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Controle Fiscal

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COURS DE CONTRÖLE FISCAL

Préparé et dispensé par :

BILLONG BI NGAWE
Inspecteur Principal des Impôts.

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Introduction générale :

La reforme Fiscalo-douanière intervenue en 1993 a eu pour orientation principale,


la modernité du système fiscal camerounais. Cet élan animé par les péripéties de la crise
économique ayant entraîné la mise du pays en ajustement structurel, a soulevé
l’impératif de procéder à des réajustements susceptibles d’améliorer l’environnement
fiscal et le climat des affaires. Ce processus a conduit à un glissement qui a déplacé le
centre de gravité des préoccupations fiscales. On est ainsi partie de « l’Administrato-
centrisme » où le fisc était au centre de tout, au « contribuo-centrisme » qui hisse le
contribuable au frontispice du processus fiscal. Situation a conduit au bouleversement de
l’environnement fiscal qui part d’une fiscalité répressive vers une fiscalité markétiste
faisant du contribuable plus qu’un client (toujours roi) mais d’avantage un véritable
partenaire. Ce système de partenariat a eu comme corollaire, l’amélioration des
garanties du contribuable dans le processus fiscal. Celui-ci repose sur un système
déclaratif qui permet aux contribuables de déclarer de manière discrétionnaire,
l’ensemble de ses opérations sur la base des modèles de déclaration auto-liquidative.
Ces déclarations bénéficient aux yeux du fisc, d’une forte présomption de vérité et de
bonne foi. De plus, le processus gagne en fluidité du fait du contradictoire établit pour la
détermination de l’impôt. Le contribuable, épicentre du système bénéficie d’une
quirielles de garanties qui se manifestent d’avantage à l’occasion du contrôle fiscal,
pendant normal du système déclaratif.

En effet, les déclarations souscrites par le contribuable, parce que présumées de


bonne foi, mérite d’être contrôlés dès lors que l’Administration fiscale devra jouer sa
partition de juge à charge et à décharge. Le contrôle fiscal est par conséquent l’opération
qui consiste de s’assurer que les déclarations des contribuables ont été établis de bonne
foi, sans omissions ou rajouts susceptibles d’être préjudiciables tant pour le Trésor
Public que pour le contribuable. En fait, le contrôle fiscal se définit comme une activité
administrative par laquelle l’Administration s’assure de la sincérité et de l’exhaustivité
des déclarations faites par les contribuables. Mieux, « il constitue une faculté laissée
à l’Administration fiscale lui permettant d’une part d’assujettir à l’impôt tout
contribuable qui s’est partiellement ou entièrement soustrait, en vue de réparer
les omissions, insuffisances et inexactitudes constatées dans l’assiette ou le
recouvrement des impôts et taxes »1.

Il ne s’agit donc pas d’une action de police, de suspicion ou de déficit de


confiance, mais d’avantage d’une opération de rétablissement de la justice fiscale dans
un système déclaratif. Le contrôle fiscal peut prendre la forme d’une perquisition, d’une
notification ou d’une vérification d’où sa physionomie multiforme. Son examen conduira à
1
Dictionnaire fiscal. Groupe revue Fiduciaire, 2000, p.241

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s’intéresser sur ses modalités et aux garanties du contribuable (2 ème partie) après s’être
appesantit sur son organisation et ses objectifs (1ere partie).

Première partie : Organisations et objectif du contrôle fiscal

Le contrôle fiscal est organisé sur la base d’un certains nombres de critère
(chapitre 2), fonction des objectifs à réaliser (chapitre 1)

Chapitre 1er : Les objectifs du contrôle fiscal

Opération normale dans un système fiscal déclaratif, le contrôle fiscal est bâtit sur le
triptyque éducation (I), justice et rendement (II).

I- L’objectif d’éducation

La fiscalité étant une science infuse et diffuse, l’Administration fiscale qui en a la


maitrise a une obligation régalienne d’éducation. Ainsi, le processus fiscal passe
essentiellement par l’instruction du contribuable à travers la documentation (A) et des
échanges verbaux (B).

