Manon Delrieu
Manon Delrieu
Manon Delrieu
communication
Manon Delrieu
Manon DELRIEU
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Les musées sur les réseaux sociaux :
Manon DELRIEU
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Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à ma tutrice de mémoire Madame Marie-
Christine BORDEAUX pour son aide, ses conseils et sa disponibilité.
Je remercie aussi pour son encadrement madame Isabelle PAILLIART lors des cours de
Méthodologie de réalisation du mémoire.
Mes remerciements vont également à tous les professeurs et toutes les personnes qui par leurs
paroles, leurs écrits et leurs conseils ont guidé ma réflexion.
Pour finir un grand merci à ma famille et mes camarades de promotion qui m’ont soutenue et
encouragée tout au long de la rédaction de ce mémoire de fin d’études.
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SOMMAIRE
Introduction .............................................................................................................................. 8
Partie 1 À la recherche du public : Les musées et la question des publics, évolution des
actions muséales...................................................................................................................... 11
Chapitre 1 : Évolution de la question et de la place des publics dans les musées ............ 12
I Du constat de non diversité des publics aux actions hors les murs ........................... 22
Partie 2 Pratiques numériques des Français : d’Internet aux réseaux sociaux, quels
enjeux pour les musées ? ........................................................................................................ 29
Chapitre 1 Pratiques culturelles par Internet : d’Internet aux réseaux sociaux ................ 30
III Importance des médias sociaux dans la société : Les réseaux sociaux .................. 33
IV Facebook ................................................................................................................ 36
II Repenser le terme Public avec l’entrée du musée sur le Web 2.0 ............................ 47
Chapitre 3 Entrée des musées sur Facebook, quels évolutions et enjeux ? ...................... 50
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Chapitre 1 Explication méthodologique sur l’étude des musées sur Facebook : le Musée
du Louvre, Musée du Quai Branly, Musée Eugène Delacroix et Le Grand Palais .............. 60
I Méthodologie ............................................................................................................. 60
Chapitre 4 Les musées sur les réseaux sociaux numériques : vers des logiques de
communication ou vers des logiques de médiation ? ........................................................... 83
Bibliographie ........................................................................................................................... 89
ANNEXES ............................................................................................................................... 97
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Introduction
En l’espace de quelques années, Internet s’est imposé comme un média incontournable dans
la recherche d’informations et la communication. Les usagers peuvent y exister socialement,
partager ou encore se cultiver (Fischer, 2006, p28). Il est intéressant de voir que bien qu’il ne
soit pas un « produit culturel de naissance » (Tasca, citée par Bouquillion 2003), Internet
devient « l’outil de convergence privilégié de la diffusion culturelle » (Yoccoz, 2012) et nous
pouvons constater que toutes les formes d’art et de culture se retrouvent sur Internet, quel que
soit leur support ou technique d’origine.
En effet, il est intéressant de voir que bien qu’Internet puisse, comme le souligne Dominique
Wolton, être perçu comme un média de masse permettant une diffusion au plus grand nombre
(Wolton, 2000), il est également vu comme un outil ou moyen de diffuser une culture vue
comme « élitiste » (en opposition à la culture populaire (Bourdieu, 1979)), une culture
particulière provenant d’institutions particulières : les savoirs artistiques auxquels nous avons
accès habituellement au sein des musées (œuvres, objets, etc.). Effectivement, cela peut
paraître contradictoire puisque cette culture est fortement liée à la structure muséale qui
possède une certaine « aura sacrée » (Bresson, 2011). De plus, comme peut le rappeler Marie
Després-Lonnet, un musée est un « espace symbolique », un endroit où le sens est négocié et
déterminé. Un musée est un lieu de médiation auquel sont associés « un ensemble d’acteurs,
d’activités, de comportements, de compétences professionnelles, de normes et de rites » (
Després-Lonnet, 2012). Avant même d’y entrer, le visiteur le reconnaît comme tel et lui
associe une pratique culturelle particulière. C’est ce qu’elle appelle la construction de
« cadres de confiance » permettant d’opérer un transfert de confiance vers un «corps de
savoir» afin de recevoir la médiation en place. Si sur les sites Internet, les musées peuvent
« reproduire » en quelque sorte « l’univers » qui les caractérise, ce que Serge Prolux appelle
les cadres de référence (« Cadre de référence » au sens d’André Giordan « Le cadre de
référence constitue l'ensemble des connaissances antérieures et intégrées qui, activées et
rassemblées, donnent une signification et un contour à la conception. » (André Giordan, 1998)
nous voyons apparaître de plus en plus de musées sur des supports où l’appropriation par ces
derniers est restreinte : les réseaux sociaux. Lorsque nous regardons les pages des musées sur
le premier réseau social mondial qu’est Facebook, nous remarquons que si parfois nous
pouvons l’assimiler à une fiche de lieu (indication des informations pratiques uniquement, pas
d’actualisation), parfois les pages des musées présentent des actualisations régulières, une
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gestion à première vue active dirigées vers les utilisateurs du réseau social. Pourquoi un tel
investissement sur un support semblant si éloigné de l’image et des actions des musées ?
Pourquoi les musées intègrent-ils cet outil de communication populaire (dans le sens de relatif
à la culture populaire de Bourdieu) ? Suite à ces constations et notre raisonnement, nous
pouvons nous demander si l’entrée des musées sur Facebook s’inscrit dans une évolution des
préoccupations pour la question des publics et quels enjeux de médiation et de communication
cela soulève ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous emmétrons deux hypothèses que nous tenterons
de questionner dans notre travail.
Entrer sur Facebook serait une adaptation des musées aux changements culturels de la société
et peut être un moyen de réaliser leurs missions d’érudition (Ben Sassi, 2007), de diffusion au
plus grand nombre. C’est en cela que réside notre première hypothèse. Effectivement, le fait
que Facebook se soit popularisé peut paraître le moyen d’accéder à un public nouveau. De
plus, notre observation exploratoire nous a permis de voir que les publications des musées ont
pour sujet la culture et l’art. Des œuvres, des objets, des artistes ou des courants sont en
quelque sorte présentés. Il est possible que ces publications à valeurs éducatives participent à
une mission d’érudition.
Notre seconde hypothèse consisterait à présumer que sur Facebook, l’image, les attitudes et
les actions des musées seraient impactées par la philosophie du Web participatif.
Effectivement, le fait qu’il s’agisse d’un outil de communication ayant des « règles » et des
utilisations particulières orientées autour du partage et de l’échange entre individus
permettrait aux musées de s’inscrire dans une nouvelle forme sociale de relation avec les
publics. C’est-à-dire que le musée, en s’intégrant aux pratiques numériques du quotidien et en
empruntant certaines « normes » de celles-ci, se détacherait des représentations « élitistes »,
de culture « éloignée »
Notre dernière hypothèse découle de nos précédentes. L’inscription des musées sur Facebook
rendrait la frontière entre médiation et communication poreuse. Autrement dit, si cet outil de
communication peut permettre aux musées d’effectuer leur mission d’érudition au plus grand
nombre, il est possible que cela passe par des médiations culturelles puisque les actions de
médiations culturelles réalisées par les musées ont pour but de diffuser et rendre accessible à
tous la culture. Cependant, le support qu’est Facebook est avant tout un outil de
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communication. Ainsi, nous pouvons imaginer que cela rende la frontière entre médiation et
communication poreuse jusqu’à parfois rendre une distinction difficile.
Afin de tenter de répondre à notre interrogation principale qui consiste à nous demander si
l’entrée des musées sur Facebook s’inscrit dans une évolution des préoccupations pour la
question des publics et quels enjeux de médiation et de communication cela soulève, nous
allons dans un premier temps nous intéresser à l’histoire des musées et de leurs missions afin
de comprendre comment le monde du musée a fait passer ses préoccupations du collectage
aux publics. Nous nous pencherons ensuite sur la question des actions culturelles hors des
enceintes muséales. Nous verrons que cela correspond à un souhait de d’étendre son action à
de nouveaux publics. Nous en arriverons à questionner l’utilisation de technologies
numériques par les musées et soulignerons les craintes et aprioris que cela soulève.
Dans une seconde partie, nous aborderons en détail l’utilisation d’Internet en ce qui concerne
les pratiques culturelles et le monde du musée. Nous en arriverons à comprendre l’importance
qu’ont pris les réseaux sociaux dans la société et tenterons de saisir pourquoi et comment les
musées choisissent d’entrer sur ces médias sociaux ? Nous verrons que ce média social est
perçu comme une permettant principalement de « transformer » l’image des musées (le rendre
plus proche des individus) afin de le rendre plus accessible. Nous nous demanderons ensuite
si cela engendre de nouvelle façon d’approcher et de penser le public ?
Notre dernière partie nous permettra d’observer concrètement comment ces attentes envers les
réseaux sociaux sont effectives sur les pages des musées. Tout d’abord, nous développerons
notre méthode d’enquête par observation. Puis nous préciserons le choix de notre échantillon
de recherche. Nous passerons ensuite aux résultats recueillis et à leur analyse pour terminer
sur une conclusion générale de notre travail et les questionnements pour une cherche future.
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Partie 1 À la recherche du public : Les musées et la question des
publics, évolution des actions muséales
Afin de questionner notre sujet, nous allons tenter de comprendre, dans cette première partie,
comment la préoccupation des musées pour les publics a permis l’émergence de médiation
médiatisée/ médiée par des technologies numériques.
Pour cela, il nous semble important de faire un retour historique sur les musées et leurs
missions. Nous allons nous intéresser à l’évolution historique des questions au cœur des
préoccupations des musées. Nous verrons qu’elles sont passées de l’intérêt premier pour la
collecte à celui du public. Nous aborderons le fait que cela correspond à une évolution
sociétale. En effet, le musée est passé d’une structure à vocation « élitiste » à un moyen
d’abolir les inégalités après la Révolution française. Nous démontrerons aussi que les
gouvernements s’étant succédé ont vu aussi cette question de la démocratisation culturelle
comme essentielle puisque par des politiques culturelles ils ont tenté de créer des relations
entre les individus et les œuvres (choc esthétique, médiation…). Nous verrons également que
la préoccupation pour les publics est à l’origine des premiers services dédiés à l’étude,
l’accueil et l’enquête sur ces derniers qui avaient et ont toujours l’objectif de mieux saisir
leurs attentes, leurs profils… Nous en viendrons à aborder les médiations hors les murs des
musées, par médiation ex-situ ou par l’utilisation des technologies numériques pour une
réception à domicile. Nous nous questionnerons sur les craintes que cela suscite. Et nous
finirons par nous pencher sur Internet et découvrirons que cette technologie motive de
nombreuses attentes et ambitions pour le monde du musée.
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Chapitre 1 : Évolution de la question et de la place des
publics dans les musées
L’histoire des musées est marquée par de nombreuses évolutions, l’une des plus notables est
l’évolution même des missions des musées. Si à leur début (les cabinets de curiosité sont les
premières formes de musées dans le fait qu’ils « donnaient à voir ») il s’agissait de la simple
accumulation d’œuvres mise à disposition des publics, les musées ont rapidement pris
conscience de l’importance des publics et « les prennent en compte aussi bien à travers la
mise en œuvre des expositions, qu’à travers le développement des services éducatifs ou
culturels, la communication ou les divers services offerts aux visiteurs » (Davallon,1997, p2).
Pourquoi une telle prise de conscience ? Quels en sont les effets sur les musées aujourd’hui ?
Nous allons voir dans ce chapitre que, comme le dit Jean Davallon, que dans ce changement
de « rôle » et d’orientation, les publics peuvent être « perçus comme étant à l’origine de ces
perturbations et plus généralement de ces modifications ». Nous verrons aussi que ce
changement s’inscrit dans un contexte décisionnel plus large, puisque l’évolution des musées
est bien souvent en lien avec des décisions politiques.
Le terme Musée trouve son origine du Mouseîon grec désignant dans l’antiquité les
sanctuaires consacrés aux muses divinités des arts et des sciences (Duplain-Michel 2006). Le
terme a rapidement évolué et désignait par la suite les institutions dédiées aux arts, placées
sous le patronage des Muses. La première institution de ce type fut créée par le roi d’Égypte
Ptolémée 1er (322 à 283). Il s’agissait du Mouseîon d’Alexandrie. L’objectif était le
rassemblement et la protection de connaissance plutôt que des objets d’art et une importante
bibliothèque y était rattachée. Ce « musée » d’Alexandrie « tenait plus de l’institution de
recherche que du musée tel que nous le connaissons » (Duplain-Michel 2006). Cependant, il
demeure l’une des premières tentatives de collecte et protection du savoir global.
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Le musée, au sens où nous le connaissons aujourd’hui, apparait dans les collections privées
produites après le moyen âge à la renaissance. En effet, les valeurs évoluent et
« l’individualisme et l’humanisme » (Duplain-Michel 2006) succèdent au sentiment religieux.
Les goûts personnels des individus se développent et la connaissance attise de plus en plus la
curiosité. Des collections privées (cabinets de curiosités) sont créées suite à la découverte de
l’art antique et des expéditions et sont exposées dans les jardins, les galeries afin d’inspirer les
artistes et les curieux. Très vite vue comme témoins de la richesse, le marché nourri par les
fouilles archéologiques se développe.
C’est aux 16e et 17e siècles que de grandes collections s’ouvrent au public (d’élite). Le
mouvement d’ouverture au public prend un essor avec les Lumières. C’est aussi à cette
époque qu’apparaissent les « embryons des collections nationales » (Schaer, 1993) par Elias
Ashmole et le don de sa collection à l’université Oxford. Le musée a donc à cette époque un
rôle de dépôt et de promoteur des recherches historiques. En France ce sera à Besançon que
sera ouverte la première collection publique de Nicolas Perrenot rendue publique par l’abbé
Boisot. Les musées et les bâtiments qui l’accueillent deviennent indissociables et « le musée
devient difficilement dissociable de son bâtiment. » (Schaer, 1993). C’est à cette période
marquée par la diffusion des idées des Lumières notamment par l’encyclopédie que l’on
observe l’augmentation du nombre de savants, érudits, écrivains et d’artistes se rendant dans
de nouveaux musées comme le British Museum ou la Galerie des Offices de Florence. Cette
« nouvelle » élite constitue « les premiers publics des musées » tels que nous les connaissons
(Poulot, 2005, p25).
En France, la Révolution française réaffirme l’idée des Lumières selon laquelle le patrimoine
n’est pas la propriété d’une minorité de privilégiés, mais est commun à tous et qu’il doit avoir
des fins d’éducation. Les collections (biens du clergé et de la noblesse) sont nationalisées
après confiscation par le Décret de l’Assemblée nationale de 1793. L’État souhaitant
conserver ces biens et les offrir à la Nation tout entière (Poulot, 2005, p 57), le musée est vu
comme « une réponse » et les premières mesures sont mises en place afin de conserver et de
diffuser ce patrimoine commun. Suite à cette décision, l'arrêté consulaire du 1er septembre
1801, sous le Consulat, permettra la création de 15 musées dans les grandes villes notamment
Lyon et Lille, pour accueillir les objets artistiques ramenés des conquêtes de Napoléon
Bonaparte, des collections de tableaux, des sculptures, etc. Les musées ont dès lors, pour
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missions d’acquérir des œuvres, de les classer, de les étudier, de les conserver, de les
restaurer si nécessaire et de les exposer à un large public.
Nous venons de le voir, les musées avaient pour objectif d’origine la sauvegarde et la collecte
de patrimoines et d’œuvres. Bien qu’ils se soient vus attribuer rapidement une mission
d’accès au plus grand nombre à la culture, nous avons vu que les musées avaient cependant
essentiellement un public d’intellectuels et d’artistes. Nous allons tenter maintenant de
comprendre comment s’est développé l’intérêt pour le public et la démocratisation
culturelle et voir qu’il est le fruit de questionnement des gouvernements qui se sont succédé
au fil des années en France.
Les premières actions envers le public arrivent au début du 20e siècle d’abord aux États-Unis
puis en Europe (Belgique et Suède). En France, nous assistons à un « paradoxe » (Girardin,
2009, p23 ) en effet, bien que les textes hérités de la Révolution française prônent la « mission
d’instruction publique » (Galard, 2000, p 11) pour chacun et à droit égal, les « interventions
didactiques qu’elles soient orales ou écrites sont très rares. »(Girardin, 200, p24). C’est en
1920 que le Musée du Louvre réalise les premières actions vers les nouveaux publics sous
forme de « Visites pour non-initiés » (adultes et scolaires).
En ce qui concerne les bases des politiques de démocratisation culturelle, elles arrivent dans
les années 30 avec le Front Populaire. Pascal Ory résume cette période « Après avoir créé des
musées du XVIIIe siècle pour l’élite, au XIXe siècle pour la Bourgeoisie, il fallait maintenant
entreprendre des musées pour le peuple qui les ignore ». (Ory cité par Galard, 2000, p 35)
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d’autres grandes institutions muséales suivent, il faudra attendre les années 80 pour que ces
types d’actions pédagogiques au sein des musées soient généralisés.
Nous pouvons attribuer à André Malraux, l’intérêt des années 60-70 des musées pour les
publics. En effet, dès sa création en 59 le ministère de la Culture réaffirme les grands
principes d’égalités d’accès à la culture et l’inscrit dans la Constitution. Sa mission : « Le
ministère chargé des affaires culturelles a pour mission de rendre accessible les œuvres
capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français,
d’assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des
œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent » (décret du 24 juillet 1959 ) . Comme le
souligne Jean-Michel DJIAN, (Djian, 2006, p16), en 1958, « seuls 3% de Français vont au
musée après leur vingt-quatrième année et que 55% des gens issus des classes populaires
sont dans l’impossibilité de citer le nom d’un peintre. » L’objectif d’André Malraux et du
gouvernement De Gaulle était d’unir le peuple dans des connaissances communes en faisant
« de la culture ce que la IIIe république a fait pour l’enseignement. Chaque enfant a droit aux
tableaux, au théâtre, au cinéma comme à l’alphabétisation ». (Malraux, 1959) Ici, la culture
est donc reliée à l’éducation et revête donc un caractère prioritaire.
Comme nous pouvons le voir avec cette citation, la grande caractéristique de la politique de
Malraux repose sur le « choc artistique/esthétique » et donc aucun dispositif pédagogique
n’est envisagé puisque l’œuvre est perçue comme se suffisant à elle-même. Et la
démocratisation culturelle repose davantage sur une mise à disposition de culture avec toutes
les difficultés que cela comporte (non accessibilité par certains publics) que d’intégration
véritable.
Malraux répond à cet objectif démocratique en palliant 3 obstacles majeurs à la rencontre des
œuvres et des publics :
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- Économique : Accès à une culture gratuite
- Psychosociaux : Des actions de médiation et d’éducation artistique, création des
conseillers pédagogiques en éducation musicale, et de corps de médiateurs culturels
aidant à la création de projets culturels. Ils forment les instituteurs et les aident à
monter des projets musicaux.
Au fil du temps, les études sur les publics de la culture sont confiées progressivement à des
sociologues afin d’avoir des interprétations des données recueillies. Ces analyses deviennent
de plus en plus importantes pour les institutions politiques, mais aussi pour les musées qui
grâce à cela, peuvent comprendre « les spécificités » des non-publics (Poulot, 2006, p 173).
