Agrobusiness
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FICHE THEMATIQUE
AGROBUSINESS ET RISQUES
SANITAIRES
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SOMMAIRE
INTRODUCTION....................................................................................... 4
LA CONCENTRATION DU SECTEUR ALIMENTAIRE MONDIAL .................... 4
LA GRANDE DISTRIBUTION ............................................................................... 5
LE CONTRÔLE DES FILIERES .............................................................................. 6
LES CONDITIONS DE TRAVAIL EN QUESTION .................................................... 7
LE RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT POINTE DU DOIGT...................................... 8
L’accès à une alimentation suffisante et de qualité est un enjeu partagé par tous
les pays alors que le système alimentaire, de plus en plus mondialisé, ne parvient pas à y
répondre. Pour faire face aux défis économiques, sociaux et environnementaux, la
souveraineté alimentaire, l’agroécologie et le consommer local ouvrent des perspectives
prometteuses. L’appropriation par les citoyens des enjeux alimentaires du local au global
est primordiale afin qu’ils contribuent à la construction de systèmes alimentaires durables
et solidaires et au droit à l’alimentation.
Ces fiches sont un support pour organiser un évènement dans le cadre du Festival
ALIMENTERRE (15 octobre au 30 novembre) mais aussi toute l’année. Ces fiches sont un
support pour organiser un évènement dans le cadre du Festival ALIMENTERRE (15 octobre
au 30 novembre), mais aussi toute l’année. Si vous souhaitez être accompagnés dans
l’organisation de votre évènement, n’hésitez pas à contacter la coordination ALIMENTERRE
présente sur votre territoire.
www.alimenterre.org/le-reseau-alimenterre
www.alimenterre.org/la-boite-a-outils
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INTRODUCTION
Face à une population croissante, la demande alimentaire mondiale augmente sans cesse.
Beaucoup de pays en développement sont tentés par la réalisation de complexes agricoles
agro-industriels. L'Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA) a lancé une conquête
de développement de l’agrobusiness en Afrique. Le marché de l’agrobusiness devrait
représenter 1 000 milliard de dollars à l’horizon 2030 1.
L’agrobusiness désigne l’ensemble de la filière agricole industrielle 2 et des produits issus d’une
agriculture intensive en intrants chimiques, fortement mécanisée et caractérisée par de hauts
rendements.
1
https://www.financialafrik.com/2017/09/05/agrobusiness-en-afrique-un-marche-de-1000-milliard-de-dollars-
a-lhorizon-2030/
2
De la production à la commercialisation en passant par la transformation.
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quelques acteurs économiques, de plus en plus influents sur les politiques commerciales et
agricoles.
LA GRANDE DISTRIBUTION
Pendant les Trente Glorieuses, on assiste à la « révolution des supermarchés » due à
l’augmentation des revenus et à l’urbanisation de la demande alimentaire. Les Européens
effectuent 70% de leurs achats alimentaires dans les hypermarchés et supermarchés 3.
3
Étude Bain et Company, 2014
4
Vidéo Animation du BASIC « Qui a le pouvoir ? », http://lebasic.com/chocostarz-la-nouvelle-animation-video-co-produite-par-le-basic/
5
Source : Cabinet Performances management consulting
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La filière banane
Dans la filière banane, l’intégration verticale permet aux entreprises de contrôler toutes les
opérations de la chaîne d’approvisionnement, depuis la phase de production jusqu’aux
réseaux de distribution. Une multinationale pratiquant l’intégration verticale du commerce de
la banane est propriétaire de la plantation dont elle est l’unique client. Elle peut ainsi faire
pression sur les prix (selon la bourse), se permettre des retards de paiement et des menaces
sur les contrats ou imposer des mises aux normes à la charge du producteur.
Concurrence déloyale
6
Devlin Kuyek, chercheur à l’ONG Grain
7
Source: Pauline Dominguez, « Les consommateurs et les fournisseurs sont devenus dépendants », In Dossier L’invasion des
supermarchés, les pays du Sud doivent-ils avoir peur ?, Altermondes, Déc. 2015
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Dans la filière banane, les ouvriers agricoles ne touchent que 4,4% du prix (contre 56,4%
pour les supermarchés) et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles (journées de
travail allant jusqu’à 12h, exposition aux pesticides, droit syndicaux méprisés) 8. Le travail des
enfants dans les plantations équatoriennes (1er pays exportateur) est largement répandu.