A- L’éducation par les textes

Le vérificateur face au contribuable a une obligation d’éducation par la mise à la


disposition du contribuable sur sa demande, des textes législatifs qui encadrent l’activité
fiscale. D’ailleurs le Livre des Procédures Fiscales en fait une exigence légale dans ses
dispositions de l’article L 13 lorsqu’il prescrit que l’avis de vérification doit outre contenir
le détail des documents sollicités, mais d’avantage il doit être accompagné de la charte
du contribuable. Ce document substantiel dont le défaut entache la validité du contrôle,
retrace de manière claire l’éventail des obligations et droits du contribuable exposé à un
contrôle fiscal.

B- L’éducation à travers le contradictoire

Toute procédure de contrôle, qu’il s’agit d’un contrôle sur pièces ou sur place, est
toujours conduite en respect des règles du contradictoire. A cette occasion,
l’Administration a une obligation de répondre aux questions du contribuable et d’indiquer
avec précision les anomalies constatées et les bases juridiques qui inspirent le
redressement.

II- Les objectifs de justice et de rendement


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Le contrôle fiscal est également l’occasion pour l’Administration fiscale de remplir
ses objectifs de rendement (B) et d’assurer l’équité fiscale (A).

A- L’équité fiscale

Pendant les opérations de contrôle fiscal, l’Administration fiscale peut lorsque les
circonstances s’y prêtes, faire preuve de justice fiscale dans son rôle de juge à charge et
à décharge. C’est ainsi qu’elle peut être amenée lors de l’examen des déclarations du
contribuable, à procéder aux rectifications en faveur de ce dernier. Ainsi, lorsqu’il est
constaté une émission reconnue erronée du fait de l’Administration, celle-ci même en
l’absence de toute réclamation du contribuable peut donner lieu à un dégrèvement
d’office.

B- L’objectif de rendement

Le rôle fondamental du processus fiscal est la mobilisation des recettes, qu’il


s’agisse des opérations d’assiette ou de contrôle. De ce fait, le contrôle fiscal qui
consiste en un examen des déclarations du contribuable vise à procéder à des
rectifications des bases en vue du rappel des droits compromis. Cette objectif central
se décline tant par la fixation d'un nombre de contrôle fiscaux à exécuter
par structure et par vérificateur d'une part. D'autre part, il trouve un
ancrage concret dans la fixation d'objectifs chiffrés à chacune des
structures de production de l'Administration fiscale, qui est alignée à 10%
de la DPO globale de cette structure.

La réalisation de ces objectifs ne peut se faire que si le contrôle est organisé en


respect d’un certains nombres de critères et des principes qui l’encadre.

Chapitre 2 : Organisation et principes du contrôle fiscal

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L’efficacité du contrôle fiscal dépend d’une part de son organisation (section I) et
d’autre part du respect de certains principes (section II).

Section 1 : Organisation du contrôle fiscal au Cameroun

Il s’agit ici de visualiser les services et agents habiletés à procéder au contrôle fiscal (I)
avant de s’intéresser aux types de contrôles envisageable et leurs règles de procédures
(II).

I- Les services et agent habilités à procéder au contrôle fiscal

Avant le nouvel organigramme du Ministère des Finances de 2008,


la Division des Enquêtes et du Contrôle Fiscal définit la stratégie et
l'orientation des activités de contrôle au plan national et élabore un
programme national de contrôle pour les différentes unités centrales et
déconcentrées. Elle est également la destinataire principale des rapports
de vérifications, des tableaux de suivis de l'activité du contrôle fiscal et des
statistiques périodiques du rendement du contrôle fiscal sur l'ensemble du
territoire national. La compétence est une donné fondamentale en matière de
contrôle fiscal au Cameroun. Elle en constitue d’ailleurs une formalité substantielle dont
l’inobservation est susceptible d’entacher le contrôle d’irrégularité. Elle s’observe tant en
ce qui concerne les services compétent (A) que pour ce qui est relatif aux agents
habilités à effectuer le contrôle (B).

A- Les services chargés du contrôle fiscal

La compétence ici tient compte d’une part de la nature du contrôle (compétence ratione
materiae) et de l’espace territoriale d’exercice du contrôle (compétence ratione loci) L’on
distingue ici les services à compétence nationale, ceux ayant une compétence régionale
et celles à compétence locale.

Dans son instruction n°005/MINFI/DI/DECF du 14 juin 2004, il est


accordé aux structures centrales les compétences exclusives sur
l’étendue de leur fichier. Ainsi, la Division des Grandes Entreprises a
compétence exclusive sur toute l'étendue de son fichier pour effectuer
tous types de contrôles, conformément au schéma d'organisation basé sur
l'interlocuteur fiscal unique.

