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Cours de Droit Constitutionnel-Fsap

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COURS DE DROIT CONSTITUTIONNEL

Plan du cours

Introduction générale

I- Définition du Droit constitutionnel


II- Les rapports entre le droit constitutionnel et les sciences politiques
III- Droit Constitutionnel et Institutions politiques

Chapitre I : L’État

Section 1 : La notion d’État

Section 2 : Les éléments constitutifs de l’État

Section 3 : Les formes d’États

CHAPITRE II : LA CONSTITUTION

SECTION 1: Notion et forme de Constitutions

SECTION 2 : L’élaboration et la révision de la Constitution

SECTION 3: le contrôle de la constitutionnalité

CHAPITRE III : LA SÉPARATION DES POUVOIRS

Section 1 : Le principe de la séparation des pouvoirs

Section 2 : Les modalités de la séparation des pouvoirs

CHAPITRE V : LA DÉSIGNATION DES GOUVERNANTS

Section 1 : L’élection

Section 2 : LES MODES DE SCRUTIN

Chapitre VI : Les régimes politiques contemporains


Section 1 : Le régime parlementaire
Section 2 : Le régime présidentiel
Section 2 : Les régimes mixtes

1
Bibliographie

Francis HAMON, Michel TROPER, Droit Constitutionnel, Paris, LGDJ, 35ème édition

Francis Mélèdje DJedjro, Droit constitutionnel, Abidjan, éditions ABC, 2006

Hugues POTELLI, Thomas Ehrhard, Droit constitutionnel, Paris, Dalloz 13ème édition

Jean GICQUEL, Droit Constitutionnel et institutions politiques, Paris, LGDJ, 2020-2021

Louis FAVOREU, Patrick GAÏA et alii, Droit constitutionnel, Paris, Dalloz 2019

Michel VILLIERS, Armelle DIVELLEC, Dictionnaire de Droit constitutionnel, Paris,


SIREY, 2015

Obou OURAGA, Droit constitutionnel et science politique, Abidjan, éditions ABC, 2010

Pierre PACTET, Institutions politiques et Droit constitutionnel, paris, Armand colin,


16ème édition

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Introduction général

Le droit constitutionnel est le droit de l’État par excellence. Il en est ainsi,


puisqu’il étudie les règles d’organisation et de fonctionnement de l’État. Il détermine le
statut de l’État. C’est un droit politique, en ce qu’il organise le pouvoir politique au sein
de l’État. Il étudie les conditions d’acquisition, d’exercice et de dévolution du pouvoir
étatique.

L’étude du droit constitutionnel fait aujourd’hui référence à la fois aux normes et


aux faits. Cela pose à la fois un problème de définition et de dénomination du cours de
droit constitutionnel (1). Corrélativement, il soulève la question du rapport entre le droit
constitutionnel et les sciences politiques (2) d’une part, et d’autre part du rapport entre le
Droit constitutionnel et les institutions politiques (3).

1- Définition du droit constitutionnel

On évoquera d’abord la définition originelle, obsolète du droit constitutionnel (a),


ensuite on exposera la définition moderne, actuelle de la matière (b).

a- Définition originelle

Les positivistes définissaient le droit constitutionnel comme le droit de la constitution


ou la science juridique qui étudie la constitution.

Cette définition tendait à ignorer la réalité politique, et à faire du constitutionnaliste,


un obsédé des textes et des règles : c’est le fétichisme des normes juridiques. Ainsi le
positiviste enclin à sacraliser ou à fétichiser la constitution, tend à ignorer la réalité
politique, pour soustraire la connaissance de la constitution à son environnement
politique, social ou idéologique. De ce fait, il apparaissait définitivement inapte à décrire
le réel. Il se bornait donc à décrire uniquement les normes en vigueur et en éclairer leurs
fondements.

Ce dogmatisme juridique, réducteur ou simplificateur ne se préoccupe pas de la


légitimité des règles constitutionnels, c’est-à-dire, la question de savoir si elles sont justes
ou pas. Mais la constitution n’est pas seulement un phénomène juridique ou normatif.
Elle est aussi un phénomène social, du fait qu’en plus des normes, elle comporte une

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dimension politique qui consiste à faire référence à l’intention du pouvoir constituant
dans la connaissance ou l’interprétation des règles constitutionnelles. Ainsi, avec cette
nouvelle dimension sociale, la définition originelle connait aujourd’hui une mutation.

b- La définition rénovée

Le droit constitutionnel peut se définir comme la science qui étudie la constitution.


Or une constitution, c’est à la fois « la lettre et l’esprit », pour reprendre les termes du
professeur OURAGA Obou. C’est à dire que le matériau de la constitution se construit
autour d’un corps visible et d’un corps invisible. C’est ainsi que la matière visible ou la
lettre de la constitution renvoie aux règles édictées par le constituant, et qui soumettent
aussi bien les gouvernants que les gouvernés au droit. Il s’agit là, des dispositions et dans
une certaine mesure, du préambule de la constitution ; tandis que l’invisible rappelle
l’esprit de la constitution à travers l’intention du pouvoir constituant.

Aussi, est-on passé pour les manuels ainsi que pour l’enseignement du droit
constitutionnel de « Droit constitutionnel » à « Droit constitutionnel et Institutions
Politiques » ou « Droit constitutionnel et science politique ». Malgré ce lien étroit, il ne
s’agit pas, ainsi que le déconseille le Professeur Louis FAVOREU, de diluer la science
des normes dans la science des faits.

En fait, la référence au terme « Institutions politiques » conduit à déborder le champ


ou les limites traditionnelles du Droit Constitutionnel et à s’orienter vers la Science
Politique.

2- Les rapports entre le droit constitutionnel et la science politique

De ce qui précède, on peut, en résumé définir le droit constitutionnel


comme « l’ensemble des règles qui régissent l’organisation politique de l’Etat, et
définissent les droits et devoirs de la personne humaine au sein de l’Etat ». Le droit
constitutionnel est une science normative, positiviste. Il émet les règles et la procédure. Il
étudie l’ensemble des règles incorporées dans la constitution et destinées à l’encadrement
des phénomènes politiques au sein de l’Etat. Si le droit constitutionnel dit ce qui doit être,
les sciences politiques disent ce qui est.

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En effet, les sciences politiques sont une science descriptive, une science des
phénomènes politiques ou du pouvoir politique. Elles consistent en une analyse de la
réalité politique. C’est la science des faits. En définitive, il apparait que le droit
constitutionnel et les sciences politiques sont deux disciplines distinctes et
complémentaires.

3- Droit Constitutionnel et Institutions politiques

Le mot institution vient du verbe d’action instituer, qui lui-même est synonyme
des verbes établir, fonder, ériger, créer. L’institution est donc une création de l’Homme.
De façon générale, c’est le pouvoir politique qui créée les institutions politiques, c’est-à-
dire, les organes chargés d’exercer l’autorité publique et cela de façon officielle. Il crée
d’abord la plus éminente des institutions qu’est l’Etat. Et c’est de l’Etat que proviennent
toutes les autres institutions. C’est lui qui par le canal de l’appareil étatique, décide
quelles normes seront édictées et par quelle institution, quels droits accordés aux citoyens,
quels pouvoirs conférés aux corps intermédiaires : collectivités publiques, entreprises,
sociétés, associations...

Il apparaît donc que le lien qui lie la Constitution et les institutions politiques est
comme le cordon ombilical qui lie le bébé à la maman. Donc le droit constitutionnel en ce
qu’il étudie la constitution, est aussi le droit des institutions politiques. C’est en effet, le
pouvoir politique qui crée toutes les institutions politiques par le biais de Constitution.
C’est pourquoi l’étude de la Constitution prend forcement en compte les institutions
politiques ; elle ne peut pas aussi totalement ignorer le pouvoir politique qui est à la base
à la fois des institutions et du droit. C’est ainsi que la constitution malienne du 25 février
1992 en son article 25 créée en République du Mali huit institutions qui sont :

1- Le Président de la République ;
2- Le Gouvernement ;
3- L’Assemblée Nationale ;
4- La Cour Suprême ;
5- La Cour Constitutionnelle ;
6- La Haute Cour de Justice ;
7- Le Haut Conseil des Collectivités Territoriales ;

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8- Le Conseil Economique, Social et Culturel.

Le Droit constitutionnel est le Droit de l’Etat par excellence. Celui-ci est le


support de toutes les institutions existantes sur le plan national et même sur le plan
international. L’Etat représente ainsi une donnée fondamentale du droit constitutionnel. A
défaut d’une étude exhaustive, on peut ramener les données fondamentales du droit
constitutionnel à quatre (4) éléments, à savoir : l’Etat (Chapitre I) ; la Constitution
(Chapitre II) ; les modes d’aménagement des pouvoirs (Chapitre III) et enfin les modes
de désignation des gouvernants (Chapitre IV).

