Stratégie 2016-2030 en Matière de Santé
Stratégie 2016-2030 en Matière de Santé
Stratégie 2016-2030 en Matière de Santé
en matière de santé
Division des programmes
de l’UNICEF New York
Août 2016
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Stratégie 2016-2030
en matière de santé
Résumé analytique
L’UNICEF intervient dans plus de 130 pays, où l’organisation s’efforce de défendre les
droits des enfants, d’aider à la satisfaction de leurs besoins essentiels et d’accroître les
possibilités leur permettant de réaliser pleinement leur potentiel. Elle agit dans l’ensemble
des secteurs et du cycle de vie en vue de protéger ces droits, en portant une attention
particulière aux enfants les plus défavorisés et les plus vulnérables, et à la promotion de
l’égalité des sexes. Pour remplir sa mission, l’UNICEF soutient les gouvernements et
travaille avec des partenaires, y compris la société civile, afin de mettre en œuvre la
majorité de ses programmes.
D’immenses progrès ont été accomplis dans le Reconnaissant ces tendances et cherchant à
domaine de la santé de la mère et de l’enfant établir une vision pour l’avenir, les objectifs de
au cours des vingt dernières années. À l’échelle développement durable (ODD) visent notamment
mondiale, le taux de mortalité des enfants de à « permettre à tous de vivre en bonne santé et [à]
moins de 5 ans a diminué de 53% depuis 19901 promouvoir le bien-être de tous à tout âge », en
et la mortalité maternelle a baissé de 44% au mettant un terme aux décès dus à des maladies
cours de la même période.2 Malgré ces avancées, prises en considération dans les objectifs du
des inégalités demeurent tant entre les pays qu’à Millénaire pour le développement (OMD), en
l’intérieur de leurs frontières. Outre une charge s’attaquant à des problèmes émergents tels que
de morbidité persistante due aux maladies les maladies non transmissibles et en garantissant
transmissibles, l’incidence et la prévalence des à chacun une couverture sanitaire universelle.
causes non transmissibles de décès et de Pour atteindre ces objectifs, le Secrétaire général
handicap sont bien trop élevées dans les pays à des Nations Unies a mis en place la Stratégie
revenu faible et intermédiaire. D’autre part, mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et
l’environnement dans lequel grandissent les de l’adolescent (2016-30) de l’initiative Chaque
enfants est en pleine mutation.3 En 2030, ils femme, chaque enfant ; elle s’inscrit dans la
vivront dans un monde plus âgé, plus urbanisé et continuité des OMD en visant à mettre un terme
plus connecté. La baisse des taux de fécondité et aux décès évitables (« Survivre »), mais va plus loin
l’allongement de l’espérance de vie entraîneront en aspirant également à assurer la santé et
une diminution de la part des enfants dans la le bien-être (« S’épanouir ») et à étendre les
population mondiale et une augmentation du environnements favorables (« Transformer »).
rapport de dépendance économique. En parallèle,
la hausse des revenus permettra aux enfants de En s’appuyant sur les ODD et sur la Stratégie
vivre dans un monde plus riche – mais pas mondiale, ainsi que sur la Convention relative aux
nécessairement plus sain. Selon toute droits de l’enfant (CRC) et sur la Convention sur
vraisemblance, les pays en proie à l’extrême l’élimination de toutes les formes de
pauvreté et à des mécanismes de gouvernance discrimination à l’égard des femmes (CEDAW),5
défaillants resteront fragiles. En outre, on estime l’UNICEF imagine un monde où aucun enfant ne
que les situations d’urgence, y compris les décède de maladies évitables, et où chacun
urgences de santé publique et les catastrophes d’entre eux réalise pleinement son potentiel sur
imputables à des facteurs environnementaux, le plan de la santé et du bien-être. Pour les cinq
seront de plus en plus fréquentes.4 premières années (2016-20), la Stratégie de
1 Groupe interorganisations des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité juvénile, 2015, Levels and Trends in Child Mortality, Report 2015.
2 Groupe interorganisations pour l’estimation de la mortalité maternelle, 2015, Trends in Maternal Mortality: 1990 to 2015, Genève : OMS.
3 Étude de données réalisée à des fins de développement stratégique, comprenant un examen des documents fondamentaux de l’UNICEF
(p. ex., La situation des enfants dans le monde, Génération 2030/Afrique, UNICEF 4.0).
4 Watts, N, Campbell-Lendrum, D, Maiero, M, Fernandez Montoya, L et Lao, K, 2015, Strengthening Health Resilience to Climate Change.
Technical Briefing for the World Health Organization Conference on Health and Climate, Genève : OMS.
5 La Convention relative aux droits des personnes handicapées a également servi de référence lors de l’élaboration de cette Stratégie.
l’UNICEF en matière de santé (ci-après dénommée Afin de concentrer davantage les efforts et
« la Stratégie ») fixe deux grands objectifs : d’améliorer la cohérence des programmes de
1 Mettre fin aux décès évitables de mères, santé, la Stratégie identifie trois approches :
de nouveau-nés et d’enfants ; l réduire les inégalités en matière de santé ;
2 Promouvoir la santé et le développement l renforcer les systèmes de santé, y compris la
de tous les enfants. préparation, la réponse et la résilience aux
situations d’urgence6 ;
Pour atteindre ces objectifs, la Stratégie prend
en considération les besoins des enfants en l promouvoir des politiques et des programmes
matière de santé à tous les stades de la vie. intégrés et multisectoriels.
Elle souligne la nécessité d’intensifier les efforts Ces trois approches doivent étayer l’ensemble des
visant à remédier aux inégalités croissantes dans le programmes et des engagements de l’UNICEF
domaine de la santé, en veillant particulièrement dans le secteur de la santé. L’organisation
à répondre aux besoins et à éliminer les obstacles demande aux bureaux de pays de choisir des
propres à chaque sexe, qui peuvent influencer actions parmi un ensemble délimité afin de
la capacité des garçons et des filles à réaliser concentrer les ressources, d’améliorer la
pleinement leur potentiel sur le plan de la santé et cohérence et la qualité de ses programmes de
du bien-être. santé, et de renforcer l’impact en faveur
Afin de tenir compte des multiples contextes des enfants.
dans lesquels l’organisation intervient, la Afin d’asseoir la position de chef de file de
Stratégie donne aux bureaux de pays de l’UNICEF l’UNICEF en matière d’équité, mais aussi de
la possibilité d’adapter leurs approches. Elle insiste renforcer les capacités de l’organisation à
néanmoins sur l’importance de mettre en œuvre concevoir et à mettre en œuvre des politiques et
des approches multisectorielles afin d’améliorer des programmes intégrés et multisectoriels, ces
le développement de l’enfant et de s’attaquer aux mesures visent à consolider le mandat de l’UNICEF
causes sous-jacentes et aux déterminants d’un consistant à défendre le droit à la santé des
mauvais état de santé. La Stratégie vise à enfants, en étayant les politiques à l’échelle
réorienter la politique de l’UNICEF de sorte qu’elle internationale, régionale et nationale par une
se concentre non plus sur la mise en œuvre de expérience approfondie sur le terrain. La Stratégie
programmes verticaux de lutte contre les identifie en outre des domaines dans lesquels
maladies, mais sur le renforcement des l’UNICEF ne devrait s’engager que de manière
systèmes de santé et de la résilience, notamment exceptionnelle, en se concentrant sur son
en plaidant pour une meilleure intégration des avantage comparatif et en laissant d’autres acteurs
actions humanitaires et des efforts de mener les initiatives, une approche susceptible de
développement et en encourageant une produire de meilleurs résultats.
programmation tenant compte des risques dans
tous les contextes. Cela signifie que les Enfin, la Stratégie vise à tirer parti de
programmes de développement doivent anticiper l’expérience considérable accumulée par
les risques et bâtir à dessein des systèmes l’UNICEF et de ses interventions menées
capables de réagir avec souplesse aux en faveur de la survie des enfants, tout en
changements de situations. En outre, les prenant en considération l’évolution de leurs
programmes d’urgence, y compris ceux destinés besoins. Cela signifie qu’il faut continuer à mettre
aux urgences de santé publique et aux épidémies, l’accent sur la survie des mères, des nouveau-nés
doivent être conçus de manière à « reconstruire et des enfants, en particulier dans les où
en mieux » ou mettre en place des réformes qui les capacités sont limitées, tout en s’adaptant
améliorent l’efficacité du système de santé même à l’évolution de la charge de morbidité et
après la fin de la catastrophe. à la complexité de l’architecture de la santé.
6 Tout au long de la Stratégie, la préparation et la réponse aux situations d’urgence incluent également les urgences de santé publique et
les épidémies.
