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Majeure de M Ecanique Enseignement D'approfondissement Instabilit Es Et Chaos

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1

Majeure de Mécanique
Enseignement d’Approfondissement
Instabilités et Chaos

Laurette TUCKERMAN
laurette@limsi.fr

IV. Ecoulements Ouverts

Ce chapitre résume et traduit de l’anglais des parties des deux textes suivants :
•P. J. Schmid & D. S. Henningson, Stability and Transition in Shear Flows, Springer, 2001.
•P. Huerre & M. Rossi, Hydrodynamic instabilities in open flow, dans Hydrodynamics and Nonlinear
Instabilities, ed. C. Godrèche & P. Manneville, Cambridge University Press, 1998.
Des références à la bibliographie originale suivent le texte.
2
Chapitre 4

Ecoulements Ouverts

4.1 Ecoulements plans parallèles

4.1.1 Introduction

Nous analyserons la stabilité linéaire d’un écoulement plan parallèle U = U (y)e x . De tels écoulements
sont relativement faciles à trouver, car le terme non linéaire dans les équations de Navier-Stokes est nul
et l’incompressibilité est identiquement satisfaite :

(U · ∇)U = (U (y)ex · ∇)U (y)ex = U (y)∂x U (y)ex = 0 (4.1)


∇ · U (y)ex = ∂x U (y) = 0

Il reste alors à résoudre


1 00

1  −∂x P + R U (y)
0 = −∇P + ∆U = −∂y P (4.2)
R
−∂z P

Comme ∂x P ne dépend que de y et ∂y P = 0, il faut que ∂x P soit une constante, qu’on appellera −G.
Dans le cadre des fluides parfaits, R = ∞ et alors toutes fonctions U (y) sont admises. Dans le cadre de
fluides visqueux, il reste à résoudre

1 00
0 = G+ U (y)
R
GR 2
U (y) = − y + ay + b (4.3)
2

4.1.2 Ecoulements de Poiseuille et de Couette

Des exemples bien connus sont les écoulements de Poiseuille et de Couette plan dans une conduite
définie par −1 ≤ y ≤ +1. Dans l’écoulement de Poiseuille, les bords sont stationnaires, ce qui donne
U (±1) = 0, menant à
GR
U (y) = (1 − y 2 ) (4.4)
2

3
4 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

F IG . 4.1 – Ecoulements de Poiseuille (gauche) et de Couette (droite).

Dans l’écoulement de Couette, le gradient de pression G est nul, et le mouvement est engendré par la
translation des parois à des vitesses différentes, par exemple U (±1) = ±1, menant à

U (y) = y (4.5)

(Un changement de repère fait que l’écoulement et ses propriétés ne dépendent que de la différence entre
les vitesses des deux plaques et non pas des vitesses individuelles.) Les écoulements de Poiseuille et de
Couette plan, ainsi que le problème analogue de Poiseuille dans un tuyau (U (z) = 1 − r 2 ), présente
le même comportement : ils subissent une transition subite vers la turbulence tridimensionnelle. Ils
présentent aussi le même mystère : aux nombres de Reynolds où cette transition a lieu, ces écoulements
sont linéairement stables. Dans la suite, nous résumerons ce qui est connu sur ce problème classique.

4.1.3 R´
eduction à deux variables

Nous étudierons maintenant le comportement de perturbations u = (u, v, w) autour d’un écoulement


plan parallèle. Le terme non linéaire linéarisé autour d’un tel écoulement donne :

(U · ∇)u = (U (y)ex · ∇)u = U (y)∂x u


(u · ∇)U = (u · ∇)U (y)ex = vU 0 (y)ex (4.6)

Les équations de Navier-Stokes linéarisées deviennent :

1
∂t u + U ∂x u + vU 0 ex = −∇p + ∆u (4.7)
R
∇·u = 0 (4.8)

Nous souhaitons réduire ce système de quatre équations en quatre variables (u, v, w, p) à deux équations
en deux variables, qui seront la vitesse v et la vorticité η dans la direction y. Nous commençons par
prendre la divergence de (4.7) dans le but d’éliminer la pression.
 