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Chapitre I : L’État

L’État est une réalité de la vie nationale et internationale aisément et


immédiatement perceptible. Phénomène historique, politique et juridique, l’État est né au
16ème siècle en Europe. Il est la conséquence de la dé-personnification du pouvoir
politique ; c’est-à-dire de la dissociation du pouvoir politique de la personne des
dirigeants : c’est l’institutionnalisation du pouvoir politique. En effet, dans les États
modernes, les gouvernants ne sont pas propriétaires de leurs fonctions ; ils n’en sont que
les dépositaires provisoires investis par l’État de compétences qu’ils exercent en son nom.

Section I : La définition de l’Etat

L’État est la plus éminente des institutions sociopolitiques. Il est la forme


d’organisation sociale la plus achevée. Il constitue avant tout une société politique, c’est-
à-dire un groupe d’individus soumis à une autorité commune. Dans le langage courant,
l’État est présenté comme un ensemble d’institutions, d’organes, de personnes chargées
des missions d’intérêt général. Mais, l’État ne se limite pas à l’ensemble des
gouvernants, à ceux qui exercent le pouvoir politique ; l’État, c’est non seulement les
gouvernants, mais également les gouvernés. Et pourtant, c’est un ensemble distinct, et
séparé des citoyens.

Paragraphe I : Les conceptions de l’Etat

Il existe principalement deux conceptions de l’Etat. Il s’agit de la conception


politique ou sociologique d’une part (A), et de la conception juridique d’autre part (B).

A- Définition politique ou sociologique de l’Etat

Au sens politique ou sociologique, l’État est le produit de la différenciation entre ceux


qui commandent, gouvernent ou détiennent l’autorité et ceux qui obéissent, c’est-à-dire
les gouvernés. C’est en fait, la distinction entre gouvernants et gouvernés, au point que les
théoriciens du marxisme le perçoivent sous sa forme uniquement répressive.

B- Définition juridique de l’État

L’État peut être juridiquement défini à la suite du professeur André BARILARI,


comme « une personne morale de droit public, titulaire du pouvoir politique et qui

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exerce sa souveraineté sur un territoire et une population, grâce à un appareil
spécialisé ». Au vue de ce qui précède, l’Etat peut être définit comme une personne
morale de droit public, par opposition à l’individu qui est une personne physique ou aux
entreprises et associations qui sont des personnes morales de droit privé. Par le fait, qu’il
est le seul à disposer de la souveraineté, l’Etat est distinct des autres collectivités
publiques (région, cercle, commune), lesquelles lui sont assujetties.

Paragraphe II : Les fonctions de l’Etat

On entend par fonctions de l’Etat, ses diverses activités. De façon générale, l’Etat
assure le bien commun, la sécurité et l’intérêt général de la population, tant au plan
interne qu’international.

A- Les fonctions politiques de l’Etat

En ce qui touche les fonctions dites politiques de l’Etat, on retiendra trois


variantes en relation avec le temps.

1- La fonction de gendarme

Dans sa fonction de gendarme, l’action de l’Etat se réduit à assurer le respect des


règles sociales à travers le maintien de l’ordre public, et sa protection contre toute
agression extérieure, grâce à sa justice, à ses forces de police et de son armée. Il
n’intervient pas dans le domaine économique et le marché.

2-L’Etat providence

Apparu au début du 20ème siècle, l’Etat providence symbolise l’abondance, la


générosité. C’est un Etat à la fois producteur et redistribuer. Sa naissance fut provoquée
par les conséquences négatives de la première guerre mondiale avec l’accroissement de la
misère. Sous la poussée des idées sociales, il devient interventionniste (aide aux
entreprises, absorption des entreprises par la nationalisation).

3- L’État Social
L’État social est un Etat qui assujettit les gouvernants et les gouvernés au règne du
droit. Dans sa dimension sociale, il atténue les discriminations sociales. Il garantit
les droits des pauvres, des minorités…

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B- Les fonctions juridiques de l’Etat

Dans ‘’L’Esprit des lois’’ (1748), Montesquieu définit trois fonctions juri-
diques de l’Etat :
• Selon Montesquieu, la fonction juridique première de l’Etat est l’élaboration de la loi. Il
s’agit en effet, de l’édiction des règles de conduites devant régir la société ; il faut donc
prendre la loi ici dans son sens large. Ce pouvoir de « fabrication » des normes est dit
législatif. Dans les Etats modernes, il est confié à un parlement qui peut être
monocaméral, c’est-à-dire à une chambre appelée Assemblée nationale, comme c’est le
cas au Mali ; ou bicaméral, c’est-à-dire à deux chambres qui sont comme aux Etats-Unis,
la chambre des représentants ou chambre basse en grande Bretagne et le Sénat.
• La deuxième fonction juridique de l’Etat, est la fonction exécutive des règles adoptées
par le parlement. Elle est exercée par un pouvoir dit exécutif. Celui-ci apparaît comme le
moteur principal du pouvoir étatique ; il est souvent plus ou moins assimilé à l’Etat lui-
même.
• le règlement des litiges provoqués par cette exécution relève du pouvoir
judiciaire : c’est la fonction de juger. Elle est confiée aux tribunaux et Cours.

Ces trois fonctions peuvent être distribuées de façon différente selon qu’il s’agisse
d’un régime de confusion ou de séparation des pouvoirs.

Section II : Les éléments constitutifs de l’Etat

L’Etat est un phénomène historique, sociologique et politique, pris en compte par


le droit. Les éléments qui conditionnent sa naissance, sa vie, sa disparition et son
éventuelle résurrection, se divisent en conditions physiques, concrètes dites sociologiques
(Paragraphe 1) et en conditions abstraites dites juridiques (Paragraphe 2).

Paragraphe I : Les conditions physiques

Elles comprennent : le territoire (A), la population (B) et l’organisation politico-


juridique (C).

A- Le territoire

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Michelet écrivait que : « Sans une base géographique, le peuple, l’acteur
historique semble marché en l’air comme dans ces peintures chinoises où le sol
manque ». En effet, pour qu’une population puisse former un Etat, il faut qu’elle soit
établit sur un territoire de façon fixe et permanente.

Le territoire se présente comme l’élément physique sur lequel se fixe l’Etat et à


l’intérieur duquel il exerce sa domination. Il situe l’Etat dans l’espace et limite la sphère
d’exercice de ses compétences. En l’absence du territoire, l’Etat ne peut se former et la
perte du territoire entraine sa disparition. Il est composé de trois (3) parties qui sont : le
territoire terrestre (1), le territoire maritime (2) et le territoire aérien (3).

1- Le territoire terrestre

Le territoire terrestre se compose du sol, du sous-sol et des voies d’eaux


intérieures. Le territoire terrestre est soumis à l’autorité exclusive de l’Etat. Il est délimité
par des frontières.

Dans l’affaire de la bande d’Aouzou qui a opposé le Tchad à la Lybie, la CIJ a


défini le 03 février 1994, les frontières comme « des lignes de partages entre deux
souverainetés ». Mais étymologiquement, en considérant la terminologie du droit
international, la frontière apparait comme la ligne déterminante où commencent et
finissent les territoires relevant respectivement d’États voisins. Il y a deux sortes de
frontières, à savoir, les frontières naturelles et les frontières artificielles.

-Les frontières naturelles prennent en compte des éléments géographiques


(montagnes, fleuves…) et les éléments ethniques.

-Les frontières artificielles quant à elles, elles prennent en compte des repères
trigonométriques (longitude, latitude) et des éléments administratifs (limites cadastrales).

Cependant, sur le plan pratique, le tracé de la frontière comporte deux phases : La


délimitation de la frontière sur carte et l’abornement de la frontière sur le terrain par
l’intermédiaire de traités bilatéraux ou multilatéraux.

2- Le territoire maritime

Le territoire maritime d’un Etat comprend :

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- Les eaux intérieurs, c’est-à-dire les eaux enclavés dans les terres (ports, estuaires,
baies).

-La mer territoriale qui désigne la zone considérée comme le prolongement du


territoire terrestre. Elle est soumise à la souveraineté de l’Etat en question. Sa largeur
anciennement fixée à 3 milles a été portée à 12 milles en 1982 par la convention de
Montego Bay.

-La zone contiguë qui est une bande qui complète la mer territoriale dans laquelle
l’Etat côtier exerce certaines compétences particulières. Sa largeur ne peut dépasser 24
milles.

