Chap 2
Chap 2
Chap 2
I. Réaction chimique
I.1 Définition
La réaction chimique s’agit d’une transformation au cours de laquelle un certain nombre de
constituants initiaux, les réactifs, donnent dans l’état final des produits ; cette réaction se traduit
par l’équation bilan : 0 = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝐵𝑖
𝜈𝑖 : est le coefficient stœchiométrique algébrique
❍ 𝜈𝑖 > 0 si 𝐵𝑖 est un produit de la réaction
❍ 𝜈𝑖 < 0 si 𝐵𝑖 est un réactif de la réaction
Exemple :
0 = 2 𝑁𝐻3(𝑔) − 2 𝑁2(𝑔) − 3 𝐻2(𝑔)
Ou plus classique :
2 𝑁2(𝑔) + 3 𝐻2(𝑔) = 2 𝑁𝐻3(𝑔)
I.2 Grandeur molaire
𝜕𝑋
Pour un corps pur : 𝑋(𝑇, 𝑝, 𝑛) = 𝑛 𝑋𝑚 (𝑇, 𝑝) et 𝑋𝑚 (𝑇, 𝑝) = (𝜕𝑛 )
𝑇,𝑝
𝑋𝑚 (𝑇, 𝑝) : Grandeur molaire intensive, elle ne dépend plus du nombre de moles.
Cas des mélanges : pour chaque constituant i, il est possible de définir une grandeur
𝜕𝑋
molaire partielle 𝑋𝑖 : 𝑋𝑚,𝑖 = (𝜕𝑛 )
𝑖 (𝑇,𝑝,𝑛𝑗≠𝑖 )
En reliant 𝑋 et 𝑋𝑚,𝑖 , on obtient une expression connue sous le nom de l’identité d’Euler :
𝑋(𝑇, 𝑝, 𝑛𝑖 ) = ∑ 𝑛𝑖 𝑋𝑚,𝑖 (𝑇, 𝑝, 𝑛𝑖 )
𝑖
I.3 Grandeur de réaction
I.3.1 Avancement d’une réaction
Soit une réaction d’équation : ∑𝑖 𝜈𝑖 𝐵𝑖 = 0
La quantité de matière de chaque constituant est : 𝑛𝑖 (𝑡) = 𝑛𝑖 (0) + 𝜈𝑖 𝜉(𝑡)
Toute évolution élémentaire se traduit par une variation élémentaire : 𝑑𝑛𝑖 = 𝜈𝑖 𝑑𝜉
I.3.2 Opérateur de Lewis 𝚫𝒓
La différentielle d’une grandeur extensive 𝑋(𝑇, 𝑝, 𝑛𝑖 ) du système en réaction :
𝜕𝑋 𝜕𝑋 𝜕𝑋
𝑑𝑋(𝑇, 𝑝, 𝑛𝑖 ) = ( ) 𝑑𝑇 + ( ) 𝑑𝑝 + ∑ ( ) 𝑑 𝑛𝑖
𝜕𝑇 (𝑝,𝑛𝑖 ) 𝜕𝑝 (𝑇,𝑛 ) 𝜕𝑛𝑖 (𝑇,𝑝,𝑛 )
𝑖 𝑖 𝑗≠𝑖
𝜕𝑋 𝜕𝑋
= ( ) 𝑑𝑇 + ( ) 𝑑𝑝 + ∑ 𝜈𝑖 𝑋𝑚,𝑖 𝑑𝜉
𝜕𝑇 (𝑝,𝑛𝑖 ) 𝜕𝑝 (𝑇,𝑛 )
𝑖 𝑖
En fonction de 𝑇, 𝑝, 𝜉 (variable de Donder) :
𝜕𝑋 𝜕𝑋 𝜕𝑋
𝑑𝑋(𝑇, 𝑝, 𝜉) = ( ) 𝑑𝑇 + ( ) 𝑑𝑝 + ( ) 𝑑𝜉
𝜕𝑇 𝑝,𝜉 𝜕𝑝 𝑇,𝜉 𝜕𝜉 𝑇,𝑝
𝜕𝑋
Par identification : ( 𝜕𝜉 ) = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝑋𝑚,𝑖
(𝑇,𝑝)
Définition : Une grandeur de réaction Δ𝑟 𝑋 est la dérivée partielle, par rapport à l’avancement de
la réaction, de la grandeur extensive 𝑋, à 𝑇 et 𝑝 fixées :
𝜕𝑋
Δ𝑟 𝑋 = ( ) = ∑ 𝜈𝑖 𝑋𝑚,𝑖
𝜕𝜉 𝑇,𝑝
𝑖
𝜕
Δ𝑟 = (𝜕𝜉) désigne une dérivée partielle par rapport à 𝜉 appelé opérateur de Lewis.
