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Note Technique Sur Les Modes de Gestion de Services D Eau Potable A Madagascar

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Territoires et Développement

Centre International de
Développement et de Recherche
Publication UNGANA 1426 – © CIDR – Tous droits de reproduction réservés

Guide technique sur la gestion de service d’eau potable

Programme de développement local urbain


Région Sava - Madagascar

Equipe technique PDLU Sava Janvier 2006


PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT LOCAL URBAIN DE LA REGION SAVA
Note technique
Gestion du service de l’eau potable

1 Introduction
1.1 Hydraulique villageoise et urbaine
En matière d'approvisionnement en eau potable, ce que nous appelons « petites villes », se
situe entre deux champs balisés depuis longtemps1 : l'hydraulique rurale, caractérisé par une
gestion de type « communautaire » faisant appel à des bénévoles, et par des standards de
service relativement bas (puits à grand diamètre, forage équipé d'une pompe manuelle, etc.),
et l'hydraulique urbaine, où l'opérateur est une société concessionnaire de droit privé ou
public et jouissant en général d'une situation de monopole.
Par hydraulique semi-rurale, on entend la problématique de l'approvisionnement en eau des
populations habitant dans des centres semi-ruraux entre 2.000 et 10.000 habitants. Ces
chiffres ne sont pas choisis au hasard2 :
• En dessous de 2.000 habitants (domaine de l'hydraulique rurale), il est relativement
aisé de satisfaire les besoins en eau (moins de 40 m3/jour) par un nombre approprié
de points d'eau modernes3.
• Les petits centres semi-ruraux (2.000 à 10.000 habitants) demandent entre 40 et 200
m3/jour mais sont trop petits pour intéresser les entreprises de distributions d’eau,
souvent centralisées dans les plus grosses agglomérations, mais également trop grands
pour relever des méthodes habituelles de l’hydraulique rurale ; par conséquent, au
delà de 2.000 habitants, il apparaît techniquement plus facile et économiquement plus
rentable de se tourner vers d'autres solutions comme les AEP (Adduction d'Eau Potable)
simplifiées car le nombre de points d'eau à réaliser pour satisfaire les populations
devient rapidement important.
• Dans les centres secondaires (au-delà de 10.000 habitants), les problèmes deviennent
encore plus complexes : les besoins se chiffrent en centaines ou en milliers de m3/jour et
il faut alors envisager des solutions plus adaptées qu'une simple AEP simplifiée. Les
centres secondaires regroupent les quartiers « irréguliers » des grandes villes où le tissu
urbain anarchique rend particulièrement difficile l’installation de grands réseaux
collectifs et les quartiers périurbains à habitat peu dense où l’extension du réseau de
distribution centralisé pose des problèmes de rentabilité.
1.2 Concurrence/complémentarité des points d’eau traditionnels et modernes
L’implantation ou le développement des AEP sont presque toujours associés à la présence
d’eaux de surface ou d’eaux souterraines aisément exploitables qui du fait de la gratuité
d’accès, concurrence fortement les points de distribution payants.
Pour s’en convaincre, il suffit de constater les fortes variations de vente de l’eau aux bornes
fontaines entre la saison des pluies et la saison sèche (même en milieu urbain). Dans la situation
actuelle, l’existence, la densité et la pérennité des points d’eau traditionnels sont encore à
prendre en compte dans la conception et le dimensionnement des systèmes de desserte en eau
potable modernes.
Les ménages sont attachés à la complémentarité des modes d’alimentation pour des raisons
sociales, économiques, de sécurité. Si le réseau est vu comme la meilleure solution,
l’aménagement des sources est demandé en priorité dans certains quartiers éloignés, par
réalisme et parce qu’il s’agit d’un patrimoine local. Les habitants sont prêts à participer aussi
bien à la construction d’une borne fontaine qu’à l’aménagement d’une source4.

1
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.
2
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
3
Par exemple, selon les normes en vigueur au Burkina Faso : 1 point d'eau moderne pour 500 habitants.
4
PS-EAU, La complémentarité des modes d’approvisionnement en eau, Action de recherche n°1 à Kindia (Guinée), 1998.

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Note technique
Gestion du service de l’eau potable

2 Situation réglementaire à Madagascar et acteurs


Le cadre légal à Madagascar est réglementé par la Déclaration de politique sectorielle de
l’eau du Ministère de l’Energie et des Mindes, par la Loi n°98-29 du 20 janvier 1999 portant
Code de l’eau et par les 13 décrets d’application.

2.1 La Société de Patrimoine


Le Code de l’Eau restructure le secteur et porte création d’une Société de Patrimoine, dont
l’Etat est actionnaire à 100%, en charge de la gestion des installations d’AEP, l’Etat (Ministère
de Tutelle) restant propriétaire-maître d’ouvrage.
REGLEMNTATION 1
La Société de Patrimoine
Le Ministre chargé de l'Eau potable confie, par un contrat, la
gestion des patrimoines des services publics de l'eau à une
Société de Patrimoine qui est une association de commune ou un
syndicat national des communes5.
La Société de Patrimoine a pour missions principales :
• d’assurer le financement des programmes de réhabilitation,
renouvellement et développement des systèmes d’eau ;
• d'assurer la comptabilité patrimoniale et la gestion des
immobilisations de chaque système d’eau ;
• de participer à la formation des communes, afin qu'elles
puissent acquérir, dans les meilleurs délais, les capacités
exigées pour exercer pleinement la maîtrise d’ouvrage des
Systèmes d’eau.

2.2 Maîtrise d’ouvrage du service de l’eau potable


2.2.1 Le service de l’eau potable
REGLEMENTATION 2
Le service de l’eau potable
La fourniture du service de l’eau potable consiste à6 :
• livrer à toute personne qui le demande une quantité minimum
d’eau potable :
- fixée à 30 litres par jour par personne ;
- distribuée à partir de branchements individuels, ou à
partir de points d’accès public à l’eau potable localisés dans
un rayon de 500 m au plus de toute habitation ;
- vendue, par le gestionnaire du système d’eau, sur la base
d’un tarif social identique pour tous les usagers du système
d’eau placés dans le mêmes conditions d’approvisionnement en
eau.
• respecter les normes de qualité de l’eau fixées dans le
cadre du Code de l’Eau.

2.2.2 Maîtrise d’ouvrage communale du service de l’eau potable


Clarifier la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage est très important car c’est la seule manière
de trouver des réponses aux questions :
• Qui doit payer le renouvellement des installations ? L’usager, l’Etat en sa qualité de
maître d’ouvrage initial, la commune en tant que maître d’ouvrage secondaire ?

5
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 19.
6
Décret n°2003/193 – article 10.

