Récapitulatif Eaf Première Générale 2024
Récapitulatif Eaf Première Générale 2024
Récapitulatif Eaf Première Générale 2024
Générale
Classe : 1B - C - G
X)
Texte n°2 : L’homme spectateur des autres hommes, Livre VIII (“De la
Cour”), Les Caractères (1688), La Bruyère
De “ L'on court les malheureux ” à “ choses pour vous à éviter !”.
Texte n°3 : Acte III, scène 12, Le Malade imaginaire (1672), Molière De “Ah!
mon Dieu! Ah! malheur! Quel étrange accident! ” à “ Eh bien, mon frère, vous
le voyez.”.
Rimbaud
J'avais marqué le temps de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour
plus tôt ! j'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais
quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le
coche d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions
pas d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il en
resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui
paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me
parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille
avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me
trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide
et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la
maîtresse de mon cœur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses
sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens et si elle y avait quelques
personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents
pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon
cœur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une
manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi.
C'était malgré elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui
s'était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens.
Mais, mon cher fils, reprit-il d’un air pâle et effrayé , que vous ai-je fait ? quelle
raison avez-vous de vouloir ma mort ? Eh non ! répliquai-je avec impatience . Je n’ai pas
dessein de vous tuer , si vous voulez vivre . Ouvrez-moi la porte , et je suis le meilleur de
vos amis . J’aperçus les clefs qui étaient sur sa table . Je les pris et je le priai de me
suivre , en faisant le moins de bruit qu’il pourrait . Il fut obligé de s’y résoudre .
A mesure que nous avancions et qu’il ouvrait une porte , il me répétait avec un
soupir ; Ah ! mon fils , ah ! qui l’aurait cru ? Point de bruit, mon Père , répétais - je de mon
côté à tout moment . Enfin nous arrivâmes à une espèce de barrière , qui est avant la
grande porte de la rue ;Je me croyais libre , et j’étais derrière le Père , avec ma chandelle
dans une main et mon pistolet dans l’autre .
Voilà de quoi vous êtes cause , mon Père , dis-je assez fièrement à mon guide .
Mais que cela ne vous empêche point d’achever , ajoutai-je en le poussant vers la
dernière porte . Il n’osa refuser de l’ouvrir . Je sortis heureusement et je trouvai , à quatre
pas , Lescaut qui m’attendait avec deux amis , suivant sa promesse .
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse
endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je
m'aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes.
Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un
effort pour saisir les miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière
heure. Je ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je n'y
répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence
à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les
miennes me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que
je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la
perdis ; je reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. C'est tout ce
que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.
Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez
rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je
renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse.
Mais moi, qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? Quand m’avez-vous vue
m’écarter des règles que je me suis prescrites et manquer à mes principes ? je dis mes principes,
et je le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard,
reçus sans examen et suivis par habitude ; ils sont le fruit de mes profondes réflexions ; je les ai
créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage.
Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence et à
l’inaction, j’ai su en profiter pour observer et réfléchir. Tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite,
écoutant peu à la vérité les discours qu’on s’empressait de me tenir, je recueillais avec soin ceux
qu’on cherchait à me cacher.
Cette utile curiosité, en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler : forcée souvent de
cacher les objets de mon attention aux yeux qui m’entouraient, j’essayai de guider les miens à mon
gré ; j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que depuis vous avez loué si souvent.
Encouragée par ce premier succès, je tâchai de régler de même les divers mouvements de ma
figure. Ressentais-je quelque chagrin, je m’étudiais à prendre l’air de la sécurité, même celui de la
joie ; j’ai porté le zèle jusqu’à me causer des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps
l’expression du plaisir. Je me suis travaillée avec le même soin et plus de peine pour réprimer les
symptômes d’une joie inattendue. C’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette
puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonné.
La Bruyère fait ici le portrait d’un veuf qui fait étalage de ses richesses pour tenter de séduire une
femme afin de l’épouser.
Nicandre s'entretient avec Elise de la manière douce et complaisante dont il a vécu avec
sa femme, depuis le jour qu'il en fit le choix jusques à sa mort ; il a déjà dit qu'il regrette
qu'elle ne lui ait pas laissé des enfants, et il le répète ; il parle des maisons qu'il a à la
ville, et bientôt d'une terre qu'il a à la campagne : il calcule le revenu qu'elle lui rapporte,
il fait le plan des bâtiments, en décrit la situation, exagère la commodité des
appartements, ainsi que la richesse et la propreté des meubles ; il assure qu'il aime la
bonne chère, les équipages; il se plaint que sa femme n'aimait point assez le jeu et la
société. "Vous êtes si riche, lui disait l'un de ses amis, que n'achetez-vous cette charge ?
Pourquoi ne pas faire cette acquisition qui étendrait votre domaine ? On me croit, ajoute-
t-il, plus de bien que je n'en possède." Il n'oublie pas son extraction et ses alliances :
Monsieur le Surintendant, qui est mon cousin ; Madame la Chancelière, qui est ma
parente ; voilà son style. Il raconte un fait qui prouve le mécontentement qu'il doit avoir
de ses plus proches, et de ceux même qui sont ses héritiers : "Ai-je tort ? dit-il à Elise ; ai-
je grand sujet de leur vouloir du bien ?" et il l'en fait juge. Il insinue ensuite qu'il a une
santé faible et languissante, et il parle de la cave où il doit être enterré. Il est insinuant,
flatteur, officieux à l'égard de tous ceux qu'il trouve auprès de la personne à qui il aspire.
Mais Elise n'a pas le courage d'être riche en l'épousant. On annonce, au moment qu'il
parle, un cavalier, qui de sa seule présence démonte la batterie de l'homme de ville : il se
lève déconcerter et chagrin, et va dire ailleurs qu'il veut se remarier.
La guerre a pour elle l'antiquité ; elle a été dans tous les siècles : on l'a toujours vue
remplir le monde de veuves et d'orphelins, épuiser les familles d'héritiers, et faire
périr les frères à une même bataille. Jeune Soyecour ! je regrette ta vertu, ta pudeur,
ton esprit déjà mûr, pénétrant, élevé, sociable ; je plains cette mort prématurée qui te
joint à ton intrépide frère, et t'enlève à une cour où tu n'as fait que te montrer :
malheur déplorable, mais ordinaire ! De tout temps les hommes, pour quelque
morceau de terre de plus ou de moins, sont convenus entre eux de se dépouiller, se
brûler, se tuer, s'égorger les uns les autres ; et pour le faire plus ingénieusement et
avec plus de sûreté, ils ont inventé de belles règles qu'on appelle l'art militaire ; ils
ont attaché à la pratique de ces règles la gloire ou la plus solide réputation ; et ils ont
depuis renchéri de siècle en siècle sur la manière de se détruire réciproquement. De
l'injustice des premiers hommes, comme de son unique source, est venue la guerre,
ainsi que la nécessité où ils se sont trouvés de se donner des maîtres qui fixassent
leurs droits et leurs prétentions. Si, content du sien, on eût pu s'abstenir du bien de
ses voisins, on avait pour toujours la paix et la liberté.
[...]
Ce soir, 20 Juillet.