Le Stockage Et Ses Variations
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CHAPITRE 6
6.1 Introduction
Pour compléter l'étude des composantes du cycle de l'eau, il est indispensable de déterminer le stockage d'eau et ses
variations. Rappelons que l'équation du bilan hydrologique peut s'écrire pour une période donnée :
(6.1)
Avec :
E : évaporation [mm] ou [m3],
I : volume entrant [mm] ou [m3],
O : volume sortant [mm] ou [m3],
∆S : variation de stockage [mm].
Le stockage d'eau se présente sous différentes formes. On peut distinguer trois grands types de réservoirs :
Les dépressions de la surface du sol dans lesquelles l'eau peut s'accumuler. C'est le stock d'eau de surface.
Le sol et le sous-sol dans lesquelles l'eau est emmagasinée. C'est le stock d'eau souterraine.
Les couvertures neigeuses et glaciaires qui constituent le stock d'eau sous forme solide.
La rétention de surface comprend toute l'eau accumulée sur, ou au-dessus du sol. Elle comprend l'eau interceptée par
le couvert végétal, l'évaporation durant les précipitations et le stockage dans les dépressions du sol qui est le volume
d’eau emmagasiné dans les petites dépressions du sol jusqu'à leur niveau de déversement. Elle ne comprend pas la
rétention superficielle qui est la partie de la pluie qui demeure à la surface du sol durant la précipitation et qui ruisselle
ou s'infiltre quand la pluie a cessé.
Toute l'eau captée dans les dépressions de surface, des plus petites, dues à la rugosité du sol, aux plus grandes plaines
inondées, lacs, marais, étangs, etc., est désignée comme le stock d'eau de surface (Fig. 6.1).
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Selon l'échelle de temps (averse, saison, année, etc.) et l'échelle spatiale (type de dépression) on peut donc distinguer :
Les petites dépressions de surface qui se remplissent dès que l'intensité des précipitations est supérieure à la
capacité d'absorption du sol. Lors d'averses suffisamment importantes, ces dépressions sont comblées et le
surplus prend part au ruissellement de surface. Le volume total d'eau pouvant être retenu dans ces dépressions
de surface est appelé capacité de rétention de surface. Après l'averse, l'eau emmagasinée dans ces
dépressions s'infiltre dans le sol, ou est utilisée par les végétaux ou encore s'évapore directement. Ces
dépressions ne sont que de petits réservoirs temporaires, qui peuvent cependant agir comme tampons durant une
averse sur un bassin versant.
Les lacs , les étangs ou les plaines inondées sont des réservoirs d'eau de surface, naturels ou artificiels,
de volume et superficie pouvant être très importants. Ils interviennent directement dans le bilan hydrologique par
les échanges d'eau avec le sol (relations eau de surface-nappe), en favorisant l'évaporation à leur surface ou
encore, en retardant l'écoulement en rivière par laminage. L'étude de ce type de réservoir fait appel à la
limnologie.
La limnologie est la discipline qui étudie les phénomènes hydrologiques et biologiques se rapportant aux lacs en
relation avec leur environnement. Elle s'intéresse à l'origine des lacs, à leur morphologie, aux propriétés de l'eau tant
physiques (propriétés optiques, thermiques, etc.) que chimiques (problème de pollution, etc.) mais aussi à leurs propriétés
biologiques (macrophytes, poissons, etc.), et enfin au bilan hydrologique et à l'hydrodynamisme.
la nature géologique de la cuvette qui définit sa forme et la composition des eaux qu'elle contient,
le phénomène climatique lié à l'altitude qui a permis l'installation de conditions hydrologiques et biologiques
particulières pour chaque lac.
L'étude de l'état ou du comportement d'un lac nécessite la connaissance d'un certain nombre de ses caractéristiques
physiques dont :
le volume utile, c'est-à-dire le volume qui au cours d'une année peut être exploité (fonction du niveau et des
apports),
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l'altitude.