(𝑇,𝑝)
𝜉(𝑓)
𝑑𝑋
Δ𝑟 𝑋 = ⟹ Δ𝑋 = ∫ Δ𝑟 𝑋 𝑑𝜉
𝑑𝜉 𝜉(𝑖)
Il ne faut pas mélanger Δ𝑟 avec Δ qui désigne variation entre deux états d’une grandeur.
Application aux fonctions d’état 𝑈, 𝐻 :
𝜕𝑈
- Energie interne de réaction : Δ𝑟 𝑈=( ) = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝑈𝑚,𝑖
𝜕𝜉 𝑇,𝑝
𝜕𝐻
- Enthalpie de réaction : Δ𝑟 𝐻=( 𝜕𝜉 ) = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝐻𝑚,𝑖 (𝐽. 𝑚𝑜𝑙 −1 )
𝑇,𝑝
I.3.3 Relations entreΔ𝑟 𝐻 et Δ𝑟 𝑈
L’enthalpie 𝐻 d’un système d’énergie interne à la pression 𝑝 et de volume 𝑉 a été définie par la
relation : 𝐻 = 𝑈 + 𝑝𝑉 .
En dérivant les deux membres de cette réaction par rapport à 𝜉 à 𝑇 et 𝑝 constantes, il vient :
𝜕𝐻 𝜕𝑈 𝜕(𝑝𝑉)
( ) = ( ) +( )
𝜕𝜉 𝑇,𝑝 𝜕𝜉 𝑇,𝑝 𝜕𝜉 𝑇,𝑝
Soit :
𝜕(𝑝𝑉)
Δ𝑟 𝐻 = Δ𝑟 𝑈 + ( )
𝜕𝜉 𝑇,𝑝
Si la réaction a lieu en phase gazeuse parfaite : 𝑝𝑉 = 𝑛𝑅𝑇 et donc :
𝜕(𝑝𝑉) 𝜕𝑛
( ) = 𝑅𝑇. ( )
𝜕𝜉 𝑇,𝑝 𝜕𝜉 𝑇,𝑝
𝜕𝑛
Et puisque 𝑛 = ∑𝑖 𝑛𝑖 , donc 𝑑𝑛 = ∑𝑖 𝑑𝑛𝑖 = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝑑𝜉 ; ainsi (𝜕𝜉 ) = ∑𝑖 𝜈𝑖
𝑇,𝑝
Soit : Δ𝑟 𝐻 = Δ𝑟 𝑈 + 𝑅𝑇. ∑𝑖 𝜈𝑖
Dans le cas général où le système comporte une phase gazeuse parfaite et une ou plusieurs
phases condensées :
𝑝𝑉 = 𝑝. (𝑉𝑔𝑎𝑧 + 𝑉𝑐𝑑 )
Où 𝑉𝑐𝑑 le volume des phases condensées.
En négligeant 𝑉𝑐𝑑 devant 𝑉𝑔𝑎𝑧 de la phase gazeuse, il vient 𝑝𝑉 ≈ 𝑝𝑉𝑔𝑎𝑧 , le Δ𝑟 𝐻 s’exprime d’une
manière approchée :
Δ𝑟 𝐻 ≈ Δ𝑟 𝑈 + 𝑅𝑇. ∑ 𝜈𝑖,𝑔𝑎𝑧
𝑖
Exercice d’application 1 :
Considérons la réaction de la synthèse de l’ammoniac
𝑁2(𝑔) + 3𝐻2(𝑔) = 2 𝑁𝐻3(𝑔)
∆𝑟 𝐻 = −92,2 𝑘𝐽. 𝑚𝑜𝑙 à 𝑇 = 298 𝐾 et sous pression 𝑝° = 1 𝑏𝑎𝑟.
