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LEÇON 18 : LES RELATIONS EST-OUEST DE 1945 AUX ANNEES 90

Introduction
Au lendemain du second conflit mondial, les EU et l’URSS se retrouvent face à face.
Ils ont combattu ensemble dans le même camp, mais leur différence idéologique et leur
volonté de se poser en modèle les conduisent à s’opposer radicalement. Cette guerre d’un
nouveau genre, la « guerre froide », s’achève au début des années 90, lorsque le bloc
communiste implose et que l’URSS disparaît.
I- Les relations Est/Ouest de 1945 à 1962
1- La formation des blocs
Dès 1946, l'Armée rouge favorise la mise en place de gouvernements communistes dans
les pays d'Europe de l'Est qu'elle occupe. Le Britannique Winston Churchill dénonce le «
rideau de fer » qui partage désormais l'Europe en deux camps.
Inquiets, les Américains cherchent à contenir l'expansion soviétique. Le président Truman
propose ainsi le 12mars 1947, la « doctrine Truman », qui vise au « containment » ou «
endiguement » du communisme partout dans le monde. Le plan Marshall, une aide financière
et matérielle de 13 milliards de dollars est proposée aux pays européens qui se reconstruisent.
Sous la pression de l'URSS, les démocraties populaires la refusent.
Les deux blocs se constituent peu à peu. Des alliances militaires et économiques sont
signées :
- L’Ouest pro US s’organise économiquement dès 1948 avec le Plan Marshall dans
l’OECE (Organisme Européen de Coopération Économique) qui devient en 1961
l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe)
élargie aux USA, au Canada, au Japon à l’Australie, alors que l’OTAN
(Organisation du traité de l’Atlantique Nord) consacre la coopération militaire en
1949. Elle sera renforcée par l’OTASE (Organisation du traité de l'Asie du Sud-
est) l'ANZUS et le pacte de Bagdad ;
- L’Est pro soviétique réplique et s’organise économiquement en 1949 dans le
COMECON (CAEM Conseil d’Assistance Économique Mutuelle), alors qu’en
1955, le Pacte de Varsovie sera le cadre de la coopération militaire.
2- L’affrontement des blocs
a- La division de l’Allemagne et le blocus de Berlin
Au lendemain de la guerre, l’Allemagne est partagée en 4 zones d’occupation par les
vainqueurs. L’Ouest revient aux anglais, aux français et aux américains, alors que l’Est revient
aux soviétiques. Il en est de même pour Berlin, l’ancienne capitale du IIIe Reich.
En juin 1948, quand les puissances alliées de l’Ouest ont émis leur intention d’unifier leur
zone d’occupation, les soviétiques répondent immédiatement en imposant un blocus total
(ferroviaire, routier, fluvial) de Berlin ; c’est le blocus de Berlin. Réagissant dès le 24 afin de
déjouer la manœuvre soviétique et d’approvisionner les quelque 2 millions d’habitants de
Berlin-Ouest, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis mettent en place un pont aérien.
Cette première épreuve s’achève avec la victoire de ces derniers, ce qui oblige les soviétiques
à y mettre un terme en mai 1949.

