Hypertension Portal
Hypertension Portal
Hypertension Portal
I. Introduction
- L’hypertension portale (HTP) est définie par une augmentation de la pression portale au-delà de 10
mmHg, ou une élévation de gradient de pression porto-cave au-delà de 5 mmHg habituellement
secondaire à un obstacle à la circulation porto-hépatique.
- Cet obstacle siège essentiellement dans le foie (Bloc intra-hépatique), sur la veine porte (Bloc infra-
hépatique), ou plus rarement sur la partie terminale de la veine cave inferieure (Bloc sus-hépatique).
- Si le diagnostic est souvent porté avec retard, le mode de révélation le plus fréquent est l’hémorragie
digestive qui peut être inaugurale chez un enfant sans antécédents et par conséquent source de morbidité
et mortalité.
- Afin de mieux établir une bonne prise en charge de l’HTP chez l’enfant, une connaissance des causes
sous-jacentes les plus fréquentes s’impose .
II. Physiopathologies de l’htp
L’HTP résulte de l’augmentation :
- De la résistance vasculaire Et / Ou - Du flux sanguin dans le système veineux porte.
1) L’hémorragie digestive
Elle peut être classé comme proximale ou distale, aiguë ou chronique.
Les saignements du tractus digestif supérieur (œsophage, estomac et partie supérieure de l'intestin
grêle) provoque des hématémèses et/ou des mélénas, tandis que des saignements du tube digestif
inférieur (partie inférieure de l'intestin grêle, colon et rectum) provoquent des mélénas ou des
rectorragies, en fonction de la proximité avec le sphincter anal.
L’hémorragie digestive aiguë est souvent le premier symptôme d'une maladie hépatique silencieuse
de longue date.
L’HD est habituellement causée par une rupture des VO, mais peut également être secondaire à la
gastropathie hypertensive, à l'ectasie vasculaire antrale gastrique ou aux varices gastriques,
duodénales, péri-stomatiques ou rectales.
Les facteurs retenus pour contribuer à la rupture des varices incluent une
augmentation de la pression abdominale due à la toux et aux éternuements,à
l'augmentation du débit cardiaque lors d'un épisode fébrile et à l'utilisation
d’AINS .
Il n'y a aucune relation prouvée entre le traumatisme mécanique causé par
les aliments solides et les saignements.
L'hypothèse dite de l’explosion de la rupture des varices est la théorie la plus acceptée .
2) La splénomégalie
La splénomégalie (SMG) indique un élargissement de la rate habituellement associé à une
hyperactivité de la rate, qui conduit à une destruction prématurée des cellules sanguines
(hypersplénisme).
Avec l’hémorragie digestive, la splénomégalie représente la découverte clinique la plus fréquente
chez les enfants atteints d’HTP même si, chez les enfants asymptomatiques, elle est souvent
découverte accidentellement lors d'un examen physique de routine.
En pratique courante, l’hypersplénisme, conséquence hématologique de la SMG induit souvent les
cliniciens vers des explorations hématologiques diverses (BOM et myélogramme) retardant ainsi le
diagnostic de l’HTP.
L’hypertension portale est de ce fait, révélée seulement après un épisode d’hémorragie digestive .
L’évaluation de la fonction hépatique (TP et Facteur V) et l'échographie doppler sont conseillées
devant des enfants présentant une splénomégalie et un hypersplénisme .
3) L’ascite
L'ascite est habituellement observée chez les patients atteints d'HTP due à la cirrhose.
L'ascite apparaît lorsque la pression hydrostatique dépasse la pression osmotique dans les
capillaires hépatiques et mésentériques et que le transfert des liquides des vaisseaux sanguins vers
les vaisseaux
4) La circulation veineuse collatérale (CVC)
La CVC est une formation veineuse abdominale proéminente qui se développe dans l'HTP en
raison d'un shunt porto-collatéral spontané à travers les veines sous-cutanées.
Les veines périombilicales prédominantes sont le résultat de la tentative de décompression de la
pression portale à travers la revascularisation de la veine ombilicale qui conduit à des collatérales
périombilicales.
5) Complications de l'hypertension portale
a) Biliopathie portale
- Les patients atteints d'HTP pré-hépatique survenant dans la petite enfance développent presque
invariablement des preuves radiologiques de biliopathie portale en tant que jeunes adultes ; Néanmoins,
seulement 20 à 30 développent des signes cliniques de cholestase .