Résumé analytique................................................................................................iii
Acronymes.................................................................................................................viii
2 Contexte...........................................................................................3
2.1 Tendances mondiales.........................................................................3
2.2 Classification des pays.......................................................................4
2.3 Paysage mondial des acteurs du secteur.............................5
de la santé et rôle de l’UNICEF
3 Orientation stratégique.........................................................7
3.1 Vision et objectifs..................................................................................7
3.2 Approches...................................................................................................7
3.3 Actions.......................................................................................................10
3.4 Domaines d’intervention..............................................................18
3.5 Mesures, apprentissage et responsabilité........................24
6 Conclusion...................................................................................35
Annexes
Annex A Liste de contrôle par approche..........................................36
Annex B Exemples d’actions à mener au niveau national...37
Annex C1 Domaine d’intervention 1.....................................................38
Annex C2 Domaine d’intervention 2.....................................................39
Annex D Mesures, apprentissage et responsabilité..................40
Annex E Feuille de route en vue de la mise....................................42
en œuvre – 2016
Pour faire suite à l’achèvement des OMD et de la Stratégie 2006-15 de l’UNICEF concernant la santé et
la nutrition, la Division des programmes de l’organisation a œuvré à l’élaboration d’une nouvelle stratégie
à long terme en matière de santé visant à soutenir la réalisation des ODD.
Ce travail a été appuyé par un groupe central réuni au siège de l’UNICEF à New York et soutenu par
le Boston Consulting Group. Une équipe constituée des Chefs d’unité de la Section de la santé au siège
ainsi que des sept Conseillers Santé régionaux a formulé des recommandations concernant le contenu
et la portée de la Stratégie, tandis qu’un groupe de référence interne, composé de hauts responsables
de l’UNICEF aux compétences variées, a assuré une supervision stratégique. En outre, un groupe de
référence externe a été formé pour apporter des contributions de haut niveau supplémentaires.
Trois types de contributions ont étayé l’élaboration de la Stratégie : le recueil et l’analyse de données,
la consultation de parties prenantes internes et externes, ainsi qu’une enquête. Le recueil et l’analyse de
données ont fourni une base de référence permettant de comprendre l’environnement en pleine
mutation dans lequel vivent les enfants, les tendances mondiales en matière de santé, le paysage
mondial des acteurs du secteur de la santé et les ressources actuelles de l’UNICEF (financières et
humaines) dans ce domaine. Les consultations ont permis d’obtenir l’avis des parties prenantes internes
et externes sur l’avantage comparatif de l’UNICEF, sur les performances actuelles et l’importance de
l’engagement dans différents contextes, sur les enjeux opérationnels ainsi que sur les priorités à établir
parmi les problèmes de santé et les populations ciblées. L’enquête a traité les mêmes sujets que les
consultations, mais a permis à l’UNICEF d’atteindre plus de parties prenantes et de compléter les
conclusions tirées des consultations.
La première version de la Stratégie a été soumise au personnel du siège, des bureaux de pays et des
bureaux régionaux de l’UNICEF ainsi qu’aux donateurs et aux partenaires de l’organisation afin de
recueillir leurs avis. Cette ébauche a été peaufinée en fonction des commentaires reçus et publiée en
ligne afin de consulter l’ensemble des parties prenantes internes et externes impliquées dans
l’élaboration de la Stratégie.7
7 Dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie, l’UNICEF a consulté plus de 1 300 personnes (en interne et en externe) au siège ainsi qu’aux
niveaux régional et national par l’intermédiaire de l’enquête, d’entretiens et de groupes de discussion, et en publiant l’ébauche de
la Stratégie en ligne afin de recueillir des commentaires.
Parallèlement, le changement climatique devrait augmenter les catastrophes liées à des phénomènes
météorologiques et modifier les schémas de morbidité, les services de santé disponibles,
l’approvisionnement en eau et les modes traditionnels de production et de distribution de la nourriture.
Ces changements concerneront l’ensemble de la population, mais affecteront de manière
disproportionnée les enfants et les femmes. À l’échelle mondiale, ces derniers ont jusqu’à 14 fois plus de
risques que les hommes de mourir lors d’une catastrophe ; environ 60% des décès évitables de mères
et 53% des décès évitables d’enfants de moins de 5 ans se produisent dans des régions en proie à des
conflits, à des déplacements ou à des catastrophes naturelles.10 Les communautés vulnérables vivant
dans des environnements fragiles ou des zones de conflit sont souvent sujettes à des chocs simultanés
et répétés, qu’ils soient dus à des crises politiques, à des épidémies, à la destruction de leurs logements
ou à d’autres facteurs.11
Si la mortalité des enfants de moins de 5 ans a beaucoup baissé, des progrès importants restent toutefois
à accomplir dans d’autres domaines. Près de 2,6 millions de mortinaissances se produisent chaque
année, 98% d’entre elles ayant lieu dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.12 Les taux de mortalité
néonatale ont décliné moins rapidement que les taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans ;
la mortalité néonatale représente aujourd’hui 45% de l’ensemble des décès d’enfants de moins de 5 ans,
ce qui souligne la nécessité de renforcer les soins prodigués lors des premiers jours de vie.13 Entre
28 jours et 5 ans, les maladies transmissibles telles que la pneumonie, la diarrhée, le paludisme et
la malnutrition restent les principaux facteurs de charge de morbidité.14 Les mères, les nouveau-nés et
les enfants de moins de 5 ans les plus pauvres et les plus marginalisés sont plus lourdement touchés.15
En outre, le lien inextricable entre la santé et la survie des jeunes enfants et celles de leurs mères
reste capital.
8 Save the Children, 2015, The Urban Disadvantage: State of the World’s Mothers 2015, Fairfield, CT : Save the Children.
9 UNICEF, juin 2014, Child Outlook: A Policy Briefing on Global Trends and their Implications for Children, New York, NY : UNICEF.
10 Chaque femme, chaque enfant, 2015, La Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030). Survivre,
s’épanouir, transformer, New York, NY : Chaque femme, chaque enfant.
11 UNICEF, 2011, Action humanitaire de l’UNICEF pour les enfants. Renforcer la résilience. New York : UNICEF.
12 The Lancet Ending Preventable Stillbirths Study Group, 2016, Ending Preventable Stillbirths. An Executive Summary for the Lancet’s Series,
http://www.thelancet.com/pb/assets/raw/Lancet/stories/series/stillbirths2016-exec-summ.pdf..
13 UNICEF, 2015, Levels and Trends in Child Mortality. Report 2015, New York : UNICEF.
14 OMS, septembre 2014, Enfants : réduire la mortalité, Aide-mémoire nº 178, Genève : OMS.
15 Analyses de l’UNICEF fondées sur les enquêtes en grappes à indicateurs multiples (MICS) et les enquêtes démographiques et de santé (EDS).
Pour les enfants qui survivent au-delà de l’âge de cinq ans, les maladies non transmissibles et les facteurs
de risque sous-jacents associés (p. ex., habitudes alimentaires, activité physique, tabagisme, alcool, etc.)
ainsi que les traumatismes constituent généralement les principaux problèmes de santé.16
L’UNICEF œuvrant avec les gouvernements et par leur intermédiaire, il serait inapproprié de classer les
pays selon leur revenu sans tenir compte de l’efficacité des pouvoirs publics. À cet effet, la Stratégie invite
à prendre en considération la « capacité » du pays, définie comme un produit de son revenu et de
l’efficacité des pouvoirs publics (voir le tableau 1). L’objectif de cette méthode de classification est de
permettre à l’UNICEF d’adapter davantage ses interventions aux besoins du pays, d’examiner
régulièrement sa situation et de hiérarchiser les interventions en conséquence.
La mortalité des enfants de moins de cinq ans se concentre dans les pays fragiles, en situation d’urgence
ou présentant de faibles capacités. Tous les pays peuvent néanmoins être touchés pas d’importantes
disparités, y compris ceux possédant des capacités intermédiaires ou élevées.
16 Global Burden of Disease Collaborators, 2015, Global, regional, and national comparative risk assessment of 79 behavioural, environmental
and occupational, and metabolic risks or clusters of risks in 188 countries, 1990-2013: a systematic analysis for the Global Burden of Disease
Study 2013, The Lancet, vol. 386, p. 2287-2323.
17 Données sur le revenu issues de la Banque mondiale ; données sur l’efficacité des pouvoirs publics issues des Indicateurs de gouvernance
mondiaux de 2013 ; remarque : PIB par habitant 2013 (PPA dollars US constants de 2011) utilisé ; l’efficacité des pouvoirs publics reflète la
perception de la qualité des services publics, de la qualité de la fonction publique et de son degré d’indépendance vis-à-vis des pressions
politiques, de la qualité de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques ainsi que de la crédibilité de l’engagement des pouvoirs
publics à l’égard de ces politiques.
18 En ce qui concerne les projections de revenu, les estimations de croissance du PIB proviennent d’Oxford et sont appliquées à la croissance
du RNB. Les catégories de revenu 2015 de la Banque mondiale ont été utilisées pour déterminer la capacité. Les projections de fragilité
reposent sur les États fragiles de l’indice Fragile States Index établi par Fund for Peace/Foreign Policy. La fréquence des conflits armés et des
catastrophes naturelles repose sur les études du Département de recherche sur la paix et les conflits de l’Université d’Uppsala (Suède).