Sur le plan pratique, la Cellule de gestion s'occupe des contrôles sur


pièces et des vérifications partielles, et la Cellule du contrôle fiscal
s'exerce aux vérifications générales de comptabilité.

A l’échelle nationale, cette tendance centralisatrice vient d’être


confirmée par l’instruction 2010 portant orientation du contrôle fiscal pour
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l’exercice 2010, réitérée par l’instruction N°01/MINFI/DGI/DPSECF du 16
janvier 2011 portant orientation du contrôle fiscal au titre de l’exercice
2011. Elles précisent ainsi les compétences en termes de contrôle fiscal
au Cameroun.

La DGE, les C.I.M.E, les C.S.P.L.I et les C.D.I pilotes ont, tous types
de contrôles confondus, une compétence exclusive sur l’ensemble des
contribuables relevant de leur fichier.

Dans les Centres Régionaux de Douala et Yaoundé, la compétence


pour effectuer les V.G., les V.S.F.E et les Contrôles Ponctuels sur les
fichiers des C.D.I est dévolue à la Brigade Régionale de Vérification des
Entreprises.

Au niveau des autres Centres Régionaux, les brigades régionales sont


compétentes en ce qui concerne les VG, les V.S.F.E et les C.P sur les
fichiers des C.D.I et C.S.I.

Ces instructions précisent en outre que « les C.S.P demeurent de la


compétence des inspecteurs gestionnaires ».

NB : Il convient de relever la possibilité d’une compétence d’attribution


dont l’initiative peut être prise soit par le Directeur Général des Impôts, soit
par le Chef de la Division des Grandes Entreprises et les Chefs des
Centres Régionaux. Ainsi et suivant le cas, une structure non compétente
de manière organique à opérer un contrôle sur un type de contribuable
peut y être habileté de manière expresse sans entaché le contrôle
d’irrégularité pour autant que les règles de procédures auront été
respectées.

B- Les agents habiletés à effectuer le contrôle

Au regard de l’article L9 et suivant du livre des Procédures Fiscales, seuls les agents
des impôts assermentés ayant au moins le grade d’Inspecteur des Impôts ont le pouvoir
d’assurer le contrôle fiscal. Il s’agit d’une règle de compétence absolue dont
l’inobservation entacherait la procédure d’irrégularité susceptible de conduire à la nullité
du contrôle.

La compétence consiste ici en la demande des pièces, leur examen et la signature


de tous les actes de procédure.

II- Les typologies des contrôles fiscaux et leurs règles de procédures

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A- Les typologies des contrôles fiscaux

On distingue les contrôles internes (1) des contrôles externes (2).

1- Les contrôles internes

II s'agit de procédures de contrôles effectuées depuis les locaux de


l'administration. Il s'agit des demandes de renseignement, d'éclaircissements et
de justifications d'une part (a), et du contrôle sur pièces d'autre part (b).

a- Les demandes de renseignement, d’éclaircissements et de


justifications

Elles sont prévues par la sous-section III du sous-titre II portant sur le


«Contrôle de l'Impôt ». Dans un même article (L 22), le LPF dispose que
«L’Administration peut demander par écrit aux contribuables, tous
renseignements, justifications ou éclaircissements relatifs aux déclarations
souscrites et aux actes déposés, y compris pour les catégories pour lesquels ils
ne sont pas astreints à la tenue d'une comptabilité ». Si aucune distinction de
nature n'est déclinée dans ce texte, aucune différence de sanction non plus n'est
prévue en cas de non réponse ou de réponse insuffisante de la part du
contribuable.

Le législateur prévoit en effet «les contribuables doivent


que
impérativement répondre dans un délai de trente jours à compter de la réception
de la demande. A défaut, ou lorsque la demande" est jugée insuffisante par
l'administration, la procédure de taxation d'office définie aux articles L29 et
suivants du présent Livre, s'applique pour la détermination des impôts et taxes
concernés par la demande ».

De ces trois procédures, la demande de renseignement est la plus vague,


mais considérée comme la plus dangereuse pour le contribuable, car limitée par
aucun texte d'une part, et encadré par aucune garantie pour le contribuable
d'antre part.

