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Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique

Olympe de Gouges
Déclaration des droits
de la femme et de la citoyenne
(édition Nouveau BAC 1re)

GUIDE PEDAGOGIQUE
établi par Isabelle Lasfargue-Galvez

L'œuvre : présentation
 Quel est le statut des femmes en 1791 ?............................................................................................................... 2

L’édition Classiques & Cie lycée .................................................................................................................... 6

Exercices & sujets : les corrigés


 Des clés pour la lecture linéaire .................................................................................................................................... 8
 Le bilan de lecture................................................................................................................................................................ 24
 Les lectures d’images.......................................................................................................................................................... 26
 Les sujets d’écrit et d’oral............................................................................................................................................... 29

1 • Hatier © 2021
Classiques & Cie Lycée • Déclaration des droits de la femme • guide pédagogique

L’ŒUVRE
Présentation

Quel est le statut des femmes en 1791 ?

Pour comprendre le statut des femmes en 1791, il est utile de rappeler quelques
considérations sur la condition féminine avant le XVIIIe siècle, pour mieux saisir la réalité
sociale de la vie des femmes et pour se rendre compte des préjugés dont elles sont alors
victimes. Le propos peut s’appuyer sur le texte d’Olympe de Gouges ainsi que sur les œuvres
d’autres auteurs et autrices. Il peut aussi être judicieux d’évoquer, à travers l’exemple
d’illustres héroïnes de romans, le peu d’évolution de la condition féminine au XIXe siècle.
Voici une sélection de citations, organisée en plusieurs parties, qui illustrent la vision de la
femme dans la société à différentes périodes et qui pourront aider les élèves à mesurer
l’écart des mentalités entre hier et aujourd’hui.

 Le mariage : une institution patrimoniale


Le consentement parental est légalement nécessaire, depuis 1556, jusqu’à trente ans pour
les hommes et vingt-cinq ans pour les femmes.
« J’ai pensé vous marier vous-même sans que vous en sussiez rien, et il s’en est peu fallu
que la chose n’ait été engagée ; mais quand c’est venu au fait et au prendre, je n’ai point
trouvé l’affaire aussi avantageuse qu’elle le paraissait […]. Tout ce que je vous puis dire, c’est
que vous ne connaissez pas la personne dont il s’agissait, et que vous ne l’avez jamais vue.
C’est même une des raisons qui m’a fait aller bride en main, puisqu’il est juste que votre
goût soit aussi consulté. »
Lettres de Racine à son fils, 1796

Saint Simon demande – en vain – la main de l’une des filles du duc de Beauvilliers : « Le
duc eut sans cesse les yeux sur moi pendant que je lui parlai. Il me répondit en homme
pénétré de reconnaissance, et de mon désir, et de ma franchise, et de ma confiance. Il
m’expliqua l’état de sa famille, après m’avoir demandé un peu de temps pour en parler à
Mme de Beauvilliers, et voir ensemble ce qu’ils pourraient faire. Il me dit donc que, de ses
huit filles, l’aînée était entre quatorze et quinze ans ; la seconde très contrefaite et
nullement mariable ; la troisième entre douze et treize ans ; toutes les autres, des enfants
qu’il avait à Montargis, aux Bénédictines, dont il avait préféré la vertu et la piété qu’il y
connaissait, à des couvents plus voisins où il aurait eu le plaisir de les voir plus souvent. Il
ajouta que son aînée voulait être religieuse ; que la dernière fois qu’il l’avait été voir de
Fontainebleu, il l’y avait trouvée plus déterminée que jamais ; que, pour le bien, il en avait
peu ; qu’il ne savait s’il me conviendrait, mais qu’il me protestait qu’il n’y avait point
d’efforts qu’il ne fit pour moi de côté-là. Je lui répondis qu’il voyait bien, à la proposition que
je lui faisais, que ce n’était pas le bien qui m’amenait à lui, ni même sa fille, que je n’avais

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jamais vue ; que c’était lui qui m’avait charmé et que je voulais épouser avec Mme de
Beauvilliers. « Mais, me dit-il, si elle veut absolument être religieuse ? – Alors, répliquai-je, je
vous demande la troisième. » »
Mémoires de Saint-Simon, 1829

 Mariage et amour : une antinomie


« On ne se marie pas pour soi, quoi qu’on dise ; on se marie autant ou plus pour sa
postérité, pour sa famille. L’usage et l’intérêt du mariage touchent notre lignée bien loin par-
delà nous. […] Aussi est-ce une espèce d’inceste d’aller employer à ce parentage vénérable
et sacré les efforts et les extravagances de la licence amoureuse […]. Je ne vois point de
mariages qui faillent plus tôt et se troublent que ceux qui s’acheminent par la beauté et
désirs amoureux. Il y faut des fondements plus solides et plus constants […]. Un bon
mariage, s’il en est, refuse la compagnie et les conditions de l’amour. Il tâche à représenter
celles de l’amitié. »
Montaigne, Essais, 1580

« Il faut, dit Aristote, toucher sa femme prudemment et sévèrement, de peur qu’en la


chatouillant trop lascivement le plaisir ne la fasse sortir hors des gonds de la raison. »
Montaigne, Essais, 1580

« Rien n’est plus infâme que d’aimer une épouse comme une maîtresse. »
Saint Jérôme (vers 347-420)

« L'amour peut aller au-delà du tombeau, mais elle ne va guère au-delà du mariage. »
Mlle de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus, 1649

« On se marie pour haïr. C’est pour cela qu’il ne faut jamais qu’un véritable amant parle
de mariage, parce qu’être amant, c’est vouloir être aimé, et vouloir être mari, c’est vouloir
être haï. »
Mlle de Scudéry

« M. de Clèves était peut-être l’unique homme du monde capable de conserver de


l’amour dans le mariage. »
Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678

« Bien qu’il fût son mari, il ne laissa pas d’être son amant, parce qu’il avait toujours
quelque chose à souhaiter au-delà de sa possession. »
Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678

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 La « nature féminine »
La femme doit être « un astre à cinq rayons, qui sont les cinq vertus de dévotion, de
modestie, de chasteté, de discrétion, de charité ».
Père Caussin, La Cour Sainte, 1624

« Une femme honnête doit toujours être enceinte ou récemment accouchée. »


Précepte du XVIIe siècle

 Les premières féministes : les précieuses


Avant Olympe de Gouges, l’esprit des précieuses peut être considéré comme un discours
visant à émanciper les femmes en en faisant les maîtresses de la galanterie et de la liberté
d’aimer.
« Comme la liberté, surtout des pensées, des paroles et des inventions est la chose du
monde la plus respectée parmi elles, aussi leur gouvernement n’est-il pas monarchique et
c’est une maxime établie dès le commencement de leur Empire de ne recevoir point d’autre
gouvernement que le libre. »
Somaize, Grand Dictionnaire des précieuses (1630)

« Leur troisième maxime est de refuser les dehors à l’amour, parce qu’elles sont
persuadées qu’on ne peut les accuser que de ce qui est visible. »
Somaize, Grand Dictionnaire des précieuses (1630)

« Afin que vous compreniez mieux le dessein de Clélie, vous verrez qu’elle a imaginé
qu’on peut avoir de la tendresse par trois causes différentes : ou par une grande estime, ou
par reconnaissance, ou par inclination ; et c’est ce qui l’a obligée d’établir ces trois villes de
Tendre sur trois rivières qui portent ces trois noms, et de faire aussi trois routes différentes
pour y aller. Si bien que, comme on dit Cumes sur la mer d’Ionie et Cumes sur la mer de
Tyrrhène, elle fait qu’on dit Tendre-sur-Inclination, Tendre-sur-Estime, et Tendre-sur-
Reconnaissance. Cependant comme elle a présupposé que la tendresse qui naît par
inclination n’a besoin de rien autre chose pour être ce qu’elle est, Clélie, comme vous le
voyez, Madame, n’a mis nul village le long des bords de cette rivière, qui va si vite qu’on n’a
que faire de logement le long de ses rives pour aller de Nouvelle-Amitié à Tendre. Mais pour
aller à Tendre-sur-Estime, il n’en est pas de même ; car Clélie a ingénieusement mis autant
de villages qu’il y a de petites et de grandes choses qui peuvent contribuer à faire naître par
estime cette tendresse dont elle entend parler. »
Mlle de Scudéry, Clélie, partie I, livre I, 1654-1660

 La condition des femmes au XIXe siècle


• La condition féminine n’a pas beaucoup évolué au cours du XIXe siècle. Le Code civil,
élaboré sous le Premier Empire, avait défini, en 1802, le statut du citoyen et la soumission de
la femme à celui-ci. Non seulement la femme n’a pas accès à la politique, puisqu’elle n’a pas
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le droit de vote comme le déplorait Olympe de Gouges, mais la femme française mariée n’a
aucune indépendance juridique. Elle est une mineure qui doit obtenir l’autorisation de son
mari pour toutes ses actions : travailler, avoir le libre emploi de son salaire, vendre ou
acheter des biens, témoigner en justice. Flora Tristan (1803-1844), rare voix féminine et
féministe de la première moitié du XIXe siècle, écrit à propos des femmes anglaises et
françaises : « Le mari tient l’argent et les clés [du logis] 1. » En ce sens, Emma Bovary qui
réussira, sur les conseils de l’usurier Lheureux, à obtenir une procuration de son mari pour
signer des reconnaissances de dettes, fera preuve d’une grande audace.
• Balzac, dans La Femme de trente ans (1842), n’hésite pas à qualifier le mariage de
« prostitution secrète ». Car, au XIXe siècle, les mariages sont encore des mariages arrangés
où prime l’intérêt social sur les sentiments amoureux.
« Quels moyens ont les mères d’assurer à leurs filles que l’homme auquel elles les livrent
sera un époux selon leur cœur ? Vous honnissez de pauvres créatures qui se vendent pour
quelques écus à un homme qui passe, la faim et le besoin absolvent ces unions éphémères ;
tandis que la société tolère, encourage l’union immédiate, bien autrement horrible, d’une
jeune fille candide et d’un homme qu’elle n’a pas vu trois mois durant ; elle est vendue pour
toute sa vie. Il est vrai que le prix est élevé ! Si, en ne lui permettant aucune compensation à
ses douleurs, vous l’honoriez ; mais non, le monde calomnie les plus vertueuses d’entre
nous ! Telle est notre destinée, vue sous ses deux faces : une prostitution publique et la
honte, une prostitution secrète et le malheur. Quant aux pauvres filles sans dot, elles
deviennent folles, elles meurent ; pour elles aucune pitié ! La beauté, les vertus ne sont pas
des valeurs dans votre bazar humain, et vous nommez société ce repaire d’égoïsme. »
Balzac, La Femme de trente ans, 1842

• D’abord, la jeune fille est élevée dans une ignorance totale des réalités, notamment
sexuelles, du mariage. Elle est « livrée », pour reprendre le terme de Balzac, à son époux.
Cela signifie qu’elle n’a eu ni le choix, ni le temps pour le connaître. Elle passe de la tutelle
du père à celle de l’époux sans avoir pu s’exprimer. Ce sont cette absence de choix et cette
absence de sentiments qui conduisent Balzac à parler de prostitution. Par cette expression
marquante, le romancier revendique le droit de toute femme à un libre épanouissement de
son corps. C’est aussi la société bourgeoise qui est visée. Pour elle, seule compte la mise
sociale, ce qui transparaît à l’extérieur. La prostitution qu’est le mariage est masquée, parce
que la femme a été conditionnée à la résignation et à ne pas se rebeller ouvertement contre
son insatisfaction. Il s’agit de sauver les apparences et de ne surtout pas révéler au grand
jour l’échec profond de ces mariages arrangés et forcés. À côté d’Emma Bovary, le
personnage de Jeanne dans Une vie (1883) de Maupassant nous montre combien ces
mariages créent une insatisfaction profonde, une désillusion, que les héroïnes de romans
tenteront ou non de surmonter.
• La femme est donc avant tout destinée à être une épouse. La vie des femmes n’est pas
envisagée en dehors du mariage. Il n’est nullement question d’émancipation professionnelle
ou de carrière. C’est un parcours qui mène de la vie de jeune fille à la vie de femme mariée
et souvent de mère. À une époque où le progrès matériel est en marche, il est édifiant de
voir que la moitié de la population n’y est pas associée.

