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Lancelot Niveau1 A1

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LECTURES CLE EN FRANCAIS FACILE

LANCELOT
CHRETIEN DE TROYES

Adapté en francais facile


par Brigitte Faucard-Martinez

CLE
INTERNATIONAL
© CLE International, 2017 - ISBN : 978 209 031772 5
CHRETIEN DE TROYES nait vers 1135, probable-
ment en Champagne.
Il commence a écrire vers 1155-1160.
Protégé de Marie de Champagne et de Philippe
d’Alsace, il écrit de nombreux romans dont les plus
célébres sont les suivants : Hvec et Enide, Cligés ou
la Fausse Morte, Yvain ou le Chevalier au lion,
Lancelot ou le Chevalier de la charrette et Perceval
ou le Conte du Graal, son dernier roman, qui reste
inachevé.
Il meurt vers 1190.

* * %&

Pour écrire Lancelot, Chrétien de Troyes s’inspire,


comme certains écrivains du Moyen Age, du théme
breton', c’est-a-dire de la légende du roi Arthur.
Dans son royaume de Logres, le roi Arthur, marié
a la reine Gueniévre, s’entoure de chevaliers. Il les
rassemble tous autour de la Table Ronde* ; parmi eux

1. Breton : ici, ce mot fait référence 4 la Grande-Bretagne et non a


la Bretagne, région du nord-ouest de la France.

oe
se trouvent Lancelot, Gauvain, Perceval... Mais pour
mériter ’honneur de continuer a prendre place a la
Table Ronde, tous ces grands hommes doivent montrer
leur vaillance! en entreprenant toutes sortes d’aven-
tures:
Ce sont deux de ces chevaliers, Gauvain et surtout
Lancelot, que nous retrouvons dans ce roman de
Chrétien de Troyes, écrivain qui est considéré comme
un des plus grands auteurs du Moyen Age.

1. Vaillance : courage, surtout au combat.


Les mots ou expressions suivis d’un astérisque* dans le texte sont
expliqués dans le Vocabulaire, page 57.

ee
Principaux personnages du roman

ARTHUR : roi du royaume de Logres.

BADEMAGU : roi du royaume de Gorre.

GAUVAIN : chevalier et neveu du roi Arthur.

GUENIEVRE : épouse du roi Arthur. Elle est


aimée de Lancelot et aime également.

U : sénéchal du roi Arthur.

LANCELOT : chevalier du roi Arthur.

MELEAGANT : fils de Bademagu ; il enléve la


reine Gueniévre.
PISTE 2

N CE JOUR D’ASCENSION’, le roi Arthur


donne un grand festin dans son chateau.
Il y a dans la magnifique salle beaucoup
de barons* et de belles dames et tous mangent et
parlent avec entrain.
Soudain, un chevalier* superbement équipé et
armé fait son entrée dans la salle. Il s’avance vers
le roi et, sans le saluer, il lui dit :
— Roi Arthur, je retiens prisonniers dans mes
terres un grand nombre d’habitants de ton
royaume; mais je ne parle pas d’eux pour te les
rendre : au contraire, je veux te faire savoir que
tu n’as ni la puissance ni la richesse nécessaires
pour les libérer. Et il en sera ainsi jusqu’a ta mort.
— Ce que vous dites est vrai, répond le roi, et
cela me tourmente’ vivement.
Alors le chevalier fait semblant de s’en aller.
Mais, arrivé a la porte de la grande salle, il se
retourne et dit au roi:
— Roi, s'il y a a ta cour un chevalier, un seul, a

1. Ascension : féte chrétienne qui rappelle l’élévation miraculeuse


de Jésus-Christ dans le ciel aprés sa résurrection.
2. Tourmenter : inquiéter terriblement.

ae
qui tu peux confier la reine pour la conduire aprés
moi dans le bois ou je vais, je l’y attendrai et je te
fais le serment* de te rendre tous les prisonniers
Sil parvient a me vaincre et a ramener la reine.
Ces mots provoquent un grand tumulte! dans
la salle.
La nouvelle parvient aux oreilles du sénéchal*
Keu, qui déjeune a part avec des officiers de
bouche* : il interrompt son repas, se précipite
vers le roi et lui dit :
— Sire*, laissez-moi accompagner la reine dans
le bois oti le chevalier nous attend. Ne craignez
rien, je vous la raménerai saine et sauve? et en
parfait état.
Le roi ne peut refuser, 4 sa grande tristesse. Il
lui confie donc la reine et Keu l’emméne.
Tous les assistants au festin sortent pour les voir
partir. Beaucoup pleurent car ils pensent qu’ils
ne reverront jamais la reine. Le sénéchal, homme
trop orgueilleux, a peu de chance de réussir.
C’est alors que messire* Gauvain dit tout bas
au roi, son oncle :
— Sire, vous avez agi comme un enfant en lais-
sant partir la reine avec Keu. Si vous le voulez
bien, je crois que nous devons les suivre, vous et
moi, pour savoir ce que la reine va devenir et
comment Keu va se comporter.
1. Tumulte : grand bruit, agitation.
2. Sain et sauf : en bon état physique aprés avoir couru un danger.

ae
— Allons-y, gentil neveu, répond le roi, vous
venez de parler comme un bon chevalier.
On prépare rapidement les chevaux de
Gauvain et du roi.
Messire Gauvain s’arme de pied en cap! et les
deux hommes partent sur les traces de Keu, sui-
vis de loin par les barons.
Alors quils approchent de la forét, ils voient
venir le cheval de Keu, sans cavalier. I] est cou-
vert de sang. Keu a été vaincu et la reine enlevée.

PISTE 3

Sans hésiter Gauvain, prenant un autre cheval


avec lui, part au galop pour retrouver la reine. II
voit bient6t venir un chevalier qui avance au pas
sur un cheval fourbu’. Le chevalier salue messire
Gauvain qu'il a reconnu. II s’arréte et lui dit :
— Sire, vous voyez que mon cheval est épuisé.
Je crois que les deux chevaux qui sont avec vous
vous appartiennent. Je vous prie donc, en vous fai-
sant le serment de vous rendre un jour un service
identique, de m’en préter ou de m’en donner un.
— Choisissez celui que vous préférez.
Mais le chevalier ne prend pas le temps de
choisir. I] saute sur celui qui se trouve le plus prés

1. De pied en cap : complétement.


2. Fourbu : épuisé, trés fatigué.

Se
de lui et part au galop. Messire Gauvain décide de
le suivre.
Assez longtemps aprés, il retrouve mort le
cheval qu’il a donné au chevalier inconnu. Ce der-
nier est tombé dans une embuscade'.

* *
PISTE 4

Gauvain reprend sa route et finit par aperce-


voir de nouveau le chevalier qui marche seul, a
pied, tout armé avec son heaume*, son écu* au
cou et son €pée sur le cété. Il vient d’atteindre
une charrette.
Dans toutes les villes il y a une charrette. Elles
servent a promener dans les rues les meurtriers,
les voleurs et les traitres*. Celui qui y monte est
déshonoré et, dans toutes les cours, on refuse de
lui faire bon accueil.
Le chevalier inconnu dit au nain’ qui conduit
la charrette :
— Nain, je t’en supplie, dis-moi si tu as vu ma
dame la reine passer par ici.
Le nain, qui est un mauvais homme, lui répond :
— Monte dans la charrette et demain tu sauras
ce que la reine est devenue.
1. Embuscade : on prépare une embuscade en cachant une troupe
a un endroit favorable pour attaquer l’ennemi. Ce dernier tombe
alors dans l’embuscade.
2. Traitre : personne qui passe du coté de l’ennemi.
3. Nain : homme anormalement petit.