Ex : L'Administration écrit pour se renseigner sur les avantages fiscaux


particuliers dont bénéficierait le contribuable, sur l'identité des banques du
contribuable, sur le nombre exact d'agences du contribuable…____

La demande d'éclaircissements quant à elle est non seulement étroitement


liée aux déclarations, mais plus précise que la demande de renseignements. Elle
doit indiquer de manière claire et précise les points sur lesquels elle porte et doit

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permettre d'obtenir du contribuable tous les renseignements nécessaires à la
compréhension de sa déclaration.

Enfin, la demande de justification est la plus rigoureuse des procédures de


l'article L 22 du LPF, car elle impose du contribuable la production de
justifications pertinentes et non de simples explications verbales ou écrites. Les
justifications exigent de celui-ci un commencement de preuve, et cette procédure
est généralement utilisée lorsque l'administration dispose d'éléments sérieux de
diverses sortes lui permettant d'envisager une dissimulation de l'impôt.

Exple : Demander à justifier la déduction extracomptable de 25% de la masse


salariale, ou l’imputation d’un crédit d’impôt.

b- Le contrôle sur pièces

Au terme des paragraphes 2 et 3 de l’article 21 du LPF, les contrôles sur


pièces « se limitent à l’examen des déclarations, des actes utilisés pour
l’établissement des impôts et taxes ainsi que des documents déposés en vue
d’obtenir des déductions, des restitutions et des remboursements. Dans tous les
cas, le contrôle sur pièces est un contrôle de cohérence des déclarations du
contribuable et non pas un contrôle général de comptabilité ».

L’Administration doit se limiter à confronter des éléments qui sont déjà en sa


possession ou connus du service, contenus dans le dossier fiscal unique du
contribuable, mais peut également opérer des rapprochements avec des
recoupements faits en amont. La loi des finances 2009 a réduit le délai de réponse
aux notifications de contrôles sur pièces à 15 jours francs (article L 25
nouveau).

L’instruction n°1107/MINFI/DI/DECF du 10 mars 2003 portant modalités


d’exécution du contrôle sur pièces a précisé de façon détaillée les objectifs, la
nature et les modalités du déroulement du ce type de contrôle fiscal.

Il convient de noter que les techniques de vérifications débutent par une bonne
exploitation des données fiscales disponibles au bureau, et donc par une aisance
dans la manipulation de ces dernières et leur confrontation en vue de
l’établissement de la cohérence des données ainsi exploitées.

2- Les contrôles externes

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Il s’agit ici des procédures de contrôles les plus encadrées (10 articles, de
l’article L 11 à l’article L 20 du LPF), et caractérisées par le lieu du déroulement du
contrôle qui est « sur place » comme la sous-section I du sous-titre Ii le précise.

Ce sont précisément :

- La vérification de la situation fiscale d’ensemble pour tout contribuable relevant


de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (article L 12 du LPF), qui peut
se déployer sur un ou quatre exercices maximum ;
- La vérification partielle de comptabilité, qui peut soit porter sur un impôt, au titre
de la période non prescrite, soit sur tous les impôts d’un seul exercice fiscal.
(Article L 16 du LPF).

- la vérification générale de comptabilité qui s'exerce sur tous les impôts,


sur plus d'un exercice et ne peut excéder quatre exercices, sauf cas de
déficit ou de crédit de TVA imputé sur les exercices vérifiés (article L 16 du
LPF-).

Les opérations de contrôles externes, vu leur ampleur, sont


entourées par un formalisme assurant le droit à l'information et le
principe du contradictoire tant dans la phase préliminaire du contrôle qu'au
cours de celui-ci.

B- Les règles de procédures

Il s’agit ici d’un ensemble de formalismes liés aux contrôles qui s’apprécient
suivant qu’il s’agit des contrôles externes ou des contrôles internes.

1- Le formalisme lié au contrôle externe

a- Le formalisme préalable au début de l’intervention sur place

En vertu de l’article L13 du LPF, « Au moins huit (8) jours avant la date
prévue pour la première intervention, l’Administration des impôts adresse, sous pli
recommandé ou en mains propres avec accusé de réception ou par bordereau de
décharge, un avis de vérification et un exemplaire de la Charte du contribuable, qui
l’informent de la possibilité qu’il a de se faire assister d'un conseil de son choix.
Mention doit en être faite dans l'avis de vérification sous peine de nullité de cette
dernière ».

