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Le Berger Allemand: Origines, Histoire Et Évolution de L'utilisation de La Race Et de Sa Morphologie

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Le Berger allemand : origines, histoire et évolution de

l’utilisation de la race et de sa morphologie


Noëlie Gros

To cite this version:


Noëlie Gros. Le Berger allemand : origines, histoire et évolution de l’utilisation de la race et de sa
morphologie. Sciences du Vivant [q-bio]. 2023. �dumas-04413108�

HAL Id: dumas-04413108


https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04413108
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teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation
________________________________________________________________________________________
ANNEE 2023 - Thèse n°109

Le Berger Allemand : origines, histoire et évolution de


l’utilisation de la race et de sa morphologie

THÈSE
pour l’obtention du diplôme d’État de
DOCTEUR VETERINAIRE
présentée et soutenue publiquement devant
l’UFR de Médecine de l’Université de Nantes
le 7 novembre 2023
par

Noëlie Blanche GROS


Sous la direction de
Monsieur Claude GUINTARD

Président du jury :
Monsieur Antoine HAMEL, Professeur à la faculté de médecine de Nantes, praticien hospitalier en chirurgie
pédiatrique au Centre Hospitalier Universitaire de Nantes
Membres du jury :
Monsieur Claude GUINTARD, Maître de conférence, service d’Anatomie Comparée, ONIRIS
Madame Odile SENECAT, Maître de conférence, service de Médecine interne, imagerie médicale et législation
professionnelle vétérinaire, ONIRIS

ONIRIS –VetAgroBio Nantes


ECOLE NATIONALE VETERINAIRE,
AGROALIMENTAIRE ET DE L’ALIMENTATION
Site de la Chantrerie
Route de Gachet
44307 Nantes Cédex 3
Ecole Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation
________________________________________________________________________________________
ANNEE 2023 - Thèse n°109

Le Berger Allemand : origines, histoire et évolution de


l’utilisation de la race et de sa morphologie

THÈSE
pour l’obtention du diplôme d’État de
DOCTEUR VETERINAIRE
présentée et soutenue publiquement devant
l’UFR de Médecine de l’Université de Nantes
le 7 novembre 2023
par

Noëlie Blanche GROS


Sous la direction de
Monsieur Claude GUINTARD

Président du jury :
Monsieur Antoine HAMEL, Professeur à la faculté de médecine de Nantes, praticien hospitalier en chirurgie
pédiatrique au Centre Hospitalier Universitaire de Nantes
Membres du jury :
Monsieur Claude GUINTARD, Maître de conférence, service d’Anatomie Comparée, ONIRIS
Madame Odile SENECAT, Maître de conférence, service de Médecine interne, imagerie médicale et législation
professionnelle vétérinaire, ONIRIS

ONIRIS –VetAgroBio Nantes


ECOLE NATIONALE VETERINAIRE,
AGROALIMENTAIRE ET DE L’ALIMENTATION
Site de la Chantrerie
Route de Gachet
44307 Nantes Cédex 3
3
4
La reproduction d’extraits de cette thèse est autorisée avec mention de la source. Toute
reproduction partielle doit être fidèle au texte utilisé. Cette thèse devra donc être citée en incluant
les éléments bibliographiques suivants :

§ Nom et prénoms de l’auteur : GROS Noëlie

§ Année de soutenance : 2023

§ Titre de la thèse : Le Berger Allemand : origines, histoire et évolution de l’utilisation de la


race et de sa morphologie

§ Intitulé du diplôme : Thèse de doctorat vétérinaire

§ Université de soutenance : Faculté́ de Médecine de Nantes

§ École de soutenance : Oniris, École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de


L’alimentation Nantes Atlantique

§ Nombre de pages : 152 pages

5
6
Remerciements

A Monsieur le professeur Antoine HAMEL,


De la Faculté de Médecine de Nantes,
Pour avoir généreusement accepté de présider le jury de cette thèse,
Hommages respectueux.

A Monsieur le professeur Claude GUINTARD,


Du campus vétérinaire d’Oniris VetAgroBio Nantes,
Qui a accepté de m’encadrer et de m’encourager dans ce projet,
Pour vos mots réconfortants, votre bonne humeur à toute épreuve et votre bienveillance tout au long
de ces cinq années,
Sincères remerciements.

A Madame la professeure Odile SENECAT,


Du campus vétérinaire d’Oniris VetAgroBio Nantes,
Qui a accepté d’être assesseur de ce jury de thèse (promis elle fait moins de 200 pages),
Pour votre gentillesse et votre douceur, aussi bien en clinique que lors de vos cours magistraux,
Sincères remerciements.

A Madame la journaliste Sophie LICARI,


Qui a accepté de me fournir un grand nombre de ses travaux,
Pour votre intérêt pour ce projet et votre passion pour la cynotechnie militaire,
Sincères remerciements.

A Mesdames Dorothée FABRE, Virginie OEILLARD, et Marie BRIAND,


De la Société Centrale Canine,
Qui m’ont chaleureusement accueillie au siège de la Société Centrale Canine,
Pour avoir pris soin de récolter de nombreux documents anciens,
Sincères remerciements.

A Madame la secrétaire générale Anne-Marie CLASS,


De la Société Centrale Canine,
Qui m’a accueillie sur le ring du Concours Général Agricole 2023,
Pour m’avoir enseigné quelques-uns des secrets du show d’exposition canine,
Hommages respectueux.

7
8
Table des matières
Remerciements ................................................................................................................................... 7
Liste des figures ................................................................................................................................ 13
Liste des tableaux ............................................................................................................................. 18
Liste des annexes ............................................................................................................................. 18
Liste des abréviations........................................................................................................................ 19
Définitions.......................................................................................................................................... 20
Introduction ........................................................................................................................................ 23
Chapitre I - Les origines du Berger Allemand : de la naissance de la race à son utilisation au cours
de la Première Guerre Mondiale ....................................................................................................... 25
I. La domestication du chien : premières utilisations bergères et guerrières ............................ 26
1. La domestication du chien, premières traces auprès des Hommes .................................. 26
2. Les origines du chien de berger ........................................................................................ 27
2.1. Les premières traces des chiens de troupeaux ....................................................... 27
2.2. La naissance et l’expansion du « chien de berger » ................................................ 28
2.3. Les qualités appréciées pour la conduite et la garde des troupeaux ....................... 29
3. Les premières utilisations du chien à la guerre ................................................................. 31
3.1. Au cours de la Haute Antiquité : de 3000 à 600 ans avant J.C................................ 31
3.2. Durant l’Antiquité : de 600 ans avant à 500 ans après J.C. ..................................... 32
3.3. Au Moyen-Âge et à la Renaissance : 500 à 1600 après J.C. .................................. 33
3.4. Du XVIIème au XIXème siècle ................................................................................. 34
3.5. Le chien d’assaut à l’époque moderne, le XXème siècle......................................... 34
II. La naissance du Berger Allemand et l’évolution de la race au début du XXème siècle ........ 35
1. Unification des races de chiens de berger en Allemagne ................................................. 35
1.1. Les chiens de berger en Allemagne au XIXème siècle : une grande diversité ........ 35
1.2. Les débuts d’un élevage contrôlé et réglementé ..................................................... 39
1.3. Une histoire de lignées............................................................................................. 41
a. Horand von Grafrath, un pionnier en Allemagne...................................................... 41
b. La descendance célèbre d’Horand von Grafrath ..................................................... 43
c. Quelques autres lignées allemandes célèbres ........................................................ 44
2. Apparition du Berger Allemand dans les expositions et autres rassemblements canins .. 46
2.1. Le Berger Allemand dans les premières expositions canines.................................. 46
2.2. Les championnats et concours de chiens d’utilité .................................................... 48
III. L’utilisation du Berger Allemand au cours de la Première Guerre Mondiale ......................... 50
1. Un chien aux qualités idéales pour la guerre .................................................................... 50
2. Les chiens et la place de la race Berger Allemand dans les armées ................................ 50
2.1. L’entrée du chien dans les armées .......................................................................... 50
2.2. Les missions confiées aux Bergers Allemands sur le front ...................................... 52

9
a. Les chiens sanitaires ................................................................................................ 52
b. Les chiens sentinelles et les chiens patrouilleurs .................................................... 55
c. Les chiens de liaison et estafettes ........................................................................... 57
d. La détection des gaz ................................................................................................ 58
2.3. Le Berger Allemand à la fin de la Première Guerre Mondiale.................................. 59
3. Une race toutefois controversée en France ...................................................................... 61
3.1. L’arrivée du Berger Allemand en France ................................................................. 61
3.2. La polémique d’après-guerre autour du chien de Berger Allemand......................... 61
Chapitre II – Des années 1920 aux années 1960 : un chien au service de la guerre ....................... 65
I. A l’entre-deux-guerres ........................................................................................................... 66
1. Évolution de la place du Berger Allemand dans la cynotechnie militaire .......................... 66
1.1. L’essor de la race Berger Allemand dans les nouveaux chenils allemands ............ 66
1.2. Une cynotechnie militaire française en déclin .......................................................... 67
1.3. Les premiers pas du Berger Allemand en Union Soviétique.................................... 68
2. Impact de l’entre-deux-guerres sur les standards de la race ............................................ 69
2.1. Mise en place des règlements sur la sélection et sur l’élevage ............................... 69
2.2. Couleurs et morphologie : apparition des fondements du Berger Allemand actuel . 69
II. Un outil de répression pendant la Seconde Guerre Mondiale ............................................... 71
1. Le Berger Allemand figure du nazisme en Allemagne ...................................................... 71
1.1. Le Berger Allemand au service de l’idéologie nazie ................................................ 71
1.2. Autres utilisations de la race par l’armée allemande................................................ 73
1.3. Hitler, passionné de Bergers Allemands .................................................................. 75
2. L’utilisation du Berger Allemand par les autres pays au cours de la Seconde Guerre
Mondiale ..................................................................................................................................... 76
2.1. En France ................................................................................................................. 76
2.2. Par l’armée américaine ............................................................................................ 77
2.3. Par la Russie ............................................................................................................ 80
3. Le Berger Allemand au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ................................ 81
3.1. Renouveau au sein des armées françaises ............................................................. 81
3.2. L’élevage du Berger Allemand dans l’Allemagne d’après-guerre ............................ 83
III. Participation du Berger Allemand à quelques autres guerres du XXème siècle ................... 85
1. La guerre d’Indochine ........................................................................................................ 85
2. La guerre d’Algérie ............................................................................................................ 86
3. La guerre de Corée............................................................................................................ 89
4. La guerre du Vietnam ........................................................................................................ 90
Chapitre III – Des années 1960 à aujourd’hui : vers une morphologie hypertypée de la race .......... 95
I. Utilisations modernes du Berger Allemand : exemple de la France ...................................... 96
1. Au sein des armées ........................................................................................................... 96
1.1. Armée de terre ......................................................................................................... 96

10
1.2. Marine nationale ....................................................................................................... 97
1.3. Armée de l’air ........................................................................................................... 99
2. Par les services de police et de gendarmerie .................................................................. 101
2.1. Chien policier ......................................................................................................... 101
2.2. Chien de recherche d’explosifs, d’armes et de stupéfiants .................................... 102
2.3. Chien de recherche de personnes ......................................................................... 102
3. Pour le service à la personne .......................................................................................... 104
3.1. Chien guide d’aveugle............................................................................................ 104
3.2. Chiens d’assistance aux personnes en situation de handicap............................... 105
II. Élevage et succès de la race Berger Allemand depuis 1960 .............................................. 106
1. Élevage et expositions du Berger Allemand dans la seconde moitié du XXème siècle .. 106
2. Le Berger Allemand : « chien préféré » à l’échelle internationale ................................... 107
2.1. Les inscriptions au LOF : le Berger Allemand en tête durant de nombreuses années
107
2.2. Chien star auprès des stars : du petit au grand écran ........................................... 107
3. Déclin récent de la race allemande : exemple de la France ............................................ 109
3.1. Statistiques au LOF................................................................................................ 109
3.2. Quelques hypothèses quant à ces statistiques ...................................................... 109
III. Impact de la mode et de l’utilisation de la race sur sa morphologie .................................... 111
1. Standard actuel de la race Berger Allemand ................................................................... 112
1.1. Standards de la race Berger Allemand .................................................................. 112
1.2. Concernant la ligne du dos .................................................................................... 112
1.3. Concernant les articulations du genou et du jarret................................................. 113
2. Modifications morphologiques depuis les années 1960 .................................................. 115
2.1. Notion d’hypertype ................................................................................................. 115
2.2. Mise en évidence de l’hypertype du Berger Allemand ........................................... 115
2.3. Lente évolution morphologique : du manque de type à l’hypertype ....................... 117
3. Influence de l’hypertype sur la santé et l’aptitude au travail de la race ........................... 121
3.1. Le Berger Allemand : un chien trotteur .................................................................. 121
3.2. Influence de l’hypertype du Berger Allemand sur sa posture et ses allures .......... 122
Conclusion....................................................................................................................................... 127
Bibliographie.................................................................................................................................... 129
Annexes .......................................................................................................................................... 137

11
12
Liste des figures

Figure 1 : Chien de troupeau dans les collines de Souabe, au Sud-Ouest de l'Allemagne (VON
STEPHANITZ 1923). ......................................................................................................................... 25
Figure 2 : Scène pastorale de la Grèce Antique représentant un chien de conduite (à gauche), et
scène de défense représentant un chien de garde de troupeau dans la Rome Antique (à droite) (VON
STEPHANITZ 1923). ......................................................................................................................... 27
Figure 3 : Diffusion du chien de conduite en Europe (DE PLANHOL 1969). ................................... 28
Figure 4 : Dessin issu d'une gravure sur cuivre, représentant un légionnaire romain et son dogue,
environ 100 après J.C. (COOPER 2016). ......................................................................................... 32
Figure 5 : Chien de combat armé d'un corset de fer, d'une lance et d'un vase enflammé (ROYAL
CANIN 2016). .................................................................................................................................... 33
Figure 6 : Un chien de berger en Allemagne dans les années 1830 (DE WAILLY, DUPONT 1993).
.......................................................................................................................................................... 35
Figure 7 : Chiens de berger allemand du centre de l’Allemagne (à gauche ; à poil long, noir doté de
points jaunes) et du nord de l’Allemagne (à droite ; à poil long, blanc) (VON STEPHANITZ 1923). 36
Figure 8 : Chien de berger de Wurtemberg, fin du XIXème siècle (VON STEPHANITZ 1923). ...... 37
Figure 9 : Chien de berger de Wurtemberg à poil dur, jaune à selle noire, fin du XIXème siècle (VON
STEPHANITZ 1923). ......................................................................................................................... 37
Figure 10 : Chien de berger de Thuringe à pelage lisse, dans les années 1900 (VON STEPHANITZ
1923). ................................................................................................................................................ 37
Figure 11 : Chien de berger de Thuringe, fin du XIXème siècle (VON STEPHANITZ 1923). .......... 38
Figure 12 : Chiens de bergers allemands à poils longs, durs ou courts, par Ludwig Beckmann en
1894 (VON STEPHANITZ 1923). ...................................................................................................... 38
Figure 13 : Le capitaine Von Stephanitz, fondateur de la race, accompagné d’un chien de berger
allemand (GSDCA 2023)................................................................................................................... 39
Figure 14 : Quatre des 12 fondateurs du SV à Hanovre en 1924, au 25ème anniversaire du club canin
du Berger Allemand (de gauche à droite : Friedrich Anoldt, Max von Stephanitz, Friedrich Goymann,
Otto Weber) (LE BERGER ALLEMAND 2023). ................................................................................ 40
Figure 15 : Vision de l'élevage du chien de berger allemand par Von Stephanitz (VON STEPHANITZ
1923). ................................................................................................................................................ 41
Figure 16 : Horand von Grafrath (VON STEPHANITZ 1923). .......................................................... 42
Figure 17 : Description du chien Horand von Grafrath par son maître, le capitaine Max von Stephanitz
(VON STEPHANITZ 1923). ............................................................................................................... 42
Figure 18 : Hektor von Schwaben, SZ N°13 (VON STEPHANITZ 1923). ........................................ 43
Figure 19 : Roland von Starkenburg (VON STEPHANITZ 1923). .................................................... 43
Figure 20 : Beowulf, anciennement prénommé Beowulf-Sonnenberg (VON STEPHANITZ 1923). 44
Figure 21 : Audifax von Grafrath (VON STEPHANITZ 1923)........................................................... 45
Figure 22 : Point de vue de Max Von Stephanitz sur le Berger Allemand dans les shows d'exposition
canine (GRANDJEAN, HAYMANN 2003). ........................................................................................ 46
Figure 23 : Jugement des Bergers Allemands par Stephanitz à l'exposition de Berlin organisée par
le SV le 20 avril 1905 (LE BERGER ALLEMAND 2023). .................................................................. 46

13
Figure 24 : Jörg von der Krone (à gauche) et Lisie von Schwenningen (à droite), Sieger 1899
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ......................................................................................... 47
Figure 25 : Roland de Boisfleury, 1er Prix exposition de Paris 1914, publié dans Le Sport Universel
Illustré du 2 août 1914 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ..................................................... 47
Figure 26 : Worad von Berta, Sieger sur troupeau en 1919 (VON STEPHANITZ 1923). ................ 48
Figure 27 : Concours de chiens policiers au stade vélodrome Buffalo, 1910 (GALLICA 2020). ...... 49
Figure 28 : Bergers Allemands sanitaires de la Croix Rouge de l’armée allemande (SOCIETE
CENTRALE CANINE 2022a). ........................................................................................................... 52
Figure 29 : Le Berger Allemand Nelly, chien sanitaire, tenant dans sa gueule le képi d’un blessé
(LEPET-COINTET, GRANJUX 1909). .............................................................................................. 52
Figure 30 : Le képi est enlevé à Nelly, qui attend qu’on lui remette sa laisse pour conduire
l’ambulancier au blessé (LEPET-COINTET, GRANJUX 1909). ........................................................ 53
Figure 31 : Berger d’Alsace déterrant un blessé enseveli (LASNIER, MALHER 1915). .................. 53
Figure 32 : Un Berger Allemand en mission de chien sanitaire, participant à la recherche de blessés
(LICARI 2018). .................................................................................................................................. 54
Figure 33 : Récit d’un soldat du Mans, blessé le 2 novembre 1915 (LE BERGER ALLEMAND 2023).
.......................................................................................................................................................... 54
Figure 34 : Berger Allemand en exercice, entraînement à la recherche de blessés (MINISTERE DES
ARMEES 2023). ................................................................................................................................ 55
Figure 35 : Berger Allemand à l'entraînement, tenant dans sa gueule un képi de soldat (MINISTERE
DES ARMEES 2023)......................................................................................................................... 55
Figure 36 : Chienne de berger d’Alsace prénommée Helda, ici en sentinelle dans la région du
Reichakerkopf en Alsace (LICARI 2018)........................................................................................... 56
Figure 37 : Extrait du Manuel de dressage et d'utilisation des chiens de transmission (MINISTERE
DE LA GUERRE 1931). .................................................................................................................... 57
Figure 38 : Un Berger Allemand en mission de liaison, armée allemande, 1916 (LE BERGER
ALLEMAND 2023). ............................................................................................................................ 57
Figure 39 : À Maisons-Laffitte, à la société nationale du chien sanitaire et de guerre, Rolf porte son
masque contre les gaz, en décembre 1916 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). .................... 58
Figure 40 : Un soldat américain et son Berger Allemand en exercice en Allemagne, 1955 (UZAN
2022). ................................................................................................................................................ 59
Figure 41 : Premiers Bergers Allemands chiens guides en Angleterre, 1931 (LE BERGER
ALLEMAND 2023). ............................................................................................................................ 60
Figure 42 : Premiers Bergers Allemands diplômés de l’école The Seeing Eye, à Nashville en février
1929 (de gauche à droite : instructeur en chef Jack Humphrey ; Dr. Raymond Harris et son chien
Tartar ; instructrice Adelaide Clifford ; Dr. Howard Buchanan et son chien Gala ; instructeur Willi
Ebeling) (THE SEEING EYE 2022). .................................................................................................. 60
Figure 43 : Avis de journalistes sur les chiens de berger d'Alsace, présentés lors de l’exposition
canine aux Tuileries en 1920 (NATTAN 1920 ; DE WALEFFE 1920)............................................... 62
Figure 44 : Le boxeur Georges Carpentier, sergent aviateur pendant la Première Guerre Mondiale,
avec son Berger Allemand rebaptisé Kronprinz, capturé dans un convoi allemand (SOCIETE
CENTRALE CANINE 2022a). ........................................................................................................... 64
Figure 45 : Herta Lutz, gardienne du camp de concentration de Grünberg, et son chien Greif portant
un manteau orné des runes SS, en 1944 (JAMAKORZYAN 2023). ................................................. 65
Figure 46 : Chenil militaire de Kummersdorf, en mars 1936 (JAMAKORZYAN 2023)..................... 66

14
Figure 47 : Témoignage du lieutenant Dathis au sujet de Flambeau, Berger Allemand vaguemestre
dans les crêtes franco-italiennes entre 1928 et 1937 (JAMAKORZYAN 2023). ............................... 67
Figure 48 : Bergers Allemands en entraînement au chenil de l'Armée rouge ouvrière et paysanne, en
1934 (EGOROV 2018). ..................................................................................................................... 68
Figure 49 : Le champion de l’exposition du Berger Allemand de 1925, Klodo von Boxberg (SOCIETE
CENTRALE CANINE 2022a). ........................................................................................................... 69
Figure 50 : Berno von der Seewiese, premier Berger Allemand blanc inscrit au SZ, né en 1913
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ......................................................................................... 70
Figure 51 : Témoignage du Docteur Aaron Kupstow, envoyé au stalag IX B de Francfort-sur-le-Main,
en Allemagne (GARAPON 2004). ..................................................................................................... 71
Figure 52 : Témoignage d'un pharmacien polonais, déporté en 1941 au camp de concentration de
Gross-rosen (UNITED STATES HOLOCAUST MEMORIAL MUSEUM 1992). ................................ 71
Figure 53 : Dessin « La violence », par Jeanne Letourneau, représentant le block 27 du camp de
Ravensbrück (MUSEE DE L’ARMEE 2023)...................................................................................... 72
Figure 54 : Unité cynotechnique SS sentinelle du camp de Plaszow (ASSOCIATION FRANCAISE
BUCHENWALD DORA ET KOMMANDOS 2015). ............................................................................ 72
Figure 55 : Témoignage de Pierre Pardon, publié dans Le Serment n°131 en 1979 (ASSOCIATION
FRANCAISE BUCHENWALD DORA ET KOMMANDOS 2015). ...................................................... 72
Figure 56 : Soldat de la Wehrmacht et son Berger Allemand au cours de la Seconde Guerre Mondiale
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ......................................................................................... 74
Figure 57 : Soldats allemands et leur Berger Allemand en zone de combat, Seconde Guerre Mondiale
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ......................................................................................... 74
Figure 58 : Équipage allemand de Panzer et leur Berger Allemand, Seconde Guerre Mondiale
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). ......................................................................................... 74
Figure 59 : Hitler et son Berger Allemand, Blondi (HOARE 2020). .................................................. 75
Figure 60 : Hitler en compagnie d’une meute de Bergers Allemands (LE BERGER ALLEMAND 2023).
.......................................................................................................................................................... 75
Figure 61 : Le 1er peloton de chiens de guerre des Marines sur l’île de Bougainville, mélangeant
Bergers Allemands et Dobermans, en novembre 1943 (GARAPON 2004). ..................................... 77
Figure 62 : Deux marines américains agenouillés aux côtés de leur Berger Allemand à la bataille
d’Iwo Jima, en 1945 (LE BERGER ALLEMAND 2023). .................................................................... 78
Figure 63 : Le lieutenant américain Peter Baranowski et son chien, le Berger Allemand Jaint de
Motimorency (LE BERGER ALLEMAND 2023). ............................................................................... 78
Figure 64 : Le Berger Allemand Chips, accompagné d’un soldat américain au cours de la Seconde
Guerre Mondiale (TOUSIGNANT 2018). ........................................................................................... 79
Figure 65 : Unité de Bergers Allemands antichars (JAMAKORZYAN 2023). .................................. 80
Figure 66 : Berger Allemand mort portant encore sur son dos un dispositif antichar (à gauche :
écriteau « Vorsicht », prudence en allemand) (JAMAKORZYAN 2023). .......................................... 81
Figure 67 : Chenil de Bergers Allemand du 10ème GV de Linx, en 1954 (LICARI 2019). ................. 82
Figure 68 : Témoignage du maître-chien Claude Bouquey, du 10ème GV de Linx (LICARI 2019). 82
Figure 69 : Le Berger Allemand Salk, du 10ème GV de Linx, avec son maître Claude Bouquey à
gauche et à l’entraînement au mordant à droite, 1964 (LICARI 2019).............................................. 83
Figure 70 : Rolf von Osnabrücker Land, Sieger 1951 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). .... 84
Figure 71 : Bergers Allemands membres de cynocommando lors de la guerre d’Indochine (LICARI
2019). ................................................................................................................................................ 85

15
Figure 72 : Cynocommando en déplacement, guerre d’Indochine (LICARI 2019)........................... 85
Figure 73 : Berger Allemand en exercice de parachutage (LE BERGER ALLEMAND 2023).......... 86
Figure 74 : Peloton cynophile du 5ème Régiment Étranger d’Infanterie, guerre d’Algérie (LICARI 2019).
.......................................................................................................................................................... 87
Figure 75 : Héliportage d’un Berger Allemand militaire, guerre d’Algérie (LICARI 2019). ............... 87
Figure 76 : Le gendarme Gilbert Godefroy accompagné de son fidèle Berger Allemand, Gamin (LE
BERGER ALLEMAND 2023)............................................................................................................. 88
Figure 77 : Berger Allemand s’attelant à la détection de mines sur une voie ferrée, guerre d’Algérie
(LICARI 2019). .................................................................................................................................. 88
Figure 78 : Mémorial du chien de guerre, Colorado Springs (en bas : « Berger Allemand (mille cinq
cents ont servi) ») (LE BERGER ALLEMAND 2023). ....................................................................... 89
Figure 79 : Bergers Allemands sentinelles et leurs maîtres-chiens, après avoir patrouillé le périmètre
de Marble Mountain, un poste de secours et de communication à Danang, en 1969 (AIELLO, BACON
2012). ................................................................................................................................................ 90
Figure 80 : Le caporal Alfredo Salazar au camp Kaiser, nommé ainsi en hommage à son Berger
Allemand (LE BERGER ALLEMAND 2023). ..................................................................................... 91
Figure 81 : Le Berger Allemand Némo, matricule canin A534 (GREEN 2022). ............................... 91
Figure 82 : Ron Aiello et son Berger Allemand Stormy (DONOVAN 2018). .................................... 91
Figure 83 : Mémoriaux en l’honneur des chiens militaires morts lors de la guerre du Vietnam,
représentant tous deux un Berger Allemand aux côtés de son maître (à droite Stormy, érigé en 2006
à Holmdel dans le New Jersey) (LE BERGER ALLEMAND 2023). .................................................. 92
Figure 84 : John Kleeman et son Berger Allemand messager Caesar, sur la côte Ouest de
Bougainville (NATIONAL WWII MUSEUM 2020). ............................................................................. 93
Figure 85 : Le Berger Allemand de police Trakr, après avoir trouvé la dernière victime de l'attentat
du World Trade Center, le 12 septembre 2001 (BLUME 2019). ....................................................... 95
Figure 86 : 24ème Groupe Vétérinaire, situé à Suippes, en juillet 1970 (LICARI 2018)..................... 96
Figure 87 : Le maître-chien Claude Dorp et son Berger Allemand Froha, au chenil du peloton
cynophile de la Demi-Brigade de Fusiliers Marins, dans les années 1960 (LICARI 2020a). ............ 97
Figure 88 : Claude Dorp, fusilier et maître-chien de 1959 à 1960, à propos de son Berger Allemand
Froha et des autres Bergers Allemands de la brigade (LICARI 2020a). ........................................... 97
Figure 89 : Maîtres-chiens du peloton cynophile de l’Ile Longue, en 1972 (LICARI 2020a). ........... 98
Figure 90 : A gauche : témoignage du lieutenant vétérinaire Philippe Fournier ; à droite : son Berger
Allemand, Qualik, au chenil de l’Ile Longue dans les années 1970 (LICARI 2020a). ....................... 98
Figure 91 : Peloton cynophile de la base de l’Ile Longue, en 1982 (SOCIETE CENTRALE CANINE
2022b). .............................................................................................................................................. 99
Figure 92 : Fusiliers de l’air en mission de protection avec leur Berger Allemand, guerre d’Algérie
(LICARI 2020b). ................................................................................................................................ 99
Figure 93 : Groupe cynotechnique de la base aérienne 103 de Cambrai, photographie publiée dans
le bulletin Flash 103 de juillet 1979 (LICARI 2020b). ...................................................................... 100
Figure 94 : Avis du major Benoît, responsable cynotechnique de la BAFSI, sur le Berger Allemand
dans l’armée de l’air (LICARI 2020b). ............................................................................................. 100
Figure 95 : Moniteurs du Centre National de Formation des Unités Cynotechniques de la Police
Nationale, en 1977 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022b). ........................................................ 101
Figure 96 : Brigade canine de Grenoble, en 1979 (LE BERGER ALLEMAND 2023). ................... 101

