CCie Declaration GPPDF
CCie Declaration GPPDF
CCie Declaration GPPDF
Olympe de Gouges
Déclaration des droits
de la femme et de la citoyenne
(édition Nouveau BAC 1re)
GUIDE PEDAGOGIQUE
établi par Isabelle Lasfargue-Galvez
L'œuvre : présentation
Quel est le statut des femmes en 1791 ?............................................................................................................... 2
1 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
L’ŒUVRE
Présentation
Pour comprendre le statut des femmes en 1791, il est utile de rappeler quelques
considérations sur la condition féminine avant le XVIIIe siècle, pour mieux saisir la réalité
sociale de la vie des femmes et pour se rendre compte des préjugés dont elles sont alors
victimes. Le propos peut s’appuyer sur le texte d’Olympe de Gouges ainsi que sur les œuvres
d’autres auteurs et autrices. Il peut aussi être judicieux d’évoquer, à travers l’exemple
d’illustres héroïnes de romans, le peu d’évolution de la condition féminine au XIXe siècle.
Voici une sélection de citations, organisée en plusieurs parties, qui illustrent la vision de la
femme dans la société à différentes périodes et qui pourront aider les élèves à mesurer
l’écart des mentalités entre hier et aujourd’hui.
Saint Simon demande – en vain – la main de l’une des filles du duc de Beauvilliers : « Le
duc eut sans cesse les yeux sur moi pendant que je lui parlai. Il me répondit en homme
pénétré de reconnaissance, et de mon désir, et de ma franchise, et de ma confiance. Il
m’expliqua l’état de sa famille, après m’avoir demandé un peu de temps pour en parler à
Mme de Beauvilliers, et voir ensemble ce qu’ils pourraient faire. Il me dit donc que, de ses
huit filles, l’aînée était entre quatorze et quinze ans ; la seconde très contrefaite et
nullement mariable ; la troisième entre douze et treize ans ; toutes les autres, des enfants
qu’il avait à Montargis, aux Bénédictines, dont il avait préféré la vertu et la piété qu’il y
connaissait, à des couvents plus voisins où il aurait eu le plaisir de les voir plus souvent. Il
ajouta que son aînée voulait être religieuse ; que la dernière fois qu’il l’avait été voir de
Fontainebleu, il l’y avait trouvée plus déterminée que jamais ; que, pour le bien, il en avait
peu ; qu’il ne savait s’il me conviendrait, mais qu’il me protestait qu’il n’y avait point
d’efforts qu’il ne fit pour moi de côté-là. Je lui répondis qu’il voyait bien, à la proposition que
je lui faisais, que ce n’était pas le bien qui m’amenait à lui, ni même sa fille, que je n’avais
2 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
jamais vue ; que c’était lui qui m’avait charmé et que je voulais épouser avec Mme de
Beauvilliers. « Mais, me dit-il, si elle veut absolument être religieuse ? – Alors, répliquai-je, je
vous demande la troisième. » »
Mémoires de Saint-Simon, 1829
« Rien n’est plus infâme que d’aimer une épouse comme une maîtresse. »
Saint Jérôme (vers 347-420)
« L'amour peut aller au-delà du tombeau, mais elle ne va guère au-delà du mariage. »
Mlle de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus, 1649
« On se marie pour haïr. C’est pour cela qu’il ne faut jamais qu’un véritable amant parle
de mariage, parce qu’être amant, c’est vouloir être aimé, et vouloir être mari, c’est vouloir
être haï. »
Mlle de Scudéry
« Bien qu’il fût son mari, il ne laissa pas d’être son amant, parce qu’il avait toujours
quelque chose à souhaiter au-delà de sa possession. »
Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678
3 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
La « nature féminine »
La femme doit être « un astre à cinq rayons, qui sont les cinq vertus de dévotion, de
modestie, de chasteté, de discrétion, de charité ».
Père Caussin, La Cour Sainte, 1624
« Leur troisième maxime est de refuser les dehors à l’amour, parce qu’elles sont
persuadées qu’on ne peut les accuser que de ce qui est visible. »
Somaize, Grand Dictionnaire des précieuses (1630)
« Afin que vous compreniez mieux le dessein de Clélie, vous verrez qu’elle a imaginé
qu’on peut avoir de la tendresse par trois causes différentes : ou par une grande estime, ou
par reconnaissance, ou par inclination ; et c’est ce qui l’a obligée d’établir ces trois villes de
Tendre sur trois rivières qui portent ces trois noms, et de faire aussi trois routes différentes
pour y aller. Si bien que, comme on dit Cumes sur la mer d’Ionie et Cumes sur la mer de
Tyrrhène, elle fait qu’on dit Tendre-sur-Inclination, Tendre-sur-Estime, et Tendre-sur-
Reconnaissance. Cependant comme elle a présupposé que la tendresse qui naît par
inclination n’a besoin de rien autre chose pour être ce qu’elle est, Clélie, comme vous le
voyez, Madame, n’a mis nul village le long des bords de cette rivière, qui va si vite qu’on n’a
que faire de logement le long de ses rives pour aller de Nouvelle-Amitié à Tendre. Mais pour
aller à Tendre-sur-Estime, il n’en est pas de même ; car Clélie a ingénieusement mis autant
de villages qu’il y a de petites et de grandes choses qui peuvent contribuer à faire naître par
estime cette tendresse dont elle entend parler. »
Mlle de Scudéry, Clélie, partie I, livre I, 1654-1660
le droit de vote comme le déplorait Olympe de Gouges, mais la femme française mariée n’a
aucune indépendance juridique. Elle est une mineure qui doit obtenir l’autorisation de son
mari pour toutes ses actions : travailler, avoir le libre emploi de son salaire, vendre ou
acheter des biens, témoigner en justice. Flora Tristan (1803-1844), rare voix féminine et
féministe de la première moitié du XIXe siècle, écrit à propos des femmes anglaises et
françaises : « Le mari tient l’argent et les clés [du logis] 1. » En ce sens, Emma Bovary qui
réussira, sur les conseils de l’usurier Lheureux, à obtenir une procuration de son mari pour
signer des reconnaissances de dettes, fera preuve d’une grande audace.