Suite du programme d’Histoire 3e Leçons 18 à 22 École Pape Benoît XVI


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Ainsi, en Mai 1949, les anglais, les français et les américains unissent leur zone
d’occupation et créent la RFA (République Fédérale d’Allemagne). À l’Est, les soviétiques
répliquent et créent le 7 octobre 1949 la RDA (République Démocratique d’Allemagne).
b- La division de la Chine.
En 1946, la guerre civile reprend en Chine entre nationalistes soutenus par les USA et
communistes soutenus par les soviétiques. La victoire des communistes en 1949 est suivie de
la proclamation de la République Populaire de Chine par Mao. Les nationalistes, avec l’aide
des américains vont à leur tour se réfugier sur l’île de Formose et proclament la République
de Chine de Taiwan.
c- Les guerres de Corée et de Vietnam.
De 1950 à 1953, la Corée est déchirée par une violente guerre de part et d’autre du 38e
Parallèle entre le Nord communiste soutenu par la Chine et l’Urss et le Sud capitaliste soutenu
par les USA.
À partir de 1960, la même situation se passe au Vietnam de part et d’autre du 17e Parallèle
entre le Nord communiste (Hanoï) et le Sud capitaliste soutenu par les USA jusqu’à leur
défaite en 1975.
3- La coexistence pacifique (1953-1962)
a- Les facteurs
Elle est principalement due à l’arrivée au pouvoir de nouveaux dirigeants et à « l’équilibre
de la terreur ».
À sa mort en 1953, Staline est remplacé par Nikita Khrouchtchev. Ce dernier propose en
1956 que La mort de Staline en mars 1953 est l'occasion d'un certain dégel dans les rapports
Est-Ouest : la guerre de Corée s'achève sur un statu quo (1953) ; l'URSS normalise ses
relations avec la RFA. En 1956, que les deux Grands vivent côte à côte, chacun avec son
système. C'est « la coexistence pacifique ».
Du côté des USA, le nouveau président David Eisenhower met fin au Maccarthysme et
adopte une politique prudente dans le roll back.
Le monopole de la bombe atomique par les USA est rompu en 1949, car les autres puissances
(URSS, France, Royaume-Uni, Chine) qui en détiennent. Ce potentiel nucléaire suicidaire
crée un « équilibre de la terreur » qui oblige les Super-grands à détendre leurs relations dans
une coexistence pacifique.
b- Les limites
Cependant cette coexistence pacifique reste très fragile car à la même époque des crises
éclatent. En Août 1961, la RDA élève le mur de Berlin pour séparer Berlin Est de Berlin
Ouest, mur qui sera l’emblème de la guerre froide. C’est la deuxième crise de Berlin. Ce fut
notamment le cas de la crise de Cuba (fusées de Cuba en octobre 1962) quand les soviétiques
ont installée des missiles nucléaires pouvant atteindre et détruire en laps de temps les USA.
Cette crise a failli embraser le monde dans une troisième guerre mondiale.

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II- Les relations Est/Ouest de 1962 à 1991
1- La détente (1962-1975)
a- Les facteurs
Au lendemain de la crise des fusées à Cuba, les relations Est-Ouest s'apaisent. Les raisons
de cette détente sont multiples.
Au plan militaire, on note l’ « équilibre de la terreur » et au plan économique, il y a des
sommes colossales qui sont englouties par la course aux armements. Au plan idéologique, des
difficultés sont notés dans le bloc occidental (retrait de la France de l’OTAN en 1966) et le
bloc communiste se fissure avec la rupture sino-soviétique.
b- Les manifestations
Pour désamorcer les conflits ouverts entre deux puissances surarmées, une liaison directe,
le téléphone rouge, est établie entre Moscou et Washington. Des accords sur l'armement
nucléaire (traité de non-prolifération en 1968) ou le désarmement (SALT-I en 1972) sont
signés. En 1972, chacune des deux Allemagnes reconnaît l'existence de l'autre. En 1975, les
accords d'Helsinki entérinent les frontières de 1945 en Europe, et proposent une coopération
économique entre l'Est et l'Ouest (CSCE : Conférence sur la Sécurité et la Coopération en
Europe, qui deviendra l’OSCE : Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe en
1995).
2- Retour et fin de la guerre froide
a- La « guerre fraîche » (1975-1985)
La crise économique et les chocs pétroliers de 1973 et 1979 relancent les tensions avec
notamment l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Cette nouvelle opposition est appelée «
guerre fraîche ».
L'expansionnisme soviétique connaît en effet un renouveau. Il se manifeste en Afrique
avec le soutien à de nombreux régimes (Angola, Mozambique, Éthiopie) et des accords de
coopération, en Asie avec l'appui de son allié vietnamien qui envahit le Cambodge, et enfin en
Amérique centrale par l'appui apporté aux mouvements de guérilla du Nicaragua, du Salvador
et au Guatemala.
En même temps l’URSS se lance dans un politique de course aux armements en déployant
des missiles SS 20 à partir de 1976.
La réplique du bloc de l’ouest ne fait pas attendre c’est ainsi que l’OTAN lance son
programme de missile : LES PERSHING.
Aux Usa Ronald Reagan élu président en novembre 1980 adopte une politique
interventionniste et de surarmement intensif (la guerre des étoiles), concrétisée en octobre
1983 par le débarquement de forces américaines dans l’île de la Grenade pour contrer un coup
d’État procubain, ainsi que par un soutien militaire aux mouvements de guérilla
anticommunistes en Afghanistan, au Nicaragua et en Angola.
Cependant L’Union soviétique, très affaiblie économiquement depuis la fin des années
soixante-dix et accusant un retard considérable dans le domaine des nouvelles technologies,
ne peut rivaliser : la fin de la guerre froide s’approche.