16
Figure 97 : Dressage des chiens anti-drogue à l’École Nationale des Douanes de La Rochelle, en
1984 (LE BERGER ALLEMAND 2023). .......................................................................................... 102
Figure 98 : Bergers Allemands chiens d’avalanche, en compagnie de leurs maîtres CRS
(WAWRZYNIAK 2011 ; DUCROT 2018). ........................................................................................ 103
Figure 99 : Paul Corteville et Dicky, le premier chien guide d’aveugle français (CHIENS GUIDES DE
L’EST 2023). ................................................................................................................................... 104
Figure 100 : Moly, premier Berger Allemand remis par l’association française Handi’Chiens, en 2018
(HANDI’CHIENS 2023). .................................................................................................................. 105
Figure 101 : Deux des Bergers Allemands célèbres du XXème siècle : à gauche, Rintintin, connu
dans le film et les séries à son nom ; à droite, Jerry Lee, de la saga Chien de flic (LE BERGER
ALLEMAND 2023). .......................................................................................................................... 107
Figure 102 : Jean-Pierre Pernaut et le Berger Allemand Mabrouka, mascotte de l’émission « 30
millions d’amis » (FONDATION 30 MILLIONS D’AMIS 2023). ....................................................... 108
Figure 103 : Les deux Bergers Allemands de Joe Biden à la Maison Blanche, en 2021 (à gauche :
Champ ; à droite : Major) (ROMO 2021). ........................................................................................ 108
Figure 104 : Évolution du nombre de Bergers Allemands inscrits au LOF, en comparaison avec les
autres races canines les plus populaires au cours des dernières années, accompagnée du
classement de la race, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c) ©. .................................. 110
Figure 105 : Silhouette du Berger Allemand présenté dans le standard en vigueur (Annexe 10),
complétée des différents points de mesure utilisés par la suite ©. ................................................. 111
Figure 106 : Ligne du dessus prolongée par la croupe, sans rupture visible, d'après le standard en
vigueur ©. ........................................................................................................................................ 112
Figure 107 : Angle idéal formé par la croupe d'après le standard en vigueur ©. ........................... 113
Figure 108 : Vue de derrière idéale d'après le standard en vigueur ©. .......................................... 113
Figure 109 : Angle cuisse-jambe idéal d'après le standard en vigueur ©. ..................................... 114
Figure 110 : Ouverture de l’angle A et fermeture de l’angle 2, sur la silhouette d'un Berger Allemand
hypertypé, d'après (GUINTARD, CLASS 2017) ©. ......................................................................... 115
Figure 111 : L'hypertype des membres postérieurs en « jarrets de vache » (à gauche, sur le chien
Conbhairean Gabriella, présenté en 2016 au Scottish Kennel Club Championship Show) ©. ....... 116
Figure 112 : Évolution morphologique visible sur quatre Bergers Allemands sacrés Sieger (de la
gauche vers la droite : Norbert von Kohlwald ; Odin vom Stolzenfels ; Dingo vom Haus Gero ; Ballack
von der Brucknerallee). ................................................................................................................... 117
Figure 113 : Superposition des silhouettes de deux Sieger : Klodo von Boxberg en 1925, et Mentos
von Osterberger-Land en 2014 ©.................................................................................................... 119
Figure 114 : Différents angles A formés par la pente de la croupe, en 1934 (HUMPHREY, WARNER,
PEARL 1934). ................................................................................................................................. 119
Figure 115 : Bergers Allemand de travail (à gauche : Daley des Légendaires Vanova, issu d’un
élevage de chien de travail (D’HERRERA DEL ALCANTARA 2023) ; à droite : Nanook de Sanctae
Crucis, dans la classe travail mâle poil long, à la Nationale d’élevage de 2019 (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2023a)). ............................................................................................................................ 120
Figure 116 : Extrait du CCBA quant aux allures recherchées chez le Berger Allemand lors des shows
d'exposition (CCBA 2016b). ............................................................................................................ 121
Figure 117 : A gauche, le chien Cruaghaire Catoria sur le ring du Crufts Dog Show (FINAN 2016) ; à
droite, l’angle formé par la pente du dos du champion à l’arrêt et au trot ©.................................... 123
Figure 118 : Un Berger Allemand dit « ancien type », né de certaines lignées rares issues de la RDA
(LA LEGENDE DU LOUP NOIR 2021). .......................................................................................... 125

17
Liste des tableaux

Tableau 1 : Différences et similitudes dans les qualités recherchées chez les deux types de chiens
de berger (DANIELS-MOULIN 2004). ............................................................................................... 30
Tableau 2 : Les deux types régionaux de chiens de bergers en Allemagne à la fin du XIXème siècle
(FRANCQ 2007). ............................................................................................................................... 36
Tableau 3 : Ouverture progressive de l'angle A et fermeture progressive de l'angle 2, entre 1900 et
1975 ©. ............................................................................................................................................ 118
Tableau 4 : Illustrations schématiques des différents profils de dos du Berger Allemand actuel,
d’après (HUMPHRIES, SHAHEEN, GOMEZ ALVAREZ 2020). ...................................................... 122

Liste des annexes

Annexe 1 : Arbre généalogique des chiens de bergers (VON STEPHANITZ 1923). ..................... 137
Annexe 2 : Programme du Grand prix de Paris des chiens policiers, organisé au Vélodrome Buffalo
en 1910. .......................................................................................................................................... 138
Annexe 3 : Ordre de recensement des chiens de berger : circulaire du préfet du Var aux maires du
département, leur demandant de recenser le nombre de chiens dans leur commune en vue de leur
mobilisation, en 1918 (ARCHIVE DEPARTEMENTALE DU VAR 1918). ....................................... 139
Annexe 4 : Certificat d’honneur délivré le 1er octobre 1942 à M. Walter Hofmann pour avoir fourni son
Berger Allemand Reif à la Wehrmacht, et « contribué au renforcement de la défense nationale et à la
protection du sang précieux des soldats dans la lutte de la Grande Allemagne pour son avenir »
(JAMAKORZYAN 2023). ................................................................................................................. 140
Annexe 5 : Lettre du Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre au Général Commandant en
Chef des Forces terrestres, 1940 (GARAPON 2004). .................................................................... 141
Annexe 6 : Lettre du ministre de la Guerre au Général Commandant de la 1ère Armée Française,
1945 (GARAPON 2004). ................................................................................................................. 142
Annexe 7 : Tableau des inscriptions de chiots Bergers Allemands (BA) au LOF entre 1947 et 1965,
d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c). ........................................................................... 143
Annexe 8 : Inscriptions au LOF entre 1970 et 1999, classement de la race et pourcentage de BA
inscrits par rapport au nombre de chiots total, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c)... 144
Annexe 9 : Inscriptions au LOF entre 2000 et 2022, classement de la race et pourcentage de BA
inscrits par rapport au nombre de chiots total, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c)... 145
Annexe 10 : Edition française du standard en vigueur de la race Berger Allemand datant de 2018
(FEDERATION CYNOLOGIQUE INTERNATIONALE 2023). ......................................................... 146

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Liste des abréviations

BAFSI : Brigade Aérienne des Forces de Sécurité et d’Intervention

CCBA : Club du Chien de Berger Allemand

CRS : Compagnies Républicaines de Sécurité

FCI : Fédération Cynologique Internationale

GIGN : Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale

GSDCA : German Shepherd Dog Club of America

GV : Groupement Vétérinaire

J.C. : Jésus-Christ

LOF : Livre des Origines Français

RDA : République Démocratique d’Allemagne

RFA : République Fédérale d’Allemagne

SCBA : Société du Chien de Berger Allemand

SCC : Société Centrale Canine

SS : Schutzstaffel

SV : Verein für Deutsche Schäferhunde

SZ : Schäferhund Zuchtbuch

SZG : Spezialzuchtgemeinschaft Deutsche Schäferhunde

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

WUSV : Welt-Union Verein für deutsche Schäferhunde

19
Définitions

Angulation : angle formé par une articulation des membres antérieurs ou postérieurs, exprimé
quantitativement en degré (TRIQUET 1999).

Auslese (Hors Choix ou Elite) : titre décerné aux meilleurs sujets lors de championnats, utilisé pour
la première fois au Championnat du SV de 1938 (GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

Gestapo (abréviation de Geheime Staatspolizei, police secrète d’État) : police politique de


l’Allemagne nazie (1933 – 1945) chargée d’éliminer toute opposition au régime et étendant ses
sévices dans les territoires occupés par la Wehrmacht (LAROUSSE 2023).

Hypertype : définit un chien dont les caractères raciaux sont développés à l’excès, et dont la
morphologie s’éloigne alors du standard initial, sans rapport avec la nature profonde, l’utilisation ou
même le bien-être du chien (SOCIETE CENTRALE CANINE 2016).

Körung : épreuve de confirmation et sélection permettant un contrôle des reproducteurs, reposant


en particulier sur des épreuves de caractère, d’aptitude au travail et de morphologie (CCBA 2016a).

Panzer (cuirasse) : char allemand (LAROUSSE 2023).

Sieger (vainqueur) : mot allemand équivalent au terme de « Champion » en France, utilisé


initialement lors des championnats du SV (GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

SS (abréviation de l’allemand Schutzstaffel, échelon de protection) : organisation paramilitaire et


policière nazie fondée en 1925 pour assurer la protection personnelle d’Adolf Hitler et qui devint une
des principales organisations du régime national-socialiste (LAROUSSE 2023).

Stalag (abréviation de l’allemand Stammlager, camp d’origine) : camp de sous-officiers et d’hommes


de troupe prisonniers de guerre en Allemagne, pendant la Seconde Guerre Mondiale (LAROUSSE
2023).

Standard : texte officiel approuvé par la FCI et servant de référence, décrivant le plus précisément
possible la forme que doit prendre une race, à l’aide d’une terminologie anatomique précise
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ; JALLAT 1994).

Surangulation : se dit de l’angle d’une articulation excessivement fermée (TRIQUET 1999).

SV : club fondateur du Berger Allemand, reconnu par la FCI et responsable du standard de la race
(GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

SZ : livre des origines allemand du Berger Allemand, créé en 1899 (GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

Wehrmacht : mot allemand signifiant puissance de défense et qui devint en 1935 le nom officiel des
armées du IIIème Reich, à l’exclusion des formations armées du parti nazi (SS, etc.) (LAROUSSE
2023).

20
21
22
Introduction

Le Berger Allemand fut, pendant longtemps, l’une des races préférées des Français. Née en
1899, elle participera aux efforts de guerre auprès de nombreuses nations au cours du XXème siècle.
D’abord chien de berger, puis chien de guerre, le Berger Allemand, par son physique proche de celui
du loup, séduira les populations et deviendra petit à petit également un chien de mode, un chien
d’exposition. Comme dans beaucoup de races canines très aimées, l’extrême et la démesure sont
alors particulièrement recherchés : ils aboutissent à des hypertypes.

De nos jours, la race est encore beaucoup utilisée à des fins militaires et utilitaires, mais fait aussi
preuve de ses talents dans les shows d’exposition. A deux objectifs naîtront alors deux lignées : la
lignée de travail et la lignée d’exposition. Tandis que la première tend à garder la morphologie initiale
de la race, la seconde s’oriente vers un modèle hypertypé, à dos pentu ou voussé, dans le but de
plaire plus encore.

Mais alors, comment la race Berger Allemand a-t-elle été utilisée depuis sa naissance ? Quelle fût sa
place dans la cynotechnie militaire ? Par ailleurs, y-a-t-il des conséquences à favoriser des
modifications morphologiques extrêmes chez une race initialement choisie pour ses aptitudes au
travail ?

Dans une première partie, nous nous intéresserons aux premiers pas de la race Berger Allemand, de
sa naissance à son utilisation au cours de la première guerre mondiale, mais aussi dans les toutes
premières expositions canines. Puis nous observerons son évolution jusqu’aux années 1960, aussi
bien dans les shows d’exposition que dans ses missions au sein des armées. Enfin nous analyserons
en quoi la race Berger Allemand, et notamment sa lignée d’exposition, est devenue au fil du temps
une race hypertypée, et l’impact que cela a sur ses capacités au travail.

23
24
Chapitre I - Les origines du Berger Allemand : de la naissance de la race
à son utilisation au cours de la Première Guerre Mondiale

Figure 1 : Chien de troupeau dans les collines de Souabe, au sud-ouest de l'Allemagne (VON
STEPHANITZ 1923).

25
I. La domestication du chien : premières utilisations bergères et guerrières

1. La domestication du chien, premières traces auprès des Hommes

Le chien appartient au genre Canis, de même que le loup, le chacal, le coyote ou encore le dingo.
C’est en Amérique du Nord, à la fin du miocène supérieur, qu’apparaît Canis lepophagus, premier
animal appartenant au genre. En Europe, c’est Canis cipio qui se diversifie au pliocène inférieur. Il
donnera naissance aux chacals et aux coyotes. Par la suite, au pléistocène, les canidés se répandent
dans tout l’hémisphère nord. C’est à la fin du pléistocène inférieur que naît le loup actuel, Canis lupus.
Les changements climatiques importants et l’exode des grands troupeaux d’herbivores amèneront
les loups à se déplacer, à se mélanger et à se multiplier. Les loups s’adapteront alors à la variabilité
des environnements auxquels ils seront confrontés, ce qui aboutira à la création d’une trentaine de
sous-espèces, différentes dans leur mode de vie et dans leur morphologie (POLIN 2003 ; NEAULT
2003).

Plusieurs hypothèses seront évoquées quant à l’origine de Canis lupus familiaris, le chien. Les deux
principales reposent sur :

- « L’unité de souche », c’est-à-dire une origine unique de toutes les races de chiens,
probablement le loup,

- « La multiplicité des souches », autrement dit une origine qui serait basée sur plusieurs
espèces du genre Canis, notamment les loups, les chacals et les coyotes, comme le
développera notamment Darwin au XIXème siècle.

D’autres hypothèses encore, comme celle du zoologiste Chris Thorne, suggèrent la possibilité d’une
domestication à partir de différentes sous-espèces régionales de loups. Le loup du Moyen Orient
Canis lupus arabs serait alors l’ancêtre des chiens européens ; Canis lupus chanco celui des chiens
chinois ; quant à Canis lupus pallipes, le loup indien, il serait celui des chiens de Nouvelle Guinée et
d’Inde. Le chien des Tourbières, de son nom latin Canis familiaris palustris, laisse ses toutes
premières traces en tant que chien domestiqué au Néolithique (GRADELET 2007).

Les traces de rapprochement entre l’homme et les loups remontent, pour les premières, à environ
700 000 ans avant Jésus-Christ (J.C.), à Tautavel. La première trace de cohabitation se daterait entre
12000 et 10000 ans avant notre ère, à la fin du paléolithique, bien avant la domestication des vaches
et des chevaux et l’apparition de l’agriculture et de l’élevage. Les premières peintures rupestres
faisant intervenir des chiens, trouvées en Anatolie, sont des scènes de chasse, datées ente 7000 et
6000 ans avant notre ère. D’autres œuvres rupestres, telles que celles visibles au plateau du Tassili
N’Ajjer en Algérie, montrent le début de l’utilisation des chiens lors de guerre.

26
Outre les traces que le chien aura laissé dans les scènes de chasse et de guerre, les premiers
chiens domestiqués le furent également pour protéger le foyer contre les ours, les loups, mais
aussi contre les Hommes. De là naîtront les chiens de garde et de défense, plus tard dressés pour
accompagner les bergers dans leur travail.

2. Les origines du chien de berger

2.1. Les premières traces des chiens de troupeaux

C’est en Asie occidentale que des chiens sont d’abord utilisés pour protéger les troupeaux,
concomitamment à l’apparition de l’agriculture et de l’élevage (FRANCQ 2007). Des textes hittites du
IIème millénaire avant J.C. témoignent de cette fonction dans le Proche-Orient.

Ces chiens de berger sont aujourd’hui principalement représentés par des races du premier et du
deuxième groupe de la Fédération Cynologique Internationale (FCI) : Berger des Tatras en Pologne,
Berger des Maremmes-Abruzzes en Italie, Montagne des Pyrénées en France, Berger du Caucase
en Russie, Berger d’Anatolie en Turquie…

Se distinguent alors chiens de défense et chiens de conduite des troupeaux :

- Les chiens de défense sont grands, massifs, adaptés au combat : ce sont des types
molossoïdes (corps bréviligne, tête arrondie massive, profil concave, oreilles tombantes),

- Les chiens de conduite sont souples, vifs, de taille moyenne : ce sont des types lupoïdes
(corps médioligne, tête pyramidale, oreilles dressées, lèvres non tombantes).

Figure 2 : Scène pastorale de la Grèce Antique représentant un chien de conduite (à gauche),


et scène de défense représentant un chien de garde de troupeau dans la Rome Antique (à
droite) (VON STEPHANITZ 1923).

27
2.2. La naissance et l’expansion du « chien de berger »

Les chiens de berger naissent en Islande et dans les îles Féroé au début du XIIIème siècle, puis se
répandent dans les îles britanniques dans le même siècle (FRANCQ 2007). Des lois galloises du
XIIIème siècle permettent de comprendre en quoi consistaient les tout premiers chiens de bergers :
dits « de défense », ils sont en fait l’association des deux types de chiens de bergers actuels.
Marchant devant le bétail le matin, derrière lui le soir, et le surveillant par des rondes la nuit, ils offrent
à la fois obéissance au berger et protection au troupeau. Toutefois, trois siècles plus tard, il semble
que les contrées continentales et orientales n’aient pas suivi l’exemple de leurs voisins britanniques
sur les chiens de conduite. Ainsi en Germanie, le berger n’a qu’un chien de défense mais pas de
chien de conduite.

Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIème siècle que se développe le métier de chien de
conduite de troupeau sur le continent, en commençant par le nord par les provinces des Pays-Bas
espagnols, proches des îles britanniques, puis dans la grande plaine européenne. En Allemagne au
XVIIIème siècle, un seul berger a, à sa charge, quelques trois à quatre mille brebis, et s’aide alors
désormais des chiens pour empêcher les brebis de se séparer du reste du troupeau.

Le chien de berger se fera ainsi sa place dans les sociétés pastorales en se montrant de plus en plus
indispensable. Il continuera son voyage vers les plaines suédoises au XVIIème siècle, puis auprès
des Lapons éleveurs de rennes dès le début du XIXème siècle.

Figure 3 : Diffusion du chien de conduite en Europe (DE PLANHOL 1969).

28
Le « chien de berger » que l’on connaît aujourd’hui est donc issu d’une adaptation du chien de
défense de troupeaux aux besoins des bergers. En France, l’arrivée du chien de berger sera tardive.
En effet, jusqu’à très récemment encore, seul le chien de défense accompagne le bétail dans les
transhumances, parfois associé à un chien de conduite. Dans les autres pays européens également,
le chien de berger ne sera que tardivement utilisé : au XIXème et au XXème siècle en Espagne, au
milieu du XIXème siècle en Hongrie, depuis les années 1950 en Pologne avec le dressage de bergers
de Tatras et de Podhale, autrefois utilisés exclusivement comme chiens de défense. En Italie aussi,
ce sont d’anciens chiens de défense qui sont dressés pour la conduite à partir du XIXème siècle.

2.3. Les qualités appréciées pour la conduite et la garde des troupeaux

Ce sont les capacités des chiens à garder et à défendre qui ont amené les Hommes à les utiliser pour
la protection des troupeaux (GRADELET 2007).

Selon la race considérée, des éléments du comportement sauvage ont été inhibés par l’homme, à
divers degrés, afin de servir ses intérêts (FRANCQ 2007). De façon relativement intuitive, avant
même les travaux de Morgan et Mendel sur la génétique, l’homme constate la transmissibilité des
qualités de travail chez les animaux. C’est ainsi que se développeront les deux types de chiens vus
précédemment, selon les besoins du berger : chien de conduite et chien de défense (Tableau 1).

Les chiens de berger allemands furent principalement utilisés comme chiens de défense et de garde
des troupeaux. La race Berger Allemand actuelle, grâce à sa très grande capacité d’apprentissage,
mais également sa très forte agressivité et sa très faible réactivité, fût ainsi comparée à d’autres races
telles que l’Akita Inu, le Dobermann, ou encore le Rottweiler, dans une classification comportementale
des races de chiens les plus communes aux États-Unis (SERPELL 2016).

Comme dans de nombreux autres pays européens, les premiers chiens de bergers en Allemagne
sont des chiens de défense et de garde. Catégorisés obéissants et agressifs, ils montreront alors
des qualités indispensables à tout chien de guerre. Comme de nombreux autres canidés depuis
leur domestication, ceux qui seront à l’origine de la race Berger Allemand participeront ainsi aux
grands conflits des Hommes, notamment au cours du XXème siècle.

29
Chien de conduite Chien de défense

Différences

Diriger le bétail
Suivre le troupeau
Actif, vif, en mouvement, tourne autour du
Plus long que haut, pouvant marcher à l’amble
troupeau, ne mord pas le bétail

Agir là ou nécessaire Détecter une approche

Obéissance, faible autonomie, compréhension Ouïe et odorat excellents, instinct de garde,


et exécution rapide des ordres méfiance, forte autonomie, indépendance

Attaquer l’agresseur
Être prudent avec les étrangers
Courage, rapidité, carrure imposante,
Méfiance mâchoires puissantes, fourrure épaisse,
entraide

Être attaché au troupeau


Être attaché au berger
Défense, élevage au sein du troupeau, pas
Attention exacerbée aux gestes du bergers et
caressant avec l’homme, instinct de chasse
aux réactions du bétail
peu développé

Similitudes

Avertir Avertir

Aboiements pour avertir le bétail ou accélérer Aboiements réguliers, fréquents, puissants et


son mouvement audibles à grande distance

Ne pas effrayer le bétail Ne pas effrayer le bétail

Approche calme, lente et coulée sur le Reconnaissable (couleur claire, même taille)
troupeau Approche calme, lente, caractère peu nerveux

Se faire respecter
Se faire respecter
Faire face, savoir menacer une bête
Courage, ténacité, rapidité, équilibre
récalcitrante

Tableau 1 : Différences et similitudes dans les qualités recherchées chez les deux types de
chiens de berger (DANIELS-MOULIN 2004).

30
3. Les premières utilisations du chien à la guerre

L’utilisation des chiens dans les guerres des Hommes n’est que très peu documentée (LICARI 2018).
La plupart du temps légendée, issue de mythes et de récits de peuples indo-européens, l’histoire du
chien de guerre ne peut être racontée avec certitude. Son utilisation a alors certainement été
sommaire, éparse et non conventionnée. Toutefois, c’est grâce aux aptitudes dont les chiens font
preuve dans la vie de tous les jours qu’ils prendront part aux combats : garde, pistage,
signalements… De nombreuses œuvres, littéraires, rupestres, artistiques, permettent tout de même
de retracer en partie l’histoire de l’utilisation des chiens à la guerre. C’est à partir du XVIIème siècle,
et ensuite lors des guerres napoléoniennes, que les chiens seront cités dans les récits relatant des
exploits de l’armée françaises, mais également d’autres pays. Le général Carnot, homme politique et
scientifique sous Napoléon, plaidera pour l’utilisation du chien dans la défense de certaines places
fortes. Confronté à la puissance et à l’élégance des chevaux, jusque-là utilisés par les militaires,
Carnot développera dans son manuel d’instruction « De la défense des places-fortes » : « puisque le
cheval a été trouvé, par son courage, digne d’être associé aux travaux militaires de l’homme, je ne
vois pas pourquoi on refuserait le service du chien pour le même objet ».

3.1. Au cours de la Haute Antiquité : de 3000 à 600 ans avant J.C.

C’est à l’époque de l’Égypte ancienne, durant l’Antiquité, que les premiers chiens militaires font leur
apparition. Le chien y sera vénéré, comme en témoignera la représentation d’Anubis : dieu du désert
et de la nécropole, il était symbolisé par ses disciples par un canidé. En effet, dans les civilisations
égyptiennes de 4000 ans avant J.C, le chien errait la nuit et déterrait les cadavres à la recherche de
nourriture, et devint ainsi le symbole de la mort. C’est le lévrier, chien du pharaon, qui fait le premier
son apparition auprès des Égyptiens. Utilisé à la guerre comme à la chasse, il est par la suite
concurrencé par le Dogue du Tibet, molosse lourd et à membres courts qui fût introduit par les
populations sémites et hourrites. Ces deux morphotypes, dogues et lévriers, seront ceux
principalement utilisés dans les combats (POLIN 2003 ; LEROY 2018). C’est lors de la fondation du
Nouvel Empire par Amôsis, et de la conquête de la Palestine, vers 1570 ans avant J.C, que les
lévriers de guerre et leurs représentations vont se multiplier. Le Dogue du Tibet, quant à lui, sera
utilisé notamment dans les armées chinoises. Introduit en Mésopotamie 2500 ans avant J.C, il y fera
là aussi ses preuves dans les combats, notamment auprès des Assyriens, harnaché de cuirasses et
de colliers à pointes de fer. Plus tard, ce sont les Perses, les Grecs et les Romains qui entretiendront
des dogues pour la guerre. D’autres petites civilisations utilisèrent également des chiens d’attaque.
A cette époque où l’armement n’était que primaire, les chiens étaient une aide forte lors des combats,
désorganisant et tuant l’adversaire.

31
3.2. Durant l’Antiquité : de 600 ans avant à 500 ans après J.C.

Le début de l’Antiquité voit l’avènement de l’empire Perse. Sous Cyrus II, roi de Perside, des chiens,
très souvent des dogues, sont entraînés pour le combat. Les Grecs, quant à eux, verront se
développer une race locale particulière : les molosses d’Epire, de grands chiens au dos large, au
museau aplati et au poil épais. A partir du VIIème siècle avant J.C, les armures des soldats s’étoffent :
cuirasses de bronze, boucliers, casques, jambières… Les chiens de combats et d’attaque n’ont alors
plus la même efficacité ; c’est donc non plus lors des grandes guerres mais plutôt lors de combats
contre des troupes légères que les chiens continueront à se faire leur place.

Figure 4 : Dessin issu d'une gravure sur cuivre, représentant un légionnaire romain et son
dogue, environ 100 après J.C. (COOPER 2016).

