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Jours de Ténèbres Elvis Cochran 1st Edition Alain Decker Full Chapter Free

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Jours de ténèbres Elvis Cochran 1st

Edition Alain Decker


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JURY DU GRAND PRIX DES ENQUÊTEURS
2023
Patrick BAUDOT (secrétaire)
Commandant divisionnaire fonctionnel
Ancien chef d’état-major de la brigade criminelle

Philippe BILGER
Magistrat honoraire
Président de l’Institut de la parole
Chroniqueur CNews et Sud Radio

Philippe BLANCHET
Chroniqueur polar Le Figaro Magazine

Robert BOUDJEMADI
Grand libraire, enseignes CULTURA

Maryvonne CHAPALAIN
Ancienne chef de groupe BRB
Spécialiste française des violences faites aux femmes

Rémi COSTAGLIOLA DI POLIDORI


Médecin légiste
Expert près la cour d’appel de Toulouse
Agréé par la Cour de cassation
Didier DECOIN
Président de l’académie Goncourt
Écrivain, scénariste

Jean-Jacques DELEMARLE
Chef de l’amphithéâtre de l’Institut médico-légal de Paris
Expert en restauration d’empreintes digitales

Janine DRAI
Magistrate
Conseiller honoraire à la chambre criminelle de la Cour de
cassation
Présidente de la commission d’instruction
de la Cour de justice de la République

Pierre-Louis DURAND
Ancien procédurier de la brigade criminelle
Ancien chef d’état-major à la DRPJ
A participé à la mise en œuvre
de la police scientifique et technique

Maître Léon Lef FORSTER


Avocat pénaliste honoraire

Patrice GEORGES-ZIMMERMANN
Archéologue à l’Inrap
Expert judiciaire près la cour d’appel de Toulouse
Expert près la Cour pénale internationale

Maître Julie GRANIER


Avocate au barreau de Paris

Olivier MARCHAL
Ancien inspecteur au SRPJ de Versailles
Acteur, scénariste et réalisateur

Colette OPER
Présidente de la chambre de l’instruction honoraire

Docteur Olivier PASCAL


Expert agréé par la cour d’appel
Directeur général de l’Institut français des empreintes
génétiques

Mathieu SIMONÉ
Commandant de police fonctionnel
Ancien chef de groupe de la brigade de la répression du
proxénétisme

Alain Vasquez
Commandant de police fonctionnel
Ancien chef de groupe à la brigade criminelle

Membre d’honneur :
Guy SAVOY
Cuisinier
Collection dirigée par Glenn Tavennec
L’auteur

Grand voyageur et globe-trotter, Alain Decker a vécu aux États-Unis et étudié à


l’université de San Diego (Californie). Après un tour du monde de deux ans, il est revenu
s’installer en France il y a une vingtaine d’années et vit aujourd’hui en Normandie, où il
travaille dans l’univers de l’enseignement supérieur et du tourisme. Jours de ténèbres est
son premier roman.

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« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée
à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de
tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est
strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles
L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se
réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété
intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »

© Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris 2023


© Société du Figaro, S.A.S., Paris, 2023

Avec la participation du restaurant Guy Savoy

Couverture : © Richard Nixon/Arcangel Images

ISSN 2431-6385

EAN 978-2-221-27136-0

Éditions Robert Laffont – 92, avenue de France, 75013 Paris

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


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Ne pas voir le brouillard sur le chemin, c’est oublier ce qu’est
l’homme, oublier qui nous sommes nous-mêmes…
Milan Kundera, Les Testaments trahis
À Laetitia
SOMMAIRE
Titre

Jury du grand prix des enquêteurs 2023

L'auteur

Copyright

Exergue

Dédicace

Dimanche 12 mai

Chapitre 1.

Chapitre 2.

Chapitre 3.

Lundi 13 mai
Chapitre 4.

Chapitre 5.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.

Chapitre 9.

Chapitre 10.

Chapitre 11.
Chapitre 12.

Chapitre 13.

Mardi 14 mai
Chapitre 14.
Chapitre 15.

Chapitre 16.
Chapitre 17.

Chapitre 18.

Mercredi 15 mai
Chapitre 19.

Chapitre 20.
Chapitre 21.

Chapitre 22.
Chapitre 23.

Jeudi 16 mai

Chapitre 24.

Chapitre 25.
Chapitre 26.

Chapitre 27.
Chapitre 28.
Chapitre 29.

Chapitre 30.

Vendredi 17 mai
Chapitre 31.
Chapitre 32.

Chapitre 33.
Chapitre 34.
Chapitre 35.
Chapitre 36.
Chapitre 37.

Chapitre 38.

Chapitre 39.
Chapitre 40.
Chapitre 41.
Chapitre 42.

Chapitre 43.

Chapitre 44.

Samedi 18 mai
Chapitre 45.
Chapitre 46.

Chapitre 47.
Chapitre 48.

Dimanche 19 mai
Chapitre 49.
Chapitre 50.

Chapitre 51.
Chapitre 52.
Chapitre 53.

Lundi 20 mai

Chapitre 54.
Chapitre 55.

Chapitre 56.
Chapitre 57.
Chapitre 58.

Chapitre 59.
Chapitre 60.
Chapitre 61.

Épilogue

Remerciements

Parus dans La Bête Noire


DIMANCHE 12 MAI
1.