-Le plateau continental est le prolongement du continent sous la surface de la mer.


Il est habituellement recouvert d’une faible hauteur d’eau, de l’ordre de quelques
centaines de mètres.

3- Le territoire aérien

Il est constitué par l’espace aérien surplombant le territoire terrestre et maritime et


soumis à la souveraineté de l’Etat sous-jacent. Les Etats sont libres d’autoriser, d’interdire
ou de règlementer le survol de leur territoire.

Si l’espace aérien est soumis à la souveraineté de l’Etat sous-jacent, l’espace extra-


atmosphérique reste libre. Or, la délimitation entre l’espace atmosphérique et l’espace
extra-atmosphérique n’est pas exactement établie. Pour cette délimitation, différents
critères ont été proposés : la densité de l’air (500 km), la limite de l’attraction terrestre
(318 000 km) ; mais aucun n’a fait l’unanimité.

Par ailleurs, il n’y a pas de limites maximales ou minimales pour la superficie d’un
État.

B- La Population

La population d’un État désigne toutes les personnes qui vivent sur le territoire de cet
État. C’est la substance humaine ou l’élément charnel de l’État.

Elle se compose de nationaux (1) et d’étrangers (2).

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1- Les nationaux

Les nationaux ou ressortissant d’un État sont les hommes et les femmes qui sont
rattachés à l’État par un lien juridique qu’on appelle la nationalité. Différents procédés
sont utilisés par les États pour attribuer leur nationalité. Il s’agit entre autre du :

Jus soli : Le jus soli est le droit du sol. Il veut tout simplement dire qu’un enfant né
sur le sol d’un État, aura la nationalité de cet État.

Jus sanguinis : C’est le droit du sang. Il part du postulat que l’enfant aura la ou les
nationalité (s) de ses parents.

Le droit de la filiation : Il concerne deux éléments qui sont le mariage et l’adoption.


En épousant le ou la national (e) d’un État, on acquiert la nationalité de cet État. Aussi, un
enfant étranger adopté, pourra avoir la nationalité de l’adoptant.

La naturalisation : Un étranger résident sur le territoire d’un État pendant une longue
durée, qui peut varier selon les États, pourra sous certaines conditions acquérir la
nationalité de cet État.

2- Les étrangers

Les étrangers sont les résidents qui n’ont aucun lien juridique qui les rattache à l’État
sur le territoire duquel ils vivent. Ils s’y sont retrouvés par jeu de circonstances.

Par ailleurs, on a très souvent l’habitude d’assimiler la population à la nation.

 La Nation

Notion controversée, on retiendra de la Nation deux (2) conceptions ; à savoir la


conception allemande (1) et la conception française (2).

1- Définition objective ou allemande de la Nation

Dans la définition de la Nation, la thèse objective ne prend en compte que les


éléments objectifs, en l’occurrence, la communauté de territoire, la langue, la religion, la
race et l’idéologie. Une telle définition a servi de substratum aux excès du nazisme, en
faisant l’apologie de la race aryenne (taille élevée, cheveux blonds, yeux clairs).

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2- Définition subjective ou française de la Nation

Sans rejeter les éléments objectifs de la Nation, la définition subjective s’intéresse


davantage aux éléments subjectifs ; c’est-à-dire la volonté partagée de vouloir vivre
ensemble. Ainsi, pour Ernest RENAN, la Nation est une âme, « un principe spirituel »,
une conscience morale, un vouloir vivre collectif, une communauté de conscience, créée
au cours d’une longue histoire commune. En raison de ces données subjectives le doyen
Maurice HAURIOU définit la Nation comme une « mentalité ».

Somme toute, malgré les controverses doctrinales, la Nation peut être définie
comme « la substance de l’État, d’individus plus ou moins sédentaires et qui, malgré
toutes les différences qui les séparent, présentent une particularité par rapport à d’autres,
au point de constituer une Nation ».

C- L’appareil juridico-politique

Consubstantiel à toute organisation sociale, le pouvoir est l’un des éléments


constitutifs de l’Etat et enjeu principal des luttes politiques. En effet, l’existence d’une
population et d’un territoire ne suffit pas à une entité à devenir un Etat. Pour qu’un Etat
soit pleinement établit, il faut qu’il soit organisé de manière à soumettre à un ensemble de
règles communes incarnées et exprimés par les pouvoirs publics, la population qui vit sur
son territoire.

Facteur de cohésion de la société politique, le pouvoir politique est


extrapatrimonial, du fait que son patrimoine se distingue du patrimoine privé des
gouvernants. Le pouvoir étatique, exclusif par définition, dispose à l’intérieur de ses
frontières, de la prérogative de commander et de se faire obéir. Il est aussi, parce que civil
et temporel, différent du pouvoir divin.

Paragraphe II : Les conditions abstraites

Les éléments juridiques de l’Etat sont au nombre de deux. Il s’agit de la


personnalité juridique (A) et de la souveraineté (B).

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A- La personnalité juridique

La personnalité juridique est l'aptitude à être titulaire de droits et de devoirs. Elle


attribue à l’entité qui l’acquiert, une identité propre, distincte de celles de ses géniteurs ;
une unité distincte des gouvernants eux-mêmes. Elle est la conséquence de
l’institutionnalisation du pouvoir politique. La personnalité juridique accorde à l’Etat, la
capacité d’agir et de vouloir au nom de la collectivité. A travers elle, l’Etat survit aussi
bien à ses dirigeants, aux différents régimes, qu’aux générations qui se succèdent. On
qu’elle assure la continuité de l’État.

B- La souveraineté

Si on veut déterminer le critère juridique de l’Etat, il faut ajouter à sa personnalité un


élément qui n’appartienne qu’à lui seul : sa souveraineté.

Elle part de cette constatation que l’Etat détermine lui-même ses propres
compétences et ses propres règles fondamentales, normalement inscrites dans la
Constitution, lesquelles conditionnent toutes les autres règles applicables sur son
territoire, sans exception, et pour l’observation desquelles il peut seul mettre en
mouvement la force publique puisqu’il dispose du monopole de la contrainte armée. C’est
ce que les auteurs allemands avec à leur tête Georg JELLINEK, traduisent en disant que
seul l’Etat a la compétence de ses compétences. En d’autres termes, l’Etat fonde et
délimite l’ordre juridique national.

En effet, la notion de souveraineté comporte deux variantes : la souveraineté dans


l’État ou souveraineté interne et la souveraineté de l’État ou souveraineté internationale
ou externe.

Section III : Les formes d’Etats

Traditionnellement, on oppose l’État unitaire à l’État fédéral.

Paragraphe I : L’Etat Unitaire

Encore appelé État simple, l’État unitaire est la forme d’Etat la plus répandue dans
le monde. Par définition, L’Etat unitaire est celui qui sur le territoire et pour la population
qui y vit, ne comporte qu’un seul centre d’impulsion politique et gouvernementale, un

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seul appareil gouvernemental et législatif, une cohésion de sa population. Il peut être
organisé de façon centralisé ou décentralisé.

A- L’État unitaire centralisé

Par principe, la centralisation conduit à l’unicité des organes étatiques. C’est ainsi que
la centralisation peut être de type concentré (a) ou déconcentré (b).

1- La concentration

La concentration suppose qu’il n’existe aucune autre autorité de décision et


d’exécution au niveau local. C’est ainsi que toutes les décisions sont prises et exécutées
par le pouvoir central. Certes, un tel système permet au pouvoir d’avoir une maîtrise
totale du fonctionnement de l’Etat. Mais dans les faits, il est difficilement applicable ; on
a donc fait recours à la déconcentration.

2- La déconcentration

La déconcentration est la création de relais intermédiaires entre l’État et la population.


Les agents relais nommés et révocables discrétionnairement par le pouvoir central. Ils
sont soumis à un contrôle hiérarchique de celui-ci. Il s’agit par exemple des gouverneurs,
des préfets et des sous-préfets. Ils sont à la tête des circonscriptions administratives. Selon
le juriste ODILON Barrot, de la concentration à la déconcentration, c’est le même
marteau qui frappe, mais on en a raccourcit le manche.

B- L’État décentralisé

Entre la déconcentration et la décentralisation, la différence n’est pas de degré


mais de nature. La décentralisation est un système d’organisation administrative fondé sur
l’auto administration. C’est le transfert de pouvoir vers des collectivités territoriales créée
par l’Etat et dotées d’une personnalité juridique, d’une autonomie administrative et
financière. Au Mali, on a même créé une fonction publique des collectivités. Les
collectivités territoriales du Mali sont les régions, les cercles, et les communes. Il peut
également s’agir des services personnalisés comme l’université. Ces collectivités sont
administrées par des organes élus comme les conseils régionaux, les conseils de cercles,

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les conseils communaux… Dans la décentralisation, le contrôle est un contrôle de tutelle
et non hiérarchique.