Là où les armures sont encore rares ou peu imposantes, les chiens sont encore utilisés, comme dans
l’empire romain, où ce sont encore une fois les dogues et les molosses qui prédominent au combat.
Armés de colliers à piques, d’armures équipées de pointes de métal ou de lames acérées, les chiens
pouvaient être utilisés pour blesser l’ennemi ou pour déclencher des incendies à l’aide de torches
enflammées fixées sur leur dos. Dès la fin du Ier siècle avant J.C, les camps romains entretiendront
des élevages de chiens pour le combat. Les premiers cimetières de chiens militaires firent d’ailleurs
certainement leur apparition à l’époque gallo-romaine : de grands squelettes de chiens seront ainsi
retrouvés au côté de poteries d’offrandes décorées de scènes de bataille.

Là où, dès le début de l’ère chrétienne, les romains n’utilisent plus le chien dans les combats, d’autres
peuples d’Europe du Nord, notamment les Germains, les Gaulois et les Celtes, entretinrent et
exportèrent nombre de chiens de combats. Les premières descriptions du chien d’attaque en France
sont faites en 121 avant J.C, lors de l’affront entre le consul romain Domitius et le roi Arverne Bituit.

32
3.3. Au Moyen-Âge et à la Renaissance : 500 à 1600 après J.C.

Lorsque l’empire romain décline, le chien est vu comme une bête atroce et féroce, inspirant la peur
aux Hommes : il gagne alors sa place dans le bestiaire du haut Moyen-Âge satanique. Lors des
conquêtes arabes également, le chien commence à faire sa disparition. Tenu pour responsable de la
mutilation de la dépouille de Mahomet, il est considéré impur et nuisible : les chiens errants sont
pendus. Toutefois, le Moyen-Âge est aussi l’époque où le chien se spécialise dans le combat contre
la cavalerie. En effet, il est désormais complètement couvert d’une cuirasse de combat, équipé d’un
corset de cuir ou de fer, hérissé de pointes et de lames de faux, parfois armé d’une lance à l’avant et
d’un vase d’airain sur le dos, dans lequel une substance résineuse prend feu. Le but : semer le trouble
dans les rangs de cavalerie adverse, et parfois blesser, bruler ou mordre les chevaux.

Figure 5 : Chien de combat armé d'un corset de fer, d'une lance et d'un vase enflammé
(ROYAL CANIN 2016).

La France, en revanche, fera moins l’éloge des chiens qu’elle utilisera au combat à cette époque :
bien que les troupes de Charles VII utilisèrent des chiens contre l’ennemi anglais lors de la bataille
de Castillon en 1453, l’espèce est, à cette époque, bien plus un chien de garde qu’un chien de guerre.

A la Renaissance, outre l’utilisation aux combats, les chiens jouèrent un rôle certain dans la conquête
de nouveaux territoires. Tel fût le cas lors de l’arrivée des Espagnols sur le continent amérindien : là
où les Indiens utilisaient les chiens pour leur compagnie, leur viande ou encore des sacrifices, les
Espagnols ramenèrent avec eux des chiens de guerre féroces, intimidants, capables de chasse et
d’aboiement. Plus tard, lors des guerres d’Amérique et de la conquête des Antilles, ce sont
notamment des bulldogs, des dogues ou des lévriers qui furent utilisés, lancés sur les premiers rangs
ennemis et entraînés à poursuivre les Indiens. Ce rôle de chasse à l’homme sera conservé par la
suite et jusqu’au XIXème siècle, lors de l’installation des puissances maritimes sur le continent.

33
3.4. Du XVIIème au XIXème siècle

En Europe occidentale, le déclin du chien d’attaque fera suite à l’apparition des armes à feu
individuelle. En effet, les combats corps à corps se feront moins nombreux, et le chien sera en partie
remplacé par des corps de fusiliers. Sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, les guerres se
faisant plus rares, les chiens seront surtout utilisés à la chasse, mais aussi en tant que chien
d’agrément. Sous l’empire de Napoléon en France, les chiens ne seront considérés que comme des
gardiens et ne feront pas l’objet de meutes militairement organisées. Ils feront tout de même partie
des rangs de l’armée napoléonienne, mais cette fois-ci comme compagnons et mascottes des
soldats.

C’est peu avant cette période, plus précisément en 1665, que fut créée la première école
cynotechnique militaire, en Autriche, pour répondre à la demande d’auxiliaires canins dans les
guerres contre l’empire ottoman.

Par la suite, les chiens furent, là encore, surtout utilisés dans la conquête de nouveaux territoires et
lors des guerres coloniales, notamment par les troupes françaises, allemandes et anglaises. Troupes
anglaises contre les Achantis (ancien peuple de l’actuel Ghana), highlanders britanniques contre les
Russes au cours de la bataille d’Alma en 1855 (guerre de Crimée), guerre de Floride en 1839, guerre
de sécession, conquête des Philippines par les États-Unis en 1899 : autant de conflits où le chien
aura pris une part, la plupart du temps minime mais essentielle.

3.5. Le chien d’assaut à l’époque moderne, le XXème siècle

Marquant la naissance de la cynotechnie actuelle, le XXème siècle voit le chien acquérir de nouveaux
rôles lors des conflits, bien différents de ceux qui lui étaient auparavant attribués.
L’institutionnalisation de l’utilisation du chien de guerre se fera à cette même époque, et permettra la
naissance de centres d’élevage et de dressage. Aux États-Unis furent ainsi fondés plusieurs centres
de dressage : à Camp Lejeune, en Caroline du Nord en 1935, ou encore à Front Royal, en Virginie
en 1942.

De tout temps le chien accompagna l’Homme dans ses conflits. Ses missions ont évolué, selon
les lieux, les époques. Le XXème siècle fut un tournant pour l’utilisation du chien à la guerre :
l’évolution des armes et de la nature des conflits l’amèneront à se réinventer et à trouver de
nouvelles fonctions au sein des troupes militaires.

34
II. La naissance du Berger Allemand et l’évolution de la race au début du
XXème siècle

1. Unification des races de chiens de berger en Allemagne

1.1. Les chiens de berger en Allemagne au XIXème siècle : une grande diversité

En Allemagne, les premières traces décrites de « chien de berger » datent du VIIème siècle, où les
lois germaniques condamnaient d’une amende le meurtre de tels chiens (FRANCQ 2007). Conrad
Gessner, naturaliste suisse du début du XVIème siècle, décrivit la nécessité des chiens d’être blancs,
couleur bétail, afin de ne pas être confondus avec les loups lorsque ceux-ci attaquaient les troupeaux
la nuit.

Figure 6 : Un chien de berger en Allemagne dans les années 1830 (DE WAILLY, DUPONT
1993).

Dans l’Allemagne du XIXème siècle, nombre de chiens de berger sont utilisés pour garder les
troupeaux. Bien qu’ayant le même ancêtre, ce sont, pour la plupart, des chiens de garde et non de
conduite (Annexe 1). Différents par leur apparence, leur pelage, leur couleur, ils ont pour point
commun leur caractère. Robustes, rustiques, intelligents, les chiens de berger allemands subissent
une première sélection, réalisée de façon empirique par leurs maîtres, dans un but d’amélioration des
cheptels (GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

Plusieurs types de chiens de berger coexistent en Allemagne selon les régions : les bergers de
Wurtemberg, de Thuringe, de Souabe, de Bavière et de la Hesse sont les plus répandus. En Thuringe
et Franconie, deux régions du centre de l’Allemagne du XIXème siècle, les chiens sont légers, aux
oreilles dressées et au tempérament vif. Les chiens du sud, en particulier de la région du Wurtemberg,
sont quant à eux plus lourds et plus grands. Avant toute tentative d’unification, les nombreux types
de chiens de berger allemand sont alors très différents, notamment par leur morphologie et leur robe
(FRANCQ 2007).

35
Figure 7 : Chiens de berger allemand du centre de l’Allemagne (à gauche ; à poil long, noir
doté de points jaunes) et du nord de l’Allemagne (à droite ; à poil long, blanc) (VON
STEPHANITZ 1923).

Dans les années 1870, une crise rurale fait suite à la révolution industrielle et engendre une diminution
du nombre de chiens de berger en Allemagne. Le chien de berger de campagne devient alors de plus
en plus le chien de compagnie des villes. En parallèle de l’urbanisation et de l’industrialisation des
campagnes, depuis 1871 et sous l’autorité du politicien Otto prince von Bismarck, les Allemands
tendent à l’idéologie centralisatrice. Ainsi, deux types régionaux de chiens de berger se distinguent à
partir de 1877.

Type Poil Oreilles Queue Utilisations

Berger de Grand et Sombre et Fouet frangé Protection des


Tombantes
Wurtemberg solide épais porté en sabre troupeaux en montagne

Berger de Ossature Court et Conducteur de


Droites En trompette
Thuringe moyenne gris troupeaux

Tableau 2 : Les deux types régionaux de chiens de bergers en Allemagne à la fin du XIXème
siècle (FRANCQ 2007).

36
Figure 8 : Chien de berger de Wurtemberg, fin du XIXème siècle (VON STEPHANITZ 1923).

Figure 9 : Chien de berger de Wurtemberg à poil dur, jaune à selle noire, fin du XIXème siècle
(VON STEPHANITZ 1923).

Figure 10 : Chien de berger de Thuringe à pelage lisse, dans les années 1900 (VON
STEPHANITZ 1923).

37
Figure 11 : Chien de berger de Thuringe, fin du XIXème siècle (VON STEPHANITZ 1923).

En 1878 est créé un livre des origines allemand, le Deutsches Hunde-Stammbuch, par la Verein
zur Veredelung der Hunderacen für Deutschland, une association de chasseurs d’Hanovre
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). Est alors créée conjointement la Delegierte-Commission,
consacrée à l’élaboration des standards des différents types de chiens coexistant en Allemagne.

C’est en 1890 que cette dernière publie un premier standard concernant les chiens de berger en
Allemagne. Y sont décrits des chiens aux oreilles dressées, d’une taille moyenne de 55 cm pour les
mâles et 50 cm pour les femelles. Toutefois, ce standard permet encore une certaine diversité : trois
variétés de poil (court et lisse, dur, long) sont autorisées, ainsi que diverses couleurs (noir, gris, fauve,
ou encore marqué de jaune ou de blanc).

Figure 12 : Chiens de bergers allemands à poils longs, durs ou courts, par Ludwig
Beckmann en 1894 (VON STEPHANITZ 1923).

38
1.2. Les débuts d’un élevage contrôlé et réglementé

Quelques années plus tard, Max Emil Friedrich von Stephanitz veut standardiser l’élevage des
chiens de berger en Allemagne : considéré comme le véritable père du Berger Allemand, il établit les
bases de la race qu’il veut voir naître. Est dès lors considéré comme Berger Allemand « tout chien
de berger, vivant en Allemagne qui, grâce à un exercice constant de ses qualités de chien de berger
atteint la perfection de son corps et de son psychisme dans le cadre de sa fonction utilitaire »
(GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

Max von Stephanitz est promu capitaine de cavalerie en 1898 à la suite de son affectation à un
régiment de Francfort. Dans la même année, il quitte l’armée et se consacre alors pleinement au
chien de berger allemand, dans sa propriété près de Grafrath en Bavière (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2022a).

Figure 13 : Le capitaine Von Stephanitz, fondateur de la race, accompagné d’un chien de


berger allemand (GSDCA 2023).

En décembre 1891, la société Phylax, créée par le comte Von Hahn et le capitaine Riechelmann,
rassemble des chiens de taille moyenne, à oreilles droites et à queue basse (FRANCQ 2007). Le
groupement se dissout toutefois en 1895 lorsque des dissentions naissent quant à l’avenir des deux
types de chien : faire du berger de Thuringe une lignée pure, ou le croiser avec le berger de
Wurtemberg pour en obtenir une race unique de chiens rapides, fiables et au caractère équilibré.

39
Le capitaine Von Stephanitz prendra activement part à la sélection de la race Berger Allemand, en
débutant lui-même un élevage regroupant des chiens au physique et aux aptitudes adéquats
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). Son premier chien sera un chien de berger de Thuringe,
prénommé Horand von Grafrath.

Von Stephanitz prendra ainsi la suite de la Phylax et marchera dans ses pas (GRANDJEAN,
HAYMANN 2003). Avec son ami Arthur Meyer et le journaliste Ernst von Otto, il créera en avril 1899
le Verein für Deutsche Schäferhund, désormais plus connu sous le sigle SV, deux semaines après
avoir acquis son premier étalon. Le siège de la société, installé à Augsbourg, permettra, par sa
proximité frontalière, une sélection rapide des deux côtés du Rhin.

Figure 14 : Quatre des 12 fondateurs du SV à Hanovre en 1924, au 25ème anniversaire du club


canin du Berger Allemand (de gauche à droite : Friedrich Anoldt, Max von Stephanitz,
Friedrich Goymann, Otto Weber) (LE BERGER ALLEMAND 2023).

Les premiers critères de sélection furent écrits en 1899 par Stephanitz et Meyer (GRANDJEAN,
HAYMANN 2003). Ils permirent par la suite d’homogénéiser la race à partir de chiens à la morphologie
très variée, tout en gardant en tête leur qualité utilitaire.

Ce premier standard restera assez vaste et permettra encore la diversité au sein de la race du chien
de berger allemand, dont la sélection se fit par étapes (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).
Toutefois, il pose déjà les bases des défauts à exclure des élevages : crâne trop lourd, oreilles
tombantes, museau trop court ou à l’inverse trop pointu, queue enroulée ou taillée, oreilles coupées…
La race que nous connaissons aujourd’hui résulte de l’exclusion de nombreux de ces critères négatifs,
avec un standard qui sera révisé deux fois avant la première guerre mondiale : en 1901 et en 1909.

40
Au début du XXème siècle, le déclin de l’activité de berger de troupeaux entraînera la race Berger
Allemand vers d’autres horizons. Les éleveurs de la race, grâce à ses nombreuses qualités, lui
trouveront d’autres usages, dans lesquels le Berger Allemand excellera. Sa renommée grandissante,
ainsi que son caractère, déjà fortement apprécié dans la protection des troupeaux, fera de lui un
excellent candidat au métier de chien de police.

C’est de cette façon que, dès ses premières années, le Verein für deutsche Schäferhund devient le
plus important club canin au monde. Multipliant par 100 le nombre de ses membres en une vingtaine
d’année (60 en 1899 contre 6000 en 1921), il ne cessera de s’étendre en dépassant les 40 000 inscrits
seulement un an plus tard, en 1922. Le nombre de Bergers Allemands inscrits explose également au
cours des 20 premières années du club de race, atteignant les 26 000 inscriptions en 1920 (SOCIETE
CENTRALE CANINE 2022a).

1.3. Une histoire de lignées

Dans son ouvrage « The German Shepherd Dog in Word and Picture », Max von Stephanitz décrit la
ligne directrice que doit suivre la sélection de la race Berger Allemand.

« L’élevage de chien de berger est un élevage de chien de travail et doit toujours rester un
élevage de chien de travail, sinon ce n’est plus une race de chien de berger allemand »

Figure 15 : Vision de l'élevage du chien de berger allemand par Von Stephanitz (VON
STEPHANITZ 1923).

a. Horand von Grafrath, un pionnier en Allemagne


En 1882, à l’occasion d’une exposition canine à Hanovre, est présenté un chien mâle, blanc, né en
1879 dans l’élevage Sparwasser et prénommé Greyph (PATIJAUD 2004). Petit mais robuste, aux
membres secs et au poil dur, à la queue courte et aux oreilles droites, ses origines sont inconnues
mais il sera le prototype même du Berger Allemand. Par la suite, Greyph est croisé avec une femelle
gris-loup prénommée Lotte von Sparwasser : résultera de leur union une femelle nommée Lene
von Sparwasser.

C’est avec le fils de cette dernière, le mâle Horand von Grafrath que Von Stephanitz sélectionnera
des portées qui correspondront à l’idée qu’il se fait de la race Berger Allemand : intelligence,
tempérament et morphologie seront les mots d’ordre de cette sélection (GRANDJEAN, HAYMANN
2003).

41
Figure 16 : Horand von Grafrath (VON STEPHANITZ 1923).

Né en 1895, il fut le premier chien acheté par Von Stephanitz. Élevé par l’élevage Sparwasser, il se
prénomme alors Hektor Linksrheim. C’est au cours de l’exposition de Karlsruhe, en 1899, que le
capitaine de Cavalerie trouve sa perle rare. En effet, jusqu’alors, les chiens qu’examinait Max Von
Stephanitz ne possédaient jamais complètement les qualités qu’il en attendait pour créer la race :
chien de berger fidèle et obéissant, robuste, fort, d’ossature puissante et de taille moyenne.
Propriétaire du Domaine de Grafrath, il en fera un lieu d’élevage de passion, et renommera alors
Hektor avec son tout nouvel affixe : Horand Von Grafrath.

Répondant au mieux aux critères du Berger Allemand de l’époque, il fut le premier chien inscrit (SZ
N°1) au livre d’élevage, autrefois nommé Schäferhund Zuchtbuch (SZ).

« Horand incarnait, pour les enthousiastes de l’époque, l’accomplissement de leurs rêves les
plus chers. Il était, par rapport aux chiens de son époque, d’une bonne taille moyenne avec une
ossature puissante, de belles lignes et une tête noblement formée. Son caractère était au niveau
de ses qualités extérieures ; merveilleusement fidèle et très obéissant à l’égard de son maître.
Par-dessus tout, il avait la nature d’un vrai monsieur plein de joie de vivre. Bien que non éduqué
lorsqu’il n’était qu’un chiot, Horand obéissait au moindre signe de tête, à l’affût de la moindre
réaction de son maître. Mais quand il était livré à lui-même, il devenait un véritable fripon, la
brute la plus sauvage, toujours à chercher la bagarre. Jamais inactif, toujours plein d’allant, bien
disposé à l’égard des personnes amicales, mais jamais lèche botte, il était également très attiré
par les enfants. Quels auraient été les accomplissements d’un tel chien s’il avait pu suivre une
formation militaire ou de police ? Ses défauts n’étaient que le reflet des erreurs d’éducation,
jamais des erreurs de fond. Il a sans doute souffert d’un manque d’activités mais quand
quelqu’un s’occupait de lui, il devenait le plus docile des compagnons. »

Figure 17 : Description du chien Horand von Grafrath par son maître, le capitaine Max von
Stephanitz (VON STEPHANITZ 1923).

42
b. La descendance célèbre d’Horand von Grafrath
Von Stephanitz fera se reproduire son favori avec 35 femelles différentes, toutes regroupant les
caractéristiques recherchées chez le Berger Allemand de l’époque, et obtiendra ainsi plus d’une
cinquantaine de portées. Horand von Grafrath deviendra alors l’initiateur de la plupart des lignées de
la nouvelle race. Certains de ses descendants deviendront aussi célèbres que lui.

Le plus connu d’entre eux fut le Berger Allemand Hektor von Schwaben (SZ N°13), sacré Sieger en
1900 et en 1901 (GRANDJEAN, HAYMANN 2003 ; VON STEPHANITZ 1923). Sa mère, Mores
Plieningen, était un chien de travail de Wurtemberg.

Figure 18 : Hektor von Schwaben, SZ N°13 (VON STEPHANITZ 1923).

Une des lignées de ce dernier donnera naissance au chiot Roland von Starkenburg, qui marquera
de son empreinte l’histoire du Berger Allemand. Regroupant, comme son père, toutes les qualités
que Von Stephanitz souhaite trouver dans un Berger Allemand, Roland deviendra à son tour le père
de nombre de lignées et un pilier non négligeable de l’élevage de la race.

Figure 19 : Roland von Starkenburg (VON STEPHANITZ 1923).

43
Hektor se reproduisit par ailleurs avec Thekla I von der Krone, sa demi-sœur, et de leur union naquit
Beowulf (SZ N°10). Ayant Horand comme seul grand-père, le berger sera connu notamment pour sa
forte fécondité.

Figure 20 : Beowulf, anciennement prénommé Beowulf-Sonnenberg (VON STEPHANITZ


1923).

c. Quelques autres lignées allemandes célèbres


En 1914, Ferdinand Kautsky, spécialiste du Berger Allemand, répertorie les différentes souches à
l’origine de la race (GRANDJEAN, HAYMANN 2003). Il en retiendra 5 principales, qui auront fait
naître les lignées les plus influentes :

- L’élevage de Herr Wachsmuth (Francfort), possédait principalement deux chiens, Roland et


Courage, d’origine inconnue mais qui laisseront leur empreinte dans les premières lignées du
XXème siècle,

- L’élevage de Herr Sparwasser (Francfort), fut le lieu de naissance de Lene, mère du célèbre
Horand von Grafrath,

- L’élevage de Herr Eiselen (Heidenheim), l’un des fondateurs du SV, fera l’acquisition de
quelques chiens plus tard célèbres, et qui prendront une place importante dans les lignées du
début du XXème siècle : Max et Sali von der Krone, puis, plus tard, Horand von Grafrath,

- Les chiens de berger de Thuringe, qui se distinguèrent notamment au sein de deux élevages,
celui de Klostermanfeld et celui de Birken,

- Les chiens de berger de Wurtemberg, avec leur représentant le plus connu, Audifax von
Grafrath.

44
Figure 21 : Audifax von Grafrath (VON STEPHANITZ 1923).

Horst von Boll est un des autres étalons célèbres de l’époque (GRANDJEAN, HAYMANN 2003). En
effet, très typé, d’une taille supérieure à la moyenne et d’un excellent caractère, il sera à l’origine
d’environ 900 chiots grâce à quelques 170 saillies fructueuses. Toutefois, être un grand chien n’était
pas tant un avantage : les représentants du SV se rendirent ainsi compte qu’un chien de grande taille
avait plus de difficultés à travailler avec aisance.

La race Berger Allemand est le résultat de l’unification des chiens de berger en Allemagne. Les
premiers Bergers Allemands sont des chiens de travail, au dos droit et aux lignes élégantes. Dans
ses débuts, son principal représentant était Horand von Grafrath, du capitaine de cavalerie Max
von Stephanitz. Dès sa naissance, le Berger Allemand participera à de nombreuses expositions
canines, lesquelles rassembleront de très nombreux amateurs de la race.

45
2. Apparition du Berger Allemand dans les expositions et autres
rassemblements canins

« Une morphologie attrayante est désirable, mais ne peut remettre en question les aptitudes
utilitaires de la race. »

Figure 22 : Point de vue de Max Von Stephanitz sur le Berger Allemand dans les shows
d'exposition canine (GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

2.1. Le Berger Allemand dans les premières expositions canines

La toute première exposition canine organisée en Allemagne eu lieu en juillet 1863, à Hambourg
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ; GRANDJEAN, HAYMANN 2003). C’est lorsque Greyph est
présenté, lors de l’exposition d’Hanovre en 1882, que le futur Berger Allemand fera ses premiers
pas dans la cynophilie officielle. Dans les deux années qui suivront, aux expositions de Hanovre,
mais également à celles de Dortmund et de Berlin, le chien de berger allemand sera principalement
représenté par des spécimens à poil lisse.

A la fin du XIXème siècle, lorsque la race naît officiellement, une exposition annuelle d’élevage,
présidée par Max von Stephanitz, sera mise en place à l’échelle nationale. Étant donnée la diversité
des chiens de bergers acceptés dans le terme « Berger Allemand », elle permettra l’orientation de la
sélection de la race vers des critères de plus en plus précis et ainsi l’uniformisation vers un type de
chien particulier. Les gagnants de l’exposition annuelle étaient désignés au cours d’une réunion à
huis clos, sur plusieurs jours, rassemblant le président du championnat et les maîtres de l’élevage du
Berger Allemand.

Figure 23 : Jugement des Bergers Allemands par Stephanitz à l'exposition de Berlin


organisée par le SV le 20 avril 1905 (LE BERGER ALLEMAND 2023).

46
Guider les éleveurs dans le choix des reproducteurs et montrer aux juges la ligne à suivre eurent
l’effet escompté : homogénéiser la race. Les toutes premières expositions canines sont lieu de
qualification de chiens certes conformes au standard de la race, mais surtout aptes au travail : au
début du XXème siècle, lignée de travail et lignée d’exposition ne font qu’un (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2022a).

C’est ainsi qu’en 1899, lors de la toute première exposition du SV à Francfort, les deux vainqueurs
seront le mâle Jörg von der Krone et la femelle Lisie von Schwenningen.

Figure 24 : Jörg von der Krone (à gauche) et Lisie von Schwenningen (à droite), Sieger 1899
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

Les Bergers Allemands désignés champions lors des expositions canines du début du XXème siècle
ont une morphologie qui respecte les critères qu’on attendrait d’un chien de travail : un dos droit, un
corps élancé, des membres fins et des oreilles droites.

Figure 25 : Roland de Boisfleury, 1er Prix exposition de Paris 1914, publié dans Le Sport
Universel Illustré du 2 août 1914 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

47
C’est également au cours d’expositions canines que le Berger Allemand prendra ses marques outre-
Atlantique (PATIJAUD 2004). Les premières importations ont lieu dès le début du XXème siècle : le
tout premier Berger Allemand exposé en Amérique sera la fille de Beowulf, la femelle Mira von
Offingen, en 1906. En 1913 sera créé le premier club de race américain, le German Shepherd Dog
Club of America (GSDCA). Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, l’engouement des
soldats américains permettra à la race de bénéficier d’une grande publicité.

2.2. Les championnats et concours de chiens d’utilité

En parallèle, grâce à la politique travailliste du capitaine Max von Stephanitz, le Berger Allemand fera
son apparition dans des concours sur troupeaux, organisés par le SV, puis dans des concours de
chiens de défense, alors appelés Schutzhund, à partir de 1901 (SOCIETE CENTRALE CANINE
2022a).

Figure 26 : Worad von Berta, Sieger sur troupeau en 1919 (VON STEPHANITZ 1923).

C’est également en 1901 qu’apparurent les premiers concours organisés par les services de Police,
avec l’aide du SV et du club de chiens de défense. Pendant longtemps, ils furent organisés au sein
du vélodrome Buffalo, à Neuilly-sur-Seine (Annexe 2). Deux ans plus tard, le club allemand du Berger
Allemand publiera une réglementation pour l’utilisation et le dressage du chien de police et
organisera, en 1914 et avec l’autorisation du service de santé du ministère de la Guerre, une
démonstration des capacités et des possibilités de la race en temps de guerre (GRANDJEAN,
HAYMANN 2003).

48
Figure 27 : Concours de chiens policiers au stade vélodrome Buffalo, 1910 (GALLICA 2020).

C’est en effet à la guerre que le club du chien de Berger Allemand se prépare : dans le SZ, à côté de
chaque nom de Berger Allemand inscrit, sont ajoutées ses capacités, notamment reproductrices.
Toutefois, un « registre spécial secret » aurait également répertorié des aptitudes d’ordre militaire :
P.H. pour Polizei hunde (chiens dressés au service de police) ; S.H. pour Sanitaets hunde (chiens
dressés pour la recherche des blessés) : Z.H. pout Zucht hunde (chiens de recherche) ; Pt.H. pour
Postenhunde (chiens estafettes) ; M.H. pour Meldehunde (chiens de liaison) ; W.a.B. pour Wacht
und Begleithunde (chiens sentinelles de garde). Il est estimé qu’environ 4000 chiens étaient inscrits
au registre spécial à l’entrée en guerre (MEGNIN 1919).

Au début du XXème siècle, au lendemain de la création de la race Berger Allemand, les


expositions et autres concours canins mettent en avant des chiens de travail dont les critères
morphologiques sont en accord avec le standard en vigueur.

Pourtant, c’est dans les shows d’expositions, où la morphologie et l’esthétique finiront par
prédominer, et dans les concours d’utilité, où force et robustesse sont les maîtres-mots, que la
race commencera à se scinder en deux.

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III. L’utilisation du Berger Allemand au cours de la Première Guerre Mondiale

1. Un chien aux qualités idéales pour la guerre

Louis Lesèble, directeur du chenil du Jardin d’Acclimatation de Paris, fût l’un des premiers à esquisser
le portrait du chien militaire idéal (LICARI 2018). C’est le chien de type berger qui semble le mieux à
même de réaliser les missions qui seront demandées : aux oreilles droites pour une meilleure ouïe,
de couleur foncée pour mieux se camoufler, rapide mais puissant pour porter de lourdes charges,
n’aboyant que rarement et supportant des écarts climatiques importants.