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b- Reprise du dialogue et fin de la guerre froide
Malgré ses avancées, l'URSS s'épuise. Elle s'enlise dans une guerre sans fin en
Afghanistan, et peine à contrôler les dissidences en Europe. Le système soviétique, surtout, ne
parvient plus à répondre aux besoins agricoles, technologiques et économiques du pays.
Le nouveau dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, tente des réformes, la perestroïka
pour libéraliser l'économie, et la glasnost pour rétablir les libertés politiques. Le ton adopté à
Moscou favorise la reprise du dialogue. Les négociations sur le désarmement aboutissent à
des accords de réduction des arsenaux nucléaires (traité de Washington de 1987). Du côté de
Berlin, le « mur de la honte » s'effondre, dans la liesse populaire, le 9 novembre 1989.
Le système communiste est remis en cause et les régimes communistes d’Europe
s'effondrent les uns après les autres. L'URSS, elle-même, n'échappe pas aux bouleversements.
Elle est dissoute en 1991. Avec la disparition de l'un des deux adversaires, la guerre froide
s'achève. Si l'opposition des deux Grands a été violente et radicale, les États-Unis semblent
désormais imposer leur modèle de société.
Conclusion
En somme la guerre froide aura marqué les relations internationales dans les années
60. La crise du système soviétique et la dislocation de l’URSS marquent la fin de la
bipolarisation qui inaugure une nouvelle ère de coopération. Cependant la nouvelle
hégémonie US sera source de conflits dans le Moyen-Orient et de montée du terrorisme.

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CINQUIÈME PARTIE : DÉCOLONISATION ET NAISSANCE TIERS-MONDE
LEÇON 20 : LES CAUSES ET FORMES DE LA DECOLONISATION
Introduction
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les colonies d’Afrique et d’Asie sont
traversées par un vaste mouvement d’émancipation : la décolonisation, mouvement de lutte
par lequel les peuples colonisés se sont mobilisés pour revendiquer et obtenir leur
indépendance. Violent ou pacifique, ce mouvement est à la fois favorisé par des facteurs
internes comme externes.
I- Les causes de la décolonisation
1- Les causes externes ou indirectes
Elles sont liées :
- À la deuxième guerre mondiale qui a entrainé l’affaiblissement des puissances
coloniales,
- Au rôle de l’ONU et des deux grandes puissances. L’ONU créée en 1945 affirme
dans sa charte le droit des peuples à l’autodétermination, et sera une tribune de
contestation du colonialisme. En outre les deux Super-grands, USA et URSS, sont
anticolonialistes pour des raisons idéologiques et économiques. Ils soutiennent les
mouvements de décolonisation.
- À la conférence de Bandoeng de 1955, qui apporte son soutien aux pays encore
colonisés.
2- Les causes internes ou directes
La contestation de la colonisation touche à la fois les métropoles et les colonies. Les
causes internes concernent :
- Le rôle joué par les mouvements nationalistes, les partis politiques et les
syndicats : Dans les colonies, la contestation s’affirme progressivement dès
l’entre-deux guerres dans les revendications des partis politiques comme le parti du
Congrès Indien, le Destour tunisien et le Parti Communiste vietnamien. L’Afrique
noire connaît un début d’effervescence.
- L’école introduite par les colons et qui a participé à la formation de ces partis
nationalistes : En enseignant et en répandant les idéaux de liberté, d’égalité, en
permettant aux intellectuels indigènes d’être en contact avec les doctrines
socialistes, cette institution permit aux élites de disposer des arguments nécessaires
pour revendiquer l’émancipation de leurs peuples. Pour cette raison, on dit que la
colonisation a semé les germes de sa propre destruction.
- La deuxième guerre mondiale : Elle a permis de démystifier le mythe de
l’homme blanc et de déclencher un réveil national qui puise ses références dans le
Panafricanisme, la Négritude, le Panarabisme et le Communisme pour impulser de
puissants mouvements qui obligent les métropoles à assouplir leur politique
coloniale.