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Gestion du service de l’eau potable

• Qui doit financer les extensions et la modernisation des systèmes confrontés à une
augmentation rapide de la demande ? Les bailleurs, les futurs bénéficiaires (souvent
pauvres est qui doivent assumer seuls le coût de leur raccordement) ?
En réponse à ces difficultés, de nombreux pays ont prévu des modalités de transfert, total ou
partiel, de la maîtrise d’ouvrage à des instances locales : associations d’usagers (au Bénin ou
au Niger) ou municipalités (en Mauritanie, au Mali, à Madagascar, etc.).
REGLEMENTATION 3
Transfert de maîtrise d’ouvrage du service de l’eau potable
La commune étant la collectivité territoriale de base7, la
distribution publique de l’eau est un service public communal8
et la commune en est le maître d’ouvrage9 par l’intermédiaire
du conseil municipal. Les responsabilités du maître d’ouvrage
du service public de l’eau sont10 :
• l’organisation du service de l’eau potable ;
• le lancement des appels d'offres des délégations de gestion
de service public, la négociation et la conclusion de tous
les contrats de délégation de gestion ainsi que de leurs
avenants ;
• le contrôle de la gestion du service public dans le cadre du
contrat de délégation de gestion ;
• l'établissement des plans d'investissement, la recherche et
la mise en place des financements octroyés par l’Etat, le
lancement des procédures de dévolutions des marchés d’études
et de travaux, l’engagement des marchés correspondants et
l’ordonnancement des paiements de ces marchés ;
• l'approbation des plans d'investissements des systèmes
d’eau, dont le financement et la réalisation sont à la charge
des gestionnaires délégués.
Toutefois, aussi longtemps que les communes ne satisferont pas
aux critères de capacité pour l'exercice de tout ou partie des
responsabilités incombant aux maîtres d'ouvrage, celles-ci
seront exercées par le Ministre chargé de l’Eau Potable
jusqu’à leur habilitation11. Les critères à remplir par les
communes pour assumer pleinement l’ensemble des
responsabilités de maître d’ouvrage sont les suivants12 :
• respecter l’ensemble des obligations administratives,
financières, budgétaires et comptables inscrites dans les lois
et règlements organisant les Communes ;
• disposer des services appropriés pour exercer l’ensemble
des responsabilités de maître d’ouvrage ;
• avoir établi un plan de développement du service public de
l’eau comportant le programme d’investissement à réaliser sur
cinq ans au moins, ainsi que son mode de financement ;
• avoir établi avec l’Etat, représenté par la Société de
Patrimoine, un inventaire des biens du « système d’eau » et
des dettes contractées pour le financer. A défaut d'accord
entre la Société de Patrimoine et la commune sur le contenu de

7
Loi n°94-001 du 26 avril 1995 – article 2.
8
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 portant Code de l’eau – article 39 – ainsi que Décret n°2003/945 relatif à l’organisation administrative de
l’eau et au transfert de compétences entre les différentes collectivités décentralisées – article 2.
9
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 41.
10
Décret n°2003/193 portant fonctionnement et organisation du service public de l’eau potable et de l’assainissement des eaux usées
domestiques – article 14.
11
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 41.
12
Décret n°2003/193 – article 26.

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Gestion du service de l’eau potable

cet inventaire, un autre inventaire est dressé d'office par


l'Organisme Régulateur qui s'impose aux parties ;
• s’engager, par une convention signée avec la Société de
Patrimoine, à solder ses dettes vis à vis de ladite Société de
Patrimoine et démontrer sa capacité à assurer l’équilibre
financier du service public de l’eau, compte tenu de cet
engagement.
Un arrêté interministériel précisera ces critères.

3 Gestion du service public de l’eau potable


3.1 Introduction
3.1.1 Les fonctions de la gestion du service de l’eau potable
La gestion du service de l’eau entraîne (schématiquement) 5 fonctions à assumer :
• la maîtrise d’ouvrage ;
• la tutelle, régulation ;
• l’exploitation ;
• la vente au détail ;
• la maintenance.

3.1.2 Les modes de gestion du service de l’eau potable


Les diverses alternatives de gestion des services publics sont souvent présentées comme des
gradations allant de la gestion publique directe à la privatisation complète. En fait, il serait
plus indiqué de présenter l’éventail comme allant de la gestion publique directe à la
délégation de gestion ; la privatisation n’étant qu’un cas d’espèce de cette dernière puisque
on imagine aussi une délégation à une personnalité de droit public (association). En fait, les
différents modes de gestion du service public sont essentiellement caractérisés par le degré
d’indépendance accordé au gestionnaire13.
Figure 2 : caractéristiques principales des différents modes de gestion
du service public de l’eau potable

REGIE REGIE REGIE SOUS- CONTRAT


DIRECTE AUTONOME PERSONNALISEE CONTRAT DE AFFERMAGE CONCESSION
GESTION

3.2 La Commune administre elle-même le service de l’eau potable


3.2.1 La régie directe
La gestion en régie communale directe (exploitation d’installations d’eau effectuée directement
par le maître d’ouvrage ou par l’intermédiaire d’un démembrement) est proscrite14 : les
communes sont dans l'obligation de faire appel à un exploitant délégué, qu'il s'agisse d'une
association d'usagers, d'une entreprise privée ou d'une autre personne morale ayant les
compétences requises et acceptant le cahier des charges qui précise les conditions de
délégation.

13
Gérard Verger, SPID, La délégation de gestion dans le secteur de distribution d’eau potable, 1997.
14
Décret n°2003/193 – article 94.

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Gestion du service de l’eau potable

EXPERIENCE 1
La régie directe de la commune de Diébougou (Burkina Faso)15
Le Maire de la commune a établi de fait le service public
local d’eau potable sous la forme d’une régie directe
administrée par le Maire lui-même avec l’appui de ses services
et de la Direction Régionale de l’Hydraulique du Sud-ouest.
L’AEP de Diébougou est gérée de façon informelle c’est à dire
que les rôles et tâches des différents acteurs ne sont pas
clairement indiqués.
Le Maire : c’est le responsable de la régie, de ce fait, il
représente juridiquement le système auprès des partenaires
locaux comme extérieurs. Il a, dans la cadre de la gestion des
bornes fontaines (BF), chargé de façon informelle certaines
personnes pour des tâches spécifiques ; il s’agit :
• des délégués de secteurs pour identifier et désigner les
fontainiers des BF ;
• d’un bénévole qui assume depuis la mise en service de l’AEP
en 1999 les fonctions de « chef d’exploitation » (surveillance
du réseau, mise en marche et arrêt du pompage, détection des
pannes, information de l’autorité communale en vue des
réparations après certification de la Direction régionale de
l’eau, achat des pièces nécessaires pour la réparation…) ;
• de l’aide-comptable de la Mairie qui a été désigné pour
recueillir les recettes issues de la vente auprès des
fontainiers ;
• des fontainiers de BF.
On peut noter quatre faiblesses majeures au niveau de cette
gestion. Il s’agit de :
• inexistence d’une nomenclature de saisie au niveau des
fontainiers ;
• inexistence d’un cadre comptable ;
• absence de contrôle professionnel (la régie n’a pas d’organe
technique) ;
• absence d’autonomie financière de la régie: budget eau est
fondu dans le budget communal.

15
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.

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Gestion du service de l’eau potable

3.2.2 La régie autonome et personnalisée


EXPERIENCE 2
La régie autonome de la commune de Houndé (Burkina Faso)16
Le mode de gestion a été élaboré avec la collaboration du
Programme RESO et consiste en la mise en place d’une régie
communale de l’eau (RCE) autonome financièrement, c’est à dire
dont les comptes et budgets sont distincts de ceux de la
Mairie. Cette forme particulière de régie, dénommée « régie
dotée de l’autonomie financière et de la personnalité morale »
a pour conséquence de décharger la commune de l’exécution
matérielle du service public, dans des conditions comparables
à l’intervention d’un délégataire.
La régie communale de l’eau de Houndé a été ainsi conçue comme
l’embryon d’un futur Etablissement Public Communal dont la
fonction « gestion des infrastructures » pourrait être en cas
de besoin affermée ; d’où l’option d’assurer son autonomie par
rapport au budget de la commune et d’organiser la maîtrise
d’ouvrage communale à travers un Comité Communal des Usagers
créé par arrêté municipal et ayant pour tâche d’assurer le
suivi et le contrôle rapprochés de l’exploitation des
infrastructures par la régie communale. Le transfert de la
maîtrise d’ouvrage a été formalisé par un contrat passé entre
la commune et la DRH/HB dans l’esprit des contrats de
concession. Le Maire signe le contrat de concession avec le
Ministère de l’Environnement et de l’Eau.
Le maire délègue l’exploitation à la régie communale de l’eau
qui se compose de :
• Le Service Communal de l’Eau : c’est l’organe technique de
la régie ; il s’occupe de la production et la distribution de
l’eau et d’une partie de la gestion financière. Il est composé
du chef d’exploitation, aidé d’un pompiste qui s’occupe de
l’entretien et de la surveillance et des fontainiers pour la
gestion des bornes fontaines. Le chef d’exploitation et le
gardien-pompiste ont des contrats avec la mairie. Les
fontainiers ont un contrat de gérance avec la mairie. Ils sont
responsables de la vente de l’eau et de l’entretien de la
borne fontaine, et ont dû payer une caution calculée à hauteur
d’un mois de facture.
• Le Comité Communal des Usagers : organe représentatif de la
population, il est également chargé d’une partie de la gestion
financière et du contrôle des comptes. Il veille à la bonne
application du règlement intérieur et des décisions prises. Ce
comité se veut l’interface entre le service communal de l’eau
et les usagers. Il est représenté au sein de la RCE par un
bureau de 8 personnes choisies dans les différents secteurs et
les services de la commune.

