Note Technique Sur Les Modes de Gestion de Services D Eau Potable A Madagascar
Note Technique Sur Les Modes de Gestion de Services D Eau Potable A Madagascar
Note Technique Sur Les Modes de Gestion de Services D Eau Potable A Madagascar
Centre International de
Développement et de Recherche
Publication UNGANA 1426 – © CIDR – Tous droits de reproduction réservés
1 Introduction
1.1 Hydraulique villageoise et urbaine
En matière d'approvisionnement en eau potable, ce que nous appelons « petites villes », se
situe entre deux champs balisés depuis longtemps1 : l'hydraulique rurale, caractérisé par une
gestion de type « communautaire » faisant appel à des bénévoles, et par des standards de
service relativement bas (puits à grand diamètre, forage équipé d'une pompe manuelle, etc.),
et l'hydraulique urbaine, où l'opérateur est une société concessionnaire de droit privé ou
public et jouissant en général d'une situation de monopole.
Par hydraulique semi-rurale, on entend la problématique de l'approvisionnement en eau des
populations habitant dans des centres semi-ruraux entre 2.000 et 10.000 habitants. Ces
chiffres ne sont pas choisis au hasard2 :
• En dessous de 2.000 habitants (domaine de l'hydraulique rurale), il est relativement
aisé de satisfaire les besoins en eau (moins de 40 m3/jour) par un nombre approprié
de points d'eau modernes3.
• Les petits centres semi-ruraux (2.000 à 10.000 habitants) demandent entre 40 et 200
m3/jour mais sont trop petits pour intéresser les entreprises de distributions d’eau,
souvent centralisées dans les plus grosses agglomérations, mais également trop grands
pour relever des méthodes habituelles de l’hydraulique rurale ; par conséquent, au
delà de 2.000 habitants, il apparaît techniquement plus facile et économiquement plus
rentable de se tourner vers d'autres solutions comme les AEP (Adduction d'Eau Potable)
simplifiées car le nombre de points d'eau à réaliser pour satisfaire les populations
devient rapidement important.
• Dans les centres secondaires (au-delà de 10.000 habitants), les problèmes deviennent
encore plus complexes : les besoins se chiffrent en centaines ou en milliers de m3/jour et
il faut alors envisager des solutions plus adaptées qu'une simple AEP simplifiée. Les
centres secondaires regroupent les quartiers « irréguliers » des grandes villes où le tissu
urbain anarchique rend particulièrement difficile l’installation de grands réseaux
collectifs et les quartiers périurbains à habitat peu dense où l’extension du réseau de
distribution centralisé pose des problèmes de rentabilité.
1.2 Concurrence/complémentarité des points d’eau traditionnels et modernes
L’implantation ou le développement des AEP sont presque toujours associés à la présence
d’eaux de surface ou d’eaux souterraines aisément exploitables qui du fait de la gratuité
d’accès, concurrence fortement les points de distribution payants.
Pour s’en convaincre, il suffit de constater les fortes variations de vente de l’eau aux bornes
fontaines entre la saison des pluies et la saison sèche (même en milieu urbain). Dans la situation
actuelle, l’existence, la densité et la pérennité des points d’eau traditionnels sont encore à
prendre en compte dans la conception et le dimensionnement des systèmes de desserte en eau
potable modernes.
Les ménages sont attachés à la complémentarité des modes d’alimentation pour des raisons
sociales, économiques, de sécurité. Si le réseau est vu comme la meilleure solution,
l’aménagement des sources est demandé en priorité dans certains quartiers éloignés, par
réalisme et parce qu’il s’agit d’un patrimoine local. Les habitants sont prêts à participer aussi
bien à la construction d’une borne fontaine qu’à l’aménagement d’une source4.
1
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.
2
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
3
Par exemple, selon les normes en vigueur au Burkina Faso : 1 point d'eau moderne pour 500 habitants.
4
PS-EAU, La complémentarité des modes d’approvisionnement en eau, Action de recherche n°1 à Kindia (Guinée), 1998.