Dans les années 1980, par exemple, suite aux statistiques nationales, la Cité des Sciences et de
l’Industrie a réalisé des enquêtes dans ses lieux d’exposition afin de connaître quelle
perception, la population française, avait des phénomènes naturels afin d’adapter leurs
expositions (Girardin, 2009)
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De nos jours, il existe plusieurs structures en charge de l’analyse des publics notamment
l’observatoire permanent des publics (OPP) ou encore le bureau de l’action culturelle de la
DMF. Certains grands musées comme le Louvres ou le musée des Confluences de Lyon ont
développé des services dédiés à l’évaluation des publics et non publics et les musées n’ayant
pas les moyens de développer ce type de services confient souvent cette mission à leurs
services des publics.
Les résultats des études des publics des musées ont révélé aux gouvernements et aux musées
que l’ouverture des musées à de nouveaux publics reste limitée. En effet, dans l’amour de
l’art, Pierre Bourdieu et Alain Darbel révéleront que « la fréquentation des musées est
presque exclusivement le fait des classes cultivées » (Darbel et Bourdieu, 1969, p35) et
attribueront ce phénomène au caractère sacré et élitiste transformant les musées en « lieux
saints de l’art où la société bourgeoise dépose les reliques héritées d’un passé qui n’est pas le
sien ». ( Darbel et Bourdieu, 1969, p166) renforçant chez les uns « le sentiment
d’appartenance » et chez d’autres « celui de l’exclusion » (Darbel et Bourdieu, 1969, p165)
Il n’est donc pas étonnant que les actions orientées vers les publics et non publics soient
davantage développées. La création de services consacrés aux publics en est le résultat.
L’éducation nationale : par l’affectation de professeurs pour l’élaboration des visites et des
activités à destination des publics scolaires et pour créer des services pédagogiques ou
éducatifs.
Les élus locaux : prenant conscience de l’avantage que représentaient les musées pour la
valorisation touristique, ont augmenté les subventions pour la création de services particuliers
aux publics
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Nous avons vu l’importance de la fonction éducative des musées de par leur « origine
révolutionnaire » ( Dérioz, 2008, p53). Il n’est donc pas étonnant que l’éducation nationale
soit liée aux développements de ces services dans les années 80. Cependant, nous pouvons
remarquer, comme le souligne Elisabeth Caillet et Évelyne Lehalle dans « A l’approche du
musée, la médiation culturelle », déjà dans les années 70, le Musée du Louvre avait joué un
rôle pionnier dans l’approche didactique vers un public cible (scolaire) par le missionnement
et la mise à disposition d’enseignants au musée ( Caillet et Lehalle, 1996)
Une autre avancée notable consiste dans le fait que ces services étaient occupés par des
« animateurs » (l’appellation Médiateur sera officialisée en 1993 dans la nomenclature des
métiers culturels du CNFPT) prenant en charges les publics non scolaires jusqu’alors
privilégiés par les musées. Le champ d’action recouvrant l’accueil des publics, l’encadrement
des visites et les activités proposées aux publics, jusqu’alors confiés aux conservateurs ou aux
gardiens, deviennent le fait de la médiation et des médiateurs et s’inscrit comme l’une des
composantes majeures du musée au même titre que la conservation.
Les missions des musées ont été inscrites dans la loi du 4 janvier 2002. Bien que la question
des missions des musées ait été pensée dans les années 90, ce n’est qu’en 2002 qu’elles seront
affirmées juridiquement. La loi du 4 janvier 2002 dite loi « Musées de France » définit 4
missions de références communes à tous types de Musées de France (label) qui avaient
jusqu’alors différents décrets de fonctionnement.
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- Conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs collections :
Ceci correspond à l’accessibilité de tous (et non pas à un public d’élite) aux contenus des
musées qui est la base de leur création (mise à disposition de la nation)
Cette fonction mène les musées à réaliser ou à subventionner des études scientifiques faisant
progresser les savoirs.
Cette loi « Musée de France » marque également l’importance dans la construction des
services des publics des musées. En effet, l’article 7 affirme la nécessité de l’existence d’un
service en charge des publics afin d’assurer l’accueil des publics, la diffusion, l’animation, la
médiation culturelle afin d’obtenir l’appellation « Musée de France », mais aussi la rédaction
d’un projet culturel et scientifique qui intégrerait une réflexion sur une politique en direction
des publics. Ceci a permis à ce type de service de se généraliser et d’inscrire juridiquement le
public au centre des préoccupations des musées, mais aussi de marquer la médiation culturelle
comme élément clef de l’accès à tous à la culture et au cœur du phénomène de réception de
l’œuvre.
« Chaque musée de France dispose d'un service ayant en charge les actions d'accueil du
public, de diffusion, d'animation et de médiation culturelles. Le cas échéant, ce service peut
être commun à plusieurs musées. » l’article L. 442-7
19
C La question des publics dans ces services : segmentation, désir de
développement, pacification de la relation à l’œuvre
En ce qui concerne les publics, Cécile Dérioz relève deux constantes communes aux services
dédiés aux publics dans les musées. L’une résidant dans « l’approche des publics par
segments ou par cibles prioritaires » (scolaires, personnes âgées, personne en situation de
handicap…) identifiés par le PSC du musée (projet scientifique et culturel). Les
« programmes de médiation » sont créés en fonction des multiples modes d’apprentissage et
du « caractère pluriel des visiteurs » (Dérioz, 2008, p 57).
Relevant de la question des publics particuliers, nous pouvons également nous intéresser au
constat fait par la Cour des Comptes dans son rapport «Les musées nationaux, après une
décennie de transformations ». En effet, ce rapport indique que deux objectifs ont été
continuellement affichés au niveau national et des musées pendant les années 2000 et encore
aujourd‘hui. (Cour des comptes, 2010, P139)
« Faire progresser la fréquentation des jeunes publics, notamment des moins de 18 ans ; et
démocratiser l’accès aux musées en direction des visiteurs relevant du « champ social». »
Par champ social, est entendue la définition faite dans la charte d’accueil des publics du
champ social de 2009 « les personnes ne s’autorisent pas à fréquenter les institutions
culturelles, car elles se trouvent en situation d’exclusion ou de vulnérabilité sociale ou
économique »
En effet, des études de l’INSEE et du CREDOC ont mis en évidence qu’une personne sur
quatre vit en retrait de la vie culturelle, a un nombre de sorties culturelles très limité, et que
ces personnes réuniraient un faible niveau de diplôme et un niveau de vie bas. Effectivement,
un très grand écart de fréquentation des lieux de culture entre les personnes disposant des
revenus les plus faibles et celles bénéficiant des revenus les plus élevés est constaté pour tous
les équipements culturels, sauf le cinéma.
L’autre constante, relèverait un objectif commun des services dédiés aux publics. Pour Yvan
Mathevet (Mathevet cité par Dérioz, 2008, p57), il s’agit de « proposer, en écho aux
expositions, des activités de sensibilisation et d’approfondissements à une typologie large de
publics allant du néophyte au spécialiste en passant par le curieux. Ce faisant, ce service met
en œuvre une politique des publics définie dans le projet scientifique et culturel. »
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Nous avons vu comment et pourquoi les musées en étaient arrivés à créer de plus en plus de
service dédié aux publics. Nous avons vu que cela relevait d’un intérêt grandissant pour les
publics s’inscrivant lui-même dans un désir et une mission de popularisation de l’accès aux
œuvres des musées prenant racine à la Révolution Française. En effet, les musées, nous
l’avons abordé, sont passé de missions centrées sur les collections à des missions plus sociales
en quelque sorte, puisqu’elles sont désormais dirigées vers les publics et non publics.
Cependant, la prise en compte grandissante des publics n’a pas eu l’effet escompté et les
musées vont alors modifier leur approche des publics afin d’exporter la culture au plus près
des individus.
Les résultats des études menées sur les publics et non-publics des musées montrent que
l’objectif de développement des publics n’a pas totalement abouti. En effet, comme Olivier
Donnat le précise, la fréquentation des musées et monuments nationaux a fortement augmenté
depuis 1960. À cette époque, on comptait 5 millions de visiteurs dans les musées nationaux
par an. En 1992 on comptait 14 millions de visiteurs. Et en 2014, le Louvre (musée le plus
fréquenté au monde) atteint les 9,33 millions de visiteurs à lui seul.
Cependant, la hausse du nombre de visites ne veut pas forcément dire que le musée se soit
démocratisé aux publics non habituels et non habitués. En effet, en 2003, 29% des Français
auraient visité un musée ou une exposition au cours des 12 derniers mois. Parmi eux, 65%
possèdent un diplôme de deuxième et troisième cycle et 11% n’en possèdent aucun (Donnat et
Tolla, 2003).
Quelles actions ont menées et mènent encore les musées afin de répondre à leur mission de
démocratisation culturelle ? Comment cela se présente-t-il ? Sur quoi s’appuient-elles ?
21
I Du constat de non diversité des publics aux actions hors les murs
Nous l’avons vu, les préoccupations centrales des musées sont de plus en plus orientées vers
la recherche des publics et la démocratisation culturelle. Nous avons également abordé le fait
que bien que la démocratisation culturelle souhaitée par André Malraux n’a pas été, les
équipements culturels et notamment les musées ont une fréquentation de plus en plus
importante au fil des années. Cependant, et là encore nous l’avons abordé, cette tendance
renvoie davantage à un « gonflement des catégories » (Lugez, 2004, p47) les plus familières
des équipements culturels qu’à un élargissement des publics, surtout fréquenté par des
personnes déjà initiées soit par leur formation, soit par leur origine sociale. Les musées sont
alors de plus en plus nombreux à réaliser des programmes ciblés, mais aussi des offres
tarifaires afin de favoriser l’intégration de tous les publics. Il y a donc une volonté par ces
actions de répondre à leur mission d’éducation et de transmission à un public le plus large
possible.
Des actions culturelles de médiation hors les murs du musée sont réalisées afin de participer à
la vie culturelle et pour aller à la rencontre des publics. Comme le souligne (Galard, 2001,
p55) la médiation hors l’enceinte du musée, « contribue à inciter le public à renouveler ou
mener une visite ». Les services culturels ont très vite mis en place des outils adéquats pour
accompagner les publics, faire connaître le musée et faire venir de nouveaux visiteurs.
(Caillet, 1995) Ces actions hors les murs (dans les écoles, les hôpitaux, les centres de
détention, les rues…) sont le fruit des études de publics et de l’identification des freins à la
visite et des attentes des visiteurs (Gottesdiener, 1992, p75). Elles peuvent prendre la forme
de « venue au public » de médiateurs ou alors se sont les contenus culturels qui vont aux
publics par le biais d’outils comme les mallettes pédagogiques ou les muséobus (Caillet,
1995) ou bien par outils numériques comme les cédéroms ou l’utilisation de minitel ou
aujourd’hui d’ordinateurs et d’Internet. Comme le souligne Alfred Recours dans son rapport à
la commission des affaires culturelles (Recours cité par Lugez, 2004, p50), ces actions de ont
pour objectif d’apporter une médiation adaptée à chaque « type » de public afin de créer une
relation entre l’institution et l’individu pour réduire le sentiment d’exclusion et leur permettre
« d’apprivoiser » les œuvres. Ainsi, des opérations hors les murs des musées peuvent être
réalisées afin de mener la culture directement au public.
22
A Médiation par déplacement des médiateurs
Contrairement aux actions en milieu particulier que nous aborderons plus tard, les actions
culturelles des musées dans les rues n’ont pas pour cible un public « empêché » par son milieu
dit « fermé » ou par son incapacité de se déplacer. Elles sont à destination d‘une population de
ville ou de quartier qui est « éloignée » c’est-à-dire pour qui la visite d’un musée ne rentre pas
dans les pratiques habituelles, ce que Gottesdiener identifie comme des freins psychosociaux.
Nous développerons ces freins dans une prochaine partie. Ces actions culturelles permettent
également aux musées de construire un projet commun avec les acteurs du territoire. Sous la
forme d’action par exemple d’exposition de Street Art, d’installations temporaires dans les
rues… ou encore comme le Musée du Quai Branly a pu le faire en mai 2011, de véritables
médiations. En effet, à l’occasion de l’exposition Dogon, une action hors les murs intitulée
« maquis cafés » à Montreuil, a permis d’aller à la rencontre de la population à la
communauté malienne la plus importante de France. Des ateliers et des animations, étalés sur
plusieurs semaines, ont permis de faire se rencontrer les œuvres muséales du Quai Branly et
les individus non public.
Les actions en milieu hospitalier sont orientées principalement vers les publics dits
« empêchés » et visent à « lever, un à un, les obstacles à la visite qu’ils soient tarifaires,
géographiques ou socioculturels. »
De nos jours, la question de l’exclusion des publics hospitalisés est une préoccupation
ministérielle. En effet, la mise en place du dispositif Culture et Santé au sein des hôpitaux et
autres lieux de soin, assimile les actions culturelles de toutes formes à une fonction sociale.
Les collaborations hôpital musées permettent à ces derniers de répondre alors à leur mission
de diffusion au public le plus large possible. Différentes formes de médiations dans ces lieux
particuliers sont réalisées : des ateliers, des expositions (photographie, œuvre…), des
discussions artistiques en chambre (histoire de l’art)…
Nous pouvons par exemple citer les actions culturelles réalisées depuis 2007 par le muséum
Henri-Lecoq au Centre Hospitalier Universitaire Estaing de Clermont-Ferrand. Ces
animations à vocation scientifiques, organisées par des médiatrices du muséum étaient à
destination des enfants hospitalisés. « Cette démarche est motivée par la volonté de rendre la
23
culture accessible au plus grand nombre et d’affirmer le rôle social du muséum. Une
médiatrice scientifique se déplace tous les mois pour aller à la rencontre de ce public
empêché » (Bardeau, Schmaltz et Gérard, 2015, p21). Des activités ont été réalisées par les
petits patients par exemple la réalisation de Moustiques avec des matériaux hospitaliers
(seringues…) et les créations donnèrent lieu à une exposition « Qui s’y frottent s’y pique »
(voir illustration n°25 en annexe)
La mission de démocratiser l’accès à la culture se définit par des actions à destination des
publics « éloignés » ou « empêchés », nous venons de le voir avec le milieu hospitalier.
Cependant, des actions en milieu carcéral où les musées fondent des partenariats avec les
centres de détention afin de proposer des offres culturelles à destination des détenus. Là
encore, cela répond au désir de rompre avec l’exclusion culturelle créée par un milieu
« fermé » en quelque sorte.
Nous prendrons pour exemple les actions menées par le musée du Quai Branly à la Maison
d’arrêt de la Santé en 2011. À destination des prévenus dont la peine était inférieure à un an
ou en attente d’affectation, les ateliers proposés s’ancraient dans la perspective d’une
réinsertion prochaine. Comme le souligne le rapport du musée, ces ateliers ont été imaginés
en fonction des disparités du public pénitentiaire de la maison d’arrêt (60 nationalités
différentes, dont 50 % de non-francophones et 30 % de personnes analphabètes). La
programmation à l’année faisait le lien avec les expositions du musée. Les ateliers prenaient
diverses formes : des animations contées par des conteurs qui travaillent habituellement au
sein du musée, des ateliers consacrés à la musique non occidentale entre autres.
Comme nous venons de le voir, les musées ont dû aller à la rencontre des non publics, des
publics « éloignés » et « empêché ». Les actions culturelles et les actions de médiations
réalisées hors les murs des musées permettent de « sensibiliser » ces publics par des actions
présentielles afin de les « réconcilier » avec la culture, mais également l’éducation culturelle
en espérant faire entrer dans leurs pratiques les visites de musées. Cependant, une autre forme
de médiation culturelle hors les murs peut être notée. Il s’agit de l’utilisation des outils de
24
communication ayant pour but la diffusion de la culture hors l’enceinte des structures
muséales ; en réception à domicile.
1) Le minitel
L’un des premiers outils numériques utilisés par les musées afin de transporter la culture
artistique chez les individus est le minitel. En effet, en 1992, le « 36 14 Joconde » à
l’initiative de la Direction des musées de France, donne l’accès à une base de données de
notices et d’images de plus de 120 000 œuvres (Dessins, estampes, objets, peintures,
photographie et sculptures) des collections publiques françaises de plus de 75 musées de
France.
En 1994 à Paris, une campagne d’affichage dans le métro proposait aux individus de
composer le « 36 15 Louvre » afin que le Musée du Louvre adresse par voie postale le
programme du musée à ceux qui le souhaitaient.
Bien que ces actions de diffusion culturelles aient eu un succès modeste, cela montre un
intérêt de la part de la Direction des Musées de France pour les nouvelles technologies de
communication (Schafer et Thierry, 2011), non pas comme les musées le font depuis plusieurs
années déjà, au service de leurs expositions (outils numériques dans les musées), mais pour
exporter la culture artistique hors les musées. Ces « expériences », comme le disent Schafer et
Thierry, témoignent également d’un « premier pas vers les réseaux numériques ».
Avec l’arrivée des ordinateurs privés, la possibilité d’accéder à la culture à domicile est
désormais possible grâce aux cédéroms culturels. Dès 1995, ces derniers rencontreront un vif
succès et ce sera par les cédéroms culturels que le multimédia se popularise en
France (Lavigne, 2005, p7). Le cédérom culturel le plus vendu : Le Louvre, peinture et palais
présentait les œuvres du musée. Alors que le marché est dominé par les jeux vidéo, 100 000
exemplaires de ce cédérom culturel seront vendus. Il s’agissait d’une approche documentaire
sur des œuvres existantes. Le traitement était du type encyclopédique puisqu’il s’agissait
d’une compilation de tableaux accessibles par divers types de classement. Il y avait aussi la
présence de notices explicatives et des diaporamas commentés. Les cédéroms culturels
marquent l’apparition d’une « nouvelle stratégie de médiation » (Ben Sassi, 2007, p59).
