Immigration - La Désinformation Officielle - La Presse
Immigration - La Désinformation Officielle - La Presse
Immigration - La Désinformation Officielle - La Presse
OPINIONS
Immigration : la désinformation
officielle
Publié le 18 juin
FRANCE-ISABELLE LANGLOIS
Directrice générale, Amnistie internationale Canada francophone
Les personnes demandeuses d’asile ne sont pas en quête d’immigration, mais en quête
d’un refuge. Ce n’est pas la même chose, et ce n’est pas jouer sur les mots. Il s’agit de la
seule catégorie de personnes migrantes sur laquelle le Québec n’a vraiment pas le
« contrôle » et pour cause. Le Canada non plus ne « contrôle » pas le nombre de
personnes cherchant asile au pays. Ces personnes sont protégées par le droit
international, et les États ont l’obligation de les accueillir et d’assurer leur protection.
Ces personnes fuient parce qu’elles sont persécutées, parce qu’elles sont confrontées
aux affres de la guerre, parce que les eaux envahissent leur territoire ou que la
sécheresse s’est installée depuis des années, anéantissant leurs sources de subsistance,
parce que l’exploitation des ressources naturelles par les minières et les industries
forestières ou agroalimentaires ont entraîné leur déplacement manu militari, parce
qu’elles sont victimes des guerres de gangs liées au trafic de la drogue.
Tous les jours, sans le savoir, nous recevons les services attentionnés de travailleuses et
travailleurs étrangers temporaires, dans les domaines des soins, de l’industrie
alimentaire ou touristique, de la construction, de la restauration…
Ce que François Legault et Christine Fréchette taisent aussi, c’est qu’il existe deux
catégories de travailleurs étrangers : ceux à bas salaires et ceux à hauts salaires. Dans
cette dernière catégorie, nous retrouvons surtout les personnes qualifiées, elles
peuvent venir avec leur famille et accéder à la résidence permanente. On les retrouve
dans des secteurs de pointe.
Pour ce qui des travailleurs étrangers à bas salaires, la vaste majorité d’entre eux sont
liés à un employeur par un permis de travail fermé. Ces personnes ne peuvent faire
venir leur famille ni, a priori, demander la résidence permanente.
En principe, elles ont les mêmes droits que tout travailleur. Mais qui s’opposera à une
demande d’un employeur abusif vous menaçant d’expulsion si vous n’obtempérez pas ?
Soyons réalistes.
Prétexter que ces personnes sont responsables à 100 % de la pénurie de logements est
pour le moins irresponsable. Les organisations de défense du droit au logement
décrient depuis des décennies l’état du parc immobilier en qualité et en quantité sur
l’ensemble du territoire. Insinuer que les personnes demandeuses d’asile et les
travailleurs étrangers « temporaires » sont responsables du piètre état du système
Les enjeux graves auxquels nous sommes confrontés dans tous ces domaines sont le
résultat du désinvestissement chronique des gouvernements québécois qui se sont
succédé depuis les années 1990. Les politiques d’austérité des gouvernements du Parti
libéral entre 2003 et 2018 sont certainement en bonne partie responsables de cette
désastreuse situation.