Les variations de niveaux du plan d'eau sont un facteur important. Toute surface lacustre est soumise à des variations de
niveau, du fait des apports d'eau, de l'évaporation, des pompages et des écoulements à l'émissaire. Le vent agit aussi
fortement sur le fonctionnement et la morphologie des lacs. Il crée notamment un déplacement général des eaux
superficielles vers le coté du lac sous le vent. L'amplitude de la dénivellation produite est fonction de la forme et de la
profondeur du lac. Elle est plus forte dans les lacs peu profonds et allongé. Le lac Érié au Canada est un bon exemple;
des vents de 30 nœuds soufflant dans l'axe du lac produisent une dénivellation de 1 mètre (3 pieds). Le régime d'un lac
est finalement défini par la connaissance du niveau moyen sur quelques années et des niveaux maximum et minimum
enregistrés durant ces années.
Les apports à un lac varient généralement suivant les saisons. Ces mouvements saisonniers sont principalement dus aux
variations saisonnières du climat. Sous nos latitudes, la fonte de la neige ou des glaciers provoque en générale une
augmentation du niveau des lacs. Le lac Léman par exemple, a un maximum en été causé par l'apport de la fonte des
neiges et des glaciers et un minimum en février-mars. Actuellement, le niveau de nombreux lacs est toutefois régulé par
des vannes à la sortie des réservoirs et les mouvements saisonniers sont très fortement atténués, voire supprimés.
Rappelons que la présence de plans d'eau influence fortement le comportement hydrologique d'un bassin versant,
notamment par leur capacité de stockage qui a pour effet de laminer les crues (cf. chapitre 2).
Au-dessous de la surface du sol, deux zones peuvent être identifiées de haut en bas (Fig. 6.2) :
la zone non saturée , système à trois phases (solide, liquide, gaz) ou seule une partie des espaces lacunaires
sont remplis d'eau, le reste étant occupé par l'air du sol,
la zone saturée , système à deux phases (solide, liquide) où tous les pores sont remplis d'eau.
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La distinction fondamentale entre la zone saturée et la zone non saturée réside dans le comportement hydrodynamique
de l'eau dû à l'effet de l'air et se traduit notamment par une conductivité hydraulique différente. Cependant, les zones
saturées et non saturées ne sont pas des domaines séparés, mais font partie d'un système d'écoulement continu.
L'eau du sol, assimilée à celle se trouvant dans la zone non saturée. La zone de l'eau du sol est le siège des
racines des végétaux et constitue surtout une limite supérieure importante des nappes (alimentation,
évaporation) ; elle est également le lieu de transit de matières et de substances. Ces processus font partie du
continuum sol-plante-atmosphère.
L'eau du sous-sol correspondant à celle de la nappe. L'infiltration renouvelle l'eau du sous-sol et des réservoirs
souterrains et entretient, par son circuit dans les aquifères, le débit de l'écoulement souterrain (débit de base).
Celui-ci alimente les sources et les cours d'eau. Le niveau de l'eau souterraine est influencé par le régime de
percolation de la pluie ou de l'eau d'irrigation à travers la zone non saturée. L'étude des réservoirs souterrains
intéresse l'hydrogéologie .
Le sol dans sa partie non saturée apparaît comme un complexe dynamique à trois phases : liquide, solide et gazeuse. La
variabilité temporelle et spatiale de la phase liquide d'un sol se manifeste aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif.
L'évolution de la quantité (volume) et de la qualité (composition de l'eau) découle d'une dynamique de transferts liée aux
propriétés même de l'eau et aux caractéristiques du sol.
La description quantitative de la phase liquide repose sur la notion de teneur en eau ou humidité du sol . Celle-ci varie
principalement en fonction de la structure du sol et de sa porosité. Selon qu'on la rapporte à la masse ou au volume, la
teneur en eau d'un sol peut s'exprimer par :
La teneur en eau volumique ou humidité volumique θ : rapport du volume d'eau présent dans le sol au volume
apparent de ce sol (volume de sol en place). La teneur en eau volumique varie entre une valeur minimale, la
teneur en eau résiduelle θr, et une valeur maximale, la teneur en eau à saturation θs. Celle-ci est en principe égale
à la porosité efficace (définie comme le rapport du volume des vides au volume total du milieu).