25
3) Problématique/crainte soulevée par ce mode de diffusion culturel
a) La reproductibilité et l’aura
Comme le souligne Joelle Le Marec, les technologies numériques sont vues par le monde du
musée, comme « un relatif danger pour la construction d’un rapport direct aux œuvres » (Le
Marec, 2004, p 16). En effet, bien que cette crainte ne soit pas arrivée avec les nouvelles
technologies numériques, puisque déjà Walter Benjamin soulevait la question dans « l’œuvre
d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », la numérisation des œuvres peut être vue
comme facteur d’une déperdition de l’Aura de l’œuvre. L’accès à une œuvre numérisée ne
permettrait pas le lien, la relation avec cette dernière. L’expérience esthétique ne pourrait
alors pas s’exécuter via ce type de support (Heinich, 1983). Certains refusent alors de parler
de médiation culturelle par outil numérique
II Internet et la culture
Des chercheurs cèderont au déterminisme technique engendré par l’arrivée de cette nouvelle
technologie. Bowen, Bennett, Johnson et Bernier écriront à cette époque
26
« Initialement, ces publics se déplaçaient physiquement pour visiter les musées. Aujourd'hui,
avec le développement de l'Internet, il est possible que les institutions muséales atteignent
différemment leur public en leur offrant une nouvelle expérience à partir de lieux extérieurs
comme le bureau, l'école et la bibliothèque municipale. » (Bowen, Bennett, Johnson et
Bernier , 1998, p 110)
Ce type de discours est également perçu dans les discours du ministère de la Culture. C’est ce
que relève Philippe Bouquillon, dans son article « La culture face à l’Internet ». Une phrase
énoncée par Catherine Tasca alors ministre de la Culture à l’époque en ait un parfait exemple
« Internet est un outil formidable pour favoriser l'accès du plus grand nombre à la culture et
à l'expression artistique."(Tasca, citée par Bouquillon, 2002)
La relation entre Internet et Culture s’est très vite installée en France puisque dès 1992, alors
qu’Internet est encore inconnu du grand public, le Département des systèmes d’information
du ministère de la Culture a rapidement décelé l’importance et le potentiel d’utilisation du
réseau Web. Le ministère a été la première administration française à s’y connecter et à partir
de 1994, les bases de données nationales sont diffusées sur la Toile. Les premières formes
muséales sur Internet ont été sous la forme de base de données catalogues permettant « l’accès
étendu aux œuvres » conservées dans les musées (Ben Sassi, 2007, p61). En ce qui concerne
le premier site de musée français, il apparait en 1995 : le Musée du Louvre. Il était divisé en 3
parties. L’une « Palais et musée » ouvrait sur 3 sous-parties : Histoire du Louvre, Collections,
Visite virtuelle, Actualité. « Activités » ouvrant sur Expositions, Auditorium, Visites-
conférences-atelier et cycles, Action éducative. « Informations » ouvrant sur Louvre pratique,
Contacts, Publications et base de données. Elle offre la possibilité de cliquer sur l’œuvre
présentée en photographie et d’accéder à une notice explicative.
Ce chapitre nous a permis de comprendre comment et pourquoi les musées se sont emparés
d’Internet. Nous avons vu que cela répondait à un désir d’assurer au mieux leur mission de
diffusion et transmission culturelle au plus grand nombre, en effet, les musées ont rapidement
utilisé ce moyen de communication pour accroître leur rayonnement. Nous avons aussi vu que
les musées ont réalisé des médiations hors de leur enceinte afin de répondre au mieux à leur
mission d’éducation et de diffusion. Ils vont au plus près du public qui ne vient pas. Pour ce
27
faire, des actions de médiation sont organisées dans des lieux spécifiques par des médiateurs.
Cependant, nous avons aussi pu constater que des outils permettant d’exporter la culture
artistique des musées (relative aux œuvres et objets d’exposition, de collection). L’utilisation
des nouvelles technologies (Internet dès ses débuts, les cédéroms, le minitel…) en est l’un des
points marquants. Nous avons compris également les peurs et résistances que ce type de
médiation via technologie numérique pouvait engendrer. Toutefois, nous avons également pu
comprendre qu’une technologie particulière : Internet suscitait un intérêt particulier en ce qui
concerne la question du développement des publics de la culture.
28
Partie 2 Pratiques numériques des Français : d’Internet aux réseaux
sociaux, quels enjeux pour les musées ?
Le numérique (informatique) a très vite trouvé sa place auprès des individus. Bien que les
ordinateurs et Internet aient eu pour base, l’armée et le milieu universitaire, aujourd’hui des
entreprises et des institutions l’utilisent comme moyen de communiquer sur leur image, mais
aussi pour informer. De plus, ils sont entrés dans les pratiques quotidiennes des individus
(utilisation professionnelle et privée). Aujourd’hui, avec l’importance qu’a pris Internet dans
la société, il nous paraît normal que les musées usent de cet outil pour leurs missions. Quelle
place et comment Internet s’installe-t-il dans les pratiques culturelles des Français ? Comment
le monde du musée s’en est-il emparé pour accomplir ses missions ?
Dans cette seconde partie, nous allons tout d’abord nous questionner sur les effets de la
démocratisation des technologies d’Internet dans la société. Nous allons voir qu’une
individualisation des pratiques culturelles s’est accentuée avec l’informatique et l’accès
Internet dans les foyers. Nous allons aussi nous interroger sur la place que tient Internet dans
la pratique muséale (visite de musée). Nous nous intéresserons aussi au phénomène Web 2.0
en particulier les réseaux sociaux qui sont devenus l’une des principales activités sur Internet.
Nous verrons qu’ils ont très tôt suscité l’intérêt de la recherche et notamment dans le domaine
de la sociologie qui a cherché à comprendre ce qui se jouait sur ces supports de
communication (relation entre individus, philosophie Web 2.0). Nous en arriverons ensuite à
nous demander pourquoi et comment les musées choisissent d’entrer sur ces médias sociaux.
À quelles évolutions cela correspond-il ? Engendre-t-elle une nouvelle façon d’approcher et
de penser le public ?
29
Chapitre 1 Pratiques culturelles par Internet :
d’Internet aux réseaux sociaux
Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, puisqu’il existait déjà avec la radio et la
réception des matchs sportifs, comme le précise Olivier Donnat dans son article « En finir
avec la démocratisation culturelle », l’arrivée des équipements audiovisuels dans les foyers
(de la télévision jusqu’à Internet haut débit), « fait qu’aujourd’hui, la plupart de nos pratiques
et consommations culturelles se déroulent au sein de l’espace domestique. » Effectivement, la
convergence numérique (le fait que les outils informatiques et numériques proposent des
contenus culturels) a davantage développé ce phénomène puisque la plupart des pratiques de
consommations culturelles peuvent désormais se faire chez soi. L’étude d’Hervé Glevarec sur
l’utilisation culturelle des nouvelles technologies nous apprend que ces pratiques se forment
des plus en plus précocement et s’intègrent même à ce qu’il nomme « culture de la chambre »
c’est-à-dire « l'appropriation progressive d'un espace propre, dans lequel les enfants et
adolescents expriment ce qu'ils aiment ou ce qu'ils sont et à partir duquel ils entrent en
relation avec d'autres » (Glevarec, 2010, p47). Ces outils informatiques prennent donc une
importance tant du point de vue du développement de pratiques culturelles que du point de
vue du développement social.
L’une des pratiques à domicile les plus fréquentes en France est celle des domaines musicaux
et cinématographiques. En effet, cette pratique s’effectue via l’achat de CD, DVD,
téléchargement ou l’écoute sur des sites spécialisés de musiques, concerts ou encore
visionnage de clips musicaux. Il en est de même pour les pratiques cinématographiques qui se
sont développées dans la sphère privée. Cependant, comme le montre Olivier Donnat, alors
que de plus en plus de domaines culturels trouvent « public » en réception et consommation à
domicile, le domaine muséal semble ne pas encore s’inscrire dans une pratique dans la sphère
privée.
Lorsque nous mettons en relation plusieurs études sur les pratiques numériques des Français
(l’étude d’Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des Français à l’ère du numérique de
2008, l’étude de Culture Veille du 29 septembre 2015 puis l’étude de Roxane Laurent
30
« Pratiques culturelles en ligne, en France et en Europe Points de repère et de
comparaison 2007-2014» et les études du CREDOC).
31
tarifs, accessibilité). 16% ont effectué une visite virtuelle d’une exposition, d’un musée
ou d’un monument. 10% ont réservé ou acheté un billet en ligne. 6% ont parlé sur un
réseau social, un blog ou un forum d’une visite et 5% ont téléchargé des commentaires
sur les œuvres exposées ou sur le monument visité. (voir illustration n°27 en annexe)
D’après Jean François Notebaer, « Internet est un média désormais incontournable dans la
recherche d’informations du consommateur et s’impose comme un outil de communication
déterminant pour créer un véritable lien entre une entreprise et ses clients. » Bien que nous
ne puissions assimiler les musées aux entreprises, il semblerait que ce constat soit également
applicable au monde du musée. Effectivement, comme nous venons de le voir, il semblerait
qu’Internet soit présent à chaque étape de la visite.
32
Après la visite : Le partage d’expérience est aussi présent à cette étape-ci. Les visiteurs
peuvent commenter leur visite sur les sites des musées, des sites spécialisés ou encore les
réseaux sociaux. Ils peuvent également poster des photographies prises lors de leurs visites.
D’après le rapport du CREDOC, (voir illustration n°28 en annexe) en moyenne 6% des
interrogés ont discuté sur un réseau social, un blog ou un forum d’une visite d’une exposition
ou d’un musée qu’ils ont effectuée. Parmi ce pourcentage, 14% sont des jeunes. Ceci peut
être rapporté au fait que les jeunes ont un fort intérêt pour les réseaux sociaux. Effectivement,
en 2011, 81% des 18-24 ans utilisaient au moins un réseau social contre seulement un tiers
des individus après trente ans.
III Importance des médias sociaux dans la société : Les réseaux sociaux
Nous venons de voir qu’Internet trouve sa place à toutes les étapes de la visite d’un musée.
Nous remarquons que ce type de média prend de plus en plus de place dans la vie des
individus, mais également des entreprises. Nous avons aussi vu qu’il fait partie du quotidien
d’une grande partie de la population. Nous remarquons également l’importance des réseaux
sociaux (3e utilisation la plus fréquente). Josiane Jouët nous apprend que l’importance prise
par les communications médiatées (téléphone, mail, réseaux de convivialité…) dans la vie
quotidienne des individus, est l’une des manifestations majeures du changement social produit
dans les sociétés industrielles (Jouët, 1993). Aussi, l’émergence de nouveaux comportements
de communication via les supports numériques en est l’évolution.
Aujourd’hui devenu incontournable sur Internet, le premier réseau social a été créé aux États-
Unis peu de temps après la popularisation d’Internet dans les années 90 et donc bien avant
l’avènement du Web 2.0 (expression lancée en 2004 par Tim O’Reilly). Le réseau
Classemates.com est le premier en 1995 soit 9 ans avant Facebook. (O’Reilly, 2005). Créé
par Randy Conrads ce site de réseautage social est un espace permettant de rechercher ses
amis d’enfance, sa famille éloignée… Puis en 1997, le réseau social Sixdegrees.com est lancé
par la société Macroview et aura des millions d’utilisateurs. Ce réseau social avait déjà toutes
les fonctionnalités de base que nous connaissons aujourd’hui (création de profil, liste d’amis
sur lesquelles surfer, envoi de message à partir de 1998, post sur son profil, visibilité du profil
33
par les amis d’amis, possibilité d’élargir son réseau…). Des millions d’utilisateurs l’utilisaient
pour cependant, faute de viabilité économique, il sera fermé en 2000. À partir des années
2000, une multitude de réseaux sociaux vont être créés et diffusés sur Internet. À l’époque, ils
étaient créés en fonction de spécificité (réseau professionnel, communauté asiatique, religion,
passion commune…)
Trouvant ses bases au 17e siècle, le mot Réseau était relié au domaine du tissage puisqu’il
représentait les « entrelacs de lignes qui formaient les filets des pêcheurs » (Mercklé, 2011,
p19). Ce terme sera rapidement repris en médecine afin de qualifier les réseaux sanguins et
nerveux. Là encore, l’idée d’un système de croisement et de tissage est présente. Au 19 e siècle
le mot réseau est associé aux routes et chemins puis aux chemins de fer.
Pierre Mercklé nous apprend que ce terme Réseau est passé d’une définition de choses
concrètes, physiques à des métaphores. En effet, ce terme est utilisé par toutes les disciplines
SHS, en opposition à « structure » pour qualifier des « formes invariantes de l’action humaine
et des structures sociales ». Comme le souligne Noémie Couillard, l’une des premières
utilisations de cette métaphore de façon analytique (exploration empirique de la notion
métaphorique de « Réseau ») apparait dans les recherches de Moreno en 1934 « Fondements
de la sociométrie ». Dans son article, Moreno fait une représentation graphique des données
relationnelles des individus dans une classe d’élève de 11 à 12 ans à l’aide de
« Sociogrammes ». Noémie Couillard nous apprend aussi que l’une des premières études
utilisant le Réseau dans sa fonction d’organisation sociale, à laquelle nous relions aujourd’hui
les réseaux sociaux numériques, est celle de l’anthropologue John Arundel Barnes en 1954
dans la revue « Human Relations ». Dans cette étude, il tente de comprendre et d’expliquer
l’organisation sociale d’une petite ville de Norvège au travers d’analyses des relations entre
les habitants. Ainsi, 3 champs sociaux seront définis :
34
Nous voyons donc ici les bases des études des relations entre individus qui se développeront
rapidement en SHS (Sociologie relationnelle de Georg Simmel, Le petit monde de Stanley
Milgram…).
Avec l’arrivée de l’informatique, le terme Réseau est utilisé pour décrire le lien entre les
ordinateurs (utilisation militaire et universitaire). Par la suite avec l’arrivée d’Internet et des
médias sociaux, le terme « Réseaux » et relié à celui de « sociaux ».
Les réseaux sociaux font partie de ce qu’Andreas Kaplan et Michael Haenlein appellent les
Médias sociaux. Au même titre que les Wikis, les blogs, les microblogs, les plateformes de
partage de contenu ou les forums, les réseaux sociaux sont « un groupe d'applications en
ligne qui se fondent sur la philosophie et la technologie du Web 2.0 (Internet participatif) et
qui permettent la création et l'échange du contenu généré par les utilisateurs ». (Besset, 2011,
p10). Pour Frédéric Cavazza « Les médias sociaux désignent un ensemble de services
permettant de développer des conversations et des interactions sociales sur Internet ou en
situation de mobilité » (Cavazza, 2009). En ce qui concerne le Web 2.0, cette expression est
utilisée la première fois par Dale Dougherty en 2003. Elle désigne une nouvelle vision
d’Internet jusqu’alors « vitrine ». Le Web 2.0 ou Web participatif envisage Internet comme
une plateforme ouverte à tous les usagers et rendant accessible et modifiable les contenus.
Les réseaux sociaux permettent de reproduire en ligne le réseau d’interactions sociales entre
des individus ou entités sociales (Besset, 2011) par la création de profil, les utilisateurs
peuvent « matérialiser virtuellement » leur identité et échanger (messages, contenus…).
Pour Kietzmann, Hermkens et McCarthy, les réseaux sociaux se caractérisent par 7 « blocs
fonctionnels » (Kietzmann et al, 2011)
- La présence (c’est-à-dire le fait d’avoir le choix de faire savoir aux autres usagers que l’on
est disponible)
- La conversation
35
- Le partage et la diffusion de contenu (de toute nature) et d’information
- Les relations que l’on peut entretenir avec les autres membres du réseau
Cependant, il est intéressant de noter que certains blocs peuvent prendre davantage
d’importance en fonction du type de réseau social. Nous pouvons voir par exemple que le
bloc fonctionnel « partage de contenu » a plus d’importance sur YouTube (que nous
prendrons comme réseau social suite à l’article de Dominique Cardon « Les Sciences sociales
et le Web 2.0 : YouTube est-il un réseau social ? ») que sur Facebook. Pour ce dernier, les
blocs « relation » et « conversation » sont plus développés.
IV Facebook
Créé en 2004 par Mark Zuckerberg alors qu’il était encore étudiant à Harvard, Facebook était
proposé comme un service fermé, réservé aux membres de cette université. C’est à partir de
2007 que Facebook connaît « une ascension phénoménale » (Steffann, 2010) puisque cette
« technologie estudiantine et bourgeoise » (Mercklé, 2011, p80 ) il s’ouvre à tous les publics.
En France, la traduction en français permettra une accélération de la popularisation du réseau à
partir de 2008.
D’après un sondage IFOP, Facebook est aujourd’hui le premier site réseau social utilisé dans le
monde. En juin 2009, on comptait plus de 340 millions de visiteurs uniques. Il est également le
4e site le plus visité au monde après Google, Yahoo et Microsoft. Il est aussi le plus connu. En
2013, l’enquête IFOP « l’observatoire des réseaux sociaux » révélait que 97% des Français
connaissaient ce réseau. 95% connaissaient YouTube, et 94% connaissaient Twitter.
36
B Une utilisation de Facebook très répandue et quotidienne : les chiffres
clefs
Comme tous les réseaux sociaux, Facebook permet en premier lieu de se mettre « en lien »
avec des personnes que l’on connaît. Puis, nous pouvons ensuite, élargir notre cercle
« d’amis » avec des profils de personne qui nous sont vaguement connu voire pas du tout
connu. Cette plateforme a pour intérêt premier la fonction « notification » devenue récemment
« fil d’actualité ». En effet, en page d’accueil après identification, permet de voir « les
activités opérées par les membres de notre réseau » (Couillard, 2010, p33). Effectivement,
nous n’avons pas besoin de nous mettre en « relation » (par message par exemple) avec un
membre pour voir ce qu’il a aimé, a posté, a commenté, il suffit de suivre le fil d’actualité.
Comme le souligne Noémie Couillard, l’actualisation la plus répandue sur Facebook est celle
de « Statut ». Il s’agit le plus souvent de :
37
- L’actualité de la personne (ce qu’elle a fait, où elle est…)
- Un trait d’humour
En tant que média social, Facebook a pour objectif premier l’interaction entre les individus.
Aussi plusieurs possibilités sont disponibles pour cela :
- Publier un article sur son espace de publication c’est-à-dire sur son« mur ».
- Commenter toutes les publications des autres comptes (individus) ou des pages
(professionnelle).
- Le « J’aime » aujourd’hui décliné en Emoji : J’aime (pouce levé), j’adore (cœur), rire, la
surprise, la tristesse ou encore la colère.
- La messagerie instantanée privée qui permet de discuter avec des « amis » présents en
ligne, mais également de laisser des messages pour une discussion asynchrone
- Les publications de natures diverses : texte, lien hypertexte renvoyant sur un autre site
Internet, photographie ou encore vidéo.
Ce chapitre nous a permis de comprendre l’importance qu’avait prise Internet auprès des
individus aussi bien dans la sphère professionnelle que dans la sphère privée. Nous avons vu
que les pratiques culturelles trouvaient aussi leurs places sur cette technologie et accentuaient
le phénomène d’individualisation des pratiques culturelles en permettant une réception et
consommation à domicile. En analysant les études sur les pratiques numériques des Français,
nous nous sommes rendu compte que bien que la pratique du musée sur Internet ne soit pas
généralisée ou popularisée, ce mode d’accès au monde du musée n’est pas rejeté. Il semblerait
que les musées, qui comme le dit … sont fortement liées à la structure (vérifier qui et
compéter le mot) puissent davantage investir cette technologie pour accomplir leurs missions.
Nous avons ensuite abordé la présence et l’utilisation d’Internet dans la pratique de visite de
musée. Nous avons vu qu’il était présent à chaque étape de la visite. Avant : pour la
préparation et les repérages (Information). Pendant : pour les renseignements et le partage.
Après : pour le partage d’expérience notamment sur les réseaux sociaux numériques (RSN)
qui comme nous l’avons découvert sont devenus en quelques années l’une des premières
activités pratiquées sur Internet. Nous pouvons alors nous demander si la pratique culturelle
38
muséale et le musée en général peuvent trouver leurs places sur ces réseaux sociaux devenus
quotidiens pour certains ?
