Chapitre1 AN2 2024
Chapitre1 AN2 2024
Chapitre1 AN2 2024
ENSA Marrakech
Cycle préparatoire 1 ère année.
Semestre 2 : 2023-2024.
Chapitre 1
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ENSAM-CP1-S2 Module : Analyse 2 Pr. S. DOUISSI
Proposition 1.1.1. Si f est dérivable en x0 alors f est continue en x0 . La réciproque n’est pas vraie en
générale (par exemple la fonction x 7→ |x| qui est continue en 0 mais non dérivable en 0, en effet lim− |x|
x
=
x→0
|x|
fg′ (0) = −1 ̸= lim+ x
= fd′ (0) = 1).
x→0
Théorème 1.1.1. (Rolle) Soit a, b ∈ R tels que a < b et f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et
dérivable sur ]a, b[. Si f (a) = f (b) alors il existe (au moins) c ∈]a, b[ tel que
f ′ (c) = 0. (1.1)
Théorème 1.1.2. Théorème des accroissements finis (TAF) Soit a, b ∈ R tels que a < b et f : [a, b] → R
une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Alors, il existe c ∈]a, b[ tel que
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ENSAM-CP1-S2 Module : Analyse 2 Pr. S. DOUISSI
Définition 1.1.2. Soit f : I → R une application. Ont définit les dérivées successives de f de proche en
proche (c’est à dire : par récurrence) par (pour tout n ∈ N∗ ) :
• pour x ∈ I, f (n) (x) est, si elle existe, la dérivée de f (n−1) en x.
• f (n) est l’application dérivée de f (n−1) si elle existe, c’est à dire f (n) := (f (n−1) )′ .
• On appelle dérivée nième de f en x l’élément f (n) (x).
• On appelle application dérivée nième de f l’application x 7→ f (n) (x).
• On dit que f est n fois dérivable sur I ssi f (n) est définie sur I.
• On dit que f est indéfiniment dérivable sur I ssi f est n fois dérivable sur I pour tout n ∈ N∗ .
n n
Au lieu de f (n) (x) on peut noter ddxnf (x), de même pour l’application dérivée eu lien de f (n) on peut noter ddxnf .
′′ ′′′
Remarque 1.1.2. 1. f (1) = f ′ , f (2) = f , f (3) = f .
′ ′′
2. Attention, il se peut que les domaines de défition de f , f , f ,... soient distincts.
3. Si f est n fois dérivable, alors pour tout p ∈ N tel que p ⩽ n, f est p fois dérivable sur I, et, pour tout
(p, q) ∈ N2 tel que p + q ⩽ n, on a : (f (p) )(q) = f (p+q) .
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• Pour le point 4. Pour n = 1 c’est trivial. Supposons la propriété vraie pour n et soient f, g : I → R
deux fonctions (n + 1) dérivables sur I telles que (∀x ∈ I, g(x) ̸= 0), alors puisque fg est dérivable sur I
′ ′ g′
et fg = f g−fg2
. Comme f, f ′ , g, g ′ sont n fois dérivables sur I, f ′ g − f g ′ l’est aussi et g 2 aussi, d’après
f ′ g−f g ′ f
l’hypothèse de récurrence, il en résulte que g2
est n fois dérivable sur I ce qui implique que g
est
(n + 1) fois dérivable sur I.
Exemple 2. Déterminez, pour tout n ∈ N, la dérivée d’ordre n de x 7→ (x3 + x2 + 1)e−x . Notons f (x) =
′
x3 + x2 + 1 et g(x) = e−x , alors f (x) = 3x2 + 2x, f (2) (x) = 6x + 2, f (3) (x) = 6 et f (k) (x) = 0 ∀k ⩾ 4.
Par ailleurs, pour les dérivées de la fonction g, nous avons g ′ (x) = −e−x , g (2) (x) = e−x , g (3) (x) = −e−x , on
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en déduit que g k (x) = (−1)k e−x , ∀k ⩾ 0. Appliquant la formule de Leibniz en remarquant que f (k) (x) = 0
∀k ⩾ 4. Nous obtenons donc ∀n ∈ N, ∀x ∈ R
n
X
(f g)(n) (x) = Cnk f (k) (x)g (n−k) (x)
k=0
= f (x)g (n) (x) + Cn1 f (1) (x)g (n−1) (x) + Cn2 f (2) (x)g (n−2) (x) + Cn3 f (3) (x)g (n−3) (x)
= (−1)n (x3 − (3n − 1)x2 + (3n2 − 5n)x − (n3 − 4n2 + 3n − 1))e−x .
5. Finalement, si f est de classe C n pour tout n ∈ N, alors f est dite infiniment dérivable et on dit que
f est de classe C ∞ sur I.
Pour n ∈ N ∪ {∞}, on note Cn (I) l’ensemble des applications de classe C (n) sur I.
Exemple 3. Les fonctions suivantes sont de classe C ∞ sur leur domaine de définition : les polynômes, exp(x),
sin(x), cos(x), tan(x), ln(x)...
Remarque 1.1.3. 1. Pour tout (p, n) ∈ (N ∪ {∞})2 , tel que p ⩽ n, on a Cn (I) ⊂ Cp (I).
2. Une application f : I → R, peut être n fois dérivable sans être de classe C n sur R. Par exemple,
f : R → R, définit par
2
x sin( x1 ) si x ̸= 0,
f (x) =
0 si x = 0.
est dérivable sur R mais n’est pas de classe C 1 sur R. En effet, sur ] − ∞, 0[ et ]0, +∞[ f est dérivable
et on a
1 1
∀x ∈ R\{0}, f ′ (x) = 2x sin( ) − cos( ).
x x
Pour la dérivabilité en 0, nous calculons la limite du taux d’accroissement quand x → 0,
f (x) − f (0) 1
lim = lim x sin( ) = 0 = f ′ (0).
x→0 x x→0 x
f est donc dérivable sur R.