Paragraphe II : L’État fédéral

L’Etat fédéral peut se définir au sens du droit interne, comme une association
d’Etats non souverains, au sein de laquelle une nouvelle collectivité détentrice de la
souveraineté se superpose à ces derniers. L’acte constitutif de la fédération est une
Constitution.

En effet, la fédération est une construction juridique à deux étages :

- Au stade inférieur, se situent les Etats ayant abdiqué leur souveraineté au


profit d’une nouvelle collectivité étatique qui se superpose à eux : ce sont les
Etats fédérés. Ils gardent une certaine mesure de souveraineté interne, mais
dépourvus de la souveraineté internationale.
- Au stade supérieur, on trouve l’Etat fédéral, lequel englobe les unités fédérées
sans pour autant les absorber. Il endosse la souveraineté internationale de
toute la fédération.

Le fédéralisme se construit autour de trois principes organisateurs qui sont : la


superposition, la participation, et l’autonomie.

1- Le principe de la superposition

Le principe de la superposition est une pluralité, de collectivités étatiques et


d’ordonnancements constitutionnels et politico-juridiques superposés. Il y a une
superposition des organes étatiques ; le parlement est donc bicaméral. Dans l’ordre Au-
dessus, nous avons l’Etat fédéral avec la constitution fédérale. En bas de l’échelle, les
Etats fédérés avec leurs constitutions fédérées.

Nonobstant la pluralité des entités fédérées, on a une unité de nationalité et des


frontières. L’intérêt de la superposition est que chaque entité fédérée garde son
autonomie.

2- Le principe d’autonomie

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Du point de vue politique et juridique, les Etats fédérés ont un pouvoir d’auto
organisation, qui leurs permet de déterminer leurs propres règles juridiques. Chaque Etat
fédéré bénéficie d’un ordonnancement constitutionnel autonome, impliquant un système
étatique complet, comportant tous les organes étatiques (Pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire) puis un drapeau et une hymne distincts de ceux de la fédération. Il y a un
partage des compétences entre l’unité fédérale et les entités fédérées. La compétence
d’exception ou d’attribution est dévolue à l’Etat fédéral. A contrario, les Etats fédérés ont
la compétence générale ou compétence de droit commun. Ils participent aussi à la vie
fédérale.

3- Le principe de participation

Il part du postulat que les Etats fédérés participent à la constitution des organes et
à l’élaboration des décisions de l’Etat fédéral. Ils participent également tant à
l’élaboration qu’à la révision de la constitution fédérale. On a d’une part, la chambre des
populations où chaque Etat est représenté proportionnellement à sa population et d’autre
part, la chambre des Etats ou le sénat, où les Etats ou chaque Etat a le même nombre de
représentants, peu importe sa dimension : c’est le bicamérisme ou le bicaméralisme.

Aux États unis, les deux chambres du parlement constituent le congrès américain.

CHAPITRE II : LA CONSTITUTION

Tout Etat a une Constitution constate George BURDEAU. Il en est ainsi, du


moment où les gouvernants exercent un pouvoir qui n’est ni divin, ni ne trouve sa source
en eux même, une règle tacite ou expresse, peu importe, doit en fixer les contours. C’est

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la Constitution. Elle fixe le statut de l’État ; fixe les règles d’organisation et de
fonctionnement de l’État. Elle détermine les conditions d’acquisition, d’exercice et de
dévolution du pouvoir étatique. C’est aussi la Constitution qui définit les droits
fondamentaux et les devoirs de la personne humaine dans l’État.

Aussi si la Constitution a pour objet d’enfermer l’exercice du pouvoir dans les


règles déterminées, elle a aussi pour fonction de protéger les individus contre l’arbitraire.

SECTION I : Notion et forme de la Constitution

Nous étudierons d’abord les différentes définitions de la Constitution (paragraphe


1), avant d’évoquer ses formes (paragraphe 2). Il est aussi important de connaître les
origines de la Constitution (Paragraphe 3).

Paragraphe I : Les définitions de la Constitution

De manière générale, la Constitution peut être définie de façon, matérielle(A) ou


formelle (B).

A- Définition matérielle

Définie en fonction de son contenu, c’est-à-dire au sens matériel, la Constitution


est l’ensemble des règles coutumières ou écrites relatives à l’organisation, à l’exercice et
à la dévolution du pouvoir politique ; aux droits et devoirs de la personne humaine au sein
de l’Etat.

B- Définition formelle

Définie au sens formel, la Constitution est un document écrit, élaboré et révisé


selon une procédure solennelle, spéciale et différente de celle utilisée pour la loi ordinaire
comme le préconisait Rousseau. Elle contient des règles de droit ayant une valeur
juridique supérieure à toutes les autres règles de droit dans l’Etat. Elle est la loi
fondamentale de l’Etat et toutes les autres règles de droit dans l’État procèdent d’elle.

Paragraphe II : Les formes de la Constitution

Une classification traditionnelle oppose la Constitution coutumière dite souple à la


Constitution écrite dite rigide.

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1- La Constitution coutumière

Lorsque les règles relatives à l’organisation politique d’un pays résultent des
usages, et précédents sans avoir jamais été codifiés dans un texte officiel, on a, selon le
Professeur George BURDEAU, une Constitution coutumière. Ces règles coutumières
reposent sur la répétition, sans discontinuité et pendant une certaine durée, de précédents
recueillant un très large consensus. Une constance sans faille est ainsi exigée. Car, « Un
fait en sens contraire met la coutume en doute, plusieurs la ruinent »1 disait Marcel
PRELOT. Actuellement, les constitutions coutumières sont très rares, mais on peut citer
par exemple, les Constitutions, de la Grande Bretagne, de l’Israël, de la Nouvelle Zélande
sont de types coutumiers ; car non écrites.

La Constitution coutumière est une constitution souple, car elle peut être
facilement modifiée sans procédure particulière et cela par une simple loi.

2- La Constitution écrite

La Constitution écrite est un document solennel, écrit, rédigée en bonne et due


forme et qui contient l’ensemble des règles fondamentales qui régissent dans l’Etat,
l’Organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics, et définit les droits et devoirs de
la personne humaine. De nos jours, la quasi-totalité des Etats ont une Constitution écrite.
Celle du Mali est écrite.

La Constitution rigide est celle qui exige pour sa révision, une procédure
spécifique, solennelle et souvent très complexe. Elle est écrite et ne peut pas être révisé
par une simple loi ou de la même façon qu’on abroge une loi ordinaire. En vertu de
l’article 118 de la constitution malienne du 25 février 1992 accorde à celle-ci une rigidité
incontestable. Mais toutes les Constitutions écrites ne sont pas forcément rigides.

SECTION II : L’élaboration et la révision de la Constitution

1
Il va de soi que les coutumes sont très imprécises, partant très incommodes, car on ne sait jamais très
exactement quand elles entrent en application et quand elles tombent en désuétude, le seuil nécessaire de durée
étant aussi difficile à déterminer dans un cas que dans l’autre. Il est également certain que l’on ne peut donner de
la constitution coutumière qu’une définition matérielle.

19
Conséquences de la Constitution rigide, définie au sens formel, les techniques
d’élaboration (Paragraphe 1) et de révision (paragraphe 2) ont pour finalité, de donner
plus de stabilité et de rigueur aux règles inscrites dans la Constitution.

Paragraphe I : L’élaboration de la Constitution

L’élaboration de la Constitution est l’œuvre du pouvoir constituant originaire.


Le pouvoir constituant originaire est le pouvoir et ou l’organe de ‘’fabrication’’ d’une
nouvelle Constitution, sur de nouvelles bases. En effet, la Constitution étant la règle des
règles, elle doit être l’œuvre de la volonté d’un organe bénéficiant d’une autorité politique
supérieure, c’est-à-dire détentrice d’un pouvoir suprême, souverain : C’est le pouvoir
constituant originaire. Détenteur de la compétence de sa compétence, il détient un
pouvoir inconditionné, puisqu’il est à la source, au commencement de tout ordre juridique
nouveau. Pouvoir primaire, créateur de l’Etat, il est extérieur à lui et ne saurait être limité
dans l’exercice de ses compétences. Le pouvoir constituant originaire fonde un nouvel
ordre politique et juridique, soit à l’occasion de la fondation d’un nouvel Etat, soit à la
suite de la disparition de l’ordre antérieur, devenu caduc, en vue de la refondation de
l’Etat ; ce fut le cas du Mali en 1992.