Le Berger Allemand est l’un des chiens répondant au mieux à ces critères. Outre cela, il se fera
facilement qualifier d’affectueux, d’équilibré et de facile à éduquer. A l’aise sur tous les terrains grâce
à son endurance et sa puissance, il fera par ailleurs un excellent chien de recherche grâce à son
odorat développé. Le Berger Allemand fait par ailleurs partie des races canines considérées comme
les plus intelligentes, auprès du Border Collie et du Caniche. D’après les estimations d’après-guerre,
ce seraient environ 28 000 Bergers Allemands qui auraient été utilisés entre 1914 et 1918, pour
la plupart du côté allemand (LEROY 2018).

Le Berger Allemand est une race aux aplombs solides et aux qualités multiples : odorat,
obéissance, intelligence, puissance… Tous ces traits morphologiques et de caractères feront de
lui l’un des auxiliaires préférés des Allemands au cours de la Première Guerre Mondiale.

2. Les chiens et la place de la race Berger Allemand dans les armées

2.1. L’entrée du chien dans les armées

En 1914, lorsque la France entre en guerre, les chiens présents dans l’armée française sont bien
souvent des compagnons qui trainent dans les camps et dans les casernes (LICARI 2018 ; LE
BERGER ALLEMAND 2023). Au nombre de 250, ils ont une image avant tout populaire, qui fera
l’objet de poèmes, de tableaux et de chansons. Les politiques français ne voient pas, alors, l’utilité
que pourraient avoir ces chiens mascottes aux combats, d’autant plus à une période ou l’artillerie est
en plein essor. Un des pionniers de la cynotechnie militaire en France fut le lieutenant Louis Jupin,
du 32ème Régiment d’Infanterie basé à Tours. Dans son livre, publié en 1887, il développe sur l’intérêt
du chien en temps de guerre : estafette qui peut se faufiler à travers des terrains difficiles, ou
messager qui ne se laisse pas perturber par le brouillard, Jupin affirme avec assurance la possibilité
pour l’État Français de rattraper son retard en terme de cynotechnie militaire (JUPIN 1887).

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Dès 1870, au lendemain de la guerre entre la Prusse et les troupes impériales de Napoléon III,
l’Allemagne prend en effet de l’avance sur son voisin de l’ouest (LICARI 2018 ; MUSEE DE L’ARMEE
2023). Contrairement à la France, qui, frileuse, reculera de nombreuses fois au cours de la guerre,
l’armée allemande compte dans ses rangs des chiens déjà dressés pour accompagner les hommes
au combat. En effet, entre 1886 et 1887, des canidés sont dressés pour la patrouille, le guet ou encore
en tant qu’estafette par le 14ème bataillon de chasseurs de Schwerin. La recherche des blessés est
quant à elle l’affaire du bataillon de Lüben, où chaque compagnie s’en voit assigné une douzaine. Un
centre de dressage sera installé à Goslar en Basse-Saxe, puis l’Allemagne créera son « Service de
chiens de guerre », ce qui permettra l’ouverture de nouveaux centres de dressage. Parmi les 6000
chiens allemands déjà dressés à l’entrée en guerre, 1678 seront envoyés au front jusqu’en mai
1915, dont 1274 Bergers Allemands. Par la suite, l’armée allemande mettra également en place des
expérimentations militaires, qu’elle continuera tout au long de la Première Guerre Mondiale, dans un
but : améliorer encore les capacités et l’utilisation de ses chiens (SOCIETE CENTRALE CANINE
2022a).

C’est ainsi que Jupin, souhaitant rattraper le retard pris par la France, passe à l’acte : ce sont 6 chiens,
tous mis à disposition bénévolement par des réservistes, qui seront dressés par le lieutenant sous
l’ordre du ministre de la Guerre, le général Ferron en 1887. Les essais sont une réussite, et permettent
à Jupin de se faire une place dans l’opinion public et auprès du ministre de la Guerre. Ce dernier
l’amènera à poursuivre son œuvre en dressant de nouveaux chiens par la suite. Décédant
malheureusement en 1890, Louis Jupin laissera sa place à de nombreux autres instigateurs du chien
militaire.

Malgré l’effort de nombreux partisans du chien militaire, l’utilisation du chien au combat se fera de
façon plutôt éparse, par des amateurs, avant que le ministère de la Guerre décide enfin, en 1917, de
créer des centres de dressage en France. Bien que cela soit une avancée majeure, l’organisation
reste à revoir : les chiens, réquisitionnés auprès de citoyens, des Sociétés Protectrices des Animaux,
et des fourrières, seront, après dressage, confiés à des soldats non formés à l’éducation canine.
Lorsque mis entre de bonnes mains, les chiens feront toutefois leurs preuves et donneront
progressivement de bons résultats. Malgré cela, en 1918, le ministère de la Guerre signe la
démobilisation et la fin du dressage des chiens français.

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2.2. Les missions confiées aux Bergers Allemands sur le front
a. Les chiens sanitaires
Le chien sanitaire avait deux fonctions principales : brancardier et chercheur de blessés. C’est
principalement dans la seconde mission que le Berger Allemand pourra être observé.

Les chiens sont dressés à repérer les soldats blessés après une bataille ou lors des rondes
sentinelles, soit seuls, soit accompagnés de leur maître-chien. Lorsque son maître peut
l’accompagner, le chien guide celui-ci à travers le champ de bataille et piste, grâce à son flair, jusqu’à
trouver des blessés. Lorsqu’il assure sa mission seul, par exemple sur des lieux difficilement
accessibles, le chien sanitaire récupère un objet appartenant au blessé, le plus fréquemment son
képi, pour ensuite le rapporter à son maître. C’est alors le signe que l’ambulance doit intervenir
(LICARI 2018).

Figure 28 : Bergers Allemands sanitaires de la Croix Rouge de l’armée allemande (SOCIETE


CENTRALE CANINE 2022a).

Les photographies suivantes montrent le Berger Allemand Nelly en entrainement avec son maître, le
capitaine Tollet.

Figure 29 : Le Berger Allemand Nelly, chien sanitaire, tenant dans sa gueule le képi d’un
blessé (LEPET-COINTET, GRANJUX 1909).

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Figure 30 : Le képi est enlevé à Nelly, qui attend qu’on lui remette sa laisse pour conduire
l’ambulancier au blessé (LEPET-COINTET, GRANJUX 1909).

Toutefois, au début de la Première Guerre Mondiale, en France comme en Allemagne, le chien sera
très peu utilisé en tant que chien sanitaire sur le front occidental (LICARI 2018). La raison en est
simple : la guerre des tranchées est une guerre de position, où la recherche de blessés s’avère
difficile. A l’inverse, sur le front oriental, en Pologne, et en Galice, où la guerre n’est pas statique, le
chien sanitaire est utilisé par les armées allemandes. Du côté français, l’attribution des chiens, mal
organisée, se fera au hasard, auprès de brancardiers n’ayant pas reçu de formation préalable.
Dressage à la hâte, mauvaise organisation et manque de missions amèneront le Grand Quartier
Général à dissoudre le Service des chiens sanitaires le 15 septembre 1915.

Figure 31 : Berger d’Alsace déterrant un blessé enseveli (LASNIER, MALHER 1915).

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Le peu de missions attribuées aux chiens sanitaires au début de la Première Guerre Mondiale,
notamment lors des premières grandes batailles, s’avèreront être d’un grand succès : un infirmier du
21ème corps d’Armée rapportera que lors de la bataille de la Meurthe, en août et septembre 1914, ses
chiens lui permirent de découvrir et soigner plusieurs blessés, là où les ambulanciers n’ayant pas de
chiens n’en trouvaient pas. En octobre 1915, le médecin du 15ème corps d’Armée fera lui aussi les
louanges des chiens sanitaires, ayant sauvé selon lui des centaines de vies, car n’ayant « jamais
confondu un blessé avec un mort ». De nombreux témoignages affirment ainsi l’efficacité des chiens
dans la recherche des blessés au lendemain des batailles, et montrent l’utilité qu’auraient eu de tels
chiens si le Service des chiens sanitaires n’avait pas été dissous. Toutefois, d’autres témoignages
affirment que des chiens sanitaires furent utilisés en 1916 et dans les années qui suivirent, à titre
occasionnel et officieux.

Figure 32 : Un Berger Allemand en mission de chien sanitaire, participant à la recherche de


blessés (LICARI 2018).

« Atteint d’un éclat d’obus au bras, d’une balle dans la mâchoire, d’un coup de sabre qui m’avait
décollé le cuir chevelu, j’étais à-demi enfoui sous les cadavres de plusieurs camarades, quand je
sentis une caresse sur mon front : c’était un bon chien sanitaire qui me léchait la figure. Je
parvins à me soulever un peu malgré mes vives souffrances. Je savais que les chiens sont
dressés à rapporter au campement les képis des blessés, mais le mien était perdu. Le brave
chien hésitait : « Vas, lui dis-je, vas mon toutou, vas chercher les camarades ». Il me comprit, fila
ventre à terre, et de retour au campement se démena si bien, aboyant, tirant celui-ci, celui-là par
leur capote, qu’il attira l’attention de deux braves brancardiers : ceux-ci le suivirent, il les mena
jusqu’à moi : j’étais sauvé. »

Figure 33 : Récit d’un soldat du Mans, blessé le 2 novembre 1915 (LE BERGER ALLEMAND
2023).

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Figure 34 : Berger Allemand en exercice, entraînement à la recherche de blessés
(MINISTERE DES ARMEES 2023).

Figure 35 : Berger Allemand à l'entraînement, tenant dans sa gueule un képi de soldat


(MINISTERE DES ARMEES 2023).

b. Les chiens sentinelles et les chiens patrouilleurs


Au cours de la Première Guerre Mondiale, le Berger Allemand, parmi d’autres chiens de type berger,
est également utilisé comme auxiliaire de sentinelle. Postés en particulier dans les Vosges, en
Alsace et dans la Somme, cette fonction est la deuxième plus répandue après celle de chien sanitaire.
Grâce à son ouïe et son odorat affutés, il signale l’ennemi à une distance allant jusqu’à 150 mètres.
Toujours associé au même guetteur, il lui sert de garde sur l’arrière, de guet sur l’avant, d’auxiliaire
de combat lors de corps à corps ou encore de garde du corps dans les tranchées (POLIN 2003).

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Aussi appelés « chiens de guetteurs » ou « chiens de tranchées », les chiens sentinelles sont les
premiers à être mis durablement en service sur le front (LICARI 2018). En effet, si la guerre de position
ne se prête pas bien à l’utilisation de chiens sanitaires, les sentinelles y sont en revanche
indispensables.

Une grande partie des chiens auxiliaires de sentinelles occuperont des « petits postes », autrement
dit des emplacements de guetteurs en avant des tranchées (ruines, cratère, bois…). La position est
dangereuse mais permet de donner l’alerte en cas d’approche de l’ennemi. Le chien sentinelle aide
alors le soldat guetteur à repérer l’ennemi, mais lui évite également de se faire capturer. Il peut aussi
faciliter le repérage d’une position fixe.

L’utilité du chien dans ce type de mission sera démontrée par Paul Mégnin, accompagné du sergent
du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins, lorsqu’en 1915 il vient instruire la division de la 7ème armée
qui tient le Hartmannswillerkopf (éperon rocheux, rebaptisé Vieil Armand après la Première Guerre
Mondiale) dans le massif des Vosges. C’est avec deux Bergers Allemands, Za et Helda, que Mégnin
fera preuve de l’efficacité du chien dans de telles situations : le capitaine, réticent à l’idée d’utiliser
des chiens, les met au défi de repérer un poste allemand dont il connait la présence mais pas la
localisation. La nuit, les deux chiens, placés à 200 mètres l’un de l’autre, pointent leur museau dans
la même direction : le poste allemand est repéré et bombardé.

Figure 36 : Chienne de berger d’Alsace prénommée Helda, ici en sentinelle dans la région du
Reichakerkopf en Alsace (LICARI 2018).

Les Allemands possédaient eux aussi des chiens sentinelles, pour la plupart des Bergers Allemands.
Lorsque capturés par les soldats français, ils étaient envoyés à l’arrière, dressés à nouveau avec des
ordres français, puis renvoyés en service dans un secteur éloigné de leur lieu de capture.

Le chien patrouilleur exerce les mêmes missions que le chien sentinelle, mais en déplacement.
Accompagnant les soldats lors de missions de reconnaissance ou lors d’approche d’un poste ennemi,
il est là pour avertir en précédant le conducteur : des grognements alerteront son maître d’un danger
à proximité.

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c. Les chiens de liaison et estafettes
Le chien de liaison doit réaliser les mêmes missions que des soldats dits « coureurs » : il doit faire
messager entre deux points stratégiques (LICARI 2018). Géré par un soldat dit « conducteur », il est
alors amené à l’avant, au Poste de Commandement du bataillon, et permet l’échange de messages
entre le Poste de Commandement du régiment et son conducteur, qu’il retrouve toujours même s’il
se déplace. Là où l’homme se fait facilement repérer et abattre par l’ennemi, le chien, plus petit, plus
rapide et plus facilement camouflé, peut faire bien plus d’allers-retours sans être vu et sans que
l’ennemi ne devine le chemin qu’il suit.

« Un chien de transmission doit être rustique, robuste et résistant, c’est-à-dire pouvoir endurer
les intempéries, les privations et les fatigues ; à cet égard on recherchera de préférence les
chiens aux poils serrés et durs, à bon sous-poil protecteur. […] Sa robe doit, autant que
possible, être de teinte neutre. […] Le chien doit être intelligent, calme, être capable d’attention
et être obéissant ; il doit avoir un bon flair, une bonne ouïe, toutes qualités nécessaires pour le
dressage. […] Parmi ces chiens distinguons […] le chien de berger d’Alsace, vigoureux et dont
la robe, qui varie du jaune clair au noir foncé, s’allie généralement au terrain. »

Figure 37 : Extrait du Manuel de dressage et d'utilisation des chiens de transmission


(MINISTERE DE LA GUERRE 1931).

Le chien estafette, quant à lui, reste au cœur des tranchées. Il a deux missions principales, lorsque
les communications sont coupées : apporter un message d’un poste de première ligne vers le Poste
de Commandement arrière, et tirer des lignes téléphoniques d’un point à un autre à l’aide d’une
bobine de fil fixée à son harnais.

Figure 38 : Un Berger Allemand en mission de liaison, armée allemande, 1916 (LE BERGER
ALLEMAND 2023).

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Suite à la démonstration de Paul Mégnin en 1915 auprès du chenil de la 7ème armée, le général
d’Armau de Pouy-draguin, chef de la 47ème Division d’Infanterie, demandera l’attribution de chiens
pour deux bataillons en Alsace. C’est ainsi que Frisca, chienne croisée Berger Allemand envoyée à
l’un des deux bataillons, réussira, après un parcours difficile, à porter à destination un ordre de tir sur
des maisons abritant un État-major allemand.

d. La détection des gaz


La Première Guerre Mondiale signe également l’arrivée d’une toute nouvelle arme mettant à mal les
lignes françaises : le gaz ypérite, plus connu sous le nom de gaz moutarde. De par son flair
développé, le Berger Allemand en détectera facilement l’odeur et permettra de sauver quelques
milliers de soldats par la suite (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ; BULARD CORDEAU 2005).

Figure 39 : À Maisons-Laffitte, à la société nationale du chien sanitaire et de guerre, Rolf


porte son masque contre les gaz, en décembre 1916 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

L’apparition de ces gaz toxiques et l’augmentation des attaques au gaz obligeront les chiens à
apprendre à courir avec un masque à gaz. Les premiers essais sur les chiens furent réalisés avec
des masques à gaz pour hommes. Bien qu’efficaces, ils ne leur permettaient pas une bonne utilisation
de leurs sens, indispensables à la réalisation de leurs missions. Par ailleurs, ils les empêchaient
d’haleter, et donc de bien réguler leur température. Il faudra attendre la fin de la guerre pour que des
masques plus adaptés soient conçus (LICARI 2018 ; LE BERGER ALLEMAND 2023).

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Figure 40 : Un soldat américain et son Berger Allemand en exercice en Allemagne, 1955
(UZAN 2022).

2.3. Le Berger Allemand à la fin de la Première Guerre Mondiale

A la fin de la guerre, la France licencie la plupart de ses chiens ayant participé à l’effort de guerre (LE
BERGER ALLEMAND 2023). Là où, en septembre 1918, il était demandé de recenser les chiens de
bergers en vue de les dresser pour la guerre (Annexe 3), le mois de novembre 1918 est le mois de
la démobilisation. L’argent manque en France au lendemain d’un conflit qui aura duré plus de quatre
ans : les chiens n’échappent pas aux économies imposées par l’État français. Ils retourneront vers
les chenils de l’armée dans des conditions de transport précaires. Là, leurs parcours divergeront. Un
petit nombre restera dans l’armée, tandis que la plupart seront replacés chez des particuliers. Les
peureux, agressifs, chétifs seront abattus ou parfois abandonnés à leur sort. Quelques-uns, les plus
courageux, seront décorés. D’autres, rendus célèbres par des récits de poilus, traverseront l’histoire.

C’est alors que naîtront les premiers Bergers Allemands chiens guides : mutilés de guerre et infirmes
pourront compter sur leur aide au lendemain de la guerre. Mais ce sont principalement les soldats
rendus aveugles par la guerre qui profiteront de l’aide de ces anciens chiens sanitaires. Dressés au
sein du tout premier centre d’entraînement pour chiens guides, fondée en 1916 par la Croix Rouge
allemande, à Oldenburg en Allemagne, ils leur seront remis gratuitement. En 1922, pour la première
fois, des Bergers Allemands guides d’aveugle sont attribués à des civils allemands. Un an plus tard,
le SV créé une école pour chiens guides d’aveugle à Potsdam. En moins d’une dizaine d’années, ce
seront près de 4000 chiens qui seront ainsi entraînés en Allemagne.

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Dans les années qui suivront la fin de la Première Guerre Mondiale, le succès de l’école allemande
s’entend outre-Atlantique : à Nashville, en 1928, sera créée « The Seeing Eye », la première école
pour chiens guides d’aveugle des États-Unis (JAMAKORZYAN 2023).

Figure 41 : Premiers Bergers Allemands chiens guides en Angleterre, 1931 (LE BERGER
ALLEMAND 2023).

Figure 42 : Premiers Bergers Allemands diplômés de l’école The Seeing Eye, à Nashville en
février 1929 (de gauche à droite : instructeur en chef Jack Humphrey ; Dr. Raymond Harris et
son chien Tartar ; instructrice Adelaide Clifford ; Dr. Howard Buchanan et son chien Gala ;
instructeur Willi Ebeling) (THE SEEING EYE 2022).

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Le Berger Allemand fut donc l’une des races les plus utilisées au cours de la guerre des tranchées.
Chien sanitaire, sentinelle, messager ou encore détecteur d’armes chimiques, il fut utilisé des deux
côtés du conflit, même si ce sont principalement les Allemands qui sauront faire de lui un véritable
atout militaire.

Au lendemain d’une guerre contre une Allemagne haïe, la dénomination de « Berger Allemand »
aura de mauvaises connotations. C’est ainsi que son nom changera dans les pays où la race sera
exportée : « chien de berger » aux États-Unis, « chien-loup Alsacien » au Royaume-Uni, ou
encore « berger d’Alsace » en France.

3. Une race toutefois controversée en France

3.1. L’arrivée du Berger Allemand en France

Dès sa création officielle en Allemagne, la race Berger Allemand se voit popularisée en France grâce
à sa participation aux expositions canines (ACADEMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE 1919). En
1910, se fonde le « Club français du chien de berger allemand », sous la présidence de Paul
Mégnin. L’année suivante est fondée la « Société du chien de berger allemand », présentée comme
une filiale du SV en France, et présidée par René Caucurte, futur directeur d’un chenil militaire
pendant la Première Guerre Mondiale (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022b). L’importation de
Bergers Allemands débute alors, et ce sont 4132 chiens qui arriveront en France au cours du premier
semestre de l’année 1912 (PERRIN-MARTIN 2003). C’est George Barais qui sera l’instigateur de la
race dans le pays, et qui participera activement à son développement grâce à l’élevage de
Beauchamps.

3.2. La polémique d’après-guerre autour du chien de Berger Allemand

Lorsque les Allemands déclarent la guerre à la France le 3 août 1914, tout ce qui a trait à l’Allemagne
devient sujet de haine (ACADEMIE D’AGRICULTURE DE FRANCE 1919 ; PERRIN-MARTIN 2003 ;
MEGNIN 1920). C’est ainsi qu’avant même le début du conflit, en 1913, en France, le Berger
Allemand devient le Berger d’Alsace, et le club réunissant les amateurs de la race devient le « Club
du chien de berger d’Alsace ». En 1920 est fondée une toute nouvelle association, prenant le nom
de « Société du Chien de Berger d’Alsace ».

61
En 1915, la Société Centrale pour l’Amélioration des Races de Chiens en France, ancienne
dénomination de la Société Centrale Canine (SCC), rendra officielle l’appellation « berger d’Alsace »
en France, rendant ainsi raison aux nombreux sceptiques de l’origine allemande de la race. La haine
pour les pays germanophones se fera encore entendre : la SCC interdira sur ses concours les chiens
de races allemandes nés en Allemagne, en Autriche, en Bulgarie ou en Turquie. Cette décision
amènera la SCC à se retirer de la FCI en 1915 (LICARI 2018 ; SOCIETE CENTRALE CANINE
2022a).

« Il faut être impartial et constater que sous son nouveau nom consacré officiellement de berger
d’Alsace, elle est plus riche et plus brillante que jamais. Gloire au vainqueur ! »

« Le Berger Allemand de 1914, s’intitule en 1920 « berger d’Alsace ». C’est tout ce qu’il a de
changé. Il a gardé son œil torve et mauvais d’ancien loup, et son élégance muselée, mais une
élégance de méchant garçon, qui fait songer à celle des junkers de Berlin et des aviateurs
boches. »

Figure 43 : Avis de journalistes sur les chiens de berger d'Alsace, présentés lors de
l’exposition canine aux Tuileries en 1920 (NATTAN 1920 ; DE WALEFFE 1920).

Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, notamment à partir de 1919, des dissensions naîtront
quant à l’origine réelle de la race et son appellation.

- Dans un compte-rendu d’une des séances de l’Académie d’agriculture de France de 1919, le


président du « Club français du chien de berger », Emmanuel Boulet, témoigne de son
aversion pour la race allemande, et identifie la dénomination « d’Alsace » comme d’un leurre
destiné à cacher des origines volontairement oubliées mais toutefois bien présentes du pays
ennemi. Utilisant des adjectifs péjoratifs pour qualifier la race, il l’accuse d’« inonder » la
France et d’être, comme « beaucoup d’autres choses allemandes », protagoniste de la
destruction et du malheur du pays. L’adhésion de la race à la société responsable des chiens
de berger de France sera alors rejetée.

- Dans son Bulletin Officiel de septembre 1919, la SCC affirmera ne pas voir en cette race une
menace mais bien un fait : celui que le Berger Allemand est apprécié des Français (SOCIETE
DE VENERIE 1919).

62
- Dans son livre « Les chiens de France, soldats de la Grande Guerre » publié en 1919, Paul
Mégnin écrira que, selon lui, ce ne sont pas les Allemands mais bien les Français qui seraient
à l’origine de la race. Les allemands l’auraient alors volée puis croisée avec des loups pour
se l’approprier sous la dénomination « Berger Allemand ».

Il faudra attendre le 8 octobre 1922 pour que la France reconnaisse officiellement l’origine allemande
de la race : la Société du Chien de berger d’Alsace change définitivement de nom et devient la
Société du Chien de Berger Allemand (SCBA). Avec George Barais à sa tête, la SCBA aligne dès
lors sa politique d’élevage sur celle du pays d’origine, et tient son propre registre d’élevage. Elle sera
plus tard renommée Club du Chien de Berger Allemand, le CCBA.

La Première Guerre Mondiale offrira au Berger Allemand une réputation à travers le monde : c’est
de là que se fera son exportation dans différents pays. Toutefois son lien avec son pays d’origine
lui portera préjudice dans les quelques années qui suivront la guerre : son exportation vers
d’autres pays se fera sous d’autres noms.

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Depuis sa domestication, le chien sert à l’homme. Il trouve sa place auprès des troupeaux, où il
tient lieu de gardien et de conducteur. Les chiens présentant les meilleures aptitudes bergères
sont sélectionnés, jusqu’à ce qu’un type de chien en particulier en ressorte : le chien de berger.
Conjointement, le chien prendra part aux combats menés par l’Homme : ce sont d’abord les
molosses et les lévriers qui feront leurs preuves dans les guerres et les scènes de chasse.

Le Berger Allemand, issu de l’unification des chiens de berger en Allemagne, possède


nombreuses des qualités requises pour exercer à la fois auprès des troupeaux et auprès des
soldats. La race, après avoir marqué le monde cynophile au cours des premières expositions
canines, participera à la grande guerre, principalement au côté de son pays d’origine, mais
également auprès des soldats français, de façon toutefois moins spectaculaire. Au cours de ses
vingt premières années, c’est avant tout l’aspect pratique qui sera mis en avant par ses créateurs :
l’on voulait un chien de travail, droit, robuste et résistant.

La race Berger Allemand aidera les soldats de la Première Guerre Mondiale principalement en
tant que chien sanitaire, chien de liaison ou d’estafette, chien sentinelle ou patrouilleur, mais aussi
en tant que chien détecteur d’armes chimiques. Au lendemain de la grande guerre, la France
réfutera l’origine allemande de la race, et renommera celle-ci « berger d’Alsace », jusqu’en 1922.

Figure 44 : Le boxeur Georges Carpentier, sergent aviateur pendant la Première Guerre


Mondiale, avec son Berger Allemand rebaptisé Kronprinz, capturé dans un convoi allemand
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

64
Chapitre II – Des années 1920 aux années 1960 : un chien au service de
la guerre

Figure 45 : Herta Lutz, gardienne du camp de concentration de Grünberg, et son chien Greif
portant un manteau orné des runes SS, en 1944 (JAMAKORZYAN 2023).

65
I. A l’entre-deux-guerres

1. Évolution de la place du Berger Allemand dans la cynotechnie militaire

1.1. L’essor de la race Berger Allemand dans les nouveaux chenils allemands

Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, les résultats sont indéniables aux yeux des
Allemands : l’utilisation du chien sur le front de guerre est un atout majeur (GARAPON 2004 ; LICARI
2019). Sous le Traité de Versailles, signé lors de l’armistice en 1918, l’Allemagne a pour ordre de
limiter ses effectifs armés. Toutefois, en prévision du nouveau conflit imminent, les écoles militaires
allemandes, sous la protection de la police civile et avec l’aide du Service des chemins de fer,
continuent leurs opérations. Dans le même temps, systèmes d’élevage et d'entraînement de chiens
policiers et militaires se développent secrètement au sein du gouvernement nazi. Dès 1923, les unités
cynotechniques de la police des rails, « Bahnschutz », subissent un entraînement intensif : elles
seront, plus tard, chargées de la surveillance dans les camps de concentration.

Lorsqu’Hitler arrive au pouvoir en 1933, deux centres d’entraînement furent ainsi créés : l’École
centrale d’entraînement, à Kummersdorf près de Francfort, avec une capacité d’accueil de 2000
chiens, et une autre, plus petite, à Grünheide près de Berlin. La première deviendra le plus grand
centre d’accueil et d’entraînement canin pour son époque, et formera la plupart des équipes
cynophiles retrouvées au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Tous les clubs canins sont
également obligatoirement assujettis à la Reichsverband Deutscher Kleintierzüchter, l’Association
nationale des éleveurs de petits animaux en Allemagne (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ;
MUSEE DE L’ARMEE 2023).

Figure 46 : Chenil militaire de Kummersdorf, en mars 1936 (JAMAKORZYAN 2023).