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II- Les formes de décolonisation
L’émancipation des colonies a pris deux formes :
Une forme pacifique dans laquelle l’indépendance est obtenue à la suite d’un long
-
processus de négociation. C’est le cas en Inde, dans la majorité des pays d’Afrique
noire ;
- Une forme violente dont l’indépendance est le résultat d’un affrontement armé,
d’une guerre entre la puissance coloniale et les mouvements nationalistes. C’est
l’exemple en Algérie, en Indochine et dans les colonies portugaises d’Afrique.
1- La décolonisation violente
a- Le cas de l’Indochine
En Indochine, de 1946 à 1954, le Vietminh de Ho Chi Minh mène contre la France une
guerre de libération soutenue par les Chinois à partir de 1949 qui débouche sur le désastre de
Dien Bien Phu (7 Mai 1954) et oblige Pierre Mendés France à signer le 20 juillet 1954 à
Genève les accords qui reconnaissent l’indépendance du Vietnam au Nord du 17e Parallèle
avec un projet d’unification pour 1956 qui sera empêché par l’intervention américaine.
b- Le cas de l’Algérie
L’Algérie est de 1954 à 1962 le foyer d’une violente guerre où la France engage 400000
soldats avec un bilan d’un million de morts des deux côtés. Après les émeutes de Sétif de Mai
1945, la situation se dégrade jusqu’en 1954 où certains nationalistes créent le CRUA (Comité
Révolutionnaire d’Unité et d’Action) alors que Ahmed Ben Bella crée le FLN (Front de
Libération Nationale) qui déclenche les hostilités. Ainsi le Général De Gaulle est obligé de
signer malgré la résistance des « pieds noirs » regroupés au sein de l’OAS (Organisation de
l’Armée Secrète), les accords d’Évian du 18 mars 1962 qui reconnaissent l’indépendance
proclamée le 3Juillet 1962.
2- La décolonisation pacifique
a- Le cas de l’Inde
En Inde, dès 1918-1919, le Parti du Congrès subit l’influence de Mahatma Gandhi (1869-
1948) qui, par la désobéissance civile non-violente revendique l’autonomie (Swaraj).
Cependant, les musulmans, inquiets de leur minorité, créent en 1937 la Ligue Musulmane, qui
revendique une indépendance séparée. Après la deuxième guerre mondiale, en contrepartie de
l’engagement de l’Inde, le Royaume-Uni promet l’indépendance. Mais pour surmonter le
conflit indo-musulman virulent en 1947, le vice-roi Lord Mountbatten propose un plan de
partage qui permet le 15 Août 1947 le vote du Bill d’indépendance qui crée l’Union Indienne
dirigée par Nehru et le Pakistan de Ali Khan dont l’est fera sécession en 1971 pour devenir le
Bengladesh.
b- Le cas de la Gold Coast
La décolonisation de la Gold Coast (l’actuel Ghana) fut l’une des plus réussie à travers le
monde noir. Elle s’est faite sans violence et a été orchestré en grande partie par Kwame
Nkrumah (1909-1972) et son parti à savoir la CPP (Convention People's Party). Nkrumah fut
brièvement emprisonné par les Britanniques pour sédition, après avoir organisé une série de
grèves et de boycotts afin de favoriser l'accession à l'indépendance. Mais à la suite de la
victoire du CCP aux élections de 1951, il fut libéré pour former un gouvernement et mener la

