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L Adverbe en Francaismemoire

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Ecole Nationale Superieure des Sciences

de rinformation et des Bibliotheques

D.E.A. en Sciences de Plnformation


et de la Communication

Option : Systemes d'Information Documentaire

MEMOIRE DE D.E.A

PORTEE DE L'ADVERBE EN FRANCAIS

Margarita VODENITCHAROVA
Sous la direction du Professeur M. LE GUERN

Universite LUMIERE - Lyon II

1992
Ecole Nationale Superieure des Sciences
de 1'Information et des Bibliotheques

D.E.A. en Sciences de i'Information


et de la Communication

Option : Systemes d'Information Documentaire

MEMOIRE DE D.E.A

PORTEE DE L'ADVERBE EN FRANCAIS

Margarita VODENITCHAROVA
Sous la direction du Professeur M. LE GUERN

Universite LUMIERE - Lyon II

1992
Port6e de 11adverbe en frangais
Margarita VGDENITCHAROVA

EESUME:
Le present ouvrage a pour objectif 1'etude de la
distribution des adverbes frangais susceptibles de porter sur
les noms-substantifs et sur les noms-adjectifs. Les adverbes
concern§s sont traditionnellement connus sous le nom des
adverbes de quantite et des adverbes de degr6.
DESCRIPTEURS:
Frangais Syntaxe Morphologie Adverbe Syntagme nominal
Nom Adjectif Adverbe de quantite Adverbe de degre
ABSTRACT:
This work is an attempt to study the distribution of
french adverbs modyfying nouns and adjectifs. These adverbs are
traditionnally known as quantyfyings adverbs.
KEYWORDS:
French Syntax Morphology Adverb Noun Adjectif
Quantyfying adverbs
1

INTRODUCTION

La classe des adverbes a la r6putation de classe r6siduelle,


regroupant des mots h6t6rogdnes de propri6t6s morphologiques et
syntaxiques diff^rentes. Dans le M Tr6sor de la langue

frangaise" 1'adverbe est dSfini comme " partie du discours


neutre et invariable qui peut etre rapport6e d un verbe, 6 un

adjectif, a une pr§position ou a un autre adverbe, c'est-d-dire

a toute partie du discours (autre que 1'article et les


determinatifs) qui se rattache elle-meme S. un terme lui servant
de support."

Du point de vue grammatical on peut isoler certaines


caracteristiques generales permettant la sous-division des

adverbes en differentes classes. L'un des criteres


universalement utilise pour les classements est la port6e des

adverbes. L'adverbe peut porter sur un seul terme: -une

ecriture peu lisible, sur un groupe de mots: - Pierre travaille

serieusement ( le travail de Pierre est s6rieux) ou sur toute


la proposition: -II est venu non parce qu'il nous aime mais

parce qu'il est curieux. Dans certains cas l'adverbe, & travers

le terme auquel il est rapportS syntaxiquement peut modifier le

sens de tout le syntagme auquel ce mot appartient: II n'est pas

venu parce qu'il nous aime mais parce qu'il est curieux. Ici ne

pas se rapporte au verbe etre, mais il nie en effet le

syntagme verbal entier: -est venu parce qu'il nous aime.

Les fonctions de 1'adverbe peuvent etre tres variees selon


ses differents emplois dans le discours. Ainsi il peut fournir

un apport purement formel comparable d celui d'un affixe: -une

pomme tres rouge ( 1'adverbe tres effectivement joue le role


2

d ' un affixe quantitatif),— 1'inciderrt ne peut pas s'expliquer (=.

est inexplicable). Dans d'autres cas 1'adverbe peut modifier le

sens en fournissant un apport sSmantique: -Pierre attend

vainement. ( 1'attente de Pierre est qualifi6e de vaine), -un

enfant physiquement faible ( la faiblesse est physique).

Certains adverbes dSterminent les circonstances dans lesquelles


adviennent les 6v6nements dScrits par la phrase : -II habite

ici. Les adverbes modalisateurs enfin fournissent les


caracteristiques particulieres de 1'6nonciation en traduisant
1'attitude subjective du locuteur:

ex.Heureusement (qu') il est parti & temps.

Dans la classe des adverbes s'operent des changgments de


categorie grammaticale: certains morphfemes fonctionnent tantot

comme prepositions, tantot comme conjonctions, tantot comme


adverbes: apres, contre, depuls: on ne l'a plus vu

depuis;(preposition); -on ne 1'a plus vu depuis la derniere

semaine, ou depuis remplit les fonctions d'adverbe. Comme,

quand, que, si fonctionnent comme conjonctions ou comme

adverbes: Que vous §tes matinal! Dans cette phrase gue est
classe comme adverbe.

Beacoup d'adverbes entrent dans la construction des locutions


conjonctives de subordination: alors que, aussit6t que, bien

Que> encore que, lorsque...Les adverbes de quantit6


fonctionnent comme prSdeterminants du substantif: beacoup de,

peu de, bien des ( de la, de 1'), combien de, tant de ..Parfois

ils se pr6tent meme & la substantivation: Je connais peu de


gens. > Le peu de gens que je connais.
3

Un certain nombre d'adjectifs peuvent §tre employ6s comme


adverbes: fort, bon, clair creux, droit, haut, par exemple
dans la phrase : -Cela sent bon.

D'autre part dans le discours sont cr66s des adverbes &


partir des substantifs employ§s sans article et des
prepositions : -II se bat avec courage qui a le m§me sens que:

-II se bat courageusement. Dans certaines expressions le


substantif peut etre accompagnS d'article ( les substantifs

actualises): -II se bat avec un grand courage > II se bat tr§s


courageusement.

Tres peu d'adverbes peuvent remplir les fonctions de


1'adjectif, comme par exemple 1'adverbe bien, souvent appel§
adverbe polyfonctionnel. Dans certaines expressions
caracteristiques de la langue familiere il peut d§terminer le
substantif pareillement a un adjectif: une femme bien, des gens
bien.

Vu 1'heterogeneite des adverbes il existe des possibilit6s de


classements, reposant sur diff6rents criteres : selon le sens :

adverbes de lieu, de temps, de comparaison, de manidre, de

quantite et d'intensite, d'affirmation, de negation, de

doute... Selon le degr6 de pr6dicativit6, notion de la

grammaire guillaumienne ( degr6 d'autonomie de 1'adverbe par

rapport au mot auquel il est rapport6) sont toujours

predicatifs les adverbes de maniSre en -ment, les adjectifs


adverbalises, les adverbes d§riv6s de substantif:

( davantage), ainsi que les adverbes de lieu, de maniere et de


temps (vite, la, ici)

Certains adverbes sont tantdt predicatifs, tantot non


predicatifs: beacoup, oeu, plus. moins,trop, bien:
4

ex. II gagne bien (beacoup, peu, trop...)(-pr§dicatif)

Vous §tes bien (peu, trop, moins) fatigu6, trds fatigu6 (non
predicatif)

II y a aussi des adverbes qui sont faiblement ou non


prSdicatifs: si^ tr&s. ne, pas, point.

D'un autre c6t6 le terme supposant la d§termination de la


port6e de l'adverbe exige avant toute chose des pr6cisions
theoriques, d'autant plus qu'il s'agit ici de deux donnees

linguistiques reels.L'analyse morpho-syntaxique du syntagme

nominal"la portee de l'adverbe" r6vele qu'en r6alit6 il en


contient deux:

la portee de 1'adverbe
1'adverbe

En consequence la simple analyse du contenu du terme pose

1'ambiguite piofonde que la portee de l'adverbe ne pourrait


jamais etre traitee isolement de l'adverbe lui-meme.

Etant donne l'6tat actuel de la recherche linguistique ce

qu'on pourrait poser a priori comme contrainte de base d toute


recherche visant la ddtermination de la port6e de 1'adverbe

Cest 1'imprecision voir 1'absence de definition adequate de


l'adverbe.La grammaire traditionnelle a pris 1'habitude de
definir 1'adverbe comme ad-verbum dans le sens de "adjoint au

verbe", d'ou une limititation des possibilit§s, pos§e d priori

par ce postulat de la signification d'un terme, qu'on prend en


realite pour son sens.

De tels malentendus ne sont pas exclus, ne sont-ils m§me pas

frequents en linguistique? Un argument en faveur de cette th6se

est incontestablement un fait relev6 par Michel LE GUERN ("Un

analyseur morpho-syntaxique pour 1'indexation automatique"


5

dans"Le frangals moderne",juin 1991,p.23),appel6 par lui

"1'illusion du substantif", une illusion remontant au moins a


ARISTOTE et qui est est pr§cisemment "Cette conception,

d'apres laquelle les mots, en tant qu'unit6s lexicales et


preablement d toute insertion dans le discours - ou tout au
moins certains d'entre eux dfesigneraient directement les
choses..."

Dans le cas de 1'adverbe il s'agit toujours d' une conception


retransmise S. travers les siecles. Certains grammairiens quand

meme ont donne des dSfinitions diff§rentes. BEAUZEE


(1789,Gramm.,t.l) avertissait que ..."Cette Stymologie du mot

Adverbe (c'est-dire du mot joint au verbe) n'est bonne et

vraie, qu'autant que le mot latin verbum sera pris dans son
sens propre, pour signifier mot et non pas verbe (...).En

effet,1'ADVERBE modifie aussi souvent la signification des


noms, des adjectifs, et meme des autres adverbes, que celle des
verbes.Cependant la Grammaire gen§rale et raisonn§e

(Part.ll,chap.l2) semble insinuer que 1'Adverbe se joint plus

ordinairement au verbe, et qu'il en prend sa d§nomination; ce

qui ont adopt6 la doctrine de P.R. ont adopptS cette erreur,

dont on trouve le germe dans Priscien (lib.XIV) et le


developpement dans Sanctius (Minerv. 111,13).

D'ailleurs BEAUZEE n'est pas le seul 6r6tique, car d'autres


aussi ont exprime des d6finitions diffSrentes:

.." L'adverbe est un mot sans nombre qui est adjoicnt d un


autre."(P.RAMUS 1572)

•."En faisant 1'enumeration des diffferentes sortes de mots qui

entrent dans le discours, je place 1'adverbe apres la

preposition, parce qu'il me parolt que ce qui distingue


6

1'adverbe des autres especes de mots,c'est que 1'adverbe vaut


autant qu'une pr6positlon et un nom: il a la valeur d'une
preposition avec son compl6m6nt; c'est un mot qui abrSge; par
exemple,sagement vaut autant que avec sagesse"(C.C. DU
MARSAIS,Gramm.t.1,1789)

.."Nous avons dit, Monseigneur, que 1'adverbe est une


expression abr§g§e, qui est l'6quivalent d'un nom pr6c6d6

d'une preposition; et nous avons donn6 pour exemple sagement,

qui signifie avec sagesse; plus, qui signifie en quantite


superieure,etc." (CONDILLAC,1798,p.317).
Et,remarque, beaucoup plus rScente:

.."Cette conception du compl§m6nt de verbe, ancrSe

etymologiquement dans le terme d"'adverbe", a 6t6 remise en

question par la constatation que certains adverbes manifestent


une certaine autonomie semantique et syntaxique vis-S-vis du
reste de l'enonc6 et semblent porter sur toute la phrase plutdt

que sur le verbe seul." (Michel CORDIER,"Adverbes et

modalisation en frangais",These de doctorat du III-6me


cycle,1984).

En adoptant une telle conception de l'adverbe on voit

clairement que par cons6quent la notion de sa port§e s'y trouve

modifiee aussi. Si l'on admet que ADVERBUM signifie "adjoint au

mot" ou plus encore "mot pour mot", sa port6e devrait 6tait


consider6e dans un sens plus large.

Ainsi pourrait-on m§me la dSfinir comme un m6canisme de

structuration du sens, ce qui impllique inSvitablement


1'existence d'une structure hi6rarchique et deuxiemment,des

manifestations de cette structure h diffdrents niveaux,des


marques explicites de sa pr6sence.
7

Dans les <§tudes sur les adverbes sa port6e ou sa distribution


a souvent 6t6 employ6e comme crit6re pour isoler des

differentes classes, ce qui a comme r6sultat le fait que


souvent sous Hport6e de 1'adverbe", on considere en rfealite
ces manifestations, autrement dit les r6alisations de sa port6e
dans le discours.

II est 6vident qu'une 6tude plus approffondie exige en premier

lieu un bref appergu thSorique de la probl§matique de la

"portee", qui a 6t£ proposSe non seulement dans le domaine


purement linguistique, mais aussi dans des domaines voisins,
notamment celui de la logique, et les thSories de
1'enonciation.

Avant de se lancer dans 1'exploration du probl^me il convient


aussi d'isoler certains faits,qui lui sont symptomatiques.
LES FAITS REELS DANS LE MONDE IMAGINAIRE DU DISCOURS

Dans le discours les adverbes peuvent porter sur diff6rentes

unites, ce qui fait que le meme adverbe selon le cas peut

porter par exemple sur la phrase entiere ou sur un de ses

constituant. Un exemple tres convaincant est le cas de

1'adverbe bien, examind par Robert MARTIN ( dans "Pour une

approche v^riconditionnelle de 1'adverbe bien", Langue

frangaise, n 88, D6cembre 1990, n 88, p.80). On peut distinguer


trois types de port§e pour cet adverbe:

a) portde sur tout ou partie du prfedicat, ou emploi d'adverbe


de constituant:

ex. II parle bien 1'anglais.

b) portee sur la phrase enti^re, emploi d'adverbe de phrase:


ex.Il a bien perdu son portefeuille.

Dans ce cas 1'adverbe a le sens de: "II est bien vrai que..."
8

c) portee sur un pr6dicat modalisant, pr6dicat dont l'un des


arguments est propositionnel et qui modalise cette proposition:
ex. Je sais bien qu'il l'a fait mais

II existe d'autres adverbes aussi susceptibles d'§tre


incidents de la m§me manidre et souvent dans les diffferentes
classifications on trouve le m§me adverbe faisant partie de

differentes classes. Certains linguistes trouvent la solution


de ce phenomene en admettant qu'il s'agit d'adverbes

homonymes, qui , dans 1'objectif de la formalisation de la


langue naturelle n'est pas convaincante.

A part les adverbes polyphonctionnels on distingue des

adverbes qui peuvent d£terminer a la fois deux ou plusieurs


constituants de la phrase:

a) portee sur le sujet et le verbe:

ex. Anxieusement, la jeune mere regardait sa petite fille


jouer pres de 1'eau.

Dans cette phrase 1'adverbe anxieusement modifie le sens de


la phrase entiere en determinant en meme temps "la jeune m§re

est anxieuse et elle regarde d'une maniere anxieuse*.

b) portee sur le verbe ou le but de 1'action qu'il exprime:

ex. employer substantivement un mot (« un mot comme


substantif)

chanter m61odieusement une chanson (= la chanson est


m61odieuse)

manger bien ( sous-entendu: des choses de bonne


qualite)

La possibilite pour 1'adverbe de modifier & la fois deux

constituants de la phrase repose sur la th§orie des portees

multiples, developp§e dans les travaux de MORDRUP (1976).


9

Par contre, certains couples d'adverbes (beaucoup/trfes)


apparaissent en distribution comp!6mentaire, l'un 6tant
specialise pour les verbes (beaucoup), 1'autre - pour les
adverbes et les adjectifs (tr&s). Ainsi on dit:
ex. Jean travaille beaucoup.
Mais on ne peut pas dire:

ex.* Jean travaille trds.

Jean est tres bavard. et 1'impossible: * Jean est beacoup


bavard.

L'existence de ces faits comme le sugg&re Peter BLUMENTHAL


pose le probleme de la dlmension de la port£e de l'adverbe et

les motivations de sa d&limitation, les raisons sSmantiques et

syntaxiques impliqu§s, ce qui 6voque n§cessairement la

distiction d'un niveau logico-s§mantique et d'un niveau

syntaxique et le comportement des adverbes li6 & ces deux


niveaux.