16
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.

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Gestion du service de l’eau potable

3.2.3 Le sous-contrat
Dans le cadre de sa mission de gestion du service public de l’eau potable, la régie peut sous-
contracter. Le sous-contrat, généralement de courte durée (moins de 5 ans), vise à faire
réaliser certaines tâches par un tiers. Dans certains cas, la nature des prestations peut même
consister en la maintenance des constructions et équipements, le relevé des compteurs ou la
facturation ; mais le tiers n’est pas responsable de la fourniture du service de l’eau potable17.
Il peut donc s’agir d’un simple contrat de maintenance qui engage une entreprise, moyennant
paiement d’un forfait périodique (généralement annuel) par la commune à entretenir les
installations.
Rapportées aux simple cas des fontainiers, ces expériences montrent les sérieuses difficultés
que ce principe peut occasionner :
• peu de responsabilisation/indépendance du fontainier qui est mal payé et qui reste,
pas conséquent, un villageois comme les autres ;
• pas de fiabilité de l’association des usagers de l’eau dans la gestion des recettes ;
• nécessité d’un soutien politique permettant à l’entreprise un recours en cas de non-
paiement.
En conclusion, les taux de recouvrement sont faibles, diminuent dans le temps et induisent une
situation conflictuelle entre la communauté et l’entreprise. Le contrat de maintenance est mieux
adapté à un client unique propriétaire de son bâtiment18.

EXPERIENCE 3
Sous-contractualisation à Santiago (Chili)
EMOS, l’entreprise publique semi-autonome desservant la ville,
donne à contrat à des entreprises privées, un certain nombre
d’activités (allant de la lecture des compteurs à la
maintenance du réseau). Les activités considérées comme
stratégiques ne sont pas sous-contractées (facturation,
recouvrement, comptabilité) et de manière générale toutes
celles qu’EMOS peut réaliser à un coût moindre que le privé.
Les contrats sont accordés, suite à un appel d’offres, pour
une durée de 2 ans.

17
Gérard Verger, SPID, La délégation de gestion dans le secteur de distribution d’eau potable, 1997.
18
PS-EAU, Lettre 39, 2002.

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Gestion du service de l’eau potable

Figure 3 : caractéristiques principales des différents modes de gestion


du service public de l’eau potable par la Commune

Types d’administration de service


public de l’eau potable Principales caractéristiques
• pas de personnalité juridique propre ;
• les droits/obligations nés de l’activité sont assumés par la
Régie directe
Commune ;
(service municipal)
• pas d’autonomie financière ;
la gestion est assurée sous l’autorité de la Commune (Maire).
• pas de personnalité morale ;
• autonomie financière relative (comptabilité distincte et
Régie autonome budget annexe) ;
(société paramunicipale) • déficits d’exploitation assumés par la Commune ;
• organe de gestion et de direction (conseil d’administration)
propre.
• personnalité morale de droit public ;
Régie personnalisée • autonomie financière ;
• organe de gestion et de direction propre.

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Gestion du service de l’eau potable

3.3 La délégation de gestion


3.3.1 Définition, principes généraux, acteurs

3.3.1.1 Définition et principes généraux


REGLEMENTATION 4
Définition de la délégation de gestion du service de l’eau
La délégation de gestion est l’acte par lequel le maître
d’ouvrage charge un tiers, appelé gestionnaire délégué,
d'établir et/ou d'exploiter des systèmes d'approvisionnement
en eau potable et d'assainissement, dans une aire géographique
déterminée, en vue de satisfaire les besoins du public pour
une durée fixée et dans des conditions prévues par un
contrat/convention.
Le gestionnaire de système est l'exploitant, personne physique
ou personne morale de droit public ou privé, malgache ou
étrangère à qui un maître d'ouvrage confie la réalisation
et/ou la gestion et la maintenance directes d'un système. Dans
le cas des personnes morales de droit privé agissant en tant
que gestionnaire de système, celles-ci doivent obligatoirement
être constituées en la forme de société de droit malgache19.
Les principes généraux de la délégation de gestion sont
notamment les suivants20 :
• les droits exclusifs du gestionnaire délégué d’utiliser les
biens du domaine public et d’exploiter le service public d'eau
potable ;
• l’obligation pour le gestionnaire délégué de fournir le
service public en assurant l’entretien des systèmes d’eau et,
si le contrat le prévoit, en réalisant de nouveaux systèmes
d’eau et/ou le renouvellement des systèmes d’eau existants ;
• la perception directe, auprès des usagers du service, des
recettes qui résultent, notamment, des facturations de leurs
consommations d'eau et celles des travaux de branchement.
• etc.
Selon les obligations imposées au gestionnaire délégué en
matière d’investissements, ce contrat de délégation de gestion
du service public peut prendre la forme d’une concession, d’un
affermage, d’une gérance ou de toute variante de ces trois
contrats21.

3.3.1.2 Un éventail d’acteurs


La distribution déléguée aux points d’eau collectifs tend à se généraliser dans les
milieux urbains et périurbains : un opérateur intégrant les fonctions de production,
transport et distribution externalise le segment aval de la filière. Les
responsabilités liées à la vente au détail de l’eau et à l’entretien de l’installation
sont généralement consignées dans un contrat écrit avec le gérant (ou « fermier »)
qui assure le service aux usagers. Ce service est souvent assuré par un fontainier,
recruté par le gérant, rémunéré par lui (au forfait ou à la marge)22.

19
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 45.
20
Décret n°2003/193 – article 48.
21
Décret n°2003/193 – article 2.
22
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.

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Gestion du service de l’eau potable

Une caractéristique majeure de la gestion des points d’eau collectifs est la


parcellisation des responsabilités, confiées à des acteurs de nature et de statut très
divers : administrations centrales et locales, entreprises privées, collectifs de nature
associative (comités et associations d’usagers), individus (fontainiers, gérants privés
sous contrat).

3.3.2 Le cas des bornes fontaines


REGLEMNTATION 5
Le cas des bornes fontaines
La gestion d’une ou plusieurs bornes fontaines peut être
confiée, par le gestionnaire délégué d’un système d’eau, avec
l'accord du maître d'ouvrage, à une personne physique ou
morale par une convention de gestion. Cette convention de
gestion est conclue pour une durée déterminée et fixe les
modalités de gestion et d'entretien de la ou des borne(s)-
fontaine(s) ainsi que les modalités de revente de l'eau
potable aux usagers. Le gestionnaire délégué favorise la mise
en place de convention de gestion avec les associations
d’usagers ou un opérateur privé sur l’accord des usagers. Les
personnes privées ou les associations d'usagers ainsi créées
suivant la législation en vigueur, ont la possibilité de
déléguer à des personnes physiques ou morales, la gestion des
bornes fontaines23.