Un indice de saturation Sw défini comme le rapport du volume d'eau au volume des pores. Cette grandeur exprime
le volume des pores occupé par l'eau. Elle varie entre un minimum résiduel et la valeur de 100%.
La teneur en eau pondérale ou humidité pondérale w : quantité (masse) d'eau contenue dans un échantillon
de sol, rapportée à la masse des particules de sol sec.
La teneur en eau des éléments minéraux varie généralement entre 5 et 40%. La présence de matière organique
augmente cette valeur qui peut dépasser 100% (par exemple les tourbes où la teneur en eau pondérale peut atteindre
800%).
La variabilité spatiale et temporelle de la teneur en eau dans le sol est décrite par des profils hydriques successifs,
représentant la distribution verticale des teneurs en eau dans le sol, à différents instants donnés. La surface comprise
entre deux profils successifs, aux temps t1 et t2, représente le volume d'eau par unité de surface stocké ou perdu dans
l'intervalle de temps (Fig. 6.3).
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La dynamique de l'eau résulte de l'action de différents champs de forces auxquelles elle est soumise : force de gravité, de
capillarité, d'adsorption, etc. On parle ainsi eau gravitaire lorsque l'effet de la gravité est prépondérant, d' eau
capillaire lorsque l'effet des forces de capillarité prédomine, ou encore d' eau hygroscopique pour signaler la supériorité
des forces d'adsorption. Signalons cependant que cette description crée une discontinuité arbitraire entre les diverses
fractions de la phase liquide. Il est donc préférable de décrire le comportement dynamique de la phase liquide en se
basant sur les principes généraux de la thermodynamique et donc sur une quantification de l'état énergétique de la phase
liquide en un point du sol et à un instant donné.
L'état énergétique de la phase liquide dans le sol est ainsi caractérisé par la somme de son énergie interne (mise en jeu à
l'échelle atomique), de son énergie cinétique et de son énergie potentielle. L'énergie cinétique pouvant être négligée en
raison des très faibles vitesses d'écoulement, on ne tient compte que de l'énergie potentielle.
Le concept de potentiel total de la phase liquide permet de quantifier l'état énergétique de l'eau du sol et de décrire son
comportement au sein du système sol-plante-atmosphère. De manières générales il s'écrit comme la somme de ses
diverses énergies potentielles (pression, gravité, chimique, etc.). Il s'exprime de façon courante par la notion de la
charge hydraulique totale H, définie comme la somme des énergies potentielles de pression et de gravité, rapportée à
l'unité de poids de liquide :
H=h+z (6.2)
Avec :
H : charge hydraulique [m], c'est-à-dire la pression exprimée en hauteur d'eau équivalente, soit la pression
exercée par une colonne d'eau verticale de même hauteur ;
h : charge de pression [m], c'est-à-dire la pression effective de l'eau du sol, en hauteur d'eau, par rapport à
la pression atmosphérique ;
z : charge de gravité [m], c'est-à-dire la hauteur de l'eau au-dessus du plan de référence.
La distribution des potentiels de pression, de gravité et du potentiel total dans le sol le long d'une verticale est représentée
graphiquement par des profils de charge de pression, de gravité et de charge totale (Fig. 6.4).
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Fig. 6.4 - Profils de charge de pression, de gravité et de charge totale d'un système en équilibre hydrostatique (tiré de Musy,
Soutter, 1991).
Les mouvements d'eau dans le sol, leur direction et leur importance sont régis par les différences d'énergie potentielle
totale de l'eau, celle-ci se déplaçant d'un point à énergie élevée vers un point de plus basse énergie, pour tendre vers un
équilibre.