J’en avais admiré, dans ma vie, des couchers de soleil. Des


magnifiques. Des grandioses. Des indescriptibles. Des bouleversants,
aussi : au nord du Wyoming en particulier, dans ce coin perdu du
grand Ouest américain, où des souvenirs d’enfance d’un ciel rouge
sang qui se déchire au goutte-à-goutte pour virer au noir dans une
inexorable coagulation sont à jamais gravés dans ma mémoire. Mais,
ce soir de mai, je devais reconnaître que la nature s’était surpassée.
Le contexte m’était favorable, puisque cette fin de semaine m’avait
entraîné, accompagné de Sue, ma compagne, du côté du sud-est de
la Californie, là où les cactus géants semblent vous narguer du haut
de leur imposante stature pendant que la silhouette arrondie des
« collines de chocolat » – comme les premiers pionniers de la ruée
vers l’or avaient baptisé les montagnes environnantes – vous invite à
des rêves gourmands. Nous venions de passer trois jours hors du
temps, dans un petit village perdu nommé Rockwood, au cœur d’un
désert aux teintes ocre. En dehors des douze mètres carrés de notre
chambre d’hôtel (le seul du coin à posséder l’essentiel, à savoir : un
lit double, des draps propres, une salle de bains avec l’eau courante
et une climatisation à peu près silencieuse), nos rares escapades
nous avaient entraînés de l’autre côté de la frontière mexicaine toute
proche, le temps d’avaler quelques tamales et d’acheter, pour Sue,
une paire de boots noires en lézard. Le paradis, ou presque… Perdu
dans mes pensées, je jouissais béatement du spectacle du soleil
disparaissant peu à peu derrière ce paysage aride, moucheté de
traînées orange, tout en veillant à ne pas trop brusquer le moteur de
ma vieille Coccinelle cabriolet jaune citron, millésime 1971, qui nous
ramenait tranquillement vers San Diego. Cette voiture était le seul
objet de valeur ayant trouvé grâce à mes yeux et mon côté
maniaque était le meilleur ange gardien pour prolonger son
exceptionnelle longévité. Sue, en revanche, ne semblait pas plus
absorbée que ça par le côté grandiose de la nature, puisqu’elle
tentait depuis plusieurs minutes de retirer ses baskets en se
contorsionnant sur son siège.
— Je l’aime bien ta voiture, Elvis, mais, sincèrement, on y est
vraiment trop serré.
— Tu peux toujours aller t’allonger sur la banquette arrière, si tu
préfères, rétorquai-je en souriant, tout en me demandant en mon
for intérieur si je plaisantais réellement.
Avec Sue, j’avais appris à manier l’humour avec précaution, et
j’étais très souvent obligé de m’en tenir à certaines limites. Une
grimace narquoise me répondit, prouvant que je n’avais pas trop
dépassé les bornes, suivie quelques secondes plus tard d’un gros
soupir de soulagement. Presque aussitôt, son pied gauche enfin nu
et libéré se mit à venir dangereusement jouer sur ma Converse
droite. Sans chercher à me défendre, je dressai néanmoins
mentalement une liste de répliques destinées à calmer ses
dangereuses ardeurs quand une musique électronique déchira mes
tympans. Par une chance monumentale, c’était la première fois,
depuis le début de notre week-end, que le téléphone portable de
Sue se mettait à sonner. Ma compagne, journaliste au San Diego
Union Tribune, avait réussi à s’arracher pendant près de soixante-
douze heures à la tyrannie de sa vie professionnelle. La seule
concession qu’elle m’avait cependant supplié de lui accorder était de
pouvoir emporter avec elle son satané téléphone. Quant au mien, il
était resté prisonnier dans un tiroir de mon bureau, sans lui laisser la
moindre chance de salut, en ce week-end sacré. L’esclavagisme
électronique se devait d’être aboli. Telle était ma fumeuse théorie.
Mais à présent que nous venions d’attaquer le cinquième mois de
notre rencontre, j’avais définitivement abandonné l’idée de guérir
Sue de sa nomophobie, comme disent les pseudo-psys des médias
quand ils parlent de notre addiction au téléphone portable. D’autant
plus qu’elle enfonça le clou en me tendant son appareil.
— Tu ne devines pas qui c’est ? C’est pour toi !
Instinctivement, je ralentis et portai à mon oreille, à contrecœur,
ce vulgaire assemblage de métal et de plastique. En réprimant un
bâillement, je marmonnai mon nom, sans conviction, tout en garant
la Cox dans un nuage de poussière ocre, teinté par les derniers
rayons orangés du soleil.
— Cochran, j’écoute ?
— Waouh, j’y crois pas, me répondit une voix familière, je parle
dans un téléphone portable au seul flic du pays qui arrive à s’en
passer ! Je ne te dérange pas, au moins, rassure-moi ?
En règle générale, mon partenaire habituel, le lieutenant Alex
Craddock, pilier du SDPD, le San Diego Police Department, était un
type bourré de joie de vivre et d’humour, qui essayait d’ajouter dans
chacun des mots qu’il prononçait un « quelque chose » qui faisait
qu’on se sentait immédiatement à l’aise en l’écoutant. Dans ce cas
précis, même si la forme y était, je voyais bien que le fond dérapait
un peu ; il y avait près d’un an que nous étions coéquipiers, et je
commençais à bien cerner l’animal ; je sentis instinctivement que
l’ami Alex n’avait pas composé le numéro de Sue pour me demander
la recette du chili con carne. Je l’invitai immédiatement à entrer dans
le vif du sujet.
— T’inquiète, grizzli (je peux rarement m’empêcher cette petite
familiarité sur son physique, en rapport direct avec le quintal de
graisse que trimballe mon coéquipier). Vas-y, je t’écoute. Que me
vaut l’honneur de ton appel ?
— Tu situes l’université internationale, sur Pomerado Road ?
— Évidemment, c’est à quelques blocs de chez moi. Pourquoi ?
— Je veux dire, tu connais l’endroit ? Tu y es déjà allé ?
— Jamais mis les pieds. Tu cherches une cavalière pour le bal de
fin d’année ?
La suite me fit aussitôt regretter ce mauvais trait d’esprit. La voix
soudainement mal assurée, Alex Craddock poursuivit, dans un
souffle :
— Oui, eh bien, il y en a une qui n’ira pas à ton bal, ni plus
jamais à aucun autre. On a découvert son corps dans les toilettes du
campus, il y a quelques heures à peine. Lena Johannsson, qu’elle
s’appelait, la gamine. Suédoise, vingt et un ans, blonde évidemment.
Jolie fille, aussi, probablement.
Le silence qui conclut cette dernière remarque me laissa deviner
sans aucun mal les phrases qui allaient suivre. Suspendue à mes
lèvres, Sue se passait nerveusement la main dans ses longs cheveux
auburn ; sa bouche n’était plus qu’un léger fil sombre et ses yeux
verts brillaient avec l’insistance obsessionnelle que je lui connaissais
trop bien. Son pied ne cherchait plus mon contact et avait
prudemment battu en retraite. Je savais que l’instinct journalistique,
qu’elle avait réussi à endormir le temps de notre parenthèse de
repos, venait brutalement de se réveiller. D’un mot, j’invitai Alex à
poursuivre le récit.
— Probablement ?
— Oui, c’est ce que laissent imaginer ses yeux bleus. On les a
retrouvés dans la piscine du campus. Arrachés, sans doute à l’aide
d’une cuillère ou un truc comme ça. La langue n’était pas loin non
plus. Tranchée à vif.
Je pris conscience tout à coup de la température extérieure, qui
devait frôler les trente degrés. Je sentais la sueur dégouliner
lentement le long de ma colonne vertébrale en un fin sillon moite,
humectant ma chemise en lin kaki jusqu’au dernier pli. J’imaginai
qu’au moment où ma Cox venait de sortir d’une quelconque usine
mexicaine ou brésilienne, son premier propriétaire n’avait pas jugé
bon de choisir la climatisation en option. De toute façon, je n’étais
même pas certain qu’à cette époque, ce genre de gadget existât
déjà. C’est dingue, les pensées futiles qui peuvent vous traverser
l’esprit dans de tels moments. Ravalant ma salive – ou ma
transpiration, je ne savais plus – je tentai de m’éclaircir l’esprit en
calculant la distance qui me séparait du lieu du crime.
— Bon… Il me semble qu’on vient de dépasser Plaster City. Ça
doit représenter une bonne centaine de kilomètres à avaler, au
maximum. Laisse-moi une grosse heure, j’arrive.
— OK, vieux. Ne traîne pas, on a besoin de toi ici.
Un bip désagréable m’apprit que Craddock était déjà retourné à
sa soumission de flic et n’attendait aucune réponse à cette prière. Je
soupirai bruyamment et lançai un regard en coin à Sue. Elle n’avait
capté que des bribes de conversation, et aurait vendu l’un de ses
reins pour savoir ce qui se tramait soudain dans sa bonne ville de
San Diego. Je renonçai finalement à affronter son regard et, les yeux
fixés sur la ligne d’horizon, je remis le contact et écrasai
l’accélérateur, dans un violent crissement de pneus.
2.