Pour rester efficaces dans cet environnement, les partenaires de développement devront mettre en
œuvre des programmes « rentables » et tirant mieux parti des ressources nationales dans les pays où ils
interviennent, en particulier quand ces derniers disposent de capacités élevées et dans le cas de
problèmes émergents.
L’UNICEF devra expliquer clairement son axe de travail et indiquer où il compte diriger ou compléter les
programmes de ses partenaires, en évitant les redondances. Les domaines d’intervention doivent être
choisis en fonction des avantages comparatifs de l’UNICEF :
l un mandat clair et de fortes capacités de plaidoyer ;
l une capacité à mettre en œuvre une action multisectorielle ;
l une capacité à étayer les politiques à l’échelle internationale, régionale et nationale par des
preuves et une expérience approfondie sur le terrain.
L’UNICEF est conscient que les partenariats public-privé permettent d’optimiser les ressources en vue
d’atteindre les cibles et les objectifs fixés dans le cadre des ODD. À cet effet, l’organisation continuera
également de jouer un rôle actif dans les partenariats mondiaux majeurs du secteur de la santé (tels que
l’Alliance GAVI, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Partenariat pour
la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, etc.) en impliquant la direction de l’UNICEF dans leurs
structures de gouvernance et en affectant du personnel et des ressources afin de favoriser leur réussite.
Dans les pays fragiles, en situation d’urgence ou disposant de faibles capacités, l’étendue
de la présence de l’UNICEF sur le terrain est un atout crucial qui permettra à l’organisation
de répondre de manière efficace aux besoins programmatiques et politiques de ces pays.
Dans les pays disposant de capacités plus élevées, l’UNICEF doit avant tout jouer auprès
des gouvernements un rôle de conseiller et de porte-parole au sujet des problèmes de
santé auxquels font face les enfants.
19 Institute for Health Metrics and Evaluation, 2015, Financing Global Health 2014: Shifts in Funding as the MDG Era Closes, Seattle, WA :
Institute for Health Metrics and Evaluation.
La vision et les objectifs de la Stratégie s’appuient sur les ODD et la stratégie de l’initiative Chaque
femme, chaque enfant, en particulier sur les composantes « Survivre » et « S’épanouir ». Avec le premier
objectif, l’UNICEF s’engage à maintenir l’attention sur les besoins fondamentaux non satisfaits et les
inégalités persistantes concernant la survie des mères, des nouveau-nés et des enfants de moins de 5
ans. Avec le second objectif, l’organisation souligne l’importance d’aller plus loin que la survie et
de répondre aux besoins des enfants plus âgés et des adolescents en matière de santé et
de développement.
La Stratégie ne fixe pas de cibles spécifiques, mais vise à contribuer au respect des engagements
internationaux existants pris notamment dans le cadre des ODD,20 du plan stratégique de l’UNICEF et
d’autres initiatives auxquelles participe l’organisation (p. ex., le Plan d’action mondial pour les vaccins,21
l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite, l’équipe spéciale interorganisations des Nations
Unies pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles).
3.2 Approches
Afin de contribuer à ces objectifs, l’UNICEF favorisera les trois approches suivantes, en collaboration avec
des partenaires internationaux et locaux :
l réduire les inégalités en matière de santé ;
l renforcer les systèmes de santé, y compris la préparation, la réponse et la résilience aux situations
d’urgence ;
l • promouvoir des politiques et des programmes intégrés et multisectoriels.
Ces trois approches doivent faire partie intégrante de toutes les activités de l’UNICEF dans le secteur de
la santé, quel que soit le contexte (une liste de contrôle applicable aux programmes est disponible
à l’Annexe A).
20 Par exemple, la cible 3.1 des ODD vise, d’ici à 2030, à « faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000
naissances vivantes. » La cible 3.2 des ODD vise, quant à elle, d’ici à 2030, à « éliminer les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de
moins de 5 ans, tous les pays devant chercher à ramener la mortalité néonatale à 12 pour 1 000 naissances vivantes au plus et la mortalité
des enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes au plus. »
21 Par exemple, la cible du Plan d’action mondial pour les vaccins concernant la couverture vise à « [a]tteindre une couverture nationale de
90% et de 80% dans chaque district ou unité administrative équivalente, pour tous les vaccins inclus dans les programmes nationaux,
sauf recommandation contraire. »
22
Figure 1 Présentation de la Stratégie de l’UNICEF en matière de santé (2016-30)
Renforcer les systèmes de santé, y compris la préparation, la réponse et la résilience aux situations d’urgence
Les actions et les domaines d’intervention proposés font partie d’un « assortiment » mondial,
qui sera adapté à la situation nationale par les bureaux de pays
S&E
22 Concernant le domaine d’intervention relatif à la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, les soins de santé primaires sont définis
dans la Déclaration d’Alma-Ata (rédigée lors de la Conférence internationale sur les soins de santé primaires réunie à Alma-Ata en
septembre 1978) selon ces termes : « Les soins de santé primaires sont des soins de santé essentiels fondés sur des méthodes et des
techniques pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables, rendus universellement accessibles à tous les individus et
à toutes les familles de la communauté avec leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent assumer à tous
les stades de leur développement dans un esprit d’autoresponsabilité et d’autodétermination. Ils font partie intégrante tant du système de
santé national, dont ils sont la cheville ouvrière et le foyer principal que du développement économique et social d’ensemble de
la communauté. Ils sont le premier niveau de contacts des individus, de la famille et de la communauté avec le système national de santé,
rapprochant le plus possible les soins de santé des lieux où les gens vivent et travaillent, et ils constituent le premier élément d’un
processus ininterrompu de protection sanitaire. »
Pour atteindre une couverture sanitaire universelle, l’UNICEF met l’accent sur les enfants
et les familles constamment exclus des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs
mondiaux en matière de santé.
La lutte contre les inégalités dans le domaine de la santé nécessite de renforcer les systèmes
d’information et de promouvoir l’utilisation de données qualitatives et quantitatives ventilées
(p. ex., par sexe, âge, niveau d’éducation, quintile de richesse, statut migratoire, origine ethnique,
zone géographique, handicap) afin d’identifier les groupes marginalisés et d’adapter les programmes
à leurs besoins. Pour ce faire, des systèmes fiables de registres et statistiques de l’état civil sont
indispensables, car il est souvent difficile pour les enfants non déclarés à la naissance de bénéficier de
leurs droits et d’accéder aux services.
Les programmes doivent également aider les gouvernements à identifier et à éliminer les obstacles qui
réduisent la disponibilité, l’acceptabilité et l’accessibilité, y compris financière, d’interventions sanitaires
de qualité destinées aux mères, aux nouveau-nés, aux enfants et aux adolescents, lesquels obstacles
favorisent les inégalités. Il convient entre autres de remédier systématiquement aux difficultés
rencontrées par les femmes et les filles dans l’accès aux soins.23
3.2.2 R
enforcer les systèmes de santé, y compris la préparation, la réponse et
la résilience aux situations d’urgence
Le renforcement des systèmes de santé est essentiel pour atteindre les femmes et les enfants les plus
marginalisés, poursuivre les progrès, et augmenter la résilience des communautés et des systèmes de
prestation de services – c’est-à-dire leur capacité à absorber les chocs extérieurs, y compris les urgences
de santé publique et les épidémies, et à s’en relever.24 La résilience repose avant tout sur de solides
systèmes de santé communautaires. En outre, la prise en considération des risques dans l’élaboration
des programmes doit constituer le fondement des activités à la fois dans le contexte du développement
et de l’aide humanitaire, et l’action d’urgence (mise en œuvre conformément aux Principaux
engagements pour les enfants dans l’action humanitaire) doit tenir compte des besoins de
développement à long terme.
L’UNICEF définit le renforcement des systèmes de santé comme la mise en œuvre d’interventions qui
améliorent de manière durable la prestation, l’utilisation, la qualité et l’efficacité des services de santé
(qui englobent généralement les soins familiaux, les services de prévention et les soins curatifs), et qui
permettent d’obtenir des résultats équitables sur le plan de la santé, de la nutrition et du développement
23 L’UNICEF a mis au point une approche systématique visant à réduire les inégalités en matière de santé, reposant sur un modèle de
Tanahashi adapté. Ce dernier facilite l’identification des obstacles relatifs à l’offre, à la demande, à la qualité et à l’environnement favorable
qui entravent l’accès aux interventions d’importance vitale (services et comportements), ainsi que l’identification de solutions fondées
sur des preuves visant à les éliminer. Cette approche a été adoptée dans toute l’organisation grâce au Système de suivi des résultats pour
l’équité (MoRES) ; elle est au cœur de la politique de renforcement des systèmes de santé de l’UNICEF.
24 Lors de l’élaboration de la stratégie, l’UNICEF participait activement aux discussions internationales concernant le rôle joué par le système
des Nations Unies lors d’urgences de santé publique et d’épidémies. L’UNICEF prépare également des orientations sur cette question,
expliquant notamment comment il compte renforcer ses propres capacités dans ce domaine, étant conscient que des efforts doivent être
entrepris dans toute l’organisation pour mener à bien les interventions.
chez les enfants, les adolescents et les femmes. Outre l’amélioration des services, ces actions peuvent
aussi influencer des facteurs clés de performance tels que les politiques, la gouvernance, le financement,
la gestion, la capacité de mise en œuvre, les comportements et les normes sociales, ainsi que
la participation des pays aux initiatives destinées à préserver la sécurité sanitaire à l’échelle nationale
et mondiale.