La loi de comportement dynamique de la phase liquide d'un sol traduit l'existence d'une relation entre les forces
auxquelles est soumis le fluide et sa vitesse d'écoulement. Cette loi, appelée, loi de Darcy propose de calculer le flux
d'eau total comme le produit d'une constante de proportionnalité (la conductivité hydraulique à saturation) et d'un gradient,
celui de la charge hydraulique en fonction de la profondeur. La loi de Darcy s'exprime comme suit :
(6.3)
Avec :
Deux cas sont alors à distinguer selon que l'on se situe en milieu saturé ou non. Dans le cas d'un milieu non saturé, la
conductivité hydraulique n'est plus constante ; elle varie avec la teneur en eau q tout comme la pression effective de l'eau
du sol qui est négative. Au contraire, en milieu saturé, la pression effective de l'eau du sol est positive ; elle correspond à
la profondeur de submersion en dessous de la surface d'eau libre.
La quantification des flux se fait à l'aide de profils hydriques et repose sur l'application de l' équation de continuité. La loi
de continuité exprime que la variation de la teneur en eau dans le temps est égale aux variations spatiales du flux :
ou encore (6.4)
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Avec :
∆θ : variation de la teneur en eau [m3/m3] º .100[%], valeur positive ou négative suivant que le sol perd ou
stocke de l'eau ;
∆q : variation du flux transitant [mm/h] ;
∆z : variation de la profondeur [mm] ;
∆t : variation du temps [h].
Soient deux profils hydriques mesurés respectivement aux temps t1 et t2, la variation de stock ∆S entre les cotes
altimétriques z1 et z2 durant l'intervalle de temps ∆t = t2 - t1 est représentée par la surface de profondeur unitaire comprise
entre ces deux profondeurs et les deux profils hydriques correspondants (Fig. 6.5). On a alors les équations suivantes :
(6.5)
(6.6)
(6.7)
Où :
qz1 et qz2 : flux d'eau moyen entre t1 et t2à travers les sections de cote respectives z1 et z2,
∆t : intervalle de temps compris entre t1 et t2,
∆S z2 - z1 : surface comprise entre les deux profils hydriques et les profondeurs z1 et z2.
La discipline des sciences hydrologiques qui s'occupent des eaux souterraines est l'hydrogéologie. Celle-ci a pour objet
d'une part la connaissance des conditions géologiques et hydrologiques et des lois physiques qui régissent l'origine, la
présence, les mouvements et les propriétés des eaux souterraines, et d'autre part l'application de ces connaissances à la
prospection d'eaux souterraines, le captage, l'exploitation, la protection et la gestion des eaux souterraines.
L'hydrogéologie met aussi l'accent sur la relation entre les eaux souterraines et l'environnement géologique, c'est-à-dire la
chimie, les modes de migration des substances chimiques, l'accumulation de l'eau, etc.
Des études hydrogéologiques détaillées sont souvent nécessaires pour l'établissement du bilan hydrologique d'un
bassin. La connaissance des structures hydrogéologiques permet de fixer les limites du bassin versant, de vérifier la
concordance du bassin hydrographique avec le bassin des eaux souterraines (cf. chapitre 2), de localiser les couches
aquifères aux différentes profondeurs et d'établir leurs relations entre elles et avec les eaux de surface.
Rappelons encore que le système des eaux souterraines est lié au cycle hydrologique par différents processus :
infiltration par la zone non saturée, apport souterrain par percolation et drainance, évaporation par la zone non saturée et
finalement sous-écoulements.
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L'hydrogéologie se base sur l'analyse de deux entités essentielles, l'aquifère et la nappe d'eau souterraine :
Un aquifère est une formation géologique perméable (sol ou roche) dont les pores ou fissures communiquent et
sont suffisamment larges pour que l'eau puisse y circuler librement sous l'effet de la gravité (exemples : sables,
graviers, craie fissurée, grès, etc.). L'aquifère constitue ainsi un réservoir des nappes d'eau souterraines.
La nappe d'eau souterraine est constituée par l'ensemble des eaux comprises dans la zone saturée de l'aquifère
dont toutes les parties sont en continuité hydraulique.