= Gee
Et il poursuit son chemin. Aprés une courte
hésitation, le chevalier saute dans la charrette.
Messire Gauvain, qui arrive a ce moment, est
trés surpris de trouver le chevalier dans la char-
rette. Il demande au nain :
— Nain, dis-moi ou se trouve la reine, si tu le sais.
— Si tu as aussi peu d’amour pour toi-méme que
ce chevalier qui est assis ici, répond le nain, monte
a cdté de lui et je vous conduirai l’un et l’autre.
Messire Gauvain refuse.
— Je te suivrai 1a ot tu iras, dit-il au nain.
Alors ils se mettent en route, Gauvain a cheval
et les deux autres dans la charrette.
Le soir, ils arrivent prés d’un chateau d’une
grande richesse et en franchissent tous les trois
la porte. Les habitants de l’endroit sont trés sur-
pris en voyant le chevalier dans la charrette.
— Dis-nous, nain, quel crime a commis cet
homme pour étre conduit ainsi ? demandent-ils.
Mais le nain refuse de répondre. I] conduit le
chevalier dans la tour ov il doit se loger. Gauvain
les suit de prés.

* KK
PISTIESS

Le chevalier, toujours suivi de Gauvain, entre


dans la grande salle de la tour. La, ils rencontrent
une demoiselle d’une grande beauté.
Elle leur sert un excellent diner puis elle leur

tee:
emrisina
a
ei
fait préparer, au milieu de la salle, deux lits hauts
et longs. Au moment d’aller se coucher, elle
prend les deux jeunes gens par le bras et les
conduit vers les lits en disant :
— C’est pour vous que ces deux lits ont été pré-
pares. Mais dans celui qui est devant nous, seul
peut dormir quelqu’un qui doit le mériter. Vous,
qui venez de la charrette, vous ne pouvez pas
loccuper. D’ailleurs, si vous le faites, il vous arri-
vera des choses désagréables.
— C’est ce que nous allons voir, répond le che-
valier de la charrette.
Il quitte ses chausses* et se couche dans le lit,
qui est trés confortable.
A minuit, une lance* trés pointue tombe brus-
quement du toit et va se planter dans le lit, juste
a cété du chevalier. A la lance est fixé un drapeau
enflammé. Le feu se communique bientét aux
draps et au lit tout entier. Le chevalier se redres-
se, éteint le feu, saisit la lance et la jette au milieu
de la salle, sans quitter son lit. Puis il se rendort
tranquillement.

#* XK
PISTE 6

Le lendemain matin, aprés avoir mangé, le


chevalier va regarder par la fenétre, tandis que
Gauvain parle avec la demoiselle. Devant. lui
s’étendent des champs traversés par une riviére.

ae es
Soudain, prés de la riviére, il voit passer des che-
vaux. Sur l’un d’eux, le chevalier reconnait la reine
Gueniévre. Gauvain l’a vue lui aussi. Ils décident de
la suivre. La demoiselle donne un cheval au cheva-
her inconnu et les deux hommes partent aussitét.
Ils traversent un champ puis entrent dans une
forét. Ils chevauchent! pendant trés longtemps
sans rien trouver. Enfin, quand le jour va tomber,
ils rencontrent une jeune fille. Ils la saluent tous
les deux et lui demandent de leur dire ot on a
emmené la reine. Elle leur répond :
— Si vous jurez de me rendre un jour le service
que je vous fais aujourd’hui, je peux vous dire le
nom de la terre ot on ’emmeéne et celui du che-
valier qui l’a enlevée. Mais il faudra énormément
de courage a celui qui voudra entrer dans ce pays
car, avant d’y arriver, il devra beaucoup souffrir.
Les deux chevaliers acceptent de la servir
quand elle en aura besoin.
— Alors, dit-elle, je vais vous dire de qui il
s’'agit. C’est Méléagant, un chevalier d’une grande
force, fils du roi de Gorre, qui l’a faite prisonnie-
re et conduite dans ce royaume dont aucun
étranger ne revient.
— Demoiselle, ot: est cette terre ? demande le
chevalier de la charrette. Quel est le chemin qui
y mene ?

1. Chevaucher : aller a cheval.

Shae
— Je vais vous le dire, répond-elle. Mais,
sachez-le bien, sur votre route vous trouverez de
nombreux obstacles, car on n’entre pas facile-
ment dans ce pays si on n’a pas la permission du
rol, qui s’appelle Bademagu. Cependant, on peut
y peneétrer par deux routes dangereuses qui
menent a deux passages encore plus dangereux.
Lun s’appelle le Pont-sous-les-eaux, car il est
entierement sous l’eau. C’est le plus facile des
deux. Lautre pont est plus difficile d’accés et
cest aussi le plus dangereux : personne ne I’a
jamais franchi car il coupe comme une épée.
C’est pourquoi tout le monde Vappellele Pont-
de-l’épée.
Puis elle leur montre les deux routes.
Le chevalier inconnu dit alors & Gauvain :
— Sire, choisissez la route que vous préférez,
moi je prendrai l’autre.
— Ma foi, dit messire Gauvain, ces deux pas-
sages ont lair fort dangereux et je ne sais lequel
choisir. Mais, puisque vous me donnez le choix, je
prends le Pont-sous-les-eaux.
— Alors, je vais me rendre sans discuter au
Pont-de-l répon
’ép d ée,
l'autre.
Ils remercient la jeune fille, lui disent adieu et
chacun s’éloigne dans la direction qu’il a choisie.

PISTE 7

a
Le chevalier de la charrette galope depuis
longtemps déja lorsqu’il arrive a une riviére qu’on
peut traverser par un gué!. De l’autre cété du
gué, un chevalier armé monte la garde.
Le chevalier, qui veut faire boire son cheval,
galope rapidement jusqu’au gué. C’est alors
qu’une voix dit :
— Chevalier, je garde ce gué et je vous interdis
d’y entrer.
Mais le chevalier, qui est perdu dans ses pen-
sées, ne lentend pas et se précipite vers l’eau.
Alors le gardien lui crie :
— Laisse ce gué, car tu n’as pas le droit de le
traverser.
Le chevalier, qui ne pense qu’a la reine, ne l’en-
tend toujours pas et continue a avancer dans l’eau.
— Tu vas payer cher ton insolence’ et ni ton
écu ni ton haubert* ne pourront te protéger, lui
crie le gardien.
Il lance son cheval au galop, se précipite sur le
chevalier et le frappe si violemment que ce dernier
tombe dans l’eau. C’est alors qu'il apercoit le gardien.
— Pourquoi m’avez-vous frappé ? demandele
chevalier.
— Je t’ai dit deux fois de ne pas entrer dans le
gué et tu n’as pas voulu m’écouter.Tu devras

1. Gué : endroit d’une riviére ot le niveau de l’eau est bas, ce qui


permet de la traverser a pied.
2. Insolence : manque de respect.

Se
payer pour ton audace.
— Mais je ne vous ai ni vu ni entendu ! Si d’une
main je pouvais saisir votre cheval...
— Qu’est-ce qui m/arriverait ? demande le gar-
dien.
Kt, sans attendre la réponse, il se précipite a
nouveau vers le chevalier. Celui-ci, vif comme
léclair, lui saisit une jambe et la tire avec une
telle violence que l’autre tombe a terre. Alors, un
dur combat s’engage entre les deux hommes. Ils
se donnent des coups terribles mais le chevalier
est le plus fort. Le gardien du gué finit par
prendre peur et préfére s’enfuir plutdt que de
continuer a se battre.
Voyant cela, le chevalier remonte sur son che-
val et se remet en route.

Jicon Wea.
PISTE 8

Le soir venu, le chevalier rencontre une demoi-


selle qui vient dans sa direction. Elle est trés bien
vétue et fort belle. Elle le salue et lui dit :
— Sire, je vous offre de passer la nuit dans mon
chateau si, suivant les coutumes qui sont établies
au royaume de Logres, vous acceptez demain de
m’emmener avec vous et de m’escorter'.

1. Escorter quelqu’un : accompagner quelqu’un pour le guider


et le
protéger.

ee
En effet, la coutume veut que, quand un che-
valier rencontre une demoiselle qui est seule, il
doit la traiter avec respect et accepter de l’escor-
ter si elle le demande.
Le chevalier de la charrette accepte donc
Vhospitalité et les conditions de la demoiselle.
Le lendemain matin, ils se mettent en route.
Tout au long du chemin, la demoiselle cherche
a engager la conversation mais le chevalier reste
muet et semble toujours plongé dans ses pensées.
Ils passent prés d’une fontaine. Sur son bord,
quelqu’un a oublié un peigne en ivoire! et en or.
Des cheveux blonds y sont accrochés, qui brillent
au soleil.
— Jamais je n’ai vu un si beau peigne, dit le
chevalier en le voyant.
— Donnez-le-moi, demande alors la jeune
femme.
— Avec plaisir, demoiselle.
Il se penche de son cheval et le prend. Quand
il le tient entre ses mains, il le regarde longue-
ment et semble en admiration devant les che-
veux. La demoiselle se met a rire. I] lui demande
de lui dire pourquoi elle rit. Mais elle lui répond :
— Ne me posez pas de questions ; je ne vous
répondrai pas maintenant.
— Pourquoi?
1. Ivoire : matiére de couleur blanche. (Les défenses des éléphants
sont en ivoire.)