- la formalité préalable à l’examen au fond de la comptabilité : l’avis de


vérification

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L ’ a v i s de vérification prévu à l'article L 13 du LPF est l'expression
d'un double formalisme. Sur le plan instrumental ou procédural, l ' a v i s
s'analyse comme une formalité qui signale la première étape de la procédure
engagée préalable à l’élaboration de l ' a c t e d'imposition.

Sur le plan matériel, ii s'agit d'un acte administratif qui doit satisfaire
aux exigences formelles de validité prévues par la loi, notamment en
ce qui concerne son contenu. L'Administration a notamment l'obligation
d'avertir le contribuable qu'il a la faculté de se faire assister par un conseil
de son choix, ceci sous peine de nullité. Il s'agit d'une condition
impérative et absolue de validité de la procédure de vérification.

S'agissant du délai minimal de 8 jours, il contribue également à


assurer au contribuable la possibilité de se faire assister et de consulter
ses conseils. Il s'agit d'un délai d'action qui est une condition première de
régularité de la procédure également. L'article L 14 prévoit qu’ « en cas
de report de la date initiale de la première intervention de l’administration,
le service des impôts doit impérativement adresser au contribuable un avis
rectificatif. »

De même, il est donné au contribuable l a possibilité de demander un


report du contrôle envisagé, « en formulant par écrit et en motivant sa demande
dans les quinze ( 1 5 ) jours de la réception de l ' a v i s ». Soit ce report est
expressément accepté ou refusé par l’Administration, soit son silence est considéré
comme acceptation (article L 14 du LPF).

- La formabilité de l’envoi de la remise de la Charte du contribuable vérifié

La charte du contribuable vérifié a pour objet de rassembler


l’ensemble des droits et garanties du contribuable vérifié. Elle doit être
transmise dans les mêmes conditions et délais que l’avis de vérification,
qui doit l’annoncer à peine de nullité (article L 13 du LPF). Contrairement à
la France, il n’est pas précisé dans le LPF que les dispositions qui sont
contenues dans la Charte sont opposables à l’Administration, même si
cela semble aller sans le dire.

Mais l’absence d'une telle exigence conduit à l'observation d'une


certaine flexibilité par rapport à des droits garantis dans la Charte du
contribuable et non dans le LPF, par exemple l’obligation pour les agents
de présenter avant toute opération leur carte nationale d’identité, leur
carte professionnelle et une copie de l’avis de vérification.

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De même, les aléas de modifications législatives qui devraient en
principe être intégrées instantanément dans les Chartes transmises ne
sont pas toujours pris en compte, et la portée d’une transmission d'une
charte de contribuable non actualisée n'a pas encore été débattue au sein
de l'administration fiscale, encore moins au niveau des juridictions.

b- Le formalisme dans l’exécution des vérifications

- Le formalisme lié au débat oral et contradictoire

D'essence contradictoire, la vérification de comptabilité repose avant


tout sur un dialogue avec le vérificateur, même si celui-ci n'est pas
formalisé par des textes. Ce débat oral et contradictoire, doit porter sur les
documents comptables et la gestion de l’entreprise dont l'appréciation de
l’effectivité s'apprécie au nombre, la durée et l’objet des visites des
vérificateurs. Il est clairement établi que c’est au contribuable de prouver
que les agents vérificateurs se sont refusés à tout échange de vues avec
lui.

- le formalisme l i é à la notification des résultats du contrôle

Mieux formalisé est le régime de la notification de redressements, qui


informe le contribuable des résultats du contrôle. Cette notification diffère
suivant l'issue du contrôle.

Si la vérification n’aboutit à aucun redressement, elle envoie un avis de


l’absence de redressements (article L 24 du LPF). Par contre, si
l’administration constate une insuffisance, une exactitude, une omission
dans les éléments servant de base au calcul des impôts, droits ou taxes
dus en vertu du CGI, « l’Administration adresse au contribuable une
notification de redressement qui doit être motivée et chiffrée, sous peine
de nullité, afin de permettre à celui-ci de faire parvenir ses observations ou
de faire connaître son acceptation dans un délai de trente (30) jours à
compter de sa réception » (article L 24 alinéa 1 du LPF) dans le cadre
d’une vérification générale de comptabilité ou de quinze (15) jours en ce
qui concerne la vérification partielle, le contrôle ponctuel (article L 25 du
LPF).