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La race Berger Allemand, qui a su montrer ses capacités au combat, sera l’une des principales races
entraînées dans ces nouveaux chenils : son élevage est alors encouragé par le gouvernement du
IIIème Reich à des fins militaires. Ce ne sont pas moins de 200 000 chiens qui furent entraînés au
cours de la décennie précédant la guerre. Par ailleurs, dès 1937, l’état Allemand incite les populations
à prêter leurs chiens si un conflit était à venir : « en cas de guerre, [...] des primes [seraient] allouées
aux particuliers qui [feraient] faire une période à leur chien tout comme un réserviste ». C’est ainsi
qu’à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne recense près de 500 000 chiens utilisables
(GARAPON 2004). Une prévision de mobilisation est établie par l’État-major : 120 000 chiens
devraient rejoindre les rangs de la Wehrmacht, là où 30 000 autres rejoindraient ceux de la police.

1.2. Une cynotechnie militaire française en déclin

Contrairement à l’Allemagne, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, la France supprime la


plupart des structures de cynotechnie militaire (LICARI 2019). Ne subsisteront alors que deux chenils
militaires : ceux de Mailly et de Satory. Deux missions principales sont conservées, celle de chien de
garde et celle de chien de liaison, bien que cette dernière soit soumis plus encore aux restrictions
budgétaires d’après-guerre. C’est un véritable bond en arrière que fait la France quant au domaine
de la cynotechnie militaire.

Toutefois, malgré la volonté de l’État Français de réduire drastiquement l’utilisation des chiens dans
les armées, certains récits racontent comment des chiens furent continuellement utilisés pendant
l’entre-deux-guerres. C’est par exemple le cas du Berger Allemand prénommé Flambeau, connu pour
avoir été chargé du courrier militaire du 99ème Régiment d’Infanterie Alpine à partir de 1928. Plus
rapide que le vaguemestre à ski et plus résistant aux intempéries, Flambeau fera le lien entre la ville
de Lanslebourg et le Mont-Froid en Haute Maurienne. Il sera également utilisé lors de missions de
secours en haute montagne, et deviendra alors l’un des ancêtres du chien d’avalanche actuel.

« Lâché sur la piste, il part pour sa nouvelle mission. S’il rencontre un chien, il n’attaque pas ; au
contraire, il fait un crochet pour éviter le conflit. Sinon il suit toujours le même parcours. Selon
l’enneigement, il met entre une heure et demie et deux heures pour monter du Camp Napoléon
au poste. Or il faut à des personnes bien entraînées à la montagne et au ski quatre heures en
moyenne pour parcourir la distance. »

Figure 47 : Témoignage du lieutenant Dathis au sujet de Flambeau, Berger Allemand


vaguemestre dans les crêtes franco-italiennes entre 1928 et 1937 (JAMAKORZYAN 2023).

67
Bien qu’aspirant à la fin de l’entraînement des chiens à la guerre pour des raisons principalement
financières, l’État-major publie en 1931 le Manuel de dressage et d’utilisation des chiens de
transmission. Traitant en partie du choix adéquat du chien, le « berger d’Alsace » y est considéré
comme une des meilleures races pour les missions de liaison (MINISTERE DE LA GUERRE 1931).

1.3. Les premiers pas du Berger Allemand en Union Soviétique

C’est en 1924 qu’est fondée l’École Centrale d’Élevage de Chiens Militaires à Moscou, en Union
des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Les chenils y sont d’abord des camps
d’entraînement expérimentaux : ce n’est qu’à partir de 1935 que l’école commencera à former
officiellement et avec méthode des chiens, notamment des Bergers Allemands, pour des missions de
communication, de garde, de surveillance mais aussi de traîneau. C’est également au sein de ces
chenils soviétiques que de nouveaux modèles de masques à gaz canins seront testés.

Figure 48 : Bergers Allemands en entraînement au chenil de l'Armée rouge ouvrière et


paysanne, en 1934 (EGOROV 2018).

L’entre-deux-guerres marque un tournant pour la cynotechnie militaire. Là où l’Allemagne, pourtant


limitée par le Traité de Versailles, construit de nouveaux chenils et centres de dressage, la France,
elle, cherche à se débarrasser de ces chiens qu’elle n’a pas su utiliser à bon escient. En Russie
également, des chenils militaires commencent à se construire : ils seront d’un intérêt majeur dans
le conflit à venir.

68
2. Impact de l’entre-deux-guerres sur les standards de la race

2.1. Mise en place des règlements sur la sélection et sur l’élevage

L’élevage de la race Berger Allemand devint, au début du XXème siècle, de plus en plus intensif.
Nombre d’éleveurs usèrent de la consanguinité pour faire perdurer les qualités de leurs meilleurs
étalons et de leurs meilleures femelles (GRANDJEAN, HAYMANN 2003). Toutefois, Max von
Stephanitz, soucieux du bien-être de la race, de la mentalité et de la robustesse de ses chiens,
déconseilla et condamna cette méthode d’élevage. C’est ainsi qu’en 1922 naquit un système de
contrôle des reproducteurs : l’examen de confirmation et de sélection Ankörung, renommé plus
tard la Körung. Cette dernière permettra de ralentir la progression au sein de la race de certains
défauts, en particulier morphologiques et de caractère. Au cours de cette même année, toujours dans
l’objectif de conserver et d’améliorer la qualité de la race, le SV établit que seuls les Bergers
Allemands possédant un titre de travail pourront obtenir le titre de Sieger, nom utilisé pour désigner
chaque année le champion de la race.

2.2. Couleurs et morphologie : apparition des fondements du Berger Allemand actuel

L’année 1925 fut, quant à elle, un véritable tournant dans l’histoire du Berger Allemand
(GRANDJEAN, HAYMANN 2003 ; SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a). Le championnat annuel
organisé par le SV, ayant lieu cette année-là à Francfort sur le Main, verra la consécration d’un tout
nouveau type de Berger Allemand : Klodo von Boxberg, produit de l’élevage d’Otto Dienemann.
Présentant des caractéristiques différentes de ses compères, notamment par sa taille (62,5 cm au
garrot), ses angulations et sa pigmentation précises et nettes, Klodo marquera un tournant décisif
dans la sélection de la race Berger Allemand. Qualifié de « nouveau sang », il montrera la marche à
suivre pour nombre de lignées actuelles : un chien de taille moyenne, musclé et sec.

Figure 49 : Le champion de l’exposition du Berger Allemand de 1925, Klodo von Boxberg


(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

69
Par ailleurs, c’est à partir de 1933 que la robe blanche est remise en question dans les standards
officiels de la race Berger Allemand. En effet, jusque-là autorisée, elle est désormais sujet à
controverse, et seuls les sujets blancs issus de vieilles lignées bergères sont encore acceptés. Il
faudra attendre les années 1960 pour que la robe blanche soit complètement et définitivement
interdite : de là se fera l’essor de la race Berger Blanc Suisse (PATIJAUD 2004 ; SOCIETE
CENTRALE CANINE 2023a).

Figure 50 : Berno von der Seewiese, premier Berger Allemand blanc inscrit au SZ, né en 1913
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

L’entre-deux-guerres marque également l’histoire de la race avec la démission de Max von


Stephanitz, en 1935, du poste de président du SV. Le fondateur de la race s’éteindra l’année suivante.

Les années 1920 et 1930 furent celles où les critères de la race Berger Allemand s’étoffèrent pour
en faire le chien que l’on connaît aujourd’hui : taille moyenne, musclé et sec, majoritairement de
couleur noir et feu. Toutefois, à la différence du Berger Allemand moderne, celui de l’entre-deux-
guerres reste un chien uniquement de travail, au dos et aux membres droits.

70
II. Un outil de répression pendant la Seconde Guerre Mondiale

1. Le Berger Allemand figure du nazisme en Allemagne

1.1. Le Berger Allemand au service de l’idéologie nazie

Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, les 200 000 chiens promis par l'État-major avant la
guerre se déploient en Allemagne (GARAPON 2004 ; LELEU 2001 ; JAMAKORZYAN 2023). Parmi
eux, les 30 000 chiens destinés à la police allemande et à la Gestapo dans les unités cynotechniques
paramilitaires nazies seront partie intégrante de la recherche des agents alliés parachutés et des
aviateurs abattus. Les nombreux Bergers Allemands dressés avant le début du conflit seront alors
utilisés pour aider à l’accomplissement de l’œuvre du IIIème Reich : intégrés à la brigade
Schutzstaffel (SS) Totenkopf, connue par ailleurs pour ses fréquents massacres dans la France
occupée, ils participent ainsi à la surveillance des camps de concentration et à la répression des
prisonniers. Dans ces mêmes camps mais également aux frontières du pays, les chiens permettaient
l’arrestation des évadés.

Chaque camp de concentration a son unité cynotechnique SS attitrée. Dressés à l’attaque, figure
même du nazisme, les Bergers Allemands sont craints par les prisonniers. Heinrich Himmler,
l’avouera lui-même : ils sont utilisés dans le but « d’encercler les prisonniers comme un troupeau de
moutons et de les empêcher de s’échapper ». Selon le chef de la SS, « les chiens des camps doivent
être dressés pour être des bêtes aussi féroces que les chiens le sont en Afrique. Ils doivent être
entraînés à déchiqueter tout le monde sauf leur gardien ». De nombreux témoignages de survivants
des camps de concentration font en effet état de la force et de la brutalité qu’apportaient les chiens.

« La marche jusqu’à Francfort était un moment impressionnant, les chiens et les gardes nous
tenaient en ligne, les chiens nous mordaient tandis que les gardes nous frappaient avec leurs
armes si nous ralentissions. »

Figure 51 : Témoignage du Docteur Aaron Kupstow, envoyé au stalag IX B de Francfort-sur-


le-Main, en Allemagne (GARAPON 2004).

« Le chef des SS qui était un homme infâme, grossier, jeune et petit, pas fort du tout mais il avait
un chien. Il ne se promenait jamais sans son chien et le chien attaquait les gens. »

Figure 52 : Témoignage d'un pharmacien polonais, déporté en 1941 au camp de


concentration de Gross-rosen (UNITED STATES HOLOCAUST MEMORIAL MUSEUM 1992).

71
Figure 53 : Dessin « La violence », par Jeanne Letourneau, représentant le block 27 du camp
de Ravensbrück (MUSEE DE L’ARMEE 2023).

Figure 54 : Unité cynotechnique SS sentinelle du camp de Plaszow (ASSOCIATION


FRANCAISE BUCHENWALD DORA ET KOMMANDOS 2015).

« Avril 1945… Libre, depuis quelques jours, nous occupions nos journées à visiter les
installations SS, leurs casernes, leurs villas, leurs dépôts et les chenils, qui avaient abrité tant de
chiens féroces que les SS lançaient, avec grand plaisir et amusement, contre les déportés…
Aussi, nous fûmes très surpris de découvrir, mes camarades et moi-même, un de ces chiens qui
nous faisait tant trembler. C’était un magnifique Berger Allemand, fauve et noir, qui avait été
oublié par son maître, trop pressé de fuir. […] Nous autres rescapés, nous ne pesions guère plus
de 30 kg, tandis que la bête, elle, en pesait bien 60 et peut-être plus. »

Figure 55 : Témoignage de Pierre Pardon, publié dans Le Serment n°131 en 1979


(ASSOCIATION FRANCAISE BUCHENWALD DORA ET KOMMANDOS 2015).

72
La participation du Berger Allemand aux actes de barbarie perpétrés par le gouvernement nazi n’est
pas le seul signe de l’appartenance de la race à l’idéologie nazie (SKABELUND 2008). Comme le
dira l’historien De Cal en 1992, l’élevage animal est à connecter au développement du racisme
en politique. Alors même que sa popularité suit une courbe exponentielle, une sélection orientée et
drastique permettra d’obtenir des Bergers Allemands dits de sang pur. Éliminer certaines
descendances, avoir un contrôle strict sur la reproduction, et garder trace des lignées créées
permettront de moduler morphologie et caractère. Se retrouvent alors certains aspects de la doctrine
hitlérienne et de ses théories raciales : le IIIème Reich et la Verein für deutsche Schäferhunde auront
en effet les mêmes desseins dans leurs politiques raciales. La race, alors synonyme de pureté de
sang, deviendra l’un des symboles de l’Allemagne nazie.

Plus tard, le Berger Allemand sera également associé à de nombreux autres régimes dans le monde,
puisque déployé à des fins policières, militaires et coloniales. Il y sera là aussi identifié comme un
allié loyal de ceux qui sont au pouvoir, en symbole de l’autorité oppressive. Ces pays apprécieront
la race pour la puissance qu’elle renvoie : elle sera utilisée en Afrique et Asie pour asseoir la position
des régimes coloniaux.

1.2. Autres utilisations de la race par l’armée allemande

Outre leur implication dans les camps de la mort, les Bergers Allemands continuèrent à être utilisés
par l’armée allemande à des fins stratégiques (JAMAKORZYAN 2023 ; GARAPON 2004).
Contrairement au précèdent conflit, les missions de chiens messagers et de chiens sanitaires ne sont
plus autant recherchées. En effet, la modernisation des moyens de transport et de liaison rend plus
fiables les communications, qui plus est dans le cadre d’une guerre de mouvement. Malgré cela, en
1939, la Wehrmacht convoque chaque propriétaire de chien pour une visite d’aptitudes : les animaux
jugés aptes au service militaire seront alors répertoriés, puis des certificats d’honneur seront délivrés
aux civils qui offriront leur chien pour le « renforcement de la défense nationale » (Annexe 4). Utilisés
principalement pour des missions de surveillance et de protection, le règlement de service de la
Wehrmacht datant de 1941 stipule que ces chiens devront servir dans les installations de la
Wehrmacht (usines de munitions, bases aériennes…), dans les camps de prisonniers de guerre, dans
les dépôts de butins, dans les troupes de sécurité des zones occupées, et enfin dans les unités
isolées en zone de combat.

73
Figure 56 : Soldat de la Wehrmacht et son Berger Allemand au cours de la Seconde Guerre
Mondiale (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

Figure 57 : Soldats allemands et leur Berger Allemand en zone de combat, Seconde Guerre
Mondiale (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

Figure 58 : Équipage allemand de Panzer et leur Berger Allemand, Seconde Guerre Mondiale
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

74
1.3. Hitler, passionné de Bergers Allemands

Au cours de sa vie, Hitler possèdera plusieurs Bergers Allemands. Toutefois, c’est Blondi, son
dernier chien, qui sera la plus célèbre : victime collatérale de cette guerre de l’horreur, elle sera tuée
par Hitler lui-même à l’aide des capsules de cyanure fournies par Himmler (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2022a).

Figure 59 : Hitler et son Berger Allemand, Blondi (HOARE 2020).

Figure 60 : Hitler en compagnie d’une meute de Bergers Allemands (LE BERGER ALLEMAND
2023).

75
Le Berger Allemand sera la principale race canine utilisée par le régime nazi. Sélectionnée et
considérée pure, elle s’inscrira parfaitement dans les idéologies diffusées par le IIIème Reich.
Participant aux missions usuelles de guet, de surveillance et de patrouille, les Bergers Allemands
feront aussi leur apparition dans les camps de concentration : leur force et leur agressivité
contribueront grandement à l’horreur de la répression nazie.

2. L’utilisation du Berger Allemand par les autres pays au cours de la


Seconde Guerre Mondiale

2.1. En France

Au début de la Seconde Guerre Mondiale, la cynotechnie militaire française est au plus bas (LICARI
2019). C’est la Société Centrale Canine qui sera officiellement chargée de mettre en place plusieurs
chenils de recrutement et de dressage : en 1939, 12 chenils sont créés et dirigés par les sociétés
régionales affiliées. Quelques 800 chiens y sont donnés ou prêtés par des particuliers ou des
associations.

En septembre 1939, lors de l’offensive de la Sarre, les chiens de l’armée allemande vont grandement
participer au recul des troupes françaises derrière la ligne Maginot. Un mois après, le général
Gamelin, commandant des forces terrestres françaises, requiert alors des chiens de patrouille à la
Direction de l’Infanterie : un budget de 400 000 francs sera débloqué pour aider à l’intégration de
chiens dans les combats. L’École Vétérinaire d’Alfort participera à l’effort de guerre : début 1940,
certains de ses locaux seront consacrés à la création d’un chenil central. Un autre chenil, de
dressage, sera dans le même temps installé à Pontault-Combault.

Le coup d’arrêt du service des chiens de guerre, pourtant alors en développement, sera signé en mai
1940. Malgré la disparition des centres de recrutement et d’entraînement, environ 150 chiens seront
réunis à l’établissement hippique de Gramat dans le Lot : l’objectif n’est pas le développement d’une
cynotechnie militaire française déjà éteinte, mais plutôt la conservation de certaines races, telle que
le Berger Allemand, jusque-là utilisées dans les missions de l’armée.

Constatant les exploits que les chiens réussissent à produire aux côtés des Allemands, l’armée
française cherche à comprendre comment elle a pu échouer là où l’ennemi a visiblement
réussi (Annexe 5) : de nombreuses tentatives seront initiées tout au long de la guerre dans le but
d’imiter le pays adverse, toutefois sans grand succès. Seules quelques centaines de chiens seront
ainsi utilisées par les armées françaises au cours de la Seconde Guerre Mondiale.

76
2.2. Par l’armée américaine

Tout comme en Allemagne et en France, des chiens firent leur apparition aux côtés de l’armée
américaine, notamment pour des missions de sentinelle (GARAPON 2004). Utilisés pour protéger
entre autres les fortifications côtières, les ports, les terrains d’aviation et les installations militaires, la
majorité des chiens sentinelles assurèrent leurs missions auprès des Garde-Côtes le long des côtes
de l’Atlantique, du Pacifique et du golfe du Mexique. Prenant part à la guerre sur tous les fronts, les
chiens devaient être polyvalents et entraînés à participer aux missions en mer et sur terre.

Au cours de la guerre du Pacifique interviendra le 1er peloton de chiens de guerre des Marines.
Renommé « Premier corps d’action canine de combat de la Seconde Guerre Mondiale », les
hommes et les chiens qui les accompagnent atterriront, en compagnie des Marines Raiders, sur l’île
de Bougainville, au nord des Îles Salomon, en novembre 1943 pour combattre les Japonais. Ils prirent
également part aux combats à Guam et à Okinawa. Plus tard, le 2ème peloton, dirigé par le lieutenant
William T. Taylor, et le 3ème peloton, commandé par le lieutenant vétérinaire William W. Putney,
rejoignirent la première unité cynotechnique envoyée sur l’île et montèrent les effectifs à 72 chiens
pour 110 hommes. Sur la plage volcanique d’Iwo Jima, c’est le 7ème bataillon de chiens de la Marine
qui participa à l’assaut, plus tard rejoint du 6ème bataillon.

Bien que le Berger Allemand soit là aussi l’une des races favorites pour ces missions, les Américains,
par souci d’accessibilité, lui préférèrent une autre race allemande, le Doberman. En effet, grâce à
l’appui du Club américain des Dobermans, ils furent trois fois plus nombreux que les Bergers
Allemands, qui finiront toutefois par les remplacer à la fin de la guerre (AIELLO, BACON 2012). En
août 1945, les pelotons de chiens de guerre des Marines furent licenciés.

Figure 61 : Le 1er peloton de chiens de guerre des Marines sur l’île de Bougainville,
mélangeant Bergers Allemands et Dobermans, en novembre 1943 (GARAPON 2004).

77
Figure 62 : Deux marines américains agenouillés aux côtés de leur Berger Allemand à la
bataille d’Iwo Jima, en 1945 (LE BERGER ALLEMAND 2023).

L’armée américaine sera l’une des premières à tester le parachutage des chiens, notamment à la fin
de la Seconde Guerre Mondiale, au moment de la libération. La toute première expérience de ce type
fut menée par l’aviation américaine en 1942. Le Berger Allemand prénommé Jaint de Motimorency
sera l’un de ces chiens parachutés, le seul à participer à l’opération alliée Market Garden, destinée à
reprendre le contrôle sur les ponts de trois fleuves stratégiques du Pays-Bas (la Meuse, le Waal et le
Rhin), le 17 septembre 1944 (GARAPON 2004 ; LE BERGER ALLEMAND 2023).

Figure 63 : Le lieutenant américain Peter Baranowski et son chien, le Berger Allemand Jaint
de Motimorency (LE BERGER ALLEMAND 2023).

78
Le chien Chips, croisé Berger Allemand, est un des chiens les plus populaires de la guerre contre
l’Allemagne (POLIN 2003 ; TOUSIGNANT 2018 ; DEFENSE MEDIA 2014). Confié à John Rowel,
maître-chien de l’United States Army appartenant à la 3ème Division d’Infanterie, il aura servi au Maroc,
en Tunisie et en Algérie avant de participer aux débarquements des Américains en Europe. Le 10
juillet 1943, c’est au cours du débarquement en Sicile que Chips fera preuve de l’héroïsme qui lui
vaudra sa renommée. Pris sous le feu d’une mitrailleuse, il immobilisera les soldats ennemis, des
Italiens, en se jetant à l’assaut du lieu d’où provenaient les tirs, sauvant ainsi nombre de soldats alliés.
Son maître racontera : « Le bruit était terrible, puis les tirs ont cessé. Là, j’ai vu un soldat sortir avec
Chips le prenant à la gorge. Je l’ai rappelé avant qu’il ne tue l’homme ».

Figure 64 : Le Berger Allemand Chips, accompagné d’un soldat américain au cours de la


Seconde Guerre Mondiale (TOUSIGNANT 2018).

Décoré de la « Silver Star » et de la « Purple Heart », ces deux médailles lui seront retirées à la suite
d’une polémique. Il sera inhumé au Hartsdale Pet Cemetery, dans l’état de New-York. Toutefois, en
2018, à l’occasion du 75ème anniversaire de la Conférence de Casablanca qui avait réuni Churchill
et Roosevelt, célébré au musée Churchill War Rooms à Londres, Chips se vit remettre à titre
posthume la médaille Dickin.

79
2.3. Par la Russie

Dans les pays nordiques, le Berger Allemand est là aussi une des races qui se distinguent : léger
mais à la toison épaisse, sa grande résistance au froid lui vaudra d’être utilisé sur le front de l’Est par
les armées finlandaises.

Mais c’est surtout la Russie qui fut, sans surprise, fortement adepte de la race Berger Allemand et de
ses aptitudes en situation de combat (LE BERGER ALLEMAND 2023 ; POLIN 2003). Quelques
années avant la guerre, l’École Centrale d’Élevage de Chiens Militaires de Moscou débutera le
dressage de chiens antichars. Nombreux furent les Bergers Allemands qui participèrent ainsi aux
missions suicides mises en œuvre par l’armée russe à partir de 1941. Habitués à manger sous les
chars, les chiens étaient ensuite affamés pendant 1 à 2 jours. Équipés d’un dispositif explosif actionné
au contact de l’acier, ils se faufilaient alors sous les blindés ennemis pour les faire exploser. Malgré
l’ingéniosité de la technique, qui fonctionna à plusieurs reprises et permis l’élimination de plusieurs
chars, elle finit par révéler certaines failles : les chiens, abattus par les Allemands ou se retournant
contre les chars russes, étaient tués avant d’accomplir leur mission. Dès lors, les chiens ne seront
plus utilisés contre les tanks ennemis et les Russes les utilisèrent plutôt, eux aussi, comme
messagers, chiens de transmission ou chasseurs de mines… Ils furent également très utiles lors des
grands hivers russes pour le transport de soldats blessés, là où les conditions climatiques extrêmes
empêchaient l’accès aux véhicules motorisés. L’un de ces Bergers Allemands, Bob, localisa et aida
ainsi une quinzaine de soldats blessés au cours d’une bataille près de Duminichi, au sud-ouest de
Moscou, en Russie (GARAPON 2004).

Figure 65 : Unité de Bergers Allemands antichars (JAMAKORZYAN 2023).

80
Figure 66 : Berger Allemand mort portant encore sur son dos un dispositif antichar (à
gauche : écriteau « Vorsicht », prudence en allemand) (JAMAKORZYAN 2023).

C’est sans surprise le Berger Allemand qui fut la race favorite de la plupart des pays au cours de
la Seconde Guerre Mondiale : France, Allemagne, États-Unis, Russie… Tous auront été adeptes
du caractère fort et des aptitudes physiques de la race. Le succès du Berger Allemand et son
implication dans le conflit l’amèneront par ailleurs à être utilisé par d’autres pays, tels que l’Italie
ou le Japon, mais de façon plus éparse et moins documentée.

3. Le Berger Allemand au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale

3.1. Renouveau au sein des armées françaises

Au lendemain de la défaite des Allemands, la France décide de rattraper son retard : est reconstitué
un service de chiens de guerre, dédié principalement, dans un premier temps, à la garde et la
patrouille en assurant le soutien des troupes françaises d’occupation en Allemagne (LICARI 2019 ;
GARAPON 2004). Récupérés dans les unités ennemies alors prisonnières et dans les territoires
allemands désormais occupés par la France (Annexe 6), ce sont majoritairement des Bergers
Allemands qui seront récoltés : ils seront environ 600 et constitueront la base des unités canines
employées pendant les guerres de décolonisation (MUSEE DE L’ARMEE 2023 ; LICARI 2019). Après
la saisie de ces chiens, issus de la Wehrmacht en particulier, les Forces Françaises en Allemagne
feront l’acquisition d’autres Bergers Allemands, cette fois auprès de plusieurs éleveurs allemands.
D’abord prioritaire sur les achats, la France entrera vite en concurrence avec les autres armées
alliées, également très férues de la race.

81
Les chiens ainsi acquis seront dressés à la garde, à la patrouille et à la liaison dans le chenil militaire
de Rastatt en Allemagne, puis mis à la disposition des gendarmes frontaliers. C’est le vétérinaire
colonel Carnus, directeur du service vétérinaire des Forces Françaises en Allemagne, qui créera ce
chenil le 10 novembre 1945, sous la direction du général Koenig. Trois ans plus tard, le chenil est
transféré à Linx, où il deviendra le fer de lance du développement de la cynotechnie militaire
française. Il sera plus tard connu sous le nom de 10ème Groupement Vétérinaire de l’armée (GV),
nom qu’il conservera jusqu’à sa dissolution en 1970.

Figure 67 : Chenil de Bergers Allemand du 10ème GV de Linx, en 1954 (LICARI 2019).

« Il y avait [...] 20 à 30 chiens, tous Bergers Allemands hormis un Bouvier des Flandres et deux
Rottweilers. La formation durait 4 à 5 mois. Les chiens étaient dressés à l’obéissance, à
l’attaque, au guet et à la patrouille. [...]. On m’a attribué un Berger Allemand de 5 ans, Salk. »

« C’étaient des adultes, déjà dressés, au fort caractère. On nous avait prévenus qu’au premier
contact, ils pouvaient nous mordre. Je suis entré dans la courette où était Salk, et il est venu me
mordre à la cuisse. Puis il est retourné dans son box et on s’est observés longtemps ; je lui ai
donné des ordres auxquels il était habitué, et il a obéi ; j’ai pu alors en faire ce que je voulais. »

»
Figure 68 : Témoignage du maître-chien Claude Bouquey, du 10ème GV de Linx (LICARI
2019).

82
Figure 69 : Le Berger Allemand Salk, du 10ème GV de Linx, avec son maître Claude Bouquey à
gauche et à l’entraînement au mordant à droite, 1964 (LICARI 2019).

D’autres unités cynotechniques furent créées à partir des années 1950 pour répondre aux besoins
croissants en infrastructures et en chiens. Ce fut le cas notamment du 24ème Groupe Vétérinaire à
Suippes dans la Marne, qui deviendra plus tard le 132ème Bataillon Cynophile de l’Armée de Terre.