—19 —
— Parce que je nen ai pas envie !
A ces mots, le chevalier la supplie de lui
répondre.
— Bien, finit-elle par dire, je vais vous le dire
sans vous mentir. Ce peigne appartient a la reine.
Et, croyez-moi, ces cheveux que vous voyezZ, Si
beau six,
blonds et si brillants sont bien ceux de
la reine.
— Par ma foi, dit le chevalier, il y a beaucoup de
rois et de reines. De laquelle voulez-vous parler ?
— Par ma foi, sire, de la femme du roi Arthur !
En entendant ces mots, le chevalier est si ému
qu'il doit s’appuyer a la selle de son cheval pour
ne pas tomber. La demoiselle le voit si pale qu’el-
le croit qu'il va perdre connaissElle ance saute
.a
terre et court vers lui pour le retenir. Quand il la
voit se précipiter ainsi, le chevalier se sent tout
honteux et il lui demande :
— Qu’étes-vous venue faire ici, devant moi ?
La jeune fille ne lui dit pas la vraie raison. Elle
lui répond:
— Sire, si je suis descendue a terre;.c’est pour
venir chercher ce peigne car j’ai trés envie de le
garder.
Le chevalier le lui donne aprés en avoir retiré
les cheveux avec une telle douceur qu'il n’en casse
pas un seul. Il les caresse, les porte a ses yeux, a
sa bouche, a son front ; ilest fou de joie de les pos-
séder : ils sont devenus sa richesse. Il les place

=o
entre sa chemise et sa peau, prés de son cceur.
La demoiselle remonte sur son cheval en ser-
rant le peigne entre ses mains et le chevalier,
pour sa part, est heureux de presser les cheveux
contre son coeur. Ils quittent le pré et pénétrent
dans une forét.

PISTE 9

Ils chevauchent jusqu’a midi a travers la forét


et arrivent enfin dans une prairie. Ils apercoivent
alors une église dans un endroit magnifique. Un
cimetiére entouré de grands murs se trouve prés
de l’église. Le chevalier descend de cheval et
entre dans |’église pour prier Dieu pendant que
la demoiselle tient son cheval. Quand, aprés sa
priére, il se dirige vers la porte, il voit venir a lui
un moine' trés vieux. Le chevalier lui demande
sil peut voir le cimetiére.
— Je vais vous y conduire, répond le moine.
Alors le moine le conduit au cimetiére et le
guide entre les tombes. Sur chacune sont gravées
des lettres qui indiquent le nom de celui qui y
sera couché un jour. Le chevalier de la charrette
commence alors a lire tous les textes.
I] lit ainsi :

1. Moine : religieux chrétien.

= 2 —
ICI REPOSERA GAUVAIN ET ICI YVAIN.

Apres ces deux noms,il en lit beaucoup


d’autres : tous sont ceux de brillants chevaliers.
Parmi les tombes, il en voit une qui est particu-
lierement belle. Il appelle alors le moine et lui
demande:
— Pour qui sont ces tombes ?
— Vous avez lu ce qui est écrit dessus, vous
savez donc a qui elles sont destinées.
— Mais la plus grande d’entre elles, dites-moi a
quoi elle sert ?
— Je vais vous dire ce que j’en sais. C’est la plus
belle de toutes les tombes. On dit que l’intérieur
est encore plus beau, mais vous ne le verrez pas.
Il faut en effet au moins sept hommes grands et
forts pour l’ouvrir car elle est recouverte d’une
dalle' trés lourde. Elle porte d’ailleurs une ins-
cripqui dit ceci :
tion

CELUI QUI SERA CAPABLE


DE SOULEVER CETTE DALLE
LIBERERA TOUS CEUX QUI SONT PRISONNIERS
AU ROYAUME DONT PERSONNE NE REVIENT.

1. Dalle : ici, plaque de pierre qui recouvre une tombe.

OP
Aussitot, le chevalier de la charrette saisit la
dalle et la souléve sans aucun effort. Le moine ne
peut croire ce qu'il voit.
— Sire, j'ai grande envie de connaitre votre
nom. Acceptez-vous de me le dire ?
— Non, je refuse de le faire, répond le chevalier
de la charrette.
Puis il rejoint la demoiselle en compagnie du
moine.
Tandis que la demoiselle monte a cheval, le
moine lui raconte ce que le chevalier vient de
faire et il lui demande son nom. Mais la jeune fille
lui avoue qu’elle ne le connait pas.
— Il va délivrer la reine et, avec elle, tous les
autres prisonniers. Croyez-moi, c’est le plus
grand des chevaliers.
La jeune fille part rejoindre le chevalier qui est
déja loin devant elle. Ils chevauchent l’un a cété
de l’autre. Elle lui demande alors son nom avec
une telle insistance qu'il finit par lui répondre :
— Je suis né au royaume du roi Arthur, c’est
tout ce que je peux vous dire.
Alors la demoiselle lui demande la permission
de le quitter, ce qu’il lui accorde avec grand plaisir.

PISTE 10

La demoiselle s’en va et le chevalier che-


vauche seul jusqu’a la tombée de la nuit. C’est

eID
alors qu'il apercoit un chevalier qui sort d’une
forét oti il a chassé. Ce vavasseur* s’avance rapi-
dement vers le chevalier de la charrette et lui
prop de le loger
os elui :
chez
— Sire, il va bientét faire nuit ; il est temps de
trouver ou dormir. Je serais trés heureux de vous
accueillir chez moi.
— Et moi de venir chez vous, répond le che-
valier.
Ils poursuivent ensemble leur chemin vers la
maison du vavasseur. Celui-ci a pour épouse une
dame trés aimable, cinq fils qu’il aime beaucoup,
dont deux sont déja chevaliers, et deux filles
belles et charmantes. Ils sont tous nés au royaume
de Logres mais ils sont prisonniers depuis long-
temps déja a Gorre.
Tous font un trés bon accueil au chevalier et
ils lui servent un excellent diner. A la fin du
repas, le vavasseur demande au chevalier d’ot il
vient mais il ne cherche pas a savoir son nom.
— Je suis du royaume de Logres, répond le
chevalier, et c’estla premiére fois que je viens
dans ce pays.
Quand le vavasseur entend cette réponse, il
est trés triste et il dit au chevalier :
— C’est pour votre malheur que vous y étes
venu. Comme nous, vous allez perdre a jamais
votre liberté car vous ne pourrez pas sortir de ce
pays.

sO
— J’espére pouvoir y parvenir !
— Comment ? Vous croyez pouvoir en sortir ?
— Mais oui. Du moins, je ferai tout pour cela.
— Alors tous les prisonniers qui y sont pour-
ront sans peur partir librement, car il suffit qu’un
seul d’entre nous se libére par un combat loyal’,
pour que tous quittent a jamais ce royaume.
Alors le vavasseur se souvient d’un bruit qui
court dans le pays : un chevalier de grande
valeur, dit-on, est arrivé pour porter secours a la
reine que Méléagant, le fils du roi, retient pri-
sonniere.
« J’ai impression que c’est lui », se dit-il. Puis,
s’adress il ajoute :
au chevalier,ant
— Sire, j'ai impression que c’est pour sauver la
reine que vous étes venu dans ce pays. Est-ce
que je me trompe?
— Je n’y suis pas venu pour autre chose, lui
répond le chevalier de la charrette. Je ne sais ou
se trouve la reine mais je ferai tout pour la sauver.
Les fils ainés du vavasseur ont écouté la
conversati Lunon.
d’eux s’avance vers leur pére
eb adit
— Sire, si cela ne vous ennuie pas,je vais
accompagner ce seigneur.
Alors, son frére se léve aussi et dit :
— J’irai moi aussi.