1
0
∇ · ∂t u + ∇ · (U ∂x u) + ∇ · (vU ex ) = ∇ · (−∇p) + ∇ · ∆u (4.9)
R
4.1. ECOULEMENTS PLANS PARALLÈLES 5

Calculant les termes individuels de (4.9) et utilisant (4.8) :

∇ · ∂t u = ∂t ∇ · u = 0
∇ · (U ∂x u) = U ∇ · (∂x u) + (∇U ) · ∂x u = U ∂x ∇ · u + U 0 ∂x v = U 0 ∂x v
∇ · (vU 0 ex ) = ∂x (vU 0 ) = U 0 ∂x v
∇ · (−∇p) = −∆p
 
1 1
∇· ∆u = ∆∇ · u = 0
R R

mène à
2U 0 ∂x v = −∆p (4.10)
Nous prenons maintenant le laplacien de la composante selon y de (4.7) :
1 2
∆∂t v + ∆(U ∂x v) = −∆∂y p + ∆ v (4.11)
R
Nous développons les termes au milieu de 4.11 :

∆(U ∂x v) = U ∆∂x v + 2U 0 ∂xy v + U 00 ∂x v


−∆∂y p = ∂y (2U 0 ∂x v) = 2U 0 ∂xy v + 2U 00 ∂x v

pour arriver à notre première équation, qui ne contient que v :


1 2
(∂t + U ∂x )∆v = U 00 ∂x v + ∆ v (4.12)
R
La deuxième équation est obtenue en prenant la composante selon y du rotationnel de (4.7) :
 
1
ey · ∇ × ∂t u + U ∂x u + vU 0 ex = ey · ∇ × −∇p + ∆u (4.13)

R

Définissons
η ≡ ey · ∇ × u = ∂ z u − ∂x w (4.14)
et calculons les termes individuels de (4.13) :

ey · ∇ × ∂ t u = ∂ t η
ey · ∇ × (U ∂x u) = ∂z (U ∂x u) − ∂x (U ∂x w) = U ∂xz u − U ∂xx w = U ∂x η
ey · ∇ × (vU 0 ex ) = ∂z (vU 0 ) = U 0 ∂z v
ey · ∇ × (−∇p) = 0
 
1 1
ey · ∇ × ∆u = ∆η
R R

Ceci nous donne notre deuxième équation, qui couple η et v.


1
(∂t + U ∂x )η + U 0 ∂z v = ∆η (4.15)
R
Les équations (4.12) et (4.15) se complètent par des conditions aux limites. Nous supposerons les condi-
tions aux limites périodiques en x et z. En y, l’équation (4.12) est du 4 eme ordre en v, nécéssitant 4
6 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

conditions aux limites sur v, tandis que l’équation (4.15) est du 2 eme ordre en η, nécéssitant 2 conditions
aux limites sur η. Ces conditions aux limites sont appliquées à y = y ± , où y± peut être fini où infini.
Nous avons
v = 0 à y = y± (4.16)
Traduisons les conditions aux limites u = w = 0 à y = y ± à des conditions sur v et η :

∂x u = ∂ z w = 0 =⇒ ∂y v = 0 (4.17)
∂z u = ∂ x w = 0 =⇒ η = 0 (4.18)

4.1.4 Equations de Orr-Somerfeld et de Squire

Le système linéaire (4.12), (4.15) avec conditions aux limites (4.16)-(4.18) est homog ène en x, z, t ;
c’est-à-dire que ni les équations ni les conditions aux limites ne distinguent entre des valeurs différentes
de x, z, t. Par contre, le système n’est pas homogène en y à la fois parce que l’écoulement plan parallèle
U (y) dont nous étudions la stabilité dépend de y et aussi parce que les conditions aux limites distinguent
entre des valeurs différentes de y : on peut être plus près ou plus loin des parois. Une généralisation du
principe qu’une équation différentielle ordinaire linéaire a comme solutions des fonctions exponentielles
ou trigonométriques s’applique à ce cas, pour assurer que les solutions sont de la forme :

v(x, y, z, t) = v̂(y)ei(α(x−ct)+βz) (4.19)


η(x, y, z, t) = η̂(y)e i(α(x−ct)+βz)
(4.20)

Comme nous cherchons des solutions bornées en x, z, les nombres d’onde α et β sont contraints à être
réels. Par contre, nous ne précisons pas si c est réel, imaginaire, ou complexe. C’est justement ceci qui
servira à distinguer entre les écoulements U stables et instables. Nous remarquons que la convention
dans ce domaine est de poser la dépendence temporelle exp(−iαct). Avec α réel, cette convention fait
que ci est le taux de croissance : les perturbations v, η sont croissantes si c i > 0, sont décroissantes si
ci < 0, et neutres si ci = 0. La valeur de cr donne la vitesse de phase : une crète se déplace à vitesse c r .
En substituant (4.19)-(4.20) dans les équations (4.12) et (4.15), et en définissant D ≡ d/dy et k 2 ≡
α2 + β 2 , nous obtenons :

1 2
(−iαc + U iα)(D 2 − k 2 )v̂ = U 00 iαv̂ + (D − k 2 )2 v̂ (4.21)
R
1 2
−iαcη̂ + U iαη̂ + U 0 iβv̂ = (D − k 2 )η̂ (4.22)
R
ou encore, en divisant par iα,