1. Flora Tristan, Promenades dans Londres, 1840.

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L’ÉDITION
Classiques & Cie Lycée
À l’occasion de la mise en place du nouveau Bac français, la collection Classiques & Cie a été
entièrement repensée de manière que chaque ouvrage offre aux enseignants une séquence
complète sur l’œuvre et le parcours associé, telle que définie dans les nouveaux
programmes.
Cette édition de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Gouges comprend ainsi le texte politique de l’autrice, associé à une proposition de parcours
« Écrire et combattre pour l’égalité » et à de nombreux autres enrichissements
pédagogiques.

 L’avant-texte
Composé des rubriques « Qui est l’autrice ? », « Quel est le contexte historique ? », « Quel
est le contexte littéraire et artistique ? », « Quel est le statut des femmes en 1791 ? » et
« Pourquoi vous allez aimer ce texte », l’avant-texte amène l’élève progressivement à la
lecture du texte.

 Au fil du texte : « Des clés pour la lecture linéaire »


Soigneusement annoté, le texte est enrichi, à intervalles réguliers, de pages « Des clés pour
la lecture linéaire », qui permettent d’interroger des passages emblématiques de l’œuvre,
selon les exigences de l’explication de texte orale. Structuré en fonction de la progression du
texte, le questionnaire comprend une série de questions d’analyse littéraire, suivies d’une
question de grammaire et d’une proposition d’activité (lecture cursive, écrit d’invention,
recherche documentaire, etc.). Les questions sont associées à une aide permettant à l’élève
de travailler en autonomie.

 Le bilan de lecture
À travers douze questions simples, ce bilan permet de vérifier que l’élève a perçu et
mémorisé les caractéristiques clés de l’œuvre.

 Le parcours « Écrire et combattre pour l’égalité »


Ce parcours permet d’analyser, à travers dix extraits de textes variés, les engagements
d’écrivains et d’écrivaines ou de philosophes de différentes époques contre les
discriminations et pour des droits plus justes entre les êtres humains, et même les autres
êtres vivants.
La littérature d’idées n’étant pas soumise à des contraintes de genre, on peut proposer aux
élèves des extraits de genres variés (roman, poésie, théâtre, essai, etc.). Il peut aussi être
utile de mettre en perspective les combats contemporains avec des combats similaires,
tenus à des époques antérieures, afin de donner aux élèves des repères historiques et ainsi

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leur permettre de mieux appréhender les enjeux du parcours et de mieux saisir les
évolutions et les immobilismes dans les faits et les mentalités.

 Le dossier « Nouveau BAC »


Le dossier inclut :
• une série de « fiches de lecture » permettant à l’élève d’explorer les différents aspects de
l’œuvre et de la mettre en perspective par rapport au thème du parcours associé ;
• des prolongements artistiques et culturels ;
• une rubrique « Sujets de bac » permettant de s’entraîner sur les nouvelles épreuves du
baccalauréat ;
• des méthodes pour se familiariser avec les attentes des épreuves de l’écrit et de l’oral.

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EXOS & SUJETS


Les corrigés
Des clés pour la lecture linéaire

On peut accéder directement à des enregistrements audios des extraits sur hatier-clic.fr.

 1. La Dédicace à la reine : à la recherche d’une alliée


La réputation de Marie-Antoinette auprès du peuple français n’est pas bonne. Elle est
régulièrement accusée de trahison. En lui dédicaçant sa Déclaration, Olympe de Gouges a
deux objectifs : trouver une alliée de choix dans son combat et donner à la reine une
opportunité de se racheter.

Le texte étape par étape


I. Parler à la reine, de femme à femme (l. 1-29)
1. Comment l’autrice se positionne-t-elle face à la reine ?
• Le « langage que l’on tient aux rois » (l. 2) et « l’adulation des courtisans » (l. 3) s’opposent
à « parler franchement » (l. 5). Par cette première antithèse, Olympe de Gouges prend une
posture de franc-parler, à contre-courant de l’attitude du courtisan. Elle souligne cette
attitude en qualifiant son œuvre de « singulière production » (l. 4).
• « L’époque de la liberté » (l. 6) s’oppose à « un temps où l’aveuglement des despotes
punissait une si noble audace » (l. 7-8). Cette deuxième antithèse oppose l’Ancien Régime,
vu comme une époque autoritaire où la liberté d’expression n’existait pas – ou était
fortement réprimée –, à la période révolutionnaire considérée comme un temps de liberté
par les citoyens. Olympe de Gouges met ici en avant son courage politique en rappelant que
son indépendance d’esprit et son engagement existaient déjà sous l’Ancien Régime (« je me
suis montrée avec la même énergie […] », l. 6-7).
Ces deux antithèses posent les fondements de l’autoportrait politique de l’autrice.
• Le texte est une dédicace à la reine. Quand Olympe de Gouges écrit qu’elle lui « [fait]
hommage » (l. 3) de ce texte, c’est une marque de respect puisqu’elle demande à la
souveraine son attention en quelque sorte. Elle la sollicite pour être celle qui légitime, par
son statut de souveraine, le texte. Le formule finale, « Je suis avec le plus profond respect,
Madame, votre très humble et très obéissante servante » (l. 66-67), confirme cette position
de vassal qui s’incline devant sa souveraine pour lui demander une faveur, ce qui implique
une profonde déférence. Cette attitude de respect et de soumission est néanmoins
fortement contrebalancée par la répétition de « Madame » tout au long de la dédicace.
Selon les usages, elle aurait dû la nommer « Majesté ».
2. Comment les références au contexte historique apparaissent-elles ?
• Les références au contexte historique sont nombreuses dans le texte :
– l’Ancien Régime : « un temps où l’aveuglement des despotes » (l. 7) ;

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– Révolution : « l’époque de la liberté » (l. 6), « un temps de trouble et d’orage » (l. 10-11) ;
– la guerre potentielle : « la foule de mutins soudoyée » (l. 16-17), « si l’étranger porte le fer
en France » (l. 20).
• La Révolution est désignée soit de façon élogieuse par la périphrase généralisante
« époque de la liberté » (l. 6), qui associe la Révolution à la valeur de la liberté ; soit de façon
négative, comme « dans un temps de trouble et d’orage » (l. 10-11). Des expressions et des
adjectifs péjoratifs présentent la guerre comme une mutinerie illégitime et indigne : « foule
de mutin soudoyée » (l. 16-17), « intrigue » (l. 27), « cabale » (l. 27), « projets sanguinaires »
(l. 27-28).
• Ces références historiques marquent une rupture entre des époques et rappellent
qu’Olympe de Gouges et la reine sont en train de vivre le passage d’un ancien monde à un
nouveau monde, auquel elles doivent toutes deux s’adapter. Si la chose est évidente pour
l’autrice, cela l’est moins pour la reine qui s’accroche à l’Ancien Régime en intriguant avec
les aristocrates contre-révolutionnaires exilés.
3. Par quels moyens l’autrice veut-elle toucher la reine ?
• Olympe de Gouges rappelle qu’elle a défendu la reine quand celle-ci avait été accusée de
trahison. L’impératif « songez que vous êtes mère et épouse » (l. 23) établit un lien de
sororité entre l’autrice et la souveraine. Le portrait qu’elle dessine en creux de la reine est
tout en nuances, à la fois élogieux et quelque peu critique. Marie-Antoinette est désignée
comme une « princesse […] élevée au sein des grandeurs » (l. 12-13) mais dans le même
temps, l’autrice souligne que ce statut n’est dû qu’au hasard : « Il n’appartient qu’à celle que
le hasard a élevée à une place éminente […] » (l. 31-32).
• Olympe de Gouges sait la reine capable de se hisser aux « vrais devoirs » d’une souveraine
qui ne rechigne pas à se sacrifier pour son peuple : « Cette digne négociation est le vrai
devoir d’une reine […] » (l. 26-27). Elle lui fait crédit d’une morale réelle : « Je n’ai jamais pu
me persuader qu’une princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la
bassesse. » (l. 11-13)

II. Vers un combat pour toutes les femmes (l. 30-50)


4. Dans les arguments de l’autrice, qu’est-ce qui montre qu’elle en appelle à la conscience
morale de la reine ?
• Olympe de Gouges structure son propos en établissant une série d’oppositions : « intérêts
particuliers » (l. 35) s’oppose à « ceux de votre sexe » (l. 35-36), « les plus grands crimes »
(l. 36-37) à « les plus grandes vertus » (l. 37), « exemple » (l. 39) à « exécration » (l. 40). La
logique est imparable : œuvrer pour les droits de toutes les femmes et non pour ses propres
intérêts est une démarche morale qui est du côté de la « vertu » et non du « crime », de
l’« exemple » à suivre et non de l’« exécration ».
• Quand Olympe de Gouges parle du souci de gloire de la reine – « Vous aimez la gloire »
(l. 36) –, elle semble maintenir une ambiguïté de sens : il peut s’agir du sens noble du terme,
comme dans l’éthique cornélienne, et du sens immoral que l’on retrouve dans l’éthique des
moralistes de la fin du XVIIe siècle, chez Racine ou la Rochefoucauld. Mais en ouvrant le
paragraphe par la proposition subordonnée « Qu’un plus noble emploi, Madame, vous
caractérise » (l. 30-31), l’autrice manifeste son souhait d’entraîner la reine du côté de la
noblesse et de la grandeur d’âme.

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5. Quelle image de la condition des femmes l’autrice présente-t-elle à la reine ?


• Selon Olympe de Gouges, les femmes du passé subissent un « déplorable sort » (l. 46) et
ont perdu des droits dans la société, elle sont un « sexe malheureux » (l. 48). L’autrice les
présente donc comme des victimes des hommes, condamnées à la soumission et à la
souffrance.
• À l’inverse, les femmes du futur jouiront de « l’essor [de leurs] droits » (l. 33) et
exploiteront « toute la consistance dont [leur sexe] est susceptible » (l. 42-43). Olympe de
Gouges croit donc en la capacité des femmes à revendiquer leurs droits et à valoriser toutes
les qualités qui les caractérisent.
6. Quel argument décisif peut convaincre la reine de se rallier à la cause des femmes ?
L’argument décisif se trouve aux lignes 48 à 50 : « défendez ce sexe malheureux, et vous
aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l’autre. » Cet
argument ne peut laisser indifférente la reine car il est éminemment stratégique et relève du
« calcul » politique. En œuvrant pour les droits des femmes, Olympe de Gouges estime que
la reine peut parier sur un ralliement à sa personne des trois quarts du royaume !