Moins d’une heure et demie plus tard, je déposai Sue en coup de


vent en bas de chez moi. Mon appartement, un vaste trois-pièces
que je louais à San Diego depuis mon installation en Californie, il y a
un an, était niché sous les combles d’une maison victorienne de Gold
Coast Drive, sur les hauteurs de Mira Mesa, tout au nord de la ville.
Je savais que, dans moins de trente secondes, ma journaliste de
compagne allait mettre à sac ce doux nid d’amour, à la recherche de
ses clés de voiture, son ordinateur portable, son appareil photo
numérique et autres accessoires du même genre ; elle allait revêtir
sa panoplie préférée, celle de reporter, et son pouls devait déjà
dépasser le rythme habituel d’une femme de son âge normalement
constituée. Malgré mon devoir de réserve, la nature de ma relation
avec Sue faisait allégrement exploser les remparts entre nos deux
professions, si proches et si différentes cependant. Tout au long du
trajet, Sue m’avait soumis à un feu nourri de questions dont
j’ignorais, pour la plupart, les réponses. J’avais néanmoins tenté de
lui répéter au mieux ce que l’ami Alex m’avait annoncé au téléphone,
tout en gardant pour moi mes premières réflexions. Un natif du
Wyoming fera toujours preuve d’une certaine distance, en toutes
circonstances : les pieds ne décollent jamais vraiment de la
poussière et réciproquement. C’est ce que mon grand-père paternel
m’avait, plus d’une fois, expliqué, et je n’avais eu, jusqu’à présent,
aucune raison de le contredire.

La nuit était tombée, à présent, sa chape de noirceur semblant


écraser de tout son poids cette soirée de dimanche qui s’annonçait
tragique. Descendant rapidement Gold Coast Drive, je bifurquai
ensuite vers la droite pour rejoindre Black Mountain Road. Le
quartier résidentiel de Mira Mesa avait été bâti sur les pentes d’un
canyon naturel baptisé Los Peñasquitos, ce qui avait pour effet de
rendre les rues et avenues incroyablement étroites et tortueuses. Au
bout de Black Mountain Road, j’engageai ma Coccinelle sur le pont
de la Freeway 15, la grande autoroute urbaine qui traversait la cité
du nord au sud. J’aboutis enfin à Pomerado Road, où se situait
l’université d’État, la United States International University, ou USIU
pour faire plus simple. L’entrée du campus était localisée au
numéro 10455. Ralentissant un peu l’allure, mes phares ne tardèrent
pas à éclairer un énorme panneau en béton, du plus pur style
éléphantesque, installé à droite de la chaussée. Les quatre lettres U,
S, I, U y étaient gravées en énormes bâtons sombres, assortis d’une
flèche lumineuse pointant en direction d’une allée goudronnée qui
grimpait à droite, vers une colline boisée. Bien qu’étant quasiment
un voisin de quartier, je n’avais jamais eu l’occasion de venir en ce
lieu. D’ailleurs, à vrai dire, je n’aurais jamais imaginé y être appelé
un jour : le peu que j’en savais, c’était que ce campus était surtout
fréquenté par de riches étudiants américains et étrangers, et offrait
un enseignement haut de gamme à ses hôtes. Et ce public, en
général, n’était pas de celui qui hantait les couloirs des tribunaux ou
peuplait les prisons de l’État. Progressant tant bien que mal sous les
frondaisons, ma voiture était freinée à chaque tour de roue par
d’imposants ralentisseurs, destinés à assurer quiétude et sécurité
aux heureux étudiants. Quelques centaines de mètres et deux ou
trois grincements de moteur plus loin, je passai devant un petit
poste de garde qui semblait déserté. Presque au même moment,
l’ombre d’un imposant bâtiment se dressa devant moi, faiblement
éclairé par d’antiques lampadaires à gaz.
— Ils n’ont pas installé l’électricité là-haut ? m’interrogeai-je
stupidement en murmurant, comme si la nuit allait me répondre.
En tout cas, pour une scène de crime récente, tout semblait
étrangement calme. J’en étais presque à me demander si je ne
m’étais pas trompé d’endroit quand une ombre surgie de nulle part
se dessina dans la lumière de mes phares et s’approcha de ma
fenêtre, une lampe torche à la main. Sans laisser le temps à la
silhouette d’ouvrir la bouche, j’extirpai ma plaque de police de la
poche intérieure de ma veste et la lui brandis sous le nez.
— Police de San Diego. À qui ai-je l’honneur ?
— Ah, vous êtes aussi de la police ? me répondit l’ombre.
— Non, je suis Marilyn Monroe et je viens tondre la pelouse. Je
répète : à qui ai-je l’honneur ?
— Fenwick. Arthur Fenwick. Je suis le veilleur de nuit de
l’université. C’est arrivé là-bas, à la piscine, expliqua-t-il en tendant
vaguement le bras en direction de la nuit, insensible à ma
malheureuse tentative d’humour.
— Lieutenant Cochran, me présentai-je à mon tour. Venez,
montez avec moi. Vous allez m’emmener sur place.
La soixantaine bien entamée, le dos légèrement voûté, Arthur
Fenwick était vêtu d’un costume marron qui semblait sortir tout droit
du pressing et arborait fièrement une casquette sur laquelle je
distinguai une étoile argentée. Une sorte de shérif très local, en
quelque sorte. D’une voix tendue, mon guide m’invita à contourner
le bâtiment principal pour emprunter une petite allée qui descendait
en douceur vers l’autre versant de la colline, où était implanté le site
universitaire. Un peu plus loin, le terrain redevenait plat. Au milieu
de ce plateau naturel avait été construite une splendide piscine qui
n’aurait pas juré dans le parc d’une villa hollywoodienne. Comme le
veut la procédure habituelle, la scène du crime avait été protégée
par un cordon jaune fluo du plus bel effet en ces lieux tamisés. Des
gyrophares bleus trouaient la nuit et une bonne centaine de
personnes s’agitait autour du bassin, dans un épais brouhaha. De
nombreux jeunes gens se massaient le long de la grille entourant la
piscine, téléphones portables brandis à bout de bras ou vissés à
l’oreille : personne ne voulait rater ce spectacle inédit et chacun
tenait à le partager avec sa « communauté numérique ».
— Bravo, soupirai-je, devant l’attraction haute en couleur qui
s’offrait à mes yeux. On se croirait à Disneyland la veille de Noël.
C’est parfait, il ne manque plus que l’armée et le FBI et on sera au
complet. Au fait, c’est vous qui nous avez prévenus ? demandai-je
au gardien.
— Oui, mais ce n’est pas moi qui ai trouvé le… euh… le corps. Ce
sont des étudiants qui ont donné l’alerte.
— Dites-moi, poursuivis-je tout en coupant le moteur de la Cox, il
y a du monde qui loge sur le campus ?
— Un bon millier d’étudiants, mais aussi une grande partie du
staff de l’université ainsi que quelques enseignants. La plupart
d’entre eux résident dans le lotissement qui borde le campus, au
sud.
— Eh bien, ça promet pour les interrogatoires. Bon, merci, je
vous reverrai plus tard, lui dis-je, en lui tapotant doucement l’épaule.
Je vous prie de m’excuser, mais je vais devoir…
— … bosser un peu après un week-end en amoureux !
Réprimant un sourire qui n’aurait pas été de circonstance, je
tournai la tête vers le propriétaire de cette voix caverneuse qui
venait de me couper la parole. Affublé de son éternel jean bleu
délavé que peinait à retenir une énorme ceinture élimée, une veste
militaire sur le dos qui avait dû servir pendant la guerre de Corée et
chaussé de sa légendaire paire de santiags, Alex Craddock fit son
apparition devant moi, les traits tirés et le visage envahi par une
expression que je ne lui connaissais pas encore. Sa monstrueuse
bedaine était à peine dissimulée par une chemise aux motifs
hawaïens, à demi ouverte sur une poitrine velue. Seul son brassard
estampillé SDPD attestait de son appartenance aux forces de l’ordre.
Notre rang de lieutenant nous dispensait fort heureusement du port
de l’uniforme. De toute façon, il aurait fallu lui tailler un costume sur
mesure, ce qui aurait fortement grevé le budget de la police. D’un
geste, Alex me fit signe de le suivre. Son visage, qui rappelait, en
temps normal, celui d’un gros bébé joufflu qui aurait vieilli trop vite,
était marqué par les récents événements. La sueur coulait le long de
ses tempes et ses rares cheveux grisâtres semblaient avoir été rincés
à l’huile de friture usagée. Fendant difficilement la foule des
badauds, nous parvînmes finalement aux abords de la piscine, où
l’effervescence était à son comble. Le périmètre de sécurité une fois
franchi, c’est en serrant machinalement quelques mains familières
que je me dirigeai vers une vieille connaissance, le Dr Marco Di
Mucci, le médecin légiste du comté de San Diego. Accroupi au bord
du bassin, il paraissait absorbé par la contemplation d’un objet qu’il
tenait délicatement du bout des doigts tout en le faisant tourner
devant ses yeux. Au moment où je m’apprêtai à signaler ma
présence, Alex Craddock me saisit par le bras et me souffla à
l’oreille :
— Nom de Dieu, Elvis, je te jure, j’ai encore jamais vu un truc
pareil ! On fait vraiment un putain de sale boulot.
Je savais mon partenaire étonnamment impressionnable, surtout
pour un type de sa carrure et au vu de son expérience de flic ; son
aversion pour la morgue, les hôpitaux en tout genre et même les
piqûres, était d’ailleurs un sujet de plaisanterie que ses collègues ne
se privaient pas de relever. Cependant, j’avoue sur le coup avoir été
assez troublé par sa remarque et c’est d’une voix atone que je
m’adressai au coroner :
— Bonsoir, Marco. Dis-moi juste ce que je dois voir et où ça se
passe.
— Salut, Elvis, répondit-il, sans se retourner ni interrompre son
travail. Je crois qu’on a finalement tout retrouvé. Je veux dire, toutes
les parties du corps de la fille.
— Parce qu’il y a d’autres pièces dans ce puzzle ?
Je prononçai ces mots presque par réflexe, alors qu’une
méchante boule commençait à jouer à l’ascenseur quelque part
entre mon diaphragme et mon estomac. Parce que moi, j’en étais
naïvement encore resté au descriptif sommaire d’Alex, enregistré
mentalement lors de notre dialogue sur le portable de Sue. Je
connaissais Di Mucci depuis mon arrivée à San Diego et savais par
expérience qu’il avait horreur d’être dérangé dans son travail, encore
plus sur la scène d’un crime. En particulier pour ne pas délivrer des
conclusions trop hâtives qui pourraient influencer négativement
l’enquête. Je me penchai donc prudemment par-dessus son épaule,
pour voir l’objet qu’il manipulait délicatement entre ses doigts.
Serrant les dents malgré moi, je m’efforçai de paraître le plus
détaché possible, mais le doute n’était pas permis. On distinguait
nettement l’ongle, encore recouvert d’une fine pellicule nacrée, puis
la première, la deuxième et enfin la troisième phalange,
parfaitement sectionnée au niveau du premier tendon, qu’il était en
train d’examiner avec la froideur qu’imposait son titre de médecin
légiste. Di Mucci étudiait tranquillement un pouce. Un pouce orphelin
des quatre autres doigts de la main.

