs, c'est
qu'on va pouvoir amplifier le signal à certaines fréquences, et non plus seulement
l'atténuer, ce qui offre des débouchés nouveaux et intéressants.
On en tire :
Le gain est non seulement positif (ampli non inverseur), mais il est aussi toujours
supérieur à 1, alors que l'ampli non inverseur autorisait un gain (en valeur absolue)
inférieur à 1, soit une atténuation. Notons que pour un ampli, cette caractéristique n'est
pas trop gênante...
Pour ce qui est de l'impédance d'entrée, on attaque directement l'entrée de l'ampli : elle
sera donc infinie dans le cas d'un AOP, et très grande dans tous les cas ; de plus, elle
ne dépend pas du gain choisi, ce qui laisse plus de latitude dans le choix de R1 et R2
pour régler le gain que dans le cas du montage inverseur. L'impédance de sortie est
nulle :
On a donc ici un ampli qui présente des caractéristiques idéales ! En pratique, seul le
comportement en fréquence de l'amplificateur opérationnel réel viendra ternir le
tableau.
4. Montage suiveur.
Ce circuit est aussi idéal en entrée et en sortie d'un montage pour bénéficier
d'impédance d'entrée infinie (ou presque) et d'impédance de sortie très basse.
B. MONTAGES OPÉRATIONNELS.
1. Additionneur inverseur.
- on ne peut pas faire varier le gain de chaque voie indépendamment des autres, à
l'aide d'un potentiomètre, par exemple, alors que c'est une fonction souvent demandée
à ce genre de montage.
On a :
En sortie, on a :
On voit qu'on peut ajuster le gain globalement en jouant sur R, et le gain de chaque
entrée en jouant sur les résistances Ri. Ce montage offre donc toutes les souplesses.
Aux chapitre des inconvénients, l'impédance d'entrée de chaque voie i est égale à la
résistance Ri :
Pour calculer le gain en tension de cet étage, on va faire appel à la formule du pont
diviseur et au théorème de superposition. Le lien va encore être l'équation :
La formule du pont diviseur est ici appliquée sans approximation, car l'impédance
d'entrée de l'AOP est infinie.
Le calcul de la tension sur l'entrée inverseuse se fait en deux temps, et avec l'aide du
théorème de superposition :
Tel quel, ce montage n'est pas un ampli de différence ; il faut imposer des conditions
sur les résistances. Si on pose :
on obtient :
On a bien en sortie la différence des deux signaux d'entrée multipliée par le gain k.
Si les résistances ne sont pas bien appariées deux à deux dans le rapport de k
(condition [34]), le gain ne sera plus purement différentiel ; il va apparaître un terme
de mode commun. Ce défaut sera expliqué en détail dans le cours d'électronique 2
(Amplificateur d'instrumentation).
Les impédances d'entrée Ze1 et Ze2 sont difficiles à cerner, surtout celle de l'entrée
inverseuse Ze2 ; on retiendra qu'elles sont différentes, ce qui peut poser des problèmes
pour certaines applications.
On peut aussi définir une impédance d'entrée différentielle Zed et une de mode
commun Zemc. Une de ces impédances est constante, c'est l'impédance d'entrée
différentielle Zed :
Cette valeur est équivalente à ce qu'on obtient avec l'amplificateur inverseur : elle est
faible quand le gain devient élevé.
3. Montage intégrateur.
Nous attaquons ici les montages opérationnels plus sophistiqués que de simples
additions ou soustractions.
En sortie, le condensateur a aux bornes de ses armatures une charge électrique q égale
à:
4. Montage dérivateur.
En entrée et en sortie, on a :
Au final, on obtient :
5. Montage logarithmique.
Et en sortie :
En sortie, on trouve bien une fonction logarithmique du signal d'entrée. Tel quel, ce
montage aurait peu d'intérêt ; mais, si on se rappelle qu'additionner des logarithmes
revient à faire une multiplication, on en perçoit l'utilité !
En pratique, et une fois de plus, ce montage (bien que fonctionnel) n'est pas utilisé tel
quel : d'abord, il ne fonctionne que pour des tensions d'entrée positives, et il nécessite
Cours d’Electronique I Page : 15 Licence MRI / ENEAM
Auteur : Clovis APOVO
6. Montage exponentiel.
Pour multiplier deux signaux, il ne suffit pas de prendre le Log de chacun des signaux,
et d'additionner ; il faut ensuite prendre l'exponentielle du résultat. Ce circuit est fait
pour ça.