III. Une conclusion morale et philosophique (l. 51-55)


7. En quoi ce passage est-il un bilan synthétique de l’argumentation ?
• La répétition du substantif « crédit » est significative : c’est la notion qui sous-tend tous les
arguments de l’autrice. Pour Olympe de Gouges, la reine a de l’influence et doit en user
convenablement ; non contre la révolution, combat d’arrière-garde, mais pour la cause des
femmes, combat d’avant-garde.
• L’autrice insiste aussi sur la dimension morale du rôle de la reine. Elle l’enjoint d’être une
reine aimée de son peuple pour ses actions et choix politiques, ce qui rejoint l’argument
arithmétique des lignes précédentes. La mention de la bienfaisance fait écho à l’opposition
entre crime et vertu évoquée plus haut. Autrement dit, Olympe de Gouges conseille à la
reine d’être une souveraine moralement irréprochable, généreuse envers son peuple et non
tyrannique.
8. Quels éléments donnent à ces lignes l’allure d’une leçon philosophique ?
« Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, surtout pour une reine […]. » La
phrase prend l’allure d’une vanité, d’un memento mori (« rappelle-toi que tu vas mourir »)
ou du mors omnia aequat (« la mort égalise toute chose », riches comme pauvres sont égaux
devant la mort) ainsi que d’une critique de la libido dominandi (le désir de pouvoir et de
richesse).

IV. Conclusion
9. Comment ce texte reflète-t-il l’énergie et l’enthousiasme d’Olympe de Gouges dans son
combat pour le droit des femmes ?
• Le « je » est très présent dans la première partie du texte. Olympe de Gouges se présente
comme une actrice politique qui a agi pour défendre la reine quand elle la savait injustement
accusée de trahison. Elle révèle ainsi à celle-ci qu’elle l’a défendue par le passé.
• Mais elle renverse ensuite les choses, en voulant faire de la reine une alliée dans son
combat pour les droits des femmes. L’apostrophe « Madame », assortie d’un impératif,

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ponctue le texte et lui donne un ton de sollicitation pressante. L’autrice veut transmettre à la
reine sa propre énergie de combattante pour l’amener à servir une juste cause.

La question de grammaire
10. Lignes 30-31. Analysez la phrase en identifiant les propositions qui la composent et en
indiquant quel est le mode des verbes.
La phrase contient trois propositions indépendantes au subjonctif. Les deux premières sont
juxtaposées, la troisième est coordonnée. « Qu’» est la particule béquille (ni vraiment
conjonction, ni adverbe) qui introduit le subjonctif de souhait ou d’ordre en français.

Pour aller plus loin


11. PROLONGEMENT ARTISTIQUE • Visionnez le film de Sofia Coppola, Marie-Antoinette (2006).
Que retrouve-t-on de la Marie-Antoinette telle qu’Olympe de Gouges la voit ? Comment le
film modernise-t-il l’image de la souveraine ?
Dans son film, Sofia Coppola met en scène une Marie-Antoinette rock and roll, ivre de vie et
de désirs, qui veut vivre pleinement sa jeunesse. Elle se confronte à un monde hostile qu’elle
doit apprendre à connaître. On y retrouve la question de l’image de la reine auprès des
sujets du royaume : le peuple qui regarde avec sévérité cette souveraine qu’il juge frivole et
insouciante quand lui meurt de faim, et les courtisans qui la dévisagent.

 2. L’Exhortation aux hommes et le Préambule, au cœur du discours


féministe
La Déclaration d’Olympe de Gouges est un texte hybride, qui n’a pas d’unité véritable. Avant
de formuler les articles, l’autrice, consciente de l’audace de cette déclaration, s’adresse aux
hommes pour les mettre devant leurs responsabilités, puis se fait la porte-parole de toutes
les femmes en réécrivant le Préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen.

Le texte étape par étape


I. Un défi lancé aux hommes (l. 1-21, p. 23)
1. Par quels moyens l’autrice provoque-t-elle les hommes ?
• Olympe de Gouges s’adresse aux hommes en utilisant le pronom « tu » à valeur générique.
Elle entre ainsi dans un dialogue direct avec tous les hommes. Elle oppose à cet homme
conceptuel ou théorique sa propre personne, et se pose comme une « femme » qui ose
interpeller les hommes.
• L’autrice, par son franc-parler, défie l’homme à qui la parole est d’ordinaire réservée et
porte la voix de toutes les femmes : « qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon
sexe ? » (l. 3)
2. Pourquoi la référence à la nature est-elle un argument majeur de la thèse de l’autrice ?
• La référence à la nature est présente à travers des termes du champ lexical
correspondant : « animaux » (l. 8), « végétaux » (l. 9), « la matière organisée » (l. 10). Le

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terme « nature » apparaît lui-même deux fois (l. 5 et l. 12). La nature est décrite par l’autrice
comme un objet d’observation intellectuelle : « observe » (l. 4), « cherche, fouille et
distingue » (l. 11). En digne héritière des Lumières, Olympe de Gouges en appelle à la raison
qui doit tirer de l’observation de la nature des vérités scientifiques.
• La nature est pensée comme une œuvre de Dieu reposant sur l’harmonie et l’équilibre. Les
êtres humains sont pensés à l’intérieur de cette nature et non comme des exceptions.
Olympe de Gouges semble paraphraser la formule de Spinoza qui rappelle que « l’homme
n’est pas un empire dans un empire. » (Éthique, 1677).
3. Quel portrait de l’homme se dessine dans le dernier paragraphe ?
• La deuxième phrase du troisième paragraphe est une période oratoire (l. 15-21). La
protase se déploie d’abord avec quatre qualificatifs péjoratifs (« bizarre », « aveugle »,
« boursouflé » et « dégénéré »), apposés au sujet « il ». Le dernier qualificatif, « dégénéré »,
est étendu par une incise présentant une antithèse paradoxale qui oppose « dans ce siècle
de lumières et de sagacité » à « dans l’ignorance la plus crasse ».
• L’apodose est composée de la proposition principale « il veut commander en despote »,
qui souligne l’aberration d’un être de raison qui ose priver de droit un autre être de raison.
Cette apodose est redoublée par la proposition indépendante finale « il prétend jouir de la
Révolution […] » qui met en évidence la même aberration : un être prônant, au nom de la
raison et du progrès, une égalité qui en réalité n’en est pas une. Pour Olympe de Gouges, les
hommes sont donc soit ignorants, soit pleins de préjugés et d’illusion, soit incohérents et
inconséquents, soit despotiques, soit hypocrites et égoïstes, soit tout cela à la fois.

II. Les femmes prennent la parole (l. 3-21, p. 25)


4. Quel est le sens des modifications apportées par l’autrice au Préambule de la
Déclaration des droits de l’homme (voir p. 142) ?
• Pour donner aux femmes la place qui leur revient, Olympe de Gouges modifie le
Préambule de plusieurs façons :
– Par simple substitution de « femme » (ou « citoyenne ») » à « homme » (ou « citoyen ») :
« droits de l’homme » (l. 2-3)  « droits de la femme » (l. 5-6) ; « les droits naturels,
inaliénables et sacrés de l’homme » (l. 5)  « les droits naturels, inaliénables et sacrés de la
femme » (l. 8-9) ; « les réclamations des citoyens » (l. 10)  « les réclamations des
citoyennes » (l. 14-15) ; « les droits suivants de l’homme et du citoyen » (l. 14-15)  « les
droits suivants de la femme et de la citoyenne » (l. 20-21).
– Par substitution et ajout, ou par transformation : « les représentants du peuple français »
(l. 1)  « les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation » (l. 3-4) 1 ; « constitués
en Assemblée nationale » (l. 1-2)  « demandent d’être constituées en Assemblée
nationale » (l. 4)2 ; « les actes du pouvoir législatif et ceux du pouvoir exécutif » (l. 7-8) 
« les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes » (l. 11-12) ;

1. De façon performative, elle fait des femmes des « représentantes » en puissance et de droit. Elles peuvent et
doivent pouvoir être élues comme les hommes.
2. La Déclaration d’Olympe de Gouges est donc une doléance, comme lors des États généraux.

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« l’Assemblée nationale reconnaît et déclare » (l. 13)  « le sexe supérieur en beauté


comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare » (l. 18-19) 1.
• La Déclaration de 1789 est fondée sur le principe d’égalité et d’équilibre entre les citoyens.
D’inspiration rousseauiste, elle exprime une solidarité à l’intérieur de ce corps social permise
par l’équilibre des pouvoirs législatif et exécutif, et par le respect du droit garanti par la
Constitution. Olympe de Gouges reprend exactement les termes qui définissent cet équilibre
mais elle le fait reposer sur une stricte équité entre les actes du pouvoir des femmes et les
actes du pouvoir des hommes. Elle met ainsi au jour combien l’idéal du bonheur de tous,
inscrit dans le Préambule de 1789, finalité de cet équilibre constitutionnel, était en réalité un
leurre, une illusion, puisque derrière les mots « homme » ou « citoyen », il ne fallait pas
entendre « genre humain » mais bien « êtres humains de sexe masculin ».
5. Comment les femmes sont-elles mises en valeur dans ce texte ?
• À côté des substantifs « femme » ou « citoyenne », on trouve les groupes nominaux « les
mères, les filles, les sœurs » (l. 1) et « le sexe supérieur en beauté et en courage dans les
souffrances maternelles » (18-19). Par deux fois la maternité, tant éducative et affective que
biologique, est mise en avant pour montrer la force et le mérite des femmes. La beauté
évoquée n’est pas tant physique que morale. Olympe de Gouges détourne le sens du mot
« beauté » traditionnellement employé pour parler de l’apparence physique de la femme en
une qualité morale digne d’admiration.
• En reprenant les formulation d’égalité de la Déclaration de 1789 et en les assignant aux
femmes, l’autrice formule simplement mais audacieusement ce qu’est l’égalité entre tous
les êtres humains. Les phrases de 1789 prennent alors un tout autre sens. Le pronom
« tous » peut enfin avoir une véritable portée universelle.
6. Pourquoi la dernière phrase a-t-elle une valeur performative, c’est-à-dire que les mots
veulent être des actes ?
Les verbes « reconnaît » et « déclare » (l. 19) sont issus du texte de 1789 et ont une portée
juridique. Une déclaration a un effet immédiat. Ainsi quand un maire déclare deux êtres
« mari et femme », sa parole est un acte juridique. Olympe de Gouges, en reprenant ces
verbes, prétend donner à son texte cette valeur performative. Cette Déclaration des droits
de la femme devrait avoir un effet immédiat et modifier la condition des femmes.
Malheureusement, la portée performative des mots n’est effective que si le contexte est
favorable. La Déclaration d’Olympe de Gouges n’a pas de légitimité juridique ou politique
réelle, si ce n’est celle des idées et du bon sens. C’est pourquoi la Déclaration d’Olympe de
Gouges restera lettre morte.

III. Conclusion
7. De quelle manière ce texte prend-il la forme d’une satire implacable de la mentalité des
hommes ?
Dans l’Exhortation aux hommes, Olympe de Gouges dresse un portrait critique des hommes
qui met au jour toute la vanité et l’hypocrisie de leur domination sur les femmes. L’autrice
décrit le patriarcat comme une institution culturelle qui permet la soumission des femmes

1. Par cette formule, Olympe de Gouges renverse la hiérarchie des sexes. D’ordinaire, on dit « sexe faible » ou
« sexe inférieur » pour parler des femmes.

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aux hommes1. En tant qu’être doté par la nature de la raison, la femme n’a pas à être
différenciée des hommes. L’argument est donc à la fois naturaliste et rationaliste.
8. Dans quelle mesure Olympe de Gouges fait-elle preuve d’une grande audace culturelle
et politique dans ce passage ?
Le Préambule souligne les insuffisances de celui de 1789. En substituant « femme » à
« homme », ou en ajoutant « femme » à toutes les phrases, Olympe de Gouges explicite ce
qui aurait dû l’être en 1789 et, ce faisant, met au jour le présupposé sexiste qui fondait le
texte de 1789. Pour paraphraser Michel Serres2, la Déclaration des droits de l’homme a eu le
mérite de dire : « tout homme » et la faiblesse de penser : « seuls les hommes » ou « les
hommes seuls ». Si, pour Michel Serres, il s’agit de penser tout homme et tout être vivant,
pour Olympe de Gouges, en 1791, il s’agissait de penser tout homme et toute femme.