1. Loyal : qui est fidéle 4 ce qu’il a promis.

es
Le pere leur donne la permission d’accompa-
gner le chevalier.
Ils décident alors tous d’aller se reposer pour
se mettre en route tdot le lendemain matin.

KKK
PISMERii

Au lever du jour, le chevalier fait ses adieux au


vavasseur et, Suivi des deux courageux jeunes
hommes, il se dirige vers le Pont-de-l’épée.
Ils chevauchent tout le jour sans vivre une
seule aventure. Aprés avoir traversé une forét,
ils voient un manoir*, et une femme, qui est assi-
se a la porte, leur propose de diner et de dormir.
Le chevalier accepte aussit6t en la remerciant.
Le mari et les enfants de la femme se réjouissent
aussi d’avoir des invités.
Ils se mettent a table. Ils ont 4 peine commencé
le premier plat qu’un événement inattendu sur-
vient : un chevalier, plus orgueilleux qu’un taureau,
se présente a la porte de la maison. Sans descendre
de son cheval, il s’avance vers la table et il dit :
— Lequel d’entre vous est assez fou et assez
orgueilleux pour entrer dans ce pays et croire
pouvoir franchir le Pont-de-l’épée ?
Le chevalier de la charrette lui répond alors
calmement :
— C’est moi.
— Toi ? Toi ? Avant de te lancer dans une telle

a Py
aventure, il fallait réfléchir et te rappeler la char-
rette dans laquelle tu es monté. Aprés avoir subi
une telle honte, comment peux-tu croire que tu
vas réussir une chose si difficile ?
Le chevalier de la charrette préfére ne pas
répondre aux attaques de l’inconnu.
— Chevalier, m’as-tu entendu ? Tu ne passeras
pas le pont.
Le chevalier de la charrette continue a ne rien
dire.
— Tu ne veux pas m’écouter, dit autre, alors
tu vas devoir sortir dehors et te battre avec moi.
Kt, sur ces mots, il sort.
Le chevalide erla charretteva chercher ses
armes et, Suivi des deux jeunes gens qui le servent,
il va retrouver ’homme qui vient de le provoquer.
Des quiils sont face a face, ils s’élancent l’un
contre autre et commencent 4 se donner de vio-
lents coups d@’épée. Ils se battent avec une telle
rage quills se blessent 4 de nombreux endroits.
Tous les gens du manoir sont 1a a les regarder, ce
qui fait redoubler la colére du chevalier de la
charrette : il veut vaincre son ennemi devant ces
gens qui l’ont si bien accueilli. Alors, il attaque
de plus en plus fort et finit par faire reculer son
adversaire qui, bientét impuissant devant la
force de l'autre, demande grace’.

1. Demander grace : demander a étre pardonné.

08 =
— Je dois vraiment te faire grace ? demande le
chevalier.
— Cest en effetce queje désire, répond le
vaincu.
— Alors,tu devras d’abord monter sur une
charrette. C’est tout ce que tu peux faire pour
obten grace.
ma ir
— Non! Je n’y monterai jamais ! répond le che-
valier inconnu.
— Ah non ? dit le chevalier de la charrette, eh
bien, tu vas mourir !
— Sire, vous avez le droit de me tuer mais, au
nom du ciel, je vous supplie de m’accorder grace
sans m’obliger a monter dans la charrette.
C’est alors qu’arrive une jeune fille montée sur
un ane. Elle s’adresse au chevalier de la charrette
et lui dit :
— Chevalier, je suis venue de trés loin en me
pressant pour te demander une faveur’; si tu
acceptes,tu en seras récompensé carje pense
qu’un jour tu auras besoin de mon aide.
— Dites-moi ce que vous désirez et, si je peux
vous aider, je le ferai immédiatement.
— Ce que je veux, répond la jeune fille, c’est la
téte de ce chevalier que tu as vaincu car c’est
Vhomme le plus cruel du monde. Tu feras un acte
juste en le tuant.

1. Faveur : service, aide.

90.
Quand le vaincu entend la demoiselle deman-
der sa téte, il se met a supplier le chevalier.
— Ne la croyez pas car elle me déteste.
— Ne l’écoutez pas, hurle la jeune fille. C’est
létre le plus mauvais qui puisse exister, je vous
Dai dit.
Le chevalier de la charrette est bien embar-
rassé. Apres avoir réfléchi, voila ce qu’il décide :
— Chevalier, dit-il 4 son adversaire, nous allons
reprendre le combat. Si, cette fois encore,je
gagne, tu mourras sur-le-champ!.
— Je suis d’accord, répond l’autre.
Ils reprennent donc le combat avec rage. Mais,
cette fois, le chevalier de la charrette vient a
bout’ de son adversaire bien plus facilement et
rapidement qu'il ne l’a fait la premiére fois.
Aussitot la demoiselle lui crie :
— Tu ne dois pas avoir pitié de lui, chevalier.
Coupe la téte a l’étre le plus cruel du royaume et
donne-la-moi.
Alors le chevalier de la charrette léve son épée
et, d’un seul coup, il fait voler la téte de son
adversaire sur le sol. I] va ensuite prendre la téte
par les cheveux et la tend a la jeune fille. Elle est
folle de joie :
— Je te dois une récompense, dit-elle : elle
viendra au moment voulu. Je peux t’affirmer que
1. Sur-le-champ : immédiatement.
2. Venir a bout de quelqu’un : en finir avec quelqu’un.

=~8)
tu tireras un grand profit du service que tu me
rends aujourd’hui.
Sur ces mots, elle s’éloigne en emportant la
téte de l’inconnu.
Tous rentrent alors au manoir et vont se
coucher.

PISTE 12

Le lendemain, a l’aube, le chevalier de la char-


rette et ses compagnons se lévent et se prépa-
rent. Une fois préts, ils se remettent en route. Ils
chevauchent tout le jour et, vers le soir, ils arri-
vent au Pont-de-l’épée.
A Yentrée de ce pont effrayant, ils mettent
pied a terre et regardent couler l’eau profonde et
noire. Puis ils examinent le pont. Il est constitué
d’une épée trés large et tranchante qui est fixée
solidement sur chaque bord de la riviére.
En la voyant, les deux compagnons du cheva-
her se mettent a trembler de peur.
— Sire, réfléchissez avant de passer ce pont. II
nest pas trop tard pour revenir sur vos pas.
— Seigneurs, je vous remercie de vous inquié-
ter pour moi. Cela prouve que vos cceurs sont
généreux. Mais sachez que je nai pas peur de ce
pont et que rien ne me fera reculer.
Il se prépare donc a traverser le pont. Il enléve
ses gants et ses chaussures, et s’installe sur ’épée

oe
qui est extrémement tranchante. Il commence A
avancer. Il se blesse les mains, les genoux, les
pieds. Sa souffrance est grande mais amour qui
le conduit calme sa douleur. Il souffre pour sa
reine et ne sent plus le mal. Il traverse enfin le
pont. Il est heureux de ne pas avoir souffert
davantage.
Tandis qu'il séche avec sa chemise le sang qui
coule de ses blessures, il voit devant lui une tour
trés impressionnante. Le roi Bademagu et son
fils, Méléagant, sont accoudés! 4 une fenétre et
ont suivi la traversée du pont. Le roi Bademagu,
qui est un homme bon et loyal, a tout de suite
admiré l’exploit du chevalier de la charrette, car
ilsait qu’il faut étre un homme exceptionnel pour
avoir passé le pont. Méléagant, qui est tout le
contraire de son pére, est fou de rage en voyant
cela, car il sait maintenant qu’il va devoir se
battre pour la reine.
— Fils, dit Bademagu a Méléagant, tes yeux ont
vu comme les miens l’exploit qu’a réalisé ce che-
valier. Tu vois que c’est un homme extraordinaire.
Crois-moi, tu dois faire la paix avec lui et lui
rendre la reine. Tu dois étre bon et ne pas te
battre avec lui car tu risques de beaucoup perdre.
— Je dois donc devenir son vassal* : c’est cela
que vous voulez. Jamais je ne lui rendrai la reine.