• Balzac, dans La Femme de trente ans (1842), n’hésite pas à qualifier le mariage de
« prostitution secrète ». Car, au XIXe siècle, les mariages sont encore des mariages arrangés
où prime l’intérêt social sur les sentiments amoureux.
« Quels moyens ont les mères d’assurer à leurs filles que l’homme auquel elles les livrent
sera un époux selon leur cœur ? Vous honnissez de pauvres créatures qui se vendent pour
quelques écus à un homme qui passe, la faim et le besoin absolvent ces unions éphémères ;
tandis que la société tolère, encourage l’union immédiate, bien autrement horrible, d’une
jeune fille candide et d’un homme qu’elle n’a pas vu trois mois durant ; elle est vendue pour
toute sa vie. Il est vrai que le prix est élevé ! Si, en ne lui permettant aucune compensation à
ses douleurs, vous l’honoriez ; mais non, le monde calomnie les plus vertueuses d’entre
nous ! Telle est notre destinée, vue sous ses deux faces : une prostitution publique et la
honte, une prostitution secrète et le malheur. Quant aux pauvres filles sans dot, elles
deviennent folles, elles meurent ; pour elles aucune pitié ! La beauté, les vertus ne sont pas
des valeurs dans votre bazar humain, et vous nommez société ce repaire d’égoïsme. »
Balzac, La Femme de trente ans, 1842
• D’abord, la jeune fille est élevée dans une ignorance totale des réalités, notamment
sexuelles, du mariage. Elle est « livrée », pour reprendre le terme de Balzac, à son époux.
Cela signifie qu’elle n’a eu ni le choix, ni le temps pour le connaître. Elle passe de la tutelle
du père à celle de l’époux sans avoir pu s’exprimer. Ce sont cette absence de choix et cette
absence de sentiments qui conduisent Balzac à parler de prostitution. Par cette expression
marquante, le romancier revendique le droit de toute femme à un libre épanouissement de
son corps. C’est aussi la société bourgeoise qui est visée. Pour elle, seule compte la mise
sociale, ce qui transparaît à l’extérieur. La prostitution qu’est le mariage est masquée, parce
que la femme a été conditionnée à la résignation et à ne pas se rebeller ouvertement contre
son insatisfaction. Il s’agit de sauver les apparences et de ne surtout pas révéler au grand
jour l’échec profond de ces mariages arrangés et forcés. À côté d’Emma Bovary, le
personnage de Jeanne dans Une vie (1883) de Maupassant nous montre combien ces
mariages créent une insatisfaction profonde, une désillusion, que les héroïnes de romans
tenteront ou non de surmonter.
• La femme est donc avant tout destinée à être une épouse. La vie des femmes n’est pas
envisagée en dehors du mariage. Il n’est nullement question d’émancipation professionnelle
ou de carrière. C’est un parcours qui mène de la vie de jeune fille à la vie de femme mariée
et souvent de mère. À une époque où le progrès matériel est en marche, il est édifiant de
voir que la moitié de la population n’y est pas associée.
5 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
L’ÉDITION
Classiques & Cie Lycée
À l’occasion de la mise en place du nouveau Bac français, la collection Classiques & Cie a été
entièrement repensée de manière que chaque ouvrage offre aux enseignants une séquence
complète sur l’œuvre et le parcours associé, telle que définie dans les nouveaux
programmes.
Cette édition de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Gouges comprend ainsi le texte politique de l’autrice, associé à une proposition de parcours
« Écrire et combattre pour l’égalité » et à de nombreux autres enrichissements
pédagogiques.
L’avant-texte
Composé des rubriques « Qui est l’autrice ? », « Quel est le contexte historique ? », « Quel
est le contexte littéraire et artistique ? », « Quel est le statut des femmes en 1791 ? » et
« Pourquoi vous allez aimer ce texte », l’avant-texte amène l’élève progressivement à la
lecture du texte.
Le bilan de lecture
À travers douze questions simples, ce bilan permet de vérifier que l’élève a perçu et
mémorisé les caractéristiques clés de l’œuvre.
6 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
leur permettre de mieux appréhender les enjeux du parcours et de mieux saisir les
évolutions et les immobilismes dans les faits et les mentalités.
7 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
On peut accéder directement à des enregistrements audios des extraits sur hatier-clic.fr.
8 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
– Révolution : « l’époque de la liberté » (l. 6), « un temps de trouble et d’orage » (l. 10-11) ;
– la guerre potentielle : « la foule de mutins soudoyée » (l. 16-17), « si l’étranger porte le fer
en France » (l. 20).
• La Révolution est désignée soit de façon élogieuse par la périphrase généralisante
« époque de la liberté » (l. 6), qui associe la Révolution à la valeur de la liberté ; soit de façon
négative, comme « dans un temps de trouble et d’orage » (l. 10-11). Des expressions et des
adjectifs péjoratifs présentent la guerre comme une mutinerie illégitime et indigne : « foule
de mutin soudoyée » (l. 16-17), « intrigue » (l. 27), « cabale » (l. 27), « projets sanguinaires »
(l. 27-28).
• Ces références historiques marquent une rupture entre des époques et rappellent
qu’Olympe de Gouges et la reine sont en train de vivre le passage d’un ancien monde à un
nouveau monde, auquel elles doivent toutes deux s’adapter. Si la chose est évidente pour
l’autrice, cela l’est moins pour la reine qui s’accroche à l’Ancien Régime en intriguant avec
les aristocrates contre-révolutionnaires exilés.