A- Procédure d’élaboration de la Constitution


Traditionnellement, on oppose le procédé autoritaire (1) au procédé démocratique (2).
1- Le procédé autoritaire
Selon cette technique d’élaboration de la constitution, le pouvoir de faire la
Constitution est confié à un homme qui est un monarque ou un dictateur. Dans ce cas, la
Constitution procède d’un acte unilatéral du souverain ou du dictateur. C’est le cas de la
charte de 1814 octroyée par Louis XVIII à la France. Ce pouvoir est dit semi-autoritaire,
lorsque la Constitution émanant d’un homme est approuvée par le peuple par voie de
référendum ou par une assemblée élue à cet effet : c’est le plébiscite.

2- Le procédé démocratique
Le procédé démocratique consiste à confier l’élaboration de la Constitution à une
assemblée démocratiquement élue, dénommée assemblée constituante, afin de montrer
que les gouvernants puisent leur autorité du consentement des gouvernés. Il est fondé sur

20
le principe selon lequel, le peuple étant le seul souverain, c’est à lui qu’il appartient de
définir les conditions dans lesquelles il délègue l’exercice de son pouvoir.

B- L’adoption et la promulgation de la Constitution


Nous analyserons d’abord l’adoption (1) avant d’évoquer la promulgation (2).
1- L’adoption
Dans la procédure d’adoption de la Constitution, le plébiscite constituant est à distinguer
du référendum constituant.

-Le plébiscite constituant peut s’analyser en une conséquence du mode


d’établissement des Constitutions autoritaires. Tenu à l’écart de l’élaboration de la
Constitution, le peuple n’intervient que pour ratifier le choix d’un homme ; le vote est
quasi-forcé.

-Selon l’idéal démocratique, la Constitution étant élaborée par une Assemblée


constituante, elle n’est parfaite qu’après avoir été soumise à la ratification du peuple. Par
cet acte, le peuple vérifie la conformité du texte finale par rapport à ses aspirations : c’est
le referendum. Il intervient après l’adoption du texte par le parlement.

2- La promulgation

La promulgation est l’acte par lequel, le président de la République atteste avoir


pris connaissance du texte adopté par l’Assemblée nationale. Il atteste également que le
texte à lui soumis a été adopté conformément à la procédure normale et est conforme aux
aspirations sociales ; par conséquent, il ordonne qu’il soit appliqué par toutes les
personnes publiques et privés sur l’ensemble du territoire.

La promulgation confère à la Constitution, la valeur juridique faisant d’elle, la loi


suprême de l’Etat ; une loi pas comme les autres.

Paragraphe II : La révision de la Constitution

A l’expérience des faits, dans l’application, la Constitution révèle ses lacunes et


ses insuffisances. N’étant pas faite pour l’éternité, elle ne constitue pas une œuvre
immuable. Ce qui implique l’aménagement de la Constitution, afin de l’adapter aux
circonstances et aux besoins de la société : c’est ce que l’on appelle la révision

21
Constitutionnelle. En effet, réviser une Constitution, c’est la modifier en changeant ou en
supprimant ou encore en ajoutant certains articles ou dispositions du texte initial. La
révision de la Constitution est l’œuvre du pouvoir constituant dérivé.

A- Les modalités de la révision Constitutionnelle

Lorsqu’il s’agit d’une Constitution souple, sa révision se réalise par une procédure
ordinaire. En revanche, la Constitution rigide confie le pouvoir de réviser la Constitution
à un organe spécial, dénommé pouvoir constituant dérivé ou institué. Celui-ci est chargé
de réviser la Constitution selon un procédé enfermé dans une procédure spéciale et
solennelle. Au Mali, cette procédure est aménagée à l’article 118 de la Constitution du 25
février 1992. Par ailleurs le pouvoir constituant dérivé est un pouvoir conditionné, donc
limité.

B- La procédure d’adoption de la révision constitutionnelle

La procédure d’adoption consiste, soit à saisir le peuple par voie de référendum,


soit à renvoyer le texte précédemment pris en considération devant l’organe législatif saisi
à nouveau, non plus pour légitimer ou légaliser la procédure, mais pour adopter la
disposition proposée à la révision.

Au Mali, le projet de révision est d’abord adopté par l’assemblée nationale à la


majorité absolue de ses membres, avant d’être soumis au vote du peuple tout entier qui
l’approuve ou le rejette. Dans l’hypothèse où le texte soumis à la révision est adopté, il ne
peut produire d’effets juridiques que s’il est promulgué. Et c’est le Président de la
République qui est le seul auteur de la promulgation.

SECTION III : LE CONTROLE DE LA CONSTITUIONNALITE DES


LOIS

Le contrôle de la constitutionnalité des lois peut se définir selon le professeur


OURAGA, « comme l’ensemble des moyens et mécanismes juridiques destinés à assurer
la conformité des règles de droit à la Constitution ». C’est en effet, la vérification par le

22
juge constitutionnel de la conformité des traités, des lois et des règlements intérieurs des
assemblées parlementaires à la Constitution. Le contrôle peut se faire par voie d’action
(paragraphe I) ou par voie d’exception (paragraphe II).

Paragraphe I : Le contrôle par voie d’action

Le contrôle par voie d’action est un procédé offensif qui permet à celui qui se
plaint de l’inconstitutionnalité d’une loi, de l’attaquer au moyen d’une action en justice.
Lorsque l’inconstitutionnalité est fondée, le contrôle par voie d’action conduit à
l’annulation, à la disparition avec rétroactivité de la loi attaquée. Cette annulation est
revêtue de l’autorité de la chose jugée avec un effet erga omnes.

Très généralement, ce qui est le cas du Mali, l’initiative du contrôle par voie d’action
appartient à des organes énumérés par la constitution (A) ; mais dans d’autres Etats, on l’a
également accordé aux citoyens (B).

A- L’initiative du contrôle par voie d’action limitée aux autorités politiques

Au Mali, le contrôle par voie d’action est un contrôle à priori, puisqu’il intervient
avant la promulgation de la loi ; c’est-à-dire avant son entrée en vigueur. Il est donc
exercé sur le projet de loi et non sur la loi. Les articles 88 et 90 de la Constitution du 25
février 1992, accorde la saisine du juge constitutionnel aux fins du contrôle de la
constitutionnalité, au Président de la République, au Premier ministre, au président de
l’Assemblée Nationale ou au un dixième des députés, au président du Haut conseil des
collectivités territoriales ou au un dixième des conseillers Nationaux, soit au président de
la Cour Suprême. Cette saisine permet d’avorter une loi inconstitutionnelle.

B- L’initiative du contrôle par voie d’action ouverte aux citoyens

Cette initiative permet à tout citoyen d’intenter un procès à la loi, en faisant constater
l’éventuelle violation de ses droits par le juge chargé du contrôle de la constitutionnalité
des lois. Ce système existe dans beaucoup d’Etats occidentaux comme la Suisse,
l’Allemagne… En Afrique, il existe au Benin, au Togo, au Gabon, au Burkina Faso. Au
Mali, cette possibilité n’existe pas.

23
Paragraphe II : Le contrôle par voie d’exception

Le contrôle par voie d’exception intervient après l’entrée en vigueur de la loi.


Egalement appelé contrôle à postériori, le contrôle par voie d’exception est d’origine
prétorienne. C’est un contrôle qui intervient incidemment à l’occasion d’un procès, où
l’un des plaideurs soulève l’inconstitutionnalité de la loi dont on prétend faire application
à son encontre.

L’exception d’inconstitutionnalité (A) et la question préjudicielle (B) sont les deux


modalités d’application du contrôle à postériori.

A- L’exception d’inconstitutionnalité

Dans l’exception d’inconstitutionnalité, le juge ordinaire devant lequel est soulevée


l’inconstitutionnalité de l’acte litigieux, est lui-même compétent pour se prononcer sur sa
constitutionnalité avant de statuer au fond ; c’est le cas aux Etats-Unis. Les américains
utilise aussi le contrôle par voie d’injonction qui permet à un particulier, en dehors de tout
procès, de demander au juge d’adjoindre au fonctionnaire de s’abstenir d’exécuter une loi
prétendue inconstitutionnelle. Lorsque la requête est fondée, le juge peut interdire aux
fonctionnaires d’exécuter la loi à l’encontre du requérant.

