Les Dégâts Méconnus de La Bouillie Bordelaise - 60 Millions de Consommateurs
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Les Dégâts Méconnus de La Bouillie Bordelaise - 60 Millions de Consommateurs
12/07/2018 La Rédaction
Actu
iStock/redstallion
Le cuivre est le principal fongicide autorisé dans l’agriculture biologique. Les jardiniers amateurs l’emploient de longue date sous la forme
d’un mélange en poudre à diluer, appelé « bouillie bordelaise ». Le cuivre est très efficace pour traiter le mildiou de la vigne, de la pomme
de terre et la tavelure, un champignon qui provoque des taches noires et le pourrissement des pommes.
Lorsque les conditions climatiques sont favorables au développement de ces deux maladies (temps doux ou humide), les agriculteurs sont
contraints d’appliquer dix à quinze traitements par an. Le revers de la médaille, c’est que le recours systématique à cette substance – pour
plus de cinquante usages – provoque une pollution des sols. Les plantes ne peuvent, en effet, absorber tout le cuivre.
De plus, lorsque les particules de cuivre ruissellent vers les cours d’eau, elles sont toxiques pour les poissons et les autres organismes
aquatiques.
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23/05/2024 20:37 Les dégâts méconnus de la bouillie bordelaise | 60 Millions de Consommateurs
Dans le cas de la bouillie bordelaise, l’exposition se fait par inhalation ou par contact avec la peau. Dans ce domaine, les études
scientifiques récentes font défaut. Il faut remonter à 1969 pour retrouver les travaux des chercheurs de la Faculté de médecine de Lisbonne.
Ils ont décrit le « syndrome du poumon des pulvérisateurs des vignes ».
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Les dégâts constatés étaient une altération des tissus pulmonaires pouvant mener à une insuffisance respiratoire ou des lésions au foie
comme des cirrhoses. Un document de 1977 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) revient sur cette étude qui « a révélé l’incidence
élevée des cancers des cellules alvéolaires chez des vignerons chargés de pulvériser de la bouillie bordelaise ».
Les fabricants précisent bien les quantités à employer pour chaque type de culture : tomate, carotte, chou, pommier, pêcher. Mais si on se
cale sur la dose maximale autorisée en agriculture biologique, cela revient à utiliser, par an, pas plus d’un sixième d’une boîte d’un kilo de
bouillie bordelaise pour un potager de 50 m2.
Autrement dit, les conditionnements ne sont pas du tout adaptés à un usage raisonnable, d’autant qu’à l’échelle d’une petite surface, il
existe des solutions plus douces pour prévenir les maladies : mélange à base de bicarbonate de soude, rotation des cultures, plants
espacés, etc.
La synthèse de ce rapport intitulé Peut-on se passer du cuivre en agriculture biologique ? affirme pourtant qu’il existe « des marges de
manœuvre considérables » pour se passer du cuivre. L’Inra décrit par ailleurs des sols viticoles français saturés en cuivre, avec des valeurs
pouvant atteindre 200 voire 500 mg/kg, contre de 3 à 100 mg/kg dans les parcelles non traitées !
Pourtant, en 1991, l’Union européenne envisageait d’interdire le cuivre à l’horizon 2002. De quoi laisser aux professionnels le temps de
s’organiser et de mettre en place d’autres méthodes. Entre-temps, le lobbying est passé par là et le cuivre demeure autorisé aussi bien en
agriculture conventionnelle que biologique.
Alors que le gouvernement vient de présenter son « plan biodiversité » qui prévoit notamment des mesures contre « l’artificialisation des
sols » et une prime pour les agriculteurs qui contribuent à la protection de la biodiversité, on peut s’interroger sur l’incohérence qui consiste
à autoriser une substance qui détruit la vie microbiologique des sols.
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