En pratique, on trouve des circuits intégrés tout faits comprenant le montage Log, le
montage exponentiel, ainsi que les compensations thermiques et diverses possibilités
de réglage de gain. Ces montages sont des multiplieurs analogiques, et servent
notamment, en mesures, à linéariser certains capteurs. A noter que ces composants
sont délicats, coûteux, et présentent des dérives importantes. L'utilité de tels montages
est devenue douteuse avec l'introduction massive du traitement numérique.
C. FILTRAGE.
Il est hors de question d'aborder ici tous les filtres possibles (exercice qui n'a de limite
que la créativité humaine !) : le lecteur désireux d'approfondir le sujet pourra consulter
des ouvrages spécialisés dans le filtrage, et aussi les data books des fabricants
d'amplificateurs, qui sont bien souvent une mine d'idées gratuites (qu'on retrouve
d'ailleurs souvent telles quelles dans des livres chers...).
Les filtres classiques d'ordre 1 présentent peu d'intérêt en filtrage actif, l'apport étant
faible (au mieux, adaptation d'impédance) par rapport au filtrage passif.
Nous allons voir deux filtres du deuxième ordre dont la fonction de transfert présente
des racines imaginaires ; ceci n'est possible en filtrage passif que si on fait appel à des
inductances, qui sont des composants encombrants, rares, imprécis et coûteux. Grâce à
l'AOP, on va faire de tels filtres uniquement avec des résistances et des condensateurs.
On peut remarquer qu'à la base, la structure ressemble fort à deux filtres passifs R-C
passe bas concaténés. La différence vient du fait que le premier condensateur n'est pas
relié à la masse, mais à la sortie du filtre qui est isolée de la deuxième cellule passe-
bas par un montage suiveur.
La fonction de transfert "générique" d'un filtre passe bas d'ordre 2 est du type :
La topologie de ce filtre est la même que celle du précédent, sauf qu'on a permuté les
résistances et les condensateurs. La fonction de transfert est :
Il est possible de concaténer les deux filtres précédents, et de les combiner avec des
filtres du premier ordre pour obtenir un filtre d'ordre plus élevé. Des ouvrages traitant
des filtres donnent les valeurs des fréquences de cassure et coefficients de surtension
adéquats pour obtenir la réponse en fréquence désirée.
Nous allons voir maintenant plusieurs montages (et il en existe bien d'autres) dans
lesquels cette condition n'est plus vérifiée.
Pour ce faire, on va forcer artificiellement les deux entrées à des valeurs différentes, ce
qui impliquera en sortie, du fait du gain infini (très grand pour les amplis réels), que
l'ampli ne pourra prendre que deux valeurs : Vsat+ et Vsat-, qui sont respectivement les
tensions de saturation positive et négative de l'ampli. En effet , ce dernier est alimenté
par deux sources de tension dont on ne pourra pas dépasser la valeurs en sortie.
Vu que l'ampli ne peut prendre que les deux valeurs des tension en sortie, ces
montages sont appelés montages en commutation, et peuvent être interfacés avec des
circuits logiques, qui ne connaissent, eux aussi, que deux états.
1. Comparateur de tensions.
C'est un montage qui sert de base à de nombreux autres schémas plus élaborés.
Important : ce montage est souvent fait avec des amplificateurs opérationnels, mais
on remplacera avantageusement ce composant par un comparateur différentiel, qui est
une sorte d'amplificateur à grand gain et deux entrées aussi, mais qui est prévu pour
fonctionner en mode non linéaire (commutation) de façon bien plus rapide qu'un ampli
op qui n'a pas des caractéristiques exceptionnelles dans ce domaine. De plus, ces
composants sont souvent conçus pour fonctionner avec une seule alimentation 0-5V de
manière à s'interfacer facilement avec des composants logiques.
2. Trigger.
Ce montage est très utilisé dans tout système de mesure où l'on doit détecter un seuil :
il est donc fondamental.
Il est une évolution du comparateur, destinée à améliorer les performances avec des
signaux bruités.
Il existe plusieurs schémas possibles. Le montage suivant a été choisi comme cas
d'école :
Dans ce montage (et les autres montages non linéaires), l'amplificateur fonctionne en
comparateur : comme le gain est infini (ou très grand), on a les relations :
Dans cette formule, il faut garder à l'esprit que Vs ne peut prendre que les deux valeurs
Vsat+ et Vsat- .