La question de grammaire
9. Lignes 1-4, page 23. Relevez et analysez les expressions de l’interrogation directe.
• « Homme, es tu capable d’être juste ? » (l. 1) : interrogation directe totale avec inversion
sujet-verbe.
• « Dis moi ? » (l. 2) : interrogation directe à valeur exclamative.
• « Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? » (l. 3) : interrogation directe
partielle introduite par le pronom interrogatif « qui ».
• « Ta force ? tes talents ? » (l. 3-4) : interrogation directe totale, double et elliptique.

Pour aller plus loin


10. LECTURE CURSIVE • Lisez un grand discours politique humaniste comme celui de Simone
Veil à l’Assemblée nationale, le 26 novembre 1974, pour la dépénalisation de
l’avortement, et identifiez les procédés rhétoriques utilisés.
Vous pouvez vous concentrez, par exemple, sur le passage suivant : « Je voudrais tout
d’abord vous faire partager une conviction de femme, et je m’excuse de le faire devant cette
Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de
gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. » L’authenticité de la parole
féminine passe par la répétition du mot « femme (s) ». Le ton implacable de la phrase
« aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement » donne un effet de choc
devant cette vérité incontestable.

 3. Articles I à XIII : une nouvelle déclaration pour une nouvelle révolution


La Déclaration d’Olympe de Gouges est ouvertement une réécriture de la Déclaration des
droits de l’homme du 26 août 1789 (p. 142). Si le Préambule se contentait, à quelques
exceptions près, de passer de l’homme à la femme, les articles vont être d’une audace bien
plus grande encore.

1. Sur le patriarcat, voir aussi le texte 4 de Françoise Héritier dans le parcours, pages 77-79.
2. Voir le texte du sujet de contraction pages 122-124.

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Le texte étape par étape


I. Les grands principes d’une égalité des sexes (articles I à V)
1. Quels sont les enjeux de la féminisation des articles I à III ?
On constate les mêmes procédés que pour le Préambule : soit la substitution de « femme » à
« homme » ou « citoyen » (article I, l. 22), soit l’ajout de « femme » à « homme » (articles II
et III), expression de l’égalité et de la parité. En écrivant « la femme » et « l’homme » au lieu
de « homme », Olympe de Gouges souligne combien la dénomination de 1789 est en réalité
factice et fourbe, car elle exclue les femmes.
2. Comment les articles I et II accordent-ils aux femmes un véritable statut de citoyennes
actives ?
• Il y a une opposition entre « droits » (l. 22) et « droits naturels » (l. 26) d’une part et
« distinctions sociales » (l. 2) d’autre part. Les droits sont communs à tous quelles que soient
les inégalités (ou distinctions) sociales. Les droits naturels sont arrimés à l’idée de nature
humaine : « liberté » (l. 27), « propriété » (l. 27), « sûreté » (l. 27), « résistance à
l’oppression » (l. 27-28) sont des propres de l’être humain par opposition à la nature
sauvage de l’animal. C’est le contrat social, institué par l’homme, qui permet de faire en
sorte que l’homme ne soit pas un loup pour l’homme, pour reprendre la formule de Hobbes
dans le De Cive (1642).
• Si les femmes naissent libres et égales aux hommes en droits, elles devraient jouir
pleinement des mêmes droits fondamentaux – la liberté, la propriété, la sûreté et la
résistance à l’oppression. Or, dans les faits, elles ne jouissent pas des deux premiers. De plus,
si les différence sociales se fondent sur « l’utilité commune » (l. 23-24), ou le bien commun,
elles devraient pouvoir accéder aux mêmes fonctions sociales que les hommes.
3. Quel est le sens des modifications profondes des articles IV et V ?
• En ajoutant « la justice » à « la liberté » (l. 33) dans la définition initiale et en remplaçant
« faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (l. 24) par « rendre tout ce qui appartient à autrui »
(l. 33-34), Olympe de Gouges transforme un principe qui n’était que d’ordre moral (« ne fais
pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît ») en un principe égalitariste. La morale
est un principe de non nuisance à autrui, la justice est un principe d’égalité de traitement
entre tous les sujets.
• En ajoutant au nom « lois » le complément « de la nature et de la raison » (l. 36-37),
l’autrice reprend les idées énoncées dans l’Exhortation aux hommes et dans le Préambule.
La femme, être de raison, est donc par nature l’égale de l’homme.

II. Un État de droit pour tous et toutes (articles VI à IX)


4. L’article VI précise que l’égalité signifie la fin des privilèges : comment l’autrice ajoute-t-
elle les femmes à ce principe ?
L’abolition des privilèges votée lors de l’Assemblée nationale constituante, la nuit du 4 août
1789, supprime les inégalités politiques et sociales et met fin à la structure inégalitaire en
trois ordres. Si cette abolition est étendue aux femmes, celles-ci devraient donc pouvoir être
ministres, juges, générales. Or cette égalité a mis un temps considérable à être concrétisée 1.

1. Voir le tableau annexe « Les droits des femmes en France », pages 146-148.

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5. Pourquoi l’égalité devant la loi qui définit l’État de droit, par opposition à l’État de fait,
est-elle favorable aux femmes ?
Les articles VI à IX posent l’égalité entre femmes et hommes, ce qui, de facto, fonde une loi
unique pour tous, hommes et femmes. Or, si la femme suit la même loi que l’homme et
bénéficie des mêmes droits que lui, elle n’est pas soumise à l’autorité de son mari. Le droit
positif universel remplace alors un droit positif inégalitaire mais aussi un droit coutumier qui
fait de la femme un être soumis à son mari.

III. Une égalité de condition très moderne (articles X à XIII)


6. À quelle liberté fondamentale l’article X fait-il allusion de façon singulière et
percutante ?
L’article X fait allusion à la liberté d’opinion et d’expression. La phrase, célèbre, est
percutante par le parallélisme opéré entre « le droit de monter sur l’échafaud » (l. 60) et
« celui de monter à la tribune » (l. 61). La force de la double image repose sur le verbe
« monter ». Effectivement, on « monte sur l’échafaud » comme on « monte à la tribune »,
dans un cas pour mourir, dans l’autre pour exprimer ses opinions. Olympe de Gouges
souligne ici une inégalité de traitement et même une incohérence : une femme est un sujet,
une citoyenne à part entière quand elle enfreint la loi et qu’à ce titre elle est punie, mais elle
n’est plus qu’une sous-citoyenne si elle veut s’exprimer. Il s’agit là d’une totale
discrimination devant la loi.
7. Quelle est la spécificité très novatrice de l’article XI ?
• Olympe de Gouges glisse dans l’article XI de la Déclaration de 1789 – qui porte sur la
liberté d’opinion et d’expression – un problème propre à la condition féminine, celui de la
reconnaissance de paternité. Alors que le texte de 1789 enchaîne sur la liberté des écrivains
ou de la presse, l’autrice poursuit en évoquant la dépendance des femmes aux hommes
pour la reconnaissance de paternité. Elles n’ont pas le droit de dire « le père de mon enfant
est x ou y », seul le père en a le droit. Pour pallier ce vide juridique, Olympe de Gouges pose
les bases de la reconnaissance de paternité contrainte.
• Aujourd’hui, en France, l’action en recherche de paternité est une action en justice
destinée à faire établir et reconnaître la filiation de l’enfant vis-à-vis de son père biologique.
En principe, l’action en recherche de paternité est réservée à l’enfant. Mais elle peut être
exercée par la mère, pendant la minorité de l’enfant, selon l’article 328 du Code civil 1.
8. Comment, à l’article XIII, l’autrice fait-elle des conditions de vie réelles des femmes un
argument pour leurs conditions de vie future ?
Olympe de Gouges rend explicite ce que peut signifier « la nécessité de la contribution
publique » (l. 82-83) à l’article XIV pour une femme : « les corvées », « les tâches pénibles »
(l. 77-78). Elle fait ainsi le juste parallèle entre la part que prennent les femmes au bien
commun par l’exécution des tâches domestiques et les autres emplois auxquels elles
pourraient légitimement prétendre. Le portait d’une femme qui surmonte « les souffrances
maternelles » (l. 19, p. 25) et qui est en quelque sorte l’esclave domestique de son mari,

1. Extrait de l’article 328 du Code civil : « Le parent, même mineur, à l’égard duquel la filiation est établie a,
pendant la minorité de l’enfant, seul qualité pour exercer l’action en recherche de maternité ou de paternité. »

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révèle la force et le courage des femmes, qualités qui devraient leur ouvrir les portes de
n’importe quel emploi.

IV. Conclusion
9. Quel est l’impact d’un tel texte tant d’un point de vue social que politique ?
En reprenant la dimension juridique de la Déclaration de 1789, Olympe de Gouges veut
montrer qu’une réforme du droit en faveur des femmes est nécessaire si cette Déclaration
se veut vraiment universelle et égalitaire. La Déclaration des droits de la femme bouscule la
tradition patriarcale installée depuis des siècles. Au-delà du droit, c’est toute une vision de la
femme et de l’homme qui doit être remise en question, ce qui n’est pas simple car cette
manière de concevoir les rapports homme-femme repose en partie sur des fondements
religieux tels qu’ils sont formulés dans la Genèse.

La question de grammaire
10. Étudiez l’expression de la négation dans l’article III.
• Une négation restrictive : « qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme » (l. 30).
• Des déterminants négatifs : « nul corps, nul individu » (l. 31).
• Une négations explétive : « qui n’en émane expressément » (l. 32).

Pour aller plus loin


11. ECRIT D’INVENTION • Imaginez une loi qui vous paraît pertinente dans le monde
d’aujourd’hui. Écrivez entre 2 et 5 articles pour préciser cette loi, en vous inspirant du
texte d’Olympe de Gouges.
On peut penser aux droits des enfants ou aux droits des animaux.

 4. Le Postambule : une adresse aux femmes d’hier et de demain


Olympe de Gouges ajoute un Postambule à sa Déclaration, comme si, après les articles de
loi, elle avait besoin de reprendre la parole pour fédérer les femmes autour de leur propre
cause.

