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Le Mal

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L.

2 Les Cahiers de Douai

Le Mal ……………………………………………
……………………………………………
Tandis que les crachats rouges de la mitraille1 ……………………………………………
1 ……………………………………………
2 Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
……………………………………………
3 Qu’écarlates2 ou verts, près du Roi qui les raille3,
……………………………………………
4 Croulent4 les bataillons5 en masse dans le feu ; ……………………………………………
Tandis qu’une folie épouvantable broie ……………………………………………
5 ……………………………………………
6 Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
……………………………………………
7 – Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
……………………………………………
8 Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… –
……………………………………………
– Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées6 ……………………………………………
9
Des autels7, à l’encens, aux grands calices8 d’or ; ……………………………………………
10
Qui dans le bercement des hosannah9 s’endort, ……………………………………………
11
……………………………………………
12 Et se réveille, quand des mères, ramassées ……………………………………………
13 Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, ……………………………………………
14 Lui donnent un gros sou lié10 dans leur mouchoir ! ……………………………………………
……………………………………………
……………………………………………
Arthur Rimbaud ……………………………………………
……………………………………………
Cahiers de Douai, 1870
……………………………………………
1. mitraille : décharge d’obus ou de balles ; 2. écarlates : d’un ……………………………………………
rouge vif. Cette couleur fait référence à l’uniforme des soldats ……………………………………………
français ; le vert (plus loin) évoque celui des Prussiens ; 3. qui ……………………………………………
les raille : qui se moque d’eux ; 4. croulent : s’écroulent, …………………………………………
s’effondrent ; 5. bataillons : troupes de soldats composées de ……………………………………………
plusieurs compagnies ; 6. nappes damassées : nappes ……………………………………………
comportant des motifs en relief ; 7. autels : tables sacrées sur
……………………………………………
lesquelles on célèbre la messe ; 8. calices : vases sacrés utilisés
pendant la messe ; 9. hosannah : acclamations prononcées au
……………………………………………
cours de la messe qui permettent de rendre grâce à Dieu ; 10. ……………………………………………
lié : ici, empaqueté, emballé. ……………………………………………
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L. 2 Les Cahiers de Douai

Le Mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille1 Mouvement 1 : vers 1 à 6


1 la peinture effrayante de la guerre
2 Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Rimbaud dresse ici un tableau violent et
3 Qu’écarlates2 ou verts, près du Roi qui les raille3, déstabilisant de la guerre. On trouve
4 Croulent4 les bataillons5 en masse dans le feu ; également une critique du pouvoir indifférent
aux innombrables morts qui perdent toute
5 Tandis qu’une folie épouvantable broie humanité.
6 Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ; Mouvement 2 : vers 7-8
7 – Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie, une adresse à la nature
8 Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… – Ces 2 vers constituent une pause lyrique dans
un poème engagé. Ils sont aussi une
célébration de la nature et de la vie.
9 – Il est un Dieu, qui rit aux nappes damassées6 Mouvement 3 : vers 9 à 14
10 Des autels7, à l’encens, aux grands calices8 d’or ; la condamnation de l’église
11 Qui dans le bercement des hosannah9 s’endort, Dans ce mouvement, on trouve un double
reproche adressé à l'Église. Rimbaud lui
12 Et se réveille, quand des mères, ramassées reproche son indifférence au malheur et sa
13 Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir, cupidité. On voit également l'indignation du
14 Lui donnent un gros sou lié10 dans leur mouchoir ! poète devant le pouvoir que l'Église exerce sur
la population accablée de malheurs.