Dans notre partie 1, nous avons souligné le fait que la prise en compte de l’importance des
publics pour les musées et la volonté d’ouvrir ses savoirs au plus grands nombre a donné la
nécessité a ces derniers de multiplier les actions ex-situes. Puis avec l’évolution de la société,
même l’utilisation d’outil de communication numérique pour aller chercher ses publics. (Ben
Sassi, 2008, p37). Nous avons également vu ce que résume parfaitement Mériam Ben Sassi
« Depuis l’entrée du musée sur Internet en 1995, l’Internet lui-même a évolué donnant une
importance accrue à l’utilisateur et lui fournissant les moyens de devenir un véritable acteur
de sa présence sur le Web » avec le développement du Web 2.0. et particulièrement avec les
réseaux sociaux numériques (RSN) Nous allons donc maintenant aborder la question des
pages Facebook des musées, et voir comment cette question du rapport avec les publics
s’intègre sur ce support de communication et de diffusion. Quels liens et relations y a-t-il
entre médias sociaux et musée ?
Nous n’avons pas trouvé l’année ni le nom de la première institution à avoir créé un profil sur
Facebook cependant, il semblerait qu’elle est eu lieu après 2007 qui marque le début de
l’appropriation des pages Facebook par des marques. Mériam Ben Sassi (citée par Couillard,
2010, p 42) explique que l’arrivée des musées sur les réseaux sociaux en général, s’est faite
par vague en fonction de la nature du musée (Schafer et al, 2012). Effectivement, bien qu’en
France, le développement de cette technologie fut tardif en comparaison aux États-Unis ou
l’Angleterre du fait du développement du minitel, il semblerait que les premières tentatives
muséales sur Facebook soient faites par le musée d’art contemporain de Toulouse, les
Abattoirs et la Cité des Sciences de la Vilette. Pour Mériam Ben Sassi le fait que ces musées
39
aient rapidement investi le réseau social, est à leur type de musée qui les rendrait plus enclin à
utiliser les nouvelles technologies. Les musées des Beaux-arts mettront plus de temps à se
lancer. Ben Sassi l’explique du fait des « peurs » qui avaient déjà entourées les outils de
communication (cédérom…) à leur sortie. C’est à partir des années 2010 que ce type de
musée commencera à être présent sur ces plateformes. Cependant, ce sera un long travail
puisque en 2010, seulement 18 des 40 musées nationaux ont une page Facebook. (Couillard,
2010)
Les raisons premières de la présence via des pages Facebook, sont la visibilité et la
communication. D’abord présentes par des « groupes », nous avons rapidement vu apparaître
des pages fans correspondant mieux au besoin de « gestion » de la communauté fan des
marques. Aussi, les fonctionnalités nouvelles permettaient de modérer les échanges, de
réaliser des notifications pouvant s’afficher sur les fils d’actualités, la possibilité de bloquer
des commentaires ou encore l’envoi de message aux membres fans en grande quantité. Nous
pouvons donc dire en quelque sorte, qu’au fil des années, Facebook est devenu un lieu qui
s’est adapté aux présences des marques et des institutions. Avec cette adaptation du support à
un usage autre que privé ainsi que le développement de l’utilisation de la plateforme par les
individus, il est logique que de plus en plus d’institutions et notamment les musées créent des
pages et investissent Facebook.
Suite à ce rapide examen de la place tenue par Internet dans les visites des musées, nous
pouvons remarquer l’importance des réseaux sociaux dans la vie des individus. Nous allons
maintenant nous pencher sur le sujet de notre travail qui est de développer cet aspect afin de
comprendre quelles relations entretiennent les musées avec les réseaux sociaux.
Nous venons de le voir dans le chapitre précédant, les institutions et notamment les musées
ont développé des pages « fans » afin de communiquer avec leurs publics via un support de
communication de plus en plus utilisé. Une page Facebook de musée est complétement
publique c’est-à-dire qu’elle est totalement visible par tous et ce même sans avoir besoin
d’aimer la page.
40
1) Motivation financière ?
D’après Magdalena Lataillade et son analyse de la page du Centre Pompidou que nous
pouvons transposer aux autres pages de musées, la première motivation des musées à
rejoindre Facebook serait la possibilité d’être « au plus près » d’une communauté et ce au
moindre coût. La visibilité et l’aspect viral de ce type de communication peut en effet servir
des intérêts commerciaux. Pour elle, cette motivation financière n’est pas forcement cachée
puisque les premières pages de musées sur Facebook sont arrivées après que les agences
marketing ont montré l’intérêt pour certaine marques d’une présence (une page) sur cette
plateforme. Cependant, n’ayant trouvé aucune étude sur le lien entre page Facebook et impact
sur la billetterie, nous ne pouvons pas confirmer ou infirmer cette motivation qui reste donc à
relativiser.
41
des amis de la page ne sont plus accessibles, mais seulement certains renseignements (ville,
sexe, âge entres autres).
Il est important à ce stade de notre réflexion de rappeler que l’une des missions prioritaires
des musées est de « favoriser la connaissance et mettre en œuvre des actions d’éducation et
de diffusion visant à l’égal accès à la culture ». Les réseaux sociaux paraissent « de base »
fondés sur le principe du partage et de l’accès pour tous. Lorsque nous relions ceci nous
pouvons nous demander si les réseaux sociaux peuvent être utilisés comme moyen d’effectuer
leur mission de démocratisation culturelle ?
Dans son article paru dans La lettre de l’OCIM « De l’usage des réseaux socio-numériques
comme supports d’une médiation culturelle en ligne », Sébastien Magro le community
manager du musée du Quai Branly, analyse les enjeux et les perspectives pour les musées
francophones de l’utilisation des plateformes numériques que sont les réseaux sociaux. Il tente
de démontrer comment par ce média les musées tentent « de s’ancrer dans le quotidien des
publics, d’entretenir des relations de proximité, voire de complicité entre l’institution muséale
et ses visiteurs ». Pour lui, l’utilisation des RSN par les musées n’aurait pas uniquement
vocation promotionnelle (communiquer sur le musée pour une visibilité), mais pourrait
également relever d’une « médiation culturelle » (Magro, 2015, p38) qui s’inscrirait dans le
prolongement des actions de médiation menées depuis plus de trente ans. Dans ce récent
article, Magro souligne le fait qu’au-delà des usages les plus répandus sur les réseaux sociaux
(communication, marketing, informations pratiques…) les structures muséales « déploient des
actions de médiations culturelles en s’appuyant sur les échanges avec leurs abonnés, ainsi
que sur ceux qui naissent entre ces publics en ligne» (Magro, 2015, p37). Il semblerait que
l’utilisation de ce média social s’inscrive dans le prolongement des actions menées
jusqu’alors sur Internet par les musées (réaliser leurs missions et étendre leurs actions).
Sébastien Magro décrit trois particularités des médiations par les réseaux sociaux numériques
(RSN) sur lesquelles nous reviendrons afin de les expliciter:
42
Les RSN permettraient d’installer une relation équilibrée entre le musée et son public. En
effet, cet article nous dit que contrairement aux moyens de communication plus
« traditionnels » comme les communiqués et dossiers de presse, campagnes d’affichages,
brochures…, l’utilisation des RSN permettrait l’installation du musée dans « le quotidien des
individus » en s’appuyant sur les « temporalités du quotidien » par exemple avec des
publications d’œuvre faisant référence la météo ou l’actualité du jour ou à la culture populaire
(utilisation de citation de films populaires pour expliquer un courant par exemple). Bien que
cela puisse être assimilé à des actions de communication, nous pouvons y voir, d’après Serge
Chaumier et François Mairesse la participation à la réduction de l’écart entre visiteur et
musée, sur laquelle toute médiation culturelle repose.
- Présentation de l’institution
- Une complicité
Le troisième point consiste en une utilisation d’un ton décalé pour communiquer avec les
publics. Effectivement, prenant l’exemple du musée de Cluny à Paris, qui utilise un ton
« drôle et souvent décalé », mais avec une « rigueur toute scientifique » sur les RSN,
Sébastien Magro note que cela crée une sorte de complicité avec les publics. D’après Claire
Merleau-Ponty et Jean-Jacques Ezrati (cité par Magro, 2015, p38), ce procédé s’inscrirait
dans les pratiques de médiation culturelle du fait qu’il s’impose comme divertissement. « le
public espère découvrir et apprendre en même temps qu’il pense se divertir. Il attend que soit
stimulée sa curiosité, provoquée son admiration, enrichies ses connaissances ».
Ces points soulignés par Sébastien Magro nous permettent de comprendre plus précisément
en quoi les musées peuvent prétendre à la réalisation de leur mission d’éducation sur les
réseaux sociaux numériques. Cela résiderait dans la « promesse sociale » de ces supports. En
43
effet, il s’agirait de construction et/ou d’entretien d’un lien de proximité et de complicité par
l’échange entre l’institution et les publics afin d’établir ce que Marie Desprès-Lonnet qualifie
d’une « relation de confiance » essentielle à toute médiation culturelle.
Si les réseaux sociaux numériques peuvent être envisagés comme permettant d’effectuer la
mission d’éducation des musées, quand est-il de la mission de diffusion au plus grand
nombre ? Nous l’avons vu précédemment, Internet fa fait et fait toujours l’objet d’un grand
déterminisme technologique. Effectivement, certains attribuent à Internet depuis ses débuts
des promesses de « village global » (McLuhan, 1968) permettant à tous les individus de la
terre d’être reliés et d’avoir accès à la même information et aux mêmes contenus. Le Web 2.0
ou Web participatif est l’extension de cette idéologie (Fisher, 2006). Et les réseaux sociaux en
sont l’aboutissement. D’après Patrice Flichy, les réseaux sociaux sont vus comme des
« espaces ouverts » où chacun à la liberté de consulter, de commenter et de « côtoyer » qui
bon lui semble. Cependant, il s’agit là d’une image erronée puisque sur les réseaux sociaux
numériques, des règles sont instaurées afin de gérer au mieux les relations entre les individus
et les catégories sociales sont reproduites (Mercklé, 2011).
44
b) La fonction réseau
Bien que des millions d’utilisateurs de réseaux sociaux numériques soient connectés chaque
jour, cela ne veut pas dire qu’ils seront « touchés » par les publications des musées. De
nombreux facteurs vont intervenir dans cela. L’intérêt de l’individu pour l’activité muséale en
est le premier. Effectivement, « si l’intérêt préalable n’existe pas, ou si l’institution ne trouve
pas le moyen de le susciter, l’internaute n’accédera pas à son espace et à ses publications
[…]ou alors n’y reviendra pas » (Besset, 2011, p20). En revanche, la fonction de « réseau »
entre les personnes où le fil d’actualité que nous abordions dans la partie précédente peut
permettre aux publications des musées d’être vue par les amis d’une personne ayant « aimé »
le post. Cependant, cela n’offre qu’une possible visibilité.
45
contrôler (on ne peut pas se comporter sans gêne, librement).» (Gottesdiener citée par
Bourgeon-Renault et al, 2014, p86) Il n’est donc pas étonnant de constater, comme nous le
dit Gottesdiener, que certaines populations (notamment les jeunes) soient freinées par ces
images des musées pour leur fréquentation. Les auteurs résumeront cela en disant que d’une
façon générale, ces « images » des musées peuvent provoquer un sentiment d’exclusion ou de
non appartenance à un « cercle d’initiés ».
Ce type de barrière fait référence aux effets de « classes sociales » sur les pratiques et
consommations culturelles. En effet, pour Gottesdierner il s’agit d’un facteur important qu’il
faut prendre en considération pour analyser ce qui relève des pratiques et consommations
culturelles. Les comportements culturels des individus devraient être analysés en fonction de
la classe sociale d’appartenance (Bourdieu, 1979). Il ne nous semble pas pertinent de rentrer
dans le détail de cette étude de Bourdieu, cependant, nous allons nous intéresser au lien entre
consommation/pratique et distinction qui correspond au lien entre déterminant
socioéconomique et goût culturel. Il y aurait des correspondances entre une segmentation de
consommations et de pratiques culturelles et celles des classes sociales (Moingeon, 1993).
En utilisant un média tel que les réseaux sociaux et plus particulièrement Facebook, les
musées peuvent intégrer un univers vu comme démocratique et lieu de démocratie, simple et
attractif, les musées peuvent espérer atteindre un nouveau public. Cependant, et nous l’avons
vu avec Sébastien Magro, les musées ne se contentent pas uniquement de diffuser de
l’information pratique sur leur structure, mais aussi des savoirs sur les œuvres s’apparentant à
une sorte de tentative de médiation culturelle. Ceci dans le but de « toucher » ou accéder,
grâce à l’image véhiculée par les réseaux sociaux, un nouveau public. Il semblerait donc que
les musées tentent de s’imprégner de la philosophie du Web 2.0 et des réseaux sociaux pour
renouveler leur image. Avec le Web 2.0, l’internaute a pris une nouvelle considération. En
effet, comme le souligne Mary Ceriolo, dans son article « Web 2.0 et musées une nouvelle
relation avec le public », le Web 2.0 signifie une « transformation » de l’utilisateur. Alors que
les sites Internet des musées ne fournissent, aujourd’hui, le plus souvent qu’une
« coquille vide » permettant de recevoir et d’accéder aux informations. Nous pouvons donc
nous demander comment le nouveau « statut » des publics, fans, abonnés induit par le Web
participatif, impacte les questionnements relatifs aux publics des musées ?
46
II Repenser le terme Public avec l’entrée du musée sur le Web 2.0
L’entrée des musées sur les réseaux sociaux met en jeu la question de la communauté
virtuelle. Aussi, cette relation entre institution muséale et public en tant que communauté dans
cet environnement « virtuel » nous fait nous interroger sur le statut et les actions d’un public
internaute. Doit-on repenser le terme même de public avec les nouvelles fonctions que lui
attribue le Web participatif ?
Les travaux de Mériam Ben Sassi sur les conférences autour du monde du musée, révèlent
que la question de la définition du public des musées est l’objet de nombreux questionnement
et incertitudes. Comme elle l’évoque, en 2004 le rapport de l’Institut de recherche
économique et sociale soulève déjà ce fait :
« Il est en effet peu de domaines où il soit débattu aussi intensément et continûment qu’ici,
tout au long de l’histoire, de celui que l’on sert, des manières de le servir, des implications à
en tirer pour les activités à développer, de la manière de s’y consacrer. Le ou les public(s),
les visiteurs, sont l’objet de réflexions sans fin, de controverses portant jusqu’aux termes à
utiliser. » (Join-Lambert et al, 2004, Cités par Ben Sassi 2008)
Bien qu’une diversité de terme soit utilisée pour représenter le « destinataire de référence de
l’institution muséale » (Maurel, 2010, p70), le terme générique est « Public ». Cependant, ce
terme est adapté en fonction du contexte et du point de vue adopté par les musées. En effet,
alors que le terme Public au singulier est générique, le terme Les Publics au pluriel est utilisé
pour souligner les différentes « catégories » de public avec leurs spécificités (contexte, mode
d’appropriation…). Cette distinction est représentative de la prise de conscience de
l’importance de la connaissance des publics. Le terme de Visiteur est aussi utilisé. Cette
notion est davantage utilisée comme un terme « palpable » (Maurel, 2010, p70) puisqu’il
représente les individus dans leur individualité afin de mesurer la fréquentation de la structure
muséale, mais aussi leurs caractéristiques propres et leurs habitudes.
47
2) Diversité des termes avec Internet
Avec l’apparition des sites Internet des musées, nous dit Mériam Ben Sassi, il semblerait que
cette diversité et « confusion […] de termes se renforce quand il s’agit de donner un nom au
public du site Internet » des musées (Ben Sassi, 2008, p58). Dans son analyse, elle note
qu’avant les premiers grands travaux anglo-saxons centrés sur l’entrée des musées sur
Internet, les termes de Visiteurs et Utilisateurs se retrouvent. Ainsi, le Canadien Stephen
Alsford dans son article « Museums as Hypermedia : Interactivity on Museum-wide Scale »,
fait la distinction entre “Utilisateur” pour parler des publics potentiels des sites des musées sur
l’Hypermédia, et « Visiteur » pour ce qui concerne les individus allant au musée physique.
D’autres auteurs feront la distinction comme notamment Michael Break dans son étude sur le
réseau Super Janet qui utilisera ces deux termes pour les mêmes descriptions. Cependant,
Mériam Ben Sassi fait une constatation intéressante. Elle pointe le fait que lorsque les auteurs
parlent de musée et d’Internet dans les mêmes phrases, ils privilégieraient le terme
« Utilisateurs » comme avec cette phrase « Ce genre d’application nous approchera de la
réalité d’un musée virtuel, ou l’utilisateur n’a plus besoin de venir au musée » ( Breaks, 1993,
p93) Il semblerait alors qu’au début de la réflexion sur les relations entre Musée et Internet, le
support d’accès au musée (accès physique à la structure ou virtuel/numérique) déterminerait
le terme à utiliser. Cependant, avec le développement des projets et actions des musées sur
Internet, d’autres termes émergent et essayent de lier les spécificités des musées et d’Internet
avec le terme « visiteurs virtuel» (utilisé par Jonathan Bowen en 1999), ou le terme « visiteur
en ligne » (Chadwick, 1999 cité par Ben Sassi, 2008, P61), « Cyber-visiteur (Jones, 2000, cité
par Ben Sassi, 2008, p61)
D’après Geneviève Vidal et Gaëlle Crenn, l’étude des publics à « l’ère » du Web participatif
est essentielle du fait des « nouveaux enjeux » induits par la relation particulière entre musée
et public sur ce type de média (Vidal et Crenn, 2010, p153). Selon elles, les questions autour
des publics se situent entre quatre paradigmes définissant « l’usager comme audience
(approche des médias), visiteur (approche des institutions muséales), client (approche
marketing) ou utilisateur (approche ergonomique et de l’usabilité ». Il ne s’agirait plus de
penser en différenciant public réel et virtuel (internaute) du musée, mais de « saisir
l’articulation des relations entre ces deux pratiques non exclusives, » en fonction « des
48
motivations qui les soutiennent, les contextes d’usages plus larges dans lesquels elles
s’inscrivent » (Vidal et Crenn, 2010, p154).
Avec le Web 2.0 et sur les réseaux sociaux, les musées côtoient les termes de
« communauté », « membres », mais aussi des termes spécifiques à Facebook comme « ami »,
« fan », pour définir les individus ayant aimé de leurs pages. Comme le souligne Claire
Maurel, ces qualifications sont de nature « affective » et requalifieraient alors le lien entretenu
entre la structure muséale et ses publics fans de la page.
En ce qui concerne ce lien ou cette relation entre musée et ses publics sur les réseaux sociaux,
nous pouvons nous intéresser aux écrits de Serge Proulx. D’après lui, sur les réseaux sociaux
le statut des publics est relativement « ambigu » puisqu’il doit être relié à la notion de collectif
qui est la base du Web 2.0 (Proulx, 2004, p113). Par ailleurs, le fait que le musée « entre » en
quelque sorte dans cette communauté virtuelle puisqu’il y a interaction sur le média social
qu’est le RSN, remet possiblement en cause la notion même de public non seulement par son
appellation, mais par son action.
Comme le souligne Mériam Ben Sassi, les auteurs écrivant sur les réseaux sociaux, « le terme
Public et associé au terme Communauté en tant que figure du collectif » (Ben Sassi, 2008,
p64). Comme nous l’avons vu, les Publics des musées sont les destinataires des actions des
musées. Sur les réseaux sociaux, les post, photographies et messages sont à destination des
fans en priorité ayant aimé la page, la « communauté ». Nous pouvons donc voir un certain
lien entre Communauté et Public et cela nous amène à nous demander si, sur les réseaux
sociaux, le public des musées peut être nommé « Communauté » ?