1. S’accouder : s’appuyer sur ses coudes.

93
Je préfére me battre avec cet homme assez fou
pour oser venir la chercher!
— Tu ne veux donc pas m’écouter ? dit
Bademagu.
— Non.
— Alors, je ne dirai plus rien. Fais ce que tu
veux. Je te quitte et je vais parler a ce chevalier.
Je veux lui offrir mon aide et mes conseils car,a
partir de maintenant, je suis de son cété.
Le roi descend alors dans la cour, fait préparer
son cheval et s’éloigne suivi de trois chevaliers et
de deux hommes d’armes.
Sans perdre un instant,le roiet ses hommes
descendent vers le pont ot ils trouvent le cheva-
ler occupé a soigner ses blessures. Le roi des-
cend rapidement de son cheval et lui dit :
— Sire, personne n’a jamais osé réaliser l’exploit
que vous venez d’accomplir. Vous pouvez compter
sur ma loyauté et ma générosité. Je suis le roi de
ce pays et je vous offre, sans la moindre hésita-
tion, toute mon aide. Je crois deviner pourquoi
vous €tes ici : vous étes venu chercher la reine.
— Sire, vous avez raison, répond le chevalier de
la charrette ; je ne suis pas venu pour autre
chose.
— Ami, n’attendez pas beaucoup de générosité
de celui qui l’a amenée ici : il ne vous la rendra
pas sans combat. Allez vous reposer et soigner
vos blessures pour étre prét 4 lutter demain.

— 34 —
PISHESS

La nouvelle du combat entre Méléagant et le


chevalier inconnu s’est répandue dans tout le
pays.
Tous les seigneurs et les dames du royaume se
rendent rapidement sur le lieu du combat, au
pied du donjon*.
De bon matin, on conduit les deux combat-
tants sur la place. Ils sont armés de pied en cap
et montés sur de magnifiques chevaux.
Le roi s’avance vers eux et leur demande une
derniére fois de faire la paix, mais il ne parvient
pas a convaincre son fils. Alors il les quitte et va
retrouver la reine Gueniévre qui luia demandé de
pouvoir assister au combat. Lun et l’autre se pla-
cent a une fenétre du donjon pour pouvoir suivre
tout ce qui se passe. Ils sont entourés d’un grand
nombre de dames et de chevaliers.
Le combat commence alors. Les deux chevaux
se précipitent l’un vers l’autre. Les chevaliers, sous
la force des coups, se retrouvent bient6t par terre.
Ils se relévent aussitot d’un bond et, avec la féro-
cité de deux sangliers', ils se donnent de violents
coups d’épée. Ils luttent pendant longtemps d’égal
a égal. Mais le chevalier de la charrette sent bien-
tot la force qui abandonne ses mains blessées par

1. Sanglier : porc sauvage, trés puissant, qui vit dans les foréts.

oh
le passage du Pont-de-l’épée. Il lutte moins bien. II
semble a tous que Méléagant va gagner le combat.
Accoudée a une fenétre du donjon, une
demoisellese dit quele chevalier inconnu s’est
engagé dans ce combat uniquement pour sauver
la reine. Elle pense donc que, s'il la voit a la
fenétre, il reprendra force et courage. Elle s’ap-
proche de la reine et lui demande :
— Dame, dans votre intérét et le nétre, je vous
supplie de me dire le nom de ce chevalier, si vous
le savez, et cela dans le seul but de l’aider.
— Demoiselle, je vois que votre demande vient
d’une bonne intention ; je vous dirai donc le nom
de ce chevalier : il s’appelle Lancelot du Lac.
Alors la jeune fille se penche 4a la fenétre et
lappelle par son nom d’une voix si forte que
toute la foule l’entend:
— Lancelot ! Retourne-toi et regarde quelle est
la personne qui a les yeux fixés sur toi !
En entendan son nom,
t Lancelot se retourne
rapidement et apercoit, 4 la fenétre du donjon,
celle pour qui il est prét 4 donner sa vie.
Alors ses forces lui reviennent. Il se jette sur
Méléagant et lutte avec fureur. Méléagant doit
souvent reculer et devient trés inquiet. Il ne par-
vient pas a contrdéler les attaques de son ennemi,
il est perdu.
Voyant que son fils ne peut plus se défendre,
le roi s’'avance vers la reine et lui dit :

6 =
— Dame, je vous ai toujours respectée. Chaque
fois que j’ai pu faire quelque chose pour vous, je
lai fait. En échange, je vais vous demander un
grand service : je désire que Lancelot ne tue pas
mon fils. Demandez a Lancelot de lui faire grace,
je vous en supplie.
— Beau sire, puisque vous le voulez, j’accepte,
dit la reine, et je veux bien que Lancelot ne tue
pas Méléagant.
Elle prononce ces derniers mots a haute voix
et Lancelot et Méléagant les entendent. Lancelot
obéit aussit6t a la dame de son coeur et cesse le
combat. Méléagant, fou de rage en entendant
qu'il est dominé, se met a frapper Lancelot avec
violence. Le roi descend aussitdét du donjon et dit
a son fils :
— Comment oses-tu le frapper maintenant ? Tu
es vraiment trop cruel et orgueilleux.
Et ul ordonne a ses barons de faire reculer
Méléagant, ce quils font aussitot. Puis il parle a
nouveau avec son fils.
A force de discuter, ils parviennent A un
accord que la reine et Lancelot acceptent :
Méléagant rend la reine a Lancelot, mais dans un
an, jour pour jour, Lancelot devra se battre a nou-
veau avec lui, a la cour du roi Arthur.
Une fois laccord entre les deux ennemis
conclu, ils sont séparés et désarmés.

= ieee
*
PISTE 14

Grace a sa victoire, Lancelot a délivré la reine


mais aussi tous les prisonniers qui vivaient dans
le royaume de Gorre. Ils sont tous fous de joie et
remercient Lancelot.
Méléagant ayant quitté le lieu du combat,
Lancelot prie le roi de le conduire auprés de la
reine, ce que Bademagu fait aussitdt.
En les voyant arriver, la reine s’incline devant
le roi puis, prenant la main de Lancelot, elle le
fait asseoir prés d’elle. Le roi se retire alors et
Lancelot et Gueniévre, enfin seuls, peuvent par-
ler de tout ce qu’ils veulent. Lancelot aimerait
lui dire plus de choses, malheureusement l’en-
droit n’est pas idéal car quelqu’un peut venir a
tout moment.
— Madame, dit Lancelot 4 Gueniévre, il ne
mest pas possible de vous parler ici comme je le
voudrais. Et je serais heureux de pouvoir le faire
plus libremen si cela se t,
pouvait.
La reine lui montre alors une fenétre et lui dit :
— Venez me parler a cette fenétre, cette nuit,
quand tout le monde sera endormi. Vous passe-
rez par ce verger'. Je serai a l’intérieur et vous
dehors Pour l’amour
. de vous, je resteraia cette
fenétre jusqu’au lever du jour si cela vous fait

1. Verger : jardin planté d’arbres fruitiers.

= BR
plaisir. Mais surtout, lorsque vous viendrez, faites
bien atten pas étre vu.
a netion
— Dame, répond Lancelot, personne ne me
verra, vous pouvez étre tranquille.
Leur rendez-vous pris, ils se quittent dans la
joie.
Lancelot attend avec impatience que la nuit
tombe. Il est si heureux qu'il ne sent plus ses
blessures. Son seul désir maintenant est d’étre
aupres de Guenievre.
La nuit arrive enfin, une nuit sans lune et sans
étoiles. Lancelot sort discrétement de sa
chambre, traverse le verger et s’approche de la
fenétre ou la reine apparait bientot.
Quand Lancelot voit Gueniévre appuyer la
téte contre les barreaux de fer qui ferment la
fenétre, il la salue avec des mots trés tendres et
elle lui répond avec d’autres mots aussi tendres,
car un commun désir les entraine lui vers elle et
elle vers lui. Ils se tiennent par la main. Ils sont
malheureux de ne pouvoir étre encore plus prés
Yun de l’autre. Lancelot demande alors a la reine
la permission d’entrer dans sa chambre. La reine
accepte, mais comment faire, avec ces barreaux ?
— Dame, ne vous inquiétez pas, je crois pou-
voir les arracher sans peine et sans faire de bruit.
La reine se retire dans la chambre et Lancelot
parvient, sans trop de peine, a arracher les bar-
reaux de la fenétre. Il entre dans la chambre et

= 80—
s’approche de la reine qui s’est étendue sur son
lit. Il s’incline devant elle mais Gueniévre lui tend
les bras et le serre bien fort contre son coeur, l’at-
tirant dans son lit, tout prés d’elle. C’est Amour
qui la pousse a cet accueil charmant ; mais si elle
’aime d’un amour profond, lui l’aime cent mille
fois plus. Maintenant, Lancelot posséde tout ce
qu'il désire puisque la reine est heureuse en sa
compagnie, puisqu’il la tient entre ses bras et
qu’elle-méme le serre contre son coeur.
Quand apparaissent les premiéres lueurs du
jour, il est trés dur aux deux amants de se sépa-
rer, mais il le faut et Lancelot, les yeux pleins de
larmes, quitte sa reine.