L’approche de l’UNICEF en matière de renforcement des systèmes de santé relie les échelons
communautaire, infranational et national, et souligne en particulier l’importance des capacités de
gestion infranationales et de l’engagement communautaire, qui concourent tous deux à la performance
globale des systèmes de santé nationaux.25
Étant donné la diversité des domaines programmatiques de l’UNICEF, qui couvrent la nutrition,
l’éducation (y compris préscolaire), le VIH, la protection de l’enfance ainsi que l’eau et l’assainissement,
l’organisation est à même de tirer parti de ses capacités multisectorielles pour lutter non seulement
contre les causes immédiates, mais aussi contre les causes profondes et les facteurs sociaux des
problèmes sanitaires majeurs qui touchent les femmes enceintes, les enfants et les adolescents.
Ce faisant, l’UNICEF contribuera au programme de « transformation » nécessaire à la réalisation des ODD.
3.3 Actions
Les trois approches décrites précédemment étayent un « assortiment d’actions » parmi lesquelles les
bureaux de pays peuvent faire une sélection en fonction de leur analyse de situation, de l’axe prioritaire
du programme de pays et du contexte.26 Ces actions sont décrites ci-après (des exemples sont disponibles
à l’Annexe B).
L’UNICEF a notamment pour mission de défendre le droit à la santé des enfants, partout dans le monde.
L’organisation mène ce travail de plaidoyer, qui doit reposer sur des données et des preuves, dans tous
les contextes où elle intervient. Lorsque l’UNICEF est présent sur place au niveau infranational et
contribue activement au renforcement de la prestation des services et à l’autonomisation des
communautés, les bureaux de pays peuvent tirer parti de cette expérience sur le terrain pour générer
des preuves et les utiliser en vue de mobiliser davantage les partenaires et d’influencer les programmes
25 Pour en savoir plus, consulter le document d’orientation de l’UNICEF relatif au renforcement des systèmes de santé sur le site Intranet de
l’organisation (https://intranet.unicef.org/PD/Health.nsf/Site%20Pages/Page0304).
26 Ces actions s’alignent sur le cadre de l’initiative Chaque femme, chaque enfant et sont hiérarchisées sur la base d’une évaluation des
avantages comparatifs actuels et potentiels de l’UNICEF.
locaux, nationaux et internationaux. Cette démarche peut aussi passer par un renforcement des
partenariats entre les instituts de recherche et les organes décisionnaires dans les pays où intervient
l’UNICEF et dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
Lorsque la présence de l’UNICEF sur le terrain est limitée, l’organisation peut tout de même jouer un rôle
déterminant dans le recueil et l’utilisation de données existantes afin de sensibiliser les gouvernements
et les communautés aux problèmes sanitaires majeurs et d’encourager la mise en œuvre de mesures
concrètes en faveur des droits de l’enfant, axées sur l’équité.
Les données doivent porter sur les enfants et leurs mères par étape de la vie, de la naissance jusqu’à
18 ans,28 et doivent combler les lacunes qui existent aujourd’hui en ce qui concerne les enfants plus âgés,
les adolescents et les mortinaissances. Elles doivent aider à comprendre les différences en termes d’état
de santé et d’accès à des soins de qualité dans des dimensions clés telles que le genre. Les preuves
peuvent reposer sur des sources de données quantitatives (p. ex., des recensements ; des enquêtes
réalisées auprès des ménages et des établissements ; des registres et statistiques de l’état civil) et/
ou qualitatives (p. ex., des groupes de discussion, des entretiens, des enquêtes participatives), et être
générées au moyen d’initiatives programmatiques ou de recherches sur la mise en œuvre. Le travail de
l’UNICEF dans ce domaine devra tirer parti des nouvelles technologies et de la révolution des données.29
Dans tous les contextes, l’UNICEF utilisera les données lors de l’analyse de la situation du pays réalisée
pour déterminer les priorités, influencer les politiques publiques et améliorer la mise en œuvre
du programme.
En outre, la direction de l’UNICEF participera aux structures de gouvernance et aux activités de plaidoyer
des partenariats mondiaux majeurs du secteur de la santé, y compris, sans s’y limiter, l’Alliance GAVI,
le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Mécanisme de financement
mondial (GFF) de l’initiative Chaque femme, chaque enfant, l’Initiative mondiale pour l’éradication de
la poliomyélite, le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, et le Partenariat
Faire reculer le paludisme.
Le Comité permanent interorganisations a désigné des chefs de file chargés de coordonner l’action dans
certains secteurs ou domaines de responsabilité lors de situations d’urgence, dans le cadre de groupes
sectoriels. Cette approche a pour but de remédier aux lacunes dans les interventions d’urgence et
d’améliorer la qualité de l’aide humanitaire en renforçant la prévisibilité et l’obligation de responsabilité,
ainsi que la coopération entre les acteurs humanitaires. À l’échelle mondiale, l’UNICEF joue le rôle de chef
de file des groupes sectoriels Nutrition, EAH et Protection de l’enfance. L’organisation codirige également
le groupe sectoriel Éducation avec Save the Children et le groupe sectoriel Violence sexiste avec l’UNFPA.
En ce qui concerne la santé, l’UNICEF soutient l’OMS dans son rôle de chef de file.
Sa présence sur le terrain et la confiance dont il bénéficie dans ses activités de conseil auprès des
gouvernements nationaux confèrent à l’UNICEF une influence considérable lors de l’élaboration des
politiques. Ce domaine d’action est valable dans tous les pays où intervient l’organisation. Les preuves
recueillies par l’UNICEF dans le cadre de son travail de plaidoyer, d’autonomisation des communautés
et/ou de renforcement de la prestation des services étayeront les politiques recommandées par
l’organisation aux gouvernements ainsi qu’aux niveaux régional et mondial, y compris par l’intermédiaire
de son engagement avec des partenariats internationaux. De même, le travail accompli par l’UNICEF
à l’échelle mondiale et régionale orientera les conseils prodigués par l’organisation au niveau national.
En outre, l’UNICEF s’appuiera sur sa position de défenseur des enfants à l’échelle mondiale pour travailler
avec d’autres acteurs gouvernementaux concernés (y compris les Ministères des finances, de l’éducation,
le système judiciaire et de maintien de l’ordre, les autorités nationales chargées de la gestion des
catastrophes, etc.). L’objectif est de mobiliser toutes les parties prenantes gouvernementales en vue
d’améliorer la santé des enfants, d’éliminer les obstacles, notamment liés au sexe, qui entravent l’accès
à des soins de santé primaires de qualité, de parvenir à des résultats équitables dans le domaine de
la santé et d’atténuer les répercussions négatives des crises et des urgences sanitaires internationales.
Dans le cadre de ce domaine d’action, l’UNICEF renforcera les capacités des équipes de
gestion et des prestataires de santé ; appuiera les programmes ; fournira des services dans
les situations d’urgence et les contextes difficiles ; et consolidera les systèmes de chaîne
d’approvisionnement
Ce domaine d’action reflète le travail mené par l’UNICEF sur le terrain afin de garantir un accès équitable
à des interventions et services de qualité. Dans les pays disposant de capacités faibles ou moyennes,
ce travail doit viser avant tout à renforcer les capacités de gestion et de prestation, en particulier
à l’échelon des districts et aux niveaux inférieurs. La participation directe à la prestation des services doit
être limitée aux situations d’urgence ou à des circonstances exceptionnelles.
Étant donné l’urbanisation croissante de la population et l’accent mis par l’UNICEF sur la prestation de
services en milieu rural, l’organisation devra soutenir davantage l’action des pays en zone urbaine.
Action: Renforcer les capacités des équipes de gestion et des prestataires de santé
L’UNICEF s’efforcera de renforcer les capacités des équipes de gestion des districts et des établissements
de santé concernant la planification fondée sur les preuves, la mise en œuvre et le suivi régulier
(p. ex., analyse annuelle et planification incluant des évaluations des risques, budgétisation, suivi des
progrès, corrections en cours de mise en œuvre, compte rendu). Cette action implique également de
renforcer les capacités des prestataires de santé en fournissant des conseils sur les programmes et
en appuyant la formation, et d’influencer les politiques publiques aux niveaux national et infranational
afin de garantir la mise en place de systèmes de formation adaptés constamment tenus à jour.