3.2. L’élevage du Berger Allemand dans l’Allemagne d’après-guerre

Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, les restrictions budgétaires et l’utilisations massives des
Bergers Allemands dans le conflit feront décliner les effectifs de la race. Le monde de l’élevage
s’inquiète de l’impact des réquisitions excessives : dans le but de conserver la qualité du cheptel si
durement acquise, l’armée allemande accepte que les chiens titrés et les champions ne
participent pas à l’effort de guerre, et restent aux mains de leurs éleveurs et propriétaires
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ; GRANDJEAN, HAYMANN 2003).

Après-guerre, l’élevage allemand reprend de plus belle et croît de façon exponentielle. Mais les
années qui suivirent le conflit furent marquées par la création du Rideau de fer, édifié en 1949 et
séparant la République Fédérale d’Allemagne (RFA), à l’ouest, de la République Démocratique
d’Allemagne (RDA), à l’est. C’est de là que commencera à se dessiner la séparation entre les deux
lignées du Berger Allemand : la lignée d’exposition, développée plutôt en RFA, et la lignée de
travail, qui persiste dans l’Allemagne sévère de la RDA. En effet, le gouvernement est-allemand,
sous influence soviétique, contrôle le programme d’élevage de la race, via la création du
Spezialzuchtgemeinschaft Deutsche Schäferhunde (SZG). Il y voit un chien avant tout militaire, et,
par le biais de directives d’élevage strictes, cherche à rendre la race plus endurante, plus robuste,
plus puissante et plus résistante. Entre la construction du mur de Berlin et la réunification allemande
de 1990, le SZG aura enregistré plus de 170 000 chiens dans son livres des origines. En 1987, grâce
à ces efforts, près de 93% des Bergers Allemands de l’est sont exempts de dysplasie de la hanche.

83
En revanche, là où l’Allemagne de l’Est continue de sélectionner des chiens correspondant à la
définition donnée par le fondateur de la race, l’Allemagne de l’Ouest, quant à elle, sous l’influence
des modes américaines, britanniques et françaises, remodèle la silhouette vers un dos incliné et des
angulations arrières plus marquées.

Figure 70 : Rolf von Osnabrücker Land, Sieger 1951 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a).

A l’image de Klodo von Boxberg sacré Sieger en 1925, le chien Rolf von Osnabrücker Land
marquera un autre tournant dans l’évolution de la race. Tête massive, encolure forte, dos légèrement
descendant et membres postérieurs légèrement inclinés vers l’arrière : le champion de l’année 1951
se rapproche de plus en plus du Berger Allemand que l’on connaît actuellement.

Tout comme l’entre-deux-guerres fut marqué par la sacralisation d’un nouveau type de Berger
Allemand, les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale furent un tournant dans la
sélection de la race : ce sont là les premiers pas du Berger Allemand à croupe inclinée et aux
angulations postérieures marquées, celui que l’on connaît aujourd’hui.

84
III. Participation du Berger Allemand à quelques autres guerres du XXème
siècle

1. La guerre d’Indochine

Lors de la guerre d’Indochine, le Corps Expéditionnaire Français envoyé pour combattre les
indépendantistes vietnamiens entre 1945 et 1956 est accompagné de plusieurs chiens issus du chenil
de Linx (LICARI 2019 ; LE BERGER ALLEMAND 2023 ; AIELLO, BACON 2012). Malgré le climat
humide qui réduit leurs capacités olfactives, ils s’avèrent d’une efficacité redoutable en tant que
chiens de patrouille ou de pistage, mais aussi en tant que chiens de garde. Les nombreux Bergers
Allemands recrutés en Allemagne se révèlent alors être un bon investissement ; au nombre de 300,
leurs missions sont diverses : patrouille, garde des unités et des postes de commandement, ouverture
d’itinéraire, pistage, fouille, maintien de l’ordre, recherche de blessés.

Figure 71 : Bergers Allemands membres de cynocommando lors de la guerre d’Indochine


(LICARI 2019).

Figure 72 : Cynocommando en déplacement, guerre d’Indochine (LICARI 2019).

85
C’est par ailleurs au cours de la guerre d’Indochine que la première unité cynophile parachutiste
de l’armée française sera créée. Composée de six Bergers Allemands âgés de 2 à 3 ans (Borris,
Cilly, Kado, Liedo, Lux et Remo), elle aura pour objectifs principaux la fouille, le pistage, la
surveillance et la détection de mines. Lors des premiers essais, les chiens étaient parachutés seuls
et pouvaient atterrir loin de leur maître.

Figure 73 : Berger Allemand en exercice de parachutage (LE BERGER ALLEMAND 2023).

Le Berger Allemand fut déployé en masse au cours de la guerre d’Indochine. Utilisé par les unités
françaises sur place, c’est là que la race fera ses premières preuves en tant que chien de combat
auprès du pays qui, jusque-là, doutait encore de l’efficacité des chiens sur les terrains de conflit.

2. La guerre d’Algérie

Dans le même temps, la guerre d’Algérie éclate en 1954 (LICARI 2019). Au cours des huit années
où elle fera rage, des chiens, Bergers Allemands en majorité, sont également largement employés :
ils seront environ 160 au début du conflit contre quelques 2000 individus 4 ans plus tard. Ce seront
alors une centaine de pelotons cynophiles, composés de 15 à 20 chiens chacun, qui seront créés.
Utilisés principalement à la garde d’installations militaires, à la patrouille et au pistage, ils assureront
également des missions d’éclairage et permettront d’éviter les embuscades et de détecter les
tentatives d’infiltrations le long de la ligne de défense Morice, sur une longueur de 460 kilomètres
entre l’Algérie et la Tunisie.

86
Figure 74 : Peloton cynophile du 5ème Régiment Étranger d’Infanterie, guerre d’Algérie
(LICARI 2019).

Figure 75 : Héliportage d’un Berger Allemand militaire, guerre d’Algérie (LICARI 2019).

Le chien le plus célèbre de la guerre d’Algérie fut sans doute le Berger Allemand prénommé Gamin
(LE BERGER ALLEMAND 2023). Issu du chenil militaire de Beni-Messous, c’est le gendarme Gilbert
Godefroid qui sera le seul à pouvoir l’approcher : le chien lui sera attribué. Le couple deviendra
célèbre lorsqu’en mars 1958, lors d’une opération de maintien de l’ordre dans la région de Barral, ils
sont la cible d’une embuscade après avoir difficilement retrouvé la piste d’insurgés. Touché au poitrail
et à la tête, Gamin tue l’agresseur avant de revenir auprès de son maître, mort sous les tirs, pour le
protéger de l’assaut. Preuve de la fidélité sans pareille du Berger Allemand, il ne faudra pas moins
de six hommes pour réussir à le maitriser à l’aide d’une toile de tente. Ne répondant à aucun autre
maître par la suite, Gamin sera mis à la retraite et sera le premier chien décoré de la médaille de la
Gendarmerie Nationale, le 27 décembre 1958.

87
Figure 76 : Le gendarme Gilbert Godefroy accompagné de son fidèle Berger Allemand,
Gamin (LE BERGER ALLEMAND 2023).

A partir de 1959, les nombreux sabotages de lignes de trains amènent les soldats à utiliser leurs
chiens dans les missions de déminage. Terre fraîchement retournée et odeur de mine placées sous
le ballast sont des traces odorantes que les Bergers Allemands peuvent suivre. Trois ans plus tard,
les Groupes Vétérinaires chargés du déminage sont dissous ou rapatriés.

Figure 77 : Berger Allemand s’attelant à la détection de mines sur une voie ferrée, guerre
d’Algérie (LICARI 2019).

La guerre contre les indépendantistes algériens fut également l’une de celles où le Berger
Allemand excellera. En complément des missions habituelles de patrouilles et de sentinelle, les
Français l’utiliseront notamment pour la détection de mines.

88
3. La guerre de Corée

Lorsque la guerre commence en Corée en 1950, seul un escadron américain de chiens éclaireurs est
encore en activité : il s’agit du 26ème Bataillon d’infanterie basé à Fort-Riley au Kansas, composé
de 27 chiens. Pourtant, au cours du conflit, ce sont plus de 1500 chiens, majoritairement des Bergers
Allemands et des Dobermans, qui auront participé. Utilisés en éclaireurs, ils permettent aux soldats
d’évoluer dans des environnements hostiles, à découvert et de nuit : détestés par les Nord-Coréens
et les Chinois, ils détectent les snipers, pénètrent les lignes ennemies et montrent leurs positions aux
soldats américains.

L’armée américaine estime que les unités comptant des chiens dans leurs rangs enregistrent 60%
de blessés en moins par rapport aux autres unités (LE BERGER ALLEMAND 2023 ; AIELLO, BACON
2012 ; GREEN 2022).

Figure 78 : Mémorial du chien de guerre, Colorado Springs (en bas : « Berger Allemand (mille
cinq cents ont servi) ») (LE BERGER ALLEMAND 2023).

La guerre de Corée fut l’une des premières, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, à voir
le Berger Allemand évoluer auprès des troupes américaines de façon ordonnée. Faisant ses
preuves aux côtés du Doberman, c’est au cours de ce conflit que le chien militaire reprendra peu
à peu sa place auprès des soldats américains.

89
4. La guerre du Vietnam

De 1965 à 1973, plus de 4000 chiens sont déployés par l’armée américaine au Vietnam (LE BERGER
ALLEMAND 2023 ; AIELLO, BACON 2012). Nombre d’entre eux décédèrent en dehors des combats :
chaleur tropicale, maladies associées et malnutrition leur seront fatales. Malgré les conditions
extrêmes, les chiens sont d’une efficacité redoutable lors du conflit et cela fait d’eux des cibles
privilégiées pour l’ennemi : les chenils y subissent de fréquentes attaques et des primes sont offertes
en échange d’une oreille de chien tatouée ou de l’insigne d’un maître-chien.

Là encore, le Berger Allemand règne en maître, notamment en tant qu’éclaireur ou sentinelle : son
flair et sa rigueur feront pression sur les forces ennemies.

Figure 79 : Bergers Allemands sentinelles et leurs maîtres-chiens, après avoir patrouillé le


périmètre de Marble Mountain, un poste de secours et de communication à Danang, en 1969
(AIELLO, BACON 2012).

Plusieurs Bergers Allemands marquèrent ce conflit par leur héroïsme : Kaiser, appartenant au
caporal Alfredo Salazar et mort en juillet 1966 lors d’une embuscade par des soldats nord-
vietnamiens, après avoir participé à une dizaine d’opérations majeures et à une trentaine de
patrouilles de combat ; Némo, appartenant à l’aviateur Robert Throneburg et qui, en 1966, lors d’une
patrouille avec son maître autour de la base aérienne Tan Son Nhut, le prévient de tirs imminents et
le protège des tirs des assaillants malgré une grave blessure à l’œil ; ou encore Stormy 476M,
appartenant au soldat Ron Aiello, avec qui elle mènera de nombreuses patrouilles de nuit.

90
Figure 80 : Le caporal Alfredo Salazar au camp Kaiser, nommé ainsi en hommage à son
Berger Allemand (LE BERGER ALLEMAND 2023).

Figure 81 : Le Berger Allemand Némo, matricule canin A534 (GREEN 2022).

Figure 82 : Ron Aiello et son Berger Allemand Stormy (DONOVAN 2018).

91
Lors du retrait des troupes, les chiens ayant servi lors du conflit sont considérés par le Ministère de
la défense comme « surplus d’équipement » et doivent donc être laissés sur place : sur les 4000
chiens ayant servi au Vietnam, il est estimé que moins de 200 d’entre eux remirent le pied sur le sol
américain. Abandonnés, remis à l’armée sud-vietnamienne ou euthanasiés, leur triste sort fera l’objet
de la création de l’association Vietnam Dog Handler, à destination des anciens combattants
culpabilisant d’avoir laissé leur chien derrière eux. C’est la loi Robby, adoptée par le Congrès
américain en l’an 2000, qui exigera la fin de l’euthanasie des chiens à la fin de leur carrière militaire,
et qui autorisera l’établissement de monuments aux morts en l’honneur des chiens tombés au combat.

Figure 83 : Mémoriaux en l’honneur des chiens militaires morts lors de la guerre du Vietnam,
représentant tous deux un Berger Allemand aux côtés de son maître (à droite Stormy, érigé
en 2006 à Holmdel dans le New Jersey) (LE BERGER ALLEMAND 2023).

Malgré les conditions climatiques et les nombreux décès en dehors des conflits, la guerre du
Vietnam fut l’une des guerres du XXème siècle qui utilisa le plus de Bergers Allemands. Leur
participation active ne sera reconnue que quelques décennies après la fin du conflit, et permettra
plus tard l’évolution de la loi quant aux chiens militaires.

92
Entre la fin de la Première Guerre Mondiale et les années 1960, le Berger Allemand sera la race
favorite auprès de nombreuses armées.

Au cours de la Seconde Guerre Mondiale d’abord, où sa force et sa puissance seront exploitées


par l’armée allemande pour assoir la supériorité nazie, notamment au sein des camps de
concentration. Bien que réquisitionné en grand nombre, le Berger Allemand continue son évolution
morphologique au cours du conflit, les champions étant dispensés d’y participer.

Là où l’Allemagne utilise la race à des fins de répression, la Russie s’en servira pour de
nombreuses missions, allant jusqu’aux missions suicides. L’armée américaine, quant à elle,
commence à adopter le Berger Allemand au cours de la guerre du Pacifique contre les Japonais,
eux-mêmes adeptes de la race. Ce sont les Français qui, au cours du conflit, utiliseront le moins
les chiens à des fins militaires.

Par la suite, le Berger Allemand fera également ses preuves au cours d’autres grandes guerres
du XXème siècle, auprès des Français et des Américains notamment. Ils seront une grande force
pour les soldats, sauvant de nombreuses vies. C’est la guerre du Vietnam, dans les années 1960,
qui sera la dernière à voir plus de Bergers Allemands que de Bergers Belges dans les missions
militaires. Les deux races se verront en effet confier des missions similaires à partir de la guerre
du Golfe.

Figure 84 : John Kleeman et son Berger Allemand messager Caesar, sur la côte ouest de
Bougainville (NATIONAL WWII MUSEUM 2020).

93
94
Chapitre III – Des années 1960 à aujourd’hui : vers une morphologie
hypertypée de la race

Figure 85 : Le Berger Allemand de police Trakr, après avoir trouvé la dernière victime de
l'attentat du World Trade Center, le 12 septembre 2001 (BLUME 2019).

95
I. Utilisations modernes du Berger Allemand : exemple de la France

1. Au sein des armées

1.1. Armée de terre

Après la Seconde Guerre Mondiale, la cynotechnie militaire en France s’est déployée. La race Berger
Allemand, ayant fait ses preuves auprès des Allemands pendant les deux conflits mondiaux, et
fortement réquisitionnée dans le pays voisin, sera pendant longtemps la race prédominante dans les
chenils militaires et les unités cynophiles de France. Pourtant, depuis les années 1980, le Berger
Allemand est progressivement remplacé par une autre race : le Berger Belge (notamment
Malinois), pour sa dressabilité, sa précocité, son agilité, sa vitesse et son poids, sera préféré dans
les missions militaires. Bien que supplantée sur de nombreux fronts, la race n’est tout de même pas
à l’abandon : il est estimé qu’entre 35 et 40% des chiens recrutés chaque année par le 132ème
Régiment d’Infanterie Cynotechnique sont encore des Bergers Allemands. Stabilité
caractérielle, calme et grande faculté d’adaptation sur tous les terrains et dans toutes les
circonstances font de lui une race adaptée au travail militaire (JAILLOUX 2012 ; MINISTERE DES
ARMEES, BOBBERA 2017).

Figure 86 : 24ème Groupe Vétérinaire, situé à Suippes, en juillet 1970 (LICARI 2018).

96
1.2. Marine nationale

L’utilisation des chiens dans la Marine Nationale débutera au cours de la guerre d’Algérie, au sein
des fusiliers marins. Fantassins de la Marine, ils combattent sur terre, en mer, en zone littorale, et ont
pour missions les opérations d’arraisonnement et de défense des navires, la protection des bases et
autres sites sensibles (LICARI 2020a). C’est à partir d’avril 1956 que des chiens feront officiellement
leurs premiers pas en mer : 19 Bergers Allemands et 1 Berger Groenendael accompagnent une demi-
brigade de quelques 3000 fusiliers marins, ayant pour mission la surveillance de la ville portuaire de
Nemours au nord-ouest de l’Algérie. Ils y assurent le maintien de l’ordre, la neutralisation de groupes
armés, la sécurisation de la frontière avec le Maroc ainsi que la protection de sites sensibles et de
voies de communication. Malgré la réussite des chiens, l’unité est dissoute en mars 1962 : la Marine
Nationale n’utilisera plus de chiens pendant plusieurs années.

Figure 87 : Le maître-chien Claude Dorp et son Berger Allemand Froha, au chenil du peloton
cynophile de la Demi-Brigade de Fusiliers Marins, dans les années 1960 (LICARI 2020a).

« Avec mon chien Froha, à partir d’un poste situé au lieu-dit Alazetta, je patrouillais la nuit le long
du réseau électrifié qui protégeait la frontière avec le Maroc, mais que les groupes rebelles
parvenaient parfois à saboter ; j’ouvrais le chemin avec mon chien en laisse, suivi par trois
autres fusiliers marins. Quand il détectait une présence, il n’aboyait pas mais grognait. La
journée, on patrouillait dans le no man’s land entre le réseau et la frontière, les chiens en
liberté. »

« Dressés à l’attaque, ils avaient un mordant très puissant ; et entre eux ils n’étaient pas
commodes. Dans un véhicule, on les muselait pour éviter les bagarres. Mais sur le terrain,
concentrés sur leur tâche, ils ne se battaient jamais. »

Figure 88 : Claude Dorp, fusilier et maître-chien de 1959 à 1960, à propos de son Berger
Allemand Froha et des autres Bergers Allemands de la brigade (LICARI 2020a).

97
Il faudra attendre la fin des années 1960 et la création de la Force Océanique Stratégique et de ses
Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins, pour voir réapparaître les chiens dans la Marine
nationale (LICARI 2020a). C’est dans les années 1970 que les Groupements et les Compagnies
de Fusiliers Marins se verront dotés de chiens de garde, de patrouille et d’intervention. Fournis par
le 132ème Groupe Cynophile de l’Armée de Terre, ils seront éduqués par des maîtres-chiens eux-
mêmes formés au 24ème GV de Compiègne. Ils assurent alors l’entraînement régulier des chiens à
l’obéissance, au mordant et au pistage. Sur la base de l’Ile Longue, 18 postes de maîtres-chiens sont
prévus, outre le chef de chenil et son adjoint. Ensemble, ils assureront la protection des bases
navales, des bases d’aéronautique navale, des bases de sous-marins, et des centres de transmission
de la Marine.

Figure 89 : Maîtres-chiens du peloton cynophile de l’Ile Longue, en 1972 (LICARI 2020a).

« On était en pleine guerre froide. Selon


les services de renseignement, les chiens
ont démontré à plusieurs reprises leur
efficacité en mettant en échec des
tentatives d’intrusion. »

Figure 90 : A gauche : témoignage du lieutenant vétérinaire Philippe Fournier ; à droite : son


Berger Allemand, Qualik, au chenil de l’Ile Longue dans les années 1970 (LICARI 2020a).

Depuis les années 1970, les unités cynotechniques de la Marine Nationale n’ont alors jamais cessé
d’exercer leurs missions. La race Berger Allemand, comme dans de nombreux autres domaines
militaires, fut longtemps favorite, parfois même l’unique race canine utilisée. Désormais, le Berger
Belge l’a remplacée en quasi-totalité.

98
Figure 91 : Peloton cynophile de la base de l’Ile Longue, en 1982 (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2022b).

1.3. Armée de l’air

C’est au cours des guerres d’Indochine et d’Algérie que les chiens commenceront à être intégrés
à l’armée de l’air (LICARI 2020b). Ils auront pour but principal la protection des bases aériennes,
mission qu’ils exerceront plus tard à l’échelle nationale et internationale. Les toutes premières équipes
cynophiles sont ainsi mises en place à partir de 1951 sur les bases Bach Mai, Do Son et Gia Lam au
Vietnam. Ils y assurent la protection du personnel, du matériel et des installations. Par la suite, ce
seront environ 230 chiens qui seront utilisés à des fins similaires au cours de la guerre d’Algérie.

Figure 92 : Fusiliers de l’air en mission de protection avec leur Berger Allemand, guerre
d’Algérie (LICARI 2020b).

99
Figure 93 : Groupe cynotechnique de la base aérienne 103 de Cambrai, photographie publiée
dans le bulletin Flash 103 de juillet 1979 (LICARI 2020b).

Le programme de dissuasion nucléaire, né dans les années 1960 et chargé d’intimider et de montrer
la puissance du pays, conduira au développement et au perfectionnement de la cynotechnie dans
l’Armée de l’air, au même titre que dans l’Armée de terre. Les unités cynotechniques sont alors
partagées en deux : la Force de Protection Air et la Force Commando Air. Elles interviennent dans la
lutte contre le terrorisme et la libération d’otages, et sont regroupées en une Brigade Aérienne
des Forces de Sécurité et d’Intervention (BAFSI). Le nombre de chiens d’une section
cynotechnique d’un Escadron de Protection varie, de 10 à 75, selon les missions qui lui sont confiées,
mais également selon le niveau de sécurité requis sur la base aérienne concernée (LICARI 2020b).
Les chiens de patrouille sont les plus représentés : ils représentent entre 80 et 90% des effectifs
canins de l’Armée de l’air.

Comme dans de nombreuses autres filières de l’Armée, le Berger Allemand a longtemps été la race
la plus représentée au sein de l’Armée de l’air. Bien que là aussi surpassé par le Berger Belge, il
continue de représenter 15% des effectifs, remontant même dans les recrutements depuis environ
3 ans.

« Il a une très grande faculté d’adaptation, sur tous terrains et en toutes circonstances ; rien ne
le perturbe ; cette stabilité est son point fort. »

Figure 94 : Avis du major Benoît, responsable cynotechnique de la BAFSI, sur le Berger


Allemand dans l’armée de l’air (LICARI 2020b).

A partir des années 1980, le Berger Allemand est peu à peu rejoint par d’autres races au sein de
l’armée, notamment par le Berger Belge. Toutefois, il reste, par son caractère, sa force et sa
fiabilité, l’une des races préférées pour les missions militaires.

100
2. Par les services de police et de gendarmerie

2.1. Chien policier

A partir des années 1960, le Centre National de Formation des Unités Cynophiles de la Police
Nationale forme environ 100 à 150 chiens par an : tous sont des Bergers Allemands (SOCIETE
CENTRALE CANINE 2022b). Leurs effectifs ne cessent de croître au cours de la seconde moitié du
XXème siècle, et longtemps la race restera la seule à être employée.

Figure 95 : Moniteurs du Centre National de Formation des Unités Cynotechniques de la


Police Nationale, en 1977 (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022b).

Figure 96 : Brigade canine de Grenoble, en 1979 (LE BERGER ALLEMAND 2023).

Actuellement, ce sont environ 170 brigades cynophiles et près de 480 chiens qui sont répertoriés au
sein de la Police nationale (MINISTERE DE L’INTERIEUR 2023). Parmi eux subsistent encore
quelques Bergers Allemands, estimés à 30% de l’effectif canin. Ils y assurent quelques missions de
défense et d’intervention, mais c’est surtout le Berger Belge qui s’expose dans ce domaine. La race
allemande, elle, se réserve plutôt pour les missions de recherche qui lui sont confiées : personnes
disparues, armes, stupéfiants, billets, explosifs…

101
2.2. Chien de recherche d’explosifs, d’armes et de stupéfiants

Doté d’un flair très performant, le chien est depuis longtemps utilisé pour la recherche de drogues et
la détection d’explosifs (BULARD CORDEAU 2005). Depuis les années 1990 a été introduite une
nouvelle spécialité au sein de la BAFSI pour renforcer la protection de certains sites : Appui à la
Recherche et Détection d’Explosifs. Au service de la police et de l’armée, le chien surveille ainsi
les endroits publics, gares et aéroports, ainsi que les cafés, les grands magasins, les usines et les
entrepôts. Recrutés par le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN), ce sont
là aussi souvent les Bergers Belges Malinois qui sont préférés, depuis quelques années seulement.
Certaines unités en revanche n’utilisent encore que des Bergers Allemands : c’est le cas des douanes
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2022b).

Le Berger Allemand utilise également son odorat dans la recherche de drogues et autres stupéfiants
(HABERBUSCH, MATHIEU 2018). C’est en 1973 que se mettra en place cette formation où, pendant
6 mois, le chien apprend à détecter cannabis, héroïne, cocaïne…

Figure 97 : Dressage des chiens anti-drogue à l’École Nationale des Douanes de La Rochelle,
en 1984 (LE BERGER ALLEMAND 2023).

2.3. Chien de recherche de personnes

Le Berger Allemand, outre la recherche d’armes et de stupéfiants, peut aussi participer à la recherche
de blessés, de personnes ou de cadavres lors de catastrophes naturelles, d’attentats ou d’accidents.
La race est ainsi fréquemment aperçue fouillant des décombres à la recherche de survivants, comme
ce fut le cas au lendemain de l’attaque du World Trade Center, ou encore des séismes en Turquie.
Dans les missions de chiens d’avalanche également, la race allemande prédomine.

102
Depuis 1956, les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) de montagne s’aident de chiens
dans leurs missions de recherche de victimes ensevelies sous des avalanches. Chaque année, ce
sont environ 20 équipes cynophiles, constituées chacune d’un chien et de son maître-chien, qui se
forment au Centre National d'Entraînement à l’Alpinisme et au Ski des CRS de Chamonix
(WAWRZYNIAK 2011 ; DUCROT 2018). En moyenne, 30% des victimes d’accidents dus à la neige
doivent la vie aux chiens d’avalanche : les chances de survie d’une personne ensevelie sont
optimales dans le premier quart d’heure, mais diminuent rapidement dans les minutes qui suivent.

Là où la sélection des maîtres-chiens repose sur les aptitudes physiques, morales et psychologiques,
les chiens doivent quant à eux être curieux, sociables, obéissants et faire preuve de persévérance
dans leur travail. Certains critères physiques sont par ailleurs importants (BULARD CORDEAU 2005
; GENDARMERIE NATIONALE 2018) : une fourrure longue ne convient pas, car mouillée, elle freine
l’animal et l’alourdit. C’est ainsi que les races de montagnes, telles que le Saint-Bernard, sont
supplantés par des chiens de taille plus modeste, dotés d’un bon sous-poil laineux, à l’instar des
chiens de berger. Ces derniers, au caractère sociable, bien équilibré, savent conserver leur sang-
froid dans les situations mouvementées que sont les recherches de personnes : nombreux
secouristes, bruits d’hélicoptères, travail dans des conditions climatiques difficiles… En moyenne,
80% des chiens d’avalanche sont des Bergers Allemands.

Figure 98 : Bergers Allemands chiens d’avalanche, en compagnie de leurs maîtres CRS


(WAWRZYNIAK 2011 ; DUCROT 2018).

Le Berger Allemand est également utilisé par les services de police et de gendarmerie pour des
missions semblables aux missions militaires, dans la surveillance et la protection des civils
notamment. Son flair développé est aussi utilisé pour la recherche de blessés, dans le cadre
d’avalanche par exemple mais aussi d’autres catastrophes, naturelles ou non (recherche de
décombre…), et de recherche d’armes, d’explosifs, ou de drogues…

103
3. Pour le service à la personne

3.1. Chien guide d’aveugle

Dans les missions de service à la personne également, le Berger Allemand est régulièrement utilisé.
D’un tempérament doux, sa grande polyvalence lui permet de travailler aussi bien dans les maisons
de retraites et les hôpitaux que sur les terrains militaires. On le retrouve ainsi ponctuellement auprès
des personnes âgées, en situation de handicap, atteintes de maladies chroniques… Mais c’est surtout
en tant que chien guide d’aveugle qu’il se fait connaître.

