Synthèse Manon Lescaut
Synthèse Manon Lescaut
Synthèse Manon Lescaut
4/ Lescaut
- Il conseille à Des Grieux de vendre sa sœur et espère bien profiter de cet argent p
91: « Une fille comme elle devrait nous entretenir, vous, elle et moi. […] Il me
confessa impudemment qu’il avait toujours pensé de même, et que, sa sœur ayant
violé les lois de son sexe, quoiqu’en faveur de l’homme qu’il aimait le plus, il ne
s’était réconcilié avec elle que dans l’espérance de tirer parti de sa mauvaise
conduite. »
-Il met d’ailleurs cela en pratique p 107 : « je donnai le temps à Lescaut d’entretenir
sa sœur, et de lui inspirer, pendant mon absence, une horrible résolution. Il lui parla
de M. de G…M…, vieux voluptueux, qui payait prodiguement les plaisirs, et il lui fit
envisager tant d’avantages à se mettre à sa solde que, troublée qu’elle était par notre
disgrâce, elle entra dans tout ce qu’il lui prit de lui persuader. »
- Il meurt d’ailleurs assassiné pour ce qui ressemble à un règlement de compte :
« Lescaut avait gagné si rapidement que l’autre s’était trouvé cent écus de moins en
une heure, c’est-à-dire tout son argent. Ce malheureux, qui se voyait sans un sou,
avait prié Lescaut de lui prêter la moitié de la somme qu’il avait perdue ; et sur
quelques difficultés nées à cette occasion, ils s’étaient querellés avec une animosité
extrême. Lescaut avait refusé de sortir pour mettre l’épée à la main, et l’autre avait
juré, en le quittant, de lui casser la tête : ce qu’il avait exécuté le soir même. » p 175
5/ Deux personnages s’opposent à ces marginaux : le père de Des Grieux et son
ami, Tiberge
- Son père exprime son désespoir face aux « désordres » de son fils : « Qu’un père
est malheureux, lorsque, après avoir aimé tendrement un fils et n’avoir rien épargné
pour en faire un honnête homme, il n’y trouve, à la fin qu’un fripon qui le
déshonore. » p 234 et p 234-235 « quel remède contre un mal qui augmente tous les
jours tel que les désordres d’un fils vicieux qui a perdu tous sentiments
d’honneur ? ». Il se montre pourtant bon et pardonne à son fils la première fois après
l’avoir fait enlever. Puis il exprimera sa « vive colère ». Ses valeurs sont l’ordre, le
respect et l’honneur. (Celles de Des Grieux sont le bonheur personnel, les sentiments
et le plaisir propre à l’amour)
Des Grieux regrettera son comportement de « fils ingrat et rebelle » à la fin du roman
à son retour en France p 287 : « J’ai appris, par la réponse de mon frère aîné, la triste
nouvelle de la mort de mon père, à laquelle je tremble, avec trop de raison, que mes
égarements n’aient contribué. »
- Tiberge est le personnage opposé à Manon. Il représente la droiture et tente
toujours de ramener Des Grieux à la raison, à la morale et à Dieu.
Tiberge ne peut que le condamner comme à la page 135 : « reconnaître, comme je le
faisais, que l’objet de mes attachements n’était propre qu’à me rendre coupable et
malheureux, et de continuer à me précipiter volontairement dans l’infortune et dans
le crime, c’était une contradiction d’idées et de conduite qui ne faisait pas honneur à
ma raison. »
C’est à lui que Des Grieux fait appel quand il est désespéré et sans argent p 170 : « le
bon Tiberge, me refusera-t-il ce qu’il aura le pouvoir de me donner ? Non, il sera
touché de ma misère ; mais il m’assassinera par sa morale. »
Celui-ci viendra d’ailleurs en Amérique pour le retrouver. L’histoire se termine avec
ce constat p 286 : « Je ne pouvais marquer trop de reconnaissance pour un ami si
généreux et si constant. » Ainsi, au début du récit il prend ses distances avec lui pour
vivre avec Manon mais à la fin il retrouve cette amitié sincère p 286 : « Je lui déclarai
que toutes mes semences de vertu qu’il avaient jetées autrefois dans mon cœur
commençaient à produire des fruits dont il allait être satisfait. Il me protesta qu’une
si douce assurance le dédommageait de toutes les fatigues du voyage.
On peut donc constater que le chevalier Des grieux est capable, à la fin de son
histoire, de reconnaître ses torts et de ressentir des scrupules. Quand l’objet de sa
passion a disparu, il retrouve une conscience morale et sa raison.
Quel est l’intérêt du choix de ces personnages marginaux ?
- Il suscite la curiosité du lecteur car ces personnages rendent compte
d’un milieu qui n’est pas celui de son quotidien
- Il sert l’objectif de l’auteur l « Avis de l’auteur des Mémoires d’un
homme de qualité » : « L’ouvrage entier est un traité de morale,
réduit agréablement en exercice. ». En effet cette passion le conduit
au malheur, à la chute et à l’exil.
V/ Roman ou tragédie ?
1/ éléments propres à la tragédie
Au début du roman, l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité présente Des
Grieux comme « un jeune aveugle, qui refuse d’être heureux, pour se précipiter
volontairement dans les dernières infortunes »
. Des Grieux est un aveugle car ne il voit pas le destin, il est vulnérable. Il est aux
prises de sa passion amoureuse et rien ne peut conjurer son mauvais sort et son
destin fatal écrit dès le premier chapitre de ce récit rétrospectif : « C’était malgré elle
qu’on l’envoyait au couvent pour arrêter son penchant au plaisir, qui s’était déjà
déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. »
. Ce roman comporte 5 actes :
- L’exposition : rencontre Renoncour/ Des Grieux
- Actes II à IV : infidélité de Manon avec M de B…, avec le vieux G…M et
avec le fils de celui-ci avec à chaque fois une sanction (enfermement
chez M. Des Grieux, à Saint-Lazare et au Châtelet avec déportation de
Manon)
- Acte V : arrivée en Amérique avec la mort de Manon
Le dénouement est connu dès le début comme dans une tragédie classique mais si la
déportation de Manon est annoncée dès les premières pages, la mort de Manon est
une surprise à la fin du récit. »
Le ton de Des Grieux est tragique en utilisant les notions de « trahison », « fatalité »,
« malheur », « cruauté » tout au long du récit.
Notre 3 ème extrait (rupture définitive) met bien en valeur ce ton tragique.
Autre citation qui prouve encore le lien entre ce roman et la tragédie p 222 « Nous
étions dans le délire du plaisir, et le glaive était suspendu sur nos têtes. »