D'autres faits aussi peuvent avoir une influence sur la


determination de la port§e de 1'adverbe:
a) la place de l'adverbe

C'est un fait incontestable, souvent meme pris comme

equivalent S la port6e des adverbes, car certains

classifications definissent la port§e en fonction de la place

de 1'adverbe.En effet le changement de la place est souvent,

sinon toujours une marque du changement du sens, mais il vaut

mieux considerer les differentes possibilit£s d'occurrence des

adverbes en tant que des propri6tes formelles de la


manifastation de sa portee r6elle
10

b) 1'homonymie adverbiale

Pour expliquer l'homonymie embarrassante il faut chercher une


explication adequate en prenant en consid6ration des faits
parfois paradoxales comme par exemple 1'impossibilit6 de
classifier les adverbes en multipliant les criteres s6mantiques
ainsi que les tests syntaxiques, ph6nomdnes enregistres lors
des 6tudes semantiques des adverbes: "En se basant sur leur

sens, on a pu classer les adverbes...Mais selon son emploi, le

meme adverbe appartiendra d plusieurs classes. On ne peut

eviter ce defaut de classement qu'au prix d'un autre, inherent

au critere s6mantique, qui aboutit S la cr6ation d'autant de

sous- classes qu'il y a de sens differents"(G.MOUNIN


"Dictionnaire de la linguistique", 1974)

II parait pourtant que le critSre semantique n'en est pas le

seul coupable, car le critere syntaxique aboutit aux memes

resultats: "Plus g6n6ralement la multitude des tests


syntaxiques, surtout s'ils ne sont pas justifi6s

semantiquement, risque de dissoudre jusqu'6 la notion de

classe" (Michel CORDIER "Adverbes et modalisation en frangais,


p. 51).

Une autre 6tude combinant les deux critdres, par exemple la

classification des adverbes en -ment, propos6e par Christian


MOLINIER, n'6vite non plus 1'homonymie.

c) la port§e de 1'adverbe sur lui-m§me

Le paroxisme du phSnomene homonymique, qui se manifeste d


chaque fois qu'on essaye d'aller un peu plus loin dans
1 exploration de la port6e des adverbes , pourrait 6tre mis &

jour par l'incidence de 1'adverbe d lui-meme,Fait relev6 par


MORDRUP et comment6 par CORDIER par l'exemple suivant:
11

Bx.Lentement Marie laissa tomber toutes les boules LENTEMENT.


Cette phrase rep6sente la somme des deux phrases suivantes:
1) Lentement Marie laissa tomber toutes les boules.

( ou Marie laisse tomber lentement les boules consid6r6es comme


une groupe)

2) Marie laissa tomber toutes les boules lentement.

(Marie laisse tomber chaque boule prise individuellement)


Ce paradoxe est possible grSce au fait que, dans le discours

les adverbes peuvent fonctionner sur diff6rents niveaux


syntaxiques, peut-etre meme logiques, ce qui,en vue des lois et

des regles du fonct ionnement linfeaire se traduit par une


repr§sentation discontinue.

Ce qui, selon Michel CORDIER est impossible, c'est de placer

deux adverbes dans la meme position syntagmatique, avec le m§me


champ. d'incidence.

D' autres exemples du jeu perp§tuel d' encaissement des


incidences du meme adverbe qui se r6alise uniquement dans le
discours,peut etre illustrer par la n6gation:
ex.On ne peut pas aimer ce film.

On ne peut pas ne pas aimer ce film


d) la hierarchie adverbiale

Personne ne pense plus & nier la hi6rarchisation des adverbes,

mais il manque pour le moment des fetudes cherchant & expliquer


la portee des adverbes, en fonction de leur place dans le

niveau hidrarchique et leurs occurrences dans les niveaux


inferieurs, §. part de br&ves remarques ga et 1S. Y-a-t-il des
similitudes, des regles d'occurrences possibles?

Dans ce sens il paralt necessaire d'essayer de situer les

diff&rentes occurrences en partant du niveau le plus haut


12

place. . On pourrait lancer une hypothese un peu trop ais6e

peut-etre de 1'existence d'une structure hi6rarchique des


adverbes, de forme plutdt pyramidale.

e) 1'adverbe et l'inversion du sujet

Certains adverbes entralnent 1'inversion du sujet dans la


phrase. Les possibilites d'apparition des diffSrents types

d'adverbes ck c6t6 de 1' inversion montre clairement la profonde


difference de structure. Ainsi, les adverbes oui, non c si

(souvent appel§s des pro-phrases) representent en eux-memes

une reponse directe d une question, ayant comme marque


exterieure l'inversion:

ex.Viendra-t-il? non oui certes

...peut etre

sans doute

... £ coup sur

bien-sur
Ne viendra-t-il pas? si

Le projet est-il... .. ou non r6alisable7


L'emploi de 1'adverbe apres 1'inversion aux plus bas niveaux de

la pyramide peut etre consid§r6 comme une marque du changement


du sens de cet adverbe:

ex.A-t-il jamais lu? (emploi de jamais dans le sens


positif)

Russi est-il venu?

Certains adverbes enfin entrainent 1'inversion en


combinaison avec que: ainsi, aussi, aussi bien, du moins, au

moins, tout au moins, h tout le moins. pour le moins, & plus


13

forte raison, a fortiori, en vain, etc. La structure de ce


modele est:

ex. TOUJOURS est-il que

BIEN est-il VRAI QUE

PEUT-ETRE est-ce QUE CELA...

Certains adverbes enfin prfesupposent une construction avec


de:

ex.ENCORE y aurait-il lieu DE...

La cooccurrence ADVERBE-INVERSION est expliqu6e comme


survivance de 1'ancien frangais (12-13s.)Une interpr§tation
historique parait acceptable d la rigueur, mais d condition
d'etudier 1'evolution des propositions de structure
VERBE-SUJET-COMPLEMENT
COMPLEMENT-VERBE-SUJET

qui en ancien frangais admettaient 1'intervention adverbiale,


ce qui entrainait 11inversion du sujet:

ex Dont dist li duc au chevalier...

(Alors dit le duc au chevalier...)

D'autres faits aussi pourraient servir de point de depart


d'une etude diachronique, le rapport dSclinaisons (cas-sujet,

cas-regime), cooccurrences adverbes-inversion, 6tant donn6 qu'd

cette 6poque la conjonction par exemple n'entralnait pas


1'inversion du sujet.

f) 1'adverbe et l'ellipse des constituants de la phrase

D'un point de vue formel on pourrait nettement distinguer la

difference des possibilit6s d'occurrences des adverbes se

manifestant souvent sur le meme niveau du discours:


14

ex.Cest peu de chose.


C'est peu de chose que...

C'est peu de chose que de savoir coxxrir au feu


quand on s'y prgpare depuis toujours.

Dans des cas pareils on pourrait se demander si 1'adverbe en

general ne presuppose toujours, implicitement 1'ellipse des


autres cat§gories grammaticales et, dans ce sens jusqu'd quel

point faut-il prendre en consid6ration 1»6ventualit6 de son


existence.

En ce qui concerne la manifestation de la structure


hierarchique des occurrences adverbiales il faudrait absolument
prendre en consid6ration le fait que plus on avance vers le

haut plus les possibilites de repr6sentation augmentent.


Ainsi:

ex. Pierre est venu.

Paul aussi (=est venu)

Napoleon, qui est le vainqueur d'Austerlitz,

est aussi le vaincu d'Waterloo.


(Napoleon,qui= aussi)

Je dis que p

-Moi, aussi, je dis que p


-Moi, aussi.

Le phenomene de 1'ellipse est 6troitement 116 aux deux autres


realites linguistiques, notamment:1'anaphore et la d<§ixis,

phenomenes qui se manifestent eux aussi & partir d'un certain

niveau de la structure hi6rarchique des adverbes, mais qui ont

un impacte lors des incidences adverbiales meme aux niveaux les


plus bas de la structure.
15

g) les adverbes anaphoriques


Dans un exemple comme le suivant:
ex. Les fautes de jadis

ou 1'adverbe fait nettement partie de la structure du syntagme

nominal, faudrait-il toujours supposer 1'existence d'une


structure imbriqu6e, par exemple:

ex. les fautes, que l'on faisait courrament jadis.


les fautes, que jadis.

les fautes de jadis

Un phenomdne analogue est li6 S la possibilit§ d'enchalner d


1'infini sur une expression de temps par exemple
depuis cette nuit d'§t§

depuis cette nuit d'6t§ que...


pendant la saison d'6te

pendant la saison d'§t6 que...etc...etc...

En effet, dans une structure contenant un adverbe de temps il


faut toujours pr6voir la possibilitfe de la coexistence des
phenomenes anaphoriques, ainsi que le fait que la plupart des
adverbes de temps sont d6ictiques.

En realite rien n'empeche que les deux ph6nom6nes se

manifestent en meme temps, au meme niveau Snonciative.


h) les adverbes deictiques

Le paradoxe des adverbes d§ictiques consiste dans le fait

qu'il est quasiment impossible lors des occurrences adverbiales


d'isoler les deux faits linguistiques dans le discours, dans
le discours ils ne peuvent se manifaster & l'6tat pur, ce qui

justifie 1'existence de structures compliqu6es, surtout en ce


qui concerne 1'expression du temps:
16

ex: le jour d'aujourd'hui

au jour d'aujourd'hui

jusqu'au jour d'aujourd'hui

Dans ces exemples le jour dont on parle est anaphoriquement


d6termin§, par le simple fait que aujourd'hui est ici le source
de 1'anaphore, mais d'un autre c6t6 aujourd'hui est aussi
deictique, ce qui aboutit finalement & un effet cyclique.

i) les contraintes imposees par la Iin6arit6 du discours

La structure hiferarchique des adverbes, pourrait @tre

consideree comme une marque de la traduction lin§aire exigfee


par le discours. Dans ce sens la portee de 1'op6rateur adverbe

dans la multiplicite de ses occurrences possibles pourrait


etre utilisee pour d6t6rminer(d'autant qu'il soit possible de
la reperer a partir des marques extferieurs) la structure du
discours lui-meme.

j) la cooccurrence ADVERBE QUE

S'agit-il ici aussi d'une traduction possible d'une structure

hierarchis6e en termes de lin§arit§? Et si oui, en quelle


mesure?

D'une maniere tres 6vidente cette co-occurrence se manifeste

au niveu le plus bas, lors des occurrences adverbiales en


fonction "quntitative", dans la mesure oti le terme adverbe de

quantitS est universellement employ§ pour ddsigner une classe


d'adverbes jamais contest6e.
ex. II est aussi

plus beau que son frere


moins
17

ex. C'est aux choses de jadis bien plxxs gu'& celles de


naguere

II joue plus gu' il ne travaille.


II dit: Heureusement que P
II dit que oui (non).

II serait int§ressant de suivre 1'6volution de cette


structure, qui se manifeste & 1'6tat pur en tant

qu'introducteur des propositions dite adverbiales, ou 1'adverbe

est deja rebaptisS locution conjonctive: jusqu^ tant que


jusqu'a + tant que), pendant que, apres que, 3ds que, aussitot

que, sitot que, depuis que, tandis que,tant que, bien que,

encore que, alors que, si...que, ainsi...que, conunent que,

comme que, sn meme temps que, maintenat que, aujourd'hui que,


cependant que.

Dans le discours la cooccurrence ADV QUE peut se r6aliser de

differentes manieres, pourrait-on supposer alors que cette


cooccurrence est red§finie a chaque niveau, ou bien serait-il

plus raisonnable de la considerer comme un test, autorisant


1'entree dans le niveau sup§rieur, plutdt comme un seuil de
transitivite?

Vu la complexit§ des ph§nom§nes esquissSs, 1'h§t6rog6n6it§ de

la classe grammaticale envisagSe l'6tude propos6e se pose comme

objectif la description des propri6t6s morphologiques et

syntaxiques des adverbes susceptibles de porter sur les noms-


substantifs et sur les noms-adjectifs.

Seront egalement examin§s les proc6d§s que la langue met en

oeuvre pour la formation des adverbes, en comparaison avec les

autres expressions possibles, les differentes constructions


18

dont les adverbes font partie, ainsi que les restrictions


impos6es par le discours.
19

CHAPITRE I

NOTION DE CHAMP DE PORTEE POUR

L'OPERATEUR ADVERBE : APPERCU THEORIQUE

Plus Snigmatique que la definition de 1'adverbe lui-m§me, la

notion de sa port§e hante les travaux scientifiques, pareille &

une ombre omnipr§sente, dont on peut deviner k la rigueur le


profil, sans jamais r6ussir S capter les contours. Dans ce sens
on pourrait Svoquer la comparaison avec "le fant6me de la
verite", dans la mesure ou tous les deux sont impensables en
dehors de leur multiplicitS... Mais il existe quand meme des

def initions, pas mal d'ailleurs d'autant plus que tous les

linguistes, ayant aborde les adverbes, ont essayer, tant bien


que mal a definir leur port6e.

De differentes manieres, a partir des criteres diff^rents,

intuitivement ou par contre en utilisant des tests syntaxiques,

ou en posant des rdgles logiques...Ce qui a finalement aboutit

a une extraordinaire heterogen6it6 d'approches thdoriques pour

le traitement de la plus h6t6rogene des classes grammaticales,


celle des adverbes.

A cot6 des analyses purement linguistiques (s§mantiques,


syntaxiques, pragmatiques), la portfee des adverbes, ou au

moins, de certains adverbes est 1'objet de recherche en logique

et dans les analyses du discours. Les diff6rentes mani§res

d'approcher le probleme essayent en g6n6ral de dSfinir la

notion de port§e de 1'adverbe et par cons6quent, de proposer

une classification des adverbes. Les classifications propos^es

aboutissent rarement a une pr6sentation homogene des adverbes


20

en tant que classe grammaticale. Ce gui parait le plus


paradoxal, c'est le fait que la grammaire traditiormelle n'a
jamais abouti d d^finir la notion d'adverbe, ce qui rend encore

plus difficile sinon impossible la ddtermination de sa port6e.


Le tableau reprfesentatif des recherches effectu6es permet &

la rigueur de voir le probleme de la d6finition de ce qu'on


pourrait poser comme critSre pour donner du sens au terme flou

et par consequent ambigu de port§e de 1'adverbe.

D'UN POINT DE VUE LOGIQUE...

Les logiciens se sont int6ress6s plut6t aux adverbes de


maniere, en les traitant en tant que des op6rateurs de la
valeur de verite des phrases. L'objectif principal des

recherches de m6canismes de traitement logique, comme laisse


entendre Frfederic NEF dans son article "ProblSmes de

classification des adverbes", "Langue frangaise",n 88, 1990,

p, 51, vise 1'§laboration d'un modele dans les limites de la


logique du premier ordre.

Une remarque int§ressante, c'est la constatation que certains

classements proposes par des linguistes traditionnels, GREVISSE

notamment, aboutissent h des reprSsentations des principaux


topois logiques:
ADVEHBES C A T £ G 0 H 1 E S (extra-grammaticales)

1. maniere qualite )
> topos d e quantite/qualite
2. quantite, intensite quantite )

3. temps temp» )
C categorie espace/temps
iieu espace

d. affirmation 1

6. negation ; modalit6s d u jugement

7. doute 1
21

Parmi les modeles logiques possibles ce qui m&rite 1'int§r§t


P°ur 6ventuellement §tre utilis6 afin de d6t6rminer la portfee

des adverbes, c'est par exemple le point de vue de REICHENBACH,

qui voit les adverbes comme modi ficateurs de fonction


(functional modifiers). Formellement leur nature se d6finit par
rapport aux places ouvertes dans les pr6dicats, par exemple "x
bouge" suppose une place ouverte pour sp6cifier la vitesse.

REICHENBACH definit les adverbes comme des pr6dicats (il ne


faut pas oublier que pr6dicat n'a pas le meme sens en logique

et en linguistique), comme les adjectifs qui ne denotent pas

des proprietes des choses, mais des propri6t6s de propri6t6s,

ce qui determine leur appartenance au second ordre. Ils

correspondent a des fonctions d'ordre supSrieur et peuvent


etre:

a) intersectifs- le cas ou la d6notation de la phrase

modifiee est une intersection de la d6notation de la phrase


non-modifiee et de celle de 1'adverbe:

b) subsectifs- la denotation de la phrase modifi6e est un


sous-ensemble de la phrase non-modifi6e:
22

c) certains adverbes sont anti-subsectifs, la d£notation de


la phrase modifiee est vide, tandis que la phrase non-modifi6e
ne 1'est pas.