B- La question préjudicielle de constitutionalité

Lors d’un procès, le demandeur soulève l’inconstitutionnalité de la loi qu’on prétend


appliquer à son encontre, le juge ordinaire qui n’est pas juge de la constitutionnalité,
sursoit à statuer, tout en renvoyant la question de la constitutionnalité de la loi incriminée
au juge constitutionnel. Le juge ordinaire ne rend son jugement qu’après que le juge
constitutionnel ait statué sur la constitutionnalité de la loi à lui déférée.

Le contrôle par voie d’exception n’annule pas la loi, mais paralyse tout
simplement son application dans l’affaire déterminée, mais juridiquement la loi subsiste.
En effet, le juge n’annule pas la loi contestée. Il se borne à dire qu’elle est inapplicable au
procès en cours et aux parties en litige. Mais il pourra l’appliquer dans une autre affaire.

La constitution, en organisant le pouvoir politique préconise que dans l’Etat, la


même personne ou le même organe ne doit pas détenir la capacité de fabriquer les

24
normes, de les exécuter et de juger leur éventuel violation : c’est la séparation des
pouvoirs.

CHAPITRE III : LA SEPARATION DES POUVOIRS

La séparation des pouvoirs et le principal mode d’aménagement des pouvoirs


étatiques du monde contemporain. Elaborée par John LOCKE en Angleterre à la fin du
XVIIe,, la théorie de la séparation des pouvoirs fut développée par Montesquieu dans son
ouvrage de l’Esprit des Lois, publié en 1748. Elle vise la limitation des pouvoirs qui
constitue l’ensemble des procédés politiques et démocratiques qui consistent dans leur
mise en œuvre, à éviter les abus du pouvoir politique. C’est en effet, pour ce but précis
que Montesquieu à élaborer le schéma de la séparation des pouvoirs ; pour lui, « C’est
une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser…Pour
qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le
pouvoir arrête le pouvoir ».

Nous verrons donc dans une première section en quoi consiste le principe même
de la séparation des pouvoirs et dans une seconde section les modalités d’application du
principe.

Section I : Le principe de la séparation des pouvoirs

25
Il s’agira d’abord d’expliquer le contenu même du principe (Paragraphe 2), avant de le
justifier (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le contenu du principe

La théorie procède de la distinction de trois fonctions dans l’Etat. La première


fonction est celle d’édicter les règles générales et impersonnelles ; c’est la fonction de
fabrication des normes. La deuxième est celle d’exécuter ces règles. La troisième et la
dernière est celle de juger les violations de ces règles. L’exercice de chacune de ces
fonctions correspond à un pouvoir bien déterminé ; d’où la naissance des trois
pouvoirs qui sont le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaires.

Selon la théorie de Montesquieu, « Tout serait perdu si le même homme ou le


même corps exerçait ces trois pouvoirs, celui de faire des lois, celui d’exécuter et celui de
juger ». En raison de cette concentration ou de cette confusion des pouvoirs, il serait fort
à « craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyranniques pour
les exécuter tyranniquement ». Dans ces conditions, il n’y aurait point de liberté.

On a donc attribué à chaque pouvoir, un domaine bien précis en dehors duquel il


ne peut agir. La constitution malienne du 25 février 1992 délimite par exemple le
domaine réservé au pouvoir législatif dans ses articles 70 et suivants. Dans cette vision
des choses, chaque pouvoir doit être indépendant ou du moins être le plus autonome que
possible. Cela voudrait dire qu’ils doivent tous respecter les limites fixées à chacun
d’entre eux et ne pas s’immiscer dans les domaines les uns des autres. Chaque pouvoir
doit d’ailleurs avoir la possibilité d’empêcher un d’autre d’interférer dans son domaine de
compétence.

On pourrait à partir des analyses dessus présenté se demander s’il est vraiment
nécessaire de procéder à une séparation des pouvoirs.

Paragraphe 2 : La justification du principe

La principale préoccupation de Montesquieu réside dans l’existence d’un


gouvernement modéré ; c’est-à-dire un pouvoir qui ne soit pas trop puissant. Car le
pouvoir que détenait le roi était absolutiste, trop pesant et attentatoire à la liberté politique
des citoyens. L’essentiel ne réside cependant pas dans la différenciation des organes mais

26
dans leur indépendance qui si elle ne peut être totale, doit être aussi large que possible. En
d’autres termes, ils doivent dépendre le moins possible les uns des autres, que ce soit pour
leur désignation ou leurs attributions.

En effet, il s’agit moins de séparation que d’équilibre des pouvoirs et plus


précisément des pouvoirs politiques. Cet équilibre des pouvoirs sur le plan juridique doit
permettre, d’éviter que l’un d’eux ne s’empare, en cumulant l’exercice des trois pouvoirs,
d’une souveraineté qui n’appartient qu’au peuple comme le dit l’article 26 de la
Constitution du Mali. L’équilibre des trois pouvoirs doit contribuer à la formation d’un
gouvernement modéré. Il s’agit de régler, de tempérer les puissances, de les faire agir,
donner un lest à l’une pour la mettre en état de résister.

Cependant, le principe de la séparation des pouvoirs n’a pas la même teneur dans
toutes les démocraties, ses modalités d’application varient d’un État à un d’autre.

Section II : Les modalités de la séparation des pouvoirs

La séparation des pouvoirs peut être stricte, rigide ; alors nous aurons un régime
présidentiel (Paragraphe 1). Elle peut être aussi souple, et le régime serait parlementaire
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La séparation rigide des pouvoirs

Le régime présidentiel est la conséquence principale de la rigidité de la séparation


des pouvoirs. Le régime présidentiel prône une indépendance réciproque de l’exécutif et
du législatif même si cette indépendance est quelque part limitée. Les Etats-Unis
d’Amériques constituent le modèle par excellence du régime présidentiel.

Les traits caractéristiques du régime présidentiel sont les suivants :

-Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont indépendants quant à l’origine de


leurs mandats respectifs.

27
-L’exécutif et le législatif procèdent tous deux d’une désignation distincte. Aux
USA, le président et le Congrès sont élus séparément.

-Le législatif ne peut mettre fin au mandat de l’exécutif et ce dernier ne peut


dissoudre celui-là. C’est-à-dire que le président est irresponsable devant le parlement
qu’il ne peut non plus dissoudre.

Dans un régime présidentiel ou de séparation rigide des pouvoirs, la responsabilité


et la dissolution n’existent pas. Le président dispose de l’intégralité du pouvoir exécutif
avec la collaboration des ministres qu’il nomme et qui sont responsable devant lui. C’est
de cette même manière que le congrès détient l’intégralité du pouvoir législatif.

Cependant, chaque organe détient également le droit de véto qui peut paralyser
l’autre même si des modalités de contournement de ce véto existent suivant les cas. En
effet, le président possède un veto qui ne peut être levé que par un vote des deux
chambres à la majorité des deux tiers. Aussi pour la nomination des ministres et des juges
fédéraux, le président a forcément besoin de l’aval du sénat. Il apparait dès lors que
théoriquement, il y a séparation des pouvoirs mais dans la pratique, une collaboration
existe entre l’exécutif et le parlement pour éviter tout blocage du régime en cas de conflit
opposant l’un à l’autre.

Par ailleurs, il est important de noter que le régime présidentiel est différent du
régime présidentialiste. Dans celui-ci, le Président a des pouvoirs quasi-illimités, sans
contrepoids réel. Certains considèrent à cet effet que le régime malien est un régime
présidentialiste.

Paragraphe 2 : Le régime de séparation souple des pouvoirs

Lorsque la séparation des pouvoirs est souple, le régime est dit parlementaire. La
séparation souple met plus l’accent sur la collaboration entre l’exécutif et le parlement.
Historiquement, ce régime est né en grande Bretagne.

Le régime parlementaire est un régime de séparation souple des pouvoirs dans


lequel la gestion des affaires publiques est assurée par une collaboration entre exécutif et
législatif par l’intermédiaire d’un Gouvernement responsable devant le parlement. Le
régime parlementaire peut être moniste ou dualiste.

28
Dans le régime parlementaire moniste, le Gouvernement est responsable devant le
seul Parlement. Le Chef de l’Etat a des pouvoirs honorifiques et il est politiquement
irresponsable ; c’est le cas de l’Allemagne ou encore de l’Israël.

Au contraire, dans le régime parlementaire dualiste, le Gouvernement doit son


existence à la double confiance du Chef de l’Etat et du Parlement. En d’autres termes, le
Gouvernement est responsable à la fois devant le Parlement et le Chef de l’Etat qui est le
réel détenteur du pouvoir exécutif.