C’est d’ailleurs un Berger Allemand, Dicky, qui sera en 1952 le premier chien guide d’aveugle remis
en France : dressé par Paul Corteville, ouvrier textile, il sera confié à son ami aveugle, René Blin
(FFAC 2022). Vingt ans plus tard sera créée la Fédération Nationale des Clubs et Écoles de
Chiens Guides d’Aveugles (future Fédération Française des Associations de Chiens guides
d’aveugles, FFAC), puis le Centre d’Étude, de Sélection et d’Élevage de Chiens guides pour
Aveugles et autres Handicapés en 1991.

Le chien guide d’aveugle est destiné à guider une personne souffrant de cécité ou de malvoyance,
leur offrant plus d’autonomie, de confort et de sécurité. Fidèle, calme et obéissant, le Berger Allemand
est une des 5 principales races sélectionnées pour devenir chien guide.

Figure 99 : Paul Corteville et Dicky, le premier chien guide d’aveugle français (CHIENS
GUIDES DE L’EST 2023).

104
3.2. Chiens d’assistance aux personnes en situation de handicap

Le Berger Allemand est également une des races utilisées pour l’assistance aux personnes
handicapées, toutefois à faible ampleur. En effet, bien que démonstratifs de leurs capacités dans les
missions de sauvetage et d’aide aux personnes aveugles, la race bénéficie encore d’une image
néfaste de chien agressif. Au sein de l’association Handi’Chiens, le Berger Allemand est donc encore
aujourd’hui une des races à l’essai. Destinés à accompagner enfants et adultes en situation de
handicap, ils peuvent avoir différentes missions, attribuées selon leur caractère : chien d’assistance,
chien d’éveil, chien d’accompagnement social, chien épilepsie ou encore chien d’assistance judiciaire
(HANDI’CHIENS 2023).

Figure 100 : Moly, premier Berger Allemand remis par l’association française Handi’Chiens,
en 2018 (HANDI’CHIENS 2023).

Au-delà des missions que lui ont confié les armées et les services de police, le Berger Allemand
offre également ses qualités aux personnes en besoin, notamment en situation de handicap ou
présentant une cécité totale ou partielle. Ses capacités à rester calme, à être fiable et obéissant
feront de lui un excellent allié contre les difficultés du quotidien. Cette grande polyvalence
participera à la popularité de la race dans la seconde moitié du XXème siècle.

105
II. Élevage et succès de la race Berger Allemand depuis 1960

1. Élevage et expositions du Berger Allemand dans la seconde moitié du


XXème siècle

L’élevage du Berger Allemand, après avoir été ralenti par les grandes guerres européennes, reprend
de sa vigueur en Allemagne (GRANDJEAN, HAYMANN 2003 ; SOCIETE CENTRALE CANINE
2022a). En 1968, la RFA, en accord avec dix autres pays européens, dont la France, créé l’European
Union of German Shepherd Associations, qui s’étendra jusqu’en 1974 où elle deviendra la Welt-
Union Verein für deutsche Schäferhunde (WUSV), l’Union mondiale des associations du chien de
Berger Allemand. Ayant aujourd’hui à son compte 95 associations membres dans 88 pays, elle
participe à l’élaboration des révisions du standard de la race, depuis son siège situé à Augsbourg.

Outre la création de nouvelles associations dans le but de promouvoir la race, la seconde moitié du
XXème siècle voit également se préciser les réglementations des concours canins : de plus en plus
fréquents et de plus grande envergure, il est nécessaire d’y créer un cadre réglementaire strict. Ainsi,
de nos jours, la Körung est obligatoire pour tout Berger Allemand inscrit au Livre des Origines
Françaises (LOF) et à vocation reproductrice. A cette occasion sont requis deux justificatifs en
particulier : celui d’un titre de travail et celui du brevet d’endurance. Les juges, appelés Körmeister,
sont sélectionnés annuellement par des délégations régionales des clubs de Berger Allemand de
chaque pays. Après confirmation, chaque club envoie les documents nécessaires au SV, laquelle
remettra le certificat de Körung, appelé Körschein. Par ailleurs, chaque année, elle publie le
Körbuch, un registre d’élevage conservant les noms des chiens jugés aptes à la reproduction grâce
à la Körung (CCBA 2016a). Le Berger Allemand étant l’une des races les plus prédisposées à la
dysplasie de la hanche, un dépistage systématique fut instauré en 1976, seulement pour les mâles
reproducteurs. Il faudra attendre 1985 pour que tous les sujets de la race candidats à la confirmation
du pédigrée soient dépistés (JALLAT 1994).

Au cours de la seconde moitié du XXème siècle, les réglementations concernant le Berger


Allemand s’affinent. Leurs buts : conserver une race polyvalente dans le travail, en particulier au
sein des lignées de beauté présentées lors des expositions. En effet, celles-ci subissent le
contrecoup d’une croissance exponentielle de la race, et seront amenées, si elles ne sont pas
encadrées, à l’élaboration de sujets hypertypés.

106
2. Le Berger Allemand : « chien préféré » à l’échelle internationale

2.1. Les inscriptions au LOF : le Berger Allemand en tête durant de nombreuses années

Pendant de nombreuses années, le Berger Allemand a profité d’une renommée à l’échelle


internationale. En France, il sera longtemps reconnu comme « chien préféré des Français », et les
inscriptions au LOF le prouveront bien (SOCIETE CENTRALE CANINE 2023b ; 2022c).

Dès le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la race allemande y comptabilise en effet le plus
d’inscriptions : au nombre de 1761 en 1947, les chiffres exploseront rapidement et le nombre de
chiots inscrits se stabilisera entre 3 000 et 5 000 entre 1949 et 1965 (Annexe 7). Il faudra attendre
les années 1970 pour que les chiffres se multiplient à nouveau avec plus de 9 000 inscrits par an.
Ils ne cesseront de croître, dépassant les 10 000 inscrits en 1975, puis les 15 000 en 1978.

Finalement, au cours de la seconde moitié du XXème siècle, la race aura multiplié par 9 ses effectifs.
Entre 1978 et 1996, les chiffres se stabilisent en effet autour de 16 000 inscrits, ce qui en fait, de loin,
la race numéro 1 au classement des races préférées des Français (Annexe 8).

2.2. Chien star auprès des stars : du petit au grand écran

Au-delà d’être le chien préféré des familles françaises, le Berger Allemand fût également l’une des
races favorites du petit et du grand écran. Nombreux sont les films et nombreuses sont les séries qui
l’auront comme personnage principal : Rintintin, Rex, Strongheart, Joe, Jerry Lee, Delgado, Diggs,
Sam… A une période où sa morphologie change et où son dos s’incurve, le Berger Allemand visible
à l’écran conserve une morphologie de travail. C’est ce type de chien qui fera son apparition dans la
culture populaire, auprès des vedettes hollywoodiennes et des stars françaises, et qui permettra à la
race d’être l’une des plus populaires pendant plusieurs années à l’échelle internationale.

Figure 101 : Deux des Bergers Allemands célèbres du XXème siècle : à gauche, Rintintin,
connu dans le film et les séries à son nom ; à droite, Jerry Lee, de la saga Chien de flic (LE
BERGER ALLEMAND 2023).

107
Figure 102 : Jean-Pierre Pernaut et le Berger Allemand Mabrouka, mascotte de l’émission
« 30 millions d’amis » (FONDATION 30 MILLIONS D’AMIS 2023).

Dans le monde politique également, le Berger Allemand fait sa place auprès de nombreuses
personnalités publiques. Parmi elles, l’actuel président, Joe Biden, s’accompagne au sein de la
Maison Blanche de ses Bergers Allemands : Champ, décédée en 2022 ; Major, ayant rejoint la
Maison Blanche en 2018 ; et Commander, le dernier à avoir intégré la famille présidentielle, toutefois
sujet à polémique en raison de son agressivité envers le personnel de la Maison Blanche
(COURRIER INTERNATIONAL 2021).

Figure 103 : Les deux Bergers Allemands de Joe Biden à la Maison Blanche, en 2021 (à
gauche : Champ ; à droite : Major) (ROMO 2021).

La popularité du Berger Allemand n’a cessé de croître depuis sa naissance. Chien préféré des
Français, star hollywoodienne, acteur du petit écran… le chien de guerre s’est fait une place dans
la civilisation du XXème siècle. Cette reconnaissance à l’échelle internationale sera un tremplin
pour la race, mais participera aussi à une variabilité morphologique non désirée.

108
3. Déclin récent de la race allemande : exemple de la France

3.1. Statistiques au LOF

Les effectifs de la race allemande commenceront à décliner en 1997 : alors au nombre de 13 781,
les Bergers Allemands ne représentent plus que 9% des chiots inscrits au LOF. C’est l’augmentation
importante du nombre total de chiens inscrits au LOF depuis 1945 qui explique la baisse de ce
pourcentage : jusqu’en 1997, ça n’est pas la race allemande qui décline, mais bien toutes les autres
races canines qui voient leurs chiffres augmenter.

En revanche, à partir de l’an 2000, le nombre de Bergers Allemands inscrits décroît cette fois et passe
en dessous des 12 000 (Annexe 9) : c’est le début d’une phase de stagnation pour les naissances
au sein de la race, puis de décroissance lente jusqu’à aujourd’hui. En parallèle, comme depuis
plusieurs décennies, le nombre total de chiots inscrits au LOF ne cesse de croître : le Berger
Allemand commencera à perdre sa place de numéro 1 en 2016, dépassé par le Berger Belge,
puis progressivement rattrapé par d’autres races telles que le Golden Retriever, le Staffordshire Bull
Terrier ou encore le Berger Australien, désormais premier dans le classement (Figure 106).

3.2. Quelques hypothèses quant à ces statistiques

Depuis 1960, la race allemande est restée sur le podium français grâce à sa grande polyvalence :
chien militaire, chien de famille, chien de cinéma, chien de services mais aussi chien d’exposition, le
Berger Allemand est idéal de tous les points de vue. Malgré cela, le chien allemand décline. En plus
d’être surpassé par le Berger Belge sur le terrain militaire, il se fait peu à peu remplacer dans les
foyers français.

A partir des années 1970, le taux de criminalité et notamment de cambriolages en France augmente
considérablement, jusqu’à atteindre une certaine stabilité depuis les années 1980 (OBSERVATOIRE
SCIENTIFIQUE DU CRIME ET DE LA JUSTICE 2019). Les aptitudes du Berger Allemand à défendre
et à garder, ajoutées à son apparence de « chien-loup » et à son caractère fiable et doux, feront de
lui un candidat idéal pour protéger les propriétés des Français. Toutefois, il fait face depuis une
vingtaine d’années à l’émergence d’autres races canines, et l’envie du beau et de l’unique surpasse
certainement désormais le besoin de gardiennage. Ainsi se voit-il concurrencer par des races que
l’on voyait peu alors, telles que le Berger Australien, mais aussi par de nombreuses autres races,
encore peu développées mais de plus en plus appréciées des Français, comme le Chien de Rhodésie
à Crête Dorsale. Par ailleurs, les Bergers Allemands « anciens types », non reconnus par la FCI,
font leur place auprès des amateurs et professionnels : moins sujets aux problèmes de dysplasie des
hanches, ils ont une plus grande variété de pelage et un faciès plus primitif.

109
Figure 104 : Évolution du nombre de Bergers Allemands inscrits au LOF, en comparaison
avec les autres races canines les plus populaires au cours des dernières années,
accompagnée du classement de la race, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c) ©.

Alors que d’autres races connaissent un essor important depuis plusieurs années, le Berger
Allemand, quant à lui, décline dans les sondages. Éjecté du podium en à peine 4 ans, sa place de
numéro 1 fut rapidement reprise par le Berger Australien. Chien de garde et chien de famille, il
descend aujourd’hui encore dans les statistiques, faisant face à l’attrait du grand public pour de
nouvelles races.

110
III. Impact de la mode et de l’utilisation de la race sur sa morphologie

Dans le but de mieux comprendre les évolutions morphologiques du Berger Allemand depuis 1960,
il est intéressant de se pencher également sur celles qu’a connu la race depuis sa création. Pour
cela, nous utiliserons un outil de dessin digital, qui nous permettra de mettre en évidence les différents
points changeant d’une silhouette à l’autre.

Pente de la croupe

A Jonction thoraco-lombaire

B Base de la queue

Angulations arrières

1 Articulation coxo-fémorale

2 Articulation du genou

3 Articulation du jarret

Figure 105 : Silhouette du Berger Allemand présenté dans le standard en vigueur (Annexe
10), complétée des différents points de mesure utilisés par la suite ©.

Ces points nous permettront de distinguer deux angles :

- L’angle aigu formé par la pente de la croupe, au niveau du point A,

- L’angle obtus cuisse-jambe, au niveau du point 2.

111
1. Standard actuel de la race Berger Allemand

1.1. Standards de la race Berger Allemand

Un standard de race est une référence, un texte officiel approuvé par la FCI, décrivant le plus
précisément possible la forme que doit prendre une race, à l’aide d’une terminologie anatomique
précise (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022a ; JALLAT 1994).

Pour rappel, le premier standard de la race fut établi lors de la première assemblée générale à
Francfort-sur-le-Main, le 20 septembre 1899. Il sera complété et modifié à plusieurs reprises lors des
assemblées générales des membres du SV ou des conférences de la WUSV : en 1901, en 1909, en
1930, en 1961, en 1976, en 1991, en 1997, puis en 2008. Le standard officiel en vigueur fut publié
en août 2010 en Allemagne, la version française ayant été écrite en 2018. La silhouette utilisée dans
cette partie correspond au Berger Allemand présenté dans le standard français actuel (Annexe 10).

1.2. Concernant la ligne du dos

Concernant la morphologie du dos et de la croupe du Berger Allemand, le standard actuel stipule :

« La ligne du dessus va sans rupture visible de l’attache du cou en passant par le garrot haut et
long et par le dos droit jusqu’à la croupe légèrement avalée. Le dos de longueur moyenne est
ferme, robuste, et bien musclé. Le rein est large, court, fortement développé et bien musclé. La croupe
longue et légèrement inclinée (angulation d’environ 23° sur l’horizontale) se fond dans l’attache
de la queue sans rupture de la ligne du dessus. »

Figure 106 : Ligne du dessus prolongée par la croupe, sans rupture visible, d'après le
standard en vigueur ©.

112
Figure 107 : Angle idéal formé par la croupe d'après le standard en vigueur ©.

Le profil de la région dorso-lombaire du Berger Allemand est communément appelé « ligne du


dessus » (TRIQUET 1999). Celle-ci est caractérisée par l’angle au point A, qui ne doit pas être trop
ouvert, et par la ligne bleue, qui doit être sans cassure jusqu’à la croupe se terminant en pente douce.

1.3. Concernant les articulations du genou et du jarret

Concernant les membres postérieurs, le standard actuel stipule :

« Les membres postérieurs sont légèrement inclinés vers l’arrière, tout en restant, vus de derrière,
parallèles entre eux. La cuisse et la jambe sont d’une longueur presque identique et forment un
angle d’environ 120°. Les cuisses sont puissantes et bien musclées. »

Figure 108 : Vue de derrière idéale d'après le standard en vigueur ©.

113
Figure 109 : Angle cuisse-jambe idéal d'après le standard en vigueur ©.

Par ailleurs, le standard aborde le sujet de la surangulation au niveau des membres, auquel il associe
des allures indésirables :

« Les angulations et la longueur des membres doivent être parfaitement équilibrées pour que, sans
oscillation notable de la ligne du dessus, il puisse déplacer les postérieurs vers l’avant jusqu’au tronc
et couvrir avec les antérieurs un terrain égal. Toute tendance à une surangulation des postérieurs
diminue la fermeté de l’endurance et est préjudiciable aux capacités d’utilisation du chien. »

Pour rappel, le terme canin « angulation » est utilisé pour désigner l’angle exprimé en degrés et
formé par une articulation des membres antérieurs ou postérieurs (TRIQUET 1999). L’angulation dite
« arrière » qualifie la hanche, le genou et le jarret, c’est-à-dire les articulations de l’arrière-main. Chez
le Berger Allemand en particulier est souvent entendu le qualificatif de « surangulation » pour parler
des membres postérieurs : il s’agit là d’un angle fermé trop prononcé, l’une des composantes
intervenant fréquemment dans l’hypertype du Berger Allemand.

Le standard du Berger Allemand a été, depuis la création de la race, modifié de nombreuses fois.
Il décrit aujourd’hui un chien dont l’arrière-train se doit de respecter des angles précis, avec un
dos fort, long et légèrement pentu. Toutefois, lors des expositions canines, respecter avec
précision le standard n’est pas chose aisée, et les Bergers Allemands sacrés chaque année
tombent souvent dans la démesure : c’est l’hypertype.

114
2. Modifications morphologiques depuis les années 1960

2.1. Notion d’hypertype

D’après Raymond Triquet, ancien président de la commission des standards de la FCI, l’hypertype
définit un animal dont « les caractères raciaux sont développés à l’excès », et dont la morphologie
s’éloigne alors du standard initial. Tournée sur l’esthétisme plus que sur la fonctionnalité, la santé en
pâtie bien souvent. Bien que de nombreux propriétaires et éleveurs restent à la recherche de cet
extrême, cette sélection pour la beauté pose de plus en plus question, notamment depuis les années
1990 (MICHEL, REMY 2018).

D’après le standard de la race Berger Allemand, c’est l’aptitude au travail qui doit prédominer dans
les choix d’élevage : est présenté comme défaut majeur « tout écart du présent standard qui serait
préjudiciable à l’aptitude au travail du chien ». Malgré cela, certains des chiens présentés en concours
canins sont loin d’être aptes au travail, parfois même tout simplement aptes à courir normalement.

2.2. Mise en évidence de l’hypertype du Berger Allemand

Les standards de la race Berger Allemand sont sensiblement les mêmes dans le monde. Toutefois,
les interprétations qui en sont faites varient selon les juges, les éleveurs et les propriétaires, ce qui
aboutit à une grande variation de morphologie au sein même de la race (HUMPHRIES, SHAHEEN,
GOMEZ ALVAREZ 2020). Ces divergences d’interprétation sont fréquentes, notamment au sein des
races hypertypées, et peuvent également varier d’un pays à l’autre. Ce sont ces différences de
sélection qui ont favorisé l’excès de type chez le Berger Allemand :

- L’angle A formé par la pente de la croupe s’ouvre : c’est la ligne du dos qui s’abaisse,

- L’angle 2 formé par la cuisse et la jambe se ferme : c’est la surangulation du genou.

Figure 110 : Ouverture de l’angle A et fermeture de l’angle 2, sur la silhouette d'un Berger
Allemand hypertypé, d'après (GUINTARD, CLASS 2017) ©.

115
Ainsi depuis quelques années, le Berger Allemand fait officiellement partie des races canines
hypertypées, aux côtés du Bulldog, du Sharpeï, ou encore du Basset Hound. Dans son « Guide des
bonnes pratiques » publié en 2016 pour lutter contre les hypertypes, la SCC répertorie les éléments
indésirables qui devront être reconnus par les juges des expositions canines (SOCIETE CENTRALE
CANINE 2016) :

- Surangulation des articulations du genou et du jarret, qui cause un mouvement des


postérieurs instable, serré et manquant de fermeté,

- Jarret de vache,

- Hypertype général accusé,

- Excès de taille.

Figure 111 : L'hypertype des membres postérieurs en « jarrets de vache » (à gauche, sur le
chien Conbhairean Gabriella, présenté en 2016 au Scottish Kennel Club Championship
Show) ©.

Sujet à polémique depuis de nombreuses années, le Berger Allemand hypertypé fût l’un des sujets
du documentaire « Pedigree Dogs Exposed », réalisé en 2008 et diffusé par la chaîne British
Broadcasting Corporation. Contrairement à l’ancien type du Berger Allemand, fortement comparable
aux lignées de travail encore utilisées aujourd’hui, le Berger Allemand d’exposition, alors qualifié de
« moitié chien, moitié grenouille », est fortement critiqué pour sa démarche jugée trop rasante et
parfois « ataxique » sur les membres postérieurs, conséquence d’une forte angulation caudo-ventrale
du sacrum.

116
2.3. Lente évolution morphologique : du manque de type à l’hypertype

La fourrure couleur vieil or ombrée de noir s’est progressivement précisée pour donner place à un
chien bien noir et feu ; la ligne de dessus s’est petit à petit inclinée ou cassée, selon les pays du
monde et leurs interprétations du standard ; et les membres postérieurs se sont surangulés, parfois
à l’excès : entre 1900 et 1975, l’évolution morphologique du Berger Allemand est lente mais extrême.
L’inclinaison et la courbure du dos augmentent très progressivement, de quelques degrés par
décennie : c’est l’apparition progressive de l’hypertype.

SIEGER

1911-12 1933 1983 2015-16

Figure 112 : Évolution morphologique visible sur quatre Bergers Allemands sacrés Sieger
(de la gauche vers la droite : Norbert von Kohlwald ; Odin vom Stolzenfels ; Dingo vom Haus
Gero ; Ballack von der Brucknerallee).

Au travers de quelques-uns des chiens les plus populaires de la race, il est aisé de mettre en évidence
à quel point le Berger Allemand a vu sa morphologie et son aspect général évoluer depuis 1899. Ce
sont ces modifications, comme dans de nombreuses autres races, qui permettent de bien mettre en
évidence l’excès de type dont certains sujets sont victimes. Cet hypertype est à mettre en
comparaison avec le manque de type, également non désiré sur les rings canins. Ayant moins
d’impact sur la santé, l’hypotype se dit d’un chien dont les critères manquent par rapport au
standard : manque d’angulation sur les postérieurs, manque d’inclinaison de la ligne du dessus…
Dans cette catégorie pourraient s’intégrer les Bergers Allemands du début du siècle dernier, tel que
Norbert von Kohlwald, visible sur la Figure 114, ou bien encore le célèbre Horand von Grafrath lui-
même. De ce fait, les modifications morphologiques seraient encore plus flagrantes : d’un extrême,
que l’on nommerait aujourd’hui manque de type, l’on passe à l’autre extrême, l’excès de type.

Les silhouettes qui suivent sont obtenues à partir des chiens Sieger, répertoriés depuis 1899. Elles
permettent de montrer cette évolution, et notamment l’augmentation de l’angle A de la pente de la
croupe, et la diminution de l’angle 2 cuisse-jambe au cours du temps (Tableau 3).

117
Année Photographie Silhouette

1900

Hektor von Schwaben

1925

Klodo von Boxberg

1950

Rolf von Osnabrücker Land

1975

Gundo vom Losterbogen

Tableau 3 : Ouverture progressive de l'angle A et fermeture progressive de l'angle 2, entre


1900 et 1975 ©.

118
Une autre façon de constater cette évolution serait de superposer les silhouettes de certains de ces
chiens Sieger. L’on constate alors les éléments précédemment décrits (surangulation des
postérieurs, abaissement de la croupe), mais également d’autres modifications morphologiques,
telles que la prise de masse au niveau de l’encolure et de l’avant-main, l’élargissement de la tête et
de la profondeur du thorax, ou encore le rétrécissement des membres.

Figure 113 : Superposition des silhouettes de deux Sieger : Klodo von Boxberg en 1925, et
Mentos von Osterberger-Land en 2014 ©.

Grâce au livre « Working dogs » publié en 1934, on peut constater que la pente de la croupe du
Berger Allemand est un sujet depuis longtemps discuté parmi les professionnels de la race. Il existe
toutefois une différence notable entre les chiens étudiés alors et les chiens d’aujourd’hui : le point
d’inflexion de la croupe, là où l’angle formé par la pente du dos peut être calculé. En effet, chez le
Berger Allemand de l’entre-deux-guerres, ce point se situerait plutôt à la pointe de la hanche, là où il
se situe désormais en regard de la jonction thoraco-lombaire, conséquence de l’excès de type.

Figure 114 : Différents angles A formés par la pente de la croupe, en 1934 (HUMPHREY,
WARNER, PEARL 1934).

119
Les deux lignées du Berger Allemand, la lignée de travail et la lignée d’exposition, ne sont pas égales
quant à cette évolution. Là où le premier correspond encore plutôt bien au chien idéal de Max von
Stephanitz, le second, quant à lui, s’en écarte de plus en plus, au point de, parfois, ne plus pouvoir
respecter le principe utilitaire de la race : « une morphologie attrayante est désirable, mais ne
peut remettre en question les aptitudes utilitaires de la race » (VON STEPHANITZ 1923).
Certains sujets, notamment ceux présentés en classe travail des expositions, se rapprochent pourtant
parfois dangereusement de la lignée de beauté.

Figure 115 : Bergers Allemand de travail (à gauche : Daley des Légendaires Vanova, issu
d’un élevage de chien de travail (D’HERRERA DEL ALCANTARA 2023) ; à droite : Nanook de
Sanctae Crucis, dans la classe travail mâle poil long, à la Nationale d’élevage de 2019
(SOCIETE CENTRALE CANINE 2023a)).

La visualisation de l’évolution morphologique du Berger Allemand permet de mieux rendre compte


de l’excès de type auquel la race doit faire face. L’analyse des Sieger depuis les années 1900 est
à elle seule un outil intéressant pour mettre en évidence à la fois les hypertypes mais aussi les
hypotypes que l’on peut trouver chez ces chiens, le plus souvent lors des expositions canines.

120
3. Influence de l’hypertype sur la santé et l’aptitude au travail de la race

3.1. Le Berger Allemand : un chien trotteur

Le Berger Allemand est une race de chiens trotteurs : ses allures sont souples, allongées et
rasantes. C’est un chien qui doit être bien proportionné, à la charpente solide et aux muscles forts,
adapté pour l’endurance et la rapidité. Par sa morphologie, sa construction dans la longueur et
l’inclinaison de sa croupe, son corps rectangulaire lui permet d’avancer sans dépenser trop d’énergie :
c’est le principe du levier.

« Le Berger Allemand étant un trotteur, la qualité et la puissance de son arrière-main sont


indispensables au bon fonctionnement de son ensemble, car c’est l’arrière, moteur du chien, qui
le propulse. »

Figure 116 : Extrait du CCBA quant aux allures recherchées chez le Berger Allemand lors
des shows d'exposition (CCBA 2016b).

Il existe différents types de trot chez le chien (VITT, GORDON-EVANS, CONZEMIUS 2020). Le plus
commun est le trot dit « standard », avec une phase de suspension, utilisé par la plupart des races
canines. Des variations de ce trot existent, notamment chez le Berger Allemand où l’on retrouve le
« flying trot ». Plus rapide que le trot standard, il lui permet de couvrir une plus grande amplitude au
sol tout en minimisant l’énergie impliquée, notamment grâce au maintien d’un centre de gravité bas.
Ce trot fut développé chez cette race car elle permet une plus grande endurance ainsi qu’une plus
grande agilité. Recherché chez un chien de berger, il a participé à l’élaboration de l’hypertype du
chien allemand : une plus grande angulation du pelvis permet d’obtenir un centre de gravité plus bas,
et un dos plus long permet de couvrir plus de terrain.

121
3.2. Influence de l’hypertype du Berger Allemand sur sa posture et ses allures

Comme évoqué précédemment, il existe, selon les lignées, les pays et les élevages, différentes
conformations de la ligne du dessus et de la croupe chez le Berger Allemand. La pente du dos varie
ainsi selon son importance, selon l’angle qu’elle forme avec l’axe du garrot, mais aussi selon la forme
qu’elle prend.

Inclinaison
DOS
Plane Intermédiaire Pentue
Droite
Courbure

Arquée

Tableau 4 : Illustrations schématiques des différents profils de dos du Berger Allemand


actuel, d’après (HUMPHRIES, SHAHEEN, GOMEZ ALVAREZ 2020).

Une étude de 2020 réalisée à l’École Vétérinaire de l’Université de Surrey a cherché à mettre en
évidence l’influence biomécanique des différentes conformations du dos du Berger Allemand sur
deux paramètres : la posture et le mouvement. Soixante chiens de la race ont été séparés en groupes
selon l’incurvation et l’inclinaison de leur dos (Tableau 4). Il est intéressant de noter que 70% des
chiens avec le dos « pentu » ont participé à des shows d’exposition canine.