1
(U − c)(D 2 − k 2 )v̂ = U 00 v̂ + (D 2 − k 2 )2 v̂ (4.23)
Riα
β 1
(U − c)η̂ + U 0 v̂ = (D 2 − k 2 )η̂ (4.24)
α Riα
Les équations (4.23)-(4.24) avec (4.16)-(4.18) constituent un problème de valeurs propres et vecteurs
propres avec valeurs propres c et vecteurs propres v̂, η̂. L’équation (4.23) pour v̂ s’appelle l’ équation
de Orr-Sommerfeld (Orr, 1907 ; Sommerfeld, 1908) et l’équation (4.24) qui couple v̂ et η̂ s’appèlle
l’équation de Squire (Squire, 1933).
4.1. ECOULEMENTS PLANS PARALLÈLES 7

Pour les fluides parfaits, les coefficients du problème sont tous réels. Ceci implique que les valeurs
propres c sont soit réelles (perturbation neutre), soit complexe conjuguées (une perturbation croissante
et une autre décroissante). Ceci est une propriéte des fluides parfaits et des problèmes conservatifs en
général. Comme il y a conservation des volumes, croissance dans une dimension (selon un vecteur
propre) doit etre compensée par décroissance dans une autre. La stabilité dans les systèmes conserva-
tifs est défini différemment que dans les systèmes dissipatifs. Dans un système conservatif, la plupart
des valeurs propres ic sont imaginaires (c i = 0), avec vitesse de phase ou fréquence d’oscillation non
nulle (cr 6= 0). Donc la plupart des direction sont neutres, ou oscillatoires. Le système devient instable
quand deux valeurs ±cr se rejoignent à zéro et ressortent dans les direction ±c i , donnant une direction
croissante et une direction décroissante. Par contre, dans un système dissipatif, la plupart des valeurs
propres σ sont négatives ou complexes avec parties réelles negatives. Donc la plupart des directions sont
amorties. Le système devient instable quand une où plusieurs entre elles traversent zéro pour devenir
positives.
Le système (4.23), (4.24) peut s’écrire sous forme matricielle abbregée :
1 2
− k 2 ) (D 2 − k 2 ) − U 00
      
0 (U − c) − Riα (D 0 v̂
= 0 β 1 2 2
0 U (U − c) − Riα (D − k ) η̂
   α
LOS 0 v̂
≡ (4.25)
B LSQ η̂

Ce système est triangulaire supérieur. Les valeurs et vecteurs propres peuvent alors être divisés en deux
familles, les modes de Orr-Sommerfeld et les modes de Squire :

LOS v̂ = 0, v̂ 6= 0 v̂ = 0
Modes OS : Modes SQ : (4.26)
LSQ η̂ = −Bv̂ LSQ η̂ = 0, η̂ 6= 0

Les modes de Squire sont toujours neutres, dans le cadre des fluides parfaits R = ∞, et amortis, dans le
cadre de fluides visqueux. Nous démontrons cela en écrivant :
 
1 2 2
0 = U −c− (D − k ) η̂
Riα
 
1
Z
∗ 2 2
0 = dy η̂ U − c − (D − k ) η̂
Riα
1 k2
Z Z Z Z
= dy U |η̂|2 − c dy |η̂|2 − dy η̂ ∗ D 2 η̂ + dy |η̂|2 (4.27)
Riα Riα

Une intégration par parties donne :


Z +1 Z +1
dy η̂ ∗ D 2 η̂ = η̂ ∗ Dη̂]+1
−1 − dy |Dη̂|2 (4.28)
−1 −1

où le terme de surface disparait à cause des conditions aux limites η̂(±1) = 0. La partie imaginaire de
(4.27) est alors :
1 k2
Z Z Z
ci dy |η̂|2 = − dy |Dη̂|2 − dy |η̂|2 ≤ 0 (4.29)
Rα Rα
Pour rechercher des instabilités linéaires, nous étudions alors l’équation et les modes de Orr-Sommerfeld.
8 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

4.1.5 Transformation de Squires

Un résultat très connu concernant l’équation de Orr-Sommerfeld s’appelle le Th éorème de Squire (Squire,
1933). Substituons les définitions :

α̃2 ≡ α2 + β 2 (4.30)
β̃ ≡ 0 (4.31)
R̃ ≡ Rα/α̃ (4.32)

dans l’équation (4.23) :