BENNET pourtant remarque que les pr6positions adverbiales

sont intersectives dans certains cas et non intersectives dans


d'autres:

ex: Jean tue 11emperreur dans son palais.

(Jean tue 1'emperreur et Jean est dans le palais)


Jean plonge son couteau dans la poitrine de 1'emperreur.

(Jean plonge son couteau et (?) Jean est dans la poitrine


de 11emperreur)

Dans ces deux exemples, a part 1'ambigult6 qu'on cherche &


expliquer et que NEF classifie comme "une ambigulte lexicale

du dans", il est clair que 1'analyse propose est

particulierement impuissant meme & poser le vrai probldme, ce

qui se traduit par 1'impossibilitS de pr6ciser par exemple dans

le palais de qui se trouve Jean, ayant donn§ que" son palais"

peut signifier "le palais de Jean" aussi bien que "le palais de

1'emperreur". De tels problemes ne sont pas envisag6s comme


importants.

VAN BENTHEM, dans le cadre de la grammaire cat6gorielle de


MONTAGUE distingue deux categories principales d'adverbes:

a) des modificateurs- trfes, assez, etc..(des intensificateurs,


non exclusifs au sens de REICHENBACH):

Le camion (r, t)

((**• 0 («\ t). (•*. t) (•*, I


23

b) des adverbes-soigneusement, vite etc.

Marie eoud soigneusvnient

Marie, e
roud soigtif*usf mf nt (t\ t)

voud (<•. t ] s o i g n c u s c n i r n t (<•, t ) (<•. t

Dans les notations employ6es e et t sont des catfegories


primitives, ayant donne gue les cat6gories employees dans la
grammaire de MONTAGUE sont les suivantes:

noms propres : e {ilirasrs : t


inims communs (e, t) v e r b r s i n t r a n s i t i f s (<*, t )
verbcs transitifs (e (e. t) a d v v r b v s ((<•, t ) , (<*, t ) )
aiijectifs ((e, t), (e, t)) CN'((<-. t). t)
determinants ((p. t) ((e, t), t)) |ir <'*|Kisiti<ms (((<•. t ) . t ) . ( ( e . t ) . ( e , t ) ) )
i n o d i f i v a t e u r s ( ( ( e , t ) , ( e , t ) . ( r , t ) . (<•, t )

( V a n B e n t h e m , 1 9 8 6 , Essays in lo^iral a tics. Kei<lel, |». 65).


24

DAVIDSON, en analysant les phrases d1action introduit la


notion d'evSnement qui permet de traiter les adverbes de la
maniere suivante:

ex: Brutus a tu6 C6sar violemment le soir sur le Capitole.


(3 e) tuer {Brutus. Osar. viol#>nl. If soir. i»ur j? CapiloJr f)

qui se lit: Hil existe un 6v6nement tel que...et cet


6venement a eu lieu sur le Capitole"

Dans ce modele, qui permet grSce d la notion de traiter

les adverbes en restant sur le terrain solide de la logique du


premier ordre, pose des problemes pour la repr6sentation des

adverbes de quantite et les adverbes d'6nonc6. Pour la


resolution de ce probleme NEF propose:

a) les adverbes de quantit§ pourraient §tre traitSs en


admettant, pour beaucoup par exemple:

Paul a beaucoup march6 a minuit.

1'explication que dire "Paul a beaucoup march6" (ce qui


correspond a l'6v6nement e), c'est dire qu'il a plus march<§ que
dans les 6v6nements (el—en). Effectivement il faut admettre
que "marcher" est transitif:

( e) marcher (Paul, distance) et que beaucoup introduit une


comparaison, ce qui impose la notation suivante:

Q e ) m a r c h e r ( P a u l , y, e)), x plus grand (y, x)

(11 existe un 6v§nement e qui consiste pour Paul d marcher une

certaine distance x et il existe un 6v6nement e qui consiste

pour Paul a marcher une distance y , et y est plus grand que x.)

La difficulte, imposde par les adverbes intensificateurs comme


beaucoup consiste selon NEF dans le fait que beaucoup est

potentionnellement intensionnel, dans la mesure ou il contient

une comparaison implicite avec une classe d'6v6nements, ce qui


25

est incompatible avec les exigences d'extensionalisme strict de


la logique du premier ordre.

b) les adverbes d'6nonc6:

ex: Franchement, Paul a menti.

ou, selon NEF "1'6v6nement n'est pas franc", ce qui pousse

inevitablement 1'auteur & se demander ce qui serait par exemple


"un 6v6nement franc"? Bonne question, 6tant donn6 que le
lecteur non plus ne pourrait le d6finir.
"Par 1'adverbe, je qualifie mon 6tat psychologique au moment
de la prolif6ration de la phrase", assume NEF, tout en
expliquant que pour le traitement de franchement il faut

admettre 1'evenement de 1'6nonciation qui serait not§ e , et la


phrase entiere:
I- ( 2 (•> nipniir (1'aul. train <-it. ej

Le meme procede pourrait 6galement §tre utilis6 pour la

representation des adverbes modaux, par exemple heureusement,

qui donne la possibilite de noter heureusement comme un


evenement, heureux bien sur.
26

...QUI N'EST PAS TELLEMENT OPPOSE AU POINT DE VUE LINGUISTIQUE

J'ai d§ja 6voqu§ 1'id6e que 1'approche linguistique n'exclut

pas la possibilitS d'obtenir des r6sultats 6tonnants, par


exemple la classification de GREVISSE dans laquelle les

adverbes apparaissent structur6s de fagon rigoureusement

logique. Ce qui laisse penser qu'il est tr&s difficile de

situer les travaux des classiques (car c'est valable pour

BLINCKENBERG aussi) dans les limites des courants et des 6coles


de la linguistique contemporaine. Parfois les critiques que

1'on leur adresse sont dus a 1'impossibilitS de voir tout ce


qui s'y trouve reellement...

Mais revenons a la port<§e des adverbes. En fait, tous les

travaux sur les adverbes visent plus ou moins a souligner sinon


a classifier les adverbes en fonction de leur port6e.

Le mot paralt tellement connu que personne parmi les linguistes

contemporains n'a juge n6cessaire d le definir en tant que

terme. Ce qui laisse penser que le mot "portee" en terminologie

linguistique fonctionne encore en logique intensionnelle...

Le grand classique dans toutes les r6ferences est la

classification hiSrarchique des adverbes de manidre en -ment en

fonction de leur port6e de Suzanne SCHLYTER. Cette


classification repose sur 1'application de tests syntaxiques.

Ce qui fait defaut c'est une explication des tests utilis6s,

malgr6 1'affirmation que 1'fetude de la distribution des

adverbes a pour objectif 1'influence "des facteurs s6mantiques

sur la place des adverbes dans la phrase"(SCHLYTER, citee par


NOLKE dans "Langue frangaise, 1990,n 88)

En fait voila la classification de SCHLYTER:


27

-les adverbes de degr§

(ex.: Elle a 6norm6ment chang§)


-les adverbes verbaux

(ex.: Nous voulons vivre profondfement cette chose)


-les adverbes d'6v§nement

(ex.: Brusquement, je sentis tout mon poids...)


-les adverbes de cadre

(ex.: L'op6ration §tait techniquement faisable.)


-les adverbes de phrase

(ex.: Mais les cinq de devant 6taient 6videmment en


accusation.)

-les adverbes de relation

(ex.: Franchement, Paul n'est pas gdnial.)


-les adverbes restrictifs

(ex.: Le pere egalement intervenait de moins en moins.)

Une autre approche, plus productive que celle de SCHLYTER

est 1'analyse SEMANTICO-SYNTAXIQUE, proposd par MOLINIER dans


sa these "Classification des adverbes de mani&re en -ment".

Bizarrement, il arrive a isoler le m§me nombre de classes,


sept.

Les classes isolfees par MOLINIER sont:

les adverbes de maniere sujet-phrase

les adverbes de maniere sujet-verbe

les adverbes de maniere-verbe

les adverbes de maniere-quantifieurs

les adverbes de maniSre de temps


les adverbes de maniere de point de vue
les adverbes de maniere focalisateurs
28

Cette analyse detai!16e de toutes les incidences possibles


susceptibles de servir de base pour la d6termination de la

portee des adverbes en -ment montre clairement les limites des

analyses possibles de la grammaire traditionnelle.

Dans ce sens les 6tudes syntaxiques proposSes jusqu'd

maintenant d'un ph6nomene aussi compliqu6 que la d6termination


de la portee d'un op6rateur incident virtuellement & tous les
niveaux du discours r6v61e la n6cessit6 de redSfinir ce qu'on
entend habituellement sous syntaxe:

"Si la syntaxe se limite & 1'6tude des faits de position, de


rection et d'accord, elle n'a que peu d'interet, et je

considere qu'il ne s'agit la que d'une partie de la syntaxe, de

la partie superficielle.

En revanche, si 1'on veut bien admettre que les faits de

syntaxe sont, au meme titre que les autres 616ments de la

langue, des signes de plein exercice, au sens saussurien avec

un signifiant constitue par la position, la rection ou

1'accord, et un signifife qu'on peut appr§hender en termes de

relations logico-semantiques, la syntaxe devient, sinon

toujours plaisante, du moins intSressante, dans la mesure ou

elle obtient un sens."- Michel LE GUERN dans "Un analyseur

morpho-syntaxique pour 1'indexation automatique", "Le frangais


moderne", juin 1991,p.22-35.

Cette suggestion de Michel LE GUERN pourrait 6tre interpr6tey-

comme une red6finition des objectifs de la syntaxe comme une

science visant d'expliquer, d'enregistrer les faits dans leur

structure globalisante, et , au lieu de chercher & ddcrire les

differents phenomenes isol6ment, par petit fragments, essayer

avant toute chose a voir les problemes dans leur Stendue r6el.
29

En ce qui concerne 1'6tude de la port6e de 1'adverbe il


existe quand meme des travaux qui reprfesentent des essais de

resoudre le probldme, en prenant en consid§ration une plus


grande multiplicit6 de faits.

LES SOLUTIONS POSSIBLES

DUCROT-LES OCCURRENCES DES ADVERBES

En utilisant le concept d'6nonciation, d6finie comme le fait


de la production de l'6nonce, DUCROT esquisse une
classification des occurrences des adverbes, qui se

repartissent sur trois axes - des occurrences comme adverbes de

constituant, des occurrences comme adverbes d'6nonc6 et

d'enonciation, ce qui permet finalement de constater quatre


possibilites:

classel classe2 classe3 classe4

enonciation - + - —

6nonce - - + +

constituant + + + -

(Le schfema propos§ est une repr6sentation de la

classification esquiss6e par DUCROT dans "Analyses


pragmatiques", p.35-37 , "Communications",n 32)
30

Sur le schfema les " +" repr6sentent les diff6rentes


occurrences enregistr6es pour la meme classe. Ainsi:
classe 1 contient les adverbes suivants:
agreablement

avec plaisir

avec bonheur

avec sinc§rit§

classe 2:a tout hasard

entre nous

confidentiellement

sans reproche

en toute amiti§

en toute impartialite

en toute sinc6rit6

sincerement

classe 3:heureusement

bizarrement

incroyablement
myst6rieusement

classe 4:helas

certainement

par bonheur
31

L'6nonciation selon DUCROT n'est pas un 6v6nement


linguistique comme les autres, elle n'est pas <36sign6e, sa

place dans 1'enoncS est une place vide, mais elle est
grammaticalement marqu§e, notamment par la prfesence des
adverbes d'§nonciation, qui parmi d'autres §16m6nts de la
langue servent & designer une r6alit6 jamais nomm6e.

Une telle approche permet, & condition bien sur qu'elle est
applicable pour un nombre plus large d'adverbes, d'expliquer
1'homonymie embarrassante des classements des adverbes.

Dans un tel contexte, un des roles possibles des adverbes


serait d'apparaltre comme des marqueurs de 1'6nonciation, et

leur portee dans ce cas pourrait etre definie comme une port6e

sur 1'enonciation, sur ce qui est qualifiS de fagon


illocutoire.

UN POINT DE VUE LOGICO-SEMANTIQUE

"D' un point de vue logico-semantique, nous suggdrons de


concevoir 1'ensemble des adverbes comme 6tant structure par
deux couple d'opposition:

- sous 1'angle de sa valence logique, 1'adverbe repr§sente un

predicat soit & une place d'argument(adverbe ""attributif":

vite/heureusement). soit d deux/plusieurs places d'arguments


(adverbe "relationnel":hier/pourtant)

- sous 1'angle de son intSgration, d6fini selon son statut


propositionnel, soit 1'adverbe n'est qu'une partie de la
proposition(adverbe sans statut propositionnel, donc "interne":
vite/hier, soit il implique...une proposition suppl&nentaire

(adverbe" "externe": heureusement/pourtant)"


32

(PETER BLUMENTHAL , dans "Langue frangaise", 1990, n 88,p.43)


La portee des adverbes pourrait se repartir en 4 classes :

1.1.attributifs internes- la prSdication ne porte que sur une

partie de la phrase, dont 1'information se trouve modifi§e.


ex: il court vite

(les fonctions syntaxiques sont comparables & celles dans


le coureur est rapide ou le coureur rapide)

1.2.attributifs externes- la pr§dication porte sur la phrase


entiere, sans modifier son contenu.
ex; Heureusement qu'il est arriv§ & temps.

( = 1 1 e s t h e u r e u x q u ' i l s o i t a r r i v 6 3. t e m p s ! i l e s t a r r i v 6 &
temps, et c'est heureux)

11.1.relationnels internes- l'adverbe n'implique pas de contenu

propositionnel et represente l'ancrage situationnel, temporel


ou local. L'adverbe renvoie S:

a) une realit6 du monde ext§rieur

ex: les adverbes dSictiques maintenant, hier, ici

b) une information contenu dans le contexte

ex: les adverbes "anaphoriques" alors, & ce moment-la, ld_

11.2.relationnels externes-implique une proposition, qui joue


souvent le role de cause, de concession, de but

ex: II pleuvait; pourtant Pierre est all6 se promener


(=p pourtant q)

(Pourtant reprend anaphoriquement p et indique qu'en

1'occurrence p n'a pas emp§ch6 q)

Logiquement, pourtant met en jeu trois propositions.

