Sante
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Sante
le Roi Mohammed VI, est une étape charnière dans l’histoire du Royaume afin de construire un avenir
moderne capable de relever les nouveaux défis nationaux et internationaux auxquels est confronté le pays.
Le NMD est une occasion pour intégrer les besoins et les revendications de la population dans divers
domaines qui concernent leur vie quotidienne, et mettre en œuvre des politiques capables de satisfaire ces
besoins.
- l’axe 2 relatif au capital humain et l’axe 3 relatif à l’inclusion et solidarité. Dans ce cadre, la réforme du
système de santé trouve sa place dans ce NMD comme étant un secteur qui doit bénéficier d’une intention
particulière vu son importance pour garantir une meilleure santé pour la population.
L’épidémie du COVID-19 a démontré l’importance du secteur de la santé dans un pays, d’où la nécessité
d’avoir un système de santé capable de résister aux chocs et aux aléas de l’environnement. En effet, il y aura
toujours des risques sanitaires ou une évolution dans le profil épidémiologique d’un pays qui nécessiterait
une capacité de résilience du système de santé.
Cette résilience exige des moyens suffisants (financiers, humains et techniques), de repenser au mode de
gouvernance et d’organisation de l’offre de soins, et de mettre en place un système d’information moderne et
efficace.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) « les systèmes de santé comprennent toutes les personnes
et toutes les actions dont l’objectif principal est l’amélioration de la santé » (OMS, 2000). Ce souci
d’amélioration de la santé de la population, constitue la raison d’être de tout système de santé. Toutefois il
n’est pas le seul objectif du système de santé. Ce dernier a un deuxième objectif qui consiste à donner des
réponses aux attentes des gens (réactivité). Ce qui sous-entend que les citoyens ont des attentes envers ce
système. Ils veulent être bien pris en charge (physiquement et psychologiquement) lorsqu’ils visitent une
structure sanitaire.
La population désire un bon accueil, un délai d’attente aux urgences qui est réduit, une bonne prise en
charge etc.
Par ailleurs la population désire que les soins qu’ils reçoivent ne les ruinent pas financièrement. C’est pour
cette raison que le troisième objectif du système de santé est d’assurer une protection financière contre les
coûts de la maladie.
Premièrement il faut aborder les raisons qui motivent la réforme du système de santé au Maroc.
Deuxièmement il est nécessaire d’analyser les axes retenus par le NMD pour améliorer les performances du
système de santé au Maroc, et les situer dans le cadre conceptuel élaboré par l’OMS.
Troisièmement il faut se pencher sur les facteurs de réussites des propositions de la CSMD pour la réforme
du système de santé au Maroc.
1. Pourquoi une réforme du système de santé au Maroc ?
L’état des lieux du système de santé au Maroc a été abordé dans diverses occasions dans des rapports
officiels soit de la part des institutions nationales tels le Ministère de la Santé ou le Conseil Economique
Sociale et Environnemental, soit de la part des institutions internationales tels l’OMS ou l’OCDE.
L’originalité de l’apport du NMD sur l’analyse du système de santé au Maroc consiste dans la méthodologie
adoptée par la CSMD notamment à travers une consultation et concertation très élargies.
La première particularité du processus de consultation consiste dans la diversité de l’approche adoptée
notamment à travers des ateliers, des rencontres, des séances d’écoutes, des visites sur le terrain, des
conférences etc.
La deuxième particularité c’est l’inclusion dans ces consultations de catégories diversifiées de la population
: des institutionnels, des chercheurs, des personnalités politiques, des syndicalistes, des citoyens, des acteurs
de la société civile etc.
Cette approche intégrée permet de prendre en considération les différents points de vue et d’aborder les
problèmes dont souffre le secteur de la santé selon plusieurs perspectives.