−1
1. Calculer ∆𝑟 𝑈.
2. Calculer l’erreur relative qu’on commet lorsqu’on confond ∆𝑟 𝐻 et ∆𝑟 𝑈.
⟹ ∆𝑟 𝐺 = ∆𝑟 𝐻 − 𝑇 ∆𝑟 𝑆
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 3
𝐺
𝜕 𝜕( ) ∆𝑟 𝐻
𝜉
( ) =− 2
𝜕𝑇 𝜕𝑇 𝑇
( 𝑇,𝑝 )𝑝,𝜉
∆𝑟 𝐺
𝜕( ) ∆𝑟 𝐻
𝑇
⟹( ) =−
𝜕𝑇 𝑇2
𝑝,𝜉
𝜕𝐻 𝜕𝑈
Exemple : ∆𝑟 𝐻°(𝑇) = ( 𝜕𝜉 ) = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝐻°𝑚,𝑖 (𝑇) et ∆𝑟 𝑈°(𝑇) = ( 𝜕𝜉 ) = ∑𝑖 𝜈𝑖 𝑈°𝑚,𝑖 (𝑇)
𝑇 𝑇
𝑇
∆𝑟 𝑈°(𝑇) = ∆𝑟 𝑈°(𝑇0 ) + ∫𝑇 ∆𝑟 𝐶𝑉 °(𝑇) . 𝑑𝑇
0
Remarque :
Si entre les deux températures 𝑇0 et 𝑇, l’un des constituants 𝐵𝑘 , subit un changement d’état, par
exemple le constituant considéré subit une vaporisation à la température 𝑇𝑣𝑎𝑝 , alors :
𝑇𝑣𝑎𝑝 𝑇
∆𝑟 𝐻°(𝑇) = ∆𝑟 𝐻°(𝑇0 ) + ∫ ∆𝑟 𝐶𝑝,𝑙 °(𝑇) . 𝑑𝑇 + 𝜈𝑘 ∆𝑣𝑎𝑝 𝐻°(𝑇𝑣𝑎𝑝 ) + ∫ ∆𝑟 𝐶𝑝,𝑔 °(𝑇) . 𝑑𝑇
𝑇0 𝑇𝑣𝑎𝑝
∆𝑟 𝐻°3
à 423K 𝑂2(𝑔) + 𝐻2(𝑔) 𝐻2 𝑂(𝑙)
à 423K
∆𝑓 𝐻°423 (𝐻2 𝑂(𝑔) )
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 5
Donc il faut absorber 37,5𝑘𝐽 d'une mole de vapeur d'eau pour le transformer en liquide à la température
373 𝐾 et à pression standard.
Dans les expressions de l’enthalpie et l’entropie, si l’intervalle de température est étroit [𝑇0 , 𝑇]
et en absence de changement d’état de l’un des espèces, on peut négliger respectivement les
𝑇 𝑇 ∆𝑟 𝐶𝑝 °(𝑇)
deux termes ∫𝑇 ∆𝑟 𝐶𝑝 °(𝑇) . 𝑑𝑇 et ∫𝑇 . 𝑑𝑇 devant respectivement ∆𝑟 𝐻°(𝑇0 )et ∆𝑟 𝑆°(𝑇0 ),
0 0 𝑇
il vient alors : ∆𝑟 𝐻°(𝑇) = ∆𝑟 𝐻°(𝑇0 ) et ∆𝑟 𝑆°(𝑇) = ∆𝑟 𝑆°(𝑇0 )
Cette hypothèse simplificatrice est appelée approximation d’ELLINGHAM
Première méthode :
Si nous connaissons ∆𝑟 𝐻°(𝑇)et ∆𝑟 𝑆°(𝑇), alors on peut déduire facilement ∆𝑟 𝐺°(𝑇), soit :
∆𝑟 𝐺°(𝑇) = ∆𝑟 𝐻°(𝑇) − 𝑇∆𝑟 𝑆°(𝑇)
Deuxième méthode :
Si ∆𝑟 𝐻°(𝑇) est connue en fonction de la température et à l’aide de la relation de GIBBS-
HELMHOLTZ dans les conditions standards :
∆ 𝐺°
𝑑 ( 𝑟𝑇 ) ∆𝑟 𝐻°
=− 2
𝑑𝑇 𝑇
Soit par intégration entre une température 𝑇0 et 𝑇:
𝑇
∆𝑟 𝐺°(𝑇) ∆𝑟 𝐺°(𝑇0 ) ∆𝑟 𝐻°