Le pouce de Lena Johannsson, sans aucun doute.

Sentant soudain un souffle chaud contre ma nuque, je me


retournai vivement. Alex Craddock me collait littéralement au train.
D’un bref signe de tête, il m’indiqua un petit bâtiment qui jouxtait la
piscine, surveillé par deux officiers en tenue.
— Viens par-là, vieux, me murmura-t-il, t’as pas encore tout vu.
Laissant le coroner à ses macabres examens, je me dirigeai donc
vers l’endroit en question ; des hommes en combinaison blanche,
appartenant à l’équipe médico-légale de Di Mucci, entraient et
sortaient du lieu en discutant à voix basse, tels les membres d’une
mystérieuse secte aux rites séculaires. Il s’agissait en fait d’un local
qui servait à la fois de vestiaire pour les usagers de la piscine, mais
aussi de buanderie, puisqu’une batterie de lave-linge était alignée le
long du mur de droite. À peine y avais-je pénétré que l’odeur
caractéristique du sang, étrange alchimie âcre et épaisse aux relents
métalliques, me sauta aux narines. Presque aussitôt, je distinguai
une immense bâche d’un blanc éclatant qui avait été déployée sur le
sol carrelé et sur laquelle les techniciens de la morgue avaient
soigneusement entrepris de reconstituer le sinistre puzzle de ce qui,
quelques heures plus tôt, était encore un être humain. Devant moi
s’étalait un véritable inventaire de boucherie. Quelqu’un s’en était
donné à cœur joie. Les extrémités du corps de Lena Johannsson
avaient été découpées méthodiquement : les mains avaient été
amputées de leurs pouces et les pieds de leurs gros orteils. Mon
regard embrassa la scène et remonta le long du corps de la victime,
encore vêtu d’un jean sombre et d’une veste de survêtement vert
pomme, souillée de taches sanguinolentes. La tête, dont les cheveux
blonds brillaient ironiquement sous la lumière blanche des néons du
vestiaire, avait, elle aussi, été détachée, en grande partie, du reste
du corps, sectionnée juste en dessous de la mâchoire inférieure.
C’était cette blessure-là qui avait provoqué la mort par hémorragie, à
moins que la victime n’ait été étranglée auparavant. Comme me
l’avait annoncé Alex Craddock au téléphone, les orbites étaient vides.
Enfin, l’absence obscène du muscle de la langue défigurait
davantage encore ce visage qui avait dû pourtant être si séduisant.
La voix d’Alex Craddock, debout sur le pas de la porte, me tira
soudain de ce cauchemar et me fit sursauter.
— Les techniciens du labo ont presque fini de bosser, Elvis. À
nous de jouer.
Évidemment, étant donné le temps que j’avais mis pour revenir à
San Diego et foncer vers l’université, je ne pouvais espérer trouver
une scène de crime vierge de toute intervention post-criminelle. Au
contraire, vu le contexte du lieu et de la foule que j’avais déploré en
arrivant, il avait été urgent d’agir extrêmement rapidement, avant
que l’endroit ne se transforme en foire aux bestiaux. Néanmoins,
j’éprouvai une légitime frustration à débarquer ici avec un gros train
de retard par rapport à mes collègues dont les différents rapports,
aussi bien rédigés et documentés soient-ils, seraient à présent ma
principale base de travail pour cette enquête.
— Est-on vraiment certain que le meurtre a bien été commis ici ?
insistai-je quand même, un peu pour la forme.
— Viens, suis-moi, m’invita Craddock. Si tu n’es pas encore
convaincu, tu vas vite comprendre, amigo.
Au ton condescendant de sa voix, je n’aurais pas été autrement
surpris qu’il me prenne par la main pour m’emmener avec lui.
Heureusement, il n’en fit rien et je me contentai de le suivre, sans
broncher, de l’autre côté de la pièce, vers la partie « vestiaire ». Du
doigt, Alex me désigna une porte sur laquelle on pouvait lire
l’inscription Toilettes – Réservées aux handicapés.
— Vas-y, entre, articula-t-il dans un murmure. Je te laisse. J’en ai
déjà trop vu.
Moi qui pensais avoir atteint un sommet dans l’ignoble avec la
vision du corps lacéré de la jeune Suédoise, je me rendis
immédiatement compte que je venais, à l’instant même, de franchir
un nouveau palier.
3.