Arthur Rimbaud
Cahiers de Douai, 1870

1. mitraille : décharge d’obus ou de balles ; 2. écarlates : d’un


rouge vif. Cette couleur fait référence à l’uniforme des soldats
français ; le vert (plus loin) évoque celui des Prussiens ; 3. qui
les raille : qui se moque d’eux ; 4. croulent : s’écroulent,
s’effondrent ; 5. bataillons : troupes de soldats composées de
plusieurs compagnies ; 6. nappes damassées : nappes
comportant des motifs en relief ; 7. autels : tables sacrées sur
lesquelles on célèbre la messe ; 8. calices : vases sacrés utilisés
pendant la messe ; 9. hosannah : acclamations prononcées au
cours de la messe qui permettent de rendre grâce à Dieu ; 10.
lié : ici, empaqueté, emballé.
Étape 1 (voir méthodologie)
Je réactive mes connaissances en complétant le tableau
Ce que je sais Ce que je veux Ce que j’ai appris
savoir
Titre « Le Mal » fait partie 1. Quel thème du ………………………………………………
……………………………………… recueil évoque-t-il ? ………………………………………………
……………………………………… 2. Ce poème peut-il ………………………………………………
……………………………………… être associé à ………………………………………………
………………………………………. l’amour ? La nature ? ………………………………………………
La politique ? La ……………………………………………….
liberté ? La tradition ……………………………………………….
poétique ?
………………………………………………
……………………………………………….
AuteurArthur Rimbaud, naît le 20 octobre 1854 à Charleville. Nommé ………………………………………………
aujourd'hui Charleville-Mézières chef- lieu des Ardennes. Son père,
officier militaire quitte sa famille lorsque Rimbaud a six ans. Il vivra………………………………………………
entouré de son frère, de ses sœurs et de sa mère. Cette dernière verra ………………………………………………
très vite dans ce fils un génie tout en essayant de le maintenir auprès ………………………………………………
d'elle afin de lui dessiner une vie qu'elle estime droite. Excellent élève, il
cumule les prix d'excellence, les rédactions de vers latin et se fait ………………………………………………
remarquer par ses enseignants. Georges Izambard, jeune professeur de……………………………………………….
rhétorique nourrira son appétit littéraire tout en le poussant vers……………………………………………….
l'écriture.
………………………………………………
Toutefois, le sentiment d'étouffement et le refus des structures………………………………………………
académiques grandissent dans l'esprit du futur poète. Dans une lettre
adressée à Paul Demeny datant du 28 août 1871, l'adolescent explique………………………………………………
que sa famille tente de lui imposer travail et stabilité : "Voilà le mouchoir ………………………………………………
de dégoût qu'on m'a enfoncé dans la bouche". La fuite sera dès lors son ………………………………………………
obsession et les fugues multiples. C'est durant ces années qu'il écrira,
liant intimement sa création poétique à son désir de liberté. ………………………………………………
………………………………………………
2 janvier 1870 : "Les étrennes des orphelins" est le premier ………………………………………………
poème de Rimbaud, publié dans la Revue pour tous.
………………………………………………
Août 1870 : première fugue. Il quitte Charleville pour Paris mais est ………………………………………………
arrêté parce qu'il n'a pas de billet de train. Il passe alors quelques
semaines à Douai dans la famille de Georges Izambard. Il écrit son ………………………………………………
premier cahier qu'il confie à Paul Demeny, jeune poète douaisien, ………………………………………………
copropriétaire d'une petite maison d'édition. ………………………………………………
Octobre 1870 : deuxième fugue à pied. Il gagne la Belgique avant de………………………………………………
revenir à Douai où il apporte la 2nde partie de ses écrits à Paul Demeny. ………………………………………………
Il ne lui obéit pas lorsque Rimbaud lui demande plus tard de « brûler
tous les vers que je fus assez sot pour vous donner, lors de mon séjour ………………………………………………
à Douai ». Ils restent 17 ans au fond d'un tiroir. ………………………………………………
La vie de Bohème. ………………………………………………
………………………………………………
En septembre 1871, Rimbaud a définitivement quitté Charleville pour
Paris. Accueilli par Verlaine, il lit devant une assemblée de poètes "Le
………………………………………………
Bateau ivre" qui est fort apprécié. Rimbaud s'est fixé un programme de ………………………………………………
création poétique dont les principes sont exposés dans deux lettres, ………………………………………………
dites "du voyant" qu'il a adressées à Georges Izambard et à Paul
Demeny.
………………………………………………
………………………………………………
Amant de Verlaine, avec qui il entretient une relation tumultueuse,
Rimbaud parcourt l'Europe et écrit beaucoup. Il fait le récit de ces
………………………………………………
errances dans Une saison en enfer, publiée en 1873, après que Verlaine………………………………………………