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colonie à l’indépendance qui fut obtenu en 1957 sous le nom de Ghana. Nkrumah en devient
le premier président jusqu’à ce qu’il fût renversé par un coup d'état militaire en 1966. Cette
indépendance inaugure le processus d’indépendance en douceur en Afrique Occidentale.
Conclusion
La décolonisation s’est faite différemment en fonction des continents et des pays
colonisateurs. L’indépendance sera ainsi accueillie dans l’euphorie. Cependant les nouveaux
États indépendants seront vite confrontés aux dures réalités du Tiers-monde. Ces nouveaux
pays vont vouloir se positionner dans le concert des nations. Ce qui fut à l’origine de la
conférence de Bandoeng.

LEÇON 21 : LE SENEGAL : LA VIE POLITIQUE DE 1944 A 1962


Introduction
La deuxième guerre mondiale est un véritable tournant dans l’évolution politique du
Sénégal dans le cadre global de l’AOF. En effet, elle entraîne une nouvelle situation qui se
traduit par l’éclosion du sentiment national porteur de la lutte pour l’indépendance.
I- La vie politique sénégalaise de 1944 à 1956
L’effort de guerre consenti durant la seconde guerre (mobilisation de soldats, prélèvement
de prélevant 330 millions de francs de recettes fiscales sans compter les ressources
économiques et minières) obligea la France à envisager, avant la fin du conflit, une réforme
de son système colonial en reconnaissant les sacrifices consentis par les colonies. C’est ainsi
que sera convoquée la conférence de Brazzaville.
1- La conférence de Brazzaville (30 Janvier-08 Février 1944)
Sous la présidence de René Pleven commissaire aux colonies, cette conférence a réuni
l’ensemble des autorités coloniales (gouverneurs généraux de l’AOF, AEF, Madagascar, les
gouverneurs des colonies, des chefs de service divers, syndicalistes, hommes politiques, etc.)
à l’exclusion de toute participation africaine pour un double objectif : améliorer le sort des
populations pour freiner toutes les velléités émancipationnistes.
Au nombre des décisions qui y furent prises, on peut noter :
- Le rejet de toute idée d’autonomie et de remise en cause du système colonial ;
- La suppression des peines découlant de l’indigénat (travaux forcés, réquisitions) ;
- La création d’une législation du travail ;
- Le projet de créer des assemblées locales pour renforcer la participation des
Africains dans la gestion des affaires ;
- La nécessité de trouver des solutions aux problèmes d’éducation, de formation et
de santé des populations.
Pour la mise en œuvre de ces recommandations, il est prévu l’adoption d’une nouvelle
constitution à la rédaction de laquelle la participation des Africains est souhaitée.