Un indicateur de performance des bornes fontaines est celui de la rentabilité. On apprend


ainsi24 que les bornes fontaines où la consommation moyenne mensuelle est :
 inférieure à 50 m3 ne sont pas rentables. Correspondant à la demande d’une douzaine
de familles au plus, elles ne permettent même pas de payer une rémunération décente
aux fontainiers ;
 comprise entre 50 et 100 m3 ne dégagent pas de bénéfice significatif mais autorisent
seulement le paiement d’un revenu de subsistance au fontainier.
 supérieure à 100 m3, les bénéfices deviennent attractifs… bien qu’il faille atteindre un
niveau de 200 m3/mois pour envisager de faire vivre une famille grâce à cette activité
(ce cas de figure motive donc les gestionnaires privés et/ou associatifs).

3.3.3 Gestionnaire de droit public

3.3.3.1 La gestion communautaire (délégation à un comité) 25


Le modèle communautaire est surtout répandu en milieu rural et en situation de demande
relativement homogène : un collectif d’habitants (le village), représenté par un comité, est
responsable de la fourniture du service de l’eau, à partir d’installations souvent financées dans
le cadre d’un projet et presque toujours propriétés de l’Etat. La vente de l’eau est confiée à un
fontainier tandis que le comité est lié à un prestataire de service pour l’entretien. Les relations
entre les acteurs sont rarement explicitées dans le cadre d’un document écrit (contrat). Les
membres du comité de gestion (4 à 5 en général) sont choisis au sein de la population réunie
en assemblée à cet effet.
Le fonctionnement courant est assuré sans discontinuité mais peu de comités de gestion
effectuent un véritable suivi de l’exploitation. Dans le meilleur des cas, une comptabilité
simplifiée est tenue : les dépenses effectuées et les recettes ainsi que les volumes produits sont

23
Décret n°2003/193 – articles 104 à 106.
24
PS-EAU, Cahier N°11, Modes de gestion des bornes fontaines dans les quartiers péri-urbains, le cas de trois villes maliennes, juin 1997.
25
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.

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Note technique
Gestion du service de l’eau potable

reportés dans un cahier. Les montants épargnés sont la plupart du temps déposés sur un
compte d’épargne ou bancaire.
Le fonctionnement des comités de gestion gagne en efficacité si :
 leur composition et leur relation avec le maître d’ouvrage sont clairement formalisées,
périodiquement évaluables et révisables. Il faut en particulier préciser qui, des
habitants ou des usagers, y est représenté et quels sont le contenu et la durée des
mandats ;
 leur articulation avec la commune est clair ;
 le principe du bénévolat n’est pas automatiquement adopté.
Les fontainiers sont soit salariés, soit rémunérés à la marge. Dans ce dernier cas, on peut les
considérer comme des gérants privés ; leur mode de fonctionnement est d’ailleurs plus souple
(pas de réglementation en matière d’horaire, de propreté, etc.).
Ne pouvant être assurée localement, la maintenance est généralement confiée à une
entreprise privée et peut faire l’objet d’un contrat d’entretien.
En conclusion, une des principales caractéristiques de la gestion communautaire est le partage
des fonctions à assurer entre intervenants différents, la production et la distribution dépendant
largement du secteur informel. Cette caractéristique lui confère sa grande souplesse, tout en
minimisant les coûts de structure, mais place la question de la régulation au cœur de la
problématique.
REGLEMENTATION 6
Cas des Fokontany
Les Fokontany peuvent, à leur demande, exercer la maîtrise
d'ouvrage déléguée des petits systèmes ruraux
d'approvisionnement en eau potable situés sur leur territoire
avec l’accord de la commune de rattachement. Les critères à
remplir par les Fokontany pour exercer cette maîtrise
d’ouvrage déléguée sont basés sur des capacités techniques et
financières26. Pour un petit système rural d’approvisionnement
en eau potable, dès l’accès de la commune à la maîtrise
d’ouvrage, un contrat de gestion délégué doit être conclu en
priorité avec les comités des points d’eau en exercice dans sa
circonscription, qui se constitue en association
réglementaire27.

3.3.3.2 La gestion coopérative/associative (délégation à une association d’usagers) 28


Lorsque la demande est faible et/ou l’activité peu rentable, des associations d’usagers
peuvent se substituer aux comités. Elles ont l’avantage d’un statut mieux défini : déclarées à
but non lucratif, régies par des textes nationaux, elles disposent d’une charte de fondation
spécifiant leur responsabilités dans la gestion de l’eau.
Ce mode de gestion est aussi conditionné, mais de façon encore plus accentuée, par l’existence
d’une demande homogène en eau. Il s’affranchit cependant plus aisément des contraintes
d’échelle (démographique et spatiale)29.

26
Décret n°2003/193 – articles 31 et 32.
27
Décret n°2003/193 – article 49.
28
Ibidem.
29
Le Bénin a élaboré des textes formalisant le statut des associations d’usagers et les conditions de leur fonctionneent en tant que
délégataires.

Décembre 2006 11/25


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Gestion du service de l’eau potable

3.3.4 Gestionnaire de droit privé


Là où l’exploitation du(des) point(s) d’eau collectif(s) est rentable, la délégation à un opérateur
privé peut être privilégiée. Le fait de contracter avec des opérateurs privés n'a de sens que
s'ils font preuve d'initiative et d'innovation pour répondre à la demande des usagers, voire
même s'ils prennent des risques. Par exemple, un opérateur privé pourrait fournir les
équipements électromécaniques (groupe et pompe immergée) ou financer la réhabilitation des
installations, voire l'extension du réseau de distribution30.
Si la gestion communautaire semble mieux adaptée à une demande homogène de type
villageoise, rien ne montre qu’une gestion libérale soit inadaptée à ce type de contexte. Il est
clair en revanche que cette seconde solution ne peut s’appuyer que sur un volume de demande
garantissant la rentabilité de l’activité.
Quelques idées reçues sur la décentralisation et l’implication du secteur privé31
La délégation du service de l'eau à un opérateur privé signifierait la libéralisation du
marché de l'eau…
…alors que dans l'immense majorité des cas, l'opérateur ne fixe pas librement le prix du
service. Un contrat de délégation tiendra nécessairement compte de la vérité des coûts afin de
veiller à l'équilibre financier des comptes d'exploitation. Le prix de l'eau sera public et
protègera l'usager contre les pratiques abusives. Et ce, que ce soit un exploitant à but non
lucratif (association) ou du secteur concurrentiel (entreprise).
Les communes n'auraient pas le savoir-faire pour gérer le service de l'eau…
…alors qu'on leur demande précisément de déléguer cette activité à caractère industriel et
commercial. Il revient aux élus communaux de délibérer sur des questions comme le choix du
délégataire et la fixation du prix de l'eau. D'ailleurs, le fait de les accompagner dans leurs
débats est l'occasion de former les leaders locaux sur les principes de la délégation des
services publics - principes qui ne se limitent pas au secteur de l'eau.
Financer le suivi technique et financier constituerait un surcoût payé par l'usager…
… alors que les administrations n'ont de toutes les façons pas les moyens d'exercer ce contrôle
qui est le gage d'un service de bonne qualité. Les expériences montrent que ce surcoût est en
partie compensé par la réduction du poste d'entretien. Des pannes moins fréquentes et de
durée plus courte occasionnent des économies d'échelle, c'est-à-dire que les mêmes charges
fixes sont réparties sur un volume produit plus important, ce qui diminue le coût de revient par
mètre cube.
La gestion communautaire coûterait moins cher pour l'usager…
… alors que le bénévole (souvent inexpérimenté) peut faire des erreurs de gestion parfois
coûteuses, ou à la longue, finir par se rémunérer, formellement ou non, en contrepartie du
travail qu'il réalise. De plus, le gestionnaire type d'un groupement communautaire est plutôt
prudent. Étant désigné par ses pairs, il s'en tient au minimum pour faire fonctionner le système,
parce que sa situation est régie par un souci de consensus. Il gère alors le service au moindre
coût et il évite les prises de risques. Autant le bénévolat est bien adapté à la phase de mise en
oeuvre de projet, autant il n'est pas adapté à une stratégie d'exploitation qui recherche une
utilisation optimum des installations.