1
(U − c)(D 2 − α̃2 )v̂ = U 00 v̂ + (D 2 − α̃2 )2 v̂ (4.33)
R̃iα̃
Nous voyons que (4.23) est équivalent à une autre équation de Orr-Sommerfeld où le nombre d’onde
suivant x est augmenté, le nombre d’onde suivant z est mis à zéro (la perturbation ne dépend pas de
z), le nombre de Reynolds est diminué, et c et v̂ restent inchangés. Dans le cas d’un fluide visqueux,
nous supposons qu’il n’y a pas d’instabilité pour les bas nombres de Reynolds. Puis, pour α, β donnés,
nous augmentons R jusquà ce qu’un des c i devienne positif, et il y a instabilité. Le théorème de Squire
nous dit alors que les nombres d’ondes α̃, β̃ = 0 donnent une instabilité pour R̃, qui est moins que
R. Pour chercher les nombres de Reynolds où (4.23) devient instable, il suffit de se limiter alors au cas
bidimensionnels, avec β = 0. Dans le cas d’un fluide parfait, le théorème de Squire dit que le problème
avec α, β > 0 est identique au problème avec α̃, β̃ = 0. Il paraitrait alors qu’il suffit de se limiter à
l’étude du cas bidimensionnel β = 0.
Remarquons alors que le problème de la stabilité des écoulements plan parallèles (sections 4.1.1 et 4.1.2)
a été fortement simplifié. Nous avons reduit les équations tridimensionnelles de Navier-Stokes à deux
équations (section 4.1.3) Ensuite nous avons réduit ces équations à des équations différentielles ordi-
naires contenant deux nombres d’onde en x et z, et ensuite ‘a l’équation de Orr-Sommerfeld seule (sec-
tion 4.1.4) Enfin, nous avons éliminé un des nombres d’onde, (section 4.1.5), aboutissant à une équation
qui relie c à R et k. C’est grâce à ces simplifications successives qu’il a été possible de déterminer rigou-
reusement que les écoulements de Poiseuille et de Couette sont linéairement stables pour les nombres de
Reynolds qui, expérimentalement et même numériquement, mènent à la turbulence.
Comment résoudre ce dilemme ? Nous verrons dans la section 4.3 qu’il est possible que le théorème de
Squires ait retardé le progrès de la compréhension de la transition vers la turbulence dans les écoulements
plan parallèles pendant 60 ans.

4.2 Th´
eorie classique des fluides parfaits

4.2.1 Equation de Rayleigh

Dans le cadre des fluides parfaits, l’équation de Orr-Sommerfeld s’appelle l’ équation de Rayleigh (Ray-
leigh, 1880, 1887).
(U − c)(D 2 − k 2 ) − U 00 v̂ = 0 (4.34)
 

Nous allons maintenant démontrer plusieurs propriétés classiques de (4.34). Selon le th éorème du point
d’inflection de Rayleigh (1880), s’il existe un c i non nul, alors U (y) a un point d’inflection. Ceci veut
4.2. THÉORIE CLASSIQUE DES FLUIDES PARFAITS 9

F IG . 4.2 – Trois profils de vitesse. Gauche : ce profil n’a pas de point d’inflection U 00 (yS ) = 0 et est
donc stable selon le critère de Rayleigh. Milieu : ce profil a un point d’inflection qui pourrait être instable
selon le critère de Fjortoft. Droite : ce profil a un point d’inflection qui donne un écoulement stable selon
le critère de Fjortoft.

dire que, dans le cadre des fluides parfaits, si le profil U n’a pas de point d’inflection, alors il est stable.
Commençant par (4.34), nous divisons par −(U − c) (puisque (U − c) ne peut pas atteindre zéro lorsque
ci 6= 0) ; nous multiplions par v̂ ∗ , le complexe conjugué de v̂, et nous intégrons sur [−1, 1] :
Z +1
U 00
 
0= ∗ 2
dy v̂ (−D + k ) + 2
v̂ (4.35)
−1 U −c
Nous récrivons (4.35) avec l’aide d’une intégration par parties comme nous l’avons fait dans (4.28) :
Z +1
U 00
 
2 2 2 2
0 = dy |Dv̂| + k |v̂| + |v̂|
−1 U −c
Z +1 Z +1
U 00 (U − cr ) 2 U 00
 
= 2 2
dy |Dv̂| + k |v̂| + 2
|v̂| + ic i dy |v̂|2 (4.36)
−1 |U − c|2 −1 |U − c|2
Pour que la partie imaginaire du membre droite de (4.36) soit zéro, il faut que l’intégrale le soit (puisque
ci 6= 0, et pour cela, il faut que U 00 change de signe sur [−1, +1], et donc que U ait un point d’inflection
yS où U 00 (yS ) = 0.
Le théorème de Fjortoft (Fjortoft, 1950) précise le critère du point d’inflection : si c i 6= 0, alors il faut
que U 00 (y)(U (y) − U (yS )) soit négatif sur une partie de l’intervalle [−1, +1]. Récrivons la partie réelle
de (4.36) : Z +1 Z +1
U 00 (U − cr ) 2
dy |Dv̂|2 + k 2 |v̂|2 < 0 (4.37)
 