Dans un régime parlementaire, les relations entre exécutif et législatif sont


caractérisées par un équilibre garanti par l’existence de moyens d’action réciproque. Il
s’agit notamment de :

- Le droit d’entrée et de parole des ministres au Parlement


- L’initiative de la loi
- La possibilité pour le Gouvernement d’engager sa responsabilité sur le vote
d’un texte
- La dissolution du Parlement par le Chef de l’Etat en cas de conflit entre le
Gouvernement et le parlement.
- L’adoption d’une motion de censure par le Parlement entraine la démission du
Gouvernement.

A partir de ces constats, on pourrait se poser la question de savoir quel est la


position du régime politique malien par rapport aux régimes présidentiel et
parlementaire ? Se rattache-t-il à l’un ou à l’autre ?

Le régime politique actuel du Mali emprunte à la fois des éléments importants de


ces deux régimes pré-étudier, il revêt de ce fait un caractère hybride, mixte. On dit qu’il
est semi-présidentiel ou semi-parlementaire.

Il faut par ailleurs retenir que la théorie de la séparation des pouvoirs à des
détracteurs. Elle peut être aussi remise en cause par la forte concentration des pouvoirs du
président de la République. Mais ces négations de la séparation des pouvoirs sont ici,
dans le présent cours, sciemment écartées. La nature du régime politique dépendant
beaucoup de la manière dont les gouvernants sont désignés.

29
CHAPITRE V : LA DESIGNATION DES GOUVERNANTS

La désignation des gouvernants s’analyse d’abord à travers les élections (Section


I) ensuite les modes de scrutin (II).

Section I : L’élection

L’élection est le choix par les citoyens de leurs représentants soit à l’échelon
national, tel est le cas des élections, présidentielle et législative ; soit à l’échelon local ;
c’est le cas des élections, communale et régionale. L’élection est un moyen de
communication direct entre gouvernants et gouvernés.

Paragraphe 1 : Les modalités du droit de vote

Il existe deux principales modalités de vote. La première est discriminatoire car


elle restreint le droit de suffrage (A). La seconde est plus ouverte ; elle est dite universelle
(B).

A- Le suffrage restreint

30
On parle de suffrage restreint lorsque l’attribution du droit de vote aux citoyens est
soumise à certaines conditions telles que les conditions, de richesse, de diplôme… C’est
de cette idéologie que sont nés le suffrage censitaire et le suffrage capacitaire.

1- Le suffrage Censitaire : C’est un système dans lequel l’octroi et l’exercice du


droit de vote sont subordonnés au paiement d’un cens (montant d’impôt).

2- Le suffrage capacitaire : C’est un système dans lequel ne votent que ceux qui
savent lire et écrire ou qui ont un diplôme.

B- Le Suffrage universel : Celui-ci accorde le droit de vote à tous les citoyens dès
lors qu’ils remplissent certaines conditions, d’âge, de nationalité, de moralité, de
capacité, par exemple, posées par la loi électorale.

Paragraphe 2 : L’exercice du droit de vote

Il consiste pour les citoyens à voter le jour du scrutin ; c’est-à-dire mettre leur bulletin
de vote dans l’urne.

A- L’inscription sur la liste électorale

L’inscription est nécessaire à l’exercice du droit de vote. Pour voter, il faut être
obligatoirement inscrit sur une liste électorale. La liste électorale est un répertoire
alphabétique permanent des électeurs inscrits dans une circonscription.

B- Le déroulement du scrutin

Les règles relatives aux opérations électorales ont pour but de garantir la liberté de
l’électeur et d’assumer la sincérité du scrutin. La liberté de l’électeur est garantie par le
secret du vote qui met l’électeur à l’abri des pressions qui pourraient s’exercer sur lui afin
qu’il vote dans un sens déterminé. En pratique, le secret du vote se manifeste par le
passage de l’électeur dans l’isoloir.

-Le vote est personnel : L’électeur doit voter lui-même.

-Le vote est égal : le repose sur le principe « un homme, une voix ».

-L’électeur doit émarger la liste électorale : cela veut dire qu’il doit signer devant son
nom.

31
Section II : LES MODES DE SCRUTIN

Moyen d’expression de la souveraineté, les modes de scrutin encore appelés


régimes électoraux ou systèmes électoraux, désignent l’ensemble des techniques
juridiques destinées à départager les candidats à une élection. Dans la répartition des voix
ou des sièges, les modes de scrutin s’intéressent au nombre d’inscrits dans la
circonscription électorale, puis distinguent, les suffrages non exprimés des suffrages
exprimés. Seuls ces derniers sont pris en compte dans le décompte des voix en vue de
leur répartition entre les différents candidats.

Les suffrages exprimés sont définis comme ceux résultant uniquement de la


manifestation de la volonté des électeurs. Ce qui signifie que les abstentions, les bulletins
blancs et les bulletins nuls ne constituent pas des suffrages exprimés.

Du point de vue de sa signification politique, le mode de scrutin n’est pas un


instrument neutre. Les éléments techniques qui le composent ont des effets sur les
résultats, tant au niveau de la répartition des sièges qu’au niveau du type de composition
de l’Assemblée. Le choix de tel ou tel mode de scrutin est largement commandé par
l’objectif politique poursuivi.

Dans la présente section, nous évoquerons d’abord les éléments de base des modes
de scrutin (Paragraphe 1), avant d’étudier les principaux modes de scrutin (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les éléments de base

Il s’agit d’abord de faire une brève présentation du système majoritaire en


l’opposant à la représentation proportionnelle (A), ensuite, on opposera le scrutin
uninominal au scrutin de liste (B). Pour finir avec les éléments de base, on fera la
différence entre scrutin à un tour et scrutin à deux tours (C).

A- Le Système majoritaire et la représentation proportionnelle

Dans le système majoritaire, le ou les siège (s) est ou sont attribué au candidat ou à
la liste ayant obtenu la majorité des suffrages exprimés.

En cas de représentation proportionnelle, les sièges sont répartis entre les listes en
fonction des voix obtenues par chacune d’elles.

32
B- Le scrutin uninominal et le scrutin de liste

La différence entre ces deux modalités tient surtout au nombre de siège à pouvoir
dans une circonscription donnée. Un seul siège pour le scrutin uninominal, plusieurs pour
le scrutin de liste.

A noter que si ces deux modalités peuvent parfaitement être associées aux
systèmes majoritaires, la représentation proportionnelle, elle, ne peut être associée qu’au
seul scrutin de liste.

C- Scrutin à un tour et scrutin à deux tours

Indiquons que cette troisième alternative se situe dans le cadre des seuls systèmes
majoritaires car la représentation proportionnelle n’appelle pas de second tour.

Si le scrutin majoritaire est à un tour, la majorité relative des suffrages exprimés suffit
pour être élu, ce qui fait que l’emporte le candidat ou la liste qui arrive en tête. C’est le
Cas au Gabon, Togo, en R.D.C. et bien d’autres Etats, lors de l’élection présidentielle.

Si le scrutin majoritaire est à deux tours, la majorité absolue c’est-à-dire la moitié


plus une voix des suffrages exprimés est exigée pour être élu au premier tour ; à défaut,
un second tour est organisé et cette fois-ci, la majorité relative suffit. C’est le Cas au Mali
pour l’élection présidentielle.

Paragraphe 2 : Les scrutins majoritaires

Une distinction classique oppose le scrutin majoritaire à un tour au scrutin majoritaire


à deux tours. Les scrutins majoritaires s’accommodent aussi bien du scrutin de liste que
du scrutin uninominal. Comme cette seconde modalité est beaucoup plus pratiquée, c’est
sur elle que nous raisonnerons.

A- Le scrutin majoritaire à un tour

C’est le système anglais, également pratiqué aux Etats-Unis et dans les autre pays
anglo-saxons. Certains pays francophone comme le Gabon utilisent également ce
système.

33
Le système majoritaire à un tour est un des plus simples qui soient : à l’issue du tour
unique est déclarée élu le candidat ou la liste qui a obtenu le plus de voix.

Exemple : Soit 84 000 suffrages exprimés pour un siège à pourvoir. Trois candidats :
A, B et C sont en compétition pour le poste.

Ont obtenu : A : 38 000 voix ; B : 40 000 voix et C : 6000 voix.

Le candidat B est déclaré élu à la pluralité des voix.

Ce mode de scrutin présente tous les mérites de la simplicité. Il est le plus lié au
bipartisme.