5
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 19.
6
Décret n°2003/193 – article 10.
• Qui doit financer les extensions et la modernisation des systèmes confrontés à une
augmentation rapide de la demande ? Les bailleurs, les futurs bénéficiaires (souvent
pauvres est qui doivent assumer seuls le coût de leur raccordement) ?
En réponse à ces difficultés, de nombreux pays ont prévu des modalités de transfert, total ou
partiel, de la maîtrise d’ouvrage à des instances locales : associations d’usagers (au Bénin ou
au Niger) ou municipalités (en Mauritanie, au Mali, à Madagascar, etc.).
REGLEMENTATION 3
Transfert de maîtrise d’ouvrage du service de l’eau potable
La commune étant la collectivité territoriale de base7, la
distribution publique de l’eau est un service public communal8
et la commune en est le maître d’ouvrage9 par l’intermédiaire
du conseil municipal. Les responsabilités du maître d’ouvrage
du service public de l’eau sont10 :
• l’organisation du service de l’eau potable ;
• le lancement des appels d'offres des délégations de gestion
de service public, la négociation et la conclusion de tous
les contrats de délégation de gestion ainsi que de leurs
avenants ;
• le contrôle de la gestion du service public dans le cadre du
contrat de délégation de gestion ;
• l'établissement des plans d'investissement, la recherche et
la mise en place des financements octroyés par l’Etat, le
lancement des procédures de dévolutions des marchés d’études
et de travaux, l’engagement des marchés correspondants et
l’ordonnancement des paiements de ces marchés ;
• l'approbation des plans d'investissements des systèmes
d’eau, dont le financement et la réalisation sont à la charge
des gestionnaires délégués.
Toutefois, aussi longtemps que les communes ne satisferont pas
aux critères de capacité pour l'exercice de tout ou partie des
responsabilités incombant aux maîtres d'ouvrage, celles-ci
seront exercées par le Ministre chargé de l’Eau Potable
jusqu’à leur habilitation11. Les critères à remplir par les
communes pour assumer pleinement l’ensemble des
responsabilités de maître d’ouvrage sont les suivants12 :
• respecter l’ensemble des obligations administratives,
financières, budgétaires et comptables inscrites dans les lois
et règlements organisant les Communes ;
• disposer des services appropriés pour exercer l’ensemble
des responsabilités de maître d’ouvrage ;
• avoir établi un plan de développement du service public de
l’eau comportant le programme d’investissement à réaliser sur
cinq ans au moins, ainsi que son mode de financement ;
• avoir établi avec l’Etat, représenté par la Société de
Patrimoine, un inventaire des biens du « système d’eau » et
des dettes contractées pour le financer. A défaut d'accord
entre la Société de Patrimoine et la commune sur le contenu de
7
Loi n°94-001 du 26 avril 1995 – article 2.
8
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 portant Code de l’eau – article 39 – ainsi que Décret n°2003/945 relatif à l’organisation administrative de
l’eau et au transfert de compétences entre les différentes collectivités décentralisées – article 2.
9
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 41.
10
Décret n°2003/193 portant fonctionnement et organisation du service public de l’eau potable et de l’assainissement des eaux usées
domestiques – article 14.
11
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 41.
12
Décret n°2003/193 – article 26.
13
Gérard Verger, SPID, La délégation de gestion dans le secteur de distribution d’eau potable, 1997.
14
Décret n°2003/193 – article 94.
EXPERIENCE 1
La régie directe de la commune de Diébougou (Burkina Faso)15
Le Maire de la commune a établi de fait le service public
local d’eau potable sous la forme d’une régie directe
administrée par le Maire lui-même avec l’appui de ses services
et de la Direction Régionale de l’Hydraulique du Sud-ouest.
L’AEP de Diébougou est gérée de façon informelle c’est à dire
que les rôles et tâches des différents acteurs ne sont pas
clairement indiqués.