Ce domaine d’action met l’accent sur la présence de l’UNICEF à l’échelle infranationale, et tire parti
de sa longue expérience et du rapport de confiance établi dans la majorité des pays où l’organisation
intervient. Ce domaine s’appliquera principalement aux pays fragiles, en situation d’urgence et disposant
de capacités faibles ou moyennes. Le travail mené par l’UNICEF en vue d’autonomiser les communautés
viendra étayer ses efforts plus directs visant à influencer les politiques publiques, en créant au sein de
la communauté une demande organisée en services de santé accessibles, abordables et acceptables,
et en mécanismes qui garantissent la responsabilité publique des prestataires de services et des pouvoirs
publics nationaux et locaux. La technologie jouera un rôle majeur dans toutes les actions décrites et
dans la plupart des contextes d’intervention de l’UNICEF liés à ce domaine.
interviennent (p. ex., au moyen d’une planification participative et d’un dialogue structuré), l’objectif
étant d’éliminer les obstacles et de tirer parti des facteurs locaux favorables qui incitent les communautés
à s’approprier les programmes. Cette approche permet de mieux adapter les services aux besoins des
communautés, renforce la protection sociale des groupes marginalisés (p. ex., les personnes
handicapées, les minorités ethniques, les migrants ou les populations déplacées) et favorise la pérennité
des soins tout au long du continuum d’interventions sanitaires. L’UNICEF pourra également soutenir
les systèmes de protection sociale (p. ex., les transferts monétaires) afin de surmonter les obstacles
financiers qui entravent l’accès à des soins de santé de qualité.
3.3.5 D
omaines dans lesquels l’UNICEF interviendra uniquement de manière
exceptionnelle
Puisque l’UNICEF se concentre sur un nombre limité d’actions, il ne peut pas intervenir dans tous les
domaines. La liste suivante recense les secteurs dans lesquels d’autres acteurs mondiaux de la santé sont
plus à même d’agir que l’UNICEF, qui n’interviendra donc que de manière exceptionnelle :
l Soutien de programmes et de projets, y compris pilotes, qui ne disposent pas d’une approche
politique claire et directe permettant un changement généralisé ;
l Rôle moteur dans l’élaboration de standards et de normes cliniques (le cas échéant, l’UNICEF
travaillera en étroite collaboration avec l’OMS, l’organisme chef de file des Nations Unies dans ce
domaine) ;
l Construction d’établissements de santé ;
l Prestation de services, de soins cliniques ou de traitements, ou gestion d’établissements de soins
de santé secondaires/tertiaires ;
l Appui au développement de produits ;
l Surveillance des maladies ;
l Activités relatives à la santé sexuelle et reproductive (le cas échéant, l’UNICEF travaillera en étroite
collaboration avec l’UNFPA, l’organisme chef de file des Nations Unies dans ce domaine).
Il s’agit de domaines dans lesquels l’UNICEF ne possède pas d’avantage comparatif ; il convient donc
de s’abstenir de combler les lacunes laissées par d’autres entités. L’UNICEF doit plutôt s’efforcer d’attirer
l’attention sur ces lacunes et encourager les autres entités à y remédier. Dans les rares cas exceptionnels
applicables, les bureaux de pays devront suivre les documents d’orientation appropriés de l’UNICEF.30
30 Exemples de documents d’orientation appropriés : la section 11 du Manuel des achats de la Division des approvisionnements concernant
la construction d’établissements de santé, et le chapitre 13 concernant l’appui au développement de produits.
L’UNICEF, qui se concentrait jusqu’à présent sur la lutte contre des maladies infantiles particulières,
prendra ainsi en considération, de manière plus globale, l’ensemble des droits de l’enfant en matière de
santé, aux différents âges de la vie. L’analyse de situation réalisée par chaque bureau de pays (pour étayer
le descriptif de programme de pays) devra identifier le degré de pertinence de chaque domaine
d’intervention en fonction du contexte et déterminer quelles « actions » décrites précédemment doivent
être employées pour induire le changement. Étant donné la tendance mondiale à l’urbanisation,
les programmes de l’UNICEF devront également tenir compte des besoins différents des enfants vivant
en milieu rural et urbain, et être mis en œuvre en conséquence.
Dans les contextes où l’UNICEF joue un rôle majeur, l’équipe de direction consacrera du temps et des
ressources au renforcement de l’expertise et des capacités du programme. Lorsque l’UNICEF possède
un avantage comparatif et que le domaine d’intervention se révèle globalement pertinent dans les
différents pays, l’engagement peut nécessiter un investissement moindre ; une orientation
programmatique et une expertise technique spécifique doivent néanmoins venir étayer l’engagement
pris dans le domaine concerné.
D’autre part, l’éradication mondiale de la poliomyélite d’ici à 2019 reste une priorité majeure de
l’organisation. Par conséquent, l’UNICEF continuera de s’impliquer fortement dans l’Initiative mondiale
pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP).31 Afin de tirer parti des investissements réalisés par le
programme de lutte contre la poliomyélite au-delà de l’éradication, l’UNICEF prévoit d’intégrer les
ressources existantes de ce dernier et les enseignements tirés dans d’autres programmes, notamment en
ce qui concerne les enfants de 0 à 5 ans, conformément aux directives relatives à la transmission
des acquis.32
3.4.1 S
anté de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (accent sur l’égalité d’accès aux
soins de santé communautaires)
Ce domaine d’intervention souligne l’engagement durable pris par l’UNICEF en faveur de la survie des
mères, des nouveau-nés et des enfants de moins de 5 ans, ainsi qu’en faveur de la santé et du
développement des enfants de 0 à 5 ans, l’objectif étant de tirer parti des forces existantes et de parvenir
à l’équité. De nouveaux aspects entrent toutefois en jeu : d’une part, une plus grande importance est
accordée aux soins néonatals et maternels au moment de la naissance ; d’autre part, les approches
verticales axées sur des maladies ou des interventions spécifiques (vaccination, poliomyélite, pneumonie,
diarrhée, paludisme, tuberculose) sont délaissées au profit d’une approche tournée vers le renforcement
des systèmes de santé (c’est-à-dire qui consolide les soins de santé intégrés communautaires dans
les systèmes de santé locaux). Ce domaine d’intervention peut contribuer à améliorer les registres et
statistiques de l’état civil. Les mères, qui sont les premiers pourvoyeurs de soins de l’enfant, font en outre
l’objet d’une attention accrue ; les capacités de survie et d’épanouissement d’un enfant sont en effet plus
élevées lorsque la mère est vivante et en bonne santé . Ce domaine met également l’accent sur l’accès
aux vaccins et aux produits d’importance vitale, y compris sur le renforcement des chaînes
d’approvisionnement et sur le développement de « marchés sains ».34
31 Jusqu’à l’éradication de la maladie, l’UNICEF continuera de traiter la poliomyélite avec le niveau d’urgence et d’importance que requiert une
situation d’urgence de « niveau 3 ».
32 Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite, 1er juin 2015, Directives de préparation d’un plan de transition ; Initiative mondiale
pour l’éradication de la poliomyélite, 2013, Plan stratégique pour l’éradication de la poliomyélite et la phase finale 2013-18,
www.polioeradication.org.
33 Save the Children, 2013, Behind Every Healthy Child is a Healthy Mother, Westport, CT : Save the Children.
34 Pour en savoir plus sur la politique de l’UNICEF concernant les marchés sains, voir : http://www.unicef.org/supply/index_70578.html.
Ce domaine d’intervention est avant tout applicable aux pays fragiles, en situation d’urgence ou
disposant de faibles capacités, où les taux de mortalité chez les mères, les nouveau-nés et les enfants de
moins de 5 ans sont élevés. Toutefois, certains éléments s’appliquent à toutes les situations, notamment
aux pays disposant de capacités plus élevées où certains groupes ne profitent pas encore des avancées
globales. En outre, l’amélioration des taux de survie des enfants devrait permettre aux pays de se
concentrer davantage sur leur épanouissement, comme le montre l’éventail élargi d’interventions
à considérer en priorité.
Dans le cadre de ce domaine d’intervention, l’UNICEF se concentrera sur la santé des femmes enceintes
et allaitantes, des nouveau-nés (âgés de 0 à 28 jours) et des enfants de 28 jours à moins de 5 ans
(voir l’Annexe C).
Un aspect essentiel du travail de l’UNICEF dans ce domaine consistera à inciter les partenariats mondiaux
à soutenir davantage le renforcement des services de santé et l’utilisation de programmes de routine
afin d’améliorer d’autres services de santé. L’organisation interviendra également à l’échelle des pays en
vue de consolider les ressources nationales générales en matière de santé et les ressources des différents
programmes. Dans les pays disposant de capacités plus élevées, elle collaborera avec des organismes de
financement tels que les caisses d’assurance maladie afin de promouvoir des politiques axées sur l’équité.
L’UNICEF encouragera également la mise en œuvre d’une approche intégrée concernant les soins de
santé du jeune enfant, le dépistage des troubles nutritionnels et les interventions associées (axées à la
fois sur la sous-nutrition et la suralimentation, ainsi que sur les carences en vitamines et en minéraux),
en améliorant les connaissances de la communauté en matière de santé, en soutenant la mise en place
d’interventions communautaires liées au développement de la petite enfance et en renforçant comme
il se doit les pratiques d’hygiènes, les systèmes d’approvisionnement en eau et les installations
d’assainissement dans les établissements de santé et les communautés.
