Bases Physiques de L'échographie Et Du Mode Doppler
Bases Physiques de L'échographie Et Du Mode Doppler
Bases Physiques de L'échographie Et Du Mode Doppler
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Bases physiques
de l'échographie
et du mode Doppler
J.-P. Dillenseger
PLAN DU CHAPITRE
■■ Historique
Historique
Le principe de l'échographie repose sur l'exploration du corps humain à l'aide
d'ondes ultrasonores. Cet examen non traumatique et au coût relativement
peu élevé doit son succès aux rapides progrès technologiques dont il a béné-
ficié. La piézoélectricité, phénomène fondamental de transduction électro-
mécanique mis œuvre pour la production et la détection d'ultrasons, fut
découverte en 1880 par les frères Pierre et Jacques Curie. L'idée de méthodes
ultrasonores destinées à la détection d'obstacles fut suscitée par le naufrage
du Titanic en 1912. De telles méthodes « d'écho-location » ultrasonore furent
mises en pratique pour la première fois pendant la première guerre mondiale :
Paul Langevin fabriqua en 1916 les premiers transducteurs ultrasonores à
quartz pour la détection sous-marine. Ces découvertes marquèrent le début
du développement des applications ultrasonores dans le domaine du contrôle
industriel non destructif, des télécommunications, de l'acoustique sous-marine
et de l'imagerie médicale.
Très tôt, les chercheurs se sont intéressés aux effets biologiques des ultrasons. La
première utilisation diagnostique des ultrasons fut l'œuvre de Dussik, psychiatre
autrichien, qui développa, vers la fin des années 1930, une méthode en transmis-
sion pour détecter les tumeurs intracrâniennes. Les recherches se poursuivirent
au Japon, après la deuxième guerre mondiale – ce sont des chercheurs japonais
qui attirèrent l'attention des médecins sur les techniques de débitmétrie utilisant
l'effet Doppler – puis aux États-Unis où les pionniers de l'imagerie échographique
furent d'une part Howry à Denver et d'autre part Wild et Reid à Minneapolis en
1952.
Les images réalisées avec les échographes de première génération, vers la
fin des années 1960, étaient obtenues au cours d'un balayage manuel de la
sonde ultrasonore. Sur ces images dites bistables, deux niveaux de lumino-
sité seulement étaient affichés de sorte que seule la silhouette des organes
ou des lésions était observée. De plus, l'obtention d'une image nécessitant
plusieurs secondes, le flou cinétique affectait la précision de l'interprétation.
Dans les années 1970, apparurent les échographes à balayage mécanique avec
déplacement motorisé et rapide de la sonde qui permirent l'obtention de
plusieurs images par seconde et l'observation en temps réel des tissus en mou-
vement. Parallèlement, l'échostructure des tissus devint visible avec l'emploi
des convertisseurs d'image donnant des images en échelle de gris. L'étude de
l'écoulement des flux sanguins devint possible avec l'introduction des tech-
niques de vélocimétrie par effet Doppler. Dans les années 1980, la qualité des
4 Guide d'échographie
Caractéristiques
■
Propagation linéaire, radiale ou sphérique.
■
Se décrit comme une fonction du temps mais aussi de l'espace (dualité
temporo-spatiale).
■
Propagation par transmission d'un état de compression ou de raréfac-
tion de proche en proche, sans transport de matière.
■
Modification de la pression dans le milieu : les particules du milieu sont
animées d'un mouvement de va-et-vient dans l'axe de déplacement des
ultrasons de type sinusoïdal.
Bases physiques de l'échographie et du mode Doppler 5
Célérité (c)
Elle correspond à la vitesse de propagation de l'onde acoustique dans un milieu
donné. Elle lie le domaine spatial (longueur d'onde) au domaine temporel
(période).
c [en m/s] = λ/T = λ ⋅ f
La célérité des ultrasons dépend de la nature du milieu traversé, ex. : cair = 330 m/s ;
ceau = 1 480 m/s ; cos = 2 700 m/s.
possède une dualité spatio-temporelle P(x, t) car l'intensité en chaque point varie
avec la fréquence de l'onde ultrasonore. P s'exprime en N/m2 (1 N = 1 kg.m/s2).
P(x, t) = Pabs(x, t) − P0
L'intensité acoustique (I) est la puissance transportée par les ondes acous-
tiques dans une direction donnée, par unité de surface perpendiculairement à
cette direction. L'intensité acoustique est une grandeur essentielle pour la des-
cription des espaces acoustiques. S'il n'y a pas d'intensité acoustique, il n'y a pas
de transfert d'énergie d'un endroit à un autre, donc pas de signal acoustique.
L'intensité acoustique moyenne selon l'axe de propagation se calcule selon la
relation suivante :
I [en W/m2] = P2/(2 ⋅ ρ ⋅c)
Niveau d'intensité relatif = le décibel (dB) : si deux ondes ultrasonores ont des
intensités absolues A et B (IA et IB), leur niveau d'intensité relatif (D) est égal à :
D [en dB] = 10 Log IA/IB
Exemple
Traversée d'un milieu atténuant où l'intensité acoustique (I) passe de 10− 3 à
10− 6 (W/cm2) ⇒ atténuation de 30 dB.
Réflexion
Le phénomène de réflexion se produit à l'interface entre deux milieux 1 et 2
d'impédance acoustique différente (Z1 et Z2). Pour une onde US perpendiculaire
à l'interface, le coefficient de réflexion (R) correspond à :
Z Z
R12 2 1
Z2 Z1
On peut ainsi exprimer la transmission T de la manière suivante :
T=1–R
Application numérique
Calcul de R et de T pour une interface graisse/muscle
■
Z1 (graisse) = 1,34
■
Z2 (muscle) = 1,71
2
1, 71 1, 34
R graissemuscle 0 , 015
1, 71 1, 34
T graissemuscle 1 R 0 , 985
La réflexion trop importante entre l'air et la peau (99 %) ne permet pas aux
ultrasons de pénétrer et donc d'étudier le corps humain. Pour optimiser
cette pénétration, il est obligatoire d'appliquer du gel échographique (= eau
en gel) entre la sonde et la peau du patient. Le gel échographique, d'impé-
dance proche de celle des tissus mous, évite ainsi la réflexion au niveau de
la peau.
Réfraction
Si la direction du faisceau incident n'est pas orthogonale à la surface de l'inter-
face, les faisceaux d'ondes ultrasonores réagissent comme les faisceaux lumineux
concernant la réflexion et la réfraction (fig. 1.3). On observera dans ce cas la pré-
sence d'un faisceau réfléchi et celle d'un faisceau réfracté transmis qui présentent
respectivement des angulations θr et θt qui dépendent de des célérités c1 et c2 de
l'onde avant et après son passage à travers l'interface (c1 et c2 étant fonction des
impédances respectives des milieux 1 et 2).
Selon les lois de Snell-Descartes :
■ l'angle du faisceau réfléchi (θr) est égal à l'angle du faisceau incident (θi) : θi = θr ;
■ les angles incidents et transmis suivent la relation suivante : sin θi/c1 = sin θt/c2.