Les prescriptions ci-dessus doivent être respectées dans leur ensemble


: montant des bases (sommes réintégrées) et modalités de leur
détermination (ou mode de calcul). Cette exigence d'explications permet
par exemple au contribuable les moyens concrets de contester la méthode
de reconstitution des bénéfices mis en œuvre par le service.

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La loi des finances 2012 a ajouté à ce formalisme un délai de
production de la notification, à peine de nullité. L’article L 24 du LPF exige
désormais que la notification de redressement ou l'avis d'absence de
redressement suite à un contrôle fiscal soit adressés dans un délai de 60
jours à compter de la fin des opérations de contrôle sur place. Pour la
mise en œuvre de ces dispositions, la fin des opérations de contrôle sur
place se matérialise par la signature d'un procès-verbal signé du
contribuable ou de son conseil et des agents de l'administration ayant
procédé aux opérations de contrôle sur place, ou le cas échéant faisant
ressortir le refus de signature de l'une des parties.

Le non respect du délai sus évoqué entraîne, de par la loi, la nullité


relative de la procédure de contrôle.

- Le formalisme lié à la réponse aux observations


En cas de réponse du contribuable dans les délais ou du fait de son
silence, l’administration dispose d’un délai de soixante (60) jours pour faire
parvenir ces observations au contribuable. La computation des délais se
fait à partir de la date de réception des observations du contribuable ou à
compter de la date d’expiration du délai impartie au contribuable pour faire
parvenir ces observations.

Cette lettre doit préciser à ce dernier qu’il dispose de la faculté de se


pourvoir en contentieux.

2- Le formalisme lié au contrôle interne

Il s’agit ici du contrôle sur pièce qui ne requiert pas de procédure spéciale
quant à son déroulement. Toutefois, la notification adressée au
contribuable doit être motivée et chiffrée, sans sollicitation des
informations et pièces faisant donnant lieu à un examen critique de la
comptabilité.

Dès réception de la notification, le contribuable dispose d’un délai de


quinze (15) jours ouvrables pour faire parvenir ces observations ou son
acceptation.

L’administration dispose d’un délai de soixante (60) jours pour adresser au


contribuable une lettre de réponse aux observations accompagnées de
l’AMR correspondant. Celle-ci doit faire apparaître l’état de liquidation des
droits dus en principal, en pénalité et intérêts de retard ainsi que la
motivation des pénalités appliquées.

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Section 2 : Principes d’encadrement du contrôle fiscal dans le temps : le
droit de reprise

I- L’entendu du principe
Le droit de reprise est la faculté appartenant à l’administration de
réparer les omissions, insuffisances ou erreurs commise dans
l’établissement de l’impôt. Cette faculté s’applique tant aux insuffisances
commises par les contribuables qu’aux erreurs imputables aux services
d’assiette.

L’exercice du droit de reprise est donc limité dans le temps et ne peut


être exercé que dans le délai de répétition à l’expiration duquel la
prescription est acquise au redevable à l’encontre du Trésor Public. Ainsi,
s’agit-il d’examiner les délais de prescription (A), avant de s’intéresser aux
possibilités de prorogation et d’interruption des délais (B) et en fin aux
effets de la prescription (C).

A- Les délais de prescription

Ils sont distincts suivant qu’il s’agit des droits d’enregistrement, qu’en ce
qui concerne les autre impôts droits et taxes.

1- Les délais ordinaires

Il s’agit de la prescription quatriennale, prescrit par l’article L 34 du LPF .


Ainsi, le droit de reprise ne peut s’exercer que dans une période de quatre
ans à compter de la fin de la quatrième année suivant celle au titre de
laquelle l’impôt ou la taxe est exigible.

Exemple : Les impôts dus au titre de l’exercice 2008 sont exigible au plus
tard le 31 mars 2009. L’administration a jusqu’au 31 décembre 2012 pour
exercer sont droit de reprise.

2- La prescription décennale

La prescription décennale est la prescription de droit commun en matière


fiscale. Au Cameroun, elle ne s’applique qu’en matière d’Enregistrement,
de droits de timbre et aux redevances et droits assimilés.

B- Prorogation et interruption de la prescription

1- Prorogation des délais

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Au regard des dispositions de l’article L34 du LPF, lorsque la découverte
d’agissements frauduleux résulte soit d’une instance civile, commerciale,
ou pénale ou que le fisc révèle l’existence d’une fraude, le service des
impôts peut opérer des contrôles et procéder à des rehaussements jusqu’à
la fin de la quatrième année suivant celles de la révélation des faits.