Liens intersectoriels
Dans la plupart des cas, le système de santé participe à la fourniture d’autres interventions, notamment
relatives à l’eau, l’assainissement et l’hygiène, au VIH et à la nutrition. Il est essentiel de maintenir des liens
solides entre l’UNICEF et les programmes d’autres organisations. Une collaboration étroite avec les
programmes de nutrition est par exemple indispensable, car la nutrition maternelle, l’allaitement
maternel exclusif et la promotion d’une alimentation adéquate du nourrisson et du jeune enfant
concourent fortement à la qualité des soins prénatals, néonatals et infantiles. Une bonne nutrition a des
effets positifs sur la santé tout au long de la période prénatale et néonatale, mais aussi plus tard dans
la vie (elle favorise le développement optimal du cerveau et prévient les maladies non transmissibles,
par exemple). De même, il est nécessaire de travailler en étroite collaboration avec les programmes de
protection de l’enfance sur l’enregistrement des naissances et l’établissement des statistiques d’état civil.
Il convient également d’inclure les initiatives éducatives pour optimiser le développement de la petite
enfance (DPE) et l’épanouissement des enfants. En outre, les programmes de santé dépendront
fortement d’autres secteurs, notamment en ce qui concerne les aspects suivants : renforcement des
chaînes d’approvisionnement de la santé dans tous les pays ; soutien aux innovations et au marché
des produits de santé ; livraison de fournitures en situation d’urgence ; approvisionnement en eau et
assainissement ; budgétisation et financement ; et C4D, qui porte sur l’engagement communautaire,
la création de la demande, la responsabilité sociale et le changement social et comportemental.
Les liens avec les autres programmes de l’UNICEF sont présentés à la figure 2.
3.4.2 S
anté de l’enfant plus âgé et de l’adolescent (accent sur les politiques
publiques et les environnements favorables)
Avec ce domaine d’intervention, l’UNICEF élargira son action dans le secteur de la santé afin de répondre
aux besoins croissants des enfants plus âgés et des adolescents. L’organisation développera de manière
ciblée de nouvelles capacités à cet effet, puisqu’il s’agit d’un domaine émergent qui nécessite un travail
considérable de recherche et de renforcement des capacités pour définir précisément le programme.
Les initiatives majeures cibleront la lutte contre la suralimentation et l’obésité, en s’appuyant sur
la gestion des connaissances, le plaidoyer et des actions liées à l’élaboration de politiques. Parmi les
autres domaines d’engagement potentiels figurent le changement social et comportemental, le soutien
à la recherche et au recueil de données, ainsi que la lutte contre d’autres problèmes majeurs touchant
ces groupes d’âge (p. ex., grossesse chez les adolescentes, tabagisme, santé mentale, blessures/accidents
intentionnels ou non), ces domaines reposant tous sur l’approche multisectorielle et sur les capacités
internes de l’UNICEF. Si les antécédents de ces problèmes seront intégrés aux programmes ordinaires
dans tous les pays, ce domaine d’intervention sera plus susceptible de recevoir un appui direct dans les
pays disposant de capacités moyennes ou élevées, où les objectifs de survie de l’enfant ont été atteints
dans une large mesure et où les problèmes de santé touchant les enfants plus âgés et les adolescents
prennent donc une importance croissante.
D’autres interventions pourront porter sur l’engagement communautaire, afin d’induire un changement
social et comportemental, et sur le renforcement des systèmes de santé (p. ex., en développant
les capacités des agents de santé et des établissements) en vue de mieux servir les enfants plus âgés et
les adolescents, notamment pour prévenir le tabagisme, la prise de risques entraînant des accidents et
des blessures, et les problèmes de santé mentale. La technologie et les médias sociaux joueront
vraisemblablement un rôle majeur dans ce domaine, au vu des taux de pénétration et de l’adoption
croissante des nouvelles technologies par les jeunes.
35 Organisation mondiale de la Santé, 2015, Projet de rapport final de la Commission pour mettre fin à l’obésité de l’enfant, Genève : OMS.
36 Se reporter à la stratégie de l’UNICEF relative à la nutrition.
37 UNICEF, août 2015, Background paper: Increasing UNICEF’s Participation in Global Efforts to Prevent and Control Non-Communicable Diseases,
New York : UNICEF.
Les liens avec les autres programmes de l’UNICEF sont présentés dans le tableau 2.
Figure 2 Les domaines d’intervention couvrent tous les âges de la vie d’un enfant et
sont multisectoriels
Adolescents Services adaptés aux adolescentes enceintes Adolescents Plaidoyer, élaboration de politiques et
activités visant à modifier les normes sociales
DPE Interventions et services de DPE faisant partie Éducation Rétention scolaire des filles ; suivi de l’état
d’un ensemble complet de soins de santé nutritionnel des enfants plus âgés et des
primaires, prénatals et néonatals adolescents
Égalité des sexes Analyse sexospécifique de chaque programme Égalité Promotion de la santé des adolescents en
pour comprendre les obstacles recontrés par des sexes tenant compte des sexospécificités
les femmes et les filles et mettre au point un (virus du papillome humain)
plan d’action pour y remédier
VIH Aide et traitements destinés aux femmes VIH Prévention du VIH chez les adolescents ;
enceintes séropositives, PTME ; traitement des traitement des groupes plus jeunes
enfancts séropositifs et de l’aidant principal
Accent mis sur les mères, les nouveau-nés et Renforcement de nouvelles capacités,
Contextes
Principalement applicables dans les pays en situation Principalement applicables dans les pays disposant
d’urgence, fragiles ou disposant de faibles capacités de capacités moyennes ou élevées
Bien que les approches, actions et domaines d’intervention constituent une « évolution » par rapport aux
stratégies passées, l’UNICEF doit adopter une approche plus « révolutionnaire » pour atteindre les
objectifs fixés par la Stratégie en matière de santé. Les changements nécessaires à la mise en œuvre de
la Stratégie sont les suivants :
l Renforcement des capacités dans l’ensemble des approches, domaines d’action et domaines
d’intervention
La Stratégie part du principe que l’UNICEF est bien placé pour renforcer différentes capacités dans
les quatre domaines d’action et les deux domaines d’intervention décrits précédemment. Pour ce faire,
il est nécessaire d’investir largement dans le renforcement des capacités du personnel afin d’appuyer
les performances actuelles de l’UNICEF et/ou son développement dans d’autres secteurs.
Afin d’améliorer les performances actuelles de l’UNICEF, il convient de développer en priorité les
compétences dans l’autonomisation des communautés (y compris l’engagement en faveur du
changement social et comportemental, la responsabilité et la création de la demande) et le
renforcement des systèmes de santé (en particulier le financement des soins de santé et la préparation,
la réponse et la résilience aux situations d’urgence). Des investissements doivent être réalisés pour :
1 traduire ces domaines en compétences fondamentales pour le personnel de santé existant ;
2 acquérir des compétences spécialisées, de manière sélective, ou les obtenir auprès d’autres
branches de l’UNICEF (p. ex., C4D, inclusion sociale et politiques, adolescence).
L’UNICEF a identifié des problèmes de ressources humaines à l’échelle de l’organisation ; leur résolution
permettrait de renforcer l’efficacité de ses investissements. Par exemple, la réorganisation des bases de
données des ressources humaines augmenterait la visibilité des capacités du personnel de la Section de
la santé. La qualité et l’adéquation des évaluations des performances doivent être améliorées afin
d’accompagner et de former des membres du personnel hautement efficaces, conformément au
parcours de l’expert dans l’évolution de carrière. Réformer les politiques relatives à la rotation du
personnel et aux faibles performances pourrait aider les employés très efficaces à progresser sur le plan
professionnel et faciliter la gestion des problèmes de performance à mesure qu’ils surviennent.
Ces enjeux ne sont pas propres à la Section de la santé, mais ils doivent être impérativement pris en
considération pour ne pas compromettre la mise en œuvre de la Stratégie.
En outre, il convient d’explorer les possibilités à l’échelle de l’UNICEF d’accroître la souplesse et la durée
des financements, par exemple en mettant en œuvre un modèle de reconstitution des fonds de base
affectés à la santé, ou en ajustant la formule d’attribution des fonds non affectés. À l’instar des enjeux
relatifs aux ressources humaines, ces changements ne sont pas propres à la Section de la santé,
mais ils doivent impérativement être pris en considération pour ne pas compromettre la mise en œuvre
de la Stratégie.
La Stratégie sera mise en œuvre de manière progressive ; certaines activités auront lieu d’ici la fin du plan
stratégique en cours (2014-17) tandis que d’autres seront volontairement reportées au début de
la prochaine période (2018-21), afin de suivre autant que possible les processus existants de l’UNICEF.
La mise en œuvre reposera sur trois ensembles d’activités :
A Élaboration de documents d’orientation et techniques, comprenant des actions spécifiques pour
chaque domaine d’intervention ;
B Association de la Stratégie en matière de santé aux processus de planification et de compte
rendu existants et à venir de l’UNICEF ;
C Création d’un processus d’apprentissage continu.