Je n’avais pas immédiatement saisi la valeur – si je puis dire – de


l’appel téléphonique d’Alex, quelques heures plus tôt. En effet,
même si nous avions l’habitude de travailler en duo, il nous arrivait
de nous retrouver séparés, selon les contraintes de chacun et les
différents plannings élaborés par notre supérieur hiérarchique direct,
le capitaine John Kaulana. Ce dernier mettait toujours un point
d’honneur à associer le lieutenant principal que j’étais à un second
lieutenant… qui s’avérait être très souvent l’ami Craddock. Ce week-
end-là, précisément, c’était Alex qui s’était retrouvé de permanence
à la brigade, pendant que je filais à l’anglaise profiter de la douce
compagnie de Sue. Et c’est lui qui, après avoir été informé du
meurtre sauvage perpétré sur le campus, avait pris l’initiative de me
prévenir et de me permettre ainsi d’être présent, au plus vite, sur la
scène de crime. Même si mon affectation à cette enquête n’aurait
été qu’une question d’heures, en raison de mes qualifications
professionnelles pour ce type d’homicide, j’appréciais à sa juste
mesure le geste de mon coéquipier. En fait, je touchais
concrètement du doigt ce que j’étais venu chercher en devenant flic.
Je vivais pour cela : je l’avais ressenti dès mes premiers pas, timides
et incertains, de jeune stagiaire dans la police de Cheyenne, tout au
sud de mon Wyoming natal, jusqu’à ma nomination ici en Californie.
Entre-temps, il y avait eu Chicago. Ma première affectation. Ma
première désillusion, aussi. Une ville sans fin, une mégalopole
insaisissable, une bête que je n’avais jamais réussi à dompter et
encore moins à caresser. J’y avais découvert tout ce que je détestais
depuis toujours : le vent, la foule, la pollution. Et l’autorité,
inévitablement. La discipline quasi militaire, les petits chefs, sans
oublier la police scientifique au rabais et les profilers de second
ordre, qui auraient plombé le plus mauvais scénario de la plus
minable des séries TV. J’avais vomi encore longtemps Chicago. Mais
ces considérations appartenaient aujourd’hui au passé. Ma demande
de mutation pour la Californie avait été immédiatement acceptée.
Mon dossier s’était retrouvé au sommet de la bonne pile, appuyé
comme il le fallait en récompense de mes états de service plus que
corrects. Et, à présent, le moment était idéal pour justifier –
professionnellement parlant – ma venue ici à San Diego. Un tel
meurtre sanglant constituait un fait exceptionnel dans la vie de cette
paisible cité balnéaire. Deuxième ville californienne par son nombre
d’habitants, San Diego est cependant loin de détenir les statistiques
criminelles de Los Angeles, sa proche voisine. Même au niveau
américain – et sans être allé vérifier les chiffres –, j’étais certain que
San Diego ne devait pas être très loin de la lanterne rouge des villes
du pays, question insécurité. En réalité, San Diego était une grosse
cité paisible, prisée des retraités nord-américains pour son
ensoleillement légendaire, ses plages interminables, sa superbe
marina et, de manière générale, sa qualité de vie, qui avaient été
autant de critères de choix dans ma demande de mutation, quand je
m’étais mis en tête de quitter Chicago : une sorte de préretraite
dorée qui commençait à me peser un peu, je me devais de le
reconnaître. Ramenant mes pensées au décor sordide qui
m’entourait, je respirai profondément par la bouche, en fermant les
yeux, pour les rouvrir presque aussitôt sur cette couleur vive,
brûlante et paradoxalement presque vivante, qui m’agressait à m’en
faire mal.

Un rouge profond. Un rouge sang.

Un sang à présent séché, qui tapissait les murs, le sol, le plafond,


la cuvette des toilettes et celle du lavabo de grotesques arabesques.
Instinctivement, je fis un pas en arrière pour permettre à mon
cerveau d’enregistrer le moindre détail de l’ensemble de ce tableau
morbide. La pièce devait mesurer près de trois fois la taille normale,
du fait de son accessibilité aux fauteuils roulants. Mon regard fut
immédiatement attiré par une tache plus large et plus sombre que
les autres, au pied de la cuvette en faïence. Sans aucun doute
l’endroit où le meurtrier avait détaché la tête du reste du corps. Je
m’attardai un peu plus longuement sur les projections de sang,
visibles sur les murs, l’arrière de la porte et sur le distributeur de
papier, qui semblaient plus étendues elles aussi et témoignaient des
soubresauts de la veine jugulaire. Je hochai la tête, en soupirant : il
allait falloir faire appel à un véritable expert pour essayer de tirer
quelques conclusions de cette boucherie sans nom. Repassant la
tête par la porte, je hélai Stan Taylor, l’un des techniciens de la
police scientifique avec qui j’avais déjà eu l’occasion de travailler,
pour qu’il me passe une paire de gants et de protections pour
chaussures en latex bleu isolant.
— Dis-moi, Stan, vous avez prélevé les échantillons qu’il vous
faut ? m’enquis-je en veillant à bien fixer mes protections autour des
chevilles.
— Non, lieutenant, c’est la dernière chose qu’il nous reste à faire
ici ce soir. On a tout photographié et on allait en terminer avec les
prélèvements quand on vous a vus débarquer, et on s’est dit qu’on
allait quand même vous garder une petite part du gâteau.
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The Project Gutenberg eBook of The writings of
Clement of Alexandria, Vol. 2 (of 2)
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Title: The writings of Clement of Alexandria, Vol. 2 (of 2)

Author: Saint of Alexandria Clement

Translator: William Wilson

Release date: February 22, 2024 [eBook #73020]

Language: English

Original publication: Edinburgh: T. & T. Clark, 1869

Credits: Wouter Franssen,Karin Spence and the Online


Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net
(This file was produced from images generously made
available by The Internet Archive)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK THE


WRITINGS OF CLEMENT OF ALEXANDRIA, VOL. 2 (OF 2) ***
ANTE-NICENE

C H R I S T I A N L I B R A RY:

TRANSLATIONS OF
THE WRITINGS OF THE FATHERS
DOWN TO A.D. 325.

EDITED BY THE

REV. ALEXANDER ROBERTS, D.D.,


AND

JAMES DONALDSON, LL.D.

VOL. XII.
CLEMENT OF ALEXANDRIA.
VOL. II.
EDINBURGH:
T. & T. CLARK, 38, GEORGE STREET.
MDCCCLXIX.

MURRAY AND GIBB, EDINBURGH,


PRINTERS TO HER MAJESTY’S STATIONERY OFFICE
THE WRITINGS
OF

CLEMENT OF ALEXANDRIA.

TRANSLATED BY
THE REV. WILLIAM WILSON, M.A.,
MUSSELBURGH.

VOLUME II.

EDINBURGH:
T. & T. CLARK, 38, GEORGE STREET.
LONDON: HAMILTON & CO. DUBLIN: JOHN ROBERTSON & CO.
MDCCCLXIX.
CONTENTS.