Questionner cette réflexion demande des recherches plus approfondies, aussi ne pouvant
davantage explorer pleinement la question, nous avons choisi pour notre travail, d’utiliser les
termes Public-fan afin de définir les destinataires de référence de l’institution muséale étant
49
abonné à la page du musée et Usagers pour qualifier les individus n’étant pas abonnés à la
page du musée.
Avec ce chapitre, nous avons pu voir les motivations à l’entrée des musées sur Facebook,
nous avons compris que bien que cet outil de communication permettrait d'accentuer sa
visibilité et sa communication, les musées pouvaient également envisager une utilisation
sociale. C’est-à-dire qu’ils pourraient, par cet outil, chercher à modifier leur image et rompre
avec les caractères sacrés, éloignés et élitistes que certains peuvent leur attribuer. La
proximité et la création de liens entre les individus que l’on attribue aux réseaux sociaux
numériques semblent être des éléments favorisant la création de pages Facebook par les
musées. Nous avons aussi vu, que plus qu’un désir de modifier leurs images, les musées
pourraient utiliser ces médias sociaux pour effectuer certaines de leurs missions. En effet,
nous avons vu qu’une médiation culturelle pouvait prendre effet dans le sens où elle
s’appuierait sur les échanges avec leurs abonnés, ainsi que sur ceux qui naissent entre ces
publics en ligne. Nous avons aussi pu comprendre que les musées pouvaient aussi utiliser les
RSN pour leur mission de développement des publics. Effectivement, nous avons vu que, sont
attribuées aux réseaux sociaux numériques, des valeurs démocratiques et d’ouverture
permettant d’imaginer atteindre de nouveaux publics. Pour finir, nous nous sommes
demandée si la particularité du support nécessité une redéfinition du terme public. Nous en
arrivons maintenant à nous demander si d’autre évolution et enjeux pour les musées sont
induits par ce média numérique ?
Après cette réflexion autour de la redéfinition du terme public sur les RSN, il nous semble
important de nous questionner sur la reconsidération du public. En effet, comme nous
l’apprenait Geneviève Vidal en 2010, les musées, lorsqu’ils font leur « entrée » sur Internet
(site, visite virtuelle…) les musées ont tendance à ne s’adresser essentiellement qu’à un
« type » de visiteur dont le profil social et culturel correspond au visiteur « légitime » ou
habituel (Vidal et Crenn, 2010, p154). Ainsi, pour penser la communauté de public-fan, il est
50
essentiel de comprendre qui les individus peuvent être (nous avons vu la typologie des
utilisateurs des RSN plus haut], mais également comment ils utilisent ce média et dans quel
but.
A Un public Hyperacteur ?
Dans leur article « Web 2.0 et musées : Les nouveaux visages des visiteurs » Rémi Mencarelli
et Mathilde Pulh relèvent en 2012 des « rôles désormais dévolus au public » suite à
l’implication de ces derniers avec les technologies du Web 2.0. Ce qui viendrait à long terme,
interroger l’identité et la légitimité des musées eux même.
Ils se questionnent sur le nouvel investissement du public par les réseaux sociaux en posant
une question de recherche « Le visiteur « responsable de la communication » des structures
muséales ? » Pour les auteurs, l’utilisation des techniques du Web 2.0 a fait sortir le musée
d’un « schéma communicationnel unilatéral » (Mencarelli et Pulh, 2012, p4) défini et contrôlé
par les musées. Pour le muséologue André Gob « Cela pourrait représenter un caractère plus
interactif entre les musées et les utilisateurs et éviter que ce soit le musée qui parle et les
utilisateurs qui écoutent, en caricaturant un peu » (Gob cité par Ceriolo 2010) Par les
technologies du Web participatif et particulièrement par les réseaux sociaux, les publics
peuvent être eux-mêmes être vecteurs de communication. Cette participation est d’ailleurs la
caractéristique première des RSN. Effectivement, ces outils ayant pour base la participation,
font émerger un public « hyperacteur » (Gombault, 2009). qui communique, échange, partage
sur et avec les musées. Sur les réseaux sociaux, les posts les plus fréquents concernent les
actualités ou la géolocalisation, ainsi, une visite au musée peut être relayée par des
photographies, des commentaires ou d’identifications de lieux sur les propres pages des
visiteurs.
Ces « partages d’activités » sont d’autant plus fréquents lors de sorties culturelles. En effet,
comme le souligne Anne Jonchéry, la visite de musée peut être encore être perçue comme une
pratique de distinction. (Jonchéry, 2008). L’étude de Bourdieu et Darbel a montré que la visite
51
de musée était socialement construite, déterminée par le niveau d’étude et les caractéristiques
sociales des individus. Selon Godefroy Dang-Nguyen, Emilie Huiban et Nicolas Deporte et
leur étude d’après les écrits d’Honneth, Facebook serait utilisé en tant qu’ « instrument de
reconnaissance » (au sens d’Honneth « mise en évidence le rôle de la reconnaissance (par les
autres) comme élément de la construction de soi ») et serait aussi utilisé comme « un
dispositif compensateur pour obtenir de la reconnaissance sociale » (Granjon et Rueff 2012
cités par Dang-Nguyen et al, 2015). Il semble que la mise en ligne de photographies entre
autres, répondrait à une « injonction de visibilité » qui rendrait plus enclin les individus à y
exposer leur quotidien par des photos, des géolocalisations…). Jean Samuel Beuscart,
Dominique Cardon, Pissart et Prieur, s’intéressent aussi à cela dans leur étude sur les partages
de photographies sur le réseau social Flickr. Ils se penchent sur l’impact de la généralisation
du numérique sur la mise en réseau et la circulation des photographies personnelles sur
Internet (en particulier sur les réseaux sociaux). Ils nous apprennent que cette pratique permet,
en quelque sorte, de faire « valider auprès des autres les événements familiaux fondateurs
[…], nourrir les liens sociaux du partage d’expériences communes », mais surtout de
« signaler à d’autres des singularités identitaires ». Ainsi lorsque l’on transpose cette
pratique à Facebook, nous pouvons y voir une façon de se distinguer. La diffusion de photos
de visite de musées, entre dans cette logique et pourrait participer à la diffusion des musées
sur le réseau social. Cependant, ces photos, ne sont pas uniquement diffusées, elles peuvent
aussi être commentées et repartagées.
Comme nous l’apprend Pierre Mercklé, la particularité des RSN réside dans l’image qu’ont
les individus en ce qui concerne le fait qu’ils favorisent les liens faibles (Mercklé, 2011, p90)
c’est-à-dire les relations non prédestinées par le caractère familial, social… et permettraient
donc une certaine hétérogénéité sociale sur ces types de médias sociaux. En effet, les réseaux
sociaux numériques « donnent la possibilité à chacun de se présenter différemment sur
différentes scènes sociales et permettent la variation intra-individuelle des identités
culturelles » (Mercklé, 2011, p91). Certains chercheurs en sciences sociales auront également
cette image. En 1995, Turke parlait même de « prolifération des identités » et en 2006, Illouz
(Illouz 2006, p247) s’exprimait sur un « moi plus flexible, ouvert et multiple […] qui joue
avec sa propre image, qui s’invente lui-même et peut aller jusqu’à induire les autres en
erreur par sa capacité à manipuler les informations qui le concernent ». Dans son analyse du
réseau social numérique Second Life, Pierre Mercklé souligne le fait qu’il ne s’agit que d’une
apparence de « fragmentation des identités » puisqu’avec, il constate la répétition des
52
structures sociales constatées dans la vie « réelle » hors des supports numériques. Il relève
également le fait que cette image que l’on peut attribuer aux RSN est probablement la raison
première de l’engouement des jeunes individus pour ces types de médias sociaux auxquels ils
attribuent un caractère social fort (Metton 2004) qui en fait des lieux puissants de distinction.
Mercklé nous apprend que les RSN par la présence et mise en jeu d’Hexis participent à la
distinction sociale
Hexis corporelles : Alors que les RSN « neutralisaient » jusque-là, l’Hexis corporel par une
« invisibilisation des corps en lignes » (Mercklé, 2011, p92) et l’utilisation d’avatars, la
présence des corps revient sur Facebook par la diffusion de photographies personnelles. La
particularité, nous apprend Mercklé réside dans le fait que ces photographies peuvent être
aussi bien postées par les individus eux même que par d’autres. Cela fait alors se confronter
les formes d’exposition de soi (identité) ainsi que les formes de distinctions (habitudes,
lieux…).
Hexis textuelles : Souvent l’une des plus sollicitées, cette Hexis se présente par les échanges
numériques textuels (post et commentaires essentiellement). Ces formes écrites trahissent,
pour Pierre Mercklé, les différences sociales autant que la présence d’un corps et son contexte
de présentation. En effet, le style, l’orthographe, les références culturelles ou encore
l’utilisation et la maîtrise des « codes » spécifiques tels que les smileys, abréviations, etc…
sont en quelque sorte des indicateurs sociaux et identitaires (Cardon, 2008)
Dans leur étude sur les profils Facebook Casilli et Tubaro, nous apprennent que le
dévoilement d’informations personnelles (exposition de ses goûts, habitudes, quotidien…)
favoriserait ce qu’il appelle le « Friending » (augmentation du nombre d’ami sur Facebook),
mais également les liens entre les individus en intensité et en multiplexité) (Casilli et Tubaro
2010, p94). Ces outils sont donc, nous l’avons vu, des outils de sociabilisasions, d’exposition
de soi et de « légitimation intersubjective » (Mercklé, 2011, p94).
Il est possible qu’afficher son intérêt, sa participation ou sa relation avec un musée participe à
la distinction sociale de l’individu. Comment cela peut entrer dans la relation avec le musée ?
Y a-t-il une nouvelle forme de relation entre musée et public par ces supports ?
53
II Relation renouvelée entre musée et public-fan: un musée entre
présence sociale et culturelle
Nous avons rapidement abordé le fait que la nature hiérarchique de la relation entre musée et
public est habituellement une relation où « l’individu s’efface face à l’institution » (Claire
Maurel, 2010, p 62) c’est-à-dire que les visiteurs reçoivent les actions que le musée a mis en
place pour eux (exposition, mise en place de visite). Dans le cadre des relations que Claire
Maurel qualifie de « classiques » (visites de la structure), l’observation des œuvres exclut tout
contact physique ou appropriation photographique puisque comme nous l’avons abordé dans
notre première partie, souvent les photographies sont interdites du fait du caractère de
communion de la visite. « Le visiteur est un contemplateur silencieux du passé » (Maurel p
62). Cette posture du public est révélatrice de la traditionnelle « nature hiérarchique de sa
relation au musée » et de la communication unilatérale au public. Maurel parle de relation
« maître-élève ». En effet, le musée, source de savoir, va dispenser des connaissances au
public apprenant. C’est ici la mission d’éducation hors champ scolaire qui est en jeu. Nous
pouvons relier à cela ce que Michel de Certeau analyse du domaine muséal (De Certeau,
1993). Pour lui « tout part d’en haut », la transmission de la culture consisterait en une « voie
descendante et hiérarchique » prodiguant la culture aux « assujettis ». Pour reprendre les
termes de Michel De Certeau nous pouvons assimiler cette relation à une relation dominé-
dominant.
Cependant, comme nous l’avons vue en première partie, les musées ont pris conscience de la
nécessité de penser non plus au public, mais aux publics au pluriel (avec leurs particularités
propres) en pensant des actions selon leurs spécificités de mode d’appropriation. Le schéma
classique de la communication (émetteur-récepteur) est également revu et l’importance d’un
dialogue avec les publics est alors engagée.
« Dès lors, le musée en orientant de façon croissante ses missions en direction du public
passe, peu à peu, de la centralité de la conservation des œuvres d'art à la conversation »
(Maurel, 2010, p64).
Sur Internet, les sites Internet des musées reproduisent le plus souvent cette communication
unilatérale. En revanche, sur les réseaux sociaux et les outils du Web 2.0 plus généralement,
les musées ont la possibilité d’échanger avec le public et la posture du musée-maître est donc
54
revue en fonction des utilisations et des usages que les utilisateurs de ces plateformes font des
RSN. Le public est alors un interlocuteur qui participe, répond, donne son avis, mais à
également et nous l’avons abordé plus avant, un fort pouvoir comme diffuseur et re-diffuseur
et comme producteur et partageur d’information et de contenu. Il semblerait que le rôle du
public et du musée tend à s’équilibrer peu à peu. Le public semble devenir en quelque sorte
partenaire de l’institution culturelle
« le public n’est plus traité comme un pur récepteur qu’il faudrait gaver, mais comme un
interlocuteur qui soit vient chercher des tentatives de réponses à ses questions, soit accepte de
mettre en doute ses convictions et ses idées préconçues, bref un interlocuteur adulte. »
(Deloche, 2007, p22)
En utilisant les réseaux sociaux les musées créent une communauté autour de leur page et plus
généralement autour de leur institution. Dans ces communautés nous pouvons voir là encore
cette relation de plus en plus équilibrée entre public et musée puisque comme le note Mériam
Ben Sassi, il semblerait que sur Internet, et particulièrement sur les réseaux sociaux, les
musées soient « partie intégrante de la communauté par son entrée dans les réseaux
sociaux ». En effet, par leur appartenance à une même communauté, les publics et les musées
partagent et dialoguent égalitairement (Maurel, 2010, p66)
« Sur le réseau, le musée et le public sont donc liés par leur appartenance commune à cette
communauté fédérée autour de l’identité et de l’activité du musée. » (Maurel p 66)
De plus, nous pouvons voir dans la dissipation de la relation dominant-dominé sur les RSN, la
prise en compte d’un récepteur actif (en opposition à passif) des productions culturelles.
D’après les travaux de Michel De Certeau, « les usagers "bricolent" avec et dans l’économie
culturelle dominante les innombrables et infinitésimales métamorphoses de sa loi en celle de
leurs intérêts et de leurs règles propres. » (De Certeau , 1993, p13) Par ses usages détournés
de la culture et de la pratique muséale, par ces « bricolages » sur les réseaux sociaux
(partages, commentaires…) les individus « s’approprient » en quelque sorte les discours des
institutions culturelles qui se voient modifier au fil des partages. Ce « pouvoir » des membres
est pris en considération par les musées qui par le simple fait d’intégrer un RSN, donnent aux
publics-Fans la possibilité de partager son discours et ses contenus et de les détourner.
Toutefois, la possible « liberté » d’agir sur le contenu produit par les musées qu’offrent ces
supports aux internautes peut aussi bien sembler une source d'intérêt et de participation des
55
internautes menant à élargir ses publics-visiteur, qu’apparaître comme une menace à sa
légitimité. Nous pouvons facilement imaginer qu’il s’agit ici d’une des causes de la « non
création » de pages Facebook par certains musées.
Nous venons de voir que par le fait que les réseaux sociaux numériques fassent partie des
technologies du Web 2.0, l’internaute, le membre, le fan est un « hyperacteur ».
Effectivement, il devient producteur de contenu. Bien que, comme nous l’avons abordé, en ce
qui concerne les musées, les publics ne sont plus vus comme totalement passifs puisqu’ils
sont vus comme participant à leur apprentissage par des modes d’interprétations qui sont
propres à chacun, les technologies numériques investies par les musées (les sites Internet
particulièrement) réduisaient les actions possibles des publics à un visionnage (nous
entendons ici de parler des actions faites à partir du site et non pas des actions hors cela
comme parler, copier le lien et le partager par mail…). Avec les réseaux sociaux numériques,
nous l’avons vu, le public-fan peut créer du contenu sur les musées (photos de visites, post sur
la visite…), mais il peut également agir et participer au contenu diffuser par les musées. Il
semblerait donc que les musées perdent ce que nous pouvons relier à la « légitimité
traditionnelle » de Max Weber. Cette perte de légitimité pourrait être à l’origine de la
résistance de certains musées à créer une page sur les réseaux sociaux.
Dans notre première partie, nous avons abordé les craintes éprouvées quant à l’utilisation de
technologies numériques pour diffuser la culture issue des musées. Comme nous l’apprend
Claire Maurel, l’acte photographique au musée n’est que rarement toléré, premièrement
comme nous l’avons évoqué, par tradition de « communion » avec les œuvres et de confort
des autres visiteurs, mais également parce que cela peut « s’apparenter pour le musée à un
« rapt » symbolique […] le visiteur « s’accapare » un contenu qui relève de sa
propriété ».(Maurel, 2010, p84) Les actions des publics peuvent donc être vues comme des
atteintes à l’intégrité des musées qui légitimisent leur rôle social (son contenu, ses missions,
56
son autorité…). Avec les RSN, l’équilibre des rôles de dominant et de dominé, d’enseignant
et d’apprenant peut être vu comme vecteur de fragilisation de la position de « maître », de sa
légitimité et bien plus encore d’une désacralisation des musées. Bien que la tendance à la
désacralisation ne soit un phénomène nouveau pas nouvelle (Bourgeon-Renault et al 2014), la
résistance à cette technologie semble être le témoin d’une volonté de préservation des
« garanties » de la légitimité des musées.
3) Le public expert
Un autre facteur de résistance au RSN, consiste en une possible « dilution » des légitimités.
(Crenn, 2003) En effet, comme le souligne Fabien Simonde, « les institutions sont
fournisseurs de contenus validés par des historiens et des conservateurs qui n’envisagent pas
de voir leurs contributions ''corrompues'' par des textes non vérifiés, ou des thèses non
admises ». (Simode, 2008). L’introduction via les RSN de discours issus d’amateurs n’ayant
pas le « capital scientifique » (Maurel p 88) des professionnels met en « péril » l’expertise
professionnelle et scientifique qui forment la légitimité des musées. Il s’agirait ici de ce
qu’Hervé Le Crosnier appelle, d’après les écrits de Cécile Méadel, « les hiérarchies entre
savant et profane » (Le Crosnier, 2010, p35). Effectivement, le savoir et les connaissances ne
sont plus postés ou diffusés par les « autorités compétentes et professionnelles », mais aussi
par des individus non professionnels. Patrice Flichy parle d’une « montée en puissance des
amateurs » (Flichy, 2010) qui ne peuvent alors ni être considérés comme des novices ni
comme des professionnels, mais qui peuvent être vus en quelque sorte comme un
« concurrent » des institutions culturelle. L’entretien que Claire Maurel a réalisé avec Samuel
Bausson du Muséum de Toulouse fait ressortir cette crainte
« Il pourrait y avoir une crainte d'une dilution de l'autorité du musée, c'est-à dire où
l'information se vaudrait, où le commentaire du public vaudrait le discours officiel sur le site,
ça pourrait être une crainte. C'est pas la mienne, mais ça pourrait être une crainte d'un
directeur de musée. » Entretien avec Samuel Bausson, Webmaster du Muséum d'Histoire naturelle
de Toulouse, le 23 février 2010 par Claire Maurel.
En intégrant les réseaux sociaux numériques, les musées acceptent en quelque sorte de
« partager » leur mission de transmission. Il semblerait donc que le positionnement des
musées sur les réseaux sociaux dépende des questions sur lesquelles s’interrogeaient les
institutions culturelles depuis plusieurs années déjà et particulièrement muséales quant à leurs
missions de diffusion, d’éducation… Et particulièrement leur vocation sociale.