− = −∫ 2
𝑑𝑇
𝑇 𝑇0 𝑇0 𝑇
Troisième méthode :
Si ∆𝑟 𝑆°(𝑇) est connue en fonction de la température et à l’aide de la relation exprimant la
variation de l’enthalpie libre molaire avec la température, dans les conditions standard :
°
𝑑𝐺𝑚 °
= −𝑆𝑚
𝑑𝑇
𝑑∆𝑟 𝐺°(𝑇)
Il vient : = − ∆𝑟 𝑆°(𝑇)
𝑑𝑇
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 6
𝑇
D’où : 𝑑∆𝑟 𝐺°(𝑇) = − ∆𝑟 𝑆°(𝑇)𝑑𝑇 𝑝𝑎𝑟 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑔𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 ∆𝑟 𝐺°(𝑇) − ∆𝑟 𝐺°(𝑇0 ) = − ∫𝑇 ∆𝑟 𝑆°(𝑇)𝑑𝑇
0
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 7
Exemple :
Fer à 25°𝐶 : Fer 𝛼. C’est la variété cristalline stable à 25°𝐶 et sous pression 𝑝°.
Fer à 1000°𝐶 : Fer 𝛾. C’est la variété cristalline stable à 1000°𝐶 et sous pression 𝑝°.
Brome à 25°𝐶 : Dibrome liquide 𝐵𝑟2à 25°𝐶 sous 𝑝°.
Exceptions :
- A toute température, l’ESR des éléments 𝐻, 𝑁, 𝑂, 𝐹 et 𝐶𝑙 (𝑇é𝑏 < 25°𝐶) sont les gaz
parfaits diatomiques 𝐻2(𝑔) , 𝑁2(𝑔) , 𝑁2(𝑔) , 𝐹2(𝑔) , 𝐶𝑙2(𝑔) .
- A toute température, l’ESR de l’élément 𝐶 est le carbone graphite et non le diamant
∆𝑓 𝐻° et ∆𝑓 𝐺° d’un élément dans son état standard de référence sont nulles à toute température.
∆𝑓 𝐻° = 0 et ∆𝑓 𝐺° = 0
Exemple : détermination de l’enthalpie standard de réaction ∆𝑟 𝐻° à partir de ∆𝑓 𝐻°
Soit la réaction : 𝐶𝐻4(𝑔) + 2𝑂2(𝑔) = 𝐶𝑂2(𝑔) + 2𝐻2 𝑂(𝑔)
Cette équation est la somme des équations de formation de chaque espèce chimique :
∆𝑟 𝐻°(𝑇)
𝐶𝐻4(𝑔) + 2𝑂2(𝑔) → 𝐶𝑂2(𝑔) + 2𝐻2 𝑂(𝑔)
−∆𝑓 𝐻°(𝐶𝐻4 , 𝑇) ∆𝑓 𝐻°(𝐶𝑂2 , 𝑇) + 2∆𝑓 𝐻°(𝐻2 𝑂, 𝑇)
𝐶(𝑔𝑟) + 2𝐻2(𝑔) + 2𝑂2(𝑔)
On peut en déduire la relation : ∆𝑟 𝐻°(𝑇) = ∆𝑓 𝐻°(𝐶𝑂2 , 𝑇) + 2∆𝑓 𝐻°(𝐻2 𝑂, 𝑇)−∆𝑓 𝐻°(𝐶𝐻4 , 𝑇)
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 8
𝑇𝑖
1
𝜉𝑓 𝜉
𝑇𝑓
∆𝐻(𝑠𝑦𝑠) = 0 = ∆𝐻1 + ∆𝐻2 = 𝜉𝑓 ∆𝑟 𝐻(𝑇𝑖 ) + ∫ 𝐶𝑝 (𝑇)𝑑𝑇
𝑇𝑖
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Chapitre 1. Grandeurs de réaction 9
K.KASKOUS