Par contre f ′ n’est pas continue en 0, on pose un = 1
2nπ
, on a lim un = 0 mais f ′ (un ) = 1
nπ
sin(2nπ)−
n→+∞
cos(2nπ) = −1 ̸= f ′ (0). Par conséquent, f n’est pas de classe C sur R. 1
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• Hérédité. On suppose que la formule est vraie au rang n. Montrons qu’elle reste vraie au rang
n + 1. Soit f une fonction de classe Cn+2 (I), alors par la formule de récurrence, on a f (x) = f (a) +
(n) Rx n
f ′ (a)(x − a) + ... + f (n)!(a) (x − a)n + a f (n+1) (t) (x−t)
(n)!
dt. On effectue une intégration par parties dans
R x (n+1) (x−t)n n
l’intégrale a f (t) (n)! dt. En posant u(t) = f (n+1) (t) et v ′ (t) = (x−t) n!
, on a u′ (t) = f (n+2) (t) et
n+1
v(t) = − (x−t)
(n+1)!
. Alors
x x Z x
(x − t)n (x − t)n+1 (x − t)n+1
Z
(n+1) (n+1)
f (t) dt = −f (t) + f (n+2) (t) dt
a (n)! (n + 1)! a a (n + 1)!
Z x
(n+1) (x − a)n+1 (x − t)n+1
=f (a) + f (n+2) (t) dt.
(n + 1)! a (n + 1)!
Il suffit maintenant de remplacer cette expression dans la formule au rang n, pour obtenir la formule
au rang n + 1. Ainsi, par le principe de récurrence la forumule de Taylor avec reste intégral est vraie
pour ∀n ∈ N tel que f ∈ Cn+1 .
Dans la suite du cours, nous noterons Pn (x) la partie polynomiale ou régulière (ou encore les
polynômes de Taylor) de la formule de Taylor (elle dépend de n mais aussi de f et a) :
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L’inégalité de Taylor
Corollaire 1. Si f est de classe Cn+1 sur un intervalle I et que |f (n+1) | est majorée par un réel M . Alors
∀a, x ∈ R, on a :
n
X f (k) (a) |x − a|n+1
f (x) − (x − a)k ⩽ M
k=0
k! (n + 1)!
x2 x3
ln(1 + x) − x + ⩽ .
2 3
Réponse : On note f (x) = ln(1 + x) est infiniment dérivable sur ] − 1, +∞[. Nous allons calculer les
formules de Taylor en 0 pour les premiers ordres.
On a f (0) = 0, f ′ (x) = 1+x1
donc f ′ (0) = 1, f (2) (x) = − (1+x)
1
2 , donc f
(2) 2
(0) = −1, puis f (3) (x) = (1+x)3 . On
applique l’inégalité de Taylor à l’odre 2 à la fonction ln(1 + x) pour x > 0, en essayant de trouver un majorant
pour f (3) sur ]0, +∞[.
Or puisque pour tout x > 0, on a
∀x > 0, |f (3) (x)| ⩽ 2.
3
x2 x3
x3
Nous obtenons par suite l’inégalité recherchée : ln(1 + x) − x + 2
⩽ 2× 6
3
. Or puisque (0.003)
= 3
=
2
9 × 10−9 ⩽ 10−8 . Une valeur approchée de ln(1.003) à 10−8 près est donc 0.003 − (0.003)
2
= 0.0029955.
f (n) (0) n n
On peut montrer (à titre d’exercice) que ∀n > 0, f (x) = (−1) (n − 1)! (1+x)n , donc n! x = (−1)n−1 xn .
(n) n−1 1
x2 x2 x3
P0 (x) = 0, P1 (x) = x, P2 (x) = x − P3 (x) = x − + .
2 2 3
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2!
(x − a)2 + ... + f (n−1)!(a) (x − a)n−1 + f n!(c) (x − a)n . Que nous réecrivons : f (x) = f (a) + f ′ (a)(x − a) +
f ′′ (a) (n) (n) (n) f (n) (c)−f (n) (a)
2!
− a)2 + ... + f n!(a) (x − a)n + f (c)−f
(x n!
(a)
(x − a)n . On pose ε(x) = n!
. Puisque f (n) est une
fonction continue quand c(x) → a, nous avons lim ε(x) = 0.
x→a
Remarque 1.2.2. Notation : Le terme (x − a)n ε(x) où ε(x) → 0 quand x → a est souvent noté o((x − a)n )
et se lit (petit o) de (x − a)n . Donc vous devez retenir que o((x − a)n ) est en fait une fonction qui satisfait
n)
lim o((x−a)
(x−a)n
= 0.
x→a
1.3 Résumé
Il y a donc trois formules de Taylor qui s’écrivent toutes sous la forme :
où
f ′′ (a) f (n) (a)
Pn (x) = f (a) + f ′ (a)(x − a) + (x − a)2 + ... + (x − a)n .
2! n!
C’est l’expression du reste Rn (x) qui change :
R x (n+1)
• Rn (x) = a f n! (t) (x − t)n dt, (Taylor avec reste intégral).
(n+1)
• Rn (x) = f (n+1)!(c) (x − a)n+1 , c entre a et x, (Taylor-Lagrange).
• Rn (x) = (x − a)n ε(x), ε(x) → 0 quand x → a, (Taylor-Young)