Le Maire : c’est le responsable de la régie, de ce fait, il
représente juridiquement le système auprès des partenaires
locaux comme extérieurs. Il a, dans la cadre de la gestion des
bornes fontaines (BF), chargé de façon informelle certaines
personnes pour des tâches spécifiques ; il s’agit :
• des délégués de secteurs pour identifier et désigner les
fontainiers des BF ;
• d’un bénévole qui assume depuis la mise en service de l’AEP
en 1999 les fonctions de « chef d’exploitation » (surveillance
du réseau, mise en marche et arrêt du pompage, détection des
pannes, information de l’autorité communale en vue des
réparations après certification de la Direction régionale de
l’eau, achat des pièces nécessaires pour la réparation…) ;
• de l’aide-comptable de la Mairie qui a été désigné pour
recueillir les recettes issues de la vente auprès des
fontainiers ;
• des fontainiers de BF.
On peut noter quatre faiblesses majeures au niveau de cette
gestion. Il s’agit de :
• inexistence d’une nomenclature de saisie au niveau des
fontainiers ;
• inexistence d’un cadre comptable ;
• absence de contrôle professionnel (la régie n’a pas d’organe
technique) ;
• absence d’autonomie financière de la régie: budget eau est
fondu dans le budget communal.
15
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
16
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
3.2.3 Le sous-contrat
Dans le cadre de sa mission de gestion du service public de l’eau potable, la régie peut sous-
contracter. Le sous-contrat, généralement de courte durée (moins de 5 ans), vise à faire
réaliser certaines tâches par un tiers. Dans certains cas, la nature des prestations peut même
consister en la maintenance des constructions et équipements, le relevé des compteurs ou la
facturation ; mais le tiers n’est pas responsable de la fourniture du service de l’eau potable17.
Il peut donc s’agir d’un simple contrat de maintenance qui engage une entreprise, moyennant
paiement d’un forfait périodique (généralement annuel) par la commune à entretenir les
installations.
Rapportées aux simple cas des fontainiers, ces expériences montrent les sérieuses difficultés
que ce principe peut occasionner :
• peu de responsabilisation/indépendance du fontainier qui est mal payé et qui reste,
pas conséquent, un villageois comme les autres ;
• pas de fiabilité de l’association des usagers de l’eau dans la gestion des recettes ;
• nécessité d’un soutien politique permettant à l’entreprise un recours en cas de non-
paiement.
En conclusion, les taux de recouvrement sont faibles, diminuent dans le temps et induisent une
situation conflictuelle entre la communauté et l’entreprise. Le contrat de maintenance est mieux
adapté à un client unique propriétaire de son bâtiment18.
EXPERIENCE 3
Sous-contractualisation à Santiago (Chili)
EMOS, l’entreprise publique semi-autonome desservant la ville,
donne à contrat à des entreprises privées, un certain nombre
d’activités (allant de la lecture des compteurs à la
maintenance du réseau). Les activités considérées comme
stratégiques ne sont pas sous-contractées (facturation,
recouvrement, comptabilité) et de manière générale toutes
celles qu’EMOS peut réaliser à un coût moindre que le privé.
Les contrats sont accordés, suite à un appel d’offres, pour
une durée de 2 ans.
17
Gérard Verger, SPID, La délégation de gestion dans le secteur de distribution d’eau potable, 1997.
18
PS-EAU, Lettre 39, 2002.
19
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 45.
20
Décret n°2003/193 – article 48.
21
Décret n°2003/193 – article 2.
22
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.
23
Décret n°2003/193 – articles 104 à 106.
24
PS-EAU, Cahier N°11, Modes de gestion des bornes fontaines dans les quartiers péri-urbains, le cas de trois villes maliennes, juin 1997.
25
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.
reportés dans un cahier. Les montants épargnés sont la plupart du temps déposés sur un
compte d’épargne ou bancaire.
Le fonctionnement des comités de gestion gagne en efficacité si :
leur composition et leur relation avec le maître d’ouvrage sont clairement formalisées,
périodiquement évaluables et révisables. Il faut en particulier préciser qui, des
habitants ou des usagers, y est représenté et quels sont le contenu et la durée des
mandats ;
leur articulation avec la commune est clair ;
le principe du bénévolat n’est pas automatiquement adopté.