- La pathogenèse est principalement liée à un cavernome portal de longue date dans la région biliaire et
péribiliaire, provoquant des changements compressifs et ischémiques de l'arbre biliaire, et plus
fréquemment dans le canal hépatique gauche .
- Lorsqu'il est symptomatique, la biliopathie portale se manifeste par un ictère, des coliques hépatiques,
des douleurs abdominales et une cholangite récidivante. La cholangiopancréatographie par résonance
magnétique est l'outil de premier choix pour diagnostiquer la BP chez les enfants.
b) Le syndrome hépatorénal (SHR)
- est défini comme une insuffisance rénale fonctionnelle chez les patients atteints de maladie hépatique et
constitue le point culminant des changements circulatoires systémiques associés à l’HTP .
- le SHR est rare, probablement en raison du temps relativement court que les enfants cirrhotiques
passent sur la liste d'attente de la greffe.
c) Le syndrome hépatopulmonaire et l'hypertension portopulmonaire
- sont des complications rares chez les enfants atteints d’HTP, et leur pathogenèse reste peu claire mais
les deux conditions ne se rencontrent que chez les patients présentant un shunt porto-systémique, et par
conséquent la pathogenèse doit être liée à celle-ci.
d) L’encéphalopathie hépatique
- se manifeste dans le contexte d'une maladie du foie décompensée et d'une HTP avec shunt porto-
systémique anatomique et fonctionnel, et les signes peuvent être frustes en particulier chez les jeunes
enfants.
e) Le retard de croissance
- est également une complication reconnue de l’HTP chez les enfants et peut être lié à une entéropathie
hypertensive, une dysfonction hépatique sous-jacente et une résistance à l'hormone de croissance.
a) La gastropathie hypertensive
On distingue :
La gastropathie en mosaïque
- Légère : petites zones polygonales de couleur claire uniforme ;
-Modérée : les polygones sont centrés par un point rouge ;
- Sévère : les polygones sont de couleur rouge uniforme.
3. HTP posthépatique
- Les causes post-hépatiques de résistance à l'écoulement sont celles liées aux maladies vasculaires et / ou
cardiaques, y compris la thrombose / sténose des veines hépatiques ou la jonction atrio-cave, toute
condition augmentant la pression auriculaire droite, telle qu'une péricardite constrictive, une
régurgitation tricuspidienne sévère et l'insuffisance cardiaque droite.
- Le shuntcavopulmonaire ou atriopulmonaire, connu sous le nom de procédure de Fontan, permet la
survie chez les nouveau-nés porteur de malformations cardiaque néonatale type ventricule unique, mais
entraîne une hypertension veineuse systémique chronique (pressions pouvant être > 20mmHg) et
finalement une hypertension portale .
- Contrairement à l’HTP pré-hépatique, où la fonction hépatique reste le plus souvent normale, dans le
cas d'une HTP post-hépatique, la stase hépatique peut compromettre la fonction hépatique conduisant à
une cirrhose .
a) Le syndrome de Budd-Chiari
- Le syndrome de Budd-Chiari (BCS) est un groupe de troubles potentiellement mortels résultant de
l'obstruction veineuse sus-hépatique.
- Le BCS peut être primitif ou secondaire.
- Le Budd-Chiari primitif est défini comme une thrombose des veines sus-hépatiques ou de la partie
terminale de la VCI en raison d'une maladie veineuse, tandis que le BCS secondaire est lié à la
compression ou à l'invasion par un obstacle externe (hépatocellulaire, les kystes parasitaires, les abcès,
les hématomes ou les traumatismes).
- C’est toutefois l'une des causes les plus fréquentes d’HTP post-hépatique à la fois chez les adultes et les
enfants.
- La présentation clinique du BCS peut être aiguë, chronique ou fulminante.
- Au début de la maladie, il peut être asymptomatique et s'accompagner de bilans hépatiques normaux.
- Finalement, l'obstruction veineuse hépatique peut entraîner une dysfonction hépatique associée à une
douleur abdominale, une ascite et une hépatosplénomégalie.
- Les signes et symptômes les plus fréquents sont donc l'ascite (généralement exsudative),
l'hépatomégalie et les douleurs abdominales.
- Tout patient présentant cette constellation de symptômes ou une hépatite aiguë inexpliquée doit subir
une échographie Doppler urgente pour assurer la perméabilité hépatique et veineuse portale.