Une nappe libre est une nappe dont la limite supérieure dans la formation poreuse est à surface libre, sans
contraintes physiques. On appelle nappes phréatiques, les premières nappes libres rencontrée. La pression
exercée sur le toit de cette nappe est égale à la pression atmosphérique.
Une nappe captive est une nappe d'eau souterraine emprisonnée dans une formation géologique perméable,
entre deux formations imperméables (Fig. 6.6). L'eau contenue dans la nappe captive est donc soumise à une
pression supérieure à la pression atmosphérique. La surface fictive de cette nappe correspondant à la surface
piézométrique est située au-dessus de la limite supérieure de l'aquifère confiné. Lorsque la charge hydraulique est
supérieure au niveau du sol, l'eau jaillit naturellement (cf. puits artésien dans Fig. 6.6). Ce phénomène est appelé
l'artésianisme et on appelle alors ce type de nappe captive, nappe artésienne.Notons qu'une nappe captive
présente également une surface libre, par où l'eau peut s'infiltrer. Cette zone d'alimentation s'appelle la surface de
captage.
Une nappe semi-captive appartient à un aquifère dont le toit ou/et le substratum est constitué par une formation
semi-perméable. Les échanges d'eau avec cette formation semi-perméable superposée ou sous-jacente, réalisés
dans certaines conditions hydrodynamiques favorables (différences de charge), sont appelés drainance.
Une nappe perchée est une nappe libre, permanente ou temporaire, formée dans une zone non saturée, et qui
surmonte une nappe libre de plus grande extension.
En résumé, l'aquifère est un système dynamique caractérisé par sa configuration et sa structure. Ces derniers permettent
de distinguer trois types d'hydrodynamisme de nappe : nappe libre, nappe captive et nappe semi-captive.
La surface d'une nappe ou surface piézométrique est la surface de la zone saturée d'un aquifère à nappe libre, mais
peut aussi correspondre au toit d'un aquifère à nappe captive. C'est une donnée dimensionnelle importante. Sa forme
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permet d'étudier les caractéristiques de l'écoulement des eaux souterraines et la réserve de la nappe. Dans un aquifère à
nappe libre, elle ne doit pas être confondue avec la surface libre, dont elle diffère dès que la frange capillaire saturée n'est
plus négligeable.
La surface libre d'une nappe correspond au lieu des points d'une nappe où la pression de l'eau est égale à la pression
atmosphérique. Celle-ci est un cas particulier de surface piézométrique (surface d'équipression)
La mesure du niveau de la surface piézométrique de la nappe se fait ponctuellement à l'aide de piézomètres. Ce sont
des tubes de faibles diamètres, en plastique ou en métal, munis de nombreux orifices, forés ou battus verticalement dans
la couche aquifère.
En présence de systèmes stratifiés présentant plusieurs nappes superposées séparées par des niveaux imperméables,
les nappes profondes peuvent être étudiées à l'aide de piézomètres dont les orifices se situent à des profondeurs
adéquates.
La première fonction de l'aquifère est l'emmagasinement souterrain réglant le stockage et la libération de l'eau mobile.
L'aquifère peut être caractérisé par des indices qui se rapportent à l'aptitude de récupérer de l'eau contenue dans les
vides (seuls les gros orifices sont susceptibles de libérer l'eau facilement). Ces indices sont donc liés au volume d'eau
exploitable.
On distingue ainsi :
La porosité efficace qui correspond au rapport du volume d'eau "mobile" à saturation, libérée sous l'effet de la
gravité, au volume total du milieu qui la contient. Elle varie généralement entre 0,1 et 30 %. La porosité efficace
est un paramètre déterminé en laboratoire ou sur le terrain.
Le coefficient d'emmagasinement - C'est le rapport du volume d'eau libéré ou emmagasiné, par unité de surface
de l'aquifère, à la variation de charge hydraulique Dh correspondante. Le coefficient d'emmagasinement est utilisé
pour caractériser plus précisément le volume d'eau exploitable, il conditionne l'emmagasinement de l'eau
souterraine mobile dans les vides du réservoir. Pour une nappe captive ce coefficient est extrêmement faible ; il
représente en faite le degré de compression de l'eau.