Les fontainiers sont soit salariés, soit rémunérés à la marge. Dans ce dernier cas, on peut les
considérer comme des gérants privés ; leur mode de fonctionnement est d’ailleurs plus souple
(pas de réglementation en matière d’horaire, de propreté, etc.).
Ne pouvant être assurée localement, la maintenance est généralement confiée à une
entreprise privée et peut faire l’objet d’un contrat d’entretien.
En conclusion, une des principales caractéristiques de la gestion communautaire est le partage
des fonctions à assurer entre intervenants différents, la production et la distribution dépendant
largement du secteur informel. Cette caractéristique lui confère sa grande souplesse, tout en
minimisant les coûts de structure, mais place la question de la régulation au cœur de la
problématique.
REGLEMENTATION 6
Cas des Fokontany
Les Fokontany peuvent, à leur demande, exercer la maîtrise
d'ouvrage déléguée des petits systèmes ruraux
d'approvisionnement en eau potable situés sur leur territoire
avec l’accord de la commune de rattachement. Les critères à
remplir par les Fokontany pour exercer cette maîtrise
d’ouvrage déléguée sont basés sur des capacités techniques et
financières26. Pour un petit système rural d’approvisionnement
en eau potable, dès l’accès de la commune à la maîtrise
d’ouvrage, un contrat de gestion délégué doit être conclu en
priorité avec les comités des points d’eau en exercice dans sa
circonscription, qui se constitue en association
réglementaire27.
26
Décret n°2003/193 – articles 31 et 32.
27
Décret n°2003/193 – article 49.
28
Ibidem.
29
Le Bénin a élaboré des textes formalisant le statut des associations d’usagers et les conditions de leur fonctionneent en tant que
délégataires.
30
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.
31
Ibidem.
32
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.
33
Décret n°2003/193 – article 70.
34
Décret n°2003/193 – article 49.
3.4.2 L’affermage
Il s’agit d’un contrat de délégation de service public par lequel le maître d’ouvrage confie à
un tiers (appelé le « fermier ») le mandat de gérer le service public de l’eau potable ou de
l’assainissement à ses frais, risques et périls. Le maître d’ouvrage charge ce tiers de
l’exploitation du service, de la maintenance des installations d’eau et de la responsabilité de
tout ou partie des investissements de renouvellement d’ouvrages existants à courte durée de
vie économique ainsi que la relation avec l’usager (facturation, encaissement, etc.). Le
financement et la construction d’ouvrages nouveaux ou l’extension et le renforcement
d’ouvrages à longue durée de vie économique demeure de la responsabilité de la Commune.
Un contrat d'affermage a une longue durée (au moins trois ans et de 10 à 15 ans dans le cas
de société), période après laquelle le fermier est tenu de remettre à la collectivité publique les
installations dans un état de fonctionnement convenable.
Souvent, une formule de variation des tarifs assure, pendant la durée du contrat, l’indexation
contrôlée des tarifs. Le risque commercial couru par le fermier dépend du type de clauses
contractuelles. Si celles-ci lient sa rémunération aux sommes recouvrées, le fermier aura, à la
fois, tout intérêt à lutter contre les pertes techniques, à améliorer le système de relevé de
compteurs, la facturation et le recouvrement. Le risque financier dépend aussi des termes du
contrat et notamment de l’importance représentée par les investissements tournants ; dans tous
les cas, le fermier doit assurer le financement du fonds de roulement.
La différence entre l’affermage et la concession est que, dans le premier cas, le fermier est
appelé à verser à la Commune une redevance, ce qui n’est pas le cas dans la concession.