dy 2
|v̂| = −
−1 |U − c| −1
Définissons US ≡ U (yS ), et multiplions la partie imaginaire de (4.36) par (c r − US )/ci :
Z +1
U 00 (cr − US ) 2
dy |v̂| = 0 (4.38)
−1 |U − c|2
Ajoutons (4.37) et (4.38) :
Z +1 Z +1
U 00 (U − cr + cr − US ) 2
dy |Dv̂|2 + k 2 |v̂|2 < 0 (4.39)
 
dy 2
|v̂| = −
−1 |U − c| −1

Nous avons donc


+1
U 00 (U − US ) 2
Z
dy |v̂| < 0 (4.40)
−1 |U − c|2
10 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

qui exige que U 00 (y)(U − US ) soit négatif sur une partie de l’intervalle. Nous remarquons que les critères
de Rayleigh et de Fjortoft ne s’appliquent qu’aux fluides parfaits et ne peuvent que démontrer la stabilité
et non pas l’instabilité.
Le théorème du semi-cercle de Howard (Howard, 1961) dit que les valeurs propres instables de l’équation
de Rayleigh obéissent à :
 2
1 1
cr − (Umax + Umin ) + c2i ≤ (Umax − Umin )2 (4.41)
2 2

Autrement dit, ils se situent à l’intérieur du cercle ayant la moyenne de la valeur maximale et minimale
de U comme centre et la moitié de leur différence comme rayon. Nous ne démontrerons pas ce théorème.

4.2.2 Instabilit´
e de Kelvin-Helmholtz

Appliquons maintenant l’équation de Rayleigh à l’instabilité de Kelvin-Helmholtz. Pour cela, nous


étudierons la stabilité de profils linéaires par morceaux dans le domaine −∞ < y < ∞ Pour ce cas,
il faut donner des conditions de saut à vérifier à chaque discontinuité de U . La première condition est


=0 (4.42)
U −c

où ] désigne la différence entre la quantité évaluée des deux cotés de la discontinuité. Cette condition
assure que l’interface entre les deux cotés reste bien définie. La deuxième condition est

((U − c)D − U 0 )v̂ = 0 (4.43)




Cette condition assure que la contrainte normale (la pression) est continue. Considérons maintenant le
profil le plus simple :
U+ pour y > 0

U= (4.44)
U− pour y < 0
Dans chacun des deux domaines, l’équation de Rayleigh (4.34) prend la forme

(D 2 − k 2 )v̂ = 0 (4.45)

Compte tenu des conditions aux limites v̂ = 0 à y = ±∞, la solution est :

Ae−ky pour y > 0



v̂ = (4.46)
Beky pour y < 0

Nous appliquons les conditions de saut à y = 0

v̂ v̂ A B
0 = (0+ ) − (0− ) = − (4.47)
U −c U −c U+ − c U− − c
+
0 = ((U − c)D − U )v̂(0 ) − ((U − c)D − U 0 )v̂(0− )
0

= (U+ − c)(−kA) − (U− − c)kB (4.48)


4.2. THÉORIE CLASSIQUE DES FLUIDES PARFAITS 11

0 0

F IG . 4.3 – cr et ci pour instabilité de Kelvin-Helmholtz dans le cas de profil constant par morceaux.

F IG . 4.4 – Gauche : un profil constant par morceaux. Milieu : un profil linéaire par morceaux. Droite : le
profil linéaire par morceaux est instable aux perturbations ayant une longeur d’onde λ qui dépasse 10δ.

ou    1 −1  
0 A
= U+ −c U− −c (4.49)
0 (U+ − c) (U− − c) B
dont l’existence d’une solution exige que le déterminant soit nul :