Figure 4 : prise en charge des fonctions de la gestion du


service de l’eau potable

Fonctions Gestion communautaire Gestion libérale


Maîtrise d’ouvrage Etat, Collectivité décentralisées Société nationale
Tutelle, régulation, contrôle Direction Nationale/Régionale Ministère(s)
Exploitation
- production/distribution en gros - Comités de gestion/ - Société nationale
association d’usagers
- distribution au détail - Idem - Opérateur privé (fermier/gérant)
Vente au détail Fontainier Fontainier
Maintenance Entreprise privée Société nationale

30
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.
31
Ibidem.

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Gestion du service de l’eau potable

3.3.5 Le cahier des charges et le contrat de gestion déléguée


Dans les cas de délégation à une association/comité ou un opérateur privé, la délégation de
l’exploitation est formalisée par un contrat, à la fois contrat commercial de vente en gros et
contrat de délégation du service public de l’eau potable (gérance, affermage ou concession).
Le plus souvent, le contrat est conçu par et pour l’acteur délégant, dont il cherche à préserver
les intérêts en limitant son risque commercial. Ce contrat explicite rarement les contrainte de
service public et le niveau de prestation qui doit être respectés – même si la définition du
service rendu, le pouvoir de contrôle et de sanction sont des fonctions de régulation qui
peuvent être confiées à un tiers32 (qui peut être la Tutelle ou une autorité centralisée
indépendante).
REGLEMENTATION 7
Un cahier des charges applicables à l’exploitation et à la
gestion des équipements d’approvisionnement en eau potable est
parallèlement mis en place, définissant les missions
détermineront les modalités et conditions d’exploitation de
même que les droits et obligations de chaque partie.
Le contrat de délégation de gestion et le cahier des charges
précisent, notamment33 :
• les conditions de mise à disposition des terrains
nécessaires à l’exploitation et/ou à l'implantation et/ou des
systèmes d’eau ;
• les droits et obligations du gestionnaire délégué, y compris
les obligations de service public qui lui incombent ;
• les conditions tarifaires ;
• les conditions générales d'exploitation et d'entretien des
systèmes d’eau ;
• les travaux dont l’exécution est attribuée, à titre
exclusif, au gestionnaire délégué ;
• etc.

3.3.6 Modalités d’attribution d’une délégation de gestion


REGLEMENTATION 8
Les contrats de délégation de gestion sont attribués au terme
d’une procédure d’appel d’offres, organisée par le Maître
d’ouvrage du système d’eau à déléguer. Toutefois, des contrats
de délégation de gestion peuvent être passés de gré à gré dans
certains cas34.

3.4 Les types de délégation de gestion


3.4.1 La gérance
Il s’agit d’un contrat de délégation de gestion du service public par lequel un maître d’ouvrage
charge un tiers, contre rémunération, de la réalisation des activités techniques et commerciales
nécessaires au bon fonctionnement d’un service public d’eau potable ou d’assainissement. Le
maître d’ouvrage conserve tous les risques techniques et commerciaux inhérents à ces activités,
y compris la responsabilité et le financement des investissements de renouvellement et
d’extension du réseau.

32
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.
33
Décret n°2003/193 – article 70.
34
Décret n°2003/193 – article 49.

Décembre 2006 13/25


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Le gérant restitue au propriétaire l'intégralité des recettes collectées. Sa rémunération de base


est indépendante du chiffre d’affaire (et des tarifs). Parfois, une part de la rémunération est
proportionnelle à des paramètres physiques, c'est-à-dire que sa rémunération est calculée sur
la base d'indicateurs de performance (volume d'eau produit, réduction des fuites sur le réseau,
taux de raccordement, etc.).
Lorsque, plus rarement, la rémunération est assurée sous forme d'une participation au chiffre
d'affaires et/ou aux bénéfices et/ou une prime de productivité (taux de recouvrement par
exemple), on parle de régie intéressée35.
Normalement, comme l’investissement privé n’est pas important, la durée de ce genre de
contrats est relativement courte (environ 5 ans).
EXPERIENCE 4
Ségou(Mali)
Un réseau dense et équilibré de bornes fontaines ; régulation
municipale (interdiction de revente) ; transfert de gestion à
un GIE qui assure le service via les associations de
quartiers ; un contrat de gérance est signé avec la mairie ;
constitution d’un comité de suivi (3 membres de la
coordination du GIE et 3 de la mairie) qui ne s’est jamais
réuni ; le contrat fixe les tarifs, une taxe de 15% à la
mairie, assure les salaires, le règlement des factures et
l’entretien.

3.4.2 L’affermage
Il s’agit d’un contrat de délégation de service public par lequel le maître d’ouvrage confie à
un tiers (appelé le « fermier ») le mandat de gérer le service public de l’eau potable ou de
l’assainissement à ses frais, risques et périls. Le maître d’ouvrage charge ce tiers de
l’exploitation du service, de la maintenance des installations d’eau et de la responsabilité de
tout ou partie des investissements de renouvellement d’ouvrages existants à courte durée de
vie économique ainsi que la relation avec l’usager (facturation, encaissement, etc.). Le
financement et la construction d’ouvrages nouveaux ou l’extension et le renforcement
d’ouvrages à longue durée de vie économique demeure de la responsabilité de la Commune.
Un contrat d'affermage a une longue durée (au moins trois ans et de 10 à 15 ans dans le cas
de société), période après laquelle le fermier est tenu de remettre à la collectivité publique les
installations dans un état de fonctionnement convenable.
Souvent, une formule de variation des tarifs assure, pendant la durée du contrat, l’indexation
contrôlée des tarifs. Le risque commercial couru par le fermier dépend du type de clauses
contractuelles. Si celles-ci lient sa rémunération aux sommes recouvrées, le fermier aura, à la
fois, tout intérêt à lutter contre les pertes techniques, à améliorer le système de relevé de
compteurs, la facturation et le recouvrement. Le risque financier dépend aussi des termes du
contrat et notamment de l’importance représentée par les investissements tournants ; dans tous
les cas, le fermier doit assurer le financement du fonds de roulement.
La différence entre l’affermage et la concession est que, dans le premier cas, le fermier est
appelé à verser à la Commune une redevance, ce qui n’est pas le cas dans la concession.
Bien que plus lourde à mettre en place que la gérance, cette option est satisfaisante pour
l’entreprise et les usagers. L’entreprise gérant directement les recettes s’assure un taux de
recouvrement optimal et stable. Les fontainiers, salariés de l’entreprise, ont une fonction
reconnue par la communauté et sont moins soumis aux pressions sociales. Enfin, l’usufruit du

35
Le terme régie est ici impropre, il s’agit en fait d’un cas particulier de concession.

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système d’eau étant concédé à l’entreprise, elle dispose d’un droit de coupure face aux
mauvais payeurs, mieux accepté par les usagers36.