Le modele propose par BLUMENTHAL d'aprds ses proprs

verifications s'av6re acceptable syntaxiquement a condition que


33

l'on admet des degr6s et des zones de transltlon, car certains


adverbes occuppent des positions intermSdiaures, ce qui est
facile & constater sur le sch6ma,propos6 par BLUMENTHAL:

internc rxtcrne

nttrihutif vile, bien (1 . 1 . ) heurtusement ( 1 . 2 . )

relationnel hier, alors, id ( I I . 1 . ) pourtant, en effet ( I I . 2 . )

ATTRUillTIF

/
t? .Na
/
|». vx. « mamvn- »

hrurvusrnient

o oo Q,- H
frSqucmmcnt
O s<mr<'nt
Ojnirfois «Gr ^

FATKR NK
1'ERNE
« dvixi
vagur »
(hhientot

« <juasi-rvfvr<Miticl
( ) terhniquement Qxerretement quement

l)
hier fniurtant
34

MICHEL CORDIER

LE MODELE HIERARCHIQUE

Le classement des adverbes, propos6 par Michel CORDIER dans


sa these "Adverbes et modalisation en frangais" est une

solution possible pour la repr6sentation hi6rarchique en

prenant en compte en meme temps des zones de transition:

I. ADVERBES PROPOSITIONNELS OU DE CONSTITUANT


1)NON-RDVERBRUX
Determinant de nom peu (de bruit)
Modificateur d'adjectif ou
d'adverbe peu (capable)
2 )RDVERBR.UX OU DE PREDICAT
Adverbe de verbe quantitatif (il mange) peu
Adverbe de verbe-maniere morteliement
Adverbe de sujet-maniere calmement
Locatifs spatio-temporels .. souvent, ici
II.ADVERBES EXTRAPROPOSITIONNELS OU DE PHRASE
Rppreciatifs
Vrais appreciatifs heureusement
Adv. sujet-phrase
(semi-propositionnels) curieusement
Modalisateurs
Assertifs 6pistemiques certainement
ostensifs manifestement
d'evidence 6videmment
necessaire
AlSthiques(sous la n6gation semi-
propositionnels)
de v6rit6 vraiment
de nfecessitfe n6cessairement
35

CHAPITRE II

REPRESENTATION MOPRPHOLOGIQUE

Traditionnellemnet trait§e comme "la poubelle" de la


grammaire, la classe des adverbes regroupe des mots avec des
caractdristiques morphologiques tres h6t6rog6nes. Le seul point

commun, permettant 1'existence de la classe m§me est un critdre


syntaxique - 1'invariabilit§. Quand m§me d'un point de vue

formel on pourrait subdiviser les diff§rents types d'adverbes

en deux grands groupes - les adverbes marqu§s ( fo3rm§s pour la

plupart a partir de la forme f§minine des adjectifs en ajoutant

le suffixe -ment) et les adverbes non-marqu§s (parmi lesquels

on distingue des mots simples ou des mots compos§s). Sont


traites comme adverbes des diff§rents mots class§s dans

d'autres cat§gories grammaticales qui, sous certaines


conditions deviennent invariables. Ces mots repr§sentent les
adverbes r§sultant de changement de cat§gorie.

l.ADVERBES SIMPLES

La plupart des adverbes simples sont d'origine latine:


bien < bene

comme < quomodo

dehors < de hors

ensemble < in simul

hier < heri

la < illac

loin < longe


lors < le or

mal < male


mieux < melliur

moins < minus


ne < non

non < non

oncques < unquam


ou < ubi
pis < pejus
plus < plus
quand
si < sic

souvent < subinde

tant < tantum

tard < tarde

volontiers

Certains datent d'une 6poque plus tardive - du latin


vulgaire:

assez < a + sez (satis)

ci < ecce hic

demain < de mane

donc < dumque

encore < hanc horam

Certains adverbes emprunt6s enfin n'ont subi aucun


changement:

gratis

ibidem

illico

impromptu
passim
quasi
recta

incontinent
primo

2. MOTS COMPOSES

a) ADVERBE + ADVERBE

toujours = tous (les) jours


jamais = ja mais
aussitot = aussi tot

bientot = bien tot

sitot = si tot

tantot = tant tot


plutot = plus tot

ceans = ga + ens (dedans)

b) PREPOSITION + PREPOSITION
PREPOSITION + RDVERBE
dedans
dessus
depuis
deja

par-devant
par-dessus
avant-hier
apres-demain

C ) ARTICLE + PREPOSITION

auparavant = au + par + avant

au-dedans * au + de + dans
au-dehors = au + de + hors

d) PREPOSITION + NOM
debout = de + bout

davantage = de + avantage
entre-temps

enfin = en + fin

derechef = de + rechef
parfois = par + fois

e) ARTICLE + NOM

autour = au + tour

alentour = a + 1'entour

sur-le-champ

f) PREPOSITION + PRONOM
partout - par + tout
pourtant
partant

g) ADJECTIF + NOM

autrefois = autre + fois


39

longtemps « long + temps

beaucoup « beau + coup

h) DETERMINRNT + NOM
toujours
toutefois
quelquefois

i) SYNTRGMES DIVERS
aujourd'hui « au jour d'hui

dorenavant « d'or en avant

desormais « des or mais

aussi = (autre chose) + si

autant = (autre chose) + tant


cependant = ce pendant

jadis = ja a dis (il y a d6ja des jours)


naguere = n'a guere

3) LOCUTIONS RDVERBIRLES

a) PREPOSITION + NOM

en catimini

a part

de conserve

d'habitude
sans cesse

sans contredit

sans conteste
40

b) PREPOSITION + SYNTAGME NOMINAL


& 1'envi
a la vol6e

a vau 1'eau

sur ces entrefaites


sur les entrefaites

sur 1'entrefaite

C ) PREPOSITION + RDJECTIF + NOM

a bon escient

a mauvais escient
a plat ventre
a tire d'aile

a coeur joie
de bonne heure

d'entree de jeu

d) ADVERBE + PREPOSITION + NOM

tout a coup

tout a fait
tout de go

e) PREPOSITION + INFINITIF

a loisir

sans desemparer

sans coup fferir

f) PREPOSITION + ADJECTIF - MASCULIN


a decouvert
a pr6sent

d'ordinaire

en gfeneral

en particulier

par expres
tout de bon

g) PREPOSITION + RDJECTIF - FEMININ


en definitive

d'affilee

d'emblee

de plus belle

h) RRTICLE + RDJECTIF
au depourvu

i) PREPOSITION + VERBE + COMPLEMENT


a brule-pourpoint

a tire-larigot

a tue tete

d'arrache-pied

d'arrache-poil

j)PREPOSITION + RDVERBE
la-contre
la-haut

la-bas

ld-dedans
la-dessous

la-devant

la devant

la contre

la aupres

la dehors
la autour
la entre

ci-dessous

ci-dessus
ci-devant

ci-contre

ci apres

de-ci

de-la
des la que
par-ci
par-la
par la
par ainsi

par apres

par avant
par contre
43

LA FORMATION DES ADVERBES


LES ADVERBES MARQUES

La grande classe des adverbes en -mervt est souvent appel6e

la classe des adverbes marqu£s. A part cette caract§rist±que

formelle qui les distingue des autres classes adverbiales, tous

les adverbes en -ment ont en commun certaines particularitfes

morphologiques: proc6d6s de formation, rdgles dSrivationnelles.


Le proc6de g6n6ral de formation est le f6minin des adjectifs +
le suffixe -ment, qui est trds productif. Cette regle a quand
meme certaines exceptions. Les contraintes sont dues a

1'inaptitude de nombre d'adjectifs de produire des adverbes.

L'etymologie du suffixe -ment est tres int^ressante dans la

mesure ou elle atteste la possibilitfe de grammaticalisation

d'un mot, la perte progressive de son sens d'origine jusqu'6 la

reduction a une simple marque formelle : -ment vient de

1'ablatif (-mente) du nom mens qui signifiait "esprit". Petit &

petit cette signification s'est estompee pour etre remplacer

par "maniere". Selon certains linguistes (BALLY) ce suffixe est

le signe grammatical de 1'accord entre 1'adverbe et l'adjectif

ou le verbe. GREVISSE lui trouve certaines analogies de

fonctionnement avec les noms propres: "Les mots grammaticaux,

un suffixe comme -ment, les noms propres ont un signifi§, mais

ils n'ont pas proprement un sens, ne peuvent pas faire 1'objet


d'une d6finition ... le signifi§ de -ment est 1'appartenance d

une classe grammaticale, la classe de 1'adverbe. ("Le bon


usage", p.283, &201, Le sens des mots)

1) LES ADVERBES EN -MENT - LES RESTRICTIONS DE FORMATION


44

Beaucoup de linguistes ont signal§ 1'impossibilit§ de


certains adjectifs de produire des adverbes. Dans son 6tude du
processus d'adverbialisation des adjectifs G6rard MOIGNET (dans

"Etudes de psycho-syst6matique frangaise") distingue deux types


de restrictions : s6mantiques et formelles.

Les contraintes s6mantiques sont li6es au sens des adjectifs:

les adjectifs inproductifs ont le sens trop spatial, ou bien

expriment une qualification trop restreinte, ou bien

l'adjectif lui-meme est exclusivement li§ au genre anim6.

Les restrictions formelles sont toujours au s6mantisme de


11adjectif qui implique dans ce cas-l& certaines des critdres
formels appartenant au verbe. MOIGNET resume deux conditions

necessaires pour qu'un adjectif puisse franchir le seuil de


1'adverbialisation:

- l'adjectif doit §tre sSmantiquement apte d qualifier un


proces

- l'adjectif ne doit impliquer dans sa perspective semantique


rien de processif.

Pour mieux connaitre les restrictions de 1'adverbialisation

des adjectifs il convient de repr§senter un peu plus en d§tails

les cas de rSsistence des adjectifs concern§s S


s'adverbialiser.

a) INAPTITUDE SEMANTIQUE

- ADJECTIFS SIGNIFIANT DES NOTIONS SPATIALES:

Les emplois spatiaux de certains adjectifs ne sont pas


adverbialisSs: droit, qauche. haut. bas etc.
- ADJECTIFS DE COULEUR

Les exceptions d6finissent un emploi figur§ :


ex. interpeller vertement
45

mediter sombrement

Le developpement des valeurs mStaphoriques n'entraine pas


1'adverbialisation automatiquement. A c6t6 de: r§ve bleu,
colere bleu, noir souci, heure grise, grise mine on n'a pas
d'adverbes correspondant. Par contre dans certaines locutions
l'adjectif de coul eur est employ§ comme adverbe: voir rouge,
rire jaune.

- ADJECTIFS DES VOCABULAIRES TECHNIQUES

Les adjectifs qui signifient des notions pr§cises ne


s'appliquent qu'S une cat§gorie limit§e d'objets pr§cis: impdt

cedulaire, lampe scialitique, miroir convexe, r§cipient

etanche, etoile polaire. L'adverbialisation n'est possible que

si le substantif auquel 1'adjectif est habituellement associ§

correspond a un verbe dans des emplois comme par exemple:

carener a§rodynamiquement les machines S vapeur. Cette

adverbialisation des adjectifs "techniques" est tres courante


dans l'emploi d'adverbe de phrase: bioqraphiquement,
botaniquement, _ cinematiquement, ethnologiquement,
genetiquement historiquement, mon§tairement.

- ADJECTIFS APPARTENANT AU GENRE ANIME

Les adjectifs qui ne peuvent qualifier que des personnes et

qui sont inadequates & qualifier des choses sont incapables de

fournir des adverbes. Dans les cas des couples ou l'un des

adjectifs est sp£cialis§ pour des personnes et 1'autre - pour

qualifier des choses c'est le second qui est apte d produire un


adverbe:

6conome - §conomique - §conomiquement

d§mocrate - d§mocratique - d§mocratiquement


46

philosophe - philosophique - philosophiquement


b) INAPTITUDE FORMELLE

II s'agit des adjectifs qui ont comme caract&re commun

d'etre " des transformfees de propos§es verbales et par ld de


conserver dans leur sdmantisme une certaine teneur verbale "
(MOIGNET, p.130)

- LES ADJECTIFS EN -ABLE, -IBLE, -UBLE


possible, capable,susceptible.

Possiblement est attestfe au moyen-frangais et a surv6cu


jusqu'& la fin du 17-6me si§cle. Possible connait certains
emplois adverbiaux:

ex. Viendra-t-il? - Possible.

Possible qu'il vienne.

Selon MOIGNET possible est la forme adjective revStant la

notion verbale, celle de pouvoir. C'est la transform&e d'une

proposee verbale. Etant donn§ que le verbe pouvoir appartient S

la serie des verbes puissanciels dont la vocation est

1'auxiliarite on pourrait expliquer les liens tr6s 6troits & la


notion de virtualit6.

Capable traduit 1'id§e de possibilit§ active, capable veut dire

"qui peut activement", susceptible - 1'id§e de possibilit6


passive et signifie "qui peut passivement"

- ADJECTIFS SIGNIFIANT UNE NOTION DANS LA VIRTUALITE PASSIVE

Beaucoup d'autres adjectifs en -able. -ible, -uble sont

inproductifs d'adverbes. Certains signifient une notion dans sa


virtualit6 passive:
47

criticable - qui peut Stre critiqufe


eligible - qui peut §tre 61u
soluble - qui peut §tre dissous

La liste pourrait §tre compl§t§e: convertible, crouable,

discutable, §vitable, exigible, praticable, r6alisable etc.


D'autres expriment 1'id§e d'obligation:
admirable - qui doit §tre admir§
risible - dont on doit rire

D1autres - la voix verbale active ou neutre:


durable - qui dure

convenable - qui convient

Un certain nombre d'adjectifs enfin expriment la notion


substantive:

raisonnable - doue de raison, conforme &. la raison


veritable - conforme a la v§rit§
penible - qui engendre la peine

Un phenomene tres int§ressant est li§ au fait que la plupart

des adjectifs en -able, -ible non adverbialisables poss§dent

des antonymes susceptibles d'adverbialisation: impardonnable,

incroyable, indiscutable, indicible. MOIGNET trouve

1'explication dans le fait que la n§gation a pour effet de

detruire le caract§re virtuel de la notion en causeet par la


meme de la rendre apte & qualifier des proc§s. Dans ce sens on

peut citer le cas de in§vitable qui a perdu son sens comme

contraire de §vitable et est devenu synonyme de n§cessaire.

Innombrable n'est plus 1'antonyme de nombrable, mais plutdt le


superlatif de nombreux, impardonnable signifie "tr§s grave",
indicible-tres intense.
48

En outre tous ces mots possedent une valeur affective dont


est exempte la forme positive correspondante. L1id6e n^gative

est remplacde par 1'ld6e d'intensit6, ce qui rend ces adjectifs


tres susceptibles a 1'adverbialisation comme la plupart des
adjectifs marqu§s d'expressivit6.

II est de meme pour les adjectifs qui n'ont pas de positifs


correspondant et dont la valeur §tymologique s'estompe au
profit des valeurs intensives: immanquable, in61uctable,
inexorable, insatiable, invincible.

- LES PARTICIPES ADJECTIVES

Les adjectifs tir6s de participes pr§sents et pass§s donnent

rarement des adverbes. La plupart restent inproductifs:

amusent, charmant, dSlirant, Stouffant, 6mouvant, 6nervant,


fatigant, impressionnant, intSresant, ignorant, irritant,
obeissant, pergant, riant, vivant etc.

Plutot que d'adverbialiser la forme nominale du verbe (la

forme en -ant), la langue prefere la substantiver et la faire

regir par la prSposition en. Ainsi est form6 le g6rondif, qui

pourrait etre consid6r6 comme un 6quivalent approch6 d'un


adverbe.

Les participes pass6s adjectivSs sont aussi tr£s peu

|roductifs d'adverbes. Le schSma suivant illustre ce fait:


49

NON PRODUCTIFS ADVERBIALISATION

accoutumS mod§r6 > mod6r6ment


blesse 6perdu > 6perdument
6mu forc6 > forc^ment
fache dfecide > d6cid§ment
intferesse d6sesp6r6 > d6sesp§r6ment
passe assur6 > assur6ment
mort passionn6 > passionn§ment
satisfait

serre

varie

vexe

Comme pour le participe prSsent il faut que le participe


passe ait rompu ses attaches avec le verbe d'origine pour
devenir un adverbe par suite.

PROCEDES DE FORMATION

a) ADJECTIF-FEMININ + SUFFIXE ( -MENT)


grand-grande-grandement

beau-belle-bellement

vif-vive-vivement

grossier-grosiSre-grossierement
doux-douce-doucement
50

b) ADJECTIF-MASCULIN + SUFFIXE
-AI

-E + -MENT

-1
-IJ

vrai-vriament

aise-aisement

poli-poliment

eperdu-eperdument

Certains adjectifs terminant en -u prennent un u lors de la


derivation adverbiale:
assidu - assidument
congrument
continument
crument
dument

goulument

incongrument

indument

nument

c) -ement

aveugl§ment

commodement

communement
conformememnt
confusSment
diffusement
6normement
express§ment

exquisement

immensement

infortun6ment

incommodement

indivisement
intensement

obscurement

opportunement

precisement
profondement

uniformement

d) ADJECTIFS (PARTICIPES PRESENTS) EN -ANT > -AMMENT

-ENT > -EMMENT


puissant - puissamment

prudent - prudemment

notant - notamment

precipitant - pr6cipitamment

e) ADJECTIFS TOMBES EN DESUETUDE


brief - brievement
grief-grievement

journel - journellement
neutral - neutralemnet

prodigal - prodigalement

traitreux - traitreusement

f) ADVERBES TIRES DE:


NOMS:

bougre - bougrement

diable - diablement

diantre - diantrement
DETERMINANTS:

aucune - aucunement

nulle - nullement

meme - memement
MOTS-PHRASES

bigre - bigrement

fichtre - fichtrement
ADVERBES:

comme - comment
quasi - quasiment
presque - presquement
vite - vitement

LOCUTIONS ADVERBIALES

tel quel - tellement quellement

2) L'S ADVERBIAL
plus

moins
pis

jadis
certes

lors

ores (d1ores et deja)


tandis

volontiers
sans

On disait aussi:
avecques

doncques

encores

mesmes
presques
gueres

LES ADVERBES RESULTANT DE CHANGEHENT DE CATEGORIE

1) NOMS EMPLOYES COMME ADVERBES

matin - se lever matin

moiti§ - moitife mort

pile - s'arreter pile

& neuf heures pile

2) PREPOSITIONS

avant

apr&s
contre
depuis

derriere
devant
avec
sans
pour

dans
hors

sur
sous

la-contre

la-dessus

la-dessous

C) ADJECTIFS EMPLOYES ADVERBIALEMENT

ADJECTIFS EMPLOYES COMME ADVERBES DE DEGRES:

fin - ex. Ils sont rentres a 1'aube, tous fin souls.