L’analyse du rapport du NMD ainsi que ses annexes nous permet de connaître l’état des lieux du système de
santé au Maroc. Cet état des lieux est caractérisé d’une manière générale par des avancées considérables
réalisées par le système de santé au Maroc : augmentation de l’espérance de vie, la diminution de la
mortalité maternelle et infantile, l’amélioration de l’offre de soins…
Toutefois de nombreux dysfonctionnements doivent également être surmontés afin d’atteindre les objectifs
du système de santé, de satisfaire les besoins de la population et de répondre à leurs attentes. Ces
dysfonctionnements se situent à plusieurs niveaux.
le rapport sur le NMD précise que malgré l’élargissement de l’offre de soins, la qualité des services de santé
reste faible. Ainsi le Maroc est classé au 112 rang sur 195 pays concernant la qualité des soins. Par ailleurs
on estime que la répartition de l’offre de soins souffre de disparité entre les territoires du royaume et le
parcours de soins est également mal organisé, ce qui crée plusieurs inégalités et des discriminations dans la
population (rapport du Conseil Economique Social et Environnemental, 2013).
Un autre problème dont souffre le système de santé au Maroc c’est la pénurie des ressources humaines.
En effet on compte 1.9 professionnel de santé pour 1000 habitants alors que l’OMS recommande un taux de
4.45 si on veut atteindre la Couverture Sanitaire Universelle (CSU). Cette pénurie accentue la disparité entre
les régions. Enfin il existe une obsolescence des équipements sanitaires et un manque de médicaments dans
les établissements sanitaires par rapport aux besoins de la population.
1.2. Financement insuffisant
S’agissant du financement du système de santé le rapport sur le NMD estime qu’il reste insuffisant. En effet
le budget alloué par l’Etat du MS ne dépasse pas les 6% alors que l’OMS recommande un minimum de 15%
du budget général de l’Etat soit consacré au secteur de la santé.
Ce manque de financement a un impact sur le financement du système de santé vu que 50% des dépenses de
la santé sont financées par les paiement directs des ménages, et 38% de la population est dépourvue de
couverture médicale.
Un autre exemple qui montre l’insuffisance du financement est le rapport des dépenses de santé par habitant.
Le Maroc dépense 489$ par habitant, ce qui est inférieur à ce que dépensent des pays au même niveau de
développement que celui du Maroc, notamment la Tunisie, le Liban ou la Jordanie qui dépensent
respectivement 912$, 1086$ et 738$ (Ministère de la santé, 2021).
Malgré les efforts pour élargir la couverture médicale, il existe encore quelques dysfonctionnements : le
panier de soins couvert par le RAMED est limité, les remboursements ne reflètent pas les coûts des
prestations, et l’existence de plusieurs régimes rend le principe de solidarité et mutualisation des risques
inefficace.
Une bonne gouvernance est basée sur un système d’information fiable. Toutefois parmi les problèmes dont
souffre le système de santé au Maroc et qui est constaté par la CSMD c’est l’existence d’un système
d’information sanitaire qui manque d’efficience et de fiabilité. Pour remédier à l’ensemble de ces
dysfonctionnements le NMD a proposé des multiples axes de reformes.
2. Les choix stratégiques pour la réforme du système de santé au Maroc
Le rapport sur le NMD a défini les choix stratégiques sur lesquelles il faut agir pour améliorer les
performances du système de santé au Maroc. Ces choix émanent des différentes consultations auprès de la
population, des institutionnels et diverses parties prenantes. Les choix stratégiques émanant de ces
consultations sont comme suit :
- Soutenir la demande de soins à travers la généralisation de l’accès à la couverture médicale et l’élaboration
d’un panier de soins évolutif ;
- Investir massivement dans les ressources humaines et leur valorisation ;
- Réorganiser le parcours de soins depuis l’échelon communautaire à l’échelon régional et accélérer la
digitalisation du système de santé ;
- Renforcer l’hôpital public et encourager la coopération public-privé ;
- Une refonte substantielle de la gouvernance du système sanitaire à tous les niveaux, avec une action forte
au niveau territorial ;
- Mettre en place une politique intégrée et intersectorielle en matière de prévention et d’éducation à la
santé ; - Renforcer la résilience du système de santé face au risque de crises sanitaires futures et développer
la souveraineté sanitaire. Pour concrétiser ces choix stratégiques, le rapport sur le NMD propose
l’instauration du projet intitulé « Couverture Sanitaire Universelle ».