THE MISCELLANIES.
BOOK II.
CHAP. PAGE
1. Introductory, 1
2. The Knowledge of God can be attained only through Faith, 3
3. Faith not a product of Nature, 6
4. Faith the foundation of all Knowledge, 8
5. He proves by several examples that the Greeks drew from the
Sacred Writers, 12
6. The Excellence and Utility of Faith, 16
7. The Utility of Fear. Objections Answered, 20
8. The Vagaries of Basilides and Valentinus as to Fear being the
Cause of Things, 22
9. The Connection of the Christian Virtues, 26
10. To what the Philosopher applies himself, 29
11. The Knowledge which comes through Faith the Surest of All, 30
12. Twofold Faith, 33
13. On First and Second Repentance, 35
14. How a Thing may be Involuntary, 37
15. On the different kinds of Voluntary Actions, and the Sins thence
proceeding, 38
16. How we are to explain the passages of Scripture which ascribe to
God Human Affections, 43
17. On the various kinds of Knowledge, 45
18. The Mosaic Law the fountain of all Ethics, and the source from
which the Greeks drew theirs, 47
19. The true Gnostic is an imitator of God, especially in Beneficence, 57
20. The true Gnostic exercises Patience and Self-restraint, 60
21. Opinions of various Philosophers on the Chief Good, 71
22. Plato’s Opinion, that the Chief Good consists in assimilation to
God, and its agreement with Scripture, 74
23. On Marriage, 78

BOOK III.
1. Basilidis Sententiam de Continentia et Nuptiis refutat, 84
2. Carpocratis et Epiphanis Sententiam de Feminarum Communitate 86
refutat,
3. Quatenus Plato aliique e veteribus præiverint Marcionitis aliisque
Hæreticis, qui a Nuptiis ideo abstinent quia Creaturam malam
existimant et nasci Homines in Pœnam opinantur, 89
4. Quibus prætextibus utantur Hæretici ad omnis generis licentiam
et libidinem exercendam, 95
5. Duo genera Hæreticorum notat: prius illorum qui omnia omnibus
licere pronuntiant, quos refutat, 102
6. Secundum genus Hæreticorum aggreditur, illorum scilicet qui ex
impia de deo omnium conditore Sententia, Continentiam
exercent, 105
7. Qua in re Christianorum Continentia eam quam sibi vindicant
Philosophi antecellat, 110
8. Loca S. Scripturæ ab Hæreticis in vituperium Matrimonii adducta
explicat; et primo verba Apostoli Rom. vi. 14, ab Hæreticorum
perversa interpretatione vindicat, 112
9. Dictum Christi ad Salomen exponit, quod tanquam in vituperium
Nuptiarum prolatum Hæretici allegabant, 113
10. Verba Christi Matt. xviii. 20, mystice exponit, 116
11. Legis et Christi mandatum de non Concupiscendo exponit, 117
12. Verba Apostoli 1 Cor. vii. 5, 39, 40, aliaque S. Scripturæ loca
eodem spectantia explicat, 121
13. Julii Cassiani Hæretici verbis respondet; item loco quem ex
Evangelio Apocrypho idem adduxerat, 128
14. 2 Cor. xi. 3, et Eph. iv. 24, exponit, 129
15. 1 Cor. vii. 1; Luc. xiv. 26; Isa. lvi. 2, 3, explicat, 130
16. Jer. xx. 14; Job xiv. 3; Ps. l. 5; 1 Cor. ix. 27, exponit, 132
17. Qui Nuptias et Generationem malas asserunt, ii et dei Creationem
et ipsam evangelii Dispensationem vituperant, 133
18. Duas extremas Opiniones esse vitandas: primam illorum qui
Creatoris odio a Nuptiis abstinent; alteram illorum qui hinc
occasionem arripiunt nefariis libidinibus indulgendi, 135

BOOK IV.
1. Order of Contents, 139
2. The meaning of the name Stromata [Miscellanies], 140
3. The true Excellence of Man, 142
4. The Praises of Martyrdom, 145
5. On Contempt for Pain, Poverty, and other external things, 148
6. Some points in the Beatitudes, 150
7. The Blessedness of the Martyr, 158
8. Women as well as Men, Slaves as well as Freemen, Candidates 165
for the Martyr’s Crown,
9. Christ’s Sayings respecting Martyrdom, 170
10. Those who offered themselves for Martyrdom reproved, 173
11. The objection, Why do you suffer if God cares for you, answered, 174
12. Basilides’ idea of Martyrdom refuted, 175
13. Valentinian’s Vagaries about the Abolition of Death refuted, 179
14. The Love of All, even of our Enemies, 182
15. On avoiding Offence, 183
16. Passages of Scripture respecting the Constancy, Patience, and
Love of the Martyrs, 184
17. Passages from Clement’s Epistle to the Corinthians on
Martyrdom, 187
18. On Love, and the repressing of our Desires, 190
19. Women as well as Men capable of Perfection, 193
20. A Good Wife, 196
21. Description of the Perfect Man, or Gnostic, 199
22. The true Gnostic does Good, not from fear of Punishment or hope
of Reward, but only for the sake of Good itself, 202
23. The same subject continued, 207
24. The reason and end of Divine Punishments, 210
25. True Perfection consists in the Knowledge and Love of God, 212
26. How the Perfect Man treats the Body and the Things of the World, 215

BOOK V.
1. On Faith, 220
2. On Hope, 228
3. The objects of Faith and Hope perceived by the Mind alone, 229
4. Divine Things wrapped up in Figures both in the Sacred and in
Heathen Writers, 232
5. On the Symbols of Pythagoras, 236
6. The Mystic Meaning of the Tabernacle and its Furniture, 240
7. The Egyptian Symbols and Enigmas of Sacred Things, 245
8. The use of the Symbolic Style by Poets and Philosophers, 247
9. Reasons for veiling the Truth in Symbols, 254
10. The opinion of the Apostles on veiling the Mysteries of the Faith, 257
11. Abstraction from Material Things necessary in order to attain to
the true Knowledge of God, 261
12. God cannot be embraced in Words or by the Mind, 267
13. The Knowledge of God a Divine Gift, according to the
Philosophers, 270
14. Greek Plagiarisms from the Hebrews, 274
BOOK VI.
1. Plan, 302
2. The subject of Plagiarisms resumed. The Greeks plagiarized from
one another, 304
3. Plagiarism by the Greeks of the Miracles related in the Sacred
Books of the Hebrews, 319
4. The Greeks drew many of their Philosophical Tenets from the
Egyptian and Indian Gymnosophists, 323
5. The Greeks had some Knowledge of the true God, 326
6. The Gospel was preached to Jews and Gentiles in Hades, 328
7. What true Philosophy is, and whence so called, 335
8. Philosophy is Knowledge given by God, 339
9. The Gnostic free of all Perturbations of the Soul, 344
10. The Gnostic avails himself of the help of all Human Knowledge, 349
11. The Mystical Meanings in the proportions of Numbers,
Geometrical Ratios, and Music, 352
12. Human Nature possesses an adaptation for Perfection; the
Gnostic alone attains it, 359
13. Degrees of Glory in Heaven corresponding with the Dignities of
the Church below, 365
14. Degrees of Glory in Heaven, 366
15. Different Degrees of Knowledge, 371
16. Gnostic Exposition of the Decalogue, 383
17. Philosophy conveys only an imperfect Knowledge of God, 393
18. The use of Philosophy to the Gnostic, 401