Le texte étape par étape


I. L’appel au dessillement (l. 99-111)
1. Par quels moyens ce texte appelle-t-il à la prise de conscience d’une injustice ?
• L’autrice use de phrases de types impératif et interrogatif pour inciter son lecteur à agir.
– Impératif : « Femme, réveille-toi » (l. 99) ; « reconnais tes droits » (l. 100).
– Interrogatif : « Quand cesserez-vous d’être aveugles ? » (l. 106-107) ; « Quels sont les
avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? » (l. 107-108) ; « que vous reste-t-il
donc ? » (l. 110-111).
• Ces injonctions et ces questions destinées aux femmes cherchent à susciter leur prise de
conscience, à chasser leurs illusions. Des termes du champ lexical de l’illusion parsèment le
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texte : « réveille » (l. 99), « reconnais » (l. 100), « mensonges » (l. 102), « nuages de la
sottise » (l. 103), « aveugles » (l. 107). Ils s’opposent à des groupes nominaux appartenant au
champ lexical de la vérité : « le tocsin de la raison » (l. 99) et « le flambeau de la vérité »
(l. 102).
• Olympe de Gouges prolonge le motif, issu des Lumières, de la dissipation des préjugés et
de l’accès à la vérité, en l’appliquant aux femmes. Elles doivent faire confiance à leur raison
pour sortir des « ténèbres » et améliorer leur condition.
2. Comment le texte souligne-t-il le caractère incomplet et défaillant des avancées de la
philosophie des Lumières ?
• Si, comme l’écrit Kant dans Qu’est-ce que les Lumières ? (1784), la philosophie des
Lumières repose sur l’idée centrale que l’homme doit exercer sa raison 1 pour sortir de l’état
de minorité et accéder à l’autonomie de pensée et à la liberté, les femmes, parce qu’elles
sont des êtres de raison, auraient dû bénéficier comme les hommes de cet élan
d’émancipation intellectuelle. Olympe de Gouges laisse entendre que cette dynamique a
mené à une injustice envers les femmes : « Devenu libre, il est devenu injuste envers sa
compagne. » (l. 105-106) La métaphore « briser ses fers » (l. 105), qui fait allusion à
l’affranchissement du peuple grâce à la Révolution, suggère que la liberté fraîchement
acquise ne concerne que les hommes, le possessif « ses » désignant « l’homme esclave »
(l. 103-104).
• De plus, l’autrice rappelle que si les femmes n’avaient pas employé leur énergie à aider les
hommes, ces derniers n’auraient pas pu mener leur révolte. Elle fait ainsi allusion à la part
active des femmes dans la Révolution, action dont les femmes ne sont pas payées en
retour 2.
3. Pourquoi l’autrice considère-t-elle que les femmes n’ont tiré aucun avantage de la
Révolution ?
L’étude des temps des verbes permet de distinguer l’état présent des choses à l’état
antérieur.
• L’état antérieur est rendu par le passé composé « vous n’avez régné » (l. 109), à valeur de
passé révolu. L’état présent est rendu par des passés composés qui ont une valeur actuelle,
état présent d’un fait passé : « vous avez recueillis » (l. 107), « votre empire est détruit »
(l. 110) ; et par un présent : « reste-t-il » (l. 111).
• L’état antérieur reposait sur un pouvoir non légitime, illusoire, fondé sur « la faiblesse des
hommes » (l. 110) ; l’état présent n’est pas meilleur puisque les femmes ont perdu tout
pouvoir et n’ont gagné qu’un « mépris plus marqué » et un « dédain plus signalé » (l. 108-
109). Les comparatifs « plus marqué » et « plus signalé » marquent la dégradation de la
condition des femmes.

II. Surmonter la crainte et se révolter (l. 111-127)


4. Comment le texte passe-t-il du constat amer à l’appel à l’action ?

1. Dans ce texte, Kant reprend la maxime du poète latin Horace, sapere aude (« ose savoir »).
2. Voir l’avant-texte page 12 et les images page 21 et page 30.

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Le mot « conviction 1 » (l. 111) s’oppose à « réclamation » (l. 112) : le passage de l’un à
l’autre montre qu’il s’agit maintenant pour les femmes de passer du constat de leur malheur
à l’action pour y mettre fin. Elles ne doivent pas être spectatrices de leur condition injuste.
La réclamation est légitime et doit devenir une « belle entreprise » (l. 113-114).
5. Pourquoi peut-on dire que ce texte déploie l’énergie de la Révolution ?
• Les questions « Qu’auriez-vous à redouter […] ? » (l. 113-114) et « Craignez-vous que nos
législateurs […] ? » (l. 114-118) pointent l’état de soumission et l’inquiétude des femmes. À
ces doutes et questionnements s’opposent les injonctions qui appellent à l’action et
encouragent la rébellion : « opposez » (l. 120), « réunissez-vous » (l. 122), « déployez »
(l. 122).
• De nombreux mots et propositions révèlent la confiance qu’Olympe de Gouge place en ses
contemporaines : « courageusement » (l. 120-121), « la force de la raison » (l. 121), « toute
l’énergie de votre caractère » (l. 123), « il est en votre pouvoir de les affranchir » (l. 126-127)
et « vous n’avez qu’à le vouloir » (l. 127). Pour l’autrice, les femmes sont des forces en
puissance, des « mères courage » qui n’ont besoin que d’encouragement pour se prendre en
main et déployer tout leur potentiel. À la suite du texte d’Olympe de Gouges, l’iconographie
du XIXe siècle a véhiculé cette énergie des femmes dans la Révolution.

III. En finir avec les viles stratégies des femmes (l. 128-145)
6. Quel portrait l’autrice fait-elle des femmes d’hier ?
Olympe de Gouges dresse un tableau sans concession des femmes d’hier, qu’elle estime
indignes comme le montre le choix du vocabulaire et des expressions : « l’effroyable tableau
de ce que vous avez été » (l. 128-129), « dissimulation » (l. 133), « administration nocturne »
(l. 138-139), « indiscrétion » (l. 140), « cupidité » (l. 143), « ambition » (l. 143). L’autrice ne
les condamne pas moralement mais considèrent qu’elles sont des maîtresses toutes
puissantes du jeu politique et que leur influence se mesure aux hommes qu’elles ont su
séduire. Olympe de Gouges fait d’ailleurs une critique ironique des hommes puissants qui
ont succombé à leurs charmes, y compris des hommes d’Église.
7. Aux femmes de quelle classe sociale l’autrice fait-elle allusion ?
L’énumération des lignes 139 à 142 présente une galerie de lieux privés et d’hommes
puissants qui suggère que les femmes dont parle Olympe de Gouges appartiennent à l’élite
sociale, puisqu’elles sont en mesure de côtoyer les sphères du pouvoir où évoluent ces
hommes.
8. Pourquoi la dernière phrase présente-t-elle un double paradoxe ?
• La dernière phrase comporte un parallélisme de construction qui suggère un renversement
de valeurs : « ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution, respectable
et méprisé » (l. 143-145).
• Ce parallélisme est renforcé par trois antithèses : « autrefois » ≠ « depuis la Révolution »,
« méprisable » ≠ « respectable », « respecté » ≠ « méprisé ». Ces deux dernières antithèses
sont creusées par un double polyptote (ou isolexisme) – « méprisable »/« méprisé » et

1. Pour Olympe de Gouges, les femmes ne peuvent qu’être convaincues qu’elles sont les victimes des injustices
des hommes.

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« respectable »/« respecté –, et par un chiasme à fois sémantique et de construction positif-


négatif puis négatif-positif.
• Le premier paradoxe est le suivant : lorsque la femme était immorale elle était respectée,
alors que depuis qu’elle est digne elle est dédaignée. Le second paradoxe est que la
Révolution a certes modifié la situation des femmes, mais elle ne l’a guère améliorée.

IV. Conclusion
9. En quoi ce texte témoigne-t-il de la fougue d’Olympe de Gouges ?
Ce texte donne l’impression qu’Olympe de Gouges veut libérer la parole et l’action des
femmes, et ce d’autant plus que cette liberté de parole leur est confisquée. En multipliant
les injonctions à s’indigner de l’injustice dont elles sont victimes et à agir pour que les choses
changent, en forçant le trait d’un sexe soumis et méprisé par les hommes, l’autrice veut
montrer que les femmes ont tout à gagner à se révolter.

La question de grammaire
10. Analysez le mot « que » dans la phrase « Quels sont les avantages que vous avez
recueillis dans la Révolution ? » (l. 107-108).
« Que » est un pronom relatif dont l’antécédent est « les avantages ». Sa fonction est COD
de la proposition relative.

Pour aller plus loin


11. ECRIT D’INVENTION • Réécrivez le passage de « Craignez-vous » (l. 114) à « qu’à le vouloir »
(l. 127) en gardant comme objectif la défense de la condition féminine mais en adaptant
les faits à la réalité contemporaine. Trouvez des tournures plus modernes.
Exemples : « Avez-vous peur que nos élus ne soient des représentants d’une morale
dépassée, patriarcale ? qu’ils ne véhiculent que des préjugés machistes ? À l’ère de #MeToo,
comment pourrait-on prétendre que les femmes se laissent imposer leur conduite de vie par
les hommes ? »

 5. Forme du contrat social de l’homme et de la femme : un nouveau


contrat conjugal
Olympe de Gouges termine cette publication de 1791 par un sujet qui lui tient à cœur : les
relations entre l’homme et la femme dans le couple. Elle propose une nouvelle union
conjugale. La question de l’égalité est posée au sein du mariage, et même de l’union libre.

Le texte étape par étape


I. Le nouveau contrat de mariage (l. 1-18)
1. En quoi ce texte a-t-il une fonction performative ?
La première personne du pluriel, à la fois sujet et objet des verbes, est l’élément principal du
contrat : « Nous N et N, […] nous unissons » (l. 1), « Nous entendons et voulons » (l. 3),
« nous nous obligeons » (l. 11). Comme le dit Olympe de Gouges, il s’agit là d’une

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« formule » juridique (l. 19) qui peut servir de base à un nouveau contrat conjugal. Dire ces
mots revient à s’engager vis-à-vis de l’autre devant un représentant de la loi.
2. Qu’est-ce qui, dans ce texte, fonde une égalité dans le couple ?
• Cette égalité conjugale concerne les biens ou les « fortunes » (l. 4), les enfants et les
questions d’héritage. Tout se fait au nom du couple dans une stricte égalité, comme l’atteste
l’omniprésence du « nous ». L’originalité de ce contrat est qu’il prend en compte les
sentiments et ses fluctuations (« pour la durée de nos penchants mutuels », l. 2-3). Olympe
de Gouges propose donc une union conjugale fondée sur l’amour, et non un mariage de
raison ou économique comme c’était essentiellement le cas à son époque. La communauté
de biens n’existe que tant que dure cette union libre.
• Si une séparation est décidée par les conjoints, chacun récupère ses biens, même si c’est
pour les donner à un enfant né hors du couple. L’autrice envisage à la fois une union qui
pourrait durer toute la vie, une « union parfaite » (l. 14), et une union éphémère « en cas de
séparation » (l. 12).
• La vision du couple qui transparaît à travers cette proposition de contrat conjugal est d’une
grande modernité pour l’époque et témoigne de l’avance de l’autrice sur ses contemporains.

II. Le plaidoyer pour la reconnaissance de paternité (l. 19-43)


3. Contre quels opposants le texte s’élève-t-il ? Pourquoi ?
Les « tartufes » (l. 21), les « bégueules » (l. 21), et « le clergé et toute la séquelle infernale »
(l. 21-22) sont autant de dénominations ironiques à l’égard des opposants au texte d’Olympe
de Gouges, à savoir les défenseurs d’une société patriarcale traditionnelle qui prend appui
sur les dogmes religieux judéo-chrétiens. Ces termes en dénoncent l’hypocrisie, les faux-
semblants et la morale d’apparat, comme celle du faux dévot qu’est Tartuffe dans la pièce
éponyme de Molière.
4. Comment l’autrice décrit-elle la situation des femmes vis-à-vis des enfants nés hors
mariage ?
Olympe de Gouges raconte une situation réaliste, qu’elle évoque « en peu de mots » (l. 24).
Le récit est bref, efficace et porteur d’enseignements comme un apologue : un homme, « le
riche Épicurien » (l. 24-25), fait un enfant à une femme pauvre, après l’avoir violée ou
séduite, sans le reconnaître et donc sans subvenir à ses besoins.
5. Par quels arguments le plaidoyer déplace-t-il le problème sur le plan moral ?
Pour Olympe de Gouges, il est nécessaire d’encadrer la reconnaissance de paternité par la loi
pour éviter les situations sordides qui conduisent les jeunes femmes abusées ou les enfants
illégitimes dans « les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dégénération des
principes humains » (l. 31-32). Au bout du compte, la loi sera vectrice de solidarité entre les
classes sociales et instaurera une morale plus saine au sein de l’ordre social : « les liens de la
société seront plus resserrés et les mœurs plus épurées » (l 27-29).
6. Quels sont les deux volets de la loi pour la reconnaissance de paternité contrainte ?
La loi de reconnaissance de paternité contrainte permettra aux femmes de déclarer qui est
le père de leur enfant et obligera le père biologique à participer à l’éducation de sa
progéniture. Cette future loi est également évoquée à l’article XI de la Déclaration. Mais la
loi se doublera d’un verrou juridique pour éviter les abus : ceux de femmes qui useraient de

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cette loi pour contraindre un homme à subvenir aux besoins de leur enfant alors qu’il n’est
pas leur père. Olympe de Gouges est donc bien consciente du pouvoir que cette loi pourrait
donner aux femmes. Aujourd’hui, les tests ADN permettent de limiter ces dérives.