La conductivité hydraulique - La conductivité hydraulique à saturation figurant dans la loi de Darcy caractérise
l'effet de résistance à l'écoulement dû aux forces de frottement. Ces dernières sont fonctions des caractéristiques
de la matrice solide et de la viscosité du fluide. Elle est déterminée par expérimentation soit au laboratoire, soit
directement sur le terrain par essai de pompage.
La transmissivité est le débit d'eau qui s'écoule d'un aquifère, par unité de largeur, sous l'effet d'une unité de
gradient hydraulique. Elle est égale au produit de la conductivité hydraulique à saturation et de la puissance
(hauteur) de la nappe.
La diffusivité caractérise la vitesse de réaction d'un aquifère lors d'une perturbation (variation de niveau de la
rivière, de la nappe, pompage). Elle s'exprime par le rapport entre la transmissivité et le coefficient
d'emmagasinement.
Rappelons que l'écoulement de l'eau à travers les formations perméables, en milieu saturé, est régi par la loi de Darcy. La
vitesse d'écoulement de l'eau est en fait une vitesse fictive de l'eau à travers la section totale d'écoulement. La figure 6.7
montre bien que, compte tenu du fait que la section d'écoulement n'est pas du tout celle de l'ensemble du massif sol, l'eau
devra circuler beaucoup plus rapidement dans les cheminements disponibles (effet de tortuosité).
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Le débit d'une nappe Q est le volume d'eau par unité de temps, traversant une section transversale d'aquifère sous l'effet
d'un gradient hydraulique déterminé.
Le débit d'une nappe souterraine, à travers une section de sol, peut s'exprimer par l'équation :
Q = Ks . i . A ,
Q = Ks . i . H . l (6.8)
Q=T.i.l
Où :
Q : débit d'une nappe souterraine [m3/s] ;
Ks : conductivité hydraulique [m/s] ;
i : gradient de charge hydraulique [m/m] ;
A : section de sol [m2], A = H . l ;
H : épaisseur de l'aquifère [m] ;
l : largeur moyenne de la section d'écoulement [m] ;
T : transmissivité [m2/s].
Pour évaluer le volume des eaux souterraines, on procède soit par estimation du niveau imperméable par une étude
géologique appropriée, soit par détermination du coefficient d'emmagasinement de la roche ou encore par des mesures
des niveaux piézométriques.
La réserve exploitable d'eau souterraine d'une nappe libre ou captive est donnée par la différence du niveau
piézométrique actuel avec le niveau auquel on accepte de rabattre la nappe, multiplié ensuite par sa surface moyenne et
son coefficient d'emmagasinement.
Le concept de tarissement désigne la vidange des nappes. En absence de pluies, l'évaporation et la transpiration
végétale épuisent progressivement les réserves en eau souterraine du bassin versant. Les débits décroissent alors
régulièrement.
On appelle "tarissement simple" tout tarissement de nappe, de source, de cours d'eau qui se déroule en conditions
semblables à la décharge, en régime non influencé (dû à l'apport de pluie par exemple, pendant la période de
tarissement), d'une nappe captive ou d'une nappe libre, profonde ou phréatique. Le tarissement simple peut être décrit
par différentes lois. Nous ne développerons ici que la "loi exponentielle simple" qui est l'une des lois les plus appliquées.
Celle-ci s'exprime par la relation suivante avec le temps t en seconde :
(6.9)
Où :
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: coefficient de tarissement ;
Une application immédiate de la loi de tarissement simple est la détermination du volume utile d'eau emmagasiné dans la
nappe à un instant donné. En effet, si la loi de tarissement f(t) du bassin versant est connue, il est alors possible d'évaluer
sa capacité d'emmagasinement par son intégration sur l'intervalle de temps [t, ]. Le volume d'eau disponible à un
instant t est alors donné par l'équation suivante :
(6.10)
Où : V : volume d'eau disponible contenu dans les réserves d'un bassin versant.