Certains emplois regionaux de:
beau

bon

grand

demi - un sourire demi-ironique


tout - tout plein

D'autres adjectifs forment des locutions dans leur emploi


adverbial:

court: couper court &

s'arrSter court
tourner court

tout court - ex. la verit6 tout court


droit se tenir droit
mort mort-n6

grand ex. Elle ouvrit la fenetre tout grand

on ouvrit tout grand les portes.


large ex. ses yeux gris large ouverts
nouveau des insectes nouveau-nds

ADJECTIFS EN FONCTION DES COMPLEMENTS DE MANIERE


voler bas

haut

tenir bon

voir clair

filer doux

marcher droit

travailler dur
chanter faux

juste

parler franc

couter cher

peser lourd

sentir bon

mauvais
manger gras
boire sec
FORMATION DES LOCUTIONS ADVERBIALES

1) DERIVATIONS : LA FORMATION PARASYNTHETIQUE

a) a LA + ADJECTIF

(regarder) a la dSrobee
(filer) a 1'anglaise

(s'habiller) a 1'europ6enne
(agir) a la 16gere

(meubler) a 1'ancienne
(aller) a la douce

b) a + NOM + SUFFIXE -ONS (-ON)


a croupelons

a reculons

a tatons

a califourchon

C ) a + ...SUFFIXE -ETTE

a 1'aveuglette
a la sauvette

& la franquette

Parfois meme on est en pr6sence de diff^rentes formes


concurrentes, comme par exemple:

d'avance

par avance

a 1'avance
57

tout de bon
pour tout de bon
pour de bon

de nouveau
& nouveau

tout a coup
tout d'un coup

a la perfection
en perfection

vis-a-vis

en vis-a-vis

Malgre leur emploi comme adverbes dans certains cas les


adjectifs varient - fin, bon, tout.
58

CHAPITRE III

L'ADVERBE DETERMINANT DU NOM

Les relations qu'entretient 1'adverbe aveo les noms ont comme


caract6ristique g§n6rale 11impossibilit6 pour 1'adverbe de
determiner le nom-substantif directement. La seule possibilit6
pour lincidence adverbiale au nom est en fonction de

determinant. L'adverbe ou plutot certains adverbes peuvent


jouer sous certaines conditions le rdle de d6terminant
indefini.
Dans son etude sur les determinants du nom Maurice GROSS

distingue deux types d'adverbes susceptibles d'avoir des

incidences en tant que d^terminant - la classe des dSterminants


qui contient autant, davantage, moins, plus, pas mal, tant,
assez, beaucoup, peu, trop + certains adverbes de mani§re. Ces

adverbes sont caracterises par les possibilites de former des


constructions du type Det («adv) de GN(» groupe nominal.

D'un autre cote GROSS distingue un groupe moins nombreux,


constitue des adverbes: comme, d'abord, encore, environ,
jusqu'a, meme, plutfit, presque, qu'il appelle des

predeterminants. Ce sont les "adverbiaux mobiles", qui ne sont

pas susceptibles d'entrer dans des «constructions du type- D6t


Nom; Det de GN.

(les adverbes de quantitS et certains adverbes de manidre), de

complSment d6terminatif (ex. les gens d*ici), les adverbes ici

et la peuvent enfin apparaitre en tant que constituant des


complSments d6monstratifs (ex. ce livre-ci, celui-l^). II

serait interessant d'6tudier un peu plus en details les


59

possibilit6s d'occurrenoes adverbiales dans les fonctions


mentionn§es plus haut.

1) L'ADVERBE PARMI LES AUTRES MOTS - DETERMINANTS INDEFINIS

La fonction de d6terminant ind^fini peut 6tre rempli par des


mots divers faisant partie de diff6rentes cat6gories
grammaticales. Ainsi on distingue:

a)les determinants ind§finis proprement dits: aucun, certain,


chaque, differents, divers, malnts, une, plusieurs. quelque,

tel, tout. Ces mots s'emploient aussi comme pronoms &


l'exception de: chaque < chacun
quelque< quelqu'un

divers

different

b) des elements nominales du type NOM + DE

nombre de, quantit6 de, bon nombre de, la plupart de, d'un tas
de, une foule de, une masse de

c) des expressions :
tout plein de, plein de

d) des locutions:

on ne sait quel + NOM

Dieu sait quel + NOM

n'importe quel + NOM

e) des determinants anaphoriques:


ledit + NOM
60

dudit
cesdits

Les differents types de mots susceptibles de remplir la

fonction de d^terminant ind6fini du nom entretienennent quand

meme des relations serr6es entre eux. Dans certains de leurs


emplois par exemple les pronoms tel, tout, quelque, meme

restent invariables et 6voquent le sens de diff&rents adverbes.


L'EMPLOI ATTRIBUTIF DE TEL - Quand tel est en fo mction
d'attribut il reste invariable et prend le sens de 1'adverbe
ainsi:

ex. Ma race ne se souleva jamais que pour piller: tel les


loups.
...dignes seulement d'§tre tu6s & coups de pierres, tel
jadis les hermaphrodites.

QUELQUE - Dans certains de ces emplois quelque reste


invariable. C'est le cas quand il precede un syntagme nominal
contenant un determinant cardinal:

ex. quelque deux cent pas


ces quelque quinze lieux

quelque vingt ans

quelque cent francs


DIACHRONIQUE:

Au 17-eme siecle il prenait les marques de pluriel:


ex. quelques huit jours (Corneille)

quelques neuf d mille hommes

Aussi dans les tours concessifs lorsque quelque est plac§


devant un adjectif suivi d'un nom il est invariable et adverbe
quand le syntagme nominal est attribut:
61

ex. Quelque bonnes nageuses qu'elles solent, elles risguent de


se noyer a cet endroit.

Sinon quelque est d6terminant et variable:

ex. Quelques bonnes raisons que vous donniez, vous ne


convaincrez personne.
T0U'1' peut participer dans des constructions du m§me type:
ex. tout mort qu'il est

On pourrait trouver une explication de ce phfenomene dans le


developpement diachronique de la langue ainsi que le sugg^re

GREVISSE qui trouve que dans ces tours que peut §tre remplac6

par qui, quoi, dont, ou ce qui peut etre attest6 par les
exemples cites par GREVISSE:

ex. Travaillez S loisir quelque ordre qui vous presse.


(Boileau)

Quelque indignation dont leur coeur soit remply, il


goberont 1'appast.

Quelque rang ou jadis soient montez mes Ayeux


leur gloire de si loin n'eblouit point mes yeux.

AUTRE - Dans les locutions autre part et d1 autre part autre


reste invariable.

MBME - Dans ces emplois adverbiaux m&me prend la signification


des adverbes aussi, de plus, jusqu' a comme dans les exemples:
les fenetres, les toits mfeme
les domestiques meme
les pauvres meme

ces murs meme

ceux meme qui + P


62

Meme forme des diverses locutions ou il reste invariable:


quand m§me, tout de m§me, ct m6me, de m§me

2) L'ADVERBE - DETERMINANT INDEFINI DU NOM

La fonction de d§terminant du nom concerne certains adverbes


faisant partie de la sous- classe des adverbes de quantit6,
ainsi que deux sous-classes des adverbes de maniere, isoles
par Christian MOLINIER - les adverbes de maniere quantifieurs.
Dans la classification de GREVISSSE la classe des adverbes de
quantite et d'intensite contient les adverbes suivants:
assez
aussi
autant

—beacoup
bien
combien
comme
comment (=quel polnt)

davantaqe

environ

fort

guere
mais (n'en pouvoir mais...)
moins

moiti6

par (trop)

(ne) pas autrement


63

pas mal
peu
plus
presque
que (...vous etes fort!)
quelque (..• dix ans)
si

tant
tout (...fier)
tout a fait
tellement
tres
trop
II est a noter que la olasse des adverbes de quantitd dans la

classification de GREVISSE comprend aussi certains adverbes en


-ment, comme abondamment, fenormement, qrandement, extremement,
immensement, completement etc. Etant donne que certains couples
d'adverbes de quantite (beaucoup/tres; plus/davantaqe;

autant/aussi; tant/si) apparaisent en distribution

complementaire ( contexte verbal, contexte adjectival,

adverbal) il est & noter que seuls les adverbes "ad-verbaux"


peuvent fonctionner comme det6rminants ind6finis. La
distribution complSmentaire peut §tre repr6sent6 par le schdma

suivant, proposS par MOLINIER dans son 6tude "L'adverbe de

quantit^. Propri6t6s grammaticales d'une sous- classe


d'adverbes du frangais":
64

1
1 Contexte verbal Contexte adjectival-
ii adverbial

A) Construction trop id.


indipendante
peu id.
assez id.
enormement id.
excessivement excessivement
extr6mement

beaucoup tres

B) Construction plus/davantage plus


comparative
/plys/ / /p!y/ /ply/
autant (tant) aussi (si)
moins id.

C) Construclion tant si
comicutive tellement id,

Le schema pr§sent6 r6sulte d'une 6tude minutieuse des


proprietSs grammaticales des adverbes de quantitd. Ce qui

pourrait paraitre absolument dtonnant pourtant c'est la

similitude avec le sch&na de DAMOURETTE et PINCHON dans "Des

mots a la pensfee", & 2676, Struments de quantitS, p.648. La

repartition des adverbes de quantit6 dans leur §tude r6sulte de


la recherche de simplicitS: "Les articles quantidinaux mis d

part, la fagon la plus simple d'6tudier les struments de


65

quantite sera de les grouper suivant les physes du r6partitoire


de paradrasie"

Quantifs Intensifs

Beaucoup '' Trfcsv


AUTUMATIFS
Peu

Autaht: AtfssiT'.f

CONFRONTATIFS Pius

Moins

Assez
EXIGENTIELS
Trop

EFFLUXIFS Tant | Si

Le critere de distribution employ§ est la distinction


quantite/intensit6. Selon le sch6ma seuls les adverbes

exprimant 1'id6e de quantit6 peuvent fonctionner comme


determinants ind§finis:

LA CONSTRUCTION ADVERBE + DE + NOM

Quand les adverbes de degre assez, beaucoup, combien ,_moins,


EluS' tr°P etc.sont employes comme d6terminants indSfinis c'est
normalement par de qu'ils sont unis au nom:
beaucoup de chance
66

trop de malheurs

Dans cet emploi 1'adverbe traduit " soit la quantit6 non


chiffree, soit une identification impr6cise" (GREVISSE). Les

adverbes mentionnes entrent dans la structure du syntagme


nominal:

PEU DE
ex. Peu d'amis la regreterent.
UN PEU DE
un peu de neige
un peu de lumiere
TANT DE
tant de beaute

tant de richesse

tant de vigilence

tant de vaisselle

TROP DE
trop de bonte

trop d'allees et venues


A PEINE DE
ex.Il y avait a peine de lumidre.
Nous avons h peine de pain.

L'entr§e des troupes du pacte de Varsovie & Prague provogua


a peine des remous.
DAVANTAGE DE
Cet adverbe est exclusivement employfe en contexte n§gativet.
ex. (aimer) a peine davantage de tableaux

Dans certains cas son emploi au lieu de plus peut feviter des
ambigultes. Ainsi par exemple:
67

ex. Ce que nous demandons?


-Plus de westerns!

L'emploi de plus dans ce contexte est ambigu. , car il peut

avoir le sens de " Nous ne voulons pas d'westerns", tandis que


la rSponse : "- Davantage de westerns" ne pose pas ces
problemes.

Les adverbes combien et que dans son emploi adverbial peuvent

participer dans les constructions du type ADVERBE + DE:


ex. Que de fois je vous ai regrettee!

Combien de personnes avez-vous regues ce matin?

Ces deux adverbes seront analys6s plus en d§tails dans le

paragraphe concernant les determinants interrogatifs et

exclamatifs 6tant donn§ qu'il dSfinissent un changement de la


modalite de la proposition.

ANALYSE MORHOLOGIQUE:

Les adverbes de quantit6 susceptibles d'assumer les fonctions

de determinants ind§finis du substantif partagent certaines

proprietSs communes du point de vue morphologique: ainsi ils

peuvent fonctionner comme pronoms, peuvent Stre nominalis6s.

L'ACCORD

Normalement 1'accord du verbe se fait avec le nom, mais quand


meme il y a des exceptions:

ex. Beacoup de cierges valait mieux.

Lorsqu'un peu de confiance se fut 6tabli entre nous.

Un peu d'animation 6tait revenu au village.


68

Des qu'un peu plus d'obscurit6 serait venu d son aide...

LE CAS DE L'ADVERBE BIEN

L'adverbe bien est le seul qui en fonction de dSterminant


indefini exige la foarme pleine de 1'article partitif, 11 entre
dans des constructions ou le nom est pr§c6d§ par de la, de 1',

des. Dans cet emploi il a une interprStation quantitative et


comme il a 6t§ remarquS par Robert MARTIN il remplit la

fonction d'inverseur de polarite, ce qui dSfinit son

exteriorite par rapport au pr§dicat : "...II marque un

mouvement dans 1'interiorite. On s'§loigne des marges...On

quitte le plus ou moins vrai; on s'achemine vers le pleinement


vrai."

ex. Bien des candidats au bac ont rendu copie bla,che en


philosophie.

II s'expose & bien des difficult6s.


Bien des difficult6s vous attendent.

Dans ces exemples cit6s par MARTIN ce qui est dit est
pleinement valable pour l'ensemble envisage.

L'emploi de bien en tant que d§terminant ind6fini est objet &


certaines restrictions.

LES RESTRICTIONS:

Les restrictions limitant les possibilitSs d'incidence de

bien au nom entant que dSterminant ind6fini sont li6es S la

nature de la classe exprim^e par le groupe nominale. Ainsi:


a) la clase doit §tre ouverte, non d&nombrable:
ex. Vous avez beaucoup de livres.

* Vous avez bien des livres (impossible)


69

b)le syntagme nominal doit §tre de type abstrait:

ex. II y a trouv§ bien du plaisir.

II vous faut bien du courage.


compar§es a:

ex. *I1 a mang§ bien du fromage.


*I1 y faudrait bien du pain.

Ces restrictions li§es h 'emploi de 1'adverbe bien et qui ne

sont pas caract6ristiques pour 1'emploi de beaucoup dans la


meme fonction laissent penser qu'il y a une diff§rence dans la

maniere dont les adverbes polyfunctionnels susceptibles d'avoir


des incidences sur d'autres constituants de la phrase
par comparaison aux incidences des adverbes plus bas plac§s
dans l'hi§rarchie adverbiale.

LA CONSTRUCTION ADVERBES + DES + NOM


Cette construction est caracteristique des emplois de l'adverbe
bien comme determinant:
bien de la joie

bien des gens

D'autres linguistes ( Christian MOLINIER) ont remarqu6 une

difference syntaxique? dans le fonctionnement de 1'adverbe

bien. MOLINIER sugg§re qu'en tant que constituant du syntagme

nominal bien produit un effet de sens proche de celui de

determinant adverbial, mais en m§me temps il fonctionne tout &


fait duff§remment par rapport d beaucoup. Dans le m§me emploi

baecoup n'est pas contraint par le substantif. D'un point de

vue syntaxique on peut distinguer trois contraintes dont est


sujet bien:

a) 1'impossibilit§ d'etre suivi par le partitif


70

b)le syntagme nomlnal incluant bien ne peut apparaitre apr§s un


verbe 4 la forme nfegative:

ex. *Je n'ai pas connu bien des vicissitudes.


c) bien ne peut pas §tre pronominalis§:

ex. J'ai connu bien des vicissitudes.