Bien que plus lourde à mettre en place que la gérance, cette option est satisfaisante pour
l’entreprise et les usagers. L’entreprise gérant directement les recettes s’assure un taux de
recouvrement optimal et stable. Les fontainiers, salariés de l’entreprise, ont une fonction
reconnue par la communauté et sont moins soumis aux pressions sociales. Enfin, l’usufruit du
35
Le terme régie est ici impropre, il s’agit en fait d’un cas particulier de concession.
système d’eau étant concédé à l’entreprise, elle dispose d’un droit de coupure face aux
mauvais payeurs, mieux accepté par les usagers36.
EXPERIENCE 5
Postes d’eau autonomes : affermage ou gestion directe pour la
gestion communautaire ?37
Deux modèles ont été mis en place : l’affermage et la gestion
directe avec contrat d’entretien. Le constat est que la
différence entre les 2 modes de gestion est faible, et ne se
situe en tout cas pas là où on l’attendait. Cette faible
différenciation tient en partie à la distance : le fermier
n’est pas sur place ; le contrôle de la gestion quotidienne
revient donc naturellement au comité, qui devient
« lieutenant » du fermier dans les rapports de celui-ci au
fontainier.
Le véritable rôle du fermier est d’être un « garde-fou »
financier et un régulateur vis-à-vis du comité de gestion. Le
contrat d’affermage apporte essentiellement un plus dans la
gestion des recettes de la vente de l’eau, faisant respecter
les règles du jeu définies à l’origine : visite fréquente des
stations, recouvrement des coûts, mise en réserve de
ressources pour le renouvellement. Toutes ces règles qui
devraient être assurées pleinement par le comité alors
qu’elles sont perçues comme une obligation extérieure (du
bailleurs).
• Foulan Koira (Togo) : 4 postes d’eau autonomes gérés par la
société des eaux, délégués à un gérant privé (gros commerçant
du quartier), qui à sont tour a des fontainiers salariés ; la
société des eaux assure les grosses réparations, le
renouvellement.
36
PS-EAU, Lettre 39, 2002.
37
PS-EAU, Analyse comparative des performances de divers systèmes de gestion déléguée des points d’eau collectif, Action de recherche
n°2, 1998.
EXPERIENCE 6
Gestion déléguée des bornes fontaines alimentées par le
réseau38
La gestion se fait le plus souvent sous la forme d’un contrat
entre une entreprise d’eau et des gérants de points d’eau ;
dans un système intégré de production, transport,
distribution ; seule la phase finale de la distribution est
confiée à un tiers, sous la forme d’une transaction
commerciale courante : la vente de l’eau en gros, et par
l’affermage du dispositif de distribution.
• Toffo (Bénin) : système autonome, géré par la société des
eaux ; points d’eau collectifs administrés par des fontainiers
rémunérés à la marge ; abonnements privés (branchements
sociaux) avec revente aux voisins ; un chef de centre local,
et la gestion commerciale assurée par le centre régional ;
horaires non réglementés ; concurrence non maîtrisée entre
fontainiers et revente de voisinage, aboutissant à la
disparition des bornes fontaines.
• Mali (Guinée) : fontainiers rémunérés au % sur les ventes
calculées au compteur : ils sont désignés par la commune et
formé par la société d’exploitation ; le fontainier remet les
recettes au gérant qui reverse lui-même à la société
d’exploitation. La mairie est chargée de gérer (via un
accord-cadre fixant les modalités de gestion et le tarif) les
bornes fontaines et les nouveaux raccordements.
3.4.3 La concession
Il s’agit d’un contrat de délégation de service public par lequel un maître d’ouvrage confie à
un tiers (le plus souvent une société) le mandat de gérer le service public de l’eau potable ou
de l’assainissement à ses frais, risques et périls (c’est-à-dire qu’il assume les pertes si les
recettes sont inférieures aux charges). Le maître d’ouvrage charge ce tiers de l’exploitation
du service, de la maintenance des installations d’eau, des investissements de construction, de
renouvellement et d’extension du réseau. La concession se négocie pour une durée longue (15
à 25 ans), période après laquelle le concessionnaire est tenu de remettre à la collectivité
publique les installations dans un état de fonctionnement convenable. Généralement, la durée
de la concession tend à refléter le nombre d’années qu’il faut au concessionnaire pour
recouvrer son investissement. Le concessionnaire se rémunère au moyen des redevances
perçues sur les usagers.