57
Dans ce chapitre, nous l’avons vu, les technologies du Web 2.0 et notamment les réseaux
sociaux permettent aux publics d’être partenaires des musées. En effet, le public devenu
hyperacteur se voit doté d’un certain pouvoir d’action qu’il n’avait pas jusqu’alors. Il peut
impacter le contenu publié par le musée, peut participer, etc. Ceci redéfinit aussi la relation
« traditionnelle » entre public et musée. La relation descendante ou hiérarchique tend à
s’équilibrer sur les RSN. Nous avons pu voir que bien que cela puisse participer à un
renouvellement voulu de l’image des musées, ceci peut aussi être vecteur de crainte de de la
part des musées de voir leur structure « perdre » l’aura entourant les musées.
58
Partie 3 Etude de pages Facebook de musées : entre communication
et médiation ?
Nos deux premières parties ont eu pour effet de nous faire comprendre l’intérêt et les objectifs
d’une entrée sur les réseaux sociaux pour les musées. Nous avons compris que cela
s’inscrivait dans une évolution des préoccupations des musées qui sont passés d’une logique
de collectage à une logique de développement des publics dont il faut aller au plus près par
des actions hors les murs.
Nous avons vu ensuite que par un positionnement Facebook, les musées cherchaient à
s’adapter aux pratiques culturelles de la société sur Internet afin de répondre à leur mission
démocratisation culturelle et de diffusion au plus grand nombre. En effet, notre réflexion nous
a permis de comprendre que les valeurs « sociales » autour du Web participatif formulent la
promesse d'accession à de nouveaux publics et la création de nouvelles relations avec ces
derniers constituant ainsi une base à une médiation culturelle.
Il nous semble maintenant essentiel de nous pencher sur les pages Facebook des musées afin
de comprendre ce qu’il s’y joue et comment. Effectivement, ces pages Facebook permettent-
elles aux musées d’effectuer leur mission de démocratisation culturelle ? Comment un
renouvellement de l’image des musées est-il concrètement mis en jeu ? Comment une
nouvelle relation entre musée et public-fan s’engage-t-elle ? Comment les musées utilisent-ils
Facebook à des fins de médiation alors qu’il s‘agit d’un support de communication ?
Pour répondre à cela, nous allons nous dans un premier temps définir notre méthodologie
d’enquête et détaillerons nos outils de recherche (références, technique, etc.). Nous en
arriverons ensuite à l’analyse de nos résultats recueillis. Et pour finir, nous conclurons ce
travail.
59
Chapitre 1 Explication méthodologique sur l’étude des
musées sur Facebook : le Musée du Louvre, Musée du
Quai Branly, Musée Eugène Delacroix et Le Grand
Palais
I Méthodologie
Après avoir identifié l’importance que les réseaux sociaux numériques ont prise dans la
société ainsi que les spécificités de leurs utilisations et les potentialités d’utilisation par les
structures culturelles et particulièrement les musées, nous allons maintenant effectuer une
étude de terrain afin de voir l’utilisation concrète de ce type de média social par les musées.
Pour tenter de comprendre comment les musées utilisent les RSN et quelles en sont les
particularités, il nous semble pertinent de réaliser, après notre recherche théorique, une
observation non participante de pages Facebook de musée. Nous opterons pour cette
technique d’enquête plutôt que des entretiens qui ne nous permettraient pas de voir ni de
comprendre comment sont utilisées les pages Facebook. Cependant, il serait intéressant d’en
réaliser auprès des musées et leurs community manager afin d’avoir leurs points de vue sur ce
sujet et d’effectuer des comparaisons entre l’observation des faits et les discours recueillis des
acteurs.
Pour notre analyse, nous avons sélectionné quatre pages Facebook de musée divers. Le Musée
du Louvre qui est le musée le plus visité au monde, le Musée du Quai Branly qui est l’un des
pionniers de l’intégration une page Facebook, Le Grand Palais-RMN qui comme nous le
verrons est une structure assez particulière puisqu’elle réunit plusieurs structures et le musée
Eugène Delacroix qui est une institution muséale assez petite. Le nombre de musées observés
ne nous permet pas de réaliser une étude quantitative ni de généraliser les résultats, cependant,
notre analyse cherche à donner un premier abord et une orientation pour des travaux plus
importants.
60
1) Le Musée du Louvre : Le pionnier dans l’approche des publics
Erigé comme musée en 1989 dans la cour Napoléon du 1er arrondissement de Paris, le Musée
du Louvre est l’un des musées d’art et d’antiquité les plus grands au monde. Comme nous
avons pu le voir dans notre première partie, le Musée du Louvre est un des précurseurs en ce
qui concerne l’approche ciblée des publics, notamment scolaires et dans l’engagement
d‘actions hors l’enceinte de sa structure (médiation hors les murs du musée, Cédérom culturel,
premier musée français à avoir eu un site Internet en 1995). Il est également l’un des
premiers à prendre conscience de l’importance de la création d’un service dédié au public et à
leur étude. En 2014 il atteint les 9,33 million de visiteurs et devient le musée le plus fréquenté
au monde (source Communiqué de presse du Musée du Louvre 2014)
Le décret de création de l’établissement affirme ses missions qui sont « d’assurer dans les
musées et les jardins qu'il regroupe, et par tout moyen approprié, l'accueil du public le plus
large, d'en développer la fréquentation, de favoriser la connaissance de leurs collections, de
concevoir et mettre en œuvre des actions d'éducation et de diffusion visant à assurer l'égal
accès de tous à la culture. » (Décret n°92-1338 article 2 du 22 décembre 1992)
En ce qui concerne la page Facebook du Louvre compte plus de 2 millions de fans ce qui en
fait le second musée le plus suivi sur ce réseau social juste après le Museum Of Modern Art
(MOMA) de New York. La page est gérée par un community manager Niko Melissano. Pour
lui, la page Facebook du Louvre à l’objectif de créer un engagement des publics-fans. En
effet, comme il le précise dans une interview accordée à Next-Tourisme.com en février 2014,
le fait que sur les réseaux sociaux et notamment Facebook, les internautes peuvent poster des
photos sur leur expérience de visites au Louvre, d’avoir la possibilité de commenter des
œuvres en ligne ou de participer à des « jeux » contribue au développement d’un sentiment
d’appartenance à la communauté Louvre. De plus, Niko Melissano parle des réseaux sociaux
comme de « bouche-à-oreille » permettant au musée de « transporter » son image grâce aux
internautes devenues de « précieux » partenaires. Enfin, il affirme aussi que les réseaux
sociaux permettent de maintenir l’image de musée à l’international par le lien avec les publics
étrangers.
Dans leur étude sur les Grands musées sur le Web, Sara Carino, Ariane Salas et Marie
Sudron, ont souligné le fait que la page Facebook du Louvre peut :
61
-Faire le point sur une œuvre particulière afin de donner la parole au public-fan par des
partages, réactions à la publication… « A titre d’exemple, le 11 Février 2013, a été postée une
photographie de la sculpture « Psyché » de James Pradier, réalisée en 1824, accompagnée
d’une description sommaire. Le but recherché est certes de mettre en lumière la collection du
musée, mais consiste avant tout à donner la parole aux spectateurs ». (Carino et al, 2013,
p18)
-Donner l’impression aux internautes d’avoir été présents aux divers événements par la
création d’album photo sur la page Facebook. Ce qu’il est intéressant de constater ici, est que
les échanges du musée se font en plusieurs langues.
Inauguré en juin 2006 ce musée des arts et civilisation d’Afrique, d’Asie, des Amériques et
d’Océanie est situé dans le 7e arrondissement de Paris. Porté par Jacques Chirac, il compte
aujourd’hui plus d’1 millions 500 milles visiteurs chaque année. L’une des particularités de ce
musée réside, comme nous l’indique son président Stéphane Martin dans le dossier de presse
disponible sur le site du musée, dans les nombreuses actions « d’accessibilité au sens large,
pour partager une collection dont nous avons la garde, pour lever les obstacles à la venue au
musée. » (Source dossier de presse du musée du Quai Branly, 2013, p3) p3 En effet, depuis sa
création, le musée s’est donné pour mission par des « initiatives hors les murs » une exigence
d’ouverture des œuvres du musée. Ainsi des « ateliers nomades », des « opérations de
proximité hors les murs » dans les milieux scolaires, hospitaliers et carcéraux.
Avec une page Facebook suivie par près de 200 milles fans, ce musée présente la particularité
d’avoir développé une page Facebook ayant pour objectif affirmé, de répondre à cette mission
de relation avec le public. Effectivement, comme nous avons vu dans notre partie 2, la page
Facebook du musée du Quai Branly est gérée par le community manager Sébastien Magro.
Ce dernier, attribue aux réseaux sociaux numériques une communication à vocation de
« médiation culturelle » en plus d’une communication à vocation promotionnelle (Magro,
2015). Effectivement, d’après lui, l’entrée des musées sur les réseaux sociaux permettrait de
rendre « habituel » un musée et de créer une proximité voire une complicité avec les publics-
fans de la page ce qui participerait à la réduction des distances culturelles. C’est en cela que
Magro parle de Médiation culturelle.
62
3) Musée Eugène Delacroix : petit musée et lien de proximité
Devenu musée en 2000, le musée national Eugène Delacroix est installé dans l’appartement et
l’atelier du peintre E.Delacroix situé dans le VIe arrondissement de Paris.
Après la mort de l’artiste et quelques locations à des particuliers, l’appartement fut récupéré
par la Société des Amis d’Eugène Delacroix, afin d’empêcher la destruction du lieu.
Reconnue d’utilité publique, la société s’est fixé en 1934 la mission « d’assurer l’existence et
l’entretien des lieux et de faire connaître les œuvres d’Eugène Delacroix. Aussi, elle organisa
des conférences, expositions et concerts dans les lieux. La société des amis d’Eugène
Delacroix cédera à l’état en 1954 l’ensemble des œuvres, l’appartement et l’atelier afin de
créer un musée. En 2004 il sera rattaché à l’administration du Musée du Louvre. En 2015, le
musée dénombre 51 000 visiteurs. Bien qu’il s’agisse d’un petit musée en comparaison aux
grands musées du type du Louvre, la page Facebook du musée Delacroix compte plus de
250 000 fans ce qui en fait le 6e musée français le plus suivi sur Facebook.
En tant que structure gérée par le Musée du Louvre, la page du musée Delacroix est gérée par
Niko Ma… Comme le souligne Mélanie Eledjam dans son article « 5 conseils pour mettre en
place une stratégie de community management dans une structure culturelle », la particularité
de cette page réside en la création de soirées Facebook comme celle du mardi 30 septembre
2014, où le musée a accueilli une partie de ses fans Facebook pour « remercier » les fans de
leur communauté. Les photos de la soirée sont alors postées sur le réseau social dans des
albums.
La particularité du Grand Palais est qu’il est régi par La Réunion des musées nationaux-Grand
Palais. Il s’agit d’un établissement culturel public créé en 1895. Il est aujourd’hui le premier
« opérateur culturel européen » (source site Grand Palais). Le Grand Palais situé en bordure
des Champs-Élysées, face au Petit Palais est le monument principal et emblématique du
RMN-GP cependant, leur mission de faire partager au plus grand nombre « une expérience
sensible de la beauté, par la rencontre avec l’art et toutes les formes d’expression » est aussi
réalisée dans de nombreux autres musées français. La RMN-GP effectue ses missions de
« transmission de la passion de la culture » en organisant des expositions, en créant des
actions de médiation culturelle et numérique, en éditant des livres…
63
En 2014, les actions de la RMN-GP (dont 50 au sein du Grand Palais) comptent plus de 2,5
millions de visiteurs.
La page Facebook de la Réunion des musées Nationaux – Grand Palais n’est pas uniquement
orientée autour du grand Palais et c’est en cela que nous y trouvons l’intérêt de l’étudier. En
effet, cette page présente des contenus à propos de différents musées. Ainsi, nous pouvons
retrouver des informations ou des « focus » sur des objets des collections du musée du Quai
Branly ou du musée Louvre entre autres.
Pour réaliser notre observation, nous avons construit une grille d’observation. Suite à notre
réflexion soulevée par notre travail théorique, il nous a semblé intéressant d’analyser les
principaux points relevés. Notre travail d’enquête doit être perçu comme l’introduction à un
travail de recherche plus important, aussi, il vise à l’obtention de résultats qualitatifs nous
permettant d’appréhender un peu mieux notre sujet.
Nous avons commencé par la définition des thèmes à analyser. Notre travail en amont nous a
permis de relever différents objectifs et motivations à l’utilisation de Facebook par les
musées.
L’objectif de notre observation est de comprendre comment ces points peuvent s’exercer sur
les pages des musées. Une simple observation non participante ne permettant pas de découvrir
la mission de diffusion au plus grand nombre peut avoir lieu sur les réseaux sociaux, notre
observation ne s’intéressera qu’aux trois autres objectifs. Notre grille sera donc divisée en
trois parties.
64
1) Possibilité de désacralisation
Ici il sera question du repérage des éléments et actions liés aux promesses du Web 2.0,
permettant un possible renouvellement de l’image des musées que nous avons identifié dans
notre travail théorique.
- Humanisation
- Proximité
- Interaction
- Equilibre des relations
Avec ce thème, nous tenterons de voir si les « bases » de la médiation culturelle peuvent être
exercées sur ce type de support et surtout comment.
Nous avons vu que les réseaux sociaux étaient utilisés pour leur fonction promotionnelle.
Nous tenterons d’observer par ce thème les éléments nous permettant de voir l’utilisation
- Incitation à la visite
- Incitation à l’achat
Il nous a semblé intéressant pour notre analyse des pages Facebook des musées, d’étudier une
enquête sur l’une des premières utilisations d’outils numériques ayant pour objectif de
65
permettre aux musées d’effectuer leurs missions ex-situ. Comme nous allons le voir, les
critères soulevés par l’étude de Jean Davallon, Joëlle Le Marec et Hanna Gotesdiener,
permettent de comprendre que les outils numériques (en particulier le cédérom) relèvent
d’une fonction pédagogique, une fonction documentaire, une exigence d’interactivité, d’une
fonction de vérité et d’une fonction promotionnelle pour les musées.
Réalisée de 1996 à 1997, l’étude sur les Cédéroms culturels de Jean Davallon, Joëlle Le
Marec et Hana Gottesdiener a été commanditée par la Direction des Musées de France afin de
connaître les usages pouvant-êtres faits de ce type de cédérom. À cette époque, les cédéroms
culturels commençaient à se développer par la Réunion des Musées de France ou des éditeurs
indépendants. Comme les auteurs le soulignent, au commencement de l’étude, une
cinquantaine de cédéroms de ce type étaient à disposition des acheteurs (cédéroms présentant
des musées comme Le Louvre, Orsay ou encore la fondation Maeght, mais aussi des
cédéroms édités à l’occasion d’expositions temporaires comme Cézanne ou Sérinde).
L’objectif de l’étude était de comprendre l’accueil pouvant être fait à cette innovation dans la
société, mais surtout, et c’est de ce point dont nous allons avoir besoin pour notre analyse,
examiner les relations pouvant se construire entre ces formes de « présence » muséale, la
médiation numérique de la culture et les utilisateurs. (Davallon et al 2000, p7). Pour leur
étude, les auteurs ont réalisé des entretiens avec ce qu’ils ont nommé des « utilisateurs » de
ces cédéroms afin de comprendre quels étaient leurs attentes, leur utilisation et leur avis sur
cela. Ils ont couplé cette enquête par entretiens avec une observation des utilisations de ces
cédéroms. Suite à cela, ils se sont concentrés sur des points spécifiques au support
« dématérialisé » et ont axé leur analyse sur ces éléments.
Nous ne pouvons pas comparer pleinement l’utilisation des cédéroms culturels et la réception
de leurs contenus avec l’utilisation des réseaux sociaux numériques des musées puisqu’ils
n’ont pas même vocation ni même type de support. Cependant, étant donné qu’il s’agit d’une
étude sur une utilisation d’outils numériques pour effectuer les missions des musées, nous
avons relevé les critères soulevés par l’étude de Davallon, Le Marec et Gottesdiener,
permettent de comprendre que les outils numériques (en particulier le cédérom) relèvent
d’une fonction pédagogique, une fonction documentaire, une exigence d’interactivité, d’une
fonction de vérité et d’une fonction promotionnelle pour les musées. En effet, le point
66
particulièrement intéressant de cette enquête, est le fait qu’elle fait la constatation que l’outil
numérique permet de faire se côtoyer sur un même support plusieurs objectifs inhérents au
musée. Ceci nous permettra de compléter notre étude.
Le langage de l’image : Pour les auteurs, il s’agit là d’un point essentiel de la « fonction
ludique pédagogique » (Davallon et al 2000, p22) du cédérom. La mobilité, l’animation des
images participe de la « pédagogie visuelle » (faire voir pour faire comprendre). Pour notre
analyse, nous utiliserons ce point afin de voir comment dans les RSN, la « fonction ludique
pédagogique » et la « pédagogie visuelle » sont présentes.
Le confort d’une ressource culturelle à domicile: Pour les auteurs, la visibilité et l’accès à
une œuvre à domicile permettent la « mise en relation d’œuvres parfois éloignées dans
l’espace du musée. » (Davallon et al 2000, p24). En effet, comme le révèle un interrogé
lorsqu’il dit P75 : « « on se dit que, quand on sera vieux, on ne pourra peut-être plus aller
voir tout ça[…] comme les gens qui suivent la messe à la télé. Quand on ne pourra plus
bouger de chez nous, on visitera encore depuis notre fauteuil, on aura quelque chose de
culturel », le fait que ce support culturel soit accessible de chez soi permet de rester en lien
avec les activités culturelles même pour les publics « empêchés »
L’activité de l’usager : Dans l’étude des cédéroms culturels, ce point est fréquemment
soulevé. En effet, comme le révèlent les auteurs, les usagers de ce type de médiation évoquent
souvent « le fait d’être plus ou moins actifs » (Davallon et al 2000, p25) c’est-à-dire la
possibilité d’agir sur le contenu de différentes façons cependant, comme cette étude nous
l’apprend, lorsqu’il s’agit d’œuvre d’art, être actif ne signifie pas intervenir personnellement
sur l’image (p 26). Il s’agit ici de la figure de l’usager-acteur que nous pouvons relier à celle
du public-fan hyperacteur sur les RSN. Les auteurs nous parlent d’une certaine « exigence
67
d’interactivité » de la part des individus quant aux supports numériques. De plus, les auteurs
ont fait face à un « type d’utilisation paradoxal au regard du comportement
attendu » (Davallon et al 2000, p41), effectivement, loin de consulter le cédérom, en essayant
de voir son étendue, sa densité, son organisation, certains utilisateurs cherchent au contraire à
en isoler en quelque sorte des séquences d’utilisation correspondante au temps dont ils
disposent. Ces utilisateurs privilégient le zoom, les explications courtes se concentrent sur 1
ou 2 tableaux
Transformation du discours en information : Davallon et al 2000, p54 Dans l’étude sur les
cédéroms, les auteurs relèvent un fait intéressant, il s’agit de l’image de « vérité » que peuvent
attribuer les utilisateurs aux discours disponibles sur le cédérom. Effectivement, pour certains
utilisateurs, « le cédérom obligera les spécialistes à rationaliser leur discours et à se
dépouiller de leur subjectivité […}] le cédérom transformerait le discours en information »(
Davallon et al 2000, p54). Ce point nous paraît particulièrement intéressant quant à notre
analyse des RSN des musées puisque, comme nous avons pu le voir dans nos parties
précédentes, la figure légitime du musée est remise en cause sur ce type de médias sociaux.