EXPERIENCE 5
Postes d’eau autonomes : affermage ou gestion directe pour la
gestion communautaire ?37
Deux modèles ont été mis en place : l’affermage et la gestion
directe avec contrat d’entretien. Le constat est que la
différence entre les 2 modes de gestion est faible, et ne se
situe en tout cas pas là où on l’attendait. Cette faible
différenciation tient en partie à la distance : le fermier
n’est pas sur place ; le contrôle de la gestion quotidienne
revient donc naturellement au comité, qui devient
« lieutenant » du fermier dans les rapports de celui-ci au
fontainier.
Le véritable rôle du fermier est d’être un « garde-fou »
financier et un régulateur vis-à-vis du comité de gestion. Le
contrat d’affermage apporte essentiellement un plus dans la
gestion des recettes de la vente de l’eau, faisant respecter
les règles du jeu définies à l’origine : visite fréquente des
stations, recouvrement des coûts, mise en réserve de
ressources pour le renouvellement. Toutes ces règles qui
devraient être assurées pleinement par le comité alors
qu’elles sont perçues comme une obligation extérieure (du
bailleurs).
• Foulan Koira (Togo) : 4 postes d’eau autonomes gérés par la
société des eaux, délégués à un gérant privé (gros commerçant
du quartier), qui à sont tour a des fontainiers salariés ; la
société des eaux assure les grosses réparations, le
renouvellement.

36
PS-EAU, Lettre 39, 2002.
37
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.

Décembre 2006 15/25


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EXPERIENCE 6
Gestion déléguée des bornes fontaines alimentées par le
réseau38
La gestion se fait le plus souvent sous la forme d’un contrat
entre une entreprise d’eau et des gérants de points d’eau ;
dans un système intégré de production, transport,
distribution ; seule la phase finale de la distribution est
confiée à un tiers, sous la forme d’une transaction
commerciale courante : la vente de l’eau en gros, et par
l’affermage du dispositif de distribution.
• Toffo (Bénin) : système autonome, géré par la société des
eaux ; points d’eau collectifs administrés par des fontainiers
rémunérés à la marge ; abonnements privés (branchements
sociaux) avec revente aux voisins ; un chef de centre local,
et la gestion commerciale assurée par le centre régional ;
horaires non réglementés ; concurrence non maîtrisée entre
fontainiers et revente de voisinage, aboutissant à la
disparition des bornes fontaines.
• Mali (Guinée) : fontainiers rémunérés au % sur les ventes
calculées au compteur : ils sont désignés par la commune et
formé par la société d’exploitation ; le fontainier remet les
recettes au gérant qui reverse lui-même à la société
d’exploitation. La mairie est chargée de gérer (via un
accord-cadre fixant les modalités de gestion et le tarif) les
bornes fontaines et les nouveaux raccordements.

3.4.3 La concession
Il s’agit d’un contrat de délégation de service public par lequel un maître d’ouvrage confie à
un tiers (le plus souvent une société) le mandat de gérer le service public de l’eau potable ou
de l’assainissement à ses frais, risques et périls (c’est-à-dire qu’il assume les pertes si les
recettes sont inférieures aux charges). Le maître d’ouvrage charge ce tiers de l’exploitation
du service, de la maintenance des installations d’eau, des investissements de construction, de
renouvellement et d’extension du réseau. La concession se négocie pour une durée longue (15
à 25 ans), période après laquelle le concessionnaire est tenu de remettre à la collectivité
publique les installations dans un état de fonctionnement convenable. Généralement, la durée
de la concession tend à refléter le nombre d’années qu’il faut au concessionnaire pour
recouvrer son investissement. Le concessionnaire se rémunère au moyen des redevances
perçues sur les usagers.

EXPERIENCE 7
Cas des concessionnaires de réseaux (Mauritanie)39
Un double processus de système de concession et de concession
octroyée à des ingénieurs qualifiés
En 1995, la Direction de l’Hydraulique (Ministère de
l’Hydraulique et de l’Energie), recrute de jeunes diplômés
(ingénieurs BTP, hydraulicien, etc.), pour la plupart formés à
l’étranger et dont certains étaient en recherche d’emploi
depuis plusieurs années. Primauté est donnée à la proximité
familiale. Chaque diplômé devient ainsi concessionnaire de sa
ville d’origine ou à défaut de son département d’origine.

38
Ibidem.
39
L’intégralité du texte de ce paragraphe vient de : GRET, Concessionnaires de réseaux d’eau potable en Mauritanie, 2001.

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Gestion du service de l’eau potable

Etre concessionnaire est un nouveau métier en Mauritanie. Il


s’agit aussi d’avoir une compétence commerciale et de gestion,
pour satisfaire des usagers et gérer des flux de trésorerie
importants. Concrètement, il faut à la fois savoir
diagnostiquer une panne de moteur, repérer des fuites sur un
réseau souterrain, et établir des factures.
Une stratégie commerciale et une logique d’entreprise
Dans les petits villes, les référents urbains sont très forts,
et l’on y constate même une exacerbation symbolique de ce que
représente la ville. On est « moderne » en province si on a
aussi l’eau courante, la lumière et la télévision. Il y a donc
une demande très forte de branchements individuels malgré le
coût de raccordement (plus d’un mois de revenu) entièrement à
la charge de l’abonné.
Les branchements particuliers incitent à consommer des
quantités d'eau plus importantes ce qui favorise le
recouvrement des coûts. Limiter le nombre de branchements
particuliers empêche la réalisation d'économies d'échelle. Les
« concessionnaires » de Mauritanie ont appliqué ce principe
avec succès40 et ils ont mis en place tous les moyens
nécessaires pour répondre le mieux possible à la forte demande
de branchements privés aux ménages.
Dans un esprit d’entreprise, les concessionnaires ont pour la
plupart embauché des employés qu’ils forment et supervisent.
Ils ont souvent officialisé leur fonction de concessionnaire
en louant un bureau séparé de leur maison, surplombé d’une
enseigne agrémentée de dessins ou d’un logo. Cette pratique
n’est pas anodine, en séparant l’espace privé de leur famille
de l’espace public de leur métier, les concessionnaires
renforcent leur position de professionnels de l’eau.
Cette logique d’entreprise se traduit aussi par une stratégie
de réinvestissement utile pour leur réseau. Ces
investissements se font en partie avec l’argent des taxes de
maintenance et de renouvellement non versées à l’État.
Un circuit de maintenance quelque peu informel
 le concessionnaire vend l’eau, mais ne reverse pas la
totalité des sommes dues sur le compte postal spécialement
dédié au renouvellement et à la maintenance des équipements ;
 en cas de panne, le concessionnaire alerte la base de
l’hydraulique de son chef-lieu, service déconcentré de l’État
(le concessionnaire prend systématiquement en charge les frais
de déplacements et de restauration des agents du service
public) ;
 les agents techniques de l’Etat diagnostiquent la panne et
précisent les pièces à changer ;
 le concessionnaire se charge de trouver et d’acheter les
pièces de rechange lui-même ;
 les agents techniques sont à nouveau contactés pour effectuer
la réparation (déplacements et restauration pris en charge).

40
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.