EXPERIENCE 7
Cas des concessionnaires de réseaux (Mauritanie)39
Un double processus de système de concession et de concession
octroyée à des ingénieurs qualifiés
En 1995, la Direction de l’Hydraulique (Ministère de
l’Hydraulique et de l’Energie), recrute de jeunes diplômés
(ingénieurs BTP, hydraulicien, etc.), pour la plupart formés à
l’étranger et dont certains étaient en recherche d’emploi
depuis plusieurs années. Primauté est donnée à la proximité
familiale. Chaque diplômé devient ainsi concessionnaire de sa
ville d’origine ou à défaut de son département d’origine.
38
Ibidem.
39
L’intégralité du texte de ce paragraphe vient de : GRET, Concessionnaires de réseaux d’eau potable en Mauritanie, 2001.
40
PS-EAU, La gestion du service de l’eau dans les petites villes, 2001.
Risque
Types Propriété Investissements Maintenance Exploitation Rémunération Risque financier
commercial
Généralement la
rémunération est
Le gestionnaire
Aux frais de la indépendante du La
Gérance La Commune La Commune pour le compte La Commune
Commune tarif, du volume Commune
de la Commune
vendu ou du
résultat
Le fermier :
• entretien en bon
La Commune état de
pour la plupart fonctionnement et
des réparation à ses frais
investissements des ouvrages,
importants : équipements et
• établissement matériels permettant La rémunération
de nouvelles la marche de du fermier est
l’exploitation ; La Commune (le
canalisations constituée d’une
• renouvellement des risque du fermier
et/ou ouvrages partie du tarif
matériels tournants, est limité au
Affermage La Commune (renforcements et Le fermier fixe ou variable. Le fermier
accessoires financement du
extension) ; La Commune
hydrauliques, fonds de
• travaux de reçoit une partie
équipements roulement)
renouvellement de la redevance
des captages électromécaniques et (surtaxe).
et/ou des compteurs ;
ouvrages de • renouvellement des
génie civil et/ou branchements sauf le
des canalisation. cas des branchements
renouvelés à
l’occasion d’opération
de renforcement
La Commune ; le Le
concessionnaire concessionnaire Le
Le Le Le
Concession en a l’usufruit Le concessionnaire conserve la concessionn
concessionnaire concessionnaire concessionnaire
jusqu’à la fin de totalité des aire
la concession. redevances
41
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
42
Ibidem.
43
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
comment est prévu le paiement du service de l'eau ? Par une vente, par abonnement ou
à la bassine ?
en cas de vente à la bassine, est-il prévu d'employer des fontainiers salariés ou des
revendeurs d'eau indépendants ?
en cas de subvention extérieure (par les migrants par exemple), comment sera organisé
le système de subvention (quelles charges seront ainsi couvertes et quelle garantie
aura-t-on que cette subvention soit durable) ?
les tarifs de vente ont-ils déjà été négociés ? Si non, pourquoi ? Il est indispensable de
réaliser régulièrement une analyse du coût de revient de l'eau, et de ses variations
selon le niveau de production. Avant le projet, on pourra se baser sur l'analyse des
comptes d'exploitation de systèmes semblables fonctionnant déjà dans la région.
44
Décret n°2003/791 portant réglementation tarifaire du service public de l’eau et de l’assainissement – article 2.
45
Décret n°2003/791 – article 4.