3. Par quels moyens l’autrice veut-elle toucher la reine ?
• Olympe de Gouges rappelle qu’elle a défendu la reine quand celle-ci avait été accusée de
trahison. L’impératif « songez que vous êtes mère et épouse » (l. 23) établit un lien de
sororité entre l’autrice et la souveraine. Le portrait qu’elle dessine en creux de la reine est
tout en nuances, à la fois élogieux et quelque peu critique. Marie-Antoinette est désignée
comme une « princesse […] élevée au sein des grandeurs » (l. 12-13) mais dans le même
temps, l’autrice souligne que ce statut n’est dû qu’au hasard : « Il n’appartient qu’à celle que
le hasard a élevée à une place éminente […] » (l. 31-32).
• Olympe de Gouges sait la reine capable de se hisser aux « vrais devoirs » d’une souveraine
qui ne rechigne pas à se sacrifier pour son peuple : « Cette digne négociation est le vrai
devoir d’une reine […] » (l. 26-27). Elle lui fait crédit d’une morale réelle : « Je n’ai jamais pu
me persuader qu’une princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la
bassesse. » (l. 11-13)
9 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
IV. Conclusion
9. Comment ce texte reflète-t-il l’énergie et l’enthousiasme d’Olympe de Gouges dans son
combat pour le droit des femmes ?
• Le « je » est très présent dans la première partie du texte. Olympe de Gouges se présente
comme une actrice politique qui a agi pour défendre la reine quand elle la savait injustement
accusée de trahison. Elle révèle ainsi à celle-ci qu’elle l’a défendue par le passé.
• Mais elle renverse ensuite les choses, en voulant faire de la reine une alliée dans son
combat pour les droits des femmes. L’apostrophe « Madame », assortie d’un impératif,
10 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
ponctue le texte et lui donne un ton de sollicitation pressante. L’autrice veut transmettre à la
reine sa propre énergie de combattante pour l’amener à servir une juste cause.
La question de grammaire
10. Lignes 30-31. Analysez la phrase en identifiant les propositions qui la composent et en
indiquant quel est le mode des verbes.
La phrase contient trois propositions indépendantes au subjonctif. Les deux premières sont
juxtaposées, la troisième est coordonnée. « Qu’» est la particule béquille (ni vraiment
conjonction, ni adverbe) qui introduit le subjonctif de souhait ou d’ordre en français.
11 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
terme « nature » apparaît lui-même deux fois (l. 5 et l. 12). La nature est décrite par l’autrice
comme un objet d’observation intellectuelle : « observe » (l. 4), « cherche, fouille et
distingue » (l. 11). En digne héritière des Lumières, Olympe de Gouges en appelle à la raison
qui doit tirer de l’observation de la nature des vérités scientifiques.
• La nature est pensée comme une œuvre de Dieu reposant sur l’harmonie et l’équilibre. Les
êtres humains sont pensés à l’intérieur de cette nature et non comme des exceptions.
Olympe de Gouges semble paraphraser la formule de Spinoza qui rappelle que « l’homme
n’est pas un empire dans un empire. » (Éthique, 1677).
3. Quel portrait de l’homme se dessine dans le dernier paragraphe ?
• La deuxième phrase du troisième paragraphe est une période oratoire (l. 15-21). La
protase se déploie d’abord avec quatre qualificatifs péjoratifs (« bizarre », « aveugle »,
« boursouflé » et « dégénéré »), apposés au sujet « il ». Le dernier qualificatif, « dégénéré »,
est étendu par une incise présentant une antithèse paradoxale qui oppose « dans ce siècle
de lumières et de sagacité » à « dans l’ignorance la plus crasse ».
• L’apodose est composée de la proposition principale « il veut commander en despote »,
qui souligne l’aberration d’un être de raison qui ose priver de droit un autre être de raison.
Cette apodose est redoublée par la proposition indépendante finale « il prétend jouir de la
Révolution […] » qui met en évidence la même aberration : un être prônant, au nom de la
raison et du progrès, une égalité qui en réalité n’en est pas une. Pour Olympe de Gouges, les
hommes sont donc soit ignorants, soit pleins de préjugés et d’illusion, soit incohérents et
inconséquents, soit despotiques, soit hypocrites et égoïstes, soit tout cela à la fois.
1. De façon performative, elle fait des femmes des « représentantes » en puissance et de droit. Elles peuvent et
doivent pouvoir être élues comme les hommes.
2. La Déclaration d’Olympe de Gouges est donc une doléance, comme lors des États généraux.
12 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
III. Conclusion
7. De quelle manière ce texte prend-il la forme d’une satire implacable de la mentalité des
hommes ?
Dans l’Exhortation aux hommes, Olympe de Gouges dresse un portrait critique des hommes
qui met au jour toute la vanité et l’hypocrisie de leur domination sur les femmes. L’autrice
décrit le patriarcat comme une institution culturelle qui permet la soumission des femmes
1. Par cette formule, Olympe de Gouges renverse la hiérarchie des sexes. D’ordinaire, on dit « sexe faible » ou
« sexe inférieur » pour parler des femmes.
13 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
aux hommes1. En tant qu’être doté par la nature de la raison, la femme n’a pas à être
différenciée des hommes. L’argument est donc à la fois naturaliste et rationaliste.
8. Dans quelle mesure Olympe de Gouges fait-elle preuve d’une grande audace culturelle
et politique dans ce passage ?