* *
PISTE 15

Lancelot, malgré son amour, n’oublie pas mes-


sire Gauvain.
Le lendemain, il vient donc trouver le roi et la
reine pour leur demander la permission de partir
a sa recherche. Avec leur accord, il prend le che-
min du Pont-sous-les-eaux, suivi d’une foule de
chevaliers.
Aprés avoir longtemps chevauché, ils arrivent
pres de ce terrible pont. Un nain, monté sur un
grand cheval de chasse, vient 4 leur rencontre et
leur demande :
— Lequel d’entre vous est Lancelot ? Dites-le-

a Ais
A Sk
zg 4 a
moi sans peur, car je suis des votres.
Lancelot lui répond lui-méme :
— Je suis celui que tu cherches.
— Ha ! Lancelot, noble chevalier, laisse ces gens
et viens tout seul avec moi car je veux t’emmener
dans un lieu trés agréable. Que tes compagnons
t’attendent ici : nous reviendrons bientét.
Lancelot, confiant, dit 4 ses hommes de rester
la et suit le nain. Mais les chevaliers restent long-
temps a l’attendre et ne savent que faire en
voyant qu’il ne revient pas. Ils comprennent bien-
tot que Lancelot a été attiré dans un piége et ils
décident de partir 4 sa recherche. Mais ils ne le
trouvent pas. Alors ils se rendent au Pont-sous-
les-eaux. La, ils apercoivent aussit6t Gauvain : il
est tombé dans l’eau profonde de la riviére et ne
peut revenir sur la rive. I] apparait A la surface de
l'eau puis disparait et ne peut sortir de cette
situation. Les chevaliers, aprés bien des difficul-
tés, parviennent a le sortir de leau. Gauvain,
épuisé, s’étend sur Vherbe et reste un long
moment a se reposer. Puis il se reléve et, d’une
voix faible, il demande des nouvelles de la reine.
— Elle est délivrée et nous tous avec elle,
disent les chevaliers. Lancelot du Lac a traversé
le Pont-de-l’épée et il ’a sauvée. Mais un horrible
nain vient d’enlever Lancelot et nous ne savons
pas ce qu'il a fait de lui.
— Mais quand cela ? demande Gauvain.

ho
— Aujourd’hui méme, sire ; tout prés d'ici, alors
que Lancelot et nous venions vous chercher.
— En quittant ce pont, irons-nous 4a la
recherche de Lancelot ? demande Gauvain.
Les chevaliers répondent qu’il vaut mieux ren-
trer au chateau pour avertir la reine ; le roi lui-
méme fera rechercher Lancelot car ils pensent
tous que c’est Méléagant, son fils, qui a fait enle-
ver leur ami.
Ils reprennent la route et arrivent bient6dt au
chateau de Bademagu.
Le roi et la reine sont trés tristes d’apprendre
la nouvelle de la disparition de Lancelot. La reine
demande au roi de le faire rechercher dans tout
le royaume. Messire Gauvain appuie sa demande.
Le lendemain, alors que tous les chevaliers qui
vont partir a la recherche de Lancelot sont réunis
dans la grande salle du chateau, un jeune homme
entre et s’approche de la reine ; Gueniévre a
perdu son teint rose car elle est si malheureuse
de n’avoir pas de nouvelles de Lancelot qu’elle
est devenue trés pale.
Le jeune homme la salue, puis salue le roi qui
se trouve prés d’elle et messire Gauvain. II tient a
la main une lettre qu'il tend au roi. Sa lecture leur
apprend que Lancelot se trouve a la cour du roi
Arthur, qu’il est en trés bonne santé et qu'il prie
Gauvain et la reine de prendrele chemin du
retour. C’est ce quils décident alors de faire.

ee
PISTE 16

Pendant toute la semaine qui suit, la reine et


tous ceux qui l’accompagnent chevauchent sans
prendre de repos.
La nouvelle arrive bientét 4 la cour du roi Ar-
thur que la reine est sur le chemin du retour. Ar-
thur est heureux de la revoir et de revoir aussi
Gauvain, son neveu, qu’il veut remercier grande-
ment car il pense que c’est lui qui a sauvé la reine.
Tous les habitants de la ville se précipitent a
leur rencontre. En les voyant arriver, les cheva-
liers s’écrient :
— Bienvenue a messire Gauvain qui nous ramé-
ne la reine et qui a délivré tous les prisonniers.
Mais Gauvain leur répond :
— Seigneurs,je ne suis pour rien dans cet
exploit. C’est Lancelot qui a sauvé la reine et tous
les prisonniers.
— Mais ou est-il donc, cher seigneur, puisquil
nest pas avec vous ?
— OU ? répond aussit6t messire Gauvain, mais
a la cour du roi Arthur ! Voulez-vous dire qu'il n’y
est pas ?
— Non! Ni nulle part dans le pays. Depuis que
madamela reine a été emmenée dici, nous
n’avons pas eu de nouvelle de lui.
s
Messire Gauvain comprend alors que la lettre
est fausse et qu’on s’est moqué d’eux. Le coeur
plein de tristesse, ils se dirigent tous vers le cha-
teau du roi Arthur.

* *
PISTE 17

Comme on le suppose, c’est Méléagant qui a


tendu le piége a Lancelot et qui l’a fait prisonnier.
Mais comme il se méfie de lui, pour étre sar qu’il
ne va pas s’échapper, il fait construire, au bord de
la mer, dans un endroit isolé, une tour trés haute,
avec des murs €pais. Quand elle est terminée, il y
fait amener Lancelot et ’enferme.
Puis il ordonne de murer' les portes et laisse
une petite fenétre comme seule ouverture. C’est
par elle que l’on donne de temps en temps a
manger a Lancelot.
Une fois qu'il a réalisé tout ce qu'il voulait faire,
Méléagant se rend ala cour du roi Arthur ou il arri-
ve bientot. Il se précipite devant le roi et lui dit :
— Roi, j'ai juré de me battre devant toi, a ta
cour ; mais je n’y vois pas Lancelot et c’est pour-
tant contre lui que je dois me battre. S’il est ici,
qu'il s’'avance et qu’il déclare tenir sa promesse
dans un an.
— Ami, lui répond le roi, nous sommes sans nou-
velles de Lancelot et cela nous inquiéte beaucoup.
— Sire roi, répond Méléagant, Lancelot m’a

1. Murer : fermer par un mur.

= Ay
assuré que je le trouverais ici. Je lui ordonne de
tenir sa promesse de se battre avec moi dansun
an, a partir d’aujourd’hui.
En entendant cela, Gauvain, agacé se léve
,
d’un bond et déclare:
— Sire, en ce qui concerne Lanceloil t,ne se
trouve nulle part en ce royaume mais nous le
ferons chercher et nous espérons le retrouver
avant un an, a moins qu'il ne soit mort ou empri-
sonne. S’il ne réapparait pas, accordez-moi ce
combat ; au jour dit, je serai armé de pied en cap
et me battrai a la place de Lancelot.
— Bien, dit Méléagant, mais vous devez savoir
que je n’accepterai aucun autre chevalier le jour
du combat.
Et, sans plus attendre, Méléagant quitte la
cour du roi Arthur pour revenir trouver son pére,
le roi Bademagu.
— Sire, lui dit Méléagant, je reviens de la cour du
roi Arthur. J’ai demandé et cherché Lancelot pour
lui rappeler notre accord, mais je ne l’ai pas trouvé.
lla du fuir et se cacher quelque part ! Il sait que je
suis le plus fort ! Alors je suis revenu ici avec le
serment de Gauvain : si Lancelot n’apparait pas
dans un an, c’est lui qui se battra a sa place.
— Mon fils, dit Bademagu, pourquoi es-tu allé a
la cour d’Arthur ? Par provocation ? Tu avais la
promesse de Lancelot, cela ne te suffisait pas ?
Tu es un étre méchant et sans courage.