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2- L’Union Française et la renaissance politique du Sénégal
Contrairement aux attentes des autorités coloniales, l’impact de la conférence se traduit
par la radicalisation des revendications notamment au Sénégal où, le 28 Novembre 1944, une
mutinerie (mouvement de révolte qui consiste à cesser d'obéir aux ordres et à entreprendre
une action insurrectionnelle) éclate au Camp de Thiaroye. Les militaires français reçurent
l’ordre de tirer sur les 1280 tirailleurs (la nuit du 30 novembre au 1er décembre) faisant 35
morts et 35 blessés graves, ce qui fait monter la tension.
Dans ce contexte, la renaissance politique se traduit par l’éclosion du nationalisme animé
par les leaders du Bloc Africain de la SFIO, Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor. Les
deux leaders, élus députés en Octobre 1945 et réélus à l’assemblée constituante en Juin 1946,
participent à la rédaction de la constitution de la IVe République en Octobre 1946 et qui
institue l’Union Française.
Dans ce cadre ils obtiennent la suppression de l’indigénat et du travail forcé (Loi
Houphouët Boigny), la citoyenneté universelle (Loi Lamine Gueye). En outre le Sénégal
devient un Territoire d’Outre-mer (TOM) avec une assemblée territoriale présidée par
Ibrahima Seydou Ndaw.
La citoyenneté universelle fait du monde paysan la principale force politique. Jugeant la
SFIO trop bourgeoise et citadine, Senghor la quitte en 1948 (rupture entre Senghor et Lamine
Gueye) et fonde en 1949 avec Mamadou Dia le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) qui
remporte les élections de 1951, et celle de 1956-1957 dans le cadre d’un nouveau parti, le
Bloc Populaire Sénégalais (BPS).
Bien que certains intellectuels comme Cheikh Anta Diop revendiquent désormais
l’indépendance, Senghor semble pourtant opter pour l’Union Française. C’est pourquoi il est
nommé secrétaire d’état en 1955 dans le gouvernement de Félix Faure.
II- L’évolution politique du Sénégal de 1956 à 1959
1- Le poids du contexte international et la réaction française
Le réveil national est accentué par un contexte international marqué par l’anticolonialisme
des Super Grands (USA et URSS) et de l’ONU, le désastre français de Dien Bien Phu (1954),
l’essor de la guerre d’Algérie et le « coup de tonnerre » de Bandoeng (1955). Ainsi la question
de l’indépendance était venue à maturité.
2- La loi cadre Gaston Deferre
La France adopte le 23 Juin 1956 la loi-cadre sous l’instigation de Gaston Deferre et
Houphouët Boigny. Celle-ci accorde une autonomie interne aux colonies et institue un
gouvernement local dans chacune des huit colonies de l’AOF, avec à la tête de celui du
Sénégal Mamadou Dia. Ce dernier décide du transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar en
1957.
La France opérait ainsi une balkanisation (suppression de l’AOF et de l’AEF)
préjudiciable à la volonté d’unité qui accompagnait les luttes nationales.

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3- Le référendum de 1958 et la Communauté
La marche vers l’indépendance s’accélère grâce à l’action de l’Union Progressiste
Sénégalaise (UPS) né de la fusion du BPS et du Parti Sénégalais d’Action Sociale (PSAS) de
Lamine Gueye. L’UPS est la principale formation politique et est porteuse d’une demande
d’indépendance qu’elle veut réaliser avec d’autres territoires.
Mais en Septembre 1958, lors du référendum pour se prononcer sur l’accès ou non à la
nouvelle Communauté Française, l’UPS répond massivement « oui » avec le statut
d’autonomie interne.
Ainsi en Novembre 1958, est proclamée la République Autonome du Sénégal avec
Mamadou Dia comme chef de gouvernement.
4- De la fédération du Mali à l’indépendance
En Janvier 1959, le Sénégal et le Soudan français forment la Fédération du Mali qui
demande son indépendance en décembre 1959. Les accords d’indépendance sont signés avec
la France le 4 Avril 1960, la constitution adoptée en Mai, et l’indépendance proclamée au
mois de Juin 1960 avec Modibo Keïta président, Mamadou Dia chef du gouvernement et
Senghor président de l’assemblée fédérale.
Mais dans la nuit du 19 au 20 Août 1960 des divergences entre Sénégalais et Soudanais
entraînent l’éclatement de la fédération.
Le Sénégal prononce son indépendance et désigne Senghor comme président, Mamadou
Dia président du Conseil (premier ministre) et Lamine Gueye président de l’assemblée
nationale. Il adhère à l’ONU la même année.
5- La crise de 1962
L'entente entre Dia et Senghor dure peu : Dia préconise un socialisme plus radical (mais
non marxiste) que Senghor, qui a par ailleurs le soutien de Paris. À la faveur d'une crise
politique qualifiée de tentative de coup d'État, Dia est arrêté en décembre 1962 avec plusieurs
de ses amis. Il ne sera libéré qu'en 1974.
Conclusion
La lutte pour l’indépendance du Sénégal a suivi plusieurs étapes. Cette phase de
l’histoire du Sénégal colonial est caractérisée par l’essor du sentiment national qui a abouti à
l’indépendance. L’indépendance imposait cependant à la nouvelle nation le défi de la
construction de l’unité nationale.