Exemple : Les services fiscaux découvre en date du 12 octobre 2012 à


l’occasion de l’exercice du droit de communication au près de la CCCDDS
que la PPPTS a réalisée des opérations importantes au titre de l’exercice
2004. En examinant le dossier de la PPPTS, il se dégage que cette
dernière avait déposée une déclaration de faillite et de cessation d’activité
le 17 juillet 2003 et qu’elle n’a reprit ces activités qu’à partir du 1 er janvier
2008.

Dans le cas d’espèce, le droit de répétition de l’administration cours


jusqu’au 31 décembre 2016.

2- Interruption de la prescription

Trois circonstances majeures peuvent conduire à l’interruption de la


prescription :
- La notification de redressement,
- La notification d’un PV ou par tout acte comportant reconnaissance
de l’impôt de la part du contribuable,
- Dépôt d’une plainte contre le contribuable pour agissement
frauduleux. Dans ce dernier cas le droit de reprise demeure.

C- Les effets de la prescription

La prescription éteint l’obligation du contribuable par le seul écoulement du


délai. Lorsqu’elle est acquise, elle équivaut au paiement de l’impôt. Elle
doit être invoquée en justice par le redevable à tout moment de la
procédure. Toutefois, elle ne peut être soulevée d’office par le juge au
risque de violer la règle de l’ultra petita.

Elle s’applique exclusivement à la partie de l’impôt encore due. Aussi, les


acomptes versés à valoir sur les droits ultérieurement prescrits ne sont
pas restituables.

Par ailleurs, le contribuable peut renoncer à la prescription de manière


expresse ou tacite. Ainsi le paiement spontané des droits prescrits vaut

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renonciation tacite et prive le contribuable de toute demande de restitution
éventuelle.
Par contre si le paiement des droits prescrits a été faite sur demande de
l’administration, la restitution est recevable.

II- Les tempéraments au droit de reprise

Il s’agit des circonstances pour lesquelles les délais ne sont pas


opposables.

A- Les impôts retenues à la source ou ceux pour lesquels le


contribuable n’est que redevable

Pour les impôts retenus à la source et en ce qui concerne ceux pour


lesquels le contribuable n’est que redevable, la prescription ne joue pas.
De ce fait l’administration fiscale a le droit de réclamer leur paiement à tout
moment, sans que les intéressés ne puissent se prévaloir de la
prescription (article L 89 du LPF).

B- Les autres cas d’inopposabilité de la prescription

1- Cas des déficits antérieurs

L’administration est fondée à vérifier l’existence et la qualité de la créance


et à en rectifier le montant même si l’option pour le report en arrière du
déficit correspondant a été au titre d’un exercice prescrit. Cette option ne
s’applique qu’au premier exercice non prescrit dont il en constitue la
charge. (Article L16 du LPF).
Dans tous les cas, aucune imposition n’est susceptible d’être établie au
titre des exercices prescris ; il ne peut y avoir que la réduction ou tout au
plus la suppression du report déficitaire.

2- Cas des amortissements réputés différés

Il s’agit ici de permettre au fisc de rechercher si des amortissements


régulièrement comptabilisés mais réputés différés en période déficitaire
n’auraient pas dû déjà être imputés sur les résultats des exercices
couverts par la prescription. De ce fait le droit de répétition consistera pour
l’administration à démontrer que les résultats desdits exercices étaient en
réalité suffisamment bénéficiaires pour que ces imputations aient pu être
opérées.

3- Cas des dettes ou provisions irrégulières

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Une dette portée à tort au bilan d’exercices prescrits et maintenue dans
les bilans d’exercices non prescrits doit être rattaché aux résultats du
premier exercice non prescrit. Il en est de même des provisions devenues
sans objet ou irrégulièrement constituées dès leur origine. (CE 20 mai
1981).

4- Cas d’un actif fictif

Pour l’imposition des plus-values consécutifs à des cessions d’actions,


l’administration est admise à rétablir le véritable caractère de l’acte ayant
crée ces actions, même ci celles-ci soient intervenus au cours d’un
exercice atteint par la prescription.

5- Cas des reports de crédit de TVA

Lorsque le crédit de TVA est reporté sur la déclaration du premier exercice


non prescrit, l’administration a le droit de vérifier les exercices non
prescrits originaires dudit crédit. (Article L 16 du LPF).

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