Eveil et repérage : (Davallon et al 2000, p62) Il semblerait que le cédérom culturel ait une
« fonction d’éveil et de repérage de ce à quoi on est sensible » dans les musées.
Effectivement, il informe et permet de sélectionner ce que l’utilisateur souhaite voir lors de
sa visite. De plus, la fonction d’éveil permettrait d’amener l’utilisateur à se déplacer en
présence dans le musée. Il y aurait donc également une « fonction promotionnelle » pour les
musées.
68
I La structure de la page Facebook et ses fonctionnalités : Facebook un
outil possiblement pédagogique ?
Les critères relevés par l’étude sur les Cédéroms culturels, transposés à l’étude des pages
Facebook des musées, nous ont permis de comprendre quelles fonctions pouvaient s’engager
sur ce média social.
En observant les pages Facebook des musées, nous avons remarqué une certaine similitude
d’utilisation. En effet, nous remarquons que tous les musées utilisent leur page pour diffuser
des photographies et des vidéos qui se retrouvent dans des albums consultables des années
après leur diffusion. Cependant, à ce jour, seul le Musée du Louvre à utiliser la fonction
« live » de Facebook. Effectivement, cette fonctionnalité permet de diffuser en direct une
vidéo afin que les fans de la page puissent voir et commenter en temps réel ce qu’ils voient.
Le Louvre l’a par exemple utilisé le 18 mai 2016 pour partager l’interview du conservateur
d’exposition Hubert Robert (Illustration n°1 en annexe). Le live a été vu par plus de 6000
internautes (impossible de vérifier s’il s’agit uniquement de personne étant fan de la page). 75
commentaires ont été postés dont plus de la moitié pendant la diffusion. Nous pouvons voir
dans cette fonctionnalité la « fonction ludique pédagogique » dont parlent Davallon, Le Marec
et Gottesdierner. En effet, comme nous disent les auteurs, une image mobile attirera moins
l’attention qu’une image animée.
Dans leur étude sur les cédéroms culturels, Davallon, Le Marec et Gottesdienner soulèvent le
fait que le retour en arrière est assez fastidieux sur ce type de support. Sur Facebook,
l’internaute-fan peut dérouler la page de post et remonter ainsi jusqu’à des années
« d’archivage » de publication du musée. Il peut aussi comme nous venons de le voir, accéder
en quelques clics aux albums d’images ou de vidéos que le musée a postés pouvant être
référencés à l’aide du titre. Les liens vers des compléments (menant sur le site du musée, site
partenaire…) en ce qui concerne l’œuvre présentée en photographie ou vidéo sont assez
courants. Un point essentiel facilitant la lecture sur Facebook (et les réseaux sociaux
numériques en général) est le fait de pouvoir réduire l’espace pris par des commentaires. En
effet, l’utilisateur du réseau social peut dérouler les commentaires s’il le souhaite. Dans le cas
69
contraire, il peut les réduire et se concentrer sur la publication du musée. Bien que les posts
antérieurs soient relativement simples d’accès, nous ne pouvons tout de même pas affirmer
qu’il y a une « fonction documentaire » qui facilite l’accès au contenu culturel sur Facebook,
puisque cela prend un temps assez long et les publications ne peuvent pas être référencées ni
organisées de façon à faciliter la recherche.
« L’exigence d’interactivité », nous apprend l’étude sur les cédéroms culturels, est une attente
des individus quant aux supports numériques en général. La dématérialisation ou le virtuel
permettrait, en quelque sorte, d’élargir l’activité des usagers. En ce qui concerne la page
Facebook des musées, l’individu (fan de la page ou non) à la possibilité d’interagir avec le
musée (ou du moins avec son community manager qui parle au nom du musée), mais aussi
avec les autres individus via les fonctions commentaire, like et partage. Une autre
fonctionnalité permettant à l’utilisateur de Facebook d’agir, réside dans la possibilité de
copier ou enregistrer l’image. Cependant, Facebook ne permet pas d’assouvir ce que Polacci,
nomme la « pulsion scopique » puisqu’aucun zoom ne peut être réalisé. Nous pouvons donc
dire que l’intérêt premier n’est pas la visualisation de l’œuvre. De plus, sur Facebook, il n’y a
pas de possibilité d’imitation de l’investissement physique comme il peut y avoir dans les
visites virtuelles par exemple. Il n’y a pas « d’immersion dans un univers particulier »
(Davallon et al 2000).
70
D Transformation du discours en information : fonction de vérité
Dans l’étude sur les cédéroms culturels, les auteurs nous parlent de la « fonction
promotionnelle » des supports numériques et virtuels. Accéder à des œuvres de cette façon
permettrait aux individus de « repérer » ce qu’ils aimeraient voir et « incite » à la visite
physique. Pour résumer, nous pouvons relier cela à l’image d’un catalogue présentant
l’exposition. Nous avons aussi remarqué que tout comme les marques et entreprises, les
musées affichaient une rubrique « à propos » avec les informations pratiques (adresse,
horaires d’ouverture, tarifs, carte, lien vers le site Internet du musée) cela fait également partie
de la fonction promotionnelle que l’on peut attribuer à une page Facebook. Pour finir, la
possibilité de donner son avis ou de noter avec des étoiles le musée peut également être le
signe de cette « fonction promotionnelle ».
71
II Utilisation de Facebook pour réduire l’écart entre publics et musée ?
Nous l’avons vu dans nos parties précédentes, il se pourrait qu’avec le Web participatif et sur
les réseaux sociaux principalement, les musées verraient leur relation avec les publics
s’équilibrer. Nous l’avons abordé, il s’agit de la relation dominé/dominant ou
enseignant/apprenant qui tendrait à devenir linéaire. Par ailleurs, nous avons également vu
qu’une « désacralisation » des musées pouvait s’opérer via ce support. Comment cela peut-il
prendre forme ?
Noémie Couillard nous apprenait que sur les réseaux sociaux numériques, le musée pouvait
créer des liens de proximité avec les publics-fans de leurs pages, cela les rendrait « plus
humains » plus proches des individus. Dans notre observation nous avons fait émerger
plusieurs sous-thèmes pour traiter cela.
A Humanisation
72
Une autre forme de vision des
coulisses peut être perçue dans les
publications de la page Grand
Palais. Comme nous pouvons le
voir sur l’illustration n°4 en annexe,
une vidéo de l’installation d’une
exposition a été postée.
Nous avons aussi remarqué que si parfois, le musée évoque ses « problèmes » sur sa page, les
individus le font aussi. Effectivement, comme le montre l’illustration n°6, un fan de la page
du Musée du Louvre, écrit en commentaire qu’il n’a pas les moyens de faire un voyage
jusqu’au musée.
B Proximité
En ce qui concerne la relation de proximité créée ou développée sur la page des musées, la
publication des coulisses que nous abordions précédemment peut y participer également. Plus
qu’un lien de proximité (dans le sens se de se sentir proche), nous pouvons aussi parler d’une
complicité parfois. Le Musée du Louvre, bien qu’il s’agisse d’un monument assez imposant
tant du point de vue de sa structure que de sa réputation (prestige), développe une certaine
complicité avec ses publics-fans. Nous pouvons par exemple citer illustration n°7 en annexe
73
qui montre un smiley clin d’œil en réponse à des
commentaires (notons aussi que nous retrouvons
souvent les mêmes profils commentant les posts
des musées il y a donc des « habitués »). Lorsque
nous cherchons du côté des publics-fans, nous
remarquons aussi ces « marques » de complicité
par exemple avec l’illustration n°1 et cet
émoticon Bisous.
74
C Dialogue
Nous avons vu précédemment, que sur les réseaux sociaux, l’échange n’était plus unilatéral
(pour le musée), mais qu’un dialogue avec son public pouvait s’exercer. Notre observation
nous a permis de remarquer que ce dialogue était très inégal d’un musée à l’autre. Bien que
notre échantillon ne soit pas significatif, nous pouvons tout de même noter que certains
musées répondent presque systématiquement. Prenons pour exemple cette illustration n°9 en
annexe du Musée du Quai Branly, ce post présente une photographie d’un détail d’un objet
exposé au musée. Un commentaire demandant une précision est publié, le musée y répond.
Nous avons d’ailleurs remarqué que celui-ci répondait assez souvent aux commentaires des
fans de façon personnelle. En revanche, le Musée du Louvre répond le plus souvent de façon
générale aux fans. Les réponses du Grand Palais et du Musée Eugène Delacroix restent quant
à elles exceptionnelles (uniquement des réponses aux les jeux, concours et devinettes qu’il a
lancés). Cependant, même si certains musées engagent une réponse, nous ne pouvons pas
parler de dialogue. Ceci impliquerait une réponse appelant à une autre réponse, etc…
D Le public expert
Nous avons remarqué cela dans nos trois autres observations. Comme nous l’apprend Patrice
Flichy, les réseaux sociaux seraient donc perçus comme un « espace ouvert » où chacun à la
liberté de consulter, de commenter ce que bon lui semble. De plus, la facilité d’accès à des
75
informations via Internet et les moteurs de recherche permettrait à cette figure de l’amateur
expert de se développer et de s’affirmer sur les RSN. Ainsi, comme Samuel Bausson
(Entretien de Bausson, réalisé par Maurel 2010) l’affirmait, le commentaire du public-fan
vaudrait ou viendrait compléter le discours officiel et tendrait à équilibrer les relations
« classiques ».
Etudions maintenant la valeur éducative des publications des musées. Nous avons vu avec la
réflexion de Sébastien Magro que les réseaux sociaux peuvent être considérés par certains
comme des outils de médiation culturelle. Comment cela peut-il se présenter ?
A Ludification
Notre observation nous révèle l’utilisation de procédés ayant pour but l’amusement, mais
également le but d’attirer l’attention.
Effectivement, comme nous le
voyons sur l’illustration n°10, des
devinettes sur les œuvres sont
postées. Ici, le Musée du Louvre
demande « A qui appartient cette
main ? », la photo représente un
détail de tableau et le texte appelle à
la participation. Ce post introduit un
tableau acquis pour la prochaine Détail illustration n°10
exposition du musée. Par le jeu, le
76
musée va donner des renseignements sur le tableau (nous voyons qu’une internaute va
qualifier cette devinette « d’initiative
culturelle »), mais également en faire la
promotion.
Illustration n°14
78
B Prise en compte de la diversité des publics
Comme nous avons pu le voir, lors d’une action de médiation, le médiateur va prendre en
compte la diversité des publics afin d’adapter son discours, ses outils… pour une réception
optimum. Sur Facebook, nous ne remarquons pas une réelle adaptation. Il semblerait que les
musées s’adressent à un public-fan générique. Seules les variations de langue et traduction en
anglais (illustration n°16 en annexe du Musée du Louvre) peuvent être repérées dans nos
observations. Le fait que Facebook soit un outil de communication à grande échelle ne permet
en effet pas une connaissance des publics « lecteurs » des publications. Une adaptation est
impossible.
Dans leur étude sur les sites Internet de musée, Geneviève Vidal et Gaëlle Crenn parlent de
« fonction d’information et de communication » dans le fait de diffuser, informer et
promouvoir. Sébastien Magro parle d’une « fonction promotionnelle » dans le sens ou les
publications, la communication vont
participer à promouvoir le musée et va
« inciter » à la visite.
79
du Quai Branly pour l’exposition Mata Hoata en annexe ou sur l’illustration n°20 du Grand
Palais pour l’exposition Seydou Kaïta, de nombreuses publications ont pour sujet la
présentation de l’exposition en cours (affiche, vidéo promotionnelle, post incitant à la
visite…).
Des publications plus ouvertement à caractère incitatif sont aussi visibles. L’illustration n°19
en annexe en est un parfait exemple. Le Musée Eugène Delacroix publie sous une rubrique
[bon à savoir] une sorte de bon plan permettant « d’éviter la file d’attente du Louvre », mais
aussi d’avoir une entrée gratuite au musée Delacroix.
Nous avons également remarqué l’utilisation des commentaires incitant à la visite. Comme
nous pouvons le voir dans l’illustration n°18 par exemple. Le Musée du Louvre invite en
quelque sorte le fan qui
commente la publication. Par
ailleurs, comme nous l’avons
dit, la présentation même des
pages des musées affichent les
informations pratiques pour la
visite. Il semblerait donc que
communiquer sur les pages
Facebook des musées permette
d’exercer une fonction
promotionnelle.
80
Chapitre 3 Analyse
I Médiation culturelle par Facebook ?
Nous nous sommes ensuite intéressés à l’activité de l’usager sur ce réseau social. Il est apparu
que l’exigence d’interactivité des individus quant aux supports virtuels et numériques, peut
relativement peu y être assouvie. En effet, nous l’avons compris, l’interaction possible ici
relève principalement de la communication (commentaire, partage de publication, etc.).
L’interaction avec l’œuvre est assez réduite (copier, coller essentiellement). L’immersion
essentielle à l’appropriation du contenu culturel dont nous parlait Jean Davallon n’est pas
effective ici.
81
Nous avons vu précédemment que certains musées envisageaient les échanges et dialogue
possible avec le public fan, comme un appui majeur d’une médiation culturelle via les RSN.
Nous avons vu que cela devait permettre d’instaurer une « relation de confiance et de
complicité » (Magro). Cependant, nous avons pu remarquer que bien qu’ils cherchent à se
rapprocher de plus en plus du public fan, sur Facebook, le dialogue n’est pas créé. Il s’agit
davantage de réponses puisqu’il n’y a pas d’engagement dans un échange entre le musée et le
public fan.
Nous avons ensuite observé la possibilité d’un renouvellement de l’image des musées par
l’intégration des RSN. Nous avons vu que ceci reposait surtout sur des publications présentant
le musée comme un lieu comme les autres (ayant des problèmes, vivant dans la même
temporalité que les individus, etc.) et en donnant à voir son quotidien (notamment les
coulisses). Il agit comme un usager de Facebook (publier à la façon d’un journal intime afin
de commenter son quotidien et ses pensées) le musée s’humanise. Nous pouvons y voir en
quelque sorte une forme d’exposition de soi de la part des musées (Pierre Mercklé). De plus,
le fait que l’Hexis corporelle présente sur la page fasse référence non pas au community
manager, mais à la structure même du musée, renforce cette idée d’un musée plus humanisé.
Il n’a pas de corps, mais semble avoir une existence pleine sur Facebook (un quotidien, une
voix…). Nous pouvons aussi voir dans cela le « Friending » évoqué par Casilli et Tubaro. Le
dévoilement d’informations personnelles (goût, habitude, quotidien…) augmenterait
l’intensité des relations et de ce fait le nombre d’amis. Il semblerait qu’en adoptant les
comportements et attitudes que les usagers de Facebook utilisent à des fins de sociabilisations,
les musées cherchent à renouveler leur image de structure non accessible par tous.
Nous avons aussi vu que la proximité avec le public fan était prépondérante dans les
publications. Le formalisme est abandonné, le musée adopte le langage et les références des
individus réduisant ainsi la distance pouvant exister avec le public. Nous avons aussi vu voir
que les relations entre public et musée avaient tendance à s’équilibrer avec ce que Rémi
Mencarelli et Mathilde Pulh nomment les « rôles désormais dévolus au public ». En effet,
nous avons pu voir que les individus pouvaient intervenir (commentaire, partage de contenu)
et que la légitimité des musées en tant qu’enseignant pouvait être « partagée » avec un public
fan d’amateur-expert.
82
II La promotion du musée par Facebook ?
Nous avons aussi pu nous pencher sur la fonction promotionnelle que pouvaient avoir les
pages Facebook des musées. Outre le fait que la présentation elle-même de la page d’un
musée soit créée pour afficher les informations pratiques et les avis des visiteurs, la présence
de cette fonction résiderait en une sorte « incitation » à la visite physique du musée.
Effectivement, en tant qu’outil de communication, Facebook permet aux musées de parler de
leur activité. De ce fait, les publications ont pour sujet les œuvres, les objets ou les projets de
la structure (ou structure partenaires pour le cas du Grand Palais). Les publications
présenteraient aussi des hyperliens renvoyant au site du Musée ou parfois même à la page de
la boutique du musée. Tout comme avec le cédérom culturel, la fonction promotionnelle,
voire même commerciale, est assez identifiable sur les pages Facebook des musées.
Il semblerait donc que les publications à contenu culturel et/ou éducatif seraient donc
étroitement liées à ce que Geneviève Vidal et Crenn appellent fonction d’information et de
communication. Elles permettraient en effet, au musée de rentrer en contact avec le public fan
de sa page, de lui faire découvrir son objet institutionnel qu’est la culture avec des contenus à
caractère éducatif et par la même occasion d’inciter à la visite voir même à l’achat. Les
fonctions de médiation et de communication semblent être liées et la frontière entre les deux
apparaît poreuse. Cela rappelle la constatation d’Elisabeth Caillet sur le fait qu’au sein des
musées confusion entre les deux fonctions se caractérise par l’intégration des services de
relations avec les publics (médiation) aux services de relations publiques (communication et
marketing).
La présence des musées, « espaces symboliques » d’une culture parfois encore vue comme
« académique » voire « élitiste », sur les supports de communication de masse ou populaire
que sont les réseaux sociaux numériques, nous a interrogée sur l’intérêt et l’origine d’un tel
positionnement et engagement de la part des structures muséales. Au début de notre
réflexion, nous annoncions plusieurs hypothèses quant à cela.
83
Notre première hypothèse voulait que l’entrée des musées sur Facebook corresponde à une
adaptation des musées aux changements culturels de la société et serait un moyen de réaliser
leurs missions « d’érudition » (au sens de transmettre des savoirs des connaissances), de
diffusion au plus grand nombre. Lors de ce travail, nous avons pu comprendre que le monde
du musée a subi plusieurs évolutions depuis les débuts de leur création. Sa forme, ses publics
et ses missions ont été modifiés au cours des siècles. Ses préoccupations l’ont été également
en passant d’une logique de collection à une logique plus sociale, une logique de public. La
prise en compte grandissante des publics a permis de soulever la question de l’accès de tous à
la culture et à engendrer des actions de médiation culturelle d’abord au sein des musées puis
hors de l’enceinte des musées et les musées afin d’exporter la culture au plus près des
individus. Nous avons ensuite vu que les musées se sont emparés d’Internet pour assurer au
mieux leurs missions de diffusion et transmission culturelle au plus grand nombre, en effet,
les musées ont rapidement utilisé ce moyen de communication pour accroître leur
rayonnement. Nous avons vu qu’Internet suscitait un fort déterminisme technologique et était
vu comme la réponse à un souhait de démocratisation culturelle du fait qu’il soit perçu comme
un média de masse. Nous avons pu comprendre également la place que tenait Internet dans les
pratiques culturelles des Français et qu’il accentuait le phénomène d’individualisation des
pratiques par une réception et consommation à domicile. Nous nous sommes ensuite penchés
sur le « phénomène » réseaux sociaux. Nous avons vu la place qu’ils tenaient dans la société
et que la pratique muséale y trouvait sa place aussi par le partage d’expérience et la présence
de page de musée.