Le Préambule souligne les insuffisances de celui de 1789. En substituant « femme » à
« homme », ou en ajoutant « femme » à toutes les phrases, Olympe de Gouges explicite ce
qui aurait dû l’être en 1789 et, ce faisant, met au jour le présupposé sexiste qui fondait le
texte de 1789. Pour paraphraser Michel Serres2, la Déclaration des droits de l’homme a eu le
mérite de dire : « tout homme » et la faiblesse de penser : « seuls les hommes » ou « les
hommes seuls ». Si, pour Michel Serres, il s’agit de penser tout homme et tout être vivant,
pour Olympe de Gouges, en 1791, il s’agissait de penser tout homme et toute femme.
La question de grammaire
9. Lignes 1-4, page 23. Relevez et analysez les expressions de l’interrogation directe.
• « Homme, es tu capable d’être juste ? » (l. 1) : interrogation directe totale avec inversion
sujet-verbe.
• « Dis moi ? » (l. 2) : interrogation directe à valeur exclamative.
• « Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? » (l. 3) : interrogation directe
partielle introduite par le pronom interrogatif « qui ».
• « Ta force ? tes talents ? » (l. 3-4) : interrogation directe totale, double et elliptique.
1. Sur le patriarcat, voir aussi le texte 4 de Françoise Héritier dans le parcours, pages 77-79.
2. Voir le texte du sujet de contraction pages 122-124.
14 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
1. Voir le tableau annexe « Les droits des femmes en France », pages 146-148.
15 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
5. Pourquoi l’égalité devant la loi qui définit l’État de droit, par opposition à l’État de fait,
est-elle favorable aux femmes ?
Les articles VI à IX posent l’égalité entre femmes et hommes, ce qui, de facto, fonde une loi
unique pour tous, hommes et femmes. Or, si la femme suit la même loi que l’homme et
bénéficie des mêmes droits que lui, elle n’est pas soumise à l’autorité de son mari. Le droit
positif universel remplace alors un droit positif inégalitaire mais aussi un droit coutumier qui
fait de la femme un être soumis à son mari.
1. Extrait de l’article 328 du Code civil : « Le parent, même mineur, à l’égard duquel la filiation est établie a,
pendant la minorité de l’enfant, seul qualité pour exercer l’action en recherche de maternité ou de paternité. »
16 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
révèle la force et le courage des femmes, qualités qui devraient leur ouvrir les portes de
n’importe quel emploi.
IV. Conclusion
9. Quel est l’impact d’un tel texte tant d’un point de vue social que politique ?
En reprenant la dimension juridique de la Déclaration de 1789, Olympe de Gouges veut
montrer qu’une réforme du droit en faveur des femmes est nécessaire si cette Déclaration
se veut vraiment universelle et égalitaire. La Déclaration des droits de la femme bouscule la
tradition patriarcale installée depuis des siècles. Au-delà du droit, c’est toute une vision de la
femme et de l’homme qui doit être remise en question, ce qui n’est pas simple car cette
manière de concevoir les rapports homme-femme repose en partie sur des fondements
religieux tels qu’ils sont formulés dans la Genèse.
La question de grammaire
10. Étudiez l’expression de la négation dans l’article III.
• Une négation restrictive : « qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme » (l. 30).
• Des déterminants négatifs : « nul corps, nul individu » (l. 31).
• Une négations explétive : « qui n’en émane expressément » (l. 32).
texte : « réveille » (l. 99), « reconnais » (l. 100), « mensonges » (l. 102), « nuages de la
sottise » (l. 103), « aveugles » (l. 107). Ils s’opposent à des groupes nominaux appartenant au
champ lexical de la vérité : « le tocsin de la raison » (l. 99) et « le flambeau de la vérité »
(l. 102).
• Olympe de Gouges prolonge le motif, issu des Lumières, de la dissipation des préjugés et
de l’accès à la vérité, en l’appliquant aux femmes. Elles doivent faire confiance à leur raison
pour sortir des « ténèbres » et améliorer leur condition.
2. Comment le texte souligne-t-il le caractère incomplet et défaillant des avancées de la
philosophie des Lumières ?
• Si, comme l’écrit Kant dans Qu’est-ce que les Lumières ? (1784), la philosophie des
Lumières repose sur l’idée centrale que l’homme doit exercer sa raison 1 pour sortir de l’état
de minorité et accéder à l’autonomie de pensée et à la liberté, les femmes, parce qu’elles
sont des êtres de raison, auraient dû bénéficier comme les hommes de cet élan
d’émancipation intellectuelle. Olympe de Gouges laisse entendre que cette dynamique a
mené à une injustice envers les femmes : « Devenu libre, il est devenu injuste envers sa
compagne. » (l. 105-106) La métaphore « briser ses fers » (l. 105), qui fait allusion à
l’affranchissement du peuple grâce à la Révolution, suggère que la liberté fraîchement
acquise ne concerne que les hommes, le possessif « ses » désignant « l’homme esclave »
(l. 103-104).
• De plus, l’autrice rappelle que si les femmes n’avaient pas employé leur énergie à aider les
hommes, ces derniers n’auraient pas pu mener leur révolte. Elle fait ainsi allusion à la part
active des femmes dans la Révolution, action dont les femmes ne sont pas payées en
retour 2.
3. Pourquoi l’autrice considère-t-elle que les femmes n’ont tiré aucun avantage de la
Révolution ?
L’étude des temps des verbes permet de distinguer l’état présent des choses à l’état
antérieur.
• L’état antérieur est rendu par le passé composé « vous n’avez régné » (l. 109), à valeur de
passé révolu. L’état présent est rendu par des passés composés qui ont une valeur actuelle,
état présent d’un fait passé : « vous avez recueillis » (l. 107), « votre empire est détruit »
(l. 110) ; et par un présent : « reste-t-il » (l. 111).