BOOK VII.
1. The Gnostic a true Worshipper of God, and unjustly calumniated
by Unbelievers as an Atheist, 406
2. The Son the Ruler and Saviour of All, 409
3. The Gnostic aims at the nearest Likeness possible to God and
His Son, 414
4. The Heathens made Gods like themselves, whence springs all
Superstition, 421
5. The Holy Soul a more excellent Temple than any Edifice built by
Man, 424
6. Prayers and Praise from a Pure Mind, ceaselessly offered, far
better than Sacrifices, 426
7. What sort of Prayer the Gnostic employs, and how it is heard by
God, 431
8. The Gnostic so addicted to Truth as not to need to use an Oath, 442
9. Those who teach others, ought to excel in Virtues, 444
10. Steps to Perfection, 446
11. Description of the Gnostic’s Life, 449
12. The true Gnostic is Beneficent, Continent, and despises Worldly
Things, 455
13. Description of the Gnostic continued, 466
14. Description of the Gnostic furnished by an Exposition of 1 Cor. vi.
1, etc., 468
15. The objection to join the Church on account of the diversity of
Heresies answered, 472
16. Scripture the Criterion by which Truth and Heresy are
distinguished, 476
17. The Tradition of the Church prior to that of the Heresies, 485
18. The Distinction between Clean and Unclean Animals in the Law
symbolical of the Distinction between the Church, and Jews,
and Heretics, 488

BOOK VIII.
1. The object of Philosophical and Theological Inquiry—the
Discovery of Truth, 490
2. The necessity of Perspicuous Definition, 491
3. Demonstration defined, 492
4. To prevent Ambiguity, we must begin with clear Definition, 496
5. Application of Demonstration to Sceptical Suspense of Judgment, 500
6. Definitions, Genera, and Species, 502
7. On the Causes of Doubt or Assent, 505
8. The Method of classifying Things and Names, 506
9. On the different kinds of Causes, 508
Indexes—Index of Texts, 515
Index of Subjects, 525
THE MISCELLANIES.
BOOK II.
CHAPTER I.
INTRODUCTORY.

s Scripture has called the Greeks pilferers of the


Barbarian[1] philosophy, it will next have to be
considered how this may be briefly demonstrated. For
we shall not only show that they have imitated and
copied the marvels recorded in our books; but we shall
prove, besides, that they have plagiarized and falsified (our writings
being, as we have shown, older) the chief dogmas they hold, both on
faith and knowledge and science, and hope and love, and also on
repentance and temperance and the fear of God,—a whole swarm,
verily, of the virtues of truth.
Whatever the explication necessary on the point in hand shall
demand, shall be embraced, and especially what is occult in the
Barbarian philosophy, the department of symbol and enigma; which
those who have subjected the teaching of the ancients to systematic
philosophic study have affected, as being in the highest degree
serviceable, nay, absolutely necessary to the knowledge of truth. In
addition, it will in my opinion form an appropriate sequel to defend
those tenets, on account of which the Greeks assail us, making use
of a few scriptures, if perchance the Jew also may listen and be able
quietly to turn from what he has believed to Him on whom he has not
believed. The ingenuous among the philosophers will then with
propriety be taken up in a friendly exposure both of their life and of
the discovery of new dogmas, not in the way of our avenging
ourselves on our detractors (for that is far from being the case with
those who have learned to bless those who curse, even though they
needlessly discharge on us words of blasphemy), but with a view to
their conversion; if by any means these adepts in wisdom may feel
ashamed, being brought to their senses by barbarian demonstration;
so as to be able, although late, to see clearly of what sort are the
intellectual acquisitions for which they make pilgrimages over the
seas. Those they have stolen are to be pointed out, that we may
thereby pull down their conceit; and of those on the discovery of
which through investigation they plume themselves, the refutation
will be furnished. By consequence, also we must treat of what is
called the curriculum of study—how far it is serviceable;[2] and of
astrology, and mathematics, and magic, and sorcery. For all the
Greeks boast of these as the highest sciences. “He who reproves
boldly is a peacemaker.”[3] We have often said already that we have
neither practised nor do we study the expressing ourselves in pure
Greek; for this suits those who seduce the multitude from the truth.
But true philosophic demonstration will contribute to the profit not of
the listeners’ tongues, but of their minds. And, in my opinion, he who
is solicitous about truth ought not to frame his language with
artfulness and care, but only to try to express his meaning as he best
can. For those who are particular about words, and devote their time
to them, miss the things. It is a feat fit for the gardener to pluck
without injury the rose that is growing among the thorns; and for the
craftsman to find out the pearl buried in the oyster’s flesh. And they
say that fowls have flesh of the most agreeable quality, when,
through not being supplied with abundance of food, they pick their
sustenance with difficulty, scraping with their feet. If any one, then,
speculating on what is similar, wants to arrive[4] at the truth [that is]
in the numerous Greek plausibilities, like the real face beneath
masks, he will hunt it out with much pains. For the power that
appeared in the vision to Hermas said, “Whatever may be revealed
to you, shall be revealed.”[5]
CHAPTER II.
THE KNOWLEDGE OF GOD CAN BE ATTAINED ONLY THROUGH FAITH.