EXPERIENCE 8
Consentement à payer à Madagascar
Etude de cas à Fianarantsoa46
Pour arriver à la valeur économique pour une eau de qualité
améliorée à Fianarantsoa, deux types de questions sur le
consentement à payer (CAP) ont été formulés selon que les
ménages sont reliés à un système d’alimentation en eau par
tuyauterie ou s’ils utilisent les bornes fontaines/sources
traditionnelles d’eau. Les scénarios ont été basés sur une
hypothèse d’amélioration de l’eau:
• Dans les cas où ils utilisent l’eau des sources
traditionnelles et des bornes-fontaines, les ménages
bénéficieront d’une borne-fontaine très proche et accessible à
tout moment sans avoir à faire la queue, de l’eau disponible
pendant toute l’année et sans besoin de bouillir avant
utilisation ;
• Dans le cas des ménages disposant individuellement de l’eau
courante de la JIRAMA, il leur a été proposé de l’eau
disponible jour et nuit pendant toute l’année, avec un débit
suffisant, et sans qu’il soit besoin de bouillir avant
utilisation.
Le CAP médian est évalué à environ 40 FMG par seau, ce qui
implique que si la communauté avait à voter pour un tarif
spécifique, 50% n’accepteraient pas un prix qui soit plus
cher.
Etude de cas dans l’Isalo47
Etant donné qu’aucune infrastructure d’approvisionnement en
eau n’a été disponible dans les villages où l’enquête a été
effectuée, le CAP a été surtout axé sur la construction et le
coût de maintien d’un puits. Le scénario proposé a consisté à
décrire les bénéfices d’un puits pour le ménage et aussi la
mise en place d’un système de recouvrement de coût.
Les résultats du CAP médian - 50% des ménages seraient prêts à
payer cette somme - pour la construction d’un puits est estimé
à environ 56.000 FMG. Si on applique ce prix à un village de
100 ménages, 2,8 millions de FMG pourraient être dépensés pour
la construction d’un tel puits puisqu’au moins 50 ménages
seraient prêts à y participer.
Dans une seconde analyse, le CAP médian pour payer l’opération
et les coûts de maintenance du puits est estimé à 40 FMG par
seau ou 9.500 FMG par ménage par mois. Ceci représente près de
5% du revenu moyen d’un ménage dans cette zone.
46
Ramy RAZAFINDRALAMBO, Valeur économique de l’alimentation en eau urbaine, cas de la ville de Fianarantsoa, 2001.
47
Zaza Burton RANDRIAMIARANA, Valeur de l’amélioration en eau en milieu rural, cas de l’Isalo, 2001.
EXPERIENCE 9
Modèle de tarification à Madagascar48
Un travail de construction tarifaire a été fait dans le cadre
du Programme d’Appui aux Initiatives de Quartier (PAIQ) à
Antsiranana pour les associations gérantes des points d’eau
collectifs. La construction du prix de l’eau doit tenir
compte :
• de la facturation ventilée entre la JIRAMA (consommation,
redevance et prime fixe), la Commune (taxe, surtaxe,
assainissement), l’Etat (TVA), etc. 308 ariary/m3 (0,31
ariary/litre) ;
• des charges variables, fonction de la consommation moyenne
aux bornes fontaines (300 m3/mois) 92.500 ariary/mois ;
• des charges fixes des associations gérantes (salaire du
fontainier, indemnités diverses, frais de déplacement,
fournitures, produits d’entretien/nettoyage) 105.000
ariary/mois.
Dans ce scénario, les charges totales sont donc de 197.500
ariary/mois (658 ariary/m3 , 0,66 ariary/litre). Le programme
dispose dès lors du tableau suivant :
P0 P1 P2
Seau de 15 litres 9,9 13,8 10
Bac de 80 litres 52,7 73,7 100
Bac de 120 litres 79 110,6 150
Bac de 240 litres 158 221,2 250
Douche (60 litres) 39,5 55,3 100
WC 13,2 18,4 50
48
Capitalisation du PAIQ Antsiranana, 2006.
49
CREPA, Etude institutionnelle et financière des AEP dans le contexte du recouvrement des coûts au Burkina Faso, 2004.
50
Décret n°2003/791 – articles 11 à 15.
51
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 54.
directement assurée par elle que pour les charges et recettes qui la concernent en cas de
gestion déléguée52.
52
Loi n°98-029 du 20 janvier 1999 – article 56.