La première partie de notre hypothèse peut donc être validée. L’utilisation des réseaux
sociaux par les musées semble être l’adaptation aux pratiques culturelles numériques de la
société.
La seconde partie de notre hypothèse consistait à imaginer que les musées, par cette
adaptation, pouvaient réaliser leurs missions d’érudition (médiation) et de diffusion au plus
grand nombre par les réseaux sociaux. Davallon, Le Marec et Gottesdiener relèvent
l’importance attribuée aux supports numériques en ce qui concerne la consultation à domicile.
Effectivement, ces formes de diffusion de la culture peuvent être vues comme des réponses au
besoin d’aller chercher des publics en dehors des structures muséales. Il s’agit en quelque
sorte de mener la culture directement aux individus. Consulter les publications des musées
demande un ordinateur, une connexion Internet, mais aussi un compte Facebook. Comme
nous l’avons évoqué, ces équipements sont aujourd’hui possédés par une majorité de la
84
population, mais sont cependant, la pratique des populations assez jeunes. Nous ne pouvons
donc pas parler d’une démocratisation culturelle via les RSN puisque toutes les populations ne
sont pas atteintes. De plus, il semblerait que les outils de culture à domicile permettraient de
mettre en relation les œuvres et les publics dits « éloignés » et « empêchés ». Cependant,
comme nous l’avons démontré tout au long de notre réflexion, il a vite été démontré que la
simple mise à disposition de culture ne permettait pas aux individus n’ayant aucune attirance
particulière pour l’art ou les visites des musées de développer une appétence pour cela.
Comme le souligne Olivier Donnat, il faut développer le goût pour la culture. La réception et
la consommation culturelle à domicile s’intègrent à des pratiques de visite. En effet, bien que
nous ne puissions le vérifier, il semblerait que les fans de la page de musée aient une pratique
de visite de musée déjà présente dans leur habitude. Ainsi, en suivant les musées, cela leur
permet en quelque sorte de « prolonger l’expérience de visite » (Besset, 2011, p20) ou encore
de marquer leur intérêt pour les sorties culturelles et de le présenter comme un élément de
distinction (Jonchery, 2008), mais comme le dit Olivier Donnat il est difficilement imaginable
qu’une personne n’ayant aucune attirance pour ce type d’activité culturelle s’abonne à une
page Facebook de musée.
En ce qui concerne la mission d’érudition, nous l’avons compris elle est liée à la médiation
culturelle. Notre analyse nous a permis de comprendre que sur les réseaux sociaux les
publications des musées ne pouvaient avoir une fonction pédagogique que modérée.
Cependant, la ludification des contenus est présente dans une partie importante des
publications. En revanche, l’adaptation aux publics n’est pas envisageable sur ce support et il
semblerait qu’un public générique soit utilisé. La fonction documentaire et l’interactivité de
l’usager ne sont elles aussi pas vraiment constatées. Il n’y a pas d’immersion dans le monde
du musée. La fonction d’érudition ne tiendrait donc qu’au fait que des contenus à caractère
éducatif soient publiés, mais nous ne pouvons pas attribuer aux réseaux sociaux une réelle
fonction de médiation culturelle. Là encore, l’hypothèse de mission de démocratisation
culturelle ou de recherche de nouveaux publics par les réseaux sociaux ne peut être validée.
Notre seconde hypothèse consistait à présumer que sur Facebook, l’image, les attitudes et les
actions des musées seraient impactées par la philosophie du Web participatif. Nous avons pu
découvrir que l’utilisation des réseaux sociaux par les musées correspondait à un désir de
renouveler leur image « académique » et d’être au plus proche du public. En effet, nous
l’avons vu, en s’intégrant à un « univers » que la société s’est approprié autour des valeurs de
partage et d’échange entre individus, les musées cherchent à s’inscrire dans une nouvelle
85
forme sociale de relation avec les publics. En adoptant les comportements et attitudes que les
usagers utilisent à des fins de sociabilisation, les musées cherchent à renouveler leur image de
structure non accessible à tous. Le musée semble vouloir « s’humaniser ». Cependant, bien
que l’échange et le dialogue soient vus comme les valeurs premières des réseaux sociaux,
nous avons pu remarquer que le dialogue n’est pas créé. Il s’agit plus de réponse puisqu’il n’y
a pas d’engagement dans un échange entre le musée et le public fan. Par ailleurs, comme nous
l’avons vu, l’utilisation des réseaux sociaux s’intègre à l’orientation prise par le musée,
d’intégrer de plus en plus les publics. La mobilisation de ce type de média social pourrait en
quelque sorte accélérer ce « phénomène » de relation avec un public « Hyperacteur » ou
partenaire induit par le Web participatif. Mais nous l’avons vu, sur les pages des musées, la
participation des publics reste limitée. Il semblerait donc que les musées s’adapteraient aux
« normes » en vigueur sur les réseaux sociaux pour s’intégrer en quelque sorte dans le
quotidien et les pratiques quotidiennes des individus. Ce dans le but de « modifier » leur
image. Notre travail ne nous permet pas de valider ni d’invalider notre hypothèse puisque
nous n’avons pu que comprendre que les musées cherchent à s’imprégner de la philosophie du
Web 2.0, cependant, nous avons vu que cela n’est pas effectif totalement.
Notre dernière hypothèse découle de nos précédentes. L’inscription des musées sur Facebook
rendrait la frontière entre médiation et communication poreuse. Nous pouvons valider cette
hypothèse. En effet, il semblerait que les publications à contenu culturel et/ou éducatif
présenteraient des fonctions de médiation et de communication. Elles permettraient au musée
de rentrer en contact avec le public fan de sa page, de lui faire découvrir la culture artistique
(œuvres et objets disponibles dans les musées) avec des contenus à caractère éducatif et par la
même occasion d’inciter à la visite physique du musée.
Notre sujet traité les musées sur les réseaux sociaux, est relativement peu exploré par la
recherche en sciences de l’information et de la communication. En effet, des travaux anglo-
saxons ont était réalisé au début de l’entrée des structures muséales sur ce type de média
social cependant, en France ce sont les universitaires (doctorant et étudiants de master) de
disciplines très variées qui s’y sont le plus intéressés (histoire de l’art, sciences politiques,
marketing, sociologie…). Il est possible que notre cadre théorique reflète la densité des
lectures. Nous avons tenté, dans notre travail d’approfondir notre sujet afin de répondre à
notre problématique au mieux, cependant, le temps qui nous était imparti pour la réalisation
86
de ce travail et la richesse des pistes à explorer ne nous a pas permis de tous pleinement les
parcourir. Aussi, ce mémoire s’inscrit comme une recherche exploratoire pour des travaux
plus importants.
Nous l’avons vu dans ce travail, les musées, poussés par l’objectif de nouveaux publics, vont
intégrer les réseaux sociaux afin de « désacraliser » leur image et ainsi diminuer les freins à la
visite. Nous l’avons aussi vu, les contenus à caractère éducatif semblent être utilisés au
service de la promotion de l’établissement. Ils agiraient comme une sorte de publicité, un
avant-goût de ce que la visite peut être. Comme peut le souligner Élisabeth Caillet, cette
confusion, cette porosité de la frontière entre médiation et communication est de plus en plus
visible dans les politiques des musées eux-mêmes. En effet, elle note la réduction des services
des relations avec les publics (fonction de médiation) au service de relation publique (fonction
de communication/marketing) « destinée à accroître le public par des démarches de type
publicitaire ». Pour Caillet, une fonction « mercantile » des musées nécessaire aujourd’hui
donne lieu à une « logique d’entreprise privée ». Dans le souci du renouvellement des publics,
les musées agissent comme des entreprises privées (Caillet, 1996, p 140)). En effet, comme
peut nous l’apprendre Olivier Donnat, « la survie de pans entiers de la vie culturelle – et donc
des artistes et des œuvres – passe par l’élargissement des publics » (Donnat, 2008). Ainsi,
lorsque nous revenons à notre sujet qu’est l’utilisation des réseaux sociaux numériques par les
musées, il est bon de nous remémorer ce que nous apprenait Mériam Ben Sassi, leur entrée
sur ces médias sociaux a débuté après les premières parutions de rapport d’entreprise et de
marque sur la visibilité sur les réseaux sociaux.
Cependant, nous ne pouvons tout de même pas ignorer les questionnements autour des publics
qui ont incité les actions culturelles hors les enceintes de musées. Effectivement, notre travail
a révélé que la question et l’intérêt pour les publics ont amené les musées à engager de plus en
plus d’action à destination et en fonction des publics (création de service des publics,
médiations, politiques tarifaires…), mais également à s’adapter aux changements de la société
et aux « nouvelles » pratiques en investissant les nouvelles technologies numériques.
L’investissement des musées sur les réseaux sociaux numériques répond à ce souhait de se
rapprocher des publics. Nous l’avons souligné, sur les RSN, le musée se sépare de son image
académique. Le musée voit également son statut d’entité apprenante modifié, mais aussi entre
dans un dialogue avec son public-fan qui devient un « partenaire ». Nous pouvons donc nous
demander si comme Bernard Deloche l’évoque dans « La nouvelle culture, la mutation des
pratiques sociales ordinaires et l’avenir des institutions culturelles », sur les réseaux sociaux,
87
le musée ne se rapprocherait-il pas d’un musée de société dans lequel le public visiteur est
acteur de l’offre culturelle et dans lequel il est également acteur du contenu de l’offre du
musée ? Autrement dit, en abandonnant le « culte de l’objet physique » et de la « transmission
coûte que coûte » en faveur d’une « interrogation vivante » tournée autour de la fonction
sociale (Deloche, 2007, p230),
Il nous semble intéressant, pour un travail futur, de nous questionner sur les évolutions des
musées offertes par les réseaux sociaux. Tendent-ils à développer leur fonction de
communication promotionnelle et à répondre à des logiques publicitaires ou bien tendent-ils
vers une nouvelle approche des publics en développant le « partenariat » avec ces derniers ?
Dans un premier temps, il serait important d’effectuer un travail de recherche théorique dans
les domaines de la sociologie, sociologie des publics de la culture, politiques culturelles et
marketing culturel entre autres. Ce travail permettrait de définir un positionnement de
recherche et des questionnements.
Dans un second temps, un travail d’enquête auprès des musées (responsable, conservateur,
community manager, etc.) est envisageable. L’objectif serait de comprendre les tenants et les
aboutissants de leur démarche sur les réseaux sociaux numériques. Pour cette étude, il ne nous
semble pas pertinent de nous concentrer sur un seul réseau social. En effet, il serait préférable
pour avoir une vision étendue des rapports entretenus entre musée et réseaux sociaux, de nous
intéresser à tous les RSN significatifs pour notre analyse.
88
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Facebook : Facebook.com
96
ANNEXES
Illustration n°25 « Le musée à l’Hôpital : quand le muséum Henri-Lecoq rencontre les enfants du CHU », -----------------p122
Illustration n°26 « Deux internautes sur cinq ont du mal a se passer d’Internet plus de trois jours »--------------------------p123
Illustration n°27 « Proportion de personnes ayant utilisé Internet en lien avec une visite culturelle ou patrimoniale selon le
temps passé sur Internet»------------------------------------------------------------------------------------------------------------------p124
Illustration n°28 « Au cours des douze derniers mois avez-vous pratiqué les activités suivantes sur Internet ? »------------p125
Grille d’observation de la page Facebook du Musée du Louvre----------------------------------------------------------------------p126
97
Illustration n°1
98
Illustration n°2
99
Illustration n°3
100
Illustration n°4
101
Illustration n°5
102
Illustration n°6
103
Illustration n°7
Source :
Page Facebook
Musée du Louvre
104
Illustration n°8
105
Illustration n°9
106
Illustration n°10
107
Illustration n°11
108
Illustration n°12
109
Illustration n°13
110
Illustration n°14
111
Illustration n°15
112
Illustration n°16
113
Illustration n°17
114
Illustration n°18
Source :
Page Facebook
Musée du Louvre
115
Illustration n°19
116
Illustration n°20
117
Illustration n° 21
118
Illustration n°22
119
Illustration n°23
120
Illustration n°24
121
Illustration n°25
122
Illustration n°26
« Deux internautes sur cinq ont du mal a se passer d’Internet plus de trois jours »
CREDOC, Rapport Crédoc « utiliser Internet, avant, pendant et après la visite » 2012 [ en
ligne] disponible sur http://www.club-innovation-culture.fr/rapport-credoc-2012-utiliser-
internet-avant-pendant-et-apres-la-visite/ (consulté le 3 mai 2016)
123
Illustration n° 27
« Proportion de personnes ayant utilisé Internet en lien avec une visite culturelle ou
patrimoniale selon le temps passé sur Internet»
CREDOC, Rapport Crédoc « utiliser Internet, avant, pendant et après la visite » 2012 [ en
ligne] disponible sur http://www.club-innovation-culture.fr/rapport-credoc-2012-utiliser-
internet-avant-pendant-et-apres-la-visite/ (consulté le 3 mai 2016)
124
Illustration n°28
« Au cours des douze derniers mois avez-vous pratiqué les activités suivantes sur
Internet ? »
CREDOC, Rapport Crédoc « utiliser Internet, avant, pendant et après la visite » 2012 [ en
ligne] disponible sur http://www.club-innovation-culture.fr/rapport-credoc-2012-utiliser-
internet-avant-pendant-et-apres-la-visite/ (consulté le 3 mai 2016)
125
Grille d’observation de la page Facebook du Musée du Louvre
126
Grille d’observation de la page Facebook du Musée du Quai Branly
Page Facebook du Musée du Quai Branly
Fonction Thème Observation Détail
Désacralisation (réduction Humanisation Coulisse Acquisition de nouvelles
de l’écart entre musée et œuvres
publics Problème relatif au musée Problème de dégât des eaux
nécessitant la fermeture
d’une pièce aux visiteurs
Avis -
Personnalité de -
l’administrateur
Problème Salle fermée suit à un dégât
des eaux
Proximité Coulisse Fonctionnement interne,
photographie de pièce non
accessible au public
Utilisation de symbole Smiley
fréquent sur les réseaux
sociaux
Partage de référence d’une Référence à l’émission Koh-
culture « populaire » Lanta suite à une allusion de
la part d’un fan dans un
commentaire
Interaction Commentaire Réponse de façon
personnelle aux
commentaires
Dialogue Davantage dans la réponse
que dans le dialogue
Equilibre des relations Public expert Fan qui précise des
informations sur les œuvres
Fonction de médiation Ludique Devinette
Actualité Météo : neige, soleil pour
faire le lien avec les objets
de la collection
Evénement du calendrier :
St Valentin, 1er mai
Valorisation du bâtiment Focus sur un élément du
musée (jardin…)
Utilisation de vidéo Uniquement pour présenter
les expositions
Contenu inédit Texte présentant les objets
qui n’est pas repris du cartel
de médiation
Dialogue/Interaction Réponse du musée N’incite à un échange. Sont
uniquement des réponses
aux commentaires
Interaction entre les Uniquement des réponses ou
individus réactions aux commentaires,
pas d’échange
Implication du public Complicité Demande l’avis des abonnés
Identification des contenus Absence de rubrique
Valeur éducative Photo avec description
inédite
Commentaire afin de En réponse à la demande
préciser ou détailler la d’un fan
photographie d’un objet
Fonction promotionnelle, Incitation à la visite Lien site internet Musée et partenaires
Information et
communication
Phrase d’incitation à la
visite
Valorisation du bâtiment Photographie
Présentation d’exposition Vidéo et photographie
Indication des jours
d’ouverture
Incitation à la participation Photo des ateliers Avec phrase incitative
aux ateliers « rejoignez-nous ! »
127
Grille d’observation de la page Facebook du Musée Eugène Delacroix
128
Grille d’observation de la page Facebook du Grand Palais
Grand Palais
Fonction Thème Observation Détail
Désacralisation (réduction Humanisation Coulisses Photographie et vidéo
de l’écart entre musée et d’installation d’exposition
publics Personnalité de -
Fonction de médiation l’administrateur
Proximité Coulisse Photographie et vidéo
d’installation d’exposition
Erreur Musée qui s’excuse pour
une erreur dans sa
publication
Utilisation de symbole Smiley et langage courant
fréquemment utilisé sur les « oups »
Réseaux sociaux
Interaction Commentaire Réponse non systématique
de la part du musée
Dialogue Davantage des réponses
n’appelant pas à un échange
Animation Par les devinettes à propos
de l’utilisation d’un objet
présenté
Equilibre des relations Public expert Ajoute de précision,
correction de la part de fan
Ludique Devinette
Jeux concours
Demande avis publics
Valorisation du bâtiment Contenu autour de
l’installation d’une
exposition dans le bâtiment
donnant lieu sur un rappel
historique de la structure
Utilisation de photographie Dans la rubrique [drôle
pour détailler les objets d’objet]
Utilisation de vidéo et de Pour la présentation
photographie d’exposition
Contenu non inédit Textes similaires aux cartels
des musées
Dialogue/Interaction Réponse du musée Non systématique
Interaction entre les Rare
individus
Implication du public Par le biais de participation
aux jeux uniquement
Identification Rubrique
Prise en compte de la Pas de traduction Texte uniquement en
diversité des publics français
Fonction promotionnelle, Incitation à la visite Lien site internet Musée et partenaires
Information et
communication
Lien boutique Musée et partenaires
Phrase d’incitation « venez nombreux »
Présentation de l’exposition En vidéo et en photographie
Indication des jours Du musée et des musées
d’ouverture partenaires
129
Mots clefs : Musée, Réseaux sociaux, Pratique culturelle numérique, Médiation culturelle,
Internet, Communication sur réseaux sociaux, Facebook, Publics
Résumé :
Bien qu’Internet puisse être perçu comme un média de masse, il est également vu comme un
outil ou moyen de diffuser une culture vue comme « élitiste »: les savoirs artistiques auxquels
nous avons accès habituellement au sein des musées (œuvres, objets, etc). Cela peut paraître
contradictoire puisque cette culture est fortement liée à la structure muséale qui possède une
certaine « aura sacrée ». Par ailleurs, nous voyons se développer de plus en plus de pages de
musées sur les réseaux sociaux. Ces pages sont administrées, organisées et actualisées de
façon active. Pourquoi les musées intègrent-ils cet outil de communication populaire ? Le
cœur des réseaux sociaux est l’interaction entre les individus, la création de communautés.
Nous pouvons nous demander si l’entrée des musées sur Facebook s’inscrit dans une
évolution des préoccupations pour la question des publics et quels enjeux de médiation et de
communication cela soulève ? Par l’observation de quatre pages Facebook de musée, nous
avons tenté de répondre à cette question.
Abstract :
Although the Internet can be seen as a mass medium, it is also seen as a tool or means of
disseminating a culture seen as "elitist" art knowledge available to us usually within museums
(works, objects… ). This may seem contradictory since this culture is strongly linked to the
museum structure has a certain "sacred aura". Furthermore, we see developing increasingly
Museum page on social networks. These pages are managed, organized and updated actively.
Why do museums that integrate popular communication tool? The heart of social networks is
the interaction between individual, community creation. We can wonder if the museum
entrance on Facebook is part of an evolving concerns to the issue of public and what issues of
mediation and communication does it raise? By observing four museum of Facebook pages,
we have tried to answer this question.
130