U− − c U+ − c
0 = +
U+ − c U− − c
0 = (U− − c)2 + (U+ − c)2 = 2c2 − 2(U+ + U− )c + U+2 + U−2
1h p i U +U
+ − 1p
c = U+ + U− ± (U+ + U− )2 − 2(U+ + U2 ) = ± −(U+ − U− )2
2 2 2
∆U
≡ Ū ± i (4.50)
2
La perturbation décrite par (4.46) et (4.19) se propage donc avec une vitesse de phase c r qui est la
moyenne Ū des deux vitesses, tandis qu’elle s’amplifie et s’amortie à un taux c i qui est ∆U/2, la moitié
de la différence entre les deux vitesses. Comme c i est toujours positif, le profil constant par morceaux
(4.44) est instable : cette analyse décrit une version simplifié de l’instabilité de Kelvin-Helmholtz. Nean-
moins, l’analyse ci-dessus calcule un c qui est indépendent du nombre d’onde k : le profil (4.44) est
instable à des perturbations avec tous nombres d’onde k, qui se propagent tous à la même vitesse. Cette
propriété n’est pas réaliste et est une conséquence de la simplicité du profil constant par morceaux. Utili-
sons maintenant un modèle un peu plus réaliste de l’interface où le profil de vitesse n’est pas discontinu,
12 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

mais seulement sa dérivée à y = ±δ. Le profil et la solution sont décrits dans les trois régions par :

y > +δ : U = U+ U0 = 0
v̂ = v̂+ ≡ A+ e−ky Dv̂+ = −kA+ e−ky
∆U
−δ < y < +δ : U = Ū + 2δ y U 0 = ∆U
v̂ = v̂0 ≡ A0 e

−ky + B0 e ky Dv̂0 = −kA0 e−ky + kB0 eky
y < −δ : U = U− v̂ = v̂− ≡ B− eky
U0 = 0 Dv̂− = kB− eky
(4.51)
Quand U est continu, la condition (4.42) implique que v̂ l’est aussi. Les conditions auxquelles la solution
doit satisfaire sont :

0 = v̂0 (δ) − v̂+ (δ) = A0 e−kδ + B0 ekδ − A+ e−kδ (4.52)


0 = v̂0 (−δ) − v̂− (−δ) = A0 e kδ
+ B0 e −kδ
− B− e −kδ
(4.53)
0
0 = [(U − c)D − U ]v̂0 (δ) − [(U − c)D − U ]v̂+ (δ) 0
(4.54)
0 0
= (U − c)[Dv̂0 (δ) − Dv̂+ (δ)] − [(U v̂+ )(δ) − (U v̂0 )(δ)]
∆U
= (U+ − c)[−kA0 e−kδ + kB0 ekδ − (−kA+ e−kδ )] + (A0 e−kδ + B0 ekδ )

0 = [(U − c)D − U 0 ]v̂0 (−δ) − [(U − c)D − U 0 ]v̂− (−δ) (4.55)
0 0
= (U − c)[Dv̂0 (−δ) − Dv̂− (−δ)] − [(U v̂− )(−δ) − (U v̂0 )(−δ)]
∆U
= (U− − c)[−kA0 ekδ + kB0 e−kδ − (kB− e−kδ )] + (A0 ekδ + B0 e−kδ )

Utilisant (4.52) et (4.53) pour éliminer A + et B− dans (4.54) et (4.55) donne
∆U
0 = (U+ − c)2kB0 ekδ + (A0 e−kδ + B0 ekδ ) (4.56)

∆U
0 = (U− − c)(−2k)A0 ekδ + (A0 ekδ + B0 e−kδ ) (4.57)

ou
∆U −kδ ∆U kδ
    
0 2δ e ((U+ − c)(−2k) + 2δ )e A0
= ∆U kδ ∆U −kδ (4.58)
0 ((U− − c)2k + 2δ )e 2δ e
B0
dont l’existence d’une solution exige :
∆U
q
c = Ū ± (1 − 2kδ)2 − e−4kδ (4.59)
4kδ
Maintenant c dépend de k et, plus particulièrement, peut être réel (perturbation neutre) ou complexe
(perturbations croissante et décroissante). La limite entre les deux régimes est trouvée en résolvant
numériquement l’équation
(2k̂ − 1)2 = e−2k̂ (4.60)
qui a comme solution k̂ = 0.64. Les perturbations instables sont caracterisées par :

kδ < 0.64
2πδ
< 0.64
λ

λ> δ ≈ 10 δ (4.61)
0.64
Le profil linéaire par morceaux (4.51) est instable aux perturbations dont la longueur d’onde est plus que
dix fois plus grande que l’épaisseur δ de l’interface. Nous pouvons vérifier que, quand δ tend vers zéro,
nous trouvons le résultat précédent (4.50) du profil discontinu.
4.3. AU-DELÀ DES VALEURS PROPRES 13

0 0

0.64 0.64

F IG . 4.5 – cr et ci pour instabilité de Kelvin-Helmholtz dans le cas de profil linéaire par morceaux.

