Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

La Vitesse Des Élections

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 5

Nº 765 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS 1077

Le saviez-vous ?
La vitesse des électrons dans les fils*

par D. MANSION
Ingénieur Supélec Radio - 06000 Nice

Très rares sont les ouvrages traitant cette question qui semble
d’ailleurs élémentaire. Aussi, bien des ingénieurs seraient-ils embarras-
sés si on la leur posait.

Et pourtant ce problème est facile à résoudre.

Nous savons que le passage d’un courant électrique dans un


conducteur est rendu possible par la présence d’électrons libres entre
les atomes qui le constituent. Dans le cas du cuivre, par exemple, le
nombre d’électrons libres, par centimètre cube de métal, est de :
k = 8,5 × 10 22

CAS DU COURANT CONTINU

Lorsque l’on applique une différence de potentiel continue entre


les deux extrémités du conducteur, les électrons libres sont attirés vers
le pôle positif et il en résulte un courant d’intensité I. Calculons la
vitesse moyenne v des électrons. Par définition, cette vitesse est le
quotient du trajet parcouru a par le temps t mis à le parcourir (v = a/t).

Si l’on désigne par S la section droite du conducteur, au bout du


temps t, tous les électrons libres contenus dans le volume S . a auront
traversé cette section (voir figure).

Le nombre d’électrons libres contenus dans ce volume est :

k . S . a = k . S .v . t

* Cet article a été publié en 1961 dans la Revue générale d’électronique -


nº 172.

Vol. 88 - Juin 1994


1078 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS

On sait que la charge électrique d’un électron est :


e = 1,59 × 10 –19 coulomb

Donc, la charge totale des électrons qui ont traversé S est :


Q=k.S.v.t.e

Par définition, l’intensité I d’un courant continu est le nombre de


coulombs qui s’écoulent par seconde :
I= Q⁄t

Donc : k.S.v.t.e=I.t

La vitesse des électrons est alors :


I J
v= =
k.S.e k.e
en désignant par J = I/S la densité de courant dans le conducteur. Nous
avons fait intervenir ce coefficient, car c’est lui qui limite pratiquement
l’intensité que l’ont peut faire circuler dans un conducteur, par suite de
l’échauffement de celui-ci. C’est ainsi que l’on dépasse rarement
J= 5 A ⁄ mm 2 (= 500 A ⁄ cm 2).

Les valeurs numériques des trois termes de la formule étant connus,


on peut calculer v :
500
v= = 0,037 cm ⁄ s
8,5 × 10 22 × 1,59 ×10 –19
soit par heure : v = 0,037 × 3 600 = 133 cm ⁄ h

B.U.P. n° 765
BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS 1079

Cette lenteur a quelque chose de surprenant et il faut alors


expliquer la rapidité des transmissions électriques. Celle-ci est simple-
ment due à la vitesse de propagation de l’ébranlement et non pas à la
vitesse de déplacement des électrons. On peut comparer ce phénomène
à celui qui se produit lorsque l’on ouvre le robinet d’alimentation d’un
tuyau déjà rempli d’eau : celle-ci s’écoule immédiatement à l’autre
extrémité du tuyau, quoique la vitesse d’écoulement de l’eau puisse être
très lente.

CAS DU COURANT ALTERNATIF

La plupart des manuels d’électricité présentent le courant alternatif


comme un écoulement d’électrons dans un sens, pendant l’alternance
positive, suivi d’un écoulement dans le sens inverse pendant l’alter-
nance négative. Cette conception très répandue est erronée.

Ceci devient intuitif à la lumière de ce qui précède. En effet, étant


donné l’extrême lenteur des électrons, le chemin qu’ils peuvent
parcourir pendant chaque alternance est très court. On peut d’ailleurs
calculer celui-ci de plusieurs manières ; nous indiquerons la plus rapide
qui utilise les résultats précédents.

Le courant étant alternatif, de pulsation ω = 2 π f, la densité


instantanée du courant varie sinusoïdalement :
J = Jmax . cos ω t

et la vitesse instantanée d’un électron peut s’écrire :


Jmax
v= . cos ωt.
k.e

Pendant un temps infinitésimal dt, l’électron se déplace de da à la


vitesse v indiqué ci-dessus. On a toujours, par définition :
da
v=
dt
Jmax
donc : da = . cos ωt. dt
k.e

∫ cos ωt . dt = k . e . ω . sin ωt
Jmax Jmax
D’où : a=
k.e

Vol. 88 - Juin 1994


1080 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS

L’amplitude des oscillations de l’électron est donc :


Jmax Jeff . √
2
A= =
k.e.ω k.e.ω
Jeff
A=
soit : π.√
2 .k.e.f
En prenant, comme dans l’exemple précédent, Jeff = 5 A ⁄ mm 2, on
a:
0,037 0,0833
A= cm = mm
π.√
2 .f f

Pour f = 50 Hz, on trouve A = 0,00166 mm, soit un peu plus d’un


micron et demi.

Pour f = 50 MHz, l’amplitude est un million de fois plus petite.

On voit que l’on ne peut pas parler d’un écoulement d’électrons


dans un sens, puis dans l’autre, mais plutôt de vibration des électrons,
avec une amplitude de l’ordre de micron (à 50 Hz).

B.U.P. n° 765
BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS 1081

La résistance de contact électrique

La notion de résistance de contact est enseignée aux élèves


électriciens, à l’occasion de l’étude des shunts pour courants forts et du
pont double de Thomson (alias Lord Kelvin) qui sert à mesurer les
faibles résistances (0,1 à 0,001 Ω).

Par la suite peu de cours y font allusion et c’est dommage car on


la retrouve, par exemple, dans la pratique de l’électricité sur automobi-
les. Dans celles-ci la distribution du courant de la batterie d’accumula-
teurs vers les divers organes (démarreur, phares, avertisseur, etc...) se
fait à l’aide d’un seul câble isolé, le retour étant assuré par la «masse»
du châssis de la voiture. La batterie et chacun de ces organes sont
démontables grâce à des câbles terminés par des cosses qui doivent
résister aux vibrations et à l’oxydation. Avec le temps et l’humidité,
l’oxydation augmente la résistance de contact des cosses.

Comparons deux automobiles, l’une utilisant une batterie de


6 volts, l’autre de 12 volts. Toutes les deux ont un démarreur ayant un
moteur de même puissance, par exemple 2 400 Watts. Supposons que
les résistances de contact des cosses soit 0,005 Ω dans les deux cas. Le
tableau suivant illustre l’avantage des batteries de 12 volts sur celles
de 6 volts utilisées autrefois. C’est pourquoi tous les constructeurs
actuels ont adopté la tension de 12 volts.
Tension nominale de la batterie (UN) 6V 12 V
Puissance du démarreur (P) 2 400 W 2 400 W
Courant de démarrage I = P / UN 400 A 200 A
Résistance de contact (RC) 0,005 Ω 0,005 Ω
Chute de tension aux bornes de R C (UC = RC I) 2V 1V
Tension aux bornes du démarreur (UN – UC) 4V 11 V
Soit en % de UN 66,6 % 91,6 %
Le démarreur tourne Non Oui

Vol. 88 - Juin 1994

Vous aimerez peut-être aussi