D’autre part, il est prévu que le contenu de la Stratégie soit révisé tous les cinq ans à compter de 2020,
année coïncidant avec l’examen à mi-parcours du plan stratégique 2018-21 de l’UNICEF. Ce sera
l’occasion de réexaminer les principes fondamentaux de la Stratégie (les approches, les actions et
les domaines d’intervention) et de procéder à des ajustements sur la base des enseignements tirés
au cours des cinq années précédentes et des évolutions du paysage mondial de la santé. Consultez
l’Annexe E pour en savoir plus sur les étapes de mise en œuvre de la Stratégie.
Les besoins des enfants en matière de santé évoluent rapidement, tout comme les environnements dans
lesquels ils vivent. Leur droit à la santé reste toutefois universel, mais n’est pas respecté. Pour parvenir à
un monde où aucun enfant ne décède d’une cause évitable et où chacun d’entre eux réalise pleinement
son potentiel sur le plan de la santé et du bien-être, il est nécessaire d’adopter une approche qui réduit
les inégalités en matière de santé, renforce les systèmes de santé, y compris la préparation, la réponse et
la résilience aux situations d’urgence, et favorise des politiques et des programmes intégrés et
multisectoriels.
En collaboration avec ses partenaires et en s’appuyant sur les approches et les actions décrites dans
la présente Stratégie, l’UNICEF renforcera ses capacités à soutenir la concrétisation du droit à la santé de
tous les enfants, partout dans le monde.
Approche Définition
Réduire les inégalités en £ Utiliser des données qualitatives et quantitatives ventilées (p. ex., par sexe, âge, niveau d’éducation, quintile de
matière de santé richesse, statut migratoire, origine ethnique, zone géographique, handicap) afin d’identifier les groupes
marginalisés et d’adapter les programmes à leurs besoins
£ Identifier et éliminer les obstacles qui réduisent la disponibilité, l’acceptabilité et l’accessibilité, y compris
financière, d’interventions de qualité destinées aux mères, aux nouveau-nés et aux enfants, lesquels obstacles
favorisent les inégalités (y compris en remédiant systématiquement aux difficultés rencontrées par les femmes
et les filles dans l’accès aux soins)
£ Donner la priorité aux politiques, aux programmes, aux services et aux ressources qui bénéficient aux plus
marginalisés
Renforcer les systèmes £ Consolider les preuves et l’accent sur l’équité dans les politiques, financements, stratégies, plans et budgets
de santé, y compris identifiant les stratégies les plus à même d’améliorer la santé, la nutrition et le développement chez les mères,
la préparation, la réponse les enfants et les adolescents
et la résilience aux
£ Renforcer les capacités de gestion décentralisées des systèmes de santé, afin d’améliorer la planification,
situations d’urgence
la budgétisation, la mise en œuvre, la supervision et le suivi fondés sur des preuves au niveau infranational,
et de s’appuyer sur les budgets et les politiques en amont dans les différents secteurs
£ Mobiliser les communautés et les systèmes de santé communautaires afin de stimuler la demande en services
de qualité destinés aux mères, aux enfants et aux adolescents, d’améliorer leur accès et leur fourniture,
de renforcer globalement la responsabilité sociale et d’améliorer la poursuite des soins.
£ Renforcer la résilience et la capacité des systèmes de santé locaux et nationaux à faire face aux situations
d’urgence en appuyant une programmation tenant compte des risques, sur la base d’une évaluation des
risques et des vulnérabilités des systèmes et des communautés
Promouvoir des £ Concevoir les systèmes de santé comme une plateforme permettant de fournir des ensembles multisectoriels
politiques et des d’interventions et de services
programmes intégrés et
£ Travailler en collaboration avec les différents secteurs et partenaires afin de s’attaquer aux facteurs sociaux et
multisectoriels
aux causes sous-jacentes des problèmes de santé
Appuyer le recueil de l Travailler avec le gouvernement afin d’identifier les inégalités au niveau infranational et d’y remédier
données, la production et l Soutenir la création de fiches d’évaluation et de systèmes d’information sanitaires à l’échelle des districts
l’utilisation de preuves l Rendre compte des enseignements tirés de la PEC-C lors de situations d’urgence
Travailler avec l Participer à des mécanismes de coordination dans le pays (p. ex., H4+, évaluations conjointes des stratégies
les partenaires nationales, comités de coordination sur la vaccination)
Accroître les ressources l Encourager l’augmentation des financements nationaux dans le secteur de la santé, notamment grâce au
disponibles Mécanisme de financement mondial de l’initiative Chaque femme, chaque enfant
Soutenir l’élaboration l Encourager le gouvernement à dresser un état des lieux de la suralimentation et de l’obésité chez les enfants plus
de politiques et âgés (causes, effets, efficacité des interventions) et à mettre en place des politiques en la matière
le financement fondés l Encourager les pouvoirs publics nationaux à réaliser des analyses et des planifications de scénario avec l’outil
sur des données EQUIST
Favoriser le déploiement l Encourager l’inclusion de produits d’importance vitale dans les listes nationales des médicaments essentiels
à grande échelle l Soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action visant à améliorer les soins prénatals, obstétricaux,
d’interventions et périnatals et néonatals (y compris pour les nouveau-nés prématurés et présentant une insuffisance pondérale à
d’innovations efficaces la naissance), conformément au plan d’action Chaque nouveau-né et aux stratégies pour mettre un terme aux
décès maternels évitables
Contribuer au partage l Organiser une mission d’apprentissage sur le financement et la budgétisation du secteur de la santé
des connaissances et l Diffuser les bonnes pratiques et les enseignements tirés des actions de C4D sur la poliomyélite
encourager
la coopération Sud-Sud
Renforcer les capacités l Appuyer les actions menées par les pouvoirs publics pour mettre au point des directives et des outils et
des équipes de gestion et pour apprendre aux responsables locaux à identifier et à éliminer les obstacles qui empêchent les communautés
des prestataires de santé marginalisées d’accéder aux interventions, vaccins et produits d’importance vitale
Appuyer les programmes, l Promouvoir l’intégration des services de santé destinés aux enfants ainsi que la mise en œuvre de programmes
en particulier à l’échelle d’amélioration de la qualité
communautaire et dans l Mobiliser des fonds en vue de fournir un ensemble de services intégrés par l’intermédiaire des programmes des
les situations d’urgence agents de santé communautaires lors de situations d’urgence
Renforcer les systèmes l Soutenir les pays dans la mise en œuvre du processus de gestion efficace des vaccins (GEV), de l’évaluation
de chaîne à la mise en place d’un plan d’amélioration de la GEV complet qui soit associé au plan national pour la santé et
d’approvisionnement à la stratégie de renforcement des systèmes de santé
l Renforcer les capacités nationales de prévision, d’achat, de stockage et de distribution des produits de santé
Promouvoir l Appuyer une campagne de sensibilisation sur les complications entraînées par l’obésité
le changement social et l Appuyer des campagnes visant à démentir les mythes et les superstitions liées aux soins obstétricaux et
comportemental à la santé néonatale
Stimuler la demande l Accroître l’utilisation de plateformes SMS pour améliorer les connaissances sur la santé et stimuler la demande
de soins
Actions Appuyer le recueil de Soutenir l’élaboration de Stimuler la demande Renforcer les capacités
menées par données, la production et politiques et le financement l En faveur de l Des équipes de gestion
l’UNICEF l’utilisation de preuves fondés sur des preuves la vaccination, de produits des districts, pour les
l En lien avec l’état de santé en encourageant les d’importance vitale et aider à identifier et à
et l’égalité d’accès, aux gouvernements à : de soins de santé éliminer les obstacles qui
niveaux des individus et l Mettre en œuvre des communautaires empêchent les
des ménages plans sur les soins l En faveur de soins communautés
néonatals essentiels néonatals de qualité en marginalisées d’accéder à :
Travailler avec
les partenaires l Assurer un accès équitable établissement de santé et a des interventions de
l En jouant un rôle majeur
à des soins de santé au niveau communautaire santé maternelle et
primaires et à des néonatale exhaustives,
dans la mise en œuvre du Renforcer la responsabilité
vaccins/produits rentables et à fort
plan d’action Chaque grâce au suivi participatif :
d’importance vitale impact
nouveau-né et de l De la qualité des soins
de qualité b des vaccins et
l’initiative Chaque mère, néonatals en
chaque nouveau-né Favoriser le déploiement des produits
établissement de santé et
relative à la qualité à grande échelle d’importance vitale
au niveau communautaire
d’interventions et l Des prestataires de santé
l En continuant de jouer (au cours des 28 premiers
un rôle essentiel au sein d’innovations efficaces jours de vie) et des programmes
de l’Alliance GAVI, l’IMEP, l En élaborant des dossiers l De la prestation de
d’appui, en fournissant
la MRI, RBM, le GFF, d’investissement fondés des orientations
services de santé
le Fonds mondial sur des preuves locales programmatiques et en
communautaires
l En réunissant à des fins
soutenant la formation,
Promouvoir le changement afin d’améliorer la qualité :
de collaboration des
social et comportemental a des soins prodigués
ONG locales, des OSC,
afin de : aux femmes enceintes
le gouvernement et des
l Démentir les mythes et et aux nouveau-nés en
parties prenantes du
les superstitions établissement de santé
secteur privé
concernant les et au niveau
Accroître les ressources nouveau-nés communautaire
disponibles l Parvenir à une couverture b des soins de santé
l En agrégeant des preuves universelle, en particulier communautaires
locales afin d’influencer dans les communautés intégrés
les bailleurs de fonds marginalisées
(locaux, nationaux, Renforcer les systèmes
internationaux) de chaîne
d’approvisionnement
Fournir des services dans
les situations d’urgence
Engagements Appuyer le recueil de Soutenir l’élaboration de Promouvoir le changement Renforcer les capacités
potentiels données, la production et politiques et le financement social et comportemental l Des agents de santé et
l’utilisation de preuves fondés sur des données l Concernant les principaux des établissements,
l Concernant le tabagisme, l Concernant le tabagisme, facteurs de risque des afin de les aider à mieux
la santé mentale et les la santé mentale et les maladies non servir les enfants plus âgés
blessures blessures transmissibles et les adolescents
l Afin de montrer les (p. ex., habitudes
effets de la prévention alimentaires, activité
du mariage d’enfants et physique, tabagisme),
de la rétention scolaire la santé mentale et
sur la grossesse chez les les blessures
adolescentes et la santé l Concernant le VIH et
maternelle/néonatale la réduction de
la grossesse précoce
Travailler avec
les partenaires
l En particulier avec NCD
Trois mécanismes seront utilisés pour suivre et évaluer la mise en œuvre de la Stratégie : un Plan
d’apprentissage, des rapports annuels sur les résultats rédigés par le siège et les pays, ainsi que l’examen
à mi-parcours du plan stratégique de l’UNICEF.