III. Les conséquences universelles de ce contrat (l. 44-58)


7. Comment le texte élargit-il le combat politique et social ?
• Le combat d’Olympe de Gouges est pluriel. Elle mentionne dans son texte les prostituées
(l. 45), le « mariage des prêtres » (l. 57) et même le roi et le gouvernement français (l. 57 et
58). Cela montre que l’autrice envisage la société comme « une chaîne d’union fraternelle »
(l. 49-50). Cette métaphore met en avant la solidarité profonde qui, selon elle, doit unir les
individus vivant en société.
• Aussi, Olympe de Gouges pense que le combat qui vise à assainir la vie des prostituées
aura des conséquences pour toutes les femmes. Plus les femmes seront éduquées et
émancipées, moins elles seront obligées de se prostituer. C’est ce qu’exprime le parallélisme
de construction : « En restaurant les dernières, on modifie les premières. » (l. 48-49)
8. Comment le texte complète-t-il les avancées de la Révolution et ouvre-t-il de nouvelles
perspectives aux femmes ?
L’égalité de droit octroyée aux femmes serait le moteur de toute une cascade de progrès
sociaux. D’abord, elle ouvrirait des perspectives sociales aux femmes qui seraient autorisées
à se joindre « à tous les exercices de l’homme » (l. 53). Le roi et le gouvernement seraient les
bénéficiaires collatéraux du nouveau statut des femmes : « le roi, raffermi sur son trône, et
le gouvernement français ne saurait plus périr » (l. 57-58). Enfin, cette liberté et cette
autonomie accordées aux femmes « élèver [aient] [leur] « âme » (l. 52). Dans l’ensemble
toute la société serait plus morale et une sorte d’ordre naturel s’établirait : « Le préjugé
tombe, les mœurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. » (l. 56-57)

IV. Conclusion
9. Pourquoi ce texte a-t-il des résonances extrêmement modernes ?
• Olympe de Gouges pose les bases du PACS, du mariage d’amour, de la reconnaissance de
paternité contrainte et d’une autorité parentale égale entre père et mère, qui sont autant
d’avancées sociales extrêmement récentes, puisqu’elles ont eu lieu au dernier tiers du
XXe siècle. Si ce qu’elle a imaginé a bien pris forme aujourd’hui dans un pays comme la
France, ce n’est cependant pas le cas à l’échelle du monde entier, où de nombreux progrès
restent à accomplir dans certains pays.
• D’autre part, le libre accès accordé aux femmes « à toutes dignités, places et emplois
publics » (l. 46-47), tel que le préconise Olympe de Gouges, a lui aussi pris forme en théorie.
En réalité le combat n’est pas terminé. Si en Allemagne ou en Nouvelle-Zélande des femmes
sont au sommet du pouvoir exécutif, à quand une présidente de la République française ou
américaine ?

La question de grammaire
10. Lignes 48-49. Quelles sont la nature et la fonction de « dernières » et « premières »
dans la phrase ?

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« Dernières » et « premières » sont des pronoms indéfinis reprenant respectivement


« femmes de la société » (l. 48) et « femmes publiques » (l. 47). Ce sont des embrayeurs
déictiques. Ils ne prennent sens que dans la phrase, c’est-à-dire de façon intratextuelle.
« Dernières » renvoie au terme le plus proche ; « premières », au terme le plus éloigné selon
la linéarité de la phrase. « Dernières » est COD de « restaurant », « premières » est COD de
« modifie ».

Pour aller plus loin


11. RECHERCHE DOCUMENTAIRE • Faites des recherches sur la reconnaissance de paternité dans
la loi française. Demandez-vous si la loi actuelle correspond à ce que préconisait Olympe
de Gouges.
Une paternité imposée est le processus par lequel un homme se voit contraint par la justice
de reconnaître un enfant et de subvenir financièrement à ses besoins. Un parent ne peut pas
se dérober devant l’entretien d’un enfant au prétexte qu’il n’aurait pas été désiré ou serait
né par accident, a jugé la Cour de cassation.

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Le bilan de lecture

Le point sur l’œuvre en 12 questions

1. Qui est Olympe de Gouges ? Quel statut occupe-t-elle dans la société où elle vit ?
Olympe de Gouges est une écrivaine de la fin du XVIIIe siècle. Issue de la petite bourgeoisie,
mariée à 16 ans et veuve un an après son mariage, elle a choisi de rester célibataire. Grâce à
un homme avec qui elle a vécu en union libre, elle a pu subvenir à ses besoins sans se
remarier.
2. Quand la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne paraît-elle ? Sous quel
régime politique ?
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne paraît le 14 septembre 1791, au
moment où l’Assemblée constituante issue de la Révolution devient une Assemblée
nationale acceptée par le roi. La France devient alors une monarchie constitutionnelle, pour
peu de temps, puisque ce régime sera aboli le 21 septembre 1792, date de la proclamation
de la Première République.
3. De quel texte l’œuvre d’Olympe de Gouges est-elle en partie une réécriture ?
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est en grande partie une réécriture
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, dont les articles sont adoptés par
l’Assemblée constituante du 20 au 26 août 1789.
4. Comment Olympe de Gouges est-elle morte ? Pour quelles raisons ?
Olympe de Gouges est arrêtée, puis guillotinée le 3 novembre 1793. Elle est considérée par
les Jacobins comme une aristocrate ennemie de la Révolution, car elle avait voulu défendre
Louis XVI. En mars 1793, elle rédige une affiche, « Les Trois Urnes ou le Salut de la patrie par
un voyageur aérien », dans laquelle elle prône l’autodétermination des départements. Cette
revendication est très subversive car le 29 mars a été promulguée une loi qui punit de mort
quiconque œuvrerait au rétablissement d’un gouvernement autre que républicain. En juillet,
elle fait tirer cette affiche à 1 000 exemplaires. Elle est en quête d’un afficheur quand elle est
dénoncée et arrêtée.
5. De combien de parties la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne se
compose-t-elle ?
La Déclaration d’Olympe de Gouges est un texte hybride qui se compose de six parties :
– la Dédicace à la reine ;
– l’Exhortation aux hommes ;
– le Préambule ;
– les 17 articles (le cœur de la Déclaration)
– le Postambule ;
– le Contrat social entre l’homme et la femme.
6. Quelle est la partie la plus importante de l’œuvre ?
La plus partie la plus importante est le cœur de la Déclaration, soit les 17 articles, car ils
instaurent le cadre juridique et politique qui promulgue l’égalité des femmes et des hommes
devant la loi. Aussi cette réécriture des articles de la Déclaration de 1789 s’inscrit dans le
prolongement direct des idéaux révolutionnaires d’égalité.

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7. Quelles sont les caractéristiques de la condition féminine à l’époque d’Olympe de


Gouges ?
À l’époque d’Olympe de Gouges, la femme n’est pas une citoyenne à part entière : elle n’est
pas éligible et n’a pas le droit de vote. De plus, elle vit sous l’autorité de ses parents qui
décident pour elle de sa vie future, notamment de son mariage, ou de sa vie dans un
couvent. Quand elle est mariée, elle vit sous l’autorité de son mari.
8. Quelle institution sociale est considérée par Olympe de Gouges comme « le tombeau de
la confiance et de l’amour » ?
Dans le Postambule, Olympe de Gouges écrit que « le mariage est le tombeau de la
confiance et de l’amour » (l. 191-192) car, à son époque, l’amour n’y a bien souvent aucune
part. Le mariage est avant tout une institution patrimoniale et non une union fondée sur
l’« inclination particulière » (l. 6, p. 43) d’un homme et d’une femme. En évoquant les
liaisons hors mariage, des hommes d’abord mais aussi des femmes, elle montre que le
mariage est loin de reposer sur la confiance du couple mais est au contraire la porte ouverte
à toute forme de trahison.
9. Montrez que ce texte est celui d’une humaniste engagée.
Par son ton libre et exalté, par ses formules percutantes et audacieuses, par ses propositions
provocantes et novatrices – propositions qui vont à l’encontre des mentalités de l’époque –
et surtout par les risques pris par son autrice, ce texte est parfaitement représentatif de la
littérature engagée.
10. Quels sont les droits, revendiqués par Olympe de Gouges, qui rendraient les femmes
égales aux hommes ?
Les droits revendiqués par Olympe de Gouges sont : le droit de vote et d’éligibilité, le droit
d’accéder à tous les emplois, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, le droit de
bénéficier des comptes publics, le droit de propriété et le droit à l’instruction publique.
11. Le combat d’Olympe de Gouges pour l’égalité des droits s’étend à un autre type de
discrimination. Laquelle ?
Olympe de Gouges étend son combat à la cause des hommes et des femmes noirs, esclaves
dans les colonies françaises.
12. Sur quels arguments l’autrice s’appuie-t-elle pour dénoncer l’inégalité entre les
hommes et les femmes ?
L’autrice s’appuie sur deux arguments principaux :
– l’égalité devant la nature : les femmes et les hommes sont égaux par nature, ce sont des
êtres humains, c’est-à-dire des animaux doués de raison.
– l’évidence mathématique : les femmes composent la moitié de l’humanité, elles doivent
donc bénéficier d’autant de droits que l’autre moitié.

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Les lectures d’images

 Image 1 page 115 → Nana-Maison II (1966-1987) de Niki de Saint-Phalle

1. Comment cette sculpture joue-t-elle avec les proportions et les dimensions ?


La sculpture représente un corps humain féminin surdimensionné, mais aussi déstructuré,
vu de dos. Les dimensions (375 x 400 x 300) lui donnent une assise très large, alors que la
partie haute, avec la tête, est plus étroite, comme une pyramide. Le bas du corps est donc le
plus imposant, le plus exagéré. Il s’arrête en haut des cuisses, mettant ainsi en valeur et en
exubérance une des parties les plus rondes et les plus charnues du corps féminin, ses
hanches, mais aussi la matrice, celle par où la femme enfante. De même les seins sont
démesurés et rebondis.
2. Quelles impressions les couleurs de cette sculpture suscitent-elles ?
Des couleurs vives habillent ces formes généreuses. Ces couleurs primaires (jaune, bleu,
rouge) et secondaires (orange, vert), ces courbes en noir et blanc et ces entrelacs, apportent
immédiatement gaieté, fantaisie et liberté à ce corps féminin. Loin de correspondre aux
canons de la beauté plastique féminine représentée par les mannequins de haute couture,
cette femme déborde de couleurs et de formes.
3. Quels jeux avec le spectateur sont déclenchés par cette sculpture ?
Le visiteur peut entrer par l’arrière de ce corps féminin, comme on entre dans une maison.
Ce corps devient alors protecteur, ses arrondis rappellent le ventre féminin, le giron, ou
encore une femme qui berce un enfant. Mais entrer dans ce corps démesuré, n’est-ce pas
aussi l’agresser, comme le sont souvent les corps des femmes victimes de la violence des
hommes ? De plus réduire une femme à son rôle de maîtresse de maison, n’est-ce pas
aliénant ? La sculpture de Niki de Saint-Phalle ne laisse donc pas indifférent. Comment vivre
sa vie de femme sans renoncer à sa liberté ? Comment être une femme sans être
prisonnière des canons de beauté ? Comment vivre son corps de femme sans être un pur
objet sexuel ? Comment vivre sa maternité sans y être réduite voire aliénée ?