• L’état antérieur reposait sur un pouvoir non légitime, illusoire, fondé sur « la faiblesse des
hommes » (l. 110) ; l’état présent n’est pas meilleur puisque les femmes ont perdu tout
pouvoir et n’ont gagné qu’un « mépris plus marqué » et un « dédain plus signalé » (l. 108-
109). Les comparatifs « plus marqué » et « plus signalé » marquent la dégradation de la
condition des femmes.
1. Dans ce texte, Kant reprend la maxime du poète latin Horace, sapere aude (« ose savoir »).
2. Voir l’avant-texte page 12 et les images page 21 et page 30.
18 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Le mot « conviction 1 » (l. 111) s’oppose à « réclamation » (l. 112) : le passage de l’un à
l’autre montre qu’il s’agit maintenant pour les femmes de passer du constat de leur malheur
à l’action pour y mettre fin. Elles ne doivent pas être spectatrices de leur condition injuste.
La réclamation est légitime et doit devenir une « belle entreprise » (l. 113-114).
5. Pourquoi peut-on dire que ce texte déploie l’énergie de la Révolution ?
• Les questions « Qu’auriez-vous à redouter […] ? » (l. 113-114) et « Craignez-vous que nos
législateurs […] ? » (l. 114-118) pointent l’état de soumission et l’inquiétude des femmes. À
ces doutes et questionnements s’opposent les injonctions qui appellent à l’action et
encouragent la rébellion : « opposez » (l. 120), « réunissez-vous » (l. 122), « déployez »
(l. 122).
• De nombreux mots et propositions révèlent la confiance qu’Olympe de Gouge place en ses
contemporaines : « courageusement » (l. 120-121), « la force de la raison » (l. 121), « toute
l’énergie de votre caractère » (l. 123), « il est en votre pouvoir de les affranchir » (l. 126-127)
et « vous n’avez qu’à le vouloir » (l. 127). Pour l’autrice, les femmes sont des forces en
puissance, des « mères courage » qui n’ont besoin que d’encouragement pour se prendre en
main et déployer tout leur potentiel. À la suite du texte d’Olympe de Gouges, l’iconographie
du XIXe siècle a véhiculé cette énergie des femmes dans la Révolution.
III. En finir avec les viles stratégies des femmes (l. 128-145)
6. Quel portrait l’autrice fait-elle des femmes d’hier ?
Olympe de Gouges dresse un tableau sans concession des femmes d’hier, qu’elle estime
indignes comme le montre le choix du vocabulaire et des expressions : « l’effroyable tableau
de ce que vous avez été » (l. 128-129), « dissimulation » (l. 133), « administration nocturne »
(l. 138-139), « indiscrétion » (l. 140), « cupidité » (l. 143), « ambition » (l. 143). L’autrice ne
les condamne pas moralement mais considèrent qu’elles sont des maîtresses toutes
puissantes du jeu politique et que leur influence se mesure aux hommes qu’elles ont su
séduire. Olympe de Gouges fait d’ailleurs une critique ironique des hommes puissants qui
ont succombé à leurs charmes, y compris des hommes d’Église.
7. Aux femmes de quelle classe sociale l’autrice fait-elle allusion ?
L’énumération des lignes 139 à 142 présente une galerie de lieux privés et d’hommes
puissants qui suggère que les femmes dont parle Olympe de Gouges appartiennent à l’élite
sociale, puisqu’elles sont en mesure de côtoyer les sphères du pouvoir où évoluent ces
hommes.
8. Pourquoi la dernière phrase présente-t-elle un double paradoxe ?
• La dernière phrase comporte un parallélisme de construction qui suggère un renversement
de valeurs : « ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution, respectable
et méprisé » (l. 143-145).
• Ce parallélisme est renforcé par trois antithèses : « autrefois » ≠ « depuis la Révolution »,
« méprisable » ≠ « respectable », « respecté » ≠ « méprisé ». Ces deux dernières antithèses
sont creusées par un double polyptote (ou isolexisme) – « méprisable »/« méprisé » et
1. Pour Olympe de Gouges, les femmes ne peuvent qu’être convaincues qu’elles sont les victimes des injustices
des hommes.
19 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
IV. Conclusion
9. En quoi ce texte témoigne-t-il de la fougue d’Olympe de Gouges ?
Ce texte donne l’impression qu’Olympe de Gouges veut libérer la parole et l’action des
femmes, et ce d’autant plus que cette liberté de parole leur est confisquée. En multipliant
les injonctions à s’indigner de l’injustice dont elles sont victimes et à agir pour que les choses
changent, en forçant le trait d’un sexe soumis et méprisé par les hommes, l’autrice veut
montrer que les femmes ont tout à gagner à se révolter.
La question de grammaire
10. Analysez le mot « que » dans la phrase « Quels sont les avantages que vous avez
recueillis dans la Révolution ? » (l. 107-108).
« Que » est un pronom relatif dont l’antécédent est « les avantages ». Sa fonction est COD
de la proposition relative.
20 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
« formule » juridique (l. 19) qui peut servir de base à un nouveau contrat conjugal. Dire ces
mots revient à s’engager vis-à-vis de l’autre devant un représentant de la loi.
2. Qu’est-ce qui, dans ce texte, fonde une égalité dans le couple ?
• Cette égalité conjugale concerne les biens ou les « fortunes » (l. 4), les enfants et les
questions d’héritage. Tout se fait au nom du couple dans une stricte égalité, comme l’atteste
l’omniprésence du « nous ». L’originalité de ce contrat est qu’il prend en compte les
sentiments et ses fluctuations (« pour la durée de nos penchants mutuels », l. 2-3). Olympe
de Gouges propose donc une union conjugale fondée sur l’amour, et non un mariage de
raison ou économique comme c’était essentiellement le cas à son époque. La communauté
de biens n’existe que tant que dure cette union libre.