4.3 Au-delà des valeurs propres

4.3.1 Th´
eorie de l’´
en´
ergie

Le terme non linéaire dans les équations de Navier-Stokes est conservatif. Ceci est facilement démontré
en prenant le produit scalaire de (U · ∇)U avec U et en écrivant :

U2 U2
 
U · [(U · ∇)U] = ∇ · U − ∇·U (4.62)
2 2

La décomposition (4.62) peut être justifiée en écrivant :

U2 Ui2
 
Ui Uj ∂j Ui = ∂ j Uj i − ∂j Uj (4.63)
2 2

Nous intégrons (4.62) sur un volume qui est, soit périodique, soit tel que la vitesse s’annulle aux parois.
Le deuxième terme du membre droit est zéro pour un fluide incompressible. Le premier terme est trans-
formé par le théoreme de Gauss et l’intégrale sur la surface qui en résulte est nulle à cause des conditions
sur les parois.

U2 U2
Z Z   Z
dV U · [(U · ∇)U] = dV ∇ · U − dV ∇·U (4.64)
2 2

Nous pouvons aussi effectuer un calcule semblable sur les équations non lin éaires qui contrôlent la
croissance d’une perturbation u (non-infinitesimale) de l’écoulement stationnaire U.

1
u · ∂t u + u · (u · ∇)U + u · (U · ∇)u + u · (u · ∇)u = −u · ∇p + u · ∆u (4.65)
R
14 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

Nous substituons

|u|2
 
u · ∂t u = ∂t
2
|u|2 |u|2
 
u · [(u · ∇)u] = ∇· u − ∇·u
2 2
|u|2 |u|2
 
u · [(U · ∇)u] = ∇· U − ∇·U
2 2
−u · ∇p = −∇ · (p u) + p ∇ · u
 2
|u|
u · ∆u = ∇·∇ − |∇u|2
2

et nous intégrons sur un volume. Comme précédemment, nous utilisons le théorème de Gauss et les
conditions sur les parois (u est soit nul sur les parois, soit périodique) pour supprimer tous les termes
de divergences ci-dessus. Finalement, nous utilisons l’incompressibilité. Ce qui reste est l’ équation de
Reynolds-Orr :

|u|2
 
d 1
Z Z Z
dV = − dV u · [(u · ∇)U] − dV |∇u|2
dt 2 R
dE(u) 1
= P(u) − D(u) (4.66)
dt R

D(u)/R est l’énérgie que perd u à la dissipation visqueuse. Comment u est=il alimenté en énergie ?
L’écoulement de base U est entretenu (par exemple, en fournissant le gradient de pression pour l’écoulement
de Poiseuille, ou en obligeant les plaques à continuer à se déplacer à des vitesses différentes pour
l’écoulement de Couette) et le terme P(u) mesure l’énergie échangée entre l’écoulement de base U
et la perturbation u. L’évolution de l’énergie de u provient de termes linéaires en u : la dissipation
visqueuse, et le terme non linéaire linéarisé autour de U. On remarque que

1 dE
(u) (4.67)
E dt

est indépendent de l’amplitude de u, une conséquence du fait que l’évolution de l’énérgie de u provient
de termes linéaires en u.
Joseph (Joseph, 1976) a défini un nombre de Reynolds R E tel que
•Pour R < RE , Ė(u) < 0 pour tous u.
•Pour R > RE , il existe une perturbation u telle que E(u)
˙ > 0.

Il est possible de démontrer que


 
1 max P(u)
= − (4.68)
RE u D(u)

D’autres nombre de Reynolds critiques peuvent aussi être définis. R G est le nombre de Reynolds en
dessous duquel l’écoulement finira toujours par revenir à l’écoulement de base, pour toutes perturbations
possibles. RT est le nombre de Reynolds minimal au-delà duquel la turbulence peut être maintenue. R L
est le seuil d’instabilité linéaire de l’écoulement de base. Le tableau ci-dessous montre que ces nombres
de Reynolds sont différents pour les écoulements de Poiseuille et de Couette.
4.3. AU-DELÀ DES VALEURS PROPRES 15

Ecoulement R E RG RT RL
Poiseuille plan 49.5 −− 1000 5772
Couette plan 20.7 125 360 ∞
Poiseuille circulaire 81.5 −− 2000 ∞

4.3.2 Croissance transitoire

Nous revenons aux écoulements de Poiseuille et de Couette. L’écoulement de Poiseuille devient linéairement
instable à R = 5772 (Orszag, 1971), tandis que les expériences et les simulations montrent une transition
vers la turbulence à Rey ≈ 1000. L’écoulement de Couette est linéairement stable pour tous nombre de
Reynolds, tandis que les expériences (Tillmark & Alfredsson, 1992 ; Daviaud et al., 1992) et les simula-
tions (Lundbladh & Johansson, 1991 ; Hamilton et al., 1995) montrent une transition vers la turbulence
à Rey ≈ 300. Une théorie pour expliquer ces contradictions a été proposée qui repose sur la croissance
transitoire (Butler & Farrell, 1992 ; Trefethen et al., 1993). Considérons le problème modèle :
    
d v −1/R 0 v
= (4.69)
dt η 1 −2/R η

La matrice étant triangulaire supérieure, on voit que les valeurs propres sont −1/R et −2/R, toutes les
deux négatives. Les vecteur propres correspondants sont :
   