lui a tiré dessus à 2 reprises. C'est Verlaine qui publie les Illuminations, ………………………………………………
un recueil de poèmes en prose en 1875.
………………………………………………
L'adieu à la littérature.Rimbaud renonce à la littérature et se fait………………………………………………
aventurier. Il parcourt l'Afrique et exerce différents métiers avant de ………………………………………………
rentrer en France, malade, en 1891. Il meurt à 37 ans.
Étape 2 (voir méthodologie)
Je questionne le texte. Je lis attentivement le texte, puis complète le tableau.
…………………………………………………………………………………………………
Qui sont …………………………………………………………………………………………………
les personnes …………………………………………………………………………………………………
évoquées ? …………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
De quoi parle …………………………………………………………………………………………………
le poème ? …………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Où se passent …………………………………………………………………………………………………
les faits évoqués ? …………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………
Quand se passent …………………………………………………………………………………………………
les faits évoqués ? …………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Comment sont …………………………………………………………………………………………………
décrits les lieux ? …………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Pourquoi ? …………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
Étape 3 (voir méthodologie)
Je résume le texte dans les fenêtres à droite du poème.
Étape 4
Je formule mon projet de lecture.
Quelle est la nature, ……………………………………………………………………………………
quel est le type du texte ? ……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………...
Quelle est la tonalité ……………………………………………………………………………………
dominante ? ……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………….
Qu’est-ce qui vous paraît ……………………………………………………………………………………
remarquable dans ce ……………………………………………………………………………………
texte ? ……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………...
Je choisis parmi les trois projets de lecture suivants celui qui me semble le plus
pertinent :
- Comment Arthur Rimbaud, jeune poète révolté contre l'ordre établi, condamne-t- il la guerre et ceux qui en
sont responsables ?
- Comment le poète nous transmet il son indignation devant le pouvoir que l'Église exerce sur la population,
accablée de malheur ?
- En quoi ce poème dresse-t- il un tableau violent et déstabilisant de la guerre ?
Étape 5 « Le Mal »
J’interprète le texte en complétant le tableau.
Je cite le texte J'identifie le procédé J'analyse les intentions de l'auteur (émouvoir, informer,
faire réfléchir, convaincre, persuader, dénoncer...).
............................... Mouvement 1 : la Ce mouvement est composé de trois propositions
............................... peinture effrayante circonstancielles de temps introduites par « tandis que » ou
............................... de la guerre « que », ce sont les tercets qui constituent la proposition
............................... vers 1 à 6 : principale. Cela donne une impression de mécanique infernale, et
............................... ce d'autant plus que Rimbaud choisit de ne pas respecter le
............................... schéma de rimes traditionnel : au lieu de rimes embrassées, il
proposition
............................... choisit des rimes croisées qui soulignent le caractère répétitif des
subordonnée
............................... vers 3-4 par rapport aux vers 1-2.
circonstancielle de
............................... temps : vers 1, 3 et 5 Dans le premier vers, le terme « crachat » est mis en valeur par la
............................... césure et par les allitérations en [r]. Il exprime tout le mépris des
............................... rimes croisées dirigeants pour les hommes qui se battent. L'enjambement du
............................... vers 1 sur le vers 2 accentue la violence des armes, comme si
............................... allitérations en [r] elle ne pouvait pas être contenue dans les limites du premier
............................... (vers 1) vers. Dans la première proposition, on observe également un
............................... contraste entre les deux couleurs primaires, le rouge et le bleu.
............................... enjambement vers 1- Cette impression désagréable est renforcée par les sons
............................... 2 évoqués. Le verbe « siffle » est ainsi mis en valeur au début du
............................... vers 2. L'utilisation du présent actualise la scène et nous donne