Pour l’OMS « la couverture santé universelle consiste à veiller à ce que l’ensemble de la population ait accès
aux services : préventifs, curatifs, de réadaptation et de promotion de la santé dont elle a besoin et à ce que
ces services soient de qualité suffisante pour être efficaces, sans que leur coût n’entraine des difficultés
financières pour les usagers »
Le choix de ce projet axé sur la CSU est un choix judicieux puisque cette dernière est considérée comme un
outil intégré qui permet d’une part d’améliorer les mécanismes de financement des soins et d’autre part
d’avoir un système de santé de qualité, efficace, résilient et bien gouverné. Les choix stratégiques retenus
par la CSMD constituent une vraie refonte du système de santé au Maroc du fait que les différentes
recommandations sont en adéquation avec le cadre de renforcement des systèmes de santé proposé par
l’OMS. Cette adéquation est visible à deux niveaux.
Au niveau de l’atteinte des objectifs d’un système de santé, nous avons signalé plus haut que chaque
système de santé poursuit trois objectifs principaux à savoir l’amélioration de la santé de la population
(niveau et équité), la réactivité (qualité) et la protection contre les risques financiers.
Le NMD a fixé des ambitions et cibles à l’horizon 2035 qui permettent l’atteinte de ces objectifs, à savoir :
- Augmenter la part de la population couverte pour les soins de santé essentiels : 100% de la population
à horizon 2025 contre 65% environ actuellement ; - Réduire les dépenses directes de santé des ménages :
30% des dépenses totales de santé supportées par les ménages en 2035 contre plus de 50% actuellement ; -
Augmenter les effectifs médicaux et paramédicaux pour arriver à une densité de personnel soignant de 4,5
pour 1000 habitants en 2035 contre 2 pour 1 000 actuellement, soit 54 000 médecins et plus de 100 000
infirmiers formés entre 2030 et 2035 ;
- Atteindre un niveau de « capacité démontrée ou durable » pour toutes les capacités du règlement
sanitaire international (RSI). Une fois que ces cibles fixées par le NMD seront réalisées nous pouvons dire
que le Maroc a pu mettre en place un système de santé capable d’offrir un bon niveau de santé pour la
population, en garantissant une équité pour accéder aux soins de santé de qualité sans que les citoyens soient
ruinés financièrement face à la maladie.
Le deuxième niveau de renforcement des systèmes de santé exige la nécessité de remplir six fonctions qui
sont comme suit (OMS, 2009) :
- La prestation des services de santé qui doivent être efficaces et de qualité, soit au niveau des soins
préventifs ou curatifs
- Un personnel de santé réactif, juste et efficace ; - Un système d’information sanitaire capable de fournir
des données fiable et actualisées, sur les performances du système de santé ;
- Des technologies médicales avec un bon rapport qualité/prix notamment au niveau des produits médicaux,
des vaccins et d’autres technologies essentielles ;
- Un système de financement suffisant et garantissant la protection financière des bénéficiaires ;
- Une direction et une gouvernance garante de la transparence et de la réédition des comptes.
L’analyse des orientations stratégiques proposées dans le cadre du NMD nous montre que les propositions
effectuées permettent le renforcement des six fonctions d’un système de santé proposées par l’OMS.
2- Personnel de santé
Pour remédier à la pénurie des ressources humaines et leur répartition inéquitable entre les régions, plusieurs
actions ont été proposées. En priorité renforcer la densité du personnel soignant pour arriver au seuil de 4.5
pour 1000 habitant en 2035. Ceci nécessite l’augmentation des capacités de formation des facultés de
médecine et CHU, et revoir le système de formation actuelle en diminuant la durée de formation des
médecins généralistes de 7 à 5 ans. Pour ce qui est des infirmiers, il faut augmenter les capacités de
formation des instituts existants et encourager les écoles privées d’infirmières. Sur le plan managérial il
serait nécessaire de former des gestionnaires de la santé capables d’offrir le support adéquat pour une bonne
gestion des établissements sanitaires.