1 1 2 0
λ1 = − : λ2 = − : (4.70)
R R R 1

L’évolution se comporte comme


     
v 1 0
= v0 e −t/R
+ (η0 − v0 R) e−2t/R (4.71)
η R 1

Développons (4.71) pour t petit :

η = η0 e−2t/R + Rv0 (e−t/R − e−2t/R )


t 2t
= η0 e−2t/R + Rv0 (1 − + · · · − 1 + − ···)
R R
= η0 e−2t/R + v0 t (4.72)

Equation (4.72) montre que la différence entre exponentiels décroissants peut se traduire par une crois-
sance algébrique pour des temps courts, appellée croissance transitoire, comme cela se passe pour les
blocs de Jordan. Nous voyons que la matrice (4.69) ressemble de plus en plus à un bloc de Jordan lorsque
R → ∞. Cette tendance se remarque aussi en regardant le produit scalaire entre les vecteurs propres :
   
1 0
(4.73)
p
· = R = 1 + R2 cos φ
R 1

où φ est l’angle entre les deux vecteurs propres. Equation (4.73) montre que φ → 0 et donc que les
vecteurs propres deviennent parallèles lorsque R → ∞.
Cette observation simple nous liberèrerait du théorème de Squires. Même si la recherche des valeurs
propres les plus grandes (ou les moins négatives) en fonction de R peut être effectuer en se limitant à
16 CHAPITRE 4. ECOULEMENTS OUVERTS

β = 0, ceci n’est pas le cas pour les vecteurs propres montrant la plus grande croissance transitoire.
Revenant aux écoulements hydrodynamique, nous pouvons définir :

max E(t)
G≡ (4.74)
α, β, t, v̂0 , η̂0 E(0)

où la maximisation s’effectue sur tous les nombres d’ondes α, β, tous temps t, et toutes conditions
initiales v̂0 (y), η̂0 (y). Les résultats sont donnés dans le tableau suivant (Trefethen et al., 1993, Schmid
& Henningson, 1994, Butler & Farrell, 1992) :

Ecoulement G tmax αmax βmax


Poiseuille plan 0.20 R 2 × 10−3 0.076 R 0 2.04
Couette plan 1.18 R2 × 10−3 0.117 R 35/R 1.6
Poiseuille circulaire 0.07 R 2 × 10−3 0.048 R 0 1
Couche limite de Blasius 1.18 R 2 × 10−3 0.778 R 0 0.65

Le facteur d’amplification G peut être très grand. Par exemple, G = 200 pour l’écoulement de Poiseuille
plan à R = 1000, et G = 100 pour l’écoulement de Couette plan à R = 300, où la transition vers la
turbulence à lieu dans ces écoulements. En plus, la perturbation qui maximise G a α = 0 (ou, dans le
cas de Couette plan, α → 0). La valeur de β est, dans le cas de Couette plan, proche de π/2, donnant
une demi-longueur d’onde π/β de 2, la distance entre les deux plaques. Ceci s’apparenterait à une struc-
ture de rouleaux longitudinaux comme les rouleaux convectives, dont les axes seraient dans la direction
principale x de l’écoulement de base, une structure qui a été observée expérimentalement (Dauchot &
Daviaud, 1995 ; Bottin et al., 1997, 1998) et numériquement (Barkley & Tuckerman, 1999 ; Tuckerman
& Barkley, 2002).
Trefethen propose aussi d’étendre le modèle (4.69) en ajoutant des termes non linéaires qui, comme ceux
de Navier-Stokes, conservent l’énérgie :
     p   
d v −1/R 0 v 0 −1 v
= + v +η 2 2 (4.75)
dt η 1 −2/R η 1 0 η

Ces résultats sont très intéressants, mais un rapport entre la croissance transitoire et la transition vers la
turbulence dans les ècoulements ouverts n’a pas encore été démontré et reste très controversé.
Bibliographie

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Rev. Lett. 69, 2511 (1992).
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Lett. 79, 4377 (1997).
[4] S. Bottin, O. Dauchot, F. Daviaud, & P. Manneville, Experimental evidence of streamwise vortices
as finite amplitude solutions in transitional plane Couette flow, Phys. Fluids 10, 2597 (1998).
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17
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