*J'en ai connu bien.

Un syntagme nominal d§termin6 par beacoup n'a pas de ces


limites.

DIACHRONIQUE:

L'emploi de 11adverbe avec le partitif est tr6s


caracteristique pour 1'ancienne langue:

ex. Vous leur faisielz beaucoup de 1'honneur.

Ils avoient aportes des fromages fres assez.

Cette construction est encore vivante aujourd'hui dans la


langue populaire:

ex. du jour suffisamment et de 1'aspace assez

C'est une personne qui a du bien assez pour vivre sans


travailler.

LES POINTS DE TRANSITION:

LES CONSTRUCTIONS beaucoup + DES; DE L'; DE LA

bien + DE.

Dans certains cas les deux adverbes peuvent changer de

structure. Ainsi beaucoup peut se construire avec la forme

pleine de 1'article partitif dans les cas ou 1'article d6fini

est requis parce qu'il s'agit d'une r6alit6 pr6cise et connue.


71

a) Si le nom est acoompagnS par un compl&nent:


ex. beaucoup des maximes de La Rochefoucauld
beaucoup des pens6es de Val6ry

L'adverbe bien par contre peut se construire avec dhe sous


certaines conditions:

a) Dans les cas ou bien pr6c6de 1'adjectif autre:

ex. J'ai vu sous le soleil tyomber bien d'autres choses.


Bien d'autres avaient expirer dans ces bois.

b) Cette construction peut §tre attest6e avec d'autres

adjectifs aussi, quand ils sont suivis d'une d6terminative:

ex. J'ai tenu sur mes genoux bien de belles petites filles qui
sont aujourd'hui de jeunes grand'mSres.
73

LES ADVERBES DE MANIERE QUANTIFIEURS EN FONCTION DE


DETERMINANTS INDEFINI

Certains adverbes faisant partie de la sous-classe des


INTENSIFS QUANTITATIFS peuvent apparaltre dans des

constructions du type ADVERBE + DE + NOM. La liste de ces

adverbes est tir§e de 1'6tude de Christian MOLINIER sur les


adverbes de mani^re. ( p.386 - 387):
considerablement

enormement

excessivement

extremement

infiniment

passablement

sufisamment

tellement ...QUE P
tellement pas

LA SOUS-CLASSE "BIGREMENT"

CARACTERISTIQUE SEMANTIQUE

Dans 1'etude de MOLINIER les adverbes de cette sous-classe

sont decrits tout d'abord par la sp6cificit6 des radicaux - des

interjections, dont la fonction est essentiellement d'exprimer

une r§action 6motionnelle du locuteur en face d'une situation

donn§e et leur inaptitude d'§tre employ§s comme des adjectifs.


II est impossible pour certains d'entre eux (bigre, bougre,
diable etc.) de remplir les fonctions d'attribut:
ex. II (Paul, Jean, etc.) est bigre

bougre

diantre
74

Ces mots peuvent par contre participer dans des constructions


du type:
Un bigre

bougre d'homme
diable

D'autres adverbes de cette sous classe (joliment, rudement,


drolement, vachement) sont formSs sur la valeur spSciale prise
par les adjectifs:

ex. Un joli

rude bonhomme
sacre

Un drole de bonhomme

vache

Selon MOLINIER dans cet emploi ces adjectifs n'ont aucun

contenu objectif pr§cis et ils expriment un mouvement affectif


du locuteur. Un argument en faveur de cette th6se est le fait
que ces adverbes se combinent indefSramment avec bien ou mal:

bigrement bien, mal

bougrement bien, mal

Tous les adverbes faisant partie de cette sous classe peuvent


fonctionner comme des ddterminants indSfinis:
bigrement
bougrement
diablement
diantrement
drolement
fichtrement
joliment
rudement
rudement

sacrement
vachement
76

LE COMPORTEMENT SYNTAXIQUE DES ADVERBES EN -meilt

Selon les PARAPHRASES POSSIBLES ou non "de maniSre ADJ"


ces adverbes se rSpartissent de la manidre suivante:

de maniere ADJ - de manidre ADJ.


|

consid6rablement 6norm6ment
suffisamment excessivement
tellement que P. tellement (pas)
j bigrement diantrement
| bougrement fichtrement
j diablement
| drolement
joliment
rudement
sacrement
vachement

L' EMPLOI ADVERBIAL DE TOUT

Dans certains certains cas (les tours qui seront examines


plus bas) tout reste invariable. Generalement on considere que
la distinction peut etre faite entre la diff^rence du sens:
77

Tous Tout
un ensemble consid6r6 un ensemble consid6r§
dans ces composantes globalement

1
tous les chretiens toute la chr6tient6

Les emplois adverbiaux de tout sont les suivants:


a) tout + DETERMINANT + NOM

toute une histoire

b) tout + NOM DE VILLE -FEMININ


tout Villeneuve
tout la Rochelle

tout Rome

tout + NOM DE VILLE -MASCULIN


tout-Paris

le tout-Paris

c) tout + NOM PROPRE : il s'agit surtout des emplois ou le nom

de 1'auteur est employ6 pour d^signer son oeuvre, les cas de


metonymie, comme dans les exemples suivants:

ex. II a lu tout Colette.


toute Madame de Sfegur
78

d) LA CONSTRUCTION tout au dfebut


au tout debut

le tout debut

tout au d§but de notre mariage


au tout debut du XX-eme sidcle
au tout dfebut d'octobre

les ecrivains du tout-debut du siecle

le tout debut du printemps

e) tout + SYNTAGME PREPOSITIONNEL

+ SYNTAGME NOMINAL
tout de son long

de tout son long (couche de tout son long)

f) tout + PRONOM

+ PROPOSITION DETERMINATIVE

tout cela

tout ceci

tout ce qui brille

g) tout + &

ex. Elle fetait toute & chacun et toute S tous.


Je suis toute & vous.

Elle demeurait serieuse et impassible, toute & son travail.


h) POUR + tout + NOM -MASCULIN

ex. pour toute nourriture

pour tout fruit un gland minuscule

i) tout + NOM + QUE

tout chr6tiens qu'ils 6taient rest6s

toute Veronique Pincengton que je suis


tout reverie que soit 1'invisible
toute lumiere qu'elle (= 1'histoire) est

j) DES EXPRESSIONS FIGEES


tout + NOM

(etre) tout yeux et tout oreilles

tout feu, tout flamme


tout laine
tout soie

tout + DE + SYNTAGME NOMINAL


tout d'une piece
tout d'un bloc

tout d'une haleine

tout d'un jet

ex. ces ames tout d'une pidce

ces gens tout d'une pi6ce


80

2)L'ADVERBE - COHPLEHENT DETERHINATIF DU NOH

Traditionnellement ce rdle est rempli par des syntagmes

prepositionnels, mais sous certaines conditions certains


adverbes peuvent entrer dans des constructions
prepositionnelles et remplir la fonction de comp!6ments
determinatif des noms.

LA CONSTRUCTION NOM + DE + ADVERBE

Cette construction est caract6ristique pour les adverbes de


lieu et certains adverbes de temps:
ex. les gens d'ici

les gens d'alors

LA CONSTRUCTION SYNTAGME NOMINAL 1, ADVERBE+SYNTAGME NOMINAL 2


ex. Paule, jadis sa fiancee.

X, jadis marquise de Z

La possibilite de cette construction peut §tre expliqu6e par


1'emploi de ces adverbes avec le verbe §tre:

de: Paule qui 6tait jadis sa fianc§e, on obtient:


Paule, jadis sa fiancee.

En tant que compl6ment d§terminatif 1'adverbe peut remplir les


fonctions d'attribut ou d'6pithdte.

L1ADVERBE EN POSITION D'ATTRIBUT

Dans cette fonction les adverbes commutent avec les adjectifs.


On peut avoir les deux constructions:
NOM+ADVERBE:
81

ex. une femme blen


un homme bien
NOM+ADVERBE 1+ADVERBE 2:

ex. quelques toilettes assez bien


un homme tout ainsi
NOM + DE + ADVERBE

ex. une femme de bien

DES ADVERBES SE CONSTRUISANT COMME DES EPITHETES

Certains adverbes peuvent se construire comme des §pith£tes


sans qu'ils correspondent & des attributs. Cette consruction
est du type:
NOM+ADVERBE
ex. deux places debout
le temps jadis

ADVERBE+NOM
ex. la ci-devant marquise de Z

la presque unanimite

la quasi-unanimit§

Les adverbes non,presgue et quasi s'ajoutent & des noms par


un phenomene de dSrivation et peuvent entrer dans la
construction du syntagme nominal:
PRESQUE
la presqu'ile

la presque certitude

une presque-intimit6
82

ces presgue hommes (- les pr6hominiens)

la presque fin du deuxieme tiers du volume


ce presque vaudeville

QUASI

la quasi-totalit6 des 6pitres


une quasi-ignorance
une quasi-certitude

LA NOMINALISATION

Les noms correspondant & des verbes peuvent recevoir les memes
complements. C'est le cas des adverbes de lieu

ex. le passage ici des consommateurs barbares


mon sejours la-bas
LES RESTRICTIONS

Les adverbes d'aspect ne sont pas susceptibles de faire part de


ces constructions. Ainsi:

ex. II sejourne souvent ( toujours) £ la montagne.

ne peut pas lors de la nominalisation du verbe garder ces


adverbes, 1'expression:

*son sejour souvent ( toujours) h la montagne, est impossible.

Les adverbes d'aspect lors de la nominalisation sont remplacds


par des adjectlfs:

son s6jour continuel (frfequent) & la montagne


83

L'ADVERBE -DETERMINANT NUMERAL DU NOM

Cet emploi est caracteristique pour les adverbes formfes S

partir des adjectifs - et pour certains adverbes emprunt§s


du latin:

a) les adverbes :

premierement
deuxiemement
secondement

troisiemement

La construction de ces adverbes avec les syntagmes nominaux a


la forme ADVERBE 1, SYNTAGME NOMINAL 1.

ADVERBE 2, SYNTAGME NOMINAL 2.

ADVERBE 3, SYNTAGME NOMINAL 3.

ex. Comptez si elle (=une trag§die) n'a pas toutes les parties

classiques. Premierement, 1'exposition.Secondement, les

peripeties. Troisiemement, la catastrophe.

b) Des adverbes emprunt6s du latin:


primo

secundo

tertio

quarto

quinto

sexto

septimo

octavo
84

nono
decimo

ultimo (-en dernier)

Ces adverbes entrent dans des constructions du type:


ADVERBE 1: SYNTAGME NOMINAL 1

ADVERBE 2: SYNTAGME NOMINAL 2

ex. Ce genial projet dresse aussitot contre lui (...) primo:

tout ceux qui craignent 1'augmentation rapide de la production

agricole (...) deuxio: ceux qui fabriquent ou vendent des


treillages protecteurs.

DES ADVERBES EXIGEANT UN COMPLEMENT

Certains adverbes peuvent se construire avec les pr6positions


de ou avec:

ADVERBE + DE

differemment

independamment

ex. Independamment de ces deux rues principales, la ville et

l'Universit6 avaient chacune leur grande rue particulidre qui

courait dans le sens de leur longueur, parall§lement d la


Seine.

ADVERBE + &
anterieurement

conformement

cons6quemment
85

parallelement

pareillement

posterieurement
pr6f§rablement
relativement

. ADVERBE + AVEC:
concurrement

conj ointement

Dans ces constructions il y avat & 1'origine deux complSments

distincts qui pouvaient permuter. Dans la langue actuelle ces


tours sont en concurrence avec les constructions avec la
preposition a:

ex. La Revue de Paris, concurremment aux Cahiers

Les Croisades apportent d'Orient des mots conjointement &


des objets et & des pproduits.

L'adverbe ensemble se construit habituellement avec la


preposition avec, mais son emploi est plutot rare:

ex. Votre ami le sait, ensemble avec vous.

DIACHRONIQUE:

Un emploi appel<§ archaique par GREVISSE permettait d d'autres

adverbes de participer dans ces tours. Ainsi on pouvait avoir:


inferieurement

+ &

supferieurement

dependamment + des, de 1', de la


86

ex. Deux auteurs ont 6crit sur cette matidre, mais l'un bien
inferieurement a l'autre.

L'ame agit d§pendamment des organes.

Dieu pris dans sa r6alit6 ne se congoit d§finitivement


constitu§ que d6pendamment de 1'op6ration par laquelle il se
congoit.

dfependamment de n'6talt pas rare au 17-6me si6cle:

ex. Vostre maison doit estre gouvern6e par la SupSrieure et le


Conseil, d6pendamment des Sup^rieurs ecclfesiastiques.
(Mme de Maintenon)

ANALYSE SYNTAXIQUE

Certains adverbes susceptibles d'entrer dans les

constructions examinfees dans la classification de MOLINIER font

partie de la classe des adverbes de maniere-verbe. Ces adverbes

dans leur emploi avec le verbe 6tablissent un rapport entre


deux ou plusieurs elements. Employes dans une proposition

independante ces adverbes exigent pour sujet et pour compl6ment

du verbe deux ou plusieurs 61ements coordonn6s , des syntagmes

nominaux pluriel r6ferrant & un ensemble d'616ments dont on


distingue deux ou plusieurs de deux sous-ensembles. En g6n§ral
les adverbes de maniere-verbe 6tablissent un lien 6troitement

serre avec le compl6ment d'objet direct ce qui explique les

paraphrases possibles de 1'adverbe par 1'expression " de

maniere + adjectif ". Ils n'ont pas le m6me comportement


syntaxique en reponse des tests:
87

RSponse
,.Paraphrase
C'est adv que P Comment? de maniSre adj

conform&nent + + +
parallelement + + +
pareillement + + +
prefSrablement + - -

differemment + + +
indfependamment + + +
concuremment + + +
conjointement + + +

Certains de ces adverbes ont des occurrences en tant


qu'adverbes de phrase:

+ adverbe de phrase - adverbe de phrase

conformement paralldlement
pareillement prfef^rablement
independamment differemment

concuremment

conjointement
88

LE DETERMINANT INTERROGATIF ET LE DETERMINANT EXCLAMATIF

Les adverbes qui peuvent fonctionner comme d6terminant

interrogatif et dfeterminant exclamatif sont combien et que. Les

constructions COMBIEN + DE sont en distribution comp!6mentaire


QUE

seul comment peut paraitre dans les tours interrogatifs, qui


parait normal§tant donn§ que lors du passage exclamation
directe> exclamation indirecte que est remplac6 par combien;

ex. II m'a dit: "Que tu es belle!"

II m'a dit combien j'6tais belle.

Par contre lors de ces transformations le tour "que de" est


garde:

ex. Tu sais que de cravates, un jour de rendez-vous, chiffonne


un amoureux.

II observa combien cette r6putation 6taist commode et que


de liberte elle lui procurait.

a) TOURS INTERROGATIFS

ex. Combien de personnes avez-vous regues ce matin?

Combien avez-vous d'argent?

b) TOURS EXCLAMATIFS

ex. A combien de tentations n'est-il pas expos6!


Que de fois je vous ai regrettfee!
89

CHAPITRE IV

L'ADVERBE ET L'ADJECTIF

Parmi les modificateurs des adjectifs, les adverbes de degr6


constituent le groupe central, formant une unit6 tr6s serr6e.

La coh6sion avec 1'adjectif 6tant trfes forte 1'intercalaison


d'autres termes est impossible (exception faite quand m§me pour
tant et combien dans certaines conditions).

A part les adverbes de degrd, sont susceptibles d'apparaitre


en contexte adverbial un grand nombre d'adverbes en -ment, les

adverbes de phrase modalisateurs et une partie des adverbes de


temps.