............................... l'impression d'être sur le champ de bataille. Les deux hyperboles,
champ lexical des
............................... « tout le jour » et « infini » qui concerne l'une, le temps et l'autre,
couleurs primaires l'espace suggèrent qu'il n'y a pas moyen d'échapper à la violence.
...............................
...............................
...............................
............................... La 2e proposition commence par la mention de deux adjectifs de
verbes d’action au couleur « écarlates ou verts » qui font directement référence aux
............................... présent uniformes français et prussiens : la dénonciation oscille donc
...............................
entre un propos très général et une critique explicite de la guerre
............................... hyperboles (vers 2) franco-prussienne. Dans cette perspective, le roi semble se
............................... confondre avec Napoléon III.
...............................
............................... allitérations en [r] A nouveau, on note une allitération en [r] dans « Roi qui les
............................... (vers 3) raille », qui indique que le roi n'a aucune pitié pour ces hommes.
............................... De plus, le pluriel « les bataillons » et le complément de manière
............................... « en masse », placés de part et d'autre de la césure, insistent sur
............................... le nombre de victimes.
............................... hyperbole (vers 5) Au vert 5, qui commence avec la 3e proposition, le mot « folie » et
............................... mis en valeur à la césure et souligné par le hiatus (succession de
............................... 2 voyelles) avec « épouvantable ». Le rythme de l'alexandrin met
............................... hyperbole (vers 7) en évidence le verbe « broie » à la rime. Il annonce « Tas
............................... fumant » au vers suivant et dit à nouveau que les soldats ne sont
............................... plus considérés comme des humains. Au vers suivant, c’est
............................... « cent milliers » qui est placé avant la césure. Il s'agit d'une
............................... _________________ hyperbole qui réaffirme le caractère meurtrier des combats.
............................... ---------------------------------------------------------------------------------------
Mouvement 2 : une
............................... adresse à la nature Le deuxième mouvement introduit une rupture indiquée par le tiret
............................... vers 7-8 : au début du verset. Contrairement aux dirigeants indifférents, le
............................... locuteur exprime de l'empathie pour les soldats morts au combat
............................... phrase exclamative qui se lit dans l'exclamative nominale « Pauvres morts ! ». Les
............................... nominale (vers 7) sentiments qu'il éprouve se traduisent par l'emploi du registre
............................... lyrique (rythme ternaire, exclamative, Interjection lyrique).
............................... rythme ternaire
............................... Ce mouvement s'adresse directement à la nature (apostrophe au
lyrique + vers 8 et recourt à la 2e personne du singulier). L’énumération
............................... énumération (vers 7) « dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie » mêle des éléments
...............................
concrets comme l'herbe, à des éléments abstraits comme la joie.
............................... apostrophe (vers 8) Toutefois, on sait que pour Rimbaud, les promenades dans la
............................... adverbe à la rime nature sont source de bonheur. Cette évocation joyeuse et
............................... (vers 8) plaisante de la nature contraste fortement avec le tableau cruel
............................... qui a été fait de la guerre dans le premier mouvement. L'adverbe
............................... « saintement » placé à la rime annonce le 3e mouvement. En
............................... effet, il est polémique dans la mesure où le jeune poète attribue la
............................... création de l'homme à la nature et non à Dieu. Il déplace la
............................... __________________ sainteté des Églises vers la nature.