Dans le cas particulier d'une loi décroissante exponentielle, et en prenant t = 0, on obtient (Fig. 6.8) :
(6.11)
Le calcul du volume d'eau disponible permet d'évaluer la possibilité du soutien à l'étiage (plus petit débit observé dans un
cours d'eau) en période sèche d'une région donnée.
La couverture neigeuse est une composante essentielle du stockage dans les régions montagneuses. La neige
accumulée sur un bassin versant constitue une réserve potentiellement utilisable pour l'alimentation en eau d'une région
et le remplissage de réservoirs.
Sur les bassins montagneux, l'écoulement en rivière est pour une grande part composé de la fonte de la neige. Celle-ci
influence le ruissellement de surface en modifiant la surface d'écoulement.
L'épaisseur et l'étendue du manteaux neigeux peuvent être évalués par différentes méthodes :
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La photographie aérienne et la photogramétrie peuvent fournir des informations sur l'étendue de la couverture
neigeuse, ainsi que sur sa répartition, dans les régions montagneuses dénudées ou faiblement boisées.
L'épaisseur de la neige est évaluée par soustraction des niveaux de la surface de la neige et de la surface du sol,
déterminés en certains points repérés avant les premières chutes de neige.
L'utilisation de relevés topographiques permet de déterminer l'altitude de la limite des neiges sur les versants
montagneux.
Les photographies prises par satellites (analogiques ou digitales) peuvent également être utilisées dans la
détermination générale de l'étendue du manteau nival, aussi bien en montagne qu'en plaine.
la prospection in situ reste cependant le système le plus employé pour estimer les variations de l'épaisseur de
neige.
Les mesures du manteau nival sur de grandes surfaces, combinées avec les valeurs de densité de la neige estimées
localement, permettent une évaluation de l' équivalent en eau pour toute une région. L'équivalent en eau moyen du stock
neigeux sur l'ensemble du bassin versant peut être déduit à partir des mesures de l'équivalent en neige obtenues aux
diverses stations ou zones témoins, en appliquant par exemple une méthode de pondération de type polygones de
Thiessen.
La connaissance du volume d'eau emmagasiné sous forme de neige ne suffit souvent pas à l'hydrologue ; il doit
également estimer le temps de fonte et d'écoulement du stock neigeux.
Pendant la période de fonte, le couvert de neige est formé de deux parties distinctes, à savoir : la partie supérieure, non
saturée, qui peut tout de même contenir une certaine quantité d'eau (l'eau s'y écoule verticalement, par percolation) et la
partie sous-jacente, en contact avec le sol, qui est constituée par de la neige saturée en eau (Fig. 6.9). Cette dernière
fournit le ruissellement superficiel qui alimente les rivières et les lacs. L'écoulement se fait parallèlement au terrain suivant
la loi de Darcy.
Fig. 6.9 - Illustration des processus d'écoulement au sein d'une couche neigeuse.
La vitesse à laquelle l'eau accumulée sous forme de neige apparaît dans les rivières n'est pas seulement déterminée par
le taux de fonte de neige, mais aussi par le temps pris par l'eau pour atteindre ces rivières. Le couvert neigeux traversé
par cette eau contrôle le type d'écoulement et sa vitesse.
La fonte de la neige résulte d'un transfert de chaleur à la couverture neigeuse et dépend des éléments suivants :
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Le calcul de taux de fonte du manteau neigeux est un problème délicat qui nécessite de poser différentes hypothèses
simplificatrices. On admet par exemple, que la chaleur latente de la glace est de 80 cal/g, que la neige est de la glace
pure et que la température de la neige est de zéro degré. Or, durant les mois d'hiver, il n'est pas rare de constater que
cette dernière hypothèse n'est pas respectée et que la température de la neige est négative. De plus, durant la période de
fonte, la couverture neigeuse n'est pas isotherme puisqu'une partie d'eau liquide peut se trouver occluse dans la neige.