On pourrait chercher un certain parallelisme entre la


determination adverbiale des adjectifs et les d6terminants en
forme de compl^ments:

facile a aborder - facilement abordable - d'un abord facile

difficile & expliquer - difficilement explicable - d'une


explication difficile

Parfois la pr6sence d'un adverbe auprds de 1'adjectif est une

marque pour la distinction de la fonction adjectivale - ainsi

la place de 1'adverbe joue un r61e discriminatoire pour


identifier le participe prSsent dans son emploi comme forme
adjectivale ou comme forme verbale.

Certains adjectifs ne sont pas susceptibles de recevoir des


degres.
90

LES RESTRICTIONS - LES ADJECTIFS SANS DEGRES

1) LES ADJECTIFS CONCERNANT LA FORME


carre
circulaire

equilateral

parallele

double
triple
equestre

2) LES EPITHETES DE RELATION

une grammaire grecque (-une grammaire du grec)


la lumiere solaire

1'histoire Romaine

son pied gauche

la mortalit6 infantile

la demence imp6riale

le rattachement Mferidional

1'art Chiriquien (= de Chirico)

Une caract^ristique commune de ces adjectifs est 1'ipossibilitfe

d'apparaitre en construction attribituve:


* Cette grammaire est grecque.
* Une grammaire trds grecque.

La seul possibilitfe pour ces mots d'§tre modififes par les

adverbes de degrds est li§e S des expressions ou leur sens est

pris au figur§:

ex. une opinion tres carr§e.


3) LES ADJECTIFS EXPRIMANT LA COMPARAISON:
ain6
cadet
favori
pref6re

principal
unique

majeur

mineur

Certains adjectifs de cette categorie quand m§me peuvent

admettre 1'idee d'une modification en plus ou en moins:


absolu

enorme

excellent

impossible

total etc.

On peut dire par exemple:

1'ouvrage le plus 6norme

une ruine si totale

D'autres adjectifs faisant exception sont les adjectifs qui


par leur 6tymologie sont des comparatif ou des superlatifs:
anterieur

ext§rieur - les plaisirs plus ext§rieurs

inferieur - des especes tres infdrieurs

interieur - une salle plus int6rieure


92

posterieur

superieur - des moyens techniques trds sup6rieurs & ceux de


1'antiquit§

infime - un accident des plus infimes


intime
minime
ultime
exteme

supreme - le plus supr§me des d§mences

LA MODIFICATION ADVERBIALE DE L'ADJECTIF - L'EXPRESSION DES


DEGRES

Le probleme des degres des adjectifs est souvent consid§r§

comme un probleme morphologique en grammaire frangaise, 6tant

donne que le latin utilisiat des desinences pour modifier les


adjectifs:
longus > longior

(long) (plus long)

Le frangais a gard§ cette possibilit§ et certains adjectifs

ont des formes sp§ciales pour exprimer les degr§s, ainsi que

certains adverbes. Ainsi: meilleur est la forme synth§tique de

bon, pire de mauvais, mieux de bien, moins de peu. Le


comparatif de beaucoup est plus.
93

LE COMPARATIF

LE COMPARATIF DE SUPERIORITE

Le comparatif de sup6riorit6 est exprim§ parfois par les formes


synth6tiques des adjectifs:
bon > meilleur

mauvais > pire

petit > moindre

Les adverbes exprimant la modification des adjectifs au


comparatif de sup6riorit6 sont: plus, autrement et mieux dans
certains de ces emplois.

PLUS - LA CONSTRUCTION PLUS - ADJECTIF - QUE ...


II est plus petit que sa soeur

DIACHRONIQUE: L'emplois de plus avec les adjectifs pour marquer

la superiorite remonte au lmatin vulgaire. Le latin classique

employait magis. Cette forme subsiste encore dans 1'expression

figee n'en pouvoir mais ,

MIEUX

Normallement employ§ avec les verbes, oii il reprSsente la forme

au comparatif du bien:
ex. Je 1'aime bien. > Je 1'aime mieux.

Parfois il peut etre employ^ avec les adjectif, comme

6quivalent de plus.il apparalt en fonction d'attribut:

ex. Rien ne me paralt mieux digne de ce nom.

Les constructions dans lesquelles il peut entrer sont du type:

SYNTAGME NOMINALl,LE MIEUX - ADJECTIF - DE - SYNTAGME N0MINAL2


94

ex. Le bassin de Mississipi, le mieux humain de la plandte


SYNTAGME NOMINALl - LE MIEUX - ADJECTIF
ex. 1'emploi des mots les mieux expressifs.
AUTREMENT

Cet adverbe est un adverbe universel, il s1emploie avec les


verbes, les adjectifs et les adverbes.

Avec les adjectifs autrement peut Stre 1'6quivalent de plus ou


de beaucoup:

ex. Elle est autrement jolie, mieux que sa soeur

Elle s'est d6cidee & aller voir, sans pour cela paraitre
autrement surprise, ni effray§e.

Avec le sens de mieux:

ex. Ceci est tout atrement important.

LE COMPARATIF D'INFERIORITE

Exclusivement exprim6 par 1'adverbe moins. La construction est:


MOINS-ADJECTIF QUE SYNTAGME NOMINAL

ex. Elle est moins expansive que sa soeur

LE COMPARATIF D'EGALITE

Pour la comparaison on a les deux adverbes aussi et autant qui


apparaissent en distribution compl6mentaire: aussi est

specialis§ pour les adjectifs et les adverbes, tandis que

autant s'emploie avec les verbes, mais peut dans certaines

conditions §tre susceptible de modifier aussi les


adjectifs -

LA CONSTRUCTION AUSSI - ADJECTIF - QUE - SYNTAGME NOMINAL


Cet adverbe peut §tre 1'6quivalent de tant:

ex. II fait aussi chaud qu'hier.


J'ai aussi froid, aussi chaud que vous.
ou le sens de autant:

ex: II est aussi modeste qu'habile.

II est modeste autant qu'habile.


L'ELLIPSE DU SECOND TERME DE LA COMPARAISON:
LA CONSTRUCTION (DE)...AUSSI - ADJECTIF

ex. Je n'ai jamais rien vu d'aussi joli.


Avez-vous jamais entendu parler d'une aventure aussi
etrange?

Comment un homme aussi minutieux (qu'il l'est) a-t-il pu


commettre une pareille erreur?

LA CONSTRUCTION AUSSI-ADJECTIF-QUE + ETRE

ex. aussi sage qu'il soit

aussi sage soit-il

ce corps contre son corps, aussi 16ger fut-il


aussi invraisablable que cela me paraisse

AUTANT est possible avec un adjectif si l'adverbe est plac6

apres l'adjectif ou si plac§ devant, il ne le pr§cede pas

immediatement:

ADJECTIFl - ADVERBE -QUE - ADJECTIF2

ex. modeste autant qu'habile

ADVERBE - QUE - SYNTAGME NOMINAL - ADJECTIF - DE + SN2

ex. II est autant que vous digne de cette faveur


96

DIACHRONIQUE:

Au 17 -eme siecle autant pouvait pr6c6der 11adjectif:

ex. le nom d'Assuetus, autant inconnu aux Grecs que connu aux
Orientaux.

CARACTERISTIQUES GENERALES DES COMPARATIFS

1) Les comparatifs appellent ordinairement une proposition


conjonctive corrdlative, qui est souvent elliptique (on
supprime les 61ements d6jd exprim6s) ou implicite (dans le cas
ou le terme avec lequel on compare a 6t6 exprim6 auparavant ou
s1il est facile a dfecouvrir du contexte:

ex. Je n'ai jamais cru qu'un chateau aussi d61abr6 (...) fut
aussi habitable.

1'enseignement d'une histoire aussi f^conde, aussi riche,


aussi glorieuse

2) Dans le cas des adjectifs coordonn6s les adverbes aussi,

plus, moins sont r6p§tes devant chaque adjectif:

ex. II est plus doux, plus patient et plus actif que son
frere.

Parfois ils sont mis devant le premier adjectif:


ex. ...aussi beau et grand que Pascal

3) Le comparatif de sup6riorit6 et le comparatif

d'inferiorit6 sont susceptible de recevoir des indications de

degre, exprimdes par d'autres adverbes ou par certaines


expressions nominales:
97

ADVERBES EXPRESSIONS NOMINALES


bien de la moiti6
un peu moiti6
infiniment
autrement

La modification adverbiale des comparatifs se fait de la


maniere suivante:

ex. L'avenir est bien plus inqu6tant que ( je ne le pensais)


beaucoup

(Faites) un discours un peu moins long!


C'est tellement plus beau quand on est seul!
BEAUCOUP + MEILLEUR

MOINDRE

Le modificateur des formes synth6tiques des adjectifs-

comparatifs est beaucoup qui est ordinairement ant6pos6:


ex. Ce vin est beaucoup meilleur.

La situation faite aux indigenes n'est pas beaucoup

meilleure que celle que l'on nous peignait ci-dessus.

Dans la fonction de modificateur des comparatifs beaucoup peut


aussi participer dans des constructions du type:

ADJECTIF + DE + BEAUCOUP

ex. Vous etes plus savant de beaucoup

Dans ces cas 11adverbe accompagn6 de la prfeposition de_ peut


dans certains cas pr§c6der:

II est de beaucoup plus savant.


98

AUTRES EXPRESSIONS DES INDICATIONS DES DE6RES DES COMPARATIFS


AUSSI
...FOIS + AUTANT

PLUS
ex. B est deux fois aussi grand que A.

A est une fois moins grand que B

LE SUPERLATIF RELATIF

En frangais le superlatif a la meme forme que le comparatif de

superiorite ou d'inferiorit§. II est form6 & partir de ceux-ci


+ 1'article dSfini:

ex. II est aimable

II est plus aimable (que X) - le comparatif

II est le plus aimable (de X,Y,Z...) - le superlatif


DIACHRONIQUE:

En latin le superlatif relatif s'exprimer par une d6sinence:


doctus > doctissimus

(savant) (le plus savant)

En ancien frangais le superlatif relatif 6tait identique au

comparatif. La distinction s'est introduite progressivement

avec 1'introduction de 1'article d6fini.


Au 17-eme siecle souvent 1'article d6fini manquait:

ex. Je vais employer mes efforts plus puissants.(Moli6re)

Chargeant de mon dfebris les reliques plus ch§res.(Racine)


L'ARTICLE DEFINI ET LE SUPERLATIF RELATIF
LE MANQUE DE L'ARTICLE

Parfois 1'article d6fini faisant partie de 1'expression du

superlatif n'est pas exprim6. C'est le cas prdcisemment quand


99

la construction marque le debut du syntagme nominal, alors


l'article exprim6 est l'article qui d§termine le nom:

ex. C'est le plus beau film que j'aie vu.

Dans les cas ou le syntagme nominal est d6termin6 par les

pronoms possessifs ou d6monstratifs 1'article n'est pas exprim6


non plus:

ex. Mon, plus grand souhait est de vous 6pouser.


la folie de ce plus doux des hommes
Dans les cas ou le superlatif est exprim6 par les tours
CE QUE IL Y A + DE + ADVERBE + ADJECTIF
ex. ce qu'il y a de plus beau

ou meme dans d'autres tours avec ce que:

CE QUE...DE + ADVERBE + ADJECTIF

ex. Voila ce que j'ai trouve de moins cher.


ce qu'il a vu de plus 6trange

tout ce que 1'Idylle a de plus enfantin

L'ACCQRD DE L'ARTICLE

Dans les tours exprimant le superlatif parfois 1'article

s'accorde avec l'adjectif, mais dans d'autres cas il reste

invariable suivant les conditions exprim6es par le tableau ci-


dessous:
100

ARTICLE INVARIABLE L'ACCORD DE L'ARTICLE


1 )la comparaison est l)la comparaison - entre
faite entre les diff. des §tres et objets diff.
degr6s d'une qualitfe
C'est alors que la la plus heureuse des m6res
ville est le plus les questions qui paraissent
6trange les plus dangeureuses
2)ADJ + le plus possible 2 )ADJ + ...(«=DE TOUS )
le moins
le mieux
(=au plus haut
degr6)
les ouvrages qui nous les ouvrages qui nous ont6t6
- ont §te le plus utiles les plus utiles

AUTHES EXPRESSIONS DU SUPERLATIF

Le superlatif peut etre exprimS par d'autres moyens aussi.Par


les adverbes
tout

de beaucoup + SUPERLATIF RELATIF


de (bien) loin

ex. un de nos tout meilleurs acteurs de composition


les tout plus grands

de beaucoup le plus riche des s6minaristes

En suivant la construction du syntagme nominal dont le

superlatif fait partie sa construction prend d'autres formes


aussi, comme par exemple:

de + ADVERBE + ADJECTIF

ex. (naviguer) au plus loin de ce dangereux compagnon


101

VoilS qui est des mieux!


Voild qui va des mieux!

II avait promis de ne plus jouer et il a recommens6 de plus


belle (expression fig6e)

En Belgique le superlatif est form6 avec 1'article contract6:


au plus + adjectif.

ex. J'ai trois petits chats, tous au plus jolis.

pour J'ai trois petits chats, (tous) plus jolis les uns que
les autres. (frangais r^gulier)

LE DEGRE ABSOLU

Le degre nul s'exprime par la n6gation. Pour dire qu'on

s'achemine vers la realisation on emploie les adverbes:


presque ex. II est presque chauve.
a peu pres
quasi
quasiment

QUASI - LA CONSTRUCTION

DETERMINANT NOM ADVERBE ADJECTIF

ex. une demeure quasi s§gneuriale

un avertissement quasi solennel

une opposition quasi g6n§rale

une soci§t6 quasi m6di6vale

QUASIMENT

ex. une bizarre mais quasiment tendre sympathie pour leur


recherche
102

les deux general tariffs, quasiment prohobitifs, de 1890 et


1897.

LE DEGRE FAIBLE

Le degr§ faible est exprim6 par les adverbes peu, un peu et

les emplois fig§s de 1'adverbe mal. Les adverbes peu et un peu


sont en distribution compl&nentaire:

ADVERBE+ADJECTIF ADVERBE + VERBE


PEU UN PEU
peu avare de ses Devine un peu!
compliments Je me demande un peu de
quoi se mele le gouver-
nement de la R§publique
MAL
malsain
malhonnete
ce temoignage est
mal sur
le texte mal satisfai-
sant qui sortit de
cette conference

DIACHRONIQUE:

Peu vient du latin paucus.

En ancien frangais il existait comme _po, pou ou poi.


103

AUTRES EXPRESSIONS DU DEGRE FAIBLE


TANT SOIT PEU

ex. La bete est tant soit peu rfetive.

DES MOINS + ADJECTIF

ex. un portrait des moins flatteurs.


Cela est des moins acceptable.

LE DEGRE MOYEN

Le degre moyen est exprim6 par des adverbes dont ce n'est pas
1'emploi premier:

ASSEZ

ex. Elle fit une halte assez longue devant une ferme isol6e.

PLUTOT

ex. II donnait un ton plutot vulgaire & des sentiments plutot


nobles.

LE HAUT DEGRE est souvent appel6 le superlatif absolu.Il peut

etre exprimfe par des adverbes diverses. Le plus universel,

intensif par excellence c'est 1'adverbe trds qui est en

distribution compl6mentaire avec beaucoup, employfe avec les

verbes. II est d remarquer que les autres adverbes employ6s


p°ur marquer le haut degr6 prennent le sens de tres dans cette
fonction.
TROP - devant un adjectif il prend le sens de trds:
ex. Vous etes trop aimable.

Cela n'est pas trop vrai.

DIACHRONIQUE:

Au 17-6me si6cle trop 6tais souvent employ§ avec les


adjectifs.

ex. Grant paour a don vent qui menoit trop grand bruit.

Lisies souvent ce livre, car se sont trop bonnes paroles.


Vous vivrez trop contente avec un tel mari.

un melange trop joli de vert et de rouge

GUERE - dans les constructions comparatives:

ex. Ces petits cottages aux poutres noires, gu6re plus hauts
que les haies qui les entourent.

DIACHRONIQUE:

Guere qui est d'origine francique signifiait beaucoup/trds. II

participait en contextes non n6gatif jusqu'6 17-6me si&cle:

ex. en un age ou il est malaise que ma vie soit plus gudre

longue

LES ADJECTIFS EMPLOYES ADVERBIALEMENT -

LA CONSTRUCTION ADJECTIF 1(«ADVERBE) + ADJECTIF 2

Certains adjectifs invariables peuvent marquer le haut degre

FIN

ex. Nous sommes seuls, fin seuls.