............................... ---------------------------------------------------------------------------------------
Mouvement 3 : la
............................... condamnation de Le troisième mouvement s'ouvre sur la proposition principale de
............................... l’Église la phrase unique qui compose ce sonnet.
............................... vers 9 à 14 :
............................... Il présente « un Dieu » et non pas Dieu. L'emploi du déterminant
indéfini est une manière de déconsidérer le Dieu des catholiques
............................... pronom indéfini (vers en suggérant qu'il peut en exister d'autres. Ce Dieu est affublé de
............................... 9) deux défauts : il est indifférent et il est cupide. Ces deux
............................... reproches sont dénoncés dans la rime entre « d'or » et
............................... rime riche (vers 10 et « s'endort ». Rime riche d'autant plus remarquable que le jeune
............................... 11) poète a choisi à nouveau de prendre ses distances avec la forme
............................... régulière du sonnet qui fait commencer les tercets par une rime
............................... suivie.
...............................
...............................
............................... champ lexical de la En effet, ce Dieu « rit », il a donc la même attitude que le Roi, ce
............................... richesse (vers 9-10) qui met en évidence la collusion du pouvoir et de l'Église. De plus,
............................... on observe dès le vers 9 le champ lexical de la richesse :
............................... rejet (vers 10) « damassées », « calices d’or ». Grâce au rejet de « Des autels »
............................... du vers 9 sur le vers 10, les deux vers commencent par une
............................... référence à la religion et finissent par un terme qui évoque la
............................... richesse.
...............................
Le dernier vers du premier tercet revient sur l'indifférence d'un
............................... assonances en [en] Dieu qui se moque de ses créatures avec « bercement » à la
............................... césure et « s'endort » à la rime. Les sonorités du vers rythmé par
............................... allitérations en [s] : des assonances en [en] et une allitération en sifflantes, évoquent
............................... vers 11 un chant régulier et soporifique (qui l’endort...).
...............................
...............................
............................... contre-rejet (vers 12) Le dernier tercet commence par un verbe et crée un effet de
............................... surprise « Et se réveille ». Cet effet est accentué par le
............................... bouleversement du rythme de l'alexandrin : le contre-rejet de
............................... « ramassées » permet d'esquisser en un seul terme l'attitude
............................... physique, mais aussi morale des mères éplorées. Elle se replient
sur leur douleur, elle se tassent. Le terme « angoisse » est mis en
...............................
valeur au début du vers 13 par l'effet de suspense du contre-rejet.
...............................
Les mères ont déjà perdu des membres de leur famille
............................... puisqu'elles sont en deuil : « vieux bonnet noir ». Elles ont perdu
............................... leur fils, mais pris quand même, ce qui peut sembler incohérent.
............................... Ce bonnet est aussi un signe de pauvreté, ce qui est confirmé au
............................... vers suivant : elles n'ont qu'un gros sous à donner et elles n'ont
............................... donc pas de sac où le ranger. Elles donne à Dieu tout ce qu'elles
............................... ont. Le terme « mouchoir » est à la pointe : il s'agit à la fois d'un
............................... signe de deuil et de pauvreté.
...............................
...............................
............................... exclamation (vers 14) Et le poème se clôt sur un point d'exclamation qui exprime toute
............................... l'indignation du poète.
...............................
...............................
...............................
...............................
...............................
..............................
Étape 6
Je rédige l’introduction et la conclusion de ma lecture linéaire.