1 Plan d’apprentissage
Le plan d’apprentissage facilitera la mise en œuvre de la Stratégie en consignant les questions et
hypothèses majeures en la matière (p. ex., le personnel de la Section de la santé est-il informé de
la nouvelle Stratégie et a-t-il compris ce qu’elle implique à son échelle ? Les nouveaux CPD
reflètent-ils les principes fondamentaux de la Stratégie ? Existe-t-il des exemples de réussites
précoces ? Quelles sont les difficultés non anticipées ? A-t-on réaffecté les ressources pour tenir
compte des nouvelles priorités stratégiques ? Etc.). Ce plan établira par ailleurs un processus pour
répondre aux questions et recenser les enseignements tirés. Ces informations seront examinées par
l’équipe de direction tous les trimestres et serviront à ajuster la mise en œuvre de la Stratégie.
Le plan d’apprentissage est un nouveau mécanisme qui sera élaboré par la Section de la santé, qui
en sera la propriétaire. Si d’autres sections souhaitent adopter une approche similaire pour faciliter
la mise en œuvre de leur stratégie, la Section de la santé coordonnera ce travail avec elles, afin de
garantir la cohérence et, éventuellement, d’adopter des approches conjointes, si la situation s’y prête.
2 Rapports annuels sur les résultats rédigés par le siège et les pays
Ces évaluations internes annuelles sont réalisées par les pays et le siège afin de mesurer les progrès
accomplis à l’égard des produits, des effets et des impacts sur la base des indicateurs du plan
stratégique de l’UNICEF. Les nouveaux indicateurs stratégiques relatifs à la santé seront définis en
2017 (lors de l’élaboration du plan stratégique 2018-21 de l’UNICEF) et pris en compte à partir de
2018. La Stratégie sera utilisée pour étayer leur élaboration. D’ici 2018, ces rapports annuels
s’appuieront sur les indicateurs stratégiques existants concernant la santé, mais commenceront
à tenir compte de la nouvelle Stratégie dans la mesure du possible et si la situation s’y prête.
3 Examen à mi-parcours
Ces évaluations internes sont menées par le siège tous les quatre ans (à mi-parcours de chaque plan
stratégique de l’UNICEF) afin de mesurer les progrès accomplis. Le premier examen à mi-parcours
effectué après la finalisation de la nouvelle Stratégie aura lieu en 2016 ; à cette occasion, le cadre
de résultats existant sera mis à jour, dans la mesure du possible et selon les besoins, afin de garantir
une meilleure cohérence avec la Stratégie. À compter de 2018, ces examens à mi-parcours
mesureront les progrès accomplis par l’UNICEF dans le secteur de la santé sur la base des nouveaux
indicateurs stratégiques, qui seront définis en 2017 lors de l’élaboration du plan stratégique
2018-21 de l’UNICEF.
Pour garantir une mise en œuvre efficace de ces trois mécanismes, un cadre de résultats doté
d’indicateurs quantifiables (apports, processus, produits, effets et impacts) doit être défini à partir de
la Stratégie. Des cibles devront ensuite être fixées pour chaque indicateur. Les indicateurs et les cibles
doivent dans la mesure du possible être alignés sur des cibles et des indicateurs existants (p. ex., ceux
définis par les ODD, l’initiative Chaque femme, chaque enfant et d’autres engagements de l’UNICEF).
Ce travail devra être effectué au cours du premier semestre 2016. Le cadre de résultats préliminaire
(voir le tableau D) mis au point par l’équipe principale de la Stratégie peut servir de point de départ.
Le cadre de résultats définitif devra s’accompagner d’un plan relatif à la collecte des données requises et
à la mobilisation des ressources nécessaires à cet effet.
Stratégie 2016-30 Le siège et les bureaux Identification des obstacles, Couverture équitable Élimination des décès
l Définit les approches régionaux appuient les sur la base de preuves, et d’interventions et de évitables de
fondamentales bureaux de pays en leur solutions multisectorielles services de SMNI de l Mères
applicables au travail fournissant des documents éprouvées pour chaque qualité à fort impact l Nouveau-nés
de l’UNICEF dans le d’orientation et des domaine d’intervention
Systèmes de santé l Enfants de moins de
domaine de la santé formations sur la nouvelle
Renforcement des capacités plus robustes et plus 5 ans
l Propose un Stratégie
des responsables résilients
Les enfants et les
assortiment d’actions Le siège révise le plan gouvernementaux, des
Évolution des adolescents réalisent
hiérarchisées/ stratégique et le cadre de communautés, de la société
comportements liés pleinement leur
de domaines suivi et d’évaluation associé, civile et du secteur privé
aux facteurs de risque potentiel sur le plan de
d’intervention que afin de les aligner sur à fournir des solutions
des causes de la santé et du bien-être
les bureaux de pays la nouvelle Stratégie fondées sur des preuves
morbidité et de l Réduction des taux
peuvent adapter à
Le siège met en place un Les communautés exigent mortalité chez l’enfant de grossesse chez
leur situation
processus d’apprentissage des solutions fondées sur et l’adolescent les adolescentes
Organisation et continu afin d’ajuster des preuves et demandent l Baisse de l’obésité
Gouvernements en
personnel de l’UNICEF la Stratégie des comptes au
mesure de, chez les enfants et
en adéquation avec la gouvernement
Les bureaux de pays et disposés à : les adolescents
Stratégie
effectuent des analyses de Les politiques et budgets l Faire du droit à la l Diminution des
l Les bureaux de
situation afin d’identifier intègrent des solutions santé de tous les blessures, des
pays/régionaux
les obstacles qui fondées sur des preuves enfants une priorité accidents et des
intègrent la Stratégie
empêchent d’obtenir des l Analyser les besoins suicides chez
à leurs plans de travail Des partenariats mondiaux
résultats équitables et de et mettre en œuvre les enfants et
l Recrutement du efficaces augmentent les
sélectionner des des politiques les adolescents
personnel approprié ressources disponibles pour
sous-ensembles d’actions fondées sur des
possédant les concrétiser le droit à Amélioration de
adaptés à leur contexte ; preuves
compétences la santé de tous les enfants l’équité/réduction des
ils travaillent avec des
adéquates, au bon l Mobiliser des inégalités dans tous
experts techniques du
endroit ressources pour les domaines d’impact
siège/des bureaux
atteindre des résultats énumérés ci-dessus
Financement aligné régionaux à l’identification
équitables
sur les priorités de solutions
stratégiques multisectorielles fondées
l Des ressources sont sur des preuves
mobilisées pour Les bureaux de pays
financer les activités révisent leur CPD et
menées par l’UNICEF modifient leur rapport
annuel sur les résultats pour
l’aligner sur le nouveau
cadre de suivi et
d’évaluation établi par
le siège
Comme indiqué dans la section 5, la mise en œuvre de la Stratégie reposera sur trois ensembles
d’activités :
1 Élaboration de documents d’orientation et techniques, comprenant des actions spécifiques pour
chaque domaine d’intervention
2 2. Association de la Stratégie aux processus de planification et de compte rendu existants et
à venir de l’UNICEF
3 3. Création d’un processus d’apprentissage continu
Suite au lancement de la Stratégie au 4e trimestre 2015, les mesures suivantes sont proposées pour 2016
dans le cadre de ces activités :
Août 2016