- Les transaminases peuvent être très élevées (> 5 à 10 fois la limite supérieure de la normale) dans les
cas de BCS fulminante et aiguë, ce qui indique une nécrose hépatique.
- Le diagnostic est posé dans la plupart des cas à l'aide de moyens non invasifs. L’échographie Doppler
est la plus précise, à condition d’avoir un opérateur expérimenté et des renseignements cliniques précis.
- La tomodensitométrie et l'imagerie par résonance magnétique (IRM) sont des compléments utiles.
L'IRM est particulièrement utile pour l'étude des changements parenchymateux.
- Les caractéristiques spécifiques comprennent :
L’occupation de la lumière veineuse par un matériau solide ;
Sténose de courte longueur avec dilatation en amont ;
Les veines collatérales ;
Transformation fibreuse d'une veine en structure cordiforme.
- Les caractéristiques communes moins spécifiques sont les suivantes :
o Un foie dysmorphique combinant une hypertrophie centrale (en particulier les segments I
et IV) et une atrophie périphérique (lobe droit et / ou gauche) ;
o Un rehaussement irrégulier à la phase artérielle, persistant à la phase portale mais un
schéma homogène à la phase tardive ;
o Veines hépatiques non visibles (également courantes chez les patients atteints de cirrhose
de toute origine).
o Les autres outils de diagnostic sont invasifs et inutiles.
- La biopsie hépatique - montrant une congestion centrolobulaire, une perte de cellules hépatiques et une
fibrose - ne permet pas de distinguer le BCS de l'insuffisance cardiaque ou de la péricardite constrictive.
- La phlébographie hépatique directe avec mesure de pression n'est pas nécessaire pour établir le
diagnostic, bien qu'elle soit utile pour la planification de la thérapie.
- La prise en charge du BCS chez les patients pédiatriques peut comprendre l'utilisation d'anticoagulants,
de thrombolyse et d'angioplastie avec ou sans stent, des shunts portosystémiques transjugulaires
intrahépatiques (TIPS) et, rarement, des shunts portosystémiques chirurgicaux, ces derniers comportant
un risque élevé d'obstruction thrombotique. Certains patients peuvent se retrouver avec une maladie
hépatique en phase terminale et nécessitent une transplantation.
VI. Traitement
1. Prophylaxie primaire de l’hémorragie digestive
- La prophylaxie avant la première HD, par endoscopie ou bêtabloquants non cardiosélectifs est une
modalité acceptée de prise en charge chez les adultes atteints d’http
a) Les bétabloquants
- Les β-bloquants n'ont aucun rôle dans le contrôle des hémorragies digestives aigus ; Cependant, ils ont
été utilisés pour tenter de prévenir la formation de varices et les saignements.
- Les β-bloquants non sélectifs ont été utilisés pour réduire la pression portale et prévenir les épisodes
hémorragiques primaires et secondaires. Ils réduisent l'hypertension portale en diminuant le débit
cardiaque et en induisant une vasoconstriction splanchnique par le blocage des récepteurs β-1 et β-2.
b) Ligature des varices œsophagiennes.
- La ligature endoscopique des varices (LEV) est le gold standard pour le traitement des hémorragies
digestives aigues secondaires à la rupture des varices œsophagiennes.
- Elle est indiquée dans la prophylaxie primaire et secondaire pour les patients qui sont insensibles aux
bêtabloquants. Elle est principalement réalisée en milieu hospitalier.
- La LEV consiste à couper le flux sanguin à la varice en appliquant une bande de caoutchouc autour
d'elle entrainant une thrombose ultérieure de la varice.
c) La Sclérothérapie
- En pédiatrie, la sclérothérapie est utilisé uniquement chez les nourrissons et les jeunes enfants (<10 kg)
chez qui le dispositif de ligature est trop gros pour passer à travers le sphincter œsophagien supérieur.
- La sclérothérapie implique une injection intravasculaire ou péri-vasculaire avec un agent sclérosant, ce
qui permet d'arrêter l'hémorragie et de rétrécir la varice avec le temps.
- Les injections intravasculaires induisent la formation de thrombus au sein de la varice, et les injections
péri-vasculaire conduisent à une inflammation locale, qui ferme le vaisseau par la suite.
- La sclérothérapie est efficace dans le traitement de l'hémorragie variqueuse et l'oblitération à long terme
des varices, mais elle est associée à un taux de complications plus élevé par rapport la ligature
endoscopique.