105

Quand elle 6tait fin pr§te...

Ils sont rentr§s & 1'aube, tous fin souls.

Les troupes de converture 6taient fin pr§tes.

Parfois fin fait 1'accord avec 1'adjectif qu'il modifie:


ex. Elle («une balle) 6tait fine bonne, celle-ld.

Aussi fins souls les uns que les autres

(mais: Ils 6taient fin souls)

Les chevaux, ils sont fins pr§ts.

TOUT PLEIN

ex. II (=un chien) est mignon tout plein.

LA CONSTRUCTION SYNTAGME NOMINAL + DES PLUS + ADJECTIF

Dans cette construction 1'adjectif post -pos6 peut s'accorder


en genre et en nombre avec le sujet de la phrase, ou bien il
peut etre au pluriel, malgr6 que le sujet soit au singulier:

ADJ-SINGULIER ADJ-PLURIEL
Mr X etait des plus L'int6ret 6tait des plus
satisfait de sa femme minimes
La situation 6tait La question est des plus
des plus embarrassante simples
Rimbaud, poete des une circonstance des plus
plus dou6 vulgaires

DES EXPRESSIONS FIGEES

ADJECTIF + COMME + NOM (SYNTAGME NOMINAL)

blanc comme neige


106

noir comme jais

fort comme un turc

fier comme Artaban (- aussi fier qu'Artaban)

TOUT CE QU'IL Y A DE

ex. C'est une femme mariee, tout ce qu'il y a de s6rieuse

L'adjectif qui suit tout ce qu'll y a de s'accorde avec que

(antecedent ce). Alors l'adjectif se met au masculin singulier,

6tant donn§ qu'en frangais le masculin est le repr6sentant du


neutre. Dans ces cas tout ce qu'il y a de a le sens de
tres/beaucoup:

ex. II choisit tout ce qu'il de bon.

des gens tout ce qu'il y a de plus honorable.

Dans d'autres cas l'adjectif s'accorde avec le nom auquel


l'adjectif est report^:

ex. Cest une femme mari§e, tout ce qu'il y a de s6rieuse.

une petite partie carree qui serait alors tout ce qu'il y a


plus naturelle.

C'etaient des embuscades tout ce qu'il y a de plus


classiques.

Pour exprimer le haut degr§ la langue se sert aussi des

formations lexicales avec des pr^fixes divers:

hypersensible, archifolle, superfin, ultra-moderne ou avec le

suffixe -issime: excellentissime, rarissime, richissime.

La nominalisation de l'adjectif avec 1'article indifini un


sert aussi pour exprimer le haut degr6:

ex. Votre escalier est d'un raide!


LE DEGRE COMPLET

Les adverbes employ§s pour marguer le degr§ complet sont:


totalement

entierement

completement
absolument

tout & fait

tout

L'EMPLOI DE TOUT

Quand tout marque le degr6 compet il reste invariable:


ex. Ils sont tout nus

II entre dans des constructions du type:


DETERMINANT-NOM-TOUT-ADJECTIFS

les murs tout entiers

la maison tout entiere

les maisons tout entieres

DETERMINANT-TOUT-ADJECTIF

ex. les tout petits


Ils sont tout-puissants
TOUT-ADJECTIFS-QUE...+ §tre

ex. tout habile et tout artificieux qu'ils sont


tout §tonn6e qu'elle §tait

Tout invariable devant un adjectif signifie tout & fait & la

difference des emplois ou tout s'accorde avec ce qui suit.


Alors tout a le sens de n'importe quelle.
108

TOUT INVARIABLE L'ACCORD


Ils sont tout petits Ils sont tous petits
(=tout & fait petits) (=tous sont petits)
une tout autre apparence toute autre histoire
(=tout & fait diff6rente) (= n'importe quelle)
une tout autre idee parler de toute autre
chose que des livres

LES ADVERBES INDIQUANT DES FRACTIONS

DEMI: LA CONSTRUCTION ADVERBE-ADJECTIF


ex. un sourire demi-ironique
des sourires demi-moqueurs
petits pois demi-fins
A DEMI

Dans cette expression 1'adverbe n'est pas suivi de trait


d'union:

ex. une classe & demi vertueuse

la demarche lourde de gens a demi somnollant


MI-ADJECTIF

ex. les cheveux pales, mi-blonds, mi-blancs


MOITIE

ex. son air moit!6 niais, moiti6 goguenard

La baisse de la production mondiale est moiti§ moindre


qu'il y a cinq ans.

A MOITIE:

ex.ses fonctions & moiti6 civiles, & moiti6 militaires


Le tonneau est S. moiti§ vide
109

DES EXPRESSIONS :

une moiti6

la moitie

de la moitie
a moiti§

Lorsque moitife est accompagnS d'une prfeposition il peut


preceder ou suivre 1'adjectif, tandis que dans les cas ou il
n'est pas accompagn6 d'une preposition il les pr§c§de
necessairement:

ex. Quand on a pour soi sa conscience, on est plus fort de


moitie.

Nous Stions de moitie moins nombreux.

Ca n'etait pas meme & moiti§ assez fin.

LES DEGRES IMPLIQUANT UNE CONSEQUENCE

Les adverbes qui sont utilisSs dans cet emploi sont si, tant
et tellement qui sont en distribution complSmentaire:

VERBES VERBES ADJECTIFS


ADJECTIFS
tant tellement si
110

LA CONSTRUCTION

SI + ADJECTIF + QUE + PHRASE (PROPOSITION CORRELATIVE)

ex. Je trouve cela si bien, que je me sens tr6s 6mue.

L'ELLIPSE DE LA PROPOSITION CORRELATIVE

Parfois la cons§quence n'est pas exprim6e par une proposition


correlative, qui peut §tre remplacSe par une proposition
d6terminative,introduite par qui:

ex. Je 1'embrassi intimid6 de le retrouver si diff§rent de


1'image qui m'6tait rest§e de lui.

LA CONSTRUCTION

SI+ADJECTIF+QUE+DE+INFINITIF

ex. Je ne suis pas si cuistre que de pr6f6rer des phrases S


des etres.

si le parti intellectuel avait 6t6 si malin que de faire


une aussi grande affaire que l'affaire Dreyfus

II n'etait pas si neuf que d'ignorer quel trafic se faisait


du camp & la ville.

LA CONSTRUCTION

SI+ADJECTIF+DE+INFINITIF

ex. Es-tu si m6chante de tourner en d6rision mes voiles de


veuve?

Les rieurs ne seront pas de mon c6t6 si je me montre si


naxf de prendre au sferieux cette 16gende.
111

ADVERBES MARQUANT LA SUFFISENCE,L'EXCES OU L'INSUFFISANCE

LA SUFFISENCE L'EXCES L'INSUFFISANCE


assez trop insuffisamment
suffisamment excessivement trop peu
S 1'exces

LA CONSTRUCTION

ASSEZ+ADJECTIF+QUE+DE+INFINITIF

ex. Je ne suis plus assez naif que de parler de 1'ann§e.

DIACHRONIQUE:

Au 17-eme siecle tant 6tait souvent employ§ avec les adjectifs:


ex. Elle n'est pas tant sotte

LES DEGRES DES NOMS

En frangais il n'y a pas de distinction nette entre les

substantifs et les adjectifs. Une attestation de ce fait est la


possibilitS de la construction des noms-attributs sans article
avec un adverbe de degre:

ex. Vous §tes tres enfant.

Vous §tes Sergent, Monsieur et tr&s sergent! (Racine)


une si femme de bien
un tr§s homme de bien

les plus gens de bien

Les differentes constructions sont du m§me type que celles


Adverbe de degr§+ Adjectif:
LA CONSTRUCTION LE PLUS + DES + NOM-PLURIEL

ex. la plus science des sciences

LA CONSTRUCTION PLUS+NOM 1+QUE+NOM 2 pcur les tours


comparatifs:
ex.ll se montra fort religieux,plus pr§tre que guerrier.
Dans les expressions de ce type on n'envisage pas le degr§

d'une qualit§ en soi, mais on compare deux qualit6s, deux

caracteristiques. Dans ces cas plus peut §tre remplacfe par

plutot:
ex. pretre plus que guerrier

pretre plut6t que guerrier

LA CONSTRUCTION PLUS+ART.INDEF.+NOM 1+QUE+ART. INDEFF.+NOM 2

ex. plus un pr§tre qu'un guerrier


En effet pour les construction de ce type uniquement

1'article indefini est possible. On ne peut pas modifier un nc

determine par 1'article d§fini par un adverbe de degr§. Ainsi


le tour suivant est incorrect:

ex.*I1 est tr§s l'ami de Ren§ Boylesle.

AUTRES MOYENS D'EXPRESSIONS DES DEGRES DES NOMS

Les noms peuvent §tre modifier par les adjectifs, ainsi que

par certaines expressions. Le petit tableau ci-dessous r§sume

ces differentes possibilit§s:


113

ADJ.+ NOM LE+NOM+DES+NOM-PLURIEL UN+DE+CES+NOM-PLURIEL


un bon moment le salnt des saints un de ces peurs
une forte peur l'as des as
la fin des fins
114

Lft DISTINCTION PARTICIPE PRESENT/ADJECTIF CORRESPONDANT

La place de 1'adverbe est un critdre discriminatoire pour la


determination de 1'emploi du participe pr6sent, les foirmes en -

-ant qui ne different pas orthographiquement des adjectifs en -


ant. La forme en -ant est un adjectif quand elle en fonction
d'attribut et quand elle est pr6c6d6e d'un adverbe qui la
modifie comme par exemple:deux couleurs fort approchantes l'une
de 1'autre

PARTICIPE PRESENT ADJECTIF


PARTICIPE+ADVERBE ADVERBE+ADJECTIF
clarte fuyant toujours tous les hommes instruits et
bien pensants
deux lignes de peupliers ces difficult6s toujours
encore sans feuilles, renaissantes
mais verdissant d6ja

Cette regle a quand meme certaines exceptions,attest6esavec


les adverbes du temps: jama:ls, toujours, parfois:

PARTICIPE PRESENT ADJECTIF


ADVERBE+PARTICIPE ADJECTIF+ADVERBE
Ils vont, viennent, Nous marchons,
jamais fuyant, h6sitants parfois,mais
jamais lass6s non d6courag6s

Elle avait toujours 6t6


pauvre,
toujours empruntant,
toujours depensant

Laura se rapprocha
d'Andree,toujours
pleurant, les coudes
sur la table
115

Un autre critere pour la distinction est la possibilit6 pour


le participe prfesent d'§tre modifie- par la nfegation, ce qui

n'est pas possible pour 1'adjectif:

ex. ne pouvant sortir de ces bois


ne songeant & rien
116

CONCLUSION

L'6tude des possiblllt6s des adverbes susceptibles de porter

sur les noms-substantifs et les noms-adjectifs permet de tirer


certaines conclusions concernant la distribution adverbiale.

Ainsi les adverbes ne peuvent pas §tre incidents au substantif,


la seule possibilit6 est en fonction de compl6ment ind6fini.
Cette possibilit6 est r6serv6e aux adverbes ad-verbaux.
Les adverbes susceptibles de remplir cette fonction sont les

adverbes traditionnellement class6s comme adverbes de quantitfe:

AUTANT' DAVANTAGE' MOINS' PLUS TANT' ASEZ BEAUCOUP PEU'


TROP.Tres peu d'adverbes de maniere peuvent eux aussi servir de
determinants ind§finis du substantif:

considerablement,fenormement. excessivement. extrememnt,

infiniment, passablement, suffisamment, tellement, (que

P),tellement (pas), bigrement, bougrement, diablement,

diantrement, drolement, fichtrement, joliment, rudement,


sacrement,vachement.

Tous ces adverbes en fonction de determinants indefinis

entrent dans la construction du syntagme nominal accompagn6s de

DE.. Le syntagme nominal a la construction ADV + de + NOM.

Dans cet emploi 1'adverbe traduit 1'id&e quantitative


exprimant une identification impr6cise.

Les adverbes susceptibles d'assumer les fonctions de

determinants ind6finis peuvent fonctionner comme pronoms et


peuvent etre nominalis6',

Le peu de gens que je connais

Certains adverbes plus haut plac6s sur l*6chelle hiSrarchique

peuvent eux aussi apparaitre en fonction de dSterminant


117

indefini, par exemple 11adverbe bien. Le comportement de cet


adverbe differe des adverbes de quantitS dans la meme fonction.
La diff§rence consiste d'abord dans le fait que cet adverbe
presente la construction
ADV + DES ( DE LA, etc.) + NOM.

Le syntagme nominal incluant bien est sujette 3t des


restrictions syntaxiques : il ne peut pas apparaitre apr6s un
verbe a la forme n§gative.

La difference se manifeste aussi du point de vue

morphologique, ce qui peut §tre attest§ par le fait que

l'adverbe bien ne peut pas §tre pronominalis§.

Les adverbes susceptibles de porter sur le nom-adjectif sont


les adverbes: plus, mieux, autrement, moins, aussi, autant
(sous certaines conditions), quasiment, peu, mal, trop, guere,

fin, tellement...que, si, assez, suffisamment, excessivement,


insuffisamment, etc.

Tous ces adverbes d§finissent des diff§rents degr§s des


adjectifs d§terminants ainsi l'intensit§ d'une qualit§.

Les adverbes de degr§ peuvent participer dans des

constructions incluant des noms-attributs sans article qui se

rapprochent des adjectifs attestant une fois de plus qu'en

frangais il n'y a pas delimite pr§cise entre le substantif et


1'adjectif:

ex. Je me sens tr§s enfant.

la plus science des sciences

Dans certaines locutions verbales copnstitu§es d'un verbe et

d'un nom (avoir froid, avoir chaud etc.) le second terme peut

§tre analys§ comme adjectif, ce qui autorise 1'emploi des


adverbes de degr§:
118

ex. II a raison, tres raison..

La distribution des adverbes de quantit6 suceptibles

d'apparaitre dans des contextes substantivales ou adjectivales

peut §tre repr§sent§e vu la possibilit§ ou non pour 1'adverbe


d'apparaitre dans des phrases du type

NOM + ETRE + ADVERBE + ADJECTIF


+ -

moins autant
plus davantage
assez tant
peu beaucoup
trop abondamment
drolement §norm§ment
excessivement
infiniment
passablement
suffisamment
tellement
vachement

Etant donn§ 1'impossibilit§ pour 1 1adverbe de porter sur le


substantif la distribution de celle-ci se r§partie en vue des

incidences adverbiales au verbe ou & 1'adjectif. Dans ce sens

les adverbes de quantit§ examin§s ici peuvent avoir une port§e

sur le verbe, sur 1'adjectif ( les adverbes sp§cialis§s qui

apparaissent en distribution compl§mentaire) ou indiff§remment


sur le verbe et sur 1'adjectif:
PORTEE VERBE VERBE ADJECTIF
ADJECTIF
beaucoup peu tres
tant assez tout
autant plus si
davantage moins
tellement
guere
trop
presque
pas de tout
bien
fort
a peine
S peu pr£s
seulement
120

BIBLIOGRAPHIE

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CORDIER Michel : Adverbes et modalisation en frangais; Th§se de


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GREVISSE Maurice : Pr6cis de grammaire frangaise, 29-dme 6d.,


Paris, Duculot.

LE GUERN Michel : Un analyseur morpho-syntaxique pour


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MOIGNET Gerard : Etudes de psychosyst^matique frangaise, Paris:


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122

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Tresor de la langue frangaise. Dictionnaire de la langue du 19-

£me et du 20-eme sidcle; Editions du Centre national de la


recherche scientifique, 1971.
123

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 1.

CHAPITRE I

NOTION DE CHAMP DE PORTEE POUR L'OPERATEUR


ADVERBE : APPERCU THEORIQUE 19.

CHAPITRE II

REPRESENTATION MORPHOLOGIQUE 35

CHAPITRE III

L'ADVERBE DETERMINANT DU NOM 58

CHAPITRE IV

L'ADVERBE ET L'ADJECTIF 89

CONCLUSION 116

BIBLIOGRAPHIE 121

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