• Si une séparation est décidée par les conjoints, chacun récupère ses biens, même si c’est
pour les donner à un enfant né hors du couple. L’autrice envisage à la fois une union qui
pourrait durer toute la vie, une « union parfaite » (l. 14), et une union éphémère « en cas de
séparation » (l. 12).
• La vision du couple qui transparaît à travers cette proposition de contrat conjugal est d’une
grande modernité pour l’époque et témoigne de l’avance de l’autrice sur ses contemporains.
21 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
cette loi pour contraindre un homme à subvenir aux besoins de leur enfant alors qu’il n’est
pas leur père. Olympe de Gouges est donc bien consciente du pouvoir que cette loi pourrait
donner aux femmes. Aujourd’hui, les tests ADN permettent de limiter ces dérives.
IV. Conclusion
9. Pourquoi ce texte a-t-il des résonances extrêmement modernes ?
• Olympe de Gouges pose les bases du PACS, du mariage d’amour, de la reconnaissance de
paternité contrainte et d’une autorité parentale égale entre père et mère, qui sont autant
d’avancées sociales extrêmement récentes, puisqu’elles ont eu lieu au dernier tiers du
XXe siècle. Si ce qu’elle a imaginé a bien pris forme aujourd’hui dans un pays comme la
France, ce n’est cependant pas le cas à l’échelle du monde entier, où de nombreux progrès
restent à accomplir dans certains pays.
• D’autre part, le libre accès accordé aux femmes « à toutes dignités, places et emplois
publics » (l. 46-47), tel que le préconise Olympe de Gouges, a lui aussi pris forme en théorie.
En réalité le combat n’est pas terminé. Si en Allemagne ou en Nouvelle-Zélande des femmes
sont au sommet du pouvoir exécutif, à quand une présidente de la République française ou
américaine ?
La question de grammaire
10. Lignes 48-49. Quelles sont la nature et la fonction de « dernières » et « premières »
dans la phrase ?
22 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
23 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Le bilan de lecture
1. Qui est Olympe de Gouges ? Quel statut occupe-t-elle dans la société où elle vit ?
Olympe de Gouges est une écrivaine de la fin du XVIIIe siècle. Issue de la petite bourgeoisie,
mariée à 16 ans et veuve un an après son mariage, elle a choisi de rester célibataire. Grâce à
un homme avec qui elle a vécu en union libre, elle a pu subvenir à ses besoins sans se
remarier.
2. Quand la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne paraît-elle ? Sous quel
régime politique ?
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne paraît le 14 septembre 1791, au
moment où l’Assemblée constituante issue de la Révolution devient une Assemblée
nationale acceptée par le roi. La France devient alors une monarchie constitutionnelle, pour
peu de temps, puisque ce régime sera aboli le 21 septembre 1792, date de la proclamation
de la Première République.
3. De quel texte l’œuvre d’Olympe de Gouges est-elle en partie une réécriture ?
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est en grande partie une réécriture
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont les articles sont adoptés par
l’Assemblée constituante du 20 au 26 août 1789.
4. Comment Olympe de Gouges est-elle morte ? Pour quelles raisons ?
Olympe de Gouges est arrêtée, puis guillotinée le 3 novembre 1793. Elle est considérée par
les Jacobins comme une aristocrate ennemie de la Révolution, car elle avait voulu défendre
Louis XVI. En mars 1793, elle rédige une affiche, « Les Trois Urnes ou le Salut de la patrie par
un voyageur aérien », dans laquelle elle prône l’autodétermination des départements. Cette
revendication est très subversive car le 29 mars a été promulguée une loi qui punit de mort
quiconque œuvrerait au rétablissement d’un gouvernement autre que républicain. En juillet,
elle fait tirer cette affiche à 1 000 exemplaires. Elle est en quête d’un afficheur quand elle est
dénoncée et arrêtée.
5. De combien de parties la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne se
compose-t-elle ?
La Déclaration d’Olympe de Gouges est un texte hybride qui se compose de six parties :
– la Dédicace à la reine ;
– l’Exhortation aux hommes ;
– le Préambule ;
– les 17 articles (le cœur de la Déclaration)
– le Postambule ;
– le Contrat social entre l’homme et la femme.
6. Quelle est la partie la plus importante de l’œuvre ?
La plus partie la plus importante est le cœur de la Déclaration, soit les 17 articles, car ils
instaurent le cadre juridique et politique qui promulgue l’égalité des femmes et des hommes
devant la loi. Aussi cette réécriture des articles de la Déclaration de 1789 s’inscrit dans le
prolongement direct des idéaux révolutionnaires d’égalité.
24 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
25 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
26 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Salima, au centre de l’image, marche vers le spectateur d’un pas que l’on devine vif et
déterminé. Son assurance est criante : avec sa robe courte, ses longs cheveux et son
maquillage sophistiqué, elle suscite la curiosité et l’étonnement des passants mais aussi le
reproche. Entre désir et réprobation, les regards des personnages qui entourent cette jeune
femme affirmée sont tout sauf indifférents. Le film montre la force du personnage de Salima
qui s’est libérée du jugement des autres et n’hésite pas à provoquer les mécontents en
remontant encore un peu plus sa robe.
27 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
l’intérieur de son oreille. Comme l’annonce le titre, ce lapin est maquillé comme pourrait
l’être une femme ou un être humain en général.
3. Quelles impressions se dégagent de la rencontre avec ce lapin maquillé ?
Douceur et inquiétude se dégagent de cette rencontre. Douceur à cause des couleurs et de
la beauté de l’animal, inquiétude à cause de son regard interrogateur. Son œil maquillé
semble défier le spectateur, le bousculer dans ses repères. Ce sont les frontières entre les
genres et entre les espèces qu’interroge Edi Dubien dans ce tableau. Le maquillage n’est pas
réservé à un genre ni à une espèce, et les animaux ne sont pas si différents de nous. L’artiste
semble vouloir nous tendre un miroir, nous dire que cet animal est proche de nous, qu’il
partage nos doutes, notre quête d’identité et de liberté, et notre envie de vivre.