L’un des inconvénients de ce système est qu’il peut arriver que le parti qui obtient le
plus de sièges ne soit pas celui qui a obtenu le plus de voix dans le pays ou que le
président soit élu par une minorité. Un exemple chiffré permettra de mieux comprendre
ce phénomène :

Soit deux partis A et B aux prises, pour obtenir la victoire dans le cadre de 100
circonscriptions comportant chacune 100 000 suffrages exprimés. Si le parti ‘’A’’
l’emporte, même de peu, supposons par 55 000 voix contre 45 000 voix dans 51
circonscriptions, il disposera de la majorité absolue des sièges à l’assemblée. Mais si le
parti B l’emporte largement dans les autres circonscriptions, supposons par 70 000 voix
contre 30 000 voix, il sera minoritaire à l’assemblée tout en étant majoritaire dans le pays.
Ici, l’efficacité parlementaire est préférée à la justice électorale.

B- Le scrutin majoritaire à deux tours

Il consiste à déclarer élu le candidat ou la liste qui a obtenu au premier tour, la


majorité absolue des suffrages exprimés ; à défaut, le candidat ou la liste qui obtient au
second tour la majorité simple, est déclaré élu. En principe, ne peuvent participer au
second tour que les candidats qui, lors du premier tour ont obtenu un certain pourcentage
de suffrages. En France, depuis la loi du 19 juillet 1947, 12, 5% des suffrages exprimés
sont exigés. Mais au Mali par exemple, seul les deux candidats ou les deux listes arrivées
en tête au premier tour sont autorisés à prendre part au second tour.

34
Soit dans une circonscription, 95 000 électeurs inscrits pour un siège à pourvoir. 5
candidats A, B, C, D et E sont en compétition.

Au premier tour, 79 000 suffrages exprimés. Ont obtenu : A : 31 000 voix, B :


19 000 voix, C : 14 700 voix, D : 2000 voix, E : 12 300 voix. La majorité absolue étant de
39501 voix, il y a ballotage. Un second tour est donc nécessaire. Dans le cadre du Mali,
seul A et B peuvent prendre part au second tour. Et cette fois-ci, celui qui arrive en tête
est déclaré élu automatiquement.

Les alliances électorales et les désistements qu’entraine ce système jouent un rôle


capital dans ce mode de scrutin, dont les résultats sont souvent fort différents de ceux que
donnerait le scrutin majoritaire à un tour. Dans ce système, au premier tour on choisit, au
second tour on élimine. Il peut arriver, lorsque deux coalitions sont en compétition, que
celle qui remporte la majorité des voix au premier tour ne soit pas celle qui obtient la
majorité des sièges à l’issue du second tour.

Au Mali, les élections, présidentielle et législative sont faites au scrutin majoritaire


à deux tours.

Paragraphe 3 : La représentation proportionnelle

La Représentation proportionnelle est un système simple dans son principe


puisqu’il s’agit de répartir les sièges en fonction du nombre de voix obtenu par les
différentes listes en présence. Elle supprime pratiquement les distorsions entre voix et
sièges, ainsi que les inégalités de représentation. Elle ne s’accommode qu’avec le scrutin
de liste.

La représentation proportionnelle commence nécessairement par la détermination


du quotient électoral dans la circonscription considérée. Le quotient électoral s’obtient en
divisant le nombre de suffrages exprimés par le nombre de sièges à pourvoir.

Il est ensuite procédé à la répartition de ces sièges entre les listes en divisant par le
quotient le nombre de suffrages obtenus par chaque liste.

Après la première répartition, il subsiste toujours des restes ; c’est-à-dire des voix
non représentées et des sièges non pourvus. Il faut donc procéder à une nouvelle

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répartition et on peut dire que toute la difficulté de la représentation proportionnelle
réside précisément dans l’utilisation des restes pour l’attribution des sièges non pourvus.

Pour cela, deux principales techniques existent : la représentation proportionnelle


approchée et la représentation proportionnelle intégrale.

A- La représentation proportionnelle approchée

La représentation proportionnelle est dite approchée lorsque la répartition des


restes s’effectue à l’intérieur de la circonscription. Pour cette répartition des restes, deux
systèmes sont utilisés : celui des plus forts restes (PFR) et celui de la plus forte moyenne.
L’exemple suivant nous permettra de mieux comprendre ces systèmes.

Soit dans un département 400 000 suffrages exprimés pour 8 sièges à pourvoir.

Le quotient électoral = 400 000/8= 50 000 voix.

Cinq partis en compétition : A, B, C, D, E. Ont obtenu :

La liste A : 126 000 voix

La liste B : 94 000 voix

La liste C : 88 000 voix

La liste D : 65 000 voix

La liste E : 27 000 voix

Si on veut calculer le pourcentage de chaque parti, le calcul se fait de la manière


suivante : Pourcentage = Suffrages obtenu par le parti X 100/ le nombre total de
suffrages exprimés. Exemple :

B : 94 000 = 50 000 X 100/400 000 = 23,5%

Il est d’abord procédé à la répartition des sièges sur la base du quotient électoral.

A : 126 000 :50 000= 2 sièges ; reste 26 000 voix ;

B : 94 000 : 50 000= 1 siège ; reste 44 000 voix ;

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C : 88 000 : 50 000= 1 siège ; reste 38 000 voix ;

D : 65 000 : 50 000= 1 siège ; reste 15 000 voix ;

E : 27 000 : 50 000= 0 siège ; reste 27 000 voix ;

Il reste 3 sièges non pourvus. Si on les attribue selon le système du plus fort reste, la liste
B aura le 6ème siège, la liste C le 7ème et la liste E le 8ème. Alors la répartition définitive est
la suivante :

A : 2 sièges

B : 2 sièges

C : 2 sièges

D : 1 siège

E : 1 siège.

Si on attribue les restes selon le système de la plus forte moyenne, la répartition


est un peu plus complexe et plusieurs procédés sont possibles. On évoquera ici le plus
courant, qui consiste, pour chaque siège non pourvu, à l’attribuer fictivement à chacune
des listes pour l’attribuer définitivement à celle dont le rapport est le plus élevé. Le
rapport s’obtient en prenant le siège au quotient plus un siège fictif supplémentaire. Il est
ainsi procédé à la répartition des restes :

Nombre de voix obtenues par chaque liste


Nombre de sièges pour chaque parti
Sièges réels +1 siège fictif

A : 126 000:3(2 + 1)= 42 000 voix » 3 s

B : 94 000:2(1+1)= 47 000 voix » 2 s

C : 88 000:2(1+1)= 44 000 voix » 2 s

D : 65 000 :2(1+1)= 32 500 voix » 1 s

E : 27 000 :1(0+1)= 27 000 voix » 0 s

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On constate immédiatement que la répartition n’est pas la même selon le système
du plus fort reste. On parviendrait au même résultat en utilisant le système d’Hondt qui
consiste à diviser le nombre de voix obtenu par les différentes listes par les premiers
cardinaux dans la limite du nombre de sièges à pourvoir, en l’occurrence 8 et à attribuer
ensuite ces 8 sièges aux 8 quotients les plus élevés :

Partis 1 2 3 4 5 6 7 8
Liste A 126 000 63000 42000 31500 25200 21000 18000 15750
Liste B 94 000 74000 31333 23500 18800 15666 13428 11850
Liste C 88000 44000 29333 22000 17600 14666 12571 11000
Liste D 65 000 32500 21666 16250 13000 10833 9285 8125
Liste E 27 000 13500 9000 6750 5400 4500 3857 3375

Il faut souligner que la représentation proportionnelle dans le cadre départementale ne


peut être qu’approchée.

B- La représentation proportionnelle intégrale

Puisque l’objectif est de parvenir à une représentation extrêmement fidèle de l’opinion, il


faut qu’il y ait le moins de voix non représentées que possible. Pour cela, deux méthodes
sont concevables. Elles consistent, l’une et l’autre à transférer les restes sur le plan
national.

-La première méthode fait du territoire national une seule et unique circonscription
comportant autant de sièges que l’assemblée à élire compte de membres. Le système
implique que chaque parti présente des listes de plusieurs centaines de candidats. Cela est
possible dans les Etats de petites dimensions et de faible population.

-La seconde consiste à opérer la répartition des restes non plus à l’intérieur d’une
même circonscription mais sur le plan national. Les voix non représentées de chaque liste
sur le plan départemental sont additionnées et donnent lieu à une répartition en fonction
d’un quotient qui au lieu d’être différent d’un département à l’autre, peut être fixé à
l’avance, par exemple en divisant le nombre des électeurs par celui des sièges à pourvoir.

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Soit un quotient fixe de 40 000 voix. Dans un département donné, la liste A obtient
110 000 voix et reçoit 2 sièges. Les 30 000 voix non représentées son additionnées à
toutes celles obtenues par la liste A dans les autres circonscriptions et non représentées. Si
le total de ces voix est 824000, la liste A recevra au titre de la répartition opérée sur le
plan national, 20 sièges de plus.

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