“Be not elated on account of thy wisdom,” say the Proverbs. “In all
thy ways acknowledge her, that she may direct thy ways, and that
thy foot may not stumble.” By these remarks he means to show that
our deeds ought to be conformable to reason, and to manifest further
that we ought to select and possess what is useful out of all culture.
Now the ways of wisdom are various that lead right to the way of
truth. Faith is the way. “Thy foot shall not stumble” is said with
reference to some who seem to oppose the one divine
administration of Providence. Whence it is added, “Be not wise in
thine own eyes,” according to the impious ideas which revolt against
the administration of God. “But fear God,” who alone is powerful.
Whence it follows as a consequence that we are not to oppose God.
The sequel especially teaches clearly, that “the fear of God is
departure from evil;” for it is said, “and depart from all evil.” Such is
the discipline of wisdom (“for whom the Lord loveth He chastens”[6]),
causing pain in order to produce understanding, and restoring to
peace and immortality. Accordingly, the Barbarian philosophy, which
we follow, is in reality perfect and true. And so it is said in the book of
Wisdom: “For He hath given me the unerring knowledge of things
that exist, to know the constitution of the world,” and so forth, down
to “and the virtues of roots.” Among all these he comprehends
natural science, which treats of all the phenomena in the world of
sense. And in continuation, he alludes also to intellectual objects in
what he subjoins: “And what is hidden or manifest I know; for
Wisdom, the artificer of all things, taught me.”[7] You have, in brief,
the professed aim of our philosophy; and the learning of these
branches, when pursued with right course of conduct leads through
Wisdom, the artificer of all things, to the Ruler of all,—a Being
difficult to grasp and apprehend, ever receding and withdrawing from
him who pursues. But He who is far off has—oh ineffable marvel!—
come very near. “I am a God that draws near,” says the Lord. He is
in essence remote; “for how is it that what is begotten can have
approached the Unbegotten?” But He is very near in virtue of that
power which holds all things in its embrace. “Shall one do aught in
secret, and I see him not?”[8] For the power of God is always
present, in contact with us, in the exercise of inspection, of
beneficence, of instruction. Whence Moses, persuaded that God is
not to be known by human wisdom, said, “Show me Thy glory;”[9]
and into the thick darkness where God’s voice was, pressed to enter
—that is, into the inaccessible and invisible ideas respecting
Existence. For God is not in darkness or in place, but above both
space and time, and qualities of objects. Wherefore neither is He at
any time in a part, either as containing or as contained, either by
limitation or by section. “For what house will ye build to me?” saith
the Lord.[10] Nay, He has not even built one for Himself, since He
cannot be contained. And though heaven be called His throne, not
even thus is He contained, but He rests delighted in the creation.
It is clear, then, that the truth has been hidden from us; and if that
has been already shown by one example, we shall establish it a little
after by several more. How entirely worthy of approbation are they
who are both willing to learn, and able, according to Solomon, “to
know wisdom and instruction, and to perceive the words of wisdom,
to receive knotty words, and to perceive true righteousness,” there
being another [righteousness as well], not according to the truth,
taught by the Greek laws, and by the rest of the philosophers. “And
to direct judgments,” it is said—not those of the bench, but he means
that we must preserve sound and free of error the judicial faculty
which is within us—“That I may give subtlety to the simple, to the
young man sense and understanding.”[11] “For the wise man,” who
has been persuaded to obey the commandments, “having heard
these things, will become wiser” by knowledge; and “the intelligent
man will acquire rule, and will understand a parable and a dark word,
the sayings and enigmas of the wise.”[12] For it is not spurious words
which those inspired by God and those who are gained over by them
adduce, nor is it snares in which the most of the sophists entangle
the young, spending their time on nought true. But those who
possess the Holy Spirit “search the deep things of God,”[13]—that is,
grasp the secret that is in the prophecies. “To impart of holy things to
the dogs” is forbidden, so long as they remain beasts. For never
ought those who are envious and perturbed, and still infidel in
conduct, shameless in barking at investigation, to dip in the divine
and clear stream of the living water. “Let not the waters of thy
fountain overflow, and let thy waters spread over thine own
streets.”[14] For it is not many who understand such things as they
fall in with; or know them even after learning them, though they think
they do, according to the worthy Heraclitus. Does not even he seem
to thee to censure those who believe not? “Now my just one shall
live by faith,”[15] the prophet said. And another prophet also says,
“Except ye believe, neither shall ye understand.”[16] For how ever
could the soul admit the transcendental contemplation of such
themes, while unbelief respecting what was to be learned struggled
within? But faith, which the Greeks disparage, deeming it futile and
barbarous, is a voluntary preconception,[17] the assent of piety—“the
subject of things hoped for, the evidence of things not seen,”
according to the divine apostle. “For hereby,” pre-eminently, “the
elders obtained a good report. But without faith it is impossible to
please God.”[18] Others have defined faith to be a uniting assent to
an unseen object, as certainly the proof of an unknown thing is an
evident assent. If then it be choice, being desirous of something, the
desire is in this instance intellectual. And since choice is the
beginning of action, faith is discovered to be the beginning of action,
being the foundation of rational choice in the case of any one who
exhibits to himself the previous demonstration through faith.
Voluntarily to follow what is useful, is the first principle of
understanding. Unswerving choice, then, gives considerable
momentum in the direction of knowledge. The exercise of faith
directly becomes knowledge, reposing on a sure foundation.
Knowledge, accordingly, is defined by the sons of the philosophers
as a habit, which cannot be overthrown by reason. Is there any other
true condition such as this, except piety, of which alone the Word is
teacher?[19] I think not. Theophrastus says that sensation is the root
of faith. For from it the rudimentary principles extend to the reason
that is in us, and the understanding. He who believeth then the
divine Scriptures with sure judgment, receives in the voice of God,
who bestowed the Scripture, a demonstration that cannot be
impugned. Faith, then, is not established by demonstration. “Blessed
therefore those who, not having seen, yet have believed.”[20] The
Siren’s songs exhibiting a power above human, fascinated those that
came near, conciliating them, almost against their will, to the
reception of what was said.
CHAPTER III.
FAITH NOT A PRODUCT OF NATURE.

Now the followers of Basilides regard faith as natural, as they also


refer it to choice, [representing it] as finding ideas by intellectual
comprehension without demonstration; while the followers of
Valentinus assign faith to us, the simple, but will have it that
knowledge springs up in their own selves (who are saved by nature)
through the advantage of a germ of superior excellence, saying that
it is as far removed from faith as[21] the spiritual is from the animal.
Further, the followers of Basilides say that faith as well as choice is
proper according to every interval; and that in consequence of the
supramundane selection mundane faith accompanies all nature, and
that the free gift of faith is conformable to the hope of each. Faith,
then, is no longer the direct result of free choice, if it is a natural
advantage.
Nor will he who has not believed, not being the author [of his
unbelief], meet with a due recompense; and he that has believed is
not the cause of his belief]. And the entire peculiarity and difference
of belief and unbelief will not fall under either praise or censure, if we
reflect rightly, since there attaches to it the antecedent natural
necessity proceeding from the Almighty. And if we are pulled like
inanimate things by the puppet-strings of natural powers,
willingness[22] and unwillingness, and impulse, which is the
antecedent of both, are mere redundancies. And for my part, I am
utterly incapable of conceiving such an animal as has its
appetencies, which are moved by external causes, under the
dominion of necessity. And what place is there any longer for the
repentance of him who was once an unbeliever, through which
comes forgiveness of sins? So that neither is baptism rational, nor
the blessed seal,[23] nor the Son, nor the Father. But God, as I think,
turns out to be the distribution to men of natural powers, which has
not as the foundation of salvation voluntary faith.
CHAPTER IV.
FAITH THE FOUNDATION OF ALL KNOWLEDGE.

But we, who have heard by the Scriptures that self-determining


choice and refusal have been given by the Lord to men, rest in the
infallible criterion of faith, manifesting a willing spirit, since we have
chosen life and believe God through His voice. And he who has
believed the Word knows the matter to be true; for the Word is truth.
But he who has disbelieved Him that speaks, has disbelieved God.
“By faith we understand that the worlds were framed by the word
of God, so that what is seen was not made of things which appear,”
says the apostle. “By faith Abel offered to God a fuller sacrifice than
Cain, by which he received testimony that he was righteous, God
giving testimony to him respecting his gifts; and by it he, being dead,
yet speaketh,” and so forth, down to “than enjoy the pleasures of sin
for a season.”[24] Faith having, therefore, justified these before the
law, made them heirs of the divine promise. Why then should I
review and adduce any further testimonies of faith from the history in
our hands? “For the time would fail me were I to tell of Gideon,
Barak, Samson, Jephtha, David, and Samuel, and the prophets,”
and what follows.[25] Now, inasmuch as there are four things in
which the truth resides—Sensation, Understanding, Knowledge,
Opinion,—intellectual apprehension is first in the order of nature; but
in our case, and in relation to ourselves, Sensation is first, and of
Sensation and Understanding the essence of Knowledge is formed;
and evidence is common to Understanding and Sensation. Well,
Sensation is the ladder to Knowledge; while Faith, advancing over
the pathway of the objects of sense, leaves Opinion behind, and
speeds to things free of deception, and reposes in the truth.
Should one say that Knowledge is founded on demonstration by a
process of reasoning, let him hear that first principles are incapable
of demonstration; for they are known neither by art nor sagacity. For
the latter is conversant about objects that are susceptible of change,
while the former is practical solely, and not theoretical.[26] Hence it is

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