28 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Introduction
L’écriture de combat, ou la littérature engagée, exige qu’un artiste mette sa plume au
service d’une cause. Il se doit d’être percutant et efficace s’il veut toucher son lectorat. C’est
ce que souligne Benoîte Groult quand elle écrit au sujet d’Olympe de Gouges : « Elle savait
parfois allier le génie des formules à l’audace de la pensée sans jamais négliger l’aspect
concret […] ». Il s’agit de mettre au jour, à travers la Déclaration et les textes du parcours,
quelles sont les spécificités littéraires de l’écriture de combat pour l’égalité et à quoi elle se
heurte.
29 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
• Aussi, il est difficile de lutter contre des préjugés que l’on considère comme des vérités
irréfutables. Ainsi, pour faire admettre que tous les êtres vivants peuvent être des sujets de
droits, Michel Serres cherche à déconstruire l’idée répandue que l’homme est « un empire
dans un empire », pour reprendre les mots de Spinoza dans son Éthique (1677).
• L’histoire de la réception du texte d’Olympe de Gouges montre combien le combat pour
l’égalité est difficile. Au moment de sa publication, la Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne passa inaperçu, puis fut oubliée avant d’être exhumée par des historiens et
de trouver un écho retentissant aujourd’hui.
3. L’énergie de l’écriture au service de l’engagement
• Pour Benoîte Groult, le ton exalté et passionné d’un texte comme celui d’Olympe de
Gouges est constitutif de l’écriture de combat. Cette énergie vibrante liée au sentiment
d’urgence qui enclenche l’écriture est une nécessité si l’autrice souhaite être entendue.
• La rhétorique volontariste d’Olympe de Gouges ou la tonalité épique et humaniste des
versets de Léopold S. Senghor sont mises au service du combat pour l’égalité. Chez Vincent
Message, le combat est mené par le détour de la fiction. Son récit évoque les traitements
infligés aux animaux par les hommes et suscite une prise de conscience d’autant plus forte
que l’écrivain choisit le mode de la fiction dystopique pour exprimer son engagement.
30 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Léopold Sédar Senghor, « Élégie pour Martin Luther King », Élégies majeures (texte 6,
page 81)
Nous proposons ici quelques éléments de rédaction du commentaire.
1. Un hommage à Martin Luther King, héros tragique de l’égalité entre les êtres humains
• Le poème de Senghor, qui est un hommage à Martin Luther King, a une dimension
encomiastique. Il célèbre, sur le mode de l’éloge, la mémoire du pasteur afro-américain
assassiné. Cette cinquième et dernière laisse de l’élégie, après le récit exalté de la mort
sanglante du pasteur évoqué comme un martyr, est plus apaisée. Elle est en effet toute
dirigée vers l’au-delà de la mort tragique du combattant pour les droits civiques. La mort est
présente à travers la métaphore religieuse de l’encensoir dont la fumée s’évapore (verset 1),
ce qui matérialise l’élévation de l’âme du pasteur :
Cependant que s’évaporait comme l’encensoir le cœur du pasteur
Et que son âme s’envolait, colombe diaphane qui monte
Le cœur et l’âme, le matériel et l’immatériel, disent la fusion du corps et de l’esprit.
À cette mystique religieuse s’ajoute l’évocation de la colombe (verset 2) dont la symbolique
est à la fois religieuse (le Saint-Esprit est représenté par une colombe) et laïque (la colombe
de la paix). Mais le poète renouvelle cette image, qui pourrait paraître convenue, en faisant
de cette colombe un être tout aussi immatériel que l’âme ou la fumée de l’encensoir par
l’adjonction de l’adjectif qualificatif épithète « diaphane » (verset 2). Le poète transforme
donc le martyr en figure inspiratrice et bienfaitrice, en incarnation spirituelle de la paix, avec
ce jeu entre la chair et l’esprit, le visible et l’invisible.
2. Un hymne universaliste
• Le message universaliste porté par le poète à la suite du pasteur est au cœur de l’élégie.
De façon marquée et répétée, l’union du noir et du blanc est mise en avant pour célébrer
l’égalité entre tous les êtres. Ainsi, un dieu noir et blanc s’adresse au poète, il est
« rayonnant comme un diamant noir » (verset 8) mais sa barbe est blanche comme le
montrent deux expressions : « Sa barbe déroulait la splendeur des comètes » (verset 9) et
« sous ta barbe blanche » (verset 13). Ce dieu noir et blanc symbolise l’union de tous les
hommes.
Les êtres de cette humanité unie sont soit représentés métonymiquement sous leur couleur
de peau – « les Noirs et les Blancs » (verset 11) et « les Blancs et les Noirs » (versets 16) –,
soit imagés, toujours métonymiquement, par la norme socioprofessionnelle qui les
détermine : les Blancs sont des « bourgeois » (verset 14) ; les Noirs, « des paysans paisibles,
coupeurs de canne cueilleurs de coton » (verset 14). La référence à l’esclavage des Noirs est
ici évidente. Mais un même destin peut réunir les Blancs et les Noirs : la figure de l’ouvrier
« aux mains fiévreuses » (verset 15) semble en effet plus universelle.
Le motif universaliste se fonde également sur une mystique religieuse chrétienne, issue à la
fois des évangiles et des épîtres pauliniennes, avec la référence au Christ qui apparaît à la fin
du passage (le « Fils unique », verset 23) et les interjections de célébration judéo-chrétienne
(« Hosanna ! Alléluia ! », verset 17). L’évocation de l’innocence (« l’innocence du monde »,
verset 19) rappelle elle aussi la tradition judéo-chrétienne.