Le CFSI, en partenariat avec la CGT, met en œuvre depuis 2014 un projet pour la santé et
la sécurité au travail dans l'industrie de la banane dans le cadre de son programme «
Coopérer autrement en acteurs de changement » (CAAC).
Au Brésil, d’où proviennent 80 % des oranges pour l’industrie du jus d’orange, la durée
légale du travail hebdomadaire est de 44 heures maximum. Cependant, d’après une étude du
syndicat allemand Verdi et de l’ONG Christliche Initiative Romero, la pression est telle que les
horaires ne sont jamais respectés, notamment dans les plantations d’oranges.
Alors qu’il existe un salaire minimum, les travailleurs des plantations d’oranges sont payés au
kilo. En moyenne, un employé gagne 9 euros par jour en portant près de 2 tonnes de fruits.
Alors qu’il faut gagner au moins 15 euros par jour au Brésil pour avoir une vie décente. Des
séquelles suite à la manutention dans les orangeraies sont souvent mentionnées. L’exposition
aux produits chimiques aussi fait courir un risque sanitaire important aux employés. Ceci est
imputable à un usage de pesticides sans précaution : il n’y a pas de formation pour apprendre
leur utilisation et les outils de protection ne sont pas adaptés.
Les ouvriers agricoles dans les pays riches ne sont pas toujours mieux lotis qu’en Amérique
du Sud. Le film Food Chains témoigne de la situation de la filière tomate en Floride. Dans
la zone d’Immokalee, la culture de la tomate est très répandue et le secteur exploite chaque
année un nombre important de travailleurs migrants en situation irrégulière. Tout comme
8
Source : Oxfam, Des fruits au goût amer, 2016 https://www.oxfam.de/system/files/oxfam_web_des_fruits_au_gout_amer.pdf
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dans les filières bananes et oranges, les ouvriers agricoles sont en général payés à la tâche et
non à l’heure travaillée, un système hérité directement de l’esclavage. Obligés de travailler à
un rythme intenable, les ouvriers agricoles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils gagnet
en moyenne 1.000$ par mois (854 euros). La Coalition des travailleurs d’Immokalee (CIW)
s’est rapidement aperçue que leurs employeurs directs avaient peu de marges de
manœuvres. La Coalition a alors décidé de porter ses revendications salariales directement
devant les géants de l’agroalimentaire (Voir Fiche thématique Circuits courts et autres
alternatives de commercialisation).
Cette situation existe aussi en Europe comme le dénoncent des rapports et documentaires,
par exemple dans la production de fruits et légumes dans le Sud de l’Espagne 9,
Dans les cas les plus extrêmes les travailleurs sont sujets à une forme d’esclavagisme
moderne. Cela repose sur l’extrême pauvreté de ces personnes qui ne peuvent pas se
permettre de perdre leur emploi et sont prêts à tout accepter pour le conserver.
Le Brésil est le premier consommateur de pesticides du monde. D’après Raquel Maria Rigotto,
docteur en sociologie à l’Université fédérale de l’Etat du Ceará au Brésil, un tel modèle
agricole ne répond pas aux intérêts du pays, mais plutôt à ceux de grands groupes étrangers
et à ceux de l’industrie chimique. En effet, le Brésil est un pays tropical avec une biodiversité
très riche, il reproduit cependant un type d’agriculture correspondant à celui de pays froids
avec une biodiversité moins importante (type Europe ou Etats-Unis).
Les pesticides, leur ingestion et leur utilisation comportent des risques importants pour la
santé. D’après une étude épidémiologique réalisée dans l’Etat du Ceará, sur 545 travailleurs,
9
FIDH, Main d'œuvre importée pour fraises exportées, 2012 http://www.alimenterre.org/ressource/main-doeuvre-importee-fraises-
exportees
El Eljido, la loi du profit, 2007 http://www.alimenterre.org/film/el-ejido-loi-profit
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32 % d’entre eux ont déjà été intoxiqués aux pesticides. Et des affections chroniques se
manifestent sur le long terme, parfois même 20 ans après l’exposition.
Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), chaque année, entre 20 000 et 200 000
décès sont directement dus aux pesticides, surtout dans les pays en développement où
environ un tiers des pesticides utilisés ne sont pas conformes aux normes internationales. Il
s’agit d’ouvriers agricoles mais aussi de personnes habitant près de champs fréquemment
pulvérisés ou simplement celles qui absorbent des pesticides par le biais de l’alimentation.
Il est impossible aujourd’hui d’ignorer l’impact négatif des pesticides sur la santé des
consommateurs. En Europe, plus de 70 % des fruits contiennent des résidus de pesticides
avec dépassement de doses légales. D’après une étude menée par des experts de l’Institut
national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) s’appuyant sur la littérature
scientifique des 30 dernières années, un lien est observé entre l’exposition aux pesticides et
certaines pathologies telles que la stérilité masculine, une augmentation des risques de
développer la maladie de Parkinson, certains cancers, etc.
Les abeilles jouent un rôle primordial dans l’écosystème. Plus de 80 % des espèces
végétales (plantes, fruits, légumes) dépendent directement de la pollinisation des abeilles.
Les pesticides empoisonnent les plantes et les pollens et font disparaître des fleurs. Les
abeilles sont sensibles aux traitements phytosanitaires. Elles meurent de maladies qui
déciment les colonies.
Treize Etats européens, dont la France, ont voté en 2013 contre l’utilisation de trois
pesticides mis en cause dans la disparition des abeilles. Les trois pesticides de la famille
des néonicotinoïdes sont depuis sous moratoires et pourraient être véritablement interdits
dans toutes les grandes cultures en 2018.
D’autres pesticides ont un effet dévastateur sur les abeilles. C’est le cas par exemple du
pesticide Régent (sur les tournesols) ou encore Cruiser (destiné à la culture du maïs). Une
abeille qui butine une fleur traitée avec ce pesticide meurt avant de pouvoir retourner à la
ruche. Einstein disait que si les abeilles disparaissaient, l’humanité n’aurait plus que quatre
années à vivre.
QUELLES ALTERNATIVES ?
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négatives générées par les entreprises dont ils achètent les produits et les services. Il
faut mettre en place la conditionnalité sociale et environnementale des aides publiques
aux entreprises.
• Favoriser la transparence et l’information par la certification ou labellisation
afin de permettre aux consommateurs d’être informés.
• Réduire l’influence des grands groupes sur les politiques publiques en
renforçant les contrôles démocratiques en revalorisant les circuits courts et le
commerce équitable.
• Réguler les marchés ou l’usage de produits chimiques et toxiques afin de
limiter les effets néfastes sur le cadre de vie des fournisseurs, des ouvriers agricoles et
des consommateurs, et sur l’environnement.
• Encadrer les pratiques commerciales déloyales des supermarchés en mettant
en place un mécanisme de régulation permettant aux producteurs qui alimentent
le marché européen de porter plainte de manière anonyme et indépendamment de
leur pays d’origine, au sein ou hors de l’UE.
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ORIENTATIONS PEDAGOGIQUES
Comment mieux répartir la valeur ajoutée entre les acteurs des filières ?
Filmographie
Julie Delettre (2016). Film «Mexique, sous l'emprise du Coca » Wilde Angle Productions &
Public Sénat. Sélection festival ALIMENTERRE 2018. [En ligne] :
http://www.alimenterre.org/film/mexique-sous-lemprise-coca
Sanjay Rawal, Eva Longoria et Eric Schlosser (2014). Film “Food Chains”. Illumine Films and
Two Moons Productions. Sélection festival ALIMENTERRE 2016. [En ligne] :
http://www.alimenterre.org/film/food-chains
Bibliographie
Le Basic, Oxfam (2018). Etude « Mûr pour changer : En finir avec les souffrances humaines
liées aux filières dominées par les supermarchés ». https://lebasic.com/derriere-le-code-
barres-des-inegalites-en-chaine/
Clara Jamart et al. (2017). «Agriculture africaine : l'impasse des pôles de croissance
agricole », Action contre la faim, CCFD Terre Solidaire, Oxfam France, p.42. URL:
http://www.alimenterre.org/ressource/agriculture-africaine-limpasse-poles-croissance-
agricole
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