122
Deux constats ont été faits :

- À l’arrêt, les Bergers Allemands avec un dos « pentu » supportent plus de poids sur leurs
membres antérieurs et les placent plus proches l’un de l’autre, ce qui pourrait résulter, à
terme, en un défaut de musculature dans les membres postérieurs,

- Au trot, les chiens avec le dos « pentu » montrent une plus grande force verticale dans les
membres antérieurs que dans les postérieurs, et une plus grande flexion au niveau
thoraco-lombaire qu’au niveau lombo-sacré.

Dans cette étude, les allures du Berger Allemand ne sont affectées que par l’inclinaison du dos, et
non par sa courbure : que la ligne du dos soit droite ou arquée, si sa pente est trop forte, elle aura un
impact non négligeable sur les mouvements du chien (HUMPHRIES, SHAHEEN, GOMEZ ALVAREZ
2020 ; MILLS 2020).

En 2016, le show d’exposition canine de Crufts fut sujet à controverse lorsqu’il consacra du prix de
« meilleur sujet de la race » Cruaghaire Catoria, un Berger Allemand présentant un hypertype marqué
du dos, alors même qu’il présentait des difficultés à se déplacer. A l’arrêt comme au trot, le chien
permet de rendre compte des éléments mis en avant par l’étude précédemment citée.

Figure 117 : A gauche, le chien Cruaghaire Catoria sur le ring du Crufts Dog Show (FINAN
2016) ; à droite, l’angle formé par la pente du dos du champion à l’arrêt et au trot ©.

123
Le Berger Allemand est l’une des seules races à présenter une surangulation des membres
postérieurs (MICHEL 2017 ; VITT, GORDON-EVANS, CONZEMIUS 2020). D’après une étude
menée en 2019, il a été montré l’absence de corrélation entre le type de trot adopté par un chien
sain et ses angulations arrières. Toutefois, c’est bien grâce à cette morphologie rasante que ces
derniers utilisent le flying trot. Par ailleurs, rappelons-le, d’après le standard actuellement en vigueur :
« Toute tendance à une surangulation des postérieurs diminue la fermeté de l’endurance et est
préjudiciable aux capacités d’utilisation du chien ». L’aptitude du Berger Allemand à produire un trot
de qualité est ainsi remise en question, tout comme sa capacité « d’explosion » au saut (GUINTARD,
CLASS 2017).

Autre point important développé par la SCC : la surangulation, si elle est présente au niveau du jarret,
du genou et de la hanche, créé une instabilité de l’arrière-main lors du mouvement, laquelle pourra,
à terme, favoriser la dégénérescence des cartilages articulaires. Du point de vue médical, la
morphologie démesurée de la croupe et des postérieurs du Berger Allemand n’est donc pas à désirer.

Il a par ailleurs été montré que les Bergers Allemands, en comparaison avec d’autres races populaires
telles que le Golden Retriever, le Labrador ou encore le Rottweiler, présentaient environ 4,95 fois
plus de risques de développer une dysplasie coxo-fémorale, notamment en raison d’une plus faible
résistance à la laxité passive de l’articulation. Il a parfois été émis l’hypothèse que cette intolérance
serait attribuable aux caractéristiques morphologiques de la race et à sa plus faible proportion
musculaire dans les postérieurs : l’articulation de la hanche est alors moins bien stabilisée (MICHEL
2017).

Par ses angulations arrière et la pente de sa croupe, le Berger Allemand est un chien trotteur, à
centre de gravité bas et au corps couvrant une grande surface au sol lorsqu’il est en mouvement.
Toutefois, bien qu’offrant au chien une meilleure endurance, sa morphologie, lorsqu’elle tombe
dans la démesure, peut lui faire exhiber un trot incorrect, parfois douloureux ou pouvant mener à
terme à des problèmes de santé, lesquels seront préjudiciables chez le chien de travail.

124
A partir des années 1960, le Berger Allemand devient la race favorite dans les missions militaires
et de services à la personne. Obéissante, persévérante, mais surtout stable, la race fait ses
preuves pendant de nombreuses années. Toutefois, à partir des années 1980, elle est peu à peu
supplantée par d’autres races plus adaptées : un chien plus rapide et plus fin, le Berger Belge,
dans les missions militaires ; le Labrador ou le Golden Retriever, plus calme et moins effrayant,
dans les missions de services à la personne… Malgré tout, le Berger Allemand continue d’être
présent sur tous les fronts, restant digne de son image : une race polyvalente.

Aux seins des foyers français également, la race occupe la place de numéro 1. Pendant de
nombreuses décennies, elle sera la plus connue et la plus populaire dans le pays, mais également
à l’échelle internationale, où elle se fera connaître en tant que chien star. Toutefois, le Berger
Allemand subit un récent déclin, notamment depuis les années 2000 : là où le chien devient un
animal de compagnie incontournable, et où le nombre total d’inscriptions au LOF augmente
considérablement, le « chien-loup » descend dans les sondages. Victime de l’essor de nouvelles
races bien plus modernes, il n’est plus qu’à la 5ème place des races ayant le plus de naissances
au LOF actuellement.

Cette célébrité, associée à la mode pour la démesure des années 1980, aboutira à la création
d’hypertypes au sein de la race : les chiens contemporains ont un arrière-train qui ne passe pas
inaperçu, depuis quelques dizaines d’années trop pentu et trop angulé. Cassant avec les codes
du Berger Allemand du capitaine Max von Stephanitz, leur posture et leurs allures leur permettent
de parader mais pas de travailler. Des efforts sont faits, au sein de la SCC et des shows
d’exposition, pour encourager le retour vers le standard et diminuer ces excès de type indésirables.
Pourtant, chaque année, nombreux sont les Bergers Allemands hypertypés encore présentés en
concours, et bien trop souvent sacrés « meilleur chien » de leur catégorie.

Figure 118 : Un Berger Allemand dit « ancien type », né de certaines lignées rares issues de
la RDA (LA LEGENDE DU LOUP NOIR 2021).

125
126
Conclusion

En 1899, à l’initiative du Capitaine de cavalerie Max von Stephanitz, la fusion des chiens de bergers
en Allemagne fait naître la race Berger Allemand. Initialement utilisée à des fins bergères, ses
qualités, exploitées d’abord dans la garde des troupeaux, lui permettront plus tard d’exceller dans un
autre domaine : le domaine militaire. Participant, sous la bannière du pays allemand, à la Première
puis à la Seconde Guerre Mondiale, le Berger Allemand fera ses preuves : chien de patrouille, de
sentinelle, de liaison ou encore chien sanitaire, il sauvera la vie de nombreux soldats. Par ailleurs, le
Berger Allemand apparaît, dès le début du XXème siècle, dans les shows d’exposition canine, où ce
sont d’abord ses aptitudes fonctionnelles qui sont mises en avant et recherchées. Mais les différentes
guerres auxquelles la race participera dans la première moitié du XXème siècle et son exportation à
l’échelle internationale feront naître des divergences, notamment morphologiques. Comme quelques
autres races ayant dans leur standard des particularités anatomiques recherchées, le Berger
Allemand subira la mode de la démesure dès les années 1960 : c’est l’apparition d’un hypertype.
Parallèlement, la race continue à être utilisée dans des missions militaires à travers le monde, et fera
doucement son entrée officielle dans les armées françaises. Ses capacités lui permettront
d’apparaître sur d’autres fronts : police, services à la personne, recherche olfactive, le Berger
Allemand est aujourd’hui un chien polyvalent, qui ne laisse pas indifférent les familles de l’hexagone.
Numéro un des inscriptions au Livre des Origines Français, il est resté, pendant longtemps, le chien
préféré des Français. Toutefois, en moins de cinq ans, il fût détrôné par d’autres races, telles que le
Berger Australien ou le Berger Belge, et occupe désormais la cinquième place au classement général.
Loin d’être passée de mode, la race allemande se trouve dans une phase descendante qui peut poser
question. La mode de la démesure est-elle allée trop loin ? L’hypertype du Berger Allemand a-t-il eu
un impact négatif sur la popularité de la race ? Comment redorer l’image d’un chien qui, autrefois
puissant et comparé au loup, est aujourd’hui parfois qualifié de « chien-grenouille » ? Il est par ailleurs
désormais de plus en plus fréquent de rencontrer une autre race, proche génétiquement et
historiquement : l’Altdeutsche Schäferhunde, ou Berger Allemand dit « ancien type », non reconnu
officiellement mais qui bénéficie du physique de « chien-loup » sans tomber dans l’hypertype. La race
va-t-elle être le renouveau du Berger Allemand, ou va-t-elle, elle aussi, un jour, subir les
conséquences de l’excès de type ?

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134
135
136
Annexes

Annexe 1 : Arbre généalogique des chiens de bergers (VON STEPHANITZ 1923).

137
Annexe 2 : Programme du Grand prix de Paris des chiens policiers, organisé au Vélodrome Buffalo
en 1910.

138
Annexe 3 : Ordre de recensement des chiens de berger : circulaire du préfet du Var aux maires du
département, leur demandant de recenser le nombre de chiens dans leur commune en vue de leur
mobilisation, en 1918 (ARCHIVE DEPARTEMENTALE DU VAR 1918).

139
Annexe 4 : Certificat d’honneur délivré le 1er octobre 1942 à M. Walter Hofmann pour avoir fourni son
Berger Allemand Reif à la Wehrmacht, et « contribué au renforcement de la défense nationale et à la
protection du sang précieux des soldats dans la lutte de la Grande Allemagne pour son avenir »
(JAMAKORZYAN 2023).

140
Annexe 5 : Lettre du Ministère de la Défense Nationale et de la Guerre au Général Commandant en
Chef des Forces terrestres, 1940 (GARAPON 2004).

141
Annexe 6 : Lettre du ministre de la Guerre au Général Commandant de la 1ère Armée Française,
1945 (GARAPON 2004).

142
Annexe 7 : Tableau des inscriptions de chiots Bergers Allemands (BA) au LOF entre 1947 et 1965,
d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c).

Entre 1947 et 1965


Année Nombre de chiots Berger Allemand inscrits au LOF
1947 1 761
1948 2 794
1949 3 345
1950 4 173
1951 3 956
1952 4 103
1953 3 545
1954 3 728
1955 3 465
1956 2 805
1957 3 274
1958 4 357
1959 4 305
1960 4 163
1961 4 726
1965 4 923

143
Annexe 8 : Inscriptions au LOF entre 1970 et 1999, classement de la race et pourcentage de BA
inscrits par rapport au nombre de chiots total, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c).

Entre 1970 et 1999


Nombre de Pourcentage de BA inscrits par
Nombre de chiots Classement du
Année chiots inscrits rapport au nombre de chiots
BA inscrits au LOF Berger Allemand
au LOF inscrits
1970 9 020 55184 1 16
1971 9 130 55172 1 17
1972 8 233 52296 1 16
1973 9 640 61224 1 16
1974 9 719 65249 1 15
1975 11 431 80256 1 14
1976 11 015 78299 1 14
1977 13 355 90056 1 15
1978 16 150 99302 1 16
1979 15 262 94515 1 16
1980 16 514 103243 1 16
1981 15 821 99520 1 16
1982 15 205 100483 1 15
1983 15 151 100904 1 15
1984 15 088 106967 1 14
1985 14 651 110603 1 13
1986 14 848 116267 1 13
1987 15 147 121022 1 13
1988 15 289 128309 1 12
1989 16 023 133451 1 12
1990 15 741 143760 1 11
1991 16 102 150117 1 11
1992 15 189 145794 1 10
1993 15 148 140853 1 11
1994 14 577 137701 1 11
1995 14 309 139158 1 10
1996 15 140 154580 1 10
1997 13 781 148316 1 9
1998 12 920 148531 1 9
1999 12 589 148514 1 8

144
Annexe 9 : Inscriptions au LOF entre 2000 et 2022, classement de la race et pourcentage de BA
inscrits par rapport au nombre de chiots total, d’après (SOCIETE CENTRALE CANINE 2022c).

Entre 2000 et 2022


Nombre de chiots Nombre de Pourcentage de Bergers
Classement du
Année Berger Allemand chiots inscrits Allemands inscrits par rapport
Berger Allemand
inscrits au LOF au LOF au nombre de chiots inscrits
2000 11 835 151766 1 8
2001 11 830 163245 1 7
2002 11 484 162587 1 7
2003 11 727 175629 1 7
2004 10 908 171869 1 6
2005 10 971 173819 1 6
2006 11 019 169823 1 6
2007 11 138 178227 1 6
2008 11 408 191435 1 6
2009 11 321 186026 1 6
2010 11 265 198029 1 6
2011 11 374 202931 1 6
2012 11 205 207987 1 5
2013 11 236 212089 1 5
2014 11 096 214899 1 5
2015 10 666 212409 1 5
2016 10 964 227993 2 5
2017 11 049 235312 3 5
2018 10 262 234073 5 4
2019 9 930 230302 5 4
2020 9 785 245553 5 4
2021 10 486 276506 5 4
2022 8 810 258110 5 3

145
Annexe 10 : Edition française du standard en vigueur de la race Berger Allemand datant de 2018
(FEDERATION CYNOLOGIQUE INTERNATIONALE 2023).

FEDERATION CYNOLOGIQUE INTERNATIONALE (AISBL)


SECRETARIAT GENERAL: 13, Place Albert 1er B – 6530 Thuin (Belgique)

17.10.2018/FR
Standard-FCI N° 166

DEUTSCHER SCHÄFERHUND

(Berger allemand)

Poil double

Poil double long

TRADUCTION : Dr. J.-M. Paschoud et Prof. R. Triquet. Révisé par Skrivanek Belgium Langue
faisant foi (DE).

ORIGINE : Allemagne.

DATE DE PUBLICATION DU STANDARD OFFICIEL EN VIGUEUR : 11.08.2010.

146
UTILISATION : Chien d’utilité, de berger et de service polyvalent.
CLASSIFICATION FCI : Groupe 1 – Chiens de berger et chiens de bouvier
Section 1 – Chiens de berger
Avec épreuve de travail

BREF APERCU HISTORIQUE :


Ce standard est établi selon les documents officiels du Club du berger allemand [Verein für
Deutsche Schäferhunde (SV)] dont le siège est situé à Augsburg, affilié au VDH (Verband für
das deutsche Hundewesen), reconnu comme club fondateur et responsable du standard de la
race établi lors de la première assemblée générale à Francfort-sur-le-Main le 20 septembre 1899
sur les propositions de A. Meyer et de Max von Stephanitz, complété lors de la 6ème assemblée
générale du 28 juillet 1901, et de la 23ème assemblée générale du 17 septembre 1909 à
Cologne, de la réunion du comité directeur et du comité consultatif à Wiesbaden du 5 septembre
1930 et de la séance de la commission d’élevage et du comité directeur le 25 mars 1961, puis
modifié, et dans le cadre de la WUSV (Weltunion der Vereine für deutsche Schäferhunde/Union
mondiale des sociétés du Berger allemand) voté, révisé et catalogué lors de la conférence de la
WUSV du 30 août 1976 avec décision d’habilitation par le comité directeur et consultatif du 23/24
mars 1991, modifié lors des assemblées nationales du 25 mai 1997, 31 mai, 1er juin 2008 et 6
et 7 juin 2009.
Le Berger allemand, dont l’élevage méthodique débuta dès la fondation du club en 1899, fut
autrefois sélectionné à partir des variétés de chiens de berger du Centre et du Sud de
l’Allemagne ; l’objectif était de créer un chien d’utilité hautement qualifié. Pour ce faire, le
standard du Berger allemand a été défini et il prend en considération tant les aptitudes physiques
que le caractère et le comportement du chien.

Aspect général :
Le Berger allemand est de taille moyenne, légèrement plus long que haut, puissant et bien
musclé. L’ossature est sèche et l’ensemble global solide.

Proportions importantes :
La hauteur au garrot chez les mâles est de 60 à 65 cm, chez les femelles de 55 à 60 cm. La
longueur du tronc dépasse la hauteur au garrot de 10 à 17%.

Comportement / caractère :
Dans son comportement et son caractère, le Berger allemand doit être pondéré, bien équilibré,
sûr de lui, absolument naturel, parfaitement inoffensif (sauf état d’excitation), vigilant et docile. Il
doit faire preuve de courage, d’endurance et de confiance en lui afin de réunir les conditions qui
le rendent apte à être un chien d’accompagnement, de garde, de protection, de service et de
protection des troupeaux.

Tête :

Elle est cunéiforme, bien proportionnée à la taille (sa longueur est à peu près égale aux 40% de
la hauteur au garrot), sans être lourde ni trop allongée, sèche dans son aspect général et d’une
largeur modérée entre les oreilles. De face et de profil, le front n’est que peu bombé, sans ou
avec un sillon médio-frontal faiblement marqué.

147
Le rapport entre la longueur du crâne et celle du chanfrein est de 50% : 50%.
La largeur du crâne est à peu près égale à sa longueur. Le crâne (vu de dessus) va en
s’amenuisant régulièrement des oreilles au bout du nez par une dépression crânio-faciale
inclinée, mais peu prononcée jusqu’à la région faciale de la tête en forme de coin (zone du
museau). Les mâchoires supérieures et inférieures sont fortement développées.
Le chanfrein est rectiligne ; un chanfrein camus ou busqué n’est pas souhaité. Les lèvres bien
tendues et jointives sont de couleur foncée.

Le museau doit être noir.

La denture doit être robuste, saine et complète (42 dents conformément à la formule dentaire).
Le Berger allemand a un articulé en ciseaux, c’est-à-dire que les incisives supérieures viennent
se placer en ciseaux devant les incisives inférieures. L’articulé en tenailles, le prognathisme
supérieur et le prognathisme inférieur constituent des défauts, de même que la présence
d’espaces libres (diastèmes) trop importants entre les dents (dents écartées). Une arcade
incisive rectiligne est également un défaut. Les mâchoires doivent être fortement développées
pour assurer une profonde implantation osseuse des dents.

Les yeux sont de grandeur moyenne, en amande, quelque peu obliques et non proéminents.
Leur couleur doit être aussi foncée que possible. Des yeux clairs et perçants qui modifient
l’expression naturelle du chien ne sont pas souhaités.

Oreilles :

Les oreilles du Berger allemand sont dressées, de grandeur moyenne, portées bien droites et
symétriques (non tirées latéralement en position oblique) ; leur pavillon est tourné vers l’avant,
elles se terminent en pointe. Les oreilles semi-dressées ou tombantes sont des défauts. Quand
le chien est au repos ou en action, une oreille portée couchée vers l’arrière n’est pas un défaut.

Cou :

Le cou est robuste, bien musclé et sans laxité de la peau ventrale de l'encolure (fanon).
L’angulation avec le tronc (horizontale) est d’environ 45°.

Corps :

La ligne du dessus va sans rupture visible de l’attache du cou en passant par le garrot haut et
long et par le dos droit jusqu’à la croupe légèrement avalée. Le dos de longueur moyenne est
ferme, robuste et bien musclé. Le rein est large, court, fortement développé et bien musclé. La
croupe longue et légèrement inclinée (angulation d’environ 23° sur l’horizontale) se fond dans
l’attache de la queue sans rupture de la ligne du dessus.

La poitrine est modérément large et le sternum est aussi long et proéminent que possible. La
hauteur de la poitrine représente environ 45 % à 48% de la hauteur au garrot.

148
Les côtes sont légèrement cintrées, le thorax en tonneau est considéré comme un défaut, de
même que les côtes plates.
La queue atteint au moins le jarret, sans dépasser le milieu du métatarse. Sur sa face inférieure,
le poil est un peu plus long ; elle est portée tombante et dessine une légère courbe. Elle se
relève davantage lorsque le chien est excité ou en action, sans aller au-delà de l’horizontale.
Toute correction chirurgicale est interdite.

Membres antérieurs :

Les membres antérieurs sont d'aplombs vus de tous les côtés ; vus de devant ils sont
parfaitement parallèles.

L’épaule et le bras (sont de même longueur et bien appliqués à la paroi thoracique grâce à une
musculature puissante. L’angulation de l'articulation scapulo-humérale mesure idéalement 90°,
et de manière générale jusqu’à 110°.
Les coudes en station ou en action ne doivent être ni décollés ni serrés. Vus de tous les côtés,
les avant-bras sont d'aplombs et parfaitement parallèles entre eux, secs et dotés de muscles
fermes.
La longueur du métacarpe mesure environ un tiers de celle de l’avant-bras ; il forme avec ce
dernier un angle d’environ 20° à 22°. Aussi bien un métacarpe trop incliné (plus de 22°) qu’un
métacarpe trop droit (moins de 20°) sont préjudiciables à l’utilité du chien, notamment en termes
de capacité d’endurance.

Les pieds sont arrondis, les doigts sont bien serrés et arqués, les coussinets durs sans
tendances à se crevasser. Les ongles sont robustes et de couleur sombre.

Membres postérieurs :

Les membres postérieurs sont légèrement inclinés vers l’arrière, tout en restant, vus de
derrière, parallèles entre eux. La cuisse et la jambe sont d’une longueur presque identique et
forment un angle d’environ 120°. Les cuisses sont puissantes et bien musclées.

Les jarrets sont puissants et fermes. Le métatarse sous le jarret est vertical.

Les pieds ont les doigts serrés, légèrement arqués ; les coussinets sont durs et de couleur
foncée, les ongles robustes, arqués et également de couleur sombre.

Allures :

Le Berger allemand est un trotteur.


Les angulations et la longueur des membres doivent être parfaitement équilibrées pour que,
sans oscillation notable de la ligne du dessus, il puisse déplacer les postérieurs vers l’avant
jusqu’au tronc et couvrir avec les antérieurs un terrain égal. Toute tendance à une surangulation
des postérieurs diminue la fermeté de l’endurance et est préjudiciable aux capacités d’utilisation
du chien.

149
De bonnes proportions corporelles et de bonnes angulations permettent une allure de grande
amplitude au ras du sol sans signe apparent d’effort.
Au trot, régulier et calme, la tête tendue vers l’avant et la queue légèrement relevée forment, de
la pointe des oreilles par la nuque et le dos jusqu’au bout de la queue, une ligne du dessus
souple, harmonieuse et ininterrompue.

Peau :

Elle est appliquée (souplement) sans former de plis.

Qualité du poil :

Poil :
Le Berger allemand est élevé avec les variétés de poil double et poil double long avec sous-poil.
Poil double :
Le poil de couverture doit être aussi dense que possible, droit, rude et bien serré. Le poil est
court sur la tête y compris sur la face interne du pavillon des oreilles, sur la face antérieure des
membres, sur les pieds et sur les doigts ; il est un peu plus long et plus fourni sur le cou. A la
face postérieure des membres, il s’allonge jusqu’au niveau du carpe ou du jarret, en formant des
culottes d’ampleur modérée derrière les cuisses.
Poil double long :
Le poil de couverture doit être long, souple, non serré, avec des franges aux oreilles et aux
membres, des culottes et une queue touffues avec formation de franges orientées vers le bas.
Le poil est court sur la tête y compris sur la face interne du pavillon des oreilles, sur la face
antérieure des membres, sur les pieds et sur les doigts ; il est plus long et plus fourni sur le cou,
formant presque une crinière. A la face postérieure des membres, il s’allonge jusqu’au niveau
du carpe ou du jarret, en formant des culottes importantes derrière les cuisses.

Couleurs :

Noir, avec des marques brun rouge, brunes ou jaunes jusqu’à gris clair. Noir et gris unicolore, le
gris étant charbonné, manteau et masque noir. De petites taches blanches discrètes sur le
poitrail ou une coloration très claire à la face interne des membres sont tolérées, mais non
souhaitées. La truffe doit être noire dans toutes les variétés de couleur. L’absence de masque,
des yeux clairs à perçants, des marques claires à blanchâtres sur le poitrail et à la face interne
des membres, des ongles d’une couleur claire et le bout de la queue rouge seront pénalisés en
tant que signes de pigmentation insuffisante. Le sous-poil est d’un gris léger ; le blanc n’est pas
admis.

Taille/Poids :

Mâles : Hauteur au garrot : 60 à 65 cm


Poids : 30 à 40 kg

Femelles : Hauteur au garrot : 55 à 60 cm


Poids : 22 à 32 kg

150
Défauts :

Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé
en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien-être du chien et sur sa
capacité à accomplir son travail traditionnel.

Défauts graves :

Tout écart du présent standard qui serait préjudiciable à l’aptitude au travail du chien.
Défauts des oreilles : oreille attachée latéralement trop bas, semitombante, tirée latéralement en
position oblique, dressée sans fermeté.
Défauts importants de pigmentation.
Résistance générale fortement réduite.

Défauts de denture :
Tout écart de l’articulé en ciseaux et de la formule dentaire, mis à part les défauts éliminatoires
(voir ci-dessous).

Défauts entraînant l’exclusion :

• Agressif ou peureux.
• Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d’ordre physique ou
comportemental.
• Chiens faibles de caractère, mordeurs ou nerveusement peu équilibrés.
• Chiens affectés d’une grave dysplasie de la hanche vérifiée.
• Chiens monorchides et cryptorchides ainsi que les chiens présentant des testicules
nettement inégaux ou atrophiés.
• Chiens affectés de déformations au niveau des oreilles et de la queue.
• Chiens affectés de malformations.
• Défauts de denture, en cas d’absence de : 1 PM 3 plus une autre dent, ou 1 canine, ou 1
PM 4, ou 1 M 1 ou M 2, ou au total trois dents ou plus.
• Chiens affectés de défauts de mâchoires : prognathisme inférieur de 2 mm et plus,
prognathisme supérieur, ensemble des incisives en pince.
• Plus d’un cm en plus ou en moins de la taille prescrite par le standard.
• Albinisme
• Couleur blanche de la robe (même si les yeux et les ongles sont de couleur foncée).
• Poil double long sans sous-poil.
• Poil long (poil long et mou, sans sous-poil, en général avec formation d’une raie dans
l’axe du dos, franges aux oreilles, aux membres et à la queue).

N.B.
• Les mâles doivent avoir deux testicules d’aspect normal complètement descendus dans le
scrotum.
• Seuls les chiens sains et capables d’accomplir les fonctions pour lesquelles ils ont été
sélectionnés, et dont la morphologie est typique de la race, peuvent être utilisés pour la
reproduction.

151
152
153
Noëlie GROS

Le Berger Allemand : origines, histoire et évolution de l’utilisation de la race et de sa


morphologie.

The German Shepherd : origins, history and evolution of the use of the breed and its
morphology.

Thèse d’État de Doctorat Vétérinaire : Nantes, le 7 novembre 2023.

RESUME

La cynotechnie actuelle fait face à l’évolution, depuis quelques décennies, d’hypertypes. Afin
de mieux comprendre l’origine de cet excès de type auquel certaines races canines sont
soumises, et de mieux les combattre, il est nécessaire de s’intéresser à l’histoire et à l’évolution
de ces dernières. Chez le Berger Allemand, l’hypertype concerne en particulier l’arrière-train,
et est à mettre en relation avec la popularité croissante de la race au cours de la seconde moitié
du XXème siècle. Avant qu’il ne soit victime de la mode de la démesure, le Berger Allemand
était un chien de travail, avant tout centré sur les métiers de chien de berger et chien militaire.
En effet, issu des lignées bergères de l’Allemagne de la fin du XIXème siècle,
l’homogénéisation des chiens de berger allemands permit l’obtention d’un chien polyvalent,
obéissant et puissant. Qualités d’autant plus utiles en temps de guerre, la race sera
particulièrement appréciée pour l’aide qu’elle apportera auprès des soldats. Aptitudes diverses
et expansion à l’échelle internationale participeront à l’élaboration des différentes figures
morphologiques rencontrées aujourd’hui.

MOTS CLES :

BERGER ALLEMAND (RACE CANINE), MORPHOLOGIE, RACE, HYPERTYPE,


UTILISATION DES ANIMAUX, CHIEN MILITAIRE.

DATE DE SOUTENANCE : 7 novembre 2023.

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