a. l’introduction :

1. Je situe l'auteur et le texte en les contextualisant.


2. Je lis le texte de manière expressive.
3. Je présente l'extrait ou le texte.
4. Je dégage les mouvements du texte (je délimite le texte en donnant un titre).
5. J'annonce un projet de lecture.

b. le développement de l'explication :
J'analyse au fil du texte ce qui fait l'intérêt, la particularité de ce texte en montrant
comment le sens advient à mesure que l'on avance dans la lecture.
c. la conclusion :

1. Je fais un bilan général en montrant comment j’ai répondu à mon projet de lecture.

2. J’ouvre ma conclusion sur un autre texte, une autre œuvre, qui peut être du même
auteur, en lien avec le thème développé dans le texte.

Étape 7

Je présente mon analyse à l’oral.


1. Je mémorise l’introduction, la conclusion et le tableau des procédés avec les analyses
(étape 5), en m’entraînant à voix haute.
OBJET D’ETUDE : LA POÉSIE DU XIXÈME AU XXI ÈME SIÈCLE
TEXTE N° : 2 NOM DE L’AUTEUR : Arthur RIMBAUD SIÈCLE : XIXÈME SIÈCLE
GENRE LITTÉRAIRE : POÈME (SONNET)
TITRE DE L’OEUVRE : LES CAHIERS DE DOUAI TITRE DU TEXTE : « Le Mal » DATE : 1870
Phrase d'accroche : Les poèmes des Cahiers de Douai du jeune
Rimbaud mêlent des textes très différents, qui abordent des thèmes variés
comme l’amour, la jeunesse, puis la satire liée à la politique, aux figures
historiques et aux mœurs des bourgeois...
Présentation de l'auteur / de son mouvement :
La courte vie d’Arthur Rimbaud est bien celle d’un rebelle, d’un
poète qui refuse les conventions et les compromis. En seulement quelques
années, de l’adolescence à ses 21 ans, il secoue la poésie. Enfant sage, bon
élève, il brille principalement dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre
avec son professeur Georges Izambard qui va le pousser à s’intéresser à la
littérature en tant qu’artiste. Commence une quête de liberté pour le jeune
Rimbaud. Quête qui s’exprime par des fugues répétées, et par une volonté de
révolutionner le langage poétique.
Finalement, après des années chaotiques passées aux côtés de
Paul Verlaine, à écrire et à vivre follement, Arthur Rimbaud décide d’arrêter
définitivement la poésie. L’auteur des Illuminations choisit de voyager et de vivre du commerce – et même
du trafic d’armes – avant de mourir, quelques années plus tard, à l’âge de trente-sept ans.
Rimbaud a seize ans, lorsqu'il met au propre et confie à Paul Demeny, jeune poète douaisien,
ses premiers écrits. Aussi appelé Recueil Demeny, ces Cahiers de Douai, composés de vingt-deux
poèmes écrits entre mars et octobre 1870, ne seront pas brûlés, comme le réclamait Rimbaud, mais
attendront cependant une vingtaine d'années avant d'être publiés.

Présentation de l'extrait : « Le mal » est un sonnet (deux quatrains + deux tercets , soit quatorze
vers) qui appartient au premier cahier, écrit en alexandrins et comportant des rimes croisées dans les quatrains
(ABAB-CDCD-EFF-EGG), c’est donc un sonnet moderne. Le 19 juillet 1870, l'empire français déclare la guerre au
Royaume de Prusse. Les troupes françaises sont mal préparées et mal équipées, si bien qu'elles essuient de
nombreuses défaites qui conduisent à la capitulation de Napoléon III le 2 septembre 1870 à Sedan. Ce sonnet
évoque donc la politique de l’époque et illustre la révolte du jeune poète contre l’ordre établi et sa condamnation
de la guerre et des responsables qu’il juge complices : Napoléon III (le Roi) et l’Église catholique.
Présentation des mo
uvements du texte :
MOUVEMENT 1 – vers 1 à 6 : la peinture effrayante de la guerre

MOUVEMENT 2 – vers 7-8 : une adresse à la nature

MOUVEMENT 3 – vers 9 à 14 : la condamnation de l’Église

Projet de lecture : Comment Arthur Rimbaud, jeune poète révolté contre l'ordre établi, condamne-t- il la
guerre et ceux qui en sont responsables ?

Conclusion : Le poète compose un sonnet en alexandrins, mais il n'en respecte pas toutes les règles. Il
s'émancipe de ce modèle. Rimbaud exprime à travers ce poème, « Le mal » sa rage d'adolescent face au
pouvoir et à l'Église, responsables de la guerre dont ils tirent profit. La tonalité dominante de ce sonnet
est donc épique : le rythme est vif, soutenu par des verbes d’action. Cependant, l’héroïsme n’est pas
mis en valeur dans ce texte puisqu’il s’agit d’une dénonciation de la guerre par le jeune poète pacifiste
qui souligne sur un ton satirique l’indignité du pouvoir politique indifférent et de l’Église cupide. Ce
texte fait écho au sonnet « Le Dormeur du Val » dans le deuxième cahier, qui dénonce la violence de la
guerre également, à travers une mise en scène faussement bucolique ( « Il dort dans le soleil, la main
sur sa poitrine / Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »), comme au sonnet « Le châtiment de
Tartufe » (premier Cahier), où le jeune poète s’attaque à l’hypocrisie de l’institution religieuse : « -
Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas ».

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