~4§
En entendant ces mots, Méléagant est fou de
colére.
—Je viens vous trouver comme un fils vient voir
son pére et voila que vous m’insultez. Pourriez-
vous me dire pourquoi vous agissez ainsi ?
— Oui, mon fils, car je ne vois rien de bon en
toi, si ce nest colére et folie. Comment peux-tu
penser que Lancelot, ce modéle de la chevalerie,
s’est enfui parce qu’il a peur de toi ! Peut-étre
qu'il est enfermé dans une prison et qu'il ne peut
plus en sortir ? S’il est blessé & mort, j’en serais
trés triste car ce serait une grande perte pour
tous. Jamais je n’ai rencontré un étre si beau, si
vaillant et si noble, et j'espére de tout mon coeur
qu'il va bient6ot réapparaitre.
Puis Bademagu se tait.

* KK
PISTE 18

Une des filles de Bademagu, qui n’est autre


que la jeune fille a qui Lancelot a donné la téte de
son ennemi, a entendu cette conversation.
Connaissant son frére, elle devine tout de suite
qu’il a fait prisonnier le noble chevalier et elle
décide de partir a sa recherche.
En quittant la cour, montée sur une mule’, elle
ne sait pas dans quelle direction aller. Elle prend

1. Mule : résultat du croisement d’un ane avec une jument.

AG
le premier chemin qu’elle trouve et s’en va rapi-
dement. Elle se donne beaucoup de mal, s’active,
mais sa tache est difficile. Elle ne peut pas se
reposer ni rester trop longtemps dans un méme
lieu, car le temps presse. Un mois passe ainsi et
elle ne sait toujours pas ot se trouve Lancelot.
Elle a déja parcouru un grand nombre de che-
mins mais elle ne veut pas perdre espoir.
Un jour quelle traverse un champ, triste et
pensive, elle voit au loin, au bord de la mer, une
tour isolée. Autour, il n’y a ni maison ni manoir.
C’est la tour que Méléagant a fait construire. La
demoiselle n’en sait rien, mais elle a impression
que c’est ce qu’elle cherche depuis si longtemps.
Elle s’approche de la tour jusqu’a la toucher.
Elle en fait le tour en tendant l’oreille. Elle l’exa-
mine attentivement et se demande pourquoi il
n’y ani porte ni fenétre, sauf une seule, petite et
étroite. La demoiselle se dit que cela est voulu et
que Lancelot est sGrement a lintérieur. Elle est
sur le point d’appeler Lancelot par son nom, lors-
quelle entend quelqu’un qui, dans la tour, se
lamente a grands cris.
— Il y asi longtemps que je suis enfermé dans
cette tour ! Pourquoi personne n’est venu a mon
secours ? Ce Méléagant est vraiment l’étre
humain le plus mauvais de tous ! Plus rien de bon
ne peut m/arriver maintenant. Je vais mourir ici
et je ne reverrai plus celle qui est tout pour moi.

4S —
La demoiselle, qui est sire maintenant d’avoir
atteint son but, l’appelle d’une voix forte :
— Lancelot, ami, si vous étes la-haut dans cette
tour, répondez a l’appel d’une amie.
Mais celui qui est prisonnier dans la tour ne
lentend pas. Alors la demoiselle crie de plus en
plus fort et Lancelot finit par l’entendre. I] se
demande qui l’appelle ainsi. Il pense que c’est un
fantome. Il regarde tout autour de lui, mais il est
bien seul dans la tour.
— Dieu, dit-il, quelle est cette voix que j’en-
tends ? Quelqu’un parle et je ne vois personne.
Cela est bien étrange ! Pourtant je ne dors pas ;
jai les yeux bien ouverts.
Alors, avec beaucoup de peine, il se léve et se
dirige lentement vers la petite fenétre. La, il
regarde attentivement dehors et voit enfin celle
qui l’appelle. I] ne sait pas qui elle est mais du
moins il la voit. Elle, par contre, le reconnait bien.
— Lancelot, lui dit-elle, je suis venue de trés
loin pour vous chercher. Maintenant, Dieu merci,
je vous ai trouvé. Je suis celle qui, un jour, vous a
demandé une faveur : la téte de ce chevalier que
vous avez vaincu et que je détestais. C’est pour
vous remercier de ce service que je suis ici et que
je vous sortirai de cette tour.
— Grand merci, demoiselle, répond le prison-
nier. Je serai bien récompensé du service que je
vous ai rendu Si, grace a vous, je sors d'ici.

40.
La fille du roi Bademagu cherche alors un pic
et le fait aussit6t passer a Lancelot qui se met a
abattre le mur. Aprés bien des efforts, il peut
enfin sortir de sa prison.
Lancelot est donc libre mais il est si fatigué
qu'il a des difficultés 4 marcher. Avec une grande
douceur, pour éviter de lui faire mal, la demoi-
selle le fait monter devant elle sur sa mule et ils
s’éloignent rapidement.
La demoiselle le conduit 4 un manoir ot elle a
des amis et Lancelot y reste quelques jours pour
se reposer.
Un jour, il dit 4 la demoiselle :
— Amie, vous m’avez sauvé et je vous en serai
a jamais reconnaissant. Vous avez tant fait pour
moi que je suis entiérement vétre. Mais il ya
longtemps que je ne suis pas allé a la cour
d’Arthur, mon seigneur, et je dois y retourner.
— Lancelot, cher et tendre ami, partez, car
votre place est la-bas.
Elle lui donne un magnifique cheval et
Lancelot part aussit6t pour le royaume de
Logres.

* * *
PISTE 19

Lancelot est heureux de retourner A la cour


du roi Arthur. Mais il ne cesse de penser a
Méléagant et il a hate de se battre avec lui pour

=
se venger de tout le mal qu’il lui a fait.
Ce jour-la, Méléagant se rend lui aussi a la cour
du roi Arthur. Quand il arrive, il demande aussitdt
a voir messire Gauvain. Une fois en présence de
Gauvain, hypocrite demande des nouvelles de
Lancelot et si on la retrouvé, alors qu’il sait parfai-
tement ou il est. Gauvain lui répond qu’en vérité il
n’a pas revu Lancelot et qu'il n’est pas revenu.
— Alors, puisque je vous trouve, vous, vous
allez me tenir votre promesse car je ne vais pas
attendre plus longtemps.
— Parfait, dit Gauvain, je vais tenir ma promesse
immédiatement.
Il va s’armer et revient, prét a se rendre sur le
lieu du combat. Il monte sur son chevalet com-
mence a chevaucher. C’est alors qu’il voit arriver
devant lui Lancelot. Fou de joie, il arréte son che-
val, saute a terre et va embrasser son compagnon.
Le roi apprend aussitoét le retour de Lancelot et
court a sa rencontre. Tous les barons et les che-
valiers sont heureux de revoirle vaillant jeune
homme. Et la reine ? Ne participe-t-elle pas a la
joie générale ? Si, bien sar, elle est au tout premier
rang!
Lancelot raconte au roi et a tous ses amis ce
qui lui est arrivé. Il n’a plus qu’un désir, en finir
avec le cruel Méléagant. Gauvain lui donne alors
ses armes et Lancelot, suivi de tous, se rend sur
le lieu du combat.