31 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Le poète appelle à une union des êtres par-delà leurs différences à travers la métaphore du
mariage (« les noces des âmes », verset 22), annoncée par la métaphore musicale (« une
symphonie en noir et blanc », verset 21). Senghor insiste sur l’image de la fusion avec le
polyptote : « confondus les élus » (verset 11) et « confonds-les donc » (verset 13).
L’expression « tous les fils de la même Terre-Mère » (verset 16) pour parler des Blancs et des
Noirs, empreinte d’une mystique naturaliste, suggère avec le plus de force l’évidence de
l’égalité entre les hommes.
• Le poète est le chantre d’un hymne universaliste. La dimension musicale du poème se
retrouve aussi bien dans le choix du lexique – « ils chantaient […] ils dansaient » (verset 19)
et « les forces que rythmait, qui rythmaient la Force des forces » (verset 20) – que dans le
rythme même des versets. Les appositions nominales (versets 2, 8, 14 et 16), les
propositions relatives (versets 2, 8, 20, 22) ou encore les juxtapositions sans ponctuation
(versets 6, 7, 14, 20, 22) approfondissent les images en relançant les phrases et donnent au
poème sa musicalité singulière.
32 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
Voici une proposition de contraction sur l’extrait choisi du Contrat naturel de Michel Serres.
Il y a une urgence absolue à remettre en question l’idée que seul l’homme puisse bénéficier
de droits. Or, si même les objets sont soumis au droit, il est logique de chercher à
comprendre comment se combinent globalement les équilibres du monde.
Ainsi, si dans la nature comme// (50) dans la culture, il existe des équilibres, il s’agit
aujourd’hui d’articuler les deux. Les sociétés humaines, en effet, ont un tel poids qu’elles
perturbent les harmonies naturelles. Si autrefois la nature nous dominait, c’est désormais
l’inverse. Un rééquilibrage paraît donc nécessaire.
À l’heure// (100) de la mondialisation, il faut signer un nouveau contrat avec la nature et
passer d’un régime de surexploitation à celui d’une attention respectueuse. On ne peut plus
la dépouiller de toutes ses richesses impunément, sous peine de voir cette nature qui nous
accueille anéantie par notre faute. En// (150) conséquence, il nous faut la reconnaître
juridiquement comme un associé biologique, dans un échange donnant donnant.
Dès lors, dans la lignée des révolutions politiques et sociales du XIXe siècle, c’est à un idéal de
justice et d’équité à l’égard de la nature que nous devons travailler.
199 mots
33 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
2. L’inégalité sociale
II. L’égalité, plus qu’un mot ou un programme, des avancées incontestables
1. Les droits sociaux
2. Les droits humains
3. Les droits des femmes
4. Les droits du vivant
III. L’égalité, un idéal jamais acquis
1. Le risque de régression des acquis (avortement, montée des intégrismes religieux)
2. La résistance des mentalités, des traditions et des conservatismes
3. L’ambiguïté de la mondialisation et des différences culturelles (l’égalité n’est-elle
qu’un idéal occidental ou est-elle universelle ?)
Introduction
L’autrice se positionne face à la reine avec une certaine audace, en s’adressant à elle de
femme à femme. Elle lui donne à la fois une leçon politique et veut toucher son cœur de
femme. Il s’agit pour Olympe de Gouges de trouver dans la reine une véritable alliée dans
son combat pour les droits des femmes.
1. Une nouvelle mission pour la reine : le combat pour toutes les femmes (l. 30-36)
L’autrice invite la reine à orienter son influence politique vers un « plus noble emploi »
(l. 30), à déployer son énergie non dans un combat dépassé (la lutte contre-révolutionnaire),
mais dans « l’essor des droits des femmes » (l. 33).
Elle met en avant une sororité entre elle et la reine mais aussi entre la reine et toutes les
femmes : elle structure son propos en établissant une opposition entre ses « intérêts
particuliers » (l. 35) et « ceux de [son] sexe » (l. 35-36).
34 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique
caractérise » (l. 30-31), l’autrice manifeste son souhait d’entraîner la reine du côté de la
noblesse et de la grandeur d’âme.
3. L’amélioration de la condition des femmes : un noble, long et juste combat (l. 41-47)
Selon Olympe de Gouges, les femmes du passé subissent un « déplorable sort » (l. 46) et ont
perdu des droits dans la société, elles sont un « sexe malheureux » (l. 47). L’autrice les
présente donc comme des victimes des hommes, condamnées à la soumission et à la
souffrance.
À l’inverse, les femmes du futur exploiteront « toute la consistance dont [leur sexe] est
susceptible » (l. 42-43). Olympe de Gouges croit donc en la capacité des femmes à
revendiquer leurs droits et à valoriser toutes les qualités qui les caractérisent.
À ses yeux, le combat qu’elle propose à la reine est complètement juste car il s’agit de
corriger une injustice. Elle est également consciente de la difficulté de ce combat qui « n’est
pas le travail d’un jour » (l. 42-43).
Conclusion
Ce texte reflète l’énergie, l’enthousiasme et l’audace d’Olympe de Gouges dans son combat
pour le droit des femmes. Le passage est empreint du ton de la sollicitation pressante.
L’autrice veut transmettre à la reine sa propre énergie de combattante pour l’amener à
servir une juste cause.
QUESTION DE GRAMMAIRE
Les tournures injonctives du passage sont :
• les impératifs : « songez » (l. 36), « soutenez » (l. 47), « défendez » (l. 48) ;
• le subjonctif de souhait : « Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite
votre ambition, et fixe votre regard. » (l. 30-31)
35 • Hatier © 2021