 Image 2 page 115 → Razzia (2017) de Nabil Ayouch

1. Comment l’image est-elle composée ?


L’image est entre le plan moyen et le plan américain. En son centre se trouve le personnage
de Salima. Elle occupe le premier plan, deux femmes se tiennent à sa droite et un jeune
homme marche à sa gauche. La profondeur de champ laisse deviner d’autres personnages
dans le corridor où marche la jeune femme.
2. Comment le cinéaste joue-t-il sur les regards des personnages ?
Les trois personnages du premier plan sur les côtés de l’image regardent avec attention
Salima. Le jeune homme, qui marche en sens inverse, se retourne pour lui jeter un regard.
Les deux femmes sont à l’arrêt et clairement positionnées pour observer Salima. Quant à
cette dernière, elle ne les regarde pas : ses yeux sont dirigés droit devant elle.
3. Comment le personnage de Salima s’affirme-t-il ?

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Salima, au centre de l’image, marche vers le spectateur d’un pas que l’on devine vif et
déterminé. Son assurance est criante : avec sa robe courte, ses longs cheveux et son
maquillage sophistiqué, elle suscite la curiosité et l’étonnement des passants mais aussi le
reproche. Entre désir et réprobation, les regards des personnages qui entourent cette jeune
femme affirmée sont tout sauf indifférents. Le film montre la force du personnage de Salima
qui s’est libérée du jugement des autres et n’hésite pas à provoquer les mécontents en
remontant encore un peu plus sa robe.

 Image 3 page 116 →Harvey Milk (2008) de Gus Van Sant

1. Qu’est-ce qui crée le dynamisme de cette image ?


Le plan rapproché met en valeur le haut du corps du personnage. Le flou sur le bras gauche
laisse deviner le mouvement d’Harvey Milk. Il est légèrement décentré vers la droite et sa
tête est tournée vers la gauche pour le spectateur, ce qui empêche l’impression de figement
au centre du cadre. L’inclinaison de son corps et la dissymétrie créée par le bras levé
accentuent le dynamisme de l’image.
2. Quels détails l’arrière-plan laisse-t-il voir ?
À l’arrière-plan, on devine un immeuble de style newyorkais, un morceau de drapeau
américain et un groupe de personnes aux bras levés qui applaudissement ou s’exclament. Le
spectateur comprend que l’action se déroule aux États-Unis, lors d’une manifestation qui
semble joyeuse.
3. Pour Harvey Milk, les homosexuels devaient s’afficher pour être acceptés. En quoi cette
image illustre-t-elle cette « Gay Pride » ?
Le sourire et la luminosité du visage du personnage central manifestent la joie d’être soi que
partagent les individus à l’arrière-plan, notamment la jeune femme en robe rouge. Le
personnage affirme son identité homosexuelle en arborant un collier de fleurs roses ainsi
qu’un brassard avec du rose, couleur traditionnellement associée aux femmes. Le poing levé
est également un signe de fierté qui invite tout un chacun à s’affirmer tel qu’il est.

 Image 4 page 117 →Jeune lapin maquillé (2020) d’Edi Dubien

1. Quelles sont les composantes de cette peinture ?


Cette peinture se rattache au genre traditionnel du portrait. Le choix du gros plan, qui ne
laisse voir que le buste, et la position légèrement de biais sont des techniques académiques
du genre. Le choix du fond blanc/écru est moins courant. Dans le portrait bourgeois de la
peinture hollandaise classique, le fond est souvent noir. Aussi, le fait de laisser sous le buste
une espèce de vide est moins classique.
2. Comment les couleurs sont-elles agencées ?
La figure du lapin contraste sans violence avec le fond du tableau. Les tons sont pâles et
doux. Le tableau oscille entre réalisme et fantaisie : les poils du lapin sont gris-beiges, en
revanche sa bouche est orange-rouge et le pourtour de son œil est vert, de même que

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l’intérieur de son oreille. Comme l’annonce le titre, ce lapin est maquillé comme pourrait
l’être une femme ou un être humain en général.
3. Quelles impressions se dégagent de la rencontre avec ce lapin maquillé ?
Douceur et inquiétude se dégagent de cette rencontre. Douceur à cause des couleurs et de
la beauté de l’animal, inquiétude à cause de son regard interrogateur. Son œil maquillé
semble défier le spectateur, le bousculer dans ses repères. Ce sont les frontières entre les
genres et entre les espèces qu’interroge Edi Dubien dans ce tableau. Le maquillage n’est pas
réservé à un genre ni à une espèce, et les animaux ne sont pas si différents de nous. L’artiste
semble vouloir nous tendre un miroir, nous dire que cet animal est proche de nous, qu’il
partage nos doutes, notre quête d’identité et de liberté, et notre envie de vivre.

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Les sujets d’écrit et d’oral

 Sujet de dissertation (page 118)


Dans son introduction à l’édition des textes politiques d’Olympe de Gouges, Benoîte
Groult écrit au sujet de l’autrice : « Elle savait parfois allier le génie des formules à l’audace
de la pensée sans jamais négliger l’aspect concret […] 1 ». Ces caractéristiques vous
semblent-elles participer à une écriture de combat pour l’égalité et en garantir
l’efficacité ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra
appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sur le travail mené dans le
cadre du parcours associé et sur votre culture littéraire.

Introduction
L’écriture de combat, ou la littérature engagée, exige qu’un artiste mette sa plume au
service d’une cause. Il se doit d’être percutant et efficace s’il veut toucher son lectorat. C’est
ce que souligne Benoîte Groult quand elle écrit au sujet d’Olympe de Gouges : « Elle savait
parfois allier le génie des formules à l’audace de la pensée sans jamais négliger l’aspect
concret […] ». Il s’agit de mettre au jour, à travers la Déclaration et les textes du parcours,
quelles sont les spécificités littéraires de l’écriture de combat pour l’égalité et à quoi elle se
heurte.

1. L’écriture de combat, une écriture qui se doit d’être argumentée


• L’égalité est un sujet de société qui repose sur une vision de l’homme et une façon de
concevoir les rapports humains. Ce questionnement est donc éminemment philosophique.
C’est pourquoi Olympe de Gouges, tout comme Condorcet, s’appuie sur des arguments issus
de la philosophie des Lumières : les droits naturels des hommes, la raison, le bonheur, le
progrès.
• Cependant la philosophie peut être vue comme trop abstraite ou trop détachée de la
réalité. C’est pourquoi elle doit être étayée par des cas concrets, comme la question de la
reconnaissance de paternité chez Olympe de Gouges, la vie quotidienne des mineurs chez
Émile Zola ou celle d’un enfant d’ouvrier dans les années 1960 chez Didier Eribon, ou encore
les différences culturelles entre les rôles des hommes et des femmes chez Françoise Héritier.
2. Les difficultés d’une écriture qui doit lutter contre les préjugés et les structures sociales
en place
• En parlant de l’union libre, des abus des riches libertins sur des femmes pauvres, mais
aussi des prostituées ou du célibat des prêtres, Olympe de Gouges est très en avance sur son
temps. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait choqué nombre de ses contemporains par ses
idées politiques et sociales.
• Ses adversaires étaient les partisans d’une société traditionnelle reposant sur les dogmes
religieux. Or la religion est profondément ancrée dans les sociétés et dans les mentalités des
individus qui la composent. À côté de la religion, le milieu social où l’on grandit peut être la
cause d’autres immobilismes, comme le montre Didier Eribon à travers son récit personnel.

1. Benoîte Groult, Ainsi soit Olympe de Gouges, Paris, Grasset, 2013.

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• Aussi, il est difficile de lutter contre des préjugés que l’on considère comme des vérités
irréfutables. Ainsi, pour faire admettre que tous les êtres vivants peuvent être des sujets de
droits, Michel Serres cherche à déconstruire l’idée répandue que l’homme est « un empire
dans un empire », pour reprendre les mots de Spinoza dans son Éthique (1677).
• L’histoire de la réception du texte d’Olympe de Gouges montre combien le combat pour
l’égalité est difficile. Au moment de sa publication, la Déclaration des droits de la femme et
de la citoyenne passa inaperçu, puis fut oubliée avant d’être exhumée par des historiens et
de trouver un écho retentissant aujourd’hui.
3. L’énergie de l’écriture au service de l’engagement
• Pour Benoîte Groult, le ton exalté et passionné d’un texte comme celui d’Olympe de
Gouges est constitutif de l’écriture de combat. Cette énergie vibrante liée au sentiment
d’urgence qui enclenche l’écriture est une nécessité si l’autrice souhaite être entendue.
• La rhétorique volontariste d’Olympe de Gouges ou la tonalité épique et humaniste des
versets de Léopold S. Senghor sont mises au service du combat pour l’égalité. Chez Vincent
Message, le combat est mené par le détour de la fiction. Son récit évoque les traitements
infligés aux animaux par les hommes et suscite une prise de conscience d’autant plus forte
que l’écrivain choisit le mode de la fiction dystopique pour exprimer son engagement.

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 Sujet de commentaire (page 120)

Léopold Sédar Senghor, « Élégie pour Martin Luther King », Élégies majeures (texte 6,
page 81)
Nous proposons ici quelques éléments de rédaction du commentaire.
1. Un hommage à Martin Luther King, héros tragique de l’égalité entre les êtres humains
• Le poème de Senghor, qui est un hommage à Martin Luther King, a une dimension
encomiastique. Il célèbre, sur le mode de l’éloge, la mémoire du pasteur afro-américain
assassiné. Cette cinquième et dernière laisse de l’élégie, après le récit exalté de la mort
sanglante du pasteur évoqué comme un martyr, est plus apaisée. Elle est en effet toute
dirigée vers l’au-delà de la mort tragique du combattant pour les droits civiques. La mort est
présente à travers la métaphore religieuse de l’encensoir dont la fumée s’évapore (verset 1),
ce qui matérialise l’élévation de l’âme du pasteur :
Cependant que s’évaporait comme l’encensoir le cœur du pasteur
Et que son âme s’envolait, colombe diaphane qui monte
Le cœur et l’âme, le matériel et l’immatériel, disent la fusion du corps et de l’esprit.
À cette mystique religieuse s’ajoute l’évocation de la colombe (verset 2) dont la symbolique
est à la fois religieuse (le Saint-Esprit est représenté par une colombe) et laïque (la colombe
de la paix). Mais le poète renouvelle cette image, qui pourrait paraître convenue, en faisant
de cette colombe un être tout aussi immatériel que l’âme ou la fumée de l’encensoir par
l’adjonction de l’adjectif qualificatif épithète « diaphane » (verset 2). Le poète transforme
donc le martyr en figure inspiratrice et bienfaitrice, en incarnation spirituelle de la paix, avec
ce jeu entre la chair et l’esprit, le visible et l’invisible.