Ce constat a conduit les scientifiques à proposer, par analogie avec les notions de teneur en eau et de capacité de
rétention du sol, une teneur en eau de la neige ainsi qu'une valeur limite de rétention ("absence de fonte") nommée
capacité au champ de la neige. La figure 6.10 ci-après illustre ces principes en relation avec la répartition altimétrique
de la neige sur le bassin versant.
Fig. 6.10 - Distribution des conditions de fonte des neiges dans un bassin versant montagneux
(D'après Ward et Robinson, 1989).
Une méthode de calcul de fonte de neige relativement simple, originaire des Etats-Unis, est la méthode d'indice de
température ou de la méthode des degrés-jour qui relie le phénomène de fonte à la température de l'air. Elle présente
l'avantage d'utiliser des données météorologiques généralement accessibles.
La hauteur d'eau de fonte provenant de la fonte, sur i jours, est calculée par la formule suivante :
(6.12)
Où :
hf i jours : hauteur d'eau de fonte en i jours [cm],
k : coefficient exprimant l'influence des conditions naturelles et climatiques du bassin (excepté la
température) sur la fonte de la neige [cm/°C],
Ti : température moyenne journalière de l'air, au-dessus de zéro [°C] pour le jour j, déterminée pour
l'altitude moyenne du bassin,
To : température de référence, généralement admise comme égale à la température de congélation [°C].
On peut distinguer deux types de couvertures glaciaires : les glaciers permanents et la glace qui se forme au-dessus des
plans d'eau (lacs et rivières).
Un glacier est défini comme une masse de glace à la surface du sol (l'hydrologue englobe dans la notion de glacier,
toutes glaces et neige pérennes), constituée de la recristallisation de la neige ou d'autres précipitations, se déplaçant
lentement vers l'aval.
Rappelons que l'équivalent en eau des glaciers ne représente que 2 % de la totalité de l'eau du globe, mais 77 % des
ressources en eau douce. La glace du globe se retrouve essentiellement en Antarctique (13,9 106 km2 et 90% de la
glace totale) et au Groenland (1,8 106 km2 et 9% de la glace totale). Seulement 1% de glace se retrouve dans les autres
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Chapitre 6 - Le stockage et ses variations Page 14 sur 14
régions du globe. Toutefois, cela peut représenter une quantité de glace importante à une échelle locale. Par exemple, le
volume total des glaciers suisses actuels pourrait recouvrir tout ce pays d'une couche de glace de 150 cm d'épaisseur, ce
qui correspond à peu près aux précipitations moyennes annuelles de la Suisse.
Le bilan annuel d'un glacier est, en général, calculé par des méthodes indirectes. Les études glaciologiques étant très
complexes et très coûteuses, on se contente, pour de nombreux glaciers, d'observer la fluctuation de leur front. Ce calcul
du bilan peut se faire selon trois possibilités, soit par bilan d'énergie, soit par bilan hydrologique ou encore par bilan
géodésique.
Les quantités de glace recouvrant les cours d'eau, les lacs et les réservoirs peuvent causer divers problèmes, entre autre
gêner la navigation, endommager certains ouvrages ou former des embâcles. Ces dernières peuvent par la suite
générer des débâcles brutales pouvant provoquer de sérieuses inondations.
Le régime caractérisant la formation de glace recouvrant des lacs et des rivières peut-être estimé par les éléments
suivants :
Epoques de la débâcle.
L'épaisseur de la glace est le seul élément qui peut être déterminé par des mesures, au moyen d'une tarière de sondage
et à la règle, à des endroits représentatifs de la rivière, lac ou réservoir. Les autres caractéristiques sont évaluées
visuellement.
Sur les cours d'eau et lacs importants, les observations aériennes sur la formation de la glace ou la débâcle sont d'une
grande valeur. Les données de télédétection (infrarouges), fournies par les satellites permettent également une estimation
des caractéristiques de la glace sur les lacs et les réservoirs.
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