2. Prises en charge d'une hémorragie digestive aigue
- L'hémorragie digestive aiguë due à une rupture de varices dans l'œsophage ou l'estomac est une urgence
médicale, avec des taux de mortalité dans les 6 semaines approchant les 30% chez les personnes
atteintes d'une maladie hépatique sévère .
- Les enfants peuvent avoir une hématémèse ou un méléna de volume important et peuvent présenter un
choc cardiovasculaire.
- Stabiliser le patient est l'objectif initial de la gestion de l'HD. Deux cathéters intraveineux (IV) de gros
calibre doivent être placés immédiatement afin que le remplacement volumique des fluides et des culots
globulaires rouges (CGR) puisse être effectué rapidement.
- Les patients présentant une coagulopathie due à un dysfonctionnement hépatique et à une
thrombocytopénie peuvent nécessiter l'administration de vitamine K en IV, de plasma frais congelé, de
facteur VIIa et / ou de plaquettes pour aider à arrêter le saignement.
- L'introduction d'un antihistaminique H2 (anti-H2) ou d'un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) en IV
aide à diminuer le risque de saignement dû aux érosions ou aux ulcérations.
- Une fois l'enfant réanimé, l'endoscopie digestive haute doit être effectuée pour évaluer le site de
saignement et initier un traitement, si cela est indiqué.
- Il a été démontré que la prophylaxie antibiotique avec couverture à Gram négatif diminue la mortalité et
le risque de ressaignement chez les adultes atteints de cirrhose.
- Par conséquent, une antibiothérapie compatible avec les protocoles locaux de gestion des antibiotiques
devrait être mise en place chez les enfants.
a) Approche médicale
- Elle doit être débutée à l'admission avant l'endoscopie et poursuivie pendant 2 à 5 jours .
- L'octréotide s'est avérée efficace et sûre avec un contrôle précoce des saignements actifs dans la plupart
des cas.
- La posologie la plus courante est de 2 ug / kg en bolus lent suivi de 1 à 3 ug / kg / heure .
b) Approche endoscopique
- L'endoscopie doit être réalisée dès que possible, et idéalement dans les 24 à 36 heures après l'épisode de
saignement, à condition que le patient soit stable sur le plan hémodynamique et dans une unité
expérimentée dans la prise en charge de l'htp
- La ligature de VO est la technique préférée chez les enfants.
- Toutefois, la sclérothérapie devrait continuer à être disponible dans la prise en charge aiguë de
l’hémorragie digestive pour les enfants de moins de 10Kg.
- Après un traitement endoscopique, les patients doivent jeûner pendant au moins 2 heures et
l'alimentation solide doit être suspendue jusqu'à ce que les liquides soient tolérés. Les anti-H2 ou les
IPP doivent être administrés pendant 5-7 jours.
1.Introduction
2. Physiopathologie de l’HTP
Augmentation de la résistance vasculaire
Augmentation du flux sanguin portal
III. Mode de découverte et manifestations cliniques de l’hypertension portale
1. Hémorragie digestive
2. Splénomégalie
3. Ascite
4. Circulation veineuse collatérale (CVC)
5. Complications de l'hypertension portale
a) Biliopathie portale
b) Le syndrome hépatorénal (SHR)
c) Le syndrome hépatopulmonaire
d) L’encéphalopathie hépatique
e) Le retard de croissance
IV. Diagnostic de l’hypertension portale
1. Endoscopie digestive Haute
a) Les Varices œsophagiennes
b) Varices gastriques
c) La gastropathie hypertensive
2. Radiologie
a) L’Échographie Doppler
b) Autres investigations
3. Histologie
4. Mesure du gradient de pression hépatique (GPH)
5. Biologie
a) Numération Formule Sanguine (NFS) et hypersplénisme
b) Le bilan hépatique et bilan d’hémostase
c) Les bilans spécifiques
V. Profil étiologique
1. HTP Préhépatiques
Thrombose veineuse portale chronique : La transformation cavernomateuse
2. Causes hépatiques
a) Causes présinusoïdales de l’HTP
b) Causes sinusoïdales de l’HTP
c) Causes post sinusoïdales
3. HTP posthépatique
a) Le syndrome de Budd-Chiari
VI. Traitement
1. Prophylaxie primaire de l’hémorragie digestive
a) Les bétabloquants
b) Ligature de VO
c) La Sclérothérapie
2. Prises en charge d'une hémorragie digestive aigue
a) Approche médicale.
b) Approche endoscopique .