2. Un hymne universaliste
• Le message universaliste porté par le poète à la suite du pasteur est au cœur de l’élégie.
De façon marquée et répétée, l’union du noir et du blanc est mise en avant pour célébrer
l’égalité entre tous les êtres. Ainsi, un dieu noir et blanc s’adresse au poète, il est
« rayonnant comme un diamant noir » (verset 8) mais sa barbe est blanche comme le
montrent deux expressions : « Sa barbe déroulait la splendeur des comètes » (verset 9) et
« sous ta barbe blanche » (verset 13). Ce dieu noir et blanc symbolise l’union de tous les
hommes.
Les êtres de cette humanité unie sont soit représentés métonymiquement sous leur couleur
de peau – « les Noirs et les Blancs » (verset 11) et « les Blancs et les Noirs » (versets 16) –,
soit imagés, toujours métonymiquement, par la norme socioprofessionnelle qui les
détermine : les Blancs sont des « bourgeois » (verset 14) ; les Noirs, « des paysans paisibles,
coupeurs de canne cueilleurs de coton » (verset 14). La référence à l’esclavage des Noirs est
ici évidente. Mais un même destin peut réunir les Blancs et les Noirs : la figure de l’ouvrier
« aux mains fiévreuses » (verset 15) semble en effet plus universelle.
Le motif universaliste se fonde également sur une mystique religieuse chrétienne, issue à la
fois des évangiles et des épîtres pauliniennes, avec la référence au Christ qui apparaît à la fin
du passage (le « Fils unique », verset 23) et les interjections de célébration judéo-chrétienne
(« Hosanna ! Alléluia ! », verset 17). L’évocation de l’innocence (« l’innocence du monde »,
verset 19) rappelle elle aussi la tradition judéo-chrétienne.
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Le poète appelle à une union des êtres par-delà leurs différences à travers la métaphore du
mariage (« les noces des âmes », verset 22), annoncée par la métaphore musicale (« une
symphonie en noir et blanc », verset 21). Senghor insiste sur l’image de la fusion avec le
polyptote : « confondus les élus » (verset 11) et « confonds-les donc » (verset 13).
L’expression « tous les fils de la même Terre-Mère » (verset 16) pour parler des Blancs et des
Noirs, empreinte d’une mystique naturaliste, suggère avec le plus de force l’évidence de
l’égalité entre les hommes.
• Le poète est le chantre d’un hymne universaliste. La dimension musicale du poème se
retrouve aussi bien dans le choix du lexique – « ils chantaient […] ils dansaient » (verset 19)
et « les forces que rythmait, qui rythmaient la Force des forces » (verset 20) – que dans le
rythme même des versets. Les appositions nominales (versets 2, 8, 14 et 16), les
propositions relatives (versets 2, 8, 20, 22) ou encore les juxtapositions sans ponctuation
(versets 6, 7, 14, 20, 22) approfondissent les images en relançant les phrases et donnent au
poème sa musicalité singulière.

3. Le poète porte-parole du combat pour la paix et l’égalité


• Le poète prend en quelque sorte le relais du pasteur. Dans la lignée du poète mage
hugolien, Senghor est ici un passeur, celui qui voit et transmet aux autres hommes sa vision.
La thématique de la poésie inspirée (on peut citer Platon ou Ronsard) se retrouve aux
versets 4 et 5 :
La voix me dit, et son souffle rasait ma joue :
« Écris et prends ta plume, fils du Lion. » Et je vis une vision.
Ces versets donnent une tonalité épique au poème (l’epos est la voix, la parole
fondamentale vue comme un souffle qui se répand). Le poète se fait le porte-parole héritier
du pasteur Martin Luther King dont il transmet le message universaliste et humaniste.
• Cependant cet universalisme passe par les origines culturelles de Senghor. La présence de
la culture africaine est manifeste : le « tam-tam » (verset 3), très présent dans l’œuvre du
poète 1, le lion (verset 5) et les évocations de paysages d’Afrique de l’Ouest par le toponyme
« Fouta-Djallon » (verset 6) ou d’une végétation tropicale, les « tamariniers » (verset 7). Mais
cette présence n’est pas exclusive, elle se confond, de façon syncrétique, avec d’autres
références culturelles, notamment l’imaginaire d’un Éden biblique au verset 10 :
Sous les ombrages bleus, des ruisseaux de miel blanc, de frais parfums de paix
La dimension synesthésique du verset rappelle la poésie de Baudelaire, particulièrement son
poème « Correspondances ».
• L’importance accordée à la musique et l’atmosphère festive aux accents africains sont
d’autres éléments qui participent à singulariser la figure du poète : le « tam-tam » (verset 3),
les « battements de pied syncopés » (verset 21), ou encore les danses au verset 20 :
Dansaient les forces que rythmait, qui rythmaient la Force des forces
Ici, la répétition dans le polyptote (ou isolexisme) mime le sens.

1. Voir le poème « A New York » issu de son recueil Éthiopiques (1956).

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 Sujet de contraction (page 122)

Voici une proposition de contraction sur l’extrait choisi du Contrat naturel de Michel Serres.
Il y a une urgence absolue à remettre en question l’idée que seul l’homme puisse bénéficier
de droits. Or, si même les objets sont soumis au droit, il est logique de chercher à
comprendre comment se combinent globalement les équilibres du monde.
Ainsi, si dans la nature comme// (50) dans la culture, il existe des équilibres, il s’agit
aujourd’hui d’articuler les deux. Les sociétés humaines, en effet, ont un tel poids qu’elles
perturbent les harmonies naturelles. Si autrefois la nature nous dominait, c’est désormais
l’inverse. Un rééquilibrage paraît donc nécessaire.
À l’heure// (100) de la mondialisation, il faut signer un nouveau contrat avec la nature et
passer d’un régime de surexploitation à celui d’une attention respectueuse. On ne peut plus
la dépouiller de toutes ses richesses impunément, sous peine de voir cette nature qui nous
accueille anéantie par notre faute. En// (150) conséquence, il nous faut la reconnaître
juridiquement comme un associé biologique, dans un échange donnant donnant.
Dès lors, dans la lignée des révolutions politiques et sociales du XIXe siècle, c’est à un idéal de
justice et d’équité à l’égard de la nature que nous devons travailler.
199 mots

 Sujet d’essai (page 125)

L’égalité n’est-elle qu’un idéal ?


Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui
sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sur le texte de l’exercice de la
contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre du parcours
« Écrire et combattre pour l’égalité ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et votre
culture personnelles.
• Le sujet repose sur l’idée que l’égalité n’existe pas dans les faits, qu’elle n’est visible ni
dans la nature ni parmi les hommes. L’égalité serait donc une invention humaine, un vœu
peu réaliste, fruit d’une philosophie idéaliste. Le sujet invite donc les élèves à constater les
inégalités à différents niveaux. Les textes du parcours peuvent aider à guider la réflexion.
• La formulation restrictive du sujet invite à dépasser le constat réaliste et pessimiste et de
chercher dans l’histoire, la littérature ou l’actualité tous les faits et actes qui concourent à
réduire de façon sensible les inégalités. Il peut s’agir aussi bien d’actions politiques que
d’événements qui témoignent de l’évolution des mentalités. Sur le sujet de la condition
féminine, le tableau des droits de la femme en France dans les annexes de l’ouvrage peut
apporter des éléments utiles à l’élève.

Voici une proposition de plan.


I. L’inégalité, une réalité tangible
1. L’inégalité naturelle

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2. L’inégalité sociale
II. L’égalité, plus qu’un mot ou un programme, des avancées incontestables
1. Les droits sociaux
2. Les droits humains
3. Les droits des femmes
4. Les droits du vivant
III. L’égalité, un idéal jamais acquis
1. Le risque de régression des acquis (avortement, montée des intégrismes religieux)
2. La résistance des mentalités, des traditions et des conservatismes
3. L’ambiguïté de la mondialisation et des différences culturelles (l’égalité n’est-elle
qu’un idéal occidental ou est-elle universelle ?)

 Sujet d’oral (page 126)

La Dédicace à la reine, pages 19-21 lignes 30-55


Voici une suggestion de plan pour une lecture linéaire.

Introduction
L’autrice se positionne face à la reine avec une certaine audace, en s’adressant à elle de
femme à femme. Elle lui donne à la fois une leçon politique et veut toucher son cœur de
femme. Il s’agit pour Olympe de Gouges de trouver dans la reine une véritable alliée dans
son combat pour les droits des femmes.

1. Une nouvelle mission pour la reine : le combat pour toutes les femmes (l. 30-36)
L’autrice invite la reine à orienter son influence politique vers un « plus noble emploi »
(l. 30), à déployer son énergie non dans un combat dépassé (la lutte contre-révolutionnaire),
mais dans « l’essor des droits des femmes » (l. 33).
Elle met en avant une sororité entre elle et la reine mais aussi entre la reine et toutes les
femmes : elle structure son propos en établissant une opposition entre ses « intérêts
particuliers » (l. 35) et « ceux de [son] sexe » (l. 35-36).

2. L’appel à la conscience morale de la reine (l. 36-40)


La logique est imparable : œuvrer pour les droits de toutes les femmes et non pour ses
propres intérêts est une démarche morale qui se situe du côté de la « vertu » et non du
« crime », de l’« exemple » à suivre et non de l’« exécration ».
Quand Olympe de Gouges parle du souci de gloire de la reine – « Vous aimez la gloire »
(l. 36) –, elle semble maintenir une ambiguïté de sens : il peut s’agir du sens noble du terme,
comme dans l’éthique cornélienne, et du sens immoral que l’on retrouve dans l’éthique des
moralistes de la fin du XVIIe siècle, chez Racine ou la Rochefoucauld. Mais en ouvrant le
paragraphe par la proposition subordonnée « Qu’un plus noble emploi, Madame, vous

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caractérise » (l. 30-31), l’autrice manifeste son souhait d’entraîner la reine du côté de la
noblesse et de la grandeur d’âme.

3. L’amélioration de la condition des femmes : un noble, long et juste combat (l. 41-47)
Selon Olympe de Gouges, les femmes du passé subissent un « déplorable sort » (l. 46) et ont
perdu des droits dans la société, elles sont un « sexe malheureux » (l. 47). L’autrice les
présente donc comme des victimes des hommes, condamnées à la soumission et à la
souffrance.
À l’inverse, les femmes du futur exploiteront « toute la consistance dont [leur sexe] est
susceptible » (l. 42-43). Olympe de Gouges croit donc en la capacité des femmes à
revendiquer leurs droits et à valoriser toutes les qualités qui les caractérisent.
À ses yeux, le combat qu’elle propose à la reine est complètement juste car il s’agit de
corriger une injustice. Elle est également consciente de la difficulté de ce combat qui « n’est
pas le travail d’un jour » (l. 42-43).

4. L’injonction à agir (l. 47-50)


La fin du passage est injonctive : il s’agit d’inciter la reine à s’engager pleinement dans ce
combat comme le montrent les deux impératifs « soutenez » (l. 47) et « défendez » (l. 48).
L’argument décisif pour convaincre la reine se trouve aux lignes 48 à 50 : « défendez ce sexe
malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de
l’autre. » Cet argument ne peut laisser indifférente la reine car il est éminemment
stratégique et relève du « calcul » politique. En œuvrant pour les droits des femmes, Olympe
de Gouges estime que la reine peut parier sur un ralliement à sa personne des trois quarts
du royaume !

Conclusion
Ce texte reflète l’énergie, l’enthousiasme et l’audace d’Olympe de Gouges dans son combat
pour le droit des femmes. Le passage est empreint du ton de la sollicitation pressante.
L’autrice veut transmettre à la reine sa propre énergie de combattante pour l’amener à
servir une juste cause.

QUESTION DE GRAMMAIRE
Les tournures injonctives du passage sont :
• les impératifs : « songez » (l. 36), « soutenez » (l. 47), « défendez » (l. 48) ;
• le subjonctif de souhait : « Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite
votre ambition, et fixe votre regard. » (l. 30-31)

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