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Gestion du service de l’eau potable

Risque
Types Propriété Investissements Maintenance Exploitation Rémunération Risque financier
commercial
Généralement la
rémunération est
Le gestionnaire
Aux frais de la indépendante du La
Gérance La Commune La Commune pour le compte La Commune
Commune tarif, du volume Commune
de la Commune
vendu ou du
résultat
Le fermier :
• entretien en bon
La Commune état de
pour la plupart fonctionnement et
des réparation à ses frais
investissements des ouvrages,
importants : équipements et
• établissement matériels permettant La rémunération
de nouvelles la marche de du fermier est
l’exploitation ; La Commune (le
canalisations constituée d’une
• renouvellement des risque du fermier
et/ou ouvrages partie du tarif
matériels tournants, est limité au
Affermage La Commune (renforcements et Le fermier fixe ou variable. Le fermier
accessoires financement du
extension) ; La Commune
hydrauliques, fonds de
• travaux de reçoit une partie
équipements roulement)
renouvellement de la redevance
des captages électromécaniques et (surtaxe).
et/ou des compteurs ;
ouvrages de • renouvellement des
génie civil et/ou branchements sauf le
des canalisation. cas des branchements
renouvelés à
l’occasion d’opération
de renforcement
La Commune ; le Le
concessionnaire concessionnaire Le
Le Le Le
Concession en a l’usufruit Le concessionnaire conserve la concessionn
concessionnaire concessionnaire concessionnaire
jusqu’à la fin de totalité des aire
la concession. redevances

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Gestion du service de l’eau potable

3.4.4 La contractualisation de la maintenance


Les charges récurrentes constituent l’ensemble des charges financières nécessaires à
l’exploitation du réseau et au renouvellement des infrastructures et ce sur le long terme. On
distingue généralement trois types de charges récurrentes qui correspondent à trois horizons
de temps successifs41 (et donc trois mécanismes de recouvrement différents) :
 les charges de fonctionnement (horizon de recouvrement : un mois) : énergie (gasoil ou
électricité), salaires, petites réparations, pièces d’usure courante, robinetteries ;
 les charges de renouvellement des systèmes à faible durée de vie (moins de 10 ans) :
pompe, groupe électrogène, onduleur ;
 les charges de renouvellement des grosses infrastructures (durée de vie au-delà de 10
ans) : forages, conduites maîtresses, réservoir, panneaux solaires.
Figure 6 : partage des charges et responsabilités entre
l’exploitant et l’opérateur de maintenance42.

Cas N°2 : le prestataire est tenu de pourvoir au remplacement du matériel. Si l'équipement


tombe en panne, il aura pourvu entièrement ou en partie aux frais à encourir. Si aucune
réparation n'est effectuée durant la durée du contrat le prestataire gardera la somme à
l'échéance du contrat.
Cas N°3 : il s’agit d’un contrat d'affermage sauf que l'opérateur ne supporte pas de risque
commercial.
4 Un service de l’eau payant
4.1 Le recouvrement des coûts
Le recouvrement des coûts est l’un des éléments les plus importants à prendre en compte, lors
de l’élaboration d’un nouveau système de distribution d’eau. En effet la plupart des structures
chargées de la gestion du service de l’eau ne parviennent qu’avec difficulté à financer le
fonctionnement et l’entretien des installations43.
Les concepteurs d'un projet devront donc mettre au point un système performant de
recouvrement des coûts qui permette, au minimum, d'assurer le financement des charges
d'entretien et de réparation. Le document de projet devrait donc décrire :

41
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
42
Ibidem.
43
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.

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 comment est prévu le paiement du service de l'eau ? Par une vente, par abonnement ou
à la bassine ?
 en cas de vente à la bassine, est-il prévu d'employer des fontainiers salariés ou des
revendeurs d'eau indépendants ?
 en cas de subvention extérieure (par les migrants par exemple), comment sera organisé
le système de subvention (quelles charges seront ainsi couvertes et quelle garantie
aura-t-on que cette subvention soit durable) ?
 les tarifs de vente ont-ils déjà été négociés ? Si non, pourquoi ? Il est indispensable de
réaliser régulièrement une analyse du coût de revient de l'eau, et de ses variations
selon le niveau de production. Avant le projet, on pourra se baser sur l'analyse des
comptes d'exploitation de systèmes semblables fonctionnant déjà dans la région.

4.2 Tarification du service public de l’eau potable


REGLEMENTATION 9
Tarification du service publique de l’eau potable
La tarification du service public de l’eau potable et de
l'assainissement est déterminée par les dispositions
particulières suivantes44 :
• les branchements publics d'eau potable doivent être équipés
de compteurs d’eau, ou tous autres comptages volumétriques
adaptés au milieu, sauf accord explicite de l'Organisme
Régulateur ;
• la structure du tarif de service public de l'eau comprend
une partie fixe et une partie variable, proportionnelle à la
consommation d'eau ;
• la partie fixe appelée prime fixe, et ou cotisation traduit
les investissements engagés, y compris les subventions ;
• la partie variable appelée prix de l'eau, traduit les coûts
d'exploitation et les diverses charges ;
• le prix de l'eau potable comprend obligatoirement une
tranche sociale dont le seuil de consommation est fixé par
l'Organisme Régulateur ;
• le montant de la prime fixe et le prix de l’eau peuvent être
spécifique à chaque système d’eau ;
• le tarif peut être ajusté pour tenir compte de l’évolution
de l’environnement économique.
Le gestionnaire soumet sa grille tarifaire à l'Organisme
Régulateur pour approbation. La grille tarifaire comprend45 :
• le tarif proprement dit, c'est-à-dire, le montant de la
prime fixe, le prix à appliquer à la tranche sociale et le
prix de l'eau pour le reste de la consommation ;
• les différentes redevances associées à l'exploitation du
système d'eau ;
• les taxes applicables à la délégation de gestion.

44
Décret n°2003/791 portant réglementation tarifaire du service public de l’eau et de l’assainissement – article 2.
45
Décret n°2003/791 – article 4.

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EXPERIENCE 8
Consentement à payer à Madagascar
Etude de cas à Fianarantsoa46
Pour arriver à la valeur économique pour une eau de qualité
améliorée à Fianarantsoa, deux types de questions sur le
consentement à payer (CAP) ont été formulés selon que les
ménages sont reliés à un système d’alimentation en eau par
tuyauterie ou s’ils utilisent les bornes fontaines/sources
traditionnelles d’eau. Les scénarios ont été basés sur une
hypothèse d’amélioration de l’eau:
• Dans les cas où ils utilisent l’eau des sources
traditionnelles et des bornes-fontaines, les ménages
bénéficieront d’une borne-fontaine très proche et accessible à
tout moment sans avoir à faire la queue, de l’eau disponible
pendant toute l’année et sans besoin de bouillir avant
utilisation ;
• Dans le cas des ménages disposant individuellement de l’eau
courante de la JIRAMA, il leur a été proposé de l’eau
disponible jour et nuit pendant toute l’année, avec un débit
suffisant, et sans qu’il soit besoin de bouillir avant
utilisation.
Le CAP médian est évalué à environ 40 FMG par seau, ce qui
implique que si la communauté avait à voter pour un tarif
spécifique, 50% n’accepteraient pas un prix qui soit plus
cher.
Etude de cas dans l’Isalo47
Etant donné qu’aucune infrastructure d’approvisionnement en
eau n’a été disponible dans les villages où l’enquête a été
effectuée, le CAP a été surtout axé sur la construction et le
coût de maintien d’un puits. Le scénario proposé a consisté à
décrire les bénéfices d’un puits pour le ménage et aussi la
mise en place d’un système de recouvrement de coût.
Les résultats du CAP médian - 50% des ménages seraient prêts à
payer cette somme - pour la construction d’un puits est estimé
à environ 56.000 FMG. Si on applique ce prix à un village de
100 ménages, 2,8 millions de FMG pourraient être dépensés pour
la construction d’un tel puits puisqu’au moins 50 ménages
seraient prêts à y participer.
Dans une seconde analyse, le CAP médian pour payer l’opération
et les coûts de maintenance du puits est estimé à 40 FMG par
seau ou 9.500 FMG par ménage par mois. Ceci représente près de
5% du revenu moyen d’un ménage dans cette zone.

46
Ramy RAZAFINDRALAMBO, Valeur économique de l’alimentation en eau urbaine, cas de la ville de Fianarantsoa, 2001.
47
Zaza Burton RANDRIAMIARANA, Valeur de l’amélioration en eau en milieu rural, cas de l’Isalo, 2001.