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LEÇON 22 : BANDUNG ET L’EMERGENCE DU TIERS- MONDE
Introduction
En 1955, au moment où plusieurs pays étaient encore sous la domination coloniale et
que la bipolarisation du monde ne cesse de s’accentuer, une méga conférence réunie à
Bandung dans une station climatique de l'île de Java, en Indonésie, les représentants de 29
nations asiatiques et africaines indépendantes. Cette conférence marque la naissance officielle
du Tiers-monde qui se veut une troisième force derrière les occidentaux et les communistes.
Elle a aussi donné naissance au mouvement des Non-alignés.
I- La conférence de Bandung et l’acte de naissance du Tiers-Monde
Le terme Tiers-Monde est apparu en 1952. Il est forgé par le géographe français Alfred de
Sauvy qui faisait référence au Tiers- État dans l’Ancien Régime français quand une majorité
de la population était dominée par une minorité de privilégiés à savoir le clergé et la noblesse.
Cette nouvelle appellation désignait l’ensemble des pays qui venaient de se déferrer du
joug colonial et qui avait manifesté leur volonté de se démarquer du bloc américain et du bloc
soviétique. Le terme est devenu beaucoup plus général désignant l’ensemble des pays en voie
de développement présentant des similitudes dans les domaines historique, politique,
économique et social.
C’est dans un contexte de guerre froide qu’une conférence avait réuni à Bandung sous
l’initiative de NEHRU, le premier ministre de l’Inde et de SOEKARNO (Indonésie) les
représentants de 29 états afro-asiatiques (23 pour l’Asie et 6 pour l’Afrique : Libye, Libéria,
Ghana, Éthiopie, Soudan, Égypte).
La conférence condamne le colonialisme. Son but était d’accélérer le processus de
décolonisation en créant les bases d’une coopération mondiale durable entre les pays
nouvellement indépendants et ceux qui le seront, pour lutter contre la pauvreté et le sous-
développement.
La conférence affirme à travers sa déclaration finale plusieurs principes parmi lesquels
on a :
- La prise de distance avec les deux superpuissances : jetant ainsi les bases du
"non-alignement" ;
- Le respect des principes de souveraineté, d’égalité de paix de toutes les nations ;
- Le refus de toute ingérence dans les affaires intérieures des États ;
- Le désarmement des puissances détentrices des armes menaçant la vie des millions
de personnes.
Cette volonté d’indépendance sera la source du Non-alignement.
II- Le mouvement des non alignés
Le non alignement est une politique de neutralité vis-à-vis des deux blocs antagonistes,
occidental et communiste, observée pendant la guerre froide par les États du tiers-monde.
Fondé en 1961 lors de la conférence de Belgrade dans l’esprit et la continuité de la
conférence de Bandung de 1955, le mouvement des non-alignés a regroupé les pays qui ne
souhaitaient pas s’inscrire dans la logique d’affrontement Est-Ouest mais au contraire
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favoriser l’indépendance effective des pays du Sud dans le cadre de la décolonisation. 25 pays
d’Asie, d’Afrique et du Proche-Orient ainsi que la Yougoslavie ont participé à sa création.
Plusieurs succès sont à mettre à l’actif des pays non alignés, c’est ainsi que grâce à leur
pression, ils ont obtenu, la création en 1964 de la CNUCED (Conférence des Nations Unies
pour le Commerce et le Développement) destinée à établir des relatons entre les pays riches et
les pays pauvres.
Mais malgré son ambitieux programme le Mouvement des non-alignés a perdu sa
cohésion, parvenant difficilement à parler d’une seule voix à l’Assemblée générale des
Nations unies.
Cette situation est due à plusieurs facteurs. On peut citer la divergence des points de vue et
des intérêts entres les pays comme la Chine et l’Inde, le manque de stabilité dans de
nombreux pays les influences des deux blocs et par les disparités économiques entre pays
membres etc.…
Conclusion
La conférence de Bandung de 1955 fut un tournant dans l’histoire de la colonisation et
des relations internationales. Si elle a favorisé l’émergence du Tiers-monde, la naissance du
mouvement des Non-alignés., elle n’a toutefois pas permis d’assurer l’unité du tiers monde et
de résoudre certains problèmes. Face à l’hégémonie des grandes puissances.

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