En fait, tout se passe comme si on avait un comparateur de tension ayant deux seuils
de basculement liés aux états de la sortie : quand la sortie est à l'état bas, le seuil a une
valeur haute ; passé ce seuil, la sortie bascule à l'état haut, et le seuil prend une valeur
basse. De ce fait, pour faire rebasculer la sortie à l'état bas, il faut que le signal
diminue d'une quantité supérieure à la valeur l'ayant faite basculer précédemment :
c'est l'hystérésis du trigger.
Un trigger est caractérisé par son cycle d'hystérésis (la réponse est différente suivant la
valeur de l'état de la sortie).
Ce cycle est centré autour de zéro, qui est la valeur de la tension de référence Vref. On
y voit les deux seuils de basculement de la sortie ; La différence de ces deux seuils est
la valeur de l'hystérésis.
- Vref = 0
Quelle est l'utilité d'un tel montage ? Lorsqu'on doit transformer un signal analogique
en signal numérique binaire (deux états définis par une valeur de seuil sur le signal
analogique), si le signal d'entrée varie très lentement et/ou est bruité, on peut avoir un
phénomène oscillatoire en sortie de l'amplificateur dû au bruit ou à des réactions
parasites de la sortie sur l'entrée. Pour prévenir ces oscillations, on "verrouille" le
signal de sortie en en réinjectant une partie sur l'entrée +. Pour qu'il y ait des
oscillations parasites, il faut que la tension d'entrée varie de l'opposé de la valeur de
l'hystérésis juste après le basculement. Cette dernière est ainsi ajustée en fonction du
bruit présent sur le signal d'entrée.
3. Multivibrateur astable.
L'entrée est connectée ici à un circuit R-C alimenté par la sortie de l'amplificateur.
Supposons qu'à la mise sous tension, le condensateur soit déchargé, et que Vs=+Vsat.
La tension aux bornes de V+ est donnée par la relation suivante (elle est positive) :
Lorsque V- = V+, le trigger bascule (voir figure 25), et on applique alors une tension -
Vsat sur le R-C qui devra se décharger de la valeur de l'hystérésis du trigger avant que
la sortie ne bascule à nouveau, et ainsi de suite.
En pratique, le signal aura un rapport cyclique différent de 1/2 car les tensions de
saturation de l'ampli ne sont pas égales, et varient avec la température, la charge...
Pour obtenir un signal "carré" convenable, on utilisera un ampli à fort slew rate, ou
beaucoup mieux, comme pour le trigger, un comparateur différentiel.
Ce type de montage est important du point de vue principe, mais en pratique, il existe
des solutions beaucoup plus "propres" pour générer un signal carré. On n'utilisera donc
ce montage qu'à titre de dépannage !
On a vu dans le cours sur les diodes que le gros problème de ce composant, pour
redresser des faibles tensions, provient de son seuil élevé (>0.5V pour le silicium), qui
dépend en plus de la température. Cette caractéristique interdit le redressement de
faibles signaux avec une précision décente. L'amplificateur opérationnel va nous
aider !
Pour des tensions d'entrée négatives, la sortie de l'ampli va avoir tendance à devenir
négative, mais, elle est bloquée par la diode : il n'y a pas de contre-réaction, car le
signal de sortie de l'ampli ne peut pas revenir sur l'entrée -. Dans ce cas, la tension de
sortie de l'amplificateur va prendre la valeur Vsat-, et la tension de sortie du montage va
être nulle.
5. Détecteur de crête.
Pour conserver la valeur crête d'une tension, on peut commencer par redresser celle-ci,
et en adjoignant un condensateur au montage redresseur précédent, il est possible de
garder en mémoire la valeur de crête.
Le fonctionnement est le même que pour le redresseur sans seuil, sauf que le
condensateur va se charger, et quand la tension d'entrée va diminuer, le condensateur
va conserver sa charge (à condition que l'entrée - de l'ampli soit à très haute impédance
et que la charge de sortie ait aussi une très haute impédance -montage suiveur par
exemple), et la diode va se bloquer, car la tension de sortie va diminuer jusqu'à la
valeur -Vsat (plus de contre réaction à cause de la diode).
Il faut prévoir un dispositif annexe pour décharger le condensateur afin de faire une
nouvelle mesure : sur le schéma, on a placé un simple transistor de façon schématique,
mais celui-ci pourra être remplacé avantageusement par un commutateur analogique à
base de FET ou de MOS.