Décembre 2006 21/25


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EXPERIENCE 9
Modèle de tarification à Madagascar48
Un travail de construction tarifaire a été fait dans le cadre
du Programme d’Appui aux Initiatives de Quartier (PAIQ) à
Antsiranana pour les associations gérantes des points d’eau
collectifs. La construction du prix de l’eau doit tenir
compte :
• de la facturation ventilée entre la JIRAMA (consommation,
redevance et prime fixe), la Commune (taxe, surtaxe,
assainissement), l’Etat (TVA), etc.  308 ariary/m3 (0,31
ariary/litre) ;
• des charges variables, fonction de la consommation moyenne
aux bornes fontaines (300 m3/mois)  92.500 ariary/mois ;
• des charges fixes des associations gérantes (salaire du
fontainier, indemnités diverses, frais de déplacement,
fournitures, produits d’entretien/nettoyage)  105.000
ariary/mois.
Dans ce scénario, les charges totales sont donc de 197.500
ariary/mois (658 ariary/m3 , 0,66 ariary/litre). Le programme
dispose dès lors du tableau suivant :
P0 P1 P2
Seau de 15 litres 9,9 13,8 10
Bac de 80 litres 52,7 73,7 100
Bac de 120 litres 79 110,6 150
Bac de 240 litres 158 221,2 250
Douche (60 litres) 39,5 55,3 100
WC 13,2 18,4 50

P0 : prix au seuil de rentabilité ;


P1 : prix avec une marge de 40% ;
P2 : prix tenant compte des études socio-économiques.

4.3 Les modes de recouvrement


Les formes de facturation du service de l’eau que l’on rencontre sont nombreuses, mais seuls
deux cas sont plus fréquents : la vente à l’unité et la redevance périodique forfaitaire49.
 la vente à l’unité (au seau, au fût…) : c’est le mode de recouvrement le plus pratiqué.
Un vendeur d’eau est installé derrière la borne fontaine, et il encaisse pour chaque
bassine d’eau remplie. Il paie chaque mois à la structure de gestion du système, le
volume d’eau distribué. Ce mode offre de nombreux avantages :
o il ne demande pas une forte organisation sociale,
o le gaspillage d’eau est limité,
o les responsabilités de chacun sont clairement définies.
Il entraîne par contre des charges de personnel importantes et ne favorise pas l’accès
à l’eau potable aux familles les plus pauvres en saison pluvieuse (ceux-ci ont tendance
à se détourner vers les points d’eau gratuits dont la qualité est souvent médiocre).

48
Capitalisation du PAIQ Antsiranana, 2006.
49
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.

Décembre 2006 22/25


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 la redevance forfaitaire périodique : c’est un mode souvent utilisé en milieu rural.


L’abonné paie à l’échéance de la période convenue, une redevance forfaitaire. Les
avantages de ce mode de recouvrement sont :
o les usagers achètent le service périodique en une seule fois, lorsqu’ils ont des
revenus monétaires importants (après la récolte de coton par exemple),
o les charges liées à la distribution de l’eau sont réduites au minimum,
o en saison des pluies, les usagers continuent à s’approvisionner aux bornes-
fontaines.
Les inconvénients sont :
o nécessite une bonne structuration de la communauté (forte cohésion sociale),
o pas d’économie d’eau par les usagers.

Décembre 2006 23/25


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4.4 Redevances et taxes spécifiques recouvrées par le gestionnaire du service


public de l’eau50
REGLEMENTATION 10
Redevances et taxes
Les taxes sont composés par la redevance de régulation, des
taxes et surtaxes communales.
Les redevances associées à l'exploitation des systèmes d'eau
sont: les redevances sur les ressources en eau, redevance de
branchements sociaux, redevances d'assainissement.
• La redevance de régulation est destinée à couvrir les
charges de l'Organisme Régulateur. Elle constitue une charge
d'exploitation du gestionnaire. Elle est constituée d’un
pourcentage sur le chiffre d'affaires des gestionnaires
délégués.
• Les redevances pour le financement des infrastructures mises
à la disposition du gestionnaire des services d'eau
contribuent au financement des investissements de
réhabilitation, renouvellement et extension du service public
de l’eau potable. Elles sont facturées et recouvrées auprès
des usagers par le gestionnaire délégué du service public de
l’eau potable pour le compte du Maître d’ouvrage
• Les redevances de branchements sociaux contribuent au
financement des branchements desservant individuels des
ménages à faibles revenus et des bornes fontaines. Elles sont
perçues auprès des usagers, par le gestionnaire du service
public de l’eau potable pour le compte du Maître d’ouvrage.
Les montants collectés au titre de ces redevances sont versés
à un fonds de branchements sociaux et exclusivement destinés
au financement des branchements sociaux et des bornes-
fontaines. Le Maître d’ouvrage définit les modalités
d'utilisation des ressources du fonds et tient une
comptabilité spécifique de ce fonds.
Des taxes et surtaxes communales sur les services d'eau
potable peuvent être instituées par les communes sur
délibération du conseil municipal […] Les taxes et surtaxes
communales sont recouvrées auprès des usagers par les
gestionnaires des systèmes d’eau pour le compte des communes.
Les montants dus sont basés sur les montants effectivement
recouvrés par le gestionnaire. Ils sont prioritairement
affectés par les communes au paiement de leurs consommations
d'eau potable.

5 Régie communale de l’eau (RCE)


Pour déconnecter les ressources de l’eau des ressources fiscales alimentant le budget
communal, des régies communales sont créées, afin que les ressources de l’eau générées par
sa vente puissent être directement affectées aux dépenses du même service51.
La commune tient un compte auxiliaire à son budget tant pour les services d’approvisionnement
en eau potable et d’assainissement collectif des eaux usées domestiques dont la gestion est

50
Décret n°2003/791 – articles 11 à 15.
51
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 54.

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directement assurée par elle que pour les charges et recettes qui la concernent en cas de
gestion déléguée52.

6 Démarche vers un service de l’eau payant pour les Communes


urbaines de la SAVA

Etape 0 : CFDF « eau »


- définition des nouvelles missions de la CFDF « eau » : organe représentatif de la
population, gestionnaire délégué du service de l’eau potable (stratégie, gestion
financière, appels offres pour affermage, etc.)
Etape 1 : état des lieux exhaustif
- en terme de capacités de production d’eau potable (actuelle, perspective, etc.) ;
- en terme de distribution (état du réseau, des points d’eau collectifs, des branchements
privés, etc.) ;
- en terme de consommation ;
- en terme de recouvrement (facturation, abonnements, etc.) ;
- en terme d’entretien/maintenance ;
- en terme de régulation (MEM, CU, etc.)
Etape 2 : état des lieux exhaustif :
- en terme de capacités de production d’eau potable (actuelle, perspective, etc.) ;
- en terme de distribution (état du réseau, des points d’eau collectifs, des branchements
privés, etc.) ;
- en terme de consommation ;
- en terme de recouvrement (facturation, abonnements, etc.) ;
- en terme d’entretien/maintenance ;
- en terme de régulation (MEM, CU, etc.)

Etape 3 : la CU se désengage de l’entretien des points d’eau collectifs existants. Des


comités d’usagers prennent en charge la gestion des points d’eau collectifs et collectent les
cotisations nécessaires à la réhabilitation, la valorisation et l’entretien de ces points d’eau.
- à chaque point d’eau peut correspondre un comité ;
- plusieurs points d’eau voisins peuvent être pris en charge par un comité ;
- le CDF peut coordonner cette gestion des points d’eau dans le FKT ;
- une personne peut être responsable de la gestion des points d’eau d’un secteur ou du
FKT et être indemnisée pour son travail.
- etc…
Etape 4 : la CFDF, le SCEPA et la JIRAMA réalisent une réflexion sur la tarification du
service public de l’eau potable.
Etape 5 : les comités d’usagers s’organisent en association de droit privé et obtiennent la
délégation de gestion des points d’eau collectifs.

52
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 56.

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