= abs:
Une fois arrivé, Lancelot s’avance au galop
vers Méléagant, s’arréte devant lui et déclare :
— Le moment est enfin venu de nous battre
mais sachez que, cette fois, je ne vous épargnerai!
pas.
Le combat commence alors. Ils se battent A
grands coups de lance. Ils sont tous les deux forts
et excellents combattants. Bientét, ils se retrou-
vent a terre et poursuivent leur combat avec
leurs grandes épées tranchantes. Ils se donnent
tous les deux de terribles coups mais Lancelot
manie’ mieux l’épée que son _ adversaire.
Méléagant perd bientét du terrain’. Lancelot ne
cesse de le faire reculer. Il a ’avantage. D’un coup
rapide, il tranche le bras droit de Méléagant. Se
sentant ainsi blessé, Méléagant se jure bien qu’il
le fera payer trés cher a Lancelot. Il se précipite
sur lui mais Lancelot s’attend a cette réaction. II
leve son €pée et lui tranche la téte. Jamais plus
Méléagant ne lui fera de mal : il tombe mort. Tout
est fini pour lui. Les spectateurs laissent alors
éclater leur joie et se précipitent sur Lancelot
pour le désarmer et le ramener en triomphe au
chateau.

1. Epargner quelqu’un : étre indulgent avec quelqu’un, pardonner


A
quelqu’un.
2. Manier : tenir en main, manipuler.
3. Perdre du terrain : aller moins vite que son adversaire.

aD =
EST ICI que prend fin le roman. Godefroi
de Leigni a écrit la fin de cette histoire.
Il la fait avec l'accord de celui qui avait
commencé le récit. Son travail commence au
moment ou Lancelot est emprisonné dans la tour
et se termine avec la fin du conte.

ee
SS ee

a =e eae
jOvetiOn summers aig hast Sup ie rat, 7
sdotairt ari59.36 Fi 2! thas niedoi
Tew hipsinten proses Seve sist Bt t
VOCABULAIRE

Le monde féodal (du x‘ au xiv’ siécle en France)

Baron : c’est ainsi qu’était désigné tout grand seigneur


de ’époque.
Chausse : vétement des hommes ; sorte de culotte qui
allait jusqu’aux genoux.
Chevalier : noble admis dans l’ordre de la chevalerie
dont les regles sont les suivantes : étre courageux,
courtois, loyal et généreux.
Donjon : tour principale qui domine le chateau fort.
Ecu : bouclier des hommes d’armes.
Epée : arme blanche formée d’une lame tranchante et
droite.
Haubert : chemise faite en anneaux de fer unis les uns
aux autres (les mailles) que portaient les hommes
d’armes.

Heaume : grand casque qui enveloppe la téte et le


visage et que portaient les hommes d’armes.
Lance : arme a long manche de bois, terminée par une
pointe en fer.
Manoir : maison d’un seigneur.
Messire : c’est ainsi qu’on nommait les grands sei-
gneurs.

2 HG =
Officier de bouche : domestique.
Sénéchal : officier de la cour chargé de présenter les
plats; titre donné ensuite a certains grands officiers
seigneuriaux.
Serment : promesse.
Sire : titre donné a un roi quand on lui parle et aussi a
certains grands seigneurs.
Table Ronde : dans les romans du cycle breton, une
fois par an, le roi Arthur réunit ensemble de ses che-
valiers autour d’une table ronde pour qu’ils soient tous
a égalité.
Vassal : homme lié personnellement a un seigneur, a
un roi qui lui confiait un domaine (fief) en échange de
certains services.
Vavasseur : vassal d’un seigneur qui est lui-méme vas-
sal d’un autre seigneur (on dit aussi arriére-vassal).

a5ee
ACTIVITES

1) Répondre par vrai ou faux.

a) Au début du roman, le festin donné par le roi


Arthur a lieu un jour de |’An.
b) La charrette sert 4 transporter des personnes qui
ont réalisé de grands exploits.
c) Gauvain accepte de monter dans la charrette.
d) Lancelot trouve le peigne de Gueniévre.
e) Lancelot choisit de prendre le Pont-sous-les-eaux
pour entrer dans le royaume de Bademagu.
f) Le roi Bademagu n’approuve pas l’attitude de son
fils.
g) La reine Gueniévre fait un accueil chaleureux a
Lancelot.
h) Gueniévre délivre Lancelot de la tour ow il est
emprisonné.
i) Le deuxieme combat entre Lancelot et Méléagant a
lieu a la cour du roi Arthur.
j) Un autre écrivain a achevé le roman de Chrétien de
Troyes.

Feo XS
2) Chercher ]’intrus.

roi - comte - baron - seigneur - paysan


cheval - mouton - ane - mule
mer - pré - riviére - fleuve - lac
avocat - moine - curé - évéque - pape.

3) Trouver, dans cette grille, les mots suivants.

écu - heaume - haubert - lance - épée - combat.

GIN/Qi ||viy
1/@]R |B
K lula) T|wit[K]U
a [lw
eat
WwW

M U
PE
R|Ss
Pir a]
1
Sef
[pee
tp
|
pba
ato]
|2
O;Y Z
4) Dans cette grille, placer le nom de quatre
grands chevaliers.

26
5) Choisir la bonne réponse.

Keu est:
© chevalier
0 sénéchal
J baron

Gauvain est le:


J fils du roi Arthur
J cousin du roi Arthur
OC neveu du roi Arthur

Gauvain choisit de franchir le :


[| Pont-sous-les-eaux
[J Pont-sur-les-eaux
[J Pont-dans-les-eaux

Les cheveux de Gueniévre sont :


Oj bruns
Oj blonds
Oj chatains

La nuit d’amour, pour rejoindre la reine, Lancelot doit


traverser un :
J verger
J lac
0 pré

ae)
6) Reconstituer cing mots du texte a partir des
syllabes suivantes,

VAS - CHE - DA - MOI - RON - DE - LIER - BA - SAL - VA - ME -


SELLE

7) Compléter le texte suivant avec les mots don-


nés ci-dessous.

diner - chevauchent - conduit - nuit (2 fois) - repos


- fatigués - voyage - aventure - route
Si ae ae tout le jour sans rencontrer une
SS eee 6 eer nee ee AGES SON eet ata ee et
affamés, ils décident de passer la .............00.c.seescce..
dans une auberge. On leur sert un succulent
Pee eS Ree one DUIS HOMGAOSs is nl ).t cet ene)
leur chambre. Aprés une bonne ......................... de
ee SNe cee ee , ls sont préts a reprendre leur
et espérent atteindre bientét le but

say
Solutions

‘aseAOA “anol “soda ““yMuU ““yIMpUOD


“outp ““ynu ““sensyej “amjueae ““quayoneasyo (Zz
“Uoreq - a[[aSIOWp - surep - Tessea - JoTTeAoyo (9g
“‘IOSIOA
- Spuoyq : xneva-se]-snos-juog

‘ nedeu { Teyoeuas (gE
“UIVANRY) “Pp [PAVE “E JO[VOURT “"Z UIPAR “T (F
‘yeooae : 91d ‘ uojnoul ‘ uesked (Z
TeIA (f* eta (If xnej (y { tera (8
- TRIA (J: xneJ (9! TedA (p ‘ xnej (9 xney (qi xney(e (T

Edition : Martine Ollivier


Couverture : Fernando San Martin
Illustrations : Conrado Giusti
Réalisation PAO : Marie Linard

Photo de couverture : jakezc/Fotolia

N° de projet : 10230745 - Dépot légal : février 2017


Imprimé en France en février 2017 par la Nouvelle Imprimerie Laballery
- N° 701392
LECTURES CLE

LANCELOT
Chrétien de Troyes
Un jour dAscension, le roi Arthur donne une grande féte dans son
chateau. Au cours du repas, Méléagant se présente et lui lance un
défi : Arthur doit lui confier la reine Gueniavre ; si un chevalier de la
cour dArthur se bat contre lui et réussit a le vaincre, la reine lui sera
rendue ainsi que tous les habitants du royaume dArthur qui sont
prisonniers dans ses terres. Sinon la reine sera a son tour enlevée.
Un seul homme sera capable, aprés bien des aventures, de la
sauver
: Lancelot.
700 A 1200 1200 A 1700 + DE 1700
NIVEAU 2 NIVEAU 3 NIVEAU 4

B1 B2

I
N 978-209-031772-5

CLE
INTERNATIONAL
782090 © 317725

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